\ Jete ail { perte f DE. CE 34 Dee re DICTIONNAIRE RAISONNE DES SC DES ARTS ET DES MÉTIERS PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS DE LETTRES. # MIS EN ORDRE ET PUBLIÉ PAR M. **x Tantim feries junéluraque pollet, Tantim de medio fumpis accedir honoris ! HORAT. TOME QUATORZIEME. Ïl }l = \() 6 Qy)/Z DA (5 Ë £ ÉL œ C4 7 LS [ls TG pu A NEUFCHASTEL, CHEez SAM UEL FAUL € H E & Compagnie, Libraires & Imprimeurs, M DCC LX Vv. De ie | Nos sptrafian: as L 4 AL A ane AT 20 ? sr ge TA AMD NRA PTIT IPN ET TERRE Mr ] A EL . [+ Qué pra Lait CNET _ Ê ARR Re 2 Mis Ha Ta CRETE à DS QUE. PMR RE à ni de * Pa RARE e er 4 LR M A OT Vanonai sihssan Sal eines 2 trs se TEE p Eee + à Re à à : je Pa ere Ca 2. " r 34 a ENT et QU L 1 Lt Die PE MS REG ASS TRERR EGGIO , (Geéog. mod.) ou Re- LS CN Q RE en _gio, où Regge, en latin. Rhe- Ne 4 4 gium Lepidi, êc quélquefois > R 728 ÿ fimplement Regium; ville dE- 4] sf 3] talie, dans le Modénois., capi- * AE tale d’un duché auquel elle REA |, donne le nom; elle eft au mi- Sa Ras tasRastkantats di de l'Appennin, dans une campagne fertile, à 6 lieues au nord-oueft de Modène. Cette ville fituée fur la voie émilienne, a été co- lonie romaine. On prétend qu’elle doit fon origine à un Lepidus ; maïs l’hiffoire n’en dit rien , &c per- fonne n’a pu indiquer jufqu’à préfent quel étoit ce Lepidus. Ce qu'il y a de certain, c’eft que les Goths ruinerent cette ville de fond-en-comble, & contrai- gnirent {es habitans de Pabandonner. Elle s’eft remife en fplendeur depuis ce tems-là, & eft aujourdhui bien peuplée , ayant de belles rues &c des maifons bien bâties. | _ Son évêché établi dès Pan 450 , eft fuffragant de Bologne. La cathédrale eft decorée des tableaux de grands maîtres. On y voit entr’autres un S, George & une Ste, Catherine du Carrache , une Vierge du Guide, un S. Jean un S. Paul du Guerchin. L’é- glife de S. Profper eft auf embellie d’un Chriftmort & des trois Maries, de Louis Carrache. On dit que Charlemagne a été le fecondfondateur de la Reggio de Lombardie; fes murailles font épaif- fes ; 1l ne regne tout-autour aucune éminence qui commande fa ville, &elle eft défendue par une bon- ne citadelle, Les côteaux voifins font couverts de maïfons de plafance, de vignobles & de jardins qui produifent des fruits délicieux. Long. fuivant Har- ts, 31.10. 15/, Jarie. 42 18, L’Ariofle ( Ludovico Ariofto ) naquit à Reggio dans le Modénois, l'an 1474, & immortalifa fa pa- trie. Sa famille tenoit un rang fi difiingué dans la ville , que le marquis Obifo de la maifon d’Eft , ho- nora cette famille de fon alliance , en époufant Lippa Ariofta , femme d’une grande beauté & de beaucoup defprit. Le pere de PAriofte étoit gouverneur de Reggio dans le tems que {on fils y prit naïflance. Sa mere fortoit de la noble famille de Malaguzza. Louis Ariofto étoit {on fils aîné; mais comme il avoit qua- tre freres & cinq fœurs , fa fortune fe trouvoit mo- dique. Il dit lui-même que Mercure n’avoit pas été trop des amis de fa famille, 8 qu'aucun d’eux ne lui avoit fait fa cour. Ilne fe conduifit pas différemment, &e dès fa plus tendre jeuneffe 1l nemontra d’autre in- clination que celle du beau génie aui Le portoit à la Poéfie. Céfut en vain que fon pere le preffa de s’ap- plhiquer uniquement à l'étude de la Jurifprudence ; il fe pläignit de fon malheur à cet égard dans les vers fmivans au Bembe : Ah laflo ! quando hebbi al pegafeo melo L’esa difpofta , E che le frefche guancie Non fi videano ancor forrir d'un pelo. Mio padre mi caccid con fpiedi e lancie Non che con fproni a yolger ref & chiofe, Er mi occupô cinque anni in quelle ciancie. Ma poiche vide pero frurtuole L'opre, & in tempo in van getterft , dopo Molto contraflo in liberta mi pole. _ Milton s’efttrouvé dansle même cas que l’Ariofte, &t fit à fon pere une très-belle piece en vers latins, pour lengager à lui laïfler fuivre fon goût pour la Pocfie. Ilui expofe combien cet art étoit eftimé par- Tome XIF, REG mu les anciens, & les avantages qu'il procure 3 il lui repréfente qu’il ne doit pas naturellement être fi en- nemi des mufes, poflédant la Mufique auf bien qu'il fafoit, & que par cela même il n’eft pas fürpre- nant que fon fils ait de l’inclination pour la Poëfie , puifqu'il y a tant de relation entre elle & la Mu- fique, | Nec tu perge, précor, Jacras coñternere mufas , Nec vanas inopefque puta , quarum ipfe peritus Munere, mille fonos numeris componis adaptos ; Millibus & vocum modulis variare coronam Doûlus , Arionti merid [is nominis hæres. Nunc tib1 quid mirum, ft me genuifle poeram Contigerit | charo f? tam propè fanguine juniti, Cogratas artes, fiudiumque affine fequamur ? pfe volens Phœbus fe difpartire duobus , Aliera dona mihi, dedis aliera done parenti, Dividuumque Deur genitorque, puerque tenemus, I! témoigne enfuite combien il méprife tous les trélors du Pérou, en comparaifon de la fcience; il déclare qu'il a plus d'obligation à fon pere de lui avoir fait connoîitre les belles-lettres, que Phaëton n'en eût eu à Apollon, quand même il auroit con- duit fûtement fon char; &c 1l fe promet à luismême , de s’élever au-deflus du refte des hommes, de fe ren» dre fupérieur à tous les traits de l'envie, & de s’ac= quérir une gloire immortelle , T nunc, confer opes , quifquis malefanus avitas ÆAuffriact gazas, pervanaque réna peroptas. Que poruit majora pater tribuiffe , vel ipfe Jupiter, excepto, donaffet us omnia, cælo ? Jamque nec obfcurus populo mifcebor inerti, Vitabuntque oculos vefligia noftra prophanos, E fle procul vigiles curæ | procäl efle querele , Tavidieque acies tranfverfo tortilis hirquo, Sava nec anguiferos extende calumnia riëlus : In me trifle nihil, fediffima turba, potefhis , Nec veftri fum juris ego ; fecuraque rutus Pelora, vipereo gradiar fublimis ab iëu, Les charmes enchanteurs qu’offte l’efpoir de fa gloire, & l’enthoufafme qui les anime , rend les grands gémes , tels quePAriofte & Milton, infenfi- bles à toutes les vues d'intérêt, & leur fait goûter une fatisfaétion fi délicieufe , qu’elle les dédommage de tout le refte. L’Ariofte , en fuivant fes études, compofoit tou- jours quelques pièces de poéfie. À la tragédie de Py- rame & de Thisbé, il fit fuccéder des fatires & des comédies. Un jour fon pere étoit dans une grande colere contre lui , 8e le gronda fortement; lAriofte l’écouta avec beaucoup d'attention fans rien répon: dre. Quand fon pere s’en fut allé, le frere d’Ariofte lui demanda pourquoi il n’avoit rien allégué pour fa juftfication , 1l lui répondit qu'il travailloit atuelle- ment à une comédie, & qu'il en étoit à une fceñe, oùun vieillard réprimandoit fon fils ; & que quand fon pete avoit commencé à parler, il lui étoit venu: dans l’efprit de l’obferver avec foin pour peindre d’après nature, & qu’ainf il n’avoit été attentif qu’à remarquer fon ton de voix, fes seftes &t fes expref fions , s’en s’embarafler de fe défendre. Ayant perdu ce pere à l’âge de 24 ans, il fe livra fans obftacle à fon penchant. Il poflédoit parfaite= ment la langue latine ; mais 1l préféra d'écrire enita- lien, foit qu'il crût qu'ilne pourroits’élever jufqu’au. premier rang des poûtes latins qui étoit déjà occupé par Sannazar , Bembo, Nauger, Sadolet, &t autres: mn - RE G foit qu'il jugeât l'italien plus du goût de fonfiecle , foit enfin qu'il voulüt enrichir fa langue d'ouvrages qui la fiffent eftimer des autres nations. Il accep- ta cependant différentes commiflions d’affaires d’état en divers endroits d'Italie, fans vouloir s’écar- ter de fon pays. Il refufa d'accompagner le cardinal d'Eft en Hongrie, préférant, dit-il, une vie tran- quille à toute autre. Er pid mi piace di pofèr le polige Membra , che di vantarle | chagli fcithi Sien flate , agli indi, agli echiopt , € altre. Le duc de Ferrare le fit en fon abfence, gouver- neur de Grafignana. Après qu'il fut de retour , Ariofte choifit de paffer le refte de fa vie dans la re- traite, & continua fes études dans une maïfon qu'il avoit fait bâtir à Ferrare. Cette maifon etoit fimple; & comme quelqu'un lui demanda, pourquoi il ne avoit pas rendu plus magnifique , ayant fi noble- ment décrit dansfon Ro/zndtantde palais fomptueux, de beaux portiques , & d’agréables fontaines ; il ré- pondit qu’on aflembloit bien plutôt & plus aifément des mots que des pierres. Il avoit fait graver au-deflus de la porte de fa maïfon, un diftique , que peu de ceux qui bâtiflent aujourd’hui , feroient en droit de mettre fur leurs édifices: Parva, [ed apta mihi, fed null: vbnoxia, [ed non Sordida , parta meo [ed tamen ære domus. L’Ariofte fe trouvoit alors dans une fituation ai- fée , ayant été comblé de préfens confidérables du duc de Ferrare, du pape Léon X. qui {ans des rai- .fons politiques, Pauroit élevé à la pourpre ; du car- dinal Farnefe, du cardinal Bibiena , du marquis de Vañto, & de pluñeurs autres perfonnes du prenuer rang. Son goût aidé de la fortuse , lui permettoit de faire tous les changemens qui lui venoient dans l’ef- ptit pour orner {on domicile; mais 1l avouoit lui- même qu'il en ufoit avec fa maifon comme avec fes vers, qu'il corrigeoit fi fouvent, qu'il leur Ôtoit ces graces & cette beauté que produit le premier feu de Ja compofition. Cependant, quelques défauts qu'il ait pu trouver dans {es vers, 1l eft certain que toute l’italie les ad- mire. Il avoit encore le talent de lire parfaitement bien, & il animoit d’une façon particuliere tout ce qu'il prononçoit. Auffi fouffroitil infiniment d’en- tendre lire fes ouvrages de mauvaife grace. On ra- conte à ce fujet , que paflant un jour devant la bouti- que d’un potier, il entendit que cet homme récitoit une ftance du Ro/znd ( la trente-deuxieme du pre- mier livre }, où Renaud crie à fon cheval de s’ar- rêter : Ferma , bajardo mio , deh ferma il piede, Che leflér Jenxa te troppo mi noce, &tc. mais le potier déclamoit ces vers fi mal, qu’Ariofte indigné brifa avec une canne qu'il avoit à la main, quelques pots qui étoient fur le devant de la bouti- que. Le potier lui fit des reproches fort vifs de ce qu'il en agifloit ainfi avec un pauvre homme qui ne Vavoit jamais offenfé. Vous 1gnorez, lui répondit VAriofte , l’injure que vous venez de me faire en face; j'ai brifé deux ou trois pots qui ne valoient pas cinq dols , & vous avez eftropié une de mes plus belles fances, qui vautune fomme confidérable. Il s’appaifa pourtant, & lui paya fes pots. il étoit fimple & frugal pour fa table: ce qui lui a fait dire dans quelque endroit de fes ouvrages, qu'il auroit pu vivre du tems que les hommes fe nourrif- foient de gland. Malgré fa fobriété &c la foiblefle de fon tempérament, il ne put fe garantir des pieges de amour. Il eut deux fils de fa premiere maitrefle. I] Jia dans la fuite une intrigue avec une belle femme REG nommée Gerevra. Il devint encore épris d’une autre dame parente de fon ami Nicolo Vefpucei. C’eft pour cette derniere qu'il fit en 1513, lefonnet qu com- mence : Non fo s’io potrd ben chiuderin verf. Ayant un jour trouvé cette maîtreffe occupée à une efpece de cote-d’armes pour un de fes fils, qui devoit fe trouver à une revue, il fit la comparaïfon qu'on trouve dans la 54. ftance du 24. livre de Ro- land, touchant la blefiure que Zerbin, prince d'E- coffe , avoit reçue de Mandricard. Quoique je mofe entreprendre d’excufer les amours de l’Ariofte , dit Harington, cependant je me perfuade que vü Le cé- libat où ce poëte a vêcu , & la puiffance des attraits des charmantes diableffes qui l'ont féduit, il maura pas de peine à obtenir fa grace de la plûpart de ceux qui liront fa vie. C’eft dommage qu'il n'ait connu les pays étrangers que parrécit; car il en eût tiré beaucoup d'utilité pour l’embelliffement de fes portraits ; mais il ne voulut point fortir de fa patrie, & même il témoi- gne dans une de fes fatyres, fon peu de goût pour toute efpece de voyage, & fon amour pour les feu- les beautés de fon pays. Che vuol andare a torno, a torno vada, Vegga Inghilrerre, Ungheria ; Franciae Spagna: À me piace habitar la mia contrada. Vifla ho Thofcara , Lombardia, Roragna, Quel monte che divide, e quel che f:rra Italia, e un mareelaltro che la bagna ; Queflo mi bafla; il reflo della terra, Senza mai pagar lhofle., andro cercardo Con Tolomeo , fra il mondoin pace o in guerra. Il mourut à Ferrare en 1534, âgé de 59 ans. Il eut toujours de grands égards pour famere, qu'iltrai- toit avec beaucoup de refpeét dans fa vieillefle, & il en parle fouvent dans fes fatyres & dans fes au- tres ouvrages. Il dit dans un endroit: L’eta di cara madre , mi percuote di pieta il cuore. Sa bienfaifance, fa conduite , fon honnêteté le f- rent aimer de tous les gens de bien pendant fa vie, & regretter de tous les honnêtes gens après fa mort. Il prit pour modele Homere & Virgile dans fon. Orlando. Virgile commence ainfi: Arma virumque cano. PAriofe : Le donne, 1 cavalieri, larme, gli amont, Le cortefie , l’audaci impreft io canto. Virgile finit par la mort de Turnus, PAriofte par celle de Rodomont : Beflemmiando fuggi l’alma [degnofa, , Che fu f£ altera al mondo, e fe orgogliofsr. Virgile loue extrèmemeht Enée pour plaire à Au- oufte, qui difoit en être defcendu : Ariofte releve Roger, pour faire honneur à la maïfon d’Eft. Enée avoit fa Didon qui le retenoit ; Roger étoit captivé par Alcine. Ariofte s’étoit d’abord fait connoître par des faty- res, enfuite par des comédies dans lefquelles an re- marque beaucoup d'art &t de comique ; celle intitu- lée gi fuppofiri, les fuppotés, mêlée de profe & de rers, fut la plus eftimée. {l y regne un jufte milieu entre le ton élevé &c Le bas, ton qu'aimoit l’antiqui- té, Il eft le premier qui ait employé pour le théâtre comique, le verfo fdrurciolo ; ce font des vers de dix {yllabes; 1l eff évident qu'il avoit deffein par ce moyen d'approcher le langage comique, le plus qw'il étoit pofble, du difcours ordinaire. Il a fait auf _ DS! REG quelques poéfes latines qui ont été inférées dans le premier tome des délices des poëtes d'Italie, &t qui y font confondues avec celles de divers autres poëtes de médiocre réputation. Enfin l'Ariofte fongea férieufement à fon grand poëme de Roland le furieux, 8 le commença à peu prés à l’âge de 30 ans. C’eft le plus fameux de fes ouvrages, quoiqu’on en ait porté des jugemens très- différens. Le premier de tous , celui du cardinal Hip: _polite d'Eft, ne lui fut pas favorable; car, quoiqu'il lui füt dédié, il dit à Pauteur, après l'avoir lu, où diable avez-vous pris tant de fadaifes, feigneur Ariofte ? Cependant Muret & Paul Jove ont cru que Pouvrage pañleroit à limmortalité ; & lon peut dire qu’il en a affez bien pris le chemin, puifqu’il y a peu de pays où il n’ait été imprimé , ni de langues répan- dues.en Europe , dans lefquelles 1l m’ait été traduit. Jamais piece ne fut remplie de tant de chofes diffé- rentes, de combats, d’enchantemens, d’avantures bifarres, que ce poëme de l’Ariofte ; &c il paroit qu’il n’a rien oublié de ce que fon génie & fonin- duftrie ont pu lui fugeérer pour les ornemens de fon ouvrage. Il n'a pourtant pas donné à fon ftyle ce caractere de fublime & de grandeur qui convient à la poéfie épique ; & même plufeurs critiques ofent douter que ce foit un véritable poëme épique , à en juger fuivant les recles de l’art. Ils difent que l’unité de Paëtion n’eft point dans le Roland, & que ce poëme n’eft régulier ni dans ordonnance, ni dans la pro- portion des parties. L’auteur mêle prefque partout le faux avec le vrai, &c fait jurer le vrai Dieu par l'eau du Styx. Ici le poëte a trop de feu : ailleurs il eft trop rempli d’'évenemens prodigieux & furnatu- rels, qui reflemblent aux imaginations creufes d’un malade. Ses héros ne nous offrent que des paladins; &t fon poëme refpire un air de chevalerie romanef- que, plutôt qu'un efprit héroïque. De plus, onlui reproche des épifodes trop affec- tées, peu vraiflemblables , & fouvent hors d'œuvre. Non:feulement il Ôte à fes héros la nobleffe de leur condition pour lesfaire badiner , mais 1l Ôte quelque- fois aux femmes leur carattere qui eft la pudeur & la timidité. On trouve encore que le poëte parle trop lui-même en.propre perfonne par voie de di- greflion , & qu’il finit fes narrations fi brufquement, -qu'à moins d’une grande attention, on perd le fil de lhiftoire. Onjuge bien que la critique judicieufe n’a jamais pu approuver une penfée extravagante de V’Ariofte, qui dit d'un de fes héros, que dans la cha- leur du combat, ne s’étant pas apperçu qu’on l’a- voit tué, il combattit toujours vaillamment, tout “mort qu'il étoit : I! pover’ huomo che non s’en era accorto , Andava combattendo , & era morto. Enfin, pour abréser, l’on répete aflez communé- ment cet ancien bon mot, que le sombeau de l Ariofte ef dans le Taffe. Malgré toutes ces critiques, l’auteur de Roland a eu, & a encore un grand nombre de partifans en Italie, tels que MM. de la Crufca, le Mazzoni , Si- mon Fornani, Paul Ben, & Louis Dolce quiaen- | trepris fa défenfe. M. Scipion Mafei à beaucoup con- tribué à foutenir les admirateurs du poëte de Repgio, | Horfqu'il a dit dans fon difcours:«le divin Ariofteeft :| » au-deflus de tous nos éloges par fon admirable » poëme. Sa rime eft firiche qu’elle ne paroit jamais » Être venue après coup ; on diroit qu'elle eff née » avec la penfée, & qu’elle n’en. eft que l'agrément; | » fes népligences {ont heureufes ; {es fautes même » ont des graces ; il n’eft pas donné à tout le monde s d’en commettre de pareilles. ». Mais il ne faut pas fe prévaloir de ce jugement de Tome KIT, |, Géographie. JL | JAUCOURT. ) REG ÿ M. Mañléi , pour prétendre que Ro/zrd le farieux n'a de concurrent que le Godefroi du Tafle, & que ce dernier même ne doit pas afpirer à la fupériorité ; le marquis Maffei ne le penfoit pas fans doute; car il, ajoute après fes éloges de l’Ariofte, qu'il n’eft pas exempt de taches, En effet, Le burlefque y naît quel quefois du férieux, contre le goût & Pattente du lecteur. Il franchit en divers endroits les bornes que prefcrit la bienféance. L’hyperbole fréquente détruit {ouvent Le vraremblabile , f néceflaire même dans la fition; & des digrefhions inutiles interrompent encore plus fouvent le fil du difcours, Enfin le génie de lAriofte paroït femblable à ces terres fertiles qui produifent des fleurs & des chardons toutenfemble ; & quoique prefque tous Les morceaux de fon poëme foient très-beaux, que fa verfification foit aïlée, fa diétion pure &c élégante, & fes defcriptions pleines d’agrèmens ; cependant l'ouvrage entier n’eft point le premier poëme de l'Italie. Ïl s’en eft fait nombre d'éditions, foit fans com- mentaires, foit avec.des commentaires. On eftime furrout celles de Venife en 1562, en 1568 & 1584 11-4°, | Le chevalier Jean Harington traduifit Roland en vers héroiques anglois, & le dédia à la reine Elifa- beth. La troifieme édition de cet ouvrage curieux ; &c heureufement verfifié, parut à Londres en 1634, in-fol. avectune défenfe ingénieufe de l’Aniofte, & un abrégé de la vie de ce poëte, recueilli de divers auteurs italiens, & en particulier de Sanfovino, Gabriel Chappuys Tourangeau mit au jour à Lyon,en 1582 & 1583 27-8°, une tradu@ion fran- coife en proie de l’'Orlazdo; mais cette verfion eft tombée dans un profond oubli, furtout depuis que M. Mirabaud de l'académie françoïfe a donné lui- ême une nouvelletraduétion du poëme de PAriofte, Je n’aipume difpenfer de m’étendre fur ce grand poëte, parce que fon mérite comparé au Tafle, par- tage encore aujourd’hui une partie des beaux efprits d'Italie. | | Pancirole (Gui) célebre jurifconfulte & littéra- teur, naquit en, 1523, à Reggio en Lombardie .pro- feffa avec beaucoup d'honneur, d'abordià Padoue, &c enfuite à Turin; mais ayant éprouvé que l'air du Piémont étoit fort contraire à fes yeux, il revint à Padoue en 1582 , & y paña le refte de fa vie dans fa premiere chaire avec mille ducats d’appointement.. Ïl mourut en 1599, après avoir mis au jour plufieurs ouvrages , dont j'indiquerai les principaux. + | Le premier eft fes corcilia, qui parurent à Venife en 1578, 22-fol. | Sur 2. Notitia dignitatium cm Orientis, im Occidensis ulira Arcadii Honoriique tempora. Venife 1593 & 1602 in-fol. Lyon 1608, êc Geneve 1623 47-fol.Le même ouvrage eft infêré dans le tome VII. des anti quités rom. de Grœvius. Les favans ont donné de grands éloges au commentaire de Pancirole fur la notice des dignités de l’empite. On y litavec plaifr ce qui concerne Les légions de Rome & la magifiratu- re romaine ; mais 1l s’y trouve plufieurs erreurs er 3. De claris legum interpretibus,, libri IV, Venife, 21635 & 1655, 17-4°. Francfort, 1721 ,in-49, Cette derniere édition fupérieure aux précédentes , a été donnée par M, Hofman:qui à joint d’autres ouvrages fur le même fujet. ñ 4. Rerum memorabilium, Libri duo : quorum prior déperditarum, pofterior noviter inventarum , ef. Nurim- berge, 1599, en 2vol. 21-8°, Lipfie, 1707, in-4°. L'ouvrage avoit d’abord êté fait en italien. [l a.été traduit en françois par Pierre de la Noue, fousce titre: /es-antiqiutés perdues, & des chofes rouvellement crventées, Lyon, 1608 , 47-89. ( Le chevalier DE Aï 4 REG REGG10, Ze duché de, ( Géogr. mod, ) duché en Italie , au couchant du Modénois. Il fe partage en cinq petits états, qui appartiennent au duc de Mo- dène. Reggio ef la capitale. ( D. J.) REGIANA ,( Géogr. anc.) ville d'Efpagne. L’iti- néraire d'Antonin la met fur la route de Séville à Mérida , entre Celti & Mérida, à 44 milles de la premiere , & à 27 milles de la feconde. (D. J.) REGIATES , (Géog. anc.) peuple d’Itahe, que Pline, /. 211. chap. xv. place dans la huitieme résion. (2.J.) RÉGICIDE, f. m. ( A4 & Politique.) c’eft ainf qu’on nomme l'attentat qui prive un roi de [a vie. L’hiftoire ancienne & moderne ne nous fournit que trop d'exemples de fouverains tués par des fujets furieux. La France frémira toujours du crime qui la priva d'Henri IV. lun des plus grands & des meil- leurs de fes rois. Les larmes que les françois ont verfé fur un attentat plus récent, feront encore longtems à fe fécher ; ils trembleront toujours au fouvenir de leurs allarmes, pour les jours précieux d’un monar- que, que la bonté de fon cœur & l'amour de fes fujets fembloient aflurer contre toute entreprife fu- nefte. La religion chrétienne , cet appui inébranlable du trône, défend aux fujets d’attenter à la vie de leurs maîtres. La raifon & l'experience font voir , que les défordres qui accompagnent & fuivent la mort vio- lente d’un roi, font fouvent plus terribles , que les effets de fes déréglemens 8 de fes crimes. Les révo- lutions fréquentes & cruelles auxquelles Les defpotes de l’Afie font expofés, prouvent que la mort vio- lente des tyrans ébranle toujours l'état, & n’éteint prefque jamais la tyrannie. Comment fe trouve-t-1l donc des hommes audacieux & pervers, quienfei-! gnent que l’on peut ôter la vie à des monarque, lorf- qu'un faux zele ou l'intérêt Les fait traiter detyrans ? Ces maximes odieufes, cent fois profcrites par les tribunaux du royaume ,& déteftés par les bons ci- toyens, n’ont éte adoptées que par des fanatiques am- bitieux, qui s’efforcent de fapper les fondemens du trône, lorfqu’il ne leur eft point permis de s’y afeoir à côté du fouverain. | L’Anoleterre donna dans le fiecle paflé à l'univers étonné, le fpettacle affreux d’un roi jugé & mis à mort pat des fujets rebelles. N’imputons point à une na- tion généreufe , un crime odieux qu’elle défavoue, &t qu’elle expie encore par fes larmes, Tremblons à la vue des excès auxquels fe portent l'ambition, lorfqu’elle eft fecondée par Le fanatifme & la fuper- flition. RÉGIE, ff (Jurifprud.) fignifie en général, ad- miniftration. On dit que les fermes font en régie, lorf- que le roi ou quelqu’autre feigneur fait lui-même exploiter fes biens par des prépofés & receveurs, & non par des fermiers. ( 4 ) Récre, £ (Gran. Comm, & Fin.) adminifiration ou direction d’une affaire de finance, ou de commer- ce. Dans quelques édits & déclarations du roi , con- cernant la police de la compagnie des Indes, ou les divers commerces que fa majefté lui a permis, on fe fert du terme de régie; 8cr alors ceux qui en ont la direétion, au lieu d’être appellès directeurs, fontnom- imés répiffeurs. Ily a aufhi des commerces particuliers de cette compagnie qui font en régie , entr’autres les fermes du tabac & du caffé. Didfionn. de Comm. & de Trév. | RÉGIFUGE , £ f. (Anrig. rem. ) fète que lonfar- foit à Rome le fix avant les calendes de Mars. Les anciens ne conviennent pas de l’origine de la fête: les uns rapportent que c’eft en mémoire de l’évañon de Tarquin le fuperbe, lorfque la ville recouvra fa liberté. Les autres prétendent qu’elle fut inftituée, parce que le roi des chofes facrées s’enfuyoit après | REG qu'il avoit facrifié. Le premier fentiment fondé {ur l'autorité d'Ovide, de Feftus, & d’Aufone, paroît bien. plus vraiflemblable que le fecond qui eft de Plutarque ; à moins qu’on ne dife pour les concilier , que le roi des chofes facrées fuyoit ce jour-là, pour rappeller la mémoire de cette fuite du dernier des rois de Rome. ( D.J.). REGILLA , 1. £. (Æiff, anc.) efpece de tunique blanche , bordée de pourpre, à l’ufage des fancées, qui s’en revétoient la veille de leurs nôces, avant que d’être mifes au lit. REGILLUM où REGILLUS , ( Géog. anc. ) ville d'Italie dans la Sabine , à cent foixante ftades de Rome ,felon Denys d'Halicarnafle, /iv, . p.308. Tite-Live, Suétone, & Etienne le géographe, font aufh beaucoup mention de cette ville, dont on ne connoît pas trop bien aujourd’hui la jufte potion. Appius Claudius , furnommé Sabinus naquit À Re- gillum , & étoit un des principaux de cette capitale, également illuftre par fon courage & fes richefles, mais plus encore par fa vertu &c par fon éloquence. Son grand mérite Payant expofé à Penvie de fes concitoyens , qui laccufoient de vouloir fe faire ty- ran de fa patrie , il prit le parti de fe retirer à Rome avec toute fa famille, l'an 250, fous les confuls P, Valerius Publicola IV , & Lucretius Tricipitinus IL, so2ans avant J.C. Plutarque raconte , qu’en fe re- tirant, il amena avec lui cinq mille familles à Rome, ce qui dépeupla prodigieufement la ville de Régille. Quoi qu’il en foit , les Romains reçurent très-bien tous les transfuges de Réoille ; on leur accorda le droit de bourgeoïifie, avec des terres fituées {ur la riviere de Téveron , & l’on en donna deux arpens à chacun. On en donna vingt-cinq à Appiüs, qui fut fait patricien , & agoréoé parmi les fénateurs. Il fe diftingua bientôt dans le fénat pas la fagefle de fes confeils , & fur-tout par fa fermeté. Il fut nommé conful avec Publius Servilius Prifcus , lan 259 de la fondation de Rome, & 493 ans avant J. C. Cette année 1l y eut de grands troubles à Rome, à Pocca- fion des dettes que le peuple avoit contraétées, & dont il demandoit l’abolition. Le défordre alla fi loin, que les confuls mêmes , qui tâchoient de calmer le tumulte | furent en danger de la vie. Appius qui étoit d’un carattere fevere , fut d’avis qu'onne pouvoit appailer la édition que par la mort de deux ou trois des principaux mutins ; mais Ser- vihus , plus doux & plus populaire, croyoit aw’on devoit avoir quelqu'égard au miférable état du peu- ple , & que les Romains étant menacés d’une guerre dangereufe, il étoit à propos d’accorder quelque fa- tisfation à ceux qui avoient été opprimés , qui, fans cela , ne donneroient pas leurs noms pour s’enrôler au fervice de la république. L'avis de Servilius prévalut : il procuta un decret du fénat en faveur des pauvres débiteurs, & les le- véesfe firent. Mais on n’exécuta pas fidélementle dé- cret ; enforte qu'après la campagne, le peuple re- commença à fe foulever avec plus de fureur que ja- mais, fur-tout vers le tems de l’éleétron de nouveaux : confuls. Ilrefufa de marcher contre l'ennemi; & les confüuls ayañt voulu lui infpirer de la crainte par un coup d'autorité, en fafant faifir quelques-uns des plus rebelles , le peuple les arracha des mains des liéteurs. Le fénat voyant l'autorité fouveraine mé- prifée, délibéra fur le parti qu'il y avoit à prendre dans cette urgente néceflite. Les fentimens furent partagés, mais Appius les réunit , en propofant de créer un diétateur. | : Cediétateur ne put pourtant mettrefinauxbrouil- leries , dont le réfultat fut, qu’on créeroit deux tri- buns du peuple. Le fils d'Appius Claudius hérita de fon pere, cette hauteur & cette fermeté quil’avoient rendu odieux à la multitude, Les tribuns le citerent devant le peuple, comme l'ennemi déclaré de la lie bete publique. Il parut au milieu de fes accufateurs, comme s'il avoit été leur juge. Il répondit aux chefs d’accufation avec tant de force & d’éloquence , que le peuple étonné n’ofa le condamner. Enfin il finit volontairement fa vie qu'il défefpéroit de pouvoir fauver. Il avoit un fils qui fit apporter fon corps dans la place, & fe préfenta, fuivant Pufage, pour faire fon oraïfon funebre, Les tribuns voulurent s’y oppofer ; mais Le peuple, plus généreux que les vin- dicatifs tribuns, leva l’oppofition, & entendit fans peine, les louanges d’un ennemi qu'il ne craïgnoit lus, & qu’il n’avoit pu s'empêcher d'admirer pen- dant fa vie: (2. J.) REGILLUS LACUS , (Géog. anc.) laë d'Italie , dans le Latium , felon Pline , Zv. XXX PTIT, ch. ij, Flotus , Liv. I. ch. xj. parle aufi de ce lac, fameux par la viétoire que remporta fur fes bords A. Pofthu- mius contre les Tarquins. Le nom moderne eft Zago di S. Praffede. | RÉGIME , L m. terme de Grammaire ; ce mot vient du latin regime, gouvernement : il eft employé en Grammaire dans un fens figuré , dont on peut voir le fondement à l’article GOUVERNER. Il s’agit ici d’en déterminer le fens propre pat rapport au langage grammatical, Quoiqu’on ait infinué , à l’article que Von vient de citer , qu'il falloit donner le nom de complément à ce que l’on appelle régime, il ne faut pourtant pas confondre ces deux tèrmes comme {y- nonymes: je vais dérerminer la notion précife de Pun & de l’autre en deuxarticles féparés ; & par-là je fuppléerai l’article COMPLÉMENT , que M. du Mar- fais a omus en fon lieu , quoiqu'il faffe fréquemment ufage de ce terme. Art, 1. Du complément. On doit regarder comme complément d'unmot, ce qu’on ajoute à ce mot pour en déterminer la fignification, de quelque maniere que ce puifle être. Oril y a deux fortes de mots dont ja fignification peut être déterminée par des comple- mens : 1°, fOUS CeUX qui. Ont une fignification gené- rale fufceptible de différens degrés ; 2°. ceux qui ont une fignifcation relative à un terme quelcon- que. | Les mots dont la figmification générale eft fufcep- tible de différens degrés , exigent néceflairement un complément, dès qu'il faut affigner quelque degré dé: terminé : & tels font les noms appeliatifs ; les adje- tif r les adverbes qui , renfermant dans leur figni- fication une idée de quantité, font fufceptibles en la- tin & en grec de ce que l’on appelle des degrés de comparaifon ou de figmification ; & enfin tous les verbes dont l’idée individuelle peut auffi recevoir ces différens degrés. Voici des exemples, Livre eft un nom appellatif ; la fignification générale en eft ref- trainte quand on dit , un éivre nouveau, le livre de Pierre ( liber Petri ) , 7 livre de grammaire, un livre qui peut étre uule ; & dans ces phrafes , zouveau , de Pierre( Petri) , de grammaire | qui peut étre utile , {ont autant de corplémens du nom livre. Savant eft un ad- jeétif; la fignification générale en eft reftrainte quand on dit, par exemple, qu'un homme eft pez favant , qu'ileft fort favanr | qu'il eft plus favant que [age , qu’il eft moins favant qu'un autre, qu'il eft auffr favart aujourd’hui qu'il l'étoit il y à vingt ans, qu'il eft /4- vanten droit ; &c. dans toutes ces phrafes , les diffé- rens complémens de l’adjeétif favanr font peu, fort, Plus que Jage, moins qu'un autre, auffi aujourd’ hui qu’il Détoit il y a vingt ans , en droir. C’eft la même chofe, pat exemple , du verbe aimer ; on aime fimplement &t fans détermination de degré ; on aime peu ; on ai- ne beaucoup , On aime ardemment , on aime plus fincé- recent, ON aime en apparence ; ON ane avec wrie conf sance que rien ne peur altérer ; VOilà autant de mamieres de déterminer le degré de la fignification du verbe REG $ aimer, 8t tonféquemment autant de sonplèmens de ce verbe. L’adverbe Jagement peut recevoir aufli dis Vers complémens ; on peutdire , peu fagement, fort fes gement,plus fagement que jamais auf fagement gu'hens reufement, fagement fans affelaion, &tc. Les mots qui ont une fignification relative, exe gent de même un complément, dès qu’il faut détet: miner d'idée générale de la relation par celle d’un terme conféquent : & tels font plufieufs noms appel- latifs, plufieurs adje@ifs , quelques adyerbes, tous les verbes attifs relatifs & quelques autres, & toutes les prépofñitions, Exemples de noms relatifs : Ze fo. dateur de Rome, l’auteur des tropes , le pere de Cicéron , la mere des Graques , le frere de Rosmulus , le mari dé Luciece, Gc. dans tous ces exemples, le complément commence par 4e. Exemples d’adje@tifs relatifs : nés ceffaire à la vie, digne de louange, facile à concevoir , Ge. Exemples de verbes relatifs : aimer Dieu, crain: dre Ja juflice , aller à la ville, revenir de l'armée : palfer Par le jardin ; reffembler à quelqu'un, fe repentir de Ja faute, commencer à boire, deffrer d'être riche, &c. quand On dit, donner quelque chofe à quelqu'un , recevoir ur prèfèent de fon ami, les verbes donner 8&c recevoir ont chacun deux complèmens qui tombent fur l’idée de la relation qu'ils expriment. Exemples d’adverbes relas ts : relativement à vos intérêts , indépendamment des circonflarices | quant & mOi, pourvu que vous le vou: lier , conformément a la nature. Quant aux prépofi= tions , 1l eft de leur effence d'exiger un complémenr, qui eft un nom, un pronom ou un infinitif; & il {eroit inutile d’en accumuler ici des exemples, Voyez PRÉPOSITION & RELATIF , art. I. & Un nom fubftantif, dit M. du Marfais (voyez # CONSTRUCTION ); ne peut déterminer que trois » fortes de mots : 1°. un autre nom ( & dans le fy= » fème de l’auteur il faut entendre les adjectifs), » 2°. un verbe, 3°. ou enfin une prépofition ». Cette remarque paroit avoir été adoptée par M, l'abbé Fromant (Suppl. page 256 ) ; & J'avoue qu’elle peut être vraie dans notre langue : car quoique nos ad verbes admettent des complémers, il eft pourtant né: ceffaire d’obferver que le complément immédiat de Padverbe eft chez nous une prépofition , conforme ment a ; ce qui fuit eft Le complément de la prépoñition même ; conformément à la nature. Il Wen eft pas de même en latin, parce que la terminaifon. du complé: ment y défigne le rapport qui ie lie au terme antécé- dent, & rendinutile la prépoñition, qui n’auroit pas d'autre effet : le nom peut donc y être, felon l’oc- currence, le complément immédiat de l’adverbe, ainf que je l'ai prouvé ailleurs fur les phrafes #65 serrarum, tune semporis, convententer nature. Voyez Mot , artis cle IT. r, 2: Un mot qui fert de complément à un autre, peut lui-même en exiger un fecond, qui, pat la même raïfon, peut encore être fuivi d’un troïfieme, auquel un quatrieme fera pareillement fubordonné , & ainfi de fuite; de forte que chaque complément étant nécef faire à la plénitude du fens du mot qu’il modifie, les deux derniers conftituent le complément total de l’an- tépénultieme; les trois dérniers font la totalité du complément de celui qui précede l’antépénultieme ; &c ainfi de fuite jufqu’au premier complément, qui ne remplit toute fa deitination , qu’autant qu’il eft ac compagné de tous ceux qui lui font fubordonnés. Par exemple , dans cette phrafe, nous avons à vi vre avec dés hommes Jemblables 4 nous : ce dernier nous eft le complément dela prépoñtion à ; 4 nous eft celui de ladjeétif femblables ; femblables a nous eft le com plément total du nom appeilatif Zes hommes ; les kom: mes femblables a nous | C’eft la totalité du complément de la prépoñtion de ; deles ou des hommes femblables a nous, eft le complément total d’un nom appellatif fous-entendu, par exemple, e mulriude( voyez PRÉ: ä RAR POSITION , rem, 5 ) ; la mulsitude des hommes Jembla- bles & nous, C’eft le complément de la prépoñtion avec ; avec la multitude des hommes femblables à nous, c’eft. celui de linfinitif vivre ; wivre avec La mulrisude des. horimes femblables a nous , eft la totalité du complé- ment de la prépoñition 4 ; & vivre avec la multitude des horunes femblables à nous, c’eft le complément total d’un nom appellatif fous-entendu, qui doit exprimer objet du verbe avozs , par exemple, odligarion ; ainfi obligation à vivre avec la muluiude des hommes Jémblables a nous, eft le complément total du verbe avons : ce Verbe avec la totalité de fon complément eit l’attribut total dont le fujet eft zows. Il fuit de cette obfervation, qu'il peut y avoir complément incomplexe, &c complément complexe. Le complément eftincomplexe , quand il eft exprimé pat un feul mot, qui eft ou un nom, ou un pronom, ou un adjectif, ou un infinitif, ou un adverbe; com- me avec for, pour nous , raifon favorable, fans répon- dre, vivre honnéremenr. Le complément eft complexe, quandil eft exprimé par plufieurs mots, dont le pre- mier, felon l’ordre analytique , modifie inmédiate- ment le mot anrécédenr | & eft lui-mème modifié par le fuivant; comme avec Le foin requis ; pour nous tous ; raifon favorable a ma'cauft; fans répondre un mot ; vivre fort honnétement. Dans le complément complexe , 1l faut diftinguer le mot qui y eft le premier felon ordre analytique, & la totalite des mots qui font la complexité. Si le premier mot eft un adjeétif, ou un nom, ou l’équi- valent d’un nom, on peut le regarder comme le complement grammatical ; parce que c’eit le feul qui {oit aflujetti par les lois de la fyntaxe des langues qui admettent la déclinaïfon, à prendre telle ou telle forme , en qualité de complément : fi. le premier mot eft au contraire un adverbe ou une prépoñtion, com- me ces mots font indéclinables & ne changent pas de forme, on regardera feulement le premier mot comme complément initial , felon que le premier mot eft un complément grammatical ou initial; le tout prend le nom de complément logique, ou de comple- ment. total. * Par exemple, dans cette phrafe, avoc les foins re- quis dans les circonftances de certe nature ; le mot na- sure eft le complément grammatical de la prépoñition de : certe nature en eit le complément logique : la pré- pofñition de eff le complément initial du nom appellatif les circonffances ; &t: de cette nature en eft le comple- ment total : les circonflances , voilà le complément gram- matical de la prépoñition dans ; & les circonflances de cette nature en ft le complément logique : dans eft le complément initial du participe requis ; & dans Les cir- conffances de cette nature en eft le complément total : le participe requis eft le complément grammatical du nom appellatif /es foins ; requis dans Les circonflances decetre nature, en eff le complément logique: /és foins, c’eft le complément grammatical de [a prépoñtion avec & les Joins requis dans les circonflances de cette nature , en eft le comiplémens logique. Ceux quife contentent d’envifager les chofes fu- perficiellement, feront choqués de ce détail qui leur paroîtra minutieux : mais mon expérience me met en état d’aflurer qu'il eft d’une néceflité indifpenfa- ble pour tous les maîtres qui veulent conduire leurs éleves par des voies lumineufes, & principalement pour ceux qui adopteroient la méthode d'introdu- étion aux langues, que j'ai propofée au mot MÉTHo- px. Si l’on veut examiner lanalyfe que jy ai faite d’une phrafe de Cicéron, on y verra qu'il eft nécef. aire non-feulement d'établir les diftinétions que lon a vues jufquici, mais encore de caraétériler, par des dénominations différentes, les différentes efpe- ces de complément qui peuvent tomber fur un même mot, Un même mot, & fpécialement le verbe, peut admettre autant de corplémens différens, qu’il peut y avoir de manieres poffibles de déterminer la figni- fication du mot. Rien de plus propre à mettre en abrégé, fous les yeux, toutes ces diverfes manieres, que le vers technique dont fe fervent les rhéteurs pour caraétérifer les différentes circonftances d’un fait. Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando, | Le premier mot qurs, eff le feul qui ne marquera aucun complement, parce qu'il indique au-contraire le fujet; mais tous les autres défignent autant de cow- plémens différens, Quid , défigne le complément qui exprime l’objet fur lequel tombe direétement le rapport énoncé par le mot compleré : tel eft le complément de toute pré- poñtion , a moi, chez nous ,envers Dieu , contre La loi, pour dire, &c. Tel eft encore le complément immédiat de tout verbe aétif relatif, aimer la vertu, defirer Les richeffes , bâtir une maifon , téindre une ésoffe , &cc. Le rapport énoncé par plufieurs verbes relatifs ex1- ge fouvent deux termes, comme donner un livre ax public; ces deux complémens {ont également direêts & néceflaires, & 1l faut les diffinguer : celui qui ef. immédiat 8 fans prépoñtion, peut s’appeller com- plément objeëtif, comme ur livre : celui qui eftamené par une prépoñtion, c'eft lecomplément relatif, com- me au public. Ubi défigne le complément qui exprime une circon- ftance de lieu : mais ce feul mot xbi, repréfente 1e les quatre mots dont on fe fert communément pour indiquer ce qu’on nomme /es quefhions de lieu , ub, unde , qua, quo ; ce qui défigne quatre fortes de coz- plémens circonflanciels de lieu. Le premier eft le coyz- plémens circonftanciel du lieu de la /cere, c’eft-à-dire, où l'événement je pañle; comme yivre à Paris, être au lit, &c. Le fecond eft le complément circonftan- ciel du lieu de départ, comme venir de Rome , parsir de fa province, &cc. Le troifieme eftle complément cir- conftanciel du lieu de paffage , comme paffer par la Champagne, aller en Tsalie par mer, ëcc. Le quatrieme eft le complément cixconftanciel du lieu de sendance, comme «//er en Afrique, paler de Flandreen Alface, &tc. Quibus auxilirs.; ces mots défignent le complémens. qui exprime l’infirument &c les moyens de laétion énoncée par le mot cormpleté ; comme /£ conduire avec aflez de précaution pour ne pas échouer. frapper du bâton, de l'épée, obtenir un emploi par la prore- éion d’un grand, &c. On peut appeller cecile come plément auxiliaire. On peut encore comprendre {ous cet afpeét le complément qui exprime la mätiere dont: une chofe eff faite, & que Pon peut appeller le coz- plément matériel; comme une flatue d’or, une fortune cimentée du [ang des malheureux. Cur, défigne en général tout complément qui énon- ce une caufe foit efficiente, foit finale : on le nom- me complément circonflanciel de caufe ; S'il s’agit de la caufe eMiciente ,ou même d’une caufe occafonnelle; ainfi quand on dit, ur tableau peint par Rubens , il ÿ a un complément circonflanciel de caufe ; c’eft la mé- me chofe quand on dit, il « manqué-le fuccès pour avoir négligé les moyens. S'ils’agit d'une caufe finale, on dit un complément cireonflanciel de fin, comme Dieu nous a créés pour fa gloire; S'occuper afin d’évirer l’ennus. | Quomodo, défigne le complément qui exprime une maniere particuliere d’être qu’il faut ajouter à Pidée principale du mot complté : communément cette expreflion eft un adverbe de maniere, fimple ou mo- difié, ou bien une phrafe adyerbiale commençant par une prépoñtion ; comme vivre honnétement, vi- yre conformément aux lois, parler avec facilité. On peut. donner à ce complément le nom de modificarif, Juande, défigne le complément qui exprime une circonfiänce de tems. Or une circonftance de tems peut ètre déterminée, où par une époque, qui eft un point fixe dans la fuite continue du tems, ou par une durée dont on peut afhigner le commencement &c la fin. La premiere détermination répond à la queftion guando , (quand ), & l'on peut appeller la phrafe qui l’exprime, complément circonftanciel de date; comime i/ mournt hier ; nous finirons l’année pro- chaine ; Jéfus naquit fous le regne d’Augufle. La {e- conde détermination répond à la queftion qguandiu, ( pendant combien de tems ); & l’on peur donner + à la phrafe qui l’exprime le nom de complement cir- conitanciel de durée , comme / a vécu frente-trois ans ; cet habit durera long-temns. li ne faut pas douter qu'une métaphyfque poin- tilleufe ne trouvât encore d’autres complemens, qu’el- le défigneroit pat d’autres dénominations : mais on peut les réduire à-peu-près tous aux chefs généraux que je viens d'indiquer ; & peut-être n’en ai-je que trop affigné pour bien des gens, ennemis naturels des détails rafonnés. C’eft pourtant une néceflité in- difpenfable de difftinguer çes différentes fortes de complémens , afin d'entendre plus nettement les lois que la fyntaxe peut impofer àchaque efpece, & lor- dre que la conftru&tion peut leur affigner. Par rapport à ce dermer point, je veux dire lor- dre que doivent garder entre eux les différens cow- plémens d'un même mot, la Grammaire générale éta- blit une regle , dont l’ufage ne s’écarte que peu ou point dans les langues particulieres, pour peu qu’el- les faflent cas de la clarté de l’énonciation. La voici. De plufeurs complémens quitombent fur le même mot , il faut mettre le plus court le premier après le mot compleré ; enfuite le plus court de ceux qui re- ftent . & ainf de fuite jufqu'au plus long de tous qui doit être le dernier. Exemple : Carthage, qui faifoir la guerre avec fon opulence contre La pauvreté romaine, avoit par cela méme du défavantage. ( Confid. fur la grand. &c la décad. des Rom. chap. iv. ) Dans cette propofition complexe , le verbe principal avis, eft fuivi de deux complémens ; le premier eft un complé- ment circonitanciel de caufe , par cela même, lequel a plus de briéveté que le complément obje@tif du défa- vantage, qui en conféquence eft placé le dernier : dans la propoñtion incidente, qui fait partie du fujet principal, le verbe faifois a 1°. un complement obje- €, la guerre ; 2°. un complément auxiliaire qui eft plus long, avec fon opulence ; 3°. enfin, un complé. mem relatif qui eft le plus long de tous , contre La pau- VTELE TOILALTLE, La raïfon de cette regle, eft que dans l’ordre ana- lytique, qui eft le feul qu'envifage la Grammaire gé- nérale , & qui eft à-peu-près la bouffolle des ufages particuliers des langues analogues , la relation d’un complément au mot qu'il complete eft d'autant plus fenfble , que les deux termes font plus rapprochés, & fur-tout dans les langues où la diverfité des ter- minaïfons ne peut caraétérifer celle*des fonétions des mots. Or il eit confiant que la phrafe a d’autant plus de netteté , que le rapport mutuel de fes parties eft plus marqué ; ainf 1l importe àla netteté de l’expref- fon, cujus fumma laus perfpicuitas , de n’éloigner d’un mot, que le moins qu'il eft pofhible, ce qui lui fert de complément. Cependant quand plufeurs com- Plémens concourent à la détermination d’un même terme , ils ne peuvent pas tous le fuivre immédiate- ment; & il ne refte plus qu’à en rapprocher le plus qu'il eft poffble celui qu’on eft forcé d’en tenir éloi- gné : c’eft ce que l’on fait en mettant d’abord Le pre- nier celui qui a le plus de briéveté, & réfervant pour la fin celui qui a le plus d’étendue. Si chacun des complémerts qui concourent à la dé- termination d’un même terme à une certaine éten- RE G 7 due , 1 peut encore arriver que le dernier fe trouve aflez éloigné du centre commun pour n’y avoir plus une relation aufli marquée qu'il importe à la clarté de la phrafe. Dans ce cas l’analyfe même autorife une forte d’hyperbate , qui, loin de nuire à la clarté de lénonciation , fert au contraire à l’augmenter, en fortihant les traits des rapports mutuels des parties de la phrafe : il confifte à placer avant le mot cow- pleté Vun de fes complémens ; ce n’eft ni Pobjet , nile relatif; c’eft communément un complément auxiliai- re, ou modificatif, ou de caufe, ou de fin, ou de tems, ou de lieu. Ainfi, dans l’exemple déja cité, M. de Montefquieu auroit pu dire , en tranfpo- fant le complément auxiliaire de la propofñition inci- dente, Carthage, qui, AP EC SON OPULENCE , faifoir la guerre contre la pauvreté romaine; & la phrae n’auroit été ni moins claire , ni beaucoup moins harmonieu- fe : peut-être auroit-elle perdu quelque chofe de fon. énergie, par la féparation des termes oppotés /oz opulance &C la pauvreté romaine ; & c’eft probablement ce qui aflure la préférence au tour adopté par lau- teur, car les grands écrivains , fans rechercher les antithèfes, ne négligent pas celles qui fortent de leur fuet , & encore moins celles qui font à leur fujet. Il arrive quelquefois que l’on voile la lettre de cette loi pour en conferver l’efprit; & dans ce cas, l'exception devient une nouvelle preuve de la né- ceffité de la regle. Ainfi, au lieu de dire, ? Evangile infpire une pièté qui na rien de [u/pett, aux perfonnes qui veulent être fencerement a Dieu ; 11 faut dire, ’'E- vangile irfpire aux perfonnes qui veutent étre fincerement a Dieu , une piété qui n'a rien de fufpeët : « &c cela, dit » le P. Buffier, 7.774. afin d'éviter léquivoque qui » pourroit fe trouver dans le mot awx perfonnes ; car » on ne verfoit point fi ce mot eft régi par le verbe » infpire, ou par l'adje@tif /ufpeif. « L’arrangement des » mots ne confifte pas feulement, dit Th. Corneille » (Nos. fur la rem. 454. de Vaugelas ), à les placer, » d’une maniere qui flatte loreille, mais à ne laifer » aucune équivoque dans le difcours. Dans ces exem- » ples , Je ferai avec une ponitualité dont vous aurez lieu » d’être fatisfait , toutes les chofes qui font de mon minif- » tere, À n’y a point d’équivoque , mais l'oreille n°’eft » pas contente de Parrangement des mots: 1l faut » écrire, Je ferai toutes les chofes quifont de mon mi- » niffere, avec une ponttualité dont vous aurez lieu d'être # fatisfait. s M. Corneille ne femble faire de cet arrangement qu'une affaire d'oreille ; mais il faut remonter plus haut pour trouver le vice du premier arrangement de l’exemple propofé : il n’y a point d’équivoque, j'en conviens, parce qu'il ne s’y préfente pas deux fens dont le choix foit incertain ; mais il y a obfcu- rité, parce que le véritable fens ne s’y montre pas avec aflez de netteté , à caufe du trop grand éloigne- ment où fe trouve le complémenr obje&if. : _ Teleft le principe général par lequel il faut juger de la conftruéhon de tant de phrafes citées par nos _ Grammairiens : Les complémens doivent être d’autant plus près du mot completé, qu’ils ont moins d’éten- due; & comme cette loi eft dite par l'intérêt de la clarté, dès que l’obfervation rigoureufe de la loi y eft contraire , c’eft une‘autre loi d’y déroger. En vertu de la premiere los, 1l faut dire, eployons aux affaires de notre falut toute cette vaine curioftté qui Je répand au-dehors , felon la corre@tion indiquée par le P. Bouhours (rem. rouv. tom. I. p. 219.) ; & il faut dire pareillement, gu'1ls placent dans leurs cartes ,tous ce gw'ils entendent dire, & non pas qu’ils placent tour ce qu’ils entendent dire, dans leurs cartes. En vertu de la feconde loi , il faut dire avec le P. Bouhours , ibid. & avec Th. Corneille (/oc. cie.) : 17 Je perfuada qu'en attaquant la ville par divers endroits, il répareroit La perte qu'il venot de faire; &t non pas, 8 REG il fe perfitada qu'il répareroit la perse qw’il venoït de faire, en attaquant la ville par divers endroits ; quoique ce fecond arrangement nefoit pas contraire à la lettre de la premiere regle. | Cette regle au refte ne s’eft entendue jufqu’ici que de l’ordre des complémens diférens d’un même mot; mais elle doit s'entendre aufñ des parties intégrantes d’un même complément , réunies par quelque conjon- tion: les parties Les plus courtes doivent être les premieres, &c les plus longues , être les dermieres, précifément pour la même raifon de netteté. Ainfi, pour employer les exemples du P. Buffier (7. 771.) on diroit, Dieu agit avec juffice & par des voies ineffa- Fles, en mettant à la tête la plus courte partie du complément modificatif: mais fi cette même partie de- venoit plus longue par quelque addition, elle fe pla- ceroit la derniere, & lon diroit, Dieu agit par des voies ineffables, 6 avec une juflice que nous devons ado- rer en tremblant. C’eft cette regle ainfi entendue, &r non aucune des raïfons alléguées par Vaugelas ( 34. rem. nouv. à la fin du rom. II.) qui démontre le vice de cette phrafe: je fermerai la bouche a ceux qui le bläment, quand je leur aurai montré que Ja façon d'écrire eff excellente, quoiqu'elle s’éloione un pen de celle de no$ anciens poë= zes qu'ils louent, plutôt par un dègoit des chofès pré- Jèntes que par Les fentimens d'une véritable eflime , 6 QU'IL MERITE LE NOM DE POETE. Cette dermere partie intéerante de la totalité du complément objeëtif eft déplace , parce qu’elle eft la plus courte, & pour- tant la derruere ; la relation du verbe mowtrer à ce complément n’eft plus aflez fenfble : 1l falloit dire, quand je leur aurai montré QU'IL MÉRITE LE NOM DE POETE , © que fa façon d'écrire eft excellente , quoi- quelle s'éloigne , &tc. Il n’y a peut-être pas une regle de fyntaxe plus importante , furtout pour la langue françoife, que celle qui vient d’être expofée & développée dans un détail que je ne me ferois pas permis fans cette con- fidération ; elle eft, à mon gré, le principe fonda- mental , &c peut.être le principe unique, qui confti- tue véritablement le nombre & l'harmonie dans no- tre langue. Cependant, de tous nos Grammairiens, je ne vois que le P. Buflier qui l'ait apperçue, & il ne l’a pas même vue dans toute fon étendue. Mais. je fuis fort furpris que M. Reflaut, qui cite la gram- maire de ce fayant jéfuite, comme l’une des bonnes fources où il a puilé fes prencipes généraux & raifon- nés ,n°y ait pas apperçu un principe , qui y eft d’ail- leurs très-bien ratfonné & démontré, & qui eft en oi très-lumineux , très-fécond, & d’un ufage très- étendu. Je fuis encore bien plus étonné qu’ilait écha- pé aux regards philofophiques de M. l'abbé Fromant, qui n'en dit pas un mot dans le chapitre,de fon fp- plément oùil parle de la fyntaxe, de la confiruthion, & de l’inverfion. Je n'eflimeroïs trop heureux, fi. ma rematque déterminoit nos Grammairiens à en faire ufage : ce feroit pofer lun des principaux fondemens du ftyle grammatical , &c le principe le plus oppofé au phébus &c au galimathias. Mais 1l faut y ajouter quelques autres regles quiconcernent encore l’arran- sement des corplémens. Si les divers complémens d’un même mor, ou les différentes parties d’un même complement, ont à-peu- près la même étendue; ce n’eft plus laffaire du com- pas d’en décider l’arrangement , c’eff un point qui reflortit au tribunal de la Logique : elle prononce qu’on doit alors placer le plus près du mor complere, celui des complémens auquel il a un rapport plus né- ceflaire. Or le rapport au complément modificatif eft le plus néceffaire de tous , puis celui au complement obje@tif, enfuite la relation au complemensrelatif, & les autres font à-peu-près à un degré égal d’impor- tance : ainfi , il faut dire, /’Evyangile infpure infenje- 4 j À: REG blement ». la piété 3. aux fidèles, en mettant d’abord le complement modificatif, puis le complément objec- tif , & enfin le complément relatif, je Ajoutons encore une autre remarque non moins importante à celles qui précedent : c’eft qu'il ne faut jamais rompre l'unité d’un complémenr total, pour jetter entre les parties un autre complément dumême mot. La raïon de cette regle eft évidente : la parole doit être une image fidele de la penfée ; & 1l fau- droit , s’il étoit pofible , exprimer chaque penfée, ou du moins chaque idée , par un feul mot, afin d’en peindre mieux l’indivifibilité; mais comme il n’eft pas toujours pofible de réduire l’expreffion à cette fim- plicité , 1l eft du-moins néceffaire de rendre infépa- rables les parties d’une image dont Pobjet original eft indivifble , afin que l’image ne foit point en contra- dition avec l’original, & qu'il y ait harmome entre les mots & les idées. | C’eft dans la violation de cette reple, que confifte le défaut de quelques phrafes cenfurées juftement par Th. Corneille (04, fur la rem. 454. de Vauge- las }: par exemple, oz leur peut conter quelque iftoire remarquable, fur les principales villes, qui y attache la mémoire ; 1l eft évident que lantécédant de qui c'eft quelque hifloire remarquable , &t que cet antécédant, avec la propoftion imcidente gui y attache la mémoire, exprime une idée totale qui eff le complément objec- tif du verbe conter : l'unité eft donc rompue par l’ar- rangement de cette phrafe, & 1l falloit dire , oz peur leur conter , fur les principales villes, quelque hifloire re- marquable qui y attache la memoire. L# C’eft le même défaut dans cette autre phrafe ; Zy a un air de varité & d’affedation, dans Pline le jeune, qui pâte fes lettres : Punité eft encore rompue , & il falloit dire ; y'a dans Pline le jeune, un air de vanité € d'affectation qui gére [es lestres: Vefprit atant de droit de s'attendre à trouver cette umited’imagedans la parole, qu’en conféquence du premier arrangement il{eporte à croire que l’on veut faire entendre que c’eft Pline lui-même qui gâte fes lettres ; il n’en eft empêché que par l’abfurdité de l’idée , & il lui en coûte un ef- fort défagreable pour démêler le vrai fens de la phrafe. | Je trouve une faute de cetteefpece dans la Bruyere ( caraët. de ce fiecle, ch. 7.) : Iy a, dit-1l, des endroits dans Popéra qui laiflent en defirer d’autres ; 1 devoit dire , y a dans Popéra des endroits qui en laiffent defi- rer d’autres. Jen fais la remarque , parce que la Bruyere eft un écrivain qui peut faire autorité, & qu'il eft utile de montrer que les grands hommes font pourtant des hommes. Ce n’eft pas un petit nombre de fautes échapées à la fragilité humaine, qui peu- vent faire tort à leur réputation ; au lieu que ce pe- tit nombre de mauvais exemples pourroiït mdure en erreur la foule des hommes fubalternes , qui ne fa- vent écrire que par imutation , & qui ne remontent pas aux principes. Voici Pavis que leur donne Vau- gelas, l’un de nos plus grands maïtres. (rem. 454.) « L’arrangement des mots eft un des plus grands fe- » crets du ftyle. Qui n’a point cela, ne peut pas dire » qu'il fache écrire. Il a beau employer de belles » phrales &c de beaux mots; étant mal placés, ils ne » fauroient avoir ni beauté, ni grace ; outre qu'ils » embarraflent l’expreffion , & lui Ôtent la clarté qui » eft le principal : Tanum féries juntluraque pol- » let,» Avant que d'entamer ce que j'ai à dire fur le réoz- me, je crois qu'il eft bon de remarquer , que les re- gles que je viens d’affigner fur larrangement de divers complémens , ne peuvent concerner que l’ordre ana- lytique qu'ilfaut faivre quand on fait la conftruétion d'une phrafe , ou l’ordre ufuel des langues analogues comme la nôtre. Car pour les langues tran{poñtives, où la terminaifon des mots fert à carattérifer lefp se | e RE G ide rapport auquelils font employés , la néceflité de marquer ce rapport par dlaiplace des mots n’exifte plus au même degré. ALLALE - Art, I, Du RÉGIME. Les grammaires des lan: gues modernes fe font formées d’après celle du latin, dont la religion a perpétué l'étude dans toute l'Eu- rope ; & c’eft dans cette fource qu'il faut allerpuifer a notion des termes techniques que nous avons pris à notre fervice, afflezfouvent fans les bienenteñdre, &t fans en-avoir befoin. Or il paroit , par l'examen exact des différentes phrafes où les Grammairiens latins parlent de-régime, qu'ils entendent, par ceter- me, la forme particuhiere que doit prendre un com: plément grammatical d’un mot , en conféquence du rapport particulier fous lequel il eft alors envifagé. Ain le régime du verbe aétifrelatif eft, dit-on, l’ac- cufatif, parce qu’en lat le nom ou le pronom qui en eftle complément objeétif grammatical doit être à l’accufatif ; l’accufatif eft le cas deftiné par l’ufage de la langue latine , à marquer que lenom ou le pro- nom qui en eft revêtu , eft le terte objectif de l’ac- ion énoncée par le verbe af relatif. Pareillement quand on dit her Perri, le nomPesrs eft au génitif, parce qu'ilexprime le terme confequent du rapport xlont Ziber eft le terme antécédent , & que le régime d’un nom appellatif que l’on détermine par un rap- port quelconque à un autre nom , eften latin le gé- _mitif, Voyez GÉNITIF. ru Confidérés en eux-mêmes, &indépendamment de toute phrafe, les mots font des fignes d'idées to- tales; Sctous cet afpe@ 1ls font tous intrinféquement & eflentiellement femblables les uns aux autres; ils different enfuite à raïon de la-différence des idées 1pécifiques quiconflituent lesdiverfes fortes dé mots, €c. Mais un mot confidéré feul peut montrer l’idée dont il eft le figne , tantôt fous:un afpeët & tantôt dous un autre; cet afpe@-particulier une fois fixé , il me faut plus délibérer fur la forme du mot; en vertu de la fyntaxeufuelle de la langueäl doit prendretelle terminaifon : que l’afpettyienneà changer, la mê- _ me idée principale fera confervée , mais la forme ex- térieure du mot doit changer auf, & la fyntaxe lui affigne telle autre terminaifon. C’eft un domeftique, toujours le mème homme, qui, en changeant de fer: vice, change de livrée. _ Ily a, par exemple , un nom latin qui exprime Pidée de l’Etre fuprème ; quel eft-il, % on le dé- pouille de toutes les fonétions dont il peut être char- gé dans la phrafe à Il n’exifte en cette langue aucun mot confideré dans cet état d’abfiraétion, parce que fes mots ayant été faits pour la phrafe , ne font con- nus quefous quelqu'une des terminaifons qui les attachent. Ainf , le nom qui exprime Pidée de l’Etre fuprème , s’il fe préfente comme fujet de la propof- tion, c'eft Deus ; comme quandon dit , mundum créa- vit DEUS : s'il eft le terme obje@if de l’aétion énon- cée par un verbe aëtifrelatif, ouleterme conféquent ._ durapportabftrait énonce par certaines prépoñitions, c’eft Deur ; comme dans cette phrafe, DEuUM time & fac quod vis, ou dans celle-ci , elévabis ad DEum faciem tuam ( Job: 22. 26): fice nom eft le terme conféquent d’un rapport fous lequel on envifage un nom appellatif pour en déterminer la fiemification, fans ‘pourtant exprimer ce rapport par aucune pré- -poñition, c’eft De: ; comme dans zomen Der, Gr. Voilà l'effet du régime ; c’eft de déterminer les diffé- || rentes terminaifons d’un mot qui exprime une cer- -taine idée principale , felon la diverfité des fonétions -dont ce mot eft Chargé dans la-phrafe, à raifon de | la diverfité des points de vuerfous lefquels on peut -envifager l’idée principale dont\l’ufage l’a rendu le figne. ot 119 - Il fautremarquer que les Grammairiens #’ontpas coutume, desregarder commetun-eflet du -régime:la | Tome KXIF, 1 | REG 9 détermination du géñrer, du nombre :&c ducas d’uñ adjeétif rapporté à un nom : c’eft un effet de lacon: cordance , qui eft fondée fur le principe de l'identité du fujet énonce par le nom &c par ladje@if, Foyer CONCORDANCE 6 IDENTITÉ, Auicontraire la dé: termination des terminaïions par les lois du rome fuppole diverfité entre les mots révif/axr 81 le mot | ségi,ou plutôt entre les idées énoncées par ces mots; comme on peutle voir dans ces exernplesr, mo Deum, ex Deo., fapientia Dei, 6e, c’eft qu'il nepeut y avoir de rapport qu'entre des chofes différentes, & quetout régime carattérife eflentiellément le ter: me conféquent d’un rapport; amnf le révimeeflfondé {ur le principe de la diverfité des idées inffes.en rap port, & des termes rapprochés dont l’un détermine l’autre en vertu de ce rapport. Voyez DÉTERMINA- TION. 2 Il uit de-là qw’à prendre le mot révime danse fens généralement adopté, iln’auroit jamais dû être ém- ployé; par rapport aux noms & aux pronoms, dans les orammaires particulieres des langues analogues qui ne déclinent point, comme le francois, l'italien, l’efpagnol, 66. car le réyneelt dans ce fens la forme particuliere.que doit prendre un complément gram- inatical d'un mot en conféquencé du rappoñt partis culier fous lequel'al eft alofs envifagé : or dans les langues qui ne déchnent point, les mots paroïfient conftamment fous la même forme, & conféquem: nent 1l n’y a point proprement de révime. Ce n’eit pas que les noms ée les pronoms ne va: tient leurs formes relativement aux nombres, maïs les formes numériques ne font point celles qui {ont foumifes aux lois du régime ; elles font toujours dés terminées par le befoin intrinfeque d'exprimer telle ou telle quotité d'individus : le régime ne difpofe que des cas, | tt Les Grammairiens attachés par l'habitude, : fou: vent pluspuiflante que lalrafon, au langage qu'ils ont reçu dé main en main, ne Mmanquéront pas d'in- fifter en faveur du régime qu'ils voudront maintenir dans notre grammaire , fous prétexte que l’fage de notre langue fixe du-moins la place de chaqite com: plément; & voilà, difent-ils, en quoi conffte chez nousPinfluence du régime. Maïs qu'ils prennent garde que la difpofition des complémens eff une affaire dé conftruéhon ; que la détermination du régime éft uné affaire de fyntaxe, 8 que, comme l’a très-fagement obfervé M. du Marfais âu m0 CONSTRUCTION , on ne doit pas confondre la conftruion avec la fyn* taxe, « Cicéron, dit-il, a dit felon trois combinaifons » différentes accept Litreras trias | tuas accepi litreras , 5 Ôt ditieras accepi tuas< il y a là trois conftruétions, » puifqu'il y atrois différens arrangemens de môts ; # cependant il n’y à qu'une fyntaxe, car dans cha- » cune de ces conftruétions 1ly à les mêmes fignes » des rapports que les mots ont entre eux». C’elt-X dire quele régime eit toujours le même dans cha= cune de ces trois phrafés, quoique la conftruétion ÿ foit différente. PL S1par râpport à notre langue on perfiftoit à vou: Loir regarder comme régime, la place qui eft afignée à chacun des complémens d’un même mot, à rafon de leur étendue refpe@ive ; il faudroit done conve- ñit que le même complément eft füjet À différens régimes ; félon les différens degrés détendue qu'il peut avoir relativement aux autres complémens du même mot; mais fous prétexte de‘conferver le lan: gage. des Grammairiens, ce feroit en effet l’anéantir, puifque ce feroit l'entendre dans un fens abfoluméent inconnu jufqu'icr, & oppofé d’ailleurs à la fgnificas tion naturelle des mots. | Ces obfervations fappent par lé fondement la doc trine de M. Pabbe Girard concernant Le régime 10m TI, dif, 5j, pag. 8 7. confifte, felonlui ; dans des B to REG tapports de dépendance foumis aux regles pour a conftruëion de la phrafe.« Ce n’eft autre chofe, dit- » 1l, que Le concours des mots pour les exprefons » d'un fens ou d’une penfée. Dans ce concours de # mots il y ena qui tiennentle haut bout ; ils en ré- » giflent d’autres , c’eft-à-dire qu'ils les aflujettifent w à certaines lois: 1 y ena qui fe préfentent d’un air » foumis ; «ls font régis ou tenus de fe conformer À » Pétat & aux lois des autres ; & il yen a qui fans » être aflujettis ni aflujettir d’autres, n’ont de lois » à obferver que celle de la place dans l’arrange- # ment général. Ce qui fait que quoique tous les # mots de la phrafe foïient en régime, concourant » tous à l’expreffion du fens, ils ne le font pas néan- # moins dela même maniere, les uns étant en régime # dominant, les autres en régime afluietti, & des troi- # fiemes en régime libre, {elon la fonétion qu'ils y #font» Une premiere erreur de ce grammairien , confifte en ce qu'il rapporte le régime à la conftru&tion de la phrafe ; au-heu qu’il eft évident, par ce qui précede, qu'il eft du diftriét de la fyntaxe, & qu'il demeure conftamment le même malgré tous les changemens de confiruétion. D’ailleurs le régime confifte dans la détermination des formes des complémens gramma- ticaux confidérés comme termes de certains rap- ports, & 1l ne confifte pas dans les rapports mêmes, comme le prétend M. l'abbé Girard. Une feconde erreur, c’eft que cet académicien, d’ailleurs habile & profond, ébloui par l’afféterie même de fon ftyle, eft tombé dans une contradic- tion évidente ; car comment peut-il fe faire que le: régime confifte , comme 1] le dit, dans des rapports de dépendance, & qu'il y ait cependant des mots ui foient en régsme libre ? Dépendance & liberté fn des attributs incompatibles, & cette contradic- tion, ne füt-elle que dans les termes & non entre les idées , c’eft aflirément un vice impardonnable dans le ftyle didatique , où la netteté & la clarté doivent être portées juiqu'au fcrupule. J’ajoute que l'idée d’un régime libre, à prendre.la chofe dans le fens même de l’auteur, eft une idée abfolument faufle, parce que rien n’eft indépendant dans une phrafe , à moins qu’il n’y ait périflologie, voyez PLÉONASME. Vérifions ceci fur la période même dont M. Girard fe fert pour faire reconnoître toutes les parties de la phrafe: Monfieur, quoique le mérite ait ordinairement un avantage folide [ur La for- tune ; cependant, chofe étrange ! nous donnons toujours da préférence à celle-cz. | Cette période eft compoñée de deux phrafes, dit l’auteur, dans chacune deiquelles fe trouvent les fept embres qu'il difngue. Je ne m’attacherai ici qu’à celui qu’il appelle adjon&if ; & qu'il prétend être en régime hbre; c’eft monfeur dans la premiere partie de la période, & chofe étrange dans le fecond. Toute “‘propoñtion a deux parties, Le fujet & l’attribut (voyez er ) St j'avoue que monffeur n'appartient ni au fujet n1 à l’attribut de la premiere propofition, quoique le mérite ait ordinairement un avantage folide Jur la fortune; par conféquent ce mot eft libre de toute dépendance à cet égard ; mais de-là même il m’eft ni nerpeut être en regime dans cette propof- tion. Cependant fi l’on avoit à exprimer la même penfée en une langue tranfpofitive ; par exemple, en latin, 1l ne feroit pas libre de traduire monfieur par tel cas lon voudroit de dorminus : il faudroit andifpenfablement employer le vocatif domine, qui eft proprement le nominatifde la feconde perfonne, {voyez VOCATIF ); ce qui prouve, ce me femble, que domine feroit envifagé comme fujet d'un verbe à Ja feconde perfonne , par exemple audi ou eflo atten- #us, parce que dans les langues, comme par -tout ‘adleurs, rien ne fe fait fans caule: il doit donc en REG être de même en françois, okil faut enténdie 02» Jieur écouiez où foyez attentif; parce que l’analy{e, qui eft le lien unique de la communication de toutes les langues, eft la même dans tous les idiomes, & y opere les mêmes effets : ainfi mozfeur eft en françois dans une dépendance réelle, maïs c’eft à l'égard d’un verbe fous-entendu dont il eft Le fujet, Chofe étrange , dans la feconde propoñition, eft auf en dépendance, non par rapport à la propofñ- tion énoncée xous donnons toujours la préférence à celle-ci, mais par rapport à une autre dont le refte eft fupprimé ; en voici la preuve. En traduifant cette période en latin, il ne nous fera pas libre de rendre à notre gré les deux mots chofe écrange; nous ne pourrons opter qu'entre le nominatif & l’accufatif s ëc ce refte de liberté ne vient pas de ce que ces mots font en régime libre où dans l'indépendance , car Les fix cas alors devroient être également indifférens ; cela vient de ce qu’on peut envifager la dépendance néceflaire de ces deux mots fous l’un ou fous l’autre des deux afpeëts défignés par les deux cas. Si l’on dit res niranda au nominatif, c’eft que l’on fuppofe dans la plénitude ne » hœc res eff miranda : fa Von préfere l’accufatif rer mirandam , c’eft que l’on envifage la propofition pleine dico rem mirandam, ou même en rappellant le fecond adjon&if au premier, domine audi rem mirandam. L’appheation eft aifée à faire à la phrafe françoife, le détail en feroit ici fu- perflu ; je viens à la conclufon. L'abbé Girard n’a- voit pas aflez approfondi lanalyfe grammaticale ow logique du langage, & fans autre examen il avoit jugé indépendant ce dont il ne retrouvoit pas le co- relatif dans les parties exprimées de la phrafe. D’au- tre part, ces. mots mêmes indépendans, il vouloit qu'ils fuffent en régime, parce qu’il avoit fauflement attaché à ce mot une idée de relation à la conftruc- tion, quoiqu'il n'ignorât pas fans doute qu’en latin & engrec le régime eft relatif à la fyntaxe ; mais il avoit profcrit de notre grammaire la doûtrine ridi- cule des cas : 1l ne pouvoit donc plus admettre le régime dans le même fens que le faïfoient avant lui la foule des grammatiftes ; & malgré fes déclarations réitérées de ne confulter que l’ufage de notre langue, & de parler le langage propre de notre grammaire, fans égard pour la grammaire latine, trop fervile- ment copiée jufqu'à lui, 1l n'avoit pu abandonner entierement Le mot de réoirne : inde mali labes. Je n’entrerai pas 1c1 dans le détail énorme des més prifes où font tombés les rudimentaires & les métho- diftes fur les prétendus régimes de quelques noms, de plufieurs adjeétifs , de quantité de verbes, &c. Ce détail ne fauroit convenir à l'Encyclopédie; mais on trouvera pourtant fur cela même quantité de bon- nes obfervations dans plufieurs articles de cet ou- vrage. Voyez ACCUSATIF, DATIF, GÉNITIF, ABL:- TIF, CONSTRUCTION , INVERSION, MÉTHODE, PROPOSITION, PRÉPOSITION, 6c, | Chaque cas a une deflination marquée êc unique, fi ce n’eft peut-être l’accufatif, qui eft deftiné à être le régime objettif d'un verbe ou d’une prépoñition:: toute la doctrine du régime latin fe réduit |à ; fi les mots énoncés ne fufñfent pas pour rendre raïfon des cas d’après ces vues générales, l’ellipfe doit fournir ceux qui manquent. Penirer me peccari, il faut fup- .pléer 72emoria qui eft Le fet de peziter, & le mot com- pleté par peccari, qui eneftrégi. Doceo pueros grammas cicam , il fautfuppléer circz avant grammaticam , parce que cetaccufatif ne peut être que le régime d'une pré- pofition, puifque le régime obie@if de docea eft l’accu- fatif pueros, Ferire enfe, l'ablatif enfe n’eft point le régime du verbe férire , il left de la prépofñition fous- entendue cm. Dans Zabrorum tenis , le génitif /abro- ram n’eft point régime de texts qui gouverne l’abla- ti; il left du nom fous-entendu region. Il en eft-de REG même dans mille autres cas, qui ne font 8 ne peu- vent être entendus que par des grammairiens vérita- blement logiciens & philofophes. (£. R. M. B.) REGIME, {. m. ( Médec., Hygiene & Thérap.) dia- rubis, dieta, regimen , vitläs ordinatio. C’eft la pra- tique qu’on doit fuivre pour ufer avec ordre & d une maniere réglée , des chofes dites dans les écoles z07- naturelles ; c’eft-à-dire de tout ce qui eft néceflaire à la vie animale , & de ce qui en eff inféparable, tant en fanté qu’en maladie. Poyez NON-NATURELLES, chofes. Cette pratique a donc pour objet de rendre con- venable , de faire fervir à la confervation de la fanté Pufage de ces chofes ; de fubfituer cet ufage réglé à Pabus de ces chofes qui pourroit caufer ou qui a cau- {6 le dérangement de la fanté, l’état de maladie; par conféquent de diriger l'influence de ces chofes dans l’économie animale, de maniere qu'elles contribuent eflentiellèment à préferver la fanté des altérations qu’elle peut éprouver , ou à la rétablir lorfqu’elle eft altérée. Voyez SANTÉ 6 MALADIE. Ainfi le regime peut être confidéré comme confer- -vatif, ou comme préfervatif, ou comme curatif, {e- lon les différentes circonftances qui en exigent l’ob- fervation. La doétrine qui prefcrit les regles en quoi 1l confifte, fait une partie eflentielle de A fcience de Ta Médecine en général. Il eft traité des deux premiers objets du régime dans la partie de cette fcience appel- lée hygiene , & du dermier, dans celle que l’on nom- me thérapeutique. Voyez MÉDECINE, HYGIENE, THÉ- RAPEUTIQUE. L’aflemblage général des préceptes qui enfeignent ce qui conftitue le régime , forme aufli une partie dif- tinguée dans la théorie de la Médecine, que l’on ap- pelle dicrérique ; & l’ufage même de ces préceptes eft ce qu’on appelle diere, qui dans ce fens eft comme {ynonyme à régime ( Voyez DIETE }) ; enforte que le réoime & la diete paroiflent avoir la même fignifica- tion, puifque ces deux mots doivent préfenter la mê- me idée , & qu'il n’y a pas de différence entre vivre de régime & pratiquer la diete, qui n’eft autre chofe qu'une maniere de vivre , d’ufer de la vie réglée, & conforme à ce qui convient à l’économie animale. Maïs communément on n’étend pas cette fignification de la diete à lufage de toutes les chofes non-natu- relles ; on la borne à ce qui a rapport à la nourriture feulement , & même fouvent à fa privation ; au lieu que le régime préfente l’idée de tout ce qui eft nécef- faire dans lufage de ces chofes , pour le maintien de la fanté , & pour la préfervation ou la curation des maladies , felon lapplication que lon fait de ce terme. _ Il s’agit ici par conféquent en traitant du régime, de rapporter les regles en quoi il confifte , pour dé- terminer le bon & le mauvais ufage de toutes Les cho- fes non-naturelles. Il a étéfait une expofñition générale de ce qu'ilimporte à favoir pour fixer ces regles, dans les arucles HYGIENE 6 NON-NATURELLES, chofes ; 1l refte à en faire application aux différentes circonf- tances qui déterminent Les différences que comporte le régime, tant par rapport à la fanté, que pat rapport à la maladie , felon la différente difpofition qui fe trouve dans ces états oppofés. I. Du régime conférvatif. D'abord pour ce qui re- garde la fanté, le régime varie felon la différence du tempérament, de l’âge, du fexe, des faifons, des cli- mats. 1°. Pour bien régler ce qui convient à chaque #e- pérament , 1] faut en bien connoître la nature. Voyez TEMPÉRAMENT. Le smpérament bilieux qui rend le fyftème des fo- lides fort tendu, & fufceptible de beaucoup d'irrita- bilité & dadtion , ce qui fait que les humeurs font ordinairementen mouyement & dansune grande agi- Tome XIP, . F RE G IX tation, & produifent beaucoup de chaleur animale ; exige que l’on vive dans un air qui tende plus à être frais & humide, qu’à être chaud & fec; que l’on ufe d’alimens humeétans, rafraichiflans, d'une boiflon abondante , tempérante; que l’on favorife l’excrétion des matieres fécales & la tranfpiration; que l’on évite lufage des alimens échauffans , des viandes grafles, des mets fortement aflaonnés , épicés , aromati- ques, des liqueurs fortes , l’excès des liqueurs fer- mentées , Le trop grand mouvement du corps & de lefprit , les paflions de lame, qui caufent beaucoup d’agitation , d’éretifme, comme lambition , la co- lere. Le tempérament mélancolique donnant de la roi- deur aux je , & rendant compacte la fubftance des folides, ce qui fait que les organes font moins aëtifs, que le cours des humeurs eft lent, parefleux, que le ang & tous les fluides font difpofés à l’épaififfement; se s'établit une difpoftion dominante à ce qu'il fe orme une forte d’embarras dans l'exercice des fonc- tions tant du corps que de lefprit , il convient en conféquence que ceux qui font de ce tempérament évitent tout ce qui peut contribuer à épaifhir, à en- gourdir les humeurs , comme l’excès de [a chaleur & du froid , les alimens groffers, de difficile digeftion, tels que les viandes dures, coriaces , les lécumes farineux ; que l’on ne fafle point ufage de liqueurs fpiritueufes, coagulantes ; que Pon cherche à vivre dans un air tempéré quitienne plus du chaud & de humide que du froid & du fec, pour oppoñer les contraires aux contraires ; que l’on vive fobrement d’alimens legers, & que lon ufe d’une boïffon abon- dante d’eau pure ou mêlée à une petite quantité de. liqueur fermentée ou légerement aromatifée ; que lon fe livre avec modération à l’exercice du corps, fur-tout par l'équitation, les voyages ; que l’on cher- che auffi beaucoup à fe procurer de la difipation, par la variété des objets agréables, & en évitant toute contention, tout travail d’efprit , qui ne récréent pas, & qui fatiguent. Le tempérament fanguin établiffant la difpofition à former une plus grande quantité de fang , tout étant égal, que dansles autres tempéramens; ceux qui font ainf conftitués doivent éviter foigneufement tout ce qui peut contribuer à faire furabonder cette partie des humeurs ; 1ls doivent s’abftenir de manger beau- coup de viande , & de tout aliment bien nourriflant ; de faire un grand ufage du vin, des liqueurs fpiri- tueufes; de {e livrer trop au repos, au fommeil. Il leur eft très-utile & avantageux de vivre dans un air tempéré, parce que la chaleur & le froid leur font également contraires ; de vivre fobrement ; de s’ac- coutumer de bonne heure à latempérance, à un genre de vie dur, à des alimens groffers ; d’ufer d’une boiflon legere, délayante & apéritive ; de favorifer les hémorrhagies naturelles , &c de fe preferver de tout ce qui peut en caufer la diminution , la fuppref- fion , & de fuir le chagrin, ainfi que toute affe&tion de lame, qui peut ralentir le cours des humeurs, Comme dans le tempérament phlegmatique ou pi- tuiteux, c’eft la férofité vifqueufe, glaireufe qui domi- ne dans la mafle des humeurs , dont le mouvement eft très-languiflant , & que toutes les a@tions du corps & de l’efprit font très-parefleufes, 1l convient donc d’exciter le cours des fluides , en réveillant l'irritabi- lité, trop peu dominante dans les folides ; d'employer tout ce qui eft propre à fortifier les organes , & qui peut corriger l’intempérie froide & humide, par le chaud & le fec. Ainfi on doit dans cette difpoñtion éviter de vivre dans un air humide & froid , de fe nourrir d’alimens végétaux, qui n’ont point de fa- veur forte , tels que la plüpart des fruits & le jardi- nage crud ou fans affaifonnement ; les viandes rôties, fur-tout les viandes noires , font préférables, aing By 42 RE G que les mets épicés, aromatifés , la boiffon du bon Vin , ou d’autres liqueurs fermentéés bien fpiritueu- fes : l'exercice eft très-néceflaire, pour difiiper les humidités furabondantes, & favorifer à cet effet la tran{piration , & les autres excrétions féreufes. On doit éviter foigneufement toute affeétion de l’ame, qui jette dans l'abattement , &c rechercher au con- traire ce qui peut exciter, fortifier le corps &c l’efprit, & procurer de lagilité à l’un & à Pautre, même en fe livrant quelquefois à des paffions vives, propres à caufer de l’émotion , de lagitation , & des impref- fions fortes. 2°, La différence de l’ége rendant les corps diffé- remment conftitués , & faifant pafler le même indi- vidu comme par différens tempéramens, à-proportion qu'il eprouve les chañngemens que les progrès de la vie occafionnent, exige par conféquent auffi une ma- niere de vivre conforme à ces difpofñitions , fi diffé- #entes dans le cours de la vie. L'âge d’impuberté, quirenferme l’enfance, laquelle fe termine à fept ans environ, & l’âge puérile , qui | s'étend jufqu’à quatorze ans , peut être comparé au tempérament fanguin , attendu que le chaud & Phu- mide dominent dans cet âge. Comme dans ce tempé- rament ils demandent par conféquent le même r£- ‘gime ,; à-propottion des forces , qui doit être Le mê- me aufli dans tous les tems de la vie , pour la faïfon du printems , qui eft diftinguée des autres par Les mê- mes qualités qui font dominantes dans l’enfance & le tempérament fanguin; ce qu’on peut dire encore des climats tempérés tirant vers les climats chauds. L’âve de puberté, qui renferme l’adolefcence, la- quelle s'étend jufqu’à vingt-cinq ans, & la jeuneffe qui finit à trente-cinq', eft diftingué par le chaud & le fec , qui , tout étant égal, font dominans dans l’é- conomie animale; il a par conféquent beaucoup de | rapport au tempérament bilieux, & à la faifon de ! Vété , ainf qu'aux climats chauds, dans lefquels les mêmes qualités dominent. Aïnfi le régime que l’on a : dit convenir à ce tempérament , convient aufh aux | perfonnes de cet âge, avec les modifications propor- | ‘tionnées à la conffitution propre de chaque individu. | L'âge de virilité renferme l’âge de force, qui com- prend le fixieme feptenaire & celui de confiftence , qui eft terminé avec le feptieme feptenaire, a pour | qualités dominantes le froid & l’humide , comme le tempérament phleomatique , la faifon de l'automne , : &z les climats tempérés tirant vers Les climats froids. | Ainfi ce qui convient à ce tempérament convient | auff à cet Âge , à cette faïfon, &c à ces climats, avec | les exceptions oules changemens qui peuvent indi- quer la nature parricuhere de chaque fujet. … L'âge de vieilleffe, qui comprend l’âge de déclin, lequel s'étend jufqu’à la fin du dixieme feptenaire & | Fâge de décrépitude, qui fe termine avec la vie, pouflée auffi loin qu'il eft poflible, a pour qualités dominantesle froid & le fec , comme le tempérament mélancolique , la faifon de l'hiver, & les climats froids. Ainf le répime quia été propofé pour ce tem- pérament , eft aufli convenable à cet âge, à cette fai- fon , 8c à ces climats, toujours fous la réferve desin- dications particulieres à la nature des fujets. Maisle régime qui convient chaque âge, peut être plus particulierement connu d’après ce qui fuit. En général, 1l faut donner beaucoup à manger aux enfans, felon le confeil d'Hippocrate, aphor. 13. 14, parce qu'ils font naturellement voraces , qu'ils fup- | ottent difficilement la privation des alimens , le jeûne ; qu'ils ont beaucoup de chaleur innée , & qu'ils confomment beaucoup de nourriture par l’ac- croïflement & la diffipation. Moins les enfans font “éloignés de la naïflance, plus il faut leur permettre de fe livrer au fommeil ; &c à-proportion auils ayan- ‘gent en âge il faut en retrançher, Il eft'eflentiel pour la fanté des enfans que l’on leur tienne Île ventre li- bre , s’il ne l'ont pas tel naturellement, parce que quand il refte reflerré pendant un certain tems, c’eft une marque qu'ils ont de la difpofition à être mala- des, Mais pour un plus grand détail fur ce quiregarde le régime qui convient aux enfans, voyez ENFANCE, 6 ENFANS , maladies des." Pour ce qui eft des jeunes gens , de ceux qui font dans la vigueur de l’âge ; felon le confeil de Celfe, ils font moins dans le cas d’avoir befoin de vivre de, régime , que dans tout autre tems de la vie, parce que les ce qu'ils peuvent commettre en fait de régime font de moindre conféquence par leurs effets , 8t que leurs forces naturelles Les mettent en état de fupporter , fans des altérations confidérables pour la fanté , les excès qui peuvent leur être contraires ; il fufit prefque pour fe conferver qu'ils évitent de s’expoier à l'air froid, d’ufer de boiffons froides quand-le corps eft bien échauffé par les différens exercices , par les travaux auxquels on fe livre à cet âge. Ils doivent encore éviter tout ce qui peut échauf. fer , trop agiter le fans & épuifer les forces, comme l’'ufage des boiflons fortes, les pafions violentes , & excès des plaïfirs de amour. : Dans l’âge plus avancé, & dans la vieilleffe , on doit avoir d'autant plus de foin de fa fanté , que l’on devient dans ces derniers tems de la vie fufceptible de plus en plus d’être affecté défavantageufement par l'abus des chofes non-naturelles : 1l faut alors cher- cher à vivre dans un air aflez chaud & un peu humi- de ; favorifer la tranfpiration , éviter foigneufement pour cet effet Les impreffions de Pair froid ; être très- tempérant dans l’ufage des alimens , manger peu de viande , beaucoup de fruits cuits, d’herbages bouil- lis ; boire de bon vin , mais bien trempé Û car quoi qu'on en dife, le prétendu lait des vicillards employé fans correétif eft trop flimulant , & ne peut qu'être nuifible , ainfi que toutes les liqueurs fpiritueufes , coagulantes , & tout ce qui peut exciter de fortes contractions dans les folides , &c hâter les effets de la difpofition du corps au deffechement) ; & enfin cher- cher le repos & la tranquillité de l’'amele plus qu'il eft poffible. 3°. Le régime qui convient aux différens fexes peut être déterminé en général par la maniere de vivre convenable aux différentes conftitutions, Les perfonnes robuftes & faines qui fe trouvent principalement parmi Les hommes, doivent, felon le confeil de Celfe, ne pas mettre trop d’uniformité dans leur nourriture & dans leur conduite , relativement aux foins de leur fanté ; ceux qui font naturellement vigoureux , ne doivent pas affecter une réfidence choïfie ; ils font bien de varier à cet égard, d’être tantôt en ville, tantôt en campagne, de manger & de boire tantôt plus, tantôt moins, pourvu que ce foit toujours fans excès ; de manger indifféremment de tout ce qui n’eft pas malfain de fa nature ; de fe donner quelquefois beaucoup d'exercice , d’autres fois de n’en prendre que peu :'enun mot, ils doivent s’accoutumer à tout, afin d’être moins fufceptibles des altérations dans l'économie animale, auxquelles on peut être expofé dans les différens changemens de vie , que fouvent on ne peut éviter , & dans les dif- férentes fituations où l’on eft forcé de fe trouver, comme les gens de guerre. Mais quoique les perfon- nes robuftes ne doivent pas beaucoup s’écouter pour ce qui intérefle la fanté, ils ne doivent jamais abufer de leurs forces ; jamais danses plaifirs &c la joie ils ne doivent fe permettre les -emportemens de la dé- bauche : leur vigueur eft un tréfor qu’ils doivent ne pas épuifer , pour être en état de réfifter aux infirmi- tés inféparables de la vie humaine. Les gens foibles &c délicats ;-& dans cette claffe on peut ranger les femmes en général , ainfi que la plü- part des habitans des grandes villes , fclon Celle, fur- tout les hommes de lettres , &c tous ceux qui menent une vie fludieufe & fédentaire ; toutes ces différentes perfonnes doivent continuellement s'occuper à com- penfer par latempérance, la réoularité dans leur ma- niere de vivre , & les attentions fur ce qui regarde la confervation de leur fanté , ce qu'ils perdent jour- nellement de la difpofition à jouir d’une vie faine & ongue, par une fuite naturelle de leur foibleffe na- turelle ou de leur genre de vie. Avec ces précautions, bien de ces perfonnes fe foutiennent , à tout prendre, beaucoup mieux que les gens Les plus robuftes , par- ce que ces derniers comptant trop fur leurs forces , néoligent ou méprifent abfolument les foins, les at- tentions fur leur fanté, & s’attirent mille maux par l'abus qu'ils en font & les excès de toute efpece, Les femmes ont particulierement à obferver de ne rien faire qui puifle déranger les évacuations menf- truelles, & de favorifer cette excrétion de la maniere la plus convenable. Voyez MENsrRUEs. Elles doi- vent être encore plus attentives fur elles-mêmes dans le tems de groffefle. Voyez Grossesse. Elles ont à ménager dans tous les tems de la vie, fur-tout dans celui de la fuppreffion naturelle des regles , la déli- catefle , la fenfibilité de leur genre nerveux. Voyez NERVEUX genre, HYSTÉRICITÉ, VAPEURS. Elles doivent chercher à fe fortifier le corps & lefprit, par l'habitude de lexercice & de la diffipation, en s’y livrant avec modération. 4°. À légard des faifons , l’été demande que lon fe nourrifle d’alimens legers, doux, hume&ans , la- xatifs ; que l’on mange peu de Viande , beaucoup de fruits que la nature donne alors à nos defirs & à nos véritables befoins ; d’herbages, de laitage , avec une boiffon abondante d’eau pure ou de vin leger bien trempé , ou de quelque tifane acefcente ; que l’on ne fafle que peu d'exercice, en évitant foigneufement tout excès à cet égard. L'hiver , au contraire exige que l’on prenne une nourriture qui aït de la confif- tence , tirée des alimens folides, fermes , fecs & affai- fonnés de fel & d’épiceries : on doit préférer la vian- de rôtie, le pain bien cuit ; la boiflon doit être peu abondante , fouvent de bon vin fans eau ; & il faut dans cette faifon felivrer beaucoup à l'exercice. Pour ce qui eft du printems & de l’automne, la nourriture êt lPexercice doivent être reglés de maniere qu'ils tiennent Le milieu entre ce qu’exige Le tems bien froid ou bienchaud, en proportionnant le régime felon que lun ou l'autre eft plus dominant ; & pour fe précau- tionner contre les injures de lair &c fa variabilité dans ces faifons moyennes, rien ne convient mieux , n’eft plus néceflaire que d’avoir attention au printems àne pas quitter trop tôt les habits d'hiver, & en autom- ne , à ne pas différer trop long-tems de quitter les ha- bits legers, & de fe vêtir chaudement. Voyez Non- NATURELLES, chofes. s°. Par rapport aux climats, on n’a autre chofe à dire du différent réoime qu'ils exigent ; fi ce n’eft, qu'il doit être déterminé par le rapport qu'ils ont, comme il a été dit ci-devant, avec les différentes fai- ons de l’année ; & felon que le chaud , Le froid ou le tempéré y font dominans ; la maniere de vivre doit être proportionnée , d’après ce qui vient d’être pref crit pour chaque faïfon : en général on mange beau- coup. &c des alimens grofiers, fur-tout beaucoup de viande dans les pays froids, & on vit plus fobrement, plus frugalement, on ne mange prefque que des végé- taux dans les pays chauds ; la boïflon y eft cordiale par l’'ufage du vin que [a nature y donne pour fervir à relever les forces : l'abus des liqueurs fortes , coa- gulantes eft très-nuifible aux habitans du nord au- quel la nature les refufe ; ils font plus difpofés aux travaux ducorps, &les peuples du midi plus portés ‘À {e livrer au repos, à l'oifiveté, font plus propres REG 13 aux travaux de l'efprit, Voyez CLIMAT. Il. Du régime préfèrvatif. Après avoir parcouru les différentes combinaifons qui conflituent le réoime propre à conferver la fanté relativement aux diffé rentes circonftances qui exigent ces différences dans la maniere de vivre, il fe préfente à dire quelque chofe du régime, qui convient pour préferver des maladies dont on peut être menacé, Un homme, dit Galien, de med. arr. conflit, c. xix, eft dans un état mitoyen, entre la fanté & la maladie, lorfqu'il eft affe&té de quelqu'indifpoñtion, qui ne l’oblige pas cependant à quitter fes occupations or- dinaires &c à garder le lit : comme , par exemple, lorf qu’il éprouve un embarras confidérable dans la tête, avec un fentiment de pefanteur, quelquefois de dou» leur , du dégoût pour les alimens , de la laffitude, de lengourdiflement dans les membres, de l’affoupifles ment ou autres{ymptomes femblables qui annoncent une altération dans la fanté , fans léfion affez décidée pour conflituérunemaladie ; ilne faut pasattendre que le mal empire , on doit tâcher de détruire les prin- cipes de ces indifpofitions avant qu’elles deviennent des maladies réelles, Ainfi en fuppofant que la canfe du mal eftune plé- nitude produite par des excès de bouche, ou par une fuppreffion de la tranfpiration , ou de quelqu’autre évacuation naturelle , où par une vie trop féden« daire ; après avoir été exercé habituellement , on doit d’abord retrancher les alimens , 8e {e tenir à la tifane pendant un jour ou deux, ce qui fufit fouvent pour diffiper les caufes d’une maladie naiïflante : mais fi Les fymptomes font aflez preflans pour exiger un remede plus prompt , plus efficace, on aura re- cours à la faignée , ou aux purgatifs ou aux fudorif- ques : fi la menace d’une maladie vient d'indigeftion ou d'un amas de crudités , 1l faut fe tenir chaudement dans une grande tranquillité , vivre quelques jours dans labftinence avec beaucoup de lavage, & de tems en tems quelque peu de bon vin pour fortifier leftomac. En général , dit encore Galien, on oppofera aux principes des maux dont on fe plaint & dont on veut prévenir les fuites , des moyens propres à produire des effets contraires à ceux qu’on doiît attendre na» turellement des caufes qui ont produit ces dérange mens dans la fanté ; fi les humeurs pêchent par l’é- paififlement , on travaillera à les atténuer , à les adoucir ; fi elles font trop aétives , âcres , A les évas cuer ; fi elles font trop abondantes, à faciliter la coc: tion ; fi elles font trop crues , tantôt à détendre les parties en contraétion , tantôt à déboucher les vaif- feaux obftrués , ainfi du refte, Souvent quand un commencement de friflon ou de toux annonçoit un prochain acces de fievre , le grand médecin Sydenham arrêtoit les progrès du mal, en ordonnant de prendre air, de fe livrer à l’exer= cice , de boire quelque tifane rafraïchiflante , de ñe point manger de viande, & de s’abftenir de toute boiflon fermentée. Voyez fes œuvres de suffi epide- fTILCA, Boerhaavequiavoit fibien lu tous les ouvrages des Médecins anciens & modernes de quelque réputa- tion, & qui poflédoit fi parfaitement l’art d’extraire de leurs écrits ce qui s’y trouve de plus intéreflant , a compris toute la prophyladtique par rapport aux maladies naïffantes dans les préceptes qui fuivent , ui ne different point de ceux de Galien & de Sy- des, On prévient les maux, dit le profeffeur de Leyde, inflitut, med, $. 1050. en attaquant leurs caufes dès qu’on en apperçoit les premiers effets ; & les préfer- vatifs qu'il faut y oppofer font principalement l’abfti- nence , le repos, la boiffon abondante d’eau chaude, enfuite un exercice modéré, maïs continué, jufqu’à L4 REG ce que l’on-commence à s’appercevoir de quelque légere fueur, & enfin une bonne dofe de fommeil dans un lit où l’on prenne foin d’être bien couvert, c’eft le moyen de relâcher les varffeaux engorgés, de délayer les humeurs épaifles, & de difpoier à être évacuées celles qui poutroient nuire. IL. Du régime curatif, La maniere de vivre des ma- lades doit être prefqu’aufi différente de celles qu'ils fuivoient étant en fanté , que cet ctat differe de celui dans lequel ils font tombés ; ainfi on peut la régler en général par la maxime que /es contraires [e guérif- Jènt ou font guéris par les contraires. Mais il s’agit ici de faire l’expofition abrégée des préceptes que les Médecins, tant anciens que moder- nes, ont établis pour fervir à diriger les malades dans la conduite qu’ils doivent ou que lon doit tenir à leur égard, tant pat rapportaux alimens & à laboiflon qu’ils doivent prendre, quepar rapport aux qualités de l’air quileur conviennent, &aux différentes fituations dans lefquelles ils doivent fe tenir relativement au repos ou au mouvement du corps. Comme il n’eft rien à l'égard de quoi lon peche plus aïifément dans les maladies qu’en fait de nourri- ture, les regles, à ce fujet, font les plus importan- tes à prefcrire, & doivent être traitées les premie- res : on va les préfenter en abrégé , d’après le grand Boerhaave, dans {es aphorifmes, & leur 1lluftre com- mentateur le baron Vanfwieten. L’indication principale pour le régime que l’on doit prefcrire aux malades, doit être fans doute de foute- nir les forces, parce que ce n’eft que par leur moyen quela nature peut détruire la caufe dela maladie: ain- fi, contre avis d’Afclépiade, on ne doit pas d’abord interdire tout aliment à ceux qui paroïflent être dans un commencement de maladie inévitable ; mais s’ileft dangereux alors d’affoiblir trop par une diete févere, il left bien davantage de ne pas diminuer aflez la quantité de la nourriture , parce que, comme le dit Celfe, %b. IIL. cap. iv. 1l ne faut pas trop occuper la nature à faire la digeftion des alimens , tandis qu’elle a befoin d'employer fes efforts à corriger la matiere morbifique , ou fi elle n’en eft pas fufceptible , à en faire la éottion &c à la diffiper par les évacuations auxquelles elle peut être difpofée. Cependant, comme Hippocrate avertit , aphor. 3. feë. 1. qu'il y a plus à craindre de mauvais effets d’une trop grande abftinence que d’une nourriture trop forte, & que celle-là eft toujours très-nuifible dans les maladies aiguës; 1l vaut mieux s’expofer à pécher par excès que par défaut , parce que la nature, avec des forces entieres que lui fourniffent les alimens, peut fe fuffire pour les travailler & attaquer en même tems avec fuccès la caufe de la maladie ; au lieu que manquant de forces faute de nourriture , elle refte, pour ainf dire, dans Pinaétion. Pour déterminer donc la quantité de nourriture que lon peut permettre dans les maladies, on doit fe regler fur les fymptomes qui annoncent ce que fera la maladie , par rapport à fa violence &t à fa durée : plus la maladie paroïît devoir être aigue & courte, moins il faut nourrir le malade ; & au contraire fi elle doit être longue & peu confidérable, on doit permettre une plus grande quantité d’alimens à pro- portion & plus nourriffans : mais on doit avoir atten- tion , fur-tout à obferver l'effet que produit la nour- riture qu'on donne au malade, parce que fi elle eft trop forte, il ne tardera pas à reffentir une pefan- teur dans l’eftomac & un abattement dans les forces, qui fera connoître qu'il faut diminuer la quantité des alimens ; f. au contraire il n’en refte aucune incom- modité , on peut augmenter la quantité & la force de là nourriture , felon que l’état des forces du malade & celui de la maladie peuvent le permettre. On doit auf fe regler par l’âge du malade , parce # qu'en général tous les animaux fupportent d'autant moins la privation des alimens, tout étant égal qu'ils font plus jeunes ou plus avancés dans la vieillefle. Voyez ENFANS (maladies des), VIEILLESSE. Aïnfi lon ne doit pas exiger dans les maladies une aufi grande abflinence des jeunes gens & des vicillards , que des adultes dans l’âge moyen. Il faut encore avoir égard aux différens tems de la maladie ; enforte que lorfqw’elle eft parvenue à fa plus grande intenfité, on doit, à proportion, donner toujours moins de nourriture, &ctoujours plus lé- gere : au heu que pendant fon accroïflement & pen- dant fon déclin on doit en permettre une quantité d'autant plus grande & plus forte à proportion, que l'on eft plus éloigné , avant ou après, du tems oùle malade eft dans l’état le plus violent , c’eft-à-direque la diete doit tre moins févere dans le tems de la ma- ladie où 1l y a moins de fonétions léfées, ou lorfque les léfions des fonétions qui la conftituent font moins confidérables,. À On doit encore faire attention au climat dans le- quel on fe trouve , pour déterminer la maniere de fe nourrir des malades ; parce qu’à proportion qu’on habite des pays plus chauds, plus prés de l'équateur, on foutient plus facilement labftinence des alimens, êt que c’eft le contraire à l'égard des pays plusfroids, plus voifins des poles ; la différence des faifons exige la même proportion dans l’adminiftration des alimens dans les maladies, que la différence des climats. On doït par conféquent , tout étant égal, prefcrire une diète moins fevere en hiver qu’en été. On doit auffi avoir beaucoup d’égard au tempéra- ment des malades & à leur habitude en fanté relati- vement à leur nourriture , pour regler celle qui leur convient dans Pétat oppoié ; enforte qu’il faut en permettre davantage à proportion aux perfonnes d’un tempérament chaud & vif, & à ceux qui man- gent beaucoup lorfqu'ils fe portent bien, & donner des alimens plus nourriffans à ceux qui font accou- tumés à la bonne chere. IL convient encore , felon que le recommande Hippocrate, de affe&. cap. xj. que les alimens qw’on accorde aux malades foient d’une nature appro- chante de ceux dont ils ufent en fanté. Les chofes dont on a l’habitude , dit encore le pere de la Méde- cine, aphor, 50. fit. 2. quoique de moins bonne qua- lité , font moins nuïfbles que celles auxquelles on n’eft pas accoutumé , quelque bonnes qu’elles puif- fent être. Pour ce qui eft du tems de donner des alimens aux malades, on doit avoir égard à la nature de la maladie, & les faire admimiftrer dans la partie du jour , où les fymptomes font le moins confidérables, où 1l refte le moins de léfion de fonétions , parce que la digeftion s'exécute mieux à proportion qulya un plus grand nombre de fon@ions qui reftent ou qui re- deviennent integres , & que celles qui font lélées fe rapprochent davantage de l’état naturel ; & au con- traire, &c. Ainf c’eft dans le tems de l’intermiffion de la fievre où l’on doit permettre le plus de nourri- ture à un malade, parce que les fonétions léfées font alors rétablies, & que l’exercice s’en fait prefqu’auff parfaitement que dans l’état de fanté : on doit dans cette circonftance donner des alimens en d’autant plus grande quantité & d’autant plus folides , plus nourriffans , que l'intervalle des accès eft plus confi- dérable, & que l’on eft plus éloigné du retour de la fievre ; & au contraire, &c. Dans les fievres continues avec remiffion, c’eft dans Le tems où la fievre eft moins confidérable, que l’on doit Le plus donner de la nourriture aux malades ; mais comme 1l y a toujours léfion de fonétions, cette nouttiture doit être d'autant moins abondante & d'autant moins forte qu’il fubfifte encore plus de lé REG fon de fon@ions , & que l'on cft moins éloigné du redoublement de la fievre qui doit furvenir. Dans celle qui eft continue, toujours avec la même intenfité, fans diminution, ni augmentation, la nour- riture doit être donnée après le fommeil, & par con- téquent le matin de préférence , parce que les forces font alors réparées , ou qu’elles font moins affaiflées dans ce tems-là, tout étant égal, Mais en général, felon Le confeil de Gelfe qui pro- pofe les préceptes les plus fages à cet égard, de re me- dict, lib. TEI. cap. v. 1 n’eft point de tems dans les maladies où l’on ne doive donner de la nourriture , lorfqu'il s’agit de foutenir les forces & d'en prévemr l’épuifement ; cependant on doit obferver dans tous les tems de ne faire prendre des alimens qu’à propor- tion de ce qu’ilrefte de forces dans les vifceres, pour que [a digeftion s’en fafle le moins imparfaitement . qu'il eft poñlible, & que le travailde la digeftion n’aug- mente pas le défaut deforces, au heu de le réparer. Aïn non-feulement on ne doit donner aux mala- des que des alimens d’autant plus légets , plus faciles à digérer, qu'il y a plus de léfion de fonthon , &c à proportion de forces qui reftent, mais encore en plus petitequantité à-la-fois,& d'autant plus répétée, que la digeftion en ef faite : car 1l faut toujours laif- fer le tems à une digeftion de fe finir avant de don- ner matiere à une nouvelle, enforte que dans les maladies les plus aiguës , oùilfe fait une grande diffi- pation des forces, il vaut mieux donner toutes les heures de la nourriture la plus légere , que d’en don- ner moins fouvent d’une nature plus forte, Pour ce qui eft de l’efpece d’alimens que l’on doit donner aux malades, elle eft déterminée par la na- ture de la maladie & par l’ufage : dans les maladies aiguës , les anciens médecins ne permettoient pas les bouilions de viande qui font dans ces tems-ci d’un ufage prefque général contre Le gré de tous les Mé- decins éclairés, qui fentent combien cette pratique eft vicieufe , & fouvent contraire à la guerï{on des maladies | parce que c’eft une forte d’aliment qui tend beaucoup à la corruption : on doit au-moins éviter de le donner bien chargé de jus, & lon doit corriger fa difpoftion fceptique , en y faïfant cuire des plantes acides, comme l’ofeille, ou en y délayant du jus de citron , d'orange ou de grenade ; ou lori- que la maladie permet de rendre la nourriture’un peu plus forte, on peut y faire bouillir du pain qui eft acefcent de fa nature ; ce qui peutfe répéter dans ce cas deux ou trois fois parjour, en donnant , dans les intervalles , des crèmes de grains farineux , comme le ris, l'orge ou l’avoine , faites à l’eau ou au bouil- lon bien léger, enforte que les malades n’ufent de ces différentes nourritures tout-au-plus que de quatre en quatre heures , dans les tems éloignés de la force de la maladie qui ne comporte point une nourriture de fi grande confiftance , & qui ne permet, dans les maladies aiguës, que les bouillons les plus légers, comme ceux de poulet ou viande de mouton , avec du veau , en petite quantité & en grand lavage ; & mieux encore , de fimples décoëtions en tifanes ou en crêmes des grains mentionnés fans viande. Les Médecins doivent toujours préférer ce der- nier parti ; lorfqu'ils ont le bonheur de trouver dans leurs malades aflez de docilité pour fe foumettre au régime le plus convenable , & qu’ils n’ont pas affaire avec sens qui foient dans l’idée commune & très- _pernicieufe , que plus la maladie eft confidérable , plus on doit rendre le bouillons nourrifians ; ce qui eft précifément le contraire de ce qui doit fe prati- quer. Voyez ALIMENS. . Engénéral, la quantité &s la force de la nourriture doivent être réglées par Le plus ou le moins d’éloi- gnement de l’état naturel que préfente la maladie : toujours, el égard au tempéramment , à l'âge, au REG 1 climat, Aa faifon &c à l'habitude, commeila déja été établi ci-devant, & avee attention de confulter auffi l'appétit du malade , qui doit contribuer ou concoux rir à régler l'indication en ce genre , excepté lorfqu’il peut êtreregardé commeunfymptome de la maladie, . Ainfi, après que les évacuations critiques fe font faites | &c que l’on a purgé les malades, s’il en reftoit l'indication , la maladie tendant à fa fin d’une manie re marquée, les malades commençant alors ordinais rement à delrer uñe nourriture plus {olide , on leur accorde des botullons plus forts , des foupes de pain, de grains; & lorfque la convalefcence et bien dé- cxlée, des œufs frais , des viandes leseres en petite quantité, que l’on augmente à proportion que les forces ferétabliffent davantage. 7. Convaiescence, À l'égard de la boiffon qui convient aux malades , & qui peut aufl leur fervir de nourriture-ou de re= mede, feélon la matiere dont elle eft compofée, il éft d’ufage dans les maladies aiguës, d'employer la ptiane d'orge ou d'avoine , la tifane émulfionnée, les plantes, feuilles , bois ou racines; on y ajoute fouvent la crême de tartre ou le nitre, le criflal mi- néral , le fucre où le miel, felon les différentes indica- tions à remplir. Voyez PTISANE. On rend ces prépa- rations plus ou moins chargées & nourriflantes, ow médicamenteufes , felon que létat de la maladie & celui des forces le comportent ou exigent, Pour ce qui eft de la quantité , on doit engagerles malades à boire plus abondamment , à proportion que la maladie eil plus violente, que la chaleur ani- male où celle de la faifon eft plus confidérable ; on ne fauroit trop recommander aux malades une boif- fon copieufe , fur-tout dans le commencement des maladies , pour détremper les mauvais levains des premieres voyes êc en préparer l'évacuation , pour délayer la mäfle des humeurs, en adoucir Pacrimo- me, favorier les fécrétions ; les coftions, Les crifes, ! & difpofer aux purgations, en détendant & reiâchant les organes par lefquels elles doivent s'opérer: Con pora que purgare volueris, meabilia facias opportes , dit le divin Hippocrate, ( aphor. jæ. fe. 2.) ainfi la boiflon abondante eftun des plus grands moyens que lon puiffe employer pour aider la nature dans le trai= tement des maladies en général, & fur-tout des ma- ladies aiguës. l Il deit pas moins important de déterminer les at tenbons que l’on doit avoir à l'égard de Pair dans le- quel vivent les malades ; d’abord il eftrès-néceffai: re que celut qui Les environne , dans lequel ils ref pirent , foit fouvent renouvellé, pour ñe pas lui laif ler contracter la corruption inévitable-par toutes les matieres qui y font difpofées, dont il fe faït une exha- laïfon continuelle dans le logement des malades, d’où il réfulte d'autant plus de mauvais effets, qu'il eft moins fpatieux , moins expofé à un bon air, qu'il a moins d'ouvertures pour lui donner un libre accès ; que l’on laiffe davantage cette habitation fe remplir de la fumée des chandelles, des lampes à huile de noix, des charbons, &c. de l’exhalaifon des matieres fécales du malade même, fur-tout lorfqu'il fue où qu'il tranfpire beaucoup , Ëc des perfonnes qui le fer- vent , qui font auprès de lui; ce qui rend l'air extrê- mement mal-fain pour tous ceux qui font obligés d'y, refter, & fur-tout pour les malades dont la refpira- tion devient par là de plus en plus gênée, laborieu- fe, fur-tout flachaleur de l'air eft trop confidérable &t qu’elle excede le quinzieme degré, environ, du thermometre deReaumur; fi lesmaladesfont retenus dans leur lit bien fermés ,| exceffivement chargés de couvertures jufqu’à la fueur forcée qui ne peut être que très-nuifible dans ce cas : ainfi onne peut pren- dre trop de foin pour empêcher que les malades ne {oient placés dansune habitation trop petite ; dans un air trop peu renouvellé, corrompu &c trop chaud; 16 REG ce qui eft d’autant plus nuifible, sl y a un grand nombre de malades renfermés dans le même lieu. VoyezHoPiTAL , PRISON. On'ne peut auf trop faire attention à la maniere dont les malades font couverts danseurs lits : ils ne doivent l'être précifément qu’autant qu’il le faut pour leur procurer une chaleur tempérée ; on ne doit pas non plus les retenir continuellement au lit dans les tems de la maladie , où les forces leur permettent de refterlevés plusou moins dans le cours de la journée, ce qui leur eft extrémementfalutaire, ( excepté dans les cas de difpofition aétuelle à une fueur critique. Voyez SUEUR. ) Le contraire leur eit extrèmement défavantageux , puifque l’on pourroit rendre malade Thomme qui fe porte le mieux , fi on le forçoit à fe tenirauwit bien chaudement pendant plufieursjours de fuite ; enforte qu’iln’eft pas d’abus dans le régrme des pluspernicieux que de lestenirtrop au lit, de les yte- nirtrop couverts & dans un air trop chaud,dansunair Éétouffé; ce que les médecins ont bien de la peine àem- pêcher, parmilefemmelettes fur-tout, à qui on confie ordinairement le foin des malades , &:même parmiles gens'au-deffus du commun: car, en général , au grand défagrément des médecins, dans tousles états, pref- quetout le mondeeft auffi peu inflruit &t penfe com- me le-peuple pour ce qui regarde lexercice de la médecine ; fi peu on cherche, hors de la ‘profeflion qùi y eft deftinée , à acquérir des connoïffances fur ce quia rapport à Pœconomie animale, à la phyfique du corps humain, à la confervation de la fanté , au régime propre pour la maintenir ôc {e préferver des maladies ; connoïflances les plus intéreffantes & ïes plus utiles que l’on puifle avoir relativement à cette vie. Voyez MÉDECINE. RÉGIMENT , fm. serme de guerre; eft un corps de troupes compofé de pluñeurs compagnies de ca- valerie ou de gens depié, commandé par un meftre de camp fi c’eit un régiment de cavalerie, où par un colonel fi c’eft un régynenr d'infanterie. Voyez CoLo- NEL € MESTRE DE CAMP, I n'ya rien de fixe fur le nombre de compagnies dont un régiment eft formé , m1 fur Le nombre d’hom- mes dont chaque compagnie eft compoiée, Woyez COMPAGNIE. Il y à des régimens de cavalerie qui ne paflent pas oo hommes , & 1l y en a en Allemagne qui vont juiqu’à 2000. Le régiment de Picardie a monté quel- quefois jufqu’à 120 compagnies où 6000. Quelques-uns prétendent que la cavalerie n’a point été enrégimentée avant l’an 1636 ou 1637, que les compagnies étoient alors détachées & ne faifoient point enfemble Les corps de troupes qu'on appelle ré- gunens. Voyez CAVALERIE. Chambers. Bien des gens penfent que linftitution des régimens fut faite en France fous Charles [X, mais Le P. Daniel prétend qu’elle fe fit fous le regne de Henr1Il. Il con- vient que lenom de régrrenrdevint plus commundous Charles IX, que fous fes prédécefleurs ; mais que ce qui caraétérife le régiment, fubfitoit ayant Pétablif- {ement de ce mot. Voyez LÉGIONS. La püpartdes régimens françois portent le nom des ‘provinces duroyaume, maisilsne font paspour cela compotés des habitans de la province dontils ont le nom ; les foldats en font pris indifféremment de tou- tes les provinces du royaume. Le régiment des gardes françoiïfes eft le premier de tous les régimens ; outre le fervice de guerre, il eft -deftiné à garder les dehors du logis duroi [fournit pendant touté l’année une garde nombreufe chez fa -majefté, qui fe releve:tous lesquatre jours ; le refte ‘au régiment ne s'éloigneordinarement dulieuroù eft le roi, que pendant la guerre. Il eft compofé de 30 gompagnies de fufiliers, êc de 3 compagnies de grena- RE G diers. Les capitaines auxvardes ont rang dé colonels d'infanterie, comme s'ils commandoïent des réginens. L’on appelle vieux corps dans linfanterie,, les fix régimens qui ont rang immédiatement après celui des gardes, parce qu’ils {ont réputés Les.plus anciens; ils étoient toujours entretenus fur pié dañs les tems où les autres troupes étoient réformées. | Les régimens de Champagne, Navarre. Piémont w’étant point convenu de leur ancienneté ; il a été réglé depuis long-tems, qu'ils jouiroient alternati- vement chaque année des prérogatives de l’ancien neté ; c’eft ce qu’on appelle rou/er dans lPinfanterie. Dans l'infanterie, les régimens ne changent point de rang, quoique les princes en deviennent colonels. Onappelle régimens royaux dans la cavalerie, ceux dont le roi , la reine &c les enfans de france font co- lonels; on les appelleaufirégimens bleus | parce qu'ils {ont habillés de bleu , à exception de celui dela rei- ne qui eft vêtu de rouge ; ils font commandés par unmeftre de camp lieutenant, qui amêmerang que les meftresde camp. Ces régimens , depuis leur création, ont été confervés dans le même rang, nonobftant la mort des princes de france qui en étoient colonels. Onappelle régimens de princes ceux qui ont pour colonels des princes du fang , ou légitime de France; ils ont à leur tête, outre le prince qui en eft colonel, un meftre de camp lieutenant. Ils font vêtus de gris êt ils changent de nom &e de rang à la mort des prin- ces qui en font colonels. | Régimens de gentilhommes , font les régimens.de ca- valerie qui ont pour colonel un gentilhomme dont ils portent le nom. Leur rang ne change point. Voyez COLONEL, MESTRE DE CAMP & OFFRICIERS: (Q) REGINA, (Géog.anc.) 1°, ville d'Efpagne dans la Bétique : Ptolomée , Zv. II, c. iv. qui la donne aux Turdétains, la marqueentre Convrebuta 8 Curfus. Pline, Z, LI, c.j. connoit auf cette ville dont les habitans font appellés réginentes dans une ancienne infcription. On croit que c’eft la même ville que Pi- tinéraire d'Antonin nomme Regina, Le nommoder- ne eft Reyra, fuivant Ambr. Moralis, 2°. ville de la premiere Moëfe, felon la notice des dignités de lempire. /e@, 3. (D. 7.) À RÉGION , er Phyfique, fe dit de trois différentes hauteurs dans l’atmofphère , qu'on appelle la heure répion, la moyenne région, où du æilieu, &t la baffe régron. Voyez ATMOSPHERE. La baffe région eft celle où nous refpirons ; elle {e termine à la plus petite hauteur où fe forment les nuages & autres météores. La moyenne région eft celle où réfident les nuages &c fe formentles météores ;elle s’étend depuis Pextré- mité de la bafle, jufqu'’aux fommets des plus hautes montagnes. Ÿ. MÉTÉORE, NUAGE, MONTAGNE, &c, La région fupérieure commence depuis les fom- mets des plus hautes montagnes , 8 a pour limites celles de l’atmofphere même. Dans cette derniere regnent un calme , une pureté & une férénité perpé- tuelle, Voyez AIR. Chambers. RÉGION, ez Anatomie, marque les divifions du corps humain. Foyez Corps. Pr Les anatomiftes partagent le corps en trois régions ou ventres. Voyez VENTRE. | La répion fupérieure eft la tête , qui s’étend jufqu’à la première vertebre, où font contenues les organes animaux , le cerveau , Gt. Voyez TÊTE. | La feconde région, ou région du milieu , ef la poi- trine & le thorax , qu'Hippocrate appelle le verre Japérieur | qui s'étend depuis les clavicules jufqu’au diaphragme , & où font contenues les parties vitales telles que le cœur ,lespoumons, 6. Joyez; CŒUR, PoumMoxs, &c. | Latroifieme ou baffe régior eft le bas ventre où font Les parties naturelles deftinées à la digeftion É REG à Ja génération, &c. Voyez DIGESTION , GÉNÉ- RATION. | RÉGioN , (Géograph. ) voià l’article entier de la Martiniere qui n’eft pas fufceptible d'extrait, Région eft un mot françois; formé du latin regio, qui répond au grec ropæ, c à ce que les Italiens en- tendent par regione, contrat, banda Où puëje; les Efpagnols par region, les Allemands par Zend 6 land: Jchajfe, 8 les Anglois par a region, a country. Ce mot pris à l'égard du ciel, fignifie les quatre parties cardinales du monde, qu’on appelle auffi plages. À égard de la terre, le mot région veut dire une grande étendue de terre habitée par plufieurs peuples contigus fous une même nation, quia fes bornes &c fes limites, & qui eft ordinairement aflujettie à un roi où à un delpote. Une grande région {e divife en d’autres régions plus petites à l'égard de fes peuples ; ainfi ce quife pañle fous le nom de Bourguignons , de Champenois, ou de Picards , fait les régions de Bour- gogne, de Champagne, & de Picardie. Une petite résion {e partape en d’autres régions encore plus pe- tites, qui compofent uh peuple; & qu’on appelle pays. Ainfi la Normandie fe divife en plufeurs pays, comme le pays de Caux , le Vexin, &r autres. + Une révion fe divife en haute & bañle, par rapport -au cours des rivieres ; par rapport à la mer; où par -räpport aux montagnes. La régioz haute à l'égard dés rivieres , eft la partie de la région fituée vers lafource ou vers l'entrée d’uneriviete; comme la haute Lom= bardie , le long de la riviere du Pô; fa hâute Alface, le long d’une partie de la riviere du Rhin. A l'égard de lamer, c’eit la partie la plus engagée dans les ter- res; comme la haute Picardie, la haute Bretagne ; la haute Normandie , la haute Ethiopie, & autres. À l’ésard des montagnes, c’eft la partie qui eft enga- gée dans les montagnes , comme la haute Hongrie, la haute Auvergne , le haut Languedoc &c autres. La bafle région , à égard des rivieres.,, eft la partie dela région fituce vers l'embouchure de la riviere, comme la baffe Lombardie, la bafie Alface. _ À l'égard de la mer, c’eft la partie la plus proche de la mer, comme la bafle Ethiopie, la bafle Nor- mandie, la bafle Bretagne, Quant à ce qui regarde les montagnes, c’eft la partie la plus dégagée des montagnes, comme la bafle Hongrie , la baffle Au- vergne , le bas Languedoc. Une région {e divife aufñ en ultérieure 87 en cité+ rieure, Ce qui a rapport aux rivieres ÊT aux monta- gnes à l’évard de quelqu’autre région. La région ciré- rieuré, pat comparaifon à une autre, eff la partie de la même région qui eft entre cette autre, & la riviere ou la montagne qui fépare la révior en deux autres régions. Ainf l'Afrique , à l'égard de l’Europe, eft divifée par le mont Atlas , en citérieure & en ulté- rieure , c’eft-à-dire en deux autres régions, dont l’une eft au-decà & l’autre au-delà de Europe; de même la Lombardie, à l'égard de l'Italie , eit divi- fée par la riviere du PÔ en citérieure & ultérieure, c’eft-à-dire en deux autres résions, dont lune eft au- deçà &t l’autre au-delà de Plialie. Quelques régions , à l'égard de leurs diftances à quelque ville confidera- table, font auf divifées en citérieures & en uité- rieures, felon deux parties plus proches où plus éloi- gnces de cette ville, fans que ces deux parties foient diftinguées par quelque montagne ou par quelque ri- viere; ainfila Calabre eft divifée en citérieute &enul- térieure,par rapport à deux parties dont l'une efkplus proche êc l’autre plus éloignée de la ville de Naples. On divife encore une région en intérieure & en extérieure à l’égard d'elle-même & par rapport à {es parties quifonten dedansouaux extrèmités. La région 2ntérieure eft la partie d’une rég'o# la plus engagée dans les terres de cette même région ; la région extérieure gft la partie d'une répion la plus dégagée , & comme Tome ÆXIF, REG 1 au dehôrs des terres de cette mêmié pion ; Ain la partie de l'Afrique quife trouve la plus engagée dans L # les terres , fe nomme 4e incéribiire Le < Rires s QC CEE QUI eft la plus dépagée ; & Comme {épargé dés terres ASE Ï Cr che EN 3 A8; PAR 160 LT QCS ECITES ni s'appelle Afrique extérieure. La grandeur refpettive d’uñié rédiér à Pautre, la le a; fait encore divifer en prande & en petite, comme _ quand on divile V’Afie er Afe majeure ëc en Afie ri: neure , &c la T'artatie en grande &cpetite T'artarie, L'antiquite & la nouveauté de la poffefon, & encore lanouvellé découverte de quelque région, l'ont fait divifer en vieille & en nouvelle, C’eff ainfi que les Efpagnols ont appellé véeife , la partie de la Cafhlle qu'ils ont reconquile fur les Maures ; &c now: velle, Pautte partie de la Caftille qu'ils n’ont eue que depuis : de même le Méxiquie fe divife en vieux & en nouveau. C’eft encore ainfi que Quivira futnomi me da nouvelle Albion par Ffançois Drack , 6: Enfin les régions , felon les parties du ciel vers lef quelles’ elles font fituées lune à l'égard de Pautre , font dites fépéertrionales, méridionales , orientales &è occidentales ?ainf la Jutlande en Danemarck fe trou ve divilée en nord-Futland , & en fud-Jutland, cel à-dire en fepientrionale 6 eri méridionale: La Gorh: lande en Suede , eft divilée en ofiro-Gothlande, en weftro-Gothlande & en fud-Gothlande, e’eft-à-dire en orientale , en occidentale; & en méridionale. Il y a des régions, comme dit Sanfon, quifont appellées ofiemcales $C occidentales | hon pour êtré ainfi fituées l’uné à l'égard de lantre ; mais par le rapport qu'elles ont avec quelqu’autre résion qui fé trouve entre deux, Tellés {ont les Indes orientales & les fndes occidentales à l'égard de l'Europe. Dans la topographie, le mot de région eft en ufage pour fignifier les différens quartiers d’urie ville, com: me dans Rome qui étoit divifée en quatorze régions: Voyez RÉGIONS de Rome, (D. J) REGIONS de Rome, ( Antig. rom, ) rêgiones ; ot nommoit régions de Rome, les parties les plus gran des &c les phis fpacieufés de cétre capitale: Nous ap: prenons de Tacite , de Pline & d: Dion, qw’Augufte, {ous le confulat de Tibere & de Pifon , divifa cette grande cité en quatorze parties, auxquelles il donnä le nom dé régions , regiones ; nom qui dans fà fiunifs cation propre défigne Les territoires des colonies & mumicipes , dans Îles confins defquels la jurifdittion de la magiftraturc fe terminoit. Les régioris de Rome {e divifoient en divéïfes par: ties, dont lésunes étoient vuides , & les autres rem: plies de bâtimens ; les vuides étoient les rues grandes ëc petites, les carrefours , les places publiques. Les grandes rues,au nombre de 3 r,s’appelloient vicregiæ Où rzlltares , qui Commençoient au pilier doté. De l’une de ces grandes rues à l’autre, Néron fit tirer en ligne droite des rangs de maïfons également pros fondes , & apbella cette fuite de maïfons ticos , que nous pouvons rendre par lé mot de quartier ; car Fef: tus nous ee qüe cetérme vici, fignifie un aflema blage d’édifices environnés de rues, pour y tourner tout-au-tour. Ces vici ainfi tirés au cordeau, étoient entiécou= pés par de petites rues en plufieurs parties , qu'ils ap: pelloient rrfulus, îles: Ces îles ne recevoient de di- vifion que par des maïfons particulieres , ædes priva: tas ; car Les belles maïfons ou hôrèls des grands fe nommoicht dors. On entend ä-préfent tous ces termes, qui fe rèn- -contrent fi {ouvent dans les auteurs. Rome fe divia {oit en régions , les régions en quartiers, les quartiers en iles , &c les iles en maïfons baurgeoifes ou en pa= lais des grands feigneurs ; cepehdant , comme nos françois ont traduit le mot regio des latins par celui dé guartier | nous avons été obligés de donner fous ce terme La defeription des 14 régions de Rome, que le 18 REG lecteur peut parcourir. Mais on n’eft point d'accord fur l'étendue du terrein que contenoient ces quatorze quartiers, puifqu'on les porte depuis douze mille jufqu'à trente-trois mille piés en circonférence, (2. 7.) E REGIONE , term: d’Imprimerie; on {e fert fort fouvent de ce mot dans l’Imprimerie, en parlant des chofes qui s’impriment les unes vis-à-vis des autres , foit en diverfes langues , foit lorfqu’on met diféren: tes traduétions en parallele pour Pinftrution des lec- teurs. On a fouvent imprimé l’oraifon dominicale en diverfes langues, à regione. (D, J.) REÉGIONNAIRE , f. m. (if. ecclef.) titre quel’on a donné dans l’hiftoire eccléfiaftique depuis le v. fie- cle à ceux à qui on confioit le foin-de quelque quar- tier, région , ou l’'adminiftration de quelque affaire dans l'étendue d’un certain diftri@, Il y avoit autre- fois à Rome des diacres régionnaires qui gouvernotient des bureaux pour la diffribution des aumônes. Il y avoit auf des fous-diacres régionnaires, des notaires régionnaires & des évêques régionnaires. L’évêque régionnaire étoit un miflionnaire évañgélique, décoré du caraétere épifcopal , mais fans fiege particulier auquel il füt attaché , afin qu'il pût aller prècher & faire en divers lieux les autres fon@ions de fon mini- ftere. (D. J.) REGIPPEAU , f. m. serme de riviere, c’eft dans un train la perche attachée aux branches de rive, qui unit deux coupons enfemble. RÉGIR, v. a@t. ( Gramm.) conduire, gouverner. Le pape régit l'Eglife; le prince régit l’état. Le contrô- leur-général régrs les finances. Il a une acception par- ticuliere en Grammaire. Voyez larsicle RÉGIME. REGIS MONS , ( Géog. anc. ) leu aux confins de la Pannonie & de l'Italie, où, felon Paul diacre, l'on nourrfloit des bœufs fauvages. Lazius dit qu’on le nomme prélentement Vogel. REGISSEUR , £. m. ( Comm. & Financ.) celui qui a la régie ou la direétion d’une affaire de commerce ou de finance, Voyez DIRECTEUR & RÉGIE. Did, du Comm. 6 de Trévoux. 14, REGISTRAT À, f. m. (Jurifprud.) eft l'extrait de l'arrêt d’enregiftrement que l’on met fur le repli des édits & autres lettres de chancellerie , quand elles ont été vérifiées & regiftrées. Cet extrait s’appelle regifirata , parce qu’anciennement quand les aétes fe rédigeoient en latin, on mettoit regiffrata , audiro & requirente procuratore generali regis , &c. Préfentement on met, regifré en parlement, out & ce requérant le procureur général du rni, &c. (A4) REGISTRATEUR, fm. (Jurifprud.) fignifie celui qui tient un reoiftre, c’eft-à-dire qui y infcrit les ac- tes. On donnoit anciennement ce titre à ceux qu’on appelle aujourd’hui greffiers. Voyez le recueil des or- donnances de la troifteme race, tome If. Il y a encore des repiffrateurs en la chancellerie to- maine , lefquels font au nombre de vingt ; leur fonc- tion confifte à tran{crire dans les cahiers qui leur font donnés, les fuppliques diftribuées , au dos defquelles ils mettent, /bro ...tali, folio ... talr. Le regiftrateur fecret de cette chancellerie eft celui ui enregiftre toutes les graces expédices par voies Te, Voyez l’ufage & pratique de cour de Rome, de Caftel. (4) REGISTRE, £. m. (Jurifprud.) eft un livre public qui fert à garder des mémoires des aétes & minutes, pour y avoir recours dans l’occafion, pour fervir de preuve dans des matieres de fait. Ménage fait venir ce mot de regeffum, dont les La- tins fe font fervis dans la même fignification ; regef- um, dit-il, guaff iterum geflum. D'autres le font ve- ir du vieux mot françois péter, être au lit. Une méthode qu’on obierve en Ecofle, a fervi à y rendre la difcuflion des procès tout-à-fait facile ; c’eft d'y tenir un regifre exa€ de toutes les ventes 8e acquifitions de terres que font les particuliers. Il ya en Ecoffe deux fortes de repiffres pour cet ufage ; lun eft le général qui eft gardé à Edimbourg, {ous la direction d’un officier qu'on y appelle Zord re gifler, qui avant l’union étoit Le cinquieme officier de l'état , & avoit rang au parlement en qualité de gref- fier, au tréfor , à l’échiquier & aux fefions. L'autre eft celui qui fe tient dans les comtés, féné- chauflées & fieges royaux particuliers, Les teneurs d'iceux font obligés de les communiquer au regiffer ou greffier général pour les porter fur le grand eg tre , où 1ls font enregiftrés avec un tel ordre , qu’on peut du premier coup d'œil y trouver tous les aétes dont la loi ordonne l’enresifirement , & ceux méê- mes que les contraétans ont été bien-aifes d’y faire infcrire pour leur plus grande füreté. Ce fut fous le regne de Jacques VI. que le parle- ment établit la tenue de ces regiffres | au grand ayan- tage de tous les fujets. - On ne peut plus pofléder aucun bien nouvelles ment acquis, que l’aéte d’acquifition d’icelui n’eût été enregiitré dans les quarante jours de la paflation du contrat ; au moyen de quoi on obvia à toutes les conventions fecretes & clandeftines. REGISTRE des baprémes , (Police. \ les regifires des baptêmes font foi qu’il naît plus de garçons que defil- les, & que c’eft à la proportion de 20 à 21, ou à- peu-près ; mais les guerres êc d’autres accidens les ra- menent à l'égalité ; ce qui formeroit un argument po- litique contre la polysamie. REGISTRE #ortuaire, ( Police.) les regifêres mor- tuaires font voir manifeflement quelle ei la diminu- tion ou l’augmentation des habitans d’un pays, ou d’une ville ; & l’on peut aufli conclure de ces mêmes regifires,quel eft le nombre de ceux qui ÿ exiftent en- core : car dans les villes très - grandes 8c très - peu- plées, on remarque que de 25 où 26 perfonnes en vie, 1l en meurt une ; dans celles qui le font moins, comme Berlin, Breslaw , Copenhague , Ge. la pro- portion eft de 2a ou 30; mais à la campagne elle eft d'environ 40 : auf ya-t-1l des gens qui prétendent que dans les villages & les bourgs des pays où les habitans jouiflent d’un néceflaire aifé,comme en An- gleterre & en Suifle , il n’en meurt qu’un par an fur 35 à 40 perfonnes ; tandis qu’à Londres &c à Paris, c’eft environ un fur 20. (D. J.) | REGISTRE , droit de, ( Jurifprud.) c’eft un droit qui eft dû au feigneur pour être enfaifiné de l'héritage cottier. Il eft ainf appellé dans la coutume de Vimeu. Dans le ftyle de Liege 1l eft appellé droit de regifira- tion, Voyez le gloffaire de M. de Lauriere, au mot Regiftre. (4) : | REGISTRE SEXTÉ , (serme de Finances.) c'eft un repiftre des fermiers, contenant les noms, qualités & emplois des habitans des paroifles , les fommes aux- uelles ils font impoñés à la taille, & la quantité de fel qu'ils ont levé au grenier. L’ordonnance des gabelles fait fouvent mention de ce repifire fexré ; mais 1l vaudroit bien mieux qu’elle n’en eût point parlé. REGISTRE, (Comm.) grand livre de papier blanc, ordinairement couvert de parchemin , &c à dos où quarré ou long , qui fert à enregiftrer des actes, dé- lhibérations, arrêts , fentences, déclarations ; & par- miles marchands , négocians, banquiers, manufac- turiers, Gc. à écrire les affaires de leur négoce. Les fix corps des marchands & toutes les communautés des arts & métiers de la ville &7 fauxbouros de Paris, ont des repifires paraphés par les oficiers de police, ou par le procureur du roi du châtelet, pour y écrire &c enregiitrer non-feulementleurs délibérations mais encore les éleétions de leurs maitres, gardes, fyn- dics, jurés , ou autres officiers & adminifirateurs de leurs confrèries , les obligés des apprentis, les re- REG ceptions à la maîtrife, enfin tout ce qui concerne fa police de ces corps & communautés. | Les infpecteurs des manufaëtures , les gardes des balles & magañns , les receveurs, contrôleurs, vifi- teurs &c autres commis des douanes, bureaux des fer- mes 6x recettes des deniers royaux aux entrées &c forties du royaume, fe fervent aufli de regiffres pour yécrirejournellement,lesuns le payement des droits, les autres la réception des marchandrfes dans leurs dépôts ; ceux-c1 le nombre êc la qualité des étoifes auxquelles ils appofent les plombs ; ceux-là la vifite des balles, ballots, caifles, Ge. qui pañlent par leurs bureaux, les acquits à caution 6t autres tels aëtes qu'on leur préfente, ou qu'ils délivfent aux mar- chands & voituriers. | Tous ces regiltresdoïvent être aufi paraphés , mais diverfeméent ; ceux des infpetteurs des manufattures par les intendans des provinces , à la referve des re- gitres de l’infpeéteur de la douane de Paris, qui doi- vent l'être par le Hieutenant général de police. Ceux des commis des férmes générales, des aides &c ga- belles , par les feriniers généraux de ces droits, caa- cun fuivant le département qui leur eft donné par le contrôleur général des finances. Didion, du Comm. 6 de Trévoux. RecistTre , ( Commerce.) on appelle dans les In- des occidentales de la domination efpagnole, zavire de regiffre, ceux à qui le roi d'Efpagne ou le confeil des Indes ordonne d’aller trañiquer dans les ports de PAmérique. Voyez COMMERCE. fs font ainfi nommés à caufe que cette permiffion doit être enregiltrée avant qu'ils mettent à la voile u port de Cadix, où fe font le plus ordinairement les chargemens pour Buenos-Ayres & autres ports. Ces navires ne doivent être que du port de trois cens tonneaux, &c les permifions le portent ainfi ; mais l'intelligence des maîtres à qui ils appartiennent avec les officiers du confeil des Indes réfidens en Europe, &c les préfensconfidérables qu'ils font à ceux de l'Amérique , & aux gouverneurs des ports où ils arrivent, font caufe que ces réglemens ne font point obfervés, &c qu'il pafle fouvent en Amérique des navires de cinq cens cinquante, &c mème de fix cens cinquante fonneaux. | Les permifions coûtent jufqu'à 30000 piaftres chacune ; mais elles en coûteroient 100000 que les marchands qui frettent ces vaifléaux ne trouverotent encore que trop leur compte , & que le roi d’Efpa- gne n’auroit jamais le fien: car quoiqu'on fpécifie toujours dans les permiffions la qualité & la quantité | des marchandifes dont la cargaifon des vaifleaux eft compofée , cependant les préfens que les propriétai- res & les armateurs font aux gouverneurs & aux officiers qui réfident en Efpagne &r en Amérique , font qu'ils débarquent bien au-delà dé ce qui leur eft permis. On a des mémoires certains & de bonne main, qu'il y a eu fouvent deszavires de regifire dont le certificat ne portoit que 12000 cuirs & feule- ment 100000 piaitres , qui avoient à bord trois ou quatre millions en or & en argent, vingt-fix mille cuirs & plus, & ainf du refte ; en forte que le quint du roi d'Efpagne & fes autres droits n’alloient pref- qu'à rien, en comparaifon de ce à quoi ils euflent dû monter. Outre ces gains indiretts du marchand, les pro- fits qu’il fait fur les marchandifes d'Europe font im- menfes , & l’on a vu en 1703 & en 1705 tel de ces navires de regifire vendre celles qu'il avoit apportées Vune portant l’autre , à plus de trois cens pour cent de proût; en forte qu'un chapeau fe vendoit 18 piaf- tres , Vaune de drap commun 12 piaftres, &c. L'on peut mettre au nombre des mavires de regiftre à qui 1l eft permis de faire le commerce des Indes ef- pagnoles , un navire de cinq cens tonneaux que le | Tome XIF, REG 49 roi d'Efpagne permet à la compagnie du fud d’An- oletetre ; d'envoyer tous les ans aux foires qui, fe tiennent à Porto-Bello , à Carthagene, & aux autres villes maritimes de l'Amérique. Voyez AsstenT, Di, duCorm.£ de Trévoux, REGISTRES , (Chimie. ) on nomme regiftres, des ouvertures pratiquées dans les fourneaux des Chi multes , à l’aide defquelles ils augmentent leur feu lorfque ces regiffres font ouverts ; il dimiaue au con. traire en fermant les repiffres, (D, J. | REGISTRE, piece de moule fervant à fondre les caraileres d'Imprimerie ; les regiffres {ont pour rece- voir Ja matrice au bout du moule, &c la retenir dans la poñtion jufte qu'il y faut. Ces regiffres {ont mobi- les, on les poufle & retire, jufqu’à ce que la matrice foit dans la place où on la veut pour former la lettre dans une bonne approche. Voyez Mouze , MATR—- CE, APPROCHE. REGISTRE, ( Imprimerie, ) une impreflion en repifc. tre eft celle dont les pages viennent précifément les unes fous les autres : ce qui fe fait par lemoyen des pointes que lon remue à volonté, & des coins qui atrétent la forme fur le marbre de la prefle, Foyez Poinrés, Coins , FORMES & RETIRAŸTION, REGISTRE DE CLAVESSIN , les regiffres de claveffis. font des regles de bois, percées d'autant de trous, qu'il y a dé touches au clavier, ces trous font plus longs que larges pour s'accommoder à la groffeur des fautereaux, 1ls font évalés par-deflous, Foyenles fi: gures du c'aveffin, PL, de Lurherte. | Le regijtre elt quelquefois couvert par-deflus de peau de mouton, ce qui efl toujours ainfi aux épi- nettes, auxquelles la table fert de regiflre , ’eft-2- dire qu’elle eït percée comme un regiffre. Pour per: cer les trous dans la peau, on fe fert des emporte- pieces décrits à l'arsicle EMPORTE-PIECE , fur lef- quels on frappe comme fur les poinçons à découper, Voyez DEcOUPEUR. Les regiflres font autant en nombre que de cordes fur une feule touche ; amfil y a des claveflins à deux, trois, quatre regiffres qui font tous placés à côté les uns des autres, entre le fommier & la table de linf- trument. J’oyez CLAVESSIN. REGISTRES MOBILES dans l'orgue ou fimplement regifires , alnfi nommés de regere, gouverner, parce qu’en effet, ils gouvérnent le vent qui anime l'orgue, font des regles MN, fg, 10. & 11. PL, orgue, de bois de feuillet très-fec; ces regles doivent occuper toute la largeur que laïffent entr’eux les regi/fres dormans, entre deux defquels elles doivent couler facilement; on colle fous le regi/fre de la peau de mouton par le côté glabre; le duvet doit être tourné du côté de la table du fommier fur laquelle Le regiffre doit pofer. Les Faéteurs de Flandre ordinairement ne mettent point de peau fous les regiffres, mais ils dreflent fi bien la table du fommier & Le regiffre, que l'air ne fauroit trouver entre deux aucun paflage, cependant la méthode de les garnir de peau eft préférable ; car pour peu que le bois travaille & fe gauchiffe , le vent s'introduit d’une gravure dans une autre , ce qui produit des cornemens infupportables. Après que les regiféres font placés entre les reoif tres dormans, on les égalife de hauteur ; on met les épaulemens NO , MO, qui font des morceaux de bois auf larges que le regsffre que l’on colle à fes extremités , qui doivent excéder d’un demi- pié la largeur du fommier de chaque côté. Ces épaulemens qui fervent à limiter la marche du regiftre doivent laïfier entr’eux une longueur © ©, épale à toute la longeur du fommier 4 8 & à la moi- tié de la diftance qui fe trouve entre les milieux de deux gravures contiguëés ; les regiffres doivent être percées d'autant de trous abcdef, fig ra. qu'il y a ae gravures au fommuer ; çes trous que l’on perce en C y ‘# REG même tems que ceux de la table & de la chappe, doivent répondre vis-à-vis de ceux-ci, lorfqu'un des épaulemens touche contre la table du fomimier, comme en M, fie. 10, & lorfque l’autre épaulement O touche la table par l’autre bout, & que l’épaule- ment y en eft éloigné ; les intervalles de ces mêmes trous doivent répondre vis-à-vis les trous dela table & de la chappe du fommier, ce qui empêche la com- munication entre les tuyaux polés fur la chappe au- defius du regzfére ; &t le vent dont la gravure elt rem- plie, ce qui empèche ces tuyaux de parler. Woyez l'article SOMMIER du grand orgue. REGISTRES DORMANS, ce font des regles FA, fig. 7. PL orgue, collèes & clouées fur la table du fommier, entre lefquelles les regi/£res mobiles fe meu- vent; ces regles doivent croiterà angle droit les gra- vures qui {ont au-deflous de la table du fommuer, fur le deflus de laquelle elles font collées & clouées. Voyez l'article SOMMIER du grand orgue. REGISTRER, v.att. (Gram.) écrire quelque chofe dans un regiftre. Voyez REGISTRE. On le fert plus ordinairement & mieux du mot ezregiftrer. Voyez ENREGISTRER. REGIS ViLLA , (Géos. anc.) heu d'Italie , dans la Tofcane. Strabon, /. F. p, 225$. le marque entre Coffa & Offie fur la côte de la mer; il dit que la tradition du pays vouloit, que c’eùt été autrefois le palais royal de Maléotus, pélafgien, qui ayant de- meuré dans ce lieu avec les Pélafgiens quis’y étoient établis, étoit paflé de-là à Athènes. (D. 7.) REGIUM , (Géog. anc.) ville de la Rhetie , felon Pitinéraire d’Antonin, qui la marque entre Auguffa &c Abufina , à 24 milles dela premiere , & à 20 nul- les de la feconde ; au lieu de Aegium quelques ma- nufcrits portent Regirum. (D.J.) REGLE , RÉGLEMENT, (Cram. fynon.) la regle regarde proprement les chofes qu’on doit faire ; & le réglement, la maniere dont on les doit faire. Il en- tre dans l’idée de l’une quelque chofe qui tient plus du droit naturel; & dans l’idée de Pautre, quelque chofe qui tient plus du droit pofitif. L’équité & la charité doivent être le principe & la regle de la conduite des hommes ; elles font mêe- me en droit de déroger à tous les réglerens particu- liers. On fe foumet à la regle, on fe conforme au régle- ment. Quoique celle-là foit plus indifpenfable, elle eft néanmoins plus tranforeflée ; parce qu’on eft plus: frappé du détail du réglement, que de avantage de la regle. Synonymes de l'abbé Girard. (2. J.) REGLE, MODELE, (Sy207.) 1l y a des endroits où l’on peut employer également ces deux mots; pat exemple, on peut dire, la vie de Notre-Seigneur eft La regle où le modele des Chrétiens: mais 1l y a aufli d’autres endroits où un de ces deux mots ne viendroit pas bien; par exemple, les confeils des fa- ges nous fervent de regle pour notre conduite : on ne diroit pas , nous fervent de z10odele ; car 1l n’y a proprement que les aétions, ou la perfonne, qui fer- vent de rodele. Ainf on ne peut pas dire après un bon écrivain ; il fe propofoit pour zzodele cette ex- cellente parole de $. Bernard ; il falloit dire , il fe propofoït pour regle. (JD. JT.) REGzE, { f (Géom.) un inftrument fort fimple, ofdinairement fait de bois fort dur , &c qui eft min- ce, étroit, & droit; on s’en fert pour tirer des lignes droites. Voyez LIGNE. La regle eft Pinftrument le plus en ufage dans tous les Arts méchaniques; pour s’aflurer fi elle eff jufte ou non , on tire d’abord, parle moyen de la repee, une lisne droite fur le papier ; enfuite, on renverfe la regle de maniere que le bout qui étoit à droite, tombe à gauche, & réciproquement, & on tire de nouveau une ligne droite le long de la regle ; h cette nouvelle ligne droite fe confond exaftement avec a prenuere, la regle eft bonne. La réole des l'ailleurs de pierre ef ordinairement longue de 4 piés, & divifée en piés & en pouces. La regle des maçons eff longue de 12 ou 15 piés; on l’applique au-deflous du niveau , pouf drefler ou pour bien aligner les rangs de pierres, dont on fe lert dans la conftruétion des bétimens , pour rendre les-piés droits évaux , 6rc. Maniere de vérifier les regles ; pour vérifier une régle il faut conftruire la machine repréfentée dans nos PI. qui eft compolée d'une croix AB, EF, de fer ou de cuivre : à l'extremité À de cette croix, on ajuftera deux oreilles de même matiere, percées chacune d’un trou rond pour recevoir les tourillons # 4 de la boîte du télefcope, lefquels doivent entrer jufte dans ces trous ; à l’autre extremité B font deux pareilles oreil- les, mais qui ne font point percées ; ces deux oreil- les font jointes enfemble par le haut par une traverfe dans laquelle entre une vis C ; aux deux extremités de la traverle E F, font des charnieres ou des an- neaux auxquels font acrochés les targettes ED, FD. ÂAu point où ces deux barres fe réuniffent eft atta- chée une lentille ou fphere pefante , qui fert à tenir toute la machine en équilibre , fur les couteaux par- faitement polis ze qui font attachés avec des vis au- deflous de la longue barre 4 B ; 1l y a encore un ref {ort » fixé en 77, par une vis dont la pointe entre dans le chaffs CB ,& répond direétement au-deflous de la vis. Cette partie de la machine ainfi conffrui- te, on ajuite dellus le télefcope XL, en faifant entrer les tourillons dans les trous des oreilles qui leur font deftinés ; l’autre boîte À du même télef- cope & qui contient un réticule, comme Îa fg. 10. repréiente , doit entrer dans le chafis CD dont on Ôte pour cette raïlon la traverfe que l’on remet en- fuite ; enforte que la boîte H'appuie par fa face infé- rieure fur le reflort 7, & du côté fupérieur contre la vis C avec laquelle on la peut baïffer ou élever à fon gré. | Pour fe fervir de cette machine, 1l faut établir fo- lideinent la régle que lon veut vérifier fur deux tré- taux de bois ou de fer, ou encore mieux fur deux blocs de pierre de taille, &c le tout fur une terrafle folide ;. comme , par exemple, le terre-plein d’un rampart Ou une terrafle de jardin, & diriger la regle poiée de champ vers un objet apparent & éloigné de plufeurs lieues, comme par le fommet d’un clocher; quand la régle {era en place, on montera deffus la machine garnie de fon télefcope , êc regardant de- dans , on fera tomber la croifée des files du reticule, au moyen de la vis ©, qui fert à haufler ou baïffer cette extremité de la lunette fur un point notable de l'objet; comme, par exemple , la tête du coq qui eft au fommet d’un clocher & qui paroït renverfée dans la figure X ; enforte que le fil horifontal rafe exactement le haut de la tête ou tel autre point de l’objet qu'on voudra choïfir , auquel il eft bon que le ciel ferve de fond ; la machine en cet état, on at- tachera une ficelle dans un trou qui eft à l’extremité A de la longue barre du baftis 4B, E F; cette ficelle paflera fur la poulie r du chevalet Q , fcellé dans la même direétion; la ficelle après avoit pañié {ur la poulie s’enroulera fur Parbre d'une roue dentée, qui eft menée par un pignon, dont l'axe eft armé d’une manivelle qu’une perfonne doit tourner. Prétlentement , fi la machine eft tellement placée fur la regle, que le couteau non-tranchant, mais très- poli e foit près de lextremité B de la regle, au point reconnoïflable d’un objet éloigne fous le fil horifon- tal de la lunette ; f alors quelqu'un tourne la mani- velle p, iltirera par le moyen de la ficelle tout Le train de la machine le long de la reg/e ; pendant ce tems , l'obfervateur qui s'approche à melure que la: lunette s’éloipne de lui , doit obferver fi le fl hoti- fontal couvre toujours le même point de l’objet ; fi cela arrive, on eft afluré d’avoir une regle parfaite, Si au contraire , l’objet paroît monter dans la lu- nette, on eft für que le couteau à eft tombé dans quelque creux y’, au lieu de fuivre la direéhon 77 parallele à la ligne dx, qui va du centre du réticule ! | à l’objet. Si l’objet paroït baufler , on eft für que le couteau z eft monté fur une bofle; connoïffant ainfi les points hauts & bas de la regle, il eft facile d'y apporter remede , en réduifant tous les points de la régle au niveau des plus bas oblervés. Par cette méthode ingénieule, & qui demandeune certaine fagacité pour être appliquée comme il faut, la plus petite différence devient fenfible ; car fans parler de lamplification que les verres du télefcope .| peuvent apporter , les variations obfervées feront toujours multiples de celles du couteaux, comme la ligne dx left de ea, à caufe des triangles fembla- bles. (D) | | | REGLE, fisnifie auf une méthode ou un pré- cepte , qu'on doit obferver dans un art ou dans une fcience. Voyez MÉTHODE, Gc. ainfi on dit les regles de la Grammaire, de la Logique, &c. Foyez GRAM- MAIRE , LOGIQUE, &c. Les philofophes de l’école diflinguent deux fortes de regles , favoir 1°. des regles de théorie qui fe rap- portent à Pentendement, & dont on fait ufage dans la recherche de la vérité. Foyez ENTENDEMENT. 2°. Des regles de pratique, ou reg/es pour agir, qui fe rapportent à la volonté , &c fervent à la diriger vers ce qui eft bon &c juite, Voyez BIEN. l Il y a deux fortes d’arts dans lefquels on enfeigne ces deux fortes de regles, & la matiere de les appli- quer ; favoir la Logique &z la Morale. Fuyez Locr- QUE , MORALE, _ Les auteurs font fort divifés fur les égards que l’on doit avoir pour les regles de Poéfe que nous ont laif- fées les anciens, comme Ariftote , Horace, Longin, & qui ont été admifes par quelques critiques mo- dernes , entre autres par le P. Bof, Les uns foutien- nent que ces regles doivent être inviolablement ob- férvées ; d’autres prétendent qu'il eft permis quel- quefois de s’en écarter; les regles, difent ces der- mers, font des entraves qui ne fervent fouvent qu’à embarrafier les génies, & qui ne doivent être reli- gieufement obfervées que par ceux qui n’ont rien de mieux à faire que de les fuivre. Voyez POÉSIE. Les pieces de théâtre ont leurs regles particulieres, comme la regle de 24 heures, la regle des trois unités, de tems, d’aétion & de lieu. Voyez FRAGÉDIE, Co- MÉDIE, DRAMATIQUE, &c. Si c’étoit vrai, dit Moliere , que les ouvrages de théâtre compotïés fuivant les regles, ne pluffent point, & qu'au contraire, ceux qui {eroient confraires aux regles pluffent, il faudroit entierement abandonner lesregles. Pourmoi, ajoute-t-1l, quand un ouvrage me plait & me divertit , je ne m’ayife point d'examiner f j'ai eu tort d’avoir du plaïfr , ni fi les regles d’Arif- tote me défendent de rire, Voyez Lor. REGLE , fignifie dans l'Arithmésique , une opéra- tion que lon fait fur des nombres donnés pour trou- ver dés fommes ou des nombres inconnus; & par le moyen de laquelle on a abregé Les calculs dans le Commerce, dans l’Affronomie , &c. Chaque regle d’'Arithmetique a fon nom particu- lier, qui répond à l’'ufage auquel la reg/e eft deftinée. Les quatre premieres regles qui fervent de fondement à toutes les autres, font nommées addision , fouftrac- tion , multiplication & divifion. Voyez chacune de ces regles à {on arsicle, ADDITION, SOUSTRACTION, Éc. De ces quatre regles naïlent plufeurs autres ; favoir la regle de trois ou de proportion , qu’on ap- pelle auff regle d’or, & qu’on diftingue en directe & REG 2E inverfe, en fimple & en compoiée : la reg de cinq > la reglè de compagnie, fimple & comipofée ; la reg/e d’alliage de quelque efpece que ce foit; fa regle de change ; la reg de faufle pofition, fimple & double, [faut ajouter à ces regles, approximation, les come binaifons , lextraétion des racines, la regle d’efcomte, la réduétion , Ge. Voyez ces mots, &c, La regle de trois, Ou proportion, communément appellée regle d’or, éfk une regle par laquelle on cher- cheunnombre qui foit en proportion avec trois noms bres donnés. Voyez PROPORTION, On demande, par exemple , fi trois degrés de l’é- quateur font 7o lieues, combien de lieues feront 360 depres? c’efl-à-dire combien la circonférence de la terre aura-t-elle de hèues ? Voici la regle : multipliez le fecond terme 70 par le troifieme 360, & divifez le produit 25200 par le premier terme 3 , le quotient 8400 eît le quatrieme terme qu'on cherche, Cette regle elt d’un ufage fort étendu tant dans la vie civile que danses fciences ; mais elle n’a lieu que quand on reconnoït la proportion des nombres don« nés. Suppofons par exemple, qu’un grand vaifleau plein d’eau fe vuide parune petite ouverture, de ma- mere qu'il s’en écouletrois pies cubes d’eau en deux minutes , & qu'on demande en éombien de tems 1l s’en écouleroit cent piés cubes ;1l y a à la vérité dans cette queftion , troistermes donnés, &c un quatrieme qu'on cherche; mais l’expérience fait voir évidem- ment que l’eau s'écoule plus vite au commencement qu’elle ne fait par la fuite; d’où 1l réfulte que la quan- tité d’eau qui s'écoule, n’eft pas proportionnelle au tems , & que par conféquent la queffion préfente ne fauroit être rélolue pat une fumple regle de trois. Toutes les chofes qui font objet du commerce ont proportionnelles à leur prix ; le double de mar- chandifes contre le double d’argent:anf le prix d’une certaine quantité de marchandifes étant donné, on trouvera par une regle de trois, le prix d’une autre quantité donnée de marchandiles de la même efpece. Par exemple, f 3 livres pefant coutent 17 [. com- bien couteront 30 livres? Dites : 3 Liv. eff à 30 liv. comme 17{. prix du premier terme , eft au prix cher- ché du fecond : écrivez donc ainfi les trois termes, 3 hiv. — 3oliv. — 171 LAS ie sio Li77i=81b 171 On peut faire auffi la queftion fuivante : f 3 liva peéfant font achetées 17 {. combien aura-t-on de livres pefant pour 170 f. Dites, 171 eft à 170 f. comme 3 liv. pefant eit au nombre qu’on cherche : rt 0 dy 0 2 Lomme Ne À À x Eee , 510 | 30 SL 00 Si les termes donnés font hétérogenes, c’eft-à-dire s’il s’y rencontre des fraétions , il faut réduire alors ces nombres à l’homogénéité, ou à la même dénomi- nation ; favoir les livres en fols, les fols en deniers Gc. les heures en minutes, Gc. Voyez RÉDUCTION. Exemple : fi 3 livres 4 onces coutent 2 f. 4 d. que doivent couter 4 livres? Voici Popération : 16 16 12 3 = ar 1 327 24 4 4 sa 28° æ'où lon tire 520%, 320%. 28 x ainf l'on a 64 ) 52 | Eva l (FPS ST, 896 Li7* +, où + où + 12 “C'eft-à-dire qu'il faut réduire les livres en onces , & les fols en deniers, & réfoudre enfuite la queftion propoiée par la reg/e de trois commune, | Dans plufeurs des queftions de commerce qui peuvent fe réfoudre par la regle de trois , 1l y a fou- vent desméthodesabregées par lefquelles on en vient à bout plus facilement que par la reg/e même. Ces mé- thodes ou regles particulieres font appellées pratiques, parce qu'au moyen de ces regles , on expédie plus promptement l'opération qu’on fe propofe. La regle de trois inverfe eft celle où Pordre natu- rel des termes eftrenver{é. Par exemple, fi 100 hom- mes bâtiflent une maïfon en deux ans ; on demande en combien de tems 200 hommes bâtiront la même moon ; la regle conffte à multiphier Le premier ter- me 100 par Le fecond 2, & divifer Le produit par le troifieme terme 200,, le quotient 1 eft le nombre d'années qu’on cherche. 200 hom. —— 100 hom. — 2 ans, 2 | 200 200 | 1 an. La regle de cinq, où regle de trois compofée, eft celle où il faut faire deux regles de trois pour parve- ir à la folution. Par exemple, fi 300 ib en deux ans produifent 3 ib d'intérêt, combien 1000 fb en pro- duiront-ils en douze ans. H faut d’abord trouver par une regle de trois quel intérêt 1000 1 produiront en deux ans, enfuite trou- ver par une feconde regle quel intérêt la même fom- me produira en douze ans. we Certe regle eft regardée par les auteurs dArithmétte que, comme une régle particuhere, mais fans nécef- fité; car la meilleure maniere de la réfoudre , eft d'employer une double reg/e de trois, comme nous venons de dire , & comme on le voit dans lexempie fuivant. Exemple, 300 X 2. 30 : : 1000 X 12.x, Züfant donc 2220222 — 600 ; il eft clair que 600 ib eft l'intérêt cherché; où vous voyez que pour réfoudre ces fortes de queftions, on peut ne faire qu'une feule regZ de trois ; car 300 ïb produi- ent le mêmeintérêt en deux ans, que deux fois 30of. enunan; & douze fois 1000 I. produifent le même Antérèt en un an, que 1000 ib en douze ans. Par con- féquent mettant à part la circonftance du tems , dites # deux fois 300 , c’eft-à-dire 600, donnent 36 15 d’in- térêt en un an, combien produiront d'intérêt en un an, douze fois 1000, c’eft-à-dire 12000. 600 — 12000 — 36. 36 en annee 72000 ' 36000 f 6|00 | 4320/00 } 720 ïbint. Chambers. (E) REGLE CENTRALE, voyez CENTRALE. REGLE, pris dans le fens que les moines lui don- #ent, fignifie un recueil de lois & de confatutions, fur- vant lefquelles les religieux d’une maïfon font obli- gés de fe condture, & qu'ils font vœu d’obferver en entrant dans l’ordre, Foyez RELIGIEUX , MoONASs- RERE , VŒU, 6’. REG Toutes les regles monaftiques ont befoin d’être ap- prouvées par le pape pour être valides. La reg de $. Benoit eff appellée par quelques auteurs , la fzinre regle. Voyez BÉNÉDICTIN. Les regles de S. Bruno & de S. François font les plus auffères de toutes, Voyez CHARTREUX. Quand un religieuxne peut foutenir l’auftérité de la regle , il demande à fes fupérieurs de Pen difpenfer. Chambers. REGLE de l'ottave, en Mufique ; eft une formule hars monique publiée la premiere fois par M. de Laire, en l’année 1700 , laquelle détermine l'accord conve- nable à chaque degré du ton fur la fucceffion de la bafle , tant en mode majeur qu’en mode mineur , tant en montant qu’en defcendant, fur-tout par mar- che diatonique. On trouvera dans nos PI. de Mufique cette for- mule chiffrée fur Po&aye du mode majeur, & fur celle du mode mineur. | Pourvû que le ton foit bien déterminé, on ne fe trompera pas en accompagnant felon cette regle, tant que l’auteur fera refté dans l’harmonie fimple & naturelle que comporte le mode. S'il fort de cette fimplicité par des accords, par fuppoñtion ou d’autres Bcences , c’eft à lui d’en avertir par des chiffres con- venables ; ce qu'il doit faire auf à chaque change- ment de ton ; maïs tout ce qui n’eft point chiffré doit s’accompagser felon la regle de l’ottave, cette regle doit s’étudier fur la bafle fondamentale, pour en bien comprendre le fens. | Jai cependant peine à pardonner awune formule deflinée à la pratique des regles élémentaires de l’har- monie Contienne une faute contre ces mêmes regles : c’eft apprendre de bonne heure aux commencçans à enfreindre les lois qu’on leur prefcrit Cette faute eft dans accompagnement de la fixieme note en mon: tant, dont accord, ainfi qu'il eft chiffié, peche con- tre les regles ; ca il ne s’y trouve aucune liaifon , & la bafle fondamentale defcend d’un accord parfait diatoniquement fur un autre accord parfait; licence trop grande pour faire regle. On pourroit faire qu'il y eût liaifon en ajoutant une feptieme à l'accord parfait de la dominante qui précede ; mais alors cette feptieme ne feroit point fauvée ; & la baffle fondamentale defcendant diatoni- quement fur un accord parfait après cet accord de feptieme, feroitune marche entierement intolérable. On pourroit encore donner à cetre fixieme note, Vaccord de petite fixte, dont la quarte feroit l'aifon; mais ce feroit fondamentalement un accord de fep- tieme avec tierce mineure, où la diflonance ne {e- roit pas préparée ; ce qui eft encore contre toutes les regles. Enfin on pourroit chiffrer fixte quarte fur cette fixieme note; ce feroit alors l'accord parfait de la fee conde ; maisje doute que les muficiens approuvaflent un renverfement aufh mal entendu que celui-là, f peu autorifé par l'oreille, & fur un accord qui éloi- gne trop l’idée de la modulation principale. Je tiens donc pour une chofe certaine, que lac- cord de fixte, dont on accompagne la fixieme note du ton en montant, eft une faute qu’on doit corri- ger, &C que pour accompagner régulierement cette note , comme 1l convient dans une formule, il nya qu'un feul accord à lui donner, qui eft celui de fep- tieme ; non une feptieme fondamentale, qui ne pou- vant fe fauver que d’une autre feptieme, féroit une faute dans cet ehdroït; maïs une feptieme renverfée d’un accord de fixte ajouté fur la tonique. Je fouhaite que les gens de l’art trouvent cetre correétion jufte; Je fuis sûr du-moins qu'ils ny trouveront pas de faute ; mais que fait cela aux importans du fiecle qui fe difentau-deflus des regZes? (9) REGLE , (Jurifprudence.) fionifie en général ce que lon doit obferver, foit dans fes mœurs & dans fa ? REG conduite , loit dans fes difpoñtions &c dans la forme des actes que lon païñle, Il y a plufieurs fortes de regles, ainfi qu'on va Pex- piquer dans les articles fuivans. (A) REGLES de chancellerie ou de la chancellerie jomaine, {ont les réglemens, ftyle &c ordre, que les papes ont établis pour être obfervés en la difpoñition des béné- fices eccléfaftiques , & l’expédition des provifions, êc au jugement des procès en matiere bénéficiale, Jean XXIL eft à ce que lon prétend, le premier qui ait fait de ces réglemens. Ses fuccefleurs en ont ajouté de nouveaux. Chaque pape après fon couronnement , renou- velle celles de ces regles qu'il juge à propos de con: ferver, ou les étend &c reftraint fuivant les circonf- tances & les inconvénmiens que l’on a reconnus dans celles de fes prédéceffeurs. ; En général elles ne durent que pendant le ponti- ficat du pape qui en eft l’auteur, à l'exception de celles qui font reçues dans le royaume , lefquelles fubfiftent toujours , étant devenues par leur vérifica- tion, une loi perpétuelle du royaume, Comme ces regles font établies pour l’ordre d’une chancellerie, dont la France ne reconnoît point Pau- torité, fi ce ’eft pour y obtenir certaines provifions bénéficiales, difpenles, & dans quelques autres ma- tieres femblables , lefquelles font enfuite traitées de. vant les juges du royaume; elles n’y ont point lieu , à moins qu'elles n’aient été vérifiées au parlement, lequel ne les recoit qu’autant qu’elles fe trouvent conformes aux libertés de l’églife gallicane , & com me dit Dumolin, elles ne font reçues en France que comme un remede politique contre les fraudes, de forte qu'il ny en a qu'un très-petit nombre qui y foient reçues. Il ny en a que trois qui foient expreflément-re- çues : favoir, la regle de 2nfirmis refignantibus , ou de viginti diebus ; celle de publicandis refignationibus , &t celle de verifimili notitid. ! Il y a encore plufieurs autres de ces reg/es qui font fuivies dans le royaume , non pas comme regles de chancellerie, mais comme des regles d'équité établies par nos ordonnances, ou par la jurifprudence des ar- rêts, telles font lesregles, de rontollendo alieri jus quæ- fîtum, de annali poffeffore , de non impetrando beneficia viventiurr, de idiomate. Il y a encore les regles de menfibus & alternativ , celle de sriennali poffeffore, ou de pacifrcis poffefforibus, & celle de vero valore exprimendo , qui font obfervées à certains égards en France. On expliquera ci-après ce qui concerne chacune de ces regles en leur rang. | Voyez la pratique bénéficiaire de Rebuffe, qui a fait un traité de toutes ces regles ; Dumolin , Louet & Vaillant, qui ont fait de favantes notes fur ces re- gles ; le traité de l’nfage & pratique de cour de Rome de Caftel. (4) , REGLE CATONIERE, eft une regle de droit ainf appellée du nom de Marc Caron, fils aîné de Caton le cenfeur , que l’on tient être l’auteur de cette regle. . Elle porte que ce qu eft nul dans fon principe, ne. peut pas devenir valable par le laps du tems. Cette décifion a été adoptée dans la regle 29 , au digefte de regulis juris. Les jurifconfultes fe font beaucoup exer- cés fur cette regle ; Cellus enfait la critique au digefte de regulà catoniand ; on tient communément qu’elle ne reçoit d'application que dans les difpofitions pures &t fimples, & non dans les difpofitions conditionnel- les. Voyez Foriter, hiff.jur. les regles de droit-de d’An- toine , & la ywrifprud, roïn. de M. Terraflon. REGLE de commuffionbus , eft une regle de chan- cellerie romaine, qui veut que Les commiffions pour le jugement des proces foïent données fous cer- taines formes. Elle n’eft point fuivie en France, Voyez RE G 13 l'ufage Ë: pratique de cour dé Rome, de Caftel. REGLE DE DROIT, cit une maxime qui explique en peu de mots la jurifptudence qu’il faut fuivre dans quelqu'affaire , ce n’eft pas de la regle que vient le droit, mas au contraire du droit que vient la regle. [ y a un très-prand nembre de regles de droit, dont les principales, au nombre de 221, ont été recueillies dans le L. Ziy. du digefte, sis, 17. de regulis juris. Il y a auf un titre des regles du droit canon dans les décrétales & dans le fexre. Un grand nombre de jurifconfultes & de canonmif- tes ont fait des commentaires {ur Les regles de dreir. (4) REGLE ECCLÉSIASTIQUE 0% MONASTIQUE , eft une maniere de vivre prefcrite par un fupérieur ec: cléfiaftique à ceux qui l'ont embraflée , telles que la regle de faint Benoît , celle de faint François , & au- tres, foyez CHANOINES RÉGULIERS, NOVICIAT , CHANOINESSES , MOINES , PROFESSION , RELI« CIEUX , RELIGIEUSES. EGLE de idiomate, eft une regle de chancellerié romaine, qui déclare nulle toutes provifions données pour une églife paroïffale), à moins que le pourvu n’entende la langue du lieu où.eft fituée l’églife. REGLE de inférmis reffgnantibus, ou de viginti diebus, en françois la regle des 20 jours, ef une des regles ob= fervées en la chancellerie romaine, qui porte fi un eccléfiaftique réfigne fon bénéfice étant malade , ïl faut pour que la réfignation foit valable , que Le ré- fignant furvive 20 jours après qu’elle aura été ad- mife en cour de Rome; autrement, & s’il meurt dans les 20 jours, la réfignation eft nulle , & le bénéfice dont il s’eft démis , eft cenfé vaquer par mort, & non par réfignation. Anciennement l’on n’obfervoit d'autre regle que celle des 20 jours, laquelle ne diftinguoit point fi Le réfignant étoit malade ou non, il falloit indiftinéte- ment que le réfignant furvéquit 20 jours : ce fut Bo- niface VILL, lequel en 1298 fit la regle de infirmis re- figrantibus , Gt. Cette regle a fuccédé à celle des vingt jours ; on l'appelle auffi indifféremment regle des vinge jours, ae ue ces deux regles ne fuflent pas entierement emblables. Fe Ces deux regles ont été établies fucceffivement pour empêcher l’abus qui fe pratiquoit dans les réfi- gnations.. Ceux qui vouloient afurer leur bénéfice à un parent où à un ami, fans néanmoins s’en dépouil: ler dès-lors, réfignoient fecretement en fa faveur, ê&t gardoient les provifions , afin que , fi le réfigna- taire mouroit avant le réfignant, celui-ci n’étant pas encore dépouillé de fon bénéfice, le pût denner à un autre parent ; & que fi le réfignant mouroïit le pre- mier , le réfignatawe füt afluré du bénéfice, & en pût prendre poffeffion auflitôt après le décès du réfi- gnant. Trois conditions font requifes pour que la re- gle de infirmis refgnantibus ait heu, 1°. que le réf- gnant foit malade, 2°. qu'il décede de cette maladie, 3°. qu'il décede dans les vingt jours. Elle n’a pas lieu lorfque les médecins & chirut- giens atteftent que la maladie dont le réfignant étoit atteint lors de la réfignation, n’étoit pas mortelle, & qu'il eft mort de quelque accident provenu d’ail- leurs que de cette maladie : au refte, quand le titu- laire réfigne étant malade, & qu'il décede dans les vinot jours , on préfume qu'il eft mort de cette ma- ladie; c’eft au réfignataire à prouver le contraire s’il ÿ a lieu. Les 20 jours fe comptent du jour du cozfes, qui eft une petite note que l’on fait à la chancellerie ro- maine, portant qu'un el procureur conflitué par la procuration à l'effet de réfigner , a confenti à la ré- fignation &c à l'expédition de la fignature de cour de 24 R E G Rome, & que l'original dela procuration eft démeuré à la chancellerie ou à la chambre apoftolique. Ce confens eft daté du jour même de la provifon ; mais comme à Rome on donne aux François la date du jour de l’arrivée du courtier, on compte auffi Les 20 jours depuis cette arrivée. | 1] faut que ces 20 jours foient francs, c’eft-à-dire, que l’on ne compte ni ie jour de l’admiffion de la re: fignation , ni celui du décès du réfignant. - La regle de inférmis refignantibus wa pas lieu à lé: gard des provifñons des collateurs ordinaires , elle a ieulement lieu pour celles du pape ; mais il y déroge fi facilement,que cela eft devenu comme de ftyle dans les réfignations en faveur &T permutations, èc que pour obtenir cette dérogation, on ne va plus à la componende, Le page ne peut cependant y déroger au préjudice des cardinaux , mais 1l y peut déroger au préjudice des indults extraordinaires accordés à des particu- liers , quand il y aurôit la c'aufe liberè &c licire. Voyez fur cette regle Gomes, Dumoulin, les mem. du cler- gé, tom Xi(A) REGLE de menfibus & aliernativis, eft une regle de chancellerie romaine , fuivant laquelle les papes fe font réfervé la collation des bénéfices qui vaquent pendant 8 mois de l'année; favoir, en Janvier, Fé- vrier, Avril, Mai, Juillet, Août, Oëûtobre & No- vembre , ne laiffant aux coilateurs ordinaires que les mois de Mars, Juin, Septembre & Décembre: La regle de l'alternative eft une exception à celle des | mois en faveur des évêques réfidens en leur diocele, auxquels les papes ont permis en faveur de la réfi- dence dé conférer alternativement & également avec le faint fiége, à commencer par le mois de Janvier pour le pape, Février pour Les évêques réfidens , &c ainfi confécutivement : on tient que cette regle fut projettée par quelques cardinaux après le concile de Eonftance , pour conferver la liberté dés collateurs ordinaires, au-moins pendant qielques mois de Pan- née, Martin V. en fit une loi de chancellerie, & fes fucceffeurs ladopterent ; ce fut Innocent VIIL qui, ! en 1484, établit alternative pour les évêques en fa- veur de la réfidence: LL. Cette regle napointété reçue en France, fi ce n’eft dans les provinces de Bretagne, Provence & Rouf- fillon, qui, dans le tems , n’étoient pas réunies à la couronne. Woyez les lois eccléfiaffiques de M. de Heri- coutt, part, I. ch. æuy. & le mot RESERVE. REGLE de non impetrando beneficia viventiunt , ef une des regles obfervées dans la chañcellerie romai- ne, fuivant laquelle celui qui obtient du pape des provifions d’un bénéfice du vivant du titulaire, en coure l’indignité & linhabilté pour le bénéfice dont il a obtenu les provifons , de quelque ma- niere que le bénéfice vienne à vaquer dans la fuite. On excepte néanmoins le cas où Pordinaire con- fere le bénéfice d’un titulaire décédé malade , & que fes parens ou domefliques ont celé pendant fa der niere meladie : car, fi l'ordinaire a fait une fomma: tion de Le reprélenter, & qu'il y ait un procès-ver- bal de refus , le bénéfice eft cenié vacant de ce jour- là. Voyez la déclaration du 9 Fevrier 1657 , dans Pin- {on , p. 210. j Cette regle differe de celle de verifimili notitié , en ce que celle-ci ne rend pas limpétrant incapable de jamais pofiéder le bénéfice; il n’en eft exclu que pour cette fois, au lieu que l'inhabilité prononcée par la réple de 707 émpetrando, eft auffi pour les autres va- cances qui pourroient arriver dans la fuite au même bénéfice. Pour encourir cette indignité , 1l fuit d’avoir couru le bénéfice du vivant du titulaire , quand mê- me on ne l’auroit pas obtenu de fon vivant. Pour juger sil y a eu une courie ambitieufe, ce RE G Nn’eft pas l’arrivée du courier à Rome que l'an conf: dere, mais fon départ, Voyez le ch. qui im vivorurn, eftra de conceffione preb. & la glofe; Dumoln.( 4) REGLE de non rollendo alter: jus quæhiun | eft une regle de chancellerie romaine , fuivant laquelle on ne peut point enlever à quelqu'un le droit qui lui eff déja acquis fur un bénéfice ; mais cette regle nef point particuliere à la chancellerie romaine, c’eft une regle générale, & une maxime tirée du droit fiaturel & commun, reçue également partout; c’eft poutquoi elle eft fuivie en France. Voyez Papon & les remarques de Noyer fur l'ufage & pratique de cour de Rome de Cafrel. N” REGLE de pacificis poffefloribus ; feu de triennali poffeflore, eft une des regles que l’on fuit dans la chan- cellerfe romaine , attribuée par quelques-uns à In nocent VIIT. mais qui eft en effet de Cahxte IIL elle efttirée prefque mot pour mot du decret de pacificis poffefforibus du concile de Baïle, & a été reçue parmi fous par la pragmatique fanion, & même par le concordat, &c autorilée & fuivie dans toutesles cours. fouveraines du royaume. ‘L'effet de cette regle eft que celui qui a jouit paifi- blement d'un bénéfice pendant trois ans avec un ti- tre jufte ou coloré, ne peut plus être valablement troublé , foit au pofñefoire où au péritoire. Poyez Rebuffe , qui en à faitun ample traité, la glofé de la pragmatique , tit, de pacif. pofeffionibus ,\es définitions dii droit canon de Caftel, au mot poffeffton. (4) REGLE paterna paternis, materna matérmis , et une regle que lon fuit en pays coutumier pour l’ordre des fucceffons collatérales qui défere les biens pa- ternels aux parens du côté paternel, & les biens ma- . ternels aux parens du côté maternel. Cette regle a été de tout tems oblervée dans le royaume ; quelques-uns prétendent même qu'elle eft plus ancienne que la monarchie. Dumoulin {ur l'arc. 24. de la coutume de Sées, & en fon confeil 7. 7. 48, dit que c’eftune coutume qus eft venue des Francs 6 des Bourewignons, &c que “par une confiitution de Pempereur Charlemagne, elle fut étendue aux Saxons. Comme elle n’eft point conforme aux lois romai- nes, qui déferent tous les biens du défunt à fon plus proche parent, fans diftinétion de côté & ligne, elle n'a pas été reçue dans les pays de droit écrit. Mais quoiqu’elle ait été admite dans la plèpart de nos coutumes , elle y a été reçue différemment, & l’on diftingue à cet égard trois fortes de coutu- mes. ù La premiere eft de celles qu'on appelle courumes de firnple côté, & dans lefquelles Pon fut fix plement la regle parerna paternis, maerri: inaternis , c'eft-à- dire, que l’on fe contente de diftinguer le côté pa- ternel du côté maternel, telles que les coutuines de Chartres & de Normandie. La feconde eft celles qu’on appelle foucheres , dans lefquelles le propre appartient au parent le plus pro- che defcendu de l'acquéreur , comme dans la coutu- me de Mantes. La troifieme eft de celles qu’on appelle courumes du côté & figne, dans lefquelles 1l fufüt d’être le plus proche parent du défunt du côté & ligne par lequel le propre lui eft échu fans qu'il foit néceflaire d’être deicendu de Pacquéreur , telles font la coutume de Paris , & la plûgart des autres coutumes. Voyez Bac- quet , Brodeau, Renuflon, le Preître, Ge. &c Les mots COUTUMES, PROPRE, SUCCES- S10 N. (4) | : REGLE de publicandis , on fous-entend reffonantibus, eftune des regles de la chancellerie romaine, laquelle veut que le réfignataire pourvu en cour de Rome pu- blie fa réfisnation dans fix mois , & prenne pollei- fion du bénéfice dans le même tems , & que f ce tems 24 : REG tems paflé, le réfignant meurt en pofleMon du béné- fice , les provifons du réfignataire foient nulles, Cette même regle veut aufh, que f la réfionation eftaduife par l'ordinaire ou par le légat, la publi- cation fe fafle dans un mois, & que dans ce même mois le réfignataire prenne pofleffion, à peine de nullité de provifñons;en cas que le réfignant meure en poflefion après le mois; ce qui a été ainfi établi à l’égard des réfignations pures &c fimples, afin que Fon connoïfle quel’ eft le véritable poffefeur du bé- néfice , & pour empêcher le légat & les ordinaires de fuvre l'intention du réfignant, quieftfouvent de per- pêtuer le bénéfice dans fa famille, La regle de publicandis fut enregiftrée au parlement en 1493 ;il y a eu depuis cinq additions à cette re- gle, mais elles n’ont pas été reçues en France ; ce- pendant, celle de Pie V. qui explique que le mot obus doit s'entendre de la mort civile, aufi-bien que de la mort naturelle, eft fuivie en France en certains cas, comme dans le cas du mariage , de la profeflion religieufe &c autres, où il y a vacance de droit & de fait. r On ne publie plus les réfignations dans les mar- chés & places publiques, comme le prefcrivoit l’é- dit de 1550 ; 1l fuit pour les cures, prieurés, cha- - pelles, éc. deprendre pofeflion publiquement un jour de fête ou de dimanche, à l'iflue de la meffe paroiïf= | fale, ou de vêpres, en préfence du peuple ; & que le notaire faffe figner l’aéte par quelques-uns des prin- cipaux habitans. Le tems accordé pour faite cette publication court du jour de l’admiffion de la réfignation, à moins qu’il ay ait quelque empêchement lévitime, Les bénéfices confiftoriaux ne font pas fujets à cette regle , attendu qu’elle n’en fait pas mention, Voyez Rebuffe, ad reg. de public. (A) REGLE de fubrogandis collitisantibus , eft une regle de chancellerie romaine, qui défend de conférer un bénéfice litigieux, & de fubroger pendant le procès. Cette regle n'eft point reçue en France, notre ufage étant de recevoir la fubrogation au lieu & place du défunt, & aux collitigans , durant le procès. Voyez les remarques de Noyer, fur lufage & pratique de cour de Rome, de Caftel. (4) ’ REGLE de triennal: poffeffore, voyez ci-devant RE- GLE de pacificis poffefforibus. REGLE de verifimili noritié obuts , eft encore une regle de chancellerie romaine, qui veut qu'entre le -décès du défunt bénéficier & les provifions qui ont été obtenues de {on bénéfice, il y ait un tems fufi- fant pour que cette mort foit venue à la connoiflañ- ce de limpétrant, & qu’on ait eu le tems d’aller ou d'envoyer vers les collateurs ; autrement Pimpétrant eft prélumé avoir couru le bénéfice du vivant du dernier titulaire, & cette préfomption eft fi forte qu’elle rend les provifons nulles. Quoique le decret de Jean XXUL. duquel ef tirée cette regle, ne fafle mention que des provifions du faint-fiege, cette regle a paru fi favorable qu’on l’a étendue aux provifions des ordinaires. Le tems fe compte du jour de la mort, & non pas feulement du jour du bruit public de la mort. Îl n’eft pas abfolument néceflaire que le genre de vacance, en vertu duquel on a obtenu la provifion, doit venu à la connoiflance du collateur , il fufät que cela ait pu y venir. Le pape peut déroger à la regle de verifimili nori- tid, en mettant la claufe disjonétive, aus alias quovis 040 , etiam per obitum., que l’on infere dans les pro- -viñons de cour de Rome fur les réfignations. Cette claufe eftmême toujours fous-entendue dans les pro- vifions qui font pour des François. La dérogation à cette regle, par le moyen de la claufe , five per obitum , ne fe met point dans les pro- Torre X1F, RE G 25 viñons expédiées fur réfionation en faveur, pour la Bretagne , à caufe du partage des mois entre le pape ét les ordinaires de cette province; & aufi parce que cette claufe pourroit opéfer une prévention contre Pordinaire, laquelle n’a pas lieu en Bretagne, Cette regle n’a pas lieu pour les provifons données par le roi, loit en régale, ou autrement, Voyez Go+ mes, Rebuffe, Dumolin, Selva, Probus, & les mors BÉNÉFICE, PROVISION, SIGNATURE. (4) I REGLE de vero valore exprimendo , elt üne recle de chancellerie romaine, qui ordonne d'exprimer dang les provifions la véritable valeur des bénéfices, à peï- ne de nullité, On n’exprime en France la véritable Valeur que des bénéfices taxés dans les livres de la chambre apoñftolique; pour ce qui eft des autres leurs fruits font également exprimés de la valeur de 24 ducats. (4) | | | REGLE de vigints diebus, ou des 20 jours, Foyez ct-dévant REGLE de infermis refgnantibsss. RRGLE, a, (Scup. antig.) c’eft ainf qu’on noms me une fameufe flatue antique de Policiete, lun des plus grands fculpteurs de la Grèce. Les regles de l’art étoient fi bien obfervées dans cette flatue, qu'on l’appella par excellence /4 Regle, Policlete fe fervit pour cela de plufieurs modeles naturels, & après avoir fini fon ouvtage dans la der niere perfection , il fut examiné par les habiles gens avec tant d’exaétitude, êt admiré avec tant d’éloges, que cette ftatue fut d’un commun confentement ap+ pellée /a Reple. Elle fervit en effet de repze à tous les Sculpteurs qui fuivirent Policlete. (D. J.) REGLE, oucil d’ Arquebufrer , c’eft une regle de bois, plate, épaifle de deux lignes, large de deux pouces, & longue de deux piés, Les Arquebufers s’en fervent: à différens ufages. REGLE, erme 6 outil des Ceinruriers, dont ils fe fervent pour régler, marquer & conduire leurs ou- vrages quand ils les taillent, | Cette regle n’eft qu'un morceau de bois plat , uni, long de deux piés, épais d’environ deux ou trois li- nes. REGLES de Charpentier , (Charpenr.) elles font de bois, Ils en ont deux; l’une qu'ils appellent la prarde regle, pour tracer les pieces en longueur; lPautre qu'ils nomment la pesite regle plate, pour les traceren largeur, Les mortaifes, les tenons, 6, fe tracent avec les diverfes équerres, dont l’une des jambes fert de regle. (D. J.) À REGLE, à virer des paralleles, (Graveur en Taille douce.) cet inftrument eft compolé de deux regles de bois, 4 B,CD ,voyez les PI, de la Gravure, & les fig. unies enfemble par des traverfes de cuivre, 4C, BD, attachées avec des chevilles parleurs extrémités, aux: extrémités des regles. L’ufage de cet inftrument eft de tracer facilement plufeurs lignes paralleles : ce qu’on a occafon de faire fouvent dans l’Architeüur- re, & plufieurs parties des payfages. Pour s’en fer- vir, On affermit la regle CD , en forte qu’elle foït mo- bile, & l’on poufle l’autre regle A B , vers une defes extrémités ; ce qui ne fauroit fe faire fans que les tra- verfes AC, B D, deviennent plus inclinées, & par conféquent fans que la regle AB , ne {oit approchée de la regle CD. | Mais comme les traverfes 4C, BD, font égales, & que les parties 48, CD, interceptées font auf égales, il fuit que la regle 4 B, a toujours confervé le parallélifme. REGLE 4 mouchette, terme de Maçon, c’eft une longue regle de bois, le long de l’un des côtés de la- quelle eft pouffée avec le rabot , une efpece de mou lure. Elle fert aux maçons à faire des mouchettes, c’eft-à-dire , cette efpece de quart de rond enfon- cé, qui eft au - deflous d’une plinthe. Outre cette regle, ces ouvriers en ont plufeurs autres de diverfes D 1 26 REG longueurs &c épaifleurs. Celles qui fervent à faire les feuillures des portes, des croifées, ont un pouce &c demi d'équarrifiage; celles-qu'ils emploient à pren- dre leur niveau, font les plus longues de toutes. Ils ont auf ce qu’ils appellent un, plomb a regle, qui eff une ficelle chargée d’un petit plomb par un des bouts, & attachée par l'autre au haut d’une regle, fur la- quelle eft tracée une ligne perpendiculaire. Savary. (2.J.) | | REGLE de Menuifier, (Menuifèrie.) cette regles’ap- pelle plus communément un régler qu’une regle, pa ceux qui favent les termes du métier. REGLE de Serrurier, (Serrurerie) ces fortes de re- gles{ont de fer. Les Serrutiers s’en fervent pour dref- {er leurs pieces, foit à chaud, foit à froid. REGLE de Wirrier, (Würerie.) outre la regle com- mune de bois dont les Vitriers {e fervent pour tra- cer leurs panneaux, ils.en ont encore une petite aufli de bois, qu'ils nomment reg/e a main, le Iong de la- quelle 1ls coupent le verre au diamant. Cette regle a deux petits mantonnets, oufeulementune petite pie- ce de bois, de $ ou 6 pouces de longueur , attachée par-deflus, avec laquelle ils Pappuient d’une main fur la piece de verre, tandis que de l’autre ils con- duifent le diamant le long d’un de fes côtés. (2. J.) REGLES , {. f. (Anat.) dans l’économie animale, la pureation ordinaire &t naturelle des femmes. Voyez MENSTRUES. Les Groenlandoifes n’ont point de regles. Dans le nord on eff rarement réglé, parce que le froid refferre les fol.des. Les femmes du Bréfil, dont j'ai parlé, que leurs meres facrifient, ceflent d'être localement plé: thoriques aux premiers efforts que le fang menfiruel fait pour couler ; de forte qu'avant qu'une nouveile léthore foit régénérée, les vaifleaux de l'utérus confolidés, peuvent lutter contre lPaétion du fang. Simfon dit fort bien que les rvgles ne font pas né- cefflaires , quand leurs filtres font plus petits qu'il ne faut. Les regles en Grèce font de 20 onces, de 14 à 16 en Efpagne, de 8 à 10 en Occitante, d'environ 6 en Hollande, d’une once en Allemagne, chez les pay- fanes ; il y a auili quelque variété pour le tems,, com- me pour la quantité. Le période du flux meftruel f- niten Grece dans deux ou trois jours, ou quatre tout au plus; en Occitanie, les mois coulent cinqou fix jours; en Angleterre, trois Jours ; en Hollande, trois ou quatre jours ; la même chofe en France; une {e- maine entiere, en Allemagne ; mais ce tems varie beaucoup ; & dans la {anté le terme des regles eft fouvent plus court. Rien de plus précoce pour la fécondité &c les re- gles , que les femmes des pays chauds ; car rarement connoit-on avant que d’être regle. Il y a des pays où . l’on fait des enfans à 10 ans, & même à 8. Mandel- shof a vu une fille aux Indes, qui avoit des tetons à deux ans, fut réglée à trois , & accoucha à cinq. En Occitanie le lux menftruel fe montréun an plutôt w’à Paris : en Hollande, 1l paroît entre 14 & 16 ans; les hautes montagnes les femmes ont leurs regles plutard, & elles fe fuppriment trés-facilement; il y a pourtant de très-précoces fécondités en Europe, comme à o ans. L'hiftoire de l’académie des Scien- ces de 1708, parle d’une grande fille qui avoit des tetons, & navoit que 9 ans, Les filles qui font réglées à ro ans, font très- fortes. Les femmes pléthoriques font réglées deux fois par mois, elles perdent une quantité deiang qui eft triple de lamefure d'Allemagne. En Perfe, les femmesluxu- rieufes & fédentaires, ont ce flux deux &c trois fois par mois. Les femmes oïfives font reglées fept & huit jours ; c’eft pour la même raifon que les hommes qui me font aucun exercice, font fort fujets aux hémor- shoïides. Les vifceres chylopoiétiques robuftes font REG beaucoup de fang , dans le repos, ils ne fe diffipent. oint aflez, &les vaifleaux foibles & lâchess’ouvrent à la moindre pléthore. REGLes Muladies des, ( Médec. ) les principales maladies que fouffrent les femmes dans leurs régles, font d’un côté, le cours immodéré , & de l’autre, la fupprefñon de cette purgation périodique. Une femme qui n’eft pas encore bien formée, évacue moins de fang menfiruel, que quand fon corps a pris tout fon accroiffement. La quantité de fang qu'elle perd, augmente enfuite à proportion qu'elle vit d’une maniere plus fplendide &c plus oifi= ve; car toute femme qui mene une vie fobre &c la- borieufe, n’a pas de regles abondantes. En effet, tan- dis qu'on voit des femmes du monde qui perdent quelquefois dix, douze, quinze onces de fang, & qui n’en {ont que plus alertes après cette évacuation pro- portionnée à leur pléthore, il y a des payfanes qui ne rendent pas deux onces de fang menftruel , & qui connoïfient à peine le befoin de cette évacuation. Les fignes de pléthore menftruelle, font la lan- oueur, la lafitude, les palpitations, la pefanteur , le fentiment alternatif de froid & de chaud , la difieul- té de refnirer à la fuite du moindre mouvement ; 2°. la douleur caufée par l’amas du fang qui fe fait fentir utour de la matrice, la grande ardeur dans Le voi- finage de la région lombaire & vers les hanches , lenilure du ventre; 3°.des mouvyemens excités dans l’uterus, une fréquente envie de pifier, le ténefme, une agitation dans le bas-ventre ; 4°. un gonflement plus confidérable desmamelles par la fympathie de ces parties avec la matrice , & par la même corref- pondance avec l’eftomag., la naufée, le dégoût, laf te&ion hyftérique , les fuffocations , les fyncopes, les vertiges, le mal de tête, le tintement d'oreille furviennent, un grand nombre de ces fymptomes dans une femme d'un âge mur qui n’eft pointencein- te ; font les avantcoureurs de l’éruption menftruelle, ou même l’accompagnent; mais aflez fouvent dans les femmes grofles ils annoncent l’avortement. Maintenant quiconque examinera 1°. que les corps des femmes font plus délicats, plus flexibles, plus [âches , plus remplis defuc , que ceux des hom- mes ; que leurs ’égles commencent , lorfqu’elles cef- fent de prendre de l’accroiflement , que cet écoule- ment périodique s'arrête en avanÇant en âge; qu'il diminue après des évacuations tropabondantes; qu’il augmente dans les femmes qui fe nourriffent luxu- rieufement ; qu'il cefle dans celles qui font encein- tes, &c dansles nourrices ; 2°, que le bafin offeux qui contient la matrice, eft fort ample; que ce vif cere eft adhérent à la partieinférieure du corps; que fa ftructure eftcaverneuie; que les veines n’ont point de valvules; que fes vaifleaux font tortueux , décou- verts ; qu'ils forment grand nombre d’anaftomofes; qu’ils vont fe terminer à des voutes fufceptibles d'une grande dilatation : quiconque, dis-je , confidérera müûrement toutes ces chofes, conclueraqueles corps des femmes font plus difpofés à la pléthore que ceux des hommes, & qu'ils ont befoin de s’en délivrer par un écoulement périodique. Cette abondance de fans qui s’eft amafñlé dans les vaifleaux de la matrice, ex- cite donc l’aéhion particuliere de cette partie à s’en décharger. Mais fi le cours de ces regles eft immodé- ré, ou qu'il s’en fafle une fupprefñion., il en réfulte deux genres de maladies qui méritent un examen particulier. Parlons d’abord du flux immodéré des regles. [. Une trop grande quantité de fang menftruel , qu’une femme d’un âge mûr, & qui n’eft point en- ceinte, vient à répandre , foit par la longue durée, foit par la fréquence de lamenfiruation, s'appelle fux morbifique des regles : mais dans les femmes enceintes, ou dans celles qui ont reçu quelques blefures à Pu- . REG terus , cefte perte de fang fé rapporte à l'hémorrha: gie de matrice. | IT. La menfiruation qui procede de pléthore,: & Qui arrive au commencement des fievres aiguës , &t autres maladies inflammatoires , eft falutaire, à moins qu'elle ne dure trop long-tems ; mais dans plu- fieurs maladies épidémiques , éréfipélateufes, pu- trides , colliquatives , vers la fin de la petite vérole, dans les pétéchies, les aphthes, les maladies bilieu- {es , le fcorbut & autres femblables, le flux immo: déré des regles , augmente le mal ; alors il fautrecou- tir aux rafraichifans légerement aûtringens, pour Pappafer. | [EL Quand ce flux eft excité par des diurétiques âcres ; des emménagogues, des remedes abortifs , des aromatiques, des flimulans, des {piritueux, par lexcès des plairs de l’amour, ou l’intromiffion des peflaires dans le vagin, il faut retrancher ces caufes, © faire ulage des rafraichiflans combinés avec les aftringens. Lorfque cet accident vient À la fuite de quelque violente pafion de lame, ou de vapeurs hyftériques, 11 fe difipe par le repos ou par le fe- cours des anodins, | IV, La femme qui a fouvent éprouvé un accou- chement, ou un avortement laborieux, eft fujette à des regles immodérées, parce que les orifices des vafleaux de l’utérus font extremement dilatés. Il convient dans ce cas d'employer, tant inrérieure- ment qu'extérieurement, les corroborans , en fou- tenant par artifice Le bas-ventre , depuis le pubis juf- qu'à l’ombilic , & en deflerrant les hypocondres, V. Tout ce qui refte dans la cavité de la matrice, comme une portion du placenta, une mole, un gru- meau , & autres corps femblables qui empêchent la contrattion de ce vifcere , font couler fans cefle le fang goutte à goutte , jufqu’à ce qu’on ait retiré ces matieres étrangeres ; mais le déchirement , la contu- fion , Pulcere , la rupture, & toute autre léfion de cet organe, d’où réfulte une eflufñon de fang, fe rapportent à l’hémorrhagie de la matrice. VI. Dans le flux immodéré des regles, comme danstoute hémorrhagie, naiffent la foiblefe , le frif- fonnement, la pâleur, la cachexie, la maigreur, la fuffocation, la fyncope , l’'hydropifie, l’œdème, l’en- flure des extrémités, la corruption fpontanée, lirri- tabihté , le vertige, la fievre hedtique , & quelque- fois le délire. Il en réfulte encore des effets particu- Lers, qui appartiennent à la matrice & au vagin, comme les fleurs blanches & la ftérilité ; enfin par fympathie , les mamelles & l'eflomac fe trouvent attaqués. VIT. Quelle que foit la caufe produdrice du flux immoderé des regles, il ne convient pas toujours de larrêter fubitement ; mais il convient plütôt de le diminuer peu-à-peu ; après y avoir réuffi , il faut l’a- bandonner à fes périodes dans Les femmes formées qui ne font point enceintes ni nourrices ; à l’égard de celles qui font d’un âge avancé, ou qui fontgrot- fes , la trop grande abondance de fang qu’elles per- dent, demande l’ufage prudent de la faignée. Comme la fuppreffion des regles eft une maladie beaucoup plus compliquée que leur perte immodé- rée, nous nous y arrêterons davantage. Remarquons . d'abord que les regles ne paroïflent point ordinaire- ment avant la douzieme année, &c après la cinquan- tieme, non plus que dans les femmes grofles & les nourrices. Si ces dernieres ont cet écoulement pé- rodique , quoiqu'il foit naturel dans un autre tems, iLeft alors morbifique. On peut connoître aifément par l'âge, & dans les nourrices , que cette évacua- tion eft arrêtée ; mais la chofe eft bien plus difhicile à découvrir dans les femmes grofles. Elles ne font point fujettes aux fymptomes dont on parlera plus bas , ou s'ils paroifent , 11 s'évanouiflent infenfble- Tome XIF, REG à ment; quoique la fuppreffion des regles fubffle , les mamelles êtle ventre s'enflent; 8 enfin les fem- nes grofles fentent le mouvement du fœtus dans la matrices EE LE La fuppreffion des regles , ain que toutes les étaz uations naturelles, doit fa naiflance à différentes caules qu’il faut chercher avec foin pour former le pronofhique, & ctablir le-traitement. | FL. Dans les femmes d’un âge mûr, après leurs couches. à la fuite de grandes hémorrhapies, de ma- ladies confidérables , les évacuations menftruelles font retardées d’un ou de deux périodes fans incon- vénient : fi dans ce tems , on recouroit imprudem- ment aux emiménagogues, la malade payeroit bien cher cette méthode curative déplacée , puifqu’on évacueroit alors un fang qui devroit être confervé. IT. Quand il arrive une évacuation exceffive des autres humeurs, par les felles , par les urines, par la peau, par un abcès , un uicere, une fftule, &c. le défaut de ces mêmes humeurs qui en réfulte, dimi- nue, fupprime, ou retarde les menftrues, La fup- preflion de cette évacuation a lieu pateillement dans les femmes convalefcentes, &c dans celles qui ont été long-tems malades , fans qu'il en arrive aucun dan ger confidérable, it | | HT. La caufe la plus fréquente de fupprefion & de retardement des regles eft l'épaififlement & la vifco- fité des humeurs, qui eft produite par une nourriture humide , glutineufe , incraflante, ou par le ralen- tiflement du mouvement animal. Cet état {e connoit par la langueur du pouls, fa foiblefle, la fomnolen- ce, la pâieur, la froideur du corps, & d’autresfignes femblables. On trairera cette fupprefion par les ré- folutifs , les ftimulans , les friétions & l'exercice du corps. Enfuite 1l faut venir aux emménagogues , pour provoquer les menftrues ; Les purgatifs réfolu- tifs font aufli des merveilles. Quant à la faignée, elle n’eft d'aucune utilité, à moins qu’on ne la regarde comme un remede préparatoire. … IV. Les alimens qu’on a pris, faute d’avoir été fuf- fifamment préparés dans les premieres voies, & dans. les organes de la circulation , venant à dégénérer en Rumeurs crues, comme 1l arrive dans les cacochy- mes , Les fcorbutiques, retardent cet écoulement pé- riodique , qui revient de lui-même, après qu’on a guéri ces maladies. Alors il faut maintenir le ventre libre, &c fi les regles ne coulent pas, il en faut provo- quer l'évacuation par les emménagogues. | V. Les parties folides relâchées pouffant le fang vers les vaifleaux de la matrice avec un mouvement vital, trop foible pour les dilater, & en même tems produifant la vifcofité des humeurs , il en arrive une luppreflion qui demande les corroborans , les ftimu- lans & les utérins, VI: Les femmes robuftes , d’un tempérament fec , exercées par de grands travaux , & accoutumées à une vie dure:, font non-feulement peu réglées , mais même fupportent facilement la fuppreflion des regles. S1 cependant cet état devient morbiñique, ilfaut leur donner les nitreux laxatifs ,êz les mettre à l’ufage ex- terne &c interne des humectans. Les jeunes femmes d’un tempérament délicat, & quin’ont point eu d’en- fans , fupportent aufi long-tems , fans beaucoup d'incommodité, la fuppreflion des regles, à moins qu’elles ne foient valétudinaires & attaquées des p4- les couleurs. Dans ces cas, il eft bon d’attendre que le corps ait pris plus de croïffance; car la provoca- tion prématuree de cette évacuation n’eft pas né- ceflaire. , VIT. Celles qui font hyftériques, fujettes à des fpafmes dont on ne connoit pas la caufe , aux borbo- rigmes, à la douleur des lombes , &z celles qui dans le tems de leurs regles font tourmentées par des fymp- tomes vagues , tombent aifément dans une fuppref= D ; 28 REG fon duflux périodique. Dans quelques-unes, l'écou- lement s'arrête, tantôt au commencement , tantôt au milieu de fon période; on tâchera de tappeller l'évacuation fufdite fupprimée par de légers emmé- nagooues combinés avec les anodins. VIH, De toutes les caules externes qui produifent la fupprefion des regles, la plus ordinaire eft la coa- gulation du fang dans les vaiffeaux de la matrice, occafñonnée par un froid fubit, ou quelque violente pafñon de l’ame , qui empêche le fang de couler dans les vaiffeaux utérins ; c’eft ici le cas de la faignée, des fomentations, des fumugations , des demi-bains, des humeétans & des émolliens; les femmes qui fe trouvent dans ces circonftances, éprouvent des dou- leurs dans les lombes, des pefanteurs , le gonflement du ventre , une fucceffon de froid & de chaud, des pulfations dans la région lombaire , & des hémorrha- gites. Ces fymptomes fe remarquent aufh dans celles dont la matrice eft tuméfiée ou obftruée par une ci- catrice, & dans les imperforées, IX. On feroit trop long, fi l’on vouloit rapporter tous les accidens qui accompagnent la fuppreffion des regl:s Difons d’abord qu'ils doivent leur narffan- e à différentes caufes : 1°. à l’abondance du fang par tout le corps, ou dans les parties génitales ; 2°. au changement qui arrive dans la nature des hu- meurs ; 3°. à l'affection même de la matrice, Mais comme de ces caufes féparées ou réunies 1! en réful- te plufieuts fymptomes , nous fuivrons dans leur énu- mération générale la divifion du corps humain. La tête eft douloureufe, furtout par-devant & par- derriere ; la douleur augmente le foir avec un fenti- te] ment de pefanteur & de diftenfon. Si la partie anté- rieure de la tête eft entreprife, les yeux s’enflent: lorfque la partie poftérieure de la tête eft attaquée, le mal a coutume de s'étendre jufqu’au cou, au dos, aux épaules & aux lombes , & d’être fivi de len- flure des piés. Dans les parties intérieures de la tête, il réfulte quelquefois de la fuppreflion des regles, lafloupiflement , le vertige , le délire, des fyncopes, Pobfcurité de la vue, &c. Le cou fe trouve d’autres fois attaqué de douleur, Ja poitrine d’afthme , d’anxiété , de palpitations, de difficulté de refpirer , & de toux. e bas-ventre éprouve des gonflemens, des coli- ques , des borborygmes, L’appétit fe perd, & la digeftion ‘e dérange. Les femmes groiffes ont par la même raifon des naufées, desvomiflemens, la faufle faim, la pefanteur des lombes , & autres accidens qui ceflent au troifieme ou au quatfieme mofs. Dans la fuppreflion menftruelle , le ventre eft or- dinairement refferré, l'urine eft épaifle , crue, & coule avec peine ; quelquefois elle eft noirâtre & fanguinolente ; mais dans Les femmes enceintes atta- quées de fupprefñion de regles, élle conferve fa quali- té naturelle. Souvent la douleur, la pefanteur, la tenfion gagne le pubis & les aines ; quelquefois la matrice devient skirrheufe, dure & cancéreufe. Les jambes & les piés s’enflent fouvent ; quelquefois ils font attaqués de varices ou d’ulceres , avec des dou- leurs dans les articulations. Cette rétention de menfîrues fait quelquefois tom- ber le corps dans une enflure œdemateufe ; les ma- lades font enflées au moindre mouvement qu’elles font , & reflentent alternativement du froid &z de la chaleur, Elles éprouvent une fievre lente, leurs hu- meurs fe corrompent ,acquierentuneacrimonie aci- de ; & leurs excrémens font plus vifqueux qu’à l’or- dinaire; 1l leur arrive des palpitations autour du cœur & du cou. Quelquefois les malades deviennent comme barbues, & leur voix devient rauque ; enfin que ne produit point cette fuppreflion menftruelle ? Le fang qui doit fortir, étant retenu par fa trop gran- de abondance, s'ouvre quelquefois un chemin pé- niodiqué par des lieux extraordinaires ; alors les ul: ceres mêmes répandent du fang. Toutes cés évacua- tions forcées & contraires à la naturelle ; laiffent toujours une fante imparfaite. X. Avant que d'entreprendre la guérifon du mal, il fut examiner, 1°. fr on doit provoquer les rés/es; 2°. quelle eftla caufe de leur fupprefion pour fe con- duire en conféquence dans le traitement; 3°, quelle eft l'efficacité des remedes généraux qu’on à coutu- me d’employer:en pareil cas. La faignée dans Le com- mencement d’une fupprefñon de regles qui vient de pléthore ou de caufe externe , eft bien dirigée quand on la fait au pié, ou lorfque les regles ont été fuppri- mées pendant quelque tems; mais il faut la faire au bras dans les femmes d’un âge plus avancé, afinque la fuppreflion des regles fubffte fans danger. Les cathartiques font utiles, parce qu'ils éva- cuent en même tems les mauvaifes humeurs des pre= mieres voies, & qu'ils déterminent davantage le mouvement vers la matrice; mais on doit s’en abfte- nir dans les femmes enceintes, & dans celles en qui la fuppreflion vient du défaut d'humeurs. Les anodins font merveille dans la fuppreffion des regles ; qui eft produite par des convulfions, par lir- ritabihte des elprits, &c par la pañlion hyftérique. Les relâchans, les émolliens, les humeétans., ap- pliqués fous la forme d’amalgame , de fomentation, de vapeurs, provoquent heureufement les regles qui font fupprimées par une caufe externe ; ou par un trop grand reflerrement, On voit par ce détail, que les remedes capables de provoquer les regles fupprimées, font de différen- tes efpeces. 1°. Ceux qui en Ôtant les caufes , apif- {ent en touttems, conviennent néceflairement, ex- cepté aux vieilles femmes & à celles qui font encein- tes. 2°, Les remedes qui généralement peuvent émou- voir 7 évacuer, quand ils fontfagement adminiftrés, 3°. Tous ceux qui augmentent {pécifiquement l’ac- tion de la matrice pour la décharger du fang quil’em- barrafle, comme font les purgatifs dans les inteftins, ne doivent jamais être mis en ufage dans les femmes enceintes , ou lorfque la fuppreffion des regles doit fa naïflance au défaut de fang. Dans les autres occa= fions il les faut employer intérieurement , dans le tems où les regles avoient coutume de couler, ou bien lorfqw’on obferve les fignes de la menftruation, après avoir fait préceder les réfolutifs , les ftomachi- ques , les utérins. Il eft néceffaire de commencer par les plus doux de la claffe des emménagogues. Pendant que l'ufage des médicamens internes dé< termine une plus grande quantité d’humeurs vers ka matrice, dans les femmes dont 1l s’agit de rappeller les regles, il eft à-propos d’avoir recours aux fumi- gations , aux fomentations, aux peffaires , pour irri= ter doucement les parties ; mais il faut fe donner de garde de faire ufage de remedes trop âcres, de crain- te qu'ils ne produifent une inflammation, Enfin les Médecins mettentle mariage au nombre desmeilleurs remedes. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) REGLE’, RÉGULIER, (Gramm. Synon. ) Réolé & régulier n’ont pas toujours les mêmes ufages : l’un & l’autre fe dit des perfonnes &c des chofes , mais avec des fienifications bien différentes. On dit un homme réglé dans fa conduite, pour dire un homme qui n’agit point par caprice. On dit dans le même fens un efprit réglé ; on dit aufhi des mœurs réglées, pour de bonnes mœurs ; une vie réglée, pour une vie pure & innocente. | | Le mot de réglé s'étend à mille chofes qui fe font dans les formes ; une difpute réglée, c’eft une difpute qui fe fait à deffein , & non pas par hafard ; un repas réglé ,un feftin réglé, c’eft un repas & un feftin de cé- rémonie ;uncommercerérlé, c’elft un commerce éta= | bli. On dit des heures réglées, c’eft-à-dire de certaines; RAEG heures-qui font toujours les mêmes. On dit encoré un gefte réglé, &tc. | Régulier , outre qu'il fe dit au propre, les clercs ré= guliers , la difcipline réguliere , il fe dit au figuré d’un ami qui s’acquitte exactement de tous les devoirs de Pamitié ; c’eft un ami régulier, Nous difons une femme réguliere, pout diré une honnête femme qui garde toutes les bienféances ; mais il faut remarquer qu'une femme réguliere n’eft pas une femme dévote : réguliere ditmoins que dévose; & la plüpart des femmes qu’on appelle répulieres,, ne font que de vertueufes payennes : elles ont beaucoup de modefhie , & très-peu de dévotion. On dit régulier des chofes qui font faites dans les formes , ou felon les regles de l’art ; une procédure réguliere , un bâtiment régulier , un difcours régulier , une conftruétion réguliere. Nous difons des traits ré- guliers ,une beauté réguliere, un mouvement régulier, pour un mouvement égal & uniforme. Tous ces exemples font voir que réglé & régulier ne fe difent point indifféremment. On dit néanmoins dans le mê- me fens écrire révlément, ou écrire régulierement tou- tes les-femaines. (D. J.) | _ReGLé, adj. (Archisit. ) On dit qu’une piece de trait eft réglée quand elle eft droite par fon profil , comme font quelquefois les larmiers, arriere-vouf- fures , trompes, &c. (D. J.) REGLEMENT , { m. (Jurifprud. ) On comprend fous ce terme tout ce qu eft ordonné pout mainte- nir l’ordre & la regle ;tels font les ordonnances, dits & déclarations , & les arrêts rendus en forme de re- glement ; tels font aufi les ftatuts particuliers des corps & communautés laïques ou eccléfraftiques. Voyez Les mots ARRÊT, DÉCLARATION, EDIT , EN- REGISTREMENT , LETTRES PATENTES, LOI, OR- DONNANCE. On entend auf quelquefois par le terme de régze- ment, un appointement ou jugement préparatoire qui regle les parties pour la maniere dont elles doivent procéder, notamment les appointemens en droit au confeil , ou de conclufon. ( 4 ) REGLER, v. a. c’eft conformer à la regle. Voyez Particle REGLE. On regle du papier, on regle fa con- duite, on regle les fonétions d’un prépofé , le prix des denrées , une affaire, REGLER , faire des reglemens. Voyez REGLEMENT. Ce terme fe prend aufli pour fervir de regle, comme quand on dit que les ftatuts d’une communauté re- glent les vifites des maîtres, jurés &t gardes à quatre par an. On dit que des marchands fe font régler, quand ils rennent des amis communs pour décider de leurs -différends, & qu’ils feront réglés en juftice quand ils portent leurs affaires devant les juges ; enfin qu'ils feront réglés par arbitrage , quand ils conviennent d’arbitres. Voyez ARBITRES. _Regler , en fait de fociété , fignifie liquider les af- faires d’une fociété, compterenfemble , faire le par- tage des dettes attives & pañlives, voir ce que cha- cun doit porter de la perte , ou avoir du gain à-pro- portion de ce que chaque aflocié doit fournir à la caifle, &c del’intérêt qu’il a pris au fonds de la fociété. Voyez SOCIÉTÉ. _Réoler un compte , C’eft l'examiner , l'arrêter, en faire le bilan ou balance. Foyez BILAN 6 COMPTE. Difionn. de Comm. _ REGLER LE coup, ( /mprimerie. ) C’eft matquer avec de la craie fur le tympan l’endroit où doit pofer la platine , afin de donner à-propos le coup de bar- reau. ( D.J.) REGLER eft er Horlogerie ce que mefurer eft en Géométrie. Le mouvement fe regle, l'étendue fe mefure ; mais dans l’un & l’autre cas il faut un ob- qet de comparaïfon qui ferve de point fixe , auquel r RE G 29 onrapporte l’objet qu'on veut regler où melurer. Ainf le mouvement du foleil ou d'un aftre quelconque dont le mouvement eft connur, fera la mefure natu- telle pour régler les montres &c les pendules. Comme le foleil eft l’aftre le plus commode àtobferver, l’on le préférera , fon mouvement étant très-fenfible fr les cadrans folaires , ainfi que le point lumineux fur les méridiens ; il fera très-facile d’y rapporter le mou vement des montres & des pendules, Il y a eu um tems où il n’auroit pas fallu foupçonner la plus petite erreur dans le mouvement du foleil; mais depuis qu'on s’eft familiarifé avec lAftronomie , on ne doute plus de ces irrégularités: l’on fait que:dans fes révos lutions il avance ou retarde de quelques fecondes pat jour, dont il faut tenir compte ; mais quand: ces er- reuts font connues, appréciées, & qu’on en a formé des tables exattement calculées, alors c’eft comme fi elles n’exiftoient plus. On peut confulter lä-deflus. Pouvrage que l’académie royale des Sciences publie toutes les années fous le titre de connoiffance:des mou: emens celeffes. L’habile académicien qui les calcule ; n’épargne aucun foin pour rendre cette matiere non- feulement utile aux Affronomes , mais encote très intérefante à ceux qui cultivent les Mathématiques & la Phyfique générale. L’on trouve dans cet ouvra- ge des tables exattes de tous les mouvemens céleftes, tant réguliers qu'irréguliers, & toutes Les années on y fait entrer des objets toujours plus inréreffans : ce qui rendra un jour la colleétion de cet ouvrage un bon fonds de fciences phyfques & mathématiques. Puifqu’on a des tables exaétes des variations du fo: leil, l’on s’en fervira donc pour régler les montres & les pendules , pourvu qu’on ait le foin d'ajouter où retrancher Les erreurs du foleil exprimées dans la ta- ble appellée d'équations, voyez ÉQUATIONS. L’on dit quelquefois régler fa montre ou fa pendule, ce qui fignifie tout fimplement les mettre à Pheure du foleil ; mais régler une montre ou pendule en terme d’horloger proprement dit, c’eft faire fuivre lemoyen mouvement du foleil , enforte qu’elle avance ni retarde en plus grande quantité que les erreurs ou différences exprimées dans la table d’équation ; mais cela eft-il bien poflible ? & jufqu’où cela peut-il être? Nous ne compterons pas ce que quelques particuliers nousrapportent de la jufteffe de leurs montres ou pen- dules ; la plüpart ignorent ce que c’eft que d’être juf- te, & ne favent pas même ce que l’on doit entendre par bien aller. Ce n’eft donc qu’à un horloger qu’on peut faire cette queïtion , favoir jufqu’où lon peut approcher de régler une bonne montre ou pendule ; queftion même très-embarraflante : car pour dire qu'unemontre va bien, 1l faut déterminer le mot £iez aller ce neft pas d’être jufte , il n’y en a que par ha- fard, 8 conféquemment pendant un tems aflez court, maïs ce fera celle dont on aura fu prendre le terme moyen de ces variations ; & pour le prendre il faut le connoïtre, ce qui ne peut être qu'après une fuite de préparations & d’obfervations. 1°. Il faut démonter, vifiter, examiner {crupuleu- fement toutes les parties du mouvement; voir fi elles font dans le cas de hien faire toutes leurs opérations auf conftamment qu’on a droit de l’exiger dans une montre bien faite. En général une montre n’eft bien difpofée que lorfque la force motrice fe tranfmet d’un mobile fur un autre avec toute fon énergie , fans ren- contrer fur fon paflage aucun obftacle qui linterrom- pe , l’altere ou la fufpende ; de telle forte qu’on puiffe confidérer cette force motrice, ou le grand reflort développé, comme un bras de levier qui agit immé- diatement fur le régulateur, comme sil ny avoit point d'intermédiaire, & que ce régulateur ou le ba- lancier & fon fpiral foit pris pour l’autre bras de le- vier qui lui fait faire équilibte : enforte que les vibra- tions de celui-ci foient telles, qu’elles ne foient point 30 RE G troublées ni altérées par la force ailes anime ( Poyez ÂRC DE LEVÉE), qui reçoit la force motrice, & RÉGULATEUR, qui la mefure. Si l’onfe fait une idee nette de ces deux puiffances en équilibre, favoir, d'un côté, la force motrice ouaëive , & de l'autre, la force réglante ou paflive, lon:aura la meilleure idée de {a bonte des montres & des pendules; & ce n'eft que dans ce cas & fous ce feul point de vue qu’on peut & qu'on doit s'attendre de les voir mar- cher conflamment & fans aucune variation ; mais fi l'équilibre vient à être rompu par la perte ou l’aug- mentation d’une de ces puiffances , 1l faut alors que la montre ou pendule varie , & cette variation fera en raifon compofée de la direte de lune, & de lin- verfe de l’autre, & réciproquement où elle poutroit être d'autant moindre, qu’elle tendroit à fe compen- fer lune par l’autre. | Sans faire ici l’énumération de toutes les caufes qui peuvent altérer cet équilibre, ce qui meneroit trop loin, je vais expofer les principales , & montrer de quel côté lon peut rompre cet équilibre, 10. La force motrice étant un reffort, perd beau- coup de fon énergie, & d'autant plus qu'il eft plus long-tems tendu, &t que la lame eft plus épaifle. Voyez RESSORT. 2°, La force motrice ne peut être tranfmife fur le régulateur fans pañler fur tous les mobiles intermé- diaires ; elle éprouve donc de Paltération par le frot- tement des pivots de tous les mobiles , & de leurs en- grenages ; mais comme l’on ne peut apprécier exac- tement l’altération du reflort moteur , & encore moins celle que le frottement retarde fur tous les mo- biles ( Voyez Pivots ), il fuit qu’il excite réellement une perte variable de force motrice fur le réculateur. Il faut donc que cette force foit excédante , pour ne fe pas trouver en défaut. Voyez ARC DE LEVÉE 3°. Le régulateur oule balancier & fon fpiral, tire fon énergie du moment du balancier multiplié par Parc des levées, & divifé par le reflort fpiral , c’eft-à- dire par la force élaftique ; plus elle eft grande, plus elle détruit Les momens du balancier , &c plus les vi- brations font promptes , & réciproquement, c’eft-à- dire le produit de la maffe par le rayon de gravité : le rayon part du centre , & fe termine non à la cir- conférence , mais au centre de gravité du rayon to- tal. Poyez FROTTEMENT , Horlogerie, & la foure qui s’y trouve. Voyez auffi VIBRATIONS & RÉGULA- TEUR. Si la chaleur vient à dilater le balancier , les mo- mens feront augmentés ; cette même chaleur agiffant {ur le fpiral, l’alongera , & par conféquent le rendra plus foible , deux objets qui feront retarder la mon- tre ; mais comme les frottemens font un fi orand rôle dans toutes les machines , & fur-tout dans les montres, par la chaleur & par le froid, voyez ce que J'ai dit ax mot MONTRE , & vous verrez que le froid retarde tous les mouvemens. De tout cela, il fuit qu’il y a réellement trois caufes effentielles pour faire va- rier les montres , indépendantes de la meilleure exécution. 1°, La force motrice. | 2°. Les frottemens des mobiles qui la recoivent, 3°. L’altération du régulateur. Convaincu de ces trois objets, 1l faut donc, pour régler la montre la mieux faite , la mettre en expé- rience pendant dix , vingt, trente jours , l’obferver fur une bonne pendule à fecondes, écrire tous les jours ce qu'elle aura fait dans les diverfes pofitions, pendue à plat, & portée toujours dans la tempéra- ture du dix ou vingtieme deoré duthermometre de M. de Réaumur; enfute prendre pour point fixe le terme moyen de es erreurs, affectant de choufir l’excès en avance plütôt que le retard, parce qu’en général elle end plus à retarder qu'à avancer, C’eft avec de REG telles précautions que jai réglé des montres au point de ne pas faire un quart de minute d'erreur par jour ; ] en aimèême reg/é quien faifoient moinsencore; mais Jen ai aufli trouvé qui fafoient deux à trois minutes d'erreur, fans pouvoir ÿ découvrir aucune caufe dans l'exécution de leurs parties, malgrélesrecherches les plus appliquées ; alors j'ai eu recours, pour parvenir à Corriger ces variations , de changer le grand ref- fort & le {piral , fans néanmoins ÿ avoir trouvé en les examinantfcrupuleufement aucun défaut afigna- ble ; ce qui prouve qu'il y a dans le métal des défauts qui fe refufent à nos lumieres , mais qui fe manifef tent par leurs effets. Si une montre étant réo/é avec toutes les atten- tions poffibles vient à fe dérépler par le changement de température , il ne faudra pas toucher au fpiral fans s’aflurer auparavant, par une fuite d'épreuves réitèrées , que [a montre retarde ou avance véritable. ment dans la température moyenne du dixieme ou vingtieme deoré , comme je l'ai dit ci-deflus. À légard des pendules, le terme moyen fera d’au- tant plus aifé à prendre ,que les pendules feront plus longs , & conféquemment les variations feront d'au tant plus grandes , que les pendules feront plus courts ; comme le pendule éft par fa nature un puiffant répt- lateur qui abforbe en quelque forte toutes les incpa- lités de la force motrice & des frottemens qui la di= rigent , je ne m'arrêterai pas {ur les autres objets, mais feulement fur le régulateur. Avant de procéder à régler une pendule, il fur faire le même examen de toutes les parties de fon mouvement, comme Je l'ai déja indiqué pour les montres: cela pofé, il faut enfuite faire une fuite d’ex- périences par une température moyenne du dixieme. Ou vingtieme degré pendant yingt ou trente jours , écrire ce qu'elle aura fait tous les jours, & prendre pour point fixe le terme moyen des variations awelle aura donné. L’addition que l’on fait d’un thermometre au verge de pendules à fecondes, pour rendre conftantes leurs longueurs par des différentes températures , {e- roit une très-bonne chofe sil étoit vrai que ces ther- mometres de métal fuflent eux mêmes infaillibles ; mais par les expériences que j'en ai faites, je m’ai point vu qu’elles fuiviffent exattement le rapport des dilatations ; ce que je vais efflayer de juftifier par des raifons. 1°. Suppofons qw’on aït un rapport exaét de leurs différens métaux, ce qui eft déja aflez problèmatique, il faudra faire des leviers de compenfation dans le rapport des dilatations données ; la plus petite erreur ou 1mperfeélion dans cette méchanique fera plus que fufifante pour produire des erreurs fur les alonge- mens plus contraires que favorables. 2°. Le frottement de toutes ces parties, qui doi- vent ghfler les unes fur les autres, eff une caufe va- riable , & pourra donc auf faire varier les dilatations dans des rapports plus grands ou plus petits des dila- tations naturelles. É 3°. Les dilatations fiivent elles exa@tement les ef fets du chaud & du froid? Une barre de fer, d’acier ou de cuivre ayant éprouvé de l’alongement par la chaleur , revient-elle à la même longueur lorfque la température revient au terme dont elle étoit partie à Pour moi, qui ai fait un grand nombre d'expériences pour vérifier cet effet, Je n’oferois l’aflurer, car j'ai toujours trouvé que le pendule reftoit pluslong après une grande dilatation, enforte qu’elle ne fuivoit point du tout la proportion des degrés de la température, ë&t qu’en général toutes les erreurs tendoient à tenir les verges plus longues. | 4°. Enfin une verge de pendule compofée de plu- fieurs branches, peut remédier aux effets du chaud &c du froid, eff une machine compofée qui par {à figure . & par le poids que ces parties exigent, altere & change réellement la nature d’un bon régulateur ( Poyez RÉGULATEUR): donc il fuit qu’en fuppo- fant qu’onparvienne à corriger les effeis de la dilata- tion , l’on tombe néceffairement dans d’autres incon- véniens plus à craindre encore, celui d’affoiblir la puiflance réglante. Comme lon ne pafle pas fubite- ment d’une grande chaleur à un grand froid , les pat- ticuliers qui ont des pendules à fecondes ne verront que de petiteserreurs, &c d'autant plus petites, qu'ils pourront les prévenir.en y faifant toucher deux fois d'année , au commencement de l’été & de l'hiver; maïs pour lobfervateur qui veut continuellement heure exacte , il peut fans grande peine maintenir fa pendule par une température artihcielle, ou bien encore fe former une table des erreurs que le chan- gement de température lui donne, & comparer la ta- ble avec fon thermometre lorfauil confulte fa pen- dule. Il fuit de ces quatre principales remarques, que our avoir une pendule bien réglée, 8 que la verge {oit fenfiblement dans une longueur conftante , il vaut mieux chercher à la tenir dans la même tempé- rature. L'on y trouvera ce double avantage qu’en preve- nant l’alongement de la verge du pendule , lon pré- vient encore tous les effets que Le froid oule chaud fait fur les autres parties de la machine , ce qui n’eft pas à négliger , car j'ai vu dans de grands froids une pendule bien faite faite des effets tout contraires à ce qu’on devoit s’en attendre: la verge du pendule étant raccourcie , elle devoit avancer , cependant elle re- tardoit ; la caufe étoit que l’hwle étoit un peu deflé- chée , enforte que les frottemens étoient tellement augmentés , qu'ils retardoïent l’ofcillation en plus grande raifon que le raccourciflement ne l'accéleroit. Je n’ai fait que mettre de la nouvelle huile fluide , &c cette pendule s’eft mife à avancer à-peu-près de ce qu’elle retardoit. A l'égard des pendules de différen- rentes longueurs, l’on peut pofer en fait qu’elles va- rient toutes également par les mêmes températures, ce qui eft aifé à démontrer par le raifonnement u- vant. L'onfait que les longueurs des pendules font entre elles réciproquement comme le quarré du nombre de leurs vibrations faites dans un mêmetems, ou bien que le nombre de vibrations de deux pendules dans un même terms font entr’eux en raïfon inverfe des ra- cines quarrées des longueurs defdits pendules : cela eft démontré. Il fuit donc de ce principe que fi la Cha leur ou le froid vient à faire varier la longueur des pendules , comme cela eft indubitable , cette varia- tion fera proportionnée aux longueurs données, car la dilatation ou la condenfation agit en tout fens, cela eft inconteftable : donc les dimenfons homologues éprouveront des changemens proportionnels. Aïnfi un pendule double ou triple s’alongera de même du double ou triple. Donc il fuit que les effets ou vibrations qui réful- teront dans un mêmetems par les variations des lon- gueurs du pendule , produiront néceflairement des effets proportionnés au principe ; par conféquent 1l n’y a point de préférence à donner fur les longueurs des pendules pour obtenir moins de variation par des températures différentes, Il fuit même de ce prmcipe que pour régler un pendule de différentes longueurs, il faut, pour faire les mêmes effets , remonter ou def- cendre la lentille dans ce rapport des longueñrs : par exemple, deuxpendules, un de 36 pouces, l’autre d’un pouce pour faire un effet d’une minute fur le grand pendule, ille faut alonger d’une ligne, êc il ne faudra que la36partie d’une ligne pour faire le même effet fur le pendule d’un pouce , ce qui eff infiniment difhcile à faifir , pour ne pas dire impoflble, Il fuit encore F R EG 31 que pour régler des pendules très-courts, les caufes méchaniques ou le méchanifme des fufpenfons étant les mêmes dans les longs que dans les courts, lester- reurs des fufpenfons feront des effets quadtuples fur les courts. Îl fuit enfin que les pendules:les plus courts font les régulateurs les plus foibles ; ils abforbent donc moins les inégalités de la force motrice, êc les varia- tions qui proviennent du frottement des pivots : d’où je conclus queles pendules qui ont de courtspendules fontles plus difficiles à régler , &t les plus inconftantes dans leurs ufages, &c réciproquement. M RoMILLY. RÉGLET , 1. m, ( Archi. ) petite moulure plate & étroite, qui dans les compartimens & panneaux, fert à en féparer les parties ; &cà former des gmilloëhis & entrelas ; le régler eft différent du filet ou liffel , en ce qu'il fe profile également comme une regle. { D. 7.) RÉGLETS, cerme d’Imprimerie ; ce font les lignes droites qui marquent fur Le papier ; ils font en ufage à la tête des chapitres, & quelquefois après les titres courans des pages : les régless font de cuivre ou de fonte, qui eft la même matiere que les lettres ; Pœil du régler eft fimple, double éctriple; on en forme auf des quadres pour entourer les pages entieres, Voyez la Table des caraëleres. RéGier Des MENUISIERS, eft une regle de bois de quinze lignes de large fur quatre d’épaiffeur , en- viron dix-huit pouces ou deux piés au plus de long, & bien de calibre fur tous les côtés, montée {ur deux coulifles qui élevent une regle environ d’un pouce, de forte qu’elle foit bien parallele au plan fur lequel on pofe les couliffes ou prié; fon ufage eft pour voir fi les bords ne font point gauches ; 1] en faut de la même façon pareillementjuites, de forte que lorf- qu'on veut s’en fervir, on pofe un de ces réylers à l'extrémité de la piece qu’on veut vérifier, les cou- lifles pofant lune fur une des rives, & l’autre fur l’autre rive. Entuite à l’autre bout on pofe de même unautre régles de lamême maniere , puis lon regarde par un des bouts pour voir fi ces réglers s’alignent bien, &c #& un bout ne leve point plus que l'autre; que s'ils ne fe bornaillent point l’un & Pautre, c’eft- à-dire que les deux réglets n’en faffent qu'un, c’eft une marque que la piece eft gauche. Foyer les fs. & les PI, de Menuiferse. RÉGLETTES, £ m. pl. (Jmpr.) les Imprimeurs nomment ainfi certaines petites tringles de bois, de la largeur de fept à huit lignes, &c réduites au rabot à l’épafleur des différens corps de caraéteres de Pim- primerie; on appelle réglesses celles qui fe compren- nent depuis le feuillet jufqw'au petit-canon: on dit une répérsre de petit-romain, de cicéro , c’eft-à-dire que la réglerse confidérée par la force de fon épaif feur, appartenant pour cette raifon à une {orte de caraétere, on la nomme rég/eme de telcaraëtere, com- me il eft dit dans Pexemple ci-deflus : on fe fert des réglesses pour blanchir les titres dans différens ouvra- ges, mais 1l eft toujours mieux d'employer des ca- drats autant que l’on peut, eu égard à la folidité dont eft la fonte ,; & le peu de juftefle du bois, fi bien ttavaillé qu'il foit, qui quand on le fuppoferoit de la derniere perfeétion, eft fujet à l’ufer, à des incidens continuels & de toute nature. : RÉGLEUR , £ m. (Relieur de livres.) c’eft Pou- vrier qui regle avec une encre qu tire fur lé rouge, les feuiliets des livres qu’on veut qui foient un peu propres, & qu'on a lavés auparavant, Cette façon ïe fe donne plus guere qu'aux bréviaires, mifiels, &c autres livres d’églife ; on regle aufli du papier blanc. Savary. (D. J. RÉGLISSE . L.f. ( Boran. ) glycyrrhilz, genre de plante à fleur papillionacée. Le piftil fort du calice &t devient dans la fuite une filique courte, qui ren- ferme des femences dont la forme reflemble ordi- 32 REG nairement à celle d’un rein. Ajoutez aux caraétéres de ce genre, que les feuilles naïffent par paires le long d’une côte terminée par une feule feuille, Tour- nefort, Zaff, rei herb. Voyez PLANTE. La réglifle, glycyrrhifa vulgaris, a des tacines inté- rieurement jaunes, roufâtres en-dehors, de la grof- feur du doigt ou du pouce, douces , fucculentes, tra- çantes de tous côtés; de ces racines s’élevent des tigeshautes de trois ou quatre coudées, branchues, ligneufes, garnies de feuilles arrondies, d’un verd clair, & comme vifqueufes , rangées par paires fur une côte, dont l'extrémité eft terminée par une feule feuille, Les fleurs font petites, légumineufes, bleuâ- tres, difpofées en maniere d’épi, à l'extrémité des tiges ; le puftil qui fort du calice fe change en une goufle roufâtre , de la longueur d’un demi-pouce, qui s’ouvre à deux panneaux, & n’a qu’une cavité dans laquelle font contenues de petites graines du- res, applaties, & prefque de la figure d’un rein. Ces goufles ne font point épineufes m1 velues, ni ramaf- fées en une tête, mais elles font lifles, portées cha- cune fur leur pédicule, & écartées les unes des au- tres. Cette plante vient d'elle-même en Efpagne, en Italie, en Languedoc, & en Allemagne, d’où on nous en apporte la racine. Ainfi la régliffe appellée dans les boutiques 2/ycyr- rhifa , liquiritia, dulcis radix, eft une racine longue, farmenteufe, de la groffeur du doigt, de couleur grife, ou rouflätre en- dehors, jaune en-dedans, d’une douce faveur. Au refte, le mot latin g/ycyrrhila ne fignifie pas la même plante chez les anciens êt chez les modernes, mais deux efpeces différentes, quoiqu’elies foient renfermées fous le même genre. En effet, la glycyrrhifa des anciens, yaurtpute, Diofc. Exvbmupire , Théophr. differe de notre rég/iffe par fon fruit épineux, par plufieurs fliques ramaf- fées en maniere de tête, & par fa racine qui eft de a longueur du bras, plongée perpendiculairement & profondément dans la terre; elle eit moins agréa- ble que la commune, dont les racines font fort me- nues & fort traçantes : elle s'appelle g/ycyrrhifa capite echinato , C. B. P. Diofcoride rapporte qu’elle croît dans la Cappadoce & dans le Pont. C’eff celle-là ou une femblable que M. Tournefort a trouvée en Orient, qu'il appelle orieztalis, Jiliquis hirfutiffèmis. RÉGLISSE, ( Mat, med.) régliffe des modernes ou des boutiques, régliffe d'Allemagne. Ce n’eft que la racine decette plante qui eft d’ufage. Elle contient abondamment cette fubitance végétale partictliere, connue en Chimie fous le nom de corps doux, & elle ne poffede véritablement que les propriétés généri- ques où communes de ce corps. ( Voyez les articles Doux, Chimie, & Doux, Diere E Mar. médicale.) mais quoique ce Corps doux foit véritablement ali- menteux dans la régle comme dans les autres fub{- tances végétales qui en font pourvues , cependant il n’eft ufité qu’à titre de médicament. C’eft un des in- grédiens les plus ordinaires des tifanes employées dans les maladies aiguës, & fur - tout dans celles de la poitrine, dans la toux, les affeélions des voies urinaires, Gc. Il faut remarquer que la décoétion de la racine de la régliffe feche eft plus agréable que celle de la régzfle fraiche. Aufh eft-ce toujours la premiere qu’on emploie par préférence. On a cou- tume de la fure bouilhr jufqu’à ce que la déco&tion commence à jetter de l’écume. L’apparition de cette écume annonce que l’eau employée à la déco&tion a acauis une certaine vifcofité ou ténacité, par l’ex- traéion d’une quantité convenable de corps doux. Si on poufloit cette décoëtion plus loin, la liqueur fe chargeroiït encore d’une matiere extraétive qui lui donneroit une faveur défasréahle, 87 que d’ail- leurs on ne fe propole point d'obtenir : or vraiflem- REG blablement cette matiere extradive eft plus foluble & plus confondue avec le corps doux dans la racine fraiche que dans la racine feche, & c’eft là la raifon du moindre agrément de la tifane qui eft préparée avec [a premuere, | Ontrouve dans les boutiques, fous le nom de Juc de régliffe, plufieurs préparations fous forme feche, dont voici les plus connues & les plus ufitées: pre- mierement, le jus ou fuc de régZfe, qu'on apporte d'Efpagne fous la forme de petits pains, enveloppés de feuilles de laurier , & qui eft noir, fec, fragile, brillant intérieurement , foluble dans l’eau, & fe fon- dant par conféquent däns la bouche, d’une faveur très-fucrée, mais mêlée d’un goût de brûlé ou de caramel, & d’un peu d’âpreté : ce n’eft autre chofe qu'un extrait ou rob préparé par la décoétion des racines de notre réglifle,.qu'on évapore fur le few jufqu’à confiftance d'extrait, qu’on enveloppe dans cèt état de feuilles de faurier, & qu’on fait fécher enfuite autant qu'il eft pofible, au grand #oleil d'été, felon ce que rapporte le célebre botanifte, feu M. de Juffieu. Le jus de régliffe doit être choïfi récent , pur, très: doux, & fe fondant ab{olument dans la bouche : on rejette celui qui eft amer, brûlé, chargé de fable ou d’ordures. Le jus de régziffe eft un remede ancien. Diofcoride &t Galien en font mention. Andromachus le ft en- trer dans fa thériaque. | Secondement, le fuc de régZffe en bâton ou fuc de régliffe noir ou brun des boutiques : en voici la pré- paration tirée de la pharmacopée univerfelle de Lémerti. Prenez extrait de régliffe, deux livres ; fucre blanc, demi-livre ; gomme adragant & gomme ara- bique , de chacun quatre onces : faites felon l’art c’eft-à-dire après avoir diffout ces matieres en fufi- fante quantité d’eau ; avoir paflé ou même clarifié la {olution ; Pavoir convenablement rapprochée; lavoir jettée toute chaude fur une table de marbre frottée d'huile de ben, 6c.) : faites, dis-je, felon Part, une mafle que vous diviferez, étant refroidie, en petits bâtons. La pharmacopée de Paris ajoute à cette com- poñtion la poudre d’aulnée & celle d’iris de Florence qui la rendent néceflairement défagréable par leur feule qualité de matiere pulvérulente & infoluble, & indépendamment du mauvais goût de la racine d’aul- née, elles l’aromatifent avec une huile effentieile, ce qui ne convient pas trop avec les qualités fonda- mentales toujours employées pour adoucir, pour calmer , &c. , | L’extrait de réglifle, dont nous venons de faite mention fe prépare quelquefois dans les boutiques, mais uniquement pour d'employer à la préparation du fuc de regliffe noir ; car il ne peut pas être gardé feul &c fous forme de bâtons ou de tablettes, parce qu’il s’humecte facilement à l'air. D'ailleurs le fucre &t la gomme corrigent un goût âpre ou rude que cet extrait a toujours, auf - bien que le jus de régziffe d'Efpagne, que l’on emploie auffi quelquefois à la place du précédent. Troifiemement, le fuc de réglffe blanc, appellé communément de Blois, n’eft autre chofe qu'une quantité confidérable de gomme arabique & de {u- cre, fondus dans une légere infufon de régliffe, qu’on rapproche d’abord prefqu’à confiftance d’ex- trait, & qu’on acheve d’évaporer en battant conti- nuellement la matiere avec un pilon de bois, & y mélant'de tems-en-tems des blancs d’œufs battus & un peu d’eau de fleur d'orange. Lémeri obferve avec raifon que la régliffe ne doit prefque être comptée pour rien dans cette préparation, & avec autant de raïon au - moins qu’elle n’en a pas pour cela moins de vertus. La compoñtion qui eft décrite dans la pharmaco- pee + pée de Paris, fousle nom de maffa diquiritia alba € mollis , et de cette derniere cfpece, . On trouve dans les pharmacopées un autre fuc de régie blanc, préparé avec la réglife en poudre, l'iris de Florence auf en poudre, l’amidon, du fu- cre, une gomme, &c. auquel quelques auteurs ont donné le nom de confetlion de Rebecha. Ce remede eft abfolument inutile, & on Pa abandonné avec jufte raifon ; car certainement un remede deftiné à être roulé dans la bouche comme tous ces fucs qui font des efpeces de loocs (voyez Looc), ne doit point être pulvérulent. \ La racine de rég/iffe entre dans la compoftion d’un grand nombre de remédes officinaux, béchi- ques ou purgatifs. | | | Toutes les efpeces de fucs, foit fimples foit com- pofés, dont nous venons de faire mention, font d’un ufage très -commun dans la toux &c les maladies du gofier, étant roulés doucement dans la bouche juf- qu'à ce qu'ils aient été diffous &c avalés avec Ja fali- ve. Ces remedes font regardés comme éminemment peétoraux ou béchiques, incraflans & adouciflans. Voyez INCRASSANT & PECTORAL. (2) \ RÉGLOIR, f m. terme de Cordonnier ; c’eft un petit inftrument de bois ou d’os, dont fe fervent les Cordonmiers & Savetiers. Trévoux. RÉGLOIR , serme d’Epicier.Cirier ; c’eft un mor- ceau de bouis en forme de petite regle, fur laquelle leur nom eft gravé, dont 1lsfe fervent pour marquer eurs cierges. Trévoux. | À RÉGLOIR, terme de Papetier, outil de Papetier pour régler le papier en blanc. IL eft compotfé d’une planchette quarrée très-mince, fur laquelle des cor- des à boyau forment de part & d’autre des parallé- logrammes de diverfes grandeurs , fuivant le format du papier; car ils en ont pour des ër-fo/io, des in. quarco, des ir-otlavo , &ec. Ce régloir fe met au mie lieu du cahier qu’on veut régler, qui prend Pimpref- fion des cordes fur lefquelles on pafle un petit outil à deux dents ordinairement de bouis ou d'ivoire, Di- éionnaire du Commerce. ( D. J.) | RÉGLURE,, f. f. serme de Libraire, ce mot fe dit des regles qu’on fait fur le papier &z fur les Hivres en blenc. Les banquiers en cour de Rome font obligés à la réglure de leurs regiftres, &c ne doivent écrire ue dansles intervalles de la réglure, Trévoux, (2. J.) REGNANT , adj. (Gramim.) fe dit d’un roi ou une reine qui font aétuellement fur le trône : le Roi regnant, laReïne regnante. Woyez Rot & REINE, REGNE, EMPIRE, f. m.( Gram. Synonymes.) Empire a une grace particuhere, lorfqu’on parle des peuples ou des nations. Regre convient mieux à l’é- gard des princes : Ainfion dit, Perpire es Affyriens, &c l'empire des Turcs, le regne des Céfars , & le regne des Paléologues. D ie Le premier de ces mots , outre Pidée d un pou- voir de gouvernement ou de fouveraineté, qui eft celle qui le rend fynonyme avec le fecond , a deux autres fignifcations, dont lune marque l’efpece , ou plutôt le nom particulier de certains états ; ce qui peut le rendre fynonyme avec le mot de royaume ; l'autre marque\ une forte d'autorité qu’on s’eft ac- quife; ce quile rend encore fynonyme avecles mots d'autorité &c de pouvoir. Il n’eft point 1ci queftion de ces deux derniers fens; c’eft feulement fous la pre- miere idée, &c par rapport à ce qu'il a de commun avec le mot de regre , que nousle confidérons à pré- fent, & que nous en fafons le caraétere. | L’époaue glorieufe de lempire des Babyloniens ; eftle reoze de Nabucodonozor ; celle de lepire des Perles ; eft le regne de Cyrus : celle de l'empire des Grecs, eff le repze d'Alexandre : & celle de l'empire es Romains, eft le repne d’Augufte. Le mot dempire s'adapte au gouvernement dome- Tome AIF, REG 33. flique des particuliers, anffi-bien qu'au pouverne- ment public des fouverains ; on dit d’un pere, qu'il a un empire defpotique fur fes enfans ; d’un maître, qu'il exerce un empire cruel fur fes valets; d’un ty= ran, que la flatterie triomphe, & que la vertu gé- mit fous fon empire. Le mot de regne ne s'applique qu'au gouvernement public général, & non au par- ticulier ; On ne ditpas qu'une femme eff malkeureufe fous Le regne , mais bien fous l'empire d’un jaloux. Il entraîne même dans le figuré cette idée de pouvoir fouverain & général; c’eft par cette raifon qu’on dit le règne, & non l'empire de la vertu ou du vice 3 car alors, on ne fuppoñfe ni dans lun ni dans l’autre, un fimple pouvoir particulier, mais un pouvoir gé- néral fur tout le monde, & en toute occafion. Telle eft auffñ la raifon qui eft caufe d’une exception dans l'emploi de ce mot, à l'égard des amans qui fe fuc- cedent dans un même objet, & de ce qu’on qualifie du nom de regne, le tems paflager de leurs amours 3 parce qu'on fuppofe que felon l'effet ordinaire de cette pafñion, chacun d'eux a dominé fur tous les fentimens de la perfonne qui s’eft fucceffivement laïflé vaincre, Ce n’eft ni les longs regnes , ni les fréquens chan gemens qui caufent la chûte des empires, c’eft l'abus de Pautorité. ; Toutes les épithetes qu’on donne à empire, pris dans le fens où il eft fynonyme avec regze, conviens nent auff à celui-ci; mais celles qu’on donne à rene, ne conviennent pas toutes à empire, dans le {ens même où ils font fynonymes. Par exemple, on ne Joint pas avec empire, comme avec regne ; les épithe- tes de Zong & de glorieux ; on fe fert d’un autre tour de phrafe pour exprimer la même chofe, , L'empire des Romains a été d’une plus longue du: rée que l'empire des Grecs : mais la gloire de celui-ci a été plus brillante par la rapidité des conquêtes. Le regre de Louis X IV. a été le plus long, & lun des plus glorieux de la monarchie françoïle, Syrorymes de Pabbé Girard. (D. J.) REGNER , v. n. (Gram.) régir, gouverner, com mander fouverainement à un peuple, L’art de régner eft le plus grand de tous les arts : le mot régner a quelques acceptions métaphoriques : on dit un pé» rifül regrze tout autour de l'édifice ; lhyperbole re: gre dans fon difcours ; le fage regne fur {es pafions ; les ténebres régzoienrfur la terre; ce goût bifarre des petites chofes qui regne fi généralement aujourd’hui, ne régnera pas long-tems. REGNT, ( Géog. anc.) peuples de la grande Bre- tagne : Ptolomée, 4y. {1 c, 1j, les place au midi des Arrrebatii 8 des Cantii : on croit qu’ils habi- toient le Surrey. ( D. J.) REGNICOLE, fm. (Jurifprud. ) ce terme pris dans fon étroite fignification, ne préfente d’autreidée que celle d’une perfonne qui demeure dans le royau- me. Néanmoins dans lufage on a attaché une autre idée au terme de repzicole ; & l’on entend par-là celui qui eft né fujet du roi. Cette qualité de regricole, eft oppofée à celle d’axe bain ou étranger. Pour être regzicole dans le fens où Pon prend or- dinairement ce terme, il ne fufit pas de demeurer dans le royaume ; le féjour que l’on y feroir, quel- que long qu'il fût, ne donneroit pas la qualité de regnicole à celui quiferoit aubain, La naïffance eft le feul moyen par lequel on peut devenir vraiment regnicole : car on n’eft regnicole que quand on eff naturel du pays, & que l'on eft néfujet du roi. On diffingue donc celui qui eft fujet & citoyen d’un pays, de celui qui n’en eft fimplement qu’habi- tant, & lon donne ordinairement pour pHRSIpe de 54 RE G cette diflinffion la loi y. au code de incolis, qui porte que cives origo, domicilitm incolas fact. Les Romains appelloient donc cisoyens , ceux que nous appelons regnicoles ; mais ils avoient des idées diférentes des nôtres fur ce quiconftitue un homme citoyen ou regrzcole. ‘La raïflance faïfoit bien le citoyen, mais cette qualité de citoyen ne dépendoït pas du lieu où Pen- fant étoit né; foit que fa naïffance dans ce lieu füt purement accidentelle, foit que fes pere & mere y _euffent conftitué leur domicile ; Le fils étoit citoyen du lieu d’où Le pere tiroit lui-même fon origine : f- dius civitarem ex quà pater ejus naturalem originem du- cit, non domicilium fequitur, dit la loi adfumptio, . filius, Æ. ad municip. 6 de incol. Pour connoître l’origine du fils on ne remontoit pas plus haut que le lieu de la naïffance du pere : au- trement, dit la glofe , il auroit fallu remonter jufqw'à Adam. La naïiflance de l'enfant dans un lieu ne le rendoit donc pas pour cela citoyen de ce lieu; il étoit «= toyen du lieuloù fon pere étoit né, & ce pere tiroit lui-même fon origine non du lieu où il étoit né, mais de celui de la naïffance de fon pere; de forte que Le fils étoit citoyen romaïn f fon pere étoit né à Rome, 8e celui-ci étoit citoyen de Milan, fi fon pere étoit né à Milan. Le domicile «lu pere dans un lieu au tems de la naïflance de l’enfant, n’entroit point en confideration pour rendre l'enfant citoyen de ce lieu-là; parce que, comme dit la loi 17. ff ad municip. ir patris perfonä , domicilii ratio temporaria eff : le domicile actuel étoit toujours regardé comme purement acci- dentel & momentané. En France-la qualité de regzicole s’acquiert par la naïflance, 8 ce n’eft point le lieu de l’origine ni du domicile du pere, que l’on confidere pour détermi- ner de quel pays l'enfant eft citoyen & fujet , c’eft le lieu dans lequel il eft né; ainfi toute perlonne née en France , eft fujette du roi &c regnicole, quand mé- me elle feroit née de parens demeurans ailleurs , & fujets d’un autre fouverain. Les droits attachés à la qualité de regnicole, {ont les mêmes que les droits de cité : ils confiftent dans la faculté de plaider en demandant fans donner la caution Judicatum folyi, à pouvoir fuccéder & dif- pofer de fes biens par teftament , pofféder des offi- ces &c des bénéfices dans le royaume, Au contraire les aubains ou étrangers font privés de tous ces avantages, à-moins qu'ils n’ayent obte- nu des lettres de naturalité; auquel cas ils devien- nent regnicoles, &t font réputés naturels françois. Voyez Bacquet, du droit d’aubaine, chap. J. &t les mots AUBAIN, AUBAINE , ETRANGER, NATURA- LISATION , NATURALITÉ. ( 4) REGNIENS , ( Hif£. anc. ) peuple de Pile de la grande Bratagne , qui occupoient du tems des Ro- mains les provinces appellées depuis Surrey, Suffex, & les côtes de Hampshire. REGNUM, f. m. ( Liriérature.) ce terme dans l’hiftoire du bas Empire & dans celle de France a été employé pour défigner une couronne. Il étoit d’u- fage d'envoyer des couronnes à certains princes. Chilperic en envoya une à Eudes, duc d'Aquitaine, pour Le mettre dans fes intérêts, &c l’engager à fe dé- clarer contre Charles Martel. On a mis en queftion, fi le don de ce regne ou de cette couronne devoit être regardé comme un préfent gratuit, ou comme une reconnoiflance tacite de la fouveraineté de celui à qui on l’envoyoit. Le P. le Cointe a décidé qu'il ne s’agifloit que d’un fimple préfent fans attribution de fouveraineté. M. de Valois a foutenu au contraire, mais avec moins de vraïflemblance , que la recon- noïflance de la fouveraineté étoit attachée à cette couronne. | REG Quoi qu'il en foit, il eft évident que dans quel- ques hiftoriens le mot regrum conferve encore fon ancienne fignification, royaume, indépendance , fouve- raineté | && qu’en d’autres, par une acception parti= culiere, ce terme ne fignifie plus qu'un préfent d’un grand prix que fe faïloient les perfonnes d’un cer- tain rang, & qui confiftoit ordinairement en de riches couronnes. C’eft à celui qui veut faire ufage de pareilles auto- rités , à bien étudier le langage ordinaire de fon au- teur, & par rapport au tems où il a écrit, & par rapport au fujet dont 1l traite ; à bien examiner ce qui précede & ce qui fuit, pour déterminer enfuite, eu égard aux vérités hiftoriques connues, le fens naturel de certains mots que l'ignorance ou le mau- vais ufage ont extrèmement détournés de leur an- cienne &c véritable figmification. (D. J.) REGNUM , (Géog. anc.) ville de la grande Breta- gne. L’itinéraire d’Antonin, ser. 7, la met à 96 milles de Londres ; on croit que c’eft préfentement Rine- wood, M. Thomas Gale foupçonne que c’étoit une colonie venue de la ville Regrum ou Repiaum dans la Rhétie. Les habitans de cette ville & de fon terri- toire font appellés Rep par Ptolomée. ( D. J. REGONFLEMENT , f. m. REGONFLER , wv. n. (Gramm.) ils fe difent des eaux qui rencontrent un obftacle , des humeurs arrêtées, en un mot de tout fluide. Voyez GONFLER. : REGORGEMENT , f. m. REGORGER , v. n. fe dit en Chirurgie de la fortie involontaire & continuelle de l'urine, dans le cas de rétention de ce fluide lorf- que la veffie eft portée au dernier degré d’extenfion. Le regorgement eft un fymptome qui trompe tous les jours les gens qui n’ont pas d'expérience. Ils n'ima- ginent pas qu'il y ait rétention des urines , puifqu’el- les coulent continuellement ; &ils fe croient difpen- {és de mettre la fonde dans la veflie, quoique ce foit le principal fecours qui convienne aux malades dans ce cas. Voyez RÉTENTION D'URINE. (F) REGORGER, v. n. (Hydraul.) fe dit de l’eau d’un baflin qui ne pouvant fe vuider par le tuyau de dé- charge à mefure que l’eau y vient , eft contrainte de pañler par-deflus les bords. | Ce terme s’applique encore à un lit de cailloux de vigne qu'onemploie dans une chemife de ciment, & qui doivent être fi garnis de mortier, qu'ils en regot- gent de tous côtés. (Æ) REGOURMER , v. n. (Gram. 6 Maréchal, ) gour- me de rechef, Voyez GOURME. REGOÛTER , v. at. (Gram.) goûter un feconde fois. Voyez GOÛT 6 GOÛTER. REGRAT , £. m. (Comm.) petit négoce qui fe fait en détail & à petites mefures de certaines efpeces de marchandifes , particulierement des grains & léou- mes , du fel, du charbon, &c. Regratie dit aufñ de la place ou comrmiffion du re- graëtier , fur-tout pour ceux qui vendent du fel à la petite mefure. Voyez REGRATTIER. Didfionn. de Comm. & Trév. REGRATTER, v.n. faire le regrat , vendre en détail & à petites mefures. REGRATTER , v. at. ( Archireë.) c’eft emporter , avec le marteau & la ripe , la fuperficie d’un vieux mur de pierre de taille pour le blanchir. REGRATTERIE, {. £ trafic de chofes que lon achete pour revendre. {d, 1bid, REGRATTIER , f. m. (Négoce de blé.) on appelle regrattiers Où blattiers de petits marchands qui ache- tent une médiocre quantité de blé pour le revendre d’un marché à l’autre; voici comme ils en ufent pour augmenter la mefure du grain , fur-tout lorfqul eft bien fec : il prennent un gros grès qu'ils font rougir au feu , puis ils Le mettent dans une boîte de fer qu'ils fourent au milieu du monceau de blé, & l’arrofent légerement ; ils ont foin enfuire de Le pañler À Ja pelle pour le rafraîchir. Le produit de cet artifice fur le blé ordinaire va à un feizieme, c’eit-à-dire qu’au lieu de feize boïfleaux ils en font dix-fept : cela va plus loin fur d’autres grains, & particulierement {ur Pa- Voine qui augmente d’un huitieme. On reconnoit néanmoins cet artifice en maniant ce blé, car il eft moins coulant qu'à l'ordinaire, 8 devient rude fur fa main. La même chofe arrive pareïllement au blé qui a été mis fur du plâtre nouvellement employé, avec cette différence qu'il n’en vaut pas moins, On les peut diftinguer l’un de l’autre en les mâchant: ce- lui qui a été fur du plâtre , cafle net {ous les dents, inais 1] ne fe moût pas moins bien ; celui des reorar- Biers au contraire obéit & fe déchire, pour ainfi dire, (D. 1.) | REGRATTIER , f. im. (Négoce de [el.) marchand qui fait &c qui exerce le reprat ; detous les regrasriers , ceux qui fe mêlent du regras du fel, c’eft-à-dire qui le ven- dent à petites mefures , font les plus confidérables. Nul en France ne peut être regrarrier de la marchan- dife de fel,. qu’il n'ait une commiffion enresiftrée au greffe du grenier à fel, dans l'étendue duauel il exer- ce le négoce, & qu'il nait prêté le ferment entre les inains des officiers du grenier. Le fel de revente doit être fel de gabelle pris au grenier. Savary. Se J) REGREFFER , v. a@,. ( Jardinage.) grefter un ar- bre de nouveau , ce qui arrive quand on a parmi les plants quelque arbre greffé d’un mauvais fruit ; alors on peut le greffer d’une meilleure efpece fur la greffe inême , & non fur le fauyageon. C’eft le moyen d’a- voir des fruits finguliers ; ñ même on veut grefler en écuflon fept ou huit années de fuite fur la greffe de l’année précédente, & toujours en changeant d’ef- pece à chaque fois, on ef für par l'expérience d’avoir des fruits excellens & monftrueux. REGRELER , encerme de Blanchifferie,c’eftladion de faire pafler une feconde fois , après la feconde fonte ; la cire dans la greloire , voyez GRELOIRE ; ce qui fe pratique pour remettre la matiere en rubans, êt l’expofer de nouveau fur les toiles, pour lui faire prendre plus de blancheur. Yoyez RusANS, Toises, GRELOIRE , 6: l’article BLANCHIR. . REGRES, fm. (Jurifprud.) enmatierebénéficiale, c’eft le retour à un bénéfice que l’on a permuté ou ré- figne. : Le canon gzoniam, qui eft du pape Nicolas, caufä 7. quefl. J. nous apprend qu’autrefois l’'Eghife délas prouvoit fort ces fortes de regrès ; & c’étoit de-là que l’Eglife rejettoit auffi alors toutes les démiffions ou les réfignations qui fe faifoient par les titulaires , dans Pefpérance qu'ils avoient de rentrer dans leur bénéfice. | Dans la fuite, il a été admis par l’Eglife en cer- fains cas, & fingulierement en faveur de ceux qui ont réfigné étant malades. Cependant en France, les regrès n’étoient point admis anciennement lorfque la réfignation avoit eu Ton plem & entier effet en faveur du réfignataire. Cette jurifprudence ne changea que du tems de Henri Il. à Poccafon du S' Benoît, curé des SS. [n- mocens , qui avoit réfigné au nommé Semelle {on vicaire ladite cure, 87 celle de Pouilly diocèfe de Sens, lequel n’avoit payé ce bienfait que d'ingrati- tude. Henri If. aÿant pris connoïffance de cette af faire, rendit un arrêt en fon confeil le 29 Avril r 558, par leauel ledit Semelle fut condamné à remettre les deux bénéfices ès mains de l'ordinaire, pour les con- férer & remettre audit Benoît ; & il fut dit que cet arrêt feroit publié & enresiftré dans toutes les cours, Pour fervir dé loi fur cette matiere. Depuis ce tems, le regrès eft admis parmi nous, & d'on en diffingue de trois fortes, . Le premier eft le regrés façite , qui a Leu.en ças (le - Len APS RE G 35 permutation & de réfignation. Quand on ne peut pas jouir dumbénéfice donné par le copermutant, on ren- tre dans lefien de plein droit , fans qu'il foit befoim de nouvelles provifions. Le fecond eff le représ que l’on admet humanitatis cauf&, comme dans le cas d’une réfignation faite 72 extremis. Ces fortes de réfignations font toujours ré- putées conditionnelles. | - On regarde auffi comme félles celles que l’on fait dans la crainte d’une mort civile de celui qui eft fon- dé fur la claufe zozaliser, non alias, non alio modo. Dans le cas d’une refignation faite 12 extremis | le réfignant revenu en fanté eft admis au regrès, quoi- que le réfignataire ait obtenu des proviñons, ê&tmême qu'il ait pris pofleffion, & foit entré en jouiflance. Au grand-confeil, la maladie du réfignant n’eft pas regardée comme un moyen pour être admis en re grès à-moins que le réfignant ne prouve qu’il étoit en démence , ou qu'il a réfigné par force ou par crainte, ou parce qu'il a cédé aux importumités du réfignataire. | La réferve d’une penfon n'empêche pas le regrèss 4-mOins que la penfion ne foit fufifante, ou qu'il n'y ait des circonftances de fraude. La minorité feule n’eft pas un moyen pour parve- nir au reprès, puifque les bénéficiers mineurs font réputés majeurs à l'égard de leur bénéfice. Mais les mineurs font admis au regrès , quand ils ont été in- duits à réfigner par dol & par fraude , & que la ré- fignation a été faite en faveur de perfonnes ffpeétes & prohibées. Dumoulin tient même que dans cette matiere les mineurs n’ont pas befoin de lettres de ref titution en entier, & que la réfignation eft nulle de plein droit. | Les majeurs même font aufli admis au reorès, quand ils ont été dépouillés par force, crainte ou dol. e novice qui rentre dans le monde après avoir réfigné, rentçe auffñ dans fon bénéfice. Le réfignant revenu en fanté qui ufe du reprès, n'a pas befoin de prendre de nouvelles provifions, nonGbflant l'édit du contrôle qui ordonne d’en pren- dre, lufage contraire ayant prévalu. Le reprès dans le cas où1l eft admis, a lieu quand même le réfignataire auroit pris poñlefion réelle & attuelle du bénéfice réfigné, 6c qu'il en auroit jout paifiblement pendant quelque tems, il auroit même encore lieu, quoique le bénéfice eüt paflé à un fecond ou troifieme réfionataire. Mais fi le réfignataire avoit joui patñiblemént pen- dant trois ans depuis que le réfignänr eft revenu en fanté, cette pofleflion triennale empêcheroit le e- gres , 1l fufnroit même pour cela qu'il y eütun an de filence du réfignant depuis fa convalefcence,ou quel- que autre approbation de la réfignation. Celui qui a fu Pindignité de fon réfignataire ne peut ni rentrer dans fon bénéfice , ni exiger la pen fion qu'il s’étoit réfervée. Quoique le regrès foit une voie de doit, ce font de ces chofes qu'il n’eft pas convenable de prévoir ni de ftipuler , de forte que la réfignation feroit vi= cieufe , fila condition du regrès y étoit exprimée. | Pour parvenir au regrès , il faut préfenter requête au juge royal, & y joindre Les pieces juflificatives des caufes fur lefquelles on fonde le regrès. Le réfignant peut faire interroger fur faits & arti- cles fon réfignataire, ou demander à faire entendre des témoins quand il y a un commencement de preux ve par écrit. Voyez Ferret, Paftor, Dumolin. À. RÉGRESSION , 1. f. ( Rhéror. ) figure de Rhéto- rique qui fut revenir les motsfureux-mêmes, avec un fens différent. « Nous ne vivons pas pour boire & » pour manger, mais. noùs buvons & nousmangeong », pour ivre » M, Delpréaux s'exprime ainfi,; Ê REG Oui , j'ai dit dans mes vers qu'un célebre affaffn Laiffant de Galien la Jéience infertile, D'ignorant médecin devint maçon habile. Mais de parler de vous je n'eus jamais deffein ; Perrault , ma mufe efl trop correile : Vous êtes , je l'avoue, ignorant medecin Mais non pas habile architeite. 36 11 femble cependant que l’arrangement des mots dans ces deux exemples, dépend beaucoup plus de le penfée que des expreflions. Mais dans cette par- tie, comme dans bien d’autres , l’art ne doit point efpérer de féparer nettement ce que la nature a réuni. Princip. de littér. (D: 3.) REGRET,, {.m. REGRETTER., v. att. ( Gram.) le regrer eft un fouvémir pénible d’avoir fait, dit ou perdu quelque chofe. Il femble pourtant que le re- mots foit d’avoir commis un mal, & le regres d'avoir perdu un bien. Ainf tout le monde eft expofé à avoir des regrets ; maisil n’y a que les coupables qui foient tourmentés de remors. Les chofes qu’on regrese Îe plus, font celles auxquelles on attache le plus de va- leur , l'innocence, la fanté, la fortune , la réputa- tion. Les remors font quelquefoisutiles, ilsinchnent le méchant au repentir. Plus fouvent encore les re- grets font fuperflus, ils ne réparent pas la perte qui les a occafionnés. Les reprers iont un hommage que les vivans rendent à la vertu des morts. À quoi fert le regret du tems perdu ? On regrerse indiftinétement une bonne &gune mauvaïfe chofe. Il y eut des hom- mes qui repretterent la perte de limbécille Claude. Leslfraélites regrertoient dans le défert les oignons de l'Egypte. Il ya peu d'objets vraiment regrescables. Le regret marque toujours du malheur, où de lrmpru- dence. REGUINDER , v. n. ( rerme de Fauconnerie. ) ce mot {e dit de l’oifeau qui fait une nouvelle pointeau- deffus des nues. Trévoux. ( D. J. RÉGULARITÉ , {. f ( Gramm. } qualité relative à un ordre naturel ou de convention , & à des regles établies. On dit la régularité de la conduite, d’un bä- timent, d’un poëme. La régularité des mouvemens céleftes, Ces moines font reftés dans [a régularité, RÉGULATEUR, f. m.(Horlog.) les Horlogers en- tendent par ce mot, le balancier èt le fpiral dans les montres; la verge & la lentille dans les pendules. Ils difent auf force réglante , parce que c’eft le moyen de regler ces machines. Mais pour définir le régula- eur d'une maniere plus générale , je crois qui faut le confiderer en horlogerie, comme le principe de la force d'inertie en Phyfique; c’eft par linertie qu’un corps perfévere dans fon état de repos ou de mou- vement, C’eft auffi par fa proprièté de perfévérance dans le mouvement,que le révulateur produit fon effet. La force d'inertie fur le réowlareur s’oppofe à la force motrice qui l’anime; c’eft elle qui la mo- dere , retarde & regle. Elle hu fait, en quelque for- te, équilibre. | Le révulateur peut être examiné fous trois points de vue : comme on peut voir , article FROTTEMENT, Horlogerie. Puifque c’eft du régulateur que dépend la mefure du tems , il faut qu'il ait en lui-même un principe, une caufe conftante du mouvement, tirée de fa na- ture même, & cependant diftinéte de la force mo- trice qui l'anime ; ou qui Pentretient en ation. C’eft la pefanteur qui agit toujours par une loi conftante, &£ qui imprime le mouvement à tout corps fufpendu à l'extrémité d’une verge où d’un fil oblique à Phori- fon, & abandonné à lui même. Ce corps, tiré de la verticale , par quelque caufe que ce foit, tend à‘y re- venir. La gravité l’y ramene & le chafle de l’autre côté de la Heñe de repos à la même hauteur d’oùil £toit defcendu ; &c cette caufe agiflant dans la {e- conde ofcillation comme elle a agï dans la premie- re , elle perpétuera fans fin les ofcillations, f rienne s’y oppofe. Mais le nulieu eft réfiftant, & le point de fufpenfion éprouve du frottement, Les ofcillations doivent donc dinunuer détendue, & à la longue, le corps s’arrèter. Voilà la raifon qui contraint à recou- rir à quelque méchanifme capable de reftituer à cha- que ofcillation, les petites quantités de mouvement perdues; & c’eit par ce méchanifme, qu’on appelle échappement, que la force motrice s'exerce fans cefle fur le régulateur , & Ventretient dans fa premiere énergie. Les Géometres ont trouvé la loi felon laquelle la pefanteur agit, & déterminé la durée des ofcillations des corps fufpendus à des hauteurs quelconques, quels que foient d’ailleurs leurs figures. Vous y ap- prendrez aufli tous les moyens de varier à difcré. tion la figure &c le mouvement d’un répu/aseur livré à laétion de la pefanteur. Après avoir fixé la durée des ofcillations d'un corps qui parcourt des efpaces égaux en des tems égaux , on a donné l'équation d’une courbe où en destems égaux, un corps mt parcourt des efpaces très-inégaux; & celle où les ef paces parcourus le font, le plus vite qu'il eft poffible. Voyez Les articles CYCLOIDE 6 BRACHISTOCRONE. I fuit de leurs recherches qu’un corps quelconque qui tombe par une chute libre en vertu de la petan- teur, emploie une feconde de tems à parcoutir 15 piés , & que le même corps attaché à un fil de trois piés huit lignes êc demie, emploie pareillement une {econde à achever une de fes ofcillations. C’eft de- là qu’il faut partir pour trouver la durée des ofcilla- tions des pendules de différentes longueurs. Si la pefanteur fournit le meilleur régulateur Dour les pendules ; 1ln’en eft pas de même pour les mon- tres; cat la pefanteur exige que [a machine foit fixe. Sans cette condition, l’agitation détruiroit une partie. de leffet , & altéreroit l’a&tion du réexlareur, Cet in- convénient ne permet donc pas d'appliquer indiftin- tement la pefanteur à toutes les fortes de machines à mefurer le tems. On lui fubfhitue dans les montres des balanciers ronds &c placés en équilibre fur eux- mêmes. Dans les commencemens de l’art d'Horlo- gerie, le régulateur des montres n'étoit qu'un petit balancier leger, & dont la mafñle fafoit toute la puif- fance réglante. C’eft fur la fin du dernier fiecle que M. Huyghens appliqua le reflort {piral au balancier. Voilà l’époque de la perfe&tion des montres. Sans entrer dans le détail des différentes manteres dont l'application s’en eft faite ; il fufira de l’envifager d’une mamere générale & analogue au résulateur des pendules. L’élafticité n’eft pas moins une loi conf- tante de la nature que la pefanteur. C’eft l’élaficité qui remplace cette derniere force dans les montres, & qui fait vibrer le balancier. Mais pour fe former du balancier & de fon fpiral quelqu'idée diftinéte , on peut comparer leur mouvement à celui d’une corde élaftique tendue. Tirez, par quelque moyen, cette corde de fon état de repos, vous la ferez vibrer; après s'être écartée de la ligne horifontale, elle y reviendra pour la pañler encore ; & elle continueroïrt fans fin, fi rien ne tendoit à diminuer létendue de chaque vibration. Mais le milieu réfiftant, qui finit par arrêter le pendule, animé par la gravité, à la ligne verticale ou de repos , finit auffi par arrêter la corde vibrante à la ligne horifontale ou de repos. | Les géometres qui ont déterminé les lois des corps ofcillans , ont auffi déterminé celles des cordes vi- brantes , &c l’on fait que les vibrations des cordes tendues font d'autant plus promptes, que ces cor- des font plus légeres & plus courtes, &c que les for- ces ou poids qui les téndent font plus srands ; & ré ciproquement que leurs vibrations font d’autant plus lentes qu’elles ont plus de malle, de longueur, & que {es forces ou poids qui les tendent font plus petits. La maniere de les ébranler, ne change rien à la durée des vibrations. Les efpaces que la corde parcourt dans fes vibra- tions, tout étant égal d’ailleurs, font d’autant plus grands , que les vibrations font plus lentes, & réci- proquement. H en eft, de même du balancier & de Ton fpiral. Les vibrations font d'autant plus promp- tes que le balancier eft plus petit, &c qu'il a moins de mafle , où que fon mosnent eft plus petit 8z fon fpiral plus fort ; & au contraire les vibrations font d’autant plus lentes , que le balancier eff plus grand &e qu'il a plus de mafle,ou que le moment eneft plus grand & le fpiral plus foible. Lesarcs ou létenduedesofcillations du balancier font d'autant plus grandes qu’elles font plus lentes, êc réciproquement, La maniere d’ébran- ler le balancier pour le déterminer à ofciller , ne change rien à la durée des ofcillations. On peut donc varier Les échappemens dans les montres, comme on varie la touche des cordes, fans altérer la durée des vibrations ; avec cette différence que l'arc de levée dans les échappemens doit être confidéré comme moment du balancier. Plus on donne de levée , plus il faut diminuer la mañle du balancier , & récipro- quement. Ce qui n’a pas lieu dans les cordes, le mo- ment de les toucher n'en altérant pointle poids. On connoït la loi de la durée des ofcillations du pendule animé par la gravité ; &c lon connoît auf a loi de la durée des vibrations des cordes tendues & mifes en mouvement par la percufion. Les tems de leurs vibrations font en raifon inverie de la racine quarrée des poids tendans. Or lexpérience montre que le balancier &t fon fpiralfontaflujettisà cette même pro- priété des cordes vibrantes. Ainfije multiplie lerayon du balancier par fa male pour en avoir le moment , comme je multipue la longueur de la corde par fa mafle pour en avoir le moment ; l’élaficité, où la caufe de la continuité du mouvement étant la même dans Pun & Pautre cas, d’un côté le fpiral , de l'autre le poids tendant ; lesnombres des vibrations dans un même tems {ont entr’eux en raïfon inverfe des mo- mens du balancierou de ja corde, &c directe du quarré de l’élafticité repréfentée dans les cordes parles poids qui les tendent. Ou bien les momens étant pris pour les longueurs des pendules, êc élafticité pour la gra- vité , les momens font entre eux réciproquement comme les quarrés du nombre des vibrations ou des élafticités ; ou Le nombre des vibrations dansun mèê- me tems, en raion inverie des racines quarrées des momens. Un habile céomébre tireroit peut - être quelque parti utile à horlogerie de cette conformité des cor- des vibrantes , avec le balancier & le fpiral des mon- tres. Jen conclus feulement que lélificité fournit aux montres portatives un 7ép#/areur élaflique, com- parable à celui que la gravité fournit aux pendules fe- dentaires. Après avoir connu la nature du rfoulateur en mon- tre & en pendule, 1lne faut pas négliger de connoi- tre la quantité. des vibrations au’on obtient de l’un & autre dans un tems donné. Une corde très-lâche donne des vibrations très-lantes. Un balancçiertrès- court & un fpal très-foible , donne des vibrations très-lentes. Une corde très-tendue donne des wibra- tions trés-promptes. Unbalancier très-léger &c unfpi- raltrès -fort donnent des vibrations tres-promptes. Un pendule très-long donne des ofcillations très-len. tes, ét un peñdule très-court donne des ofcillations frès-promptes. - [n’y a rien de fohide à cbjelter à cette analogie. Les vibrations promptes fuppofent à la vérité une plus grande complication dans là machine à mefürer letems, mais la régularité en eftla même , dans la REG 37 fuppofition que toutes fes parties feroïent parfaites, Si elles font parfaites féparées les unes desautres, l'en femble fera aufli parfait ; ce qu'il y aura de plus ou moins d'ouvrage ne fait rien à la queftion préfente traitée métaphyfiquement : mais c’eft phyfiquement qu'il faut la confidérer. C’eft donc entre de certaines limites qu'il faut raïfonner & des vibrations & des ofcillations. Les pendules qui battent les fecondes ont fur celles qui ne battent, que +, +, + de fecondes , un avan- tage généralement avoué. Mais, dira-t-on , puifque les longs pendules font préférables aux autres, pour quoi n'en pas faire encore de plus longs ? On Pa , je crois, effayé {ur un pendule de 24 à 30 piés, qui s’eft trouvé moins jufte que celui à fecondes, qui n’a, comme on fait, que 3 piés 8 lignes & !; & cela vient de ce que le réculateur ou la lentille tirant fon éner- gie de la force accélératrice de la pefanteur, & un pendule fi long s’élevant très -peu au-deflus de fon: état de repos, il faut auflitrès-peu de force pour l’en- tretenir en mouvement ; c’eft donc un corps qui of- ciile entre des puiffances très-foibles. La plus petite caufe étrangere fuit pour Le déranger. Or, dira-t-on = par une rafon contraire, tout pendule ofcillant entre des puiflances très-fortes devroit donner la plus gran- | de régularité. Je le nie ; car tout pendule fuppofe de la complication dans le méchanifme,& beaucoup dé force motrice pour entretenir lé mouvement ; d’où il s’enfuivra une altération ou deftruétion par les frots temens , 8 un effet tres-fenfible foit de la part de la plus légere imperfe@hion, ou primitive, ou acciden- telle dans l’échappement, ou dans la fufpenfion du ré- gulateur. Le degré de perfeétion auquel on peut at- temdre ; & qu'on pent conferver, ne répond certai- nement ni à l’idée, ni au befoin. | D’oùil s'enfuit que l'expérience en rencontrant le pendule à feconde , a peut-être trouvéle meilleur de tous les pendules, relativementau point de perfe&tion pofhble à exécution, Mais fuivons la même maniere de raïfonner fur les quantités des vibrations pour Les montres. Je fuis le premier qui aie fongé à les réduire. Voyez le mot FROTTEMENT, Horlogerie | vous y trouverez la defcription de la premiere montre qui ait été exé- cutée pour -battre les fecondes, comme les pendules à fecondes. Je ferai ici le même raifonnement fur cette montre que celui que j’ai fait fur les très-longs pendules, Quoi qu'il foi vrai que les montres bat- tant les fecondes aillent fort bien, elles ‘fe trouvent précifément dans le cas d’un régulareur entre des puif- lances trop foibles ; ces machines exigent fi peu de force motrice, qu'avec un reflort ordinaire de montre de 24 heures, Je les fais marcher huit jours. Ce qui prouve & quil y a un grand avantage à réduire les Vibrations, & en même tems que} la limite eftun peu trop éloignée pour en faire ufage dans les montres de 24 heures. D'où il fuit que pour les montres à monter tous les jours, 1l faut les faire battre à-peu- près la racine quarrée, tout étant égal d’ailleurs , des montres qui vont huit jours & qui battent les fecon. . des, ce qui revient à environ à quatre coups parfe- conde. Le defavantage des courts pendules qui font un grand nombre d’ofcillations, eft le même aux montres auxquelles on fait faire un grand nombre de vibrations. Le reflort du fpiral devient f roide, les momens du belancier font fifoibles, qu’il faut que , la force motrice foit prefque centinuellement pré- fente, fiencore elle nefe trouve pas en défaut, pour entretenir le mouvement fur Le réow/areur. L'on fait que les dents de la roue de rencontre, foit dans échappement à récul ou À repos, portent fur le petit levier de l'axe du régulareur , palette ou tranche du cylindre, la force motrice qu’elle a re- 38 R E G cue pour y communiquer le mouvement. Elle trouve donc pour réfiftance 1° le poids du balancier multi- plié par fon rayon ; &la vitefle que le balancier prend en exerçant le mouvement, fera retardé fi lon vient à augmenter fes momens ou fa mafe; cela eft inconteftable. 2° Un reflort tel que le fpiral, fi on vient à l’ajouter, dontune des extrénutés fera prife fur le balancier même, & l’auire fur um corps étranger ; dans cet état 1l arrivera que la roue de rencontre poufant de l’une de fes dents a palette du balancier pour le faire tourner &c lui faire décrire un arc, trouvera ce reflort qui li oppofera fa roideur. Il faut donc qu’elle fe tende en même tems qu’elle communique le mouyement au balancier. La roue agiffant pour communiquer fa force mo- trice , comment donc arrive-t-il que par cette dou- ble réfiftance le balancier prenne une vitefle double, & même plus que double que lorfque le balancier étoit feul? Si l’on vient à augmenter la roideur du reflort fpiral & qu’on la rende à-peu-près double de ce qu’elle étoit, le balancier étant le même, la force motrice fera alors infuifante pour communiquer le mouvement au balancier, &zil reftera en repos. Siau contraire on laïfle le premier reflort fpiral , êc qu’on réduife les momens du balancier , par exemple, à {a moitié , le reflort fpiral alors fera aufli roide à fon égard que lorfqu’on avoit doublé fa roideur, Dans ce cas, comme dans le précédent, la roue de ren- contre avec fa force motrice fera également infuñi- fante pour communiquer Le mouvement au balan- cier, & il reftera en repos. Voiläune efpece de pa- radoxe que je laiffe à expliquer. Je fnirai par une obfervation. Les Horlogers di- fent & ont écrit par-tout que l’échappement à recul avoit de l'avantage fur Péchappement à repos, parce qu’on pouvoit effayer le poids de fon balancier fans le reflort fpiral, ce que l’échappement à repos ne permet pas, En conféquence ils décident qu'il faut faire tirer au balancier 25 à 26 minutes pour 60; d’autres en demandant jufqu’à 28, 8c cela , ajoutent- ils, pout prévenir que la montre n’artête au doist: ’eftune erreur ; elle peut ne point arrêter au doigt en ne faifant tirer au balancier que 20 minutes, & elle.en peut tirer 30 &c arrêter au doigt. Cette erreur vient de ce qu’on n’a pas une idée nette du répula- seur. Voyez l'article ARC DE LEVÉE , où j'indique les moyens d'empêcher larrêt au doigt. Aricle de M, ROMILLY. REGULBIUM,( Géog. arc.) ville de la Grande- Bretagne , fur la côte appellée Litus faxonicum. C’eft la notice des dignités de Pempire qui en fait mention. Le nom moderne, felon Guil. Cambden, eft Reculuer, dans la province de Kent à l’embou- . æ La Da > SO VO s 56 À REL Avaris repréfente homo, parce qu'il eft au même genre, au mème nombre, at même cas, &c qu'il ren- ferme dans fa fignification l’idée d'une qualite qui convient 207 omni fed foli nature humane, comme parlent les Losiciens ; mis avarus n’eft pas pour cela un pronom : pareillement was reprétente Jiveeras, parce qu'il eft au même genre, au même nombre, &c au même cas, & que l’idée démonftrative"qui en confttue la fignification, eft déterminée ici à tom- ber fur Zicteras, par le voifinage de Pantécédent Zzre- ris qui leve léquivoque; maïs ques n'eft pas non plus un pronom, 1°. parce qu'il ñ’empêche pas que l’on ne foit obligé d'exprimer Zisreras dans la conftruétion analytique de la phrafe; 2°. parce que la nature du pronom ne confifte pas dans la fonétion de repréfen- ter les noms & d’en tenir la place ,/ mais dans celle d'exprimer des êtres déterminés parPidée dune re- lation perfonnelle. 2°, Je dis que qui, quæ, quod , ne doït point Etre appellé relarif, quoique fes terminaifons mifes en concordance avec le nom'auquel il eft appliqué, femblent prouver & prouvent en effet qu'il fe rap- porte àce nom. C’eft que fi l'on fondoit fur cette pro- priété la dénomination de reZarif, il faudroit par une conféquence néceflaire, Paccorder à tous les adje- Éifs, aux participes , aux articles, puifque toutes ces efpeces s'accordent en genre, en nombre, &t en cas, avec le nom auquel ils fe rapportent effective- ment : que dis-je ? tous les verbeg feroient relarifs par leur matériel, puifque tous s'accordent avec le fujet auquel ils fe rapportent. Mais fi cela eft, quelle confufon ! Il y aura apparemment des verbes dou- blement re/atifs, & par le matériel & par le fens : par exemple, dans bellum Pompeius confecir, le verbe coz- ccit era relatif à Poripeius par la matiere, à caufe de la concordance ; & il fera relarif à bellum par le fens, À caufe du régime du complément. Je n’infifterar pas davantage li-deflus, de peur de tomber moi-même dans la confufion, pour vouloir rendre trop fenfble celle qu’une juite conféquence mtroduiroit dans le 1 langage grammatical : je me contenterai de dire que quas n'eft pas plus relatif dans ques litteras, que üs n’eft relauif dans is lisreris. 39. Aucun des deux termes par lefquels on défi- gne qui; QUE , guod , 1 Pumon des deux, ne font entendre la vraie nature de ce mot. C’eft un adjectif conjondif, & c’eft ainf qu'il falloit le nommer & que jelenomme., _ . C’eft un adje@tif, voilà ce qu’il a véritablement de commun avec tous les autres mots de cette clafle: comme eux, il préfente à l’efprit un être indétermi- né, défigné feulement par une idée précife qui peut s'adapter à plufeurs natures ; & comme eux auffi, il s’accorde en genre, ennombre, & en cas, avec le nom ou le. pronom auquel on applique, en vertu du principe d'identité, qui fuppofe cette indétermina- tion de l’adjeéhif: qui vir, quæ mulier, guod bellurr , gui confules, que lister, que negoria, &tc. L'idée pre- cie qui caradtérife la fignifiéation individuelle de gx, qu, quod , eftune idée métaphyfique d'indication, ou de démonftration, comme is, ea, id. Il eft conjonétif, c’eft-à-dire, qu'’outre l’idée dé- monftrative qui en conftitue la fignification, êc en vertu de laquelle il feroit fynonyme d'is, ea, id: il comprend encore dans fa valeur totale celle d'une conjonttion ; ce qui en le différenciant d’#s, A, id ; le rend propre à unir la propofñtion dont il fait partie À une autre propoñition. Cette propriété conjonthive eft telle que l’on peut toujours décompofer l'adjectif paris, ea, id, &t par une conjonétion telle que peu- vent l’exiger les circonftances du difcours. Ceci mé- tite d'autant plus d’être approfondi, que la Gram- maire générale, ( édit. de 1746, fuite du chap. ix, de la part, II.) prétend qu'il y a des cas où le mot dont REL | il s’agit, eff viftblemenrs pourune conjonition 6: un pro= nom démonftratif : ce font les proprestermes de l’au=. teur: que dans d’autres occurrences, 27 ne tient lieu que de conjonition : êtque dans d’autres enfin, 4 vient lieu de démonftratif, € n’a plus rien de conjonühon; Ii eft conftant en prermer lieu, 8 avoué par dom Lancelot, & par tous les fedtateurs de P.R: que le qui, quæ, quod des Latins , &c fon correfpondant dans: toutes les langues , eft démonfiratif& conjonétifdans: toutes les occurences où la propofition dansläquelle. ilentre fait partie du fujet ourde Pattribut d'une au tre propoñtion. Æ/opus autlor QUAM materiamreperits hanc ego polivi verfibus fenariis ;c’eit commefrPhedre: avoit dit, harc ego maieriam poliviverfibusifènariis, 6 Æfopus auttor E AM repperit. ( Liv. L prol. ): Ce n’efe: pas toujours par la conjonétion copulative que, cet: adjectif fe décompole : par ‘exemple, Zes favans QUI | fons plus inflruirs que le cornmun des hommes, devrotent auffr les furpaller en fapeffe ,c’eft-à-dire, Les favans de vroient furpaller en fageffe le commun desthommes, CAR CES hommes font plus inffruits qu'eut ; autre exemple,! La gloire QUI vient de la vertu à un étlat immortel, c'elt- à-dire , la gloire a un éclar immortel , ST CETTE gloire vient de la vertu. On peut y joindre l'exemple cité pan la grammaire générale tiré de Tite-Live, quiparle de Jumus Brutus : 1$ quem primores civiranis , in QUIBUS: | frairem fuum ab avunculo interfetlum audiffer ;Vauteur le réduit ainf, {s quem primores civiratis , ET in HIS) | fratrem fuum interfeëlum audiffes, ce qui eft très-clair &t très-raifonnable. « Mais , ajoute-t-on, ( Pars. TI. fuite du ck. jx. ): » le relatif perd quelquefois fa force de démonftra- » tif, & ne fait plus que Poffice de conjonétion : ce » que nous pouvons confidérer en deux rencontres -» particulieres. » La premiere eft une façon de parler fort ordinai- » re dans la langue hébraique , qui eft que lorfque » le relatif n’eft pas le fujet de la propofñition dans la= » quelleilentre , mais feulement partie de attribut ,: » comme lorfque lon dit, p/yis QUE M projicit ventus; » les Hébreux alors ne laiflent au relarif que le dernier »ufage,, de marquer l'union de la propofition avec » une autre; & pour l’autre ufage , qui eft de tenir a » place du nom , ils lexpriment par le pronom dé- » monftratif, comme sl n’y avoit point de re/arifs » de forte-qu'ils difent QUEM projict EUM ventus.... » Les Grammairiens nayant pas bien diftingué ces » deux ufages du re/arif, n’ont pu rendre aucune rai- » fon de cette façon de parler, & ont été réduits à » dire que c’étoit un pléonafme, c’eft-à-dire une » fuperfluité inutile ». Quiconque lit ce paffage de P.R. s’imagineroit qu'il y a en hébreu un adjettif démonfiratif & conjonétif, correfpondant au qui, que, quod latin , & pouvant s’accorder en genre & en nombre avec fon antécé- dent ; & dans ce cas, il femble en effet qu'il n’y ait rien autre chofe à dire que d’expliquer Phébraifme par le pléonafme, qui eft réellement très-fenfible dans le paflage de faint Pierre, # m9 poñars aûrê xbure, cujus livore ejus fanari effis. Surpris d’un ufage f peu raifonnable , & fi difficile à expliquer , j'ouvre les grammaires hébraïques , & je trouve dans celle de M, l’abbe Ladvocat ( pag. 67. ) que « le pronom re/a- »sif en hébreu eft SUN, & qu'il fert pour tous les » genres, pour tous les nombres, pour tous les cas , » &c pourtoutes les perfonnes ». Je paffe à celle de Malcief (rom. I. cap. 1j. n°. 4. pag. 69.) , & j'y trou= ve: pronomen relativum eff NÈR , quod omribus gene- ribus, cafibus, ac numeris infervit,, fignificans, pro va- rié locorum exigentié , qui, quæ, quod, cujus, ci quem , quorum , quos, Éc. Cette indéclinabilité du prétendu pronom relatif, combinée avec l’'ufage conftant des Hébreux d'y _ joindre l’adjedtif démonftratif lorfqu’il n’eft pas le fujet fujet de la propoñition, m'a fait conjelturèr que le mot hébreu n’eft en effet qu’une conjonétion , que c'e ffpour cela qu'il eft effentiellement indéclinable : ët que ce que les Grecs, les Latins , & tant d’autres peuples expriment en un feul mot conjondif & dé- monitratif tout-à-la-fois, les Hébreux l’expriment en deux mots, la conjonétion dans l’un , & l'idée dé: monftrative dans l’autre : je trouve en effet que Maf: clef compte parmi les conjon&ions caufales x , qu'il traduit par gxod ; cette découverte me donne de la hardiefle , & je crois que cette conjonéHion eft in- définie , & peut fe rendre tantôt d’une maniere De tantôt de l’autre, précifément comme celle du gui, que, quod des Latins. Ainf je ne traduirois point le texte hébreux par pulvis quem projicit eum VERLUS mais par puis, 6 projicit où quoniam projicit eur vertus ; & le pulvis quem projicit venus de la vulgate en eft , fous la forme autorifée en latin ; Une autre traduétion litéraie &c fidele. De même le paflage de faintPierre , pour répondre fidelement à l’hébtaifme : auroit dû être LGÎTO AO AT ZUTÉ iaônre,cuj rs livore ejus Janari effis ; ou bien en réduifant à un même mot la conjonétion & ladje@if démonftratif £ 75 porum iaônre , cxjus livore fanati efets : le texte grec ne pré- fente le pléonafme , que parce que le traduéteur n’a- voit pas faifi le vrai {ens de l’hébreu, ni connu la _ nature intrinfeque du prétendu pronom re/arif hébraï- que. 51 les Hébreux ne font pas ufage de ladje&tif démonftratif dans le cas où il eft fujet , c’eft que la terminaïfon du verbe le défigne afez. Pour ce qui eft des exemples tirés immédiatement du latin, comme la même explication ne peut pas y avoir lieu , 1l faut prononcer hardiment qu'il y a pé- riflologie. On cite cet exemple de Tite-Live : ze in tufculanos animadvertererur > JLOTUM eortm ope ac con- fil Veliterni populo romano bellum feciffens ; qu'y a-r-il dé mieux que d'adopter la correion propoiée de quôd ou de quoniam au lieu de quorum, ou la fuppref- fon d’eorzm ? On ne peut pas plus rejetter en Gram- maire qu'ailleurs, le principe néceffaire de l’immuta- bilité des natures. L’adjedtifque l’on nomme commu nément pronom rearif, eft, dans toutes les langues Qui le déclinent, adje&if démonftratif € conjonttif; & l'ufage , dans aucune, ne peut le dépouiller en quel- ques cas de l’idée démonftrative , pour ne lui laiffer que l'effet conjon@tif, parce qu'une conjonétion dé- clinable eft un phénomene impoñble. Le grammairien de P. R. {e trompe donc encore dans la maniere dont il interprete le 04 de cette phrafe de Ciceron, Non tibi objicio QUOD hominem Jpoliafli. « Pour moi, dit-il, je crois que c’eft le re/a- » 4f, Qui a toujours rapport À un antécédent > Mais » qui eft dépouillé de fon ufage de pronom ; n’enfer- x mant tien dans fa fisnification qui fafle partie ou » du fujet ou de l’attribut dela ropofition iñcidente, » Ôt retenant feulement fon nn ufage d’unir la » propofñtion où il fe trouve , À une autre... car » dans ce paflage de Cicéron, Non ribi objicio QUOD » horinem fpoliafli ; ces derniers mots > hominem [po- » {aff , font une propoñtion parfaite, où le 404 » qui la précede n’ajoute rien, & ne fuppofe aucun » NOM: maïs tout ce qu’il fait eft que cette même pro- # poñtion où il eff joint , ne fait plus partie que de » la propofition.entiere , Non ribi objicio QUOD hormi- » rem fpoliafli ; au lieu que fans le quèd elle fubfifte- » roit par elle-même , & feroit toute feule une pro- » poftion», Le grèd dont il s’agit eft dans cet exem- ple & dans tous les autres pareils ; un vrai adjectif démonftratif & conjondtif, comme en toute occur- rence; & pour s’en aflurer, il né faut que faire la conftruction analytique du texte de Cicéron ; la voici: Non tibi objicio hoc crimen » QUOD crimen eff tale, Jpolafii hominem ; ce qui peut fe décompofer ainf : Non tibt objicio hoc crimen , ET Hoc crimen eff tale, Tome XIF, REL 57 Jholtafii homiher. La prépoñtion fpoliafte hoririéns eff un développement déterminatif de l’adje&if indéfni tale, 8 peut être envifägée comme ne faifant qu'un avec fale : mais guod fait partie du fujet dont lattri but eft ef? tale Jpoliaffi hominem | 8 conflitie par conféquent une parte de l’incidente, Voyez INcI- DENTE. Le même auteur préténd au contraire qu'il y a deg rencontres où cet adjefhif ne conferve que fa fignifis cation démonitrative , & perd fà vertu conjonctives “ Par exemple, dit-il, Pline commence ainf fon pas » négyrique: Berè ac fapienrer, P. C. majores ihflitues » TUE, UE TerUIR agendarum., ita difcendi iniïiurr à pres ».cationibus capere ; qudd rihil ris, rithilque provider » ter hornines , fène deorum immortalinn Ope:, confilio , » honore, aufpicareniur, QUI mos, qui polis quant » corfuli,uitquando magis ufürpandus colendufque ef? ? » Il eft certain que ce 92 commence plutôtune noua » Yelle période, qu’il ne joint celle-ci à la précéden: » te ; d'où vient même qu'il eft précédé d’un point à » 6t c’eft pourquoi en traduifant cela en françois , on ».ne mettroit Jamais , /aguelle coutume , maïs cérte cours » tume, commençant ainfi la feconde période : Er # par qui CETTE coutume doit-elle étre plutôt obfèrvée , » que par un conful ? &c, » . Remarquez cependant que l’auteur de la Grammaire générale conferve lui-même la conjonétion dans fa traz duétion: ÊT par qui CETTE coutume , enfotte qu’en difputant contre, il avoue affez clairement que le gui latin eft la même chofe que & s ; c’eft une vérité qu'ilfentoit fans la voir. Je crois pourtant que la con- jonétion eft mal rendue par & dans cet éxemple : il ne S’agit pas d’aflocier les deux propoñitions confé- cutives pour une même fin, & par conféquent la con: jonétion copulative y eft déplacée: la premiere pros pofition eft un principe de fait qui eft général, & la feconde femble être une conclufion que l’on en dé- duit par cette forte de raifonnement que les rhéteurs appellent 4 minori ad majus ; ainñ je croirois que la conjonHion qui convient ici doit être la conclufive igitur ( donc ) ; qui mos , c’eft-à-dire » gltur hic mos } &t en françois, pour ne pas trop m’écarter de la ver= fon de P.R. par qui DONC CETTE coutume doit-ellé étre plutôt obfèrvée, que par un conful ? &c. On ajoute que Cicéron eft plein de femblableg exemples ; on auroit pu dire la même chofe de tous les bons auteurs latins, On cite celui-ci (Orar. Fin Verrem.) : Jraque ali cives roman: ) 2e cognofterentur , capitibus obvolutis à carcere ad palumn arque ad necem ras piebantur : alit, cm à multis civibus TOMATIS rECOgnof= cerentur, ab omnibus defenderentur, fecuri fericbaneur, QuoRU M ego de acerbiffima more, crudeliffimoque cru- clatte dicarn | cm eum locum traëlare capero, Ce guo- ru, dit-On , fe traduiroit en françois comme sl y avoit de illorum morte. Je n’en crois rien, & je fuis d'avis que qui le traduiroit de la forte n’en rendroit pas toute l'énergie , & ôteroit l’ame du difcours , puifqu'elle confifie fur-tout' dans la liaïfon. Quelle eft cette liaifon À Cicéron remettant à parler ailleurs de cet objet, femble par-là défapprouver le peu qu'il en a dit, ou du-moins s’oppofer à l'attente qu'ila pu faire naître dans l’efprit des auditeurs : il faut donc ) pour entrer dans fes vies, décompofer le gzor1m par la conjonétion adverfative fed, & conftruire ainf: Sep ego dicam de morte acerbiffimé atque de C'iciait crade liffimo ILLORU M ; ce qui me paroît être d’une nécef- fité indifpenfable , & prouver que dans l'exemple eri queftion quorum n’eft pas dépouillé de fa vertu cons jonétive , qu’en efferil ne perd nulle part. Is (Neocles ) wxorem Halicarnafliam civem duxit ex qui natus ef} Themiflocles, QUI cum minis elfes pro= batus parentibis | qudd liberiès vivebar & rem fanilia- rem negligebat, à patre exheredarus fl, QUE conrmmelia non fregit eum , fed erexit ( Corn. Nep. 2 Themif, 8 RE L cap. j. ). Voïlà ün qui ê un que qui commencent chacun une phrafe. Il me femble qu'il faut interpreter de premier comme s'il y avoit, «TQUI IS cm mi- ais effet prebatus, &c. (OR CELUI-CI n'étant pas dans es bonnes graces de fes parens ): c’eft une remarque que l’hiftorien veut joindre à ce qui précede, par une tranfition. Qu.Æ contumelia non fregit eum, féd'erexir, c’eft-à-dire, FERUM HÆC contumelia non fregiteum, fèd erexir ;V’effet naturel de l’exhérédation devoit être d’affiger Thémiftocle & de l’abattre , ce fut le con- traïre. Il faut donc joindre cette remarque au récit du fait par une conjonétion adverfative , de même que les deux parties de la remarque pareïllement oppo- fées entr’elles : ainfi je traduirois; MAIS CET affront, au lieu de l’abattre, lui éleva l'ame : la conjonétion mais indique l’oppoñtion qu’il y a entre l'effet & la caufe ; & au lieu de défigne l’oppofition refpeétive de l'effet attendu & de l'effet réel, 1 n’y a pas une feule occafion où le qui ,que, güod ainfi employé, ou de quelque autre maniere que ce {oit, ne conferve & fa fignification démonftrative ëz fa vertu conjonétive, Outre qu’on vient de le voir dans l'explication analyfée' des exemples mêmes al- légués par D. Lancelot en faveur de l'opinion con- traire ; c’eft une conféquence naturelle de l’aveu que fait cet auteur que qui , quæ ,quod eft fouvent revêtu de ces deux propriètés, & c'eft lui-même qui établit le principe inconteftable qui attache cette confé- quence au fait, je veux dire l'invariabilité de la figni- fication des mots: « car c’eft par accident , ditl, » (ch. jx. } fi elle variequelquefois , par équivoque, » ou par métaphore ». Mais fila figmification demonf- trative & la vertu conjonétive font les deux proprié- tés qui caraétérifent cette forte de mot, à quoi bon le défigner par la dénomination du re/arif, qui eft va- | gue, qui convient également à tous les adjecufs, qui convient même à tous les mots d’une phrafe, puf- qu'ils font tous liés par les rapports refpeéhfs qui les font concourir à l’exprefion de la penfée ? Ne vaut- il pas mieux dire tout fimplement que c’eft un adyec- tif démonftratif & conjonälif ? Ce feroit, en le nom- mant,en déterminer clairement la deftination , & pofer , dans la dénomination même , le principe juf- tificatif de tous les ufages que les langues en ont faits. Cependant comme il y a d’autres adjeétifs démonftra- tifs, comme is, ea, id ; hic, h@c, hoc ; lle, illa , illud; ifle, ifla, iflud , &c. & que cette idée individuelle ne donne lieu à aucune loi particuhere de fyntaxe : je crois que l’on peut fe contenter de la dénomination d'adjeiif conjondif, telle que je lai établie d’abord, parce que c’eit de cette vertu cononétive & de la nature générale des adjeétifs , que découlent les re- oles de fyntaxe qui font propres à cette forte de mot. Premiere regle. L’adjeétif conjontlif s’accorde en gen- re , en nombre, & en cas, avec un cas répété de l'an: técédent, foit exprimé , foit fous-entendu. Je m'ex- prime autrement que ne font les rudimentaires , par- ce que la Philofophie ne doit pas prononcer fimple- ment fur des apparencestrop{ouvent trompeufes, &c prefque toujours infuffifantes pour juftifier fes déci- fions. On dit communément que le re/asif s'accorde | avec l’antécédent en genre, en nombre, èc en per- fonne ; & l’on cite ces exemples : Deus QUEM ado- ramus effommpotens , timete Deum QUI mundium con- didir. On remarque fur le premier exemple, que quem eft au fingulier & au maiculin, comme Deus ; mais ,» 2 A 2 ! 2 3 qu'il n’eft pas au même cas; ë&c qu'il eft à Paccufatif, qui ef le régime du verbe adoramus ; fur le fecond exemple, que gx eft de même qu'au finguher & au mafculin comme Deum, mais non pas au même cas, puifque qui eft au nommatif, comme fujet de condi- dit : on conclud'de-là que Le reatif ne s'accorde pas en cas avec l’antécédent. On remarque encore que qui, dans le fecond exemple, eft de la troïfieme per- fonne , comme Deum , puifque le verbe cordidir eft à la troïfieme perfonne , & qu’il doit s’accorder en perfonne avec fon fujet, qui eft qu. ; Ce qui fait que Pon décide dela forte, c’eftle pré- jugé univerfel que qui , que, quod eft un pronom : il eft vrai que le cas d’un pronom ne fe décide que par le rapport propre dont 1l eft chargé dans l’enfemble de la phrafe, quoiqu'il fe mette au même genre &c au même nombre que le nom fon correttif, dont il tient la place , ou qui auroit pu tenir la fenne ; mais ce n’eft pas tout-à-fait la même chofe de l’adyeéhf cor jonitif, & la méthode latine de P. R. elle: même m'en fournira la preuve. « Le relatif QUI , QUÆ, QUOD, » doit ordinairement être confidèré comme entre deux » cas d’un même fubftantif exprimés ou fous-enten- » dus; & alors il s accorde avec l’antécédent en gen- » re & en nombre ; & avec le fuivant, même en cas, » comme avec fon fubftantif». C’eft ce qu’on lit dans l'explication de la feconde regle de la fyntaxe ; & n’eftil pas furprenant que Pon partage ainfi les re/a- tions du relatif, fi je puis parler de la forte, & que Pon en décide Le genre & le nombre par ceux du nom qui précede , tandis qu'on en détermine le cas par celui du nom qui fuit ? N’étoit-:il pas plus fimple de rapporter tout au nom fuivant , & de déclarer la con- cordance entiere comme à l'égard de tous les autres adjecuis ? La vérité de ce principe fe manifefte partout. 1°. Quand le nom eft avant & après l’adyecfif conjonc- tif, comme, LITTERAS abs te M. Calenus ad ne attu- lis ,in QUIBUS LITTERIS Jribis, Cic. Ultra EUM LOCUM QUO in LOCO Germani confederant | Cæf. EODEM ut JURE uti fenem liceat , QUO JURE fur ufus adolefcentior, Ter. 2°. Quand le nom eft fup- primé après l’adjechf conjontif , puifqu’alors on ne peut analyfer la phrafe qu’en fuppléant l’ellipfe du nom , comme cogrofces ex I1S LITTERIS QUAS li- berto tuo dedi, Cac. pour ex listeris quas litteras , dit la méthode latine ( loc. cit. ). 3°. Quand le nom eft fup- primé avant l’ad ef conjonéhif, pour la même rai- fon; comme , populo ut placerent QU'AS feciffer FABU- LAS, Phœd. c’eft-à-dire , populo ut placerent FABU- : LÆ QUAS FABULAS fecifler. 4°. Quand le nom eft fupprimé avant &c après ; comme , /474 QUIBUS ir fatyré videor nimis acer, Hor. c’eft-à-dire , fm: HoO- MINES QUIBUS HOMINIBUS in faryré videor nimis acer. 5°. Quand l’adjedif conjonttif étant entre deux noms de genres ou de nombres différens , femble s’ac- corder avec le premier; comme, Herculi facrificiure fecisin LOCO QUEM PYRAM appellant, T. Liv. c’eft- à-dire, iz LOCO QUEM LOCUM appellant Pyram ; & encore Darius ad EUM LOCUM QUEM amanicas PY- LAS vocant pervenit, Cut. c’eft-à-dire ad EUM Lo- cuM QUEM LoCUM vocant Pylas amanicas, 6°. Et encore plus évidemment quand ladjeéhif conjoniütif s’accorde tout fimplement avec le mot fuivant; com- me , ANIMAL providum & Jagax QUEM vocanus HOMINEM ; quoiqu'il {oit vrai que cette concor- dance ne foit alors qu’une fyllepfe (voyez SYLLEPSE); mais ce qui a amené cette {yllepfe , c’eft l’authenti- cité même de la regle que l’on établit ici, & que l’on croyoit fuivre apparemment. Élle eft fondée, comme on voit, fur ce que le pré- tendu pronom relaufeftun véritable adjeétif, & que, comme tous les autres, 1l doit s’accorder à tous égards avec le nom ou le pronom auquel on Papplique , &c cela en vertu du principe d'identité. Poyez IDEN- TITÉ. Seconde regle. L’adje&if conjonéhif appattient toujours - À une propofition incidente, qui eft modificative de l'antécédent; & cet antécédent appartient par confé- quent à la propoñition principale. C’eft une fuite néceffaire de la vertu conjonttive { REL enfermée dans cette forte de mot: partout où 11 y a conjonétion , il:y a néceflairement plufieurs propoñi- tions, puifque les conjonétions font des mots qui dé- fgnent entre les propoñtions , une liaifon fondée fur les rapports qu’elles ont entre elles : d’ailleurs la concordance de l’adjeétif conjon&if avec l’antécédent ne paroît avoir été infüituée , que pour mieux faire £oncevoir que c’eft principalement à cet antécédent que doit fe rapporter la propofition incidente, Je n'infifte pas davantage fur ce principe, qui, appa- _remment, ne me fera pas contelté : mais je dois faire faire attention à quelques corollaires importans qui en découlent. Coroll, 1. Dans la conftruttion analytique, & dans toutes les occafñons où l’on doit en conferver la clar- 16, ce qui eft prefque toujours nécefaire ; l'adjectif conjonthf doit fuivre immédiatement l’antécédent, & être à la tête de la propoñtion incidente. La con- jonétion, qui eft l’un des caraéteres de cet adjettif, eft le figne naturel du rapport de la propoñition inci- dente à l’antécédent ; elle doit donc être placée en- tre l’antécédent & l’incidente , comme le lien com- mun des deux, ainfi que le font toujours toutes Les autres conjonétions. Les petites exceptions qu’il peut y avoir à ce corollaire dans la pratique, peuvent quelquefois venir de la facilité que le génie particu- Ler d’une langue peut fournir pour y conferver la clarté de l’énonciation, par exemple, au moyen de la concordance des terminaifons ou de la répétition de lPantécédent, comme dans les langues tranfpofi- tives : ainfi, la concordance du genre & du nombre fauve la clarté de Pénonciation dans cette phrafe de Térence , QUAS credis effe has, non funt vere nuptie, parce que cetteconcordance montre aflez nettement que zuptie eft l’antécédent de quas , qui ne peut s’ac- corder qu'avec ruprias; & c’eft à-peu-près la même chofe dans ce mot de Cicéron, QUAM quifque norie artem,in häc fe exercear. D’autres fois l'exception peut venir de la préférence qui eft dûe à d’autres princi- pes, en cas de concurrence avec celui-ci; & cette référence, connue par raifon ou fentie par ufage, fauve la phrafe des incertitudes de l’équivoque : tels font Les exemples où nous plaçons entre l’antécédent & l'adjeitif corjontif, ou une fimple propofition , ou même une phrafe adverbiale dans le complément de laquelle doit être ladje&if conjon&if ; la maniere mê- me dont je viens de m'expliquer en eft un exemple ; & l’on en trouve d’autres au 10 INCIDENTE. Cerell. 2. Puifque l'adjectif conjonthif eft eflentiel- fement démonftratif, & que lanalyfe fuppofe dans la propofition incidente la répétition du nom ou du pronom anftécédent avec lequel s'accorde Pade&if con'onthif ; cet antécédent eft donc envifagé fous ce point de vue démonftratif dans la propofñtion inci- dente : mais cette propofñtion incidente eft modif- cative du même antécédent envifagé comme partie de la propofition principale : donc il doit être confi- déré dans la principale fous le même point de vue dé- amonftratif; puis qu'autrement l’incidente, quu fe rap- porte à l’antécédent pris démonftrativement , ne pourroit pas fe rapporter à celui de la propoñition principale. C’eft précifément en conféquence de ce principe que dans la phrafe latine on trouve fouvent le premier antécèdent accompagné de l’adjedtif dé- monfitratif is, ou hic, ou ile, &c. ultra EUM locum guounr loco Germani confederant ; cognofces ex IIS lir- éeris quas, 60, & Virgile la même exprimé avec le pronom ego; ILLE epo qui quondam, Gr, C’eft aufh le fondement de la regle propoiée par Vaugelas (re. 369.) comme propre à notre langue , que e pronom relatif (ce/f-a-dire l'adje@tif conjon@tif ), nefe peut rap- Portèr à un nom qui n'a point d'article. Vaugelas nas voit pas apperçu toute la généralité de cette regle ; da Grammaire générale (part, LI, ch, x.) l’a difcutée Tome XIF, REL 39 ëvèc beaucoup de foin; M. du Marais , qui en à préfenté la caufe fous un autre afpeét que je ne fais ici, quoiqu'au fend ce foit la même, a° réduit la regle à fa jufte valeur (ARTICLE ,p. 736 col. ij.)$ M. Duclos femble avoir ajouté quelque chofe à Ia préciñon (rem, fur le ch. x. de la gram, genér.) ; & M. l'abbé Fremant a enrichi fon /äpplément ({ur Le même chap.) de tout ce qu'il a trouvé épars dans différens auteurs fur cette regle de fyntaxe. Voilà donc les fources où il faut recourir pour fe fixer fur le détail d’un principe, que je ne dois montrer ici que fous des termes généraux ; & afin de favoir quels autres mots peuvent tenir lieu de l’article ou être réputés articles, on peut voir ce qui en eff dit au 7204 INDE FINI, (52. 2.) ALES | Coroil, 3. Commelafigmñcation propre de chaque mot eft effentiellement une; c’eit une erreur que de croire, comme 1l femble que tous les Grammairiens le croient, que ladje&if conjonélif puifle être em- ployé fans relation à un antécédent, &c fans {uppo: fer une propofition principale autre que celle où en: tre cet adjectif, Qui, que, quoi , lequel font, au dire des Grammairiens françois, ou relarifs ou abfolus : relatifs ; quand ils ont relation à des noms ou à des perfonnes qui les précedent; abfolus, quand ils n’ont pas d’antécédent auquel ils aient rapport. Voyez la gram. fr. de M. Reftaut, ch, v. art. 5. G& 6. Ab uno difce omnes. Dieu QUI aime les hommes , l'argent QUE j'ai depenfe, ce 4QUOI vous penfez, l: genre de vie AU- QUEL on fe defline ; dans tous ces exemples, qui que, quoi & auquel {ont relatifs : is font abfolus dans ceux-Ci, Je fais QUI vous a acchfe, je ne [ais QUE vous donner , marquez-moi 4 QUOI je dois mem temir , 8 après avoir parlé de livres, je vois AU QUEL vous don: nez la préférence ; ils fe font encore dans ces phrafes -qui font interrogatives, QUI vous a accufé ? QUEvous donnerai-je ? 4 QUOI penfez-vous ? & après avoir parlé de livres , AUQUEL donnez-vous la préférence ? C’eft la même chofe en latin: gui, que, quod y font relarifsi quis ; quid y {ont abfolus. Mais approfondiflons une fois les chofes avant que de prononcer. Je l’ai déjà dit dans cet article , & je le répete encore : la fignification propre des mots e effentillement une : la multiplicité des fens propres feroit direétement contraire au but de la parole, qui eft l’énonciation claire de la penfée ; &c fi lufage in< troduit quelques termes équivoques, par quelque caufe que ce foit, cela eft très-rare, & l’on ne trou- vera pas qu’il ait jamais expolé à ce défaut trop con- fidérable , aucun des mots qui font de nature à fe montrer fréquemment dans le difcours. Or il eft conftant que gai, que, quod eh latin, qui , que, quoi, lequel en françois fontordinairement des adjeéifs con- Jonélifs + il faut donc en conclure qu’ils le font tou jours , &t que dans les phrafes où ils paroïflent ema ployés fans antécédent, il y a une ellipfe dont l’a: nalyfe fait bien remplir le vuide. Reprenons les exemples pofitifs que l’on vient de voir. Je fais QUI vous a accufé , c’eft-à-dire, je fais la perfonne QUI vous a aecufe : je ne fais QUE vous donner, C’eft-à-dire , je me fais pas la chofe QUE je puis vous donner, où QUE je dois vous donner : mar: quez-moi 4 QUOI je dois m'en tenir, c’eft-à-dire, rar quex-moi le {entiment , ou l'opinion, ou le parti, éc. __& QUOI je dois m'en tenir : en parlant de livres , 7e vois AUQUEL vous donnez la préférence; c’eft-à-dire, Je vois le livre AUQUEL vous donnez la préférence ; le genre mafculin & le nombrefingulier du mot auquel, prouvent aflez qu’on le rappoïte à un nom mafculin & fingulier, Mais en général ces adje@ifs étant ef= fentiellement conjonttifs, & fuppofant, par une con féquence néceflaire, un antécédent auquel ils fers vent à joindre une propofition incidente ; 1l a été très-façile à l’ufage d’autorifer Pellipfe . cet antés 60 REL cédent, lorfque les circonftances {ont de nature à le défigner d’une maniere précile; parce que Le but de la parole*en eft mieux rempli , la penfée étant peinte fans équivoque & fans fuperfluité : or 1l eft évident que c’eft ce qui arrive dans tous les exemples précé- dens;il n’y a qu'une perfonne qui puifle accufer quel- qu'un, & d’ailleurs ’ufage de notre langue eft, en cas d’ellipfe , de n’employer 92 qu'avec relation aux perfonnes ; gue eft toujours relauf aux chofes en pa- reille occurrence , & c’eft la même chofe de quoi ; pour quel, on ne peut s’en fervirqu'immédiatement après avoir nommé l’antécédent, dont ce mot rap- pelle nettement l’idée au moyen de Particle dont 1l eft compoié. Cette poflbilité de fuppléer Pantécédent fert en- core de fondement à une autre ellipfe, qui dans loc- cafñon en devient comme une fuite ; c’eft celle du mot qui marque l'interrogation , dans les phrafes où lon a coutume de dire que les prétendus pronoms abfolus font interrogatifs. Qu1 vous a accufe ? C’eft- à-dire, ( dites-moi la perfonne ) QUI vous a accujé ; QUE vous donnerai-Je ? c’eft-à-dire , (indiquez -moi ce) QUE je vous donnerai ; & QUO1 penfez-vous ? c’eft- à-dire, (faites-moi connoître la chofe) 4 quoi vous penfèz ; AUQUEL donne;-vous la préférence ? c’elt-à- dire,( déclarez le livre) AUQUEL vous donnez la pré- férence. Dans toutes ces phrafes , Padye&if conjon@if fe trouve à la tête, quoique dans l’ordre analytique il doive être précédé d’un antécédent ; c’eft donc une néceflité de le fuppléer : d’ailleurs puifqu'il appar- tient toujours à une propoftion incidente , & l’anté- cédent à la principale, & que cependant 1l nya qu’un feul verbe dans toutes ces phrafes, qui eft celui de l'incidente ; il faut bien fuppléer le verbe de la prin- cipale : mais comme le ton , quand on parle, indi- que fuffifamment Re , & qu’elle eft mar- uée dans lécriture par la ponétuation, ce verbe doit être interrogatif ; & par conféquent ce doit être l'impératif fingulier ou pluriel, felon l'occurrence, des verbes qui énoncent un moyen de terminer l’in- certitude ou l'ignorance de celui qui parle, comme dire , déclarer, apprendre , enfeigner ; remontrer, faire connoître, indiquer , défigner , nommer , &c. (voyez INTERROGATIF.) Dans ce cas , l’'antécédent fous- entendu que l’on fupplée, doit être le complément de ce verbe impératif, comme on le voit dans le dé- veloppement analytique des exemples que je viens d'expliquer. Ce que je viens de dire par rapport à notre lan- gue eft effentiellement vrai dans toutes Les autres , & fpécialement en latin. Le guis & le quid, quoi- qu'ils aient une terminaïfon différente de qui & de quod , ne font pourtant guere autre chofe que ces mots mêmes , à moins qu'on ne veuille croire que quis c’eft qui avec la terminaïfon du démonftratif :s qui en doit modifier lantécédent , & que quid c’eft quod avec la terminaifon du démonftratif 4. Cette opinion pourroit expliquer pourquoi gzis ne s’em- ploie qu’en parlant des perfonnes , & qzid en parlant des chofes ; c’eft que le démonftratif :s fuppofe Pan- técédent homo, &c le démonftratif id , l’'antécédent negocium ; d'où il vient que quis étoit anciennement ‘du genre commun, ainfi que les mots qui en font compofés, quifquis , aliquis, ecquis, &c. (voyez Prifc. ‘xiij, defecundä pron. decl. Voff. de anal. iv. 8.) Mais admettre ce principe, c’eft établir en mêmetems la néceffité de fuppléer ces antécédens, foit que les phrafes foient pofitives , {oit qu’elles aient le fens interrogatif; & fi elles font interrogatives, il y a ‘également néceflité de fuppléer le verbe interroga- tif, afin de completter la propofition principale , & de donner de l'emploi à Pantécédent fuppléé. Au refte, que quis & quid Viennent de qui, que, quod, & n’en different que comme je l’a dit ; on entrouve REL une nouvelle preuve, en ce qu'ils n’ont point d’au- tres cas obliques que qui, quæ , quod , &t qu'alors la terminaifon ne pouvant plus montrer les difinétions que jai marquées plus haut, on eft obligé d’expri- mer le nom qui doit être antécédent. Puifque c’eft la vertu conjon@tive qui eft le prin- cipal fondement des lois de la fyntaxe par rapport à l'efpece d’adje@tif dont je viens de parler ; il eft im- portant de reconnoitre les autres mots conjonühifs , fujets par conféquent aux regles qui portent fur cette propriété. | Or il y a en latin plufeurs adjeéifs également -conjonthifs. Tels font, par exemple , gualis , quantus, guor, qui renferment en outre dans leur figmification la valeur des adjeétifs démonftratifs salis , tantus, tot, de la même maniere que gui, quæ, qguod renfer- me celle de l’adjeétif démonftratif is, ea, id. Mais dans la conftruétion analytique, l’antécédent de qui, que , quod. doït être modifié par l’adjeétif démonftra- tifés, ea, id, afin qu'il foit pris dans la propofñition principale fous la même acception que dans Pinci- dente : les adjeétifs qgualis , quantus, quot , fuppofent donc de même un antécédent modifié par lesadjeétifs démonfiratifs , salis , tantus , tot, dont ils renferment la valeur. Cette conféquence eft juftifiée par les exemples fuivans: QuALES Jumus, TALES efle vi- dearmur ; Cic. videre mihi videor TANTAM dimicatio- rem, QUANTA nunquarm fuir ; Id. de nullo opere pu- blico TOT fenatñs extant confulla; QUOT de me do- mo. Id. Les adje@ifs cyjus , cujas, quotus, font auffi coz- jonéfifs , & ils font équivalens à des périphrafes qu'il faut rappeller quand on veut en analyfer les ufa- ges. Cujus fignifie ad quem hominem pertinens ; inf l'an- técédent analytique de ces, c’eft is homo , parce que le vrai corjonéif quirefte après ladécompofñtion, c’eft qui, que, quod. La troifieme églogue de Vir- gile commence ainfi: Dicmihi, Damæia, CUIUM pecus ? c’eft-à-dire, dic mihi, Damæra, (eum homi- nem) cuJu M pecus (eft hoc pecus ) ou bien 44 querz hominem pertinens ( elt hoc pecus ) : fur quoi j’obfer- veraïi en pañlant , que l'interrogation eft exprimée 1ci pofitivement par dic mihi , conformément à ce que _ j'ai dit plus haut, dont cetexemple devient une nou- velle preuve. Cette maniere de remplir la conftruc- tion analytique par rapport à l’adjeéhf cuyus, eft au- torifée non-feulement par la raïon du befoin, telle que je l'ai expofée, mais par Pufage même des meil- leurs écrivains : je me contenterai de citer Cicéron, (3. Vertin.): ut optimé conditione fit IS, CUJA res Je, cusuM periculum; que manque-t-il avec is, que le nom komo , fuffifamment défigné par le genre de ss & par le fens ? 1 Cujas veut direex qué regione Ou gente oriundus ? donc l’antécédent analytique de cujas, c’eft ea regio, ou ea gens. Voici un trait remarquable de Socrate , rapporté par Cicéron ( V. Tufc.) : Socrates quidem cm rogaretur CUJATEM Je effe diceret, mundanum , inquie ; C'eft-à-dire , cèm rogaretur (de eà regione } CUJATEM fe effe diceret , où bien ex qué regione oriur- dum fe effe dicerer. VE Qvorvs, c’eft la même chofe que f lon difoit in quo ordinis numero locatus , &t pat conféquent l'a- nalyfe afligne pour antécédent à cet adjedtif , is or- dinis numerus, dont l'idée eft reprife dans quorus. Hora QuoTA eff, Hor. c’eft la même chofe que f l’on difoit analytiquement, (dic mihi eum ordinis numetum ) £72 quo ordinis numero locata eff (præfens)} hora. tu Je pourrois parcourir encore d'autres adjeétifs conjonélifs & les analyfer ; mais ceux-ci fufhfent aux vues de l'Encyclopédie , où il s’agit plutôt d’expofer des principes généraux, que de s’appefantir fur des REL détails particuliers. Ceux qui font capables d’entrer dans le philofophique de la Grammaure , m'ont en- tendu; & ils trouveront, quand il leur plaira, les détails que je fupprime. Au contraire , 1e n’en ai que trop dit pour ceux à qui les profondeurs de la Méta- phyfique font tourner la tête , ë&c qui veulent qu’on apprenne les langues comme ils ont appris le latin : ferblables À arlequin, qui devine que collegium veut dire college , ils ne veulent pas que dans quota hora e/? on voie autre chofe que quelle heure effil, À la bonne heure; mais qu'ils s’aflürent, s'ils peuvent, qu'ils y Voyent ce qu'ils y croyent voir, ou qu'ils {ont en état même de tendre raifon de leur propre phraie, quelle heure fl Le . Je n'irai pourtant pas jufqu’à fupprimer en leur faveur quelques obferyations que je dois à une au- tre fotte de mots com/on&ifs , & que lontrouve dans toutes les fanoues ; ce font des adyerbes. Les uns font équivalens à une conjontion & à un adverbe, qui ne vient à la fuite de la conjonion que parce qu’il en eft l’antécédent naturel : tels font 94a- liter , qgüam, quandiñ, quoties , quum , qui renferment dans leur figmfcation , & qui fuppofent avant eux les adverbes correfpondans £aliter, ram , randii , 10- sies , tum. Jai déjà cité ailleurs cet exemple : #7 gvo- TIESCUMQUE gradum facies | TOTIES tibi ruarum virtutum venir in mentem. Cic. Je n’y en ajouterai aucun autre, pour ne as être trop long. D’autres adverbes fon: corjonchfs , parce qu'ils font équivalens À une prépofition complette, dont le complément eft un nom modifié par un adjeétif conjeiti, amf ils fuppofent pour antécédent ce mé- me nom modifié par l’adjeétif démonftratif corref- pondant : tels font les adverbes cur ou quare, quamo- rem , quardo, guapropter, quomodo, quoniam , & les adverbes de lieu #8, urde, qua , quo. Cur, quare, quamobrem , quapropter & guoniam , font ä-peu-près également équivalens à 08 g4am rem, qui font les élémens dont gxamobrem eft compolé , Où bien à proprer quam canfam , qué de re, qui de cauf& ; d'où il faut conclure que l’antécédent que Panalyfe leur afligne , doit être ez res ou ea caufa. sando Veut dire ir quo rempore , & fuppoie con- Téquemment l’antécédent 7 rempus exprime ou fous- entendu. Quomodo eft évidemment la même chofe QUE #7 Ou ex guomodo , À par conféquent il doit être précédé de lantécédent is modus. … Üb1 veut dire ir gu0 loco ; unde fignifie ex g10 Loco: qua C’eit per quem locum ; qud eft équivalent à ëz ou ad quem locum : du moins dans les circonftances où ces adverbes dénotent le lieu : ils fuppofent donc alors pour antécédent is ocus. Quelquefois ubi veut dire in quo tempore ; tnde fipnifie {ouvent ex qua caufé Où ex qué origine où ex quo. Principio ; quù a par fois le fens de ad quem finem : alors il eft égale- Gi ment aifé de fuppléer les antécédens. Quidni, quin &t quominis ont encore à-peu-près le même fens Que guare, mais avec une négation de plus ; ainfi 1ls fignifient P'Opter qua rem non, & ce 707 doit tomber fur le verbe de la phrafe inci- dente, . Fous ces mots con/onifs, 8e d’autres que je m’ab- fliens de détailler | font aflujettis aux regles qui ont Été établies fur qui, que, guod en conféquence de fa vertu conjontive, [|s ne peuvent qu'appartenir à une propoñtion incidente ; leur antecédent doit faire partie de la principale; s'ils font employés dans des phrafes interrogatives , il faut les analyfer comme celles où entre qui ,que, guod, je veux dire ,en rap- Pellant Pantécédent propre & limpératif qui doit marquer interrogation. Il y a dé pures conjonéhons qui fuppofent même un terme antécédent; tel eft, par exemple, #7 , que je remarqueraientre toutes lesautres, comme la plus REL 61 importante; mais c’eft aux circonftances du difcours a déterminer l’antécédent, Par exemple , l’adverbe flatim eft antécédent de xs dans ce vers de Virgile : UT regem æquæevum crudeli vulnere vidi EX pirater anis mam. C'eft l'adverbe /£c dans cette phrafe de Plaute : UT vales ? comme s’il avoit dit die mihi fic UT vales. C’eff isa dans celle-ci deCicéron : invicus feciUT L.Fla- iniuim de fenatu ejicerem, c’eft-à-dire féci Ha UT eji- cerem. C’eft aded dans cette autre de Plaute : falfafune, tangere UT non velis, c’eft-à-dire furt falfa aded wr non vells tangere. C’eft in hunc finem dans ce mot de Cicéron: UT veré dicam, c’eft-à-dire (in hunc finem) UT dicam verè, à cette fin QUE je dife avec vérité, pour dire la vérité. C’eft ainti qu’il faut ramener par l’analyfe un même mot à préfenter toujours la même fignification, autant qu'il eft pofble ; au lieu de {up- pofer, comme on a coutume de faire , qu'il a tantôt un {ens & tantôt un autre, parce qu'on ne fait atten- tion qu'aux tours particuliers qu’aûtorifent les difé- rens gémes des langues , fans penfer à les comparer à la regle commune , Qui eft le lien de la communica- tion univerfelle, je veux dire à la conftrudion ana= lytique. Quoique lon foit affez généralement perfuadé que notre langue n’eft que peu ou point elliptique, on doit pourtant ÿ appliquer les principes que je viens détablir par rapport au latin: nous avons, comme les Latins, nos adverbes conjonchfs , tels que comme, comment, combien, pourquoi, où : notre conjonétion que reflemble aflez par l’univerfalité de {es ufages, à Vus de la langue latine , & fuppofe , comme elle, tantôt un antécédent & tantôt un autre ; felon les circonflances. QUE ne puis-je vous obliger ! c’eft-à- dite (je fuis fâché dece) Que je ne purs vous obliger. QUE vous étes léger! c’eft-à-dire (je fuis furpris de ceque vous êtes léger autant) ow£ vous êtes léger, &c. Je m'arrête, & je finis par une obfervation. Il me femble qu'on n’a pas encore aflez examiné & re- connu tous les ufages de l'ellipfe dans les langues : elle mérite pourtant l'attention des Grammairiens ; c’eft l’une des clés les plus importantes de l'étude des langues, & la plus néceffaire à la conftrution analy- tique , qui eft le feul moyen de réufhir dans cette étude. Voyez INVERSION, LANGUE » MÉTHODE. (E. R. M, B. RELATION, £ f ( Gramm. & Philofoph. ) eft le rapport d’une chofe à une autre, ou ce qu'elle eft par rapport à l’autre. Ce mot eft formé de reféro , rap porter; la relation confiftant en effet, en ce qu'une chofe eftrapportée à une autre; ce quifait qu’on lap- pelle aufli regard, habisude, comparaifon, Voyez CoM- PARAISON & HABITUDE. Nous nous formons l’idée d’une re/arion quand l’ef- pritconfidere une chofe de maniere qu'il femble lap- procher d’une autre , & y comparer, & qu'il pro- mene pour ainfi dire fa vue de l’une à l’autre ; confé- quemment les dénominations des chofes ainfi conf- dérées lune par rapport à l'autre » {ont appellées re- latives, aufli-bien que les chofes même comparées enfemble. Voyez IDÉE. Ainfi quand j'appelle Caïus #arc, où une muraille plus blanche, J'ai alors en vue deux perfonnes ou deux chofes avec lefquelles je compare Caius ou la muraille. C’eft pourquoi les philofophes fcholaftiques appellent la muraille le füujes : la chofe qu’elle fur- pafle en blancheur, le serme ; & la blancheur, le fo- dement de la relation. La relation peut être confidérée de deux manieres : ou du côté de l’efprit, quirapporte une chofe à une autre, auquel fens la relarion n’eft qu'un envie ou une affection de l’efprit par lequel fe fait cette com- paraïfon, ou du côté des chofes relatives : auquel cas ce n’eft qu'une troifieme idée qui réfulte dans l’ef. prit de celle des deux premieres comparées enfem- 62 R EL ble ; en forre que la relarion , dans quelque fens qu’on la prenne , ne réfide toujours que dans l’efprit, & non pas dans les chofes mêmes. M. Lock obferve que quelques-unes de nos idées peuvent être des fondemens de ye/asions, quoique auandieslangues manquent d'expreflions , cette forte le relations toit difficile à faire fentir ; telle que celle de coneubine, qui eftun nom relarif aufh-bien que femme. Eneflet , il n’y a pas d'idée qui ne foit fuféeptible d’une imfinité de relarions ; ainfi on peut cumuler fut le même homme les relations de pere , de frere, de fils, de mari, d'ami, de fujet, de général, d’infu- laire, de maître, de domeftique, de plus gros, de plus petit, & d’autres encore à infini; caril eft fuf- ceptible d'autant de relations aw’il'y aura d’occafions de le comparer à d’autres chofes, êt en autant de ma- nieres qu'il s’y rapportera ou en différera. Les idées des relations font beaucoup plus claires & plus diffinétes que celles des chofes mêmes qui {ont en relation , parce que fouvent une fimple idée fufit pour donner la notion d’une e/ation, au lieu que pour connoire un être fubftantiel , il en faut né- ceffairementrafflembler plufeurs. Voyez SUBSTANCE. La perception que nous avons des relations entré plufturs idées que l’efprit confidere , eftce que nous appellons jugement. Ainfiquand je juge que deux fois deux font quatre & ne font pas cinq, je perçois feu- lement l'égalité entre deux fois deux & quatre, & l'inésalité entre deux fois deux & cinq. Voyez JUGE- MENT. La perception que nous avons de relations entreles relations de différentes chofes , conftitue ce que nous appellons raifonnerment, Ainfi quand de ce que quatre eft un plus petit nombre que fix, & que deux fois deux égalent quatre, je conclus que deux fois deux font moins que fix; je perçois feulement la relarion des nombres deux fois deux & quatre, & celle de qua- tre & fix. Voyez RAISONNEMENT. Lesidées de caufe & d’effet nous viennent des ob- fervations que nous faïfons fur la viciffitude dés cho- fes , en remarquant que quelques fubftances ou qua- lités qui commencent à exifter tirent leur exiftence de l'application & opération de certaines autres cho- fes. La chofe qui produit eft la caufe ; celle qui eft pro- duite eft l'effet, Voyez CAUSE & EFFET. Ainfi la flui- dité dans la cire eft l'effet d’un certain degré de cha- leur que nous voyons être conftamment produit par lapplication du même degré de chaleur. Les dénominations des chofes tirées du tems ne font pour la plüpart que des relations. Ainfi quand on dit que Louis XIV. avécu 77 anis & en arégné 72, on n’entend autre chofe , fi ce n’eft que la durée de fon exiftence a été égale à celle de 77, & la durée de fon regne à celle de 72 révolutions folaires ; telles font toutes les autres expreflions qui défignent la du- tée. Les termes jeunes &c vieux , & les autresexpreffions ui défignent le tems, qu’on croit être des idées po- an , tont dans la vérité relatives, emportent avec elles l’idée d’un efpace ou d’une durée dont nous avons la perception dans l’efprit. Ainfi nous appel- lons jeune ou vieux quelqu'un qui n’a pas atteint, ou qui a pañlé le terme jufqu’où les hommes ont coutu- me de vivre ;nous nommons Jeune homme un homme de vingt ans; mais à cet âge un cheval eft déja vieux. Il ÿ a encore d’autres idées véritablement relati- ves, mais que nous exprimons par des termes pofi- tifs & abfolus; tels que ceux de grand, de per, de fort, de foible. Les chofes ainfi dénommées font rap- portées à certains modeles avec lefquels nous les comparons. inf nous difons qu'une pomme eft orofle, lorfqw’elle eff plus groffe que celles de fa forte n’ont coutume d’être ; qu’un homme eft foible lerf- qu'il na pas tant de force qu’en ont {es autres hom= mes, ou du-moins les hoïnines de fa taille. Les auteurs divifent les re/asions différemment. Les philofophes {cholaftiques les divifent ordinairement en relations d’origine , par Où 1ls entendent toutes les relations de caute & d'effet ; relations de négation, en- tre des chofes oppofées l’une à l’autte; &t relation d’afférmation , telles que les relations de convenance entre le tout & la partie, le figne &c la chofe figni- fiée , l'attribut & le fujet. Cette divifion eft fondée fur ce que lefprit ne peut comparer que de trois mas nieres, où en inférant , Ou en niant, OÙ en affirmant. D'autres les divifent en relations d’origine , rela= tions de convenance, C’eft-à-dire de reflemblance, de parité ; relation de diverfiré, c’'eft-à-dire dé diffemblance &c de difparité ; & celles d'ordre, comme la priorité , la poffériorité, &c. D’autres les divifent en prédicamentales & tranf- cendantales. Sous la premiere clafle font rangées tou- tes les relations de chofes qui ont un même prédica- ment ; telles que celles du pere au fils. À la feconde appartiennent celles qui font plus que les rédicamens , ou qui en onf de différens ; comme les relations de fubftance & d’accident , de caufe & d’ef- fet, de créateur & de créature. #oyez TRANSCEN- DANTE, Gc. Re, M. Lock tire fa divifion des relations d’un autre principe. Il obferve que toutes les idées fimples dans lefquelles il y a des parties ou degrés, donnent oc- cafion de comparer les fujets dans lefquels fe trou- vent ces parties à quelque autre, pour y appliquet ces idées fimples ; telles font celles de plus blanc, plus doux, plus gros, plus petit, &c. Ces relations dépendant de l'égalité & de Pexcès de la même idée fimple dans différens fujets ; peuvent être appellées relations proportionnelles. Une autre occafon de comparer les chofes étant prife des circonftances deleur origine, comme pere, fils, frere , &c. on peut appeller celles-ci re/artons naturelles. Quelquefois la raïfon de confidérer les chofes , fa tire d’un aéte que fait quelqu'un, en conféquence d’un droit, d’un pouvoir, ou d’une obligation mo- rale ; telles font celles de général , de capitaine, de bourgeois; celles-ci font des re/arions inflituées & volontaires, & peuvent être diftinguées des natu- relles , en ce qu’elles peuvent être altérées 8c fÉpa- rées dés fujets à qui elles appartiennent, fans que les {fubftances foient détruites, au lieu que les re/arions naturelles font inaltérables , &: durent autant que leurs fujets. Une autre forte de relations confifte dans la conve- nance ou difconvenance des aétions libres des hom- mes avec la regle à laquelle on Les rapporte ëc fur la- quelle on en juge; on les peut appeller relations mo rales. C’eft la conformité ou la difconvenance de nos ac- tions à quelque loi (à quoi Le légiflateur a attaché par fon pouvoir & fa volonté, des biens ou des Maux , qui eft ce qu’on appelle récomperfe ou punition), qui, rend ces a&tions moralement bonnes ou mauvaifes, Voyez BIEN 6 MAL. j Or ces lois morales peuvent fe partager en trois claffes qui nous obligent différemment. La premiere conffte dans les lois divines ; la feconde dans les lois civiles ; la troifieme dans les lois de lopinion &c de la raifon Parrapport aux premieres, nos aétions font ou des péchés ou des bonnes œuvres ; par rapport aux fecondes, elles font ou criminelles ou innocen- tes; par rapport aux troïifiemes, ce font ou des ver- tus ou des vices. Voyez PÊCHÉ, VERTU, VICE, &c. RELATION, en Logique, eft un accident de fubf- tance que l’on compte pour une des dix catégories ou prédicamens. , RU EE Chaque fubftance ef fufceptible d’une infinité de relations. Ainf le même Pierre, confidéré par rap- port à Henri, et en relarion de maître ; par rapport À Jean, en celle de vañlal; par rapport à Marie, en celle d’époux , &c. De plus, comparé avec une per- fonne , il eft riche ; comparé avec une autre, 1l eft pauvre; enfin, comparé avec différentes perfonnes, il eft éloigné ou proche, grand ou petit, voifin ou étranger , favant ou ignorant , bon ou méchant, égal ouinégal, &c. Les philofophesfcholaftiques difputent beaucoup fur la queftion de favoir fi la relarion eft quelque chofe qui foit formellement &t réellement diftin de la fubftance même. Voyez SUBSTANCE. RELATION s'emploie aufh ez Théologie, pour défi- gner certaines perfeétions divines , qu'on appelle per- fonnelles, par lefquelles les perfonnes divines font rapportées l’une à l’autre, & diftinguées l'une de l’au- tre. Voyez PERSONNES. - Ainf les Théologiens enfeignent qu’il y a en Dieu une natureunique, deuxproceflions, trois perfonnes _& quatre relations. Voyez TRINITÉ. Ces relations font la paternité, la filiation, la fpi- ration active & la fpiration pañfive. Foyez PATER- MITÉ, Gc. Voyez auffi PERE, FILS, ESPRIT, 6tc. RELATION , en Géomérrie, en Arithmérique, 6'c. eft l'habitude ou le rapport de deux quantités l’une à l'autre à raïfon de leur grandeur. Cette re/ation s’ap- pelle plus ordinairement raÿ/or. Voyez RAïsow. La parité ou légalité de deux femblables relations s'appelle proportion. Voyez PROPORTION. RELATION , ex termes de Grammaire, eft la cor- refpondance que les mots ont les uns avec les autres dans l’ordre de la fyntaxe. Voyez SYNTAXE , CONS- FRUCTION , 6 l’article RELATIE. Les relations irrégulieres & mal appliquées, font des fautes que des écrivains correéts doivent éviter avec foin, parce qu’elles rendent le fens obfcur, &c fouvent même équivoque , comme dans cet exemple: on le reçut avec Pots: qui étoit d'autant plus éton- nante, qu'on l'avoit prié inflamment de vemir, 6 qu'on l'atrendoir avec impatience ; car ici le mot froideur étant employé d’une maniere indéfinie , le relatif gu7 ne peut pas avoir avec ce mot une relation jufte & ré- guliere. Voyez RELATIF. RELATION ie prend auf très-fouvent pour a7a- dogie, ou pour défigner ce qui eft commun à plufieurs chofes. Voyez ANALOGIE. En Peinture, en Archireëture, &c. c’eft une certaine relation des différentes parties & des differens mor- ceaux d’un bâtiment ou d’un tableau qui conftitue ce qu’on appelle fyrmérrie. Voyez SYMMÉTRIE. RELATION, (Jurifprud.) fignifie quelquefois #émoz- gnage Où rapport d'un officier public; comme quand on dit que le notaire en fecond ne figne les actes qu'à la relation de cehu qui reçoit la minute. Relation fignifie aufi quelquefois Le rapport & la Liaifon qu'il y a entre deux termes ou deux claufes, où deux parties différentes d’un atte. (4) RELATION hiflorique, € Hifloire. ) lesrelations hif soriques inftruifent des évenemens remarquables , tels que les conjurations , les traités de paix, les ré- volutions, &t femblables intérêts particuliers à tout un peuple. C’eft-là furtout qu’un hiftorien ne peut, fans {e manquer à lui-même , trahir la vérité, parce que le fujet eft de fon choix ; au lieu que dans une hiftoire générale , où il faut que les faits fuivent l’or- dre & le fort des tems, où la chaine fe trouve fou- vent interrompue par de vaftes lacunes ( car il y a des vuides dans l’hiftoire , comme des déferts fur la mappe-monde ); on ne peut fouvent préfenter que des conjeétures à la place des certitudes ; mais comme la phüpart des révolutions ont conftamment été trai- tées par des conremporains, que lefprit de parti met toujours en contradiétion , après que la chaleur des REL 63 faétions eft tombée, ileft pofhble de rencontrer la vérité au milieu des menfonges oppofés qui l’enve- loppent , & de faire des relations exaËtes avec des mémoires infideles. C’eft une obfervation du chan- celier Bacon ; on ne fauroit trop orner cet ouvrage des penfées de ce beau génie. (2. J. ) RELATION, {. f. er Mufique, c’eft le rapport qu'ont entr’eux les deux fons qui forment un intervalle, confidéré par l’efpece de cet intervalle. La re/arion eft jufte , quand l'intervalle efl jufte , majeur ou mi- neur, faufle, quand il eft fuperflu ou diminué. Voyez INTERVALLE. Parmi les faufles relations,on ne confidere généra- lement commetelles,dans l’harmonie,que celles dont les deux fons ne peuvent entrer dans le même mode, Ainf letriton , qui en mélodie eft une fauffe relarion, n’en eft point une dans l’harmonie, à moins que l’un de ces deux fonsnefoitune corde étrangere au mode. Mais la quarte diminuée & les oftaves diminuées &c fuperflues qui font des intervalles bannis de l’har- momie, font toujours de faufles re/azions. Autrefois les faufles relarions étoient toutes défen- dues avec beaucoup de rigueur. Aujourd’hui elles font prefque toutes permifes dans la mélodie , mais non dans lharmonie. On peut pourtant les y faire entrer ; maisil faut qu’un des deux fons qui for- ment la faufle relarion, ne foit admis que comme no- te de goût, & jamais ils ne doivent entrer tous les deux à la fois dans un même accord. On appelle encore relation enharmonique , entre deux cordes qui font à un ton de diftance , le rap- port qui fe trouve entre le dièfe de l’inférieure &c le bémol de lafupérieure. C’eft la même touche fur l’o- gue & fur le clavecin ; mais en rigueur ce n’eft pas le même fon; & il y a entr’eux un intervalle enhar- monique, /’oyez ÉNHARMONIQUE. (S) RELAVER, v. att. ( Gram.) layer de-rechef. Voyez Particle LAVER. RELAXATION , ff. ( Jurifprud,) eft la délivran- ce & la fortie d’un prifonnier qui fe fait du confen- tement de celui qui l’a fait écrouer. Dans quelques provinces on dit relaxation de la demande, pour décharge de la demande. (4) RELAXATION, ex Médecine, c’eft Pate par le- quelles fibres , les nerfs , les muicles, fe relâchent. Voyez TENSION, FIBRE , &c. La relaxationd'unmufcle eft fappofée occafionnée ou par la perfpiration des efprits nerveux, ou par l'entrée trop précipitée du fang, des efprits,, 6, qui enfle les fibres , ou par la contraétion de l’air dans les globules du fang , avant qu'il foit dilaté par le flux, & le foudain mélange des efprits, 6. Voyez Mus- CLE & MOTION MUSCULAIRE. RELAXATION, er Chirurgie, c’eft une extenfion extraordinaire d’un nerf, d’untendon , d’un mufcle, ou de quelque partie femblable, qui eft occafionnée par la violence qu’on lui fait, ou par fa propre foi- blefle. Les hernies font les defcentes, ou les relaxations des inteftins, #oyez HERNIE. De la même caufe vient la defcente, ou la chûüte de anus. Voyez Procr- DENCE. RELAYER,, v. a@. & neut. ( Gram. ) c’eftfe fer- vir de relais, changer de chevaux, lâcher de nou- veaux chiens. Il fe dit auffidu travail fucceflif de plu- fieurs ouvriers dont l’un reprend quand l’autre cefle. Ils fe relayenr. RELEGATION , £ £ ( Jurifprud. ) eft lorfque le prince envoie quelqu'un, ou lui ordonne d’aller dans un lieu qu’il lui défigne pour y refter jufqw’à nouvel ordre. On appelloit la relégation chez les Romains ce que nous appellons communément exz/. La relévarion diféroit de la déportation ;, en ce que C4 REL la premiere n’ôtoit pas Les droits de cité, &c n’em- portoit pas confication ; il y a aufli parmi nous la même différenceentre la re/égasion & le banniflement à perpétuité hors du royaume. C’eft ordinairement par une lettre de cachet que le roi relegue ceux qu'il veut éloigner de quelque Jeu; quelquefois c’eit par un fimple ordre intitulé de par le rot, I] eft enjoint au fieurun tel de fe retirer à tel endroit pour y demeurer jufqu’à nouvel ordre. Plufeurs édits & déclarations ont fait défenfes à ceux quifont relégués de fortir fans permifion du lieu de leur exil , notamment l’édit du mois d’Aoùût 1669, la déclaration du mois de Juillet 1682, celle du 24 hullet 1705 , a prononcé dans ce cas la peine de confifcation de corps & de bien. Voyez BANNIs- SEMENT, DÉPORTATION, Ex1L, LETTRES DE CA- CHET. (4) RELEVÉ , participe du verbe relever. Foyez RE- LEVER. RELEVÉ , fm. (Gram. ) il fe dit d’un état de plu- fieurs articles épars dans un grand livre , &c ramañlé fur un feuillet féparé : voilà Le re/evé de votre dépen- fe , de vos frais, RELEVÉ, ( Wénerie. ) il fe dit de lation d’une bête qui fe leve, & fort du lieu où elle a demeuré le jour , pour aller fe repaître. RELEVEE, 1 £ ( Jurifprud.) fignifie le tems d’a- près-midi. Ce terme vient de ce qu’autrefois en France on faifoit la méridienne à limitation des Romains qui en avoientintroduit l’ufage dans les Gaules. L’étimologie de ce terme peut auffi venir de ce que les juges s’étant levés après la féance du matin, fe relevent une feconde fois après la féance du foir. En effet on dit Æver l'audience pour dire clore & f- rir l'audience , la faire retirer ; & l'audience d’après- midi s'appelle audience de relevée, Quand la cour leve l'audience avant l'heure or- dinaire pour aller à quelque céremonie , il n’y a point ce jour-là d’audience de relevée , d’où eft venu ce ditfum de palais , que, guand la cour fe leve matin, elle dort l'après-midi. On ne doit point juger les procès criminels de re- levée, quand les conclufons des gens du roi vont à la mort, où aux galeres, ou au banniflement, Voyez l'ordonnance de 1670 , tir. 25, art. 19. On donne des aflignations pour {e trouver enun greffe, ou chez un notaire, commiflaire ou autre officier public, à deux ou trois heures de re/eyée, (4) RELEVEMENT , f m. ( Grammaire. ) a&ion de relever. RELEVEMENT , ( Marine. ) c’eft la différence qu’il y a en ligne droite ou en hauteur, de Pavant du pont à fon arriere. RELEVER, v. aû. ( Gram. ) c’eft lever une fe- conde fois. On dit relever des murailles abattues, re- lever un arrêt, relever les carreaux d’un appartement, relever un monument , fe relever pour fortir de fon lir, e relever de terre, {e relever d’une maladie, relever de couche, fe relever d’une chüte, relever fa robe, relever fa tête, relever une fentinelle, relever des car- tes, relever un cheval, un vaifleau, un défaut, une bille, relever du roi, relever d’un ate , d’unefentence, d’un jugement , relever en bofle, fe relever d’une faute, relever une injure, relever les grandes aétions d’un homme, éc. où l’on voit que ce verbe a rapport tant au fimple qu'aufisuré, au mouvement du bas en haut. RELEVER, (Jurifprud.) {e dit de plufeurs chofes. Relever un fef, c’eft faire la foi & hommage au feigneur pour la mutation & ouverture qui eft arri- vée au a On entend auffi quelquefois par-là le payement que l’on fait du droit de relief. On dit auffi d'un fief qu’il releve de tel autre fief qui eft à fon égard le fief dominant. Voyez Fier, MOuvVANCE, OUVERTURE, MUTATION, VASSAL, Foy & HOMMAGE, RELIEF, Relever [on appel, c'eft obtenir des lettres de chan: cellerie , ou un arrêt, pour être autorifé à faire inti< mer quelqu'un fur Pappel que l’on interjette de la fentence rendue avec lui; l’origine des reliefs d’ap- pel vient de ce qu’antiennement il falloït appeller illico , fur le champ ; fuivant l'ancien ftyle du parle- ment, ch. xx. S 2, 1l falloit appeller avant que le juge fortit de l’auditoïre ; en pays de droit écrit , il fufñfoit de dire j'appelle, fans en donner d’afte par écrit, mais dans les dix jours fuivans il falloit faire fionifier fon aéte d'appel contenant les motifs. Or- donnance de la troifrerne race, 1om. II. p. 212. Faute d’avoir appellé z//ico , Pon n’étoit plus rece: vable à le faire ; & ce fut pour être relevé de liZico, c’eftä-dire, de ce que l'appel n’avoit pas été inter- jetté {ur le champ, que l’on inventa la forme des re- liefs d'appel. _ Au parlement Pappel doit être relevé dans trois mois, à la cour des aydes , dans 40 jours, & dans pareil rems, aux baïilliages & fénéchauflées ; pour les fieges inférieurs qui y reflortiflent , faute par l’ap- pellant d’avoir fait relever fon appel dans le tems, lintimé peut faire déclarer l'appel défert. Foyez Ar- PEL, ANTICIPATION , DESERTION D'APPEL, [NTI- MATION , RELIEF D'APPEL. Relever fe ditaufli en parlant d’une jurifdiion qui reflortit parappelà une autre jurifdiétion fupérieure; par exemple, les appellations des duchés-pairies fe relevent au parlement. Se faire relever d’un aîte, c’eft obtenir des lettres du prince pour être reftitué contre cet acte, ê lesfaire enthériner. Voyez LÉSION, MINORITÉ , RESCISION, LETTRES DE RESCISION ; RESTITUTION EN EN- TIER. (4) RELEVER, dans Le fèns militaire, c’eft prendre la place , ou occuper le pofte d’un autre corps. De-là eft venu cette mamiere de parler , relever une garde : relever la tranchée, pour dire faire monter la garde ou la tranchée par des hommes frais, 87 relever ceux qui l’ont montée auparavant, Foye?GARDES, TRAN- CAÉE. On dit auff relever une fentinelle. Voyez SENTI- NELLE, Charnbers. RELEVER , ( Marine. ) C’eft remettre un vaifleau à flots, lorfqu’il a échoué, ou qu'il a touché le fond. C’eft auffi le redrefler, lorfqu'il eft à la bande. RELEVER L’ANCRE , ( Marine. ) c’eft changer l'ancre de place, ou la mettre dans une autre fi- tuation. RELEVER LE QUART , ( Marine.) c’eft changer /e quart. Voyez QUART. RELEVER LES BRANLES , ( Marine.) c’eft attacher les branles vers le milieu près du pont, afin qu'ils ne nuifent, ni n’empêchent de paffer entre les ponts. RELEVER UNE BRODERIE, terme de Brodeur : c’eft lemboutir, c’eft-à-dire la remplir par -deflous de laine ou d’autre matiere, pour la faire paroître da- vantage au-deflus de l’étoffe qui lui fert de fond. RELEVER, e7 terme de Chanderonnier; c'eft aug- menter la hauteur ou la grandeur d’un vafe , en éten- dant la matiere à coups de marteaux. Voyez PLA- NER @ RETRAINDRE. RELEVER , fe dit parmi les Cuifiniers, de la@ion par laquelle avec des fines herbes,des épices, du fel, & d’autres chofes femblables , ils donnent à un mets une pointe agréable au goût, &c propre à réveiller l'appétit. RELEVER UN CHEVAL, en cerme de Manege ; c’eft l’obliger à porter en beau lieu & lui faire bien placer fa tête, lorfqu’il porte bas ou qu’il s’arme,pour avoir l’encolure trop molle, Foyez S'ARMER. Il ya de certains mors propres à relever un cheval, comine ceux qui font faits en branche à genou. à e | REL fe fervoit autrefois pour le même.effet d’une bran- che flafque ; mais elle n’eft plus d’ufage,parce qu’elle releve infiniment moins que l’autre. Un coude de ja branche ferré contribue auff à relever un cheval, & à le faire porter en beau lieu. On peut aufñi fe fervir pour le même effet, d’une branche françoife ou à.{a gigotte. Les Éperonmers fe fervenr mal-à-propos du mot Joutenir, dans le fens de relever, & difent : cette bran: che foutient, pour dire ai’elle re/eve ; mais foutenir a une autre figniication dans le manege, | On appelle aufli airs relevés , les mouvemens d’un cheval qui s’éleve plus haut que Le terre à terre, quand 1l manie à courbettes, à balotades, à croupa- des & à capriole ; on dit aufh un pas relevé, des paf fades relevées. Voyez PAS, PASSADE. RELEVER SUR LA TRAITE, eft un serme de Méoif- Jier, Tanneur, Chamoifeur 6 Maroguinier, qui veut dire , Ôter les peaux ou cuirs de dedans la chaux, pour les mettre égoutter fur le bord du plain, qu’on nomme en terme du métier la fraire. Voyez PLAIN. RELEVER , ex serme d'Orfévre en grofferie 3 c'eft fai- re fortir certaines parties d’une piece , comme le Fond d’une burette, &c. en les mettant fur le bout d’une réflingue pendant qu'on frappe fur l’autre à coups de marteau, RELEVE - MOUSTACHE , e7 terme de Vergerier ; ce font de petites brofles , dont on fe fervoit autrefois fort communément pour re/eyer les mouflaches. Com- me les z7o1/ffaches ne font plus de mode ; on ne con- noît plus guere que le nom de ces fortes de brofes. RELEVEUR, fm. ez terme d’Anaromie, eft le nom qu’on a donné à différens mufcles, dont l’ufage & Paétion eft de relever la partie à laquelle ils tien- nent. Voyez MUSCLE, Ce mot fe dit en latin arrollens , qui eft compofé de ad , à, & tollo, je leve. Il y a le re/eveur de la paupiere fupérieure de la- nus , de l’omoplate. | | Le releveir propre de la paupiere fupérieure vient du fond de lorbite &z s’infere à la paupiere fupérieu- re à {on cartilage qu'on nomme erf2. Le releyveur propre de Pomoplate appellé auf Prz- gulaire, S’infere au trois ou quatre apophyes tranf- verfes des vertebres fupcrieures du col, & fe ter- mine à l’angle poftérieur fupérieur de l’omoplate. Les deux releveurs de l'anus font fort amples , ils viennent de Pos pubis, de l’fchion, de l'os facrum & du coccyx, & s’inferent au fphinéter delanus; leurs fibres les plus poftérieures ne fe terminent pas au fphinéter de anus , mais celles du côté droit fe réu- niflent avec celles du côté sauche , en formant une aponévrofe fous la partie poftérieure & inférieure du reétum. Le releveur de l'oreille s’attache à la convexité de la foffette naviculaire de l’anthélix, & à celle de la portion fupérieure de la conque , il fe termine en s’épanouiflant fur la portion écailleufe de l'os des tempes, & s’unit avec le frontal & l’occipital du mê- me côté. | | Les releveurs, de l'anus font deux mufcles laroes, minces , qui viennent de la circonférence du petit baffin, depuis la fymphife des os pubis jufqu’au-de- Jà de Pépine de los ifchion, & ils s’inferent à la par- tie poftérieure de l'anus, en fourniflant quelques f- bres qui s’uniflent avec celles du fphin@er de Panus. Le releveur de la paupiere fupérieure eft un muf- cle mince , fitué dans l'orbite au - deffus & tout le long du mufcle re/eveur de l'œil; il eft attaché près du trou optique au fond de l'orbite, & vient fe per- dre par une aponévrofe très-large au tarfe de la pau- piere fupérieure. _ Le releveur de l'œil, voyez Drorr. Les releveurs de fternum, soyez SurcosTAUx. * Tome IF, k | | R EL 65 RELEVOISONS , f. m. (Jurifprud,) fionihoit ati- ciennement une efpece de rachac ou relief, qui fe payoit de droit commun pour les rotures , auxquel= les 11 y avoit mutation de pfopriétaire. Il eft parlé des relevoifons ; comme d’un ufage qui étoit aloxs général dans le ZZ, y, des établiflemens de $. Louis, ch. xvzy. où il eft dit , que le feigneur peut prendre Les joutfiances du fief de fon nouveau vaffal, s'il ne traite avec lui du rachat & aufhi des rekvoifons, mais que nul ne fait re/evoifons de baïl, c’eft-à-dire de garde, n1 de douaire , ni de frerage où partage, Dans la fiute, le droit de reZevorfons ne s’eft con- fervé que dans la coutume d'Orléans, les cahiers de cette coutume plus ancienne que celle réformée en 1509, difpofoient fimplement que des cenfives étant au droit de reZvoifons , il étoit dû profit pout toutes mutations, ce qui avoit induit quelques-uns de croi- re, que le changement des feigneurs cenfuels faifoit ouverture aux relevoifons, & ce fut par cette raïfon qu’en l’article 116 de la coutume réformée en x $09 » on déclara que les profits n’étoient acquis que pour les mutations précédentes du côté des perfonnes au nom duquel le cens étoit payé. Lorfqu’on procéda à la réformationi de la detnieré coutume , beaucoup de gens demanderent qu'il fût ftatué que des cenfives étant au droit de re/evoifons , il ne füt dû profit pour mutation arrivée en ligne di- reéte, par fucceflion, don & legs; mais tout ce aw’ils purent obtenir, fut que Pon arrêta que les femmes n'en payeroient plus pour leur prentier mariage, Suivant la nouvelle coutume d'Orléans, réformée en 1583, le droit de relevoifons n’a lieu que pour les mayons fituées dans la ville, en-dedans des ancien nes barrieres ; il eft dü pour toute mutation de pro priétaire, foit par mort, venfe, ou autrement. Il y a reZevorfons à plafir, & relevoifons au denier fix, 8 relevoijons telles que le cens. Les premieres ont été ainfi appellées, parce qu’el- les fe payoiïent ad beneplacienm domini, au plaiir & volonté du feisneur ; préfentement elles confiftent dans le revenu d’une année, Les relevoifons au denier fix font celles où l’on, paye fix deniers pour chaque denier de cens. Celles qu’on appelle de 4e/ cens, telles relevoifons , {ont le double du cens à la cenfive ordinaire. Il n’eft jamais dû qu’une forte de re/evoifozs pour chaque mutation ; mais on peut flipuler un droit pour une telle forte de mutation, & un autre droit pour une autre forte de mutation. Voyez la Courume d'Orléans, titre des relevoifons 4 plaifir. Lalande, fur le titre, Foyez LODS 6 VENTES, RACHAT, RELIEF, TReIzieME. (4) RELIAGE, f.m, (Tonnelier.) réparation faite aux tonneaux auxquels on donne de nouveaux cerceaux. RELICTE , [ f. (Jurifp.) terme ufté dans quel- ques provinces pour dire délaiffée, veuve ; une telle relite d'un tel, c’eft-à-dire veuve d’un tel. Vayez lan- cienne cout. de Chauny, article 25, (A4) RELIEF , { mi. 04 RACHAT, (Jurifp.) eft un droit qui eft dû au feigneur pour certaines mutations de vafal, & qui confifte ordinairement au revenu d’une année du fief, Ce terme relief, vient de relever, parce qu’au moyen de Ja mutation du vaffal le fief tomboit en la main du feigneur , & que le vaflal pour le reprendre doit le relever & payer au feigneur le droit qu’on ap- pelle relief. On l’appelle auffi rachat, parce qu’autrefois les fiefs n'étant qu'à vie, il falloit les racheter après la mort du vaflal. En Lorraine, onlappelle reprife de fefi en Dauphiné, plais feigneurial , placitum feu placira- mentum ; en Poitou, rachat ou pleit; en Languedoc, acapte ; arriere-acapre. Reliefie prend aufli quelquefois pour es de foi y 66 R E L &c hommage par lequel on releve le fief. Le droit de relièf eft den général pour les muta- tions , autres que celles qui arrivent en direéte ét par vente ou par contrat équipollent à vente. Maïs pour fpécifer les cas les plus ordinaires dans lefauels il eft dù, on peut dire qu'il a liewen plufieuts "cas; favoir, 1°. Pour mutation de vaflal, par füccéflion colla. térale. 2°. Pour la mutation de l’homine vivant & mou- tant. 1 3°. Pour le fecond, troïfieme, où autre mariage dune femme qui pofflede un fief, la plupart des cou- tumes exceptent le premier mariage. 4°. Quelques coutumes obligent le gardien à ayer un droit de relief pour la jouiflance qwil a du fief de fes enfans. ç°. Ileft dù en cas de mutation du bénéficier poflefleur d'un fief, foit par mort, réfignation ou perfmutation. À Quand il arrive plufeurs mutations forcées dans une même année, il n’eft dû qu’un re/ief, pourvü que la derniere ouverture foit avant la récolte des fruits. Si ce font des mutations volontaires, il eft dû autant de reliefs qu'il y a eu de mutations. Le relief eft communément le revenu d’une année, au dire dé prud'hommes, ou une fomme une fois offerte, au choix du feigneur , lequel doit faire fon option dans les 40 jours; &t quand une fois ila choïfi, ilne peut plus varier. Si le fief eft affermé , le feigneur doit fe contenter du prix du bail, moins qu’il n°y eùt fraude. L'année du relief commence du jour de Pouverture du fief. Le feigneur qui opte le revenu d’une année, doit jouir en bon pere de famille, & comme auroit fait le vafal; il doit même lui rendre les labours &c fe- mences. | S'il y a des bois-taillis & des étangs, dont le profit ne fe perçoit pas tous les ans, le feigneur ne doit avoir qu’une portion du profit, eu égard au nombre d'années qu'on laïffe couler entre les deux récoltes, IL n’a aucun droit dans les bois qui fervent pour la décoration de la maïfon, ni dans les bois de haute- futaie, à-moins que ces derniers ne foient en coupe reglee. Le vaffal eft obligé de communiquer fes papiers de recette au feigneur, pour l'inftruire detout ce qui fait partie du revenu du fief, Les droits cafuels, tels que les reliefs, quints, les ens , lods 8 ventes, amendes, confifcations, êc au- tres qui échéent pendant l’année du relief, appartien- nent au feigneur; même les droits dûs pour larriere- fief qui eft ouvert pendant ce tems. I! peut auff uler du retrait féodal; maïs fa jouiffan- ce finieildoit remettre à fon vaflal le fief qu'il a re- tiré. Si l’on fait deux récoltes de blé dans une même année, le feisneur mena qu'une ; il en eft autrement du regain, ou quand la feconde récolte eft de fruits d’une autre efpece que la premiere. Le vaffal ne doit point être délogé, ni fa femme & fes enfans ; le feigneur ne doit prendre qu'un loge- ment, fi cela fe peut, & une portion des lieux né- ceffaires pour placer la récolte. Toutes les chargés du fief qui font inféodées, &c qui échéent pendant l’année du relief, doivent être acquittées par le feigneur. La jouiflance du droit de re/ief peut être cédée par le feigneur à un tiers, où bien il peut en compofer avec le vañlal; & s'ils ñe s'accordent pas, il peut faire éftimer par experts le revenu dune année, en for- mant {ur les trois années précédentes une année com- mune, REL Quand le fieéfne confifle que dans uné maïfon oc- cupée par le vaflal, celui-ci doit en payer le loyer au feisneur, à dire d'experts. \ cs Pour connoître plus particulièrement quelles font _ lés mutations auxquelles 11 eft dü, ou non, droit de relief, voyez les commentateurs de la coutume de Pa- ris, fur le titre des frefs ; les auteurs qui ont traité des fiefs, entt’autres Dumolhin, & les mors Fier, Lops & VENTES, MUTATION, QUINT, RACHAT. Par rapport aux différentes fortes de reliefs, ou aux différens noms que l’on donne à ce droit, voyez les articles qui fuivent. (A) RELIEF ABONNÉ , eft celui qui eft fixé à une cer- taine fomme, par un accord fait avec le feisneur; on dit plus communément rachat abonné. Voyez RaA- CHAT. RELIEF D’ADRESSE, ce font des lettres de chancel- lerie, par lefquelles le roi mande à quelque: cour de procéder à l’enregiftrement d’autres lettres dont la= drefle n’étoit pas faite à cette cour. Voyez ADRESSE, 6 Le flyle des chancelleries | par du Sault. RELIEF D'APPEL, ce font des lettres qu’un appel- lant obtient en la petite chancellerie, à l’effet de re- lever fon appel, & de faire intimer fur icelui les par- ties qui doivent défendre à fon appel. Voyez APPEL, ÎIZzZrTcO , INTIMATION, RELEVER. (4) RELIEF D’ARMES, voyez ci-après RELIEF DE CHE- VAL 6 ARMES. | RELIEF DE BAIL, eft en quelques coutumes, un rachat dû au feigneur par le mari, pour le fief de la femme qu'il époufe , encore qu’elle eût déjà relevé êt droituré ce fief avant le mariage, On lappelle relief de bail, parce que le mari le doit comme mari &c bail de fa femme ; c’eft-à-dire comme baiiliftre & adminiftrateur du fief de fa femme, dont il jouit en ladite qualite. | Ainfi ce relief n’eft pas dûù par le mari lorfqu'il n’y a point de communaute, &c que la femme s’elt réfer- vé l’adminiftration de fes biens. Voyez les coutumes de Clermont, Théroane, S. Paul, Chauny, Pon- thieu , Boulenoïs, Artois, Péronne, Amiens, Mon- treuil, S. Omer, Senhis, & ci-après RELIEF DE MA- RIAGE. RELIEF DE BAIL DE MINEURS 04 de GARDE, ef celui qui eft dû par le gardien, pour la jouiffance qu’il a du fief de fon mineur. (4) RELIEF DES BÉNÉFICIERS, eft celui qu'un béné- ficier fuccédant, foit per obitum, foit par réfignation ou permutation, doit au feigneur pour le fief dépen- dant du bénéfice dont il prend poffeffion. Voyez Les inflitutes feodales de Guyot, ch. v. | RELIEF DE BOUCHE, C’eft lorfque le vaffal, ou tenant cottier ,réconnoit tenir fon héritage de quel- que feigneur. Voyez la coutume d'Herly, ar. 1. 6 2. RELIEF DE CHAMBELLAGE , eft celui que Le mari doit lorfque durant le mariage il échet un fief à fa femme. Voyez l’ancienne counume de Beauquefne arci- cle 19. RELIEF DE CHEVAL ET ARMES, eft celui pour lequel il eft dû au feigneur un cheval de fervice des armes, Voyez la coutume de Cambrai , sir, à , article 50. GS1.(4) Recier DOUBLE, c’eft lorfquAl eft dû deux difé- rens droits de relief, l’un par le nouveau propriétai- re, l’autre par celui qui a la jouiffance du fief, Voyez ci-après RELIEF SIMPLE. RELIEF DE Fier, c’eft lorfque le vaffal releve en droiture fon fief, c’eft-à-dire qu'il reconnoit fon fei- gneur, & lui fait la foi &hommage pour la mutation de feigneur ou de vaffal qui faifoit ouverture au fief. Il eftparlé de ce relief de fief dans Froiffart &c dans les coutumes de Peronne, Auxerre, Cambrai, Lille, Hesdin , ftyle de Liese. Voyez le gloffaire de Laurie- reau mot relief, RE LE RELIEF DE GARDE eft celui qui eft dù par Le oar- dien pour la jouiffance qu’il a du fief de fon mineur. RELIEF D'HÉRITIER , eft celui qui eft dülau fei- oneur par le nouveau vaflal pour la propriétenà lui © Uk A A 1 » échue par fucceffion collatérale ; c’eft la même chofe que le relief propriétaire ou de propricté. Voyez la coutumede Saint-Pol , &cci-après RELIEF PROPRIÉ- TAIRE, RELIEF D'HOMME étoit une amende de cent fous “un denier , que le plegeou caution étoit obligé de payer, faute de faire repréfenter l’accufé qui avoit été élargi moyennant fon cautionnement, & moyen: nant cette amende le plege en étoit quitte ; c’eft ainfi que ce relief eft expliqué dans le chap. cjv. des établif- Jemens de S. Louis en 1270 : ilen eft encore parlé dans le chap. cxxy. RELIEF d’i%co , c’étoient des lettres qu’un appel- || Tant obtenoit en la petite chancellerie pour être relevé de l’iZico, c’eit-à-dire de ce qu'il n’avoit pas inter- jetté {on appel au moment que la fentence avoit été rendue. | Préfentement il n°’eft plus néceffaire d’appeller ://:- co, ni d'obtenir des lettres de relief d’if/ico , mais on obtient des lettres de re/ief d’appel, ou un arrêt pour reléver lappel ; ce qui tire toujours fon origine de Pufage où l’on étoit d'obtenir des lettres d’#/:co ou de relief d'illico. Voyez ci-devant APPEL, APPELLATION, _ RELIEF D'APPEL. RELIFF DE LAPS DE TEMS, ce font des lettres de chancellerie par lefquelles le roireleve quelqu'un de ce qu'il a manqué à faire fes diligences dans le tems qui lui étoit prefcrit, & lui permet d’ufer de la faculté qu’il avoit, comme s’il étoit encore dans le tems. Ces lettres font de pluñeurs fortes, felon les . objets auxquels elles s'appliquent. Il y a des lettres de relief de tems de prendre pofñeflion de bénéfice ; d’autres appellées relief de tems fur rémiflion, lort- qu'un impétrant de lettres de rémifhon ne s’efl pas préfenté dans le tems pour faire entériner {es lettres ; &t ainfi de plufieuts autres. RELIEF DE MARIAGE eft celui que le mari doit pour la jouiffance qu'il a du fief de fafemme, c’eft la même chofe que le re/ief de bail. _ Quelques coutumes affranchiffent le premier ma- riage de ce droit , comme la coutume de Paris, arr. 36. d’autres l’accordent au feigneur pour tous les mariages indiftimétement, comme la coutume d’An- jou. Voyez ci-devant RELIEF DÉ BAIL, 6 Guyot en fon sraité des Fisfs , some 11. durelief , ch. v. (A) RELIEF À MERCI, eft le nom que l’on donne en quelques lieux au revenu d’un an que le nouveau vañal eit tenu de payer au feigneur ; 1l a été ainfi appellé parce qu’il étoit à la volonté du feigneur., & non pas qu'il füt «7 mercedem. Voyez la coutume locale de S. Piat , de Seclin fous Lille. . RELIEF DE MONNOYER ou Monnoyeur , ce font des lettres de chancellerie par lefquelles le roi man- de à une cour des monnoies derecevoir quelqu'un en qualité de monnoyeur , encore que fon pere ne fe Loit pas fait recevoir en ladite qualité ; étant nécefai- re, pour être reçu dans ces fortes de places d’être iflu de parensmonnoyeurs. Voyez MONNOIES 6 MonNOYEUR. _ RELIEF DE NOBLESSE , ce font des lettres du grand fceau , par lefquelles le roirétablit dans leritre ët les privileges de nobleffe quelqu'un qui en étoit déchu , foit par {on fait, ou par celui de fon pere ou de fon aieul. Voyez RÉHABILITATION. RELIEF DE PLUME , c’eft un droit de rachat ou rente feigneuriale, qui ne conffte qw’en une prefta- tion de poule , geline ou chapon. Voyez la coutume de Théroanne , art, 9. &tle Glojfaire de M. de Lauriere au mot Plume. RELIEF PRINCIPAL, eft celui qui eft dû pour le Tome XIF, REL 67 fief entier. Ï] eftainf appellé lorfqu'il s'agit de diftin- guet le re/ef dû par chaque portion du flef. Voyez la coutume d Aïtois , arf. 102. RELIEF PROPRIÉTAIRE 0% DE PROPRIÉTAIRE y ou RELIEF DE PROPRIÉTÉ, eft celui qui eft dû au feigneur par Le nouveau propriétaire du fief, à la dif férence du relief de bail & du relief de mariage, qui font dûs pour la jouiflance qu’une perfonne a du fief fans en avoir la propriété. Voyez l’ancienne coutume d'Amiens , celles de S. Omer, Montreuil, & Ze féydé des cours du pays de Liege , € Les articles RELIEF DE BAIL, RELIEF DE MARIAGE. RELIEF RENCONTRE , voyez RACHAT RE N- CONTRE. RELIEF DE RENTE, la coutume de Thérouanne ; art, 11. appelle ainfi celui qui eft dû au feigneur à la mort du tenant cottier. Voyez le Gloflaire de M. de Lauriere. | ReLter SIMPLE, eft lorfqu'il n’eft dû que Le relief de propriété par la femme , & non le reliefde bail, u bien quand 1l n’eft dû aucun chambellage, À la dif. férence du relief double qui eft dû, l'un pour la mu: tation de propriétaire , l’autre pour la jouiffance du baillifire. Voyez la coutume d'Artois, art. 158. & Maillart Jur ces arsiele | la coutume de Ponthieu, art: 28, 29.31. RELIEF DE SUCCESSION, eft celui qui eft dû pour mutation d’un fief par fucceffion collatérale, ou mé- me par fucceflion direéte dans ces coutumes auxquel- les il eft dû re/ief à toutes mutations, comme dans le Vexin françois. RELIEF DE SURANNATION , font des lettrés de chancellerie par lefquelles fa majefté valide & permet de faire mettre à exécution d’autres lettres furannées; c’eftè-diredont Pimpétrant a négligé de fe fervir dans Pannée de leur obtention Voyez CHANCELLERTE : LETTRES DE CHANCELLERIE , SURANNATION. (4) RELIEF, ( Architüure, ) C'eft la faillie de tout ornement , Où bas relief, qui doit être proportion: né à la grandeur de l'édifice qu’il décore , & à la diftance d'où il doit être vu. On appelle feure de re- lief, ou de ronde bofle , une figure qui eft ifolée , & terminée en toutes fes vues. (2, J. RetEr, (Sculpture. ) ce mot fe dit des figures en faillie & en bofle, ouélevés, foit qu'elles {oient taillées au cifeau , fondues ou moulées. Il yatrois lortes de reliefs. Le laut relief, où plein relief, eft la figure taillée d’après nature. Le Las relief ef un ou- vrage de fculpture quia peu de faillie, & qui eftat- tache fur un fond. On ÿ repréfente des hiftoires, des - ornemens , des rinceaux , des feullages, comme on voit dans les ffifes. Lorfque dans les has-reliefs il y'a des parties faillantes & détachées, onles appelle de- mi-boffes. Le demi-reliefeft quand une reprétentation fort à denu-corps du plan fur lequel elle eft pofée. Foyer RELIEF - bas, ( Sexlpr.) (D. 52) RELIEF, ( Peinr. ) le relief des figures eft un pref- tige de Part, que l’auteur de l'Hiftoire naturelle ne pouvoit pas laiffer pañler fans l’accompagner de quel- qu’un de ces beaux traits qui lui font familiers, Apelle avoit pernt Alexandre la foudre à la main, & Pline s'écrie à la vue du héros, «Sa main paroi faillante , » 6c la foudre fort du tableau». Il n'appartient qu’à cetécrivain de rendre ainf les beautés qui le faifif fent. Il emprunte alleursun ftyle plus fimple, pour dire que Nicias obferva la difiribution des jours & des ombres, & eut grand foin de bien détacher fs figures. Un leéteur qui n’appercevra dans cette phrafe que le clair obicur & le relief fans leur rapport mutuel, ny verra que le récit d’un hiftorien ; Les autres y découvriront l'attention d’un connoiffeur à marquer la caufe & l'effet, & à donner, fous l’appa- rence d'un expofé hifiorique , une lecon importante en matiere de peinture, (D. J.) di I 68 REL RELIEF D'UNE MÉDAILLE, ( Ars numifinar. ) fail- lie des figures & des types qui font empreints fur la tète ou fur le revers d’une médaille. Le relief dans les médailles, comme l’a remaraué le pere Jobert, eft une beauté, mais cette beauté n’eft pas une marque indubitable de l'antique. Elle eft effentielle aux médaillés du haut-empite; mais dans le bas-empire 1l fe trouve des médailles qui n'ont suere plus de relief que nos monnoies. Le tems néceflaire pour graver les coins plus profondément, & pour battre chaque piece dans ces coins, nous a fait négliger cette beauté dans nos monnoies & dans nos jettons ; par - là nous avons perdu lavantage de les pouvoir conferver aufli long -tems que les mon- noies romaines. Leurs médailles que l’on tire de terre après 1800 ans, font encore auf fraiches & auffi diftinétes que fi elles fortoient des mains de Vouvrier. Nos monnoies au-contraire , après 40 ou so ans de cours, font tellement ufées, qu’à peine peut-on reconnoiître nt la figure ni la légende, Aïrf : les anciens nous furpañlent par cet endroit ; mais dans nos ptoffes médailles, non-feulement nous éga- lons les Grecs & les Romains, fouvent même nous les furpaflons. Depuis qu’on a invente la manïere de battre fous le balancier, nous avons porté le relief auf haut qu'il puifle aller, en fait de médailles. (D,3.5 RELIEF-BAS, ( Sculprure.) on appelle bas-relief un ouvrage de fculpture qui a peu de faillie, &c qui eff attaché fur un fond. Lorfque dans le Bas-relief 1l y a des parties faillantes & détachées, on les nomme demi-bof]es. | Les fujets de Bas-relief ne font point bornés, on y peut repréfenter toutes fortes de chofes êt d’orne- mens, des animaux, des fleurs, des rinceaux, des feuillages, & même des morceaux d’hiftoire. On diftingue trois fortes de bas-reliefs, autrement dits baffes-tailles ; dans la premiere, les figures qui font fur le devant paroïfient fe détacher tout-à-fait du fond; dans la feconde efpece , les figures ne font qu’en demui-boffe, ou d'un relief beaucoup moindre; dans la derniere, elles n’ont que très-peu de faille. Ïl n’eft pas vrai, comme le prétendoit M. Perrault, que les anciens fculpteurs aient tous violé les regles de la perfpeétive dans leurs ouvrages; nous connoïf ons plufeurs bas -reliefs antiques contraires à cette injurieufe décifion. Le recueil de Rofci qui a pour titre : admiranda veteris fculpturæ vefligia, nous en préfente quelques-uns, &t principalement trois, qui font une preuve évidente de la connoïffance des an- ciens dans la perfpeétive. Le premier eft à la pag. 43. 1l eft connu fous le nom du repas de Trimalcion; fans doute un grec l’a exécuté à Rome; la perfpec- tive des bâtimens s’y découvre avec la plus grande clarté, on ne feroit pas mieux aujourd’hui. À la pag. 11. de ce même recueil, eft encore un bas-relief, où font repréfentés deux viétimaires conduifant un taureau, dont le marbre eft à Rome dans la vigne de Médicis. Enfin celui qui fe trouve à la pag. 78. luc- vus funebris, & que Pon conferve à Rome dans le palais Barberin, eff peut-être la preuve la plus com- lette qu’on pourroit oppofer à l’auteur du paral- Île des anciens ; non - feulement on y voit un édi- fice dégradé, &c fuyant dans la plus exaête perfpec- tive, mais auf des intérieurs de voûte. Na prétends pas néanmoins que lart des bas- reliefs ait été aufh parfaitement connu des anciens, qu'il Peft des modernes, Ët je conviens que fouvent les dégradations de lumiere manquent à la beauté de leurs ouvrages. Quelquefois , par exemple, une tour qui paroit éloignée de cinq cens pas du devant du Das-relief, à en juger par la proportion d’un fol- dat monté fur la tour, avec les perfonnages placés le plus près du bord du plan; cette tour, dis-je, RE L eft taillée comime fi on la voÿoit à cinquante pas dé diflance. On apperçoit la jointure des pierres, êx lon gmpte les tuiles de la couverture. Ce n’eft pas ainf@te les objets fe préfentent à nous dans la na- ture ;non-feulement ils paroïffent plus petits à me- fure qu'ils s’éloignent de nous , mais ils fe confon- dent encore quand ils font à une certäine diflance, à caufe de l’interpoñtion de là mafle de Pair. Les fculpteurs modernes , en cela généralement mieux inftruits que les anciens, confondent les traits des objets qui s’enfoncent dans le bas-relief, & ils obfervent ainfi la perfpettive aërienne. Avec deux ou trois pouces de relief, ils font des figures qui pa- roïflent de ronde-bofle , & d’autres qui femblent s’enfoncer dans le lointian. Ils y font voir encore des payfages artiftement mis en perfpeétive, par une diminution de traits, lefquels étant non-feulement plus petits, mais encore moins marqués, & fe con: fondant même dans l'éloignement, produifent à-peu- près le même effet en Sculpture, que la dégradation des couleurs fait dans un tableau. On peut donc dire qu’en général les anciens n’a- voient point l’art des bas-reliefs aufli parfaits que nous les ayons aujourd’hui; cependant il y ardes bas-reliefs antiques qui ne laïffent rien à defirer pour la perfettion. elles font les danfeufès , que tant d’habiles fculpteurs ont pris pour modele; c’eft un ouvrage grec fi précieux, &c que l’on conferve avec tant de foin dans la vigne Borghefe à Rome qu'iln’en eft jamais forti. | Entre les ouvrages modernes dignes de notre ad- Miration, je ne dois point taire le grand bas-relief de PAlsarde repréfentant faint Pierre & faint Paul en Vair, menaçant Attila qui venoit à Rome pour la fac- cager. Ce bas-relief fert de tableau à un des petits au- tels de la baflique de faint Pierre ; peut-être falloit-1l plus de génie pour tirer du marbre une compoñition pareille à celle de Partifte, que pour la peindre fur une toile. En eflet, la poéfie & les expreffions en font auffi touchantes que’celles du tableau où Ra- phaël a traité le même fujet , & l’exécution du fculp- teur qui femble avoir trouvé le clair obfcur avec fon cifeau , paroit d’un plus grand mérite que celle du peintre. Les figures qui font fur le devant de ce fuperbe morceau, font prefque de ronde-bofle; elles font de véritables ftatues; celles qui font der- riere ont moins de relief, & leurs traits font plus ou moins marqués, felon qu’elles s’enfoncent dans le lointain ; enfin la compofition finit par plufieurs f- eutés deffinées fur la fuperficie du marbre par de fimples traits. On peut dire cependant que lAlgarde n’a point tiré de fon génie la premiere idée de cette exécu- tion, qu'il n’eft point l'inventeur du grand art des bas-reliefs ; mais il a la gloire d’avoir beaucoup per- feionné cet art. Le pape Innocent X. donna trente mille écus à ce grand artifte pour fon bas-relief. H étoit digne de cette récompenfe ; mais on peut dou- ter , avec M. l'abbé du Bos, fi le cavalier Bernin &c Girardon , n’ont pas mis autant de poéfie que PAI- grade dans leurs ouvrages. Je ne rapporterat, dit-il, de toutes les inventions du Bernin, qu'un trait qu'il a placé dans la fontaine de la place Nävone, pour marquer une circonftance particuliere au cours du Nil, c’eft-à-dire pour exprimer que fa fource eft in- connue; & que, comme le dit Lucain, la nature n'a pas voulu qu’on pût voir ce fleuve fous la forme d’un ruiffeau. Arcanum natura caput non prœtulit ullr, Nec licuis populis parvum, te Nile , videre. La ffatue qui repréfente le Nil, & que le Bernin a rendue reconnoiïflable par les attributs que les an- Le { x A 2 ciens ont aflignés à ce fleuve, fe couvre latète d'un REL Voile. Ce trait qui ne fe trouve pas dans l’antique , & qui appartient au {culpteur, exprime ingénieufement linttlité d’uh grarid nombre de tentatives, que les anciens &c les modernés avaient faites pour parvenir jufqu’aux fources du Nil, en remontant fon canal: Mais comme le bas-relief et une partie très -inté: refflante de la Sculpture, je crois devoir tranfcrire ici les réflexions de M, Etienne Falconet fur cette Torte d'ouvrage ; il les avoit deftinées lui-même au Diétionnaire encyclopédique. | Ïl faut, dit-il, diflinguer principalement deux for- tes de bas-reliefs, c’eft-à-dire le bas.relief doux, &c le bas-relief faillant, déterminer leuts ufages, & prou- ver que l’un & Pautre doivent égalernent être admis félon les circonftances. Dans une table d’Archite@ure, un panneau, un fronton, parties qui font cenfées ne devoir être point percées, un bas-relief faillant, à plufieurs plans, & dont Les figures du premier feroient entierement dé- tachées du fond, feroit le plus mauvais effet, parce qu’il détroit l’accord de larchite@ture, parce que les plans reculès de ce bas - relief feroient fentir un renfoncement Où il n’y en doit point avoir; ils per- . ceroient le bâtiment, au-moins à œil. Il n’y faut donc qu'un bas-relief doux & de foft peu de plans; ouvrage difficile par l'intelligence & la douceur des nuances qui en font l’accord ; ce bas-relief n’a d’autre effet que celui qui réfulte de l’architeéture à laquelle 1l doit être entierement fubordonné. Mais il ÿ à des places où le bzs-relief faillant peut être très-avaritageufement employé, & où les plans êt les faillies, loin de prodüire quelque défordre, ne font qu'ajouter à l’air de vérité que doit avoir toute imitation de la nature. Ces places font princi- palement fur un autel, ou telle autre partie d’archi- tétiure que l’on fuppofera percée, & dont l'étendue fera fufifamment grañde, puifque dans un grand ef pace, un bas-relief doux ne feroit aucun effet à quel- que diftance. | Ces places & cette étendue font alors l'ouverture d'un théâtre, où lé fculoteur fuppofe tel enfonce- ment qu'il lui plaît, pour donner à la fcene qu'il re- prélente, toute l’ation, le jeu, & l'intérêt que le fujet exige de fon art , en le foumettant toujours aux lois de [a raifon, du bon goût, & de la précifion. C’eft auffi ouvrage par où l’on peut reconnoitre plus aifément les rapports de la Sculpture avec la Peinture, & faire voir que les principes que l’une & l’autre puifent dans-la nature, font abfolument les mêmes. Loin donc toute pratique fubalterne, qui n'ofant franchir Les bornes de la coutume, mettroir ici une barriere entre l’artifle & le génie. Parce que d’autres hommes, venus plufieurs fe- cles avant nous, n’auront tenté de faire que quatre pas dans cette carriere, nou$ n’oferions en faire dix! Les fculpteurs anciens font nos maîtres, fans doute : dans les parties de leur art où ils ont atteint la petr- feétion; maïs il faut convenir que dans la partie pito- refque des bas-reliefs, les modernes ne doivent pas autant d’écards à leur autorité. . Seroït-ce parce qu'ils ont laiffé quelques parties À ajouter dans ce genre d'ouvrage, que nous nous re- faferions à l'émulation de le perfetionner? Nous qui avons peut-être porté notre peinture au-delà de celle des anciens, pour lintellisence du clair-obfcur; woferions-nous prendre Le même eflor dans la fcul- pture? Le Bernm ,, le Gros, Algarde, nous ontmon- tré qu'il appartient au génie d'étendre le cercle trop étroit que les anciens ont tracé dans leurs bas-reliefs. Ces grands artiftes modernes {e font afranchis avec fuccès d’une autorité qui n’eft recevable qu'autant qu’elle ef raifonnable. . Tinefaut cependant laiffer aucun équivoque fur le jugement que je porte des Pas-reliefs antiques, y RE L 69 louve, ainf que dans les belles ftatues ; la drände maniere dans chaque objet particulier, & la plusno: ble fimplicité dans la compoñtion ; mais quelque no< ble que foït cette compofñition, elle ne rend en au< cune forte à l'illufion d’un tableau, &e le 4as-relief ÿ doit toujoursprétendre, | \ Sile Éas-relief eft fort faillant , 1l ne faut pas érain- dre que les figures du premier plan ne puiflent s'ac- corder avec celle du fond. Le fculpteur faura mettré de l'harmonie entre les moindres faillies & les plus confidérables : 1l ne lui faut qu’une place , du goût & du génie. Mais il faut l’admettre ,.cette harmonie : il faut léxiger mème , & ne point nous élever contre élle, parce que hous ne la trouvons pas dans des #asa réliefs antiques. | Une doucetir d’ombres 8 de lumieres monotones. qui fe répetent dans la plûpart de ces ouvrages , n’eft poinit de Pharmonie. L'oœil y voit des figures décou- pees , & une planche fur laquelle elles {ont collées , à l'œil éftrévolté. Ce feroit mal défendre la caufé des bas-reliefs anti- ques, fi on difoit que ce fond qui arrête fi défagréa- Element la vue, ef le corps d'air frein & dégagé de tout ce qui pourroit embarafler les figures. Puilqu’en peignant , où deffinant d’après un Pas-relief, on a grand foi de tracer l'ombre qui borde lesfigures, & qui indique f bien qu’elles font collées {ur cette planche , qw’on appelle ford: on ne penfe donc pas que ce fond foit le corps d’air. left vrai que cette imitation ridicule eft obferyée pour faire connoitre que le deflein eft fait d’après de la fculpture. Le fculpteur eft donc feul blâmable d’avoir donné à fon ouvrage un ridicule qui doit être repréfenté dans les copies, ou les imitations qui en font faites. Dans quelque place, & de quelque faillie que foït le bas-relief, 1l faut l’accorder avec l’archite@ure ; il faut que le fujet, la compoñtion & les draperies foient analogues à fon caractere. Ainf la mâle aufté- rité de l’ordre tofcan n’admettra que des fujets & des compofitions fimples : les vêtemens en {eront larges, &t de fort peu de plis. Mais le corinthien & le com- pofite demandent de l'étendue dans lescompofitions, du jeu & de la légéreté dans les étofes. De ces idées générales, M. Falconet paffe à quel- ques obfervations particulieres qui font d’un homme de génie. un La regle de compofition & d’efet étant la même pour le Bas-relfefque pour le tableau, les principaux acteurs , dit-1l, occuperont le lieu le plusintéreffant de lafcene, & feront difpofés de maniere à recevoir une mafle fufifante de lumiere, qui attire, fixe, & repofe fur eux la vue , comme dans un tableau, pré- férablement à tout autre endroit de la compofition, Cette lumiere centrale ne fera interrompue par au- cun petit détail d’ombres maigres & dures, qui n’y produiroient que des taches, & détruiroient l'accord. De petits filets de lumiere qui fe trouveroient dans de grandes mafles d'ombre, détruiroient également cet accord. | Point de raccourci fur les plans de devant, princi- palement fi les extrémités de ces raccourcis fortoient en avant : ils n’occafionneroient que des maigreurs infupportables. Perdant de leur longueur naturelle, ces parties feroient hors de vraïffemblance , & pa roîtroient des chevilles enfoncées dans les figures. Ainfi pour ne point choquer la vue, les membres dé- tachés doivent , autant qu’il fera poffible , gagner les fonds. Placés de cette maniere , il en réfulterà un. autre avantage : ces parties fe foutiendront dans ieur propre mañle; en obfervant cependant que , lorf= qu’elles font détachées, elles ne foient pas trop adhé- rentes au fond: ce qui occafonneroïit une difpro= portion dans les figures, & une faufleté dans les plans. 70 FUME Que les figures du fecond plan, ni aucune de leurs partiesne foient aufñ faillantes , ni d’une touche auff ferme que celles du premier ; ainf des autres plans, fivant leur éloignement. S'il y avoit des exemples de cette Évalité de touche, fuflent-ils dans des bas- reliefs antiques , il faudroit les reparder comme des fautes d'intelligence contraires à la dégradation, que la diftance , Pair & notre cœil mettent naturellement entre nous & les objets. Dans la natute , à mefure que les objets s’éloi- gnent, leurs formes deviennent à notre égard plus indécifes: obfervation d'autant plus eflennelle , que dans un bas-rehefles diftances des figures ne fontrien moins que réelles. Celles qu’on fuppofe d'une toife ou deux plus reculées que les autres , nele font quel- quefois pas d’un pouce. Ce w’eñl donc que par le va- gue & l'indécis de la touche, joints à la proportion diminuée felon les regles de la perfpettive , que le fculpteur approchera davantage de la vérité, &c de Veffet que préfente lanature. C’eftauffi le feul moyen de produire cet accord que la fculpture ne peut trou- ver, & ne doit chercher que dans la couleur unique de fa matiere. | Il faut furtout éviter qu’autour de chaque figure, il regneun petit bord d'ombre également découpée, qui en Ôtant Pillufion de leurs failles & de leur éloi- gnement refpeltif, leur donneroïit encore Pair de #- eures applaties les unes fur les autres , & enfin col- lées fur une planche. On évite ce défaut en donnant une forte de tournant aux bords des figures, &c fufi- famment de faillie dans leurs milieux. Que l'ombre d’une figure fur une autre y paroïfle portée naturelle- ment, c’eft-à-dire, que cesfigures foient fur des plans affez proches pour être ombrées l’une par autre, fi elles étoient naturelles. Cependant il faut obferver queles plans des figures principales , furtout de celles qui doivent agir, ne foient point confus, mais que ces plans foient affez diffinéts & fufifamiment efpacés , pour que les fi- gures puiflent aifément fe mouvoir. | Lorique , par fon plan avancé, une figure doit pa- roîtrefolée & détachée des autres, fans l'être réelle- ment , on oppofe une ombre derriere Le côté de fa lumiere , & s’il fe peut, un clair derriere fon ombre: moyen heureux que préfente la nature au {culpteur conime au peintre. Si le bas-relisfeft de marbre, les rapports avec un tableau y feront d'autant plus fenfibles, que le feulp- teur aura {umettre de variété de travail dans les diite- rens objets. Le mat, le grené, le poli, employés avec intelligence, ont une forte de prétention à la couleur. Les reflets que renvoie le poli d'une drape- rie {ur l'autre, donnent de la légéreté aux étoftes, & répandent l’harmonie fur la compofition. Si on doutoit que les lois du Pas-relief fufent les mêmes que celles de la Peinture, qu’on choïfife un tableau du Pouflin ou de le Sueur; qu’un habile fculpteur en faffe un modele: on verra fi l’on n'aura pas un bas-relief. Ces maïtres ont d'autant plus rap- proché la Sculpture de la Peinture , qu’ils ont fait leurs fites toujours vrais, toujours raifonnés. Leurs figures font, en général, à peu de diftance les unes _des autres, & fur des plans très-juftes : loi rigou- reufe qui doit s’obferver avecla plus fcrupuleufe at- tention dansun bws-relief. . Enfin, conclud M. Falconet, cette partie de la fculpture eff la preuve la moins équivoque de Pana- logie qui eft entre elle &c la peinture. Si lon vouloit rompre ce lien, ce feroit dégrader la fculpture, &c la reftraindre uniquement aux ftatues, tandis que la na- ture luioffre, comme à la péinture , des tableaux. A la couleur près, un Éas-relief faillant eft un ta- blezu dificile. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) RELIEN, fm. ( Arificier. } les Artificiers appel- R EL lent ainfi de la poudre groffierement écrafée, fans être tamiée, telle qu’on lemploie dans les chafles des pots-à-feu , pour qu’elle n’ait pas autant de viva- ité que la grence. RELIER , v. aët. ( Gram. ) c’eft lier de-rechef ce qui s’eft délié. On relie un fasot,unegerbe, unnœud, un ruban, life prendau fimple & au fiouté, Nous avonsrom- pu pour une bagatelle : nous avons perdu l'un & l'autre notre petit reffentiment, & nous nous fom- mes reliés. RELIER, y. a. ( frrprimerie.) ce mot: fe dit chez lés Imprimeurs, pour fignifier mettre en réferve une partie des caraËteres , ou même quelques corps en entier de lettres dont on n’a pas befcin, { D. J.) RELIER, v. aët. ( serme de Relicur, ) c’eft coudre enfemble les cahiers d’un livre, & leur mettre une couverture. On dit rocher, quand on les coud feule- ment avec quelques points d’aiguille par-defius , fans y employer des cordes pour y faire des nervures ; relier à la corde, c’eft quand on fe fert de ficelle, que l’on met au dos de diffance en diflance pour tenir les cahiers unis, fans pourtant y ajouter de couverture. L'on dit fimplement relier, pour fignifier une relieure parfaite avec des nervüres, destranche-fls, cartons, & une couverture convenable. Enfin l'on dit re/ier en parchemin, en vélin, en veau, en maroqun, en bafane, en cuir de trie; pour dire, couvrir un li- vre de quelqu'’une de ces peaux. Savary. (D. J.) RELIER , ( serme de Tonnelier. ) c’eft mettre des cerceaux à une cuve, une futaille, ou autres cuvra- ges femblables des Fonneliers, pour les monter & en joindre les douves, après qu’elles ont été drefles. On dit auf relier une piece de vin, quand on y re- met des cerceaux nouveaux où 1l en manque, & mé- me quand on y en met des neufs partout. RELIEUR , f. m, ( Librairie, } celui qui relie des livres. Les. principaux .outils 8 inftruinens dont fe fervent les maîtres relieurs & doreurs de livres , {ont le plioir, le marteau à battre &c fa pierre, le cou- foir pour relier, avec les clavettes, l’aigulle à relier, le poinçon , diverfes fortes de cifeaux, un compas ordinaire & un compas à dorer, la prefle pour ro- oner, garnie de fon fuit, de fon couteau, de faclé, & foutenue par cette efpece de coffre de bois qu'ils. nomment l’a/re ; la grande prefie , la pointe à couper le carton, le couteau à parer les cuirs, les ais à rogner, ‘à fouetter & à prefier ; la pince pour dreffer les ner- vûres, le gantelet pour fouetter , le gratoir pouren- doffer, divers pinceaux pour marbrer & pour coller, le racioir à dorer fur tranche , le fer àpolir ; enfin di- versautres fers différemment faits & gravés pour ap- pliquer l'or fur les couvertures, ou pour y faire des ornemens fans or , avecwtout le petit équipage pour dorer fur tranche. ( D.J.) RELIEURE, £ f. ou art de relier les livres, ( Arc me- | chan. } lorfque les feuilles font {orties de deflous la preffe, &c qu'elles font feches , elles paflent de l’in- ptimerié chez le reheur. La premiere façon que cehu- ci donne aux livres qu'il veut relier, c’eft d’en plier les feuilles fuivant leurs formats , en deux pourlz- | folio, en quatre pour lin-quarto , en huit pour liz- oéfavo., & ainfi à proportion jufqu'aux plus petits qui, plus par curiofité que par utilité , peuvent aller juf- qu’à Pin-fix vingt. On prend donc les feuilles une-à- une pour les plier , & on obferve que les extrémités foient bien égales, de forte que les chiffres qui font en tête doient les uns fur les autres & fe répondent exaftement. L'inftrument dont on fe fert pour plier, s'appelle plioir ; fon effet eft de déterminer à de- meure le pli que doit avoir la feuille en le pañanr fur toutes tes parties, mais plus particulierement fur celles qui doivent fervir de féparation. Ce plioireft une efpece de regle de buis ou d'ivoire très-mince , large d'environ deux doigts, longue de huit à dix pouces, arrondie par les ds bouts, & moins épail- de fitr les bords que dans le milieu. Outre que chaque pâge eft numérotée en tête, & que le chiffre court en augmentant jufqu’à la fin du volume , il y a auf au bas dé chäque page des réclames, c’eft-à-dire qu’- on lit au bas de chaque page , iminédiatement au- deffous du bout de la derniere ligñe , le mot par où commence la page fuivante , & ainfi fucceflivément juiqu’à la fin du livre ; 11 ’entrôüve cependant afez communément où il ny a point de réclames. C’eft auf au bas des pages où fe mettent les fignatures ; ces fignatures font Les lettres de l'alphabet mifes par otdre ; on change de lettre à chaque cahier, & on repete la même lettre ; non à la fin de chaque page, mais feuléement de chaque feuillet aû fo/io recto | &c on joint en chiffre , ordinairement romain , le nom- Les de feuillets, ce qui fe contintie ainfi jufqu’à la fn du cahier, ou feulement jufqu’à la moitié ; de forte que dans ce dernier cas , l’endroit où finifent les fi- gnatures, forme jufte la moitié du cahier, & indique le format des feuilles ; après quoi le cahier fuivant fe trouve fgné de la lettre fuivante, Quoique les chif- fres qui font en tête , les réclames & les fignatures qui font au bas foient plutôt du reffoft de l'impreffion que de la relieure ; nous n’avons cependant pu nous dif enfer d’en‘parler dans cet article, vû qu'ils fervent à diriger le pliage, & empêchent qu’on ne mette les cahiers hors de leur véritable rang. Lorfque toutes les feuilles font pliées de la maniere que nous venons de le dire, celui ou celle qui les à pliées les raffemble en corps, &c les collationne , en confultant les let- tres quifont au bas de chaque feuillet, afin d’éviterles tranfpofitions. Les feuilles étant mifes les unes {ur les autres par ordre de fignatures, fe battent au mar- teau fur la pierre pour les prefler & applatir, en forte qu’elles tiennent moins de place À la #elieures ce qui fe fait en les divifant par battées, qui font ordi- narement de neufà dix feuilles chaque pour lir- oëlavo, & des autres formats plus ou moins à propor- tion. On a foin dé tenir fes feuilles bien égales, en forte que l'une n’excede l’autre ; on les pofe enfuite fur la pierre à battre, qui eft une pierre de liais bien :| polie &c de niveau, en obfervant de mettre deflous les feuilles un papier qui garantifle de fouillure la feuille quitoucheroit à la pierre : alors l’ouvrier tient ces feuilles d’une maïn , & de l'autre un marteau de fer pefant neuf, dix , même jufqu’à onze livtes , {e- lon la force du bras qui doit s’en fervir, & frappe def- fus ces feuilles en les tournant de tous côtés & en tous fens , afin que toutes les parties fe reflentent de l’im- preflion du marteau ; c’eft à l’aide de ce marteau que l'ouvrierattentif unit le papier au point qu’on ne fente fous les doigts aucune partie plus épaille l’une que Pautre , & qu'il ne s’y trouve aucunes inésalités ni cavités. Cette opération faite, on met ces battées : féparées comme elles font entre des ais À prefler , & On aflujettit le tout ou dans la grande preffe , f les feuilles font 27-07. où i7-4°. où fimplement dans la prefle à endofler, f ce font des petits formats. Ces ais font pour lordinaire de bois de noyer, fort polis, épais environ dans toute leur étendue de trois à qua- tre lignes ; on doit faire atrention de les choifr affez grands pour qu'ils puiffent déborder tant-foit-peu les feuilles de tous côtés. Ces feuilles ainf aflujetties & ferrées dans la preffe, ne fe gonflent point, & con- fervent l’afifiement que le marteau leur avoit im- primé. Comme nous ferons obligés, dans la fuite de cet article , de parler fouvent des différentes prefles dont fe fervent les relieurs, avant d'entrer plus avant en matiere, & tandis que nos feuilles font en prefle : nous allons en donner la defcription. Quant aux au- tres outils ou inftrumens dont on fe fert, nous en dé- ctirons la formeër en indiquerons lufave, en fuivant par ordre Îles différentes opérations de l’ouvrier, On : & profonde au-moins d’un doigt, qui l’environne, & RE de diftingue quatre fortes de prefle, favoïr : la grande prefle,, latpreffe à endofer , la preffe à rogner, la prefle à tranche-filer, La grande prefle eft compofée de dix pieces principales, qui font les deux jumel- les , Le fommier , la platine ; le mouton, la vis , les deux clés, l’écrou & le barreau, Les deux jumelles font deux pieces de bois d’orme ou d'autre efpece , pourvu qu'il foit dur, hautes de fix à fept piés., lar- es de fix à fept pouces , épaifles de quatre à cinq ; F. bas en eft plus épais & plus large afin de leur don- ner de lafliette ; elles font placées.debout & fcellées contre le mur, & font à environ deux piés & demi de diftance l’une de l’autre: c’eft cet intervalle qui forme le dedans de la prefle , & où font les autres pieces dont nougsallons parler ; de forte que les deux jumelles font les deux côtés de la preffe. Le fommier eft une piece de bois large d'environ un pié &c demi, épaifle de quatre à cinq pouces, auffi longue que la prefle eft large, y compris l’épaifleur des jumelles : ce fommier eft PAU en quarré par les deux bouts, & chaque bout embraffe chaque jumelle , aux côtés defquelles on a pratiqué des rebords qui lui fervent de ne ileft élevé d'environ un pié 8& demi de terre , & fert de table, puifque c’eft fur ce fommier que fe mettent ou les feuilles, ou les volumes que l’on veut mettre en prefle. La platine eftune piece de bois ä-peu-près de la même largeur & épaifleur que le fomimier ; elle a auffi une échancrure en quarté à chaque bout , ce qui fait qu’elle embrafle les jumel- les , mais elle ne porte fur aucuns rebords comme lé fommier , & haufle ou baïffe felon la détermination que lui donne la vis à qui elle eft attachée par le moyen.du mouton & des deux clés. L’adion de cette platine eft de s’approcher du fommier lorfque lou- vrier veut ferrer , & de s’en éloigner lorfqu’il veut defferrer. Le mouton eft une autre piece de bois beaucoup moins large 8c moins épaifle que la plati- ne , fur laquelle elle porte à plat, & avec laquelle elle fait corps, par le moyen de clous où de chevil- | les. La vis doit être d’un bois très dur, fon filet porte , p environ trois piés de hauteur, & vingt pouces de cir- conférence ; le fort de fa tête eft haur de douze à qua- torze pouces, & a environ deux piés & derni de tour : c'eft dans cette partie qu’il y a quatre trous qui fervent à loger Le barreau pour ferrer ou deffer- rer. Le foible eft une portion de cette même tête, diminuée au moins de moitié, & qui n’a guere qu’un pié de circonférence, &t quatre à cinq pouces de longueur, & reffemble aflez à un court rouleau dont le bout auroit une forme fphérique, & d’égale grof- feur dans toute fon étendue, fi vous en exceptez néanmoins une rainure large d'environ un pouce , qui eft fiexaétement arrondie, qu’elle n’a pu être faite que fur le tour : cette rainure eft pratiquée À envi- ron deux pouces de diftance du fort de la tête , c’eff- à dire dans le milieu du foible ; c’eft cette partie qui s’emboîte dans le mouton, & pénetre enfuite jufqu’à demi-épaifleur de la platine, par un trou également fphérique , pratiqué dans le milieu du mouton, & continué dans la platine, à laquelle elle eft atta- chée par le moyen des deux clés qui font deux petits morceaux de bois, larges d’un pouce & demi, & épais d’un dojot ; ces deux clés traverfent le mouton dans toute fa longueur, & fe logent en paffant dans la rainure de chaque côté de la vis, qui attire à elle par ce moyen le mouton -&c la platine lorfque fon ation va en montant, ce qui s'appelle defferrer | 8e qui les pouffe au contraire én bas lorfqw’elle defcend , ce qui s'appelle /érrer. On fent aflez, par cette pofi- tion, que la vis eft droite dans le milieu de laprefle, la tête en bas &r le filet en haut, qui pafle dans l’écrou, fans lequel la vis n’auroit aucune ation, nin’en pour- toit imprimer. L’écrou eftune piece de bois de douze à quinze pouces en quarré, échancré aux deux bouts. 72 R EL. comme le fommier &c la platine, de forte qu’il em- brafle comme eux les deux jumelles auxquelles 1l eft arrêté par le moyen de deux fortes chevilles de fer qua traverfent le tout ; 1 couronne la preïfe, & en fait comme le chapiteau ; c’eft dans le milieu de cette piece de bois que s’engrene le filet de la vis: com- me cette piece eftcelle qui fatigue le plus après la vis, onpourroit y mettre de chaque côté un lien de fer, afin de la foutenir contre les efforts de la vis. Enfin, le barreau eft une efpece de pince de fer de quatre à cingpouces de circonference , & de quatre à cinq piés de longueur ; on le pañle par le bout dans un des trous pratiqués à la tête de la vis, & on l’introduit de même fucceflivement dans les autres à mefure qu’elle tourne: c’eft donc par effort des bras fur ce barreau qu’on met la vis en Jeu, qui à fon tour y met les autres parties de la prefle fur lefquelles elle agit. La prefle à endofler eft compofée de neuf pieces principales; favoir , deux jumelles , deux bandes, deux vis, deux clés & une cheville de fer: les deux jumelles font deux pieces d’un bois dur, tel que le chêne , l’'orme, érable ou le poirier : elles ont trois piés & demi de longueur, & portent cinq à fix pou- ces enquarré ; c’eft entre ces jumelles que fe mettent les feuilles ou les livres que lon veut contenir; elles fontpercées de deux trous à chaque bout: le premuer, c’eft-à-dire, le plus près de extrémité des jumelles ; eft un trou de la largeur d'environ deux pouces en quarré, par où pañlent les bandes ; ces bandes font deux morceaux de bois longs d'environ deux piés & demi, & d’une groffeur proportionnée aux trous par où elles doivent pañler; elles font contenues avec de petites chevilles à une des jumelles, que nous nom- merons à caufe de cela zmobile, &c entrent hbre- ment dans l’autre jumelle qui s'approche ou s’éloi- gne de la premiere , felon la détermination que lui donnent les vis ; ces vis font deux pieces d’un bois extrèmement dur, & d’une des efpeces que nous avons indiquées ci-deflus ; elles portent trois piés de long, favoir deux piés & demi de filet & un demi- ié de tête, & ont neuf à dix pouces de circon- férence ; elles font à côté des bandes, & leur font paralleles ; elles pañlent librement dans la jumelle immobile jufqu’à leur tête qui eff plus groffe que le filet, & s’engrenent enfuite dans l’autre jumelle fou- tenue par les deux bandes fur lefquelles elle peut courir : Les trous de cette jumelle qui fervent à loger les vis font en forme d’écrousiles nes clés font deux morceaux de boïs d’un pouce &c demi en quarré , auf longs que la jumelle eft épaïfle ; on les pañfe dans la jumelle immobile, &c ils entrent entraverfant cette jumelle dans une efpece de rainure pratiquée à chaque vis , afin que parce moyen elles foient con- tenues & aw’elles ne foient fufceptiblesque du mou- vement cireulaire que louvrier leur imprime par le moyen d’une cheville de fer longue d’environ deux piés & de trois pouces &t demi de circonférence, dont il pañle le bout dans des trous pratiqués à cet effet dans la tête des vis ; c’eft l’aétion de ces vis en- grenées dans la jumelle courante qui approche celle- ci de l’immobile lorfque louvrier veut ferrer, ou qui Pen éloigne par une détermination contraire lorfau’il veut deflerrer. La diftance d’une vis à l’autre eft d’en- viron deux piés quatre pouces, & c’eft proprement cet efpace qui fait la longueur de la prefle : quant à la largeur, on la détermine felon la groffeur foit des feuilles, foit des livres qu'on veut y aflujettir. Lort- qu'il ny a rien dans la preffe , &c qu’elle eft tout-à- fait ferrée , les deux jumelles fe touchent dans toute leur étendue , & femblent collées enfemble ; & lorf- au’on veut s’en fervir, on l’ouvre en la defferrant plus ou moins, felon le befoïin, & alors la jumelle courante s'éloigne de immobile. Quoique nous nommions immobile la jumelle du côté de la tête des vis, nous n’entendons cependant pas l’exclure ab- folument du mouvement progreflif ou rétrograde , mais nous lui donnons ce nom, tant parce qu'elle en eft moins fufceptible que l’autre , que pour lanueux. défigner. Cette prefle fert à prefler les feuilles au=' deflous de Pi-4°. quand elles font battues, mais fur- tout à grecquer , à endofer, à brunir, &cpeut{ervir auf à prefler le volume quand il eft collé, pourvu qu’il ne foit point d’un format qui excede la largeur des sumelles, autrement 1l faudroit avoir recours à la grande prefle. Cette prefle fe pofe à plat, comme une table , fur une caïffe longue de trois piés, & lar- ge de deux ; lés quatre montans qui font aux quatre coins de cette caille font de bois de chêne , ainfique les traverfes; les panneaux peuvent être de planches de fapin ; les montans portent environ deux piés & demi de hauteur; les traver{es doivent être aux deux bouts à l'égalité des montans , & ce font cestraver- fes qui fupportent la preffe: on peut également pro- longer les panneaux jufqu’à cette hauteur ; maïisaux deux côtés les panneaux &c les traverfes {ont beau coup plus bas que les montans, & laiflent un vuide d'environ huit à dix pouces dans toute la longueur de la cafe, pour pouvoir laffer à l’ouvrier la liberté d’agir &c de paffer fes mains deffous la preffe lorfque fon ouvrage Pexige, Son fond eft ordinairement de planches de fapin ; cette caïffe s'appelle l’#re où porte- preffe, parce qu’elle fert effeétivemerit à porter, foit la prefie à endofler, foit la prefle à rogner. La preffe à rogner eft femblable dans fes principa- les parties à la prefle à endoffer, c’eft-à-dire qu’elle eft compofée comme elle de deux jumelles , deux bandes , deux vis, deux clés, & d’une cheville de fer. Toutes ces pieces ont les mêmes proportions , là même aétion &t le même jeu que dans la prefle à’ endoffer ; ainf 1l feroit{uperflu d'entrer dans un plus grand détail à cet égard ; elle differe feulement de celle-là en ce qu’au-dedans de la jumelle, qué nous appellons æmmobile , 1l y a une tringle qui fe pro- longe d’une vis à l'autre, largede trois pouces, épaifle d'environ deux lignes dans fa partie fupérieure qui regne le long de la jumelle , & qui va.en dimunuant infenfiblement juiqu’à la fin de fa largeur, de forte que cette tringle forme une efpece de glacis ; c’eft cette pente qui fait que le livre faïf entre Les deux jumelles eft plus ferré dans la partie fupérieure que dans l’inférieure, & s’y trouve fi fortement aflujetti qu'il fait un corps folide fur lequel le couteau pañfe vivement, ce qui rend la feétion nette & polie ; du côté où fe place l’ouvrier qui rogne, il y a une pe- tite rainure pratiquée en ligne droite de haut en-bas dans toute la largeur de la tringle , cette rainute fert à loger le mords du livre, afin de n’en point enidom- mager le dos , & lui conferver la forme arrondie qu'il doit avoir : outre cette tringle qui eft plutôt, à proprement parler , une petite planche, ilyena deux autres à la diftance d'environ un doigt l’une de l'autre , épaifles de trois à quatre lignes & larges de huit à dix ; ces deux tringles font attachées avec de petites pointes de fer fur la jumelle courante, & for- mentdeux lignes exaétement droites & paralleles qui fe prolongent d’une vis à Pautre : elles fervent à di- riger & à aflürer la marche du couteau , comme nous lexpliquerons dans fon tems. | La preffe a tranche-filer eft une petite preffe com- pofée fimplement de cinq pieces, favoir deux ju- melles, deux vis & une petite cheville de fer. Les deux jumelles font deux morceaux de bois d’un pié &c demi de longueur , de trois pouces 8 demi de lar- geur , & d’un pouce & demi d’épaifleur ; les vis ont neuf pouces de longueur , favoir fix pouces de filet & trois pouces de tête ; le filet àtrois pouces &c demi detout, & la tête en porte environ fept; ces vis s’en- grenent dans les deux jumelles dans des trous pra- tiques REL tiqués à environ quatre pouces dé leurs extrémités, & patient librement dans la premiere jumelle, c’eft- à-dire dans celle qui doit être contre la tête des vis, | mais les trous de la feconde font en forme d’écrous, ce qui donne à cette jumelle la même ation qu’à la jumelle courante des prefles à endoffer & à rogner; la cheville de fer a fept à huit pouces de longueur & un demi de circonférence , elle fert comme dans les autres prefles à ferrer ou deflerrer, en l'introdu{ant par le bout dans des trous pratiqués à cet effet dans la tête des vis. Telle eft la conftrution des différentes prefles en ufage chez les Relieurs. Mais reprenons nos feuilles , & conduifons-les d'opération en opé- ration jufqu'à ce qu’enfin elles foient reliées, & qw’el- les forment un volume parfait qui puifle temir fa place dans une bibliotheque, Les feuilles pliées, col- lationnées , battues & preflées fe coliationnent une feconde fois au fortir de la prefle , de peur qu’en ayant divifé la totalité par battées , il ne s’y trouve quelque dérangement , dont le moindre feroit tou- jours de grande conféquence : cette feconde colla- tion fe fait de la même façon que la premiere, c’eft- à-dire en confultant les fignatures. Lorfque l’ouvrier eft certain que fes feuilles font dans ordre , & qu'il n'y a aucune tranfpofition , il les raflemble en corps pour les gréquer lorfqu'il veut faire un reliure À la greque : 1l met pour cet effet toutes les feuilles defti- nées pour le même volume entre deux petits ais de de bois , ils doivent être bien polis, &'un peu plus épais en-haut aw’en-bas , de forte qu’ils forment une pente douce : 11 faut obferverque Le dos des feuilles excede d’un doigt le bord de ces aïs , afin de laifler à la greque la liberté d'agir , il pofe enfuite le tout dans la preffe à endoffer ; l'ouverture des feuilles doit Être en-bas &tle dos en-haut, & lorfqw’elles font bien contenues & bien ferrées dans la preffe, l’ou- vrier prend alors la greque qui eft un outil en forme de fciot ou {cie à feule branche , & qui n’eft autre chofe qu’une lame de fer trempé, longue d’environ œuinze pouces , enchâffée dans un manche de bois de huit pouces qui lui fert de poignée ; fa largeur for- tant du manche eft d'environ deux pouces & demi, & va en diminuant jufqu’à fon extrémité qui fe trou- ve alors réduite à un pouce; l’épaiffeur de cette lame eft de deux lignes, & dans toute fa longueur elle eft armée de dents comme une véritable fcie, À lexcep- tion que les pointes de ces dents font toutes fur la même ligne, & qu’elles ne donnent ni à droite ni À gauche comme celles des fcies ordinaires. C’eft avec cet outil que l’ouvrier fait fur le dos de fes feuilles autant d’entalles qu’il veut mettre de nervures; lor£ qu'on veut relier proprement , on fait cinq entailles ou hochesavec la greque fur les petits formats, & fix fur lés prands. Ces entailles ou hoches fervent à lo- ger les ficelles, autour defquelles font retenus les fils qui attachent les feuilles enfemble , on donne à ces ficelles le nom de xerf ; ces ficelles ainfi pañlées dans les hoches faites par la sreque , ne caufent au- cune élévation fur le dos du livre dont il ne fe trou- ve aucune partie plus apparente que l’autre, ce qui fait la différence des livres reliés à la greque d’avec ceux qu'on appelle reliés en nerfs, dont les nervures paroifient & font fur Le dos du livre comme de pe- tites côtes. Outre les cinq entaïlles que l’on fait avec la greque aux petits formats, ou les fix aux grands, on en fait aux uns & aux autres une également fur le dos à chaque bout du livre qui fert à arrêter le fil, & qui fait ce qu'on appelle /a chafnerte, ce qui s’ob- ferve toujours aux petits formats, foit qu'on les relie à la greque, foït en nerfs ; maïs on ne greque aux extrémités ni les ë7-guarso , ni les én-foio , lorfqu’ils - font reliés ennerf, de forte que la chaînette paroît fur Le dos du volume jufqu’à ce que l’on pañe à une autre opérarion qui la fafle difparoître, & dont nous Tome XIF. REL 73 parletons ci-après.’ Alors foit que les feuilles foient defünées à faire un volume relié à la greque , {oit qu’on veuille les relier en nerfs, on les coud fur le coufoir avec une longue aiguille d’acier un peu re- courbée. Le coufoir eft compofé de quatre pieces de bois , favoir de la table qui a dans toute fa longueur une efpece de rainure percée à jour & large de cinq à fix lignes, de deux vis dreflées perpendiculairement aux deux extrémités de la table dans la même ligne que la rainure, & d’une traverfe avec fes deux cavi- tés en forme d’écrous, qui s’engrene fur le haut des vis. Pour fe fervir du coufoir, on attache fur latra- verfe d’en-haut autant de ficelles qu’on veut faire de nervures, 6c après les avoir efpacées fuivant le for- mat du livre, on les fait pañler par larainure , & on les arrête par-deffous avec de petits inftrumens de cuivre, qu'on appelle c/avertes, qui ont un trou quat- ré par un bout , & font couvertes en forme de four- ches par l’autre. On pañle le bout des ficelles dans le trou des clavettes , & on le faifit en tournant , afin qu'il ne s’échappe point ; on pañfe enfuite les clavet- tes par la rainure, & on les met de travers lorfqw’el- les font pañlées, afin que portant des deux côtés de la ranute elles ne puiflent s'échapper nirepafler d’elles- mêmes, Que fi les ficelles étoient trop lâches, on peut les tendre autant qu’il eft befoin, en tournant avec les mains les deux vis du fens qui fait monter la bande, c’eft-à-dire qui Péloïgne de la rable, ou par un fens contraire la faire defcendre, fi les ficelles étoient trop tendues. Lorfque le coufoir ef ainfi dif Poié, on prend une feuille de papier marbré qui, pliée en deux, foit de même format que le livre que l’on veut relier, on plie cette feuille de façon que la marbrure{oit en-dedans & le blanc en-dehors, & on la coud ainfi d’un bout à l’autre le long des nerfs attachés au coufoir, enfuite on prend une feuille de papier blanc pliée comme l’autre & de même grandeur ; on coud celle-ci comme la premiere, après quoi on prend par ordre les cahiers, & on les coud en conduifant , comme aux deux premieres feuilles, un fil de chanvre dans le milieu de chacun d’eux à commencer du premier de ces nerfs jufqu’au dernier, êt en faifant faire à ce fil un tour fur chaque nerf. Lorfque tous les cahiers qui doivent former le livre font ainfi coufus , on finit par une feuille de papier blanc & une feuille de papier marbré, toutes deux pliées , difpofées & coufues comme au commence- ment, I eft bon d’obferver ici que les ficelles de la nervure doivent être de différente groffeur, fuivant la grandeur du format. Cette opération faite, on coupe les ficelles à deux pouces loin du livre ; on les cfüle de chaque côté, c’eft-à-dire qu’on les détord, &c qu’on les diminue fur le bout en Les grattant avec un coûteau , après quoi on les imbibe de colle de fa- rine , & on les rerord.en les roulant fur le genouil, de forte que les extrémités étant feches, roides & pointues , on peut les pafler facilement dans le car- ton , ce qui fe fait ainfi : on prend une feuille de carton que l’on compañle, afin d’en tirer parti plus que Fon peut, & qu’il n’y ait point de perte, s’il eft poffble; par exemple, fic’eft pour couvrir des 27-12. on prend une feuille de carton d’une efpece qu’on appelle catholicon , on la compañle en dix morceaux que l’on coupe également , & qui fervent par confé- quent à couvrir cinq volumes 27-12; le carton fe coupe avec la pointe qu eft un outil de fer avecun manche de bois de dix-huit à vingt pouces de long, ÿ compris le manche, le bout de l'outil eft coupé en chanfrain&ctrès-tranchant ; lerefte de l'outil jufqu’au manche eft couvert de cuir, &reffemble aflez à une lame d'épée plate qui feroit dans fon fourreau, mais dont le bout feroit nud ; cette enveloppe conferye la main de l’ouvrier qui empoigne cet outil dans le milieu , & appuie le bout du manche fur È devant 74 REL de l'épaule ;.c’eft dans cette attitude qu'il fait pañer la pointe fur le carton Le long d'une reole de fer, afin que l’outil coupe en ligne droite ; ilfaut obferver de couper un peu de biais le côté du carton où doivent être attachés. les nerfs, ce qui fe fait en inclihent outil , de forte que le bord avance d’un côte &x ren. tre de l'autre ; le côté rentrant fe couche contre le livre, & le côté faillant eft en-dehots qui fe crou- vant recouvert par le bord des premieres feuilles, commence, à former ce qu'on appelle le words, & donne à la couverture le jeu d’une charniere. Eorf- que le carton eft ainfi coupé , on le bat fortement avec un marteau fur la pierre à battre du côté qui doit être contre les feuilles, c’eft-à-dire qui doit être en-dedans ; après quoi, fi Fon veut faire une reliure propre , on colle deffus du papier, & même quelque- fois du parchemin, en obiervant de mettre foit le papier , foit le parchemin du même côté fur lequel a agi le marteau. Lorfque le carton fur lequel on a collé du papier ou du parchemin eff fec, on le bat une feconde fois, enfuite on pañe le livre en carton, ce qui fe fait ainfi: on pofe le carton fur Le volume, & vis-à-vis de chaque nerf à deux Lgnes loin du bord on fait un trou au carton avec un poinçon que l'on pale de dehors en-dedans ; à deux lignes au-deffus de ce premier trou , on en fait de même un fecond; & pañlant.enfuite le poinçon de dedans en-dehors, on fait un troifieme trou qu eft difpofé de façon qu'il fait avec les deux autres un triangle équilatere; alors l’ouvrier prend le bout du nerf.aui fe trouve vis-à-vis deces trous, le pañle d’abord dans le premier trou de dehors en-dedans , le repañle enfuite de dedans en-dehors, & enfinle reconduit en-dedans en l'introduifant dans le troifieme trou ; femblable opération fe fait à-la-fois à chaque nerf; & lorfqu’on a ainfi apprèté un côté, on traite l’autre de la même maniere & avec la même précifion. On arrête en- fuite les nerfs qui font aux deux bouts du livre , en les croïfant par-deffous la partie que l’on a fait pañler dans les deux premiers trous, ce qui fufäit pour les empêcher de courir ; quant aux nerfs qui font dans le milieu, onne les arrête point ainfi, mais on en coupe le bout à environ deux ou trois lignes loin du carton , après quoi on bat ces attaches avec un petit marteau ordinaire , afin de les applatir & les faire, pour ainf dire , entrer dans le carton , de forte que le bout de ces nerfs ne fafle deflus aucune élévation; lorfqu’on a frappé ainfi les ficelles, on releve les cartons , c’eft-à-dire qu’on ferme le livre, afin de voir sil ne fe feroit point plié quelques défants dans toutes ces différentes opérations , & s’il a effective- ment ce jeu libre, quoique ferme qu'il doit avoir. On le pafle enfuite en parchemin ; on prend alors deux bandes de parchemin qui foient deux fois auf larges que le dos du livre, dont la moitié eft defti- née à être collée fur le dos, & l’autre fur le carton en-dedans du livre. Lorfque le livre.eft relié à la gre- que , la partie de parchemin qui doit couvrir le dos du livre eft entiere , fans aucune féparation ni échan- crure , mais on fait une incifion vis-à-vis de chaque nerf à lapartie qui doit être attachée au carton; cette bande de parchemin ainfi difpofée fe pañle de dehors en-dedans , & s’introduit par partie entre chaque nerf qui tous fe logent dans des petits trous que l’on a fait avec des cifeaux au bas de chaquein- cifion ; on met femblable bande de chaque côte du 2 livre, de forte que le parchemin doit fe trouver dou- ble fur le dos, Lorfque le livre n’eft point relié à la greque , &. que par conféquent les nervures font élevées , la partie des bandes qui doit être appliquée fur les car- tons eft entiere fans aucune féparation ; mais à celle qui doit couvrir le dos du livre, on fait autant d’é- chancrures qu’ily a de nervures, 6 on proportionne RE L la largeut de celles-là à la groffeur de celles-ci. On pañle ce parchemin de dedans en dehors par bandes entre chaque nerf, ce qui fe pratique également de l’autre côté. Lorfque le livre eft ainfi pañé en par- chemin , on releve le carton; on prend alors deux ais à endofler qui font en glacis, c’eft-à-dire un peu plus épais à la partie fupérieure qu'à Pinférieure ; ces ais doivent être un peu plus longs que le volume qu’on met entre deux , obfervant de les placer à Pé- galité du mords, fans enchäfier Le dos : alors dans cette pofition on faifit le livre & les ais dans la prefle à endofler, qu’il ne faut point trop ferrer, & on tient le tout élevé au-deflus des jumelles environ d’un pouce & demi ; on prend enfuite un poinçon qui ne {oit ni trop gros ni trop pointu , & on lintroduit en long entre les premiers cahiers de chaque côté du livre, afin de les écarter un peu du nulieu , & les faire recourber infenfblement fur le mords , en frap- pant lésérement avec un petit marteau, {e feryant à cet effet du côté qui eft long & qui n’a au plus que - deux lignes d’épaifleur par ce bout , qui doit être ar- P 3 rondi. Cette opération fe fait aux deux bouts du li vre ,ou, comme difent les Relieurs , en tête & en queue ; & c’eft ce qu'ils appellent exdoffer un livre. Après quoi on fait defcendre dans la preffe le livre entre fes ais, le dos en-haut & l’ouverture en-bas, comme il étoit pour l’endoffer , & pour lors il n’ex- cede Le bord des jumelles que de trois quarts de pouce ou environ ; on le ferre enfuite dans la prefle le plus qu'il eft poffible, & on lie le volume entre fes ais avec une ficelle cablée à qui on fait faire plufeurs tours fur la partie des ais qui excede les jumelles ; lorfque cette partie eft fuffifamment contenue, on arrête la ficelle, on retire prefaue tout-à-fait le livre de la prefle , & on acheve de le lier entre fes ais, em faifant faire évalement plufieurs tours à la ficelle au- deffous de la premiere ligature: alors on le fait ren- trer dans la prefle, & avec un gros piuceau on charge le dos du livre de colle de farine ; & afin qu'il s’im- bibe davantage de cette colle, on fait pafler deffirs le grattoir , qui eft un outil de fer d'environ 9 pouces de longueur, rond par le milieu , qui fert de poignée à l’ouvrier ; il porte environ dans cette partie deux pouces & demi de circonférence ; il eft plat à fes ex- trémités, qui font de différente largeur, pour fervir aux différens formats ; un des bouts ef large d’envi- ron deux pouces, & c’eft celui dont on fe fert pour les in-fo/io & les in quarto ; autre n’a guere plus d’un pouce de largeur , & eft deftiné pour Les petits for- mats, tels que les 27-8°. les ën-12, & autres encore plus petits. Ses deux bouts font armés de dents toutes rangées fur une ligne droite. L’aétron de cet ou= til eft de gratter le dos du livre, afin d’y faire davan- tage pénétrer la colle de farme ; on le charge enfuite de colle forte , après quoi on Île pique avec le grat- toir, en lui donnant des coups comme fi on le lardoit, en obfervant néanmoins d’épargner les nervures. On fent parfaitement qu'il faut que les bandes de parche- min {oient alors renverfées de chaque côté en-dehors, afin que l'outil neles puiffe endommager, On l’enduit enfuite de nouveau avec la colle de farine, de même que les bandes de parchemin. Lorfque le dos du livre, ainfi que les bandes de parchemin font bien imbibés de colle, on couche les bandes de parchemin fur le dos , fans cependant les y coller exaëétement, & on laifle ainfi le tout environ deux heures, après quoi on pale deflus le frottoir, qui eft un outil de fer long de huit à neuf pouces , femblable dans fa forme & dans fes dimenfions au grattoir , à Pexception cepen- dant qu’au lieu de dents c’eft un tranchant très-émouf: fé & concave , de forte qu'il embrafle exaétement le dos du livre fur lequel il paffe. On leve les bandes de parchemin qui font couchées furle dos duivre, pour {e fervir de cet outil, dont l’aéhon eft d'enlever le fuperflu de la colle qui n’a pu pénétrer, & de remplir de colle en paflant les petites cavités faitespar le grat- toir. [l fert encore à redreffer les nervures dans le cas où elles auroient été déplacées ; enfin , par la forme concave de fon extrémité qui agit, il donne ou du- moins conferve au dos du livre cette forme tant-{oit- peu arrondie qu'il veut avoir. Auffi-tôtque le dos du li- vreeft ainffrotté,on y met encore de la colle de fari- -ne, en pañant deffus le pinceau, mais très légérement ; On en donne aufli une légere couche aux bandes de parchemin , dont on couvre enfuite le dos du livre en les tirant fortement avec Les doigts, & les éten- dant bien l’une fur l’autre, afin qu’elles ne faffent au- cun pli. On doit obferver de coller le parchemin du côte defafleur, autrement il fe décolleroit en féchant. Cet apprêt donné , on retire le livre de la prefle, & on le met fécher au feu lié entre fes ais commeil étoit dans la preffe , prenant garde cependant de ne point Papprocher trop près , de peur que par la trop grande chaleur le parchemin ne fe retirât. Lorfqu’il eft fuf- fifamment ec, on le remet dans la prefle fans le dé- ler ; on fait pañler Le frottoir léserement deflus, afin de redrefler les nerfs, d’arrondur le dos, & de répa- rer les petites inégalités qui peuvent s’y rencontrer; on enduit enfuite de colle-forre Le parchemin qui cou- vte le dos , & on le met fécher comme auparavant; quand il eft fec on le délie , & on colle de chaque Côté la feconde feuille de papier marbré avec la pre- miere de papier blanc ; on met après cela le livre entre deux ais à prefler , obfervant toujours de ne point engager entre ces ais le dos du livre, afin que le mords en foit bien marqué. Lorfqu'il a pañlé envi- ron une demi-heure dans la prefle entre les ais à pref. fer, on l’en retire & on le fait enfuite pañler dans la prefle à rogner , pour faire la tranche : ce qu’on ap- pelle faire La tranche d’un livre, c’eft en rogner les fetulles de trois côtés à l’aide du couteau monté fur fon fût ; mais avant d'expliquer comment fe fait cette opération , il eft à-propos de décrire la conftrution de cet inftrument. Le tout eft compofé de neuf prin- cipales pieces , qui font les deux piés du fût, deux bandes, une vis de bois ,un couteau , une vis de fer, un écrou & une clé. Les deux piés du fût font deux morceaux de bois qui portent pour l’ordinaire quatre à cinq pouces de hauteur , fur deux d’épaifleur, per- cés de trois trous , favoir un à chaque bout, & Pau- tre dans le milieu. Lés deux bandes font deux pieces de bois longues d’environ un pié & demi, larges d’un pouce & demi, & un peu moins épaifles ; ces bandes font enchäflées &c chevillées dans les trous pratiqués au pié du füt, qui fe trouve à la droite de l’ouvrier loriqu'il rogne , & paflent librement dans ceux pra- tiqués à l’autre pié, fur lefquelles il court comme la jumelle mobile des prefles, foit à endofler, foit à ro- gner. La vis eft un morceau de bois long de deux piés dans fa totalité ; favoir un pié & demi de filet, & fix pouces de tête : elle a entre quatre & cinq pouces de circonférence; la tête en eft un peu plus grofle , &c _ fert du côté droit de poignée à l’ouvrier, de même que le bout du filet lui en fert du côté gauche: cette vis pañle librement dans le trou du milieu , pratiqué au pié qui fe trouve à la droite, & s’engrene dans cehu pratiqué au pié qui eft à la gauche, & qui eft en forme d’écrou , ce qui fait approcher ou reculer Ces piés felon le befoin , comme les jumelles des preftes à endofler , rogner, ou tranchefiler, Le cou- teau eft une piece d’acier de fix à fept pouces de long , plat & fort mince, très-tranchant , finiffant en pointe de lame d'épée, plate & large, & de forme guarrée par l’autre bout qui fert à l’attacher, & que Jon nomme le son ; c’eft au milieu & par-deffous le pic du füt qui eft à droite, que s’attache le coûteau en appliquant le talon qui s’enchâfle dans une échan- crure dont la largeur & la profondeur {ont propor- Tome XIF, ME tionnées à la largeur & l’épaifleur de ce talon : on pafle enfuite la vis de fer , dont la tête applatie s’ermn- boite dans le trou pratiqué au talon: cette vis tras verfe le pié du füt, & fort par lé haut. L’écrou eit un morceau de fer qui coëffe la vis ; ila deux bran- ches montantes, longues d'environ un pouce & demi, &: dont les bouts font tournés en haut. La clé eft aufü un morceau de fer long de fept À huit pouces, & dé deux de circonférence ; le bout que tient l’ouvriet | pour s’en fervir eft rond, mais il eft un peu applati à l’autre extrémité , & pércé en long come feroit la cafe d’une aiguille à tapiferie ; c’eft dans cette rai- nure qu'on fait pañler les deux branches de l’écrou pour ferrer ou defferrer la vis, dont la tête affujettit le couteau. Cet inftrument ainfi monté, on rogne le livre de la maniere fuivante, On fait defcendre les deux cartons du livre de tête en queue d'environ deux lignes, car quoique ces cattons foient retenus par les nerfs, 1ls confervent cependant aflez de liber- té pour defcendre ou monter au befoin ; après quoi l’ouvrier met fon livre debout dans la prefle , le dos tourné de fon côté, & le mords du livre logé dans la rainure pratiquée à la tringle attachée contre & en dedans la jumelle immobile, ayañtfoin d’appliquerun carton de l’autre côtéentre le livre & la jumelle cou- rante ; 1l faut que cette bande de cartonexcedele livre au moins d'un doigt. On fe fert de ce carton , afin de foutenir le livre contre effort du couteau, & garañ- tir en même tems le mords de ce côté, enfuite l’ou- vrier pofe fon coûteau monté comme nous venons de le dire, fur la preffe , faïfant entrer la tringle la plus proche du dedans de la prefle dans une rainure ou coulifle pratiquée le long du pié du fût qui eft à fa gauche ; de forte que l'autre tringle borde Le de- hors de ce pie. Ces deux tringles, dont nous avons donné la poñition dans la defcription de la preffe à rooner , fervent de direétoires au füt tout entier $ le coûteau ainfi pofé , fe poufle en avant, de forte que la feétion commence par Le dos du livre. On doit ob- ferver de ne pointtrop tourner la vis dont nous avons dit que les deux extrémités fervoient de poignée, parce que le couteau venant à prendre trop de ma- tieres , ou ne pañleroit point librement , ou ne pout- roit faire une feétion nette & polie : on doit donc tourner peu-à-peu , & continuer ainfi jufqu’à ce que le coûteau oit parvenu à la bande de carton qui fert d'appui au hvre. L’ouvrier doit fentir par le plus ou moins de réfiftance du coûteau, à quel degré il doit faire tourner la vis dans fes mains, qui y doit être li- brement. Auffi-tôt que la têre de fon livre eft rognée, il le retire de la preffe, & prend la mefure avec un compas au-dedans du livre , à commencer du bord de la tête qu'il vient de rogner , jufqu’à la fn de la matoe qu'il veut conferver à la queue , & qui doit être toujours plus large qu’à la tête ; cette mefure prife , 1l ferme fon livre pour la marquer fur le car- ton, qu'il fait defcendre également de deux lignes , comme à la premiere opération, enfuite le refte fe difpole &c s’exécute de la même maniere, Le livre étant ainfi rogné en tête & en queue, on le retire de la prefle, on defcend le carton de la moitié de l’ex- cédent qu’on lui a confervé , de forte qu'il n’y en ait pas plus à un bout qu’à autre : cet excédent fe nom- me les chaffes. Alors ‘ouvrier prend le compas , en pofe un bout à la tête du livre dans le milieu, du côté 8e à l’extrémitédu dos, & trace une ligne courbe du côté & à l'extrémité de la tranche , mais cependant toujours fur la tête ; 1ltrace femblable ligne en queue, prenant garde de conferver même ouverture de com- pas pour les deux bouts. Cette ligne dirige l’ouvrier dans la feétion de fa tranche, dont la gouttiere par ce moyen eft égale. On appelle la gouttiere d’un livre cette concavité qu’on voit fur la tranche; alors il ou- vre les cartons & les renverfe tout-à-fait, & en ber- K ïj 76 REL çant Le livre il fait perdre au dos pour un inftant cette forme arrondie qu'il avoit , de forte qu’il devient lat & uni, & que les feuilles avancent davantage en devant. Il les faifit aufli-tôt entre fes doigts, & ob- ferve des deux côtés fi elles fuivent toutes exatte- ment les lignes tracées tant en tête qu’en queue. Quandelles font ainfi difpofées , illes met entre deux ais un peu plus longs que le livre, mais moinslarges, &c prend garde d’en déranger les feuilles: de ces deux ais, qui de leur ufage fe nomment ais & rogner, celui de derriere , c’eft-à-dire qui occupe la place quetenoit la bande de carton, eft plus élevé que l’autre, & fert comme lui à foutenir les bords du livre. Celui de devant , qui fe trouve à la droite de l'ouvrier, eff de niveau & parallele à la jumelle. Ces ais refflemblent aux ais à endoffer , & font en glacis ; la partie la plus épaifle fe met en haut, afin que le livre foit plus étroitement ferré. Lorfqu'il eft ainf aflujetti dans la prefle, on fait la tranche en condinfant & ferrant peu-à-peu Le couteau fur l'extrémité des feuilles, par le moyen de la vis du fût où 1l eft attaché, La tranche achevée, on retire le livre de prefle, & on applique deflus avec un pinceau une teinture rouge compolée de colle de farine , & de bois de bréfil pulvérifé : on en donne deux &c quelquefois même trois couches. On doit prendre garde en rougiffant ainfi la tranche, que la teinture ne pénetre entre les feuillets: on évi- tera ce défaut en appuyant fur le livre , afin de ne laiffer entre les feuilles aucun vuide, Quand le livre ‘eft en cet état, on en fait Les mords, c’eft-ä-dire qu'on échancre en-dedans Le carton d’un bout à l’autre avec un petit couteau très-tranchant , ce qui fe fait des deux côtés ; on abat enfuite les quatre angles pour en faciliter l'ouverture ; alors on rabaïffe le carton. On appelle rabaiffer Le carton, le couper à une ligne ou deux près de la tranche, plus où moins, fuivant la grandeur du livre, ce qui fe fait avec la pointe dont nous avons parlé plus haut, que lon conduit le iong d'une regle de fer pofée entre la tranche &c le car- ton, Lotfque le carton eftaïnfi coupé , on pofe le li- vre fur une table le dos en haut & la tranche en- bas , afin de voir fi le carton eft rabattu également. On attache enfuite un bout de ruban que l’on a foin de tenir d’un pouce au moins plus long quele li- vre , & qu'on appelle le Je; ce finet s'attache au haut & dans le milieu du dos, lorfqu'il eft attaché on le met dans le livre qu’on tranchefle auffitôt après. Le tranchefil eft un o*nement de fil ou de foie . de diverfes couleurs , ou même quelquefois d’or ou d'argent, que l’on met aux deux bouts du dos du li- vre fur le bord de la tranche ; c’eft un efpece de tiflu travaillé fur un feul morceau de papier roulé s’il eft fimple, ou fur deux Pun fur l’autre , s’il eft double ; outre l’ornement , il fert auf à arrêter le haut & le bas des cahiers du livre ; auffitôt qu’il eft tranche- filé , on le couvre. Quoique divers ouvriers en Cuir donnent aux peaux dont l’on fe fert à la couverture des hvres, plufieurs façons, les relieurs leur en don- nent auff d’autres qui font propres à leur art; c’eft c’eft ce qu’on va expliquer, mais feulement des peaux de veaux qui font celles auxquelles les relieurs en donnent davantage, les autres s’employant à pro- portion de même, Les peaux de veaux après avoir été mouillées êtlargementimhibées d’eau, fe ratiflent fur le chevalet avec linftrument à ratifler, quieftune efpece de couteau de fer peu tranchant à deux man- ches de bois & long d'environ un pié & demi; pour ‘le chevalet il efttrès-fimple, ne confiftant ordinaire- ment qu’en une longue douve de tonneau fur le haut de laquelle le relieur s'appuie, tandis qu'il enleve de deffus la peau avec le couteau ce qui pouvoit y être refté de moins uni ; la peau ainfi ratiflée & en- core humide , fe taille avec de gros cifeaux ou efpe- ces de forces, en morceaux convenables aux livres RE L qu'on a à couvrir, &r en cer état fe pare fur le mars bre avec le couteau à parer , outil aflez femblableau tranchoir des cordonniers, mais à lame plus plate &z plus courte ; parer une couverture, c’eft en dimi- nuer Pépaifleur dans toute fon étendue, mais prin- cipalement fur les bords du côté que la peau doit fe coller fur Le carton; on juge affez que toutes ces fa- çons , à la referve de la derniere , ne peuvent con- venir au maroquin , à la bazanne &c au vélin donton couvte aflez fouvent les livres,& que l’on gâteroït fi - onles mouilloit. Pour appliquer la couverture on fa trempe de colle de farine , c’eftleterme, ce quife fait avec le pinceau à colle; on l'applique enfuite fur le carton en dehors &c on la replie fur le même carton en dedans & tout-autour, obfervant de l’échancrer aux quatre angles &c de la pañler entre le carton &le dos du livre à l'endroit des tranche-fils, on fait en- fuite pañer le plioir tant en dehors qu’en dedans &g fur les bords , afin que la couverture s'attache exac- tement furtoutes les parties du carton & qu’elle ne faffe aucun pli ; alors on coeffe le livre, c’eftà-dire qu'avec le bout d’un poinçon, dont la pointe eff émouflée, on fait tant-foit-peu revenir Le bord de la couverture fur le trancheñl qu’on arrondit &c qu’on difpofe également tant en tête qu’en queue ; cette opération faite, on le fouette ; on appelle fouerrer 7 livre , leferrer entre deux ais plus épais par un bord que par l’autre, & que lon nomme ais 4 fouerrer, avec une forte de ficelle que les cordiers appellent du fouer ; on met pour lors le côté le plus épais de ces ais du côté du dos du livre; on lui donne cette facon pour plus fortement appliquer la couverture fur le carton & fur le dos, aufhbien que pour en miéux former les nervures lorfqu’il eft rehé en nerfs; un ganteletou morceau de cuirainfinommé , fert au re- : leur qui le met autour de la main droite, àpouvoir ti- rer davantage fansfe bleffer, la ficelle qu’il fait pafler {ur le dos du livre en la croifant de façon que chaque nervute fe trouve comme enchâflée entre deux fi- celles ; alors le relieur prend la pince, qui eftun outil de fer en forme de petites tenailles; Le mords de cette petite tenaille , c’eft-à-dire l’endroit par où elle pince , eft plat ; on s’en fert pour pincer les ner- vures , ce qui fe fait en approchant avec cette pince de chaque côté desnerfs, les ficelles dont le livre eft fouetté; l'ouvrage qu’on fait avec cette pince, s’ap- pelle pincer un livre ; onle met enfuite fécher, après quoi on le défouette pour faire {écher l’endroit du Hi- vre que les ais couvroient; lorfqu'il eft fufifamment fec , on bat legérementles plats du livre par dehors, avec le marteau fur la pierre à battre , après quoi on marbre la couverture, ce qui fe fait avec un pinceau deftiné à cet ufage, trempé dans du noir qu’on fait ” tomber en pluie deffus 8z qui forme de petitestaches, frappant legérement le pinceau fur un petit bâton, ou feulement fur le fecond doigt de la main gauche, À une diftance raifonnable du livre ; on laifle enfuite fécher la marbrure, & on enduit la couverture de blanc d'œuf, ce qu'on appelle g/airer ; lorfque cette couche eft feche , on jette de l’eau-forte prefque éteinte, afinde diminuer les taches noires qui pour- roient {e trouver trop grandes ; alors on colle au dos du livre entre la premiere êt feconde nervure d’en- haut , une piece de maroquin rouge ou de telle autre couleur que l’on veut , qui couvre exaétement l’ef- pace d’une nervure à l’autre &c qui foitauffi large que le dos dulivre, pour y mettre le titre en lettres d’or, quelquefois on en ajoute encore une autre dans la nervure au deflous, pour y infcrire aufhi en or le numero des tomes ; on colle après cela en dedans des deux côtés du livre, àla feuille de papier marbré, la partie de la bande de parchemin quis’y trouve, & on applique le tout fur le carton avec de la colle de farine ; les parties de cette bande qui font ainfi en dedans du livre en têre & en queue, s'appellent les gardes , Onle fait fécher alors dans la grande prefle, dont 1l pafle quand il eff fec, dans la preffe à endof- fer, afin de le brumir, Brunirun livre, c’eft de pañfer fur les trois côtés du livre qui ont été rougis, une dent de chien ou de loup, enchâfl£e dans une virol- le de cuivre & emmanchée à une poignée de bois longue au moins d’un pié,& de trois pouces environ de circonférence , afin de donner le brillant à lattan= che & de la polir ; les ais dont on fe fert pour cette opération , font comme prefque tous les autres en glacis &c la partie la plus épaifle fe met toujours en baut, afin que le livre foit plus ferré en haut qu’en bas; lorfque la tranche eftainf brunie , on retire le livre de la prefle à endofler & on le met dans la gran- de prefle entre des ais à prefler qui font égaux dans toutes leurs parties, & on le laïffe ainfi plufieurs heures, après quoi on le retire & on enduit la cou- verture de blanc d'œuf battu, ce qu’on appelle glai. rer ; On lui donne deux fois cet apprêt obferyant de le laïfler fécher avant de lui donner cette feconde couche, laquelle étant feche , on prend un morceau d’étoffe de laine engraïflé de {uif, & on frotte avec par dehors toutes les parties de la couvertute; on y fait pañfer enfuite Le fer à polir qui éft un inftrument de fer qui depuis fa fortie du manche jufqu’à fon ex- trémnté a huit pouces de longueur, il reffemble affez au P ; 1l aun côté applati & l’autre convexe; c’eft ce dernier côté que l’ouvrier fait pafler fur la couvertu- re après l’avoir fait rafonnablement chauffer , il eft enchäflé dans un manche de boislongde quinze pou- ces & d'environ cinq de Circonférence; lorfque la couverture eft ainf polie & luftrée, l’ouvrier don- ne quelques coups de marteau fur les quatre bouts du livre , afin de les rendre égaux & pointus , enfuite prenant un côte de la couverture dans toute fa lon- gueur , 1l fait rentrer le carton en dedans en lecam- brant tant-foit-peu , 1l en fait de même de l’autre cô- té, & pour lors 1l a rempli tout ce qui étoit de fon reflort, de forte qu'un livre ainf traité peut pañler éntre les mains du lecteur le plus curieux, Quoique nous vemons d'indiquer la maniere de relier un li- vre proprement &c folidement, on peut cependant lui donner d’autres façons qui font également du ref. fort du relieur , mais dont celui-ci ne fait ufage que felon la volonté des perfonnes qui le mettent en œu- vre; ces facons font de marbrer la tranche deslivres, au-heu de la rougir, de Les dorer même fur tranche & d'y faire auf fur la couverture des ornemens en or; nous allons donner à cet égard tous les éclaircif- femens que nous avons pù nous procurer fur ces ar- ticles. Lorfau’on veut marbrer la tranche , on lui donne cette façon au lieu de la rougir; cette mar- brure fe fait ordinairement avec le rouge & le bleu, ces couleurs font arrangées de façon qu’elles fe tou- chent, fans cependant le mêler exaétement ; on fait paller la tranche legérement deflus, & on la laifle écher, après quoi on continue les mêmés opérations * comme fi la tranche avoit été rougie, dans le cas où on ne la voudroit que marbrée ; que fi le livre eft deftiné à être doré {ur tranche , 1] faut également Le marbrer, & quand il eff fec onle met en preffe entre deux ais plus épais en haut qu’en bas, afin qw’étant fortement ferré, nil’afiette n1 le blanc d’œuf ne faf- fent aucune bavure & ne pénetrent point entre les ferullets ; lorfque le livre eft ainfi aflujetti, on en ratifle la tranche avec le racloir, qui eft un petit ou- til de fer recourbé & large par Le bout avec un man- che de bois, & qui étant un peu tranchant enleve aifément ce qui peut être refté de défauts & de moins uni après la rognure, & les petites inégalités que peut occafionner la marbrure ; fur la tranche ainf ratiflée, fe couche l’afñette, compofition faite avec le bol d'Arménie , la fânguine , la mine de plomb, REL 77 un peu de fuif, Où encore mieux de favon & de fucre Candi, on broye ces drogues féparément, on les mêle enfute pour broyer une feconde fois le tout enfemble, on les détrempe dans de la colle de pars chemin toute chaude & raïfonnablement forte , & on en applique fur le marbré ; on la laifle fécher, & quand elle eft fuffifamment feche , on la glaire legé- rement avec une partie de blanc d’œuf pourri & deux païties d’eau , le tout mêlé & battu enfemble, après quoi on applique l'or avec le compas brifé dont lou, vrier ouvre les deux branches plus où moins felon les portions des feuilles d’or qu'il veut appliquer fur la tranche , frottant ces branches contre fa joue afin de leur communiquer une chaleur fufifante pour happer lor ; ce compas eft de fer , & reflemble plus aune paire de cifeauxfans anneaux, qu'à l’outil dont il porte le nom, Le clou qui en jointles deux brans ches n'étant pas au bout comme aux compas , mais au milieu comme aux cifeaux ; quand [a tranche eft dorée on la fait fécher, & lorfqu’elle eft fufifaämment feche , on la btunit; pour lors le refte fe pratique comme aux livres rougisoumarbrés ; par une fuite, pour ainfi dire ,indifpenfable, lorfqw’un livre eft doré fur tranche , on en dore auffi la couverture , mais cette dorure ne fe fait que lorfque le livre eft entié- rement relié; pour appliquer l’or on glaire le cuir legérement avec un petit pinceau aux endroits fur léiquels on doit faire pañler les fers, & lorfaw’il eft à demi fec, on place deflus les feuilles d’or taillées avec un couteau de la largeur convenable, fur lefs quelles enluite on prefle les poinçons ou l’on roule les cylindres, les uns & les autres à un. degré de cha leur raifonnable ; les poinçons font des: efpeces de cachets où font gravés en relief fur les uns des let- tres où des points, fur les autres des rofes ou des étoiles ; tous ces différens outils ont des noms diffé tens, fuivant les chofes qui y font gravées ; on les appelle en général pecits fers ; on fe fert des poin- çons en les appliquant chauds & à plat fur les endroits où l’on veut que paroïfle leur empreinte.’ Enfin les cylindres font des petites roues de fer enchâflées entre deux branches aufli de fer à qui elles tiennent par le moyen d’une broche pareïllement de fer qui traverle le milieu de leur diamettre comme un effieu travetfe effeétivement une roue de chariot ; ces pe fites roues font plus où moins larges ; fur le bord des uns on y voit gravée une efpece de dentelle où broderie, d’autres ne tracent que quelques lignes enfemble, d’autres enfin n’en tracent qu’une; pour le fervir de ces cylindres on les fait rouler lorfqu’ils font fuffifamment chauds le long d’une regle de fer, & 1ls impriment ainfi fur la partie du dos du livre par où 1ls paflent , les différens ornemens qui font gravés fur leur contour ; quand la dorure eft ache- vée, on recueille avec une broffe médiocrement rude le fuperflu de Por, ne reftant de doré que les endroits où les fers chauds ont fait leur impreffon : alors le relieur ayant épuuifé toutes les réffources de {on art , & ayant joint l’agréable à Putile, peut jouit du plaitir de voir admirer fon ouvrage. Voyez les PJ, RELIGIEUSE, £ £ (ÆifE eccléf.) celle qui s’eft enfermée dansun cloitre pour mener une vie plus aus ftere, à laquelle elle s'engage par un vœu folemnel, êt fous quelque regle ou inflitution. Liba étoit étrangement aveuglée par {es préjugés, quand elle a dit que le culte que nos vierges ren- doient à la divinité, exige qu'elles renoncent à tous fes Rienfaits , aux connoiflances de l’efprit, aux fen« timens du cœur, & même à la droite raïfon ; mais il eft vrai que trop fouvent les re/igieufes {ont les viétis mes du luxe &r dela vanité de leurs propres parens, On fe plaint fans cefle, 8 toujours fans fuccès, que la vie monaftique dérobe trop de fujets à la fo- ciëté civile : les reZoieufes fur-tout, dit M, de Voltai- 75 REL te, font mortes pour la patrie; les tombeaux où el- kes vivent font très-pauvres. Une fille qui travaille de fes mains aux ouvrages de fon fexe , gagne beaucoup plus que ne coute l'entretien d'une re/gieufe. Leur fort peut faire pitié, fi celui de tant de couvens d'hommes trop riches, peut faire envie. Il eft bien évident que leur grand nombre dépeu- ple un état. Les Juifs pour cette raifon, n’eurent ni filles effeniennes, n1 thérapeutes ; 1l n’y eut jamais d’afyle confacré à la virginité dans toute PAfie. Il ny eut jamais dans l’ancienne Rome que fix veftales. EL les n’étoient point reclufes, &c elles vivoient masar- fiquement par les fonds confidérables que la républi- que donnoit pour leur entretien. Elles avoient le droit de fe faire porter en litiere par la ville, & juf- que dans le capitole. Les confuls étoient obligés de baïfler leurs faifceaux devant elles. On leur avoit ac- cordé les premieres places aux jeux & aux fpeétacles. Enfin leur confécration qui fe faifoit des le bas âge, ne duroit que 30 ans, après lequel tems 1l leur étoit libre de fortir de la maifon , & de fe marier. (D. J.) RELIGIEUX, f. m. (Langue franç.) ce mot a di- vers ufages en notre langue. [lfe prend dans fon ori- gine pour ce qui appartient à la religion ; un culte re- ligieux , c’eft le culte qu’on rend à Dieu; un prince religieux, veut dire un prince qui a de la religion &c de la piété. On appelle aufh ceux qui quittent le mon- de pour vivre dans la retraite, des religieux; on dit même les waifons religieufes, en parlant de la vie &c des maïfons de ces perfonnes-là. Mais religieux s'emploie quelquefois au figuré en des occafions profanes, où il ne s’agit point de reli- sion. Nous difons qu’un homme garde re/igieufement fa parole, qu'il eft religieux obfervateur des lois, c’eft- à-dire qu'il garde fidélement fa promefle, qu'il eft f- dele obfervateur des lois. Sophocle n’eft pas moins religieux qu'Euripide, c’eft-à-dire n'eft pas moins fcrupuleux à ne rien mettre fur le théâtre qui puifle blefler les mœurs. (D. J,) ReuiGreux, (Jurifp.) eft celui qui a fait profef- fion de vivre fous une certaine regle monañftique, ap- prouvée par l’Eglife , telle que la regle deS. Benoit, celle de S. Auguftin, ou autre de cette nature. Sous le terme de religieux au pluriel, on comprend aufñi les religieufes. On n’acquiert l’état de religieux que par la profef- fion religieufe, c’eft-à-dire en faifant des vœux folem- nels , tels que la regle de l'ordre les demande. Voyez PROFESSION 6 VŒu. | La profeflion d'un religieux pour être valable, doit être précédée d’une année de noviciat ou probation. Voyez NOVICIAT , PROBATION, HABIT, PRISE D'HABIT. L'âge fixé par les canons & par les ordonnances pour entrer en religion, eft celui de 16 ans accom- lis. Il faut même pour la profeflion des filles que la fu- périeure avertifle un mois auparavant l'évêque > OÙ en fon abfence , le grand-vicaire ou le fupérieur ré- gulier pour les monafteres qui font en congrégation, afin que l’on puifle examiner fi celle qui veut faire profellion eft réellement dans les difpofitions conve- nables. "A Les enfans ne peuvent entrer en religion fans le confentement de leurs pere & mere; cependant fi étant parvenus à un âge mûr, comme de 20 ans ou 22 ans, ils perfftoient dans leur réfolution de fe con- facrer à Dieu , les parens ne pourroïent les en empé- cher. | L Il eft défendu en général de rien recevoir des re/i- gieux 8c religieufes pour leur entrée en religion; cela reçoit néanmoins quelques exceptions par rapport aux religieufes. Voyez DOT DES RELIGIEUSES. Les religieux ont morts civilement du moment de leur profeffon , & conféquemment font incapables de tous effets civils ; ils ne fuccedent point à leurs pa- rens, & perfonne ne leut fuccede ; ils peuvent feule- ment recevoir de modiques penfions viageres, Le pécule qu'un religieux acquiert par fon induf- trie , ou par les libéralités de fes parens, ou des épar- gnes d’un bénéfice régulier, appartient après lui au monaftere , en payant les dettes ; mais f le religieux avoit un bénéfice-cure, fon pécule appartient aux pauvres de la paroïfie, | Un religieux qui quitte l’habit encourt par le feul fait, une excommunication majeure, Le pape peut feul accorder à un religieux fa tranf- lation d’un ordre dans un autre, foit pour pafler dans un ordre plus auftere, foit dans un ordre plus miti- ge, quand la délicatefle de fon tempérament ne lui permet pas d’oblerver la regle dans laqueile il s’eft engage. Il faut que le bref de tranflation foit émané de la daterie, & non de la pénitencerie, Celui dont la profeffion eft nulle, peut reclamer contre fes vœux dans les $ ans du jour de fa profef- fon ; il faut du-moins qu’il ait fait fes proteftations dans ce tems. Quelquefois le pape releve du laps de ans; mais pour que cette difpenfe ne foit pas abuñive, il faut que le religieux n’ait pas eu la liberté d’agir dans les cinq ans. Voyez RÉCLAMATION € Vœux. Voyez le concile de Trerite, l'ordonnance de Blois, la déclaration du 28 Avril 1693 , les Lois eccléftafliques , pars. LIL. ir. 12. (4) Les religieux, dit M. de Voltaire , dont les chefs réfident à Rome, font autant de fujets immédiats du pape, répandus dans tous les états. La coutume qui fait tout , & qui eft caufe que le monde eft gouverné par des abus, comme par des lois, n’a pas toujours permis aux princes de rémedier entierement à un danger, qui tient d’ailleurs à des chofes utiles & 1a- crées. Prèter ferment à un autre qu’à fon fouverain eft un crime de lefe-majefté dans un laïque; c’eft dans le cloitre un aéte de relision. La difficulté de fa- voir à quel point on doit obéir à ce fouverain étran- ger; la facilité de fe laifler féduire; le plaïfir de {é-. couer un joug naturel, pour en prendre un qu’on fe donne à foi-même; l’etprit de trouble; le malheur des tems, n’ont que trop fouvent porté des ordres entiers de religieux à fervir Rome contre leur patrie, M. de Ségrais difoit, qu’outre les caufes générales qui multiphent le nombre des couvens, il avoit re- marqué un penchant dans les jeunes filles & garçons dans les pays chauds, de fe faire religieux ou relisieu- fes à l’âge de ladolefcence, &c que c’étoit-là une at- taque de mélancolie d’amour ; il appelloït cette ma- ladie /a perire vérols de Pefprit, parce qu’à cet âge d’ef- florefcence des paflions, peu de gens en échappent, Ce n’eft pas, continue-t-il, que ces attaques de mé- lancoliene viennent auffi quelquefois plus tard, com- me la petite vérole vient quelquefois dans un âge avance. (D. J. RELIGION , £. f. (Théolog.) religio, eft la con- noïffance de la divinité, & celle du culte qui lui eft dù, Poyez DIEU & CULTE. Le fondement de toute religion eft qu'il y a un Dieu, qui a des rapports à fes créatures, & quiexige d’elles quelque culte. Les différentes manieres par lefquelles nous arrivons, foit à la connoïffance de Dieu, foit à celle de fon culte, ont fait divifer la re/i- gion en naturelle & en revélée. La religion naturelle eft le culte que la raïfon, laiflée à elle-même, & à fes propres lumieres , apprend qu’il faut rendre à l’Etre fuprème, auteur & confervateur de tous les êtres qui compoñent Le monde fenfible, comme de Paumer, de ladorer , de ne point abufer de fes créatures, Ge. On Pappelle anffi zzorale ou éhi- que, parce qu'elle concerneimmédiatement lesmœurs &zÏes devoirs des homines les uns envets les autres, êz eñvers eux-mêmes confidérés comme créatures de l'Etre fuprèême. Poyez RAISON, Déiste, Mora- LE, ÉTHIQUE. Voyez l'article qui fuit RELIGION Na» TURELLE. Leg! ABUT La religion revelée eft celle qui nous infttuit de nos devoirs envers Dieu , envers les autres hommes, & envers nous-mêmes , par quelques moyens furnatu- rels, comme par une déclaration exprefñle de Dieu même, qui s'explique par la bouche de fes envoyées êc de fes prophetes, pour découvrir aux hommes des chofes qu'ils n’auroient jamais connu , ni pu connot- tre par les lumieres naturelles, Voyez RÉVÉLATION. C’eft cette derniere qu’on nomme par diflinétion re- digion. Voyez l’article CHRISTIANISME, L'une &c l’autre fuppofent un Dieu, une providen- ce, une vie future, des récompenfes & des puni- tions ; mais la derniere fuppofe de plus une miflion immédiate de Dieu lui-même , atteftée par des mira- cles ou des prophéties. Voyez MiRACLE 6 PRoPHE- CIE. | | Les Déiftes prétendent que la re29ior naturelle eft fuffante pour nous éclairer fur la nature de Dieu, & pour régler nos mœurs d’une maniere agréable à fes yeux: Les auteurs qui ont écrit fur cette matiere, & qui jugent la reZgioz naturelle inlufifante, ap- puient la néceflité de la révélation fur ces quatre points. 1°, Sur la foiblefle de l'efprit humain, fenfi- ble par la chûte du premier homme, & par les éga- remens des philofophes, 2°. Sur la difficulté où font la plupart des hommes de fe formerune juite idée de la divinité, & des devoirs qui lui font dûüs. 3°. Sur l’aveu des infituteurs des religions, qui ont tous don- né pour marque de la vérité de leur doétrine des colloques prétendus ou réels avec la divinité, quoi- que d’ailleurs als ayent appuyé leur re/igionfut la for- ce du raonnement. 49. Sur la fagefle de l’Etre fu- prème qui ayant établi une religion pour le falut des "hommes, n’a pu la réparer après fa décadence par un moyen plus sûr que celui de la révélation. Maïs quel- que plauñbles que foient cesraifons, la voie la plus courte à cet égard, eft de démontrer aux derftes l’e- xiftence & la vérité de cette révélation. Il faut alors qu’ils conviennent que Dieu la jugée néceflaire pour éclairer les hommes; puifque d’une part ils recon- noïflent l’exiftence de Dieu, & que de l’autre ils conviennent que Dieu ne fait rien d’inurile, ; La religion revélée, confidérée dans fon véritable point de vüe, eft la connoïffance du vrai Dieu com- me créateur, confervateur & redempteur du monde, du culte que nous lui devons en ces qualités, & des devoirs que fa loi nous prefcrit, tant par rapport aux autres hommes, que par rapport à nous-mêmes, Les principales regions qui ont régné , ou regnent encore dans le monde, font le Judaïfme, le Chrif- tianifme , le Pagamifme & le Mahométifme. Voyez éous ces mots fous leurs titres particuliers, Le terme religion, fe prend en l’Ecriture de trois manieres. 1°. Pour le culte extérieur &c cérémoniel de la relsion judaique, comme dans ces pañlages: hæceft religio phafe, voici quelle ef? la cérémonie de la péque, Que efliftareligio ? que Jignifie cette cérémonie? ÆExod. x17. 43. 2°. Pour la vraie religion, la meilleure maniere de fervir& d’honorer Dieu, C’eft en ce fens queS. Paul dit qu'il a vécu dans la feéte des Pharifiens , qui pañle pour la plus parfaite religion des Juifs. Aéfes xxviy. 5. 3°. Enfin, religion dans l’Ecriture, de même que dans les auteurs profanes, fe prend quelquefois pour marquer la fuperfhition. Aiïnfi le même apôtre dir: N'imitez pas ceux qui affeétent de s’humilier devant les anges, & qui leur rendent un culte fuperttitieux : Nemo vos Jéducat volens in humilitate & religione az- gelorum , Ôtc, Epift: ad Colof, xj, 18, Fe 9 R L É RELIGION NATURELLE, (Morale) la #Ëvion ha: tirelle confifte dans laccomplhilement des devoirs qui nous lient à la divinité, Je les réduis à trois, à l'as mour, à la réconnoiflance & aux hommages. Pour fa bontéye lui dois de l'amour, pour fes bienfaits dé la reconnoiflance, 8 pour fa majefté des hommas ges Îl n’eft boint d'amour défintéreñé. Quiconque à füppolé qu'on puifle aimer quelqu'un pour lui-mê- me, ne fe connoifoit guére en affé@tion. L’amourné nait que du rapport entre deux objets, dont Pun con: tribue au bonheur de autre. Laïflons le quiétifte ai mer don dieu, à l’inffant même que fa juflice inexo- rable le livre pour toujours à la fureur des flammes , c’eft poufler trop loin le raffinement de l’amour divin: Toutes les perte&tions de Dieu, dont il ne réfuité fien pour notre avantage peuvent bien nous caufer de l'admiration , & nous imprimer du refpeft , mais élles ne peuvent pas mous infpirer de l'amour, Cé n'eft pas précifément parce qu'il eft tout-puiffant ; ft grand, parce qu'il eft fage-que je Pai= parce qu'il ef me ; c’eft parce qu'il eff bon, parce qu'il m'aime luis même, & men donne des témoignages à Chaque inftant, S'il ne m'aimait pas, que mé ferviroit {à toute-puifance , fa grandeur, fa fagefie ? Tout lui feroit pofhble , mais 1l ne fercit rien pour moi. Sa fouveraine majefté ne ferviroit qu'à me rendre vil à fes yeux , 1lfe plairoit à écräfer ma petitefle du poids de fa grandeur ; 1l fauroit les moyens de me rendre heureux , mais il les négligeroit. Qu'il m'aime aus contraire, tous {es attributs me deviennent précieux; fa fageïle prend des mefurés pour mon bonheur, fa toute-puiffance les exécute fans obftacles . fa majefté fuprème me rend {on amour d’un prix infini. Mais éfl-il bien conffañt que Dieu aime les hom= mes? Les faveurs fans nombre qu'il leur prod'eue né permettent pas d’en douter , mais cette preuve trou vera {à place plus bas. Employons ici d'autres argus mens, Demander fi Dieu aime les hommes, c’eft de: mander sil eft bon, c’eft mettre en queftion s’il exifte, car comment concevoir un Dieu qii ne foif pas bon? Un bon prince aime fes fujets, un bon peré aime fes enfans , & Dieu pourroit ne pas aimer les. hommes? Dans quel efprit un pareil foupçon peut-= il naître , ce n’eft dans ceux qui font de Dieu un être capricieux &t barbare, qui fe ioue impitoyable: ment du fort des humains? Un tel Dieu mériteroit notre haine & non notre amour: Dieu , dites-vous , ne doit rien aux hommes; Soit: Mais il fe doit à lui-même ; il faut indifpenfablement qu'il foit jufte & bienfaifant. Ses perfeétions ne font point de fon choix , il eft néceflairement tout ce qu’il eff , il eff le plus parfait de tous les êtres, où il n’eft rien. Mais je connois qu'il m'aime, par l'amour que je fens pour lui, c’eft parce qu'il m'aime qu'il a gravé dans mon cœur ce fentiment , Le plus précieux de fes dons. Son amour eft le principe d'union , éomme il en doit être le motif. Dans le commerce des hommes l'amour & la re- connoïflance font deux fentimens diftinéts. On peut aimer quelqu'un fans en avoir recu des bienfaits ; on peut en recevoir des bienfaits fans l’aimer , fans être ingrät; il n’en eft pas de même par rapport à Dieu: Notre reconnciflance ne fauroit aller fans amour, ni notre amour fans reconnoïffance , parce que Die eft tout-à-la fois un être aimable & bienfaifant. Vous favez gré à votre mere de vous avoir donné le jour ; à votre pere de pourvoir à vos befoins, à vos bien- faiteurs de leurs fecours généreux, à vos anus de lenr attachement ; or dieu feul eft véritablement votre mere, votre pere, votre maître, Votre bienfaiteur & votre ami; & ceux que vous honorez de ces noms ne font, à proprement parler , que les inftrumens de 30 REL {es bontés fur vous. Pour vous en convaincre, confi- derez-le fous ces différens rapports. Que fait une mere pour l'enfant qui naït d'elle ? Ceft Dieu qui fait tout. Lorfqu'il poloit la terre &c les cieux fur leurs fondemens ; il avoit dès-lors cet enfant en vue , & le difpofoit déjà à la longue chaîne d’évenemens qui devoit fe terminer à fa naïffance. Il faioit plus, il le créoit en paitriffant le limon dont il forma fon premier pere. L'inftant eft venu de faire éclore ce germe. C’eft dans le fein d’une telle mere qu'il lui a plu de le placer, lui-même a pris foin de Le fomenter & de le développer. Dieu eftle pere de tous les hommes, bien plus que chaque homme en particulier ne left de fes enfans. Choififfons le plus tendre & le plus parfait de tous les peres. Mais qu'eft-1l auprès de Dieu ? Lorfqu’un pere veille à la confervation de fon fils, c’eft Dieu qui Le conferve; lorfqu'il s'applique à linftruire , c’eft Dieu qui lui ouvre l’intelligence ; lorfquil Pentretient des charmes de fa vertu , c’eft Dieu qui la lui fait aimer. | Si nous mettons en comparaifon avec la vérité éternelle d’où procédent toutes nos connoïflan- ces, les maîtres qui nous guident & qui nous inf truifent, foutiendront-1ls mieux le parallele? Ce n’eft ni au travail de ceux qui nous enieignent , ni à nos propres travaux que nous devons la découverte des vérités ; Dieu les a rendues communes à tous les hommes: chacun les poffede & peut fe les rendre préfentes : il n’eft befoin pour cet effet que d’y réflé- chir. S’il en eft quelques-unes de plus abftraites, ce {ont des tréfors que Dieu a cachés plus avant que les autres , mais qui ne viennent pas moins de lui, puuf qu’en creufant nous les trouvons au fond de notre ame, & que notre ame eft fon ouvrage. L’ouvrier fotuile la mine, le phyficien dirige fes opérations, mais ni lun m1 l’autre n’ont fourni l’or qu'elle en- ferme. S'il eft quelqu'un qui ait difputé à Dieu le titre de bienfaiteur , 1l ne faut pas fe mettre en devoir de le combattre. La lumiere dont il jouit , Pair qu’il ref- pire , tout ce qui contribue à {a confervation & à {es plaïfrs, les cieux, la terre , la nature entiere def- tinés à fon ufage, dépofent contre lui & le confon- dent aflez. Il ne penfe lui-même, ne parle , & n’agit que parce que Dieu lui a donné la facuité ; & fans cette providence contre laquelle 1l s’éleve, il feroit encore dans le néant , & la terre ne feroit pas char- gée du poids importun d’un ingrat, Tout ce que fait un ami pour la perfonne fur qui s’eft fixée fon affection, c’eft de l'aimer, de lui vou- loir du bien &c de lui en faire. Or, c’eft ce que nous venons de prouver de Dieu par rapport à nous. Mais que cette qualité d'ami fi tendre & f flateufe pour nous , ne diminue rien du refpeét infini que nousdoit infpirer l’idée de fa grandeur fuprème. Moins dédai- gneux que les monarques de la terre, ami de fes fu- jets , il veut que fes fujets foient les fiens , mais il ne leur permet pas d'oublier qu'il eft leur fouverain- maitre, & c’eft à ce titre qu'a exige leurs hom- mages. Ce n’eft pas précifément parce que Dieu ef grand que nous lui devons des hommages, c’eft parce que nous fommes fes vaflaux, & qu'il eft notre fouve- tain maître. Dieu feul poffede fur le monde entier un domaine univerfel, dont celui des rois de la ter- re, n’eft tout-au-plus que lombre. Ceux-ci tiennent leur pouvoir au-moins dans l’origine de la volonté des peuples. Dieu ne tient fa puiffance que de lui- même. [la dit, que le monde foit fait, 8 le monde a été fait. Voilà le titre primordial de fa royauté. Nos rois font maîtres des corps , mais Dieu commande aux cœurs. Îls font agir, mais 1l fait vouloir : autant fon empire fur nous eft fupérieur à celui de nos fou- verains , autant lui devons-nous rendre de plus pro- fonds hommages, Ces hommages dûs à Dieu, {ont ce qu on appelle autrement cu/ce ou religion. On en diftingue de deux fortes, Pun interieur , & l’autre ex- térieur. L'un & l’autre eft d'obligation. L'intérieur eftinvariable ; l'extérieur dépend des mœurs, des tems & de la religion. Le culte intérieur réfide dans l’ame , & c’eft le feul qui honore Dieu. Il eft fondé fur l'admiration qu'excite en nous l’idée de fa grandeur infinie, fur le reflentiment de fes bienfaits & l’aveu de fa fouve- raineté. Le cœur pénétré de ces fentimens les lui ex- prime par des extafes d’admiration , des faillies d’a- mour , & des proteftations de reconnoïflance &c de foumiffion. Voilà le langage du cœur, voilà fes hym- nes , fes prieres, fes facrifices, Voilà ce culte dont il eft capable , &t le feul digne de la divine majefté. C’eft auf celui que J. C. eft venu fubfituer aux cé- rémonies judaiques , comme il paroït par cette belle réponfe qu'il fit à une femme famaritaine, lorfqu’elle lui demanda , fi c’étoit fur la montagne de Sion ou fur celle de Sémeron qu’il falloit adorer: « le tems vient, » lui dit-il, que les vrais adorateurs adoreront en ef- » prit êc en vérité ». | On obje@te que Dieu eft infiniment au-deffus de l’homme , qu'il n’y a aucune proportion entre eux, que Dieu n’a pas befoin de notre culte, qu’enfin ce culte d’une volonté bornée eft indigne de lEtre in- fini & parfait. Qui fommes-nous , difent ces témé- raires rafonneurs , qui fondent leur refpeét pour la divinité fur l’anéantiflement de fon culte ? Qui fom- mes-nous pour ofer croire que Dieu defcende juf- qu'a nous faire part de fes fecrets, 8 penfer qu’il s’intérefle à nos vaines opimons ? Vils atomes que nous fommes.en fa préfence, que lui font nos hom- mages ? Quel befoin a-t-1l de notre culte? Que lui importe de notreignorance , & même de nos mœurs? Peuvent-elles troubler fon répos inaltérable, ou rien diminuer de fa grandeur & de fa gloire ? S’il nous a faits , ce n’a été que pour exercer l’énergie de fes attributs, Pimmenfité de fon pouvoir, & non pour être l’objet de nos connoïffances. Quiconque juge autrement eft féduit par fes préjugés, & connoïît auf peu la nature de fon être propre, que celle de Etre fuprème. Aïnf, la religion qui fe flarte d’être le lien du commerce entre deux êtres fi infiniment difpro- portionnés , n’eft à le bien prendre qu’une produc- tion de Porgueil & de l'amour effréné de foi-même. Voici la réponfe. : Il y a un Dieu, c’eft-à-dire, un être infiniment parfait ; cet Etre connoit l'étendue fans bornes de {es perfeétions. À part qu'il eft jufte, car la juftice entre dans la perfetion infinie , il doit un amourin- fini à l’infinité de fes perfettions infinies , fon amour ne peut même avoir d'autre objet qu’elles. J'en con- clus d’abord que s’il a fait quelque ouvrage hors de lui , il ne l’a fait que pour l'amour de lui, car telle eft fa grandeur qu'il ne fauroit agir que pour lui feul , && comme tout vient de lui, 1l faut que tout fe ter- mine & retombe à lui, autrement l’ordre feroit violé. J'en conclus en fecond lieu , que l’Etre infiniment parfait , puifqu’il a tiré les hommes du néant , ne les a créés que pour lui, car s’il agifloit fans fe propoler de fin, comme il agiroit d’une façon aveugle , fa fa- gefle en feroit bleflée ; & s’il agifloit pour une fin moins noble, moins haute que lui, il s’'aviliroit par fon aétion même & fe dégraderoit. Je vais plus loin. Cet Etre fuprême , à qui nous devons l’exiftence , nous a faits intelligens & capables d’aimer. Il eft done vrai encore qu'il veut, & qu'il ne peut ne pas vou- loir, d’une paït, que nous employions notre intelli- gence à le connoître &c à l’admirer; de l'autre, que nous employions notre volonté & à l'aimer, &e à lu obéir. L'ordre demande que notre intelligence foit _ mréplée, REX reglée, & que notre amour foit jufte. Par confé- quent 1l eft nécefñlaire que Dieu, ordre eflentiel & juftice fuprème , veuille que nous ahnions fa perte: étion infinie plus que notre perfettion finie. Nous ne devons nous aimer qu’en nous rapportant à lui, & ne réferver pour nous qu'un amour, foible ruifleau de celui dontla fource doit principalement &inépuifable- ment ne couler que pour lui. Telle eff la juftice éter- nelle que rien ne peut obfcurcir, la proportion in- Violable que rien ne peut altérer ni déranger. Dieu fe doit tout à lui-même , je me dois tout à lui, & tout n’eft pas trop pour lui. Ces conféquences ne font ni arbitraires, n1 forcées, nititées de loin. Mais aufh prenez garde, ces fondemens une fois pofés, Pédiñce de la relicion s’éleve tout feul, & demeure inébranlable. Car dès que l'Etre infini doit feul épui- ler notre adoration &c nos hommages , dès qu’il doit d'abord avoir tout notre amour , & qu’enfuite cet amour ne doit fe répandre fur les créatures qu’à pro- portion & felon les deorés de perfe&tion qu'il a mis en eux , dès que ñôus devons uhe foumiffion fans réferve à cel qui nous a faits, tout d’un coup la re- ligion s’enfante dans nos cœurs; car elle n’eft effen- tiellement &c dans {on fond qu’adoration, amour & obéifiance. | Préfentons le même raifonnement fous une dutre forme. Quels font les devoirs les plus généraux de la religion ? C’eft la louange, c’eft Pamour , c’eft l’âc- tion de graces , c’eft la confiance & la priere. Or, je dis que l’exiftence de Dieu fuppoñée, il feroit con- tradi@toire de lui refufer le culte renfermé dans ces devoirs. S1 Dieu exiite , il eft le fouverain maître de la nature, &c la perfeétion fuprème, Il nous a faits ce que nous fommes, il nous a donné ce que nous poflédons, donc nous devons &c nos hommages À fa grandeur, & notre amour à fes perfettions, & notre confiance à fa bonté , & nos prieres à fa puiflance, & notre action de graces à {es bienfaits. Voilà le culte intérieur évidemment prouvé. Dieu wa befoin, ajoutez-vous, ni de nos adora- tions , m1 de notre amour. De quel prix notre hom- mage peut-il être à fes yeux ? Et que lui importe le culte imparfait & toujours borné des créatures ? En eft-1l plus heureux ? en eft:l plus grand? Non fans doute, il n’en a pas befoin, & nous ne le difons pas non plus. Ce mot #/oir ne doit jamais être employé à l’égard de Dieu. Mais pour m'en fervir à votre “exemple , Dieu avoit-i! befoin de nous créer ? A-t1l befoin de nous conferver ? notre exiftence le rend- ellé plus heureux , le rend-elle plus parfait à Si donc al nous a fait exifter , sil nous conferve , quoiqu'il n'ait befoin nide notreexiftente , n1 de notre con- fervation , ne mefurez plus ce qu’il exige de nous fur ce qui lui fera utile. Il fe fufht à lui-même, il fe connoît & il s’aime. Voilà fa gloire &z fon honheur. Mas réglez ce qu'il veut de vous fur ce qu'il doit à fa fagefle & à l’ordre immuable. Notre culte eff im- parfait en lui-même, je n’en difconviens point, & cependant je dis qu'il n'eft pas indigne de Dieu; j’a- joute mème quAl eft impofhble qu'il nous ait donné lêtre pour une autre fin que pour ce culte tout botné qu'il ef, Afin de lé mieux comprendre, diftinguons ce que la créature peut faire, d'avec la complaifance que Dieu en tire, Ne vous effarouchez pas d’une telle exprefhon. Je n’entends par ce mot, en lexpliquant à Dieu , que cet aéte intérieur de fon intelligence par lequel il approuve ce qu’elle voit de conforme à lordre. Cela pañlé , je viens à ma preuve. D'une part laétion de la créature qui connoît Dieu, qui lui obéit & qui l’aime,eft toujours néceffairement impatfaite ; mais d’une autre part cette opération de la créature eft la plus noble , la plus élevée qu'il foit poffible de produire , & que Dieu puifle tirer d’elle. Donc les limites naturelles ne comportent rien de Tome XIV, REL à plus haït. Cette opération n’eft donc plus indigne de Dieu. Etabliflez en effet qu'il lui toit impofible dé produire une fubfrance intelligente, fi ce n’eft à cons dition d’en obtenir quelque opération auffi parfaite que lui, vous le reduifez à l’impuiflance de rien créer. Or nous exiftons , & nous fommes l'ouvrage de fes mains. En nous donnant l'être , il s’eft donc propofé de tirer de nous l’opération la plus haute que notre nature imparfaite puifle produire. Mais cette Opération la plus parfaite deil’homme, qu'eft-elle fi non la connoiffance &c l'amour de cet auteur ? Qué cette connoiffance , que cet amour , ne foient pas portés au plus haut degré concevable , n'importe: Dieu a tiré de l’homme ce que l'homme peut pro dure de plus grand , de plus achevé, dans les bornes où fa nature le renferme. C’en eft aflez pour l’accom- pliflement de l’ordre. Dieu eft content de fon ouvras ge , la fageñle eft d'accord avec fa puiflance , & il fe complaît dans fa créature. Cette complaifance eff fon unique terme , & comme elle n’eft pas diftin- guée de fon être, elle le rend lui-même fa propre fin. Allons jufqu’où nous mene une fuite de coniéquences fi lumineufes quoique fimples. Quand je demande pourquoi Dieu nous a dofné des yeux , tout auffi-tôt on me répond , c’eft qu'il a voulu que nous puifñons voir la lumiere du jour, 8c par elle tous les autres objets. Mais fi je demande d'où vient qu'il nous a donné le pouvoir de le con-: noître & de l’aimer , ne faudra-t-l pas me répondre auf que ce don le plus précieux de tous, il nous l'accorde afin que nous puiffions connoître fon éter- nelle vérité, 8 que nous puiflions aimer fes perfec tions infinies ? S'il avoit voulu qu’une profonde nuit regnât fur nous, l'organe de la vue feroit une fuper= fluité dans fon ouvrage. Tout de même sil avoit voulu que nous lignoraffions à jamais, & que nos cœurs fufent incapables de s'élever jufqu’à hu, cette notion vive & diftinéte qu'il nous a donnée de linf- n1, cet amour infatiable du bien, dont il à fait lel- fence de notre volonté, feroient des préfens inuti: les, contraires même à fa fageile ; & cette idée inef: façable de PEtre divin, & cet amour du parfait & du beau que rien ici ne peut fatisfaire ni éteindre en nous , tout donne les traits par lefquels Dieu a gravé fon image au milieu de nous. Mais cette reffemblan: ce imparfaite que nous avons avec l’Etre fuprème, & qui nous avertit de notre deftination , eft au mé- me tems Fmvincible preuve de la néceffité d’un culte du moins intérieur. Si après tant de preuves, on perfifte À dire que la Divinité eft trop au-deflus de nous pour defcendre jufqu’à nous , nous répondrons qu’en exagérant ainf fa grandeur & notre néant, on ne veut que fecouer {on joug ; fe mettre à fa place & renverfer toure fx: bordination ; nous répondrons que par cette humi- lité trompeufe & hypocrite , on n’imagine un Dieu fi éloigné de nous , fi fer, fi indifférent dans {a hau- teur , 1 indolent fur le bien & fur le mal, finfenf- ble à l’ordre & au defordre ; que pour s’autorifer dans la licence de fes defirs, pour fe flatter d’ane impunité générale, & pour fe mettre, s’il eft poffi-= ble, autant au-deflus des plaintes de fa confcience , que des lumieres de la rafon. Mais le culte extérieur; poufquoi fuppofer que Dieu le demande ? Hé! vous-mêmes, comment ne voyez-vous pas que celui-ci coule inévitablement de l’autre? Stôt que chacun de nous eft dans Péz troite obligation de remplir les devoirs que je viens d’expofer , ne deviennent-ils pas des lois pour la fo- ciété entiere ? Les hommes, convaincus féparément de ce qu'ils doivent à l’Efre infini, fe réuniront dès là pour lui donner des marques publiques de leurs fentimens. Tous enfemble , ainfi qu'une grande fa- nulle , 1ls aimeront le père commun ; ils chantéront ê2 RE Les merveilles; ils béniront fes bienfaits ; ils publie- ront fes louanges , ils lannonceront à tous les peu- ples, & brüleront de le faire connoïtre aux nations égarées qui ne connoïflent pas encore, où qui ont oublié fes miféricordes & fa grandeur. Le concert d'amour, de vœux & d’hommages dans l’union des cœurs , neft-il pas évidemment ce culte extérieur, dont vous êtes fi en peine ? Dieu teroit aloïs toutes chofes en tous. Il feroit le roi, le pere, l'ami des humains ; il feroit la loi vivante des cœurs, on ne parleroït que de lui & pour lui. Il feroit confulté, cru, obéi. Hélas! un roi mortel, ou un vil pere de famille s’attiré par fa fagefle , l’eftime &t la con- fiance detous fes enfans, où ne voit à toute heure que les honneurs qui lui fontrendus; & l’on deman- de qu’eft-ce que le culte divin, & fi l’on en doïtun ? Tout ce qu’on fait pour honorer unpere, pour lu obéir, & pour reconnoitre fes graces, eft un culte continue] qui faute aux yeux. Queferoit-ce donc, fi les hommes étoient pofiedes de l'amour de Dieu? Leur focicté feroit un culte folemnel , tel que celui qu'on nous dépeint des bienheureux dans le ciel. À ces rafonnemens, pour démontrer la nécefité d’un culte extérieur, jen ajouterai deux autres. Le premier eft fondé fur l’obligation indifpenfable où nous fommes de nous édifier mutuellement les uns les autres ; le fecond eft fondé fur ta nature de l’hom- me. — 1°, Si la piété eft une vertu, 1l eff utile qu’elle regne dans tous les cœurs: oril n’eft rien qui contri- bue plus eficacementau regne dela vertu, quel’exem- ple… Les lecons y feroient beaucoup moins; c’eft donc un bica pour chacun de nous, d’avoir fous les yeux des modeles attrayans de piété. Or, ces mode- les ne peuvent être tracés, que par des aétes exté- rieurs de religion. Inutilement par rapport à moi, un de mes concitoyens eft-1i pénétré d'amour, de refpet & de foumifion pour Dieu , s’il ne le faitpas connoître par quelque démonfiration fenfible qui m'en avertifle. Qu'il me donne des marques non fuf- pettes de fon goût pour la vérité, de fa réfignation aux ordres de la Providence, d’un amour affe@ueux pour fon Dieu, qu’il Padore, le loue, le glorifie en public ; fon exemple opere fur moi, je me fens ji- qué d’une fainte émulauon, que les plus beaux mor- ceaux de morale n’auroient pas été capables de pro- duire. Il eft donc effentiel à l'exercice de la relision, que la profefion s’en faffe d’une maniere publique 8 vifble ; car les mêmes raifons qui nous apprennent qu’il eft de notre devoir de reconnoître les relations où nous fommes à l'égard de Dieu , nous apprennent également, qu'il eft de notre devoir d’en rendre l’a- veu public. D'ailleurs parmi les faveurs dont la Pro- vidence nous comble , il y en a de perfonnelles, 1l yena de générales. Or, par rapport à ces dernie- res, la rallon nous dit que ceux qui les ontrecues en commun doivent fe joindre pour en rendre gra- ces à l’Etre fuprème en commun, autant que la na- ture des aflemblées religieufes peut le permettre. 2°. Une religion purement mentale pourroit con- venir à des efprits purs &c immatériels, dont il y a fans doute un nombre infini de différentes efpeces dans les vañtes limites de la création ; mais l’homme étant compoifé de deux natures réunies , c’eit-à-dire de corps &c d’ame,, fa re/gton ici bas doit naturelle- ment être relative &c proportionnée à fon état & à fon carattere , & par confèquent confifte également en méditations intérieures, & en actes de pratique extérieure. Ce qui n’eft d’abord qu’une préfomption devient une preuve, lorfqu'on examine plus particu- lierement la nature de l’homme, & celle des circon- flances où elle eft placée. Pour rendte Phomme pro- pre au pofte 87 aux fonétions quilur ont été aflignées, l'expérience prouve qu'il eft néceflaire que le tem- pérament du corps influe für les pafions de l'efprit ; &c que les facultés fpirituelles foient tellement en- veloppées dans la matiere"que ños plus grands ef- forts ne puillent les émanciper de cet aflijettife- ment, tant que nous devons vivre &c agir dans ce monde matériel. Or, ileft évident que des êtres de cette nature {ont peu propres à une region pure- ment mentale, & l'expérience leconfirme, cartou- tes les fois que par le faux defir d’une perfeétion chi- mérique , des hommes ont tèché dans les exercices de religion de fe dépouiller de la grofiereté des fens,. & de s'élever dans la région des idées imaginaires, le caraétere de leur tempérament a toujours décidé de l’iffue de leur entreprife. Éa re/igion des caraéte- res froids & fleematiques a dégénèré dans Pindifté- rence & le dégoût, &c celle des hommes bilieux & fanguins a dégénéré dans le fanatifmie 8r Penthou- fiafme. Les circonftances de l'homime & des chofes qui l’environnent, contribuent de plus en plus &ren- dre invincible cette incapacité naturelle pour une eligion mentale. La nécefité Salle defir de fatisfaire aux befoins & aux aifances de la vie, nous aflujet- tiflent à un commerce perpétuel & conftant, avec les objets les plus fenfbles & lesplus matériels. Le commerce fait naître en nous des habitudes, dont la force s’obfline d’autant plus, que nous nous effor- cons de nous en délivrer, Ces habitudes portent con- tinuellement l'efprit vers la matiere, &c elles font fi incompatibles avec les contemplations mentales,elles nous en rendent fiincapables, que nous fommes mê- me obligés pour remplir ce que l'effence de la rez- gion nous prefcrit à cet égard, de nous fervir contre les fens & contre la matiere de leur propre fecours,, afin de nous aider & de nous foutemir dans les aétes fpirituels du culte religieux. Si à ces raifons l’on ajoute que le commun du peuple qui compofe la plus grande partie du genre humain, & dont tous les membres en particulier font perfonnellement 1n- téreflés dans la religion , eft par état, par emploi, pat nature, plongé dans la matiere ; on na pas be- foin d’autre argument , pour prouver qu'une re/sior mentale confiflant en une philofophie divine qui re- fideroit dans l’efprit, n’eft nullement propre à une créature telle que l’homme dans le pote quil occu- pe furla terre, | L Dieu en uniflant Ja matiere à l’efprit, la aflocié à la religion & d’une maniere fi admirable, que lorf- que l'ame n’a pas la liberté de fatisfaire fon zele, en {e fervant de la parole, des mains, des profterne- mens, elle fe fent comme privée d’une partie du culte qu’elle vouloit rendre, & de celle même qui Jui donneroit le plus de confolation ; maïs f elle eft libre, & que ce qu’elle éprouve au-dedans la touche vivement & la pénetre , alors fes regards vers le ciel, fes mains étendues, fes cantiques , fes profter- nemens , fes adorations diverffiées en cent manie- res, fes larmes que l'amour & la pénitence font éga- lement couler, foulagent fon cœur en fuppléant à {on impuiflance , & il femble que c’eft moins l'ame qui aflocie le corps à fa piété &c à fa religion, que ce n'eft le corps même qui {e hâte de venir à fon fecours &c de fuppléer à ce que l’efprit ne fauroit faire; enforte que dans la fonétion noneulement la plus {pirituel- le, mais auffi la plus divine, c’eft le corps qui tient lieu de miniftre public & de prêtre, comme dans le martyre, c’eft le corps qui ef le témoin vifible & le défenfeur de la vérité contre tout ce qui Patta- ue. : Auffi voyons-nous que tous les peuples qui ont, adoré quelque divinité, ont fixé leur culte à quel- : ques démonftrations extérieures Fa nomme: des cérémonies, Dès que l'intérieur y eff, 1l faut que l'ex; térieur s'exprime & le communique dans toute la fociété. Le genre humain juiqu’à Moïfe , faïfoit des — ofrandes &c des factifices. Moife en a inftitué dans V’éplife judaique : la chtétienne en a reçu de J. C, Juf Qu’au tems de Morfe , c’eft-à- dire pendant tout le tems de là loi de nature, les hommes n’avoient pour e gouverner que la raifon naturelle & les traditions de leurs ancêtres. On n’avoit point encore érigé le temple au vrai Dieu, le culte alors n’avoiït point de forme fixe & déterminée ; chacun choïfifloit les cé- rémonies qu'il croyoit les plus fisnificatives pour ex- primer au-dehors fa region. Enfin le culte fut fixé par Moïle , & tous ceux qui voulurent avoit part aux faveurs plus marquées que Dieu répandoit fur le peuple juif , étoient obligés de le révérer & de $’y foumettre. Sur les débris de cette religion, qui n'eétoit que Pombre & lébauche d’une reZgior plus parfaite , s’eft élevée la re/igion Chrétienne , au culte de faqueile tout homme eït obligé de fe foumettre, parce que c’eft la feule véritable, qu’elle a été mar- quée au fceau de ja Divinité, & que la réunion de tous Îes peuples dans ce culte uniforme, eft fondée fur loœconomie des decrets de Dieu. Voyez Particle de la RELIGION CHRÉTIENNE. RELIGION , fe dit plus particulierement du fyfte- me particulier de créance & de culte qui a lieu dans tel ou tel pays, dans telle ou telle fe&e,, dans tel ou tel tems, Ge, Dans ce fens, on dit la religion romaine , la religion réformée, la religion des Grecs, celle des Turcs, des fauvages d'Amérique, des Siamois, &c. | Ceux-c1, dit le miniftre Claude, foutiennent que la diverfité des religions , c’eft-à-dire les différentes manieres d'honorer Dieu lui font agréables, parce que toutes ont le même objet, toutes tendent à la même fin, quoique par des moyens différens, Principe faux , fi Dieu a déclaré qu’il rejettoit tel ou tel culte, comme infufffant ou imparfait, 8 qu’il en adoptoit tel ou tel autre, comme plus pur & plus raifonnable ; fi d’ailleurs il a établi dans Le monde quelqu'autonité vifible qui dût avec pleine puiflance, régler la maniere &c les cérémonies du culte qu'il a approuve ; or c’eft ce qu'il a fait par la révélation & par létabliffement de fon Eglife. - | . C'eft donc à tort, que le même miniftre prétend. que le fentiment de ces idolâtres eft beaucoup plus équitable, que celui de ces zélateurs qui croyent qu'il n’y a que leur cuite qui foit agréable à Dieu; & l’on fent que par ces zélateurs , il a voulu défigner les Catholiques Car ceux-ci ne condamnent pas les au- tres cultes précifément par leurs propres lumieres, mais parce que Dieu les a rejettés , parce qu'ils ne font pas conformes à celui qu'il a établi, & parce qu'enfin ils ne font point autorifés par la puiffance à qui il a confié l'interprétation de fes Lois. * La religion d’une aflez grande partie du monde, eft celle dont on peut trouver une defcription exaête dans un des chœurs de la troade de Séneque, à la fin | du fecond aéte qui commence ainfi : Verum eft, an timidos fabula decipir ? Urnbras corporibus vivere condiris, &cc. C’eft fuivant Guy Patin, la religion des princes , des grands, des magiftrats , & même de quelques médecins & philofophes, & il ajoute que le duc de Mayenne, chef de la ligue en France, avoit coutu- me de dire que les princes ne commençoïent à avoir de la religion, qu'après avoir pañlé quarante ans, cr niumera nobis mors inflans majora facit, Patin, leirres choifres. Lettre 106. pénfée faufle & démentie par Pexpérience de tous les fiecles. trche RELIGION des Grecs 6 des Romains , ( Théologie payenne.) c'eftlamême relision ; la greque eftlamere, &c là romaine eff la fille, On fe tromperoit fi l’on re- gardoit Romulus comme le pere de la re/igion des Ro- mans. Il Pavoit apportée d’Albe, &'Aïbe l’avoit re- | Tome AXIF, K£ REL 83 çue des Grecs. Les critiques qui conteftent la vénue d’Enée en Italie, ne nient pas qu'avant même [4 guerre de Troie, les Arcadiens fous Oénotrus, Les Palantiens fous Evandre , les Pélapes, né foient ve- nus avec leurs dieux en Italie, Ainf fans recourir à Enée, la religion greque fe trouve à la naïflance de Rome, Rémus & Romulus un peu avant que dé po: fer la premiere pierre, célebrent les Lupercales fe- Ton la coutume d’Arcadie,& l’inftitution d'Evandre; &t lorfque la ville reçoit fes citoyens, Romulus com: mençant par le culte des dieux, confacre des tem: plés ; leve des autels, établit des fêtes & des faeris fices, en prenant dans la religion greque tout ce qu'il y a de mieux. | I y a plus, les monumens lattefterent long-tems a Rome & dans les autres villes d'Italie, témoin ui autel érigé à Evandre fur le mont Aventin ; un autre à Carmenta fa mere près du capitolé; des facrifices à Saturne felon le rit grec ; le temple de Junon à Fa: tères , modelé fur celui d’Argos , & le culte qui fe reflembloit. Ces monumens & tant d’autres, que Dé: ms d’Halicarnafle avoit vûs en partie , lui font dire que Rome étoit une ville greque, | On prétend communément , que Numa donna là religion à Rome ; c’eft confondre les ornemens d’un édifice avec la conftruétion. À peine la foule de par: ticulrers qui fe jetta dans cette capitale fut réduite en corps politique , que Romulus y ouvrit, fi je puis parler ainfi, un afyle aux dieux comme aux hom- mes. | Il eft vrai cependant que Numa donna de ordre: ët de étendue aux cérémonies, aux fêtes, aux facri- fices , &cau myftere facré. Sous le regne de ce prince, la religion prit une forme fable ; foit qu’appellé à la Couronne par fa piété, 1l n’eût d’autre objet que l’hon- neuf des dieux ; ou que prévenu des principes de Pyÿ= thagore, 1l voulût donner à fa politique tous les de- hors de la religion ; foit qu’élevé dans la doétrine des anciens Sabins, comme plus pure & plus auftere, & non point dans celle de ce philofophe , que Tite-Live nous aflure n’avoir paru que fous le regne de Servius Tulhus, & encore aux extrémités de Pltalie , il crut pouvoir ne rien faire de plus avantageux pour l’étas bliffement de l'empire romain , que dy introduire les rats de fon pays, & d’adoucir par les principes &r les impreffions de la religion , un peuple fauvage & bel: liqueux, qui ne connoïfloit prefque d’autres lois que celle de la fupériorité, ni d’autres vertus que la va- leur. Nüuma forma donc beaucoup d'établiffemens utiles en ce genre ; mais nilui, mi fes fuccelfeurs, ne toucherent point aux inflitutions de la religion greque fondée par Romulus. La religlon romaine étoit donc fille de là region gregue. On n’eft pas furpris qu’une fille reflemble à fa mere, comme on ne left pas qu'elle en differe en quelque chofe. Mais quelle fut la différence de l’une à l’autre? qu'eft-ce que les Romains ajouterent à là religion gregue? & qu'eft-ce qu'ils en rétranthe- rent? C’eft une recherche fort curieufe que je n’a trouvé difcutée que par M. l’abbé Coyer, dans une charmante diflertation dont nous allons donner le précis avec un peu d'éténdue, | Ces additions & les retranchemens que les Re: faïns: firent à la religrontereque | peuvent, dit-il, fe préfenter fous quatre faces : 1°. Rome en adoptant la religion greque, voulut des dieux plusrefpeétables + 2°, des dogmesplus fentés : 3°. un merveilleux moins fanatique : 4°. un cuite plus fage. Etabliffons ces quas tre points que M. Pabbe Goyera fi bien développés, & nous aurons Le fyftème & la différence des deux relisions. | E | Nous écartons d’abord de notre point de vue la religion des philofophes grecs ou romains, quelquess uns moient J’exitence des dieux, les bo dous Li 84 REL … “oïent; les plus fages n’en adoroient qu'un. Tous les autres dieux nétoient pour Platon, Séneque , &c leurs femblables, que Les attributs de la divinité. Toutes les fables qu’on en débitoit, tout le merveilleux dont on des chargeoïit , tout le culte qu’on leur rendoit , les philofophes favoient ce qu’il falloit en penfer. Mais de peuple, maïs la religioz publique prenoït les chofes À la lettre; & c’eftla religion publique qui fait ici no- tre objet. Orje dis 1°. que Les Romains en adoptant da religion greque, voulurent des dieux plus refpeéta- bles. Quels furent les dieux de la Grece? c’eft dans Ho- mere ; c’eft dans Héfiode qu'il faut les chercher. Les Grecs n’avoient alors que des poëtes pour hiftoriens & pourthéologiens. Homere n’imagina pas les dieux, il les prit tels qu'il les trouva pour les mettre en ac- tion. L’Iliade en fut le théatre auffi-bien que Odyf- {ée. Héfiode, fi la théogonie eft de lui, fans donner aux dieux autant d’aftion, en trace la généalogie d’un #tyle fimple & hiftorique. Voilà les anciennes ar- chives de la théosonie greque, & voici.les dieux quelles nous montrent. Des dieux corporels, des dieux foibles, des dieux vicieux, & des dieux inu- iles. Romulus en adopta une partie pour Rome, mais en rejettant les fables qui les deshonoroïent , la cor- poralité en étoit une. Les dieux d’Homere & dHé- fiode, fans excepter les douze grands dieux que la Grece portoir en pompe dans fes fêtes folemnelles, naquirent comme les hommes naïflent: Apollon de Jupiter, Jupiter de Saturne, & Saturne avoit Cælus pour pere. Rome les adoroit fans demander comment ils avoient pris naïffance. Elle ne connoïfloit mi la fé- condité des déefles, ni l'enfance, ni l’adolefcence,n1 la maturité des dieux ; elle nimaginoit pas ces piés argentés de Thétis, ces cheveux dorés, d’Apollon, ces bras dé Junon blancs comme la neige, ces beaux u Fa! . . : yeux de Vénus, ces feftins, ce foleil dans POlympe. Les Grecs vouloient tout peindre ; les Romains fe P 9 contentoïent d’entrevoir dans un nuage refpeétable. Cotta prouve fort bien contre l’épicurien Velleius, que les dieux ne peuvent avoir de figure fenfible ; êc quand 11 difoit cela, ilexpofoit les fentimens de Ro- me dès {a naiflance. Romulus vantoit la puiflance êr la bonté des dieux, non.leur figure ou leurs fenfations;1lne {ouffroit pas qu’on leur atrribuât rien qui ne füt conforme à l’ex- cellence de leur être ; Numa eut le même foin d’écar- ter de la nature divine toute idée de corps : Gardez- vous, dit-1l, d'imaginer que Les dieux puiffent avoir la forme d’un homme ou d’une bête ; ils font invif- bles, incorruptibles, & ne peuvent s’apperceyvoir que pat l’efprit. Auffi pendant les 160 premieres années de Rome, on.ne vitniftatues, ni images, dans les temples ; le palladium même n’étoit pas expolé aux regards publics. A … La religion greque, après avoir mis les dieux dans des corps, poufla l'erreur encore plus loin; &c de purs hommes elle en fit des dieux. Les Romains pen- ferent-ils de même? eftil permis de hafarder des con- jedtures ? S'ils l'avoient penfé wauroient-ils RE divi- nifé Numa, Brutus, Camille & Scipion, ces hommes quiavoient tant reflemblé aux dieux? S'ils mirent au | rang de leurs dieux Caftor, Pollux, Efculape , Her- cule, ces héros que la Grece avoit divinités ; 1ls fe defabuferent , & ne regarderent plus ces héros que comme les amis des dieux, Le Bacchus fils de Sémélé , que la Grece adoroit, n’étoit pas celui que les Romains avotent confacré., êz qui mavoit point de.imere. Virgile nous montre dans l’élyfée tous les héros de Rome ; 1l n’en fait pas des dieux, Homere voit les:choies autrement ; lame d'Hercule nes’y trouve pas. mais feulement fon fimu- Y. dos lacre’.car. pour lui, ileft.affis à la table des dieux, REL il eft devenu dieu. Les publicains de Rome fui au- roient difputé fa divinité, comme ils la difputerent à Trophonius & à Amphiaraüs; ïls ne fontpas dieux, direntils, puifqu'ils ont éte hommes; & nous leve- rons le tribut fur les terres qu’il vous a plü de leur confacrer comme à des dieux. Objectera-t-on l’apo- théofe des empereurs romains ? Ce ne fut jamais qu’une baffe flatterie que l’efclavage avoitintroduite, Domitien dieu! & Caton feroit refté homme! Les Romains n’étoient pas fi dupes. Ils voulorent des dieux de nature vraiment divine, des dieux dégagés de la matiere. | Ils Les vouloient auf fans foibleffe. Les Grecs di- foient que Mars avoit gémi treize mois dans les fers d'Otus & d'Ephialte ; que Vénus avoit été bleflée par Diomede , Junon par Hercule ; que Jupiter lui- même avoit tremblé fous la fureur des géans. La re/i- gion romaine ne citoit ni guerres n1 bleflures, ni chaï- nes ni efclavage pour les dieux. Ariftophane à Rome n’auroit pas ofé mettre fur la fcene Mercure cher- chant condition parmi les hommes, portier , caba- retier ,homme d’affaires, intendant des jeux, pour fe fouftraire à la nufere ; il n’y auroït pas mis cette am- baffade ridicule, où les dieux députent Hercule vers les oifeaux, pour un traité d’accommodement ; la falle d'audience eft une cuifine bien fourme, où l’ambaf- fadeur demande à établir fa demeure. Les Romains ne vouloient pas rire aux dépens de leurs dieux : fi Plaute les fit rire dans fon Amphitrion, c’étoitune fable étrangere qu'il leur préfentoit , fable quon ne croyoit point à Rome, mais qu'Athènes adoptoit , lorfqu'Euripide &c Archippus lavoient traitée. Le Jupiter grec & le Jupiter romain, quoi- qu'ils portaflent le même nom, ne fe reflembloient guere. Les dieux grecs étoient devenus pour Rome des dieux de théatre , parce que la crainte , lefpe- rance , les fuccès, les revers , les rendoient tout pro- pres dux intrigues. Rome croyoit fes dieux au-deflus de la crainte, de la mifere & de la foiblefle , fuivant la doëtrine de Numa. Elle ne connoïfloit que des dieux forts. | Mais fi elle rejettoit les dieux foibles , à plus forte raïfon les dieux vicieux. On n’entendoit pas dire à Rome comme dans la Grece , que Cælus eût été mu- tilé par fes enfans, que Saturne dévoroit les fiens dans la crainte d’être détrôné, que Jupiter tenoit fon pere enfermé dans le tartare. Ce Jupiter grec, com- me le plus grand des dieux, étoit auf le plus vicieux; il s’étoit transformé en cygne, en taureau , en pluie d’or, pour féduire des femmes mortelles. Parmi les autres divinités, pas une qui ne fe füt fignalée par la licence , la jalouñe, le parjure , la cruauté, la vio- [été | SiHomere , f. Héfiode , euffent chanté à Rome les forfaits des dieux, en admirant leur génie, onles au- roit peut-être lapidés. Pythagore , fous le regne de Servius Tullius, crioit à toute l'Italie, qu'il les avoit vû tourmentés dans les enfers , pour toutes les fauf- fetés qu'ils avoientmifesfur Le compte des dieux. On prenoit ‘alors la religion bien férieufement à Rome, Les efprits étoient fimples, les mœurs étoient puress onfefouvenoit des inftitutions de Romulus, quiavoit accoutumé les citoyens à bien penfer, à bien parler des immortels, à ne leur prêter aucune inclination indigne d’eux. On n’avoit pas oublié les maximes de Numa, dont la premiere étoit le refpeét pour les dieux, On refufe le refpelt à ce qu’on mépriie. … On feroit tenté de croire qu’on cefla de bien pen- fer des dieux, lorfque les lettres ayant paîlé en Ita- lie, les poëtes mirent en œuvre la théologie greque. Elle n’étoit pour eux & pour Les Romains, qu’un tiffu de fables pour orner la Poëfie. Ovide n’en impofa à erfonne par fes métamorphofes. Horace êc Virgile en habillant Les dieux à la greque , ne détruifirent pas REL les anciennes traditions. La théologie romaine fub- fiftoit dans fon entier. Denys d’Halicarnafle, qui étoit témoin du fait, dit quil la préféroit à la théologie greque, parce que celle-ci répardoit parmi le peuple le mépris des dieux, & l’imitation des crimes dont ils étoient coupables, Rome vouloit des dieux fages. Elle fe fit des dieux aufi-bier que la Grece, mais des, dieux utiles. Palès fut invoquée pour les trou- peaux, Vertume & Pomone pour les fruits, les dieux Lares pour les maïfons , le dieu Terme pour les bor- nes des proceflions, L’Hébé greque devint la déeffe tutélaire de fa jeuneffe. Si les dieux nuptiaux dans les mariages, les Nixu dans les accouchemens, la déelfe Horta dans les ations honnêtes , Strenna dans les athons de force; fices divinités, & tant d’autres inconnues aux Grecs, partagerent l’encens des Ro- mains, ce fut à titre d'unité. Il femble que dès les premiers tems, les Romainsfe conduifirent par cette maxime de Cicéron, qu’il eft de La nature des dieux de faire du bien aux hommes. C’eft fur ce principe, qu'ils diviniferent la con- corde , la paix, Le falut, la liberté. Les vertus ne fu- rent pas oubliées, la prudence, la piété , le courage, la for, autant d'étres moraux qui furent perfonnifiés, autant de temples ; & Cicéron trouve cela fort bien, parce qu'il faut, dit-1l, que les hommes regardent les vertus comme des divinités qui habitent dans leurs ames. Les Grecs furent plus fobres dans cet ordre de divinités. Paufanias ne fait mention que d’un temple qu'ils éleverent à la miféricorde. Mais on eft peut-être furpris de voir les Romains facrifier à la Peur, à la Fievre, À la Tempête, & aux dieux des enfers; ils ne s’écattoient pourtant pas de deur fyflème, Ils invoquoient ces divinités nuifibles pour les empêcher de nuire. On ne finireit pas fon vouloit faire le dénombrement de tousles dieux que . Rome aflocia aux dieux de la Grece ; jamais aucune Ville greque ou barbare n’en eut tant. La Quartille de Pétrone s’en plaïgnoit en difant, qu'on y treuvoit plus facilement un dieu qu’un homme. La capitale du monde fe regardoit comme le fanuaire de tous les dieux. Mais malgré ce polythéifme fi exceffif, on lui doit cette juftice , qu’elle écarta de la nature divine Pinutilité, le vice, la foiblefle , la corporalité. Des dieux utiles, des dieux fages , des dieux forts, des dieux dégagés de la matiere, furent des dieux plus refpeétables. Rome ne s’en tint pas là : les dogmes qu'elle adopta furent plus fenfés. C’eft ce que nous allons prouver. Dans toute religion , les dogmes vraiment inté- reflans font ceux qui tiennent aux mœurs, au bon- ‘heur ou au malheur. L’homme eft libre fous l’aion des dieux ? Sera-t-il heureux en quittant cette terre, & s'il eft malheureux, le fera-t-il éternellement ? Voilà les queftions qu'ont agité les hommes danstous les tems, & qui les inquiéteront toujours, s'ils n’ont recours à la vraie religion. Les Grecs étoient fataliftes , fataliftes de la plus mavaife efpece ; car felon eux, les dieux enchaïnoient les événemens: ce n’eft pas tout , ils poufloient les hommes au crime : écoutons Homere ; il a beau nous dire au commencement de l’Odyfée que les amis d'U- lyfle doivent leur perté à leur propre folie, on lit cent autres endroits où le fatalifme {e déclare ouver- tement. C’eft Vénus qui allume dans le cœur de PA- ris & d’'Hercule ce feu criminel qui fait tant de ra- yages; le bon Priamconfole Héleneen imputant tout aux dieux. Ce font des dieux ennemis qui fement la haine & la difcorde entre Achille & Agamemnon, le fage Neftor n'en doute pas. C’eft Minerve, qui de concert avec Junon, dirige la fleche perfide de Pandarus , pour rompre une treve folemnellement jurée. C’eff Jupiter, qui après la prife de Troie, con- duit la hache de Clytemneftre fur la tête d’Agamem- non, On ne fauroit tout dire, | | R EL 85 Qu'on ouvre le poëme des Romains, Vireile ne met pas fur le compte des dieux , le crime de Pâris, Héleneaux yeux d'Enée n’eftqu'’une femme coupable qui mérite la mort. Les femmes criminelles que le hé- ros troyen contemple dans le tartare, l’impie Salmo- née, Paudacieux Fytie, linfolent Ixion, le cruel Tantale, n’ont rien à reprocher aux dieux. Rhada- imante les obligea eux-mêmes à confeffer leurs for- faits. Ce n’étoit pas là le langage de Phedre, d’Aftrée, d'Orefte, d'Ædipe, fur le théatre d’Athènes. On n’y entendoit qu'emportement contre les dieux auteurs des crimes. Si la fcene romaine a copié ces blafphè- mes, il ne faut pas les prendre pour les fentimens de Rome. Séneque & les autres tragiques faifoient pré- cifément .ce que nous faifons aujourd’hui. Phédre, Œdipe fe plaignent auf des dieux fur notre théa- tre; 8 nous ne fommes pas fataliftes, mais ceux qui nous ont donné le ton , & aux Romains avant nous ; les Grecs parloient le langage de leut reZigion. La religion romainepropofoit en tout l'intervention des dieux, mais en tout ce qui étoit bon & honnête. Les dieux ne forçoient pas le lâche à être brave, & encore moins le brave à être lâche ; c’eft Le précis de la harangue de Pofthumius, fur le point de livrer ba- taille aux Tarquins : les dieux, dit-il, nous doivent leurs fecours , parceque nous combattons pour la ju tice’, mais fachez qu’ils ne tendent la main qu’à ceux qui combattent vailamment , & jamais aux lâches, Le dogme de la fatalité ne pafla d'Athènes à Rome qu’au tems de Scipion Pafricain, Panætius l’apporta de l'école ftoicienne; mais ce ne fit qu'une opinion philofophique adoptée par les uns, combattue par les autres, fur-tout par Cicéron dans fonlivre de frro. La religion ne l’enfeigna point; & ceux qui l’embraf- ferent ne s’en fervirent jamais pour enchaîner la vo- lonté de Phomme. Epiétete afflurément ne croyoit pas que des dieux euflent forcé Néron à faire éventrer fa mere. [left étonnant que la religion grecqueayant attribué aux dieux la méchanceté des hommes, ait creufé le tartare pour y punir des vicieux fans crime, Il l’eft peut-être encore plus , qu’elle les ait condamnés à des tourmens éternels. T'antale mourra toujours de foif au milieu des eaux : Sifyphe roulera éternelle ment fon rocher ; jamais les vautours n’abandonne- ront les entrailles de Tytie. Ces profonds & téné- breux abîmes , ces cavernes affreufes de fer & d’ai- rain, dont Jupiter menace les dieux mêmes, ne ren- dent pas leurs victimes. L’enfer des Romains laïffe échapper les fiennes : 1l ne retient que les fcélérats du premier ordre , un Salmonée, un Ixion, qui fe font abandonnés à des crimes énormes ; lorfqu'Enée y defcend , 1len apprend les fecrets. Toutes les ames, lui dit Anchife , ont contraéte des fowillures par Leur commerce avec la matiere, il faut les purifier ; les unes fufpendues au grand air font lejouet des vents; les autres plongées dans un lac, expient leurs fautes par l’eau; celles-là par lefeu; enfuite on nousenvoye dans Pélifée. Il en eft qui retournent fur la terre en prenant d’autres corps : Enée qui ne connoîït que les dogmes grecs, s’écrie : Ô , mon pere, efkl poffible que des ames fortent d'ici pour revoir le jour ? Voyez, reprend Anchife, ce guerrier dont le caf que eft orné d’une double aigrette ; c'eft Romulus. Voilà Numa, contemplez Brutus, Camille, Scipion, tous ces héros paroïtront effettivement à la lumiere, pour porter la gloire de notre nom & celle de Ro- me aux extrémités de la terre. L’élifée des Grecs étoit encore plus mal imaginé ue le tartare : toutes les ames qui viennent aux yeux d'Ulyfle, la fage Anticlée, la belle Tyro, la vertueufe Antiope, l’incomparable Alcmene , toutes ont une contenance trifte. toutes pleurent. Le brave Antiloque, le divin Ajax, le grand Agamemnon ; 86 REL pouffent autant de foupirs qu'ils prononcent de pa- : roles; Achille lui-mêmerépand-des larmes ; Ulyffe en eftfurpris : Quoi, vous le plus excellent des Grecs! vous que nous regardions comme égal aux dieux ! m'avez-vous pas -un grand empire à n'êtes-VOUS pas heureux? Que répond-l? J’aimerois mieux labourer da terre, & fervir le plus pauvre des vivans, que de commander aux morts. Quel féjour pour la félicité ! quel élifée! qu'il eft différent de ce lieu délicieux, où le héros troyen trouve fon pere Anchife, &c tous ceux qui ont aimé la vertu, ces jardins agréables, ces vallons verdoyans , ces bofquets enchantés, cet air toujours pur, ce ciel toujours ferain, où l’on voit lire un autre foleil, & d’autres aftres ! C’eftainf que les Romains en cortigeant les dogmes grecs, les ren- dirent plus fenfés. C’eft ainfi encore que le merveilleux qu'ils réfor-- merent, fut moins fanatique : ce goût de réforme na rien de fingulier dans une religion qu s'établit fur une autre. Toute religior a {on merveilleux : celui de la Grece fe montroit dans les fonges,, les oracles, les augures, & les prodiges. Rome connut peu ces fonges myftérieux qui defcendoient du trône de Ju- piter pour éclairer Les mortels ; Romulus n’eût pas comme Agamemnon livré un combat fur la foi d’un fonge ; où n’auroit pas compté à Rome fur la mort du tyran de Phérès, parce qu'Eudème l'avoit rêvé ; &c le fénat n’auroit pas fait ce que fit P'Aréopage, lorf- que Sophocle vint dire qu'il avoit vu en fonge le voleur qui avoit enlevé la coupe d’or dans le temple d'Hercule ; l’accufé fut arrêté fur-le-champ, & ap- pliqué à la queftion. Dans la Grece on fe préparoit aux fonges par des prieres &c des facrifces ; après quoi on s’endormoit fur les peaux des viétimes pour les recevoir. C’eft de-là que le temple de Podalirius tira fa célebérité , auffi-bien que celui d'Amphiaraus, ce grand interprete des fonges, à qui on. déféra les honneurs divins. Ces temples, ces viétimes, ces miniftres pour les fonges , marquoient un point de religion bien décidé. Rome n’avoit pour eux aucun appareil de religion à ce bois facré dont parle Virgile, où le roi Latinus alla rêver myftérieufement, en fe couchant à côté du prêtre, n'avoit plus de réputation lorfque Rome fut bâtie. Si quelques fonges y firent du bruit, &c produifirent des événemens , on n’avoit pas été Les chercher dans les temples ; ils étoient venus d’eux- mêmes, accompagnés de quelque circonftance frap- pante , fans quoi on n’en auroit pas tenu compte, Ce cultivateur qui fe fit apporter mourant au fénat, en annonçant de la part de Jupiter qu'il falloit recom- mencer les jeux, n’auroit remporté que du mépris, s’il n’eût recouvré fubitement la fanté , en racontant {a vifion. En un mot, les Romains ne donnoient dans les fonges que comme toute autre nation qui s’en affe@teroit peu, qui ne les mieroit pas abfolu- ment, mais quine croiroit querarement, dc toujours avec crainte de tomber dans le faux ; au lieu que les Grecs en faifoient un merveilleux effentiel à leur re- ligion,unreflort à leur gouvernement. Ceux qui gou- vernoient Sparte , couchoïent dans le temple de Pa- fiphaé , pour être éclairés par les fonges. Le fanatifme des oracles fut encore plus grand dans la Grece ; les payens ont reconnu dans les ota- cles la voix des dieux; plufeurs chrétiens Pœuvre du démon; les Philofophes & les politiques n’y ont vu que des fourberies des prêtres, ou tout au plus des vapeurs de laterre, quiagitoient une prêtrefle fur fon trépié, fans qu’elle en füt plus favante fur l’a venir. Quoi qu'il en foit, Claros, Delphes, Dodo- ne, &c tant d’autres temples à oracles, tournoient toutes lestêtes de la Grece. Peuples, magiftrats, gé- néraux d'armée , rois, tous y cherchoïent leur fort, & celui de l’état. Cefanatifme fut très-petit à Rome; Îa religion avoit prefque fa confiftence dès le tems de Numa : on ne lit rien dans {es inftitutions qui regar- de les oracles. Le: premier romain qui les cenfulta , fut Tarquin le fuperbe , en envoyant fes deux fils à Delphes, pour apprendre la caufe &leremede d’une maladie terrible qui enlevoit la jeunefle. Voilà bien du tems écoulé depuis Romulus fans la religion des oracles : ils’en établit enfin quelques-unes en Italie; imais leur fortune ne fut pas grande. On n’avoit pas ces colombes fatidiques, ces chênes parlans, ces baf- fins d’airain qui avoient aufi leur langage ; ni cette Pythie qu'un Dieu poffédoit, n1 ces antres myfté- rieux où l’on éprouvoit des entrainemens fubits, des raviflemens , des communications avec le ciel. Di- fons mieux , on n’avoit pas les têtes grecques ; tant de fanatifme & d’enthoufiafme n’étoit pas fait pour les imaginations romaines, qui étoient plus froides. Ce n’eft pas qu'on ne fe tournât quelquefois du côté des oracles. Augufte allainterroger celui de Delphes, &t Germanicus celui de Claros : mais des oracles éloi- gnés, & fi rarement confultés, ne pouvoient guere établir leur crédit à Rome, & s’incorporer à la re- ligion. Je dis plus : le peu de fuccès des oracles du pays, avoient apparemment décrédité les autres : l’hiftoire les nomme, & fe tait fur leur mérite ; ce filence ne marque pas une grande vogue. Ils étoient d’ailleurs en petit nombre ; celui de Pife, celui du Vatican, celui de Padoue; c’eft prefque les avoir tous cités. On ne s’en feroit pas tenu à fi peu, fi on y avoit eu beaucoup de foi. La Grece en comptoit plus de cent, & tous en grande réputation ; ils souvernoient : s'ils gagnerent quelques particuliers à Rome, ils ne gou- vérnerent jamais Rome : ce n’étoit pas-là fa folie; elle la mettoit dans les divinations étrulques, & dans les livres fybillins. Les divinations étrufques comprenoient les au- gures &c les arufpices. Le collège des augures infti- tué par Romulus, confirmé par Numa, fut révéré par les confuls qui fuccéderent aux rois ; l’augurat étoit donc un établiffement en regle , une dignité, un pou- voir, qu’on ne pouvoit pas exercer fans être avoué de l’état; au lieu que dans la Grece, un fanatique, un charlatan, s’érigeoit de lui-même en augure. A Rome on fe formoit à la divination : ce fameux au- gure qui prouva fafcience à Tarquin l’ancien, en coupant une pierre avec un rafoirs Atrius Navius s’étoit endoétriné fous un maître étrufque, le plus habile qui fût alors; 8 dans la fuite le fénat envoya des éleves en Etrurie comme à la fource, éleves ti- rés des premieres familles. La Grece n’avoit point d'école de divination; elle n’en avoit pas befoin , parce que l’efprit d’Apollon fouffloit où il vouloit: Hélénus qui avoit toute autre chofe à faire (il étoit fils d’un grand roi ), s’en trouve tout-à-coup pofé- dé ; le voilà augure. | - ARome, l’augurat n’étoit deftiné qu'aux hommes, parce qu'il demandoit du travail, & une étude fui. vie : dans la Grece où linfpiration faifoit tout, les femmes y étoient aufli propres que les hommes , & peut-être encore plus. Le nom de Cafflandre ef cé- lebre ; & Cicéron demande, pourquoi cette princefle en fureur découvre l'avenir, tandis que Priam fon pere, dans la tranquillité de fa raïfon , n’y voit rien. La divination des Grecs étoit donc une fureur divi- ne, & celle des Romains une fcience froide , qui avoit fes regles & fes principes, La faufeté étoit fans doute ésale de part & d’autre : mais je demande de quel côté Le fanatifme fe montroit le plus. Il yabien de l'apparence que l’enthoufiafme augural des Grecs, mauroit pas mieux reufli à Rome, que les oracless il falloit aux Romains , nation folide &c férieufe, un air de fagefle jufques dans leur folie. ‘Le fanatifme éclatoit encore plus dans les prodi- be F1 ges imaginaires que la Gréce citoit, que dans ceux de Rome. Toute region a fes prodiges : les peres ont to@jours vu ; les enfans ne voyent rien; mais ils font perfuadés comme s'ils avoient vu. Les pre- miers Grecs avoient vu les dieux voyager, habiter parmi eux. T'antale Les avoit conviés à {a table : quan- tité de beautés greques les avoient reçus dans leur lit. Laomédon s’étoit fervi une année entiere. de Neptune & d’Apollon pour bâtir les murs de Troie. Toute la Grece fous le repñe d'Eretthée, avoit pu voir Cérès cherchant fa file Proferpine , &enfei- gnant aux hommes l’agriculture. Jamais les Romains n’avoient eu les yeux f perçans ; ils difoient que les dieux réfidoient toujours dans l’olympe , & que de- là, 1ls gouvernoïentle monde fans fe faire voir : ef- pérons-nous , dit Cicéron, de rencontrer Les dieux dans les rues, dans les-places publiques , dans nos maifons? S'ils ne fe montrent pas, ils répandent par- tout leur puiflance, Lés pontifes n’avoient écrit qu'un petit nombre d’apparitionsmomentanées, com- me celle qui étonna Pofthumius dans le combat où il défit les Tarquins ; cette autre qui frappa Vatin- mius dans la vorefalarienne, & celle de Sagra dans Je combat des Locriens. Ceux qui les croyoient, les jugeoient très-rares ; au lieu que la Grece étoit fe- mée de monumens qui atteftoient le commerce fré- duent, long , & viñble des immortels avec les hom- Ines. _ Les yeux d’une nation voyent beaucoup moins quand les imaginations ne s’échanffent pas : celles des Grecs s’enflammerent encore fur les merveilles que les dieux opererent par les héros, Deucalion après un déluge jetta des pierres derriere lui, & ces ue fe rechangerent en hommes pour repeupler a Grece. Hercule fépara deux montagnes, pour ou- vrir un pañlage à l'Océean. Cadmus tua un dragon dont les dents femées dans la terre, produifirentune moiflon defoldats. Atlas avoit foutenu le ciel; un peupleimpie fut changé en grenouilles, un autre en rocher. | € es faites de la reZpion romaine, au lieu de cesfu- blimes extravagances , nous préfentent des voix for- inées dans lesaits , des colomnes de feu qui s’arré- tent fur des légions, des fleuves qui remontent à leur fource, des fimulacres quifuent, d’autres qui par- lent, des fpeëtres ambulans, des pluies de lait de Pierres, & de fang; c’eft ainfñ que les dieux annon- çOtent aux Romains leur proteétion ou leur colere, Ces prodiges quoiqu'atteftés par les ifloires, con- firmés par les traditions , confacrés par les monu- mens, enfe:gnes par les pontifes, font fans doute auf faux que les monftrueufesrêveries des Grecs ; mais il ne falloit pas tant de fanatifme pour les croire. Concluons qu’en tout, le merveilleux de la region -rormaire fut moins fanatique. Il refte une dernier chofe à prouver. Son culte fut plus fage : 11 confiftoit comme dans Ta Grece en fêtes, en jeux, & en facrifices. Les fêtes grecquesportoientune empreinte d’extravagance qui ne convenoïit pas à la fagelle romaïne : ce n’étoit pas feulemenf dans les fombres retraites des oracles ; c’é: toit au gränd Jour, au milieu des proceflions publi= ques, qu'on voit des enthoufiafles dont le regard farouche , les yeux étincelans, le vifage enflammé les chéveux hériflés, la bouche écumante, pafloient pour des preuves certaines de l’eéfprit divin qui les agitoit, & ce dieu ne manquoit pas de parler parleur bouche. On y voyoit de fameux corybantes, qui au bruit des tambours & des tymbales:, danfant ,.tour- nant rapidement {ur eux-mêmes ; fe fafoient de cruelles plaies pour honorer la mere des dieux. On ÿ entendoit des gémiflemens des lamentations des cris lugubres; c’étoient des femmes. défolées qui D ET Se R E A4 Ô ÿ pleuroieñt l’enleyement de Proferpine , ou la moït d'Adonis, - . | | La licence Pemportoit encore fur l’extravagance: w’on fe reprélente des hommes couverts de peaug “ ñ : \ ” 4 Î ' de bêtes, un thyrfe à la main, couronnés de pam pres, échauités par le vin, courant jour & nuit les villes, les montagnes &x les forêts, avec des femmes déaufées de même, & encore plus forcenées : mille voix quiappelloient Bacchus, qu’on vouloit rendre propice par la débauche & la corruption. Croira-t- on qu'au milieu de cette pompe impuré, on expos # foit à la véncration publique des objets qu’on ne fau: toit trop voiler; ces phalles monftrueux , qu'ailleurs le Übertinage n’auroit pas regardé fans rougir? Er Vénus , comment l’honoroit-on? Amathonte, Cy- there , Paphos, Gnide;, {dalie | noms célebres par lobfcénité : c’elt-là que les filles &c les femmies ma- rites fe proftituoient publiquement à la face des au- tels : celle qüi et confervé unrefte de pudeur , au- roit mal honoré la déefle. On célébroit à Rome les mêmes fêtes ; mais Des nys d'Halycarnafle quiavoit vu les unes & les autres, nous aflure que dans les fêtes romaines, quoique les mœurs fuflent déja corrompues, il n’y avoit ni la- mentations de femmes, ni enthoufafme , ni fureurs corybantiques, ni proffitutions, ni bacchanales. Ces bacchanales s’étotent pourtant glif£es à Rome fous le voile du fecret &c d2 la nuit: mais le fénat les bans nit de la ville, & de toute l'Italie, Le difcours du conferl dans l’afflemblée du peuple eft remarquable: « Vos peres vous ont appris , dit-il, à prier, àhono- » rer des dieux fages, non des dieux qui enforcelent » les efprits par des fuperflitions étranseres & abo= » minables.; non des dieux qui avec le fouet des fus » ries pouflent leurs adorateurs à toutes fortes d’ex- » cès ». On vouloit que le culte portât un caratere de décence & d’honnèteté , contre la coutume des Grecs & des Barbares. : S'il falloit fe relâcher en faveur des étrangers, on le faifoit ayec précaution ; on leur permettoit d’ho=, norer Cybèle avec les cérémonies phrygiennes ; mais 11 étoit défendu aux Romains de s’y mêler : &lort- que Rome célébroit cette fête , elle en écartoit toux tes les indécences & les vaines fuperftitions. Elle reprouvoit ésalement ces afflemblées clandef- tines \ ces veilles noéturnes des deux fexes f ufitées: dans les temples de la Grece. Sielle autorida les my teres fecrets de la Bonne déeffe , les matrones qui les célébroient n y foufroient les répards d'aucun hom- me, L’attentat de Clodius fthorreur, Ces myfteres fi anciens, dit Ciceron,, qui fe célebrent par des mains pures pour la profpérité du peupleromain, ces my teres confacrés à une décfle dont Les hommes ne doi- vent pas même favoir le nom , ces myfteres enfin dont limpudence la plus outrée n’ofa jamais appro= cher, Clodiusiles a violés par fa préfence, S'ifs.de vinrent fufpeëts dans la fuite , 1ls ne l’étoient pas alors & encore moins dans leur infitution. Datout cela il réfuite que les fêtes romaines étoient plus {a- gesque les fêtes grecques, + a Les jeux entroient dans Les fêtes, ils tenoient à Ja religion ; tels furent dans la Grece les jeux olympi- ques, lespithiques, les iffhmiques, les néméens ; &t à Rome les capitolins, les megalenfes , les apols linaires, & nombre d’autres tous dédiés à quelque divinité : ce n'étoit donc pas.des jeux de pur amufe- ment, La lutte, le pugilat, le pancrace, la courte à pié, tout cela fe faifoit pour honorer les dieux , & pour le falut du peuple. Ce fut une partie du culte 3 mais al paroït que Les Grecs les profanerent beaucoup plus que les Romains. Leurs athletes combattirent & coururentnuds juiqu’à laquinzieme olympiade. Paus fanias nous, dit que la prètreffe de Cerès avoit une 88 R UE place honorable aux grands jeux, & qe l'entrée n’en étoit pas mème interdite aux vierges. Quelle ap- parence en effet awon etit voulu exclure la moitié d’une nation de jeux publics approuvés par les dieux? Ce que la religion confacre eft ordinairement com run à tous , & paroït toujours bien. La pudeur réforma chez les Romains les lupercä- les, qu’on célébroit en l'honneur du dieu Pan. Evan< dre les avoit apportées de la Grece avec toute leur ndécence: des bergers nuds couroient lafcivement ‘ca & là, en frappant les fpettateurs de leurs fouets. , Romulus frabilla fes luperques ; les peaux des viéi- mes immolées leur formoient des ceintures. Enfin le peuple romain paroît n'avoir franchi les bornes de la pudeur que dans les jeux floraux: encore en mon- tra-til un refte lorfaue , fous les yeux de Caton, :l n’ofa pas demander la nudité des mimes, &c Caton fe retira pour ne pas troubler la fête. Les facrifices faifoient la partie la plus effentielle du culte religieux des Grecs & des Romains. Ce ne fut pas une chofe indifférente lorfque les hommes s’aviferent d’ésorger des animaux pour honorer fa divinité, au-lieu d'offrir fimplement les fruits de la terre. Le fans destaureaux fit penfer à plus d’un peu- ple que le fang des hommes feroit encore plus agréa- ble aux dieux. Si cette idée n’avoit faf que des bar- bares,noüs en ferions moins furpris ; les Grecs, dont les mœurs étoient fi douces, s’y laïflerent entrai- ner. Calchas , fi nous en croyons Efchyle, Sopho- cle & Lucrece, facrifia Iphigenie en Aulide. Ho- mere n’en convient pas,puifque qu'Agamemnon l’of- fre en mariage À Achille dix ans après. Maïs la cou- tume impie perça à-travers cette différence de fenti- mens ; & l’hiftoire nous fournit d’ailleurs des faits qui ne font pas douteux. Lycaon , roi d'Arcadie , immola un enfant à Jupiter Lycien, &c lui en offrit Le fang. Le nom de Calliroë eft connu : le bras étoit levé, elle expiroit, f Pamoureux facrificateur, en s'appliquant l'oracle, ne fe füt immolé pour elle. Ariffodeme enfonca lui-même le couteau facré dans le cœur de fa fille , pour fauver Meflene. Et ce n’eft point là de ces fureurs paflageres que les fiecles ne montrent que rarement. L’Achaie voyoit couler tous les ans le fang d’un jeune garçon & d’une vier- ge, pour expier le crime de Menalippus & de Come- tho , qui avoient violé le temple de Diane par leurs amours. | Jefaïs que Lycurgue & d’autres lépiflateurs aboli- tent ces facrifices barbares. Rome n’eut pas la peine de les profcrire , elle n’en offrit jamais. Dire queles Grecs étoient encore bien nouveaux & peu policés lorfqu’ils donnerent dans ces excès de religton ; ce n’eft pas les juftifier : quoi de plus dur &t de plusfé- roce que les Romains fous Romulus ? cependant au- cüne victime humaine ne fouilla leurs autels, & la fuite de leur hiftoire n’en fournit point d'exemple : au contraire ils en marquerent une horreur bien dé- cidée , lorfque dans un traité de paix ils exigerent des Carthagmoiïs qu'ils ne facrifieroient plus leurs en- fans à Saturne , felon la coutume qu'ils en avoient reçue des Phéniciens leurs ancêtres. Néanmoins Laftance & Prudence au iv. fiecle, viennent nous dire qu'ils ont vu de ces déteftables facrifices dans l'empire romain.Si c’ett étélà une con- tinuation des anciens , Tite-Live, Denys d'Halicar- nañle ; cet auteur fidele & curieux , qui nous a fait connoitre à fond les Romains , enfin tous les autres hiftoriens nous en auroient montré quelque veftige. Mais auand il y auroït eu de ces horribles facrifices auiv. fiecle, il ne feroit pas étonnant que dans une religion qui périfloit avec Rome , on eût introduit des pratiques monftrueues. Aflurément les dévouemens religieux qui fe fai- foïent pour fa patrie, ne font pas du nombre des facrifices qu'on peut reprocher aux Romains. Un guerrier animé d’un pareil motif, un contulmême , ‘après certaines céfémonies , des prieres & des 1m- précations contre l’énnemi, fe jettoit, tère baïflée, dans le fort de la mêlée ; & s’il n’y fuccomboit pas, c’étoit un malheur qu'il falloit éxpier. Ainfr périrent trois Décius , tous trois confuls; ce furent-là des fa- crifices volontaires que Rome admiroit , & néan- moins qu’elle n’ordonndit pas. Si elle enterra qua- tre ou cinq veftales vivantes dans le couts de fept ou huit fiecles , c’étoïent des coupables qu’on punif- foit , fuivant les lois rigoureufes , pour avoir violé leurs engagemens religieux. Rome penfa toujours que le fang des brebis, des boucs &£ desraureaux fufäfoit aux dieux , 8e que celui des Romains ne de- voit fe verfer que fur un champ de bataille , où pour venger les lois. à C’eft ainfi que Rome , er adoptant la religion grec- que, en téforma le culte, lemerveilleux ,Îes dogmes & les dieux-mêmes. (2. J.) RELIGION CHRÉTIENNE , voyez CHRISTIA- NISME. J'ajoute feulement que la religion eft le lien qui at- tache l’homme à Dieu, & à l'obfervation de fes lois, par les fentimens de refpeét , de foumiffion & de crainte qu’excitent dans notre efprit les perfe&ions de l’Etre fuprème, & la dépendance où nous fom- mes de lui, comme de notre créateur tout fage & tout bon. La re/igion chrétienne a en païticulier pour objet la félicité d’une autre vie , & fait notre bonheur dans celle-ci. Elle donne à la vertu les plus douces efpérances , au vice impénitent de juftes allarmes , & au vrai repentir les plus puiflantes confolations ;, mais elle tâche fur - tout d’infpirer aux hommes de l'amour , de la douceur , & de la pitié pour les hom- mes. (D. J.) RELIGION , (Théolog.) s'applique auffi à un ordre militaire compofé de chevaliers qui vivent fous quel- que regle certaine. Voyez CHEVALIER, MILITAIRE & ORDRE. Onditence fens la religion de Malte ; lés galeres: &c les vaifleaux , Pétendard de la reZigion, pour lor- dre de Malte ; les galeres., les varfleaux » l’étendard de l'ordre de Malte. Voyez MAzrTe. RELIGION fe prend auffi quelquefois pour covers ou pour ordre monaflique. Amf l’on dit , 1l y a des re- ligions d'hommes, c'eft-à-dire des moines : des reli gions de femmes, c’eft-à-dire des couvers de religieu- fes. s'établit tous les jouts de nouvelles re/igrozs c’eft-à-dire qu'on inflitue de nouveaux ordres ; ow qu’on bâtit de nouveaux monafteres. Entrer en re/- gion, c'eft faire profeflion dans un couvent. On dit d'un religieux qu'il eft mort à l’age de 7o ans, après so ans de religion, c’eft-à-dire $o. ans après fon en- trée dans le cloitre. Voyez MOINE ; MONASTERE , RELIGIEUX , CLOITRE. Le mot de religion pris d’une maniere abfolue, dé- note en France la religion prétendue réformée. C’eft en ce fens qu'on dit: Tanneouy , le Fevre &c d’Ablan- court étoient dé la reZigion ; M. Pelliffon & M. Da- cier avoient été de la religion. Voyez CALVINISTE , HUGUENOT. | RELIGIONNAIRE , £ m. (Gram.) qui profefle a religion réformée, Voyez l'article PROTESTANT. RELIMER , v. aût. (Gram.) limer pour la feconde fois. Voyez les articles Lime 6 Limer. Il fe dit au fimple & au figuré. Il faut relimer cette piece de fer; ilfaut relimer le ftyle de ce difcours. | RELIQUA , (Jurifprud.) terme latin qui a été adopté dans le langage du palais, pour exprimer ce qui RÉEL qui refte dù par la cloture & arrêté d’un compte, toute déduéhon faite de la dépenfe & des reprifes, Suivant Parsicle r. du titre 20,de l'ordonnance de 1667 de la reddition des comptes, tous tuteurs, pro- tuteurs, curateurs, fermiers judiciaires, fequeftres, re . 0 2 4 + 20 gardiens, & autres qui ont adminiftré le bien d’au- trui, font réputés comptables , encore que leur ‘compte foit clos & arrêté, jufqu’à ce qu'ils aient payé le reliqua , s’il en eft dû, & remis toutes les pie: ‘ces juftificatives. Voyez ADMINISTRATEUR, CoMp- TE, COMMUNAUTÉ, CURATELLE , TUTELLE. (4 RELIQUAIRE, { m. ( Æif. ecclef, ) vafe d’or ‘dargent ou d'autre matiere propre & ornée, dans lez quel'on garde les reliques des faints. Voyez CHasse 6 RELIQUES. RELIQUAT DE COMPTE, (Com) c’eft ce qui eft dû par un comptable, après que fon compte eft arrêté. Voyez COMPTE. RELIQUATAIRE , { nn ( Jurifprud.) eft celui ‘qui fe trouve redevable d’un reliquat de compte. 7. ci-devarit RELIQUAT. RELIQUE, £. £. (AJ. eccléf. & prof. ) ce mot tiré du latin reLquie, indique que c'eff ce qui nous refte d'un faint ; os, cendres , vêtemens , & qu’on garde refpeétueufement pour honorer fa mémoire ; cepen- dant fi l’on failoit la revifof des reliqies avec une ‘exatuitude un peu rigoureufe , dit un favant bénédi- tin , il fe trouveroit qu’on a propofé à la piété des % deles un grand nombre de faufles reliques à révérer, & qu'on a confacre desoffemens , qui loin d’être d’un bienheureux , n'étoient peut-être pas même d’un chrétien. _ On penfa , dans le iv. fiecle , d’avoir des reliques des martyrs, fous les autels dans toutes les églifes. On imagina bientôt cette pratique comme fi effen- tielle , que S. Ambroife , malgré les inftances du peu- ple, ne voulut pas confacrer une églife , parce, di- {oit-1l, qu'il n’y avoit point de reliques. Une opinion f ridicule prit néanmoins tant de faveur, que le con- cile de Conftantinople :zTrullo, ordonna de démolir tous les autels fous lefquels ilne fe trouveroit point de reliques. | L'origine de cette coutume , c’eft que les fideles s’affembloient fouvent dans les cimetieres où repo- foient les corps des martyrs ; le jour anniverfaire de leur mort , on y faifoit le fervice divin , on y célé- broit PEuchariftie. L'opinion de l’intercéflion des faints , les miracles attribués à leurs reliques, favori- ferent lestranflations de leurs corps dans les temples; enfin lé paflage figuré de lApocalypfe , ch, vj. v. 9, « Je vis fous les autels les ames de ceux qui avoient _» été tués pour la parole de Dieu», auterifa l’ufage d’avoir toujours des re/yues fous l'autel. Scaliger a prouve tous ces faits dans {on ouvrage fur la chro- hique d'Eufebe. Avant que d’aller plus loin, confdérons un mo- ment limportance qu'il y a d'arrêter de bonne heure des pratiques humaines qui fe rapportent à la reli- pion , quelqu'innocentes qu’elles paroïflent dans leur fource. ‘Les reliques font venues d’une coutume qui pouvoit avoir {on bon ufage réduit à fes juftes bornes. On voulut honorer la mémoire des mattyrs , Êt pour cet effet l’on conferva autant qu'il étoit poffi- ble, ce qui reftoit de leurs corps ; on célébra le jour de leur mort, qu’on appelloit leur /our nasal , &lon s’aflembla dans Les lieux que ces pieux reftes étoient enterrés. C’eft tout l’honneur qu’on leur rendit pen- dant les trois premiers fiecles : on ne penfoit point alors qu'avec le tems les Chrétiens duflent faire des endres des os des martyrs l’objet d’un culte reli- gieux ; leur elever des temples ; mettre ces reliques fur l'autel; féparer les reftes d’un feul corps; lestran{ porter d’un lieu dans un autre; en prendre lun un morceau, l’autre un autre morceau ; les montrer dans Tome XIF, REL. 89 des châffes ; 87 finalement en fureuntrafe qui excita l’avarice à remplir le monde de reliques fuppotées, Cependant dès le iv. fiecle, Pabus fe of fi ouver- tement, éavec tant d’étendue, qu'il produit tou= tes fortes de mauvais effets. Vigilance fut fcandalifé ayec raifon du culte fu perlhtieux que le vulgaire rendoit aux reliques des Martyrs, « Quelle nécefité , dit-1l, d’honorer & fort » ce je ne fais quoi,ce Je ne fais quelles cendres qu’on » porte dé tous côtés dans un petit vafe } Pourquoi » adorer, en la baïfant, uñe poudre mife dans un » linge? » Nous voyons par-là la coutume du paga= nifme prefque introduite , fous prétexte de relision, Vigilance appelle les re/ques qu'on adoroïit, un je ne Jais quoi, un je ne fais quelles cendres, pour donner à entendre que lon faifoit déjà pafler de fañffes reli- ques pour les cendres des martyrs; &c qu’ainfi ceux qui adoroient les reliques, couroient rifque d’adorer toute autre chofe que ce qu'ils s’imaginoient. Ces fraudes , diraije, pieutes ou impies, f multipliées dans les fiècies fuivans, étoient déja communes, S. Jérôme nous en fournit lui-même un exemple temarquable, qui fufroit pour juflifier Vigilance, qu'il à f maltraité à ce fujet, Peut-on croire, fans un aveuglement étrange . que plus de quatorze cens ans après la mort de Samuel, & après tantde révolutions arrivées dans la Paleftine , on fût encore où étoit le tombeau de ce prophete, enfeveli à Rama ? S'emuel , xxv]. Cependant on nous dit que l’empereur Ar- cadius fit tranfporter de Judée à Conftantinople, les os de Samuel, que des évêques portoieñt environ nés d’une étofte de foie, dans un vafe d’or, fivis d’un cortege de peuple de toutes les éolifes , quira= vis de joie , comme s'ils voyoïent le prophete plein de vie, allerent au-devant des Les reliques, &c les ac: compagnerent depuis la Paleftine jufqu’à Chalcédoi- ne, en chantant les louanges de Jefus-Chrift. lin’en | faut pas davantage pour montrer jufqu’où la fourbe rie & la crédulité avoient déjà été portées , & com- bien Vigilance avoit ration de dire, qu’en adorant les reliques , on adoroit je ne fais quoi. Cette raïfon feule devoit bien réprimer lempreflement de ceux qui couroient après les religzes, dans la crainte d’être les dupes de lavarice des eccléfiafliques , qui ufe- rent de ce moyen pour s’attirer des offrandes. Vigi- lance vouloit donc qu’on fit un jufte difcernement des vraies reliques d'avec les faufles ; & qu’à l’épard méme «es vraies, On modérät les honneurs qu’on leur rendoit. On eût très-bien fait fans doute de fuivre le con- feil de Vigilance, au fujet des refiques; car il arriva que la fuperfütion fut {outenue & encouragée par l'intérêt. Le peuple eft fuperfitieux,, & c’eft par la fuperftition qu’on l’enchaîne. Les miracles forgés au fujet des reliques, devinrentun aimant qui aftiroitde toutes parts des richeffes dans les églifes où fe fai foient ces miracles. 1 $. Jérôme fe fût bien conduit, il fe feroit oppofé vigoureufement à une fupetftition qui n'étoit déjà que trop difficile à déraciner ; il au= roit au moins fu bon oré à Vigilance defa réfolution courageule ; & loin de le rendre l’objet de la haine publique, 1l auroit dû feconder fes efforts En effet, dès l’année 386, l’empereur Théodofe le grand fut obligé de faire une loi, par laquelle il défendoit de tranfporter d’un lieu dans un autre , les corps enfevelis , de féparer les reliques de chaque martyr, &t d'en trafiquer. Quinze ans après, le Se concile de Carthage ordonna aux évêques de faire abattre les autels qu’on voyoit élever par-tout dans les champs &c fur les grands chemins , en l’honneur des martyrs , dont on enterroit çà & là de fauffes reli- ques, {ur des fonges & de vaines révélations de tou- tes fortes de gens. S. Augufin reconnoit lui-même lesimpoftures que 90 REM fifoient en ce venre quantité de moines , & les faux miracles qu'ils débitoient. Le concile de Carthage dont nous venons de parler ,| craignoit les tumultes , parce que cette fuperflition s’étoit emparée de l’ef- prit du peuple. Les évêques ufoient de connivence; & l’auteur de la cité de Dieu déclare naivementqu’il n’ofe parler librement fur plufieurs femblables abus, pour ne pas donner occafon de fcandale à des per- fonnes pieufes, ou à des brouillons. L’amour des reliques étoit venu au point qu'on ne vouloit point d’églifes ni d’autels fans reliques : il falloit donc bien en trouver à quelque prix que ce füt, de forte qu'au défaut des véritables, on en forgea de faufles. Voilà quelle fut loccañon de tant de fortes d’im- poftures, dit M. Pabbé Fleuri, 3. difcours ; car pour s’aflurer des vraies reliques , il eût fallu les fuivre exactement depuis leur origine, & connoïtre toutes les mains par lefquelles elles avoient pañlé ; or après plufieurs fiecles il fut bien aifé d’en impofer non-feu- lement au peuple, mais aux évèques devenus moins éclairés & moins attentifs, & depuis qu’on eut établi la regle de ne point confacrer d’églifes ni d’autels fans reliques , la néceflité d’en avoir fut une grande tentation de ne les pas examiner de fi pres. L'intérêt d'attirer des offrandes fut encoreune nouvelle ten- tation plus dificile à vaincre. Après cela, ilne faut pas s'étonner du mérite qu’acquirent les reliques dans l'efprit des peuples êt des rois. Nous lifons que les fermens les plus ordi- naires desanciens françois fe faifoient fur les reliques des faints. C’eft ainfi que les rois Gontran, Sigebert & Chilpéric partagerent les états de Clotaire, & convinrent de jouir de Paris en commun. Ils en firent le ferment fur les reliques de S. Polieuéte, de S. Hi- laire & de S. Martin. Cependant Chilpéric fe jetta dans la place, & prit feulement la précaution d’avoir la châffe de quantité de reliques , qu'il fit porter com- me une fauve garde à la tête de fes troupes , dans lefpérance que la proteétion de ces nouveaux pa- trons le mettroit à l’abri des peines dûes à fon patju- re ; fur quoiil eft bon d’obferver que nos rois de la premiere & de la feconde race gardoiïent dans leur palais un grand nombre de reliques, furtout la chappe & le manteau de S. Martin, & qu'ils les faifoient por- ter à leur fuite, & jufque dans les armées. On en- voyoit les reliques du palais dans les provinces, lorf- qu'il étoit queftion de prêter ferment de fidélité au roi, ou de conclure quelque traite. : Je ne me propofe pas de donner au leéteur un re- cueil des excès où la fuperftition & l'impofture ont été portées dans les fiecles fuivans en matiere de re/s- ques ; mais je ne crois pas devoir lui laïfler ignorer ce que raconte Grégoire de Tours, Z1/£. 2. LX, c, vy. que dans la châffe d’un faint, on trouva des racines, des dents de taupe, des os de rats, & des ongles de renard. À propos de Tours, Hofpinien remarque que dans cette ville on adoroïit avec beaucoup de fuperfhtion une croix d'argent ornée de quantité de pierrespré- cieufes , entre lefquelles il y avoitune agathe gravée qui étant portée à Orléans , & examinée par les cu- cieux, fe trouva repréfenter Vénus pleurant Ado- nis mourant. ME Cetteanecdote me fait fouvenir d’une agathe dont parlele p. Montfaucon ( anriq. expliquée, fupplémenr. “zom. I. div, 2 ,c. üj. ), &t qui eft préfentement dans le cabinet du roi. On y voit aux deux côtés d’un ar- bre , Jupiter & Minerve ; ce qui pañoit pour image du paradis terreftre & du péché d’Adam, dans une des plus anciennes églifes de France, d’où elle a été ôtée depuis près de centans , apres y avoir été gardée pendant plufieurs fiecles. Dansces tems de fimplici- té, ajoute le doéte bénédiétin , on n’y regardoit pas de fi pres. La grande agathe de la Ste, Chapelle, qui REM repréfente lapothéofe d’Augufte , a pañlé pendant plufieurs fiecles, pour lhiftoire de Jofeph, fils de Ja- cob. Une onyce qui repréfente les têtes de Germa- nicus & d’Agrippine....aëté honorée pendant 600 ans, comme la bague que S. Jofeph donna à la Ste. Vierge, quand ilsfe marierent. On la baifoïtencette qualité tous les ans , dans certains jours de l’année ; cela dura jufqu’à ce qu’on s’apperçut fur la fin du der- nier fiecle, qu’une infcription greque, en caracteres fortmenus, appelloit Germanicus Alphée, & Acsrip- pine Aréthufe, Ceux qui voudront des exemples en plus grand nombre fur les erreurs en matiere de reliques, peu- vent confulter Chemaitius, examen concil. tridenr. Hofpinien, de origine remplorum , 8 en particulier un mémoireinféré dans la Biblioth. Hiflor. philolog. théo- log. de M. de Hare, claff. vi. fafcic, vj. art. 4, fous ce titre : Jo, Jacob. Raïnbachir obfervatio, de 1gn0ran- tid exegetica multarum reliquiarum facrarum , maire & obfterrice. Strabon obferve qu’il étoit hofs de vraiflemblance qu'il y eùt plufeurs vrais fimulacres apportés de Troie ; on fe vante, dit1l, à Rome, à Lavinium , à Lucérie, à Séris, d’avoir la Minerve des Troyens. Strabon penie folidement; car dès qu’on voit plu- fieurs villes fe glorifier de la poffeflion d’une même relique, ou de la même image nuraculeufe , c’eft une très-forte préfomptionque toutes s’en vantent à faux, & que le même artifice, le même intérêt, les porte toutes à débiter leurs tracitions. M. de Märoles , abbé de Villeloin , a renouvellé cette remarque dans fes mémoires, pag. 132. ann. 1041. « Comme, dit-il, on montroit à Amiens, à la » princefie Marie de Gonzague , la tête de S. Jean- » Baptifte, que le peuple y révere pour l’une des » plus confidérables reZigues du monde, fon altefle, » après lavoir baifée, me dit que j’approchaffe, & » que j'en fifle autant; je confidérai le reliquaire & » ce qu'ilrenfermoit; enfuite me comportant comme » tous les autres, je me contentai de dire ayectoute » la douceur dont j’étois capable, que c’étoit la cinq » ou fixieme tête de S. Jean-Baptifte que j’avois eu » l'honneur de baïfer; ce difcours furprit un peu fon » altefle, & fit naître un petit fouris fur fon vifage; » mais il n’y parut pas. Le facriftain ou letréforier , » ayant aufh entendu mon propos, réphiqua qu'il ne » pouvoit nier qu'on ne fit mention de beaucoup » d’autres têtes de S. Jean-Baptifte ( car il avoit » peut-être où dire qu'il y en avoit à S. Jean de » Lyon, à S. Jean de Maurienne, à S. Jean d’Ange- » ly en Saintonge, à Rome , en Efpagne, en Alle- » magne, & en plufeurs uutres lieux) ; mais il » ajouta que celle-là étoit la bonne ; & pour preuve » dece qu'il afluroit , il demanda qu’on prit garde » au trou qui paroïoit au crâne de la re/ique au- » deflus de l'œil droit; & que c’étoit celui-là même » que fit Hérodias avec fon couteau , quand la tête » lui fut préfentée dans un plat. Il me femble, lui ré- » pondis-je, que Pévangile wa rien obfervé d’une » particularité de cettenature , maiscomme je le vis » ému pour foutenir le contraire , je lui cédai avec » toute forte de refpett. Et fans examiner la chofe » plusavant, ni lui rapporter une autoritédeS. Gré- » goire de Naziance, qui dit que tous les offemens » de S. Jean-Baptifte furent brûlés de fon tems par » les Donatiftes dans la ville de Sébafte, & qu'il » n’en refta qu'une partie du chef qui fut portée à » Alexandrie ; je me contentai de lui dire que latra- + + + + + » dition d’une églife aufli vénérable que celle d’A- » miens, fuffifoit pour autorifer une créance de cette » efpece, bien qu’elle neût que quatre censans, & » quece nefütpas un article de foi. Cependant nous » nous munimes de force repréfentations de ce faint s- REL » reliquaire ; & le bon eccléfiaftique relta très-fa- » tisfait. * L'auteur des nouvelles de la république des lettres parlant d’undivre quitraitoit du $. Suaire , rapporte ces paroles de Charles Patin : «je fuis fché de voir # trop fouvent le portrait de la Vierge peint parS. » Luc; caril n’eft pas vraifiemblable que S. Luc ait, »rtant de fois peint la mere de notre Sauveur, » . C’en eft aflez fur la folle crédulitédes hommes , &c: fur les erreurs qui n’ontfait que fe multiplier dans Ja vénération des reliques. Je ne fuis point curieux d'examiner la quieftion, fi leut origine eft payenne, ce dont S. Cyrille, 2. Xp. 336, eft convenu dans fa:réponfe à empereur Julien, qui le premier a re- proché aux Chrétiens Le culte des morts & de leurs reliques. Je reconnoiïs avec plus de plaïfr que les lu- miéres du dernier fiecle ont mis un grand frein à la fuperftition qui s’étoit f fort étendue fur les fraudes pieufes à cet égard; mais en mêmetemsil fautavouer qu'il nenrefte encore que trop de traces dans plu- fieurs lieux de la chrétienté ; c’eft fans doute ce qui a engagé d’habiles gens de la communion romaine à s'élever courageufement contre les faufles reliques. M. Thiers, que je ne dois pas oublier de nommer , a difcuté dans fes écrits , état des lieux où peuvent être les corps des martyrs ; ilapublié en particulier des diflertations contre la Ste. Larme de Vendôme, & les reliques de S. Firmin. Le p. Mabillon a éru de- voir aufli donner des confeils fur le difcernementdes reliques ; il me femble qu’on auroit dû les écouter ; mais le chancelier de France ne fut pas de cet avis ; il fit fupprimer par arrêt du confeil, l'ouvrage de M. Thiers fur S. Firmin; & l’ordre de S. Benoît condam- na le p. Mabillon. On fait Le bon mot qu’un fous- prieur de S. Antoine dit alors {ur ces deux condam- nations. Moribus antiquis , &c. Cependant jene crois point aujourd’hui d’être blä- mé , pour avoir confidéré avec M. l'abbé Fleury, fans fatyre & fans irreligion , «les abus que l’igno- # rance & les paffions humaines ont produit dans la # vénération des reliques ,non-feulement en{e trom- » pant dans le fait, & honorant comme reliques ce » quine l’étoit pas, mais en s’appuyant trop fur les » vraiesreliques, &t les regardant comme des moyens » infaillibles d'attirer fur les particuliers &c fur les D » villes, toutes fortes de bénédi@ions temporelles # & fpirituelles. Quand nous aurions, continue cet » illuftre hiftorien, les faints même vivans & con- » verfans avec nous, leur préfence ne nous feroit # pas plus avantageufe que celle de Jefus-Chrift, # comme:ille déclare expreflément dans l’évangile, » Luc xiy. 26. Vous direz au pere de famille, # nous avons bu 8 mangé avec vous, & vous avez _» enfeigné dans nos places; & il vous répondra, je » ne fais qui vous êtes. Tom, I. difc. eccléftaff. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) | RELIQUIÆ , (Anti. rom.) ce mot qu’on trou- ve dans Suétone, dans Pline le jeune, & autres an- ciens auteurs latins , défigne Les os, les cendres des morts , leurs reliques, ce qui nous refte d’eux après avoir été brüles ; les anciens confervoient religieu- fement ces reftes dans des urnes , qu'ils enfermoient enfuite dans des tombeaux. (2D.J.) - RELIRE,, v. a@. (Gram.) lire pour une feconde fois. Relif:z fouvent vos ouvrages. Il faut relire fou- vent les anciens. RELOCATION, £ £. (Jurifprud. ) fignife en général l’aéte par lequel on reloue une chofe à quelqu'un. | Ce terme de relocarion peut s’appliquer en plu- fieuts cas; favoir, 1°. Lorfque le propriétaire d’une chofe la loue de nouveau à celui auquel il Pavoit déjà louée. 2°. Lorfqu’un prinçipal locataire reloue à d’au- Tome XIF, | 4 > 2 % + REM JE |! tres, c’eft-à-dire fous-loue ce qu’il tient lui-même À Ë loyer. | 3°. Le fensle plus ordinaire dans lequel on prend le terme de relocarion, c'eft en matiere de contrats pignoratifs mêles de vente, dont la relocation ou re- conduétion eft le principal cara@tere. Le débiteur vend à fon créancier un héritage pour l’argent qu'il . lui doit, avec faculté perpétuelle de rachat; & ce- pendant, pour ne point dépoffeder le vendeur, la- cheteur lui fait une re/ocation de ce même héritage moyennant tant de loyer par an, lequel loyer tient lieu au créancier des intérêts de fon principal, c’eft ce que l’on appelle re/ocation ou reconduétion. Lorfque la faculté de rachat, fipulée par un tel contrat, eit fixée à un certain tems,, à l’expiration du terme on ne manque pas de la proroger, ainfr que la re/ocation, Voyez Brodeau {ur M. Louet, er. P. ñ. 10. G 11. 8c les mots ANTICHRESE, CONTRAT PIGNORATIF, ENGAGEMENT, LOCATION, Loua- GE , RECONDUCTION. (4) RELOGER, v. n. ( Gramm.) c’eft retourner aw même logis. Voyez es articles LoGEr, Locrs. RELOUAGE, f. m. ( Péche de hareng.) c’eft le tems que ce poiflon fraye, ce qui arrive vers Noël. Le hareng dans cette faifon eft de très-mauvaife qua- lité ; & c’eft pour cela que les Anglois en défendent la pêche; outre qu’elle dépeuple la mer de ces poif- fons, qui ne peuvent multiplier étant pris dans le tems que la nature a marqué pour leur génération. Les François n’ont pas cette précaution, & font pref. que toute cette pêche, qui eft fi abondante à la hau- teur du Havre-de-Grace, qu'il y a des années que dans les potts de cette côte, on en donne jufqu'à trente-deux pour dix-huit deniers. Il n’y a guere pourtant que les pauvres qui en mangent dans ce tems-là. Diéfion. de com. (D.J.) RELOUER , v. a@. ( Gramm. ) c’eft louer une {e- conde fois. On reloue {a matfon. On reloue un livre. Voyez les arricles LOUER 6 LOUAGE, & Les ariicles LOUER 6 LOUANGE. RELUIRE,, v. n. (Gram.) c’eft avoir de l'éclat ; briller , réfléchir la lumiere. Tous les corps polis re- luifens plus où moins. Il fe dit au fimple & au figuré. Tout ce qui re/uit n’eft pas or. Sa modeftie ne peut dérober aux yeux léclat de fes vertus , elles re/uz. Jènt malere lux. a. RELUSTRER , v. at. ( Gramm.) c’eft rendre le luftre. Voyez Les articles LusTRE & LuUSTRER. . REMACHER , v. a@, ( Gramm.) c’eft mâcher de- rechef. Voyez les articles MACHER & MACHOIRE. REMACONNER , v. at. ( Gramm.) c’eft réparer par le moyen d’un maçon. REMANCIPATIO , ( Jurifprud. rom.) c’eft ainfi qu'on nommoit chez les Romains la formule de di- vorce obfervée dans les mariages qui avoient été contraétés par coemption, coemptione. Cette formule de divorce fe faifoit en remettant la femme entre les mains du mari qui devoit l’époufer, ou entre les mains de toute autre perfonne , ainfi qu'ils en étoient convenus entre eux. (D. J.) REMANDER, v. a. ( Gramm. ) c’eft mander de nouveau. Voyez MANDEMENT & MANDER. REMANDURES, f. f. (Saz.) fontaines falantes. Maniere de compter le travail des poëles. Il fe fait par remandures. La remandure eft compofée de feize cuites, & la cuite dure douze heures. Voyez l'arsicle SALINE. poto | REMANGER , y. a@. ( Gramm. ) c’eft reprendre des alimens. Voyez l’article MANGER. REMANIEMENT , { m. (Gramm.) c’eft l’aétion de manier une feconde fois, Foyez REMANIER. REMANIEMENT À BOUT, £erme de Couvreur, ce mot s'entend de louvrage qu’on fait fur une couver- ture, lorfqu'on la découvre entierement, qu'on la M y 92 REM latte de neuf, & quon la recouvre dela même tuile, &c au défaut de l’ancienne, de nouvelle. Le reranie- ment Le payé ordinairément à la toifé quarrée dé 36 piés de fuperficie par toife. Savary. (D: J.) RÉMANIEMENT, (Jmmprim.) Voyez REMANIER. REMANIER, serme d'Imprimèur ; il s'entend ou du témäniement de la compofñtion, où du remanié- rent du papiet ; rendñier fa compofition ; €’eft lorf- qu'on eft contraint , par l'oubli dé la part du compo- fiteur , ou par des correétions extraordinaités du Fait de l’auteur, de retrancher d’une page ou ajouter des mots ou des lignes entieres: on entend auf par re- manier où temnaniement, lorfque l’on transforme un format, in=12. par exemple, en i7-4°. à deux colon- | A nes ; cé qui fait qu’un même ouvrage peut paroitre imprimé en ième tems dé deux forinats différens. Rernanier le papier, fon@ion des ouvriers de la prefle, cet, dix ou douze heures après qu'il a été trempé le rèmuer, de huit en huit feuilles, en le renverfant en tout fens , &c pafler la main par-deflus, pour l’éténdre &c Ôter Les plis qui fe font quélque- fois en trempant, afin que les feuilles n'étant plus dans la même pofition les unes à égard des autres, il ne s’en trouve aucune ni plus ni moins trempée, & qu’elles foient toutes également pénétrées de l’hu- midité convenable pour l’impreffion; cette opéra- tion faite, On charge le papier comme on à fait eñ premier lieu. Voyez TREMPER LE PAPIER. REMARCHANDER , v. a@. ( Comm.) marchan- der plufeurs fois. REMARIER, SE, (Jurifprud.) fisnifie contra@tér un nouveau mariage, ce qui s'entend quelquefois de la réhabilitation que l’on fait d’un mariage auquel if mañquoit quelque formalité, mais plus fouvent dun fecond, troïfieme, ou autre mariäpe. Voyez MarrAce, Noces , SECONDES NOCES. (4) RÉMARQUABLE, adj. ( Gramm.) quiménite d'être remarqué, Il y à dans cet ouvrage un morceau remarquable ; il a paru cètte année dans le ciel ün hénomene remarquable. Alexandre faifant alternati- tement des a@ions généreufes & atroves, méprifant, puniffant même dans un autre la vertu qu'il eftiimoit le plus en lui-même , eft une efpece de montre re- rarguäble, La mémoire dé certains enfans eft un pro- dige remarquable, : REMARQUE, f. f. (Gramm.) obfervation fingu- liére fur quelque chofe ou quelque petfonne. On fit des remarques fur un ouvrage obfeur; fur la conduite d'un enfant ; fur les difcours d’un homme ; fur le cours des affaires publiques. Les remarques ou approu- vent, ou blâment, ou inftrurfent.. REMARQUE, ( Chaffe.) eft un mot que crie celui qui mene les chiens quand les perdrix partent, &c remarqueurs fe dit de ceux qu'on mene à la chañe pour remarquer la perdrix. REMARQUER , OBSERVER, ( Synonymes.) on femarque les chofes par attention pour s’en reflouve- mir. On les obférve par examen, pour èn juger. Le voyageur remarque ce qui le frappe le plus. L’efpion obférve les démarches qu'il croit de confé- féquence. Le général doit remarquer ceux qui fe diftinguent dans fes troupes, &c obferver les mouvemens de Fen- netni. On peut obférver pour remarquer ; maïs lufage ne pérmèt pas de retourner la phrafe. Ceux qui obférvenr la conduite des autres pour en jemarquer les fautes, le font ordinairement pour avoir le plaifir de cenfurer plutôt que pour apprendre à téétifier leur propre conduite. Lorfawon parle de foi, on s’obfèrve &t on fe fait remarquer, Les femmes ne s’obférvent plus tant qu’autrefois ; feut indiferétion va de pair avec celle des hommes, REM Elles aimênt mieux 1e fre remarquer par leur foi- blefle, que de n'être point fètées par la renommée. Girard, (D.T). | REMASQUER , va. (Gram.) remettre le mafs que: Voyez MASQUE 6 MASQUER: : REMBALEER, v.a4@. ( Gram.) femettre en balle où ballot. Voyez BALLE 6 BALLOT. : | REMPBARQUER , REMBARQUEMENT , ren trèr dans un vailleau cs’ embarquer pour la feconde fois. Foyez BARQUE , EMBARQUER 6 EMBARQUE: MENT. » A0 3 Ans Vers 1 REMBERVILLE , ( Géog, mod. ) petite ville de France au diocèfe de Toul, chef-lieu d’une-chätelle: nie dépendante de l'évêché de Metz. Il'ÿ a tine petite forterefle | un couvent de bénédiétines & des capu- cins. (D. 7.) | REMBLAI, fm. ( Archireët.) c’efk un travail de terres tapportées &c battues , foit pour faire une lez vée , foit pour applanir ow régaler un terrein, ou pour garnir le dérriere d’un revêtement de terraïffe ; qu’on aura déblayée pour la confiruétion de la mu raille. Daviler. ( D:J.) | REMBLAVER , v.a@. ( Gram. & Econ. ruflig. ) c’eft refemer une terre en blé. On peut remblaver uné bonne terre deux années de fuite. REMBOITER,, v.a@t. (Gram.)remettre à fa place: Il ne fe dit guere que des os difloqués. REMBOURRAGE,, f. m.(Gram.) c’eft Paétion de rembourrer, où la chofe dont on rembourre, Voyez REMBOURRER. REMBOURRAGE, {. m. ( Draperie. ) c’eft un des apprêts que l’on donne aux laines de diverfes cou- leurs qu’on a mêlées enfemble pour la fäbrique des draps mélangés. REMBOURRER , v.a@. (Gram.) c’eft remplir de bourre. On dit rerbourrer un fauteuil , une felle ;; un bât: on ne rerbourre pas feulement avec la bourre, mais toutes les autres chofes molles , comme la laine, la foie , le crin , le coton ; alors on dit rembourré de laine , de foie, de crin, de coton. REMBOURRER, ( Maréchal. ) une felle, un bât, c’eft mettre de la bourre ou du crin dans les pan heaux. Voyez SELLE, PANNEAU. REMBOURRURE , les Se/liers appellent aïnf la bourre ou le crin qu'ils mettent dans les panneaux des felles. REMBOURSEMENT , £ m. ( Commerce.) ation par laquelle on paye , on rend ce qui étoit dit ou ce qui avoit été reçu. Celui qui a donné une lettre de change en payement doit en faire le rembourferens lorfqw’elle revient à protêt faute d’dccéptation ou de payement. Voyez LETTRE DE CHANGE 6 PRO TEST. Did. de comm, & Trév, REMBOURSER , v. a@: ( Commerce.) rendre à quelqu'un l'argent qu'il a débourfé ou avancé. Rew- bourfer fignifie aufli rezdre le prix qu'une chofe avoit coûté à fon acquéreur. J4. ibid. REMBRASER , v.a@t. (Gram.) Cet embrafèr de rechef; l'incendie commençoit à s’éteindre, un vent violent a tout rembrafé. REMBRASSER, v. a@t. (Gram.) embrafler de nou- veau : ils ont été f1 fatisfaits de fe retrouver , qu'ils fe font embraflés & rembraffés plufeurs fois. REMBRE ,, v. a@t. (Jurifprud. ) vieux térme de droit fynonÿyme à rédimer , par lequel on entendoit retirer un héritage par faculté de rachat: REMBRUNIR , v: a&t. (Gram.) e’eft fendre ou devenir brun ; les fonds de cé tableau font trop re- brunis. , | REMBUCHEMENT, f. im. rerme de Chaffe, ce mot fe dit en Vénerie, lorfqu’une bête, comme le cerf ou fanglier , eft entré dans le fort, &que vous brifez fur les voies; haut & bas, de plufeuts brifées; voilà pour Le vrai rembuchement ; mais 1e faux rembmehement, £’eft lorfqu’une bêté entre:peu avañt dans um fort, & - revient fout court fur elle pour fe rembucher dans un autre lieu. Sa/rove. ( D.J. ; REMEDE, fm. (Thérapeusique.) ce mots’emploie quelquefois comme fyhonyme de médicament, voyez MÉDICAMENT, quelquefois comme fynonÿme à /e- cours médicinal., Êtpar conféquent dans un fens beau- coup. plus: étendu; & quifait différer le remede du médicament comme le-genre de l'efpece. Sous cette derniere acception , la faignée, l'exercice , l’ab{ti- nence font. des remedes aufhi-bren que les médica- riens. (2) | - REMEDE., (Pharmacie thérapeutique. ÿ nom hon- nête du clyftere & lavement. Joy CLYSTERE 6 La. VÉMENT. | REMEDE, voyez MÉDICAMENT. REMEDES DE DROIT, (Juri/prud.) terme de palais ; en entend par ce terme toutes les voies de fe pour- voir contre des jugemens dont on prétend avoir recu quelque grief; tels font l'appel, l’oppofition, la re- quête civile. On peut auf appeller remedes de droit les manieres de fe pourvoir contre des aétespar léfquels on: a été léfé. Voyez RESCISION & RESTITUTION. REMEDE DE LOI, à la Monnoie, eft une permif- fon que le roi accorde aux direéteurs de fes mon- noïes fur la bonté intérieure des efpeces d’or & d’ar- gent, en les tenant de très-peu de chofe moins que les ordonnances le prefcrivent : comme les louis doivent être de 22 carats par remede de loi, le direc- teur Îles peut fabriquer à 21 carats , 24; l’écu, 32 9 au lieu de rx deniers, on les pañle à 10 deniers 22 grains. REMEDE DE POIDS, d la Monnore, eft unie permif- fion que le roï accorde aux direéteurs de fes mon- noies fur le poids réel des efpeces lors des comptes à la cour. Comme il eft très-dificile , quelque pré- caution que lon prenne, que les efpeces d’or & d’ar- gent qui doivent être chacune d’un poids égal, & d'une certaine partie de marc, foient taillées fi juftes chacune dans leur poids qu'il ne $ÿ rencontre quel- ques parties de grains plus ou moins dans un marc, on a introduit un remede de poids à l’inftar de celui de loi. REMÉDIER , v. n.( Gram.) c’eft apporter le re- mede : il fe dit au fimple & au figuré ; ont remédie à une maladie ; où remédie à un défaut. REMÉDIER à des voies d’eau , (Marine) c’eft bou- cher des voies d’eau. REMEIL, f. mm. ( Chaffe.) courant d’eau qui ne face pas en hiver , & où les bécaffes fe retirent ; al- re ait renerl, ! REMÊLER,, v. a@. (Gram.) c’eft mêler de-rechef. Voyez MÊLER & MÊLÉE. REMENEE, f. f. ( Archir. ) ceft un terme peu ufité Qui vient de l’itälien remenaro : ce n’eft, felon Da- viler, qu'une forte d’arriere-vouflure ; mais fa pro- pre fignification eft notre bombé d’un grand arc de cercle moindre que là moitié, conime il eft claire- ment expliqué au premier livre de Palladio, ec. xxjv. æ rarénaio che cof: chiamano à volii che fono di por- gione di cherchio 6 non arivano a femi-circolo ; & preuve qu’il ne l’entend pas feulement d’une arriere-vouf- it , c’eit qu'il applique à la partie d’une voûte fphérique fur un quarré , laquelle eft au-deflus des pendentifs. (D, J.)) U- REMENER , v. at. ( Gramm. ) c’eft reconduire au lieu d’où Pon et venu. Rexenez cette femme chez elle. REMERCIER , v. a@. (Gram. ) c’eft rendre grace d’un bienfait. Allez remercier le roi de la penfion qu'il Vons a accordée. C’eft congédier quelqu'un dont on eff mécontent, ou dont on n’a plus befoin, Il fafoit la fonction de fe- crétaire , & on l’a remercié, RE M 93 . C’eft relufer honnêtement. Il folficitoit cette flle en mariage, mais on l’a remercie, REMÉRE, {. m. (Jurifpr.) eft la@ion par laquelle un-vendeur rentre dans Phéritage par lui vendu sen vertu de la faculté qu'il s'en étoit réfervée par le contrat. C’eftlà même chofe que la faculté de rachat, Voyez ci-devant RACHAT.( 4 REMES 04 REMITZ ; (Æ1ff. nas.) acanthis, parus, /ela ; oïfeau de Sibérie & de Lithuanie qui reflem= ble à un moineau : le mâle a la tête blanche, & la fe selle Pa grifâtre, traverfée par une raie noire. Le dos eft brun, & entre le col & le dos lemâle éff d’un brun inaron: cette partie eft plus claïte dans la £e- melle. Le ventre eft d’un blanc fale, & l'eftomac eft un peurougeâtre : la queue eft longue & brune. Les ailes font auffi brunes pour Pordinaire ; les pattes font grifes & couleur de plomb. Les œufs qu'ils pondent {ont blancs comme. là neige. Ces oifeaux forment leurs nids avec lefpece de coton qui fe trouve fut les faules ; ces nids font arrondis comme une poche, Où comme une corñemufe , avec uné ouverture, & ils font confolidés avec du chanvre & du charbon; ils les fufpendent entre les branches des faules où des bouleaux qui forment une fourche; ils ont uné ouverture de chaque côté pour pouvoir entrer & fortir , à-peu-près comme à un manchon. Ces nids font très-mollets , & on en vante l’ufage dans la Mé- decine; on en fait des fumigations que l’on croittrès- bonnes pour guérir les catarres & les fluxions. oyeg Gmelin, voyage de Sibérie, 8 Rraczinski, if, mar, Poloniæ. REMESURER , v.a@. ( Comm. ) mefurer une fe- conde fois. Quand on remejure fouvent le grain, on y trouve du déchet. Diffionnaire de Commerce & de Trévoux. REMETTAGE , f. m. ( Soïerie. ) c’eft l’adion de pañer les fils d'une chaîne dans les liffes. REMETTEUR , f. m. (Comm. ) terme qui dans le commerce de lettres & de billets de change te dit quelquefois de celui qui en fait les remifes dans les lieux où l’on en a befoin. Foyez REMISE. Didionn, de Comm. & de Trévoux. REMETTRE, v.a@. (Gram.) c’eft reflituer dans l’état qui a précédé, ou mettre derechef. On remer fes affaires en ordre; on remerun criminel entre les mains de la juftice ; on remer fon bien à {es enf.ns; onrexer les chiens fur la voie ; on fe reret en garde ; on remer la partie ; on remer le jugement d’une affaire à un au- tre jour ; on remer une dette , une injure; on fe remes d’une longue maladie ; la perdrix fe rexer d’un lieu dans un autre quand elle ef chafle ; on fe remer dans Pefprit une chofe qu’on avoit oubliée ; on fe remer d’une furprife ; on fe remes à l'étude ; on fe r:r1e1 à la décifion du fort; on rerrer fon bénéfice entré les mains du collateur ; on remes un bras disloqué, REMETTRE un bataillon , ( Are milir. ) On dit auf remettre les rangs , remerre les files, ou fimplement fe remettre. C’eft revenir fur fon terrein après avoir fait des doublemens, des contre-marches, ou des conver- fions. Ainfi, ’eft reprendre fes premieres diftances, & faire face fur le même front où l’on étoit avant le mouvement, Quand les doublemens fe font par files, il faut toujours fe remertre par le contraire du double- ment : par exemple, fi on a doublé les files à droite, il faut fe rerreéree en faïfant à gauche ; & f on double les files à gauche, on fe semer en faifant à droïte. Mais aux doublemens quife font par rangs, on fe remer de la même maniere qu’on a doublé, c’eft-à-dire que fi l’on a doublé à droite , on fait encore à droite pour fe remestre ; & fi l’on a doublé les rangs à gauche, on fe remer en faifant encore à gauche. Didonn. milit, (D.J.) REMETTRE , en rérme de négoce, c’eft faire tenir de l'argent en quelque endroit, Payez REMISE 94 RE M Remerrré fignifie aufñ donner au banquier Îe droit qui lui appartient, pour avoir de lui telle ou telle let- tre de change, voyez CHANGE. Remettre ignifie auf abandonner àun débiteurune partie de fa dette, comme fi vous remettez à quelqu'un de quart de ce qu'il vous doit, à condition qu'il vous payera fur l’heure. | Remettre une lettre , un paquet, une fomme à quelqu'un, c’eft les lui envoyer ou les lui donnéren main propre. Remettre veut dire auf différer: Rien n’eft plus pré- judiciable à la réputation d'un marchand , que de re- mettre le payement de fes billets.êc lettres de change. Remettre , {e remettre figniñie confier. J'ai remis mes intérêts entre les mains d’un arbitre; je m'en rerers à vous de cette affaire. Didionnaire de Commerce & de Frevoux. EMETTRE, ez fait d'efrime. On entend par fe remettre fe placer en garde après avoir alongé une ef- tocade. Pour {e remettre on fait un effort du jarret gauche, quiramene tout le corps en-arriere, & en même tems on arrondit le bras gauche pour le remerrre dans fa premiere fituation , aufli-bien que toutes les autres parties du corps. Ce mouvement du bras gauche donne beaucoup de facilité pour fe remettre. REMETTRE , terme de Chandelier ; remettre la chan- delle, c’eft lui donner la troifieme couche de fuif. Pour la premiere trempe , on dit plnger ; pour lafe- conde, c'eft rerourner. Les autres fuivantes, qui font en plus grand ou plus petit nombre , felon le poids de la chandelle qu’on façonne, n’ont point de nom, à la réferve des deux dernieres, dont l’une s’appelle metsre, préter, l'autre rachever, Savary. (D.J.) REMETTRE, (Soierie.) c’eft pañler les fils de chaine dans les maillons du corps & dans les têtes. Payez Particle VELOURS CISELÉ. REMEUBLER , v. a@. ( Gramm.) c’eft meubler de nouveau ; c’eft une maïfon à remeubler. REM-HORMOUS , ( Géog. mod. ) ville de Perfe, que Tavernier met à 74%, 45/. de longitude , & à rt, 45". de latitude, (D. J.) . REMI , ( Géogr, anc. ) peuples de fa Gaule beloi- que qui étoient regardés du tems de Céfar comme les plus confidérables après les Æur. Ces peuples, ui comprenoient alors tout ce qui eft préfentement 1e les diocèfes de Reims , de Chälons &r de Laon, avoient encore compris auparavant le pays quiforme le diocèfe de Soiffons ; c’eft pour cela que dans Cé- far ceux de Reims appellent ceux de Soiflons, frarres confanguireofque fuos, qui eodem jure tifdemque legibus uéaniur , UnuML imperiunt ; urUTique IRAgIférAtUME Cum ipfis habeanr. D'où il eft aifé de juger que ceux de Soiflons avoient fait partie autrefois de la cité des Rémois. La capitale de ces derniers étoit Durocorto- rum , aujourd'hui Rheims. Woyez ce mor. (D. J.) REMINISCENCE , f. £. (Méraphy/q ) La rérrirife cence eft une perception qui fe fait connoitre comme ayant déja affeété l'ame. Afin de mieux analyfer la réminifcence , il faudroit lui donner deux noms : Fun, en tant qu’elle nous fait connoitre notre être ; l’au- tre, en tant qu'elle nous fait reconnoïtre les percep- tions qui s’y répetent : car ce font-là des idées bien diftinétes. REMINISCERE ,, terme de breviaire, c’eft un ter- me de bréviaire qu’on connoïfoit déja au commen- cement du xjv. fiecle ; il défigne Le fecond dimanche du carême, qui eft même ainfi marqué dans l’alma- nach. Ce nom lui eft donné du premier mot de lPin- troit de la mefle qu’on dit ce jour-là. Rementfcere mt- férationum tuarum. (D. J.) | ” REMIREMONT, ( Géog. mod. ) en latin dumoyen âge Romarici mons ; petite ville de Lorraneau dio- çèfe de Toul, fur la gauche de la Mofelle, à 4 lieues au-deflus d'Epinal, dans une vallée, au pié du mont de Vofpe , à 18 lieues au fud-eft de Nanct, à 20 au nord-eft de Befançon, &t à 80 de Paris. Long: 24. 204 Et46.r 70 É P Rerniremons eft le lieu le plus célebre detoute la Vofse, à.caufe de l’'illuftre chapitre des dames cha- noinefles tres-nobles qui occupent léglife & collège de Saint-Pierre. Autrefo1s Remiremonrétoit à lorient de la Mofelle, fur une montagne , où lé comte Roma- ric avoit un château ; mais ce lieu fut ruiné jufqu'’aux fondemens dans le commencement du ÿx. fiecle, par les Hongrois ou les nouveaux Huns, qui ayant-pañé le Rhinfous:le reone de Louis fils d’Arnoû.; ravage- rent tous ces pays-là, On bâtit énfuite une nouvelle églife dans la plaine, de l’autre côté de la Mofelle , & la fituation en étoit plus commode que célle de la montagne. | | C’étoit cependant fur cette montagne queidans le vi. fiecle, l’an 620 ;le comte Romaric, feigneur éva- lement riche & puiflant:, défabufé des grandeurs dw monde , fonda la célebre abbaye de Remiremont, &c la dota de tous fes biens. De-là vient que les Alle- mands appellent cet endroit Rurmelshers ou Romberg, c’eft-à-dire , le mont de Romaric, d'où éft venu le nom de Romarimont, corrompu en celui de Remire- mont. Les moines bénédi@ins prétendent que les filles que l’on établit dans la nouvelle maïfon de Rerire- mont après le ravage des Hongrois, aient été des reli= gieufes de leur ordre; mais les chanoinefles foutien- nent fur des fondemens plus folides qu’elles n’ont ja- ! mais êté de l’ordre des Bénédiétins depuis la fondation de la nouvelle maifon de Saint-Pierre, 8 que c’eft à elles & en leur propre confidération que les papes leur ont accordé de grands privilèges , avec une exemption entiere de la jurifdiion de l'ordinaire. On fait que Pabbeffe eft princefle de l’empire , & fait feule les vœux folemnels, à-moins qu’elle n’en ob- tienne difpenfe ; mais les chanoinefles n’ont ni vœux ni clôture, & font feulement obligées de faire preuve dela plus grande nobleffe. Mais cette fameufe-abbaye merite un plus grand détail. | Elle eft gouvernée par une abbèffe, une doyenne; & une fecrete ou facriftine, dont les fon@ions & les menfes font féparées. Tout lerevenu de cette abbaye eft partagé en 144 prébendes, dont labbèffe en poflede trente-fix : vingt-neuf autres font partagées entre douze chapelains,, le grand-fénéchal, Le grand- {onrier ou maître des bois, & quelques autres off- ciers qui font tous gens de qualité , & qui en retirent très-peu de profit. Les foixante-dix-neuf prébendes qui reftent , fe partagent entre les chanoinefles , qui font rangées fous ving-neufcompagnies ; de ces com- pagnies il y en a cinq de cinq chanoinefles chacune, huit de quatre, fix de trois, & deux de deux. Chaque chanoinefle eft prébendée fur l’une de ces compagnies , & regarde les autres comme fes com- pagnes de prébende ; fi elles viennent à mourir fans avoir aprébendé une demoifelle, la furvivante fucce- de à leurs meubles & à leur prébende: enforte cepen- dant qu’une dame qui fe trouve feule dans une com- pagnie de cinq, eft obligée de faire trois nieces, c’eft- à-dire d’apprébender trois demoifelles , l’une fur les deux premieres prébendes, l’autre fur les deux fui- vantes, & la troifieme fur celle quirefte. La furvi- vante d’une compagnie de quatre ou de trois, doit faire deux nieces, & celle d’une compagnie de deux n’en doit faire qu’une ; fi elles y manquent , l’abbèfle y pourvoit après un certain délai. Par ce a le chœur eft toujours rempli d'environ quarante dames, &c le fervice s’y fait avec beaucoup de régularité. Les chanoinefles touchent leur diftribution au chœur comme les chanoines. L'abbêfle de Reriremons ufe de cette formule - Je »N, par la grace de Dieu, humble abbêfle de Péplife » de Saint-Pierre de Rerremonr , de l’ordre de faint » Benoît, diocèfe de Toul, immédiatement foumife # au faint fiége apoftolique ». C’eft pourquoi la ville de Remiremont pote pour armes les clés de S$. Pierre, L’abbêfle , en qualité de princefle du faint empire , fe fait fervir avec toutes les cérémonies princieres ; privilese accordé en l’an 1090 à labbefle Félicie de Eore, & confirmé par l’empereur AlbertI. de la maifon d'Autriche, en la perfonne de Clémence d'Oy- felet ,au mois d’Avril de Pannée 1307. Quand cette abbèffe va à l’offrande ou à la procef: fon, fa dame d'honneur lui porte la queue de fon manteau, & fon fénéchal porte la croffe devant elle; le diacre & le foudiacre la vont prendre à fa chaife abbatiale pour la mener à l’offrande, puis la recon- duifent à fa place, & lui apportent l’évangile, le cor- poral, &z la paix à baifer. | Elle fait faire les montres & les revues des bour- geois en armes par fon fénéchal , qui n’obéit qu’à elle; aufli ne fait-il point fes preuves en chapitre, raais feulement à l’abbêffe, En tems de guerre, ce {é- ” néchal garde les clés de la ville , donne le mot qu'il recoit de l’abbèfle , fi elle eft en ville , ou de la dame chanoinefle fa lieutenante. Dans les proceflions il porte une épée, pour marque de l’autorité qu’il tient d'elle. . Enfin l’abbèfle de Rerremont a beaucoup de pri- vileges & d’honneurs ; mais elle jouit d’un revenu très-modique , car 1l n’eft guere que d’environ quinze mille livrés par an. Quand elle vient à mourir, fa fuccefion échoit par moitié au chapitre & à la future abbèfle. Dès qu’elle eft morte , le chapitre met fa crofle au tréfor ; fon cabinet, fes chambres, & fes caflettes font fcellées du fceau de la doyenne. Elle eft expo- fée en public revêtue de fes habits de cérémonie, avec une crofie de cire à fon côte. Le jour de fon enterrement on lui dit trois meñles hautes , après quoi elle eft portée au cimetiere des dames , ou dans la chapelle de faint André, où plu- fieurs abbèfles font enterrées , felon qu’elle en a or- donné par fon teftament. L’anneau avec lequel elle a cté bénite, appartient après {es funérailles au cha- noine de femaine du grand autel. | L’abbêfe , la doyenne & la fecrete , font les trois dignites de l’abbaye ; la fonriere , la tréforiere , l’au- mômere & les bourferes, n’ont que titre d’offices. Sonrier eft un mot lorrain qui fignifie receveur on ad- miniftrateur des droits feigneurtaux. L'abbaye de Rermiremont a auf quatre grands off- ciers qui font preuve de nobleffe comme les dames ; favoit le grand-prevôt , le grand-chancelier , le petit chancelier, &c grand-fonrier ; mais ces trois derniers officiers ne font établis qu’ad hozores. ( D. J.) REMIS, participe du verbe remettre. Voyez REMET- ‘TRE. REMIS, un cheval bien remis, terme de Manege, qui fignifie que l’écuyer a rappris l'exercice du mane- ge à un cheval à qui on Pavoit laïfé oublier ou par négligence ou par ignorance. REMISE, 1. £. (Gram.) fignifie quelquefois fimple- ment l’aéion de rendre, & remettre une chofe dont on s’étoit charge, à celui envers qui on s’en étoit char- ge; comme la rezufe des titres & pieces par un pro- cureur ès mains de la partie pour laquelle il a oc- cupe ; à laquelle rerz/e il eft contraignable par corps; Comme à la remife de celles qui lui ont été données en communication par le greffe. REMISE, f. £. (Jurifprud.) d’une dette , eft lorfque le créancier voulant bien faire grace à fon débiteur , le tient quitte en tout ou en partie, foit du principal, foit des intérêts & frais. Rerife en fait d’adjudication par decret & de baux R EM 95 judiciaires, eft lorfqu’au lieu d’adjuger définitivement onremet à le faire à un autre jour. Voyez ADJUDICA- TION , BAIL JUDICIAIRE, CRIÉES, DECRET. Remife de la caufe à un tel jour, c’eft lorfque la caufe eft continuce ou renvoyée à un autre jour, (4) | REMISE , ez terme de Népoce , eft le commerce d’ars gent de ville en ville ou de place en place , par Le moyen de lettres-de-change, ordres ou autrement, Voyez; COMMERCE, CHANGE, Remife eft proprement une lettre-de-change ou bil let à ordre qu’on envoie à un correfpondant , pour en être par lui ou autre le montant perçu de celui fur qui la lettre eft tirée. Par exemple, 1l a été remis à un marchand , de- meurant à Lyon , le montant de trois mille livres en billets de commerce par un marchand de Paris. Le marchand à qui la renife eft faite ira chez un banquier de Lyonrecevoir pareillefomme en lettres-de-change Ou en argent. Au moyen de cesremifes, on peut faire pañler de grandes fommes d’une ville à autre fans courir les rifques du tranfport des efpeces. | Il eft aifé à Paris, 8& même à Londres, de faire des remifes d'argent dans toutes les villes de l’Europe. Celles fur Copenhague nefônt pas aifées. Voyez Ler- TRES DE CHANGE. REMISE fe dit aufi du payeinent d’une lettre-de- change, Aïnfi lon dit, j’ai reçu cent piftoles fur vo- tre remife. M. N. banquier de cette ie vous payera deux cens écus fur ma rerrife. REMISE fe dit auffi de la fomme que l’on donne au banquier tant pour fon falaire que pour la tare de * l’argent, & la différente valeur dont il eft dans l’en- droit où vous payez, & dans celui où il remet. La remife de l'argent eft forte à Londres & en Ita- he. Cette remife s'appelle aufli change &c rechange. REMISE fe prend aufli\ pour lexcompte où pour les intérêts illégitimes qu'exigent les ufuriers. Je veux la moitié de rexife fur ce billet, c’eft-à-dire, je ne le prendrai qu’à moitié de perte. Remife fe dit encore de la perte volontaire qu’un créancier confent de faire d’une partie de ce qui lui eft dû, pour être payé ayant l'échéance des billets ow obligations qu'il a de fon débiteur. Souvent cette re- mife eft fHipulée dans les aétes , & alors n’eft plus vo- lontaire , la remife étant de droit en faïfant les paye- mens aux termes convenus, Remife eft pareillement ce qu’on veut bien rela- cher de la dette par accommodement avec un mar- chand ou autre débiteur infolvable, ou qui a fait ban- queroute. Les créanciers de ce négociant lui ont fait remife des trois quarts par le contrat qu'ils ont fait avec lui. Difion. de Cornm. 6: de Trév. REMISE, ff, (Archir.) C’eft un renfoncement fous un corps delogis, ou un hangar ,dans une cour, pour y placer un ou deux carrofles, Pour un carrofle ,une remife doit avoir huit piés de large; mais pour plu- fieurs carrofles, fept piés fufifent à chacun. Sa pro- fondeur , lorfqu’on veut mettre le timon de carrofes à couvert, eft de 20 piés ; & lorfqu’on releve le ti- mon, on ne lui donne que 14 piés fur o dehauteur. Afin de ranger aifément les carrofles , on pratique dans les remifes de barrieres ou courferes. Au-def- fus on fait des chambres pour les domeftiques, qu’on dégage par des corridors. Rernife de galere. C’eit dans un arfenal de marine un grand hangar féparé par des rangs de piliers qui en fupportent la couverture, où lon tient à flot fé- parément les galeres défarmées. Tel eft, par exem- ple , larfenal de Vemfe. Diéionnaire d’Architeiture, (D.J.) Remises, f. m. pl. (Rxbannerie.) ce {ont des liffes de devant , qui, par les bouclettes, faififent certains cu REM Pis-de la chaîne, & laiffenttous Les autres ; felon V’ar- ‘Tangement que louvrier a -conformé aux points de on deflein. Savary. (D. J.) REMISE fe dit ,au je de quadrille, quand un joueur me fait que cinq mains , foit qu'il joue le fans pren- dre, foit qu’il ait appellé: alors le jetton que fait:cha- -que joueur, n’eft gagné qu'au coup fuivant. REMISES, on appelle ainfi des bouquets de taïllis plantés-dans les champs de diftance en diftance pour “a confervation du gibier; on dit aborder la remife, quand la .perdrix pouflée .par loifeau gagne ces re- “rues. REMISIANA , (Géogr. anc,) ville de la haute Mæ- ie. L’itineraire d’Antonin la marqueur la route dü Mont d’or,à Byzance, entre Naïflum 8 Turris, à 25 milles du premier de ces lieux, &'à 28 milles du fe- æond, (D. | REMISSE., £m. inflrument du métier d’étoffe de oie. ? Le rémiffe eft un compofé de plufeurs liffes, le nombre eft fixé fuivant le genre de marchandife que Yon veut fabriquer. Voyez LissE. REMISSION , £. f, (Critique facrée. ) c’eft ädire, ‘en général remife, relächement, ceffion de dettes, de droits, d'impôts, élargiffement, pardon. Voici des exemples de ces divers fens du mot rémiffion dans PE- criture. | | 1°. Il fignifie rerife dans le v. Teflament. Vous pubherez,dit le Lévit,xxv. 10. la réiffion générale à tous les habitans du pays. On fait que les Ifraëlites à Pannée du jubilé, étoient par la loi affranchis de la fervitude de leurs dettes ; &€ rentroient tous dans la poflefion de leurs biens. De imêmè dans l’année fabhatique , on remettoit généralement parmi les Hébreux toutes les dettes aux débiteurs infolvables; & l’on donnoit la liberté aux efclaves hébreux d’ori- gine, … 2°. Rémiffion fe prend pour vacation des affaires , tems où l’on ne plaide point ; tels étoient Les pre- miers du mois, les jours de fêtes &c de fabbat. _ 3°, Ce terme eft employé pour exemption de charges, d'impôts & de contributions. Macch. xz7, 4°. Pour élargiffement, liberté de fervitude. L’ef£ prit du feigneur m'a envoyé pour annoncer aux cap- tifs leur élargiflement ( rémiffion) , & pour publier Pannée favorable du Seigneur , Luc, iv. 19. L'année favorable du Seigneur eft l’année du jubilé, Shenah, Hajoubal-Fuller a fort bien traduit l’année de relâche. Jofeph dit que le mot jubilé , ix@uace, fignifie La Li- berté. L'année de la mort de J. C. fut une année de jubilé, & ce fut le dernier de tous; car Jérufalem fut détruite avant le retour de la cinquantieme an- née. ?. Rérniffion défigne encore , dans l’ancienne loi, l'abolition de la faute , ou de limpureté cérémo- mielle, qui s’obtenoïit par des purificarions, des of. frandes , des facrifices. 6°. Enfin rémiffion dans l'Evangile fe prend pour celle du péché qui s’acquiert par un changement de vie. Approchons-nous de Dieu, dit S. Paul aux Hé- breux , x. 20. avec un cœur fincere, & nos ames nettoyées d’une mauvaife confcience. ( D. J. RÉMISSION , {. f. ez Phyfique, fignifie la diminu- #om de la puiffance ou de l'efficacité de quelque qua- lité , par joppoñition à fon augmentation, qu’on nom- me zztenfior. I eff à remarquer au refle que les mots de rémiffion & d'intenfior font aflez peu ufités en françois pour défigner l’affoibliffémens ou lausmentation d'une for- ce, Lis le font davantage en latin, intenfo , remiffio. Dans toutes les qualités fufceptibles d'intenfion & de réniffion , lintenfion décroît en même proportion que les quarrés de ladiftance du centre augmentent. Voyez QUALITÉ, Chambers, (O) REÉMISSION ; (Jurifprüd.) eft Vaûte par lequel Le prince remet à un accuié la peine .dûe à fon crime, &t fingulierement pour ceux qui méritent la mort. ; On obtient pour cet effet des lettres de rériffion ou de grace, Ces lettres font différentes des lettres d’abolition &t de pardon. Veyez le sir, 16. de l'ordonnance de 1670 , & ci-devant les mots ABOLITION , GRACE, LETTRES DE GRACE 6 DE RÉMISSION, LETTRES DE PARDON , 6 le mot PARDON. (4) RÉMISSION, ( Médecine.) terme d'ufage en méde- -decine pour défigner dans les fevres avéc redouble- ment où intermittentes le tems de la diminution où de la ceffation entiere des accidens ; la rériffion eft complette dans les fievres intermittentes, imparfaite dans celles qui font avec redoublement ; la différente durée de ce tems a donné lieu à la divifion de ces fie- vres en quotidienes , tierces, quartes, quintes, an- nuelles, &c. le médecin doit avoir égard à la rémif- ion pour lPadminiftration dés remedes; les purga- tifs, par exemple, les apozemes, amers fébrituges , le quinquina, &c. doivent être prefcrits pour le tems de la rérmiffion, & les faignées , les calmans, &c. con- viennent uniquement pendant l’accès ou le redou- blement. Voyez PAROXISME , ACCÈS, FIÉVRE 1N- TERMITTENTE, EXACERBANTE , Éc. | RÉMISSIONNAIRE., { m. (Jurifprud.) eft celui qui a obtenu des lettres de rémifion ou de grace, Voyez ci-devant RÉMISSION , & les mots ÀÂBOLITION, GRACE, LETTRES DE GRACE, PARDON. (4) . REMMON , (Cririque facrée.) mothébreu qui veut dire hauteur ; on appelloit remon l’idole des peuples de Damas. Quelques interpretes la prennent pour celle de Saturne, qui étoit en grande vénération par- mi les érientaux. D’autres prétendent plus vraiflem- : blablement que c’eft le foleil,ainfi nommé à caufe dé fon élévation fur la terre. Naaman le fyrien , con fefla à Elifée , qu'il avoit fouvent accompagné fon maître dans le temple de ce dieu, IV. Rois y, 18, (2.7) A REMO , san , (Géopr. mod.) petite ville d'Italie, dans l’état de Gènes, fur la rive du Ponent, à 9 milles au levant de Vintimiglia. Ricunne furpañleela ferti- lité de {on terroir en olives, citrons, oranges, & au- tres fruits. Long. 25. 16. latit, 43. 42. (D. J.) RÉMOIS, LE , ou LE RHÉMOIS , ( Géogr. rod. ) petit pays de la Champagne , formé par le territoire de Rheums , qui en eft la capitale. Ses bornes font le Laonois & le Soïiffonnois au nord, le Chälonnoïs au midi, & la Brie au couchant. Outre la capitale, il comprend, Cormici, Fifmes, Epernay, Avernay, & Ây, connu par fes bons vins. (D. J.) REMOLADE , f. f. serme de Maréchal, remede pour les chevaux qui ont des foulures; il fe fait avec de la lie, du miel, de la graifle , de la téré- benthine , & autres drogues reduitesenune efpece d’onguent. So/eyfel. ( D.J.) REMOLAR , ferme de galere. Voyez REMOULAT: . REMOLE , ff. (Marine.) contournement d’eau, qui eft quelquefois fi dangereux , que le vaifeau en eft engloutt. REMONDER , EPLUCHER , ferme de fabrique d’é- toffes ds foie, Le remondage confifte à couper les bouts de foie qui font aux chaînes lorfqu’elles font fur les métiers , à mefure avant la fabrication; on chan- ge auffi les bouts de foie qui fe trouvent cotonneux; & fon ne faloit cette opération avec attention , il ne feroit pas poffible de fabriquer Pétoffe dans fa per- feéhon. REMONTANT , f. m. serme de Ceinturier , c’eft l'extrémité de la bande du baudrier qui eft fendue en deux , &c qui tombe fur les pendans. (2.7) REMONTE d’un cavalier, (Arr milir.) c'eft.le fe- cours qu’on lu donne, en hu fourniflant un cheval quand quand if eft démonté. Quand un capitaine fait le dé- compte à {es cavaliers, il regle ce qu’il a fourni pour la remonte. REMONTER, v. at. ( Gram. ) c’eft monter de- rechef ; Jefus-Chrift eft remonté au ciel : c’eft s’éle- ver ; la lune reronte fur l’horifon : c’eft relever un corps à la hauteur d’où il eft defcendu ; remontez ce poids : aller contre le fil de l’eau , c’eft remonter la ri- viere ; 1l y a des machines à remonter les bateaux. On remonte à cheval ; on remonte une compagnie ; On re- monte de cordes , un inftrument ; on remonte une ma- chine dont les parties étoient defaflemblées ; on re- monte une garniture ; On remonte à l'origine d’un faux bruit, d’un préjugé populaire ; on remonte dans l’ave- nr. Voyez dans les articles fuivans quelques autres ac- ceptions du méme mot. REMONTER , er terme de guerre, C’eft fournir à des troupes de nouveaux chevaux à la place de ceux qui ont été tués ou bleflés dans une aétion , ou qui par vieillefle ou autre défaut ne peuvent plus fervir. Charnbers. REMONTER, £erme de riviere , c’eft naviger contre le courant d’une riviere. REMONTER , v.a@. terme d’Horloger , remonter une montre, une horloge , c’eft remettre la corde fur la fufée, ou relever le contrepoids, pour mettre la montre ou l’horloge en état de marquer & de fon- ner les heures. (D. J.) . REMONTER, (Soierie.) c’eft faire fuccéder de nou- velles foies pour continuer une piece , lotfque celle fur laquelle on travaille eft entierement employée & vient à manquer. Comme c’eft une opération fort longue que de monter un métier, il a fallu imaginer quelque moyen fort court pour faire fuccéder des {oies nouvelles à celles qui viennent à manquer ; & voici celui dont on ufe. | On a fur un inffrument , appellé le Z//or, de la foie toute préparée : cette préparation confifte à être encroïfée de vingt fils en fils parun bout, & de filen fil par l'autre. La foie prend ces deux encroix fur le moulin , & c’eft le bout encroïfé de fil en fil qui s’en- veloppe lepremier fur Le billot; celui par conféquent qui fe préfente & fe développe le premier , eft celui qui eft encroïfé de vingt en vingt. Toute cette foie portée au fortir du moulin fur le billot eft continue ; elle forme comme un grand écheveau de r$0 aunes de long , & de 800 doubles ou de 1600 fils. Il y ade ces écheveaux qui ont 1800 fils ; ceux qui font à lu- fage des faifeurs de bluteaux fins ont même 2000 brins ; & comme on pañle deux fils ou brins dans chaque dent du peigne, il y a des peignes à 8 & 900 dents; &c pour les faifeurs de bluteaux qui ne paffent qu'un fil à chaque dent , il y a des peignes à 2000 dents. Puifque le fil de foie eft continu, qu’il forme un écheveau , il eft évident qu’il forme une boucle à chaque bout, &c que la boucle du bout qui pend du billot eft divifée en quatre-vingt parties ou boucles partielles égales ; on appelle ces boucles partielles égales, des portées. On aun infirument appellé rarea, on jette chaque portée fur une dent du rateau. L'avantage de cette manœuvre eft d'étendre la foie , & de la difpofer convenablement fur l’enfuple. Pour cet effet, onaune petite baguette appellée compoffeur , qu’on pafle dans toutes Les boucles partielles qui forment la grofe bou- cle qui pend du billot ; cette baguette a une ficelle, appellee criffelle | attachée À une de fes extrémités ; on pañle cette ficelle à la place du petit cordon qui tenoït les fils encroïfés de vingt en vingt , & Je con tinue de faire cette fonction. On pañle enfuite le com- pofteur avec fa ficelle dans la rénure de l’enfuple, on adapte une main ou manivelle au tourillon de Venfuple ; on tourne l'enfuple, & la foie diftribuée Tome XI, ; en quatre-vingt parties par chaque dent du rateau » ou plutôt en foïxante-dix-huit, s'étend fur l’enfuple: Ils difent foixante-dix-huit, parce qu’on fait les deux premieres portées doubles, afin que la foie étant plus élevée fur lenfuple par fes bords que par fon milieu, elle ne s’éboule point. Après un aflez grand nombre de tours de lenfuple pour que le billot foit dégarni, on arrive au bout de Pécheveau où les fils font encroifés de fil en fil te- nus en cet état par un cordon. Voiläune opération préliminaire À tout travail, & qu'il faut faire & recommencer toutes les fois qu’on veut commencer à travailler une piece, ou qu’une piece finiffant, on veut la continuer & fubflituer de la foie à celle quimanque. Maïs ce n’eft pas tout dans ce dernier cas, il y a une feconde opération, qui s’ap- pelle ordre. Et voici comment elle fe fait : on prend l’enfuple {ur laquelle on a jetté la foie qui étoit fur Le billot, On la met dans les tourillons des alonges, voyez Par ticle ALONGE, on attache À chacun de fes bouts une corde qui pañle fur elle, & qui fe rend fur l’enfuple de devant, On a fait des berlins ou portions de tous les bouts de foie , reftes de la piece employée, qui pendent hors de la life. Ces berlins font encroifés d’un fil en un fil, on difpofe les envergures dans leurs encroix, & l’on fixe ces envergures fortement à l’aide des cor- des qui font tendues des extrémités d’une enfuple aux extrémités de l’autre, en faïfant faire un tour à chaque corde à l'extrémité de chaque envergeure. Puis on prend le bout de la nouvelle piece , on place des envergures à fon encroix, & on l’amene jufqu’à ce qu’elle foit contiguë à l'extrémité des ber- lins de la piece qui finit ; on fixe ces envérgeures pa- reillement fur les cordes qui vont d’une enfuple à l'autre ; on pend un poids À l’enfuple de derriere ca- pable de Pempêcher de tourner , enforte que la foie {oit bien tendue ; on divife la foie de la nouvelle piece.en deux berlins ; on pañle le nœud d’un berlin de la piece nouvelle dans l’encroix du berlin de la piece qui finit, & on l’y fixe avec une corde. Puis , avec la maïn gauche, on cherche à l’aide de lencroix le premier fil’ du berlin de la piece expi- rante , & avec la droite & à laide de l’encroix le premier fil de la piece nouvelle ; cela fait, on prend celui-ci fur le pouce & lautre fur l'index, on ferre les deux doigts , la foie prete de la quantité du dia- metre de Pindex & du pouce ; alors en faifant gliffer ces deux doigts luncontre l’autre , ces portions des deux fils fe tordent enfemble & reftenttors ; cet en- droit de jonétion eft même ordinairement f fort, que ce n'eft prefque jamais-là que les brins de foie caffent. Après qu'on ators Les brins, on jette outord les deux brins avec le fil de foie du côté de l’enfuple de der- riere. Cela fait , on tord enfemble les deux feconds fils, & anfi de fuite fl à fil jufqu’à la fin d’une piece. Cette opération eft fi prompte, qu’un bon ouvrier tord dix-huit cens fils en deux heures ; afin que les fils tors ne feféparentpoint, on fe mouille les doiots avec de la falive, du plâtre, de l’eau gommée, +. mais cela eft prefque Re Cette maniere d'unir les foies eft f ferme, que fi un ouvrier ne tord pas également ,je veux dire que s’il prend avec fes doiets un peu plus defoie en continuant de tordre qu'il n’en a pris au commencement, alors le poids qui tire: l’enfuple montera, & les premiers is tors feront lâches ; ce poids eft pourtant énorme. Cela fait, on a ; COMmme On voit, une piece nouvelle, jointe & continué avec les reftes d’une autre, fans qu’on ait été oblisé de monter le métier. Mais 1l y a toujours une portion de foie qui ne peut Être travaillée, celle qui eftcomprife FA Pou- 98 REM vrage difpofé fur l’enfuple de devant , & l'endroit où l’on a tors. On tourne donc l’enfuple de devant, la foié de la piece nouvelle fuit les ee de l’ancienne, on amene les portions torfes jufque fur l'enfuplé de devant au-delà du peigne , & l’on continue de tra- vailler, Ce qui occafionne cette perte de foie , c’eft la grofleur ou inégalité des deux fils tors, contre la- quelle les dents du peigne apiflant fépareroient les fils & gâteroient tout. REMONTER, terme de Fauconnerie , {e dit de l’oi- feau de proie qui vole de bas en-haut, &c du faucon- nier lorfqu'il jette l'oïfeau du plus haut d’une colline, ê&c auf lorfqu'il travaille à engraifler un oïfeau qui eft trop maigre, alors on dit, 1l faut remomcer Poi- feau. | REMONTOIR,, f. m. terme d’'Horlogerie , fionifie en général tout afflemblage de roues ou de pieces, au moyen defquelles on remonte une montre ou une pendule ; ainfi on appelle montre à remontoir une montre qui fe remonte pär le centre du cadran au moyen de deux roues qui font dans la cadrature , &c qui compofent le remontoir. Voyez MONTRE À RE- MONTOIR. Remontoir fe dit aufh de l’aflemblage des pieces par lefquelles la fonnerie dans certaines pen- dules remonte le mouvement ; comme l’aétion d’un poids eft infiniment plus uniforme que celle d’un reflort , plufieurs horlogers ont fait des pendules où un poids qui defcend d’une petite hauteur, & qui remonté par la fonnerie à chaque fois que la pen- dule fonne , fait aller le mouvement : par ce moyen la pendule , fans avoir befoin du volume ordinaire de celles qui font à poids , en a en quelque façon les avantages, le mouvement étant mu par unpoids ; celle que feu M. Gaudron, horloger de M. le régent, a imaginé, eft une des meilleures &c des plus ingé- nieufes qui foit en ce genre. Voyez la regle artificielle du rerns. Enfin remontoir eft encore un ajuftement que l’on faità plufieurs barillets, fur-tout à ceux des pendules ; 1° pour empêcher qu’on ne cafle le reflort en le re- montant trop haut ; 2° pour empêcher qu'il ne tire lorfqu’il eft trop bande ou lorfqu’il ne l’eft pas aflez, c’eft-à-dire fuppofant que Le reflort fafle huit ou neuf tours, onfait par le moyen du remontoir qu'il n’y en a que fix qui fervent, c’eft-à-dire que quand la pen- dule eftau-bas, le reflort eft encore bandé d’un tour; &c que lorfqu’elle eft au-haut , 1l s’en faut autant qu'il! ne le foit au plus haut degré, d'où il réfulte une plus grande égalité dans Paétion du reflort, Voyez REs- SORT , PENDULE, Ge. Les fig. Planches de l’Horlogerie repréfentent ce re- montoir : Aeftla piece fixée fur l’arbre de barillet, & R la roue fixée & mobile excentriquementfurleba- rillet ; la dent Xtouchantouen Kou en Æ, empêche ou larbre ou le barillet de tourner davantage : dans le premier cas, elle empêche qu'on ne.remonte le reflort trop haut ; dans le fecond , elle empêche de fe détendre au-delà d’un certain nombre de tours. REMONTRANCE ,1.f: (Jurifprud:) eft laétion de remontrer ou repréfenter quelque chofe à quel- qu’un. Les couts fouveraïines ontila liberté de faire des remontrances au ro1, lorfqu’elles trouvent quelque: dificulté fur les ordonnances, édits & déclarations, qui leur font envoyés pour enregiftrer. Les autres tribunaux n’ont point la même -prérogative ide faite direftement leurs-remontrances au roi; s'ils ont quel- ques obfervations à faire, 1ls doivent donner leur mémoire à M. le chancelier. | Quelquefois après de premieres & d’itératives re- montrances , les cours font de.très-humbles repréfen- tations lorfqu’elles croient devoir encore infifter fur Îes objets de leurs remontrances. mes. REM Remontrance eft auf une repréfentation que l’avo- cat ou le procureur d’une partie fait à l'audience, foit pour demander la remife de la caufe qui n’eft point en état, foit pour faire ordonner quelque prépara- toire. Remontrances font auf le titre que l’on donne en certaines provinces aux écritures que l’on intitule ailleurs avertiflemenr, (4) | REMONTRANS, £ m. pl. (A. eccléffaff.) déno- mination qu'on donne en Hollande aux Arminiens, à caufe de la remontrance qu'ils préfenterent en 1610 aux états généraux contre les décifions du fynode de Dordrecht où ils furent condamnés. foyez ARMt- NIEN. Epifcopius & Grotius étoient à la tête des rermon- ans. Voyez ANTI-REMONTRANS. REMONTRER, v.a&t. (Gram.) c’eft préfentér des remontrances., Voyez l'article REMONTRANCE, REMONTRER , ( Pénerie. ) c’eft donner conmoif- fance des voies de la bête qui eft paffée , 11 eft effen- tiel à un bon piqueur de favoir remontrer les voies des bêtes qu’on chafie, REMORDRE, v.a@. (Gram.) c’eft mordre de-re- chef, voyez l’article MORDRE. : REMORDS, £ m. ( Gram.) reproche fecret de la confcience ; 1l eft impoffible de l’éteindre lorfqu’on la mérité, parce que nous ne pouvons nous en im- pofer au point de prendre le faux pour le vrai, le laid pour le beau , le mauvais pour [e bon. On n’é- toufe point à difcrétion la lumiere de la rafon, ni par conféquent la voix de la confcience. Si l’homme étoit naturellement mauvais, 1l femble qu’il auroit le remords de la vertu , & non le remurds du crime, Celui qui eft tourmenté de remords, ne peut vivre avec lui-même ; il faut qu'ilfe fuie. C’eft-là peut-être la raifon pour laquelle les méchans font rarement {é- dentaires ; 1ls ne reftent en place que quand ils mé- ditent le mal , ils errent après lavoir commis. Que les brigands font à plaindre ! pourfuivis par les lois, ils font obligés de s’enfoncer dans le fond des forêts, où ils habitent avec le crime, la terreur & le re- mord. REMORE , {. m. PIEXE, SUCET, ARRÊTE-NER, (Hifl. nat, Ichtiolog.) remora ; poifion de mer auquel les anciens ont donné le nom de remora , parce qu’ils prétendoient qu’il arrêtoit les vaifleaux en pleï- ne mer lorfqu'il s’y attachoit. Ce poiflon-a un pié & demi de longueur, 8 quatre pouces d’épaifeur ; il eft plus mince vers la queue ; il a la bouche triangu- laire; lamachoire fupérieure eft plus courte que lin- férieure ; la tête a deux pouces de longueur depuis la pointe jufqu'au commencement du dos; la face fupérieure eft applatie, & figurée comme le palais d’un animal traverfé de plufñeurs fillons. C’eft par cette partie que le remore s'attache aux vaifleauxéc au ventre dutiburon: on prétend même qu'il ne quitte pas letiburon, quoiqu'ontire celui-cr hors-de-leau. Le remoreales yeux petits, l'iris en-eft jaune. la dans la bouche de petites-éminences qui lui fervent de: dents. Il eft de couleur cendrée, & il'a üne nageoïte fur le dos, 8: une autre-fous le ventre: qui s'éten- dent depuis le milieu de’ la longueur-du-corps jufqu'à la queue. Raï, fÿz0p.meth: pifcium. Voyez POISSON. REMORQUER , (Marine.) c’eft faire voguer un vaifleau Avoiles, par le moyen d’un vaifleau à ra- REMOUDRE,, v.a@&: (Gram.) c’eft'émoudre une | feconde fois: Voyez ÉMOUDRE. REMOUILLER,, veaét! (Gram.) c’eft mouiller de- rechef. Voyez l’article MOUILLER. :REMOULAT ,1, m. serme de Galere,, c’eft le nom de celui qui a foin des rames, & qui les tient en état. REMOULEUR , f m. (Courellerie.) celui qui re- pañle &r refait la pointe ou le tranchant à quelque in- REM fument, fur une meule tournante. Quoique tous les Couteliers foient des remouleurs, il ne {e dit guere que de ce qu’on appelle pluscommunément des pagne- petits. Trévoux, (D, J.) | REMOUS, f. m. (PAyf.) mouvement particulier qu’on obierve dans l’eau des fleuves. | Il y en a de deux efpeces; le premier eft produit par une force vive, telle qu’eft celle de Peau de la mer dans les marées, qui non-feulement s’oppofe comme obftacle au mouvement de l’eau du fleuve, mais comme corps en mouvement, & en mouve- ment contraire & oppolé à celui du courant du fleu- ve: ce remous fait un contre-courant d'autant plus fenfble que la marée eft plus forte. L'autre efpece de remous n'a pour caufe qu’une force morte, comme eft celle d'un obffacle, d’une avance de terre, d’une ile dans la riviere, 6:c. Quoique ce remous noccafionne pas ordinairement un contre-courant fenfble, il left cependant affez pour être reconnu, & même pour fatiguer les conducteurs de bateaux fur les ri- vicres. S1 cette efpece de remous ne fait pas toujours un contre-courant, 1l produit néceffairement ce que les sens de riviere appellent #ze morte, c’eft-à-dire des eaux mortes, qui ne coulent pas comme le refte de la riviere, mais qui tournoient de façon que quand les bateaux y font entraînés, il faut beaucoup de for- ce pour les en faire fortir. Ces eaux mortes font fort fenfbles dans toutes les rivieres rapides au paf- fage des ponts. La viteffe d’une riviere augmente au pañlage d’un pont, dans la raifon inverfe de la fom- me de la largeur des arches à la largeur rotale de la ri- viere. . L'augmentation de la vitefle de l’eau étant donc rès-confidérable en fortant de l'arche d’un pont, celle qui eft à côté du courant eft poufiée latérale- ment 6z de côté contre Les bords de la riviere, & par _cette réa@ion 1l fe forme un mouvement de tour- noiement, quelquefois très-fort. Lorfque ce tour- noiement caufé par le mouvement du courant, & par le mouvement oppoié du remous , eft fort conf- dérable , cela forme une efpece de petit souffre; & Fon voit fouvent dans les rivieres rapides, à la chûte de l'eatau-delà des arrieres-becs des piles d’un pont, qu'il {e forme deces petits gouffres ou tournoiemens d'eau. Æ5/?, nat. gen. 6 part. v. I. REMPAQUEMENT , (Comm. de poiffon.) ce mot fe dit de l'obligation où font les Pêcheurs étrangers qui apportent en France leur hareng en vate, de le tirer des barrils pour le falerune feconde fois, & en- fuite le paquer, c’eft-à-dire l'arranger par Lits dans les mêmes barils, Savary. (D. I) REMPAQUETER , v. at. (Comm.) remettre une marchandife en paquet , en ballot, dans fon en- veloppe. Foyez PAQUET, BALLOT, ENvELOPreE. Di, de Com. & de Tréy. msi REMPART , Le (cerme de Fortification.) eft une le- vée de terre qui enferme la place de tous côtés. Sa largeur eft ordinairement de 9 toifes par le haut, & de 13 ou r4 toifes par le bas. A l’ésard.de fa hau- teur, elle eft différente fuivant la fituation & le ter- rein de la place: en terrein uni & régulier , elle eft d'environ 3 toifes. | L'objet du rempart eft de mettre les maïfons de la ville à couvert de l'attaque de l'ennemi; de lui fer- mer lentrée de la place, & d'élever ceux qui la dé- fendent desmaniere qu'ils découvrent la campagne des environs , dans toute l'étendue de la portée du canon. Le remparta des parties plus avancées vers la cam- pagnelesunes que les autres, Ces parties fe nomment ballions. Voyez BASTION. Les foldats montent la garde furlerempare, 8 l’on place auf toute lartillerie néceflaire pour la dé- fenfe de la ville. On forme fur le bord extérieur une Tome XI. REM 99. élévation de terre, d’environ 18 ou 20 piés d'épail: feur, & de 7 de hauteur; cette élévation fe nomme le parapet. Le parapet fert à couvrir des coups de l’en- nemi les foldats qui font fur le rempart, Voyez PARA PET. Pour que le foldat puiffe découvrir la campagne par-deflus le parapet, on pratique au pié du côté in- térieur, une elpece de petit degré, de 3 ou 4 piés de large, & de 2 piés de hauteur; c’eft ce quis’appelle /e banquette. Le rempart a une pente ou un salus vers le côté extérieur & l’intérieur. Cette pente eff faite pour que les terres du repart fe foutiennent plus aifément. Celle du côté de la ville, qu’on nomme ra/us intérieur * a ordinairement environ une fois & demie la hauteur du rempart ; en forte que fi cette hauteur eft de 18 piés, le talus extérieur eft de 27: ce qui s’obferye principalement lorfque les terres font fablonneufes. Le talus extérieur eft toujours plus petit que l’inté- rieur, parce qu'autrement il donneroit À l’ennemi le moyen defcalader facilement la place. Mais comme les terres ne peuvent fe foutenir elles-mêmes fans um grand talus , on foutient le côté extérieur du rempart par un mur de ÿ ou 6 piés d'épaifleur ; ce mur fenom- me la cherrife où le revétement du remparé, V oyez REVÉ- TEMENT, voyez auffr TALUS. Les dehors ont un rempars comme le corps de la place; mais il a ordinairement moins de largeur. Le revêtement du rempare n°eft pas toujours de ma- connerie; On fe contente quelquefois de Le revêtir de gazon, voyez GAZON., Ce font des morceaux de terre de prés coûpés en coin. Lorfque le rempart ef ain revêtu, on pratique une berme, ou une efpece e petit chemin de 12 piés de large, entre le foflé & la partie extérieure du rempart. Cette berme {ert à eripècher que les terres du rempart ne s’éboulent dans le foflé, Elle partage aufli à-peu-près en deux parties égales ia hauteur des terres du repars, depuis le fonds du fofé , jufqu’à la partie fupérieure du para- pet, ce qui fait qu'on peut donner un peu plus d’ef carpement, Ou moins de talus à chacune de ces par- tes, que fi Pefcarpe formoit une feule pente depuis le parapet jufau’au fond du fofé. Lorique le rempart eft revêtu de gazon, il eft ordi- nairement fraifé. Voyez FRAISE. Il y à une troifieme efpece de revêtement, com- pofée des deux dont on vient de parler. Foyez Demr- REVÊTEMENT. Lorfque le rempart eft fort élevé, il a avantage de Mieux couvrir la ville; mais fon entretien ef bien plus confidérable que quand il a moins de hauteur. Il eft aufli plus expoié aux batteries de l'ennemi; fes débris comblent aifément le foflé, & d’ailleurs les foldats font obligés de fe découvrir, & de tirer en plongeant pour défendre les parties voifines. Un rer part peu élevé n’a pas ces inconyéniens ; mais auff il donne plus de facilité pour l’efcalade &c la défertion. Les remparts les plus avantageux font ceux qui fe trouvent entierement couverts par le glacis, en for- te que ennemi ne puifle le battre de la campagne, Pour la largeur du rempart, elle doit toujours être af. fez grande pour réfifter au canon, & pour donner tout l’efpace néceflaire pour contenir les hommes & les machines néceffaires à la défenfe de la place. Au relte la hauteur & là largeur du rempart te propor- tionne à la quantité des terres que Le foifé peut four- mr. (Q) | | REMPHAN , f. m. (Crisique facrée.) papas; nom d'idole. Vous avez porté le tabernacle de Moloch, & l’aftre de votre dieu Remphan, Aë. vij. 43. Ce difcours que S. Etienne, dans les Ates, tient aux Jus, eft tiré du prophete Amos, qui reprochoit aux Hébreux de fon tems, d’avoir porté durant leur voyage dans le defert, la tente de Moloch, image N ïj 100 REM de cette idole, & l'étoile de ce dieu. Le mot Rew- phan, eft égyptien; quelques-uns croient qu'il défi- one Saturne, Mercure ou Mars, mais c’eft bien plu- tôt le Soleil, Voyez Moroca. (D, J. REMPLACEMENT , {. m.(Gram.) ation de rem- placer. Voyez REMPLACER. REMPLACEMENT, (Jurif.) eft l'aétion de mettre une chofe à la place d’une autre, comme quand on fait un nouvel emploi de deniers dont on à reçu le rembourfement, ou que l’on acquiert un immeuble pour tenir lieu d’un autre que l’on a aliéné, Woyez ci- après REMPLOI. (4) REMPLACER, v.a@. (Gram.)remettreune chofe à la place d’une autre. J'ai employé mes fonds, je vais travailler à les remplacer. On remplace les quali- tés externes qui nous manquent, par celles de lefprit & de l'ame. REMPLAGE, f.m.(Jurif.) fuivantla charte de Louis XII. de Décembre 1511, mém. 9. fol. 1. ce qui man- que de fondsdesépices des comptes doit être employé dans les autres comptes qui peuvent le mieux fuppor- ter, c’eftceaue l’on appelleremplage; mais le roi ayant défendu de prendre des épices plus que le fond de {es états, à commencer de l’année 1666, 1l nya plus eu de fond deftiné aux remplages. On ne kufle pas de commettre toujours au commencement de chaque femeltre , un de mefieurs pour le remplage. (A) | y REMPLAGE, f. m. ( Archir. ) c’eft la maçonnerie des reins d’une voûte. On appelle en Charpenterie , chevroces , poteaux de remplage , fermes de rer:pla- ge, & autres chofes femblables , les poteaux ou fer- ses qui fe mettent pour remplir les yuides ou inter- valles quifont entre les poteaux corniers, ou lesmai- trefles-fermes, Daviler. ( D.J.) REMPLAGE , {. m. ( Comm. de bois.) c’eft ce qu'on donne quelquefois aux marchands pour les dédoim- mager des vuides qui fe font trouvés dans leurs con- es. Richelet. ( D. J.) REMPLI, participe du verbe remplir, voyez REM- PLIR. Remptt, (Jurifprud.) {e dit de celui qui eft fatif- fait de ce qui lui eft dû, Un héritier ou une veuve {ont remplis de leurs droiîts lorfaw’ils ont des fonds ou des meubles , & deniers fuflifans pour acquitter ce qui leur revenoit. | - On dit aufi qu'un gradué eft rempli, lorfqu'il a ob- tenu, en vertu de fes degrés , des bénéfices de la valeur de 400 livres de revenu , ou qu’il a 600 livres de revenu en bénéfice obtenusautrement qu’en vertu de fes degrés. Voyez ci-devant GRADUÉ , & ci-après RePLÉTiON. (4) __ RempLt, en termes de Blafon , fe dit d’une piece honorable de l'écu , dont le milieu dans toute fa lon- gueur eft d’un autre émail que la bande. Ainfi on dit que telle maïfon porte d'azur au chevron poten- cé & contre-potencé d’or rempli d'argent. Montfort-Thaïllant en Bourgogne, d'argent à trois ruftres de fable remplis d’or. REMPLIR, v. aût. ( Gram.) c’eft emplir de nou- veau. Quandun vaifleau eft vuide , on peut le remplir de nouveau. On remplir un tonneau , un coffre, fes greniers, unpuits, un foflé. On remplis un blanc feing du nom qu’on veut. On remplit un corps où il y a une place vacante, Un gradué eft rempli quand il a 600 liv. derevenu. On remplir fa place quand on a les qualités qu’elle exige. Il y a bien des places occupées & non rem- lies. Il eft quelquefois difficile de remplir Popinion que les autres ont fait concevoir de nous. On remplit un deflein , un canevas, une toile de différens points qu’on exéçute à l'aiguille, REMPLIR , { verme d'Ouvrieres en points. ) remplir ; c’eft travailler à faire du fond. Entre les velineufes , il y en à qui font de latrace , d’autres du fond, d'au- tres des dentelons & du réfeau, d’autres de fa brode- rie qu’elles nomment de /a Brode ; &t celles qui tra vaillent en fond , s'appellent remplifleufes , parce qu’elles rempliffens les feuilles &r les fleurs qui ne font quetracées. Leur remplifiage eft de points ä’oifeau, de points a l’œillet , de points de Siam, 6e. Le gra- veur a foin de marquer fur fa planche Îles différens points dont il entend que chaque feuille ou fleur foit remplie. { D. J.) REMPLIR , au jeu de trittrac, {e dit d’un joueur qui tâche d’avoir un certain nombre de dames cou- vertes dans une cafe du triétrac quelconque. Remplir fon grand jan, par exemple, c’eft couvrir douze da- mes dans la feconde table du triétrac. REMPLISSAGE , f m. ( Grañm. ) il fe dit de laéticn de remplir ; &c de la chofe dont on remplit, I! a lieu dans plufieuts circonftances où lon diffingue le fond des détails. Ainfi un grand muficien jette fur le papier fon idée , le motif de fon chant, il leconduit; il acheve une partie ; il donne lerefte, qu’on appelle le rempliffage à expédier à une efpece de manœuvre. Un poëte dramatique dira, c’eft la machine qui eft difficile à trouver , le rempliflage n’eft rien en compa- taïlon. Un orateur fe fervira auffñi de la même ex- preffion. Les grandes mafles de mon dicours font poiées , il n’y a plus que quelques endroits de rem- pliffage à faire. | REMPLISSAGE , ( Maçonnerie, } C’eft la maçon- nerie qui eft entre les carreaux & les boutiffes d'un gros mur. I! y en a de moilon, de brique, &c. Il en a aufñ de cailloux, ou de blocage employé à {ec, qui fert derriere les murs de terrafle pour les con- {erver contre l’numidité, comime il a été pratiqué à lorangerie de Verfailles, ( 2.J.) REMPLISSAGE , ou REMPLACGE , (Commerce de liqueurs. ) ce qu'il faut de liqueurs pour remplir um tonneau où il y a quelque déchet, foirpar la fermen- tation & la coulure, foit par quelqueautre accident. REMPLISSEUSE de dentelles (terme de Lingerie. } ouvriere qui raccommode êt remplit toutes fortes de points & de dentelles. Ses outils font fes doigts , des cifeaux, une aiguille, un dés , du fil &z un oreiller. (D. J.) REMPLOL, f. m. ( Jurifpr. ) eft le remplacement d’une chofe qui a été aliénée ou dénaturée , comme lé remploi d’une fomme mobiliaire que l’on a recu, le rermploi d’un immeuble que l’on a aliéné , d’un bois de futaie que lon a abattu &c confume. Le remploi {e fait de deux manieres , favoir réelle- ment en fubrogeant un bien au-lieu d’un autre, ave déclaration que ce bien eft pour tenir liéu de remolos de celui qui a été aliéné ou dénaturé ; ou bien il fe at fidivement , en payant la valeur du bien alièné à celui auquel le remploi en étoit dü. Dans les contrats de mariage qui fe paflent en pays de droit écrit, on flipule le remploi de la dot de la femme, en cas d’aliénation. | En pays coutumuer on ftipule ordinairement dans le contrat de mariage , le remploi des propres qui pourront être aliénés , foit du mari ou de la femme, Anciennement ce remplos des propres n’étoit dû qu'autant qu'il étoit ftipulé; c’eft pourquoi quand À ne l’étoit pas , on difoit communément que le mari ne pouvoit fe lever trop matin pour vendre les pro- pres de fa femme, | Mais fuivant l’ars, 232. de la coutume de Paris, qui a éte ajouté lors de la derniere réformation, ce re ploi eft de droit , quand même il ne feroit pas {tipu- lé ; & cela a paru fi jufle , que la même difpoñition aété adoptée dans les coutumes qui ont été réfor- mées depuis celle de Paris , & que la jurifprudence a étendu cet ufage aux autres coutumes qui n’en par- lentpas, Le remploi des proptes aliénés fe prend fur la com- munauté ; & f les biens de la communauté ne fufh- ent pas pour le remploides propres de Îa femme , le furplus fe prend fur Les propres du mari; mais le rem- ploi des propres du mari ne fe prend jamais fur celui de la femme. | Lorfqu'il a été aliéné un propre de l’un des côn- joints , qu’il a été acquis un autre bien, avec décla- ration que c’eft pour tenir lieu de remplo: du propre aliéné, le conjoint, dont le propre a été ainfi rempla- cé , ne peut pas demander d’autre remploi. Quoique le reploi ait fouvent pour objet le rem- placement d’un immeuble qui a été ahéné, & que Pa@tion de remplot oit elle-même ordinairement fli- pulée propre , comme Pétoit le bien même dont elle tend à répéter la valeur, cette _. de propre imprimée à l’ation de remploi, n’eft relative qu’à la communauté, & cela n'empêche pas que dans la fuc- ceflion du conjoint auquel le reploi eft dû , l’aétion ne foit réputée mobiliaire , & n’appartienne à fon héritier mobilier, Voyez les commentateurs fur l’arr. 232. de la coutume de Paris ; le Brun, de La commu- nauté : Renuflon , fur la communauté € les propres du remploi, & Zs mots EMPLOI, PROPRE. (4) REMPLOYER ,.v. a@. c’eft employer de rechef, On avoit révoqué ce commis , enfuite on la rem- loyé. REMPLUMER , v. a&. c’eft regarnir de plume. Remplumer un lit , un oreiller ; un oïfeau fe remplu- me. Un joueur qui a perdu dans les premiers tours d’un breland , fe remplume quelquefois dans les der- niers. REMPLUMER, v. a. reprendre fes plumes. Il fe dit des oïfeaux, On dit auf replumer un clavecin. voyez CLAVECIN. REMPOISSONNER , v. att. ( serme de Pécheur. ) c’eft repeupler de poiflon un étang & une riviere. Ceux qui achetent la pêche des eaux dormantes, font ordinairement obligés de les rempoiflonner, Ceft-à- dire d'y remettre du peuple. Trévoux, ( D.J.) REMPORTER , v. att. ( Gramm. ) emporter de rechef. Remport:z votre marchandife , elle eft trop chere pour moi. Il fignifie aufli gagner , obtenir. Nous avons remporté far l'ennemi des avantages qui ont montré que nos premieres défaites étoient arrivées par le défaut des généraux , & non par le manque du courage des doldats. Il a remporté le prix de poëfie propofé par l’acadé- mie Françoïfe ; cependant fon poëme eft médiocre, Il n’a remporté aucun fruit de {on travail , de fes voyages , de fes études , de fes connoïflances , de {on affiduité dans les antichambres. REMPRISONNER , v. aët. ( Gramm. ) remettre en prifon. Voyez PRISON & EMPRISONNÉMENT. REMPRUNTER, emprunter de nouveau. Voyez -EMPRUNTER. REMS, LE, ( Géog. mod.) riviere d’Allemagne, dans la Suabe , au duché de Wirtemberg. Son cours eft du levant au couchant, & va fe joindre au Nec- ker, au nord de Stutgard. (D. J.) REMUAGE , f. m.( Gramm. } c’eft Pattion de te- muer. Les matelots ne peuvent fe faire payer du remuage &c de l’évent des grains qui font dans le vaifleau. Le billet de rerzuage eft celui que les marchands de vin & autres particuliers font obligés de prendre au bureau des aides , pour faire tranfporter du vin d’une cave dans une autre. REMUEMENT , REMUER , ( Jardinage.) fe dit des terres qu'il faut fouiller & tranfporter pour faire des terrafles , & drefler des jardins, RE M 107 REMUER , v. a@t, ( Gramm.) c’eft où mouvoir un «corps fans le changer de place, où Le tranfporter d’un lieu dans un autre. lu es mort, fitu rermnes. IT faut remuer fouvent les grains, Il faut que l’arsent fe remue, On dit remuer une mauvaile affaire. Il reiuere ciel & terre pour réuflir. Il ne fera rien pour vous obliger , 1l remuera tout pour vous perdre, Il n'y à preique point de queftions qu’Ariftote n'ait remnées, Ce peuple eft remuant. Pourquoi remuer les cendres des morts à REMUER w7 compte, ( terme de Teneur de livres. } c'eftle porter ou renvoyer d’un folio à un autre folia d’un livre nouveau, lorfqw'il ne tefte plus de place dans l’ancien pour le continuer , & cela après qu’on en a fait la balance au pié des pages qui {ont rem- plies. Ricard, (D. JT.) REMUEUR , f. m.( Com. de blés. ) c’eft Le nom qu'on donne dans les provinces de France à des gens quin’ont d'autre métier que de remuer dans les gre- mers publics ou particuliers le blé des marchands & des bourgeois, pour empêcher qu’il ne fe sâte.(D.J. REMUEUSE , £ f. ( Econ. domeflig. ) aide qu’on donne à une nourrice, C’ef elle qui rechange l'en fant, qui le berce, qui l’endott, en un mot qui lui rend tous les foins , excepté celui de lallaiter, On dit remuer un enfant pour le changer de langes. REMUGLE , f. m.( Gramm.) odeur défagréable qu'exhale un corpsquia été enfermé dansun endroit humide. REMUNERATEUR , adj. & fubft. ( Gramm. € Théolog.) qui récompenfe & punitavecjuftice, Par: mi les dértes il y ena qui ment un Dieu rérune- TAlET, RÉMUNÉRATOIRE, (Jurifprud. ) {e dit de ce qui eft donné pour récompenfe de fervices, comme une donation ou un legs rémunératoire. Ces fortes de difpoftions ne font pas confidérées comme de vraies - libéralités lorfque les fervices étoient tels que celui qui les avoit rendus , pouvoit en exiger Le falaire, Poyez au code liy. ut. 3. la Loi 20. Ë DONATION. REMURIES, £. f. (Anriquit. rom.) remuria ; fête in- ftituée en Phonneur de Rémus par Romulus fon frére, à deffein d’appaifer fes manes. Servius dit que ce fuf par ordre de l’oracle qu'en avoit confulté fr les moyens de faire cefler la pefte qui furvint après la mort de Rémus, que Romulus pour y fatisfaire , lui fit bâtir un tombeau magnifique fur le mont Aventin, & qu'il établit en {on honneur des facrifices annuels qu’on appella de fon nom remurie. Il ajoute que lorf- qu'il rendoit la juftice au peuple , il fafoit mettre à côté de fon tribunal un fiege femblable au fien, fur lequel étoient pofés lesornemens de la dignitéroyale, comme fi Rémus eût été vivant, & qu'il eût régné avec lui, &t que c’eft fur cela que Virgile a dit Remo cum fratre Quirinus jura dabat. Ovide explique la chofe d’une maniere plus poé- tique. Il fait paroître à Fauftulus & à Acca Lauren- t@ {a femme, fort afligés l’un & l’autre de la perte de Rémus, fon ombre fanglante qui les conjure d’en« gager fon frere à honorer fa mémoire par une fête fo lemnelle. Il ne manque pas pour fauver l’honneur du fondateur de Rome, accufé d’un fratricide , d’en re- jetter le crime fur le tribun Céler; cependant les prieres & les conjurations qui fe failoient pendant ‘ cette cérémonie noËturne, & qui avoient beaucoup de rapport avec celles que lantiquité fuperftitieufe employoit pour fléchir les manesirrités contre leurs meurtriers , pourroient faire douter de la pureté & du calme de la confcience de Romulus. Quoi qu'il en {oit , il paroït que cette fête devint enfuite générale pour tous les morts ; ce qui lui fit donner le nom de _ demuriæ, lémuries. Voyez LÉMURIES. On nommoit aufli remwria chez les Romains ; le REM 102 pourpris-où Rémus prit laugure du vel des oïfeaux, “& où il fut enterré. (D. J. REMURINUS-AGER , (Geéogr. anc.) Feftus met une différence entre Rerzurinus ager, & Remuria ou Remoria , heuur le haut du mont Aventin ; & Denys d'Halicatnafle donne le nom de Rerorie à un lieu qu'il place fur le bord du Tibre, à 20 ffades de la ville de Rome. Il ÿ a néanmoins apparence que Re- srurinus-ager étoit au voifinage du mont Avéntin, & . que Remuria Ou Remoria étoit au fommet de ce mont, Quant à ce que Feftus ajoute, que ce lieu fut autre- ment appellé Remorum , ce fut peut-être parce que les augures avoient arrêté Rémus dans ce lieu. (D... REMY , SAINT- ( Géograph. mod.) petite ville de France en Provence, au diocefe d'Avignon, entre des étangs , à quatre lieues d'Arles. Il y a dans cette petite ville une collégiale fondée Pan 1530, par le pape Jean XXII, Long. 22. 1.5, latit. 43. 40. Le lieu de Szirt-Remy paroït avoir été ancienne- ment nommé Glanum, ville fituée dans la contrée des Saliens en Provence , & peu éloignée de la ville d’Ar- les. Il en eft fait mention dans l'itinéraire d’Antonin, dans la table de Peutinger, dans Pomponius Méla, Pline & Ptolomée, qui entre les villes principales des Saliens, comptent celle de GZanum. Ce fut lan sor qu’elle changea fon nom en celui de Remy ,à loccafion d’un voyage que $S. Remy, ar- chevêque de Reims, fit en Provence, où il accom- pagna le roi Clovis, lorfque ce prince alla pour affié- ger dans Avignon, Gondebaud, roides Bourgnignons. Le motif de ce voyage , & le changement du nomde Glanum en celui de Sainr-Remy , eft rapporté fort au long par Honoré Boucher , dans fon hiftoire de Pro- vence, que l’on peut confulter. À un quart de lieue de Saint-Rermy, on voit dans ce fiecle même, au milieu de la plaine, un grand maufolée de pierre tres-folide & très-éleyé, avec toutes es proportions de l’architedture la plus régu- liere. Ce monument avoit dans fa hauteur , fuivant la mefure de Provence, huit cannes trois pans & demi ; chaque canne compofée de huit pans, & cha- que pen de neuf pouces &t une ligne; en forte que fuivant la réduction à notre maniere ordinaire, ce maufolée avoit huit toiles trois piés un pouce dix H-. gnes de hauteur ; & fi l’on juge du diametre par la hauteur, on comprend de quelle folidité doit être ce monument que le tems n’a encore pù détruire. Honoré Boucher, dans fon hiftoire ; M. Spon dans une eftampe qui eft à la tête de fes recherches d’anti- quité ; le P. Montfautcon , dans fon antiquité expli- quée , Liv. F. en ont donné chacun le deflein. Mais M. de Mautour a donné ce même deflein beaucoup plus grand &r plus exaét, avec une explication de linfcription qu’on trouvera dans l’hiftoire de l’acadé- mie des Belles-Lettres, rom. VIT. in-4°, On voit encore près de Sanr-Remy , les reftes d’un bel arc de triomphe, compofé d’une feule ar- cade , mais fans aucune infcription. Il eft gravé dans les antiquités du P. Montfaucon, rom. IF. du fb- plément , c. iv. p. 78. & M. de Mautour l'a fait auf graver fur un deflein , dans le même tome des mé- moires de Littérature , que nous venons de citer, Les Noftradamus (Michel & Jean)tous deux freres, étoient de Sairt-Remy. Michel, après avoir pris le bonnet de doéteur en Médecine, & donné quelques traités fous des titres amufans , comme des fards, des confitures , de la cofmétique , imagina le métier de devin, & publia fes prophèties en quatrains. Il wi- voit dans un fiecle où on avoit l’imbécillité de croire à PAftrologie judiciaire. Les prédiétions de Noftra- damus firent du bruit. Henri[f, & la reine Catherine de Médicis, voulurent voir le prophete , le reçurent très-bien, &c lui donnereñt un préfent de deux cens s£cns d’or. Sa réputation augmenta, Carles IX, en paf- REN fant par Salon, fe déclara fon protetteur , 8 lui ac- cordaun brevet de médecin ordinaire de fa perfonne. Noftradamus mourut dans cette ville, comblé d’hon- neurs , de vifites & de folies, feize mois après en 1566 , à 62 ans pañlés, ce qu'il n’avoit pas prédit. Son frere Jean eft connu par les vies des anciens poëtes provençaux, dits sroubadours | imprimés à Lyon en 1575,47-8°, (D.J.) RENAIRE , (Géogr. mod.) bourg, qui au commen cement du dernier fiecle , étoit une petite ville encla+ vée dans la Flandre gallicane, à cinq lieues de Tour. nay, Ô&c à deux d’Oudenarde; il y a encore dans ce bourg trois digr tés & quinze canonicats. (2. J.) RENAISON , (Géogr. mod.) petite ville de France dans le Forez, diocèfe de Lyon , éle@tion de Rouan- ne. (D. J.) RENAISSANCE, RÉGÉNÉRATION, ( Syron.) on fe fert du mot rezaiffance au propre êc au figuré ; la renaif[ance des hommes; la rezaiffance des beaux. arts ; on apperçoit dans fes difcours la renzifflance des lettres humaines. Régénération ne {e dit qu’en termes de piété pour défigner la converfonau chriftianifme, en recevant le baptème qui en eff le figne. Une nou- velle cérémonie , dit M. Bofluet, fut inftituée pour la régénération du nouveau peuple, (D. J.) RENAISSANT , adj. (Gramm.) qui renaît à me- fure qu’il eft détruit. Prométhée avoit un foie remaife Jan, Rome renaiffante ; Pacadémie renaiflanre. Dans ces derniers exemples, la renaïiffance fuppofe une grandeur éclipfée, des foncions interrompues. RENAIÎTRE, v. neut. (Gramm.) c’eft naître une feconde fois. On fait rezaftre le phénix de fa cendre. Les peres renaiffent dans leurs eñfans. Les fleuts re- naif[ent. On renafr au monde, à la religion, à la ver tu, G'c. | RENAL, adj. (Anatomie.) on entend par ce mot tout ce qui concerne les reins. Voyez REINS, | RENALES, (glandes) glandule renales, en Anato- mie ; ce font des glandes ainfi appellées, parce qu’elles : font fituées proche des reins. Elles furent découver- tes par Bar. Euftachi, natif de Sant-Severino , en Ita- lie. Voyez GLANDE. On les nomme auffi capfules atra- bilaires , parce que leur cavité eft toujours remplie d'une liqueur noirâtre ; d’autres les nomment reres Juccenturtati , parce qu’elles reffemblent par leur for- me aux reins mêmes. Reres fuccinturiari , font appel- lés une forte.de feconds reins, fuccineuriatus figni- fiant quelque chofe qui eft à là place d’une autre. On les appelle aufli reërs fuccenturiaux. RENALMIE , 1. £ (Æif. nat. Botan.) renalmia ; genre de plante à fleur en rofe compofée de trois pé- tales difpofés en rond ; le calice eft auf compofé de trois fetulles ; le piftl fort de ce calice, & devient dans la fuite un fruit membraneux, cylindrique, di- vifé en trois capfules remplies de femences oblon- gues , & garnies d’aigrettes. Plumier, zova planr. arner. genera. Voyez PLANTE. | RENARD , { m. (Æ1f. nat. Zoolog. guadrupede. } vulpes ; animal quadrupede qui a beaucoup de rap- port au loup & aux chiens pour la conformation du corps, Il eft de la grandeur des chiens de moyenne taille ; 1l a le mufeau effilé comme le lévrier, la tête arofle, les oreilles droites, les yeux obliques comme le loup , laqueue touffue , & fi longue qu'elle touche la terre, Le poil eft de diverfes couleurs, qui font le noir, le fauve & le blanc, diverfement diftribués fur différentes parties du corps; le roux domine dans la plüpart des renards : il y en a qui ont le poil gris ar gente; tous ont le bout de [a queue blanche; les piés des derniers font plus noirs que ceux des autres, On les appelle en Bourgogne rerards charbonniers, Le re- nard creufe en terre avec les ongles des trous, oùil fe retire dans les dangers preflans , où il s’établit, o il leve fes petits, Il fe loge au bord des bois ; à por- tée des hameaux ; il eff attentifau chant dès cogs & au cri de la volaille, & 11 tâche par toutes fortes de rufes d'en approcher. S'il peut be les clôtures d’une bafle-cour , ou paffer par-deflous , il met tout à mort; enfuite il emporte fa proie; 1l la cache fous la moufe ou dans un terrier; tr pluñeurs fois de fuite en chercher d’autres, jufqu’à ce que le jour ou le mouvement dans la mafon l'empêche de reve- nir. Il s'empare des oifeaux qu'il trouve pris dans les pipées êc au lacet ; 1l Les emporte fucceflivement ; il les dépofe tous en différens endroits, fur-tout au bord des chemins, dans les ormieres, fous un arbufle, éc. Ses appctits le portent à vivre de rapine comme le loup; mais la nature ne lui a pas donné lamême force, En échange elle lui a prodigué toutes les reflourcés de la foibleffe, l’'induftrie, la rufe , & même la pa- tience ; ces qualités le fervent ordinairement mieux out aflurer fa fubfiftance , que la force ne fert au Wu D'ailleurs il eft infatigable, & doué d’une foupleffe & d’une lécéreté fupérieures. Jen ai vû plu: fieurs fauter par-deflus des murs de neufpiés de haut, pour éviter des embufcades de tireurs qu’ils éven- toient. Le-rezzrd mérite donc fa réputation. Son ca- raétere eft compotfé d’induftrie &c de fagacité , quant à la recherche de fes befoins, de défiance & de pré- cautions à l’égard de tout ce qu'il peut avoir à crain- dre. [ln’eft point aufli vagabond que le loup. C’eft un animal domicilié qui s'attache au fol, lorfque les en- virons peuvent lui fournir de quoi vivre. [l fe créufe un terrier, s’y habitue, & en fait fa demeure ordi- naire, à moins qu'il ne foit inquiété par la recherche des hommes, & qu’une jufte crainte ne l’oblige à changer de retraite. Ceux que l'inquiétude ou le be- foin forcent à chercher un nouveau pays, commen- cent par vifiter les terriers qui ont été autrefois ha- bités par des rezards ; ils en-écurent plufieurs,, & ce m’eft qu'après les avoir tous parcourus, qu'ils pren- nent enfin le patti d’en choïfir un. Loriqu’ils n’en trouvent point, 1ls s'emparent d’un terrier habité par des lapins , en élargiflant les gueules ,& l’accommo- dent à leur ufage, Le rezerd n'habite cependant pas toujours fon terrier. C’eftunabri &une retraite dont ilufe dans le befoin ; mais la plus grande partie du temsil ne terre point , &.1l fe tient couché dans les lieux les plus fourrés des bois. Les rerzards dorment une partie du jour: ce n’eft proprement qu’à la nuit qu’ils commencent à vivre. Éeurs defleins'ont befoin de l'obfcurité , de l’abfence des hommes, & dufilence de la nature. En général ils ont les fens très-fins ; mais c’eft Le nez qui eft le principal organe de leurs connoïflances. C’éfft lui qui les dirige dans [a recherche de leur proie qui les avertit des dangers qui peuventies menacer.Il'aflure &c reûifie les appercevancesique donnéntles autres fens; & c’eft lui qui a la plus grande inflience dans les derniers jugemens qu'ils portent relativement à leur confervation. Les renards vont donc toujours le nez au vent. Dans les pays fort peuplés de gibiér , ils ne s’approchent guere de la démeure des hommes , parce qu'ils trouvent dans les bois où aux environs, umenourriture qu'ils fe procurent facilement, &avec moins de péril. Ilsfurprennent leslapins,leslevreaux, les perdnix lorfqu’elles couvent. Souvent même ils attaquent les jeunesfaons à la repofée, &fur-tout ceux des chevreuils. Pendant lété'ils vivent donc ordinai- mentavec beaucoup defacilité; ils mangent même les bannetons, farfiflent lesmulots, les rats de campagne, les orenouilles, &c. Pendant l'hiver, & fur:tout lortz qu'il géle, la vie leur dévient plus difficile. Le rérard alors eft fouyent forcé des’approcher des mxifons: Toujours partagé entre Le béfoin & la crainte, fa mar- che ef précautionnée’, fouvent fufpendue ; la dé ffance &t l'inquiétude laccompagnent. Cependant la faim devenant plus preffante , le courage-augmente REN 103 fur-tout lorfque la nuit eft avancée. Le rhard cher: che aloÿs à pénttrer dans utile bafle-cour, jufque dans le poulailler, où il fait beaucoup de ravages. fl pros digue les meurtres, &c emporte à mefure les volailles qu'il a égorvées ; 1l les réferve pour le betoin, & les couvre avec de la terte & de la moufle. Souvent auf 1l tue fans emporter , &c feulement pour affou- vir fa rage, On doit chercher à détruite un animal aufli dangereux pour les baffe-cours & pour le gi= Rier; & tout le monde eft intéreffé à lui faire la guerre. On chafle le rezard avec des bafets, des bri- quets où des chiens coùrans de petite taille, Ces chiens le chaflent chaudement, parce qu’ilexhale une odeur très-forte. Mais la chafle ne feroît pas longue, fi lon avoit pas eu auparavant la précaution de boucher les terriers. On place des tireurs à portée de ces terriers , ou des autres refuites connues durezard, S'ils viennent à le manquer, l'animal efftayé cherche alors aflez au loin une rétraite qui le dérobe à la pourfuite des chiens , 8 aux émbüches des Hommes. Il parvient enfin à trouver un terrier ; mais on le pourfuit encore dans fa demeure fouterraine ; on fait entrer de petits baffets qui l’amufent, l'empêchent de creufer, & que fouvent 1l mord cruellement, On fouille la terre pendant ce tems ; on arrive au fond ; on le faifit avec une fourche, & après l'avoir bail- lonné, on le livre aux jeunes chiens qui ont befoin d’être mis en curée. On détruit de cette maniere une affez grande auane tité de rezards ; mais on ne doit pas fe flater de réuir par ce moyen feul, à anéantir la race dans un Days, Pour y parvenir, ou à-peu-près, il faut multiplier les pieges &t les appâts, & par mille formes féduifantes & nouvelles ,furprendre Atout moment{feur défiance vigilante & réfléchie, Lorfque lesrerzards ne connoif. fent point encore les pieges, il fuffit d'en tendre dans les féntiers où ls ont l'habitude de paffer, de les bien couvrir avec de la terre, de l’herbe hachée, de la | moufie; de maniere que la place fous laquelle eff Le piege , ne differe en rien à l'extérieur du terréin des environs, On y met pour appät un animal mort, au- quel on donne la forme d'un abattis, & on l'y laiffe pourrir juiqu'à un certain degré; car l'odeur de la chair pourrie attire fouvent plus le ez4r/ q\’un ap- pât tout frais, On en prend beaucoup de cette manie- re , lotfqu'ils ne font pas encore inftruits. Maïs s’ils ont vû d'autres rezurds pris à ces piépes ; fi eux-mé- mes y ont été manqués, 1l devient néceffaire de chan- ger les appats , & de chercher à les rendre plus. friands. Des hannetons’fricaffés dans de la praifle de . porc, attirent beaucoup les rezzrds, fur-tout fi l’on | y mêle un peu de mufc, Le gfand art eft d’aflurer Bien l'animal fur lappât avant dy mettre le piege, de préparer le terrein peu-d-peu , & de vaincre par la patience fa défiance inquiette. Ce qui attire le plus puiamment les rezards, c’eft l’odéur de là matrice. d’une rerarde tuée’ en pleïne chaleur, On là fit fécher au four, & elle fert pendañt toute l’année. On place: des pierres dans les carrefours des bois ; on répand. du fable au tour; on frotte la pièrre avec la matrice : les renards y viennent , mâles 8& femelles, s'y arre- tent, y grattent, &c. Lorfqi’ils ÿ font bien accoutue més, on frotte le piege dela mêmé mañiete , On l'en terre à deux pouces dans lé fablé, & ordinairement l'attrait efl aflez fort pour vaincre l'inquiétude natu= | relle à cet animal. À ces foins il faut joindre celui, d’obferver avec la plus erahde attention, les teftriers que les femelles préparent pour dépofer leurs petits. Ces anrmaux s’accouplenta lafin dé Janvier & en Fé- ytier; on trouve des renardéaux dès le mois d'Avrile La portée eff ordinairement de trois jufqu'à fix. Le. pereièt là"mère lès noutriflent en commun. [ls vont fouvent en quête , fur-tout lorfque.les petits côm= mencent à devenir voraces. Ils lèur apportent des 104 REN volailles , des lapins , des perdrix, &c. & les bords du terrier qu’habite une portée de rezards font bien- tôt couverts de carcaffes de toute efpece. Tout cela eft aifé à reconnoître; mais il faut prendre garde d’in- quiéter inutilement le pere ou la mere. Dans la mé- me nuit, ils tran{porteroient leurs petits, & fouvent à une demi-lieue de là. Il faut donc affaillir tout d’un coup le terrier, tendre des pieges aux différentes gueules ; 8 comme on n’eft pas toujours sûr que les : vieux rezards foient enfermés dans le terrier, il faut afliécer aufi les chemins battus, appellés coulées, par lefquels ils vont & viennent pour chercher à vivre. Alors la néceflité de nourrir leurs petits, les excite à braver le danger, &t leur défiance eft anéantie par ce befoin vif. Sans cela un rezard afliègé de pieges dans un terrier n’en fort qu’à la derniere extrémité. Jen ai vû un qui y refta quinze jours, &r qui n’avoit plus que le foufle lorfqu'il fe détermina à forur. Ces animaux, lorfqu'ils font pris, font aflez fujets à fe. couper le pié; & cela arrive prefque certainement lorfque le jour paroit avant qu'on y arrive. Ils font , comme les chiens, à-peu-près dix-huit mois à croître, & vivent de douze à quinze ans. On n’a jamais pü faire accoupler enfemble ces deux ef- peces; mais on y parviendroit fans doute en appri- voifant par degrés la race fauvage du renard, qui à la premiere génération conferve toujours fon natu- rel farouche, & {on penchant à la rapine. Il mange des œufs, du lait, du fromage, des fruits, fur-tout des raïfins, du poiflon, des écrévifles. Il eft très-avide de miel, & tire de terre les guépiers ; il at- taque les abeilles fauvages : lorfqu'ils {ent les aiguil- lons des guepes, des frelons , des abeilles, quitachent de le mettre en fuite , il fe roule pour les écrafer. Les femelles deviennent en chaleur en hiver, & on voit déja de petits rezards au mois d'Avril ; les portées font au moins de trois , au, plus de fix: 1l n’y en a uuae chaque année. Les rezards naïfent les yeux nés: ils font comme les chiens, dix-huit mois ou deux ans à croître , & vivent de même, treize à qua- torze ans. Le rezard olapit, aboie, &c pouffe un {on trifte femblable à celui du paon. Il a différens tons, {elon les fentimens dont il eft affe&té. Il fe laïffe tuer à coups de bâton comme le loup, fans crier. Il ne fait entendre le cri de la douleur que lorfqu'il reçoit un coup de feu qui lui cafe quelque membre: 1l eft pref que muet en été. C’eft dans cette faifon que fon poil tombe & fe renouvelle. Cet animal a une odeur très- forte & très-defagréable, & qui fe faitfentir de loin, fur-tout lorfqu’il fait chaud. ILmord dangereufement, & on ne peut lui faire quitter prife qu’en écartant fes mâchoires avec un levier. La chair du rezard eft moins mauvaife que celle du loup; les chiens 8 mê- me les hommes, en mangent en automne, fur-tout lorfqu’ils’eft nourri & engraifié de raifins. Lesrezards fe trouvent dans toute l’Europe, dans l’Afe fepten- trionale & tempérée,, & même en Amérique; mais ils font rares en Afrique & dans les pays voifins de l'équateur. Dans les pays du nord il y a des renards noirs, des bleus, des gris, des gris de fer, des pris argentes , des blancs , des blancs à piés fauves , des blancs à tête noire, des blancs avec le bout de la quéue noire , des roux avec la gorge & le ventre en- tierement blancs, & enfin des croifés ; ceux-ci ont une bande longitudinale qui s'étend depuis Le bout du mufeau jufqu’au bout de la queue, en paffant fur la tête & fur le dos, & une bande tranfverfale qui pafle fur le dos & s’étend fur les deux jambes de de- vant.La fourure desrenards noirs eft la plus précieufe; c’eft même après celle de la zibeline, la plus rare & la plus chere ; on en trouve au Spitzherg, en Groen- land, en Laponie , en Canada. Af. nat, gen. & pars. som. VII. . RENARD, ( Mur, méd, } les pharmacologiftes ont vante, felon leur ufage , je ne fais combieri de par- ties du rezard , fa graifle , fes tefticules, los de fa verge, fa fente, fon fang, c. mais tous ces reme- des font abfolument oubliés. Le foie & le poumon font les feules parties qui foient encore des remedes, êT principalementle dermiervifcere qu’on garde dans les boutiques , après l'avoir lavé dans du vin & féché. Non-feulement le poumon de rezardeftrecommandé «contre les maladies de la rate &c le flux de ventre opiniâtre , mais encore il eft regardé comme un fpé- cifique contre la phtifie, foit étant pris en aliment, foit en donnant à titre de remede , le poumon dere- nard préparé & réduit en poudre, à la dofe d’une dragme ou de deux, dans un bouillon , dans un looch ou un firop approprié. On fait infufer encore un nouet de cette poudre dans la boiflon ordinaire des afthmatiques : fur quoi il faut remarquer qu'il s’agit 1c1 d’un poumon regardé comme fpécifique des mäla- dies du poumon, & dont la vertu a été très-proba- blement déduite d’après le principe des fignatures, Voyez SIGNATURE , ( Pharmacologie. ). On gardeor- dinairement dans les boutiques une huile appellée de renard, oleum vulpinum, & qui eft préparée par infufion & par décottion avec l'huile d'olive, & la chair de rezard cuite dans l’eau &t le vin avec un peu de fel commun &c quelques plantes aromatiques , jufqu’à ce qu’elle fe {épare des os; faifant cuire en- fuite ce bouillon avec de l’luule d'olive jufqw’à con- fommation de l'humidité, &c faifant infufer de nou- veau quelques fubftances végétalesaromatiques dans la colature. Cette huile eft une de ces préparations puériles & monftrueules , dont l’abfurdité eft dé- montrée à l’article HUILE PAR DÉCOCTION. Voyez fous Particle général HUILE. (b) RENARD, ( Comm. de Fourreur.) ce qw’on tire du renard pour le commerce, ne confifte qu’en fa peau, laquelle étant bien paflée & apprêtée par le pelletier, s'emploie à diverfes fortes de fourrures. La Natolie, PArmème & la petite Tartarie fourniflent quantité de peaux de renards, dont celles qui fe tirent d’Aïaf, de Caffa, & de Krin, font réputées les plus belles. Il s’en envoie beaucoup à Conftantinople, & en quelques autres endroits de l’Europe. Celles de ces pays-là deftinées pour la France, qui {ont en petit nombre , viennent pour l’ordinaire par la voie de Marfeille. | C’étoit autrefois la mode en France de porter des manchons de peaux de renards toutes entieres , c’eft- à-dire , avec lesjambes,, la queue, & latête, à la- quelle l’on confervoit toutes les dents, & où lon ajoutoit une langue de drap écarlate 8 des ox d'émail, pour imiter, autant qu'il étoit pofhble, la vérité de la nature. Cette mode s’eft tout-à-fait perdue. Savary. ( D.J.) RENARD MARIN, PORC MARIN , RAMART, f. m. (ff. rar. Ichthiolog..) vulres marina. Ra. Poiflon de mer cartiagineux du genre des chiens demer.M. Perrault en a diféqué un’ qui avoit huit piés &c demi de longueur , & un pié deux pouces de largeur prife à endroit le plus gros, c’eft-à-dire au, ventre. La. queue étoit prefque .aulh longue que tout le Corps, & faite en maniere de faux, un peu recourbée vers le ventre : il y avoit une nageoire à lendroit ox commençoit cette courbure. Le dos avoit deux for- tes de crêtes élevées , une grande au milieu de fa longueur, & une plus petite vers la queue. Les na- geoires étoient au nombre de trois de chaque côté : une auprès de la tête qui avoit un pié trois pouces de longueur, & cinq de largeur à la bafe, une fur le ventre qui étoit moins longue que celle de la tête, & elle avoit une pointe pendante. qui eft le caraétere des mâles. La derniere nageoire étoit placée près de la queue & fort petite. La peau n’avoit point d’e- cailles , elle étoit Lifle. Les crètes & les nageoires 5 | ayoient REN avoient une couleur brune bleuêtre ; Pouverture de la bouche étoit longue de cinq pouces; Les dents dif féroient entr’elles par la forme & par la dureté ; le côté droit de la mâchoire füpérieure jufqu’à l'endroit où font les canines des amimaux quadrupedes, avoit untang de dents pointues ,; dures & fermes, étant toutes d’un feul os en forme de fcie. Les autres dents : . 3 ae Br A « qui fe trouvoient de l’autre côté de cette mâchoire, êc toutes celles de la mâchoire inférieure étoient mo- billes, triangulaires , un peu pointues, 82 d’une fub- flance beaucoup moins dure que celle des autres dents; de forte qu'il y en avoit qui ne paroïfloient être qu'une membrane durcie. Lalangue étoit entie- rement adhèrente à la mâchoire inférieure, & com- pofee de plufieurs os fermement umis les uns aux autres, & recouverts d’une chair fibreufe, La peau de la langue étoit garnie de petites pointes brillantes qui la rendoientfort âpre 8 fortrude, Mom. de Pacad, royale des Sciences par M. Perrault , som, LEA part, I, Voyez Poisson. RENARD dx Pérou, ( Hill nar. d'Amérique. ) cet animal que les naturels appellent chinche, eflde la grofféur d’un de nos chats , & a les deux mâchoires formant une gueule féndue jufau’anx petits angle _des yeux ; fes pattes font divifées en cinq doigts mu- nis à leur extrémité de cina ongles noirs, longs & -pointus, qui hu fervent äacreufer fontstrier. Son dos eft voüté ; femblable à celui d’un cochon, & le def fous du ventre efttout plat; fa queue eft auf longue que fon corps; il fait à demeure dans la terre, com- me nos lapins, mais fon tertier n'eft pas ft profond. On RENARD, © m, ( Arhis. ) ce terme a plufieurs figniñicarions. Les Macons apoellent ainft les petits moulonsquipendent atrbout de deux lignes attachées à deux lattes , & bandées, pour relever un mux de _pareïlle épaïfleur, dans toute {a longueur. Is Connent aufli Cenom à un mur orbe, décoré pour la fymmé- trie, d'une architetture paraïlle celle d’un bâtiment qui lui eft oppoié. di Les Fontainiers appellent encote remard un petit pertuis ou fente, par où l'eau d'un bäffin, ou d’un Le + RER a] ide \Z réfervoir , le perd, parce qu'ils ont de la peine À la découvrir pour la réparer. Enfin rezard eft un mot de fisnal entre des hom- mes qui battent enfemble des pieux, ou des pilots à la fonnette , de forte qu’un d’entr'eux criant 4x re- nard., ils s’arrétent tous en même tems; ou pour fe repoier après un certain nombre de coups ; ou pour cefler tout-à-fait au refus du mouton, Il cris aufñ au dard, pour les faire recommencer, Di. d’'Archir, (D. 1.) RENARD , ( Marine. ) efpece de croc de fer avec lequel on prend les pieces de bois qui fervent à la confiruétion des vaifleaux, pour les ttanfporter d’un lieu à un autre. RenarD, ( Marine. ) petite palette fur laquelle On a fipuré les 32 airs ou rumbs de vent. À l’extré- muté de chaque rumb il y a fix petits trous aui font enldigne droite. Les fix trous repréfentent les fx hor- loges, ou les fix demi-heures du quart du timonnier, qui pendant fon quart , marque avecune cheville {ur chaque air de vent, combien il a été couru de demi- heures ou d'horloges. De maniere que fi le fiilage du _vaifleaua été fur le nord pendant quatre horloges, le timonnier met la cheville au quatriemetrou du nord; êt cela fert à aflurer Peftime & le pointage, On atta- che le rezard à l'artimon proche l’habitacle, On voit bien que ceci eft une efpece de journal méchanique, par lequel on tient compte du fillage du vaifleau & de fa dire&tion, bien inférieur à un journal véritable, Foyez JOURNAL. Auf je ne con- nois que M. Aubin qui ait parlé de cette efpece d’inf- Torne AIFP, à R EN 105 trument ; & on n’en trouve la defcription dans au” cun traité du pilotage. _ RENCAISSER.,v..2@. (Jardinage. deft confacré aux arbres de fleurs, tels que les orangers , les mir- thes, les grenadiers & autres, qu'on eltindifpenfa- blement obligé de renfermer dans des caïffes de bois, afin qu'étant pénétrés detous côtés de l’ardeur du fo- del, ils acquierent un degré de chaleur approchant |. de celui dont ces arbres jouifloient naturellement dans les pays chauds d’où ils viennent, Quand a caïfle ne vaut plus rien, ou aqwelle eft trop petite pour contenir les racines d'un oranger, il faut la changer, Sules terres ne font ufées qu’à demi, on ne fait que donner à l’arbre un demi- rencaiflement, c’eft-ä-dire, qu’on tire avec la hou- lette, fans toucher aux racines, les terres ufées, & qu'on en remet fur le champ de nouvelles, que l’on a bien foin de plomber. ‘Quand les terres font entierement nfées, on ren. caiff> unarbre de cettémanisre: on l’arrofe avant de le {ortir de fa caifle , pout aflermir la motte ; on met unit de platras au fond de la caifle, afin de donner paflage À l’eau fipérflue des arrofemens ; enfuite on rempht la caifle à-demr de terre préparée qu’on fait plormber, on jette un peu de terre meuble par-deflus, pour y placer la motte de l’oranger qu’ontire de la vieille caifle : la moitié de cette motte fera retran. (SEA chéetout-autour & en-deflous , & on coupera les racines &t les chicots qui sy rencontrent; Cell ce qu'on appelle égravillonner. Vous plantez cette motte au milieu de la caifle, & vous élevez l'arbre de trois pouces au-deffus des bords de la caiffe ,parce que les atrofemens &c les’ terres qui fe plombetont dans la fuite , ne le feront que trop defcendre à niveau de ja caïfle, Dh doit mettre un arbre nouvellement encaïfféà jours à Pombre, & enfte l’expofer au grand foleil avec les autres, : Le rencaiflement fe fit ordinairement au fortir de la ferre, avant la grande pouffe, & jamais à là fin de l'automne, à caufe de la proximité de hiver, à moins qu'il ny ait une nécefité indifpenfable. RENCHAINER , v: a@, ( Gram. ) enchaîner de nouveau, On rerchaineles chiens de bafle-cour le ma- tin. Voyez CHAINE 6 ENCHAINER. RENCHEN , ( Géog. mod. ) riviere d’Allemagne. Elle « fa fource dans l'Ortnaw , & vient fe jetter dans le Rein, à quelques lieues au-deffus de Strasbourg. (D. | RENCHERIR , v. n, (Cozm.) devenir plus cher, augraenter de prix. Le guerre a fait rezchérir le café Gt les autres épiceries que nous tirons du levant & des Indes. | Ce mot fe dit encore attivement des marchands qui demandent de leurs marchandifes plus qu’ils n’ont coutume delesvendre. Vous avez renchér: votre drap, vostoiles, &c. Diffionn, de Comm. 6: de Trévoux. RENCOBIER , fm. ( rerme de Blafon.) ce mot fe dit d’une efpece de grand cerf qui eft de plus haute taille 87 d’un bois plus longaue les bois de cerf ordi- naire, plus plat & plus large que celui d’un daim; alors on dit enblafonnant, N. porte d’azur à trois rem chiers d’or. (D. J.) RENCLOUER , v. at. ( Gram. ) enclouer de= rechef. Voyez ENCLOUER. | . RENCONTRE, f. £. ( Gram. ) approche: fortuite de deux chofes qui fe réunifent. Les Epicuriens ex- phiquerent la génération des chofes par la rezcontre des atomes. On appelle rercontre, dans l’art militaire, lation de deux petits corps , voyez l'article fuivant, & dans la fociété, larrivée de deux perfonnes dans un même lieu; il y rencontra fon ami, & cette ren contre lin fut très-douce. Aller à la rezcontre où au- devant, c’eft la même chofe; s'ily a quelque diffé + ENS 106 LR EN rence, (ef qu'on va au-devant d'un grand, 44 rencontre de Jon égal, Iy a des rercozires fâcheufes: RENcONTRE, c'eit à lavuerre je choc de deux icorps de troupes, qui de trouvent en face Pun de: autre, fans{e chercher. En ce fens, rercontreeñt op- polée à baruille rangée. Ainft Von dit, ce ne fut pas ne bataille , ce ne fut qu'une fimple rezcontre. La bataille de Parme en 1734, fut proprement une rez- contre. L'armée de lempereuürmarchant pourinveftir & faire le fiege de cette ville, & l'armée françoife pour s’y oppofer ; ces deux armées ferencontrerent dur la chauflée de Parme, où ellescombattisent pen- dant dix heures {ur un front feulement de deux bri- gades. (Q) | RENCONTRE fe dit aufi des combats fingulhiers par oppofition à duel, Quand deux perfonnes prennent querelle, & fe battent fur le champ: cela s'appelle rezconrre, Aïafi Von dit :'ce neft pas un duel, c’eft une rencontre. Voyer Dour. Chambers. | RENCONTRE, ( Chimie. ) vaifleaux de rencontre. Les Chimifles nomment anfi un appareil de deux vailleauxd ouverture unique , & quife remcontrent ‘ou fout ajuftés enfemble par leur bouche ou ouver- ture, enforte qu’ils ayent une capacité commune. Ce ont deux matras ou deux cucurbites qu’on appareille sanf, Voyez CUCURBITE, MATRAS, êc les Planches de Chimie. On emploie cet appareil aux circulations, & aux digeftions. Voyez CIRCULATION 6: DIGEs- TION, Chimie. On charge l’un des varfieaux ; celui qu'on deftine à être dans la fituation droite, dela ma- tiere à traiter ; on abouche l’autre, en le renverfant de maniere que fa bouchefoit reçue dans le premier (car s’ilrecevoit au contraire,les gouttes condenfées qui doivent découler le long de fes parois , ne fau- roient retômber immédiatément dans le vaifleau m- férieur, ce qu’on fe propofe cependant ); enfin on dutte la jointure. (B RENCONTRE, cas fortuit, il fe dit également dars de commerce, en bonne & mauvatfe part. Les marchands pour faire entendre qu'ils ont eu bon marché d’une chofe, difent, c’eftune rezconrre, ou j'ai eu cela de reconrre, c’eft à-dire, de hazard; je ne lai point achetée chezles marchands. L'on dit encore en rermes de commerce de lertres de change , j'ai trouvé rencontre pour Amiterdam , pour Lyon, pour Anvers, pour fignifier qu'on a trouvé des lettres de change pour ces places, Foyez PLACE. Didionn.de Commerce 6 de Trévoux. | RENCONTRE , ( Marine. ) commandement au ti- monnier de poufler la barre du gouvernail, du côté oppoté à celui où il avoit pouflée. |, RENCONTRE, ( Charpens. Menuif. ) ©’eft Pendroit à deux ou trois pouces près, où les deux traits de. {cie fe rencontrent, &c où la piece de bois fe fépare. {D. JT) RENCONTRE piece de, ( erme de Tourneur. ) c’eft ainfi qu’onnomme un morceau de fer attaché au haut de la lunette d’une poupée, qui par fa rencontre avec da piece ovale, fait hauffer ou baifier. Varbre fur le- quel on tourne des ouvrages de figures irrégulieres. La piece ovale ou les autres pieces irtéouleres de cet arbre, font faites pour l'ordinaire , de cuivre, afin que laremcontre en toit plus douce, Foyez TOUR. RENCONTRE , {. m. serme de Blafon, ce mot fe dit en blafonnant, des quadrupedes qui préfentent une tête de front, & dont on voit les deux yeux; mais à l'égard du léopard &c du cerf, cette poñtion s’ap- pelle maffacre. N- porte de fable au renconrre de bélier d'or. Meneftrier. (D. 750) | RENCONTRÉE, (Commerce. ) valeur de moi- même ou rercontrée en moi-même, ftyle de lettres de change. Les lettres de change où ces termes fe snettent iont la troifieme efpece de lettres de chan- eue REN ge; on les hbelle-de la forterafin que lotfqu'un ban ‘quier Gù nésociant tire une lettre de change fur fon débiteur, elle paroïfle toujours être de fes propres deniers , à caufe de la créance qu'il à de pareïlle: forme fur celui fur quiil Pa tirée, ce! qui ne feroit pas fietiréurmettoitvaleurrequeen deniers comptans, parce qu'alors le commifionnaire ou l'amt à qui élle aufoir été remile pour la recevoir, poltroient pré- tendre que la lettre leur appartiendroit,, puifqu'il paroitroit par la lettre qu'ils en auroient fourni fa Valeur, Diélion. de commerces | Le ent RENCONTRER,, v. at. ({ Gramun.) Voyez Parti cle RENCONTRE. | | | RENCONTRER, c’efftrouver la voie d’ure bêtes le fimiter rezcontre. RENDABLE, adj. (Jurifprad. )fe dit en plufieurs fens différenss 0 | ; EST © Fief rendable toit celui que le vadal devoit ren- dre à fon feigneur én cas dé guerre. Fr Rente réndable, dans quelques coutumes, comme Auverene êclaMarche, ef larente confhituéeà prix d'argent. | = On dit auf quelquefois en parlant d'un cens ou d’üne rente qu'ils font rezdubles à tel endroit, c'eft- à-dire portables dans ce lieu & noh quérables, Voyez Le gloffaire de M. de Lauriere au mot rerdable. (4) RÉNDAGE, {am (Juri/prud.) fignife ce que l’on rend de quelque chofe au feigneur ou maître, le profit qu'il en retire | Par exemple , en fait de monnoie , le droit de rex dage de chaque ouvrage comprend le droit de {ei- gneuriase dû au roi, cle braïage du maître de la monnoie, qui lu eft accordé par les ordonnances fur chaque marc. Voyez Particle faivants Rendage Le prend auff pour la ferme, profit & re- veuu que l'on retire d’un héritage; ainfi dans la cou- time de Liege les rentes créées par rerdage font les rentes foncieres réfervées lors de: l'aliénation du fonds. Voyez Le glof]. de M. de Lauriere au mot fem dage. (À) | | RENDAGE,, {. m. ( Monnoyage. ) ce mot figniñe ce que les efpeces, quand elles font. abriquées, ren- dent à caufe de Pailliage qu'on y mêle, au-defus du véritable prix de l'or & de l'argent avant ce mélan- ge; le rerdage comprend évalement le droit de fei- oneuriage dû au fouvetain fur les monnoies, êc le droit de braflage accordé aux maîtres des monnoies pour les frais de la fabrication. d Rendage le dit auf de ce qu'il faut que les officiers des monnoies rendent au roi pour le défaut des mon- noies mal fabriquées. Le reidage du marc d’or eff ro lv. ro fols, favoir 7 iv. 10 fols pour le feigneu- riage, & 3 liv. pour le braffage. Le rendage d'un marc d'argent eft de 28 fols , favoir 10 +5 pour le fei- gneuriage, & 18 fols pour le brafiage. (2. J.) RENDÉTTER, (Commerce) s'endetter une fe- conde fois. Voyez ENDETTER, S'ENDETTER. . RENDEZ-VOUS, £. m. (Gram. ) c’eft le lieu où l’on doit fe trouver à une certaine heure. Ce fut le rendez-vous général de l’armée, dela chafle, Ge. RENDEz-Vous, ( Marine.) c’eft le heu convenu entre les vaifleaux d’une flotte, où ils doivent fe réu- nir au cas qu'ils viennent à être dfperfés. RENDONNÉE , £ L srme de Vénerie, C’eft lorf- au’après que le cerf eft donné aux chiens il fe fait chafler deux ou trois fois dans fon enceinte , 6c tour- ne deux où trois tours autour du même lieu, &tfe retire enfuite fort loin. Fouilfoux. (D.J) RENDOUBLER , v. a@. ( Tailleur & Couturiere. c’eft coudre les bords d’une étoffe en double, pour racourcir ou retrécir. Il vaut mieux faire un rendou- ble que rogner. | | RENDRE, REMETTRE, RESTITUER, (5 yn.) Nous rendons ce qu’on nous avoit prêté où donnés REN Nous remertons ce que nous avions en page ou en dé _pôt. Nous reflituons ce que nous avions pris ou volé. On doit rendre exattement, remeure fidellement, Sc reffrtuer entierement. On emprunte pour rerdre , on fe charge d’une chofe pour la resertre , mais on ne prend guere à def fein de réffiruer. | L’ufage emploie & diffingue encore ces mots dans les occafons fuivantes. Il fe fert du prémier à l'égard des devoirs ervils, des faveurs inrerrompues, & des préfens où monuimens de tendrefié: On rezd {on aimitié à qui en avoit été prive, les lettres à une mat- trefle abandonnée. Le fecond fe dit à l'écard de ce qui a té confié, & des honneurs , emplois ou char- ges dont on eft revêtu. On rexefun enfant à fes pa- rens, lecordon de l'ordre le bâton de commandant, les fceaux t les dienités au prince. Le troifieme {e place , pour les chofes qui ayant.été Otées ou rete- nues je trouvent dûes. On Fire à un innocent ac- cute fon état & fon honneur; 6n refisne un mineur dans la pofleffion de fes biens äfiénés. Guard. ID Le k RENDRE, en Médicine, eft la même chofe qu’éva- cuer, Voyez EVACUER. Dans les Trunfaitions philofophiques, 1 eft parlé d'un nommé Matthieu Milford, qui rendit un ver ‘par les urines, lequel on croyoit venir des reins. Voyez VERS. Liiler fait mention d'une véritable chenille que redire un enfant de neuf ans. M. Jéflop a vû des in- foétes à fix piés qu'avoit vomi une fille. Catherine Geilaria, qui mourut en 1662, dans l’hôpital AI renbourg, rerdis vingt ans durant par la bouche & par les felles des crapauds 8 des léfards. Æphémer. d'Allemagne, som, EL, obf: no 3.1 ve ; Dans les mêmes Ephémerides, il y a un exemple d’un petit chat, nourri dans l’eftomac d’un homme, ëc entuite vomi. [Il ÿ eft parlé auffi de petits chiens, de grenouilles, de léfards aquatiques, & d’autres animaux, nourris 8c rendus ge la même ficon.-Bar- tholin parle d'un ver qui füt nourri dans le cerveau, &t rendu par le nez. Voyez VERS. trot RENDRE LE BORD, ( Marine. } c’eft venir motul: ler ou donner fond dans un port ou dans une rade. Les vaiffeaux de guerre ne doivent rendrele bord, s'ils mont point d'ordre, qu'après avoir confumé tous leurs vivres, PAU RENDRE IA MAIN, terme de Manege, c’eft le mouz vement que lon fait en bafflant la main de la bride, pour engaser le cheval d'aller en-avant, Æ/ém, de caval, ( D.J.) RENDSBOURG, (Gcog. m0d.) ville d'Allemagne, dans le duché de Holftein, aux confins du duché de Slefwick ; elle eft prefque environnée de la riviere d'Eyder qui y forme deux lacs poiflonneux, à fix lieues au fud-eft de Slefwick ; elle appartient au roi de Danemarck. Les Impériaux la prirent en 1627, & les Suédois en 1643. Long. 27. 30. la. 54. 3. Gudius ( Marquard), favant Bttérateur, naquit à Rendsbourg en 1635, voyagea dans foute l’Europe, Stmourut en 1689, laïflant une curieufe bibliothe- que, que Morhof appelle la reine des bibliocheques des particuliers, Ses manufcrits & autres raretés litté- raires ont pañlé dans la bibliotheque du duc de Wol- fenbutel, & ce fut le célebre Léibnitz qui procura cette acquifition, étant allé pour cet effet dans le Holftein en 1710. Gudius avoit promis pendant fa vie divers ouvrages fans tenir parole; mais on à trouvé dans fa bibliotheque un beau recueil d’inf criptions anciennes de fa mäin. Cet ouvrage, après divers contre -tems , a paru fous ce titre: Arrigne énfcriptiones | tùm græecæ, tüm latine, olim à Marquar- do Gudio collètlæ, nunc à Francifco Heffelio cditæ, Tome X1F, REN 107 cum adnotationibus. Leuwardie «93 x, ir-folio, Vous trouverez les détails qui regardent cet ouvrage dans la Bibliotheque raifonnée , 2052. X, pare. LE Pag: 2744 290: (2D.J.) | RENDU, (Gramm.) participe du verbe rendre. Voyez l’article RENDRE. RENDU, (Forificarion,) un rerdu à la guerre eft un foldat owun deferteur une armée ennemie. (@) RENDU , ( Maréchal. ) un cheval rendu, eft celui qui ne fauroit plus marcher. RENDUIRE, v. aét. ( Gramm.) enduire: dé nou- veau. Voyez; ENDUIRE & ENDUIT. RENDURCIR., v. a. ( Gramm.) endurcir de- rechef. Woyezwdes articles Dur, DURETÉ, Expure CIR, ENDURCISSEMENT. RÊNE , LÉterme de Bourrelier, les rénes font deux longes de cuiriattachées à la Branche de la bride; elles font dans la main du cavalier, font agir lembou- chure, tiennent la tête du cheval fujette, & fervent à le conduire, foit à droite , foità gauche. Ce qu'on appelle fauffe réne , eft une longe de cuir qu’on patte quelquefois dans l’arc dibanquet , pour faire donner un cheval dans la main, ou pour lui faire plier l’encolure, (D:J.) RENEGAT , fm. (Théol.) chrétien qui apoñtafe & abandonne la foi de Jefus-Chrift pour embrafler quelqu'autre religion, mais fineulierement Le maho- métime. oyez APOSTAT. On prétend que les rerégars font ceux d’entre les turcs qui maltraitent le plus cruellement les efclaves chrétiens qui tombent entre leurs mains. Ce mot eft formé du latin renegare, qui fignifie renier, abjurer un tentiment. | RENEN, (Géog. mod.) petite ville & feigneurie d'Allemagne , au duché de Meklenbourg , entre Pa: lebufch & Daflow, fur les frontieres du duché de Holfteun.(2.1.)5 RENETTE , RAINE, CROISETTE ; ff, ( Hife. nat. lthyolog+) rana arborea ; c’eft la plus petite ef pece de grenouille, on Pa nommée en latin ranz ar borea , parce qu’elle grimpe fur les arbres; elle a toute la face fupérieure du corps d’une belle couleur verte ,' & toute la fage inférieure eft blanchâtre, à l’exceprion des piés qui ont une couleur brune ; il a de chaque côté du corps une ligne d’un jaune clair qui féparce la couleur verte de la couleur blanchâtre; ces lignes commencent aux deux narines , elles pat fent chacune fur Pun des côtés de latête 8: du COIPS , : & defcendent le long des jambes de derriere. Les doigts ont à leur-extremité une forte de petit bouton rond & charnu. Le mâle ne difere de la femelle, qu’en ce qu'il a la gorge brune. | Selon M. Raïfel, les rererres pañlent prefque tout l'été fur des arbres où elles fe nourriflent d’'infeétes ; elles fe retirent l'hiver dans la fange des marres; elles croaflent au commencement du printems avant tou- tes les autres efpeces de grenouilles & leur croafle- iment fe fait entendre aufli beaucoup plus loin; elles s’accouplent dans l’eau fur la fin du mois d'Avril: les vers ou plutôt les tétards qui proviennent du frai de renertes , ne prennent la forme de grenouille que deux mois & plus après qu'ils font éclos. Jourral étranger, Juillet 1754. p.168. Voyez GRENOUILLE. RENETTE , 1. f, inftrument de fer dont les Bour- reliers fe fervent pour marquer des raies fur le cuir qu'ils emploient; cetinftrument eftune grande ban- de de fer de la largeur d’un pouce ployée en deux, ce qui donne à linftrument deux branches d’environ 12 ou 14 pouces de long ; l’une des deux branches eft de quelques hgnes plus longue que l’autre | & la plus courte eft ün peu recourbée en-dehors par le bout. Vers le milieu de la longueur des deux bran- ches eftune vis de fer , qui fert à éloigner ou appro- cher les deux branches; l’ufage de la renerre eft de Où. 108 REN ervir à tracer des raies furles bandes decuirrau moyen. de l’extremité dela branche recourbée,, tan: dis que l'extrémité droite ne fait que glifler le long de la coupe du cuir , & fert en quelque façon de régle pour tracer la raie bien droite. 7oyez la fig. 23. PJ, du Bourrelier. 2e ReNEeTTE , {. f. terme de Manége;-c’eft un inftru- ment d'acier, qui fert àtfouver une enclouure dans de pié du cheyal. | RENFAITER , v. a@. ( Gram. & Couvr. ) c’eftre: faire le faite d’une maïfon, & réparerles faitieres. Voyez FAÎTE. | RENFERMER , v,a@. (Gramm.) ©eft enfermer denouveau, êc plus fouvent enfermer; on a rez- fermé ces fanatiques qui troublent la fociété par * leurs “extravagances. La tèrre rezfèrme des trélors infnis qui nous fontencore inconnus, mais que les fiecles à venir produiront au jour: Jeimet referme dans ma.petite fphere , & je mets mon bonheur à n’en point fortir 3 cet objet eft trop étendu , trop plein d’exceptions pour êtrererfermé dans quelques regles générales. sp RENFERMER un cheval entre les cuifles. Voyez ASSUJETTIR. RENFILER,, v.a@. (Gramm.) eftenfler fur un nouveau fl owune feconde fois fur le même fl, un collier ; un chapelet, un bracelet, une aiguille. RENFLAMMER , v. att. (Gram.) c’eltenflammer de nouveéaus Voyez ENFLAMMER 6 FLAMME. RENFLEMENT DE COLONNE, dem. ( Archi.) c’eft une petite augmentation au tiers detla hauteur du: fut d’une colonne, qui diminue infenfblement juf- qu'aux deux extrémités. vo Le renflerment dans les colonnes eftappellé évrusie en grec, & par. Vitruve adyeëlio in mediis columnis ; il {e fait au tiers vers le bout du bas dufüt de larco/oz- ne ; & le milieu dont Vitruve parle ,.nedoit pas être enténdu à la lettre, mais. en général, de ce qui eft féulement entre les extrémités; tous les'gens de goût mapprouvent point le renflemen: des colonnes, & en donnent de: bonnes raïfons; le-leîteurtes trouvera dans les commentaires de M. Perrault nf#recc. 5j: du Le III. de Vitruve, & dansdes principes d’Archirec- ture de Félibien. (D.J.) | RENFONCEMENT , fm. ( Archir.) c’eftun pa- rement au-dedans du nud d’un mur, comme d’une table fouillée, d’une arcadeou d’une nichefeinte. Renfoncement de fofire. C’eft la profondeur qui ref- te entre les poutres d’un grand plancher ; lefquelles étant plus près que fes travées, caufent des compar- timens quartés , ornés de corniches , architraves, comme aux fofites des bañlhiques de S. Jean de Latran, de Sainte-Marie majeure à Rome, &c. ou avec de etites calotes dans fes efpaces , comme à une des falles du château de Maïfons: C’eft ce que Daniel Barbaro-entend par ce mot lacus, qui peut fignifier , &c les renfoncemens quartés d’uneivoûte 8 ceux de Ja coupe du Panthéon à Rome. . Renfoncement de théätre.. C’eft la profondeur d’un théâtre | augmentée par l’éloignement que fait parot- tre la perfpe&tive de-la décoration. (D. J.) RENFORCER ; v. a@t. (Gram.) rendre plus fort. On: renforce un muf\,. une armée, une troupe , fa woix , une-étoffe , éc. RENFORMER,, veact. ez rerme' de Ganrer-Parfu- meur; c’eft élargir lesigants {ur le rezformoir pour leur donner une meilleure forme. Foyez RENFOR- MOIR. RENFORMIR ,'v. a@, (4rchir.) cet réparer un vieux mur, en mettant des pierres ou des moïlons aux endroits où il'en manque, & en boucher les trous de boulins; c’eftauffi lorfqu’un mur eit trop épais en unrendroit:, & foible en un autre ; le ha- cher, le:charger, & l’enduire fur le tout. Dave. (2.7) pellent médionner, Daviler. (D.,7.) LRENFORMIS , L ms (Arehir.) cet lacrépararion d’un vieux mur, à proportion de ce qu'il eft dégra- dé. Les plus forts rezformis {ont eftimés pour un tiers dexmur'; mais on taxe quelquefois le rezformis à 3 toifes pour une, ou 7 pour 2, ce que-es experts ap= RENFORMOIR, f m, 2/frumentde Ganrier, qu'on. appelle auf demoifelle ou Jervanre ; C’elb un outikde bois dur &c-tourné, fait en forme de pyramide, sar- ni de plufeurs coches,, 1l à environ un pié de hau teur; la bafe.en eftplate, &c le fommet rond. C’eft fur cet inftrument que les Gantiers renforment leurs gants, c’eft-à-dire les élargifient au moyen de déux bâtons qu'ils appellent ordinairement tourneganss, Voyez GANT. er RENFORT , fm. (Gram.) fecours saddition.qui fortifie; on renforce, ou l’on envoie ün rezforé à, une garnion, Lan). pi RENFORT, C’eft, dans l’ Artillerie, une partie dela piece-du canon dont le corps eft ordinairement com pofé de trois groffeurs ou circonférences. …. Le premier renfort, qui forme la premiere circon- férence de la piece , fe compte depuis laftragale de la lumiere juqu’à.la plate-bande & moulure qui eft fous les angles, z- Le fecond rerfort ; qui eft la feule circonférence , depuis cette plate-bande & moulure jufqw’à la pla- te-bande & moulure que lon trouve immédiatement après les tourillons. ; À Ces deux premiers renforts vont toujours en dimi- nuant, Enfuite eft la volée, troifieme circonférence, qui eft auffi moindre.en groffeur. Foyez CANON. . Les mortiers & pierriers ont aufli différens rezforzs. Voyez MORTIERS 6 PIERRIERS. (Q)) . RENFORT DE GUERRE, eft un fecours ounouvelle augmentation d’hommesi, d'armes, de munitions, Chambers. Un général qui attend un rezfor dé troupes doitfe tenit fur la défenfive, & ne point fe commettre avec l'ennemi avant qu’il foit arrivé. Il doit pour cet ef fet occuper un camp für, où l'ennemi ne puifle pas le forcer de combattre malgré lui. Il eft des circonf- tances où l’on doit cacher à Pennemi , lorfqu’il eft poffble de Je faire, le rezfors que Ponareçu; &c cela, afin de le furprendre en l'attaquant dans letems qu'il croit que la foibleffe de Parmée qu'il asen têtene lux permettra point d'engager le combat, Cette efpece, de rufe a été pratiquée plufeurs fois & avec fuccès parles anciens. (Q) _ | RENFORT de caution , ( Jurifprud.) ‘eft un fupplé- ment de caution que l’on donne lorfque la caution principale n’eft pas fufffante. Le renfort de caurion eft différent du certificateur de la caution. Celui-ci ne répond que de la folvabilité de la caution , & ne peut être pourfuivi qu'après dif- cuflion faite de la caution, au lieu que le rezfors de caution répond de la folvabilité du principal débi- teur, & peut être attaqué en même tems que la cau- tion principale, Voyez CAUTION , CAUTIONNE: MENT, CERTIFICATEUR , DISCUSSION , FIDÉJUS: SEUR ; FIDÉTUSSION. (4) RENFORT , cerme de Fondeur, c’eft la partie de la piece d'artillerie qui eftun peu au-deflus des tou- rillons , & qui eft d'ordinaire éloignée de la bouche du canon, d'environ quatre piés & demi, plus ou moins , felon la longueur de la piece. Gette partie fért par fa groffeur à renforcer le canon; mais, 1l faut remarquer qu'il y a deux renforts dans un çañon, Le premier, qui forme la premiere circonférence de la piece, eft depuis l’aftragale de la lumuere, jufqu’à la plate-bande & moulure , qui eft fous les ances. Le fecond renfort eft la feconde circonférence, &c s'é- tend depuis cette plate-bande & moulure, jufqu'à la plate-bande & moulure que lon trouve immédiate- ment après les tourillons. (D. J.) REN . RENGAGER , v.a@, (Gram.) engager de-rechef. Rengager une attion. Se rengager dans les. mêmes liens. Voyez ENGAGER. ACT f * RENGORGEUR , oblique, Voyez DRorr. Rengorgeur droit ,voyez VRANSVERSAIRE ‘de la téte, appellé prernieréranfverfaire. HRENGRAISSER , vaét, (Gramm.) engraïfler de nouveéau-oyez ENGRAISSER 6 GRAÏSSE: _ RENGRENEMENT , fm. (Monnoyage.) cé ter= merfgrfoit dans les hôtels des monnoies:,dans le temsqu'ony faifoit encorele monnoyageau mar- teauslopérafion du monnoyeur, qua vemettoit le #laon entte.la pile &z le troufleau, c'eft-à-dire , entre les quarrés d'éffipie & d'écuflon, afin que s’il navoit pas étérbien marqué du premiet coup de marteau , on pût en achever plus parfaitement l'empreinte par un fecondcoup. À lésarddes médailles, comme ele 4es font d’un grand relief, il faut fouvent en faire le. rengrenement, &t les récuire-à chaque fois-qu'’on l’a recommencé ; di le relief eft excefif, il faut fouvent en recommencer le/rengrezemens jufqu’à quinze où feize fois, & à:chaque fois-limer la matiere‘qui dé- borde au-delà de la ciconférénce, Savary. (D.1.) RENGRENER , rerme de Monnoie; on dit rengre- mer une médaille lorfqu’eile n’a pas bien reçu lem- preinte, &c qu’on la prefle entre les deux carrés , ce qui fe réitere plufñeurs fois. | : RENIER ,: vraéte (Gram.) c’eft méconnoitre , ab- jurer,, renoncer. Onrezie Dieu. On rezie la religion, On rerie fon pere. On rene fa dette. | | RENIFFLER ,( Maréchal.) fe dit du bruit que le cheval fait avec: fes nafeaux,, lorfque quelque chofe hu faitpeur, | } ac … RENITENCE, 1. fer Philofophie, fignifie la force des corps folides par laquelle ils réfiftent à l’impul- ion des autres corps, ou réagiflent avec une force _épale-àcelle quiagit fur eux. Ce mot vient du latin renir, faire efort contre quelque chofe. Voyez RÉA c- TION , voyez auffi RÉSISTANCE. | Dans tout choc de deux corps il y a une renitences carun Corps quien choque unautreperd une partie de fon mouvément par le choc, sil n’eft pas à reflforts & le corps qui étoit en repos eft forcé de fe met- tre en mouvement : au refte le mot de renirence eftpeurufité, ceux de réaéfion ou de réeftance {ont prefqueiles feuls emufage, (O) , RÉNITENCE , serme de Chirurgie, qui fignifie pro prèment une dureté, Où unevé/iffance au t«@, La ré- nitence eft undes principaux caracteres des tumeurs skitrheufes. Woyez SKIRRHE, IL eft à-propos de favoir juger par expérience des différens degrés de réziterce, pour eflimer à quel point les humeurs épaïffies qui forment la tumeur, ont privées de la férofité qui leur fervoit devéhicule dans l’état naturel, ®ler les médicamens dont on peut ufer pourtobtenir la réfolution de la tumeur. On connoït aufh par le degré de rézisence bien ap- récié de Peffet des médicamens qu’on à employés. Le froid contribue beaucoup à l’induration des tu- meurs 6 lesglandes font plus fujettes aux tumeurs dures que les autres parties, parce que la lymphe, fort fufceptible d’épaffiflement., circule aveclenteur dans cesioïrganes, Les glandes du cou font plus fu- jettes à devenir skirrheulestque celles des aiffelles & desaines, parce qu’elles font lus expofées au froid. Les amygdales s’enflamment aflez facilement, & leur gonflement inflammatoire devient fouventune tumeur dure & rérirente par lation du froid, Voyez | ÉSQUINANCIE, (F) | r RENK, (if, nat.) nom d’un poiffon d’eau dou ce, que l’on pêche en Baviere , dans un lac près du château de Starenberg/ On dit que fa chair eft blan- «che comme la neige’, &que le goût êh eft admira= ble, & qu'il meurt auMi-tôt qu'il eft forti de l'eau, à RE N 109 RENNE, fanpifèr {f. (Hif4 nar, 7 00108.) animal. quadrupede qui reflemble: beaucoup au cerf ; ais qui eft plus grand. Le bois de larenne a une figuré très-différente de celle du bois du cerf. « Les cerfs * dit M. Renard dans fon voyage de Laponie , n’ont » que deux. bois, d’où fortent quantité de dagues; »-maisles reztes en entunautre {urle milieu du ftont, » qui fait de même effet que celle qu'on peint fur la tête des licornes, & deuxautres qui s'étendant fur »ifes yeux tombent {ur fa bouche, Toutes ces brin ».ches néanmoins fortent:de-la même raciné; Mais »ellessprennent des routes:& des figurés différentes; » ce qui leur embarrafle tellement latête > qu’elles ».ont.de la peine à paître ,:&ciqu’elles aiment mieux » arracher les boutons des arbres , qu’elles peuvent » prendreavec plus. de facilité sr Toute. les extré mités dy bois des rernés font larges vplattes & ter: minées par des pointes. Les femelles portent un bois comme lemâle, mais plus:petit. Il ÿaplus de noir dans la couleur du poilides rennes ; principalement lorfqu’elles font jeunes', que dans celles du poil du CéTÉ: ! | je JUOË qu'ils n'aient point les jambes f menues. : Les rennes {e trouvent dans tous les pays du nord, Les Lapons en ont des troupeaux qui leur font de la plus grande utilé. Ils fevétident de la peau des ren- nes, Ils la portent Phiver avec le Poil, & ils la dé: pouillent pour l'été, Ils fe nourrifient de la chair de ces animaux , qui efterafle &c très-fucrulente ; céiles desirernes fauvages eft la plus délicate. fis emploient les os pou faire des arbalêtes & des arcs, pour armef leurs fleches, pour faire des cuilliers, &c. Is font auf avec les nerfs de ces animaux des fils pour cou- dre leurs habits : ils les doublent pour attacher les planches de leurs barques., Ils boivent le fângrdes rennes ; mais ils aiment encore mieux le faire deffé- cher au froid dans la véffie de l'animal, & s’en fer: vix pour faire des potages, en faifant bouillir avec dur poifion un morceau de ce fang defléché, Le lait des rennes eft la boiffon ordinaire des Lapons ; ils ymê- lent prefque moitié d’eau , parce qu'il eft gras 6 épais; Les meilleures rezxes n’en donnent que lorf- qu’elles ont mis bas, &z on n’en tire qu'un demi-{ep- tier par jour. Les Lapons en font aufü des fiomages, quidont gras ; êc d'une odétr aflez forte, mais fade : parce qu'il n’y a point de fel, : | Les rennes tirent des traineaux ,& portent des far: deaux. On les attele au traineau par lemoyen dun trait qui pafñe fous le ventre de l’animal entre Les jambes , & qui s’attache fur le poitrail A un morceau de peau fervant de collier ; il n’y a pour guide qu'u- ne feule corde attachée à la racine du bois de l’ani- mal. Ces traineaux vont très-vite , furtout quandils font trainés par une rezze bâtarde, c’eft--dire une renne produite par un mâle fauvage & par une fe- mélle domeftique , que l’on a laïflé aller das le bois pour y fecevoir le mâle. Lorfque la neige eft unie ët gelée , un traineau tiré par unerere des plus vites 6 des plus vigoureufes & bien conduite, peut faire juiqu’à fix lieues de France par heure ; mais elle ne peut réfifter à cette fatigue que pendant fépt à huit heures. La plüpart des rennes {ont très-dociles ; mais 11 s’en trouve des rétives, qui font prefqu'indompta: bles. Lorfqu’on lesmene trop vite; elles fe mettent en fureut , fe retournent , fe dreffent fur leurs piés de derriere , & fe jettent fur l'homme qui eft dans le traineau : on n’en peut pas fortir | parce qu’on y eft attaché; ainfion n’a d'autre reflource que de fe tout. ner contre terre, & de fe couvrir du traineau, com: me d'un bouclier, pour fe mettre à l'abri des coups de la rene. On ne peut aller en traineau que Phiver, 110 REN Horfque la neige rend les chemins unis. Les rennes ne ont pas aflez fortes pour porter plus de 40 livres de chaque côte: on n’eft pas en ufage de leur faire trainer des chariots, parce que les chemins font trop inépaux. La nourriture la plus ordinaire des rennes eft une petite moufie blanche extrémement fine |, & très- abondante en Lapponie. Lorfque la terre ‘eft cou- verte de neige, les rennes connoiffent les lieux oil y a de cette moufle, &z pour la découvrir elles font un grandtrou.dans la neige avecune vitefle extrème. Mas lorfque la neige eft aufhi dure que la glace, el: les mangent une certaine moufle qui reffemble à ane toile d’araignée, & qui pend aux pins. Voyage de Lapponie par Regnard. Voyez QUADRUPEDE. RENNES, caillou de ; ( Hiff, nat. Litholog.).c’eft ainf qu'on nomme une pierre de la nature dujafpe, dont 1l fe trouve une grande quantité en Bretagne, au . point que Fonen a ci-devant employé pour paver la ville de fternes, capitale de cette province d’où lui vient le nom qu'elle porte. On l'appelle quelquefois fimplement pavé de Rennes.Cette pierre eftopaque;on y voit deux couleurs;favoir,unerouge plus ou moins vif, entremélé de taches jaunes plus ow moins clai- res. En confdérantattentivement cette pierre lorf- qu'elle efthrute, on s’apperçoit qu’elle eft formée pär un aflemblase de petits cailloux rouges & arren- dis, qui ont été liés & comme foudés les uns aux au- tres par un fuc lapidifique jaune ou blanchâtre , qui a lui-même acqu$ la dureté du caillou ; c’eff pour céla que cette pierre prendun très-beau poli, & à ne la regarder que fuperfciellement, on croiroit que <’eft une feule mañfle, Elle a cela de communravec le porphyre , êc avec les pierres que l’on appelle pou- dingues. On. en fait des tabatieres , ainfi que des jaf- es & des agates ordinaires. RENNES, ( Géop. mod, ) en latin condate Rhe- donum ; ville de France, capitale de la Bretagne, au confluent de Lille &c de la Vilaine , dans les ter- res, à 22 lieues au nord de Nantes, à 18 au fud-eft deS. Malo, &à 80 de Paris. Long, fuivant Caffni, 15. 46. 30. latir. 48: 3+ 10. Lenom de Rennes a été tiré des peuples Rhedones, célébres parmiles Armoriques, & dont le territoire devoit s'étendre jufaw’à la mer ; d’où l’on voit que le diocefe de Rennes eit aujourd’hui bien moins con- fidérable. ’ | Cette ville vintau pouvoir des Francs, lorfqu'ils s’emparerent de celles des pays voifins de Pembou- chure de la Loire , après qu’ils eurent vaincu les Sa- xons qui s’y étoient établis. Dans le jx fiecle, Nu- menojus fe rendit maître de Rennes, qui pañla à fes fuccefleurs, & qui depuis a fubi le même fort que les autres villes dela Bretagne. Marmodus qui vivoit dans le xj fiecle, & qui fut depuis évêque de Rez- nes, a fait de-cette capitale une peinture des plus fa- tyriques , & dont voici quelques traits. Urbs &hedonis , fpoliata bonis , viduara colonts , Plena dois , odiofa polis , fine lumine folis ; In tenebris vacat illecebris , gaudetque latebris : Defidiam putat egresiam , [pernitque fophiam. Rennes moderne ne reffemble point à cette defcrip- tion , excepté que fes rues font étroites, mal-pro- pres, que la plüpart de fes maifons font de bois & fi hautes que cette ville eft toujours comme du tems de Marmode , fêne lumine folis ; mais elle eftaujour- d’hui le fiege d’un parlement, d’une cour des aides, d'une cour des monnoies, d’un préfidial, d’une in- tendance , d’une table de marbre & d’une jurifdiétion confulaire. La faculté de droit quiétoit à Nantes, y aété transférée, & elle y fied mieux que dans une ville de pur commerce. On y compte neuf paroïffes, en y comprenant les fauxbourgs qui font très-éten- REN dus slesjefuites mavoïrentun college; la riviere deVi- laine divife la ville en deux parties, &c on paile cette riviere fur trois ponts. De notretems, en 1720, Rennes a été délolée par unterrible incendie qui dura fix à feptjours , & qui confuma , dit-on, huit cens cinquañte maïfons; la perte des meubles , de largent comptant, êc des titres d’une bonne partie des-familles de la province, augmenta la confternation de tous les habitans. Son évêché eft un des plus anciens de la Bretagne; on prétend qu'il fut établi dans le troifieme fiecle, & fes prélats ont eu quelquefois Phonneur de-couron- ner leur fouverain ; ils font confeillers nés-du parle- ment de cette province, & feigneurs d’une partie de la ville; le revenu de l'évêque n’eft cependant que d'une quinzaine de millelivres ; fon diocefe renfer- me quatre abbayes 6c deux cens foixante-trois pa- roïfles. On y recueille des grains, & on y nourrit dans les pâturages quantité de vaches qur#donnent d’excellent beurre, dont on fait un affez erandtrafe. Tournemine , ( René-Joféph ) jéiuite celébre par fa belle érudition , naquit à Rennes en 1661, d’une illuftre & ancienne maifonde Bretagne. Il avoit une foiblefe finguliere pour un favant 8c pour un reli- gieux , c'elt qu'il étoit très-flatté que perfonne n'i- gnorât fa naïflance ; on ne pouvoit pas mieux lui fai- re fa cour que de lui en parler ; ilfe plaifoit à relever les avantages de la noblefle, & Pon:s’appercevoit alément que fon amour-propre s’approprioit une partie des éloges qu'il donnoit là-deflus à ceux qui jouifloient de ce don du hafard ; une mémoire heu- reufe, une imagination féconde , un goût délicat , un efprit étendu, hu acquirent un rom dans la litté- rature ; il poffedoit les belles lettres, Fhifloire , la fable , la chronologie , 8 {ur-tout la fcience des mé- dalles. - Il travailla longtems au journal de Trévoux, & ce travail le mit en correfpondance avec un grand nombre de favans dés plus diftingués; fonftyle eft alé, noble, brillant, varié; 1l a fu mettre beaucoup de netteté & d'agrément même dans la fécherefle des difcuffions. Il fut fait bibliothécaire des jéfuites de la maifon profefle à Paris, &c il forma pour lui même une bibliotheque choïfe d'environ fept mille volumes ; 1l fupportoitavec peine les’opinions diffé- rentes des fiennes , & a fait voir un zèle amer contre . tous les ouvrages du P. Hardouin fon confrere. IE mourut à Paris en 1739, à 78 ans, Preique tous fes écrits fe trouvent femés dans les différens volumes du journal de Trévoux , auquel} a travaillé pendant dii-neuf ans; on lui doit encore une nouvelle édition des commentaires dé Méno- chius , à laquelle’ il ajouta douze diflertations cu- rieufes; cette édition nouvelle, Joamzis - Srephani Menochi, SJ. commentari totius SScripturæ, parut à Paris en 1719, en 2 vol. :7-fol. On pourroit raf: fembler en un corps plufieurs écrits du P, Tourne- mine, ou du-moins tous ceux qui concernent l’art numifmatique. Dom Lobineau, ( Gui- Alexis) bénédi@in, étoit aufli natif de Rennes ; 1l fe livra tout entier à la feule étude de l’huftoire , &t mourut en 1727 dans une ab- baye près de S. Malo:, à 61 ans ; 1l a fini l’hiftoire de la ville de Paris , que Dom Félibien avoit déja très avancé ; elle apagu en 1725, en cinq vohimes #7-fo2. il a pareillement achevé l’huftoire de Bretagne , à la- quelle leP. le Gallois avoit longtems travaillé ; cette hiftoire de Bretagne eft en 2 vol. 7-fo1. ‘on li a at- tribué les avantures de Pomponius , chevalier ro= main ; mais cette brochure fatyrique eft de M. de Thémifeuil. (Ze chevalier DE JAUCOURT.) RENOM , £ m. (Grem.) reputation bonne ou mauvaile qu’On a acquife dans l’efprit des hommes ; il eft dit des chofes &c des perfonnes.; Rome, Athe- REN nes 7 Lacédémone ont été trois villes de grand re- noms Achilles dut à fes adtions le resom qu'il eut de fontems, c’eftà Homere qu’il doit celui dontil joui- ralans tous Les fiecles avenir. On fe faitum mauvais renom par des ationsinmuites ; le mauvaisreromnous Ôtetout crédit dans l'elbrit des autres. $ RENOIRCIR ; v. at, ( Granr.i) noïrcir de nou. veau. Voyez les ariicles NOrR € Norrore.. RENOMMEE , ff (Morale) eftime éclatante qu'on à acquile dans l’obimion des hommes ; je parle ici de la bonne, ét non de la mauvaife renommée, car-cette. dernieré.éft toujours odieufe; mais l’a- mour pour la bonne rerommé ,, nerdoit jamais être découragé ; puifqu'elle produit d’excellens effets, nondeulement'en ce qu'ellé détourne de tout ce qui eff bas ruindigne , mais encore en ce qu’elle porte à des aéhons nobles 8 généreules. Le principe en peut être fautif ou défeflueuxs l'excès en fera vi- cieux tant qu'on voudra, mais les conéquences qui en réfultent, font tellement ttilesau genre humain L3 1% j 5 A [ETS 5) qu'ihefbabfurde.dé s’en mocquer, ér de regarder cet | amour! d'une bonne renommée, comme une chofe . vaine; c’eflun des plus forts motifs qui puiffe exciter les hommes à fe furpañler les uns les autres dans les arts 8c danses fciences qu'ils cultivent. Quelques écrivains de morale font également trop rigides & per judicieux, quand ils-décréditenr ce principe, que la nature femble avoir gravé dans le cœur, comme un reflort capable de mettre en mou- vémentes facultés cachées ; 8 qui fe déploie tou- jours avec force dans les ames vraiment généreufes. Les plus grands hommes, chez les Romains, né- toientanimés que de ce beau principe, Ciceron dont le favoir &r les fervices qu’il rendit à {à patrie, {ont ficonnus, en étoit enflammé. £ Je fais qu'il y atdes hommes qui courent après la - renommée, au-lieu de la faire naître ; mais le moyen d'y parvenir folidement | eft de teater une route nouvelle &glorieufe, owbien de fuivre cette même route déja pratiquée fans fuccès ; inf, quand la poëfie nous peint larerommée couverte d'ailes lesé- res , ce font là des fymbholes de la vaine renommée, & non pas de celle qui s’acauiert en faifant de sran- CR le) des ou de belles chofes. Yoyez GLoIRE, Rérura- TION, Ge. (D.7) | _ ReNoMMÉE, (Mysholog. poërig.) les poîtes ont perfonnifié la Rerzommée., 8t'en ont fait une divinité qu'ils ont peinte à l’envipar les plus brillantes ima- ges. Donnons-en les preuves , & commençons par la peinture de Virgile. | Fama, malum quo non aliud velocius 1llum, Mobilitate viget | vire[que acquirit eundo : Parva metit primo, m0% feje attoilit in auras, Fngrediturque folo, € caputinter nubila condir. Îliarn terra parens,, ir4 irrisata deorum, | Æsxtremain, ut perhibent, Cæo , Encéladoque fororem Progenutt, pedibus celerem | & pérnicibus alis : Morjftrum horrendum , ingenrs, cui, quot [uns corpore plume | Tor vipilantoculi fubter , mirabile dittu, Tortingue, totidem ora forant , tot fubrigir aures. Noile volas cali medio, terreque per umbram Siridens , nec dulci declinat lumina fomno. Luce fedet cuflos | aut fummi culmine tetfi, Turribus aut altis, CG magnas territat urbes, Tam fl pravique ténax , quam nuntia veri. Æneid. L IV, v. 1732. La renommée ef le plus prompt de tous les maux; elle fubffte par fon agilité, & fa courfe atemente fa vigueur; d’abord petite &timide, bientôt elle de- viént d'une grandeur énorme ; {es piés touchent la terre , & fatêre eft dansles nues ; c’eft la fœur des géans Cée & Encelade, & le dernier monftre qu’en- {otent inconnus dans ce lieu R EN East 1 fanta la terre irritée contre les dieux : LES rte PEN ds Ne PT 0 étrange oMeau eft DER set que fon vol ef? rapides we ne e LI A L CG 0) fous chacune de fes primes, Ô prodige | il à des yeux ouverts ;-des oreilles attentives , une bouche (Es une langue qui ne te fat jamais ; 1l déploie fes ailes bruyantés ati milieu des Ombres; 1lfraverte les airs durant la nuit, êcle doux lommeil ne lui ferme jamais les paupieres ; le jour, 11 ef eh feutinelle fur le toit des hautes Maifons, ou fur les fours élevées de-là il jette Pépouvante dans les grand Ô G es villes, feme la calomnie avec la même allurance qu'il an- noncela vérité, &. ; à + | ns Rien n'eft plus poétique que cette défcription de la renommée ; NOÏCI ceile d'Ovide, qui paroit s'être lurpaflé lui-même, IIT le pié de cet Cœle fle{g HarnVis regionibres abjét , (aigue CAVAs VOX omnis ad aures. Fama sener, Jurmméque domum fibi legitun arce ; Zanurmerofque aditus, ac mille foramina recfis Addidit., G nullis enclufit linina POTrIIs, ea Nocke dieque pater : 1ota eft ex ære Jonarti : Tota frerit ,vocejque referl, Lteratque god audir. Nulla quisintus, rulläque filernria parte; Nec rarnen efe clainor , {ed PATVE murmure vocis = Qualia de pelagi | fi quis procul audial, UTdis Effe Jolent ; qualumve Jonum, cum Jupiter atras Tacrepuie nubes séXÉTeA tomba reddunt, Atria turba tenet : vemiuns leve Vulons, euUyiéque à Mixtague cum veris pallmeommenta Vagantur Mila rumorur, confufaque Verba volurant. Æ quibus hi yacuas complent fermonib Hi narrara feruns ad, menfuraque fiéti Crefeit, 6 audiris aliquis novus adyicit auctor.. Îbic credulitas., illic temerarius error : Vanaque lericia eff, conflernatique timores : Sedisiogteruens , dubioqueauitore Jufurre. Ipfa quidin cœlo rerum pelagoque geratur Et sellure vides, toumque inquirit in orbem. Métam. 1. XIL Su/picièur, pere HS aures,. Au centre de l’univets eft un lieu également éloi- gné du ciel, de la terre & de la mer, & qui fert de linites à ces trois empires ; on découvre de ceten- droit fout ce qui fe pañle dans le monde, & l’on en tend tout ce qui ydit, malgré le plus g ment; c’eft-là qu'habite la Rerommée, fur une tour élevée, où aboutiflent mille avenues ; le toit de cette tour elt percé de tous côtés ; on ny trouve aucune porte, & elle demeure ouverte jour & nuits Les murailles en font faites d’ Les n À un aitain retentiffant, ui renvoie le fon des paroles, & repéte tout ce qui e dit dans le monde ; quoïque le repos & le filence tin Heu, on n’y entend cepen- dant jamais de grands cris | mais feulementun bruit lourd &c confus, qui refflemble à celui de lamer QUE mupgif de loin, où à ce roulement que font les nues après un grand éclat de tonnerr | re ; les portiques de ce palais font toujours remplis d’une grande foule de monde ; une populace legére & changeante va & revient fans cefle ; on y fait courir mille bruits, tantôt Vrais , tantôt faux, & on entend un bourdonnement continuel de paroles mal atrangées, que les uns écou- tenté que les autres répetent au premiervenu , en y ajoutant toujours quelque chofe de leur invention. Là reonent la fotte crédulité, l'erreur , une faufle joie, la crainte, des allarmes fans fondement, la fé dition & les murmurés myflérieux dont on I8n0rS les auteurs. La renommée Qui eneft la fouveraine , VOit delà toutce qui fe pafle dans le ciel, furlamer &fur : terre , TC examine tout avec une inquiete curio- ife. Ceux à qui la langue angloife eft familiere, ne rand éloigne T12 R EN feront pas fachés de trouver ici la traduétion que Dryden a fait de ce beau morceau; elle eft en vers, & c’eft de cette maniere que les vers doivent être q traduits. Fullin the mrdff of this created fpace, Berwixt heavy n, earth and Jeas, there flands a place Confining on allthree, with triple bound ; 5 Fhence all thinos , 1ho rénote , are view d around Û And thither bring their urdulatine found Ç The palace of loud fame , her fear of pow'r, Plac don the fumriis of a lofty 1ow'7r : A thoufard winding entuies, long dndwide, Receive of fresh reports a flowing ride, A thonufand crannies in the svalls are made, Nor gates | nor bars, exclaide the bufy rrade. °Tis built of brafs , &he better to diffufe The fpreading founds., and mulnply she news : Where echoes , znrepeated echoes, play : À mart for ever full, andopen nigth ànd day. Nor filence is within, nor voice exprefs ; But a deaf noife of Journds that never ceafe, Confus dard chidirg, like the hollow-roar _Ofrides receding from the tnfulred shoar: Or Like the broken thurder heard from.fur , When Jove to diflance drives the rollingwvar. The courts are full’ d with a tumultious.din Oferouds, oriffuing forth, or entring in: A thorow-fare of news, where [one devife Things never heard, Jome minple sruen sich lues à The troubled air wish empty fourds chey bear, Intent io hear , and eager 10 repeat. rror fets brooding there, with added train Of vain credulit; , and\joys as vain : Sujfpicion with fédision joir” 4, are near; And rumours rais d ) andnurmurs mix’d, and panick fear ; | Fame fs aloft, and.fees the fubyeëf ground, ê ut, and skies above ,enguiring all around, And feas abs Nos plus grands poëtes, Defpreaux, Voltaire, Roufleau , ont à leur tour imite Virgile, dans fa def- cription de la Érnommée, les uns avec plus, les autres avec moins de fucces. Vorctlimitation de Defpreaux. Cependant cet oifeau qui prône les merveilles, Ce rmonftre compolé de bouches & d'oreilles, Qui Jans ceffé volant de climais en cliniars, Dir par-tour ce qu’il fçait, E: ce qw’it ne fçaitpas, La Renommée enfin, cette prompte éouriere, Va d'un mortel effroi glacer la perruçuiere. Lutrin, chant 2. L’imitation de M. de Voltaire eft bien fupérieure. Du vrabcomme di faux la prompte mellagere, Qui s’accroit dans ja courfe, € d'une aile legére Plus prompre que le terms, vôle au-dela des mers, Pafle d'un pôle a l'autre 6 remplit Punivers, Ce monfire compo/é d’yeux , de bouches, d'oreilles, Qui celebre des rois la honte ou Les merveilles , Qui rajfembie fous lui la curiofité, L’efpoir , leffror , le doute Ë La crédulire : De ja Erillante vorx , trompette de la gloire, Du héros de la France annonçoït la viéloire. Henriad, chant, 8. Je finis par limitation de Rouffeau. Quelle ef? cette deefe énorme , Ou plutôt ce montre difforme, Tout couvert d'oreilles 6 d'yeux , Dont la voix reffemble au tonnerre, Et qui des priés touchant la terre, Cacne Ja tête dans les cieux ? C’eft l’inconflante Renommée, Qui jans cefle les yeux ouverts, REN Fait [a revue acconrumée Dans tous les coins de l'univers. Toujours vaine, toujours érrante, Er meflagere indifférente | 2 Des vérités 6 de l'erreur Sa voix er merveilles feconde ; Va chez tous les peuples du monde, Serner le bruit & la terreur. | Ode au Prince Eugerie. C'eneft aflez fur la Renommer comme déefle, nous ajouterons feulement'que les Athéniens avoient éle- vé untemple en fon honneur, & lui rendoient un culte réglé. Plutaraque dit que Furius Camillus fit auf bâtir un temple à la rerommée. ( Le chevalier DE JAUCOURT. RENOMMÉE commune , ( Jurifprud.) eft Popinion que le public a d’une cho‘e , le bruit publie: Voyez PREUVE par commune renorimée. (A RENONCE, .f, (Jeu) c'eftle manque de cartes d’uné certaine couleur. Pour quele jeu foit beau, ce n'eft pas aflez qu'il y ait des reronces ; 11 faut encore avoir beaucoun de triomphes pour faire les mains de la couleur dont on a rvnonce ; car on ne peut s'ap- proprier les mains de cette couleur qu’encoupant par le moyen d'un triompie. RENONCEMENT , £ £.( Gramin.) ation de re- noncer. Voves l’article Juivarer. | RENONCER, RENIER , ABJURER,, (Syron.) On renonce à des maximes &c à des ufazes qu’on ne veut plus fuivre, où à des prétentions dont on fe dé- fifte. On remis le maître qu'on fert , ou la religion qu'on avoit embrafiée. On abjure l'opinion qu'on avoit embrafée, & l'erreur dans laquelle on étoit tombé. mn Philippe V.a rezoncé à la couronne de France. S. Pierre a renié Jefus-Chrift. Marguerite de Valois fut perfécutée dansfon enfance par fou frere le duc d’An- jou, depuis Henti Hi. pour a/yurer le catholicifme , qu'il nommoit une Aigorerne. Abjurer le dit en bonne part ; ce doit être l'amour de la vérité , & l’averfion du faux , ou du-moins de ce quenous regardons comme tel, qui nous engage à faire abjuration. Remer s'emploie toujours en mau- vaife part ; un libertinage outré , ou un intérêt cri- minel fait les renégats. Rexoncer eft d’ufage de lune &c l’autre façon , tantôt en bien , tantôt'en mal; le choix du bon nous fait quelquefois rezozcer à nos mauvaifes habitudes, pour en prendre de meïlleures ; mais il arrive encore plus fouvent que le caprice & le goût dépravé nous font rezoncer à ce qui eft bon, pour nous livrer à ce qui eft mauvais. Th L’hérétique abjure quand il rentre dans le fein de PEglfe. Le chrétien rezie quand il fe fait mahomeé- tan. Le fchifmatique rezonce à la communion des ñ- deles pour s'attacher à une fociété particulere. (Ce neft que par formalité que les princes rezoz- cent à leurs prétentions ; ils font toujours prêts à les faire valoir, quand la force & l’occafon leur en fourniflent les moyens. Tel réfifte aux perfécutions, qui n’eft pas à l'épreuve des careffes ; ce qu'il défen- doitavec fermeté dans l’oppreflion, il le rezie enfuite avec lâcheté dans la faveur. Quoique l'intérêt doit très fouvent le véritable motif des ab/wrarions, je ne me défie pourtant pas toujours de leur fincérité,parce que je fai que l’intérêt agit fur l’efprit comme fur le cœur. Girard, fynonymes. ( D.J.) | | RENONCIATION , ( Jurifprud. ) fe dit dé tout aéte par lequel on renonce à quelque droit.) Il y a renonciation au bénéfice d'ordre , de divifion & de difcuffion. Foyez BÉNÉFICE D'ORDRE , Divi- SION 6 DISCUSSION. | 5 Renonciation à la communauté , voyez COMMU- NAUTÉ. : , Renoncraior REN Renonciation à une fucceffion gd voyez SUCCESSION, Renonciation à une fucceffion future, voyez SUCCES- SION. * | DE af où Reronciation des filles en faveur des méles , voyez SUCCÉSSION. | Renonciation an fenatus confulre velleien, ou velleïen fimplément , voyez SENATUS CONSULTE VEL- LEIEN. (4) re | _RENONCIATION, ( Droit politique. ) \es reroncia- tions forment un objet très - important dans Le droit public de PEurope. Il feroit curieux d’examiner les principes de chaque nation fur cette matiere, & de rappoïter les feñtimens des plus fameux jurifconful- tes, en faifant voir fur quels motifs ils font appuyés; mais comme cette difcuflion pénible me meneroit trop loin, c'eft aflez d'indiquer ici la befogne à en- trepréndre en ce genre, D'ailleurs, je n’oferois me flatter que ce que je pourrois dire fur la validité ou linvaliduté des ’ezonciarions füt adopté parles politi- ques ; ils ont trop d'intérêt que cette queftion de- meure indécife. (D.J.) RENONCULE,, £ £ (if. nat. Botan.) ranuncu- dus ; genre de plante à fleur en rofe, compofée de plüfieurs pétales difpofés en rond. Le calice eft formé ordinairement de plufeurs feuilles ; le piftil fort du milieu de cette fleur , & devient dans la fuite un fruit prefque rond où cylindrique, ou en épi. Les femen- ces font attachées à l’axe de ce fruit, c’eft-à-dire au placenta , & pour l'ordinaire elles font nues. Tour- nefort , Jnff. rei herb. Voyez PLANTE. . Le calice de ce genre de plante eftordinairement de plufieurs pieces. Il eft quelquefois à fix feuilles, & communément pañlager ; fa fleur eft en rofe , compo- fée d'ordinaire de cinq ou fix pétales , &c garnie d’un grand nombre d’étamines ; fon fruit eft rond ou ob- long , & contenu dans des capfules , dont chacune eft munie d’un tube recourbé qui varie felon l’ef- ece. {1 Les familles des rezozcules font fi nombreufes, que Tournefort, pour y mettre de l’ordre , a été obligé de les divifer en fept feétions ; favoir, 1°. celle des rènoncules à port d’'anémonesr, 2°, celles qui ont les feuilles arrondies: 3°. celle des rezonculesafatiques ; 4°. celle des reroncules à feuilles luifantes & luftrées; s°. celle des rezoncules d’aconit ; 6°, celle des rezoz- cules à feuilles capillacées , ou finement découpées ; 7°. celle des rezoncules à longues feuilles. La premiere feétron renferme fous elle 13 efpeces; là feconde 35 ; la troifieme 33 ; la quatrieme 10; la cinquieme 41 ; la fixieme 8 , & la feptieme 22. _ Toutes les différentes efpeces de rezoncules font domeftiques ou fauvages, Les premieres fe cultivent dans les jardins à caufe de la beauté de leur fleur; les autres naïflent fans culture dans les bois, dans les champs, dans les prés, dans les marais,fur les monta- gnes , fur les rochers. La plüpart ont leur racine ou fibrée , ou glanduleufe, ou en navet, puifque toutes font âcres, caufliques & venéneufes prifes intérieu- rement. Mais entre le grand nombre d’éfpeces de reroncu- les rangées par Tournefort {ous différentes fe@ions , il fufra d’en décrire ici quatre des plus communes ; favoir , 1°. la rézoncule bulbeufe ; 2°. la rezoncule des boïs ; 3°. la rezoncule des prés ; 4°. la renoncule des marais ; ajoutons 5°. la rerorcule orientale à fewil- les d’aconit. La resoncule bulbeufe à racine ronde ou À tuber- cule charnu , & qu’on nomme vulgairement le pié de corbin , en anplois she bulbous crowfoor, eft le ra- nunculus radice verticilli modo rotundä , C, B. P. 130. JT, R. H. 289. Linnæus l'appelle reranculus calicibus retroflexis, pedunculis fulcatis , caule ereëlo, foliis com- pofitis , flor. fucc. 170. _ Saracineeft ronde, bulbeufe Plus ou moins grof- = Tome X1P. RE NT LÈ3 fe; elle pouffeune où plufieurs tiges droites quels quefois à la hauteur de plus d'un pié , velues , garèl mes parintervalles de feuilles découpées en plufeurs: lanieres ; minces & longuettes. Au fommet des ti ges naiïflent des fleurs ouvertes d’une belle couleur: jaune , luifante , ordinairement fimples, à cinq pétas les ou feuilles arrondies &nñeétariferes, difpofées en rofe ; les feuilles du calice font réfléchies vers le pé- dicule. | Lorfque les fleurs font pañlées, il leur füiccede des: fruits arrondis dans chacun defquels font ramaflées plufieurs femences en maniere de tête, Cette plante fleurit en Mai, & fe trouve prefgque par-tout , com me dansles pâturages , dans les prés un peu fecs., le: long des fentiers, aux lieux fablonneux & pierreux , où elle croït quelquefois f petite, qu’à peine a-t-elle trois pouces de haut. Tragus remarque que cette plante enfonce tous les ans plus profondément en terre fa vieille racine , aus deflus de laquelle il s’en produit une nouvelle, Elle ne donne que des fleurs fimples à ja campagne ; mais tranfplantée & cultivée dans les jardins ; elle fournit une agréable varièté de fleurs doubles ; quelquéfois même la premiere fleur en poufle üne feconde, & cette feconde une troifieme, La racine de cette plante entre aflez mal-À propos dans l’emplâtre diabotanum de la phatmacopée de Panis , cette racine étant verte eft extrèmement Âcre & cauftique. Quelques auteurs la recommandent pour faire des cautères & des véficatoires ; Mais il ne faut point avoir recours à dés remedes fufpeds & dangereux quand on en connoît de meilleurs. | La rezoncule des bois, autrement dite Z4 fauffe ané- one printantere des foréss | eft appellée 4remon nemo= rofa , flore majore ex purpuro rubente | vel candido Ci B, P.176. Ranunculus phragurites albus & Purpureus , vernus, par Lournefort Z, R. H. 285, Anemone femi: nibus acutis, foliolis incifis ,caule unifloro ; par Linn, Horc. cliff. 224. Sa racine eft longue , fampante, purpurine ou brune en-dehors , jaunâtre dans fa primeur, blanche en-dedans , garnie de fibres capillaires , d’un coût acre , & qui enflamme le gofier quand on la mâche. Elle poufle une petite tige délice, rougeitre ; haute d’une palme & demie & plus. Vets le fomimet dela tige naïflent trois feuilles fur des pédicules , velues , tantôt verdâtres & tantôt purpurines , divifées cha cune en trois découpures, La fommitéde la tige porte une fleur unique, nue ou fans calice , tantôt blana che, tantôt purpurine , compofée de fix pétales ob- longs , & contenant au milieu plufieurs étamines jaunâtres. Après que la fleur eft pañlée, il lui fuccede des femences nues , ramañlées en tête, oblongues , velues , à pointe recourbée, Cette plante fleurit au commencement d'Avril ; on la trouve dans les bois & les brouflailles un peu humides , quelquefois même à fleur double , Toit blanche, foit purpurine. La renoncule des prés eff lé ranureulus prätenfis , repens , hirfurus, €. B. P, 170. 1. R. H. 280. Ra runculus calicibus patulis , pedunculis fulcatis , flolo- ruibus repentibus ; foliis compofitis, Linn. for. fuec. 170. Saracine eftpetite, rampante, toute fibreufe. Elle poufle plufeurs tiges, déliées , velues, creufes 5 rampantes fur terre, & jettant par intervalle de nou velles racines de leurs nœuds. Ses feuilles font dé- coupées profondement en trois fegmens, à-peu-près comme lache , dentelées fur les bords, velues des deux côtés, & portées fur des longues queues, Au fommet des tiges naïflent des fleurs à cinq pétales , difpofées en rofe , de couleur jauneluifante , & lu trée. Ses fleurs font foutenues par un calice à cinq feuilles, qui contient dans le centre un grand nom 114 REN bre d’étamines jaunes. Le calice tombeavec la fleur ; il lui fuccede plufieurs femences noirâtres, ramaflées en tête , hériflée de petites pointes. Cette plante fleurit au printems & en été. Elle , croit prefque par-tout, dans les prés , aux lieux om- brageux & aux bords des rufleaux. On la trouve quelquefois à fleur double , & c’eft pour fa beauté qu’on la cultive dans les jardins. Sa racine eft douce , ou du-moins a très-peu d’âcreté , ce qui la rendinno- cente dans quelque pays dunord. La renorcule des marais eft le ranunculus paluftris , apu fol, levis, C. B. P. 180.1. R, H. 291. Ranuncu- lus fruëlu oblongo , foliis inferioribus palmatis | fum- is digitatis, Linn. Aort, cliff. 23 0. Sa racine eft grofle , creufe , fibreufe , d’un goût fort chaud & brülant, Elle pouffe plufieurs tiges creu- fes, cannelées , rameufes. Ses feuilles font verda- tres , luifantes & luftrées comme celles de l’ache de marais. Ses fleurs naïflent au fommet des tiges &c des branches; elles font des plus petites entre les rezo7- cules, compofées chacune de cinq pétales jaunes où dorés. Lorfque les fleurs font pañlées, 1l leur fuccede des femences lifles, menues, ramafñlées en tête ob- longue. Elle fleurit au mois de Juin. On latrouve fré- quemment aux lieux humides & marécageux. Dale croit que cette reroncule eft la quatrieme efpece de Diofcoride. C’eft un dangereux poifon ; car elle ul- cere l’eftomac, caufe des convulfions & d’autres ac- cidens mortels à ceux qui en ont mangé , s'ils ne font fecourus par un vomitif & des boiffons onétueufes. L’efpece de rezoncule de marais, nommée ranuncu- lus longifolius, paluffris major, C. B. P. 180. I. R.H. & par le vulgaire /2 douve , eft encore plus brûlante & plus A Quelques-uns s’en fervent pour réfoudre lestumeurs fcrophuleufes ; mais c’eft un mauvais réfolutif. Tout prouve que les rezoncules font fufpectes, & qu'il eft prudent d’en bannir entie- rement l’ufage même extérieurement. Il me refte à parler de la belle efpece de rexoncule orientale à gros bouquets de fleurs blanches , que Tournefort a obferve dans fon voyage d'Arménie, entre Trébifonde & Baybous , razunculus orientalis aconitilicætoni folio , flore magno , albo, Cor. Inff, rei herb. 2 0. Ses feuilles font larges de trois ou quatre pouces , femblables par leur découpure à celles de Paconit- tue-loup. La tige eft d’environ un pié de haut, creufe, velue , foutenant au fommet un bouquet de fept à huit fleurs , qui ont deux pouces de diametre , com- pofé de cinq ou fix pétales blancs. Leur milieu eft occupé par un piftil , ou bouton à plufeurs graines terminées par un filet crochu , & couverte d’une touffe d’étamines blanches , à fommets jaunes verdä- tres. Ses fleurs font fans calice, fans odeur, fans âcre- té, de même que le refte de la plante. Il ÿ a des piés dont les fleurs tirent fur le purpurin. (D. J.) RENONCULE, ( Jardin. fleurifle. ) tandis que le mé- decin bannit , en qualité de remede , tout ufage des renoncules | odeur délicieufe & la beauté de celles qu’on cultive dans les jardins, en font un des princi- paux ornemens. Plufieuts fleuriftes aiment cette fleur par prédileétion, parce qu’elle dégenere moins que l'anémone, qu'il s’en faut peu que la magmificence de fes couleurs n’égale celle de la tulipe, & qu’elle lui eft fupérieure par le nombre de fes efpeces. Le vifir Cara Muftapha, celui-la même qui échoua devant Vienne en 1683 avec une formidable armée, eft celui qui mit les reroncules à la mode, & qui donna lieu à toutes les recherches qu’on a faites. Ce vifir, pour amufer fon maitre Mahomet IV. qui aï- moit extremement la chafle, la retraite 8 la folitude, lui donna infenfiblemeni du goût pour les fleurs ; & comme 1l reconnut que les rexoncules étoient celles qui lui faifoient le plus de plaïfir , il écrivit à tous les pachas de empire de lui envoyer les racines & leg graines des plus belles efpeces que l’on pouvoit trous ver dans leurs départemens. Ceux de Candie , de Chypre, de Rhodes, d'Alep, de Damasfrent mieux leur cour que les autres. Les graines que l’on envoya au vifir, & celles que les particuliers éleverent , pro- duifirent un grand nombre de variétés. Les ambafla- deurs de nos cours envoyerent en Europe dela graine ou des griffes de femi-double, c’eft le nom qu’on donne à la racine de rezoncule. On connoifloit déja depuis long-tems les renoncu= les de Tripoli, & on ne cultivoit que les doubles ; - mais celles du Levant prirent la vogueen France , au commencement de ce fiecle , 8 bien-tôt il ne fallut plus aller à Conftantinople pour les admirer ; on rec- tifla leur culture, & la graine des femi-doubles a mis les fleuriftes en état de choifir. | La moindre efpece de renoncule eft aujourd’hui la rouge à fleur double, celle-là même qu’on admiroit tant autrefois. Les femi-doubles ont fait tomber ces groffes doubles qui ont une multitude de feuilles fort ferrées , tandis queles fimples n’en ont prefque point, Cette préférence n’eft pas un goût paflager, & de pur caprice. Elle eft fondée fur une variété de coù leurs qui tient du prodige. Une demi-planche de fe- mi-doubles réunira tout-à-la-fois les blanches , les jaunes dorées , les rouges pâles , les jaunes-citrons : les rouges-brunes , les couleurs de fleur de pêcher; : celles qui font à fond blanc avec des pañnaches rou- ges bien diftinguées; celles qui font à fond jaune mar- queté de rouge , ou de raies noires ; celles qui par- dehors font de couleur de rofe , & blanches en-de= dans. Vous en verrez d’autres de couleur de cha- mois bordées de rouge; d’autres de fond fOUpE Cra- moifi bordé... mais la lifte des femi-doubles n’a point de fin. Ilen éclôt tous les ans de nouvelles. S'il eft per- mis d'aimer le changement , c’eft dans les fleurs ; & fi lon veut fe fatisfaire en changeant ce qu’on aime, il faut aimer la reroncule ; elle a de quoi contenter tous les goûts. La racine d’une belle rezoncule perpés tue & fait revivre tous les ans la même efpece de beauté : voilà de quoi plaire à ceux dont l'amitié eft conftante. La graine de la même fleurproduit du nou- veau d’une année à l’autre : voilà de quoi plaire à ceux qui aiment le changement , & aflurément ils ont à choïfir. Aveclavantage d’une variété inépuifable qui chan- ge tous lesans les décorations de votre parterre , les renoncules {emi-doubles ont encore une qualité que les doubles n’ont point : elles font fécondes & fe re- prodiufent de graines ; au lieu que les doubles font ftériles. Cette ftérilité n’eft point particuliere aux re- noncules doubles ; c’eft prefque dans toutes le fleurs que les doubles ne produifent point de graines. On y voit , à la vérité, les ébauches d’un piftil & de quelques étamines ; mais la multitude de feuilles qui les couvrent pour lordinaire , les empêche de mürir & de fruétifier. Et lorfque les doubles , faute de cul- ture ou autrement , viennent à s’affoiblir & à don ner moins de feuilles, le cœur de la fleur fe dégage , êt jouiffant en liberté de Pimpreffion de la chaleur & de Pair, il donne dela graine, comme font les autres piés. | : Cette charmante fleur , pour procurer Le plus bel émail, ne demande que d’être plantée dans uneterre convenable, & d’être préfervée de l'humidité & des grands froids. La terre convenable eft une terre lé- gere, fablonneufe ; on peut la tirer de la furface du. {ol dans les bois & dans les bofquets plantés depuis long-tems. Nos fleuriftes fe fervent de vieuxterreau 8 de fablon qu’ils mêlent enfemble. Les efpeces fimples de renoncule fleuriffent plus haut que Les autres, &c font ordinairement achetées - des plus belles couleurs, On les perpétue de graine té 1 choïfie.qu'on.tire, feulement.desbelles fleurs qui ont au-mMmoOins.trois OÙ quatre rangées de pétales. Quand onarecueilli,cette graine, il né fautpas l’expoler au “oleil, maus la mettre répandue dansunlieu couvert, La filonfavorablepourla femereftau commence- ment de Septembre. Elle leve au printems ,1& fleurit Jafecondeannée. Quant aux racines deremoncules : il faut les conferver dans du fable fec pour les replen: | | ter.à la fin de Septembre, ;: | ….. Lorfqu’on veut.planter des rezorcu/es en caifles ou en pots,, on prend, de la terre toujours nouvelle. &z bien préparées ;on met les oignonstrois doigtsavant en terre. &,onleur donneun,peu.d’eau. Sion craint la gelée on lesicouvre de épaifieur de deux doigts de terreau bien leger; & fi la gelée.étoit forte, on met des cerceauxen dosd’âne {ur les planches, avec des paillaflons pendantla nuit. Pour.les renoncules qui Aont,en pots, on.les retire.dans.la ferre.pendant le roïd ou les mauvais tems,, &c on y fait les mêmes façons qu'à cellesqui fonten planches. 7 oyezide plus grands détails dans, Miller fur cetre matiere, car ila indiqué tout enfemble la culture des rezorcules de Turquie & celle dés rezoncules femi-doubles de Per- LG HO) DE - L RENONCULE , (Mar. méd.) prefque toutes les. ef- peces de rerzoncule {ont des vrais poifons étant prifes intérieurement, & font des cauftiques aflez, vifs ; peu fürs éc fouvent nuifibles dans l’ufage extérieur : ainfi quelques vertus que les auteurs ayent attribué a plufeurs rerorcules appliquées extérieurement, le -mieux eft-d’ayoir recours dans les cas où ils les pref- _ctivent à des remedespluséprouvés qui ne manquent | pas. La reroncule des prés , appellée aufli Baffiner ram- pant, queles Botaniftes recardent comme la même plante que celle que l’on.cultive dans nosjardins, eft | la moins âcre , la plus tempérée. Plufeurs-auteurs graves aflurent même qu’on peut la prendre inté- ! rieurement fans le moindre danger. Mais cette plante ne poflede aucune propriété finguhere qui puife en- gager à en tenter l'épreuve: on peut au-moins la né- ghiger comme inutile ; elle: pafle pour bonne contre |, cataplafme dans le panfement domeftique des plaies , les hémorrhoïides très-douloureufes , étantemployée fousforme defomentationoufouscellede cataplafme, L’odeur dés reroncules , même de celles qui font ! cultivées, portent quelquefois à la tête ; on a vu des bouquets de rezoncules caufer des vertiges , des dé- faillances, des vapeurs à certains fujets : cesaccidens font pourtant très-rares. Parmi les fpécifiques indiqués dans les émoires de l'académie royale de Suede pour l'année 1750 , con- tre les maladies yénériennes | d’après les recherches que M. Pierre Kalm, membre de cette académie, a fait à ce fujet dans l'Amérique feptentrionale , on trouve les racines d'une rerorcule, de celle que les Botaniites appellent ramunculus foliis radicalibus re- AfOrmibus crenatis , caulinis digitatis pctiolaiis, Gro- - nova flor. Virgin. 166, ranunculus Virginianus, flo- re parvo, moëlior: folio , Herman Hort. Lusd. Batav. . ÿ14,en françois rezoncule de Virginie. Les fauvages de l’Amérique feptentrionale ajoutent à la décotion . de Pefpece de raiponce , que les François appellent . Cardinale bleue, (remede dont il eft fait mention à l'article RAIPONCE , voyez ces article) | une petite quantité de racines de cette reroncule, lorfque la dé- cottion fimple de cardinale bleue ne-pyoduit aucun . Changement dans une maladie vénérienne invéterée. M. Kalm obferve qu'il faut adminiffrer ce remede aveCprécaution , vu qu’il eft violent, & qu’une trop forte dofe pourroit caufer des fuperpureations & des ._inflammations. L'auteur de ces obférvations ajoute . | même que c’eft un poifon très-violent ; dont les fem mes fauvages fe fervent pour fe faire périr, lorfqu’el- les font maltraitées par leurs maris, Tome X1F, R EN LS, La racine de la repozcule bulbeufe: & celle de la renoncüle, Qui eft appellée aufi perire chelidoineou petitesclairet, petite férophulaire, (voyez ScrorPHu- LAIRE,, Mat. méd..) entrez dans l’emplâtre diabota- numn Gé) dite ADN Eu, AIT A3 RENONCULE aquatique de Lapponie,, (Botanique,) “cette! plante.croît fi promptement dansles.rivieres de Lapponie,, qu’en moins d'un mois:& demi, c’eft- à-dire depuis la mi-Juinjufqu’à la fin de Juillet, elle s’éleve à la hauteur de.vingt piés ; &c peut-être 5’éle- veroit-elle plus haut, fi leau.étoit plus profonde. Elle pouffe.en même tems des feuilles & des fleurs * dont toute lafurface de l’eau eft couverte; ellemeurt les premiers Jours d'Août,, fés graines: étant parye- nues en maturité. Lirzeus.flor, Lapp.i234. (D.J ) RENOVATION , ff. (Gram.) reftitution: d’une chofe dans l'état où. elletétoit. antérieurement ; on dit la rerovarion du monde, la fezoyarion des lois ; la renovation des vœux. | RENQUEE, £ £. polygonum:, ( Hiff. nar. Bocan.) gente, de, plante dont, la fleur n’a point de pétales; elleeft compofée de plufeurs étamines, foutenues par un calice en forme d’entonnoir & profondément découpée ; le pifil devient dans la fuite une fe mence triangulaire, renfermée dansune capfule qu£ afervi de calice à la fleur. Ajoutez aux cara@eres de ce genre que les fleurs naiflent dans les aiflelles des feuilles, & que les racines font fbreufes.. Tour- nefort, Zf.rei herb. Voyez PLANTE. RENOUÉE , (Mur. md.) cette plante tient un rang diftingué parmi les vulnéraires aftrmoens. Onem- ploïe très-communément fon fuc & {a déco&ion pris 4 Pintérieur contreles hémorrhagies. Chomel dit, dans {Gn éraité, dès plantes ufuelles., qu’il a vu de fi bons effets dans les cours de ventre. &c les dyffenteries ,des lavemens préparés avec la décoftion des feuilles de renouée {ot feules , foit mêléesiavec les herbes émol- lentes, que ce remede pouvoit être regardé comme un fpécifiqué dans ces maladies. On emploie auffx quelquefois ce fuc, & cette déco&tion à l'extérieur, aufli-bien que la plante pilée & réduite en forme de contre le flux immodéré des hémorroïdes, &c.Quel- ques auteurs graves Ont même prétendu que le marc de la décoftion de cette plante ou la piante pilée , étant appliquée fous les aïffelles, arrtoit les hémor- rhagies. : L'eau difüillée de rerouée eft une de celles que les Apoticaires tiennent communément dans leur bou tique ; mais elle ne vaut pas mieux que celle de plan- tain, Voyez PLANTAIN. Les feuilles de rezonée entrent dans le firop deconfoude, & dans la déco@ionaftrin- gente de la pharmacopée deParis, &c. RENOUER,, v. a. (Grarm.) nouer de nouveau. Voyez les arniclks N&vuD & Nour. Il fe prend aw fimple &t au figuré , rezouer une corde brifée, un fil rompu ; reromer une ancienne liaifon. RENOUEUR , fm. (Grem.) chirurgien qui s’oc—. cupe particulierement de la réduion des membres difloqués. | | | RENOUVELLEMENT, {. m. (Gram.) ation par laquelle on renouvelle, ou l’on continue de donner à une chofela même force & vigueur qwelle à eue autrefois. On dit le renouvellemens d’un billet, d’une promefle, d'une obligation. Voyez RENOUVELLER. . RENOUVELLER,, v. a&. (Gram.) confirmer une chofe, ou la faire de nouveau , il {e dit aufi de la continuation dunécrit, d'unengagement. Il eft or- dinaire dans le commerce de rerouveller les billets, les promefles &rles obligations à leur échéance, c’eit- ä-dire d’en faire de nouvelles, ou den ftipuler.la contmuation au bas des anciennes. Dé, de Comm. & de Trev. | | RENSEMENCER , v. at. (Gram.) c’eft enfemen- P 1 s 6 MEN cer de-rechef. Voyez SEMENCE, SEMOIR É ENSE- | MENCER. tiède CE RENTAMER., v. at. ( Gram.) Ceft entamer de- -rechef. Voyez les articles ENTAMER , ENTAME. RENTASSER , v. a. (Gram.) c’eft entafler de nouveau. Poyez Les'articles ENTASSER & T'AS. RENTE, £. f. (Jurifprud.) eft un revenu , foit en “argent , grains, volaille’, où autre chofe qui eft dû à quelqu'un par une atre perfonne, Il y a plufieurs fortes de reztes, ainfñ qu’on va Pex- pliquer dans les articles fuivans. | RENTE /ur les aydes & gabelles, eft celle dont le payement eft afligné par le roi fur la ferme des aydes & gabelles. Ces renies fe payent au bureau de la ville, de même que les autres rences aflignées fur les reve- nus du roi. (4) RENTE ANNUELLE, eft celle qui eft payable cha- que année ; à la différence de certaines redevances ou preftations qui ne feroient dûes que tous Les deux ‘ou trois ans. Il y a des rences payables en un feul ter- me, d’autres en deux ou en quatre termes ; la divi- fion du payement'en plufieurs termes n'empêche pas que la rente ne foit annuelle, il fuflit pour cela qu’elle {oit dûe chaque année. (4) RENTE 4 l'appréct, elt une rente en grain, payable néanmoins en deniers, mais feulement à certain jour, de laquelle l'appréciation fe fait felon les marchés qui ont précédé le jour auquel l'appréci ou appréciation a accoutumé de fe faire. Voyez la coutume de Bretagne, article 267. (4) RENTE arriere-fonciere, eft une feconde rerte im- pofée fur le fonds depuis la première, comme 1l ar- rive, lorfque celui qui tient un bien à rente fonciere, e donne lui-même en tout ou partie à un tiers, à la charge d’une rezte fonciere plus forte qu'il ftipule à fon profit. Voyez la coutume d'Orléans , article 122. & le mot SURCENS. (4) RENTE ez affierte où par affierte | c’eft quand on promet donner des héritages jufqu’à la valeur de tant de rente ou revenu a@tuel , comme de cent livres par an ou autre fomme. Quelaues-uns appellent auffi rezte par affierre quand on vend un héritage à faculté de rachat, avec claufe de réconduétion ou contrat pignoratif ; la redevance que paye le vendeur eft ce que l’on appelle rezce ex affieite où par affierte. Voyez Loyfeau , vr. des renses , dv. 1. chap. vis. (A) RENTE par affignat ou par fimple affigrar , eft lorf- awune rente conftituée à prix d'argent eft conftituce &c aflignée nommémént fur un certain héritage , qui eft deftiné particuherement pour le payement an- ‘nuel de cette rezce , comme fi je conftitue cent livres de rente à prendre {ur une terre ou maïfon à moi ap- ‘parténante. Voyeg Loyieau, sr. des rentes , LL c. vi. 6 le mot ASSIGNAT. (4) RENTE CENSIVE ox CENSUELLE eft la rene fei- geuriale, impoñée par le feigneur direét de l'héritage lors de l'accenfement au’il en a fait dans les coutu- més d'Auvergne, de la Marche , êt quelques autres, on donne ce nom aux cens & reres fexgneuriales. Voyez CENS , CENSIVES , RENTE SEIGNEURTALE. (4) RENTES Jur le clergé font celles que le clergé de France a conftrué au profit de divers particuiegs, pour raifon des emprunts que le clergé a fait d’eux, pour payer au roi les dons gratuits &z autres fubven- tions que le clergé paye de tems en tems. On appelle rertes fur l’ancien clergé celles qui font de lépodue la'plus ancienne. ( 4 ) RENTE CONSTITUÉE , Ou confuctuée à prix d’ar- gent; qu'on appelle rente volante, ou hypothèquaire, ou perfonnelle, eff celle qui eft conflituée pour ‘une iomine d'argent dont le principal eft aliéné. Ces fortes de rentes étoient inconnues aux Ro- mains ; parce que le prèt d’argent à intérêt étoit per- REN ‘mis chez eux, fauf quelques témpéramens qui y fe rent'apportés. | On trouve cependant en [a Lo: 2, au cod. de débiro- rib. civir, & en la novelle 160. que les deniers prêtés. à intérêt par les villes n’étoient point exigibles qu’en principal , mais que le débiteur pouvoit Les ra- cheter quand 1l vouloit, ce qui revient à nos rezces “confliruces. u AA ESS EL SES On a douté autrefois fi ces rémtes étoient licites’, jufqu’à ceique Calhixte DT. 8 Martin V. les ont ap- prouvées par leurs extravaganres regimini 1 € 2. de empr, vend. L'ancien préjugé fait mème que quél- ues-uns les regardent encore commé odieufes , & flat tolérées par la néceflité du commerce. C’eftde-là qu'on y a appofé plufeurs reftriétions: la premiere , qu'elles ne peuvent excéder le taux de l'ordonnance : la feconde , qu’elles ne peuvent être confatuées que pour de Pargent comptant, 8 non pour autre marchandife où efpece quelconque ; com- me aufli qu’elles ne peuvent être dües qu’en argent, de crainte que fi elles étoient payables en autres ef- fets , elles ne fufient fixées à trop haut prix : la troi- fieme eft qu’elles font toujours rachetables de leur nature, fans que le débiteur puifle être contraint äu rachat: la quatrieme eft que , fuivant ordonnance de Louis XII. de lan 1510, on n’en peut demander que cinq années. | Ces fortes de rentes fuivent le domicile du créan- cier ; elles font communément réputées immeubles, excepté dans quelques coutumes , où elles font meu- bles. Voyez Loyfeau, du déguerpiffement | Liv. I. ch. 6. RENTE CONSTITUÉE par don ou leps, voyez ér- après RENTE de don ou leps. RENTE CONTREPANNÉE fur fief ou aleu , dans la coutume de Hainault, eft une rezte aflignée on hy- pothéquée fur un fief ou aleu. | RENTE COURANTE, on appelle quelquefois ainft larente conftituée à prix d'argent, fans aucun affignat, {oit parce qu’elle court fur tout le patrimoine du dé- biteur , ou plutôt parce que c’eft une rente ufñtée &z au cours ordinaire dés intérêts. Woyez Loyfeau, du déguerpiflement , liv. I: ch. Jx. RENTE COUTUMIERE, C’eft le nom que quelques coutures donnent au cens ordinaire dont les hérita- ges font chargés envers le feigneur. RENTE av denier dix , au dernier vingt, ou aurre de- nier, C’eft-à-dire qui produit le dixieme , ou le ving- tieme du fonds pour lequel elle a’ été conftituée voyez DENIER 6 Les mots INTÉRET , TAUX. RENTE /#r Le domaine de la ville, eft celle que le corps d'une ville a conflitué fur fes propres reve- nus, à la différence des rezzes créées fe les revenus du roi, qu’on appelle reztes fur la ville, parce qu’elles fe payent au bureau de la ville. RENTE de don & legs , eft celle qu’un donateur ow teftateur crée fur fes biens au profit de fon donataire ou lésataire. Ces fortes de réntes font rrégulieres , c’eft-à-dire qu’elles ne fontnide-la nature des rentes conflituées à prix d'argent , ni Vraiment foncieres n'étant pas créées en la traditiôn d’un fond ; elles ont néanmoins plus de rapport aux rentes foncieres qw’- auxconfhtuées, en ce qu’elles ne font point fujettes aux quatre reftriéhons appoñées aux rezres confti- tuées. Voyez Loyieau du deguerpifflement, liv. I. ch. vi. & ci-devant RENTE CONSTITUÉE. (4) RENTE EMPHYTÉOTIQUE , eftle canon ou rede- vance annuelle dûe parle prenéur à bail émphytéo- tique. Voyez BAIL EMPHYTÉOTIQUE 6 Empay. TÉOSE. RENTES ENSAISINÉES fontcelles qui fontaffignées ou impofées fur des fonds en roture, & defquelles les créanciers ou propriétaires ont été enfaifinés par les feigneurs cenfuels-de qüi les fonds chargés font tenus. Voyez les coutumes de Senhs , Valois & Cler- mont, (4) | | —— - REN ÿ :LRENTE 'ESPÉCIALE eft celle qui eft confütuce à -prix d'argent; «mais dont le payement eft afigné fpé- . Cialement fur un certain héritage..Ces fortes de re1- es. ontsainfi appellées en la cousume de Montargis, titi, article 37. (A) RENTES fur les états de Bourgogne, Breragne , Lan- guedociou-aurres, lont celles que les états de ces pro- vinces créent pour les fommes qu'elles empruntent à “conftitution; Ges fortes de rerxes fuivent la loi du do- -micile du créancier. ( 4) RENTE FÉODALE Ou /éndale , aïinfi qu’elle eft ap- peliée:dans quelqués coutumes ;.eit celle qui eft dûe vau-feigneur direét à caufe de fon fef, fur l’héritage -tenuwde luidcens 8crezres Foyez CENS & RENTE sEr: | GNEURIALE. (4 ) | RENTE Foncierereft le droit de percevoir tous les ans fur un fonds une-redevance fixeen fruit ou en argent, qui doit être payée par le détenteur. :-De.cé droit nait lation réelle fonciere contre le détenteur , pour le payement de la redevance. La rente foncrere ou réelle fe conftitue direétéement -& principalement fur le fond, & n’eft proprement dûe que par le fond, c’eft-à-dire qu’elle n’eft dûe par le poilefleur qu’à caufe du fond , à. la différence de la rente conflituée, qui eft dûe principalement par.la perfonne qui la conffitue , ce qui n’empèche -pas qu'elle ne puifle être hypothequée fur. un fonds. Il y a deux moyens en général pour créer une rente fonciere, Vun, quand le propriétairetaliene fon fonds à la charge d’une rezte ; l'autre, quand fans aliéner fon fonds il le charge d’une res, foit par _voie de don ou de legs, ce qui forme une rente de li- _ béralité qui eft femblable en beaucoup de chofes aux * véritables rentes foncieres. | ds : _ À égard de celles qui font réfervées lots de la tradition du fonds, lefquellés font les véritables rer: Les foncieres’, les coutuines marquent trois foftes d’ac- tes par lefquelles elles peuvent être établies ; favoir le-baïl à cens, le partage &x la licitation : de maniere “néanmoins que la rerte réfervée par le partage ou par la licitation , n’eft fozciere qu'autant qu’elle fait direc- tement le prix de la rezre, de la licitation, ou la foute du partage; car fi Pon commençoit par convenir d’une fomme d'argent pour le prix ou pour la foute, & quenfuite pour cette fomme on conftituât une rezre , elle feroit réputée confüiuée à prix d’argent, & non pas fonciere. Il y'a deux fortes de rentes foncieres ; {avoir celles qui font fergneuriales, & les rezzes fimples foncieres. Les rentes foncieres feigneuriales font celles qui font dües au feigneur pour la conceffion de l'héritage, ou- tre le cens ordinaire. Toutes renses foncieres font de leur nature non ra= Chetables, “moins que le contraire ne foit fHipulé par Patte de création de la rence. Elles font auffi dûes folidairement par tous ceux quipofledent quelque partie du fonds fujet à la rezre, fans qu'ils puiflent oppofer la difeuffñon, c’eft-A-dire exiger que le créancier dela rezte difcute préalable- ment le premier preneur ou fes héritiers. Pour fe décharger de la rente fonciere, le détenteur petit déguerpir l'héritage ; le preneur même ou fes héritiers peuvent en faire autant en payant les arré- rages échus de leursterres, encore qu’ils euflent pro: mis de payer la rense, 8 qu'ils y euflent oblisé tous Jeurs biens, à moins qu'ils n’euflent promis de fournir & faire valoir la rezre, ou de faire quelques amélio- rations dans l’héritage,quine fuflent pis encore faites. Ilen eft de même du tiers-détenteur lorfqw’il a eu connoïlance de la rente ; & même dans les coutumes de Paris & d'Orléans, lorfqu’il ne déeuerpit qu'après conteftation en caufe , il doit les arrérages échus de fon tems, quand même il n’auroit pas acquis à la charge de la rexre | & qu’il l'auroit ignorée; ce qui eft une difpoñuon particulier à ces deux coutumes. REN #1 j Le créancier de là rezre fonciers peut , faute de payement des arrérages, faifr les fruits de lhéritage chargé de la rene ;en vertu de fon titre, &-fans qu'il ait befoin-d'obtenir d’autte condamhation 1] peut auf, faute de payement de la ere, évincer lé dé tenteur,, &C rentrer dans fon héritage, fans être obli4 gé de le faire faifir réellement , ni de fee faire adju- ger par decret: Voyez la coutume de Paris , vin, des ac. tons perfonnetles & d'hypotheque ; Loyieau; di dévuer: pillement, ( A) | 49% NQMASS . RENTE a fonds perdu , eftuñe rente Viagére ; dont lé fonds s'éteint avec la rene. Poyez FONDS PERDU € RENTE VIAGERE. ire RENTE-GÉNÉRALE, On appélle ainfi dans la cou: tume de Saintonge les rezres conflituéés à prix d’ar- gent fans aflignat, parce qu’elles regardent généra- ement tout lé patrimbine du débiteur, Voyez REw- TES ESPECIALES, sère bé 4 RENTE GROSSE 07% GROSSE RENTE, eft la rend feigneutiale ou fonciere, qui tient lieu du revenu de Phéritage, à la différence des mêmes renkes ou cens qiu ne font relervés que pour marque de la di reéte feisneurie. Voyez ci-après RENTE MENUE, RENTE HÉRÉDITABLE 04 HÉRÉDITALE, ef la mème chofe que rente héréditaire ; la coutume d’A: miens la nomme hérédirale ; &.celle de Mons , kéré- ditable, ui | RENTE HÉRÉDITAIRE , on qualifie ainfi ceftairnies rentes quine font ni perpétuelles ni viageres. Elles font héréditaires fans être pérpétuelles, parce qu’- elles ne font pas créées pour avoir lieu à perpétuité; ët que le rembourfement en eft indiqué par l’édit même de leur création. À RENTE HÉRITABLE, eft la même chofe que rez héréditaire. Elles font ainfi appellées dans les coutu- mes de Mons, Saint-Paul, Namur. Voyez ci devant RENTE HÉRÉDITAIRE, ci-après RENTE VIAGERE. “RENTE À HÉRITAGE, eff celle qui eft dûe fur le domaine du roi, au lieu des héritages cenfuels ou toturiefs, qui Ont été retirés & unis au domaine, Voyez le Gloffaire de M. deLauriere. | RENTE D'HÉRITAGE, en la coutume de Bar , tir: 5. art. 57. eft celle qui eft conftituée nommément fur un certain héritage. RENTE HÉRITIERE , eft celle dont la propriété : eft tranfmifible non-feulement par fuccefion, mais aufli que Pon peut céder à un étranger, & qui LE perpêètue à: fon profit, à la différence de larernre via- gere, quine fé tranfmet point pat fuccefion, & dont la durée eft réglée fur la vie de celui fur la tête du- quel elle eft conftituée, Ces rentes héririeres font ainfi appellées dans les coutumes des Pays-bas, & font la même chofe que ce que l’on appelle ailleurs rence hérédisaire. TM RENTE HYPOTHÉQUAIRE , eff celle pour laquelle on n'a qu'une fimplehypotheque fur un fonds, telles que font toutes Les rerztes conftituées à prix d'argent, à la différence des renes foncieres, pour lefquellés le créancier a un droit réel fur l'héritage. RENTES HYPOTHEQUES, en Normandie on donne “quelquefois ce nom aux restes conftituées à prix d'argent , avec faculté perpétuelle de fachat. On les appelleainf , parce qu’elles confiitent en fimple hy< potheque fans affignat, & que Phypotheque en fait la plus grande sûreté, Voyez l’article 3 05 de la coutume de Normandie, & Loyteau ; du deguerpijfement ; livré Ze ch; jx: | ( | L RENTE INFÉODÉE , eft celle dont le feigneur à reconnu que le fief de fon vaflal étoit chargé ; ce qu fe fait, lorfque le vafläk ayant chargé fon fef d'une rezse envers un tiers ; la déclare dans l’aveu qu'ilrend à fon feigneur dominant, & que le fei- gneur accepte cet aveu fans protefter contre la rezré; - Foyez INFÉODATION: 118 REN RENTE de libérale, eft celle qui eft donnée ou lé- guée à quelqu'un à.prendre fur une maifon ou autre héritage... Ces fortes deremses tiennent à certains !{} -égards, de la nature des rezres foncieres, (quoiqu’el- les ne le foient pas véritablement, n’ayant pas été -créées lors de latradition du fonds. Voyez Loifeau, traité du dégucrpiflement, Gci-devant RENTE FON- CIERE... + Lors 4 4 . RENTE (rrenue ), fe prend ordinairement pour le cens ou cenfve qui fe paye en reconnoïflance de la -direéte feigneutie. On l'appelle merwe rente, parce | que le cens ne conffte ordinairement qu'en une re- devance modique, qui eft réfervée par honneur & pourmarque de lafeigneurie, plutôt que pour tirer le revenu de l'héritage , à la différence desrentes grof- Jes ; qui font les reztes feigneuriales & foncieres qui font réfervées pour temir lieu du revenu de. J’héri- tage. | Cette diffinétion des rentes grofles & menues , eft ufitée principalement en Artois &c dans les Pays-bas; on peut voir le placard du dernier Oëtobre r587, & le reglement du 20 Juillet 1661 , quinomime menues rentes, celles qui n’égalent point le quatorzieme du revenu de l'héritage qui en eft chargé. Voyez Mail- lart, fur Artois, article 16. & ci- devant RENTE GROSSE. RENTE zantie, eff celle pour sûreté de laquelle on a pris la voie du nantiffement dans les pays où cette formalité cft en ufage pour conftituer l’hypotheque fur l’héritage. Voyez NANTISSÉMENT. : RENTE perpétuelle , eft celle qui doit être payée à perpétuité, C’eft-à-dire jufqu’au rachat, à la diffe- | rence de la rente viagere, qui ne dure que pendant la vie de celui au profit de qui elle eft conftituce. il y a des rentes héréditaires fur le roi, qui ne font pas qualifiées de perpéruelles | parce que le rembour- fement doit être fait dans un certain tems quieft in- diqué parlédit même de leür création. RENTE perfonnelle, et celle qui eft düe principa- lement par la perfonne & non par le fond$, éncore bien qu'il foit hypothequé à la rence ; telles font Les rentes conffituées à prix d'argent que par cette raïfon Ton qualifie quelquefois de rentes perfonnelles, pour Îles diftinguer des rezses foncieres , qu’on qualifie de rentes réelles, parcequ’elles font dûes principalement par le fonds, & non par la perfonne. Voyez ci-devant RENTE CONSTITUÉE, 6 RENTE FONCIERE , 6 ci- après , RENTE RÉELLE. RENTE fur Les pofles, eft celle dont le payement eft affignée par le roi fur la ferme des poftes & mef- fageries de France. : RENTE premiere , après le cens eff la premiere rez- te fonciere impofée outre le cens fur un héritage par le propriétaire qui l’a mis hors de fes mains à là char- ge de cette rene. Suivant l’article 121 delacoutume | de Paris , les rentes de baïl d’héritage fur maïfons affi- | fes enla ville &fauxbourgs de Paris, font à toujours | rachetables , f elles ne font les premueres après le cens &c fonds de terre. RENTE à prix d'argent, voyez RENTE CONSTI- TUÉE. RENTE 4 promefle d'hypotheque , dans la coutume de Valenciennes , on diftingue deux fortes de rezses conftituées , les rentes à promeffe d'hypotheque feule- ment, êcles rerseshypothéquées.-Les premieres font celles que l’on a promis d’affigner & hypothèquer parbons devoirs de loi furles héritages main-fermes, maïs qui ne font pas encore hypothéquées. Les rer- ses de cette efpece font meubles , fuivant l’article 20, & purement perfonnelles , & les arrérages ne fe prefcrivent que par 30 ans, fuivant larricle 04, RENTE propriétaire , eft la redevance fonciere düe par le propriétaire de l’héritage pour la conceffion qui lui en a été faite à la charge de [a rezse. Voyez les coutumes de Senlis & de Clermont, où les rezres REN foncieres font ainfrappellées pour les diffinguer'des rentes conftituées à prix d'argent, qu'on yappelle rez Le H101-propriétaire. | À TL "1 2 «RENTE racherable, eft celle dontile Lort. principal peut être rembourfé au créancier ; les rentes confti- tuées font toujours rachetables de leur natures; il y a des rentes foncieres qui font ftipuléesrachetables , & quelques-unes dont left ditique le rachatne pourra Être fait que dans uncertain terms, vou! enavertiflant quelque tems d'avance. Voyez RACHAT,REMBOUR- SEMENT. | pt a | RENTE r02-rachetable., eft celle qui ne‘peut point être rembourfée parle débiteur; les rerresfoncieres font-non-rachetables de leur nature; on.les peut ce- pendant ftipuler rachetables. On ne peut pas{tipuler qu’une rente conftituée fera non-rachetable,, parce qu'il doit toujours. être permis à un débiteur de fe hibérer. Voyez RENTE RACHETABLE. RENTE réalifée ou réelle, eft une rente conffituée à prix d’argent , dont lhypotheque eft réalifée furun fonds par la voie de la faifine , réalifation , ou nanti£ fement dans les coutumes où cela eft d’ufage, pour conffituer l’hypotheque. Foyez NANTISSEMENT. RENTE réelle, fe prend aufli {ouvent pour er fonciere; on lappelle réeZle , parce qu’elle eft dite principalement par Le fonds qui en eft chargé ; au lieu que les renres conflituées à prix d’argent {ont dûes principalement paf la perfonne; c’eft pourquoi on les appelle perfonnelles Voyez ci-devans RENTE CON- STITUÉE, @ RENTE PERSONNELLE. RENTE vezdable, c’eft anfi que dans les coutu- mes d'Auvergne & de la Marche, &t quelques au- tres, on appelle les rezes conflituées à prix d’argerxs on l'appelle verdable, parce qu’elle eft toujouts ra- chetable de fa nature, & que le fonds peut en être rembourfé, à la différence des rezres foncieres, qua font non-rachetables de leur nature. RENTE requérable , eft celle dont le payement doit être ne fur les lieux, comme le champart; au lieu que le cens eft une reze portable au feigneur. RENTE roruriere , eft celle dont un fief eff chargé, mais qui n’a point été infeodée par le feigneur domi- nant. Voyez ci-devant RENTEINFÉODÉE. Voyez auf les coutumes de Laon, Chaunes, Tours, & Lodu- nois. RENTE féche, c’eft ainfi que quelques coutumes appellent les rezses conftituées à prix d'argent, parce qu'elles ne produifent point de droits au créancier ; à la différence des rentes cenfuelles & feigneuriales , qui produfent des profits aux mutations du tenan- cier. Voyez:les coutumes de la Marche, d’Acqs, de Saint-Sever, & de Bayonne. RENTE /ézgneuriale, eftune rente fonciere düe àur feigneur à caufe de fa feigneurie , 8t qui emporte la feigneurie direéte fur l'héritage pour lequel elle eft dûe. | Ces fortes de rentes ont plufieurs avantages fur les rentes fimplement.foncieres, 1°.en ce qu'elles ne fe prefcrivent point de la paït du rentier, fi ce n’eft . pour la quouté & les arrérages par 30 ans; 2°, elles emportent droit de lods aux mutations. par vente ; 3°. elles ne fe purgent point par le decret, >: Les rentes fegneuriales font de plufeurs fortes ; fa= voir lecens, le furcens,. êc autres rentes feigneuriales qui font dûes outre le cens ordinaire , {6it en argent ou autre preftation. Il y a des rentes feigneuriales qui font propres àcer- taines coutumes, telles que le complant en Poitou, le terreau à Chartres, le vinage à Clermont ès à Montargis, le carpot, ou plutôt quarport en Bour- bonnois, le champanten Beauce, le terrage ouagrie- re en plufieurs coutumes, Fhoftize fur les maifons à Blois, le fouage en Normandie & en Bretagne, le bordelage en Nivernois, 8 plufeurs autres fembla< REN bles, Voyez Loyleau, du dégierpif is, À chap, v. & | CENS, Lops & VENTES à en à Cut, RENTE furfonciere, eft celle qui eft impofée {ur le fonds outre & par-deflus la premiere rerre fonciere; . on lappelle auf arriere-fonciere. Voyez la courume d'Orléans , article 122, &t le mot RENTE, ARRIERE- FONCIERE; ; RENTE Jur les tailles, eft celle dont le payement eft affigné fur la recette des tailles d’une telle éleétions RENTE solerable, dans le ftyle du pays de Nor- mandie , & dans deux ordonnances de l’échiquier, des années 1462 & 1$0r, fignifie une rerre ancienne &t non fujette à rachat, tellement que l’on eft obligé de la fupporter & continuer, | RENTE Jur la ville, eft celle qui étant affignée fur les revenus du roi, fe paye au bureau de la ville, RENTE volage ou volante , eft la même chofe que la rente conftituée à prix d’argent. Elle eft ainfinom- mce dans quelques anciennes ordonnances, à caufe qu’elle n’eft point établie fur un fonds comme la renre fonciere ; elle eft appellée de même dans les couru: ses de Sens , Chaumont, Blois, Bordelois, Auxerre, Cambray, Bar. Voyez RENTE CONSTITUÉE. ( À RENTES WIAGERES, (Azalyfe des hafards,) {ont des rentes qui s’éteignent par mort. Il y 4 de deux fortes de etes viageres principales. . Quand on dit fimplement reztes viagerés, on doit entendre les rezes qui reftent entierement éteintes À la mort. Les rentes Viagerés eñ tontine ,QUreñles eri ioniine ; font celles qui font conftituées fur plufieurs perfon- nes de même âge ou approchant, à condition qu’à la mort de chaque aflocié, la rente qu'il avoit fe re: partit aux furvivans de la fociété, en tout ou en partie , jufqu’au dernier vivant, qui jouit feul de toute la rezie de la focièté, ou de toutes les parties de rentes qui étoient reverfbles aux furvivans; ce qui fait diftinguer deux fortes de tontines, l’uné fimple & l’autre compofée, Voici la maniere de déterminer les rexzés pure- ment viageres, enforte que les rentiers ayent tout l'avantage qu’ils peuvent efpérer de leur part. : Suppofons que $6o rentiers , de l’âge de ÿ2 ans, vewllent conflituer les fonds néceflaires pour faire recevoir 100 livres par an à chacun d’entre eux qui vivront pendant cinq années feulement, On voit par le quatrieme ordre de mortalité de la table XIIL. de lÆ fai fur La probabilité de la dur’e de La vie humaine, que fi la rente de 100 livres ne devoit être payée qu'à ceux qui vivent à la fin de chaque année, les $6o conftituans de l’âge de $2 ans, n’au- roient à donher que les fonds néceflaires pout faire recevoir 100 livres à ÿ49 perfonnes À la fin de la | prémiere année ; à 538 à la fin de la feconde année; à 526 à la fin de la troifieme année; à $ 14 à la fin de _ la quatrieme année; & enfin à s02 à la fin de la cin: quieme annee. Mais ceux qui meurent dans le cou- ant de chaque année, doivent recevoir üne partie de rente proportionnée au tems qu’ils ont véeu, dans le courant des années où ils font morts ; or les uns meurent au commencement de l’année, d’autres au milieu, & les autres à la fin, On peut donc fuppofer qu'ils meuréñt tous au milieu de l’année ; ou bien (ce qui revient au même ) fuppofer que la moitié meure au commencement de l'année & l’autre moitié à la fin ; ainf les 560 rentiers de l’âge de $2 ans doivent conftituer les fonds néceflaires pour faire recevoir 100 livres à 554 perfonnes à la fin de la premiere année; à $43 perfonnes à la fin de la feconde année; à $32 à la fin de la troifieme année; à s20 à la fin de la qua= trieme année ; & enfin à 508 à la fin de la cinquieme année, | x sb Suppofons qu’on veuille éompter les intérêts fur le pié du denier 20, on voit par les tables du même REN. *19 Ouvrage, que pour qu'il foit dù 166 livres au bout d’un an, il faut prêter 95 Liv: 4 fols 9 deniets; que pour Qu'il foit dû 106 livrés au bout de deux ans ; 5} faut prêter 00 hvres ï 4 fols à dénier; &. Prenez doñé les ciñq prémiers prêts, & les multipliez avec ordre par les cinq nombres de réntièrs qui doivent recez voir chacun ïoo livies au bout d’un, de deux, où de trois ans, &c.ainfi qu'il fuit. 554X 95 iv, 4£ 9 d: : : : 52961 lv. 11 L 6 de 543 X 90 ï4 ! 5 à 49252 RE : 520 X 82 52 5 214 427801 16 8 508% 78 © 7 1 «sh 3080 18 à Dee TN | Ajoutez les cinq produits enfemble pour avoir la. fomme de 2305 54 livres 12 fols s deriiers., qui eft lé fond que doivent fournir enfemble les 560 réntiers de l’âgé de 2 ans, afin que tous ceux d’entre eux qui vivront püiflent recevoir 100 livres à la fih de chaque année , pendant éinq ans feulernént, & divis fant la fomime c1-deflus 33655 4liv: 12 fols s deniers pat les ÿ60 rentiers conftituans,, le quotierit Aït Liv, 14 {ols r denier ; eft la paît que chacun d'entre eux doit fournir, Va | L Il eft mainténanit aifé de voir que fi au liet de ne Vouloir la rene que pour cinq ans, conimé ci devant; on la vouloit pour tout le tems qu'il ÿ aura quelque rentier vivant , il faudroit prendre les prêts fuivans de la table IT. | 74 Liv. 12 1. ÿ den: {çavoir : 7i ie 4 . 67 13 8 éc &c les multiplier vec ordte par Îés nobtes dé ten- tiers qui doivent recevoir la rente à la fin de la fixie: me ; de la feptieme, de la huitieme années, &c. faz Voir 495,482,469 , Ge. jufqu’au dernier rentier vi= Vant: Ayant fait toutes les multiplications , on ajou: fera, éomme ci-deflus ; tous les produits enfemble; ëc on en divifera la fomme pat les K6o réntiets con: fituañs ! le quotient fera ce qu’une perfonne de l’âge de 52 ans doit fournir pour avoir 106 livres de rente viagere: Îlen eft de même pour tous les autres Âgess T'able dé là valeut ailuelle d’une renre viagerede 100 Liv, pour tous les différens âges ; les intérérs étant comptés Jur le pié du deñier 30: Ages. [Livrés. || Agés: [Livres.|] Agés. ILivies. Âges. |Livres.} I 26 15161! ÿ1 |r136|| 76 | 480! 2 27 |1508|| 52 |[1114|| 77 455! 3 [1557] 28 [1500!| 53 h1691|| 98 | 431 . 41582|| 29 |1492|| 54 |1068|| 70 | 408: | 5 1600) 30 |1484]| 55 |1045|| 80 | 386 6 16131] 31 |1475|| 56 |i622|| 81 | 36 7 [1620|| 32 |1464|| 57 | 999|| 82 | ‘45 | 8 16241 33 14531] 58 | 9751] 83 | 524 | 9 [1627] 34 [1442] 59 | 950] 84 | 307. 10 1625, 35 |1431)| 60 | 024] 85 | 378} it |1622)| 36 |1419|| 61 | 898|| 86 | 266 12 1617]! 37 |1407| 62 | 871]! 87 | 234 13 l1610!| 38 |1394|) 63 | 843|| 88 | 210 14 1602|| 39 |1379|| 64 | 814]| 80 | 184 15 |1594]] 49 11362] 65 | 7841] 00 | 158 16 |1586|| 41 |1344|| 66 | 752 O1 | 135 17 [1978 42 |1324]) 67 | 722|| 02 | 106 18 |1571]] 43 11304|| 68 | 693] 03 | il 19 1565] 44 |1284| 69 | 664 04 | 47 20 |1558 45 |1264 70 | 636|| 95 2i |fÿS1 ARE 71 | 6r0|| 96 | 22 |1544|| 47 [1222|| 723 | 584|| 07 23 |1537|| 48 1201 | 73 | 558] 98 24 |1$30|| 49 [1180 74 | 532] 99 | L25,115231 50 11581 75 | 566]: | | 120 REN Table de ce qu’on doit donner de rente viagere aux rentiers de tous les différens Âges , pour un fond de 100 livres ; des intéréss étant comptés fur le pié du denier 20, Ages. liv. fols. den: | As. liv. fols den. l a, BST IAE (e] 2 [| 52 8 19 6 3} 6 8.6 | 534 LT ONE 0 41 6, "GS SAUN 9 670 075 y CS CE 3.) D) UM 6. 6 A4 2 56 9 15 to al un On ER ME CTP CE: 208 D COS Cam a SC TC 9 6 3 à | 9 10 10 8 OSEO 10 16 6 (ES NE G1 LH UTC | (SAR Die 52 | 62 | LU dupe 19 pli GRAMME CRE NNGS LISTES 6 4 © 64 DE an GS 3 65 | LD Le 6 1.6: Mo GC 13 SUN O 6 6 D 67 Et QU S AE | Vo DR GET 69 15 L 5) 6 8 6 70 15 14 6 GANG O | 7I 16 7 10 6 19. 6 72 17 2 6 6 1 | 73 | PAS 6 8 74 | 18 16 o | 6 AMF ONE 3 6 O 76 20 16 118 6 8 FL 2119 M6 6 ÿ FASSENT EN LAN TON ZA OS pe 6 O 8. 25 015 2185 6 10 81 LES LRO 6 8 82 28 19. 9 6 8 33 30 17m #6 9 || 841 33 4 6 6 10 85 35.49 (16 7 [e) 86 | 39 L 3 7 2 87 42 14 1Io 7 6 83 PR CT; 7 CENINÉO SECTE OT | 7 DENON CES TO 7 9 || 91 | TELE 7 9 92 JS RERO 7 L'ÉROSN| LAON PR 0 7 6 94 | 212 15 4 7 (o! RENE 8 8 8 9 8 O | 8 2 . Des rentes viageres e7 sontines fimples. On appelle sontines femples celles où toute la rente des rentiers dé- cédés fe diftribue aux furvivans de la fociété ou de la claffe, comme on fait aux tontines créées en 1689, 1696, 1709, 1733 à 1744. | Lorique le nombre des rentiers de chaque claffe doit être confidérable , on le divife en plufieurs fo- ciétés ou fubdivifions , en affignant une quantité de rente à chaque fociété ou fubdivifion ; & chaque ren- tier de la claffe peut, fi bon lui femble , fe mettre de toutes Les fociétés de fa clafle, en donnant les fonds méceflaires. REN Taxe. Rentes viaÿeres er tontine fimple. La conti cution ou le prix de la rente efi de 300 div, Le plus grand âgel FREE L CLASSES qu’il doit y avoir dans Feet Homo ou chaque claffe , ou tèms|P6T de de RCE RAA qu’on payera la renre[Hi0n » les. inrérérs ; 2 ê lei entiere des a@tions de De d He ue N chaque clafle. pie du dernier vingt. ANS Livres. {ls den} [De où 5 ans. 90 LS UM [De 5 à 10 85 DR LEA) [De 10 à 15 80 He 201 Mrs! |De 15 à 20 75 15 8 o | | De 20 à 25 70 15 10 3 | Des 50. L | 65 rs 3e) De 30 à 35 60 Let 70 De 35 à 40 s5 | T6; @1-h9; | De 40 à 45 | SO \EL CS RG De 45 à 50 45 | 16 17 6 À De 50 à 55 40 17,9 9 | De 55 à 60 | 35 18 .6 6 À De 60 à 6; | 30 19 410 3 À De 65 à 70 25 LE ARC | De 70 à 75 20° dAte BAT ROUE Des rentes viageres ez sontine compofée. On nom- me tontines compofées celles où une partie de la rente que rapporte chaque aétion refte éteinte à la mort du rentier fur qui elle étoit conftituée , comme celle de 1734, dont un quart. de la rente de chaque ation s'éteint à la mort du rentier qui la poffede. La ton- tine de 1743 eft aufli compofée, parce que la moitié refte entierement éteinte à la mort de chaque rentier. TABLE. Rentes viageresez tontine compote, dont la moitié s'éteint a la mort de chaque rentier. La confri- tution ou le prix de l’aëfion ejt de 300 Liv. les inré= réts étant comptés [ur le pié du denier 20. CLASSES | La moitié de l’acÀ pa moitié de l’ac-| : Total de cel Se NE te con Ê tontine fim- RARE action! tes lu ? ple; doit rapporter, Fe HP) DANS. [iv os. den. | liv. fois den. [iv {id | De où 5| 912 9 7 11 10+ |17 4 8] DER TON 0 5 7 12 4% |16 17 8| Deroà1;| 9 5 6 TS RITES 0) Dersà2o| 910 1, | 7 14 o |17 4 2! De2oà25| 914 3 | 715 12/17 05 De2sà3o| 9 19 o 7 16 7-l17 15 8 De30à35|10 5% o 718 6 |18 3 6| De3sà4o| 10 13 3 8 o1o;|18 14 2| De4oà4$| 11 6 6 8 4 3 |19 10 of. Dexsàsol 12 5 6 8 8 9 |20 14 3} Desoà$$| 13 9 3 8 14 107 [22 à 2| Desÿsà6ol r$ o 41] 9 3 3 |24 3 8 DeGoacs| 17 4 6 9 15 17 [26 19 8 De6s à70| 20 15 6 10217 ONE RSC De 7oà 75 13 9 1 6 On doit conclure de tout ce qu’on a dit jufqu’ici , que les rentes viageres , de quelque maniere qu’elles foient faites, font des jeux ou loteries où Pon parie à qui vivra le plus. Voyez DURÉE DE LA VIE, ax mo Vie. Cet article eft entierement tiré de l’Effai fur Les probabilités de la vie humaine , de M, Deparcieux, Paris 1745. RENTER, v. a&. (Gram.) c’eft attacher une rente à quelqu'un ou à quelque chofe ; on rezre un moine ; On rezte un monaftere. RENTERIA , (Géog. mod.) petite ville d’'Efpagne, dans le Guipufcoa , dans la vallée d'Oyarfa, fur le bord de la riviere Bédafa, à une lieue de Saint-Séba- ftien. Cette petite place a été ceinte de murailles en 15204 REN 1320. On-trouve lur la montagne de fon voifinase un beau chemin pavé de groifes pierres carrées, & taillées exprès pour cet wfage:: ( D. J. \ RENTERRER, v. a@. ( Gramm.) Celt enrerrer de-rechef. Voyez lesarticles ENTERRER G@ ENTERRE: MENT. unéville, éeeit préfentement un bourg dé France, dans lAïtois, fur l’Aa, aux confins de [a Picardie , a.6 lieues au fud-oueft d’Aïres & àiro au nord-oueft d'Arras C’eft lespremier, mafquifat d'Artois: Char- les. V, en fit l'éreétion en 1533. Les Effagnols y fu- rent misien déroute par les François en 1554: Long: 10 2O 1 tar Bo 5 (Doi nn , RENTIER , {im (Economie polisique. ) c’eft celui qui pour fe débarrafler du foin de fes affaires, met on biens fa fortune en rentes conftituées ou via- geres. Le ñombre des reztiersnes’augmente dans un” | état qu'aux dépens du travail.8 du commerce , par Voifiveté, le luxe, la mollefle, le fybaritifme. Un rentier eft donc un fujet inutile, dont la parefle met un impôt{ur linduftrie d'autrui. (nos - Vers la finde la république romaine, on oppofoit auxriches rentiers de ce tems-làaux Craflus, aux che: valiers romains, un Quittus Cincinnatus, qui après avoir obtenu le plus éclatant triomphe dont aucun général eût jamais été sratifie, fut conjuré par le fé nat, d'accepter une partie des dépouilles des enné- mms pour lurrendre la vie plus commode. Ce grand homme remerciatous les fénateurs en généralt8 en - particulier, avec des termes pleins de reconnoïffan- ce, fans autre defir que de cultiver fes terres, plus content du champ de fes ayeux, que les plus riches ne le font de leurs rentes immenfes. ave Mais il faut voir avec quels traits vifs & brillans Florus peint l’émpreflement de ce dictateur, qui fem- bloit n'avoir précipité le cours de fa viétoire, que pour retourner plutôt à fes occupations rufliques, dont 1l preféroit l’obfcurité à l'éclat de fon triomphe. * Voici la:peinture de Florus : Sic expeditione finit, rediit ad'boves rurfus triumphalis agricole ; fidem numi- arm , que velociratel intra quindecim dies captum, pera- Cumque bellum prorfus, ut fefhinaffe ditfator, ad relic- sum opus vidererur. «C’eft ainfi qu'après une expédi- » tion fi heureufe , ce laboutreur couvert degloire re- # vint à fa charrue ; mais avec quelle vitefle, grands » dieux ! Dans lefpace de quinze jours, 1l commen- y ce la guerre & la finit, enforte que le didateur » romain né parut s'être hâté f fort que pour re- » prendre plutôt fon travail ordinaire ». (D, J.). RENTIER, (Jurifprud. ) eft celui auquel il eft dû une rente; ceux qui ont des rentes aflignces fur les revenus, du roi font appellés reriers. En fait de rentes feigneuriales & foncieres, ou confütuées fur particuliers, on entend ordinairement par rentiers Ceux qui doivent les rentes, Dans la coutume de Bretagne le rerier eft le rôle des rentes du feigneur, comme le terrier ef Le rôle des terres qui en relevent ; on dit le rôle rentier. Voyez RENTE. (4) | RENTIERS, {. im. pl, ( Com.) on appelle aïnfi à Ma- roc, & dans toutes les villes de ce royaume, mariti- mes où autres, où l’on paye des droits d’entrée &: de fortie, les juifs qui en font fernuers. Ils y font un très-srand profit, & très-peu de grace aux mar- chands chrètiens. Difionn. de Commerce, | RENTOILER , v. aë. serre de lingere, c'eft regar- ir d’une toille neuve une deñtelle de point, une chemife , un rabat , &c autre linge d'hommes & de femmes, (D.J7) | RENTON,, f. m. serme de charpentier, jointure de deux pieces de bois de même efpece, fur une même ligne. Le reztor d’une fabliere, eft l'endroit où 1l fe joint de demi à demi. D'éion. des Ans, (D, I.) Tome XIV, RENTI 04 RENTY, (Géoe. mod.) C'étoit jadis: REN rai .REN TONNER,, v. nét rome de Cabarèher, Cetnot fignifie mettre dans un tonneau une liqueur qu'on en a tirée; Ou Qu'on attirée d’un autre. Les ordons nances des aides défendent: aux cabaretiers de rem2 tonner du vin dans une piece marquée & en perce: ? Savary: (D. JT.) Fa. mi | . RENTRAINER, v: 46: (Grañim.) c'elt entrainer de nouveau. [fe dit aufimple & au figuré. Ce tor2" rent à reñrrainé la digue qu'on lui oppoloit: Il s'eft laifié rentrainer danse vice par la mauvaife compas pure; Fam 4.1 He 0er RENTRATRE,:v: a@( Marufailure.) ce mot fignifie racomnroder,, rejoindre, coudre proprement: avec de la foie, les déchirures & trous qui fe font faits dans une piece de drap , en lui donnant Fapprêt, Non-feuülement cé foin eft permis, mais encore il'eft de Conféquence-qu'ilyait d’habiles rentrayeurs dans les manufadtures ; 1l eft néanmoins défendu de rer2 sraire les chefs de draperie étrangere fuf une piece de drap de fabrique françoife, où au contraire le chef d'un drap duroyaume:, fur une piece fabriquée en Hollande ou en Angleterre, foit pour frauder les droits du roi, foit pour tromper les marchands, comme 1l eff quelquefois arrivé, Diéhion. du commerce, RENTRAIRE, V. aétoicrmedetapiffier y c'eit recous dre les relais d’une tapifferie de haute où baffle Ke; ilfe dit aufhi lorfquelquelqués endroits d’une tapifles rié étant Confidérablement gâtés, on eft obligé d’y faire une nouvelle chaine & un nouvel ouvrage fur le patron de l’ancien; ces chaînes dela tentraituré doivent être de laine & non de fl. Dion, du-vom. (2. 1.) RENTRAITURE, Lf (Manufaëture.) raccoms imodage ou couture des déchirures &cides trous qui fe trouventdans une piece deidrap. Les rertraitures paf: fent pour tarre, & doivent fe diminuer fur le prix des pieces par les manufaéturiers. . RENTRAYEUR , £ m. ( Draperie.) ouvrier dont l'emploi: eft de rentraire les draps. Dans les manu faétures importantes, il y a ordinairément un. on= vfier #ntrayeur, dont toute l’occupation eft de ren- traire les draps, foit après leur retour du foulon, foit après qu'ils ont reçu Papprêt. Didion. du comm. (D. JT.) RENTRÉE, { £ (Grammaire.) l'aëtion de rentrer, Voyez RENTRER. On dit la ersrée du parlement. Une beuteufe rentrée au jeu, lorfqu’on prend au talon après avoir écarté , lescartes qu’on fouhaitoit ou qu’on auroit fouhaïtées. 2: RENTRÉE , {. f. serme de Chaffe , cé motfignifie le tems que le gibier rentre dans le bois, ce qui eft le matin & le foir ; mais rentrer au fort, c’eft ex rerme de Venerie la même chofe que fe rembucher. Salñove, CF pe ou RENTRER, v. n. ( Grammaire.) c’eft entrer de- rechef, Il étoit forti, mais il eft rezsré pour une af faire qu'il avoit oubliée: I eft rezrré dans fon cou- vent. Il eff rentré dans fon bénéfice. Au figuré on dit, 1l eft rentré en lui-même , dans fon devoir: RENTRER, (Jurifprud.) dans un bien, c’eftenre> cupérer la poflefion. | Renvrer dans fes droits, c'eft y être remis & rétas bli, foit en vertu de quelque claufe conditionnelle, foit en vertu de lettres du prince & d’un jugement qui les entérine, où enfin en vertu de quelque ac: cord ou tranfattion. La rentrée des tribunaux, eft le tems oiils recom: mencenñt leurs féances, lorfque les vacations font finies. (4) | RENTRER AU FORT, serme de Chaffe, {e dit d’une bête qui fe rembuche. Ts RENTRER , v. n. srmé de billard, lorfque dans le jeu de billard , à la guerre, celui qui entre péri, foié L 22 REN en fautant ‘où ën tombant dans une beloufe, il re- “cermmence à jouer, & cela s'appelle reztrer; mais quand celui auquel 1] appartenoit de renvrer à laifle ‘paffer fon rang, il ne rentre que lorfqw'il eft revenu. (D.7.) nm RENTRER , au revertier , C'eft revenir en jeu par le moyen d’un certain nombre de points que l’on ame- ne, & qui donne droit de jouer les dames qui avorent été battues. Pour cela il faut trouver des pañlages ou- verts, & chacun doit rersrer les dames qu'on lui a battues du côté où eft la pile & tas de bois. On ne fauroït rezsrer fur {oi, mais on peut rentrer fur fon joueur.en le battant, lorfque l’on trouve quelques- unes de fes dames découvertes. RENTRER, au piquet. Voyez les articles RENTRÉE, 6 PIQUET , Jeu. RENVAHIR , v. a@t. ( Gramm.)) c’eft envahir de- rechef, À peine les provinces dont les Romains s’é- teient emparés furent -elles affranchies de leur do- mination, que d’autres peuples les rezvahirerr. RENVELOPPER, v. att. ( Comm.) envelopper une feconde fois un paquet, le remettre dans l’enve- loppe d’où on latiré, Voyez PAQUET, ENVELOPPE, Diclion. de Comm. RENVENIMER, v. aû. ( Gramm. ) c’eft enveni- mer de nouveau. Cette plaie fe rezverime: On a ren- venimé {es difcours. RENVERDIE, L.£ (Liuérat.) piece de vers fur le retout du printems & de la verdure. Marot l’ap- ella depuis chars de Mar, RENVERGER , v. a&t. (Sorie.) c’eft enverger de nouveau. /oyez les articles ENVERGER 6: ENVERGU- RE. RENVERGER, les Vanniers appellent ainfi Paëétion de berder les ouvrages de cloferie. RENVERSANT , (Ægebre.) ou plurôt en renver- fant , inversendo ; c’eft une expreffion dont on fe fert pour marquer un certain changement que l’on fait dans la difpoñition des termes d’une proportion. Par exemple, fi l’on a cette proportion, 2.6::3.9; oub.c::d.f,lonauta en renverfant, invertendo, G.2::9.3,ouc.b::f.d,en mettant les antécé- dens à la place des conféquens, &z Îles conféquens à la place des antécédens. (£) RENVERSÉ , adj. (Math.) une raïfon renverfée, eft la même chofe qu’une proportion réciproque. Voyez RÉCIPROQUE , RAISON , DIRECT 6 INVERSE. (£) RENVERSÉ , cerme de Chirurgie, qui fe dit des plis qu'on fait faire à une bande dans un point de la cir- conférence d'un membre inégal, afin que la circon- volution de la bande, qui neporteroit que parun de {es bords , ne fafle point de godet. Pour faire ce ban- dage , on obferve dans les différens tours inégaux qui forment des doloires, des mouffes , ou des rem- pans fur le membre ; On obferve, dis-je, de renver- {er la bande aux endroits inégaux, à la partie pofte- rieure , jamais fur la plaie ou l’ulcere. Pour éviter la multiplication des renverfés, on garnit la partie inéga- le avec des comprefles aflez épaifles & graduées. Les renverfés doivent être bien unis, &g Les plus courts qu'il eft poffible. Pour y réuffir, il ne faut pas dérou- ler trop de bande ; 1l faut tenir le globe affez près de la partie , & diriger de l’autre man, qui eft libre, le pli qu’on veut faire faire à la bande ; fans cette pré- caution le renverfé-eft long & pliffé en façon de cor- de. Voyez BANDE, BANDAGE, DOLOIRE , MOUSSE, RAMPANT. (YF) RENVERSÉ, en terme de Blafon, eft une piece pla- cée Le haut en bas, ou dans une fituation contraire à celle qw’elle a naturellement ; ainfi un chevron rez- verfé, eft celui dont la pointe eft en en-bas, On le dit auf des animaux qui font repréfentés dans l’écu portés fur le dos. RENVERSEMENT ,f. m.(Gram.)ruine, deftruc- tion, chûte, décadence totale: on dit le rerzver/emens des autels, le renverfement des lois, le rezverfement de la fortune, celui d’un état. RENVERSEMENT, ( Marine.) on fous-entend char- ger par : C’eft tranfporter la charge d’un varffeau dans un autre. RENVERSEMENT , en Mufique, eft le changement d'ordre dans les fons qui compofent les accords, & dans les parties qui compofent l'harmonie ; ce qui fe fait en fubftituant à la bafle par des oftaves, les fons ou les parties qui font au-deflus ; aux extrémités, cel-. les qui occupent le milieu , & réciproquement. | Il eft certain que, dans tout accord, il y a un or- dre fondamental & naturel qui eft le meïlleur de tous; mais les circonftances d’une fucceffion, le soût, l'expreffion, le beau chant, la variété, obligent fou- vent le compofiteur de changer cet ordre & de ren- verfer les accords, & par conféquent la difpofition des parties, | Comme trois chofes peuvent être ordonnées en fix manieres , & quatre chofes en vingt-quatre ma- meres, il femble d’abord qu'un accord parfait de- vroit être fufceptible de fix rezverfemens, & un ac- cord diflonant de vingt-quatre, pufque celui-ci eft- compofé de quatre fons différens, & l’autre de trois; mais 1l faut obferver que dans l'harmonie, on ne compte point pour des rezverfemens toutes Les difpo- fitions différentes des fons fupérieurs, tant que le mê- me fon demeure au grave. Ainf ces deux difpofi- tions, #e,mi, fol, & ur, fol, mi, de Paccord parfait, ne font prifes que pour un mème rerverfement, êt ne portent qu’un même nom; ce qui réduit à trois tons les renverfèmens de Paccord parfait, & à quatre, tous. ceux de l’accord diflonant, c’eft-à-dire à autant de renverfemens qu'il y a de fons différens qui compoñfent l'accord, & qui peuvent fe tranfporter fucceiive- ment au grave, chacun à fon tour. Toutes fois donc que la baffle fondamentale fe fait entendre dans la partie la plus grave, ou, fi la baffle fondamentale ne s’y trouve pas, toutes les fois que l’ordre naturel s’obferve dans les accords, l’harmo- nie eft directe ; dès que cet ordre eft changé, ou que le fon fondamental n'étant pas au grave, fe fait enten- dre dans quelque autre partie , l'harmonie eft renver- fée. Renverfemens de l’accord, quand le fon fonda- mental eft tranfpofé ; renverfemens des parties, quand le deflus ou quelque autre partie , marche comme de- vroit faire la baffle fondamentale. Par-tout où un accord fera bien placé, tous les renverfemens de cet accord feront bien placés auf; car c’eft toujours la même fucceflion fondamentale. Aïnfi à chaque note de baffle fondamentale, on eft maître de difpofer l'accord à fa volonté, & par con- féquent, de faire à tout moment des rezverfémens différens, pourvu qu'onne change point la fucceffion fondamentale 8 réculiere ; que les difflonancesfoient toujours préparées & fauvées par la même partie qui les fait entendre ; que la note fenfble monte tou- jours, & qu’on évite les faufles relations trop dures dans une même partie. Voilà la clé de ces différences myftérieufes,que mettent les compofiteurs entre les accords où le deflus fyncope, &t ceux où la bañfe doit fyncoper, comme entre la neuvieme & la feconde; c’eft que, dans les premiers, laccordeft direct, & la diflonance dans le deflus; dans les autres, laccord eftrenverfé, & la diflonance en eft à la bañle. À l'égard des accords par fuppoñrion, 1l faut plus de précaution pour les renverfer.Comme le fon qu’on y ajoute à la baffle eft entierement étranger à lhar- monie ; fouvent il n’y eft fouffert qu’à caufe de fon éloignement des autres fons, qui rend la diffonance moins fenfble ; que fi ce fon ajouté vient à être tranf- porté dans les parties fupérieures, il y peut faire un REN très-mauvais effet ; & jamais celaine fautoit fe prati- quer heureufemént, fans retrancher quelque autre | {on de l'accord. Voyez au mor Accor», les cas & le choix de ces retranchemens. 1’inteligence parfaite du rerverfemenr ne dépend que de Pétude & du travail; le choix eft autre chofe; 11 y faut Porerlle & le goût. ILeft certain que la bafle fondamentale eft faite pour foutenir l’harmonie,.& regner au-defius d'elle. Toutes les fois qu’on:chan- ge cet ordre, & qu’on renverfe l'harmonie, on.doit avoir de bonnes raïifons pour cela, fans quoi l’on tombera dans le défaut de nos mufiques récentes où les deflus chantent quelquefois comme des baffes..& les baïles toujours comme des deflus; où toutieft confus & mal ordonné, fans autre raifon, ce femble, que de pervertit Pordre établi, & de gâter lharmo- mue. (S) TU L RENVERSEMENT, (Horlogerie. ) c’eft dans les mon- tres la mécanique par laquelle. Pon borne l'étendue de Parc du fupplément, pour que laroue de rencon- tre trefle en prife fur la palette ou fur le cylindre, pour pouvoir les ramener dans l’un & l’autre cas. Dans Péchappement à palette bien fait, le balan- cier porte une cheville qui va s'appuyer contre les bouts de la couliffe, & le balancier peut décrire 240 degrés. Dans celui à cylindre, le balancier porte de mê- me une cheville qui va aufi s'appuyer {ur les bouts de la coulifie, ou fur une cheville pofée à cet effet, parce qu'on peut lui donner plus de 300 degrés à parcourir; fans quoi la coulifle deviendroit:trop courte pour la fureté du rateau. | .. Dans les montres à vibration lente , telles que cel: les qui battent les fecondes, il fut faire un reñverféz ment double, c'eft-à-dire qu'il faut mettre deuxiche- villes au balancier, vis-à-vis l’une de l’autre ; l’une -en-deflus, l’autre en-deffous ; & au moyen deces deux chevilles , placées auf vis à-vis lune dé l’autre fous le coa, le balancier vient-botnier fes arcs par les _deux extrémités.de fon diametre ; 8 par-là les pi- vots font plus en fureté que fi le balancier n’étoit re- tenu que par fon rayon. Cela eft néceflaire dans les montres qui battent les fecondes, parce que leursba- Janciers font pefans, & Le reflort fpiral foible. Je don- ne un tour à parcourir aux balanciers de ces fortes de montres. Article de M. Romrzzy. RENVERSER , v. at. (Gram.) c’eft abatre avec violence. Le vent a renveyfe les arbres de ce jardin; ce luteur a renverfé fon antagonifte, ce cheval a rez- verfé fon cavalier; allons renverfer ces dieux que les vers rongent fur leurs autels; renverfez ou retournez ce plat; un cône eft renverfé ; une pyramide eft renver- Jée ; cette ligne d'infanterie fe rezverfa fur la feconde; la cavalerie fut rezverfée fur l'infanterie; on renverfe les accords en mufique, voyez l’article RENVERSE- MENT. Cet accident lui a renverfé la cervelle ; cette banqueroute a renverfé {a fortunes; on rifque de fe bleffer les reins en fe renverfant trop en arriere. RENVERSER re terre , ( Jardinage.) c’eft la retour- ner, Voyez RETOURNER. RENVI, f. m. à différens jeux de cartes, c’eft la mife d’un nombre de jettons qu’un joueur hafarde en fus d’un autre, pour lui difputer un avantage ou un jeu. | RENVIDER , parmi les Cardeurs de laine, c’eft rapprocher le bras de la broche du rouet pour y tour- ner le fl. RENVIER, c’eft à ambigu, au breland, & au- tres jeux, mettre une quantité de jettons au-deflus d’un joueur, pour acheter les mêmes prétentions qu'il a fur quelque coup. RENVOÏ, f. m. (Gram.) retour d'unendroit dans un autre, d’une chofe à celui qui la envoyée. On dit une chaïfe de renvoi ; Le renvoi d’un pré{ent eft délo- Tome XIF, y R EN LE23 bligeant ; le renvoi de la lumiere paruñobjet ; lerenvor d’une injure à celui qui l’a faite; une omifionÀ inter- caler parlerezyor:ondéfgne parun ligne quimar -duifanten Allemagne, cethomime fameux ya éteint le bon goût, & perdu les meilleurs elprits. Le renvoi d'un thbünal à un autre fatigue le Iplaideur & le ruine. (20 50 me ! Renvor, (Juri/p.) danstun adte eft une marque appofée à la fuite de quelquesmot, & qui Le refere à une autre marque-ferblable, qui eft en marge où au baskde la page, où lon a ajouté ce qui avoivéré ob- «mis en cetendroit dansle-corps de l’adte. Les-renvois doivent être approuvés des parties contradtantes & des notaires 8 témoins, ainf que des autres officiers dont l’aéte eft émañé , à peine de nullité. On ne figne pas ordinairement les revois mais on les paraphe. Foyez APOSTILLE ,INTERLAGNE, PARAPHE RATU RE. Frais | b Renvoi en fait de jurifdiétion,.eft Pâ@e. par lequel un juge fe départ de la connoiffance d’une affaire pendante pärdevant lui, &e prefcrit aux parties de fe pourvoir devant un autre juge qu'il leur indique au- quel la connoïffance de l'affaire appartient naturelle. ment. AB | il nya que le juge fupérieur qui puifle ufer de renvoi à l'égard d’un juge qui eftfon inférieur; Le ju- AT RAS pen ge qui eft inférieur dun autre, où qui n’a point de fupérionité fur lui, ne peut-pas ufer à fon égard du terme de rezvoi, il ordonhe feulement que-les parties fe pourvoiront pardevant les juges qui en-doivent connoîtfe. La partie qui n’eft pointaffignée devant fon juge, peut demander fon rezvoi pardevant le juge de fon domicile, ou autre auquél la connoïiffance de l'affaire appartient. Celui qui à droit de commirimus peut faire ren- voyer devantle juge de fon privilese, Paflienation qui lui eft donnée devant un autre juge : l'huifher fait lui-même le rezvoi en vertu des lettres. L'ordonnance de 1667, 22. G@. article 1. enjoint aux juges de renvoyer les parties pardevant les juges. qui oivent connoître de la conteflation, ou ordonner qu’elles fe pourvoiront, à peine de nullité des juge- mens; & en cas de contravention, il eft dit que les juges pourront Être intimés & pris à parti: mais cela n’a lieu que quand le juge à retenu une caufe qui NO toirement n’étoit pas de fa compétence. (4) RENvOI devant un ancien avocat, c’eft un juge- ment qui enjoint aux parties de fe retirer devant un ancien avocat qui leur eft indiqué, pour en pafler par fon avis. La cour renvoie aufli certaines affaires au parquet desgens du roi, pour en pañler par leur avis. On renvoi encore les parties devant un notaire, Ou devant un expert calculateur pour compter. (4) RENVOr, f. m.(Com.) on appelle dans le commer- ce, marchandifes de renvoi, celles qui ont été ren- voyées par un marchand à celui de qui il Les avoit reçues. Cesfortes de rezvois {e font ordinairement ou parce que les marchandifes ne {e font pas trou- vées des qualités qu'on les avoit demandées, ou parce qu'elles fe font rencontrées défetueufes ou ta- rées, & dans lun ou l’autre cas, tant les frais du rez- voi que les droits qui ont pu être acquittés pour rai- fon de ces marchandifes, tombent en pure perte fur celui à qui elles appartiennent, & qui en a fait l’en- voi. Diclion, de Com. ARENVOI, { m. ez Mufique, eft un Si à 1} 124 R E © volonté, placéordinairément au-deflus de la por- tée, & qui correfpondant à unautre figne fembla- ble, marque qu’il faut, d’où l’on eft, retourner à Vendroit où À placé cetautre figne. (S) RENVOYER , v. aût: (Gram.) c'eft envoyer de- rechef; onrezvoie un domeftique; on remvoie un cou- Trier ; on renvoie fes équipages ; an rezvoie un préfent ; on renvoie la balle; on renvoie {es gens; on renvoie à Vécole, aux élémens de la fcience; on renvoie une affaire pardevant tel commiffaire ; On rezvoie abfous, Voyez les articles RENVOI.. RENUS, (Géog. anc.) riviere d'Italie: les anciens n’en parlent guere. Pline, %6. III. chap. xvy. néan- moins en fait mention. Il eneft auf parlé dans Silius Italicus : parvique Bonomia Reni. Cette riviere a con- {ervé fon nom, car on l’appelle aujourd’hui Rero. El. le prend fa fource dansle Florentin auprèsde Piftoie, defcend entre des montagnes, pañle à deux milles de Boulogne , & fe jette dans le P6 à quatre milles au- deflus de Ferrare. (D. J.) RÉODER , f. m. (Mefure de liqueurs.) ©’eft la plus haute mefure d'Allemagne, & qui n’eft qu'idéale. Le réodereft de deux feoders & demi, & le feoder de fix ames, l'ame de vingt fertels, & le fertel de quatre males ; ainfi Le réoder contient 1200 mafles, Savary. (2. J.) RÉOÔLE,, LA, (Géog. mod.) petite ville de France, dansle Bazadois, fur la droite de la Garonne, à neuf lieues au-deflus de Bourdeaux; elle doit fon origine à une ancienne abbaye d'hommes, ordre deS. Be- noît, fondée en 970. Louis XIV. transfera pendant quelques années le parlement de Bourdeaux dans cette petite ville. L'abbaye de la Réole (ou la Reau- de), ef fituée dans la plaine de Bigorre, &c fon abbé a entrée aux états du pays. Long. de la ville , 17. 34. larit. 44. 36. ( D.J. | RÉORDINATION , f. f. ( Théolog.) v’eft Patte de conférer les ordres à‘une perfonne qui a été déjà ordonnée. Y’oyez ORDRE 6 ORDINATION, Le facrement de l’ordre imprime, felon les Théo- logiens , un caraétere ineffaçable , & par conféquent il ne peut-pas être réitéré. Cependant on a difputé long-tems dans les écoles, fi certaines ordinations dont il eft parlé dans l’hiftoire eccléfiaftique , n’ont pas été regardées comme nulles, &c fous ce prétexte réitérées. Dansle vi. fiecle, par exemple, Etienne III. déclara nulles les ordinations faites par Conftan- tin fon prédécefleur , confacra de nouveau les évé- ques ordonnés par Conftantin, & pour les prêtres & les diacres qué celui-ci avoit ordonnés, il les ré- duifit à l’état des laïques. Mais les Théologiens pour da plûpart prétendent que la nouvelle confécration de ceux qui avoient été ordonnés par Conftantin , n'étoit pas une véritable ordination, mais une fim- ple cérémonie de réhabilitation pour leur rendre Vexercice de leurs fon@ions. Sur ce fait & fur plu- fieurs autres femblables, tels que les ordinations de Photius, du pape Formofe , & les ordinations con- férées par des évêques , foit fchifmatiques, foit in- trus, foit excommuniés , foit fimoniaques, comme 1l y en eut beaucoup de cette derniere efpece dans le xj. fiecle ; il eft de principe parmi les Théolopiens, que les papes ou les conciles ne les ont jamais dé- clarés nulles quant au fond, mais feulement quant à l'exercice de l’ordre. C’eft le fentiment de l’églife d'Afrique contre les Donatiftes , dont elle ne réor- donna jamais les évêques ou les prêtres , quand ils voulurent fe réunir avec les Catholiques. C’eft auffi celui de la plüpart des Théologiens après S. Thomas qusparle ainf des ordinations fimoniaques : 2//e qui fimoniacè recipit ordinem , recipit quidem caratterem or- dinis propter efficaciarh facraïenti, non tamen recipit gratiam neque ordinis executionem. Secundé fecunde,, quefl. Cart. Gun refp. ad 1. Etp lus bas , rec deber ali- güiis recipere ordinem ab epifcopo quem cit fimontacè pre: motum , 6: f? ordinetur, non rectpisordinis éxecutionem, etiamfe ignorares eum effe Jimoniacum , Jèd indiget dif= penfatione. Ibid.in refp. ad 2. L’ufage préfent de l’églife romaine eft de réordon- ner les Anglicans, parce qu’on y prétend que leurs évêques ne font pas validement confacrés, & que la forme de leurs ordinations eft infuffifante. Voyez la raifon de cette prétention au 7204 ORDINATION. Les Anglicans eux-mêmes font dans l’ufage de téordonner les mimitres luthériens ou calviniftes, qui paflent dans leur communion, parce leurs évé- ques prétendent avoir feuls le droit de conférer les ordres facrés , & que tout minuitre qui ne le reçoit pas de leurs mains , n’a pas une vocation légitime & réguliere. ps Tout raifonnable que foit cet ufage par rapport # ces miniftres qui n'ont reçu leur vocation que du choix du peuple, 1l forme le plus grand obftacle qu'il y ait à les réunir avecles Anglicans, la plüpart d’en- tr’eux ayant de grands fcrupules de fe faire réordon* ner, parce que la réordination emporte la nullité de. leur premiere vocation, & que par conféquent ce feroit convenir qu'ils ont admimiftré les facremens, fans en avoir le droit, & que toutes les fonéions du miniftere qu'ils ont exercées, étoient nulles & inva= lides. Voyez PRESBYTÉRIENS. Les Anglicans en ufent de même, felon le p. le Quien , à l'égard des prêtres catholiques qui apoñta- fient ; mais ils n’ont pas le même fondement ; car de quelques erreurs qu'ils accufent l’églife romaine , ils ne peuvent nier que les ordres qu’elle confere, font validement conférés, à moins de tomber eux-mêmes dans l'erreur des Donatiftes. Poyez D'ONATISTES. REPAIRE, f. m. ( Gram. ) il fe dit de la retraite des animaux fauvages , des lions , des tigres , des ferpens. Il fe dit auffi de la caverne des voleurs. REPAIRE, ( Chaffe. } c’eft la fiente des animaux, comme lievtes , lapins. | REPAIRE, ( Archir. ) c’eft une marque qu’on fait fur un mur, pour donner un alignement , & arrêter une mefure de certaine diftance, ou pour marquer les traits deniveau fur un jalon & fur un endroit fixe. Ce mot vient du latin reperire, retrouver, parce qu’il faut retrouver cette marque , pour être afluré d’une hauteur ou d’une diftance. | On fe fert auf de repaires , pour connoitre les dif- férentes hauteurs des fondations qu’on eft obligé de couvrir. Celui qui eft chargé de ce travail, doit en rapporter le profil , les reflauts & retraites, s’il y en a, & y laifler même des fondes , s’il le faut, lors d’une vérification, Les Menuifiersnomment encore repaires , lestraits de pierre noire ou blanche, dont ils marquent les pieces d’affemblage, pour les monter en œuvre. Et les Paveurs donnent ce nom à certains pavés qu'ils mettent d’efpace en efpaces pour conferver leur niveau de pente. Did. d’Archit. (D. J.) : Repaire, ( Hydr. ) eft une marque que lon fait fur les jalons ou perches dans les nivellemens pour arrêter les coups de niveau, C’eft auffi en terme da terraffier , des rigoles de terre dreflées au cordeau fur deux piquets ou taquets enfoncés rez-terre: ce qui fertà unir & dreffer leterrein. (X) REPAIRE , ( terme de Lunetier. ) marque qu’on fait fut les tubes d’une lunette à longue vue, afin de les alonger , & de les accourcir au jufte point de celui qui s’enfert. (D. J.) REPAISSIR , v. a@&. ( Gram. ) rendre plus épais. REPAITRE , v.aét. ( Gram.) nourrir , entrete- nir. On dit repaitre de bons ahimens, repañtre de vent, repaïtre de fumée , repaitre de vifions , de belles pa- roles. Il fe prend, comme on voit, au fimple & ax figuré. | , REP REPAITRIR , v. a. ( Gram, ) paîtrir de-rechef. : Voyez les articles PAITRIR, PATE, PÉTRIN. REPALLEMENT , fm. ( Com.) confrontation, comparaifon que l’on fait d’un poids de fer, de cui- vre où de plomb avec l’étalon ou poids matrice, pour voir, fi pard’ufage ou autrement, il n’eft point alté- ré. Ce térme n’eft guere en ufage qu’en Picardie, & particulierement à Amiens. Difonn. de commerce. REPALLER , v. a@. ( Com. ) confronter, compa- ‘rer ün poids avec l’étalon. Foyez REPALLEMENT ow ÉTALLON. : a: RÉPANDRE, v.a@. ( Gram, } Il {e dit d’un flui de ‘qu'on Verfe à terre, ou fur un autre corps; vous ré- pandez du vin: il fe dit auf de l'argent ; 1l répand beaucoup d’argent pour Les troupes : d’une nouvelle, d’un bruit ; je ne fais comment ce bruit s’eft répandu, ‘On lemploie fouvent dans les phrafes fuivantes , fe Yépandre en louanges, {e répandre dans le monde, ré- pandre dès agrémens fur tout ; il a des graces re- * pandues {ur toute fa perfonne. RÉPANDRE, VERSER, ( Syronym.) il ya cette différence entre ces deux verbes, que verfer fe dit d’une liqueur que lon met à deflein dans un vafe , & répandre ; d’une liqueur qu’on laiffe tomber ; ainfion dit , verfer du vin dans un verre, & non pas répandre du vin dans un verre. On dit cependant répandre des pleurs, & verfer un torrent de larmes. On dit égale- ment bien, verfér {on fang , & répandre {on fang. Ré- bandreeît fort enufage au figuré ; répandre des erreurs; _ cette nouvelle fut bientôt répandue, On dit poétique- ment que le fommeil répazd fes pavots ; enfin répan- dre fignifie femer, difperfer, étendre de toutes parts. Un général répard quelquefois fes troupes en divers cantons. Il faut tâcher de réverdre des agrémens dans tous fes écrits. Il y a un certain air de nobleffe répan- du dans toute {a perfonne, dans fes difcours, & dans fes mamieres. { D. J. RÉPARAGE, f. m. ( Draperie. ) ce mot fignifie donner avec les forcesune deuxieme coupe au drap; ainfi l’on dit, tondre en réparage, pour dire , tondre 1e drap une feconde fois. RÉPARAGE, f. m. ( Lainage. ) ce mot fe dit chez des Laïneurs ou Aplaigneurs, de toutes les façons qu'ils donnent aux étoftes de lainé avec le chardon fur la perche, RÉPARAGE , ou réparer , em terme d'orfeyre, c’eft mettoyer les foudures , les mettre de niveauavec les pieces, & reëifier l'ouvrage au marteau, àla li- me & auriloire. Voyez ces mors à leur article. RÉPARATION, £ £( Archi. ) c’eft une reflau- ration néceflaire pou l'entretien d’un bâtiment. Un propriétaire eft chargé de grofles réparations , com- me murs , planchers, couvertures, &c. & un loca- taire eft obligé aux menues, telles que font les vitres, carreaux, dégradations d’âtres , de planchers, 6. (2. 1) RÉPARATION, ( Jzrifp. ) en fait de bâtiment, on en diftingue de plufeurs fortes. Les grofes réparations quifont à la charge du pro- priétaire , lefquelles confiftent dans la réfe@ion des quatre gros murs, des poutres , voûtes & couvertu- res en plein. Les réparations viageres & d’entretenement font toutes les réparationsautres que les groffes réparations dont on vient de parler; on les appelle viageres, par- ce qu’elles font à la chatge de lufufruitier & non du propriétaire, & réparations d’entretenement , parce qu'elles comprennent tout ce qui eft néceffaire pour entretenir l'héritage, mais non pas laréconftrucion. Les menues répararions qu’on appelle auffi repara- tions locatives , {ont celles dontles locataires font te- nus ,comme de rendre les vitres nettes en quittant la mauon, de faire rétablir celles qui font caflées, faire raccommoder les clés & ferrures & les carreaux qui REP 125 ne font pas en état, & autres chofes femblables. Lorfque le fermier judiciaire d’un bien faif réelles ment veut faire faire quelques répararions, il faut au: paravant qu'il en faffe conftater la néceffité par un procès-verbal d'experts. Onne peut employer en ré paranons que le tiers du prix du bail, quand il eft de 10001iv. la moitié, quand il eft au-deflus, & le ne quand 1l eft au-deflous. Foyez le réslément u 23 Juin 1678 , journel des aud, (4) RÉPARATION CIVILE eft une fomme à laquelle un criminel eft condamné envers quelqu'un par forme de réparation & de dédommagement du tort qu'il lui a caufé par fon crime. | La réparation civile adjugée pout l’homicide du tari appartient par moitié À la femme & aux enfanss la femme n’eft pas privée de fa part, quoiqu’elle fe remarie, & qu'elle renonce à la communauté, Si lhomicidé n’a point de femme ñi d’enfans, la réparation civile appartient au pere, & à fon défaut ; aux autres héritiers plus prochains. Pour avoir part à cette réparation , ïl faut avoit pourfuivila vengeance de la mort du défunt. Les ens fans n’en feroient cependant pas privés, fi c'étoit leur indigence qui les eût empêchés de pourfuivre. Les réparations civiles emportent lacontrainte paè cotps , &t font payées par préférence à l'amende ad= jugée au roi. Foyez l'infheurion au droit vrimirel de M. de Vouglans. (4) Li « RÉPARATION D'HONNEUR , ( Jurifprud, eft une déclaration que l’on fait de vive voix ou par écrit , pour rétablir l'honneur de quelqu'un que Pon avoit attaqué, Comme ïl n’y a rien de plus cher que lhonheur ; tout ce qui y donne la plus légere atteinte, mérite une fatisfaion. Mais on la propertionne à la qualité de l’ofentés &t à la qualité de l’injure , & auffi à celle de l’accuté. Quelquefois la répararion {e faït par un fimplea&e que l’on met au greffe. Lorfqu’on veut la rendre plus authentique, on ot- donne qu’elle fe fera en préfence de certaines pet- fonnes, même en préfence d’un des juges commis a cet effet, & qui en fait drefer procès-verbal. Quoique l’on ordonne cette réparation, on pro- nonce auffi quelquefois en outre une amende & des dommages & intérêts: ce qui dépend des circonftan: ces. Voyez AMENDE, DOMMAGES ET INTÉRÊTS , HONNEUR , MARÉCHAUX DE FRANCE » POINT- D'HONNEUR. | _ RÉPARÉ, participe, ( Gram. } Voyez le verbe RÉPARER. RÉPARE, ex terme de bâtimens , voyèg RÉPARA- TION , RESTAURATION. | RÉPARER, v. ad. ( Gram.) c’eft mettre ou reftis tuer une chofe dégradée, défetueufe, endomma: gée , en bon état. Il fe dit au fimple & au figuré ; on répare un mur, On répare une injure, On répare ur dommage, on répare un tort. RÉPARER, ( Médailles. ) réparer des médail: les, c’eft les retoucher; enforte qu'étant fruftes x effacées , elles paroiffent nettes & lifibles. Pour cela, on enleve la rouille avec le burin, on rétablit les let: tres, on polit le champ , & on reflufcite des figures cie ne paroïfloient prefque plus. Quand les figures ont rongées, on prend une efpece de maftic que l’on applique au métal, & que l’on retaille enfuite très proprement , pour faire croire que les figures font entieres & bien confervées ; c’eft une rule qu’on a fouvent mis en ufage , les connoïfleurs gardent leurs médailles fans Les réparer, parce que rien ne contris bue tant à les gâter. oyez Joubert, fcienc. des médails des. (D. J.) RÉPARER, en serme de Doreur fur bois , eft propre: ment l’aflion de découvrir la fculpture qu’on avoit 126 REP remplie en blanchiffantune piece , voyez BLANCHIR. Cette opération fuit immédiatement le blanchiffe- ment, 6c fe fait avec des fers plus on moins gros que Von reprend à plufeurs fois. Voyez Les fig. PL du Doreur ; on y voit un ouvrier qui répare. RÉPARER , serme de Ferblantier ; c’eft abattre avec le marteau à reparer , les inégalités que le marteau à emboutir à tête à diamant a formées; cela donne auff à la piece que l’on travaille un luifant fort beau. Ce qui fe fait avec un marteau propre à cet ouvrage. Voyez les PL, RÉPARER, une figure de bronze, de plâtre , 6x, c’eft en Ôter fes barbes & ce qui fe trouve de trop fort dans les joints & les jets du moule. On dit une ftatue bien nettoyée &c réparée , & dans plufieurs au- tres ouvrages on fe fert de ce mot, pour dire qu’on y met la derniere main. RÉPARER, ( Graveur -Cizeleur ) c’eftun terme dont fe fervent les Sculpteurs , les Cizeleurs & les Graveurs en relief, & en creux, pour exprimer l’ac- tion de finir & terminer leurs ouvrages, foit avec des limes , des burins, des échopes, des cizelets, &c. foit que ces ouvrages ayent été fondus ou non. Voyez SCULPTURE , CIZELURE, GRAVURE, ex re- dief 6 en creux. RÉPARER, en serme d'Orfévre en grofferie ; c’eft adoucir les traits d’une lime rude, avec laquelle on a ébauché une piece, où les coups de marteau qui y font reftés après le planage , voyez PLANAGE 6 PLA- NER. On fe fert comme nous l'avons dit , des rifloirs ‘dans cette opération. Voyez RiFLoIRS. RÉPARER, rerme de Potier d’étain ; il {e dit des der- nieres façons qu’on donne aux pieces ajoutées à Ja menuiferie ou poterie , & aux pieces de rapport ; pour cela, il faut épiler avec Le fer à fouder les jets &t refouder ou remplir les retirures où creux que la chaleur du moule occafionne quelquefois ; enfuite raper avec l’écouane ou larape,gratter avec les grat- toirs à deux mains ou fous-bras , &c brunir avec les brunifloirs pareils. Voyez ces mors. On acheve les cuillieres d’étain, en les grattant & bruniflant enfuite ; à l'égard de celles de métal, après qu’elles font grattées on les polit. Voyez Pour. RÉPARER , ( Scu/pr. ) une ftatue où toute autre figure de fonte, c’eft la retoucher avec Le cifeau, le burin ou tout autre inftrument pour perfeétionnerles “endroits qui ne font pas bien venus; on en Ôte les barbes & ce qu’ily a de trop dans les joints & dans les jets. Voyez STATUE, voyez auffi FONTE. REPARIER , v.neut. ( Gram.) c’eft faire un fe- -cond pari. Voyez PARIER 6 PART. | REPARLER , y. neut. (Gram.) c’eft parler de-re- chef. Voyez PARLER @& PAROLE. REPAROÎTRE , v. neut. ( Gram.) c’eft fe mon- trer de nouveau. /’oyez PAROÎTRE, fe MONTRER. REPARON , f. m, (Toz/erie.) c’eft la feconde qua- lité du lin férancé ; la premiere & fa meilleure s’ap- pelle le £rir, Quand on fait des poupées du total en- demble, on l’appelle sour-au-tout. Savary. REPARTIE, f. £ ( Liviérat. ) réponfe prompte & vive, pleine d’efprit, de fel & de raillerie. Il ne fait pas bon attaquer un homme qui a la repartie prête ; Vorateur Philippe difoit à Catulus, en faifant allufion à {on nom &c à la chaleur qu’il marquoit en plaidant, gu'as-tn donc à aboyer fr fort ? Ce que j'ai, repartit Ca- tulus , c’eff que je vois un voleur. Catulus, dicenti Phi- “dippo, quid latras ; furem, inquit , video. Cic. de orat. Lib, TT, :n°. 220. | Il y a, felon Vicquefort une grande différence en- tre une repariie libre &c fpirituelle , & un farcafme offenfant. Eneffet, toute repartien’eft pas mordante -comme le farcafme. Voyez SARCASME. RÉPARTIR , v. act. ( Gramm.) divifer entre plu- feurs aflociés, les profits ou les pertes d’une fociété; REP il fe dit particuliérement des profits qui fe font par les aétionnaïres dans les compagnies de commerce. Faire une répartition eft plus en ufage que repartir. Voyez SOCIÉTÉ , ACTIONNAIRE 6 COMPAGNIE. Didionn. de Commerce & de Trév: RÉPARTITION , f. £ (Corrm.) divifion, partage qui fe fait d’une chofe entre plufieurs perfonnes aui y ont un intérêt commun; ils’entend principalement parmi les négocians , des profits que produifent les attions dans les fonds d’une compagnie. Ces fortes de repartitions de compagnie fe font or- dinairement en argent comptant , à tant pat cent du fonds ou aétions qu’y ont les intéreflés, Les reparti- tions que la compagnie des Indes orientales de Hol- lande fit à fes aétionnaïres en 1616 tout en argent comptant, monterent à quatre-vingt fept pour cent. Quelquefois néanmoins elles fe font en efpeces, c’eft- à-dire en marchandifes venues par les vaïffeaux ; ain- fi en r6r0 la même compagnie fit deux répartitions de cette maniere, l’une au mois d'Avril de foixante- quinze pour cent en macis, & l’autre au mois de No- vembre de cinquante pour cent en poivre. Diionn. de Comm. G de Trév. REPARTONS, f. m. rerme ufité dans les ardoifieres pour défigner certains blocs d’ardoïfe. Voyez l'arsicle ARDOISE. | REPAS, f. m. ( Théologie. ) réfe{tion qu’on prend à certaines heures reglées de la journée. Voyez RE- FECTION. Ce mot vient du latin repa/fus formé de paflus , ui fignifie une perfonne qui a pris une refedion fuf- Ame Auff les Italiens & les Efpagnols difent -ils pafio dans le même f{ens. Les repas qui font rapportés dans l’Ecriture du tems des premiers patriarches, font voir que ces pre- miers hommes ne connoïfloient pas beaucoup Les ra- finemens en fait de cuïfine, même dans leurs repas les plus magnifiques. Abraham, perfonnage riche & difängué dans fon pays, ayant à recevoir trois an- ges cachés fous la figure d'hommes, leur fert un veau, du pain frais, maïs cuit à la hâte & fous la cendre : du beurre & du lait ; mais ils fe dédommageoïent de la qualité par la quantité. Un veau tout entier & trois mefures de farine qui revenoient à plus de deux de nos boïfleaux , c’eft-à-dire à plus de cinquante-fix li- vres pour trois perfonnes: de même Rebecca apprêta pour [faac feul deux chevreaux. Jofeph pour témoi- gner à fon frere Benjamin la confidération qu'il a pour lui, lui fait fervir une portion quadruple de celle qu'il avoit fait donner à fes autres freres, Tous ces traits femblent prouver que ces premiers hom- mes étoient grands mangeurs, aufli faoient-ils orand exercice , & peut-être étoient-ils de plus grande taille, auffi-bien que de plus longue vie. Les Grecs croyoient aufli que les hommes des tems héroiques étoient de plus haute ftature | & Homere les fait grands mangeurs. Quand Eumée reçoit Ulyfe , il apprète un grand porc de cinq ans pour cinq perfons nes. Odyf]. 14. Les héros d’Homere fe fervent eux-mêmes pour la cuifine &c les repas , & l’on voit agir de même les patriarches. Quelques-uns penfent que chez les an- ciens les repas étoïent très-fouvent des facrifices , & que c’eft pour cela qu'ils étoient fouvent préparés par des rois. Cette raïfon peut être vraie À certains 1 » À i . égards, & infufiifante à d’autres : elle n’a pas lieu, par exemple, pour le repas qu’Achille aidé de Patro- cle, donne dans fa tente aux députés des Grecs, qui venoïent le prier de fe réconcilier avec Agamem- non, Îlne s’apit point là de facrifice; difons que telle étoit la fimphiité & la candeur des mœurs de ces premiers âges, où la frugalité fut long-tems en hon- neuf ; Car pour ne parler ici que des Hébreux, leur vie étoit fort fimple , ils ne mangeoient que tard & après avoir travaillé. On peut juger de léurs mets les plus ordinaires, par les provifions qué donnerent en divers tems à David, Abigal , Siba, Berzellaï. Les efpeces qui en font marquées dans l'Ecriture , font du pain & du vin, du blé & de l'orge, de la farine de Pun &c de l’autre, des feves & des lentil- les, des pois chiches , des raifins fecs , des figues feches, du beurre, du miel, de l'huile, des bœufs, des moutons & des veaux gras. Il y a dans ce dé- nombrement beaucoup de grains & de légumes ; c’é- toit auf la nourriture la plus ordinaire des anciens Egyptiens ; c’étoit celle des Romains dans les meil- leurs tems , & lorfqu'ils s’adonnoient le plus à l'a- griculture. Ileft peu parlé de poiffon dans leurs repas _f cen’eft dans les derniers tems; les anciens le mé- prifoient, comme une nourrituretrop délicate & trop legere pour des hommes robuftes. On ne voit guere non plus chez les Hébreux de fauces ni de ragoûts ,. leurs feftins étoient compolés de viandes folides & grafles, 1ls comptoient pour les plus grands délices le lait &t le miel. En eftet, avant que le fucre eût été apporté des Indes, on ne » Rullus. Qui fera le premier de ces décemvirs? faut- » il le demander? Rullus. Enfin qui fera Le maître ab- » folu des biens de l’état ? le feul Rullus. Voilà, Mef- » fieurs, comment on vous traite, vous qui êtes les » maîtres & les rois des nations | À peine une fi hon- » teufe prévarication feroit-elle foufferte fous l’em- » pire d'un tyran, & dans une fociété d’efclaves. S'ily a des répétitions de mots pour donner de la _ force au difcours, ily a des répétitions d’une même penfée fous des ornemens différens , qui tendent au même but. Une penfée importante qui pañle comme un éclair, n’eft guere qu’apperçue; fi on la répete fans art, elle n’a plus le mérite de la nouveauté. Que faire ? il faut la préfenter plufeurs fois, & chaque fois avec des décorations différentes; de maniere que lame, occupée par cette forte de preflige, s’arrête avec plaifir fur le même objet, & en prenne toute limpreffion que l’orateur fe propofe de lui donner. Qu'on obferve la nature quand elle parle en nous, &c que la pafion feule la gouverne ; la même penfée revient prefque fans cefle , fouvent avec les mêmes termes ; l’art fuitla même marche, mais en variant peu les dehors. | Hé quoi ! vous ne ferez nulle diflinétion Entre Phypocrifie & la dévotion? | Vous les voulez traiter d'un femblable langage. Et rendre méme honneur au mafque qu'au vijage ? Egaler l'artifice a la fincérité , | Confondre l'apparence avec la vérité, E fimer le phantôme autant que la perfonne , Et la fauffe monnoie a légal de la bonne. Il n’eft point d'inattention qui tienne contre une enfée fi obflinée à reparoitre , 1lfaut qu’elle entre dans l’efprit 8 qu’elle s'y établie, malgré toute ré fiftance. Il y a grande apparence, dit M. le Batteux, dont j'ai emprunté tant de chofes ici, 1l y a grande apparence , que.c’eft là le copiarerum € fénrentiarume des Latins; cette abondance vigoureufe qui fait le daf- cours, plein de verve, roule à grands flots , & em- poite toutavec elle, | hs Enfin tes maîtres de l’art conviennent que les ré- pététitions faites à. propos , contribuent beaucoup à l'élégance du difcours , & fur-tout à la dignité des = R E P vers ; Malherbe en partitülier en connoïfloit bien le mérite, & s’en eft fervi fouvent avec fuccès, Il dit au fol : Quand la rébellion , plus qu’une hydre féconde , Auroir pour te combattre , af[emblé tout le monde , Tour de monde affemble s'enfuiroit devant tor. ” Maïs la répétition latine qui a fervi de modele à Malherbe eft encore meilleure. Pan etiam Arcadiä mecum ft judice cerret Pan etiam Arcadiä dicer fe judice vium. (D. J.) RÉPÉTITION , (Jurifprud.) eft l'aétion de deman- der en juftice quelque chofe qui nous appartient, ou qui nous eft dù. Quelquefois le terme de répétition fignifie la reiré- ration d’un atte ou d’un fait. Répéririon de recrait qui a lieu dans quelques cou- tumes, eft lorfque le lipnager le plus éloigné qui a été évincé de fon acquifition par le lignager plus pro- chain, retire à fon tour l’héritage fur Pétranger , au- quel Le lignager plus prochain l’a vendu. Répétition de témoins, eft une nouvelle audition de témoins qui ont déja été entendus dans la même at- faire ; ce qui arrive lorfqu’ayant dépofé dans une en- quête, le procès civil eft converti en procès crimi- nel ; car comme on ne convertit point Les enquêtes en informations, quoique les informations puiflent être converties en enquêtes, on fait entendre dans linformation les témoins qui ont été entendus dans l'enquête ; ce qui s’appelle repérer les témoins. (A4), RÉPÉTITION , rerme de Mufique & de Théatre, c'eft V'eflai que l’on fait en particulier d’une piece que lon veut exécuter en public, pour que les aéteuts puif- ent prévoir leurs parties , pour qu'ils fe concertent & s'accordent bien enfemble, & pour qu'ils puifient rendre exaétement ce qu'ils ont à exprimer, foit pour le chant, foit pour la déclamation ou les geftes; ainfi on dit répéter une comédie, un Opéra, un mo- TEL 6/00 Répétition en Mufique , eft encore la réitération d’un même air, d’un morceau de chant, même d’une note, Gc. Voyez REPRISE. (S) RÉPÉTITION , ( Horlogerie.) montre ou pendule à répérition ; c’'eft une montre ou pendule qui ne fonne l'heure & les quarts, &c. que lorfaw’on poule le poufloir, ou que l’on tire le cordon. On doit cette invention aux Anglois; ce fut en 1676, vers la fin du regne de Charles IT. qu'un nommé Barlous inventa les pendules à répétion : cette nouveauté excita l’émulation de la plüpart des horlogers de Londres, qui s’attacherent à l'envi à faire des pendules de cette efpece; ce qui en pro- duifit en peu de tems un très-grand nombre conftrui- tes de toutes fortes de façons. On continuoit tou- _jours À faire de ces pendules, lorfque fur la fin du regnede Jacques LI. le même Barlou ayant imaginé de faire des montres de lamême efpece, & en ayant en conféquence fait faire une par M. Tompion, le bruit courut parmiles Horlogers, qu’il vouloit la pré- fenter à la cour, pour.obtenit un privilège exclufif "pour ces fortes de montres. Là-deflus quelques-uns d’entre eux ayant appris que Quare, un des plus ha- biles horlogers que les Anglois ayent Jamais eu, avoit inventé quelque chofe de femblable, ils le fol- liciterent de s’oppoler au privilège de Barlou. Ils s’a- drefferent donc tous Les deux à la cour , & une mon- "tre de l’une & l’autre conftruétion ayant été préfen- tée au roi dans fon confeil ; le roi après avoir fait l'épreuve de l’une &c de l’autre, donna la préférence à celle de M. Quare; ce qui fut rendu public dans la _gazette de Londres. : Voici la différence de ces deux répétitions : dags celle de Barlou on faifoit répéter la montre en pouf- R E P 133 fant en-dedans deux petites pieces fituces l’une d’un côté de la boîte, l’autre de l’autre, La premiere fai- {oit fonner les heures, & l’autre les quarts : dans celle de Quare une feule cheville fituée près du pen- dant fervoit à ces deux effets; car enla pouflant com- me cela fe fait encore aujourd'hui, la montre fon noit l'heure & les quarts. | On a fait des pendules & des montres à répéritron de tant de conftruétion différentes’, que ce feroit un orand travail que d'entreprendre de donner une def: Cription de chacune en particulier , nous nous con- tenterons de parler de celles qui font les meilleures &t Le plus en ufage. | | Comme les pendules à répéèrion font d’un plus grand volume queles montres, & que les machines en font plus fenfibles, nous commencerons par en expliquer la méchanique. Defcription d'une pendule a répénition. Voyez dans nos figures | Planches de PHorlogerie, une pendule à répéarion, dont le cadran eft Ôré; au moyen de quoi on voit toutes les pieces de la cadrature. La fig. 31.repréfente le calibre de cette répérition. ABCDE, {ont les roues du mouvement, comme dans les pen- dules ordinaires, & F G A 1, celles du rouage de la répétition, les roues G& H & le volant ne fervent, comme dans toutes les fonneries, qu’à ralenür la viîtefle du rouage. Voyez SONNERIE. Le cercle 79, qui repréfente la grande roue du rouage d’un côté, porte 12 chevilles, 1,2, 3, &c. & de l’autre que l’on ne voit pas, trois feulement. Ces 12 chevilles fervent pour faire fonner les heu- res ; les trois autres pour faire fonner les quarts; le het F'eft adapté à un arbre de barillet, dont l’ex- tréemité formée en quarté, pañle au-travers la platine des piliers pp, figure 32, & porte la poulie 8 : ïl faut fuppoler cet arbre perpendiculaire au plan de Ja platine de defflus D D, & entrant dans un barillet attaché fixément à celle des piliers PP, ce barillet contient un refloft, qui, comme il a été expliqué à Particle BARILLET , eft accroché à l’arbre & au ba- rillet , de façon qu’en tournant l'arbre ou le rochet dans le fens 3, 2,1, figure 31, on bande le reflort. Le rochet Feft adapte avec la grande roue 79, com- me la fufée d’une montre avec {a grande roue, & au moyen de lencliquetage, 1l peut lorfque lon bande le reffort, tourner de 3 en 2 fous la roue ; mais lorf que lé reffort fe débande,tournant alors en fens con- traire de 2 en 3 , il entraîne la roue avec lui, 8z par ce moyen, {es chevilles r, 2 , 3, 6c. leve la bafcule K, qui fert à faire frapper le marteau : À n’eft que le plan de cette bafcule ; on la voitmieuxen BB, figure 32, où celle-là & celles des quarts font adap- tées fur leurs tiges. Venons à la cadratute. © On la voit repréfentée en détail. dans les fgures 3 3 & 34. T figure 33 , eftla chauffée ou roue de chauf- fée ; cette roue, comme on la dit à l’arricle CHAUS- SÉE, fait un tour par heure, & porte laiguiile des minutes. Sur cette roue T +, eit placé fixément le li- maçon des quarts Q & q ; fur ce limaçon eft joint la furprife À &r, qu y eft retenue parune virolle 4, 4, figure 34. on.en verra Pufage plus bas, X x, eft la roue des minutes , 4 eft l'étoile qui fait fon tour en 12 heures; on en voit le profil en a, fioure 34,7 & z eftle fautoir ou valet qui fait échapper prom- ptement une dent delétode à chaque heure. Voyez VALET. Sur l'étoile 4, eftadapté fixément le lima- con des heures 8 ; D eft le rateau ou la crémaillere qui eft mue au moyen du pignon Æ, fixé fur la pou- le G,& dontge:,eftle profil; ML eft la main, &c m.i {où profil. à La figure 3 4 repréfente la platine dont on a Ôtétou- tes les pieces, & où on voit feulement leurs places, la foure 34 , n°. 2. cette même platine vue de profil avec les chevilles fur lefquelles portent les pieces; 134 R EP la place de chaque piece eft exprimée par une ligne ponétuée quiindique la cheville fur laquelle elle doit être pofée ; 3 &t 4, figure 34 , font deux reflorts. Sup- pofant toutes ces pieces remifes fur leur platine, comme dans [a figure 32 , nous allons expliquer leurs eftets. | Avant cependant d’entrer dans aucun détail là- deflus, il eft bon de fe rappeller quels font les effets que là pendule à répéririon doit produire : ils font au nombre de quatre ; il faut lorfque l’on tire le cordon, 1°. que la pendule fonne ; 2°, qu’elle fônne l'heure ; 3°. qu'elle fonne auffi les quarts, f elle en doit fon- ner , felon l'heure marquée par les aiguilles; enfin, il faut qu'ayant une fois répété l’heure juite, elle con- finue de le faire tant que la pendule ira. On va voir comment les pieces que nous venons de décrire , par . leurs conftruétions & leurs difpofitions refpeétives, exécutent tous ces effes. En tirant le cordon FF, aftaché à la poulie &, on la fait tourner de G vers D ; cette poulie entrant quérrément, comme nous l’avons dit fut l'arbre de barillet , elle ne peut tourner fans qu'il tourne auf dans le même fens, c’eft-à-dire de 3 en 2, &c. fyu- re 313 mais c’eft Le fens dans lequel il bande Le ref- fort, & dans lequel il peut tourner indépendamment dela roue 79, même figure : par conféquent cette roue reftera fixe, & le refort fera bandé d’une quan- tité proportionnelle à l'arc parcouru par la poulie ; ainfi plus cetarc fera grand, plus il ferabandé; main- tenant fi on lâche le cordon, le reflort en fe déban- dant fera tourner l’arbre de barillet en fens contrai- re, & conféquemment la roue en même tems qui parcourra ‘par ce moyen un arc égal à celui audi poulie avoit parcouru en fens contraire par le mou- vement du cordon. Les chevilles rencontrant alors la bafcule du marteau des heures, le fera frapper fur le timbre. D’où l’on voit 1°. comment en tirant le cordon ôn fait fonner [à pendule ; pour concevoir enfuite comment elle fonne un nombre de coups dé- terminés, on remarquera que le rateau D engrene dans le pignon Æ adapté à la poulie; qu’ainfi on ne peut la faire tourner fans faire mouvoir auffi le +a- teau, &t que l'arc qu'il décrit eft toujours proporrion- nelà l’efpace parcouru pat la poulie, Par conféquent que s’il parcourt un grand arc, la poulie parcourraun grand efpace ; le reflort {era beaucoup bandé, & en fe débandant, il fera parcourir à la roue 79 ; figure 31, un grand arc; ce qui féra pafler un plus grand nombre de chévilles devant la bafcule, & la fera par conféquent frapper un nombre de coups toujours “proportionnel à l’arc parcouru par le rateau. Pour faire donc que ce nombre de coups foit différent & toujours femblable à l’héure marquée ; la queue AA ‘du rateau, lorfqu’on tire le cordon , va s'appuyer fur le degré 2 du limaçon dés heures, de façon, par exemple, que lorfawelle porte fur le degré D D du plus grand rayon, la poulie a décrit un petit arc; le reflort a été peu bandé, & en fe débandant il fera parcourir un arc à la roue, tel qu'il ne pafféra qu'une cheville fur la bafcule du marteau, qui en confé- quence ne frappera qu'un coup. Si l’on fuppofe‘au contraire que le limaçon foit dans une autre fitua- tion, telle , par exemple, que la queue dutateau s’en- fonce jufque dans le ee oo du plus petit cercle ; alors le reflort fera bandé tout ce qu'il peut l'être, êc.en fe débandant il fera parcourir à la foue un éf- ‘pace tel que les 12 chevilles pafferont toutes fous la lévée du bafcule du marteau , & feront en confé- quence fonner 12 coups : d’obil éfclair, 1°. aw’en tirant le cordon, la pendule fonnera ; 2°, qu’elle fon- nera un certain nombre de coups déterminé par le Jimaçon des heures. Pour que ce nombre de coups foit toujours égal à l’heute marquée par laiguille, Vétoile faute d’une dent toutes les heurés' au moyen | de la chéville Æ fixée fur la furprife. Ainfi fuppo fant qu'il foit midi & dem à la pendule, & qu’elle aille dans une demi-heure , la furprife fera fauter l’é- toile d'une dent ou de la douzieme partie de fon tour, êc changera le degré répondant à la queue Æ du ra- teau; de façon que ce era alors le degré D D, por- tion du plus grand cercle, pour qu’alors la pendule ne fonne qu'une heure; ainf le limacon étant une fois fitué de façon que la pendule répete l'heure pré- cife marquée par les aiguilles tant qwelle continuera d'aller, elle répétera conftamment l'heure juite. Anfi, lorfqu’on tire le cordon, on voit 1°, com- ment la pendule fonne ; 2°, comment elle fonne un nombre de coups déterminé ; & 3°. comment ce nombres'accorde toujours avec l’heure marquée par les aiguilles ; on va: voir maintenant comment elle {onne les quarts. La main, ou piece des quarts M eft mobile autour du pivot N, & au moyen du reflort 4, dès qw’elleeft. libre , fa queue, fg. 34. va s'appuyer fur le limacon des quarts Q , f£. 30. qu’on doit fuppofer ici être immédiatement au-deflus de la furprife : À mefure que cette queue 4 s'approche du centre, les dents Z s’éloignent du point £ ; entre ces dents Z s'engace une cheville quitient à la poulie. Lors donc qu’on tire le cordon, cette poulie tournant, la cheville te dévage d’entre les dents, & la maïn étant alors en hberté, fa queue L vient s’appuyer fur les degrés du lmaçon des quarts dans la fituation PC, alors la ‘pendule fonne comme/nous l’ayons expliqué ; mais lorfqw’elle a une fois fonné les heures, la cheville de la poulie rencontrant l’une des dents de la main, lentraine avec elle, f elle entre dans la premiere en d, elle la ramene , & s'appuyant fur le fonds de la fente, elle eft arrêtée de facon que la poulie ne pou- vant plus tourner , la pendule ne fonne point de quarts; fi au contraire la queue de la main s'appuie fur le plus petit des degrés du limaçon, les dents Z étant alors fort éloignées de la cheville après que V’heure eftfonnée , la poulie peut encore tourner , & par conféquent la roue aufli, ce qui fait fonner Les trois quarts ; ainfi felon la dent de la main dans la- quelle la cheville de la poulie entre , la pendule ne fonne point de quarts, ou en fonne un, ou deux, ou trois, &c comme le limacon des quarts fait un tour par heure, 1ls’enfuit que de quart-d’heure en quart- d'heure fa pofition changeant , la pendule fonnera dans ces différens tems Îles quarts marqués par les aiguilles, Tout ceci bien entendu, on à du com- prendre comment la répérition fait tous les effets ré- quis ; 1° comment, lorfque l’on tirele cordon, elle fonne ; 2°, comment elle fonne un nombre de coups déterminés; 3°. comment ce nombre s'accorde tou- jours avec les aiguilles ; & enfin de quelle maniere elle fonne les quarts. | Cette répérition telle que nous venons de la déc re, elt l’ancienne répétirion à la françoiïfe ; elle a un grand défaut, c’eft que foit aw’ontire le cordon peu ou beaucoup , elle fonne toujours, de maniére-que fi on ne le tire pas affez pour que la queue du rateau vien- ne s'appuyer fur les degrés du himaçon des heures, elle ne répérera pas Pheure jufte , à la vérité la pen- dule fonnéra toujours , mais ce fera plufieurs heures de moinsique celle qui eft marquée par les aiguilles. Les horlogers appellent cesfortes de pendules , pez- dules à répétition fans rout ou rien, & celle qui, elles fonnent , le font toujours d’une maniere jufte, ” pendules à répétition à rout ou rien. Deferiprion d'urie pendule à répétition à tour ou rien: La fig. 52. PL'TI. de Phorlogérie) reptéfente la cadra- ture d'une péndule de cette efpece ; cette répérision differe des autres en ce que la cadrature éft placée fur la platine de dérriere, ce qe l’on reconnoit par la lentille , au lieu de Fêtre fur la platine du cadran R E P comme dans celle que nous venons de décrire ; cette difpofition a été imaginée par M. le Roi, horloger, en 1728 : pour que les pieces de [a cadrature pufent avoir plus de grandeur & que l’on en vit mieux les effets dans cette cadrature; la cremaillere #4 repré- fentele rateau de la répérition que nous venons de décrire, elle engraine de même dans un pignor ca- che par le rochet.F, fixé fur Farbre de lagrande roue de fonnerie ; cette roue eft ajuftée avec le barillet, de la même façon que dans la répétition qu nous ye- nons.de décrire , de forte qu’en tirant la cremaille- re de 4 eng on bande le reflort &c. Le rochet F'eft fixéfur le même arbre, ainfi en faifant tourner le pi. gnon, On le faittourner auf, & les dents de cero- chet rencontrent la levée ouù l’échappement du mar- teau des heures ; cette. levée eft difpofée de fiçon que la piece CG T étant dans le repos, comme dans la fig. le rochet tourne fans la rencontrer, tellement Guetant que cette piece CGT tefte.dans cette fitua- tion , la pendule ne fonne point; lorfqu’on tire le cordon la queue g de la cremaillere vient s’appuyer, de même que dans la répétition précédente, {ur Le &- maçon des heures B ; mais voici en quoi cette répési- sion differe de l’autre 8c ce qui fait qw’elle fonne l’heu- re jufte ou qu’elle ne fonne point du tout: L'étoile tourne fur un pivot qui au lieu d'être fxé à la platine, comme dans la répésition précédente, eft formé par - la vis V après qw’elle a traverfé le tout ou rien {7; cette derniere piece mobile autour du point ?, eft pouflée continuellement vers la cheville L par le ref- dort À, qui s’appuye contre la cheville du valet Æ, cependant elle peut en s’abaïflant décrire un petit arc dont la grandeur eft déterminée par le diametre du trou de la cheville Z qui ne lui permet pas de def- cendre au-delà d’un certain point. La piece CGT, appelle Z4 piece des quarts mobile autour du point #, fait la fonétion de la main , elle eft retenue en repos ou dans la fituation où on la voitdans la fg. par deux pieces; 1°. par ledoigt d adapté à quarré fur l'arbre du roçhet, lequel vient s'appuyer pour cet efet fur Ja cheville o fixée fur cette piece ; & 2°, par le bec M du tout ou rien qui retient la queue X de cette piece ; lorfqu'elle eff dégagée du doist Z & du bec M , elle tourne de G en T'au moÿen du reflort rr & vientrepofer par fa partie T'{ur la piece À quieftict je fimaçon des quarts, &c qui fait comme luiun tour par heure. Dr _ Voici Pefet de ces pieces, lorfqu’au moyen du cordon on tire la crémaillere , on fait tourner le ro- chet F, & le doigt d tournant en même tems de o vers €, la piece des quartsn’eft plus retenue que par le bec M du tout ou rien ; f la cremaillere ne def cend pas aflez pour que la queue g s’appuye fur les degrés du limaçon, Péchappement du marteau n’é- . tant pas hibre, la piece des quarts le tenant toujours borsde prile, le rochet retourne fans le rencontrer & la pendule ne fonne pas; fiau contraire elle vient s’y appuyer, & fait baïfler un peu le tout ou rien, | en forte que fon bec M ne retienne plus la queue À de la piece des quarts , cette piecetombe alors , dé- gage l’échappement du marteau & vient porter{ur le limaçon des quarts, léchappement du marteau étant alors en prife, le rochet en retournant le rencontre & fait frapper le marteau des heures autant de coups ul y avoit de dents du rochet de pañlées ; l'heure étant fonnée , la piece des quarts eft ramenée par le doigt d qui en tournant rencontre la cheville o de cette piece , &c fes dents rencontrant l’échappement des marteaux, font fonner les quarts ; on entend facilement qu'ici la cremaillere & la piece des quarts font difpolées de même que dans la répésition précé- dente, c'efl-à-dire que felon que la queue 4 de la cremaillere repofe fur des desrés plus ou moïhs pro- fonds du maçon, la pendule fonne plus ou moins RE P Hs de coups, & de même que felon que la partie T de la piece des quarts appuye furles depréso, 1, 2 &e. du maçon “es quarts, la pendule fonne l'heure fimplement, ou fonne un ou deux quarts €, REPEIUNDARUM CRIMEN, ( Jurifo. rom: ) OU crimen dé repetundis , Crime de concuflion, de pé- culat; ce crime n’étoit pas d’abord un crime capital, mais il le devint dans la fuite, à caufe du nombre des coupables, à la tête defquels Verrès ne doït pas être oublié. (D. J. REPEUPLEMENT , fm. ( Gram. ) lation de repeupler, Voyez POPULATION, PEUPLE & RrPru- PLER, REPEUPLEMENT, { m.{ Eaux 6 Foréis.) ce mot figaiñe le foin que lon a de replanterles bois, foit en y femant du gland , foit en mettant du plant éle- vé dans des pepinieres. REPEUPLER.,, v. at. ( Gram. ) c’eft peupler de nouveau. On peuple une province dévaitée; on re- peuple une terre de gibier ; on repeuple un jardin de plantes ; on repeuple un monaftere, + REPIC , fm. ax jeu de piquer, fe dit lorfque dans fon jeu, fans que ladverfaire puifle rien compter, ou du moins ne pare pas, l’on compte jufqu’à trente points ; en ce cas, au lieu de dire srezre , On dit qua: tre-vingt-dix tau-defus, s’il y des points au-deflus de trente. REPILER , v. a@. ( Grar. } c’eft piler de-rechef Vorez les articles Piter € PILON. | REPIQUER , v. a&. ( Gram.) c’eft piquer de | nouveau. Voyez l'article PIQUER. ” REPIQUER LA DREGE, c’eflun terme de brafferie, remuer la fuperfcie de la drage, & l’écalifer, lort- qu'on a retiré les vagues, les premiers métiers étant écoulés, 87 y mettre de l’eau une feconde fois. 7% oyex l’article BRASSERIE. REPISSER , rerme de riviere, C’'eft joindre deux cordes enfemble. La corde du bac a café, il faur la repijler. | REPIT où RÉPY , { m. terme, délai, furféance que l’on accorde par grace. Le prince donne du répit aux débiteurs de bonne foi, pour les mettre À cou- vert des pourfuites de leurs créanciers, afin qu'ils ayent le tems de fe reconnoitre, de mettre ordre à leurs affaires, & payer leurs dettes, Les répiss s'accordent de deux manieres, ou par des lettres de grande chancellerie que l’on nomme lettres de répit (voyez LETTRES DE RÉPIT ) ou par dès arrêts du confeil qu’on appelle ordinairement réplss | par arrêts. Ces derniers ne s’accordent que pour des confidérations très-importantes, Il fuffit de les &ire fignifier aux créanciers pour arrêter leurs pourfuites pendant le tems de la furféance 87 des défenfes ac- cordées , à moins que ces arrêts mêmes ne portent quelque claufe & condition qu’il faille remplir dans cet intervalle, comme de payer les atrérages , Gc. Quoique ces arrêts foient des graces du prince, ils ne font pourtant rien moins qu’honorables aux négocians qui les obtiennent , & qui par-là devien- nent incapables d'exercer aucune charge & fonction publique, jufqu’à ce qu’ils ayent entierement payé leurs dettes, & obtenu du fouverain des lettres de réhabilitation. Foyez RÉHABILITATION. Diéionn. de Commerce. RÉPIT , fm. ( Jurifprud.) eft une furféance accor- dée au débiteur pendant laquelle on ne peut le pour- fuivre. Ces fortes de furféances étoient ufitées chez les Romains ; elles étoient accordées par un refcrit de l’empereur ; leur durée étoit ordinairement de cinq ans; c’eit pourquoi elles {ont appellées en droit :7- duci& quinquennales. I! eft parlé des lettres de répis dans plufieurs de 136 REP nos eee ainfi qu'on le peut voir dans le olof- frire deMadeLaimiéres En quelques endroits de ces coutumes le terme de répit fignifie fouffrance; mais dais l’ufage ordinaire, répit figniñe furféance aux pourfuites ou délai de payer. Anciennement en France les jugesaccordoient des lettres de répit y mais nos rois fe font réfervé ce pri- vilege ; il fut pourtant défendu en 1560: aux off- ciers de chancellerie d’expédier aucunes lettres de répiry mais on eft depuis revenu à l’ordonnance de François Len1535, qui veutque ces. lettres émanent du prince. L’ordonnance de 1667 a défendu de nouveau à tous juges d'accorder aucun repir mi furféance, fans lettres du roi; elle permet feulement aux juges, en ‘condamnant au payement de quelque forme, de donner trois mois de furféance , fans que ce délai puifle être prorogé ; néanmoins dans l’ufage on ac- corde quelquefois différens termes pont le paye- ment. Les lettres de répit ne 5 "expédient qu'au grand fceau, & ne doivent être accordées que pour caufes importe tant es,dontiliaut qu'il y ait quelque commen- cementide preuve authentique. L’adrefle de ces lettres fe faitau juge royal du do- nucile de Pimpétrant, à moins qu'il n’y ait inftance pendante devant un autre juge, avec la plus grande partie des créanciers hypothécaires ; auquel cas Pa- drefle des lettres fe fait à ce juge. Les lettres de répir donnent Le mois à limpétrant pour en pourfuivre lentérinement avec faculté aux juges de luiaccorderun délairaïfonnable pour payer, lequel ne peut être de plus de cinq ans, fi ce n'eft du confentement des deux tiers des créanciers bypo- thécaires. La furféance oftroyée par les lettres de répis court du jour de la fignification d’icelles "pOur vu qu elle foit faite avec aflignetion, pour procéder à l'enté- finement. | L'appel des jugemens rendus en cette matiere ref- fort nuement au parlement. Les co-obliges cautions êr certificateurs ne jouif- fent pas du bénéfice des lettres de répis accordées au principal débiteur. Onv’accorde point derépie pour penfions, alimens, médicamens, loyers de mason, moiflon de grain ; gages de domeftiques, IQ ESS “ artifans & mercé- -naires, mantemens de deniers publhes, lettres de change, marchandifes prifes fur l'étape, forre, mar- ché, halles , ports publics , poiffon de mer frais, fec êc falé, cautions judiciaires frais funéraires, arré- rages e rentes foncieres, & redevances dé baux emphytéotiques. Un débiteur n’eft pas exclus de pouvoir obtenir des leitres de répis, fous prétexte si 1l y auroit re- nonce. Pour en accorder de fecondes, il faut qu'il y ait des caufes nouvelles; & l’on ne doit pas en accorder de troifiemes. Les lettres de répir font préfentement peu ufitées; les débiteurs qui fetrouvent infolvables , prennent le parti d'atermoyer avec leurs créanciers, ou de faire ceffion. Voyez l'ordonnance de r669, Rene pis, la déclaration du 23 Décembre r699, & les mots ABANDONNEMENT , ATERMOYER, CESSION, FAILLITE, LETTRES D'ÉTAT. (4) RÉPIT, (Marine. ) Voyez RECHANGE. REPLACER , v. at. ( Gram. ) c’eft remettre à fa lace. Voyez Les crticles PLACE É PLACER. REPLAIDER, v. a@. (Gram.) c’eft plaider une fe- conde#fois. Voyez les articles PLAIDER ;, PLAIDOYER, . PLATDEUR. REPLANCHEYER , v. aût. ( Gram. ) c’eft refaire RE P un plancher. Voyez Les articles PLANCHE, PLANCHER 6 PLANCHEYER. REPLANTER , v. a@.( Gram. )< c’eft planter de nouveau. Voyez Les articles PLAN, PLANTATION, PLANTER, PLANTOTR. REPLAT RER , v. aû. (Gram.) c’eft renduire de plâtre. Voyez PLATRE @ PLATRER. RÉPLÉTION, en Médecine, fignifie plénitude ou plethore, excès d’embonpoint. Voyez PLÉNITUDE (4 PLÉTHORE. Les maladies qua viennent de replérion , font plus dangereufes que celles qui viennent d'inanition. La faignée & la diette font les meilleurs remedes quand on eft incommodé de replérion. Réplérion fe dit auf de laccablement de l’eftomac furchargé de nourriture 8 de boifon. Les Médecins tiennent que toute réplerion eft mauvaifé, mais que celle du pain eftlapire. Voyez INDIGESTION. RÉPLÉTION, ( Jurifprud. ) engmatiere bénéficia- le eft, lorfqu'un gradué eft rempli de ce qu’il peut pr étendre en vertu de {es grades, ce qui a lieu lorf- qu'il a 400 liv. de revenu en bénéfice en vertu defes grades, ou 600 liv. autrement qu’en vertu defes sra- des. Voyez ci-devant GRADUÉ , @ Ze mot REMPLI. À REPLI, 1. m. ( Gran. ) il fe dit de tout ce qui eft mis en double farfoisméme: le repli d’une étoffe, le repli d’un papier. On l’applique à la marche tortueif e des ferpens &c à la figure fléchie en plufieurs fens de leurs corps. Sa croupe fe recourbe en replis tortueux. On le prend aufli au figuré : je me perds dans les re- plis de cette affaire ; qui eft-ce qui connoit tous les” replis du cœur Had ? REPLIER, voa. (Gram.) } plier une feconde fois. On déplie Les | pieces ES drap ou d’étoifes pour les fai- re voir , & enfuite on les rep/ie pour les refferrer. REPLIER , {e replier fur foi-même, fe dit du che- Val qui tourne fubitement de la tête à la queue, dans le moment qu'il a peur ou par fantaïrfie. | REPLIQUE, £. f. (Graz. PEQPSE reponfe à une feconde objettion. REPLIQUE, ( Jurifprud. ) eft ce que le demandeur répond aux défenfes du défendeur, L'ordonnance de 1667 abroge les dupliques , trie pliques, &c. À l'audience on appelle replique ce que le défen- feur du demandeur ou de Pappellant répond au plai- doyer du défendeur ou de lintimé. Cette replique eft de grace, c’eft-à-dire, qu'il dépend du juge de Pac corder ou de la refuier , felon que la caufe lui pa- roit être entendue. C’eft pourquoi à la grand’cham- bre du parlement, Pavocat de lappellant qui plaide en replique, n’eft plus au barreau d’en-haut , mais dans le parquet où il defcend pour conclure. (4) REPLIQUE, . f. ex Mufique, fignifie la même cho- fe qwottave. Voyez OCTAVE. Que lquefois auf en, -compoftion on appelle replique l'unifion de la même note, donné à deux parties différentes. 7 oyex UNIs- SON. CS) REPLISSER, v. a@. ( Gram.) c’eft plifler une fe- conde fois. Voyez Les articles PL1S 6 PL1SSER. REPLONGER , v. at. ( Gram.) c’eft plonger de nouveau. Voyez les articles PLONGER & PLON- GEON. REPOLIR , v. a@. ( Gran) c’eft rendre le poli. Voyez PoLt é Porir. REPOLON , f. m. air de manege, qui confifte dans une demi-volte fermée en cinqtems. Quelques- uns, entr'autres M. de Newcaflle, appellent repo- lons le galop d’un cheval lefpace d’un demi-mille ; & méprifent autant ce manege que les autres l’efti- ment. RÉPON DANT , {. m.er termes de droit, eft celui qui qui répond ou s’éngage pour un autre, Voyez Cav- TION & GARANT, : es | Le répondant éft teñu du domimage caufe par celui pour lequel 1l a répondu. [ly à quatre ordonnances de nos rois qui défendent éxpreflément aux bour- geois de prendre des domeftiques qui n’ayent des ré- pondans par écrit. Répondanr, dans cette derniere phrafe, fe prend pour l’a@é même, pat lequel quel-. | qu’un s’eft engagé à répondre de la fidélité d’un do- meftique. Mais cet ufage-d’exiger des valets des re- pondans, eft tout-à-fait négligé. . | RÉPONDRE, v. a@. ( Gram. ) c’elt fatisfaire à une queftionou à une demande. Il n’y.a point d’igno- rans qui ne puiflent faire plus de queftions qu’un ha- bile homme n'en peut répondre, NULLE D RÉPONDRE, ( Critiq. facrée. ) ce mot fignifie dans PEcriture 1°. répliquer à un difcours, à une queftion ; 2°. Jufhifier | rendre témoignage : mon in- nocence me rendra témoignage, re/pondebir, Gen. xxx. 33: Enfin corredire,-contefler; qui êtes-vous pour contelter avec Dieu? Qui refbordeas Deo, Job: is, 14. (D. JO) | RÉPONDRE, dans de Commerce, fignifie cautionner quelawun, le rendre garant pour lui. Les cautions êt leurs certificateurs répondent folidairement dés dettes, faits & promefles de ceux pour qui ils s’en- gagent , & doivent à leur défaut les acquitter, de- là le proverbe, qzi répond, paie: ce qui n'arrive que rOp fréquemment dans le négoce. Diéfionn. de Com- T72CTCE, RÉPONDRE aux éperons , ( Maréchal. ) {e dit d’un cheval qui y eft fenfible &z,y obéit. Répondre à lépe- ron eft tout le contraire ; car ce terme fignife un cheval mol, qui au lieu d’obéir au coup d’éperon, ne fait qu'une efpece de plainte , & n’en eft pas plus ému. Répondre à la main. Voyez MAIN, RÉPONS , f. m. rerme debreviaire, C’eft une efpece de motet compoféde paroles de l’Ecriture , & rela- tives à la folemmité qu’on celebre, qui eft chanté par deux choriftes’, à la fin de chaque leçon de matines; on en chante aufli un à la proceffion & aux vêpres. Il'eft appellé répons , parce que tout le chœur y ré- pond en en répétant une partie, que l’on nomme re- c'ame Où réclamation, Voyez RECLAME. J y en a auffi à la fin des petites heures qu’on ap- pelle répons-brefs, parce qu'ils font plus courts que les répons des matines. Ils font chantés parles enfans de chœur , &, tout le peuple y répond en en repre- nant une partie ; les répons-brefsfont toujours fuivis d’un verfet &c d’une oraifon. RÉPONSE , REPARTIE,, (Syron.) la réponfe en général s'applique à une interrogation faite. La repar. sie fe dit indifféremment de toute replique. Quoi- qu'une repartie Vive & prompte fafle honneur à lef- prit , il eft encore plus convenable de fe retrancher à une repartie judicieufe ; & dans les queftions qu'on a droit de nous faire , il faut s'attacher à y répondre. nettement. Il y a des occafons où il vaut mieux garder le f- lence que de faire une repartieoffenfante, & lon n’eft pas obhigé de zépondre à toutes fortes de queftions. Une repartie fe fait toujours de vive voix, une ré- ponfe fe fait quelquefois par écrit. | Les réponfes &t les réparties doivent être juftes, | promptes , judicieufes , convenables aux perfonnes, aux tems ,aux Heux êr aux conjetures, Il y a des réponfes & des reparties de toutes efpeces qui laiffent plus ou moins à penfer à l’efprit. Il y en a de fenten- cieufes , de jolies , de fatyriques , de galantes, de fatteufes, de nobles , de belles , de bonnes, d’heu- reufes, d’héroïques, &c. Donnons quelques exem- ples des unes des autres. On demandoit à Ariftarque pourquoi il n’écrivoit point. « Je ne puis pas écrire ce queje voudrois, Tome XIF, PF, LL : Lu è "2 . # A » répondit-1l, &jené veux pas écrire ce que je pour- » rois», Tacite a encore mieux dit: Rara smporrm felicicas, ubi Jentire que velis, € que fentia De licet. é Larrepartie de la reine Chriftine à ceux quidfe plai- | gnotentde cequ'elleavoit nomméSalvius{énateur de Suede, quoiqu'il ne fütpas d’une maïfonjaflez noble, devroit Être connue de tous: les tois, « Quandil eft » queftion d’avis & de fages confeils, tépondit-elle, » on ne demande point feize quartiers, mais cequ'il » faut faire. Les nobles avec de la capacité ne feront » jamais exclus du fénat , & n’excluront jamais les »autres», Mélang. de lite. par M. Dalembert, £, ij. On peut mettre dans Pordre des jolies reparries toutes les faillies quand elles ont du fel. Telle eft, par exemple, la réponfe d'un mauvais peintre devenu médecin , qui dit vivement à ceux qui lui deman- doieæt la raifon de {on changement d'état, « qu’il » avoit voulu choïfirun art dont la terre couvrit les » fautes qu'il y feroit », Telle eft encore la réponfe plaïfante d'Henri IV: à Catherme de Médicis, lors de la conférence de Ste Bris près de Coignac en 1586. Cette princefle qui employoit fes filles:d’honneur à amufer les grands 8 à découvrir leurs fecrets, fe tournant vers Henri IV. lui demanda qu’eft-ce qu'il vouloit : « Madame , lui » répondit-l en regardant les filles qu’elleavoit ame- » nées, 1l n'ya rien-[à queje veuille ». Il ne lui avoit pas toujours fait une aufli bonne répon/e. Un fatyrique {pirituel interrogé de ce qu'ilpenfoit d'un tableau du cardinal de Richelieu, dans lequel ce minifire s’étoit fait peindre tenant un globe à la main, avec ces mots latins , Ac ffante cunita moven zur, en fubfftant 1l donne le mouvement au monde 5 répondit vivement » ergo cadente , omnia quiefcent , lorfqu’il ne fubfftera plus , le monde fera donc en repos. | Entre les reparties où regne l’efprit d’une noble ga- lanterie,, on peut citer celle de M. de Bufly : « Vous: » meregardezaufli », lui dit une belle femme : « Ma » dame, fui reparrit-il, on fait fi bien qu'il faut vous » regarder, que qui ne le fait pas dans une compa- » gmie, y entend fürement finefle ». Var parlé des reparties flaiteufes. Une femme vint le matin fe plaindre à Soliman IE que la nuit pendant qu’elle dormoit , fes janiflaires avoient tout emporté de chez elle. Soliman fourit & répondit qu’elle avoit donc dormi d’un fommeil bien profond, f elle n’avoit rien entendu du bruit qu'on avoit dû faire en pillant fa maifon. « [left vrai, feigneur, repliqua cette fem- » me, .que je dormois profondément, parce que je: » croyois que ta hautefle veilloit pour moi». Le fultan admira la repartie & la récompenfa. | On a fait fouvent de nobles révonfes , celle-ci mé- tite d’être citée. Dans le procès de François de Mont- morency , comte de Luze & de Boutteville, M. du Châtelet fit pour fa défenfe un mémoire également éloquent & hardi. Le cardinal de Richelieu lui re- procha fortement d’avoir mis au jour ce mémoire pour condamner la juftice du prince. « Pardonnez- » moi , lui répondit-il , c’eft pour juftifier fa élé- » mence , sil a la bonté d’en ufer envers un des » plus honnêtes &c des plus vaillans hommes de fon. >» TOYAUME »». Je plce au rang des belles réponfes de l'antiquité celle de Marius à l'officier de Sextilius qui, après lut avoir défendu de la part de fon maître de mettre le pié en Afrique , lui demanda fa réponfe : «Mon ami, » tepliqua-t-1l, dis à ton maître que tu.a vu Marius » fugitif, affis fur les ruines de Carthage ». Quelle nobleffe ; quelle grandeur, & quelle force de fens dans ce peu de paroles ! Il n’y avoit point d'image plus capable de faire imprefion fur lefprit de Sexti= lus que celle-ci, qui lui remettoit devant les yeux la Î vicifitude des chofes humaines, en lui préfentant Marius fix fois conful , Marius qui avoit été appellé le troifième fondateur de Rome, Marius à qui des Ro- mains dans leurs maïfons avoient fait des libatiens comme un dieu fauveur, en-lelui préfentant, dis- je’, fugitif, fans pouvoir trouver d'afyle, & afis für les ruines de Carthage, de cette ville fpuiflante, fi célebre ; & ‘qui avoit été ft longstems la rivalet de Rome. Plutarque, | ue Je mets au rang destbelles répor/es modernes-celle ‘de Louis XII. au fujet de ceux qui en avoient mal “agi à fon égard avant qu'il montät fur le trône, & celle de madame de Barneveld à Maurice de Naflau fur les démarches qu'elle faifoit auprès de lui pour fauver la vie à fon fils aîné, qui avoit eu connoif- fance de la confpiration de fon frere fans la décou- Vin Louis XIT. replique à fes couitifans qui cherchoïent Fe à le flatter du côté de la vengeance , « qu’il ne con<" » verioit pas au roi de France de venger les injures » faites au duc d'Orléans». Cette réponfede Louis XII. eft d'autant plus héroïque qu'on lavoitindignement outragé, qu'il étoit alors tout-puifiant , & qu'il ny avoit perfonne dans {on royaume qui l’égalât en courage. Madame de Barneveld interrogée avec une efpece de reproche par le prince d'Orange pourquoi elle demandoit la grace de fon fils, & n’avoit pas deman- dé celle de fon mari, lui répond « que c’eft parce que » fon fils étoit coupable , & que fon mari étoit inno- » cent | | Une autre belle réponfe eft celle de la maréchale d’Ancre qui fut brûlée en place de Greve comme forciere, événement dont on fe fouviendra avec éton- nement jufqu’à la derniere poftérité. Le confeiller Couttin interrogeant cette femme infortunée ; lui emanda de quel fortilege elle s’étoit fervi pour gou- verner lefprit de Marie de Médicis :16 Je me fuis »# fervie , répondit la maréchale, du pouvoir aw’ont » les ames fortes fur les efprits foibles.».-FoZaire, On peut mettre encore au nombre des belles re- parties celle de mylord Bedford à Jacques IE. roi d’An- gleterre, Ce roi preffé par le prince d'Orange affem- bla fon confeil , & s’adreffant au comte de Bedford en particulier : « Mylord, dit-il, vous êtes un très- » bon homme &c qui avez un grand crédit, vouspou- » vez préfentement m'être très-utile, Sires reparsis » le comte, je fuis vieux & peu en état dé fervir vo- .» tre majefté , mais j’avois autrefois un fils qui pour- » roit en efret vous rendre de grands fervices s'ilétoit » encore en vie ». Il parloit du lord Rufel fon fils qui avoit été décapité {ous le dernier regne, & fa- crifié à la vengeance du même roi qui lui demandoit _ce bon office. Cette admirable repartie frappa Jac- ques [l. comme d’un coup de foudre , ilrefta muet fans repliquer‘un feul mot. Burner. Je ne veux pas omettre la bonne repartie que fit en 1274 S. Thomas d'Aquin à Innocent IV. Il entroit dans la chambre du pape pendant que lon comptoit de l’argent ; le pape lui dit : « Vous voyez que PE- » süife n’eft plus dans le fiecle où elle difoit , je n’ai »# ni or ni argent » ; à quoi le doéteur évangélique répondit: « Îleft vrai, faint pere , mais elle ne peut » plus dire au boiteux, léve-toi 8 marche ». On fait auf la repartie heureufe de P. Darès, évé- que de Lavaur: comme il déclamoit fortement au concile de Trente contre les mœurs des eccléfafti- ques ,il fut mterrompu par Pévêque d'Orvierte, qui dit avec mépris, gallus cantat, à quoi Danès repar- tit, tinam ad galli cantum Petrus refpifceres. Les Spartiates font les peuples les plus célebres en réponfes héroiques, je n’en citerai qu’une feule, Phi- Hppe étant entré à main armée dans lePéloponnefe, dit aux Lacédémoniens que s'ils ne fe rendoient pas alu, ds n’auroieñt Qué des fouffrances à attendre de leur réfiftance téméraire : « Eh, que peuvent souffrir ceux qui né craignent pas la mort , lui re- # partie Damindas » À Plurarque. (Le chevalier DE JaUCOURT.) + EUR A RÉPONSE , ff. ( Jurifprud. ) eñ terine de palais fe tr dérce qui eft repliqué verbalement à quelque ina tertogation, où par écrit à quelque défnande., ‘dire ou autre procédures CAPOT RÉPONSE CATHÉGORIQUE , ‘eff celle qui fe rap- porte précifément à linterfogationss RÉPONSES 4 caujès d'appel font les écritures que Pintimé fait en repliques à celles de Pappellant dans une unitance appoïntée au conieil RÉPONSE PAR CRÉDIT vel non, C'étoit Une an cienñe maniere de tépondre de la part des témoins qui fe.contentoient de dire qu’ils croyoïent ou ne croyoient pas telle chofes larsicle 36. de l'ordonnance de 153.9 abroge ces fortes de réponjes. RÉPONSES DE DROIT, rejporfa prudentum , font les décifions des anciens jufifconluites, auxquels il étoit permis de répondre fur les queflions qui leur étoient propofées. : RÉPONSE À Gniers, éft une piece d'écriture que Pintimé fait contre les griefs fournis par lappellant. RÉPONSE DE VÉRITÉ, eft celle qui eft précife &c affirmative ; Ôc non faite par crédit ve/ rom, Voyez l'ordonnance de Rouffillon , article 6. (A) RÉPONSE , £ f. ( Commerce, ) engagement qu’on prend pour un autre de payer en fa place une dette, ou lacquitter d'une chofe qu'il promet en cas qu'il ne l’exécute pas lui-même. On fe fert plus otdinais rement du mot de cezsionnement, Voyez CAUTION- NEMENT. RÉPONSE, lettre écrite d’après une autre qu’on a recue , & qui atcelle-ci pour objet : voilà ma lettre; voilà fa réponfe, | REPOS, f. m. ( Phyfique.) c'eft Pétat d’un corps qui demeure toujours dans la même place, ou fon application continuelle , où fa contisuité avec les mêmes parties de l’efpace qui Penvironnent. Voyez Espace. Le repos eft ou abfolu ou felatif, de même que le lieu. Voyez LIEU: On üéñnit encore le repos, l’état d’une chofe fans mouvement; ainf le repos efk où abfolu ot relatif, de même que le mouvement, Voyez; MOUVEMENT. Newton définit le repos abfolu , l'état continué d'un corps dans la même partie de Pefpace abfolu 8 immuable | & le repos relatif, l’état continué d’un corps dans une même partie de lefpace relatif; ainf dans un vaifieau qui fait voile, le repos. relatif eft l'état continué d’un corps dans le même endroit du vaifleau , & le repos vrai ou abfolu eft on état conti- ué dans la même partie de l’efpace abfolu, dans le- quel le vaifleau êc tout ce qui renferme eff contenu. Si la terre eft réellement & abfolument en repos, le corps relativement en repos dans le vaiffeau féra mû réellement & abfolument, &r avec la même vitefle que le vaïfleau; mais fi la terre fe meut , le corps dont il s’agit aura un mouvement abfolu & réel, qui fera occafionné en partie par le mouvement réel de laterre dans l’efpace abfolu , &en partie par le mou- vement relatif du varfleau fur la mer. Enfin fi le corps eftauffi mu relativeinent dans le vaifleau , {on mou- vement réel fera compofé en partie du mouvement réel de la terre dans Pefpace immuable , en partie du mouvement relatif d’un vaifleau fur lamer, ê&cen partie du mouvement propre du corps dans le vai eau :ainf f la partie de la terre où eftle vaifleau fe meut vers lorient avec une vitefle de roo10 degrés, _8z que le vaifleau foit porté par les vents vers Pocci- dentavec 10 degrés, & qu’en même temsun'homme marche dans le vaifleau vers l’orient avec un degré de vitefle , cet homme fera mu réellement &r abio= REP PE N ; N A4 Jument dans l'efpace immuable vers l’orient avec too01 degrés de vitefle, & relativement à la terre avec neuf desrés de vitelie vers l'occident, On voit par conféquent qu’ un Corps peut être dans ün repos relatif , quoiqu'il foit mu d’un mouvement commun relatif; car les marchandifes qui font dans un vaifleau à voile ou dans une barque y repolent d’un repos relatif, 8 font mues d’un mouvement te- latif commun , c’eft-à-dire avec le vaiffeau même dont ils font comme partie. | Il fe peut aufli qu’un corps paroïfle mu d’un mou- -vement relatif propre, quoiqu'il foit cependant dans un repos abfolu. Suppofons qu'un vaifleau faffe voile dorient en occident, & que le pilote jette d’occi- dent en orient une pierre qui aille avec autant de vitefle que le vaiffleau même, mais qui prenne un chemin tout oppofé ; cette pierre paroîtra à celui qui eft dans le vaifleau avoir autant de vitefle que le vaifleau , mais celui qui eft fur le rivage & qui la contidere verra cette même pierre, & elle eft ef- feétivement dans un repos ab{olu, puifaw’elle {e trou- ve toujours dans la même portion de l’efpace, Comme cette pierre eft pouffée d’orient en occident à l’aide du mouvement du vaifleau,8r qu’elle eft pouflée avec la même viteñfle d’occident en orient par la force de celui qui la jette, 1l faut que ces deux mouvemens qui font égaux &c qui fe détruifent l’un l’autre laïf- fent de cette maniere la‘pierre dans un repos abfolu. Mufch. Efÿ. de Phyf. p. 77. Les Philofophes ont agité la queftion, fi le repos eft quelque chofe de poñitifou une fimple privation. Poyez fur cela l'article MOUVEMENT, C’eft un axiome de philofophie, que la matiere eft indifférente au repos ou au mouvement ; c’eft pour- quoi Newton regarde comme une loi de la nature que chaque corps perfevere dansfon état de repos ou de mouvement uniforme, à-moins qu’il n’en foit em- 2 pêché par des caufes étrangeres. Voyez Lois DE LA NATURE au m0t NATURE. Les Cartéfens croient que la dureté des corps confifte en ce que leurs parties font en repos les unes auprès des autres, & ils éta- blffent ce repos comme le grand principe de cohé- fon par lequel toutes les parties font liées enfem- ble. Voyez Dureré. Ils ajoutent que la fluidité n°eft _autre chofe que le mouvement inteflin & perpétuel des parties. Voyez FLUIDITÉ & COHÉSION. Pour éviter l'embarras que la diftinéion de repos abfolu & repos relanif mettroient dans Le difcours , on fup- pofe ordinairement lorfqwon parle du mouvement &t du repos, que c’eft d’un mouvement & d’un repos abiolu ; car 1l n’y a de mouvement réel que celui qui s’opere par une force réfidente dans le corps qui fe meut , & il n’y a de repos réel que la privation de cette force. I n’y a point dans ce fens de repos dans la nature, car toutes les parties de la matiere font toujours en mouvement, quoique les corps qu’elles compofent puiffent être en repos ; ainfi, on peut dire qu'il ny a point de repos interne. Il n’y a point de degrés dans le repos , comme dans le mouvement; car un corps peut fe mouvoir plus ou moins vite : mais quand il eft une fois en repos il n’y eft n1 plus, ni moins. Cependant le repos & le mou- vement ne font fouvent que relatifs pour nous ; car les corps que nous croyons en repos , & que nous voyons comme en répos , n’y font pas toujours. Un corps qui eft en repos ne commence jamais de lui-même à fe mouvoir. Car puifque toute matiere eft douée de la force pañive, par laquelle elle réfifte au mouvement , elle ne peut fe mouvoir d'elle-même. Pour que le mouvement ait lieu , il faut donc une caufe qui mette ce corps en mouvement. Ainfi, tout corps en repos refteroit éternellement en repos, fi quelque caufe ne le mettoit en mouvement ,; Comme Tome XIF. REP 139 6 CS . ‘ s ° il arrive, par exemple, lorfque je retire une planche, fur laquelle une pierre ef poiée, ou que quelque corps en mouvement communique fon mouvement à un autre corps, comme lorfqu’une bille de billard poufle une autre bille. C’eft par le même principe - qu'un corps en mouvement ne cefleroit Jamais de fe mouvoir , 1 quelque caufe n’arrêtoit fon mouvement en confumant fa force ; car la matiere réfifte égale- mentau mouvement 6 au repos par fon inertie; d’où réfulte cette loi générale, Un corps perfévere dans l’état où il fe trouve, foit de repos , foit de mouve- ment, à moins que quelque caufe ne le tire de fon mouvement ou de fon repos, Voyez FORCE D’INER- TIE. afhuur, de Phyfique de madame du Ch4- telet, $. $. 220. 229. Cet article off de M. For: MEY. L Repos, ( Cririque facrée.) ce mot que la vuloate rend par requies, fignifie ceffation, reläche, Joulage- ment,affranchiffement des maux, Au jour du fabbatétoit la ceflation de toute forte de travail , requies, Exod. xxx]. 15. Lorfque le: Seigneur aura terminé vos Maux , xiv. 3. Cum requiem dederis tibi Deus. 2°. repos fe prend encore pour habitation » demeure fixe. La tribu d’Ifachar, vit que le lieu de fa demeure ; (requiem) étoit avantageux. 3°. Le ciel eft appellé par métaphore un repos, Il refte un repos , un état de re. POS , caBBarisuos, pour le peuple de Dieu ; entrons donc dans ce repos , téamauaw , dit S. Paul aux Héb. 2. 9611 (D, JT.) Repos, (Myrholog.) les Romains avoient perfon- nifié le repos , & en avoient fait une déefle, parce que quies en latin eft féminin. Elle avoit deux tem- ples à Rome, l’un hors de la porte Collatine , Pau- ire fur la voie Lavicane, (D. J.) Repos, (Pocfée.) c’eftla céfure qui fe fait dans les grands vers, à la fixieme fyllabe, & dans l'es vers de dix à onze à la quatrieme {yllabe ; on appelle cette céfure repos , parce que l'oreille & la prononciation femblent s’y repofer ; c’eft pourquoi le repos ne doit point tomber fur des monofyllabes où l'oreille ne s’autoit s'arrêter. Le mot repos fe dit encore en poé- fie, de la paufe qui fe fait dans les ffances de fix ou de dix vers ; favoir, dans celles de fix, apres Le trot- fieme vers ; dans celles de dix après le cuatrieme, & après le feptieme vers, A la fin de chaque flance ou couplet, il faut qu'il y ait un plein repos, c’eft-à-di- re, unfens parfait. Mourgues. (D. J.) | REPOS , Î. m. ex Mufique ; c’eft le lieu où la phrafe {e termine , & où le chant fe repole plus où moins parfaitement. Le repos ne peut s'établir que par une cadence pleine; fi la cadence eft évitée, il ne peut y avoir de repos, car il eft impoffible à l'oreille de fe repofer fur une diffonnance. On voit par-là qu’il y a précifement autant d’efpece de repos que de forte de cadences (voyez CADENCE), & ces différens repos produrfent dans la mufque l'effet de la pon@tua- tion dans le difcours. Quelques-uns confondent mal-à-propos le repos avec les filences, quoique ces chofes foient fort dif. férentes. Voyez SiLENCE. (S) Repos, (Med. Diére. fe dit de la ceffation du mouvement du corps que l’on fait en fe livrant à Pexercice, au travail: c’eft l’état oppofé à celui de laétion qu’opere ce mouvement, C’eft, par confèquent , en ce fens, une des chofes de la vie des plus néceflaires à l’économie animale ; une des fix chofes qu’on appelle dans les écoles z07- naturelles , qui eff très-utile à la fanté , lorfque l’ufa- ge en eft reglé, mais dont l'excès, comme le défaut, lui eft très-nuifible, & influe beaucoup à y faire nai- tre des defordres confidérables. Voyez MOUVEMENT, EXERCICE, OISIVETÉ , HYGIENE, NON-NATUREL- LES (chofes), RÉGIME. S i 4 y 149 RE P REPOS, (Peint.) c’eft le contrafte des clairs. op- pofés aux bruns , & alternativement des bruns op- pofés aux clairs. Ces mafles de grands clairs & de grandes ombres s'appellent repos, parce qu’en effet elles empêchent que la vuerne fe fatigue par une con- tinuité d'objets trop pétillans ou trop obfcurs. Ïl y a deux mañieres de produire ces repos, l’une qu’on appelle rarwrelle , &t Vautre arrificielle. La na- turelle confifte à faire une étendue de clairs ou d’om- bres qui fuivent naturellement & comme néceflai- rement plufeurs figures groupées enfemble, ou des mañles de corps folides ; Partifice dépend de la dif tribution des couleurs que le peintre donne telles qu'il lui plaît à certaines chofes, & les compofe de forte qu’elles ne faflent point de tort aux objets qui font auprès d’elle. Une draperie ,parexemple, qu'on aura faite jaune ou rouge en certains endroits, pourra être dans un autre endroit de couleur brune , & y conviendra mieux pour produire l'effet que l’on de- mande. Les figures jettées en trop grand nombre, repréfentées fous des attitudes trop vives & trop bruyantes étourdifient la vue & troublent ce repos, ce filence qui doit regner dans une belle compof- ton. Sis procul ifée fragor, placido éd in æquoretelæ Serpat amæna quies , 6 doëta filentia regnent. (2.1) REPOS deftalier, (Charpens.) on appelle ainfi les marches plus grandes que les autres , qui fervent comme de repos dans les grands perrons. où il y a quelquefois des palliers de repos dans une même ram. pe; ces paliers doivent avoir du-moins la largeur de deux marches. Ceux qui font dans les retours des rampes des efcaliers , doivent être aufü longs que lar- ges. (D. J.) Repos; REPOSER, (Jardinage. il eff fi néceffaire aux végétaux de fe repo/er, que les arbres d’eux-mê- mes prennent du relâche , en ne rapportant jamais abondamment deux années de fuite. Les terres font de même, maïs on leur donne des années de jachere tous les trois ans. Woyez Ja- CHERE. Reros, (Æorlogerie.) c’eft dans l’échapement dit à repos l’excès de la force motrice fur lerépulateur , qui, par fon mouvement acquis fufpend celui de la roue de rencontre. Sans faire lénuméeration des différens échapemens à repos , jene parlerai que de ceux appellés 2 cylindre pour les montres, & à ancre pour les pendules. Dans les premieres, l'on fait que l’axe de la roue de rencontre eft parallele à l’axe du régulateur, & opere les vibrations fur le cylindre, qui n’eft au- tre chofe qu'un tube creux entaillé jufqu’au centre, &c fur les tranches duquel agiffent alternativement les dents de la roue qui porte une efpece de planin- cliné rentrant au-dedans de la circonférence de la roue, &c agiffant fur les tranches du cylindre du de- hors au-dedans, & du dedans au-dehors, en faifant décrire des arcs de levée proportionnés à Pinclinai- fon des plans. Je fuppofe que la roue pouflant de l’une de fes dents la premiere tranche du cylindre du dehors au- dedans , elle lui fait décrire l'arc de levée ; après quoi cette dent abandonne la tranche du cylindre, & tombe fur la circonférence concave. Dans cet état Île balancier qui a,acquis du mouvement , continue Varc commencé , qui devient cinq à fix fois plus grand, & par-là fufpend entierement le mouvement propre de la roue de rencontre : mais comme il refte cependant dans un mouvement relatif, eu égard à la poñition circulaire que la dent parcourt dans la con- cavité du cylindre ; c’eft ce qui fait l’un desrepos de cet échapement, La vibration étant achevée, la réac tion au reflort fpiral ramene le balancier, & la dent parcourt à contrelens le même efpace circulaire, tou- Jours par un mouvement relatif, & dans un repos ab- fol, jufqw’à ce que cette dent atteïgne la feconde tranche du cylindre : alors reprenant fon mouve- ment propre, elle fait décrire un arc de levée du de- dans au - dehofs : après quoi elle abandonne cette tranche, & la dent fuivante tombe & appuie fur la circonférence convexe ; ce qui fut l’autre repos de cet échapement. a Dans cet état , le balancier continue fon are de vi- bration , qui devient auffi cinq à fix fois plus grand; &t la dent parcourt fur la convexité un efpace circu- laire , comme elle la fait ci-devant dans la conca- vite, | La propriété de fufpendre le mouvement de la roue de rencontre a fait croire à la plüpart des horlo= gers que le régulateur achevoïit fa vibration avecune entiere liberté, &c que par-là elle compenfoit parfai- tement Pinégalité de la force motrice, En l’exami- nant , l’on voit bien que cela n’eft pas vrai: car la li berté de la vibration eft gênée par le frottement de la dent fur les diametres extérieurs & intérieurs du cylindre ; c’eft pourquoi dans cet échapement le ré- gulateur eft moins puiffant que dans celui à recul. Il eft un autre échapement à repos appellé écaape- ment a virgule, qui a un avantage fur celui à cylindre, furtout depuis que jai réduit les rayons des repos auffi courts qu’il étoit poffible, & rendu par ce moyen la vibration plus libre, & par-là augmenté la puiffan- ce du régulateur. L’académie des Sciences a jugé fa- vorablement &t de Péchapement & de lufage qu'on en a fait. Voyez ÉCHAPEMENT. Dans l’échapement à ancre & à répos dans les pen- dules, Palternative des vibrations fe fait comme dans celui à recul, avec cette différence, que pour être à repos , 1l faut que les dents de la roue , au lieu de tom- ber fur le dedans ou dehors des bras de lancre, qu’elle tombe fur les faces faites en portions circu- laires & concentriques au centre du mouvement, pour refter en repos deflus, tandis que l'ancre décrit fa portion de cercle en achevant fon ofcillation. Comme dans tous les échapemens à repos il fe fait un frotement à double fens fur le 7epos; il fuit qu'il faut de l'huile pour en facilitér le mouvement: ainfi, le repos, bien loin de permettre l’entiere liberté de la vibration , eft précifément ce qui la gêne, Arcicle de M. ROMILLY. REPOSÉE., £. £ rerme de Chaffe ; c’eft le lieu où les bètes fauves fe mettent fur le ventre pour y demeu- rer, & y dormir. REPOSER , v.a@. & neut. c’eft difcontinuer le travail , laétion , le mouvement; fe remettre de la fatigue ; s’arrèter. Donnez-lui le tems de fe repofér de es peines ; ici repofe celui qui jamais ne fe repofa. Laïflez repofer cette terre, cette liqueur, l’efprit de cet homme. ‘Le fils de l'Homme n’a pas où repofer fa tête. Les rois fe repofent de la plus grande partie de ladminiftration fur leurs miniftres. REPOSOIR , f. m. (Décorat. d'archieët.) c'eftune décoration d’architeéture feinte, qui renferme un autel avec des gradins chargés de vafes, chandeliers êc autres ouvrages d’orfévrerie, le tout accompagné de tapifferies, tableaux 87 meubles précieux pour les proceflions de la fête-Dieu, On fait des repofoirs ma- onifiques à l’hôtel des Gobelins à Paris, avec des meu- bles de la couronne. Daviler. (D. 1.) REPOSOIR , f. m. ( Teinture. ) nom qu’on donne dans P Amérique à la troifieme cuve qui fert à la pré- paration de l’indigo. On l'appelle repofoir, parce que c’eft dans cette cuve que l’indigo préparé dans les autres cuves , fe fépare de l’eau pour fe repoler au fond, d’où on le tire pour le mettre dans les fachets. REP Cette même cuve s'appelle Æzbloir ÀS. Domimgue, Labaï, Voyages. (D.J.) Mur REPOSOIR du bain, (Archir, rom.) eêtoit chez les Romains une partie du bain, conftruit en maniere de portique, où , avant que de fe baigner , on fe re- pofoit, en attendant que la place du bain fût libre, Vitruve appelle cette partie /chole, parce qu’on S'y inftruifoit refpedtivement de diverles chofes dans ja converfation. (D, J. | | REPOTIA , {.pl.n. (Liriérar.) on appelloit repo- sa chez les Romains le feftin du lendemain de nôces, quia ütertm potaretur. Le premier jour étoit appellé chez les Grecs pau, ruprie, les noces: & le len- demain que l’on foupoit chez le mari, fe nommoit Waæio. (D. J,) REPOUS , f. m. (Maçonn.) forte de mortier fait de petits platras qui proviennent de la vieille maçon- nerie , & qu'on bat & mêle avec du tuileau ou de la brique concaflée, On s’en fert pour affermir les aires des chemins , & fécher le fol des lieux humides. Richeler, (D. JT) | REPOUSSER, v. aût, (Grarm.) écarter, éloigner, Les ennemis ont été repouffés. Cette arme repoufle. I faut quelquefois repoffer linjure. REPOUSSER, v. n. (Gram.) c’eft poufler de-rechef, La piûpart des plantes reponflens au printems. Voyez d'article POUSSER. | REPOUSSOIR , À. m. 7/frument de Chirurgse, dont on fe fert pour arracher les chicots des dents ; c’eft une tige d'acier , longue d'environ deux pouces, ci- mentée dans un manche d'ivoire ou d’ébêne, fait en poire , pour appuyer dans la paume de la main, L’extrémité antérieure de la tige eft terminée de deux facons, ce qui fait deux efpeces de repoufe Joirs. À l'un c’eft une gouttiere oblique, longue d’en- viron huit lignes., qui finit par deux petites dents. À Pautre ce font deux efpeces de crochets, tournés à contre-fens , terminés auf par deux petites dents garnies d'inégalités. Avec Le premier repoxffoir, dont on porte les dents fur le chicor, le plus bas qu'il eff poflible , on le fait fauter: avec le fecond on peut autli repoufler le chicot ; mais avec le crochet tourné en-dedans, on peut l’attirer à foi & l'enlever. Voyez da fig, 1. PI XVI. 6 fig. 13. PL, XX, Avec un bon pébcan, manié avec adrefle, on peut fe difpenfer de Pufage du repoufloir. Voyez PÉLICAN, . Repouffoir d'arréte, eft un inftrument imaginé par feu M, Petir, de l'académie royale de Chirurgie, pour poufler les corps étrangers qui fe trouvent engagés dans l’oœfophage, Nous en avons donné la defeription au 705 CANNULE. En Ôtant l’éponge qui eft À l’ex- trémité de cet inftrument, 1! peut fervir à faire en- trer dans l’eftomac des bouillons ou autres alimens liquides, (F7) à REPOUSSOIR, {. m. éemrie d'ouvriers E artifans , inftrument rond, ordinairement de fer , de douze ou quinze pouces de long, & dé diametre à proportion qui fert à repoufler des chevilles & à les faire fortir des trous de tarieres où elles ont été placées. Les Charpentiers & les Menuifers ont de ces fortes de repouffoirs ; pour repoufler ce qu’ils appellent les che- villes de fer qu'ils ne mettent pas à demeure, mais pour aflembler leur bois. Les repoaffoirs des Serru- riers, dont les Menuiñers fe fervent auf , {ont courts & moins gros; ce ne font que de petites ver- ges de fer, qui fervent aux Menüifers à démonter la menuifierie d’aflemblage , & aux Serruriers À dé- tacher les fiches, les couplers, & autres femblables ouvrages qui font placés en bois. | Les Tailleurs de pierre & les Sculpteurs ont auf des repouffoirs, maïs qu'ils emploient à un ufage bien différent que les autres ouvriers ; ce font des cifeaux de fer, de feize à dix-huit pouces de longueur , avec leiquels ils pouffent des moulures, Savary. (D.J.) REP t4i REPOUSSOIR, ( Bi, ).c'eft vin Morceat daciets d’un pouce & demi ou deux pouces, dont là partie a b eft jufte &c'aifée , & de la groffeur du tfou du ca- libre, & l'extrémité Le jufte de la groffeur du trou du charnon ; il faut que toutes ces parties foient bien au centre les unes des autres & fur un même axe , & que la face x y foit bien plane 8 bien perpendicu laire à Paxe; on fait entrer ce bout dans le trou du charnon ; la face appuye fur l’épaifleur du charnon > 6c la fait fortir quand on frappe avec un marteau fur Vextrémité du repozffoir, REPOUSSOIR, en terme de Bijoutier, ce fontencore des efpeces de cizelets, qui fervent à repoufier par- deflous les reliefs qu’on avoit enfoncés en les cizez lant par-deflus, RepoussoiR , elt une efpece de cheville de fet, qui eft égaie de srofleur dans toute {a longueur, qui n'a point de pointe & a une tête plate À un bout, comme un épaulement qui fert lorfqw’on à enfoncé les chevilles dans quelque trou, à les en faire fortir en frappant fur la tête avec le marteau, Foyeg des fie, PL, du Charpentier, REPOUSSOIR , outil de gainier , Celt un petit poins çon de la longueur de deux pouces, menu, emman: ché d’un petit morceau de boïs de la groffeur d’un pouce, & long ä-peu- près de même; la pointe du poinçon eft creufée ün peu en-dedans de la groffeur de la tête des petits cloux d’ornement ; ce repouffoir fert aux Gainiers pour pofer les derniers cloux en faifant entrer la tête dans le creux du poinçcon, & pofant la queue dans les trous qu’ils ont fait {ur leurs ouvrages, Foyez les PJ, du Gainier. REPOUSSOIR, f. m. ( Maréchal. ) efpece dé gros clou, pour chafler & faire fortir les cloux du Pie ; lorfqu’on veut deferrer un cheval. Sozey/éz. (D. I.) REPOUSSOIR , en Peinture, eft une grande mafle d'objets privés de lumiere, placée fur le devant d’un tableau ; qui fert à repouffer les autres objets, & les faire paroïtre fuyans. | Le repouffoir eft un lieu commun de compofñtion, dont les habiles gens re font plus d’ufage, à-moins qu'ils ne fachent f bien en prétexter la néceffité dans leur tableau, qu’on ne s’apperçoive pas que c’eft un fecours. vs | . REPRENDRE, REPRIMANDER, (Syronymes.) celui qui reprend ne fait qu'indiquer ou relever la faute ; celui qui reprimande prétend mortifier ou pus nir le coupable. Reprendre ne fe ditguere que pour les fautes d’efprit & de langage. Reprimander ne con- Vient qu’à l’évard des mœurs & de la conduite, … On peut reprendre plus habiles que foi. Il n° yaque les fuperieurs qui foïent en droit de reprimander. Beau: coup de gens par vanité fe mêlent de reprendre ; quels ques-uns S’avifent de reprimander fans nécefité & hors de propos. Il faut reprendre un auteur ävec dé- cence, avec honnêteté ; reprimander avec bonté, avec douceur, car une reprémende aigre fent le langage de la haine, (D. J.) | | REPRENDRE, ( Marine, ) oh ajoute une manœus vre ;. deft replier une manœuvre ou y faire un amar- | rage: REPRENDRE UN MUR, v. a ( Ærchir ) c’eft ré: pare les fraétions d’un mur dans fa hauteur, ou le refaire par {ous œuvre, petit-à-petit, avec peu d’é2 tais & de chevalemens. (D. J.) | . REPRENDRE, ( Siéréotom.) c’eft refaite une par: tie de voufoir qui excede l'étendue qu’elle doit avoir. Freyier, (D, J.) , REPRENDRE, es terme de Manege , c’eft faire repar: tir le cheval après avoir fait un demi - arrêt, Voyez ARRÊT, A-REPRENDRE , terme ufité parmi les Tireurs-d’or, pour initruire éeux qui pouflent le moulinet de lar< FCYERE 142 gue que fa corde eft trop courte pour bien fuñr le Hngot, & qu'il faut la lâcher. REPRÉSAILLES, f. f. ( Droit politig. ) on entend par repréfailles, cette efpece de guerre imparfate, ces attes d’hoftilité que les fouverains exercent les uns contre les autres. On commet ces aétes d’hoftilité en arrêtant ou les perfonnes , ou les eftets des fujets d’un état qui a commis envers nous quelque grande injuftice qu'il refufe de réparer; on resarde ce moyen comme pro- pre à fe procurer des furetés à cet épard, à engager l'ennemi à nous rendre juftice ; &c au cas qu'il per- fifte à nous la refufer , de nous la faire à nous- mêmes, l’état de paix fubfftant quant au furplus. Grotius prétend que les repréfailles ne font point fondées fur un droit naturel & de néceflité, mais {eu- fement fur une efpece de droit des gens arbitrare, par lequel plufieurs nations font convenues entre elles, que les biens des fujets d’un état feroïent com- me hypothéqués, parce que l’état, ou le chef de l'état pourroit devoir, foit direétement, & par eux- mêmes, foit en tant que faute de tendre bonne ju£ tice, ils feroient rendus refponfables du fait d'autrui. Grotius paroit avoir bien jugé; cependant on pré- tend généralement que le droit de reprefailles eft une fuite de la conftitution des focictés civiles, êc une application des maximes du droit naturel à cette con- fhtution : voici donc les raifons qu’on en apporte. Dans l'indépendance de l’état de nature, 6 avant qu'il y eût aucun gouvernement, perfonne ne pou- voit s’en prendre qu'à ceux-là même de quil avoit reçu du tort, ou à leurs complices, parce que per- fonne n’avoit alors avec d’autres une liaifon, en vertu de laquelle il püt être cenfé participer en quel- que maniere à ce qu'ils fafoient, même fans fa par ticipation. Mais depuis qu’on eut formé des fociétés civiles, c’eft-à-dire des corps dont tous les membres s’unif- fent enfemble pour leur défenfe commune, il a né- ceflairement réfulté de-là une communauté d'inté- rêts &c de volontés, qui fait que comme la fociéré & les puiflances qui la gouvernent, s'engagent à fe dé- fendre chacune contre les infultes de tout autre, foit citoyen, foit étranger, chacun aufñli peut être cenfé s'être engagé à répondre de ce que fait ou doit faire la fociété dont 1l eft membre, ou les puiffances qui la gouvernent. | Aucun étabhflement humain , aucune liaifon où Von entre , ne fauroit difpenfer de l'obligation de cette loi générale & inviolable de la nature, qui veut que le dommage qu'on a caufé à autrui foit ré- paré, à- moins que ceux qui font par-là expofés à fouffrir , n'aient manifeftement renoncé au droit d'exiger cette réparation ; & lorfque ces fortes d’éta- bliflemens empêchent à certains égards, que ceux qui ont été léfés ne puiffent obtenir aufli aifément la fatisfaétion qui leur eft dûüe , qu’ils l’auroient fait fans cela ; il faut réparer cette dificulté en fourmif£ fant aux intéreflés toutes les autres voies poffbles, de fe faire eux-mêmes raifon. Or il eft certain que les fociétés, ou les puiffances qui les gouvernent, étant armés des forces de tout le corps, font quelquefois encouragés à fe moquer, impunément des étrangers qui viennent leur deman- der quelque chofe qu’elles leur doivent, & que cha- que fujet contribue, d’une maniere ou d’autre , à les mettre en état d’en ufer ainfi; de-forte que par-là il peut être cenfé y confentir en quelque forte ; que s’il n’y confent pas en effer, 1l n’y a pas d'autre ma- niere de faciliter aux étrangers léfés la pourfuire de leurs droits devenue difficile par la réunion des for- ces de tout le corps, que de les autorifer à s’en pren- dre à tous ceux qui en font partie. On conclud de-là, que par une fuite même de la FO P conflitution des fociétés civiles, chaque fujet de” meurant tel, eft refponfable par rapport aux étran- gers, de ce que fait ou doit faire fa fociété, ou le fouverain qui la gouverne, fauf à lui de demander un dédommagement, lorfqw'’il y a de la faute ou de linjuftice de la part des fupérieurs ; que fi quelque- fois on eft fruftré de ce dédommagement, il faut re- garder cela comme un des inconvéniens que la conf ticution des affaires humaines rend inévitables dans tout étabhffement civil, voici préfentement les clau- fes qu'on met aux reprélailles. Les repréfailles , dit-on, étant des aûtes d’hoftilité, 7 qui dégénérent même fouvent dans une guerre parfaite, 1l eft évident qu'il n’y a que le fouverain qui puifle les exercer légitimement , &c que les fujets ne peuvent la faire que de fon ordre & par fon au- torité. D'ailleurs, 1l et abiolument néceffaire que le tort où l’mjufbice que lon nous fait, & qui occafionne les repréfailles, {oïit manifefte & évident, & qu'il s'agiiie de quelque‘intérêt des plus confidérables, Si linjuftice eft douteufe ou de peu de conféquence, äl feroit injufte & périlleux d’en venir à cette extré- mite, & de s’expofer ainfi à tous les maux d’une guerre ouverte. On ne doit pas non plus recourir aux repréfailles avant que d’avoir tâche d'obtenir raïfon, par toutes les voies amicales pofibles, du tort qui nous a été fait ; 1l faut s'adrefler pour cela au mapiftrat de celui qui nous a fait imuftice ; après cela file magiftrat ne nous écoute point, ou nous refufe fatisfaétion, on tâche de fe la procurer par des repréfailies , bien en- tendu que Pintérêt de Pétat le requiert. Il n’eft permis d’en venir aux repréfuilles, que lorfque tous les moyens ordinaires d'obtenir ce qui nous eft dù, viennent à nous manquer; en telle forte, par exem- ple , que fi un magiftrat fubalterne nous avoit refufé la HAE que nous demandons, il ne nous feroit pas permis d’ufer de repréfailles avant que de nous être. adreflé au fouverain de ce magiftrat même, qui peut- être nous rendra juftice, Dans ces circonflances , on peut ou arrêter les fujets d’un état, fi l’on arrête nos gens chez eux, ou faifir leurs biens 8 leurs effets ; mais quelque jufte fujet qu’on ait d’ufer de repréfailles, on ne peut ja- mais directement, pour cette feule raifon, faire mourir ceux dont on s’eft fai, on doit feulement les garder fans les maltraiter, jufqu’à ce que l’on ait obtenu fatisfaétion; de-forte que pendant tout ce tems-là 1ls font comme en otage. Pour les biens faifis par droit de repréfrilles , il faut en avoir foin jufqu’à ce que le tems auquel on doit nous faire fatisfaétion foit expiré, après quoi on peut les adjuger au créancier, ou les rendre pour Pacquir de la dette, en rendant à celui fur qui on les à pris ce qui refte, tous frais déduits. | On remarque enfin qu'il n’eft permis d’ufer de repréfailles, qu’à l'égard des fujets proprement ainf nommés , & de leurs biens ; car pour ce qui eft des étrangers qui ne font que pañler, ou qui viennent feulement demeurer quelque tems dans le pays , ils n’ont pas d’aflez grandes haïfons avec l’état, dont ils ne font membres qu’à tems, & d’une maniere impar: faite, pour que l’on puifle fe dédommager fur eux du tort qu’on a reçu de quelque citoyen originaire & perpétuel, &c du refus que le fouverain a fait de nous rendre juflice. I faut encore excepter les ambaffäadeurs, qui font des perfonnes facrées, même pendant une euerre pleine &r entiere. Malgré toutes ces belles reftriéions, les principes fur lefquels on fonde les repréfailles révoltent mon ame ; ainfi je refte fermement convaincu que ce droit fiétif de focièté, qui autorife un ennemi à facrifier RE P aux horreurs de l'exécution militaire [des -villes Jnnocentes du délit prétendu qu'on impüte à leur fouverain, eflun droit de politique barbare, & qui n'émana jamais du droit de la nature, qui abhorre de pareilles voies, &,qui ne cennoiït que l'humanité &c les fecours mutuels. (D. J.). 1: tri REPRÉSAILLES, /euresde, (Droit polir.) ou lettres de marque; ce {ont des lettres.qu'un fouveram ac. corde à fes fujets, pour reprendre {ur les biens de quelqu'un du parti ennemi, l'équivalent de ce qu’on eur a pris, & dont le prince ennemi n'aura pas voulu leur furejufüce. Foyer REPRÉSAILLES. (D. J.) REPRÉSENTANT, FE (Aurifp.) eft cel qui Feprélente une perfonne du chef.delaquelleil eft hé: _aitier. Voyez REPRÉSENTATION. (A4) REPRÉSENTANS, (Droit politig. hifl. mod.) Les re. préfentans d'une nation font des citoyens choiïfis, qui . dans un gouvernement tempéré font chargés par la focièté de parler en fon nom, de fipuler fes intérêts, d'empêcher qu'on ne l’opprime, de concourir à l’ad- miniftation. ù Dans un. état defpotique, le chef de la nation eft tout , la nation n’eft rien ; la volonté d’us feul fait la loi, la fociété n’eft point repréfentée. Telle eft la forme du gouvernement en Afe, dont les habitans foumis depuis un grand nombre,de fecles à un.ef- clavage héréditaire, n'ont point imaginé de moyens pour balancer un pouvoir énorme qui fans cefle Les écrafe. Hn’en fut pas de même en Europe, dont les habitans plus robuîtes, plus laborieux, plus belli- queux que les Afiatiques, fentirent detont tems l’u- tilité &e la néceflité qu'une nation fût repréfentée par quelques citoyens qui parlaflent au nom de tous les autres, &r qui s'oppofafient aux entreprifes d’un pou- voir qu devient touvent abuñf lorfqu’il ne connoît aucun fre. Les citoyens choïfis pour êtreles orga- nes, ou les repréfeztars de la nation, fuivant les diffé xens tes, les différentes conventions & les circon- ftances diverfes, jouirent de prérogatives & de droits plus où moms étendus. Telle eft l’origine de ces af- iemblées connues fous Le nomide disres, d’écars-véné- raux, de parlemens, de fenats, qui prefque dans tous les pays de l’Europe participerent à l'admiration publique | approuverent ou rejetterent les propofi- tions des fouverains, & furent admis à concerter avec eux les mefures néceffaires au maintien de l’é- tat. , | | Dans un état purement démocratique la nation, à proprement parler, n’eft point repréfentée ;. le peu- ple entier {e réferve le droit de faire connoître fes volontés dans les aflemblées générales, compotées de tous les citoyens; mais dés que le peuple a choif des magifirats qu'il a rendus dépofitaires de fon au- torité, ces magiftrats deviennentfes repré/éntans ; & fuivant Le plus ou le moins de pouvoir que le peuple s'eft réfervé, le gouvernement devient ou une anif tocratie, ou demeure une démocratie. | Dans une monarchie abfolue le fouverain ou jouit, du confentement de fon peuple , du droit d’être luni- que repréfentant de fa nation, ou bien, contre fon gré, il s'arroge ce droit: Le fouverain parle alors au nom de tous ; les lois qu’il fait font, ou du moins font L ccalées l’expreflion des volontés de toute la nation ! qu'il repréfente. "Le . Dans les monarches tempérées, le fouverain n’eft dépoñtaire que de la puiffance exécutrice, il ne re- préfente fa nation qu’en cette partie, elle choifit d'autres repréfensans pour les autres branches de lad- ininiftration. C’eft ainfi qu’en Anoleterre la pniffan- ce exécutrice réfide dans la pérfonne du monarque, tandis-que la puiflance léoiilative eft partagée eatre lui & le parlement , c’eft-à-dire Pafemblée générale des différens ordres de la nation britannique, com- * poiée du clergé, de la nobleñfe & des communes; R EP he: ji ces dernieres foût fepréfentées par uñ cértain homes bre de députés choifis par les villes, les boursêc les provinces de la Grande-Bretagne. Par la confti= tution de ec,pays :le parlement concourt avec le monarque à l'admimiftration publique ; dès que ces deux-puiflances font d'accord, la nation entiere eft | reputée avoir parlé, & leurs décifions deviennent des lois, . ; En Suede, le monarque gouverne conjointement avec un fénat, quim'eft lui-même que le repréfénmrant de la diete générale du royaume; cellé-ci.eft l'afs femblée de tous les repréfénians de la nation fuéz doïle. La nation gefmanique, dontlempereureftle chef, cit repréfentée par la diete de l'Empire , c’eft-à-dire par un corps, compoié de vaflaux fouverains, ou de princes tant eccléfiaftiques que laïques, & de dépus tés des villes libres, qui repréfentent toute la nation: allemande, Povez DIETE pK L'EMPIRE, . La nation françoile fut autrefois repréfentée par l'aflemblée des étais-généraux du royaume, COMpo- fée du clergé &c de la noblefle, auxquels par la fuité des tems on aflociale tiers-état, defliné repréfenter le peuple. Ces afiemblées nationales ont été difcon tinuées depuis l’année 1628. 7 | | Tacite nous montre les anciennes nations de 14 Germanie, quoique férôces, belliqueutes & barbares, comme jouflant toutes d’un gouvérnement libre ou tempéré. Le rot, ou le chef, propofoit & perfuadoit,. fans avoir le pouvoir dé contraindre la nation à plier fous fes volontés : Di rex , vel princeps, audiunrur aurortiate fuadendi magis quam jubendi potefate. Les grands déhibéroïent entre eux des affaires peuimpor- tantes ; mais toute la nation étoit confultée fit les grandes affaires : de minoribus rebus Principes confil= tant, de majoribus omnes. Ce font ces peuples guer+ riers ainfi gouvernés,. qui, 'iortis des forêts de {4 Germanie, conquirent les Gaules, l'Efpagne , l'An gieterre, 6c. & fonderent de nouveaux royaumes iur Les débris de empire romain. ls porterent avec eux la forme de leur gouvernement; 1l fut par-tout militaire, là nation fubjuguée difparut ; réduite en eiclavage , elle n’eut point le droit de parler por el le-même ; elle n'eut pour repréfénrans que les foldats conquérans , qui apres lavoir foumife par les armes fe fubrogerenten {a place. , Si l’on remonte à l'origine de tous nos gouverne mens modernes, on les trouvera fondés par des na tions belliqueufes & fauvages, qui forties d’un cli- mat rigoureux, chercherent à s'emparer de contrées plus fertiles , formerent des établiflemens fous un ciel plus favorable, & pillerent des nations riches & po- hcées. Les anciens habitans de ces pays fubjuguésne furent regardes par ces vainqueurs farouches, que comme un vil bétail que la vidoire faïloit tomber dans leurs mains. Ainf les premieres inflitutions de ces bngands heureux, ne furent pour l’ordinaire que des effets de la force accablant la foiblefe ; nous rouvons toujours leurs loïs partiales pour les vain queurs, êc funeftes aux vaincus. Voilà pourquoi dans toutes les monarchies modernes nous voyons par- tout les nobles, les grands , c’eft-à-dire des guerriers, poflèder les terres des anciens habitans, &fe mettre en poffeflion du droit exclufif de repréfenter les na- tons ; celles-ci avilies, écrafées, opprimées, n’eurent point la hberte de joindre leurs voix celles de leurs tuperbes vainqueurs, Telle eft fans doute la Hurce de cette prétention de la nobleffe, qui s'arrogea long-tems le droit de parler exclufivement à tous les autres au nom des nations ; elle continua toujours à regarder fes concitoyens commie des efclayes vain- cus, même un grand nombre de fiecles après une conquête à laquelle les fuccefleurs de cette nobleffe conquérante n’avoit point eu de part, Mais l'intérêt 14 REP fecondé par la force , fe fait bientôt des droits; l’ha- bitude rend les nations complices de leur propre: aviliflement, & les peuples malgré les changemens furvenus dans leurs circonftances, continuerent en beaucoup de pays à être uniquement repréfentés par une noblefle, qui fe prévalut toujours contre eux de la violence primitive, exercée par des conquerans aux droits defquels elle prétendit fuccèder. Les Batbares qui démembrerent l'empire romain en Europe étoient payens; peu*à-peu ils furent éclairés des lumieres de l'Evangile, ils adopterent la religion des vaincus. Plongés eux-mêmes dans une ignorance qu'une vie guerrière & agitée contribuoit à entretenir, ils eurent befoin d'être guidés & rete- nus par des citoyens plus raifonnables qu'eux ; 1ls ne purent refufer leur vénération aux nuniftres de la religion, qui à des mœurs plus dotices joignoient plus de lumieres 8r de fcience. Les monarques & les nobles jufqu'alors repréfentans uniques des nations, confentirent donc qu’on appellät aux aflemblées na- tionales les miniftres de l'Eplife. Les rois, fatigués fans doute eux-mêmes des entreprifes continuelles d’une nobleffe trop puiffante pour être foumife, fen- tirent qu’il étoit de leur intérêt propre de contreba- lancer le pouvoir de leurs vafflaux indomptés, par celui des interpretes d’une religion refpeftée par les peuples. D'ailleurs le clergé devenu poñefleur de grands biens, fut intéreflé à l’admimiftration publi- que, &c dut à ce titre, avoir part aux délibératrons. Sousle gouvernement féodal, la nobleffe & le cler- gé eurent longtems le droit excluff de parler au nom de toute la nation, ou d’en être les uniques repréfen- trans. Le peuple compofé des cultivatèurs, des habi- tans des villes & des campagnes, des manufaéturiers, en un mot, de la partie la plus nombreufe, la plus laborieufe, la plus utile de la focièté , ne fut point en droit de parler pour Iui-même; il fut forcé de rece- voir fans murmurer les lois que quelques grands con- certerent avec le fouverain. Ainfi le peuple ne fut point écouté, il ne fut regardé que comme un vil amas de citoyens méprifables, indignes de joindre leurs voix à celles d’un petit nombre de feigneurs or- gueilleux 8 ingrats, qui jouirent de leurs trayaux fans s’imaginer leur rien devoir, Opprimer , piller, vexer impunément le peuple, fans que le chef de la nation püt:y porter remede, telles furent les préro- gatives de la nôbleffe, dans lefquelles elle ft confif- ter la liberté. En effet, le gouvernement féodal ne nous montre que des fouverains fans forces, & des peuples écrafès & avilis par une ariftocratié , armée également contre le monarque &c la nation. Ce ne fut que lorfque les rois eurent lono-tems fouffert des éxcès d’une noblefle altiere , & des entreprifes d'un cleroé trop riche &c trop indépendant, qu'ils donne- fent quelque influence: à la nation dans les affem- blées qui décidoientde fon fort. Aînfi la voix du peu- ple fütenfin entendue, les lois prirent dela vigueur, les excès des grands furent reprimés, 1ls furent for- ‘cés d’être juftes envers des citoyens jufque-là mé- prifés ; le corps de la nation fut ainf oppofé à une noblefle mutine & intraitable. | La néceflité des circonftances oblige les idées & les inftitutions politiques de changer ; les mœurs s’a- doûciffent , l’iniquité fe nuit à elle-même ; les ryrans des peuples s’apperçoivent à la longue que leurs fo- lies contrarientleurs propres intérêts ; le commerce & les manufa@ures deviennent des befoïins pour les états, & demandent de la tranquillité ; les guerriers {ont moins néceflaires ; les difettes & les faminesfré- quentes ont fait fentir à la fin le befoin d’une bonne culture , que troubloient les démélés fanglans de quelques brigands armés. L'on eut befoin de lois; Pon refpetta ceux qui en furent les interpretes,on Les regarda comme les confervateurs de la fureté publi- que ; ainfi le magiftrat dans un état bien conftitué devint un homme confidéré, & plus capable de pre noncer fur les droits des peuples ,jque des nobles ignorans êc dépourvus d'équité eux-mêmes, qui né connoïfloient d’autres droits que Fépée, où quivens doient la juftice à leurs vafux. à - Cé n’eït que par des degrés lents & imperceptibles que les souverneémens prennent de l’affiette ; fondés d’abord par la force, ils ne peuvent pourtant fe maïnte. nir que par des lois équitables qui affurentles proprié- tés êtles droits de chaque citoyen, & quile mettent couvert de l’oppreffion ; les hommes font forcés à {a fin de chercher dans l'équité, des rémedes contre leurs propres fureurs, Si la formation dés gouverne mens n’eût pas êté pour l’ordinaire l'ouvrage de la violence &t de la déraifon, on eût fenti qu'ilne peut y avoir de focieté durable les droits d’un chacun ne font mis à l’abri de la puiflance qui toujours veut abufer ; dans quelques mains que le pouvoir foit pla- cé, il devient funefte s’il n’eft contenu dans des bor2 nes ; m1 le fouverain, mi aucun ordre de l’état ne peuvent exercer une autorité nufible à là nation, s'il eft vrai que tout gouvernement n'ait pour objet que le bien du peuple souverné. La momdte réflexion eût donc fufh pour montrer qu’un monarque ne peut jouir d’une puiflance véritable, s’il ne commande à des fujets heureux &c réunis de volontés; pour les rendretels, il faut qu'il aflure leurs poffefions, qu'il les défende contre l’oprefion, qu'il ne facrifie jamais les intérêts de tous à ceux d’un petit nombre, && qu’il porte fes vues fur les befoins de tous les ordres dont fon état eft compofé. Nul homme, quelles que foïent fes lumieres , n’eft capable fansconfeils, fans fecours, de gouverner une nation entiere ; nul or- dre dans l’état ne peut avoir la capacité ou ta volon- té de connoïtre les befoins des autres ; ainf le {ou verain impartial doit écouter les voix de tous es fu- jets , 1l eft également intéreflé à lesentendre & à re- médier à leurs maux; mais pour que les fjets sex pliquent fans tumulte, 1l convient qu'ils aient des reprefentans, C’elt-à-dire des citoyens plus éclairés que les autres , plusaintéreffés à la chofe , que leurs poffefions attachent à la patrie, que leut poñiie® mette à portée de fenti Les befoïns de état, les abus qui s’introduifent, & les remedes qu'ilconvientd’y porter. À Dans les états defpotiques tels que la Turquie, a nation ne peut avoir de repréfenrans ; on n'y voir point de noblefle, le defpote n’a "que des efclaves également vils à fes yeux; il n’eft point de juitice, parce que la volonté du maître eft l'unique loi ; le magiitrat ne fait qu'executer fes ordres ; le commer- ce eft opprimé, l’agriculture abandonnée, linduftrie anéantie, & perfonne ne fonge à travailler, parce que perfonne n'eft sr de jouir du fruit de fes tra- vaux ; la nation entiere réduite au flence, tombe dans Pinertie, ou ne s'explique que par des revoltes. Un fultan n’eft foutenu que par une foldatefque ef frenée , qui ne lui eft elle-même foumife qu’autant qu'il lui permet de piller & d'opprimer le refte des fujets ; enfin fouvent fes janiflaires l’écorsent & dif. pofent de fon trône , fans que la nation s'intérefle à fa chüte ou défapprouve le changement. [left donc de l'intérêt du fouverain que fa nation foit repréfentée ; {a füreté probre en dépend ; l'a£ feétion des peuples eftle plus ferme rempart contre les attentats des méchans ; mais comment le {ou- verain peut-il fe concilier l’affedion de {on peuple, s'il n’entre dans fes befoins, s’il ne lui procure le avantages qu'il defire, s'il ne le protege contre les entreprifes des puiffants , s’il ne cherche à foulager fes maux ? Si la nation n’eft point répréfentée, com- ment fon chef peut-il être inftruit de ces miferes de détail que du haut de fon trône il ne voit jamais que | | dans GE À dans éloignement, & que la flatterie cherche tou- jours à lui cacher ? Comment, fans connoître les reflources & les forces de fon pays, le monarque pourroit-1l fe garantir d'en abufer ? Une nation pri- vée du droit de fe faire repréfenter, eft à la merci des imprudens qui loppriment; elle fe détache de {es maîtres, elle efpere que tout changement rendra fon {ort plus doux; elle eft fouvent expofée à deve- nr linftrument des paflions de tout fa@ieux qui lui promettra de la fecourir, Un peuple qui fouffre s’at- tache par inflinét à quiconque a Le courage de parler pour elle ; l fe choïfit tacitement des protetteurs & des repréfentans , il approuve les réclamations que l'on fait en {on nom ; eft:il poufié à bout ? il choïfit fouvent pour interpretes des ambitieux & des four- bes qui le féduifent, en lui perfuadant qu'ils prennent en main fa caufe, & qui renverfent l'état fous pré- texte de le défendre. Les Guifes en France, les Cromwels en Angleterre, & tant d’autres féditieux, qui fous pretexte du bien public jetterent leurs na- tions dans les plus affreufes convulfons, furent des repréfentans & des protetteurs de ce genre, égale- ment dangereux pour les fouverains & les nations. Pour maintenir le concert qui doit toujours fub- fifter entre les fouverains & leurs peuples, pout mettre les uns & les autres à couvert des attentats des mauvais citoyens , rien ne feroit plus avantageux qu'une confftitution qui permettroit à chaque ordre de citoyens de fe faire repréfenter , de parler dans les aflemblées qui ont le bien général pour objet. Ces aflemblées, pour être utiles & juftes, devroient être compofées de ceux que leurs poffeffions rendent citoyens , &c que leur état &c leurs lumieres mettent à portée de connoître les intérêts dela nation & les befoins des peuples ; en un mot c’eft la propriété qui fait le citoyen; tout homme qui poffede dans état, eft intérefé au bien de l'état, & quel que {oït le rang que des conventions particulieres lui af fignent, c’eft toujours comme propriétaire, c’eft en raifon de fes pofleffions qu'il doit parler , ou qu'il acquiert le droit de fe faire repréfenrer. Dans les nations européennes, le clergé, que les donations des fouverains & des peuples ont rendu propriétaire de grands biens , 8 qui par-là forme un corps de Citoyens opulens & puifflans, femble dés-lors avoir un droit acquis de parler ou de fe faire repréfenter dans les afflemblées nationales; d’ailleurs la confiance des peuples le met à portée de voir de près fes befoins & de connoître fes vœux. Le noble, par les poffeffions qui lient fon fort à celui de la patrie, a fans doute le droit de parler ; s'il n’avoit que des titres, il ne feroit qu’un homme diffingué par les conventions ; s’il n’étoit que guer- rier , fa voix feroit fufpeéte , {on ambition & fon in- térêt plongeroïent fréquemment la nation dans des guerres inutiles & nuifibles. Le magiftrat eft citoyen en vertu de fes pofef- fions ; mais fes fonétions en font un citoyen plus éclairé, à qui l'expérience fait connoître les avan- tages & les défavantages de la léciflation , les abus de la jurifprudence , les moyens d'y remédier. C’eft “Ia loi qui décide du bonheur des états. Le commerce eft aujourd’hui pour les états une fource de force & de richefle; le nésociant s’enrichit en même tems que l’état qui favorife {es entreprifes, il partage fans cefle fes profpérités 8 fes revers ; il ne peut donc fans injuftice être réduit au filence ; il eft un citoyen utile & capable de donner fes avis dans les confeils d’une nation dont il augmente l’ai- fance & le pouvoir. Enfin le cultivateur , c’eft-à-dire tout citoyen qui poflede des terres, dont les travaux contribuent aux befoïns de la fociété, qui fournit à fa fubfiftance 3 fur qui tombent les impôts, doit être repréfenté ; Tome XIF, Fe EP 145 perfonne n’eft plus que lui intéreffé au bien public ; la terre eft la bafe phyfique & politique d’un état , c’eft fur le pofñleffeur de la terre que retombent di- rectement ou indireétement tous les avantages & les maux des nations ; c’eft en proportion de fes pot- {efons , que la voix du citoyen doit avoir du poids dans les aflemblées nationales. Tels font les différens ordres dans lefquels les na- tions modernes fe trouvent partagées ; comme tous concourent à leur maniere au maintien de la répu- blique, tous doivent être écoutés ; la religion , la guerre, la jufce, le commerce, l’agriculture , font faits dans un état bien conftitué pour fe donner des fecours mutuels ; le pouvoir fouverain eft deftiné À tenir la balance entre eux ; il empêchera qu'aucun ordre ne foit opprimé par un autre, ce qui arrive roit infailliblement fi un ordre unique avoit le droit exclufif de flipuler pour tous. Il nef point, dit Edouard[, roi d'Angleterre , de regle plus équitable, que les chofes qui Latérejfent tous, Jotent approuvées par sous , € que les dangers communs Joient repoujfès par des efforts communs. Si la conftitu- tion d’un état permettoit à un ordre de citoyens de parler pour tous les autres, il s'introduiroit bientôt une ariftocratie fous laquelle les intérêts de la na- tion &c du fouverain feroient immolés À ceux de quel- ques hommes puiffans , qui deviendroient imman- quablement les tyrans du monarque & du peuple, Telle fut, comme on a vu , l’état de prefque toutes les nations européennes fous le gouvernement féo- dal, c’eft-à-dire, durant cetre anarchie fyftématique des nobles , qui lierent les mains des rois pour exer- cer impunément la licence fous le nom de Z4 ré ÿ tel eft encore aujourd'hui Le gouvernement de la Po- logne , où fous des rois trop foibles pour protéger les peuples , ceux-ci font À la merci d'une nobleffe fougueufe , qui ne met des entraves à la puilance fouveraine que pour pouvoir impunément tyranni= fer la nation. Enfin tel {era toujours Le fort d’un état dans lequel un ordre d'hommes devenu trop puif- fant , voudra repréfenter tous les autres. Le noble ou le guerrier, le prêtre ou le magiftrat » le commerçant , le manufatturier & le culti vateur, font des hommes également néceffaires ; chacun d'eux fert à fa maniere la grande famille dont il eft membre ; tous font enfans de l’état , le fouverain doit entrer dans leurs befoins divers ; mais pour les connoître 1l faut qu'ils puifient fe faire entendre , & pour fe faire entendre fans tumulte , il faut que cha- que claffe ait le droit de choiïfir fes organes ou fes repréfentans ; pour que ceux-ci expriment le vœu de la nation, 1l faut que leurs intérêts foient indivi- fiblement unis aux fiens parle lien des pofleffions. Comment un noble nourri dans les combats , COn- noïtroitil les intérêts d’une religion dont fouvent if n’eft que foiblement infiruit, d’un commerce qu'il méprife , d'une agriculture qu'il dédaigne , d’une jutifprudence dont il n’a point d'idées? Comment un magifirat, occupé du foin pénible de rendre la juftice au peuple, de fonder les profondeurs de la jurifprudence , de fe garantir des embuches de la rufe, & de démêler les pieges de la chicane , pour- roit 1l décider des affaires relatives À la guerre, utiles au commerce , aux manufaétures , à l'agriculture à Comment un clergé, dont attention eft abforbée par des études & par des foins qui ont le ciel pour objet, pourroitil juger de ce qui eft le plus conve- nable à la navigation , à la guerre, à la jurifprus dence ? Un état n’eft heureux, & fon fouverain n’eft puif- fant, que lorfque tous Les ordres de l’état fe prêtent réciproquement la main; pour opérer un effet fi fa- lutaire , les chefs de la focieté politique font intéref- {és à maintenir entre les différentes clafles de cix 1 46 R E P foyens,unjufte équilibre, qui empêche chacune d’en- tr’elles d’empièter fur les autres. Toute autorité trop grande, mife entre les mains de quelques membres de la focieté , s'établit aux dépens de la fürété & du bien-être de tous; les pafions des hommes les met- tent fans ceffe aux prifes ; ce confli& ne fert qu’à leur donner de laétivité ; 1l ne nuit à l’état que lorfque la puiffance fouveraine oublie de tenir la balance, pour empêcher qu’une force n’entraîne toutes les autres. La voix d’une nobleffe remuante, ambitieu- fe, qui ne refpire que la guerre , doit être contreba- lancée par celle d’autres citoyens, aux vues defquels la paix eft bien plus néceflaire ; { les guerriers dé- cidoïent feuls du fort des empires, ils feroient per- pétuellement en feu , & la nation fuccomberoit mê- me fous le poids de fes propres fuccès; les lois fe- roïent forcées de fetaire , les terres demeureroient incultes , les campagnes feroient dépeuplées, en un mot on verroit renaitre ces muferes qui pendant tant de fiecles ont accompagné la licence des nobles fous le gouvernement féodal. Un commerce prépondé- rant feroit peut-être trop négliger la guerre ; l’état, pours’enrichir,nes’occuperoit point aflez du foin de fa füreté, ou peut-être l’avidité le plongeroitilfouvent dans des guerres qui fruftreroient {es propres vues. Il n’eft point dans un état d'objet indifférent & qui ne demande des hommes qui s’en occupent exclufive- ment ; nul ordre de citoyens n’eft capable de fhpu- ler pour tous ; s’il en avoit le droit, bientôt il ne fti- puleroit que pour lui-même; chaque clafle doit être repréfentée par des hommes qui connoïffent fon état & fes befoins ; ces befoins ne font bien connus que de ceux qui les fentent. Les repréfentans fuppofent des conftituans de qui leur pouvoir eft émane , auxquelsils {font par confé- quent fubordonnés & dont ils ne font que les orsa- nes. Quels que foient les ufages ou les abus que le tems a pu introduire dans les gouvernemens libres &t tempérés, un repréfeæsant ne peut s’arroger le droit de faire parler à fes conflituans un langage op- pofé à leurs intérêts ; les droits des conftituans font les droits de la nation, ils font imprefcriptibles &c inaliénables ; pour peu que l’on confulte la raifon, el- le prouvera que les conftituans peuvent en touttems démentir, défavouer êr révoquer les repréfertans qui les trahiffent , qui abufent de leurs pleins pouvoirs contre eux-mêmes, OU qui fenoncent pour eux à des droits inhérens à leur effence ; en un mot, les re- préfentans d'un peuple libre ne peuvent point luiim- pofer un joug qui détriroit fa félicité ; nul homme nacquiert le droit d’en repréfenter un autre malgré lui. ee * L'expérience nous montre que dans les pays qui fe flattent de jour de la plus grande liberté, ceux qui font chargés de repréfenter les peuples, ne tra- hiflent que trop fouvent léuts intérêts. & livrent leurs confhtuans à l’avidité de ceux qui veulent les dépourller, Une nation a raifon de fe défier de fem- blables répréfensans êt de limiter leurs pouvoirs; un ‘ambitieux, un homme avide ‘de richefles, un pro- digue, undébauché , ne font point faits pour repré- fenter leurs concitoyens ; ils les vendront pour des titres, des honneurs , des emplois, & de largent, ils fe croiront intéreflés à létirs maux. Que fera-ce f ce commerce infâme femble S’autorifer par la con- duite desconftituans qui feront eux-mêmes vénaux ? Que féra-ce fi ces conitituans choïfiflent leurs repre- Jentans dans le tumulte & dans l’ivrefle, ou, finégli- geant la vertu ; les lumierés,' les talens , ils ne don- nent. qu’auwplus offrant le droit de ftipuler leurs inté- “rêts? De pareils conftituans invitent à les trahir ; ils perdent le droit des’enplaindre , & leurs repréfenrans leur fermeront la bouche én leur difant: je vous ai acheté bien chérement | G Je vous vendrai le plus chére- ‘Mment que Je pourrai. | REP Nul ordre de citoyens ne doit jouir pour toujours du droit de repréfenter la nation, il faut que de nou- velles élections rappellent aux repréfenrans que c’eft delle qu'ils tiennent leur pouvoir. Un corps dont les membres jouiroient fans interruption du droit de repréfenter l’état, en deviendroït bientôt le maître Ou le tyran. REPRÉSENTATION , f. £ image , peinture de quelque chofe qui fert à en rappeller l’idée. Repré- Jentation en ce fens fignifie la même chofe que sableau, _ flatue , eflampe, &cc. REPRÉSENTATION d’une piece de théâtre, c’eft le récit d’un poème dramatique furun théâtre public, avec tous les accompagnemens qui y font néceffai- res., tels que le gefte, le chant, les inftrumens ,les machines. Voyez SCENE , MACHINE, RÉCITATION, Fc. | On dit d’une comédie ou d’une tragédie nouvelle, qu’elle a eu vingt ou trente repréfentations. Souvent une piece tombe dès la preniere repréféntasion, M. Richard Steele , & d’autres avec lui, tiennent pour maxime qu’une comédie ou tragédie n’eft pas faite pour être Îüe , mais pour être repréfentée ; qu’- ainf c’eft au théâtre qu’il en faut juger, & non quand elle fort de deflous la prefle, &c que Le véritable juge d'une piece c’eft le parterre , & non pas tout le pu- blic. Voyez THÉATRE , TRAGÉDIE, 6e. REPRÉSENTATION, ( Jurifprud. ) en matiere de fucceffion , eft lorfque quelqu'un fuccede au lieu & place de fon pere, qui eft décédé avant que la fuccef- fion fût ouverte. Elle differe de la tranfmiffion en ce que pour tranf- mettre une fucceffion 1l faut y avoir eu un droit ac- quis , & avoir été héritier ; au lieu que le repréfen- tant fuccede au lieu du repréfenté, quoique celui-ci n'ait point été héritier. La repréfentation a lieu principalement dans les fuc- ceflions ab inteflat ; néanmoins en matiere de fidei- commis conditionnels, au défaut de la tranfmiffon on a coutume d’appeller au fecours la repréfentation , pourvu qu'il n’y ait aucun terme dans le teffament tu marque une intention contraire. Elle a pareillement lieu pour le douaie êc pour la legitime, & pour la préfentation à un bénéfice, Quel- ques coutumes l’admettent auf pour le retrait qui eft accordé au lignager plus prochain. On ne repréfente point un homme vivant: ainf les enfans de celui qui a renoncé à la fucceflion ne peuvent venir par repréfentation , quand 1ls feroient en même degré que ceux qui fonthéritiers. On peut repréfenter une perfonne décédée , fans fe porter {on héritier. à La repréfentation a fon effet, quoique le repréfenté füt incapable de faccéder , parce que c’eft moins la perfonne même que l’on repréfente que le degré. L'effet de la repréfentation eft, 1°. d'empêcher que le plus proche en degré n’exclue le plus éloigné ; 2°, qu'au lieu de partager par têtes, on partage par fouches. au | En ligne dirette , la repréféntation a Leu à linfini. 11 faut feulement obferver qu’à l’ésard des afcen-. dans la repréfentation n’a d'autre effet que d'opérer le partage par fouches. La repréfentation en collatérale n’avoit pas leu fui- vant l’ancien droit. romain; elle ne fut admife que par la noyelle 118. La plüpart de nos coutumes l’admettent au premier degré feulement pour da collatérale , comme Paris & autres femblables ; d’autres l’étendent plus loin : quel- ques-unes même l’admettent à l’infini; d’autresenfin . excluent toute repréfentation en collatérale, & quel- ques-unes la rejettent aufi en direéte. Pour la fuccefion des fiefs en dirette , la femelle repréfente le mâle , même pour les prérogatives d’ai- RE P nefe, Quelques coutumes refufent néanmoinisle droit d’aînefle à la fille qui repréfente fon pere, nn En collatérale , le mâle exclud abfolument la fez melle de la fucceffñion des fiefs ,ainfi il n°y a point de repréjentation. Voyez le traité des jucceffions de Lebrun, celui de la repréfentation par Guané , 6: les mors H£- RITIER, SUCGESSION, TRANSMISSION, REPRÉSEN- TANT. (24) REPRESENTER , v. at. ( Gfarmm. ) c’eft rendre préfent par une ation, par une image, 6. Cette glace repréfente fidelement les objets ; ileft bien re- préfenté {ur cette toile; ce phénomene eft repréfenté fortement dans cette defcription ; la repréfentation de cette piece a été faite à étonnet; il repréfème avec beaucoup de dignité ; la pompe de fon entrée repré- Jentort toute la puiflance de fon fouverain. C’eft une fonétion aufüi périlleufe qu'inutile, que de repréfénter leurs devoirs aux grands. Pour enlever l'admiration des hommes, il faut fe repréfenter à oi-même & aux autres Les chofes grandes en grand. Allez , maisfoyez prêt à vous repréfenter au premier figne. Les rois repré- Jentent Dieufur la terre. REPRÈTER , v. att. ( Grarme ) c’eft prêter de-re- chef. Voyez PRÊT & PRÊTER. REPRIER , v. at. ( Gramm. ) c’eft prier une fe- conde fois. Voyez PRIER & PRIERES. . REPRIMANDER,, v. a@. ( Gramm:) c’eft châtier par des paroles celui qui a commis une ation repré- henfible. On réprimande {es enfans de leurs étourde- ties. La réprimande de la juftice ef flétriflante.. RÉPRIMER , v. a. ( Gramm. ) c’eft arrêter l'effet ou le progrès. Les calmans réprimenr la chaleur du fang ; reprimez limpétuofité de votre caraétere. Il. y a des hommes dont aucune difgrace n’a pu réprimer Porgueil ; réprèmer ou négliger le murmure du foldat. REPRISE , f. f. ( Jurifpr.) a différentes fignifica- tions. Reprife d'inftance eft lorfqu’un héritier ou au- tre fucceffeur à titre univerfel , reprend une contef tation qui étoit pendante avec le défunt. Cette reprife {e fait par un acte que l’on pafle.au greffe., dans lequel on déclare que lon reprend inf tance , offrant de procéder fuivant les derniers erre+ mens. Un ceffionnaire ou autre fucceffeur à titre fingu- her , ne peut pas régulierement reprendre linftance au lieu de celui dont il a les droits ; il ne peut qu'in- tervenir, &c fon cédant doit toujours refter partie, quand ce ne feroit que pour faire prononcer avec lui fur les frais. On reprend quelquefois, uné caufe , inffance ou procès dans lequel on Ytoit déja partie , lorfque dans le cours du procès on acquiert quelque nouvelle qua- lité en laquelle on doit procéder : par exemple, une fille majeure qui procédoit en cette qualité , fi elle fe marie , doit reprendre avec fon mari, commé femme mariée ; & fi enfuite elle devient veuve. elle doit en- core reprentre en cette qualité. Voyez CAUSE ,INs- TANCE , PROCÈS , PROCÉDURE |, HÉRITIER , VEU- VE, CESSIONNAIRE. REPRISE, e2 fais de compte, eft ce que le compta- ble a droit de reprendre fur la dépenfe. Les comptes ont ordinairement trois fortes de chapitres ;ceux de recette, ceux de dépenfe, & ceux de reprife. Pout l’ordre du comptant, le rendant fe charge en:recette de certaines fommes , quoiqu'il ne les ait pas reçues, ou qu'il n'en ait reçu qu’une partie; & dans le cha- pitre de reprife il fait déduétion de ce qu'il n’a pas réçu, c'eftcé qu’on appelle reprife. Voyez COMPTE. REPRISE de fief, eit la prife de poffeffion d’un fief que fait l'héritier du vaflal qui eft décédé , laquelle pofleffion il reçoit du feigneur en faifant la foi &hom- mage , © lui payant {es droits, s’ilen eft dû. Cette prile de poffeflion s'appelle reprife de fref, parce qu’an- ciennement les fefs n’étantconçédés par lesfeigneurs Tome XF, à dm R: EXP 47 que pour lavé duo vafäl, l'héritier qui votiloit res prendrélefiefquetenoitle défunt, ne le pouvoir faire fans'envétreinveftiparle féigneur, © 1,07 ere ‘On a aufi appellé de réprile ceux Qui ne procé= doient pas originatrement de la conceflion dés fere gneurs., mais qui étorent des aleux, & qui ayant été cédés par les propriétaires à des feigneurs!, ont été aufh-totrépris d'eux pour être tenus à foi &chomma ge. Voyez le rio FIEF. Qui Reprises, au phiriel } fiohife.ce que la femime a droit de reprendre fur les biens de fon-mari. On joint ordinairement les termes detrepriles & conventions matrimoniales ; les reprifes & les conventions ne {6nt pourtant pas abfolument la même chofe!, & il femble que le terme de reprifés a une application plus parti- culiere aux biens que la ferme a apportés, & qu’elle a droit de reprendre , {oit en nature ou en argent, comme la dot en général, &c fingulierement les de- mers {Hipulés les propres réels, & les remplois des propres aliénés, &cquefous le terme de conversions matrimoriales, on entend plus volontiers ce que la femme a droit de prendreen vertu du contrat / com- me fon préciput , fa part de la communauté, fon douaire & autres avantages qui peuvent lui avoir été faits par le contrat : néanmoins dans l’ufage ôn com- prend fouvent le tout fous le terme de reprifes , ou fous-celui de conventions matrimoniales. La femme a hypotheque pour fes reprifes, du jour du contrat de mariage. On peut aufli comprendre fousle terme de reprifés, la faculté qui eft ftipulée par le contrat de mariage en faveur de la femme & de fes enfans, ou autres héritiers, de renoncer à la com- munauté , & en ce fafant, de reprendre franche ment & quittement tout ce quelle a apporté en communauté, Voyez COMMUNAUTÉ, DoT , Douar- RE, FEMME, PRÉCIPUT, RÉNONCIATION A LA COMMUNAUTÉ , PROPRES, Reprise, ( Comm.) dans un état de compte , {e dit d'articles à déduire fur ceux employés'en recettes Il fe dit proprement des deniers comptés & non reçus. La reprife eft la troifieme partie d’un compte; la recette & la dépenfe font les deuxpremieres. Voyez COMPTE. REPRISE , en termès de corierte de mer, fignifie un vaifleau où navire marchand qu’un corfaire où armateur ennemi avoit d’abord pris, & qui enfuite aété repris par un bâtiment du parti contraire. Voyez REcOUSSE , Di, de Comm, Reprise, f. À eft ez Mufique le nom qu’on donne à chacune des parties d’un air qui fe répetent deux fois, C’eft en ce fens que l’on dit que la premiere re- prife d’une ouverture eft grave, & la feconde gaie, Quelquefois on n'entend par reprife que la feconde partie d’unair, On dit ainfi que la reprife d’un tel me- nuet ne vaut rien du tout. Enfin, -eprile eft encore chacune des parties d'un rondeau , quifouvent ena trois, dont on ne répete que la premiere. Dansles notes, on appellereprifé un caraëtere qui marque qu'on doit répéter la-partie de l'air qui le précede , ce qui évite la peine de la noter deux fois, En ce fensil y a deux reprifes ; la grande &c la petite, La grande reprife {e figure à Pitalienne par une dou- ble: barre renfermée entre trois lignes, avec deux pointsau-dehors dechaque côte, voy. les PI. de Mufig. ouà la françoïife, par deux lignes perpendiculaires un peu plus écartées , tirées à-travers toute la portée, entre lefqueiles on infereun point dans chaque ef: pace , voy. aufli les PJ. maïs cette feconde maniere s’a bolit peu-à-peu ; car ne pouvant imiter tout-à-fait la mufique italienne , nous en imitons du - moins les mots & les figures. Cette reprife ainfi figurée avec des pointsà droite &z à gauche , marque ordinairement qu’il faut recom- : mençer deux fois tant la partie qui la RrESE qua 1 45 R EP celle qui la fuit; c’eft pourquoi on la trouve ordinai- tement vers le milieu des menuets , pañfe-piés, ga- vottes, &c. Il yena qui veulent que lorfque la re: prifea feulement despoints ducôté gauche, roy. les fe. c'eftpour la répétition de ce qui précede, & que lorf- qu'elle a des points du côté droit ,voy. les fig. c’eftla répétition de ce qui fuit. Il feroit du-moins à fouhai- ter que cette convention fût tout-à-fait établie, car elle me paroiït fort commode. La petite reprifeeft lorfqu’après une grande reprife, on recommence encore quelques-unes des dernieres mefures pour finir, Il n’y a point de figne particulier pour la petite reprife, mais on fe fert ordinairement de quelque figne de renvoi, figuré au-deffus de la portée. Voyez RENVOI. | Il faut remarquer que ceux qui notent correéte- ment ont toujours foin que la derniere note d’une re- prife fe rapporte exattement pour la mefute, & à celle quicommence cette reprife, & à celle qui com- mence la reprife qui fuit, quandil y en a une. Que fi le rapport de ces notes n’eft pas aflez clair pour la laifon de la mefure , après la note qui termine une reprile , on ajoute deux ou trois notes de ce qui doit être commencé jufqu'à ce qu’on ait une mefure ou une demi-mefure complette. Et comme à la fin d’une premiere partie on a premierement la même partie à reprendre, puis la feconde partie à commencer, & que cela ne fe fait pas toujours dans des tems où par- ties de tems femblables, on eft quelquefois obligé de noter deux fois la finale de la premiere reprife ; Pune avant le figne de reprife avec les premieres notes de la premiere partie ; l’autre après le même figne pour commencer la feconde partie; alors on tire un demi- cercle depuis cette premiere finale jufqu’à fa répeti- tion, pour marquer qn’à la feconde fois il faut pañfer comme nul tout ce qui eft enfermé par ce demi-cer- cle. Voyez les fig. (S) REPRISE , effocade de , (Efcrime. ) eft une ou plu- fieurs bottes qu’on détache à l’ennemu, en feignant de fe remettreen garde, | | | Reprise , ff ( Archis. ) c’eft toute forte de refe- tion de mur , pilier , &c. faite par fous-œuvre , qui doit fe rapporter en fon milieu d’épaiffeur , Fempat- tement étant égal de part & d'autre, ou dans fon pourtour. Daviler, (D, J. | Reprise, ff ( Hydraul. ) on dit que l’eau va par reprife, lorfque élevée dans une machine hydrauli- que, elle fe rend dans un puifart ou dans une bâche d’où une autre pompe l’éleve encore plus haut, C’eft auffi dans le cours d’une conduite, l'eau qui fort d’un regard pour reprendre fa route dansune autrepierrée. REPRISE, REPRENDRE , (Jardinage) {e dit quand au printems on voit des jeunes plants pouffer vigou- reufement , & on attend à la feconde feve pour être . sùr de leur reprife. . REPRISE, ax Manege, eft l’efpace de tems pendant lequel l’académifte fait travailler fon cheval devant l’écuyer. Chaque écolier monte ordinairement trois chevaux, & fait trois reprifes fur chaque cheval. REPRISE D'ESSAI, à La monnoie , eft un nouvel effai de l'efpece que l’effayeur général & leffayeur particulier ont trouvé hors du remede, Pour y parvenir, le confeiller qui eft dépoñitaire durefte de cette efpece, en fait couper un morceau qu’ilremetentreles mains de l’effayeur général, qui en fait l'eflai en préfence de Peffayeur particulier. Le confeiller fait enfuite fon procès - verbal de cette reprife, Voyez ESSAI. REPRISE , on dit ez Fauconnerie, voler à la reprife, REPRISE, (rerme de Lanfquenes.) c’eft une carteque l’on donne à celui qui a perdu la premiere, afin qu'il ait lieu de réparer fa perte. ( D. J.) REPRISER , v. at. (Gramm.) priferune feconde fois, Voyez Les articles PRISÉE & PRISER. RÉPROBATION , £ f ex Théologie, fignifie lex: clufion de la vie éternelle, & la deftination aux fup- plices de l'enfer pour un certain nombre d'hommes que Dieu ne tire pas de la maffe de perdition. Elle eftoppofée à la prédeflination. V. PRÉDESTINATION. On diftingue deux fortes de reprobation lunequ’on nomme régarive, &t l’autre qu'on appelle pofive, La reprobation négative eft la non-éleétion à l'immortalité glorieufe ; ou lexclufion du royaume des cieux. La reprobation poñtive eft la deftination & la condamna: tion aux peines de l’enfer. Il eft important fur cette matiere, Comme fur l’ar- ticle de la prédeftination , de difcerner précifément ce qui eft de foi d'avec ce qui eft abandonné à la dif. pute des écoles. Il eft donc décidé, comme de foi parmi les Catholiques, 1°. qu'il y a une reprobation, c’eft-à-dire qu’il fe trouve en Dieu un decretabfolu, non-feulement d’exclure de la gloire quelques-unes de fes créatures , mais encore de les condamner am feu éternel. Ce qu’on prouve par S. Matth. c. xxv. r. 23. 6 41. & par lépitre aux Rom. chap. jx. v. 22. 2°, Que le nombre des reprouvés eft beaucoup plus grand que celui des élus. Matth. c. 7, ». 14. xx. v.16, 3°, Que le nombre des reprouvés eft fixe &c im- muable , qu'il ne peut ni augmenter, n1 diminuer, Cette vérité eft une fuite néceflaire de la fixation du nombre des prédeftinés qu’on reconnoïît être invaria- ble. S. Aug. Zb. de corrept. & gras. c. xi. _ 4°, Que le decret de la reprobarion n’impofe pas aux_reprouvés la néceflité de pécher, qu'il ne les porte point au crime, & qu’ils ne deviennent préva- ricateurs que par un choïx très-libre de leur volonté. IT, conc. d’Orang, can. 25. 3°. Qu'il eft faux que la reprobarion exclue les re- prouvés de toute communication de grace , ou , ce qui eft la même chofe, qu'aucun des reprouvés ne reçoive dans le tems, n1 le don de la foi , ni le fe- cours de la grace attuellepour pratiquer la vertu, ni la grace delajuftification.Corc.deTrent. feffionvi.can. 17. 6°, Que la reprobation pofitive qui n’eft autre chofe que la préparation des peines éternelles , &c la defti- nation au feu de l'enfer , fuppofe néceflairement 6e indifpenfablement la prévifñion de quelque péché mortel , accompagné de l’impénitence finale. S. Aug. oper, imperf. Liv. LIT. c. xvtig. 6 div. IV. c. xxv. 7°. Que la reprobarion pofitive des mauvais anges a eu pour fondement la prévifion des péchés mortels qu'ils devoient commettre , &t dont ils ne devoient jamais fe repentir, Que celle des enfans qui meurent fans baptême , a pour fource & pour principe la pré- vifion du péché originel qu’ils devoient contraéteren Adam, & qui ne devoit jamais leur être remis. Que celles des payens eft fondée non-feulement fur la pré- vifion du péché originel qui ne devoit point être effa- céeneux, mais encore fur la prévifion des péchés aétuels qu’ils devoient eommettre fans en faire péni- tence.. Enfin que celle des fideles ne prend fa fource que dans la prévifion des péchés aétuels qu'ils de- voient commettre, & dans lefquels ils devoient mourir. Mais on difpute vivement dans les écoles favoir fi la reprobation négative eftun a@te réel,pofitif &r abfolu en Dieu , par lequelil ait arrêté de ne point admet- tre toutes {es créatures dans le royaume des cieux, ou fi c’eft une fimple fufpenfion ou négation d’aéte, La plûpart des théologiens, &c en particulier les Thomiftes , tiennent pour le premier fentiment. On demande encore quelle eft la caufe ou le fon- dement de la reprobation négative tant des anges que des hommes. Les Thomiftes répondent que la reprobation néga- tive des anges n’a eu pour fondement que le bon plai- fir de Dieu, & qu’elle eft antérieure à la prévifon de REP. r. Ê n Û % 5 . AN SAN es leur chute. 2°. Que Dieu n’a point eu égard aux pé- chésaétuels des hommes lorfqu’il a refolu de ne point : donner la gloire à quelques-uns d’entreux, & qu'il n’a trouvé qu'en lui-même les motifs de ce refus. Les défenfeurs de lafcience moyenne foutieñnent que tant à l'égard des anges qu’à l'égard des hom- mes, Dieu ayant prévu ce que les uns &les autres feroient de bien & de mal dans tous les ordres poffi- bles des chofes , & ayant choïfi par préférence & de fafeule volonté l’ordre dans lequel il Les à conflitués, leur reprobation négative eft antérieure à leurs démé- rites, & dépend uniquement de la volonté de Dieu. Ceux qu’on appelle Augufliniens, difent que dans l’état d’innocence Dieu n’a exclu perfonne de la eloi- re, que conféquemment à la prévifion de leurs pé- chés aûtuels, & que depuis la chute d'Adam, la re- probation négative fuppofe la prévifion non-feule- ment des péchés attuels, mais encore celle du péché originel , comme caufe éloignée de cette reproba- zion. Sentiment qui peut être vrai, tant à l'égard des enfans qui meurent fans baptême , qu’à l'égard des in- fideles , mais qui n’eft point applicable aux adultes, en qui le péché originel a été entierement effacé par le baptême. D'ailleurs il femble approcher du fenti- ment de Janfénius fur cette matiere , & paroît direc- tement contraire à la doûrine du concile de Trente ur le péché originel. Jeff. ». Calvin a avancé que la reprobation tant pofitive que négative dépendoit uniquement du bon plaifir de Dieu, & qu’antécédemment À toute prévifion de péché » ilavoit deftiné un certain nombre de fes créatures rañfonnables aux fupplices éternels. Doc- trine impie & cruelle , qui n’a prefque plus aujour- d'hui de partifans même parmi les Calviniftes. On trouve auf quelque chofe de femblable dans les trente-neuf articles de l’églife anglicane ; maïs de- puis elle a généralement abandonné cette opinion, commeinjurieufe à Dieu. Voyez CALVINISTE. REPROCHABLE , adj. ( Jurifprud. ) fe dit d’un témoin contre lequel on a des fujets de reproches à propofer. Voyez REPROCHE, REPROCHE , £ m. REPROCHER , verb. a@, ( Gramm. ) 1l fe dit du blâme amer que nous encou- rons par une mauvaife aéhion qu’on ne devoit pas at- tendre de nous. Le reproche eft fait pour les ingrats. Si lon échappe aux reproches des autres ,on n’échap- pe point à celui de fa confcience. Chaque état a fon reproche. REPROCHES , (Jurifprud. ) {ont les moyens ou raïfons que l’on propole contre des témoins enten- dus dans une enquête ou dans une information, pour empêcher que le juge n’ajoute foi à leur dépoñtion, foit en matiere civile ou criminelle ; comme quand on oppofe que les témoins font proches parens de la partie adverfe, ou qu'ils font fes amis , ou fes do- meitiques ; qu'ils font ennemis capitaux de celui con- tre lequel ils ont dépofé ; que ce font gens de mau- vaifes mœurs , déja repris de juftice & corrompus par argent. En matiere civile , les reproches fe propofent par un dire. | Ils doivent être pertinens & circonftanciés , autre- ment on n’en doit pas admettre la preuve ; & fi la preuve en ayant été admife , ils ne font pas prouvés, on n’y a point d’égard. Les faits font même réputés calomnieux, s'ils ne font juftifiés avant le jugement du procès. Celui qui a fait faire l'enquête, peut fournir de re- ponfe par écrit aux reproches ; cette réponfe doit être fignée de lui ou de fon procureur , en vertu d’une procuration ad hoc ; & la réponfe doit être fignifiée à l'autre partie. Les juges ne doivent point appoïnter les parties à informer fur les faits contenus dans les reproches & R EP 149 dans les réponies , à-moins que les rébroches ne pa- roiflent pertinens & admifibles. | Les reproches doivent être jugés avant le fonds; & s'ils fe trouvent fondés, la dépofition des témoins qui ont êté valablement reprochés , ne doit pas être lue, Dans les procèsictiminels, fi laccufé a des répro: ches à fournir contre les témoins, ille doit faire lors de la confrontation , &r le juge doit l’avertir qu’il n’y {era plus reçu , après avoir oui la léture de la dépo: fiuion. Néanmoins les reproches font entendus en tout état de caufe., quand ils font prouvés par écrit, Quand lPaccufé propole quelque reproche, le stef. fier le rédige par écrit, &c la réponfe du témoin. Lesréprochés fournis par un des accufés fervent aux autres, quoiqu'ils n’en aient pas propofé , à-moins qu'ils ne foient en contumace , parce que le refus u’ils font d’obéir à juftice, les fait déchoir du bé- néfice de toutes exceptions. Il en eft de même de laccufé, qui après avoir fubi la confrontation, s’évade des prifons; car fa fuite fait une prélomption contre lui , qui eft telle que l’on ne lit pas les reproches par lui propofés. LE Celui qui a faitentendre des témoins à fa requête , ñe peut pas les reprocher dans une autre affaire ot ils dépofent contre lui, à-moins qu'il ne prouve que de: puis fon enquête , ils font devenus fes ennemis , où qu'ils ont été convaincus de crime, ou corrompus par argent, Foyez le tr. 23. de l’ordonnancé de 1667, &c les zotes de Bornier, Defpeifies, Papon, Louet & Brodeau ; Zes mors ENQUÊTE, INFORMATION , G le mot TÉMOIN. (A. ee. REPRODUCTION, f f. REPRODUIRE, v.a@% (Gramm. 6 Hift. ar.) eft la@tion par laquelle üné chofe eft produite de nouveau , ou pouffe une fecon: de fois. Voyez RÉGÉNÉRATION. Quand on coupe tout près du tronc les branches d’un chêne, d’un arbre à fruit, ou autres femblables, letronc reproduir une infinité de jeunes pouffés. Voyez TIGE 04 POUSSE. +. Par reprodutfion où entend ordinairement la reftau- ration d’une chofe qui exiftoit précédemment , & quiaété détruite depuis. Voyez RESTAURATION, La reproduction des membres des éctevifles de mer & d’eau douce eft un des phénomenes des plus cu= rieux dans Phiftoire naturelle. Cetre formation d’une nouvelle partie toute femblable à celle qui a été cou- pée, ne quadre point du tout avec le fyflème moder: ne fur la génération, par lequel on fuppofe que l’a: nimal eft entierement formé dans l'œuf. Voyez Gé- NERATION & ŒUEF. | C’eit cependant une vérité de fait atteftée par les pécheurs , & même par plufeurs favans qui s’en font aflurés par leurs propres yeux; entre autres par MM, de Réaumur & Perrault, dont on connoît aflez la capacité &c l’exaétitude dans ces matieres, pour s’en rapporter aeux. | Les jambes des écrevifles de mer ou d’eau douce ont chacune cinq articulations. Or, s’il arrive que quelqu'une de leurs jambes fe rompent par quelque accident , comme en marchant, ou autrement, ce qui eft fréquent , la fra@ure fe trouve toujours à la future prochaine dé la quatrieme articulation ; & la partie qu’elles ont perdue fe trouve reproduire quel: que tems après ; c’eftà-dire qu'il repoufle un bout de jambe compofé de quatre articulations, dont la premiere eft fendue en deux par le bout, comme étoit la jambe qui eft perdue ; en forte que la perte fe trouve entierement réparée, | Si on rompt à deflein la jambe d’une écrevifle À la [cinquieme ou à la quatrieme articulation, la portion |qui à été retranchée fe trouve toujours au bout d’un tems remplacée par une autre, Mais il n’en arrivepas de même, fi la fradture a été faite À la premiere, la feconde ou latroïfieme articulation ; cär alors il n’ars 150 REP rive guere que la reproduttion {e fafle , files chofes reftent dans l’état où elles font. Maïs ce qui eff fort étonnant , c’eft qu’elles ne reftent pas dans le même état ; car au bout de deux où trois jours, fon vifite les écrevifles à qui cette mutilation eft arrivée, on leur trouvera de plus les autres articulations retran- chées jufqu’à la quatrieme : & il y a apparence qu’- elles fe font fait elles-mêmes cette opération, pour rendre la reproduthion de leur jambe plus certaine. La partie reproduite, non-feulement eft confgu- fée comme celle qui a été retranchée , mais elle eff même au bout de quelquetems tout auffi grofle. C’eft ce qui fait qu'on voit fouvent des écreviites qui ont deux jambes de différente groffeur, mais proportion- nées dans toutes leurs parties. On peut juger à coup sûr que la plus petite eft une jambe reproduite. Si la partie reproduite eft encore rompue , il fe fait une feconde reproduition.. L'été qui eft la feule faïfon de l’année où les écre- vifles mangent , eft le tems le plus favorable pour la reprodudlion de leurs membres. Elle fe fait alors en “quatre ou cinq femaines; au-lieu que dans d’autres faons, elle ne fe fait qu’en huit ou neuf mois. Leurs “petites jambes fe reproduifent auf , mais plus rare- ment & plus lentement que les grofles. Les cornesfe reprodufent demèême. F. mem. del'acad. royal. des Sc. an 1712, p.295. & hift, de la méme année, p. 45.8 année 1718,p. 31. Voyez auf VEUX D'ECREVISSES. REPROMETTRE , v. aû. ( Gram. ) promettre une feconde fois. Voyez PROMETTRE G PROMESSE. REPROUVER, v. a@. ( Gram. ) prouver de-re- chef. Voyez PREUVE & PROUVER. RÉPROUVER,, ( Critig. facrée.) c’eft rejetter une chofe ou une perfonne dont on s’étoit d’abord fervi; la pierre que les architeétesiont réprouvée ( repro- baverans ), eft devenue la principale pierre de Pan- gle. Marc. xx. 42. Cette pierre angulaireeft J. C. Réprouver veut dire encore juger mal de quelqu'un, le condamner ; ainf les réprouvés, dans l’Ecriture, {ont les méchans, les impénitens que Dieu condam- ne. (D.J.) # REPTILES, dans PFifioïre naturelle, eft le nom de certains animaux ainfidénommés, parce qu’ils rampent & marchentfur le ventre ; ou bien les rep- ailes fontuneforte d'animaux & d’infeétes,quiau lieu de marcher avec des piés, portent fur une partie de leur cotps, tandis que le refte s’ayance ou s’élance en-devant. Voyez ANIMAL, INSECTE, &c. Ce mot eft formé du mot latin repo, ramper. Tels font les vers de terre, les chenilles, les{erpens , &c. IL eft pourtant vrai que la plüpart des,repaes ont des piés. Seulement ils les ont petits, &c les jambes courtes, à proportion de la grofleur deleur corps. Voyez Pié & JAMBE, Les obfervateurs naturaliftes ont fait une infinité de découvertes admirables für la motion des repiiles. Ainf le ver de terre en parüculier, à ce que nous apprend M. Willis, a tout le.corps entouré d’un bout à l’autre, de mufcles annulaires ; ou, comme s’ex- rime M. Derham, le corps du ver de terre n’eft d’un bout à l’autre , à fa furface extérieure, qu'un mufcle fpiral continu , dont les fibres orbiculaires, en fe contraétant, rendent chaque anneau plus étroit & plus long qu'auparavant; au moyen de quoi, femblable à une tariere, il perce la terre pour s’y faire un paflage. La motion de ce reptle peut encore Être comparée à un filde fer roulé en fpirale fur un cylindre , dont un desbouts, fi on le lâche, va fe rapprocher de l’autre qui eff arrêté &c tenu ferme. Car de même le ver-àdoie, après qu'il a alongé ou étendu fon corps; fe replie fur lui-même ) En S’ap- puyant fur les petits piés qu'il a : ces piés font au ver ce qu’eft au fil de fer roulé en fpirale, Le bout par où il eft arrêté ; c’eft fon point d'appui. Ils font rangés RE P de quatre en quatre tout le long de fon corps; &il s’en fert comme de crochets, pour attacher fur un plan, tantôt une partie de fon; cotps, tantôt une autre; C’eit en même tems pour poufler en avant{a partie antérieure, en l’alongeant, 8 amener fa par- tie poftérieure en la contraétant. é Le ferpent rampe un peu différemment; auffi fa ffruëêture de fon corps eft-elle différente ; car ilaie long du corps une enflade d’os aui font tous articu- ls les uns avec les autres. Son corps ne rentre pas en lui-même : mais il forme des circonvolutions. Tandis qu'une partie de fon corps porteàterre,, il en élance une autre en avant, laquelle à fon tour fe pofant fur la terre, oblige le refte du corps de fui- vie. L’épine de fon dos , différemment torle, fait le même effet, lorfqu'’il faute, que les jointures despiés dans. les autres animaux; car ce qui les fait fauter , font les mufcles de leur dos qui s'étendent & fe dé- veloppent. Il y a un préjugé aflez général fur la plñpart de ces animaux: c’efl que coupés par pieces , is repren- nent ; 1l eft sûr que les parties féparées confervent du mouvement & de la vie long-tems après la fépa- ration ; que leur orgamifation eft beaucoup plus fim- ple que celle de la plûpart des autres animaux; qu'ils n’en fatisfont pas moins bien aux deux grandes fonc- tions de l’animalité, la confervation & la reproduc- tion, &c qu'à les examiner de près, on eft porté à croire que la fenfibilité eft une propriété générale de la matiere, Reptile fe dit auf abufivement des plantes & des fruits qui rampent à terre, ou qui fe marient à d’autres plantes, n'ayant pas des tiges aflez fortes pour les foutenir : telles font les concombres, les melons: telles font aufñ la vigne, le lierre, &c. RÉPUBLICAIN , f. m. ( Gram. ) citoyen d’une ré- publique. Il fe dit auffi d’une homme paffionné pour cette forte de gouvernement. Voyez l'article fuivanr. REPUBLIQUE, £. £, ( Gouvern. polir, ) forme de gouvernement, dans lequel le peuple en corps ow leulement une partie du peuple, a la fouveraine piffance. Republice forma laudari facilits quai éve- nire, 6 fe evenit, haud diuturna effe poteft, dit Taci- te, annal. À. Lorfque dans la république le peuple en corps aïla fouveraine puifflance, c’eft une démocratie. Lorfque la fouveraine puxffance eft entre les maïns d’une par- tie du peuple , c’eft une ariflocrarie, Voyez DÉMo- CRATIE , ARISTOCRATIE. Lorfque plufeurs corps politiques fe réuniflent enfemble pour devenir citoyens d’un état plus grand qu'ils veulent former, c’efl une république fédérati- ve. Voyez RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE: Les républiques anciennes les plus célebres font la république d'Athènes, celle de Lacédémone, & la république romaine. Voyez LACÉDEMONE, RÉPUu- BLIQUE d’Athenes, & RÉPUBLIQUE romaine. Je dois remarquer ici que Les anciens ne connoif- foïent point le gouvernement fondé fur un corps de noblefle , & encore moins ke gouvernement fondé fur, un corps léoïflatif formé par les repréfentans d'une nation. Les républiques de Grece & d'Italie étoient des villes qui avoient chacune leur gouver- nement, &c qui aflembloient leurs citoyens dans leurs murailles. Avant que les Romains euffent en- glouti toutes les républiques ; 1 n’y avoit prefque point de roi nulle part, en Itahe, Gaule, Efpagne, Allemagne ; tout cela étoit de petits peuples ou de petites républiques. L'Afrique même étoit foumife à une grande : l’Afie muneure étoit occupée par les colonies greques. Il n’y avoit donc point d'exemple de députés de villes, ni d’aflemblées d'états: il falloit aller jufqu’en Perfe pour trouver le gouvernement d’un feul, ; nl F2 0 Dans les meilleures républiques grecques, Îles #i. chefles y étoient auf à charge que la pauvreté; car les riches étorent obligés d'employer leur argent en fètes ,entacrifices , enchœurs de mufique, en chars, en chevaux pour la: courfe, en magtitratures, qui feules formoient le refpeët & la confidération. Les républiques modernes font connues de tout le monde; on fait quelle eft leur force , leur puiffance &t leur liberté. Dans les, républiques d'Italie, par exemple, les peuples y font moins libres que dans les monarchies. Auf le gouvernement at-il befoin., pour fe maintenir, de moyens auf violens que le gouvernement des Turcs; témoins les mgufiteurs d'état à Venife , & Le tronc où tout délateur peut à tous momens jetter avec un ballet {on accufation. Voyez quelle peut être la fituation d’un citoyen dans ces républiques, Le même corps de magiftrature a, comme exécuteur des lois, toute la puiflance qu'il s’eft donnée comme lécrflateux. Ikpeut ravager l’état par fes volontés générales; & comme il a encore la puiflance de juger, 1l peut détruire chaque citoyen par fes volontés particuheres. Toute la puiffance y eft une, & quoiqu'il n’y ait point de pompe exté- “ieure qui découvre un prince defpotique , on Le fent à chaque inftant. À Genève on nefent que le bon- heur & la liberté. Il eft de la nature d’une république qu’elle n'ait qu’un petit territoire; fans cela elle ne peñt guere fubfifter, Dans une grande république 11 ÿ a de gtan- des fortunes, & par conféquent peu de modération dans les efprits : 1l y'a de trop grands dépôts à mettre entre les mains d’un citoyen ; les intérêts fe particu- larifent : un homme fent d’abord qu’il peut être heu- reux, grand, glorieux , fans fa patrie ; & bientôt, qu'il peutêtre feul grand fur les ruines de fa patrie. Dans une grande république le bien commun eff fa- crifié à mulle-confidérations :1l eft fubordonné à des exceptions : 1] dépend des accidens, Dans unepetite, le bien public éft mieux {enti , mieux connu, plus près de chaque citoyen : les abus y font moins éten- dus, 8 par conféquent moins protégés. … Ce qui fit fubfüfter f long-tems Lacédémone j c’eft qu'après toutes fes-suerres, elle refta toujoursiavec Son territoire ;.de feul but de Lacédémone étoit la Hberté : le, feul avantage de fa liberté, c’étoit là gloire. : | Ce fut l’efprit des républiques grecques de fe con- tenter de leurs terres, comme de leuts lois. Athènes prit de Pambition, & en donna à Lacédémone; mais ce'fut plutôt pour commander à despeuples libres, que pour gouverner des efclaves: plutôt pour être à Ja tête de l’umion que pour la rompre. Tout fut per- du, lorfqu’une monarchie s’éleva ! gouvernement dont lefprit eft tourné vers l’asorandiflement. Il eft certanique la tyrannie d’un prince ne met pas-un état plus près de fa ruine , que l'indifférence pour le bièen:commun y met une république. L'avan- tage d’un état libre eft qu'il n’y a point de favoris. Mais quand celan’eft pas , & qu'au lieu des amis &c des parens duprince, il faut faire la fortune des amis & des parens de tous ceux qui ont part au gouver: nement, tout eft perdu. Les lois font éludées plus dangereufement qu’elles ne{ont violées par un prin: £e, qui étant touiours Le plus grand citoyen del’état, a le plus d'intérêt à fa confervation. Æ/pris des lois. (2.3). : RÉPUBLIQUE D’ATHENES , ( Gouvern. athénien. le leGteur doit permettre qu’on:s’étende dans cet ou- vrage fur lestrépubliques d’Arhènes de Rome & de Lacédémone , parce que par leurconftitution elles fe {ont élevées au-deflus de tous les empires du monde. :, | Lg zu Il n’eft pas furprenant que les Athéniens , ainfi.que beaucoup d’autres:peuples, ayent porté la sloirede partage R E P 151 leur origine jufqu’à la chimere, 8 qu'ils fe fotent dits enfans de laterre ; cependanñt il éftaflez vraillembla. ble, au jugement de quelques hiftoriens , qu'ils def cendoient d’unecolonie de Suites, peuples d'Egypte, Ils furent d’abord fous la puiffance des rois, & en fuite ils élurent pour lestpouverner, des magiftrats perpétuels qu'ils nommetent archonres, La magiftra. ture perpétuelleayant encore paru à ce peupleamou reux de Pindépendance, une image trop vive de la royauté, il rendit les archontes décennaux, & fina- lément annuels. Enfuite, comme on ne s’accordoit point ,mifur lareligion , niur le gouvernement, & que les faéhions renaifloient fans cefle, ils reçurent de Dracon ces lois célebres qu’on difoit avoir éré écrites avec du fang , à caufe de leur excefive ri gueur, Aufñ furent-elles fupprimées vingt. quatre ans après par Solon qui en donna de plus douces & de plus convenables aux mœurs athéniennes, | Les fages lois de ce grand lésiflateur établitent une pure démocratie que Pifftrate rompit en ufurpant la fouveraineté d'Athènes, qu’il laïfa à fes fils Hippar- que & Hippias. Le prémier fut tué ; & le fecond ayant pris la fuite, fe joignit aux Perfes , que les Ath£éniens commandés par Miltiade défirent à Ma- rathon, On fait combienils contribuerent aux vi@oires de Mycale, de Platée & de Salamine. Ces’ vi@toires éleverent Athènes au plus haut point dé fplendeur oùelle ait jamais été fous un corps de répablique. Elle tint aufli dans la Grece , le premier rang pendant Pefpace de 70 ans.. Ce fut dans cet intervalle que |. parurent fes plus grands capitaines, fes pluscélebres philofophes, fés premiers orateurs, &c fes plus habi- les artiftes. | Elle étoit en poffeffion de combattre pour la pré. éminence'& pour la gloire. Elle feule facrifa plus d'hommes! &t plus d'argent à l'avantage commun des Grecs, que nul autre peuple de la terre n’en facrifia jamais à es avantages particuliers, Tant qu’elle fur LE. 1 4 floriffante., elle aïma mieux afronter de glorteux ha- | zards, que dejouir d'une honteufe fûreté: On la vit peuplée d’ambafñfadeurs qui venoïent de toutes parrs réclamer fa proteétion, -& qui la nommoïient Ze cow- mun afyle des nations. L'art de bien dire devint fon ge, &t elle n’eut point de maître pour la finefle & la délicateffe du goût. | Maïs comme lesricheffes & lesbeaux arts menent à la corruption , Athènes fe corrompit fort prompte- ment, &C marcha à grands pas à fa ruine. On ne fauroit croire combien elle étoit déchue de fes an- ciennes mœurs du tems d’Efchines & de Démofhe- nes. [l n’y avoit déjaplus chez les Athéniens d’aiñiour pour da patrie, &c l'onne voyoit que défordres dans leurs aflemblées &t dans les aétions juridiques. Ayant perdu contre Philippe la bataille de Chéronée , «lle fut obligée de plier fous la puiffance de ce roi déMa- CET cédoimne, Gcfous celle de fon fils Alexandre, Elle fe releva néanmoins de latyrannie de Déiné- | trius pat la valeur d'Olympiodore, La vaïllance de fes habitans reprit alors fespremieres forces, & fit fentir aux Gaulois la puiflance de leursarmes. La thénien Callippus empêcha le pañlase des Thermo- pyles à la norabreufe armée de Brennus, & la con- traignit d'aller fe répandre'ailleurs. I eft vrai que ce fut là le dernier triomphe d'Athènes. Aron , l'un defes cäpitaines, qui s’en étoit fait le tyran, neput défendre cette ville contre Les Romains. Sylla prit Athènes, & l’abandonna au pillage. Le pirée fut dé- truit | & n’a pointété rétabh depuis. Aprèsile facide Sylla, Athènes eût été pour tou jours'un affreux défert, & le favoir de fes philofé: phes n’y et encore attiré une multitude de sensavi- des de profiter de leurs lamieres. Pompée lui-même décontinga le-pourfuite despyrates pour s’y rendre, x32 R E P “t le peuple par reconnoiflance combattit en fa fa- veur à la bataille de Pharfale. Cependant Céfar fit ‘loire de lui pardonner après fa vidtoire, & dit ce Deau mot « je devrois punirles Athéniens d’aujour- » d’'hui, mais c’eft au mérite des morts que j’accor- # de la grace aux vivans.# | Augufte lala aux Athéniens leurs anciennes lois, st ne leur Ôta que quelques iles qui leur avoient été «lonnées par Antoine. L'empereur Adrien fe fteloi- re d’être le reftaurateur de fes plus beaux édifices, & d'y remettre en ufage les lois de Solon. Sonincli- nation pour Athènes pañla à Antoninus Pius fon fuc- » pofée ». Si le coupable ufoit d'indufsence envers lui-même, les juges fe chargeoïient du foin d'établir par la féverité une plus exaëte compenfation. Cicé- ron fait mention de cet ufage ; dans le premier livre de Porateur il parle de Socrate en ces termes : « Ce # grand homme fut aufli condamné, non-feulement # quant au fond de la caufe, mais auffi quant au genre » de la peine’, car c’éroit une coutume À Athènes » que dans les caufes qui n’étoient pas capitales, on » Gémandoïit au coupable quelle peine il croyoit » avoir méritée ; comme donc on eut fait cette de- » mande à Socrate, il répondit qu’il croyoit avoir » mérité qu’on lui décernât les plus grandes récom- Tome XIF, REP 153 | _»penfes, &. qu'on le nourrit dans le prytanée aux » dépens de la république, ce qui dans [a Grece paf- { »{oit pour lé comble de l’honneur ». Cette réponfe | de Socrate irrita tellement les Juges, qu’en fa per- fonné ils condamnerent À mort le plus vertueux de tous les Grecs. __‘\ | : Dans les, affaires politiques , les Athéniens ne voyotient , n’entendotent, ne fe décidoient.que par les pañions de leurs orateurs. Le plus habile difpo- foit de tout emploi militaire ou politique. Arbitre de la guerre ou de la paix, il armoit ou défarmoit le peuple à fon gré..Il ne faut donc pas s’étonner que dans uh état où la fcience de la perluañon jouifoit d'un privilege f flatteur, on la cultivât avec tant de foin, & que chacun à l’envi confacrât fes veilles à perfettionner en foi Le fouverain art de la parole. Athènes fut la premiere des villes greques, qui ré Compenfa par des couronnes ceux de fes fujets qui avoient rendu quelque férvice important à l’état. Ces couronnes n’étoient d’abord quede deux petites branches d’olivier entrelacées, & c’étoient les plus honorables ; dans la fuite , on les fit d’or » & on les avilit. La premiete couronne d’olivier que les Athé- niens décernerent fut à Périclès. Une pareille cou- tume étoit très-louable, foit qu’on la confidere en elle-même, foit qu'on la regarde par rapport au grand hormme pour qui elle. fut établie ; car d’une part les récompenfes elorieufes font les plus efficaces de toutes pour exciter les hommes à la vertu ; & d’un autre côté , Périclès méritoit bien qu'un fi bel ufage prit commencement en fa perfonne. Il faut encore diftinguer les couronnes que la ré- . publique dônnoit à fes citoyens, des couronnesétran- geres qu'ils recevoient. La loi d'Athènes ordonnoit 4 égard des premieres qu’on les diftribuât dans l’af. fémblée du fénat, lorfque c’étoit le fénar qui les avoit décernées , & dans l’aflemblée du peuple lorfqu’elles avoient été accordées par le peuple, La loi permet- toit pourtant quelquefois de les diftribuer fur le théa- tre, ou qu'on les proclamât en plein théatre. Celui Qui recevoit une de ces couronnes l’emportoit dans fa maifon ; 8 c’étoit un monument domeftique qui perpétuoït à jamais le fouvenir de fes {ervices. Au commencement on ne donnoit que rarement de ces Couronnes honorables ; on les prodiguoit du tems de Démofthene par habitude , par coutume > par bri- gue , fans choix & fans difcernement. Onappelloïtcouronnes étrangeresles couronnes que les peuples étrangers envoyoient par reconnoiffance à quelque citoyen d'Athènes; ces peuples néanmoins n'en pouvoient envoyer qu'après en avoir obtenu la permifhion par une ambaflade. On ne diftribuoit ces fortes de couronnes que furle théatre » jamais dans l’aflemblée du fénat où du peuple, Ceux à qui elles étoient envoyées ne pouvoient pas les emporter dans leurs maifons ; ils étoient obligés de les dépofer dans le temple de Minerve où elles reftoient conf crées ; c’étoit, dit chine , afin que perfonne dans l'ardeur de plaire aux étrangers préférablement à fa patrie , ne fe corrompe & ne fe perverufle. Les revenus d'Athènes montoient du tems de Dé- mofthene à 400 talens , c’eft-à-dire 82 mille soo li- vres fterlings , en eflimant le talent, comme le D. Bernard, à 206 livres fterlings s shelings. Elle entre. tenoit une trentaine de mille hommes à pié, & quel- ques mille de cavalerie ; c’eft avec ce petit nom- bre de troupes que remplie de projets de gloire , elle augmentoit la jaloufie, au lieu d'augmenter l’in- fluence. ) D'ailleurs elle ne fit point, ce grand commerce que lui promettoit le travail de fes mines , la multi. tude de fes efclaves , le nombre de fes gens de mer ù fon autorité fur les villes greques ; & plus que tout cela, les belles infäitutions de Solon , fon négoce ma EP 1 4 R E P ritime fut prefque borné à la Grèce&c auPont-Euxin, d’où elle tiroit fafubfftance. « Athènes, dit XEno- » phon, a l'empire de farmer; mais comme l’Attique » tient à la terre, les ennemis la ravagent tandis » qu’elle fait {es expéditions aû loin. Les principaux -» laïflent déttuire leurs terres, & mettent leur bien » enfüreté dans quelqueiîle. La populace qui n'apoint "» de terres, vit fans aucuneinauiétude. Mais fi les _» Athéniens habitoient une ile ïe avoient outre cela » l'empire dé la mer, ils auroient le pouvoir de » nuire aux autres fans qu'on püt leur mure, tandis » qu'ils féroient les maîtres de lamer ». Vous diriez “que Xénophon a voulu parler de PAngleterre. Athènes tomba dès qu’elle abandonna fes princi- pes. Cette ville qui avoit réfifté à tant de défaites , qu'on avoit vu renaître après fes deftruëtions, fut vaincue à Chéronée , & le fut pour toujours. Qu'im- “portoit que Philippe leur renvoyät tous les prifon- niers , ilue rénvoyoit que des hommes perdus par la corruption. Enfin l'amour des Athéniens pour les jeux, les plaifrs &c les amufemens du théatre fucce- ‘dant à l'amour de la patrie, hâta les progrès rapides de Philippe & la chûte d'Athènes , fuivant Popimion d’un élégant hiftorien romain. Voici commeJufün , liv. VI, s'exprime à ce fujet, & fes paroles font dignes ‘de terminér cet article. na « Le même jour mourut avec Epaminondas , ca- ‘# pitaine thébain, route la valeur des Athéniens. La » mott d’un ennemi qui tencit à toute heure leur » émulation éveillée, afloupit leur courage èc les # plongea dans la moilefle. On prodigue aufhi-{0t en » jeux & en fêtes le fond des armemens de terre & » de mer. Tout exercice muhitaire cefle , le peuple » s’adonne aux fpe&acles ; le théatre desoute du » camp; on ne confidere, on n’eflime plus les orands » capitaines ; On n’applaudit, On ne défere qu'aux » poëtes & aux agréables déclamateurs. Le citoyen » oifif partage les finances deftinées à nourrir le ma- » telot & le foldat. Ainfi s’éleva la monarchie de » Macédoine fürun tas de républiques greques, & le » débris de feur gloire fit un grand nom à'des barba- » TES », (Le chevalier DE JAUCOURT.) RÉPUBLIQUE ROMAINE, ( Gouvernde Rome.) tout le monde fait par cœur l’hiftoire de cette répu- blique. Pottons nos regards avec M. de Monrefquieu fur les caufes de fa grandeur êc de fa décadence, &c tracons 1ci le précis de fes admirables réflexions fur un fi beau fijet. À peine Rome commençoit à exifter, qu'on com- mençoit déja à bâtir la ville éternelle ; fa grandeur parut bientôt dans fes édifices publics ; les ouvrages qui ont donné &t qui donnent encore aujourd'hu la plus haute idée de fa puiflance ont été faits {ous {es tois. Denis d'Halicarnafle n’a pu s'empêcher de mar- quer fon étonnement fur les égouts faits par Tarquin, & ces ésouts fubfiftent encore. Romulus & fes fuccefleurs furent prefque tou- jours en guerre avec leurs voifins , pour avoir des citoyens, des femmes ou des terres : ils revenoient . dans la ville avec les dépouilles des peuples vaincus; c’étoientdesgerbes deblé & des troupeaux; ce pillage y caufoit une grande joie. Voilà l'origine des triom- phes , qui furent dans la fuite la principale caufe de la grandeur où cette ville parvint. Rome accrut beaucoup fes forces par fon union avec les Sabins , peuples durs & belliqueux, comme les Lacédemoniens dont ils étoient defcendus. Ro- mulus prit leur bouclier qui étoit large, au lieu du petit bouclier argien dont il s’étoit fervi jufqu’alors: & on.doit remarquer que ce qui a le plus contribué \ rendre Les Romains les maîtres du monde ; c’eft qu'ayant combattu fucceflivement contre tous les peuples , ils ont toujours renoncé à leurs ufages fi- tôt qu'ils en ont trouvé de meilleurs. RE P Im © Unetroifieme caufe de l'élévation de Rome,.c'eft que {es rois furent tous de grands pérfonnages., On ne trouve point ailleurs dans les hifioires une fuite non-interrompue de tels hommes d'état & de tels L I 1 s di TE Capitaines…. set | 5 Tarquin s’avifa de prendre la couronne fans être élu par le fénat n1 par le peuple. Le pouvoir deve- noit héréditaire ; ille rendit abfolu. Ces deux.révo- lutions furent fuivies dune troïfieme. Son fils Sex- tus, en violant Lucrece, fitune chofe qui a prefque toujours fait chaîler les tyrans d’une ville où 1ls ont commandé ; car le peuple, à qui une aéhon pareille ‘fait bien fentir fa fervitude , prend volontiers une ‘rélolution extrème. ILeft pourtant vrai que la mort de Lucrece ne fut ue l’occañon dela révolution; car un peuple fer, en- peup ; treprenant, hardièc renfermé dans fes murailles, doit néceflairement {ecouerlejoug ou adoucir fes mœurs. Il devoit donc arriver de deux chofes l’une, ou que Rome changeroit {on gouvernement, ou qu’elle ref- teroit une petite & pauvre monarchie; elle changea _ fon gouvernement. Servius Tullius avoit étendu les privileges du peuple pour abaifler le fénat ; mais le peuple enhardi par fon courage renverfa l'autorité du fénat, 8 ne voulut plus de monarchie. Rome ayant chaflé les rois, établit des confuls an- nuels, & ce fut une nouvelle fource de la grandeur. à laauelle elle s’éleva, Les princes ont dans leur vie despériodesd’ambition,apres quoi d’autrespafñons &c l'oinivetémêmefuccedent; mais larepublique ayant des chefs qui changeoiïent tous les ans &t qui cherchoient à fignaler leur magiftrature pour en obtenir de nou- velles ; il: n’y avoit pas un moment de perdu pour l'ambition : ils engageoient le fénat à propofer au peuple la guerre, &t lui montroient tous Les jours de nouveaux ennemis. Ce corps y étoit déja affez porté de lui-même. Fa- tiaué fans cefle par les plaintes &c les demandes du peuple, il cherchoit à le diftraire de fes inquiétudes, & à l’occuper au-dehors. Or la guerre étoit prefque toujours agréable au peuple ; parce que, par la fage diftribution du butin, on avoit trouvé lemoyen dela luirendre utile. Rome étant une ville fans commerce, êc prefque fans arts, le pillage étoit le feul moyen que les particuliers euflent pour s’enrichur. _ On avoit donc établi de la difcipline dans la ma- niere de piller ; & on y obfervoit, à-peu-près , le même ordre qui fe pratique aujourd’hui chez Les pe- tits Tartares. Le butin étoit mis en commun, & on le diftribuoit aux foldats : rien n’étoit perdu , parce qu'avant que de partir, chacun avoit juré qu'il ne détourneroit rien à fon profit. Or les Romainsétoïent le peuple du monde le plus religieux fur le ferment, qui fut toujours le nerf de leur dicipline militaire. Enfin, les citoyens qui reftoient dans la ville jowif- {oient auffi des fruits de la viétoire. Onconfifquoit une partie des terres du peuple vaincu, dont on fai- foit deux parts : lune fe vendoit au profit du public; l'autre étoit diftribuée aux pauvres citoyens fous la charge d’une rente en faveur de l’état. Les confuls ne pouvant obtenir l'honneur dutriom- phe que par une conquête ou une viétoire , faifoient la guerre avec un courage & une impétuofité extrè- me ; ainfi la république étoit dans une guerre conti- nuelle, & toujours violente. Or, une nation tou- jours en guerre , & par principe de gouvernement , devoit néceflairement périr , ou venir à-bout de tou- tes les autres , qui, tantôt en guerre, tantôt enpaix, n’étoient jamais fi propres à attaquer, ni fi préparées à fe defendre. Par-là, les Romains acquirent une profonde con noïffance de l’art militaire. Dans les ouerres pafa- seres , la plüpart des exemples font perdus ; la paix donne d’autres idées , & on oublie fes fautes, &c fes R EP mn. vertusmème, Une autre fuite du principe de la pure continuelle, fut que les Romains ne firent jamais la paix que vainqueurs : eh effet, à quoi bon faire une paix honteufe avec un peuple pour en aller attaquer un autre? Dans cetteïdée, ils augmentoient toujours leurs prétentions à mefure de leurs défaites : par-là, ils confternoient les vainqueurs , & s’impofoient à eux-mêmes une plus grande nécefhité de vaincre, Tou- jours expofés aux plus affreufes vengeances, lacon£- tance & la valeur leur devinrent nécefluires ; & ces vertus ne purent être diftinguées chez eux de l'amour de formême, de fa famille, de fa patrie, & de tout ce qu'il y à de plus cher parmi les hommes. La réfiftance des peuples d'Italie, &'en mêmetems lopimäâtreté des Romains à les fubjuguer, leur don: pa des viétoires qui ne les corrompirent point, & qui leur laifferent toute leur pauvreté. S'ils avoient ra- pidement conquis toutes les villes voïfines, ils fe fe. Toient trouvés dans la décadence À l’arrivée de Pyr- tus , des Gaulois & d’Annibal ; & par la deffinée de prefque tous les états du monde, ils auroient pañé trop vite de {a pauvreté aux richefles, & des riche fes à la corruption. Mais Rome, faifant toujours des efforts, & trouvant toujours des obftables , faifoit fentir fa puiffance, fans pouvoir l’étendre ; & dans une circonférence très-petite, elle s’exercoit à des vertus qui devoient être fi fatales à l’univers. Où fait à quel point lès Romains perfe@ionnerent l’art de la guerre, qu'ils regardoient comme le feul att Qu'ils euflént à cultiver. C’eft fans doute un dieu, dit Végece , qui leur infpira la légion. Leuts troupes étant toujours les mieux difciplinces .il étoit déäcile : ? que dans le combat le plus malheureux, ils nefe ral- Haflént quelque part, ou que le defordre ne fe miît quelque part chez les ennemis. Auf les voit-on con- tinuellement dans les hiftoites, quoique furmontés dans le commencement par lenombre ou par l'ardeur desenneinis, arracher enfin la victoire de leurs mains. Leur principale attention étoit d'examiner en quoi leur ennemi pouvoit avoir de la fupériorité fur eux ; & d’abord ils y mettoient ordre, Ils s’accoutume- rent à voir le fang & les bleffures dans les fpe@tacles des gladiateurs , qu'ils prirent des Etfufques. Les épées ttanchantes des Gaulois , les éléphans de Pyrrhus ne les furprirent qu'une fois, [ls fupplée- rent à la foiblefle de leur cavalerie, d’abord en Ôtant les brides des chevaux, pour que limpétuofité n’en pût être arrêtée ; enfuite, en y mélant des vélites. Quand ils eurent connu l'épée efpagnole , ils quitte: rent la leur. ils éluderenit la fcience des pilotes, par Pinvention d’une machine que Polybe nousa décrite. Enfin ,comtmedit Jofephe, la guerre étoit pour eux uné méditation , la paix un exercice. Si quelque na- tion tint de la nature ou de fon infitution quelqu’a- Vantage particulier, ils en firent d’abord ufage : ils n’oublierent rien pour avoir des chevaux numides, des archers crétois, des frondeurs bal£ares, des vai£ {eaux rhodiens. En un mot, jamais nation ne pré- para la guerre avec tant de prudence, & ne la fravec tant d’audace. Rome fut uñ prodige de conftancé ; & cette conf. tance fut une nouvelle fource de {on élévation. Après les journées du Téfin, de Trébies & de Thrafñime- ne ; après celle de Cannes, plus fünefte encore, abandonnée de prefque tous les peuples de Pitalie, elle ne demanda point la paix. C’eft que Le fénat ne fe départoit jamais des maximes anciènnes : il agiAoït avec Annibal , comme il avoit agi autrefois avec Pyrrhus , à qui il avoitrefufé de faite aucun accom- modement , tandis qu'il feroit en Italie : on trouve ; dit Denis d'Halicarnafle, que lors de la négociation de Coriolan , le fénat déclara qu’il né violeroit point fes ‘coutumes anciennes ; que le peuple romain ne pou- Voit faire dé paix ; tandis que les ennemis étoient {ur Tome XIP, . REP 155 fes terres: mais que les V oUqres fe retiroient, on accorderoit tout ce qui feroit jufle. Romerfut fauvée par la force de fon inflitution. Après la bataille de Cannes , il ne fat pas permis aux fernmes même de verfer des larmes; le fénat refufa de racheter les prifonniers, & envoya les miférables reftes de l’armée faire la guerre en Sicile ,lans récom- penfe mi aucun honneur militaire, jufqu’à ce qu'An- rubal fût chaflé d'Italie. D'un autre côté , le conful Terentius Varron avoit fui honteufement jufqu’à Ve- noufe : cet homme, de la plus petite naïffance , N'a- voit été élevé au confulat que pour moïtifier la no- blefle. Mais le fénat ne voulut pas jouir de ce mal. heureux triomphe : il vit combien il étoit néceffaire qu'il s’attirât, dans cette occafion , la confiance du peuple ; il alla audevant de Varron , & le remer- cia de ce qu'il n’avoit pas défefperé de la répit bliqre. À peine les Carthaginoïis eurent été domptés, que les Romains attaquerent de nouveaux peuples,& pa- rurent dans toute la terre pour tout envahir ; ils fub- juguerent la Grece, les royaumes de Macédoine , de Syrie & d'Egypte. Dans le cours de tant de profpé- rités , où lon fe néglige, pour l'ordinaire , le fénat agifioit toujours avec la même profondeur, &, pen- dant que les armées confternoient tout , il tenoit à terre ceux qu'il trouvoit abattus. Il s’érigea en tri- bunal qui jugea tous les peuples. A la fn de chaque guerre , 1l décidoit des peines & des récompenfes que chacun avoit méritées. Il ôtoit une partie du domaine du peuple vaincu, pour la donner aux al liés : en quoi il fafoit deux chofes : il attachoit À Ro- me des rois dont elle avoit peu à craindre , & beau- coup à efpérer; & il en afoiblifloit d’autres , dont elle n’avoit rien à efpérer , & tout à craindre, On fe fervoit des alliés pour faire la guerre à un ennemi; mais d’abord on détruifoit les deftruéteurs. Philippe fut vaincu par le moyen des Etoliens , qui furent anéantis d’abord après , pour s’être joints à Antio- chus, Antiochus fut vaincu par le fecours des Ro- diens ; mais après qu’on leur eut donné des récom- penies éclatantes , on les humilia pour jamais, fous prétexte qu'ils avoient demandé qu’on fit la paix avec Periée, Les Romains fachant combien les peuples d’Euro- pe étoient propres à la guerre , ils établirent comme une lot, qu'il ne feroit permis à aucun roi d’Afie d’en- tres en Europe, & d'y affifter quelque peuple que ce füt. Le principal motif de la guerre qu'ils firent à Müthridate , fut que , contre cette défenfe , il avoit foumis quelques barbares, Quand quelque prince avoit fait une conquête , qui fouvent lavoit épuifé , un ämbafladeur romain lurveñoit d’abord , qui la lui arrachoit des mains. Entre mille exemples, on peut fe rappeller com- ment, avec üne feule parole, ils chaflerent d'Esypté Antiochus. Lorfqu’ils voyoïent que deux peuples étoient en guerre, quoiqu als n’euflent aucune alliance > Ni rien à déméler avec l’un, ni avec l’autre , ils ne laifloient pas dé paroître fur la fcéne , & , comme nos cheva- Lers errans, ils preñoïent lé parti le plus foible, C’é toit, dit Denis d’Halicarpafle, une ancienne coutume -des Romains d'accorder toujours leur fecours À qui- conque venoïit l’implorer Ils ne fatfoient jamais de guerres éloignées fans 3'é- tré procuré quelques alliés auprès de l’ennemi qu'ils attaquoient , qui pt joindre fes troupes à l’arméé qu'ils envoÿoient: & comme elle n’étoit jamais con- fidérable par le nombre, ils obférvoient toujours d'en tenir une autre dans la province la plus voifine de Pennemi, & une troifieme dans Rome, toujours prête à marcher. Ainfi, ils n’expofoient qWunetrès- petite partie de leurs forces, pendant que leur énnez V ï 156 REP mi. mettoit toutes les fiennes aux hazards de Ja guetre. Ces coutumes des Romains, qui contribuoïenttant à leur grandeur , n’Ctoient point quelques faits par- ticuliers arrivés par hazard ; c’étorent des principes toujours conftans ; & cela fe peut voir aifément ; car les maximes dont ils firent ufage contre les plus eran- des puiflances , furent précifément celles qu’ils avoient employées dans les commencemens contre les petites villes qui étoient autour d'eux. Maîtres de l'univers , ils s’en attribuerent tous les tréfors ; ravifleurs moins injuftes en qualité de con- quérans, qu'en qualité de légiflateurs. Ayant fu que Ptolomée, roi de Chypre, avoit des richefles immen- fes, ils firent une lot, fur la propoñition d’un tribun, par laquelle ils fe donnerent Phérédité d’un homme vivant, & la confifcation d’un prince allié. Bientôt la cupidité des particulrers acheva d'enlever ce qui avoit échappé à l’avarice publique. Les magiftrats & les gouverneurs vendoient aux rois leurs anjufti- ces. Deux compétiteurs fe ruinoient à l’envi, pour acheter une protettion toujours douteufe contre un rival qui n’étoit pas entierement épuuifé : car on n’a- voit pas même cette juftice des brigands, qui por- tent une certaine probité dans l’exércice du crime. Enfin, les droits légitimes ou ufurpés ne fe foutenant que-par de Pargenr; les princes pour en avoir dé- pouilloient les temples ; & confifquoient les biens des plus riches citoyens : on fafoitmulle crimes, pour donner aux Romains tout l'argent dumonde. C’eft ainf que la république romaine nnprima du refpeétà la terre. Elle mut les rois dans le filence, & les rendit comme ffupides, Mithridatefeulfe défendit avec courage ; mais en- fn il fut accablé par Sylla , Lucullus &c Pompées ce fut alors que ce dernier , dans la rapidité.de fes vic- toites , acheva le pompeux ouvrage de la grandeur de Rome. Il unit au corps de fon empire des pays Anfinis; & cependant cet accroiffemént d'états, fer- vit plus au fpeétacle de la fplendeur romaine, qu’à fa véritable puiffance , 8 au foutien de la liberté publi que. Dévoilons les caufes qui concoururent à fa.dé- cadence, à fa chute , à fa ruine, &t reprenons-les dès leur origine. | Pendant que Rome conquéroit l'univers, 1l y avoit dans fes murailles une guerre cachée ; c’étoient des feux comme ceux de ces-voilcans qui fortent fitôt que quelque matiere vient à en augmenter la fermen- tation. È Après lexpulfon des rois, le gouvernement étoit devenu ariftocratique ; Les familles patriciennes ob- tenoient feules toutes les dignités , 8t parconféquent tous Les honneurs militaires &c civils. Les patriciens voulant empêcher le retour des rois, chercherent à augmenter le mouvement aui.étoit dans lefprit du . peuple; mais ils firent plus qu'ils ne vouturent.: à force de lui donner de la haine pour les rois, ils.lui donneterit un.defr inmodéré de la liberté. Comme l'autorité royale avoit. pañlé toute entiere-entre les mains des confuls le peuple fentit que cetté liberté dont'on vouloit lui donner tant d'amour , 1l ne Pa- voit pas: il.chércha donc à abaïfler le confulat, à avoir des magiftrats des plébéiens, 8 à partageravec les nobles les magiftratures .curules. Les patriciens furent forcés de lui accorder tout ce qu'il demanda: car dañs uhe ville, où la pauvreté étoit là vertu pu- bliques où les richefles, cette voie fourde pour ac- quérir la puiffance , étoient méprifées, la naïfflance x les dignités ne pouvoient pas-donner de grands avantages. La puifflance devoit donc revenir auplus grand nombre, & lariftocratie fe changer peu-à-peu en umétat populaire. .- Lorfque le peuple de Rome. eut obtenu qu'il au- soir part aux magiftratures patriciennes , on penfera L v Le ir. REP peut-être que fes flatteuts alloient être les arbitres dt gouvernement. Non: l'on vit ce peuple qui rendoit lesmagiftratures communes aux plébéiens, élire pref- que toujours des patriciens, parce qu'il étoit ver- tueux, il étoit magnanime ; & parce qw’il était libre, 1] dédaignoit le pouvoir. Mais lorfqu'il eut perdu fes principes, plusil eut de pouvoir, moins 1l eut de ménagement , jufqu'àce qu'enfin devenu fon pro- pre tyran &c fon propre efclave, 1l perdit la force de la liberté pour tomber dans la foibleffe & la Hcence, l Un état peut changer de deux manieres , ou parce que la conftitution fe corrige, ou parce qu’elle fe corrompt: S'il a confervé fes principes, 6c que la conftitution change, c’eft qu’elle fe corrige. S'il a perdu fes principes , quand la confütution vient à changer, c’eft qu’elle e corrompt. Quendune répu- blique eft corrompue, on ne peut remédier à aucun des maux qui naïflent qu'en Otant la corruption, 6c en rappellant les principes : toute autre correétion eft, ou inutile, ou un nouveau mal. Pendant que Rome conferva fes principes , les jugemens purent être fans abus entre les mains des fénateurs ; mais quand elle fut corrompue, à quelque.corps que cefüt qu’on tranfportât les jugemens , aux fénateurs, aux chevaliers, aux tréforiers de l'épargne, à deux de ces corps , à tous les trois enfemble, à quelqu’autre corps que ce fût, on étoirtonjours mal. Les cheva- liers n’avoient pas plus de vertu que les fénateurs, les tréforiers de l'épargne pas plus que les cheva- liers, & ceux-ciaufi peu que les centurions. Tant que la domination de Rome fut bornée dans Italie , la république pouvoit facilement fubfifter , out {oldat étoit également citoyen : chaque conful leyoit une armée ; & d’autres citoyens alloient à la guerre fous celui qui fuccédoit. Le nombre de trou- pes n’étoit- pas exceflif ; on ayoit attention à nere- cevoir dans la milice , que des gens qui eufient affez de bien, pour avoir intérêt à la confervation de la ville. Enfin , le fénat voyoit de près la conduite des généraux, & leur Ôtoit la penfée de rien’faire contre leur devoir. Maïs lorfque les lésions paflerent les Alpes &c la mer , les gens de guerre, qu'on étoit obligé de larfer pendant plufieurs campagnes dans les pays que l’on foumettoit, perdirent peu-à peu Pefprit de citoyens; & les généraux qui difpoferent des armées 6c des royaumes, fentirent leur force, &t ne purent plus obéir. Les foldats commencerent donc à ne recon- noître que leur général, à fonder fur lui toutes leurs efpérances, & à voir de plus loin la ville. Ce ne fu- rent plus les foldats de la républigze,, mais de Syila, de Marius, de Pompée , de Célar. Rome ne put plus favoir fi celui qui étoit à la tête d’une armée dans uhe province , étoit fon général ou fon en; nermi. ji | Si la grandeur de l'empire perdit la république, la crandeur de la ville ne la perdit pas moins. Rome lavoit foumis tout l'univers avec le fecours des peu- RAT : ; in oe ples d'Italie, auxquels elle avoit donné, en diférens teins., divers privileges ; 745 Jatti, jusitalicum. La plñpart de ces peuples ne s’étoient pas d’abord fort fouciés du droit de bourgeoifie chez les Romains; 6 quelques-uns aimerent mieux garder Ileuts ufages. Mais lorfque ce droit fut celui de la fouverainetéuni- verfelle, qu’on ne fut rien dans le monde fi lonwé- toit citoyen romain, &.qu'avec ce titre on étoittout, les peuples d’Iralie réfolurent de périr , ou d’être ro: mains, Ne pouvant en venir à-bout par leurs brigues & par leurs prieres, ils prirent la voie desiarmes ; ils fe révolterent dans tout ce côté qui revarde la mer Jonienne ; les autres alliés alloient les fuxvre,, Rome obligée.de combattre contre ceux quiétoient.,, pour ainf dire, les,mains avec lefquelles elle enchainoït l R F1P l'univers , étoit perdue ; elle alloit être réduite À fes murailles , elle accorda ce droit tant defiré aux alliés, qui n’avoient pas encore ceflé d’être fideles, & peu. à-peu elle laccorda à tous. Pour lors, Rome ne fut plus cette ville dont le peuple n’avoit eu qu'un même efprit, un même amour pour la liberté, une même haine pour la tya rannie ; où cette jaloufie du pouvoir du fénat, & des prérogatives des grands , toujours mélée de ref pet, m'étoit qu'un amour de l'égalité, Les peuples d'Italie étant devenus fes citoyens, chaque ville ; apporta fon génie , fes intérêts particuliers, & fa dé- pendance de quelque grand protecteur. Qu'on si- magine cette tête monftrucule des peuples d’italie , qui, par le fuffrage de chaque homme , conduifoit le refte du monde | La ville déchirée ne forma plus un tout enfemble : 8 comme on n’en étoit cifoyen que par une efpece de fidion ; qu’en n’avoit plus les mê- mes magiftrats, les mêmes murailles, les mêmes dieux , les mêmes temples , les mêmes fépultures , onne vit plus Rome des mêmes yeux; on n'eut plus le même amour pour la patrie , & Les fentimens ro- mains ne furent plus. Les ambitieux firent venir à Rome des villes & des nations entieres , Pour troubler les fuffrages ou fe les faire donner ; les aflemblées furent de vérita- bles'conjurations ; on appela comices une troupe de quelques féditieux : l’autorité du peuple, fes lois, lui-même, devinrent des chofes chimériques; &c l’a- narchie fut telle, qu’on ne put plus favoit, fi le peuple avoit fait une ordonnance , ou s’il ne l’avoit point faite. Cicéron dit , que c’eft une loi fondamentale de la démocratie, d'y fixer la qualité des citoyens qui doi- vent fe trouver aux aflemblées, & d’établir que leurs . fuffrages foient publics ; ces deux lois ne font violées que dans une république corompue. À Rome, née dans la petitefle pour aller à la grandeur ; à Rome, faite pour éprouver toutes les vicifitudes de la for- “tune; à Rome qui avoit tantôt prefque tous fes ci- toyens hors de fes murailles, tantôt toute l'Italie & une partie de la terre dans fes murailles, on n’avoit point fixé le nombre des citoyens qui devoient for- mer les affemblées, On ignoroit file peuple avoit parlé, ou feulement une partie du peuple, & ce fut- lune des premieres caufes de fa ruine. Les lois de Rome devinrent impuiflantes pour gou- verner la république, parvenue au comble de fa otan- deur ; mais c’eft une chofe qu’on a toujours va, que de bonnes lois qui ont fait qu'une petite république devient grande, lui deviennent à charve lorfaqu’elle : 9 5 je | s’eit aggrandie ; parce qu’elles étoient telles, que leur effet naturel étoit de faire un grand peuple, & non pas de le gouverner. Il y a bien de la différence entre les lois bonnes, & les lois convenables; celles qui font qu'un peuple fe rend maître des autres , & celles qui maintiennent fa puiflance, loriqu'il Pa ac- ..quife. u La grandeur de l’état fit la orandeur des fortunes particulieres ; mais comme l’opulence eft dans les mœurs, 8 non pas dans les richefles, celles des Ro- mains qui ne laifloient pas d'avoir des bornes , pro- duifirent un luxe & des profufñons cui n'en avoient point; On en peut juger par le prix qu'ils mirent aux chofes. Une cruche de vin de Falerne fe vendor cent deniers romains, un baril de chair {alée du Pont en coûtoit quatre cens. Un:bon cuifinier valoit qua- tre talens , c’eft-à-dire plus de quatorze mille livres de nôtre monnoie. Avec des biens au -deflus d’une condition privée, il fut difficile d’être un, bon ci- toyen: avec les defirs & les regrets d’une grande fortune ruinée , cn fut prèt à tous les attentats ; & comme dit Salufte., on vit une génération de gens qui ne pouvoient avoir de patrimoine , ni {ouffrir que d’autres en cuflent, SE REP 157 Ïl ef vraiffemblable que la fete d'Épicuré qui s’iñe trodufit à Rome fur la fin de la république , contri- bua beaucoup à pâter le cœur des Romains, Les Grecs enavoient étéinfatuésavant eux; aufhavotient: ils été plutôt corrompus. Polybe nous dit que de {on terms, les fermens ne pouvoient donner de la con fiance pour un grec, au lieu qu’un romain en étoit pour anfñ dire enchainé, 3 Cependant la force de Finftitution de Rome , étoit encore telle dans le tems dont nous parlons , qu’elle confervoit une valeur héroïque , & toute fon appli: cation à la guerre au milieu des richeffes , de la mol: lefle, & de la volupté; ce qui m’eft, je crois, arrivé à aucune nation du monde, Sylla lui-même fit des réglemens qui, tyrannique - ment exécutés ; tendoient toujours à une certaine forme de république. Ses lois augmentoient l'autorité du fénat , tempéroïent le pouvoir du peuple , ré- gloient celui des tribuns; mais dans la fureur de fes fuceës & dans l’atrocité de fa conduite, il fit des cho: fes qui mirent Rome dans l’impoñibilité de confer- ver fa liberté. Il ruina dans fon expédition d’Afe toute la difcipline militaire ; il accoutuma fon armée aux rapines , &c lui donna des befoins qu’elle n’avoit jamais eus : 1] corrompit des foldats, qui devoient dans la fuite corrompre les capitaines. | Il entra dans Rome à main armée, & enfeigna aux généraux romains à violer l’'afyle de la liberté ; 1} donna les terres des citoyens aux foldats, & il les rendit avides pour jamais ; car dès ce moment, il n'y eut plus un homme de guerre qui n’attendît une oc- cafon qui pût mettre les biens de fes concitoyens entre fes mains. Il inventa les profcriptions, & mit à prix la tête de ceux qui n’étoient pas de fon parti. Dès-lors , 1l fut impoññbie de s’attacher davantage à la république ; car parmi deux hommes ambitieux, &e qui fe difputoient la viétoire , ceux qui étoient net tres & pour le parti de la liberté, étoient fürs d’êtré profcrits par celui des deux qui feroit le vainqueur, ILétoit donc.de la prudence de s’attacher à l’un des deux. : La république devant néceflairement périr , il né. toit plus queftion que de favoir, comment & par qui elle devoit être abattue. Deux hommes également ambitieux, excepté que l’un ne favoit pas aller À fon but fi diretement que l’autre , effacerent par leur crédit, par leurs richefes, & par leurs exploits, tous les autres citoyens ; Pompée parut le premier, Cé- far le fuivit de près. Ilemploya contre fon rival les forces qu’il lui avoit données, & fes artifices même. ILtroubla la ville par fes émiflaires, &c fe rendit mañ- tre des éleétions; confuls, prêteurs, tribuns, furent achetés aux prix qu'il voulut. Une autre choje avoit mis Céfar en état de tout entreprendre, c’eft que par une malheureufe confos- mité.de nom, on avoit joint à fon gouvernement de la Gaule cifalpine , cel de la Gaule d’aue-là les Alpes. S1 Céfar n’avoit point eu le gouvernement de la Gaule-tranfalpine, il n’auroit point corrompu fes foldats ; ni fait refpeéter fon nom par tant de vic- toires : s’il n’avoit pas eu celui de la Gaule cifalpine, Pompée auroit pü l’arrêter au pañlage des Alpes, au lieu que dès le commencement de la guerre , 1} fut obligé d'abandonner l’Itahe ; ce qui fit perdre à fon parti la réputation, qui dans les guerres civiles eft la puifiance même. | On parle beaucoup de la fortune de Céfar: mais cet homme extraordinaire avoit tant de grandes qua- lités fans pas un défaut, quoiqu'il eût bien des vices, qu'il eût été bien difficile que, quelque armée qu’il eût.commandée,, il n'eut été vainqueur ,: & qu’en quelque république qu'il fütiné, il ne l’eûit gouver- “née. Céfar après avoir défait les lieutenans de Pom- pée en Efpagne , alla en Grece le chercher lui-mé- 158 R E P me , le combattit, le vainquit, 8c enfevelit la répu— blique dans les plaines de Pharfale. Scipion qui com- mandoit en Aftique , eüt encore rétabli l’état, sal avoit voulu trainer la guerre en longueur , fuivant l'avis de Caton; de Caton, dis-je, qui partageoiït avec les dieux les refpeéts de la terre étonnée; de Caton enfin, dont l’image augufte animoit encore les Ro- mains d’un faint zele, &z faïloit frémir les tyrans. Enfin la république fut opprimée; & il n’en faut pas accufer l'ambition de quelques particuliers, 1l en faut accufer l’homme , toujours plus avide du pouvoir à melure qu'il en à davantage, & qui ne defire tout, que parce qu'il poñede beaucoup. Si Céfar.ët Pom- pée avoient penfé comme Caton, d’autres auroient ! DE Ta ! 2 ! . penfé comme firent Cefar & Pompée; & la républi- que deftinée à périr auroit été entraînée au précipice ar une autre main. Céfar après fes viéoires, pardonna à tout le mon- de, mais la modération que l’on montre après qu’on a tout ufurpé, ne mcrite pas de grandes louanges. Il gouverna d’abord fous des titres de magiftrature ; car les hommes ne font guere touchés que des noms, &t comme les peuples d’Afie abhorrotent ceux de coz- ful 8 de proconful, les peuples d'Europe déteftoient celui de roi; de forte que dans ces tems-là, ces noms faoient le bonheur ou Le défefpoir de toute la terre. Céfar ne laifla pas que de tenter de fe faire mettre le diadème fur la tête; mais voyant que le peuple cefloit fes acclamations , 1l le rejetta. Il fit encore d’autres tentatives ; &c l’on ne peut comprendre qu'il püût croire que les Romains, pour le fouffrir tyran, aimaflent pour cela la tyrannie , ou cruflent avoir fait ce qu’ils avoient fait. Mais ce que Céfar fit de plus mal, c'eft de montrer du mépris pour le fénat depuis qu'il n’avoit plus de puiflance ; 1l porta ce mé- pris jufqu’à faire lui-même les fénatus-confultes, 8&c les foufcrire du nom des premiers fénateurs qui lui venoient dans l’efprit. On peut voir dans les lettres de quelques grands hommes de ce tems-là , qu’on à mifes fous le nom de Ciceron, parce que la plüpart font de lui, l’abat- tement & le défefpoir des premiers hommes de la re- publique à cette révolution étrange qui les priva de leurs honneurs, & de leurs occupations même. Lorf- que le fénat étant fans fonétions , cé crédit qu'ils avoient eu par toute la terre, ils ne purent plus Pef- pérer que dans le cabinet d’un feul, 8x cela fe voit bien mieux dans ces lettres , que dans les difcours des hiftoriens. Elles font le chef-d'œuvre de la naï- veté de gens unis par une douieur commune, 87 d'un fiecle où la faufle politefle navoit pas mis le men- fonge partout: enfin , on n’y voit point comme dans Ja plûpart de nos lettres modernes, des gens qui veu- lent fetromper; mais on y voit des amis maïtheureux qui cherchent à fe tout dire, | ! Cependant 1létoit bien difficile qu'après tant d’at- tentats, Céfar pût défendre fa vie contre des con- * jurés. Son crime dans un gouvernement libre ne pouvoit Être puni autrement que par un äflaflinat ; &: demander pourquoi on ne Pavoit pas pourfuivi par la force ou par les lois , n’eft-ce pas demander raifon de fes crimes ? De plus, il y avoit un certain droit des gens , une opinion établie dans toutes les républiques de Grece & d'Italie, qui faifoit regarder comme un homme ver- tueux, laflaflin de celui qui avoit ufurpé la fonve- raine puiflance. À Rome, fur-tout depuis Pexpulfion des rois, la loi étoit précife , les exemples reçus ; a république armoit le bras de chaque citoyen, le faifoit magiftrat pour le moment , & lPavouoit pour fa dé- fenfe. Brutus ofe bien dire à fes amis, que quand fon perereviendroit fur la terre, 1l le tueroit tout de même; & quoique par la continuation de la tyran- nie, cet efprit de liberté fe perdit peu-à-peu, toute- | ya-t-1l grande apparence que les K8ESP fois les conjurations au commencement du regne d'Augufte , renaïfoient toujours. n C'étoit un amour dominant pour la patrie, qui, fortant des regles ordinaires des crimes &z des ver- tus, nécoutoit que hu feul, & ne voyoït ni citoyen, ni ami, m bienfaiteur ,m pere ; la vertu fembloit s'oublier pour fe furpaller elle-même; & l’adion uon ne pouvoit d’abord approuver, parce qu’elle étoit atroce, elle la faifoit admirer comme divine. Voilà l’hiftoire de la république romaine. Nous ver- rons les changemens de {à confüitution fous l’arrécle ROMAIN , empire ; car on ne peut quitter Rome, m les Romains : c’eft ainfi qu’encore aujourd’hui dans leur capitale , on laiffe les nouveaux palais pour al- ler chercher des ruines. C’eft ainfi que l'œil qui s’eit repofé fur Pémail des prairies , aime à voit les ro- chers & les montagnes. (LeCheyalier DEJatcouer.} RÉPUBLIQUE FÉDÉRATIVE , ( Gouvernem. polis. forrne dé gouvernement par laquelle plufeurs corps politiques confentent à devenir citoyens d’un état plus grand qu’ils veulent former. Ceft une {ociété de fociétés qui en font une nouvelle, quipeut s’ag- grandir par de nouveaux aflociés qui s’y joindront. Si une république eft petite, elle peut être bientôt détruite par une force étrangere: f elle eft grande, elle fe détruit par un vice intérieur. Ce double in- convénient infecte également les démocraties & les ariftocraties, foit qu'elles foient bonnes, foit qu’el- les foient mauvailes, Le mal eft dans la chofe mêmes 11 n’eft point de forme qui puifle y remédier. Audis Rome auro:enf été à la fin obligés de vivre toujours fous le gonver- nement d’un feul, s'ils n’avoient imaginé une mante- re de conffitution & d’aflociation , qui a tous les avantages intérieurs du gouvernement républicain , & la force extérieure du monarchique. Ce furent ces aflociations qui firent fleurir fi long- tems Le corps de la Grece. Parelles, les Romains at- taquerent l'univers; & par elles feules l'univers défendt contre eux: & quand Rome fut parvenue au comble de fa grandeur, ce fut par des afiociations derriere le Danube & le Rhin, aflociations que ki frayeur avoit fait faire, que les barbares purent li réfifter. C’eft par-là que la Hollande, lAïlemagse, les ligues Suiffes, font regardées en Europe, comme des républiques éternelles. Les aflociations des villes étoient autrefois plus néceflaires qu’elles ne le font aujourd’hui ; une cité fans puiflance couroït de plus grands périls, La con quête lu faifoit perdre non-eulement la puifance exécutrice &lalépiflative, comme aujourd’hui, mais encore tout ce qu'il y a de proprièté parmi les hot mes , liberté civile , biens , femmes , enfans, text ples, &z fépultures même. Cette forte de république, capable de réfifter à ta force extérieure, peut fe maintenir dans fa srandeur, fans que l’intérieur {e corrompe : la-forme de certe fociété prévient tous les inconvéniens. Celui qui voudroit ufurper ne pourroit guere être également accrédité dans tous Les états confédérés : s'il fe ren- doit trop puiffant dans lun, il allarmeroit tous les autres. S'il fubjuguoit une partie, celle qui feroit &- bre encore pourroit hu réfifter avec des forces inde- pendantes de celles qu’il auroït ufurpées, & l’acca- bler avant qu'il eût achevé de s'établir. S'il arrive quelque fédition chez un des membres . confédérés, les autres peuventl’appaifer, Si quelques abus s'introduifent quelques parts, ils font corrigés par les parties faines, Cet état peut périr d’un côté, fans périr de l’autre ; la confédération peut être dif foute , & les confédérés refter fouverains. Compofé de petites républiques, il jouit de la bonté du gouver- nement intérieur de chacune; &c à l’évard du dehors, IE P MAÉ ASSET, 4 31 a pat la force de: Paflociation, tous les avantages } des grandes monarclües. | : Ë La république feérative d'Allemagne eft compofée de villes libres, & de petits états foumis à des prin- ces, L'expérience fait voir, qu'elle.eft plus impat- faite que celle dé Hollande & de Suifle ; elle fubfifte “cependant, parce qu’ellé a un.chef; le magiftrat de l’'umon ,eft en quelque façon le monarque. | Toutes les républiques fédérarives w’ont pas les mê- mes lois déns leur forme de conftitution. Par exem- _ple, dans la réprblique de Hollande, une province ne peut faire une alliance fans le confentement des ! _autres. Cette lci.eft très-bonne , & même néceffaire - dans la république fédérarive ; elle manque dansla con- füitution Germanique , ou elle préviendroit les mal- heurs qui y peuvent arriver à tous les membres, par l’imprudence, l'ambition, ou l’avariceid’un {eul, Une république qui s’eft unie par une confédération poli- tique seit donnée entiere, & n’a plus rien à donner. . OnfentbienquAil eftimpoffble queles états qui s’af-” focient, foient de même grandeut, & aient une puif fance égale. La république.des Lyciens étoit une aflo- cration de vingt-trois villes : les grandes avoient trois voix dansiie confeil commun; les médiocres deux, les petitesune. La république de Hollande eft com- potée de fept provinces, grandes ou petites, quiont chacune une voix.; Les villes de Lycie payoient les charges, felonla proportion des fuffrages, Les pro- vinces.de Hollande ne peuvent fuivre cette propor- tion ; 1l faut qu'elles fuivent celle de leur puiffance. En Lycie,/les juges & les magiftrats des villes étoient élüs par le confeil commun, & felon la pro- portion que nous avons dites. dans la république de Hollande , ils ne font point élus par le confeil com- mun , & chaque ville nomme fes magiftrats. S'il fal- loit donner un modele d’une belle republique fédéra- tive, Ce feroit la république de Lycie, qui mériteroit cet honneur. Après tout, la concorde eft le grand foutien des republiques fédéraives ; c’eft auffi la devife des Pro- Vinces-unies confédérées : concordiä res parvæ cref- cunt , difcordié dilabuntur. L’hiftoire rapporte qu’un envoyé de Byfance vint au nom de fa republique , exhorter les Athéniens à une alliance fédérative contre Philippe , roi de Macé- doine. Cet envoyé dont la taille approchoït fort de celle d'un nain, monta dans là tribune pour expofer fa commifhon. Le peuple d'Athènes au premier coup d'œil fur fa figure, éclata de rire. Le byfantin fans -fe déconcerter , lui dit : « Voilà bien dequoi rire, » Meffeurs , vraiment j’ai une femme bien plus pe- » tite que moi «. Les éclats redoublerent ; & lorf- qu'ils eurent ceflé, le pygmée plein d’efprit qui ne perdoit point de vüe fon lujet, y ajufta l'aventure, & fubftitua à fa harangue préparée, le fimple propos que voici. « Quand une femme telle que je vous la » dépeins , & moi , tel que vous me voyez, ne » faons pas bon ménage , nous ne pouvons tenir » dans Byfance toute grande qu'elle eft, mais auffi- » tÔt que nous nous accordons, nous fommes heu- » reux, le moindre gîte nous fuit: O , Athéniens, -» Continua-t-l, tournez cet exemple à votre avanta- ». ge ! Prenez garde que Philippe , qui vous menace » de près, profitant bientôt de vos difcordes & de » votre gayeté hors de fafon, ne vous fubjugue par »# fa puiflance, par {es artifices, & ne vous tranf- » porte dans un pays, où vous n'aurez pas envie de » rire ». Cette apoftrophe produifit un effet mer- veilleux ; les Athéniens rentrerent en eux-mêmes ; les propofitions du miniftre de Byfance furent écou- tées , & l’alliance fédérarive fut conclue. Efprir des Lois, (D. J.) RÉPUBLIQUE DE PLATON, ( Gouvern. politiq.) Je fais bien que c’eft une république fi@ive , mais il ? R FIP: 159 n'eflpas impoflible de laméalifer à plufieuts éoards. « Ceux qui voudront faire des mftitutions pareilles, » dit l’auteur de Z'efprir des Lois, établiront , Come » Platon, la communauté de biens, cerefpet quil -» démandoit pour les dieux, cette féparation d'avec » les étrangers pour la confervation des mœurs 3 & # la cité fatiant le commerce, & non pas les citoyens ; » donneront mos artsfans notre luxe, 8x nos befoins » ans noôsidefirs ; ils profcriront l'argent, dont l'effet » eft de groflir la fortune deshommes au-delà des bor- » nes que-da nature y avoit miles , d’apptendrerà » conferver inutilement ce qu’on avoit amailé de mé- » me, de multiplhiér à Pinfinilesdeñirs, & de fuppléer » à la natute, qui nous avoit donné des moyens très- ».bornés d'irriter nos paflions, &denous corrompre » les uns les autres. (D. J.) RÉPUDIATION , £. f(Jurifpr. ) Ce terme s’ap- plique à deux objets différens. On ditréprdier une femme, c’eft-A-direl’abandon- ner &trompre engagement de mariage que l’on avoit contraété avec elle , en ‘un mot, fäire divorce avec elle, guoad fædus vinculum ; ce qui n’eft point admis dans PEglife romaine , laquelie tient le-lien du ma- riage pour indifloluble, La féparation de corps & de biens n’eft point un véritable divorce , niune répudiation , n’opérant pas la diflolution du mariage. Foyez Divorce, Marra- GE , SÉPARATION. Répudier une fucceffion , c’eft y renoncer. Ce terme eft {ur-tout ufité en pays de droit écrit ; dans les pays coutumiers on dit plus volontiers renoncer à une fucceffion. Voyez Succession, RENONCIA- TION. (.4) RÉPUDIATION, ( Droir canon. ) Ce mot eftaujour- d'hui fynonyme avec divorce, qui chez les Catholi- ques n’aboutit qu'à une {éparation de biens & d’habi- tation. Foyez Divorce. Je me:contenterai d’obferver en paffant quil falloit que dans le xuj. fiecle la répudiarion fût une chofe bien commune ; nous en pourrions citer plufeurs exemples’, entrautres celui de Philippe IL. dit Au- guite , qui répudia ; 1°. Inberge, fille de Valdemar, & , 2°. Agnès de Méranie, laquelle en mourut de douleur en 1217. Mais de plus , nous voyons dans le contrat de mariage de Pierre roi d’Arrason, de l'an 1204, une clauie qui étonneroit bien aujourd’hui : ce prince y promet folemnellement de ne jamais ré- pudier Marie de Montpellier, & qui plus eft, de n’en époufer jamais aucune autre pendant fa vie. Abrégé de L’hiff. de France. (D. J.) | : RÉPUDIATION , ( Critig. facrée. ) mot fynonyme à divorce ; féparation du mari & de la femme , avec la liberte de fe remarier. La loi de Moïfe permettoit au mari de répudier fa femme quand il lui plaifoit, en lui envoyant feulement l’aéte ou la lettre. Foyez RÉ- PUDIATION, deirres de. Jéfus-Chrift voulant réprimer une licence qui ne dépendoit que du caprice, la condamne dans S. Mare, ch, &, verf. 2.12. Dans faint Matthieu il s’explique da- vantage , & défend de répudier fa femme , fi ce n’eft pour caufe d’adultere. Matth. ch. v. 32. & ch. xjx, Ver. 9. Dans faint Luc, xvy. 18 , il défend encore d’époufer la femme répudiée, & ajoute que celui qui l’époufe commet adulterre. Î] paroît que la plüpart des anciens peres ont mal entendu le précepte de no- tre Sauveur, en appliquant à la femme répudiée pour Caufe d’adultere , ce que Jefus-Chriit dit feulement de toute femme répudiée pour de legeres caufes, comme les Juifs le pratiquoient. Là-deffus les Peres ont à la vérité reconnu qu'il étoit permis à un mari de répudier une femme adultere , mais 1ls fe font en même tems perfuadés qu’il étoit défendu au mari d’é- poufer une autre femme, &c à la femme répudiée d’époufer un autre mari pendant que les deux per- r0O RE P fonnes féparées {ont vivantes. On doute que ce loit- 1à Pordennance de notre Sauveur; n’eft-1l pas plus naturel en cnitique de limiter aux divorces des Juifs la défenfe que Jefus-Chrift fait de fe remarier , fans Pappliquer au divorce que Jefüs-Chrift a permis ? au- trement notre Seigneur feroit en contradiétionavec lui-même, en permettant la diflolution du mariage dans le cas d’adultere , & en voulant que le mariage fubfifte toujours, car il fubffte réellement fila femme || æépudiée devient adultere en époufant un autre mart, “êc fi fon. mari le devient lui-même en époufant une autre femme. (2. J.) RÉPUDIATION,, lettre de, ( Critig. faërée. ) libellus repudir ; voici la loi du légiflateur des Juifs. Si un homme époufe une femme, & qu’enfuite elle ne trouve pas grace à fes yeux à caufe de quelque chofe de honteux , il lui écrira une Zewre de répudiation, la lui mettra en main , 6t la renverra hors de fon logis, Deutér. xxjv, 1. Comme on lit dans l’évangile ces amots:4« Moiie vous a permis de répudier vos femmes » à caufe de ladureté de votrecœur, Marsh.xjx. 8 »; --on demande ce que c’eftproprement que la duresé du cœur , oxAnporæpdey, quenotre Seigneur reproche aux Ifraélites, & qui donna lieu à la loi qui leur permit da Zettre de répudiation. Les favans jugent que c’eft, dun côté , le penchant de ce peuple à la luxure , & de l’autre, la crainte d’une révolte , quiferoit infail- hblement arrivée , fi la loi leur eût impofé un joug particulier que les autres nations m’avoient point ; car le divorce étoit reçu non-feulement chez les Egyptiens , mais encore chez les autres nations voi- fines-des Juifs | comme il paroït par l’exemple du phi- fin qui fépara la fille de Samion, &c la maria à un autre. Jug. xv. Jefus-Chrift condamne ce défordre , mais Clément d'Alexandrie, Szromat, L. III. p. 447. prétend que l’homme qui a répucié {a femmeà caufe d’adultere , peut en époufer une autre, êt que c’eft à cette occafion que notre Seigneur a ditique tout le monde n'eft pas capable de vivre dans la conti- nence. La loi judaique n’accordoit le privilese de donner la lertre de répudiation qu'au mari à Pégard de fa fem- me ; mais Salomé , fœur du roi Hérode, foutenue de la puiffance de ce prince, s'étant brouillée avec Cof- tabare iduméen fon fecond mari, lui envoya contre Pufage & la loi la Zertre de divorce, & fit pañler par exemple nouveau fa volonté pour loi, enforte que Coftabare fut oblige de s’y foumettre. (2.J.) RÉPUDIATION, ( Æiff. rom. ) Les fiançailles chez les Romains pouvoient être rompues par la répudia- on. Le billet qu'envoyoit celui qui répudioit , étoit conçu en ces termes: Je rejette La promefleque vous m'a- viez faite ; Où, Je renonce a la promefle que je vous avois faite : & alors l’homme étoit condamné à payer le gage qu'il avoit reçu de la femme , & celle-ci étoit condamnée au double ; mais lorfque ni l’un ni l’autre n’avoient donné fujet à la répudiarion, il n’y avoit point d'amende. Le divorce étoit différent de la répu- diation ; pouvoit fe faire au cas que la femme eûr empoifonné fes enfans , qu’elle en eût fuppofé à la place des fiens , qu’elle eût commis un adultere , ou même qu’elle eüt bù du vin à linfçu de fon mari : c’eft du-moins ce que rapporte Aulu-Gelle, Zy, X. c. xxiiy, Pline, Aifl mar. 1. XIV c. xiiy, Enfin le fujet du divorce étoit examiné dans une aflemblée des amis du mari ; quoiqu'il fût autorifé par Les lois, ce- pendant le premier exemple n’arriva que vers l’an 520, par S. P. Carvibus Ruga, à caufe de la férilité de fa femme; mais dans la fuiteil devint fort fréquent par la corruption des mœurs. foyez tout ce qui re- garde cette matiere à lParsick Divorce. . Je n’ajoute qu'un mot d'apres Plutarque. Il me fem- ble ; dit-il dans fa vie de Paul Emile , qu'il my a rien de plus vrai que ce qu’un romain qui venoit de répu- REP * dier fa femme dit à fes amis, qui lui en faïfoient des reproches , & qui lui demandoient : votré femme n'eft-elle pas fage à eft-élle pas belle ? ne vous at élle pas donné de beaux enfans ? Pour touté réponle, il leur montra fon foulier, les queftionnant à fon tour, ce foulier, leur répartitil, neft-il pas beau, -n'eftil pas tout neuf? n’eft-il pas bien fait ? cesen- dant aucun de vous ne fait où il me blefle, EF-@ive- ‘ment, s'il y a des femmes qui fe font répudier pour des fautes qui éclatent dans le public, il y en a d’au- tres qui par l’incompatibilité de leur humeur, par de fecrets dégoûits qu’elles caufent ; & par plufieurs fautes leseres , mais qui reviennent tous les jours, &c ‘qui ne font connues que du mari, produifent à la lon- gue un fi grand éloignement , & une averfon telle- ment infupportable, qu'il ne peut plus vivre avec elles , & qu’il cherche enfin à s’en féparer. Jai indiqué la formule du Hibelle de répudiation an- ciennement en ufage chez les Romains, celle du li- belle de divorce portoit ces mots : Res sas Hbi ha- beto, | | Nous ne formes pas faits, je le vois, lun pour l'autre, ” Mon bien fe monte 4 tant , tenez, voila le vôtre, | (D.7.) RÉPUGNANCE, £. £ (Gramm.) oppoñtion qu’on éprouve au-dedans de foï-même à faire quelque cho- fe. Il y a deux fortes de fituation de lame, lorfqwon eft fur le point d'agir ; l’une , où l’on fe porte libre- ment, facilement , avec joie à l’adion,; l’autre, où lon éprouve de léloignement , de la difficulté, du dégoût , de l’averfion, & d’autres fentimens oppofés qu’on tâche à furmonter : ce dernier cas eft celui de la répugnance. Si vous allez le foïliciter de quelque chofe d’humiliant , vous lui trouverez la plus forte répugnance. Je ne diffimule pas ma penfée fans quelque FEPUSILATICE, RÉPULLULER , v. a@. (Gramm, ) c’eft pulluler derechef. Voyez l’article PULLULER. | RÉPULSIF, adj. ( Phyf. & Méch.) force répulfive, eft une certaine puiflance ou faculté qui réfide dans, les particules des corps naturels, 8c qui fait que dans certaines circonftances ils fe féparent mutuellemeng Pun de l’autre. M. Newton, après avoir établi la force attrative de la matiere fur Les obfervations & l'expérience, en canclud que comme en Algebre les grandeurs néga- tives commencent où les poñitives ceffent , de même dans la Phyfique la force répulive doit commencer où la force attraétive cefle. Quoi qu’il en foit de ce principe , les obfervations ne permettent point de douter qu’une telle force éonfidérée quant à fes effets, r’exifte dans la nature. Voyez RÉPULSION. Comme la répulfion paroît avoir les mêmes prin- cipes que l’attraétion , avec cette différence qu'elle n’a lieu que dans certaines circonftances, il s'enfuit qu’elle doit être aflujettie aux mêmes lois; êt comme Pattra@ion eft plus forte dans les petits corps que dans les grands, à proportion de leurs mafles, 1l eæ doit donc être de même de la répulfion. Mais les rayons de lumiere font les plus petits corps dont nous ayons connoïflance , il s’enfuit donc qu'ils doivent avoir une force répulfive fupérieure à celle de tous les autres corps. Voyez RAYON & LUMIERE. M. Newton a calculé que la force attraétive des rayons de lumiere eft r000000000000000 fois auffi grande que celle de la eravité fur la furface delatertes d’où rélulte , felon lui , cette vitefle inconcevable de la lumiere qui vient du foleil à nous en fept minutes de tems: car Les rayons qui fortent du corps du foleil par le mouvement de vibration de fes parties , ne font pas plutôt hors de fa fphere d’attraétion,, qu'ils font foumis , felon M. Newton, à l’a@ion de la force ré- pulfive. Voyez LUMIERE, PT le DIX L'élafticite RE: PT « P'élafticité où reflort dés corps, ou cette propriété’ par laquelle als reprennent la figure qu'ils avoient perdue à l’occafon d’une force externe, eft encore une fuite de larépulfon , felon le même philofophe. Voyez ELASTICITÉ. Chambers. Nous nous contentons d’expofer ici ces opinions, Qui à direlé vrai ne nous paroïfient pas encore fufi- famment conftatées par les phénomenes, Prétendre que l’attrattion devient répulfve, comme les quan ttes pofitives deviennent négatives en Algebre, c’eft un rafonnement plus mathématique que phyÿfique. ECS NRA = Le | RÉPULSION , £. £. eft laë&tion d’une faculté répul- five, par laquelleles corps naturels dans de certai- nes circonftances, fe repouflent les uns les autres. Foye RÉPULSIR. La répulfion eft le contraire de l’artraéion. L’attra- £tion n’agit qu'äune petite diftance du corps, & où elle cefle:, la répulfion commence. . Ontrouve, felon plufieurs phyficiens, beaucoup d’exemples de répufon dans les corps ; comme entre Phuile & Peau, 8 en généralentre l’eau & tous les corps onctueux, entre le mercure & le fer, & entre quantité d’autres corps. Apr + S1, par exemple, on met fur la furface de l’eau un corps gras, plus léger que l’eau, ou un morceau de fer fur du mercure, la furface du fluide baïfera à Pendroit où le corps eft pofé. Ce phénomene, felon quelques auteurs, eft une preuve de répzlfion : com- me lélévation du fluide au-deflus de la furface des tuyaux capillaires qu’on y a enfoncés, eft une imar- que d’aftrattion. Voyez CAPILLAIRE, Dans le fecond cas, felon ces auteurs, le fluide eft fufpendu au-deflus de fon niveau par une faculté at- trattive, fupérieure à la force de fa gravité qui l'y ré- duroit. Dans le premier, l’enfoncement fe fait par Fa faculté répulfive , qui empêche que la liqueur non- obftant fa gravité, ne s’écoule par:deffous , & ne rempliffe l’efpace occupé par Le corps. C’eft-là ce qui fait , felon les mêmes auteurs, que de petites bulles de verre flottant {ur l’eau quand el- les font claires &r nettes, l'eau s’éleve par-deffüs ; au lieu que quand elles font graïflées, l’eau forme un - creux tout autour. C’eft aufli pourquoi dans un vaif feau de verre , l’eau eft plus haute vers les bords du vaifleau que dans le milieu, & qu’au contraire fi on Pemplit comble, Peau eft plus haute au milieu que vers les bords. 1 Nous n’examinerons point ici la folidité de ces dif: férentes explications ; nous nous contenterons d’ob- ferver que la répulfon , comme fait, ne peut être con- teftée du perfonne; à l’égard de la caufe qui peut la produire, c’eft un myftere encore caché pour nous. Peut-être dans les différens phénomenes que nous obfervons , la répulfion pourroit-elle s'expliquer par une aftraétion plus forte vers le côté où Le corps pa- toit repouflé; & il eff certain que, par exemple, la defcenfñon du mercure dans les tuyaux capillaires, neft point une fuite de la répulfon , mais de ce que le mercure attire plus fortement que le verre. Si l’on pouvoit expliquer auf facilement les autres effets, il feroit inutile de faire un principe de la répulfion, comme on en fait un de lattraétion,qui peut être a elle-même une caufe : car il ne faut pas multiplier les principes fans néceffité. ( O | REPURGER, v. a. (Gramm.) c’eft purger une fe- conde fois. Woyez les articles PURGATION & Pur- GER. RÉPUTATION , CONSIDÉRATION, (Synony- mes.) Voici, felon madame de Lambert, la différence d'idées que donnent ces deux mots. La confidérarion vient de leffet que nos qualités perfonnelles font {ur les autres. Si ce font des quali- tés grandes &'élevées, elles excitentladmiration: fi Tome XIV, R E P GI ce font dés qualités aimables & liantes, elles font naïtre le fentiment de l'amitié. L’on jouit mieux de la confrdérarion que de la répucation ; une eft plus près de nous, &c l’autre s’en éloigne : quoiqueplusgrande, celle-ci fe fait moins fentir, 7 fe convertit rarement dans une poflefon réelle. Nous cbtenons la conffdés tation deceuxquinous approchent; & la répuration, de ceux quinenous connoïflent pas. Leméritéenousafluré l’eftimedes honnêtes gens; ¬te étoile celle du pu: blic. Lacomfdération eftlerevenu du mérite detoute là vie; & la réputarion et fouvent donnée À une aftion faite au hafard: elle eft plus dépendante de la fortune. Savoir profiter de l’occafon qu’elle nous préfente,uné attionbrillante,une vidoire,tout celaeftà la merci de la renommée : elle fe charge des aétions éclatantes, mais en les étendant & les célébrant ; elle les éloigné de nous. La confidération qui tient aux qualités per= fonnelles eft moins étendue ; mais comme elle porte fur ce qui nous entoure, la jouiffance en eft plus fen= tie &c plus répétée: elle tient plus aux mœurs que la réputation , qui quelquefois n’eft dûe qu’à des vices d'ufage bien placés & bien préparés ; où d’autres fois, même à des crimes heureux &üilluftres, La conEdéraz tion rend moins, parce qu’elle tient à des qualités moins brillantes ; mais aufi la réputation s'ufe, & à befoin d’être renouvellée, (D. J.) RÉPUTATION , ( Morale.) C’eit une forte de pro: bilème dans fanature, dans la Philofophie, & dans la religion, que le foin de {a propre répurarion &c de fon honneur. La nature répand de l'agrément fur les marques d’eftime qu’on nous donne; & cependant elle attaz che une forte de flétriflure à paroître les rechercher, Ne croiroit-on pas qu'elle eft ici en contradidion avec elle-même ? Pourquoi profcrit-elle par Le ridi- cule , une recherche qu’elle femble autorifer par le plaifir ? La Philofophie quitend à.nous rendre tran= quilles , tend auffi à nous rendre indépendans des ju: gemens que les hommes peuvent porter de nous ; & l’eftime qu'ils en font n’eft qu’un de cesjugemens, en- tant qu'il nous eft avantageux. Cependant la Philo: fophie la plus épurée , loin de réprouver en nous lé foin d’être gens d'honneur; non-feulement elle l’au= torife, mais elle l’excite & l’entretient. D'un autre côté , la religion ne nous recommande rien davanta: ge, que le mépris de l’opinion des hommes, & de l'eftime qu’ils peuvent , felon leur fantaifie, nous ac- corder où nous refufer. L’Evangile même borte les Saints à defiter & à rechercher le mépris; mais en même tems le S. Efprit nous prefcrit d’avoir foin de notre réputation. La contrarièté de ces maximes n’eft qu’apparente: elles s'accordent dans le fonds; & le point qui en concilie le fens, eft celui qui doit fervir de regle au bien de la fociêté , & au nôtre en particulier. Nous ne devons point naturellement être infenfbles à l’ef- time des hommes, à notre honneur & à notre répu: tation, Ce feroit aller contre la raifoa qui nous obli: ge d'avoir égard à ce qu’approuvent les hommes , ou à ce qu'ils improuvent le plus univerfellement & lé plus conftamment. Car ce qu'ils approuvent de la forte , par un confentement prefque unanime, eft la vértu ; &c ce qu'ils improuvent ainfi, eft le vice. Les hommes, malgré leur perverfte, font juftice à l’un ê&t à l’autre. Ils méconnoïffent quelquefois la vertu; mais ils font obligés fouvent de la reconnoître ; & alors 1ls ne manquent point de l’honorer : être doné infenfble , par cet endroit, à l'honneur , je veux di: re , à l’eftime,, à l'approbation & ati témoignage que ; ; P la confcience des hommes rend à la vertu, ce feroit l’être en quelque façon à la vertu même, qui y fe- roit intéreflée, Cette fenfibilite naturelle eft com- me une impreffion mife dans nos ames par l’auteur de notre être ; mais elle regarde feulement lé tribu 162 R E (@) que les hommes rendent en général à la vertu, pout nous attacher plus fortement à elle. Nous n’en de- vons pas être moins indifférens à l’honneur que cha- que particulier , conduit fouvent par la pañion ou la bifarrerie, accorde ou refufe à la vertu de quelques- uns, ou à la nôtre en particulier. L’eftime des hommes en général ne fauroit être légitimement méprifée, puifqu’elle s'accorde avec celle de Dieu-même, qui nous en a donné le voût, &c qu’elle fuppofe un mérite de vertu que nous de- vons rechercher. L’eftime des hommes en particulier étant plus fubor- donnée à leur imagination qu’à la Providence, nous la devons compter pour peu de chofe,ou pour rien; c’eft- à-dire que nous devonstoujours la mériter, fans nous foucier de l'obtenir : la mériter par notre vertu, qui contribue à notre bonheur & à celui des autres : nous foucier peu de l'obtenir, par une noble égalité d’ame qui nous mette au-deflus de linconftance & de la vanité des opinions particulieres des hommes. Re- cherchons l'approbation d’une confcience éclairce, que la haine & la calomnie ne peuventnousenlever, par préférence à l’eftime des autres hommes qui fuit tôt ou tard la vertu. C’eff fe dégrader foi-même que d’être trop avide de leftime d’autrui ; elle eftune {or- te de récompenfe de la vertu, mais elle n’en doit pas être Le motif. RÉPUTER , (Critig. facrée.) dans la vulgate repu- zare ; ce mot a une fiemfication aflez étendue dans l'Ecriture. Il veut dire 1°. Réfléchir. Uaac réfléchit en lui-même (repuravit) , que lés habitans de Gérard pourroient bien le tuer à caufe de la beauté de Ré- becca. 2°. Décider, juger. Jai jugé que le ris n’étoit qu’une folie, Eccleftafhig. 17. 2. cela n’eft pas toujours vrai. 3°. Merrre au rang. Il a été mis au rang des mé- chans, aie liij. 12. cum impiis reputatus eff, 4°, Ar- cribuer , imputer. Abraham crut ce que Dieu lui avoit dit, & fa foi lui fut imputée à jultice; repuratume illi ad juflitiam, Galat, tj. 6. c’eft-à-dire felon S. Paul, que la foi d'Abraham naïfloit d’une ame qui étoit déjà jufte, & qui le devint encore davantage par le mérite de fon aétion. (D. J.) REQUART , f. m. (Jurifp.) terme employé dans la coutume de Boulenois pour exprimer le quart de- nier du quatrieme denier du prix, ou de leftimation de la vente, donation ou autre aliénation d’un héri- tage cottier. (4) REQUENA , (Géog. mod.) ville d'Efpagne dans la nouvelle-Caftille , fur l’Oliana qui fe rend dans le Xuçar, à 18 lieues au couchant de Valence, & à s0 de Madrid. Le P. Briet croit que c’eft la Salaria des Bafitains. Long. 16. 18. lat. 39. 32. (D. J.) REQUERABLE , (Jurifp.) 1e dit de ce qui fe doit demander, & qui n’eft pas portable ; comme quand on dit que le champart eft requérable ou querable, c’eft- à-dire qu’il faut aller Le chercher fur le lieu. (4) REQUERIR , (Jurifp.) dans le ftyle des jugemens & des lettres de chancellerie fisnifie former une de- mande, ou conclure à quelque chofe. (4) REQUETE., f. £ (Juri/p.) fignifie demande ou ré- qguifition ; un exploit fait à la requére d'un tel, c’eft-à- dire à fa réquifition. Requête pris pour demande, eft une procédure par laquelle une partie demande quelque chofe au juge, : La requête commence par ladrefle, c’eft-à-dire par le nom du juge auquel elle eft adreflée , comme à 0/- feigneurs de parlement, après quoi il eft dit, fupplie humblement un tel ; on expofe enfuite le fait & les moyens, & l’on finit parles conclufions qui commen- cent en cestermes, ce confidéré, zoffergneurs, il vous plaife, ou bien, miffieurs, felon le tribunal où lon plaide , & les conclufions font ordinairement termi- nées par ces mots, 6 vous ferez bien. La plupart des proçès commencent par une requé- te ; cependant on peut commencer par un exploit; la requére n’eft néceflaire que quand on demande per- mifion d’afligner, ou de faifir. La requére introduétive étant répondue d’une ofs donnance, on donne aflignation en vertu de la requéte & de lordonnance. , On peut dans le cours d’une caufe, inftance ow procès, donner de part &c d’autreplufeurs reqguétes. Lorfque la partie adverfe a procureur en caufe, les requéres {e fignifient à {on procureur; on peut ce- pendant aufli Les fignifier au domicile de la partie. Il n’eft pas néceffaire que les requétes foient fignées par la partie, 1l fufit qu’elles le foient par le procu- reur; cependant quand elles font importantes, & qu’elles contiennent des faits graves, le procureur doit pour fon pouvoir & fa fureté, les faire figner par fa partie, pour ne pas s’expofer à un défaveu. L’original d’une requéte s’appelle /a proffe, & la co- pie s'appelle /4 minute, parce qu’elle eft ordinaire- ment copiée d’une écriture beaucoup plus minutée, c’eft-à-dire plus menue que la groffe, REQUÊTE D’AMPLIATION, ef celle que préfente une partie, à l'effet de pouvoir fe fervir de nou- veaux moyens qu'elle a découverts depuis l’ebten- tion de {es lettres de requéte civile. Voyez REQUÊTE CIVILE. REQUÊTE EN CASSATION, ef celle qui eft pré- fentée au confeil, pour demander la caffation d'un arrêt. Voyez ARRÊT 6 CASSATION. REQUÊTE CIVILE, eft une voie ouverte pour fe pourvoir contre les arrêts &c jugemens en dernier reflort, lorfqu’on ne peut pas revenir contre par op- pofñtion. Quelquefois par requéte civile on entend les lettres que l’on obtient en chancellerie pour être adimis & {e pourvoir contre l’arrèt ou jugement en dernier reflort; quelquefois aufli on entend par là la requére que l’on donne pour lentérinement des lettres de requêre civile, & aux fins de faire rétraéter l'arrêt ow jugement que l’on attaque par la voie de la requére civile, Cette requére eft appellée civile, parce que comme on fe pourvoit devant Les mêmes juges qui ont rendu l'arrêt ou jugement en dernier reflort; on ne doit parler des juges &r de leur jugement qu'avec Le ref- pett qui convient, & que cela fe fait fans inculper les juges. Quelques-uns tiennent que les requétes civiles ti- rent leur origine de ce qui fe pratiquoit chez les Ro- mains à l’égard des jugemens rendus par le préfet du prétoire; comme il ny en avoit pas d'appel, parce que vice facré principis Judicabat , on pouvoit feule- ment fe pourvoir à lui-même par voie de fupplica- tion pour obtenir une révifion du procès. Parmi nous les révifons d’arrêts n’ont plus lieu en matiere civile depuis que les propofñitions d’er- reur ont été abrogées ; 1l n’y a plus que deux voies pour fe pourvoir contre un arrêt ou jugement en dernier refort lorfqu'il n’eft pas fufceptible d'oppo- fition ou de tierce oppoñtion , favoir la caflation & la requête civile. Voyez CASSATION. Pour pouvoir obtenir des lettres de requête civile contre un arrêt ou jugement en dernier reflort, 1k faut y avoir été partie. | Les ordonnances défendent d’avoir égard aux 1re- quétes qui feroient préfentées contre les arrêts, fi l’on n’a à cet effet abtenu en chancellerie des lettres en forme de requére civile dont il faut enfuite deman- der l’entérinement par requéte. Pour obtenir les lettres de requête civile, il faut join- dre au projet des lettres une confultation fignée de deux anciens avocats, dans laquelle foient expofées les ouvertures 8 moyens de requére civile ; on les énonce aufh dans Les lettres, REQ L'on ne reçoit point d’autres ouveftutes de requère civile à l'égard des majeurs que celles qui fuivent, favoir : 1°, Le dol perfonnel de la partie adverfe. 2%, Si la procédure prefcrite par les ordonnances n’a pas été obfervée. 3°. S'ila été prononcé fur des chofes non deman- dées ou non conteftées. 4°. S'il a été plus adjugé qu'il n’a été demandé. 5°. S'il a été obmis de prononcer fur l’un des chefs de demande. 6°, S'il y a contrariété d’arrêt où jugement en der- nier reflort entre les mêmes parties , fur les mêmes moyens , & en mêmes cours & jurifdiétions. 7°, Si dans un même arrêt il y a des difpofñitions contraires. 8°. Si dans les affaires qui concernent S. M. ou PEglife , le public ou la police, l’on n’a point com- muniqué à mefheurs les avocats ou procureurs gé- Tauxe - 9°. Si l’on a jugé fur pieces faufles ou fur des offres ou confentemens qui aient été defavoués, & le defa- veu jugé valable. 10°. S'il y a des pieces décifives nouvellement recouvrées qui aient été retenues par le fait de la partie adverte. Les eccléfiafliques, communautés, & mineurs, font encore reçus à fe pourvoir par requête civile, s'ils n'ont pas été défendus, ou s'ils ne l'ont pas été vala- blement. À l'égard du roi, il y a encore ouverture de requête civile fi dans les inftances & procès touchant les droits de la couronne ou domaine, où les procureurs - généraux & les procureurs de S. M. font partie , 1ls ne font pas mandés en la chambre du confeil avant que l’inftance ou procès foit mis fur le bureau, pour favoir s'ils n’ont point d’autres pieces ou moyens, &t s’il n’eft pas fait mention dans l’arrèt ou jugement en dernier reflort qaw’ils aient été mandés. Les arrêts & jugemens en dernier reflort doivent être fionifiés à perfonne ou domicile, pour en in- duire les fins de non-recevoir contre larequére civile, fi elle n’eft pas obtenue & la demande formée dans le délai prefcrit par l'ordonnance. Ce délai pour les majeurs eft de fix mois, à comp. ter de la fignification de larrèêt à perfonne ou domi- cile ; à l'égard des mineurs, le délai ne fe compte . . . ‘? 12 L 9 A que de la fignification qui leur a été faite de Parrêt à perfonne ou domicile depuis leur majorité, Les eccléfaftiques, les hôpitaux & communautés, &t ceux qui font abfens du royaume pour caufe pu- blique, ontun an. Le fuccefleur à un bénéfice, non réfignataure, a pareillement un an, du jour que Parrèt lui eft fignifie. Quand la requése civile eft fondée fur ce que Fon a jugé d’une piece faufle , ou qu'il y a des pieces nou- vellement recouvrées, le délai ne court que du jour que la faufleté a été découverte, ou que Les pieces ont été recouvrées. Les requéres civiles {e plaident dans la même cham- bre qui a rendu l'arrêt; mais aux parlemens où il y a une grand’chambre ou chambre du plaidoyer, on y plaide toutes les requétes civiles\, même celles contre les arrêts rendus aux autres chambres, êc fi elles font appointées, on les renvoie aux chambres où les ar- rêts ont été rendus. Quoiqw’on prenne la voie de la requête civile , il faut commencer par exécuter l’arrêt ou jugement en dernier reflort, & il ne doit être accordé aucunes défenfes n1 furféances en aucun cas. En préfentant la requére afin d’entérinement des lettres de requête civile, il faut configner 100 livres pour l'amende envers le roi, & 150 livres pour la Tome X1F. RE Q 163 partie ; ü l'arrêt n’eft que par défaut, on né configne que moitié, Lorfque la requére civile eft plaidée, on ne peut juger que le refcindant, c’eft-à - dire le moyen de nullité contre l'arrêt , & après l’entérinement de Ia requéte civile 1] faut plaider le refcifoire, c’eft-à-dire recommencer à plaider le fond, Celui qui eft débouté de fa requére civile, où qui après en avoir obtenu l’entérinement, a enfuite fuc- combé au refcifoire, n’eft plus recevable à fe pour- VOir par requére civile. | Pour revenir contre les fentences préfidiales ren< dues au premier chef de édit, on n’a pas befoin de lettres de requête civile, il fufit de fe pourvoir par fimple requêre même préfidiale. Les délais pour préfenter cette requéte ne font que de moitié de ceux que l’ordonnance fixe pour les requêtes civiles ; du-refte, la procédure eft la même. La voie de la requére civile n’a point lieu en ma- tiere criminelle, il ny a que la voie de la révifion. Voyez l'ordonnance de 1670, voyez le titre 33. de l'ordonnance de 1667 , la conférence de Bornier fur ce titre, G ci-devant le mot LETTRE DE REQUÊTE CI- VILE. (4) REQUÊTES DE L'HÔTEL DU ROI, ( Juri/prudence. ) qu'on appelle auffi requêtes de l'hôtel fimplement {ont une jurifdiétion royale, exercée par les maî- tres des requêtes de lhôtel du roi, lefquels y con- noïflent de certaines affaires privilégiées qui leur {ont attribuées par les ordonnances. Sous le nom de requêtes de l’hôsel du roi on entend aufñ le tribunal même où s’exerce cette jurifdidion. On ne rappellera pointici ce qui a été dit ci-devant touchant les maîtres des requéres, tant au m0: CoN- SEIL DU ROI, qu'au w01 MAITRES DES RÉQUÊTES, & au 101 PARLEMENT ; on fe renfermera dans ce qui concerne fingulierement la jurifdiétion des requé- ces de l’hôrel. Cette jurifdiétion tire fon origine de celle qu’on appelloitles plaids de la porte ; comme anciennement la juftice fe rendoiït aux portes des villes, des tem ples , & des palais des feigneurs, nos rois fe confor- mant à cet ufage, tenoient auffi là leurs plaids à a porte de leurs hôtels, c’eft-à-dire qu’ils y réndoient la juftice en perfonne, ou qu'ils l’y faifoient rendre par quelques perfonnes de leur confeil qu'ils com- mettoient à cet effet, & cette jurifdidtion s’appelloit: les plaids de la porte , on fous-entendoit de Z4 porte de l'hôtel du roi. Le fire de Joinville, en la vie de faint Louis, fait mention de ces plaids de la porte, en difant que ce prince avoit coutume l’envoyer avec Les fieurs de Nefle & de Soiffons, pour ouir les plaïds de la porte, quenfuite 1l les envoyoit querir &c leur demandoit comment tout fe portoit, sil y avoit aucuns qu’on. ne peut dépêcher fans lu, & que plufeurs fois, fe= lon leur rapport, il envoyoit querir les plaidoyans & les contentoit les mettant en raifon & droiture. Philippe I. dit Z Æardi, dans une ordonnance qu'il fit fur le fait & état de {on hôtel & de celui de la reine au mois de Janvier 128$ , établit M. maître _ Pierre de Sargine, Gillet des Compiegne , &c Jean Mallieres pour ouir les plaids de la porte. À cesplaids fuccederent les requêtes de l'hôrel, c’eff- a-dire les requéres que ceux de hôtel du roi préfen- toient pour demander juftice. | Ceux qui étoient commis pour recevoir ces requé- tes 6c pour y faire droit, étoient des gens du coneil, fuiyans ou pourfuivans le rot, c’eft-à-dire qui étoient» à la fuite de la cour. Pour les diftinguer des autres gens du confeil ou pourfuivans. on les appella les clers des. requéres, non pas qu'ils fuflent eccléfafti- ques, mais parce qu’ils étoient lettrés & gens de loi. Cependant par la fuite les requéres de l'hôtel furent X y 164. REQ quelquefois tenues par deux, troïs, quatre des pour. | fivans le roi, lesuns clercs, les autres laïcs, comme qui diroit les uns de robe & les autres d'épée. Philippe-le-Bel, parune ordonnance de l'an 1289, regla que des pourfuivans avec lui, c’eft-à-dire des perfonnes de fon confeil qui étoient à {à fuite, il y en auroit toujours deux à la cour & non plus, qui feroient continuellement aux heures accoutumées en heu commun pour ouir les reguéres , & qu’ils fe- roient ferment qu'à leur pouvoir ils ne laifleroient pañler chofe qui füt contre les ordonnances, & que & {ont com- me des efpeces d'appointemens que l’on offre fur ce qui concernélinftruéion, Laon dl REQUÊTE ; ( Hif4 rom. ) les requétes préféntées aux REO 165 EMpêreUrs par des particuliers , fe noMoient Com munément /be/les, libelli, 6: a réponfe de lémpereur “étoitappellée re/criprum. M. Briflon, de formulis ; lib, TTF. nous a confervé une ancienne reqnére préfentéé à ün empereur romain , dont voici les termes - Quumm ante hos dies conjupem @ filinm arme ire, op Preflus neceffirare ; corpora eorum fuciti farcophägo con Trendaverim., donec iis locns guer emerarm Œaificaretir y via flarminia inter mil. 1. E TI. cuntibus ab be Patte Î@vé ; Togo, domine imptrator, permirtas mihi in eodèm loco 12 marmoreo farcophago , quem mihi modo COPA ravi, ea corpora colligere, ne quand eco te effe defrero, Dartier CHI1 LIS POTAT, | Le refcris mis au-bas de cette Feguêére étoit Conçu en ces termes : Aa] … Secretum fieri placer ; Jubentina Celius Promaoifler Jufcripft III. non. Novembris, Antio Pollione ; & op: m0 conf. | La fameufe lo Frs , ff de lege rhod. eft unè 7e: quête préfentée pat Eudmond marchand à Nicomé= die ; à l’émpereur Antonin ; au-bas de laquélle eftlé reféris qui à donné lieu à deux jurifconfultes , de fairé chacun un commentaire peu néceflaire pour lintelli: gence de cette loi, dent voici les termes : « Plainte » d'Eudémon de Nicomédie à l'empereur Antonin: » Seigneur , en voyageant dans l'Italie ; NOUS avons # fait paufrage, & nos effets ont été pillés & enlevés » par les fermiers des îles Cyclades tulle dns L'empereur répondit : « Je fuis à la vérité maîtré »# du mondes mais la loi dés Rhodiens regne fur la » mer, & fert de regle pour décider les dificultés » qui concernent la navigation maritime , pourvu » qu'elle s'accorde avec nos lois ». Voilà une jufté idée des requétes que l’on préfentoit aux émpéreürs, êx de la réponfe ou reférir qu'ils y ffoïent, Au refte ces requêtes avoient différens noms, 8 la formulé n’étoit point fixe ni déterminée. Quant à la réponfe de Pempereur, elle commençoit prefque toujours pat ces mOtS , cum proponas , Où fe ur Proponis ; &c: èc elle finifloit par cette condition que l’empereur Zénon inventa, /? Preces véritate niruntur ; ce qui eft encore en ufage parmi nous, (D, J. ) REQUÊTE , terme de Chaffe : ilfe dit lotfqu’on eff en défaut, & qu’il faut requêter de nouveau la bête: On appelle plus ordinairement requéter une bête, lorfqu'après lavoir courte & brifée le {oir; on la quête le lendemain avec le limier ; pour la réclamer & la redonner aux Cuens ; on dit requéser un cerf. (D.J.) REQUÊTER w7 cerf où autre bête, ( Vnerie. ) def après l'avoir courue & brie le for ; aller la cher- cher & quêter le lendemain avee le limi relancer aux chiens: RÉQUIABTAR , fermie de relation, nom du quas trieme page de la Cinquieme chambre de ceux du grand-leigneur : c’eft lui qui tient Pétrier à fa hau tefle quand elle monte à cheval, D Loir: (D:J,) F REQUIEM, f. Im. éermé de Miffel, on appelle dans léglite romaine mefle de requierh ; une mefle des morts ; parce que l'introite decerte méfle commence par ces paroles : Requiem œrernam don vis > Dômine, de: Voyez MESSE: E + REQUIN , REQUIEM, LAMIE, TIBURON, fm. ( Æif. rat: Léhiologie. ) PL XIe. poiflon de mer cartilagineux, vivipare ; le plus grand de tous les chiens de mer. Rondelet à vu un requin dé moyenne groffeur qui péfoit mille livres ; ce poiforn a la tête &e le dos fort larges: Ja queue eft applatie fur les côtés, &c terminée par deux nâgeoires ; leg yeux font gros & ronds : la bouche eft très-grandé & garnie de fix rangs de dents dures trés-pointues ; de figure triangulaire , & découpées de chaque côté comme une {cie ; celles du premier fang ont leur dis reétion efrayant; celles du fecond s'éle vént pérpér: er pour la 166 RES diculairement ; enfin, celles des quatre autres rangs font dirigées pour la plüpart en-arriere. Le requin a près de l'extrémité de la queue deux petites nageot- res, une en-haut & l’autre en-bas ; deux près de l’a- nus; deux autres près des ouies, & une fur la partie antérieure du dos. Ce poiflon a la peau fort dure ; 1left très-avide de toutes fortes de viande ; ilfenour- rit principalement de poiflons ; il fait la chafle à tou- tes fortes d'animaux ; il attaque avec la plus grande impétuofité les hommes mêmes & les dévore. Ron- delet , Aïff. natur. des poiflons , premiere partie, livre XIII. chapitre xy. Voyez POISSON. REQUINT , f. m. ( Jurifprud.) eft la cinquieme partie du quint di au feigneur pour une mutation par vente. Le requint weft pas de droit commun, & n’a pas lieu dans toutes les coutumes où le quint eft dû, mais Æeulement dans les coutumes qui laccordent expref- fément, comme celle de Meaux ; dans celle de Pé- ronne, de Montdidier &c Roye , il n’eft dû que quand le contrat porte francs deniers au vendeur. Voyez QUINT. (4) REQUINTERONE , ONA , f. m. êc fem. rerme de relation ; nom que l’on donne au Pérou aux enfans nés d’un efpagnol, & d’une guinterona, de façon néanmoins que ce nom ne s'applique qu’au dernier degré de génération, qui conferveé encore quelques marques du mélange du fang efpagnol avec le fang indien ou africain. ( D: J.) REQUIPER, v. at. ( Gram.) équiper de nou- veau. Voyez Les articles ÉQUIPAGE 6: ÉQUIPER. RÉQUISITION, £. £. ( Jurifprud.) fgnifie deman- de. Ceterme eft ufité dans les procès-verbaux où les parties font des dires & prennent des conclufons ; par exemple, dans un procès-verbal de fcellé une partie demande qu'unécrit foit paraphé , on fait men- tion qu'il a été paraphé à fa réguifition. ( 4) RÉQUISITOIRE , f. m. (Grem. & Jurifprud. ) demande faite ou par le procureur général, ou par Pavocat général, ou par un promoteur, ou par un avocat, un procureur, un plafdeur ; à ce que telle ou telle chofe foit faite. RERRE, LA, ( Géop. mod.) petite riviere de France, dans lOrléanois ; elle fe perd dans la Sau- dre , une lieue au-deflus de Romorantin ; l’eau de cette petite riviere eft d’une orande utilité pour la fabrique des draps du pays. (2. J. ) RESACRER , v. aû. ( Gram. ) facrer de-rechef, Voyez SACRE & SACRER. RESAIGNER , v. at. ( Gram.) faigner une fecon- de fois. Voyez SAIGNÉE 6 SAIGNER, RESAISIR , v. at. ( Gram. ) fair de nouveau. Voyez SAISIE & SAISIR. RESALUER , v. a@. ( Gram. ) faluer de-rechef. Voyez SALUT , SALUTATION , 6 SALUER. ” RESARCELÉ , adj. ( Blafon. }il fe dit d’une croix ou bande garnie d’un orle approchant de fes bords ; il porte d’azur à la bande d’argent refarcelée d’or. RESASSER , ve a. (Gram. ) fafler de-rechef. Voyez Les articles SAS & SASSER. RESCHAMPIR , v. at. serme de Doreur, en termes de Doreurs en détrempe, c’eft réparer avec du blanc de cérufe les taches que le jaune ou Paffiette ont pü faire en bavochant fur les fonds que Pon veut con- ferver blancs. Trévoux. ( D. J.) RESCHT , ( Géog. rod. ) valle de Perfe, capitale de la province de même nom, dans la province de Ghilan, le long de la mer Cafpienne , où elle forme une efpece de croïflant, & dont elle eft éloignée de deux lieues. Elle eft srande , ouverte , & toute plan- tée d'arbres, qui y préfentent comme lPafpeét d’une forêt, Long. 68. 27. lait, 3712 4. (D RE SCINDANT , adj. ( Jurifprud. ) eft le moyen qui fert à refcinder un aéte ou un jugement. Quelquefois par le terme de refcirdant, on entend la caufe fur le point de forme comme le refcifoire eff la caufe fur le fonds. Dans les requêtes civiles, 1l faut juger le refcindant avant le refcifoire, Voyez REQUÊTE CIVILE. ( 4) RESCINDER , v. a@. ( Jurifprud. ) fignifie annu- ler un arrêt ou un jugement. Voyez RESCIS1ON. RESCISION , £. £ ( Jurifprud. ) eft lorfque lon annulle en juftice un contrat ou autre acte. Ce terme vient du latin refcindere | qui dans cette occafñon eff pris pour refecare | couper en deux : ce terme a Êêté appliqué aux aétes que l’on déclare nuls, parce qu’an- ciennement la facon d’annuller un aéte, étoit de le couper en deux ; ce qui s’appelloit re/tindere. Il y a des attes que les coutumes &cles ordonnan- ces déclarent nuls, & dont on peut faire prononcer en juftice la nullité, fans qu’il foit befoin de prendre la voie de re[cifion, parce que ce qui eft nubeft cenfé ne pas exifter, & conféquemment n’a pas befoin d’ê- tre refcindé. | Mais à-moins que la nullité d’un aëte ne foit ainfi déclarée par la loi, un aëte n’eft pas nul de plein droit, quoiqu’on ait des moyens pour le faire annul- ler; c’eft pourquoi lon dit que les voies de nullité n'ont pas lieu en France; il faut prendre la voie de la re/cifion , & pour cet effet obtenir du roi des let- tres de petite chancellerie, qu’on appelle Zestres de refcifion , C’eft-à-dire, qui autorifent limpétrant à prendre la voie de la refüifion , & le juge à refcinder l'acte, files moyens font fufffans. Les moyens de reftifion où reftitution en entier {ont la minorité, la léfon, la crainte ou la force, le dol,, l'erreur de fait. Voyez LETTRES DE RESCISION 6 RESTITUTION EN ENTIER. On dit auffi quelquefois la re/éi/ton d’un arrêt, pour exprimer la reftitution qui eft accordée à une partie contre cet arrêt par la voie de la requête civile; &z dans cette efpece de r2/ciffon , on diftingue Le refcin- dant & le refcifoire , c’et-à-dire la forme & le fond. Voyez REQUÊTE CIVILE, RESCINDANT & ReEs- CISOIRE. RESCISOIRE,, adj. (Juri/prud.) eft le moyen au fond, où la caufe même confidérée au fond, par oppofition au refcindant qui ne touche que la forme. ans une requête civile, par exemple, le dol per- fonnel de la partieadverfe eît le refcindant, & le mal- jugé au fond eft Le refcifoire. Voyez RESCISION , REQUÊTE CIVILE. ( 4) RESCONTRER , v. n. (Com. ) terme dont fe fer- vent quelques négocians , pour fignifier une compen- fation ou évaluation, qui fe fait d’une chofe contre une autrede même valeur. Il faut refcontrerles ÿoo liv. que je vous dois pour marchandifes avec pareille fommecontenue en lettre-de-change que j'ai fur vous, pour dire qu’ilfaut compenfer ces $oo liv..avec pa- reille fomme portée par la lettre-de-change. Diéior. de Commerce, RESCRIPT , £ m. (Jurifprud.) refcriptum , fignifie = s Le f L we » L en général, une réponfe qui eft faite par écrit à quel- que demande qui à été auf faite par écrit. Ce terme n’eft guere ufité que pour défigner cer- taines lettres ou réponfes des empereurs romains & des papes. ; Les reftriprs des empereurs étoient des lettres qu’ils écrivoient en réponfe aux magiftrats des provinces , ou mème quelquefois à des -particuliers qui prioient le prince d'expliquer {es intentions fur des cas qui n’étoient pas prévûs.par l’édit perpétuel, ni par l’édit provincial, qui étoient alorsleslois que l’on obfervoit. L'empereur Adrien fut le premier qui fit de ces {fortes de refcripes, + Îls n’avoient pas force de loi, inais ils formoient ün grand préjugé, w * Quand les queftions que l'on propofoit à l'empe- teur paroifloient tropimportantes pour être décidées pat un fimple re/cript , l'empereur rendoit un decret. Quelques-uns prétendent que Trajan né donna point de re/ériprs , de crainte que l’on ne tirât à con- fequence, ce qui n’étoit fouvent accordé que par des confidérations particulieres ; 1l avoit même deflein d’ôter aux re/criprs toute leur autorité, Cependant Juftinien en a fait inférer plufieurs dans fon code , ce qui leur a donné plus d'autorité qu’ils n'en avoient auparavant. Voyez fur ces refériprs , la Seconde differtation d'Antoine Schulting, kiff. de la’ Jurifpr. rom. par M. Terrafion, p. 261, & les mors CONSTITUTION, DECRET. RESCRIPTS des papes, {ont des lettres apoftoli- ques , pat lefquelles le pape ordonné de faire certai- nes chofes en faveur d’une perfonne, qui l’a fuppliée de lui accorder quelque grace. On diftingue néanmoins deux fortes de reféripts , ceux de grace & ceux de juftice; les premiers dépen- dent de la volonté du pape; les autresdépendent plus de la difpofition du droit, que de la volonté de celui qui les accorde, Les refcripts concernent, ou les bénéfices , ou les procès , ou [a pénitencerie en toute matiere; ils doi- vent êtrere/frdines & réduits dans les termes des {aints decrets &c conftitutions canoniques, & en France ils ne font reçus & exécutés , que fans préjudice de nos libertés. Les refcripts délégatoires doivent être adreffés à l'ordinaire pour les fulminer. Le pape ne peut par ces reftripis, commettre pour juges , que des naturels françois , & doit choifir les quges dans le reflort du parlement où demeurent les parties. Aucunre/cripéne peut être enregiftré au parlement, fans être revêtu de lettres-patentes. Voyez les mémoi- res du Clergé, Fevret , Fuet, Lacombe, & les 1045 BREF, BULLE, FULMINATION, DÉLÉGUÉ. ResCRiPT, fe dit aufli en quelques endroits, pour le rapport ou relation que l’huiflier ou fergent fait dans {on exploit. (4 RESCRIPTION , £. £. ( Com.) otdre , manderent que l’on donne par écrit à un correfpondant, com- nus ; faéteur, fermier, &c. de payer une certaine fomme à celui qui eft le porteur de ce mandement. Les re/crprions ne font ordinairement que d’un fupé- rieur fur fon inférieur , ou d’un créancier fur fon dé- Biteur. Ainfi un feioneur donne aux marchands des refcriprions fur fes fermiers, On prend à Paris à l’hô: tel des fermes des refcriprions des gabelles , des aydes , & des cinq grofles fermes, fur les revenus de ces fer- miers du roi dans les provinces, ce qui eft très-com- mode pour y faire pañler de larsent fans frais. Les refcriptions des banquiers fe traitent commeleslettres- de-change. MODELE DE RESCRIPTION. Vous payerez, ou je vous prie de payer à M. Robert , banquier de votre ville, la fomme de cinq mille livres ,de laquelle je vous tiendrai compte fur les deniers de La re- cette que vus faites pour Moi , en rapportant la préfente refcription , avec la quittance dudit fieur Robert, à Paris de 10 Août 1745. GODEAU. Pour la fomme de ÿ000 livres. Diffionn. de Commerce & de Tréy. RÉSEAU, f. m.( Ouv. de fl ou de Joierie. forte de tiffu de fil ou de foie fait au tour, dont quelques femmes {e fervent pour mettre à des coëffes, à des tabliers , &t à autres chofes. Un réféau eft propre- ment un ouvrage de fl fimple , de fil d’or, d'argent, RES 167 Où de foie, tiAu de maniere qu'il y a des mailles & des ouvertures ; il y a toutes fortes d'ouvrages dé réfaux ? la plüpart des coëffures de femmes, font fais tes de tius à jour & à claires voies, qui ne font autte chofe que des efpeces de rd/èaux , dont les modes changent perpétuellement. (D, J.) RÉSEAUX des Indes, ( Soferte. ) ce font des otis vrages de foie propres à faire des ceintures où des Jarrétieres. Ceux qui font deftinés pour des ceintu- res , font apportés des Indes , garnis aux deux bouts de houpes d’or &c d'argent, Ils ont deux aunes où en: viron de longueur, fur un tiers & cinq douxièmes de largeur. Diééionn, de Com. ( D. J. ) RESECHER , v. a@. (Gram. ) fécher de-rechef, Voyez SEC & SÉCHER. , RESECTE, L . ex Géometrie, eft la portion 1 T (fg. 11, analyfe) de l'axe d’une courbe, intercepté entre le point 4, fommet de la courbe OÙ Origiñe des co-ordonnées ; & le point T, où la tâñgente MT rencontre l'axe 4C, prolongé s'il eff nécef- faire , foit MP =, AP— x, Onfçait, ( Voyez Sou- TANGENTE ) que la foutangente PT , eft égale 42% Donc la refèée AT ef égale à2 x, (0) dy dy RESEDA , f. m. ( if rar. Bor, ) gente de plante à fleur en mafque , & compotée deplufeurs petales inégaux, Le piffil fort du calice, & devient dans 14 fuite une capfule membraneufe , qui a trois ou qua- tre angles, Cette capfule eft oblongue & comme Cy= lindrique , & elle renferme des femences arrondies, Tournefort , Enfl, rei herb. Voyez PLANTE. Ce genre de plante eft nommé vulgairément par les Anglois hafé-rocket, Tournefort en compte fept elpeces. La plus commune, refida vulsaris, LR. FT. 423, eft, felon Linnæus, le phyteuma de Diotco- ride ou des anciens. Sa racine eft longue, prêle, lioneufe, blañche ; âcre au goût. Elle pouffe plufieurs tiges à la hauteur d’un pié& demi, cannelées , creufées , Velues, ra meufes , foibles , courbées , revêtues de feuilles ran= gées alternativement , découpées profondément , ondées de couleur verte-obfcute, d’un goût d'herbe potagere, « Ses fleuts naflent aux fommités des tiges & des rameaux, en maniere de thyrfes où d’épis lâches ; chaque fleur eft compofée de plufieuts pétales irré- guliers d’un jaune blanchâtre , dont le milieu et. occupé par plufieurs petites étamines à fommets jaunes. Après que les fleurs font tombées , ileur faccede des caplules membraneufes, A trois angles longues d’un poucé , un peu femblables à des urnes cylindriques , & remplies de femences noires, me= ñues, prefque rondes. Cette plante fleurit en Juin & en Juillet ; elle croit fréquemment dans les champs, le long des chemins, furtout dans les terres abon- dantes en craie. (D. J.) RESELLER , v. a@t. ( Gram, ) remettre la {elle à un cheval. Voyez SELLE G Serrer. RESEMELER , v. at. ( Gram. ) rémonter de fe- melles des bas ou des fouliers. Voyez SemeiLe & SEMELER,. | RESEMER , v. a@. ( Gram. ) femer de-techef. Voyez SEMENCE , SEMAILLE, SEMER. RESEPAGE , { m.( Jurifprud. ) terme d'eaux & êc forêts , qui fignifie la nouvelle coupe que lon fait de quelque arbre où d’un bois en général qui a Êté mal coupé, ou qui n'eft pas de belle venue, L’or- donnance des eaux & forêts ordonne le refepage des bois rabousris , broutés & avortés, Voyez l'article 3 du sit, 25, (4) RÉSEPER , v.a@. ( Archi. hydranl. ) c'eft couper avec la coignée ou la fcie, la tête d’un pieu ou d'un pilot, quirefufe le mouton, parce qu'il a trouvé de ee RÆEuS laroche , 8: qu'il faut mettre de niveau avec le refte du pilotage, Davier. (D. J.) RÉSEPER ou ReCEPER, v.a@. ( Jardin. )c’eftcou- per les arbres par la tête, ou pour les éteter, où pour leur faire poufler de nouvelles branches. CAT) RESEPH., ( Géog. anc. }ou Refapha, 8 dans Pto- lomée , Z. #7, c. xv. Ræfapha , ville de la Palmyrène. Il eneft parlé dans le quatrieme livre des Rois xyx. 12. & dans Îfaie xxxwiy. 12 ; les tables de Peutinger & la notice d’orient la connoifient auf. (D. J.) RÉSERVATION, £ f, (Jurifprud. ) eftun ancien terme qui fignifie la même chofe que réferve ; 1! n’eft guereufté qu’en matiere de bénéfices && depenfons dur bénéfices. Voyez RÉSERVE. | RÉSERVE, ff. ( Jurifprud.) fignifie en général exception, reftriétion, au moyen de laquelle une chofe n’eft pas comprife, foit dans la loi, ou dansun jugement ou autre acte, RÉSERVE APOSTOLIQUE, ou des béneñces. Foyez ci-après RÉSERVE DES BÉNÉFICES. RÉSERVE DES BÉNÉFICES 04 RÉSERVE APOSTO- LIQUE,, eft une faculté que le pape prétend avoir de retenir à fa collation Les bénéfices qu'il veut , au pré- . judice des collateurs ordinaires. Anciennement les papes n’ufoient point de re/er- ves ; 11 n’en eft fait aucune mention dans tout le vo- lume du decret. | Clément IV. fut le premier qui introduifit les ré- Jerves ; {on decret eft rapporté dans Le fexte. Il pofe pour principe que la collation de tous les bénéfices appartient au pape, qu'il peut même donner un droit fur ceux qui ne font pas encore vacans. Les fucceffeurs de Clément IV. ne manquerent pas d'adopter ce fyftème, & firent tant de référves générales & particulieres, qu'il ne reftoit prefque plus aucun bénéfice à la collation des ordinaires, Les conftitutions execrabilis &T ad regimen faites au fujet de ces réferves par Jean XXII. & Benoit XII, fouleverent tous les collateurs. Les ré/érves peuvent procéder de quatre caufes dif- férentes : favoir , du lieu, de la perfonne, dela qua- lité du bénéfice &c du tems. La réfèrve ratione loci comprend particulierement les bénéfices vacans par mort 22 curié. De toutes les réferves apoftoliques générales ou particulieres, celle des bénéfices vacans.en cour de Rome eft la plus ancienne ; elle fut établie par Clé- ment IV. Le concile de Bafle &c la pragmatique- fanion laifferent fubffter cette referve, &t abolirent toutes les autres. On a fuivi la même chofe dans le concordat, enforte que dansles pays foumis à cette loi on ne connoït point d’autre réferve que celle des bénéfices vacans en cour de Rome. | Lorfque le pape ne confere pas ces bénéfices dans le mois de la vacance, le collateur ordinaire peuten difpofer, comme s’il n’y avoit pas de ré/érve. Lespro- vifions que l’ordinaire auroit données dans le mois, font même bonnes , f par l’évenement le pape n’a as conféré dans le mois. Le collateut ordinaire peut conférer les cures qui vaquent en cour de Rome pendant la vacance du faint fiege, ou qui y ont vacqué pendant la vie d’un pape qui n’en a point accordé de provifion, la colla- tion de ces fortes de bénéfices étant inftante. Les bénéfices en patronage laic, &c ceux qui doivent être conférés par le roi en vertu du droit de régale, ne font pas fujets à la réferve des bénéfices vacans en cour de Rome. A l'égard des bénéfices confiftoriaux, cela fouffre difficulté. Voyez Les lois eccléfiafliques de M. d'Héri- court. Tousautres collateurs & bénéfices font fujets à cette référve, à moins qu'ils n’en foient exempts par un privilese fpécial émané du faint fiege. La séferve rations pérforiæ teévarde les perfonies dontle papes’eft voulu réferver les bénéfices, comme: defes familiers, c’eft-à-dire de fesidomeftiques & de ceux des cardinaux &c autres officiers.de cour de Re- me. qui fe trouveroient abfens de ladite cou. La reférve rationc qualisatis, benefcis eft celle pat la- quelle les papes ont aboli-les.éleétionsides églifes Cas: thédrales , monafteres &c autres bénéfices vraiment électifs, & s’en font réfervé , 8 au.S:Siege, r las difpofition abfolue par leurregle de chancellerie. pour éviter les abus qui fe commettoient dans les életions. | La réferve ratione remporis eft celle par laquelle les papes ont Ôté aux ordinairesla difpofñtion des béné: fices en certain tems de année , prenant pour eux. les deux tiers, ou en fe réfervant la collation alter native. D “tot De toutes ces réferves., il n’y a que la premiere. favoir, celle des bénéfices vacans curid, qui doit. reçue partout en France; celle de menfbhus 6 alternas tiv4 n'a heu que dans les pays d’obédience, telsque la Bretagne , &c quelques autres provinces, les au: tres relerves n'ont point du tout lieu parmi nous. Voyez le chap. 17 prefenri in 6°, le concile de Bafle, la pragmatique , le concordat, les lois eccléfraftiques de: M. d'Hérnicourt, le rraité de l'ufage 6 pratique de cour de Rome de Caftel. (4) RÉSERVE DE BOIS 04 BOIS DE RÉSERVE , {ont les arbres ou parties de bois qui ne doivent point être vendus n1 coupés. Les arbres du reflort , telsque ceux de lifieres, piès corniers de ventes, les bali= . veaux anciens & modernes, &c baliveaux fur taillis font reputés faire partie du fond. Les 'eccléfafti- ques, communautés , & tous gens de main-mor-= te font obligés de mettre en r#ferve au moins la qua- trieme partie de leurs bois pour la laiflercroître en futaie. Voyez l’ordonnance des eaux & foréts, (A) RÉSERVE des dépens , dommages € intérérs, C’eft lorfque le juge, en rendant quelque jugement prépa- ratoire ou interlocutoire, remet à faire droit furles dépens, dommages & intérêts , après qu'on aura fait quelque inftruétion plus ample. Voyez DÉPENS. RÉSERVE À FAIRE DROIT, c’eft lorfque le juge, en rendant un jugement, remet à faire droit fur le fond ou fur quelque branche de laffaire, après qu’on aura fait quelque inftruétion qui doit précéder. RÉSERVE DES MOIS, voyez REGLE DES mois, 6 Le mot RÉSERVE DES BÉNÉFICES. RÉSERVE de penfion fur un bénéfice, voyez ci-de- vant BÉNÉFICE , & le 101 PENSION. RÉSERVE DU QUART ou quart en réferve, eft le quart que les eccléfiaftiques & autres gens de main- morte {ont tenus de laifler de leurs bois pour croître en futaie. Voyez l'ordonnance des eaux &t forêts, ura 24, art. 2. | RÉSERVE DES SERVITUDES eft la claufe par la- quelle, en vendant une maïfon ou autre héritage, le vendeur fe réferve les fervitudes &e droits qu'il a fur cet héritage , foit pour lui perfonnellement, foit pour lutilité de quelqu’autre héritage à lui apparte- nant , & voifin de celui qu'il vend. RÉSERVE D'USUFRUIT eft, lorlqu’en vendantow donnant la propriété d’un bien immeuble ou immeu- ble, on en retient à fon profit Pufufruit. Foyez Usu FRUIT. (4) j RÉSERVES, ( Æiff. mod. Droit public.) refervata cefarez. C’eft ainfi qu’on nomme dans Le droit public germanique les prérogatives réfervés à l’empereur {eul, &z qu'il ne partage pont avec les états de lem- pire. Ces réferves {ont prefque toujours difputées, &e ne valent qu’autant que celui qui les prétend , a le pouvoir de les faire valoir. On diftingue ces re/èrves en eccléfaftiques & en politiques, Parmi les premie- res, RES res, on compte le droit de préfénter aux premiers bénéfices vacans après l’avenement au trone; ce droit. s'appelle 7us primariarium precum j'le droit de proté- ger léglie romaine , le droit de convoquer le con- cile. Parmi les réferves politiques on compte le droit de lécitiiner les bätards;le droit deréhabiliter, Jfame refheusio; le droït d'accorder des difpentes d'âge & des privileges; Île droit de relever du ferment ; le pouvoir d'accorder le droit dé citoyen, jus civira- ts; d'accorder des foires, j#s nundinarums l'in peéhon générale fur les poites & fur les srands che mins ; le droit d'établir des académies ; le droit de conférer des titres 8c des dignités, 8: même de faire des rois; cependant l’empereur ne peut élever per- fonne au rangides états de l'empire, fans le confen- tement des autres états: le droit d'établir des tribu maux dars l’empire; le droit de faïre la guerre dans À £ EE | £ 9 une nécefñité preflante ; enfin le droit d envoyer êc derecevoir desambaffadeurs au nom de Pempire, 7, Virriarit jus publicum, Voyez l'article EMPEREUR. RESERME , ( Arsmilicaire,s ) éfune partie de Par- mée que le général referve pour s’en fervir où il en eft beloin. Les refèrves font fous le commandement d'un officier général fubordonné au commandant ; elles ne campent pas ordinairement avec l’armée, mais dans des lieux à portée de larejoindre fi le gé- nétal le juge à propos. Le pofte le plus naturel des referves elt derriere la feconde ligne. Les referves font compolées de bataillons & def cadrons, c’eft-à-dire de cavalerie & d'infanterie. On en a vu jufqu'à trois dans les grandes armées, Dans une bataille, la refèrve forme uneefpece de troifie- me ligne; le général s’en {ert-pout fortifer les en- droits qui ont befoin d’être foutenus. Le nombre des troupes des refèrves n’eft pas dé- terminé ; 1l dépend de la force de l’armée &z de la volonté du général. En 1747, la refèrve de l’armée du roi en Flandre , étoit compofée de 99 efcadrons & de 30 bataillons. + Ve à L’ufage de M. le maréchal de Saxe étoit de mettre fes meilleures troupes à la reférve ; ufage fondé fur la pratique & la coutume des Romains, qui pla- çoient leurs braves foldars à la troïifieme ligne, où ils formoïent une efpece de reférve, Voyez LÉGror? & TRIAIRES. Un général intelligent ne doit jamais faire com- battre des troupes fans les faire foutenir par des re- Jerves , parce qu’autrement le moindre delordre dans la premiere ligne fufit pour la faire battre entiere. mént, Suivant Végece, l'invention des reférves eft due aux Lacédémoniens. Les Carthaginois les imi- terent en cela, & enfuiteles Romains. foyez AR- MÉEK 6 ORDRE DE BATAILLE. RÉSERVOIR, f. m. ( Hydr.).eftun lieu où l’on amafle des eaux pourles diftribuer à diverfes fon- taines, bien différent d’un baffin ou d’une fimple cuvette de difiribution. Il y a quatre fortes de référvoirs ; ceux qui font fur terre, appellés Zes découverrs ; les réfervoirs voû- tés, ceux que l’on bute, & ceux que lon éleve en air. Les réfervoirs fur terre font ordinairement des pie- ces d’eau ou canaux glaifés, dans lefquelles on amañle des fources , & qui par leur profondeur con- tiennent plufieurs milliers de muids d’eau ; dans les jardins en terrafle un feul bafin d’en-haut fournit tous ceux d’en-bas fans autre réfervoir. Ceux qui {ont voñtés, ne different qu’en ce qu'ils font confiruits {ous une voûte, le niveau de l'eau n'ayant pas permis de les faire fur terre; ils font or- dinairement cimentés , & forment des citernes. Sou- vent on en trouve dans des terrafles, fur lefquelles on marche {ans s’appercevoir qu'on eft fur l’eau. Tels font les réfervoirs yoûtés de Vérfailles auprès du Tome ÆXIP, d RES 169 château, celui de Villeroi, du Raincy, Vanvres, Ge, | Onren fait encore fur terre, que lon appelle des référvoirs butes, On éleve les terres À une certaine hauteur en forme de pâté ; on les laiffe rafeorr pen dant fix à fept mois ; on ÿ conftruit enfuite un pén férvoir fouteniu par des piles où éperons de maconnez rie, bâtis fur le bon fonds, pour réfifter à la charoe : RE 1 P 7 = + MALE de Peau , 8 maintenir le ré/érvoir que l’on glaife ou cimente, fuivant l’ufage ordinaire. Les référvoirs portés en l'air, ne font pas à beau- coup près d’une fi grande capacité que les aütress 30, 100, 200 muids eft ordinairement leur conte- nu. La diféculté de les foutenir fur des arcades ot piliers de pierre de taille, fur lefquelles on afñied de grofles pieces’ de charpente & une carcafle en forme de baflin , la dépente de les revêtir de rable de plomb foudées enfemble, ne permettent pas de les faire auf grands que ceux qui font fur terre, On retient la poutée de l’eau dans les angles par de for. tes équerres de fer , & par des barres traverfantes d'un bout du référvoir à l’autre. Quand ces référvoirs font couverts , on les appelle chéreuu d ‘eauÿ tels que celui de Verfailles proche la chapelle, & celui vis- a-vis le palais royal à Paris. | Les référvoirs {e conftruifent de même que les ba£ fins, en glaife, en terre franche, en ciment » & en plomb. Voyez CONSTRUCTION DES BASSINS. | RÉSERVOIR d. chyle, (ere d'Anatomie) recep£a- culum chyli, eftune cavité ftuce auprès du rein DA- che, dans laquelle les veines lattes décharosent la matiere qwelles contiennent, Voyez LACTÉE. Ce réfervoir, qu’on appelle auf réfervoir de Pec- quet qui l’a découvert, eft fitué fous les grandes at- teres émuloentes entre les deux origines du diaphra- gme ; c'eft-là que les veines latées fecondaires por- tent le chyle après qu'il a été délayé & rendu plus Hquide par la lymphe dans les glandes du méfentere, Voyez CHYLE 6 MÉSENTERE. M. Couper a trouvé en inje@ant cette partie avec du mercure qu’elle eft compofée de trois grands trous, dont deux ont plus d’un quart de pouce de dia- metre. On r'obferve certe divifion que dans le corps bumain, dans lequel M. Drake croit que fa poñtion droite eft nécefaire pour diminuer la réfiflance que cauferoit le chyle & la lymphe , f elles étoient con tenues dans le même zé/ervoir. Sa pofition horifon- tale dans les quadrupedes peut faire qu’un feul de ces trous fufñ{e. | Son canal eft fitué dans le sLorax ; ce qui l’a fait appeller canal thorachique. Voyez THorAcrioue. RÉSERVOIR , terme de La mMmanufailure de papier ce font plufeurs grandes caïfles de charpente reyê- tues de plomb intérieurement, & placées en gra- dation , c’eft-à-dire enforte que Peau qui eft amenée d'une fource , ou par des pompes dans la fu périeure, puiffe couler jufque dans Pinférieure. Les canaux ou rigoles par où l’eau pafle d’une caiffe dans lau- tre font traverfés par des chañis de fil de fer & de crin, au-travers defquels l’eau fe filtre & fe clarifie de plus en plus, la pureté de l’eau étant une des cho- fes les plus efentielles pour la blancheur & la per- fettion du papier RÉSIDENCE , £ £ ( Jurifprud.) eft la demeure fixe que quelqu'un a dans un lieu. On ne reçoit pour caution qu’une perfonne ré- féante, c’eft-à-dire réfidente & domiciliée dans le Heu. Tous les officiers & employés font naturellement obligés à réf£dence dans le lieu où fe fait exercice de leur office ou emploi, du-moïns lorfqu'il exige un fervice continuel ou affidu ; cependant cette obliga= tion n’eft pas remplie bien exactement par la phipart des officiers. La réfidence eftun devoir non moins indifpenfable 170 RES pour les bénéficiers. Dans les premiers fiecles de l'Eglife , tous les clercs demeuroient attachés à leur titre : ils ne pouvoient le quitter, & encore moins pafler d’un diocèfe à un autre fans la permiffion de leur évêque , fous peine d’excommunication contre eux & même contre l’évêque qui les recevoit. Depuis que lon fit des ordinations fans titre , les clercs qui étoient ainfi ordonnés fe crurent difpen- {és de réfider dans le lieu de leur ordination. La pluralité des bénéfices s'étant enfuite intro- duite , Les bénéficiers auxquels on a permis de pofé- der à-la-fois plufeurs bénéfices, fe font trouvés dans Pimpofbilité de remplir par-tout l'obligation de la réfidence ; on en a même vu qui ne réfidoient dans aucun de leurs bénéfices , s'occupant de toute autre chofe que des devoirs de leur état. C’eft de-là que le concile d’Antioche en 347 dé- fendit aux évêques d'aller à la cour fans le confen- tement & les lettres des évêques de la province, & principalement du métropolitain. Le concile de Sardique défendit aux évêques de s’abfenter de leurs églifes plus detroiïsans fans grande néceihté, & ordonna à tous les évêques d’obierver leurs confreres quand ils pafferoient dans leur dio- cèfe, & de s’informer du fujet de leur voyage, pour juger s'ils devoient communiquer avec eux &c fouf- crire aux lettres de congé qu'ils portoient. . Alexandre IL. en 1179 condamna à la réfdenre tous les bénéficiers à charge d’ames ; on ajouta depuis les dionités, canonicats &t autres charges dans une éghfe. La réfdence n’ayant pas été ordonnée aux au- tres hénéficiers nommêment , ils s’en crurent dif- enfés. Ce fut fur- tout pendant le tems des croifades qu'il y eut le plus d'abus en ce genre , on permettoit aux clercs de recevoir fans réfider les fruits de leur bénéfice pendant un tems confidérable , comme de Trois ans. Les voyages de Rome qui étoient alors fréquens pour folliciter des procès ou. des graces , furent en- core des occafions de fe fouffraire à la réffdence. La tranflation du faint fiege à Avignon y donna encore bien plus lieu, les cardinaux &c les papes eux-mêmes donnant exemple de la non-réfdence. Les papes ne firent point difficulté d'accorder des difpenfes de réfider , même de donner des indults pour en difpenfer à perpétuité, avec facuité néan- moins de recevoir toujours les fruits du bénéfice. Le motif de ces difpenfes fut que ceux auxquels on les accordoit fervoient l’'Eghfe ou le public auf uti- lement , quoique abfens du lieu de leur bénéfice ; ce fut par le même principe que l’on accorda une fem- blable difpenfe aux eccléfiaftiques de la chapelle du roi & aux officiers des parlemens ; mais l’édit de Melun ordonna que les chantres de la chapelle du roi, après qu'ils feroient hors de quartier , feroient tenus d'aller deffervir en perfonne les prébendes & autres bénéfices fujets à réf£dence dont ils auront été pourvus, qu’autrement ils feront privés des fruits de leurs prébendes & bénéfices fujets à réffdence. Le concile de Trente ne permet aux évêques de s’abfenter de leur diocèfe que pour l’une de ces qua- tre caufes, chriffiana charitas ,urgens necefffras , debi- ta chedientia , evidens ecclefiæ vel reipublicæ urilitas. HN veut que la caufe foit approuvée par écrit & certi- fiée par le pape ou par le métropolitain, ou en fon bfence par Le plus ancien évêque de la province. Le concile leur enjoint particulierement de fe trouver en leurs églifes au tems de l'Avent, du Carême, des fêtes de Noël, Päâque , Pentecôte & de la Fête-Dieu, à peine d’être privés des fruits de leur bénéfice à proportion du tems qu'ils auront été abfens. On agita alors fi l'obligation de réfider étoit de droit divin, comme quelques auteurs l’ont foutenu; RES les avis furent partagés , & l’on fe contenta d’ordon- ner la réfdence, fans déclarer fi elle étoit de droit di- vin où feulement de droit eccléfiaftique. Ce réglément fut adopté par le concile de Bor- deaux en 1583. Il eft encore dit par le concile de Trente que les évêques qui , fans caufe légitime, feront abfens de leur diocéle fix mois de fuite, perdront la quatrieme partie de leurs revenus ; que s'ils perfiftent à ne point réfider , le métropolitain ou le plus ancien fuffragant, fi cela regarde le métropolitain, en avertira le pape qui peut pourvoir à l’évêché. Le concile de Rouen, tenu en 1581 , ordonne aûx . chapitres des cathédrales d’obferver Le tems que leur évêque eft abfent de fon diocèfe & d’en écrire au métropolitain, ou fi le fiege métropolitain eft vacant... au plus ancien évêque de la province ou au concile provincial. Pour les curés &c autres bénéficiers ayant charge d’ames , le concile de Trente leur défend de s’abfen- ter de leur éghfe , fice n’eft avec la permiffion par écrit de l’évéaue ; & en ce cas, ils doivent commet- ire à leur place un vicaire capable & approuvé par évêque diocéfain , auquel ils afligneront un entre- tien honnête, Le concile défend aufi aux évêques d'accorder ces difpenfes pour plus de deux mois , à- moins qu'il n’y ait des caufes graves ; & 1l permet aux évêques de procéder par toutes fortes de voies canoniques , même pat la privation des fruits contre Jes curés abfens qui, après avoir été cités, ne réfide- ront pas. Quant aux chanoines , le concile de Trente leur défend de s’abfenter plus de trois mois en toute l’an- née , fous peine de perdre la premiere année la moi- tié des fruits, & la feconde la totalité. Les conciles provinciaux de Bourges & de Sens en 1528 , &x celui de Narbonne en 1551 avoient or- donné la même chofe ; ceux de Reims en 1564 , de Rouen en 1581,de Bordeaux en 1583, Aixent 585 Narbonneenr609,Bordeauxen 1624, & l’aflemblée de Melun en 1579, le réglement fpirituel de la cham- bre eccléfiaftique des états en 1614 ont renouvellé le même réglement. Le concile de Bordeaux en 1583 veut de plus que le collateur ne confere aucun béné- fice fujet à réfédence, fans faire prêter au pourvu le ferment qu’il fera exa@ à réfider. Les ordonnances du royaume ont auffi prefcrit la réfidenceaux évêques, curés & autresbénéficiers, dont les bénéfices font du nombre de ceux qui, fuivant la préfente difcipline de lEglife, demandent réfdence telle eft la difpofition de l'ordonnance de Château briant en 1551, de celle de Villerfcotteretsen 1557, de celle d'Orléans en 1560, de l’édit du mois de Mai de la même année, de l'ordonnance de Blois, arr. 14. de celle du mois de Février 1580, de celle de 1629, art. 11, Le parlement défendit même en 160 aux évêques de prendre le titre de com/éillers du roi, com- me étant une fonéhion incompatible avec l'obligation de réfider dans leur diocèfe ; le procureur général Bourdin fanoit faifir le temporel des évêques qui reftoient plus de quinze jours à Paris. E’édit de 1695 , qui forme le dernier état fur cette matiere, porte, arc. 23. que fi aucuns bénéficiers qui pofledent des bénéfices à charge d’ames manquent à y réfider pendant un tems confidérable , le juge royal pourralesenavertir,& en même temsleursfupérieurs eccléfaftiques ; & en cas que, dans trois mois après ledit avertiflement , ils négligent de réfider fans en avoir des excufes légitimes, 1l pourra, à l'égard de ceux qui ne réfident pas & par les ordres du fupé- rieur eccléfiaftique , faire faifir jufqu’à concurrence du tiers du revenu defdits bénéfices au profit des pau- vtes des lieux, ou pour être employé en‘autres œu= vres pies, telles qu’il le jugera à-propos. Suivant notre ufage , on appelle Aérdfices Jimples ceux qui n’ont point charge dames, & n’obligent point d’aflifter au chœur, ni conféquemment à rf- dence : tels font les abbayes ou prieurés tenus en commende, & les chapelles chargées feulement de quelques mefles que l’on peut faire acquittér par autrui. Quant aux chanoines , quoiqu’en général ils foient tenus de réfider , l’obfervation plus ou moins étroite de cette regle dépend des ftatuts du chapitre, pour- vu qu'ils ne foient pas contraires au droit commun. À Haldefheim en Allemagne, évêché fondé par Louis 1e Débonnaïre, un chanoïne qui a fait fon ftage, qui eft de trois mois, peut s’abfenter pour fix ans, favoir deux années pereprinandi caufé , deux autres devo- éionis caufa ; &t encore deux f/udiorum caufa. Les chanoines qui font de l'oratoire &c chapelle du roi, de la reine & autres employés dans les états des maïfons royales, les confeillers-clercs des par- lemens, les régens & étudians des univerfités font difpenfés de la réfidence tant que la caufe qui les oc- cupe ailleurs fubfifte. Deux bénéfices fujets à réfider font incompati- bles, à-moins que celui qui en eft pourvu n'ait quel- que qualité ou titre qui le difpenfe de la réfédence. Voyez le difcours de Fra-Paolo fur le concile de Trente, L'inflirution au dr. eccléf. de M. Fleury, les lois ecclef. de d'Hericourt, les mémoires du clergé. (A) RÉSIDENCE , ( Pharm. ) précipitation ou defcente fpontanée des parties qui troublent une liqueur. Voyez DÉCANTATION , pharmac, _ Ce mot fe prend encore pour ces parties defcen- dues au fond de cette liqueur, & dans ce fens il eft fynonyme de feces. Voyez FECES , pharm. On voit par l’idée que nous venons de donner de la réfidence , que ce n’eft pas la mème chofe que le æéfidu, voyez RÉSIDU, Chimie. (b) RESIDENT , £ m. ( Æf4 mod. ) eft un mimiftre public qui traite des intérêts d’un roi avec une répu- blique & un petit fouverain ; ou d’une république & d’un petitfouverainavecun roi. Aïnf le roide France m'a que des réfidens en Allemagne dans les cours des éleéteurs , & autrés fouverains qui ne font pas têtes couronnées ; & enItalie, dans les républiques de Gênes & de Lucques , lefquels princes & républi- ques ont aufli des ré/rdens en France. Les réfidens {ont une forte de miniftres différens des ambafladeurs & des envoyés , en ce qw'ils font d’une dignité & d’un caraétere inferieur ; mais ils ont de commun avec eux qu'ils font aufh fous la protec- tion du droit des gens. Voyez AMBASSADEUR 6’ EN- VOYÉ. -: RÉSIDEKS, dans plufeutfs anciennes coutumes, fontdestenanciers qurétoient obligés de réfider furles -terres de leur feigneur, & qui ne pouvoient fe tranf- porter ailleurs. Le vafal aflujetti à cette réffdence, s’appelloïit horrre levant 6 conchanr, & en Normandie reffeant du fief. , RÉSIDU ,, f m. (Ckimie.) Les chinuftes modernes fe fervent beaucoup de cette expreflion générique, &c quif’exprime qu'une qualité fenfble & 707 irter- prerée pour défigner ce queñles anciens chimiftes défi- gnoïent par Pexpreflion plus hardie, & le plus fou- ventimexacte de capas mortuum. Voyez CAPUT MOR- TUUM. | Le réfidu eft dans toutes les opérations la partie du fujet ou des fujets traités dont le chimilte ne fe met point en peine ; ce qui lui réfte , par exemple des reéhifications après en avoir féparé le produit reétifié, le marc des plantes dont il a retiré l’efprit aromati- que , l'huile effentielle , l'extrait , le fel, &c. Maïs comme dans une recherche réguliere philofo- phique iln’y a aucune partie des fujets exanunés dont on puifle négliger l’examen ultérieur, les opérations Tome XIF, RES 171 | exécutées dans la vûe de recherche ne préfentent ja- mais des réffdus proprement dits, ou du-moins l'ac- ception de ce mot ne peut être que relative, c’eff-à- dire qu'une certaine matiere n’eft ré/due que d’uné premiere opération , quoiqu’elle doive faire le füjet d’une opération ultérieure. J'ai appellé d’après cette vüe le réfidu des diftillations produir fixe, le diftin- guant par cette qualification des produits volatils où mobiles de cette opération. Voyez DISTILLATION. : Refidu & réfidence ne font pas fynonymes dans le langage chimique ; le dernier mot fignifie la même C2) que feces & que marc. Voyez FECES & Marc. , : RESIDU , (Com.) ce qui refte à payer d’un compte, d’une rente , d’une obligation , d’une dette, En fait de compte, on dit plus ordinairement reliquat, voyez RELIQUAT. RESIGNABLE , adj. ( Jurifpr. ) fe dit d’un béné- fice ou office qui peut être réfgne. Voyez RÉSIGNA- TION. RESIGNANT , £ m. ( Jurifprud. ) eft celui qui fe démet en faveur d’un autre de quelque office où bé néfice. Voyez BÉNÉFICE, OFFICE, RESIGNATION, RESIGNATAIRE. RÉSIGNAT AIRE , f. m. (Jurifprud.) eft celui au profit duquel on a réfigné un bénéfice ou un office. Voyez BÉNÉFICE , OFFICE, RÉSIGNANT 6 RÉsr- GNATION , PROCURATION ad refionandum, RÉSIGNATION , £. £. ( Gramm.) entiere foumif- fon, facrifice abfolu de fa volonté à celle d’un fupé- rieur. Le chrétien fe réffgne à la volonté de Dieu ; le philofophe aux lois éternelles’ de la nature. RÉSIGNATION , ( Jurifprud.) eft l’abdicarion d’un office ou d’un bénéfice par celui qui en eft titulaire. La réfignation d’un bénéfice en particulier eft Pab- dication volontaire qui en eft faite entre les mains lu fupérieur qui a droit de la recevoir ou de l’auto: rifer. | On diftingue deux fortes de réfgnations pour les bénéfices ; l’une , qu’on appelle pure € fémple ou ab- Jolue ; Vautre, qu'on appelle réfognation en faveur où conditionnelle, parce qw’elle n’eft faite que fous la condition que le bénéfice fera conféré à un autre. La réfignation pure & fimple, qu’on appelle auf démiffion & renonciation , eft un aéte par lequel le ti- tulaire déclare au collateur ordinaire qu’il fe démet en fes mains du bénéfice. Elle doit être abfolue & fans condition, & ne doit même pas faire mention de celle-ci, que le réfignant défireroit avoir pour fuccefleur, car ce feroit une efpece de condition. Cette forte de réf£gnation fe fait ordinairement de- vant deux notaires royaux, ou devant un notaire & deux témoins ; elle feroit aufli valable étant fionée de 21..A lo 4 s Il évêque, de fon fecrétaire, du réfignant, & de deux témoins. La procuration ad re/ignandumeft valable, quoique le nom du procureur y foit en blanc. Tant que la réfgnation pure & fimmple n’eft pas admife par le collateur , elle peut être révoquée. La réfignation une fois admife, le réfignant ne peut plus retenir le bénéfice , quand même il en feroit de- meute paible poffeffeur pendant trois ans. Un bénéfice en patronage laic peut être réfigné purement & fimplement entre les mains de l’ordi- naire ; mais c’eft au patron à y nommer , & le tems ne court que du jour que la dénuflion lui a été figni- fiée. La réfignation pure & fimple efl-valable, quoique faite dans un mois affecté aux gradués, pourvû qu’elle ait été infinuée deux jours francs avant le décès du téfignant. | La réfignation en faveur eft un acte par lequel un bénéficier déclare au pape qu'il fe démet en fes mains Ÿ ÿ im RES de fon bénéfice, à condition que le pape fe conférera à la perfonne qui eft nommée dans la réfignation rec alias, nec aliter, rec alio modo, Cette claufe eft de ftyle ordinaire ; elle n’eft pourtant pas néceflaire, Ces fortes de réfignations commencerent à être ufi- tées fous le pontificat de Clément VII. Elles ne peuvent être faites qu'entre les mains du pape , & l’on ne reconnoït point en France que le légat d'Avignon puifle les recevoir: La forme de ces ré/ignations eft qu’elles fe font par voie de procuration appellée commhnément procu- ration ad refignandum., laquelle doit être pañlée de- vant deux notaires apoftoliques, ou devant un tel notaire &c deux témoins. en Cette procuration , enfemble Îles mémoires nécef- faires , font mis entre les mains d’un expéditionnaire de cour de Rome , qui les envoie à fon correfpon- dant à Rome. Le fondé de procuration doit faire la réfignation dans l'année de la procuration. Les collateurs laics peuvent admettre les ré/o7a- tions , foit fimples , foit en faveur , même pour caufe de permutationde bénéfices qui font à eur collation, mais on ne peut pas les y contraindre. Dans les pays d’obédience , un bénéficier ne peut pas valablement réfigner en faveur , à-moins qu’il n'ait d’ailleurs de quoi vivre honnêtement; d’où vient- cette claufe ufitée dans les réfgnations en faveur, alinund> commodè vivere valens ; maïs dans le refte de la France on n’examine point fi le réfignant a de quoi Vivre Où non. Les ré/ignarions en faveur ne peuvent être admifes fans le confentement du patron laic, quand même le pape en homologuaent la fondation {fe feroit réfervé le droit de prévention. On ne peut pas non plus réfigner les cures de l’of- dre de Malte, fans le confentement exprès du com- mandeur dont la cure dépend. | Celui qui a pañlé procuration pour réfigner en cour de Rome, ne peut pas réfigner ce même bénéfice en- tre les mains de l'ordinaire, qu’il n’ait préalablement notifié une révocation de la procuration par lui en- voyée à Rome. Quand le réfignataire après avoir accepté la réf. gration a laiffé pañler trois ans fans prendre poffeffion, on ne peut pas lui réfigner une feconde fois le même bénéfice ; tel eft l’efprit de la regle de publicandis, &r de l’édit du contrôle de 1637. Si l’on fait une feconde réffgnation à la même perfonne , il faut faire mention de la premiere pour obtenir difpenfe. Pour rendre la réfignarion valable , 1l faut que le réfignant , s'il eft malade & qu'il décede de cette maladie , ait furvécu de vingt jours à la réfgnation, autrement le bénéfice vaque per obittm. Dans les réfignations des bénéfices finguliers , tels que les cures , prieurés ou chapelles, 1l n’eft pas be- foin d’autre publication que celle qui fe fait en pre- nant pofleffion publiquement un jour de fête ou de ‘dimanche , à l’iflue de la meffe paroïfliale ou des vê- pres, dont le notaire drefle un aéte qu'il fait figner des principaux habitans., L’édit de 1691 veut aufli que le réfignataire qui prend poffeffion après les fix mois qu lui font accor- dés , & pendant la vie du réfignant , fafle infinuer fa prife de poffeflion au-moins deux jours francs avant le décès du réfignant. Les mineurs ne peuvent réfigner en faveur de leurs régens, précepteurs , & autres perfonnes qui peu- vent avoir quelque afcendant fur eux. On ne peut , en réfignant à un particulier, fe ré- ferver tous les fruits du bénéfice : cela ne fe peut faire par forme d’alimens que quand on unit le bénéfice à quelque églife , monaftere où hôpital. Le roi peut pendant la régale admettre la réfona- fion en faveur des bénéfices fimples qui feroient à la RES collation de l'évêque; ils ont auffi le même droït pour ceux dont 1ls font collateurs ordinaires. Le bénéficier qui eft ir rearu , ne peut réfigner en faveur. Celui qui poffede deux bénéfices incompatibles, peut réfigner le premier , lequel devient vacant. Tant que la réfignation n'eft pas admife , le réfignant peut révoquer fa procuration ad refignandum , en fi- gnifiant la révocation au réfignataire. Il faut même obferver que fi la ré{grarion eft en fa- veur, & que le réfignataire meure ou qu'il waccepte pas , le réfignant demeure en poffeffion de fon béné- fice , fans avoir befoin de nouvelles provifions. La réfignation pour caufe de permutation , eft une réfignation mutuelle que deux bénéficiers fe font au profit lun de l’autre, L Sur les réfignations , voyez La difcipline de l'Eclife du P. Thomafhin ; /a pratique de cour de Rome de Cat tel, d'Héricour, Fuet, Drapier , & es mors BÉKÉ- FICE , COLLATION , NOMINATION, PATRONAGE, PERMUTATION, PROVISION. ( 4) | RESIGNER, v.a@. (Gramm.) figner de nouveau. Voyez SEING 6 SIGNER. REÉSILIATION , f. f. (Jurifprud.) eft Va@ion de réfoudre un aéte, comme un bail, un contrat de ven- te. Voyez RESOLUTION.Y RÉSILIER , v. a&. ( Jurifprud. \ fignifie réfoudre, réfcinder, Réfilier ua contrat ou autre aéte, c’eft le cafler & l’annuller. On difoit anciennement ré/lir pour réfilier, Voyez RESCISION , RESOLUTION , Res- TITUTION EN ENTIER. (4) | . RESINE, f. f. (Chim. Pharm. Mar. méd.) La re- fire eft un compolé chimique formé par l’union d’une huile fimple du genre de celles que les chi- muiftes appellent effezsielles ou éthérées ; 8 d’un acide: du-moins les deux grands moyens chimiques, fa- voir analyfe & la recompofition artificielle, annon- cent-1ls que-c’eft là véritablement la nature chimique de la refine. En effet , fi où diftille une ré/re, avec un intermede capable de s’unir à fon acide,ou même fans intermede, on divife ce compofé en deux principes bien dié&tin@s & manifeftement inaltérés; favoir une huile effentielle & un acide ; & lorfqu'’on a exécuté cette difhllation fans intermede, il ne refte aucun ca- put mortuum où réfidu : à-peine Le fond de la cornue qu'on y a employée eft-1l taché par un petit dé- pôt charbonneux, dépôt dû aux débris d’une pe- tite quantité d’acide ou d’huile qui ont été nécef- fairement détruits pendant la difüillation. Si l’on verfe une certaine quantité d’acide vitriolique ou d'acide nitreux foible fur une huilé eflentielle , il s’excite bientôt une violente effervefcence qui an- nonce l’umon rapide de ces deux fubftances, de laquelle réfulte une véritable re/ene. Les caracteres extérieurs & les propriétés chi- miques de la réffne font les fuivantes : c’eft un corps folide, caffant, fouvent tranfparent lorfqu’il eft peu coloré, ordinairement odorant, inflammable, foluble dans les huiles & dans l’efprit-de-vin. Les baumes ne different des réffzes que par une furabondance d'huile eflentielle qui leur procure entrautres qualités fpécifiques , la fluidité, & le parfum abondant. Aufi quelques fubftances de ce genre qui retiennent le nom de baume, quoique ré- duites fous forme folide comme le baume de tolu; & tous les baumes durcis par vétufté, font-ils de vraies réfines. Les huiles effentielles elles-mêmes, qui paroïflent toutes unies à une petite portion d'acide, furabondante ou étrangere à leur mixtion, approchent de l’état réfineux, lorfqu’elles s’épai- fiflent en vieilliflant, & fur-tout lorfque lévapo- ration libre de leurs parties les plus fubtiles a été la principale caufe de cet épaiffiflement. Les ré/£nes nous font préfentées de deux façons ; ou bien elles RES coulent, foit Jronrè, foit par le fecours de quel- ques Jégeres inciñons (8 d’abord fous la forme de baume) de certains arbres & de certaines plantes; où bien nous les retirons de certains bois, racines, écorces , tiges, fucs concrêts, &c. par le moyen de lefprit-de-vin. La réffre appcllée gomme animée, celles qui font connues fous les noms de gomme copal, de gomme élemi, de gomme de lierre, de gomme lacque, de gomme caragne, de gomme taca- mahacha ; le benjoin, l’oliban ou encens, le maf- tic, le fandarac des arabes ou gomme de gené- viier , le fang-dragon, 6e. font de la premiere clafle. La réffne de gayac, celle des fantaux, celle des purgatifs réfineux, comme jalap, méchaochan , fcamonée, 6. font de la feconde. Voyez les arti- cles particuliers. L’efprit de-vin chargé de réfines qu'il a extraites par digeffion de ces différentes {ub{ fances, prend le nom de simure, & eft une efpece de teinture chimique. Voyez TEINTURE ( Chimie.) L'eau ayant plus de rapport avec l’efprit-de-vin que cette derniere liqueur n’en a avec les rfnes; fi l'on verfe de l'eau dans une des teintures dont nous venons de parler, cette teinture ef précipitée fur le champ fous la forme d’une liqueur blanche & opaque connue dans l’art fous le nom de Zair vir- ginal. Voyez LAIT VIRGINAL. | Les ufages des réfines font très-étendus dans plu- fieurs arts chimiques, & principalement dans la Pharmacie ; la clafle de ces corps fournit même à la Médecine quelques remedes fimples, Les réjfnes font la bafe des vernis; elles entrent dans la compofñiüion de plufeurs cofmétiques ou fards. Voyez FAR». Elles font des ingrédiens né: ceflaires de plufieurs baumes compofés & de plu- fleurs teintures tant fimples que compoiées , foit pour lufage intérieur, foit pour lufage extérieur, Elles entrent dans beaucoup d’emplâtres, beaucoup d'onguens : on en fait des pañilles odorantes pour les caflolettes, pafälli , profumi, | La réfîne de gayac, la réfêne de fantal, les réfnes purgatives, principalement celles de jalap, & de Icamonée, le fang-dragon , le benjoin & les fleurs, ec. font au rang des remedes fimples ufuels. Voyez ces articles. l'a ï On s’eft apperçu dans l’énumération que nous avons donnée plus haut des r@fxes, que le plus grand nombre font connues dans l’art fous le nom de gommes. C’eft là une de ces faufles dénomina- tions établies par l’ufage, ou pour mieux dire, qui ayant été la dénomination commune des gommes & des réffnes, avant que l’art fût parvenu à dif- tinguer ces divers genres de corps, eft encore tef- tée aux uns & aux autres dans le langage vulgaire, quoique le langage de l’art perfe&ionné fur {es pro- grès ait appliqué fpécialement le nom de gomme, auparavant générique, à une efpece de corps toute différente de celle dont nous traitons ici. Foyez GOMME, Chimie, (b) | RÉSINE, Caoutchouc, ( Boran. éxot.) efpece de réfine ainfi nommée par les Maïnas. Elle eft com mune dans le pays de la province de Quito voi- fin de la mer, ainfi que fur les bords du Ma- fannon. Une des propriétés eflentielles des réfines eft d’ê- tre totalement indiflolubles à l’eau, 8 de ne céder qu’à lation de lefprit-de-vin plus où moins conti- nuée : cette propriété eft prefque toujours accom- pagnée de linflexibilité & de l'inextenfbilité : Ja Plüpart des réf£nes ne fe prêtent point à l’exten- fion ; & on ne femarque en elles d'autre reflort que celui qu'ont prefque tous les corps durs. M, de la Condamine en a cependant trouyé une qui ñe fe diffout point dans lefprit-de-vin, qui eft exten- fible comme du cuir, qui a une très-forte élaft: RES 173 cité; & pour achever la fingularité, rien ne ref femble moins à une ré/fne que cette matiere , quand on la tire de l’arbre duquel elle fort. On trouve un grand nombre de ces arbres dans les forêts de la or des Émeraudes où on les appelle Hhevé; 1l en découle par la feule incifion une liqueur blanche comme du lait, qui fe durcit & fe noircit peu-à-peu à l'air. Les habitans en font des flambeaux d’un pouce & demi de diametre far deux pieds de longueur:ces flambeaux brülent très- bien fans mêche, & donnent une clarté aflez belle; ils répandent en brûlant une odeur qui neft pas defagréable : un feul de ces flambeaux peut durer allumé environ vingt-quatre heures. Dans la province de Quito, on enduit des toiles de cette réfine, & on s’en fert aux mêmes OUVI a ges pour leiquels nous employons ici la toile Ciree: Le même arbre croît auffi le long de la riviere des Amazones. Les Indiens-Maïnas font de la réffne qu'ils en tirent, des bottes d’une feule piece qui ne prennent point l'eau, & qui, lorfqu’elles font paf- fées à la fumée, ont tout l'air d’un véritable cuir: Ils én enduifent des moules de terre de la forme d'une bouteille; & quand la réfre eft durcie ils caflent le moule ; & en faifant fortir les morceaux par le goulot, il leur refte une bouteille non fragile , légere & capable de contenir toutes fortes de I: quides non corrofifs. L’ufage que fait de cette réline la nätion des Omaguas, fituée au milieu du continent de l’'Amé- tique fur les bords de l’Arnazone, eft encore plus finguler. [ls en conftruifent dés bouteillés en forme de poire,au goulot defquelles ils attichent une can nule de bois. En les preflant on en fait fortir par la cannule la liqueur qu’elles contiennént » & par ce moyen ces bouteilles deviennent de véritables feringues. Ce feroit chez eux ure efpece d’impo- litefle de marquer à préfenter avarit le repas à cha- cun de ceux que lon a priés à manger, un pareil inftrument rempli d’eau chaude, duquel 11 ré man- que pas de faire ufage, avant qué de fe mettre à table. Cette bifarre coutime a fait nommer par les Portugais Parbre qui produit cette réfene, par dé xi- ringa Ou bors de Jéringue. Voyez SERINGUE, Boran. exots (D, J.) RESINGUE, { £ (Orfévrerie.) ét une branche de fer, pointue & pliée par un bout, & arron- die & courbée par l’autre: C’eft fur cette derniere partie qu'on met la piece qu’on veut relever. La » refingie, comme on le voit, fait le même effet qu'un levier par le moyen des vibrations. Le ? rue La refingue eft ordinairement fichée par fa queue recourbée ou dans un billot de bois, ou retenue dans les mâchoires d’un étau, æ Corps de cafetiere où burette fur la refcrigues b Refingue. c Marteau frappant fur le bout de la refingue. d Billot de bois. RÉSISTANCE, f.f. (Méchanique.) {e dit en gé- néral d’une force ou puiffance qui agit contre une autre , de forte qu’elle détruit ou diminue fon effet, Voyez Puissance. Il y a deux fortes de réfeffances qui viennent des différentes propriétés des corps ré- fiftans, & qui font reglées par différentes lois ; favoir 1 174 RES da réfiftance des folides &c la réffffance des fluides, ce ‘qui va être expliqué dans les arricles fuivans. La réfiflance des folides (nous ne parlerons point ici de celle qui a lieu dans a percuffion. Voyez PER- -CUSSION), c’eft la force avec laquelle les parties des -corps folides qui font en repos s’oppofent au mou- vement des autres parties qui leur font contigués; -cela fe fait de deux manieres, 1°, quand les parties réfiftantes &c Les parties réfiflées, c’eft-à-dire les par- | ties contre lefquelles la réf£/fance s'exerce (qu’on mous pañle ce terme à caufe de fa commodité }, qui ‘font contiguës, & ne font point adhérentes les unes avec les autres, c’eft-à-dire quand ce font des mafles ou des corps féparés. Cette réfrffance eft celle que M. Leiïbnitz appelle réfffance des furfaces, & que nous appellons proprement fridion ou frosement ; ‘comme 1l eff très-important de la connoïître en Mé- | chanique, voyez les lois de cette re//fance fous l’arsicle FROTTEMENT. Le fecond cas de réfffance, c’eft quand les parties réfiftantes , & les réfitées, ne font pas feulement contiguës, mais quand elles font adhérentes entre elles, c’eft-à - dire quand ce font les parties d’une même mafle ou d’un même corps. Cette ré//fance eft celle que nous appellons proprement rénisence, êc qui a été premierement remarquée par Galilée, shéorie de la réfiftance des fibres des corps folides. Pour avoir une idée de cette ré//fance ou de cette rénitence des parties, il faut fuppofer d’abord un corps cylindrique fufpendu verticalement par une de fes bafes, enforte que fon axe foit vertical, 8 que la bafe par laquelle il eft attaché foit horfontale. Tou- es ces parties étant pefantes tendent en-enbas, & tâchent de féparer les deux plans contigus où le corps eft le plus foible, mais toutes les parties réfiftent à cette {éparation , par leur force de cohérence & par leur union :il y a donc deux puiflances oppoñées, fa voir le poids du cylindre quitend à la fraêture,, êc la force de la cohéfion des parties du cylindre qui y téfiftent. Voyez COHÉSION. #4 | Si on augmente la bafe du cylindre fans augmen- ter fa longueur, il eftévident que la ré//ffance aûgmen- tera à raifon de labafe, mais le poids augmentera aufli en même raifon. Si on augmenté la longueur du cylindre fans augmenter la bafe , le poids augmen- tera, mais la réfffarice n'augmentera pas, conféquem- ment fa longueur le rendra plus foible. Pour trou- ver jufau’à quelle longueur on peut étendre un cy- . lindre, d’une matiere quelconque, fans qwil ferom- pe, il faut prendre un cylindre de la même matiere, &e y attacher le plus grand poids qu'il foit capable de porter, fans fe rompre, & on verra par-là de com- bienil doit être alongé pour êtrerompu par unpoids donné. Car foit 4 le poids donné, 3 celui du cylin- dre, £ fa longueur, C Le plus grand poids qu'il puifle orter , x la longueur qu’on cherche, on aura 4 + CHARS = C, donc x=—7—Si une des extrémités du cylindre eft plantée horifontalement dans un mur, & que le reftefoit fufpendu, fon poids &c fa réfef- sance agiront différemment ; & s’1l fe rompt par lPac- tion de fa pefanteur, la fraéture fe fera dans la par- tie qui eff la plus proche de la mutaille, Un cercle ou un plan contigu à la muraille, & parallele à la bafe, & conféquemment vertical, fe détachera des cercles contigus , & tendra à defcendre, Tout le mouvement de fera autour de l'extrémité la plus bafle du diametre, qui demeurera immobile, pen- dant que l’extrémité fupérieure décrira un quart de cercle, jufau’à ce que le cercle qui étoit c1-devant vertical, devienne horifontal ; c’eft-à-dire jufqu’à ce que le cylindre foit entierement brifé. Dans cette frature du cylindre, il eft vifible qu’il y a deux forces qui agiflent, & que Pune fyrmonte Vautre ; e poids du cylindre qui vient de toute fa mafle, a furpañlé la réffffance qui vient de la largeur de fa bafe ; &r comme les centres de gravité font des points dans lefquels toutes les forces qui viennent des poids des différentes parties du même corps, font unies & concentrées, on peut concevoir le poids du cylindre entier appliqué dans le centre de gravité de fa mafle, c’eft-à-dire dans un point du milieu de fon axe; & Galilée applique de même la réfiflance au centre de gravité de la bafe, ce qui nous fournira plus bas quelques réflexions ; mais conti nuons à développer la théorie, fauf à y faire en- fuite les changemens convenables. à Quand le cylindre fe brife par {on propre poids; tout le mouvement fe fait fur une extrémité immo- bile du diametre de la bafe. Cette extrémité eft donc le point fixe du levier, les deux bras en font le rayon de Ja bafe, &c le demi-axe ; & conféquemment les deux forces oppofées non-feulement agiflent par leur force abfolue, mais aufli par la force relative, qui vient de la diftance où elles fent du point fixe du levier. Il s'enfuit de-là qu’un cylindre, par exemple de cuivre, qui eft fufpendu verticale- ment, ne fe brifera pas par fon propre poids s’il a moins de 480 perches de longueur, & qu'il {e rom- pra étant moins long, s’il eft dans une fituation hori- fontale ; dans ce dernier cas fa longueur occafonne doublement la fraure parce qu’elle augmente le poids, & parce qu’elle eftle bras du levier auquef le poids eft appliqué. Si deux cylindres de la même matiere, ayant leur bafe & leur longueur dans la même proportion, font fufpendus horifontalement ; il eft évident que le plus grand a plus de poids que le plus petit, par rapport : à fa longueur & à fa bafe, mais il aura moins de eff tance à proportion ; car fon poids multiplié par le bras du lévier eft comme la quatrieme puifflance d'une de fes dimenfions , &c fa réfiffance qui eft com- me fa bafe, c’eft-à-dire comme le quarré d’une de fes dimenfions, agit par un bras de levier, qui eft comme cette même dimenfon, c’eft-à-dire que le moment de la réffflance n’eft que comme le cube d’une des dimenfions du cylindre , c’eft pourquoi il furpaffera le plus petit dans fa mafle &z dans fon poids , plus que dans fa réfflance ,| & conféquemment il fe rompra plus aïfément. | Ainfi nous voyons qu’en faifant des modeles & des machines en petit, on eft bien fujet à fe tromper en ce qui revarde la ré/fance & la force de certaines pieces horifontales , quand on vient à les exécuter en grand , & qu’on veut obferver les mêmes propor- tions qu’en petit. La théorie de la ré/ffance que nous venons de donner d’après Galilée, n’eft donc point bornée à la fimple fpéculation , maïs elle eft applica- ble à l'Architetture &c aux autres arts. | Le poids propre à brifer un corps placé horifonta. lement, eft toujours moins grand que le poids pro- pre à en brifer un placé verticalement; & ce poids devant être plus ou moins fort, felon la raifon des deux bras du levier , on peut réduire toute cette théorie à la queftion fuivante, favoir quelle partie du poids abfolu, le poids relatif doit Etre, fuppo- fant la figure d’un corps connue, parce que c’eft la figure qui détermine les deux centres de gravité, ow les deux bras du levier, Car file corps, par exemple, eftun cône, fon centre de gravité ne fera pas dans le milieu de l'axe comme dans le cylindre ; & fi c’eft un folide femi-parabolique, fon centre de gravité ne fera pas dans le milieu de fa longueur ou de fon axe, ni le centre de gravité de fa bafe, dans le milieu de l'axe de fa bafe ; mais en quelque lieu que foit le centre de gravité des différentes figures, c’eft tou- jours lui qui regle les deux bras du levier; on doir: obferver que ff la bafe, par laquelle un corps eff at. À ES taché dans le mur n’eft pas circulaire , mais eft, par exemple, parabolique, & que le fommet de la para- bole {oit en haut, le mouvement de fraâture ne fe fera pas fur un point mmobile, maïs fur.une ligne entiere immobile, que l’on appelle l'axe de l'équilibre ; & c'eft par rapport à cette figure que l’on doit détermi- ner Les diftances des centres de gravité. Un corps fufpendu horifontalement, étant fup- poié tel que Le plus petit poids ajouté le faffe rom- pre, il y a équilibre entre fon poids & fa réffffance, ë coniéquemment ces deux forces oppoiées font l’une à l’autre réciproquement comme les deux bras du ievier auquel elles {ont appliquées. . M. Manotte a fait une très -ingénieufe remarque fur ce fyflème de Galilée, ce qui lui a donné lieu de propofer un nouveau fyflème. Galilée fuppofe que quand les corps fe brifent, toutes les fibres fe bri- lent à-la-fois ; de forte qu’un corps réfifte toujours avec fa force entiere & ablolue, c’eft-à-dire avec la force entiere que toutes fes fibres ont dans l'endroit où 1l eft brifé ; mais M. Mariotte trouvant que tous les corps, & le verre même , s'étendent avant que de fe brifer, montre œue les fibres doi- vent être confdérées comme de perits reflorts tendus qui ne déplotent jamais toute leur force, à-moins qu'ils ne foient étendus jufqu’à un certain point, & qui nè {e brifent jamais que quand ils font entiere- ment débandés ; ainfi ceux qui font plus proches de Faxe de équilibre, qui eft une ligne immobile, font moins étendus que ceux qui en font plus loin, & conféquemment 1ls emploient moins de force. Cette confidération a feules:ent lieu dans la fitua- tion horifontale d’un corps : car dans la verticale : les fibres de la bafe fe brifent tout à la fois; ce qui arrive quand le poids abfolu du corps, excede de beaucoup la réfffance unie de toutes les fibres ; il eft vrai qu'il faut un plus grand poids que dans la fitua- tion horifontale, c’eft-à-dire, pour furmonter leur réftflance unie, que pour furmonter leurs différentes réfrflances agiffant lune après l’autre ; la différence entre les deux fituations, vient de ce que dans la fi- tuation horifontale , 1l y a une ligne ou un point im- mobile autour duquel {e fait la fraéture , & qui nefe trouve pas dans la verticale. M. Varignon montre de plus , qu’au fyftême de Galilée, 1l faut ajouter la confidération du centre de - percuflion, & que la comparaifon des centres de gravité avec les centres de percufion, jette un jour confidérable fur cette théorie. Voyez CENTRE. Dans ces deux fyftèmes, la bafe par laquelle le corps fe rompt , fe meut fur l'axe d'équilibre qui eft une ligne immuable dans le plan de cette bafe ; mais dans le fecond , lesfibres de cette bafe font inégale- ment étendues en même raïfon qu’elles s’éloignent davantage de l’axe d'équilibre , & conféquemment elles déployent une partie plus grande de leur force. Ces extenfons inégales ont un même centre de force où elles fe réunifient toutes ; & comme elles font précifément dans la même raifon que les vitef- fes des différens points d’une baguette mue circulai- rement, le centre d’extenfion de la bafe eft le mê- me que le centre de percuflion. L’hypothefe de Ga- Blée , dans laquelle les fibres s'étendent également &t fe bauffent tout-à-la-fois, répond au cas d’une ba- guette qui fe meut parallelement à elle-même, où Le centre d’extenfon ou de percufion et confondu avec le centre de gravité. | La bafe de fraéture étant une furface dont la na- ture particuliere détermine fon centre de percuflon, il eft néceflaire pour Le connoître tout-d’un-coup, de trouver fur quel point de l’axe vertical de cette bafe, le centre dont il s’agit eft placé, & combien il eft éloigné de axe d'équilibre; nous favons en général qu'il agit toujours avec plus d'avantage quand il en _ D FR 475 175 eft plus éloigné, parce qu'il agit par un plus long bras de levier ; ainf cette inégale réfeffance eft plus ou moins forte , felon que le centre de percuffñon eft place plus où moins haut fur axe vertical de la bate, & on peut exprimer cette inégale réf/fance par la raïfon de la diffance qui eft entre le centre de per- cuflion & l’axe d'équilibre , & la longueur de l’axe vertical de la bafe, Nous avons jufqu’ici confidéré Les corps comme fe brifant par leur propre poids ; ce fera la même chofe fi nous les fuppofons fans poids & brifés par un poids étranger, appliqué à leürs extrémités; il faudra feulement obferver qu’un poids étranger agit par un bras de levier égal à la longueur entiere d’un corps ; au lieu que fon propre poids agit feulement par un bras de levier égal à la diftance du centre de gravité à l'axe d'équilibre. Une des plus curieufes, & peut-être des plusutiles queftions dans cette recherche , eft de trouver quelle figure un corps doit avoir pour que fa réfffance foit égale dans toutes fes parties , foit qu’on le conçoive comme chargé d’un poids étranger , ou comme char- gé feulement de {on propre poids; nous allons con- fidérer le dernier cas ; par lequel on pourra aifément déterminer le premier; pour qu’un corps fufpendu horifontalement réfifte également dans toutes fes parties, il eft néceffaire de le concevoir comme cou- pé dans un plan parallele à la bafe de fra@ture du corps , le poids dela partie retranchée étant à fa ré- Jifance, en même rafon que le poids du tout eftà la réfiflance de quatre puifances agiflant par leurs bras de leviers refpeGifs: or le poids d’un corps confidéré fous ce point de vue, eft fon poids entier multiphé par la difiance du centre de gravité du corps, à l’axe d'équilibre ; 8c la réffffance eft le plan de la bafe de fratture , multipliée par la diftance du centre de percufion de la bafe au même axe : con- féquemment ces deux quantités doivent toujours être proportionelles dans chaque partie d’un folide de réfiffance égale. M. Varignon déduit aément de cette propoñition, la figure du tolide qui réfiftera également dans toutes fes parties ; ce folide eft en forme de trompetre, & doit être fixé dans le mur par fa plus grande extré- mité. Voyez les mém, de l’acad. des ftiences, an. 1702. Chambers. (0) RÉSISTANCE des fluides, eft la force par laquelle les corps qui fe meuvent dans des milieux fluides , font retardés dans leurs mouvemens. Voÿez FLUIDES & MILIEU. Voici les lois de la ré/ffance des milieux fluides les plus généralement reçues. Un corps qui fe meut dans un fluide , trouve de la réfffance par deux caufes, la premiere eff la cohéfion des parties du fluide : car un corps qui dans fon mouvement fépare les parties d'un liquide , doit vaincre la force avec laquelle ces parties font cohérentes. Voyez COHÉSION. | La feconde eft l’inertie de la matiere dufluide, qui oblige le corps d'employer une certaine force pour déranger les particules , afin qu’elles le laiflent paffer. Voyez FORCE D'INERTIE. Le retardement qui réfulte de la premiere caufe, eft toujours le même dans le même efpace , tant que ce corps demeure le même, quelle que foit fa vi- tefle; ainf la ré/£ffunce eft comme l’efpace parcouru dans le même tems, c’eft-à-dire, comme la vitefle. La ré/ffance qui naît de la feconde caufe, quand le même corps fe meut avec la même vitefle, à travers différens fludes', fuit la proportion de la matiere qui doit être dérangée dans le même tems, c’eft-à-dire, elle eft comme la denfité du fluide. Foyez DENSITÉ. Quand le même corps fe meut à travers le même fluide, avec différentes vîtefles, cette réfiftance croît en proportion du nombre des particules frappées 176 R ES dans untems égal, êc ce nombre eficommel’efpace parcouru pendant ce tems, ceftä-dire , comme la vitefle ; mais de plus elle croït en proportion de la force avec laquelle le corps heurte contre chaque partie , & cette force eft comme laviteile du COrps ; par conféquent, fila vitefle eft triple , la réfffance eft triple , à caufe d’un nombre triple de parties que le corps doit écarter ; elle eft aufh triple à caufe du choc trois fois plus fort dont elle frappe chaque par- tioule ; c’eftpourquoi la re/f/ance totale eft neuffois aufligrande , c'eft-à-dire, comme le quarré de la vi- tefle; ainfi un corps quife meut dans un fluide, eft retardé , partie en raifon fimple de la vitefle, & par- tie en raïfon doublée de cette même vitefle, La réfffance qui vient de la cohéfion des parties dans les fluides, excepté ceux qui font glutineux, n’eft guere fenfble en comparaïfon de l'autre ré/f- tance qui eft en raifon des quarrés des vitefles, plus la vitefle eft grande, plus les deux réfiflances {ont différentes : c’eft pourquoi dans les mouvemens ra- pides , il ne faut confidérer que la réfiffarce qui eft comme le quarré de la vitefle. Les retardations qui naïflent de [a ré//fance peu- ent être comparées avec celles qui naïflent de la pe- fanteur , en comparant la réffffance avec la pefanteur. La réfiffance d'un cylhndre qui fe meut dans la di- re&ion de fon axe , eft égale à la pefanteur d’un cy- lHindre de ce fluide , dans lequel Le corps eft mû, qui auroit fa bafe égale à la bafe du corps, & fahauteur égale à la hauteur d'où ilfaudroit qu'un corps tombât dans levuide , pour acquérir la vitefle avec laquelle le cylindre fe meut dans le fluide. de : Un corps qui defcend librement dans un fluide, eft accéléré par la pefanteur relative du corps qui agit continuellement fur lui, quoique avec moins de force que dans le vuide. La 7e//fance du fluide occa- fionne un retardement, c’eft-à-dire une diminution d'accélération, & cette diminution eft comme le quarré de la vitefle du corps. De plusil y a une cer- taine vitefle qui eft la plus grande qu’un corps puifle acquérir en tombant ; car fl la viteile eft telle que la réféflance qui en réfulte devienne égale à la pefanteur relative du corps, fon mouvement ceffera d’être ac- céléré. En effet, le mouvement qui eft engendré con- tinuellement par la gravité relative, fera'détruit par la réfiflance , &le corps fera forcé de fe mouvoiruni- formément. Un corps approche toujours de plus en plus de cette vitefle qui eft la plus grande qui foit pofñble, mais ne peut jamais y atteindre. Quand les denfités d'un corps fluide font données, on peut connoître le poids refpeétif du corps ; &c en connoifflant le diametre du corps, on peut trouver de quelle hauteur un corps qui tombe dans le vuide ï peut acquérir une vitefle telle que la ré/{/fance d’un fluide fera égale à ce poids refpeëétif; ce fera cette vitefle qui fera la plus grande dont nous venons de parler. Si le corps eft une fphere, on fait qu'une fphere eft égale à un cylindre de même diametre, dont la hauteur eftles deux tiers de ce diametre; cette hauteur doit être augmentée dans la proportion dans laquelle le poids refpeétif du corps excede lé poids du fluide, afin d’avoir la hauteur«d'un cylindre du fluide dont le poids eft égal au poids refpeétif du corps. Cette hauteur fera celle de laquelle un corps tombant dans le vuide, acquiert une vitefle telle quelle engendre une réfiffance égale à ce poids refpec- tif; & c’eft par conféquent la plus grande vitefle qu'un corps puifle acquérir en tombant d’une hau- teurinfinie dans un fluide. Le plomb eftonze fois plus pefant que l’eau ; par conféquent fon poids refpeétif eft au poids de l’eau, comme dix font à un: donc une boule deplomb, comme il paroït par ce qui a ête dit, ne peut pasacquérir une vitefle plus grande en tom- bant dans l’eau, qu’elle n’en acquerreroit en tombant iv RES dans le vuide d’une hauteur de 6 2 fois fon diame- tre. Un corps qui eft plus léger qu’un fluide, & qui monte dans ce fluide par l’aétionde cefluide,, femeut exaétement par les mêmes lois qu’un corps plus pe- fant qui tomberoit dans ce fluide, Par-tout où vous placerez le corps, il eft foutenu parce fluide, 8 em- porté avec une force égale à l’excès du poids d’une quantité du fluide de même volume que le coup ;: {ur le poids du corps. Cette force agit continuelle- ment, & d'une maniere uniforme fur le corps; par- là, non-feulement l’ation de la gravité du corps eff détruite , mais le corps tend auf À fe mouvoiren en- haut, par un mouvement uniformément accéléré, de la même façon aw’un corps plus.pefant qu'un flui- de tend à defcendre par fa gravité refpedive. OrPu- niformite d'accélération eff détruite de la même ma- niere par la réfffance, dans l’afcenfion d’un corps plus léger que le Auide, comme elle eft détruite par la deicente d'un corps plus pefant. Quand un corps fpécifiquement plus pefant qu’un fluide, y eft jetté, 1l éprouve du retardement par deux raifons ; par rapport à la pefanteur du corps, &c par rapport à la ré/fffance du fluide : conféquemment un corps monte moins haut qu'il ne feroit dans le vuide , sl avoit la même vitefle. Mais les différen- ces des hauteurs auxquelles un corps s’éleye dans un fluide, d'avec celle à laquelle un corps s’éleveroit dans le vuide avec la même vitefle, font entr’elles en plus grand rapport que les hauteurs elles-mêmess êt fi les hauteurs font petites, les différences font à-peu-près comme lesiquarrés des hauteurs dans le vuide. | Réfiflance de l'air, eft la force avec laquelle le. mouvement des corps, fur-tout des projeétiles, eft retardé par oppofition de Pair ou atmofphere. Foyez AIR & PROJECTILE. | | L’air étant un fluide , eff foumis aux regles généras les'de la réf{ffance des fluides; à l'exception feule- ment qu'il faut avoir égard aux diférens degrés de denfité dans les différentes régions de l'atmoïphere. Voyez; ATMOSPHERE. Réfiflances différentes que le même milieu oppofe à des corps de différentes figures. M. Newton fait voir que f un globe & un cylindre, de diametres égaux, font mus fuivant [a direétion de l’axe du cylindre , avee une vitefle égale dans un milieu rare, compofé de |. particules égales, difpofées à égales diftances, la ré- JHfance du globe fera moindre de moitié que celle du cylindre. Solide de la moindre réfiffance. Le même auteur dé- termine , d’après la derniere propoñtion, quelle doit être la figure d’un folide qui aura moins de é/{ffance qu'un autre de même bafe. Voici quelle eft cette figure. Suppofez que DN FG (PL de Méch. fig. 57.), oit une courbetelle que fi d'un point quelconque W, on laïffe tomber la per- pendiculaire NM, fur axe 4B , & que d’un point donné &, on tire une ligne droïte GR, parallele à une tangente à la figure en N, qui étant continuée coupe l'axe en KR, MNeftà GR, comme le cube de GReftà 48 Rx GB;. Un folide décrit par la révo- lution de cette figure autour de fon axe 4B, & qui fe meut dans un milieu depuis À vers £, trouve moins de réfzffance que tout autre folide circulaire de même bafe, Gc. M. Newton a donné ce théoreme fans démonftra- tion. Plufieurs géometres ont-réfolu depuis ce même probleme, &r ont découvert l’analyfe que l’inven- teur avoit tenue cachée. On en trouve une {olution dans Le J. volume des mém. de l'académie royale des Scienc. de l'annee 1699. Elle eft de M, le marquis de PHôpital, & elle porte le caraétere de fimplicité & d'élégance qui eft commun à tous les ouvrages w apue # habile mathématicien, MM. Bernoulli s Fatio , Her= man, ©c plufieurs autres, en Ont auffi donné des fo= lutians ; & dans les mém, de Pacadém. de 1733, M. Bouguer a réfolu ée problème d’une maniere fort générale, en ne fuppofant point que le folide qu'on cherche foit un folide de révolution, mais un folide quelconque. Voici énoncé du problème tel que M, Bouguer la réfolu, Une bafe expofée au choc d’un fluide étant donnée, trouver l’efpece ‘de folide dont il faut la couvtir, pour que limpulfion foit la moin- dre qu'il eft poffible, Jai dit dans mon Tréssé des fluides , qüe toutes les folutions qu’on a données de ce problème depuis M. Newton inclufivement, ne répondoient pas exafte- ment à [a queftion ; fi on excepte celles où la mafle du folide eft fuppofée donnée. Car il ne fuffit pas de chercher & de trouver celui d’entre tous les {olides qui ont le même axe & la même bafe avec le même lommet, fur lequel l’impulfon de l’eau eft la moins dre qu’il eft poflible ; 1l faut de plus divifer cette im- pulfion par la mañle entiere, pour avoir l'effet qu'elle produit, & qui eft proprement le minimum qu'on Cherche. LÉ Cependant les folutions que les auteuts déjà cités ont données du problème dontil s’agit, peuvent être regardées comme exaétes, pourvi qu'on fuppofe que la 7éfflance du fluide foit continuellement con: trebalancée par une force égale & contraire, en forte que le folide fe meuve uniformément. En ce cas il eft inutile d’avoir égard à la mañle du folide ; & pour: vi qu'on lui donne la figüre qui éft déterminée par Ja folution, ce folide ira plus vite que tout autre qui feroit pouflé par la même force, Par exemple , un vaifleau dont la proue auroit cette fi gure, étant pouflé par ün vent d'une certaine force déterminée, ira plus vite que tout autre vaiffeau dont la proue auroit une figure différente, Ainfi la folution du problème eft exaéte, quant à l’application qu’on veut én faire au mouvement des vafleaux; mais elle ne le fera plus lorfqu'on fuppofera un folide entierement plongé dans un fluide, & qui s’y mouvra d’un mouvement retardé en éprouvant toujours de la réfiflance | fans qu'aucune force lui rende le mouvement qu'il perd à » balancier aidé du refors fait fes réciprocations en » des tems parfaitement égaux: Ce raïfonnement ne prouve autre chofe, finon que toutes les vibrations d’un corps à effort font à très-peu-près fochrones , l'oreille n'étant certaine- ment pas aflez délicate pour appercevoir les petites différences qui pourroient arriver dans les: tons ; d’ailleurs, M. de Mondonville a trouvé ge dans un inffrument le ton d'une corde pouvoit monter d'un demi con , lorfqu'on la tenoit fort lâche, quoique la gradation obfèrvée en renflant 6 adouciffant le fon rende ordinat- rement cette différence infenfible à l'oreille. Voyez la dif fértation de M. Ferrein fur la formation de la voix, Mém. de l'Acad. royale des Screnc. ann, 1741. 1 faut donc quelque chofe de plus précis pour nous con- vaincre de l’ifochronifme en queftion, c’eft ce qu’on trouvera dans les expériences que je vais rapporter. Avant de pañer à ces expériences > NOUS rappotte- rons les deux principes fuivans, &c nous demontre- rons une propofñition qui nous aidera à tirer des con- féquences füres de ces expériences ; ces deux prin- cipes font, 1°. que tout corps réfifée autant pour acqué- sir une quantité de mouvement quelconque , se are la perdre lorfqu'il l'a acquife, voyez INERTIE ; 2°. qu'un reflort me ceffe d'être comprimé par un corps er mouve- ment qui le Jurmonte , que quand la vitefle totale de ce corps ef} éseimte ; pour prouver ce dernier principe, nous ferons avec M. Trabaud le raifonnement fui- vant. Tant que la vitefle avec laquelle un corps fur- monte un refort eft d’une grandèur finie, quelque pe- tite qu'elle foit, fa force eft aflez grande pour com- primer le reffors déja bandé, car ce reffors étant une force preffante fans mouvement , &c infiniment infe- rieure à une force en mouvement; 1l eft comparable Me à cet égard à une force accéleratrice , telle qu'ef la | pefanteur , laquelle ne peut donner une vitefle finie - que dans un tems fini, un reffort bandé ne peut donc pas réfifter à une force d'une grandeur finie qui lui eft appliquée jufqu’au point de la détruite fans être comprimé. Propofition. Deux cotps égaux À & a , employe- ront un même tems à parcourir les différens efpaces AE,CE, fi les forces qui les pouflent dans tous les points de la ligne font proportionnelles aux diflances du terme Æ où elles le font tendre. Démonffration. Dans le premier inftant du mou- vement, À étant par fuppoñtion une fois plus diftant de Æ, eft felon Phypothèfe pouflé par une force double , & parcourt un efpace une fois plus grand; dans le fecond, fi la force accélératrice cefloit d’agir, ce corps poffedant une vitefle uniforme , double de celle avec laquelle Cfe meut, il Su par ce feul mouvement un efpace une fois plus grand ; or la force produit encore un effet double fur ce même corps; car s’il eft une fois plus éloigné de Æ, les deux mobiles ayant parcouru dans le premier inftant des efpaces proportionels aux lignes 4C, CE ; donc les vitefles de 4 feront doubles dans le fecond inf- tant. On verra par le même raifonnement, que rece- vant toujours des vitefles proportionnelles aux dif tances à parcourir, & parcourant dans tous les inf- tans des efpaces qui font comme leur éloignement de Æ, les deux corps arriveront en même tems à ce point, il en feroit de même fi 4 avoit trois fois plus de chemin à faire, fa vitefle feroit toujours triple, &c ainf des autres cas. Coroilaire. S2 avec leur vitele acquife les mobiles précédens retournent fur leurs pas en Jurmontant les ob- facles de la force qui les a fair parvenir enE, ils arri- yeront en même tems aux points À 6 C d'ox ils font pre- IMICTEMENE PATES | RES 191 Car par le premier 8z le fécond principe, le tems ue chacun des corps emploïera dans ce dernier cas, fera égal à celui qu'il a mis dans le premier, vû que la force reftant la même & opérant avec une ation égale , leur ravira dans chaque point le degré de vi- tefle qwelle leur a communiqué dans ce même point, Parique les différentes excurfions d’un mobile font parfaitement 1fochrones quand les forces qui le pouf: fent font en raifon de la diftance du terme où elles le font tendre; fachons préfentement fi lation des refforts fpiraux augmente {elon la proportion des ef paces parcourus dans leufs différentes contrations; fi cela eff, le balancier ne pouvant fe mouvoir fans croître les forces du fpiral, felon la diftance du cen tre de repos, l’ifochronifime de fes vibrations fuit néceflairement. Pour éclaircir ce point je pris le grand refors d’une montre ordinaire, j’attachai fon extrémité intérieure à un arbre foutenu par des pivots très-fns; lequel portoit une grande poulie, j’affermis enfuite le bout extérieur du ref/ort contre un point fixe, de façon qu'il fe trouvât dans fon état naturel; cela fait j’attachai un fil à la poulie, je l'en entourai, puis je fixai à l’au- tre extrémité de ce fil un petit crochet où je mis fuc- ceflivement différens poids. Ces poids tendant le reffor: en l’ouvrant & le re- fermant de la quantité dont il Pauroït été sil avoit fait vibrer un balancier, & même beaucoup plus ; j'obfervai les rapports dans lefquels le crochet baif- loit , & je les trouvai toujours en raifon exaîe des poids dont je le chargeoïs ; fi, par exemple, quatre gros defcendoient d’une certaine hauteur, une once s’abaifloit du double, ainfi de fuite. (T) RESSORTS , c’eft dans le fommier de l’orgue, les pieces fe (fe. 6. & 9. PL. d'Orgue), qui tiennent les foupapes fermées & appliquées contre les barres dufommier, Ces refforrs font ordinairement de léton le plus élaftique que l’on puifle trouver, & ont la forme d’un U d’Hollande couché fur le côté en cette maniere À , les deux extrémités fe de ces refforrs font coudées €n-dehors & font le crochet; ces crochets entrent , Pun dans un trou qui eft à l'extrémité an- térieure du trait de fcie de la foupape, & l’autre dans un trou direétement oppoié, qui eft dans le trait de {cie du guide. Foyez SOMMIeR. Refforrs, font aufiles pieces ( fe. 18. PL d Orgue.) de cuivre femblablement courbées, aui relevent les touches du clavier de pédale , & les renvoient contre le deflus du clavier. J’oyez CLAVIER DE PÉDALE. _ Reffort du tremblant fort, c'eft auffi un reffors fem- blable à ceux des foupapes ; fon ufage eft de repouf- {er la foupape intérieure du tremblant contre l’ou- véïture qu'elle doit fermer. Voyez TREMBLANT FORT. Reffors en boudin du tremblant fort, eft aufi de lé- ton, & eft employé en hélicoïde où en vis ; fon ufa- ge eft explique à l’article semblant fort. Voyez TREM- BLANT FORT. | RESSORT,, . m. ( Jurifprud.) eft la fubordination d’une juilice inférieure envers une juftice fupérieute à laquelle on porte les appels des jugemens de la pre- miere. On entend aufli quelquefois par le terme de ref2 Jort une certaine étendue de territoire dont Les juiki- ces relevent par appel à la juftice fupérieure de ce territoire. Le refort ou voie d’appel ne commença à s’établir que du tems de faint Louis. Quelques - uns prennent le terme de reforc pour l'étendue de pays dans laquelle un juge ou autre off çier public peut exercer {es fon@ions ; mais ceci eft le diftriét que l’on ne doit pas confondre avec le reffore, Un juge peut avoir fon diftri& & fon reflorr. Son diftriét eft Le territoire qui eft foumis immédiatement 192 . RES à {a jurifdi@ion ; fonvreffors et leter“itoire qui ne Jui eft foumis que pour les appels. Le effort eft ordinai- ementplus étendu que le diftrict, 1 peut cependant l'être moins, y ayant des juitices affez confidérables ui n'en ont point ou fort peu qui y reMortiffent par appel. | Le miniftere public, & même les particuliers qui fe trouvent y avoir intérêt, peuvent fe pourvoir en diffration de {on reffort lorique par des lettres du prince ou par le fait de quelque particulier, on a don- né atteinte au reffort de la jurifdiétion ; &c par diftrac- tion de reffort on entend fouvent dans ce cas, non- feulement la diminution du refforf par appel, mais auf celle du diffriét ou jurifdiétion immédiate. Reffort fe prend auffi quelquefois pour jurifdi@ion 7 pouvoir, comme quand on dit qu'un juge ne peut juger hors de fon refforr. | Quelquefois enfin reffors eft pris pour jugement, &£ par dermer reffors on entend un dernier jugement contre lequel il n’y a plus de voie d'appel. Les cours fouveraines jugent en dernier reflors. Les préfidiaux jugent aufh en dernier reffert les caufes qui font au premier chef de l’édit des préfidiaux. Il ÿ a encore d’autres juges, qui dans certains cas jugent en der- nier reffort. Voyez Loyfeau, rit. des féigneuries. (A) RESSORTISSANT , adj. ( Jurifprud.) fe dit d'un tribunsl qui eft dans le refort d’un autre, c’eft-à- ire dont Pappel va à cet autre tribunal, quieft fon eur, Voyez APPEL DE TRAIT, DiSTRICT, Ju- relever d’un malheur, d'un défaftre, d’une perte, d’une maniere qu'on n’attendoit pas ; cat il faut en- tendre par reffource un inoyen qui {e préfente de fui- même ; cependant quelauefois il {e prend four tout moyen en général. Ce marchand a de grandes reffources, il lui refte encore du crédit 87 des amis. Sa dermere reffource fut de fe jetter dans un couvent. Le galimathias de la difinfhion eft la reffource ordinaire d’un théologien aux abots. Ressource, ( Maréchal.) un cheval qui a de la refource , eft la même chofe qu’avoir du fond. Voyez FOND. RESSOUVENTIR, f. m.( Gram.) ation de la mé- moire, qui nous rappelle fubitement des chofes paf- fées. I y à, ce me femble, cette différence entre fou- venir &c reffouvenir, que quand on dit j'en ai le fouve- nir, on a la mémoire plus fréquente, plus forte, plus habituelle, plus voifine, plus continue ; au-lieu que quand on dit jen aile reffouvenir, la préfence de la chofe eft plus prompte, plus pañlagere, plus foible, plus éloignée. Le fouvenir eft d'un tems moins éloï- gné que le refjouvenir : hommes Jouvene-vous vous êtes poufliere &t que vous retoutnerez en pouf- fiere, Il figmifie ici n'oubliez pas. Reffouvenez -vous des foins que vos peres &t meres ont pris de la foi- blefle de votre enfance, afin que vous fupportiez fans dégoût l'imbécillité de leur vieilleffe, RESSUAGE , f. m. ( Mérallurote.) c’eft ainfi qu'on nomme l’opération par laquelle le cuivre doit pañler pour achever de fe dégager du plomb qui peut être refté aveclui au fortir du fourneau de liquation, Après que le plomb chargé d'argent s’eftfépare par la liqua- tion du cuivre, les gâteaux ou pains de liquation fe font affaiflés, &c font devenus entierement poreux &t {pongieux, & il y refte encore une portion de plomb qu'il eft néceflaire d'achever d’en féparer, avant que de raffiner le cuivre. On fe fert pour cela d’un fourneau conftruit de la maniere fuivante. On commence à former des évents en croix pour déga- ger l'humidité ; le fol du fourneau doit aller en pente par-devant, & être garni de carreaux ou de briques; on forme plufieurs rues ou voies par des murs paral- real DL ue leles placée près les uns des autres, & traverfés par es barres de fer, de fonte, deftinées à {outenir les pieces de ‘hiquation qui doivent refluer. Ces murs ont recouverts par une voûte, ce qui fait un four- neau de reverbere dontle devant fe ferme avec une porte detole que Pon enduit intérieurement de terre grafle, Foyez le traité de la fonte des mines de Schlutter, com. IT. pag. 146. & 545. On place de champ fur ces murs & ces barres les pieces ou les pains de liqua- tion; on les chauffe jufqu’à ce que le cuivre rougifie obicurement fans fe fondre ; par cette opération qui dure vinot- quatre heures , le cuivre acheve de fe dégager du plomb êc de l'argent avec qui il étoit en: core joint. | On appelle épines de reffluase, les fcories qui fe for- ment du cuivre dans cette opération: en fe fervant de bois pour faire la liquation, & en la faifant dans un fourneau de reverbére, on fe difpenfera de faire pañles le cuivre par l'opération du rffuage. Au fortir du refluage le cuivre ef porté au fourneau de raffi- nage. Voyez RAFFINAGE. Povez Schlutter, ibid. & l’article de la fonderie d'Orfchail. ; RESSUAGE , £. m. (cerme de Monnoyenr.) c'eft une efpece de fourneau qui a deux on trois piés de haut, environ deux piés de long fur deux de large en-dedans. Il fert à féparer & à retirer le plomb, l'argent & le cuivre dont les culots font compo- iés ; &x l’un des côtés de ce fourneau eft en pente, pour laifler couler es méraux dans une cafe qui eit au-defious. Le ref/uage défigne auf l'opération par laquelle on fépare les métaux qu'on vient de nommer, Dans le premier fens, on dit porter les culots au ref/uage ; & dans l'autre, faire le reffuage des culots. Borzard. (D. J.) RESSUER , v. aët. terme de Monnoyeur. On dit en terme de monnoyeur, faire reffuer les creufets & faire reffuer les culots. Voici Fexplication de ces deux phrafes. : Quand un creufet de fer n’eft plus en état de fervit, on le met le fond en haut , fur les barreaux d'un fourneau à vent; & on fait grand feu, afin de faire fondre largent qui eft attaché au creufet; ce que lon appelle faire reffuer le creufet.; Après quoi on le retire tout rouge du feu, &T on l’ex- folie à coup de marteau; c’eft-à-dire, que l’on en fait tomber la fuperficie , en feuilles que lon pile enfuite, pour en faire les lavûres, afin d’en retirer jufqu'aux moindres parties d'argent. Quand on veut féparer les métaux des culots, ce que l’on appelle faire reffuer les culots, on fait un feu de charbon pour bien recuire la cafle, on fait une grille au-deflous du reffuage : cette grille n’eft pas de fer, parce que l’ardeur du feu feroit que le cuivre du culot s’y attacheroit. On met les culots fur cette grille: on fait un feu clair deflous, qui fait allumer le charbon qui eft lardé entre les pavés dont le reffuage eft compofé, & on modere le feu clair autant que l’on peut; car bien que le cuivre foit plus dificile à fondre que l'argent & le plomb , 1l pourroit être auffi fondu; & ainfi ces trois métaux que lon veut féparer, {e trouveroient mêlés dans la cafle. Quand les culots font bien échaufies, le plomb & l’argent fe fondent prefque en même tems, & coulent dans la cafle. Maïs comme le cuivre eft plus difücile à fondre , 1l refte fur la grille, & on voit les reftes des culots percés comme des éponges aux endroits dont le plomb & l’arsent ont été détachés par Paétion du feu. On retire après cela les reftes des lingots, on les fait fondre, & on les met en lingots. Boizerd, (D. JL) * à RESSUT, {. m. (zerme de Vénerie.) c’eft endroit où le cerf fe fauve pour fe délafler & fécher fa fueur de Paiguail ou de la rofée du matin. Sz/- nove. (D, J.) RESSUIER , RESSUIER. (Jardinage. ) On dit qu’une plante fe reffuie, quand ayant été expofée la nuit à trop de rofée ou à un brouillard gros & épais, rempli de corpufcules pleins de {oufre , on la fouftrait aux prenuers rayons du foleil. _RESSUSCITER, v. a@. (Gramm.) révenir à la Vie. Jefus-Chrift a reffufciré le Lazare, Lui-même eft reffufciré, I y a des réfurrelions dans toutes les reli- gions du monde; mais 11 n’y a que celles du chrif- tianifme qui foient vraies ; toutes les autres, fans exception, font faufles. . Reffufcirer fe prend auffñi au figuré. Pourquoi ref Jufciter cette vieille querelle de la prééminence des anciens & des modernes, dans laquelle ceux d’en- tre les défenfeurs des modernes qui y avoient le moins d'intérêt, yyont montré le plus de chaleur ? Voyez RÉSURRECTION. RESTAINS , (Soferie.) grofles bobines fur lef. quelles on enroule les cordons & la cordeline d’une étoffe. - RESTAUR , fm, (Jurifprud.) & par corruption RESTOR , ce mot venant du latin re/faurare qui figni- fie rétablir, reffituer, eft un ancien terme de pratique qui étoit ufité dans la province de Normandie, pour exprimer le recours que quelqu'un a contre ion garant ou autre perfonne qui doit l’indem- nifer de quelque dommage qu’il a fouffert. (4) RESTAUR, (Commerce de mer.) c’eft le dédom- magement que les aflureurs peuvent avoir les uns contre les autres, fuivant la date de leur police d'aflurance; ou c’eft le recours que les mêmes a£ fureurs font en droit de prétendre fur le maître d'un navire, fi les avaries proviennent de fon fait, comme faute de bon guindage, de radoub, & de n'avoir pas tenu fon navire bien eftant. Savary. (2. JF.) RESTAURATIF ox RESTAURANT , rerme de Médecine, c’eft un remede propre pour donner de la force & de la vigueur. Voyez MÉDe crwe. Les ref: tauratfs appartiennent à Ja clafle des balfamiques que l’on appelle autrement analeptiques. Voyez BAL- SAMIQUES & ANALEPTIQUES. Ces fortes de reme- des font d’une nature émollieñte & adouciflante , aufi-bien que nutritive; & font plus propres à réta- bär la confhtution, qu’à re@ifer {es defordres, voyez NUTRITION. Les reffaurarifs font les feuilles de capillaire noir & blanc, l’ellébore noir, la ro- quette , la fcabienfe, Le pas-d’âne, le thé-boüé, les pois-chiches, le houblon, le chocolat, les noix- confites, le banme-de-tolu, le bdellium, le ben- join , le ftorax, le panicot, l'iris, le fatyrion , @c. Voyez ces articles. RESTAURATION , f f (Architeë. ) C’eft a réfection de toutes les parties d’un bâtiment dé- gradé & dépéri par mal-façon ou par fucceffion de tems, enforte qu'il eft remis en fa premiere forme, & même augmenté confidérablement. Da- viler. (D, JT.) | RESTAURATION , f. f. (Æiff. mod. d’Anol.) On appelle en Angleterre la reffaration ou le rérablife fément, le changement de 1660, par lequel le roi Charles IL: fut rappellé au trône de fes peres. Je n’examine point, ft l’on pouvoit s’en difpenfer ou non; mais On a remarqué qu'après cette reflaura- sion des Stwards , le caraétere de [a nation fouffrit une altération confidérable. S'il eft permis de dire la vérité, elle changea l’hofpitalité en luxe, le plaifir en débauche, les feigneurs des provinces & les gentilshommes de la chambre des communes en courtifans. & en petits-maîtres. L’efprit anima la licence du fiecle, & la galanterie y répandit le ver- nis qui fait {on apanage. On vit fuccéder à l’auf- térité du gouvernement. du protecteur. les goûts de la cour de Louis XIV. On n’aima plus que les poë- Tome XIP, . RES 103 fes efféminces, la rnollefle dé Waller , les fatyrés du comte de Rochefter, & l’efprit de Cowley, Enfin Charles IE ruina fon érédit & fesaffaires, en vou: lant porter dans {on gouvernement le gémie & les maximes de celui dé la France. Voilà le germe qui produifit l'événement de 1688 confacté fous le nom de révolution. Voyez RÉVOLUTION. (D. J.) RESTAURER, v. a@. (Archive) C'eft rétablir un bâtiment, ou femettre en fon premier état uné figure mutilée, La plûüpart des flatues antiques ont été reftlaurées, D fete de Farnefe, le Faune de Bofghefe à Rome, les Lutteurs de la galerie du grand duc de Florence, la Vénus d'Arles qui eft dans la galerie du roi à Verfailles, Ge. Cés reflauraions ont été faites par les plus habiles felupteurs. (D. J.) RESTE , {. m. (er Marhémar.) C’ett la différence que Fon trouve entre deux grandeurs, après avoir Ôte, la plus petite de la plus grande. Vayez Sous TRACTION. | | S1 l’on veut faire la preuve d’une fouftra@ion c'eft-à-dire, vérifier cette opération , on n’a qu’à ajouter la plus petite des deux grandeurs propotées au reffe que l’on vient de trouver, & fi cette {omme eft Cgale à la plus grande des deux quantités, l'opé- ration eft jufte ; autrement il y a erreur, 1l faut re- commencer, (Æ) , RESTE, (Corim.) fignifie tout ce ui demeuré de quelque chofe, ou qui en fait le furplus. Le reflé d'une fomme d'argent , le refe d’une étoffe , d'une toile es | - RESTE, x terme de commerte de mèr, On appelle le lieu du ref, celui de la derniere décharge des marchandifes, lorfque le voyage eft fini. ; RESTES, fe dit en termes de comptes, de ce qui demeure dû par lé comptable, Il n’eft guere en ufage que dans les comptes de finances ; dans ceux des marchands on dit déber &creliquas, Voyez D'ÉBET, RÉLIQUAT, COMPTE, Pidionn. de Comm. Au RESTE, du RESTE. (Synonymes. ) Ces deux ad: verbes ne s'emploient pas toujours indifféremment. On dit au refle, quand après avoir expofé un fait, OU traite une matiere , on ajoute quelque chofe dans le même gente qui a du rapport avec ce qi’on a déja dit: par exemple, après avoir parlé dYperide qui avoit une facilité merveilleufe à manier l'ironie, & avoir remarqué qu'ileft toutplein de jeux & de poin- tes d’eiprit qui frappent toujours où il vife ; ‘Longin ajoute : au refle, 1l affaifonne toutes ces chofes d’un tour & d’une grace inimitable. On emploie le mot du refle, quand ce qui fuit n°eft pas dans le même genre que ce qui précede , & qu’il n'y a pas une relation effentielle : par exemple, cet homme eft bifarre, emporté ; dx reJle brave & intré- pide. (D. J.) RESTER , v.n. (Gramm.) être de furplus ou de refte. Voyez RESTE. RESTER, demeurer en un lieu. Reffez-vous ici bien longtems ? RESTER , ( Marine.) on dit qu’une terre où un vaif feau refle à un air de vent, lorfqu'il fe trouve dans la ligne de cet air de vent, par rapport à la chofe dont on parle. | RESTER fur une fyllabe, en terme de Mufique ; c’eft y faire unetenue, ou différens roulemens & infle- xions de voix. (5) RÉSTIPULER , v.n. (Gramm.) flipuler de nou- veau. Voyez les articles STIPULATION & STrputER. RESTIFUTION , f. f.(Phy/g.) s'entend du réta- blffement d’un corps élaftique , qui , après avoir été dans un état forcé pendant quelque tems, fe remet enfuite dans {on état naturel ; plufeurs phyficiens ap- pellent l’aétion par laquelle il fe rérablit, mouvemens de refhturion. Voyez ÉLASTICITÉ. (0) nt” RESTITUTION d’une médaille, ( Belles -lettres. Ye 194 RES dit de la médaille même reftituée. On appellé mé- dailles reflituées, les médailles foit confulaires , foit impériales, fur lefquelles., outre le type &c la légen- de qu’elles ont eu dans leur premiere fabrication , on voit le nom de l’empereur qui les a fait frapper une feconde fois fuivi du mot abrégé REST. Telles font la médaille de moyen bronze , où autour de la tête d'Augufte rayonnée, ondit DIVFS AVGVSTFS PATER ; & au revers eft un globe avec un gouver- nail, & pour légende ZMP. T. VESP. AVG. REST. &t cette médaille d'argent de la famille Ryubria, qui repréfente d’un côté la tête de la Concorde voilée avec le mot abrégé DOS. c’eft-à-dire, DOS/enus ; êt au revers un quadrise, fur lequel eft une Viétoire qui tient une couronne , & au-deflous Z. RF ART. &c autour {MP. CAES. TRAIAN. AVG. GER. DAC.PP. REST, Il y a d’autres médailles à qui on donne improprement le nom de reffiuées, quoiau’el- les ne portent pas le mot REST. qui femble en être le caraétere diftin&, telles fontles médailles frappées fous Gallien pour renouveller la mémoire de la con- fervation de plufeurs de fes prédécefleurs. Nous en parlerons plus bas, Le P. jobert fait commencer les refhtutiors à Clau- de & à Néron; mais les médailles fur lefquels il s’eft fonde font faufles & de coin moderne ; M. le baron de la Baflie , de qi nous empruntons tout cet article, dit que c’eft fous Titus qu’on a commencé à voir des médailles reflituées,& on en connoït de frappées fous . ce prince pour Augufte, Aorippa, Livie, Drufus, Tibere, Drufus fils de Tibere, Germanicus, Agrip- pine , Claude , Galba, Othon. Domitien &c Trajan en firent autant ; & ce dernier non-feulement pour les empereurs qui lavoient précédé, mais encore pour un très-grand nombre de familles romaines, dont il renouvella les médailles confulaires , telles que les familles Ærnilia, Cœcilia, Claudia, Horatia, Julia Juria, Martia Rubria, & plufeurs autres dont on a les médailles. La plüpart des antiquaires croient que le mot REST, qui fe lit fur toutes ces médailles, fignifie feu- lement que Titus, Domitien, Nerva , Trajan, ont fait refaire des coins de la monnoie de leurs prédé- cefleurs, qu'ils ont fait frapper des médailles avec ces mêmes coins, & qu'ils ont permis qu’elles euffent cours dans le commerce , ainfi que leurs propres monnoïres. Le P. Hardouin s’eft moqué de cette explication , prétendant que ce feroit à-peu-près la même chofe, que fi Louis XIV. avoit voulu faire battre monnoïe au coin de Charlemagne, de Piulipe-Augufte, ou de Henri IV, Il ajoute que le mot RESTiruir, furtout fur les médailles reftituées par Tite & fes fuccefñieurs, ne veut dire autre chofe, finon que ces derniers prin- ces redonnoient au monde Pexemple des vertus qui brilloient dans leurs prédécefleurs , & dans les célé- bres perfonnages dont le nom fe lit fur ces fortes de médailles. Mais cette explication n’eft pas, à beau- coup près, aufli folide aw’elle paroït ingénieufe. Car , comme le remarque M. le baron de la Baftie, fous prétexte d'appuyer un paradoxe, 1l n’eft jamais permis aux antiquaires de faire une nouvelle langue, ni d'attribuer aux mots grecs ou latins qu'ils rencon- trent fur les médailles, des fignifications que ces ter- mes n’ont jamais eues. Or, outre que reffisuere ali- quem n'a jamais vonlu dire repréfenter quelqu'un , Où le rendre a l’état par l’image de fes vertus, c’eft que ce verbe, dans la confiruétion latine , régiffant laccufa- tif, ne tomberoït fur rien dans les médailles en quef- tion, où tous les noms des empereurs & des héros font au nominatif, ou 1l faudra fuppofer que les Ro- mains ignoroient leur langue pour faire des fautes fi grofheres, ou 1] faudra fuppléer des pronoms entiers, ëc par cette méthode ontrouvera toutce qu'on you- RES dia fur les médailles. Enfin, eft-il vraiflemblable que . Tite , les délicés du genre humain, & Trajan, fi cher aux Romains , aient voulu faire penfer qu'ils retra- coient en leur perfonne &c la difimulation de Tibere, &t la molefle d’Othon ? Les découvertes du P. Har- douin ne tiennent pas contre une critique fi judi- cieufe. Il y a bien plus de probabilité dans le fenti- ment de M. Vaillant ; favoir , que Trajan, afin de {e concilier les efprits du fénat & du peuple, voulut donner des marques de fa vénération pour fes prédé- cefleurs , & de fa bienveillance envers les premieres maifons de la république ; dans ce deflein , 1l fit ref- tituer les monnoies des empereurs qui avoient regné avant lui, &c celles fut lefquelles étoient gravés les noms des familles romaines, Quant aux médailles reftituéespar Gallien, ce font celles que cet empereur fit frapper pour renouveller la mémoire de la confécration de la plüpart de fes prédécefleurs, qu'on avoit mis au rang des dieux après leur mort. Ces médailles ont toutes la même lésende au revers, CONSECRATIO ; 8 ces revers n’ont que deux types différens, un autel fur lequel il y a du feu , &c un aigle avec les aîles déployées. Les empereurs dont Gailien a reftitué la confécration, font Augufte, Vefpañen, Titus , Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin Pie, Marc-Aurele, Commode Severe & Alexandre Severe, pour chacun defquels il n’y à que deux médailles , à l’exception de Marc- Aurele, dont on en trouve trois différentes. Mais il ne s’eft pas encore trouvé des médailles reftituées par Gallien, avec les confécrations de Claude, de Lucius-Verus, de Pertinax, de Pefcennius, de Ca- racalla, de Gordien, m1 des impératrices qui ayoient été miles au nombre des déefles. Remarque de M. le baron de la Baftie, fur la fixieme inftrut, de la [cience des méd. du P. Jobert , tom. I. RESTIFUTION , (Jurifprud.) fignifie quelquefois lation de rendre une chofe à celui à qui elle appara tient, comme la reffiturion des fruits que le poffef- feur de mauvaife foi eft obligé de faire au véritable propriétaire. Reflitution de deniers eftlorfqwonrend une fomme que ont reçue pour prix d’une vente, ceffion ou autre acte, Reffimrion fignifie aufi quelquefois rérabliffement , comme quand on dit reftituer lamémoire d’un défunt en fa bonne fame & renommée, RESTITUTION en entier, OU refci/ton, eftun béné- fice que les loix accordent à celui qui a été léfé dans uelque aéte où 1l a été partie, pour le remettre au même état où il étoir avant cet aéte , s'il y a jufte caufe de le faire. L’ufage de ce bénéfice nous vient des lois romai- nes ; mais parmi nous il eft fujet à quelques regles particulieres. La reflimrion s'accorde contre des arrêts & juge- mens en dernier reflort foït par voie de requête c1- vile , foit par voie de caflation. Foyez CASSATION, REQUÊTE CIVILE. | La reffurion contre des aêtes a lieu quand late n’eft pas nul en lui-même , & néanmoins qu'il peut être annullé par quelque caufe de reffsution, Quoique les loss aient reglé les cas dans lefquels Ia refliturion doït être accordée, néanmoins en France elle peut être prononcée par le juge , fi la partie qui fe prétend léfée na obtenu des lettres de refcifion, dont elle doit demander l’entérinement , lequel dé- pend toujours de la prudence du juge. La reflirution en entier a fon effet non-feulement en- “tre ceux qui ont pañlé laëte, maïs aufhi contre Les tiers-poliefleurs. | Elle peut être demandée par l'héritier du chef du défunt. | | | Si c’eftun fondé de procuration qui demande la se * refhrution fous le nom de fon commettant, 1l faut qu’il {oit fondé de procuration fpéciale. *. | Celui qui a ratifié un atte en majorité , n’eft plus recevable à demander d’être reftitué contre cet acte. k L'effet de la reffisution eft que Les deux parties font remiles au même état qu'elles étoient avant l’aéte, de maniere que celui qui eft reftitué, doit rendre ce qu’il a reçu. Si là léfion ne portoit que fur une partie de l’aête, dont le furplus fût indépendant, la re/liturion ne de- vroit être accordée que contre la partie de l’aéte où il y auroit léfion. La reflirurion doit être demandée dans les dix ans. de laéte , & ce tems qui a couru du vivant de celui qui a pañlé l’aéte , fe compte à l'égard de fon héritier; maïs fi celui-c1 étoit mineur , le refte de ce délai ne courroit que du jour de fa majorité. Quoique lon fe porte plus facilement à relever les mineurs que les majeurs ; cependant la minorité n’eft pas feule un moyen de reffiution ; il faut que le mi- neur doit léfé ; mais auf on le releve de toutes for- tes d’aétes où il fouffre la moindre léfion, foit qu'il s’agiife de prêts d'argent ou autres conventions, foit qu’il foit queftion de l’acceptation d'un legs ou d’une fucceffion , où que le mineur y ait renoncé; on lui : accorde même la reffisurion pour les profits dont il a étéprivé,& des demandes qu’il a formées,ou des con- fentemens qu'il a donnés à fon préjudice dans des procès. Si deux mineurs traitant enfemble, l’un fe trouve . Aéfe , dl peut démander la re/arution. L’autorifation du tuteur n’empèche pas que le mi- neur n’obtienne la refliturion; on la lui accorde mê- me contre ce qui a été fait par fon tuteur, quand il y a léfion. . 8: l’on a vendu un immeuble du mineur fans ne- ceflité ou fans utilité évidente , ou que les formalités a’aient pas été obfervées , telles que leftimation préalable , les affiches & publications , le mineur en peut être relevé quand il ne fouffriroit d'autre léfion ue celle d’être privé de fes fonds , qui eft ce qu’on appelle la //07 d’affeüion. - Les moyens de reflirurion à l'égard des majeurs, ont la force, la crainte, le dol, Il faut pourtant qw’il y ait léfion ; mais la léfion feulé ne fufkit pas. Néanmoins dans les partages des fucceffons la lé- fon du tiers au quart fufht pour donner lieu à la ref- zitution à caufe de l'égalité qui doit regner entre co- héritiers. Le vendeur peut auffi être reftitué contre la vente d’un fords, s'il y a léfion d'autre moitié du jufte prix. Poyez au digefte lestitres de 57 integr. reflus. &t celui de minoribus ; le titre quod metus caufa , celui de dolo, & les titres du code de temp. in intepr. reftitur. celui de repur. que f. in jud. inintegr, refit. celui de his que vi metuve, &c. celui de refcind, vendir. Gregorius Tolo- fanus , Defpeifles , l'auteur des lois civiles. Voyez auffi les r10rs CRAINTE, DOL,CONTRAT, CONVENTION, LETTRES DERESCISION , MAJEUR, MINEUR , PAR- . TAGE, RESCISION , VENTE. (4) RESTITUTION , ( Æiff. mod.) c’eft ainfi qu’on nomme à Rome lufage où eft le pape, de donner le chapeau. de cardinal à un des plus proches parens .du pape qui lui avoit conféré à lui-même le cardi- nalat. livres ; c’eft la même chofe que contrepo/ition, Aiïnfi quand un banquier ou un marchand dit à fon teneur - de livres qu'il faut éviter les reffornes, c’eft lui faire entendre qu'il doit être exaét à ne point faire de -contrepofñitions., c’eft-à-dire à ne pas porter un arti- -cle pour un autre fur aucun compte du grand livre, “foit en débit, foit en crédit. Quelques-uns fe fervent Tome XIF, sde RESTORNE, f. m. ( Comm.) terme de teneur de | | RES 19$ dans le mème fens duterme d’exrorneou exrorni, Dit. de Cornmerce. RESTORNER., v. a, (Commerce, ) contrepofer un article mal-porté dans le grand livre au débit ou au credit d’un compte ; On dit aufli exrorner. Voyez LIVRE & RESTORNE. Dit. de Commerce. RESTRAINDRE , v. a&t. (Gram. & Jurifprud.) c’eft réduire quelque chofe ; reffraindre {es conclu- fions , c’eft retrancher une partie de ce que l’on avoit demandé ou que l’on pouvoit demander. On fe ref- traintaufli à une certaine fomme pour des dommages Ôc intérêts, Gc. (4) . RESTRICTIF, (Juri/prud.) eft ce qui a pour ob- jet de reftraindre quelque chofe comme une claufe reflritlive | c’eft-à-dire qui reftraint l'étendue d’une difpofition. (4) . RESTRICTION, ( Jurifprud. ) eft une claufe qui limite l'effet de quelque difpoñition. (4) RESTRINCTIF , adj. médicament aftringent qui empêche l’inflammation de furvenir à une partie , en augmentant Le reflort des folides qui entrent dans {a compofition. Ambroïife Paré recommande immédia- tement après lopération de la cataratte, qu’on ap- phique fur l’œil un refrinélif fait avec blanc d'œufs eau de rofes , battus avec alun de roche : le même auteur dit qu'après avoir réduit une luxation, il faut appliquer fur toutes les parties voifines-un reffrinchif fait de folle-farine, de bol d'Arménie, de myitille , d’encens, de poix, de réfine & d’alun en poudre très-fine , & mis en confiftance de miel avec blanc d'œufs. Voyez REPERcUSSIF & REPERCUSSION. Les remedes reffrinthifs font, comme on voit, tirés de la claffe des aftringens & des ftyptiques. Ils pour- rotent lervir à refferrer certaines ouvertures qui s’ag- grandifent outre mefure par la diftenfion forcée des parties qui les forment : tel eft l’orifice du vagin à la fuite des couches laborieufes , lorfqu’un enfant a été long-tems au paflage. Les auteurs rapportent plu- fieurs formules de re/frinéifs , pour diminuer dans les filles ce pafage forcé par la cohabitation avec un homme, ou par une couche , afin de réparer en quel- que forte la virginité perdue. On peut abufer de ces remedes ; & j'ai rapporté dans une diflertation latine fur les parties extérieures de la génération des fem- mes le cas d’une jeune fille , morte de retention d’u- rine par letter des médicamens aftringens qu’on lui avoit appliqués à la vulve , pour la faire pañfer pour vierge dans une maïfon de proffitution. Voyez l'arti- cle RÉTRÉCISSEUSE. Un chirurgien peut être dans le cas de faire un rapport à juftice fur l’état d’une perfonne qui auroit intérêt de foutenir qu’elle n’a point été déflorée. I} faut de l'attention pour difcerner la virginité fadice êt artificielle de celle qui eft le précieux fruit d’une conduite irréprochable. Dansce dernier cas, les par- ties font vives, d’un rouge vermeil & fans rides : au contraire dans le rétréciflement artificiel , les parties font ridées , elles n’ont la couleur rouge-rofe que par la teinture qu'on auroit donnée aux pommades dont on fe feroitiervi , ce qu'il eft facile de connoître en efliyant avec un linge; enfin on relâche les parties reflerrées artificiellement en les hume@tant avec les fumigations d’eau tiede. Il convient d’être prévenu R-deffus, pour n’être point dupes de l’artifice des perfonnes qui voudroïent impofer à la juftice, 8: fous un faux-prétexte s'établir des droits illéoitimes con- tre leurs parties adverfes. (Y) RESULTAT, £. m.(Grem.) ce qu’on a recueilli d’une conférence , d’une recherche, d’une médita- tion, d’un difcours, où ce qui a éré conclu & arré- té, ou qui s’eft enfuivi d’une ou de plufieurs autres chofes. Les dietes de Pologne font ordinairement f timul: b 1 196 RES tueufes , qu’il eft bien difficile d’y former un réfultat “qui foit au goût de tout le monde. Le réfultat ordinaïre des difputes , dit M. Bayle, c’eft que chacun demeure plus attaché à fon fenti- ‘ment qu'auparavant. | RÉSUMER , v.a@. ( Gram.) reprendre fommai- ‘rement les principaux points d’un difcours, foit pour le réfuter , foit pour le faire valoir. RÉSUMPTE,, £. f. serme de l’école, c'éft un ate qui a été rétabli en 1676 par la faculté, 87 qui doit être foutenu par le nouveau do&teur, pour avoir fuffrage aux affemblées de la faculté & jouir des droits du -doétorat. Cet atte fe foutient dans une des fix années qui fuivent la licence ; jufaw’alors les nouveaux doc- teurs ne font ni admis aux aflemblées de la faculté , si choifis pour préfider aux thefes. La ré/4mpre dure depuis une heure jufqu’à fix ; elle a pour objet tout ce qui appartient à l’Écriture fainte. RÉSUMPTÉ , adj. celui qui a foutenu fa réfumpre, un doéteur ré/umpté. RESUMPTION , f.f. (Cram.) eft une recapitula- tion des chofes qui ont été dites, foit par celui qui les réfume, {oit par un autre. Ainf Pon dit réfamer un difcours , réfumer une difpute. Les avocats géné- raux, avant que de donner leurs conclufions, réfu- ment les moyens pour & contre. RESUMPTION , ez termes d'école , eft la répétion que fait un répondant de l’argument ou de la diffi- culté qu’on lui propole , afin de la réfoudre &c dy répondre en forme. | RÉSURE, £ f. (Commerce de poiffon falé.) on dit auf rognes , raves ou coques ; ce font les divers noms que l’on donne aux œufs de morues, de gabillands, de ftockfiches & de maquereaux que l’on a ramafñlés &z falés dans des barrils. Son ufage ordinaire eft pour jetter dans la mer avant que de pêcher les fardines ; lappât qu'on en compofe étant une efpece d'ivraie ani enivre ce poiflon, l’oblige de s'élever du fond de Peau & le fait donner dans les filets. Didion. du Commerce. (D. J.) | RÉSURRECTION, £. £ ( Théolog. ) c’eft late de retourner après la mort à une feconde ou nouvelle vie. Voyez VIE 6 MORT. La réfurreition peut être ou pour un tems ou per- pétuelle. La réfurreétion pour un'tems eft celle où un homme mort reflufcite pour mourir de nouveau. Telles font les réfurrettions miraculeufes dont il eft fait mention dans l'Ecriture, comme celle de Lazare. La réfurreétion perpétuelle eft celle où Fon pale de la mort à l’immortalité , telle qu'a été la réfurreition de Jefus-Chrift, & telle que la foi nous fait efpérer que fera la nôtre À la fin des fiecles. C’eft dans le dermer fens que nous allons prendre le mot de réfurreition dans tout cet article. Le dogme de la réfurrettion des morts eft une créance commune aux Juifs & aux Chrétiens. On le trouve clairement marqué dans l’ancien & le nou- veau Teftament. Comme, Pfalm, xv. 10. Job xix. 23. ÆEgéch, xxxvi. 1, 2, 3. Macch. vu. 9,14, 23,29; lorfque Jefus-Chrift parut dans laJudée , la réfrrec- _ sion des morts étoit reçue comme un des principaux articles de foi de la relision des Juifs par tout le corps de la nation , à l’exceprion des feuls Sadducéens qui là nioient & quitoutéfois étoient tolérés , mais Jefus- Chrift a enfeigné expreflément ce point de notre foi & eft lui-même reflufcité. das L’argument qu'on tire de fa r#/urrettion en faveur de la vérité de la religion chrétienne eftun de ceux qui preflent avec plus de force & de convithon. Les circonftances en font telles qu’elles portent ce point jufqu’à la démonftration , fwivant la méthode des gcometres, comme Ditton l'a exécuté avec fuccès. Quoique les Juifs admettent la ré/urreéfion , ils va- “ent beaucoup fur la maniere dont elle fe fera. Les ; uns la croient générale, d’autres avancent que tous les hommes ne reflufciteront pas, mais feulement les Hraélites , encore exceptent-1ls du nombre de ceux- ci les plus grands fcélérats. Les uns n’admettent qu'une réfurreétion à tems , les autres une ré/zrreëtion perpétuelle, mais feulement pour les ames. Léon de Modene, cérémon. des Juifs, part. IV, e, 1j. dit qu'il y en a qui croient, comme Pythagore ; que les ames paffent d’un corps dans un autre, ce qu'ils appellent gilgul où roulement. D’autres expliquent ce roule- ment du tranfport qui fe fera à la fin du monde par la puiflance de Dieu de tous les corps des Juifs morts hors de la Judée, pour venir dans ce dernier pays fe réunir à leurs ames. Voyez GILGUL. Ceux d’entre les Juifs qui admettent la métempfy- cofe font fort embarraflés fur la maniere dont fe fera la réfurretlion ; car comment lame pourra-t-elle ani- mer tous les corps dans lefquels elle aura pañé ? Si elle n’en anime qu’un, que deviendront tous les au= tres? &feroit-il à fon choix de prendre celui qw’elle jugeta le plus à propos ? Les uns croient qu’elle re= prendra fon premier corps , d’autres qu’elle fe réuni- ra au dernier ; & que les autres corps qu’elle a autre- fois animés, demeureront dans la poufliere confon- dus avec le refte de la matiere. Les anciens Philofophes qui ont-enfeigné la mé- tempfycofe , ne paroïflent pas avoir connu d'autre réfurrettion ; &c il eft fort probable que par la ré/urrec- tion plufieurs Juifs n’entendoient non plus que la tranfmisration fucceffive des ames. On demande quelle fera la nature des corps ref- fufcités, quelle fera leur taille, leur âge, leur fexe à Jefus-Chrift, dans l'Evangile de S. Matth. chap. xxiy. verf. 30, nous apprend que les hommes , après la ré- furreétion , feront comme les anges de Dieu, c’eft-à- dire, felon les peres, qu'ils feront immortels, incor- ruptbles, tranfparens, légers, lummeux, 8 en quelque forte fpirituels, fans toutefois quitter Les qualités cor- porelles, comme nous voyons que le corps de Jefus- Chrift reflufcité étoit fenñble, & avoit de la chairés des os. Luc xxiv. 9. | Quelques anciens doëteurs hébreux, cités dans la Gemarre , foutenoient que les hommes reflufcite- roient avec la même taille , avec les mêmes qualités êtles mêmes défauts corporels qu'ils ayorent eu dans cette vie; opimon embraflée par quelques Chrétiens qui fe fondoient fur ce que Jefus-Chrift avoit con- fervé les fHigmates de fes plaies après fa réfurrection. Mais, comme le remarque S. Auguftin,, Jefus-Chrift n’en ufa de la forte que pour convaincre l’incrédulité de fes difciples , & les autres hommes n’auront pas de pareïlles raïfons pour reflufciter avec des défauts corporels ou des difformités, Sermon. 242. n°. 3 & 4. | : La réfurretlion des ‘enfans renferme auffi des difi- cultés. S'ils reflufcitent petits , foibles & dans la forme qu’ils ont eue dans le monde, de quoi leur fer- vira la réfurreition? Et s'ils refluicitent grands , bien faits & comme dans un âge avancé , 1ls feront ce qu'ils n’ont jamais été, & ce ne fera pas proprement une réfurrection. S. Auguftin penche pour cette der« nieré opinion , -& dit que la réfurrééfion leur donnera toute la perfedtion qu'ils auroient eue , s'ils avoient eu le tems de grandir, & qu’elle les garantira de tous les défauts qu'ils auroient pù contratter en grandif- fant. Plufieurs, tant anciens que modernes , ont cru -que'tous les hommes reflufciteront à âge où Jefus- -Chrift eft mort, c’eft-à-dire vers 33 où 35 ans. Pour accomplir cette parole de S. Paul, afin que mous arrt- vions tous à l'état d'un homme parfait a la mefure de l'âge complet de Tefus-Chrift. Ce que les meilleurs in- terpretes entendent dans un fens {pirituel des pro- grès que doivent faire les Chrétiens dans la foi & “dans la vertu, Aug. epiff 167. decivir. Der, 1, XXIT, eu. & xv. Hieron. epiraph. Paul, D. Thom. & ER, in epher. iv. 13. 7 Enfin plufeuts anciens ont douté que les femmes duflent reflufciter dans leur propre fexe, fe fondant fur ces paroles de Jefus-Chrift, dans la réfurre&ion 275 ne fe marieronr pas & n'épouferont. point de fèmmes. À quoi l’on ajoute que, felon Moïfe , la femme n’a été tirée de l’homme que comme un accident ou un accefloire , & par conféquent qu’elle reflufcitera fans diffin@ion dû fexe. Mais on répond que fi la diftinétion des fexes n’eft pas néceflaire après la ré- Jfurreëlion, elle ne left pas plus pour Fhomme que pour la femme : que la femme n’eft pas moins par: faite en fon genre que l’homme , &c qu’enfin le {exe de la femme n’eft rien moins qu’un défaut ou une - imperfeétion de la nature. Mon enim ef vitium fexus fœæmineus fed natura. Aus. de civie, Dei, lib. XX HI. c.xvi. Origen. in Matth. xx, 30, Hilar. & Hieron. in eurd. loc. Athanaf. Bafrl. 6 ali apud Aupufi. lib, XXII. de civir. Dei, c. xvi. Dilionn. de la Bible de Calmet, rome TII. lettre R ; au mot réfurretion, p.371, C Juiv. Les Chrétiens éroient en général la réfarreition du même corps identique, de la même chair & des mê- mes os qu'on aura eu pendant la vie au jour du juge: ment. Voici deux objections que les Philofophes oppofent à cette opimion avec les {olutions qu’on y donne. | | | 1°, On objeéte que la même maïñfe de matiere &r de fubftance pourroit faire au tems de la réfurreétion partie de deux ou de plufeurs corps. Ainf quand un poiflon fe nourrit du corps d’un homme ,& qu'un autre homme enfuite fe nourrit du porflon , partie du corps de ce premier homme devient d’abord incor- poré avec le poiflon , & enfuite dans le dernier hom- me qui fe nourrit de ce poiflon. D'ailleurs on a vu des exemples d'hommes qui en mangeoient d’autres, comme les Cannibales & les autres fauvages des In- des occidentales le pratiquent encore à l’égard de leurs prifonniers, Or quand la fubftance de lun eft ainfi convertie en celle de l’autre , chacun ne, peut pas reflufciter avec fon corps entier ; à qui donc, demande-t-on, échoira la partie qui eft commune à ces deux hommes ? | Quelques -uns répondent à.cette difficulté. que comme toute matiere n’eft pas propre & difpofée à être égalée au corps 8 à s’incorporer avec lui, la chair humaine peut être probablement de cette ef- pece, & par conféquent.que la partie du corps d’un homme qui eft ainfi mangée par un autre homme, peut fortir &t être chaflée par les fecrétions , &-que., quoique confondue en apparencé avec le refte dela matiere , elle s’en féparera par la toute-puiflance di- -vine au jour de la réfurreélion générale , pour le re- joindre au corps dont elle aura fait partie pendantla .vie préfente. td | Maïs la réponfe de M. Leibmitz paroît être plusfo- ”_ Hide. Tout ce qui eff effentiel au corps , dit-il, ef le ffamnen originel qui exiftoit dans la femence du pere, -bien plus, fuivant la-théorie, moderne de la géné- -ration , qui exiftoit même dans la femence du pre- mier homme: Nous pouvons conceyoir ce ffamen .comme la plus petite tache ou point imaginable , qui -par conféquent ne peut être féparé ou déchiré pour s'unir auffemez d'aucun autre homme, Toute cette -mañle que nous voyons.dans le corps n’eft qu’un ac- croiflement au ffarmer originel, une addition de ma- tiere étrangere, de nouveaux fucs qui fe font joints au femen {ohide êc primitif ; 1lwy a donc point de réciproçation de la matiere propre du corps humain, par conféquent point d'incorporation, & la difcul- té propofée tombe d’elle-même, parce. qu’elle n’eft | appuyée que fur une fauffe hypothèfe, Voyez ST4- . MEN ; SOLIDE, GÉNÉRATION. RET 197 2°. On objeéte que, felon lés dernieres décois vertes qu'on à faites fur l’énonomie animale , le corps humain change perpétuellement. Le cotps d’un homme , dit-on . n'eit pas entièrement le même aus jourd’hui qu'il étoit hier. On prétend qu’en fept ans de tems le corps éprouve un changement total , de forte qu'il ren trefte pas la moindre particule, Quel . eft, demande-t-on, celui de tous ces corps qu’un homme a eu pendant le cours de fa vie qui reflufci- tera ? Toute la matiere qui lui a appartenu reflufci tera-t-elle? Ou fi ce n’en fera qu’un fyflème particus lier, c'eft-à-dire la portion qui aura compofé fon corps pendant tel ou tel efpace de tems , fera-ce le corps qu'il aura eu à vingt ans, Ou à trente ou à lois xante ans ? S'il n'ya que tel ou tel de ces corps qui refluicite , comment eft-ce qu’il pourra être récom= penfé ou puni pour ce qui aura été fait par un autre corps ? Quelle juftice y a-t-il de faire fouffrir une pet{onne pour une autre ? | On peut répondre à cela fur les principes de M, Locke, que Pidentité perfonnelle d’un être raifonnas ble confifte dans Le fentiment intérieur, dans la puiflan: ce de fe confidérer /05-r1éme comme lamême chofe en différens tems êc lieux, Par-là chacun eftA foi, ce qu'il appelle foi-méme, fans confidérer fi ce méme et con tinué dans la même fubftance ou dans des fubflances différentes. L'identité de cette perfonne va même jufques-là ; elle eft à préfent le même /o-même qu’elle étroit alors , & c’elt par le même foi-même qu réflés chit maintenant fur lation que l’a&tion a été faite, Or c’eft cette identité perfonnelle qui eft l’objet des récompenies & des punitions, & que nous avons obfervé pouvoir exifter dans les différentes fuccefz fions de matiere ; de forte que pour rendre les ré- compenfes ou les punitions juftes & raifonnables ,1l ne faut rien autre chofe finon que nous reffufcitions avec un corps tel que nous. puiffions avec lui retenir le témoignage de nos aétions. Au refte on peut voit dans, Nieuventit une excellente differtation {ur la ré furrelion. Cet äuteur prouve très-bien l'identité que l’on.conteite & répond folidement aux objections. RETABLE , {. m. (Archi) c’eft l’architetture de marbre , de pierre ou de bois, qui compofe les déco: rations d’un autel; & cosre-rerable, eft le fonds en maniere de lambris, pour mettre un tableau ou un bas-relief,. & contre lequel eft adoflé le tabernacle avec fes gradins, Daviler. (COMTE RÉTABLIR , (Gran, & J xri]p.) c’'eft femettre une perfonne ou,une chofe dans l’état où elle étoit apa+ ravant. On rétablir dans fes fonétions un officier qui étoit interdit; on récablis en {a bonne fame & re. nommée , un homme qui avoit été condamné injufte- ment à quelque peine qui le notoit d’infamie ; On ré: tablis en poffeffion d'un héritage ou autre immeuble , quelqu'un qui avoit été dépouillé, foit par force ou autrement ; On récabli dans un compte un article qui avoitété rayé. Voyez RÉTABLISSEMENT. (4) .RETABLISSEMENT , {. m. (Gram. & Jurifp.) d'une partie ou article de recette, dépenfe ou repri- {e dans un. compte, eft lorfque l’article qui avoit été rayé comme n'étant pas dû, eft réformé, remistel qu'il étoit couché & alloué. (4) RÉTABLISSEMENT, ce terme fignifie e2 prarique de Médecine, le recouvrement entier & total. de la fanté.…{l ne doit point être confondu avec celui de convalefcence qui fignifie un érat bien different de ce: lui du résabliffemens. Les malades & le vulgaire ne diffinguent guere ces deux états, ce qu’il importebiem d'éviter pour le bien des malades , attendu que dans le rérabliffement les forces des malades font entiere- ment recouvrées, & qu'ils n’ont point befoin d’ob- ferver aucun ménagement fur Pufage des alimens, des boiflons, &c des autres non-naturels ; dans la con- valefcence au contraire, on doit éviter l'excès, & 198 RET tâcher de tenir un réeime exact. Cette idée.du réæ- «Bliffement mérite d’être examinée ; il ne faut point la ans néanmoins en recevoif aucun dommage. # Ce général, dit M. le » marquis de Feuquiere, étoit infiniment inférieur à #» M. Péleéteur de Brandebourg , qui vouloit le for » cer d'abandonner PAlfäce , où à combattre aveé » défavantage, M. le maréchal de Turenne ne voUz >» loit ni lun, ni l’autre de ces deux partis. | » Sa grañde capacité lui fuggera Le moyen de chi » caner l’Alface par des démonitrations hardies , Quk » ne le commettoient pourtant pas, parce qu'il fe » plaça toujours de maniere qu'ayant fa rerraire af » lurée pour féprendre ün nouveau poîle, fans crain« » dre d’être attaqué dans fa marche il fe tenoit avec » tant de hardiefie à portée apparente de combattre » ce jour-là, que M. de Brandebourg remettoit ait » lendemaïn à entrer en aétion lorfqu'il fe trouvoit » à portée de notre armée, » C'étoit ce tems-là que M. de Turerne vouloit » lui faire perdre , & dont il fe fervoit pour fe reti= » rer dès qu’il étoit nuit pour aller prendre un pofte » plus avañtageux, Mér. de Fiuquiere » II, xj. page 332: Voyez ur ce même fujet les zémoires des deux dernieres campagnes de M. de Turenne. | Outre les rerraires dont on vient de parler, il y em a d’une autre efpece qui ne demandent ni moins de courage, n1 moins d’habileté, Ce font celles que peu= vent faire des troupes en garnifon dans une ville, ou renfermées dans un camp retranché, afhiegées ou ina vefties de tous côtés. | Une garnifon peut s'évader ou fe retirer fecretez ment , dit M. de Beaufobre dans {on commentaire Ju? E née le taëlicien ; par quelque galerie fouterreine, par des marais , par une inondation qui a un guet fecret, par la riviere même en la remontant ou defcendant 21ÿ avec dés bateaux, des radeaux , ou en la paffant à gué, Elle le peut encore par uñe inondation enflée pat des éclufes qu’on ouvre pendant quelques heures pour le rendre guéable, Pour réufir dans cette entreprile ; 1l né faut pas que la ville foit exa@tement inveftie , & que les trous pes aient beaucoup de chemin à faire pour fe mettre en fureté. Comme il eft important de tendre [a mars che légere pour la faire plus leftement, ou plus promptèment, on doit , s’il y a trop de difficultés à fe charger du bagage , l’abandonner , & tout facrifieg- à la confervation & au falut des troupes, À mat trs us 216 R ET Une retraité de cétte nature bien concertée , ne peut or manquer de réuflir heureufement. En tout cas, le pis qui en puïfle arriver , c’eft, comme le dit M. Belidor , de tomber dans un gros d'ennemis, & de fupporter Le fort qu’on vouloit éviter, c’eft-à-dire, d’être prifonniers de guerre. Car ce n’eft guere que dans ce cas qu'il faut tout rifquer pour ne point fubir cette facheufe condition. Quel que foit l'événement d’une aëtion de cette efpece , elle ne peut que faire honneur au courage de celui qui ofe le tenter. C’eft ainfi que M. Peri fauva la garnifon d’Haguenau , que Les ennemis vou- loient faite prifonniere de guerre. M.de Folard ra- conte ce fait fort au long dans fon premier volume de fon commentaire fur Polybe. Nous allons Le rappor- ter d’après M. le marquis de Feuquiere, qui le donne plus en abrégé dans le quatrieme volume de fes mé- moires. » En l’année 1705, les ennemis avoient affiègé » Haguenau, fort mauvaife place, dans laquelle M. » le maréchal de Villars avoit laiffé M. Peri avec » quelques bataillons. Comme les ennemis faifoient » ce fiese derriere leur armée, 1ls ne crurent pas » qu'il leur füt néceflaire d'inveflir la place régulie- » rement. M. Peri la défendit autant qu'il lui fut pof- » fible ; mais fe fentant hors d'état d’y faire une plus » longue réfiftance , 1l fit battre la chamade un peu # avant la nuit, & propofer des articles fi avanta- » geux pour la garnifon, qu’ils ne furent point accor- » dés. On recommença donc à tirer. » Il avoit befoin de tout ce tems-là pour évacuer » les équipages de fa garnifon, avec efcorte par le » côté qui nétoit pointinvefti. Après quoi la gar- » nifon fe retira, ne laiflant que quelques hommes » dans les angles du chemun couvert, pour en entre- wtenir le feu, lefquels même ignoroient ce qui fe » pañloit dans la place, afin qu’un déferteur ne püt # avertir l'ennemi de la fortie de la garnifon. Quand » M. Peri fe crut affez éloigné de la place, il envoya » retirer les hommes qu’il avoit laïflés dans les de- # hors, & ils le joigmirent tranquillement. Ainfi, il » retira toute la garnifon de Haguenau, & 1l rejoi- » gnit l’armée fans avoir perdu un feul homme dans » fa retraite, qui ne fut connue de l’ennemi qu'au » jour, lorfqu'il étoit déja hors de portée d’être Joint » par la cavalerie que l'ennemi avoit pu envoyer à » fa fuite ». On peut à cet exemple en ajouter un autre plus moderne, maïs d’une bien plus grande importance ; c’eft la retraite de Prague par M. le maréchal de Bel- lifle. Quoique cette place fût bloquée de tous côtés, les troupes de France , au nombre d'environ quatorze mille hommes, tant de cavalerie que d’Infanterie , en fortirent la nuit du 16 au 17 Décembre 1742. « M. » le maréchal de Bellifle déroba 24 heures de mar- » che pleines au prince de Lobkowitz, qui métoit » qu’à cinq lieues de lui. Il perça fes quartiers, & » traverfa dix lieues de plaines, ayant à trainer un # haras de $ ou 6000 chevaux d’équipages, des caif- » fons , du pain; trente pieces de canon, tout latti- » rail, toute la poudre, les balles, les outils, &c. Il arriva à Egra fans échec, en dix jours de mar- che , pendant lefquels l’armée fit trente-huit lieues au milieu des glaces & des neiges , ayant été conti- nuellement harcelée de huflards en tête , en queue & fur Les flancs. « On ne perdit que ce qui n’avoit _» pu fupporter la fatigue & la rigueur inexprimable » du froid, qui avoient été l’un & l’autre au-delà de » toute expreffion ». Cette belle rerrarre couta 7 à 800 hommes morts de froid dans les neiges,ou reftés fans force de pouvoir fuivre. M. le maréchal de Belleïfle avoit la fievre depuis fix jours lorfqu’il fortit de Pra- gue ; cependant malgré cette maladie & fes autres incommodités , il foutint avec courage les fatigues extraordinaires de cette pénible, mais célébre rerraite, que les faftes militaires ne laïfferont pas de faire paf: fer à Ja poftérité , avec les éloges düs à la conduite &T à la fermeté du général par lequel elle fut entre- prife & exécutée. L’antiquité fournit plufieurs exemples de troupes qui, par une retraite habilement conçue & exécu- tée, échaperent auxennemis qui les bloquoient, Nous terminérons cet article par celui d’Annibal fils de Gifcon , à Agrigente. . Les Romains avoient formé le blocus de cetre ville de Sicile , qui fervoit d’entrepôt aux Carthaginois. Il y avoit cinq mois qu’Annibal le foutenoit lorfque le {énat de Carthage envoya Hannon à fon fecours. Ce général ayant èté battu par les Romains , Annibal qui n’avoit plus d’efpérance d’être fecouru, & qui manquoit de tout, fit des difpofitions pour fauver fa garnifon. Il fortit de la place avec fes troupes, lanuit même qui fuivit le jour du combat. Il arriva fans bruit & fans obftacles aux lignes de circonvallation êt de contrevallation des ennemis ; il en combla le foité, &z il fit fa rerraite fans que les Romains s’en ap- perçuflent que le lendemain. Ils détacherent des troupes après lui; mais elles ne purent atteindre que fon arriere-garde , à laquelle elles firent peu demal. Voyez fur cé fujet l’hiftoire de Polybe,Zy. Z. ch. uy. Q eNERU , battre la retraite ; c’eft battre le tamn- bour à une certaine heure du foir, pour avertir les foldats de fe retirer à leurssquartiers dans les garni- fons , ou à leurs tentes dans un çamp. Woyez TAM- BOUR. Charnbers. RETRAITE , ( Marine.) lieu où les pyrates fe met- tent en fureté, | RETRAITE des hunes, Où cargues des hunes , (Ma- rime.) ce font des cordes qui fervent à trouffer le hu- nier. RETRAITE, terme de commerce de letrres-de-change ; c’eft une fomme tirée fur quelqu'un , & par lui reti- rée fut un autre. Les traites &c Les resraites ruinent les négocians. Voyez TRAITE. Diéfionn. de comm. & de Trévoux. ; RETRAITE, ( Maréchal, ) les Maréchaux ferrans appellent ainfi une portion de clou qui a refté dans le pié d’un cheval. C’eft aulli une efpece de longe de eur attachée à la bride du cheval de devant d’une charretre , & liée à un cordeau, dont on fe fert pour manier le cheval. RETRAITE , er fait d’efcrime ; on dit faire rerraite lorfqu’on fe met tout-à-fait hors d'atteinte & des ef- tocades de Pennemi. Ordinairement on fait rerraite après une attaque vive, & après avoir détaché quelques bottes de re- prifes. La meilleure méthode de faire resraire , eft de reculer fimplement deux pas en arriere, en com- mençant par le pié droit , le faifant pafler derriere le gauche , &c enfuite le gauche devant le droit. Îl y en a qui font deux fauts en arriere, 1ls font bien les maîtres , mais je ne confeille à perfonne de les imiter. RETRAITE, (Architeël.) eft un petit efpace qu'on laifle fur l’épaifleur d’un mur ou d’un rempart à me- fure qu’on léleve. Voyez MURAILLE , REMPART. C’eft proprement la diminution d’un mur en-de- hors, au-deffus de fon empatement &c de fes aflifes de pierre dure. On fait deux outrois resraises en élé- vant de gros fondemens, les parapets font toujours bâtis en rerraire. A RETRAITE, f. f. serme de Bourrelier ; efpece de lon- ge de cuir attachée à la bride du cheval de devant, liée à un cordeau dont on fe fert pour manier un che- val. Trévoux. ( D. J.) - | RETRAITE, mmertre Les cuirs en ; terme de Horgrieur qui RET Gui fignifie les arranger dans une cuve, où on fes laifle tremper dans de l’eau d’alun pour leur faire prendre noutriture. . RETRAITE, ( Chaffe. ) on dit fonner la resraite pour ‘faire retirer les chiens. … RETRAITER , v. a@, (Gramm.) traiter de-rechef, Voyez l'article TRAITER. | . RETRANCHEMENT, f. m. ( Gramm. ) c’eft la diminution d’un tout par la féparation de quelqi’une de fes parties : en ce fens il eft fynonyme à fou/ffrac- æion à diminution. En retranchant toujours peu-à-peu quelque chofe fur là noûrriture, on peut parvenir à fupporter une abflinence très-rigoureufe. Voyez ABSTINENCE, JEU- NE, ALIMENT , &c. "my . La réformation du calendrier qui s’eft faite en 1582,a confifté dans le resranchemenr de dix jours qu'on avoit compté de trop jufqu’alors. Voyez Ca- LENDRIER. |, | La frugalité tant vantée dés anciens Romains, dit M. de Saint-Evremont , étoit moins un reranchement & une abftinence volontaire des chofes fuperflues , qu'un ufage sroffer de ce qu’ils avoient. . RETRANCHEMENT , ( Gramm. françoife. Il y a des retranchemens vicieux , &t des. retranchemens élé- pans, La matiere qu’on traite demande quelquefois un. ftyle vif & concis ; mais il ne faut pas pour cela fupprimer ce. qui eft abfolument néceffaire. Exem- ple : ce defir ardent aveclequel les hommes cherchent un objet qu’i/s puiffent aimer & en être aimé, vient de la corruption du cœur ; il falloit dire gv’i/s puiffent aimer , & dont ils puiffent être aimés. Je ne puis affurer quand je partirai d'ici, dans un mois, dans deux , ou dans trois ; 1l falloit dire, {7 ce fera dans un mois, cs Mais s'il y a des rerranchemens vicieux, il ÿ en a d’autres. qui font fort élégans , & qui contribuent beaucoup à la force & à la beauté du difcours. En voici quelques exemples:Ciroyens, étrangers , ennemis, peuples, rois empereurs , le plaignent & Le reverent ; cet endroit deviendroit foible f l’on difoit, Les ci- zoyens,les etrangers, les ennemis, les peuples, Les rois, les empereurs le plaignent & le réverent. Voici un: exemple du difcours de Racine à fa réception à l’académie françoife. « Vous favez, Mefieurs, en quel état fe # trouvoit la,fcene françoïfe lorfque M. Corneille » commença à travailler ; quel défordre, quelle irré- » gularité ! nul goût , nulle connoïflance des vérita- » blesbeautés du théâtre ; les auteurs aufi ignorans # que les fpeétateurs : la plüpart des fujets extrava- » gans, & dénués de vraiflemblance : point demœurs, » point de caractere : la di@ion encore plus vicieufe » que laétion ;.en un mot toutes les regles de Part, » celles de Phonnêteté & de la bienféance par-tout » violées.». L'auteur a reranché de cette période plu- fieurs mots qu’un autre auteur moins éloquent n’au- toit pas manqué d'y mettre. « Sa latinité , dit M. de » Saint-Evremont en parlant de Séneque, n’a rien » de celle du tems d’Augufte, rien de facile, rien de » naturel; toutes pointes, toutes imaginations qui .» fentent plus la chaleur d'Afrique ou d’Efpagne, que » la lumiere de Grece ou d'Italie ». Ce feroit gâter cet exemple que de dire, #4 rien de facile, n’a rien de naturel ; ce ne font que des pointes , ce ne font que des tnaginations , C. : . I eff fouvent à-propos de retrancher les & ;: en voici un.exemple de Marafcon, dans fon oraifon fu- nebre de M.de Turenne. « Comme on voit la foudre # conçue prefque en un-moment dans le {ein de la » nue, briller, éclater, frapper, abattre ; ces premiers » feux d’une ardeur militaire font à peine allumés » dans le cœur du roi, qu'ils brillent , éclatent, frap- » pent par-tout ». Lorfque le fujet qu’on traite de- mande du feu & du mouvement, les périodes cou- Tome XIV, RET 27 pées ont bonne grace, 1 eft élégant de rerrancher, des mots & des haïfons inutiles, pour donner de la force & du brillant an difcours, (D.J,)- RETRANCHEMENT , en terme de Guerre, eft uñ ob facle qu’on oppofe à l'ennemi, pour lui difputer plus afément & plus avantaseufement le terrein qu’on veut défendre. Il y a,des resranchemens de plufeurs efpeces; les plus ordinaires ñe confiftent que dans un foffé dont la terre étant jettée du côté des ‘troupes qu'on -veut couvrir, leur.fert de parapet. On en fait aufh avec des arbres abattus & jettés confufément. les uns fur les autres. Voyez ABATTis. On donne aufñ, le nomde rerranchement aux coupures qu'on fait dans les dehors de la fortification, & dans les baftions ñ pour les défendre pié à-pié, Ces fortes de resranche- mens font compofés d’un petit rempart & d’ün para. pet ; ils forment le plus fouvent un angle rentrant , pour en défendre l'approche plus avantageufement : on Les fait de facs à terre,de gabions, fafcines,&c, On donne encote quelquefois le nom deresranchement aux lignes de circonvallation Voyez CIRCONVALLAS TION: (Q ) | RETRANCHEMENT, ( Marine. ) c'eft, outre les chambres ordinaires, une efpece de chambre prife fur un emplacement du vaifleau, RETRANCHEMENT de l'édie des fecondes 70065. nn . ! de D U 7 t- s (Jurifpr. ) Et la réduétion que lon faite egitimum modum, des avantages faits par une perfonne rema- riée à fon fecond conjoint, lorfque.ces avantages excedent ce que la loi lui permetroit de donner. On les réduit à la part de l'enfant le moins prenant , êc l'excédent que lon en retranche eft ce que l’on aps pelle le rerranchement de Pédir. | Dans les pays de droit écrit, ce resranchement aps partient aux feuls enfans du premier Bt, 70, 22; ch; xxviy. Le +. = a Dans les pays de coutume, il fe partage également entre les enfans du premier & du fecond lit. Voye Lebrun, Ricard, foyez auffr Les mots Ep1Ts de fecon- des notes , PART D'ENFANT , SECONDES NOCES. (4 RETRANCHEMENT, ( Architeëture. ) pattie d’une. grande piece qu'on a retranchée pour la proportion: ner , Ou pour quelque commodité. | | On appelle encore resranchement ce qu’on Ôte des rues & voies publiques ; pour les rendre plus prati= cables & d’alignement, comme des avances , des fallies, Ge. Daviler, ( D.J. RETRANCHER , v. a&..( Gramim. ) diminuer ÿ Ôter. Il faut retrancher aux arbres leurs branches fuper: flues ; on a retrancheé les gages ; il a rerranché de fon train ; resranchez le vin & les femmes à cet homme & 1} fe portera bien: De toute la fociété qu’il avoit 5 il s’eft resranche à deux ou trois amis. Toutes les relis sions ont droit de resrancher de leur communion ceux qui ne penfent pas orthodoxement , & qui ont de mauvailes mœurs ; mais les excommumiés n’en {ont pas de moins bons citoyens, auxquels le fouverain doit toute fa proteétion. On dit une armée bien re tranchée, Voyez RETRANCHEMENT , Art milir, RETRANCHER , ( Jardinage. ) eft Ôter aux arbres les branches inutiles , foit en les taillant, en les éla= guant , foit en arrondiflant leurs têtes, C’eft encore ôter une partie des racines en l’habil: lant pour le planter. On resranche des yeux à une bran: che à fruit trop longue. RETRAYAN?T, participe, ( Jzrifpr.) eft celui qui exerce quelque retrait pour revendiquer un bien au: uelila droit par cette voie. Voyez RETRAIT. ( 4 RETRECIR , v. aût. ( Gramin. ) c’eft rendre plus étroit. Poyer Particle ETROIT. On resrécit un habit, une chemife, un bas; on rerrécis la riviere par des quais , pat des digués, Grec, | RETRECISSEMENT DES GABARITS , ( Marine.) ce font des endroits où les alonges qui font dans les :e 218 RET | gabarits rentrent & tombent en-dedans, & rerréciffent ainfi la largeur du vaifleau, RETRÉCISSEUSE , f£. f. On lit dans le Difion- maire de Tréyoux , derniere édition , à ce mot. ..... #% Brufcanbille dit qu’à Paris un bon métier eft celui » de rerrécifleufe;maus 1l fautfe donner de garde d’imi- » ter la dame Caracofa , que ut placeret marito [uo , » tanräm fe reflrinxit, quod nec ipfe nec alius potuit eam + amplius cognofcere, | » Rochefort conte dans fes mémoires que fe pro- # menant un jour dans les appartemens des filles de s la reine, 1lapperçut fur uné toilette une petite boîte » de pommade d’une autre couleur que celle de lor- # dinaire ; & qu’en ayant mis imprudemment fur fes # levres, où il avoit un peu de mal, elles lui firent #un mal enragé ; que fa bouche fe retrécit, que fes » gencives fe riderent ; & que voulant parler , il ne #» put prefque articuler aucune parole: ce qui apprêta # bien à rire à toute la cour. Voyez RESTRINCTIFS ». - RETREINDRE,, v. a@. ex terme d’Orfevre en grof- férie, {e dit proprement de l’aétion d’élever une piece emboutie à telle hauteur qu’on veut, ou de la refler- rer en frappant à l'extérieur au défaut du point d’ap- pui, du côté des bords de la piece , avec un marteau ou un maillet, tandis que la piece eft appuyée fur une bigorne propre à cet ufage. Cette opération n’eft pas une des moins dificiles de l'Orfévrerie, & les meilleurs orfevres font quelquefois contraints d’avoir recours aux Chauderonniers , qui paflent pour fort habtles dans cette partie ; quand ils ont quelques grandes pieces à retreindre, RETREMPER , v. aût. (Grarmm.) Voyez TREMPE 6 TREMPER. RETRESSER , v. aét. (Gramm.) Voyez TRESSE 6: TRESSER. | | RÉTRIBUTION, (Gramm. & Jurifprud.) fignifie ce que l’on donne à quelqu'un pour le profit que l’on tire d’une chofe que l’on a reçue de lui, commé une rente fonciere , ou une part de certains profits. Ce terme fignifie auffli le droit que l’on paye à quel- qu'un pour fon falaire. RÉTRIBUTION , en terme de mer, eft la contribu- tion qui fe fait des frais & des avanies entre les aflu- reurs & les aflurés. ( 4 ) RETRICES , ( Lirrérar. Géogr. ) nom que les La- tins donnoient à certains ruifleaux dont on détour noit l’eau pour arrofer les jardins & les prairies aux environs de la ville de Rome. C’eft Feftus qui le dit. On donne différentes origines à ce mot resrices ; la plus vraiflemblable eft celle qui dérive du grec peïôper, qui veut dire un rxiffeau. (D. JT.) 7 RÉTROACTIF, eÿes, (Jurifprud. ) Voyez au mor EFFET, article EFFET RÉTROACTIF. RÉTROCESSION , £. £. (Jurifpr. ) eft l’aête par lequel le ceffionnaire tranfporte à fon cédant ce que celui-ci lui avoit cédé & tranfporté. Voyez CÉDANT, CESSION , CESSIONNAIRE , TRANSPORT, DROITS LITIGIEUX. (4) | RETROGRADATION , 1. £. ( Méchanig. ) a@&ion par laquelle un corps fe meut en arriere. Voyez RÉ- TROGRADER, RÉTROGRADATION , ez terme d’Affronomie , eft un mouvement apparent des planetes par lequel elles femblent reculer dans lécliptique , 8 fe mouvoir dans un fens oppofe à l’ordre ou fucceffion des fignes. On appelle les planetes direéles | quand elles vont felon l’ordre, la fuite & la fucceffion desfignes , com- me d”A#ries en Taurus, de Taurus en Gemini, &c. c’eft- à-dire d’occident en orient. Voyez DIRECT. Quand une planete paroît pendant quelques jours dans le même point du ciel, on dit qu’elle eft ftation- naire. Voyez STATIONNAIRE. Quand elle fe meut contre Pordre des fignes , fa- voir d’orient en occident , on dit qu’elle eft retro- grade, RET Le Soleil & la Lune paroïffent toujours dire@s s Saturne , Jupiter, Mars, Vénus & Mercure, font quelquefois direéts, quelquefois ftationnaires, & quelquefois retrogrades, Voyez SATURNE, JUPITER, VENUS , 6. ne. - # L’intervalle de tems entre les deux réropradarions des différentes planetes , eft différent ; il eft d’un an & 13 jouts dans Saturne ; d’un an & de 43 jours dans Jupiter ; de deux ans & So jours dans Mars ; d’un an & 220 jours dans Vénus; de 115 jours dans Mercure: Saturne demeure rétrograde pendant environ 14a jours ; Jupiter pendant 126 ; Mars pendant 73 ; Vé- nus pendant 42; Mercure pendant 22. | : Ces changémens de cours & de mouvémens des planetes, ne font qu'apparens ; fi les planetes étoient Vües du centre du fyfième, c’eft-à-dire du foleil, leurs mouvemens parottroient toujours uniformes & régu= liers, c’eft-à-dire dirigés d’occident en orient. Les iné- galités qu’on y obferve en les voyant'de la terre, naiflent du mouvement & de la pofition de la terre d’où on les voit; & voici la maniere dont on peut les expliquer. naar tr : Suppofons que P NO, PI. Aflronom. fig. 38 , {oit une portion du zodiaque ; 4 B C D l'orbite de la terre, & £ MG HZ celui d’une planete fupérieure, par exemple, de Saturne : fuppofons la terre en À, &t Saturne en Æ , dans ce cas cette planete paroîtra au point O du zodiaque. Maintenant fi Saturne de- meure immobile lorfque [a terre fera parvenue a point B , il paroîtra au point L du zodiaque ,'& avoir décrit l'arc O L, &c s'être mü fuivant l’ordre des f- ones d’occident en orient. Mais comme pendant que la térre pafle de 4 en B, Saturne fe meut pareille ément d'£ en M, où1l eft en conjonttion avec le {0- leil , il paroîtra avoir décrit l'arc O Q , qui eft plus grand que © L. Dans cet état la planete eff directe , & fe meut d’occident en orient, ou fuivant l’ordre des fignes. La terre étant arrivée en € dans le tems qué fa< turne a mis à décrire Parc MG , cette planete pa- roîtra au point À du zodiaque ; mais la terre étant parvenue en À &c faturne en I, en forte que la Hogne KH qui joint la terre &r faturne , foit pendant quel- que tems parallele à elle-même ou approchant de l'être, faturne paroîtra pendant tout ce tems-là au même point P du zodiaque, & proche des mêmes étoiles fixes , & fsra pour lors ftationnaire. Voyez STATION. Mais la terre étant arrivée au point D , & faturne au point Z où il eft en oppofñition avec le foleil,, 1 paroîtra au point # du zodiaque, &c avoir récrogra- dé fuivant l'arc PF. C'eft ainf que les planetes fu- sérieutes font toujours rétrogrades quand elles font oppofées au foleil. | | L’arc que la planete décrit lorfqrelle eft rérrogra- de, s'appelle l’arc des rérrogradations. Les arcs de rétrogradation des différentes plane- tes, ne font point égaux, celui de faturne eft plus erand que celui de jupiter ; celui de jupiter plus grand que celui de mars. RÉTROGRADATION des nœuds de la lune, eft un mouvement de la ligne des nœuds de Porbite lunaire, par lequel cette ligne change fans ceffe de fituation en fe mouvant d’orient en occident contre ordre des fignes ; elleacheve fon cours rétrograde dans Pefpace d'environ 19 ans; après quoi chacun des nœuds re- vient au même point qu'il avoit quitté. M. Newton a démontré dans fes principes que la réérogradation des nœuds de la lune venoit de laétion du foleïl qui détournant continuellement cette planete de fon or- bite , fait que cette orbite n’eft pas plane, & que fon interfe@ion avec l’écliptique varie continuellement, & ce philofophe a déterminé par la théorie la rérro- gradation des nœuds, telle que les obfervations la donnent, Voyez NœuD 6 LUNE, RE T RÉTROGRÂPATION du foleil, lorfque le foleil. eft dans la zone torride, &z que fa déclinaifon 4M (PL: affronom. fig. 50. ) eft plus grande que la latitu de du lieu 4Z ; foitque l’une ou l’autre foit fepten- trionale ou méridionale, le foleil paroit fe mouvoir énarfiere, ourétrograder avantouaprès midi. Voyez SOLEIL ,; ZONE. ACTE : ter Car menez le cercle vertical ZGN , tangent au cercle direét du foleil enG , & un autre Z ON parle point O où le foleïl fe leve ; il eft évident que tous les cercles verticaux intermédiaires , coupent le cer- cle direét du foleil en deux endroits , fçavoir dans Parc GO, & dans l'arc GI ; c’eft pourquoï à mefure. que le foleil s’éleve fuivant l'arc GO , il s'approche fans cefle du vertical ZGNHe plus éloigné ; mais: comme il continue de s’élever fur Parc GZ, il re- vient à fes premiers verticaux ,, & paroit retrogra- der pendant quelque tems avant midi; on peut dé- montrer pareillement qu'il fait la même chofe après midi, donc comine l'ombre tombe toujours du cô- té oppoié au foleil, elle doit être rétrograde deux fois par jour dans tous Les lieux de la zone torride, où la déclinaifon du foleil excède la latitude du lieu. Voyez OMBRE. Chambers. (O) RÉTROGRADE, adj. ( Phyf.) fe dit de ce qui va en atriere ou entun fens contraire à fa direétion naturelle ; telle eft la marche des écrevifles. Ce mot eft formé du latin resro en arriere , & gradiormarcher. Si l’œil & Pobjet fe meuvent tous deux du même fens, mais que l’œil parcoure plus d’efpace que l’ob- jet, 1l femblera que l’objet {oit rérrograde | c’eft-à- dire, qu'il aille en arriere, ou dans un fens contrai- re à la direétion qu'il fuit en effet; la raïifon de cela eft que quand l’o:l fe meut fans s’appercevoir de fon mouvement, comme On le fuppofe ici, il tranfporte fon mouvement aux objets , mais en fens contraire; car comme il s'éloigne des objets fans s’en apperce- voir, il juge que ce font les objets qui s’éloignent de lui ; ainfi quandun objet fe meut dans le même fens que l’œil, le mouvement apparent de cet.objet eft compofé de fon mouvement réel dans le même fens que l’œi1l , & d’un mouvement en fens contraire égal à celui de l’œil; f donc, comme on le fup- pofe ici, ce dernier mouvement eft plus grand que Vautre , 1l doit l'emporter & l’objet doit paroitre ré- troprader. Voyez VISIBLE, C’eft pour cela que les planetes en quelques en- droits de leurs orbites, paroïflent rérrogrades. Voyez PLANETE 6 RÉTROGRADATION. Ordre rétrograde dans les chiffres, c’eft lorfqu’au lieu de compter 1, 2,3, 4,oncompte 4,3,2,1, Voyez PROGRESSION, SUITE, NOMBRE, &c. (0) Les vers rérrogrades, {ont ceux où l’on trouve les mêmes mots & arrangés de même, foit qu’on les life par un bout, foit qu’on les life par l’autre. On les appelle aufli réciproques. En voici un exemple : © Siona te figna temere me tangis & angis. RETROUSSER , v. a&. (Gram.) c’eft troufler une feconde fois ; maisil n’eft pas toujours rédupli- ad moyen des pierres dont le bas du rers eft garni; de cette ma- niere ils les nomment des sraverfieres où rets traverfis ; cette forte depécheeft quelquefois avantageufe pour prendre les poïffons qui viennent éntroupe àla côte; tels que les harengs, maquereaux, cons, fürmu: lets ; barres & mulets. ) On nomme les mêmes filets des hauféeres floirées, Îles , lefques &cibaudieres | quand on les tend fur les fables, en les y arrêtant par le pié avec des pierres ou de petites torques de paille, lorfque la côte éft fa: blonnéufe;ces dernieres manieres font ufitées le long des côtes de Flandres, de Picardie & de Normandie, Les mêmes pêcheurs ont des rss de bafle eau qui {ont les mêmesfiléts qui fervent aux tentes ou pêches ries, nommés Pas-pares , mais que les pêcheurs ten= dent un peu différemment à caufe des rôches dont toute leur côte eft bordée , n’y ayant que peu de {able. Les pêcheurs qui fe fervent de ces seis , les pla: cent en faufles équerres; le côté le plus long & le plus ouvert fe prolonge für les fables, &ie plus court fe place für une efpece de banc, afin qu'au reflux de la marée elle s’en puifle retirer avee plus de prompti< tude ; & entraîne avec elle dans la pointe de la pê= Cherie tout Le poiflon qui ÿ fera entré avec le flot, &t qui s’en pourroit évader aifément , fi lamarée s’en retiroit doucement ; les pêcheurs des aritres côtes qui fe fervent de ces fortes de filets, que l’on nomme aufli rers à bane , les tendent avec la même préceauts ton: 922 RET Defcription de la pêche des retsentre roches ou traver- JEs > amirauté de Breft. R&TS entre roches ou TRAVER- SiS, terme de pêche, forte de filets en ufage dans le reflort de l’amirauté de Breft. Les pêcheurs de pié tendent le long de Pile fur les plains de fable qui s’y trouvent, des cordes en trajets, ou cordés, des fechées, feinées ou feines {eches, des ress entre roches ou traverfis, dela même maniere que font les pêcheurs de baffle Normandie; ces filets fe tendent à la bafle-eau ; on amarre unbout du cordage àune roche dans lespetites anfes étroites que le ress peut fermer; le filet eftpierre flotte, êc s’é- leve au moyen de flottes, à mefure que la: marée monte ; l'autre bout eft pareillement amarré à unau- tre rocher ; comme l'intervalle des pierres eft grand, le poiffon plat fe coule aifément par-deflous; cette pêche n’eft avantageufe que pourles poiffons ronds, qui viennent entroupe avec la marée chercher à la côte une pâture plus aifée; ceux qui fe tiennent en- tre la côte & le filet de marée baiflante, y reftent pris & arrêtés. | Quelques-uns de ces pêcheurs les tendent encore d’une autre maniere, Les plaçant bout à terre &c l’au- tre à la mer. RETS TRAVERSIER, CHALUT o4 DREIGE, erme de péche ,ufité dans Le reflort de l’amirauté de S. Ma- lo, eft le nom que Les pêcheurs donnent au filet con- nu dansd’autreslieuxfous le nom de chalur, 8 quieft monté d’une barre de boisaulieu d’une lame defer. Les pêcheurs du reflort, outre la pêche des huitres qu’ils font dans toute l'étendue de la baie, à com- mencer du travers de la pointe du Maingard du Nez ou Gronné de Cancale jufqu’aux ifles de Chaufey , . & même jufque par le travers de Regneuille, dans lequel efpace font répandues toutes les huitrieres , dont la baie eft remplie font encore après lafaifon À de la pêche de ces coquillages frais , celle.du chz/ur Ou rets traverftenqu'ils nomment improprement dresse pour le poiflon plat, &c furtout des foles qui fe plai- {ent dans ces efpeces de fonds , & qui y feroientin- finimentplus abondantes, fi la quantité des parcs de bois ou bouchets. de clayonnage , malgré la défenfe de pêcher durant le mois de Mar, Juin, Juillet &e Août, ne détruifoient généralement tout le frai &e les poiffons du premier âge qui montent dans la baïe toutes les marées durantle tems deschaleurs ; n’ayant jamais été poffible de faire ouvrir ces pêcheries, foit par défaut des gardes jurés qui n’y étoient pas ci-de- vant établis, foit par le peu de foin des officiers du reflort ; cette police fi néceflaire n’y eft point obfer- vée, & c’eft à cette négligence feule qu'il faut im- puter la flérilité du porffon dans une baie que de mémoire d'homme on a reconnue comme la plus poiflonneufé du royaume. 11 n’a pas été moins difficile de mettre en regle les pêcheurs qui s’y fervent du chalur ; leur armure de fer fut défendue par la déclaration du roi du26 Avril 1726; cependant ils continuoïent la même pêche; on leur propofa énfin de fubftituer une barre de bois à la place de la lame de fer ; & ils y confentirent , re- connoiffant parpropre expérience qu'ils n’enfaifoient pas moins la pêche. Leur chelur eft armé à l'ordinaire. La barre de bois eftattachéefur leséchallonsdelamême maniere qu'y étoit ci-devant placée lalame de fer; ainfi la manœu- vrede cettepèche n’ayant point changé, les pêcheurs voïfins de Grandwille 8 de la côte oppofée à Can- cale s’étoient mal-à-propos imaginé les années pré- cédentes que ces pêcheurs continuoïent toujours la êche avec le même inftrument; il eft vrai que la De de bois s’ufe bien pluspromptement; mais aufli la dépenfe de cet entretien eft peu de chofe, eu égard à ce que coute une lame de fer , lorfqu’elle fe trouve fauflée ou caflée, comme il Leur arrive quel- quefois lorfqu'ils péchententre: des-rochets:où-les courans & la marée lesspeuvent rejetter facilement: Les pêcheurs ayant mis, au-fondide leurfac dexplus petites mailles, & les-filets ayant étévfaifis;-furla vifite que linfpeéteur en fit en 73154 4idepuisiété anito de à lés faire rendresen coupantilesmaillestrop ferrées, & en achevant deiterminenlefacavecuniress de feize à dix-huit hgnes, dansitoutelfa longueur: . Les rers qui compofent lesifacs des cha/ursde.ces pêcheurs, font préfentement enzrègler, ayant: fui- 1 _ re ps 4 ne”, LS: à & vant la déclaration dutor,1dix-huit lipnesen-quañfé. Les mêmes pêcheurs ;lorfqu’ils étoientien mer, fubflituoient., au lieu deleursfacs àrers permis; un autre compofé de petites marlles ::ce quiss'eft vérifié par la quantité des petites foles longues: au plus de deux à trois pouces, qu'ilswvendoient; 1ls:mettoient en dedans.du fac des! mailles permis, celui quieft abuñif. Voyez CHALUT, & Les figures dansinvs Pl de | péche. | - RETS A MULETS ,ox FILETS D’ENCEINTE ,\#ermes de Pêche , ufités dans. le teflort de l’amirauté de Cou- | tance, &c fortes de filets dont les pêcheurs fe fervent | uniquement pour faire la pêche.des mulets 8c autres | efpeces de poiffons qui vont'en troupe, &c qui s’af- | femblent fouvent en grand:nombrèé aux embouchures des rivieres. sl Lefilet dont les pêcheurs fefervent,reft formé de | la même maniere que celui que lon nomme drame | ou pesis coleret ; mais il endaiffere en ce que le bas du | filet n’eft chargé ni de pierres, mi de plomb. Lartête | eft garnie de flottes de liege; ainfi on n’y peutpren- | dre que des-poiflons ronds, tels:que font lesmulets, | les colins & les bars, qui fe raflemblent volontiers ! dans les eaux dormantes & tranquilles, qui fe for- ! ment toujours dans les coudes ow retours qui font aux embouchures des rivieres qui ont une: grande ouverture, &:oûilfe trouve-ordinairement des braf | fes ou bas-fonds. On ne peut avec ce filet prendre aucun poiflon plat, parce qu'établi comme :l left, 1l | traîneroit inutilement; :& d'ailleurs 1l fe trouve tou- jours élevé au-deflus du fond d’un pié ou dix-huit | pouces au moins. Leresa 4 à ÿ piés de hauteur , 6 | la maille eft femblable à celle des manets à maque- reaux, eft de 17 lignes en quarré. Lorfque les pêcheurs ont remarqué dans Îles eaux des-naux, troupes, tourbillons, bowillons ou flottes de poiflons ,ce qu'ils connoiflent aifément à la cou- leur de l’eau. ils enceignent la place de leurslets ow | > 8 P muletieres , tous ces poiflons nageant vers la furface de l’eau, fe trouvent pris en referrant leurs filets. De cette maniere on voit que ces pêcheurs ne trai- nent point à l'ouverture, comme font ceux ‘qui fe fervent du coleret, & ils ne mettent leurs muletieres à l'eau, que quand ils ont obfervé des poïffons at- troupés derla maniere qu'onvient de le dire. RETS ADMIRABLE, terne d’' Anatomie, rete mirabr- Le ; eft un petit plexus ou lacis de vaifleaux qui en- toure la glande pituitaire. Voyez PLEXUS & CER- VEAU. Le rets admirable eft très-apparent dans les brutes; mais il n’exifte point dans l’homme, ouil eft fipetit, qu’on doute de fon exiftence. | Willis dit que celaciseftcompofé d’arteres , de veï- nes & de fibres nerveufes. * Vieuflens aflure qu'il n’eft fait que d’arteres; & d’autres, d’arteres & de petites veines. [layanceavec plufieurs autres anatomiltes, qu’il n’y a point de rers admirable dans l’homme , dans le cheval, dans le chien; mais qu’on le trouve dans le veau, dans la brebis, dans la chevre. Il a été décrit par Galien, qui l'ayant trouvé dans plufieurs animaux qu'ila difléqués , a cru qu'il exif toit aufli dans l’homme; mais celui-ci n’en a point. Il eft vrai feulement qu’aux.côtés de la glande pitui- REV taire, où 115 difent qu'il eff, on obfervé que les artes res carotides ÿ font une double flexion en forme de w, avant que de percet la dure-mere, 1. Galien a cru que le rers admirable fert À cuire & à perfeétiônnet les efprit animaux, comme lés épidyz mes fervent à perfectionner la femence, ’oyez Es= PRIT 6 SEMENCE. rh ) * Wällis croit, avec plus de tarfon, qu'il fert à arrè- ter limpétuofité du fans qui eft porté du cœur au cerveau dans les animaux qui ont la tête pendante ; à féparer quelques-unes des parties féreufes & fuper- flues du fang ; à les verfer dans les glandes falivaires à mefure que le fang entre dans le cerveau , & à pre- venir les'cbfruétions qui pourroient fe former dans les arteres. be nee - | Rers, { im. pl. (Charronage.) ce font deux longs morceaux de bois d’orme, qui compofent en païtie la charrue des laboureurs, & qui fervent à la remuer &t à la diriger, Trévoux. (DJ. RETZ; f. f (Com, ) méfure de continence dont oh fe fert pouf mefurer les grains à Philippeville & à Givet. Le reride froment pefe à Philippeville 55 livres poids de marc, celui de meteil ÿ4, cel de feigle 527, & celui d'avoine 30 livres. À Givet, le rerz de froment pefe 47 livres, demeéteil 46, & de feigle 45 liv. Diéfion. de Com. 6 de Trévoux, RETZ où RAIS, ( Géog. mod.) en latin Ratiaten- fes pagus ; pays de France , dans [a Bretapne. Il oc- cupe la partie de diocèfe de Nantes, qui eft au midi de la Loire; cepays tiroit fon nom d’uné ville nom- mée Rartatum, & faioit autrefois partie du Poitou , & du diocèfe de Poitiers, Charles le Chauve donna en 851 à Hérifpée prince des Bretons, tout le pays de Retz (Ratiatenfis ) qu'il réunit à la Bretagne & au Nantois. Ce pays eut enfuite fes feigneurs, ou ba- rons particuliers; enfin il fut poffedé en qualité de comté par la maïfon de Gondi, & érigé en duché- pairie en 1581, en faveur d'Albert de Gondi; ce duché eft à préfent dans la maïfon de Villeroi. La ville de Rerz qui en étoit la capitale, ne fubfifteplus, c’eft aujourd’hui Machecou dont on peut voir l’ar- ticle. (D. J.) | = | et . REVALIDER , v.aû. ( Gram. ) rendre valide des rechef, Voyez les articles VALIDE @ VALIDER. | REVALOIR , v.n, ( Grem.) rendre la pareille foit en bien foit en mal. Dés REVANCEE , ff. ( Gram.) réparation qu’on fe fait à foi-même du tort qu’on arecu ; j'aurai revan. che, où je ne pourrai. Il fe prend aufli en bonne” part ; il n’a donné une belle tabatiere, en revanche je lui ai fait préfent d’un aflez beautableau, Donner larevanche au jeu , c’eft jouer une feconde partie après aVoir gagné la premiere; c’eft offfir à celui quia per- du le moyen de réparer fa perte ; on gagne un JEU ; 18 Pon accorde la revanche à un autre : onfe revanche 5 onenrevanche ün autre ; on néolige un mets, on fe revanche {ur uñ autre. | REUDIGNT, ( Géog: anc.) peuple de la Germa- nie. Tacite les nomme entre ceux qui habitoient le nord de la Germanie, & qui adoroient la terre, PU El + AR , REVE, f.m: (Com. ) ancien droit où impoñtion qui fe leve fur les marchandifes aui entrent en Fran- ce, Ou qui en fortent. On dit ordinairement réye & haut paflage ; ces deux droits autrefois féparés, ont été depuis réunis ; on appelloitanciennement ce droit Jus regni, droit de regne où de Jouvérainete > d'où par corruption On a fair droit de re/ve. Voyez TRAITE FORAINE. Diéion. de Com. RÊVE, fm. (Méraphyfique.) fonge qu'on fait en dormant. Voyez SONGE. L'hifioite des réves eft encore aflez peu connue , elle eft cependant importante | non-feulement en médecine ; mais en métaphyfique , À caufe des ob- REV 333 jeétions des 1déalifles ; nous avoñs eh révant un fentiment interne de nous-même, & en êmeztems un aflez prand délire pour voir plufieuts chofes hors de nous; nous ägiflons hous-mêmes voulant où fe voulant pas ; & enfin tous les objets des iréves {ont vifiblement des jeux de l'imagination, Les. chôfes qui nous ont le plus frappé durant. le jour, appax roïflent à notre ame lorlqu’elle eft en repos; cela eft aflez Communément vrai , même dans les brutes ; car les chiens révent comme l’homme, la caufe.des réves eft donc toute impreflion quelconque, fotte; fréquente & dominante, vo RÊVE, (Médecine) Voici le fentimeñt de Lo Mius à cefujets #1 | Les réves font des affe@tions de l'ame qui furvien- nent dans Île fommeil , & qui dénotent l’état du Corps &t de l’ame ; fur-tout s'ils n’ont rien de commun avec les occupations du jour ; alors ils peuvent fervir dé diagnoftic & de prognoftic dans les maladies. Ceüx qui révent du feu ont trop de bile jaune ceux qui ré= vent de fimée ou de brouillards. épais ; abondent en bile noire; ceux qui révenr de pluie, de neige, de gré: le; de glace, de vent, ont les partiés intérieures far= chargées de phlegme ; ceux qui {e fentent en réve dans de mauvaifes odeuts, peuvent compter qu'ils logent dans leur corps quelque humeur putride ; fi l'on ‘voit en réve du rouse, où qu’on s'imagine avoir une crête comméun coq, c’eft une marque qu'il y à fur: abondance de fang; fi l’on réve de la lune ; On aurd les cavités du corps affeîées; du foleil ; ce feront les parties moyennes; & des étoiles ; Ce fera le contour; où la furface extérieure du corps. Si la lurniere de ces objets s’affoiblit, s’obfcurcit ou s'éteint, on en conjedturefa que l’affedion eft légere , fi c’eit de l'air ou du brouillard qui caufe de laltération dans Pobjet vu en réve; plus confidérable fi e’eft de l’eau; & filé- clipfe provient de l’interpofition & de l’obfcurciflez ment des élémens, en forte qu’elle {oit entiere; or fera menacé de maladie ; mais fi les obftacles qui dé- roboïent la lumiere viennent à fe diffiper, & que le corps lumineux reparoïfle dans tout fon éclat ; l'état ne fera pas dangereux ; fi les objets lumineux pañlent avec une vitefle furprenante, c’eft figne de délire; s'ils vont à occident, qu'ils fe précipitent dans [4 mer, où qu'ils fe cachent fous terre , ils indiquent quelque indifpofition. La mer agitée prognoftique Paffeétion du ventre; laterre couverte d’eau n'eft pas un meilleur réve, c’eft une marque qu'il y a intempé: tie humide ; & fi l’on s'imagine être fubmergé dans un étang, ou dans une riviere, la même infempérié fera plus confidérable. Voir la terre féchée & brûlée par le foleil, c’eff pis encore ; car il faut que lhabi= tude du, corps foit alors extrèmement feche. Si l’on a befoin de manger où de boire, oh réverz mets & li queurs ; fi l’on croit boire de l’eau pure, c’eft bon f- gne ; fi l’on croit en boire d'autre , c’eft mauvais f- gne. Les monftres, les perfonnes armées, & tous les objets qui caufent de l’effroi, font de mauvais augu- re; car ils annoncent le délire. Si l’on fe fent préci- pité de quelque lieu élevé, on fera menacé de verti- ge, d'épilepfie ou d’apoplexie, fur-tout filatête eft en même tems chargce d’humeurs. Lommius s Méd, obf. Nous avons tiré de Lommius ces obfervations 5 elles font toutes d'Hippocrate, & méritent une atten: tention finguliere de la part des Médecins; caron ne peut nier que les affe@ions de l’ame n’influent fur le corps, & n'y produifent de grands changemens. En effet, bien que ces obfervations paroïflent de peu d'importance , & devoir être négligées d’abord, on: fera détourné de penfer de cette façon, pour pe -que lon refléchiffe fur leslois qui concernent l’étroite union de lame avec le corps. (#) | | ._REVÈCHE , £ f. ( Lainage.) étoffe de laine erof= fiere , non croifée 87 peu ferrée ; dont le poil eft foët 224 R E V long, quelquefois frifé d’un côté, & d’autres fois fans frifure, füivant l’ufage à quoi elle peut être def- tinée. Cette étoffe fe fabrique fur un metier à deux marches, de même que la bayette ou la flanelle, à quoi elle a: quelaué rapport, fur-tout quand elle eft de bonne lainé, & qu’elle n’eff point frifée. Les re- véches {e fabriquent ordinairement en blanc , & font enfuitet teintes en rouge, bleu, jaune, verd, noir, &c. On s’en fert à doubler des habits ; les femmes en doublent des jupons pour l’hiver; les Miroitiers en mettent derriere leurs glaces pour en conferver l’é- tain ; les Coffretiers-malletiers en garniflent le de- dans des coffres propres pour la vaiflelle d'argent, &c les Gairiers s’en fervent à doubler certains étuis. Sa- vary. (D. J. REVEIL, £. m. (Phyfiol.) a@ion par laquelle on éefle de dormir. L’a@ion du réveil arrive ou naturel- lenrent &c de foi-même , lorfque quelque objet fait une fois impreflion fur les fens externes ; où quand lirritatiôn des excrémens fait une forte imprefhon fur les fens externes ; où quand lirritation des excré- Meñs produit un fentiment commode; où quand on eft géné. par la trop grande preflion de la partie fur laquelle on eff couché. En s’éveillant après avoir pris Le repos néceflaire on ouvre les paupieres, on bâille quelquefois, on devient bientôt en état de fe mouvoir, parce que les forces font rétablies, &t que les efprits réparés portent le mouvement &r le fenti- ment dans foutes les parties du corps. Voilà les phé- nomeñes ordinaires du réveil; mais 1l n’eft pas aidé de les eñtendre & de les eypliquer. (D. J.) Reveic, battement de tambour qui fe fait dès le matin , pour faire favox que le jour commence à pa- roître; pour avertir les foldats de fe lever, & les fen- tinelles de ne plus faire Pappel. Chambers, C’eft le tambour de la garde du camp qui fait cet- re batterie, à laquelle on donne le nom de diane, Ainft Battre la diane, C’'eft battre le tambour au point du jour, pour faire lever les foldats. (Q) REVEIL-MATIN, {. m. Horloge avec.une fonne- fie qui ne bat qu'à l’heure qu’on veut. Voyez SONNE- Ri& ( Horlogerie), le détail de cette inachire dans les PL. | L | REVEILLER , v. a@. (Gram.) c’eft interrompre le fommeil. À quelqu'heure qu’il vienne, reveillez- moi. Ilfe prend au figuré; il s’eft rever//e de fon af- foupiflement , 11 s'occupe de fes devoirs: le bruit de cette aventure s’eft rever/lé: qui eft-ce qui a reverlle cette affaire? vous avez reveillé fa tendrefle , fon amour-propre, fon amitié, fa haine : les prétentions qu'il reveille font bien réelles: à quoi bon reveillerune querelle affoupie ? RÉVEILLON , £ m. (Peine) c’eft dans un tableau une partie piquée d’une Jumiere vive, pour faire {ortir les tons fourds, les mafles d’ombres , les paña- es & les demi-teintes ; enfin pour reveiller la vüe du fpeétateur. (D. J.) REVEL,, (Géog. mod.) grande ville de empire rufien, dans la haute-Livonie, & capitale de l’'Ef- tonie , fur la côte de la mer Baltique, partie dans une plaine, &c partie fur une montagne, avec une forte- refle, à 56 lieues au nord de Riga, à 38 au couchant de Narva, & à Go au couchant de S. Pétersbourg. Long. 42. 40. lat. 59.24. Waldemar IL roi de Danemark, jetta les fonde- mens de cette ville au commencement du xy. fiecle. Elle a été anféatique jufqu’en 1550. Les Suédois la pofféderent enfuite, &c'aujourd’hu les Mofcovites à qui elle appartient, y entretiennent un beau com- merce de grains. On léchange fur-tout contre le {el aue les Hollandois amenent dans ce port, & dont il {e confomme une grande quantité en Ruflie, où tout le pain eft avec du fel. La partie de Revel qui eft fur la montagne, eft oc- cupée par des maïifons neuves ; la partie d’en-bas éft habitée par les petites gens. Le château domine la ville, & la Rufñe y entretient toujours une nombreu- fe garnifon. Revel étoit déjà très-forte danslexvy. fiecle, carelle foutint alors deux fieses mémorables ; un en.1470, & l’autre en 1577, contre les Mofcovites. qui fe reti- rerent avec perte. L’évêque qui eft du rit grec, eft fufragant de Riga Cette ville jouit encore des mêmes privileges dont elle joufoit fous'Charles XII. Elle ne paye pref- qu'aucun impôt; elle conferve fes anciennes lois; elle entretient une compagnie de foldats à elle, qui fait le fervice conjointement avec la garnifon rufles mais les payfans font comme en Pologne & en Ruf- fie, les efclaves de leurs feigneurs, qui les vendent comme les beftiaux. d&4 PET Revel eft gouvernée par trois confeils,; celui du czat , qui a la puiffance exécutrice ; celui des nobles, dont l'emploi eft de veiller aux intétèts de la pro- vince; & celui des magiftrats de la ville, quiregle la police &c les affaires civiles. (D, J.) REVEL, (Géog. mod.) petite ville de France , dans le haut Languedoc ,au diocèfe de Layaur , près de la riviere de Sor, à 2 lieues de S. Papoul: on lappel- loit anciennement la Baffide de Lavaur. Philippe-le- Bel l’érigea en ville, & la fit clorre de murailles. Les Calviniites la fortiñierent pendant les guerres de re- ligion; mais fes fortifications furent démolies en 1629. Cependant elle a continué de fleurir jufqu’à la révocation de l’édit de Nantes. Long. 19, 40. lar. , 26. Martin (David) , favant théologien, naquit à Re- vel en 1639; fe refugia à Utrecht en 168%, lors de la révocation de l’édit de Nantes , & y mourut en qualité de miniftre. de l’éghfe françoife en 1727 ,âgé de 82 ans. Il a donné plufieurs ouvrages. On eftime fur-tout fon Æifloire du vieux & du nouveau Teffament , imprimée à Amfterdam en 1700, en 2 volumes :n- fol. êr enrichie de 424 figures fort proprement gra- vées. On a réimprimé à Amfterdam, le même ou- vrage in-4°, mais avec de plus petites figures. On a du même théologien la-Ste Bible, avec une préface générale, des-notes,, des préfaces particulieres, 8 des lieux paralleles. Elle parut d’abord à Amfter- dam en 1707, en 2 volumes zr-fol, & lamême année avec de plus petites notes i7-4°. On réimprima la même Bible fans notes, à Amfterdam en 1710 27-8°. à Hambourg en 1726 1n-8°. & à la Haye en 1748 in-4°. Tous les journaux du tems ont parlé de ces différentes éditions, ainf que le P. le Lons dans fa bibliotheca facra , pag. 360 &t 838. Enfin M. Martin. étoit en commerce de lettres avec divers favans de srande réputation, tels que meffñeuts de Sacy, Da- cier, Grœvius, Ketnerus, Cuper & Mylord Wack, archevêque de Cantorbery\, &c. (D. J.) RÉVÉLATION, £. f. (Théolog.) En général , c’eft l’aête de révéler, ou de rendte publiqueune chofe qui auparavant étoit fecrete &c inconnue. Ce mot vient du latin revelo, formé de re êc de ve- lum , voile, comme qui diroit tirer le voile ou le ri- deau qui cachoit une chofe, pour la manifefter &c l’expofer aux yeux. | On fe fert particulierement de ce mot révélarion , pour exprimer les chofes que Dieu a découvertes à fes envoyés & à fes prophetes, & que ceux-ci ont révélées au monde, Voyez PROPHÉTIE. | On l'emploie encore dans un fens plus particulier, pour fignifier les chofes que Dieu. a manifeftées au monde par la bouche de fes prophetes , fur certains points de fpéculation & de Morale, que la raifon na- turelle n’enfeigne pas, ou qu’elle n’auroit pu décou- vtir par fes propres forces ; & c’eft en ce fens que là révélation eft l'objet & Le fondement de la fou Voyez For, La . La relision fe divife en religion naturelle, & reli- gion révélée. Voyez RELIGION. La révélarion confidérée par rapport à la véritable religion, {e divife en révélation juive , & révélarion Chrétienne. La révélation Juive a été faite à Moïfe, aux prophetes, &c aux autres écrivains facrés dans Pancien Teftament. La révélarion chrétienne a été faite par J. C. & àfes apôtres dans le nouveau. Voyez Tes: TAMENT, Un auteur moderne a cru propofer une dificulté folide, en remarquant que les révélarions {ont tou- jours fondées fur des révélations antérieures. Ainfi, cit-il , la miffion de Moïfe fuppofe une premiere ré- vélation faite à Abraham; R mufion de J. C. fuppote celle de Moïfe; la prétendue miflion de Mahomet fuppofe celle de J.C.la miffion de Zoroaftre aux Per- fes, fuppofe la region des mages, &c. Mais outre que cette derniere allégation eft une pure ignoran- ce, puique Zoroaftre pafle conftamment pour l’inf- titüreur de la religion des mages, & qu’on ne peut fans impièté, faire un parallele de deux impofteurs tels que Zoroaftre & Mahomet, avec deux léoifla- teurs auf divins que Moife & J. C. on ne voit pas pourquoi la miflion de J. C. ne fuppoferoit pas celle de Moife, ou pourquoi celle-ci ne fuppoferoit pas une révélation faite à Abraham. Y a-t-il de labfurdi- té à ce que Dieu mamfefte par degrés aux hommes les vérités qu'il leur juge néceffaires ? EftAl indigne de fa fagefle & de fa bonté qu'il leur faffe des pro- mefles dans un tems, &c qu’il fe réferve d’autres mo- mens pour Les accomplir ? . Toute révélation généralement eft fondée fur ce _que Dieu veut que l’homme connoïffe ce qui le con- cerne plus particulierement, comme la nature de Dieu & fes myfteres , la difpenfation de fes graces, :c. objets auxquels les facultés naturelles qu'il a plu à Dieu de donner à l’omme, ne peuvent atteindre par leurs propres forces ; elle a aufñ pour but d’exi- ger de la part de l’homme, un culte plus particulier que celui qu'il rend à Dieu à titre de créateur & de confervateur , & de lui prefcrire les lois & les céré- monies de ce culte, afin qu’il foit agréable aux yeux de la divinité. | Les révélations particulieres ont leur deffein & leur but carattériftique. Ainf celles de Moïfe & des pro- phetes de Pancienne loi, regardoient particuliere- ment les Ifraélites, confidérés comme defcendans d'Abraham. Le deflein de ces révé/arions {emble avoir été de retirer ce peuple de fon efclavage ; de lui don: ner un nouveau pays, de nouvelles lois, de nouvel- les coutumes ; de fixer fon culte; de lui faire affron- ter hardiment toutes fortes de dangers, & braver tous fes ennemis ,en lui imprimant fortement dans l’efprit qu’il étoit protégé & gouverné direétement par la divinité même ; de l'empêcher de fe mêler par des alliances avec les peuplés voifins, fur l’opinion qu'il étoit un peuple faint, privilégié, chéride Dieu, & que le Meffie devoit naître au milieu de lui; en- fin, de lui laifler une idée de rétabliflement, au cas qu’il vint à être opprimé , par l'attente d’un libéra- teur. C’eft à quelques-unes de ces fins que toutes les prophéties de l’ancien Teflament femblent tendre. Mais ajoutons qu’elles euflent été infuffifantes pour captiver un peuple auffi opiniâtre que Les Hébreux, fi ces révélations n’euflent été foutenues par des ca- ratteres véritablement divins, le miracle & la pro- phétie. La révélation chrétienne eft fondée fur une partie de celle des Juifs. Le Mefie eft prédit & promis chez ces derniers; il eft manifefté & accordé chez les Chrétiens. Tout Le refte des révélations qui regardent direétement le peuple juif n’a plus lieu dans la loi nouvelle, à exception de ce qui concerne la Mora- le, Nous ne nous ieryons d’ailleurs que de la partie Tome X1F, D: REV. us de Cette ancienne révéZation qui regarde lé monde en général, & dans laquelle il eft parlé de la venue du Mefhe. | Les Juifs s’attribuoient dire@ement l’accompliffe: ment de cette partie de leur révélation, penfant en être plus particulierement les objets que le refte du monde ; que c’étoit à eux exclufivement que le Meflie étoit promis; qu’il devoit être leur libérateur t le reftaurateur de leur nation. Mais une nouvelle révélation eft fubftituée à l’ancienne, tout change de face ; cette partie de l’ancienne étoit, comme il eft démontré, toute allégorique & toute fymbolique ; les prophéties qui y avoient rapport ne devoient point être prifes à la lettre. Elles prétentoient un fens charnel & groffier ; elles en cachoient un autre fpiri- tuel & fublime. Le Mefie ne devoit pas être le ref- taurateur de la Hiberté & de la puiffance temporelle des Juifs, qui étoient alors fous la domination des Romains ; maïs 1! devoit rétablir & délivrer le mon- de qui avoit perdu toute juftice, & s’étoit rendu l’ef clave du péché. Il devoit prêcher la pénitence & la rémiflion des crimes ; & à la fin foufrir la mort , afin que tous ceux qui croiroient en lui fuflent délivrés de l’efclavage de la mort &c du péché, & qu'ils ob- tinflent la vie éternelle qu'il étoit venu leur acquérit par fon fane. _ Telle a été la teneur & le deffein de la révélarion chrétienne, dont l'événement a été & différent & fi éloigné de celui que fe figuroit le peuple auquel le Meflie avoit été promis en premier lieu; en forte qu’au lieu de rétablir & de confirmer les autres bran- ches de leur révélarion , elle les a au contraire détrui- tes & renverfées. L'avantage d’être enfant d’Abra- ham a ceffénd’en être un particulier & propre aux Juifs ; tous les peuples de l'univers, fans diftinétion de juif ni de gentil, de grec ni de barbare, ayant été invités à jouir du même privilece. Et les Juifs refu= fant de reconnoître le Meffie qui leur avoit été pro- “mis, comme incapables de voit que toutes les pro- phéties fe trouvoient accomplies en lui, & que ces prophêties n’ayoient qu’un fens allégorique & re- prélentatif, ont été exclus des avantages de cette miffion qui les resardoit particulierement; & leur deftruction totale eft venue de la même caufe d’où ils attendoient leur rédemption. Mais ce qu'ils ne fauroient fe diffimuler , c’eft que cette opiniâtreté même à rejetter le Mefie, & cet aveuglement de leur part à n’intérpréter les prophéties quile concer- nent, que dans un fens httéral & charnel, & enfin leur ruine & leur difperfion ont été prédites. L’ac- comphflement de ces trois points devroit leur ou var les yeux furlerefte. C’eft une preuve fubfftante de la religion, & de la vérité de la révélation, attef tée d’ailleurs fuffifamment dans la loi nouvelle, com: me dans Pancienne, par lés miracles & les prophé- ties de J. C. & de fes apôtres, | Ce double tableau fuffit pour fentir l'utilité & la. néceffité de la révélation, & pour voir d’un même coup-d’œil Penchainement qui regne entre la révé/a- tion qui fait le fondement de la loi de Moïfe, & celle qui fert de bafe à la relision de J. C. k . Un auteur moderne qui a écrit für la religion, définit la révé/zrion, la connoïffance de quelque doc- trine que Dieu donne immédiatement , & par lui-mê: me, à quelques-unes de fes créatures, pour la com- muniquer aux autres de fa part, & pour les en inf: truire, Il ajoute que le terme de révélation pris à la ris gueur, fuppofe dans celui qui la reçoit une ignoran« ce abfolue de ce qui en eft Pobjet, Mais que dans un fens moins reftraint & plus étendu, il fignifie la mas nifeftation d’un point de doërine, foit qu’on l’igno- re, foit qu'on le connoïffe parfaitement, foit qu’il foit fimplement obfcurci pat les pafhons des hom- 22? REV mes. Si la révélation a pout objet un point entiere- ment inconnu, elle retient le nom de révélation ; fi au contraire elle a pour objet un point connu ou obf- curci, elle prend celui d’infpiration. Voyez INSPIRA- TION. Après avoir démontré la néceflité de la révélarion, par des raifons que nous avons rapportées en fub{f- “tance, & que Le ieéteur peut voir {ous le #04 RELI- GION, il trace aimf les caraéteres que doit avoir la révélation, pour qu’on puifle en reconnoitre la divi- nitée. Nous ne donnerons ici que le précis de ce qu'il traite & prouve d’une maniere fort étendue. Toute révélation, dit-il, peut être confidérée fous trois différens rapports, ou en elle-même & dans fon objet, ou dans fa promulgation, ou dans ceux qui la ublient & qui en inftruifent les autres. 1°, Pour qu’une révélation, confidérée en elle-mé- me & dans fon objet, foit marquée au fceau de la divinité il faut, 1°. que ce qu’elle enfeigne ne foit point oppolé aux notions claires 8 évidentes de la lumiere naturelle. Dieu eft la fource de la raifon aufi-bien que de la révélation. Il eft par conféquent impoñfible que la révélarion propofe comme vrai, ce que la raïifon démontre être faux. 2°, Une révélation vraiment divine, ne peut être contraire à elle-mé- me. Il eft abfolument impoñhble qu’elle enfeigne comme vérité dans un endroit, ce qu’elle produit comme un menfonge dans un autre. Dieu qu’on en fuppote être l’auteur & le principe, ne peut jamais fe démentir. 3°. Une vraie révélation doit perfeétion- net les connoiïffances de la lumiere naturelle, fur tout ce qui regarde les vérités de la religion, & leur don- ner une confiftance inébranlable ; parce que la réve- ation fuppofe un obfcurciflement, ou des érreurs dans l'efprit humain, qu’elle doit diffiper. 4°. Elle ne doit être reçue comme émanée de Dieu, qu’autant qw’el- le prefcrit des pratiques capables de rendre l’homme meilleur, & de le rendre maître de fes pañfions. Le créateur étant par fa nature incapable d’autorifer une doûrine lcentieufe. 5°. Toute révélation , pour prou- ver la doëtrine qu’elle propofe à croire, doit être claire & précife. C’eft par bonté & par miféricorde que Dieu fe détermine à inftruire, par lui-même, fes créatures des vérités qu’elles doivent croire, ou des obligations qu'elles ont à remplir. Il eft donc nécef- faire qw’il leur parle clairement. 2°, La révélation , envifagée dans fa promulsa- tion, pour être reçue comme divine doit être ac- compagnée de trois caraéteres. 1°. Il eft néceflaire que la promulgation en foit publique & folemnelle, : parce que perfonne n’eft tenu de fe foumettre à des inftruétions qu'il ne connoït pas. 2°. Cetre promul- gation doit être revêtue de marques extérieures qui fafent connoîrre que c’eft Dieu qui parle.par la bou- che de celui qui fe dit infpiré ; fans cela on prendroit pour des oracles divins, les difcours du premier fa- natique. 3°. La prophétie &c les miracles faits en con- fitmation d’une doétrine, annoncée de la part de Dieu, font ces marques extérieures qui doivent ac- compagner la promulgation.de la révélarion, & con- féquemment en démontrer la divinité; parce que Dieu ne confiera jamais ces marques éclatantes de {a fcience de l'avenir, & de fon pouvoir fur toute la mature, à un impofteur pour entraîner les hommes danse faux. : 4h "| LE 3°. Lescaraëteres de la révélation, confidérée dans ceux qui la publient 8 qui en inftruifent les autres, peuvent être envifagés fous deux faces, comime les Hs auxquels un homme peut connoître s'il eft in{- piré de Dieu, ou les marques auxquelles les autres peuvent reconnoître fi un homme qui fe dit envoyé de Dieu, eft réellement revêtu de cette qualité. Quant au prenner moyen, 1°. Les merveilles opé- fées en confirmation de la divinité de la miflion qu’on croit recevoir : 2°. des prédiétions faites pour en conftater la vérité, & qu'il voit s’accomplir: 30. le pouvoir qu'il reçoit lui-même de faire des mira- cles , ou de prédire avenir, pouvoir confirmé par des effets dans l’un ou l’autre genre : 4°. Phumilité, le défintéreflement, la profeffion de la faine do@r1- ne; toutes ces chofes réunies font des motifs fufifans à un homme qui les éprouve, pour fe croire infpiré de Dieu. | Quant au fecond moyen, fi le prophete a des mœurs faintes & réolées ; s’il annonce une doûrine pure; fi, pour la confirmer, 1l prédit l'avenir, & que fes prédiétions foient vérifiées par l'événement; : s’il joint à cela le don des miracles , les autres bom- mes à ces traits doivent le reconnoïtre pour l’envoyé de Dieu, & fes paroles pour autant de révélations. + Traité de la véritable religion , par M. de la Chambre, doéteur de Sorbonne, rom. 11. part. III, differr. j. ch. 1. y. G il. p.202. & Jui. s Le mot de révélation fe prend en divers fens dans l'Ecriture. 1°. Pour la manifeftation des chofes que Dieu découvre aux hommes d’une maniere furnatu- relle , foit en fonge, en vifion ou en extafe. C’eit ainfi que S. Paul appelle les chofes qui lux furent ma- nifeftées dans fon raviflement au treifieme ciel, ZZ. Cor. xiÿ. 1. 7. 2°, Pour la manifeftation de J. C. aux Genrils & aux Juifs. Luc, y. 32. 3°. Pour la mani- * feftation de la gloire dont Dieu comblera fes élus au jugement dernier. Rom. vi. o. 4°. Pour la déclara- tion de fes juftes jugemens, dans la conduite qu'il tient tant envers les élus, qu’envers les réprouvés, Rom. x. 5. RÉVÉLATION , en grec, arozeaud:e, eft le nom qu’on donne quelquefois à PAvocalypie de S. Jean l’évangeliite. Voyez APOCALYPSE. | RÉVÉLATION, (Jurifprud.) eft une déclaration qui fe fait par-devant un curé ou vicaire, en confé- quence d’un monitoire qui a étépublié, fur des faits dont on cherchoïit à acquérir la preuve pat là voie de ce monitoire. Ces révélations n’étant point précédées de la pref- tation du ferment, elles ne forment point une preuve juridique, jufqu’à ce qué les témoins aient été répé- tés devant le juge dans la forme ordinaire de linfor- mation; jufqu’à ce moment elles ne font recardées que comme de fimples mémoires , auxquels les té- moins peuvent augmenter ou retrancher. Tous ceux qui ont connoïffance du fait pour le- quel le monitoire eft obtenu, ne peuvent fe difpen- {er de venir à révélarion fans encourir la peine de l’excommunmication ; les impuberes même , les ecclé- fiaftiques , les religieux, & toutes perfonnes en gé- néral y font oblisées. Il faut cependant excepter celui contre lequel le monmitoire eft publié, fes confeils, tels que les ayo- cats, confefleurs, médiateurs, fes parens ou alliés jufqu’au quatrieme degré inclufivement. Voyez l’or- donnance de 1670, tir. 7. @ le mot MONITOIRE. ( 4} REVENANT , adj. ( Gramm.) qui revient; c’eft ainfi qu’on appelle les perfonnes qu’on dit reparot- tre après leur mort : on fent toute la petitefle de ce préjugé. Marcher, voir, entendre, parler, fe mou- voir, quand on n’a plus ni piés, ni mains, ni yeux, ni oreilles, m1 organes aifs! Ceux qui font morts le font bien, & pour long-tems. REVENDEUR, RÉVENDEUSE, ( Commerce. } celui ou celle qui fait métier de revendre. Voyez REVENDRE. REVENDEUSE A LA TOILETTE, ( Comm. fecrer. ) on appelle à Paris revendeufes a La toilette, certaines femmes dont le métier eft d'aller dans les maïfons revendre les hardes, nipes, & bijoux dont on fe veut défaire ; elles fe mêlent auffi de vendre & débiter en cachette, foit pour leur compte, foit pour celui d'au: REV. trui, certaines marchandifes de contrebande ou en- trées en fraude, comme étoffes des Indes, toiles peintes, dentelles de Flandre. Ce dernier négoce que font les reverdeufes à la toilerte , a êté trouvé fi perni- cieux pour les droits du roi, & pour le bien des ma- nufaétures du royaume, qu'il y a plufeurs arrêts & réglemens qui prononcent des peines confidérables contre celles qui lefont. On nomme ces fortes de fem- mes revendeufes: a la toilerte, parce qu’elles {e trou- _vent pour l’ordinaire le matin à la toilette des dames pour leur faire voir les marchandifes & chofes qu’el- les ont à vendre, & encore parce qu’elles portent ordinairement les marchandifes enveloppées dans des toilettes. Savary. (D.J.) REVENDICATION , f. £. ( Jurifprud.) eft lation par laquelle on reclame une chofe à laquelle on pré- tend avoir droit. Chez les Romains la revezdicarion , appellée revin- dicatio, où fimplement vindicario , étoit une ation -réelle que on pouvoit exercer pour trois caufes dif: férentes, favoir pour reclamer la propriété de fa. chofe, ou pour reclamer une fervitude fur la chofe d'autrui, ou pour reclamer la chofe d'autrui à titre de gage. "0 La revendication de proprièté étoit univerfelle ou particuliere ; la premiere étoit celle par laquelle on reclamoit une univerfalité de biens comme une héré- -dité ; la feconde étoit celle par laquelle on reclamoit fpécialement une chofe. On pouvoit revendiquer toutes les chofes qui font dans le commerce , foit meubles ou immeubles, Îles animaux, les efclaves, les enfans. Toute la procédure que l’on obfervoit dans l’exer- cice de cette aétion eft expliquée au digefte, Ziy. FI. titre J. Parmi nous [a reverdication eft aufi une a&tion par laquelle on reclame une perfonne ou une chofe. La revendication des perfonnes a lieu lorfque le fouverain reclame fon fujet qui a pañlé fans permif- _fion en pays étranger. Le juge ou fon procureur d’of- fice peuvent revendiquer leur jufticiable, qui s’eft fouftrait à la jurifdiétion. Le juge revendique la cau- fe ,c’eft-à-dire demande à un juge fupérieur que ce- lui-ci la lui renvoie, L’official peut aufi revendiquer un clerc qui plaide en cout laye, dans une matiere qui eft de la compétence de official. Un fupérieur régulier peut aufh revendiquer un des fes religieux qui s’eft évade. Voyez ASYLE, SOUVERAIN, SUJET, JURISDICTION, RESSORT, DISTRACTION, OFrri- CIAL, OFFICIALITÉ, CLERC, COUR LAYE, MOINE, RELIGIEUX, CLOITRE, APOSTAT. La revendication d’une chofe eftlorfqu’on reclame une chofe à laquelle on a droit de propriété, ou qui fait le gage & la fureté de celui qui la reclame. Ainfi le propriétaire d’un effet mobilier qui a été enlevé, volé, ou autrement fouftrait, le revendique entre les mains du poffefleur aétuel, encore qu’il eût _paflé par plufieurs mains. Lorfque fousles fcellés ou dans un inventaire il fe trouve quelque chofe qui n’appartenoït point au dé- funt, celui auquel la chofe appartient peut la recla- mer, c’eft encore une efpece de revendication. Enfin le propriétaire d’une maïfon qui apprend que fon locataire a enlevé fes meubles fans payer les loyers, peut faifir 8 revendiquer les meubles, afin qu'ils foient réintégrés chez lui pour la fureté des loyers échus, & même de ceux à échoir. Toutes ces revendications ne {ont que des aétions -qui ne donnent pas droit à celui qui les exerce de reprendre la chofe de fon autorité privée; il faut toujours que la juftice lordonne, où que la partie intéreflée y confente. Voyez LOCATAIRE, LOYERS, MEUBLES, PROPRIÉTAIRE, SAISIE, SCELLÉ, IN- VENTAIRE. (4) Tome XIP, REV 227 REVENDRE, v.a@. (Gram. € Com.) vendre ce qu’on a auparavant acheté. Les marchands détail- leurs revendent en détail Les marchandifes qu'ils ont achetées en gros des marchands magafniers. La pro fefion des Fripiers n’eft autre chofe que de revendre, fouvent fort cher, ce qu'ils ont acheté à bon marché. Didfion, de Commerce, REVENIR , v. n. (Gram.) c’eft venir une feconde ou plufeurs fois. Allez; non, revezez, Il faut revenir au gîte. Le printems eft revers pour les plantes, mais l'hiver dure pour moi. Ces mets me revienrens, je n'en Veux point manger. Îl feporte À merveille, le voilà revenu. Je crois que cette plante voudroit reve- rit. Revenez à vous, vous n’êtes pas dans votre bon fens. Elle reviezr de fa défaillance. On dit qu'il eft reveru de l'autre monde pour l’avettir de fonger à lui, mais il a mal pris fon tems, car fon homme ny étoit pas. Il me reves un bruit que vous parlez mal de moi. Reverons au fait, qu’en eft-il? avez-vous dit cela ou non. J’en reviens à votre avis. C’eftune mule, qui ne reviendra pas de fon entêtement. {left bien revenu de ces folies là. Croyez-vous qu'il revienne à Dieu ? Il faudroit qu'une offenfe fût bien gfave, f je repouñlois un ami qui me l’auroit faite & qui revien- droit à moi. C’eff la bifarrerie de votre efpnit, & non l’eftime de fon cœur qui vous fait reverir à elle. Eh bien ,que vous enreviendra-t-il, pauvre poëte, après, un triomphe pañflager ; encore quel-triomphe! une ignominie éternelle. Il meresierrs de cetteterre quatre mille francs, bon an mal an. Il reviens toujours fur la même corde. Je ne fais comment il a échappé ; je le eroyois noyé, & le voilà rever fur l'eau. / REVENIR , fe dit, ex serme de Commerce, du profit que lon fait, ou que l’on efpere tirer d’une fociété , d’une entreprife, de la cargaifon d’un vaïfleau , où autre affaire de négoce. Il me reviemdra mille écus, tous frais faits, dela vente de mes laines. REVENIR, en terme de Teneurs de livres, {e dit du total que plufieurs {ommes additionnées enfemble produifent. Le premier chapitre de dépenfe reviens à quinze mille livres. | REVENIR , fe dit encore de ce qu'il en coûte pour Pachat ou la façon d’une chofe, Ce velours me reviens à dix écus, &c. REVENIR, fe dit auf proverbialement dans le commerce. À tout bon compte revenir, c’eft-à-dire qu'on peut recompter de peur d'erreur , OU Que quand'il y en auroit quelqu’une, il n’y a rien à per- dre. Dicfion. de Commerce. REVENIR , v. aét. ( Fromagerie. ) lorfque les fro- mages qui ont êté affinés, fe font dans la fuite fechés & durcis;-les fromagers les font porter dans des ca- ves profondes & des lieux humides, pour les faire ramollir ; c’eft ce qu'ils appellent faire reverir les fromages. (D. J.) REVENIR, v. a. serme de Rotiffeurs, c'eft faire renfler la viande en la mettant fur des charbons al- lumés, ou fur un gril, fous lequel il y a de la braïfe, avant que de piquer ou de larder la viande; on dit faire revenir une volaille, &c. REVENOIR , £. m. outil fur lequel les Horlogers mettent les pieces d’acier pour leur donner différens recuits, Ou leur faire prendre la couleur bleue. Cet. outil eff ordinairement fait d’une lame d’acier ou de cuivre très-mince, dont les bords{ont pliés, pour empêcher les pieces qu'on met deflus de tomber dans le feu , ou fur la chandelle ; il aune queue par laquelle on le tient. | REVENTE , f. £. (Comm.) vente réitérée; on nomme ordinairement marchandifes de revente cel- les qui ne font pas neuves & qui ne s’achetent pas de la premiere main, comme celles qui fe trouvent chez les marchands fripiers, ou qui font entre les mains des revendeufes, Ffi 215 RE V REVENU ; (Gram.) participe du vetbe ‘revenir. Voyez KEVENTR. Revenu, (Jurifprudence.) eft le profit annuel que Von tire-dune chofe , comme des fruits que l’on te- cueïlle-en nature, une rente en argent, ou en grains, ouautrechofe. FoyepRENTE. (4) REVENUS DE L'ÉTAT , ( Gouvernement politique.) les -revenus de d'erar, dit M. de Montefquieu , font une portion que chaque citoyen donne de fon bien ‘pour avoir Ja fureté de l’autre, ou pour en jouir ‘agréablement. | | Pour bien fixer ces revezus,, il faut avoir égard 8x aux nécéflhités de l’état,8t aux néceflités des citoyens ; il ne faut point prendre au peuple fur fes befoins réels, pour des befoins de l’état imaginaires. Les befoins imaginaires, font ce que demandent les paffions & les foiblefles de ceux qui gouvernent, le.charme d’un projet extraordinaire, l’envie ma- lade/d'une vaine gloire, & une certaine impuiffance d’efprit.contre les'fantaifies. Souvent ceux qui, avec un efprir inquiet, étoient fous le prince à la tête des affaires, ont-penfé que les befoins de l’état étoient les befoins de leurs petitesames. ILnya rien que lafagefñle & la prudence doivent plus regler que cette:portion qu’on ôte, & cette por- tion qu’on laïfle aux fujets..Ce n’eft point à ce que le peuple peut donner , qu’il faut mefurer les revezus publics, mais à ce qu’il doit donner; &c fi on les me- fure à ce qu'il peut donner, il faut que ce {oit du- moins à ce qu'il peut toujours donner. La connoïffance exaéte des revenus d’un état, con- duit naturellement à diftinguer ceux dont la ref fource eft la plus étendue & la plus aflurée ; ceux qui font le moins utiles à l’état ; ceux qui foulagent da- vantage le peuple; ceux qui payent le plus égale- ment ,.& dès-lors Le plus facilement ; ceux en confé- quence qui lur font à charge’; ceux enfin dont la per- ception nuit aux autres: obfervations importantes, éciur lefquelles on ne fauroit trop fouvent jetter les yeux. Ce r’eft pas ici le lieu de difcuter quelle eft la meilleure méthode de la ferme ou de la régie, pour Ja perception des revenus d’un état, nous nous con- tenterons feulement d’obferver que la derniere de ces deux opérations a pour elle le fufrage des plus beaux génies & des meilleurs citoyens. On leur ob- jeéte que des régifleurs feroient avares de foins & rodisues de frais ; mais ils répondent, 1°. aw’il {e- ! prodg > LC roit aifé d’exciter leur zele & de diminuer leurs dé- penfes ; ils ajoutent en fecond lieu , que dès qu’une fois la levée des revenus de l’étar a été faite par les fermiers, il eft aifé d’en établir la régie avec un fuc- cès afluré; 1ls citent pour preuve l’Angleterre, où Padminiftration de l’accife , & du revenu des poftes, telle qu’elle eft aujourd’hui, a été empruntée des fermiers. Cependant fi quelqu'un croyoit encore né- ceffaire de préférer les fermes à la régie, on devroit alors néceffairement reflerrer dans les bornes de la juffice le gain immenfe des fermiers, en convenant avec eux d’une fomme fixée pour Le prix du baïl, & en même tems d’une fomme pour la régie dont ils rendroient compte. Comme. par ce moyén une par- tie des fermiers réfideroit dans Les provinces, le tré- {or public grofliroit de tout le montant de ce que #a- gnent les fous -fermiers , qui ne font utiles que dans le cas où l’on n’admet point la concurrence à l’en- chere des fermes, de peur qu'un feul corps de finan- ce exiftant, ne donne la loi au gouvernement ; enfin le nombre de mains onéreufes & inutiles qui: perçoi- vent les reverus de l'étar, diminueroit confidérable- ment, larégie feroit douce, exaûte, éclairée, cles profits des fermes feroient toujoursaflez grands pour en foutenir le crédit. £/pri des lois. (D.J. REVENU , donner le ; terme d’Aiguiller, donner le REV vevent aux aiguilles, où les faire revenir, c’eft les ‘mettre dans une poile fur un feu plus où moins vif, fuivant la groffeur des aiguilles, après qu’elles ont reçu la trempe, afin de leur donner du corps. Savary. Da | ETS | REVENU de cerf, de dain, & de chevreuil, c’eft la nouvelle tête que ces animaux pouflent après avoir “mis bas la derniere. | | RÊVER , v.n. (Gram.) c’eft avoir l'éfprit occupé ‘pendant le fommeil, Il eft certain qu'on réve, mais il n’eft rien moins que certain qu'on réve toujours, & -que lame n'ait pas fon repos comme le corps. On appelle réverie toute idée vague, toute conjeture bi- farre qui n’a pas un fondement fufifant, toute idée qui nous vient de jour & en veillant, comme nous imaginons que les réves nous viennent pendant le fommeil, en laifflant allernotre entendemient comme il Jui plait, fans prendre la peine de le conduire: qu'écrivez- vous! là? je ne fais; une révérie qui m'a pafté par la têre , & qui deviendra quelque chofe où rien. Réver eft aufi {ynonyme à diffrair. Vous révez en fi bonne compagnie, cela eft impoli.1l marque en d’autres occafons un examen profond ; croyez que jyai bien révé. Voyez les articles RÊVE GSONGE. REVERBERATION , rerme de Phyfique, qui fioni- fie en général l’aétion d’un corps qui en repoufle ow en réfléchit un autreaprès en avoir étéfrappé. Voyez RÉFLEXION. | Ce mot eft formé des mots latins re &c verbero ; c’eft-ä-dire frapper une [econde fois. Dansles fournaifes des faifeurs de verre, la flamme eft réverbérée, ou fe réfléchit fur elle-même, defi- çon qu’elle mine toute la matiere d’alentour. Les échos viennent de la réverbération du fon produite par des obftacles qui le renvoient. Voyez Écxo. Dans lufage ordinaire, le mot réverbération s’ap- plique principalement à la réflexion de la lumiere & de la chaleur, Ainfi on dit d’une cheminée qui ren- voie beaucoup de chaleur, que la réverbérarion y eft très-grande, d’un corps qui ne reçoit pas diretement les rayons du foleil qu'il les reçoit par réverbération, &cc. Voyez RÉFLEXION. (O) REVERBERE , FOURNEAU DE, ( Chirie. ) VOYEZ l’article FOURNEAU & nos Planches de Chimie & de Métallurpie. RÉVERBERER , v. a@. c’eft expofer au feu de réverbere , ou calciner par la flamme réfléchie. REVERCHER l’érain, c’eftboucher les trous qui viennent aux pieces dans les moules ou d’autres man- ques fur les extrémités des pieces , ou des fouflures dont on s’apperçoit, ou même quelques gromelures à des pieces qu’on ne paillonne point. Pour cela om a du fable de mouleur qu’on mouille avec de l’eau, on le paîtrit , enforte qu'il ait la confiftence propre à retemir une forme ; qu'il ne foit ni trop'ni aflez peu mouillé; on met de ce fable dans un linge fin, qu'on nomme drapeau a fable, à-peu-près de la grandeur des trous qu’on veut revercher ; on empreint ce fable dans ce linge à un endroit uni dela piece de la forme de Pendroit où eft le trou ou gourte | comme on le nomme ,& on pole le drapeau à fable à l'endroit du trou ; on enleve une goutte d’étain d’un lingot qui eft devant foi avec le fer chaud qu’on a frotté aupa- ravant fur la réfine, & enfuite efluyé fur le torche- fer ; on apporte fa goutte fur le trou fous lequel.on tient fon drapeau à fable , le tenant avec la piece de fa main gauche , & appuyant le fer en tournoyant; on fait fondre la goutte & les extrémités d’autour du tronc, & retirant le fer en l'air, il y refte at- taché un filet ou refte de goutte d’étain, & auffi-rôt on voit que la goutte reverchée fe prend ; & avant qu’elle foit totalement prife, on y rapporte au mi- lieu ce refte de goutte qui tient au fer ; cela s’appelle abreuver la goutte, & empêche qu’elle ne fañe un KR E W réreuxen-dedans , qu'on nomme retrure : fi les'oout -tes où trous font grands , on apporte avec le fer au- Itant de gouttes qu’il en faut pour les boucher en re- -verchant d'abord les extrémités des trous , & enfin ‘Jemikeu qu'il faut toujours avoir foin d’abreuver ; -&t lorfque les trous font à différens endroits, on -change la forme du fable , fuivant la place où ils fe trouvent, Cblervez que les gouttes fe reverchent toujours par He deflus des pieces en poterie | & par le déflous en iveifielle, &c le drapeau à fable £e met en-dedans. REVERDIE, ff. (Marine) on appelle ainfi fur certaines côtes de Bretagne les srandes marées. Voyez -MARÉE. . REVERDRR , v. neut. (Jardinage.) c’eft redeve- ir verd ; on fait reverdir des palliflades vifs , en Jet- -tant à leur pré du jus du famierde pourceau. Un jeune -plant par les arrofemens & les labouts revers auffi- +Ôt. RÊVÉRENCE, £ £ (Gram.) terme qui exprime le refpet qu'on porte aux chofes facrées , aux pre- tres, aux temples, aux images , aux facremens. N’ou- blbez jamais la révérence des lieux faints. Portez aux magiitrats la révérence qu’on doit à ceux qui font char- gés du dépôt des lois &du foin de rendre la juftice. Al eft rare (le parler des devoirs que la révérence du mariage exige d’une femme fans y manquer, REVERE ND, adj. (Gram.) titre que lon donne par refpetlaux eccléfiaitiques. Voyez TirRE 6 Qua- LITÉ, On appelle les religieux révérends peres, les ab- Dêfles, prieures, &c. révérendes meres. Voyez ABBÉ, RELIGIEUX, Éc. Les évêques , archevêques , abbés , &c. ont tous à 6 lieues de Bourges, ä 3 d'Ioudun, & à 4 de Vatan. Il y a un hôtel- Dieu nouvellement établi ; la taille y eftperfonnelle, mais les habitans font fort pauvres, (D. J. REVIN , ( Géog. mod. ) petite ville de France, aux frontieres du Hainaut & de la Champagne, fur 5 er au-deflous de Charleville ; elle appartient Ga depuis 1670. Long. 22, ; 9: 30. lat. 40. REVIQUER, y, a&. ( Foulerie. ) c’eft faire pañler les étoffes de laine par la foulerie Oufimplement les ver à la riviere pour les nettoyer & dé orger de Tome XIF. F er L'TR ce qu'elles ont trop pris de teinture, afin qu’elles ne puiffent barbouiller : les ouvriers employés à re- viqueg S'appellent revigueurs. Savary. (D.J.) REVIREMENT , f. m. ( Marine.) c’eft le changé= ment de route ou de bordée, lorfque le souvernail eft pouifé à basbotd ou à ffribord, afin de courir {ur un autre air de vent que celui fur lequel le vaifleau a déja couru quelque tems. Revirement par la tête, reviréèment par la queue, eft le mouvement d’une armée ou d’une efcadre qui eft fous voiles, lorfqu’elle veut changer de bord, en commençant par la tête Ou par la queue dé l’ar- mée. Voyez EVOLUTIONS. | REVIREMENT , s'emploie auffi en finance & com- mérce; on dit revirerment de parties ; c’eft une ma- nieré d’acquitter une chofe par une autre, de s’ac- quitter vers une perfonne par une feconde. REVIRER , v. n. (Marine) c’eft tourner le vaif. feau pour lui faire changer déroute. Voyez MANEGE DU NAVIRE. | Revirer dans les eaux d'un vaiflean, c’eft changer de bord derriere un vaifleau , en forte qu’on court lé même rumb de vent en le fuivant. Revirér de bord dans les eaux d’un vaiffeau, c’eft chañget de bord dans l'endroit où un autre vaifleau doit pañler. | REVISER , v. act. ( Gram:) voir, exarniner de nouveau, REVISEUR, {m, (Chanc, rom.) officier de la chan- cellerié romaine pour les matieres bénéficiales où matrimonales. [l'y a dans la chancellerie de la cour de Rome plufeurs officiers appellés reviféurs. Ils met- tent au bas des fuppliques expediarcur littere | lorf- qu'ilfaut prendre des bulles ; & un grandC, quand là matiere eft fujette à componende. Aprèsayoir revu ët corrigé la fupplique,ils y mettent la premierelettre de leur nom, tout au bas de la marge du côté gauche. Entre ces revifeurs, l'un eft appellé revifeur per obitum , 1] dépend du dataire, il a la charge de rou- tes les vacances per obituin in patrié& obedienrie ; il eft aufli chargé du foin des fuppliques par démiffion, par privation, & autres, en pays d’obédienñce , & des penfions impofées fur les bénéfices vacans en fa- veur des miniftres & autres prélats courtifans du paiais apoftolique. L'autre s’appelle revifèur des ma- trimoniales ; 1] dépend aufli de la daterie, & ne fe mêle que des matieres matrimoniales. (D. J.) REVISION , (Jurifprud. ) eft un nouvel examén “que l’on fait de quelque affaire pour connoître s’il q n'y a pomnteuerreur, & pour la réformer. Revifion d’un compte , eft une nouvelle vérification que lon en fait ; la revifon finale eft lorfqu’après des débats fournis lors du premier examen que l’on a fait du compte, on en reforme les articles fuivant les jugemens qui fontintervenus fur les débats pour pro- céder enfiute à un calcul jufte, & à la clôture du compte. (4) REVISION, ez matiere civile, eff une voie de droit ufitée eMicertain pays , au lieu de la requête civile ; les reyifions ont étéen ufage au parlement de Befan- çon , jufqu'à Pédit du mois d'Août 1692, qui lesa abolies. Elles font encore en ufage en Hollande & autres pays qui eft fous la domination des ducs de Bourgogne. (4) REVISION er matiere criminelle , eft un nouvel exa- men d'un procès qui avoit été jugé en dernier ref- fort ; c’eft à peu près la même chofe que la requête civile , ou plutôt que la voie de caflation en matiere civile ; il y a néanmoins cette différence entre la re- vifion & la requête civile, que dans celie-ciles juges ne peuvent d’abord juger que le refcindant , c’eft- à-dire la forme & non le refcifoire qui eft le fond, & par la voie de caflation les arrêts ne font point retractés, à moins qu'il n’y at des re de forme, ST 236 REV au heu que dans la revifior les juges peuvent revoir 4e procès au fond, & abfoudre l'acculé en entérinant des lettres de refcifion par le feul mérite du fond, -quand iln’y auroit pas de moyen.en la forme. On ne peut procéder à la reviffon d’un proces fans lettres du prince expédiées en la grande chancellerie ; celui qui veut obtenir de telles lettres, doit préfen- ter fa requête au confeil où elle eftrapportée, &zen- fuite, fi le.confeil le juge à propos, elle eft renvoyée aux requêtes de l'hôtel pour avoir l’avis des maitres des requêtes ; dont le rapport fe fait auffi au con- feil., & fur le tout on décide fi les lettres doivent être expédiées ; en général on en accorde rarement, L'amiral Chabot, qui avoit été condamné par des commiflaires , obtint des lettres de reviffon , c par unarrêt de revi/fon rendu au parlement,en 1541, en prefence de François T, ïl fut abfous. Voyez ordon- mance de 1670.#it.16. cles mots CASSATION , RE- : QUETE CIVILE. (4) REVISION , eft aufli un droit que les procureurs ont pour revoir & lire les écritures des avocats ; ce dreit quileur a été accordé moyennant finance , a été établifous prétexte que le procureur devant con- ‘duire toute l'affaire, doit lireles écritures des avo- cats pour fe mettre au fait de ce qu’elles contien- ment, & voir ce qu'il peut y avoir à faire en confé- quence. (4) REVISITER, v. a. (Gram.) c’eft vifiter de nouveau. On reviffr: des marchandifes ; on revifire des magafins ; on revifiteunmalade. Woyez VisiTE & VISITER. REVIVIFICATION , ( Chimie. ) le changement défigné par ce mot , eft propre au mercure. On dit que cette fubftance métallique eftrevivifiée, lorfqu’on la dégage d’une combinaifon dans laquelle elle avoit perdu ia fluidité naturelle ou ordinaire. Du mercure revivifié du cinnabre , eft du mercure féparé du fou- fre commun avec lequel 1létoir combiné pour conf- tituer le cinnabre qui eft un corps confiftant, à l’ai- de d’un précipitant & d’un deoré de feu convena- ble ; le mercure revivifié du fublimé corrofif, eft le mercure féparé de l'acide marin par les mêmes moyens. Voyez MERCURE. Comme les chofes très- utiles ne font jamais déplacées , j'obferverai ici, quoique cette réflexion appartienne proprement à article MERCURE , que celui qu'on revivifie du fu- blimé corrofif, ne peut qu'être, & eft en effet très- pur ; cette aflertion pofitive ( fi cependant un pa- radoxe aufli étrange peut entrer dans la tête d’un mé- decin peu infiruit) pourra prémunir contre l’idée de poifon , que j'ai vu plus d’une fois avec pitié, mais fans étonnement, attacher à ce mercure. (4) REVIVRE , v. n. ( Gram.) retourner à la vie; fi les hommespouvoient revivreavec l'expérience qu’ils ont en mourant , 1l yena peu quine fe condutfifent autrement ; cette odeur me ranime & me fait revivre ; les peres fe voyent revivre dans leurs enfans; onne fait que renouveller & faire revivre d'alors fo- lies; je fens revivre mon amitié poux lui. REVIVRE , ( Jurifprud.) eft le nom que lon don- ne dans quelques coutumes à ce que lon appelle communément regain, c'eft-à-dire la feconde her- be qu’un pré poule dans la même année. (4) REVIVRE au jeu de la tontine, c’eft revenir au jeu pe le moyen des jettons que les voifins du joueur lui donnent pour les as qu’on leur tourne; ceux qui revivent de cette forte , rentrent au jeu, mélent , & jouent de nouveau. RÉUNION, ( Gram. & Jurifprud. ) eft lation de rejoindre deux chofes enfemble , comme quand on réunit au domaine du roi quelque héritage ou droit qui en avoit été démembré. Voyez DOMAINE, Dé- MEMBREMENT & UNION. (4) RÉUNION, ff cerme de Chirurgie ; ation par la- quelle on unit 8 maintient les levres d’une plaie rapprochées l'une de l’autre , afin que la nature puif- £e les confolider. Voyez CONSOLIDATION. La réunion s'obtient par la fituation de la partie, par le bandage .& appareil méthodiques , & par la future au moyen du fil & des aiguilles ; les premiers moyens font préférables aux futures , lorfqu’ils fufi- fent, & lexpérience a prouvé qu'ils fufifoient pref- quetoujours ; comme M. Pibrac , diretteur de laca- démie royale de Chirurgie , la prouvé, dans une excellente differtation fur Pabus des futures, publiée dans Le ZII, tome des mémoires de cette compagnie. Les plaies en long fe réuniflent fort aifément par {e bandage uniffant. Voyez INCARNATIF. La fituation de la partie, avec laide d’un bandage, fufiit aux plaies tranfverfales de la partie antérieure du col; on a des exemples de plaies qui intérefloient la trachée artere prefque entierement coupée, & qui ont été gweries par la feule attention de tenir la tête panchée en devant, le menton appuyé {ur la partie fupérieu- re de la poitrine. On réunira de même les plaies tran{verfales de a partie poftérieure du col, en te- nant la tête fufifamment renverfée en arriere par un bandage convenable qui fera le divifif de la partie antérieure. Voyez DIvistr. _ Les plaies tranfverfales du tendon d'Achille feront réunies par le bandage & la fituation de la partie, Voyez RUPTURE 6’ PANTOUFFLE, Les plaies tranfverfales de la partie extérieure du poignet, avec ou fans léfion des tendons extenfeurs, peuvent être réunies en ayant foin de tenir la main renverfée ; il y a une machine fort utile pour ceças. Voyez MACHINE pour tenir la main érendne. Mais ce qui fait voir les grandes reflources de Part, entre les mains de ceux qui font nés avec le génie propre à exercer , c’eft le bandage imaginé depuis peu par M. Pibrac, pour la révnion des plaies tranfs verfales de langue; cette partie eft fujette à être coupée entre les dents, dans des chutes, ou dans des attaques de convulfions épilepriques ou autres. Les. anciens recommandoient la future; on fent de quelle dificulté il eft de coudre la langue ; l’efpece de bride que M.Pibrac a inventée , porte un petit fac dans le- quel on contient facilement la langue de façon à ob- tenir fans inconvénient, la réxzion de la plaie qui y a été faite. Voyez la Planche 36. fig. 1, 2, G 3e Le détail des cures operées par laide de ce bandage ingénieux , eft dansle {11 tome des mémoires de l’As cadémie royale de Chirurgie. Les plaies obliques & tranfverfes dont onne peut efpérer la réunion par la feule fituation de la partie, admettent l'application des emplâtres agglutinatifs grillés, connus fous le nom de usure feche. Voyez PL 30, fig. 8.ou avec des languettes des mêmes em- plâtres, fig. 5, 6, 7 ; on les avoit d’abord adop- tées pour les plaies du vifage , mais le bon effet dont elles y font, a déterminé à les appliquer à la réurion de toutes fortes de plaies. Pour fe fervir de la future feche , on fait rafer les environs de la plaie fils font couverts de poils ; on lave la plaie pour la nettoyer des ordures , ou des fimples caillots de fang qui s’oppoferoient à la con- folidation , comme des corps étrangers; de l’eau tiede, ou du vin chaud fufffent pour cette lotion x on rapproche enfuite les levres de la plaie, on les fait contenir par un aide, tandis qu’on applique les languettes enduites d’emplâtres de betoine, ou d’An- dré de la Croix. Dans les cas où l’on croiroit les points.de future indifpenfables , on en diminueroit lenombre, en in- terpofant alternativement avec un point, une lan- guette agglutinative ; cette future mixte épargnera . de la douleur au malade dans l'opération, & une partie des accidens qu’attirent prefque toujours les points de future, Si un gonflement , une éréfipelle, où quelques éruptions cutanées obligeoient de lever lemplâtre agglutinatifavant la confolidation parfaite de la plaie, Oulorfque la cicatrice eft encore récente, il faudroit avoir la précaution de le lever par l’une de fes ex- trémités, jufqu'auprès de la divifion, en appuyant un doigt fur la peau qui couvroit Pemplâtre, à me- fure qu'il fe détache , pour favorifer {a {éparation, & empêcher les dilacérations qu'il pourroit occa- fionner par fon adhérence ; on reprend enfuite l’au- tre extrénuté pour la conduire à pareille diftance de Pautre levre de la divifion ; on détache le refte par de petits mouvemens oppofés & alternatifs ; faute de prendre les mefures prefcrites, on rifqueroit de déchirer une cicatrice tendre , en tirant l'emplâtre d’un bout à l’autre fuivant la même diredion. .… Lerefte du panfement d’une plaie, réunie par la ‘‘fituation de la partie , le bandage & la future feche, ne différe point du traitement ordinaire des plaies. Voyez PLAIE & SuTURE. (F7) REUNIR, v. aët. ( Gramm.) rejoindre, rappro- cher, remettre enfemble ce qui étoit auparavant fé- paré. Réuniffez-vous par un même repas ; les églifes ui s’étoient féparées de la communion romaine , s’y ne réunies; que de vertus réunies dans la même femme ! Voyez RÉUNION. RÉVOCABLE, adj. (Jurifprud.) fgnifie qui peut être réyoqué ; une donation eft révocable pat furve- nance d’enfans, Voyez DONATION & RÉvocA- . TION. ( 4) RÉVOCATION , f. £. (Jurifprud.) eft l'a@te par lequel on en révogue un précédent; le prince révoque une loi, lorfqu'il y reconnoït quelqu'inconvénient ; on révoque une donation, un teflament , un legs, un procureur, des offres , une déclaration , un confen- tement. foyez EDIT, Lot, ORDONNANCE, Don4- TION, TESTAMENT, LEGS, PROCUREUR, OFFRES, DÉCLARATION, CONSENTEMENT. (4) RÉVOCATOIRE, adj. (Jurifprad.) fignifie qui a T'effct de révoquer. Ainfune claufe révocatoire eft celle qui a pour objet de révoquer quelqu’aéte, Foyez R£- VOCABLE, RÉVOCATION. (4) REVOIR, v. a. (Gram.) voir de nouveau. Que jaurois de plaïfir à revoir cette femme, cet homme qui m'étoient fi chers! ne vous laflez point de revoir votre ouvrage; c’eft un procès à revoir ; il faut que _d’étalon revoye cette jument. Woyez Les articles VUE & VOIR. Revoir d'un cerf, (Vénerie.) On en revoit par le pie, par les fumées, par les abattures, par les por- tées , par les foulées, par Le frayoir & par les rou- geurs. REVOLER, v. n. (Gramm.) c’eft voler de nou- veau. Voyez les articles VOZ & VOLER. REVOLIN , £ m. ( Marine.) c’eft un vent qui choque un vaifleau par réflexion; ce qui caufe de fâcheux tourbillons dont les vaifleaux font tourmen- tés foit qu'ils faflent voile ou qu’ils foient à l'ancre. RÉVOLTE , L Ê. (Gouvern. polir.) Soulevement du peuple contre le fouverain. l’auteur du T'éléma- que, Lv. AIT, vous en dira les caufes mieux que moi. LA » Ce qui produit les révo/es, dit, c’eft l’ambi- » tion & l’inquiétude des grands d’un état, quand on > leur a donné trop de licence, & qu’on a laifié leurs # paflions s'étendre fans bornes. C’eft la multitude » des grands & des petits qui vivent dans le luxe & + dans Poifiveté. C’eft la trop grande abondance # d'hommes adonnés à la terre, qui ont négligé » toutes les occupations utiles dans le tems de la » paix. Enfin, c’eft le defefpoir des peuples mal-trai- » tés; C’eft la dureté, la hauteur des rois, & leur RE V 237 » mollefle qui les rend incapables de veiller furtous » les membres de l’état, pour prévenir les troubles. » Voilà ce qui caufe les révo/res, & non pas le pain » qu'on laifle manger en paix au laboureur, après » qu'il Va gagné à la faeur de fon vifage. ) » Le monarque contient fes fujets dans leur de- » voir, en fe faifant aimer d'eux, en ne relAchant » rien de fon autorité, en puniflant les coupables, » mais en foulageant les malheureux; enfin, en pro- » Curant aux enfans une bonne éducation, & à tous ‘» une exacte difcipline au milieu d’une vie fimple, » fobre, & laborieufe ; les peuples ainf traités , {e- » ront toujours très-fideles à leurs princes. (2. J.) RÉVOLUTION , £ £ fignifie ez rerme de polirique, un changement confdérable arrivé dans le gouver- nement d’un état, Ce mot vient du latin revo/vere, rouler. Il n'ya point d'états qui n’aient été fujets à plus ou moins de révolutions. L'abbé de Vertot nous a donné deux ou trois hiftoires excellentes des réyo/urions de différens pays; favoir, les révolutions de Suede, celles de la république romaine, &c, REVOLUTION , (ff. mod, d’Angl\ Quoique la Grande-Bretagne ait éprouvé de tous tems beaucoup de révolutions, les Anglois ont particulièrement con- facré ce nom à celle de 1688, où le prince d'Orange Guillaume de Nafflau, monta {ur le trône à la place de fon beau-pere Jacques Stward. La mauvaife admi- muftration du roi Jacques, dit milord Bolinbroke QUE paroître la révolution néceflaire, & la rendit Pr'atiC aus ble; mais cette mauvaife adminiftration, auifi-bien que toute fa conduite précédente, provenoit de fon attachement aveugle au pape & aux principes du. defpotifme, dont aucun avertiflement n’avoit pu le ramener, Cet attachement tiroit fon origine de l'exil de la famille royale ; cet exil avoit fon principe dans l’ufurpation de Cromwel; & l’ufurpation de Crom- wel avoit été occafonnée par une rebellion pré- cédente, commencée non fans fondement par rap- port à la liberté, mais fans aucun prétexte valable par rapport à la religion. (2. J.) RÉVOLUTION, eft aufli un serme de Géomirrie. Le mouvement d'une figure plane qui tourne autour d’un axe immobile, eft appellé révo/urion de cette figure. Voyez AXE. Un triangle rettangle tournant autour d'un de fes côtés engendre un cône par fa révolution ; un demi- cercle engendreune fphere, &c. Voyez CÔNE, Spxr- RE, Gc. Révolution fe dit aufli ez Affronomie , de la période d’une planete, comete, &c. c’eft-à-dire, du chemin qu'elle fait depuis qu’elle part d’un point, jufqu'à ce qu'elle revienne au même point. Voyez PLANETE, PÉRIODE, Grc. Les planetes ont deux efpeces de réyo/urion ; l’une autour de leur axe qu’on appelle rotation diurne , ou fimplement rocaion, & qui dans la terre, par exem- ple, conftitue ce que nous appellons les jours & les. nuits. Voyez JOUR & Nurr. L'autre révolution des planetes fe fait autour du foleil : on l’apnelle révo/- tion annuelle où période; c’eft la révolution annuelle de la terre qui conftitue nos années, Voyez AN. Saturne , felon Kepler, fait {a révolurion annuelle en 29 ans 174 J. 4h. 58” 25" 30// ; Jupiter en ts ans 317 j: 14h. 49' 31° 56"; Mars en un an 321 j. 23 h.317 56" 49"; Vénus en 2243, 17 h. 44 55" 147"; Mercure en 87 j. 23 h. 14/ 247. Voyez Sa- TURNE, JUPITER, MARS, Éc. Chambers, (O) REVOLUTIONS DE LA TERRE, ( Æif. nat. Phyf. € Minéralogie.) c’eft ainf que les naturaliftes nom- ment les événemens naturels, par lefquélles la face de notre globe a été & eft encore continuellement altérée dans fes différentes parties par le feu, l'air & 235 RE V Veau. Poyèz TERRE, Fossices, DELUGE, TREM- BLEMENS DE TERRE, Ge. Le Revozution, (Horlogerie. c'eft l’aétion des roues les unes fur les autres, par lemoyen des engrenages. On fait que leur objet eft de tranfmettre le mouve- ment d’une roue fur une autre par le moyen de fes dents qui atteignent les aîles du pignon fur lefquel- les elles agiflent , comme le pourroient faire des leviers les uns fur les autres. Sous ce point de vue il y auroit de l'avantage à faire de petites roues ë&z de orands pignons : la force feroit plus grande du côté de la roue, & la réfiftance feroit moindre du côté du pignon pour recevoir le mouvement. Mais les engrenages ne fervent pas feulement à commu- niquer le mouvement ; ils fervent encore à multi- plier les révolurions,ou à les fixer fur telle roue qu’on voudra, ou à les diminuer; enfin ils fervent à chan- ger le plan des révolutions. 1°, L'on obtient des révolutions, en faifant que la roue continte plufeurs fois le nombre des ailes du pignon, où bien en multipliant les roues. Queliion. Lapremiete roue étant donnée, quelle que foit la force qui la meut , trouver la derniere roue qui faffe tel nombre de révo/urions qu'on voudra pour une de la premiere. Cette queftion feroit bientôt ré- {olue , fi le rayon de la premuere roue à l'égard de la feconde pouvoit être dans le rapport demande ; mais fi ce rapport eft tel qu’il ne foit pas pofhble de faire l’une aflez grande , ni l’autre affez petite, pour y fuppléer, lon aura recours à plufieurs roues inter- médiaires dont les différens rapports multipliés les uns par les äutres, donneront le rapport demandé. Or c’eft ce nombre de roues intermédiaires qu’il s’a- git de trouver. Maïs, comme différens nombres peu- vent y fatisfaire, il faut faire voir qu'ils ne font pas arbitraires ; quil faut au contraire prouver que le plus petit nombre de roues qui pourra fatistaire à la queflion , eft celui qu'il faudra employer. Ma méthode eft de confidérer le nombre de révo- lutions demandées , comme une puiffance dont je tire les différentes racines. La confidérant d’abord comme un quarré, jen tire la racine, & celame montre que deux roues fatisferont à la queftion ; comme un cube j'en tire la racine, & cela me donne trois roues; commeun quarré quarré, j'en tire la racine, êc c’eft pour quatre roues ; ainf de fuite jufqu’à ce que j'en fois venu à une racine telle qu’étant multipliée par le plus petit nombre d’aïles qu'il foit poflible d’appli- quér au pignon, le nombre qui en proviendra, & qui repréfente le nombre des deux, ne foit pas trop grand pour pouvoir être employé à la roue dont la grandeur fe trouve bornée parla grandeur de la ma- chine. J'en concius alors que c’eft-là le plus petit nombre de roues qui puifle fatisfaire à la queftion ; car dans ce cas, j'ai le plus grand rapport, c’eft-à- dire , les roues les plus nombrées de dents , relati- vement aux ailes du pignon, qu'il foit poffñble d’a- voir : ce qui fournit trois avantages effentiels. 1°, Celui de ne point multiplier inutilement les révolutions intermediaires entre le premier & dernier mobile. 3°, D’avoir des engresages qui font d'autant plus parfaits 8c plus faciles à faire, que les dents étantnom- breufes rapprochent plus d’être paralelles entrelles : ce qui diminue la courbe des dents , & procure au pignon un mouvement plus uniforme. De plus , les pignons peuvent être d'autant plus gros relative- ment à leur roue, quil y a plus de différence entre le nombre des ailes & celui des dents de la roue; toutes chofes dont l'expérience démontreroit mieux les avantages que les rafonnemens que je pourrois faire, du moins quant à ce qui regarde plus immé- diatement les inégalités plus ou moins grandes des dentures & des pignons qui fe trouvent dans tous les engrenages. RE V 39, Celui enfin d’avoirmoinsde pivots, puifqt’on a moins de roues ; d’où je conclus que la virefle étant diminuée par la diminution des révolutions in- termédiaires, elle l’eft auf dans lesengrenages , dans les pivots: elle exige donc moins de force; il y a donc de l'avantage à réduire les révolusions , autant qu’il eft poffible. Exemple par lequel on obtient des révolutions , ez employant le moins de roues, pour férvir de preuve a ce qui précede. Soient 19440 révolutions, compris la roue de rencontre , qui a 30 dents propres à faire battre les fecondes au balancier. Il faut donc commencer par retirer cette roue, en divifant 19440 par 6o; il viendra au quotient 324; & comme ce nombre eft trop grand pour être employé fur une roue, & qu'il le faudroit encore multiplier par celui des ailes de pignon dans lequel elle doit engrener , il fuit qu'il faut tirer la racine quarrée de 324, qui eft 18, &t ce fera pour deux roues; mais comme elles doivent en- orener dans des pignons de fix aïles, l’on aura des roues de 108 , & l’on pofera fa regle encette forte: 6. 6. + pignons ou divifeurs. LE AR C4 108. 108. 30. roues dentées ou dividendes. 1X 18 X 18 X 60 = 19440. produit du quotient, ex- ofant ou faéteur. 1 + 18 + 324 = 342. total des révolutions interme- diaires, Exemple par lequel je multiplie les roues 6 les TÉVO= lutions intermédiaires , fans augmenter celles du dernier mobile: Soit de même 19440 révolutions. Retirons de même la roue de rencontre , comme dans l’exemple ci-deflus , refte 324 révolutions , qui doivent fervir à multiplier les révolutions intermédiaires. Pour cela il faut confidérer ce nombre 324 comme une puiffan- ce qui a deux pour racine ; car je ne fuppoñeroïs pas l'unité & encore moins une fraétion, parce qu'il me viendroit des nombres embarraflans qui ne doivent pas entrer dans cet article. Il fufira donc de don- ner un exemple fenfible de ce que je veux prou- ver. La puiflance qui approche le plus de324eft 256, qui fe trouve être la huitieme puiflance de 2 , lefquels 256 étant multipliés par 1 + #7, quotient de 324 di- vifé par 256, l’on aura le plus grand nombre de révo- lutionsintermédiaires demande, lefquelles multipliées par la roue de rencontre de 30 X 2 égalera 19440: je dis par 2, parce que chaque dent fait deux Opéra tions. L'on pofera aufli les roues & les pignons en cette forte : | . 6. 6. 6. G. 6. 6. 6. 64 + pignonsou LIL NN LA IN I divifeurs. 12. 12. 12. 12, 12 12. 12, 12. 81. 30. tOues dentées ou dividendes. 1X2X2X2X2X2X2X2X2KX1 = 19940. produit des quotiens , fac- teurs, ou expofans. 1424 4484164324 644+128+256+ 324 —835. forme des révolutions intermédiaires. … L’onvoit par cetexemple quel’on a 83 ; révolurions intermédiaires, & que dans l’exemple précédent l’on n’en avoit que 343 ; ce qui fait 492 révolutions inter- médiaires de plus, pour avoir augmenté le nombre des roues, en gardant cependant le même nombre de révolutions 19440 pour le dernier mobile. Si l’on vouloit des pignons plus nombrés, cela {eroit très-facile ; car fi l’on doubloit le nombre des aîles de pignon, il faudroit auffi doubler celui des dents des roues. Queflion. Le nombre de révolutions de la derniere roue étant donné, trouver une roue intermédiaire qui fafle un nombre fixe de révolutions pour une de la premiere. … La queftion feroit bientôt réfolue , fi le nombre demandé fe trouvoit être un des fateurs du produit des révolutions totales; mais fi cela n’eft pas, on ne pourra réloudre là queftion qu’en multipliant les rez volutions intermédiaires, & en donnant de l’inéoalité au facteur. Soient dé même r9440 révolusions du defnief mo- bile avec les faéteurs 18, comme dans le premier exemple. L’on propofe de faire l’un des faéteurs o, & de mettre fur lun ce qu'on aura Ôté de l'autre , l’on aura 27 X 9 = 243 moindre de 81 pour 324 qu'il faut avoir, quoique leur fomme n’ait pas changé, le nom- re de 243 étant plus petit, les révo/utions du dernier mobile feroient diminuées ; ce qu’on ne veut pas . faire. Il faut donc augmenter lun des produifans en plus grande raifon que lon a diminué l’autre. _ Ayant donc un des produifans de 324, favoir 0; fi lon divife les 324 par 9, le quotient 36 fera nécéf- fairement l’autre produifant cherché. Alors l’on aura 9X 36 = 324. D'où il fuit un plus grand nombre de révolutions intermédiaires, {ans avoir plus de roues; de plus un nombre fixe de révo/urions fur une des roues, fans avoir rien changé aux révolutions du der- nier mobile. 0 Aïnfi les roues feront en gardant les mêmes pi- pnons 6. G. > pignons ou divifeurs. LL < 216. 54. 30. roues où dividendes, | 1 X 36 X 9 X 60 = 19440. produit de tous les quo- tiens, expofans, ou faéteurs les uns par les autres. . 1 + 36 + 324 = 361. fomme des révolutions inter- médaires plus grande de 37, à caufe de l’inégalité donnée au facteur, pour fixerunnom- bre de révolutions. Poyez le théorème que j'ai donné fur la théorie de l'inégalité des faéteurs , à l’article FROTTEMENT (Horlogerie), page 351. La 1 Pour diminuer les révolutions. Queflion, Trouver üne roue qui Jaf[e une telle partie de révolutions qu'on voudra pour une de la premiere. Cette queftion feroit bientôt réfolue , s’il étoit poffible de faire le rayon de la premiere à l'égard de la feconde dans la pro- proportion demandée. Mais fi ce rapport eft trop grand , qu'il faille employer plufeurs roues pour fa- tisfaire à la queftion , il faut faire voir que la même méthode qui a fervi pour multiplier les révolutions , peut être employée pour les diminuer. Par exemple, je fuppofe qu'on demande de trouver une roue qui fafle la = de révolutions pour une de la premiere, lon fera la même opération que dans le premier exemple ; avec cette différence que dans l’application lon aura des fra@ions pour faéteurs ou produifans, &z que l’ordre des pignons & des roues fera renverfé, c’eft-à-dire que les pignons feront les dividendes ; & les roues les divifeurs. Ün 0 An On appelle pigror une roue qui eft peu nombrée, : &c réciproquement ; enforte que les roues qui con- | duifent les pignons augmentent les révolurions ; au | contraire elles les diminuent quand ce font des pi- ! gnons qui conduifent des roues. Il faut donc pofer fa regle en cette forte : 108. 108. 30. roues Ou dividendes, TT A. 6. +. pignons ou dividerides. RD nr ri — 19440, produit des quotiens 5 : faéteurs , ou expofans | les uns par les autres. 1+ 3 323 + -517<. fomime de toutes les parties de révoluiions. L’on peut faire les mêmes appliçations fur ces.fra- R E V 239 tions de révolurions intermédiaires , Cofimé on l'a fait fur les entiers dans les exemples précédens. Parexemple, diminuer, augmenter, fixer des pars ties de révolutions {ur telle roue qu'on voudra: à] … Qxeflion. Le plan des révolutions d'üne roue dant donné , trotiver telle inclinaifon qu’on votdra relarive- ment à la premiere roue, L’on fait que les roues qui font leurs révolutions dans le même plan, ont leur'axe pa rallele, Ainfi pour incliner les plans des révolutions ; il fufñt d’incliner les axes & former les roues & les pignons propres À engrener fur des axés inclinés lorfque les axes font peérpendiculaires ; c’eft ce qui forme les engrenages dés foués de champ & de ren: contre, | La méthode que je viens de donner eft, je crois, la plus générale qu'il y'ait fur le calcul des réyo/u: lions : néanmoins je n'exclus pas le génie & l’occa: fion de manifefter dés coups dé force, en faiffant de certaines méthodes, qui n'étant ni générales ni direétes , ne laiffent pas quelquefois d’avoir des pro- priètés plus où moins aïfées , pour arriver plütôt à ce que l’on cherche, #fricle de M. Romizzr. REVOMIR, v. a. (Gram:) vomir à plufieursre- prifes. Voyez Vomir 6 VOMISSEMENT. Il n°eft pas réduplicatif, | REVOQUER , v. at. (Gram:) aninuller ce qu’on a fait, Voyez REVOCATION , RÉVOCATOIRE. : © REVOQUER, v. a. cafler ,rendre nul , rappeler, déplacer; on revoque un teftäment , une procuration ; unemployé, un édit, &c. On dit auf revoquér en dou- te, pOur 7zeftre er doute. REUS , LA , ox REUSS , { Géogr. mod) en latin Urfa ; riviere de la Suiffe qui prend fon origine dans Je montS.Gothard , d’un petitlactrès-profond, nom- me /290 di Luzendro. La Renfs a dès {a fourceun cours fort impétueux. Elle fe jette dans le lac de Lucerne, en fort enfuite , & finit par. fe perdre dans l’Aate, au-deffous de Windifch. (D. J.) | REUSSIR , v.ad. (Gram.) avoir du fuccès. Voyez l'article fuivant. Le . REUSSITE, SuccËs, (Syronym.) ces deux {ubf- tantifs mis feuls fans épithetes , fignifient un évére- ment heureux ; on les emploie indifféremment en fait d'ouvrages d’efprit ; mais on ne dit pas d'ordinaire la reuffire des armes. du roi, la réuffite d’une négocia: tion ; en ces rencontres , on fe fert plus volontiers du mot fuccès , ainfi que pour les grandes affaires. En fait de pieces de théâtre , on n’applique guere le mot fuccès, qu'aux pieces graves & férieufes ; Tan- crede a eu un grand fuccès. Ce ne feroit pas fi bien parler, de dire, Les plaideurs ont eu grand fuccès ; il _ faut dire, les plaideurs ont bien reuffr, Où ont eu une bonne rénffite. ( D.J,) | REUTLINGEN , (Géog. mod.) ville d'Allemagne, libre &c impériale, au cercle de Suabe, dans le duché de Wurtemberg, à un mille au levant de Tubingen, fur l’Efchez , à 8 lieues au midi de Autgard. Elle fut entourée de murailles en 1215 par l’empereur Fréde- ric. Les homicides involontaires y ont eu un fùr azyle. Long. 26. 43. lar: 48. 30. Gryphius (Sébaftien) nâquit à Reurlingen, M fe ren- dit célebre dans le xvj. fiecle par la beauté de lexac- titude de fes impreflions. Son fils Antoine Gryphius marcha fur fes traces, & fe diftingua par la belle bis ble 27-folio qu’il mit au jour en 1550. ( D. J.) REVUE, £ f. (Gram.) examen de plufieurs cho: Les, les unes après les'autres. Jai fait la revue de mes livres. On a fait la revue de toute la maïfon. N'oubliez pas de faire la revie de vos aétions. REVUE, (Arr. milie. ) c’eft l'examen que l’on fait d’un corps de troupes, que l'on range en ordre de bataille, & qu’on fait enfuite défiler, pour voir fi des compagnies font complettes, fi elles {ont en bon La : S 240 RE X état; ou.pour donner la paie, ou pour quelqw'autre fujet femblable. | Un général d'armée fait toujours la revue de fes troupes avant deles mettreen quartier d'hiver. #oyez QUARTIER. Chambers. Le colone! d’un régiment doit faire toutes Îes an- nées la reyue de fon régiment, & les infpeéteurs de cavalerie & d'infanterie doivent faire leur reyxe.de tous les différens régimens de ces deux corps. Les commiflaires des guerres doivent faire , une fois Le-mois , la revue des:troupes dont ils ont la poli- ce, & ils ne doivent y pafler que les officiers, gen- darmes , cavaliers, dragons ou foldats qui font ef- fe&ivement fous les armes, ou dans l'hôpital dudieu où Le fait la revue. Ils doivent dans l’extrait qu’ils font-de chaque reyxe marquer Le nombre, la qualité des hommes & des chevaux, de même que ce qui concerne les armes & les habillemens des troupes. Ces extraits doivent être fignés par les gouverneurs ou commandans des places, ou dans le lieu où 1 ny a point.-de gouverneur, commandant où major , par les maire, échevins , ou autres magiftrats defdits lieux. Ces extraits doivent être envoyés au. fecré- taire d’état de la guerre, & aux intendans dans les départemens defquels fe font les reyzes, &c. (Q) REVUIDER , ex serme de Meteur-en-auvre ; c’eft - proprementagrandir de telle forme qu'ilefthetoin, les trous qu’on a-commencés en drille. Voyez DRILLE. RÉVULSION , ff. en Médecine ; C’eft le cours où le flux des humeurs d’une partie du corps à une par- tie proche ou oppofée. Voyez HUMEUR, DÉRIVA- Tion. Dans les bleflures dangereufes , où le fang fe perd abondamment , & où il eft prefque impoñlible de l'arrêter ; on ouvre ordinairement une veine dans quelque partie éloignée pour caufer une révulfon, C’eft-à-dire , pour obliger le fang de retourner de la plaie à Pendroit où la veine eft ouverte, Vayez SAï- GNÉE. Les révulfons font auffi occañonuées par lampu- tation , la frition , 6-c. Voyez ces articles. La révulfion eft aufli quelquefois un retour volon- taire, ou un reflux d’humeurs dans les corps. Les maladies fübites font occafñonnées par de grandes ré- yulfions d’humeurs qui fe portent tout-ä-la-fois fur certaines parties. RU REX, PRINCEPS, (Littérar.) il efttrès-important de bien diftinguer le feul des mots latins rex, princeps, ou regnum & principatus ; Car il ne faut pas s’en laif- fer impofer par la fynonymie de ces mots dans notre dangue. Chez les latins , les termes de principatus, regnum, principauté , royaume, {ont ordinairement oppo- Lés ; c’eft ainfi que Jules-Céfar dit que le pere de Ver- cingetorix avoit la principauté de la Gaule , mais qu'il fut tué , parce qu'il afpiroit à la royauré : C’eft ainfi que Tacite fait dire à Pifon, que Germanicus étoit fils du prince des Romains, & non pas du 707 des Par- thes : ou quand Suétone raconte , que peut s’en fal- lut que Caligula ne changeñt les ornemens d’un prince en ceux d’un roi ; ou quand Velleius Paterculus dit, ue Maroboduus, chef d’une nation des Germains, À mit dans efprit de s'élever jufqu’à l'autorité roya- Le , ne fe contentant pas de la principauté dont il étoit en pofleffion , avec le confentement de ceux qui dé- pendoient de lui. Cependant ces deux mots fe confondent fouvent: çar les chefs des Lacédémoniens , de la poftérité d'Hercule, depuis même qu'ils furent mis fous la dé- endance des Ephores , ne laïfloient pas d’être tou- jours appellés rois. L | ‘Dans l'ancienne Germanie, il y avoit des rois qui, au rapport de Tacite, gouvernoïent par la déférence qu’on avoit pour leurs confeils , plutôt que par un pouvoir qu’ils euffent de commander. Tite-Live dit, RE Z qu'Evandte Arcadien regnois dans quelques endroits du pays latin , par la confidération qu’on avoit pour hui, plutôt que par fon autorité. 2: Ariftote, Polybe & Diodote de Sicile, donnentle titre de rois aux fuffetes où juges des Carthaginoïis, &c Hannon eft ainfi qualifié par Solin. Il y avoit dans la Troade uné ville nommée Scepfe, au fujet de la- quelle Strabon räconte, qu'ayant reçu dans l’état les Miléfiens, elle s’érigea en démocratie, dettelle forte pourtant , que les defcendans des anciensrois , con- ferverent & Le titre de roi, 8& quelques marques d’hon- neur. Les empereurs romains au contraire, depuis qu'ils exerçoient tout ouvertement & fans aucun dé- guifement une puiffance monarchique très-abfolue, ne laifloient pas d’être appellés princes ou:chefs de lé rat. I ya auffi des républiques où Les principaux ma- giftrats font honorés des marques extérieures de la dignité royale. (D.J) « | REY , ( Géogr. mod.) on écrit auf Reï, Rher 8 Raï ; ville de Perfe, & la plusfeptentrionale de l’Irak- Agemi , autrement Irak perfienne , ce qui.eft pro- prement le pays des anciens Parthes , environ à cinq journées de Nifchabourg. Les tables arabiques lux donnent 86. degrés 20.min. de longitude., 8t 35-35 de Zatirüde. Taverñier la marque à-76. 20. de longi- sude fous les 35. 35. de latitude, La ville de Rey, qui ne fubfifteplus aujourd’hui , & dont on ne voit que les ruines , a'été autrefois la capitale des Selgincides., à qui Tekefch, fultan des Khovarezmiens, l’enleva. La géosraphie perfane dit qu’elle éroit la plus grande ville de PAfe dans le ix. fiecle. Les auteurs arabes aflurent auf qu’elle étoit alors la ville d’Afie la plus peuplée, & qu’au- cune , après Babylone , n’avoit jamais été fi confide- rable foit en richefles , foit en nombre d’habitans, Elle fubffta en fa fplendeur jufqu’aux conquêtes des Mahométans , qui la détruifirent trois fiecles après. Entre les.gtands perfonnages que cette ville a pro- duit, on compte Rhazès, médecin célebre, qui vis voit dans le x. fiecle, & dont j'ai parlé au ro: MÉDE: CINE. ( D.J.) _ REYNA, (Géog. mod.) en latin Repina; ville d'E£ pagne, dans l’Eftramadure de Léon , fur les frontie- res de l'Andaloufie. Elle eft fituée dans une plaine, avec un château fur une hauteur. Elle fut fondée par les Romains fous le nom de Repina, qu’on a changé en celui de Reyra. On y trouve encore quelques ref- tes d’antiquité. Elle fut prife fur les Maures, en 1185, par le roi dom Alphonfe IX. & elle appartient aujour- d’hui à l'ordre de S. Jacques. Long. 11. 45, latis, 384 15.(D.J.) ' REZ , (Géog. mod.) nom commun à deux petites villes d'Allemagne , l’une en Autriche , fur les fron- tieres de la Moravie , & dont le terroir produit d’ex- cellent vin. L'autre petite ville nommée Rez ou Recr, eft dans la Marche de Brandebourg fur les confins de la Poméranie, entre Arnsheim & Falckenbure. (D.J.) Rez,f. m. (Archireët.) niveau du terrein de la cams pagne , qui n’eft ni creufe , ni élevée. On fait les fon- demens foit de moïlon, foit de libage jufqu’aux rez- de-chauflée. ( D. J.) | REZz-DE-CHAUSSÉE ; f. m. (Archië.) c’eft la fuper- ficie de tout lieu confidérée au niveau d’une chauflée, d’une rue, d'un jardin, @c. On dit rez-de-chaulflée des caves , ou du premier étage d’une maïfon , mais c’eft improprement. ( D. J, Rez-muR, fm. (Archir.) nud d’un mur dans œu- vre. Ainf, on dit qu'un poutre, qu'un folive de brin, Éc. a tant de portée de re-mur, pour dire depuis un mur jufqu'à l’autre. Daviler. (D. J.) REZ-TERRE , {. m. (4rchir.) c’eft une fuperficie de terre, fans reflauts ni degrés. REZAL, fm. (Mfure féche.) c’eft une mefure de continence. tontineñce pour les grains , dont on fe fert en Aïfz. ce &t en quelques lieux des provinces Voilines, A Strasbourg, le rezal de froment pefe 66 livres poids de marc; & dans d’autres endroits d'Alface , plus où moins, Savary. (D, 7.) Fo R H RHA,, (Géog. anc.) fleuve de la Sarmatie afati- que. Ptolomée, Z». Ÿ. ch. x. qui dit que c’étoit un grand fleuve, ajoute qu’il {e jetroit dans la mer Caf- prenne, On l'appelle aujourd’hui le 7o/gz. (2. J,) … RAA, m. (if. na, Bor.) c’eft le nom que les habitans de l’île de Madagafcar donnent à l'arbre qui produit le fang - dragon. RHABDOIDE, adj. e7 Anatomie; c’eft le nom que lon donne à la feconde future vraie du crâne ) qui eft auf appellée furure fagirrate. Poyez SUTURE E S4- GITTALE, Ce mot vient du gréc paédos, 8 de ere ; forme. RHABDOLOGIE , £ f. (Géom.)eft le nom qwon donne quelquefois dans PArhmetique, à la méthode de faire les deux regles les plus difficiles; favoir, la multiphcation & Ia divifion , par le moyen des deux plus faciles , avoir, l'addition & la fouftra@ion , en employant pour cela de petits bâtons où lames fur lefquelles certains nombres font écrits , & dont l’on change la difpoñition, fuivant certaines regles. Ces petites lames {ont ce qu’on appelle ordinaires ment offa Neperi, bâtons de Neper, du nom de leur. inventeur Neper, baron écoflois » Qui eft auffi l’aus teur des logarithmes. Foyez BATONS DE Neprr , 44 not NEPER. Voyez auffi LOGARITHME. (E) RHABDOMANTIE, L £ ( Divination. ) Ce mot eft compoié de peBdy , verge , Êt de wavrtie , divinas tion, C’eft l’art futile de prétendre deviner les événe: mens pañlés ouavemir par des baguettes. Cet art ridis cule prit autrefois beaucoup de faveur chez les Hé- breux ,les Alains & les Scythes. Il paroît bien qu'il s’agit de rhabdomantie dans OÉÉe, ch. JV: verf. 12, mais 11 eft queftion de bélomantie, c'eft-i-dire de divinaz tion par les fleches , ch, xx7: æxiy. d'Ezéchiel ,car}es termes {ont différens ; cependant faint Jérôme y a été trompé le premier, Foyez BÉLOMANT:IE, (D. Ji) | RHABDONALEPSIS NCAntiq. greg, ) paG Sy ave Aus, fète qu'on célébroït toutes les années dans l'ile de Cos, 8c:où les prêtres portoient en procef- fon un cyprès. Potter, archæol, grec. Ch, x: torrs L P:429. (D.J) | RHABDOPHORES ; ( Artig. grec, ) paba Vo por , Officiers établis dans les jeux publics de la Grece, pour ÿ maintenir le bon ordre, avec pouvoir de punir {ui- vant léxigence des cas, tous ceux qui y contreye- noïént. Potter ; archæol, grec, tome Î, page 449. CONS EUR, RES _RÉABILLAGE , L m.( Gramm. & Arr féch. ) c’eft lé raccommodage d’un ouvrage oâté où dérangé ; il eft d'ufage chez les Couteliers , les Horlogers, les Tallandiets ; Ge, On dit le rhabillage des couteaux , Cifeaux, rafoïrs , &c. le rhabillige des faulx ,faucilles, ferpe, haches, 6. le rhbillage d’une montre ;, ec. RHABILLER , v. a@, (Gratm.) habiller. une {e: conde fois. Voyez HABiLLER € HABtT, Se rhabiler c'eft reprendre fes vêremens :c'eft aufli fe remettre en habits neufs ; il faut habiller mes gens. © Ie preñdau-figuré, Vous aurez bien de la peine à rhabiller cette affaire, nc … RHACHIA, (Géog. ane: ) Polybe, Liv. LIL nome ine ainfi une branche des monts Pyrénées , qui for- mOït ün promontoire fur [amer Méditerrance. (D.T.) RHACHISAGRE , ££ ( Chirurgie, ) nom par le- Quel on peut défigner la douleur arthritique qui atta- que lépine du dos. C’eft la maladie qu'on con noît auf fous le nom de lombago où rhurmatifine goutteux Tor XIF, . RHA at de l'épine, Le terme de rhachifagre aète émployé paf le célebre chirurgien Ambroïfe Paré ,; & d’après lui, dans le lexicon Cuflello - Brunorianmm, Voyez Are THRISTIE, GOUTTE. | RHACHITIS, { m, serme de Chirurgie, qui fignifre une maladie qui attaque les os des enfans , &clesrend enflés , courbés & tortus. Voyez ENFANS, Os. _ Cefte maladie leur vient fouvent d’être mal ém2 mMaillotés, d’être trop ferrés dans des endroits , 8T pas | aflez dans d’autres; d’être placés de travers , où d’ê= tre trop long-tems dans la même pofture , ou de les laifler trop long*tems humides, Elle vient auf du dé: faut de mouvement qui fe trouve chez eux , &'de lufage de Les porter fuf les bras: ce qui fait que leurs genoux ët leurs jambes font trop long-tems dans une fituation courbée ; ou pat le manque de digeftion , ce qui occañonne les alimens à être inégalement dif tribués dans le corps ; ce qui fait qu'une partie des os prend de l’accroifiement au défaut de l’autre. Les enfans fe nouent ordinairement entre les pre= miers 8 mois & l’âge de 6 ans. La partie qui fe noue eft lâche, flaccide & foible ; &cfi ce font les jambes ; lies ne peuvent plus porter le refte de leur corps. Toutes les parties qui fervent au mouvement volontaire du corps font pareillement affoiblies & débilitées y l'enfant dévient pâle, malingre, incapable de tout = &t ne fe peut tenir droit; fa tête devient trop forte pour le tronc, & les mufcles du cou ne peuvent plus la faire mouvoir, parce qu’ils perdentinfenfiblement leur force ; leurs poignets, la cheville du pié &c les extrémités de leurs côtes fe sonflent, & fe chargent d’excrefcences noueufes, & les os de leurs jambes & de leurs cuifles viennent de travers & crochus : le pa- reil défordre faifit auf leurs bras. ‘ Sicette maladie continue long-tems , le thorax fe rétrécit , d’où s'enfuit la difficulté de refpiret,latoux êz la fievre étique ; Pabdomen s’enfle, le pouls de * vient foible 8 languiffant , & fi les {ymptomes s’aus gmentent , la mort s'enfuit. Quand un enfant eft ca: able de parler avant que de pouvoir faite ufage de fes jambes , c’eftune marque qu'il eft noué ; quand cette maladie leur commence de bonne heute > On pet y remédier par des appuis & des bandages qué l'on appliqué aux parties attaquées ; mais quand [es os font parvenus à un état de rigidité & d’infexibis lité, 1l faut fe fervir d’autres inventions méchanz ques , de différentes fortes dé machines faites dé car: ton, de baleine , d’étain, 6. Pour remettre les og tortués ans leur direétion naturelle , on fe {ert de botines de fer blanc pour redreffer les jambes ; on "met aufli en ufage une croix de fer pour comprimer = les épaules lorfque les enfäns deviennent boflus, Voyez fig. 2. PI VI. rs | Les bains froids fervent aufi dans cette inaladie ÿ Ce qu'il faut faire éprouver aux enfans avant que les nœuds foient abfolument formés , & pendantle mois de Mai & de Juin ; en les tenant deux ou trois fecon des daris l’eau à chaque immerfñon. | h . Quelques-uns fe fervent de liniment de rum ; Caus de-vie tirée du fucre , & d’huile de palme ; & d’aua tres d’emplâtres de minium & d’oxicroceum que loi _apphque fur le dos , de forte que l’on en couvre l’ a pine entiere. On fe fert auffi de fri£tions {ur tout le corps, que lon fait avec un linge chaud devant le feu , fur:tout à la partie affligée ; l’huile de limacôn eft encore bonne pour cette maladie, Ontire l'huile de ces animaux en les pilant & les fufpendant dans un fac de flanelle,& on enduit les memibres & Pépiné du dos du maladeavec cette huile, Tout ce qui vieñf d’être dit eft traduit de Chambers, On a crü devoir conferver ce qu’on penfe en Angleterre d’une malas die qui y eft très-commune, &c qui paroît y avoir prié fon origine il y a une centaine d’années. Le rhachitis eft une maladie particulieré “ en H à 242 R H A fans | qui confifte dans un amaigrifflement de toutes les parties du corps au-deflous de la tête, dans une courbure de l’épine & de la plüpart des os longs, dans un gonflement des épiphyfes & des os fpongieux, dans les nœuds qui le forment à leurs articulations, dans une déprefion des côtes dont les extrémités pa- roiflent nouées , dans un retréciflement de la poitri- ne, & dans un épuilement & une efpece de rerrécif- fement des os des iles &r des omoplates, pendant que la tête eft fort grofle , & que le vifage eft plein & vermeil. Le ventre eft gonflé & tendu , parce que le foie & la ratefont d’un volume confidérable. On re- marque que les enfans qui en font attaqués, man- gent beaucoup , & qu'ils ont#Pefprit plus vif & plus pénétrant que les autres ; &t enfin, quand on ouvre ceux quien meurent, on trouve que les poumons adhérens à la plevre fonthvides, skirrhemx , remplis d’abfcès , & prefque toutes les glandes conglobées, gonilées d’une lymphe épaile. Glifon , fameux médecin anglois , prétend que la courbure des os arrive par la même raifon qu’un épi de blé fe courbe du côté du foleil, où qu’une plan- che , du papier, un livre & autres chofes femblables fe courbent du côté du feu, parce que le foleil ou le feu enleve quelques-unes des parties humides qui fe rencontrent dans les pores de la furface oppofce; ce qui fait à l’égard de ces furfaces ce que ferotent plu- fieurs coins de bois que l’on mettroit dans les fé- parations des pierres qui compofentune colonne ; car fi tous les coins étoient du même côté , le pilier ou 12 colonne fe courberoït du côté oppofé. Voulant faire l'application de cet exemple à la courbure des os , il dit qu'ils fe courbent lorfque la nourriture fe porte en plus grande abondance d’un côté que d'autre; parce qu'un côté venant à s’enfler êt à croître confidérablement , oblige la furface op- pofée à fe courber : c’eft pour cette raifon que le mé- me auteur ordonne de frotter le côté courbé d'huile : pénétrante & de linges chauds, pour rappeller la nourriture dans cette partie, & faire entrer dans ces pores des particules nourricieres pour alonger ces fibres ; & pour favorifer cet effet, il veut aw’on ap- plique des bandages &c des attellesaux côtés oppotés à la courbure. Ce fyftème de Glifon a été réfuté par plufieurs auteurs. On ne connoît aucune caufe qui puifle pro- duire une diftribution incgale de la nourriture dans quelque os ; & l’on voit que, contre cette opinion, les os fe courbent du côté où1ls devroientrecevoir le plus de nourriture. Mayow propole un fyftème tout différent , où 1] dit * que dans le rhachins , les cordes tendineufes &c les mufcles font defléchés & raccourcis faute de nour- riture , à caufe de la compreflion des nerfs de la moëlle de lépinequife difiribuent à ces organes ; que par conféquent dans leurs différentes contraëtions, il font courber les os, de même qu’une corde attachée à l'extrémité du tronc d’un jeune arbre lobligeroit de fe courber à mefure qu'il croitroit. On a fait quelques objetlions à ce.fyftème que M. Petit adopte dans fon traité des maladies des os ; mais À la réfutation de ces obje&tions, par laquelle 1l prou- ve que la courbure des os dépend de la contraéion des mufcles , il ajoute que fans leur mollefe ils ne pourroient fe courber. M. Petit explique la courbure de chaque os en particulier par la contraéhion des mui- cles qui s’y attachent , la pefanteur du corps 6e leur courbure naturelle, trois caufes qui ne peuvent agir qu'autant que les os feront mous. | La molleffe des os étant la caufe occafonnelle de leur courbure , il faut rechercher la caufe de cette molleffe dans l’altération des humeurs nourricieres, qui ne peut être produite que par le mauvais ufage des chofes non - naturelles, Foyez CHOSES NON- NATURELLES. Les caufes primitives qui paroiflent pouvoir agir fut les enfans en altérant leurs humeurs , peuvent fe réduire à anq;favoir, les régions & les climats dif férens , les dents qui doivent fortir où qui fortent, les vers auxquels ils font fujets , le vice du lait & des autres alimens, & le changement de nourriture quand on les fevre. M. Petit explique fort au long (‘comment ces différentes caufes contribuent au vice des humeurs, qui détruifanit la confiftance naturelle des fucs nourriciers, produit la mollefle des os. L’ac- tion des mufcles & la pefanteur naturelle du corps agiflent principalement fur l’épine à caufe de fa cour- bure naturelle ; les nerfs de la moëlle de l’épine font comprimés , & c'eft à cette compreffion qu’on peut attribuer tous les phénomenes qu’on remarque dans cette maladie. M. Petit répond à toutes les objec- tions qu'on peut faire contre fa théorie ; & cetau- teur finit l’article de rhachiris , en difant que s’ils’eft étendu beaucoup plus fur les caufes, & fur Pexpli- cation des fymptomes que fur les formules, c’eft qu’il eft perfuadé que les maladies qui font biencon- nues indiquent elles-mêmes le remede qui leur con- vient. On voit par ce qui a été dit, qu’on peut pré- venir cette maladie en prenant autant qu’il eft pof- ble, des précautions contre les caufes qui la produi- fent, & qu'on peut la pallier & la guérir même en- tierement, en s’attachant à bien difcerner la caufe pour la combattre par les moyens que le révime 6c les remedes fourniflent contre elle. (7) ” RHACOLE , ff ( Médec. ) relâchement de la peau du fcrotum , fans qu’il y ait des corps conte- nus ; indifpofition qui défigure la partie. RHADAMANTHE , ( Myshol.) Rhadamanthus 3 un des trois juges des enfers, frere de Minos , fils de Jupiter & d'Europe. Il s’acquit la réputation d'u princé d’une grande vertu. Après s'être établi dans quelqu’une des iles de lArchipel fur les côtes d’Afe , il y gagna tous les cœurs par la fageffe de fon souver- nement. Son équité & fon amour pour la juftice lu. valurent l'honneur d’être un des juges des enfers, où on lui donna pour fon partage les Âfiatiques & les Afriquains. C’eft hui, dit Virgile, qui préfide au tar= tare, où il exerce un pouvoir formidable; c’eft lui qui informe des fautes, & qui les punit ; il force les coupables de réveler eux-mêmes les horreurs de leur vie , d'avouer les crimes dont ils ont vainement joui, & dont ils ont différé l’expiation jufqu’à l’heure du trépas : Gnoffius hec Rhadamanthus haber duriffima regne Cafhigatque auditque dolos , Jubigitque fateri . Que quis apud fuperes , furto latatus inani Diffulir in fèrum commifla piaculs morter. Æneid. 44. VI. Cependant Le poëten’offre Rhadamantheque com- me un juge éclairé qui inflige des peines; & au ha- fard de déplaire à Augufte , 1l ne s’eft pas contenté de jetter des fleurs fur la tombe de Caton , il le peint à la place de Rhadamanthe , donnant feul des lois aux heureux habitans des champs élyfées : Secretofque pios his dantem jura Catorem. C’eft-là un trait de républicain qui fait honneur à Vir- gile. (D. J.) RHÆAS ,f. m. serme de Médecine, qui fignifie Ia diminution ou la confomption de la caroncule la- crymale qui eft fituée dans le grand angle de Pœil, Voyez CARONCULE. Ce mot vient du grec ps, cou ler. Le rhœas eft oppoié à Percarthis, qui eft Pau- gmentation exceffive de la même caroncule, Foyez ÉNcanTHis. Il eft caulé par une humeur corrofive qui tombe fur cette partie, & qui la ronge êc la con- fomme par degrés; & fouvent par letropgrandulage ‘R HA de cauteres dont on fe fert dans la fiftule laerymale, On le guérit par les incarnatifs, RHÆB À, ( Géogr, ac.) ville de l’'Hibernie, Pto- Jomée , lv... ch. 17. la place dans la partie orientale de Pile, mais dans les terres, entre Regia & Labe- rus. Cambden croit que c’eft préfentement Rhéban, bourgade du éomté de Dueen’s. (D.J.) RHÆCTI où RECI, ( Géog. anc. ) anciens peu- ples d'Italie. Strabon , Zv, #.p. 231, les met au nombre de ceux dont le pays fut appellé Latium, après qu'ils eurent été fubjugués, (D.J.) RHAGADES , {. m: #rme de Chirurgie, dérivé du grec, dont on fe fert pour fignifier les fentes, cre- vailes , ou gerçures quifurviennent aux levres, aux mains , à l'anus & ailleurs. L’humeur filine & Âcre qui coule du nez dans le coryza caufe des gerçures aux orifices des narines 8x à [a peau de la levre fu- périeure. Le froid qui eaufe un reflertement vio- lent à la peau délicate des levres , la ride comme un parchemin mouillé qu’on expofe à l’aîtion du feu pour le fécher. Les gerçures des levres occañonnées par le froid, fe guériflent facilement , de même que toutes les autres fciflures ou crevañles de la peau , avec Îa premiere pommade, pourvu qu'il my ait point de caufe intérieure aérimonieufe ou virulente. Le rhagades qui font des fymptomes de lepre ou de gale, ne cedent qu'aux remedes convenables À la deftruétion de ces maladies. Poyez Lepre 6 Gare. Les rhagades du fondement font fouventdes fymp- tomes de la maladie véñiérienne ; ils font ordinaire ment accompagnés de callofités & fouvent d’ulcéra- tion. Lorfqu'on a détruit le principe de la maladie par les remedes qui y font propres, on voit les ra: gades difparoïtre d'eux-mêmes, Ceux qui viennent à la fuite d’une diarrhée ou de la dyflenterie , font Pef fet de Pirritation caufée par des matieres Âcres, & fe guériflent comme toutes les crevafles bénignes, avec l’onguent rofat , le cerat de Galien, ou Ponguent po: puleum , & autres remedes femblables. (F RHA4GADIOLUS,f.m,(ÆifE nat. Botan.) genre de plante ainfi nommé par l'ournefort , & qu’on ap- pelle en françois herbe aux rhagudes, c’eft le hisracium Jlellatum de J.B.& de Ray. Son calice eft compofé de feuilles étroitement-crénelées, & lorfquefa fleur eft tombée, 1ldégenere en gaînes membraneufes dif pofées en étoiles, velues, & quicontiennent chacu- ne une femence: Tournefort ne connoît qu’une feule efpece d'herbe aux rhagades. Elle pouñle des tiges à la hauteur d'un ou deux piés, grêles, rameufes , cou- vertes d'un peu de duvet.Ses feuilles font finueufes & velues. Sa fleur eft un bouquet à demi-fleurons jau- nes ; foutenus par un calice compofé de quelques fleuilles étroites & pliées en souttiere. Sa femence eft longuètte., te plus fouvent pointue. Cette plänte croit dans les:pays chauds ; elle paffe pour être apé- rive & déterfive. (D:J.) 5 RHAGOIDE,,. adj. ferme d’ Anatomie, qu fienifie la feconde tunique de l'œil ; on l'appelle plus ordi- nairement lPuvee 8 choroïde. Voyez UvVÉE & CHo- ROIDE, On Fappelle hagoideparce qu’elle reflemble à un grain de rain fans queue; Dans la tunique r4a- goïde eft l'ouverture appellée pupilles Voyez Pru- NELLE. | REED RHAMNOIDES, f. m. (Hifr. rat. Botan, ) gente de plante-dont la fleur n'a point de pétales; :elle.eft ftérile ,& compofée de quelques étaminesdoutenues par un calice formé de deux feuilles. Il ya des-efpe- ces de ce:senre qui ne rapportent pointde fleurs, & fur lefquelles naiffent desiémbryons qui devienent dans la fuite un-fruit ou une baïe dans laquelle il ñe fe trouve qu'une femence arrondie. Tournefort, 1. R. H. corol. Voyez PLANTE. Linnœus l'appelle zyp- pophae. AN EU ILE iQ Tome XIF, RHAMNUS, ( Géog. arc.) bourg. dei FAttique, | R H A 243 fur le bordde PEuripe, dans-a tribu æantide , Telon Strabon, /v, LX, Paufanias , aérie, e. xx), dit qu ce bourg éroit à 60 ffades de Marathon du côté du feptentrion M: Spon, voy. tom II. pag. 184: dit que le nomimoderne eft T'anro-Caffro, où Ebreo Cars tro, Gent pas au-deflus:, ajoute-t:il, font les débris dutemplede la déefle Néméfis. Ce temple étoit quars ré, & avoit quantité de colonnes de marbre ; dont il ne refte que les pieces. Il étoit fameux dans toute la Grece, & Phidias l'avoit rendu encore plus res commandable par la ftatue de Néméfs qu'il y ft Strabon dit que c’éroit Agoracritus parien , mais qué cet ouvrage ne cédoit point à ceux de Phidias, Pour ce qui eft de la montagne &de la grotte de Pan , dont les anciens difoienttantde merveilles ,onne les dif= tingue point aujourd’hui. | Antiphon, orateur athénien, étoit du bourg de Rhamnus | d’où on le furnomma 4 rhamnufien. Pers fonne avant lui ne s'étoitavifé de compofer des plai- doyers. Après avoir cultivé la poéfie, il {e donna tout entier à l’élogquence , la réduifit en art , en pus blia des préceptes , &c l’enfeigna à Thucydide, qui par reconnoifiance fit l'éloge de ce maître dans le huitieme livré de fon hiftoire. Plutarque dit quil étoit exaét dans fa maniere, énergique & perfuañf, fécond en moyens , heureux à prendre le bon parti dans les conjeftures douteufes, adroit à s'infinuer dans Pefprit de fes auditeurs , & rigoureux obfetya- teur des bienféances. Il y a eu pluficurs autres Anti- phons , avec lefquels celui-ci ne doit pas être con- tondu. (D. J) k RHAMNUSIA , 1.4. (Mythol.) farnom de Né- mes, à caufe d’une ffatue qu’elle Avoit à Rhamnus, bourg d’Attique.Cette ftatue de dix coudéesde haut à étoit d’une feule pierre , & d’une f grande beauté , qu'elle ne-cédoit pointaux ouvrages de Phidias : elle avoit étédaite pour une Vénus; mais le nom de l’ara tifte n’a point pañlé à la poitérité. CDa17.) RHAPHANEDON , Lf. on fous-entend fadure » efpece de frafture qui a la forme de rave. Dans cette fraêture ,un os long s’eft caflé en travers ,lelon fon épaifleur, Rézphanédon vient de fugde , rave ou Tor EU À | RHAPEHIUS 07 RHAPRUS, f. m. nom ancien d’ur quadrupede, ayant figure du loup & là peau mou- chetée du léopard ; c’eft le loup-cervier de France, Rhaphius vient de l’hébru rhacm , affaimé. RHAPONTIC , £ m. (Æif nur. Boran. éxot.) en ltin rhaponricum, off, plé 8 pur Diofcs eft une ra2 cine oblongue , ample, branchue, brune en:-dehors 3 jaune en-dedans, coupée tranfverfalement >» Mon- trant des cannelures difpoféesien rayons ;:tirées de la circonférence au centre ; mollafie ; fpongieufe , d’une odeur qui n’eft pas défagréable; d’un goûütamer un peu aftringent &c âcre; viiqueufe &eluante lor£ qu’on la tient un peu dans la bouche. :: :: Cette racine eft différente de la rhubarbe des bôouz tiques ; & c’eft ce qui eftiévident par la defeription du rhapontic tirée de Diofcoride. « Le 74a } Que quel: » ques-uns: appellent: rhezm ; dit il, vient dans les »-pays qui {ont fitués le long du Bofphore’, d’où » On lapporte. C’eft une racine noire fembläble » à la grande centaurée ; mais plus petite & plus »zoufle , fongueufe ‘un peu unie , faänsodeur. Le »merlleur eft celui qui n’eft point carié, qui devient »gluant dans-la bouche , & un peu aftringent , qui a » une couleur päle & tirant un peu fur le jaune lor£ »qu'onlamâché». Cette defcription convient fort bien au rhapontic de Profper Alpin , ou des bouti ques.On le place mal-ä-propos,comme a fit Morif fon , parmu les efpeces de Zapathum. M. Tournefort en fait un gente particulier, & il l'appelle rhabarba. #2 forte Diofcoridis & antiguorum. Sa racine qui eft ample , branchue, poufle des b ÿ 244 R H A Æeuilles auf larges que-celles de la bardane , maïs plus rondes , & munies de nerf épais comme le plan- tain. Du milieu des feuilles, s’éleve une tige qui a plus d’une coudée de haut, & plus d’un pouce de groffeur : elle eft creufe, cannelée ; & aux endroits de fes nœuds, 1l vient des feuilles alternatives ronde- lettes , de neuf pouces de long , & qui vont fe ter- aminer en pointe. Lesfleurs y font à tas, difpofées en de groffes grappes rameufesselles font d’une feule piece formée encloche, blanches, & ordinairement divifées en cinq ou fix parties obtufes : du centre de chaque fleur fortent plufieurs étamines courtes qui environnent un piftil triangulaire , lequel fe change en une femence de pareille forme , longue de deux lignes ; chacun de ces trois angles fe prolonge en s’at- ténuant dans une aile feuillée d’une façon élégante. Le rhapontic nait non-feulement fur le mont Rho- dope dans la Thrace, mais encore dans plufeurs en- droits de la Scythie. On le cultive communément daus les jardins d'Europe. Sa racine purge modéré- ment en poudre , & eft plus'aftringente que la vraie rhubarbe : c’eft pourquoi on ne doit pas méprifer ce remede dans da diarrhée & la dyffenterie , quand il convient d'en arrêter le cours. (D.J. RHAPSODES , {. m. pl. ( Belles-Lertres. ) nom que donnoient les anciens à ceux dont l’occupation ordi- naire étoit de chanter en public des morceaux des poëmes d'Homere, ou fimplement de les réciter. M. Cuper nous apprend que les rhapfodes étoient habiilés de rouge quand ils chantoient l’Iliade, & de bleu quand ils chantoient lOdyflée. Ils chantoient fur des théâtres, & difputoient quelquefois pour des rix. Lorfque deux antagoniftes avoient fini leurs par- ties, les deux pieces ou papiers fur lefquels elies étoient écrites, étoient joints & réunis enfemble, d’où eft venu le nom de rhapfodes | formé du grec parro, Je Cous, & d'u, ode Ochant. -Mais il y a eu d’autres rhapfodes plus anciens que ceux-ci;c’étoient des gens qui compofoient des chants héroiques ou des poëmes en l'honneur des hommes illuftres , 8 qui alloient chanter leurs ouvrages de ville en ville pour gagner leur vie. C’étoit-là, dit- on, le métier qu'Homere faifoit lui-même. C’eft apparemment pour cette rafon que quelques critiques ont fait venir le mot rhap/odes, non de perte &t cdn , mais de pe@do & «de, chanter avec une bran- che de laurier à la main, parce qu'il paroït en effet que les premiers rhapfodes portoient cette marque diftinétive. Philocorus fait aufli venir le nom de rhapfodes de pare tas sde, compofer des chants où poëmes, fup- pofant que les poëmes étoient chantés par leurs au- teurs mêmes. Suivant cette opinion dont Scaliger ne s'éloigne pas, les rhapfodes autoient été réduits à ceux de la feconde efpece dont nous venons de parler. Cependant il eft plus vraiffemblable que tous les rhapfodes étoient de la même clafle, quelque diffé- rence que les auteurs aient imaginée entre eux, & que leur occupation étoit de chanter ou de réciter des poëmes , foit de leur compofition , foit de celle des autres, felon qu'ils y trouvoient mieux leur compte & plus de gain à faire. Auffi ne pouvons- nous mieux les comparer qu’à nos anciens srouveurs & jongleurs, ou encore à nos chanteurs de chanfons, parmi lefquels quelques-uns font auteurs des pieces avec lefquelles 1ls amufent la populace dans les car- refours. Depuis Homere il n’eft pas furprenant que les rhapfodes de l’antiquité fe foient bornés à chanter Les vers de cepoëte , pour qui le peuple avoit la plus grande vénération,, ni qu'ils aient élevé des théä- res dans les foires , &c les places publiques, pour R H A difputer à qui réciteroit mieux ces vers , beaucoup plus parfaits & plus intéreffans pour les Grecs, que tout ce qui avoit paru jufqu’alors. On prétend, dit madame Dacier , dans la vie d'Ho- mere , que ces rhapfodes étoient ainf appellés pour les raïfons qu’on a vues ci-deffus, & encore parce qu'après avoir chanté, par exemple, la partie ap- pellée Za colere d'Achille, dont on a fait le premier li- vre de lIliade, ils chantoient celle qu’on appelloit le combats de Paris & de Ménélas, dont on a fait letroi- fieme livre, ou tel autre qu’on leur demandoit , pa- dos, parloyrés Tac cdus, Cette derniere opimon eft da plus vraiflemblable, ou plutôt la feule vraie. C’eft ainfi que Sophocle , dans fon Œdipe, appelle le fphinx , paLudty , parce qu’il rendoit différens ora- cles, felon qu’on linterrogeoit. Aurefte, il y avoit deux fortes de rhapfodes ; les uns récitoient fans chan- ter, & les autres récitoient en chantant. #2e 4’ Ho- mnere , pag. 24 & 25. dans une note. RHAPSODIE , £ £. ( Belles-Lettres.) nom qu’on donnoit dans l'antiquité aux ouvrages en vers qui étoient chantés ou récités par les rhapfodes. Foyez RHAPSODES. | Quelques auteurs penfent que rhapfodie fignifoit proprement un recueil de vers, principalement de ceux d’'Homere , qui ayant été long tems difperfésen différens morceaux, furent enfin mis en ordre, & réunis en un feul corps par Pififtrate , ou par fon fils Hipparque, & divifés en livres, qu’on appella rkap- Jodies , terme dérivé des mots grecs pamre , coudre, 8 od'n, chant , poème, &tc. Le mot rhapfodie elt devenu odieux, comme le remarque. M. Defpréaux dans fa troifieme réflexion critique fur Longin , & l’on ne $’en fert plus que pour fignifier une collettiondepañlages , de penfées , d’au- torités raflemblées de divers auteurs , & umies en un feul corps. Ainfi le sraité de Politique de Jufte-Lipfe eft une rhapfodie , dans laquelle 1l n’y a rien qui ap- pattienne à l’auteur , que les particules &z les con- jonttions. C'eft pour avoir pris ce mot dans ce der- nier fens, &c à deflein de faire pañler les poëmes d'Homere pour une colleétion ainfi faite des ouvra- ges de différens auteurs, que M. Perrault a fait une bevue en difant, dans fes paralleles: « Le nom de » rhapfodies | qui fignifie un amas de plufeurs chan- » fons coufues enfemble , n’a pu être raïfonnable- » ment donné à lIliade & à lOdvyflée,que fur ce fon- » dement que c’étoit une colleétion de plufieurs petits » poëmes de divers auteurs, fur différens événemens » de la guerre de Troie. Jamais poëte, ajoute-t1l, ne »s’eftavifé, malgré l'exemple & lautorité d’'Ho- » mere, de donner le nom de rhapfodie à un feul de v les ouvrages ». À cela M. Defpréaux répond, après avoir rap- porté les diverfes étymologies dont nous avons parlé au #20 RHAPSODES , « que la plus commune opinion » eft que ce mot vient de parer wdtuc, GC que rap/o- » die veut dire #7 amas de vers d'Homere qu'on » chantoit, y ayant des gens qui gagnoient leur vie » à les chanter, & non pas à les compofer, comme » M. Perrault fe le veut bifarrement perfuader. Il »n’eft donc pas furprenant qu'aucun autre poëte » qu'Homere n’ait intitulé fes vers rhapfodies', parce » qu'il ny a jamais eu proprement que les vers » d'Homere qu’on ait chantés de la forte, Il paroît » néanmoins que ceux qui dans la fuite ont fait de » ces parodies, qu'on appelloit ceztons d'Homere, » ont aufli nommé ces centons rhapfodies ; & c’eft » peut-être ce quia rendu le mor de rhapfodie odieux » en françois, où 1l veut dire un amas de méchantes » pieces recoufues ». RHAPSODOMANTIE,, f. f. divination qui Le fai- foit en tirant au fort dans un poëte, &c prenant l’en- droit fur lequel on tomboit pour une prédiéhon de RHE ee qu'on vouloitfavoir. C’eft ordinairement Homere ou Virgile qu’on prenoit pour cet effet, d’où l’on a donné ces fortes de divinations le nom de fortes Fir- gilianæ. Tantôt on écrivoit des fentences ou quel- ques vers détachés du poëête qu’on mettoit fur de pe- tits morceaux de bois ; & après les avoir balottés dans une urne, le premier qu’on en tiroit donnoit pour prédiétion [a fentence qu'il portoit. Tantôt on zettoit des dés fur une planche où lon avoit écrit plufieurs vers, & ceux fur lefquels s’arrêtoient les dés pafloient pour contenir la prédi@tion que l’on cherchoit. RFARIUM, (Géog.anc.) champ del’Attique dans VEléufine, felon Etienne le géosraphe ; ce champ eft nommé Raria terra & Rarius campus par Paufanias, L. 1, 0, xxxviy. &t par Plutarque. Il étoit confacré à la déefle Cérès, & les Athéniens en regardoient la culture comme un point derehigion. (2. J.) RHASUT , { m.( Bora, exotig. ) c’eft une efpece d'ariftoloche étrangere , qui croit principalement chez les Maures & aux environs d'Alep. Sa racine peut être employée dans la Médecine à ia place des autres atifroloches : elle contient beaucoup d'huile Ôêt de fel ; elle eft déterfive, deficative & réfolutive, étant appliquée extérieurement. (D. J.) RHATOSTATYBUS, (Géog. anc.) fleuve de la grande Bretagne. Son embouchure eft placée par Pto- lomée, Z. {L, c. 1j. entre celle du fleuve Tobius & le golfe Sabriana, Cambden croit que c’eft préfente- ment le Taye ou Taf. (D. J.) RHAVIUM , (Géog. anc. ) fleuve de l’'Hibernie. Son embouchure eft placée par Ptolomée, Z IL. c. 5j. entre le promontoire Boreum & la ville Nagnata. Cambden croit qu'il faut lire Bazium, au lieu de Rhavium, & que lenom moderne eft Barry. (D. 1.) RHAZUNDA , (Géog, anc.) ville de Médie, Pto- lomée , Z WI. c. 1. a place dans les terres entre Sa- nais & Vénéca. Lazius dit qu’elle fe nomme préfen- tement Rhemen. ( D. J.) RHEA , £ f. (Mychol.) femme & fœur de Saturne, divinité célebre du paganifme , fur l’origine de la- quelle les poctes ne font point d’accord ; 1l y a même . des contradiétions à {on fujet dans les hymnes d'Or- phée, car dans l’une il la fait mere du ciel, & dans VPautre le ciel eft fon pere. On croit que Rhéa étoit dans fon principe la reine d'Egypte Ifis, qu’on a re- vêtue dans la fuite de plufieurs noms en diverstems Gt en divers pays , enforte qu’elle a été transformée en autant de divimités. Strabon fait mention de cette multiplication de noms donnés à la déefle : £r Bere- cynthes, & omnes Phryges ; 6 qui Idam accolunt Troes, Rheam count, eique orgia celebrant. Vocatur ab eis nater deorum, & magna dea ; a locis autem Idea, Dyr- dimene ; Peffinuntia , Cybele. Mais quelque ancienne que fût Ré dans la Phrysie, elle l’étoit encore da- vantage en Egypte, où Diodore de Sicile fait defcen- dre d'elle & de Saturne Jupiter & Junon. La théolo- gte phénicienne de Sanchoniathon qui étoit plus ancienne , établit que Saturne ayant époufé fes deux fœurs, Aftarté & Rhéa , il eut fept files de la pre- mere , & fept fils de la derniere. Voilà donc la fource dont les Grecs ont tirés toute la fable de Rhéa ou de Cybele. D'un autre côté Tite-Live vous ra- contera fort-au-long la tradition du tranfport de la déefle Rhéz de Peflinunte à Rome. Depuis lors les Romains lui rendirent les mêmes honneurs qu’elle avoit en Phrygie , & célebrerent tous les ans une fête à fa gloire, (D. JT.) RHEBAS , ( Géopr. anc. ) riviere de la Bythinie. Elle a fa fource au mont Olympe, & fon embou- chure dans le Pont-Euxin, près de celle du fleuve Pfllis. Le fcholiafte d’Apollonius écrit qu’on donne à ce petit fleuve le nom de Sa/my deffus, parce qu’il joint fes eaux ayec celles d’un flenve de çe nom, Gil- RHE 245 les prétend qu’on appelle encore aujourd’hui cette riviere ARibas , mais M. de T'ournefort dit Riva : & voici comme il en parle. Riva n’eft qu’un ruifleau, large à-peu-près comme celui des Gobelins , tout bourbeux , & dont l’em- bouchure peut à peine fervir de retraite à des ba teaux ; cependant les anciens en ont fait fonner le nom bien haut fous celui de Rhébas. Denys le géo- graphe qui a fait trois vers en fa faveur , l’appelle une aimable riviere. Apollonius le Rhodien au contraire en parle comme d’un torrent rapide : il n’eft pour- tant n1 aimable, ni rapide aujourd’hui , & , fuivant toutes les apparences, il n’a jamais été ni l’un ni autre. Ses fources font vers Le bofphore du côté de Sul- tan Soliman Kiofc, dans un pays aflez plat, d’où il coule dans des prairies marécageufes parmi des ro- feaux. Il n’eft pas furprenant que Phinée eût donné une 1dée fi affreufe de ce ruiffeau aux Argonautes, lui qui regardoit les iles Cyanées comme les écueils les plus dangereux de la mer. Arrien compte 1 1 milles & 250 pas depuis le temple de Jupiter jufqu’à la ri- viere Rhebas, c'eft-à-dire depuis le nouveau château d’Afie jufqu’à Riva : cet auteur eft d’une exa@itude admirable, 87 perfonne wa connu fi bien que lui la mer Noire, dont ila décrit toutes les côtes après les avoir reconnues en qualité de général de l’empe- reur Adrien, à qui il en dédia la defcription fous le nom du Périple du Pont-Euxin. (D. J.) RHEDONES , ( Géog. anc.) peuples de la Gaule dans l’Armorique. Céfar , Z. PAT. c. Ixxv. & Ptolo- mée, /. IT. c. vi. en font mention. Sanfon, dans fes remarques Jur la carte de l’ancienneGaule, obferve que les Rhedones habitoient les terres -que renferment aujourd’huu les diocèfes de Rennes, de S. Malo & de Dol ; ces deux dermers ayant été tirés du premier, Leur capitale étoit Condare, ( D. J RHÉÉDIA , £. f (Hif, rar. Bor. ) genre de plante ainfi nommée en l'honneur de M. Van-Rheed, cu- rieux botanifte hollandoiïs. En voici les caraéteres. La fleur n’a point de calice, mais elle eft compofée de quatre pétales qui font de forme ovoide, creux & étendus au long & au large ; les étamines font cinq filets courts ; le gerine.du piftil eft rond ; le fruit eff petit , ovale, fucculent , formant une feule loge, contenant trois grofles femences de forme ovoide, alongées & fillonnées des raies irrégulieres qui imi- tent des caraéteres. Linn. gez. plant. p. 523. Plum. 19, CDS) | RHEGIUM où RHEGIUM JULIUM, ( Géog. anc. ) ville d'Italie chez les Brutiens, {elon Strabon , 1. VI, p.258. 6t Ptolomée. Le premier dit que le roi Denys la rafa, que Denys le jeune la rétablit en partie , & lappella Phœbia, 8& qu'Augufte en fitune colonie romaine ; Gabriel Barri dit d’après J ofephe, . L. €. viy. qu’on la romma anciennement 4/chenaz, & ajoute, d’après Denys d'Halycarnafle, qu’Antio- chus donna à cette même ville les noms de Mepsnia êz de Pofrdonia. S. Paul aborda dans cette ville en allant à Rome lan 61 de Jefus-Chrift, 46. xxviy, 12,14: 8. Luc qui étoit dans fa compagnie n’ayant point parlé des miracles qu’on prétend que S. Paul fit en ce lieu , fon filence fuffit pour rendre de tels miracles fufpeëts. Au refte le nom moderne de Rke- gium Julium eft Repoio en Calabre. Cette ville a produit dans l'antiquité des hommes celebres ; Agaroclès tyran de Sicile, fils d’un potier de terre; le poëte Ibicus, Hippias & Eycus , tous deux hiftoriens. | Agatoclès devint par fa valeur général de Parmée de Syracufe , & par fon ambition tyran de cette ville, & enfuite de toute la Sicile, Il mourut de poi. fon en la treifieme année de la cxxij, olympiade, l'an 464 de Rome, étant alors âgé de 72 ans, dont ii 2.46 RHE en avoit regné 28. Plutarque rapporte qu'il fe faifoit fervir à table païtie en vaïflelle de terre, partie en vaifleile d’or, pour conferver la mémoire de fa naï- fance, 8 pour apprendre aux fiens que les talens feuls peuvent élever à une haute fortune. Le poëte Ibycus florifloit du tems de Crèfus, envi- ron 600 ans avant l’ere chrétienne. Il fut affafinépar des voleurs, &c il leur prédit que des grues qui paf foient par hafard venseroïent {a mort. Ce préfage fut vérifié, car l’un d’eux, peu de tems après, ap- percevant une bande de grues , dit en plein marché à fon camarade : « Vois-tu ces vengerefles d’Ibycus»? Ce mot futincontinent rapporté au magiftrat ; on ar- rêta les deux brigands, on les mit en prifon où ils confefferent leur crime, & en payerent la peine. Les poéfes d’Ibycus étoient aufli licencieufes que fes mœurs, comme nous lapprennent ces paroles de Cicéron : Maximè yerd omnium flagraf[e amore puero- run | Rhegium Tbycum apparet ex Jeriptis. Hippias vivoit fous le regne de Darims & de Xer- xès , 425 ans avant Jefus-Chrift, C’eft lui qui le pre- mier a écrit l'hiftoire dé Sicile : il avoit auñli fait des chroniques & les origines d'Italie. Lycus , pere du poëte Lycophron, florifloit du tems de Prolomée Lagus fous la exv. olympiade, vers l’an 320 avant Jelus-Chrift. Il eft auteur d’une hiftoire de Lybie &c de Sicile. (2. J.) RHEGMA, (Géog. anc.) 1° ville de l'Arabie heu- reufe. Ptolomée, L Vi. c.vij. la marque fur la côte du golfe perfique & dansle pays des Anarites. 2° Lieu de la Cihicie, que Strabon, 4 X1F. p.672. place à l'embouchure du fleuve Cydnus. (D. J.) RurcmaA, f.m. (Léxic. médic.) ce mot grec veut dire , felon Galien, une efpece de /olution de con- tinuiré dans les parties molles, & cette rupture eft l'effét d'une violente diftenfion ; mais Hippocrate donne le nom de rhegma, tantôt aux fpaimes qui affligent les patties mufculenfes, 8 tantôt aux abfcès qui s'ouvrent intérieurement. (D. J.) Le ! RHÉIDE,, (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne en Weftphalie, dans l'évêché de Munfter fur la ri- viere d'Ems, près de Ritherg. (D. J.) : : RHEIMS oz REIMS, (Géog. mod.) ville de France en Champagne, capitale du Rémois , furla riviere de Vêle ; (en latin Fidula Ÿ, dans une plaine entou- rée de-collines qui produifent d’excellens vins, à 12 heues au nord-oueft de Châlons , à 38 aunord-oueft de Nancy, à 26 au nord de Troyes, & à 36 nord-eft de Paris. Long. 21. 43. latir. 49. 15. | Cette ville eft très-ancienne , &c conferve encore plufieursreftes d’antiquités. Elle a pris fon nom des peuples Rhemi ou Remois , mais elle s’appelloit Da- roncourt en langue gauloife ; e’eft ce mot que lesGrecs êt les Latins ont tourné felon l’inflexion de leur lan- gue ; Jules Céfar la nommé Durocorium ; Strabon , Aspiroprope ; Ptolomée : Aapaopropor ; & Etienne, Aëpo- #opropes. L’itinéraire d’Antonin &z la carte de Peutin- ger l’appellent Durocortorum. Cette ville étoit la capitale des peuples rémois du tems de Jules Céfar , lefquels peuples avoient beau- coup depouvoir dans la Gaule belgique ; étoient al- liés’ des Chartrains ou Carnutes, &c jouifloient de leur propre & naturelle hberté. De plus cette ville tenoit à Rome par un des grands chemins de lem- pire , & par fept chemins qui en fortoient. Elle étoit des'plus fideles alliés du peuple romain. Sous Les em- pereürs., il y avoit à Rheims un magañn d'armes &c une manufaéture où lon dofoit les armes impériales. Il refte encore des veftises près de Rheims , des che- mins publics quicondufoienf de cette ville dans plu- fiewrs autres de l'empire , & qui prouvent la gran- détir des maîtres du monde qui les ont fait faire. En- fin lorfque Conftantin’eréa une nouvelle belgique, ‘al lui donna la ville de-Rheirrs pour métropole. Elle fut célebre fous les premiers rois de France; puifque Clovis y fut baptifé avec les principaux de {a cour par l'évêque S:Remi, qui Pavoit inftruit dans là relision chrétienne. Les rois mérovingiens don- nerent dans la fuite de grands biens à l'églife de Rheïms, enforte que les archevèques devinrent fei- eneuts temporels de la plus grande partie de leur diocèfe. Sous les enfans de Louis le Débonnaire, cette ville échut à Charles le Chauve, & fit partie du royaume de Neuftrie, fans que depuis elle en ait été féparée jufqu’à préient. Les rois Louis le Jeune & Philippe-Augufte fon fils donnerent le titre de duc à l’archevèque Guil- : laume de Champagne , cardinal & frere de la reine Adelle , & 1ls lui confirmerent les droits de facrer &z couronner les rois de France , qui leur avoient été fortement conteftés dans ce fiecie-là. Aufli tous les fuccefleurs de Philippe - Augufte ont été facrés à Rheims , excepté Henri IV. qui fit faire cette ceréme- nie à Chartres, parce que Rherms étoit attachée au parti de la ligue , & que l’archevêché étoit poflédé par le cardinal Pellevé, l’un des plus envenimés en- nemis de la maifon royale. Le facre de Philippe-Au- eufte pafle pour avoir êté le plus célebre detous ceux qui l'ont précédé &z qui l’ont fuivi. Tous les pairs de France y aflfterent en perfonne , ce qui eft fans exemple. Rheims eff le fiege d’un préfidial, d’une éleétion, d’un hôtel des monnoies, & ce qui la diftingue en- core , le fiege d'un archevêché qui porte Le titre de premier duc & pair de France, légat né du faint fiege, & primat de la Gaule beloique. | Son églife métropolitaine , dédiée à la Vierge, tient un des premuers rangs dans les églifes de France. Elle a été bâtie avant l’an 406, & fon portail, quoi- que gorhique,-eft très-eftimé. La plus célebre des cinq abbayes qui font à Rheëms eft celle de S. Remi, de l’ordre de S. Benoit. On y voit le tombeau du faint, & l’on y conferve la fainte ampoule qui con- tient l’huile de laquelle on facre nos rois. On vient d’y conftruire une place royale; Parchi- tetture eft de M. le Gendre , ingénieur de la provin- ce; &t lafiatue pédeftre eft de M. Pigal. C’eft um Louis XV. protecteur du commerce & des lois. Les rhémois commercent en étoffes de laine êz en vin. Citons-en les fivans. | Lange (François), avocat, s’eftacquis de la répu- tation par {on livre intitulé le prasicien françois , qui a été imprimé nombre de fois. L'auteur eft mort en 1684 à 74 ans. | Lalement ( Pierre ), chanoine réoulier de Ste Gé- neyviève , ynaquit en 1592, & devint chancelier de luniverfité de Paris, où 1l mourut en1673, âgé de 8: ans. Quoiqu'il ne manquât pas d’érudition facrée : &t profane , il n’a publié que des livres de dévotion , en françois ; on eftime les trois petitstraités qu'il a fait fur la mort , intitulés, la mors des jufles, le sefta- ment fpirituel, & les faints defirs de la mort. | Bergier (Nicolas), n6 à Rheëms en 1557, s’attacha à M. de Bellievre , 8 mourut dans fon château en 1623. Il avoit fait l'hiftoire de fa patrie en feize li- vres , dont on n’a publié que les deux premiers ; mais 1l eff fort connu par lPhifloire des grands chemins de l'empire romain, ouvrage utile & plein d’érudition que {on fils mit au jour à Paris en deux volumes2r-4°, Il a été réimprimé dans la même ville en 168 r, & de- is à Bruxelles en 1728. CAL Coquillart , poëte françois, né à Rheïms, & offi- cial de cette ville. Ia vécu fous Le réone de Louis XI. fes poéfies ont été mifes au jour en 1532, & réim- primées à Paris chez Coutelier en 1714, 22-12. Mopinor (dom Simon), bénédittin, né à Rhems en 168$, travailla avec dom Pierre Conftant à la collection des lettres des papes, dont le premier vos trouvera fon article & la lifte de LUS Tuse parut à Paris en 1721; 27. fol. I] mourut eh 1524 dans latrente-neuvième année de fon âge. | Monantheuil (Henri de ), né à Rhems vets Pan 1536, cultiva les Mathématiques &la Mède cine, On fes écrits dans le P. Nicéron, tome XF. E Reffant (Pierre), garde du cabinet des médailles de Louis XIV. étoit de Rheims, ainf que Pierre- Antoine Oudinet fon parent, qu'il appella à Paris, &c qui devint de l’académie des Infcriptions en 1707. M. Oudinet a donné quelques diflertations curicufes fur les médailles. Il mourut en 1712, âgé de 69 ans. Le P. Nicéron a fait fon article dans fes Mémoires des hommes illuffres , tomes IX, 6 X,. . Ruinart (dom Thierry), bénédiétin & favant eri- tique, naquit à Rheëms en 1657, & mouruten 1 709: On lui doit la vie du P. Mabillon fon maître, &ravec lequel il avoit compoié le vj. fiecle des aûtes. des faints de l’ordre de S. Benoît. On doit beaucoup d’au- tres recherches aux feuls bénédiétins de ce royaume ; ce font ceux qui ont dévoilé les anciens tits de l'E: plife, & qui ont achevé de tirer de deflous terre les décombres du moyen âge. «Dom Ruirart publia à Paris en 1689, 27-4°. fon recueil latin des actes des premiers martyrs, ouvrage qu'on a depuis traduit en françoïs & publié à Paris en 1708 en deux volu- mes i7-8°. Cet ouvrage eft accompagné d'une pré: face , dans laquelle dom Ruinart {outient contre Dodvell , que l'Eglife eut dans les premiers fiecles une foule prodigieufe demartyrs. Je n’entrerai point dans cette difpute Httéraire , mais peut-être que le favant bénédiétin n'a pas aflez diflingué les inartyrs chrétiens de ceux qui font morts naturellement, & les perfécutions politiques de celles qui eurent lieu pour is caufe de religion. (Le chevalièr DE Jau- COURT. 2% RHEIMS, concile de l'an 1149. tenu à, (Hif. éccl.) ce fameux concile fut tenu par le pape Eugene II, en labfence de Louis le Jeune; voici ce qu’en dit l’auteur de l’abregé chronol. de l'hif?, de France. Si le grand concours des prélats rendoit un con- cile écumenique, celui-là lauroit été, car on yen comptoit onze ceñs, parmi lefquels étoient les pri- mats d'Efpagne & d'Angleterre, ayant le pape à leur tête ; mais Eugène INT lurmême , dans fa lettre à l’é- vêque de Ravennes, ne le qualifie que l’affemblée de toutes les Gaules cifalpines, ce qui prouve qu'il y avoit peu de prélats italiens, &c ce qui fut appa- remment une des rafons qui empêcherent que le concile ne füt écumenique. Ce fut dans ce concile, qu'un certain fou nommé £or, abufé lui-même par ces mots, pr eum qui venturus eff, fut condämné à être enfermé. On ne croiroït pas qu’une telle extra- vagance elt trouvé des feétateurs , mais la perfécu- tion en fit éclore; ce concile contient dix-fept ca- nons , appellés communément les canons d'Eugène TIT , & dont la plüpart font inférés dans le droit. On peut remarquer entr’autres canons le fixieme, qui defend aux avoués des Eglifes de rien prendre de elle , n1 par eux, n1 par leurs inférieurs , au-delà de leurs anciens droïts, fous peine d’être privés, après leur mort, de la fépulture eccléfiaftique ; le feptieme défend aux évêques, diacres, fous-diacres * moines & religieufes, de fe marier ; le douzieme dé- fend les joûtes, tournois, &c. ( qui étoient nés en France, & qui avoient été imités dans toute l’Eu- rope ) fous peine pour ceux qui y perdront la vie, d’être privés de la fépulture eccléfiaftique , &c. Ce fut auffi dans ce concile que fut jugée l'affaire de Gil- bert de la Porée, évêque de Poitiers , fur certaine queftion métaphvfiquie au fujet de la Trinité. Ce qui eft principalement à remarquer, c'eft que ce concile étant féparé , le pape forma une congré- gation fur cette affaire ; dans laquelle les cardinaux RHE 24 prétendirent que Les évêques de France métoient pas en droit de juger des dogmes , 87 que ce droit étoit refervé au pape feul, afhité des cardinaux. En effet, la profeffion de foi des évêques de France ne fut pas iniérée dans les aétes du concile aui fe confervent dans la bibliotheque du Vatican ; mais les évêques de France ne manquerent pas de l’inférer dans les copies qu'ils tirerent pour eux de ce même concile, S. Bernard y joue un grand rôle. Poriificar d'Eugène HT. par Dom Delannes, pag. 161. (D.J7.) RHEIN , LE, (Géog. mod.) en latin Rhents, stand fleuve d'Europe, qui fembleroit devoir être la borné naturelle , entre l’Allemagne & la France | Ce fleuve tire fa fource, ou plutôt fes foutces, du pays des Grifons, dans la partie qu’on nomme la Z: gue-haute, Le mont Adula qui occupa tout le pays nommé Rermvald , 8 qui s'étend fort avant dans tous les pays d’alentour; fous divers noms, forme trois petites rivieres, dont l’une qui eft à l'occident 6 qui fort du mont Crifpalt , eff appellée par les Al: lemands Vorder-Rhcin, c’eft-â-dire ie Rhéin de devañess & par les François, le bas-Rheiz. La feconde qui fort du mont Saint-Barnabé, Luckimanierbere , s'appelle lé Rhein du milieu ; & la troifieme qui fort du faint Ber: nardin, Folgelberg , eft nommée par lés Allemands Hinder-Rheïn, e’elt-à-dire le Rheir de derriere; && par les François le haut-Rheir: un” Tout près de-là , un peu à côté à l’oueft, ôn trou: ve les fources de quatre rivieres confidérables ; {a voir, celle du Rhône, dans le inont de la Fourche To qui court droit à l’oueft; celle du Téfin, qui court au fud ; celle du Reufs, qui prend fon cours vers le nord ; & celle de l’Aare, qui coule au nord-oueft. Defpreauxapeintpoétiquementle fleuve du Rheirè & fon origine, dans les vers fuivans : Au pié du moñt Adule entre mille rofeaux ; LeRheñ, srarquille & fer du progrès de [es eaux ; Appuyé d'une mäin fur fon urne penchante, Dormoït an bruit flatteur de fon onde naiffanté. à Ce fleuve eft profond , rapide, & a fon fond d'un sroseravier, mêlé de cailloux. Ileft fort bifarre dans {es débordemens , & fa navigation eft dificile, tant à caufe de fa rapidité, que des coupures qu'il fait dans fon éours , où on voit un grand nombre d’ia les, couvertes de broufläiiles , très-pénibles à péné= trer: 1 … Il foule qüelques paillettes d’or dans fon fable,que les habitans des îles du Rheïr vont chercher après fes débordemens. Les feigneurs. limitrophes afferment ce droit, ainfi que celui de la pêche du poïffon, qui eit abondant dans ce fleuve. | À Il donne fon nom à deux cercles de l'empire, qu font le cercle du haws- Rhoiïn & lé cercle du Z4s: Rhen, On appelle auf fimplement le Laur-Rhein, 8 le bas-Rheïn, les endroits de ce fleuve qui répondent à ces deux cercles. | | Le cours du Rhe72 eft aujourd’hui beaucoup mieux connu qu'il ne l’étoit du tems de Céfar ; mais comme il feroit trop long d'en faire ici la defcription , atten: du les différens territoires qui le baignent, je me con- tenterai de dire qu’il fépare la Suabe de l’Alface, ar- rofe le cercle du Aaur-Rhein, & celui de Weftpha= lie. Il fe partage enfuite en deux branches, dont la gauche s'appelle le J’ahal , &e la droite conferve le nom de Rheër. À huit lieues au-deffous d’Atnheim , il fe fépare encore en deux branches ; la principale prend le nom de Leck, &c fe joïnt à la Meufe ; l’autre qui conferve fon nom, mais qui n’eft plus qu’un ruif eau , fe perd dans l'Océan , au. deffous de Leyde ; ainfi finit l'empire romain, réduit aux fauxbourgs de Conftantinople ! an Furius avoit décrit les fourçes du Rheix dans quel: 218 cæussmins de fes poëmes, mais 1l en avoit donnéune ‘ À = 3 ‘fr laide peinture, qu'Horace dit que ce poëte avoit “Fait au dieu de-ce fleuve, une tête de boue , #ffingrt “Rheni luteum caput , Comme un potier qui s’aviie- ‘oit de former srofierement une tête d'homme avec -de l'argile. Diféngere eft la même chofe que frgere, “8 convient fort bien avec dutem caput. Le nom de cefleuve dans la langue celtique , f- “nifoit pur, &c lui fut donné, à caufe que les Cel- ‘tes fuperflitieux employoient fes eaux pour faire des “épreuves de la chafteté, comme il paroit par une an- “cienne épigramme grecque, & par un diftique de S. ‘Grésoire de Naziance. La figure de ce fleuve fe trouve fouvent fur les ‘médailles, comme dans celles de Julien , des deux Pofthumes, tyrans des Gaules, avec l’infeription pa- lus provinciarum. (Le chevalier DE JAUCOUR T.) RHEINAW oz RHINAW , (Géog. mod.) en latin Augia Rhéni, petite ville de Suifle, dans le Turgaw, ur la gauche du Rhein , à 2 lieues au-deflous de Schaffouze. C’étoit du tems des Romains une place importante , dont ils fe fervoient pour arrêter les -courfes des Germains. El y a aujourd'hui une abbaye -de bénédiins, fondée environ l'an 800, dont l’abbé eft feigneur de la ville , fousla fouveraineté des can- *ons ; une partie des habitans font réformés, & les autres font cathohaues. Long. 26, 16. latit. 47. 47. {2.3.) RHEINBERG , (Géog. mod.) ville fortifiée d’Alle- “magne , dans l'électorat de Cologne , à 8 milles au mord-oueft de cette vilie, fur le Rhein , & pres du comté de Mœurs. Le roi de Pruffe s’en rendit mat- tre en 1703, mais elle eft revenue à lélecteur de Cologne, par le traité de paix de Raïftad en 1714. Long, 24,16. lar. 51:28: (D. J.) ‘ RHEINECK., ( Géog. mod.) 1°. ou RHEINEGG ; ville de Suiffe, capitale de Rheinthal , fur le Rhein, à l'endroit où ce fleuve entre dans:le lac de Conftan- ce. Elle eft munie d’un bon château, où refide le baïlli que les Cantons y envoyent. Logis. 27. 30. LT RS 2°, Rheineck on Rhineck , eft une petite ville d’AI- Îemagne, dans l’archevêché de Cologne , entre Bi- fach & Andernach, furle bord.du Rhein.*Lonp. 25. 15. lat, 49. 6. (Dal) HEINFELDEN , (Géog. mod. ) ville d’Aflema- gne, dans le cercle de Suabe , & la plus importante des quatre villes foreftieres,, fur la gauche du Rhein, qu'on y pafle fur un pont, à 9 lieues au fud-oueft de Fribourg, & à 3 au levant de Bafle. En 1638, al y eut près de cette ville deux aétions, dans une def- quelles le duc de Rohan fut blefié à mort. En 1744, les François prirent Rochefelden , &c ruinerent Le fort quida défendoit. Long. 25. 26. lat. 47. 43. Eygs (Richard) jéfuite, né à Rhesnfelden en 1627, a donné quelques poéfies latines , facrées & profa- nes , dont les principales font fes comica varii generis. fl mourut en 1659, à trente-huit ans. (D. J.) RHEINFELS, (Géog mod.) château d'Allemagne, dans le cercle du haut Rhein, au comté de même nom , fur la droite du Rheïn , entre Bingen au midi, &z Coblentz au nord ; c’eft la réfidence ordinaire du landgrave de ce nom. Ce-château fut bâri en 1245, &c fert de citadelle à $. Gower, qui eft à fon voif- nage. Long. 23, 20. lat. 50% 5.(D.J.) RHEINGRAVE, £ m. (Æif. German.) ce mot f- gnifie comte du Rhein; c’eit le noim qu'ont pris au- trefoisles gouverneurs quel’empereurenvoyoitavec cetitre dans les villes ou les provinces , & qui par fucceffonde tems, s’en font rendus {eigneurs & pro- prictaires. Voyez BURGRAVE , LANDGRAVE , &c. (2.3) RHEINGRAVE , Î.f. (Hi/?. des modes.) onnommoit rheingrave dans le dernier fecle, une culotte ou-haut- de-chaulle fort ample , attachée au bas avec des ru bans , & ayant à la ceinture des aipuillettes qui fur- pañloient dans des œillets, (2.7) . | RHEINLAND , ( Géog. mod. ) en latin Rhenolar- dia, On nomme ainfi cette partie de la fud-Hollande jui fe porte affez loin des deux côtés du Rheïn, fur- tout du côté du nord, & dont Leyde eft la ville ca-. pitale, On y trouve encore une autre ville confidé- rable qui eff Harlem. Ce pays s'étend en longueur dunord au fud, depuis le Keñnemerland êc l'Ve juf- qu'au Delfeland & au Schieland ; & fa largeur fe prend depuis l'Océan germanique, ou la mer du notd qui le baigne à l’occident, jufqu’à l’Amfteland, & jufqu'aux terres de la feigneurie d'Utrecht, auile bornent à lorient, Wisher a donné la meilleure carte que lon ait du Rheïnland, (D. I.) à | REEINTHAL LE, ( Géog. mod. ) C'eft-à-dire, Ze val du Rhein, vallée de la Suifle longue d'environ fix lieues , le long du Rhein, mais étroite, &c qui s'étend depuis la baronnie d’Alt-Sax jufqu’au lac de Conftance, étant bornée à l'oueft par le canton d’'Appenzel. On divife cette vallée en haute & bañle; elle contient plufieuts villages êcles deux petites vil- les d’Aïtftetten & de Rheineck. On y recueille de bons vins , & on y commerce ençore entoiles & en lins. Le Rhcrnthal dépend des huit anciens cantons, &c de celui d’Appenzel. Les droits feigneuriaux fe partagent entre ces cantons & l'abbé de S. Gal. Les neuf cantons y envoyent tour-à-tour un bailli qui réfide à Rheineck, & qui n’eft en office que pen: .dant deux ans. Quoique le Rhefzral foit, pour la plus grande partie , de la religion réformée, l’abbé en a cependant le patronat, c'eft-à-dire, que les églifes élifent deux pafteurs qu’elles préfentent à l’abbé, & il choïfit celui des deux qu'il lui plait.“ (CEE RHEIN WALD, ( Géog. mod. ) en latin rherana vallis, grande vallée au pays des Grifons, dans la ligne haute. Cette vallée s'étend depuis celle de Schams au nord, juiqu’à la fource du haut-Rhein. C’eft là que le mont de lOifeau, Vogelbers, en ita: lien Core dell” Ucello, autrement dit S. Bernardin, eft couverte de glaces éternelles, ou glaciers de 2 lieues de longueur, d’où fortent divers ruifleaux qui {e jettent dans un lit profond. à ne Les montagnes qui s’élevent au-deflus du Rher- wald , font fi rudes qu’elles ne fervent qu’au pâtu- rage de quantité de troupeaux dans les Grifons , & des brebis qu’on y mene d’Italie, à la fin des gran- des chaleurs de l'été , ce qui vaut aux peuples de la ligne haute environ deux cens mille écus par an. Les bergers bergamafques qui païfient ces brebis, meneñt une vie dure & forterofhere. Leur nourritu- re eft de la farine de mil, cuite à l’eau fans fel & fans beurre. Leurs cabanes font quelques rochers umis , couverts d’un toit tranfparent. Leur mtatelat eft du vieux foin; leur oteiller un morceau de bois, &leur couverture une mauvaife houflé de cheval. Mais vous qui êtes rongés de foucis dans vos palais dorés,’ vous, qui faites confifter le bonheur dans la molette, vous ; . Qui confondez avec la brute Ce beroer couché dans fa hute, Au feul infhinit prefque réduir, Parlez : quel eft le moins barbare D une raifon qui vous égare ,. _ Onde l'inflint qui le conduit ? (2.7) | | RHEMI , (Géog. anc. ) peuple de la Gaule beloi- que , fous Augufte, Ce peuple renfermoit les diocè {es de Rheims , de Châlons & de Laon. Leurs villes principales ét oïént 1°. Durocortorum où Durocortum ou Daricortor a ;'aujourd’hui Rens ; 2°. la Bibrax de k . Célr, ER TI À Céfar, fur lequel il y a tant de différens fentimens ; car les uns prétendent que c’eft Brefne où Braifie en Réthelois ; & d’autres, comme Samfon > Ffines ; 3°. Duronum , Doren en Thiérache, village ; 4°, La dunum, lurnommé Clavarm aujourd’hui Laon.L’évé. ché de Châlons avoit pour villes, Carz/aunum , Cha- lons-fur-Marne & Fiéoriacum Vitri-le-brülé. (D.T.) RHEMIENS , (ÆXf£ ancienne. ) Rhemi, peuple de le Gaule qui du tems de Céfar habitoient la païtie de la Champagne où eft la ville de Rheïmg. RHEMOBOTE , { m. ( Hif?. eccléf. ) efpece de faux religieux qui parurent au quatrieme fiecle. Ils habitoient deux ou trois enfemble, vivoient à leur fantaifie , couroient les villes & les campagnes, af- fetloient de porter de grandes manches , de larges fouliers & un habit grotlier , difputoient fur l’obfer- vance de leurs jeûnes, médifoient des eccléfiafti- ques, & s’enivroient Les jours de fêtes. S. Jérôme les appelle rhémobotes | & Caflien Jarabafles, Voyez SARABASTES, RHÉNÉ, voïfinage de celle de Délos ; elle fe trouve auf nommée Rhenia , Rhenca, Rhenis, Rhenius & Rhe- naca. C'étoit le cimetiere des habitans de l'ile de Dé- los; car il n’étoit pas permis d’enterrer les morts dans une île facrée. Elle étoit déferte , & fi proche de Délos , que felon Thucydide, 2. ZI. p. 242, Po- lycrate, tyran de Samos , s'étant emparé de cette île , la joignit à celle de Délos par le moyen d’une chaine, & la confacra À Apollon Délien. Plutarque, 22 Micié, en racontant la maonificence ë la dévotion de Nicias, dit: « avant lui , les chœurs » de mufique queles villes envoyoient à Délos pour # Chanter des hymnes & des cantiques à Apollon , # arrivOient d'ordinaire avec beaucoup de défordre, # parce que les habitans de l’île accourant fur le ri- # Vageau-devantdu vaifleau , n’attendoient pas qu’ils » fuffent defcendus à terre , mais poufiés par leur * impatience , ils les prefloient de chanter en dé- * barquant: Ainfi ces pauvres muficiens étoient for- »# cés de chanter dans le tems même qu'ils fe cou- # ronnoïent de leurs chapeaux de fleurs , & qu'ils # prenoïent leurs habits de cérémonie, ce qui ne * pouvoit fe faire qu'avec beaucoup d’indécence & » de confufion. » Quand Nicias ent l’honneur de conduire cette # pompe facrée appellée Théorie, il fe garda bien * d'aller aborder À Délos; mais pour éviter cet in- * convément, il alla defcendre dans l'île de Rkéné à * ayant avec fon chœur de muficiens, les vidimes _» pour le facrifice, & tous les autres préparatifs # pour la fête; il avoit amené un pont qu'il avoit * eu la précaution de faire conftruire à Athènes sea * la mefure de la laroeur du canal qui fépare l’île de # Rhéré de celle de Délos. Ce pont étoit d’une * iapmfcence extraordinaire, orné de dorures » # de beaux tableaux & de riches tapifleries, Nicias # le fit jetter [a nuit fur le canal, & le lendemain * au point du jour, il ft pañfer toute fa proceffion # CTies mufciens fuperbement parés, quien mar- # chant en bel ordre & avec décence , remplifloient » l'air de leurs cantiques. Dans cette belle ordon- * nance, 1l arriva au temple d’Apollon. (D. J.) RHENEN , ( Géos. mod. ) ville ancienne des Pays-bas, dans la provinee d’Utrecht , à 4 milles de Cette ville ,fur le Rhein.Zon, 22. 58, Lar. 52.(D.J.) RHENONES, L m. ( Anrig. german. ) efpece de Manteau des Germaïins qui leur couvroit les épaules & la poitrine jufqu’au milieu du corps, Ce manteau ou cétte fourure étoit.de peaux d’animaux dont on mettoit le long poil en-dehors pour fe garantir da- Vantage contre la pluie. (D. J.) RHENUS, ( Géog. anc.) fleuve de la Flaminie, chez les Boiens, felon Pline, 4 ZE, c, xv], qui dans Tome XIP, ( Géog. anc. ) Île de la mer Égée, au” RHE 249 un autre endroit le nomme Rens bononienfis. Silius frabcus, 4 XVI, c. xxx. pour le diflinguer du Rhein , qui a fa fource chez les Grifons , lui donne \ Pépithete de peris, «+ «+ « .« parvique Bononia Rheni. Le nom moderne de ce fleuve eft Reno. (2.7. RHERIGONIUS siNvs, ( Géog. arc. ) golphe de là Grande-Bretagne , fur la côte feptentrionale de Pile. Ptolomée , Z. FIL. le marque entre les pro. montoires Novanium & Epidium ; mais la partie {ep- tentrionale de fa carte de l’île d’Albion, eft { mal diri- gée, qu'on ne fait quel golfe ce doit être aujoutd’hui. RHESAN , (Géog. m0.) ville de l'empire rufien, au duché du même nom, fur la riviere d'Occa > à 60 lieues au fud-eft de Mofcow, & à 8 au levant de Pereflaw-Refanskoy. Les Tartares de Crimée ruine. rent prefque entierement cette ville en x 568, &elle e s’eft pas rétablie depuis ce tems-là, Long, Go. 10. latit. 54. 58. ( D.J.) RHESAN , ( Géog. mod.) ou Rhéyati, province & duché de l’empire ruffien , qui a 300 werites du midi au nord, & autant du levant au couchant. La riviere d’Occa la fépare au nord , du duché de Mo&ow » Ni= f-Novogrod eft à fon midi. Onla divife en partie mé- ridionale & feptentrionale, Celle-ci dépend de Mof- cow, &t l’autre du gouvernement de Woronetz. C’eft un pays peuplé & très-fertile en grains, miel & cire. Peterlaw-Refanskoy eftaujourd’huila capitale. (D.J.) RHESCYNTHIUS moxs, ( Géog. anc. ) mon- tagne de la Thrace, qui avoit fait donner à Junon le furnoin de rheféynchienne, (D, J.) RHÉTEUR , L m,( Bulles-leures.) nom que l’on donnoït autrefois à ceux quifaifoient profeffion d’en- feigner l’éloquence , & qui en ont laiflé des pré- ceptes, Quintilien, dans le ii. livre de fes inftitu- tions oratoires , a fait un aflez long dénombrement des anciens rhéreurs tant grecs que latins. Les plus connus font , parmi les Grecs »Empedocle, Corax, Tifas, Platon , qui dans fes dialogues, & furtout dans le Phedre & dans le Gorgias , a femé tant de réflexions folides fur léloquence ; Ariftote, à qui l’on eft redevable de cetre belle rhétorique divifée en trois livres où l’on ne fait ce qu’on doit admirer le plus de l’ordre & de la jufteffe des préceptes ou de la profonde connoïffänce du cœur humain qui paroit dans ce que l’auteur dit des mœurs & des paññons,De- nys d’Halycarnafle, Hermogene, Aphtonius , Lon- gin, & parmi les latins, Photius , Gallus , Ciceron, Seneque le pere , & Quintilien {e font le plus diftin- guer. Parmi les peres de l’Eglife, nous en avons plu- fieurs qui ont enfeigné la rhétorique , tels que S. Cyprien , $. Grégoire de Naziance, S. Aupguftin. Les PP. Jouvenci & de Colonia, & MM. Rollin & Gi- bert ont brillé parmi les rhéreurs modernes. RHETICO, (Géog. anc.) Pomponius Mela, Z IIT. c. y. dit que le Rherico & le Torus où Taurus {ont les plus hautes montagnes que l’on connoïfle, Ortelius prétend que Rherico eft une montapne de la Suifle , &t qu'on la nomme Prettigouwerberg. (D. J. RHÉTIE , ( Géog. anc. ) Rhætia, contrée d’Euro- pe, dans les Alpes ; elle s’étendoit en-deçà & au- delà de ces montagnes , felon Strabon & Pline, Les habitans de cette contrée font connus fous le nom de Rheœïr, Ts étoient originaires de la Tofcane; ils alle- rents’établir dans les Alpes fous la conduite de R4e- ts, Ôt ils s’appellerent Rhær: du nom de leur chef. La Rhérie peut être confidérée comme difinde & féparée de la Vindélicie, où comme une province compofée de la Æhézie propre & de la Vindélicie. Loriqu’on établit une nouvelle divifion des provin- ces, la Réëére propre fut appellée premiere Rhérie, & on nomma la Vindélicie /éconde Rhétie. Coire, felon Velfer, fut capirale de la premiere, & Auf. bourg , la capitale de la derniere. æ À 259 RHE _ Les bornes de la Rhéris propre prenoïent depuis le Rhein jufqw'aux Alpes noriques. C’étoit la lon- oueur de cette contrée ; fa largeur étoit depuis FI- talie jufqu'à la Vindélicie. Pline met plufieurs peu- ples dans la Rhésie, mais dont les noms nous fontin- connus. (D, J. RHÉTIENNES azpes /és, ( Géog. anc. ) les alpes rhétiennes font proprement les alpes du Tirol. La Rhé- tie & la Vindélicie occupoient fous le nom de Rhæ- tia prima & fecunda , une partie de l’ancienne Iilyrie ccidentale. La premiere s’étendoit entre le lac de Corftance & le Leck, & la feconde , entre le Leck & l’Inn. Les Rhétiens étoient origmairement des tofcaus , qui ayant été chaffés de leur pays par les Gaulois , furent conduits par leur général Khétus au- delà des Alpes où ils s’établrent. (D.J.) . RHÉTIENS 07 RHŒTIENS, {. m. pl. (Æ:f. arc.) ancien peuple de Germanie qui habitoit le pays qu- occupent aujourd’hui les Grifons. Il s’étendoit du tems des Romains, jufqu’à la Souabe, la Baviere & l'Autriche, c'eftà-dire ; jufqu’au pays des N OfICIENS: RHÉTORICIEN , fm. (Gram.) terme de l'école ; Il fe dit du profefleur qui montre la rhétorique ; & de l’écolier qui Papprend ; mais plus communément de ce dernier. Voyez RHÉTORIQUE. RHÉTORIENS, £. m. ( Hiff.ecclef.) feëête d’héré- tiques qui s’éleverent en Egypte dans le iv fiecle, & prirent ce nom de Rhétorius leur chef ; leur doc- trine, felon Philaftre, étoit compofée de toutes les héréfies quiles avoient précédés, & ils enfeignoient qu’elles étoient toutes également foutenables; mais on penfe communèement que Philaftre leur a attribué cette tolérance univerfelle , & qu'ils avoient quel- ques dogmes particuliers & diftinétifs , quoiqu’on ne les connoifle pas. (4) RHÉTORIQUE,, £ f. (Belles-lertres. ) art de parler fur quelque fujet que ce foit avec éloquence êt avec force. D’autresla définiflent l’art de bien parler,ars bene dicendi ; mais comme le remarque le P. Lami dans la préface de fa rhétorique , 1l fuffit de la définir l’art de parler ; car le mot rhétorique n’a point d'autre idee dans la langue grecque d’où il eft emprunté, finon ue c’eft l’art de dire‘ou de parler. 11 n’eft pas nécef- ie d'ajouter que c’eft l’art de bien parler pour per- fuader ; ileft vrai que nous ne parlons que pour faire entrer dans nos fentimens ceux qui nous écoutent ; mais puifqul ne faut point d’art pour mal faire, &c que c’efttoujours pour aller à fes fins qu'on l’emploie, le mot d’ers dit fufifamment tout ce qu’on vouloit dire de plus. Ce mot vient du grec purepen, qui eft formé de pew, dico, je parle , d’où l’on a fait purep, orateur. Si l’on en croit le même auteur, la rhétorique ef d’un ufage fort étendu , elle renferme tout ce qu’on appelle en françois belles-lertres | en latin & en grec philologie ; favoir les belles-lettres , ajoute-t-l, c’eft favoir parier, ecrire, ou juger de ceux qui écrivent; or cela eft fort étendu ; car l’hiffoire n’eft belle & agréable que lorfqu’elle eft bien écrite; 1l n’y a point de livre qu'on ne life avec plaifir quand Îe ftyle en eft beau. Dans la philofophie même, quelque auftere qu’elle foit, on veut de la politefle, & ce n’eft pas fans raifon ; car l’éloquence eff dans les fciences ce que lé foleil eft au monde ; les fciences ne font que ténebres, fi ceux qui les traitent ne favent pas écrire. L’ait de parler eft également utile aux philofophes ëc aux mathématiciens ; la théologie en a befoin, puuf- qu’elle ne peut expliquer les vérités fpirituelles, qui {ont fon objet, qu’en les revêtant de paroles fenfibles, En un mot, ce même art peut donner de gtandes ou- vertures pour l’étude de toutes leslangues , pour les parler purement & poliment, pour en découvrir le sénie & la beauté; car quand on a bien connu ce qu'il faut faire pour exprimer fes penfées , &c les dif- RHE férens moyens que la nature donne pourle faire, on a une connoïflance générale de toutes les langues qu'il eft facile d'appliquer en particulier à celle qu'on voudra apprendre, Préface de la réthoriquedu P. Lami, pags 12, 13, É14. | Le chancelier Bacon définit très-philofophique- ment la rhétorique , Vart d'appliquer & d’adrefler les préceptes de la raïfon à l'imagination , & de les ren- dre f frappans pour elle, que la volonté &z les defirs en foient affeûtés. La fin ou lé but de la rhererique , felon la remarque du même auteur; eft de remplir l’imagination d'idées & d'images vives qui puiflent aider la nature fans l’accabler. Voyez IMAGE 6: Ima- GINATION. | Ariftote définit la rhérorique , un art ou une faculté qui confidere en chaque fujet ce qui eft capable de perfuader. Arift. rhétorig. Liv. L ch. 2. & Voflius la définit de même après ce philofophe, l’art de décou- vrir dans chaque fujet ce qu'il peut fournir pour la perfuafion. Or chaque auteur doit chercher &c trou- ver des argumens qui faffent valoir le plus qu'ilef poffble la matiere qu'il traite ; il doit enfuite difpo- ler ces argumens entr’eux dans la place qui leur con- vient à chacun, les embellir de tous les ornemens du * langage dont ils font fufceptibles, & enfin f le dif cours doit être débité en pubhc , le prononcer avec toute la décenice & la force la plus capable de frap- per l'auditeur. De-là on a divifé la rhétorique en qua- tre parties , favoir l’invention, la difpofition , lélo- Cution, & la prononciation. Voyez INVENTION, DisrosiTionN, Éc. La rhétorique eft à l'éloquence ce que la théorie eft à Ja pratique, ou comme la poétique eft à la poé- fie, Le rhéteur prefcrit des regles d’éloquence , l’o- rateur ou l'homme éloquent fait ufage de ces regles pour bien parler ; auf la rhétorique eft-elle appellée l'art de parler , & fes regles, regles d'eloquence. ILeft vrai, dit Quintiien, que fans le fecours de la nature, ces préceptes ou regles ne font d'aucun ufage ; mais il eft vrai aufli qu'ils Paident & la fer- tifient beaucoup , en lui fervant de guides ; ces pré- ceptesne font autre chofe que des obfervations qu'on a faites fur ce qu'il y avoit de beau ou de défeétuieux dans les difcours qu’on entendoit ; car comme le dit fort bien Ciceron, l’éloquence n’eft point née de l’art , mais l’art eft né de l’éloquence; ces réflexions miles par ordre, ont formé ce qu’on appelle rhére- rique. Quintil. 7 Proem, L. Æ. Cicer. 1. de orar. n°.1464 RHÉTORIQUE , {. f. rerme d'école, c’eft la claîle où l’on enfeigne aux jeunes gens les préceptes de l’art oratoire. On fait la réchorique avant la philofophie, c’eft-à-dire qu’on apprend à être éloquent , avant que d’avoir appris aucune chofe, & à bien dire, avant que defavoir raïfonner. Si jamais Péloquence devient de quelque importance dans la focieté, par le changement de la forme du gouvernement, on fenverfera l’ordre des deux clafles appellées rhérors- que & philo{ophre. RHETRA, L£ ( Litrérar.) le mot rhera figniñe dits , & c’eft ainf qu’on nommoit par excellence les oracles d’Apollon. Les Latins les appelloient auf ditla. Lycurgue donna la même: dénomination à {es propres ordonnances, pour rendre fes lois plus vÉ- nérables, & parce que d’ailleurselles n’étoient point écrites. (D. J.) RHEXIA , £f. (Botan.) genre de plante, dont voici les cara@teres. Le calice de la fleur eff mone- pétale, de forme oblongue , tubulaire, large dans le fond, & divifée en quatre fegmens par Le haut ; 4l fubfifte après la chute de la fleur; elle eft formée de quatre pétales arrondis qui demeurent épanouis ÊT attachés au calice ; les étamines font huit filets ca- pillaires plus longs que le calice, auquel ils font #- xés, & fe terminent par des boffettes longues ëc pen- . . \ dates ; le gérmée du piftil eft arrondi , le Hile 'eft fimple & a li longueur des étamines ; le file du pif til eft obrus , la capfule contenue dans le centre du calice, eit compofée de quatre valvules , & con- tient quatre loges pleines de femences atrondies ; dans quelques efpeces de ce genre de plante , le ca- lice eft life & uni, dans d’autres il a quelques filets chevelus rangés en maniere d'étoile. Linæus NC plant. p.161. Plukenet, Gronovius. (D. J) RHEXIS ox RHEGMA, f, f. rerme de Chirurgie, dérivé du grec, qui fignifie rupéure, & que les ocu+ liftes ont employé pour défigner l'œil crevé ou rompu ; cet accident eft l'effet d’une plaie ou d’un Coup violent qui en déchirant le globe de l'œil, cau- fe l'écoulement des humeurs qui y font contenues, La chirurgie, dans un casfitrifte, ne peut que re- médier aux défordres qui accompagnent ou qui {ui- vent cette bleffure ; calmer l’inflammation , appaïfer la douleur, refoudre le fang extravafé , procurer la fuppuration des membranes coupées , dechirées, ou contufes , mondifier enfuite & cicatrifer l’ulcere ; voilà à quoi le chirurgien doit s'occuper, & tels font les objets de fes foins. Les faignées , le régime, & les lotions émollien- tes réfolutives , préviendront l’inflammation , cal- meront celle qui feroit furvenue , & appaiferont la douleur. Les auteurs recommandent le fang de pi- geon coulé dans l’œil, comme un excellent remede ; je n’en ai jamais vu que de mauvais effets; le lait dans lequel on a faitinfufer du fafran, donneunre- méde très-adouciflant & calmant ; pour faire fuppu- rer la cornée , on en touche la plaie avec la frange d’une plume trempée dans du lait defemme , dans le- quel on a délayé un jaune d’œuf frais ayecun peu de fafran; lorfque l’inflammation eft diminuée , on met en ufage pour refoudre le fang extravalé , des com- prefles appliquées chaudement fur tout l'œil & les parties voifines , 8 trempée dans une décottion d’ab{ynthe , d'hyflope , de camomille & de melilot, faite dans le vin ; fi la quantité du fang extravalé fai- foit craindre fa corruption, on employeroit l’efprit de vin camphré ; lorfque la fuppuration diminue & qu'il eft queftion de pafler des remedes dont nous avons parlé plus haut pour lafavorifer , aux cicatri- fans, on fe fert des collyres fecs dont nous avons par- I pour les ulceres de l'œil. Voyez ARGEMON. (F7) RHIGIA , (Géog. anc. ) ville de l'Hibernie ; elle eftplacée par Ptolomée Zy. IL. c. if. dans la partie orientale de l’île, mais dans les terres près de Rhce- ba. Le même auteur place dans le même quartier , une autre ville qu’il nomme Rhygia alrera > & il la marque entre Macolicum & Dunum, Mercâtor don- ne préfentement à cette derniere le nom de Limburg ; êt Cambden veut que ce lieu foit appellé Regis dans la vie de S. Patrice , & que ce foit ce qu’on appelle communément Z purgatoire de S. Patrice. (D, J.). RHIGODUNUM, ( Géog. anc. ) ville de la gran- de Bretagne. Ptolomée Z. II. c. ii. la donne aux Bri- gantes, & la place entre [furium & Olicana. On croit que c’eft préfentement Rippon. (D. J 7 RHIN , £.m. (Mychol.) Les anciens Gaulois ho- noroiïent ce fleuve comme une divinité, On dit que lorfqu’ils foupçonnoient la fidélité de leurs femmes , ils les obligeoient d’expofer fur le Rkin les enfans dont 1ls ne fe croyoient pas les peres, & fi l’enfant alloit au fond de l’eau, la mere étoit cenfée adulte- re ; fi au contraire il furnageoit , le mari perfuadé de la chafteté de fon époufe , lui rendoit fa confiance & fon amour. L'empereur Julien de quinous apprenons ce fait, ajoute que ce fleuve vengeoit fouvent par fon difcernement injure qu’on ie à la pureté du lit conjugal. (D. J.) qu RHIN , le (Géog. mod.) le grand fleuve qui prend fes fources dans la Suife, aux monts $. Gothard, Tome XIF, R HI a5f $, Barñabe, & S. Berhardif » doit s'écrire Reis, Voyez RHEIN. Mais of connoit une petite riviere d'Allemagne, qui s’appelle & s'écrit le Rhin : cette riviere a fa » ource aux confins du Mecklenbours ; elle trayerfe le comté de Ruppin, & finit par fe perdre dansElavel, RHINANTUS , f. m. ( Boran.) genre de plante ainfi nommé par Linnæus, & dont voici les Caracs teres. Le calice particulier de la fleur eft arrondi Jun peu comprimé, & compolé d’une feule feuille divi= fée en quatre quartiers à l'extrémité, Ce calice fub= fifte & ne tombe qu'avec la fleur. La fleur eft du genre des labiées , & monopétale ; fon tube eft de la longueur du calice , ouvert dans les bords , & coms primé à la bafe ; la levre fupérieure eft découpée & étroite ; la levre inférieure eft large , applatie, ob- tufe , légérement découpée en trois feomens, dont celui du milieu eft un peu plus large que les autres, Les étamines font quatre filets de la lonoueur de la levre fupérieure de la fleur fous laquelle ils font ca- chés. Les boffettes des étamines font chevelues , & fendues en deux. Le germe du pifil eft ovale & com: primé ; le ftile eft fort délié, & a au moins la lon- gueur des étamines ; Le ftyomat eft obtus & pendant. Le fruit eft une capfule droite, orbiculaire , un peu applatie, compofée de deux battans, & partagée en deux loges. Les femences font nombreufes, plates , & fortent à l'ouverture de la caplule dans Les côtés, Linnæi, ge. plant, p. 282. (D. J.) | RHINOCEROS , f. m. (Hp. rat. Ornith.) corvus indicus cornutus ; oifeau des Indes auquel on à donné le nom dé rhinoceros , parce qu’il a le bec conformé de façon qu’il femble être compofé de deux becs, dont un eft relevé en haut en maniere de corne. Il a plufieurs efpeces de rhinoceros À en juger par les ee Willughbi adonné {a figure de trois becs de ka zoceros , quÂont très-différens les uns des autres par leur forme, On ne connoît de cet oïifeau que le bec; c’eff la feule partie que les voyageurs atentapportée, RHINOCEROS , PI. I. fig. 2. CAS. nat, Zoolog.) animal quadrupede qui a environ fix piés de hauteur depuis terre jufqu’au-deffus du dos » douze piés de longueur depuis le bout du mufeau jufqu’à la queue, & douze piés de circonférence à l'endroit le plus gros du corps. Sa peau eft d’un gris tirant fur le noir, comme celle des éléphans , mais plus rude & plus épaile ; elle eft trés-raboteufe, & couverte de pe- tites éminences par-tout, excepté au col & à la tête; elle forme de grands plis au col, fur le dos > aux CÔ- tés & aux jambes; il n’y a de poils qu'aux oreilles & à la queue. Les yeux font très-petits; les oreilles ref. femblent à celles d’un cochon; la levre fupérieure eft plus longue que l'inférieure, & pointue ; Panimal l'alonge &c la raccourcit à fon gré; il s’en fert comme d’un doit pour tirer le foin du ratelier, & pour brou- ter l’herbe ; le nez forme avec cette levre une forte de groin, Auffi a-t-on dit que le rhinoceros reflembloit à l'extérieur en partie au fanglier, & en partie au taureau ; 1l a une corne fur le nez, & quelquefois deux , felon plufeurs auteurs; la corne eft placée entre les narines & les yeux; l'animal s’en fert com. me le fanglier de fes défenfes. La queue n’a que deux piés de longueur ; les piés du rhinoceros ont chacun trois doigts ongulés; c’eft-à-dire terminés pat des fabots & non par des ongles, Le rhizoceros devient fi. rieux lorfqu’il eft irrité ; il a aflez de force pour fe battre contre l'éléphant, I] court très-vite ) Mais tou- Jours en droite ligne comme le fanglier; on l’évite ai. fément en s’écartant à droite ou À gauche, On trouve dés rkinoceros dans les deferts de l'Afrique &c dansles royaumes de Bengale 8 de Patane en Afie. On dit qu'il a deux langues, ou plñtôt une langue double, dont une partie lui fert à manger, & l'autre > àla déglutition, Voyez QuADRUPEDE, lif 252 R HI RaiNocERrOS , ( Hifi. nat. Infeitolog.) infe@te du genre des fcarabés, auquel on a donne ce nom, parce qu'il a une corne fur la tête. Linnæus en dif- tingue trois efpeces. Voyez INSECTE. RHINOCOLURA , ( Géogr. anc.) ce terme figni- fie les rarines coupées, parce que les anciens habi- tans de cette ville furent ainfi mutilés. Diodore de Sicile, Z. JL. c. /x. raconte la chofe de cette forte. A&i- farus , roi d'Ethiopie, voulant purger fon royaume des voleurs qui le défoloient, & ne voulant pas toute- fois les faire mourir, en amafla tant qu'il put, leur fit couper le nez , & les relégua dans un lieu défert & ftérile , où ils bâtirent une ville, qui à caufe de leurs nez coupés, fut nommée Rkinocolure, Il y a près de Rhinocolure une riviere que plufeurs ont prife pour le fleuve d'Egypte. Mais nous croyons que le fleuve d'Egypte n’eft autre que le Nil, êc que le: torrent qui coule près de Rhnocolure eft attribué quelquefois à la Syrie & à la Paleftine , dont en effet elle faifoit partie anciennement; & quelquefois à l'Egypte , dont elle dépendit dans la fuite. Son évé- que étoit fuffragant de Pérufe. (D. J.) 7 RHINOCOLUSTÉS, adj. (Lirtérat.) c’eftà-dire coupeur de nez, de pie, pivoc ; nez, &t dé reve, 7e coupe. Ce furnom fut donné à Hercule, lorfqu'l fit couper le nez aux héraults des Orchomeniens, qui oferent en fa préfence demander le tribut aux Thé- bains. Il avoit une ftatue fous ce nom en pleine cam- pagne près de Thèbes. (D. J.) _ RHINOW , (Géopr.mod.) perite ville d'Allemagne dans la moyenne Marche de Brandebourg, fur la rive méridionale de la riviere du Rhein ,un peu au deflus de l’embouchure de cette riviere dans le Havel, RHIPHÉES , Monts Les ( Géogr. anc.) Rhipæi, ou Rhiphei montes, montagnes de la Sarmatie. La premiere ortographe eft fuivie pat les Grecs, &c la feconde par les Latins. Il y en a qui confondent les monts Rhiphées avec les monts Hyperboréens, Virgile les diftingue , Geor. L, III. v. 381. Talis Hyperboreo feptem fubjeta Triont - Gens effrena virém Riphæo wnditur Euro. Cellarius juge que l’on doit placer les zzonts Rhi- phées dans la Ruflie, & les monts Hyperborées au- delà du cercle Arétique. Il faut convenir que Les anciens n’ont jamais connu les monts Rhiphées dont ils parloient tant, & derriere lefquels ils {e figuroient le pays des Hyperboréens ; car les uns confondoient ces monts avec les Alpes, les autres les faifoient partie du mont Caucafe , d’au- tres les croyoïent près du Boriftkène , d’autres à la fource du T'anais, & quelques-uns comune Strabon, les traitoient de chimere. Je ne fais pas fi nous les connoiïffons beaucoup ieux ; d’un côté le P. Hardouin fur cet endroit de Pline. où il place les Hyperboréens , porè Rhiphæos montes w/traque aquilonem , dit que les wonts Rhi- phées font prefque au centre de la Ruflie vers les four- ces du Tanaïs, entre le Volga & le Tanais même, oule Don , comme on l’appelle aujourd’hui. D’un autre côté, fi jen crois quelques géographes, 1liwy a point de montagnes à la fource du Tanaïs. D’autres placent les monts Rhiphées vers PObr & dans la Sibé- tie, confidérant qu’on n’en trouve point de remar- quables dans le refte de la Ruffe. Enfin d’autres croient que les monts Khiphées & Les monts Hyper- boréens étoient une chaine du mont Taurus, quicom- mence dans les extrémités méridionales de PAfie mineure qu'il traverfe , s'étend jufqu’aux extrémités de notre continent, en tirant vers le nord & le nord- eft ,en changeant fouvent de nom, &e prenant fuc- ceflivement ceux d’/mais, d’Emodus, de Paropa- mile, de Caucale, 6c. La fauvage Ruflie nomme ces montagnes Wolisi Camenypois , c’eft-à-dire cerrtures de pierres , patce qu’elle Les regarde comme la zone pierreufe qui ceint l'univers, (Le Chevalier DE JAU- COURT.) RHISOPHAGE , f.m. (Gramm.) mangeur de ra- cines. C’eft le nom d’un peuple ancien de PEthiopie qui habitoit dans l'ile de Méroé , entre Les rivieres d'Abanwi & de Tacafe. | RHISOPHAGES , ( Géogr. anc.) Rhifophagt, peu- ples de Ethiopie, felon Diodore de Sicile, Z. FT, c. xxwij. & Strabon ,4. XVI. p.171, qui dit qu'on les nomme aufli E/ii. Hs habitoient aux environs de l'ile de Méroë, fur le bord des fleuves Altaboras &t Afta- pas. Ces peuples, comme les autres Etiopiens , ont été nommés rdiens par quelques anciens auteurs. (D. J. RHISOTOMES , f. m.pl. (Gramm.) marchands de fimples, ou d'herbes, de graines & de racines médi- cinales ; c’étoient ce que nous appellons aujourd’hui un herborife. RHISPIA , (Géogr. anc.) ville de la haute Panno- nie. Prolomée, Z. IL. c. xv la place loin du Danube, entre Savaria &c Vinundria. Lazius croitque c’eft pré- fentement le lieu nommé Ferre. (D. J. ). RHISUS , (Géogr. anc.) ville de la Magnéfe, fe- lon Pline, Z. 14, c.ix, (D.J. RHITI, où RHETI, (Géogr. anc.) Paufamias, 2. I. c. xxxviiy. donne ce nom à des eaux qui lortirent de la terre dans le Péloponnefe , qu'on croyoït venir de l’Euripe , qui pañloient à Eleufine , &c qui fe ren- doient dans la mer, Il ajoute que ces eaux ne reffem- bloient aux rivieres que par leurs couries; car elles avoient prefque la falure de la mer. Elles étoient con- facrées à Cérès & à Proferpine, & par cette raon il n’étoit permis qu'aux prêtres de manger des porf- fons qui {e trouvorent dans ces eaux. Ce privilegeex- clufif & religieux fait rire. (D. J.) RHITTIU_M , (Géogr. anc.) ville de la baffe Pan- nonie, felon Ptolomée, Z. 1. c. xvy. qui la marque fur le bord du Danube, entre Acwmineum legio, ëc Taururum. Marius Niver & Simler, veulent que ce foit préfentement Salankemen dans l'Elclayome; fe- lon Lazius , c’eft Rarza, petit bourg de lamème pro- vince. Rhirrium pourroit bien être la ville Rues de l'itinéraire d’Antonin, & la ville Rif: de la notice des dignités de lempire. (D. J.) RHITM , (Géogr. ane.) ville du Péloponnefe dans la Meflénie, {ur le golfe Thuriates, à Poppoñite du promontoire Tænarus, felon Strabon, Z. # II, pag. 36o. Etienne le géographe met aufli dans la Meffénie une ville nommée Khivm ; maïs il balance à la placer dans la Meflénie ou dans PAchaïe, Rhium étoit encore Le nom d’un des deux promon- toires qui ferment le golfe de Corinthe ‘du côté de l'occident , & qui étoit fur la côte de PAchaïe pro- pre. Antirrhium étoit l’autre promontoire fitué dans le pays des Locres. Îl y avoit auffi dans l’île de Corfe ,un promontoire qui portoit le nom de Rhum. Prolomée , /, AZI. €. 1j. le marque fur la côte orientale, entre le mont Rhæ- Jus & la ville Urcinium. ( D. I.) RHIUSIAVA , (Géogr. anc.) ville de la Germanie, Elle étoit fur le Danube , entre Are-Flavie & Alci- mænis, felon Ptolomée, 2 I. c. xj.On croit que c’eft aujourd’hui Gergez, ( D. J.) RHIZAGRE, £ m. (Chirurgie.) inftrument ancien dont le nom indique la propriété ; on s’en fervoit pour arracher les racines des dents, RHIZALA , (Géogr. anc.) port de l'ile de Tapro- bane. Ptolomée, Z, VII. c. iv. le marque fur le grand rivage , entre la ville Procuri & le promontoire Oxia. RHIZANA , ( Géogr. anc. ) nom d’une ville de la Dalmatie , d’une ville de la Gédrozie , &r d'une ville de l’Arachofie , felon Ptolomée. ( 2.1.) RHIZINIUM , ( Géogr. anc, ) ville de la Dalma- tie, fur la côte du golfe auquel elle donnoït fonnom, & que l’on appelloit RÆzonicus finus. Strabon , Z. FIL. p. 314. Étienne le géographe, & d’autres au- teurs, nomment cette ville Rhzron ; c’eft à ce que croit Simler , la même ville qui eft appelle Biri- raininm dans l'itinéraire d’Antonin. Le nom moderne eft Rizano, Riine, ou Rezina, (D. J. RHIZON , ( Gécg. anc.) fleuve de PElyrie, dont Polÿbe & Etienne le géographe font mention.(D.J.) RHIZOPHORA , L f. (Æifloire nes, Botan.) nom donné par Linnœus au genre de plante qui eft décrit par Le pere Flumier fous le nom de angles : en voici les caraéteres, Le calice particulier de la fleur eft droit, compoifé d’une feule feuille divifée en quatre feomens oblongs. La fleur eft pareillement droite, compolfée d’un pétale divifé en quatre fegmens, & eft plus courte que le calice. Les étamines font douze filamens droits, & graduellement plus courts les uns que les autres; les boflettes des éramines font fort petites. Le serme du piftil eft en pointe aipué; le ftile paroit à peine. Le ftüigmat eft pointu; le réceptacle eft ovale, devient charnu, & contient la bafe de la graine ; la femence eft unique, longue, faite en maf ue, mais pointue au bout. Il y a des variétés dans le nombre des étamines; cependant elles font tou- jours entre huit & douze. Linnæi, ger. plant. p.207. Plum. gez. 15. hort. malab. vol. VI, pag, 31. & 32. (2.J.) Li RHIZUS, (Géogr. anc.) ville de Thefalie, {ur la côte, felon Strabon, iv. LX. pag. 443. & Etienne le géographe. Rhzyus eft encore le nom d’un port de la Cappadoce, au-defilus de Trébizonde, fclon Ptolo- mée, Liv, #. ch. vy. qui le place entre la ville Pitiufa & le promontoire d'Athènes. Procope, au sroïfieme livre des édifices, ch. vi. dit que l’empereur Juffinien fit bâtir , dans le pays de Rifée qui eft au-delà des li mites de Trébizonde , un fort fi confidérable, qu’il n'y avoit point de fortifications femblables dans les villes voifines des Pertes. Le port de Rhiyus s'appelle aujourd'hui Erife, felon Lunclavius. (2D.J.) RHOBOGEIUM , ( Géog. anc.) promontoire de l’Hiberme , dans fa partie feptentrionale, felon Ptolo- mée, Liv. IT. ch. ij. Cambden croit que c’eft préfen- tement le cap Fuir-Forland. Ptolomée place dans le même quartier desrpeuples qu'il nomme Roogdii. (2.1) | REODA, (Géog. anc.) ville de l'Efpagre tarra- gonoife , chez les Idigetes , felon Etienne le géovra- phe. Cette ville bâtie parles Rhodiens, eff fur le bord d’un fleuve qui tombe des Pyrénées, & qui ef ap- pellé Zicer par Pomponius Mela, & 7 ichis par Pline. Caton campa dans cet endroit avec fon armée, felon Tite-Live, Zn XX XIV. ch. si, C'eft aujourd’hui Ja ville de Rofes, & le nom latin de fes habitans eft Rhodenfes. Grütter en cite l’infcription fuivante : ©. Egratulo. Q. Fr. Eguo. Pub. Don. Ab. Ælio, Hadriano. Cœf-Nerve Trajani Fr. Rhodenfes Ob. Plu- rime Liberal. 6 Multa in Remp. $. Bencfue. Equefr, € Marmore Sraruam , pro Æde Minervæ Conflituer. Il y avoit encore une ville du nom de Rhoda dans la Gaule narbonnoïfe , Pline, y. IT, ch. iv. qui en parle, fait entendre qu’elle ne fubfftoit plus de fon tems : elle avoit été bâtie par les Rhodiens, fur le bord du Rhône, fleuve auquel elle a donné fon nom, felon S. Jérôme, ë7 prolos. epifl. ad Gala: Marcien d'Héraclée appelle cette ville Xkodenufa. (D.J.) RHODE, ( Géog. anc.) fleuve de la Sarmatie eu- ropéenne, que Pline, Zv. IV. ch.xiy, met ax voif- nage de l’Axiaces. Le pere Hardouin croit que c’eft le fleuve Agarot de Ptolomée ; mais il eft plus vraif- femblable que c'eft le Sagaris d'Ovide, aujourd hui Je Sagre. (D. 17) | RHODES, bois de, CEE. nat. Botan. exoc.) on trou- ve {ous cenom, chez les droguiftes curieux , un bois R H © 253 jaunâtre pâle, qui devient roux avec Le tems, qui ef gros, dur, folide, tortucux, parfemé de nœuds , gras, téfineux , & ayant une odeur de rofes ; c’eft par cetteraifon qu'on le nomme encore bois de rofe, on l’appelle auffi Oois de Cypre,parce qu’on penfoit qu'il venoit de l'ile de Cypre ; mais on ne le reçoit aujourd’hui d'aucune de ces deux îles. Anguillara, fuivi par Mathiole, prétend que c'e le bois du cytife de Marantha , c’eft à-dire du cytife appellé cysifa imanus, filiqué falcais, C. B. mais ce qui s’oppple à cette conjetture, c’eit qu’il n’a pas la moindre odeur de cytife, Enfin comme le bois de Rhodes nous vient de laJa- maique & des iles Antilles, nous fommes à - préfent au fait de fon origine & de fa connoïffance ; ou plu- tÔt nous recevons d'Amérique deux bois différens fous la même dénomination de bois de Rhodes. Le fameux chevalier Hans-Sloane a décrit très- exaétement le bois de Rhodes de la Jamaïque. Il le nomme fazro affinis , terebenthi folio alato, ligno odo- rato, cardido fioré albo, catal, plant. jamaic. Le tronc de cet arbre eft de la groffeur de la cuiffe, couvert d’une écorce brune, tantôt plus claire, tan- tôt plus obfcure, garni quelquefois de plufieurs épi- : nes courtes ; 1l s’éleve à la hauteur de vingt piés, & eft chargé de rameaux vers la terre. Le bois de ce tronc eft blanc en-dedans, folide, d’une odeur très- agréable & pénétrante, & 1l a beaucoup de moëlle, Les feuilles qui naiflent fur les rameaux font aï- lées, compofées de trois, de quatre, ou de cinq paires de petites feuilles, écartées les unes des au- tres d’un demi-pouce, & rangées fur une côte ter- minées par une paire de mêmes petites feuilles; cha- que petite feuille eff life, d’un verd obfcur, arron- die, longue d'environ un pouce, & de trois quarts de pouce dans la partie la plus large. Les fleurs naiflent à l'extrémité des rameaux ; elles font blanches, par bouquets, femblables à celles du fureau, compolées de trois pétales épais, & de quel- ques étamines, placées dans le centre; chacune de ces fleurs donne un fruit de la groffeur d’un grain de poivre, dont la peau eft mince, feche , & brune; ce fruit s'ouvre en deux parties, & renferme une graine ronde, noire, dont l’odeur approche de celle des baies de laurier: on trouve cet arbre dans les forêts remplies de cailloux, & dans celles qui font fur les montagnes de la Jamaïque. ‘ Le pere Dutertre & M. de Rochefort, ont décrit lun & l’autre fur les lieux le Aois de rhodes des îles Antilles. Cetarbre s’éleyve fort haut & fort droit; fes feuilles longues comme celles du châtaignier ou du noyer ,font blanchâtres, fouples, molles, & velues d’un côté. Ses fleurs qui font aufh blanches, & d’une odeur agréable, croiffent par bouquets, & font fui- vies d’une petite graine noirâtre & liffe; le bois au- dedans eft de couleur de feuille morte, & différem- ment marbté, felon la différence des territoires où l'arbre a pris naïflance. Ce bois reçoit un poli admi- rable , & lodeur qu'il exhale quand on le met en œuvre ou qu’on le manie, eft douce &c agréable. Or emploie ce bois de Rhodes des Antilles densles ouvrages de marqueterie , de tour, & à faire des cha- pelets. Réduit en poudre, on le mêle parmi les paf- tilles ; les barbiers en parfumoient autrefois Peau. dont ils faifoient la barbe, & la Médecine même Île fafoit entrer dans des remedes. Les Hollandois en tirent par la diftillation une huile blanche, pénétrante, & fort odorante, que lon vend fous le nom d’oZeum rhodium , 8t que lon emploie fouvent dans ces baumes que l’on nomme apople@tiques, céphaliques , & qui ne font autre chofe que des baumes échauffans. Les parfumeurs.fe fervent auf de cette huile de rhodes. Cette huile nouvelle eft aflez femblable à Phuile d'olive; mais 254 RHO. avec le tems elle s’épaiffit & devient d’un rouge obf- cur comme de huile de cade : on tire auffi du bozs de Rhode par la cornue, un efprit rouge, & une huile noire & puante, qui n’eft d'aucun ufage. (D. J. RHODES, arbre de, (Hifi. nat. Litholog.) c’étoit un marbre blanc, d’une grande beauté, dont les Ro- mains fe fervoient dans leurs édifices, mais il étoit inférieur à celui de Paros; fon nom lui venoit de lile de Rhodes. | RHODES, ( Géogr. anc. 6 mod.) ile d’Afie, fur la côte méridionale de PAnatolie , & de la province d’Aiden-Elli, dont elle n’eft féparée que par un ca- nal de huit à dix lieues de large. Cette partie de la mer Méditerranée s’appelloit autrefois la mer Carpa- thienne, & Îe nomme aujourd’hui la ser de Scarpanto. L'ile de Rhodes peut avoir environ 130 milles de tour. Elle a changé plufeuts fois de nom, fuivant les différentes colonies qui s’y font établies, Pline dit qu’elle a été appellée Ophieufe, Aflérie, Octhrée, Trinacrie, Corymbie, Atabaris, & Oleoeffa. Ses trois principales villes étoient d’abord Lynde au fud-eft de l'ile, Camire à l'occident, & Jalife au feptentrion; mais la ville de Rhodes, bâtie à l’orient du tems de la guerre du Péloponnèfe, devint bien -tôt la capitale de toute l'ile. On met au nombre de fes premiers rois Tléptole- me, Doricus, Damagete. Maufole ,roi de Carie , s’en empara par la rufe, & les Rhodiens, d’alliés qu'ils étoient de ce prince, devinrent fes fujets. Après fa mort ils voulurent rétablir la démocratie, & choifi- rent le tems qu'Artémife jettoit les fondemens du maufolée;, mais cette reine, habile & courageufe, furprit la flotte des Rhodiens , & porta chez eux le _ fer & le feu. Rhodes tomba dans la fuite fous la domination des Grecs & des Romains. Elle a été très-célebre par les beaux arts qui y ont fleuri, par fa marine, par fon com- merce, par l'équité de fes lois, & par fa puiffance. Il faut voir comme Pindare en parle, 8 comme il étale ce que la Poéfie a de plus riche & de plus fublime pour relever la gloire de cette ile. « C’eft fur elle, dit-il, que » Jupiter verfa une pluie d’or. Minerve l’enrichit du » don des arts, quoique fes peuples euflent offenfé » la déefle , en lui offrant des facrifices fans feu. Rho- # des ne fe montroit point encore au milieu des flots, » lorfque les dieux fe partagerent le monde. Apollon » la demande pour fa part &t l’obtient ; troïs de fes » fils y regnerent ; c’étoit là qu'étoit marqué comme » à un dieu, le terme des malheurs de Tleptoleme » dans la pompe des jeux & des facrifices ». La ville de Rhodes ayant effacé, par la commo- dité de fon port, la fplendeur des autres villes de Pîle, devint de plus en plus floriffante par les arts & pat les fciences. Ses académies, & fur-tout celles de Sculpture, y attiroient toutes fortes d'étrangers, & il en fortoit tant de beaux morceaux, qu’on difoit que Minerve y faifoit fon féjour. On comptoit dans cette ville jufqu’à trois mille ftatues de différentes grandeurs, toutes d’excellens artiftes. Je ne parle point des peintures &c des tableaux dont fes temples étoient remplis , chefs - d'œuvre de l’art, de la main des Parhafius, des Protogène, des Zeuxis, & des Apelles : Meurcius en a publié un traité. Pour ce qui regarde ce coloffe furprenant, qu’on avoit confacré au foleil, la divinité tutélaire de l’île, on en trou- vera l’article à part dans ce Diétionnaire. Vers le déclin de l'empire des Grecs , l'ile de R4o- des eut le fort des autresiles de PArchipel. Elle tomba fous la domination des Génois, des Sarafins, des chevaliers de S. Jean de Jérufalem qui s’en empare- rent en 1310, & qui furent alors appellés chevaliers de Rhodes. Enfin Soliman la leur enleva en 1522, & depuis lors elle eft reftée fous la domination des Turcs, qui ont bâti deux tours pour défendre l’en- trée du port; mais ils laifent l'ile inculte. Sa Zone. fuivant Street, 454, 56, 151. lus. 36, 40, & {elon Greaves, 37. 50. Cette île, dans fon état floriffant, n’a pas feulement produit d’excellens artiftes, mais elle a été la patrie de grands capitaines, de poëtes, de philofophes, d’aftronomes, & d’hiftoriens iliuftres. | Timocréon de Rhodes, poëte de l’ancienne comé- die, vivoit 474 ans avant Jefus - Chrift ; {es écrits n’ont pas pañlé jufqu’à nous. Il nous refte de Simmias de Rhodes, poëte lyrique, qui florifloit 3 20 ans avant Pere chrétienne , quelques fragmens imprimés avec les œuvres de Théocrite. Pitholéon, rhodien. n’éroit pas un poëte fans talens, quoiqu'il ait été tourné en ridicule par Horace, Sas. 10. Liv, I: parce que dans fes épigrammes il méloit enfemble du grec & du latin. Pitholéon eft felon toute apparence, le même que M. Otacilius Pitholaus, dont il eft parlé dans Sué- tone & dans Macrobe, Il compofa des vers fatyriques contre Jules - Céfar qui le fouffrit, comme Suétone, ch, lxxv. nous Papprend : Pitholai carmimibus maledi- centiffimis laceratam exiffimationem fuam , civili ani- mo tulir. Macrobe rapporte un jeu de mots fort plai- fant de ce Pitholaüs , &c dont la grace ne peut fe ren- dre en françois : le voici enlatin. Cm Caninius Reb- lus uno tantum die conful fuiffet, dixit Pitholaus , ante famines , nunc confules diales frunt. Je pourrois nommer Pofidonius au nombre des philofophes de Rodes, parce qu'il y pañla fa vie; mais Strabon fon contemporain nous aflure qu’il étoit originaire d’Apamée en Syrie: Apollonius, dif- ciple de Panœtius, étoit auf natif de Naucratis ; 1l fut furnommé Ze rhodien , parce qu’il féjourna long- tems à Rhodes. | Pour Panœtius, on fait que Rhodes étoit la patrie de ce célebre philofophe aies , & qu'il {ortoit d’une famille très-diftinguée par les armes & par les lettres, comme le marque Strabon. Scipion lafri- uain, fecond du nom, ainfi que Lelius, furent de te difciples & de fes amis. Ce philofophe avoit écrit un traité de la patience dans les douleurs, & trois livres des devoirs de la vie civile , que Cicéron a fuvi dans l'excellent ouvrage qu'il nous a laifié fur le même fujet. Horace, O4. 29. div, I, fait un bel éloge de Panœtius. Il dit à Iccius : Quim tu coemptos undique nobiles Libros Panœti, focraticam & domum, Mutare loricis Tberis Poilicirus meliora rendis ? « Quand je vous vois, [ccius, changer pour les » armes les charmans écrits de Panœtius, que vous » aviez amafiés de tous côtés avec tant de foins &c » de frais, & quitter l’école de Socrate pour celle. » de Mars; étoit -ce donc là que devorent aboutir » vos promefles & nos efpérances » à Caftor le rhodien, qui florifloit-vers lan 150 avant l’ere chrétienne, eft au rang des chronologues célebres ; il avoit publié plufieurs ouvrages très- eftimés, fur l’ancienne thiftoire & fur l’ancienne chronologie grecque ; mais il avoit fait mention dans fes écrits d’un phénomene célefte, dont Pexplication exercera long -tems nos aftronomes, Il s’agit d'un changement fingulier qui fut obfervé fous le regne d'Ogygès , dans la couleur, dans la grofleur, dans la figure, & dans le cours de la planete de Vénus. Le fragment de cette obfervation, tiré de Varron, le plus favant des romains de fon tems, nous a été con- fervé par faint Auguftin, de civitate Dei, liv. XXI. ch. vi. N, 2en voici les termes. £/ff in Marci Varro- ais libris, quorum infcriptio de gente populi romani, Caftor féribit in flella Veneris....... tantum portentum extitiffe, ut mutaret colorem, magnitudinem, figuram, curfum : quad fatlum it» neque anted , neque poffea fie. Hoc faëtum Osvse rene dicébant, Adrafus, Cyricenus, & Dion neapolites mathematici nobiles. L'époque d’O- gygès eft connue; le déluge de fon nom arriva lan 1796 avant lere chrétienne. Hevelius , affronome du fiecle paflé, propofe , Co- métographe, lv. VII, pag, 373, deux exphcations différentes qu'il paroït goûter davantage du phéno- mene rapporté par Caftor. La premiere de regarder ces changemens obfervés dans la groffeur, la cou- leur, & la figure de Vénus, comme une fimple ap- pareace, produite par quelque réfraétion extraor- dinaire de notre atmofphere, &'femblable à ces ha- lons ou couronnes que l’on apperçoit autour des aftres. La feconde explication qu'Hevelius adopte, rapporte ce prénomence à un changement arrivé dans Patmofshere même de Vénus. On peut objecter qu'aucune de ces explications ne rend raifon de la plus finguliere circonftance du phénomene, c’eft-à- dre, du changement obfervé dans le cours de la pla- ete de Vénus. De plus, on demandera quélie rai- fon a obligé cette plancte de changer fon cours, & de quitter fon ancienne route pour en prendre une nouvelle, M. Freret, dans les mém. de Littérat. some X. _in-4°. a imaginé un moyen ingénieux d'expliquer _ toutes les circonftances du phénomene obfervé par Caftor ; c’eft par apparition d’une comete, quelon auroit confondu avec la planete de Vénus. [ne s’a- gira plus que de prouver qu'il parut une comete du tems d'Ogyoës ; car alors tout fera facile à compren- dre. Une comete dont la tête fe montra le for & le matin auprès du foleil, quelques jours après que Vé- nus s’étoit plongée dans les rayons de cet aftre, fut prile d’abord pour Vénus elle-même; & ‘cette co- mete ayant pris une chevelure ou une queue les jours fuivans , on attribua ce changement de grof- feur , de couleur, & de figure à la planete de Vénus. Le mouvement propre de la comete l’éloignant tous les jours de plus en plus du foleil, &c lui faifant tra- verfer le ciel par une route très-différente de celle de Vénus, on ne douta point que cette planete qui de- meure quelquefois cachée dans les rayons du foleil pendant plufeurs jours, n’eût abandonné {on ancien cours, pour en fuivre un nouveau. Un illuftre philofophe péripatéticien , natif de lile de Rhodes , eft Andromicus. Il vint à Rome au tems de Pompée & de Cicéron, & y travailla puif- famment à la gloire d’Ariftote, dont il ft connoître les écrits dans cette capitale du monde. Il les tira de la confufion où ils étoient, & leur donna un ordre plus méthodique : c’eft Plutarque qui nous lapprend dans la vie de Sylla. On ne fauroit bien reprélenter le grandfervice que renditalors Andronicus à la fe&te des Péripatéticiens : peut-être ne feroit-ellé jamais devenue fort célebre, s'il n’eût pris un foin fi parti- culier des œuvres du fondateur ? Le plus fameux athlete du monde, Diagoras, na- quit dans l’ile de Rhodes ; il defcendoit d’une fille d’A- riftomene , le plus grand héros qui eût été parmi les Mefléniens, On connoït l’ode que Pindare fit en l’hon- neur de Diagoras ; c’eft la VI. des olympiques, & elle fut mife en lettres d’or dans le temple de Miner- ve. On voit par cette ode, que Diagoras avoit rem- porté deux fois la viétoire aux jeux de Rhodes, qua- tre fois aux jeux Ifthmiques, deux fois aux jeux Né- méens ; & qu'il avoit été viétorieux aux jeux d’Athè- nes, à ceux d’Argos, à ceux d’Arcadie, à ceux de Thèbes, à ceux de la Béotie, à ceux de l'île d'Ægi- ne, à ceux de Pellene, & à ceux de Mésare. L’ode de Pindare fut faite fur la couronne du pugilat que remporta Diagoras aux jeux olympiques de la foi- xante-dix-neuvieme olympiade; les éloges de Dama- gete, pere de Diagoras, de Tleptoleme, le fondateur des Rhodiens &c là fouche de la famille , ne font pas R KH O 357 oubliés ; en forte qu'il en réfulte que Diagoras def cendoit de Jupiter. | | Paufanias obferve que la gloire que remporta Dia. goras par fes viétoires à tous les jeux publics de la Grece, devint encore plus remarquable par celle que fes fils, & les fils de fes filles y obtinrent. IL y mena lui-même une fois deux de fes fils qui y firent couronnés ; 1ls chargerent leur pere fur leurs épau- les, & le porterent au-travers d’une multitude in croyable de fpeétateurs, qui leur jettoient des fleurs à pleines mains, & qui applaudifloient à fa gloire, & à {a bonne fortune, | | Aulugelle ajoute, que ce pere futtran{porté de tant dejoie, qu'il en mourut fur la place : eojque, dit-il, en parlant de fes fils, vidir vincere, coronarique eodem olyinpie die : & com ibieum adoleftentes amplexi, co- ronis [lis 1 caput paëris pofitis, fuaviarentur; cmque _ populus gratulabundns ores HAdLqie EF CL JACErer à P 1 EE] 2 LA # 101 in fladio infpeilante popilo , in ofculis atque in ma- mibus fiiorum, animam ejflavi. Noët, Atticar. Z IF, c. xv. Je voudiois bien que cette mort de Diaporas ft vraie; mais j'ai leregret de voir que Paufanias ne confirme point ce fait fingulier. Cicéron même me dit, qu'un lacédémonien aborda Diagoras dans ce moment, pour l’exhorter à ne point perdre une fi belle occafon de finir ja carriere : « Mourez, Dia- » goras, lui dit-1l en le faluant, car vous ne pouvez » monter plus haut ». Voilà bien le difcours d’un las cédémonien; un athénien n’eût dit qu'une gentillefe plaifante ou ingénieufe. ( Memnon, général d'armée de Darius, dernier roi de Perfe , étoit auf de l'ile de Rhodes ; homine con- fommeé dans le métier de la guerre, il donna à fon maitre les meilleurs confeils qui lui pouvotenr être donnés dans la conjontture de l’expédition d’Ale- xandre. S'il avoit encore vécu quelques années, la fortune de ce grand conquérant auroit été moins ra- pide ; & peut-être même que les chofes eufient chan: gé de face. Son deffein étoit de porter la guerre dans la Macédoine , pendant que les Macédoniens la fai- foient au roi de Perfe dans l’Afe. C’eft ainf que les Romains en uferent, pour contraindre le redoutable Annibal d'abandonner l’italie. Lors donc qu'on déli- béra fur le parti qu’il falloit prendre contre le roi de Macédoine, qui ayant pañé l'Hellefpont, s’avançoit vers les provinces de Perfe; fon avis fut qu’on ruinât les frontieres, & qu’ontranfportät une grande partie des troupes dans la Macédoine. Par ce moyen, dit- il, on établira dans l’Europe le théâtre de la guerre : lAfe jouira de la paix, & lennemi faute. de fubfi- ftance fera contraint de reculer, & de repañler en Europe pour fecourir {on royaume. C’étoit fans dou: te le plus sûr parti que les Perfes puffent choïfir, dit Diodore de Sicile, Z XWEI. c. vi. Mais les autres généraux ne trouvant pas ceconfeil digne de la gran- deur de leur monarque, ils conclurent qu'il falloit livrer bataille, & la perdirent. Cependant Memnon ayant été nommé généralifi- me, fit des préparatifs extraordinaires par mer & par terre; 1l fubjugua Pile de Chio & celle de Lesbos; il menaça celle d'Eubée ; il noua des intelligences avec les Grecs; 1l en corrompit plufieurs par fes pré: fens; en un mot, 1l fe préparoit à tailler beaucoup de befogne aux ennemis de fon roi dans leur propre pays , lorfqu’une maladie le vint faifir, &le tira de ce monde en peu de jours, | Ïl eut l'avantage de connoïître par la conduite d’A lexandre à fon égard, qu’il en étoit éftimé ouredou- té. Ce jeune prince voulant ou le rendre fufpeétaux Perfes , ou l’attirer dans fon parti, défendit févere- ment à feë troupes de commettre le moindre defor- dre dans les terres de Memnon; mais le général de Darius fit lation d’un honnête homme , & d’une belle ame, en châtiant un de fes foldats qui médifoit 256 QHO d'Alexandre. « Je ne ai pas pris à ma folde, lui dit- » ilenle frappant de fa javeline, pour parler mal de » ce prince , mais pour combattre contre lui». Voilà une belle maxime : elle n’étoit guere pratiquée du tems de François [. & de Louis XIV. & je ne fa fi On la pratique mieux au tems préfent. Freinshemius obferve qu'au fiège d'Halicarnafe, Memnon s’oppofa vigoureufement à quelques grecs fugitifs remplis de haine pour le nom macédonien, qui ne vouloient pas qu'on permit à Alexandre d’en- terrer fes morts; quoi qu’en le lui permettant, on fe püût glorifer de la vitotre. Memnon n’écouta point la pafion de ces fugitifs ; il accorda la fufpenfion d’ar- mes, & les cadavres que demandoït le roi de Macé- doine. La veuve de Memnon futla premiere femme qu’ai- ma ce jeune prince après fes viétoires. Elle s’appel- loir Barfine, & étoit petite fille d’un roi de Perie : elle fut prife en même tems que la mere , la femme, êc les filles de Darius. Elle favoit & parloit à ravir le grec; fa douceur , fon caractere , fes graces, & fa beauté , triompherent d'Alexandre. Il en eutunfils, combla la mere de biens, & maria très-avantageufe- ment {es deux fœurs, l’une à Eumenes, & l’autre À Ptolomée : Alexandre étoit fait pour conquérir tout le monde. On peut joindre à Memnon, Timoffhène le rhodien ; il florifoit vers la cent vingt-fixieme olympiade, fous le regne de Piolomée Philadelphe, qui le fit général de fes armées de mer. C’étoit de plus un homme cu- rieux, & quijoïgnoit aux lumieres de fa profeffion, toutes celles dela Géographie, Il avoit écrit un livre intitulé Les ports de mer, &t un autre fous le titre de fladiafme, qui marquoit les diflances des lieux dans une très-prande étendue de pays. Ces ouvrages n’e- xiftent plus; mais on fait qu'Eratofthène &c Pline en ont beaucoup profite, Clisophon né à Rhodes, décrivit aufi la Géogra- phie de plufeurs pays; entre autres celle d'Italie &c des Gaules ; ouvrages qui fe font perdus, & qui fe- roient pour nous fort intéreflans, Il avoit aufñi mis au jour la defcriprion des Indes, dont Plutarque & Stobée ont fait mention. Diognete de Rhodes, rendit par fon génie de f grands fervices à fa patrie, qu'il obligea Démétrius Poliorcetes d’en lever le fige la premiere année de la cent dix-neuvieme olympiade, & 304 ans avant Jefus-Chrift. Les Rhodiens comblerent d’honneurs Diognete, & lui affignerent comme à leur Hhérateur une penfon très-confidérable, Fipparque mathématicien, & grand aftronome, étoit encore de Rhodes , felon Ptolomée , & florifoit fous les regnes de Philometor & d’Evergete roïs d’E- gypte, depuis la cent quarante-troifieme olympia- de, jufqu’à la cent cmquante-troifieme, c’eft-à-dire, depuis lan 168 avant Jefus-Chrift, jufques à lan 120. Pline parle d'Hipparque avec de grands éloges. Il laiffa plufieurs obfervations fur les aftres, & un com- mentaire fur Aratus, que nous avons encofe. Antagoras , poëte de Rhodes, vivoit fous la cent vingt-fixieme olympiade ; Antigonus Gonatas, roi de Macédoine, le combla de faveurs, &7 fe Pattacha par fes bienfaits. Il ne nous refte de fes ouvrages qu'une épigramme contre Crantor; le tems nous a ravi fon grand poëme , intitulé /4 Thébaïde. Enfin So/icrate, dont les écrits cités par les an- ciens , ont péri pat l’outrage des tems, étoit auffi na- tif de Rhodes ; tout prouve en un mot, que cette ville a fournullé d'hommes illuftres en tout genre. (Le Chevalier DE JaUcOURT.) RHODES coloffe de, ( Art ffatuaire anc, ) ouvrage admirable de l’art, que lon a placé au rang des merveilles du monde. Je ne puis rien faire de mieux pour en parler fciemment, que de tranfcrire ici la _ QHO defcription de Pline, c. #ij. p. 105. & d’y joindre le commentaire de M. le comte de Caylus, inféré dans les mémoires de Littérature, rome X XV. in-4°. Voici le texte de Pline. « Le plus admirable de tous les colofes , eft celui » du foleil , que Pon voit à Rhodes, & qui fut Fou » vrage de Charès de Linde, éleve de Lyfippe. Ce » coloffe avoit foixante-dix coudées ( environ 10$ » piés ) de hauteur, Un tremblement de terre le ren- » verfa après qu’il eut été cinquante-fix ans en place; » Ôt quoique renverfé, c’eft une chofe prodigieufe à » vou. Il y a très-peu d'hommes qui puiffent em- » braïfer fon pouce; fes doigts font plus grands que » la plüpart des ftatues; fes membres épars paroï£ » fent de vaftes cavernes, dans lefquelles on voit les » pierres prodigieufes que l’on avoit placées dans » l'intérieur du coloffe, pour le rendre plus ferme » dans fa pofition. Charès avoit été douze ans à le » faire, &t il coûta trois censtalens (un million qua- » tre cens dix mille livres) queles Rhodiensavoient » retirés de tous les équipages de guerre, que le roi » Démétrius avoit laïffés devant leur ville, ennuyé » d'en continuer le fiége ». Sois colofflus Rhodi, Rhodes étoit avec raifon adon- née au culte du foleil : après avoir été inondée par un déluge, elle croyoit devoir le defléchement de {x terre aux rayons du foleil. Quern fecerat Chares | Lindius. Linde étoit une des principales villes de l’île de Rhodes : elle fut la pa- trie de Charès, que quelques auteurs ont nommé Lachès, Meurfus concilie cette différence, en difant que Charès étant mort avant que d’avoir achevé le coloffe, Lachès l’acheva. Suivant Sextus Em iricus,, Charès s’étoit trompé, & n’avoit demandé que la moitié de la fomme néceffire ; & quand l'argent qu'il avoit reçu fe trouva employé au milieu de l’ou- vrage , 1l s’étoit donné la mort. Septuaginte cubitorum alcitudinis fuir. La plüpart des auteurs donnent avec Pline , foixante-dix cou- dées de hauteur à cecoloffe ; quelques autres lui ont donné jufqu'à quatre-vingt coudées ; Hyvin veut qu’iln'ait eù que quatre-vingt-dix piés. Nous avons, dit M. de Caylus , un moyen bien fimple de vérifier ce calcul, par la mefure d’une partie qui nous eftin- diquée par le texte; ce moyen éft roujours plus cer- tan que les chiffres , dont l’incorretion n’ef que rop connue dans les manufcrits : de plus, l'exemple de Pythagore, pour retrouver les proportions d'Her- cule, eft f bon, qu’on ne fauroit trop le fuivre. Les proportions des figures font variées {elon les âges & les occupations de l’homme : la feule com- paraïfon d'un Hercule à un Apollon, fufira pour convaincre de cette variété, Aïnf l’on conviendra fans peine, que les membres d’un homme de trente- cinq à quarante ans qui a fatigué, différent en grof- feur de ceux d’un jeune homme de vingt-quatre à vingt-cinq ans , délicat & repofé. On pourroïit donc s’égarer dans les différentes proportions, ou du- moins laifler du foupçon fur la précifion du calcul qu'on va préfenter; mais On marche ici avec sû- reté. | Nous favons que ce coloffe repréfentoit Le foleil ; &t nous connoïflons les Grecs pour avoir été fort exaËts à conferver les proportions convenables aux êges & aux états; nous voyons qu'ils les ont toujours tirées du plus beau choix de la nature. Ce fera donc fur Apollon du Vatican, une des plus belles figures de Pantiquité, qu’on va comparer toutes les mefures données par la grofleur du pouce. Pline nous en parle comme pouvant à peine être embraffé' par un homme: ce qu’il ajoute Immédiatement après, que fes doigts font plus grands que la plüpart des flatues, PA A 2 q PRE prouve qu'il entend Le pouce de la main, dontles PRO. ; 1 NOT TT EL. ! doigts plus alongés ont plus de rapport à1 idée gé- nérale - RHO -héfale des ftatues. C’eft donc fur le pouce de la maïn -qu'il faut établir toutes les mefures, . : - Le pouce a deux diametres principaux & différens «entre eux: PApollon ayant fept têtes , trois parties! meuf minutes, & de notre pié de roifix piés cinq pour ces ; il réfulte que le plusrpetit de.ces deux diame- trés nous donne quatre-vingt dix & Tarceex- frema. ATtien, rer. indicar. appelle ce fleuve Rhogo- ms, mais 1l difére un peu de Ptolomée fur fa pofi- tion. (D. J.) | RHOÏTES , £ m. ( Mas. méd. anc. ) porn; forte de rob, fort en ufage chez les anciens ; il étoit fait, felon Diofcotide , 4 7 c..vawxiy de fuc de grenade évaporé fur le feu à la confiftence d’un extrait ; mais {elon Paul Eginete, c’étoitun rob fait de trois feptiers de fuc de grenade, fur un feptier de miel, cuits en- femble jufqu’à la confomption d’un tiers. (D.J. RHOMB, nom que l’on donne À Marfeille au tur- bot. Voyez TURBOT. RHOMBE, { m. (Hifi. nat.) rhombi ; om gé- nérique que l’on a donné À plufeuts différentes ef peces de coquilles. Ycyez Coquicres. la fig. 12. de la PI, xxj repréfente le rhombe appellé l’ofive. RHOMBE , ( Aifl. na. Botan.) plante de l'ile de Madagacar, ‘qui eft une efpece de menthe fauvage; elle s’éleye de deux coudées, & a l’odeur de la can nelle & du girofle, RHOMBE ox LOZANGE ; L m:verme de Géomérrie = c’eit un parallélogramme dont les côtés font égaux, mais dont les angles {ont inégaux, deux des angles oppolés étant obtus , &.les deux auttes aigus > telle eft la fe. ABCD, PI. Géom. fig. 83. Pour trouver l'aire d’un rkombe y Où d’un rkomboïz de. (Voyez RHOMBOIDE) fur la ligne CD, prife pout bafe; laïffez tomber la perpendiculaire 4e, qui fera Ja bauteur du parallélogramme ; multipliez la bafe par la hauteur , le produit fera l'aire cherchée ; ainf, fuppofons que C D foit de 456 piés, & 4e de 234, l'aire fera de 102704 piés quarrés. En eñet, il ef démontré qu’un parallélogramme obliquangle eft égal en furface à un patallélogramme rectangle de même bafe CD & de mémehauteur AE F3: 25. Voyez PARALLÉLOGRAMME, Or l’aire d’un parallélogramme reétangle eft le produit de fa bafe par fahauteur; donc le produit d’un parallélogram- me obliquangle eft aufi égal au produit de {a bafe par fa hauteur. (£) RHOMBE fo/ide ; on appelle ainfi deux cones égaux &t droits, joints enfemble par leurs bafes. ÿ' oyez Co- NE. (Æ) RHOMBITES , f. m, ( Ai. rar. ) nom donné par. quelques auteurs au crytai d’Iflande, à eaufe de la propriété qu'ila de fe partager en rhomboïdes. 7: oÿEt CRYSTAL D’ISLANDE, RHOMBITES , ( Géog. anc. ) fleuve de la Sarmatie afatique, felon Prolomée, L 7 à. ie. & Amnuen Marcellin , cité par Ortelius. Ptolomée difinoue le grand & le petit rombires, qu'il marque affez loin lun de Pautre, (D. J.) RHOMBOIDE , RHOMBO1DES, f. m. (HGf. nat. Litholog. ) poïflon de mer quireflemble beaucoup au turbot. foyez TURBOT. Il eft petit & court, il n’a qu'un empan de longueur ; il eft couvert de petites écailles ; les yeux font fort éloignés Pun de l’autre ; il y a fur les côtés du corps une ligne, qui s'étend de- puis la tête jufqu'à la queue ; cette ligne eft courbe près de la tête, & enfuite droite juiqu’à la queue, k ï RHO 260 Rondelet, Rif. nat. des poiffons , prem. part, Liv. XT., chap. ii, Voyez POISSON. RHOMBOIDE, f.m. terme de Géométrie; C’eft un parallélogramme dont les côtés &cles angles fontiné- gaux , mais dont les côtés oppofés font égaux, ainfi que les angles oppofés. Autrement , le rhomboïde eft une figure de quatre côtés, dont les côtés oppolés & les angles oppo- {és font égaux, mais qui n’eft ni équilatéral ni équian- gle; telle eft la fg. NOPOQ, PL. géom. fig. 24. Pour la maniere de trouver l’aire du rLomboide , Voyez RHOMBE. (E) RHOMBOIDE, {. m. cerme d’ Anatomie, c’eft le nom d’un mufcle ainfi appellé à caufe de fa figure. Voyez nos PI, d'Anat. 6 leur explic. Voyez auf MUSCLE. Ce mufcle ef fous la partie moyenne dutrapeze , & vient des deux épines inférieures du col, & des qua- tre fupérieures du dos ; &e s’infere à toute la bafe de lomoplate, RHOMBUS, f. m. ( Lirsrérar. ) inftrument magique des Grecs, dont parlent Properce, Ovide, & Mar- tial. Le premier, /5b. IL. éleg.a1 ; le fecond, amor. lib. I. éleg. 8.8 le troifieme lib. IX, épig. 30. Théo- crite & Lucien difent qu'il étoit d’airain ; & Ovide donne à entendre qu’on le faifoit pirouetter avec des lanieres treflées dont on l’entouroit ; c’étoit le mê- | me inftrument qu'Horace , ode 12. liy. F. défigne par le mot turbo. Il prie qu’on le faffe tourner à contre- fens , comme pour corriger le mauvais effet quil avoit produit en tournant dans fon fens naturel; cicumque retrd folve turbinem. 11 faut favoir que c’étoit une efpece de toupie de métal ou de bois , dont les prétendus forciers fe fer- voient dans leurs fortiléges; 1ls l’entouroient de ban- delettes, & la faifoient tourner, difant que le mou- vement de cette toupie magique avoit la vertu de donner aux hommes les pafñions & les mouvemens qu'ils vouloient leur infpirer. * Théocrite dit dans fa 2. 2dylle | & Comme je fais # tourner cette toupie, poule, au nom de Vénus, » qu'ainfi mon amant puifle venir à ma porte », Quand on avoit fait tourner cette toupie d’un cer- tainfens, fon vouloit corriger l'effet qu’elle avoit produit, & lui en faire produire un contraire , le magicien en avoit la puiflance, il la reprenoit, l’en- touroit en un autre fens de fa bandelette , & lui fai- {oit décrire un cercle oppofé à celui qu’elle avoit dé- ja parcouru. Les poëtes ont embellhi leurs écrits, tantôt par des comparaïfons, tantôt par des méta- phores , de toutes les chofes auxquelles le peuple crédule ajoutoit foi. (D. J.) RHOMBUS, f. m. terme de Chiruroie, qui fignifie une forte de bandage de figure rhomboïdale. Pour faire ce bandage on prend une bande roulée à un chef : on applique fon extrémité à l’endroitoù l'on juge à propos; cela fait, on defcend par des ram- pans juiqu’à l'extrémité, & on remonte de même, en évitant les premiers tours de bande , tant en de- vant qu’en derriere ; les efpaces qui fe rencontrent entre ces tours de bandes font de figure rhomboïde , ce qui a fait donner ce nom à ce bandage. : IL n’eft d’ufage que pour les extrémités, & eft pu- rement contentif; c’eft un double rampant. Voyez RAMPANT, BANDAGE, BANDE. (YF) RHONE , LE o4 RHOSNE, (Géog. mod. ) en la- tin Rhodanus. Un des quatre principaux fleuves de la France , &c dont le nom eft purement gaulois. H a fa fource dans la montagne de la Fourche ; qui eft à l’extrémité orientale du pays de Vallais, êc le fépare du canton d’'Uri. Il coule d’abord dans un pays étroit parmi des rochers, &c partage le pays de Vailais en long. Il paffe par Sion, capitale du pays, &parS.Maurice; après quoi, courantau nord-oueft, R H O entre la Suife & le refte du Vallais, slentre-dans le lac de Geneve, qu'il traverfe de toute fa longueur d’otient en occident , l’efpace de douze lieues ,:en fe mélant avec les eaux de ce lac. À quatre lieues au-deflous de Geneve, ce fleuve fe perd, en tombant dans la fente d’une roche quia un quart de lieue de long fur deux outrois toifes de large, dans les endroits Les plus, étroits, 8c fur vingt ou vingt-cinq toifes de profondeur. Au lieu des eaux du Rhône ,on voit fur cette fondriereun brouillard épais , formé par leurbrifement contre le fond & les côtés de cette fente ; dans laquelle ce fleuve coule avec beaucoup de rapidité & de brut. Le lit du Rhône s’élargit enfuite après qu’il.eft for- ti de ce goufre, au pont d’Arlou, en forte qu’à Seif- {el , il eft prefque auffi large .que laSeine left à Paris; c’eft ici où 1l commence à porter des bateaux. Il reçoit diverfes rivieres confidérables , entr'au- tres, la Saône à Lyon; l’Ifere, la Sorgue, la Du- rance, & fe jette dans la mer de Provence ou golfe de Lyon, à ro lieues au midi d’Arles, par deux principales embouchures, l’une à Poueft, &c l’autre à left, & qui ne font féparées que par une petite île appellée Bauduf. Ainfi le Rhône mouille plufieurs pays dans foncours, favoir, Geneve, le fort de la Claie dit de Seïffel dans le Bugey, Vienne dans le Viennois, Lyon dans le Lyonnois , Tourron en Vivarais, Montelimar dans le Valentinois, Montdragon en Provence, Avignon dans le comté Venaïflin, Beaucaire dans le Langue- doc , Tarafcon dans la viguerie de ce nom , & Arles dans le diocèfe d'Arles; le poiflon qu'il produit eft très-eftimé , & on recueille de l'excellent vin fur fes bords. ar: Les favans bénédi@ins du Languedoc femblent avoir voulu enlever entierement le Rhône à la Pro- vence ; mais M. de Nicolai a tâché de prouver par de grandes recherches, que la province du Langue- doc, loin de poféder en propre la portion du fleuve qui coule entre elle & la Provence, n'en peut pré- tendre la propriété, qui, felon lui, doit appartenir exclufivement à la Provence. Ceux qui voudroient accorder le d:fférend, le partageroient par moitié entre les deux provinces ; mais ce n’eft pas ainfi qu’on décide des faits. ( Le chev. DE JAUCOURT.) RHOPALIQUES , f. m. (Belles-lertres.) c'étoit chez les anciens , une forte de vers qui commençoient par un monofyllabe, & qui continuoient par des mots tous plus longs les uns que les autres; en forte que le fecond étoit plus long que le premuer, & le troifieme plus long que le fecond, & ainñ deftute jufqu’au dernier. Ils étoient ainfi nommés du grec poranov, malfue , parce que ces vers étoient en quelque façon fembla- bles à une maflue, qui commence par un bout fort mince, & finit par une grofle tête. Tel eft ce vers d'Homere : D’ parap Arped puupnysvés 0ABrod' alto a ou celui-ci d’Aufone: Spes Deus æternæ flationis conciliator, RHOPALOSIS , f. m. (Méd. anc.) P'omanos 3 état des cheveux, confiftant en ce qu'ils fe mêlent & fe collent les uns aux autres. Il ne faut pas confondre ce fimple entrelacement des cheveux , exprimé par le mot grec rhopalofis, avec la plique, maladie épi- ‘démique & finguliere en Pologne, où les cheveux collés forment un fpeétacle monftrueux, répandent du fang quand ils fe rompent , ou qu’on les coupe, && où le malade eft attaqué de grands maux de tête, ês court quelquefois rifque de la vie. (D. J.) | RHOPOGRAPHE., f. m. (Peins.) peintre quine fait que de petits fujets, des, animaux, des plantes. Ne RHU Er. Cemot Vient de porc, ramentaria tadlures - l\ P > 9 , petites branches, & >pagw, 7e peins. (D,J.) RHOS, (Géog, anc.) peuplesde Scythie, Lis habi- | ‘“oient au feptentrion du #ront Taurus, felon Cédre- ne.& Curopalate, cités par Ortélius, qui croit que ce font les mêmes que les Ru. (D, J) RHOSCHAC,, (Géog. mod.) en lan du moyen âge Rhofagum ; bourg de Suifle , dans le: domaine de Fabbaye S. Gall , fur le bord du lac de Conftance , vis-à-vis de Lindaw, dans Une agréable fituation & un terroir fertile en vins. Ce bourg eft fi prand qu'il peut aller de pair avec plufeurs bonnes villes. Dans le dixième fiecle l’empereur Othon lui donna les pri- vileges de foire , de péage & de monnoïie, IL s’y fait beaucoup de commerce en grains, bétail, toiles & vin. (D.J) _ RHOSOLOGIA, (Géog. anc.) ville de la Galatie, Ptolomée, 4b. F. c, iv. la donne aux Teétofages, & la marque entre Vinzela & Sarmalia, Simler croit que c’eft la mème ville que Pitinéraire d’Antonin ap- pelle Orfolosiacum dans un endroit, & dans un autre Rofologiacum. Cet itinéraire la marque fur la route de Conttantinople à Antioche, entre Corbeneunca &t Afpona , à 12 milles de la premiere, & à 31 milles de la feconte. (D. J.) RHOSPHODUS À, (Gcog. ane.) ile du golfe Car- cimite, felonPline , 6. 1#. c. xiy, Pinet prétend que le nom moderne eft Salina. (D.J.) RHOSUS ,(Géog. anc.) Selon Ptolomée, 6. F7 xy. ville de la Syrieou de la Cilicie , fur le golfe Iffi- que, entre le fleuve IMus & Séleucie. Dérriere cette ville étorent les monts Rofii ; entre ces montagnes & le mont Taurus, étoit Le col nommé porte Syre, parce que c’étoit l'entrée de là Syrie. Le mont Rzo- Jus eft aujourd’hui Cabo-Gangir. (D. J.) RHOTANUM,(Geog. anc.)fleuve de l’île de Cor- fe. Ptolomée, 45. III. c. ij, place l'embouchure de ce fleuve fur la côte orientale , entre Valeria colonia & le port de Diane. Léander prérend que c’eft aujour- d’hui le Tavigrani, (D.J.) RHUBARBE, f. (Boran. exor.) La vraie rhu- barbe, ou celle de la Chine, eft une racine que l’on nous apporte en morceaux aflez gros, légers, iné- gaux, de la longueur de quatre , cinq ou fix pouces, & de la groffeur de trois à quatre, Elle eft jaune, ou . un peu brune en-dehors, de couleur de fafran en-de- dans, jafpée comme la noix mufcade, un peu fon- gueufe , d'un goût tirant fur l’âcre amer, & un peu aftringent ; d’une odeur aromatique, & foïblement defagréable. Elle croit à la Chine. Il faut choifir foi- gneufement celle qui eft nouvelle, qui n’eft point ca- riée , pourrie, m noire, qui donne la couleur de fa- fran à l’eau, & qui laifle quelque chofe de vifqueux & de gluant fur la langue, Muntingius , dans fon Aiffoire des plantes d’'Anpgle- terre, a donné une defcription de la riubarbe, fous Le nomde rhabarbarum lanuginofum, fêve lapatum chinne- Je longifolium; mais 1ln’avoit pas vu cette plante, non . plus que Matthiol, dont il a emprunté fa defcription && la figure qui l'accompagne, fur lés relations des marchands quiapportoient cette racine de la Chine. Il eft fort étrange parmi le grand nombre d’euro- péens qui depuis un fiecle vont tous les ans dans ce pays-là , que perfonne n’ait tâché de connoître exac- tement une plante dont on ufe tous les jours, & qui eft d’un grand revenu. La defcription du P. Paren- nn, quoique fort vantée dans l’hiffoire de l'académie des Sciences, ann. 1720, laïfle beaucoup de chofes à défirer , n’eft même qu’une copie de ce que Le P. Mi- chelBoym en avoit publié dans fa fiora fénenfis ,im- primée à Vienne en Autriche, en 1656 :7-fol. Selon la relation de ces deux peres jéfuites, Le thaï-hoam, Ou la rhubarbe , croît en plüfieurs endroits de la Chine; la meilleureeft celle de Tie-chouen, RHU 6 telle qui vient dans la province de Xanh & dans fé royaume de Thibet, lui eft fort inférieure. ILen croît auf ailleurs , mais dont of ne fait ici nul ufage, . Ta tige de la plante eft femblable aux petits bams bous, elle eft vuide &c très-caflante; fa hauteur ef dé trois ou quatre piés, &r fa couleur d’un violet obfcur, Dans la feconde lune, c’eft-ä-dire au mois de Mars , “elle pouffe des feuilles longues, épaifes » Quatre à qua: trefurune même queue, & polées en fe régardants fes fleurs font de couleur jaune, & quelquefois vio- lette. A la cinquieme lune, elles produifent une pe* tite femence noire, dela groffeur d’un grain de mil: let. À la hüuitieme lune, on arrache la plante, dont jà racine eft grofle &c longue, Celle qui eft la plus pefan- te, & la plus marbrée en-dedans, eft la meilleure, Cette racine eft d’une nature qui la rend très-difs ficile à fécher. Les Chinois, après lavoir arrachée & néttoyée, la coupent en morceaux d’un ou de deux pouces, & la font fécher fur de grandes tables dé pierre, fous lefquelles ils’ allument du feu; ils tours nent & retournent ces tronçons jufqw’à ce qu'ils foient bien fecs. Comme cette opération ne fuffit pas pour en chafler toute l'humidité, ils font un trou À chaque morceau de racine, puis ils enfilent tous ces morceaux en forme de chapelet, pour les fufpendré à la plus forte ardeut du foleil, jufqur’à ce qu'ils foient en état d’être confervés fans danger de fe corrom= pre. L'hiver eft le meilleur tems pour tirer la rhubarbe de la terre, avant que les feuilles vertes commencent à poufler, parce qu’alors le fuc &c la vertu font con centrés dans la racine. Si on la tire de laterre pens dant Pété, ou dans le tems qu’elle pouffe des feuilles vertes, non-feulement elle n’eft pas encore müûre, & n’a point de fuc jaune, ni des veines rouges, mais elle eft très-légere, & par conféquent n’approche point de la perfection de celle que Pon retire en hi- ver. On apportoit autrefois la ubarbe de la Chine pat la Tartarie à Olmuz & à Alep, de-là à Alexandrie , &t enfin à Venife, Les Portugais l’apportoient fur leurs vaifleaux de la ville de Canton, qui éft un port célebre où {e tient un marché de la Chine. Les Egyp- tiens l’apportotent auffi à Alexandrie par la Tartarie; préfentement on nous l’apporte de Mofcovie, carelle croit abondamment dans cette partie de la Chine qui eft voifine de la T'artarie, Les petites variétés de cou leur qu’on trouve dans la rhubarbe qui vient direde. ment de Mofcovie , d’avec la rhubarbe qui nousarrivé par le commerce des Indes orientales, ne procedent que de ce que celle de Mofcovie eft plus nouvelle ; car elle prend, en la gardant, la même couleur, la même confiflance & le même goût que celle qu'on réçoit par mer. On a envoyé de Mofcovie en France, une plante nommée par M. de Jufieu, rhabarbarum folio oblon- guo, crifpo, undülato, flabellis Jparfis, Cette même plante avoit déjà été envoyée du même pays en An- gleterre , pour être la vraie rhubarbe de la Chine, & M. Raud la nomma, lapathum bardanæ folio undula- 10 , glabro. La maniere dont cette plante frudifie fair juger que c’eft une véritable efpece de rhubarbe de la Chine; car nonfeulement elle a été envoyée pour telle, mais encore les graines de cette plante , fem- blables à celles de la vraie rhubarbe que M, Vander- monde , doéteur en Médecine, avoit envoyée de la Chine , ne permettent pas d’en douter : ajoutez que la figure des racines de ces deux plantes, la couleur, l'odeur & le goût, fortifient cette opinion. Onaéle- vé la plante dans le Jardin du Roï à Paris, où elle réufit , fleurit, & fupporte les hivers les plus froids. C’eft une grofle racine vivace, arrondie, d’envi- ron une coudée & plus de longueur, partagée en plu fieurs grofles branches, qui donnent naïflance À d'a" 262 ER HU *res.plus petites, de-couleur d’un roux-noirâtre en- dehors. Lorfqu’on enleve quelques morceaux de Pé- orce, on trouve la fubftance pulpeufe de la racine, panachée de points-de couleur jaune fafranée , à-peu- près comme dans la noïx mufcade, dont le centre eft d'une couleur de fafran plus vive, & d’une odeur ‘fort approchante de celle de la rxbarbe de la Chine, que lon apperçoit fur-tout vers fon collet, Lorf- awon mâche celle quieft nouvellement tirée de la terre, elle a un goût vifqueux, mêlé de quelque amertume qui affeéte la langue & le palais; & fur la fin il eft gommeux, & un peu aftringent. Du fommet de la racine naïflent plufeurs feuilles “couchées fur la terre, difpofées en rond les unes fur les autres ; elles font très-srandes, entieres , vertes, taillées en forme de cœur, & prefque-en fer de fle- che, garnies de deux oreillettes à leur bafe, &-por- tées fur de longues queues charnues, convexes en- deflous ; elles {e partagent vers la bafe des feuilles, en cing côtes charnues, faïllantes en-deflous, &an- guleufes ; la côte du milieu s’étend-dans toutelalon- sueur de la feuulle ; les côtes latérales fe répandent obliquement, fe partagent enplufieures nervures, & s'étendent de tous côtés, juiqu’au bord dela feuille qui eft ondée &c fort pliée. L’extrémité de la feuille eft obtuie, &c légerement échancrée. Du milieu des feuilles s’éleve une tige anguleufe, comprimée, can- nelée, haute d'environ une coudée, garnie un peu au-deffus de fon milieu de quelques enveloppes par- ticulieres , qui Pentourent par leur bafe, &c qui font placées à des diftances inégales, jufqu’à fon extré- mité. Les fleurs , en fortant de ces enveloppes , forment des petites grappes ; chaque fleur et portée fur un etit pédicule particulier, blanc êt menu ; elles font femblables à celles de notre rhapontie , mais une fois plus petites ; elles n’ont poiit de calice, &cfont d’une feule piece en forme de cloche, étroites par la bafe, découpées en fx quartierstobtus, & alternativement inégaux. Des parois de cette fleur s’élevent neuf f- lets déliés auf longs que la fleur, &z chargés de fom- mets oblongs, obtus êc à deux bourfes, Le pifl qui emcoupe le centre eft un petitembryon triangulaire, couronnéde troisfhgmates recourbés&taigrettés:cet embryon devient une graine pointue , trianoulaire, dont les angles font bordés d’un feuillet membra- neux. Elle poufle dans le printems , fleurit au mois de Juin, & les graines müriflent au mois de Juillet ÊT d'Aoùût. Il ne faut pas confondre la rhubarbe chinoïfe avec le rhapontic des anciens Grecs, ce font des racines bien différentes ; le rha ou rheuim de Diofcoride eft une racine odorante , aflez aoréable , & qui ne laïfle rien de mucilagineux dans labouche, comme la 44. barbe de la Chine ; mais la defcrniption de Diofcoride convient au rhapontic de Profper Alpin, que l’on cultive dans les jardins d'Europe , êt qui eft oriei- naire de la Thrace &t d’autres endroits de la Scy- thic. . Les Chinoïs emploient communément la rhubarbe en décoëtion ; mais quand c’eit en fubfance , 1ls la préparent auparavant de la marere fuivante. Ïls prennent une certaine quantité de tronçons de rhubarbe, &t les font tremper un jour & une nuit dans du vin de riz jufqu’à ce qu’ils foient bien amollis, & qu'on les puifle couper en rouelles affez minces ; en- fuite ils pofent fur un fourneau de briques une efpece de chaudiere , dont l'ouverture va en fe retréciflant juiqu’au fond en forme de calotte ; 1ls la rempliffent d'eau, couvrent la chaudiere d’un tamis renverfé, qui eft fait de petits filets d'écorce de bambou, & qui s’ajufie avec l’ouverture de la chaudiere. Sur le fond du tamis, ils pofent les rouelles de rhxharbe &.cou- wrentle tout avec unfond de tamis debois, furlequel “ R H U is jettent encore un feutre. afin que la fumée de Peau chaude ne puiffe fortir. Tls'allument enfuite leur fourneau , & font bouil- br l’eau. La fumée qui s’éleve par le tamis pénetre les rouelles de rhubarbe & les décharge de leur âcre- té. Enfin cette fumée fe réfolvant, comme dans l’a- Jambic, retombe dans la chaudiere bouillante , & jaunit l’eau. Ces rouelles doivent demeurer fept ou huit heures dans cette circulation de fumée , après quoi on les tire pour lesfaire fécher au foleil, & s’en fervir au befoïn. | Ils pilent cette rhubarbe &c en font de pilules pur- gatives, dont la dofe eft de quatre ou cinq drachmes. Ceux qui ont de la répugnance à avaler un grand nombre de pilules prennent la même quantité de rouelles feches, & les font bouillir dans un petit vale de terre avec neuf onces d'eau, jufqu'à la ré- duétion de trois onces qu'ils avalent tiedes. L'eau eff le meilleur menftrue de la rhubarbe ; auf la teinture de cette racine faite avec l’efprit-de-vin ne devient pas laiteufe comme les autres feinturés ré- fineufes , lorfqu’on la jette dans l’eau. | La rhubarbe a deux vertus, celle de purger & de fortifier par une douce adftriétion Peftomac &c Les in- teftins ; c’eft ce qui en fait un excellent remedeque l’on peut prefcrire en füreté aux enfans, aux adultes, aux vieillards , aux femmes #rofles & aux femmes en couche ; cependant on en doit faire ufage avecpré- caution ; on la prefcrit en fubftance jufqu’à drachme &t demie, & en infufñonjufqu'à trois, on en compofe un excellent firop pour purger les petits enfans. (D. J.) RHUBARBE bgrarde , (Botanique. on appelle vul- gairement rhubarbe bétarde ou fauffe rhubarbe Ve lapa- cum folio rotundo , alpinum, 1. R. H.504.Ra, kif de Sa racine eft longue, branchue, ridée, fibreufe, fort jaune, d’une faveur amere. Sa tige eft haute de deux où trois coudées , creufe, profondément fil- lonnée , rougeûtre, garnie de pluñeurs rameaux. Ses feuilles font femblables à celles de la bardane, arron- dies’, fes, d’un verd pâle &: comme jaunâtre, por- tées {ur une queue rougeâtre & cannelée. Ses fleurs font nombreufes & compofées de plufieurs étamines àfommet jaunâtre & d’un calice verd ; il leur fuccede des graines triangulaires un peu rougeâtres. Cette plante vient dans les montagnes ; on la cultive aufli dans les jardins ; fa racine eft d’ufage ; elle eft pana- chée de jaune-rouge, d’une faveur amere, yptique êt gluante, (D.J.) RHUBARBE des moines , (Boran.) c’eft le nom vul- aire de l’efpece de Zapathum | nommé lapathrim hor- tenfe, latifolium, par C. B.p.u15. & par Fournefort, 1. R. H. 504. Sa racine eft fibreufe , longue , épaifle, brune en- dehors, jaune en-dedans. Sa tige qui s’éleve quel- quefois à la hauteur d’un homme , eft cannelée ,rou-. geätre, partagée vers le haut en plufieurs rameaux. Ses feuilles font longues d’un pié ou d’un pié & demi, larges, pointues , fermes fans être roides , lifles , d’un verd foncé & portées fur de longues queues rougeñtres. Ses fleurs font fans pétales, à éta- mines, femblables à celles de lofeille, placées fur les rameaux dans toute leur longueur ; quand elles font pañlées , il leur fuccede des graines anguleufes telles que celles de Pofeille, enveloppées de follicu-. les membraneufes. On cultive cette plante dans les jardins ; elle à: prefque les mêmes vertus que la r#ubarbe bâtarde ; l’une’ êc l’autre purgent léserement & reflerrent ; on! les emploie quelquefois utilement dans le flux de ventre. (D. J.) | | RHUM , L m. cerme de riviere , fe dit de plufeurs * RHU courbes des chevaux billés fur une corde qui tirent les bateaux oules traits. 7 Double rhum, c’eft le double de ce qui tire or dinairement, & c’eft ce que l’on met fur les dili- vences. L | | RHUMATISME , f m, ( Médecine, ) ce terme fe prend dans une fignification fort étendue, de même que celui de rhume &t de fluxion. Mais dans un fens ftrniête & propre, le terme derkumarifine fignifie une affetion compofée de la goutte & du catarre ; & dans ce fens, en voici la vraie définition, Le rhumatifme eft une douleur vague, erratiqué ou fixe des mufcles, de leur membrane, desiigamens, des articulations 6€ du périofte, avecune fievre plus ‘où moins marquée, une pefanteur 6c un tiraillement dans la pattiérafiligée , &c une impuiffance ou diffi- culté de la mouvoir ; fa premiere origine eft une hu- meur âcre, faline &7 épaifle qui picote ou diftendles' | membranes; fes fuites font fouvent la perte du mou- vement, la maigreur, latrophie de la partie, &la confomption générale detout le corps. On divile le rhumatifme en trois clafles. La pre- miere eft celle qui fe foudivife en erratique qui roule dans différentes parties , &t en fixe qui n’attaque qu’une feule partie & y refte fixé. Le premier eft ordinaire , le fecond fe rencontre rarement dansla pratique, quoiqu'il fe trouve quelquefois. La feconde clañe fe foufdivife en rhxrmatifine gé- néral ou univeriel qui attaque toutes les parties du corps, du-moins, à l'exception feule d’un petit noM- bre, cette efpece n’eft pas rare, & en rhumatifine particulier qui n’affeéte qu'un membre , comme une cuifle , un bras, une jambe, une épaule, une hanche. La troifieme clafle fe foudivife en chaud & en froid, en inflammatoire & en œdémateux , en celui qui eftavec fievre , & en celui qui eft fans fievre: Le rhumatifine chaud eft accompagné de chaleur, de prurit, de rougeur , de douleur lancinante &c aigue : le froid eft accompagné de froid, de pefanteur, d’une douleur gravative, & la chaleur y eft d’un grand fou ligement , ce qui m'arrive pas dans le rhumarifine chaud. L’inflammatoire eft à proprement le chaud, &:il a fouvent tous les caraéteres de linflammation. Voyez IRFLAMMATION. =, 1e L’œdemateux eft plus approchant de l’œdeme, la partie eft pâle , pefante ; on y fent une certaine mol- leffe , quoiqu'il y ait douleur. Voyez ŒDEME. Le rhumatifme chaud & inflammatoire , de même que luniverfel , n’eft pas fans fievre, &t cette flevre eft des plus aiguës, que lon ne guérit que comme toutes les maladies aigues. Le rhumarifme froid eft pour l’ordinaire fans fe- vre bien marquée ou aigue ; cependant le pouls eft changé notablement , & on trouve le foir une fievre aflez diftinéte & facile à reconnoître. Le fiege du rhumatifine en général eft dans la mem- brane propre & commune des mufcles , la peau n’y a point de part , il attaque auffi les ligamens, les aponévrofes des articulations. Enfin {on fiege ap- proche fort de la goutte , l'humeur qui produit l’un &t l’autre eftaflez analogue ; car les membranes des mufcles & des lisamens des articles font nourries & lubrefñées par la même lymphe. Aufñ les auteurs mo- dernes mettent-ils peu de différence entre la goutte &t le rhumatifme , quoiqu’on les traite aflez différem- ment, & que l’on refpeéte plus la goutte que le r#u- matifine. Caufes. Les caufes du rhumatife chaud &c inflam- matoire, &t qui fe trouve joint avec une fievre aigué, ne font pas différentes de celles qui occafonnent les différentes efpeces d’inflammation. Il faut feulement _æemarquer que les exerçiçes violens , les fatigues R HU 263 trop continues , la éourfe, l’aûtion de pôrter des far: deaux trop pefans, d’autres mouvemens qui déters minent trop de fang fur le fiege ci-deffus décrit, pros pre au rhumarifme , le produifent efficacement ; lür= tout s’1l fe trouve dans les folides une difpofition prochaine , foit par le relâchement , l'habitude , la délicatefle , oumême le trop de rigidité & de refler- tement dans les vaifleaux , ou une difpofition vis tieufe de la part des fluides , telle que la pléthore vraie ou faufle , la cachexie ,-l’'acrimonie ou l’alkas lefcence dufang , un levain vérolique, {corbutique ou écrouelleux. Voyez sous ces articles. … Toutes ces caufes feront déterminées par une ins digeftion, par un froid pis füubitement lorfqu’on au: ra trop chaud, par un excès dans la boiffon, dans lufage des plaifirs de l'amour, & autres abus des chofes non-naturelles, Les caufes du rhzmatifine froid feront un éparfife: ment du fang, de la lymphe, quelque virus particu= lier , le froid habituel appliqué fur certaines parties, l’habitude ou l'accident de coucher dans un lieu froid &t humide , fur un matelas mouillé, fur latérte ; comme 1l arrive dans les camps, fur le bord des ris vieres, comme il arrive aux pêcheurs. Diagnoflic. Les fignes où fymptomes des diféren- tes efpeces de rhimarifiné fe teconnoiflent par tout ce qui a été dir. 2 La chaleur , la douleur aiguë & lancinante , la fie- vre aiguë &c continue qui redouble le {oir, font Les fignes du rhumatifine chaud 8e inflammatoire. Le froid, la pefanteur, la douleur gravative & la difficulté de mouvoir la partie avec un tiraillement fourd ,.comme fi l'on portoit un poids énorme , font les fignes du rhurmarifine froid ; fi, en pinçant la peau légerement, le membre reflant dans fa place & fa f- gure , On y fent douleur & dificulté de le mouvoir, c’eft un rhumatifme, l’afe@ion des nerfs eft dférente &ra fes fymptomées propres qui fervent à la difin- uer. | he. Pronoflic. Le rhumarifine en général n’eft pas dan- gereux , :l peut fe guérir , s’il n'eft pas mortel ; il eft ennuyeux par fa longueur ; le chaud eft plus cruel, mais moins long, &c plus aifé à guérir en brufquant lesremedes; quant au froid &cœdémateux, il eft long, il attire fouvent l’impotence & la paralyfe , lhy- dropifie dans les membres, Le rhwmarifine eft une ef pece de barometre ou hygrometre, & fur-tout celui qui attaque avec froid & pefanteur ; il attaque les vieillards , les gens bouffis , les filles qui ont les pâles couleurs. Les jeunes gens font plus fujets au rwme- tifine chaud, parce qu'ils ont le fang bouillant ; mais il arrive aflezfouvent quele rhwmatifinefroidfe compli- que avec la goutte, la paralyfe , le fcorbut, Le rachiz tis ; & alors c’eft le diable à confeffer. Curation. Le rhumatifne inflammatoire demande pour les remedes internes lesmêmes que la pleuréfe ë l’inflammation ; ainfi les faignées répétées, les ti- fanes délayantes, adouciffantes & antiphlogiftiques, comme celle de chiendent , de guimauve &c de nitre; le petit-lait adouci, enfuite les purgatifs & l’émé- tique, feront les remedes généraux ; les narcoti ues feront aufi donnés , felon l’occafion & Pexigence des cas , mais après avoir bea coup faigné & éva- cué ; les lavemens adouciffans $& évacuans convien. nent aufli, d'autant qu’ils entraînent par bas les ma- tieres âcres. Quant aux topiques dans cette efpece , ils doivent être émolliens, relâchans & anodins ; ainñ les cata” plafmes de mie de pain, les cataplafmes des herbes émollentes, les fomentations émollientes ,avecleau de fleur de fureau , le laittiede, l’eau de tripe feront les premiers mis en ufage, après quoi on paffera aux réfolutifs , comme la #ue de pain cuite dans le vin, la graïe humaine , le baume tranquille mêlé ayeg " 264 RHU ‘quelques gouttes d'huile d'œuf, fhuile d'œu£, la boufe de vache , la fente humaine. | Après les refolutifs., les friétions chaudes avec des dinges chargés de Fnenon , de fuccin &c d’oliban, : ou:dautres pareilles , feront.des effets merveilleux. Le rhumatifme froid, lœdemateux , & celui qui ft avec infiltration,fe guériflent par des remedes plus sa@ifs. Dans le froid fimple , on faigne , mais peu ; dans l’œdémateux, onne faigne point, ourarement; -On pañle tout de fuite , après avoir purgé vivement ‘avec les réfines , le jalap, le méchoacan,, le dia- grede , le turbith gommeux ; on pañle, dis-je , aux ‘forts réfolutifs , tels que l’eau-de-vie chargée de fa- von. l’eau deboule, l’eau.ou la déco&tion de far- mens, leslefives alkalines, l’huile volatile de corne de cerf, l’efprit-de-vin camphré mêlé avec le baume tranquille , le baume de foraventi. Si ces remedes font indiqués , on en fait des em- brocations fur la partie devant un grand feu; on la frotte long:tems auparavant avec des ferviettes chau- des, enfuite on continue même après l’application , on recouvre le tout avec le papier gris & des {er- “viettes chaudes ; après quoi on met le malade dans {on lit bien bañline. Si celane fufñt pas, on emploie les ventoufes {c2- rifiées fur la partie ,.on applique auffi les véficatoi- res, le cautere aétuel & potentiel , voyez Les articles. Enfin on emploie tous les remedes externes capables de réfoudre , difcuter & fortifier. Et comme ce mal eft long , ennuyeux & fouvent incurable, il faut avoir les égards fuivans. 1° On doit éviter d’em- : loyer des remedes violens dans le premier inftant; 1l faut aller par degré, & commencer par les adou- ciffans & anodins les plus énergiques, 87 pafler en- fuite aux plus doux réfolutifs, & de-là à de plus forts. 2° Comme le mal eft long , 1i faut éviter d’ennuyer par lemêmeremede , & favoir changer pour augmen- ter l’efpoir du malade & ne pas le rebuter. 3° Il faut employer les remedes internes avec les externes, les purgatifs doivent être fouvent réitérés ; & enfin on doit humeéter , délayer & adoucir les humeurs avec le lait coupé , Le petit-lait , les tifanes fudorifi- ques, antifcorbutiques & céphaliques. Nota , 1° que fouvent le rhumarifme fe complique avec la goutte , & que quelquefois il difparoït & fe jette fur des parties internes ; ce qui eftun coup de mort : il faut alorstraiter la maladie fecondaure. Voyez GOUTTE. Nota, 2° que le rhumarifme demande un régime égal, exaét & fuivi, &t que fi on ne Le guérit pas, c’eft que les malades trop gourmands & le médecin trop complaifant laiffent empirer le mal, & le ren- dent incurable. Ÿ RHUMB, f. m. (terme de Navigation. ) Ceftun cercle vertical quelconque d’un lieu donné, ou Pin- terfettion de ce cercle avec l’horifon. Voyez VER- TICAL, Par conféquent les différens rhumbs répondent aux diférens points de l’horifon. Voyez HoRIsoN. C’eft pour cela que les marins donnent aux diffé- rens rhumbs les mêmes noms qu'aux différens vents & aux différens points de l’horifon. Voyez VENT. On compte ordinairement 32 r#umbs, que l’on re- préfente par 32 lignes tirées fur la carte, & qui par- tant d’un même centre, occupent à diftances épales, toute l'étendue du compas. Voyez Compas. Aubin définit le rku#b, une ligne tirée fur le globe terreftre, ou fur une carte marine, pour repréfen- ter un des 32 vents qui peuvent conduire un vaif- eau. De forte que le rhzmb que fuit un vaifleau, eft regardé comme fa route. Les rhumbs fe divifent &c {e fubdivifent d’une ma- niere analogue aux points auxquels ils répondent. Aunñ le rhumb répond à un point cardinal , le demi- RHU Thumb au point collatéral,, c’'eft-à-dire , qui eft éloi- gné du premier de 45 degrés ; le quart de rharb fait avec celui-ciun angle de 22°. 30°, & le demi-quart de rhumb fait un angle de,r 1 °. 15 ‘avec le quart de rhumb. Voyez CARDINAL, COLLATÉRAL, Gc. Ligne du rhumb où loxtodromie , terme de naviga- tion, qui fignifie la courbe que décrit un vaifleau, en confervant toujours le même rrb,, c'eft-à-dire , en fäfanttoujours le même angle avec le méridien. Cet angle eft appellé wrgle de rhumb où angle loxo- dromique. Woyez LoxoODROMIE & Loxopromi- QUE. | L’angle que fait la higne du rumb avec une paral- lele quelconque à l'équateur, eft appellé complémenre du rhumb. Voyez; COMPLEMENT. ; Sile vaiffleau fait voile nord & füd,, il fait alors un angle infiniment petit avec le méridien, c’eft-à- "dire, 1l lui eft parallele | ou plutôt il vogue fur le: méridien même. S'il fait voile eft & oueft, il coupe tous les méridiens à angles droits. Dans le premier cas, 1l décrit un grand cercle x dans le fecond, il décrit, ou l'équateur, ou un paral- lele ; le chemin du vaifieau eft entre les points car- . dinaux, ce n'eft point un cercle qu’il parcourt, puifqu'un cercle décrit fur la furface du lobe ne peut couper à angles égaux tous les inéridiens. Par con- féquent 1l décrit une autre courbe dont la propriété eft de couper tous les méridiens fous le même angle. Cette courbe eft celie qu’on nomme loxodromie ou ligne du rhume. C’eft une efpece de fpirale analogue à la {pirale logarithmique, & qui, comme elle, fait une inñinité de tours:, avant d'arriver à un certainpoint vers lez quel elle tend, & dont elle s'approche continuelles ment. Voyez SPIRALE & LOGARITHMIQUE, Le point afymptotique de la loxodromique eft Le pole, auquel elle ne peut jamais arriver, quoiqu’elle s’en approche aufh près qu'on veut. Voyez POLE. La ligne que décrit un vaifleau pouffé parun vent qui fait toujours le même angle avec le méridien, eft une loxodromie, excepté dans les deux cas dont nous avons parlé ci-deflus. Cette ligne eft Phypothe- nufe d’un triangle rectangle dont les deux autres cô- tés font le chemin du vaifleau en latitude 87 en lon- gitude, La latitude eft connue par obfervation. Voyez LATITUDE ; & l'angle du rhumb avec l’un ou l’autre des deux côtés du triangle , eft connu par le compas. qui fert à cet ufage. Voyez Compas. Pat corféquent tout ce qu'il eft néceflaire de cal- culer , eft la longueur de la ligne du rhum , où, ce qui eft la même chofe, lechemin que le vaifleau par cout, Voyez NAVIGATION & Locx. SPA,PF,FG, Planchnavis. fig. 7, font fup- pofés des méridiens , 41léquateur, BÆ, KL, M N des paralleles, 40 repréfentera la loxodromique dont les angles ayec les méridiens font égaux, & différens par conféquent de ceux d’un grand cercle, puifqu’un grand cercle coupe les méridiens à angles inégaux ; d’où 1l s’enfuit que cette courbe n’eft point un grand cercle de la fphere. Par conféquent , fi la premiere direétion du vaifleau eft vers £ ( enforte que l’on fafle pafler par cette premiere direétion un. grand cercle qui coupe en Æ le méridien PE }, & que le vaifleau continue à courir fous le mêmerkumb, il arrivera jamais en £ , mais à un point O, qui fera plus éloigné de l'équateur. | Or comme le plus court chemin d’un point àun autre de la furface d’une fphere eft un arc de grand cercle qui pañle par les deux points, il eft évident. que la loxodromie n’eft pas le plus court chemin entre deux points donnés, ou la plus courte diflance d’un lieu à un autre, Ufage de la loxodromie dans la navigation, 1°. Les. parties de courbe 41 & 46, fig. 8, font entrelles Comme & comrne les latitudes AL & AN des lieux 1 & &. 2°, Siles arcs AB, IK, HF, font ésaux en grandeur, &C par conféquent d’un nombre inégal de deotés , la fomme de ces arcs appellée côté mécodynamique, où rnilles de longitude, n'eft point égale à la différence en longitude des lieux 4 & G, Voyez MÉCODYNA- MIQUE. | 3°. La longueur de la courbe 4G eft à la diffé rence de latitude GD , comme le finus total eft au cofinus de Pangle du rhume. Donc 1°. le rk1mb que l’on fuit étant donné, avec la différence en latitude réduite en milles, on aura par une fimple regle de trois, la longueur corref- pondante de la loxodromique, c’eft-à-dire, la dif tance du lieu À au heu G&, fous le même rhumb. 2°, Le rhumb de vent étant donné avec le chemin parcouru par le vaifleau, c’eft-à-dire,, la longueur de la loxodromique, on aura par une regle de trois, la différence en latitude , exprimée en milles, qu'on réduira en degrés d’un grand cercle. 3°, La différen- ce en latitude & la longueur de la courbe ou le che- min du vaifleau étant donné en milles, on aura par une fimple regle de trois , angle que la courbe fait avec le méridien, & par conféquent le rhumb de vent fous lequel on court. 4°. Puilque le cofinusd’un angle eft au finus total, comme le finus total à la fe- cante du mème angle, 1l s’enfuut que la différence en latitude GD eft à [a longueur correfpondante de la loxodromique ; comme le finus total eft à la {e- cante de l'angle de rhumb. 3°. La longueur de [a loxodromique, ou le che- min parcouru par le vaiffeau, en fuivant le même rhumb AG, eft au côté mécodynamique 4B-+1K-+ HF, comme le finus total eft au finus de l'angle loxodromique GAP. Donc 1°. le rumb ou angle du r4ub étant donné, avec le chemin du vaiffeau fur la même loxodromie AG , onaura par une regle de trois, Le côté méco- dynamique qu'on réduira en milles, c’eft-à-dire, à la même mefure que le chemin du vaifleau. 2°. De même le côté mécodynamique ÆB+IK+HF étant donné, avec le chemin parcouru parle vaifleau, on frouvera par une regle de trois, l’angle du rhumb. 4°. Le changement en latitude eft au côté mécody- namique, AB+IK4HF, comme le finus total eftà * la tangente de l'angle loxodromique PAG ou AIB. Donc la loxodromique P4G &le changement en latitude étant donné , on trouvera par une reglt de trois , le côté mécodynamique. j°. Le côté mécodynamique AB+I K+HPF eft moyen proportionnel entre la fomme de la ligne courbe 4G, & du changement en latitude GD , & la différence de ces deux lignes. Donc file changement en latitude G2, & la loxo- dromie 4G {ont donnés en milles , Le côté mécody- namique pourra aufli être déterminé en milles. 6°. Lecôté mécodynamique & la différence en la- titude étant donnés , on propofe de trouver la lon- gitude 4D. Multipliez la différence en latitude GD par 6 , ce qui réduira le produit en parties de ro minutes cha- cune : divifez par ce produit le côté mécodynami- que, le quotient donnera les milles de longitude ré- pondant à la différence de latitude de dix en dix mi- nutes : réduifez les milles de longitude répondans à chaque parallele, en différences en longitudes par le moyen de la table loxodromique ; la fomme de ces milles de longitude ainfi réduits fera la longitude cherchée: Voyez LoNGITUDE. Chambers.(O) RHUME, ox CATARRE fur La poitrine, fubit.m. ( Médecine.) c’eft une altération contresnature caufée par une légere phlosofe ou inflammation fur la tra- chée artere , le larinx ou les poumons ; ou une irti- tation produite par une férofité qui tombe fur çes Tome XIF, R HU 26 parties, qui bleffe les fonétions qui en dépendent, Généralement parlant, les catatres de poittine où rhumes, {ont précédés de pefanteur de tête, éfigotirs diflement des fens, d’une grande laffitude; il furvient enfuite un fentiment de froid fur toute la furface du corps, & un léger friffon au dos, Souventuné grande dificulté de reipirer , des douleurs vagues autour des épaules, & enfin un petit mouvement de fievre, Mais fi le catarre eft caufé par une inflammation, les fymptômes font plus violens ; on reflent de l’ardeut , de la douleur, & tout le corps eft comme en phlo= gofe, Dans le catarre froid les humeurs font pluswvif queufes & plus groffieres, & le malade eff fai de froid. Enfin on peut regarder lé rhume en général comme une légere péripneumonie qui eft prête à com- mencer. Les caufes éloignées du rumedont les mêmes que celles du catarre. Voyez CATARRE. Le traitement doit être différent felon les caufes ë&t les fymptômes, | 1°. Les diurétiques &c les fudorifiques avec les at: ténuans de tout genre, conviennent pour divifer les humeurs vifqueufes , &c faire couler celles qui font trop lentes & en congeftion. 2°. Les mucilagineux, les incraflans conviennent dans les rhumes produits par l’acrimonie & la cha- leur de la férofité, 3°. Lesrelâchans font indiqués dans la tenfion, les humeétans dans la féchereffe , les adouciffans dans la rigidité & l’afpérité de la gorge & la douleur, Leg narcotiques & les anodins font excellensdanstousles cas de douleurs & de fpafmes qui accompagnent le rhutne ; mais ces derniers demandent la faignée. Si les premieres voies ou les fecondes font tem phes de faburre , file ventre n’eft pas libre, les layez mens émolliens, les purpatifs , les émétiques doux fontindiqués. Mais comme rien n’éntretient davantage le r4vme &t les catarres , que l’abord de nouvelles humeurs fur la partie, la faignée qui les diminue , &c la diete font aufhi deux grands remedes dans ces cas, D’ail- leurs , le rhume demande particulierement la faignée, parce que l'état naturel du poumon , qui recoit au- tant de fang que le refte du corps, étant d’être dans une tenfon continuelle , 1l fe trouve furchargé dans le rhume, Nousfommes d'avis que la faignée doit être fouvent réitérée, mais à petite dofe dans le rhume qui eft accompagné de chaleur & de douleur; au leu que dans les rhumes féreux , nous penfons que la faignée peut aufh y être utile, On doit donc éviter de fe mettre en les mains de ces mauvais praticiens , dé ces timides médecins, qui pour épargner le fang de leur malade , où dans la crainte d’affoiblir la poitrine , comme ils difent, fe gardent bien de faigner dans les rhumes, & laiffent durer des années entieres des rhumes qu'une légere faignée fuivie d’un purgatif &cde quelques atténuans, eût guéritout àcoup. Il ne faut pas moins fedouter là pratique douce & la médecine emmiellée de ces médecins huileux, qui ne connoiïflent que les huiles d'amandes douces & de lin, les firops de guimauve & de diacode dans tous les rhwmes, qui n’ordonnent que des calmans, & qui n’ont jamais fu employer les remedes atté- nuans dans Les rhwmes qui naïflent cependant pour la phipart de la vifcofité de l'humeur bronchique. Ces aflafins ne font pas moins coupables que ceux qui emploient des remedes violens à tout propos ; les huileux & les remedes adouciffans & incraflans étant de vrais poifons dans Le rhume , qui a pour caufe le relâchement des bronches, l’épaiffiflement du fang , lobfruttion des tuyaux bronchiques. | Ainfi la pratique doit varier autant dans Île rhume, “di El L £ 266 R HU raue les caufes qui l'ont produit. Il eft bon quelque- fois d'employer les béchiques expeétorans, d’autres ‘fois les fudor ifiques , les alkahs volatils , les fels vo- Latils huileux, & et les rt Pet les ven- toufes appliquées entre les épaules ont guéri des r#u- anes {éreux , invétérés & incurables par toute autre voie. Remarquez ici fur-tout qu'il arrive des rhwmes pat Tépaififlement des humeurs » par le deffléchement des fibres. C’eft ce qui fe vor dans ceux qui com- battent à tout inftant fous les étendards de Vénus, ‘ou qui facriñent très-fouvent à Bacchus. Dans ces -cas les remedes doivent être bien ménagés ; la diete teftautante ef le plus grand fecours. Comme on rencontre pat-tout des perfonnes qui “cherchent des remedes formulés pour le rhumes, nous allons en marquer ici quelques-uns. Loochk commun adoucifant Prenez du firop de eui-, mauve, de l'huile d'amandes douces, de chaque une once ; 4 banc de Dale eo red Be ci-def- fus, un gros : mêlez le tout enfemble pour un looch a pr rendre du le rhume avec toux, par cuillerées. 8 dé laiffant fondre dans {a bouche, 1l atténue , il _ cracher ; il convient dans la toux ‘avec chaleur mo- dérée, dans la difficulté de cracher. Looch anti -afhmatique, bon dans le rhume avec Jé- roffté. Prenez du firop d’eryfimum , de lierre terref- tré . de Lo rmel fallitique , de chacun une once ; “du blanc de baleine diffout dans l'huile, un gros ; de oudre d'iis de, Florence, de feuilles d'hyflope {é- -“chées , de chaque un fcru Hib : mêlez le tout pourun LE à prendre par cuilleré erée dans lerhumeavec trop de férofité, dans lépuiflement de l’humeur bron- chique. Poper POTION HUILEUSE, PECHIQUES, ALTERANS, EXPECTORANS | PERIPNEUMONIE. Opias rejlaurant dans le rhume, Prenez des poudres de feuilles de fcordium ,d’hyflope, de fauge , de mé- Herr de éataire échées » de chaque trois gros ; de confetlion alkermes,, dre -once; d'extrait de,senie- vre & d’abfinthe, de gros; de firop de Earabé & de rofes fimples, de chaque une once &c demie : faites du tout un opiat dont on donnera au malade trois gros par jour. dans les rkumes avec ex- peétoration le nte, fans ardeur ni fievre aigue, On ordonnera | par-deflus chaque , un verre de lait coupé avec l’eau d'orge. Voyez GATARRE 6 Toux. RHUME DE CERVEAU , (Médecine.) la génération trop abondante de la mucofté nafale, &c fon chan- Fr morbifique ordinairement en une humeur te- ue & âcre, quelquefois plus épaïfle, accompagnée a une légere on des narines, de mal de té- te , & de tout le corps, & fouvent d’une légere fie- vie, S'ap pelle rhume de cerveau dans le langage Ordi- Re La fupprefion de la matiere de l’infenfible tranf- pifation dépoiée à la membrane du nez , paroït four- ur la plus g orande abondance de cette fetes De-là 1°, toutes les caufes qui dérangent l’infenf- ble FRDRREOn , produifent tout d’un coup.ce mal, fartout f la chaleur ou le mouvement du corps l’ont rendue plus âcre, & qu ’enfuite un froid fubit em- pêche cette He de s’exhaler : d’où 1l arrive que dans certains tems de Pannée, dans les changemens de vents, & RL on fe RER le corps, autant de fois on eft attaqué de rhumes de cerveau, RO LEE foiblefle naturelle dans cette membrane pro- qe par la âge ou par linfpiration d’un ar trop froïd, eft caufe que cette humeurs y amafñe. 3°. L'abus des fternu PER ER y attire cette férofté. L'humeur qui s'écoule y eft d'autant -plus-mau- raie, qu’elle eft plus tenue, plus abondante, plus chaude & d’une plus longue durée. L° épidémique ‘qui arrive fans un changement manifefte de la qua- té, de Pair, eft plus dangereufe, Celle qui eftune fuite -de la foiblefle naturelle a annonce la longueur de la maladie. La fecrétion plus abondante qui s’y fait de l'hu= meur en quefticn , préfente d' abord une mucofté 87 des crachats plus abondans; elle détruit le fentiment de l’odorat, caufe une relpiration difficile dans le nez, une not de gravité à à fa racine & aux par- ties ioiquee de-la tête, la dureté de l’ouie , la {omnolence & la céphalalgie. 2°. Par {on acrimonie, re produit l’'éternuement, la toux, la rougeur des narines , leur excoriation, la) phlogofe des Yeux ac- compagnée de larmes plus abondantes; quelquefois Pozene & le polype. 3°. Quand le mal defcend juf- qu’à l’eftomac, il détruit L appétit &c la digefon. Ens fin lorfque la matiere fe communique à toute l’habi- tude du corps , elle eft fuivie de fievre , de cachéxie & de paleur. Dans le traitement de cette maladie on doit avoir recours aux diaphorétiques & aux fudorifiques pour attirer à Ja peau cette humeur & la faire fortir. Dans lufage des topiques, il faut choifir ceux qui fonthus meélans , capables de couvrir la partie, de Péchauf- fer, & de la préferver de la pourriture , fuivant la différence & lacreté de l'humeur morbifique. Sout- vent les hypnotiques conviennent pour accélérer la cottion de cette matiere, (D. J.) REUS, {. m. CBocan.) genre de plante dont les feuilles font crénelées ou à trois dents ; fon calice eft petit, dentelé, & fendu en cinq quartiers. Les fleurs {ont approchantes de celles de la rofe , pentapétales &t difpofées en bouquets. L’ovaire qui eft au fond du calice devient une capfule ronde , remplie d’une graine unique, & à-peu-près fphérique. Les Botaniftes comptent une douzaine d? efpetes de _rhus, dont la plüpart font d’ Afrique &c d'Amérique ; mais les deux efpeces principales les plus connues font le rhus à feuilles d’ormeau , êc'le rhus de Virai- me. La premiere s’appeile en françois Jumac, 8 ‘Ja feconde fumac de Virginie, Nous les décrirons Pr êc Pautré au mor SUMAC. (2. T7.) Raus,(Géogr.anc.) bourg de l’Attique. Paufanias, d.I, ch. xiy. rapporte qu ’on lui donna ce nom, à caufe qu’anciennement Peau des montagnes Done tome boit fur ce bourg. M. Spon, voyages de Grece, c. 1j. p. 170. nous apprend que ce bourg eft entierement abandonne, &c tombe en ruine. On y: voit quelques infcriptions anciennes, & une entreautres d'un cer- tain Nicias fils d'Hermias y qui fut le premier aceque dit Pline, Z. VAI. c. lvy, quiinventa le métier de fous lon. (D. UNE RHUSUNCORÆ ; (Géogr. anc.) ville de la Mau- ritanie céfarienne. Elle étoit, felon Ptolomée, 4 17, c. if. entre Addyme & FREE C’eftlamême que l'itinéraire d’Antonin appelle Rufucurrum,, & fans doute auffi la même quieft nommée Raficurium par Pline, Z #7. c. y. Cette ville a été.colonie romaine, &c enfuite honorée d’un fiége épifcopal. (2. 7.) RHVAS., où RHÆAS,, terme. de Chirurgie. ; con fomption de la caronculé lacrymale qui eft au grand angle de l’œil. Voyez CARONCURE LACRYMALE, Cette maladie eft l'effet de l’ulcération de cette partie. L’acreté.des larmes & l'application inconfi- dérée des remedes mordicans, peuvent être la caufe de linflammation, &.de l’'ulcération qui produit La deftrution de la caroncule lacr: ymale. . L'ufage de cette partie fait voir que le rhyas occas fionne un écoulement involontaire des larmes, au- quel'on-peut remédier, Foyer RHÆas. (P) RHYMNUS, (Géogr:.anc. .) fleuve de laScythie, en-decàide l’Imaus..Ptolomée, Z. Pac. xiv. quidit que.ce fleuve prenoit fa fource dans les monts Rkyre zici, place fon-embouchure entrecelle du fleuve Rha 8 celle du fleuve Dais. Mercator Pappelle Szick, C’eftle Rhemnus d'Ammien Marcellin: (D:JX) : RHYNCOLITES, f. m. (Æi/4 nat. Iéfhyolog:) nom donné par quelques naturaliftes aux pointes cy- lindriques des ourfins pétrifiés où échinites. Voyez OURSINS 6 ÉCHINITES. +. 0» n | + RHYNDACUS, ( Géog:anc.) fleuve de la Myfie afatique , qu'il fépare de la Bithynie, felon Ptolo- mée, /. Pic: j. Pomponius Mela , 2 I. c. xix. dit qu'il prend fa fource au mont Olympe, Pour parler plus - exaétement, c’eft du lac Abouillona que fort le Rhyn- dacus,8t ce lac, qui'a 25 milles de tour , eftle grand égoût du mont Olympe. Pline, 2 Pc, xxxij. nous apprend que-le Rhyndacus fe nommoit auparavant Lycus. I eft appellé Mégiflus par le fcholiafte d'A: pollonius ; Laféacho par Niger , & Lopadius par d’au- tres. Îl fe jette dans la Propontide auprès de Ci- Zy Que. 4 ssl _… La médaille de Marc-Aurele, atrevers de laquelle fe voit le Rkyndacus à longue barbe, couché & ap- puyé furune urne ; tenant un-rofeau de la maïn gau- _ che, & pouflant de la droite un bateau , fait enten- dre que cette riviere étoit navigable dans ce tems-là. Le Rhyndacus fort du lac d’Abouillona , environ deux milles au-deffus de Lopadi ; il'eft profond & porte bateau ; quoique depuis longtems perfonne ne pren- ne foin de nettoyer cette riviere; on la pañle à Lopa- di, fur un pont de bois. ; Le Rhyndacus eft fameux dans l’hiftoire romaine par la défaite de Mithridate. Ce prince , qui venoit d’être battu. à Cizyque , ayant appris que Lucullus affiégeoit un château en Bithynie, y pañla avec fa cavalerie & le refte de fon infanterie , dans le deffein de le furprendre; mais Lucullus averti de fa märche, le furprit lui-même, malgré la neige & la rigueur de la faifon. I Le battit à la riviere de Rhyndacus, & fit un fi grand carnage de fes troupes , que les femmes dApollonia fortirent de leur ville pour dépouiller les morts , & pour piller le bagage. Appien qui con- vient de cette viétoire, a oublié la plüpart des cit- conftances dont Plutarque nous a inftruit. L’on re- connoït l'embouchure du. Réyrdachus , par une île que les anciens ont nommée Berbicos. (D. J. RHYPÆ , (Géog. anc.) ville de l'Achaïe. Strabon, 1. VIII. p. 48 7. & Etienne le géographe en parlent, Le premier, qui dit qu’elle étoit ruinée dé fon tems, lui donne un territoire appellé Rkypidis , & il y met un bourg nommé Leuérum , qui dépendoit de la ville Rhypæe. (D.J.) RHYPAROGRAPHE, (Peine. ) rhyparographus fi- gnifie dans Pline une peintre qui ne peint que des Dr ues, des noces de village, des bambochades. AA RHYPHIQUES , adj. £erme de Médecine, qui figni- fie des remédes dérersens & purifians. Voyez DÉTER- GENS. RHYTHME, f. m. (Poëfie latine.) poducs chez les Grecs, c’eft-à-dire cadence , & alors il fe prend dans le même fens que le mot nombre. Voyez NOMBRE. Il défigne encore en général la mefure des vers ; mais pour dire quelque chofe de plus particulier , le rhythme n’eft qu’un efpace terminé felon certaines lois. Le metre eft aufi un efpace terminé, mais dont chaque partie eft remplie felon certaines lois. Pour expliquer nettement cette différence , {up- pofons un rhychme de deux tems. De quelque facon qu’on le tourne il en réfulte toujours deux tems. Le rhythme ne confidere que Le feul efpace : mais fi on remplit cet efpace de fons; comme ils font tous plus Où moins longs ou brefs, 1l en faudra plus ou moins pour le remplir : ce qui produira différens metresfur le même rkythme, ou , fi lon veut, différens parta- ges du même efpace. Par exemple , fi les deux rems du rhythme font remplis par deux longues, le r4yzk- me devient le metre qu’on appelle fpondée ; s'ils font remplis par une longue 8 deux breves, le rhythme , Tome X1F. RHY 267 | fans cefler d’être le même , devient dadtyle: s'il y a JE, suy deux breves & une longue , c’eft un anapeñte ; s'il y a une longue entre deux breves, c’eftun amphibra- que; enfin, quatre breves feront un double pyrri- que. Voilà cinq efpeces de metres ou de piés fur le même rhythme. Cours de Belles-lertres. (D. J.) : RHYTHME, (Proje.) c’eft comme dans a poéfie la mefure & le mouvement ; l’un & l’autre fe trou- vent dans la profe , ainfi que dans la poéfie. En profe la mefure n’eft que la longueur ou la briéveté des phrafes, & leur partage en‘plus ou moins de-mem: bres, 8c le mouvement réfulte della quañtité de fyl- labes dont font compofés lés mots. Les effets du rhythme font connus dans la poéfie. Sa vertu n’eft pas moindre en profe. Il eft impoflible de prononcerune longue fuite de paroles fans prendre haleine : quand celui qui parle pourroit y füfire ; ceux qui Pécou- tent ne pourroient le fupporter : il a donc-été nécef- faire de divifer Le difcoursen plufieurs parties : on a encore fous-divifé ces parties, & on y a inféré d’au- tres paufes de plus ou de moïns de durée, felon quil étoit convenable , & de-là s’eft formé ce qu'on peut appeller la mefure de la profe : c’eft le befoin de ref- pirer , c’eft la néceffité de donner de tems-en-tems quelque reläche à ceux qui nous écoutent, qui a fait partager la profe en plufieurs membres, & ce par- tage', perfeétionné par l’art ,-éft devenu une des gtan- des beautés du difcours ; mais cet emhelliflement ne peut fe féparer du nombre; c'eft-à-dire , dé la quan- tité des fyllabes. Les phrafes ne peuvent plaire que lorfqu'elles font compofées de piés convenables : c’eft alors que la profe s’accommodant à toutes les variétés du difcours, s’infinue dans les efprits, les remue, 6 les échauffe : c’eft alors qu’elle devientune efpece de mufique qui offre partout une mefure re- glée , un mouvement déterminé & des cadences va- riées & gracieufes. D'abord l'oreille feule & le goût des éctivains avoient reglé le rhyrme de la profe : enfuite l’art le perféttionna; & on affigna à chaque ftyle lefpece de pié qui lui convenoit davantage, foit pour le ftyle oratoire, foit pour le ftyle hiftori- que, foit pour le dialogue ; en un mot pour quelque efpece de ftyle que ce füt, là mefure & le mouve- ment étoient déterminés par des regles, en profe ainfi qu’en poëfte; &c ces regles étoient regardées comme fi eflentielles , que Ciceron n’en difpenfe pas même les orateurs qui avoient à parler fur le champ. (D. 7.) RHYTHME, {. m. (Mufique,) pubuos, peut fe défi nir généralement , la proportion que les parties d’un tems , d’un mouvement , 8 même d’un tout ont les unes avec les autres: c’eft, en mufique, la différence du mouvement qui réfulte de la viteffe on de la len- teur , de la longueur ou de la briéveté refpeétive des notes. Ariftide Quintilien divile le rhyrhme en trois efpe- ces ; favoir, celui des corps immobiles , lequel ré- {ulte de la ufte proportion de leurs parties, comme dans une ftatue bien faite. Le rkyrkme du mouvement local, comme dans la danfe , la démarche bien com- pofée , les attitudes des pantomimes ;, ou enfin celui des mouvemens de la voix & de la durée relative des fons dans une telle proportion que, foit qu’on frappe toujours la même corde, comme dans le fon du tambour , foit qu'on varie les fons de l’aigu au grave , comme dans la déclamation & le chant, il puifle , de leur fucceffion , réfulter des effets agréa- bles par la durée ou la quantité, C’eft de cette der- mete efpece de rhyskme feulement que j’ai à parler dans cet article ; fur les autres voyez PANTOMIMES, DANSE , SCULPTURE. Le rhythme appliqué au fon ou à la voix, peut en- core s'entendre de la parole ou du chant, Dans le premier fens , c’eft du rAychme que naïflent le nom: l ij 268 RHY bre & l’harmomie dansil’éloquence, la mefure &ela cadence, dans la poéfie, Voyez ÉLOQUENCE POÉSIE, Mérrique., Vers, 6c. Dans le fecond ,lerhyehme s'applique à la valeur, des notes , & s'appelle anjout- d'huivrefure. Voyez VALEUR DES NOTES ,, MESURES; TEMS. Quant au rhythme de la mufique des anciens, voici à-peu-près lidée qu'on en doit avoir. Comme lesfillabes de la langue,;grecque avoient une quantité êt-dés valeurs beaucoup plus: fenfibles & mieux,diftinguées que,celles denotre-languer, èd que lesrvers-qu’on chantoit, étoient,compolés) d'un certain nombre.de piés-queformoient cesillabeslon: gues;OU breves difléremment.comhinées ; le #4y4hiré du chant fuivoitrégulierementila marche.decespiés; & n’en .étoir proprement.qué l’exprefhons Ie;:di- viloitainf qu'eux len.deuxtems.,-lun.frappé &tPau- tre levé, & l’on-en comptoititreis.genres,s &c même quatre &cplus,.felon Les divers rapports deces tems, Ces. genres. étorent légal, qu'uls appelloient auf dac rilique, oùle-rkythmectoitdale en deux tennis égaux: le rhyahme deuble, trochaiqué owrambique , dans le- quél la durée de Pün des deux téms, étoit double-de celle. de, Pautrestle fefquialtere,, qu's appelloient aufli, péonique , dont la durée de lun desirems étoit à celle de l’autre en rapport,de.deux à trôis; écenfin lépitritemoinsufité, oùlérapport des deux tems étoit de, trois. à quatre. Les-tems de ces:rAyzhmes étoient fufceptibles de plus ou.moins de lenteur par un plus grand 6u moindre nombre de {yllabes ou.de notes longuessou brèves ;: felon le mouvèment,,.& dans cefens,, un tems. pouvoit recevoir juiqu’à huit degrés différens de mouvement, par le nombre :des fyllabes qui le compoloient: mais les deux tems con. fervoient toujours entr’eux la proportion déterminée par le genre du rhyshme, - : * Outre cela , le mouvement & la marche des fyila bes, &: par conféquent des tems &c.du ryshme qu en réfultoit, étoir fufceptible d'accélération oué ralen- tiflement , felon l’inténtion.du poëte, l’expréflion des paroles, & le caraétere des paliions qu'il falloit exci- ter. Ainf, de ces deux! moyens combinés naïfloit une foule de modifications pofhbles dans,le;mouve- ment d'unmêmerhyshme, qui n’avoit d'autres bornès que celles au-deçà ouausdelà defquelles Poreillen'eft plus à portéed'appercevoir Les proportions. Le rhychmes par rapport.aux piés qui entroient dans la poéfie qu'on mettoit en muñque, fe partageoit en trois autres genres ; le fimple, qui n'adfettoit qu'une forte.de piés.; le compolé,, qui réfultoit de deux ouplufeurs efpeces de piés, &.le mixte, qui pouvoit {e réfoudre en deux, ouplufieurs r#y4mes égaux ouinégaux, ou fe battre arbitrairement à deux tems égaux ou inégaux, felon les diverfesconditions dont il étoit fuiceptible, ! Une autre fource de variété dans le rhyhime des: anciens. étoit les différentes.marches où fuccefhions de ce même rkythme, {elon l’efpece des.vers, Le rhythne pouvoit être uniforme, c’eft-à-dire , fe bat- tre toujours,en deux tems égaux,, comme dans les vers hexametres, pentametres , adoniens,, anapefti- ques, É’c. ou toujours inégaux , comme dans les vers purs iambiques , ou diverfifiés, c’eft-à-dire melésde piés, égaux & d'inépaux , comme dans les fcazons , les coriambiques,, 6e. Mais dans tous ces cas les rhythmes, mème femblables ou égaux, pouvoient être fort différens en vitefle , felon la nature des piés. - Ainf , de deux rhyrhmes égaux en genre , réfultans. l’un de deux fpondées, & l’autre de deux pyrriques, le premier auroit pourtant été double de l’autre en durée... Les filences fe trouvoient encore dans le rhythmel ancien, non à la vérité comme les nôtres, pour faire taire fetlement quelqu’une des parties, ou pour don ner quelque caradtere au. chant; mais uniquement rep CL Q LE Sn e: 3 Æ M FX pour remplir la mefurerde ges vers appellés carelees tiques, .qui-demeuroiént. courts faute d'une {yllabets ainfrleshilences ne pouvoient jamais fetrouver qu’à la fin du vers pour fuppléer à cette{yllabe: 1. © 0 … A fépard des tenués ,alsdes conncilloientfans dou- te, puiqu'ils ayoient. unimôt pour lés exprimer; la pratique en devoit cependaat être fortirare parmi eux.,-du-moins celapertt-ilis’inférer de la nature de leurs notes &c de celle: de: leurirkyéhrie , qui n’étoit que-Pexpreflionyde, la inefure:8c de, laicadence des vers, Il paroïît auffr qu'ilstfie connoïflotent-pasiles roux lemens, les f}ncopes ni les points, àlmoïns que les inftrumens né pratiquaflentquelque chofe de femblas ble en.accompagnant, lavotx ‘de quornnous rayons au indice: 1 MnotgrS el acte 6423: 9 NT ami Voilius dans fonlivre de poematum cantu & wiribus rhythm, :releve-beaucoup'le rythme ancien, & il Lux. attribue toute! la force:de l'ancienne mufique, I dit qu'un, r4ythme détaché, comme de nôtre, quine repretente pomtilés formes & les figures des chofes ne.peut ayoir aucuneffet , & que.les anciens nom: bres poétiques n’avoient été inventés que pour cette fn que nous nepligeons til ajoute quetlé langage 8z la, poëfe moderne fontipeuwipropres pour la mufiqtue, & quenous daurons:jamais de bonnermufique vos cale Jufqu’à ce que nous faffions des vers favorables pour, le chant, c’eft-à-dire ; jufqu'atcerque nous ré- formons.notre langage ,-en y introduifant, à l'exems ple des anciens, la-quantité & les piésimeturés , &. en profcfivant:pourjamais l'invention barbare dela rime. mater in € (1 2 35 Bit: Nos vers, dit-il, font précifément comme s’ils n’a voient qu'un feul pié: de forte que nous n’avons dans notre poche aucun rhyshme véritable; &! qu’en fa- briquant nos vers , nous:ne-penfons qu'à y faire en- trer un cértainnombre de fyilabes, fans prefquenous : embarrafler de quellenature elles font. J'ai peur que ceux. qui {e font' tant moqués de tous-ces raifonne- mens de Voflius, ne fuflent encore moins bons con noïlieurs en mufique-que Vofhus ne l’étoitlui-mème. Voyez MUSIQUE. (8): : KRAYDME, ( Medecine, ) ce) mot eft entierement grec puôues ; 11 fionifie littéralement cadence | Héro- plule eftile prèmier qui Pait employé dans le langa- ge de la Médecine ; où il Va tranfporté de laMufi- que; 1l a prétendu exprimer par ce mot une efpece de moûulation & de cadence , femblable à celle que produifent les inftrumens de mufique, qui réfulte des difiérens rapports de force , de grandeur , de viteñle,,, d'égalité & d’inégalité qu’on peut obferver dans plus fieurs puliations ; ces rapports pouvant fe trouver dans toutes. les variations. du pouls , on multiplie les rhychmes ou cadences à infini : c’eft fur ce fonde- ment que porte l’analogie que cet auteur a établie entre la mufque & la doétrine du pouls; analogie qu'il a pouflée trop loin, & qui l’a fait tomber dans des détails aufh frivoles & minutieux que difficiles à concevoir, 1l y aun rhythme propre À chaque pouls qu'il ap pelle zaturel ou enrhythme; lotfque le pouls s’ecarte de ce point ,'1l devient arkyrhme, non pas que le r4y- thyne diparoifle tout-à-fait, mais feulement qu’il s’al- tere, Il n’y a & ne peut yavoir qu’un feul pouls ez- rhychme, mais le pouls peut perdre fa cadence natu- relle, c’eft-à-dire être arhythme de troïs façons prin. cipales,, 1°. quand le pouls privé du ryrhme propre aux âges prend le rhy£hme de l’âge voifin ; on lap= pelle alors pararhythine ; 12°. lorfque le pouls ar4y- chine prend le rhythme d’un autre âge quelconque, on lui donne alors l’épithete de héerorhythme; 3°.en- fin., il eff énrhythme lorfque fa cadence eft différente de celle de tous Les âges; ce pouls peut fe fubdivifer en un grand nombre d’autres. Ce que nous avons dit de l’âge peut s’appliquer aux faifons, aux termpé- 13 atmens., aix conftitutions particulieres.;, 8e enfin, à toures les circonftanceseflentielles; le pouls perf tant dans, létat qui leur.eft, analogue eft enrhythme ; il devient arhyshmne lorfqu'il fort de cet état, & prend les autres titres fuivant la maniere dont 1l.s’en éloi- = Le Fhyrhme;peut avoir. lieuravec égale. ou inégale proportion, \c'efl-3-dire lorfqueile tems de la dilata. tion de l'artére, eit-épal à, celui, de la contraéion, ou lorfqug,ces deux tems font inégaux ; dans ce der- mer cas Les exces, d’inégalité penvent être fixes. rer glés ou,indéterminés ; Ataf à tems de la-diftention peut.être double, triple , quadruple , 6c..ou être à ce tems,comme.5 .,.8,.124715.-Où d'autres nombres quelconques.font à,1,,2, 3,4 ,Éc..ce qui,.comme lon yoit,, peut donner lien à uneinfinité de.carac- teres,; maisuls font encore.plus multipliés, f lon a épard aux différens excès d’inégalité qui ne fuivent aucune proportion conftante,, aucun ordre détermi: né. Dépourvus, des ouvrages. dans. lefquels Héro- : phile avoit expolé fa doûrine!, nous n’avons. que des connoïffances. tres-imparfaites que nous devons'aux extraits oblcurs que. Galien-en a-donné , on. peut confulrer fon,grand. sraisé, du-pouls de differ. pulf: Gb. I. cap1218t l’abrege que nous, en ayons donné à l'article POULS. (doctrine de Galien fur Le Jia n .. REYTHMIQUE,, adj. pin, étoit, dans. Lans cienrie mufique., la-pattie qui fervoit à regler lerhyth- me. Voyez RHYTHME. La rhytlonique, avoit pour. objet. les mouvemens dont elle regloit la mefure, l’ordre & le mélange de la maniere.la-plus propre pour émouvoir les paf- fons, lesentretenir, Les augmenter, les diminuer.ou des adoucir ; elle renfermoit aufila fcience des mou- vemens muets, & engénéralkdetousles mouvemens réguliers; mais. elle-fe rapportoit principalement à la Poeñe.. oyez PoËsre, (8). RHYTHMOPŒIA ; dpt puêuorroex., dans l’ancien- ne mufique , {elon l’exprefiond’Ariftide Quintilien , une faculté muficale qui enfeignoit les regles des mou- vemens où.du rhythme.. Voyez RHYTHME, Les anciens ne nous ont laiffé que des préceptes fort généraux fur cette partie de leur mufique, & ce qu'ils en ont dit fe rapporte toujours aux paroles & aux vers deflinés pour le chant.(S) | R I RI, RIC,, RIX, ( Lang. celtique. ) ces trois vieux mots celtiques ont à-peu-près la même fignification; ri veut dire fort, felon Cambden; ric fignifie puiffane, en faxon , 8 rix de mème. De-là les mots acheleric ; chilperic, cingentorix , vividorix, &c. chilperic-veut dire adjutor fortis, {elon le poëte Fortunatus. (D.J.) RIADHIAT , fm, (Æiff. mod, fuperfticion. ) c’eft une pratique fuperftitiente en ufage chez les Mahoz métans , & fur-tout: chez ceux de l'Indoftan. Elle confifte à s’enfermer pendant quinze jours dans un lieu où il n’entre aucune lumiere; durant ce tems le dévot mufulman qui s’eft reclus, répete fans cefle le mot /ox, quieftun des attributs de Dieu ; ilne prend d'autre nourriture que du pain & de l’eau après le coucher du foleil. Les cris redoublés de ou, les con- torfions dont le pénitent les accompagne, le jeûne rigoureux qu'il obferve ne tardent pas à le mettre dans un état violent; alors les Mahométans croyent que la force de leurs prieres oblige le diable à leur révéler l'avenir, & ils s’imaginent avoir des vifions. RIALEXA ox RÉALEIO, (Géog. mod.) ville fort dépeuplée de l'Amérique feptentrionale, dans la nou- velle Efpagne fur une petite riviere , à 2 lieues de la mer du Sud , où elle a un grand havre qui porte le même nom, & qui peut contenir deux cens voi- les, On y mouille par fept à huit brafles d’eau, fond nf ils ft z à "À 7 t x 4 dns À du defablé.clasr GE dus la ville a trois églifes Gun hôa pital, maus l'air y eff trés-mal fain ; à caufe du voifis. nage des marais Laëir, 12.28, (2.J.). | _ RIBADAVIA, (Géog. mod.) ville d'Elpägie, dans la Galice, au confluent du Migno &.de lAyia, à & lieues au fud-oieft d'Orenfo, Son terroir produit le. meilleut vin de toute FEfpagne. I y a quatre paroif fes, deux communautés relipieufes, Su hôpital, Cette ville aëté forméepar D. Garcie fils de Dom Ferdinand .le grand. Les Dominicains occupent {or ancien, palais ; 1l femble qu'en) Efpagne, les, moines, ayent fuccedé; aux rois. Long. 0.49, Larir, 42, 15, | RIBADEO,, (Géog. mod.) petite ville d'Efpaone , lans la Galice, furle bord occidental de lativiere dé même nom ,'à 10 lieues,de Luarca. ; elle,efb fur la pente d'unrocher, & c’eft le dernier port dela pros vince du gôte de lorient; elle a, ctéaflez lone-tems la réfidence de l’évêque de Mondonnedo. Longs 10 45, lat 4342: (D.J.) s rire RIBADOQUIN., fm. (emilie. }anciénne piez. ce d'artillerie ; à. 36 calibres de long, tirant une livre & trois quartsde plomb, ayec autant de poudres RIBAGORZA , (Géog: mod, ) comté dEfpagne., dans l’Aragon, le long des frontieres dela Catalos gne. Cette feigneurie quia euautrefois titre de FOYaA UE me,a 15 lieues de long, fur 6 de large; mais c’eft un pays tout dépeuple. Vénafque en eftle chef-lieu : c'eit une place frontiere, avec un château ; fut Les murs duquel on tient de grofles pierres, au lieu de canon, (D. J.) L'; \ RIBAS , (Géog. mod.) petite ville d'Efpagne, dans la nouvelle Caftille, au bord de la riviere de Xaraz Ma, 4.3, lieues de Madrid. Elle a été fondéeen 106, par un capitaine nommé Guillaume de Ribas \ d’où lui vient fon nom. (D.J.), | RIBAUDEQUER , £ me 1( 4 milit), arcide 15 piés de long,jou de douze au-moins, arrêté fur un arbre large d'un pié, où l’on avoit creuié-un éanat pour y placer un javelot de cinq à fix piés, ferré 5 empenne, & fait quelquefois de: corne. On le dre foit fur uné muraille, On le bandoit avec un tout; la chafe en étoit telle que le javelot pouvoit per cer quatre hommes de fuite. Cette machine étoit femblable au fcotpion : on l’appelloit aufi arbatere defpaile, :\1 1. RIBAUDON , (Geéog. mod.) île de France, fur la côte de Provence, entre cette côte & l’île de Poque- tolles ; c’eftune des îles d'Hvyeres. Les anciens l'ont connue fous le nom de Sswrium. (D.J.) RIBAUDS, f. m,. (Arc milir.) corps de foldats qui étoit dans les armées de Philippe Augufte, Ces rie bauds étoient des gens déterminés , qui afrontoient hardiment les plus grands périls, quoiqu’ils ne fuf- fent armés qu’à, la légere. Ils avoient beaucoup de rapport à nos grenadiers d'aujourd'hui; mais ils {e décrierent, tellement dans la fuite par leurs déborde: mens, que pour fignifier un débauché qui faifoit olois re defes débauches:, on difoit que c’étoitun ribaud + c’étoit une groffe injure dèsie rems de S: Louis. Hifi, de la Milice françoife. (Q) , RIBAUDS, roi des, ( Hifloire de France.) em- ploi que nos auteurs Dutillet, Fauchet, Caron das, Pafquier & autres, ont expliqué fort diverfe- ment: car les uns eftiment que c’étoit une charge honorable ; & les autres au contraire , une charge bafle & ignoble. Tout cela a pu être fuivant les tems; du-moins le mot ribauda été pris fucceffive- ment en bonne & en mauvaile part. Il a fignifié d’a2 bord un brave, un homme fort & robufte ; enfuite ribauds dans les auteurs de la bafle latinité, ri6a/di , font des valets d'armée, Jérvientes exercitis qui pu- blicä lingud dicuntur ribaldi. Enfin, ce mot a fini par fignifier des floux , des coquins , & {ur-tout des 4. bauchésC’eft dans ce {ens qu'il fe prend en anglois RIBE 270 &c en italien, Matthieu Paris appliquoit ce nom dès Fannée 1251, à des hommes perdus &c excommu- niés. Mehun dans fon Roman de La Rofe, dit que de fon tems on appelloit ribauds les crocheteurs. Ribau- dies eft pris dans le même ouvrage pour les chofes obfcènes : Après garde que tu ne dies Aucuns mots laids & ribaudies. Pour ce qui regarde le roi des ribauds , Fauchet dit que c’étoit un officier qui avoit charge de met- tre hors de la maifon du roi ceux qui n'y devoient ni manger ni coucher; & que par cette raifon 1l devoit faire fa vifite tous les foirs dans tous Îes recoins de l'hôtel. Carondas penfe auffi que c’étoit un fergent commis par le prevôt de Phôtel pour les vifites des chofes qui regardoient fa jurifdiétion , & lui en faire fon rapport. ( Dutillet éleve bien davantage le roz des ribauds ; il prétend que c’étoit le grand prevôt de l'hôtel du roi, qui jugeoit des crimes qui fe commettoient à la fuite de la cour, & particulierement par les ribauds 8 ribaudes, c'eft-à-dire, les garçons débauchés & les filles abandonnées. L’épithete de roi lui étoit ap- pliquée, comme fupérieur ou juge. Tout ainfi que le grand chambellan étoit nommé le ro des merciers ; ue la bazoche & les arbalétriers avoient leur roi, ledit roi des ribauds, continue Dutillet, avoit pour la force & exécution de {on office, varlets ou ar- chers qui ne portoïent verges, &c étoient de la jurif- diftion des maîtres des requêtes de l’hôtel , lefquels anciennement avoient leur fiese à la porte dudit hôtel pour ouir les requêtes & plaintes de ceux de dehors. Enfin, il afliftoit à l'exécution des criminels condamnés par le prevôt des maréchaux de France, fuivant le même Dutillet. Le roi des ribauds eft nommé dans plufeurs arrêts prevôt des ribauds. I eft dit dans de vieux titres, qu’il avoit jurifdiétion fur les jeux de dés , de brelands & &c les bordeaux qui étoient en l’oft & chevauchée du roi ; & il prétendoit qu'il lui étoit dû cinq fols de chaque femme débauchée. Mais perfonne n’eft entré dans de plus grands dé- taïls que Pafquier fur le roi des ribauds. On peut lire ce qu'il en dit dans fes recherches. iv, VIII. ch. xliv. Je n’en donnerai que le précis. Selon lui, ribaud eft un nom qui n’étoit point odieux fous Le regne de Philippe-Augufte, & ce nom étoit baillé à des foldats d'élite auxquels ce prince avoit grande créance en fes exploits militaires. Ces foldats avoient un chef ou capitaine qu’on appelloit roi des ribauds. Guillaume Lebreton, dans fa Philip- pide dit, que ce roi étant venu pour donner confort &c aide à la ville de Mantes, que le roi Henri d’An- gleterre tenoit afliégée, foudain après fon arrivée, le feigneur de Bar, brave cavalier, avec ceux de fa banniere & les ribauds attaqua chaudement Pefcar-. mouche, & logea l’épouvante au camp des An- glois. Philippe-Augufte, après avoir fubjugué le Per- tou , voulant afliéger la ville de Tours ; & trouvant la riviere de Loire lui faire obftacle, il choïfit le capitaine ribaud pour la gayer. Or , tout ainfi que le hérault qui étoit près du roi, fut appellé roz d’ar- mes ,aufl fut ce capitaine appellé roi des ribauds. Ainfi, continue Pafquier , le recueillai du roman de Rofe, quand le dieu d’amour aflemblant fon oft pour délivrer Belaccueil de la prifon où il étoit détenu , le deflus du chapitre porte : Cornment ! le dieu d’amour retient Faux-femblant qui des fiens devient, Dont les gens [ont joyeux 6 beaux , Car il le fais roi des ribauds. Et d'autant que cette compagnie étoit vouée à la - garde du corps dû roi, il falloit que fon capitame tint pié-à-boule à la porte du château. - L'auteur des Recherches rapporte enfuite üh extrait de la chambre des comptes, où lon voit les fonc- tions du roi des ribads , & {es gages qui confiftoiént en fix deniers , une provende , un valet à gages, 87 forxante {ols pour robe par an. Et dans un autre endroit : Jean- Craffe fre roc des ribauds ( quitenoit le- dit office en 1317) ne mangera point à cout ; mais 11 aura fix deniers de-pain, & deux quarts de vin, unè piece de chair & une poule, & une ‘provende d’a- voine , & treize demers de gages, &-féra monté Par PÉCRYErS à SMF ; | Peu-à-peu, continue Pafquier, cette compagnie de vibauds qui avoit tenu dedans la France lieu de primauté entre les guerriers, s’abâtardit,, tomba en l’opprobre de tout le monde, & en je ne fai quelle engeance de putafhers; & c’eft une chofe émerveil- lable, qu'avec le tems, l’état de ce roi des ribauds alla tellement en raval, que je le vois avoir été pris pour exécuteur de la haute-juftice, #0 "07 On peut lire encore fur le roi des ribauds les éclair: ciflemens donnés par M. Gouye de Longuemure à la fuite de fa differtation fur la chronologie des rois Merovingiens, imprimée en 1748. (D.J) RIBBLE , LA, (Géog. mod.) riviere d'Angleterre, Elle a fa fource dans le duché d’York, au nord de Gisborn, & elle court du nord oriental au midi oc: cidental. Après avoir traverfé le comté de Lancaftre, elle vafe jetter dans un petit golphe, & fe perd dans la mer d'Irlande. (D. J.) RIBBLECESTER, (Géog. mod.) Cet endroit n’eft aujourd’hui qu’un village dans le comté de Lancaf- tre fur la riviere de Ribble, à peu de diftance de Prefton; mais on a lieu de croire que c’étoit autre- fois une ville riche & confidérable; car on y a trouvé des médailles, divers débris de bâtimens, des fta- tues , des colonnes, des autels , des figures de divi- nités payennes, & plufieurs infcriptions, Quelques favans ont pris Bremetonaca pour Ribblecefter ; mais _ Cambden & M. Gale placent Bremetonaca à Ower- burrow , &c jee que Ribbleceffer a fuccédé à Coc- cu qui eft à vingt-deux milles de Bremetonaca. D, J. | et) mes ou RIBLEMONT,, (Géog. mod.) pe- tite ville de France en Picardie , au diocèfe & élec- tion de Laon, près de la riviere d’Oife , fur une hau- teur entre Guife & la Fere, à quatre lieues de Saïnt- Quentin, avec une abbaye d’hommes,ordre de Saint-- Benoît , fondée l’an 1083.11 y a dans la ville une pre- vôté royale; c’eft un gouvernement particulier du gouvernement militaire de Picardie, & elle a auffi fa coutume particuliere qui dépend de celle de Ver- mandois. Long. 21. 8. lat. 41. 45. (D. J.) RIBERA-GRANDE , (Géog. mod.) ville de l’île de San-Jago, la plus confidérable de celles du cap Verd, dans la partie occidentale de l’île, à 3 lieues au nord- oueft de Praya , à l'embouchure de la riviere de San- Jago , qui prend fa fource à 2 nulles de la ville, en- tre deux montagnes. Son évêché, qui eft fuffragant de Lisbonne , compte toutes les îles du cap Verd dans fon diocèfe. La maïfon du gouverneur domine fur toute la ville, qui eft prefque entierement peu- plée de portugais. Ce gouverneur étend fa jurifdic- tion non-feulement fur lesiles du cap Verd, maïsen- core fur tous les domaines du Portugal qui font dans- la haute Guinée. Le port, qu'on nomme Sxrte-Ma- rie, eftau nord de la ville, & les vaiffeaux y {ont en sûreté. Long, 354. lat. 15. (D. I.) RIBIS , {. f. ( Gram. & Pharmac. ) nom que les apothicaires donnent quelquefois aux grofeilles rouges. Ils difent rob de ribis. Voyez Ro. RIBLETTE., £. f. ( Cuifine. ) mets fait d’une tran- che de bœuf , de veau ou de porc, déliée, falée, épicée & cuite furlegril. Il fe dit aufh d'ané 6me- lette au lard. : | RIBNICK , ox RIBENICK , ( Géog. mod. ) petite ville , ou plutôt bourg d'Allemagne , dans la princi- pauté-de Ratibor en Siléfie, proche de Sora. (2. J.) RIBNIZ, où RiBBENIS, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne , au duchéde Mecklenbourg , à 3 mil- des de Roftock , vis-à-vis de Damgarden. ( D.J.) RIBORD , L m. (Marine. ) c’eft le fecond rang de planches qu'on met au-deflus dela quille pour faire le bordage du vaifieau. Ce rang forhe avec le gabord, ‘le coulée du bâtiment. Foyez GABoRD. | RIBORDAGE , fm. ( Marine & Comm. ) c’eft le prix Ctabli par Les marchands, pour le dommage qu'un vaifeau fait à un autré en changeant de place, oit dans un quai, foit dans une rade, Ce dommage e paie ordinairement par moitié, lorfque l’a@ion ef intentée. RIBOT , f. m. (rermie de Fromager. ) pilon d’une ba- ‘ratte pour battre la crême , & faire du beurre. Di&. «des Arts, (D. J.) RICA , ( Amxig. rom. ) voile dont les dames ro- naines {fe couvroient la tête, On trouve ce mot dans Varron ; mais 1l ne nous dit ni la couleur, niPétoffe, mi l’origine de ce voile; peut-être qu'il n’y avoitrien de particulier à nousen dire. ( D. J.) RICA, L£. (H/F. anc.) felon les uns un mouchoir, : felon d’autres une coëffe bordée de pourpre ; où un bandeau. Quelque partie du vêtement que ce füt , ïl “eft sûr qu'il étoit à l'ufage des femmes dans les facri- fices. RicA , ( Géog. mod.) contrée des états du Turcen Afie, dans le Diarbekir ; c’eft un beglie-bergglie qui renferme fept fanguiacats , ou petits gouvernemens. D.J.), | RICCIA , £ f. (Bosan.) genre de plante de laélafe desalgues, felon Linnæus. En voici les caraéteres. La fleur mâle n'a mi pédicules, ni calice, nipétales,, hi même d'étamines , mais une fimple boflette ou ommnet de forme pyramidale tronquée , 8 quis’ou- vre à l'extrémité quand elle eff mûre. La fleur fe: melle croit quelquefois fur la fleur mâle, quelque- fois fur différentes plantes. Elle montre À peine un calice, aucun pétale ; mais elle eft chargée d’un fruit phérique!, n’avañt qu'une feule loge qui contientun -grandnombre de graines. Linnei 5e7, planr. pag. 507. Michel zov.gex. p. 57. (DJ) _ RICERCATA , 1. f. ( Mufique italienne. ) efpece de prélude où de fantaifie qu'on joue fur l'orgue , le -clavecin., le-théotbe , €c. où il femble que le com- _pofteur recherche les traits d'harmonie qu'il veut “employer dans les piecesréolées qu'il doit jouer dans la fuite. La rcercata demande beaucoup d’habileté, parce qu’elle fe fait ordinairement fur le champ & fans préparation. Broffard( D. J.) k … RICE , L'm: ( Fourrure.) peau d’uné efpece de “loup-cervier quitfe trouve en Pologne & en Lithua- mie, dontla fourrure eft très-riche, très-fine & très- belle. Iffe trouve auf de ces animaux en Perfe & en Suede, mais les uns &les autres different par la couleur. Ceuxée Perfe ont un fond blanc avec des “mouchetures-outaches noïtés ; leur poileftlofig, fin ‘&c fourm. Ceux de Suede font rougeâtres &r'ceux ‘de Pologne &deiLithuanie d’un beau gris de fer: Ils 4e réflemblent tous par la figure & par la férocité “avant:le tête d'unichat 62 la cruauté d’un tigre.C’eft une des plus belles fourrures dont 1l fe fafle commerce “dans les pays dinord'; auf fe vendent-elles ün prix “excefif {la feule fourrure d’une robeallant quelque- Hois à plasde fix cens écus. Diékide Comm. (D: T3) RICHARDIA:, À (Boran.) genre de plante dont Voici léscaratteres. Le calice éit formé d’une {eule “feuille découpée en fix parties ;ileft droit, pointu, “& à-peu-près dela-moitié de la lonstüeur- de la fleur, v AT Lu PS A 2%, 7 RII C 39x L'a-fléur ft Moñopétale , faite en entonnoir -lindiés que’, ayant les bords divifés en fix fegmens. Les cas mines font fix filets, f courts qu’ils font à peine vif: bles. Les boffettes des étamines {ont petites, afronz dies, & placces fur les nœuds de la fleur. Le geérmé du pl eft cache fousle calice. Le file eft chevelu ; de la longueur des étamines, & divifé én trois pat- ties vers la pointe. Les fligma font obtus. Les orale nes font nues, au nombre de trois, arrondies , angis lures , élargies à la partie fupérieure & bofelces, Linnæ: ge. plant, p. 150. (D. JT, ou RICHBOROUGH , (Géogr. mod.) bourg d'Anglez terre , dans la province de Kent. Cambden paroît croire. que c’étoit autrefois la ville d’Anoleterre aps pelle Rrsupie par Ptolomée & par Ammien Marcel: lin, Anciennement les Anglo-Saxons lui donnoient le nom de Reprimuih, & Alfred. de Beverley lappeilé Richberg. (D.J,) RICHE , adj. (Gram.) qui a de laricheffe ; Voyez RICHESSE, On dit il eft riche, Il eff riche en beftiaux; en argent, en terre , en effets mobiliers, en billets: On et riche avec peu de chofe ; quand on fie foutfre pas du befoin de ce qu’on n’a pas. Un riche mariage, Un riche parti. Un pays riche én blé, én vins. Uné rime riche, Voyez l’article RIME. Riche en vertus ; en talens, en beauté, &c, RICHE COMPOSITION, RICHE, 87 Peintre, né fignifie pas toujours de l'or, des bijoux , des étoffes _ précieufes, &c. Les compoñitions riches font celles où la fécondité du génie enrichitlamatiere pat la beauté des formes. Une terrafe fingulierement éboulée, des cailloux , des plantes de formes & de couleurs bis zarres, un voile, une draperie d’étoffe communé , desarmuresde fer, une caflolette d’argille, le parfim qui s’exhale en fumée, un tourbillon de pouffiere enr levé par un air agité, toutes ces chofes judicieufe- ment difpenfées , & traitées par une main favanté ; conflituent une richefle de compofñition qui fe com- munique à toutes les autres parties d’un tableau, RICHEDALER , f. m. ( Monnoie. ) monnoie d’af: gent qui {eabrique dans plufieurs états & villes Hz bres d'Allemagne, [s’en &it auffi en Flandres; en Pos logne , en Danémarck, en Suede , en Suifle & à Ge- nève. Ty à peu de différence entre le richedaler & le daler\ autre efpece auf d'argent quife frappe pa= reillemént en Allemagne , foit pour le poids, foit pour le titre, valant également foixanté fous de France ; Ou la piece de huit d'Efpagne. Il n'y agueré de monnoïe qui ait un plus grand cours & plus uni: verfel que le #chedaler. Tl'{ert ésalement dans le commerce dudevant , du notd, de Mofcovie & des Indes orientales ; & l’on ne’ peut dire combien il s’en embarque fur les vaifleaux de diverfes compagnies qui entreprennent le voyage de long cours. Le r:: chedater eft aufi ne mornoie de compte ; dont plus fieuts népocians & bañguiers Le fervent pour tenif | leurs livres. Cette maniere de compter eft particu: berement en-ufage en Allemagne , en Poloone, en Danemarck,, Éc. Dit. de Comm. (D.J.) RICHELIEU , (Géopr. mod.) ville de France, dans le bas Poitou, au diocèle de Poitiers, fur les rivicres d’Amable & de Vende, à ro lieues au nord de Poi- tiers; & À 6o au fud-oueft de Paris. Elle fut bâtie pat le cardimalde Richelieu en 1637, qui l’embellit d’un magnifique château, Ses rues font alignées ; C'eft le lieu d’une éleétion 8& d'un grenier À fel. Le duché: pairié de Richelren ; dont cette ville eft le chef-lieu ; fut érigé en 1637. Long. 17. $1. lat: 47: (DJ) RICHELIEU , ÎLES DE, ( Géogr. mod. ) iles de l’À: “mériquefeptentrionale, dans le lac S. Pierre , à leri: trée du fleuve de S. Lautent. C’eft un petit archipel plein d'atbres, de ratsmüfqués & de gibier. (D, J.) RICHEMOND , où plutôt Richmond, ( Géograp, rm6d.) Vie à marché d’ Agleterre, dans York-Shi- Le RIC re, far la Sale, capitale du territoire qu'on appelle Richinond -Shire, où 11 y a des mines de plomb, de cuivre & de charbon de terre. Alain le Noir, comte de Bretagne, fit bâtir le bourg de Richmord, du tems de Guillaume le Conquérant, qui Périgea en comté en fa faveur. Henri VII. l’ayant érigé en duché en 1535, le donna à un de fes fils naturels, qu'il avoit eu d’Elifabeth Blunt. Il eft aujourd'hui poflédé par les defcendans de Charles de Lénox, fils naturel du roi Charles Il. à qui ce prince l’avoit don- né, Ce duché eft très-confidérable ; le bourg a droit d'envoyer deux députés au parlement. Lozg. 15. 40. dat, SA. 210. ( D. 7.) RICHEMOND , { Géog. mod.) grand bourg d’An- gleterre dans le Surrey, à 7 milles de Londres. Le æoi y jouit d’une petite & charmante maïfon de plai- fance , décorée d’un parc quieft enclos demurs , &c de jardins en boulingrins de la plus grande beaute. Qu'il eft agréable, quand le cancer commence à rou- gir des rayons du foleil, de quitter la ville de Lon- dres enfevelie dans la fumée , & de venir refpirer V’'aimable fraicheur à Richemond , monter fur une de fes hauteurs, parcourir d’un coup d'œil fes plaines émaillées de mille couleurs tranchantes, & paflant de plaifirs en plaïfirs , fe peindre les tréfors de lau- tomne à-travers les riches voiles qui femblent vou- loir borner nos regards curieux! (D. J.) RICHESSE, f.£. (Philofoph. morale.) ce mot s’em- ploie plus généralement au pluriel; mais les idées qu'il préfente à l'efprit varient relativement à l’ap- plication qu’on en fait. Lorfqu’on s’en fert pour dé- figner les biens des citoyens , foit acquis, foit patri- moniaux , il fignifie opulence, terme qui exprime non la jouiflance, mais la poffeffion d’une infinité de cho- fes fuperflues, fur un petit nombre de nécefaires. On ditauff tous les jours les richeffes d’un royaume, d'u- ne république , &c. & alors , l’idée de luxe êr de {u- perfluités que nous offroit le mot de richeffes , appli- qué aux biens des citoyens , difparoit : ëz ce terme ne repréfente plus que le produit de l’induftrie , du commerce, tantintérieur qu'extérieur, des différens corps politiques, dé ladminifiration interne & ex- terne des principaux membres qui le confütuent ; & enfin de l’aétion fimultanée de plufeurs caufes phyfi- ques 87 morales qu'il feroit trop long d'indiquer ici, mais dont on peut dire que effet, quoique lent & infenfble , n’eft pas moins réel. Il paroît par ce que je viens de dire , qu'on peut envifager les richeffes fous une infinité de points de vue différens, de l’obfervation defquels il réfultera néceflairement des vérités différentes , mais toujours analogues aux rapports dans lefquels on confidérera des richeffes. Cette derniere réflexion conduit à une autre., c’eft que lexamen, la difcuflion, & la folution des difé- rentes queftions de politique èr de morale, tant in- cidentes que fondamentales, que lon peut propofer fur cette matiere aufl importante que compliquée êc mal éclaircie , doivent faire un des principaux ob- jets des méditations de Phomme d'état &c du philo- fophe. Mais cela feul feroit la matiere d’un livre très-étendu ; 8 dans un ouvrage de la nature de TEncyclopédie, on ne doit trouver fur ce fujet que Jes principes qui ferviroient de bafe à l'édifice. Laiffant donc au politique le foin d’expofer ici des vues neuves, utiles & profondes , & d’en déduire quelques conféquences applicables à des cas donnés, je me bornerai à envifager ici les richeffes en mora- lifte.:Pour cet effet, j’exanunerai dans cet articleune queftion à laquelle ilne paroït pas que les Philofo- phes aient fait jufqu'’ici beaucoup d'attention, quoi- qu’elle les intérefle plus direétement que les autres hommes, En effet, 1l s’agit de favoir 1°. fi un des ef- fets néceflaires desricheflesn’eft pas de détourner ceux RTE qui les pofledent de la recherche de la vérité. 2%, Si elles n’entrainent pas infailliblement après elles la corruption des mœurs, en infpirant du dégoût ou de l'indifférence pour tout ce qui n’a point pour objet la jouiflance des plaifirs des fens, & la fatisfac- tion de mille petites pafñions qui aviliffent lame , & la privent de toute fon énergie. | 3°. Enfin, fi un homme riche qui veut vivre bon &t vertueux, &c s'élever en même tems à la contem- plation des chofes intelleétuelles , 8c à linveftigation des caufes des phénomenes & de leurs effets, peut prendre un parti plus fage & plus für, que d’imiter l'exemple de Cratès , de Diogene, de Démocrite êt d'Anaxagore. | Ceux qui auront bien médité l’objet de ces diffe- rens problèmes moraux, s’appercevront fans peine qu'ils ne font pas auf faciles à réfoudre qu'ils Le pa- roiffent au premuer afpeét, Plus on les approfondit, plus on les trouve complexes , & plus on {ent que l'on erre dans un labyrinthe inextricable où l’on n’eft pas toujours für de trouver le fil d’Ariane , &c dans lequel 1l eft par conféquent facile de s’égarer. Nec preme , nec furmmum molire per æthera currum. Alrins egreffus, celeffia reëla cremabis ; Tnferids , terras : medio tutiffimus ibis. Neu te dexterior preflam rota ducat ad aram : Tnter utrumque tene. Ovide , métamorph. lib. IT, 85. v.13 4. & feqai Ainfi pour traiter ces queftions avec cette fage im- partialité, qui doit ètre la cara@tériftique de ceux qui cherchent fincérement la vérité, je ne ferai dans cet article que préfenter fimplement à mes leéteurs tout ce que la fagefle humaine la plus fublime & la plus réfléchie a penfé dans tous les tems fur cette matie- re: me rélervant la liberté d’y joindre quelquefois mes propres réflexions dans l’ordre où elles fe pré- fenteront à mon efprit. Te commence par une remarque qui me paroït ef- fentielle : c’eft que les anciens philofophes ne croyoient point que les richeffes confidérées en elles- mêmes , & abftrattion faite de l'abus 8 du mauvais ufage qu’on en pouvoit faire , fuflent néceffairement incompatibles avec la vertu & la fageffe : ils étoient trop éclairés pour ne pas voir qu’envifagées ainfi mé- taphyfiquement, elles fontune chofe abfolument 1n- différente ; mais ils favoient aufli que, comme on s’écarte infailhiblement de la vérité dans les recher- ches morales , lorfqu'on ne veut voir que l’homme abftrait, on court également rifque de s’égarer, lor- qu’on fait les mêmes fuppofñitions à l'égard des êtres phyfiques &c moraux qui l’environnent, & qui ont avec lui des rapports conftans, déterminés &z établis pat la nature des chofes. Auffi enfeignent-ils conf- tamment que Les richeffes pouvant être & étant en effet dans une infinité de circonftances, & pour la plüpart des hommes, un obftacle puiffant à la prati- que des vertus morales, à leur progrès dans la re- cherche de la vérité, & un poids quiles empêche de s'élever au plus haut degré de connoïffance & de per- feétion où l’homme puile arriver , le plus für eft de renoncer à ces poffeffions dangereufes , qui, multi- pliant fans cefle les occafions de chüûte , par la faci- lité qu’elles donnent de fatisfaire une multitude de pafñons déréglées, détournent enfin ceux qui y font attachés de la route du bien & du defir de connoïtre la vérité. | | C’eft ce que Sénequefaitentendreaffez clairement, lorfqu’il dit que les richeffes ont été pour uneinfinité de perfonnes un grand obftacle à ia philofophie, & que pour jouir dela liberté d’efprit néceffaire à l’é- tude , 1l faut être pauvre , ou vivre comme.les pau- vres, « Tout homme , ajoute-t-il, qui voudra mener + une vie douce, tranquille & affurée, doit fuir le »# plus R IC » plusqu'illuferapotible cesbiensfaux8ctrompeuts, _# à l’appas defquels nous nous larflons prendre com- » me à un trébuchet, fans pouvoir enfuite nous en #» détacher, en cela d'autant plus malheureux, que » nous croyons les poflèder, & qu'au contraire ce » font eux qui nous poffedent & qui nous tiranni. sent», Mulri ad philofophandum obfifiere divirie : Paupertas expedita eff, fecura eff... J{ vis vacare ani- m0, aut pauper is oportet , aut paupert fémilis. Non potefi féudiurm falutare fiert fène frugalitasts curé : fruga- litas autem , paupertas volurtaria ef... ..., Munera iffa fortunæ putatis ? Infidiæ funt. Quifquis Aoferurie iutam agere vitam volet , quanitrin plurimum Potefr, 1fla vifcata bencficia devitét : ir quibus hoc quoque miferi- mi fallimur, habere nos putamus, habemur. Séneq. epifl. 17. 6 epift. 8. On ne peut guere douter de la certitude de ces maximes loriqu’on voit des philofophes tels que Dé- mocrite & Anaxagore abandonner leurs biens, & téfigner tout leur patrimoine à leurs parens, pour s’appliquer tout entiers à la recherche de la vérité & à la pratique de la vertu. Sprevit Anaxagoras , fprevir Denocritus, atque Cormplures alis ( quorum fapientia vori eff Nota orbi) argentum atque aurum , CaUSsAsSQU= MALORUM DIiriTrA8. Quare? Nifi quod non vera putarunt Effe bona hœ@c , animum que curis impediunr, & In mala precipitant quam plurima, (a) | Il eft aflez difficile, ce me femble, de ne pas fe laifler entrainer par de fi grands exemples, & de ter que les richeffes ne foient infiniment plus nuif- blés qu’utiles , quand d’un autre côté on voit Séne- que peindre avec des traits de feu les maux affreux qu’elles caufent néceflairement à la fociété, & les crimes que la joif de l’or fait commettre. Cérca pecu- niam, dit-1l, plurimum vociferatioms ef : hæc, fora defaiigat, patres liberofque commrittit | venena mifcet, gladios tam percufforibus quam legionibus tradit. Hec eff Janguine noftro delibuta. Propter hanc uxorum ma Titorumique nocles flrepunt litibus, 6 cribunalia magif- Zraluun piemit tuba à: reges feviunt, rapiunique | civitates longo feculorum labore conftruëtas evertunt, us aUTUIR argentumate in cinere urbuim [crutentur, Senec, deiré, lib, ITT. cap. x#xij, circa fin, « Depuis que les richeffes, dit-il ailleurs, ont com- # mencé à être en honneur parmi les hommes , -& à » devenir en quelque forte la mefure de la confidé- » ration publique , le gofit des chotes vraiment bel= »# les &t honnêtes s’eft entierement perdu. Nousfom- |» mes tous devenus marchands, & tellement cor- » rompus par l’argent, que nous demandons , non # point ce qu’eft une chofe en elle-même, mais de # quel rapport elle eff. Se préfente-t-il une occafion # d’amafler des richefles, nous fommes tour-à-tour # gens de bien ou fripons , felon que notre intérêt » & les circonftances l'exigent. Nous faifons le bien, » 6t nous pratiquons la juftice tant que nous efpé- » rohs trouver quelque profit dans cette conduite, # tout prêts à prendre le parti contraire fi nous # croyons gagner davantage à commettre un crime, 3 Enfn les mœurs fe font détériorées au point que » lon maudit la pauvreté , qu’on la regarde comme + un deshonneur &t une infamie, en un mot qu’elle » eft l’objet. du mépris des riches & de la haine des » pauvres », (4) (:) Prlingen. Zodiac. vite ; lib. IT. vf. 442 ; & fega, édit. Rotterd. ann. 1722. Voyez auf Platon , à Aipp. major. pag. 283.A.B. com, 111. dit. Henr. Steph. ann. 1578 ; & Plutärque, vie de Periclès , pag. 162. B. C. 10m. I. édit. Paris , ann. 1614. (b) Que (pecunia) ex quo in honore eflé cæpit , verus rerum ho- nor cecidit : mercatorefque & venales invicein fai , quærirus , non qualk fit quidque , fed quanti. Ad mercedem pii fumus ; ad merce- dem impit Honela ; quamdin aliqua illis Jpes ineft , fequumur : it Tome XIV, RIC 373 Ce ne font point ici des idées Vabtiés 6e jettées at hafard , li de vaines déclamations , OÙ l'imagination agit fans cefle aux dépens de la réalité , mais des faits confirmés par une expérience continuelle , & que chacun pent, pour ainfi dire, toucher par tous {es fens. Auf le même philofophe ne craintil pas d’a- vancer que les richeffes font la principale fource des malheurs du genre humain , & que tous les maux auxquels les hommes font fujets , comme la mort , les maladies, la douleur, &c. né font rien en come paraïfon de ceux que leur caufent les rnicheffes. Trans Jéarmmis ad pairimonia , maximam humanarum æruLvrA= run inateriam, Nam fc omnia ala quibus anQIRUT, CON Pares , fortes, @grotariones , Inetus , defideria, dolorunt laborumque patientiam , cum ls quæ nobis mala pecu- nid 710ffra exhibet ;3 hæc pars multi præpravabit, Senec. de tranquill, animi, cap. vüj. init, Îl s'exprime encore avec plus de force dans fa 116, lettre, . # De continuelles inquiétudes , dit-il, rongent & # dévorent les riches à proportion des biéns qu'ils » pofledent. La peine qu'il y a à gagner du bien eff » beaucoup moindre que celle qui vient de la po » fefion même. Tout le monde regardé les riches » comme des gens heuteux ; tout le mondé vou » droit être à leur place , je avoue : mais quelle » erreur! Eftal de condition pire que d'être fans » cefle en butte à la mifere & à l'envie ? Piût aux » dieux que ceux qui rechérchent les richefles avec » tant d’empreflement intérrogeaflent les riches fur » leur fort , certaiñiement ils cefleroient biéntôt de » defirer les richeffes » | Adjice quoridianas folicitu- dires , que pro modo habendi quemque diferucianr. Ma JOre tormento pecunia poffidetur , quam QUETIENT . à At felicem illum homines, & divitem vocant, & confè= qui Optant, quantum 1lle pofider. Fateor. Quid erco À Tu ullos effe condirionis pejoris extfhimas, güam qui ha- bent & muferiam & invidiarn ? Ütinam qui divitias ap= petituri effens cum divitibus deliberarent ! Profeito voia mutaffint. (ce) Que l'on fafle réflexion que celui qui parle dans ces pañlages eft un philolophe qui poffédoit des biens immenfes , 12241. êram pecumiam ; comme il le d : lui même dans Tacite, annal, lib, XIV. cap. nj. & ’on {entira alors de quel poids un pareil aveu doit être dans fa Bouche. Mais confultons , fi l’on veut, d’autres autorités : voyons ce que les auteurs les plus graves & les plus judicieux ont penie de Pinfluence des richeffes fur les mœurs , & des avantages de la pauvreté. « Ce n’eff » pas, difoit Diogene, pouf avoir de quoi vivre » fimplement, avec des herbages & des fruits, qu’on » cherche à s'emparer du gouvernement d’un état, » qu’on faccage des villes, qu’on fait la guerre aux » etrangers, où même à fes concitoyens; mais pour » manger des viandes exatules , &2 pour couvrir fa » table de mets délicieux ». Diogenes tyrannos, & Jubverfores urbium bellaque vel hofälia, vel civilia, non pro fimplici vidu olerum pomorümque , féd pro carnium G epularum delicis | adférir excitari. Diogen. apud Hieronym. adv. Jovinian. lib. IL. pag. 77. À. iom. II. edit. Bafil. | d Juftin fafañt la defcription des mœurs des anciens {cythes , dit qu’ils méprifent l'or & l'argent , autant que les aufres hommes en font paflionnés, & que c’eft au méprisiqu'ils font de ces vils métaux, ainfi SE leur maniere de vivre fimple & frugale, qu'il aut attribuer linnocence & la pureté de leurs mœurs , parce que ne connoïflant point les richefles, contrarum tranfituri ; ft plus (celera ptomittant. .« . . denique ed inores redaflt funt, ut paupertas maleeréo Prébroque fit ) COntEMPLE divitibus ; invifa pauperibus, Senec. épifl. vise D (c) FWoyez encore fa xiv. létrre vers fa fin, où il rapporté üne fort bonne penféé d’Epicure ; & joignez-y deux beaux fragmens de Philemon, qui £ trouvent dans le recueil de le Clerc, num, 39 & 38 , pag. 352, édit. Amflel. sa 1 19 ES 374 RIC ils n'ont que faire de convoiter le bien d’autrur. 44- rum € argentum perinde ad/pernantur, ac reliqui morta- les adperunt, Laëte 6 melle vefeuntur.. ..., Hec conti- nentia illis morum quoque juffitiam indidir. Nihil alie- num concupifcentibus. Quippe ibidem divitiarum cupido ef, ubi 6 ufus. Juftin. Miff. Lib, IT. cap. ij. num. 8 6 | feguerr. Zenon le ftoicien ne penfoit pas plus favorable- ment des richeffes ; car ayant appris que le vaiffeau fur lequel étoient tous fes biens, avoit fait naufrage, il netémoigna aucun regret de cette perte, au con- traire. « La fortune veut, dit-il auffi-tôt, que je puifle # philofopher plus tranquillement ». Nurciato naï- fragio, Zeno noffer , cum omnia [ua audiret [abmerfa ; lubet , inquit, me fortuna expeditins philofophari. Apud Sénec. de tranquill, animi. cap. xv]. » Je im’étonne, difoit Lucrece de Gonfague à » Hortenfo Laudo , qu'étant aufli favant que vous, » l’êtes, & connoïflant aufh bien les vicifitudes & # le train des chofes humaines, vous vous attrifti- s# tiez aufli exceflivement de votre pauvreté. Ne fa- » vez-vous pas que la vie des pauvres reflemble à # ceux qui cotoyent le rivage avec un doux vent, » fans perdre de vue laterre, & celle des riches à 5 ceux qui navigent en pleine mer. Ceux-ci ne peu- » vent prendreterre, quelque envie qu'ils en ayent : » ceux-là viennent à bord quand ils veulent ». E/° Jendo voi perfona dotta ; e santo bene cfperta ne : nondari caft ; mi maraviglio che di fe firana maniera vi attrifliate per La poverta; quafr non fappiate la vita der poveri cfler fémile ad una navigatione preffo il lito; e quella de ricchi, noneffer differente da coloro che [£ ritro- vano in alto mare : à gli uni e facile gittar La fune ir terra, e condur La nave a ficuro luogo 3 e a gliahrie Jormamente difficile. (d) Anaxagore avoit donc raïfon de dire queles con- ditions qui paroïffent les moins heureufes, font celles qui Le font le plus , & awil ne falloit pas cher- cher parmi les gens riches & environnés d’honneurs, les perfonnes qui goutent la félicité, mais parmi ceux Gui cultivent ün peu de terre, ou qui s’appliquent aux fciences fans ambition. Nec parum prudenter , Anaxagoras interroganti cuidam quifnam eflet beatus : emo , inquit ex his quos tu felices exiftimas : fed eum in 1llo reperies , qui a te ex miferts conflare creditur. Non érit ille diviriis 6 honoribus abundans : fed aut exigur ruris , aut non ambitiolæ dottrinæ fidelis ac pertinax cultor, in fecef[u quèm in fronte beatior. Valer. Maxim. lib, VIL. cap. ij. num. 9. in extern, cit. Bel. ubi infra. Finiflons par un beau paffage de Platon: « il eft # impofñble, dit expreflément ce philofophe , d’e- # tre toutenfemble fort riche & fort honnête hom- # me.Or comme il n’y a point de véritable & folide # bonheur fans la vertu , les riches ne peuvent pas » être réellement heureux ». P/ato, de learb, lib, PF. pag. 742. E. & 743. AB, tom. IT. edit, Herr. Steph. an. 1578. Voyez auf fa huitieme lettre écrite aux pa- rens & aux amis de Dion. so7x. LIT. opp. pag. 335. C. edit. cir. Telle eft à cet égard la doûtrine conftante des poë- tes , des philofophes , des hiftoriens &r des orateurs, dont le fens a été le plus droit. Tous ont traité de fols & infenfés ceux qui faifant confifter le fouverain bien dans la poffeflion des richeffes, mettent Le plai- fir du gain au-deflus des autres, &t méprifent celui qui revient de l'étude des fciences, à moins que ce ne foit un moyen d’amañler de l'argent : tous ont référé une honnête pauvreté à ces faux biens par lefquels aveugle & folle cupidité des hommes fe laïfle éblouir: tous enfin ont regardé les richeffes comme une pierre d’achoppement. Pour mot, je l’a- voue, plus jy réfléchis, & plus je fuis convaincu que ce ne fut point , comme le prétend fauflement (d) Lettere della fignora Lucretia Gonfagua , pag 215, édition de Veénife , ann. 1992 RIC Barbeytac (e), par oftentation, nipar un défintére{ fement mal entendu , q'Anaxagore & Démocrite {e dépouillerent de leurs biens , maïs qu’au contraire, ils agirént en cela fort fagement , & en philofophes qui favoient qu’à-légard des chofes par lefquelles il eft auf facile due dangereux de fe laiffer corrom- pre, le partile plus für et toujours de fe mettre dans limpofhbilité abfolue d’en abufer, En effet , tant de foins , d'inquiétudes & de cha- oÿins , tant de petits intérêts (f) dans la difcufon defquels 1l arrive que trop (g) fouvént que l’on foit injufte, & que Pon fafle beaucoup de mal, même fans lé favoir, & fans être méchant ; tant de cir- conftances où l'éclat de la fortune & le fafte de l’o- pulence mettant entre les riches 8 ies pauvres une diftance immenfe , rendent néceMairement ceux-là durs , & font que leur cœur fe refferre à la vue des malheureux, par lhabitude où ils font de les voir dans un point de vueéloigné; habitude qui étouffe (4) en eux toutes Les affeétions qui pourroient lesrap- procher de Phumanité, & réveiller dans leur ame ce fentiment de pitié & de commiféranion fi naturel à l’homme , & qui le convainc fiintimement de fa bon- té (z) originelle ; tant d’occañons de fe laifler cor- rompre, &c de s’'abandonner aux plus grands & aux plus honteux excès; en un mot, tant d’inconvéniens de toute efpece, fuivent finéceffairement la poffeffion des richeffes , & d'un autre côté ; la recherche de la vérité & l'étude de la vertu demandent un filenée de pafons fi profond & fi continuel , une méditationf forte, un efprit fi pur, fi fortement en garde contre les illufions des fens , fi habile à démêler les erreurs, & à en reétifer les jugemens par la réflexion , fi dé- gagé des terreftréités, & de tout ce qu eft l’objet de la cupidité hümaine , enfin une ame fi honnête, fi fenfble, fi compatiflante, fi naturellement portée au bien & fi continuellement occupée à le faire, qu'il eft impoffible (k) à homme d’allier jamais des chofes aufli incompatibles par leur nature. (e) Dans fa préface fur le grand ouvrage de Puffendorf, &. À 3e c. z. 19 ; pag. 66, dit. d'Amfl, 1734, tom. 1. Voyez ce que je dis contre cet auteur dans la note de là page 378. f) Quiterre a, guerre a, dit le proverbe : cet adage trivial eft une vérité fi évidente , qu'il feroit auf ablurde d'en nier la certitude , qu'inutile d'entreprendre de la prouver. Au refe ce ne font pas feulement ceux dont les richeffes confifient en fonds de terre , qui font fans cefle expofés à des querelles & à des procès. C'eft le fort ordinaire &e inévitable de tous les riches, de quelque nature que foient leursbiens. Auf Criton fe plaignoit il à Socrate.qu'il écoit bien mal-aifé à un homme qui veut conferver fon bien de vivre dans Athenes ; «car il y » a des gens, difoit-il ; qui viennent me faire des proeîs fans »' que je leur aye jamais fait aucun tort ; mais feuiement parce » qu'is favent que j'aimerois mieux leur donner quelque ar- » gent , que de m'embarrafer dans les affaires ». Voyez es chofes mémorables de Socrate, liv. IT. vers la fin, & conférez ce que dit M. Roufleau de Geneve dans fon Errile , liv. IV. pas. 164 » 165 , édit, de Hollande. (g) Qua tam fefla dies , ut ceffèt prodere funem Perfidiam , fraudes , atque omni ex crimine lucrur Quafitum , 6 partos gladio, vel pyxide nummos ? Rari quippe boni. Numero vix funt totidem , quot Thebarum porte ; vel divitis oflia Nil. Juvenal , fat. 3, vf. 23. 6 fegg. Ce poëte fait ici , fans le favoir ; Fhiffoire des iuœurs de la plüpart des riches. ; . (4) Conférezici Menandre , ir fragment. num. à 54. pag. 242, édit. Clerice. Amitel. 1704. | (:) Plufeurs anciens philofophes ; entre autres Séneque ; ont apperçu cette. vérité {1 lumineufe , fi utile, fi confolante pour Phumanité , & à laquelle la juitice & la fagefle de Dieu fervent de bafe; mais la certitude de ce principe , fi important par lui-même & parles conféquences qui en découlent immé- diatement, n’a été bien démontrée que par ur philofophe mo- derne , dont les ouvrages font entre les mains detout le monde, A l'égard de Séneque , royez le paffage qui fert d’épigraphe à l'Emile | € joignez-y fur-tout ces belles paroles du même philo{ophe : erras ... . fiexiflimas nobifcum vitia nafci: fiperve- nerunt, ingefla funt, itaque monitionthus crebris , opinioñes que nos circumfonant ; compefcamus. Null: nos vitio natura conciliar : nos illa integros ac liberos genuit. Senec. épiff. 04. (4) Appliquez ici ce pañlage de Sallufte : negue aliter quif- quam extollere fefe, & divina mortalis attingere petef} ; nifi emiffis Il ya tout lieu de croire qu’Anaxagote fit À-peu- près les mêmes réflexions, & qu’il fentit combien il eft difficile d’être riche, heureux, jufte & bon tout enfemble, puifque Valere Maxime nous dit > LT. VIII. cap, vij. num, 6. in extern. que c’eft à l’aban- don de fes riche]les que ce philofophe fe crut redeya- ble de fon falut : quai porro fludio Anaxagoram fla- graffe credimus ? Qui cum è diutiné peregrinatione repe- sijfet, poffeffionesque defertas vidiffet, non effem, in- guit, epo Jalvus , rife ifla periifienr. Il me femble que fi Barbeyrac eût réfléchi fur ce paflage, il auroit été moins prompt à envenimer les motifs qui déterminerent Anaxagore à réfigner rout fon patrimoine à fes parens. Il auroit vu qu'il n’y a point d’oftentation , mais au contraire beaucoup d'humibiré, de fagefle & de vertu dans la conduire d’un phulofophe qui, fachant par un examen réfléchi des actions humaines, combien la pente du vice eft douce & facile ; ou plutôt, connoiflant ( 2) fa propre foiblefle, & craignant qu’en confervant fes richeffes, 1l n'ait pas aflez d’empire fur fes pañlions, pour en jouir dansl’innocence, & pour réfifter aux tentations toujours renaifantes d'en abufer, aime mieux s’en dépouiller entierement, que de fe voir expofé fans ceffe à un combat dont il ne feroit pas toujours forti vainqueur. Car felon la remarque judicieufe d’un cé- lebre auteur moderne, par-rour La fenfarion de mal faire, augmente avec la facilité. Lettre de M. Roufleau de Genève à M.d’Alembert, p.145, édit. d’Amff.i 758. Une autre obfervation non moins importante, c’eft qu'un homme riche, quelque penchant naturel qu’il ait à la vertu, ne peut fureunbon ufage de fes biens qu'à quelques égards : il y aura toujours par l'effet d’un vice 1nhérent aux richeffes , une infinité de cir- conftances où, comme je l’infinue plus haut, il s’é- loignera de l’ordre & de la reétitude morale fans s’en appercevoir, & où cette déviation devenant de jour en jour plus fenfible, 1l s’écartera enfin de la fphere étroite de la vertu, emporté fucceflivement malgré lui par mulle petites paflions, comme par une efpece de force centrifuge, déterminée, par ce que les an- ciens appelloient murabilis caufarum inter Je cohæ- rertium feries. % Il feroit inutile de dire avec Epicure, que ce n'eft point la liqueur qui efl corrompue , mais le vafe : car on ne peut approuver la penfée de ce philofophe, qu’en confidérant les richefles en elles-mêmes, & en les {é- parant intelle@uellement des maux qu’elles entrai- nent aprés elles, & j'ai déja dit, pag. 2. que rien n’é- toit plus illufoire que cetre méthode de philofopher. En effet, 1l s’agit de favoir, fi l'abus des richeffes , de quelque nature que foient les effets qu'il produit, eft inféparable de leur poflefon , & fi lon ne peut pas dire en ce fens, que les maux qu’elles caufent dans le monde, font les effets d’un vice qui leur eftizhé- rent , puiqu'l eft inconteftable que ces maux, quels qu'ils foient, n’exifteroient pas fans elles , quoiqu’el- les n’en foient d’ailleurs que caufes occafionnelles , je veux dire, quoiqu’elles ayent befoin pour les pro- duire & pour les déterminer, de l'intervention d’une caufe phyfique qui eft lame, ou pour parler plus philofophiquement , le corpsmodifié detelle & telle maniere: or c’eft ce queje foutiens, & ce qu’on ne peut nier, .ce me femble , pour peu qu’on y réflé- chifle. pecuniæ € corporis gaudiis , animo induloens , uon aflentando , ne- que concuplta præbendo, perverfam gratian gratificans; fed in. la- bore , patintié, bonifque præceptis, & fa&is fortibus exercirando. Salluft, ad Cæfar. de repub. ordinandé , orat. pr. (2) Il eft évident par ce qu'il dit lui même dans le paffage de Valere Maxime, rapporté ci devant , que ceci n’eff ni une affertion hardie & téméraire , ni une conjeŒure vague & in- certaine; mais une propolition qui a,tous les degrés de pro- _babilité & de certitude morale, que l’on peut defirer dans des chofes qui ne font pas fufceptibles d’une démonftration méta- phylque. | | Tome XIP, FR - e MTE Gr Ajoutez à cela que le fage peut bien , Quant à lui, ne regarder l'or & Pargent que comme de fimples métaux, dont il {e fert comme autant d’inffrumens qu'il dirige felon fes vûes ; mais dans le fyflème fo- cial, ces métaux, fource intariable de malheurs & de défordres , changent en quelque forte de ma ere d’être. Ce ne font plus alors aux yeux du phi- lofophe , des fubftances abfolument ina@ives & ina- nimées ; il fait que ces fignes repréfentatifs & con- ventionnels, ont une efpece de vie qui leur eft pro- pre , & dont le principe précaire fe trouve dans les relations qu'ils ont aveë nos penchans, notre éduca- cation, nos ufages,, nos lois, nos vices, nos vertus :, & avec la nature des chofes en général. Or ces rap- ports font le point de vâe fous lequel J'envifage ici les richeffes : d’où je conclus que fi l’on peut dire dans telle hypothèfe que le vafe corrompt la liqueur ; On peut aflurer plus généralement encore, & avec au- tant de vérité pour le moins, que la liqueur corrompt le vafe, À l'égard des mauxinfinis quiréfultent né- ceflairement de tout cela pour la focièté, ils font f étroitement liés aux caufes d’où ils émanent , par l’aétion de l’une & la réaftion de l’autre » quelque- fois même par leur tendance réciproque & co-exif- tence à la produétion des mêmes effets, qu'il feroit aflez difficile de mefurer la fphere d’adivité de ces deux forces, & de connoître leur influence propor= tionnelle. Ileft, ce me femble, évident par ce que je viens de dire, que l’objettion d’Epicure rapportée ci-def- {us , eft un coup perdu, érutum fulmen. J'en dis autant d’une autre difficulté qu’on pourroit encore me fare, en m'objeétant qu’on à vû plus d’une fois des riches faire un bon ufage de leurs biens, & que cela eft même très-poflible en foi ; car ce n’eft point du-tout ce dont il s’agit ici. A légard des Philolophes,quand on pourroit en citer plufieurs tels que (#2) Séneque par exemple, &c. queles richeflès n’ont point détour- né de la pratique de la vertu, & de l'étude de 1a vérité, celane prouveroit encore rien contre mon fentiment, car je foutiens a ces Philofophes, quels qu'ils foient, auroïent pû faire, je ne dirai pas feule= ment plus de progrès dans la découverte de la véri- té; mais ce qui.eit d’une toute autre importance, & infiniment préférable aux connoïffances les plus va. tes & les plus fublimes, que leur vertu auroit été plus pure, plus intaéte, & leurs mœurs plus régu- lieres,, s'ils n’euffent pas été riches. Un pañlage admirable de Séneque va répandre un beau jour {ur ce que je dis : ulsum ef?, remarque très - judicieufement ce philofophe, 207 corrumpi di- viiarum contubernio. Magnus ef ille qui in divitiis pau per el: SE D SECURIOR, QUI CARET DIVITIIS (z). Ils n’auroient eu du-moins à combattre que contre les défauts & les foibleffes inféparables de lhumanité dans l’état civil, au lieu qu'ils avoient dans: les richeffes un ennemi de plus, d’autant plus difficile à vaincre, que fes charmes {ont plus fédui- (m) Si l’on jugeoït des mœurs de ce philofophe fur la Pot de Dion Caffius, & du moine Xiphilin fonabréviateur, on en auroit une idée aflreufe , & qui ne juftifieroit que trop ce que j'ai dit ci-devant de la corruption des riches:mais les calomnies dont ces deux hiftoriens femblent s'être plu à verfer le poifon far la vie de ce fage ftoïcien,, fonttrop'noires, trop edieufes, trop viliblement deftituées de toute efpece de vraiflemblance., en un mot , détruites par des preuves trop fortes , pour qu elles puiffent faire encore impreffion für l’efprit des leéteurs judicieux & inflruits : ce feroit donc trahit la vérité que de renouveler ici ces accufations faufles & injuftes , quelque fa- vorables qu'elles foient à l'opinion que je défens : il fut laif- fer ces indignes manœuvres & ces foibles reflourcesà ces au- teursignorans & fuperftitieux dont Bayle parle à la page s07 du 1ome F”. de fon Diffiornaire, édition de 1740 , & auxquels if reproche très-juftementde faire fleches de tout bois ; ex omni lipro mercuriove. (2) Senec. epifl, xx, Voyez le paflage de Platon cité, p. 3744 M m 1j 376 R I C fans, fes attaques plus fourdes, plus fubtiles, plus continuelles, && les occafons d'y ficcomber plus fré- quentes, Ainf Pexemple même de ces Philofophes riches. en fuppofant qu'il y en ait eu plufieurs, ce que je h’ai pas le tems d'examiner, ne diminue en rien la force demon raifonnement. -Pour l'afoiblir, 1l faudroit pouvoir prouver, 1° que les inconvéniens que j'ai dit accompagner la poflef- fon des richeffés , n’en font point des fuites néceflai- res, 2° qu'en m'accordant que ces inconvéniens'eñ font inféparables , 1l ne s’enfuit point, comme je le :prétends, que les richelles, avec tous les défordres quelles entrainent après elles , foient incompatibles avec l'état où je fappofe que doit être l’ame d’un phi- lofophe qui veut étudier la vérité, & la vertu. Or, je défie qui que ce foit , de prouver jamais ces deux chofes : on peut par des fubtilités de dialeétique obf- curcir certaines vérités , & jetter des doutes dans lefprit de ceux qui les admettent, lorfque les forces de leurs facultés intelleétuelles 1es mettent hors d’é: tat de diffiper les ténèbres, qu’un raifennement fin -&c adroit s’eft plû à répandre {ur ces vérités ; mais il n'en eff pas de même des faits dont nous fommes tous les jours les témoins. Il eft impoffible à cet égard d’en impofer à perfonne , & c’eft d’après ces fortes de faits que j'ai raifonné. Cependant pour qu’on ne me foupçonne point de difimuler dans une matiere de cette importance, tappottons ici l’éloge que Séneque fait des réchëffes ; c'eft peut-être le plaidoyer Le plus éloquent que lon prufle faire en leur faveur; maïs auffi je doute fort qu'il y ait parmi nous un feul riche qui puifle lire “ans trouble, fans émotion, & sl faut tout dire, fans remords , à quelles conditions ce philofophe permet au fage de pofleder de grands biens. Voici tout le paflage tel que j'ai cru devoir lexprimer dans -notre langue. Mr « Le fage n'aime point les richeffes avec pañion, » mais il aime mieux en avoir que de n’en avoir pas; # il ne les reçoit point dans fon ame, mais dans fa # mañfon; en un mot, il ne fe dépouille pas de # celles qu'il poflede , au contraire , 1l les conferve » & 1ls’en fert pour ouvrir une plus vafte carriere à » fa vertu, & la faire voir dans toute fa force. Enef- » fet, peut-on douter qu’un homme fage n'ait plus # d’occafñons & de moyens de faire connoïtre l’é- # lévation & la grandeur de fon courage avec les » richefles, qu'avec la pauvreté , puifque dans ce # dernier état on ne peut fe montrer vertueux que » d’une feule façon, je veux dire, en ne fe laïffant » point'abattre & ablorber par l’indigence, au lieu » que les richeffes font un champ vafte & étendu, où »l’on peut, pour ainfi dire, déployer toutes fes » vertus, &c faire paroître dans tout fon éclat fa tem- pérance, fa liberalité , fon efprit d'ordre & d’éco- # nomie, & fi l’on veut fa magnificence. Ceffe donc » de vouloir interdire aux philofophes l’ufage des # richeffes ; perfonne ne condamna jamais le fage à » une éternelle pauvreté; le philofophe peut avoir # de grandes richeffes, pourvu qu'il ne les ait enle- # vées par force à qui que ce foit , 8 qu'elles ne # foient point fouillées & teintes du fang d'autrui, » pourvu qu'il ne les ait acquifes au préjudice de s# perfonne, qu'il ne les ait pas gagnées par un com- »# merce deshonnète & illégitime; en un mot, pour- #» vu que l’ufage qu'il en fait, foit aufli pur que la » fource d’où il les a tirées, & qu’il n’y ait que l’en- » vieux feul qui puifle pleurer de les lui voir poffe- »# der; il ne tefufera pas les faveurs de la fortune , » Gon'aura pas plus de honte que d’orgueil de pofle- # der de grands biens acquis par des moyens hon- » nêtes; que dis-je ? il aura plutôt fujet de fe glori- » fier, {, après avoir fait entrer chez lui tous les ha- » bitans de la ville , & leur avoir fait voir toutesfes # richelfes, 1 peut leur dire : s3/ fe crouve quelqu'un Ÿ RIC ÿ pafini vous qui reconnoifle dans tout cela quelque # chofe qui Joit à lui, qu'il le prenne, Oh Île grand #5 homme! oh combien il mérite d'étre riche, files » effets répondent aux paroles, &faprès avoir par- ÿ lé de la foïte, la fomme de fes biens tefte toujours » lamième ; je veux dire , fi après avoir permis au » peuple de fouiller dans fes cofres & de vifter tou- » te fa maïlon , il ne fe trouve perfonne qui réclame » ‘quelque chofe comme lui appartenant, c’eft alors » qu'on poutra hardiment l’appelleï riche devant ÿ tout le monde. Difons donc que de même que le » fage ne laïflerà pas entrer dañs fa maïfon un feul # denier qu'il n’ait pas gagné lépitimement , ilne » refufera pas non plus les grandes richefles qui font » des bienfaits de la fortune & Île fruit de fa vértu ; » sil peut être riche, il le voudra, &c il aura des » richeffes, mais il les regardera comme des biens » dont la poffeffion eff incertaine, &c dont il peut » fe voir privé d’un inftant à l'autre ; 1l ne fouffrira # point qu'elles puiflent être à charge ni à li nf » aux autres; il les donnera auxbons, ou à ceux qu'il » pourra rendre tels, & il en fera une jufte répar- » tition, ayant toujouts foin de les diflribuer à ceux » quienferont les plus dignes, &c fe fouvenant qu’on » doit rendre Compte tant des biens qu’on à recu du, » ciel, que de l'emploi qu’on en a fait. (o) Il fautavouer que ce pañlage renferme une théorie conforme à la plus faine philofophie , & dans la- quelle Séneque donne indireétement à tous les ri- ches , & à ceux qui travaillent ardemment à le de- venir, des préceptes de morale excellens & effen- tiels, dont 1l feroit à fouhaiter qu’ils ne s’écartaffent jamais ; tel eft par exemple ce principe : Ze fage ne laiffera pasentrer dans fa maifon un feul denier qu'il n'ait pas gagné légitimement. Quelle leçon pour cette mul- titude de riches de patrimoine , dont les grandes vil les font furchargées ; gens oïfifs, inutiles , & bons uniquement pour eux-mêmes, qui, parce qu'ils ne cherchent point à augmenter leur revemit, mais à en jouir dans la retraite fans nuire à perfbnne, fe croyent pour cela de fort honnêtes gens! mais ils ignorent apparemment qu'il ne fuffit pas qu’un homme ait hé- rité de fesperés de grands biens, pour qu’il foït cenfé les pofléder légitimement , & en droit d’en faire tel ufage qu'il lui plaira; en effet, on ne peut nier ce me femble ; que le premier devoir que la confcience lui impofe à cet égard, & celui qu'il eft indifpenfa- blement obligé de remplir, avant de difpofer de la plus petite partie de ce bien, ne foit de faire tous fes efforts pour remonter à la fource d’où fes ancêtres onttiré leurs richeffés , &fi ; en fuivant les différens (o) Non amat divitias (fapiens ) ed mavult : non in animum illas , fedin domuim recipit : nec refouit poffeflas , fedcontinet , € majorem virtuti fuæ materiain fubminifirari vulr. Quid autem dubii eff, guin major materia fapienti viro fit à animum explicandi fuure in divitils, quam in paupertate ? cum in hac unum genus virtutis fit; non inclinars , nec deprimi : in divitiis, € femperantia, € liberalitas , € dilisentia, & difpofitio , 6 magificentia, campum habeat patentem ., .... Define ergo philofophis pecuni&interdicere; nerno fapientiarm paupertate damnavit. Habebit philofophus amples opes : ed nulli detraflas , nec alieno fanguine cruentas » fîne cu- jufquam injuri& partas , fine fordidis quaflibus ; quarum tam ho- neflus fêt exitus quam introitus ; quibus nemo ingemifcat , nifi ma- lignus .… .., [le vero fortunæ benipnitatem à fe non fubmovebit ; @ patrimonio per honefla quæfito ; nec gloriabitur , nec erubefcet. Habebit tamen etiam quo glortetur , fi aperté doma. , 6: adnuffé ir res fuas civitate, poterit dicere : quod quifque fuum agnoverit, tollat. © magnum virum , optime divitem , Ji opus ad hanc vocem * confonet ! fi poft hanc vocem tantumdem habuerit ! ira dico ; fitutus & fecurus [crutationem populo præbuerit : ft nihil quifquam apud illum invenerit , quo manus injiciat: audaëler & propalam erit dives. Sicut Japiens nullum denarium intra limen fuum admittet , male inträntem : ita & magnas opes ,munus fortune ; fruumque virturis non repudiabit , nec excludet. ..,. Si poterit elfe dives , volet ; & habebit utique opes , fedtanquain leves 6 avolaturas : nec ulli airs nec fibi graves effe patietur . . Donabit aut bonis , aut eïs quos fe- cere poterit bonos. Donabit eum Jummo confilio, digniffemos eli. gens : ut qui meminerit , Lam expenforum quam acceptorum rationer elfe reddendam, Senec, de viré beaté, cap. xxjs #x1ÿ 6 aïe canaux pat lefquels elles ont paffé pour arriver juf- qu'à lui, il en découvre la fource impüre &ccorrom- pue, il eft inconteftable qu'il ne peut s'approprier ces biens fans fe charger d’une partie de l’iniquité de ceux qui les lui ont laïflés, cependant on peut dire fans craindre de pafler pour uñ détraéteur des vertus humaines , que fur vingt mille perfonnes riches de patrimoine , 1] n’y en a peut-être pas dix qui fe foient jamais avifées de faire un pareil examen, & encore moins d’agir en conféquence, après lavoir fait, quoi- qu'ils y foient engagés par tout ce qu'il y a de plus facré parmi les hommes ; il leur paroït d'autant plus inutile d'entrer dans tous ces détails, que n’ayant pas été les inftrumens de leur fortune , ts ne fe _croyent pas'alors refponfables des voies obliques & des moyens injuftes & criminels dontleurs peres peu- vent s'être fervis pour acquerir ces biens, & en con- féquence, nullement obligés de les reftituer à ceux à quiils appartiennent de droit, ou d’en faire quel- au’autre difpenfation également jufte & fage. Or fans vouloir prévenir les réflexions du leéteur {ur une pareille conduite, il me fuflit de dire qu’elle prouve bien la vérité decette penfée de S. Jérôme; « Tout » homme riche, dit cepere, eft ou injufte lui-mé- >» me, ouhéritier de l’injguftice d'autrui». Ornnis di- ves, autindignus eft, aut hæres 1niqu. Revenons à Séneque. Ceux qui auront lu avec quelque attention fes ouvrages,dans lefquelson trou- ve prefqu’à chaque page les plus grands éloges de la pauvreté & les pañlages les plus formels en fa fa- veut, avec les peintures les plus vives de la cor: ruption des riches, des tourmens cruels auxquels als font fans cefle en proie, & enfin des malheurs & des defordres affreux dont les richeffes {ont tous les jours la caufe. Ceux, dis-je, qui fe rappellent tout ce que cet auteur dit à ce fujet, feront frappés de la contradi@ion évidente & de l’oppoñition dia- métrale qu'il y a entre ce pañlage & ceux que j'ai rapportés précédemment; ils feront furpris avec raïon , qu'un philofophe puifié avoir aflez peu de fer- meté dans lefprit, & de liaifon dans les idées , pour fe laifler ainfi emporter à la fougue de fon imagina- tion au préjudice de la vérité, & pour fouffler le froid & le chaud, fans s’appercevoir de lincohérence de fes principes. . Mais abandonnons cet auteur à fes écarts & aux faillies de fon imagination ardente. Examinons ce pañlage en luirmême, & voyons ce qu’on en peut raifonnablement conclure en faveur des richeffes. Si on lanalyfe avec foin, on avouera, je m’af- fure, qu'il ne prouve au fond que trois chofes que je n’ai jamais prétendu nier. La premiere, quil eft permis au fage de poflédet de grandes chafes à telles & telles conditions: & en effet cela n’eft peut-être permis qu'à lui. La feconde, qu'il faut en faire bon ufage, Et la troifieme, que les riches feroient beaucoup plus à portée que les pauvres, de faire du bien, & de pfatiquer les vertus les plus utiles, s'ils ufoient de leurs richeffes comme ïls le doivent : trois pro- pofitions évalement vraies, mais defquelles, comme al eft aifé de le voir, on ne peut rien conclure contre moi, puifqu’elles n’ont rien de commun avec la queftion que j’examine ici. Je fais cette remarque, parce que Barbeyrac ne paroît pas avoir faifi le fens de ce pañlage, dont'il donne même une toute autre idée, pour l’âvoir lu peut-être avec trop de précipitation. C’eft dans fon zraité du jeu, lv. I. ch. uj. . 7. tom. I. que {e trouve cette faute aflez importante pouf devoir être rele- vée. Après avoir parlé en peu de mots des richeffès dans dés principes peu réfléchis, & qui font voir à mOn avis que ce favant homme envifageoït queique- | fois les chofes fuperficiellement, il ajoute dans une note (7. 63) « voyezce que dit très-bien le philofo- LS. RIC 377 # pheSéneque pour faire voirque les grandes richefes » ne font nullement incompatibles avec la vertu, & » que le caraétere même de philofophe n’engage pas à » s’en dépouiller’, de vité heard, ©, xaciy. xxiv. wxv. Je demande fi, fur cet expolé, on ne s'attend pas à trouver dans ces trois chapitres des preuves di- reétes &z poñtives des deux propofñitions énoncées dans cette note. Cependant je laifle au leéteur à juger fi Séneque prouve rien de tout cela dans le pailage qu'on vient de lire, & fi ce paffage bien examiné ne le réduit pas à l’analyfe que je viens d’en donner. On pourroit peut-être croire que c’eft dans les chapitres xxiv. & xxv. dont je n'ai rien traduit, que Sénequeprouve ce que Barbeyrac lui fait dire. Mais J'avertis ici que des trois chapitres indiqués ici par cet auteur, 1l ny à à proprement parler que le pre- mier qui fafle au fujet ; les deux autres n'y Ont que peu de rapport, c’eft de quoi on pourra fe convain- cre en les liant. Je ne vois donc pas ce qui a pu fui- re illufion à Barbeyrac , à-moins que ce ne foient les deux dernieres lignes du chap. xxiv. Encore ce qui les précede, auroit:il dû le remettre dans la bonne voie. Voici le pañlage entier : Divitias nego bonum effe; nam.f effent | bonos facerent. Nune guonLar quod æpud malos deprehendisur, dici bonum non poteft; hoc il- {is nomen nego. Cererèm Ghabendus efle, &uriles, & magna commoda vitæ adferentes fateor. Senec. de vité beatä, cap. xxiv. infene. C’eft-à-dire, « Je nie que les » richeffes puiflent être nufes au rang des véritables » biens : car f elles étoient telles, elles rendroient » bons ceux qui les pofledent ; d’ailleurs on ne peut » pas honorer du nom de bien ce qu’on trouve en- «tre les mains des méchans. Du-refte j'avoue qu'il » en faut avoir, qu’elles font utiles, & qu’elles ap- »* portent de grandes commodités à la vie. | Je voudrois pour l'honneur de Séneque, qu'il eût pas fait cet aveu, fi peu digne d’un philofophe; fi peu d'accord avec les beaux préceptes de morale qu'il donne dans mille endroits de fes ouvrages ; & qui fuppofe d’ailleurs comme démontrées trois cho- {es , dont la premiere eft en queftion, la feconde, finon abfolument faufle , du-moins fort incertaine, Ôt qui ne peut être vraie qu'avec une infinité de limitations , de reftritions & de modifications : en- fin , dont la troïfieme ne pourroit prouver en faveur des richeffes:, qu'après qu'on auroit fait voir démonf. trativement;, : 1°. Que les commodités qu’elles procurent font f abfolument néceflaires au bonheur de l'homme, que fans elles il eft continuellement & inévitablement expofé à des extrémités dures & fâcheufes qui lui font regarder la vie comme ün färdeau pefant qu’on lui a impofé malgré lui, & dont il feroit heureux d’être délivré. à 2°. Que cette joie intérieure, cette tranquillité & cette paix qui font le caraétere diftinétif de lame du fage , accompagnent toujours ceux qui jouiffent de ces commodités ; tandis que le chagrin, les fou- cis cuifans & mille peines fecrettes dévorent & mi- nent fourdement ceux qui en font privés ; fuppo: fition abfurde, infoutenable, & qui mettroit encore Séneque en contradiétion avec lui-même, puifqu'il dit quelque part avec autant de vérité que d’élo- quence & d'énergie : Leriores videbis, quos runquam fortuna refpexit, quam quos deferuir, Vidit hoc Dioge- genes, vir ingentis animi,G effect ne quid ftbi eripi pofes.…….…. ft quis de FELICITATE DioGENIs pu- BITAT, POTEST IDEM DUBITARE ET DE DEO- RUM IMMORTALIUM STATU , an parum beatè de- gant : quod illis non prædia , nec horti [int , nec aliena colono Tura preciofa , nec grande in foro fœnus..….. S2 vis Jüire quam nihil in Ul& (paupertate ) mal Ji > compara inter fe pauperum © divitum vuleus. SGPIUS PAUPER ET FIDELIUS RIDET: nulla Jollicitudo in also efl: etiam ff qua incidit cura 37% RIC velut nubes levis sranfit. Horum qui felices vocantur, hilaritas fitla eff, aus gravis 6 Juppurata triffuia : & quidem gravior, quia interdum non lices palam effe sniferos : fed inter ærummnas cor ipfum exedentes, ne- ceffe ef? agere felicem. Senec. de tranquillitate animi, cap. vi. & epift. 80. Ah. 3°. Que ces commodités font la voie la plus fure ‘&c la plus prompte pour arriver à ce degré de fageñle & de perfeétion, qui eft le centre où tendent toutes les ations de l’homme vertueux. °, Enfin qu’une chofe peut être dite réellement &c abfolument utile, quoique les avantages qu'on en retire ne puiflent pas à beaucoup près compenfer ni par leur importance , ni par leur nombre, les défor- dres qu’elle caufe , toutes propofitions également faufles, & qui ne méritent pas d’être réfutées férieu- fement. L'aveu de Séneque n’eft donc ici d'aucun poids, & fon autorité ne fert de rien à Barbeyrac, qui au- roit dû plutôt citer , comme je Par fait, les chapitres xx. & xx]. dans lefquels Séneque fait l'apologie des richeffes d’une maniere, non pas à la vérité plus fo- lide ( car ogni medaglia ha il fuo riverfo ), mais du- moins plus propre à féduire des leéteurs vulgaires, & qui ne favent pas qu'avant d'admettre une pen- fée, une propoñtion, un principe, ou un fyfième, il faut, fi l’on ne veut pas fe faire illufion, lenvifa- ger par toutes fes faces, & le mettre à l’épreuve des objeétions, faute de quoi on s’expofe à prendre à tout moment l'erreur pour la vérité, De tout cela je conclus, qu’à tout prendre, les richeffes font pour les bonnes mœurs un écueil très- dangereux, & celui où vont fe brifer le plus fouvent toutes les vertus qui caratérifent l’honnête homme. Jai indiqué ( voyez les pages précéd. )en peu de mots les caufes de leurs funeftes effets, fans prétendre néan- moins en épuifer la férie ;je n’ai même envifagé Les ri cheffes que relativement à leur influence fur lesmœæurs de quelques particuliers ; mais fi mefurant avec pré- cifion la plus grande quantité d’aétion des richefles fur ces mêmes individus, confidérés comme conftituant un corps politique , je voulois entrer dans de plus grands détails, & fouiller dans Phiftoire des peuples qui ont fait le plus de bruit dans le monde, & qui y font le plus diftingués à toutes fortes d’égards, je feroïis voir que la corruption dés mœurs, ,&c tous les défordres qui la fuivent , ont toujours été les effets inévitables & immédiats de l'amour des riche/- fes, & du defir infatiable d’en acquérir ;je n’en don- nerai pour exemple que les Lacédémoniens, un des peuples de la terre qui eut fans doute la meilleure police, les plus belles & les plus fages inftitutions, & celui chez lequel la vertu fut le plus en honneur, & produifit de plus grandes chofes , tant qu'il con- ferva les lois de fon fublime légiflateur; mais laiflons parler Plutarque. « Après que lPamour de l’or & de » l'argent fe fut gliffé dans la ville de Sparte, qu'avec » la poffeffion des richeffes fe trouverent l’avarice &z » la chicheté, & qu'avec la jourffance s’introduifi- » rent le luxe, la molleffe, la dépenfe & la volupté, 5 Sparte fe vit d’abord déchue de laplüpart des gran- 5 des & belles prééminences qui la diffinguoient, & » fe trouva indignement ravalée & réduite dans un » état d’humiliation & de bafleñle, qui dura jufqu’au » tems du regne d’Agis & de Léonidas». Plutarque, vie d’Agis & de Cléomene. Voyez le grec, p. 796. C. € 797. C. tom. I. édit. Paris 1624. I] dit un peu plus basque la difcipline & les affaires des Lacédémoniens avoitcommencé à étremaladesée à fe corrompre, depuisle moment qu'après avoir rui- né le souvernement d'Athènes , ils eurent commencé à fe remplir d’or & d'argent. J'ai fuivi au-refte la verfion de Dacier, dont la note mérite d’être citée; elle porte fur ces paroles di premier pañage : Sparte fe vis d’abord déchue ,&e. « Cela eft inévitable, dit Dacier, dès qu'un état de- »vient riche, il déchoit de fa grandeur; c’eft une vé- » rité prouvée par mille exemples, & une des plus » grandes preuves, c’eft ce quieft arrivé à empire » romain : la vertu & la richeffe font la balance ; » quand l’une baïfle, l’autre haufle». Mais elle eft moins d'un littérateur que d’un philofophe, &c il feroit à fouhaiter qu’on en püt dire autant de toutes celles que cet auteur a jointes à fes traduétions. Finiffons par un beau pañlage de Sallufte, qui con- firme pleinement le fentiment de Plutarque & de {on interprete, /gitur provideus oporter, dit-1l à Céfar, uti plebes, largitionibus 6 publico frumento, corrupte habeat nepocia fua, quibus ab malo publico detinearur : Javentus probitati & indullriæ ; non fumptibus, neque divitüs ffudear. Idevenier, f? PECUNIÆ QUE MAXI- MA OMNIUM PERNICIES EST, ufum atque-decus dempferis. Nam fæpe ego curr animo meo reputans , qui- bus quifque rebus clariffemi viri magnitudinem invenif- | Jent ;quæ res populos, nationefve magnis auëloribus {au- xiffent 3 ac deinde quibus caufis ampliffima regra, & imperia corruiflent : eadem femper bona atque mala re- periebam omnefque viélores ; N.B. DIVITIAS CON- TEMNISSE , ET VICTOS CUPIVISSE. Salluft. ad Cafar, de repub. ordinanda , oras, 7. Doit-on s'étonner après cela qu’Anaxagore & Démocrite, qui avoient devant les yeux les terribles révolutions, & la corruption extrème que la foif des richeffes avoit produite dans les mœurs de leurs concitoyens, & des autres peuples de la Grece, qui d’ailleurs ne pouvoient pas ignorer que le gouverne= ment des uns & des autres avoit reçu par l’action de cette caufe , des fecouffes fi violentes , que la confti- tution en avoit été plus d’une fois non -feulement altérée , mais changée; doit - on , dis-je, s'étonner que ces philofophes, qui co -exiftoient, pour ainfi- dire, avec ces triftes évenemens, aient pris Le fage parti d’abandonnerleurspays &c leurs biens, pourfe livrer tout entier à l'agrément divin, qui eft attaché à la recherche &r à la découverte de la vérité? n’a-t- on pas plutôt lieu d’être furpris & indigné que, dans un fiecle comme le nôtre, où Pefprit philofophique a fait tant de progrès, il fe foit trouvé un auteur, d’ailleurs eftimable, affez aveuglé par des préjugés fuperftitieux, & en même tems affez injufte, pour attribuer fans aucunes preuves, à des motifs vicieux &t repréhenfbles , un defintéreflement auf louable, auffi rare, & qui a mérite les éloges & l'admiration des Platon , des Plutarque , des Cicéron, en un mot de tous les philofophes qui ont Le plus honoré leur fiecle & Phumanité ? L’illuftre Bayle a eu plus d'équité & de bonne foi que le fayant moderne dont je parle. « Avant, dit-il, que l'Evangile eût appris aux » hommes qu'il faut renoncer au monde &+ à fes ri- » cheffes, fi Pon veut marcher bien vite dans le che- » min de la perfeétion, 1l y avoit des philofophes » qui avoient compris cela, & qui s’étoient défaits » de leurs biens afin de vaquer plus librement à Pé- » tude de [a fagefle &z à la recherche de la vérité : » ils avoient cru que les foins d’une famille & d’un » héritage étoient des entraves qui empêchoient de » S'avancer vers le but qui eft le plus digne de notre » amour; Anaxagore & Démocrite furent de cenom » bre». Bayle, Didion. hiffor. & crit. oc. Anaxa- gore, tit. À. Voilà le langage de la raïfon, de la philofophie & de la vérité; mais dans la remarque (p) de Barbey= ( p ) La voici : « Comme M. Bayle, dit-il, femble ici , » felon fa coutume, attribuer à l'Evangile des idées outrées » de morale , il loue auffi un peu trop la conduite de ces an- » ciens philotophes, où il yavoit plus d’oftentation & de de- » fintérefflement mal entendu que de véritable fageffe ; puil- » qu'on peut faire un bonufage des richeffes ; & qu'il #'eftnul- RIiC sat fur ce palläge, on ne trouve Que des fophmes, de ia fuperitition, & une envie deméfuréé 6 peu re: fléchie de chercher une caufe chimérique à la pér- fe@ion de la Morale, & le mérite des œuvres : efpe- ce de fanatifme mal entendu, & qui a fouvent fait illufion à cet auteur, af qu’à plufieurs autres. Ils n’ont pas vu que la loi &c les prophetes fe réduifant, » jement néceflaire de s’en dépouiller entierement pour s'at- 5» tacher à l'étude de la vérité & de la vertu ». . Faifonsquelques réflexions iur ce pañlage. r, Je n'examine point ici fi Bayle attribue quelquefois à l'Evangile des idées outrées de morale, ce n'eit pas ce dont il eft queltionmainte- tant : je dis que du-moinsict limputation ne pouvoit être plus mal fondée ; car il eff évident que Îe raiionnement de Bayle , bien examiné , fe réduit à ceci : avant que l'Lvangile eût donné aux hommes certains préceptes hyposhétiques & conditionnels fur Pu- fage qu'il faut faire des richefes , 1! y avoit eu des philofophes qui éroient entrés dans les vues des Apôtres y 6 qui auoient pratique leurs maximes. Oril n'y a pas ua feul mot dans cette propoi- tion qui puiffe donner lieu de foupçonner ce que Baïbeyrac infinue malignement , & je ne vois pas ce que cet habile hom- ane à pu y trouver de repréhenhble, | Fr _À l'égard du fecond point {ur lequel s'arrête fa cr'tique , quoiqu'elle foic en apparence plus folide , & plus capable d'é. blouir ceux qui n’approfondilent rien , elle n'eft pas au fond moins faufle , ni moins {ophittique. Si l'on en croit cet auteur, «il yavoit dans la conduite de » ces anciens philofophes plus d'oitentation & de delintére!- >» fement mal entendu que de véritable fageile », Plus d'of- rentation ; qu'en lait-il? & fur quoi fonde: t-1l une aflertion auf téméraire ; auñli contraire à la charité évangélique, & auff injurieufe à la mémoire de ces grands hommes ? Ace il lu dans leur ame les motifs qui les ont déterminés à agir 2? Ne pou- voient-ils pas être bons & honnètes ? & quelle preuve a-t:il , &r peut-il donner qu'ils ne l'étoient pas? « L'équité ; dit très- » judicieufement Bayle, veut que l'on juge de fon prochain >» fur ce qu'il fait & lur ce qu'il dit , &c non pas fur les inten- >» tions cachées que l'on s'imagine qu'il a. il faut laifler à Dieu » le jugement de ce qui fe paile dans les abylimes du cœur, 5» Dieu feuleft le fcrutateur des reins & des cœurs ». D:4. crit. art. Epicure , l'ENL g. | Il me futfit ici de donner à Barbeyrac cette grande & utile leçon dontil reconnoitailleurs l'excellence. Si on veur le voir s'enferrer de fa propre épée , & prononcer lui-même fà con=: damnation en termes clairs & formels ; on peut lire un paflage de {On sraité du jeu , tome I. p. 76. & fuiv. trop long pour pou- voir être inféré ici. Outre qu'il renferme une morale faine & pure, & qu'on ne fauroit rappeller trop fouvent aux hommes à caute de l'importance & de l'utilité dont elle eft dans le cours de la vie; il eft d'autant plus remarquable que , fanslelavoir , oudu-moins fans paroitre le faire à deffein , Barbeyrac s’y ré- fute jui-mème avec autant de force , d'exattitude & de préci- fion , qu'auroit pu le faire le cenfeur le plus fvere , le plus _ éclairé, le plus éloquent , & en même tems le pius doué de cette fagacité firare qui fait découvrir d'un coup d'œil le fort . & le foible d'un (yftème ou d’une propofition. C'elt 4 ceux qui voudront lire ce pañage avec attention à juger fi, d'après les principes que cet auteur y établit touchant les jugeinens qu’il faut porter desaions du prochain , il étoit en droit d'encon- clure auf affirmativement, qu'en {e dépouillant de leurs biens, Anaxagore & Démocrite n'avoient agi que par offentation. Mais en voilà aflez fur cette matiere : examinons la fuite du raifonnement de ce fier cenfeur, & faifons voir au lecteur im- partial ,; qu'il n’eft pas meilleur logicien que juge équitable. Il aflure qu'il y avoit dans la conduite de ces anciens philo- fophes plus d'oftentation & de defintéreffèment malentendu que de véritable fagefle. Certes l'accufation elt affez grave pour devoir être prouvée ayec cette évidence qui ne laifle aucuhe efpece de doute dansl’efprit du lecteur. Voyons donc fi là preuve qu'il en donne eft de nature à produire cedegré de conviction. C'eft, dit-il, g4’onpeut faire un bon ufage des richefles : pour faire fentir tout le ridicule & la fauffeté de cette logique , il ne faut que retourner l’argumenten cette forme : ruifqu'on peut faire un bon ufage des richelles , € qu'il n’eft nullement néceflaire de s’en dé- pouiller pour . . . &c. doncil y avoit plus d’oflentation 6; de defin- téreflement malentendu que de véritable fage[]e dans la conduite d’ A- naxagore & de Démocrite. Or je demande s'il eft pofble de faire un raifonnement plus abfurde & plus diamétralement &ppofé au bon fens le plus fimple. N’eft-il pas évident que quoiqu'il foit pofble d’ufer fagement & modérement des biens de la fortune , on peut cependant s’en dépouiller entierement, fans que pour cela il y ait dans cette conduite plus d’oftentation &z de defintéreflement mal entendu , que de véritable fagef- fe ; car on peut avoir de fortes railons d'en agir ainfi, & ces motifs par lefquels on fe détermine à fe rendre à ces raifons peuvent être très-louables. C'eftce que j'ai prouvé, ce me femble, invinciblement dans le cours décet article. Zoyez Pages premieres ; Gc. RIC 379 Comme hôtte légiflateur divin en Convient lui-mé: me, à la pratique de cette maxime fublime & fonda: mentale de a religion naturelle, & de la morale payenne, rot ce que vous voulez que l’on vous Fafle, fai tes-le auffe aux ausres. 1] s'enfuit qu'on peut, en fui vant cette regle invariable des adions humaines , s'acquitter de fes principaux devoirs (4), tant à lé gard de fon être confidéré individuellement, qu'en- vifagé dans fes relations externes, fans qu’il foit be- foin pour cela , d’un fecours étranger à la nature qui; loin d’être éternel & univerfel (comme beaucoup de gens prétendent qul devroit être, s’il étoit réel ): eft au contraire très-récent, & à peine avoué de la plus petite partie du monde, encore divifée en une infinité de fectes différentes qui s’anathématifent ré ciproquement. Je pafle vite à une autre obfervation non moins importante , c’eit que les peres de PEglile, les plus célebres commentateurs de l’Ecriture » & les plus grands critiques ont reconnu comme une vérité con- ftante, que l'Evangile n’avoit rien ajouté À la morale des Payens: Le favant le Clerc, qui avot fait toute {a vie fa principale occupation de l'étude des Ecritu- res, & du génie des langues dans lefquelles elles nous ont été tranimifes, & qui joignoit à une é udition aufhimmenfe que variée, une profonde connoïff in ce des regles de [a critique, ce guide fi utile & fi né: ceffaire dans la recherche de la vérité, Le Ciere , dis: je, confirme pleinement ce fentiment ; & ion auto- rité fur un point de cette importance, eft d'un très- grand poids. “ Dans le fonds, dit-il, la morale chrétienne ne » differe principalement de la morale payenne, que » par l’elpérance aflurée d'une (r) autre vie, iut ( 4) Si je ne parle pas ici du prém.er comm?nuement de la premiere table , nide celui quenotre lage |: giflareurarpelle avec railOn, e premier 6 le plus grand de tous les commandemen: » ce n'eft pas que je ne les regarde tous deux comme très eflen- tiels. Mais 4 l’on veut y réfléchit mürement, & les examiner en philofophe ; on avouera , fije ne me trompe , que l'aunif- tion de l'un, &c l’oblervation de l'autre, ne paroiffent pas. ètre d'une utilité & d'une nécellité fi ablolue , ni avotr {ur les mœurs des homities & lur leur conduite en général une in fluence auf grande , auffi immédiate & auf continuelle que la pratique habituelle de celui-ci : zous aimerez voi e prochain comme vous-même; C'elt à dire , vous ne ferez point aux antres Ce que vous ne voudriez pas qui vous für fait di vous étiez en leur place. En effet , il n'y à pas un feul inftant dans la vie où ce précepre ne puifle être un guide sûr. C'eft la regle un, er- felle felon laquelle chacun de nous doit ordonner ta vie & tes mœurs : en un mot, cette maxime eft une vérité palpable , & donttousles hommes peuvent s’affurer fans néine. Mas il n'en en pas de même des deux autres commandemens; pour fe cou- vaincre de la certitude des principes {ur lelquels ils {ont fon- dés , & en déduire comme confcquences néceflaires les ré ceptes qui en dépendent, & l'obligation de les mettre en rra- tique ; il faut raflembler plus de faits, comparer plus d'idées, employer une inite de raifonnemens plus fubtils , plus à Sfraits, plus métaphytiques ; moins à ja portée de tous les e prits , & dont les rapports, la connexion & lévidencene peuvent s’ap- percevoir que difficilement , & après un long examen : en un mot il taut des connoiïflances philofophiques beaucoup p'us étendues qu'il n’eft befoin d'en avoir pour comprendre com- bien elt vraie & utile cette maxime que le Chrift appelle /a loi & les prophetes. Enfin comme le dittrès - judicieufement l'illufre Mon-ef. quieu ; « Cétte loi qui en imprimant dans nous mêmes l'idée » d'un créateur ; nous porte vers lui, eft la premiere des » lois naturelles par lon importance , & non pas dns l'ordre » de ceslois. L'homme dans l’état de nature, aurait plutôt » la faculté de connoître , qu'il n'auroit des connoïllances. 11 » eft clair que fes premieres idées ne feroient point des » idées fpéculatives : il fon eroit à la confervarion de lon être » avant de chercher l'origine de {on être ». De l'ejprit des bois, lv, I. ch. à. (r) Les anciens philofophes grecs & latins donnerent ÉGAe lement à leur morale cette fanction. C’eft un fait qui n'a pas befoin de preuves ; mais ce qui les différentie à cet égard des Chrétiens ; c'eft qu'ils ne croyoient point intérieurement lim mortalité de l'ame, ni un étar futur de récompenfes & de peines. Ils enfeignoïent cependant conrinnelle-nent au peurle dans leurs écrits & dans leurs difcours , ces dogmes , mais en particulier ils philofophoient fur d’autres principes. 280 R I C: » laquelle elle eft fondée. Du refle, fes devoirs n’en » {ont pas fort différens , ET L’ON NESAUROIÏT PRO- # DUIRE AUCUN DEVOIR DES CHRÉTIENS, QUI # N'AIT ÉTÉ APPROUVÉ PAR QUELQUE PHILOSO- # PHE». Biblior. choifre, tom. XXII, p. 437. Ce qu'il dit dans la page 444 eft encore plus for- mel: le voici. « ÎL NY A AUCUNE VERTU, QUI NE #5 SE TROUVE ÉTABLIE DANS LES ÉCRITS DES # DISCIPLES DE SOCRATE, QUI NOUS ONT CON- » SERVÉ SA DOCTRINE, NI AUCUN VICE QUI NY » SOIT CONDAMNE », Un autre auteur non moins 1lluftre, & qui étoit au un grand juge dans ces fortes de matieres, par- ce qu'il'avoit étudié la théologie payenne, non en homme fimplement curieux & érudit, mais en phi- lofophe , donne une idée auf favorable de la morale payenne. # Siles payens, dit-il, n'ont point (s ) pratiqué la # véritable vertu, ils ont du-moins bien connue, # carils ont loué ceux qui en faifant une belle ac- » tion, ne fe propofent pour récompenie ni uninté- » rêt pécuniare, ni l'approbation publique, & ils # Ont mépriié ceux qui ont pour but dans l'exercice » de la vertu, la réputation, la gloire &c l’applaudifte- # ment de leur prochain ( 4) ». A legard des PP. de l'Eghfe, j'en pourrois citer plufieurs , tels que Juflin martyr, $. Clément d’Ale- xandrie, Latance & $S. Augufhin, qui n’ont fait nul- le difficulté de mettré en parallele la morale des payens avec celle du Chriftianifme. Ils foutiennent que celui qui voudroit raffembler en forme de fyfte- me, tout ce que les Philofophes ont dit conformé-. ment aux lumieres de la nature, pourroit s’aflurer de connoitre la vérité. | « Ileft aifé de faire voir, dit exprefflément La@an- » ce, que la vérité toute entiereaëte partagée entre . » les différentes feétes des philofophes, & que s’il » fe trouvoit quelqu'un qui ramafsät les vérités ré- # pandues parmi toutes ces fetles, & n’en fit qu’un » feul corps de doûtrine, certainement il ne différe- # roit en rien des fentinens des Chrétiens ». Doce- zaus nullim feilam fuijje tai deviam , nec philofopho- TL Queraquam tam 1n7Anem, qui non Viderit aliquid ex vero. ....... Quod fr extitiffer aliquis qui veritatem Jfparfem per fingulos , per feélafque diffufam colligerer in Ur, ac rédiger tin corpus, 1S PROFECTO NON DIS- SENTIRET 4 NOBIS, Laëtant. Zaft. divin. lib. VIT. cap. vij. num. 4. édit. Cllar. Conféren. Jufthin martyr, Apolog. j. pag. 34. édit, Oxon. Clément d'Alexandrie, Srromar. Lib. I. pag. 288,299. édir. Sylburg. Colon. 1688. EtS. Au- guftin, de verd relig cap.iv. $.7. pag. 559. tom. I. édit. Antuerp. epift, ad Diofcor. $. 21. pag. 255. tom. IT. Voyez auf epiff. Ivy. 202. & confef]. lib. VII, c, 2x. êc Lib. VIIT. c. 1. Il ne faut pas croire , au refte, que le nouveau Tef- tament ait lui-même recueilh tous ces divers rameaux de l’arbre moral. Il fufit de le lire avec attention pour fe convaincre du contraire. « En effet, comme » le remarque très-bien Barbeyrac, les écrivains fa- # crés ne nous ont pas laifié un fyftème méthodique » de la fcience des mœurs: ils ne définiffent pas exa- # étement toutes les vertus: 1ls n’entrent prefque # jamais dans aucun détail: ils ne font que donner # dans les occafions, des maximes générales, dont » il faut tirer bien des conféauences pour les appli- Y (5) On fent que cela ne peut s'entendre que des payens en général, qui certainernent n'étoient pas tous des Ariftide , des socrate ; des Regulus, des Caton, des Maic Aurele & des Julien, non plus que les Chrétiens ne font pas tous des faints. (2) Bayle, didionn. hifl. € crit. rem. À. de l'art. Amphia- rans. Î] faudroit remplir des pages entieres de citations, Hi l'on vouloit rapporter tous les paflages des anciens, où ils ont en- feigné cette morale, » quer à Pétat de chacun, & aux cas particuliers. » En un mot, on voit clairement qu'ils ont eu plus » en vüe de fuppléer ce qui (4) manquoit aux idée » de morale reçues parmi les hommes, ou d’en re- »# trancher ce que de mauvaifes coutumes avoient » introduit & autorifé contre les lumieres mêmes » de la nature, que de propofer une morale com- » plette ». (x) | Je finis ici cette digrefñon dans laquelle je ne me fuisyetté que malgré moi, &c dans la crainte que la critique 6c l'autorité de Barbeyrac n’en impofaflent à quelques leéteurs ; mconvénient que j’ai voulu pa- rer. Je n’ofe , au refte, meflatter d'avoir toujours faif lé vrai dans l’examen que j'ai fait des différentes queftions qui font lefujet de cet article; ce que je puis aflurer, c’eft que j'ai du-moins cherché la vérité de bonne foi & fans préjugés : c'eft au lecteur à dé- cider fi j'ai réuff. Je ne voulois que le mettre en état de choïfir entre les richeffes & la pauvreté, c'eft-à- dire entre levice & la vertu ; & il me femble qu'il a prefenterent devant les yeux les pieces inftrudives du procès, & qu'il peut juger. Pour moi qui y ai vraflembläblement refléchr plus que lui, je crois, - tout bien examiné, devoir m'en tenir à la fage & ju- dicieufe décifion de Séneque. Arguffanda cerrè funt | Patrimonia, du ce philofophe, #e minus ad injurias for- un@ fimus expofiti, Hubiliora funt corpora in bello, que nr arma fuacontrahi poffunt, qui que fuperfun=: duntur, & nndique magnirudo [ua vulmeribus objecir. OPTIMUS PECUNIÆ MODUS EST, QUI NEC IN PAUPERTATEM CADIT , NEC PROCUL A PAU- PERTATE DISCEDIT. De tranquil, animi, cap. viy. circa fin. En un mot, c’eft le bagage de la vertu. Il peut être néceflaire juiqu’à un certain point ; maisil retarde plus où moins la marche. Ily a fans doute des moyens légitimes d'acquérir, mais il y en a peu de bons. L'honnèête épargne eft entre les meilleurs, maïs elle a fes défauts. Quelle follicitude n’exige-t-elle pas ? Eft- ce bien là l’emploi du tems d’un homme deftiné aux grandes chofes ? L'agriculture eft une voie de s’en- richir très-légitime ; c’eft, pour ainf dire, la béné- diéhion de notre bonne mere nafure : mais qui eftce qui a le courage de marcher fur la trace du bœuf, & de chercher laborieufement l’or dans un fillon? Les profits des métiers fonrhonnêtes. Ils découlent prin- cipalement de linduftrie, de la diligence , & d’une bonne foi reconnue. Mais où font les commerçans qui ne doivent la fortune qu’à ces feules qualités à Les gains exorbitans de la finance ne font que le plus pur fang des peuples exprimé par la vexation. On ne nie pas que l’opulence qui nait de la munificence (2) Ceci ne peut s'entendre que d'un petit nombre de pré- ceptes moraux peu inportans , qui fuppofent la qualité de chrétien confidéré précilément comme tel; car d’ailleurs, l'i- déntité ablolue qui {e trouve entre la morale de l'Evangile & celle dés philolophes payen$ en général, peut fe prouver avec autant d'exactitude & d'évidence , qu'il y en a dans les dé- monftraiions les plus rigoureules des Géometres. Je dis Pi dentiié pour me conformer aux idées les plus généralement rèçues ; mais je n'ignore pas qu'il y a eu de tout rems de très- grands philofophes qui ont fait infiniment plus de cas des œu= vrés de Platon, d'Ariftote, de Xénophon, de Séneque , de Plutarque , desofhices de Cicéron, du manuel d'Epiétete, & des réflexions morales de l'empereur Marc Antonin, que de tous les livres rabbiniques qui compolent aujourd'hui le cça- n0n des Ecritures. Comme c'eft ici une affaire de goût & de lentiment , chacun eit bre d'en juger comme il jui plaira, fans que qui que ce [oit puifle être en droit de le trouver mau- vais. (x) Traité du jeu, div. L: chap. iij $. 2. par. 42 , 43 » tom. L. édit. Amjt 1737. On peut conférer ce pañlage & ce qui le précede, avec ce que dit le Clerc dans la vie de Clément d'Alexandrie (Bblior. univ. tom. X. pag. 212, 213.) ; & l'on verra que Barbeyrac ne fait ici que copier les penfées du fa- vant journalifte, & qu'il les exprime même le plus fouvent dansles mêmes termes. {1 me femble qu'il y auroit eu plus de bonne foi à en avertir. à es RTC _ des rois n’apporte avec elle une forte -de dignité. Mais combien n’eft-elle pas vile, fi elle n’a étè que ke récompenfe de lartifice & de la flatterie ? Qu'on Convienne donc qu'il eft un très-petit nombre d’hom- mes qui fachent acquérir la richeffe fans bafefle & fans imjuftice ; un beaucoup plus petit nombre à qui 1l foit permis d’en jouir fans remors & fans crainte ; & prefqu'aucun aflez fort pour la perdre fans douleur. Elle ne fait donc communément que des méchans & des efclaves. Ces article ef? de M. N'41GEON. RICHESSE , ( Inconol, ) elle eft repréfentée magni- fiquement vêtue, couverte de pierreries, & tenant én fa main la corne d’abondance. (D.J7.) _ RICIN, fm. (Æif. rat. Botan.) ricinus, senre de plante dent la fleur n’a point de pétales ; elle confifte en plufieurs étamines qui fortént d’un calice , & elle eft flérile. Les embrions naïflent fur la même plante que les fleurs, mais féparément ; ils deviennent dans la fuite un fruit À trois angles , compofé de trois capfules, qui tiennent à un axe, & qui renferment üne femence couverte d’une enveloppe fort dure, Tournefort, laff, rei herb, F. oyez PLANTE. RICIN, ( Boran. exor.) petite amande Cathartique, foït des Indes orientales, foit du Nouveau- monde. On trouve dans les boutiques de droguiftes & d’apo- ticaires plufieurs fortes d'amandes purgatives fous le nom de ici; mais il y en à quatre principales en ufage; favoir, 1°. celle que Pon nomme ja graine de ricin ; 2°. la noix des'Barbades > autrement dite Ka fêve purgative des Indes occidentales: 3°. Paveli- ne purgative du Nouveau -monde; 4°, les grains de tilly, ou pignons d’Inde, Je vais parler avec exaétitude de tous ces fruits ; & des arbres qui les produifent ; r°, parce qu'il im- porte de connoître les remedes violens , afin de s’en abitenir, ou de ne les employer qu'avec beaucoup de lumieres ; 2°. parce qu’il regne une grande con- fafion dans les auteurs fur ce qui Concerne ceux-ci; 3°:parce que les livres de voyages ont encore aug- menté la confufon, les erreurs , & les bévues. Dei noix purgative nommée graine de ricin, La pre- miere noix purgative s'appelle graine de ricin > lie cini vulgaris nuncleus, catapuliea major, yim & XpoToy par Diofc. c’eft une graine oblongue , de la figure d'un œuf, convexe d’un côté, applatie de l'autre, avec un chapiteau fur le fommet. Elle cache fous une coque mince, life , rayée de noir &r de blanc F une chair médullaire, ferme, femblable à une aman- de blanche, grafle, doucâtre, âcre, & qui excite des naufées ;le fruit eft triangulaire, à trois loges, | & contient trois graines. La plante qui porte ce fruit s'appelle ricinus vulga- 1i5 , C.B.P. 433. TI. B. 3. G4z. Raï, Hiff. TL. 166. Tourn, 1. À. H. 532.Boerh. Ind. 4. 2. 253. ricirus major, Hort. Eyitet. cataputia major Park. Th. 192. Nhasbr guacu Pif. 180. Avanacu , Hort. mal. 2. 5 ve mirafole par les Italiens , en françois le grand ricin , ou le ricin ordinaire, en anglois he common palma chrifii. Sa tige eft ferme, genouillée, creufe , haute de quatre coudées, & même davantace, branchue à {a partie fupérieure ; {es feuilles font femblables à celles du figuier, mais plus grandes, digitées, dentelées, hfles, molles, d’un verd foncé, garnies de nervures, ëêc foutenues par de longues queues. | Les fleurs font en grappes, portées fur une tige particuliere à l'extrémité des branches > arrangées fur un long épi ; elles font compolées de plufieurs étamines, courtes , blanchâtres , Qui fortent d’un ca- Kce partagé en cinq quartiers, de couleur verte- blanche. Elles font ftériles, car les embrions des fruits naïflent avec elles ; ils font arrondis » Verds, ornés de crêtes d’un rouge de vermillon, & fe chan- gent en des fruits dont les pédicules ont un pouce de longueur. nu TOREEPS RIC 281 Ces fruits {ont triangulaires » foirâtres, farnis d’épines molles ; ils. ont la groffeur d’une aveline ; & font compolés de trois capfules qui contiennent de petites noix ovalaires , un peu applaties,, &-.ombilià quées à leur fommet, Elles {ont couvertes d’un co que mince , noire ou brune » Êt remplies en-dedans d’une fübftance médullaire, blanche ;folide, fembla ble à celle de amande, d’une faveur doucâtre, âcre, & qui caufe des naufées; cette-plante eft commune en Égypte, & en différens pays des Indés-orientales & occidentales. ” or Ses fruits abondent.en partie d’une huile; douté ù tempérée, & d’une certaine portion d'huile plus-te- nue, très-âcre, & fi cauftique, qu’elle brûle la gor- ge; c’eft de cette derniere huile que dépend leur vertu purgative. , S1lon pile, & fi Pon avale trente grains de ricin, dépouillés de Leur écorce ;1ls purgent, felon Diofco- ride, la bile, la pituite, Les férofités , ils excitent le vonifiement ; mais cette forte de purcationeftfort laborieufe, par le boulverfement qu’elle caufe-dans l’eftomac. Mefué déclare qu'il n’en faut donner que dix ou tout au plus quinzegrains, dans du petit-lait pour la fciatique ou lFhydropife. Les häbitans du Bréfil, felon le témoignage, de Pifon, croient qu'il . à du danger d’en prendre plus.de {ept grains en fubfz tance, mais 1ls en prefcrivent jufqu’à Vinptigrains en émulfion dans fix onces d’eau commune ; cependant ils Pemploient très-rarement à caufe de-fes ‘effets dangereux. Pierre Caftelf raconte, dans fes lettres de médecine, qu’un jeune homme attaqué d’une grande douleur de tête, en avala la moitié d’une graine, qui lui caufa inflammation de l’effomac , la fevre, la fyncope, les convulfions, & la mort. On émoufle la qualité de ce fruit en le faifant rotir &c griller. Pifon propoe la teinture de graine de ricir tirée avec. l’efprit-de-vin; mais on ne peut fe fier:à tous ces correéhfs, & Le plus prudent eft de regar- der cette amande comme un potfon. Les anciens tiroient une huile des graines du ricirz s {oit par expreflion, foit par décoftion , qu'ils appel- loient péxmor ad, huile .de ricins c’eft un bon digeff, dit Galien, parce que fes parties font plus lubtiles que celles de l'huile commune, Les habitans du Bréfil en font ufage extérieurement pour les ul. ceres, les apoftumes, la gale ,& autres maladies de la peau. Diofcoride prétend que cette huile prife intérieurement, purge les eaux par les: felless 8 chañle les vers hors du corps ; cependant le doc: teur Stubbs, dans les Tranface. phulojoph. n°, 36. af fure que cette huile n’a point de vertu purgative, De la feconde noix Purgative, dite noix des Barba- des. La feconde noix cathartique, eft l’amande du grand ricir d'Amérique , ou plutôt du ricinoide ; cette amande fe nomme f4ba purgatrix Indiæoccidue Al rux Barbados Anglorum. Raï if. Pinhones indici, cod. med. 07. Quauhay-ohnarli, feu avellana cathar- ca; Hern, 8s.en françois, zoix du ricinoïde y OU NOIX des Barbades ; en anglois, the american phyfeck-nur. C’eft une graine Oblongue, ovoide, de la grofieur d'une petite fève, convexe d’un côté, applatie de l’autre, cachant fous une écorce mince, noire, un peu dure, un novau blanc, oléagineux, d’un goût douçâtre, âcre, && qui caufe des naufées, La plante eft un ricinoïde dont voici les carate: res. Les fleurs mâles confiftent en plufeurs feuilles, placées circulairement, & arrangées en forme de rofes ; celles- [à font ftériles, À quelque diftance des fleurs, fur la même plante, naïflent des. embrions . enveloppés dans un godet, qui dans la fuite devien- nent un fruit tricapfulaire, contenant une graine ob- longue dans chaque cellule. Miller compte quatre efpeces de ricinoïde; la prin< cipale eff nommée ricinoides ameriçana, He goffypii, ñ 282 RIC Tourhefort, I. R, H. 636. Boerh. Ind. alt, 653. rie. nus americanus major, femuine nigro, C. B. p. 432. Mauduy -guacu Brafhenf. marg. 66. Pifon 179; en françois le ricinoide, le grand riciz d'Amérique, ou lemédecinier de l'Amérique. Cette planté toufue-croît à la hauteur: d’un arbre médiocre ; fon bois eft plein de moëlle, caflant, rem- pli d’un fuclaiteux &c âcre; fes branches font nom- breufes, charges de feuilles, placées fans ordre, femblables à celles du cotonnier, Hfles, luifantes, & d’un verd-brun. Près de Pextrémité des branches il s'éleve des tiges inégales, longues quelquefois d’un demi-pié, qui portent un grand nombre de petites fleurs d’un verd-blanchâtre, difpofées en paratol , conipofées de cinq pétales en rofe, roulées en-de- hors, placées dans un calice de plufieurs petites feuilles, & remplies de courtes étamines blanchâtres, Ces fleurs font ftériles, car les embryons des fruits naiflent entre elles. Ils font enveloppés dans un cali- ce, & ils fe changent en des fruits de la groffeur& de la figure d’une noix encore verte, longs d’un peu plus d’un pouce, en maniere de poire, pointus aux deux bouts, attachés trois ou quatre enfemble, d’un verd foncé lorfqu’ils font tendres, &cenfuite noirs, fans épines, à trois loges qui s’ouvrent d’ellesmèmes; chacune contient une graine ovalaire, convexe d’un côté, applatie de l’autre, couverte d’une coque noi- re, mince, contenant uné fubftance médullaire, blanche, tendre, & douçâtre. La petite amande de ce ricinoïide a une vertu fur- prenante de purger par haut&c par bas; elle agit plus violemment que le ricin ordinaire ; de forte que trois ou quatre grains boulverfent Peflomac avec tant de violence, qu’elles réduifent quelquefois le malade à deux doiots de la mort; cependant Pifon propofe, dans les vieilles obftruéions des vifcéres , d’en hafar- der quelques-unes dépouillees de [eurs pellicules, torréfiées légerement, & macérées dans du vin, en Y ajoutant des correétifs aromatiques , mais en même tems 1l confeille de ne donner ce remede qu'avec de grandes précautions: 1l eft plus court de ne le point donner du-tout. Les Bréfiliens & les Américains tirent des graines une huile fort utile pour Les lampes ; on la recomman- de auffi pour réfoudre les tumeurs, diffiper Phydro- pie anafarque, faciliter le mouvement des nerfs, amollir le ventre des enfans , en chafler les vers, guérir les ulceres de la tête, la gratelle, & autres vices de la peau, en en faifant des onftions; mais nous avons des remedes externes beaucoup plus sûrs à employer dans tous ces divers cas. Le médecinier d'Amérique vient de bouture plus vite & mieux que de graine ; on le plante en haie à la Jamaïque & aux Barbades où il eft très-commun ; fa grandeur ordinaire eft de quinze à vingt piés. Le bois eft blanc, fpongieux, & aflez tendre, quand il eft jeune. Il fe durcit à mefure qu'il groffit. En vieil- liffant fa moëlle diminue , 8 laifle un vuide dans le centre; fon écorce qui au commencement étoit ten- dre, life, adhérente, & d’un verd pâle, devient blanchâtre,raboteute, & crevacée. H fort de l'écorce êt du bois.lorfqu’on le coupe,aufli-bren que des feuil- les, quand on les arrache , un fuc de mauvaife odeur, âcre, laiteux , qui fait une tache fort vilaine fur le linge & fur les étoffes, & qu'il eft dificile d'effacer. Cet arbre, dans fa médiocre groffeur, ne laïfle pas de pouffer quantité de branches qui s’entrelacent facilement, & auxquelles 1l eft aifé de donner tel pli que l’on defire, ce qui convient pour faire des lifieres capables d’arrêter les beftiaux dans les lieux awon veut conferver, & propres à diminuer limpé- tuofité des vents. De La rroifieme noix purgative, dite aveline purga- sive du Nouveau-monde. La troifieme noix purvative, eft une graine que l’on nous apporte d'Amérique, RIC différente de celle des deux efheces de ricins dont nous venons de parler, elle s'appelle ave/lana purs gatrix novi orbis, en françois fruit du rmédecinier de la nouvelle Efpagne, en änglois he fpanish-phy fick-rur, Cette graine eft de la grofleur d’une aveline arron- dié, couverte d’une coque mince, pâle & brune : fa fubftance médullaire eff ferme, blanche, douçâtre, d’un goût qui n’eft pas différent de celui de la no:- fette, La plante s’appelle médecinier de la nouvelle Efpa- gne, en anglois he Ainerican-tree phyfick-nur, with à mulrifid leaf, en botanique ricinoides arbor americana folio multifido, IL. R. H. 656. Boerh. Ind. À. 253. ricr- nus americanus, tenuiter divifo folio, Breyn. cenr. v, 116. Ra, Rif. 1. 167. Cette plante, dit le pere Plumier, a comme les autres arbres un tronc, & des branches, quoicw’elles ne foient pas fort confiderables ; fon trônc elt envi- ron de la groffeur du bras, &r haut tout-au- plus de. trois où quatre piés. Il eft tendre, couvert d’une écorce cendrée à réleau, marqué de taches aux en droits d’où les feuilles font tombées. Vers l’extré- mité des branches font des feuilles au nombre de fix, où de douze, qui fe répandent de tous côtés, foute= nues fur de longues queues, partagées en plufieurs lanieres , découpées, grandes quelquefois d’un pié, d'un verd blanchâtre en-deffous, & d’un verd plus foncé en- deflus. Près de l’origine des queues {ont attachées d’autres petites feuilles dentelées fort me- nues, quifemblent herifler extrémité dés rameaux; de-là s’éleve une longue tige rouse, qui fe partage en d’autres rameaux branchus, lefquels portent cha- cun une fleur ; 1l y en a de ftériles 8 de fertiles. Lés fertiles font plus grandes que les ffériles, mais en plus petit nombre. Les unes & les autres font en fofe, compolées de cinq pètales, ovalaires, foute- nues fur un petit calice, partagé en cinq quartiers: Celles qui font ftériles contiennent des étamines gar- nies de leurs fommets de couleur d’or ; Pembryon des fleurs fertiles eft ovalaire, à trois angles, cou- ronnés de ftiles, dont les fligmats en forme de croit fant font de couleur d’or; cet embryon fe change en- fuite en un fruit pyriforme prefque de [a groffeur d'une noix, revêtu d’une écorce tendre, jaune, à trois capfules , qui s'ouvrent d’elles-mêmes, 8 qui contiennent chacune une graine ronde, de la grof- feur d’une avcline ; elle en a le goût, mais il faut s'en donnerde garde, car elle purge très-violemmenr. Lorfqwon taille le tronc de cet arbre, ou même lorfqu’on en arrache les feuilles, il en fortune afez grande quantité de fuc limpide , jaunâtre, & un peu vifqueux. On cultive cette plante dans les îles de l'Amérique foumifes au roi d’Efpagne. L’amande de ce fruit ne purge pas moins que les autres efpeces; car une feule graine fufit pour pro- duire cet effet. On la prend écrafée dans du bouillon, ou coupée par petites tranches très-minces, ou pilée avec deux amandes douces, & délayée dans de l’eau fous la forme d’émulfion. Nos voyageurs ajoutent , que fi l’on fait cuire légèrement dix ou douze feuilles de la plante , & qu’on les mange dans du potage, elles purgent fans tranchées &c fans dégoût ; maisle plus fr ehde net point fier à de tels difcours, & de n’employer en médecine, ni les feuilles, ni le fruit de cet arbre. Il faut pourtant convenir que les efpeces de rici- noïdes dont nous avons parlé, font dignes d’avoir place par la beauté de leurs leurs, dans les jardins des botaniftes. Les curieux pourront les élever en femant de leurs graines fur une couche préparée, Quand les plantes auront pouflé, on les mettra dans un pot féparé, rempli d’une terre fraiche &c lé- gere ; l’on plongera ces pots dans un lit chauddetan, qu’on obfervera de mettre à l’abri desinquresde l'air jufqu’à ce que Les ricinoïdes ayent pris racine, après duoi on leur donnera de l’air & de Parrofement dans la chaleur de {a faïfon. | | Dès que les racines auront acquis de la force , on _les tranfportera dans de plus grands pots remplis de même terre fraiche , que l’on plongera de-rechef dans un lit chaud de tan, gradué à la chaleur des ananas ; en les arrofant journellement, elles s’élevez | ront à trois ou quatre piés de haut, jettéront plu- Beursbranches,& donneront finalement de trèshelles fleurs qui feront fuivies de fruit. Ceux qui arrivent aux iles de l'Amérique, foit dans les colonies fran- -çoïfes, foit à la Jamaïque &c aux Barbades, font ex- trèmement fatisfaits de la beauté des fleurs que Dor- tent les ricinoides, & fe laifleroient tromper aux fruits qu'ils donnent , fi on ne les avertifloit du dan- ger d'en goûter. De la quatrieme noix purgative, nommée grains de ali. Voïà les pinei nuclei molucani , & grana ciglia de J.B.L. p. 322. Quanhayohaulri NL. Jeu Jemina ar: Doris cucurbiuin@ , nuclei pini formé purgante | de Hernandez 87. , Les grainsdetilli font des grains oblongs, ovoi- des,de la grofeur & de la figure de l’amande du ricix rdinaire , convexes d’un côté, un peu applaties de l'autre, marquées légerement de quatre angles, compoiées dune coque mince, grife, parfemée de taches brunes , renfermant une amande orafle, foli- de; blanchâtre, d’un goût âcre, brûlant, & qui caufe des nautées. | La plante s'appelle ricinus arbor, fiufn glabro, grana tiglia do, parad. bat, prodr. Cadel, avenacu, Hort. malab. 1j, 61: Lignum molucenfe, pavana dic- tum , frutiu avellane ; J.B. 1. 342. Guayupala, Jeu ri- cinus arbor indice; caufica, purgans, Herm. muf, Zeyl. 15. . L’arbriffeau qui produit les graines de #1; a des tiges fimples qui naïflent fans rameaux latéraux. Les fleurs font ramafiées en long épi au fommet deces ti. ges. [poule de la tise quelques feuilles longues , ovalaires, pointues , fes, fnement dentelées, ten- dres, molles , avec une côte, & des nervures fail- lantes. Vers l’origine de chaque épi, il fort chaque année deux rameaux de même hauteur que la tige, Les fleurs qui font à la partie inférieure de épi, font femelles $&c en grand nombre; les fleurs mâles font à la partie tüpérieures: elles ont huit pétales, feize étamines, fans calice , fans pifüi &c fans fruit ; les fleurs femelles ont un calice partagé en plufieurs païties, un embryon arrondi, triangulaire ; à trois ftiles. Cet embryonfe change enun fruit quieft une capfuléronde à trois fillons & à troisloges, dont cha- cune contient une feule graine obloneue, life, lui- fante , cannelte , recourbée d’un côté, applatie de l’autre ; fa coque eft mince , & renferme une amane de blanche, grafle, huileufe, âcre & brülante. On cultive cette plante dans le Malabar & dans quelques pays des Indes orientales, Le bois & les graines font &'nfage en Médecine, Le bois qui s’appelle parava ou pavanx, eft {pon- gieux , léger, pâle, couvert d’une écorce mince ; cendrée , d’un goût âcre, & cauflique, d’une odeur qui caufe des naufées ; lorfqu’il eft encore verd, il purge par haut & par bas, caufant à l'anus une ex- coriation par {on âcreté ; mais lorfaqu’il eftfec, il perd de fa violence, & fi on le donne en petite dole, il excite la fueur. Paul Herman le recommande dans pluñeurs maladies chroniques. Les graines asiflent auf puiflamment que la coloquinte. Leur grande vertu paroit confifter en deux petites feuilles qui ger- ment les premieres, & qui font cachées dans Le mi- lieu des graines ; on donne la fubftance de ces aman- des dépouillée de l'écorce extérieure à la dofe de trois grainsen pilules, à caufe de leur acrimonie brû- Jante. Auflitâche-t-on d'en corriger la force avec de Tome K1F: € CE € 253 la réglife , des amandes douces, du fu de limon, du botillon gras, & chofes fémblables , Ou bien en les torréfiant fous les cendres ; mais nos droguiftés ont rarement des pignons d'Inde, & autres graines de ricins, Les Tadiens préparent avec lhuile tirée des graines de till, une pommade dont la fri@ion {ur le bas-ventre purge les enfans délicats, Où trouve aux Indes orientales & occidentales ; d’autres efpeces de petites noix pursatives outre les quatre dont nous avons parlé ; mais elles font peu connues. Il eftinutile d’avertir qu'ilne faut pas con: fondre à caufe du nom, le pignon d'Inde avec lé pignon doux. Ce dernier eft une efpece de petite amande , qui fe trouve dans les pommes de pin; ellé eft agréable À manger, & entroit autrefois dans pref que tous les ragouts. On la nomme en latin péri mr cleus, Voyez PIGNON doux. ( Boran. ) Le rikaioh de l’Ecriture parois être le grand ricin, Les plus habiles ctitiques penfent quelé rikayon du prophete Jonas, eft le premier riciz que nous avons décrit, le ricinus vulgaris nommé par les Arabes alkerva, par les Africains ke/va, & par les Épyp- tiens kik:; c’eft Le fentiment de pluñeurs rabbins mogernes, celui de Bochart, de Junius , de Pifcator, de Mercerus, de Grotius , de Buxtorf , d'Urfinus, de Bremannus, & pour dire plus encore, de Mel chiorGuillandin, dont l'autorité eft d’un grand poids en ces matieres. S. Jérôme moins éclairé en botani- que que Guillandin, a traduitleterme hébreu rikaion par Un Zerre, &tles feptante par une courge. Voici le paflage de Jonas, ck. iv. y. C: « l'éternel Dieu fit » Monter un rkaion au-deflus de Jonas, af quil » fit Ombre fur fa tête, & qu'il le délivrât de fon » mal; mais Dieu prépara un ver qui rongea le ri- » kaion ; il fe fécha, &c périt. | S+ Auguftin, ep 7i, raconte à ce -fajet qu'uñ évêque d'Afrique ayant voulu introduite dans fon hocefe la traduétion de S. Jérôme, les affiftans la re- jettérènit avec fcandale , lorfqu’à la le@ture du paf fage de Jonas , ils ouirent lire un lierre au lieu d’une courge qu'ils avoient toujours entendu liré. Ils cori- fentirent avec peine de s’en rapporter pour linter- prétation du mot, aux juifs qui étoient dans la ville, Ceux-c1, paf malice, par ignorance, ou par d’au- tres motifs, déciderent que le terme hébreu fignmiñoit une courge. Alors Pévèque , pour retenir le peuple dans fa communion, ne fe fit point de peine de re- connoitre que cet endroit de la tradu@ion deS. Jé- rôme étoit fautif. Il Pétoit fans doute, auf bien que cehu de la verfon des feptante; mais le face prelät montra beaucoup de bonfens dans fa conduite ; cat qu'importe à la religion qu’on traduife rikuion parun lerre ou par une courge? Et quant aux théologiens, qui loin defavoir facrifier le petit au grand, anathé- matifent pieufement les autres hommes qui penfent différemment d'eux, ils me permettront de leur ré péter le difcours d’un pere de PEolife ; crédire mihi , levia funt propter qué non leviter excandefeiris , gualiæ que puerosin rixam Ginjuriam concitant. Nihil ex lis que tam trifles agitis, ferium , nihil magnum : indè, in: qua, VObIS ira eff, quod exigua magnô eflimetis. or chevalier DE JAUCOURT.) | RICINA , ( Géog. anc. ) 1°. ville d'Italie, dans le Picemun, 8 qui ne devint colonie romaine que fous lempereurSevere. Une ancichne carte citée par Cel- larius en fait mention. Pline, p.137, connoit cette ville fous le nom du peuple Ricirenfes, Holiten a trouve les ruines de Ricira , À deux ou trois millés de Macérata , furle bord de la riviere Potenza , à Ja droite: ; Une ancienne infcription trouvée près de Mace- rata, & rapportée par Gruter , donne à cette ville: le furnom d’AHelyia : colonia helvia conditori Juo.Spoà, P: 203. 20.5, nous à confervé une autreinfcriptiont | N ni} 284 RIC où il eft auffi parlé de Ricina : patrono colonie Ricin- nie helvie in cujus cur. & of. F. bene merito Ricinnati belviani fua impenfa in foro cæfar. D. D. 2°, Ricina, ville d'Itahie dans la Ligurie, qui, fe- on Cellarius, eft préfentement le village Rocco, 3°. Ricina eft encore uneile que Ptolomée , Z. IT. . +. ÿ. place fur la côte de l’'Hibernie, &c qu'il range au nombre des îles Ebudes. Cambden dit que c’eft aujourd'hui Racine. ( D. J.) RICINIUM, 1. m. ( Hifi .rom. ) habillement de femme, efpece de mantelet qu’elles portoient dans le deuil. RICINOCARPODODENDRON,, f. m. (Boran.) nom d’un genre de plänte exotique établie parle doëteur Aman, & dont voici les caraëteres. La fleur eft en rofe, formée de trois pétales difpofés circulai- rement , au centre defquels s’éleve un tube large, ouvert, dont le pifil fort du fond du calice. Ce piftil devient finalement un fruit triangulaire parta- gé intérieurement en trois loges qui contiennent chacune une femence daus une pellicule rude. Les feuilles de cet arbre reflemblent un peu à celles du frêne ; étant compoiées de trois ou quatre paires de petites feuilles réunies le long d’une côte mitoyenne fans dentelure, &c finflanten pointe aigue. Lesfleurs naiflent aux ailes des feuilles; elles font blanches, & difpofées en épi lâche. Le fruit qui eft d’abor verd, devient enfuite d’un rouge jaune , & finale- ment de couleur écarlate. Il eft de la groffeur d’une noiïfette, & reflemble par la forme au fruit du ricin. La couverture des femences eft noire en dehors, rouge en dedans, &c chaque femence ef divifée en deux lobes. Quand lefruiteft mûr, il fe rompt, &c les graines tombent. Cet arbre eff originaire des Indes orientales. Z&. Perropol. vol. VIIL. p. 214. Le nom decet arbre eft compofé de ricinus,ricin, rapros, fruit, êc devdpoy arbre. (D. J.) RICINOIDES, voyez PIGNON D'INDE. RiciNoiDpe , ( Mar. méd. ) voyez MÉDICINIER. RiciNoipes D'AMÉRIQUE, ( Botan. exot.) on l'appelle vulgairement smédicinier de la nouvelle Ef- pagne, voyez-en l'article au mor RiciN. ( Boran. ) D. J. FOR ARE ds ,T.m. (Ai, nat. Botan. exor.) genre de plante étrangere dont voici les caraéteres. Les fleurs mâles font difpofées en épi, & produites de _ la maniere fuivante. De l’extrémité d’un petit pédi- cule tendre & velu , fort un fleuron nud, à trois feuilles, dont les pétales font pointus &t difpoiés en étoile. Du centre de ce fleuron conique s’élevent neuf étamines, qui foutiennent chacune un fommet. Prefque dans le même endroit de la plante , partent des ovaires munis de pédicules plus courts, ronds, velus, triangulaires , tricapfulaires &c à trois côtes, de même que le ricin. L'endroit d’où la fleur &c l'o- vaire tirent leur origine, eft entouré d’une efpece de calice commun d’où fortent les pédicules des fleurs. Boerhaayve compte deux efpeces de ricizokarpos, Pu- ne africaine , & l’autre américaine. (D. J.) RICLA , ( Géog. mod. ) bourg , ou pour mieux di- re, pauvre village d'Efpagne, au royaume d’Arra- gon , entre Calatayud & Saragofle , furle Xalon. Ce village eft cependant remarquable, parce qu'il eft le chef-lieu d’un grand comté érigé par Philippe IT. & dont le territoire abonde en blé, vin, huile &c fruits. (D.J.) | RICOCHET., f. m. (Mech.) on dit qu'un corps fait des ricochers, lorfqu’ayantétéjetté cbliquement fur la furface de l’eau, 1l fe réfléchit au lieu de la pénétrer, & y retombe enfuite pour fe réfléchir de nouveau. | Pour avoir une idée bien claire de [a caufe du zi- cocher, repréfentons nous un cercle CHA, fig. 52. n°, 2. méch. qui pafle obliquement d’un fluide moins refiftant , comme l'air , dans un fluide plus réfiftant, RTC comme Peau ; & fuppofons d’abord que ce cercle foït fans pefanteur , foit C4 la diretion du centre dans un tems où le cercle eft enfoncé de la quantité Oz, en forre que EM foit la: furface commune qui, fépare les deux milieux ; 8 fuppofons que cet en- foncement £aM eft encore aflez petit pour que le point £ fe trouve fur le quart de cercle 483; il eft clair, 1°. queles arcs AM, AH, aufi-bien que les arcs BE , be, étant égaux 8 dans le même fluide, & femblablementpofés.de part &c d'autre de C4, limpreflion du fluide fur ces arcs ne peut donner d'impulfion au centre C, que fuivant GN direéte- ment oppofée à C4. 2°. Les arcs EM , A, étant de même égaux, & femblablement pofés ‘de part & d'autre de CA, mais dans des fluides différens ; s’enfuit que puifqu’on fuppofe le fluide où eft l'arc EM plus réfiftant que celui où eft l'arc cA7, Peffort fuivant Ch qui refulte de l’imprefion du fluide fur Parc EM, lemportera fur l'effort fuivant CB qui re- fulte de l’imprefhon du fluide fur Parce. Le centre C'fera donc pouflé fuivant Ch, & comme fa tendan- ce eft en même tems fuivant C4, l’attion conjointe de ces deux forces lui fera décrire larc ou la petite ligne Ci; d’où l’on voit que la diretion C4 du cen- tre C doit s’écarter continuellement de la ligne Ca, perpendiculaire à la furface des deux fhndes , au moins tant que le point Æ eft fur le quart du cer- cle 4B. On voit donc que tant que le point £ eft fur Le quart du cercle AB, la direétion CA du centre © s'éloigne toujours de la perpendiculaire Ca: d'où s'enfuit qu’à mefure que le cercle s'enfonce, le point A monte, aufli-bien que les points £, M, & le point B defcend; donc le point £ & le point B dor- vent fe rencontrer. Lorfque le point Æ & le point B fe{ont rencontrés , le centre C' doit continuer à le mouvoir fur une ligne courbe: car il eft afé de voir que la force fuivant C£ continuera de l’emporter fur la force fuivant CB, (fig. 52, n°. 3. méch. ) &1l eît bon de remarquer en paflant, qu'on ne doit plus avoir alors égard à la réfiftance faite auxarcs BE, be, qui pat leur pofñtion font à couvert de l'impulfon du fluide; donc le point B defcendant toujours vers a, les points £ , M, montentvers D, en même tems que le point #. Or cela pofé, il peut arriver trois cas différens. 1°. Si le point M (fig. 32. n°. 4, ) rencontre le point avant que d’arriver en D, c’eft-à-dire avant que le cercle foit enfoncé tout-à-fait, il eft vifible qu’à l’inftant de cette rencontre, l’effort fuvant C# deviendra nul, puifque le cercle préfentera au nou- veau fluideune moitié entiere B_ 42 partagée en deux également par la direétion CA; le centre Cira donc en ligne droite, au-moins pour cet inftant; mais dans les inftans fuivans, le cercle continuera de préfen- ter une moitié entiere aufluide, comme il eft aifé de le voir ; donc le centre continuera d’aller en ligne droite; donc dans ce cas-ci1, Le cercle ceflera de dé- crire une courbeavant que d’êtreenfoncé tout-à-faits d’où il s'enfuit que la diretion C4 , dans le nouveau fluide, étant donnée, on pourra déterminer aifé- ment quelle étoit la quantité de l’enfoncement du cercle lorfqu’il a cefé de décrire une courbe; il ne faudra pour cela que mener BCE perpendiculare à CA, & du point # la ligne 20 perpendiculaire à la verticale DCa; l’abfcifle Oz exprimera la quantité de Penfoncement qu’on cherche. 2°. Si les points E, M, arrivent en D précifé- ment au même inftant que le point & , alors ileft vrai que le centre C décrit une courbe pendant tout le tems que le cercle s’enfonce ; mais on voit aufi que le cercle ne s’enfonce dans le nouveau fluide, que de la quantité précife de fon diametre, & qu'il décrit après fon immerfon , une ligne droite parallele à la furface qui fépare les deux fluides. RID 3°. Enfin fi le point à ( fig. 52. n°. 3. )arnive en D ayant les points Æ, M, l’are enfoncé pour lors peut être, ou plus grand que le demi cercle ,EaM, ou égal au demi cercle , comme am, ou plus petit comme Eu; or dans chacun de ces trois cas, on voit afément que le centre C eft pouflé fuivant C4, &t comme CA eff pour lors fa direction, l’a@ion con- jointe de ces deux forces lui fera parcourir Cc, ce qui eff évident; le cercle commencera donc À ren- trer dans le fluide d’où il étoit venu, & il ne faut qu'une légere attention pourvoir que danslesinftans fuivans il continuera de remonter ; le point 4 mon- tera donc vers D, lepoint Bdeavers D fuivantaAD, & lespoints £, M,oue,m, oue, m, defcendront vers 4. Or fi l’arc enfoncé ezm ou ean eft égal ou moindre que le demi cercle, lorfque la diretion eft CA, les points e,m, où +, , rencontreront né- ceflairement le pont Zen quelqu’endroit de Parc m4 ou ue ; le cercle préféntantalors une moitié entiere au fluide, on voit qu’il ceffera de décrire une cour- be avant {on émerfion totele, & fortira par une li: gne Q G qui fera avec la furface du fluide un angle aigu du côté de G. Voila le ricochet expliqué d’une imamere afféz fimple, Je fuis le premier qui en aye donné cette explication précife dans mon traité des flüdes , Paris 1744, auquel je renvoielele@eur. (O0) _ RICOCHET, Voyez BATTERIE À RICOCHET. Nous obferverons feulement ici que la meilleure ma- niere de diriger le ricocher , eft de pointer les pieces fous Pangle de 6, 7, 8, 9 & ro desrés. C’eff le moyen de multiplier les bonds du boulet, dont Le nombre s'étend alors depuis 15 jufqu'à 20 ou 25, Sous ces différens angles, les boulets s’élevent peu, êc ils s'étendent en pleine campagne jufqu’à la dif- tance de 4 ou $ censtoïfes, en terrein uni. (Q) RICOCEON , fm. ( serme de Monnoie ) nom que les monnoyeurs donnent à leurs apprentifs , qui font obligés de les fervir un an & jour fans aucuns falai- res. Boiffart nous apprend que les ouvriers font ap- pellés recuireurs , pendant la premiere année de leur apprentiffage,, & les monnoyeurs ricochons ; maisil dit qu'il ignore l’origine de ces deux mots, & qu'il n'a jamais pu l’apprendre des plus anciens mon- noyeurs qu'il a confultés. (D. J.) RICORDANE , £ £ (Lang. fran. ) vieux mot employé dans le fon ge de Veroier , & qui paroît dé- figner quelque nom mémorial de lieu en France ; il y a , felon M. le Bœuf, plufieurs élévations de pier- res & de terres , qui ne doivent leur exiftence qu'au travail des hommes. On trouve par exemple un de ces tertres dans un canton de Normandie, près fain- _te Barbe, en Auge, & qui eft appellé Z montagne de la Ricordande. Ce mot pourroit être dérivé de ricor- dando , {e reflouvenir ; parce que ces fortes de ter- tres n’étoient élevés que comme des monumens def- tinés à rappeller la mémoire de ceux à qui ils fer- voient de fépulture. On en rencontre un autre au- delà de la Loire, un peu plus loin qu'Amboife. M. Spon a parlé d’une montagne artificielle qui fut dé- truite dans le dernier fiecle , & qui étoitfituée furla marche limofine. On trouva, dit:il, fous cette mon- tagne, des pierres creufes à divers étages, couver- tes d’autres pierres , &z dans les creux de ces pier- res en forme de fépulcres, des urnes deterre figillée, & quelques petits chainons d’or qu’on croit être des anciens Gaulois. (D. J. RICOVRATT , £ im. pl. (Æif. li. ) recouvrés; nom d’une académie de Padoue, enItalie. RIDDER , ff. { Monnoie. ) c’étoit une efpece de monnoye d’or, pefant deux deniers dix-huit grains, & qui avoit cours fous Françoisl. Elle avoit d’un côte un homme armé qui tenoit une épée à la main, Ëc qui étoit monté fur un cheval qui avoit l’air de ga lopper ; & de l'autre côté elle avoit un écuffon EU RID 285 milieu duquel il y avoit des Aleurs-de-lis, 87 de pe- tits ons avec cette légende, Philippus Dei gratid, dux Buroundie; & de l'autre côté elleavoit ces pa- roles , fc nomen Domini benediftur. (2.7. | RIDE , ff (Phyfiolog.) efpece de pli ou de fil- lon qui fe forme fur le vifage , fur la peau, & géné ralement fur prefque tout Le corps des hommes, dès qu'ils commencent à vieillir. Ti La peau s'étend, & croît à mefure que la graiffe augmente ; ce gonflement produit le blanc par la ten: fion de la peau, & le rouge par la plénirude des vaifleaux fanguins. Voilà leslirs & les rofes du bel âge ; tous les fards n’en font qu’une vaine répréfen- tation. Dès que le gonflement diminue, la peau qui n’eft plus remplie, fe plifle, & les fillons commen- cent à fe former; enfuite, à mefüre qu’on avance en âge, les cartilages, les membranes, la chair, la peau, & toutes Les fibres du corps, deviennent plus folides, plus dures, & plus feches; alors toutesles parties fe retirent , fe reflerrent; la circulation des fluides fe fait avec moins de liberté , la tranfpiration diminue, les fucs nourriciers font moins abondans, & ne pou- vant être reçus dans la plûpart des fibres devenues trop folides, 1ls ne fervent plus à leur nutrition; de- là vient que ces fibres fe retirent, & fe pliflent. Voilà Paccroiflement journalier des rides. La peau peut toujours s'étendre, tant que le vo lume du corps augmente ; mais lorfqu’il vient à di: minuer , elle n’a point le reflort qu'il faudtoit pout fe rétablir en entier dans fon premier état. Ajoutez à cetteraiion, les autres caufes dont nous venons de parler , & vous verrez fans peine qu'il doit refter alors nécefflairement des rides & des plis qui ne s’ef: faceront jamais. Les rides du vifage dépendent en partie detoutes ces caufes; mais 1l fe trouve encore dans leur pro- du&ion , une-efpece d'ordre relatif à la forme , aux traits & aux mouyemens habituels du vifage ; c’eft une remarque fort ingénieufe de M. de Buffon: f., ditil, on examine bien le vifage d’un homme de vingt-cinq à trente ans, on pourra déja y découvrir l’origine de toutes les rides qu'il aura dans {à vieil- leffe ; il ne faut pour cela que voir le vifage dans un état de violente a@ion, comme eft celle du ris im: moderé, des pleurs, ou feulement d’une forte gri- mace ; tous les plis qui fe formeront dans ces diffé: rentes attions, feront un jour des rides ineffaçables ; elles fuivent la difpofition des mufcles, & fe gra vent plus ou moins par l'habitude plus où moins ré- pétée des mouvemens qui en dépendent. Non-feulement le tems produit des rides au-dehors, mais 1l en produit de femblables au-dedans ; il rive toutes les glandes conglobées , &c parmi les conglo- nerées , le thymus, la glande furrénale, la glande thyroïde , les glandes mammaires, tant d’autres qui deviennent très-petites, changent leur couleur rou: eâtre en couleur brune & noirâtre, perdent leur fuc gras, femblable à une efpece de crème, fe déflechent, & difparoïfient enfin tellementavec Päge, qu’on n’en voit plus que de légeres traces par l'ouverture des cadavres. L'art le plus favant n’a point de remedes contre ce dépériflement du corps. Les ruines d’une maon peuventfe réparer, mais il n’en eft pas de même de celles de notre machine, Les femmes, qui trop épri- fes de leurs charmes, fe fentent finir d'avance parla perte de leurs agrémens, defireroientavec pañfon de reculer vers la jeunefle , & d’en emprunter les cou: leurs. Comment ne chercheroient-elles pas à trom- per les autres, purfqu’elles font tous leurs efforts pour fe tromper elles-mêmes, & pour fe dérober la plus affligeante de toutes les idées, celle qu’elles vieillif: fent? Combien y en a-t-il qui voudroient placer Îles rides de leur vifage dans cette partie du corps où les 286 R I D. dieux avoient caché l’endroit mortel du fls de Thé- tis & de Pelée? Mademoïfelle Lenclos, plus éclairée que la plüpart des perfonnes de fon fexe, n’avoit garde de prendre à la lettre les cajoleries de l'abbé de Chaulieu , qui prétendoit que l'amour s’étoit retiré dans les rides du front de cette belle perfonne. Elle nominoit elle-même fes rides le départ del’amour, & les marques de la fageffe. Elles devroient l'être fans doute pour nous fortifier dans la philofophie, & pour nous aguerrir par de bonnes réflexions contre les frayeurs de la mort. (D. J.) RiDES, (Conchyl. ) en latin rugæ ; les ridesfor- ment: des ondes un peu élevées fur la fuperfcie de la robe d’une coquille ; elles font différentes des ffries par leur itrégularité. Elles empêchent les coquilla- ges de fortir de leurs coquillesau premiereffort qu’ils font, ou au moindre obftacle qu’ils rencontrent en leur chemin. ( D. J.) Ripe , ( Marine. ) corde qufert à roidir une plus orofie. RiDes DÉTAIL, ( Marine.) rides qui fervent à join- dre l’étai avec fon collier. RIDES DE HAUBANS , ( WMurine. ) ce font des cor- des qui fervent à bander Îles haubans, par le moyen des cadenes &c des caps de mouton, qui fe répon- dent par ces cordes. Celles qui font entre les haubans de ftribord & de bas-bord, s'appellent paztocheres. Elles bandent ces haubans & les foulagent , lorfque le vaiffleau tombe de côté , en allant à labouline; car à mefure que les haubans de fribord felächent, ceux de bas-bord fe roidiffent & les tiennent en état. On appelle auf rides, les cordes qui amarrent le mât de beaupré à léperon. RIDEAU , f. m. voile ou piece d’étofe, detoile, de taffetas , &c. qu’on étend pour couvrir ou fermer quelque chofe. RiDEAU de fenêtre , serme de Tapiffier ; on fait des rideaux de fenétre avec du taffetas, du damas, de la ferge , de la toile de coton, de fil, &c. dont on coud enfemble une certaine quantité de lez qu’on borde d’un ruban , au-haut defquels on coud des anneaux qu’on enfle dans une verge de fer, & qu’on tire avec des cordons pour empêcher la grande ardeur du foleil, ou pour d’autres befoins. (D, J.) Ripeau, (46 milite, des anciens. ) les anciens cou- vroient leurs tours & les ouvrages qu’ils éleyoient, avec des rideaux où couvertures, pour les garantir des feux des afliécés, &7 des coups lancés par leurs machines. Ces rideaux étoient compofés d’un tiflu de crin & de peaux crues. On n’avoit garde de les ap- pliquer contre les tours ; mais on fufpendoit des cou- vertures en mamere de rideaux à certaine diftance ; car quoiqul paroiffe dans la plüpart des hifforiens, que ces couvertures étoient attachées & comme join- tes à la charpente, on doit bien fe garder de le croire. Ces rideaux ainf difpofés, n’auroient jamais pû réfi- fter aux traits & aux pieces lancées par les machi- nes ; au lieu qu'étant fufpendues à deux piés de la charpente, ils rompoient & amortifloient la force & la violence des coups. Fo/ard. ( D. J.) RIDEAU, en cerme de Fortification, fignifie une pe- tite élévation de terre, qiu s'étend en longueur fur une furface de terre unie, laquelle fert à couvrir un camp, ou à donner de l'avantage à un pofte. Ce mot fignifie proprement une courtine où couverture, for- mé du latin ridellum, que Borel dérive de ridere. Le rideau iertaufli aux afiégeans qui s’en couvrent pour ouvrir la tranchée plus près de la place, ou pour couvrir le parc d'artillerie, Gc. Chambers. Ainf dire qu’on a ouvert une tranchée à 400 toiles de la place à la faveur d’un ridean, c’eit dire qu'il s’eft trouvé à cette diflance une petite élévation de terre qui ne permettoit pas aux afliégés de découvrir plus loin dans la campagne. | On appelle encore quelquefois rideau ,'unrfoffé, ou plutôt une cfpèce de tranchée deftinée à mettre le foldat à couvert des coups de Pennemi. Voyez TRANCHÉE. (Q) RE Ripeau, ( Topographie. ) on nomme ainf la ber- ge élevée au-deffus du fol d’un chemin efcarpé , für le penchant d’une montagne , c qui fait en contre- haut ce que l’épaulement fait en contre-bas, (2:79) RIDEAUX , ( Jardinage.) ce font des paliffades de charmille , qu’on pratique dans les jardins pour atrê- ter la vüe, afin qu’elle n’en faififfe pas tout-dun- coup l'étendue : ce qui eftune beauté. (DZ RIDÉE , { f. terme de Vénerie, les ridees , dit Sal- mote, font les flentes & fumées des bêtes fauves, fuf-tout des vieux cerfs & vieilles biches. ( D.J.) 7 RIDELLES , o4 BRANCART, serme de Charron ; ce font deux morceaux de bois ronds par un bout & quarré à l’endroit où ils font attachésaux côtés de de- devant du tombereau, de façon que cela forme le brancart poux y atteler le Himonnier : les deux bouts ronds font percés de chacun un trou dans lefauels te pofent des chevilles , pour arrêter lestraits du che- val de cheville, RIDER , v.a@. ( Gram.) faire des rides. Voyez l’ar- #icle RIDE, RIDER LA VOILE, ( Marine. \ voye? Ris. RIDER , ( Marine. ) c’eft roidir. RIDER, ( Vénerie. ) le dit d’un chien qui fuit la voie d’une bête fans crier. RIDICULE 1e ,£ m. ( Morale. \je démandemoi- même ce que c’eft que le ridicule, on ne Pa point encore déni; C’eft un terme abftrait dont le fens neit point fixe ; 1l varie perpétuellement, &creleve comme les modes du caprice & de l’arbitraire ; cha cun applique Pidée du ridicule, la change, l'éterd, & la reftraint à fa fantaifie. Un homme eft taxé de ridicule dans une fociété pour avoir quitté de faux airs ; & ces mêmes faux airs dans une autre fociété, le comblent de ridicules. On confond communément le ridicule avec ce aui eft contre laraifon; cependant ce qui eff contre là raifon eft folie : fi c’eft contre l'équité, c’eft un crime. | Le ridicule devroit {e borner aux chofes indiffé- rentes en ellesmêmes, &c confacrées par les ufages reçus ; la mode, les habits, le langage, les manieres, le maintien; voilà fon reflort. Voici fon ufurpa- tion. | Il étend fon empire fur le mérite, l'honneur, Îles talens, la confidération, &les vertus; fa cauftique empreinte eft ineffaçable ; c’eft par elle qu’on atta- que dans le fond des cœurs le refpeët qu’on doit à la vertu; il éteint enfin l’amour qu'on lui porte : tel rouoit d'être modefte, qui devient effronté par la crainte du ridisule : 8t cette mauvaïfe crainte cor- rompt plus de cœurs honnêtes, que les mauvaifes inchinations. Le ridicule eft fupérieur à la calomnie qui peut fe détruire en retombant fur fon auteur; &c c’eft auf le moyen que l'envie employe le plus sûrement pour ternir l’éclat des hommes fupérieurs aux autres. Le deshonorant offenfe moins que le “dicule; la raifon en eft qu’il n’eft au pouvoir de perfonne d'en deshonorer un autre. C’eft notre propre conduite, &z non les difcours d'autrui qui nous deshonorent ; les caufes du deshonneur font connues & certaines; mais le ridicule dépend de la maniere de penfer & de fentir qu'ont les gens vicieux, pour tâcher de nous dégrader, en mettant la honte & la gloire par-tout où ils jugent à propos, & fur tous les objets qu'ils envifagent par Les Lane du ridicule. h Le pouvoir de fon empire eff f fort, que quand imagination en eft une fois frappée , elle ne connoît plus que fa voix. On facriñe fouvent ion honneur à RID fà fortune , & quelquefois {a fortune À la crainte du ridicule, , Ilwétoit pas befoin, ce me femble, de propofer pour fujet du prix de l'académie françoife , en 1753, fi la crainte du ridicule étouffe plus de talens & de vertus, qu’elle ne cortise de vices & de défauts ; car il eft certain que cette crainte. corrige peu de vices & de défauts en comparaïifon des talens & des ver- tus qu’elle étouffe. La honte n’eftplus pout les vices ; elle fe garde toute entiere pour cet être fantaltique qu’on appelle le ridicule, | R Il a pris le favoir & la philofophie en averfion; À peine pardonne-t-il l’un & l'autre à un petit nombre hommes de lettres fupérieurs : mais pour les per- fonnes de diffin&ion , il faut bien qu’elles fe gardent d’afpirer à l’amour des fciencés, le ridicule ne les Épargneroiït pas. | | Ils’attache encore fort fouvent À la confidération, parce qu'il en veut aux qualités perfonnelles : il par- donne aux vices, parce qu'ils font encommun: les hommes s'accordent à les laiffer pañler fans oppro- bre ; ils ont befoin de leur faire grace. Dans chaque fecle il y a dans üne nation un vice dominant , &1l fe trouve toujours quelque home de qualité qu’on appelle aimable, ou quelque feminé titrée qui donne le ton à fon pays, qui fixe le ridicile, & qui met en crédit les vices de la fociété. C’eft en marchant fur leurs traces, dit très-bien M. Duclos, qu'on voit des eflains de petits donneuts de ridicules, qui décident de ceux qui font en vogue, comme Îles marchands de modes fixent celles qui doivent avoir cours. S'ils ne étoient pas emparé de lemploi de diftribuer en {écondk les ridicules ,ilsen feroient accablés ; ils reffemblent à ces criminels qui fe font exécuteurs pour fanver leut vie. Une grande 1ottife de ces êtres frivoles, & celle dont 16e dou- tent le moins , eft de s’imaginér que leur empire eft univeriel. Le peuple ne connoît pas même lé nom des chofes fur lefquelles ils impriment le ridicule : & c’eft tout ce que la bourgeoïfie en fait. Les gens du monde , ceux qui font occupés, ne font frappés que par diftrahion de ces infeêtes incommodes. Les hom. mes 1lluftres font trop élevés pour les appercevoir, s'ils ne daignoient pas quelquefois s’en amufer eux- mêmes. (2. J.) RIDICULE , LE, (Poëme dramatiqg. comig.) le ridi- cle dans le poëme comique eft ; felon Arifiote tout éfaut qui caufe difformité fans douleur > qui ne menace perfonne de deftru&ion, pas même celui en qui fe trouve le défaut ; car s'il menaçoit de deftruc- tion, il ne pourroit faire rire ceux Qui ont le cœur bien fait. Un retour fecret fur eux niêmes leur feroit trouver plus de charmes dans la compañlion. Le ridicule eft eflentiellement Pobjet de la comé- die. Un philofophe diferté contre le vice ; Un faty- rique le reprend aigrement ; un orateur le combat avec feu ; la comédien l'attaque par des räilleries > 11 réuflit quelquefois mieux qu'on ne feroït avec les plus forts argumens. | | La difformité qui conftirue le rdicute , feta donc une contradiétion des penfées dé quelque homme, de fes fentimens , de fes mœurs , de fon air, de fa fa- çon de faire , avec la nature » avec les lois recues, avec les ufages, avec ce que femble exiver la fitua- tion préfente de celui en qui eft la difformité. Un homme eft dans la plus bañle fortune, il ne parle que de rois & de tétrarques : il eft de Paris ; à Paris, il s’habille à la chinoïfe : ila cinquante ans, & il s’a- mufe férieufement à atteler des rats de papier à un petit chariot de carte; il eft accablé de dettes ;Tuiné, ët veut apprendre aux autres à fe conduire & À s’en- tichir: voilà des diformités icules -quiiont, com- me on le voit, autant de contradiéions avec une certaine idée d'ordre , ou de décence établie, RIE 257 Il fut obferver que tout ridicule n°eft pas ribde, Il y à un ridicule qui nous ennuie, qui eft maufade ; c'eft le ridicule groffer : 1 ÿ en a un qui nous caufe dur dépit, parce qu'il tiènt à un défaut qui prend fur notre amour propre: tel elt le fotorguell. Celui qui fe montre fur la fcène comique ef toujours agréa= ble, délicat , & ne nous caufe aucune inquiétude fe- crette. | Le comique, ce que les latins appellent vis com ta, eft donc le ridicule vrai, mais Chargé plus où moins , felon que le comique ef plus où moins déli- cat. Il y a un point exquis en-decçà duquel on né rit * point, & au-delà duquel on ne rit plus, Au-moins les honnêtes gens, Plus on a le goût fin &exércé fur les bons modeles, plus on le fent : mais c’eft de ces cho- {es qu'on ne peut que fentir, | ; Or la vérité paroïît pouflée au-delà dés limités, 1°. quand les traits font multipliés & préfentés les uns à côté des autres. Il y a des ridicules dans la fociété; mais 1ls font moins frappans, parce qu'ils font moins fréquens, Un avare , par exemple, ne fait fes preu- ves d'avarice que de loin ên loin : {es traits qui prou- vent font noyés , perdus dans une infinité d’autre traits qui portent un autre cara@eré : ce quileur Ôte prefque toute leur force. Sur le théâtre un avarenée dit pas ün mot , ne fait pas un gefle, qui ne répré- fente l’avarice ; ce quifaitun fpettacle fingulier, quois que vrai, & d'un ridicule Qui néceflarement fut rire | | 2°, Elle eft au-delà des limites quand elle baffle la vraiflemblance ordinaire. Un avare voit deux chant delles allamées , il en fouffle une; cela eft junte : on la rallume encore, il la met dans fa poche : c’eft alles loin ; mais cela n’eft peut-être pas au-delà des bornes du comique. Dom Quichotte eft ridicule par fes idées de chevalerie, Sancho ne left pas moins par fes idées de fortune, Mais il femble que l’'auteut fe mo: que detous deux, & qu’il leur fouffle des chofes ou: trées & bifarres, pour les rendre ridicules aux autres, êt pour fe divertir lui-même. La troïfieme maniere de faire fortir le comique, eft de faire contrafter Le décent avec le ridicule. On voit fur la même fcène un homme fenfé, & un joueur de triétrac qui vient lui tenir des propos impertis nens : l’un tranche l’autre & le releve, La femine menagere figure à côté de la favante ; l’homme poli 6t humain à côté du mifantrope ; & un jeune hom- me prodigue à côte d’un pere avare. La comédie eft le choc des travers des ridicules entr’eux, ou avec la droite raïon & la décence. | Le ridicule fe trouve partout : il n’y a pas une de nos attions, de nos penfées , pas un de nos geftes, de nos mouvemens qui n’en foient fufcepribles, On peut les conferver tout entiers, ëc les faire gtima- cer par la plus légere addition. D'où il eft aufé de con- clute, que quiconque eft vraiment né pour êtr poëme comique, a un fond inépuifable de ridicules à mettre fur la fcène , dans tous les caraéterés de gens qui compofent la fociété. Cours de Bell:s-lerrres, (D. J.) ot RIDICULUS , 1. m, (Anriq. rom.) ou plutôt ædi- cula ridiculi ; nous dirions en françois /a chapelle du ris ; elle étoit bâtie à Rome à deux mille pas hors la porte Capene , en mémoire de la fuite d’Annibal dé devant cetre ville à caufe des pluies & des orages qui furvinrent lorfqu’il lafiégeoit. Les Romains tour- nant fa fuite en ridicule élevetent cette chaoelle & Ja confacrerent. Il eft vrai que Paufanias fait mention d’un dieu du rire, 6eoc yéhwros , mais ce n’eft pas de lui dont il s’agit ici. (2. 7.) RIEBLE, (Boraniqg.) Voyez GRATERON, Borar CDS me Roch Le RIEDENBURG , (Géog. mod.) pétite ville d'Alle- magne , dans la haute Baviere, fous la régence ds 288 RTE Munich , avec titre de comté, & un château. (D. J.) RIEDLINGEN , ( Géog. mod. )petite ville d’Alle- lemagne , dans la Suabe, fur le Danube , dépendante de la maïfon d'Autriche. (D. J.) RIERE-FIEE , £ m. (Gram. 6 Jurifprud.) eft la mê- me chofe qu’arriere- fef. Voyez ARRIERE-FIEF Fier. (4) RIESENBERG oz RISENBERG , ( Géog. mod. ) montagne d'Allemagne , dans la Siléfie, entre le du- ché de Javer & la Bohème; c’eft la plus haute mon- tagne de cette contrée. Elle a des mines de fer, d’é- tain , de cuivre &c de vitriol. Les rivieres de Bober, de Lupawa & de l'Elbe, y ont leurs fources, dont la largeur n’excede pas trois piés. (D. J.) | RIETI, ( Géog. mod. ) en latin Rearæ ; ville d’I- talie, dans l’érat de l’Eglife , au duché de Spolete, près du lacde même nom, fur le Vélino, aux confins de l’Abruzze , à 8 lieues de Spolete, 8 à 14 de Ro- me. Son évêché fondé dans le v. fiecle, releve im- médiatement du pape: Log. 30. 40. latir. 42. 23. NE) RIEUME , ( Géog: mod.) petite ville de France, dans le bas- Armagnac, au diocefe de Lombès, fur les confins de ceux de Touloufe & de Rieux. Il ya une juflice royale de la judicature de Riviere-Ver- dun, quoiqu'il n’y ait pas cent maifons dans cette place. (D.J.) RIEUR , ez Anatomie , eft le nom d’un mufcle dé- crit par Santorius. | Ïl vient ordinairement par des tendons très-courts de la partie moyenne du mafferer , &r fe termine en s'uniffant avec le peaucier, dont il eft quelquefois une portion, à la commiflure des deux levres. RIEUX , f. m. rerme de Pêche » voyez FOLLES À LA COSTE, CIBAUDIERE FLOTTÉE, dont ce filet eft une efpece. Ces filets fe tendent par le travers de la marée & fur le plus bas du terrain dont la marée puifle fe re- tirer. On enfable le bas du rez avec des torches de pail- le , & au moyen de $ petites lignes bandingues ou feines que l’on met fur une efpece de rieux de 10 à 12 brafles de long , on empêche que la tête du filet ne s’éleve trop ; l'ouverture eft placée du côté de terre; il faut la vive eau pour faire cette pêche avantageu- fement. Les mailles de ces filets ont 18 lignes en quarré. Rieux, (Géog. mod.) en latin moderne Air: ; ville de France , dans le haut-Languedoc, fur la pe- tite riviere de Rife, qui fe jette un peu au-deflous dans la Garonne. La rencontre de plufieurs ruifieaux qui fe joignent en cet endroit, lui a vraiflemblable- ment donné le nom de Rieux. Elle n’a de remarqua- ble que fon évêché , érigé par le pape Jean XXIT. en 13175 il fit un évêché d’un monaftere,, & le donna au cardinal de Rabaftin, qui étoit auparavant évêque de Pamiez. Cet évêché vaut aujourd’hui 25000 livres de ren- te, & fon diocèfe comprend 90 paroiffes, 3 abbayes d'hommes, & une de filles. Ce diocèfe de Rzeux con- tient la partie de l'ancien pays de Volveftre, qui appartenoït au compte de Touloufe. Le chapitre de l'églife cathédrale de Rieux eft compofé de quatre dignités 87 de douze canonicats. Cette ville eft à 10 lieues au fud-oueft de Touloufe, &c à 35 au couchant de Narbonne. Long. 18. 50. lai. 43. 15. Il ne faut pas confondre Rieux fur la Rife, avec Rieux, petite ville, ou plutôt bourg de France dans le bas-Languedoc , au diocèfe de Narbonne. C’eft Rieux dans le heut-Languedoc qui eft la pa- trie de Baron ( Vincent) domunicain : ce bon moine aflligé du relâchement de la morale, compofa plu- fieurs livres pour la rétablir, &t entr'autres fon erhica chrifliana , imprimée à Paris en 1666, 2, vol, 17-8°, RIE maïs cette morale ne réuffit pas à la cour de Rome; maloré l'approbation du maître du facré palais, qui fut dépofé, & la congrégation de l’indice condamna louvrage. Je le condamnerois auffi , parce qu'il ef purement fcholaftique. Le F. Baron ‘mourut à Paris en 1674, âgé de 7oans. (D.J.) ; RIEZ , ( Géog. mod.) petite ville de France, en Provence, {ur la petite riviere d’Auvefte, dans une plaine , à 9 lieues au fud-eft de Sifteron , à 18 au nord-oueft de Toulon, &c à 11 au nord-oueft d'Aix. C’eft une ville fort ancienne. Pline lanomme 4/be- cia , &il prend Re: pour le nom d’un peuple, com- me Vocontii, Saluvi, Ge. Le nom Reï prévalut fur celui dA/beci. Dans le ]. fiecle , Res: fut corrompu en Repgü, comme on le voit dans Grégoire de Tours. Il fe tint un concile à Riez, en 439, &t le député de cette ville entre aux afflemblées générales. Son terri- toire produit les meilleurs vins de Provence. Les évê- ques de Re font feigneurs temporels de la ville; leur évêché eft fuffragant d’Aix, &c vaut dix-huit à vingt nulle livres de revenu. Lorgiude 23. 36. latitude 43. 51. | Abeille (Gafpard) , né à Riez, vint jeune à Paris, &c trouva le moyen de s’y faire connoitre. fl em- brafla l’état eccléfaftique , & le maréchal de Luxem- bourse le prit auprès de lui, pour fecrétaire du gou- vernement de Normandie. M. de Vendôme, &c ia duchefle de Bouillon (Marie-Anne Mancini) Phono- rerent aufl de leur prote@ion. Il fut reçu en 1704 à l'académie françoïfe. Il avoit donné 30 ans aupara- ÿant deux tragédies très-foibles, Argelie & Corio- lan , qui furent imprimées. L'abbé Abeille ft depuis d’autres tragédies , qui parurent fous le nom de la Thuillerie, comédien. On dit qu'une avanture défagréable, fut caufe qu'il mofa plus mettre fon nom à fes ouvrages de thcâtre. Une tragédie de lui, qu'on ne trouve point, commen- coit par une fcène entre deux princefes fœurs s dont lune difoit à l’autre en entrant fur le théâtre: Ma fœur, vous Jouvient-1l du feu roi notre pere? La feconde a@trice héfitant, & cherchant le premier mot de fon rôle, un plaïfant qui s’ennuyoit dans le parterre, répondit pour elle : Mafoi, s'il m'en fouvient, il ne m'en fonvient suere: Les éclats de rire fufpendirent le commencement du {pectacle ; & quand à diverfes reprifes, on tenta de commencer , la plaifanterie fut chaque fois répétée en chœur par-tout le parterre , & les comédiens fu- rent obligés de donner une autre piece. C’eft à cette avanture , vraie ou faufle, qu’un bel efprit de Pro- vence fait allufion, dansune épitaphe qu'il fit à Pabbé Abeille, mort le 22 Mai 1718 , dans un âge très- avance, | C2 git cet auteur peu fêté, Qui crut aller tout droit à l’immortalité : Mais fa gloire & fon corps n'ont qu'une même biere; E1 lorfqw Abeille oz #ommera, Dame Poflérité dira: Ma foi , s’il m'en fouvient, il ne m'en fouvient guere. Dans différens recueils de l’académie , on trouve diverfes pieces fugitives de la main de Pabbé Abeille, &c qui font pour la plüpart des épitres morales. Celle qui roule fur l'amitié, eft pleine de fentimens, qui font l'éloge du cœur du poëte. Il a fait une autre épi- tre fur la conffance, où la juftefle n’eft pas ce qui y reene le plus, fi lon peut s’en rapporter à une épi- gramme fatyrique de l'abbé de Chaulieu , laquelle ne fe trouve point dans les éditions de fes œuvres. | | | Effrce Æff-ce Saint-Aulaire, ou Toureille, Ou ious deux, qui vous ont appris À confondre, mon cher Abeille, Dans vos tè5-enniyeux écrits, Patience, vertu, conftance ? Apprenez cependant comme on parle à Paris : Potre longue perféverance A nous donner dé méchans vers, C'eft ce qu'on appelle conftance ; Es dans ceux qui les ont foufferts, Cela s'appelle patience. Œuvres de Defpréaux 1747, 1. F. (D. J.) RE, (Géog. mod.) c’eft le nom de la partie d'E- gypte, quis’étend depuis le Caire jufqu’à la mer. La bafle-Egypte, de même que la haute, s'appelle Szide où Thébaide ; &t celle qui eftentre les deux, porte le nom de Sous. (D. J) RIFLARD , f. m. ( Lainage.) efpece dè laïne la plus longue de toutes celles qui {e trouvent fur les peaux de moutons non apprêtées ; elle fert aux Im- primeurs à remplir ces fortes d'inftrumens qu'ils ap- pellent Balles, avec lefquelles ils prennentl’encre qu’ils employent à impreflion des Livres. Savary. (D.J.) RIFLARD , Î. m. cerme de Menuifier ; ©’eft une ef- pece de rabot à deux poignées dont fe fervent les Menuifiers & les autres ouvriers en bois. Il fert à déeroffir la befogne, fur-tout quand le bois eft gau- che où noueux ; le fer du rifard, pour qu'il enleve de plus gros copeaux, & qu'il morde davantage, eft un peu arrondi. Ce que les Charpentiers appellent une galere, dont les Menuifiers fe fervent auffi pour le bois dificile, eft un vrai rifard, à la referve qu'il ef plus court ; qu’au lieu de poignée, ila deux fortes chevilles qui en traverfent le-fût par les deux bouts, êt qu'il faut deux hommes oppofés l’un à l’autre pour le poufler ; enfinil ya des riflards de différente lar- geur & longueur, pour fervir aux différens ouvra- ges des Menuifiers & des Charpentiers. (D.J.) RIFLARD, f. m. s#erme de Tailleur de pierres ; C’eft un morceau de fer en forme de cifeau , très-large par en-bas, &t un peu rabattu en chamfrein; il a des dents, ce qui fait qu'on l’appelle communément rifard bre- té ; 1on manche eff de bois , & il fe pouffe à la main, il y en a de plufieurs grandeurs. (D. J.) RIFLER , ez rerme de Doreur ; c’eft l’a@ion d’a- doucir au rifloir plus où moins rude, une piece qu’on veut blanchir. Voyez RirLorr. | RIFLOIR , f. m. Oil d'ouvriers , efpece de lime un peu recourbée par le bout ; les Scuipteurs , Les Graveurs fur acier, les Serruriers , les Arquebu- fiers , Eperonniers, Couteliers, &c. ont des rifloirs, mais un peu différens les uns des autres, foit pour leur forme, foit pour la longueur. Savary. (D. JT.) RIFLOIR , en cerme d’Argenteur ; c’eft une efpece de lime ronde, taillée & courbée par les deux bouts, dont les Argenteurs fe fervent pour apprêter leur ouvrage. #oyez les Planches de l’Arventeur. RIFLOIR , ounl d’Arquebufier ; C’elt un morceau dacier trempé, long d'environ 6 ou 7 pouces, em- manché comme une lime qui eff ployé en trois par- ties, & dont la derniere partie eft en-deflous , faite comme une limeun peu arrondie ; les Arquebufers s’en fervent pour drefler & limer un trou. RIFLOIR , les Fozdeurs appellent ainf un outil d’a- cier, garni d'une poignée dans le milieu de fa lon- gueur , 6 dont les extremités font un peu courbées tallées en ime pour les petits ouvrages , & piquées au poinçon, comme les rapes pour les grands. On s’en fert pour enlever une efpece de croûte fort dure qui fe forme fur la furface des ouvrages que l’on jette en fonte. Voyez FONDERIE. RIFLOIR , chez Les Civeleurs & Graveurs en relief & en creux, eft un outil d’acier courbé par les deux Torre XIV, ; RIG 289 bouts en forme d’S ; la partie du milieu 2 , Voyez les g. C les PI, de la Gravure) qui {ertde poignée eft life ou à pans , la partie 4 eft ronde & taillée en lime ; l’autre extremité C'eft arrondie par les arrêtes » Mais un peuapplatie, & eft de même taillée en lime ; elle _fért pour les endroits où l’autre ne peut atteindre, Il y en a de différente grandeur & forme pour fervir au befoin, les uns & les autres plus ou moins char. .gés de tailles, c’eft-à-dire taillés les uns gros, & les autres fins, felon que ouvrage où on les employe l'exige. L’ufage des rifloirs et d'effacer les coups d’échopes ou de burin, en limant la partie fur la- quelle on a operé avec les autres outils. RIFLOIR , 4 la monnoie, eft une lime taillée douce pat le bout, dont ceux qui gravent des médailles , coins ou quarrés , fe fervent pour drefler » atteindre, & nettoyer les figures de relief ou en creux. | RIFLOIR , en terme d'Orfévre en tabariere : c’eft une petite branche de fer , dont l’extremité eft taillée en forme de lime ; il y en a de courbés un peu par le bout qu’on appelle rifloir à pié de biche » & d’autres phés en zigzag comme la poignée d’une broche à main, à-peu-près vers les deux tiers de {a longueur. On Pappelle rfloir à charniere de l’ufage qu’on en fait, il y à auf des rifloirs à bâte qui {ont tranchans, creux, ronds, &e. {elon la forme de la bâte, Voyez BATE, 6 les fig. & Les PL, | RUIFLOIR , en terme d'Orfevre en grofferie , ce font des efpeces de limes qui ne font taillées que par les deux bouts; ces deux extremités font fines où grof- {es à proportion du calibre du rifloir ; elles font auf recoutbées pour pouvoir s’infinuer dans tous les cou- des où leur ufage eft nécefaire. | Il y en a de ronds, demi-ronds, de plats , detrian- gles, & de toutes groffeurs ; ils fervent à réparer. Voyez RÉPARER, voyez auffi les PL. RIGA , (Géogr. mod.) ville de l'empire ruffien 5 capitale de la Livonie, fur la rive feptentrionale de la Dwina, à 2 lieues de fon embouchure dans la mer Baltique, à 10 lieues de Mittau, & à 84 au fud-oueft de S. Petersbourg. Cette ville eft grande, peuplée & fort commerçante. Le château fert de demeure au gouverneur ; outre cela plufieurs forts contribuent à fa défenfe. | Quelques marchands de Brème étant entrés dans la Dwina vers le milieu du xÿ. fiecle, y firent com- merce avec les habitans du pays, ce qui donna lieu à Pétabliffement de la religion chrétienne dans ce quartier. Le papes en étant inftruits, ÿ envoyerent des évêques qui environnerent la ville de murailles , & fonderent quelques évêchés en différentes parties de cette province. L’évêque Albert en fut nommé archevêque en 121$ par Inncocent IIT, vers l'an 1280 ; les chevaliers teutoniques qui s’étoient éta- blis dans le Pays, firent la guerre aux archevêques. D'un autre côté, les bouroeois de Riga s'étant ena richis par Le trafic entrerent dans l’alliance des villes anféatiques | & fe virent en état de tenir tête aux archevêques & aux chevaliers. Par la révolution qui arriva dans la relision , Le Luthérianifme s'introduifit dans cette ville avec de fi grands progrès , que Sigifmond, roi de Pologne , auquel les habitans fe foumirent en 1561, fe vit obligé d'accorder le libre exercice de la religion lu- thérienne dans le pays. Tous les eccléfiaftiques ayant quitté la religion catholique , Parchevêché de Riga fut éteint en 1566, & les biens eccléfiaftiques fécu- larifés. Etienne Batori ne rétablit la rehgion catho- lique que jufqu’au tems que Guftaye-Adolphe s’em- para de 792 en 162r. Enfin Pierre I. après les dé- faites de Charles XIL prit cette ville en 1710, & elle eft reftée depuis ce tems-là fous la domination. des Rules, Log. 42. larir, 56, 50°, (D.JT.) RIGAUDON , f. m. forte de daafe dont l’air {e | | Oo | 1 290 RIG bat À deux tems d’un mouvément gai, & eft ordinai- rement divifé en deux reprifes. ( S) RiGAUDON, pas de , c’eftun pas de danfe qui fe fait à la même place, fans avancer, ni reculer, ou aller de côté, encore que les jambes faflent plufieurs mouvemens différens. On le commence à la premiere poftion. Ayant les deux piés afflemblés, on plie les deux genoux également, &on fe releve en fautant, &c en levant du même tems la jambe droite qui s'ouvre à côté, le genou eft étendu , & du même moment on remet la jambe à la premiere pofition. Alors la jambe gauche fe leve & s'ouvre à côté, fans faire aucuns mouve- mens du genou. Ce n’eft que la hanche qui agite la jambe & la baifle aufli-tôt. Les deux piés étant à terre , on fe plie , & lon fe releve en fautant &en tombant fur les deux piés, & c’eft ce qui termine le pas. On fait après un pas en-avant ou à côté, felon celui que vous voulez faire enfuite, ce qui ne fert qu’à lier ce pas avecunautre, & faire le mouvement du pas avec plus de facilité. Tous ces différens mouvemens fe doivent faire de fuite, ne formant qu’un feul pas qui fe fait dans une mefureà deux tems. Ainf Pattention que l’on doit avoir, c’eft que les jambes foient bien éteridues lorf- qu’on les leve, &lorique l’on faute de retomber fur les deux pointes & les jambes tendues. RIGEL , {. m. (_4ffron. ) c’eft le nom d’une étoile fixe de la premiere grandeur , qui eft dans le pié gauche d’orion. Foyez ORION. (0) $ RIGIDE , adj. (Gram.) auftere,févere, inflexible, exa@.C’eftunrigideobfervateur delaregle Ce motri- gide vient dulatinrigidus ,roide : ilne s'emploie qu'au figuré, C’eft loppolé de wirigé: un janfenifte rrgide, un janfénifte mitigé ; un newtonien, un cartéhen rigide ; la rigidiré des mœurs eft toujours louable ; la rigidité des jugemens eft quelquefois déplacée : jaime les gens d’un goût rigide; je ne haïs pas la riodire des rafonneurs. RIGODULUM , ( Géog. anc.) lieu de la Gaule belgique. Tout concourt à nous faire croire que Ri- godulum étoit dans l'endroit où Pon voit aujourd’hui le village de Rigo! , fur la rive gauche de la Mofelle, environ à un mille germanique au-deflous de Tre- ves. Outre le rapport du mot Rigo/ à celui de Rigo- dulum , le village de Rigol eft effedtivement nommé Rigodulum dans une chatte du ro: Dagobert, qui en fait une donation à l’églife de S. Maximin de Trèves, de laquelle il dépend encore a@uellement. (D. 7.) RIGODUNUM, ( Géog. anc.) ville de la grande Bretagne, Ptolomée, Z. 21. c. 7. la donne aux Bri- gantes , & la place entre Tfurium & Olicana : on croit que c’eft préfentement Rippon. (D. J.) RIGOLE , { f. ( Archir. hydraul.) ouverture lon- gue & étroite fouillée en terre pour conduire l’eau; cela fe pratique lorfqu’on veut faire leflai d’un ca- nal pour juger de fon niveau de pente ; ce qu’on nomme carial de dérivation. On appelle rigoles les petites fondations peu pro- fondes, & certains petits foflés qui bordent un cours ou une ayenue, pour en conferver les rangs d’arbres. La rigole eft différente de la tranchée, en ce qu’elle n’eft pas ordinairement creufée quarrément. Le mot rigole vient du latin rigare, arrofer. Du- viler. (D, J | RIGOLE de jardin , ( Jardin.) efpece de tranchée fouillée le plus fouvent quarrément de fix piés de large fur deux piés & demi de profondeur, pour plan- ter une platebande de fleurs êc des arbrifleaux dans un jardin. (D. J.) RIGOMAGUM, ( Géog. anc.) 1° ville d'Italie : Vitinéraire d'Antonin la met fur la route de Milan à Arles , en paffant par les Alpes cottiennes. Elle étoit entre Carbautia &c Quadratæ, à 12 milles du pre- mier de ces lieux, & à 16 milles du fecond, 2°, Rigomagum eft auf , felon Ortelius, l'ancien nom latin de la ville de Rieux en Languedoc, &c Rz- gomagus eft le nom latin de la ville de Riom en Au- verene, ( D.J.) RIGORISME , { m. ( Gram.) profeflion de la mo- tale chrétienne, ou de la morale en général dans toute fa rigueur. La plüpart des fondateurs de reli- gion, de fociétés, de {eétes, de monafteres , ont defti- né leurs inftitutions à un grand nombre d'hommes, quelquefois àtoute la terre, tandis qu’elles ne pou- voient convenir qu’au petit nombre de ceux qui leur reflembloient. D’où 1l eft arrivé à la longue qu’elles font devenues impraticables pour ceux-ci; & il s’en eft fuivi la divifion en deux bandes, l’une de risoriftes & l’autre de relâchés. Il ny a guere qu'une morale ordinaire & commune qui puifle être prati- quée & fuivie conffamment par la multitude. Il y a & il y aura dans tout établiflement , dans toute pro- fefion théologique, monaftique , politique , philo- fophique & morale, du janfénifme & du molinifme; cela eft néceffaire. RIGORISTE., £. m. (Gram.) homme qui profeffle la morale chrétienne dans toute fa rigueur. RIGOUREUX, adj. (Gram.) {évere, dur, exact; un juge rigoureux, un pere rigoureux, un direéteur rigoureux , UN examen rigoureux, Une courbe rigou- reufe , où lon ne confidere plus de petits côtés infi- niment petits, maisune fuite de points fucceffifs, fans aucune diflinétion d’angles & de côtés ; un hiver ri- goureux june folution rigoureufe june affiftance rigou- reufe ; fi durant le ftage on manque par fa faute à quel- que point , l’affiftance rigoureufe eft rompue , & lon eft obligé de la recommencer. | RIGUEUR ,, f. m. (Gram.) conformité févere & _inflexible à quelque loi donnée, Il ne faut pas tou- jours juger felon toute la rigueur de la juftice ; le bon goût a fa rigueur & fon indulgence; le génie ne fouf- fre point de rigueur. Il y à des rigueurs falutaires, & il y en a de mortelles, Il faut prendre ce texte à la rigueur. Les démonftrations du géometre font rigou- reufes. On dit la rigueur du froid , un hiver rigoureux, la rigueur du deftin, les rigxeurs dune maïîtrefle. RIGUEUR , mois de, ( Jurifprud.) eft un des mois affettés aux gradués , & dans lefquels le collateur or- dinaire eft obligé de conférer le bénéfice au gradué plus ancien qui la requis. Woyez EXPECTATIVE , FAVEUR, GRACE, GRADUÉ, MOIS DE FAVEUR € DE RIGUEUR. (4) RIEN, ce, ( Géog. mod. ) petite riviere du Hol- ftein , dans la province de Stormarie. Elle paffe par la ville de Gluckftat, & entre dans l’Elbe. ( D. J.) RILLE, LA, 07 RISLE , ( Géog. r10d.) en latin RG- féla, riviere de France, dans la Normandie. Elle a fa fource fur les confins du diocèfe de Seez ; & aprèsun couts d'environ 20 lieues , elle fe rend dans la Seine 2 lieues au-deflous de Quillebœuf, (D. J.) RILLOURS , £. m. ( Æiff. nat. Zoolog. ) efpece de finges de l'ile de Ceylan, qui font très-nuifibles aux habitans par le dégât qu'ils font dans leurs moiflons. Ils ont la tête blanche & couverte de longs cheveux qui leurflottent fur les épaules , 1l ÿ en a d’une grofs feur prodigieufe. | RIMA , f. m. (Botan. exot.) nom que donnent les Indiens à un excellent fruit de l'ile de Tinian en Amé- rique , près d'Acapulco. Il vient fur un arbre afez gros êc aflez haut, lequel fe divife en plufieurs bran- ches à l'extrémité. Ses feuilles font larges de 12à 18 pouces, d’unverdfoncé, & dentelées dans les bords; le fruit croît indifféremment {ur toutes les branches. Il eft d’une figure elliptique de la longueur de 6 à 8 pouces, & couvert d’une écorce rude ; il naît fépa- rément , & non en.grappe. Son goût approche de celui d’un cul d’artichaud , &c fa texture en eft peu différente ; il ’attendrit & jaunit en müriffant ET guiert de l’eau, de la faveur, une odeur agréable, qui tient de celle de la pêche ; on regarde ce fruit comime très-propre à la guérifon du fcorbut muria- tique. Les Anglois l’appellent bread-fruir. Le lord Ans. fon en a donné la defcription & la figure dans fes voyages. ( D. J.) RIMAILLEUR , fm. (Litrérar.) auteur médiocre QU Mauvais qui rime fans génie & fans goût. Ceterrhe fe prend toujours en mauvaife part, Ainfi Roufleau dit dans une de fes épigramme : Griphon rimailleur fbalrerrie Varte Siphon Le barbouilleur É Et Siphon peintre de taverne Wante Griphon le rimailleur. . RIME, ff. ( Poëfie franç: ) la rime, ainfi que les fiefs & les duels, doit fon origine à la barbarie de nos ancêtres. Les peuples dont defcendent les na- tions modernes & qui envahirent l'empire romain, avoient déja leurs poëtes, quoique barbares , lorf qu'ils s’établirent dans les Gaules & dans d’autres provinces de lempire. Comme les langues dans lef quelles ces poëtes fans étude compoloient n’étoient point aflez cultivées pour être manices fuivant les regles du mètre , comme elles ne donnoient pas lieu à tenter de le faire ils trouverent qu'il y auroit de [a grace à terminer par le même fon deux parties du difcours qui fuflent confécutives ou relatives êc d’une égale étendue. Ce même fon final, répété au bout d’un certain nombre de fyllabes , failoit une elpece d'agrément, & il marquoit quelque cadence dans les vers. C’eft apparemment de cette maniere que [a rime s’eft établie. Dans les contrées envahies par les barbares, il s'eft formé un nouveau peuple compofé du mélange de ces nouveaux venus & des anciens habitans. Les ufages de la nation dominante ont prévalu en plu- fieurs chofes , & principalement dans la langue com- mune qui s’eft formée de celle que parloient les nou- veaux venus. Par exemple, [a langue qui fe forma dans les Gaules, où les anciens habitans parloient communément latin quand les Francs s’y vinrent éta- blir , ne conferva que des mots dérivés du latin. La fyntaxe de cette längue fe forma très-différente de la fyntaxe de la langue latine. En un mot , la langue naiflante fe vit aflervie à rimer fes vers , & la rime pañla même dans la langue latine, dont Pufage s’étoit confervé parmi un certain monde. De-là vient qu'au vi. fiecle les vers léonins , qui font des vers rimés comme nos vers françois, prirent faveur , &ne s’é- chpferent qu'avec la barbarie au lever de cette [u- nuere , dont le crépufcule parut dans le xv. fiecle. On a trouvé la rime établie dans l’Afie & dans PA- mérique. Il y a dans Montagne une chanfon en rimes américaines traduite en françois. On lit dans le Jpec- tateur la traduétion angloïfe d’une ode laponne qui étoit rimée | mais la plüpart de ces peuples rimeurs font barbares ; & les peuples rimeurs qui ne Le font plus, italiens, françois, anglois, efpagnols & qui font des nations polies, étoient des barbares & pref- que fans lettres lorfque leur poéfie s’eft formée, Les langues qu’ils parloient r’étoient pas fufceptibles d'une poëfie plus parfaite, lorfque ces peuples ont poié , pour ainf dire, les premiers fondemens de leur poétique. Il eft vrai que les nations européen- nes , dont je parle, font devenues dans la fuite fa- vantes & lettrées; mais comme leurs langues avoient déja fes ufages établis & fortifiés par le tems, quand ces nations ont cultivé l’étude judicieufe de la lan- gue PS & de la latine, elles ont bien poli & reétiñé ces ufages , mais elles n’ont pu les changer entierement, | Les Grecs & les Latins, gxibus dedit ore roiundo | Tome XIF, R:I1 M 295 #afa loqui, formerent une langue, dont toutes las fyllabes pouvoient, par leur longueur ou leur bric. veté, exprimer les fentimens lents Ou impétueux de l'ame. De cetté variété de fyllabes &c d’intonations téfultoit dans leurs vers » & même aufli dans leur profe, une harmonie qu'aucune nation n’a pu faifir après eux. . Du mélange de leurs {yllabes longues 8e brèves , fuivant la proportion prefcrite par l’art , rés fulte toüjours une cadence » telle que l’éfpece dont font leurs vers la demaride. | L’agrément de la zime n’eft Pas à Comparer ävec l’ägrément du nombre & de l'harmonie, Une fyllabe terminée par un certain fon n’eft point une beauté par elle-même ; la beauté de la rime n’eft qu’une beau té de rapport, qui confifte dans une conformité de définances entre le dernier mot d’un vers & le der- nier mot du vers réciproque. On n’entrevoit donc cette beauté qui pañle fi vite qu’au bout de deux vers, & après avoir entendu Je dernier mot du fes cond Vers qui rire au premier, On ne fent même l'agrément de la rème qu’au bout de trois & de qua- tre vers, lorfque les rimes mafculines & féminines {ont entrelacées, de maniere que la premiere & la quatrieme foient mafculines , & la feconde & la troi- fieme féminines ; mélange fort en ufage daps plus fieurs efpeces de poéfie, | Le rhithme & l'harmonie {ont une lumiere qui luit toujours , & la rime n’eft qu'un éclair qui difparoît après avoir jetté quelque lueur ; auff la rive la plus riche ne fait-elle qu’un effet bien pañlager : c’eft la regle de la poëfie dont l’obfervation coute le plus , & qui jette le moins de beauté dans les vers ; pour une penfée heureufe que l’ardeur de rer richement peut faire rencontrer par hafard , elle en fait certai= nement employer tous les jours cent autres dont on auroit dédaigné de fe fervir, fans la richeffe ou la nouveauté de la rime que ces peniées amenent, À n’ef- timer le mérite des vers que par les difficultés qu'il faut furmonter pour les faire > il eft moins dificile fans comparaifon de rimer richement > que de com- pofer des vers nombreux & remplis d'harmonie, Rien n’aide un poëte françois À vaincre cette der- niere dificulté que fon génie, fon oreille & {à per- féverance. Aucune méthode réduite en art ne vient à fon fecours. Les difficultés ne fe préfentent pas fi fouvent quand on ne veut que remer richement ; & l’on s’aide encore pour les furmonter d’un diétion- naïre de rimes , le livre favori des rimeurs féveres, & qu'ils ont tous , quoi qu’ils en difent > dans leur arriere-cabinet. Maïs enfin tel eff l'état des chofes > Que la rime eft abfolument néceflaire à la poéfie françoife ; il n’a pas été poffible de changer fa Premiere conformation, qui avoit fon fondement dans la nature & le génie de notre langue, Toutes les tentatives que quelques poëtes favans ont faites pour la bannir, & pour in- troduire l’ufage des vers mefurés à la maniere des Grecs & des Romains , n’ont pas eu le moindre fuc- ces. Corneille & Racine ont employé la rime ; & je crains que finous voulions ouvrir une autre carriere, ce feroit plutôt dans limpuifiance de marcher dans la route de ces beaux génies, que par le defir raïfon- nable de la nouveauté. Les Italiens & les Anpglois Pourroient mieux que nous fe pafler de river , parce que leurs langues ont des inverfions » &t leur poéfie mille libertés qui nous manquent, Chaque langue a fon génie particulier; celui de la nôtre eft la clarté, la précifion & la délicatefle, Nous ne permettons nulle licence à notre poéfie , qui doit marcher com- me notre profe dans l’ordre timide denosidées. N ou$ avons donc un befoin effentiel du retour des mêmes {ons , pour que notre poéfie ne foit pas confondue avec la profe. Tout le monde connoît ces beaux vers de Racine: Oo ÿ RIM On me cacher ? Fuyons dans la nuit infernale ! Mais, que dis-je ? Mon pere ÿ tient l’urne fatale : ; TAN Lefort, dir-on , l'a mife en [es Jéveres mains ; Minos juge aux enfers tous les pâles humains. 292 Mettez à leur place ;: Où me cacher ? Fuÿons dans la nuit infernal! Mais , que dis-je ? Mon pere y tient l'urne funefie ‘ Le fort, dit-on , l’a mife.en [es Jéveres mains ; Minos juge aux-enfers tous les pales mortels. Quelque poétique que foit ce morceau, dit M. de Voltaire, fera-t-l le même plaifir dépouillé de fa grément de la rime? Les Anglois & les Italiens di- roient également comme les Grecs & les Romains, Les pales humains, Minos aux enfers juge, & enjam- beroïent avec grace fur l’autre vers ; la maniere même de réciter en italien & en anglois fait fentir des fyliabes longues & brèves, qui foutiennent en- core l'harmonie fans befoin de mes. Nous quin’avons aucun de ces avantages, pourquoi voudrions-nous abandonner les feuls que la nature de notre langue nous laifle ? Je fai bien que la rime feule ne fait nile mérite du poëte, mi le plaïfir du leéteur. Ce ne font point feu- lement les da&tyles & les fpondées qui plaïfént dans Virgile & dans Homere. Ce qui enchante toute la terre, c’eft l'harmonie qui naït de cette mefure diff- cile. Quiconque fe borne à vaincre une difficulté pour le mérite feul.de la vaincre, eft un fou ; mais celui qui tire du fond de ces obftacles mêmes des beautés qui plaifent à tout le monde, eft un homme fort fage & prefque unique. IL eft très-difficile de faire de heaux tableaux, de belles ftatues’, de bonne mufique , de bons vers, &c. Auffi les noms des hom- mes fupérieurs qui ont vaincu ces obffacles dureront- ils peut-être beaucoup plus que Les royaumes où ils font nés? M. de la Mothe nioit la néceflité de la rime dans notre langue &c l'harmonie des vers ; M. de la Faye lui envoyant pour réponfe des vers harmo- nieux, prit un bon partis 1l fe conduifit comme le philofophe qui, pour répondre à un fophifle qui nioit le mouvement , fe contenta de marcher en fa pré- fence. Il ne me-refte plus que deux chofes; 1° à don- ner des principes généraux fur Îa rime ; 2° à indi- quer les noms des res barbares imaginées par nos ayeux. | On n’admet point pour la rime une feule lettre, quoiqu’elle fafle une fyllabe ; ainfi les mots joués & liés ne riment point enfemble. Il y a des mots qui fi- niflant par différentes lettres , peuvent faire une bonne rime , lorfque ces lettres rendent le même fon , comme dans les mots /ang & flanc , nous & doux. On a profcrit la rime du fimple avec fon compofé, lorfque l’un & lautre font employés dans leur figni- fication naturelle ; ainfi ordre &c defordre ne riment pas enfemble , mais fox & affront riment bien. Un mot peut rimer avec lui-même lorfqu'il y a deux fens différens ; ainfi pas paffus rime avec pas, qui eft une particule négative. Dans les pieces régulieres, on ne doit pas mettre de fuite plus de deux rèmes féminines. Les hivres les plus communs vous appren- dront le refte. Ainf je paffe à explication des noms de rimes inventées par nos anciens poëtes , la rie an- nexée, batelée, briféé, couronnée, empériere, en- chaïnée , équivoque ,.fraternifée , kirielle , retro- grade, fénée, Gc. &t tout fera dit. RIME annexée, cette rime dont on voit des exem- ples dans les premiers poëtes françois, confiftoit à commencer un vers par la derniere fyllabe du vers “précédent ; exemple: Dieu gard’ ma maîtref]e & régente, RIM Gente de corps 6 de façon; Son cœur tient lernien en fa tente, Tant G plus d'un ardent friffon. - Rime batelée , ceftle nom qu’on donnoït autrefois’ au Vers dont la finrimoitavec le repos du vers fui- vant; exemple : | | Quand Neptune puiffant dieu de la mer Ceffa d’armer Caraques 6 Galess. RiME brifée, cette rime pratiquée autrefois, con+ fiftoit à conftruire des vers de facon que les repos'des vers rimaflent entr’eux, & qu’en les brifant ils fiffent d’autres vers ; exemple:. De ceœur parfait , chaffez toute douleur ; Soyez foigneux ; n'ufez de nulle feinte ; Sans vilain fait entrerenez douceur ; Vaillant & preux , abandonnez la feinte. en brifantces vers on lit: De cœur parfait ” Soyez foigneux ; Sans vilain fait Vaillant & preux ; Chaffez toute douleur, N’ufez de nulle feinte ; Entretenez douceur, Abandonnez la fente. RIME couronnée, la rime étoit couronnée, lorfqu’el- le fe préfentoit deux fois à la fin de chaque vers; exemple: 1 4 4 | Ma blanche Colombelle, belle, Souvent je vais priant, criant ; Mais deffous la cordelle, d'elle, Me jette un œil friand, riant. RIME emperiere | c’étoit le nom de celle qui au bout du vers frappoit l'oreille jufqu’à trois fois : Bernns leéteurs ,urès-dilisens , gens , gens, Prenez en gré mes imparfaits )Jaits , faits, RIME enchaînée, c’eft celle qui confifte à repren- dre lé dernier mot du vers précédent, pour en for- mer le premier du vers fuivant. Ce goût barbare en Poéfe pañloit pour un art très-ingénieux, On peut juger du mérite de ce genre d’efprit, autrefois fi fe- té, par l'exemple fuivant, tiré des bigarrures du fieur des Accords: | Pour dire au tems qui court, Cour eff un périlleux pallage ; Pas fage nef} qui va en cour ; Cour ef Jon bien 6 avantage ; Rage ef? Je paix ; pleurs [es foulas ; Las J c’eft un très-pireux ménage ; Nage autre part pour tes ébats. Cette rime eft la même que la rime annexée ou fra ternilée. RIME équivoque. Nos anciens poëtes françois fe fervoient quelquefois d’une maniere de rime qu’on appelle rime équivoque, dans laquelle fa derniere fy1- labe de chaque vers eft reprife en une autre te A tion, au commencement ou à la fin du vers qui fuit, Richelet en rapporte l’exemple fuivant: En nébattant je fais rondeaux en rime, Et en rimant bien fouvent je m’enrime; Bref, c’ef} pitié entre nous rimailleurs, Car vous trouvez affez de rime ailleurs 3 Et quandvous plait, mieux que moi rimalfez, Des biens avez, & de la rire affez , 8e. Marot ef l’auteur de ces vers bifarres; c’étoit-là une gentilleffe du goût de fon fiecle. Nous avons de la peine à concevoir aujourd’hui quel fel on pouvoit trouver dans des produétions fi plates, | RIME fraternifée, cette rime qui a bien du rapport avec la rime annexée, fi elle n’eft la même choie, confiftoit fuivant nos anciens poëtes, à repéter en entier, ou en partie, le dernier mot d’un vers au commencement du vers fuivant ; exemple: RIM Mets voiles au vent, tingle vers hons, Caron, Car of l'attend, 8tc Hunt Rime Kirielle, elle confiite à terminer chaque coù- plet d’un petit poëme par un même vers: Qui voudra favoir la pratique De ceté rime juridique, S'aura que bien mie en effer, La Kirielle ainfe fe fais De plaies, de [yllabes huit; Ufez-en donc fr bien vous duit, Pour faire le couplet parfait, La larielleainf fe fair. On voit bien que cet exemple fe reffent de l’otigine barbare de la kirielle ; mais nous ne manquons pas de couplets de chanfons où elle eft mile avec efprit. … RIME rérograde, {ous Charles VIIL, & Louis XIL les poëtes avoient mis les rimes rétrogrades en vogue; c’eétoit le nom qu’on avoit donné aux vers, lorfquw’en les lifant à-rebouts, on y trouvoit encore la mefure & la rime, comme dans ceux-ci; exemple: Triomphamiment cherchez honneurs & prix , Dejolez , cœurs méchans ; infortunés Terriblement êtes mocquez & pris. Lilez ces vers en remontant, vous trouverez les mé mes rimes, Prix & honneurs cherchez triomphamiment, &cc: RIME Jézée, on nommoit ainf les vers où tous Îles mots commençoient par la même lettre; exemple: Ardent amour, adorable Angélique. Un poëme dont tous les vérs commençoient pat ne même lettre, s’appelloit poeme en rimes fénées. RIME feminine, les Vers qui finiflent par un mot dont la derniere fyllabe a pour voyelle ur e muet, excepté dans les imparfaits charmoient, aimotïent ; ces vers, dis-je, ont une rime féminine, & on les ap- pelle auf vers féminins ; exemple: Vidoire Gloire Dans la rime féminine, la reflemblance du fon fe tire de la pénultieme fyllabe , parce que le muet ne fe faifant point feñtir , n’eft compté pour rien. Dans le dernier hémuftiche des vers de rime féminine, ily a toujours une fyllabe de plus que dans les vers mafcu- Hns, quieft la fyllabe formée par cet e muet. RIME ma/culine, c’eft lorfque la derniere fyllabe du dernier mot du versne comprend point un e muet, qu'on nomme autrement « féminin ; exemple : Fierte À Soupirs Beauté ( Dejfirs Dans cette forte de rime, on ne confideré que la der- mere fyllabe pour la refflemblance du fon, & c’eft cette fyllabe qui fait la rime, Les mots qui ontune ouvert fimeroient très-mal avec ceux qui ontune fermé à la derniere fyllabe; ainfi efer &c écouffer fe- roient des rimes Vicieufes : 1] faut, autant qu’il eft pof- fible , que les dernieres fyllabes des deux vers qui ri- ment, fe refflemblent parfaitement; cependant onufe d’indulgence à cet égard quand le fon de la derniere fyllabe eft plein, ou que les rimes font rares. RIME normande, on appelle ainfi des rimes qui ne teflemblent que dans le fon, ou dans la maniere de les écrire. Ces rimes quoiqu’autorifées par Pemploi qu’en ont fait des poëtes célebres , paroïffent toute: fois très-vicieufes ; exemple: | Et quand avec tranfport je peñfé approcher, De tout ce que les dieux mont laif[é de plus cher. R1ME redoublée, Chapelle (Claude lHuillier) ; ele= ve du celebre Gaflendi, infpira le goût des rires re- Armes Charines doublées à l'abbé de Chaulieu, à ce qu'il nous dit lui- | même : | Chapelle au milieu d'eux , ce maître qui m’apprit Au Jon harmonieux de rimes redoublées, RIM L'ari de charmer Poreille & d'amifer Peforie, Par la diverfité de cent nobles idées. 295 Ces vers ont fait croire à bien des gens que Chapelle eft le premier qui s’eft fervi des rèmes redoublées : mais c’eft une efreuf; d’Afloucy les employa long-tems avant lui,,& mème avec quelque fuccès, comme M, de Voltaire Pa remarqué. Pourquoi donc , fexé au ieënt de rofe, Quand la charité vous impofe La loi d'aimer votre prochain, Pouvez-vous ne hair fans caufe, Moi qui ne vous fis jamais rien ? Ah! pour mon bonheur je vois bien; . Qu'il faut vous faire quelque chofe. CHAT.) RIME riche, rerme de Poëf£e pour marquer le degté de perfe@ion dans cette partie du vers. La rime féminine eft riche, lorfqu'immédiatement devant là pénultième voyelle ou diphtongue, il ÿ a une même lettre dans les deux qui font la rime ; exerm- ple: | Viétoire Rebelle Hifloire ( Ijabetlé La fime mafculine efl riche, lorfqu'immédiatement devant la derniere voyelle ou diphtongue, il{e trou: ve quelque lettre femblable dansles deux mots, com: me dans heureux, géntreux. _ RIME afilante , la rime féminine eft fufifante ; lorfque la pénultieme voyelle ou diphtongue avec tout ce qui la fuit, rendent un même fon dans les mots qui font la rime : Exemple, . Belle, 7 Vidoire, Infidelle. \ Gloire. La rime mafculine eft pareillement fufifante, lorf: que la derniere voyelle ou diphtongue des mots avec fout ce qui la fuit, rendentun même fon : Exemple; Efpoir ,} Heureux, Devoir, \ Honteux, _ RIMES croifées , c’eft lorfqw’on entrelace les vers des deux efpeces, un mafculin après un féminin , ou deux mafculins de même #me entre déux féminins qui timent enfemble; L’ode, le rondeau, le fonnet, la balade , fe compofent à rimes croifées. RIMES meélées, c’eft lorfque dans le mélange des. vers ,on ne garde d’autres regles que celle de ne pas mettre de fuite plus de deux vers mafculins, ou plus de deux féminins, Les fables, les madrigaux, les chanfons , quelques idilles , certaines pieces de thé: tre , les opéra , les cantates ,. &c. font compofés de rimes mélées. La répétition de la même confonnance, loin d’être vicieufe dans Les rimes mélées ; y jette pouf l'ordinaire de l’agrément. | RIMES plates, c’eft lorfqtie les vers de même #1: jnes fe fuiveñt par couples , deux mafculins & deux féminins. La comédie , Péglogue & Pélégie , fe com- pofent à rimes plates. Pour Le poëme épique êc la tra- gédie, ils font néceflairement aflujettis à cette or- donnance de vers. Il faut avoir foin d'éviter la fré- quente répétition des mêmes rires , qui feroient une imonotome defagréable. | RIMES zniffonnes , rimes qui ont le mêmé fon, L'orthogtaphe différente nerend point la rime défec- tueufe , quand le {on eft le mêime à la fin des mots. Ainfi les rimes fuivantes & autres femblables , font fégulieres. Amant ; moment; départ ; hafard ; cham- pétre ; connoître fang , flanc ; aimé , extréme: Toùt confpire à la fois à troubler mon repos , - Et je me plains ici du moindre de mes maux. Au refte M. l'abbé Maffieu prétend que le plus an- cien morceau de poéfie rimé qu'il y ait dans toute l'Europe, eft la traduétion ou le poëme de la grace, 294 RIM compolé par Afrid , relisieux de Viflembourg , qui vivoit vers le mileu.du neuvieme fiecle; c’eft du franc tout pur, auquel nous n’entendons plus rien. (D. J.) RIME , on fousentend Zozgue, ( Marine.) com- mandement à l'équipage d’une chaloupe, de prendre beaucoup d’eau avec les pelles de rames, & de tirer longuement deflus ces rames. RIME BONNE, o4 BONNE RIME , ( Marine.) com- mandement aux matelots du dernier banc d’une cha- loupe, de voguer ou de ramer comme il faut. RIMEUR , f. m. ( Listérar. ) écrivain qui rime ou qui compolfe des vers rimés. Ce terme n’eft guere ufité qu’en Poéfe , où il eft fynonyme à poëre, & fe prend ordinairement en bonne part, à moins qu’il ne foit reftraint & détermine par quelque épithete de blâme. Ainfñ M. Defpréaux a dit qu'Apollon Voulant poufler à bout tous les rimeurs françois, Inventa du Jonnet les rigoureufes lois. Et ailleurs, Gardez-vous d’imiter ce rimeur furieux ; où il s’agit de Charles du Perier, un des meïlleurs poëtes latins & françois que nous ayons eu. RIMINI, (Géogr. mod. ) en latin Ariminum , ville d'Italie dans l'etat de l’Eglife & dans la Romagne, fitüée à lembouchure de la Marecchia dans la mer Adriatique , à 25 milles au fud-eft de Ravenne , & à 20 milles au nord-oueft de Pefaro. Long. 30.15. lar, fuivant des Places, 43. 59. 28. Cette ville étoit anciennement dans le pays dés Sénonois d'Italie , & devint enfuite colonie romaine. Tite-Live, Z XX VIT, la met au nombre des dix-huit colonies qui affiiterent la république de Rome dans le tems des profpérités d’Annibal. Il paroït qu’elle étoit chérie des Romains par les beaux reftes d’anti- quité qui sy voyent encore. Augufte y fit bâtir le magnifique pont fur lequel on pafle la Marecchia. Il joignit à Rzmini la voie Flaminienne avec la voie Enulienne. Tibere contribua de fon côté à la conf- truétion de ce pont, c’eft-à-dire qu'il le finit. Les au- tres antiquités de Ximini font les ruines d’un amphi- théatre, celles d’un arc triomphal érigé pour Au- gufte , & la tour de briques, qui étoit le phare de ancien port ; mais la mer s'étant retirée à un demi- mille de cet endroit, Le phare eft préfentement envi- ronné de jardins. Rimini fut fujette aux empereurs romains jufqu’à la fin de leur empire. Elle obéit aux exarques de Ra- venne tant qu'ils fe maintinrent ; enfuite elle fubit le joug des Lombards : après que ceux-ci eurent êté dé- faits par les François, elle reconnut les rois d'Italie, & puis les Malateftes, vicaires de ceux-ci. Pandelfe l’un d'eux, vendit la ville aux Vénitiens ; mais l’ar- mée de ces derniers ayant été défaite à Rivolta-Secca par les troupes de Louis XIE. roide France, ce prince mit le pape en poffeffion de Rimini, poflefon qu'il a gardée jufqu’à ce jour. Cette ville eft aujourd’hui petite, dépeuplée, pau- vre & fans fortification ; elle n’a jamais été féconde en favans, mais en quelques théologiens fcholafti- ques, tel a été Grégoire dit de Rimini, furnommé le doéteur authentique , &c qui étoit général des Au- guftins en 1357. | Battaglini (Marc) né à Rimini en 1645, s’eftun peu diftingué de fes confreres par quelques ouvrages italiens, & entre autres par fon 1//oria univerfale di tulli concilit generali particolari di fanta Chefa. Le pape Clément XI. le nomma à l'évêché de Cesene en 1716 ; mais 1l mourut peu de tems après âgé de 71 ans. Le P. Niceron a mis cet évêque au rang des hommes illuftres. (D. J.) RIMMAGEN , o4 RIMAGEN, (Géogr. mod.) pe- tite ville d'Allemagne dans le duché de Juliers , fur le bord du Rhein. On a trouvé auprès de cette ville quelques antiquités romaines, ainfi que d’anciennes monnoies d’or & d'argent, ce qui joint à la reflem- blance du nom, a fait regarder Rimmagen pour être le Rigomagum de Tacite. (D. J.) RIMOCASTRI, (Géogr. anc.) village de la Bæo- tie: Wheler, dans fon voyage de Grece, dit om. IT. 1. IIT. Rimocaffri eft fitué fur la croupe d’une monta- gne, qui découvre une grande plaine au fud, & a une vue fans borne vers la Morée, entre Hélicon & Cythæron. Il eft partagé en trois petits groupes de maifons ,deux fur la montagne & une au-deflous, qui peuvent fairé en tout environ cent cabanes de grecs &c d’albanois ,tous chrétiens, excepté un fous-bacha qui les gouverne &t qui eft turc. La partie du village : qui ef fur la pointe de la croupe , paroît avoir été au- trefois fortifiée d’un foflé du côte du nord; le préci- pice de la montagne la défendant de Pautre côté, quoique fans néceflité à préfent, leur pauvreté les mettant à couvert de toute entreprife. Le vin eft ici le meilleur &t Le plus fort de toute la Grece. Il y aau pié de cette même montagne plufeurs grandes rui- nes que quelques-uns croyent être celles de l'ancienne Thefpia , & que d’autres prennent pour celles de la ville de Thijpa. (D. J. RINCEAU , f. m. ( Archir. ) efpece de branche qui prenant ordinairement naïflance d’un culot, eft formée de grandes feuilles naturelles ou imaginaires, & refendues comme l’acanthe &c le perfil, avec fleu- rons , rofes, boutons & graines, & qui fert à déco- rer les frifes, gorges & panneaux d'ornement. Il y a dans la vigne de Médicis à Rome, des rinceaux anti- ques de marbre d’une finouliere beauté, (D. J.) RINCEAU , (Jardinage.) ornement de parterre for- mant une efpece de ramage ou de grand feuillage , qui prend naïflance d’un culot, & fe porte rers le milieu du talleau , en rejettant d’efpace en efpace des palmettes, des fleurs, des graines , & autres orne- mens.Les rinceaux ne font plus fi à la mode. On leur préfere les maflifs de gafon qui forment des compar- timens & des cartouches, rendent la broderie plus lègere , & en interrompent le trop de longueur. RINCEAU , rerme de Blafon ; lorfqu’on voit des branches croifées & enlacées fur un écu, on le bla- fonne aux rinceaux pañlés en fautoir. (D. J.) RINCER , v. a@. (Gramm.) c’eft nettoyer un vaï{- feau avec de Peau; on rznce un verre, un pot, une terrine, fa bouche , &c. RINCER , terme ufité dans les ports de Paris , pour fignifier l’aétion de changerune marchandife d’un ba- teau en uñ autre, RINGARD , f. m. (Forgerie.) barre de fer dont on fe fert pour manier de groffes pieces à forger, com- me une enclume. On le dit auf d’un gros bâton ferré. Dict. des Arts. (D, J. RINGCOPING, (Géogr.mod.) petite ville de Da- nemark dans le Nortjutland, au diocefe de Rypen , fur la côte occidentale. (D. J.) RINGEAU , où RINIOT , 1. m. (Marine. ) c’eit l’endroit où la quille & létrave d’un vaifleau fe joi- nent. RINGSTEDT , o4 RINGSTAD , (Géogr. mod. ) ville de Danemark dans l’île de Sélande , chef-Leu d’un balliage de même nom; il y avoit autrefois un monaftere où Waldemar I. & Erric le Pieux, ontew leur fépulture, Long. 29. 44. latis. 55. 26. (D. JT.) RINTLEN , (Géogr. 104.) ville d'Allemagne dans la. Weftphalie , au comté de Schawenbourg fur le Wefer , entre Menden & Hambourg. Erneft, prince de Holftein, établit en 1612, une académie encette ville , à laquelle l’empereur Ferdinand Il. accorda des privileges. Long. 26. 45. latis. 52.16. Henichius (Jean) théologien , naquit à Rzrlin en 1616, èt mourut en 1671, à ÿ5 ans. Ses principaux ouvrages font des mfbtutions théologiques » &r une hiftoire eccléfaftique & civile, en latin, (D. J: RIO-AQUADO , (Géog. mod.) riviere d'Afrique dans la Nigritie, au royaume de Coja, Elle prend fa fource au pays des Houdos, & fe jette dans la mer à neuf lieues de Cabo-Monte. Elle eft latge & pro- fonde, mais elle n’eft pas naviguable à caufe des écueils qui interrompent fon cours. (DT) RIO-BIANCO, (Géog. mod.) riviere d'Afrique, dans le Biléduloérid. Elle fort des montagnes près de la Lybie, & fe jette dans l’océan par plufeurs em- bouchures. (2. J.) RIO-BLANCO , (Grog. mod.) riviere de l’Amé- rique méridionale, Elle à deux fources, une appel- lée Parima , & l'autre T'acura, dans la Guyane. Elle pañle fous la ligne, & fe rend dans Rio-Nésro, au- deflus du fort des Portugais. (D, J) RIO-BUS, ( Æf. mod, Juperftir.) c’eft chez les Ja- ponois le nom d’une feéte de Îa religion du Sintos, qui a adopté les pratiques fuperflitieufes des reli- gions étrangeres, c fur-tout celles du Bud{doïfme ou de la religion de Siaka. Voyez Srara. RIO-CHIARO , (Géog. m0.) petite riviere d’Itas lie, dans le patrimoine de S. Pierre, qu’elle fépare de l’Orviétan. Elle fe jette dans le Tibre , un peu au-deflus de Grafgnano. (D. J.) RIO-bA-VOLT A ,(Géog. mod.) riviere d'Afrique en Guinée, dans le pays appellé la Côte d’or. Son embouchure dans la mer eft à vingt lieues du vil- lage nommé Sinco, (D. J.) RIO-DE-JUNEKO, (Geog. mod.) petite riviere d'Afrique, dans la Guinée. Son embouchure ef à 9 10' de Zong. & à 54 so! de /xz. nord. (2.1) RIO-DE-LA GARTOS, (Géog. mod.) tiviere de PAmériquefeptentrionale, dans l’Yucatan. Son em- bouchure fe trouve prelqu'à moitié chemin , entre le cap Catoche & le cap de Condécéno. Cette ri- viere eft petite, mais aflez profonde pour les ca- nots; d'ailleurs l’eau en eft bonne, & l’on ne con- noït point d'autre riviere ni ruifleau d’eau douce fur cette côte, depuis le cap Catoche Jufqu’à trois ou quatre lieues de la ville de Campêche, (2.7) RIO-DE-LA-HACHA : (Géog. rod.) nom, 1°, d’un gouvernement de l'Amérique méridionale , dans le nouveau royaume de Grenade: 2°, dela capitale (fi l’on peut parler ainfi) de ce gouvernement: 3°. de la riviere qu l’arrofe, Le souvernement eft borné au feptentrion par la mer du nord; à l’orient, par un grand golfe qui Le fépare du gouvernement de Venezu elot ; au midi par laudience de Santa-Fé ; & à l'occident par le gou- vernement de Sainte-Marthe. La capitale de ce gouvernement eft bâtie dans un terroir fertile fur le bord de Ia riviere de fon nom. cette capitale ne contient pas cent maïfons; cepen- dant on trouve dans {on Vifinage des veines d'or, & des falines. Lar. 11. La riviere de la Hacha mouille ce hameau , & fe jette ne la mer du nord au fond d’une grande baie. D, J. ( RIO-DOECE, (Géog. mod.) riviere de PAmérique ‘feptentrionale dans la nouvelle Efpagne , au gou- vernement de Vera-Pax. Elle fe perd dans un petit golfe quicommunique au golfe de Honduras, (D.J à) RIO-FORMOSO, (Géog. mod.) riviere des Indes dans la prefqu’ile de Malacca. C’eft une riviere pro- fonde, dont la fource eft avant dans les terres & dont l'embouchure eft dans le détroit de Malacca a lorient de la ville de ce nom. (D. J.) RIO-GRANDE, (Géog. mod.) nom commun à trois rivieres, C’eft, 1°. une riviere confidérable fur la côte “occidentale d'Afrique. Son cours eft de left À l’oueft jufqu’à l’île de Biffague qu’elle forme, & va fe ren- | 1 Ô 295 dre dans la mer, entre l'île de Bulam & le cap de Tucublaÿ. Elle eft naviguable jufqu’à cent Hienes de fon embouchure. Ses bords font couverts de SOS afs bres; dont on conftruit des canots. 2°, Rio-Grande eft une riviere de l'Amérique mé fidionale, au nouveau royaume de Grenade, On lui a donné ce nom, à caufe de la grandeur de fon canal, Ses fources font dans le Popayan; & après avoit traver{é plufieurs provinces, elle va fe jetter dans la mer du nord par deux ou trois embouchures. Elle porte de petites barques jufqu’à cinquante lieues dans les terres. 3°. Rio-Grañde eftune riviere de PAmérique mé» ridionale au Brefil. Elle arrofe la capitainerie de ce nom, laquelle a le dixieme rang parmi celles du Brefil. Voyez Particle fuivant, (D. J) | RIO-GRANDE, ( Géogr. mod.) capitainerie de l'Amérique méridionale au Brefil, bornée au nord par le pays des Petaguay, au midi par la capitainerié de Tamaraca; au levant par la mer du nord; & au couchant paf la nation des Tapuyes. Elle n’eft peuplée que d’un petit nombre de Portugais, & il y a fort peu d’Indiens, Cette capitainerie tire fon nom d'une riviere qui la traverfe, & dont nous avons parlé précédemment ( 2, J. RIOJA, (Géog. mod.) ville de l'Amérique méri- dionale, prefaw’à l'entrée d’une plaine qui s'étend jufqu’au voifinage de la Cordiliere de Chili, & aflez près de l'endroit où étoit auparavant une autre ville qui n’a pas long-tems fubäfté, & qui portoit le nom de tous les Saints. Rio; fut fondée vers lan 1596 par Dom Juan Ramirez, gouverneur de Tucu: man. Latir, mérid. 30. (D. J.) RIO:LONGO ox RIO-MORENO, { Géog. mod. ) riviere d'Afrique au pays de Benguela. Son embou- chute eft à cinq lieues de la baie de Buenguela-Viel: la , fous le 11. 4. de /uris, méridionale. ( D. J.) _ RIOM,, (Géog. mod.) en latin Ricomagum ou Ri: coragus ; enfuite par cortuption, Ricorum & Rioz mur, d'où eit venu le nom de Riom ; ville de France dans la baffle Auverene, au diocèfe & à 2 lieues de Clermont, à 20 fud-eft de Moulins, & à 90 au inidi de Paris. Phiippe-Augufte s’en rendit maître par capitula- tion, & elle devint fort peuplée fous les ducs d’Aue vergne, qui y établirent leur cour & leur domicile, : Aujourd’hui Riom elt confidérable par fa fénéchauf- fée, par fon préfidial , dont le reffort eft étendu , par {on bureau des finances , par une chambre des mon- noies & par trois chapitres , dont Pun porte le nom de S. Aimable, patron de la ville. Les PP, de l’oras toire y ont le college, Log. 20, 4. lat. 45, 40, La ville de Riom a étéle berceau de quelques pers {onnesilluftres par'leur favoit ou par leur etprit. Grégoire de Tours (Georgius-Florentius Gregorius), eft le premier dont il faut parler , à caufe de fon an- cienneté. On l’a nommé Grégoire de Tours ,parce qu’il fut évêque de cette villeen $73. On en afaitunfaint, parce qu'il a lui-même écrit plufieurs livres des mi- racles des faints ; parce qu'il s’oppofa courageufe- ment aux projets de Chilpéric & de Frédésonde; en: fin parce qu'il fut lié d'amitié avec S. Grécoire le grand, &c qu'il vint à Rome vifiter le tombeau des apôtres. Il eft mort en 505. Dom Ruinard a donné la meilleure édition de fes ouvrages en 1699 ; mais le feul qui foit utile , eft fon hiftoire de France en dix livres , depuis l’établiflement du Chriftianifme dans les Gaules, jufqu’à an $95. Cette hiftoire contient des faits importans , quoique le ftyle en foit dur &c grofher , & que l’auteur foit extrèmement fimple & crédule.On a remarqué qu'ils’efttrompéenplufeurs points & que plufieurs de fes paflages veulent être corrigés. Son filence fur le miracle de la fainte am- poule eft une forte objeétion contre la certitude de ce 296 RIO miracle , parce qu'il »’étoit pas homme à loublier. IL eft encore bon d’obferver qu’on l’obligea de fe dif- “culper par ferment , d’avoir mal parlé de la reine ‘Frédésonde. | Genebrard (Gilbert), religieux de Clugny,, & qui devint archevêque d'Aix en 1507, étoit un des fa- vanshommes du xvifiecle.IImourutàSemuren 1597, à 60 ans. Ona de lui pluñeurs ouvrages, & entr” autresune traduétion françoife de Jofephe.Ila publié en latin une chronologie facrée, un commentaire fur les pfeaumes, plufieuts opufcules des rabbins, trois livres fur la Trinité, & un traité pour foutenir les élettions des évêques par le clergé & par le peuple, * contre la nomination du roi. Ce dernier traité fit grand bruit par le mauvais efprit qui engagea l’auteur a le mettre au jour. C’étoit.un livre injurieux aux droits de Péglife gallicane , & le parlement de Pro- vence le condamna à être brülé. On fait que Gene- brard avoit embraflé quelque tems auparavant le parti de la ligue, & qu'il ne cefloit dans fesfermons de déclamer avec fureur contre Henri IV. Il vomif- foit, dit le journal de Etoile, autant d’injures con- tre ce prince, qu’une harangere en colere. Enfin, pour le peindre en deux mots, avec M. de Thou, <’étoit un homme plusréglé dans fa vie que dans fes écrits , & plus laborieux que fage. Son ftyle fe ref- {ent de fon caractere ; ileft dur & rempli d’épithetes. Courtin ( Ansoine de), fécretaire des commande- mens de la reine Chriftine de Suede , naquit à Riom ‘en 1622. Charles Guflave le fit fon envoyé extraor- dinaire en France ; &c après le décès de ce monarque, Colbert nomma M. Courtin réfident de France vers les princes du nord. Il mourut à Paris en 168$. On lui doit la premiere traduéhon françoïle du sraité de la guerre 6 de la paix de Grotius ; mais celle de M. Barbeyrac Pa fait tomber dans oubli, Danchet ( Ænsoine ), poëte françois, naquit à Riom en 1671, devint membre de l’académie des Infcriptions en 1706 , de l'académie Françoïfe en 1712, & mourut à Paris en 1748 , généralement ai- mé & eftime. Ce qui fait l’éloge de fon cœur, c’eft qu'étant poëte par goût & comme par état, il ne s’eft jamais pernus des vers fatyriques contre perfonne , quoiqu'il ait été fouvent bleflé destraits de la mali- gnité. Cet auteur aimable a fait plufieurs tragédies foibles, &c a beaucoup travaillé pour le théâtre de l’o- péra ; les pieces qu'il a données en ce genre fe {ont foutenues à l’aide du muficien. Toutes fes œuvres ont été recueillies 8 imprimées à Paris en 1751, en ‘quatre vol, 17-12. eff Pauteur des vers intitulés Zes mais les-negres de ces quartiers font féroces, & même antropophages:; ils m'ont pour vêtement qu'un très-petit morceau de toile che en- dant le pere Labat préténd qu'il ne {eroitpas difficile de lesapprivoifer, & que,Rioe$ André et le lieu de toute cètte côte le plus propre à placer une forte- refle utile pour le commerce de l'or, des dents & des efelaves. (DAILY 2 | 12 RIO-SANÇGUIN, ( Géog. mod. \ riviere d'Afri- que, dans la Guinée, .8c dont lembouchure eft &r2 lieues descelle de Kio-Sextos. Les François ont eu un établiflement fur les côtes de cette riviere , dont les Portugais s’emparerent . jufqu'à ce qu'ils en aient été chaflés eux-mêmes par les Anglois & les Hollan. dois én 1604. L’embouchure de io-Sançuin ft ra degrés de Jongis. 8 à 5.12 de Zatitude feptentrionale. CO ee AL HE D SU. … RIO-SEXTOS , ( Géog. mod. ) riviere d'Afrique, ‘dans. la Guinée. Son embouchure eft à 12 lieues de celle de Rio-Sanguin, & à-peu-prèsà la même diftan- ce du petit Dieppe. Ce fut fur les bords de cette ri- viere que les Portugais virent pour la premiere fois du petit poivre, qu'on appelle en France graine de paradis Qu maniguerte ; ce qui à fait donner à la côte le nom de côte de Mariguerte | & par les Portugais côte de Sextos. La riviere de ce nom a un très - long cours, & environ demi-lieue de larseur à {on em bouchure. Les negres de cette côte font fouvent des courfes fur leurs voifins, pour enlever des captifs qu'ils vendent aux Européens. Les autres marchan- diies qu'on peut tirer de cette côte À grand rharché ; font la mamguette, le Hz, le mahis, les volailles . les beftiaux, On y trouve auf des cailloux plusbeaux que ceux de Medoc, & qu'on taille plus atément que le diamant. (2.7. Let: RIO-TINTO, ( Géog. mod.) riviere d'Efpagne , dans PAndaloufe , appelléeaufli Azeche, & par le anciens L/riusMSon eau eft très-mauvaife , amere nuifible, aux plantes, & à tout ce qui a vie, Elle fe jette dans l'Océan tout près de l'embouchure de celle de l’Odiero. (2. J.) | ap | RIOUZIC, ( Géog. mod.) petite île de France, en Bretagne, fur la côte de l'évêché de Tréouier, ét une des feptiles queles anciens ont appellé Szade, PE RCE NS A LISE RIOXA, ( Géog. mod.) en latin Raconia ; petite province d'Efpagne , dans la Caftille vieille, au voi- lava par lEbre, & elle prend fon nom de Rio-Oxa qui larrofe, On y jouit d’un air fort pur ; fon terroir eft fertile enblé ; en vin & en miel. Elle renferme trois ou quatre villes ou bourgs,, comme Navarette ’ Guardia, Baftida & Belovado. | C’eft dans ce dernier lieu qu’eft né Spinofa (Jean). Ïl fervit utilement Charles-Quint dans quelques ex- péditions militaires ; mais il eff connu des gens de lettres par un ouvrage à la louange des femmes, in- tulé Gyreceperos, imprimé à Milan en 1 580, & par un autre livre, fous le titre de Micracanthos, con- tenant les aétions &c les paroles remarquables des grandshommes. (2. J.) | . RIPA, ( Géog. mod.) autrement Ripa traflonia, où Ripa tranfone ; petite ville d'Italie, dans l’état de l'Eglife, Marche d’Ancône , & dans les terres. Elle eft à s mulles de la côte du golfe de Venife, à égale Tome XIP, | LC. (D: J,) finage de Miranda, de Ebro. Elle eft féparée.de l'A- IP 207 diftance de Monte-Alto, ét environ à 6 milles de Fer- mo. Blle eft pañlable: ientpeuvlée, & a quelcues-for- tifications, Son évêché fondé en r ÿ70:,€ît fufffagant defermo, Long. l:3 Orlat, as, 55. GDoE) à JATPLET MONTES.; (Géog, anc:) -montagneside PArcadie, felonServiuss 2 9, IX neid. P. ul 10 COpe) re : 1 ES qui dit que leur nom differe de celui des-moeh ts Rhi- | phées, ef'ce que l’un s'écrit avebalpiration ; 8 l’autre fensalbiration, Foyez RrPH x montes. C Log. RIPRIOLE, (Géog, mod. )boure de.Savoie, dans le.Chablaïs, fur leboïd,du lac de Genève, .environ: dunelheue de Thonon. Lorg24 roulante, 4623: | Ripaille que fonda Amédée VIIL pour fx hermi- tes Ex lui, a acquis de la célébrité parla retraite agréa- ble & momentanée qu'y fit ce prince, danse terns Qu'il fe crut guériide toute ambition >» Étrquelaiffant | flotter les rencs dela fouveraineté ‘entre. les Nains defon fis, il ne fongeoït pas à briguer la thiare pon: tificale contre aucun cardinal, Éc ne s’occypoit qué des plaifirs dela vie tranquille, M. de Vôltaire joli= ment dépeint fon caractere dansles vers quifuivents Obifarre Amédée 10 De quel caprice ambirieux Ton ame cjl-elle poffédée ? | | Ah pourquoi r'échapper à ta douce carriere Comment as-tu quirié ces bords délicieux ; Fa cellule, ton vin, ra maitreffe & tes jeux \ Pour aller difputer la barque de S* Pierre? Cal idee mur on RIPE, L € (outil d'ouvriers. ) outil.de maçon , dé tailleur de pierre, & de {culpteur, qui fert à grattet ua, enduit ou de la pierre, ou-une figuré. Laripe des maçons eft une efpece de fer. en forme de queue d’& ronde dentelée, où une fotte de petiteitruelle trianz gulre ;quia des dents d’un côté, qu'on appelle plus comrnunèment sruelle brecée ou brerelées celletdes tail: leurs de pierre eft plus large, mais peu différente dé celle. des maçons. Pour celle des fculpteurs, c’eft un cizeawplat , un peu courbé parle bout, &dentelé du côté convexe. Ces trois ripes font à manches dé bois. Il y a auf des ripes fans dents. quiné font qué des fers un peu larges. pliés en équerré, tranchans ét émmanchés de bois. Savary. (D. J.) | 1 YRIPEN 04 RYPPEN, ( Géog. mod. ) ville de Dx nemark; dans le Jutland feptentrional près de: la côte occidentale, &t capitale du diocèfe auquel ellé donne {on nom. Elle eñ fituée à 20 lieues au-nord- oueft de Slefwick, & eft mouillée par la riviere de Nipfaa, qui y caufe fouvent de grands dommages. Elle a pour fa défenfe un ancien château ; mais elle eftdurtout fortifiée par la nature. Son églie cathé- drale eft bâtie de pierres de taille, L’évêché de cette ville à pris fon commencement vers lan 860, &léz êque Jouifloit autrefois de la jurifdion temporelle &t fpirituelle; mais en 1 536, le roi Chriftian JTE yant introduit la religion luthérienne en Dane- mark, réunit le domaine de l'évêché à la couronne, Le diocèfe de Ripez qui eft botné au midi parle du= ché de Slefweick, & au nord par le Wibourg, eft compofe de 13 baïlliaces. La ville de River eft gouvernée par deux bout guemeftres & par un fénat. Les prairiés des environs de cette ville donnent un profitconfidérable autx habiz tans par la nourriture des beftiaux:; car c’eft l'endroit où l’on affemble les bœufs de prefque tout le hitland, On les embarque enfuite {ur des vaifleaux pour les tran{porter en divers pays, &C principalement en Hollande. Long. 43, 87, latit. 55, 107. Sorrichius ( Olaüs ) lun.des plus favans perfonz nages du nord, naquit à Riper en 1626, & devint Puer qui non rijit parentr, | Nec deus hunc menfa , dea nec dignata tubile eff. «Tout enfant qui ne rit pas à fes parens , ne mérite # pas d'être admis à la table des dieux, ni au lit d’une » déefle ». | Saint Bafile condamne le rire dans tous les Chré- tiens fans exception, fur ce pañlage de l’Ecriture, malheur à vous qui riez, parce que vous pleurerez, Luc, PI. ch, xxv. mais Jefus-Chrift, comme l’a re- marqué Grotius, parle feulement de ceux qui ne cherchent que les occafons de fe réjouir, & s’aban- donnent uniquement aux plaifirs; rien n’eft plus commun dans toutes les langues , que d'exprimer la joie par le rire, qui en eft un effet naturel. Lycurgue, en légiflateur éclairé, confacra des ftatues du Ris dans toutes les falles des Spärtiates ; pour leur donner à entendre qu'ils devoient faire re- gner dans leurs repas & dans leurs affemblés, la fa- tisfaétion & les fentimens de la joie honnête, qui, dit Plutarque , eft le plus agréable affafonnement de la table & des travaux. Je connois quelques ouvrages fur le ris & les pleurs , mais ils ne méritent pas aujourd’hui d’être lus , quoiqu'on les doive tous , lors de la renaïffance des lettres, aux favans d'Italie, à exception de ce- lui de Joubert ( Laurent ), intitulé Traité du vis, de fes caufes & de fes effers , Paris 15709 , iz-8°. Il eft bon d'y joindre l'ouvrage de Simon ( Léonard) , de natu- rali & prœter naturali rifu ; Mefflanæ 1656, in-4°. {D.J.) R1S SARDONIQUE, ( Médecine. ) ris involontaire & convulfif, dont le furnom eft tiré du fardea ou fardonia herba, la fardoine, qui prife intérieurement, eft un poifon aflez a@if, dont le principal effet fe porte fur les levres & les joues, &7 y excite des mou- vemens convulfifs, de façon que les malades empoi- fonnés meurent avec la figure d’un homme qui rit ; cette plante n’eft autre chofe que la renoncule fau- vage à feuilles d’api, très-commune dans Pile de Sardaigne, qui eft, fuivant Diofcoride, plus velou- tée, plus haute, & a les feuilles plus découpées que les autres efpeces; on lappelle aufñi communément l’api fauvage. Appulée à caufe de fa qualité vénimeu- fe, luia donné le nom d'herbe fcélérate. Voyez RENON- CULE. Le-ris fardonique eft auffñi connu fous le nom de Jpafme cynique , & cette dénonunation lui vient de ce que les levres, dans cet état de convulfion, imitent la figure de celles d’un chien lorfqu'il grince des dents; cynique eft dérivé de œuros, qui veut dire chien, La réfrattion convuifive des angles des levres, qui conftitue proprement le ris fardonique, peut n’avoir lieu que d’un côté, & alors la bouche fera de tra- vers , comme il arrive dans quelques attaques de pa- ralyfe & d’épilepfie; plus fouvent les deux angles etirés laiffent les dents à découvert & carattérifent mieux la maladie; quelquefois aufli les mufcles du nez, des paupieres , dela face , le mufcle peaucier, {ont affeétés de façon que toute la face eft en con- vulfon;1l y a des cas où le mal fe répand dans les yeux, dans la langue, &c s'étend même, comme Cœlius Aurelianus l’a obfervé,, jufqu’au cou & aux épaules, de façon que le malade eft dans Pattitude d’un porte-faix qui fait des efforts violens pour fou- lever & tranfporter un fardeau. Cette maladie eft fouvent précédée , fuivant Avicenne , d’une légere douleur dans les os de la face, avec engourdiffement êc palpitation de la peau qui les recouvre. Lorqu”- elle eft décidée &r bien établie , la falive auparavant _getenue par les levres appliquées aux dents, ne trouvant plus cet obffacle, fe répand au-dehors, la L RIS voix eft altérée, là maflication eft prefque imptati: cable; 1l n’eft pas rare alors, felon la remarque de Celle, de voir furvenir la fievre & un changement réitéré dans la couleur du vifage. L’ufage de la renoncule fauvage n’eft pas la feule caufe du ris furdonique, des attaques d’épilepfe & de paralyfie peuvent , comme nous avons déjà dit, pro- duire dans les mufcles des levres une altération à- peu-près femblable ; mais la rérraétion de ces mufcles dans la paralyfe n’eft qu’une faufle convulfon oc cafñionnée par le relâchement des antagoniftes. Les vices du diaphragme font des caufes affez ordinaires du ris fardonique , fans doute à-caufe de la commu nication des nerfs qui prennent leur origine de la quatrieme 7 cinquieme vertebre du cou qui fe por- tent à cet organe, à qui fourniilent quelques rami- fications aux levres; c’eft un fymptome très-fréquent dans la paraphrénéfie (voyez ce mor),dans les bleffures du diaphragme, comme l’ont obfervé Pline , Ariftote, & Hippocrate; ce divin vieillfrd raconte, que Ti- chon ayant recu une bleflure pénetrante dans la poi: trine, en retirant l'infttument, on laffa une petite fquille de bois qui piqua le diaphragme, à linftant le malade fut faifi d’un ris tumultueux, 8 mourut peu après dans les convulfions; Epidem, lib, V, æor, 94. Le ris fardonique furvient quelquefois le neuvie- me jour après lextirpation des tefticules, & il eft alors un très-mauvais figne. Le dérangement de la mâchoire inférieure après des luxations ou des frac- tures mal ou trop tardréduites, occafionne auf quel: quefois, fuivant le même auteur, une altération dans la fituation des levres qui peut imiter le ris fardonique lib. de arricul. Le même effet peut encore dépendre d’un vice des mufcles mafleters; enfin on pourroit ajouter ici toutes les caufes des convulfions en géné: ral qui peuvent auffi-bien affeéter les levres que route autre partie, On ne fauroit méconnoitre cette maladie, fes fymp: tomes frappent au premier coup- d'œil, & ne font nullement équivoques. Il eft moins aïié de diftin- guer les caufes auxquelles elle doit Être attribuée, &c il y auroit du danger à s’y méprendre ; on peut cependant s’en aflurer par le récit du malade & des afhiftans , & par l'examen plus attentif des phénome- nes ; ce n’eft que par les autres qu’on peut être inf- truit file ris fardonique eff la fuite de l’ufage de cette renoncule vénimeufe ou d’une bleffure au diaphra- gme, ou d’une maladie ou opération précédente; on juge foi-même fi la rétraétion des levres eft vraiment convulfive, ou l’effet d’un relâchement paralytique ; dans ce dernier cas, les levres ne font pour l’ordi- naire retirées que d’un côté, elles obéiffent au moin- dre effort, & les paupieres du côté oppofé atteintes de la même paralyfie, font abaïffées ; le tempera- ment , le genre de vie du malade, les caufes préce: dentes peuvent fournir encore des éclairciflemens ultérieurs ; dans le ris fardonique exaétement fpafmo- dique, les deux angles font Le plus fouvent retirés, & lonne peut, fans beaucoup de peine, les rapprocher, ils oppofent aux efforts qu’on fait une roideur qut en dénote la caufe. C’eft fans fondement qu’on aflure quele ris fzrdo: nique eft un /ymptome toujours très - dangereux ; cette affertion vague, vraie dans quelques cas particuliers, n’eft pas conforme à toutes les obfervations ; le ris Jardonique , effet de la paralyfie ou de l’épilepfie, ra- joute rien à la gravité & au danger de ces maladies. Dans la parelyfe iln'eft pas toujours fzvi d'une more fubice & inattendue ; on guérit quelques malades qu ont ufé de la fardoine, & quoique Hippocraie ait "prononcé que dans une fievre non intermittente , la diftorfion du nez, des yeux, des fourcils & des le- vres, font un figne de mort prochaine , Aphor. 49. bb, F. 11 rapporte lui-même un exemple, Æpiderm. Gb. IIT, qui prouve que ce prognoftic général fouffre _ quelques exceptions. Pythyon dans qui il obierva te fymptôme au feptieme jour d’une fievre continue, fat très-bien guéri, Lorfqu'il fe rencontre avec une extrème foiblefle, on peut aflurer avec cet habile médecin, qn'il n’y a plus aucun efpoir, Coacar. præ- nOE, cap. y. n°. 74. Ce qui lui eft commun avec toutes les autres convulfons ;' voyez SPASME, SPASMODI- QUE, MOUVEMENT. Dans d’autres cas, commé Menfot l'a remarqué, il peut préparer & annoncer un mouvement critique, un tran{port fubit des hu- ineurs vers les parties inférieures, ou une hémorrha- ge par le nez. La feule efpece de ris fardonique produite par Îa renoncule, mérite ici une attention particuliere pour le traitement; les autres efhece$ ou n’en font pas fuf ceptibles, ou n’exigent d’autres remedes que ceux qui font appropriés aux maladies dont elles font fymptomes. Le fecours le plus efficace &t le plus prompt pour ces malades empoifonnés, eft fans con: tredit Pémétique. Aëtius, Paul d'Egine, Diofcoride, Gc. s’accordént tous à le prefcrire, nullement retez nus par la caufticité qu’ils attribuent à cette plante ; dès que Pémétique a fini {on effet.ils confeillent Phy: dromel pris abondamment; le lait, les huileux, les friftions , les douches, les embrocations avec des remedes chauds &r pénétrans, celles qu’on fait avec l'huile, excellentes en général dans les convulfons, ne feroient pas employées fans fuccès : les bains d’Aydreleum, où d’un mélange d’huile & d’eau, font auf très-convenabless mais il faut avoir foin de frotter & d’oindre le malade au fort du bäin, Du- vefte, on peut ici employer les toniques, les ner- vins, les antisfpafmodiques, les amers, Le quinquina, le fel fédatif, &c tous les médicamens fétides compris dans la clafle des anti-hyfiériques, Ris Jurdonique, fe prend auf fouvent dans le f- guré pour exprimer un ris qu’on eft obligé d’affe@ter fans en avoir le moindre fujet, où lorfqw’on auroit plurôt lieu d'être trifte ou en colere; tel ef? l’état d'un homme qui entend raconter une hifloire plate fante dont il eft lui-même objet anonyme & incon- nu tournéen ridicule, comme dans les fourberies de Scapin le bon homme Géronte eft forcé à rire par le récit de la tromperie qu’on vient de lui faite ; tel eft auf Le cas d'un hoinme qui veut faire patoître du courage en riart lui-même le premier,ou feignant de rire du ridicule dont on Le couvre , comme il eft ar- rive à certain hiftrion, ariftarque de profefñon, qui bafoué juftement en plein théâtre, affe@a de mêler fes ris aux éclats qui partoïient de toute part; mais il avoit mange de la fardoine, & il ne rioit que du bout des levres. (7) RS, . m. (Hiff. nat, Boran. ) Voyez Riz. _ Ris, (Marine.) rang d’œillets, avec des garcettes -qui font en-travers d’une voile, À une certaine hau- teur. Les garcettes fervent à diminuer les voiles par le haut , quand le tems eft mauvais; ce qui s'appelle prendre un ris, Voyez PRENDRE UN RIS. RIS de veau, terine de boucherie ; lande qui eft fous lPéfophage des veaux ; elle a deux parties, l’une qu’on appelle autrement /a fagoze , qui eft blanche & ridée, & l'autre /4 gorge. C’elt une glande que les médecins appellent dans le corps humain shymus. (D. +) RISANA , ( Geog. mod.) ville de la Dalmatie , fur la côte du goiphe de Venife , au fond du golphe Ca- taro. Les Turcs Pont ruinée. (D. J.) . RISANO , 1E, (Géog. mod.) riviere d'Italie, dans l'rie. Elle fe jette dans le golphe de Triefte , envi- ron à 3 nulles de la ville de Capo-d'ftria. Cette ri- viere eft le Formio des anciens. (D. JT.) RISBAN , fm. (Æydraul.) eft un fort de maçon- nerie conftruit dans la 1ner fur lequel on place de Vartillerie pour la défenfe d’un port, Tel étoit le fa- RIS 301 meüx risban bati par Louis XIV. au milieu desjettées qui conduiiotent à Dunkerque, & qui a été démoli à la paix de 1712. Ce rishän étoit de forme riangu- lire, avec de belles cazernés pour 100 hommes dé garnifôn, deux grandes citernes , des magafñns pour les munitions de guerte & de bouche, une éommu- nication avec la ville, & trois rangs dé batterie fur fon rempart, où l’on pouvoit mettre ÿ 4 pieces de c4: non, (A) RISBERME , f. € (Æydranl.) éft une retraite eh talus que l’on donne au-delà ét au pié de la jettée d’un port pour en aflurer les foñdations contre les courans d’eau ou affouillemens de la mer. On rem- plit cet efpace de fafcines & de grillages , dont les compaïtimens font arrêtés par des plançcons, & rem- plis de pierres dures pour les entretenir plus folide- ment. (Æ) RISCUS , T. m. (Lirrérar.) ce mot fignifie quelque- fois chez les Romains un coffre, un bahus couvert de peau ; d’autres fois il fe prend pour un parier d’ofer ou de jonc pour mettre du linge, & d’autres fois pour une efpece d’armoire taillée dans le mur d’une mai- fon, & qui fervoit pareïllement pou y ferrer du lin- ‘pe, & autres effets de ménage. (D. J. RISENBOURG , (Géog. mod.) petite ville de Pru£ fe, lur la Liebe, avec un château, près de Freyftad; elle étoit autrefois la réfidence des évêques de Po- méranie, (D. J.) ba RISIBILITÉ, (Logiq.) faculté dé rire; tout le monde répete après Ariftote,que c’eftle propre de l’homme; cependant en foutenant cette propoñtion, on avance une chofe affez obfcure , & peut-être très:contefta- ble; car fi l’on entend paï rifébiliré, le pouvoir de faire Pécartement des angles des lévres , qui a lieu quand on rit, il ne feroit pas, je pente, impoffble de dreffèr des bêtes à y parvenir. Si on comprend dans le mot rifbilité, non{eulement le changement que le ris fait dans le vifage ; mais auf la penfée qui l’accompagne & qui le produit ; & due par conf£- quent l’on entende par rifbiliré, le pouvoir de rire en penfant, toutes les actions des hommes devien- dront des propriétés de cette maniere , parce qu'il n'y en a point quine foient propres à l’homme feul, fi on les Joint avec la penfée ; telle fera lation de marcher, de manger, parce que homme penfe en marchant & en mangeant ; cependant encore cés ‘exemples ne feront pas certains dans lefprit de ceux qui attribuent des penfées aux bêtes, (D. J.) RISIGALLUM, fm. (if. nat.) nom donné par quelques auteurs à l’arfenie d’un jaune vif ou rouge, Voyez RÉALGAR, | RISQUE, f.m. (Gramm.) c’eft le hazard qu’on court d’une perte, d’un dommage, &c, F oyez Ha- ZARD, Il y a un grand rifque à prêter fon bien À cré- it aux grands feigneurs , aux femmes nof- autorifées par leurs maris, & aux enfans mineurs. Skinner fait venir ce mot du terme efpagnol rifco, roide ; Covarruvias le dérive de rigeo : dans le grec barbare on dit p@xepw pour periclitor, je hazarde, &c piGexo pour lot ou hazard, Skinner croit que ces mots, auffi-breh que le mot rifqe , peuvent être déduits de PTE | avappèwre mov aufoy , Je jette le dé. Pour prévenir le rifque que courent fur mer les marchandifes & envois, on a coutume de lés faire aflurer.. Voyez POLICE D’ASSURANCE. Le rifque de ces marchandifes commence autemsot on les porte à bord. C’eft une maxime conftanre que lon ne doit jamais rifquer tout furun feul fond, ou {ur le même vaifleau ; cette maxime apprend à ceux qui aflurent, qu'ils doivent agir en cela avec beaucoup de prudence,êc ne pas ttop hazarder fur un vaifleau uni. que , attendu qu'il y a moins de rifqus à courir {ur plufeurs enfemble que fur un feul, "ROUTE 302 RISQUER, v. at. ( Gram.Com. & Jeu. expoïer fon bien, fa marchandife, 6’. fans craindre de le perdre , dans l’efpérance d’un grand profit. Il y a de limprudence à rifquer lorfque le péril eft évident. RISSOLE, £ £ (Gram. & Cuifine.) forte de pâtif- ferie ou de friture faite de viande feche, épicée, en- velopée dans de la pâte, & cuite au beurre ou au fain- doux. RISSOLER , v. a@. (Cuifene.) cuire ou rotir au feu une viande , jufqu’à ce qu’elle ait pris une couleur roufle. RISSONS , rerme de galere, (Marine) ce font des ancres qui ont quatre branches de fer. RIT ,£. m. (Théolog.) eft une maniere d’obferver les cérémonies religieufes qui eft propre à telle ou telle églife, à tel ou tel diocèfe. Foyez CÉREMO- NIE. Les peuples de l'Orient, comme les Arméniens, les Maronites , &c. célébrent le fervice divin fuivant le r& grec. L’Occident fuit le rit latin, ou celui de l’Eglife romaine. Les différens diocèfes, furtout en France , ne s’y attachent pourtant que pour Le fond. Car en fait de is , il n’y a point d’uniformité géne- rale, chaque églife ayant fes ufages propres établis de tems immémorial , dont elle eft en pofleffion, & qu’elle eft endroit de fuivre. Ainf l’on dit à cet égard le ris parifien , le ris fénonois , &c. | On diftingue cependant dans l'occident trois for- tes de ris principaux. Le ri grégorien , ainfi nommé de S. Grégoire le grand, pape, & c’eft le même que le rit romain proprement dit. Le r:: ambroifien , qui a pour auteur S. Ambroife , & qui eft encore aujour- .d’hui en ufage dans l’éolife de Milan ; &c le ris mofa- rabique, autrefois reçu dans toute l’Efpagne, & dont il fubfifte encore des veftiges dans les églifes de To- lede & de Séville. Voyez MOSARABE , AMBROISIEN É GRÉGORIEN. Les Anglois, qui fuivoient autrefois le ri; romain, l'ont changé du tems de la prétendue réformation, en un ri que leurs évêques & quelques théologiens compoferent fous le regne d’Edouard VI, & qui eft contenu dans le livre qu’ils nomment les communes pierres. Voyez RITUEL. RITES , TRIBUNAL DES, (Hifi. mod.) c’eftun tri- bunal compoié de mandarins & de lettrés chinois, dont la deftination eft de veiller fur les affaires qui regardent la religion, & d'empêcher qu'il ne s'in- troduife dans le royaume de la Chine, les fuperfti- tions & innovations que l’on voudroit y prêcher, Ce tribunal eft , dit-on, prefqu’aufli ancien que la mo- narchie ; les mandarins qui le compofent font de la feéte des lettrés , c’eft-à-dire , ne fuivent aucune des fuperftitions adoptées par des bonzes &t par Le vul- gaire. Cependant on accufe quelques-uns de ces let- trés de fe livrer en particulier à des pratiques fuperf- titieufes , qu’ils défavouent & condamnent en public. On croit que c’eft à ce tribunal que la Chine eft re- deévable de la durée des principes de la religion des lettrés chinois, qui eft exempte d'idolatrie , vü qu°- elle n’admet qu’un feul dieu , créateur & conferva- teur de l'univers. Voyez TYEN-TCHU. Le cribunal des rires a donc le département des af- faires relisieufes ; il eft chargé de faire obferver Les anciennes cérémonies ; les arts & les fciences font fous fa direction, & c’eft lui qui examine les can- didats qui veulent prendre des degrés parmi les let- trés. Il fait les dépenfes néceflaires pour les facrifices & pour l’entretien des temples ; enfin c’eft lui qui recoit les ambafladeurs étrangers, &c qui regle le cé- rémonial que lon doit obferver. Ce tribunal s’ap- elle /-pu ou Li-pou parmi les Chinois. RITOURNELLE , f. f. ez Mufique, eftun morceau de fymphonie , aflez court, quife met en mamiere de prélude , à la tête d’un air , dont ordinairement elle RIV annonce le chant, ou à la fin, & alors elle imite la fin du même chant, ou‘dans le milieu du chant, pour repofer la voix, pour ajouter à l’expreffon , ou fim- _ plement pour embellir la piece. Dans les partitions ou recueils de mufñque ita- lienne, les risournelles font fouvent défignées par les mots f{ fuona , qui figmifient que l’inftrument qui ac- compagne, doit répéter ce que la voix a chanté. Voyez RÉPÉTITION. Riournelle vient de l'italien, &c figniñie propre- ment petit retour , rornello. (S) . RITUEL, £. m. (Théolog.) livre d’églife qui enfei- gne l’ordre & la forme des cérémonies qui doivent être obfervées en célébrant le fervice divin, dans une églife particuliere , dans un diocèfe, dans un or- dre religieux, &c. Foyez RIT & CÉRÉMONIE. Les anciens payens avoient aufñ leurs rituels , ri- tuales libri. Ceux des Etruriens ou Tofcans étoient Les plus fameux. Ces livres contenoient les rits 8x les cérémonies qu’on devoit obferver en bâtiflant une ville , en confacrant un temple ou un autel, en fai- fant des facrifices ou des apothéofes, en divifant les tribus, curies ou centuries , en un mot dans tous les aétes publics de religion. On trouve dans le livre de Caton de re ruflicé, différens pañlages par lefquels on peut fe former quelque idée des rituels des anciens. On peut regarder le lévitique , comme le rituel des anciens Hébreux ; car les Juifs modernes & les ra- bins ont imaginé une foule de cérémonies dontil n’y a pas la moindre trace dans les livres de Moife. Les chrétiens ont eu auf leurs rizxels dès la pre- miere antiquité , comme 1l paroit par les anciennes liturgies des Grecs &c des Latins , par les facramen- taires des papes Gélafe & S. Grégoire le grand. Ces rituels {ont en grand nombre, tant fur la célébration de office divin, que fur la maniere d’adminiftrer les facremens , & fur les autres cérémonies de lEglife. Plufeurs favans du dernier fiecle, & entre autres dom Menard & dom Martenne fe font beaucoup ap- pliqués à la recherche des anciens riruels, & ont procuré l'édition de quelques-uns. . M.de Vert, qui a beaucoup écrit fur ces matieres, remarque que dans quelques rituels on ne s’eft pas contenté de rapporter fimplement, ou de prefcrire les rits &c les cérémonies, comme les paroles qu’on doit réciter , Les attions &c les geftes qu’on doit ob- ferver pour rendre les cérémonies plus auguftes, mais encore qu’on en a cherché des raifons myfti- ques , inventées après coup , & qui ne {ont point les vraies raïfons de l’inftitution. De Vert, explicar. des cérémon. & liturg. del Eglife. RITUELS, (Anvig. érrufg.) rituales, efpece décrits facrés chez les anciens Etrufques, dans lefquels écrits les lois & la difcipline des arufpices étoient contenues ; d'où vient qu'on les nommoit auf aruf- pici libri. Voyez Struvius, S'ynt. antig. rom. cap. vj. COS) RIVA, (Géog. mod.) petite ville d'Italie dans le Trentin , à l'embouchure de la riviere du même nom, dans le lac de Guarda, à fix lieues au fud-oueft de Trente. Elle fut prife en 1603 par les François qui l’abandonnerent peu de tems après. Long. 26, 20. lat, 45. 46 (D..7.) RIVAGE,, {. m. (Gram.) c’eft le bord de la mer. On dit les bords de la riviere. RIVAGE, (Comm.) On appelle à Paris droës de ri- vage un oétroi qui eft levé fur tous les batteaux char- gés de marchandifes, qu y arrivent par la riviere, & qui féjournent dans les ports. Didion. de Comm. 6 de Trévoux. RIVAGE, ( Comm.) le dit auffi du chemin que les ordonnances touchant le commerce refervent furles bords des rivieres pour le tirage &c halage des ba- teaux. Par l'ordonnance de la ville de Paris de 1672, RIV le chemin où #vuge doit être de vingt-quatre piés de large ou de #, comme dit cette ordonnance; en d’autres endroits il ne doit être que de dix-huit piés. Diétionn. de Comm, & de Trév, - RIVERAGE,, f. m. (Comm.) droit domanial & quelquefois feulement feigneurial, qui fe paye pour chaque courbe de chevaux qui tirent les bateaux foit en montant foit en defcendant la riviere. Ce droit eft établi pour entretenir les chemins qui font refervés le long des rivages pour le tirage dé ces bateaux. En 1708, par déclaration du roi du 39 Décembre 1l fut ordonnée une levée par doublement au profit de Sa Majefté ; de tous les droits de péages, ponte- mages, riverages , &tc. dans toute l'étendue du royau- me. Difionn. de Comm. RIVAL, m. (Grem.) terme de relation qui s’apphque à deux perfonnes qui ont la même pré- tention. Le mot rival fe dit proprement d’un compétiteur en amour. Les intrigues des comédies & des ro- mans {ont aflez fouvent fondées. fur la jaloufe de deux rivaux qui fe difputent une maïîtrefle. On ap- plique auffi ce terme à un antagonifte dans d’au- tres pourfuites. Les Jurifconfultes font venir ce mot de rivus , ruif- feau commun à plufieurs perfonnes qui viennent y puifer de l’eau, guôd ab eodem rivo aquam hauriant: & Donat prétend que rival a été formé de rivus, parce que les animaux prennent fouvent querelle, lorfqu'ils viennent boire en même tems au même ruifleau. Mais Cœlius Rhodiginus dit (8 cette éty- mologie eft beaucoup plus fenfée } qu’ancienne- ment on appelloit rivaux, rivales, ceux dont les ter: res étoient féparées, par une fontaine ou un ruif- eau, dont le cours étant fujet à être détourné fui- vant différentes routes, occafñonnoit entre les voi- fins des difputes & des procès fréquens. C’eff ce qu'on voit tous Les jours à Paris entre les porteurs d’eau quiviennent pour remplir leurs feaux à la mê- me fontaine. Cette coutume de féparer les terres par de petits canaux ou ruifleaux, a lieu dans les prai- ries voiines d'un gros ruifleau ou d’une riviere dont on fait entrer l’eau dans les prés, enforte qu'il n’eft permis aux particuliers n1 d’en retenir ni d’en détourner le cours au détriment de leurs voïfns. Horace dit qu'un auteur trop amoureux de fes ouvrages, court tique d'en être amoureux tout feul € fans avoir de rival: ( _ Quin fine rivali seque € ua folus amares. Art. poét. & la Fontaine a dit d’ün homme laid, & cependant épris de lui-même, Un homme qui s'aimoit fans avoir de rivaux. RIVALITÉ, f. f. (Æell. lerer.) concurrence de -deux perfonnes à une même chofe fur laquelle elles ont des prétentions. Voyez Rivat. RIVALLO , (Géog. mod.) petite ville d'Italie au royaume de Naples, dans les terres de Labour, à huit lieues de la capitale. (D. J) | RIVE , f. f(Gram.) bord en général. On dit la rive ou les rives d’un fleuve. La rive d’un bois. RIVES, (Com.) Les mefureurs de grains appellent ain Les deux bords du côté de la radoire ouracloire dont 1ls fe fervent pour rader les grains de deffus les melures. Voyez RADOIRE. RIVE, (Soirie.) bord de la chaîne tendue foit à droite , foit à gauche. On dit auffi rive de l’éoffe. RIVER, v. a@. (serme de Serrur. Couvel. Tail- land. & aptres Arts méchan.) c’eit rabattre la pointe RIV. 303 fermir. RIVER, en terme d'Eventaillifle, ’eft raflembier toutes les fleches d’un éventail vers le cehtre, par le moyen d’un clou qui traverfe tous les brins. Poyez la figure qui repréfente un clou à vis, c’eft-à dire, dont une desttêtes eff taraudée, & fe vifle fur la tige du clou qui eft faite en vis de ce côté : l'autre tête eit rèvee, RIVER ,.er2 terme de Fourbiffeur, c’eft rabattre l'ex: trémité de la foie fur le bouton du pommeau, en forte que cette extrémité foit faite en forme de tête de clou qui retient {ur la foie le pommeau & toutes les pieces qui y font enfilées, d'un clou, & y faité une nouvelle tête pour l’af. RIVER, ex Horlogerie , c’eft tabattre à coups de marteau, & quelquefois par le moyen d’un poincon, les parties d’une piece de métal fur une autre piece, pour les faire tenir enfemble, Voyez RIVURE, Poin- ÇON À RIVER, POINÇON A COUPER, RIVER , en terme d’Orfèvre en grofferie, c’eft arrêter une piece fur une autre à laquelle on a pratiqué une éfpece de cloû qu’on écrafe, & qu’on lime imper« ceptiblement fur le trou chamfré ou fraifé. Voyez CHAMFRER. RIVERAINS, £ m. pl. (Jurifprud.) font ceux qui ont dés héritages ou quelque droit de feigneu- rie & de juftice au bord d’un fleuve, d’une riviere où ruiffeau , ou même fur la rive d’une forêt. Voyez l'Ordonnance des eaux & forérs. (4) RIVET , 1, m, serme de Manege, c’eft l'extrémité du clou qui eft rivé ou retrouflé fur la corne, & qui paroït quand on a ferré les chevaux. Richeler, (CPU) RIVET, (Serrur. Tailland. Courel.) clous rivés pour arrêter quelques pieces avec d’autrés. Voyez RIVET. RivEt,; (Cordonn.) couture interieure du {ou ler, Voyez TRANCHE-FIL. J RIVETIER,, f. m. serme & outil de Ceinturier, qui leur fert pour faire des petits yeux d’étain pour river & attacher plufeurs pieces de cuir enfemble. Cet outil eftune efpece de petit poinçon rond, de la longueur d’un pouce ou deux, dontun des bouts eft tranchant tout-autour & creux en-dedans, au miheu duquel creux eft encore une petite pointe pour faire le trou du milieu de léeil qu’il vient de former. Voyez la fie, PL. du Cainturier, qui repré- fente une coupe dudit poinçon. RJUGAN , 04 DJUGAN, vulgatrements DJUGAN- NUKI, (Æ1/f. nat. Bor.) c’eit un arbrifleäu du Japon, d’origine chinoïfe, dont les branches font minces, les. feuilles partagées en cinq lobes, la fleur en forme de rofe & d’une parfaite blancheur. Son fruit qui eft ramañlé en grappes, ef de la groffeur d’une noix, êt contient une pulpe noire, molle, douce, avec un noyau de couleur cendré, dur & d’un goûr fade. La pulpe que les Japonnois trouvent délicieufe, a le goût d’une cerife feche, qu’on auroit fait cuire au vin & au fucre. On diftingue deux autres efpeces du même ar- bre, qui fe nomment roganna & rissyi. RIVIERE, 1. f. (Gramm.) mafle d’eau courante dans un lit, la plus grande après le fleuve. Les pluies forment les fontaines ; les fontaines forment les rufleaux ; les ruifleaux forment les rivieres. Les rivieres grofhies, & fe rendant à la mer fans perdre leur nom , s’appellent ffexves, On dit que la riviere eft marchande, quand elle n’a ni tropni trop peu d’eau, enforte que les ba- teaux qu’elle porte ; peuvent arriver à leur defti- nation. RIVIERE, (Géogr, mod.) ce mot fynonyme à ce- 304 REV “e de’ffeuve, fe dit dun affemblage d’éaux qui pat: tant de quelque fource, coulent dans un lit ou canal d unélafseur 8 d’une "étendue confidérable, pour aller ordinairement fe jetter dans la- mer. Poyes FrEUVE: | Quänt au rapport que les rivieres peuvent avoir avec les montagnes , entant qu’elles en tirent leur origine. Voyez MONTAGNES. L'eau fi nee & fi commode pour la vie, a invité la plüpart des hommes à établir létrs demeures près ducourant dés eaux; & celles des rivieres étant SAS douces & fort bonnes à boire, il eft arrivé de-fà, que prefque toutes les villes ont été bâties au bord des rivierés. Lesigens de met. donnent quelqmefois aux riyieres les noms des valles les plus confidérables qui foient près de:leurs embouichures; par exemple, ils ap- pellent la Seine ,la-viere. de Rouen, la Loire (EAN de Nantes, Va De la riviere de Sade le Tagela riviere deLisbonrre , à ainf de-plufeurs autres. Îleft bon deremarquer que comme les rivierescou-. lent tantôt vers une re région du monde, tan- #Ôôt vers -uneautre, on s’eft en quelque ARE AC cordé à regarder ne la droite d’une riviere, Îe ri- vage qui LUE à la droite d’un homme qui fs {up- pote marcher dans le lit de cette riviere, en allant vers fon embouchure ; & le rivage qu'il auroit À gau- che eft confidéré comme la gauche de la riviere. Nous ne traiterons pas ici de origine des rivieres, c’eft une queflion purement phyfique ; maïs nous mettrons fous les yeux du lecteur , les noms , le cours & les branches des principales Hpieies de PEue rope, de lAfie, de l'Afrique & de PAmérique ; êc <’eit à quoi la AE fuivante eft deftinée. t CR 3 . L Les rivieres d’Europé font, Le Dalcarle, À Peft. : Le Kimi, Æn Suede, . Le Torno» F Au fud-oueft. LE. * En Dane-: imark & er Iin’yenapoint|« Norvere, de confdérable. | ! la, Rha, De left au fud. ÆEn mess LE Nore Mhanaïs De Pelt à loueft. “ie RON IE Au nord-oueft. | Hasctes Sequana, Nord-oueft. | : Liveris - Oueft. La Loire, 5 ? Æn France, Le Rhône» Rhodanus, Sud. YJLa Garonne. Garumna, Nord-oueft. Le Banube, } Danubius £ ER. ou Iiter, Le Scheld, Scaldis, L ass ; Mofà; Du nord à l’oueft En Allemz-# Le Rhein, - ?Elme , IANUS ; 0e» Teese 8 Vilurgis, è Nord-ouelt. ’F]be ; È Albis ; L’Odet. 5 Odera ou | S Nord. à Viadrus. |s | 5 Le Nieper; $ IBoriftenes, à Le Niefter, 2 Tyrus, (St Écuaen, ÆEn Polo-# Le Bosg, = Hypanis. æne; La Wiltule, S Delloielteou ; Le Niemenr ; à: nord, Le Duna. L’Ebre, Lerus: £ : LeXucas, Sucro, Sud-eft. En Efpa- Le Guadalquivir,| |Bœtis, gne» La Guadiane, Anas , & Sud-ouef. Le Tage, Tagus ; Le Douzo. , Durius, Oueft. Le P6, Eridanus ouPadus, QER. “En Xtralre ; en > l'Athefs, L’Arne ; jArnus, Sd à Le Tibre, | Tiberis » î HdeuAE Le Volterne. GS: Oueft. Dans la , j gaie œurquie en Ÿ Le Danube, En ds CER Æurope.eft ou Ifter. Le Fay, | rase L'EFF. jre Clyde; : !Glotra, RTE n Ecoffe E PPT Speïa; or ë fe L Le Dée > Dea, Diva, . Occafa, $ Eh. Le Done. Dona, ; me La Tamife,: » | |[Tameñs,: ERA Le Severn,. : | Saba, Sud-oueft, Le Huinbet , 1 'Albuss Etr. - En Angle- T'Oufe!; | FES Urus ; Sud-Ef. || verre, Le Trente; | R|riginta, Nord. Le Tine, ê TEA ° Et. Le Twede, S [Tived1, = D ER. : ‘Le MedWway, 8 [Meduacus, | &|° Du nordä lé F Le Kay: À 2 Kayus1ti SU: Nord. nv} A Le Shdnnon,: | = |Senus, ô Sud-oueft; \ Le Lée, - pi à Sauvenum ER. ÎLe BlackWater; | - De Peft au fu, En Irlande, < 4 e BatroNv Birgus} eau d. Le Liff, Eee ; Buvin da, cie La Boyne, Boina, > Les rivieres d Afie font Se Oby ; Margus ee jf oueftau nords 4 L’Oëchaïrd 41 En Tarrarie, # 1. A a Nord. dr Patifangas La 2 ‘| ER Le Chezel. Jaxartes. Oueff, Dans la Le fau Jaune, | ER, & fait difés Chine. SNIANES = rens méandres, t Leïla, ë Afpithra, er 1* D Le Gange $ .Ganres. à Suds Dansl'Inde, 2 ja RE È v a < SA nf. L'Indus. ÿ | Sud-oueft, Le Jihun, 2 |Oxus; & Ouef. Le Palimalon ; t |= F peu Confi- ® deb &| S dérable. HiPerfes 12 Ilment ; | Arabius , Le Tifendan, } Bagradas, Fa ÂAgtadacus, Le Tiritiri,. Mofæus, Sud-oueft, Le Sirt, Rhogomanis Dans la De 3 1 Le Tigil, Tygris | Turquie Ho So Sud-oueft. Afatique, UP A e L L L p] LU Les principales rivieres d'Afrique font, En Egypte, Le Nil. Nilus, Nord, En Barba- 3 Le Guadilbarbar, Bagradan, è rie, Le Rio-Major, Macra. Nord La fource du Gua- 1 dilbarbar, peuremar- Te Dans le Bi- 7 La fource du Ma- ‘’quable, Nord-ouefts ledulgerid , jor ; J \ Les branches du | Gir. £ [Giras. Sud-efr.: Dans le 31e corps du Gir. è Giras Sudeeft Zaara, Ê ; à ° Dans la terre : A è HANeete. 31e Niger, : Niger. , à Oueft. Dansii SWeria de Cofta, = Guinée, À Larivierede Vol| à Sud. tas . à | eu confi- re la 3 La riviere Nubia. ne F Nord-eft. | Zaire’, “ Oueft. Dans l'E- } Cuama, i Oueft. thiopie exté- Riviere de Infan- rieure, tO Sud-eft, | de He F4 Dans l’'E- ( thiopie inté-2 Le Nil Nilus, Nord, rieure . : Les principales rivieres d'Amérique , anciennement inconnues | font Dans la nou- : Aucune confidérable, velle Efpagne , Dans la nou- : ere des : Rio del norte. Sud-oueft, HS di Flo 3 Rio del Spiritu fanéo. | Sud, La grande riviere de Ca- nada, ER. Dans la terre 10! de Canada, La riviere de Hudfon , 4 La riviere de la Were, La Sequahana ;, Coulent au Le Conne&ient, Le Paromeck. Dans la terre Ar@ique » 3 Aucune connue: Enrerre Se Paria, où Orenoque 2 : Maddalena. e Nord, ne , Nord-eft, au Brézil, Saint-François; Ef. : Paranaïba, qui en re- | goic srente aupres, | Sud-ouefts Dans R IV Dans le pays ç La riviere des Amazones des Amazones, avec {es branches. . Nord-ef, Aucune riviere confi €- rable. Dans Le P #% À Rio de la Plata, SUAY 5 Dans le Chili, j de riviere Confidé- 1 a rec ÎF oi Magellanique, Aucune connue, Dans la ce, Dans le Pérou, Sud-eft, Coulent au. Anrar@ique , Les branches remarquables de ces rivieres fons . | ; La Vaga, Sud-oueft. FO NESS Le Juga. Oueft, ï $ Le SofoWaia, Sud. DEN L'Occarreca, Nord-eft, - Pr L'Oyfe, $ Sud-oue. De la Seine, La Marne, LYonne. Nord-oueft. a La Mayenne, 2 Sud. Le Sarte, | te Te 5 $ Sud-oueft, De Ja Loire, La Vienne, 1 L'Indre . © Nord-oucft. Le Chere, L’Allier, J La Durance, 4 À cd. Du Rhône, L’Ifere, $ SET La Saone, Sud. La PDordonne, De la Garonne, / Le Lot, Louer. ÎLe Tarne, | Te Pruth ; Sud. à Ie Mifono, . Sud-eff. “ L'Alant2, Sud, Ù Le MoraWa, Nord, ÊLe Teyf, Sud, PaDanube, Fr Drave, t ef à La Save, NAS L'Inn, ; ? Ë L’Ifer N $ Nord-eff, N Le Lech, ? L’Iler, | £ Nord, : à Ee Ruppel, quirecourne| à ‘à l’oueft,augmenté pat = a ie d Ô è Nord. a a yes LT Le Demer, Oueft. GECERE Le Dendre, Nord. Le Lys, € d.eft, La Scarpe, ç Dre Le Haifne. : Oue. De l’Elne, Le Soft, $ Oueft, Le Haïfne, La LS 4 Oueft. Le Roer ' Nord-eft. Du Rhin, Fe Re ? Sud-oueft, Le Meine, è ft, Le Necker. K Que LeDommel, Nord. Le Niers, J Le Roer, è Nord-oueft. De la Meufe, L'Ourt, La Sambre, 2 Nord-eft. ÿ Le Semoy, Oueft. Le Chiers, S i L’Aller à l’oueft, aug- menté par Du Wezer, Le Leine, Nord, ê ? L’Ocker. ( La Fuld, ie » è Nord-oueft. : e avely De l'Elbe, La Saal, ê d "Le Muldaw. Ç Nord, La Warte > Oueft. De FOder, Le Bober, Nord. La Neifs. Nord-eft. _ La Dena Sud-oueft. Du Niep ee Povets. Nord-eft. d su Nord, & tourne à De la Viftule, ? Le Bugg. 4 loueft, Du Niemen, La Vilna. | Ouet. “(laSegra’, Sud-oueft, De PE La Cincas Sud-ef. ee En La Gallega, Sud-oueft, Le Xalo. Nord-eft. Du Guadalqui- $ 7. Xenil, Ouelt. Via; La Guadamena, Sud-oueft. Tome XI, RIV 305$ La Guadania n’a point de branche con-| fidérable, Le Zaras, Du T Le Zezer, QuErs t DRE Le Gundarrau , l Sud à Le Xaruma. $ à Le Toutoes , | : ; Du Deuro, . Le Tormes, Ç Nord-oueft, U La Riaza, x 1 | Sud-ouef, L'Oglio, L’'Adda » = ÉSDAUN LE LA l Sud-eft, É Le Tanero, quiroule à| à A left, en tournant aul DE nord, eft augmenté pailé 0 & La Bomirda, Nord. € La Stura. Nord-eft. La Seffa , w La Doria Baltia, ê Sudeit, De l’Adige, Le Bachiglione, Sud. De l’Arne, L’Elf, Nord-oueft, : : La Sieve, Ef ; tourne au fud, 1 Le Quartitio , Oueft, Du Tibre, La Nera, Sud-oueft. La Chiane, Sud-eft, DuVolrorno, Le Sabaro. Oueft, Au refte les avantages fans nombre que procure la Jonétion des rivieres & des mers ont engagé les srands princes à fignaler leur régne par des entreprifes de cette nature. S'il eft glorieux de les exécuter, c’eft aflez d’en concevoir le projet , d’en tenter l’exécu- tion, pour avoir quelque droit à la reconnciffance des hommes, La jon@ion de la mer Baltique & de la mer Cafpienne, celle de l'Océan & de la Méditerra- née, ont immortalifé le Czar & Louis XIV. La jonc- tion de l'Océan avec la mer Noire , Téfultoit infailli- blement de la communication que Charlemagne en treprit vers lan 703 entre le Danube & le Rhin; & fi cet ouvrage ne fut pas porté à fa perfe@ion, de pa- reils deffeins n’ont pas befoin du fuccès ; POur méri- ter des éloges à leurs auteurs, (Le Chevalier DE Jau- COURT.) RIVIERE du nord, ( Géog. mod. ) autrement Rio= del-Norte, riviere de l'Amérique feptentrionale, & qui tire fon nom de fon cours qui eft du nord au fud, Elle a fa fource fort avant dans lesterres > au pays des Padoucas ; elle traverfe tout le nouveau Mexi- que, & baigne le royaume de Léon où elle à {on embouchure , fur la côte occidentale du golfe du Mexique. (D. J.) RIVIERE-ROUGE , ( Géop. mod. ) riviere d'Afrique dans la Guinée; c’eft la riviere la plus confidérable que reçoive le Sénégal; on l’a appellée riviere-rouge parce que Le fablon de fon lit eft de cette couleur, &c que fon eau en prend la teinture > au lieu que celle du Sénégal eft fort claire. ( D. J. ) RIVIERE-VERDUN , ( Géog. mod, ) petit pays de France, dans l’Armagnac, le long de la Garonne ; il forme une élection qui eft fertile en froment , Lei- gle & avoine. Grenade en eft le cheflieu. (D.T) RIVIERE ( Jurifprud.) les rivieres navigables ap- partiennent au rot, avec leur bord , leur lit, & les îles & attériflemens qui s’y forment ; les petites ri vieres appartiennent aux feigneurs hauts jufficiers ,: chacun en droit foi. Voyez l'ordonnance des eaux (3 forêts. Coquille, Loifel. (CAD) AN RIVIERES , LES (Géog. mod.) petit canton de France, fur la côte occidentale de la prefqu’ile du Cotantin , vis-à-vis l'île de Guernefey. Ce canton comprend environ dix paroïfles; on y fait beaucoup ‘de fel blanc. (GOT) RIVIERE , dans le commerce des bois Aortés , eftun courant d'eau fuffifant pour amener les bois en trains. Les principales font Beuvron, qui tombe dans l’Yon- ne à Clamecy ; Cure, anciennement Chore > qui tombe dans l'Yonne à Cravant : Armenfon, qui tom- be dans PYonne à Joigny ; Vanne, qui tombe dans l’Yonne à Sens; Aube, qui tombe dans la Seine à Marfilly ; la Seine, dans laquelle PYonne elle-mê= Qq 306 REV me tombe à Montereau; &c la Marne. L’Yonne, elle feule, fournit au moins la moitié de la provifion. RIVIN, (sympan & conduis de) Riyin entreprit de défendre dans une diflertation publique qu'il fit dans luniverfité de Léipfick, le fentiment de fon peré fur le trou du tympan dont il a donné la figure, ëêt qui porte {on nom; on le donne auf à des con- duits des glandes fublinguales, Voyez Ty MPAN, GLANDE 6 SUBLINGUALE. RIVINE , Rivina, L € CEE nar. Bor.) genre de plante, dont la fleur n’a point de pétales, elle eft compôfée de plufieurs étamines foutenues par un ca- lice qui a quatre feuilles; le pifhl devient dans Îa fuite un fruit mou, ou une baie ronde pleine defuc, qui contient une femence arrondie. Plumier, z0va plant. amer. gen. Woyez PLANTE. . RIUKU-TSUTEUSI , (AA. nat. bot.) c’eft une plante du Japon qui vient des'îles de Liquejes &c des Philippines, porte une fleur d’un jaune pâle, en fleur- de-lis, à pétales droits & marqués de points d'un jaune foncé. Une autre plante du même nom ala fleur d’un rouge purpurin, tacheté de pourprefoncé, RIVO-DEL-SOLE , ( Géog.mod. ) et , OU torrent d'Italie , dans l’état de l’Eglife ; il coule dans la fabine, & fe jette dans le T'everone. C’eft la Di- gentia d'Horace, div, L epir xviiy. v. 104.felon Léan- dre & quelques autres favans. (D. J. ) RIVO-DI-MOSSO , ( Géog. mod.) riviere d’Ita- lie, au duché de Spolete; elle pafle au pie du bourg de Caminate , à 16 milles de Rome, & fe jeïte dans le Tibre , proche du port de Monte-Rotondo. An- ciennement cette riviere féparoit le territoire des Sabins de celui des Cruftuminiens. (D. J.) _ RIVOLI, ( Géog. mod. ) en latin Ripule; ville d'Italie dans le Piémont, fur le penchant d’une agréa- ble colline , à 6 milles au couchant de Turin ; on y compte environ fept mille ames , entre lefquelles fe trouvent plufieurs moines de Pordre des carmes, des capucins & des domnicains. Longitude 25. 8, Latit., 44. 52, Le roi de Sardaigne y a un beau palais , embell par Charles Emmanuel Î. de ce nom, duc de Savoie, qui y naquit le 12 Janvier 1562. Ce prince étoit un homme degénie, profond politique, magnifique en palais & en égliles, voluptueux, f caché dans fes defleins qu’on difoit que fon cœur étoit plus imaccef- fible que fon pays ; plein de valeur, & lun des grands capitaines de fon fiécle. Son ambition deme- furée lui fuggéra Le projet de devenir comte de Pro- vence en 15090, & le fitafpirer auroyaume de Fran- ce pendant la ligue, &c à la couronne impérialeaprès la mort de l’empereur Matthias. Cette humeur en- treprenanteexcita contre lui la jaloufie des rois de France, d’Efpagne, des Allemands & des Vénitiens. Sa ville de Saluce fut prife par les maréchaux de la Force & de Monrmorenci; enfin voyant par fa faufle politique fon pays également ouvert aux François &c à {es alliés, il tomba malade à Savillan, 8&:mourut de douleur trois jouts après, en 1630, âge de 78 ans. RIVOLTATO canTo, ( Mufiq. al.) c’eft un chant renverfé, qui après avoir fervi de deffus, fert de bafle; & rivoltato baflo, eftun chant qm après avoir fervi de bafe , fert de deflus. (D. J.) RIVURE, f. f. les horlogersappellent ainfr la partie d’une piece de métal deflinée à être rabatue coup de marteau fur une autre; pour bien river 1l eft nécef- faire de ne réferver ni trop, n1trop peu de rivure ; fi on en laïffe trop, les coups de marteau ne font que refouler les parties de la rivure , fansles faire enfrer dans celles de la piece avec laquelle on la rive; fi au contraire on n'en. laïfie point aflez , les parties refoulées ne font point aflez abondantes pour que les pieces rivées puiflent bien tenir les unes avec les autres ; lorfque La rivure &t la partie dans laquelle elle doit entrer font ronde, & que les horlogers crai- RL Z gnent que les pieces rivées ne tournent l’une fur l’au- | tre, ils ont foin de faire de petits cfans dans la par- | tie fur laquelle on rabat la rure. Les horlogers don- nent encore le nom de rire à la partie d’un pignon où d’une afiette fur laquelle fa roue eft rivée. Voyez ÂSSIETTE , PIGNON, Ge. RIVURE, (zerme de Serrurier, de Taillandier | de Courelier. ) c’eft la broche de fer qui entre dans les charnieres des fiches pour en joindre les deux aîles. RIXE, { £ (Jurifprud.) terme de palais qu fi- gnifie une querelle, un débat arrivé entre plufieurs perfonnes lorfqu'il y aeu des coups donnés , ou des menaces, ou.des injures dites. Voyez ACCUSATION, Crime , DÉLIT, INJURE, PLAINTE. (4) RIZ , £. m. (Hiff. nat. Bot.) origa ; gente de plante dont la fleur n’a point de pétales. Les femences font un peu épaifles &c ovoides ; elles naïffent en épi, & elles font renfermées dans une capfule qui eft termi- née par un filet. T'ournefort. 74/f. rech, Voyez PLANTE. Comme c’eft dans les lieux où le riz croit, que le foin des terres devient pour Les hommes une immien- fe manufaëture , on doit me permettre d'entrer dans quelques détails fur ce fujiet. D'ailleurs Le #27 deman- de une culture particuliere, & qui doit être d’autant mieux circonftanciée, qu’on veut en tranfmettre la pratique en des pays oùilne vient pas naturellement, Cette plante poufle des tiges ou tuyaux de trois à quatre piés de hauteur , plus gros & plus fermes que ceux du blé, noués d’efpace en efpace; fes feuilles font longues, charnues , affez femblables à celles de la canne ou du poireau. Ses fleurs naïffent à fes fom- mités, & reflemblent à celles de l'orge ; mais les gra nes qui les fuivent, au lieu de former un épi, font difpofées en panniculesoubouquets ,enfermées dans une capfule Jjaunâtre, ou coque formée de deux bal- les rudes au toucher, & dont l’une fe termine en un long filet: on fait que fes graines font blanches & oblongues. En général le riz fe cultive dans les lieux humides 8 marécageux, & dans des pays chauds du moms à en juger par les contrées ob1leftle plus enufage, & où il fait la principale nourriture des habitans. Tout le Levant, l'Eeypte, l'Inde, la Chine, font dans ce cas. Les états de l’Europe où l’on en recueille da- vantage, font l'Efpagne & l'Italie, & c’eft de-là que nous vient prefque tout le 717 que l’on confomme en France. M. Barrere ayant fait beaucoup d'attention à la culture de cette plante, tantà Valence en Efpa- gne, qu'en Catalogne & dans le Rouffillon, a envoyé à l'académie royale des Sciences, en 1741, un mé- moire dont voici la partie la plus effentielle. | Pour élever utilement le riz, & en multiplier le produit, on choifit un terrein bas, humide un peu fablonneux , facile à deffécher, &c où lon puifle faire couler aifément l’eau. La terre où lon le feme, doit être labourée une fois feulement dans le mois de Mars. Enfuite on la partage en plufieurs planches éga- les, où carreaux, chacun de 15 à 20 pas de côté. Ces planches de terre font {éparées les unes des au- tres par des bordures'en forme de banquettes, d’en- viron deux piés d’hauteur , fur environ un pie de lar- geur, pour y pouvoir marcher à fec en tout tems, our faciliter l'écoulement de l’eau d’une planche de riz à l’autre, & pour l’y retenir à volonté fans aw’elle fe répande, On aplanit auffi le terrein qui a été foux, de mamiere qu’il foit de niveau , & que l’eau puife s’y foutenir par-tout à la même hauteur. La terre étant ainfi préparée, on y fait couler un pié, où un demi-pié d’eau par-deflus, dés le com- mencement du mois d'Avril; après quoi on y jettele riz de la mamiere fuivante. Il faut que Îes vrains en aient été confervés! dans leur balle ou enveloppe, & qu'ils aient trempé auparavant trois où quatre jours dans l’eau, où on les tient dans un fac jufqu'à ce qu'ils foient gonflés, & qu'ils commencent à germer, RIZ Un homme, piés nus, jette ces grains fur les plan- ches inondées d’eau, en fuivant des alignemens à-peu- près femblables à ceux qu’on obferve dans les fillons en femant le blé. Le riz ainf gonflé, & toujours plus péfant que Peau, s’y précipite, s'attache à la terie, &c s’y enfonce même plus ou moins, felon qu’elle eft plus où moins délayée. Dans le royaume de Valen- ce, c’eft un homme à cheval qui enfemence le riz. On doit toujours entretenir l’eau dans les champs enfemencés juique vers la mi-Mai, où l’on a foin de la faire écouler. Cette condition eft resardée comme indifpenfable pour donner au riz Faccroïflement nc- ceflaire, & pour le faire poufer avantageufement. Au commencement du mois de Juin , on amene une feconde fois l’eau dans les rivieres, & l’on a coutume de l'en retirer vers la fin du même mois, pour farcler les mauvaifes herbes, {ur-tout la prêle & une efpece de fouchet , qui naiflent ordinairement parmi le 7, & qui empêchent de profiter. Enfin on lui donne l'eau une troifieme fois, favoir vers la mi-Muiller, & il n’en doit plus manquer juf- qu'à ce qu'il foit en bouquet, c’eft-à-dire jufqu’au mois de Septembre. On fait alors écouler l’eau pour la derniere fois, & ce defféchement fert à faire agir le foleil d'une façon plus immédiate fur tous les fucs que l’eau a portés avec elle dans les rivieres , à faire grainer le r17, & à le couper enfin commodément, ce qui arrive vers la mi-Oétobre, tems auquel le grain à acquis tout fon complément. On coupe ordinairement le r27 avec la faucille à fcier le blé, ou, comme on le pratique en Catalogne, avec une faux dont le tranchant eft découpé en dents de fcie fort déliés. On mer le riz en gerbes, on le fait fécher , & après qu’ileftfec, on le porte au mou- En pour Le dépouiller de fa balle. Ces fortes de moulins reffemblent affez à ceux de la poudre à canon, excepté que la boëte ou chauflure du pilon y eft différente. Ce font pour l’ordinaire fix grands mortiers, rangés en ligne droite, & dans chacun defquels tombe un pilon dont la tête, qui eft garme de fer, a la figure d’une pomme de pin, de demi-pié de long, & de $ pouces de diametre ; elle eit tailladée tout au tour, comme un bâton à faire mouffer le chocolat. Nous ne nous arrêterons pas à décrire la force mo- trice qu'on y emploie , & qui peut différer felon la commodité des lieux. En Efpagne & en Catalogne on fe fert d’un cheval attaché à une grande roue, êc. S Le riz qu’on feme dans une terre falée, y pullule ordinairement beaucoup plus qu’en toute autre. On en retire jufau’à 30 où 40 pour un; par conféquent, ëc toutes chofes d’ailleurs égales , les côtes & les pla- ges maritimes y feront les plus propres. Après avoir décrit la maniere dont Le riz fe cultive en Europe , 1! faut indiquer celle des Chinois, qui qui eftie peuple le plus induftrieux à tirer parti du terrein, &c celui chez lequel la plus grande fagacité des laboureurs fé porte à la culture du riz: pour y réufhr, ils commencent par fumer extraordinaire- ment les terres, & n’en pas laïiffer un feul endroit fans rapport avantageux. Les Chinois font bien éloi- gnés d'occuper la terre fuperflue en objets agréables, comme à former des parterres, à cultiver des fleurs pafageres, à drefler des allées, & à planter des ave- nues d'arbres fans rapport; ils croient qu'il eft du bien public, &, ce qui les touche encore plus, de leur intérêt particulier, que la terre produife des chofes utiles. Auf toutes leurs plaines font cultivées, &c en plufeurs endroits elles donnent deux fois lan. Les provinces du midi font celles qui produifent le plus de 17, parce que les terres font bafles & le pays aquatique. Les Laboureurs jettent d’abord les grains fans or- Tome XI. ul" | A Le F'eNZ 307 dre ; enfuite quand l'herbe à pufté À la hauteur d'un pié ou d’un pie & demi, ils l’arrachent avec fa racine, 6c 1ls en font de petits bouquets ou gerbes qu’ils plan- tent au cordeau ou en échiquier, afin que les épis ap- puyés les uns fur les autres, fe foutiennent aifé- ment en l'air, & foient plus en état de réfifter à la viclence des vents. Quoiqu'il y ait dans quelques provinces des mon- tagnes défertes, les vallons qui les féparent en mille endroits , font couvertes du plus beau riz. L'induftrie chinoife a {çu applanir entre ces montagnes tout le terrein inégal qui eft capable de culture. Pour cet ef. fet ,1ls divifent comme en parterres, leterrein quieft de même niveau, & difpolent par étages en forme d’amphitéètre, celui qui fuivant le penchant des val- lons, a des hauts & des bas. Comme le 737 ne peut fe pafler d’eau, ils pratiquent par-tout de diftance en difance, & à différentes élévations, de grands ré- fervoirs pour ramafler l’eau de pluie, & celle qui coule des montagnes, afin de la diftribuer également dans tous leurs parterres de ri. C’eft à quoi ils ne plaignent ni foins, ni fatigues, foit en laiflant couler l’eau par fa pente naturelle des réfervoirs fupérieurs dans les parterres les plus bas, foit en la faifant mon- ter des réfervoirs inférieurs &c d'étage en étage , juf- qu'aux parterres les plus élevés. Ils inondent les campagnes de #7, de l’eau des ca- naux qui les environnent, en employant certaines machines femblables aux chapelets dont on fe fert en Europe pour deflécher les maraïs, & pour vuiderles bâtardeaux. Enfuite ils donnent à-cetre terre trois ou quatre labours confécntifs. Quand le riz commence à paroïtre, ils arrachent les mauvaifes herbes qui fe- roient capables de létouffer. C’eft ainf qu'ils font d’abondantes récoltes. Après avoir cueilli leur r2g, ils le font cuire légérement dans l’eau avec fa peau; en- fuite ils le fechent au foleil, & le pilent à plufieurs reprifes. Quand on a pilé le r57 pour la premiere fois, il fe dégage de la groffe peau ; &c la feconde fois, il quitte la pellicule rouge qui eft au-deffous, & le riz fort plus on moins blanc felon Pefpece. C’eft dans cet état qu'ils lapprêtent de différentes manieres. Les uns lui donnent un court bouillon avec une fauce; d’autres le mangent avec des herbes, ou des feves ; êc d’autres plus pauvres, l’'apprêtent fimplementavec un peu de fel, Comme le riz vient dans les Indes ä-peu-près de la même maniere qu’à la Chine , nous n'avons rien de particulier à en dire; mais il fe prés fente une obfervation à faire fur les lieux où le 127 le cultive pour la nourriture de tant de monde. Il faut dans cette culture de grands travaux pour ménager les eaux, beaucoup de gens y peuventêtre occupés. Il y faut moins de terre pour fournir à la fubfftance d’une famille, que dans les pays qui pro- duifent d’autres grains; enfin la terre qui eft em- ployée ailleurs à la nourriture des animaux, y {ert immédiatement à la fubfftance des hommes. Le tra- vail que font ailleurs les animaux, eft fait là par les hommes; & la culture des terres devient pour eux une immenfe manufaéture. Voilà les avantages de la ulture du riz, dans le rapport que cette culture peut avoir avec le nombre des habitans , &ce font des vues dignes des légiflateurs. Je ne difcuterai point ici s’il convient de favorifer, de permettre, ou de défendre la culture du 75} dans ce royaume; je fais bien qu'il Y a 25 à 30 ans qu’elle a été défendue en Roufüllon, par arrêt du confeïl fouverain de cette province, fur ce qu’on alcru que les exhalaïfons des lieux maréca- geux où l’on feme le riz, y caufoient des maladies & des mortalités. Il ne feroit pas difficile de raflurer les cfprits là-defus, & d'indiquer en même tems des moyens pour prévenirtous les inconvéniens que l’on en pourroit craindre: mais ce font les avantages de cette culture qu'il faudroit pefer; 8 comme cette Qq1. 30! RIZ queflion a tant de branches par elle-même, & rela- Hivement au commerce, ce n’eft pas ici le leu de la dicuter. L fuit de bien connoître la maniere dont : | on peut s’y prendre pour cultiver utilement dans ce pays une plante d'un fi grand ufage , lorfqu'on de jugera néceffaire. (Le chevalier DE JAUCOURT.) Maniere d’accommoder le riz, de facon qu'avec dix livres dertiz, dix livres de pain, dix pinteside lait, € Joixante pintes d’eau, foixante-dix perfonnes Je Jert srouvées nourriés parfaitement pendant vingt-quatre heures. On lavera la quantité de dix livres de 727 dans deux-eaux différentes : il faut que cette eau foit tiede. On les jettera enfuite dans foixante pintes d’eau bouillante où Le riz crevera; on le fera bouillir à pe- tit feu pendant trois heures ou environ, & on le re- muera pour l’empêcherde s'attacher. Lorique ledit riz fera bien crevé & renfle, Pon jettera dans la marmite où chauderon , dix livres de pain coupé par petits morceaux fort minces, lequel, pat fa cuifion, fe mêle & s’'incorpore parfaitement avec ledit riy, & forme une liaifon à l’eau dans la- quelle le riz a cuit. On ajoute énfuite par-deflus le tout dix pintes de lait, & lon remue la totalité fur le feu jufqu'à ce que le riz ait pu être pénétré par le lait, Sur cette quantité de liquide on met huit onces de fel, & huit gros de poivre. Si le lait eft rare, on peut. y fubftituer dix onces d'huile de noix ou d’ohve. Pour donnerun goût agréable à cette nourriture, on peut yajouter une douzaine de feuilles de laurier- cerife. La difiribution ne s’en fait que lorfque le tout eft refroidi, &t que cette nourriture a acquis la confiftan- ée d’une efpece de bouillie, dans laquelle le 717 feul fe conferve en grain. Une demi-hvre de cette nourriture foutient plus qu'une livre & demie de pain. | Méthode de faire la foupe au viz pour cinquante per- fonnes. Hi faut {e pourvoir d’un chauderon aflez grand pour contenir quarante pintes d’ean, mefure de Pa- ris : s’il eft plus grand, il en fera plus commode. L’on mettra dans ce chauderon neuf pintes d’eau, à ladite mefure de Paris; quand elle fera chaude, on y mettra fix livres de riz, qu’on aura foinauparavant de bien laver avec de l’eau chaude. Le chauderon étant mis {ur le feu avec le 77, on aura attention de le faire cuire lentement, & de le remuer fans cefle de peur qu’il ne s'attache au fond. À mefure que le riz crevera,&qu'l s’épaifüra, on y verfera fucceflivement trois autres pintes d’eau chaude... Pour faire crever &c revenir le riz, il faut environ une heure: c’eft pendant ce tems qu'il faut Phumec- ter êc lui faire boire encore fucceflivement vingt- huit pintes d’eau, ce qui fera en tout environ qua- rante-pintes d’eau, qu'il faut werfer peu à peu & par intervalle de peurde noyer le ri7. Cela fait, 1l faut laifler de riz dur le feu pendant deux autres heures, &c Py faire cuire-lentemrent &c à petit feu , en le remuant fans: ceffes, fans quoi il s’attacheroit au poëlon ou chauderon. | Le riz étanthien cuit,ron y mettra une demi-livre de beurre, ou de bonne. graff fi l’on ne peut avoir de beurre avec trois quarterons de fel, & pour deux liards de poivre noir en poudre; en obfervant de re- muer letout enfemble pendantune demi-heure. Au lieu de beurre on peut mettre du lait, la quan- tité de fix pintes de lait fufiit pour la chauderonnée; mais il faut prendre garde que le laitne foit point trop vieux ; car il s’aigriroit à la cuiflon. On Ôtera enfuite le chauderon de deflus le feu, pour y mettre aufi-t0t, mais peu à peu, fix livres 1 R O A de pain bis ou blanc qu'on coupe en foupes très- minces en obfervant de mêler le painavecle riz, de maniere qu'il aille jufqu’au fond pour limbiber & faire corps-enfemble.. Si l’on fe fert de laitau lieu de beurre, il faut quel ques pintes d’eau de moins dans la préparation du ri, autrement le riz feroït trop clair. Et auf l’on em- ploie le lait, il faut mettre du pain blanc, parce que le pain bis feroit aigrir Le lait. \ La diftribution doit être faite fur le champ pour. trouver les cinquante portions : chaque portion fera de deux cuillerées, qui contiendront chacune la va- leur d’un demi-feptier ou quart de pinte, mefure de Paris. | | | Pour les enfans de neuf ans êc au-deffous, la por- tion d’une de ces cuilleréés fera fufhfante. | En difiribuant les foupes chaudes, on aura foin de remuer le riz avec la cuillere à pot, & de prendre au fond du chauderon, pour que la diftribution fe faffe également, tant en riz qu’en pain. sb On avertit ceux qui ne mangeront pas fur le champ leur portion, de la faire réchauffer à petit feu ,.en y mêlant un peu d’eau ou de lait, pour la faire revenir & la rendre plus profitable. | Méthode pour faire la bouillie au riz, au lieu de fari- ne, pour les petits enfans. On prend un demi-feptier de lait, un demi-feptier d’eau, un gros &t demi de fel, une once &c demie deriz mis en farine; il faut délayer cette farine avec le lait, Peau & le fel, faireboulbr le tout jufqu’à ce qu'ilcommence à y avoir une croûte légere au fond du poëlon; Pôter enfuite de deflus la flamme, & le mettre un-quart d'heure environ fur la cendre rouge;on remettra enfuite cette bouillie fur la flamme jufqu'à cuiflon parfaite, laquélle cuiflon - fe connoît à l’odeur, & lorfque la croûte quieft au fond du poëlon eft fort épaife, fans cependant qu’elle fente le brûlé. | RIZIERE ,, . f. (Agriculr.) terre enfemencée de riz. Voyez RIZ. R Les rigieres font ordinairement dans les fieux bas & marécageux , où cette plante fe plait, & produit beaucoup par la culture. Il y a quantité de ces rigie=, res en Italie le long du Pô, dont on détourne une partie des eaux pour arrofer le riz. Ce qui rend les Indes orientales fécondes en cette efpece de grain, c’eft que plufeurs des rivieres qui les arrrofent, s’y débordant périodiquement, comme le Nilen Ég yp- te , les riz qui s’y fement enpleine campagne reftent des mois entiers fous l’eau, leurs franges ou bouquets farnageant & croïflant pour ainf dire à mefure que l'eau s’éleve. (2.J.) RIZIUM, {. m. (Botan. anc.) nom donné par les anciens à une efpece particuliere de racine rouge aw’ontiroit de Syrie, & dont les femmes grecques fe. _ fervoienr pour fe farder le vifage; c’étoit leur rouge. Pline qui en parle plus d’une fois , l'appelle en latin radix lanaria, ce qui.eft de fa part une grande erreur, ayant confondu le rizim de Syrie, avec le fruihiur des Grecs. Ileft affez vraifflemblable que le riz étoit une efpece d’orcanette , anchufa radicerubré,qui- croïfloit en abondance dans toute la Syrie, &c qui étoit très-propre à faire la couleur rouge que les da- mes grecques mettoient fur leurs joues. (2. J.) RIZOLITES , ( Æifl. mar. Litholog. ) nom généri- que par lequel quelques naturaliftes ont voulu défi-. gner les racines des-arbres &c des plantes pétrifiées. RO ROA, (Géog: anc:) petite ville d'Efpagne , dans la vieille Caftille, fur le Duero , à 28 lieues au nord de Madrid, dans un terroir fertile en‘vin &c en blé.” Elle eft toute dépeuplée, quoiqu’entourée de dou- bles murailles, & défendue par une citadelle, Log. 1418, lat, 41,45, (D.J.) | … ROB, f in, (Plérmac.) nom qu'on dohhe aus fucs des fruits députés & cuits, ju{qu’à la confomption tes deux tiers de leur humidité. On fait des robs de coings, de müres, de baies de fureau, d’aloës , d’a- cacia, de régifie, de berberis, &c. pourdiverfes ma- ladies. Le fuc de grofeilles rouges confit, {e nomme rob de Ribé. À l'égard du fuc des raifns dépurés, il s'appelle particulierement fa, quand il eff cuit ju£ qu'à la confomption des deux tiers ; & ce fapa eft preique en confiftance de fyrop : mais quandil n’eft cuit que jufqu'à la confomption du tiers, on le nom- me defrudium, &ic'eit ce que le peuple appelle viz cuit ; quand on le cuit jufqu’à une confiance appro- chante des éleîtuaires mols, il prend le nom de re- Jinré , & alors on l’employe à diverfes confitures. Le mot rob eft aujourd’hui rech dans les boutiques des Apoticaires, quoiqu'’ofisinairement 1l foit arabe; il fignife dans cette langue un fimple fuc, defféché au oleil ou {ur le feu. On trouvera dans la chimie de Boerhaave, d’ex- cellentes regles fur la préparation & l’ufage des ro- Des, des Japa des végétaux. (D, J.) . ROB À où ROBE , terme de commerce de mer, en ufage en Proyence êc dans le levant ; il fignie mar- chandifes, biens , richeffes. Il eft aufh d’uiage parmi les Catalans dans le même fens. Il paroït être pañle d'Italie en Provence , d’où les provençaux Pont porté dans les échelles du Levant, Di&. de Commerce. € de Trévoux. | ROBE , 1. £ (Géog. mod. ) Vêtement long & fort ample , que portent par-deflus tous les autres habits les gens de loi , ou jurifconfultes, les théologiens St les gradués d'Angleterre. La forme de ces robes n'eft pas la même pour les eccléfiaftiques & pour les laiques , cependant les unes & les autres s'appellent en géncral gers de robe. | | Dans quelquesuniverfites, les Médecins portent la robe d’écarlate , dans celle de Paris, le reGeur a une robe violette avec le chaperon d’hermine ; les doyens des facultés, procureurs, quefteurs des na- tions portent la robe rouge fourrée de vert. Les doc- teurs de la maïfon de Sorbonne portent toujours la robe d’étamine ou de voile noir par-deflus la foutane dans leur maïfon, & les doéteurs en Théologie la portent également aux aflemblées , examens, thè- ‘es, & autres actes de faculté, de même que les pro- fefleurs & autres fuppôts de la faculté des Arts , dans leurs claffes êc.aflemblées, foit de leur nation, foit de Puniverfité, Ces robes font faites comme celles -des avocats, à exception des manches qui font plus courtes , quelquessunes font garnies de petits bou- tons, & d’autres fimplement ouvertes par-devant avecun.rubannour fur les bords. Les:rokes des appa- riteurs ou bedeaux font de la même forme &c de la même couleur, &c quelquefois toutes femblables à celles des ayocats. Ceux des paroïifes en portent or- dinairement de mi-parties ou de deux couleurs. En France, on diftingue Les officiers de robe lon- gue de ceux,de robe courte , ces dermiers font ceux qui pour être reçus dans leurs charges n'ont point été examinés ur la loi : autrefois il y avoit des biers de robe courte, c’eft-à-dire ceux qui n’avoient point éte fur les bancs c qui ayoient été reçus fans examen. À. sl La robe feprend pour la magiftrature &c pour la profeMon:oppofee celle des armes ; c’eft dans ce lens que Ciceron a dit, cedant armatoge ; on dit d’un homme qu’il eff d’une famille de-rohe , quand fes an- cêtres ont pofledé des charges diftinguées dans la magifirature, La nobleffe, de robe eft moins confide- rée dansicertains pays que celle d'épée. La robe eften-général Le vêtement de deflus de tou- tes nos femmes, quand elles font habillées. | .*RoBE Des ROMAINS, CEH-Rom.) Voyez TOGE G HAgir des Romains. | a 15) Aer \ | Ë 209 MROBÉ:CONSULAIRE , ( Mi. Rom. ) c'étoit né robe prétexte , bordée en bas d’une large bande dé pourpre. D'abord les confuls la prirent le premier jour dé leur magiftrature devant leurs dieux pénatess dans la fiute, ils la prirent dans le temple de Jupiter, Capitolin , comme le rapporte Denis d'Haliçarnals Le, Ziv. Pc mix. & Tite-Live, Liv, FL. c. xix. En fin , fous les empereurs ; la puiffance des confuls ayant ête réduite à rien, leur extérieur en devint plus faftueux; ils porterent alors une robe richement peinte, le laurier dans leurs frifceaux, & même on ÿ joignit les haches. Ce n'eft pas tout ; dès quil plai- {oit à l’empereur d'illuftrer quelqu'un , il lui accor- doit le droit de porter la robe confularre, quoiqu’if eût point été conful. Il accordoit auf la robe trioms- phale , les honneurs du triomphe & les privileges attachés au triomphe, à ceux qu'il vouloir favorifer. de fa bienveillance, quoiquAls n’euflent ni triom- phe , ni fait aucun exploit remarquable. En un mot P C’étoient des honneurs de coùr d'autant plus mépris fables , que les gens de mérite n’en étoient pas gra> tiñés, (D. J. | ROBE DE REPAS, ( Ansig. Rom.) les convives fe rendoient à la fortie du bain avec une robe qui ne fervoit qu’à cela, & qu'ils appelloient vejlis cænatoz Tia, tricliniaria j.convivalis. Elle étoit pour le plus fouvent blanche, fur-tout dans les jouts de quelque folemnité; & c’étoit auti-bien chez les Romans que Chez les Orientaux , une indifcrérion puniffable, de fe préfenter dans la falle du feftin {ans cette robe. Cia ceron fait un crime à Vaticimus d'y être venu en habit noir , quoique le repas fe donnât à loccafon d'une cérémonie funebre. Il compare cet ennemi odieux à une furie qui vient inopinément répandre une idée funefte dans l’efprit de toute l’affiftance : Atque 1llud eriañn cire ex te cupio , quo concilio aui - qgué mrente feceris., ut in epulo Q. Arrii familiaris mei cum iogd pullé accumberes ? .... cum tot homintum mil: la ,... cum ipfe epuli dominus @. Arrius albatus elfes: tin tésipluin cafloris tecuim €, Fidulo atrato , cereris que tuis furiis funeftum inenlifé. Capitohin raconte aufli que Maximin le fils ; en core jeune, ayant été invité à la table de Pempereur Alexandre Sévere 8 n'ayant point d’habit detable,. -cn lui en donna un de la garde-robe de l’empereur, Pareille chofe étoit arrivée autrefois à Septime Sé2 vere encore particulier, fwivant le rapport de Spar= tien. Cet habillement étoit une efpece de draperie qui ne tenoitprefque rien, comime 1l paroît dans Les mar- bres, 6t qui étoit pourtant déférente du pallium des Grecs. Martial reproche à Lucus d’en avoir plus d’une fois rémporté chez lui deux au lieu d’une , de la mafon oil avoit foupé. Er toêtus amis fepe duabus abir, (D.7) ROBE TRIOMPHALE , ( Azrig. Rom. ) toga trium= phalis ; robe particuliere des Romains, refervée pous le triomphe, Tacite dans fes annales nous en fournit une preuve certaine, quand 1l dit, que dans les jours du cirque , Néron portoit la robé sriomphale., 8 Britannicusila fimple robe des jeunes gens, pour faire connoitre par cette différence d’habits , les emplois & les dignités qu'on leur préparait. Plutarque raz conte de Marius, que ce romain, fi fameux par les événemens de fa vie, oubliant fa naiffance , parut un jour-en publie avec la robe sriomphale; mais s’apper-" ceyvant que le fénat défapprouvoit fa vanité, 1l fortit pour quutter.fa robe ; & revint avec la prétexte. Dans la fuite, Pompée eut le privilege de pou- voir porter la robe sriomphale aux {peltacles , difinc- tion qui n’avoit été accordée qu’au feul Paul Emile avant lui. Dion & Velleius prétendent mème, que Pompée ne fe fervit qu’une feule fois de cette prétos gave, 310 ROB La robe triomphale eft appellée dans quelques au- teurs, sogula palmata , parce qu'on y repréfentoit apparemment des palmes , fymbole de la viétoire. Ciceron nomme cette robe rogula piéta, robe pein- te, pidlæ veflis confiderat aurum ; on repréfenta de- puis fur cette robe, des perfonnages faits à l'aiguille, comme on le voit dans différens endroits de Clau- dien , dans Chorippus , 4b. I. mim. 15. & dans ce paflage de Juvenal, ar. 6, | ñ Illic barbaricas flex cervice phalanges , Occifos reges , fubjetlas que ordiné gentes, Pidor acu tenui multé formaverat arte. Enfin, les empereurs romains avilirent la difinc- tion éclatante de cette robe, en accordant à leurs favoris , foit qu'ils euflent triomphé où non, la per- mifion de la porter. (D. J.) ROBES-NEUVES , ( Æif?, de France. ) on nommoit ainfi dans le douzième & treizieme fiecle, les habits que nos rois donnoïent fuivant l’ufage à leurs ofh- ciers, au tems des grandes fêtes, comme à la fête de Noël. (2.J.) ROBE D’UNE COQUILLE , (Conchyl.) c’eft la cou- verture où fuperficie de la coquille, après qw’on a levé l’épiderme. (2. J.) ROBE , en terme de Blondier , c’eft une enveloppe de carte ou de parchemin dont on entoure les fu- feaux pour ne point fallir la piece qw’on travaille. Rose, (Jardinage.) on dit la robe d’un oignon, laquelle eft à proprement parler, fon enveloppe, fa pellicule. ROBE , (Maréchalerie.) fe dit dans certaines occa- fions pour le poil en général. Par exemple, on dit du poil de cheval loriqu’il frappe agréablement les yeux, qu'il a une belle robe. ROBE , (Mefure de liquides.) en Efpagne la robe fait huit fommes, la fomme quatre quarteaux. Les vinet- huit robes font une pipe ; la botte eft de trente robes, & la robe pele vingt-huit livres. Savary. (D. J.) ROBE , (Manuf. de tabac.) ce font les plus grandes feuilles de tabac que l’on deftine à mettre les dernieres fur Le tabac qu'on file, pour le parer & donner plus de confiftence à la corde. Savary. (D. J.) ROBER , v.a@. rerme de Chapelier ; c’eft enlever le poil d’un chapeau de caftor avec la peau de chien marin. Autrefois on ne fe fervoit que de la pierre- ponce pour cet ufage , ce qu'on appelloit poncer ; mais depuis que la maniere de rober eft pañlée d’An- gleterre en France, on ne ponce prefque plus les chapeaux. Les habiles fabriquans eftiment que les peaux de chiens marins afinent davantage que la ponce. Diéfionn. de Commerce. (D. J.) ROBER , L (Géogr. mod.) riviere d'Allemagne qui coule dans lParchevêché de Trèves, & qui fe jette ‘ dans la Mofelle à Trèves même; c’eft lErubrus, ou PErubris d'Aufone. (D. J.) | ROBERVALLIENNES , LiGnes, ( Géométrie.) c’eft le nom qu’on a donné à de certaines lignes cour- bes qui fervent à transformer les figures ; elles font -ainf appellées du nom de leur inventeur M. de Ro- berval. Ces lignes contiennent des efpaces infinis en longueur, & néanmoins égaux à d’autres efpaces fermés de tous côtés. Les propriétés de ces lignes font expliquées par M. de Roberval à laæfin de ion traité des indivifibles, imprimé en 1693 dans le re- cueil intitulé divers ouvrages de Mathématique 6 de Phyfique, par MM. de l'académie royale des Sciences. _ L'abbé Gallois, dans les mém. de l'académie des Sciences de Paris, pour l’arrnée 2693 , prétend que la méthode de transformer les figures, expliquée à la fin du sraité des indivifibles de M. de Roberval, eft la même qui a été publiée depuis par M. Jacques Gre- gory, dans fa géométrie univerfelle, & après lui par Barrow , dans {on livre intitulé léfiones geometricæ , = RO B &t qu'il paroît par une lettre de Toricelli, que M. de Roberval étoit l'inventeur de ceite méthode de tranf former les figures , par le moyen de certaines lignes que Toricelly appelle /zpries robervalliennes. L'abbé Gallois ajoute qu’il eft fort vraifflemblable que M. Jacques Gregory, dans le voyage qu'il fit à Padoue en 1668 , y apprit cette méthode , qui étoit connue en Jtalie dès 1646 , quoique l'ouvrage de Roberval n’ait été publié qu’en 1692. M. David Gregory , zélé pour l'honneur de fon frere, a tâché de réfuter cette imputation ; fa ré- ponfe à l’écrit de l’abbé Gallois eft inférée dans les Tranfa@ions philofophiques de l’année 1604; &c ce- lui-ci a répliqué dans les mémoires de l'académie des Sciences de Paris 1703. Chambers. (O) ROBERTINE , f. f. rerme de l'Ecole : c’eft le nom d’une thefe que foutiennent ceux qui veulent être de la maifon de Sorbonne. Elle a pris fon nom de Robert Sorbon, infütuteur de la Sorbonne. ROBIA4 HERBA , (Hff. nat. Botan. ant.) nom donné par Paul Æsinete & autres anciens , à une plante qu'on employoit en teinture. La grande ref- femblance de ce nom avec le rubia que nous appel- lons garance, a fait croire à plufieurs modernes que le robia des anciens étoit notre z4b54 ; meis on n’a pas pris garde qu'ils l’employoient pour teindre en jaune, & que notre garance ne teint qu’en rouge. Le robia herba eft vraiflemblablement le /usia herba des Latins, notre herbe jaune , autrement dite gaude , dont Les Teinturiers font grand ufage pour teindre en jaune. (D. J.) | | ROBIAS, (Æiff. nat.) pierre dont parle Pline, &t que l’on croit être une pierre compofée de parti- cules globuleufes femblables à des œufs de poiflon . Ou à des graines. Woyez OOLITE & PISOLITE. ROBIGALES , ox RUBIGALES , £. f. pl. (Anrig. romaines.) en latin robigalia ou rubigalia ; fête infti- tuée par Numa, la onzieme année de fon regne , & que les Romains célébroient en l’honneur du dieu Robigus , pour le prier d’empêcher la melle de gâter leurs blés ; cette fête fe faloit le feptieme jour de- vant les calendes de Mai, c’eft-à-dire le 25 d'Avril, parce que dans ce tems-là la conftellation du chien, qui eftune conftellation malfaifante, fe couche, & que de plus c’eft vers ce tems-là que la rouille ou la nelle a coutume d’endommager les blés qui font fur terre. (D. J) | À ROBIGUS , où RUBIGUS, 1. m. (Mirhologie.) dieu de la campagne & de l'Agriculture chez les an- ciens Romains. C’étoit ce dieu qu’on invoquoit pour le prier de garantir les bles de la nielle, en latin ro= bigo ou rubiso, & c’eft de-là qu’il avoit pris fon nom. On lui facrifioit les entrailles d’un chien & celles d’une brebis, felon Ovide ; & felon Columelle, un petit chien nouvellement né. Numa Pompilius avoit lui-même inftitué une fête & des facrifices à ce dieu. Onuphrius Panvinius dit qu'il avoit à Rome un tem- ple & un bois dans la cinquieme région de la ville. Îl avoit encore un autre temple fur la voie Nomen- tane , hors la porte Capene. Les Rhodiens invoquoient Apollon contre la nielle ou rouille des blés, & ils donnoient à ce dieu le nom de Erythibius, de épuSicn, qu'ils difoient au lieu de éproira , Qui fignifie la zielle des blés. (D. J. ROBINET , {. m. (Æydr.) eft une clé ou canelle de cuivre qui s’emboite dans un soiffeau du même métal, que l’on tourne pour ouvrir ou fermer l’iflue de l’eau qui va faire jouer une fontaine. Il y a de plufeurs lortes de robiners ; ceux à tête quartée, à branches ou à potence, & à deux ou trois eaux ; eniorte que fermant un jet, ils en ouvrent un autre. [l eft effentiel que les ouvertures des robinets loient proportionnéés au diametre, de la conduite; enforte qu'il paîle par le trou ovale de la canelle, L ALT. SE ee Ts RL s er prefque autant d'eau que par l’ouvertüté circulaire du tuyau. Lorfque les robiness font placés près du bafin, ils doivent avoir pour ouverture les trois quarts du diametre de la conduite, &c ils feroient en- core mieux S'ils lui étoient égaux. Lorfque les robi- aets {ont éloignés du baffin, ils peuvent avoir un tiers de moins d'ouverture que la conduite, (X) ROBINT A , 1. £ ( Botan. ) nom donné par Lin- næus &c Rivinus au genre de plante appellé faux aca: ea par Tournefort , & le général des Botaniftes. En voici les caraéteres felon le fyftème de Linnæus. Le calice particulier de la fleur eft petit, monopétale, divifé en quatre fegmens, dont il y en a trois fort étroits , & un autre fupérieur quatre fois plus large, mais 1ls font tous de la même longueur & légérement dentelés, La fleur eft lésumineufe, L’étendard eft large, rond &c obtus ; les ailes font de forme ovoide, oblongue; le pétale inférieur de la fleur eft à demi- orbiculaïre, applati, obtus, & de même longueur que les aîles. Les étamines font des filamens qui Le por- tent en haut; leurs boffettes font arrondies; le germe du piftl eft oblong, & de forme cylindrique. Le file | eft chevelu, élevé en haut ; le ftygma eft très-délié, &z placé au fommet du ftile, Le fruit eft une grofle & large gouffe , applatie, & néanmoins un peu boflue ; _i ne renferme que quelques graines tailiées en for- ie de rein. Fournefort, z2ff. rei herb. pag, 413. Rivin. iv. 74. linnæï, gen. plant. pag. 340. (D. J.) ROBION , (LE) 04 REBRE,, (Géogr, mod.) petite riviere de France dans le Dauphiné, Elle a fa fource près de Montmorin, forme deux branches qui bai- gnent la ville de Montelimart, & qui toutes deux, vont fe jetter fur la rive gauche du Rhône. (D. J) ROBLE , {. m. (Æif. rar. Boran.) arbre qui croit au Chili; le meilleur pour la conftruétion des vai feaux; c’eft une efpece de chêne à écorce de liege, comme l’yeufe; 1 eft dur & fe conferve dans l’eau. ROBORATIF, adj. (Grzmm.) qui fortifie, Voyez CORROBORATIF, o4 CORROBORANS. Ç … ROBORETUM, (Gtogr. ane.) ville d'Efpagne, felôn l'itinéraire d’Antonin, qui la marque fur la route de Bracara à Aflurica , entre Pinetum & Compleutica , à 36 mulles de la premiere de ces places, & à 2 milles de la feconde, On ne connoît point aujourd’hui cette ville, (D. J.) | ROBRE , f. m. (AM, nat. Botan.) efpece de chêne qui croit dans les lieux montagneux. Il eft plus bas que le chêne commun, mais gros & tortu ; fon bois êft dur , fa feuille découpée en ondes aflez profondes, êc couverte d'un duvet mol; fa fleut en chatons & {on fruit plus petit qw’aucun chêne ordinaire. Il a des galles & tous ies autres cara@teres du chêne. ROBUSTE, adj, (Gramm. ) qui eft fort , vigou- reux. On dit une plante robufle, un homme robufie, une fanté robufle. Hobbs ayant remarqué que lhom- me étoit d'autant plus méchant qu'il avoit plus de force & de pañion , & qu'ilavoit moins de raifon, a défini le méchant , per robuflus, un enfant robu ifle ; définition courte , laconique & fublime, . ROC, f. m. grande mafle ou bloc de pierre dure enracinée profondément.en terre. Foyez PIERRE. Ce mot eftformé du mot grec puË, rima , fente, crevaf- fe, êt poë eft formé de prysvuær, je romps; d'où vient Jaxa,rivage pierreux. = 4 [l'y a différentes manieres de rompre & de brifer le roc , avec le bois, la poudre à canon, 6x. Foyez CARRIERE , Bois, &c, | . Nous avons des chemins , des grottes, des laby- rinthes taillés dans le roc. Voyez ROUTE, GROTTE, LABYRINTHE, &c, | ” lun deroc, ou dé roche voyez ALUN. _Cryflal de roche, eft une forte de cryftal qu’on fup- pofe formé par la congélation du fuc pierreux qui 211 degoutte des rocs & des cavernes, Poyer CRYSTAL STALACTITE, Sel de roche , voyez SEï., | ROC D'1564$ , ox BLOC D'issAs , ( Marine.) voyez SEP DE DRISSE. | | , Roc , {.m. (zerme de Plafon. ) ee mot fe dit d’un meuble dont on charge les écus , & qui repréfente un roc Ou la tour du jeu d'échecs , à la referve que là partie d’en haut eftfisurée avec deux crocs en forme de crampons , qui ont leurs pointes tendantes vers le bas. Le pere Menefirier dit que le roc eft de fer morné dune lance de tournois, où recourbé À la maniere des extrémités dés croix ancrées. La mais fon de Roquelaure porte d’azur à trois.rocs d’argent, (ETES | | ROCAILEE , £ f. ( Archit. hydranl. ) compoñition d’architeëture ruftique qui imite lesrochers naturels, & qui fe font de pierres trôuées, de coquillages, & de pétrifications de diverfes couleurs, comme on en voit aux grottes & baflins & fontaines. On appelle rocailleur celui qui travaille aux ro= caslles, | Colonne de rocaille eft une colonne dont le noyau de tuf, de pierre ou de moiïlon , eft revêtüe de pétris fications & de coquillages, Davizer. (D. J. ) ROCGAILLE , f. Ÿ. ( Peinture fur verre. ) elpeces de petits grains de diverfes matières, ronds, verds ou jaunes , qui fervent à mettre le verre en couleur. ROCAILLE , {, f (Werroterie. ) petits grains de ver- roterie qui s’enfilent en forme de chapelets, qui fer- vent au commerce de l'Amérique & des.côtes d'A: frique. On les appelle ordinairement raffade, ROCAMBOLE , f.f.( Bosn. ) efpece d’ail fort cultivé , nommé par Tournefort alu fativum alien rüm , five alioprafum caulis Jummo circumyoluto, I, R, RÉ TEUM ON ON CRE C’eft une bulbe compofée de plufieurs tubercules, garnie à fa partie inférieure d’un grand nombre de filets blanchätres , & enveloppée de deux ou trois peaux femblables à celles de l'oignon, d’un blanc purpurin. Sa tige eft unique, de grofleur du petit doist , haute d'une à deux coudées, Ses feuilles, qui font le plus fouvent au nombre de cmq, de la figure de celles du porreau, enveloppent la tige jufqu’à une certaine hauteur ; elles s’en féparent entuiter, penchent vers la terré, 8 ont une odeur aui tient e miieuentre le porreau & l'ail. La partie tupé- ricure de la tige eftnue, verte, life ; elle fe reple, faitune ou deux fpiralescomme Le ferpent, &c eft ter- minée par une tête ehyeloppée dans une gaine blans chätre & alongée en maniere de corne finilant en bec ; cette gaîne venant à s'ouvrir, laïfle voir de pe- tites bulbes ramaffées enfemble , d’abord purpurines, enftute blanchâtres , parmi lefquelles fe trouvent des fleurs femblables à celles de l'ail. Toute la plante refpire une odeur forte d'ail. On la cultive dans leg jardins.pour l’ufage de la cuifine. (DTA) ET : ROCCA-D'ANFO, ( Géog. mod.) petite ville d’f- tahe, dans l’état de Venife , fur le bord feptentrio= nal du lac Idro, au Breflan. Elle eft munie de quel- ques fortifications, Long. 28. 4. las. 45.48. (D. J.) ROCE, voyez VANGERON. | ROCHAN , voyez MERLE. | ROCHE , f. f. ROC 04 ROCHER , (Gram. ) c'eft une mafle de pierre qui s’éleve au-deflus de la furfa- ce de la terre ou de la mer, vers les côtes & lesîles ; & qui caufe fouvent les naufrages des vaifleaux, où qui les détourne de leur droite route. ROCHES MOLLES, voyez CAYES. : Rocne, ff. (Archiretl,) c’eft la pierre la plus ruf= tique & la moins propre À être taillée. Il y a de ces roches. quitiennent dela nature du caillou, & d’autres quife délitent par écailles. On appelle roche vive la roche qui a fes racines fort profondes , quin’eft point R OC 312 mêlée de terre, 8c qui n’eft point par couche comme dans lescarrieres. (D.J.) . ROCHE, f. m. ( Hydr. ) eftun monceau de cail- loux, de pétrifications, de coquillages de différentes couleurs, élevé & formant un rocher, au haut du- quel eft un jet qui retombe fur ce cailloutage. Ce peut être encore une fontaine rocaïllée ,adoflée con- tre un mur, imitant la caverne d’où fortent des bouillons & nappes d’eau. (X) Rocue A FEU, ( Arrificier. ) les artificiers appel- lent ainfi un mélange de foufre , de falpêtre & de poudre qui eftpropre à beaucoup d'artifices, Voici la maniere de le faire. Prenez du foufre fondu lentement une livre, de falpêtre quatre onces , de poudre quatre onces ; jet- tez le falpêtre dans le foufre en le fondant peu-à-peu & le‘remuant très-bien, & enfuite la poudre de mê- me ; remuez le tout ; & lorfque le mélange commen- cera à fe refroidir , vous y ajouterez trois onces de poudre grenée , & remettrez le tout enfemble. ROCHE , la , ( Géog. mod. ) en latin du moyen âge , rupes Ardenuæ ; Ville des Pays-Bas, au duché de Luxembourg , dans la forêt d’Ardenne , bâtie fur une roche , d’où lui vient {on nom, à 12 lieues au nord-oueft de Luxembourg, avec un château fortifié. Long. 23.25. las, 50. 7. 2°, La Roche eft le nom d’une autre petite ville de Savoie , dans le Faucigni, aflez près de la riviere d’Arve, & fur la Gauche. (2...) ROCHE-BERNARD , LA, ( Géog mod.) bourg êz baronnie de France, en Bretagne , diocète de Nan- tes , {ur la Vilaine, à 4 lieues de fon embouchure, avec un petit port. Ce bourg fut érigé en duché-pai- rie , fous le nom de Coaflin en 1663, &t éteint en 1738. Celui qui poffede la baronnie de la Roche-Ber- nard préfide au corps de la noblefle , quand il fe trouve aux Étafs de la province. Long. 19. 15. Las. 47. 25.(D.J.) ROCHE-CHOUART , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge rupes Cavardi , petite ville de France, aux confins du Limoufn & du Poitou, fur la pente d'üne montagne , à 24 lieues de Poitiers. Il n’y a qu’une paroïfe dans cette ville, qui cependant a titre de duché, & donne fon nom à une des 1lluftres mai- fons du royaume. Long. 18. 29. lat. 45. 49.(D.J.) ROCHÉ-D'ERRIEN , La, ( Géog. mod.) bourg de France, en Bretagne, à 2 lieues au midi de Tré- euier. Il eft fameux parles fieges qwil a foutenus au xiv. fiecle , 8 par la bataille qui fe donna fous fes murs en 1347 , dans laquelle bataille Charles de Blois, qui réclamoit le duché de Bretagne, fut vain- cu &t fait prifonnier, (D. J.) | ROCHEFORT , ( Géog. mod. ) en latin du moyen âce Rupifortium $ mais ce n’étoit qu'un bourg. C’eft aujourd’hui une nouvelle ville de France, au pays d’Aunis, furla Charente, à une lieue & demie de fon embouchure, à3 de Brouage, à 6 au fud-eft de la Rochelle ,8c à 100 au fud-oueft de Paris , avec un port très-commode. Louis XIV. a fait bâtir dans cette ville en 1664 un magnifique arfenal, un hôpital & des cafernes ; il y a fait établir une fonderie de canons ;, une cor- derie 8&c un magafñn pour l'équipement des vaifleaux; c’eftun fiege royal, &c le magañn général des autres ports voifins. L'entrée de la riviere ef défendue par plufieurs forts; ainfñ dans lefpace d'us demi-fre- cle Rocheforr eff devenu un endroit confidérable, fur lequel on a faitun ouvrage imprimé à Paris en 1757, 11-4° .L’arfenal de cette ville eft le premier qui fut élevé par les foins de M. Colbert; mais fa pofition avanta- geufe à bien des égards , ne fauroit cependant dé- dommager de l'air mal-fain qui regne à Rochefort, de la mauvaife qualité des eaux , & des fommes immen- ROC ces qu'a coûté cette entreprife. Lomgir, 16. 42, latir, 40, 3. : ho dans la Beauce , diocèfe de Chartres ; Rochefort dans le Forez, éleétion de Rouanne, & Roch:fort dans l'Auvergne , diocèfe de Clermont, font trois bourgs , que Piganiol de la Force qualifie du nom de petites villes. (D. J.) ROCHEFORT ez Ardenne, (Géog. mod.) ville des Pays-Bas , dans le Condros, aux confins du duché de Bouillon, & de l'évêché de Liece , dont elle dé- pend pour le fpirituel. Elle eff fituée à 2 lieues de S. Hubert, à 6 lieues au fud-eft de Dinant, &c à 18 au nord oueft de Luxembourg, Elle eft environnée de rochers, & a un vieux château rétabli par le comte de Louvenftein. Ce lieu eft une ancienne feipneurie érigée en comté par l’empereur Ferdinand IL Lozp. 22. 48. lat. 50. 10. (D. J.) ROCHE-FOUCAUD , LA, ( Géog.mod.) petite | ville de France , dans l’Angoumois, fur la Tardoue- re, à 6 lieues au nord-oueft d'Angoulême, avec titre de duché-pairie , érigée en 1622, & dont quatre baronnies dépendent. Il y a dans cette petite vilie une éelifecollégiale, &un couvent de carmes, Long. 18.3. lat. 45. 43. MM. de Daillon ( Benjamin & Jacques ), 1flus de l’ancienne famille des comtes du Lude , naquirent tous les deux dans la petite ville de la Roche-foucaud, & le premier futminiftre d’une éghife calvinifte qui y étoit alors ; mais après la révocation de lédit de Nantes , il pafla , de même que fon frere, en Angle- terre, où1ls moururent l’un & l’autre dans un âge fort avancé. M. Benjamin de Daillon étoit un hom- me de favoir & de mérite. Il avoit un fentiment par- ticulier touchant les diables, foutenant qu’il n’y en avoit qu’un feul, & que l’Ecriture ne parle jamais du diable , que comme d’un être unique. Il prétendoit ‘en conféquence que les efprits impurs que Jefus- Chrift chafloit, étoient des maladies , & que l'Ecri- ture leur donne le nom d’e/prits ou de démons , pour s’'accommoder au langage de ce tems-là , ces mala- dies étant déifiées , ou regardées comme des démons ou des divinités parmi les payens. M. Jacques de Daïllon adopta le même fentiment e fon frere ; & voulant le défendre par écrit , il publia en 1723 , un ouvrage 57-89. en anglois , inti- tulé AaipovoAoyiæ OT a treatife s Éc. c’eft-à-dire ; De monologie, ou traité des efprirs, dans lequel on expl- que plufieurs paflages de PEcriture contre les erreurs vulgaires touchant les forciers , les apparitions , 6e. avec un appendice contre la pofhbilité de la magie, de la forcellerie & du fortilege. (D. J ) ROCHE-GUYON , £A, ( Géog. mod, ) boure de France, dans l'ile de France, fur la Seine , à 3 lieues au-deffous de Mante , & au-deflus de Vernon. Il ya château ; paroïfle, foire & marché. (D. J.) ROCHELLE, LA ,( Géog. mod.) ville maritime de France, capitale du pays d’Aunis , fur l'Océan, à 34 lieues au nord de Bordeaux, & à r00 aufud-oueft de Paris. Lorguude, fuivant Caffimi , 16: 28. 30. lat. 46. 10. 15. Cette ville a été nommée par les anciens Porrus Jantonum | parce qu’elle étoit autrefois dépendante de la province de Saintonge, & le meilleur port qu'il y eût dans ces quartiers-là fur l'Océan. Depuis on la nommée Rupella, & Rochella pour Rocelle, noms qui fignifioient ur petit roë, & qu'on luïa don- né, foit àcaufe du fonds pierreux fur lequel elle eft bâtie, foit à caufe qu'orginairement elle n’étoit qu’un château avec quelques maifons habitées par des gens de mér. | Ce château appartenoit en premier lieu aux fer- gneurs de Mauléon en Poitou. Guillaume , dernier comte de Poitiers, l’ufurpa fur Les feigneurs de Mau- léon : il en fit une petite ville, & lui donna des pri- ; vileges. vileges. Cette ville s’accrut 4vec le tems, & fe forma en une efpece de république, ayantappartenu au roi Angleterre depuis le mariage d'Eléonore de Guyen- ne avec HenriIl. Ses privileges furent confirmés pat Louis VIIL fils de Philippe - Augufte , lorfquil s’en rendit maîtreten 1224. - ML | La Rochelle étoit déja dans ce tems-là un port de mer très-floriflant par fon commerce, comme il pa- roît par ces vers d’un auteur ancien, Nicol, de Brata, de gef. Ludoy. VIII. | Dechixi lirrore Ponti Nobilis, & fé toto celeberrima mundo Diviriifque potens prifcis, 6 gente fuperbé Eff Rupella. … La Rochelle fut cédée aux Anglois par le traité de Brétigni, Pan 1360, 8 douze ans après elle fe donna au ro1 de France Charles V. à condition qu’elle con- {erveroit tous fes privileges , & qu’en outre elle au- toit droit de battre en fon propre nom de la monnoie d'argent; que les échevins feroient réputés nobles ; que le maire refteroit gouverneur de la ville ; & qu’- enfin fa charge feule ennobliroit fa famille. Le Calvinifme s’y introduifit en 1557, &c le prince de Condé eut, pour ainfi dire, la gloire d'y regner. Le brave la Noue la défenditen 1574 contre Henri, duc d'Anjou , frere de Charles IX, & obligea ce prin- ce d'en lever le fiege. Les Proteftans y tinrent depuis la plüpart de leurs fyrodes , & fon commerce flo- riflant tous les jours davantage , la rendit puiflante juiqu'au tems du cardinal de Richelieu , qui réfolut de foumettre cette ville à l'autorité royale, de cafler fes privileges , & d'y détruire le Calvinifme. | _ Ï engagea Louis XIIT. à cette expédition. Ce prin- ce , pour commencer à brider les Rochelois , fit conftruire le fort Lows. Enfuite il afiégea la ville en 1627, 6t s'en rendit le maïtre l’année fuvante, après treize mois d’un fiège des plus mémorables , pendant lequel les habitans fouffrirent avec courage une des plus horribles famines dont l’hiftoire fafle mention. De quinze mille perfonnes qui fe trouvoient dans cette ville, quatre mille feulement furvécurent à cet af- freux défaftre. Etrange pouvoir de lefprit dé reli- sion fur les hommes | Enfin , la réduction de cette ville fut dûeàl’inven- | tion d’une digue de 747 toiles dont Clément Mete- zeau de Dreux fut l'inventeur , & que le cardinal de Richelieu fitexécuter, pour empêcher les Anglois de fecourit la place. Il eft étonnant combien de millions le clergé fournit pour la prife de cette ville, & avec quelle joie il en faifoit les avances, : Louis XII. étant entré dans la Rochelle le jour de la Foufaint 1628 , priva les Rochelois de tous leurs privileges, fit abattre leursbellesfortifications, nom- ma de nouveaux magifirats, & un plus grand nom- bre de prêtres catholiques. Louis XIV. fortifia cette ville de nouveaux ou- ‘vrages , qu'imagina & qu'exécuta le maréchal de Vauban. 11 fit la Roche/e chef d’une généralité, & y établit un intendant diftingué de celui de Rochefort, quia la marine. {l y a aufh créé un bureau des finan- ces , une chambre du domaine, un préfidial, une élection , &:y alaifé fubffter l'hôtel des monnoies. Les Jéfuites yobtinrent un college, & enfuite la direétion d'umféminaire lan 1694 ; le fiege épifcopal de Marllezais fut transféré dans cette ville en 1640 ; ëc pour former le diocèfe on y a joint le pays d’Au- mis &c l’ile de Ré, que l’on a démembrés del’évêché de Saintes. | , | Les rues de la Rochelle font en général affez drois tes , &t la plüpart des maifons foutenues par des ar- cacdes. La ville eft percée de cinq portes. Son port qui peut avoir quinze cens pas de circuit, &c qui eft de forme prefque ronde, eft un des plus commodes de _ Tome XIF, ROC an l'Océan, Deux grofles tours le défendent. Là mer ÿ a reflux de plus de quatre toifes. Tous les vaiffeaux excepté ceux de haut-bord y entrent, | Mais ceux qui defreront de plus srands détails dé lhiftoite de cette ville, peuvent lireun petit livre de M, Gaïland { Azgufle), fur la naïffance, l’ancien état , & l’accroiffement de la Rochelle. _J’ajouterai feulement que fon principal comimercé aétuel eft-celui des iles de l'Amérique. Ses manufac: tures confiftent en rafinerie du fucre desiles. Les Sué dois, les Danois, les Hambourgeois, les Anglois & les Hollandois y envoïent chaque année plufeuré vaifleaux pour y charger dés vins , des eaux-de-vie; du fel, & quelques autres marchandifes. On a auffi érigé dans cette ville en 1734 une académie de bel: les-lettres. | ea nt Imbert (Jeaz ), jurifconfulte du xvj. fiecle, né à la Rochelle, s’eft fait connoître avec eftime par deux ouvrâges de droit: 1°. Enchiridion juris feripti Gal: lie , que Theveneau a traduit en françois: 2°, Zfl= tutiones forenfes, où Pratique du barreau , en latin & en François. tr td François Tallemant aîné, abbé du Val-Chrétien ; étoit né dans cette ville. Il fut aumônier du roi pen: dant vingt-quatre ans, &c enfuite premier aumônier de madame. Sachant très-bien la langueitalienne ; 14 traduit avec fuccès l’hiftoire de Verñfe du proeura= teur Nani; mais il ne confulta pas aflez {és forces en mettant au Jour la traduétion des vies de Plutarque ; cette traduétion fut promptement méprilée de tousles connoïffeurs. Il mouruten 1693 , âgé de73 ans: On l’appelloit Tallemant l'aîné pour le diftinguer de Paul T'allemant fon coufin,, fon compatriote &c ec: cléfiaftique comme lui. Ils furent tous deux de l’aca= démie Françoife, mais Paul étoit encore de l’acadés mue dés Infcriptions. Il mourut en 1712 à 7o ans. | Colomies (Paul) , en latin Paulus Colomefius , fa= ant écrivain proteftant, naquit à la Rochelle dans lé dernier fiecle; mais il fe retira en Angleterre avant d’efluyer les rudes coups de la tempête, qui a en- glouti l’édit de Nantes. Il témoigna bientôt , étant à Londres ; la préférence qu'il donnoit à la commu-= nion épifcopale fur le presbytérianifme, comme il paroît par {on livre intitulé Theo/ogorum presbyreriaz zorum Îcon. 11 n’a pas ceflé depuis de travailler fur différens fujets. left mortà Londres en 1692, j'igno= re à quel âge. | HS Tous fes ouvrages font utiles &x agréables aux cu= rieux de Fhifoire, parce qu'ils y trouvent beaucoup: _de chofes à apprendre ; aufli font-ils plus recherchés dans les pays étrangers quedansceroyaume.Lesprin= cipaux {ont 1°, Gallia orientalis,, qui a té téimpri= mée à Hambourg en 1709, avec d’autres opufcules de l’auteur, qui avoient paru à Paris en 1668 : 2°: Tralia & Hifpania orientalis : 3° Obfervationes facre : 4°. Mélanges hifloriques = $° Bibliotheque choifée | dont la meilleure édition a été faite à Parisen 1731, avec des notés de M. de la Monnoie. Le pere Niceron vous indiquera les autres ouvrages de M: Colomiés, dans fes mémoires des hommes illuftres , some VII, p. 1964 Bayle a fait auf l’article de ce favant. ( Le Chevalier DE JAUCOURT. NEA ROCHE-POSAY, ( Géog. mod.) petite ville dé France, dans la Touraine , fur la Creufe , un peu at deflous de l’endroit où elle recoitla Gartempe, Longs 16. 304 1at. 46. 44. (D. J.) ; ROCHER , f.m. {Gram.) c’eft là même chofe que roc & roche. Voye ROC. es RocHer, Rocxe, Roc,(Syz0n. Géog.) ces trois noms , défignent également.en Géographie une ; où de grofles mafles de pierres dures quife trouvent dans les montagnes ou dans la mer, & qui font coupées en précipices. Ce que nous appellons ün rocher, uné roche où #4 roc ; eft nommé par les Haies pee pax FT Aus pe 314 ROC les Italiens, rocca, rupes ou pietra ; par les Efpagnols, roca ou pefa ; en allemand, fé/s, & en anglois & rock, On a bâti quelquefois des tours &c des forts fur ces fortes de rochers, & plufieurs villes même en ont pris leurs noms , comme Rochefort, la Rochelle & autres. Elles font appellées roques dans le Langue- doc , aufi-bien que dans les autres pays voïfins. La Paleftine étant un pays de montagne , avoit beaucoup de rochers , & ces rochers fafoient une par- tie de la force du pays, parce qu’on s’y retiroit dans les allarmes , & qu’on y trouvoit un azyle contre les irruptions fubites des ennemis. Auffi l’Écriture parle- t-elle fi fouvent de rochers ; par exemple, des rochers d’Arnon, des rochers d'Oreb , du rocher d'Odolam, du rocher d'Etham , &c, De-là vient auffi ces expref- fions fi communes dans l'Ecriture ; foyez mon rocher, Pfeaume 31. Le Seigneur eft mon rocher ; où eft le rocher autre que le Seigneur , Pfeaume 18. verf. 3.32. Éc. Les rochers qui fe trouvent dans la mer, 8 contre lefquels les vaifleaux font fujets à fe brifer quand ils en approchent, fe nomment rifans. Il y en a qui font _ toujours couverts de la mer, & cachés fous l’eau, d’autres qui ne font jamais couverts de la mer, & d'autres que la bafle-mer découvre. On dit qu’une roche eft faine, lorfqu’il n’y a point de danger autour d'elle, & que tout ce qu'il y a de dangereux eft ce qui paroît. La chaîne des rochers qui font fous l’eau , s’appelle reffif par les Américains, & on appelle hanche un fonds de roches tendres & unies quife trouvent en certains lieux au fond de la mer. Il y a de certains rochers qui fe trouvent vers les îles des Acores, & ailleurs; ils font cachés fous l’eau, & on les nomme vigies. Les rochers font repréfentés dans les cartes généra- les par des petites croix ; mais dans les cartes parti- culieres , les rochers découverts y font figurés par des pointes de rochers , & ceux qui font cachés fous l’eau , font repréfentés par de petites croix. (2.7) | ROCHERS de Sciron, (Géog. anc.) Scironides petræ; rochers célebres , qui étoient dans l’enceinte de la Mégaride en Acaie. Strabon leur donne fix milles d’étendue. Ils étoient devenus infames par les cruau- tés de Sciron , dont ils prirent le nom. Cet homme barbare réduifoit ceux qui arrivoient, ou qui étoient jettés {ur ces côtes, au honteux miniftere de lui la- ver les piés , de le chauffer, & enfuite abufant de leur fituation , 1l les précipitoit d’un coup de pié dans la mer. Un monfître que Paufanias croit être une tortue de mer, accoutumée à fa proie, cantonnée dans quelque creux voifin , rendoit inutiles les efforts que ces malheureux faifoient pour fe fauver à la nage, & les entraïînoit dans fon repaire , où 1l les égorgeoït, s’ils n’étoient pas brifés par les pointes des rochers, fur lefquels ils rouloïient en tombant dans la mer. Théfée punit Sciron du même genre de mort, & pur- gea le monde de ce fcélérat , que Jupiter Hofpitalier avoit laiffé trop longtems impuni. C’eft de ces ro- chers que Stace nous parle, Theb. 1. I, Tnfames Scirone Petras, féyllataque rara Purpureo regnata fenr, Voyez SCIRONIDES petre, Géogr. anc.( D. J.) ROCHER, /e,(Conchyliol,)coquille autrement nom- mée murex, voyez ce mot; c’eft aflez de {e rappeller ici, que c’eftune coquille univalve, garnie de poin- tes & de tubercules avec un fommet chargé de pi-. quans ; il eft quelquefois élevé, quelquefois applati. Sa bouche eft toujours alongée, dentée, édentée ; la levre eft ailée, garnie de doists, repliée, déchirée ; le fût eft ridé, & quelquefois uni. (D. J.) ROCHER , ex Anatomie ; nom d’une apophyfe des 08 des tempes, appellée auffi apopkyfè pierreufe , à LL ROC caufe quelle eft d’une fubftance extrémement com: patte. Voyez TEMPORAUX. Le Rocuer d'eau ,{. m. (Archir. hydraul.) efpece de fontaine adoffée ouifolée, & cavée en maniere d’an- tres, d’où fortent par plufieurs endroits des bouilions & napes d’eau. Telle eft la fontaine de la place Na- vonne à Rome. C’eftun rocher fait detevertin, percé à jour en fes quatre faces, portant à fes encoïgnures quatre figures de marbre avec leurs attributs , qui repréfentent les quatre plus grands fleuves de la ter- re , & {ur lequel eft élevé un obélifque antique de granit tiré du cirque de Caracalla. Cet ouvrage mer- veilleux a été fait parle cavalier Betmin, fous le pape Innocent X. je On appelle aufli rocher d’eau , une efpece d’écueil maffif, d’où fort de Peau par différens endroits. Il y a un de ces rochers à la vigne d’'Efte , à Tivoli, près’ de Rome. Daviler. ( D. J.) ROcnERS dans les bois {ont de groffes touffes un peu baffes & rampantes, qui fe trouvent entre les arbres de haute futaie. RocHER de grenailles, ( à la Monnoie.) eft la mafle de métal, qui dans l’état de bain ou fufon , eft ver- fée dans un baquet d’eau froide , qui fe précipitant, s'amañle au fond en forme de grenaille. L'objet de cette manutention eft de purifier le métal. ROCHER, terme de Brafferie ; il fe dit du levain, lorfqu’il commence à former des boutons de mouffe qui s'accumulent, s’'amaflerit, &r forment des houppes de moufle. ROCHER , er serme d'Orfevre en grofferie ; c’eft en- vironner les parties qu’on veut fouder de poudre de borax , qui fert de fondant à la foudure. ROCHERAYE oz PIGEON DE ROCHE , (Wifloire nat. Ornichol.) columba rupicola, Willugbi. Oifeau qui eft à-peu-près de la groffeur du bifet ; 1l a un pié de longueur depuis la pointe du bec jufqwà l’extré- mité de la queue , & feulement dix pouces jufqw’au bout des ongles ; la longueur du bec eft de onze li- gnes depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche ; les ailes étant pliées , s'étendent prefque jufqwau bout de la queue, La tête &z la face inférieure du cou font d’un cendré foncé ; la face fupérieure du cou, la partie antérieure du dos & les petites plu- mes des aîles qui fe trouvent près du corps ont une couleur cendrée brune : les autres petites plumes de Paîle, la partie poftérieure du dos & le croupion, font d’un cendré clair. Il y a fur la partie fupérieure du cou une teinte de ces couleurs brillantes qu’ont la plüpart des pigeons. La poitrine eft d’une légere cou- leur vineufe; le ventre , les côtés du corps, les jam- bes &c les plumes du deflous de là queue font d’un cendré clair. Les grandes plumes de Païle, & celles du fecond rang , qui font les plus près du corps, ont une couleur brune , les autres font cendrées à leur origine & noirâtres vers la pointe : 1l y a de plus fur chaque aîle deux taches d’un brun noïrâtre. Toutes les plumes de la queue font cendrées à leur origine, & noirâtres vers leur extrémité. Le bec eft gris, les piés font rouges &c les ongles noires. Le rocheraye eft un oifeau de pañlage. Brion, Orrut. 1ome I. Voyez OISEAU. ROCHERAYE BLANC , columba alba faxatilis. Ont regarde cet oïfeau comme une variété du rocheraye. Foyer; ROCHERAYE ; il n’en differe qu’en ce qu'il eft entierement blanc, à exception de latête , du crou- pion & de la queue , qui font d’un beau roux. Orzzr de M. Briflon, rom. I. voyez OISEAU. ROCHERAYE de la Jamaique, PIGEON à la couron- ne blanche , colomba capite albo, Klein. Cet oïfeau eft à-peu-près de la groffeur du pigeon domeitique ; ila un pié un pouce de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue, &z feulement dix pou- ces fix lignes jufqu’au bout des ongles ; la longueur ROC — du bec eft d'un pouce, & celle de la queue de cinq pouces ; les aîles étant phées s'éténdent jufqw’aux deux tiers de la longueur de la queue: Le deflüs de la tête eft blanc, & plus bas il y atune belle couleur Pourprée changeante. Le cou eft d’un verd chan- por qui paroït à certains afpeéts bleu ou de cou- leur de cuivre bronzé. ‘Tout le refte du cofps; fa- VO, le dos., le croupionsies petites plumes.des at- les, celles du deflus &c du deffous de la queué, la poitrine , le ventre, les côtés du corps &c les jambes {ont d’un brun tirant fur ungris bleuâtre, les grandes © les moyennes plumes des aïles ont une couleur brune. Les yeux font entourés.d’une peau blanche, Le bec eft rouge à fa bafe, 80 blancwers l'extrémité. Les piés font rouges & les ongles gris. On trouve cet oïfeau dans toutes les îles de Pahama ,; à la Ja- maique & à $. Domingue, Briffon, Orir: 2, LV oYet OISEAU. Er qu Do ROCHESTER , (Géog. mod.) ville d'Angleterre, dans la province de Kent, fur le Medway., qu'on y pale fur un des beaux ponts d'Angleterre, à 27m : Les au fud-eft de Londres. Elle. eft:fort ancienne A titre de comté, & un évêché d’un revenu fort modi- que. org. fuivant Cafini, 16 19. ar Griao! & fuivant Stro@. Long, 17, 56: latit-51: 261 (D: 7°" _ ROCHE-SUR-YON, (Géog. mod.) bourg dé Fran: ce, dans le Poitou , fur la petite riviere d'Yon!, à 6 lieues au nord-oueft de Luçon, avec titre de princi- pauté, qui appartient à la maifon de Conti: Long. n6, 10. lat. 46, 35. (D.1J.)- tnt ges .… ROCHEIZ,, (Géog. 1204, ) ville d'Allemagne, dans la Saxe, au cercle de Léipfick, fur la Muldaw, qu’on . ÿ pañle fur un pont; elle eft munie d’un:château HE c . a des mines de cuivre dans fon vorfinage. C’eft une ville ancienne; car elle a déja êté brûlée autrefois dû tèms de empereur Henri IL & elle avoit alors pour feigneurs des comtes qui en portoient le nom. Jean Fréderic, éleéteur de Saxe, l'enleya » En 1ÿ47,au duc Albert, matgrave de Brandebourg , mais le‘duc Maurice la reprit fur l’életeur » êt elle eft reftée à {a poitérité. (D. Ji). ROCKENHAUSEN, (Géog. mod. petite ville d'Allemagne, dans le bas-Palatinat: Élle eft fituée entre les chôteaux de Reipolzkcirch & de Fralckenf. tein. (D. J.) ROCKIZAU, (Géog. mod.) ville royale de Bohè: me, à trois milles au levant de Pilfen ; fur les con: fins du cercle de Podebroc. Le fameux Zifcka la prit, &t la brüla en x42r. (D. 37. ROCHART , voyez LAMANTIN,. … ROCHET, £ m. (Gram. Hip. mod.) ofnement de lin que portent les évêques & les abbés ; il reflem- ble à un furplis, excepté qu'il a des manches & des poignets, au lieu que le furplis eft entierement ou- 4 vert & fans manches. … Ménage fait venir ce mot du mot latin rochermns ; diminutif de rocckus, dont les écrivains de la bafle launité fe font {ervis au lieu de snica ; © qui vient Originairement du mot allemand rok. Les chanoines réouliers de S. Atguftin portent au des rochers par-deffous leurs cha ppes. Rochets font auf des efpeces de manteaux que portent en Angleterre les pairs du royaume féans àu parlement dans les jours de cérémonies. Poyez PAIR & PARLEMENT. | Ceux des vicomtes ont deux bandes où bords & demi; ceux des comtes, trois; ceux des Marquis , trois & demi , & ceux des dues > Quatre. ZLarrey. ROCHET , fm. (Manufaë.) on appelle ainfi chez les marchands de foie. chez les manufacturiers & OuVrIEfS en étoffes d’or , d'argent & de foie y & chez les feinturiers en foie , laine & fl , des bobinesiplus grofies & plus courtes que les C’eft {ur ces rochers Tome XIF, bobines ordinaires: que tous çes marchands & ou: 315 vriers devidentlenrs foies ou pour les vendie, où pour les emploÿer, où pour leur donher quelque préparation de teinture. Di. de Commerce, (D. 3.) RocHET, ( Æoroperie, ) nom que les Horlogers donnent à une roue dont les dents ont une figuré à» -peu-près femblable à celle d’une cremaillere da che minée. Ces fortes de rônes font ordinairement dus fage dans les encliquetaoes & danses échappemens des pendules.) Voyez ÉCHAPPEMENT, EnxcriQue- TAGE, &c à les fo, dans nos Planches de Z’Horloge- rie, qui repréfentent des rochers d'échappement , & d'autres figures qui repréfentent des ‘rochces d’encli: uétages L | | À ROCHOIR , f.m.(Orfevr.) inftrument à Pufagé de prefque tous les ouvriers qui employent les métaux, C’eft une petite boîte de cuivre ronde , & élevée à= -peu-près comme la moitié d’un étui rond 3 il y a un couvercle, &au-bas un trou auquel ef adapté un tuyau fur lequel 'eft une-petite bande de inétal crez née, Dans le corps de la boîte eft renfermé 1 borax LL is -pulvérifé, & on fait tomber cette poudre fur les par: ties que l’on veut rocher où faupoudrer de borax, en faifant pafler {on ongle lelons des crans de la pez tite bande crenée , & en dirigeant le tuyau fur les places où l'on a befoin ‘de borax: ROCKET,, f m. (Aifé. d'Angleterre. \ on appelle rockers en anglois Les mantelets que portent aux 1ours de cérémonie les pairs féans au parlement. Ceux des vicomtes ont deux bordures & lemi, ceux des com- tes trois , ceux des marquis trois & demi, & ceux des ducs quatre. Ce mot vient peut-être de rocckus , qui et employé pour surica chez les écrivains latins du moyen âse, ou, filon veut, de rock, mot teutonie que qui fignifioit une roke , une trrique, (D.J.) ROCOU 07 ROCOURT, £ m. ( Botan.) ‘arbre exotique cultivé dans toutes les îles de l'Amérique; IL eft nommé or/eana Jen orellana foliculis lapaceis , par Herman ; Car. Hors. Lusd. Bar. 464. Pluk. Almag: 292. Phytog. 200. f. 4. Orleana feu orellana five urucu, Parad, Prod. 357. urucu ; Pifon , éd. 1648, 63, éd. 1658 ,,133. Cat. Jam. 150. Bifé. 2. $2. urucu Braf- . Jienfibus; Marcor. Gr. Kaïabaka, duburi. Ger. Emac. 1354. Archiotl, feu medicina tngendo apta , Hern.74, Arbor mexicana, fruëfu caflanee., cocciferz , C.B. Pin, 419. Rau, Hif.2.1771, Jonf. Deudr. 119. Bixa ovie- di, J,B. 1. 440. metella Americana maxima tinttoria 5 Tourn. nf. 242. Boerh. Jrd. 4, 208. arbor finium regundoruim ;| Scalig, Arnotio. Dale. Cet arbre eft de moyenne grandeur ; il pouffe de fon pie plufeurs tiges droites, rameufes , couver- tes d’une écorce mince, ume, pliante , flexible, An L] brune en-dehots, blanche en-dedans ; fon bois eft blanc , facile à rompre ; fes feuilles font placées alter: nativement , grandes , larges, pointues, lies, d’un beau verd, ayant en-deflous plufieurs nervures rouf- fâtres ; fes feuilles font attachées à des queues lon- gues de deux ou trois doigts. | Ses rameaux pottent deux fois l'année en leurs fommités des bouquets compofés de plufieuts peti= tes têtes ou boutons de couleur brune rouflâtre ; ces boutons s’épanouiflent en des fleurs à cinq pétales, difpofées en rofe, grandes , belles, d’un rouve pâle, tirant fur lincarnat , fans odeur & fans goût : cette fleur eft foutenue par un calice à cinq feuilles, qui tombent à mefure que la fleur s’épanouit : au milieu de_cette fleur il y a une efpéce de houpe compofée : | Rr f 216 R O C “un grand nombre d'étamines ou filets jaunes dans leur bale, & d’un ronge purpurin dans leur partie fu- périeure ; chacune de ces éfamines eff terminée par an petitcorps oblong , blanchâtre , fiilonné & rem- pli d’une pouflere blanche: le centre de la houpe eit occupé par un petit embryon qui eft attaché tor- tement à un pédicule fait.en foucoupe , &échancré léperement en cinq parties ; ce pédicule fert de fe- eond calice, à la fleur à la place du premier qui eft tombé : cet embryon eft couvert de poils fins , jau- mâtres , &c furmonté d’une maniere de petite trompe fendue en deux levres en fa partie fupérieure. L’embryon en croiflant devient une goufle ou un fruit oblong ou ovale pointu à fon extrémité, applati fur les côtés, ayant à-peu-près la figure d’un miro- bolan , long d’un doigt & demi ou de deux doïots, de couleurtannée, compofé de deux gouiles, hérif- fées de pointes d’un rouge foncé , moins piquantes que celles de la châtaigne, de la groffeur d’une groffe amande verte. Ce fruit enmüriflant devient rougeâtre , &il s’ou- vre à la pointe en deux parties qui renferment en- iron foixante grains ou femences partagées en deux rangs ; ces grains font de la orofleur d’un petit grain de raïfin , de figure pyramidale, attachés & rangés les uns contre les autres par de petites queues à une pellicule mince., difle &c luiffante, qui eft étendue dans toute la cavité de chacune de’ces gouffes ; ces mêmes grains font couverts d’une matiere humide, très-adhérante aux doigts lorfqu’on y touche avec le plus de précaution, d'un beau rouge, d’une odeur aflez forte ; la femence iéparée de cette matiere rouge eft dure , de couleur blanchâtre , tirant fur celle de la corne. Cet arbre croît en abondance dans la nouvelle Efpagne &c dans le Bréfil. | Les fauvages de l'Amérique le cultivent même avec grand foin, à caufe des utilités qu'ils en reti- rent. [1 fert à orner leur jardin, &c le devant de leurs cafes ou habitations. Ils emploient fon écorce pour faire des cordages ; ils mettent de fes feuilles tendres dans leurs faufies, pour leur donner du goût & leur communiquer une couleur de fafran. Ils tirent une couleur rouge des graines qu'ils délayent dans l'huile de carapa, &t s’en peignent le corps ou le vifage, {ur-tout dans les jours de réjouiffance. Les Européens qu habitent le Bréfil &c les îles Antilles font par art de la même graine une pâte qui eft d’ufage en teinture, &t qu’on nomme pareïllement rocou. Voyez ROCOU , Teimsure, (D. J.) Rocou , o4 RoucOU ox RocourT , ( Teine. ) pâte feche ou extrait qu’on a tiré, {oit par infuñon, foit par macération des graines contenues dans la goufle de larbre , nommé pareifiement rocou, & qu'on a décrit dans larticle qui précede. La pâte fe- che dont nous parlons vient d'Amérique, & eft une des couleurs que fournit le petit teint. On connoït que la goufle qui donne la graine eft mûre lorfqu’elle s'ouvre d’elle- même fur l'arbre ; alors on la cueïlle, & l’on en prépare la pâte ou l’ex- trait en pilant les grains des gouffes avec tout ce qui les environne ; on les fait difloudre dans l’eau , &c on coule cette liqueur par un crible ; enfuite on la verfe dans des chaudieres , on la fait bouillir ; elle jette une écume qu’on recueille foigneufement , & qu'on met dans une autre chaudiere pour y être ré- duite fur le feu en confiftance & en pâte, donton fait des pains tels que nous les recevons en Europe. Mais il eft à propos d'indiquer en détail toute cette opération ; je l’emprunterai du P. abat qui nous l’a donnée fort exaËtement dans fon voyage d’Amé- rique. Mais il eft à propos d'indiquer la maniere dont on cultive & dont on fait le rocoz aux îles Antilles françoifes. Je tirerai cette maniere des voyages du P, Labat , imprimée en 1722, ROC Le rocou , dit-1l, peut fe planter depuis le mois de Janvier jufqu’à la fin de Mai ; mais foit que le plan tage s’en fafle tard ou de bonne heure , arbre n’en produit pas plutôt. Il fe plante à la maniere des pois : ou du mil , c'efl-ä-dire qu'après avoir bien nettoyé la terre , on y fait de petits trous avec la houe, dans lefquelles on jette deux ou trois graines au plus. La diflance ordinaire qui fufät pour chaque plan eft de quatre piés en quarré : à l'égard dela culture, elle fe faitcommeaux autres arbres, à l’excéption que quand 1l s’éleve trop haut, on le châtre pour l’épaifhr & pour l’entretenir en buiflon. La récolte du rocou fe fait deux fois l'année, f- voir à la S. Jean & à Noël. On le diflingue comme en deux efpeces ; lun qu'on nomme rocox verd, & l’autre rocou fec, Le premier eftle rocox qu’on cueillé auffi-tôt que quelque coffe d’une grappe commence à fécher & à s'ouvrir ; le fecond eft celui où dans chaque grappe il fe trouve plus de cofles feches que de vertes, Ce dernier peut fe garder fix mois ; l’au- tre ne peut guere durer que quinze jours ; mais il rend un tiers plus que Le rocou fec , & le rocou qu'il produit eft plus beau. | | Le rocou {ec s’écale en le battant , après lavoir expofé au foleil 8c Pavoir remué quelque tems : A l’é- gard du rocou verd,, ilne faut pour lécaler que rom- | pre la cofle du côté de la queue, & le tirer en-bas avec la peau qui environne les graines, fans s’embar- rafler de cette peau. | | Apres que les graines font écalées , on les me? facceffiyement dans divers canots de bois £üts tout d'une piece, qui ont différens noms y lüivant leurs différens ufages. Le premier canot s’appelle 2x0 de srémpe ; le fe- cond, canot de pile ; le troïifieme , canot à refluer ; le quatrieme., canot à l'eau ; &t enfin le cinquieme , ca not a laver. Îl y en a aufli un fixieme qu’on appelle canot-de garde , mais qui n’eft pas toujours nécellaire ; un autre qui fe nomme canot de pafle, & uh huitieme qu'on nomme canos aux écumes. La graine fe met d’abord à fec dans le canot de trempe , où on la concafle légerement avecun pilons aprés quoi on remplit le canot d’eau bien claire & bien vive, à huit ou dix pouces près du bord, Il faut cinq barrils d’eau fur trois barrils de graine. Le tems qu'elle doit refter dans le canot de trempe eft ordi nairement de huit à dix jours, pendant lefquels on a foin de remuer deux fois par jour avec un rabot , un demi-quart d’heure environ à chaque fois ; on appelle Premiere eau celle qui refte dans le canot de trempe, après qu’on en a tiré la graine avec des paniers. Du canot de trempe, la graine pañfe dans le canot de pile , où elle eft pilée à force de bras avec de forts pilons pendant un quart-d’heure ou davantage, en- {orte que toute la graine s’en fente. Ilfaut que le ca- not de pile ait au-moins quatre pouces d’épaifleur par le fonds pour mieux foutenir les coups de pilons, On met de nouvelle eau fur la graine lotfqw’elle eff pilée, qui doit y demeurer une ou deux heures, après quoi on la pafle au panier eri la frottant avec les mains , enfuite on la repile encore pour y remet- tre l’eau. L'eau qui refte de ces deux façons fe nom- me la Jeconde eau, & fe garde comme la premiere. Après cette façon, on met la graine dans le canot, qu'on appelle canor 4 reffuer, où elle doit refter juf- qu'à ce qu’elle commence à moifir, c’eft à-dire près de huit jours. Pour qu’elle fe reffue mieux, on len- veloppe de feuilles de balifier. Après qu’elle a reflué, on la pile de nouveau, & on la laïfle tremper fucceffivement dans deux eaux, qui s'appellent Les troiffemes eaux. Quelques-uns t4- chent d’en tirer une quatrieme eau ; mais cette der- nicre eau n’a plus de force, &c peut tout-au-plus fer vir à tremper d’autres graines, Quand toutés les eaux font tirées, on les pañle fé. parément avecun hébichet, en mêlant un tiers de la premiere avec la feconde , & deux tiers avec là troi. fieme. Le canot où fe paflent les eaux s'appelle cer de pafe ; 8t on appelle caxot à laver un canot plein d'eau , où ceux qui touchent les graines fe lavent les mains, & lavent auf les paniers, les hébichets, les pilons , & autres inftrumens qui fervent à faire le rocou. L’eau de ce canot, qui prend toujours quel- que impreflion de couleur , eft bonne à tremper les graines, L'eau pañlee deux fois à l’hébichet fe met dans une ou plufeurs chaudieres de fer, fuvant la quantité qu’on ena ; & en l’y mettant , elle fe paffe encore à- travers d’une toile claire &c fouveat lavée. Quand Peau commence à écumer, ce qui arrivé prefque auffi-tôt qu’elle fent la chaleur du feu, on enleve lécume qu'on met dans le canot aux écumes, ce qu'on réttere jufqu’à. ce qu’elle n’écume plus : elle écume trop vite, on diminue le feu. L'eau qui refte dans les chaudieres, quand l’écume en eftlevée, n'eft plus propre qu’à tremper les graines. On appelle Barrerie une féconde chaudiere , dans liquelle on fait cuire les écumes pour Les réduire en confiftance , & en faire la drogue qu’on nomme ro- cou. [ faut obferver de diminuer le feu à mefure que les écumes montent, & qu'il y ait continuellément un negre à la batterie qui ne cefle prefque point de les remuer, crainte que le rocou ne s'attache au fond ou bords de la chaudiere. Quand le rocoz faute & petille, il faut encore di- nünuer le feu ; & quand il ne faute plus , il ne faut liffer que du charbon fous la batterie ; & ne lui plus donner qu'un léper mouvement ; ce qu’on appelle Véjier. À mefure que le rocou s’épaifit & fe forme en mañfe , il le faut tourner & retourner fouvent dans la chaudiere , diminuant peu-à peu le feu , afin qu'il, e brûle pas ; ce qui eft une des principales circonf- tances de fa bonne fabrique, fa cuiflon ne s’achevant guere qu’en dix ou douze héures, Pour connoïtre quand le rocoz eft cuit , 1l faut le toucher avec un doigt qu'on a auparavant mouillé ; & quand il n’y prend pas, fa cuiflon eff finie. En cet état , on le laïffe un peu durcir dans la chaudiere avec une chaleur très-modérée en le tournant de tems en tems, pour qu'il cuife & feche de tous côtés, erfuite de quoi onletire ; obfervant de ne point mêler avec le bon rocoz une efpece de gratin trop fec qui refte à fond , & qui n’eit bon qu’à repañler avec de l’eau & des graines. … Le rocon, au fortir de la batterie , ne doit pas d’a- bord être formé en pain, mais il faut le mettre fur une planche en maniere de mañle plate, & l’y laifler refroidir huit où dix heures , après quoi on en fait des pains ; prenant foin que le negre qui le manie fe frotte auparavant légerement les mains avec'du beurre frais , ou du fain-doux ou de l’huile de palma- chrifti. | Les pains de rocou font ordinairement du poids de deux ou trois livres, qu’on enveloppe dans des feuilles de balifier, Le rocou diminue beaucoup, mais 1l a acquis toute fa diminution en deux mois. Quand on veut avoir de beau rocoz , il faut em- ployer du rocou verd , qu'on met tremper dans un canot auffi-tôt qu’on la cueilli de l'arbre ; alors fans le battre ni le piler, mais feulement en le remuant ün peu & en frottant les graines entre les mains, on le paffe fur un autre canot. Après cette feule façon, . on leve de deflus l’eau une efpece d’écume qui fur- nage ; On la fait épaiflir à force de la battre avecune efpece d’efpatule | & finalement on le feche à l’om- ‘bre. Ce rocou eft fort bon , mais on w’en fabrique que -par curiofité , à caufe du peu de profit. R O D 31? La mâniere de fäire le rocox chez les Caraïbes eft encore plus fimple ; car on fe contente d’en prendre les graines au fortir de lu poule , & de les frotrer entre les mains qu’on a auparavant trempées dans de lhuile de carapat. Quand on voit que la pellicule incarnate s’eft détachée de la graine, & qu’elle eft réduite en une pâte très-fine ; on la racle de deffus les mains avec un couteau pour la faire fécher un peu à ombre; après quoi lorfqu’il y en à fuifamment , oncen forme des pelotes srofles commele poing,qu'on enveloppe dans des feuilles de cachibou. C’eft avec cette forte de rocou, mêlé d'huile de carabat , que les Caraïbes fe peignent Le corps , foit pour l’embellir foit pour fe garantir de lardeur du foleil & de 1a pi quure des mouftiques. Ils s’en fervent encore pour colorer leur vaiffeile de terre. La pâte de rocou donne une couleur otangée pref- que femblable à celle du fuftet | 87 auffi peu folide: c’eft une des couleurs qu’on emploie dans le petit teint. On fait difloudre le rôcou pulvérifé, où on mis auparavant un poids égal de cendres gravelées, ët on y pañle enfuite Pétoffe, Mais quoique ces cen- drès contiennent un tartre vitriolé tout formé , les parties colorantes du rocoz ne font pas apparemment propres à s’y unir, & la couleur n’en eft pas plus af- free. On tenteroit même inutilement de lui donner de lafolidité, en préparant l’étoffe par le bouillon de tartre & d’älun. On doit choïfir le rocoz le plus fec & le plus haut en couleur qu'il eft pofble, d’un rouge ponceau, doux au toucher, facile à s'étendre ; & quand en le rompt, d'une couleur en-dedans plus vive qu’au- dehors ; on l'emploie quelquefois pour donner de la couleur à la cire jaune. ( D. J. ROCOUB ALCACOUSAG , ( Fére orientale.) ces deux mots rocoub alcacoufug, fignifient la cavalcade du vieillard : c’eft le nom d’une fête que les anciens Perfans célébroient à la fin de l'hiver. Dans cetté fête un vieillard chauve monté fur un âne, & tenant un corbeau d’une main, couroit par la ville & par les places en frappant d’üne baguette ceux qu'il ren- controit dans fa route. D’Herbelor, ( D. J.) ROCOULER , v.n. (Gramm.) ce mot exprime le cri du pigeon. , ROCQ, f. m. ( Tifferands. ) autrement ror, & peigne. C’eft une des principales pieces du métier des ouvriers qui travaillent de la navette. ROCROY , ( Géog. mod. ) ville de France, dans la Champagne, au Rhételois, à deux lieues & demi de la Meufe , fur les confins du Haïnaut, à 12 lieues au nord de Rhetel, dans une plaine environnée de forêts. Elle eft fortifiée de cinq baftions, & a un état major : ce fut dans cette plaine que le prince de Condé, alors duc d'Enguien , & âgé de 22 ans, pa- gna le 19 Mars 1643 fur les Efpagnols, une fimeufe bataille fort chantée par tous nos poëtes. Long. 22. 12. latit, 49.56. ( D. J.) RODA, (Géog. mod. ) petite ville d’'Éfpagne, dans la Catalogne, fur le Tech, à 2 lieues de Vich, du côté du nord. On croit que c’eft l’ancienne Bæcula de Polybe , XI. xix. p. 800. & de Tite-Live, Livre ÆXVIIT. c. xi. ( D. J.) RODAGE, Î. m. serme de coutume, rodaticum , dans les capitules , Zy. WT. article 219 ; c’eft le droït que le féigneur péager prenoit pour une charrette vuide ou chargée de marchandifes paffant parle chemin royal, outre le péage dû pour raïfon de la marchan- dife. De Lauriere. ( D. J. RODAS , ( Géog. mod. ) forterefle des Indes , au royaume de Bengale, fur une montagne : c’eft une des fortes places de l’Afie, qui appartient aujour- d’hui au grand Mogol. Larit. 15.20. ( D. J. RODE , ( Géog. mod.) petite ville d'Italie, au royaume de Naples. Voyez RoDiA, (D. J. ) 9318 R O G RoDE depouppe, & RODE de proue ; ( Marin. ) c’eft dans une galere, ce qu'on appelle lézambord & l’errave, dans un vaifleau. oyez GALERE. | RODE-MACHEREN,02RODEMARCK, (Geog. mod. ) valle des Pays-bas, dans le duché de Luxem- bourg, entre Luxembourg & Thionville, avec un fort château que les François , fous les ordres du duc de Guife, pillerenten 1639: elle dépend de la mawfon d'Autriche. Long. 24. atir. 46, 35. ( D. J.) RODER , v. at. terme d’'Armurier ; C’eft tourner dans un calibre double cette piece de la platine des armes à feu, que lon appelle la noix. Richeler. (D.J.) RODEZ , ( Géog. med. ) ville de France, dans le souvernement de Guyenne, capitale du Rouer- gue, fur une colline, au pié de laquelle paffe P'Avei- ron, à 10 lieues d'Albi, à 20 de Touloufe, & à 130 de Paris. Long. fuivant Caflini , 10. 37, 30 !. larie. 44. 20.40 * Il y a dans cette ville fénéchauflée , préfidial, & életion ; l'évêché étoit établi dès lan 450 , & a été fuffragant de l’archevêché de Bourges, jufqwàlé- rettion de celui d'Albi, fous lequel il eft à préfent. Il vaut au-moins quarante mille livres de revenu à l’évêque, qui eft en partie feigneur de la ville, & prend la qualité de comte de Rodez ; fon diocèfe ren- ferme environ 450 paroiïfles. La cathédrale eft un édifice gothique , mais aflez eau ; fonclocher bâti en pierres de taille, eff re- nommé pour fa hauteur. Le chapitre eft confidéra- ble, étant. compofé de quatrearchidiaconés , quatre perfonnats, & vingt-quatre chanoines ; les canoni- cats valent 12 à 1500 livres années communes, & les archidiaconats font encore meilleurs. Mais la ville de Rodez eft vilaine; les rues font étroites , fales , &7 la plüpart en.pente; les maifons font aufli fort mal bâties; on y compte environ fix mille ames. Il s’y tient quatre foires par an, où l’on vend beaucoup de mules 87 de mulets pour PEfpa- gne; ce qui fait un commerce aflez confidérable, outre les toiles grifes & les ferges qu’on débite en Languedoc. | Rodez fe nomme en latin Segodunum,, Sepodunum Reitenorum, Rureni, & urbs Rurena. Ptolomée con- noît Le nom de Segodunum, quieft auffi marqué dans la carte de Peutinger; & par-là on voit que ce nom étoit encore en ufage au commencement du v. fiecle; mais Grégoire de Tours, & ceux qui Pont fuivi, ne fe fervent que du mot Rien, qui eft le nom du peuple. Deux jéfuites, le P. Annat, & le P. Ferrier, tousdeux confécutiyement confeffeurs de Louis XIV. tous deux auteurs de plufieurs livres contre les Jan- féniftes , font nés à Rodez , ou du-moins pour ce qui regardele P. Annat, dans le diocèfe de cette ville : leurs nombreux écrits polémiques font morts avec eux. " Mais M. Amelot de {a Houffaye rapporteun trait honorable à la mémoire du P. Ferrier : un chanoine de Bourges appellé Perrot, parent du P. Bourdaloue, lui écrivit une lettre.par laquelle il tächoit de l’en- gager de demander au roi, que les évêques qui fe- roient nommés à l’avenir par fa majefté, euffent à recevoir lors de leur facre, de la main de fon con- feffeur, la croix peétorale & l'anneau nuptial, & à payer au confefleur une certaine fomme, à pro- portion du revenu des évêchés. | Le P. Ferrier en donnant cette lettre à lire à M. Amelot, lui dit : « Voilà un homme qui me propofe » de lever une nouvelle annate fur les évèchés fu- » tuts ; je fongeois à lu procurer quelque petite ab- #baye, mais puifqu'il a perdu lefprit, il n'aura » rien ». ( Le Chevalier DE JAUCOURT: RODIA, ( Géog, mod, } petite ville d'Italie, au RO G royaume de Naples , fuxla côte de la Capitanate , c’eft la ville Hyrium où Vreum des anciens; fon ter: roir produit des fruits excellens. Le golfe de Rodiz qui fait une partie du golfe de Venife , eft fur la côte de la Pouille. C’eft de ce golfe que partit le pape Alexandre [IL avec treize galeres, pouraller à Ve- nife fe réconcilier avec l’empereur Frédéric Barbe- roule. (2. J.) | RODIGAST , L..m. ( Mychol. } divinité des an- ciéns Germains qui portoit une tête de bœuf fur la poitrine, un aigle fur la tête, & tenoit une pique de la main gauche. (D. J.) | RODOSTO , ox RODOSTA, ox RODESTO , ( Geog. mod. ) ville de la Turquie européenne, dans la Romanie , fur la côte de la mer de Marmora, au fond d’un petit golfe de même nom, à 6 lieues au fud-oueft d'Héraclée , & à 24 de Conftantinople; les Grecs y ont quelques éghifes, & les Juifs deux fyna- gogues ; fon port lui procure l'avantage d’un com- merce aflez confidérable. Long. 45. 10.1at. 40.54. D: 9) | | RODOUL , f. m. arbrifleau dont la feuille fert aux Feinturiers pour Le noir. | RŒMER, (if. mod.) c'eft ainf que lon nom- . me à Francfort fur le Mein , lhôtel-de-ville; il eft fameux dans toute l'Allemagne , parce qu’on y con- {erve la bulle d’or de Pempereur Charles IV. qui eft la loi fondamentale de fempire germanique. ROË-NEUG , ( Mefure delongueur) c’eft la plus grande desmefures pour Les diftancés &z les longueurs, qui foit d’ufage dans le royaume de Siam; c'eft pro- prement la lieue fiamorfe, qui eft d'environ deux mil- le toifes de France. Voyage de Siam. (D, J.). ROER , prononce; ROURE , ( Geog..mod.) nom de deux rivieres d'Allemagne ; lune au - decà du Rhin, prend fa fource aux-confins du Luxembourg, mouille les villes deGemund, Dutren & Juliers, & va fe jetter dans la Meufe, à Ruremonde ; l’autre, Roer, coule dans fe cercle de Weftphahe; elle a fa fource aux confins du comté de Waldeck , parcourt le comté dela Marck, & fe perd dans le Rhin , à Duisbourg. (D. J.) ROETACES, ( Géog. anc. ) fleuve d'Afe; ilcou- loït au voifinage de l'Arménie, & c’étoit, felon Stabon , Zv. XT. p.500. un des fleuves navigables qui fe jettoient dans le Cyrus. (2. J.) RŒUX , ou LE RŒULX ; ( Géog. mod, ) petite ville des Päys+bas dans le Hainaut, entre Soigniesau nord, & Binche au nudi. Cette petite valle fut érigée encomité.par Charles-quint, en faveur de la maïton de Croy. Long. 21. 44. lar. 30. 28. (D, I.) ROGA, 1 f, ( Hifi. ) étoit autrefois un préfent que les Auguftes ou empereurs faïloient aux féna- teurs, aux magiftrats , 8 même au peuple ; & que les papes ou patriarches faifoient à leur clergé. Foyez Don. Ce mot vient du latin erogare, donner, diftribuer ; ‘felon d’autres, il vient de rogo , je demande; ceft pour cela, dit-on, que S. Grégoire le grand appel- loit ces diftributions precaria , parce qu’on les deman- doit pour les avoir. D’autres le font venir du mot grec poyes, qui fignifie quelquefois du 2/2, parce que ce préfent confiftoit anciennement dans une diflribu- tion de blé qu’on faifoit au peuple, auxfoldats, &c. Les empereurs avoient coutume de diftribuer ces préfens le premier jour de l’année, ou lejour de leur naïffance, ou le jour de la fête de la ville où ils étoient ; les papes & les patriarches les diftribuoient dans la femaine de la pañion. L’ufage de ces préfens oulargefles, fut introduit à Rome, par les tribuns du peuple , qui vouloient par ce moyen gagner la populace & la mettre dans leurs intérêts. Les em- pereuts fe conformerent à cette coutume, & firent aufh de pareilles diftributions au peuple & mêmeaux foldats, qui par cette raïfon font appéllés pooaropes par les auteurs grecs du moyen âge. Voyez Con- GIAIRE & DONATIF. Roga fionifie auffi la paye qu’on donne auxfoldats: " ROGALES , f. f. pl. (£srtérar. ) nom qu'on don- noit fous l’empire romain aux jours deftinés aux dif- tributions du prince. On PE relloté auff rogale le ré- giftre dans lequelon écrivoit les noms de ceux aux- quels la rogze ou donatif du prince ; fe diftribuoit , & où l’où marquoit auffi Pobjet & la quantité de ce qu’on devoit leur donner. (D. J:) | ROGAT, fm, terme de Jurifprud.eccle[. qui répond à peu près à ce qu'on appelle en cour laie, commif- fion rogatoire. Voyez ROGATOIRE. C’eft une priere qu'un official ou autre juge d’égli- fe , fait à un autre, pour qu'il lui foit permis de faire ajourner un fuet d’un autre diocèfe, par devant l’or- dinaire du réquérant, pour raïfon d’un mariage com- mencé avec une perfonne domiciliée dans le diocè- fe où il entendle faire ajourner. Celui à qui la lettre ou priere s’adrefle, n’eft pas obligé d’y déférer. ROGATIO lepis, ( Hiff. Rom, ) tefme qui figni- fioit dans la jurifprudence romaine, la demande que faxoient les confuls ou lestribuns au peuple romain, lorfqu’ils vouloient faire pafler une loi. Foyez Lor. Voici les termes dans lefquels on failoit cette de- mande ; par exemple : voxlez-vous ordonner qu’on faf- fè la guerre a Philippe ? Le peuple répondoit : Z peu- pleromain ordonne qw’on fal[e la guerre à Philippe, & cette réponfe s’appelloit decrerum , decret ou réfo- lution. Le mot rogario eft fouvent en ufage pour expri- mer le decret même, & pour le diftinguer du /eza- rus confulte, ou decret du fénat. Voyez SENATUS CONSULTE. Souvent auffi rogario eft pris dans le même fens que loi, parce qu'il n’y avoit point de lois établies chez les Romains, qui n’eufflent été précédées de ces {ortes de demandes , autrement elles étoient nulles. ROGATIONS , £. f. pl. ( Æife. éclef. ) prieres pu- bliques qui fe font dans Péglife romaine pendant les trois jours qui précédent immédiatement la fête de lAfcenfion. On Les appelle ainfi à caufe des prieres & proceffons qu’on fait ces jours-là, pour demander à Dieu la confervation des biens de la terre, & on les confacre auffi par la pénitence & l’abftinence des Viandes. Voyez PROCESSION. On rapporte linfütution des rogarions à S. Ma- mert , évêque de Vienne en Dauphiné, qui, en 474, felon quelques-uns , & en 468 , felon d’autres, af- - {embla plufieurs évêques de la province pour implo- ter la miféricorde divine, pendanttrois jours, & lui demander la ceflation des tremblemens deterre , & des ravages caufés par des bêtes féroces. Lesjetünes & les priéres de trois jours qui avoient fait cefler ces fléaux , furent continués depuis comme un préfer- vatif contre de pareilles calamités. Le concile d’Or- léans, en $11, ordonna que les rogations s’obferve- roient par toute la France; cet ufage pañla en Efpa- gne vers le commencement du VII fiecle; mais les trois jours des rogarions dans ce pays, étoient le jeu- di, le vendredi, & le famedi après la Pentecôte. Elles ont cté reçues plus tard en Italie ; Charlemagne & Charles-le-Chauve firent des lois pour défendre “ = at 12,9% au peuple de travailler ces jours à , & elles ont été obfervées long-tems dans l’églife gallicane, On a ap- pellé les proceffions des rogations petites litanies ou litantie gallicane, parce qu’elles avoient été inflituées par un évêque des Gaules , pourles diflinguer de Z2 grande litanie Où lisanie romaine , qui eft la proceflion qu'on faitle 25 d'Avril, jouf de S.Marc, qui a pour auteur le pape S. Grégoire lesrand. Les Grecs & les Orientaux ne favent ce que c’eft que rogations. Elles avoient lieu en Angleterre avant Le fchifme, “its LS ss a ROG 9 &1l y en refte encore quelques vefliges ; car c’eft encore la coutume dans la plüpart desparoïfles, d'en aller faire le tour en fe promenant les trois jours qui précédent l’afcenfon, mais on ne le fait pas procef- fionnellement ni par dévotion. | ROGATOIRE, Commiffion, en terme de palais , ef la commiffion qu'un juge adrefle à un autre juge qui lui eft fubordonné. Voyez Commission. - ROGATORES , ( Antig. rom.) oh nommoit ainfi chez les Romains, ceux qui dans les comices paf centuries , redemandoient les tablettes aux cito- Yens, cabellas rogabanr ; où ceux qui tenoïent le pa: mer dans lequel les citoyens mettoient les billets de leurs fuffrages ; ceux qu’on appelloit cuffodes ; ti- toient les tablettes ou billets du panier ; & par des points qu'ils marquoient fur une autre tablette; ils comptoient les fuffrages ; c’eft pour cela que lesavis de chacun en particulier, étoient appellés purée : alors ce qui étoit décidé à la pluralité des voix ; étoit déclaré hautement par un crieur public: (D. J. ROGIANO , ( Géog. mod.) bourg d'Italie, dans la Calabre citérieure , fur la rive droite de l’Iäuro , à quelques milles de Cofenza. On prétend que c’eft la ville J’ergæ des Brutiens. | Quoi qu'il en foit, c’eft un bourg illuftré par la naïflance de Jean-Vincent Gravina, célebre jurifcon- fulte d'Italie, mort en 1718 , âgé de $4 ans. Il a en- fichi le public de fes produdions en italien & en la- fin ; mais on eftime RES les Originum juris civi- Us libritres , quibus acceffit de romano imperio liber fin- gularis. Lipfie 1717. 2. tom. in-4°. On fait auf beaucoup de casde fon /pecimen prifei juris, c’eft-à= dire image de l'ancien droiïs. L'auteur, après avoir marqué dans ce dernier oti- vrage , l'origine de l'autorité fouveraine , qui eftle confentement des particuliers, & qui doit par con- féquent avoir pour but leur bonheur , il décide que lorfque Le pouvoir fouverain fe détourne de ce but, & cherche à établir les avantages d’un feul, ou de plufeurs, aux dépens du bonheur public, comme cela ne fe peut faire qu’au préjudice des particuliers, Je pouvoir fouverain revient à fa fource , & chacun rentre dans fes droits , parce que le confentement des’ particuliers fur lequel ce pouvoir eft fondé, eft abfolument éloigné de la tyrannie ; il réfulte de là, felon lui, qu’il eft permis d’arracher la république des mains d’untyran, pour empêcher que les biens des peuples ne foient facrifiés aux débordemens d’un pouvoir injufte; car, continue-t1l, lalibertéeftune chofe fainte , facrée , & dedroit divin ; Dieu l'ayant fi intimementunie à l’effence de la nature humaine, qu’on ne peut attaquer fans injuftice , la forcer fans impiété, s’en rendre maître fans crime; w? eam ten= tare fcelus fit, zmpium circumvenire, occupare nefarium. Il faut que M. Gravina ait été bien hardi pour tenir à Rome un langage auf fort fur la hberté, que celui qu’on tient dans les pays oùelle regne le plus. On trouvera d’aures détails fur cet écrivain dans le Gior- nale de listerati, tom. XX XIV. (D. J.) ROGMÉ, f. f. rermée de Chirurgie; efpece de frac- ture du crane, qui confifte en une fente fuperficielle. c’eft un mot grec qui figniñe ferce , félure. Voyez PLAYE DE TÊTE, TRÉPANER, (7) ROGNE,, £ f. ( Charpems, ) c’eft dans le langage des ouvriers charpentiers, la moufle qui vient {ur le bois , &c qui Le pâte, ROGNE, ( Géog. mod. ) bourg de France en Pro- Vence, près d'Aix, uniquement remarquable par la naiflance d'Antoine Papi, religieux francifcaix, 8e lun des habiles critiques du xvÿ. fiecle, Il mourut à Aix en 1699, à 7$ ans. Son principal ouvrage latin eft une critique des annales de Baronins, où en fui- vant ce cardinal année par année , 1l a redifié une _ infinité d'erreurs qu'il a commifes, foit dans la chre- 320 RO G nologie, foit- dans les faits. L'ouvrage du p. Pagi eft . en 4 vol. ir-fol. & lui a valu-une penfon du clergé de France. (D.J.) | ROGNE-PIE, f. m.( Maréchalerie. ) outil de ma- réchal: c’eft un morceau d'acier tranchant d’un côté, avec un dos de l'autre, pour couper la corne aui dé- borde le fer , lorfqul eft broché, ou pour couper, avant que de river les cloux, le peu de corne qu'ils ont fait éclater en la perçant. So/eyfel. (D. J.) ROGNER , v. a@. ( Gram. ) c’eft ôter à une cho- fe, ou de fa longueur, ou de fa largeur , où de fon poids. On rogne les monnoies ; on rogne des manches trop longues ; on rogre un bâton, une canne; on rogne une branche d'arbre, la vigne. Il fe prend au figuré,comme danscette façon de parler proverbiale: taillez, rognez, comme il vous plaira, je ne m'en mêle pas. ROGNER /a chandelle, c’eft, lorfque la chandelle eft finie , pofer le bout d’en-bas fur une plaque de cuivre qui eft faite en forme d’auge , &c eft un peuen pente , fous laquelle il y a du feu , pour faire fondre le fuif qui eft de trop. Voyez les PI. pe ROGNER,, ( Jardinage. ) il faut modérémentrogner les racines des arbres, feulement les rafraichir. ROGNER /és Livres, les Relieurs appellent rogrer des livres, Ôter la fuperficie des marges qui eft tou- jours brute &inépale. On rogre les livres à trois fois & de trois côtés, à commencer par Le haut du vo- lime qu’on appelle la rére ; avant de rogzer cette par- tie, il faut coucher la prefle à roger fur le porte- refle, Voyez PRESSE à rogner &t PORTE-PRESSE. Puss on a foin de rabaifler les deux côtés du car- ton pour en rogner les extrémités avec la marge; puis mettant deux bandes d’un carton fort à côté du volume dont celle à gauche excede le bord , & celle à droite eft jufte à l'endroit où lon veut roger, on coule ce livre & les cartons entre les deux pieces de la prefle à rogner que l'on ferre avec Les deux vis également ; enfuite on pañle le fuft dans la rainure de la tringle qui eft fur la piece de derriere de la prefle à rogner ,& en le conduifant du long de a prefle, on coupe avec le couteau, en ferrant toujours la vis du fuft, à fur & mefure qu'il avance, jufqu'à ce qu'il {oït parvenu au carton élevé qui eft contre la piece de derriere. Cela fait, on frotte avec les rognures la tranche qu’on vient de rogner, pour en Ôter ce qui auroit pu y refter; puis on fort le livre de la prefle avec les deux bandes de carton, 8t prenant un com- pas, on mefure fur une page du livre l'endroit où lon doit rogner le bas que l’on marque fur Le carton avec la pointe du compas, en laïffant une hauteur pour les chafles du carton; cela fait , on prend le volume du côté où il doit être rogne, & abaïflantles deux côtés du carton fufifamment pour les chafies , on met les deux bandes de carton, comme pour la premiere opération, en obfervant que la bande à droite foit bien jufte aux trous du carton; puis on ferre la prefle, & lon rogne la tranche d’en-bas , avec le même foin qu'on a eu pour la tranche du haut. Il faut bien obferver que l’on donne aux deux côtés du carton la même hauteur, fans quoi une des chaffes fetrouvant plus haute que l’autre, cela feroit un effet rrès-défagréable, En troifieme heu, on rogze le livre fur le devant; ce.quis’appelle faire la gourrie- re. On mefure l’endroit où l’on doit rogzer, avec la même exactitude que le bas, & on la marque avec la pointe du compas; puis au heu des bandes de carton, on prend deux petites planches de bois d’'hêtre, l’u- ne plus large qu’on met derriere le livre , en laïflant tomber le carton qui ne fe rogne pas à ce moment, Pautre plus étroite qu’on met fur le devant du livre, jufte aux trous qu’on a faits avec le compas. Enduite de cela , ouvrier tenant ces deux planches fermes dans fa main , fait baïler adroïtement les deux côtés ROI du livre, & élever le milieu, enforte que mettant : | le livre dans la prefflecomme auparavant, & ayant _ rogné , il trouve fa gouttiere toute faite , en retirant fon Hvre où ilne refte plus que Les cartons du devant à couper, Outre le compas, louvrier doitavoir tou- jours près de fa prefle qui eft fur le porte-preffe, une pierre à écuifer fon couteau &z une cheville de fer pour ferrer & deflerrer les vis de fa prefle. Foyez FusrT, PRESSE À ROGNER, CoMPAs, TRANORES, Voyez PL. I. dela Relieure, fig. C. ROGNEUR , f. m.( Monnoie..) celur qui rogne les efpeces. Les rogneurs de piftoles font punis de mort, ROGNON , voyez REIN. Rocnons, ( Aiff. nat. Minéralogie. ) on appelle mines en rognons celles qui fe trouvent fans fuite & fans continuité, mais qui font par fragmens détachés &c répandus dans la roche ou dans les couches de la terre. On les appelle plus communément w7es ex marrons. Voyez MARRONS. | ROGNURE., £. £ ( Gram, ) les portions qui ont été retranchées dela chofe qu’onarognée ; les rognu- res du parchemin fervent à faire de la colle; celle du papier , à faire du carton. ROGOSNO, (Géog. mod.) petite ville de la sran- de Pologne, au palatinat de Pofnanie, entre Pof nanie & Nackel, environ à égale difance de l’une &t de lautre. (D. J.) | . ROGUE, L f ( Hifi. du bas-empire. ) donationum munus ; ce mot s’elt dit autrefois des donatifs , pré- fensou diftributions que les empereurs faifoientquel- quefois le premier jour de l’année, ou le jour de leur naiflance, à des favoris , à des magiftrats, à des of- ficiers , &z quelquefois au peuple. Quelques auteurs dérivent le inot rogue de poyos, qui figniñie du éd, parce que les donatifs aux foldats fe failoient ançien- nement de blé. | ROGUE, RAVE ox RESURE, éerme de péche, eft une forte d’appât dont les pêcheurs fe fervent pour attirer le poiflon , & le prendre enfuite lorfqu'il a mordu Pappât; cet appât confifte dans les œufs de: maquereaux êc de morues, que les pêcheurs qui font la pêche de ces deux fortes de poiffons pour être fa- lés, mettent dans des barils, & qu'ils vendent pour cet ufage, ROHACZOW , ( Géog. mod. ) ville de Pologne ; dans le duché de Lithuanie, capitale d’un territoire du même nom , au confluent du Nieper & de l'Odrwa. Long. 49. 16: lauir. 53.10. (D. J.) ROHAN, ( Géog. mod.) bourg de France en Bre- tagne , au diocèfe de Vannes , fur la petite riviere d'Oufte , à 12 lieues au nord de Vannes, avectitre de duché-pairie. Long. 14, 55. lat. 47.56. ( D, J.) ROHANDRIANS, ( rerme de relation. ) Flacourt dit qu'on appelle rohandrians à Madagafcar , ceux d’entre Les blancs qui dans la province d’Anofli font élevés en dignité. Ils ont la peau roufle & les che- veux peu friés. On choïfit les chefs du pays dans cette race d'hommes, &cils jouiflent feuls du privi- lege de pouvoir égorger Les bêtes. On ne manque pas en Europe de bouchers dignes d'être roharndrians. (2. J.) | ROI, voyez ROITELET. RO: o4 MERE DES CAILLES, voyez RASLE DE GENET. ROI DES VAUTOURS, VAUTOUR DES INDES, ( Hiff. nat. Ornitholog. ) vultur monachus. Klein. Oi- leau qui eft à-peu-près de la groffeur d’un dindon femelle ; 11 a deux piés trois pouces de longueur de- puis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de laqueue; les ailes étant pliées s'étendent jufqu’au bout de la queue. La tête & le haut du cou font couverts d’u- ne peau unie, variée de difiérentes couleurs, telles que l'orange , le brun, le rouge, le pourpre , &c. | On ROI On voit dans plufieurs endroits de cette peau des poils courts & noirs. Au-defflous dela partie nue dur cou , 1l y a une efpece de collier formé par des plus mes aflez longues d’un cendré foncé : ce coflier en- toure le:cou, &c defcend un peu vers la poitrine: le refte du cou, le dos & les petites plumes des’ailes font d’un blanc mêlé d'une légere teinte de roufsâtre. Le croupion & les plumes du deflus de la queue ont une couleur noire. ( Le roi des vaurours qu'Ewards a décrit, avoit le croupion & les plumes du deffus de la queue blancs. ) La poitrine , le ventre, les côtés du corps , les jambes , les plumes du deflous de la queue & celles de la face inférieure des ailes font blancs. La couleur des grandes plimes de l’aileeft d’un noir changeant en un verd très-obfcur ; les moyennes font de la même couleur, & elles ont les bords extérieurs gris; la queue eff noire , le bec, les piés & les ongles font rouges. On trouve cet oi- feau à Cayenne. Derham l’a décrit fous le nom de autour des fndes. Ornis. de M. Briflon , 10m, 1. Voyez OISEAU. - Ror, (Gouvern. polir.) Voici les vers qu'il faut graver fur la porte des palais des rois. Hoc reges habenr Magnificum € ingens, nulla qudd rapit dies Prodeffe miferis, fupplices fido lare proregere. Le plus beau préfent que les Dieux puiffent faire aux hommes, c’eft d’un roi qui aime fon peuple & qui en eft aimé, qui fe confie en fes voifins & qui a leur confiance, enfin qui par fa juftice & fon hu- manité fait envier aux nations étrangeres le bon- heur qu'ont fes fujets de vivre fous fa puiffance. Les oreilles d’un tel roi s'ouvrent à la plainte. Il arrête le bras de l’oppreffeur : il renverfe la tyran- nie. Jamais le murmure ne s’éleve contre lui; & quand les ennemis s’approchent, le danger ne s’ap- proche point. Ses fujets forment un rempart d’ai- rain autour de fa perfonne ; & l’armée d’un tyran fut devant eux comme une plume légere au gré du vent qui l’agite. | « Favori du ciel, dit le bramine infpiré, toi à qui » les fils des hommes tes égaux, ont confié le fou- » verain pouvoir; toi qu'ils ont chargé du foin de » les conduire, regarde moins l’éclat du rang que » l’importance du dépôt. La pourpre eft ton habil- » lement, un trône ton fiege: la couronne de ma- » jefté pare ton front : le fceptre de la puiffance -# Ofne ta main; mais tu ne brilles fous cet appareil » qu'autant qu’il fert au bien de l’état. . Quant à l'autorité des rois, c’eft à moi de ny foumettre; & c’eft à l’auteur de Té/emaque qu’il ap= patient d’en établir l'étendue & les bornes. Un roi, dit-il, Zv. V. p. 168 ; un roi peut tout fur les peuples : mais les lois peuvent tout fur lui. Il a une puiflance abfolue pour faire le bien, & les mains liées s’il vouloit faire le mal. Les lois lui confient les peuples comme le plus précieux de tous les dépôts, à condition qu’il fera le pere de fes fujets : elles veulent qu’un feul homme ferve par fa fagefle & fa modération, à la félicité de tant d’hom- mes; & non pas que tant d'hommes fervent par leur mifere & par leur fervitude, à flatter l’oroueil & la mollefle d’un feul homme. Un roi ne doit rien avoir au-deflus des autres, excepté ce qui eft néceflaire, ou pour le foulager dans fes pénibles fonétions, ou pour imprimer au peuple le refpeét de celui qui eft né pour foutenir les lois, Il doit être au-dehors le défenfeur de la patrie; & au-dedans le juge des peuples, pour les rendre bons, fages & heureux. Il doit les gouverner felon les lois de l’état, com- me Dieu gouverne le monde felon les lois de la nature. Rarement employe-t-1l fa toute-puifance Tome XIF, RO 321 || pour en interrompre 8 en changer le touts, CA dire , que les dérogations & les nouveautés féront comme des miracles dans l’ordre de la bonne polis tique. | Quelques lauriers que la guerre lui promerte ils font tôt ou tard funeftes à la main qui les éucille : , En vain aux conquérans L’erreux pari les rois donne les premiers ARS, Entre tous les héros ce [ont les plus vulgaires Chaque fiecle ef? fecond en heureux téméraires..… Mars un rO1 vraiment rOi, qui, Jage en [es projers, Sache er un caliñe heureux mraintenir fes fujers ; Qui du bonheur public aïc cimenté [a gloirè ; TL faut, pour Le trouver, courir coure L'hiffoire. La terre compte peu de ces rois bienfaifans ; Le ciel à les former Je prépare long-tems L Tel fur cet empereur , {ous qui Rome adorée, Pit renaitre les jours de Sarurne & de Rhée ; Qui rendit de fon joug l'univers amoureux , Qu'on n'alla jamais voir fans revenir heureux » Qui Joupiroit le foir, ff Ja main fortunée N'avoit par fes bienfaits fignalé la journée : Le cours ne fut pas long d’un empire J£ doux, Seneque ( vers 463.) peintencore plus fimple- ment, plus laconiquement & plus énergiquement , | mais non pas avec ce brillant coloris, la gloire & les devoirs des rois. Je finis toutefois par ces maximes : Pulchrum eminere ef} inter illufères yiros ; Confulere patriæ ; parcere affliétis ; fera Cæde abflinere, termpus atque ire dare “ Orbi quietem; fæculo pacem [uo. Hec fumma virtus : petitur hdc cœælum vié ? ROr, ( Critique facrée.) rex. Ce titre eft donné in> différemment dans l’Ecriture aux fouverains, foit que leurs états aient le titre de royaume où d’ema pire. Les pontifes répondirent: nous n’avons d’autre roi que Céfar. Jean. 19.15, Ce mot défigne auff Les chefs, les magiftrats qui gouvernent un état; 20 eraë rex in Ifraël, Juges, j. 31. c'eft-à-dire, il n’y avoit point de chefs en [fraël, aux ordres duquel le peu- ple obéît. 3°. Il fe prend pour guide, conduëteur, oit parmi les hommes , foit parmi les bêtes. La fautes relle na point de roi (regem) , Prov. #x. 27. I fe prend, 4°. pour les grands , pour toutes les per- fonnes puiflantes en crédit ou en autorité : Je parlois de tes témoignages en préfence des grands de ce monde, {2 confpeäu regum. Pf. cxvij. 16. s°. Pout les fideles; tu nous as faits rois à notre: Dieu, fecifli nos Deo noffro reges. 6°. Enfin, pour ceux qui pat leur prééminence Pemportent au-deffus des autres. ILeft roi fur tous les fils de Porgueil , ipfe «A rex fie per uriverfos filios fuperbie. Job, xlj, 23. Le roi des rois, 6 le féigreur des dominations eft le titre que Saint Paul donne à l’Être fuprème, I. Tim. vf, 15. (D. JT.) RO1, nomque les anciens donnerent ou à Jupiter Où au principal miniftre de la religion dans les répu- bliques. | | Après que les Athéniens eurent feconé le joug de leurs rois, ils éleverent une ffatue À Jupiter fous le nom de Jupiter-roi, pour faire connoître qu'à Vavenir ils ne vouloient point d’autre maître, À Lé. badie on offroit de même des facrifices À Jupiter TOI » êt on trouve que ce titre lui eft fouvent donné chez les anciens. . Mais ils ne le croyoient pas tellement attaché à la fuprème puffance de ce dieu, qu'ils ne Pattri- buañlent quelquefois à certains hommes diftingués par leur dignité. Ainfi le fecond magiftrat d’Athè: nes ou le fecond archonte s’appelloit roi, Barnes s mais 1] n’avoit d’autres fonétions que celles de pré- fider aux myfteres &c aux facrifices : hogs de là nulle SS FA R OI fupériorité. Dans le. gouvernement politique, fa femme avec le titre! dé, reine partageoït auf {es fonions,facrées. L’origine-de-ce facerdoce, dit Demoftènes dans loraïon contre Néera, venoit de, ce xqu'anciennement. dans Athènes le roi exer- çoit.les fonctions de grand-prêtre ; &trlarreine , à caufe de fa dignité, entroit dans le plus fecret des myfteres. Lorfque Théfée eut rendu la liberté à Athènes en fubftituant la démocratie à l'état monar- chique , Je peuple continua d’élire entre les princi- paux & les meilleurs citoyens un ro: pour les chofes facrées, &.ordonna paf une loi, que fa femme feroit toujours athéniénne de naïfance, êt vierge quand il l’épouieroit, afin que les choles facrées fuflent adminiftrées avec la pureté convenable; & de,peur qu'on n’abolit cette loi, elle fut gravée. fur une colonne dé pierre. Ce roz préfidoit donc aux.myf- teres ; il jugeoit les affaires qui regardoient le vio- lement dés éhofes facrées. En cas de meurtre, il rapportoit l'affaire au fénat de Paréopage ; & dépo- fant fa couronne, 1l s ’afleyoit parmi les autres magif- trats pour juger avec eux. Le roi & la reine avoient fous eux plufeurs mimftres qui fervoiènt aux céré- monies de la religion : tels que les épimeletes, les hiérophantes, les < gereres, les ceryces ,) &c: La même “chofe fe Are chez les Romains. iflent de-leur dernier: Quelque mécontens qu'ils roi, 1ls avoient cependantirecu tant de bienfaits des fix premiers, qu'ils ne putent abfolument en abolir le nom : mais auf ne lui attribuerent-ils que des fonétions qui ne pouvoient jamais menacer Ja Hberté, je veux dire le foin des cérémonies religieufes..Il lui étoit d'ailleurs défendu de remplir aucune maoiftra- ture ni d’haranguer le peuple. On le choififloit f parmi les plus anciens pontifes & augures, mais il étoit toujours, füubordonné au fouverain pontife : cette dignité fubfifta jufqu’au regne du grand Théodofe. sors archonte, ( Anti. grecq.) C'eft ainf au’on appelloit le fécond des neuf archontes d'Athènes, 1] avoit pour fon département ce qui concernoit la célbration-des fêtes, les acrifices & la religion. Il décidoiït fous le grand portique fur les. crimes :d’im- piété & de facrilege, Il ftatuoit fur les cérémonies & les myfteres, fur les malheurs caufés par le chute des bâtimens & des autres chofesinanimées lO? étoit à lui d'introduire les meurtriers dans l'aréopage; & il jugeoït avec certe célebre compagnie, en quittant fa couronne, qui étoit la marque-de fa dignité. Pen- dant qu'il examinoit un procès, les parties ne pou- voient aflifter aux myfleres n1 aux autres cérémo- nies de la religion. Pollux remarque que l’époufe du roz-archonte prenoit le titre de reine : elle devoit être athénienne de naïflance : fon mari comme infpeéteur fur les affaires religieufes & facrées, étoit honoré du nom d’erchonte-roi, parce que les premiers rois d'Athènes étoient comme les grands facrificateurs de la nation. Ils immoloïient les vi@i- mes publiques, & leurs femmes ofrotent les facri- fices fecrets avant le regne de Thefée, Les Romains ; en détruifant la royauté, conferverent un roi des facrifices fur le modele d'Athènes (D. 7.) Roï-D’ARMES, (Æi/?. de France.) C’étoit un off cier de France qui annonçoit la guerre, les treves, les traités de paix & les tournois. C’eft le premier &t le chef des héraults-d’armes : nos ancêtres lui ont donné le titre de rez, qui fignifie feulement prerrier chef. La plupart des favans aflurent que ce fut Louis- le-Gros qui donna à Louis deRoufly le titre de roi- d'armes, inconnu jufques-là, Cet établiffement fat imité par-tout, honoré de plufieurs privileges, de penfñons LS ; êt les fouverains à qui les rois-d’armes. étoient envoyés, affeétoient pour faire éclater leur grandeur dans les autres pays, de leur faire de beaux préfens, RO 4 Philippe de Comines a remarqué que Louis XF quoique fort avare, donna à un /o:-d'armes que le roi d'Angleterre inf avoit envoyé, trois cens écus d’or de fa propre main, êc trente aunes dé velours cramoifi, & lui promit éncore mille! écus. Le rang detleur maître les rendoit refpeétables, & ils jouit” foient des mêmes privileses que le droit des gens accorde aux ambafladeurs - poufvu qu'ils fe renfer- maflent dans les bornes de leur commiffion; mais s'ils violoient les lois de ce droit} 1l$ perdoient leurs privileges. Froiflart obferve; que Le ro= d'armes du duc de Gueldres ayant! defié le roi Charles VL clan? deftinement dans la ville de Tournai, & fans lui em donner connoïffance, « 1l fut arrêté, His en prifon, #6cicuida être mort, dit cet hiflorien ) pour ce que »tel défi étoit contre les formes & contre lufage » acCOUtUMÉ, ë&t de plus dans un lieu mal convenable, » Tournai n’étant qu’une petite ville de Flandre ». he refpeét qu’on avoit pour les rozs-d’armes fuivis de leurs héraults, étoir fi grand, qu ils ont quelque” fois , étant revètus de leur ce d'armes , arrèté par leur préfence, en criant: Lola, la fureur dde ae mées dans le fort’du combat. Froïflart a obfervé , que dans un furieux affaut donné à la ville de Vil- lepode en Galice, à la parole des héraults, ceffe- rent les affallans & fe repoferent. Le roi-d’armes avoit un titre particulier qui étoit mont-joie S. Denys; &t les autres héraults portoient le titre des feize principales provinces du royaume, comme Bourgogne, Normandie, Guienne, Champagne. Il y'a en Angleterre trois rois- Lars fous Île titre de la Jarrètiere , de Clarence, & de Norroy. En Écofle, les rois-d’armes @ les ÉRtre ont été em- ployés” dans les tournois, dans les combats à plai- fance ou: à outrance!, à fer émoulu ou à lance mor- ñée,, que les féigneurs particuliers faifoient avec la permifion du roi. Mais ils font à-préfent fans emplot partout pays ; 8c On ne les voit plus parcourir les provinces, pour reconnoïtre les vrais nobles, les armoiries" des familles &c leurs blafons, en un mot, pour découvrir les abus que lon commettoit con- cernant la noblefle & les généalooies, Voyez Roi d'armes ; hif. d'Angl. Quant aux cottes qui font l’habit qui marquoït leur titre & leur pouvoir, celle re roi-d'armes eff différente de celle des héraults, 1°. en ce que les trois grandes fleurs-de-lis qui font au-devant &c au- derriere de la cotte, font furmontées d’une cou- ronne royale de fleuts-de-lis fermée. 2°. En ce qu’elle eft bordée tout-au-tour d'une broderie d’or , entre les galons êc la frange; & 3°. parce que fur les man= ches, les mots mort oÿe S. Denys font en brode- rie avec ces mots roi-d’armes de France fur la man- che gauche. Roï-d'armes ; dit Favin, portoit la cotte de ve- lours violet, avec l’écu détrance couronné & en- touré de deux ordres de France fur les quatre enñ- droits de fa cotte-d’armes. Il ajoute qu'il falloit au- trefois être noble de trois races, tant de l’eftoc pa- ternel que du côté maternel, pour être reçu mont- joye. Le même Favin a décrit particulierement le baptême du roi-d’armes ; c’étoit ainfi qu on appelloit limpoñtion du nom qu'on lui donnoït à fa réception: cette cérémonie fe faifoit par le renverfement d’une coupe de vin fur fa tête. M. Ducange a inferé dans fon gloffaire, fous le mot Heraldus, la réception du roi-d'armes du titre de m0on1-joie, Les valets de chambre du roi devoient le revêtir d’habits royaux, comme le roi même. Le connetable &7 les maréchaux de France devoient l'aller prendre pour le mener à la mefle du ro;, accompagné de plufieurs chevaliers 8 écuyers ; ls héraults ordinaires & les pourfuivans marchoiert devant lui deux à deux; un chevalier devoit porter Pépée avec laquelle on le faifoit alors Chevaker; tandis qu’un autre portoit fur une lance {à cotte, d'armes. (D. J.) ad | ROïI D’ARMES d'Angleterre le roi d'armes étoit autrefois ün officier fort confidérable dans les armées & dans les grandes cérémonies ; il commandoit aux héros & aux pourfuivans d'armes, préfidoit à leur chapitre, & avoit jurifdi@ion fur les armoities. Voyez HÉRAUT € ARMES. Nous avons en Angleterre trois rois d'armes pce voir, Gafter, Clarence, & Norroy. Gafter premier roi d'armes. Voyez GASTER, Cet officier fut établi par Henri V. il accompaoñe les chevaliers de la jarretiere aux aflemblées le ma- réchal aux folemnités & aux funérailles des perlon- nes de Îa premiere noblefle , & il potte l’ordre de la jarretieré aux princes & aux rois étrangers ; mais dans ces fortes d’occafons , ileft toujours accompa- gné de quelqu'un des premiers pairs du royaume, Clarence roi d'armes , ileft ainf appellé du duc de Clarence , qui pofleda le premier cette dignité. Sa fonétion eft d’ordonner des obfeques de la noblef- fe inférieure, des baronets , des chevaliers ,» des écuyers, & des gentilhommes ; au fud de la riviere du Trent. Voyez CLARENCE. | Nofroy roi d'armes , exerce les mêmes fontions au nord du Trent. On appelle ces deux derniers ; hérauts provinciaux , parce qu'ils partagent pour leurs fonétions le royaume en deux provinces. PV HÉRAUT. Ils ont pouvoir par une charte, de vifiter les fa- milles nobles, de rechercher leur généalogie, de “difiinguer leurs armoiries | de fxer À chacun les ar. . mes qui lui conviennent, & régler avec le Gafter la conduite des autres hérauts. : Autrefois les rois d'armes étoient créés & couron- nés folemnellement par les rois mêmes ; malsaujour- dhui c’eft le grand maréchal qui eft chargé de Les inflaller, & qui dans cette fonéion repréfente la perfonne du roi. | On peut ajouter aux deux rois d'armes précédens, Le Lyon roi d'armes pour l'Ecofle , qui eft le fecond en Angleterre, & dont le couronnement fe fait avec beaucoup de folemnité. Il eft chargé de publier les édits du roi, de régler les funérailles , & de caflerles armoiries. | _Ror dela bazoché, ( Jurify. ) Foyez BAzOCHE, RO de la fêve, ( Anti. rorn. ) les enfans tiroient au fort avec des fèves, à qui feroit roi ; ils faifoient à la fin de Décembre, pendant les faturnales, ceque nous avons tranfporté au commencement de J anvier, à l’occafion de la fête des rois. Cet ufage de fe fervir. deféve , pouvoittirer fon origine de ce que chez les Grecs on en ufoit pour l'élection des magiftrats ; d'où eft venu ce précepte énigmatique de Pythagore, aux ie rés » à fabis abfline ; ne vous mêlez point du gouvernement. Ciceron dit quelque part, fabam mi zum, la farce de la féve, parce que cette royatté de La Jéve étoit une efpece de royauté de théâtre. (D.J.) RO du feflin, ( Crisig. Jacrée:) la coutume d'oc- cident de faire les rois, pour dire Je régaler ; créer un roi de la fête , eft bien anciénne dans les feftins ; £e qui concerne cette coutume chez les Grecs &z les Romains,appartient à la littérature prophane, Poyrz- en l'article qui fuit. Pour ce qui regarde l'ufage des Juifs ,nousenfom- mes infiruits par l’Eccléfiaft. ch. æxxi. vs. 6 fui. Voïcice qu'en ditce livre. Si lon vous nomme le rot d’un feflin (aiyeméres), la vuloate dit reorem aus regem, ne vous élevez pas par cette raifon au-deffus desautres ;. mais aptès avoir eu foin de tous les con- vives, & avoir tout bien réglé, vous vous mettrez à table avec les Conviés, VOus vous rejouitez avec eux , & même pour l'ornement, vous pouvez rece- Voir ou prendre la couronne, Ces paroles juftifient Tome XIV, ROI 323 Que dans ces repas mêmes où il n’y avoit point d’ex= cès, on mettoit une couronne de fleurs > Ou de quel- que feuillage, fur la tête du roi du feffr ; ainfi lufæ ge dés couronnes dans les feflins » régnoit chez les Juifs | comme chez les Grecs & chez Les Romains, & n'étoit blâmé de perfonne ») quoiqu'il l'ait été fu- rieufement par Tertullien , dans fon livre # coron&. .… Le chapitre de l'Eccléfiaftique , que nous venons de citer, nous apprend encore que les Juifs aimoient à réunir dans leurs feftins » les chants & la mufique ; - une agréable mélodie, avec un vin délicieux, eft comme un fceau d’émeraudes enchâffé dans de Por. C’eft au verfes 7. qu’on lit ces paroles. Voyez les Com- menñtaires de Drufius, où vous trouverez beaucoup d’érudition fur cet ufage. (2. J.) | Rot du foflin, où ro: de La table ; (Antig. grecg, & rom.) anciennement, dit Plutarque, on créoit un chef, un légiflateut, un roi de a table , dans les re- | pas les plus fages. Je trouve qu'il fe faifoit de deux manieres, ou par le fort du dé, ou paf le choix des convives. Horace veut que le dé en décide, Quers Venus arbitrurm Od,. Te I. IT, Dicet bibendi ? Et ailleurs , Nec regna vini fortiere talis. Od. 4. LI. Plaute ne s’en rapporte pas au hafatd; les perfon: nages qu'il introduit fe donnent eux-mêmes des mat- tres & des maîtrefles ; do hanc ribi florentem florenrt , tu fc eris ditlarrix nobis, dit un de {es aéteurs , en Meffant une couronne de fleurs fur la tête d’une jeune perfonne. Et dans un autre endroit ; ffrateoum te facio huic convivio. Plutarque parle comme Plaute : dans la quatrieme queftion du Zy. 1. EuxToy dspoluer FUVF OT CT, VIA, Ce roi donnoit en effet des lois > © prefcrivoit fous certaines peines, ce que chacun devoit faire, {oit de boire, de chanter, de haranguer, ow de ré jouir la compagnie par quelqu’autre talent: Ciceron dit que Verrès, qui avoit foulé aux piés toutes les lois du peuple romain ; ObÉifloit pondtuellément aux lois de la table. Tfle enim prætor feverus ae diligens , ” qui popall romani legibns nungram paruiflet, its dili- SentET LeSIôUS parebat \» quæ in poculis ponebaneur. Cependant on ne faioit pas un ro: dans tous les repas, & onne s’en avifoit gueré dans les derniers tems, qu'au milieu du fefltin ; eétoit une reflource de gayeté quand on Commencoit à craindre la Jan gueur ; 6 pour lors chacun rencuvelloit fon atten- tion à paroître bon convive. Ce dernier ae s’ap- pelloit chez les Romains comeffario » du mot grec “opie, dit Varron, parce que les anciens Romains qui habitoient plus volontiers la Campagne que la ville , fe resaloient À tour de rôle > & {oupoient ainf tantôt dans un village &c tantôt dans un autre. Hora- ce; Martial, Lucien, Arien ; nous parlent aufi beaucoup des rois de table dans les faturnales. (D.J.) ROI, dans le Commerce ; €ft un titre qui a été don= né à plufieurs chefs de différens COrps ou commu- nautés. Il y avoit autrefois à Paris un 70; des bar: biers , un roi des arpenteurs ; il y à encore un roi de la bazoche, qui eft à la tête de la petité jutif- diétion, que tiennent dans la cour du palais, les clercs des procureurs au parlement ; & un ro des violons. RO des Merciers, c’étoït autrefois à Paris , & mé- me par toute la France , le prémiér, où pour mieux dire le feul oRcier qui veillât fur tout &e qui concer- noit le commerce, 1 Quelquesuns attribuent à Charlemagne l’infitu- tion de cette efpece de magiftrature mercantille; il eftdu moins certain qu’elle étoit très-ancienne , & lon donnoït à celui qui Pexerçoit le nom dé 7oi des merciers | parce qu’alors il-n°y avoit queles mercièrs Ssi 324 R OI qui fiflent tout le commerce ; les autres corps des marchands qui en ont été tirés, n'ayant été établis qu'aflez tard fous les rois de la troifieme race. Ce roi des merciers donnoit les lettres de maîtrife &t les brevets d’apprentiflage , pour lefquels on lui payoit des droits aflez forts; ilien tiroit aufli de con- fidérables des vifites qui fe faifoient de fon ordon- nance & parfes officiers, pour les poids & mefu- res, 6 pour l'examen de la bonne ou mauvaife qua- lité des ouvrages & marchandifes. Il avoit dans les principales villes de province, des lieutenans, pour y exercer la même jurifdiétion dont il jouifloit dans la capitale. Les grands abus qui fe commettoient dans l’exer. cice de cette charge , engagerent François I. à la fus primer en 1544; elle fut rétablie l’année fuivante. Henri HI. la fupprima de nouveau en 1581, par un édit qui n'eut point d'exécution à caufe des troubles de la ligue, Enfin Henri IV, en 1507. fupprima le roi des merciers | {es beutenans & officièrs ; caflant , annullant &t revoquant toutes les lettres d’apprentif- fase ou de maitrife données par cet officier ou en fon nom ; défenfe à hu d’en expédier à l’avenir, ni d’entreprendre aucune vifite à peine d’être puni, lui &c fes officiers, comme fauffaires, & de dix mille écus d'amende. Depuis cetems là , 1l n’eft plus fait mention du roi des merciers; les lettres font expédiées, & les vifites faites par Les maîtres & gardes des corps des. marchands, & par les jurés des communautés des arts &c métiers chacun dans fon diftrit, & fur ceux de fon métier & de fa profeffion. Ro des violons ; c’eît à Paris Le chef perpétuel de la communauté des maitres à danfer & joueurs d’inf trumens. Il eft pourvu par des lettres de provifions du roc, & eft un des officiers de {a mafon. Diéion, de Com. G de Trév. Ror pu nor», eft le titre du troifieme des hérauts d'armes provinciaux d'Anglererre. Foez Roï D’ar- MES & HÉRAUT. | Sa jurifdiétion s'étend du côté feptentrional de la riviere de Trent, comme celle du fecond héraut d'armes, nommé Clarencieux, s'étend du côté méri- dional, Voyez CLARENCIEUX. Ror des ribauds ; ( Jurifprud. ) Voyez PREVÔTÉ DE L'HÔTEL. Ror des Sacrifices, ( Antig. Rom.) rex facrorum , rex Jacrificalis , rex facrificulus, Tite-Live, Z XXF1. c.vy. Sous le confulat de Lucius Junius Brutus, & de Marcus Valerius Publicola, le peuple murmurant de ce que l'abolition du gouvernement monarchique fembloit déroger à la religion , parce qu’il y avoit certains facrifices qui étant réfervés aux rois perfon- nellement, ne pouvoient plus fe faure ; on établit un facrificateur qui en remplit les fonétions , &c on l’ap- pella roi des facrifices ; mais afin que le nom de roi même ne fit point d’ombrage , ce roi des facrifices fut foumis au grand Pontife, exclus de toutes les ma- giftratures, & privé de la liberté de haranguer le peuple. Lorfqu’il étoit obligé de fe trouver auxafflemblées des comices, par rapport aux facriñces dont il avoit l’intendance; aufli-tôt que les cérémonies étoient finies , il{erétiroit, pour montrer qu'il n’avoit au- çune part aux affaires civiles. C’étoit au grand pon- tife & aux augures.qu'appartenoit le droit de choïfir le roi des facrifices., qu’ils tiroient ordinairement d’en- tre les patrices les plus vénérables par leur âge & par leur probité; fon éle&tion fe faifoit dans lechamp de Mars , où le peuple fe trouvoit aflemblé par centu- ries ; la maïfon qu'habitoit le roi des facrifices, s’ap- pelloit regia, & fa femme reine, regina. C. M. Fapyrius, fut le premier à Qui on confia ce mimftere; & la coutume de créer un roi des fa- erifices fublifla chez les Romains jufqu’au tems de Théodofe, quil'abolit, de même que les autres cé1 témonies religieufes du paganifme. (D. J. ) Rors livre des , ( Crivig. facrée ) N y a quatre livres de l’ancien teftamentquiportentcenom, parce qu'ils comprennent plufñeurs actions des rois des juifs, &c quelques détails de leur gouvernement. Ces quatre livres n’en faifoient anciennement que deux dans le code hébraïque , dont le premier portoit le nom de Samuel , & l’autre celui des rois ou des regnes, Le premier livre comprend, dans 31 chapitres, l’efpace d'environ cent ans, depuis la naïfflance de Samuel, en 2849 , jufqu’à la mort de Saul, en 2049. Le fecond livre des rois contient, en 24 chapitres, Phifloire du regne de David , pendant l’efpace d’en- viron 40 ans, depuis fa feconde onétion à Hébron, lan du monde 2940, jufqu'à l'an 2088. Onignore l’auteur de ces deux premiers hvres des rois; quelques-uns les attribuent à Samuel, dont le nom fe lit À la tête dans l’original hébreu; mais en tout cas , il n’eft pas l’auteur du total, car fa mort fe trouve dans le vingt-cinquieme chapitre du pre- mier livre ; quand au fecond livre , ceux quile don- nent à Gad & à Nathan, nefe {ont pas appercçus qu'il s’y trouve des faits qui ne peuvent être du tems de Samuel ni de Nathan; auffi les meilleurs critiques conjecturent qu'ils font l'ouvrage d’Efdras, fur des originaux de Samuel , & autres écrivains du tems de David. Le troifieme livre des rois comprend, en 22 cha- pitres , l’hiftoire de cent vingt-fx ans, depuis laflo- ciation de Salomonau royaume, lan du monde 2989, jufau’à la mort de Jofaphat, roi de Juda , en 3115. Le quatrieme livre des rozs renferme , en 25 chapi- tres, l’hiftoire de deux cent vingt-fept ans, depuis la mort de Jofaphat, en 311$, juiqu'au commence- ment du regne d'Evilmérodach , roi de Babylone, qui tira Jéchonias de prifon, en 3442. On ne connoit pas mieux l’auteur des deux der- niers livres des rois, que celui des deux premiers. Il eft aflez vrai-femblable que tous ces quatre livres font de la main d’Efdras qui les a difpofés fur les ma- tériaux qu'il poffédoit ; il y'a du moins bien des traits auxquels on croit reconnoître Efdras ; mais on y trouve en même tems des contrariétés qui ne con- viennent point à fon tems, & qu'il n’a pas pris La peine de concilier. (D. J: ) RoIs PASTEURS, (Æifi. facrée. ) quelques favans ont ainfi nommé lesfix chefs des Ifraëlites, Ephraim, Beria, Rapho, Saraph, Thalé, & Thaan, dont il eft parlé dans le I. y. de Paralipomènes, ch. sy. ou plutôt, Salathis, Beon, Apachnas, Apophis, Janias | & Affis, rois égyptiens. Comme il paroït qu'il y a une interruption dans l'écriture, depuis la mort de Jofeph, par où finit la genèfe, jufqu’à lana- tivité de Moife, par où commence l’exode, c’eft là que M. Boivin place lhiftoire de ces fix rois paffeurs ; mais nous nous contenterons de remarquer que le fondement de cette prétendue royauté des Hébreux, nefe trouve que dans un fragment de Manéthon, rap- porté par Jofephe, dans lequel , le même Manéthon fait venir les rois pafteurs de M. Boivin , de lorient, & que Jofephe lui-même n’aflure point la domina- tion de fes ancêtres en Egypte ,avec le titre de rois. D'ailleurs les Juifs n’ont jamais été en état de faire une irruption dans l'Egypte, avec une armée de deux cent quarante mille hommes, comme M. Boivin l’imagine. Voyez fur tout cela, les réflexions de M, lab- bé Banier, dans l’Aÿf. de l’acad. des Inferip. som. IT. (D. J. Rois de Rome, (Hiff. Rom.) Rome commença d’abord à être gouvernée par des rois ; elle préféra, felon lufage de ce rems-là, dit Juftin, 2, I. c.7. le souvernement monarchique aux autres fortes de gouvernemens ; cependant ce n’étoit point URE MO- marchie abfolue, mais mitigée & bornée dans fa puif- fance. L’éleétion des rois de Rome, fe fadoit par le peuple, après avoir pris Les augures, & le fénat fer- voit en quelque forte de barriere à l'autorité monar- chique, qui ne pouvoit rien faire de confidérable fans prendre fon avis. Denys d'Halicarnañie, 2. /1. c. xiv. & L. VII. c, xxxvu. vous détaillera Les pri- wvileges des rois de Rome ; je ne ferai que les indiquer. Îls avoient droit, 1°. de préfider à tout ce qui concernoit la religion, & d’en être l'arbitre fou- verain, 2°. D'être le confervateur des lois, des ufa- ges & du droit de la patrie. 3°. De juger toutes les affaires où il s’agifloit d’injures atroces faites à un citoyen. 4°. D’aflembler le fénat & d'y préfider ; de faire au peuple Le rapport de fes decrets, & par- 1à, de les rendre autentiques. 5°. D’aflembler le peu- ple pour le héranguer. 6°. Defaire exécuter les dé- crets du fénat. Voilà tout ce qui regardoit les affai- res civiles, & les tems de paix. À l’égard de la guerre, le roi avoit un très-grand pouvoir, parce que tout ce qui la concerne demande une prompte exécution, & un grand fecret, étant fort dangereux de mettre en délibération dans un confeil public , les projets d’un général d'armée. Maloré cela, le peuple romain étoit le fouverain ar- bitre de la guerre & de la paix. Les marques de la royauté étoient la couronne d’or, la robe de pourpre mêlée de blanc , la chaire curule d'ivoire, & le fceptre au haut duquel étoit la repréfentation d’une aigle. Il étoit accompagné de douze liéteurs , portant ur leurs épaules un faifceau de baguettes, liées avec des courroies de cuir, &c du milieu de chaque faïlceau fortoit une hache. Ces léteurs lui fervoient en même-tems de gardes, & d’exécuteurs de fes commandemens, & de la juftice; oït qu'il fallüt trancher la tête, ou fouetter quelque coupable ,vcarc’étoit les deux genres de fupplices ordinaires chezles Romains; alors ils délicient leurs faifceaux , & fe fervoient des courroies pour her les crinunels , des baguettes pour lesfouetter; &c de la hache pour trancher la tête. Quelquesuns préten- dent que ces liéteurs étoient de linftitution de Ro- mulus ; d’autres, de Tullus Hoftilius ; &c d’autres, en plus grand nombre, à latête defquels 1l faut met- ire Florus, Z. 1, c.v. l’attribuent à Tarquin l’ancien. Quoi qu'il en foit , les gardes que prit Romulus, & fi l’on veut les héteurs armés d’une hache d'arme, couronnés de faifceaux de verges , défignoient le. | droit de glaive, fymbole de la fouveraneté; mais jous cet appareil de la royauté, le pouvoir royalne laïfloit pas, ence genre, d’être reflerré dans des bor- nes aflez étroites, &c il n’avoit guere d’autre autorité que celle de convoquer le fénat , & les afflemblées du peuple, d'y propoferles affaires, de marcher à la tête de l’armée quand la guerre avoit été réfolue par un decretpublic ,'& d’ordonner de l'emploi des finances qui étoient fous la garde de deux tréloriers, qu'on appella depuis quefteurs. Les premiers foins de Romulus furent d'établir différentes lois, par rapport à la religion & au gou- vernement civil, mais quine furent publiées qu'avec le confentement de tout le peuple romain, qui de tous les peuples du monde, fe montra le plus fier dès fon origine, & le plus jaloux de fa liberté. C’étoit lui qui, dans fes aflemblées , autorifoit les lois qui avoient été dirigées par le roi & le fénat. Tout ce qui concernoïit la guerre & la paix, la création des magiftrats, Péle@ion même du fouverain, dépendoit de fes fuffrages. Le fénat s’étoit feulement refervé le : ° pouvoir d'approuver ou de rejetter fes projets, qui, fans cetempérament & le concours de {es lumieres, euffentétéfouventtropprécipités &troptumultueux. Telle étoit la conftitution fondamentale de cet état, qui n’étoit ni purement monarchique, ni aufi en- R OI 325 tiérement républicain. Le roi, le fénat, & le penple, étoient pour ain-dire dans une dépendance réci- proque ; &c il réfultoit de cette mutuelle dépendance un équilibre d'autorité qui modéroit celle du prin- ce, & quiafluroit en même tems le pouvoir du fé- nat, & la liberté du peuple. Déjà Rome commencçoit à fe rendre redoutable à fes voifins ; il ne lui manquoït que des femmes pour en aflurer la durée. Romulus envoya des députés pour en demander aux Sabins, qui refuferent fa pro- pofition ; il réfolut de s’en venger : & pour y réufir, 1l ne trouva point de meilleur expédient que de célé- brer à Rome des jeux folemnels en l'honneur de Nep- tune. Les Sabins ne manquerent pas d’accourir à cette folemnité ; mais pendant qu'ils étoient attaches à voir le fpettacle, les Romains, par ordre de Romu- lus, enleverent toutes les filles, & mirent hors de Rome, les peres & les meres quireclamoient en vain lhofpitalité violée. Leurs filles répandirent d’abord beaucoup de larmes,elles fouffrirent enfuite qu’on les confolät ; le tems à la fin adoucit l’averfion qu’elles avoient pour leurs ravifleurs, dont elles firent depuis leurs époux légitimes. Il eft vrai que l’enlevement des Sabines caufa une guerre qui dura quelques an- nées ; maïs les deux peuples firent la paix, &c n’en firent qu'un feul pour s’unir encore plus étroitement. Rome commença dès-lors à être regardée comme la plus puiflante ville de l'Italie ; on y comptoit déjà jufqu’à quarante-fept mille habitans, tous foldats, tous animés du même efprit, & qui n'avoient pour objet que de conferver leur liberté, & de fe rendre maitres de celle de leurs voifins. Cependant Romulus ofa repner trop impérieufe- ment fur fes fujets, &c fur un peuple nouveau, qui vouloit bien lui obéir , mais qui prétendoit qu’il dé- pendit lui-même des lois dont il étoit convenu dans l'étabhflement de l’état. Ce prince au-contraire rap- pelioit à lui feul toute l'autorité qu'il eut dû partager avec le fénat & l’aflemblée du peuple. Il fit la guerre à ceux de Comerin, de Fidene,ëtà ceux de Veie, petite ville comprife entre les cinquante-trois peuples que Pline dit qui habitoient l’ancien Lanum, mais qui étoient fi peu confidérables, qu’à peine avoïent - ils un nom dans le tems même qu'ils fubfftoient, fon en excepte Veie, ville célebre de la Tofcane. Romulus vainquit ces peuples lesuns après les autres, prit leurs villes, en ruina quelques-unes, s’empara d’une par- tie du territoire des autres, dont il difpofa depuis de fa feule autorité. Le fénat en fut ofenfé, & il fouf- froit impatiemment que le gouvernement {e tournât en pure monarchie. Il fe défit d’un prince qui deve- not trop ablolu. Romulus âgée de cinquante - cinq. ans, & après trente-fept années de regne, difparut, fans qu'on ait pù découvrir de quelle maniere on lavoir fait périr. Le fénat , qui ne vouloit pas qu’on crûüt qu'il y eût contribué , lui drefla des autels après fa mort, & il fit un dieu de celui qu’il n'avoit pü fouffrir pour fouverain. Après la mort de Romulus, il s’êleva deux partis dans Rome. Les anciens fénateurs demandoïent pour monarque un romain d’origine; les Sabins qui n’a- voient point eu de rois depuis Tatius, en vouloient un de leur nation. Enfin après beaucoup de contefta- tions, ils demeutrerent d'accord que les anciens fé- nateurs nommeroient le ro: de Rome, maïs qu'ils {e- rotent obligés de le choifir parmi les Sabins. Leur choix tomba fur un fabin de ia ville de Cures, mais qui demeuroit à la campagne. Îl s’appelloit Numa Pompilius, homme de bien, fage, modéré, équita- ble, & quine cherchant point à fe donner de la con- fidération par des conquêtes, fe diflingua par des, vertus pacifiques. Il travailla pendant tout {on rene, à la faveur d’une longue paix , à tourner les efprits | du côté de la religion, & àsnfpirer aux Romains une: 326 R O Ï ‘grande crainte des dieux. Il bâtit de nouveaux tem- ples; 1l inftitua des fêtes, & comine les réponfes des oracles & les prédidions des augures & des arufpi- ces fafoient toute la religion de ce peuple groffer, il n'eut pas de peine à lui perfuader que des divinités qui préfidoient à ce qui devoit arriver, d'heureux © de malheureux, pouvoient bien être la caufe du bonheur ou du malheur qu’elles annonçoïent ; la vénération pour ces êtres fupérieurs, d'autant plus redoutables qu'ils étoient plus inconnus , fut une fuite de ces préjugés. | Rome fe remplit iifenfblement de fuperftition ; la politique les adopta, & s’en fervit utilement pour tenir dans la foumiflion un peuple encore féroce. Il ne fut même plus permis de rien entreprendre qui concernât les affaires d’état, fans confulter ces fauf- fes divinités; & Numa pour autoriier ces pieufes in- fitutions, & s’attirer lerefpeët du peuple, feignit de les avoir reçues d’une nymphe appellée £gérie, qui avoit révélé, difoit-1l, la maniere dont les dieux vouloient être fervis. Sa mort, après un règne de quarante-trois ans, laïffa la couronne à TuflusHoftilius, que les Romains élurent pour troifieme ro: de Rome ; c’étoit un prince ambitieux , hardi, entreprenant, plus amateur de la guerre que de la paix, & qui fur le plan de Romu- lus, ne fongea à agerandir fon état que par de nou- velles conquêtes. Tout lemonde fait que le courage & l’adrefle viétorieufe du dernier des Horaces, fit reconnoitre l'autorité de Rome dans la capitale des Albains, fuivant les conditions du combat, qui avoient adjugé l'empire & la domination au viéto- rieux, Tullus Hoftilius ruina cette ville, dont il trans- féra les habitans à Rome ; ils y recurent le droit de citoyens, & même les principaux furent admis dans le fénat; tels furent les Juliens, les Servitiens, les Quintiens, les Curiaces, & les Cléliens, dont les defcendans remplirent depuis les principales digni- tés de Pétat, & rendirent de très-grands fervices à la république. Tullus Hoflillius ayant fortifié Rome par cette augmentation d'habitans, tourna fes armes contre Les Sabins, l’an de Rome 113, | Le détail de cette guerre n’eft point de mon fujet, jeme contenterai de dire que ce prince, après avoir remporté différens avantages contre les ennemis, de Rome, mourut dans la trente - deuxieme année de {on regne ; qu'Ancus Martius, petit-fils de Numa, fut éKien la place d'Hoftilius, par l’aflemblée du peu- ple, & que le fénat confrma enfuite cette nouvelle éleétion , l'an de Rome 114, Comme ce prince tiroit toute fa gloire defon ayeul, il s’apphqua à imiter fes vertus paifbles & fon atta- chement à la relision. Il inflitua des cérémonies fa. crées qui devoient précéder les déclarations de guerre ; mais fes pieufes inftitutions, plus propres à faire connoître fa juftice que fon courage ; le renai- rent méprifable aux peuples voifins. Rome vit bien- tôt fes frontieres ravagées par les incurfions des La- tins, & Ancus reconnut par fa propre expérience, ue le trône exige encore d’autres vertus que la pié- té. Il fe détermina donc à prendre les armes, & cette guerre fut auf heureufe qu’elle étoit jute. Il |battit les ennemis, rwina leurs villes, en tranfportales-ha- bitans à Rome, & réunit leur territoire à celui de rette capitale. ; __ Tarquin, premier ou lancien, quoiqu’étranger, parvint l’an de Rome 138,àla couronne, après Ja mort d'Ancus, &c il lacheta par des fecours gratuits qu'ilavoitdonnés'auparavant auxprincipaux du peu- ple: Ce fut pour conferver leur.affe&ion , &rrécem- penfer {es créatures , qu'ilen fit entrer .ceñt dans le fénaf; mars pour ne pas confondreles différens ordres de létat,1lles fr patriciens, urapport de Denis d'Ha- R OT |, licarnaffe, avant que de les élever à la dignité de fé<- | nateurs , qui fe trouverent jufqu’au nombre de troist cens , où 11 demeuta fixé pendant plufñeuts fiecles,- On fera peut-être étonné que dans un état gouverné. par un roi, & aflifté du fénat, les lois, les ordon: nances , & le réfultat de toutes les délibérations, fe fiflent toujours au nom du peuple, fans faire mention: du prince qui regnoit ; mais on doit fe fouvenir que ce peuple généreux s’étoit réfervé la meilleure part dans le gouvernement. Il ne fe prenoit aucune réfo- lution, foit pour la guerre ou pour la paix, que dans fes affemblées ; on les appelloit dans ce tems-là affèm- blées par curies, parce qu’elles ne devoient être com- pofées que de feuls habitans de Rome divifés en: trente curies ; c’eft-là qu'on créoit les rois, qu’on: élifoit les magiftrats & les prêtres , qu’on faïfoit des! lois, & qu’on adminiftroit la juftice. . Servius Tullius fut nommé le fixierne roi de Rome: lan 175 de la fondation de cette ville. Ce prince tout: républicain , malgré fa dignité, mais qui ne pouvoit pourtant fouffrir quele gouvernement dépendît fou. vent de la vile populace, réfolut de faire pafler toute l'autorité dans le corps de la noblefle & des patri= ciens., où il efpéroit trouver des vues plus juftes 8 moins d’entêtement. | Ce prince pour parvenir à fes fins, divifa d’abord! tous les habitans de la ville, fans diftintion de naïf- fance où de rang, en quatre tribus,appellées les sribus de la ville. IL rangea fous vingt-fix autres tribus, les: citoyens qui demeuroient à la campagne, & dans le: territoire de Rome, Il inflitua enfuite le cens, qui: n’étoit autre chofe qu’un rôle & un dénombrement. de tous les'citoyens romains, dans lequel on com- prit leur âge, leurs facultés , leur profeffion., le nom de leur tribu & de leur curie , & le nombre de leurs enfans & de leurs efclaves. Il fe trouva alors dans Rome,&caux environs, plus de quatre-vingt mille citoyens. capables de porter les armes. Servius partagea ce grand nombre d'hommes en fix claffes , 8 compofa chaque clafle de différentes: cénturies de gens de pié. Foutes les centuries mon- toient au nombre de cent quatre-vinet-treize, com- mandées chacune par un ceñtüfion de mérite recon- nu. Le prince ayant établi cette difin@ion entre les citoyens d’une même république, ordonna qu’on afembleroit le peuple par centuries, lorfqw'il feroit queftion délire des megiftrats, de faire des lois, de déclarer la guerre ou d'examiner les crimes commis: contre la république, ou contre les privileges de chaque ordre. L’affemblée fe devoit tenir hors de la ville, & dans le champ de Mars. C’étoit au fouve- rain, Où au prêmier magitrat, à convoquer ces af- femblées , comme celles des curies ; & toutes les dé- libérations y étoient pareillement précédées par les aufpices , ce qui donnoit beaucoup d'autorité au prince , & aux patriciens, qui étoient revêtus des principales charges du facerdoce. le On convint, outre cela, qu’on recueilléroit les - fuffrages par centuries, au-lieu qu'ils fe comprtoient auparavant par tête, & que les quatre-vingt-dix-huit centuries de la premiere cclaffe donneroïient leurs voix les premiers. Servius, par ce réglement, tranf- porta adroitement dans ce corps compofé des grands de Rome, toute l’autorité du gouvernement; 8: fans priver ouvertement les plébéiens du droit de fuffra- ge, thfut par cette difpofition le rendre inutile, Car toute la nation n’étant{compoféelque de cent quatre- vinet-treize centuries ; & s’en trouvant quatre-vingt dix-huit dans la premiere clafe, s’il ÿ en avoit feu- lement quatre-vingt-dix-fept du même avis ,c’eft-= dire une dé plus que.la moitié des cent quatre-vingt- treize, Paffarre étoit conclue, & alors la prémiere claffe, compofée des-grands de Rome, formoit feule - les decrets publics. S'il manquoit quelque voix y & ROT . quelques centuries de la premiere clafle ne fuf- ent pas:du même fentiment que les autres, on appel- loit la feconde clafle. Mais quand ces deux clañles fe trouvoient d'avis conforme, il étoit inutile de pañler à la troifieme. Ainf le petit peuple. fe. trouvoit fans pouvoir, quand on recuerlloit les voix par centuries, au-lieu que quand on les prenoit par curies, comme les riches étoient confondus avec les pauvres, le moindre plébéien avoit autant de crédit que le plus confidérable des fénateurs. Depuis ce tems-là les af- fembléés par curies ne fe firent plus que pour élire les flamines, c’eft-à-dire les prêtres de Jupiter, de Mars, de Romulus , & pour l’éle&ion du grand cu- rion, & de quelques magiftrats fubalternes, La royauté après cet établiflement , parut à Ser- vius comme une piece hors d'œuvre & inutile, dans un état prefque républicain: On-prétend que pour achever fon ouvrage, & pour rendre la liberté en= tiere aux Romains, 11 avoit réfolu d’abdiquer géné- reufément la Couronne , & de réduire le gouverné- ment en pure république , fous la régence dé deux magiftrats annuels qui feroient élus dans une afflem- blée générale du peuple romain. Mais un deffein fi héroïque n'eut point d'effet, par l'ambition de Tar- quin le fuperbe, gendre de Servius, qui dans l’impa- tience de repner, fit aflaffiner fon ro: & fon beau- pere. Il prit en même tems poffeffion du trône ; l'an de Rome 218, fans nulle forme d’éle@ion, & fans confulter ni le fénat ni le peuple, comme fi cette fuprème dignité eût été un bien héréditaire, ou une conquête qu'il n’eut die. qu’à fon courage. k Une attion fi atroce ; que l’aflaffinat de {on roi ile fit regarder avec horreur par tousles gens de bièn. Tout le monde déteftoit également fon ambition &fa cruauté. Parricide &r tyran en même tems, al-venoit d'ôter la vie à fon beau-pere, & la Hberté à fa pa- trie ; comme il n’étoit monté fur le trône que'par ce double crime, il ne sy maintint que par de nouvél- les violences. Plufeurs fénateurs , des premiers de Rome, périrent par des ordres fecrets, fans autre faute que celle d’avoir ofé déplorer le malheur de leur patrie. Il n’épargna pas même Marcus Junius, quiavoit époufé une Tarquinie, fille de Tarquin l’an- cien, mais qui lui étoit fufpeë à caufe de fes richef. fes, Il fe défit en même tems du fils aîné de cet illu- {tre romain, dont il redoutoit le courage 8 le reffen- tinent. | Les autres fénateurs incertains.de leur deftinée, fe tenoient cachés dans leurs maifons. Le tyran n’en confultoit aucun ; Le fénat n’étoit plus convoqué; il ne fe tenoit plus aucune afflemblée du peuple. Un pouvoir defpotique & cruel s’étoit élevé fur la ruine des lois & de la liberté. Les différens ordres de l’état également opprimés, attendoienttous avec impatien- ce quelque changement fans Pofer efpérer, lorfque limpudicité de Sextus, fils de Tarquin, &!la mort violente de la chafte Lucrece, firent éclater cette haine générale que tous les Romains avoient contre le roi, La pitié pour le fort de cette infortunée romai- - ne, & la haine des tyrans , firent prendre les armés au peuple. L'armée touchée des mêmes fentimens fe révolta ; & par un decret public, les Tarquins furent bannis de Rome. Le fénat, pour engager le peuple plus étroitement dans la révolte, & pour le fendre | plus irréconcihiable avec les Tarquins , fouffrit qu'il pillât les meubles du palais. L'abus que ce prince avoit fait de la puiffance fouveraine, fit profcrire la royauté même; on dévoua aux dieux des enfers, & on condamna aux plus grands fupplices, ceux qui entreprendroient de rétablir la monarchie. L'état républicain fuccéda au monarçchique ; voyez RÉPUBLIQUE ROMAINE, Gouv. de Rorne. Le fénat &c la noblefle profiterent des débris de la royauté ; ils s’en approprierent tousles droits; Rome ROI 327. dévint énpartie un état ariftocratique, c’eft-à -dire. que la noblefle s’empara de la plus grande partie de, l'autorité fouveraine. Au-lieu d’un prince perpétuel, on élut pour gouverner l’état deux mapiftratsanniels. tirés du corps du fénat, auxquels on donna le titre modele decon/u/s, pour leur faire connoître qu'ils, étotent moins Les fouverains de la république, que: fes confeillers, & qu'ils ne devoient avoir pour ob... jet que fa confervation &c-fa gloire. Foyez CoNsuL. Roi DES RomaAINs ,:(Ai/. mod.) dans lémpire d'Allemagne, c’eft le prince élu parles éleéteurs penz. dant la vie de lemperéur ; pouf avoir la conduite & le maniement des affaires én fon.abfence, comme vi- caire général de l'empire ; 8 pour fuccéder après fa mort au nom & à ladipnité d’erpereur, fans qu’il foit befoin d’autre éle@tion ou confirmation. | Cette qualité, dans'le fens où on la prend aujour- d'hui, étoit tour-à-fait inconuue dutems des pre- nets empereurs de la maïfon de Charlemagne, qui ctoient empereurs & roës des Romains, c'efkà-dire fouverains dé la villé de Rome tout enfemble. Ils donnoient à leurs héritiers préfomptifs la qualité de roi d'Iralie, comme les anciens empereurs romains faifoient prendre celle de Céfar à leurs fucceffeurs défignés à l’empire. | | Le nom de ot des Rornains ne commença à être en ufage que fous le regne d'Othon I. & les empereurs le prenoïent,, quoiqu’en pleine pofleffion de lempi- re, & de la dignité impériale , jufqu’à ce qu'ils euf- fent été couronnés par les papes. C’eft en ce dernier fens qu’il-faut entendre le texte de la bulle d’or, quand elle fait mention du rot des Romains, dont elle n'a jamais parlé dans le fens où l’on emploie aujour- d’'hui ce terme , que noùs avons d’abord défini fui- vant l’ufage préfent : car le deflein de Charles IV. en faifant laibulle d’or , étoit de rendre l'empire pure- ment éleéif, de fonder & d’afermir les prérogatives des éleéteurs. Or, ce qui s’eft pañlé dans la maifon d'Autriche depuis 200 ans, montre aflez clairement que rien n’eft plus contraire à cette liberté que l’élec« tion d’un roz des Romains ; du vivant même de l’em- pereur. Les életteurs prévirent bien ces inconvé- mens ;, lorfque Charles V. voulut fairetélire Ferdi- nand fon.frere roi des Romains, & prétencirent les prévenir par un réglement conclu entre eux & cet empereur à Schwinfurt, en 1532, mais que la mai fon d'Autriche a bien fu rendre inutile. Le roi des Romains eft choifi par les élefteurs, & confirmé par l’empereur ; il eft couronné d’unecou- ronne ouverte, qu'on appelle romaine, mais on ne lui prête aucun ferment de fidélité qu'après la mort de l’empereur; on lui donne le titre d’avgujte, & non celui de soujours augufke, quieft rélervé à lempereur. L’aigle éployée qu'il porte dans fes armes ; n’eft qu’à unetète. En vertu de fon titre, il eft fans con- teftation fuccefleur de l’empereur. Après {a mort, & pendant la vie de l’empereur, vicaire unique & uni- verfel,, fecond chef & régent de l'empire. Il eft vrai que tant que empereur réfide dans l'empire, tous céstitres magmihiques{ont pour Le roi des Romains des honneurs fans pouvoir. Le roi des Komains a d’ailleurs des avantages qui lui font communs avec l'empereur, comfne de préf- der aux dietes , de les convoquer de l’aveu des élec. teurs, & de les congédier; de faire des comtes & des barons, de donner des lettres de noblefie, d’accor- ? . . . Î 2 T der des privileges aux univerfités ; de mettre les ré- belles au ban de l’empire , en obfervant toutefois les formalités ordinaires ; de rappeller les profcrits, de PE RE commuer les peines , &c. mais il reconnoît l’empe- reur pour fon fupérieur. Il doit n’acir qu’au nom & P , 5 TE 9! : par ordre de l’empereur; c’eft au-moins ce qu’il doit promettre, par la capitulation qu'on lui fait figner 328 R O I après {on éle&tion. Suppofé qu'ilw’ait pas Pâge de dix-huit ans , & qu'avant que de Pavoir atteint , il parvienne à l’empire, on lui impofe la condition de agir en qualité d’empereur , que fous Pautorité des vitaires de l’empiré , comme fes tuteurs, jufqu'à ce qu'’ilaitles années de majorité fixées par la bulle d’or, es actes néanmoins & les ordonnances doivent être tendus en fon nom. Le roi des Romains eft traité de majeffé royale pat tous les princes , & dans les cérémonies ; il marche au côté gauche de empereur , un pas ou deux der- riere. Quand il s’y trouve feul, le maréchal de fa courneporte l'épée devant lui que dans le fourreau, au lieu qu’on la porte nue devant l’empereur, Le méê- me roi traîte l’empereur de #ajeflé ; & l'appelle fon Seigneur, mais Pempereur ne le traite que de dilec- ‘éior. Comme la bulle d’ot ,quand il s’agit d’élire un em- pereur , parle feulement d’élire un ro des Romains futur empereur ; c’eft toujours une condition prélimi- naire , que le fujet à, qui on deftine Pempire , foit choifi & déclaré roi des Romains par les eleéteurs , äinfi que nous l’avons vu pratiquer dans les deux dernieres éle&tions. Heafs, hi. de l'empire, &. III, Ror, pié de, on dit en France, pié de roi, qui ef une certaine mefure, dont la longueur eft détermi- née par tout le royaume par l'autorité du prince, On hui donne cé nom pour le diftinguer du pié de ville, qui n’eft pas le même dans toutes les villes du royau: me : c’eft pourquoi les Mathématiciens fe fervent toujours du pié de ror Ün pendule long de $ piés de roi fait en une heure 1846 vibrations fimples : l’on pourroit donc retrou- ver, par le moyen du pendule, la Iongueut du pié de roi, fi cette mefure venoit à être perdue ou alté- tée. Voyez P1É , MESURE, PENDULE , 6x. (Æ) ROïI RENDU , jeu du, c’eft un jeu qui fuit prefque en tout Les regles & la maniere de jouer lé quadrille, à la réferve qu’il eft libre à celui qui a le 705 appellé, de le rendre à celui qui Pappelle , qui doit en échan« ge lui donner un carte de fon jeu. Ce jeu ne fe joue de la forte, que pour empêcher qu’on fe joûe de petits jeux , ce qui Ôte beaucoup de l'agrément du quadrille ordinaire, & fait que cette maniere de jouer plus gênante, a trouvé plus de par- tifans parmi les perfonnes d’un amufement plus fé- tieux. | Ce quadrille ne differe abfolument de l’autre qu’en ce qui eft permis à celui qui a le roi appellé, de fe tendre à l’hombre , ce qui fait qu'il y a quelques ré- gles particulieres. Celui qui a Le ro: appellé à mau- vais jeu, peut rendre le roi appellé à lhombre, qui doit lui donner en échange telle carte que bon lui femblera de fon jeu , & chaque joueur eft en droit de voir la carte échangée. Celui qui, ayant la carte appellée, auroit beau jeu , & rendroit Le roi pour faire perdre l’hombre , feroit la bête, fans que l’hombre fit exempt pour cela de la faire auf, s'il ne gagnoit pas Le jeu. Il faut que le roi appellé ait trois mains pour être dans ce cas. Celui à qui on a rendu le ro; eft obligé de faire fix mains avec ce fecours,tousles joueurs étant réunis contre lui. Il ne partage avec perfonne s’il gagne , & paie feul s’il perd. L'on ne peut point rendre le ro à celui qui joue avec fpadille forcé, il y a des maïfons où l’on rend toujours le roi appellé, & où celui qui joue, joue toujours feul, & le dernier eft obligé de jouer fi tous les autres ont pañlé, en appellant un ro qw’on lui rend, en fpadille fi l’on en eft convenu. Rot au jeu des échecs, eft la premiere & la princi- pale piece du jeu. C’eft de la perte de cette piece que dépend la perte de la partie ; c’eft encore elle qui la Fait finir. Le roi fe place au milieu du (daniter {ur le quatrieme cafe blanche ou noire, felon fa couleur, Quant à fa marche , elle eft fort grave, ikne va ja- maïs que de cafe en cafe ; en droite ligne & oblique. ment, devant , derriere, à côté, Er ne trouve point d’obftacles qui l’arrêtent, Il ne fait qu’un pas à la fois, à moins qu'il ne faute ; voyez SAUTE : pour lors il peut fauter deux cafes feulement de fon côté, ou de celui de la dame; car Le faut de trois cafes n’eft plus ufité. | Quand le roi faute de fon côté , il prend la place de fon chevalier, & fa tour fe place auprès de lui à la cafe de fon fou. | Si c’eft du côté de la dame qu’il faute , il prend la place de fon fou , & la tour de ce côté prend la cafe de la dame. Il y a cinq chofes au jeu des échecs qui empêchent le ros de fauter: 1°. s'il fe trouve quelque piece en tre lui & la tour ; 2°, quand cette tour a changé de place ; 3°. fi le roi a été obligé de fortir de fa places 4°. S'il eft en échec, & 5°. lorfque la cafe au-deffus de laquelle il veut fauter , eft une de quelque piece de fon ennemi, qui pourroit le faire échec en pañlant. Quoiqu'il foit permis aux rois de fe remuer de tous côsét, ils ne peuvent néanmoins jamais fe joindre , 4 faut qu'il y ait au-moins une cafe de diflance entre eux : &c quand chaque roi eft en marche, il prend, fi bon lui femble , toutes les pieces qui fe rencontrent dans fon chemin. ROIDE , adj. (Gram.) qu’on ne peut fléchir, On dit un bâton, un bois roide ; un reflort roide ; un cadavre roide ; un membre roide de froid; un efcalier roide , alors roïde fe prend pour droit & difficile à monter ; une montagne roide ; un caratere dur & roide; un ftyle roide; une voix roide, Ro1DE , (Maréchal) fe dit du col & des jambes du cheval ; du col, quand le cavalier ne peut le faire plier , & des jambes, lorfqu’elles font fi fatiguées, qu’à pee peut-il les plier un peu en marchant, ROIDEUR , £. £. (Gram.) inflexibilité d’une chofe dont il eftdiffcile de déranger la direétion des parties fur fa longueur. On dit la roideur d’une lame, d’un fléau , d’une branche; &c au figuré, la roideur de fon efprit, de fon caraétere , de fa voix, &c ROIDIR , v. aût, (Gram.) être ou rendre roide, Les mufcles fe roidiffent dans les paflions violentes, L’air humide roidir les cordes tendues ; il {e roidir contre l'évidence. Il faut fouvent fe roidir contre le torrent général , contre les pañions. Il eff naturel à l’homme , que la nature a créé libre, de fe roidir con- tre l'autorité ; c’eft la raifon qui lui en fait connoître les avantages,qui le foumet au poids de la chaîne, 8 qui l’émpêche de la fecouer. | ROINE-BLANCHE , (Hiff. de France.) on appel- loit autrefois roines-blanches les reines veuves , ou à caufe de leur coëffure blanche , ou en mémoire de Blanche de Caftille, veuve de Louis VII. & de Blan- che d’Evreux , veuve de Philippe de Valois. (D. 7.) ROIOC , f. m. (if. nat. Bor.) genre de plante à fleur monopétale , eu forme d’entonnoir , profonde: : ment découpée, & placée fur de petits embryons réu- nis de façon qu’ils ont la forme d’une petite tête: lombilic de chaque embryon eft attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, L’embryon devient dans la fuite un fruit mol &c anguleux, qui renferme une femence dure & anguleufe. Les fruits du roioc font réunis en un corps rond qui reflemble à un peloton. Plumier, z0va plant. amer. genera. Voyez PLANTE. | ROISE, f. f. (Gram.) dans labafle latinité, rorhorium rouiffoir en quelques provinces, &rosheuren d’autres, eft une foffe où l’on met pourrir à demi le chanvre, afin que la filafle puifle s’en détacher. L’aftion de telle eau que ce foit fufit pour opérer cette pourri- ‘ fure; tutes left même des pays où l’on fe contente d’ex- pofer Le chanvre à la rofée ; ce qui fans doute étoit autrefois l'ufage le plus général, puifque, fuivant les étimolosiftes , rouis dérive à rore, Dans le pays où l’impreffion de la rofée ne fufit pas , on y fupplée en y laïfänt féjourner le chanvre ans des eaux mortes, mais les plus claires qu’ilfoit pofüble de les choïfir. Ce féjour eft de 8 jours, plus où moins, felon que la chaleur plus ou moins gran: de accélere plus ou moins la pourriture du chan- vre. Le choix des eanx mortes pour cette opération, n'eft pas une preuve que les eaux vives ne lui con- vinfient autant, & peut-être mieux. Ce choix n’eft point hbre : les plus anciens réglemens fur le fait des eaux ont pris les plus grandes précautions pour éloi- gner les chanvres des rivieres & des eaux courantes. Salubritatem aeris , portent les anciennes conftitu- tions du royaume de Sicile , divino judicio referatam , in quaritim poflumus, fudio provifionis nofîre fludemus confervare : mandantes ut nulli amodo liceat , in aquis currentibus Dinum aut canrabum ad maturandum pone- re, Aéex e0, PrOuL certd didicimus, aeris difpofirio cor Thinpatur : quod ft fecerit, Linum ipfum aur cannabum amittat. La vierile chatte normande avoit la même difpofi- tion, ch. vi. en ces termes. Roskoria in aquis defluen- abus fieri non poffunt, cum illis aque frequentiÿs cor- rumpunñtur : ce que l’ancienne coutume de Norman- die avoit confervé en défendant, premiere-part. $, 1. ch. xyi.que l'on ne fét roteurs , ne chanvrer roir en eaus cozrantes, parquoi ne foyent fouventes fois COrrOmpues , Je que les poiflons en meurent. Ce qui a pañlé dans la nouvelle coutume, par laquelle, pour prévenir les entrepriles des particuliers qui, en détournant l’eau des rivieres, & en l'y faifant rentrer après qu’elle avoit abreuvé leurs roxfès, avoient trouvé le moyen d’éluder la loi, ftatue ; arc. 209. rotheurs ne peuvent être faits en eaux courantes, c'eft aulcun veur dérourner eau pour er faire , il doit vuider l’eau dudit rotheur, erforte que l'au d’icelut rotheur ne puiffe retourner en la riviere. Sur quoi M. Jofias Berault, confeiller à la ta- ble de marbre du parlement de Rouen ; obferve en fon commentaire fur la coutume de Normandie que les rotheurs font mourir le poiflon , parce que lesfucs grofliers que le chanvte a tirés d’une terre très-forte par elle-même & extrémement chargée de fumier, enivrent le poiflon , & portent la mortalité dans les rivieres : pourquoi , ajoute-t:il, Les officiers des eaux € forêts doivent y Veiller comme fur une des chofes de leur mminifiere les plus intérefflantes pour Le bien public. Ces attentions ne font point particulieres à la cou- tume de Normandie: celies de Bourbonnois, arr. 162. ch, xiv. d'Amiens, 1it. 11, art. 243. de Haynault , ch. x. art. 16. de Mons ; ch. liij. arr. 6. de Lille, sir. 1. art, 11, 6c. portent les mêmes difpofitions auxquelles eft conforme larr. 7. du réglement général de la ta- ble de marbre de Paris, du 15 Mai r s85,relatif à un arrêt du même fiége, du 26 Juillet 15 57, portant défenfès & inhibitions de faire rouir aucuns chanvres € ins, & de mettre aucune chauly , tannerie, ou autres chofes portant poifon , dans les étangs ou marais publics, où née dans les eaux particulieres , parce que cela cor- rompt l'eau, enfuite l'air | 6: fair mourir Le poiffon. _ En conformité de tous ces réglemens, auf pofitifs dans leurs difpofitions , que clairement motivés, ont ête rendus plufieurs arrêts du confeil, rapportés en la conférence de l'ordonnance de 1669 , édit. in-4°. contenant Les lois foreftieres de France. Ainfi, la défenfe de rouir des chanvres dans les rivieres & dans les eaux courantes, même particu- leres, fait partie du droit public de la France. Ce droit abandonne pour le rouiffement des chanvres que les eaux mortes , ou celles qui étant tirées d’une Tome XIF, à ROI 329 riviere Où éat courante fe perdent dans des terreiné plus bas, & ne retournent plus à la riviere, ou s’y rendent par un circuit, dont la longueur leur donne le tems de dépofer les fucs dangereux dont elles fe font chargées par leur féjour dans la roife. La connoïffance des obfervations qui ont fervi de bafe à toutes fes lois que je viens de rapporter, au- roient pu éclairer fur un phénomene qui a mérité l’at- tention de Pacadémie des Sciences de Paris. Il eft atrivé récemment que les eaux de la Seine étant très-bafles , fe font chargées infenfiblement de principes de corruption, qui répandirent à Paris une efpece d’épidémie. Les médecins ne prirent point le change fur la caufe du mal ; ils l'attribuerent unani- mement à une efpece d'infeétion qu'avoit contraété le peu d’eau qui reftoit dans la riviere. Mais d’où yes noit cette infettion? Etoit-ce du défaut ou de la len- teur de la circulation de l’eau ? Etoit-ce des immon- dices que la Seine ne pouvoit plus abforber &c dépo- fer , Gc?les avis étoient incertains & partagés ; enfin un des membres de l'académie des Sciences remonta la Seine, l’analyfa , obferva, crut découvrir la fource du mal dans certaines plantes aquatiques qui s’étoient emparées du lit que la riviere leur avoit abandonné, & conftata cette découverte par un favant mémoire inféré dans Les recueils de l'académie. Mais toutes les eaux mortes étoient defléchées par Vardeur de l'été de cette année. Les eaux courantes roulant à peine dans leur lit, ne pouvoient fournir à lPabreuvement des roifes, & la néceffité força de mettre rouir les chanvtes dans les rivieres mêmes & dans les ruiffeaux. Que l’on fe repréfente maintenant les ruiffeaux , les fontaines, les rivieres qui portent leurs eaux dans la Seine , le lit même de ce fleuve depuis fa fource, rempli de chanvre pendantles mois du travail & l’on imaginera aifément pourquoi, & pendant ces deux mois ,l’ean de la Seine a été cor- rompue au point d’imprégner des fucs grofliers & pu- trides dont elle étoit chargée , les plantes, même les plus infipides de leur nature. Ainf, lon peut com- parer les recherches de l’académicien fur ce phéno- mene, aux eflorts que faifoit un ancien philofophe pour découvrir la caufe du goût mielleux & des par- ties mellifiques qu’il avoit découvertes dans une fou- pe qui avoit été préparée dans un pot où il y avoit eu du mel. De tout ce qui vient d’être dit fur cet ar- ticle , il réfulte que les raifons & le choix de Peau pour les abreuver méritent toutes Les attentions qu’- ont rapportées nos anciennes lois pour les écarter des rivieres & des eaux courantes. Ces article ef? de M. GROSLEY , ayocat a Troyes. ROÏITELET , ROI, ROIÏTELAT , ROTTOLET, REBETRE , FARFONTE , FOVETTE ROUSSE, BERI- CHOT , BEURICHON, BŒ@UF DE DIEU , {. m. paffer troglodites ; ( Hift. nat, Ornitholog. ) oïfeau qui pefe trois gros ; il a un peu plus de quatre pouces de lon- gueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue , & fix pouces d'envergure. Le cou, le dos & les ailes font d’uhe couleur brune rouffâtre ou cha- tan, celle du croupion & de la queue eft encore plus rouflâtre , & il y a fur les ailes & fur la queue des taches tranfverfales noirâtres. La gorge eft d’un blanc rouflâtre ; le milieu de la poitrine a une couleur blan- châtre; Les côtés du corps & le ventre ont des lignes tranfverfales noires fur un fond de couleur blanche rouflâtre ; le bas-ventre eft d’un brun rouflître ; les plumes du fecond rang de l'aile ont à leur extrémité trois où quatre petites taches blanches, on en voit auf de pareilles fur les plimes qui couvrent laqueue. Il y a dix-huit grandes plumes dans chaque aîle, &c douze dans la queue ; cet oifeau la tient ordinaire- ment relevée. Le becaun demi-pouce de longueur ; il eft mince, jaunâtre par-deflous, & brun par-deflus. L'iris des yeux a une couleur de noifette ; le dedans QE 339 R OT de la bouche eft jaune. Le doigt de derriere & fon ongle font plus gros &c pluslongs que les autres doigts & les autres ongles. Cet oifeau fe glifle dans les haies &c dans les bordures, ce qui lui a fait donner lenom de sroglodyres. U cft de courte volée. Le roireler fait or- dinairement {on nid dans les buiflons & dans les haies, ou dans le chaume dont on couvre les mai- fons. Le dehors eff compofé de moufle , & le dedans eft garni de plumes & de poils. Ce nid a la forme d’un œuf poié fur l’un dé fes bouts ; l'ouverture qui fert de paflage à l’oifeau fe trouvé dans le milieu de l’un des côtés. Cet oifeau chante très-agréablement lorfqu'il eft apprivoité, & fa voix eft plus forte qu’on ne devroit l’attendre d’un fi petit oifeau, fur-tout dans le mois de Mar; c’eit aufli dans ce même tems qu'il niche. La femelle pond à chaque couvée neuf ou dix œufs, & quelquefois plus. Willughbi, Ornis. Voyez O1sEAU. ROITELET HUPÉ, ROITELAT, Perrr Roi, Pou, SOURCICLE , SOUCIE, regulus criffatus, Aldrovandi. C’eft Porfeau le plus petit de tous ceux que lon trouve en France ; il ne pelequ'un gros; il a environ quatre pouces de longueur depuis la pointe du bec jufqw’à l'extrémité des doigts , & trois pouces neuf lignes fi Pon prend la longueur jufqu'au bout de la queue. L’envergure eft de fix pouces. Les plumes du fommet de la tête qui forment la hupe ou la couronne de cet oïfeau, font de couleur de fafran ou d’un rouge très- clair, &c al peut en pliffant fa peau , cacher & décou- vrir cette hupe. Les bords de cette hupe font jaunes de toute part ; elle eft oblongue & entourée par une ligne noire aflez large. Cette hupe eft placée au mi- heu de la tête fur une ligne droite qui s’étend depuis le bec vers le cou, dont les côtés font d’un beau jaune verd ; le tour des yeux eft blanc ; tout Le dos & les faces fupérieure & inférieure du cou font d’un verd obfcur mélé de jaune. La couleur de la poitrine eft d’un blanc fale; les aîles font courbes & aflez ref. femblantes à celles du pinçon; elles ont chacune dix- huit grandes plumes comme dans prefque tous Les pe- tits oïfeaux ; elles font noïrâtres, & elles ont les bords des barbes extérieures jaunes, & ceux des bar- bes intérieures blancs ; la pointe des trois plumes qui font les plus prochaines du corps eftblanche. Ce qu'il y a de plus remarquable fur les ailes de ce petit oi- feau , c’eft que toutes les grandes plumes, excepté les cing premieres & les trois dernieres , ne font noi- râtres que fur les barbes extérieures qui fe trouvent au-delà du bout des plumes du fecond rang qui les recouvrent, ce qui fait que quandles aïles font pliées, on voit une aflez grande tache noire à-peu-près fur leur milieu. La premiere des grandes plumesdes ailes eft courte 87 mince. Les petites plumes du premier rang, quicouvrent les srandes, ont la pointe blanche, ce qui forme une ligne blanche tranfverfale fur l’aîle. Il y à auf des taches blanches dans les autres rangs des mêmes plumes. La queue n’eft pas fourchue, elle eft compofée de douze plumes longues d’un pouce êt demi.8c pointues à l’extrémité, dont la couleur eft brune, à l’exception des bords extérieurs qui font d’un verd jaunätre. Le bec eft mince, droit, noir & long d’un demi-pouce. Les piés font jaunâtres ; la lanoue eft longue, pointue & fourchue. L'iris des yeux.awune couleur de noïfette. La femelle eft moins colorée que le mâle. Ce petit oifeau fe nourrit d’in- feétes ; àl fe tientordinairement perché au-deffus des arbres, & principalement furles chênes. Aldrovande dit que la femelle fait d’une feule ponte fx ou fept œufs quine font pas plusgros quedes pois. Willughby, Ornithol. Voyez CISEAU. RoireLer, ox Perir Rot,regulus, (Hifi. mod.) titre qu'on voit fouvent employé dans les conciles des Saxons d'Angleterre, pour fynonyme à comte. Foyer COMTE, De-Ùà Jub-repalus , qw'on employoit parerllement pour fignifiet yicomie , quoique ces deux mots fem- blent en bien des endroits être pris indifféremment lun pour l’autre. Ainfi voit-on dans les archives de a cathédrale de Worcefter, qu'Utredus y prend quelquefois la qualité de regulus , & d’autres fois celle de /ub-regulus de la cité de Worcefter, Mais dans d’autres endroits, nous trouvons ces deux qualités diftinguées l’une de l’autre, Ofa, roi de Mercie, Uthredus, regulus ; Alredus, fab-reoulus &c. ROKOSZ, 1. m. (AE. mod. politig.) €'eft aïnfi que l’on nomme en Pologne une efpece de confédéra- tion , qui a lieu quelquefois dans les dietes ou affem- blées de cette nation tumultueufe. Lorfque les no- bles craignent quelque chofe de la part du roi ou du fénat , ils fe lient par ferment #7 capur 6 animam, de foutenir les intérêts de la patrie , &c ils font obliges en vertu de roko/?, de s’armer pour venir à fon fe cours , ou plütôt pour la déchirer. ROLAND , SraTuEs DE (Æif. mod.) dans plu- fieurs villes de Saxe & d’autres parties d'Allemagne, -On voit dans les marchés publics, des colomnes {ur lefquelles on a fculpté une épée, ou bien ces colom- nes font furmontées de la ftatue-d’un homme armé d'une épée, ce qui eft un fymbole de la haute juftice. On a cru que ces monumens repréfentoient Roland, neveu de Charlemagne, fi vanté fur-tout dans les ro- mans ; mais C’eft une erreur, & l’on penfe quelle nom qu’on leur donne, vient de l’ancien mot faxoe ruger ,; dénoncer en juftice, ou bien du mot ruhe, tranquillité , & lard, pays; comme fi ces monumens étoient des fymboles de la tranquillité que procure la juftice. ROLDUC , ( Géogr. mod.) en latin Rodia ducis : petite ville des Pays-bas dans le duché de Limbourg, à quatre lieues au nord d’Aix-la-Chapelle, & chef. lieu d’une contrée de même nom, qui appartient en partie à la maifoh d'Autriche, & en partie aux Etats généraux , par le traité réglé à la Haye en 1661. Le territoire de Ro/duc a d’orient en occident envirem” fix lieues de longueur, 87 deux de largéur du nord au fud. Long. 23. 52. latie. 50. 48. (D. J.) ROLE, f. m. (Gramm.) état ou lifte de plufieurs chofes ou perfonnes, portées les unes au-deflous des autres, fans ordre ou felon quelque ordre, On porte tel homme , tel effet au rôle, | RÔLE, (Lürérature.) au théatre c’eft la partie que l’aéteur doit favoir & débiter. Il faut qu’outre {on rôle , 11 fache les mots de chacun des'réles des autres atteurs après lefquels il doit répondre, Voyez THéa- TRE. | On appelle grands rôles ou principaux rôles, ceux où les aéteurs repréfentent le héros où les perfonna- ges les plus intéreflans d’une piece. RÔLE , dès Le tems d’Anaftafe on trouve les empe- reurs repréfentés fur des médailles, tenant dans leurs mains un rd/e long & étroit. Les antiquaires en ont fort longtems cherché la canfe ; les uns ont cru que c’étoit un rd/e de papiers, des mémoires, des requé- tes, Ge. que l’on préfentoit aux princes, ou quelque chofe de femblable ; d’autres ont cru que c’étoit un mouchoir plié queles perfonnes qui préfidoient aux jeux , élevoient en haut pour avertir de commencer; d’autres que c’étoitun petit fac de poudre ou de cen- dre que l’on préfentoit À l'empereur dans la cérémoz nie de fon couronnement, & que l’on appelloit akz- Kia, qui vouloit fisnifier que le moyen de conferver leur innocence , étoit de penfer qu'ils n’étoient que poufliere. Voyez AkAKtA. Il eft bien plus fimple de penfer que cet inftrument n’eft que le rouleau no:n- mé #appa, que le principal magiftrat élevoit en l'air comme nous l’avons remarque au #0: DiPryQUE, Foyez auffi MAPPAIRE. © RÔLE, (J'urifprud. ) du latin rorulum ; eft un état de quelque chofe; ces états ou mémoires ont té ap- pellés rôles, parce qu’on les écrivoit anciennement ur des grandes peaux ou parchemins que l’on rou- loit enfuite. En parlement l’on appelle grand rôle ; celui où Pon infcrit les caufes qui fe plaident aux grandes au- diences ; petit rd/e cehu où l’on met les caufes des pe- titesaudiences. Rôles des provinces font ceux oùl'on met les appels des baillrages de chaque province qui fe plaident le lundi & mardi; rôle des jeudi, celui où lon met les caufes des jeudis. RdZ d’après la S. Mar- tin ; rôles de la chandeleur, de päques, 6:c. font les rôles des caufes qui fe plaident dans ce tems; r0/e de relevée, eft celui des caufes qui fe plaident le mardi après midi ; rd/e de la tournelle , ef celui des caufes de la grande audience de la tournelle. Voyez l’arcicle PARLEMENT. RÔLE DES TAILLES. eft l’état de répartition de la , P taille fut les contribuables de chaque paroïfle. Voyez TArLLEs. (4) | ROLE , 4 grand ( Sucrerie. ) autrement nommé le grand tambour ; Ceft celui des trois tambours qui eft au milieu du moulin à fucre, & qui eft traverié de Parbre du moulin. Savary. (D. J.) RÔLE de tabac, (Manufailure de tabac.) Voyez Rou- LEAU de tabac. ROLLE, (Géogr. mod.) bourg de Suïffle dans le pays Romand, à trois lieues de Morges, au bord du lac de Geneve, dans l’endroit où ce lac s’avance dans les terres, & fait un enfoncement confidérable , en- orte que c’eft le lieu de fa’ plus grande largeur. Je parle de ce bourg , parce qu'il eft au-deflus de la plü- part des petites villes de France , qu'il eft très-beau par fa poñtion, & décoré de plufeurs jolies maifons, Sa fituation eït au pié d’un côteau riant , qui fait un très-bon vignoble. La baronie du lien eft une des belles terres feigneuriales du canton. (D. J.) _ ROLLIER, ROLLER, GEAY DE STRASBOURG, garrulus argentoraienfib. Aldrovandi, Wil. oïfeau qui ‘eft à-peu-près de la groffeur du geay ; il a un pié & fx lignes de longueur depuis fa pointe du bec juf- qu'à l'extrémité de la queue, & feulementneufpou- ces & demi jufqu’au bout des doigts. La longueur du bec eft d’un pouce cinq lignes depuis la pointe juf- qu'aux coins de la bouche, & la queue a quatre pou- ces fept lignes ; l’envergure eft de deux piés ; les aîles Étant plhiées s'étendent jufqu’aux deux tiers de la Ion- gueur de la queue : la tête &c la face inférieure ducou Tont d’un bleu couleur d’aigue marine qui change à _différens afpe@s en un verd obfcur; les plumes du dos êc celles des épaules ont une couleur fauve clair; celles du croupion &r du deflous de la queue , font d’un verd mêlé de bleu violet. Toute la face infé- rieure du cou eft d’un bleu pareil à celui de la face fu- périeure , & elle a de petites lignes plus claires & plus brillantes qui s'étendent le long du tuyau de chaque plume. La poitrine, le ventre, les côtés du corps, les jambes, les plumes de la face inférieure des aîles , & celles du deflous de la queue, font d’un bleu couleur d’aigue marine claire, Il y a vingt-trois grandes plumes dans chaque aîle ; la feconde ef la plus longue de toutes: les trois premieres ont le côté extérieur de la face inférieure noir , & le côté inté- rieur eft d’un bleu violet ; en-deflus elles font noires &c ont une teinte de verd très-obfcur ; la quatrieme & celles qui fuivent jufqu’à la dixneuvieme inclufi- Vement, {ont à leur origine d’un bleu couleur d’aigue marine clair ; le refte de chaque plume eft noir en- deflus , & d’un bleu violet en-deflous, du côté inté- rieur feulement, car le côté extérieur eff noir ; la vingtieme des grandes plumes des aîles a une cou- ! leur grife brune mêlée de fauve clair & d’un peu de verd ; enfin les trois dernieres font d’un fauve clair 1 Tome XI. | ROLE 337 du côté extérieur, & d’un gris brun mélé d'un peu de verd du côté intérieur. La queue eft compofée de douze plumes ; les deux du milieu ont en-deffis une couleur grife brune mélée d’une lésere teinte de verd, êc elles font en-deflous d’un verd d’aigue mas rinc ; les quatre qui fuivent de chaque côté ont en: deflous la même couleur que les précédentes ; la face = Vas se) : 5 » fupérieure & extrémité tanten-deflus qu’en-deflous, font d’un bleu couleur d’aigue marine clair; la plus grande partie des barbes intérieures eft d’un gris brun en-deffus, & d’un bleu violet en-defflous ; la plume extérieure a l'extrémité noire en-deflus, & d’un bleu violet en-deflous, Le bec eft noïrâtre , ex: cepté à la bafe, où il y a une couleur jaunâtre ; les narines font longues & étroites, & dirigées oblique= ment. Les piés Ont une couleur jaunâtre. Le ro//iereft un offeau de paflage ; il vient de tems en tems aux environs de Strasbourg; il pafle à Malte & quelque: fois en France ; il fe nourrit d’infectes , & principas lement de fcarabés, Ornithol. de M. Brifion, tom. II. Voyez OISEAU. | ROLLIER D'ANGOLA, galgulus angolenfis, ofeau qui eft à-peu-près de la groffeur du geay ; il a un pié trois pouces &T démi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue, & feulement neuf pouces trois lignes jufqu’au bout des ongles; la longueur du bec eft d’un pouce fept lignes depuis La pointe jufqu’aux coins de la bouche; la plume ex térieure de chaque côté de la queue a huit pouces trois lignes de longueur , & les autres n’ont que quaz tre pouces ; l’envergure eft de dix pouces; Les aîles étant phées, s’étendent à un peu plus de trois pouces au-delà de Porigine de la queue ; le deflus de ja tête &c la face fupérieure du cou font verts ; la partie an= térieure du dos & les grandes plumes des épaules , ont une couleur fauve mélée de verd, qui paroît d’un verd d'olive à différens afpeëts. La partie poftérieure du dos, le croupion & les petites plumes des aîles, font d’un très-beau bleu ; la gorge, la face inféfieure du cou, &c la poitrine ,ont une couleur violette; cha= que plume de la gorge & de la face inférieure du cou, a une ligne blanche qui s'étend felon la lon: gueur du tuyau; le ventre, les côtés du corps, les jambes, les plumes du deffous de la queue , & celles de la face inférieure des aîles, font d’un bleu cou- leur d’aigue marine ; les grandes plumes des aîles ont la même couleur depuis leur origine jufque vers la moitié de leur longueur ; le refte eft en-deflus d’un bleu très-foncé du côté extérieur du tuyau, & noir du côté intérieur ; en-deflous, au contraire, les bar- bes extérieures font noïtes & les intérieures bleues. Le tuyau de toutes ces plumes eft noir dans toute fa longueur. Il y a dans la queue douze plumes, qui ont toutes le tuyau noir; les deux du milieu font d’un verdobfcur; les autres ont une couleur bleue d'aigue marine, excepté à la pointe, qui eft d’un bleu foncé La plume extérieure de chaque côté, a la partie qux excede la longueur des autres, de couleur noire. Le bec &t les ongles font noiïrâtres, & les piés ont une couleur grife. On trouve cet oïfeau dans le royaume d’Angola. Orrir, de M. Briflon, tom. II. Foyer Or= SEAU, La ROLLIER DES ANTILLES, pica caudata, Wil, Où feau qui eft ä-peu-près de la groffeur de notre pie: il a la tête bleue; le coueft de la même couleur, & entouré par une forte de collier formé de plumes blanches. Il y a fur le fommet de la tête une tache blanche longue de trois pouces , large d’un pouce, & traverfée par de petites lignes noires; cettetache s'étend depuis la racine du bec jufque fur le dos, en À pafant entre les yeux. Le dos &e les grândes plumes des épaules font jaunes ; la poitrine, le ventre, les côtés du corps, les jambes &c les plumes du deffous de la queue ont une couleur blañçche, Celle-des plus L Lt | 332 R O L mes de la face inférieure des ailes eft d’un gris tirant fur le bleu ; les petites plumes des ailes font de cou- leur de marron , 6t ont des petites lignes noires lon- gitudinales & aflez larges; les moyennes ont une couleur verte qui eft plus foncée fur les bords qu’au milieu; les grandes {ont bleues, à l'exception des bords & du tuyau dont la couleur eft blanchâtre. Les plumes de la queue font bleues & traverfées de lignes blanches ; les deux plumes du milieu ont huit ou dix pouces de longueur de plus que les autres, dont la longueur diminue fucceflivement jufqu’à la der- niere qui eft la plus courte. Le bec & les piés font rouges. La femelle ne differe du mâle qu’en ce que la tache blanche qu'elle a fur le fommet de la tête, n’eft pas traverfée delignes noires , & que lesmoyen- nes plumes de fes ailes font vertes , au lieu d’être bleues comme dans le mâle. On trouve cet oïfeau aux iles Antilles; il eft très-fréquent fur les bords des rivieres de la Guadaloupe. Orrir. de M.Briflon, tom, Il. Voyez O1SEAU. ROELIER DE LA CHINE , galoulus finenfis , oïfeau qu eft à-peu-près de la grofleur du geai ; il a onze pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à lextrémité de la queue, & dix pouces fix hgnes jufqu’au bout des ongles ; Le bec a un pouce &t demi de longueur depuis la pointe jufqu’aux coins de la bouche; l’envergure eft d’un pié trois pouces: les ailes étant plées s'étendent un peu au-delà du tiers de la longueur de la queue. La tête, la face fu- périeure du cou , le dos, le croupion & les plumes du deffus de la queue font vertes ; il y a de chaque côté de Ja tête une large bande noire qui s'étend de- puis le bec jufqw’à Pocciput en paflant fur les yeux, La gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, le ventre, les côtés du corps êc les plumes du deflous de la queue font d’un blanc jaunâtre mêlé d’uneteinte de verd; les jambes ont une couleur grife, les plu- mes de la face inférieure des ailes font d’un gris brun; il y à dans chaque aile dix-huit grandes plumes ; la premiere eft très-courte, & la cinquieme eff la plus longue de toutes ; Les cinq extérieures font d’un brun tirant fur lolivâtre ; les trois plumes qui fuivent, ont la même couleur; mais elle efl mêlée d'un peu de couleur de marron fur les barbes extérieures le long du tuyau de chaque plume ; la neuvieme & la disieme font de couleur de marron du côté exté- rieur du tuyau, & d’un brun mêlé de couleur de marron du côté intérieur; la onzieme & la douzie- me ont une couleur brune tirant fur l’olivâtre, & mêlée d’un peu de couleur de marron; la couleur des autres plumes eft d’un brun tirant fur lolivâtre, fans mélange d’autres couleurs ; les trois dernieres plumes ont l'extrémité d’un blanc mêle d’une lègere teinte de verd. La queue eft compofée de douze plu- mes ; les deux du milieu ont la même couleur que le dos ; les autres font vertes depuis leur origine juf- qu'aux deux tiers de leur longueur du côté extérieur du tuyau, & dun gris blanc mrant fur le verd, du côté intérieur ; le refte de la plume a une couleur noirâtre , à l'exception de l'extrémité qui eft d’un gris blanc tirant fur le verd; il y a d'autant plus de noirâtre , & d'autant moins de gris blanc, quela plu- me eft plus extérieure; les deux plumes du milieu font les plus longues; les autres diminuent fucceff- vement de longueur jufqu’à la premiere qui eft la plus courte. L'iris des yeux &t le bec font rouges; les piés &c les ongles ont une couleur rouge plus pâle. Ontrouve cet oïfeau à la Chine, Orxir. de M. Briflon, tom. IT. Voyez OISEAU. ROLLIER DE LA NOUVELLE ESPAGNE, corrix corvina. Klein. Oïfeau qui eft à-peu-près de la gran- deur & de la groffeur de la corneille ordinaite. Le corps eft en entier d’un roux cendré, à l'exception de quelques plumes qui font d’une couleur plus clai- te. Le plus grand nombre des petites plumes des ailes eft d’un verd fonce ; il y en a quelques-unes quiont uneteinte de roux clair; les grandes plumes des ailes & celles de la queue font d’un très-beau verd foncé. Le bec eft de couleur cendrée jaunâtre. On trouve cet oifeau à la nouvelle Efpagne. Selon Seba, 1l don- ne la chafle aux levres , aux lapins, @c. Ornir. de M. Briflon , rom, II. Voyez OISEAU. ROLLIER DES INDES, galgulus indiens, oïfeau qui eff à-peu-près de la grofleur du geai; il a dix pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jufqu’à l'extrémité de la queue , & huit pouces neuf hgnes jufqu’au bout des ongles; le bec a un pouce cinq lignes de longueur depuis la pointe jufqw’aux coins de la bouche ; lenvergure eft d’un pié dix pouces : les ailes étant pliées s'étendent prefque jufqu’au bout de la queue. La tête &c la face fupérieure du cou font brunes ; le dos, le croupion, les grandes plumes des épaules , les petites des ailes & celles du deflus de. la queue ont une couleur verte mêlée de brun. La gorge eft d'un beau bleu , & il y a fur le milieu de chaque plume une petite ligne d’un bleu plus clair, qui s'étend le long du tuyau. La face inférieure du cou, la poitrine, le ventre , les côtés du corps , les jambes, les plumes du deffous de la queue, &celles de la face inférieure des ailes font d’un verd tirant fur la couleur de l’aigue marine. Les grandes plumes de l'aile, excepté les trois intérieures, c’eft-à-dire, cel- les qui fe trouvent près du corps, ont en-deflus les barbes intérieures & l'extrémité noires, & les barbes extérieures d’un bleu très-foncé ; la face inférieure de ces mêmes plumes eft äu contraire noire du côté extérieur du tuyau & à l'extrémité, & d'un bleu foncé du côté intérieur ; Les fix premieres ont vers le milieu de leur longueur une large bande tran{ver- fale d’un bleu couleur d’aigue-marine, qui s’étend fur toute la largeur de la plume , excepté la premie- re , dont la bande tranfverfale ne fe trouve que fur les barbes intérieures. La queue eft compofée de douze plumes d’égale longueur; les deux du milieu font vertes à leur origine , & ont l'extrémité noire. Les autres font auffi vertes à leur origine, & ont de même l'extrémité noire; mais il fe trouve du bleu. foncé intermédiaire entre ces deux couleurs. Le bec & les piés font jaunâtres , & les ongles ont une cou- leur noirâtre, On trouve cet oifeau aux grandes In= des. Ornir. de M. Briflon , rom. IT. Voyez Oiseau. ROLLIER DU MEXIQUE , pica, merula TEXICANA À Klein. Oïfeau beaucoup plus grand & plus gros que la groffe efpece de grive appellée drenne. Toute la face fupérieure de fon corps eft d’un gris obfcur ti- rant fur le roux; la face inférieure & les ailes font d’un gris clair varié de couleur de feu. On trouve cet oifeau au Mexique. Orzit. de M. Briflon , rom. II. Voyez OISEAU. ; ROLLIER HUPÉ DU MEXIQUE, corvus criffatus > Klein. Oifeau qui eft à-peu-près de la groffeur de no tre corneille : 1l a le corps varié de verd, débleu & d'une belle couleur d’or brillante, à l'exception des côtés qui font noirâtres. Les ailes ont une belle cou- leur de pourpre claire; l'extrémité des grandes plu- mes & de celles de la queue font noirâtres. Cet oi: feau a fur la tête une grande & belle hupe; les plu- mes des jambes font longues ;.le bec eft court, épais & rougeûtre ; les paupieres font d’un rouge couleur de fang & entourées de petites excroiflances char- nues ; Les piés font très-courts & épais. On trouve cet oïfeau au Mexique. Orrir. de M. Briflon, tom. IT. Voyez OISEAU. , ROLLIER JAUNE DU MEXIQUE , cornix flava à alis caudäque cinereis, Klein. Oïfeau dont la groffeur furpaffe un peu celle du pigeon commun. Il eft d’un jaune clair, à l'exception des ailes & des deux plu- mes du milieu de la queue qui font d’un gris foncé, ROM Le bec eft court, épais, & d’une couleur cendrée jaunâtre ; les yeux font grands &c l'iris eft rouge ; les piés ontune couleur grife claite. Les oïfeaux de cette efpece fe plaifent beaucoup fur les faules ; ils 5y af- femblent par troupes, & ils y font leur nid. On les trouve au Mexique. Orris, de M. Brion, 50m. IT. Voyez OISEAU. | ROLLIER DE MINDANAO , galoulus mindanoenfis, oïfeau qui eft à-peu-près de la groffeur du geai; il a un pié fix lignes de longueur depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la queue, & feulement dix pouces 3 lignes jufquw’au bout des ongles ; la longueur du bec eft d’un pouce 7 lignes, & la queue 4 pouces _&t demi; envergure eft d’un pié huit pouces; les ai: les étant pliées s'étendent au-delà des trois quartsde la longueur de la queue. Le deflus de la tête eft verd; la face fupérieure du cou à une couleur fauve tirant fur le violet ; la partie antérieure du dos & les gran- des plumes des épaules ont une couleur fauve mêlée de verd; les plumes de la partie poftérieure du dos & celles du croupion font variées debleu & deverd. La gorge eft d’un blanc roufsâtre ; les plumes des joues & de la face inférieure du cou font violettes, &T ont chacune dans leur milieu une bande longitu- cinale d’un blanc mêlé d’uneteinte de violet qui s’é- tend le long du tuyau. La poitrine eft d’un roux ti- rant fur le violet; le ventre, les côtés du cotps, les jambes , les plumes du deflous de la queue , & celles de la face inférieure de laile font d’un bleu d’aigue- marine ; les plumes du deflus de la queue, & les pe- tites des ailes ont une très-belle couleur bleue fon- cée; les plumes extérieures du premier rang font d’un bleu couleur d’aigue-marine ; les plus proches du corps ont une couleur verte , & celles du milieu font variées de bleu & de verd ; les grandes plumes des ailes ont du bleu foncé à leur origine , & le refte de leur longueur eft d’un bleu couleur d’aigue-mari- ne plus ou moins foncé ; les plus voifines du corps font de la même couleur que Les grandes plumes des épaules. La queue eft compofée de douze plumes; les deux du milieu font d’un verd obfcur, & elles ont un peu de bleu tout du long du tuyau; les autres font d’un bleu foncé depuis leur origine jufaue vers le milieu de leur longueur, & le refte de chaque plu- me eft d’un bleu couleur d’aigue-marine , à l'excep- tion de l'extrémité qui a une couleur bleue foncée. Le bec &r les ongles font noirâtres, & Les piés ont une couleur grife. On trouve cet oïfeau à Bengale &t dansl'ile de Mindanao. Ornie. de M. Briflon, rom. IT. Voyez O1SEAY. ROLIN , fm. (rerme de relation. ) nom que les habitans du Pegu donnent au chef de leur religion, à leur fouverain pontife. (D. J.) ROM , ox ROËM , île de Danemarck, au duché de Slefwick , fur la côte occidentale du Süud-Jutland. Elle eft entre les iles de Manoë & de Sylt; elle a deux lieues de long , fur une de large, & contient envi- | ron 1500 habitans. Il y a dans cette île deux ports où peuvent aborder les petits vaifleaux : en 1248, toute une paroifle qui étoit fur la côte occidentale de l'ile, fat fubmergée par la mer, avec fes villages, & maifons féparées. ( D. J. ) "ROMAGNE , 04 ROMANDIOLE, ( Géog mod.) province d'Italie, dans l’état de l’'Eglife, bornée au nord par le Ferrarois, au midi par la Tofcane, & le duché d'Urbin, au levant par le golfe de Venife, & au couchant par le Boulonois. C’eft un pays fer- tile en blé, vin, huile, & fruits; 1l y a beaucoup de gibier , des eaux minérales, des falines abondantes ; Vair y eft falubre ; la mer & les rivieres qui font na- vigables, donnent aux habitans decette contrée du poiflon, & l'avantage de pouvoir commerce. . Les principales villes de cette province font , Ra- venne, qui en eft lacapitale, Rimimi, Sarfina , Ce- ROM 335 éene, Forli, Faenza, Caftel-Bolosñèfe, Imoja. Les bornes de la Romagne ont beaucoup varié, aufli-bien que le nom : cette province fut ancienne- ment appellée Fel/fna , du nom de la ville Fe/fne , aujourd'hui Bologne. Tout le pays qué comprend préfentement la Romagne, ne porta pas néanmoins le nom de Frelfina ; on le donna feulement à cette partie, qui fe trouve entre Bologne & le Rubicon. Enfuite on lappella Faminie, du nom de la voie fla- minienne , que le conful C. Flaminius y ft faire; & par ce nom de Faminie, on comprend tout le pays qui fe trouve entre les fleuves Rimini & Fo gha. Enfin, le nom de Romandiole ou de Rornagne, lui fut donné par le pape, à caufe de la fidélité qu'elle garda toujouts aux fouverains pontifes. Ses bornes, felon Léander, font à l’orient la Mar- che d’Ancone, le long du Foglia; au midi PApennin qui la fépare de la Tofcane ; à l’occident la Lombar- die, le long du Panaro; &c 'au nord les marais de Vérone & du PÔ, jufqu’au Fornaci, & même une partie du golfe de Venile, Une partie de la Romagre fut encore ancienne- ment appellée Gaule, & furnommée Togata ; car Pline, les origines de Caton, & Sempronius, éten- dent cette Gaule depuis Ancone 8 Rimini » Jufqu’au fleuve Rubicon, Enfin, les Gaulois Boïens habite- fént encore Ce pays, favoir entre le Pifatello & la Leuza, PApennin & le P6. La puiffance de ces peu- ples parvint à un tel point, qu'ils pofléderent non- feulement le pays qui leur avoit été cédé, mais tout celui que nous comprenons aujourd’hui fous k nom de Romagne ou de Romandiole, La Romagre florentine eft comprife entre l’Apen= nin & la Romagne propre dont elle fait partie ; on y remarque la ville appellée Cia del Fole, & celle de Fiotenzuola. ( D. J. ) ROMAIN EMPIRE, ( Gouvernierient des Romains.) la république romaine avoit englouti toutes les autres républiques, & avoit anéanti tous les rois qui re- ftoient encore, quand elle s’afaiffa fous le poids de {a grandeur & de fa puiffance. Les Romains en dé- trufant tous les peuples , fe détruifoient eux-mêmes: fans ceffe dans l’adion , l'effort, & la violence, ils s’uferent comme s’ufe une arme dont on fe {ert tou- jours, Enfin, les difcordes civiles, les triumvirats , les profcriptions, contribuerent à affoiblir Rome, plus encore que toutes fes guerres précédentes. Les réglemens qu'ils frent pour remédier à de tels maux, eurent leur effet pendant que la république dans la force de fon inftitution, n’eut à réparer que les pertes qu'elle faifoit par {on courage , par Du audace , par fa fermeté, & par fon amour pour la gloire. Mais dans la fuite, toutes les lois ne purent rétablir ce qu'une république mourante, ce qu’une anarchie générale , ce qu’un gouvernement militaire : ce qu'un empire dur , ce qu'un defpotifme fuperbe, ce qu'une monarchie foible, ce qu’une cour ftupide, idiote , & fuperftitieufe, abattirent fucceffivement. On eùt dit qu'ils n’avoient conquis le monde que pour l’affoiblir , & le livrer fans défenfe aux Barba- res : les nations Gothes, Gothiques, Sarrazines , & Tartares , les accablerent tour-à-tour. Bien-tôt les peuples barbares n'eurent à détruire que des peuples barbares ; ainfi dans Le tems des fables, après lesinon- dations & les déluges, il fortit de la terre des hom- mes armés qui s’exterminerent les uns les autres. Parcourons ; d’après M. de Montefquieu , tous ces évêénemens d'un œil rapide; l'ame s’éleve, lefprit s'étend , en s’accoutumant à confidérer les grands objets. IT étoit tellement impoffible que la république püt fe relever après la tyrannie de Céfar, qu'il arriva à fa mort ce qu’on n'avoit point encore vu, qu’il ny eut plus de tyrans, & qu'il n’y eût pas de libertés 334 ROM car leseaufes qui lavoient détruite, fubfiftoient tou- Jours. Sextis Pompée tenoit la Sicile & la Sardaigne ; 1l étoit maître de la mer, &c il avoit avec lui une inf- nité de fugitifs 87 de profcrits, quicombattoïent pour leurs dérnieres efpérances. Oltave lui fit deux guer- res très-laborieufes ; & après bien des mauvais fuc- cès, il le vainquit par l’habileté d’Agrippa. Il gagna les foldats de Lépidus, & le dépoullant de la puif- fance du triumvirat, il lui envia même la confola- tion demenet une vie obfcure, &cle força de fe trou- ver comme homme privé dans les affemblées du peu- ple. Enfuite la bataille d’AGium fe donna, & Cléo- patre en fuyant, entraina Antoine avec elle. Tant de capitaines &z tant de rois, qu'Antoine avoit faits ou agerandis, lui manquerent; & comme fi la géné- rofité avoit été liée à l’efclavage , une fimple troupe de gladiateurs lui conferva une fidélité héroïque. Ausufte , c’eft le nom que la faterie donna à Oùa- ve, établit l’ordre, c’eft-à-dire une fervitude dura- ble : car dans un état libre où lon vient d’ufurper la fouveraineté, on appelle regle , tout ce qui peut fon- der l’autorité fans bornes d’un feul, & on nomme srouble, diffenfion ,mauvais gouvernement , tout ce qui peut maintenir honnête liberté des fujets. Tous les gens qui avoient eu des projets ambr- dieux , avoient travaillé à mettre une efpece d’anar- chie dans la république. Pompée, Craflus, & Céfar, y téufirent à merveille ; ils établirent une impunité de tous les crimes publics; tout ce quipouvoït arrè- ter la corruption des mœurs, tout ce qui pouvoit faire une bonne police , ils l’abolirent ; 6 comme les bons lésiflateurs cherchent à rendre leurs conci- toyens meilleurs, ceux-ci travailloient à les rendre pires : ils introduifirent la coutume de corrompre le peuple à prix d’argent; &t quand on étoit accufé de brigues, on corrompoit aufl les juges : ils firent troubler les éleétions par toutes fortes de violences; &t quand on étoit mis en jufhice, on intimidoit en- core les juges : l’autorité même du peuple étoit anéantie ; témoin Gabinius, qui après avoir rétabli, malgré le peuple , Ptolomée à main armée, vint froi- dement demander le triomphe, - Ces derniers hommes dela république cherchoïent à dégoûter le peuple de fon devoir, & à devenir né- ceflaires, en rendant extrèmes les inconvéniens du gouvernement républicain : mais lorfqu'Augufte fut une fois le maître, la politique Île fit travailler à ré- tablir l’ordre, pour faire fentir le bonheur du gou- vernement d’un feul. Au lieu que Céfar difoit infolemment que la répu- blique n’étoit rien, & que les paroles de hu Céfar, étoient des lois ; Augufte ne parla que de la dignité du fénat, & de fon refpeét pour la république. I {on- gea donc à établir le gouvernement le plus capable de plaire qui fût poffible, fans choquer fes intérêts, & il en fit un ariftocratique par rapport au civil, &c monarchique par rapport aurmhtaire: souvernement ambigu , qui n'étant pas foutenu par fes proptes for- ces, ne pouvoit fubfifter que tandis qu'il plairoit au monarque , 6c étoit entierement monarchique par conféquent. En un mot, toutes les aétions d’Augufte, tous fes réglemens tendoient à l’établifflement de la monarchie. Sylla fe défit de la diétature : maïs dans toute la vie de Sylla au milieu de fes violences, on vit un efprit républicain; tous fes réglemens , quoique tyranhiquement exécutés , tendoient toujours à une « On s’en fouvienr. de poéfie, de peinture, de forcé , de pathétique 6e de rithme: Depuis cet aile de [a rage, Tout effrayé, + Aer Dès qu'il fais nuit, il voir l’image De famoirie ; Qui du doigt montrant la bleffure De Jon beuu [ein , Appelle avec un long murmure, So affaffin, Il n’y a qu'une oreille faite au rithme de la poéfie; & capable de fentir fon effet, qui puifle apprécier l'énergie de ce petit vers sous effrayé, qui vient {ubi- tement s’interpofer entre deux autres de mefuré plus longue. ) 4. ROMANCHE LA, ( Géog. mod.) riviere de Fran- ce , en Dauphiné. Elle a fa fource dans les mon- tagnes qui féparent le Briançonnois du Gréfivaudan, & elle fe jette dans Le Drac, un peu au-deflus de Grenoble, ( D, J.) su ROMANCIER , fm, ( Gram. & Lis.) auteur qui a compofé des romäns. On donnoït le même nom aux poëtes du dixieme fiecle. . ROMAND re, ( Géog. mod. ) pays de la Suifle ; borné par la Savoie , le Vallais, le pays de Gex & la Franche-Comté. Il eft poffédé par les Bernoiïs & les Fribourgeois, ou plutôt prefque entierement par les Bernois. Sa longueur eft d'environ 24 lieues 5 à compter depuis Genève jufqu’à Morat ; ce qui ap- partient aux Bernois comprend plus de cent cin- quante paroïfles , &c forme treize bailliages, fans compter ceux d’Orbe & de Grançon , que les Ber= noiïs pofledent par indivis avec les Fribourgeois, D.J. RANS LANGUE, ( Hif. des langues. ) où ro- mance, St par quelques-uns romañs ou romans ; c’étoit une langue compofée de celtique & du latin ; mais dans laquelle celle-ci l’'emportoit aflez pour qu'on 344 ROM lui donnât les noms qu’on vient de dire. Ce fut elle qui fut en ufage durant les deux premieres races. Élle étoit nommée rzfhique ou provinciale par les Ro- mains & par ceux quileur fuccéderent : ce qui fem- ble prouver qu’elle n’étoit parlée que par le peuple &c les habitans de la campagne. Les auteurs du roman d'Alexandre difent cependant qu'ils Pont traduit du latin en roman, | Il y avoit dans la Gaule, lorfque les Francs y en- trerent, trois langues vivantes, la latine, la celtique &t la romane ; & c’eft de celle-ci fans doute que Sul- pice Severe qui écrivoit au commencement du cin- quieme fiecle , entend parler , lorfqu’il fait dire à Pofthumien : £4 verd, vel celticè, vel ft mavis, gallicè loquere, La langue qu’il appelloit ga/licane, devoit être Ja même qui dans la fuite fut nommée plus com- munément la romane; autrement 1l faudroit dire qu’il regnoit dans les Gaules une quatrieme langue, fans qu'il fût pofible de la déterminer , à moins que ce ne füt un dialeéte du celtique non corrompu par le latin, & tel qu’il pouvoit fe parler dans quelque’can- ton de la Gaule avant l'arrivée des Romains. Mais quelque tems après létablifflement des Francs, il n’eft plus parlé d'autre langue d’ufage que de la romane &c de la sudefque. Le plus ancien monument que nous ayons de [a langue romane , eft celui de Louis Le germanique, au- quel répondent les feigneurs françois du parti de Charles /e chauve. Les deux rois Louis de Germanie & Charles Ze chauve ayant à {e défendre contre les entrepriles de Lothaire leur frere ainé, font entr’eux à Strasbourg en 842 , un traité. de paix, dans lequel 1ls convien- nent de {e fecourir mutuellement, & de défendre leurs états refpeétifs avec le fecours des feigneurs &z des vaffaux quiavoient embraffé leur parti. Du côté de Charles Ze chauve, étoient les feigneurs françois habitans de la Gaule, & du côté de Louis , étoient les françois orientaux ou germains, Les premiers par- loient la langue romane, &t les germains parloient la langue tudefque. Les francois occidentaux, ou les fujets de Charles Le chauve, ayant donc une langue différente de celle que parloient les françois orientaux, ou fujets de Louis de Germanie, il étoit néceflaire que ce der- nier prince parlât , en faifant {on ferment, dans la langue des fujets de Charles, afin d’en être entendu dans les promefles qu’il fafoit, comme Charles fe fervit de la langue tudefque pour faire connoitrefes fentimens aux Germains ; & l’un & l’autre de ces peuples fit auffi fon ferment dans la langue qui lui étoit particuliere. Nous ne parlerons point des fermens en langue tudefque ; il ne s’agit ic1 que des fermens en langue romane. On mettra d’abord le texte des fermens, au- deflous l'interprétation latine, & enfin, dans une troifieme ligne , les mots françois ufités dans les xij. &c x. fiecles , qui répondent à chacun des mots des deux fermens ; par-là on verra d’un coup d’oœil la reflemblance des deux langues françoifes, &c leur rapport commun avec le latin, Serment de Louis , roi de Germanie. La premiere ligne contient les paroles du ferment ; la feconde l’interpré- tation latine , & La troifieme le françois du x5. frecte. Pro Deu amur & pro chriftian poblo Pro Da amore & pro chrifliano poplo Por Deu amor & por chriftian pople & noftro commun .falvament diff. di € noffro communi falvamento deifa die & mnoffre commun falvement defte di ROM en avant in quant Deus fair & in abante in quantum Deus fapere € en avant en quant Deu faveir & podir me dunat, fi falvarai jo potire mi donat, fic falvaro cga poir me donne, fi falvarai je Cift meon fradre Karlo, & in adiudha ecciflum meum fratrem Karlum, & In adjurum cit mon frere Karle, & en adiude er(z)in cadhuna cofa fi cum om per ero in quäqueunt caufa fic quomodo homa per ferai en cas-cune cofe fi cum om per dreit {on fradre falvar dit in o quid directuin fuum fratrem falvare® debet in hoc quid drei&t fon frere falver diff en o qu- il me altref fazet 6e ab Ludher nul ille mé alsrurm-fic facerer & ab Lothario nullum 1 me altrefi fafcet & a Lothaire nul plaid numquamprindrai qui, meon vol, cift placitum nunquam prendero quod, meo yolle,escifli plaid nonques prendrai qui, par mon voil,a cift meon fradre Karle in damno fit. meo fratrt Karlo oin damno fr. mon frere Karle en dam feit. C’eft-à-dire: « Pour l'amour de Dieu, & pour le » peuple chrétien en notre commun falut de ce jour » en avant autant que Dieu m'en donne le favoir &c » le pouvoir , je déclare que je fauverai mon frere w Charles, ci-préfent , & lui ferai en aide dans cha- » que chofe (ain qu’un homme felon la juftice doit » fauver {on frere) en tout ce qu'il feroit de la même » maniere pour moi, & queje ne ferai avec Lothaire » aucun accord qui par ma volônté porteroit préju- » dice à mon frere Charles ci-préfent. Serment des feigneurs françois fujets de Charles le Chauves La premiere ligne contient les paroles du ferment ; la féconde Pinterprétation latine | 6 la troifteme le fran- gois du x. frecle, Si Lodhuigs fagrament que fon fradre Karlo Si Ludovicus facramentum quod fuus frater Karlus Si Louis lefagrement que fon frere Karle jurat, confervat, & Karlus meos fendra Jurat, confervat, © Karlus meus fenior jure, conferve, & Karles mon fenhor de fuo part non los tanit, fi jo returnar de [ua parte non illud teneret, fi ego retornare de fue part ne Jo tanift, fi je retourner non lint pois, ne jo,ne neuls cui jo non illum inde poffum, nec ego nec nullus quem ego ne ent pois, ne je, ne nuls cui Je returnar int pois, in nulla aimdha contra retornare inde poflum, in nullo adjuto contra retourner ent pois, en nul ainde contre “Moduvig non li (5) Jjuer. Eudovicum non 1 oo fuero. Louis nun li ferai. C’eft-à-dire : « Si Louis obferve le ferment que » fon frere Charles lui jure , & que Charles, mon- » feigneur de fa part ne le tint point, fi je ne puis dé- »tourner Charles de ce violement, ni moi, niau- (a) Je lis er pour ero, aulieu de 6. ; | (&) M, Ducange lit fuer pour fuero, au lieu de juer ou iver. | ; >» CUS ROM 3 » cuns de ceux que je puis détourner , ne ferons en » aide à Charles contre Louis. On voit par cet exemple que la Zargue romane avoit déja autant de rapport avec le françois auquel 1l a donné naïflance , qu’avecle latin dontilfortoit. Quoi- que les expreffions en foient latines, la fyntaxe ne left pas ; & l’on fait qu'une langue eft auffi diftin- guée d’une autre par fa {yntaxe que par fon vocabu- laïre, Mér. de Pacad. des Infe. tom. XVII. & XXFI. 4 (D.,.J.) ROMANESQUE, adj, (Grar. ) qui tient du ro- man. Îl fe dit des chofes & des perfonnes, Une paf- fion romanefque ; des idées romanefques ; une tête ro- mancque ; Un tour romanefque ; un Ouvrage rornarief- que. ROMANESQUE, f. f forte de danfe. Voyez GAïL- LARDE. ROMANIE, ( Géog. mod. ) ou Romélie, ou Ru- mnélie, province de la Turquie européenne, bornée au nord par la Bulgarie , au midi par Archipel & la mer de Marmora, au levant par la mer Noire, & au couchant par la Macédoine. Autrefois par la Romanie on entendoit générale- ment, comme l'a remarqué Selden , tout le pays que poffédoient les empereurs grecs, foit dans l’Europe, foit dans l’Afie où dans l'Afrique. Préfentement le mot de Romanie défigne en général tout ce que les Turcs poffedent en Europe , & particulierement la Thrace, la Bulgarie , la Macédoine ; la Theflalie, la Grece & quelques autres contrées. Le mot Rumélie eft compofé de rum, & du mot grec ea, comme qui diroit la Romanie greque ; mais la Romanie et ordi- naïrement reftrainte du gouvernement du Begler- beg de ce pays, gouvernement qui ne s’étend ni fur 1 Hongrie , ni fur les îles de PArchipel, ni même fur la Morée , qui fait une partie du revenu de la va- … Ldeh, c’eft-à-dire de la fultane mere de Pempereur. Ce pays feroit fertile en blé & en pâturages , fi les Turcs fe donnoient fa peine de le cultiver ; les Grecs y font en grand nombre, Le bacha de Ramélie où Romanie , eft le dix-hui- tieme entre les gouvernemens beglerbegs, & le plus confidérable gouvernement des Turcs en Europe.Il fournit au bacha un million cent mille afpres de re- venu. Ce bacha fait fa réfidence à Sofe , & a fous lui vingt quatre fangiacs. (D.J. ROMANO , (Géog. mod. ) ville d'Italie, dans la partie orientale du Bergamafque , fur une petite ri- Viere qui coule entre le Serio & POglio. Cette ville fait un bon commerce en blé. (D. J. ROMANOW , (Géog. mod.) ville de l'empire ruf- fen, dans le duché de Jéroflaw , fur la gauche du Volga, au-deffus de Jéroflaw. (2. J.) ROMANS, (Géogr. mod.) petite ville de France, dans une belle plaine du Dauphiné , fur lIfere , à 3 lieues du Rhône , à 10 au fud-oueft de Grenoble , ÊC à 112 de Paris. Elle doit {on origine à un monaftere fondé dans le ix fiecle, qui a été fécularifé , & dont 12 manfe abbatiale a été unie À Parchevêché de Vien- ne. [ly a dans cette villeune abbaye de filles, ordre de Citeaux, fondée en 1 532, & plufeurs couvens de rehgieux. Romans eft un gouvernement particulier du gouvernement militaire de Dauphiné. Long. 22. 43. lat. 45, 7. (D. J.) ROMARIN , f. m. (if. nat. Boran. ) rofnari- 715 ; genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre fupérieure eft fendue en deux parties , & re- courbée en arriere ; elle a des étamines crochues: la levre inférieure eft divifée entrois parties dont celle du milieu eft concaye comme une cuillere. Le calice de cette fleur a deux ou trois pointes. Le piflil {ort du calice ; il eft attaché comme un clou à la partie poftérieure de la fleur, & entouré de quatre em- bryons qui deviennent dans la fuite autant de femen- _ Tor XIF, ROM 345 ces arrondies, & renfermées dans une caplule qui a fervi de calice à la fleur. Tournefort, I, 8. A. Voyez PLANTE. ROMARIN, (Jardinage. ) rofinarinus > atbrifleau toujours verd&c odoriférent, qui vient en Efpagne, en Italie , dans les provinces méridionales de çe royaume, & dans quelqu’autres pays chauds de l’Eu- rope. Il fait de lui-même un buiflon fort branchu qui s'étend en largeur & s’éleve peu ; cependant quand on le dirige pat des foins de culture, on peut lui faire prendre 8 à 10 piés de hauteur. Ses feuilles font fer- mes, longues, étroites , d’un verd foncé en-deflus , & blanchätre en-deffous. Ses fleurs qui font petites & d’un bleu pâle , paroïffent au mois d'Avril. Elles du- rent long-tems., & {e fenouvellent encore en autom- ne. Cet arbrifleau porte très -rarement des graines ; elles font ä-peu-près de la forme & de la grofleur de celle du mûrier: le mois d’Août ef le tems de leur maturité dans les pays chauds. Le romarin {e multiplie très-aifément de branches cauchées & de boutures. Les premieres fe font au printems ; mais le commencement de Juillet ef le tems le plus favorable pour faire les boutures d’ar. bres toujours verds. Quoiqu’on puife faire prendre différentes formes ä cet arbrifleau > 1l convient fur- tout à faire des haies qu’on peut tenir à fix pés de hau- teur, & enles taillant régulierement dans le commen- cement des mois de Juiilet & de Septembre. Elles fe garmflent bien & font un bon abri pour des parties de jardin que lon veut tenir chaudement. Cet ärbr:f. feau eft un peu délicat pour plufeurs provinces de l’intérieur de ce royaume, où les hivers rigoureux le font fouvent périr. Mais on attribue quelquefois au froid un dépériflement qui n’eft venu que de ca- ducité. Le romarin veut être renouvellé au bout de 10 Où 12 ans qui font à-peu-près le terme de {a du- rée. On la prolongera confidérablement en mettaut l'arbriffeau dans un terrein fec & léser, fabloneux ëc tres-pauvre; il s’y plaira , il y fera moins fujet à être mutilé par le froid , & il y fera des progrès plus rapides que s’il étoit dans une meilleure terre, D’ail- leurs, plus il eft jeune, moins il réfifte aux gelées. IL eft un moyen de l’en garantir sûrement , C'eft de lui faire prendre racine dans un vieux mur où il réfiftera àtoutesles intempéries du plein air, Il n’exigeaucuns foins de culture, que d’être arrofé lârgement fi l’on veut accélérer fon accroïflement. | Cet arbrifleau peut fervir à un objet utile. On af fure que les abeïlies recherchent fes fleurs de préfé- rence, parce qu’elles font printanieres abondantes , de longue durée, êc très-odcrantes. On fait entrer aufli ces fleurs dans les fachets de fenteur, dans les pots-pourris , & elles font la bafe de l’eau de la rêine d'Hongrie, La Médecine en fait ufage à quantité d’égards. On prétend que l’eau où Pon a fait infufer pendant douze heures des feuilles & des fleurs de cet arbrifleau, prife intérieurement : fortifie lamémoire & la vue. La fumée de cetre plante defléchée eft des plus propres à purifier l'air, &à chafler les mauvaïfes odeurs. On ne regarde à préfent le romarin ordinaire que comme un arbrifleau trivial & ignoble, Son odeur quoique aromatique n’eft fupportable qu'aux gens du commun. Cependantil y ades variétés de cet arbrif- feau affez belles pour être admifes dans les colledions les plus riches. Voici les différentes efpeces de roma rin que l'on connoît à préfent. 1. Le romarin ordinaire a feuilles étroites : c’eft à cette efpece qu’on peut appliquer plus particuliere- ment ce qui a été dit ci-deflus. 2. Le romarin ordinaire à feuilles étroites pañachées de jaune ; cette variété à une apparence agréaple : fes feuilles font parfemées accidentellement de taches dun jaune vif, quifont le même aipe& que fi l’on x 3 46 RO M “avoit répandu au hafard'quelques paillettes d’or fr “Varbrifleau. Sa feuille eft plus étroite que celles du “précédent; il fleurit plutôt, &c il eft un peu-plus dé- “cat. 3. Leromarin à feuilles étroites panachées de blanc; “c’eft l’efpece quia le plus d'agrément ; toutes fes feuul- les font. fi bientachées, qu’il femble de loin qu'elles “ont été argentées, C’eftle plus beau, le plus rare & “le plus délicat des romarins. À. Le romarin d’Alrnérie ; 1 s’éleve moins que le “romarin commun, Ses feuilles font plus petites, plus ‘blanches, & d’une odeur encore moins fupportable. “Ses fleurs qui viennent en épi au haut des branches, font d’un violet foncé. . Le romarin à larges feuilles ; cet arbrifleau ne -s’éleve qu’à deux ou trois piés. Ses branches font moins Hyneufes que celles du romarin commun. Sa feuille eft plus épaïfle , plus rude & d’un verd plus foncé. Il eff extrèmement commun aux environs de -Narbonne. 6. Le romarin parache a larges feuilles ;xleft rare & “peu connu. Article de M. D'AUBENTON. ROMARIN, ( Mar. méd. ) les feuilles &c Les fleurs de cet arbrifieau font d’ufage en médecine. Les phar- macologiftes ont donné à cetteplante & à fa fleur le nom d’anthos, c’eft-à-dire f/eur par excellence, &t cer- tes fort arbitrairement. Les feuilles de romarin {ont recommandées dans l’ufage intérieur, comme for- tifiantes, céphaliques , bonnes contre lépilepfe & ‘da patalyfe, hyftériques, apéritives , utiles fur-tout contre la jaunifle, contre la leucophlegmatie &z la cachexie, &c. Ces feuilles font prefque abfolument inuftées dans tous ces cas’, & onneles emploieguere que dansune feule préparation magiftrale deftinée à l'ufage extérieur , favoirle vin aromatique vulgaire, & dans unecompofition officinale , favoir le miel de romarin , melanthofatum. Les fleurs de romarin, où pour mieux dire,, les ca- lices de ces fleurs font de toutes les parties de cette plante aromatique , celles qui contiennent le plus abondamment le principe odorant & une huile ef- fentielle lorfqu’on les cueïlle .dans le tems balfami- que , qui eft 101 celui où da plus grande partieides fleurs eft à-demi épanouie. On retire de ces fleurs ane eau difillée qui eft peu ufitée, une huile effen- tielle dans laquelle on ne reconnoît évidemment que Les qualités communes des huiles effentielles , un ef- prit ardent aromatique très-connu, fous le nom d’eaz dela reine d'Hongrie, auquel on ne peut raifonna- blement attribuer auffique les qualités générianes des efprits ardens aromatiques. Voyez ESPRIT , Chutes, ODoORANT, principe, & ESPRIT- DE - VIN, fous le 4not VIN. Une conferve qui eit regardée Comme cordiale, ftomachique, anti-fpafmodique 8 emmenasogues êc enfin le miel anthofat , dont nous avons déja parlé , &c quine s'emploie guere que dans les lavemens car- minatiés. | Les fleurs & les fomnités du romarin entrent dans un grand nombre de remedes officinaux compofés,, tant-witernes qu'externes.. (à) ROMATIANA, civitas ; ( Géog. anc. Yale d’Ita- lie, dans la Carnie, aujourd’hui Cargna. Baromius, qui croit,aue c’eft la ville d'Aquilée, dit qw’elle'fut appellée Rorenicia 8 Romana ou parce que c’étoit une.colonie confidérable des ‘Romains ; ou parce qu'elle avoit été fidele à fes maitres. Mais Ortehus veut, avec plus de vraflemblancee , que Romartana -civiras doitle port Romatinus de Pline. Dansce cas, elle pourroitrrer fonnomdufleuve Romaunum,, qui mouille lawville de Concordia, & qu’on appelle au- jourd'huiLeme ou Lunenes (DJ. ROMATINUM FiUMEN, ( Géog. anc: ) fleuve d'irale, dans la Carme, aujourd'hui Carnia , felon ROM. Pline, v. LIT. c. xviÿ. Qui éonnoît une ville de mê- me nom vers l'embouchure de cefleuve. La ville: pourroit bien être Concordia. À l’égard du fleuve, on le nomme aujourd’hui Lane où Linene. ( D. J.) ROMBAILLERE,, L f ( Marsne, ) convention de planches qui couvrentle dehors du corpsdelagalere, &c qui font attachées avec de grands cious de fer à- travers des madriers & des eftemeraires. ROMBAVE , {. m. ( Æff. nar. Bor, ) arbrifleau de Vile de Madagafcar, qui donne une somme tres-blan- che 8z dont le bois eft flexible, " Le ROMEO , £. m. (if. nat. Ichthiolog. ) nom que l’on donne à Marfeille au turbot. Voyez TURBOT, ROME. ,.( Géog. anc. ) la ville éternelle. Les an- ciens auteurs latins l'ont nommée LrBs, c’eft-à-dire la ville par excellence, à caufe du rang qu’elle tenoit fur toutes les autres villes du monde ; le nom de Xo> me, enlatin Roma, luia toujours été confervé. En- vain l'empereur Commode voulut lui faire porter le nom de Coloniecommodienne; envain le rot des Goths l'appella Gorhue ; envain même lappellat-on /a ville d’Augufle, par flaterie pour ce prince; l'intention de tous les fouverains qui prétendirent lui donner leurs noms, n’a point ète fuivie par leurs fucceffeurs. Un prince d’une naïffance incertaine, dit abbé de Vertot, nourri par une femme proflituée , élevé par des bergers, & devenu depuis chef de brigands, jetta les premiers fondemens de cette capitale du monde, dans la quatrieme année de la fixiemeolym- piade, & la fept cens cinquante-troifieme avant la naiffance de Jefus-Carift, {l là confacra au dieu de la guerre ,: dont il vouloit qu’on le crüt forti; il admit pour habitans des sens de toutes conditions &z venus de différens endroits, Grecs, Latins, Albains, & Tofcans , la plüpart pâtres & bandits, mais tous d'une valeur déterminée. Un afyle aw’il ouvrit en fa- veur des efclaves 8 des fugitifs, y enattiraun grand nombre, qu'il augmenta depuis des prifonniers de guerre, &c 1l {cut de fes ennemis en faire fes premiers citoyens. Il choifit le mont-Palatin pour y placer fa ville, &c il employa toutes Les cérémonies fuperfitieufes que les Étrufques avoientintroduites pour de fem- blables fondations: il fit attacher à une charrue dont le focétoit d’airain , une vache & un tañreau , 6c leur fit tracer l'enceinte dé Rôme par un profond fil- lon. Ces, deux animaux , fymboles des mariages qui devoientpeupler les villes, furent enfuite égorgés fur les autels ; tout le peuple fuivoitla charrue, & pouf- {oit en dedans les mottes deterre que le {oc rejettoit quelquefois en dehors; on foulevoit cetre Charrue , & on la -portoit dans les endroits où l’on deftinoit de faire des portes. Cormmele mont Palatin étoit afolé , on l’enferma tout entier dans le:cirouit que l’on'traça, &c l’on forma une figure à-peu-près quarrée ax pié de la montagne, là on creufa en rond une foffe affez pro fonde , où tous les nouveaux habitans jétterent un peu de terre des différens pays où ils avoient pris naïffance, & ce trou refta en forme d'une efpece de puits dans la place publique ; où fe tinrent depuis les comices. | *. Rome fut ainf formée par des hommes pauvres & orofliers; on y comptoit environ mille chaumieres ; c’étoit, à proprement.parler, un village, dont les principaux habitans labouroient la terreingraté d’un: pays ftérile qu'ils s'etorent partagé ; le palais mé- me de Romulus m'étoit conftruit que ‘de joncs & n’étoit couvert que de chaume.. Chacun avoit choïfi fon terrein pour bâtir fa caba- ne, fans égard à aucun alignement; cétoit une ef |. pece de camp defoldats, qui fervoit d'afyle à des avanturiers, la plüpart fans femmes & fans enfans , que de defir de faire du butin avoit réunis, Ce fut ROM d'ufe retraite de voleurs que fortirent les conqué- : , rans de l'univers, dit à ce fujet l’écrivain des révo- lurions de la republique romaine. Le Ilnous faut prendre dela ville de Rome, dans fes commencemens, l’idée que ‘nous donnent les villes de la Crimée, faites pout renfermer le butin, les befiaux êciles fruits de la campagne. Les noms an- ciens des principaux lieux de Rome , ont tous du rap- port à cet ufage; cette ville n’avoit pas même de rues, fi l’on n’appelle dece nom la continuation des chemins qui y aboutifloient. En un mot, jufqu’à la prife de Rome parles Gaulois, cette ville n’étoit en partie qu'un amas informe de hutes féparées. T'elle eft la peinture que nous font les hiftoriens des commencemens de cette capitale du monde, qui ne fut jamais plus digne de commander à l’univers', que quand la pauvreté y conferval’amour des vertus civiles &T militaires, Ce furent ces illuftres labou- ‘reurs,, quien moins de cinq cens ans , aflujettirent les peupies les plus belliqueux de l'Italie, défirent des armées prodigieufes de Gaulois, de Cimbres & de Teutons, & ruinerent la puiflance formidable de Carthage. À peine cette ville naïffante fut-elle élevée au- deflus de fes fondemens, que fes habitans fe preffe- rent de donner quelque formeau souvernement; leur principal objetfut de concilier la liberté avec l’empi- re, & pour y parvenir, ils établirent une éfpéce de monarchie mixte, & partagerent la fouveraine puif- fance entre le chefou le prince de la nation , un {énat qui lui devoit fervir de confeil | &c l’affemblée du peuple. Romulus, le fondateur de Rome , en fut élu le premier ro1; 1l fut reconnu en même tems pour le chef de lareligion., le fouverain mapiitrat de la ville, & le généralné de l’état, Ses fuccefleurs aggrandirent beaucoup la ville de Rome ; le mont-Celius y fut a) jouté par Tullus ; le Jamicule & PAventin, par Ancus; le Viminal, Le Quirinal, & lEfquilin, par Servius Tullus; ce qui Occafonna le nom célebre de Sepricollis, qu’on don- na à cette ville, à caufe des fept collines fur lefquel- les elle étoit bâtie. Une des caufes de fa profpérité, c’eft que fes rois furent tous de grands perfonnages ; on ne trouve point ailleurs , dans les-hiftoires, une fuite non-in- terrompue de tels hommes d'état, & de tels Capi- taines, comme M. de Montefquieu la remarqué le prener. Les ouvrages qui ont donné & qui don- nent encore aujourd’hui la plus haute idée delfa puit fance., ont été faits fous les roïs. On peut voir l’é- tonnement de Denis d’'Halicarnaffe, Ar. rom. 1. III. fur les égoûts faits par Tarquin; & ces égoûts fub- fiftent encore. | On fait que quelques années avant le défaftre de Rome parles Gaulois, les tribuns du peuple avoient voulu partager le fénat 8:le souvernement de la ré- publique entre les deux villes de Véies & de Rome; après le ficcagement de cette derniere , les mêmes tribuns penferent à faire abandonner tout-à-fait Ro- me détruite, à tranfporter à Véies le fiege de l’état, ca en faire la feule capitale. Le peuple fembloit aflez difpofé à prendre ce parti, mais Camille Pem- porta fur lafattion destribuns, & d’un confentement unanime , il fut arrêté qu’on rétabliroit la ville de Rome, | On rebâtit les temples fur Les mêmes fondemens ; enfuite on répara les ruines des maifons particulie- res; le tréfor public y contribua du fien , & les:édi- les furent chargés de régler &.de hâterles ouvrages ; on fit marché avec desentrepreneurs, qui s’oblige- rent d’édifier les maïfons dans l’année; le tréfor pu- blic fournit la charpente & le baudeau pour couvrir les toits; 1l y eut ordre à tous les propriétaires des campagnes, d'y laifler fouir des çarrieres , & de Tome XIF, ROM V247 ‘ set HAE LA SN CL , 9. ALU fouffrir qu'on en enlevêt gratuitement :les pietres, Enfin tous Les Romains mirent la main à l’œuvre , & nuline futexempt des travaux; précédemment les ’ A e TE x À égouts publics ne pañloient que fous les rues » Où bâ- tit alors indifféremment fur leurs voûtes qui fervia rent delfondemens, 87 par-là les écoûts eurent leurs Cours fous les maïfons particulieres. Cependant la précipitation fit tort à la feconde confiruttion de Rome ; les rues demeurerent étroi- tes & mal alignées; il eft vrai que furdla fin de laré- publique , &c {nr-tout fous Augufte, Rome étant de- vénue la capitale du monde, la inagnificence aug- menta dans les temples, dans les palais, & dans les mailons des CitOyens,; mais cette nouvelle décora- tion ne réforma pas les défauts du plan fur lequel On avoit rétabli la ville après fa premiere conftruc- tion.: les chofes changerent bientôt aprés. L’incendie de Rome, qui dura fous le reone de Néron fix jours & fix nuits, la réduifit préique en cendres, & de quatorze quartiers de la ville, qua- tre feulement furent épargnés ; tous les foins, dit Tacite , que fe donna l’empereur, pour le foulage- ment du peuple affigé, furent inutiles à {à répuitas tion; onl’accufalone-tems d’avoirété lui-même l’au- teur de Pembrafement. Quoi qu'ilen foit, Néron fe fervit destuines de fa patrie pour faire éclater {a ma gnificence; il ordonna que fans garderl’ordre an- Gien, m lufler la liberté aux particuliers de bâtir'à leur fantaifie | comme ils avoient fait jufqu’alors, On tirât au cordeau degrandes rues, on élaroïît les places, .onenvironnât les quartiers de portiques que l’empereur fe chargea de conftruire à {es dépens, comme aufh. de faire enlever les démolitions & les décombres. Le même Néron voulut que les maifons fufent voûtées jufqu’à une certaine hauteur, 8c bâties d’une pierre qui réfifte au feu; il prefcrivit encore que les particuliers ne tireroient point l’eau publique à leurs ufages, afin que l’on eût des réfervoirs auxquels ON pourroit aVoir recours en cas d'incendie, & que chaque maifon feroit féparée l’une de l’autre {ans un mur mioyen;1l bâtit pour lui-même un palais moins fuperbe par là dorure, que le luxe avoit déja rendue commune ; que par les champs, les lacs, les forêts, & les campagnes dontilétoit accompagné. On peut voir une. courte defcription de ce palais, au mor MAISON DORÉE. Les ordonnances de l'empereur , outre lutilité publique, apporterent un embelliffement particu- lier à lanouvelle ville; quelques-uns creyoient pour- tant que les anciens bâtimens étoient plus fains, ou du moins plus commodes pour le peuple , parce que les rues étant plus étroites, la hauteur des maifons garantiloit des rayons du foleil, qui ne trouvoient plus d’obftacle par la maniere dont on venoit de bâtir, x Il nous refte quelques defcrintions de. la ville de Rome, telle qu’elle fe trouvoit vers le fiecle desem- pereurs Valentiniens & Valens ; & dans ces tems-là elle Ctoit partagée en quatorze régions, dont nous avonsune defcription attribuée à P. Vi@or. Voyez RÉGIONS DE ROME. C’eftun article qui fert de {up- plémentà celui-ci, & qui nous met en état de pañler à la defcription de Rome moderne. LR Quant aux autres détails qui concernent l’ancien ne Rome , on les trouvera dans ce Di&ionnaire fous eurs divers articles particuliers ; il feroit fuperflu d’en faire 1c1 l’'énumération. Je pañle à Rome moder- ne, la ville du monde quiintéreffe le plus la curio- fité. (Le chevalier DE JAavcourr. ROME 7roderne | ( Géog. mod.) C’eft toujours la plus fameufe ville de Punivers, quoique lempire romain foit détruit. On fait quelle eft fituée fur le Tibre , environ à 155 lieues de Turin, à 300 de Xxi 345 ROM Madrid, à 330 au fud-eftde Paris, à 340 d'Amfter- daim, à 3 10 nord-oueft de Conftantinople, & à 190 fud-oueft dé Vienne. Lone. fuivant Caflini &c Bian- chini, 30. 10. 30". Laxir, 41. 54. felon Gréave, 41. 46, La différence de: méridiens entre Paris ê Rome, eft de 10. 19. 30. dont Rome eft plus orien- tale que Paris. Rome eff non-feulement aujourd’hui la capitale de l'Italie dans l’état de l'Eglife , mais elle eft encore à plus d’un égard , la capitale de tous les royaumes catholiques , puifque chacun d’eux a Le droit d'y nom- mer un minitre, &z que leurs caufes eccléfiaftiques , même leurs caufes temporelles , y font jugées par letribunal de la Rote , compofé de juges de chaque nation, Dans cette ville, © Près de cecapirole , où régnoient sant d'allarmes , Sur les pompeux debris de Bellone & de Mars, Un Ponrife eff affis au trône des Céfars. Des prêtres forsunés foulent d'un pié tranquille Les tombeaux des Carons , 6 La cendre d Emile : : Le vrône eff fur l'autel, & Pabfolu pouvoir Mes dans les mêmes mains Le [ceptre 6 l’encenfoir. Voltaire. La différence eft néanmoins bien grande entre Ro- me ancienne , & Rome moderne ; je ne dirai pas avec Vopifcus , qui vivoit fous l'empire de Dioclétien, que les murailles de l’ancienne Xome avoient un cir- cuit de cinquante milles, parce que je crôis que c’eft une faute des copiftes ; je ne fuis pas moins éloigné d’adopter les extravagantes exagérations de Vofhus, qui donne à l’ancienne Rome plufieurs millions d’ha- bitans; mais en fuppofant qu’elle fût à-peu-près auff peuplée que peut l'être Paris, il eft certain que Ro- me moderne n’alpas éent us mille ames. On ne comptoit à {à fin du dix-feptieme fiecle , par un dénombrement qui fut imprimé , que cent trente-cinq mille habitans dans cette ville, en y com- prenant les Juifs, & ce calculfe trouvoit encore vé- rifié par les reoiftres des naïflances,. Il y naïfloit, an- née commune, trois mille fix cens enfans ; ce nom- bre de naïflances multiplié par 34, donne toujours à peu près le total des habitans, favoir environ cent vingt-cinq mille, outre les dix mille Juifs. Il réfulte de cette obfervation que Rome ef fix fois moins peuplée que Paris, &cfept fois moins que Lon- dres ; elle n’a pas la moitié d’habitans que contient Amfterdam, & en eft encore plus éloignée propor- tionnellement du côté de l’opulence, & la connoif- fance des arts qui la produifent ; elle n’a ni vaifleaux , ni manufactures , ni trafic. Il eft vrai que depuis le pontificat de Jules II. & de Léon X. Rome a été le centre des beaux arts, jufqu’au milieu du dernier fiecle ; mais bientôt, dans quelques-uns , elle fut éga- lée , &c dans d’autres furpañlée par notre capitale, Londres a auffi fur elle autant de fupériorité par les fciences que par les richeffes &c la liberté; les palais f vantés de Rome font inégalement beaux , & géné- ralement mal entretenus; la plüpart des maïfons des particuliers font miférables ; fon pavé eft trés-mau- vais , les pierres petites & fans afliete; fes rues vi- laines , fales & étroites, ne font balayées que par la pluie qui y tombe rarement. Cette ville, qui fourmille d’églifes & de couvens, eft prefque déferte à lorient &c au midi. Qu'on lui donne tant qu’on voudra douze milles de tour, c’eft un circuit rempli de terres incultes, de champs & de jardins , qu’on appelle vignes. Ceux du Vatican &c du derriere de S. Pierre, occupent plus d’un tiers de la artie nommée le bourg, &c tout ce qui eft à l’occident de la Longara jufqu’au Tibre,ne préfente encore que des jardins, & des lieux vuides d’habitans. Aïnfi, Jon a eu raïfon de dire , que les fept collines qui fai- RO M foierit autrefois fa décoration , ne lui fervent plis que de tombeaux, Hoec , dur viva , Job Jeprèm NE RE arees Mortua nunc feptem contecisur rumulis. C épendant cette Rome dépeuplée , foïble par elle: même , fans fortifications , fans troupes & fans géné- raux, eft toujours la ville du monde la plus digne dè curiofité, par une infnité de précieux reftes d’anti- quités, & des chefd’œuvres des modernes , en ar- chiteéture, en peinture & en fculpture. Entre les reftes de Pancienne Rorne, la grandeur de la république éclate principalement dans les ouvra- ges néceflaires, comme les grands chemins, les aque- ducs & les ponts de la ville. Au contraire la magni- ficence de Rome fous les empereurs, fe manifefte dans les ouvrages qui concernoient plutôt l’oftentation où le luxe, que Putilité publique ; tels font les bains, . les amphithéâtres les cirques , les obélifques , les co- lomnes , les maufolées, les arcs de triomphe , 6. car ce qu'ils joignoient aux aqueducs , étoit plutôt pour fournir leurs bains &c leur naumachie, & pour em- bellir la ville par des fontaines, que pour quelque be- foin effeétif. Ces divers reftes ont été fi amplement décrits par quantité de voyageurs & d’autres écri- vains, dont les meilleurs ouvrages ont été recueillis dans la vafte colleétion de Gronovius, qu'il eft difi- cile de rien dire de neuf fur un fujet fi rebattu. Ce- pendant , 1l y a tant de chofes remarquables dans un champ fi fpacieux , qu'il eft difficile de Les confidérer fans faire différentes réflexions, ou felon fon génie, ou felon les études que l’on à cultivées. ; En général parmi les antiquités de Rome, les an- ciennes ftatues font l’objet qui a le plus de partifans, à caufe de l’excellence de l'ouvrage. On eft enchanté de voir les vifages de gens illuftres qu’on connoît tant dans l’huftoire. On aime à confiderer la reflem- blance qui fe trouve entre les figures des divinités du paganifme, êz les defcriptions que les poëtes nous en ont données , foit que les poëtes aient éré les co- piftes de la fculpture grecque , foit que la fculpture ait pris fes fujets dans les poëtes. Rome, maïtrefle de l'univers, raflembla dans fon fein les plus beaux mor- ceaux de la Grece. Quoique les ftatues qui ont été trouvées parmi les débris de l’ancienne Rome , furprennent par leur nombre prodigieux, il ne faut point douter qu’il n’y ait encore fous terre de grands tréfors en ce genre. Il y a plufieurs endroits qui n’ont jamais été vifités. On n’a point touché à une grande partie du mont Pa- latin ; & comme c’étoit autrefois le fiége du palais de l'empereur, on peut préfumer qu'il n’eft pas ftérile en richeffes de ce genre. Il y a des entrepreneurs à Rome qui achetent vo- lontiers le droit de fouiller des champs, des jardins ou des vignobles. Ils payent l’étendue de la furface qu'ils ont à creufer ; & après Peflai, comme on fait en Angleterre pour les mines de charbon , ilsremuent les endroits qui promettent davantage , & fouvent avec fuccès. S'ils font trompés dans leur attente, ils gagnent ordinairement affez de briques & de décom- bres pour fe rembourfer des frais de leurs recherches, parce que les Architectes efliment plus ces matériaux anciens , que les nouveaux. Mais on croit, furtout à Rome, que le lit du Tibre eft le grand magañn de toutes ces fortes de tréfors ; cette opinion eft fi génc- tale, queles Juifs ont autrefois offert au pape de net- toyer cette riviere, pourvu qu'ils euffent feulement ce qu'ils y trouveroient. Ils propoferent de faire un nouveau canal dans la vallée près de Ponte-Molle, pour recevoir les eaux du Tibre, jufqu’à ce qu'ils euflent vuidé & nettoyé l’ancien. Il falloit accepter une propofition fi favorable , le pape la refufa par une vaine terreur ; il eft certain que la ville de Ro- ROM me recevroit uh grand avantage d’une telle entrepri- fe, qui releveroit les bords du Tibre, & remédieroit à es fréquens débordemens. me Romeoffre unautre fpeëtacle curieux, c’eft la gran. de variété des colomnes de marbre dont elle eft rem- à LAURE PUS ' ; plie, & qui ont été tirées d'Egypte ou de la Grece. On conçoit la difficulté qu’on à dû éprouver pour les tailler & leur donner la forme, la proportion & êc le poli. Je fai que quelques modernes condamnent Ja proportion & la forme de ces colomnes ; mais les anciens fachant que le but de l’architeture eff prin- cipalement de plaire à l'œil, s’attachoient à remplir ce but; c'étoit un effet de l'art, & de ce que les [ta- liens appellent e/ guffo grande ; ils confidéroient tou- jours l’affiette d’un bâtiment, s’il étoit haut ou bas, dans une place ouverte où dans une rue étroite, & 1ls s’écartoient plus où moins des regles de l’art, pour s’accommoder aux diverfes diftances & élevations, d’où leurs ouvrages devoient être recardés. | Je mets au rang des colomnes de Rome, tous les obélifques qui font dans cette capitale, & qui y ont été apportés d'Egypte. Tel eft l’obélifque qui eft au milieu de la place qui fait face à S. Pierre de Rome, & celui qui eft vis-à-vis de S. Jean de Latran. Sixte- quint a la gloire de les avoir tous deux fait relever. Voyez OBÉLISQUE. | Le ponte Sans” Angelo, par Où quelques voyageurs ‘ont commencé à décrire la ville de Rome, elt celui qu’on appelloit anciennement Pozs-Ælius, du nom de l'empereur Ælius Adrianus, qui le fit bâtir ; & il a pris celui de porte Surt” Angelo, qu'il porte aujour- d'hu , à caufe que S. Grégoire le Grand , étant fur ce pont, vit, à ce qu'on dit, un ange fur le moles Adria- 7, Qui termettoit fon épée dans le fourreau,après une grande pefte qui avoit défolé toute la ville. En jet- tant les yeux fur la riviere, on découvre à gauche les ruines du pont triomphal , par-déflus lequel tous … les triômphes pafloient pour aller au capitole; ce qui fit que ce pañlage en demeura plus libre, & que par un decret du fénat, 1l fut défendu aux payfans & aux faboureuts. Le château S. Ange ef aû bout du ponte Sant- Angelo , c’eit ce qu’on appelloit moles Adrian , parce que l’emperéur Adrien y avoit été enterré; c’eft dans ? ce château qu'on metles prifonniers d'état; & que . Sixte V. dépofa cinq millions, avec une bulle qui dé- fend de s’en fervir fans une preflante néceffité; ap- paremment que quelques-uns de fes fuccefleurs fe font trouvés dans ce cas; car les cinq millions de Sixte V. n’exiftent plus. On arrive bientôt aptes à la place de S, Pierre, & à l’églife de même nom, qui pañe pour le plus vafte & le plus fuperbe temple du monde. Voyez S. PIERRE de Rome. Le palais du Vatican eft tout joignant l’églife de S. Pierre, & c’eft grand dommage ; car fi l’églife étoit ifolée, & qu’on la pût voir de tous côtés en champ libre , l'effet en feroit bien plus beau. Le Va- tican eft un édifice auf vafte qu'irrégulier, Foyez VA: TICAN. Ce palais à une bibliotheque magnifique , groffie par celle de Heidelberg , & par la bibliotheque du duc d'Urbin. Il y a dans cette bibliothèque un volus me de lettres de Heûri VIIL à Anne de Boulen ; il{e- Toit à fouhaiter que celles de Anne de Boulen à Henri VII! y fuffent auf; car on en connoit quelques-unes qui font admirables. Parmi les manufcrits des derniers fecles, on y trouve quelques lettres que des cardi= naux s’écrivoient , & dans lefquelles ils fe traitoient de Mefler-Pietro, Meffer-Julo, fans autre cérémo- nie. Leur ftyle a bien change depuis ; mais comme l’article de la bibliothèque du Vatican fe trouve dé’a fait dans ce Diétionnaire , je fuis difpenfé de plus grands détails à cet ésard. Voyez le mor BIBLIOTHE- QUE, Us TRAIN 349 … Près de l'églife de S, Pierre eft l'hôpital du $. Ef- pric, l’ün des plus beaux de l'Europe par fa grandeur &t par fon revenu. Il y a, dit-on, jufqu'à mille lits pour les malades , 8 un prélat qui gouverne toute la maïlon, C’eft une efpece de mont de piété, où l’on porte fon argent en dépôt; & comme il y a toujours quelques millions de fuperflu, Fhôpital en fait prof- ter lé relar à {és riiques, & ce profit eft beaucoup plus que fufifant pour les dépenies dont l'hôpital eft chargé. AS A ET CEE, 7: De l'hôpital du S. Efbrit , on pañle à l’églife de S, Onuphre, où l’on voit le tombeau du Tafle, Un peu plus loin.eff la villa Pamphilla, maïfon de plaifance ornée de flatues & de tableaux, entre lefquels on diftiigueS. Pierre attaché en croix , & la converfion de S. Paul, par Michel-Ange. à Ea rentrant dans la ville par la porte de $. Pan- crace,, on voit fur la route l’églife des cordeliers ap pellée Sur -Pietro-Montorio , dont le grand autel ef embelli d'un tableau de fa transñguration de Notre Seigneur, par Raphaël, Du haut de la montagne où éft San Pietro-Môntorio, & qui fut anciennement le janicule , on a la vue de toute la ville; c’éft ici ques toit le tombeau de Numa Pompilius. ere re L'églile de Santa-Maria-T'ranftevere n’eft pas loin, & c’elt la premiere qui ait été bâtie à Rome, au rap- port de Baromius. Elle occupe la place des Tuberne Mertioriæ , où les anciens Romains donnoient tous les jours la pitance aux foldats eftropiés. On va enfuite vers l'ile de S: Barthélémy, noms mée, anciennement énfula Tiberina. Elle {e forma dans ce lieu-là, lorfque Tarquin le fuperbe eut été chaffé de Rome, Comme on arracha les blés qu'il avoit fait femer autour de Rome, on les jetta dans le Tibre avec les racines , enforte que la terre qui y étoit attas chée , ayant arrêté l’eau dans l’endroit où elle étoit bâtie, la bourbe s’y amafla infenfblemñent , & il s’en fit peu-à-peuuneîle . . On forr de cette île par le pont de quatre tentes, nommé anciennement pons Fabricius, qui la joint avec la ville, & à main droite eft le pont appellé poñs Siblicins, à l'entrée duquel Horatius Coclès foutint lui feul Les efforts de l'ennerni ; tandis qu’on rompoit ce pont derriere lui; après quoi il fe jetta dans [a riviere , &c fe fauva à la nage. Ce pont étoit alôrs de bois, & Æmilius le ft faire de pierre. C’eft de ce pont que l’empereur Héliosabale fut précipité dans là riviere avecune pierreau col. Au fortir du pont, on voit la porte de derriere du quartier des Juifs, qui demeurent dans un coin de la ville, où toutes les nuits on les enferme à la clé. Ils n’éprouvent point cette isnominie en Allemagne, en Angleterre, n1 en Hollande. À quelque diftance de leurs fynagooues, on voit à main gauche le palais du prince Savelli, bâti fur les ruines du théâtre de Mar- cellus, qu'Ausufte fit élever en l'honneur de {on ne- veu. Plus loin eff le grand égoût de Rome, qui fe dé- chargé dans le Tibre, & qu’on appelloït Clozca ma- fra. Larquimus Prifcus le fit bâtir de pierre de taille: Une charrette y peut aifément entrer, & 1l ya plu- fleurs canaux voutés par où s’écoulent les immondi: ces. Cet ouvrage eft un de ceux qui marquent le plus quelle a éré la grandeur de la vieille Rome. Du mont Aventin on va à la porte de $. Paul , 8C On voit en chemin la petite montagne ou colline qu'on appelle communément #/ Do/iolo ; ou le monte Teffaccio la montagne des pots cafés , nom qui vient peut-être de la quantité prodioteufe de vafes de terre | qu'on faïifoit à Rome pour les gens de médiocre con- dition pendant tout le tems que dura l’ufage de brû- let les morts , & l’on jettoit dans cet endroit-Rà tous les débris de ces vates. En approchant de la porte de $, Paul, on apper- Goit le maufolée de Camus Cefhus ; monument fort 350 R OM fingulier, foi pour fonancienneté, foit pouf les pein- tures en ftuc blanc dont il étoit décoré. Voyez Py- RAMIDE de Ceffius. | Après que l’on a pañlé la porte de S. Paul, ancien- hement porta Tergemina, ou Oflienfis, on va à l’é- glie de même nom, &c qui a été bâtie par Conftan- tin. Cette églife eft en forme de croix, & à 477 piés de long fur 258 de large; quatre rangs de piliers ronds qui forment le nombre de cent , la foutiennent : ils font d’un marbre blanc, & on prétend qu'ils ont été tirés des bains d’Antonius. À environ deux milles de-là font les ruines du pre- zorium. C’étoit le lieu où la garde prétorienne de l'empereur logeoit : 1] étoit hors de la ville afin que les foldats n’y commiflent aucun defordre , & qu'ils puflent fouvent faire l’exercice dans le cirque de Ca- racalla , qui étoit au voifinage. Ce cirque bâti par cet empereur, eft le plus entier de ceux qui reftent aujourd’hui à Rome. On y voit le lieu que les Ro- mains nommoient carceres , d'Où partoient les cha- riots qui courotent dans le cirque, &c celui où étoit l'aiguille appellée wezz ; au bout de ce cirque déla- bré eft un vieux temple rond, & un autre petit qui lui fert comme d'entrée, Ce dernier étoit le tem- ple de La Vertu,& l’autre celui de l'Honneur. Ils étoient joints enfemble, parce qu’on ne peut acqué- rir de l’honneur que par la vertu. En rentrant dans la ville par la porte de S, Sébaf tien, autrefois porta Capena, on voit le couvent de S. Dominique, bâti dans le lieu qui s’appelloit aus trefois Pr/cina publica, parce que tout le peuple de Rome venoit s’y baigner. | De-là on va à la porte Latine, d’où Pon fe rend à PéglifeS. Jean de Latran, regardée comme la pre- micre éghife patriarchale de Rome. C’eft dans cette églife que le pape nouvellement élu, prend poffeffion de fon patriarchat. Les pontifes de Rome deémeu- roient autrefois dans le palais voifin ; ce neft que depuis leur retour d'Avignon qu'ils ont choifi leur demeure au Vatican, &r dans les chaleurs de l'été , à Monte-Cavallo. Sixte V. après avoir réparé Le palais de Latran, fitun bulle pour obliger fes fuccefleurs à y demeurer d’après fon exemple, trois mois de l’an- née; mais fes fuccefleurs en ont appellé à eux-mé- mes, &c ont fixé leur demeure au Vatican ou à Monte- Cavallo. L’églife de Latran eft fous la prote@ion de l’empe- reur &t du roi de France, qui lui a donné Pabbaye de Clérac, dont elle jouit encore aujourd’mu. Cette églfe eft vafle, & a des niches que l’on dit avoir été conftruites fur les deffeins de Michel Ange; ces niches renferment des ftatues , dont les quatre plus belles ont été faites par des fculpteurs françois. En paffant le long de la muraïlle de l’ancien aque- duc de Clodius, on arrive à la villa du duc Mathéi, maïfon de plaïfance toute remplie d’antiquités curieu- fes , parmi lefquelles on remarque les ffatues de Bru- tus &t de fa femme Porcia, d’une feule piece ; celle de Cléopätre, celle d'Hercule, celle de trois petits gar- çons qui s’embrafent l’un l’autre en dormant ; & la tête de Cicéron. Dans un autre corps de logis, font la belle ffatue d'Andromede expofée aux monfires marins, une autre ftatue d’Apollon fuyant Marfas, &t la ftatue d’un fatyre qui tite une épine de fon pié. De ce lieu-là on defcend vers Pancien amphitéâtre nommé Co/ifée, à caufe d’un coloffe qui étoit auprès. - C’eft une des plus rares pieces de l'antiquité, mais dont il ne refte que des ruines ; Vefpañen le com- mença, & Domitien l’acheva. Il eft futprenant que Von ait pu élever des pierres d’une aufh prodigieufe groffeur , que celles donr ce bâtiment étoit compo- 16, Martial en parle ee ces termes : Hic ubi confpicut venerabilis amphitearri Ærigitur moles ; flagna Neronis erant, Ce prodigieux amphitéätre étoit de figure ronde en-dehors, quoique Parène füt ovale. Ti contenoit quatre-vingt-cinq mille fpeétateurs, 87 étoit quatre fois plus grand qué Pampbhithéâtre de Vérone; les colonnes du trorhieme ordre, êc les pilaftres du qua- trième, avoient le chapiteau corinthien. ‘On voit encore près de cet amphitñéatre, les ma- fures de briques qui compofoient autrefois la belle fontaine qu’on appelloit era fudans; elle fournif- foit de l’eau à ceux qui fe trouvoient à ces fpe&a- cles, La façade étoit revêtue de marbre; &zfur lehaut il y avoit une ffatue de cuivre qui repréfentoit Ju- piter. L’arc trromphal de Conftantin eft aux environs du colifée. Il eft affez bien confervé, mais ily a quel- ques flatues dont on a ‘enlevé les têtes; & on en ac- cufe Laurent de Médicis, qui, à ce qu'on dit, les fit porter à Florence. Les connoïffeurs remarquent que les bas-reliefs de ce moñurment ne font pas d’égale beauté ; ce qui fait foupçonner que les meilleurs morceaux furent empruntés quand on l’érigea. De-là on fe rend aux thermes d’Antonin , qui par leur magniñcence, reflemblent plutôt à une ville qu'à des bains. Olympiodore dit qu'ils avoient feize cens fièges de marbre, pour avoir autant de perfon- nes qui auroient voulu 5y baigner, Dans quelques- uns de ces bains , les bancs étotent couverts de la- mes d'argent, 7 d’autres avoient des canaux de même métal, par où l’eau couloit, Ils étoient d'ail leurs ornés de flatues, de tableaux &t de pterres pré- cieufes ; aujourd’hui ce n’eft plus qu'un endroit de récréation pour un trifte féminaire. Entre le mont Aventin &c le mont Palatin, on peut obferver le lieu où étoit le‘srand cirque, Tarquinius Prifcus le commença, & Jules Céfar, aufi-bien qu'Ausuüfte , ’augmenterent beaucoup. Il avoit trois Îtades de longueur, & quatre arpens de largeur. Trajan & Héliogabale l’embellirent de flatues & de colonnes; cent cinquante mille hommes pouvoient tenir aifément dans les trois galeries qui étoient cou- vertes ; l’une étoit pour les fénateurs, l’autre pour les chevaliers, & la troifieme pour le peuple, Les obélfques qui font aujourd’hui à la porte delPopolo &tàS. Jean de Latran, étoient dans le cirque. Il y a plufieurs voûtes fous ce batiment; c’étoit là que les courtifanes établifloient leur honteux com- merce. | Du grand cirque en allant à Péglife de S. George, on voit les ruines du palais des empereurs , appellé palazzo maggiore. 1| occupoit prefque tout le mont Pälatin. L’éclife de S. Anaïtale qui eft fur ce mont, étoit autrefois le temple de Neptune, Près de-là étoit le temple de Janus -quadrifrons, parce qu'il y avoit quatre portes, & trois niches dans chaque face de quarré; ce qu'on peut prendre pour les quatre fai- fons , & pour les douze mois de l’année, L'eau du Tibre couloit jadis près de Péglife de faint George, &t on appelloit ce bras de riviere velatum, à caufe que l’on y pañloit en bateau avec une petite voile dans un vent favorable; on va de-là à l'églife ronde de faint Théodore, qui à ce qu’on croit, étoit an- ciennement le temple de Rémus & de Romulus. Il faut peu monter pour aller à l'hôpital de Notre- Dame de Confolation, qu’on prétend avoir été dans l'antiquité le temple de Vefta. L’églife de Sanéls-Maria-Liberatrice eft au pié du mont palatin, près de l'endroit nommé locus curtii. Ce fut là que s’ouvrit un gouffre d’où fortoit une puanteur infupportable, & quine fe referma qu'a- près que Curtius, chevalier romain, $'y fut pré- cipité à cheval pour le bien de fa patrie. En tournant à droite, on trouve le jardin Farnèfe. Ileft rempli de jets d’eau & de erottes, & au -deflus font des lieux de promenade, d’où l’on découvrele grand cirque. En continuant de marcher à droite on RO M Lan 4 triomphe dé ce prince, après la prife de Jérufalem, Cetarc eftfur-tout remarquable bar fes bas-reliefs A qui reprélentent le candélabre, {a fable, les trom- pettes du grand ubilé, & quelques vaifleaux qui fu rent apportés du temple, cet ärc et daris la rue fa” cree, au pie du mont Palatin. | | _ Lé temple de la Pace, c'éft - À - dite de ja Paix, n'eft pas loin du éxrpo Warccino , mais on n’en voit plus que des ruinés, quoique ce fût un des plus fu- perbes édifices de Rome. Véfrañen l’avoit élevé Me y avoit sus les dépouilles du temple de Jérufalem, arrive à l'arc triomphal de Titus ; il fut érioé pouf le | e Voyez TEMPLE DE LA Paix. Plus avant eff l’éplife de faint Laurent 7 Miranda ‘ c’étoit anciennement un temple que l'empereur An- tonin dédia à l'impcratrice Faïitine fon époufe, dont al ne put jamais fairé une honnête femme pendant fa vie ; le veltibule de cette églife eft magniique. Le capitole moderne eft bâti für les ruines de l’an- cien capitole, tout À eft plein de pieces antiques, dont la defcription feroit un volume. II fhMira dé dire iè qu'on y remafque la louve de bronze qui alaîte Reémus & Romulis ; les quatre grands reliefs repré- fentant plufeurs traits de Phifioire de Märc-Aurele, la couronne roftrale du comful Duillus, qui eut le prémier dans Rorre l'honneur du trlomphe naval ; le Courier qui S’arfacha une épiné du pié, après avoir apporté de bonnes nouvelles au fénat, ayant mieux aime fouffur de grandes douleurs dans fon voyage, que de retarder la jore publique ; Les buftes de Cicé- ron& de Virgile; les quatre anciennes mefures ro- maines, une pour l’huile, une autre pour le grain, x deux autres pour le vin; la nourrice de Néron qui le tient pat la main ; la déeffe du filence ; le dieu Pan; les trois Furies ; une ftatue de Céfar avec fa cuirañle ; une fatue d'Aupufte ; celle de Caftor & de Pollux ; les débris des colonnes d'Apôllon, de Domitien, & de Commode; le lion qui dévore un cheval; les tro- phées que quelques-uns difent être de Trajan, & les autres de Marius. Les deux chevaux de matbre qui fe voient dans la place du capitole, ont été enlevés duthéûtre dePompée, 8e la ftatue équeftrede bronze | que lon voit dans le mêmelieu, y fut mife par Paul 1IT. On ctoit que c'eft la flatue de Marc-Aurele, Pour ce Gui ft du mi/liarium, où colonne milliaire du Capitole. Voyez MILLIAIRE. | On monte enfuite au palais de faïnt Mare, qui ap- partient à la république de Venife, & où logent les ambaïñadeurs qu’elle tient à la cour dé Rore. Du pa-| | lais de faint Marc On va au mont Quirinal, appellé préfentement Monie-cavallo, & cñ pafiant par le quartier de la ville, nomme autrefois forum Trajant, on s'arrête à confidérer la célebre colonné dé Tra- jan, érigée par lé fénat en l'honneur de cet empe- reur. Voyez TRATANE, colonne. La place dé Monte-cavallo éft'remaraquable par les flatues de deux chevaux en marbre que deux hom- mes tiennent en main par les rênes , & dont Tiridate, roi d'Arménie, fitpréfent à Néron. Sur le picdeftal de l’uñe on lit, opus Phidie ; & far celui de l’autte, opus Praxitelrs. Ce font ces chevaux qui donnent préfenñtement le noïnàla montagne fur laquelle étoit | les bains dé Conftantin. Le palais que le pape occupe i; én cté eft vis-à-vis. L'églife dé faint Pierre aux-liens n'efrpas éloignéede More tavallo ? c’eft dans cette -colife aw’eft la ftatue de marbre de Moïfe par Michel Ange. L'éshfe de fainte Marie maeure eft la plus grande églife de celles de Rome qui font dédiées 4 Notre- Dame, & c'eftde -1à qu'eit venu fon nom; elle ef fur le mont Elquilin , au bout dé la rue des quatte fontaines ; on vante beaucoup fes deux chapelles, ; ae : qui ont té bâties par Sixte V. 82 par Paul V. | . La porte de/ popole , du peuple"ou des peupliers, ROM 3$t s’appelloit ancienneinent la porie Faminienne ; parce qu'elle étoit fur la voie Flamimenne, Les uns prétens, dent qu'on la doit nommer la porre des peupliers, à caule de la quantité d'arbres de cette efbecé qu'il ÿ avoit dañs cet endroit ; les autres rent ion nom d'une éghié de Notre-Dame, qui et à sav che en entrant dans la ville , & qui fut bâtie par lé peuple romain, à la fin du onzieme fiecle ; dans lens droit où Ctoit le tombeau de Néron , & qu’on appellà à caufe de cela orre- Dane du peuple, La porte que l’on voit aujourd’hui à été bâtie fous le pontificat de Pie IV. bar Vignole, fur les defleins de Michel-Ange Buonarota. Elle eft dé pierre traveftine, ornée de quatre colonnes d'ordre dorique , dont les piédeftaux {ont d’une hauteur qu’on.ne peut empêcher de cris tiquer, malgre le refpeét que l’on a pOur ceux qui Ont conduit ouvrage, pes | L'entrée de Rome par cet endroit, eft la feule qui _plaïfe à la vue; on y trouve une place triangulaire, ouverte par trois rues, longues, droites ; &c larges: celle du mikeu eft la rue du cours, corfo, ainfi nommée, parce qu’on Sy promene en carrofle pour prendre le frais, &r qu’elle fert aux courtes des ches vaux, & aux divertiflemens du Carnaval; üne dé ces rues pañle par la place d’Efpagne, qui eft le lieu le plus fréquenté des étrangers qui Viennent à Rome. Après avoir paflé devant l'églfe des Grecs , Of vient au palais du grand-duc, où l’on remarque en- tre autres antiquités, les flatues de deux lutteurs 3 & celle d’un payfan, qui en aiguifant fa faulx ) en: tendit les complices de Catilina s’entretenir de leur confpiration, qu'il découvrit au fénat ; c’eft une très belle piece, mais les flatues de Vénus & de Cupis don font incomparables, Ceft encore 1ci le palais des Barberins, lun des: - plus beaux de Rorre, tant pour fa fituation du côté de. la monfaÿne , que pour fes riches appattemens, I] y à deux elcaliers qui font des chefs-d’'œuvre; 8e Pierre de Cortonne s’eft épuifé pour embellir le plas fond de la grande falle ; la oalerie eft ornée de ta: bleaux & de rares flatues. À La colonne Antonine qui fut anciennement élevée pat Marc-Aurele Antonin & par le fénat, en l’hona neur d’Antonih Pie, eft dans la même rue del Corfo. Voyez COLONNE ANTONINE, On arrive enfuite à l'éghife 87 au couvent des dominicuns, appellé 4 Minerva, parce qu'ils font élevés fur les ruines du temple de Minerve, lequel renfermoif un bien plus grand efpace que celui qu'occupent aujourd’hui Péglife & le couvent, On. admire dans cette éghife le Chrift de Michel-Ange, : La figuré eft de marbre blanc, de grandeur natu- relle, entierement nue, fans la moindre draperie. C’eft un ouvrage fini, d'un goût exquis, & felon * les Romains, inimitable, Les dominicains couvrent avec une riche écharpe lasnudité de la figures Ânt, de Samt-Gaile fut le premier, entrepreneur ‘ Su ei N / ) EE 3 du palais Farnèfe. Il le commença leulement , & Mi: chel-Ange en et regardé, comme le principal archi: tecte. La façade de cé bâtiment ef large de cent quas- tresvingt.piés 8 haute de .quatre-vinet-dix. Les pers tes, léscroifées, les encoignures, la corniche & tou2. tes les pierres principales font des dépouilles du co= liée, On a ain détruit une grande partie de ce mer veilleux monument. On en a bâti prelque tout le grand palais de la chancellerie, aufi-bien que l’églife de faint-Laurent #7. Dama/o, Au lieu de conferver ces précieux reftes de lantiquité, comme a fait Sixte V, . à qui Rome moderne eff redevable de [a plus srande partie de fa beauté, 1l s’eft trouvé plufeurs papes qui ont contribué eux-mêmes à faire le dégât, Inno- cent VIT ruina l'arc gordien pour bâtir une éplife à Alexandre VI démolit la belle pyramide de Scipion, pour paveres rues des pierres qu'il en ta. Les dex 352 ROM grés de marbre par où l’on monte à l'éclife d’#r cœli, ont été pris d’un temple de Romulus; faint Blaïte eft bâti des debris d’un temple de Neptune; faint Nicolas-de-l’Ame a été élevé des débris du Cir- que-Agonal, & ainfi de quantité d’autres. Le palais Farnèfe eft un des plus beaux de Rome. On voit dans fa cour la ftatue de Flore, celle de deux gladiateurs , & celle d’Hercule qui fut trouvée dans les bains d’Antonius Caracalla. Il y a dans une des galeries, ladmirable figure d’un dauphin portant fur fon dos un petit garçon , & à l'entrée de la grande falle , les ftatues de deux rois parthes qui font enchainés. On fait aufli grand cas des ftatues de la Charité & de l’'Abondance, en pofture de deux per- onnes qui sembraflent. Tout-au-tour de l’apparte- ment font les figures de plufieurs gladiateurs, lépee à la main, dans les différentes attitudes de combat. On aime encore mieux les bélles ftatues des anciens philofophes & poëtes ; celle d'Euripide, de Platon, de Poffidonius, de Zénon, de Diogène, de Sene- que, &c. On entre auf dans un appartement rempli de tableaux des grands maîtres. De-là on pañle dans la galerie dont les platfonds font de la main d’Annibal Carrache: ils contiennent les hiftoires des amours des dieux & des déeffes, La ftatue d'Apollon taillée dans un caillou fe voit dans cette galerie. Dans une cour de derriere eft le tau- reau de marbre qui fait l'admiration des connoïffeurs, &c qu’on nomme le saureau Farnèfe. Voyez TAUREAU FARNÈSE. | - À quelque diftance du palais Farnèfe, on trouve la piazza de Pafquino, où eft la fameufe ftatue de Pafquin proche de la place Navone. Voyez Pasquix. La place Navone s’appelloit autrefois plarea ago- nulis, c'eft-à-dire, la place des combats, parce que c’étoit un cirque bâti par Alexandre Severe. Elle eft. cinq Ou fix fois plus longue que large, & une de fes extrémités eft un arc de cercle. On y voit le palais du prince Pamphile, ainfi que la belle églife qu'il a fait bâtir en l'honneur de fainte Agnès, Le milieu de la place Navone eft moins élevé que les bords; de maniere qu’on en peut faire une efpece de lac, en fermant Les conduits par lefquels s'écoule l'eau des trois grandes fontaines qui font fur cette place. On a mis au pié du rocher, quatre fgures co- loffales qui repréfentent les quatre grands fleuves des quatre parties du monde ; le Gange pour l’Afie, le Nil pour l'Égypte, le Danube pour l’Europe, & le Rio de la Plata pour l'Amérique. On peut donner trois piés d’eau au milieu de la place Navone, & c'eit ce aw’on fait fréquemment dans les grandes chaleurs, une heure avant le coucher du Soleil. Le college de la Sapienza n’eft pas éloigné de la place Navone, Eugène IV. fit commencer le bâti- ment de ce college. Enfuite Urbain VIIL. & Alexan- dre VIL l’embellirent d’une églife & d’une biblio- theque publique. C’eft le plus ancien collese de Ro- me 6t le feul qui ait droit de faire des dotteurs ; le pape en nomme les profefleurs, qui font prefque tous des religieux d'une érudition peu brillante, quoiqu'ils ayent beaucoup de privileges & d’hon- neurs. Le jardin de botanique eft placé au janicule dans une eéxpoñtion favorable & dans un heureux climat pouf la culture des plantes, mais on n’en profite pas davantage, L’éelie de faint Louis n’eft pas éloignée de la place Navone, êc le palais Juffiniani eft aux environs. On voit dans ce palais de belles ftatues des dieux du pa- ganifme, outre quantité de piés & de jambes de mar- bre. On y voit auffi divers tableaux de grands maî- tres, entrautres, le tableau de faint Jean-l’évange- lifte qui eft de la main de Raphaël. La Rotonde, autrefois le Panthéon, eft la plus har- ROM die piece d’architeéture qui foit à Rome: & c'eft à que Raphaël eft enterré. Nous avons déjà parlé du Panthéon, & nous ferons un article féparé de la ROTONDE. | On traverfe le campo Martio, pour aller à l’éolife de fan-Lorenzo-n-lucina qui eft la plus grande pa- roifle de Rome. Elle avoifine le palais Borchèfe, pa- lais qui renferme bien des chofes rares, fur-tout en tableaux, dont le plus eftimé eft du Titien : c’eft une Vénus qui bande les yeux de l'Amour , pendant que les Graces lui apportent fes armes. Le portrait de Paul V de la maïfon Borghefe eft un ouvrage très- délicat en mofaique. ’ Augufte avoit fon maufolée dans le même quar- tier, à peu de diftance de l’églife de faint Roch. Cet édifice étoit rond, & l’une des plus belles chofes qu’on püt voir dans l’ancienne Rome. Il avoit trois rangs de colonnes les unes fur les autres, dont les étages alloïent toujours en retréciflant; & fur cha- que étage étoit une efpece de terrafle où Pon avoit planté des arbres pour répandre de la verdure. La {tatue d’Augufte étoit fur le haut de tout l'ouvrage, élevée de terre de deux cens cinquante coudées : le tems a détruit ce fupetbe tombeau. L'églife des Auguftins fituée dans le voifinage, aune bibliotheque ouverte le matin, & tout près de cette éplife eft le palais du duc d’Altemps. La grandefalle de ce palais eft remarquable par le triom- phe de Bacchus en bas-relief fur du marbre, pat la tepréfentation d’une ville taillée fur du bois, & par un portrait dela Vierge tenant l'Enfant Jefus entre fes bras ; c’eft un tableau de la main de Raphaël, &c qui eft fort eftimé. En parcourant Rome moderne, je n’ai point parlé de fes antiquités chrétiennes, parce qu’elles font trop embarraff5es de légendes & de fables. Jai auffi pañé {ous filence la defcription des éelifes qui n’ont rien de remarquable, outre que leur nombre eft fi grand, qu'on en compte près de trois cens,dont plus de qua- tre-vinot fervent de paroïfles, quoique la dixième partie fût plus que fufifante. On fait que Rome fut d’abord gouvernée par des rois, enfuite par des confuls, puis par des empereurs jufqu’à Auguftule, l’an 475 de J. C. & enfin par des papes. L ? Cette ville a été faccagée fix fois,premierement,par les Gaulois, lan 364 de fa fondation : fecondement par Alaric, lan de J. €. 410: troifiemement par Genferic roi des Vandales, l'an 455 : quatrieme- ment par Odoard roi des Hérules : cinquiemement par Totila, l'an 5 46 : fixiemement par Charles-Quint, Van 1527. « Dans le feptieme &c le huitieme fiecles,, la fitua- » tion de Rome, dit un hiftorien philofophe, étoit » celle d’une ville malheureufe, mal défendue par » les exarques, continuellement menacée par les » Lombards, & reconnoifiant toujours les empe- » reurs pour fes maitres. Les papes ne pouvorent » être confacrés qu'avec la permifion exprefle de » l’exarque. Le clergé romain écrivoit au métropo- » litain de Ravenne, & demandoit la proteétion de » Ja béatitude auprès du gouverneur , enfuite Le pape » envoyoit à ce métropolitain fa profeflion de foi. » Enfin Charlemagne, maître de l'Italie comme de » l’Allemagne & de la France, juge du pape, arbitre » de l’Europe , fe rendit à Rome à la fin de lan- » née 799: ’ » S1 pour lors il eût fait de cette ville fa capitale, » fi fes fucceffeurs y euflent fixé leur principal fé- » jour , & fur-tout fi l’ufage de partager {es états à » fes enfans n’eût point prévalu chez les Barbares, » il eft vraifflemblable qu’on eût vu renaître l’empire » romain. Tout contribua depuis à dévafter ce vafte ._» Corps, que la valeur &c la fortune de Charlemagne » avOient ROM »-4voïient formé ; & tout concournt à reléver la bui£. » fance abbâtue du fait fiege jufqu’au tems de la » révolution qui lui a fait perdre les plus beaux fleur #rons de fa couronne. (Le chévalier DE JA v- Y COURT.) Mer ROME; déeffe, (Mychol. Litéér. Tnfeript. Médaill.) les anciens non-contens de perfonnifier plufieurs de leurs villes, & de les peindre fous une figure hu- maine, leur attribuerent encore des honneurs divins; mais entre les villes qu'on à ainfi vénérées, il n’y en a point dont le culte ait été ff grand & fi étendu que celui de la déeffe Rome. - On k peignoit ordinairement reffemblante À Pal. las , affile fur un toc, ayant des trophées d'armes à {es piés ; latète couverte d'uncafque , &-une pique à la main. On lui donnoit un ait jeune, pour mar: quer que Rome étoit toujours dans la vigueur de la Jéunefle ; on la repréfentoit avec un habit long, pour montrer qu'elle étoit également prête à la paix & à la guerre; quelquefois au-lreud’une pique , élle tient ane viétoire , fymbole convenable à celle qui avoit vaincu tous les peuples de la terre connus. Les figures de la Zéefle Rome font aflez fouvenit ac: compaÿnées d’autres types qui la repréfentoient 3 telle étoit l'hifloire de Rhéa-Sylvia , la naïffance de Remus & de Romulus, leur expoñtion fur le bord du Tibre, le berger Fauftulus qui les nourrit , la lou Ve qui les alaité , le lüpercal ou la grotte dans la- quelle la louve en prit foin. : On bâtit des temples à la déeffe Rome, on lur éleva des autels non-feulement dans la capitale , mais dans la plüpart des villes dé l'empire. Abenda, ville de Carie, montra la premiere l'exemple , {tion Tite: Live, y. XLITI, ch. vj. & cet exemple fut imité à Smyrne, à Nicée, à Ephéfe, à Melafle, à Pola, ville de llftrie, 8 ailleurs, où le culte de cette déef fe étoit auf célebre que celui d'aucune autre divi- nité. On n’entreprenoit point de long voyage fans brüler de encens à fa gloire, & fans lui adrefler des vaux’; enfin, les moindres titres de la flatterie, dont on cajolla cette prétendue déefle, étoit Romavidrix, Rome vidorieute ; Roma inviéta , Rome invincible ; Roma facra , Rome facrée ; Roma œrrna , Rome éternelle, | Auoufte vit avec plaifir qu’on confacra des tem. ples à lui Auguite ; il étoit trop vain pouf n'être pas touché decet honneur; maïs en politique adroit, il voulut qu’on le joignit dans la confécration des tem- ples à la déeffe 1 one. On dit qu’on voit éncore en France, à entrée de la ville de Saïnres, au milieu du pont fur la Charente , un monument qui entr’au- tres infcriptions en a confervé une dans laquelle il ef dit que celui qui le dédioit étoit un prêtre attaché au fervice de la déeffe Rome & d’Augufte. On trouve {ouvent la tête de la déeffe Rome tepré- fentée comme Pallas dans les médailles contüulaires ; &t dans quelques médailles grecques. On la trouve aufñ jointe avec celle du {énat ; repréfenté en vieil= lard, parce qu'il étoit compofé de vens d’un âge mûr. Les titres qui accompagnent les têres de Rorze & du fénat, dans les médailles grecques, font de Poun, La déeffe de Rome y SC Becc suyxAnre , le dièu du fenai ; OÙ jepa ovyuAnnrec » le facre Jénar. _ Les médailles de Maxence repréfentent Romeéter- nelle sfhfe fur des enfeignes nulitaires, aru:ée d’un cafque , tenant d’une main {on fceptre , &de l’autre un globe qu’elle préfente à l'empereur couronné de urier, pour lui dire qu'il étoit Le maître & le con- fervateur de tout le monde, avec cette infcription , . conf/ervatori urbis æterne. Les médailles de Vefpañen nous font voir Rome ayant le cafque en tête , & couchée fur fepr monta- ‘gnes, tanañtfon fceptre, & ayant à fes piésle Tibre, fous la figure d’un vieillard, al Tome XIF, RO M 553 ‘Enfinpat les médailles d'Adrien ; Rose tisnt un ratmeau de laurier de la main gauche, & detla droite la victoire fur un globe ; conime étant vitorieufa de tout lPunivers. (2, J.) | ROME ; au jen du Romsflecg , ce font deux valets N deux dix, ou deux neufs, ou deuxauties cartes d’une même efpece ; elle ne vaut qu'unpointà celui qui la. re à ROME, double rome , axjeu dr Romefleeg ; {e dit lotfqu'on à deux as , où deux rois ‘en-main elle vaut deux points ; & lorfque les deux as ow les deu tois ne font pas grugés , elle en vaut quatre. ROMELLE , LA, (Géog: mod. )pctiteriviere des Pays-Bas, qui coutt depuis Rumpft jufqu'à Rupels monde ; où élle tombe dans l’'Efcaut, (D. * D LE ROMES, f. m. pl. (Bale Liflèrie,) ce font les deux Principales pieces qui compotent lé métier où fe fe brique la baffe-liffe. Ces pieces font des deux côtés du métier, & portent à leur extrémité les deux éniuiples, {ur l'une defquelles fe roule la chaîne & {ur Pautre ouvrage. C’eft auf auxromes que tientlecampérche, ou barre de bois quiportent les fautereaux, où font attachées à des mentonmierées les cordes qui fervent à ferrer le deflein contre la chaîne. Di Comm, (D. 7.) | ROMESTECQ , ( jeu du) ce jeu qui ne laifle pas . d'avoir fes difficultés, eft'ainfi nommé de rome & de Jlëg., deux termes ufités dans le jeu. STECQ. | | Les cartés avec lefquellés on joue ce jeu font au nombre de trente-fix, c'éflià-dire , dépuis fes trois juiqu'au #x. On y peut jouer deux, quatre ou fix perlonnes: On voit qui fera enfemble! ? & { l'on eft fix, lejoueur du milieu prend les cartes & les donné à couper à célui du milieu de l’autre côté pour voir À qui fera. Celui qui tire peut faire, où ordonner à l’autre, felon qu'on eft convenu. fl y En à qii pré: tendent que c’eltun avantage de faire à fix. Sil'onne joue que quatre , celui qui coupe la plus belle carte donne. Il ya pourlors beaucoup d’ avantage pour celui qui joue le premier ; ce qui arrive en cé cas » puifque celui qui eft-à la droite de celui qui mêle e{F{ôn coms pagnon avec lequel il communique le jeu. Et celui qui ne fait point marque ordinairement le jeu avec des jetons, une plume ou du crayon. La partie eft ordinairement de trente-fix points lorfqw’on joue fix ; & à deux ou quatre , elle eft de Vingt-un , quoique cela dépende proprement de la vos lonté de celui qui joue , comme de fixer la partie. Celui qui doit mêler, après avoir fait couper à à gauche ; donne à chaque joueur cinq cartes, par deux fois deux, ou par tel autrenombre, pourvu qu'il ob- ferve de toujours donner de même danstout le tefte de la partie. Il n’y a point de triomphe à ce jeu, & le talon refte fur la table fans qu’on y touche. Foyez ROME & Il faut obferver que l’as eft la meilleure carte du jeu, levant même le roi ; le refte des cartes vaut à Fordinaire. Maïs pour qu’une carte fupérieure en le- ve une inférieure , il faut qu’elle foit de lamême cous leur ; car autrement l’inférieure jettée la premiere leve la fupérieure en une autre couleur. Quant aux jeux différens , les voici felon leur plus grande va= leur, Le vilique, le double ningre , le triche , le vil- lage, la double rome, la rome &c je ftecon Il faut remarquer que quelque carte qu’on joue, elle fait parité d’un jeu quelconque, qui peut arriver au romeffecq, elle doit étre nommée par fonnom pro< pre, c’eft-à-dire qu'enla jouant, il faut toujours dire double-ningre, où piece de ningre ; en jouant une de la -double-rome , piece de la double-rome, de triche, 8 de village: car autrement celui qui auroit effacé fans lavoir nommée, perdroit la partie. Ainf, en jettant les deux dames êcles deux valets, qui font le village, y OM 354 R ü faut dire piece de village. Voici les principalesreples «le ce jeu. Celui qui en donnant les cartes'en retourneune de celles-de fa partie adverfe, eft marqué de trois je- tons de fa partie ; mais de rien fi la carte eft pour lui ou pour fon compagnon. S'ilfe trouve des cartes retournées dans le jeu , 8 que les joueurs s’en apperçoivent, on marquera trois jétons pour celui qui fait. Qui manque à donner de la même maniere qu’il a commencé, eft marqué de trois jetons, & le coup ‘fe joue. | Celui qui donne fix cartes au-lieu de cinq, mar- quera trois jetons , & en Ôtera une au hafard , qu'il remettra au talon; puis continuera de donner comme auparavant, Qui joue devant fon tour releve fa carte, & eft marque de trois jetons ; celui qui renonce à la cou- leur qu’on lui jette , en ayant, perd la partie. Celui qui compteroit des jeux qu'il n’auroit pas, perdroit la partie, fi Von s’en appercevoit. Qui joue avec fix cartes ou plus , perd la partie. Qui fe démarqueroit d’un jeton de plus qu’il ne feroit perd la partie. | Celui qui accuferoit trois marques qu’il n’autoit pas , nimporte par quel motif, perdroit la partie. ROMETTA , ( Géog. mod.) petite ville de Sicile , dans la vallée de Démona, à 6 nulles de Mefline , fur une montagne. ROMNEY, ( Géog. mod. ) ou Rumney , bourg à marché d’Anpleterre , dans la province de Kent, fur une élévation aflez confidérable de gravier & de fa- ble, C’eft un des cinq ports duroyaume, & qui étoit fort bon & fort fréquenté avant que la mer eût dé- tourné l'embouchure de la Rother. Depuis cetems-là, Romney a beaucoup perdu de fon premier luftre; il a cependant encore cinq églifes paroïfliales , un prieu- ré, &un hôpital ; il a auffi confervé l’honneur d’en- voyer fes députés au parlement. Long, 18, 42. lar, 50. S0. CD; ) ROMONT , ( Géog. mod. ) ville de Suifle, dans le canton de Fribourg, avectitre de comté, à fix lieues de Berne, 87 à cinq de Fribourg. C’eft la plus jolie ville du canton, après la capitale. Elle fut bâtie ou fortifiée par Pierre de Savoie dans le xïij. fiecle, lorfqu'il fe fut rendu maître du pays de Vaud. On la nomma Rondemonr à caufe de fa fituation fur une pe- tite montagne ronde, & qui domine de tous côtés, Le duc Charles jouit du pays de Vaud , & de celuide Romont jufqu’à lan 1536 , que les Bernoïs alliés des Génévois , attaqués par le duc, conquirent le pays de Vaud ; les Fribourgeoïs qui n’étoient pas en guer- te avec ce prince, prirent le comté de Romont , de crainte que les Bernois ne s’en faïfiffent. Ils en ont toujours joui depuis ce tems-là; & comme la maïfon de Savoie n’a pas pu en obtenir la reffitution , les ducs fe font contentés de prendre le vain titre de comte de Romont , & de feisneurs de Vaud. La ville a aujourd’hui des foires fort fréquentées. Lorg, 25. lat. 46. 48. (D. J.) ROMORANTIN , ( Géog. mod. ) ville de France, au Blefois, & la principale de la Sologne , au con- fluent d’un petit ruifleau appellé Morantin , & de la. riviere de Sandre, à 16 lieues au levant de Tours, &t à 42 de Paris, avec un vieux château & une col- légiale. On fabrique dans cette ville beaucoup de ferges & de draps pour l'habillement des troupes. Deux chofes contribuent à cette fabrique , une terre qui fe trouve aux environs , & les eaux de la petite riviere de Rere , qui font enfemble très-propres au dégraiflage des laines. Comme le roi François I. avoit fait dans fa jeuneffe quelque féjour à Romoran- sin, & que la reine Claude fa femme y étoit née, 1l accorda quelques privileges à cette ville, qui furent ROM annullés par Henri IV. Long, 19. 20, latir. 47, 18. La prétendue poflédée nommée ( Marthe) Brof- fier, qu fit tant de bruit en France fur la fin du xvj. fiecle, étoit fille d’un tiflerand de Romorantin , &c naquit dans cette ville. Elle choifit l’églife de fainte Génevieve à Paris pour la {cene de fa comédie. Les capucins l’exorciferent , & déclarerent qw’elle étoit démoniaque. Les plus célebres médecins de Paris fu- rent comnus par l'évêque à l'examen de cette affaire, Marefcot l’un d’eux faïfit la poflédée à la gorge dans la chapelle même , & lui commanda de s'arrêter, Elle obéit, en alléguant pour excufe que l’efprit Pa- voit alors quittée. Les exorcifmes furent répètés une feconde fois , & la Broflier voyant Marefcot venir à elle pour la colleter , s’écria que lui, Riolan & Hau- tin fe mêlaffent de leur médecine, & fe retiraflent comme des profanes ; ils furent obligés d’obéir, & pour lors elle fe jetta à terre , & fit, felon fa cou- tume , le diable à quatre, Enfin les médecins fe trou- verent partagés d'avis ; & le plus grand nombre at- tefta qu'il y avoit une véritable pofleffion dans Mar- the. Comme cette affaire partageoit tous les efprits , le parlement s’en mêla, & ordonna, en 1599 , au prevôt de mener Marthe Broffier à Romorantin , avec défenfes au pere de la laiffer fortir de fa maifon. Ainfi le diable fut condamné par arrêt, à ce que dit du Chêne. Mais Romorantin a produit un homme illuftre par- mi les Proteftans; c’eft Claude Pajon, qui naquit dans cette ville en 1626. Il a mis au jour plufeurs ouvrages , & en particulier celui qui eft intitulé, examen des préjugés légitimes contre les Calyinifles. Cet ouvrage paruten 1673 en 3 vol. in-12, & eft fort eftimé des Proteftans. L'auteur mourut près d’Or- léans en 1685 , âgé d'environ 60 ans. Il poflédoit très-bien l’art de raïfonner , ainfi que les langues greque & hébraïque. ( D. J.) ROoMORANTIN , ÉDIT DE, ( Droit françois. ) édit donné en 1560 fous François IL. Cet édit, qui attri- bue aux évêques la connoiflance de lhéréfie , & lin- terdit aux cours du parlement , ne fut enregiftré qu'avec peine, 8 avec des modifications par rapport aux laïcs , à qui la cour réferve le droit de fe pour- voir devant le juge royal. On a prétendu que le chancelier de l'Hôpital n’avoit donné cet édit, que pour éviter un bien plus grand mal, qui étoit l’éta- blifflement de linquifition. Herauli. (D. J.) ROMPEIZ , fm. (Jurifprud.) quaft verre rum- pende , terme de la coutume de Nevers, pour ex- primer des terres nouvellement cultivées, dont il n’y avoit ni veftige , ni mémoire de culture. Nevers , tit. 12. art. 6. Voyez Coquille fur cer article (4) ROMPRE , BRISER , CASSER , ( Syronymes. ) ces mots font quelquefois également bons dans le propre. On dit fort bien , par exemple, érifér , calfer rompre un pot , un verre ; une porte, Gc. Brifer, fignifie proprement , rorpre en plufieurs pieces ; ainfi quand une chofe n'eft rompue qu’en deux , on ne dit point qu’e/le eft brifee , mais qu'elle eft rompue , ou caffée. à Brifer fe dit auffi pour froiffer, comme j'aile corps tout rifé. Rompre eft auffi fort bon dans le même fens. On dit au propre, caffer la rête à quelqu'un, pour dire, lui caffer la tête à coups de moufquet, ou de piftolet. On dit, rompre un criminel fur la roue. On dit, en matiere detournois, rompre une lance, rompre la lance; ils rompirent deux lances, trois lances. Ces verbes ne s’employent prefque jamais indiffé- remment au figuré. On dit J.C. a brifé les portes de l'enfer. Caffér fe dit pour annuller , invalider ; caffer un teflament, un contrat, une Sentence , &c. Îl fe dit aufh pour licertier : caller des troupes, &c, Se caffer fe dit pour s’añoiblir, il commence bien à fe caffer. Rompre eft beaucoup plus ufité au figuré , que brifér &t caffer ; on dit rompre un bataillon , Un efca- dron , pour fignifer l’enfoncer, On dit également rompre ou brifer fes fers , {es chaines , fes liens , pour /é mesrre en liberté. On dit rompre avec quelqu'un , pour dire rompre l'amitié qu’on avoit enfemble, On-dit, dans le-même fens “ rompre le deflein , les mefures de quelqu'un. Rompre fisnife encore manquer à l’obfervation de ce à quoi on eft obligé , rompre fon jeûne, fes Vœux ,; {on ferment. Rompre de dit pour dreffer, éxéreer ÿ COMME rompre un homme aux affaires ; rompre Ja main à Pécriture ; je fuis rompu à cela, On dit, rompre la glace, pour fignifier faire les Premiers pas dans une affaire, ou furmonter les pre- mieres difficultés. Rompre les chiens, en termes de chafle , c'eft les rappeller, pour les empêcher de continuer la chaffe, Æompre le fl d'un difcours, c’eft Quitter tout d’un coup la fuite d’un difcours , & entrer dans une autre matiere, Kompre les chemins, fignife les géter ; le dégel & les pluies oz: rompu les chemins. (D.J.) ROMPRE /z couche ; les brafleurs entendent par ces mots ; remuer les grains dans le germoir , pour empêcher qu'ils ne fe pelotent, | ROMPRE /a trempe , en terme de brafferie c’eft avec le fouquet mêler le grain bruifiné & l’eau qui font dans la cuve matiere. JE ROMPRE, y. a. ( Commerce de vin. ) c'eft l'épreuve que font les marchands & cabaretiers peur connoître la bonne ou mauvaife qfalité du vin. Cette épreuve eft fimple , 8 confifte à mettre du vin dans un verre, À le laifler pendant quelque tems À l'air & décou- vert ; s'il ne/e romprpas, c’eit-à-dire, s'il ne change _ point de couleur , il ft bon; & au contraire. fi {a . couleur S'altere , ce qu'ils nomment Je rompre, il n'eft pas de garde , & et lujet à fe pâter. Savary. 100.18) ROMPRE /e fer, ( terme de Fondeur de caratteress) c’eit féparer du corps d’une lettre nouvellement fon- due, la portion de matiere qui à rempli cette efpece de petit entonnoir qui eft au-dedans du moule TE qui porte la fonte Jufques fur la matiere du caraëtere, On appelle rompure, & l’endroit par où Îe rormpt la lettre, & l’a@ion de louvrier qui la rompre. ( D.J.) ROMPRE , ( Jardinage. ) on dit un arbre qui rompt de fruits, quand il en eft trop chargé, une branche que le vent z fompue. Cet accident peut fe prévenir , en réduifant les fruits à moitié dès qu’ils commencent à nouer , pour qu'ils deviennent plus beaux, & en même tems foulagent l'arbre. . ROMPRE /a Laine, ( Larnage.) c’eft faire le mélan- ge des laïnes de différentes couleurs que lon veut employer à la fabrique des draps mélangés, Ces lai- hes font teintes & non filées, & le filage ne s’en fait qu'après qu'elles ont été bién rompues, c’eft-à-dire bien mêlées , en forte que le Al de laine dont on doit compofer la chaîne & la treme de cette efpece de draps, tiennent ésalement de toutes les couleurs qui font entrées dans le mélange; ce qui s’entend néan- moins à proportion du plus ou du moins qu'on y a mis de chacune, Savary. (D. 7) | . ROMPRE we planche, (Gravure) ce mot fe dit “chez les Graveurs & Imprimeurs en taille-douce = pour fignfer qu'on ne veut, ou qu’on n’ofe plus s’en Iervir; où même qu’elle à été efeétiyement rompue par autorité des magiftrats de police. Les effampes “ont les planches {ont rompues , augmentent ordi- Dairement de prix par la dificulté d’en trouver. _ ROMPRE, terme de Manege. Rompre un cheval à guelque allure, C'eft l'y acçcoutumer. Rormpre le col a Tome XF, | | ROM 355 un cheval, c'eft obliger quand on eft deffus , à plier le colä droite & à gauche, pourle rendre flexible ,& qu'il obéiffe aément aux deux mains; c’eftune aflez mauvaiie leçon qu’on donne à un cheval, lorfquw’on ne gagne pas les épaules en même tems. Rorpre l’ean à ün cheval, c'eft l'empêcher de boire tout d'une ha- line lorfqu’il a chaud, | | | ROMPRE /es chiens, c’eft les empêcher de fuivre. ROMPRE LES DÉS , au jeu de Triétrac ! figniñe por* ter promptement la main fur lesdés après que fon ad vérfaire a joué, pour rendre {on Coup nul. ROMPRE SON PLEIN, at méme jeu, c’eft après l’a- voir fait, lever une de deux dames qui faioient une des cafes du plein, & être forcé par le dé À la laifler découverte, Une des grandes attentions au tridtrac , c’eft d'empêcher fon adverfaire de tenir lons-tems, & par conféquent de lui faciliter par la difpofition de ion propre jeu, le plus de moyens pofbles de royz- Pre. Voyez l'article TRiCTRAC. ROMPTURE, f £, (Jurifp.) dans quelques cou- tumes des Pays-bas, relles aw’Artois, Bolenois , GC. fignife la même chofe que déconfrure. Le cas de rom pture eft lorfqu’il s’agit de difcuter un héritage du dé- biteur, qui eit le feul bien qui luirefte. Voyez le glof- Jaire de M. de Lauriere au mor Rompture, (4) ROMPU, (Gram.) participe du verbe rompre, Voyez l’article ROMPRE. ROMPUS, PIERRE DES, (Æif. mar. Téyolog.) La Pis offifragus ; c’eft un des noms que les Naturalitte- Ont donné à la fubfance dppellée plus communé- ment of/ocolle, Voyez cer ariicle. RoMpPU, adj. (Arichm.) nombre rompu eft la mê- me chofe que fratfion, Voyez NOMBRE G FRACTION. E ROMpU, (Rayon.) en Optique, eft Ja même chofe que rayon refraité. Voyez REFRACTÉ. ROMPU ,.ez serme de Blafon, {e dit des pieces or armes brifées, & des chevrons dont la pointe d’en- haut eft coupée. Ainf l’on dit: il porte d'argent, au chevron rep, entre trois molettes, Éc. Blanlus en Touraine, d'azur au chevron TO pi d'or, accompagné de trois étoiles d'argent. - ROMPUE, couleur, (Peint.) couleur nuancée d'u ne autre couleur, On appelle couleur rompue, dit M. de Piles, celle qui eft diminuée & Corrompue par le mélange d’une autre, (excepté du blanc, qui ne peut pas corrompre, mais qui peut être corrompu.) On peut dire, par exemple, qu’un tel azur d’outre-mer eftrompu de laque & d’ocre jaune, quand il y entre un peu de ces deux dermeres couleurs ; CT -ainfi des autres. Les couleurs rompues , ajoute-t1l, fervent à lunion ée à Paccord des couleurs, foit dans les tout- nans des corps & dans leurs ombres, foit dans toute leur mafle, Titien, PaulVéronèfe, le Rimbrant, ont employé avec beaucoup d’art les couleurs rompues. Couleur rompue 8 couleur compolée, {ont mots {y nonyimes; en parlant d’une dräperie d’un jaune-clair - qui eft ombrée d’une laque obicure, quelques-uns difent que cette draperie eft rompue de rouge; ce n'eft pas parler correétement : il faut dire » Cette drape- rie eftombrée de laque, parce que ces deux cou- leurs font féparées, Orle mot de rompu ne {e dit.au fens propte, que de deux couleurs mêlées l'une dans l’autre, Les [taliens difent rosura di colori. (2.7) ROMPURES, {. f, erme de Fondeur de caraiteres Imprimerie : lorfque lalettre eff fondue » le jet ou ouverture dusmoule par laquelle on introduit le métal, la remplit & fait une adhérence au corps de la lettre, Cette partie eft de trop, on la fupprime en la rompant à un endroit foible ; ce jet ainfi caflé s’ap- pelle rompures. Voyez JET, PI. fig ROMSEY, (Géog. r104.) port de mer dans le con té de Hamp. Peuy (Guillaume), fls d’un marchand drapier, Yyy | 356 R O M naquit dans cette petite ville, en 1623. I montra dés fa jeunerle des talens éminens pour percer dans la connoiflance des métiers, des arts, des fciences &t de l'économie politique ; & dans la fuite il trouva le fecret de faire une brillante fortune. À 20 ans, ilfer- vit fur la flotte du roi, où il amafla fix cens livres fterling. Avec cette fomme il étudia la Médecine en France & dans les Pays-bas ; & revint en Angleterre au bout de 3 ans, ayant dix livres fterling de plus qu'il n’avoit emporte avec lui. Il prit fon degré de doéteur en Médecine à Ox- ford; donna des lecons de fon art; reflufcita Anne Green qui venoit d’être pendue; & l’univerfité le créa profefleur. Quelque tems après il fe rendit à Londres, où il fut nommé profefleur au college de Gresham , & enfuite médecin de l’armée. A fon re- tour il eut la commiffion de la diftribution des terres: confifquées en Irlande. En 1658 il fut élu un des dé- putés au parlement qui fe tint fous Richard Crom- well. Il fe diftingua dans la focièté royale, dès la fon- dation de ce corps illuftre, & mourut en 1687, à 64 ans, riche de quinze mille livres fterling dereve- nu, c’eftà-dire d'environ 330 nulle livres de rente de notre monnoie. Il obtint à l'age de 24 ans une patente du parle- ment, pour enfeiyner à écrire d’une façon particu- liere ; car il avoit imaginé un inftrument pour faire à la fois deux copies parfaitement femblables d’un mè- me original, aufli exaétes & bien écrites qu’en fui- vant la maniere ordinaire. Il publia à Londres en 1648 un morceau de gémie , fur les moyens de per- feétionner certaines parties des fciences. Il inventa en 1663 un vaiffeau à double fonds, qui lui mérita de grands éloges. Il a fait plufeurs differtations fur les arts & les métiers, qu'on a inférées dansles Tranfac- tions philofophiques. Il a donné divers autres ouvra- ges, & entr'autres un Traité de la conftruition des vaif- féaux , que le lord Brouncker préfident de [a fociété royale atoujours gardé comme un fecret d'état; mais l'Arichmétique politique de Guillaume Petty, fut im- primée en 1690 i7-8°. & c’eft un livre fort curieux, ainfi que les autres pieces qu'il a publiées en ce gen- re, & qui intéreflent principalement le royaume de la Grande-Bretagne. (Le chevalier de JAUCOURT.) ROMUL A, (Géog. anc.) ville de la Liburnie. L'i- tinéraire d’Antonin la marque fur la route de Béne- vent à Hydrunte, entre Eclanum & Pons Aufidi , à 31 milles du premier de ces lieux, & à 22 milles du fecond. (D. J.) ROMULE À, (Géog. anc.) ville d'Italie dans le Samnium. Tite-Live, 6. X. c. xvi. dit que Décius la prit par efcalade, la pilla, y fit pafler 2300 hommes au fil de l'épée, & emmena 6ooo captifs. Etienne le géosraphe au lieu de Romulea écrit Romylia. (D. J) ROMULIANUM , (Géog. anc.) lieu de la Dace ripenfe, & où fut enterré l’empereur Galere Maxi- min qui lui avoit donné ce nom en lhonneur de fa mere Romula. Lazius dit que ce lieu fe nomme au- jourd’hui Ramyarer. (D. J.) RONALSA , (Géog. mod.) nom commun à deux îles comprifes parmi Les Orcades ; la premiere nom- mée North-Ronalfa, eft de toutes les Orcades celle qui avance le plus du côté du nord; elle a environ trois milles de long, fur un demi-muille de large, La South-Ronalfa, c’eft-à-diré La Rozalfa du fud , eft au midi de l'ile de Pomana; elle a fx nulles de long fur cinq de large, & eft fertile en blé & en pâturages: au midi de cette ile on trouve les Pentland-skeriés, qui font des rochers dangereux. (D. J.) RONAS, (Hiff. nat. Bot.) racine d’un arbrifleau que l’on compare à la racine de la réglifle ; ét qui ne croît, dit-on, qu’en Arménie fur les frontieres de la Perfe, Cette racine trempée dans l’eau lui donne en peu de tems, une couleur d’un rouge très-vif, On s’en fert pour teindre en rouge la toile de coton dans Findoftan, qui en tire une très-grande quantité de la Perfe. Tavernier, dans fes voyages, ditque cette ra- cine colore l’eau avec tant de faciité, qu’une bar- que indienne ayant fait naufrage dans la rade d’Or- mus, la mer fut teinte en rouge pendant plufieurs jours fur fes bords. ; RONCALIÆ , (Géog. mod.) où Rhoncalie ; plame de Lombardie, entre Plaifance & Crémone, fur le Pô. Cette plaine eft fameufe dans lhuftoire du xj. &e du x. fiecle, parce que toutes les fois que les rois d'Allemagne alloient en Italie pour y être couron- nés, ils campoient quelque tems dans cette plaine avec leur fuite. On trouve danse droit féodal des Lombards, quel- ques lois données dans ce lieu par des empereurs d'Allemagne. C’eft ici, par exemple, que Fréderic Barberoufle publia en 1157, à la follicitation de Bul- gare &c de Martin, deux profefleurs en Droit à Bou- logne, la fameufe authentique, Habita C, ne fil. pro patre. Dans les anciens diplomes, & principalement dans la conftitution de Charles-le-Gros, de expeditio- ne romand, la plaine de Roncalie eft appellée Rur- galle curia, fedes Gallorum ou Francorum, parce que les rois d'Allemagne ou de Franconie y repofoient avant que de {e rendre à Rome. (D. J) RONCE, £. f. (Hifi. nat, Bot.) rubus ; genre de plante à fleur en role, compofée de plufeurs pétales difpofés en rond, & foutenus par un calice. Le piftil fort du milieu de ce calice ; 1l eft entouré d’un grand nombre d’étamines, &c il devient dans la fuiteun fruit prefque rond , & compofé de plufeurs baies pleines de fuc &r attachées au placenta; elles renfermentune femence le plus fouvent oblongue. Tournefort, 24/f. rei herb. Voyez PLANTE. | | RONCE , (Jardinage.) rubus , arbrifleau rampant & épineux , qui fe trouve très-communément en Eu- rope, dans tous les lieux incultes. Ses feuilles au nombre de trois ou de cinq, font attachées à l’extre- mité d’une queue commune; elles font d’un verd- brun en deflus & bleuâtre en deflous. Ses fleurs vien- nent en longues grappes au bout des nouvelles bran- ches, font rougeâtres , difpofées en rofe, éêc elle fleuriffent dans les mois de Juin & de uillet. Ses fruits que l’on nomme méres de renard , deviennent noires en muriflant fur la fin de l'été. Les ronces pouflent de longues tiges qui font gar- nies de quantité d’épines crochues, ainfi que la queue & la principale nervure des feuilles. Cet arbriffeau fe multiplie très-aifément de bouture , & même fes tiges font racine dès qu’elles touchent contre terre. * Les müres que produifent les rozces {ont remplies d’un fuc douçâtre & fade , mais extrèmement noir; on s’en fert pour colorer le vin, & 1ly à des pays où on ramafñle ce fruit pour le donner aux pour- ceaux, L'eau difüillée des fleurs a une odeur de vio- lette ; la poudre à canon faite avec du charbon de ronces, a plus de force & d’attivité que quand elle eft compofée avec tout autre charbon. On fair quel- qu’ufage en Médecine des fruits , des graînes &c des racines de cet arbriffeau. Quoique la ronce ne foït qu'un arbrifleau vil & ab. je‘t, le vain produit des terres abandonnées, le re- fultat infortuné de la parefle & du découragement 5» cependant il y a des efpeces de ronces finguheres, & des variétés qui ont de l'agrément: voici les plus remarquables. 1. La ronce commune a fruit noir. 2. La ronce commune à fruit blancs I eft plus agréable au goût que le noir; fa feuille eft d’un verd plus tendre. 7 3. La ronce commune à feuilles panachées. Elles font tachées & très-apparentes. 4. Laronce commune fans épines, où la once de S. François. Elle n’a d'autre différence que cette par- ticularité ; on en peut faire ufage pour des endroits ou d’autres arbrifleaux ne peuvent réuffir, d'autant mieux qu'elle conferve fes feuilles pendant prefque tout lhyver. s-. La tonce a fleur blanche double. Cet arbrifleau eft très-épineux ; es feuilles font d’un verd tendre _deflus & blanchâtre en deflous , il donne pendant tout Pété des fleurs très-doublés , qui font raflem- blées en bouquet & d’une très-belle apparence. 6. Lu ronce 4 feuilles de perfil. Sa feuille & fa fleur font f joliment découpées , qu’elles peuvent faire une variété d'agrément. 7. La ronce a fruit bleu. Elle eft très-commune & plus petite que les précédentes ; fon fruit eft de meilleur goût. 3. La ronce de Pologne. Elle n’a point d’épines, ë {on fruit eft plus gros que celui de la roce com- mune ; cet arbrifleau n’eft pas encore bien connu en France. 9. La petite ronce des Alpes, Elle ne s'éleve qu’à deux ou trois piés, & elle n’a point d’épines ; fon fruit eft rouge & de bon goût. 10. La ronce-fraife. C’eft un joli arbriffeau qui eft très-petit; fon fruit eft rouge, & il a le goût de la fraife. 11. La tonce de Canada. Sesfeuilles font au nom- bre dé cinq raflemblées à l’extremité d’une queue commune , elles font lifles & brillantes ; {on fruit eft noir & fort gros. Il ya encore quelques efpeces de ronces dont les tiges font annuelles. Les framboifiers font aufi du genre de la ronce, Voyez le mot FRAMBOISIER. RONCE , ( Mar. médec.) la ronce eft comptée par- miles plantes vulnéraires, aftringentes, réfolutives ! & déterfives. Les anciens faifoient beaucoup d’ufage _-de fon bois, de fes racines , de fes feuilles & defes fruits ; ils Les donnoient inrérieurement contre le cours de ventre, les fleurs blanches , le crachement de fang , & même le calcul; & ils les appliquoient “extérieurement fur les dartres, les hémorrhoïdes, GC | On ne fe {ert prefque plus aujourd’hui des raci- nes , des branches & des feuilles de cette plante; & fi lon employe quelquefois fes fruits qu’on appelle Vulgairement mres de ronces ou méres fauvages ; c'eft comme fuccédanées de la mûre proprement di. te ou mûre de mûrier, voyez MURIER , avec lequel Jesmüres fauvages ont réellement le plus parfait rap- port. | | . Ileft rapporté dans les Mérm. de l’acad, royale des Sciences de Suéde pour l’année 1730. que la décoétion de laronce ( c’eft-à-dire apparemment de fon bois & _defes racines augmenté beaucoup l'efficacité d'un re- mede fpécifiquecontreles maladies vénériennes, que fournit la déco@ion des racines de la plante que Linnæus appelle ceanothus ou cenolaflus, inermis, &e. H. Clifford, 73. & c’eft-là l’un des fecrets que M. P. Kalm a appris des fauvages de l'Amérique fepten- “trionale | dans un mémoire dont on a donné un ex- trait ; Journal de Médecine | Février 1760. Les fommets des tiges des roces entrent dans l’on- guent populeum. (4) = RONCE du mont Ida, (Borar.) rubus ideus. Voyez FRAMBOISIER. (D. J.) RONCE SANS ÉPINES , ( Boran.) efpeces de ronce "nommée par Tournefort rubus ideus Levis ; C'eft un petit arbmifleau qui poufle à la hauteur de 2 ou 3 piés plufieurs tiges, garnies de feuilles femblables à celles du framboïfier, blanchâtres & lanugineufes par-deéflous : fes fleurs font à cinq feuilles, dfpofées en rofe; quand elles font tombées , ilipatoît un fruit RON 357 gros comme une framboife, ovale > lOuge , Compo- 16 de plufieurs baies pleines d’un fuc acide » Entaflées enfemble comme üne pyramide fur un placenta > & renfeimant chacune une femence oblongue; cette plante croït aux lieux montagneux. (D. J:) RONCE, Î £ ( Æiff. nat. Iéhyolog. ) laraie que l’on nomme rence en Languedoc reffemble beaucoup à [a raie bouclés, par la forme de fes aigullons ; cependant elle en differe, en ce Gwelle n’a point d’aigwillons à la partie antérieure de la tête, qui eft uffl beaucoup moins pointue que celle de la raie bouclée. La rorce differe de toutes les autres raies ) en ce qu’elle à des arrêtes fur la peau. Sa couleur eft cendrée , fa chair a une mauvaife odeur, & elle eft dure, Ronde'et, Aiff. mac, des Poiffons de ner, liv, XIL, ch, xüiy, Voyez Poisson. RONCEVAUX,, (Géog, mod.) bourg d'Efpagne , au royaume de Navarre, dans la vallée de même nom , entre Pampelune &z Saint-Jean Pié-de-Port. On fait que la Navarre s’étend fort avant dans les Pyrénées , & qu’elle comprend lefpace de 26 lieues le long de ces montagnes. Elle eft divifée en quatre Vallées, dont celle de Roncevaux eft la plus com- mode &c la plus courte, n’ayant que 8 lieues de tra- verfe dans lesmontagnes. Elle eft fameufe dans l’hif. toire de France, à caufe d’une bataille donnée entre les François &c les Efpagnols en 778. Charlemagne y fut vaincu par la trahifon de Ganelon ; plufieurs braves paladins demeurerent fur la place, entr’au- tres Roland, neveu de Charlemagne, Renaud & quel- ques autres que les romans ont tant chantés. Lorf. qu’on traverie cettevallée, on voit chemin fai{ant ; le champ de bataille, où l’on a bâti une églife nom- mée Notre-Dame de Ronceyaux. Dom Sanche le Fort fonda dans le bourg , Péelife royale de fainte Marie pour fa fépulture , avec un college de chanoi- nes, &t un prieuré, (D, J. RONCIGELIONE , (Géog. mod.) ville ou bourga- de d'Italie, chef-lieu d’un petit état enclavé dans le patrimoine de S. Pierre, fur la Tereia, à 6 lieues au midi de Virerbe, Cette petite ville eft affez marchan- de, &c a un collge occupé par les perés de la Doc- trine. L'état de Ronciglione appartenoït autrefois aux ducs de Parme , maïs il dépend aujourd’hui du pape. Long. 29. 48. latit, 42.14. (D, J. ROND , adj. ( Gram.) il {e dit de toutes lignes, de tout elpace, & de tout corps terminé par un cercle ou une portion circulaire. Voyez CERCLE ; SPHERE, Éc. ROND , voyez POISSON ROND. ROND, cz Anatomie, eft un nom qu'on donne à plufieurs mufcles à caufe de leur figure. 7. oyey MUSs- CLE. Ainfi il y a le grand rond &c le petit rond. Voyez PI, anus. Le premier des pronateurs du coude fe nomme auf pronateur rond. Voyez PRONATEUR. Le grand rond eft attaché à toute l'empreinte mu culaire qui fé remarque à angle poftérieur, infé- rieur de Pomopläte, & un peuà la côte inférieure de cet os, & va fe terminer par un tendon plat au rebord de la gouttiere qui répond à la grofe tubéro- fité de lhumerus, de même que le grand dorfal avec le tendon duquelil fe confond. Le petit rozd s'attache depuis l'angle inférieur juf- qu’à la partie moyenne de la côte de lomoplate, & vafeterminer par un fort tendon qui fe confond avec celui du foufépineux , dont ce muicle eft quelquefois une portion, à la facette inférieure de la grofe tu- bérofité de l’humerus. ROND d’eau, {. m.( Archir. hydraul. ) grand baffin d’eau, de figure ronde, pavé de gres , ou revêtu de “plombou de ciment, & bordé d’un cordon de 94- zon , Ou d’une tablette de pierre. Tel eft le rond d'eax 3535 RON du palais royal à Paris, Quelquefois cette forte de baffn fert de décharge ou de réfervoir dans Îles jar- dins. Dayiler, (D. J.) ROND , encerme de Boutonnier | c’eft un enjolive- ment en bouillon compofé de deux rangs attachés fur le rofté en demi-cercle. Voyez ROSTÉ & BouiL- LON. On l'appelle encore roferte. ROND SIMPLE, en térme de Boutonnier, c’eft une petite piece de velin découpée en cercle, mife en foie, & bordée de cannetille. Son ufage eft d'entrer dans la compoñtion d’un enjolivement plus confidé- rable en meubles , en équipages, em harnois de che- vaux, Gc.Voyez METTRE EN SOIE. RonND de plomb, ( rerme de Chapelier. ) c’eft une grande plaque de plomb qui a la figure d’un chapeau fans forme, de laquelle on fe fert pour tenir un cha- peau en état. Savary. ( D.J.) ; ROND, ex rerme de manege, C’eft la pifte circulaire qu’on appelle autrement la volée, Couper le rozd où la volte, c’eft faire un changement de main, lorf- qu'un cheval travaille fur les voltes d’une pifte, en- dorte que divifant la volte en deux, on change de main, & le cheval part fur une ligne droite, pour recommencer uneautre volte. Dans cette efpece de manege, les écuyers ont accoutumé de dire, coupez ou coupez le rond. Voyez VOLTE. RONDA, ( Géog. mod.) ville d'Efpagne, au royaume de Grenade, fur les frontieres de PAnda- loufie, au haut d’un rocher efcarpé, environné de la riviere dé Guadajara , à 8 lieues au nord de Gi- braltar..On defcend de la ville à la riviere par un efcalier de deux à trois cens marches, taillé dans !e roc; c’eft un ouvrage des Maures: cette place fut conquife {ur eux en 1485 par d. Ferdinand @z dona Ifabelle, qui y entrerent par une faufle porte. Les environs font fertiles en fruits exqtus, z on y re- cueille beaucoup de belle foie. Long. 12.10. /8nr, 36, 260,7.) RONDA , SIERRAS DE , ( Géog. mod, ) on donné cé nom en Efpagne à toutes ces montagnes qui font aux frontieres du royaume de Grenade &c de PAndatou fie. Cesmontagnes font extrèmemept rudes, hautes, & ne font prefque par-tout que des rochers qui s’é- tendent jufqu’à la mer, (D.J.), RONDACHE ., f f'efpece de bouclier rond qw’on appelloit auf quelquefois rondelle, On s’en iervoit encore du tems de Henri IV. (Q) 5 | RONDE ,rGURE, ( Lirérat.), Euftathe prouve dans fes remarques fur Homere, que la four ronde étoit celle que les anciens eftimoient le plus. Hs la regardoient comme facrée , & par cette ranon ils faifoient leurs autels ronds, leurs tables rondes, ê plantoient en rond les bois facrés. (D. J.) | RONDE {. f. ez Mufique, et une note blanche & ronde fans queue, ainfi figurée O ; qui vaut une me- fure entiere à quatre tems, c'eft-à-dire, deux blan- ches'ou quatre noires. La rorde eft de toutes les’ no- tes en ufage, celle qui a le plus de valeur; autre- fois au contraire elle étoit celle qui.en avoït le moins, *| & elle s’appelloit féemz-breve. Voyez SEMI-BREVE & ‘| | À elle leur demande , gxi va la ? on lui répond ronde. | La fentinelle leur crie, demeure-là ; caporal hors de La VALEUR DES NOTES. (S) | RonDE , {. f. serme militaire, qui fignifie le sour ou a marche que fait un officier accompagné de! foldats : autour des remparts d’une ville de guerre pendant !| la nuit, pour voir fi chacun fait fon devoir, fi Les : fentinelles font éveillées, & fi tout eft.en bon oräre. | Dans les sarnifons exaûtes la rozde marche tous les quarts d'heure, de forte qu'il y a toujours quelqu'un fut le rempart. Voyez Mor. L’ofiicier qui fait {a ron- ! de, porte du feu, ou 1l en fait porter pour examiner ! plus exaétement les diférens poftes qu'il doit vifiter. | Ronde major, eft celle que fait le major. Lorfque _ la ronde-mayjor arrive à un corps-de-parde, la fenti- * aelle qui eft devant les armes, dès qu’elle Papper- RON çoit, lui demande 413 va la ? on répond ronde-major: La fentinelle lui crie, demeurela ; caporal hors de La garde, L’oficier qui commande la garde, fe préfente accompagné de deux fufhiers qu'il place derriere { lui, l’un à fa droite, l’autre à fa gauche , préfentant leurs armes; il a auffi avec lui le fersent portant hallebarde, &z le caporal de cozffgne qu porte le fal- lot. L’officier demande, gui va l2? on lui répond, ronde-major, 1 dit, avance qui a l’ordre. Le major avance, & l'officier, après avoir reconnu f c’eit lui-même, ou laide-major de la place, lui donne le mot à l'oreille. Le major peut compter les foldats de garde, &c vifiter leurs armes. Cette rordefe fait pour vifiter l’état des corps-de-garde & des fentinelles, favoir fi tous les officiers & foldats font à leurs pot- tes, & fi le mot eft bon par-tout. C’eft pourquoi il faut que le major vifite les armes, 8 compte les fol= dats , 8 que l'officier lui donne le mot lui-mêmes car autrement comment le major peut-il favoir flof ficier a le #707, comme il a été donné au cercle, fi l'officier nelelui donreanf?Non-feulementloficier doit donner le mot au major, mais encore dans la regle le major ne doit ls receyois que de lu; Poffi- cier doït bien réconnoitre, avant de donner le mot, fi c'eft le imajor , cu Paide-maior de la place, qui | fait la ronde, 8t fi fous ce prétexte quelqu'un ne vient pas furprendre l’ordre, & favoir l’état de la garde & des fertinelles. Ce pour cette raïfon qu’il fair porter le fallot, &rles fufñliers qu'il prend, font pour fa fürete & celle de fon pofte, Auffi n'efil obki- gé de donner l'ordre au major aw'à la premiere roz- de qu'il fait, êt qu'on appelle ronde-major ; & s'il en veuloit faire une feconde , il faugroit quil donnât li-rnême l’ordre au caporal, qui viendroit le rece- vor, comme une fimple ronde. Lorfane le majora fait à ronde,"1l va chez le vouverneur hu rendre compte de l'état où ia trouvé lespoftes.Il doit en- {te ailer porter l’ordre au lieutenant de oi, sl eft dans a place, quoique le gouverneur foit préfent. Lorfqu'on, dit que le major fait {à ronde , dès Pordre eft donné, on entend feulement qu'ilne Va fit qu'après. Cas il ny à point pourlui d'heures prefcrites. ILeft bor même qu'il la fafle à des heures incertaines, afin de tenir toujouts le corps-de-sarde alerte ;tmais 1l faut toujours qu'il Bfle la premiere nour vérifier l'ordre dans tous Les corns-de-sarde.. ème Fa Lier 2 Le L’oficier doit aufl recevoir de la même mamiere | a ronde du gouverneur & celle dulientenant de roi. | Augmentant le nombre des fufiliers avec lefquels il la recoit, à proportion de la dignité de celui qui la faits, @7 s'ils la rattoient plufieuxs fois dans une fnême nuié, 1l doit toujours la recevoir de {a même maniere, L'infpetteur général qui fe trouve dansune place, 1} peut auf fre la ronde, officier doit, lux donner le mot. fans que linfpeéteur {oit obligé de mettre pié À. à terre, s’il eft à cheval. L’infpelteur pafticulier peut Faut faire la fienne; mais ileftrecu par un caporal, |, comme une fimple ronde. ES Re me | -.: Alésard desfimoles, rondes. d A! x és.que la fentinelle qui.eft devant le corps-de-oarde, les. voit paroitre, garde, rondr: Le caporal de pofte vient recevoir la ronde, Êz demande qu: va-la ? on lui répond s. ronde. Il dit , avance qui a l’ordre. La ronde ayance , & donne le mot à l'oreille au caporal qui le reçoit l'épée à fa main, la pointe à leftomac de la rozde. Sile moteft .bon, le caporalrecoit Le numéro , êg le fait mettre dans la boëte; il fait figner celui qui fait la rozde, fuivant l’ufage particulier de la sarnifon,, &c la laifle pañler. Si le mot n’eft pasbon , ildoit l'arrêter, & en _ rendre compte à l'officier qui examine ce qué e’eft. . Lorfquedeuxrozdesfe rencontrent fur le rempart, celle qui la prenuere a découvert l’autre, a droït RON d'exiger l'ordre, à moins que ce ne fût le gouver- neur, le commandant, le lieutenant de roi, ou le major qui la fiffent ; car en ce cas, on le leur doit donner, On fait faire des rozdes dans une place, tant pour vifiter les fentinelles, & les empêcher de s’en- dormir ,que pour découvrir ce quife pafle au-dehors. C’eftpourquoi dansles places où il n'y a pas un che- min au-delà du parapet , il faut que celui qui fait La ronde , marche fur la banquette, & qu’il entre dans toutes les guérites, pour découvrir plus aifément dans le foflé, & qu'il interroge les fentinelles , 51 y aquelque chofe de nouveau dansleurs potes, & leur faite redire la configne. - Plufieurs gouverneurs obfervent une très-bonne maxime, qui eft de faire une ronde un peu avant qu'on ouvreles portes. Commeil eft déja grand jour, cette roe eft très-utile, parce qu’on peut découvrir du rempart qui eft très-élevé , ce qui fe pañle dans la campagne, Le tiers des officiers qui ne font pas de garde, doi- vent faire la ronde toutes les nuits à des heures mar- quées par le souverneur, & doivent tirer tous au dort , fans diflinétion du capitaine ou du lieutenant , l’heure à laquelle ils doivent la faire ; & le majorde la place a foin de faire écrire fur un regiftre, Le nom de tous les officiers de rozde, & l’heure à laquelle ils doivent la faire,afin de pouvoir vérifier fi quelqu'un ÿ à manqué.Les officiers doivent la faire, à peine pour ceux qui y manquent, de quinze jours de prifon , ë de la perte de leurs appointemens pendant cetems- là , qui font donnés à l'hôpital de la place. ÆLf, de la silice françoife. _ RonpE, (Ecrit ) fe dit communément de nos ef. peces de lettre, dont les plains font au premier degré droit d’obliquité fur la ligne perpendiculaire. Voyez Ze volume des Planches à la table de l'écriture. y a quatre fortes de rondes ; la titulaire, la moyenne du premier deoré, qui s'emploie dans les lettres-paten- tes de grace, de rémiffion, dans les états du roi a & généralement dans tous les comptes quife rendent à la chambre ; lamoyenne du fecond degré, en ufage dans le notariat ; la troifieme eft la minute ufitée dans les finances ; la quatrieme ef la grofle de pro- cureur,employée quelquefois auf dans les finances. RONDEAU, f. m.( Poëfie franç. ) le rondeau eft un petit poëme d’un caraétere ingénu , badin & naïf; ce qui a fait dire à Defpréaux : Le rondeau né gaulois à la naïveté, I eft compofé de treize vers partagés en trois ftro- phes inégales fur deux rimes, huit mafculines & cinq féminines , ou fept mafculines & fix féminines. Les deux ou trois premiers mots du premier vers de la premiere ftrophe fervent de refrain , & doivent fe trouver au bout des deux ftrophes fuivantes, c’eft- à-dire que le refrain doit fe trouver après le huitieme vers & le treizième. Outre cela, il y a un repos né- ceflaire après le cinquieme vers. E’art confifte de donner aux vers de chaque ftro- phe un air original & naturel, qui empêche qu'ils ne paroiflent faits exprès pour le refrain, auquel ils doi- vent {e rapporter comme par hafard. La troifieme ftrophe doit être égale à la premiere, & pour le nombre des vers & pour la difpofition des rimes. La feconde ftrophe inégale aux deux autres ne contient jamais que trois vers, & le refrain qui n’eft point compté pour un vers. Ce petit poëme a peut-être bien autant de dificul- tés que le fonnet; on y eft plus borné pour les rimes, êc on eft de plus aflujetti au joug du refrain ; d'ail- leurs cette naïveté qu’exige le rordeau n’eft pas plus aifée à attraper que le ftyle noble & délicat du fonnet. Les vers de huit & de dix fyllabes font prefque les RON 359 feuls qui conviennent au rord4n, Les tne préferent ceux de huit, & d’autres ceux de dix fyllabes :; mais c’eft le mérite du rondeau qui feul en fait le prix, Son vrai tout a été trouvé par Villon, Marot & S. Gé. Jlais. Ronfard vint enfuite qui le méconnut ; Satrazin, laFontaine & madame Defhoulieresfurenthien lattras per , mais ilsfurent les derniers, Les poëtes plus mo« dernes méprifent ce petitpoëme, parce que le naïf en fait le caraétere, & que tout le monde aujourd’hui veut avoir de lefprit qui brille & qui pétille. Après avoir donné les regles du rondeau, je vais en citer un exemple qui contient ces reples mêmes, Ma foi c’eft fait de moi : car Ifabean M'a conjuré de lur faire un tondeau : Cela me met en une peine exerème, Quoi, treize vers, huit en eau » Cnq en ème À Je lui ferois aufi-161 un bateau, Æn voila cinq pourtant en un moncean, Faifons-en huit en invoquant Brodeau. Et puis mettons par quelque flratagènærs Ma foi c’eft fair. S2 Je pouvois encore de mon cerveau Tirer cinq vers , l'ouvrage feroir beau, Mais cependant me voila dans 1 ongieme x Et fi je crois que je fais le douyieme, En voila treiye ajuflés au niveau, Ma foi c’eft fait. Plufieurs leêteurs aimeront fans doute autant ce rondeau-ci de madame Defhculieres » dont Le refrain eft entre deux draps. Entre deux draps de toile belle G bonne, Que très-fouvent on rechange, or Javonne, La jeune Iris au cœur féncere € haus : Aux yeux brillans , à l'efprit Jars défaur, Jujqu’a midi volontiers fe mitonne. . Je ne combats de goût contre perfonness Mais franchement fa pareffe m'étonne L C'eft demeurer feule plus qu’il ne faut Entre deux draps. Quand à réver ainfi l'on s'abandonne ; Le traitre amour raremenr le pardonne : A) foupirer on s'exerce bientôe, Et la vertu foutient un grand aflaut, Quand une fille avec fon cœur raifonne Entre deux draps. Le refrain doit être toujours lié avec la penfée qui précede , & en terminer le fens d’une maniere natu= relle ; & il plaît fur-tout, quand repréfentant les mêmes mots , il préfente des idées un peu différen- tes , comme dans celui-ci, que Malleville , fecretaire du maréchal de Baflompiere , fit contre Boifrobert, dans le tems qu’il étoit en faveur auprès du cardinal Richelieu. Le P. Rapin loue extrèmement ce ro7- deau dans fes remarques fur la poëfie ; & il mérite en effet d’être ici placé, | CoËffé d’un froc bien rafiné, Er revêtu d'un doyenné Qui lui rapporte de quoi frire, Frere René deviens meffire , Æ: vit comme un déterminé, Un prélat riche & fortune Sous un bonnet enluminé En eff, s'il le faut ainfi dire; Coëfté, Ce n'eff pas que frere René D'’aucun mérite fois orné ; Qui fort doëte, qu’il fache écrire; Ni quil dife le mur pour rire : Mais c'ef? feulement qu'il eff né | Coëfté. RONDEAU REDOUBLÉ , ( Poëf: fran. ) cette ef. pece de rondeau eft compofée d’une certaine quantité de ftrophes égales entr’elles , & qui dépendent du nombre de vers que contient la premiere firophe ; 36 RON ordinairement elle en contient quatre , & alors elle eft fuivie de cing autres firophes , dont les quatre premieres finiflent chacune par unversdela premiere ftrophe ; & lorfque.par ce moyen cette ftrophe eft entierement répétée, oh en ajoute une derniere , au bout de laquelle fe trouvent par forme de refrain, les deux ou trois premuers môts du premier vers de tout le poème. Tel eft le rozdeuu de Madame Des- houlieres à M. le duc de Saint-Aignan, fur la guérifon de fa fievre quarte. Dans cé rondeau, les quatre vers. de. li premiere ftrophe , vont terminer fucceflive- ment les quatre frophes fuivantes. La premiere firophe étant entierement répétée , fuit la cinquieme & derniere ftrophe finiffant par le refrain: fans dédaigner | qui commence de premier vers de tout le rozdeau. ATTES Dans le rondeauw rédoublé, f la premiere ftrophe avoit cing vers, lerondezn auroitiept firophies , par- ce qu'il en faudroit cinq pour répéter la premiere. On conçoit aément que cette efpece de rozdeau a beau- coup plus de difficulté quele rordeau ordinaire ; mais il n’en a pasl’agrément, (2:J.) RONDEAU, é7 Mufique, eftune forte d'a à deux ou-plufeurs reprifes, dont la confiruétion eft telle qu'après avoir finr chaque reprife, onrecom- mence toujours, la premiere avant que de pañler à celle qui fuit, & qu'on.finit le tout par cette même prennere reprife par laquelle on a commencé. + Lesariettés itahennes, &c toutes nosariettes mo- dernes font aflez communément en rorzdeau, de mê- me que-la plus grañde patrie des pieces de clavecin. RONDEAU , plaque de fer forgé, ou de fonte, dont les miroitiers-lunetiers fe fervent pour y tra- vaillerles verres dont la fuperficie doit être plane, c’eft-à-dire n1 convexe niconcave. Les rondeaux {er- vent aufhi pour faire des bizeaux fur les glaces; le grais , l’'émeril , le tripoli, la potée d’étain, fervent à désroffir:, adoucir; polir & luftrer le verre ou le cryftal qu’on travaille fur le nzdeau. Foyez Bassin des lunetiers, au mot LUNETIER 6 Les PL, du lunerier. RoNDEAU, c’eft , parmi les patiffiers, une plan- che en rond, fur laquelleondrefleles pains-benits. : Voyez les PL. | 2 : RONDE:-BOSSE ,; f. m,. ( Archiss décorar. ) c’eft en fculpture un ouvrage dont les parties ont leur véritablerondeur, & font ifolées comme fes figures. On appelle deri-boffeun bas relief, qui a des parties faillantes & détachées. (D. J.) RONDELETE., { f: (if. nat. Bot) rondeletia ; genre de plante dontlafleur eft monopétale, en for- me de {oucoupe tubulée , & foutenue par un calice qui devient dans la fuite un fruit arrondi, couronné &c divilé en deux capfules: qui renferment de petites femences. Plumier,zov. pl. amer. gen. Voy. PLANTE. C’eft le P. Plumier qui a le premier découvert cet- te plante en Amérique , &t qui lui a donñé ce nom en l'honneur de Rondelet , naturaliffe &z médecin de Montpellier. Sa fleur a la figure d'une foucoupe , & confifte en un tuyau d’une feule piece, foutenu par un godet qui devient enfuité un fruit prefque rond, couronné & partagé en deux loges remplies d’un grand nombre de femences menues. Cet arbriffeau eft fort commun dans les parties feptentrionales de la Jamaique. (2. J.) RONDELETTES ; {. f.pl. (Owrdiffage.) toiles à voi- les, qui fe fabriquent en quelques endroits de l’é- vêché de Rennes en Bretagne, mais fur-tout à [fré. RONDELLE , Woyez ROUGET. RONDELLE, {. £. ( Art milis. }efpece de bouclier de figure ronde ou ovale. Woyez BoucuiER & RoNDACHE. ( : RonDezse, ff. ( Hydr.) fe dit d'un morceau de plomb coupé en rond, pour mettre entre les brides d’un tuyau de fer, C’eft ençore un morceau quarré ® deplomb ; ‘en table , que l’on foude verticalement, . fur une conduite, dans l’endroit oirelle pañle dans le. cotroi d’un bafin , afin d'arrêter l’eat qui, fanse cette plaque , pourroit fuivre le tuyau. &t fe per dre. | X ) Wan : ; | -RoNDELLE , L.f. ( Maçonnerie.) outil de fer dont fefervent les maçons pour gratter 8t finir les mem- bres & moulures d'architecture. La rondelle nette différente du crochet, que parce qu’elle eft arron- | die-par le bout. Riche/er. (D. J.) | -Ronpezres,f. f. pl. (Larnage. )cefornt des boffes owtêtes de chardons très-petites:, que: lon eftime: peu , & dont on fe fert dans les moyennes manufäc- tures de lainage:, pour laver ou tirer à. poil certaines étoffes de petit prix. Ditide Comm, ( DJ) . RONDELLES, ff. pl rerme de Plombiers, les Plom- | biers nomment de la forte deux pieces de cuivre rondes, qui ferment par les deux boutsles moules: où ils fondent des tuyaux fans foudure ; c’eft au mi= lieu desces rondelles que font placées les déux portées quitiennent le boulon ou noyau dutuyau , fufpendw au milieu du moule, & qui reglent lépañleur du plomb. Di. du Comm. (-D-J.) RONDELLES , ( Sculprure. ) les rondelles font d’a- cier à les unes avec un manche de bois, &c les autres fans manche; ce font des efpeces de cileaux ronds. : RONDEUR , £. f. ( Gramm.) qualité, forme , o figure du corps appellé rond. Woyez ROND. . Ronpeur fe ditaufli, dens l'écriture, des parties fupérieures êt inférieures des jambages , qu'on ap- pelle ordinairement dédiés, & qui forment des quarts de cercles très-propres àrendre le caraëtere plus cou- lant 6 plus brillant. RONDIN , o4 TONDIN , fm. (serme de Ploma blier. } cylindre de bois, fur lequel les Plombiers arrondifent les tables de plomb dont ils veulent faire des tuyaux. Ils ont des roAdins de plufieurs longueurs, & de différens diametres , fuivant les tuyaux qu'ils ont à arrondir. Savary. ( D. J.) RONDOLE. Voyez POISSON VOLANT. ROND-POINT D’UNE ÉGLISE, LE ;, (4rchireë,) c’eft l'endroit du vaifleau oppolé au grand portail. On l'appelle ainfi, parce qu'il eft ordinairementter- mine en demi-cercle, ( D. J. RONEBY , ou RUNEBY , ( Géog, mod.) ville de Suede, dans la Bleckingie , à quelques lieues au cou- chant de Carlfcroon , à une lieue de la mer, &c fur le bord d’une petiteriviere, au milieu des rochers ; elle eft marchande, & fort peuplée, ( 2.J.) | RONFLER , v. neut. c’eft refpirer en dormant, en faïfant du bruit, Il paroït que ce bruit naït dans plufieurs perfonnes de la difpofition de la tête & du col ; car changez la tête de place , & elles ne ronflent lus. : RONGER , v. a@. ( Gramm. ) c’eft détruire où rogner avec les dents. On dit que le chien ronge un os ; que les rats rongert le pain;que la mer ronge des bords ; que le verd-de-gris ronge les métaux; que la rouille rorpe le fer; que la pierre à cauteré ronge les chairs ; que l’ennui le ronge ; qu'il ronge {on frein, D'où l’on voit qw’il fe prend au fimple êc au figuré. RONSBERG , ( Géog. mod, ) autrefois petite ville de Bohème, dans le cercle de Pilfen ; proche de Herftein ; ce n’eft aujourd’hui qu’un bourg dépeu- lé | & ceint de vieilles murailles. ( D.J. ) RONSON. Voyez OMBRE DE RIVIERE. RONTEIZ , fm. ( Jurifprud. ) quafi terre rupte , dans la coutume de Nevers font des terres nouvelle- ment défrichées. On les appelle auf rompeiz. Voyez ci-deffus ROMPEIZ. ( 4) | | ROOMBURG , ( Géog. mod.) bourg des Pays- Bas , dans la province de Hollande , fur le bord du Rhin, un peu au-deflus de Leyde. C’eft un lieu fort ancien ; M. Van-Loon a prouvé que c’étoit l’Ab- mare | ane d'Antonin , 8c l’Ajhiniane de la carte de Peu tinger, On a trouvé dans ce bourg des médailles de cuivre qui portent l'effigie de divers empereurs, de Tibere, de Néron, de Claude , de Domitien , d’An- tonin, de Nerva, de Trajan & d’Anaftafe, (2.7) ROOT-GANS, fm. (ff. rar. Ornitolog.) Ce mot fignife une oie rouge. Les Hollandois Font donné à un oifeau aquatique des côtes de Spitzherg. Il a le bec court , recourbé & épais. Ses patesfont noires & garnies de trois ongles &t d’une peau de la même cou- Îcur. I n’eft point rouge comme fon nom Pindique, il eft noir partout le corps, excepté fous le ventre qui eft tout blanc. Il n’a pas non plus la forme d’un OI€ , mais ilena le vol. Sa queue eft courte ; & fa chair bouillie eft d’un bon goût. A ROPICUM ,(Géog. anc.) ville de l'ile de Corfe ; Ptolomée, /. LIT, c. 1j. la marque dans lesterres ; au- près de Corficum. Pinet penfe que le nom moderne eft Rogela. (D. J.) | M: ROPO, (Géog. mod.) grand village de PAttique: I eft habité par des Grecs, & compoté de plus de deux cens feux. Ce leu eft l’ancienne ville Oropos , ou Cropus , pour laquelle les Athéniens & les Béotiens ont eu de grandes conteflations , parce qu’elle étoit fur leurs frontieres. Ropoeft À deux milles de la mer, & à fix du village de Marcopulo, & n’a aujourd’hui aucune marque d’antiquité, On trouve feulément à Sycamino , à quatre milles de KRopo, dans leslife d'Agior-Saranda , Vinfcription fiuvante | Aopodurics gorupoy Opories. Ceft-à-dire : Aphrodifius , fils de Zo- pyras. (D.7.) ROPOGRAPHES, { m. (Listérat.) nom qu'on donnoït dans l'antiquité à certains peintres , qui fe bornoïent à ne repréfenter que de petits fujets, com me animaux, plantes , payfages. Ce nom eft dérivé des motS proc, Jouet, babioles | où marchandifes de vils prix, de 9pago, j'écris, je peins. | __ Onappelloit auf ropographes , ceux qui dans les jardins tailloient les bouis, les if & les antres arbrif- feaux touffus en figures d'hommes & d'animaux. ROPOGRAPHE , ( Peins antig. } peintre de payfa- ges , d'arbres d'animaux, de ports de mers , & d’au- tres chofesfemblables; feréppagia rirule, & onifie dans Cicéron la variété des objets qui font fur une côte; I mande à Atticus, en parlant de Tufeulum y É ta- mer h@c fomoypagie ripule , videtur habirura celerer fa- fetatem, Je crois cependant que je me lafferai bien- tôt du payfage de cette côre: CPDE | ROQUE,, La (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de France dans le Languedoc , au diocefe de Nîmes. [l'y à une autre petite ville dans le Languedoc; diocèfe de Caïtres, qu’on appelle Rogue 4 *Olrmey. Il ne faut pas confondre ce dernier lieu , avec Ro- que Courbe, qui eft du diocèfe de Caftres, mais fur PAgoüt. (D. 75. | ROQUEFORT DE MArsAN, ( Géog. mod.) pez tite ville de France, dans la Gaicogne, au diocèfe d'Are , fur la Douze, à 4 lieues au nord-eft du mont de Marfan. (D. J.) | ROQUELAURE , ff. (Gram.)forte de manteau à manches larges, qu’on {e jettoit fur les épaules, & qui fe boutonnoit du haut en bas. Les redingotes ont fuccedé aux royxelaures. | ROQUELAURE, (Géog. mod.) petite ville de Fran- ce, dans PArmagnac, au diocète d’Aufch. Elle a été érigée en duché-pairie en 1652, maisleslettres n’ont oint été vérifiées. (D. J. ur | . ROQUEMADOUR, ( Géos. mod. ) petite ville de France , dans le Querci, au diocèfe de Cahors : éleéhion de Figeac. Elle doit fon origine à une abbaye de l’ordre de faint Benoît, qui elt aujourd’hui un chapitre , fous le titre de Notre-Dame, La manfe abbatiale a été unie à l'évêché de Tulles: (2.7) Tome XIF, R O©O Q 361 ROQUEMAURE, (GCéog. mod.) ville de France 4 dans le bas Languedoc. fituce près les bords du Rhô- ne, au diocefe d'Avignon, à à lieues au-deflus de cette ville, fur un rocefcarpé, Long. 23. 27!) lotir. 434 581. | L C’eft dans cette ville quémourut le pape Clément V en 1314, après neuf ans de pontificat , pendant lefquels les faéHons Guelphe & Gibeline y nées des querelles du facerdoce & de empire, fubfiftoient tou- jours commeunfeu qui fe nourrifloit par de nouveaux embrafemens. Clément V né en Galcoone, étoit du païti de-Boniface VIT, qui l’avoit nommé évêque de Comminge, & puis archevêque de Bordeaux, Le car- dinal d’Oftie l’éleva fur la chaire de faint Pierre , & fon cleétion fe ft à Péroufe en 1305. On lappella le pape Gafcon. Dès qu'il fut élu, ilaima mieux tranf. férer le faint fiege hors d'Italie 3 & jouir en France des contributions payées alors par tous les fidéles 4 que difputer inutilement des châteaux auprès de Rome. Clémentalloit de Lyon à Vienne en Dauphiné, à Avignon , menant publiquement avec Jui la com- tefle de Perigord, & tirant ce qu'il pouvoit d'argent de la piété des bonnes ames. Ce fut À Vienne qu'il con- VOqua en 1311 un concile général, dans lequel lor- dre des Templiers fut aboli & la guerre fainte réfo- L luc. Il mourut en allant à Bordeaux pour changer d'air. On fait qu'il it couronné à Lyon en préfence de Philippe le Bel, de Charles de Valois, & de plufieurs autres princes. Cette cérémonie fut troublée par la chfite d’une muraille, laquelle étant trop chargée de peuple ;s’écroula, tua Jean IT duc de Bretagne, 8 Gaillard frere du pape. Le roi & Charles de Valois, furent bleflés lérerement. La tire tomba de deflus latête dupontife, & une des belles efcarboucles de {a couronnée perdit. On conçoit bien, que cet acci- dentfitiremarqué comme un préfage des malheurs quiaffigerent la chrétiennété & l'Italie » durant ce portificat. (D, J.) | ROQUER , v. a@. (cerme de jen d'échecs.) c’eft ap- procher le roc,ou, comme nous difons aujourd’hur, la tour auprès du roi, & pafler le roi par-derriere , pour le placer à Pautre cafe Joïgnante. On ne roque qu'une fois ; mais pour roquer, 1! faut n’avoir point remuë lerroi, ni la tour, & ne point pañler ou £e mettre en échec. (D. J.) ROQUE P\, fm: (Zoologie) nom d'une efpece de petit lézard d'Amérique, d'un brun rougeûtre , Mar- ueté detaches Jaunes & noires : fes yeux font vifs, étincelans, & fes jambes font d’une longueur remar- quable pour un f petit animal ; il porte latête toujours droite, & la queue communément recourbée en demi-cercle fur le dos. Il n’eft point fauvabe fautille légerement comme un oifeau » ©t eft dans un mou- vement perpétuel ; quand il eft fatigué de fes cour- fes ; il ouvre la bouche » en tire fa langue, & halete comme les chiens; c’éit du moins/ce qu’en rapporte Rochefort dans fon bifioire des Îles Antilles. (D...) ROQUETIN , f. m. (Soierie. ) efpece de petite bobine de bois, au milieu de laquelle on à pratiqué une moulure à deux bords pour recevoir cé qu’on veut dévider. Il y'en a une’ autre > Où fe pofé la corde du contrepoids qui fert à mouvoir le roguetin , à le retirer à mefure qu'il fe dévide, 8 à-tenir tendu le fil qui porte deflus ; le foquetin ainfi que le rochet ; eft percé dans fa longueur , pour être traverfé d’une broche für laquelle 11 tourne & qui le tienne {uf pendu. | ROQUETTE, £. € (if. nas. Botan.) eruca gente de plante à fleur en croix; compofée'de quatorze pé- tales ; le pifil fort du calice , & devient dans la fuite un fruit ou une flique compofée deideux panneaux appliqués fur les bords d’une cloifon mitoyenne qui Z z 362 RO Q la divife en deux loges ; cetté filique renferme des femences qui font le plus fouvent arrondies. Ajoutez aux caratteres de ce genre.la faveur qui lui eft parti culiere, Tournefort, I. R. H. Voyez PLANTE. _ Entre les huit efpeces de ce genre de plante éta- blies par Tournefort , nous parlerons.de la commu- ne cultivée, & de la fauvage ; la cultivée , eruca La: tifolia, alba, fativa , I, KR, H, 227. {e nomme en anplois ; the broad-laucd , flower d-garden-rockert. … Sa racine eft blanche, ligneufe , menue , vivace , d’une faveur âcre. Ses tiges font hautes d’une cou- dée, ou d’une coudée & demie, un peu velues. Ses feuilles font femblables à celles de la moutarde,blan- ches , longues, étroites, découpées profondement des deux côtés, tendres , liffes, de même faveur que la racine. Ses fleurs naïflent au fommet des tiges; elles font en croix , compofées de quatre pétales , d’un jaune tirant furle blanc, marquées de raies noï- râtres, renfermées dans un calice velu, d’où fort un piftil qui fe change en une filique femblable à celle de lamoutarde; mais plus longue , portée fur un pédi- cule court, & partagée en deux loges par une cloi- fon mitoyenne, à laquelle font attachés des panneaux des deux côtés, remplies de plufieurs graines jaunes, plus grofles que celle de la moutarde , & moins ron- des. L’odeur de cette plante eft forte défagréable, auffi- bien que fa faveur. La roquette fauvage, eruca [ÿylveflris , tenuifolia , perennis, flore luteo, I. R. H. 227. a la racine blan- che, épaïñle , aflez longue. Ses tiges font nombreu- fes, creufées, cannelées, un peu velues, divifées en plufieurs rameaux. Ses feuilles font découpées plus encore que-celles de la dent de-lion , d’un verd fon- cé , lifles, d’une faveur brûlante ; fes fleurs {ont femblables à celles de la roguerte cultivée de couleur jaune & odorante. Il leur fuccede des filiques lon- gues , anguleufes , remplies de graines femblables à celles de la roquette cultivée, âcres & un peu ameres. Toute cette plante a une odeur fétide. Elle abonde en Syrie & à Tripoli, où l’on brûle fes cendres qui fervent à faire du favon & du verre | comme celles du kali. (D.J.) ROQUETTE , ( Dies. & Mat. méd,) roquerre des jardins, & roquette fauvage ; l’odeur & la faveur de la roquette des jardins eft plus douce , & fa vertu eft plus foible ; c’eft pourquoi on la mêle fouvent dans les alimens, &t principalement dans ce qu’on appelle à Paris La fourniture des falades de laitue. Les anciens regardoient la nature de ces deux plantes comme direétement oppofée ; c’eft pourquoi ils avoient coutume de les manger mêlées enfemble pour tempérer la froideur de lune par la chaleur de Pautre. La roquette fauvage vaut mieux pour faire des remedes. Ce ne font que les feuilles qui font en ufage. La roquette porte à l'amour. Cette propriété lui a été dès-long-tems attribuée par les médecins, &re- connue par tout lemonde. Les anciens poëtes quine rapportent guere en ce genre que les notions les plus vulgaires , ont chanté cette propriété de la roguerte. Ovide appelle les roquettes falaces. Martial a dit : Venerem revocans eruca morantem ; & Columele:£x- cirat ad Venerem tardos eruca maritos. … La roquette eft de la claffe des plantes cruciferes de Toutrnefort, qui contiennent toutes plus ou moins d’alkali volatil fpontané ou libre , & qui font appel- lées ansi-fcorburiques par excellence. La roquette rem- plit un des genres de cette clafle, qu’on peut regarder comme moyens ou tempérés relativement à la quan- tité de ceprincipewolatil.Ellevient après le cochlea- ria, la moutarde, le raifort fauvage , la pañle - ra- ve & les creflons. Elle eft beaucoup plus vive que l’herbe de rave , de navet, Gc. Voyez vous ces arti- les. Ce quenous avons obfervé des propriétés & des ROS ufagés du cochléaria & du creffon, qui font les plus ufuels des plantes cruciferes ; & le rapport de ces plantes avec la roquerre , quant à leur degré refpeétif d’adivité, que nous venons de noter ; ces chofes , dis-je , doivent fuffire pour déterminer les ufages êr les propriétés de la roquette. La femence de roquette entre dans l’eau anti-fcor- butique de la pharmacopée de Paris , dans l’éle&tuai- re de fatyrion de Charas, &c dans les tablettes de ma- enanimité du même auteur. (2) ROQUETTE A AVANCEUR , ( Tzreur d'or. ) eft une forte de bobine fur laquelle Pavanceur dévide le fil qu'il a tiré, | ROQUEVAIRE , ( Géog. mod. ) en latin rupes Varia , rocher de Varus ; petite ville de France , em Proveñce , fur la Veaune , à 3 lieues au nord-eft de Marfeille, & à 4 d'Aix. | ROQUILLE, ££ ( mefure des liquides. ) petite mefure des liqueurs , à laquelle on donne auff le nom de poiffon ou poffon. C’eft la moitié d’un demn-fetier, ou le quart d’une chopine de paris. Di: de Comms ROQUILLES , er terme de Confifeur , c’et une forte de confiture faite d’écorce d’oranges tournées, fort déliées , obfervant de leur donner le plus de lon- gueur qu'il fe peut. On appelle eneore cette efpece de confiture sournures. Voyez TOURNER. RORIFERE, CANAL, ( Anar.) comme qui diroit canal d’où découle goutte-a-goutte de la rofte ; eftun nom par lequel quelques auteurs défignent le cazaë thorachique ; parce que ce n’eft en effet que goutteà- goutte & par une efpece de difüilation qu'il porte le chyle dans la maffe du fans. Voyez THORACHIQUE. ROS , (Géog. mod.) riviere de Pologne, dans PU- kranie. Elle a fa fource au palatinat de Braclaw ; ar- tofe celui de Kiovie, & fe jette dans le Boryftene, près de Kaniow. (2. J.) | ROSACE,, L £ oz Roson, ( 4rchit. ) grande rofe fufceptible de différentes figures , ét dont on orne &c remplit Les caifles des compartimens de voütes , pla: fonds, &c. s ROSAIRE, {. m. ( Théol.) chapelet en ufage dans PEglife romaine , lequel contient quinze dixaines d'Ave maria, dont chacune commence pat un Parer, & qu’on récite en l'honneur des différens myfteres de Jefus-Chrift où la Sainte-Vierge a eu part. < Quelques auteurs attribuent lorigine du rofaire à faint Dominique. Mais dom Luc d’Achery prouve qu'il étoit en ufage dès Pan 1100 , &t que faint Do- minique ne fit que le mettre en honneur, D’autres lattriduent à Paul, abbé du mont Phermé en Lybie; contemporain de faint Antoine ; d’autres à faint Be=< noît, quelques-uns au vénérable Bede ; &c Polydore Virgile raconte que Pierre lhermite voulant difpo- fer les peuples à la croïfade , fous Urbin I. en 1096, leur enfeignoit le pfeautier laique compofe de plu- fieurs Pater & de 150 ave, de même que le pfeautief eccléfiaftique eft compofé de cent cinquante pieau- mes, & qu'il avoit appris cette pratique des folitai- res de la Paleftine. On atrouvé dans le tombeau de fainte Gertrude de Nivelle , décédée en 667, & dans celui de faint Norbert, décédé en 1134, des grains enfilés qui paroïffent être des reftes de chapelets. Mais tous ces faits, pour la plüpart incertains, n’empêchent point de croire qu'on doit à faint Do- minique cette maniere de prier, qui, felon les re- gles qu'il en a prefcrites, applique leforit aux princi- paux myfteres de notre religion, & eftextrèmement utile à ceux aui ne favent pas lire pour les diriger dans leur dévotion. On n’eft pas d’accord{ur Pannéé où faint Dominique inftitua le rofaire ; quelques-uns veulent que ç’aitétéen 1208, pendant qu'il préchoit contreles Albigeoïs ; d’autres prétendent qu'il Pmfti tua dans le cours des miffions qu'il fit en Efpagne , avant que de pafler en France. R OS ROSAIRE , ordre du, du de Notre-Dame du rofaire eft un ordre de chevalerie inftitué par faïnt Domini- que , felon Schoonebek & le pere Bonani jéluite, qui tous deux fe font trompés en ce point ; car ja- mais S. Dominique n’inftitua d'ordre de cenom. Ces auteurs Ont apparemment pris pour un ordre militai- re l’armée des croïfés, qui fous les ordres de Simon j comte de Montfort, combattirent contre les Albi geois. Voyez CROISADE & ALBIGEOIS. L'abbé Jufliniani & M. Hermant prétendent quê cet ordre fut inflitué après la mort de fainr Domini- que par Frédéric, archevêque de Tolede, & que les chevaliers portoient pour marque une croix blanche & noire fur laquelle étoit repréfentée la Saïnte-Vier. ge tenant fon Fils d’une main, & un rofaire ou cha- pelet de l’autre. Le pere Mendo ajoute que ces che- valiers étoient obligés de réciter le rofaire cettains jours, Cependant le pere Helyot doute fort que cet ordre ait jamais exifté, Joyez ORDRE. ROSANA , ( Géog. mod, ) ou Rofanna ; Ville de Pologne, au srand duché de Lithuanie , dans la par- tie méridionale du Palatinat de N ovogrodeck , près de la riviere de Zolva. ROSARBA, £ f. ( Æif£ ner. Botan. des Arabes.) nom d’une plante inconnue , & dont il efl fait men- tion dans Avicenne Sérapion, & autres auteurs ara bes ; ce qu’on peut imaginer de plus vraiffemblable ; c’eft que là rofarba eft une efpece de caroubier des pays chauds ou d’acacia fauvage. ( D. Vn) ROSARIA , f. im. ( Lictérar. ) nom que donnoient les Romains à un genre de parfums précieux , ainfi nommés ou par leur excellente odeur , OU parce que les rofes en faifoient le principal ingrédient, ROSARIO, ( Géog. mod. ) riviere de PÂmérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne, à 22 de- gtés, 51 de laide feptentrionale, Elle mouille à . milles de la mer un petitbourg auquel elle donne fon nom, (2.J.) ROSAY , (Géog. mod.) ou Rof6y , petite ville de France , dans la Brie , à 6 lieues de Meaux ; & à 12 de Paris. Long. 20, 30. latit. 48. 42. ROSAT , huile, 7 . ROSAT, miel, { ROSAT , onguenrt , ROSAT , frop, ROSBEC , ( Géog. mod.) village des Pays - Bas, dans la Flandre , à 2 lieues de Courtray, entre la Lys & la Mandere, Ce village eft célebre par la bataille que Charles VI. roi de France y gagna fur les Fla- mands en 1382, comme Rosbach , dans le cercle de Leipfck , fera fameux par la vidoire que le roi de Prufe y à remportéele $ Novembre 1757 {ur les ar- voyez ROSE, ( Mas. méd.) imées combinées de la France & de PEmpire. (2.J.) : ROSCHILD, ( Géog. mod. ) ville de Danemarck ; toute ouverte , dans l'ile de Sélande , au fond d’un petit solfe rempli de faible, à 8 lieues au fud-oueft de Copenhague. Son évêché fondé en 1012 , ft fuffra- gant de Copenhague.Lacathédrale renferme les tom- beaux de quelques rois de Danemarck, Cette ville n’a point de commerce, & l’univerfité qu'on y a fondée n’eft pas floriffante. Long. 29, Ga. lat, 45. 38. ROSCIANUM , ( Géog. ane.) lieu d'Italie. L1- tinéraire d’Antonin le place fur la route d'Equotuti- cum à Rhegtum, entre Thurii & Parernum , à 12 mil les du premier de ces lieux , & à 27 milles du fecond. C'eft aujourd’hui, à ce qu’on croit ; le bourg Rofiano. ROSCOMMON , ( Géog. mod. ) ville d'Irlande, dans la province de Connaught , & chef-lieu d’un comté auquel elle donne fon nom , à 13 milles au nord de Tulsk. Elle eft fi miférable que la plüpart des mailons font couvertes de chaume ; cependant elle envoie fes députés au parlement d'Irlande , &ellea droit de marché. Tome XIF, ROS 363 LÉ Le comté de Rofcommon à environ ÿ$ milles dé longtieu , für 28 de largeur; c’eft un pays uni & fertile, On le divife en fix baronnies. Ses principaux lieux font Atthlone, Boyle , Tulsh & Rofommon, COMENT à | ROSE , f. £ (Botar.) on peut rapporter toutes les rofes à deux clañes ; celle des rofes cultivées, & celles des ro/es fauvages : ces deux claffes réunies forment cinquante-trois efpeces de rofès, dans le fy£ tèmne de Tournefort ; maïs il nous fufira de décrite la ro/2 cultivée commune , qw’on appelle la rofe pâle Ouincarnate, ro/zrubre ; Jativa, palhdior, I. R. HA, 637. Sa racine eft longue, dute, ligneufe. Elle pouffe plufieurs tiges en arbriffeaux qui fe divifent‘en bran= ches férimes , longues , revêtues d’une écorce verte Obfcure, garnies de quelques épines fortes & piquan: tes. Ses feuilles naïflent par paires ordinairement ait nombre de fept, fur une côte terminée par une feule feuille , d’un verd foncé , arrondies , dentelées en leurs bords, rudes au toucher. Sa fleur eff tantôt fimple, compotée feulement de cinq larges pétales, avec plufieurs fommets jaunes dans le milieu; tantôt double, & alorsles feuilles ex= térieures font un peu plus grandes que les intérieus res, d'une couleur rouge ou incarnate réjouiflante : d’une odeur très-fuave, quoïque foible, Lorfque la fleur eft pañlée, le calice dont elle étoit foutenue ; devient un fruit ovale, ou de la figure d’une petite ohve; à écofce un peu chaïnue, qui n’a qu’une feule loge remplie de plufeurs femences anpguleufes , Velues, blanchâtres, L’arbrifleau fleurit en Mai & Juin. On fait que la rofe fauvage , 70/4 fylveffris , vulgaris, f'ore odorato ,1rcarnato ne! Af£. re: herb. 638. ef lafleur de léplantier, voyez ÉGLANTIER. Les rofés, comme d’autres plantes, préfentent quelquefois des jeux monftrueux de lanature, Onen lHtun exemple dans le journal des Savans, année 1679. M. Marchand en rapporte un autre dans les mem. de l'acad, des Sciences | année 1700. La monf- truofité de cette derniere rofe confiftoit 1°, en ce qu’au lieu de bouton , il y avoit cinq feuilles en cô- tes qui foutenoient la fleur ; 2°, du milieu de cette rofe S'élevoit un bourgeon qui commencoit à former une branche ligneufe, (D. J.) ROSES , ESSENCE DE, (47 diflillatoire, ) après avoir confidéré que les Parfumeurs ne tiroient guere qu'une once d'huile effentielle de rofe fur cent Evres de cette fleur, M. Hombers a trouvé l’art d’auomen- ter de près d’un tiers cètte effence précieufe dans la difüllation , fi lon a foin, ayant que de diftiller les rofes , de les faire macérer pendant quinze jours dans l’eau aigrie par l’efprit de vitriol. Outre ce moyen, que les Parfumeurs ont adopté , ils ont encore une adrefle particuliere dans cette opération : ils {e {er- vent d'une veflie difiillatoire , qui contient environ un muid; elle eft ouverte par un tuyau en haut, à caufe de la grande quantité d’eau quil faut fouvent remettre dans la veflie fur Les rofés qui diftillent ; car l’huile ne monte qu’à force d’eau , qui en éleve très- peu à la fois. | Cette veflie eft aufi ouverte par un robinet en bas, pour changer aifément les r0/2s épuifées ; mais la plus grande adrefle confifte dans la figure du vaif- feau qui reçoit cette huile ; il eft fait comme un ma- tras à l’ordinaire , de la panfe duquel fort un tuyau , comme étoient faits dans le dernier fiecle les vinai= griers & les huiliers qu'on fervoit à table ; ce tuyau monte depuis la partie bafe de la panfe , jufqu’au bas du col du récipient, où il eft recourbé en dehors; l'effet de ce récipient, qui ne contient ordinairement que deux ou trois pintes , eff de recevoir commodé« ment plufieurs centaines de pintes di rofe fans lé L'z 364 R'OS changer ,ice qui perdroït la petite quantité d'huile qui s’y amañe ; cette eau fe décharge par ce tuyau dans unfecond récipient ; & comme lhuile eft plus lérere, elle furnage cette eau , & s’amañle dans le : col du fécipient à la hauteur de l’ouverture , pen- dant que l’eau du fond du premier récipient s'écoule dans le fecond, à mefure qu'elle difülle, Ce réci- pient, dont les Parfumeurs ont autrefois fait myf- tere, peut fervir commodément aux difüllations de toutes les huiles effentielles un peu précieufes, Mém. de l'acad, des Sciences , ann. 1700. (D. J.) ROSE, ( Mar. médic. ) la rofe étoit déja regardée parles anciens comme la panacée d’une imfinité de maladies ; ’eft l'éloge que Pline en fait. Les moder- nes en tirent auf un grand nombre de préparations ; les principales font Peau fimple derofés, laconferve de rofes, les-tablettes de fucwofat, le fyrop de fuc de rofès , lefuc de rofes folutif, l’éle&uaire du fuc de rofes , le miel rofat , l'huile de rofes , longuent rofat, le vinaigre rofat, & la teinture de rofes rou- ges. On trouve dans toutes les pharmacopées la ma- niere & lesufages de ces diverfes préparations ; 1l feroit feulement à fouhaiter qu’elles fuflent plus fm- ples 8 mieux dirigées qu’on ne Le voit dans plufieurs difpenfaires, L’eau qu’on retire des rofes par la dif tillation , eftutile pour bäffiner les yeux dans leurs inflammations. Le fyrop de ro/es {olutif, eft fort pro- pre pour purger les enfans. La conferve de rofes, poflede une légere vertu cordiale & aftringente, falutaire aux ‘phthifiques. Le vinaigre rofat , mêlé avec de l’eau de rofes , un peu de nitre & de cam- phre, compofe un épithème propre dans les fievres aiguës & les hémorrhagies du nez. (D. J. ROSE , ( Jardin. Fleuriffe. ) fleur qui croît fur l’ar- briffeau qu'on appelle rofer. Voyez ROSïER. Pline appelle la rofe lasreine des fleurs & l'ornement des jardins ; elle Peft par fa beauté, par fes variétés , & par {on odeur délicieufe.Ses diverfes parties ont été décorées de noms particuliers. On appelle lo. gle de la rofe la partie blanche de fa feuille qui ef la plus proche de la queue. On appelle kyrez la petite peau qui enveloppe fon bouton, & qui s'ouvre quand elle s’épanouit. Enfin le bouton même qui refte après que les feuilles font tombées , fe nomme grare- cul, (D. JT.) ur ROSE DE JÉRICHO , ( Botan. } c’eftle myagrumex Sumatriä 6 Syrid , femine fpinofo , fimili capiti avicu- le de Zanoni 142, & c’eft dans le {yftème de Tour- nefort , une efpece de thlapf , ou une petite plante haute d'environ quatre doists, ligneufe, rameufe, ayant la figure d'une tête d’oifeau , de couleur cen- drée; fes feuilles font petites , longuettes, décou- pées, velues ; fes fleurs font quatre petites feuilles difpofées en croix dans des épis, blanches, ou de couleur de chair. Sa femence eft arrondie, rougeñ- tre, âcre au goût. Sa racine eft fimple , aflez grofle, ligneufe ; pendant que cette plante eft en vigueur fur la terre, elle paroït un bouquet ; maïs à mefure qu’elle fe feche, les extrémités de fes branches fe courbant en dedans, fe réuniflent à un centre com- mun , 8£ compofent une efpece de petit globe. Cette plante croit dans l'Arabie déferte ; & quoi- qu'on l'ait nommée rofe de Jéricho , elle n’eft point rofe, &t l’on n’en trouve point autour de Jéricho. On a dit autrefois , par l'amour du merveilleux, qu’elle ne s’ouvroit qu'au jour de Noël; mais on fait à pré- fent qu’elle s'ouvre en tous tems de fa vie, pourvu qu’on la plonge &c qu’on la laiffe tremper quelques momens dans l’eau; on voit alors fes rameaux s’écar- ter peu-à-peu, s'épanouir, &c fes fleurs paroître. (2.1J.) ROSE D'INDE , ( Jardinage.) rofa indice. La tige de cette fleur eft rameufe, haute de trois piés, & garme tout-au-long de petites feuilles étroites & ès dentélées: Ses fleurs font aurores, très-doubles , en forme de rofe , avec un calice écailleux qui contient des graïnes de couleur noire. | | On met la ro/e d'Inde dans des pots, &c dansiles par- terres, parmi les plantes de la grande efpece. Elle fleurit toujours en automne, & demande une cul- ture générale. On la feme furcouche, & ona foin de la mouiller. … Rose D’OUTREMER, ( Boran. ) par lesbotaniites, malyarofea , efpece de mauve, connue fous lenom de srémier, voyez MAUVE & TRÉMIER. (D. J.) ROSE TRENIERE, ( Boran.) autrement dite la ro/£ d'outremer, qui eft une efpece de mauve, woyez-en l'article au mot TRENIERE ROSE, ( Botan. ) (D. J.) ROSE , (Poéfie, Mythol. Listér. ) ‘cettefleur étoit confacrée à Venus. Tous nos poëtes la célebrent à limitation des Grecs & des Latins , fi nous les en croyons. C'eff la reine des fleurs dans le printems éclofe ; Elle eff le plus doux foin de Flore & des zéphirs : C’eft l'ouvrage de leurs foupirs. Anacréon s’étoit contenté de direavec plus de fim- plicité, qu’elle eft tout lefoin du printems,, p'odor écèpoe parisua. Nos vieux poëtes employent toujours laro/e dans leurs vers. Aujourd’hui les comparaifons tirées de cette fleur ont été fi fouvent répetées, qu’on n’en fauroit ufer trop fobrement. | Aphtonius & Tzetzes nous aflurent que c’eft du fang de Vénus que les ro/es ont pris leur couleur ver- meille. Bion prétend au contraire que la ro/e doit fa’ naïflance au fang d’Adonis, & ce poëte a pour lui non-eulement Ovide, mais l’auteur du pervigilium Veneris, dans l'hymne charmante qu’ila faite fur ce lujet. ù « Avec quelle grace, dit-il, le zéphir amoureux » vient-1l voltiger autour de la robe verte de cette, » reine des fleurs, & chercher à lui plaire par fes » plus douces carefies? Déja la divinerofée fait for- » tirce bouton vermeil du fourreau qui enveloppe. Humor ille quem ferenis af?ra rorant noëlibus, Jam nunc virginis papillas folvit hurientt peplo. » Je levois, continue:l, ce bouton qui commen- » ce à s'épanouir; je le vois glorieux.d’étalerce rou- ». ge incarnat dont la'teinture eft dûe au fang d’A- » donis, dont l’éclat eft augmenté par les baifers de » l'amour , & qui femble compofé de tout ce quela » jeune Aurore offre de plus brillant, quand elle » monte dans fon char pour annoncer de beaux » jours à la terre. | En un mot, les poëtes ne fe font plaints que du peu de durée de cette aimable fleur, & zum brevis tofæ flores amænos , » & ces rofes, cès charmantes » fleurs qui paflent hélas, troptôt pour nosplaïfirs, » Tout le monde connoit cette épigramme latine : Quam longa una dies, œ@tas tam longa rofarum , Quas pubefcentes junila fencüta premit. Quam modo nafcentem rurilus confpexit Eous, Hanc veniens fero vefpere vidit anum. » La durée d’un jour eft la mefure de l’âge de la » rofe ; la même étoile qui la voit naître le matin , la, » voit mourir le foir de vieillefle. » Malherbeabien fu tirer parti de cette idée; il dit , en parlant de la mort de la fille de M. Duperrier. Mais elle éroit du monde, ou les plus belles chofes Ont le pire deu, + Et rofe elle a vécu ce que vivent les rofes , L’efpace d'un marin. Aiïnfi a vêcu madame la princefle de Condé. . . = LA Les Romains aimoient pafionnément les rofes, 6e faifoient beaucoup de dépenfe pour en avoir en lu- KO S ver. Les plus délicats les recherchoient encore , lorf. A que la faifon en étoit paflée, Dans le tems mème de. la république , ils wétoient point contens, dit Paca- tus , fi au milieu de lhiver, les rojes ne nageoient fur le vin de Falerne qu’on leur préfentoit. Delcari äli ac fluentes paräm, fe lautos putabant ; nifi luxuria vertiffet annum , nift hibernæ poculis rofæ innatalfent. Hs appelloient leurs maïtreffes du nom de ro/é, mea rofa, ma belle amie: Enfin les couronnes de ro/es étoient chez les an- ciens la marque du plaifir & de la galanterie. Hora= ce ne les oublie jamais dans fes delcriptions des re- pas agréables. Auf ro/ezs , rofea, figmiñoitbeau, belle, éclatant, éclatante , comme le pofeon des Grecs. C’eft. pourquoi Virgile dit, en parlant de Vénus : Ex avertens rofeà cervice refulfie, « En fe détournant, elle ft voir la beauté de fon. » col.» Dans notre langue un teint de lis & de rojés défigne aufli le plus beau teint du monde , tel qu'il fe trouve feulement dans la floriffante jeunefle. ( Le chevalièr DE JAUCOURT. ROSE! POSTEROL, noms que lon a donnés à une ortie de mer de couleur rouge, de l’efpece de celles que l’on nomme cul de cheval. Voyez ORTIE DE MER. ROSE BLANCHE , ROSE ROUGE, (if, d’Angler.) on a donné le nom de rfe blanche & de rofe rouge, aux deux maïfons d'Yorck & de Lancaftre. Cesnoms font fameux par les guerres entre ces deux maïfons, la quantité de fang anglois qu’elles ont fait répan- dre , & qui aboutit à la ruine entiere de la maïfon de Lancaître. Il faut donc fe rappeller que fous le reone d'Henri VI. en 1453, 1l y avoit en Angleterre un defcendant d'EdouardlIil. de qui même la branche étoit plus près d’un degré de la fouche connue que la branche ré- gnante. Ce prince étoit un duc d'Yorc. Il portoit {ur un fon écu une rofe blanche, && le roi Henri VI. de la maifon des Lancafîre , portoitune roft rouge, C’eft de-là que vinrent ces noms célebres confacrés à la guerre civile. La bataille de Bolsworth donnée en 1485, & dans laquelle périt Richard IT. mit fin aux défolations dont la rofe rouge & la ro/e blanche ayoient rempli PAngleterre. Le trône toujours enfanglanté & renverfé, fut enfin ferme & tranquille; les mal- heurs qui avoient perfécuté la famille d'Edouard IL. cefferent; Henri VII. en époufant une fille d'Edouard VI. réunit les droits des Lancaftres & des Yorchs en fa perfonne. Ayant fu vaincre, il fut gouverner. Son regne, qui fut de 24 ans, & prefque toujours paifi- ble, humanifa un peu les mœurs de la nation. Les parlemens qu’ilaflembla & qu’il ménagea, firent de fages lois. La juftice diftributive rentra dans tous fes droits ; le commerce qui avoit commencé à fleurir fous le grand Edouard, & qui avoit été ruiné pen- dant les guerres civiles , fe rétablit , & fe ranima pour profpérer encore davantage fous Henri VIIL. & fous la reine Elifabeth. (D. J. | ROSE DE VENT , (Marine.) c'eft un morceau de carton ou de corne, coupé circulairement , qui re- préfente l’horifon, & qui eft divifé en trente- deux parties, pour repréfenter les trente-deuxairs de vent, On fufpend fur ce cercle une aiguille aimantée , ou Von attache une aiguille aimantée à ce cercle , qu’on fufpend dans une boite, & l’on écrit à chaque divi- fion, en commençant par Le nord, les noms des vents dans l’ordre fuivant. | Noms des rumbs de vens. 1. N. c’eft-à-dire , nord. 2. N.: N.E. nord quart nord-eft. 3. N. N.E. nord- nord-eft. 4. N. E. + N. nord-eft quait-nord. s.N.E. nord-eft. 6. N.E.£E. ñord-eft quart d’eft. 7. E.N. E. eft-nord-eft. 8.E. = N.E. eff quart nord-eft. o. E. eft. 10.E. #5. E. eff quart fud-eft. sr. E. S.E, eft R OS 365 _ fud-eft, 12. SE. LE, fad-eft quatt-d’eft, 14, SE, fud-eft. 14. $. E.7 8. fud-eft quart de fud. 15,5, 5, LE, fud-fud-eft. 16.5. : 5, E. fud quart fud-eft, 17. S, fud, 18, S, +5, O. fud quart fud-oueit, 19, 5,8, ©, fud-fud-oueft. 20. 5. O. +$, füd-oueft quart-fud, 55, S,.O.fud-oueft. 22.5, 0.+ O. fud-oueft quart-d’oueft. 23. O.S, O. oueft-fud-oueft. 24. O, + $. O. ouett quart-fud-oueft, 25. O. oueit, 26. O. EN. O. oueft- . quart-nord-oueft. 27. O. N. O. oueft-nord-oueff, 28, : N. O: + O. nord-oueft quart-oueft. 29. N. O. nord- oueft, 30. N. O. € N. nord-oueft quart-nord, 31. N. N. O. nord-nord-oueft, 32. N. + N. O. nord-quart nord-oueft. On donne fur la Méditerranée d’autres noms à ces rumbs de vent. Voyez dans les Planches de Marine, où l’on a deffiné deux rofes des vents où font marqués leurs noms fur l'Océan, & leurs noms fur la mer Méditerranée, Rose, (Archit.)ornement taillé dans les caïffes qui font entre les modillons , fous les plafonds des cor: niches , & dans le milieu de chaque face de Pabaque des chapiteaux corinthien & compoñite. Rofe de compartiment. On appelle ainfi tout com- partiment formé en rayons par des platé-bandes, guillochis , entrelas, étoiles, &c. & renfetmé dans une figure circulaire. Il fert à décorer un cul-de-four, un plafond, un pavé de marbre, rond ou ovale , €. On nomme auflirofe de compartiment, certains fleu- rons ou bouquets ronds, triangulaires ou lofanges, qui rempliflent les renfoncemens de fofite, de voû- te, Ge. Rofe de moderne, C’eft dans une églife à la gothi- que, un grand vitrail rond, avec croifillons & ner- vures de pierre , qui forment un compartiment en maniere de rofe. Les plus beaux vitraux de cette efpece font à S. Denis en France. Rofe de pavé. Compartiment rond de plufeurs ran- gces de payés de grès , de pierre noire de Caën, & de pierre à fufl, mélées alternativement, dont on ofne les cours , grottes, fontaines, &c. On en fait aufli de pierre & de marbre de diverfes fortes, Davr- ler. (D.J.) su à ROSE, ex terme de Boutonnier ; c’eft un ornement dont le fond eft de cartifane , divifé en plufeurs bran- ches formant autant de rayons , compoiès d’un feul brin plié en deux, qui s’éloignent les uns dés autres, à melure qu'ils s’éloigñent de leur centre commun . les angles en font arrondis à-peu-près comme ceux des feuilles d’une rot. La rofé entre comme les pompons dans les différens ornemens que le bouton: nier imagine. ROSE, ex cerme de Diamantaire, eft un diamant plat , qui n’eft taillé que fur la table. Foyez TA- BLE. Roses , (Haute-lifferie.) petites étoffes de foie, de laine & de fil, dont les façons repréfentent des’ ef- peces de ro/es. Elles ont 20 aunes un quart à 20 au- nes & demi de longueur, fur un pié & demi & un pouce de roi de largeur. Savary. (D.J.) ROSE, terme de Lurhier ; ce font plufieurs trous qui repréfentent en quelque forte la figure d’une rofe ; & qui font au milieu de la table d’un inftrument de de mufique , comme d’un luth, d’un clavecin, d’une épinette, Ge. (D. TJ) | ROSE-NOBLE, (Monnoie.Ÿ monnoie d’or qui fe fa- brique en Hollande, & qui y a cours pour onze flo= rins. ROSE, (Serrur.) ornement rond , ovale ou à pans, qui fe fait ou de tole relevé par feuilles , ou de fer contourné par compartiment à jour. Il fert dañs les dormans des portes cintrées,& dans les panneaux de ferrurerie. (D. J.) _ ROSE ox RosETTE, ( Terturier. ) C’eft ainfi que 3 PA a | e $ les Tentutiers nomment une certaine marque ronde de la grandeur d’un écu blanc, bleue, jaune ou d’au- tre couleur, que les Feinturiers font obligés de laif- fer au bout de chaque piece d’étoffe qu’as teignent, | pour faire connoître les couleurs qui leur ont fervi ‘de pic ou de fond, &faire voir que l’on y a employé des drogues & ingrédiens néceffaires pour les rendre de bon tent. JDi&. de comm, (D. J.) | _ Rosk ox ROSETTE, férme de Tourneur ; ’eft une | {orte de cheville toutnée , qui eft grofle par ur bout, &t que Pon met à un ratehier avec plufieurs autres pour fervir à pendre des habits. (D. 7.) Rose, (B/afon.) la rofe s'appelle fourenue, quand elle eft figurée avec fa queue, elle eft quelquefois d’un même, & quelquefois d’un différent émail, mais #oujours épanouie, à tantôt avec les pointes de la châffe d’un émail différent des feuilles. Mferefrier. (D. 3.) | ROSE-CROIX , fociété des freres de la, ( Æifloire des impoflures humaines.) focièté imaginaire , & néan- moins célebre par les faufles conjettures qu’elle a fait naître. Ce fut en 1610 , qu'on commença à entendre par- ler de cette fociété chimérique , dont on n’a décou- vert nitrace, ni véftige. Ce qu'il y a de plaïfant, c’eft que dès-lors Les Paracelfiftes , les Alchimiftes, &c autres gens de cet ordre, prétendirent en être, parce qu'il s’agifloit des fciences occultes & cabalftiques , & chacun d’eux attribuoit aux freres de la ro/£-croix {es opinions particulieres. Les éloges qu'ils firent des freres de la rofe-croix âigrirent quelques hommes pieux, & les porterent à intenter toutes fortes d’ac- cufations contre cette fociété, de l’exitence de la- quelle ils auroïent dû préalablement s’aflurer. Cependant on débitoit hautement qu'il paroïfloit une iliuftre focicté , jufques-là cachée ,.& qui devoit {on origine à Chriftian Rofencreuz. On ajoutoit que cet homme né en 1387, ayant fait le voyage de la T'erre-Saïnte, pour vifiter le tombeau de J. C. avoit eu à Damas des conférences avec les fages chal- déens, defquels il avoit appris les fciences occultes, entrautres la magie &t la cabale , qu'il avoit perfec- tionné fes connoïflances , en continuant fes voyages en Egypte & en Libye. Que de retour dans fa pa- wie , il avoit conçu Le généreux deflein de réformer les {ciences. Que pour réuffit dans ce projet, il avoit infitué une focièté fecrette , compofée d’un petit ombre de membres, auxquels il s’étoit ouvert fur les profonds myfteres qui lui étoient connus, après les avoir engagé fous ferment à lui garder le fecret, &c leur avoir enjoint de tranfmettre fes myfteres de la même maniere à la poftérité. Pour donner plus de poids à cette fable, on mitau jour deux petits ouvrages , contenant les myfteres de la fociété. L’un a pour titre farra fraternisatis , id eft, detettio fraternitatis laudabilis ordinis roféæ-crucis ; l'autre intitulé confeffco fraternitatis, parut en allemand êt en latin. Dans ces deux ouvtages, on attribuoït à cette fo- eiété 1°. Une révélation particuhere que Dieu avoit accordée à chacun des freres, par le moyen de la- quelle ils avoient acquis la connoïflance d’un grand nombre de fciences , & qu’en qualité de vrais Théo- {ophes, ils étoient en état d’éclaiter la raïfon humai- ne par le fecours de la grace. 2°. Onrecommandoir, outre la leéture de lEcriture-fainte, celle des écrits de Taulerus,& de lathéologie germanique. 3°. On af furoit que Les illuftres freres fe propofoient de faire une réforme générale des fciènces, & en particulier dela Médecine & de la Philofophie. 4°.On apprenoit au public que lefdits freres poflédoient la pierre phi- lofophale , & que par ce moyen ils avoient acquis la médecine univerfelle , Part de tranfmuer les métaux, ë&c de prolonger la vie; enfin, on annonçoit qu'il al- ROS loit venir ua fiecle d’or, qui procureroit toute forte de bonheur fur la terre. | | Sur le bruit que firent ces deuxouvrages, chacun jugea de la fociété des freres dela rofe-croix , felon les préjugés , & chacun crut avoir trouvé la clé de l'énigme. Plufieurs théologiens prévenus déja con- tre l’école de Paracelfe , penferent qu’on en vouloit à la foi, & qu'une fete fanatiquee cachoit fous ce mafque. Chriftophorus Nigrinus prétendit démon= trer que les freres étoient des difciples de Calvin. Mais ce qui détruifit lune & lPautre de ces conjec- tures, c’étoient quelques endroits des deux livres dont nous avons parlé , qui prouvoient que les fre« res étoient fortement attachés au luthéranifme. En conféquence , quelques luthériens défendirent avec zèle l’orthodoxie de la fociété. +4 Les plus éclairés conjeéturoient que tout cela n’é- toit qu’une fable forgée par des chimiites, comme lindiquoient aflez les connoïffances chimiques dont cette fociété fe vantoit. Ils ajoutoient pour nouvel- le preuve , que le nom même de roft-crux étoit chi- mique , & qu'il fignifoit un philofophe qui fait de l'or. Telle a été l'opinion de M. Mosheïm. Ïl y eut auffi des gens qui crurent bonnement que Dieu , par une grace fpéciale , s’étoit révelé à quel-. ques hommes pieux, pour réformer les fciences , & découvrir au genre humain des myfteres incon- nus. | - Mais comme on ne découvtoit en aucun endroit ni cette fociété, ni perfonne qui en fût membre, les gens d’efprit fe convainquirent de plus en plus, au’elle n’exiftoit point en réalité, qu’elle n’avoit ja- mais exifté , & que tout ce qu’on débitoit de fon au- teur, étoit un conte fait à plaifir, inventé pour fe divertir des gens crédules , ou pour mieux connoître ce que le public penfoit de la doftrine de Paracelfe, &t des chimiftes. Le dénouement de la piece fut, qu’on n’entendit plus parler de la fociété, depuis que ceux qui l'a- voient mife fur le tapis garderent le filence, & n’é- crivirent plus. On a foupçonné fortement Jean-Va- lentin Andréa, théolosien de Wirtemberg , homme favant & de génie, d’avoir été, finon le premier auteur, du moins un des premiers aéteurs de cette comédie. Quoi qu'il en foit , le nom de freres de la rofé-croix eft refté aux difciples de Paracelfe, aux Alchimif- tes, & autres gens de cet ordre , qui ont formé un corps aflez nombreux , & dont on appelle Le fyf/eme Théofophie. Voyez , article THÉOSOPHIE, les princi- paux points de cette doëtrine. (D. J.) Rose D’or , ( Hifi. de la cour de Rome. ) c’eft ainfi qu'on nomme par excellence, une rofé de ce métal faite par un orfévre italien, enrichie de carats, & bénie par le pape le quatrieme dimanche du carême, pour en faire préfent en certaines conjonétures , à quelque églife, prince, ou princeffe, La coutume qu'a le pape de confacrer une rofe d’or le dimanche /ærare Jerufalem, n’a pris fon ori- gine que dans Le x1. ou x1. fiecle ; du-moins n’en eft- il pas parlé plutôt dans l’hiftoire, Jacques Picart, chanoine de faint Viétor de Paris, dans fes notes fur l’hiftoire d’Angleterre, écrite par Guillaume de Neuboure, fur la fin du xi]. fiecle, nous donne l'extrait d’une lettre d'Alexandre III. à Louis le jeune, roi de France, en lui envoyant la rofe d’or ; «imitant ( dit ce pape au monarque ) la » coutume de nos ancêtres, de porter dans leurs » mains une rofe d’or le dimanche Jœrare , nous avons » cru ne pouvoir la préfenter à perfonne qui la mé » titât mieux que votre excellence , à caufe de fa dé- » votion extraordinaire pour l’Eglife, 8 pour nous- » mêmes »#. C'eft ainfi qu’Alexandre II. paya les grands hon- feurs que Louis le jeune lui avoit rendus dans fon _ voyage en France. Bien-tôt après les papes change- rent cette galanterie en afte d'autorité » par lequel en donnant la ro/e d’or aux fouverains, ils témoi- Snoient les reconnoitre pour tels ; os d’un autre côté, tes fouverains accepterent avec plaïfir de la part du faint fiége, cette efpèce d'hommage. Urbaïn V. don- ha en 1368 larofé d'or à Jeanne, reine de Sicile, pré- férablement au roi de Chypre, En 1418 Martin V. confacra folemnellement la rofé d’or, & la fit porter fous un dais fuperbe à l'empereur qui étoit alors aû lit. Les cardinaux , les archevêques’, & les évêques, àccompagnés d’une foule de peuple, la lui préfente- rent en pompe, & l’empereur s’étant fait mettre fur ün trône, la reçut avec beaucoup de dévotion aux yeux de tout le public. Henri VIIL. reçut auffi la rofe d’or de Jules IT. & de Léon X, Ce dernier pape ne prévoyoit pas qu'un de fes parens & fuccefleurs (Jules de Médicis ) qui prit le nom de Clément VIT. s’aviferoit bientôt après d’excommunier ce même monarque, & qu'il arniveroit de-là, que toutes les ro/és de la tiare pon- tificale feroient flétries en Angleterre, (D.J. ROSEAU , 1. m. ( Boran. ) genre de plante qui paroît ne différer du gramen & du chiendent que par Ja grandeur de fes tiges & de fes feuilles; les Bota: niftes en comptent plufeurs efpeces , dont les deux principales ou communes font le rofeau de marais, arundo vulgaris, five phragmires Diofcoridis , 1. R. #1, 526, & la feconde, le roféaz cultivé , arundo [a- #iva, feu donax Diofcoridis, I. R. H. 526, Le rofcau de marais a des racines grofes, nerveu- fes, &r entrelacées , qui s'étendent fort loin, & fer- pentent obliquement dans la terre. Sa tige s’éleve à fept ou huit piés; elle eft creufe, & a des nœuds d’efpace en éfpace, à chacun defquels fortent des feuilles longues, étroites, de la forme de celle des pailles , dures, & rudes au toucher. La tige eft ter- minée en-haut par une efpece d’épi ou de pannicule cofiu , d’un brun rougeâtre, plein d’une fubftance molle & cotonneufe , ayant le fommet penchant en en-bas , & ne répandant aucune femence vifble. Cette tige meurt toutes les années. Le roféas cultivé ne differe point de l'efpece pré- cédente par fes tiges, fes feuilles, &c fes fleurs ; fa ta- cine eft d’un goût doux, & fes rejettons tendres peu- vent même fe manger. Quant au ro/eau , ou canne à fucre , arundo faccha: rifera ; le lecteur en trouvera la defcription au 104 SUCRE. (D. J.) ROSEAU où CANNE , ( Mar. méd. ) de toutes les vertus.que les Pharmacologiftes ont attribuées au ro: Jeau , celle de pouffer efficacement les urines, & de difper le lait, eft la feule qui foit bien établie. La ptifane ou déco@tion pour boiflon ordinaire de Ja ra- cine du ro/éa, eftun remede populaire , & prefque généralement employé dans plufieurs pays pour faire perdre le lait des nourrices. (4) ROSEAU À ÉCRIRE, ( Boran. ) c’eft une efpece de canne qui ne croît que de la hauteur d'un homme, & dont les tiges n’ont que trois ou quatre lignes d’é: L À 2 X 49 2 * paifleur, folides d’un nœud à l’autre, c’eft-A-dire à remplies d’un bois moelleux & blanchâtre. Les feuilles qui ont un pié & demi de long , fur huit ou neuf lignes de large , enveloppent les nœuds de cés tiges par une gaine velue ; car le refte eftlifle , vert gai, ph en gouttiere, à fond blanc. Le pannicule ou le bouquet des fleurs eft blanchâtre ,foyeux ,fembla- ble à celui desautres rofeaux. Les sens du pays tail- lent les tiges deces rofeaux pour écrire ; maïs lesitraits qu’ils en forment font très-proffiers, & n'approchent pas de la beauté des caracteres que nous faïfons avec nos plumes. (D. J.) ROSEAU 04 BAGUETTE D'EZÉCHIEL, ( Théolo- ROS 367 gie, ) iefure dont il eff parlé dans l'Ecriture ; que les auteurs modernes croyent répondre à üñ pié onze pouces ; & un tiers de pouce d'Anpleterre. FOYEEMESERENNN Un 1 AE en Ceft dans le chapitre xl. d'Ezéchiel, où il s’agit de cette mefure : Dieu y montre en vifion à ce pro= phete la réédification future de la ville de J érufalem, Sc lui fait d'abord voir un homme qui tenoit en main un rofeai Où baguette, pout mefurerles dimenfons que devoit avoir cette nouvelle ville, &.calamus menfureæ in inanu ejus. La longueur de cette mefure femble être déterminée au verfet Ss É 22 Mau Viri. Calamus menfurefex cubiroriim © palmo. Or en don- nant à [à coudée 18 pouces, & à la palme un peu plus de trois pouces, felon le caleul le plus ordinai= re; Ce roféa auroit étéune mefure de neuf piés trois pouces quelques lignes; ce qui eft fort différent de ce qu'avance ici M. Chambers. D'ailleurs le pro- phete ajoute que cet homme dont il eut la vifon ; prit avec fon roféan les mefures des maillons, des murs , des portés de la ville, &c,. & dit qu'il mefura la largeur de chaque maïfon , calamo uno , & là hau: teur calamé uno, Or il feroit ridicule de ne donner à une maifon qu’un pié onze pouces & un tiers de pouce en tout fens. Il eft vrai qu’elles ne feroient pas beaucoup plus exhaufées ni plus fpacieufes, en ne donnant à ce 70/cau que neuf à dix piés; mais en: core cela feroit-il plus fupportable. Que fi ô6n met la coudée à 21 pouces, comme celle de Memphis, & la palme à proportion, on aura près d’onze piés tant en hauteur qu’en largeur ; ce qui fuffit au-moins pour faire une chambre un peu commode. Nous ne don- nons ceci que comme uné conjelture, mais beau= coup plus vraifflembläble que celle de M. Chambers, fur ce rofeau ou baguerre à "Ezéchiel ROSEAUX , (Ærchire&ure. ) ornemens en forme de cannes ou bâtons ; dont on remplit jufqu’au tiers Les cannelurés des colonnes rudentées. (D.J.) ROSEAU , er terme de Barteur d’or ; eft une moitié de ro/eau de mer extrèmement aiguifée parle moyen d'un verre, dont on fe fert pour couper les feuilles d'or qui font minces jufqu’à un certain point. ROSEAU, en terme de Vergerier : ce font les franges ou les barbes d’une forte d'herbe grofle & haute qu'on trouve dans les étangs & autres endroits mas rétapetuix, & qu'on appelle roftau ! elle n’eft point propre à être employéé quand elle eft en fleur. ROSEE , ff. (Phyfq.) météore aqueux que lon peut difinguer en trois efpeces , favoir la rofee. qui s’éleve de la terre dans Pair, la rofée qui retombe de l'air , c enfin ka rofée que l’on apperçoit fous la for me de gouttes fur les feuilles des arbres & des plan tes. Parcourons ces trois efpeces. 1°. Larofée s'éleve de la terre par Paétiondu foleil , pendant les mois de Pété ; le foleil ne produit pas ces effets du premier coup, mais infenfiblement , çar auffitôt qu'il paroît au-deflus de Phorifon , il commence à échau&er 14 terre 8e y darde fes rayons, & fa chaleur continue de s'introduire plus profondément , jufqu’à une ou deux heures après fon coucher; c’eft alors que la chaleur commence à s'arrêter, & qu’elle commence à remonter infenfiblement. On peut raflembler la rofée, en mettant le Loir fur la terre , où un peu au-deflus , des plaqués de méräl non polies, ou de grands difques de verre, Si, après qu'il a fait un jour fort chaud , on place ces plaques dans un endroit qui ait été bien éclairé du foleil, la vapeur qui s’éleve de la terre fe pottéra contrée la fur- face inférieure & s’y attachera, & fi on les pofe un peu obliquement fur la terre, la rofée s'écoulerà vets le bout inférieur , laiflant après elle les traces qui marquent la route qu’elle a prife ; fi au-contraire on place les plaques dans un endroit. qui nait pas été éclairé du foleil, ou qui ne l'ait été que fort peu, À R:OrS 51 nes y amaflera qu’une petite quantité de ro/ée. Lorfqu’on eft à la campagne, -& qu'après un jour “chaud, on vient à avoir une foiréeiroide., on voit ortir des canaux & des foffés la vapeur de l’eau, qui s'éleve en maniere de fumée; cette vapeur ne fe trouve pas plutôt à la hauteur d’un pié-ou de deux, au-deflus de l'endroit d’où elle part, qu’elle fe répand également de tous côtés; alorsla campagne -paroït bientôt couverte d’une ro/ée qui s’éleve infen- fiblement; elle humeéte tous les corps fur lefquels elle tombe, & mouille les habits de ceux qui sy promenent. La rofée qui s’éleve ne fauroit être la même dans les différentes contrées de la terre. En effet la rofée fe trouvera prefque toute compoiée d’eau dans les pays aqueux , proche des lacs & des rivieres, ou dans le voifinage de la mer; mais fi la terre efgrañe, fulphureufe, pleine de bois, d'animaux , de poif- “ons , de champs enfemencés, la ro/ée fera alors com- pofée de diverfes fortes d’huiles, de fels volatils , & -d’efprits fubtils des plantes ; f le terrein contient beaucoup de minéraux , la rofée fera auf compofée de femblables parties, comme l’obferve M. Boër- haave dans fa chimie. I s’éleve aufi beaucoup de ro- Jée dans les pays humides & aqueux, & moins dans les lieux fecs & arides, qui font éloignés de la mer, 308 des rivieres ou des lacs; ajoutons que la roféene mon-: te pas toujours à la même hauteur; la plus grande D s’arrête fort bas, une autre partie s’éléve dans ’atmofphere, jufqu’à une hauteur moyenne, & la moindre partie à une grande hauteur. La rofée s'étant élevée jufqu'àune certaine hauteur, flotte lentement dans l'air; tantôtelle monte , tantôt elle defcend, entourant tous les corps qu’elle trouve à fa rencontre , & quelquefois elle retombe de Pair pour humeéter la terte. Les philofophes ne s’accor- dent pas là-deflus , mais M. Mufchembroeck a fait diveries expériences à cet égard, qui neperméttent pas de douter de la chute de la rofée ; on peutles lire dans fon eflai de phyfique, $. 1535. Il a faït prefque. | toutes ces expériences fur l’obfervatoire de Leyde, au haut duquel on trouve une large plateforme ; où il a difpofé en tout fens des morceaux d’étoffe , des tonnes, yafes, cloches, G:c. qui ont tous recu de la rofée de Pair. F La rofée ne tombe pas indifféremment fur toutes fortes de corps ; cette aflertion paroît finguliere, & Phabile phyficien que nous venons de citer, a re- mafqué que les différentes couleurs attirent la rofée avec une force inégale ; linégalité de leur force at- trattive dépend de laftruéture &z de la grandeur des corps colorés. Il ne tombe point de rofée lorfauil fait un gros vent, parceque tout ce qu monte de laterre , eft d’abord empotté par le vent, & que tout ce qui s’eft élevé dans lair pendantle jour , eft auffi arrêté & emporté par le vent. Voici quelques obfervations de M. Mufchembroeck fur ce fujet. « Quels font les » vents avec lefquels la rofée tombe, ou quels font # les vents qui précedent pendant le jour; la chute >» de la rofée du {oir ? Pai fouvent été furpris de voir » tomber de la rofée avec un vent de nord, parce » quece vent étant froid dans ce pays, condenfe la » terre , 8 en ferme les ouvertures ; elle ne tombe » cependant pas fi fouvent, lorfque ce vent foufle, :! »# que lorfqu’il regne d’autres vents chauds, de forte » qu'on ne ramaîle jamais.tant dero/ée, que lorfque # le vent eftfud, fud-oueft, &dud-eft; c’eft ce » qu'on remarquoit auf autrefois en Grece ; car » nous apprenons d’Ariftote, qu'il y tomboit de la # rofée avec un vent de fud-eft; il n’eft pas difficil » de rendre raïfon de ce phénomène; le venteft # chaud, 1l ouvre la terre, il échauffe les vapeurs # qui s’élevent alors en grande quantité, & peuvent. | R OS # par conféquent retomber avec abondance, éc..s Loc. cir. K. 1536. Iltombe beaucoup de ro/ée dans le moïs de Mai, parce que le foleilmet alors en mouvement une grande quantité de fucs de la terre , & fait monter beaucoup de vapeurs. La rofée de Mai eft plus ac- queufe que celle de l'été, parce que la grande cha- leur volatilife non-feulement l’eau ,: maïs auffi les _ huiles &lesfels. | Ariftote , Pline, & d’autres, ont cru que la rofée tomboït la nuit, parce que les étoiles & la lune la prefloient en bas; & c’eft pour cela que les philo- {ophes qui font venus enfuite, ont ajouté que la ro/ée tomboit en très-grande abondance, lorfque la lune étoit pleine , & qu’elle luifoit toutela nuit. Ils ont appellé Ja lune, Zamere de la rofée, (Virg. géorg. 1. TITI.) ê& la rofée, la fille de l'air 6 de lalune. (Plus, Jymp.3.) Cependant on ramafle tout autant de rof/ée, & avec la même facilité, dans les nuits où la lune ne luit pas, qu'à la clarté de cet aftre; & quelle vertu pour- roient avoir les rayons de lumiere qui en partent, puifque fon les reçoit fur le plus grand miroir ar- - dent , &: qu’en les rafflemblant dans le foyer, 6nles y condenfe cinq cens fois davantage, ils ne pro- duifent pas le moindre effet fur le thermometre le plus mobile. Poyez CHALEUR, LUNE,, rc. On peut diflinguerla rofée d’'aveclapluie; 1°.par- ce que la pluie eft une eau blanche & claire, au lieu que la rofée eft jaune & trouble ; 2°. enceque l’eau de pluie pure diftillée , n’a ni odeur nigoût, au lieu que Ja ro/ée diftillée à lun & l’autre. La-troifieme efpece de rofée dont nous avons à parler , porte ce nom abufivement, 1l s’agit de ces gouttes acqueufes que l’on voit àlapointe du jour fur les feuilles des plantes & des arbres, après une nuit feche.. On a cru que cette liqueur tomboit de Pair, fur.les plantes êc {ur lherbe, où elle fe trouve en fi grande, quantité, qu'on ne fauroit traverferle matin une prairie, fans avoir les piés tout mouillés. On fe trompe fort à cet égard, camla rofée des plantes eft proprement leur fueur , & par conféquent une humeur qui leur appartient, & qui fort de leurs Vaifleaux excrétoires. Tantôt on voit ces souttes raflemblées proche la tige où commence la feuille , comme dans Les choux & les pavots ; d’autres fois elles: fe tiennent fur le contour des feuilles & fur toutes les éminences, comme cela fe remarque, fur-tout dans le creflon d'Inde ; quelquefois on Les voit au milieu de la feuil- le proche de la côte; elles fe trouvent aufiaflez fou- vent fur le fommet de la feuille , comme dans lherbe desptés, &c. L'origine de cette rofée peut s’expli- quer ainf, felon M. Mufchenbroeck. Lorfque le fo- leil échauffe la terre pendant le jour , & qu'il met en mouvement l'humidité qui s’y trouve , elle s’é- leve & s’infinue dans les racines des plantes contre lefquelles elle eft portée; après que cette humidité s’eft une fois introduite dans la racine, elle continue de monter plus haut, paflant par la tige dans les feuil- les, d’où elle eftconduite par les vaifleaux excré- toires, fur la furface où’ elle fe raffemble en grande quantité, tandis que le refte demeure dans la plante; mais cette humidité fe defleche d’abord pendant le jour ‘par la chaleur de Pair, de forte qu’on n’en voit point du tout pendant le jour fur les feuilles, 8& com- me il ne retourne alors que peu de liqueur dans la tige & vers la racine , toutes les plantes paroiffent {e faner en quelque forte vers lemilieu du jour ; les liqueurs qui ont été échauffées continuentdefe mou- voir dans la terre pendant la nuit, elles viennent fe rendre de même que pendant Le jour contre les raci- nes des plantes, elles yentrent tout comme aupara- vant, & s’élevent enfuite en haut; mais les plantes fe trouventalors toutes entourées d'unawplusfroid, . Tequel R OS Aequel deffeche moins les humeuts, ainf les fucs qui s’écoulent des vaifleaux excrétoires » & qui ne fe deffechent pas après en être fortis, {e raflemblent in- fenfiblement , & prennent la forme de gouttes, qui font le matin dans touteleur grofleut, à moins qu'el- les ne foient difipées par le vent, ou deffechées par la chaleur du foleil levant. Comme ce fentiment eft nouveau, Île même phy- ficien, que nousavons cité dans tout cetarticle, s'eft attaché à Le prouver par diverfes expériences très- exaétes, qu'ilrapporte . 153 3. de for eflai dephyfique. La rofée eft faine ou nuifble aux animaux & aux plantes , felon qu’elle eft compotée de parties ron- des ou tranchantes , douces ou âcres , falines ou aci- des , fpiritueufes ou oléagineufes, corrofives ou ter- reftres ; c’eft pour cela que les médecins attribuent à la rofée diverfes maladies. Voflius, d’après Tho- mas Cantipratenfis, dans fonlivre fur les abeilles, avertit les bergers de ne pas mener paître leurs trou- peaux de grand matin dans les champs aui fe trou- vent couverts de rofée, parce que la rofée, qui eft extrêmement fubtile , s’'infinue dans les vifcères ; awelle met le ventre en mouvement par fa chaleur, ët qu’eile le purge avec tant de violence, que mort s'enfuit quelquefois. L'avis de Pline, lv, XVIII. €. XXIX. Ne paroit pas bien fondé ; il veut que pour empêcher la rofée d’être nuifble aux terres enfemen- cées , on mette le feu au bois , à la paille &aux her- bes de la campagne ou des vignes, patce que cette fumée préviendra tout le mal qui pourroit arriver: mais cette fumée ne fauroit produire aucun bon ef- fet, fi ce n’eft dans les endroits où il y a des vapeurs & des exhalaïfons acides , qui fe trouvent alors tem- pérées parce qu’il y a d’alkali dans la fumée, On dit que [a rofée oléagineufe eft fort mal-faine, fur-tout pour les beftiaux, & l’on a obfervé que l’année eft tort Rérile, lorfqu’il tombe beaucoup de cette rofée. On prétend que dans une certaine année, les noyers en moururent en Dauphiné, & que les feuilles des autres plantes en étoient comme brülées , de même que le blé & la vigne; mais on doit moins attribuer cette malignité à la rofée, qu’à la trop grande chaleur du foleil. Cet article eft de M. Formey, qui l’a tiré des Æ ffais de phy fique de M. Mufchenbrock , déja cité plufeurs fois dans cet article. Ne. ROSÉE , (Chimie & Médecine. ).Les Chimiftes ont long-tems fuppofé & cherché dans la rofée des prin- cipes merveilleux, des émanations précieufes detous les regnes de la nature, & de la pañfpermie de lat- mofphere (voyez PANSPERMIE), qu'ils ont crues éminemment propres à ouvrir certains corps, à les altérer diverfement, à les impréoner , à Les enrichir de qualités nouvelles, &c, C’eft dans ces vues que les Chimiftes l'ont recueillie avec foin, & quelque- fois même avec des circonftances myftérieufes; qu'ils Pont digérée, diftillée, fermentée , Éc. & qu'ils Pont enfuite employée à diverfes extraétions, teintures , &c. qu'ils ont expofé divers corps à fon influence, &c. C’eft de-là qu’eft venue à la chimie pharmaceutique la méthode de préparer le fafran de Mars à la rofée, & même à la rofée de Mai, fotife exi- gée encore avec cette derniere circonftance chez . beaucoup de pharmacologiftes modernes. À L’aétion de la rofée bien évaluée dans ces diverfes Opérations & dans fes ufages pour quelques arts, comme pour le blanchiffage de la toile & celui de a cire, a prouvé évidemment aux chimiftes modernes que la 7o/ée n’opéroit dans tous ces cas que comme au; & que toutes les différences qu’on pouvoit obferver entre les effets de l'eau commune & ceux de la rofée, s’expliquoient très-bien par la diverfe forme d'application , favoir en ce que Peau com- mune s’employoit ordinairement fous la forme de mafle ou de volume confidérable > long-tems fubff Tome XIF, ROS 309 tant dur les corps auxquels on l'appliquoit, & que la rofée ne s’appliquoit à ces Corps que fous la forme de gouttes, de molécules diferépées, ou tout au plus de couche très-légere, & qui fe diffipoit facilement, & donnoit lieu par-là à de fréquentes altérations de madéfaétion & de deffication. La rofée 8 le ferein qui en eft une efpèce qu'on à caraétérifée par des différences imaginaires (voyez SEREIN ), confidérés comme chofe non -naturelle , c’eft-à-dire comme objet externe > ÉXerçant uné in- fluence fur Le corps animal, n’agiffent encote que comme eau Où comme humidité, tout au plus comme humidité froide. La rofëe doit être comptée parmi les objets exté- rieurs dont les effets {ont le plus nuifibles aux Corps foibles & non accoutumés à {on action. Ceux qui font fiiets aux rhumes, à la toux, aux maladies de poitrine, aux ophtalmies, aux douleurs des mem bres , & aux coliques , doivent fur-tout éviter très- foigneufement de s’y expofer. (4) l ROSÉE, ( Cririque Jacrée.) 705; ce mot outre le fens propre, fe prend dans l'Ecriture pour la manne : le matin il tomba une rofée > 05, tout-autour du camp, Exod. xy7, 13. c’étoit la manne même qu'on recueillit aux environs du Camp. Poyez MANKNE. Comme la Paleftine étoit un pays fort chaud, & que la rofée y étoit abondänte, ce mot défigne auffi quelquefois l'abondance > la quantité de quelque chofe ; de-là cette COmparafon; telle que la nue de la rofée, tel eft le jour d’une abondante moiflon, Ifaie xyiiy. 4. Et ailleurs » NOUS l’accablerons par no- tre nombre, comme quand la rofée tombe fur la terre. IT. Rois , xvij. 12. (2. JT.) Rosëe, les maréchaux ferrans appellent ainfi le fang qui commence À paroitre à la folle lorfqwon la pare pour defloler Le cheval. Voyez PARER 6 Des- SOLER. À ROSÉE DU SOLEIL, ( Botan. ) Tournefort a éta- bli dans ce genre de plante dix-{ept efpeces, dont if nomme la principale, ros Jobs folio oblongo , en an- glois , zhe common round-leav’ j Jurdesw. | Sa racine eft fibrée & déliée comme des cheveux. Elle pouffe plufeurs queues longues, menues, & velues en-deflus, auxquelles font attachées de peti- tes feuilles prefque rondes ») COnCaves en maniere de cure-oreïlle, d’un verd pâle , garaies d’une frange de poils rougeîtres fiftuleux, d'où tranfudent quel- ques gouttelettes de liqueur dans les cavités des feuilles ; de-forte que ces feuilles & leurs poils font toujours mouillés d’une efpece de rofée. LL s’éleve d’entre ces feuilles deux ou trois tiges prefqu’à la hauteur d’un demi-pié, grêles, rondes, rougeâtres, tendres, dénuées de feuilles ; elles por- tent à leur fommet de petites fleurs à plufieurs péta- les, difpofées en rofe, blanchâtres, panchces du même côté, foutenues par des calices formés en cor- net, dentelés, & attachés À des pédicules forts courts. Lorfque ces fleurs font paliées , il leur fuccede des petits fruits qui ont à - peu- près la grofleur & la f- gure d’un grain de blé, & qui contiennent plufieurs femences oblongues ou rondelettes. Cette plante fleurit en Juin &c Juillet ; & vient ert des lieux déferts & fablonneux, rudes ; humides > ÊT le plus fouvent entre les moufles ; elle eft vifqueufe au taét, deforte qu’en la touchant {à liqueur gluante fe tire comme en petits filamens {oyeux 8 blanch4- tres , qui prennent dans le moment üne certaine COn- fiftance. Cette plante eft eftimée peétorale, adouciffäante & bonne dans la toux feche invétérée. GOT ROSELAIN 07 ROSCLYN , ( Géog. mod.) lieu de la Phénicie, aux environs de Tyr, à 24 milles de Sidon ; il eft remarquable par des citernes, que lon nomme les cicernes de Salomon, mais qui n’ont été Aaa 370 ROS bâties que depuis le tems d'Alexandre, puifaue la- quéduc qui tranfporte les eaux de ces citernes à Tyr (qui en eff environ à 2 milles), traverfe la langue de terre par laquelle Alexandre joignit cette ville au continent, lorfauil en fit le fiége. Il n’y a aujour- d’hui prefqu'aucune de ces citernes qui foit entiere. D. J. . ; Re ( Géogr. mod. ) il y a trois petites villes d'Allemagne de ce nom, l’une eft dans l’évé- ché de Magdebourg, fur la Sala, près de fon con- fluent avec l’Elbe. La feconde eft dans la Bohème, fur les confins de l’Autriche. La troifieme eft en Siléfie, dans la principauté d’Oppelen, fur les fron- tieres de Pologne. (D. J. ROSENFELD , ( Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans la Suabe, au duché de Wurtemberg , fur la ri- viere de Tayah, entre Sulz êc Balingen. Elle fut en- tourée de murailles en 1274 ; fes habitans font luthé- riens, Long. 26. 22. lat. 48.12. (D. 1.) ROSENTHAL , ( Géog. mod.) 1l y a deux petites villes d'Allemagne de ce nom, l’une dans l'évêché de Hildeshein; & l’autre en Bohème , dansle cercle de Frachin. (D. J.) ROSER, v. a@. ( Teznture. ) c’eft donner un œil cramoifi au rouge, & le rendre plus brun; c’eft le contraire d’aviver. ROSEREAUX, f. m. pl. (Fourrure. fourrures qu'on tire de Mofcovie par la voie d’Arcangel, ces peaux font bonnes pour fourrer des bonnets, ROSES, ( Géog. mod.) ville d'Efpagne, dans la Catalogne , au Lampurdam, fur la Méditerranée, au fond d’un golfe de même nom, à 8 lieues au nord- eft de Gironne.Elle eft munie d’une bonne citadelle, qui eft fur le bord de la mer près du port. Les vaif- feaux mouillent au milieu de la baie par quinze ou dix-huit brafles d’eau, fond d'herbe vafeux. Selon Silva, Poblæ de Efpana, p. 250. la ville de Rosès doit fa fondation aux Rhodiens, qui fortis de Jeur ile, paflerent en Efpagne, 910 ans avant la naïf fance de Jefus-Chrift, & y bâtirent cette ville, à la- quelle ils donnerent le nom de Rhodé, en mémoire de leur patrie. Selon la vérité de l’hiftoire, Rosès n’étoit qu'une abbaye, lorfque Charles-Quint y fit bâtir une ville & une forterefte, à trente-cinq toifes de la mer, en rafe campagne. Cette ville a la mer Méditerranée à fon nudi, la plaine de Lampurdan à fon couchant , les Pyrénées à fon levant & à fon fep- tentrion. La fortereffe qui la défend, eft à cinq baf- tions, revêtus de pierre de taille. Cette ville feoloriñe d’avoir été la feule de Catalo- gne qui ait toujours été fidele au roi Philippe V. Elle a ête prie & reprile plufeurs fois dans le dernier fie- cle; enfin elle eft reftée à l’'Efpagne par Le traité de Rifwick, l’an 1697. Long. 20. 47. las, 42. 11.(D.J.) ROSETTE, f. f. (Gram.) nom qu’on a donné à plufieurs chofes différentes , parce qu’étant rondes & relevées en bofle, elles avoïent quelque conformité avec la rofe. Voyez les articles [uivans. ROSETTE , serme de Bahurier, forte de petits clous blancs , dont les Bahutiers fe fervent pour les embel- liffemens des coffres & bahuts. (2D.J.) ROSETTE, (Cifelure. ) petits poinçons ou cifelets d'acier, à un bout defquels font gravés en creux des rofes ou autres fleurs, pour les frapper & en impri- mer le relief fur les métaux où lon fait des cifelures, Trévoux. (D. J.) , ROSETTE, (Cordon. Borrer.\ eft une plaque de cuivre quarrée ou ovale, qui fert à attacher l’épe- ron, & qui eft placée fur le cou-de-pié du foulier de la botte. ROSETTE ou CUIVRE DE ROSETTE, ( Meéralluro.) c’eft anfi qu’on nomme le cuivre, lorfqu’après avoir pale par les différentes opérations de la fonderie dont la derniere eft le rafinage, il fe trouve parfai- tément décagé du fer, du foufre, de l’arfenic & des autres fubitances qui le rendoient impur. Avant d'é- tre féparé de ces fubftances, on l'appelle cuivre noir ; mais lorfqu'1l eft parfaitement pur , il a la couleur touge qui lui eft propre, & pour lors on le nomme cuivre de roferte. Ce cuivre a pour lors la duétilité convenable. Pour s’affurer fi ce métal eff dans cet état ,un ouvrier plonge une verge de fer danslecui- vre parfaitement fondu au fourneau de raflinage ;par ce moyen 1l s'attache une portion de cuivre à la ver- ve ; & après l'avoir retiré & laiflé refroidir, 1l juge par la couleur & la flexibilité, fi ce cuivre a été fuf- fifamment purifié, Voyez larsicle RAFFINAGE. ROSETTE , ( Coutellerie. ) petites rofes ou fleurons d'argent ou de'cuivre , dont les Couteliers fe fervent pour monter leurs rafoirs, lancettes, &c autres tels inftrumens de Chirurgie & de Barberie. Ils font les rofertes de cuivre, & prennent chez les Orfevres celles d’argent. (D. J.) ROSETTE, ( terme de Couturiere. ) les Couturieres appellent roferre de petites coutures qu’elles font dans du linge qui eft un peutroué, & qu’elles formenten maniere de petites rofes. (D. J.) ROSETTE dans les montres, ( Horlogerie. ) eft un petit cadran numéroté , voyez les Planches de l’Hor- logerte, au moyen duquelon fait avancer ou retarder par degrés le mouvement de la montre. Pour bien comprendre comment cela fe fait, left bon de favoir fur quel principe cette opération eff fondée, & comment elle s'exécute. Les vibrations du balancier étant réglées par celles du reflort fpi- ral ( voyez RESSORT SPIRAL }, il eft clair que fi ce reflort devient plus fort, ou plus foible, ces vibra- tions feront accélérées ou retardées, effet qui fera encore le même, fi le reflort devient plus court ow plus long. Ainfi, par exemple , pour faire avancer une montre , 1l ne faut que raccourcir fon reflort fpi- ral, & pour la faire retarder , que l’alonger. Mais, comme en l’alongeant ou le raccourciffant, on chan- geroit la pofition du balancier , ce qui mettroit la montre mal d'échappement, voyez ÉCHAPPEMENT, ce moyen ne peut pas être mis en ufage; c’eft pour- quoi on a recours à un autre expédient qui produit précifément le même effet ; voici ce que c’eft.Suppo- fant que rr, voyez les fig. foit le reflort fpiral du balar- cier 8 B, & que ce reflort foit fixement attachée au piton P & en v à l’arbre du balancier, on ne peut, comme nous l’avons dit, alonger ou raccourcir ce reflort. Mais fi l’on fuppofe qu’il pafle dans une efpe- ce de fourche q , vue ici en plan, dont les fourchons foient fi près l’un de l’autre , qu'il ne s’en faille que d’une quantité imperceptible que le reflort les tou- che ; il eft évident que fes vibrations ne fe feront plus du point ou piton P, mais de la fourche 9; le reflort, en ouvrant ou en fe fermant par le mouve- ment du balancier, fe mouvant autour de ce point g. Regardant donc ce point comme un nouveau point fixe , les vibrations du balancier feront accelerées, puifque le reflort fpiral fera accourci de toute la * quantité gp, Si l'on fuppofoit donc ce point 9 mobi- le, & que tantôt il s'éloigne, ou 1l s'approche du point P, on aura par ce mouvement un moyen fim- ple de faire avancer ou retarder la montre, puifqu'il ne fera queftion que de faire éloigner ou approcher du point P la fourche g; or c’eft précifément ce que lon fait , lorfque l’on tourne l'aiguille de la rofèrte à droite ou à gauche, comme on va le voir par l’ex- plication des pieces qui fervent à produire cet effet. Elles font repréfentées en grand dans cette même fi- gure , qui contient toutes les pieces que lon voit fur la platine de deflus , lorfque l’on ouvre une montre, à cela près du coq quieft ôté; pour que l’on voie plus diftintement le balancier , le reflort fpiral, 6. RK eft la rofette coupéeen M, pour que l’on voie ROS la roue de rofèrre M qui eft deflous; e eff l'aiguille qui | tient à quarré fur cetteroue ; cctft la couliffe cou- pée auffien ce , pour qu’on voie le rateau 44 qui eft : deflous | & comment il engrenè avec la roue de ro- Jette. g que nous avions fuppolé une fourche , eft la queue du rateau, & les deux petits points blancs font , au Leu de fourchons, deux petités chevilles diflantes entr’elles d’une quantitéimperceptiblement plus grande que l’épaifleur du reflort fpiral. Mainte- nant 1l eff clair, que fi l’on tourne larguille de À vers | Æ , on fera avancer la queue du rateau de g vers r; . & qu'au contraire, fon la tourne de X vers À, on fera avancer cette queue der vers g , ou de 4 vers P: " d'oil eft évident , par ce que nous avons dit plus haut , que par le premier mouvement on fera avan- cer la montre, êc que par le fecond on la fera retar- der. C’eft pourquoi les Horlogersvous difent, que pour faire avancer votre montre, il faut tourner l’ai- guille ducôté oùles chiffres vont en augmentant, & dans le fens contraire , quand on veut la faire retar- der, parce que ces chiffresfont ordinairement difpo- fés de façon qu’il en réfulte cet effet. Dans les mon- tres angloifes , au lieu d’une aiguille, on faittour-: || her un petit cadran dont on apprécie le chemin par unpetitindex ; mais c’eft encore le même effet, ce cadran étant adapté comme l'aiguille fur la roue de roferte. On pourroit faire ici une queftion, favoir, de combien de degrés ou divifons il faut tourner d'’ai- guille de la roferre, pour faire avancer ou retarder la montre d’un certain nombre deminutes en 24 heures. Mais cela dépendant 1°. du reflort {piral qui eft tan- tôt plus court, tantôt plus long, 2°, des rapports qui font entre l'aiguille de roférse & fa roue, cetre roue, & le ratedu, rapports qui ne font prefque jamais les mêmes , on voit qu'il eft impoffble de prefcrire au- cune regle à cet égard. En général une divifion ef fufifante pour accélérer le mouvement de la montre d'une minute en 24 heures. Au refte pour peu qu’on foit attentif, on s’apperçoit bientôt du degré de fen- fibihté de fa montre. Il eft bon de remarquer cepen- dant que, lorfque l'aiguille eft du côté des chiffres de haut nombre, 1l faut un peu moins la tourner que lorfau’elle ett de l’autre côte; le reflortfpiral étant | dans ce cas plus court, & par conféquent un même elpace parcouru par la queue du rateau produifant plus d'effet. Voyez RESSORT SPIRAL, RATEAU, Cou- LISSE, Éc. | ROSETTE,, ( Jardinage. ) rnement d’où fortent | dès nilles , des palinettes &. des becs de cotbin, quelquefois employé dans les parterres de broderie à la place d’un grand fleuron, _ROSETTE , ex terme de marchand de modes, eft un ruban plus ou moins large, formant une boucle à - deux ou trois feuilles de chaque côté. Cet ornement 1e met au haut des bourfes à cheveux. Foyez BOURSE. On fait de ces rofétres avec une double rofe plus pe- tite & placée au milieu , &c fur le nœud dela pre: | mere , On laifle pendre un petit bour de ruban, & ces rofértes prennent alors le nom de {a comerte, - ROSETTE, ( Peinture.) forte de craie rougeñtre approchant de la couleur amatante, qui n’eft autre chofe que du blanc de Rouën, à qui l’on 4 donné cette couleur par le moyen d’une teinture de bois de Bréfil plufieurs fois réitérée. La roferre eft une efpece * de ftl de grain dont on fe fert dans la peinture. Ily à une autre efpece de ro/ërse femblable pour la compo- fition à celle ci-deflus, mais dont la couleur eft d’un plus beau rouge; qui fert à faire cette encre dont les Imprimeurs:fe fervent pour marquer en rouse : les titres des livres qu'ils imptiment. On s’en fert | auffi quelquefois pour peindre. Didionn, du Comm. (2.7) : RoSETTE, ( Serrur. ) ornement d’étoffe cifelésen Tome XIF, R OS 37€: maniete de rofe, qui-femet-fous le bouton d’une. rofe. (2. J.) mr AIT . RosErTESs, ( Tourreur:)-Aonit des difques de! fer ou de cuivre figurés que l’on monte fur l’atbre du tour à figurer, par la moyen defquels on fait des f- gures qui leur font femblables, Voyez Touré 4sF/ Gt fig, du Tourneur] nn 2 38 ROSETTE, ox ROSSETE ;.( Géogr. mod. ) ville” d'Egypte, près des ruiries de l’ancienne Cañope, fur le bord du bras occidental du Ni , a une Jlieue de la mer, à 8 au levant d'Alexandrie, à 16 au-deflous de Frouah, & à 38 au nord-oueft du Caire, avecila- quelle elle communique parnn canal que deux châ- teaux défendent. Cette ville doit avoir plus de fix cens, ans d’anti- quités ; puifque au tems du géographe Edriffi elle exiftoit déjà: elle eft en partie bâtie fur une-mon- fagne de roche, qui commence au bord du Nil, & s'étend afflez avant dans les terres vers l’occi- dent. -Roferre eft grande & commefçante, Car On y tran{ porte plufieurs marchandifes qui viennent dela mer Rouge & de la haute Egypte; il eft vrai éependant qu'il ny a que les faiques & les earomoutals des recs qui puiflent monter jufqu'à Rofèrre ; les na- vires ne-le peuvent pas faure d’eau: | F I! réfide ordinairement dans cette ville un vice- confui de France, qui eft logé dans une okelle: c’eft un bâtiment fait en façon de cloître, avec une grans de porte, & une bafle-cour environnée de Mapafins ; au-defils 11 y a des galeries qui conduifent dans les Chambres qu'on loue aux marchands. Long: 47.28: LEE NON CT 2 ER | ROSETTIER , f. m.(Courellerie.) outil dont fe fer: vent les Couteliers pour faire. ces petites rofèrses de cuivre , avec lefquelles ils montent plufieurs de leurs ouvrages. Ceft une efpece de poinçon en forme d’emporte-piece ; qu’ils frappent fur un bloc. de plomb , une feuille de éton entre deux. Les Orfevres 1e fervent aufh du ro/ecrier pourfaire les rofettes d’ar- gent. (DJs. | CU SURE RES ROSHASCANA , fm: (if. des Juifs.) mot qui fe trouve fouvent dans les livres des Juifs, & qui figniie lercorrmencement de l’année, C’eft pour eux uri jour de fète. Leurs doéteurs difputent dans le talmtid fur le tems auquel le monde a commencé. Selon les uns ç’a été au printems dans:le mois de Mix, qui ré- pond à notre mois de Mars; d’autres veulent quece {oit en automne dans le mois de Tifri, qui eft notre mois de Septembre; & c’eft maintenant patgni. eux l'opinion la plus reçue. Quoique l’année eceléfiati= que commence chez eux au mois de Man , confor- mément à ce qui eft dit dans la loi, que cé mo:s fera pour eux Le premier des mois; cependant l’année or: dinaire ou civile commence par Le mois Tri ou Sep- tembre; 6 c’eft pendant les deux premiers jours de ce mois qu'on célebre le roshafçana d’abord par une . 1 * am ï ceflation générale de tout travail, enfuite par des prieres , des aumônes , des confeffions, & d’autres œuvres de pénitence, | Selon Leon de Modene ; les Juifs tierinént par tra: dition,ique pendant ces deux.jours, Dieu juge de tout ce qui s'eft pañlé l’année précédente, & regle les événemens de celle où l’on va entrer. C’eft pour: quoi ils emploient le premier de ces deux.jours à ex- pier le pañlé par des jeunes, des auftérités, des dif ciplines & d’autres mortifications ; quelques-uns , fur-tout en Allemagne, portent l’habit avec lequel ils veulent être enterrés. On s’aflemble À la fynago- gue ; où l'on fait de longues prietes, & fur-rout on lt à cinq perfonnes dans'le Pentateuque, ce qui y eft dit du facrifice qu’on faifoit ce jour-là dans le temple ; enfin onfait labénédition pour le prince, & on fonne trente fois du cor ; felon qu'il eftmarqué danslesnom= | À à à 1 372 ROS bres-&c dans: fe Lévitique pour intimider , dit-on, les: _‘pécheurs , & les porter au repentir en leur rappel- Éue la mémoire-du jugement de Dieu. Le refte du jour & le fuivant fe pañlent à entendre des fermons: &e À d’autres: exercices. de dévotion. Leon de Mo- dene , pare. III © v. . ROSHEIM, (Géôgr. mod.) petite ville de France : dans la bafle Alfacefur.le torrent de Mogol, à quatre lieues de Strasbourg, près de Molsheim, bâtie dans le douzieme fiecle; elle fut prefque réduite en cen- dres en 1385. Elle a été libre & impériale. (D..J.) ROSICLE , f. m. ( Minéralogie. ) efpece de miné- talnoirque l’on tire des mines du Chily &c du Pérou. Son nom lui vient de ce qu’en le mouillant &c lefrot- ‘tant contre du fer, il rougit. Ce minéral eft très- riche, & l'argent qu'on en tire eft le meilleur de tou- tes les mines de Lipes, du Potofi & des autres pro- vinces de l'Amérique. Voyez ARGENT: Il paroït par la-propriété de rougir le fer, qu'on attribue à cette _mine, qu’elle contient du vitriol cuivreux dont le - métal'eft précipité par Le fer. Il ne faut point confon- dre cette mine avec la mine d'argent rouge, qui eft une mine d’argenten cryftaux rouges, femblables à des grenats ou à des rubis. nn d+ ROSIENNE , (Géogr. mod.) petite ville de Polo- ne au grand duché de Lithuanie, dans laSamogitie, à 22 lieues au fud de-Mittau, fur une petite riviere uiferend dans le Némen, Long. 41.56. lait. 55. 28. D. J. ns , fm. (Hifi nas. Botan.) rofa ; genre de plante à fleur compofée de plufeurs pétales difpo- fés en rond, Le calice eft formé de plutieurs feuilles; & il devient dans la fuite un fruit arrondi ou oblong, &-charnu; il n’a qu'une capfule, êc il renferme des femencesile plus fouvent anguleufes & velues. Tour: néfort,, 2/4 rei herb, Voyez PLANTE. da Rosier, (Jardinage. ) rofa ; atbrifleau épineux wife trouve en Europe plus qu’en nulle autre partie monde. Il pouffe plufieurs tiges du pié, quifont de peu de durée, mais qui fe renouvellent aifément. La hauteur commune des roffers eft de quatre à cinq: piés: quelquesefpeces en prennent beaucoup moins, &t d’autres-un peu plus. Les racines de-cet arbriffeau tracent beaucoup, & produifent des rejettons. Sa feuille. eft compofée de cinq ou fept folioles qui font ovales, dentelées, & attachées par paires àun filet commun qui eft terminé par une feule foliole. Ses fleurs font fimples ou doubles, plus ou moins, &c de différentes grandeurs & couleurs. felon les efpeces. Elles viennent au bout des branches, & elles don- nent un fruit oblong qui contient plufieurs femences. Le roffer doit tenir une des premieres places parmi lesarbrifleaux fleuriffans. C’eft fans contredit l’un des: plus beaux, des plus variés, & des plusagréables, tant pat la quantité & la durée de fes fleurs, que par: leur éclat & la douce odeur qu’elles exhalent: La rofé embellittousiles lieux qu’elle habite:; elle. eft la parure la plus brillante de la nature; c’eftle plusriant objet de {es produ&ions, & l’image le plus pur de la douceur, de là beauté & de la candeur: Rien de'plus fimple & de plus facile que d'élever, de cultiver & de multiplier le rof£er. Il fe plait dans. tousiles climats tempérés ; il vient à toutes expofi- tions , & il-réuffit dans tous lesterreins. Cependant il vit peu dans lesterresfeches-&clégeres, êtes fleurs ont moins d’odeur dans celles qui iont graffes &hu- mides. On évitera ces deux inconvéniens en mettant le:rofier dans un terrein de moyenne qualité. -On peut multiplier cet arbriffeau de toutesles fa- cons poffibles ; de rejettons, de branches couchées, de boutures; par les graines ; par la greffe & pares racines. La femence eft le moyen le pluslong & le plus incertain: pour l'ordinaire , on n’acquiért de cette-façon que-des' efpeces batardes ou dégénérées, ROS ‘Toutes les autresméthodes.ontun'fuccès à-peu-près: égal. Cet arbriffleau-peut fe tranfplanter entout tems: avec fuccès., & même pendant tout l'été , en fuppri- mant tout le fanage, & eniréduifant la: tige à quatre: pouces au-deflus de terre. Nulle-autre culture quede: le tailler fouvent & fans ménagement. Plus:on le tail lera., plus il durera, plus il donnera de fleurs , & plus: le tems de leur venue pourra varier. Les différens: tems de la tranfplantation rempliront aufh ce-dermier: ob; et: | Tous les, roffers peuvent fe greffer: les:uns fur les: autres ; mais il faut éviter de prendre pour fujets, ou plitôt on doit exclure des-jardins la rofe & odeur de: canelle, celle à fleur jaune fimple , celle & feuille de. pimprenelle, 8 iur-tout la rofe fauvage de Virginie. Elles envahiflent le terrein par la quanxité de rejet= tons qu’elles: pouffent fur leurs racines, qui s’éten- dent confidérablement. Le mois de Juin eft le tems: le plus: convenable. pour greffer ces.arbriffeaux en: écuflon. On connoît près de quatre-vingt’ variétés du r9= fer, dont le tiers environ ne donne que des fleurs fim- ples ; cependant 1\ y en a plufieurs qui ont affez d’a- grèment ou de fingularité pour mériter qu’on les cul- tive. Tous les rofiers à fleurs doubles ont dela beauté: On peut confrdérer les rofes fous quatre couleurs: principales ; les jaunes , les blanches , les incarnates & les rouges. Il y en a peu de jaunes’, un peu plus'de blanches, beaucoup davantage d’incarnates , & Les- rouges font le plus grand nombre. Dans ces deux der= nieres couleurs , il y a une infinité de nuances depuis’ le couleur de chair le plus tendre, jufqu’à l’incarnat le-plus vif, & du rouge pâle au pourpre foncé. Il re- gne encore une grande variété dans la ftature des ro= fiers, dans l'odeur des fleurs, dans les faifons de leurs’ vénues, dans Leur grandeur. [l'y a auffi des rofers{ans: épines ; d’autres font toujours verds ; dans quelques- uns les feuilles ont une odeur agréable; dans d’autres’ elles font joliment tachées. Il s’en trouve plufieurs dont les rofes font panachées,, tiquetées ou mi-par- ties. On en voit de proliferes ; d’autres à fruit épi- neux; d’autres qui fleuriffent deux fois l'an; d’autres pendant prefque toute l’année ; d’autres enfin ne s'ouvrent qu'à demi. Nul arbrifleau ne raffemble des différences auff fingulieres , aufli variées &c auf in- téreflantes. Le ro/£er feul peut former une colleétion nombreufe, où chaque jour de la belle faifon don- nera du nouveau & de l’agréable. Le rofier étant donc de la plus grande reflource: pour l’embelliflement des jardins, on peut en faire plufieurs ufages. On le met en buiffon dans les plates- bandes; on le mêle avec d’autres arbrifleaux durite fans dans les bofquets ; on en garnit des quarrés en- tiers, où on les retient à trois piés. de hauteur ; mais: fi lon veut tirer grand parti de cet arbriffeau , c’eft de l’entremêler de jafmin & de chevre feuilles pour en former des bordures longues & épaifes , que l’on, taille en ados, & que l’on retient à deux ou trois piés de hauteur. Les bordures peuventfe mettre , 8 réuf- fiffent fort bien fous des grands arbres taillés en hau- tes paliffades fur tiges, où elles:-donneront. des fleurs. pendant toute la belle faifon. La Médecinettire: des fervices duirofer. Il y a des rofes aftringentes, & d’autres purgatives. On entire un miel, une huile, 8&un.fuc éleétuaire: on-en fait: des firops, des conferves, & jufqu'à du vinaigre:; less rofes pâles .&r odotantes font Les:plus propres à don. ner l’eau-rofe. On fait auf. quelque ufage des fruits: du roffer , & d’une forte d’éponge qui vient fur cet: arbrifleau , & qui a des propriétés. Les: variétés du rof&r font fi nombreufes!, que lær nature de cet ouvrage ne permet pas d'entrer ici dans ! uñedefcription détailléede toutes lesefpeces: Jen’en, räpportetai qu'une feule, qui eff en quelque façon nouvelle & fort à là mode. Le rofer de Bourgogne:, oulé rofier 4 pompons. Ce petit arbriffeaw ne s'élève qu’à un pié, ou un pié & demi. Il poufle du pié quantité de tiges , qui font for- tes & ontdufoutien, Ses feuilles font petites, étroites, d'une verdure terne 8c pâle, Sesfleurs d’enviton trois quarts de-pouce de diametre, font dans leur milieu de lincarnat le plus vif, qui fe dégrade infenfible- ment versles bords qui font d’une couleur de’ chair pâle. L’arbriffleau en produitune grande quantité dès le: commencement de Maï; elles font d’une odeur excellente, & de la plus brillante apparence: Ce ro rer eftextrèmement propre à former de petites bor- dures, parce qu'il ne s'étend pas beaucoup. Il fe cou- vre detant de fleurs, qu'il s’épuife & périt en peu d'années, fur-tout lorfqu’on le tient en pot. On peut ÿ remédienpar fa taille énrabattant toutes fes branz ches à moitié, &en l’arrofant fréquemment durant l'été. L'art 8 laculture n’ont eu aucune part à la dé- couverte de ce rofier: C’eft un jardinier de Dijon qui Fatrouvé en°1735, en cherchant des buis fur les montagnes voifines dans le tems qu’il étoit en fleurs. ROSIERES; ox ROSIERES-AUX-SALINES, (Géog. mod.) ville de Lorraine dans le bailliage de Nancy, fur la Meurte, à deux lieues de Nancy , & à quatre lieues-au fud-oueft de Lunéville. Ses falines font d’un bon produit. Long. 24: 3: lat. 48. 30. ( D.J.) ROSITO, (Gcogr. mod.) petite ville, ou plûtôt bourgade-d'fralie , au royaume de Naples, dans la Calabre citérieure:, fur l'Acalandro , aux confins de’ la Bäfilicate, environ à trois milles du golfe de Ve: nie. (D, J)) | ROSKOLNIKI, SECTE DES, (Rehig. chrétien.)fe€te qui s’eft établie de bonne heureen Ruffie, maïs qui y regne paifblement, & qui n’a point produit de tu- mulre. Voici cesqu’en dit l’auteur moderne de lhi£ toire de Ruffe. | . Ea feéte des: Roskoïziki, compofée. aujourd’hui d'environ 2000 mâles, eft la plus-anciénne des fetes: qu'on connoifle en Ruflie. Élle-s’établit dès le dou- meme fiecle;, par des zélés qui avoient quelquecon: noiflance du nouveau Teftiment ; ils eurent, & ont’ encore, la prétention de tous les feétaires, celle de les fuivre à la lertre:, accufant tous les autres chré: tiens de relâchement: ne voulant point qu’un prêtre qu a bude leau-de-vie, confère le baptême, aflu- rantavec J. C, qu'il n'y ani premier, ni dernier par: miles fideles, 82 fur-tout qu'un fidele peut fe tuer! pour l’amouride fon: fauveur. C’éft felon eux, un très-srand péché de dire a//eluia trois fois; il ne faut lecire que deux, 8 ne donner jamais la bénédi@ion awavec. trois doigts. Nulle: fociété d'ailleurs, n’eft ni plus réglée, ni plusféveredansfesmæurs. Ils vivent comme les qua kærs; mais ils n’admettent point comme eux les-au- tresichrétiens dans leurs affemblées : c’eft ce qui fait’ que les autres leur ont imputé toutes les abomina= tions dontiles Payens accuferént les premiers gali- léens, dont ceux-ci chargerent les-gnoftiques!, dont les Catholiquesont chargé les Proteftans. * On leur a fouvent imputé d’ésorger un enfant, de: boire fon fänæ, & de fe mêler enfemble dans leurs cérémonies fecretes:, fans diffinéron/de parenté, d’4- ge, n.même defexe. Quelquefois ton les perfcus tés; ils fe font alors enfermés dans-leurs bourgades ont mis leifenà leurs maifons, & fe font jettés dans. les flammes. Le czar Pierre ['apris-ayéc eux le feul parti quitpuifle les ramener, celui:de les laiffer vivre en-paix, (D.1J:) + ROSMARE ; rover LAMANTIN. ROSMARINT, (Géog. mod.) riviere de Sicile dans. le val Démona! Elle a fa fource dans les montagnes Stori,.8cfe jette danslä mer près dé l'embouchure du pétit fleuve San-Fradello. Cette riviere ef le Chydas des anciens, (DZ) LE ré ROSNV , (Géog. mod.) bourgade de France dans la Normandie, für la Seine, entre les villes dé Man: te & de Vernon, avec titre dé marquifat & un chA< teau, C’eft dans ce château qué naquit en 1559,, Maxi= milien de Béthune dûe de Sully, l'un des plus grands | Hommes que la France ait produit, & qui mourut enr | fon château de Villebon en 1641, à 82 ans, après: | avoir été roujours inféparablement attaché À {à reli2 gion & à Henri IV. Ilavoït vir, dit M; de Voltaire, Henri IT, & Louis XIV. IFfut grand-voyer &e grand-maître de l’artillez rie, grand-maîtré des ports de Fränce, für-intendant des finances, duc & pair, & maréchal. de France; C’eft le feul homme à qüi on ait jamais donné le b4: ton dé maréchal, comme une marque de difgrace. Il ne l’eut qu’en échange de la charge de grand-maître de l'artillerie, qe la reine. révente lui Ôta en 16343 Il étoit très-brave homme desguerre, 8 encore meil: leur miniftre; incapable de tromper le roi, & d’être trompé par les financiers. Il fut inflexible pour les Courtifans, dont l’avidité eft infatiable > & qui troux voïent en lui une rigueur conforme au tems & aux befoins d'Henri IV. Ils l’appelloient le zéganif, &r die foient que lé mot de ox: n’étoit jamais dans {a bouche. Avec cette vertu févere il ne pouvoit plaire qu’à {on maître ; & le momént de la mort de Henri [V. fut ce: lui de fa difgräce. Il compofa dans la folitude de Sul. y, des mémoires dans lefquels regne un air d'honnête homme, avecun flÿle naïf, mais trop diffus. On Y trouve quelques vers de fa façon. Voici ceux qu'il fit en fe-retirantide la coùr, fous la tévence de Marie de Médicis, y Ailièu naifons, chéteaut, armes , canons di ri ; Adieu confeils ; tréfors dépofés à ma foi : Aüleu munitions; adieu grañds équipages ; Adieu tant de rachats adier tant de menages } Adieu-faveurs, grandeurs; adie ce remis qui-cotr LS Adieu les amitiés ; Crlestaris dé cour, 8cc. Ine voulut jamais changer de religion, & com- me lecardinal du Perron l’éxhortoit À quitter le Cal: vinifme , il lui répondit : « Je me ferai Catholique * quand vousaurez fupprimé l'Évangile; car il eftfi » contraire à l’églife romaine, que je ne peux pas » croire que l’un & l’autre aient été infpirés par le » Même efprit ». | Le’pape lui écrivantun jour une lettre rempliede louanges fur la fagefle de fon miniftere, fnifloit fa let: tre comme un bon pafteur, par prier Dieu qu'il ra= menât fa brebis égarée, & conjuroit le duc de Sully de fefervir de fes Iumieres pour entrer dans la bon: ne voie. Le duc lui répondit fur le même ton. I] l’af: fura qu’il prioit Dieu tous les jours pour la-conver: fion'de fa fäinteté : cette lettre eft dans fes mémoires Préf. de la Henr. édit. de 1723. | Ilfe fignala dans les armes jufqu’à l’âge de-40 ans; il fe trouva à là bataille de Coutras ; au combat d’Ar: ques, 4'la bataille d’Îvri, aux fieges de Paris, de Noyon, de Rouen, de: Laon, & à toutes les-occa: fions périlleufes. Dans f&place de fur-intendant des finances, il-rétablit bien celles de l'état, qu'il paya deux cent millions de detres en dix ans, &c qu'il remit de grandes fommes dans les tréfors de fon maître. Il l’aimoït avec un zele & un attachement inex- primable: Un foir Henri IV. lui fit quelques repro- ches vifs, & mal-à-propos. Cé bon prince y fonigea pendant la nuit, & le lendemain-de grand matin, il courut 4 Parfenal chez Sully pour réparer fa faute, & Mon ami, lui dit-il.en l’abordant , j'ai eu tort hier » avec VOUS, je Viens vous. prier de me le pardon » ner: Sire, répondit Sully, vous voulez que je meu- 374 ROS » te à votre fervice , de joie & de reconnoïflance ». Voilale portrait d'Henri [V.&r de Sully. À la mort funefte de ce orand monarque, arrivée én 1610 ,le duc de Sully fe vit contraint de fe rendre dans unie de fes terres, & d’y mener une vie privée. Quelques années après, le roi Louis XIII. Le fit reve- mir à là cour , pour lui demander fon avis fur des af faires importantes. Ï y vint quoiqu'avec répugnan- "ce. Les jeunes courtifans, qui gouvernoiïent Louis XII. voulurent felon l’ufage, donner des ridicules à ce vieux miufire, qui reparoïifloit dans-une jeune Cour, avec des habits & des airs de modes pañlés de- puis long-tems. Le duc de Sully qui s’en appercut, dit au roi: « Sire, quand le roi votre pere, de glo- » rieufe mémoire, me faifoit l'honneur de me con- » fulter, nous ne commencions à parler d’affaires, » qu'au préalable on n’eût fait pafler dans l’anti- » chambreles baladins & les boufons de la cour ». M. l'abbé de PEclufe a rédigé dans un nouvel or- dre les Œconomies royales de Sully. C’eft un très-bon ouvrage , mais qui n’a point fait tomber le mérite de l'original au jugement des curieux, Il n’a pu inférer dans fon abrégé, quantité de chofes inftruétives fur les affaires d'état; & en même tems il a pañlé fous fi- lence quelques anecdotes fingulieres. Telle eft, par exemple, celle qu'on lit dans les Œcoromies, p. 219. & Je me fouviendrai toujours, dit M. de Sully, de n l'attitude & de l’attirail bifarre où je trouvai ce » prince (Henri El.) , dans fon cabinet, en 1586. Il ÿ avoit l'épée au côté, une cape fur les épaules, une » petite toque fur la tête, un panier plein de petits » chiens, pendu à fon co par un large ruban; & il » fe tenoit fi immobile, qu'en nous adreffant la pa- » role, il ne remua ni tête, ni piés, ni mains». (Le chevalier de JAUCOURT.) | | ROSOIR , f. m. (Luth.) outil dont les Fateurs de clavecins fe fervent pour percer dans les tables des clavecins & des épinettes , Les trous où on met la ro- fe. Cetinftrument repréfenté fg. 12. PL. XVII. de Lutherie, fe rapporte au compas à verge. Il eft com- pofé de deux pieces de bois DE , égales ; qu’on peut appeller boëres. Au milieu.de- la boëte D jeft fixée une tige quarrée de bois FC, qui yeft chevillée & collée. Cette tige traverfe l’autre boëte Æ, dans la- quelle elle peut couler. On fixe cette boëte à l’en- droit de la tige FC, que lon defferre par le moyen /d’une clé, ou d’une vifle qui traverfe cette même bocte, & qui ferre contre la tige FC. A un des cô- tés de la boëte D , eftune pointe conique 4 , & vis- à-vis à la boëte £, eft une autre pointe B, laquelle eft tranchante. Pour percer une rofe avec cet outil, il faut met- tre la pointe 4 au centre de la rofe , & avec la pointe tranchante B (qui doit être éloignée de la pointe 4 du demi-diametre de la rofe), tracer un cercle, dans le trait duquel on repañlera la pointe 2 autant de fois qu'il fera néceflaire pour détacher en- tierement la piece enfermée dans la circonférence du cercle que la pointe tranchante a tracé. On rem- plit enfuite le trou avec une découpure, ou grille de carton peint, artifement travaillée, qui eft ce qu’on appelle proprement rofe. Voyez CLAVECIN. ROSPERDEN , (Géog. mod.) petite ville, ou plu- tôt bourg de France, dan$ l4 Bretagne , au diocèfe & à lorient de Kimper, (D. J.) ‘ROSPO, voyez GLORIEUSE. | ROSS , (Géog. mod.) province de l'Ecoffe fepten- trionale, &c la plus grande de toutes, car elle s’étend d’une mer à l’autre. Elle eft remplie de lacs, de mon: tagnes &c de bois ; aufli le bétail & les bêtes fauves y abondent. Elle fut annexée à la couronne fous le regne de Jacques IIL. | Lefley (Yean ), célebre écrivain écoflois, d’une ancienne famille, naquit à Rof$ en 1527, & devint évêque de fa patrie. Dans les difputes de religion, il : prit le parti des catholiques romains; mais celane lempêcha pas de cultiver les fciences. Il a publié une fftoite latine , de origine, moribus É rebus geflis Scotorur , à primordio gentis ad annum: 1562 ; fimu! 6! regionum ac infularum Scoriæ defcrip- to, Rome 1578, in-fol, Il y a du bon dans cet ou- vrage; mais l’auteur auroit dù y développer plus de jugement dans la defcription des provinces, & s’être abitenu d’y mêler des contes de vieilles, & des hif= toires romanefques de miracles; cependant il y dé- taille plufñeurs chofes peu connues fur les mœurs, les lois &c le gouvernement d’'Ecofle. En parlant des oïfeaux rares du pays, 1l fait d’aflez bonnes obferva- tions fur le faucon , le coq de bruyeres & autres, & fur les baleines , les harengs & le faumon parmi les poiflons. Tout l'ouvrage eft écrit en homme de qua- lité; il Le finit par la réflexion fuivante, qui eft d’un ga: lant homme. « Certaines chofes, ditil, font fi rem- » plies de perfidie, que quoiqu’elles méritaffent d'ê- # tre connues de tout le monde, elles font néan- » moins indignes que je prète-ma plume àles écrire, » eftimant devoir dérober à la connoiïflance des » étrangers , des aftions que J'ai fouvent tâché au » péril de ma vie, d'empêcher mes compatriotes de » commettre ». a : Il fit plufieurs écrits à la gloire êc à la défenfe de fa bonne maïtrefle, Marie Stuart, Ileft l’auteur d’un traité qui parut à Liege en 1571 17-8°. dans lequel on prouvé-que le gouvernement des femmes eft con- forme aux lois divines & humaines. (D, J.) î ROSSA ox LA Rosa, (Géog. mod.) ville d’Afe dans l’Anatolie, fur le golfe de Macri. Quelques-uns croient que c’eft l’ancienne Caurus, ville de Carie, dans Ja Doride , & célebre pour avoir été la patrie de Protogène, (D. J.) | ROSSAL , (Géog. mod.) bourg à marché de la pro- vince de Lancaftre, : Allen où Allyn (Guillaume), qui devint cardinal, naquit 1c1 dans le xvJ. fiecle. Il fut fait, en 1558, chanoine d’Yorck,& quand la reine Elifabeth monta fur le trône, 1l quitta fa patrie & fe retira dans les Pays-bas. Quelque tems après il revint en Angleter- re, où1l demeura trois ans, pendant lefquels 1l s’éri- gea en convertifleur, & écrivit des ouvrages en fa- veur de la religion romaine. Son zele extraordinaire pour lavancement des intérêts de fa religion, l’enga- gea de fe rendre à Rome où le pape Sixte V. le nom- ma cardinal prêtre, en 1587, & deux ans après ar- Le . chevêque de Malines fans réfidence. Il mourut à Ro- me en 1594, agé de 63 ans. . On l’a dépeint différemment dans les différens par- tis : mais on convient en général, qu’il étoit favant, d’un efprit actif & courageux, affable &c infinuant dans fes manieres. Il eft auteur de plufieurs ouvra- ges, tant en latin qu’en anglois ; & quelques-uns d'eux mériterent dans le tems qu’on y répondit. (D. JT.) ROSSANE,, f.f. (Boran.) nom vulgaire qu’on don- ne à toutes les pêches & pavies qui font de couleur jaune ; il y en a de différentes srofleurs, de tardives êt de hâtives, dont les unes gardent le noyau, & dont les autres le quittent. F’oyez PècHER. (D. J.) ROSSANO , (Géog. mod.) en latin Ruftianum ou Rofcianum ; ville d'Italie au royaume de Naples , dans la Calabre citérieure, à 2 ou 3 milles du golfe de Venife, au bord d’une petite riviere qui fe jette dans le Célano, à ro lieues au nord eft de Cozenfa. Cette ville dans le vi. fiecle, étoit un évêché fous Reg- . go: on y transféra enfuite l'évêché de Thurium; & enfin on lérigea en archevêché vers l’an 1193. Long, 34: 20: lat, 39. 44. x us Cette ville a étélapatrie de lantipape Jean XVIT. nommé auparavant Philagathe, auquel l'empereur’ ROS ‘Othon HT. ft couper les mains & les'oreilles, & ar- ‘racher les yeux en 998. C’étoit une barbarie bien -odieufe, vis-ä-vis d'un évêque qui étoit homme de mérite, favant, & que Creer lé qui tenoit Rome “ous fa dépendance avoit fait élire pape, pour l’op- poier à Grégoire V, (D. J.) ROSSE oz FOSS, (Géog. mod.) nom de deux peti- tes villes de la grande- Bretagne ; l’une eft dans le comié d'Herefort, {ur la Wye. Elle à droit de mar- ché, êcieft connue par fes forges. L'autre efl én Ir- Tande,, dans la province de Momonie, au comté de .Cork, fur le bord de la mer; mais depuis que fon évêché a été réuni à celui de Cork, cette place a dé- généré en fimple village. (D. 7.) Rosse, ff. (Maréchal.) méchant cheval, ufé de vieillefle où de maladie, & qui n’eit fenfible ni à l’é- peron , mi à la gaule. ROSSELAER , prononcer ROSSELAR , ( Géog. mod. } petite ville des Pays-bas, dans la Flandre au- trichienne, fur le chemin d’Ypres à Bruges, à qua- tre lieues de la premiere. Elle eft gouvernée par un Halls, un bourgmeftre, un penfonnaire, un tréfo- rier, &t des échevins. Ils’y faifoit autrefois un grand commerce de toiles, mais ce n’eft plus de même de- puis les guerres du dernier fiecle, & le nombre de fes habitans diminue tous les jours. Logis, 20. 31. to SEE), | ROSSENA , (Géog. mod.) petite ville d'Italie, dans le comté de même nom, dont elle eft le chef- Jieu ; ce comte eft enclavé dans le Modenoïs, qui le borne au nord, à lorient & au nudi; & la Leuza Parrofe au coùchant. (D. J.) -. ROSSEROLLE , voyez ROUSSEROLLE. ROSSIGNOL 07 ROUSSIGNOL, f. m. (if. nat. Ornirholog.) roffignol franc , lucinia feu philomela, oi- -feau très-connu par fon chant ; il eft de la groffeur du chardonneret ou de la gorge-rouge , mais il a Le corps un peu plus alongé ; toute la face fupérieure de cet oifeau eft d’un roux clair, mêlé d’une teinte de verd; la queue a une couleur rouffe plus foncée ; le ventre eft blanchâtre. La sorge, la poitrine & la face inférieure des ailes font d’un brun obfcur, mêlé d’une teinte de verd ; le bec a une couleur noïrâtre, &t le dedans de la bouche eft jaune ; les piés font d’une couleur de chair obfcur. Raï fynop. mah. ayium, Voyez OISEAU. Le roffisnol avoit toujours été regardé comme un oïfeau de paflage, cependant l’auteur du sraité du Roffignol franc prétend que cet oïfeau ne quitte pas ces climats pour en aller chercher de plus temperés, il croit qu’il fe tient caché pendant hiver à l'abri du froid. Quoi qu'il en foit, cet oifeau ne paroît en France qu’au commencement d'Avril, & on ne le voit plus fur la fin de Septembre ; il eft très-folitai- re ; il fe plaît dans les lieux où il y a un écho; il chante très-agréablement une partie du jour & de la nuit, fur-tout dans le tems que {a femelle pond & pendant l’incubation de fes œufs. Elle fait ordinaire- ment deux pontes chaque année & quelquefois trois; la troifieme ponte réuflit rarement , fur- tout fi le froid commence trop tôt. Chaque ponte eft de qua- tre ou cinq œufs qui font d’une couleur bronzée ; le nid eft long , profond, & compofé de feuilles fé- ches de chêne. Voyez le rraité du Roffignol franc. Cet oifeau admurable qui n’eft que voix, & dont la voix n’eft qu’harmonie, fe plait dans les bois frais, épais, &t ombrageux, c’eft-là qu’il conftruit fon nid, deux fois l’année , tantôt fous des buiflons contre terre, &t proche des troncs d'arbres, tantôt dans les atbrifieaux verds & touffus ; il le compofe de feuil- les, de paille, & de mouffe, & le conftruit un peu en long. Si vous pouvez trouver de ces nids, avec des petits tout jeunes, ne les enlevez point ; mais fi par hafard quelqu'un moins fage que vous vous en ROS 373 appottoit, prenez-en le foin le plus précieux; met tez.ce nid dans un vaiffeau convenable un peu cou- vert, juiqu'à ce que les petits puiffent fe foulever : : nourriflez-les attentivement avec de petits vers de farine, &C avec une pâte, dont j'indiquerai dans là fuite la compofñition ; quand les petits rofiyros un peu forts , feront prêts à manger feuls, vous les met- trez dans une cage que vous placerez auprès d’un bocage afin qu'ils apprennent leur chant naturel, Le rofignol mâle a le fondement élevé, l'œil gros, la tête grofle & rondelette, le bec un peu gros & long, le croupion large avec une rayure au milieu, laquelle fembie le partager en deux: La femelle a le fondement & la tête plus applatie, le bec court & menu, l’œil petit, le croupion plus étroit, &r le pen- nage plus cendté ; donnez-lui la liberté. Les roffignols aiment extraordinairement les vers qui viennent dans Ja farine ; l’on en trouve quantité chez les Pâtifers & chez les Boulangers. Les œufs de fourmis font aufli les délices de ces oifeaux , & leur fervent quelquefois de remede quand 1ls font malades, | La cage où l’on metun r0/fenol qui a été ptis au trebuchet ou au petit rêts, doit être d’abord fans bâtons, 6c toute environnée de papier appliqué fur de la moufle. Il faut appâteler ce rofisnol tous les Jours cinq ou fix fois adroitement, tantôt avec de petits Vers en vie, tantôtavec ces mêmes vers mê- lés avec du cœur de mouton bien pur, bien battu, 6t haché. Quelque tems après, on Ôtera peu-à-peu le papier dont la cage eft environnée , en y laiffant toüjours de la moufle ou autre verdure, enforte que Fr la cage en foit toute couverte; ainfi l’oifeau s’habi= tucra à voir la campagne , & à refpirer uh air frais 5 alors les bâtons que vous remettrez dans la cage doi- vent Être garms de mouffe, parce qu’il a coutume de fréquenter les lieux qui en font taprffés. _ La pâte dont on nourrit Le ro/fonol fe fait ainfi, On prend fur deux livres de farine de pois, demi-li- vre d'amandes - douces mondées, quatre onces de beurre , quatre jaunes d'œufs durcis fous la cendre chaude, & bien pilés , ainfique les amandes; on in- corpore le tout après lavoir mélangé, avec la farine de pois dans une poële à confiture fur un feu de charbon , & l’on remue cette pâte jufqu’à ce qu’elle foit cuite; enfuite on prend une livre de miel & deux onces de beurre, qu'on fait fondre dans un pot de terre neuf, & on en Ôte l'écume Alors il faut que celui qui a la pâte ait une fpatule de bois, & qu’une autre perfonne ait une cueillere, & mette fur la pä- À te le miel cueillerée à cueillerée ; en même tems ce- lui qui prend foin de la pâte la remuera continuelle. ment juiqu'à ce qu’elle foit bien grenue ; on mettra dans cette pâte un peu de fafran pour la rendre apé- ritive. La pâte étant bien grenue & jaune, on la pafle dans une pañloire , dont les trous fontronds, & on la fait tomber fur une ferviette blanche pour la fécher ; quand elle fera feche, on la ferrera dans un pot qu'on tient couvert, & où elle fe confervera piut- fieurs mois; c’eft là la meilleure nourriture des rof]r- grois. Ils font fort délicats, fujets à la goutte, À des fpaf. mes, ou trop de graifle ou de maigeur, & à de petits boutons, Si le ro/£snol eft trop gras, on le purgera avec une couple de vers de colombier & de l’eau {u- crée. Dans la trop grande maïgreur, on lui donnera des figues fraîches ou féches émiettées. La goutte lui arrive au bout de deux ou trois ans, &c l’on ne peut que la pallier en lui oignant les pates d’un peu de grafle, Ce n’eft pas ici le lieu de parler de differentes efpe- ces de roffisnols connues ; je dirai feulement que PI. ne rapporte qu'un rof2s70/ qui étoit un peu blanc fut payé de fon tems fix grands fefteres, c’eft.-à- dire 376 ROS “environ fept cens de nos livres. Ce roffgnol fut don- né à caufe de fa rareté, à l’impératrice, femme de l’empereur Claudius. (2. J.) ROSSIGNOL DE MURAILLE, voyez? ROUGE- QUEUE. ROSSIGNOL DE RIVIERE, voyez ROUSSEROLLE. RossiGNOLs, f. m. pl. serme de Carrier, les Car- “riers nomment ainf les arcs-boutans des fourches qui foutiennent l'arbre de la grande roue des carrie- res. (D.J.) RossiGNoOL, f. m. (Charpent.) coin de bois qu’on met dans les mortaifes qui font trop longues , lorf- qu’on veut ferrer quelque piece de bois, comme jam- be de force ou autres. (D.J.) RossiGnoz , ( Maréchallerie. ) faire un roffignol fous la queue eft une opération qu’on fait au cheval poufñif outré, pour lui faciliter, à ce qu’on croit, la refpiration : voici la maniere de [a pratiquer. On fourre la corne de vache dans Le fondement du cheval, puis avec la gouge rouge on perce au-deflus à plufieuts fois, jufqu’à ce qu'ayant percé le boyau, elle rencontre la corne, on pañle alors une lame de plomb par ce trou; on la fait reflortir par le fonde- ment , & on entortille les deux bouts par dehors, ce qui empêche le boyau de fe reprendre à l’endroit du trou. | _ ROSSIGNOL, serme de Serrurier ; infirument de Serrurier en forme de crochet , qui leur fert à ou- vrir les portes au défaut des clés , qui font caffées ou perdues. (D...) ROSSIGNOLETTE., { f. ( Æiff, na, Orniholop., ) nom que l’on a donné à la femelle du rofignol. Foyez RossiGNOL. ROS SOLIS , 1. m. (Fift. nar. Bor.) genre de plante à fleur en rofe compofée de plufieurs pétales difpofés en rond. Le piftil fort du calice, quieftfaiten tuyau & devient dans la fuite un fruit ovoide & pointu qui s’ouvre par la pointe & qui renferme des femences arrondies & oblongues. Ajoutez aux carac- teres de ce genre , que les feuilles font hériflées de poils & percées de trous, d’où on voit fortir de pe- tites gouttes de liqueur. Tournefort, 22/f. rei herb. Voyez PLANTE. ROSSOLIS, (Mar. méd.) herbe de la rofée ou de la goutte. Toute la plante paffe pour peétorale, bé- chique, iñcifive, bonne contre lafthme, la toux in- vétérée, &c. Elle éft encore vantée étant prife en infufñon, comme un bon céphalique, propre contre la migraine, toutes les affeétions convulfives & les maladies des yeux. Elle eft abfolument inufitée dans les prefcriptions magiftrales; & elle n’eft prefqu'employée dans les boutiques , qu'à la preparation d’un firop fimple qu’on fait avec l’infufion de fes feuilles, & à celle d’un firop compofé, auquel cette plante donne fon nom , & dont voici la defcription d’après la pharma- copée de Paris : Prenez roffolis frais exaétement mon- dé, quatre onces : feuilles fraîches de velar, une once & demie : de pulmonaire, une once: de racine de fafran des Indes , en poudre, un fcrupule : de ré- elifle feche, deux gros : raïfins fecs de damas, mon-, dés, une once: fleurs de tuflilage , feches , trois gros: fafran oriental, en poudre, vingt grains. Faites infu- fer toutes ces drogues pendant fix heures à la cha- leur du bain-marie dans huit livres d’eau commune. Paflez & exprimez l’infufon; ajoutez-y quatre livres de fucre; clarifiez & cuifez en confiftance de firop. La préparation de ce firop doit être regardée com- me peu exate, C’eft encore ici, comme nous l'avons remarque plufieurs fois ailleurs , voyez, par exemple, Sirop de pomme a Particle POMME , une infufon dont Pa@ion modérée fur des principes volatils devient abfolument infruétueufe , puifque fes bons effets font abfolument détruits pat la longue décoétion à la- ROS quelle ces mêmes principes font enfuite foumis dats la cuite du firop. Âu refte, les divers ingrédiens de cette compofition font d’une nature ft diverfe, rela- tivement à l’ation qu’exercent fur chacun d’eux le menftrue aqueux & les divers degrés de chaleur dont ce menftrue eft fufceptible, qu’il faudroit ou traiter à part quelques-uns de ces ingrédiens, par exemple , la réglifle & le raifin fec qu'il faudroit foumettre à une bonne décoétion , tandis qu’on n’ex- poferoit les autres qu’à une infufion au baïin-maries ou bien il faudroit traiter tous les ingrédiens enfem- ble par la décoétion dans un appareil difillatoire , c’eft-à-dire par la difillation. Voyez Sirop. Mais un expédient plus fimple & plus commode, c’eft d’aban- donner ce firop qui n’a pas de propriétés aflez mer- véilleufes, pour mériter d’être préparé avec tant de foin. Cv: Celui dont nous avons donné la defcription, n’eft prefque qu’un firop blanc , c’eft-à-direune diffolution de fucre à faturation dans de l’eau : éar une iifufion de quelques heures ne doiït charger que très-légè- rement cette eau de l’extrait & de la fubftance mu- queufe des ingrédiens demandés pour ce firop. Cette impregnation, telle quelle, le fait pafler cependant pour peétoral où béchique adoucifflant, Voyez Pec- TORAL, (2) ROSSOLIS, f. m. ( Ligueurs.) liqueur agréable; d’eau-de-vie bruülée, de fucre & de canelle, où l’on ajoute quelquefois du parfum. Richeles. (D. J.) ROSSOLIS de fix graines , (Pharmacie.) ou clairet des fix femences appellées carminatives, favoir, de celles d’anis, de fenouil, d’anet, de coriandre, de carvi êt de daucus de Crete. Voyez CLAIRET , Phar= macie. (b) ROSSUS , (Géog. anc.) ville fur la frontiere de Syrie & de Cilicie, fur le golfe d’Ifus. Cette fitua- tion eft caufe que quelques géopgraphes, comme Pline & Ptolomée, la mettent dans la Syrie; & d’au- tres, comme Strabon, dans la Cilicie. Athénée, Z- vre x. p. 586, dit qu'Alexandre donna le gouver- nement de T'arfe en Syrie à Harpalus. On lit en effet dans le texte «y Tapro ras Suplus ; mais c’eft véritable- ment une faute, car Tarfe eft la capitale de Cilicie, êt on ne trouve point de ville du nom de Tar/e dans la Syrie. Comme Tarfe (Tarfus) eft une ville beau- coup plus fameufe que Roffus, il y a toute appa- rence que les copiftes ont changé ce dernier nom qui leur étoit peu ou point connu, en celui de Tarfe, qu’ils connoïfloient extrêmement. Ajoutons qu’Har- palus n’a jamais eu le gouvernement de Cilicie, puit qu'aucun auteur"n’en fait mention, & que ce tréfo- rier d'Alexandre fe fauva à Athènes, felon le rapport d’Arrien , un peu avant la bataille d’Iffus, c’eft-à- dire, avant qu'Alexandre eût achevé la conquête de la Cilicie. Enfin quelques manufcrits d’Athénée portent avec rarfon Pos au-lieu de Tapsw. (D. J.) ROSTEIN , inftrument du métier des étoffes de foie. Le rofein eft une grofle bobine percée de bout en bout, fur laquelle on devide la grofle foie fer- vant à former la lifiere de létoffe, que l’on appelle communément cordelines & le cordon auf. Voyez PORTE-ROSTEIN. ROSTEN, 04 REIBEN, (Æ/ff. nar.) noms bifarres dont Avicenne s’eft fervi pour défigner les yeux d’écrevifles. ROSTER , v, a@. errerme de Boutonnier, c’eft ac tion de garnir Le bas d’un bouton en points de foie, d’or ou d’argent , les uns près des autres, en parta- geant le bouton en plufieurs parties égales, dont les unes font couvertes de foie ou d’or cordonnés, 8 les autres reftent en luifant. Pour cet effet, on at- tache un bout de fil un peu fort au pié du bouton en-deflous ; on a une aiguille enfilée de foie ou d’or en plufeurs brins ; &c vis-à-vis de foi une bobine montée montée fur un rochet, voyez RocHEr. L’aiguille fichée au commencement & {ousla partie qui reite en reluifant, fe retire entre cette partie & celle qui feta couverte de cordonnet. Alors en tournant dans les deux doigts majeurs le fl que l’on a mis au pié du bouton, la matiere de la bobine fe coule au-tour de celle de laiguille, de la longueur de la partie qu’on en veut couvrir; on repañle l'aiguille {fous l’autre, ët ainfi du refte, On répete cette opération en fai- fant cinq ou fix tours au bas du bouton: quelque- fois auf on fait plufieurs tours de roflage fur le corps du bouton pour Le décorer. ROSTER , terme de riviere, c’eft lier quelque chofe bien uniment avecune petite corde. Rejoindre un cable de bac, c’eft le roffer. ROSTIVIE, £. f. (Marine. ) endroit qui eft furlié de plufieurs bouts de corde. |, ROSTOCK, (Géog. mod.) ville d'Allemagne, dans le cercle de la Baffe-Saxe, au duché de Mec- klenbourg fur la Warna, à une lieue de la mer bal: tique , à douze au nord-eft de Wifmar & à trente de Lubeck. L'origine de cette ville eft fort obfcure, Quelques favans prétendent qu’elle fe nommoit Lacirium où Laciburgum, du tems que les Warri occupoient le pays avant l’irruption des Vandales. Quoi qu'il en foit, Roflock n’étoit qu'un village habité par des pécheurs en 329. Ce village s’agsrandit infenfible: ment; & Primiflas IL. d’autres difent Burevin IL ceignit Roffock de murailles en 1262, Cette ville à éprouvé dans la fuite différentes révolutions. Le duc de Mecklenbourg en eft préfentement reconnu le feigneur; mais la ville jouit des mêmes droits & franchifes que Lubeck, & elle eft souvernée par di- vers corps de magiftrature. Son univerfité a ëté fon- dée en 1490; les évêques de Swerin en font chance- liers.perpétuels, Long. fuivant Harris, 30. 16, 15, Jatit. 54. 10. LE Paul: (Simon,) qui devint premier médecin du roi de Danemarck naquit à Roffock en 1603, &t mou- rut en 1680, âgé de foixante-dix-fept ans. Il a fait plufieurs ouvrages qui ne font pas d’un grand mé- rite ; &t je mets dans cette clafle, fa Flora Diana & {on quadripartituim boranicum. (D. JT. : ROSTOF ox ROSTOW , (Géog. mod.) ville archi: épifcopale de l'empire ruffien , Capitale du duché de même nom, fur le lac de Kotri, à fix lieues de Jaroflaw & à quarante de Mofcow. Long. 58: las, 57. 6. (D...) | ce ROSTOF, Le duché de ÿ(Géog. mod.) duché de l’em= pire ruffien, borné au nord par celui de Jaroflaw ; au midi par celui de Mofcow, au levant par celui de Sufdal, & au couchant par celui de Tuer. Rof- tof où Roflow étoit autrefois le premier duché de la grande Rufñe après celui de Novogorod ; & on le donnoit par appanage aux feconds fils des grands ducs. Mais Jean Baflowitz ne pouvant foufitir de fouverains au milieu de fes états, fit maflacrer le der- nier duc de Roffoy en1566, & réunit le duché à fon domaine. On ne connoît dans ce duché que la cul- ture de l'ail & des oignons qui font la nourriture des habitans. Roffof en eft la capitale. (2. J:) ROSTRALE, COLONNE, (Archi) colonne of- née de pouppes & de proues de vaifleaux & de ga- léres avec ancres & grapins, ouen mémoire d’une Miétoire navale, comme la colonne tofcane qui eft au Capitole ; ou pour marquer la dignité d’amiral ; comme les colonnes d'ordre dorique qui font à l’en- trée du château de Richelieu, du deflein de J acques Lemercier. Daviler, (D. J.) : ROSTRALE |; Couronne (Æntiq. tom.) corona rof= trals,couronne relevée de proues & de pouppes de navire, dont on honoroit un capitaine, un foldat qui le premier avoit accroché un vaiffeau ennemi ; Tome XIV, ROT 4% ou fauté dedans. Marcus Vipfanius Agrippa ayant obtenu cette couronne après la défaite de Sextus Pompeius , 1l fut depuis lors regardé par les Ro= mains avec tant de diftinétion , qu’on le jugea Capa= ble de détrôner Augufte , & de rétablir la répübli- que. (D, J.) nr All ROSTRES , f. m. pl. (4arig. rom.) roftra, Les rof° tres étoient un jubé environné de becs ‘de navires. Ce jubé étoit placé devant la cour appellée Æoffilia, où le fénat s’afflembloit fort fouvent. On doit fe repréfenterles roffres comme une ef pece de plate-forme dont la bafe étoit ornée de becs de vaifleaux tout-autour, Au-deflus de la plate-forme il Y avoit un fiege ou une efpece de tribunal, dite la tribune aux harangues , fur léquel montoient les magiftrats & ceux qui vouloient parler au peuple. Ce bâtiment régnoit prefqu’au milieu de la place romar: ne : on en voit encore la figure dans les médailles, | Il y avoit deux offres ; roffra vetera & roftra novas Aügufte fit élever ces derniers, & les décora des proues de vaïfleaux quil avoit pris à la bataille d’Aétium. Les pfemiers étoient entourés: de becs de navires enlevés fur les Antiates dans le premier combat naval que gagnerent les Romains. (D. JT _ ROSTRUM NEMArTIZ , Géog. anc.) ville de la Vindélicie, Elle eft marquée dans l'itinéraire d’Ans tonin, fur la route de Lauriacum à Brigantia , entre Augsbourg & Campodunum, à viñgt-cinq milles de la premiere de ces places, & à trente-deux milles de la féconde. Simler dit que c’eft aujourd’hui Mem- mingen. (D; J.) _ ROSWANGEN, (Géog. mod.) où ROSWEIN où RUSPEN , petite ville d'Allemagne dans la Saxe, fur la Mulda, près de l'abbaye de Zell, entre Do- beln & Noffen, (D.J) vi ROTS & VENTS, £ m. pl. (Médecine) vapeurs qui s’élevent de l’eflomac, & qui fe rendent avec bruit par la bouche. La caufe des rors eft une matiere élaftique que 14 chaleur , l’effervefcence, ou la fermentation dilate, qui eft retenue un moment, & qui-le moment fui vant, les obffacles qui s’oppofoient à fa fortie ve: nant à ceffer ; eft fortie avec bruit, L'air, les fels de différente nature, les fruits , les humeurs putrefcentes , les végétaux fermentans , fourniflent aux ross & aux vers une matiere dont limpétuofité & la puanteur varient fuivant leur qua: lité. | Cependañt toutes ces chofes fortent fans aucun effort, quand elles trouvent les pañages libres & ou- verts ; ainfi l’œfophage & les ofifices du ventricule, font par leur contrattion fpafmodique & leur relà: chemerit alternatif, les caufes de ces fymptomes. C’eft cette matiere expulfée qui donne origine aux pets, aux vents , aux borborigmes, Si ces deux caufes, favoir la produdion des vents & leur reflerrement occafionné par les fpafmes con- courent enfemble, agiffent avec force , & durent long-tems; alors la matiere élaftique, qui fe raréfie par la chaleur, par le mouvement , & par fa propre vertu, venant à être reflerrée dans une cavité que la convulfion de fes fibres retrécit, dilate » diftend avec douleur les membranes qui la génent, & compriment les lieux voifins, d’où naiflent des anxictés & des douleurs infupportables, qui difparoïflent dès que les vents font {ortis ; fi la flevre fe Joint à ces maux, elle caufe des douleurs inexprimables. Le traitement confifte, 1°, à diffiper la matiere par des délayans, les boiffons aqueufes, chaudes, un peu aromatiques, par des remedes, qui, en difli- pant équilibre des {els, font dominer celui qui cons vient , qui corrige la putréfaétion & appaile la fermentation. 2°. A modérer lé couts tumultueux des efprits, & appaifer les bd ss des fe= 378 ROT medes convenables; tels font l’opium &c les anti- hyftériques. 3°, À ufer de fomentations, d’épithemes ses émolliens, anodins & un peu aromatiques , de ventoufes appliquées à l’abdomen fans fcarifica- tion , les lavemens émolliens, purgatifs, légerement irritans. Le moyen de prévenir ces maladies, c’eft de s’ab- flenir des alimens venteux ou flatueux, tels que les fruits cruds, les légumes, comme les pois, les hari- cots , les choux, êcautres alimiens qui contiennent une grande quantité d'air. RÔT, f. m. ( Cuifine. ) viande rôtie à la broche; | l'on diftingue deux fortes de rss, le gros rés , & le petit ou menu ré. Le gros rt eft la grofle viande rôtie, comme aloyau ; quartiers de veau & de mou- . ton, &c. Le menu rés eft la volaille ; le gibier, enfin ce qu’on appelle les periss piés, Ror.; f.m. ( Tifferanderie.) c’eft le nom du chañfis des Tiflerands, par les ouvertures duquel paffent les fils de la chaine d’une étoïife; les ross s’appellent au- trement peignes , lames, &c. Savary. (D. J.) ROT, ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la Franconie, au marcgraviat d’Anfpach, fur uné pe- tite riviere de même nom, & à ; mulles de Nurèm- berg. (D.J.) | ROTATEUR , f. m. ez Anatomie, eft le nom qué l’on donne aux mufcles obliques de l'œil, nommés ainfi de la direétion de leurs fibres circulaires, & de leur ation amateurs, Voyez AMATEUR, OBLIQUE, & ŒIL. | ROTATEUR , le, ( Sculpe. antig.) c’eft ainfi qu’on appelle une belle figure déterrée dans les fouilles de Romée, & tranfportée ily a près d’un fiecle dans le palais ducal de Florence. Cette figure repréfente l’efclave qui, fuivant le récit de Tite-Live,, Zv: II. ch. iv, entendit par hafard le projet que faifoient les fils de Brutus pour rèta- blir dans Rome les T'arquins, & qui fauva la républi- su naiflante ,: en révélant leur conjuration au con- ul. Prodiia laxabant portarum clauffra tyrannis Exulibus, juvenes ipfius confulis & quos , &c. Occulta ad patres produxit crimina fervus. Matronis lugendus. Juyénal, far. va. Les perfonnes les. moins attentives remarquent, . en voyant cette ftatue, dit M. l’abbé du Bos, que cet éfclave qui fe courbe & qui fe montre dans la pof- ture convenable pour aiguifer le fer qu’il tient, afin de paroïtre uniquement occupé de ce travail , eft néanmoins diftrait, & donne fon attention , non pas à ce qu’il femble faire, mais à ce qu’il entend. Cette diftraétion eft fenfible, dans tout fon corps, & principalement dans fes mains & dans fa tête, Ses doigts font bien placés comme ils doivent Pêtre, pour pefer fur le fer, & pour le prefler contre la pierre à aiguifer , maïs leur aétion eft fufpendue. Par un gefte naturel à ceux qui écoutent en craignant qu'on ne s’apperçoive qu'ils prêtent l’oreaille à ce qu’on dit, notre efclave tâche de lever aflez la pru- nelle de fes yeux, pour appercevoiït fon objet fans lever la tête, comme il la leveroit naturellement, s’il n’étoit pas contraint. (D. J. shin:h .. ROTATION, f. f. terme en ufage dans la Mécha- ñique, pout exprimer le mouvement d’un corps qui roule ou qui tourne. Voyez ROUE, 6e * ROTATION, enterme de Géométrie fignifie la révo- lution d’une furface autour d’une ligne immobile, qu'on appelle laxe de rotation. Voyez AXE. © Les furfaces planes engendrent ou. forment des folides par leur rotation. Voyez SOLIDE € ENGEN- DRER. | . M. de Moivre, dans fon effai fur. les ufages de la gréthode des fluxions, a donné, ainfi que plufeurs au- ROT ttes anteurs , la méthode pour trouver plufeuts fe lides engendrés par cette rotarion, Il remarque que la fluxion de ces folides eft le produit de la fluxiori de labfcifle par la bafe circulaire ; dont l’ordonnée eft le rayon ; & lorfque cette fluxion eft intégrable, on trouve la valeur du folide, que l’on peut repré- fenter par un cylindre de même bafe. Suppofant done : UC: Er 1e Lo 2 D: que lé rapport du quarré du rayon où cercle foit , & que l'équation qui renferme la nature ou les pro= priétés d’un cercle dont le diametre eft f, foit y y = : : dx—4%" d : fé=xx; il s'enfuit que #%72=2* € eff Ja fluxion ou la différentiellé d’une portion de fphére; par con: 2 3 féquent cette portion fera += - « Or le cylin- dre circonfcrit fera (ES) xx, Donc la por- tion de fphete eft au cylindre circonfcrit comme : à #, c’eft-à-dire en raïfon de à à 3. Tranf! philofoph. n. 216, On pett déteriiner paf uñe méthode à peu-près femblable , les furfaces courbes des folides engen- drés par cette rofarion ; car la fluxion de la furface eft le produit de Parc infiniment petit de la courbe par la circonférence de cercle dont l'ordonnée eft le rayon, Ainf dans la fphere, l’élément ou fluxion du cercle qui l’engendre , eft —f2* ZY fx—xx &t le rapport du quatré du rayon au cercle étant ”, le rapport du rayon à la circonférence fera = ; donc la circonfé- rence dont l’ordonnée y fx — x x eftle rayon, fera V'Frx— 2% PSE; donc l'élément de la furface eft en = dont l’intégrale eft sn c'eft-à-dire que la furface d’une portion de fphere déterminée par l’ordonnée V'fx— xx & par l’abfcife x, eft égale à celle d’un cylindre qui auroit pour hauteur l’ab{cifle x, & pour bafe un cercle décrit du rayon 2 fphere. | Rotation eft auffi un terme en ufage dans lAftro- nomie. Voyez RÉVOLUTION. ROTATION DIURNE , voyez TERRE & DiuRNe. ROTATION, ff. (Anarom.) les Anatomiftes en- tendent ordinairement par le mot de rosarion , des mouvemens réciproques d’une partie du corps hu- main, autour de la longueur ou de l'axe de la même partie, &t ils appliquent fpécialement ce terme aux demi-tours réciproques de la cuifle, par lefquels homme étant debout, tourne le bout du pié en-de- hors & en-dedans ; mais M. Winflow étend ce terme à tous les autres demi-tours femblables, qui s’obfer- vent dans les mouvemens du corps humain ; tels font ceux de la tête, du cou, du thorax, du baffin, ê&t même de tout le tronc, par lefquels on tourne ces parties à droite & à gauche. | Columbus , anatomifte romain , & contemporain de Véfale, avoit déjà remarqué, dans fa defcription des mufcles du bras & des mufcles droits de l’œil, que cette efpece de mouvement en rond n’eft que la combinaifon fucceflive de Pattion des mufcles rele- veurs, abaïfleurs , adduéteurs | & abduéteurs. Ce n’eft pas feulement avec le bras & la cuiffe que l’on peut faire ce tournoyement, on le peut encore avée l’avant-bras fléchi, la jambe fléchie,, la man & le pié; on le peut auf avec la tête & le tronç, La mé: 4 . égal au rayon de Ja Chaniquereft en effet différente dans les différentes "parties. Le mouvement conique du bras & de la cuifle fe fait par une feule articulation. Celui de * Pavant-bras fléchi & de la jambe fléchie ne fe peut faire que par le moyen de plufieurs articulations. 11 eft évident qu'il en faut encore davantage pour la tête & le tronc en pareilles occañons. On defline communément certains mufcles pour faire la rotation , ou les demi-tours réciproques de la cuifle, & ones appele muftles rorateurs de cette par- te, I eft certain qu'ils y contribuent quand la cuifle ft dans une même ligne droite avec le Corps, com me quand. on eft droit débout, où couché de tout fon long. Mais la cuifle étant fléchie, comme quand on eft affis, ces mufcles ne peuvent po nt du tout faire cette rofation, ni y Contribuer en la moindre chofe, car alors ils deviennent abduéteurs où adduc- teurs, 6 ceux que l’on borne ordinairement à l’ab- duétion ou Padduétion deviennent rotareurs. Ainf il faut néceffairement diflinguer la rosarion de la cuifle étendue d’avec celle de la cuifle fléchie, 8& non pas attribuer l’une &c Pautre aux mêmes mufcles. On peut encore rapporter à la rorarion les demi- fours réciproques de la main, que les Anatomiftss appellent proration & fupination, & qui fe font prin- cipalement par le moyen du rayon; je dis principa- lement, parce que M. Winflow a fait voir dans fon anatonue, que ce neft pas toujours le rayon feul qui eft mu pour faire la pronation & la fupination , comme on le croit & comme on ie montre ordinai- rement. Ces mouvemens de pronation & de {upina- ion fe font par le moyen de trois os en même tems; les quatre mufcles auxquels feuls on à attribué la pronation &c la fupination n’y fuflifent pas, il en faut encore d’autres, pour des petits mouvemens d'élévation, d’abaïfiement, d'approche, & d'éloigne- mentide l’extrémité de Pos du coude. F'oyez Les Me- noires de l'acad. des Sciences année 1720. (D,J ROTE,, ff. ( if. mod, )°eft le nom d’une cour où jurfdiéhon particuliere établie à Rome pour connoire des matieres bénéficiales de toutes Les pro- vinces quin'ont point d'indult pour les agitér devant leurs propres juges. Voyez BÉNÉFICE. Cettercour eit compoiée de 12 confeillers qu’on nomme awditeurs de rote. [ls font tirés dés 4 nations : d'Italie, France, Efpagne & Allemagne : il y éna 3 romains, un florentin, un milanois, un de Bo- logne , unde Ferrare, un vénitien,un françois, deux efpagnols & un allemand. Chacun d’eux a fous lui 4 clercs ou notaires, & le plus ancien des auditeurs fait l'office de préfident. On porte à leur tribunal toutes les caufes bénéficiales , tant de l’intérieur de Rome que de l'Etat eccléfiaftique, lorfqu'i y a ap- pel; 1ls jugent de plus toutes les caufes civiles au- deflus de $oo écus. Onlesappelleauff chapelains du pape, parce qu'ils ont fuccèdé aux anciens juges du facré palais , qui donnoient leurs audiences dans la chapelle du pape. Voyez CHAPELAIN. | À égard de la dénomination de rore, qui vient de 704, roue, quelques auteurs la font venir de ce que les plus importantes affaires de la chrétienté roulent, êt pour anf dire, tournent fur eux. Ducange fait venir ce mot de roza porphyretica, parce que le car- reau de la falle où ils s’aflembloient d’abord , étoit de porphyre, & fait en forme de roue; 8 d’autres en- fin. de ce que les auditeurs de rose, quand ils jugent, lont rangés en cercle, Le revenu de ces places peut monter à environ nulle écus par an, & c’eft le pape qui les paie. Il leur eft défendu fous peine de cenfure, de recevoir au- cune autre rétribution pour leurs fentences, même par forme de préfent. Pour qu’une affaire foit décidée à la roce , 1l faut trois fentences confécutives dont la Tone X1 Fr. RO T 379 derniere Coñtient les railons, autorités ou motifs fur lefquelles eft fondé le jugement; & lorfqu'il eff ren- du, les parties ont encore la reffource dela requête civile, au moyenide laquelle la caufe peut être por- tée & revue devant le pape à la fignature de grace. Les audiences de larore fe tiennent tous les lundis, hors le tems des vacances qui commencent la pre- miere femaine de Juillet, & durent jufqu’au premier d'Oétobre. La rentrée eft annoncée par une nom breufe cavalcade , où les deux derniers auditeursde rose fe rendent au palais fuivis de tous les officiers in- férieurs de leur tribunal & de plufieurs gentilshom- |. mes que les cardinaux , ambafladeurs, princes & feigneurs romains envoient poufleur faire corteue; &t lun des deux prononce une harangue latine fur quelque matiere relative aux fon@i0ns du tribunal de la rose , & en préfence des autres auditeurs qui fe font auf rendus au palais apoftolique \C’eff encore un des privilepes des auditeurs de rote,que de donner le bonnet de dofteur en l’un & l’autre droit aux fu- jets qu’ils en jugent capables. ROTELEN, ( Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne, dans lemarcoraviat de Bade-Dourlach,à une heue de Bâle, avec un château. ( D. J. ROTENBERG 04 RODENBORG, (Géog.mod,) petite ville d’Allemagne, au cercle de Weftphalie, dans l'évêché &c près de Ferden. Il y a une autre petite ville du même nom en Fran- come, dins Pévêché de Wurtzhourg. ( D. J. ) ROTENBURG, ( Géog. mod.) prononcez Roren- bourg. Il y a quatre villes de ce nom en Allemagne, 1°. Rorenburg, ville libre & impériale, dans la Francome, fur la rivierede Tauberg. Elle fut fondée au commencement du vj. fiecle , & fes habitans étoient encore payens, L'empereur Frédéric L. léri- gea en ville libre de l'empire. Les troupes fuédoifes, françoifes, impériales & bavaroifes la prirent, & la ruinerent tour-à-tour dans le dernier fiecle, Tous les habitans de cette ville & du comté de fon nom font luthériens, Long. 27. 45. Jatir. 49. 20. 2°. Rorenburg, ville de Suabe , au comté d’Hohen- berg , fur le Necker, à $ lieues au couchant de Tu- bingén, avec un château de même nom & titre de comté. Long. 26. 28. latit, 48. 24, 3 + Rotenburg, petite ville de l'évêché de Spire appartenant à l'évêque de Spire. 4°, Rorenburg, ville du pays de Heffe fituée entre des montaenes, fur la riviere de Fulda, avec un château bâti en 1574 par Guillaume IV. landgrave de Heffe, _ Cette ville eft petite; maïs elle a été illuftrée par la naïflance de Dichmar ( Jufle-Chriflophe) , auteur de plufieurs ouvrages curieux. Voici les principaux: 1°. differtationes academice ex jure publico naturali @ hifloriä » Écc. Lipfie, 1737 in-4°. La plüpart de ces pieces roulent fur des matieres intéreflantes À l’AL lemagne , comme de Porigine des életteurs , du faux Valdemar, prétendu marcyrave de Brandebourg, Ge. 2°. Caïi Cornelis Taciti, de tu moribus € populis. Germanie, libellus, Francof. 172 5- L'auteur y a joint un commentaite perpétuel &c hiftorique furles noms, la fituation, les aétions des peuples de l'Allemagne, les fociétés qu’ils ont formées , leurs mœurs, leurs droits, l’origine de leurs coutumes , &c. c’eft le meil- leur ouvrage qu’on ait fur la Germanie de Tacite. L'édition et fort jolie, maisellea un grand défaut , c’eft d’être peu correéte. 3°. Hiftoire & defcription de ordre de S. Jean, à Francfort {ur l'Oder 1728, in-4°. en allemand, avec des planches. 4°, Commen= . tatio de ordine militari de balneo. Francfort, 1720, i17- fol. Le roi George L. ayant voulu rétablir l’ordre de chevalerie du bain, M. Dithmar fit alors cet ouvrase auquelil a joint les flatuts de cet ordre en anglois, avéçune traduétion latine, 5°, Introduétion à la con, Bbb à j 380 R OT noiffance des fciences qui concernent l'adminiftras = tion des domaines, des finances, & de Ja police. Francfort,1730,17-8°.en allemand L'auteur eftmort en 1737, à 60 ans. Voyez fa vie dans la &6liorh: ger- man. tom. A LIT, arr. 0. ( Lechevalier D£ Ja u- COURT.) ROTENFELS, ( Géog. mod.) nom de deux pe- tites villes d'Allemagne ! dônt l’une eft {ur la Moër, dans l'évêché de Wurtzhourg, & appartient à Pévé- que ; l’autre dans Pévêché de Spire, appartientpaz reillement à l’évêque de Spire. Il y a aufñi une fei- gncurie de Rorenfels, qui forme dans l’Aleowun bailliage aflez étendu , dont le bourg de même nom . eft le chef-lieu. (D. J.) | ROTENMANN , (Geog. mod.) ville d'Allemagne, dans la hauteStirie , dans la vallée de Palten , &c à huit milles de’Leuben. Lazius prétend quecette ville eft le Caffra-montana Antonin ; mais il n'apporte pour preuves que de foibles conjedures. (D. J) : ROTER, v. n. (Gram.) voyez l'article Rots & VENTS. ROTER fur l'avoine, {e dit d’un cheval désoûté qui ne veut pas manger {on ayoine, ou de celui à qui on en a trop donné, & qui ne fauroit l’achever. Ro- ter [ur la bejogne , fe dit d’un cheval pareffeux ou fans force Qui ne fauroit fournir fon travail. ROTERDAM, ( Géog. mod. ) ow plutôt Rorter- dam, Ville des Pays-Bas, dans la Hollande, fur la droite de la Meufe, à 3 lieues de la Haye, à 2 de Delft, & à ; dela Brille. | Il ne faut point douter que fon nom ne vienne de ce qu'elle fut bâtie à l'embouchure de la Rotte:; on ne fait point en quel tems, mais on fait qu'environ l'an 1270, elle fut érigée en ville; car on y fit des remparts, & On [ui donna dés privileges. Sa fituation fur la Meufe lui efl extrèmement favorable pour le commerce; cette riviere qui en.cet endroit a près d'une demui-lieue de largeur, lui forme un port aflez profond , pour que les plus gros vaiffeaux viennent charger jufqu'au mieu de la ville , à la faveur d’un canal, où des eaux de la Meufe entrent par la vieille tête. Cette commodité pour charger & pour déchar- ger, eft caute qu'il fe fait plus d’embarquemens à Rotterdam qu'à Amfterdam. En levant l’ancre à Ror- zerdarr, On peut d’abord cingler en pleine mer, qui n'en eff éloignée que de fix lieues; de forte que les vaifleaux qui partent, peuvent s’y rendre dans une marée; au lieu qu'à Amfterdam on eft obligé d’aller faire le tour des îles du Texel. Quoique Rorterdam ait le dernier rang parmi Les villes de la province, elle ne le cede cependant en richefles & en beauté qu’à Amfterdam; elle eftle fie- ge de l’amirauté de la Meufe. Elle eft arrofée de fepr canaux ornés de quais & d’allées d'arbres, Les mai- fons y font à la moderne &t très-propres. La bourfe ‘ft un beau bâtiment, ainf que l'hôtel-de-ville, les arfenaux & les maïfons des compagnies des Indes. Le gouvernement eft entre les mains de vingt-quatre confeillers, dont quatre font bourgmeïtres. Long. fuivant Cafini, 22.21, 30!. Jarir, 31, 551, 45". Rotterdam eft la patrie d'Erafine, & elle a érigé une ffatue à la mémoire de cet illuftre perfonnage, Voilà en deux mots Péloge de cette ville. Si Homere avoit été aufli eftimé durant fa vie qu’il Pa été après fa mort, plufeurs villes euflent vainement/afpiré à la gloire de Pavoir produit; car celle qui auroit eu véritablement cet avantage, en auroït donné promp- tement des preuves inconteftables; mais aucune dif- pute fur la patrie d’Erafme; la grande réputation où il a été pendant fa vie , a prévenu ces fortes de liti- ges. Rorterdam a compris de bonne heurefes intérêts, êt a tellement affermi les titres de fa pofleffion , qu'on ne fauroit plus la lui difputer, Il a fallu être alerte ; car le tems auroit pu jetter mille doutes {ur ce point, puifque la mere d'Erafme dont la condi- tion étoit médiocre, n’avoit cherché à Rorrerdatm que les moyens de cacher cetternarflantce. Elle arriva le 28:O&tobre 1467, & Penfant dont : elle accoucha, devint le plus bel efprit &c le plus fa- vant homme de fon fiecle, Ayant pérdu fon pere & fa mere , fes tuteurs l’obligerent de prendre Phabit de chanoine régulier dans le monaîtere de Stein , proche Tergou,, où 1l fit profeffion malgré lui en 1486, & où1il s'amufa quelque tems à" la peinture. Enfuiteil alla étudier à Paris au college de Montai- gu. De Paris 1l paffa en Angleterre, où il s’accom- moda merveilleufement de Pérudition & des autres avantages de ce royaume. Il marque en divers endroits qu'il étoit charmé de cepays-là, où 1l avoit rencontré plufieurs illuftres Mecenes, & le triomphe des fciences.iil avoue ingé- nument que le grand éclat des lettres dont ilavoit fé- licité l’Angleterre,.commençoit à l'en rendre un peu jaloux. 11 prétend même que les gens doétes dont elle abondoït en toutes fortes de {ciences, pouvoient être un objet d’envie pour lItalie. Il remarque que cette gloire étoit un ancien partage de la nation, & il nous apprend que les grands feigneurs s’y diftin- guoient en paruculerpar la culture des fciences: ce qui eftencore aujourd’hui un avantage en auoi la noblefle angloife furpañle celle de toutes les autres nations du monde. S'il difoit tant de bien de Angleterre, lorfqu'ilen parloit férienfement, il n’en faïfoit pas une defcrip- tion moins pleine d’attraits , lorfqu’il prenoit fon fty- le enjoué. Voyez ce qu'il écrivit à Andrelin, pour l'attirer en ce pays-là. $2 Brirannie doses fatis pernof ces, Faufle, 6 tu alatis pedibus hic accurreres, etf£ podagra tua nonfineres , Dadalum tefieri optares, Nar ut.è plurinis unum quiddam attingam ; funr hic nym= phœ divinis vultibus, blande , faciles, 6 quas.eu ruis camænis facilè anteponas. Ef} pretereavmos nunquañs Jatis laudatus. Sive qud venias |, omnizm ofeulis éxcipe- ris; fve difcedas aliqud, ofeulis dimitteris, redis red- duniur fuavia ; venitur ad te, propinantur fuavia ; dif= ceditur abs te, dividuntur bafta ; occurritur alicubi , Ba- Jiatur affatim ; denique quocunque 1e moveas , fuavio- rutr plena [unt omnia. Que fi tu, Faufle , guflaffes fe- mel quam fent mollicula , quam fragrantia, profeëà eu- peres non decenrium folum , ur Solon fecir, fed ad mor- ter ufque in Anglié peregrinant, Epifl, Xi, F. p. 313: Vous voyez que les Anploïfes ne lui plaifoient pas moins que les Angloïs. Erafme vola d'Angleterre en Italie qu'il n’avoit pas encore vu. Il féjourna à Boulogne , à Venife où il publia fes adages, enfuite à Padoue, & enfin à Rome, où fa réputation étoit grande, &où il fut très-bien reçu du pontife 8 des cardinaux, particu- Herement du cardinal de Médicis, qui fut depuisile pape Léon X, SU be Ea 1509, 1l fit un fecond voyage à Londres, & demeura chez Thomas Morus, chancelier d'Angle- terre. C’eft-là qu’il compofa en latin l'éloge de la fo- lie ; mais finalement ne trouvant point dans cette île l’établiffement que fes amis lui avoient fait efpérer, ile vit obligé de fe rendre en Flandres, où Charles d'Autriche , fouverain des Pays-Bas , qui fut depuis empereur {ous le nom de Charle-quins le fit{on con- {eiller d'état, & lui afigna une penfion de 200 flo- ns , dont il fut payé juiqu'en 152%. Il ne tint qu’à lui d’être cardinal. [1 [eferoit deve- u fans doute fous Le pape Adrien VI. s'il eût voulu Jui aller faire fa cour, comme il en fut inftamment follicité par ce pape même, fon compatriote, fon ami & fon compagnon d’études. Sous Paul IL, lafai- re fut encore poufiée plus loin: le cardinalat devint un fruit mür pour Erafme; il ne lui reftoit pour le cueillir, qu'à vouloir tendre la main, I aima mieux ROT fe rendre Bâle, où il publia plufñenrs ouvrages ; fe plut dans cette ville, & y mourut le 12 de Juillet 1536. Il y fut enterré honorablement , & lon y fait encore beaucoup d'honneur À {a mémoire, Il feroitfuperilu de remarquet ici, qu’Erafne étoit un des plus grands hommes de la république deslet- tres, on hu doit principalement dans nos pays la res _ naïflance des fciences, la critique , & le goût delan- tiquité. C’eft un des premiers qui ait traité les ma- tieres de religion avec la noblefle & la dignité qui conviennent à nos myfteres. Il étoit tolérant, aimoit la paix, & en connoïfloit tout le prix. Sa diflertation ‘fur le proverbe dulce bellum inexperris prouve bien qu'il avoit profondément médité fur ce fujet , les grands principes de la raïfon, de l’évangile & de la politique. Maïs il eut beau vivre & mourir dans la communion romaine, & efluyer pour cette raïfon ” bien des injures de quelques zélés proteftans , il n’en a pas Cté moins maltraité durant {a vie & après {a mort, par plufieurs écrivains catholiques. C’eft en vain qu'il vit avec joie Les premieres démarches de Luther , & qu'il s’afligea , lorfqw’il crut le luthéra- nime prêt à fe perdre, il n’en fut pas moins accablé d'inveétives par Luther, & par quelques autres plu- mes du même parti; enfin fes féntimens modérés lui firent des ennemis dans toutes les fedes. Il étoit d’une complexion délicate , 6t de la plus grande fobrieté ; quant à l'amour, ilreconnoit qu'il n’en fur jamais l’efclave : vezeri, pour me fervir de fes termes , zunquam fervitum &, ne vacavit guidern dr cartss fludiorum laboribus ; c’eft très-bien dit , Cat l'orfiveté & la bonne chere font les nourrices de Îa luxute, | Holbein , fon ami particulier ; fit fon portrait à demi corps, que Beze orna d’une épigramme qu’on a fort louée, 8 qui n’a que du faux brillant; la voici cette épigramme, Tagens ingentem quem perfonatorbis Erafmum : lie tibi dimidium picta tabella referr. At cur non totum? Mirari defene, leëtor , Tntegranam totum terra nec ipfa capil. La penfée de Beze eft une faufle penfée, parce qu'un peintre n’a pas plus de peine à faire un portrait grand comme nature, lorfque c’eft Le portrait d’un lavant ou d’un héros dont la gloire vole pat-tout , que quand c’eft le portrait d’un payfan qui n’eft con- nu que dans fon village. La bonne édition des œuvres d’Erafine , eft celle d'Hollande,, en 1703. onze vol. fol. Ils contiennent des traités en prefque tous les genres ; erammaire , rhétorique, philoiophie, théologie , épitres, com- mentaires fur le nouveau teftament , paraphrafes, traduétions , apologies, &c. Tous ces traités font écrits avec une pureté & une élégance admirable. Au plus bel efprit de fon tems ; joignons un des premiers hommes de mer du dernier fiecle, que Rotterdam a vù naître dans fon {ein ; c’eft de Cor- neille Tromp que je veux parler, fils du grand Tromp ; il marcha fur fes traces, & fut le digne ri- val de Ruiter, Brandt a écrit fa vie: elle eft intéref fante , mais ce n’eft pasici le lieu d'en donner l’ex- trait ; 1l fufit de dire que Tromp fe trouva à plus de vingt batailles navales, & qu'il portoit par-tout la terreur & la viétoire ; c’étoient alors les jours bril- lans des beaux faits de la Hollande. Le comte d’Ef. trade écrivoit au roi de France , en 1666, « Tromp # acombattu en lion fur fix vaifleaux, les uns après » les autres ; mais il s’étoit engagé trop avant, 6c a + obligé Ruiter de tout hafarder pour le retirer, »# ce qui a bien réufi , & ce qui pourroit le faire # périravec toute la flote une autre fois ». La réputation qu'il s’étoit acquife dans lemonde, étoit fi grande, qu’au retour de la paix le roi de ia ROT 381 Grahde-Bretagne fouhaita de le voir, &r les comtes d'Arlington &: d’'Oflory furent Chargés de cette né gociation. Eromp fe difpofa à répondre à l'honneur que le roi lui faifoit , &le prince d'Orange lui-même l'accompagna jufqu’à la Brille, le 12 Janvier 16751 Il fe mit enmeravectrois yachts qui l’'atteñndoient: les ducs d'York, de Moëmouth, de Buckingham , & grand nombre d’autres feisneurs , allerent au-de= vant de lui, &le concours du peuple fut extraordi- naire; le roi Fhonora de la qualité dé baron, laren- dit héréditaire dans fa famille, & lui fit prefent de fon portrait enrichi de diamans. Au mois de Juin de cette même année, il commanda la flotte de quaran: te vaifleaux danois 8&rhoHlandois, contre les Suedois, &T remporta la vitoire ; le roi de! Danemarck lui donna Pordre de l'éléphant, & la qualité de comte, La guerre s'étant allumée avec la France ; le roi Guillaume IT. le nommaen 1691, pour commander laflote des états; mais peu de mois après mourut âgé d’environ 62 ans, Si quelques bruits chargerent la France d’avoir avancé {es jours, il ne faut admet tre des accufations auf graves & auf odieufes , que fur des preuves d’une force irréfifible, , Enfin Jacques duc Monmouth, néà Rortrda en 1649, a fait trop.de bruit dans l’hifloire pour ne pas parler de hu. Il étoit ls naturel de Charles IH, & la mere fe nommoit Lucie Wälters : le roi {ou pere ayant été rétabli dans fes états en 1660, le fit venir a fa cour, &eutpour luiune tendrefle extraordinai re; 1lle créa comte d'Orkney, duc de Monrmouth, pair du royaume , chevalier de l’ordre de la jarre- tere, Capitaine de fes gardes, & leutenant-pénéral defes armées , après fa vittoire contre les rebelles d’Ecofe, 11 pofledoit toutes les qualités qui pouvoient le rendre agréable à la nation; une bravoure. diftin- guée , lune figure sracieufe, des. manieres douces \ une générofité peuréfléchie ; ces qualités lurvalurent la faveur populaire, qui s’accrut beaucoup-par la haine qu’on portoit à la religion du duc d'Yorck ; cependant avec tant de part à l'afeion du peuple, 1] n’auroït jamais été dangereux s’il ne s’étoit aveu- glément refigné à la conduite de Shaftsbury , politi- que audacieux, qui le flatta de l’efpoir de fuccéder à la eourotine. - | Le duc d'Yorck connoïffant tout le erédit du due de Moñ#outh, le ft éxiler du royaume; Il choifit la Hollande pour fa retraite; & comme perfonne n'ignoroit la part qu'il avoit toujours eue à l’affec- tion d’un pere indulsent, il avoit trouvé toutes for: tes de diftinétions & d’honneuts , fous la proteétion du prince d'Orange, Lotfque Jacques étoit monté fur le trône, ce prince avoit pris la réfolution de con- gédier Monmouth & fes partifans ; ils s’étoient reti= rés à Bruxelles, où le jeune fugitif fe voyant enco ré pourfuivi par la rigueur du nouveau monarque , fut poufé contre fon inclination À former une entre. prife téméraire & prématurée {ur l'Angleterre, Il ne pouvoit fe diflimuler que Jacques avoit fuccédé au trône fans oppofition ; le parlement qui fe trouvoit aflemblé ; téoignoit de la bonne volonté à fatistai- re lacour, & lon ne pouvoit douter que fon atta- chement pour la couronne, ne donnât beaucoup de poids ä toutes les mefurespubliques. Les abus étoient encore éloïgnés de l'excès, & le peuple n’avoit pas encore marqué de difpofition à s’en plaindre amére- ment. Toutes ces confidérations {e préfenterent fans- doute au duc de Monmouth ; mais telle fut limpa- tience de fes partifans, telle aufi Ja précipitation du comte d’Argyle, qui étoit parti pour faire foule- ver lEcofle, que laprudence ne fut point écoutée, & le malheureux Monmouth fe vit comme entraîné vers fon fort. La bataille de Sedgemoor près de Bridgevwater , £e 302 ROT donna -en 2683 ; leiduc de Monmouth la perdit & s’éloigna par une prompte fuite; mais après avoir ‘fait plus.de vingtmilles, fon cheval tomba fous luis Al changea d’habits avec un payfan, dans l’efpérance de fe mieux cacher; le payfanfutrencontréavec ceux du fugitif, par quelques-royaliftes qui le pourfui- voient ; les recherches.en devinrent plus ardentes, & l’infortuné Monmouth fut enfin découvert au fond d'un foflé, couvert de fange, le corps épnifé de fa- tigue & de faim , lefprit abattu par l’image préfente de fes malheurs, & par celle du fort qui le menacçoit: la nature humaine n’a point de reflource contre une fi terrible fituation ; bien moins dans un homme amolli par une continuelle profpérité, qui s’eft cru furtout diftingué par lavaleur militaire. Monmouth ne put retenir fes larmes lorlqu'al fe vit entre les mains -de fes ennemis ; il. parut enfin s’'abandonner à l’a- mour, & même à l’efpérance de la vie. Quoique la grandeur de fes offenfes, &tle carac- tere de Jacques, .duffent lui faire comprendre qu’il ne falloit compter fur aucune grace, il lui écrivit dans les termes les plus humbles , & leconjura d’épargner le fang d’un frere qui n’auroit à avenir que du zele -pourfesintérèts. Le roi lui voyant tant de foiblefle -&T d’abattement, fe le fitamener, &cfe flatta de lui arracher l’aveudetous fes.complices; maïs quelque. pañlionque Monmouth eût pour la vie, il ne voulut point l’acheter parun infâme oubli de l’honneur, En reconnoïfiant l’inutilité de {es efforts , il reprit cou- rage de fon défefpoir,, &c ne:penfa qu’à fe difpofer à la mort , avec des fentimens plus dignes de ion ca- raëtere & de {on rang. Ce favori du peuple Anolois fut accompagné fur Téchaffaut d’une abondante & fincere effufñion de Jarmes ;.1l pria l’exécuteur de ne pas Le traiter com- me Ruflel., pour lequel 1lavoït eu befoin d’un coup tedoublé ; mais cette précaution neférvit qu'à l’ef- frayer ; il frappa Monmouth d'un coupfoible ; qui Jui laïfla la force de fe relever, & de le regarder au vifage , comme pour lui reprocher fonerreur ; il replaça doucement fa tête fur le bloc, & l’exécuteur lui donna deux) autres coups qui n’eurent pas plus d'effet ; à la fin 1l jetta fa hache , en criantiqu'il étoit incapable d'achever le fanglant ofhce ; les fchénifs l’obligerent de la reprendre , & deux.autres coups féparerent.la tête du corps. due Telle fut, en 1685, à l’âge de trente-fixans, lafin d’un feigneur que fes belles qualités, dans un tems moins tumultueux , auroient pu rendre l’ornement de la cour, & capable même de fervir fa patrie; je dis fa patrie, car Rorterdam n’étoit que fon lieu na- tal, 8 même par un pur effet du hazard. ( Le che- yalier DE JAUCOURT.) ROTEUR , 1. m. (Jurifprud. ) Rorhorium , c’eft le lieu où l'on fait rouir le chanvre ; comme le chan- vre corrompt l’eau, plufeurs coutumes & ordon- nances ont défendu de faire des roreurs en eau cou- rante. Woye la coutume de Normandie, article 29. recueil fur les ffatuts de Breffè., Pordonñance de 1669. &t çi-devant le mot ROSE. ( 4) ROTHER , ( Géog. mod, ) riviere d'Angleterre, Elle a fa fource dans le comté de Suflex , &c fe par- tage en deux bras quife perdent dans le Rye-Haven. (D. 1.) ROTHESS , ( Géog. mod.) ville d’Ecofle, dans la province de Murray, fur uñe petite riviere qui fe rend dans la Spey , à 92 milles au couchant d’Edim- bouro, Long. 1.26. lu. 56.10. (D...) ROTTI, { m. Voyez ROT. RoTI, participe du verbe rozr. Voyez ROTIR. ROTIE, £ £ (_Architeë. ) exhauflement fur un mur de cloture mitoyen, de la demi-épaiffeur de ce mur, c’elt-à-dire d'environ neuf pouces, ayec de _petits contreforts d’efpace en efpace, qui portent RO T far le refte du mur: Cet exhauflement fert pour fe couvrir de la vue d'un voïfin , ou pour palif{er les branches d’un efpalier de belle venue & en belle ex. poñtion ; 1l ne doit pas excéder dix piés fous le cha- peron, y compris la hauteur du mur, fuivant la cou- tume de Paris, à moins de payer les charges. Di, darchiteit, (D.J.) ROTIE, 1. f. (Cuifine. ) tranche de pain coupée menue, fur laquelle on étend du beurre, des confi- tures , rc. Si la rotie doit être trempée dans le vin, il faut que le pain foit gratté. On donne encore le nom de rorie à des tranches de pain grillées fur lef- quelles on a étendu & fait cuire des viandes feches & affaonnées d’épices. | ROTIER , f.m. ( Arifan peigner. )lesroriers font des artifans qui fabriquent les rots ou peigries, pour fervir aux métiers des ouvriers quitravaillent avec la navette, Trévoux. (D:J.) at . ROFIN , 1 m. (Commerce. ) forte de rofeau qu’on apporte des Indes orientales, dont on fait, «en les fendant par morceaux , ces meubles de cannes qui font d'un fi grandufage & d’un fi grand commerce en Angleterre & en Hollande; on en fait aufñi des cannes à marcher ou à lamain, en les carmflant de poignées. Savari. (D. JT.) ROTIN , fm. (verme de relation) on appelle rotiz aux iles Antilles, ceux des rofeaux oucannesà fucre quine s’élevent pas bien haut, {oit à caufe dela mauvaife terre où ils font plantés, foit par trop de féchereffe , foit pour avoir été mal cultivés, ou en- fn pour être trop vieux. Labar. ( D.J.) ROTING, 04 ROTINGEN, (Géog. mod.) petite ville êt feigneurie d'Allemagne, dans la Franconie, fur le Tauber. Elle appartientä l’évêque de Wurtzhoure. ROTIR , v. aët. ( Gram.) cuire en expofant au feu. On rozit laviande à la broche ; on rorit des mar- rons dans une poële, ou fous la cendre; on rer læ mine. ROTIR , en rerme de Tubletier-Cornerier ; c’eft lai éion d’échauffer les morceaux de corne fur une ef- pece de gril pour les rendre fufceptibles des façons qu'il fautleur donner. - ROTISSEUR , f. m. ( Corporation. ) c’eft celui qui fait rotir la viande, Il ne fe dit guere préfente- ment que du marchand qui habille, larde, & pique les viandes de lait, le gibier, &c lavolaille, pour les vendre en blanc, c’eft-à-dire crues, ou pour les dé- biter cuites après Les avoir fait rotir à leurs âtres ou cheminées. 1 Da La communauté des maîtres Rosiffeurs de Paris , n’eft pas une desmoins anciennes de cette ville; & l’on en peut juger auftyle de leurs premiers. ftatuts. Ces flatuts portent pour titre : ordonnances du métier des oyers & maïtres Roriffeurs ; &cette qualité d’oyers, qui fignifie vezdeurs d'oyes, fert à appuyer l'opinion que quelques auteurs ont du goût que les anciens habitans de Paris avoient pour cette forte de viande: qui a donné le nom à la rue aux houës ou aux oyes.,. dans laquelle anciennement demeuroient la plus grande partie des roiffeurs ou oyers, & où ilyena encore quantité de boutiques. Savary. ( D.\J.) ROTISSOIRE, 1. £. (Gramm. & Cuif.) machine qu’on peut comparer par fa forme à une garderobe faite de tôle ou de plaques de fer battues devant, der: riere, en-haut & en-bas, où l’on peut faire rôtir une grande quantité de viandes à-la-fois. La roiffoire eft propre aux communautés, hopitaux, grandes maifons, & autres endroits, où elle devient un meu-. ble-d’économie. ROTOLO , ox ROTOLI, f. m. ( Poids. ) poids dont on fe fert en Sicile, en quelques lieux d'Italie, à Goa, en Portugal, &z dans plufeurs échelles du Levant, & particulierement au Caire, &z dans les villes maritimes de l'Egypte. Quoique roso/o ait le ROT même nom dans tous cesendroits,, il y eftnéanmoins bien différent par fa pefanteur ; par exemple, le ro. tolo de Sicile pefe une livre & demie de Paris ; le ro- tolo portugais eft égal À treize oncés un gfos de Pa- ris ; au Caire cent dix roro! font cént huit livres de Marfeille. Savary. (D. J.) ROTONDE , f £ ( Architeë. ) bâtiment rond par dedans & par le dehors, foit une églife, un fal- lon , un veftibule, &c. La plus fameufe rosonde de Vantiquité eft le panthéon de Rome , dont Defgo- dets, dans fes édifices antiques, Palladio, Serlo, & Blondel , dans leur architeëtute, ont donné ia def- cription. Voyez ROTONDE, Archi. rom. F chapelle de l’Efcurial, qui eft la fépulture des rois d'Efpagne , eft appellée à Pimitation de ce bâti- ment le panthéon, parce qu’elle eft bâtie en roronde; la chapelle des Valois à faint Denis, étroit encore une roronde , de même que l’églife de PAfomption à Paris. ( D. J. ROTÔNDE LA, ( Archir rom.) nom moderne de l’ancien panthéon bâti fous Augufte, par Agrippa on gendre, à l'honneur de tous les dieux ; Bomfa- ce [V. en fit une cglife, qu'il confacra à la fante Vierge , & à tous les martyrs, | C’eft un bâtiment qui.a autant de largeur que:dé profondeur : il porte 158 piés en tout fens ; il eft fans fenêtres & fans piliers, & il ne feçoit de jour que par une ouverture pratiquée au milieu de la voûte ; cependant il eft fort éclairé. On monte äu toit par unefcalier de 150 marches ; &t de-là jufqu’au faite, il y a encore 40 marches, Voici la defcription qu’en fait Palladio, & qu'il a accompagnée de pluñeurs plans qu’on trouve dans fon quatrieme livre. De tous les temples qu’on voit à Rome, dit-il, 1l n’y en a point de plus célebre que le panthéon, com- munément nommé /a roronde, ni qui foit refté plus entier, puilqu'il eft encore aujourd’hui, au-moins quant à la carcaffe, prefque au même état où il a tou- jours été ; mais on l’a dépouillé de la plüpart de fes ornemens , & par conféquent des excellentes ftatues dont il étroit rempli. | Sa rondeur eft tellement compañlée , que la hau- teur depuis le pavé jufqu’à l'ouverture quil donne le jour , eft égale à fa hauteur prife diaméträlement d’un côté du mur à l’autre. Queïqu’à préfent on def: cende par quelques marches dans ce temple, cepen- dant 1] eft vraifflemblable qu’ôn ÿ montoit par quel- ques degrés. ou ho 4 Tout ce temple eft d'ordre cotinthien, tant par-. dehors que par-dedans; la bafe des colonnes eft com- pofée de lattique & de l’ionique ; les chapiteaux font de feuilles d'olive; les architraves , frife, & corni- ches , ont de très-belles moulures, & peu chargées d’ornemens. Dans l’épafleur du gros mur qui fait l'enceinte du temple, 1l:y à de certains efpaces vui- des pratiqués exprès tant pour épargner la dépenie, que pour diminuer Île choë dés tremblemens de terre. | | , Ce temple a en face un très-beau portique , dans la frife duquel on lit Les mots fuivans : | M. Agrippa L.F,Cos: Tertinm fecir, ._ Au-deflus de l’arciutrave, onlit une autre infcrip- tion en plus petits caratteres, qui fait connoïtre que les empereurs Septime, Sévere, & Marc-Aurele, ré- parerent Les ruines de ce temple. Le dedans du temple eft.divilé en fept chapelles avec des niches pratiquées dans l’épaifleur du mur, & qui, felon les apparences, contenoient autant de * ftatues. Plufieurs croient que la chapelle du mile, qui eft, vis-à-vis l’entrée du temple, n’eft pas anti- que, parce que fon fronton entrecoupé quelques colonnes du fecond ordre ; ils ajoutent pour appuyer leurs fentimens , que foûs le pontficat de Boniface, - ROT 363. qui dèdia ce temple au culte du vrai Dieu; il fut orné conformément à Pufage des Chrétiens, qui ont toujours un autel principal dans l'endroit le plus ap: parent de leurs églifes. Néañnmoins confidérant la grande maniere de cet autel, harmonie que fes par: tiés font avec le refte de l'édifice, l’exééllent travail de tous lès membres qui le compofent ; Palladio ne doute point qu'il nefoit aufli ancien que tout le refte, Cette chapelle a deux colonnes, une de chaque côté, qui font hors d'œuvre, & ont une canneluré touté particulere; var l’efpace qui fépare chaque canne- lure, eft enrichi de petits tondins fort proprement travaillés. | Aa 24 Les efcaliers qui font aux deux côtés de l’entrée, conduifent fur les chapelles par des petits corridors fecrets, qui regnent tout-au-tour dutoît, & montent jufqu’au fommet de l'édifice, Palladio. ( D. I.) ROTONDE , ( Hiff. des Modes. ) c’étoit un collet empefé que les hommes portoient én France dans lé derniér fiecle, 8 qui étoit monté fur du carton pour le ténir en état. (D. J.) ROTONDITÉ, {.f. en Phyfique ; il fe dit quel: quefois au lieu de /phéricité où rondeur, Voyez Spn£- RICITÉ. | | ROTTA , (Géog. mod. ) Roja , felôn M. de Life, riviére d'Italie, dans le Piémont , au comté de Nice; elle a fa fource dans les montagnes du comté de Ten: de ; mouille la ville de ce nom, traverfe la partié orientale du comté de Nice, &c fe jette dans la mer. de Gènes , à Vintimiglia : cette riviere elt la Riruba des anciens. (D. J.) ROTTE , f. £ ( Poids du Levant. ) ce poids d’u- fage au Levant, eft plus où moins fort, fuivant les lieux où l’on s’en fert. Les cent rorfes de Conftanti- nople & de Smyrñe, font ceñt quatorze livres de Paris, d’Amfierdam, de Strasbourg , & de Befan- çon , les poids de ces quatre villes étant égaux. Sa- vary. (D.J.),. | * ROTULE , L £. en Anaiome, eft un os qui cou- vre la partie antérieure de la jointure du genou. . La rotule eft arrondie en-dehors , à-peu-près de la figure d’un écu , couverte d’un cartilage uni, & d’en- viron deux pouces de diametre ; lestendons dés muf- cles qui fervent à étendre la jambe, slifent deflus comme fur une poulie. Mais fon ufage le plus immédiät éft d'empêcher la jambe de ployer en-avant en s'étendant : &c c’eft un cas qui arriveroit néceflairement dans cette artis culation , fi cet Os comme ün appui ne tenoit la jam- be en refpeét quand elle roule en-avant ; de même que l’olécrane émpêche le coude de ployeren-arrie: re. Voyez OLÉCRANE. CALE | Dans la pofture droite quand un pié eft étendu en- avant , tout le poids du corps porte fur la rosule, qui dans cette fituation , empêche le genou de fe ren- verfer en-arriere, & de trop tendre les mufcles qi l’arrêtent derriere. C’eft delà que le lutteur de Ga- lien, qui avoit la rorule difloquée, avoit tant de peine à defcendre la montagne. | Un célebre anatomifte confidere la roeule pat rap- port au tibia, comme lolécrane par rapport au cu- bitus; 1l penfe que ces deux éminences ont les mê- mes ufages à l'égard des mufcles extenfeurs de la- Vant-bras, & de ceux dela jambe; c’eft-à-dire, qu’el- les en augmentent la force, & les garantiffent de la compteflion à laquelle ils euffent été expolés, fans leurs fecours : on doit ajoûter que lolécrañe fert en- core à. affermir l’articulation du cubitus avec l’hu- metus ; Car perfonne n'ignore que ce.ne foit cette éminence du cubitus qui empêche l’ayant-bras de fe plier en-arriere ; au lieu que la jambe-n’eft empêchée de feplier en-devanñt, que par lafituation particulie: te de fes ligamens latéraux ; c’eft auf pour ces ufa- ges différens que Polécrane ne fait qu'une feule 8 394 ROT même piece avec l'os du coude, &c que la rorule au contraire fe trouve détachée du tibia, ou du-moins qu'elle ne lui eff jointe que par un ligament flexible, qui n’apporte aucun obftacle aux mouvemens demi- circulaires que la jambe fait étant demi-fléchie, def- quels mouvemens elle auroit été incapable fi la ro- : zule & le tibia n’avoient fait enfemble qu’une feule & même piece. ( D. J.) ROTULE , fraülure de la rotule , maladie de chirurgie aflez fréquente, &furlaquelle on n’a que depuis peu de tems des notions précifes. Quoique la rosxle {oit expofée, comme tous les autres os du corps , à être fra@urée par des caufes violentes extérieures, comme coups , chutes, il eft beaucoup plus ordinaire de voir la fraêure tranfverfale de la rosule caufee par le fim- ple effort des mufcles extenfeurs de la jambe, com- me on le remarque dans la rupture du tendon d’Achil- le. Voyez RUPTURE. Le diagnoftic de la fraéture de la roule n’eft pas difiicile : la partie inférieure retenue par le ligament qui s'attache à la tubérofité du tibia refte en place, x l’attion des mufcles extenfeurs tire vers Le haut la partie fupérieure de la rotule qu’on trouve écartée de l'autre portion de trois à quatre travers de doipt. Souvent une groffe tumeur duvolume du poing, par efpece de boufhflure fous les tégumens , rend la par- tie fort difforme au premier coup d’oœil. Le pronoftic que les anciens portoient de cette fraure étoit fâcheux. Selon Ambroiïfe Paré , per- fonne n’en guérifloit fans claudication. Cela n’eft pas étonnant : on prenoit des mefures fort peujuites pour obtenir la confolidation des pieces divifées ; de-l il réfultoit que la rosule demeuroit en deux pieces , en {orte que le genou reftoit foible. Les bleflés mar- chent bien en plat chemin ; mais pour monterils font contraints de porter la jambe quifléchit & fe tend li- brement la premiere , & de tirer l’autre enfuite: c’eft le contraire en defcendant. On en trouve la raifon dans le défaut de fermeté du genou rompu dans la rotule. Cet os eft comme enchâffé dans la capfule tendino- aponevrotique des extenfeurs de la jambe. Ilne fe fait point de cal ; les pieces fe réuniflent par une efpece de coine cartilagineufe ; fi lon manque de bien rap- procher les pieces d’os dans le commencement , & de les maintenir bien exatement réunies, la confolida- tion eft lâche, & l’on fent les pieces vaciller toute la vie. J'en ai vu plufieurs exemples. Mais avec des foins bien fuivis, on obtient une confolidation par- faitement folide. On a imaginé plufieurs bandages me- chaniques pour contenir cette fraêture , &c ils m'ont tous paru mériter moins de préférence qu'un banda- ge méthodiquementfait. J’en parle avec connoïffance de caufe,ayant eu un aflez grand nombre de ces frac- tures tant à l’hôpital de la Charité qu’en ville. Le point eflentiel eft d'empêcher l’aétion des mufcles qui tendent à retirer la piece fupérieure. Un bandage roulé quiaflujettit les mufcles par des circulaires bien faits depuis la partie moyenne fupérieure de la cuifle juiqu’à la rosule,ne peut être fuppléé par aucune autre invention. Les derniers tours de cette bande cou- vrent une comprefle échancrée en arc , & pofée au- deflus de la rosule qu’on loge dans cette échancrure ; un aide tire les chefs en-bas le long des parties laté- rales de la jambe. On recouvre la roule elle-même de tours de bande. Tous les bandages à jour font défeêtueux & donnentlieu au gonflement du tiflu cel- lulaire à l'endroit qui n’eft pas comprimé mollement comme lerefte. Une grande gouttiere de cuir de va- che, ou de carton fort, garnie de compreffes , & qui fert comme de cuiraffe à la partie poftérieure du ge- nou S’étendant à fix ou huit travers de doigt fur la cuifle, & à pareille longueur fur la jambe, permet l'application d’une bande plusferrée, dont toute l’ac- tion eft à la partie antérieure &c inférieure de [a cuifle & fur la rorule, Cette gouttiere empêche la flexion de la jambe, & encaïfle, pour ainfi dire, le genou. Cet appareil très-fimple m’a toujours bien réuffi , & les malades qui Pont porté deux mois ou deux mois & demi, ont été mis en liberté avecla rozule bien folide- ment remife. Je donnerai fur cet accident un mé- moire détaillé dans la fuite des memoires de l’acadé- mie royale de Chirurgie. (YF) | ROTULE, f. f. ( Pharmacie. ) les rotules font des tablettes plates & rondes, compofées d’une matiere plus fine ou plus foluble que celle des tablettes ordi- naires , & qui a aufh le fucre pour excipient ; de for- te qu'il y a une très-petite différence entre la rorule & la tablette. Voyez TABLETTE, Pharmacie. Les rorules ont toujours pour excipient du fucre très-blanc , ou quelque matiere glutineufe. On de- mande en conféquence que Les rocules {oïent folides &t demitranfparentes. Par conféquent tout ce qui ne peut pas fe délayer afez fubtilement 8 affez éga- lement, comme les conferves , les candits, les pou- dres groferes , les noyaux de fruits & autres fem- blables, ainfi que tout ce qui fe grumelle , ne trouve guere ici fa place. Quelquefois on ne fe fert ici ni de fec ni d’épais; on incorpore feulement avec le fucre des fucs liqui- des gracieux, & fur-tout acides, comme celui de grofeilles , de baies d’épine-vinette, de citron: ona par-là des rorules très-agréables. Ceux qui veulent en faire avec des eaux diftllées perdent leur peine. D’autres incorporent des huiles aromatiques feu- les , ou des effences épaifles avec le fucre diffous dans l'eau & cuit; cela ne fe fait pas cependant fans que le remede perde de fa vertu. Pour abréger, on peut, fi le but le permet, or- donner d’enduire les rorules officinales d’une huile convenable & d’une effence. On emploie ce même moyen pour les rosules magiftrales, quand on craint que les volatils mêlésavec la mafle encore chaudene {e diffipent. La mafle de la rotule eft plus petite que celle de la tablette. Ordinairement elle équivaut à /crp.7. ou demi-dragme ; elle ne fe détermine guere nonplus ni par les poids , ni par les mefures. | La dofe fe détermine parle nombre j. 1j, 1j. éc.ou par le poids qui varie fuivant l'efficacité de la pro- portion des ingrédiens. La proportion desingrédiens eft la même que dans les tablettes, à peu d’exceptions près ; par exemple on y met une plus grande quantité de fucre à l'égard des excipiendes ; ainf pour faire des roles avec des fucs acides, qui font très-agréables dans les maladies aiguës, on emploie fix ou huit fois autant de fucre : fur dragme j. ou dragme JR d’effences, on met 1j on- ces de fucre ; on en met auffi toutautant fur xx gout- tes d’huiles aromatiques. La foufcription eft la même que danslestablettes., excepté le nom. On fuppofeque lapothicaire eft par- faitement au fait de la préparation. Il doit faire en forte que par la chaleur il fe fafle La moindre difipa- tion poffible des parties volatiles. Il ne doit pas mê- ler les fucs acides , les eflences , les huiles avec le fucre , qu'il ne foit bien cuit & prêt à fe geler, ou même quand il eft fondu , mais feulement quand il eft bien chaud, parce que c’eft un obftacle à la con- crétion du fucre. | L'ufage des rorules eft à-peu-près le même que celui des tablettes. Il eff donc inutile de nous y arrê- der davantage.( D. J. ) ROTUNDUS, ( Littérar.) ce mot au figuré chez les Latins, eft fynonyme à celui de zornatus, ou de perfectus , parfait. Rorundus orator , un excellent orateur. Les Grecs ont dit, parler rondement, spoy- yÜnw6 Aañcy , pour dire parler agréablement , harmo- nieufements LE . à : à 4 F 4 tienfemens, Démétrius Phaléréus dit que la période oratoire demande une bouche ronde, nai dures spas yoAë gouaror ; & Plutaraue à dit des mots rovas , pour fignifier des termes chofs, Ariflophane en pars lant d'Eunpide , dit : ego rosunditare ejus vris fruor , Je jouis de la beauté de fon langage, Enfin Horace a dit : | | Gratis dedis ote rotundé Mufa loqui. Les Grecs ont reçu en partage les graces du dif: Cours ; ces graces & cette perfeéhon de langage aps partenoiïent fur-toutaux Athéniens, (D, J.) ROTURE , f zerme de Droit, eft l’état ou con: dition de quiconque n’eft pas compris dans la claflé des nobles. Voyez NoBie G& NoBLESSE, … Cesmot vient de rupture , qu'on a dit dans la bañlé latinité pour la culture de la terre. On a appellé de ce nom les perfonnes non-nobles, parce que c’é: toient les perfonnes feulement qu’on employoit à la culture des campagnes De-là les biens poflédés par ces fortes de gens fe font aufi appellés rosures , ou bien deroture, ne . Généralement parlant,tout bien de rouvre eft dans la cenfive d’un feigneur, du-moins y a-tilbien peu d'exemples de francs-aleus roturiers, Toute terre tenue en roture paie un cens ; &’eft la marcue caraétériftique de cette forte de tenure: auf le censne fe peut-il pas -prefcrire, mais feulement fa quotité; & comme pour les ventes de fiefs il eft dû des quints & requnts , ileft dû des lods & ventes pour les ventes de rosure, Voyez Cens 6 Lops. Dans la plüpart des coutumes lainé wa point de préciput fur les biens de roture. Voyez AINÉ & PRÉ- CIPUT, | ROTURIER , autre terme de Droit | dérivé du pré- cédent , fe dit tant des perfonnes qui vivent dans lé- tat de rotute, que des biens qui font tenus à titre de roture. Voyez ci-deffus ROTURE: , _ ROTURIERE, exe , (Jurifprud. ) voyez ci-deffus RENTE roruriere. | ROT WEIL , (Géog. Hiff. mod. ) ville libre 8 im- périale d'Allemagne , fur le Necker, dans le comté de Baar en Souabe.Elle eft fameufe en Allemagne pat le tribunal qui y eft établi, 8 qui décide , au nom de l’empereur , en dernier reffort les procès qui s’é- levent dans les cercles de Souabe , d'Autriche, de Franconie & du Rhin. Ce tribunal eft compofé d’un préfident ou grandjuge héréditaire, quieft a@uelle- ment le prince de Schwartzenbers , & deitreize af {efleurs. | LR i4 ROTWYL, (Géog. mod.) c'eft lamême ville d’Al: lemagne dont ileft queftion dans l’article précédent. Elle eft fituée dans la forêt noire, à huit lieues au #ud - oueft de Tubingen, :& à roau nord de Schaf- houfe. Elle eft libre , impériale, & alliée des can- tons füifles depuis 1463. Ses habitans font catholi- ques. Le maréchal de Guesbrian prit cette place en 31643. Long, 26, 11. lat. 48. 12% pa, © Deux hommes célebres , l’un par une fuite de tra: verfes & d’infortunes, c’eft Sébaftien Sicler; l’autre par {on favoir , c’eft Melchior Wolmar, font nés à Rotwyl. | , _Sicler, après avoir éprouvé toutes les hotreurs d’un cachot , au fujet d’un vol dont il n’étoit point coupable, fe fit hermite, & mourut dans faretraite en 1695, âgé de 66 ans. Sa vie, imprimée à Lyon -en 1608, 17-12. eft attendriflante ; mais comme elle n'a point derapport aux fciences , c’eft aflez de l’in- diquer ici. | ‘ Wolmar,néen 1497, prit à Bourges le degré de doéteur en droit fous Alciat. Il enfeigna la langue “greque à Cälvin, quilui entémoigna fa reconnoif- fance en lui dédiant fon commentaire furla feconde | Tome XIF, F FI €) Lan exe y RS ER GPO A CONTES ALU RE 2 0 UP ET . Éprifé de $, Paul aux Corinihiens, W olnat fut auf TELE 5-1 © FORTS RSS die on 5 9 HE A ER Fe - brécepteur de Bezs, Il devint eh 1535 profeffeur en droit à Tubingué, & mourut à Eifenar en 1 S61, agé de 64 ans, Îl à donné à Paris en 1423 de fâväns come mentaires £7-4°. {ur lés deux préiers livres dé l'Hiaz de d'Hômere, La préface qu'il à mife à la tête de fa grammaire greque de Démétrius Chalcondile, eftuñ chef-d'œuvre en ce geñre, (2.7) STUNT ROTZIG, (Géog, mod, } ou Orofchick, allé dé: pendante du Turc, dans la Bulgarie , {ur la rive dtoire du Danube , au levant de Widin, Los, 43, 27: lai, 4411 ñ le _ ROUAGE , fm. (Méchan.) te font dans une ta Chine toutes les parties qui regardent les roues, les lanternes, les fuieaux , les pignons, Voyez ROUE ; Ge, (Æ ) : ROUAGE , terme d'Horlogerie, äflemblage dé pr gnons & de roues difpofées en telle forte qu’elles peuvent agir les unes furlesautres, ; Dans les montres & pendules quifonnerit où tépez tent, les Horlogers diftneuent l’affemblage des roues deftinées pour la fonnerie d'avec celui quu fert à faire mouvoir les atguilles; ils appellent le premier roxagé de Jonnérie, & l’autre rotage du mouvemerrs, ' Ce qu’on exige principalement-d’un roage , c’ef 1°. que les engrenages fe faffent autant quil et pof fible au milieu des tiges des pignons ouroues qui s’en- grenent l’une dans l’autre. oyez CALIBRE. 2°, Qué ces engrenaces fe faflent d’une mamiere uniforme. Voyez DENTS | ENGRENAGE. Ec. 3°, Que les pi gnons ñne foient pointtrop petits, de peur que les frot- temens fur leurs pivots ne deviennent trop confidé= rabies. 4°. Que les roues ne foiént point trop nom- brées pour leur grandeur, afin que leurs dents ne de= viennent point trop maigres , & puiflent être facilez ment &c bien travaillées. 5°. Que'les dents des roues ët les aîles.des pignons foient bien polies, pour qu- elles puiflent facilement plier lesunesfurles autres ; enfin que toutes les roues foient fort mobiles , afin que le rouag: pure être ris en mouvement par la plus petite force. À l'égard des nombres convenables pour les roues des différens roages , voyez l’article CaL- CUL dés nombres des roues des pignons. Article de M. ROMILLY. ROUAGE, ( Jurifprud. ) droit qui fe paye en quel: ques lieux au feigneur pour la permifion de tranf: porter par-charroïs le vin ou blé que l’on a vendu. Woÿez les coutumes de Mantes & de Senlis, Chopin, Jur le chap. viiy. de la coutume d'Anjou à la fin, & de ploffaire de M. de Lauriere. ROUAGE, bois de, (Eaux 6 Forés.) on appelle Boïs de rouage tous les bois, & particulierement les boïs d’orme , que les Chatrons emploient à faire des roues de carroiles , chariots, charrettes ; &t autres telles voitures roulantes. Trévoux. (D.J.) | ROUAN , fm. fermé de Haras ; ce terme de hä: ras &c de commerce de chevaux, fe dit de la couleur du poil des chevaux qui eft mêlé de gris, dé bai, d’alezan & de noir. Il y a plufñeurs fortes de roxen , entr'autres rouan vineux , rouan cavefle, rotan dé more, Gc. Richeler, (D, J.) 4 | ppm ROUANE , ff inftrument de Charpentier : inftru: ment qu’on pourroit en quelque forte appeller com Pas, qui fert à marquer les bois ; il eft de fer avec un petitmanche de buis: la partie , qui eft defer , fe partage en deux pointes, dont l’une, qui eft un péti plus longue que l’autre, eft pointue &c la plus courts efttranchante ; enforte que laplus longue appuyant fur la piece qu'on veut marquer, on peut faire un ôù plufieurs cercles ; de l’autre on tire des lignes aus tant qu'il eftbefoin pour la marque de l’ouvrier, Les Charpentiers {e fervent de la rovañe; les commis des aides & les Tonneliers fe fervent de la rotanirie , quieft une rowane plus petite: Savary. ce JF) | : € € o g 86 R O ÙÜ Es Fe ROUANER,, v.a@, (Gram.) c’eft marquer avec | Ja rouanette, . Rouaxe,, ( Géog. mod.) on écrit aufli Roane êc -Rokane: ville de France, dans le bas-Forez, fur la Loire , qui commence ici à porter bateau, à 12 lieues au nord-oueft de Feurs , & à 84 de Paris. Roanne et ancienne ; car elle eft marquée dans Prolomée com- -me une des principales places des Ségufens, Il Pap- pelle-edumna, & on trouve encore ce mot dans la carte de Peutinger, Il y a dans cette ville une élec- tion & un collége. Elle eft capitale d’un pays ap- spellé Roannois. Longie, 21.45. latir. 36. 3. (D. J.) ROUANETTE , £ £ (Charpenterie.) petit outil de £er, aveclequel les Charpentiers marquent leur bois. Cet outil eft rond , d’un pouce de diametre, long de fept à huit pouces, applati par un bout, qui fe par- tage en deux dents fort pointues. On s'en fert com- me d’une rouane pour tirer des lignes , ou pour tra- cer des ronds, fuivant la marque dont on veut figner es bois, Dié. de-comm. (D.7.) ROUANETTE , ënfirument des Cominis des aides; pe- tite rouane dont fe fervent les commis des aides pour “marquer les pieces de vin pendant les vifites qu'ils font dans les caves & celliers des marchands de vin &t cabaretiers. Les tonneliers ontauffi une rouanecte, pour marquer leurs ouvrages. Savary. (D.J.) ROUANNOIS, LE, o4 ROUANEZ, (Géog. mod.) -duché de France, dans le Lyonnoiïs, au bas-Forès. Îi eft le feul qu'il y ait dans ce gouvernement. Il fut érigé en faveur de Claude Goufiier, en 1566, par lettres-patentes resiftrées au parlement Pannée ftu- vante. Îl y a eu depuis de nouvelles lettres du duché en faveur de François d'Aubufon, & de Louis d’Au- -bufon , appellé duc de la Feuillade. (D. J.) ROUANT, en terme de Blafon, fe dit du paôn qui fait la rôue en étendant fa queue.S. Paul de Ricault, -d’afur au paon rouant d'or. ROUBLE , { m.(Monnote.) monnore de compte -dont on fe fert en Mofcovie pour tenirles livres, &c y faire l'évaluation des paiemens dans le commerce. Le rouble vaut cent copecs ou deux richedalers. Le crar Pierre a fait frapper de véritables roubles, qui ‘valoient autrefoisneuf{chellings d’Anoleterre. Saya- +7, (D. 4.) ROUCÉE ou RUCHE,, ff serme de Marine , c’eft Ja carcafle d’un vaifleau tel qu’il eft fur le chantier fans mâture. ROUCHEROLLE , voyez ROUSSEROLLE, ROUCIN , (Jurifprud. ).en matiere de fief & de æedevance, figniñe ordinairement un cheval de forme, ROUCIN DE SERVICE, eft un cheval d'armes, c’eft- à-dire, propre pour la guerre, Voyez les éabliffemens de S. Louis, les coutumes de Tours & de Lodunois. CE ROUCOU , voyez Rocou. ROUCY , (Géog. mod.) ville de France, dans la Champagne, fur la riviere d’Aïfne, éleétion de Laon, avec titre de comté. C’eft lun des anciens comtés- painies.de Champagne. L’otigine des comtes de Rou- cy eft rapportée différemment par M. l'abbé de Lon- guerue , dans fa defcription de la France; & par M. Baugier , dans fes mémoires de Champagne ; mais la mailon de Roucy feroit elle-même embarraflée de dé- cider auquel des deux généalogiftes elle doit donner da pomme. (D. J.) | ROUDBAR , (Géog. mod.) vulgatrement, Rourmar, “ville de Perte, dans la province de Guilan. Long. {elon Tavernier , 74.27. dat. 37. 21. (D.J.) ROUDRA, ({dolar, des Indiens.) nom que les In- -diens donnent à un des génies qu'ils croient chargés de réair le monde : il préfide fur la région du feu, cet clement lui eft foumis. Sa femme eft appellée Par- gadi où Paratchatti, nom.qu fignifie soute-puiffance, R OU & qui feble indiquer que ce n'eft qu'un attbut perfonnifié & attaché à Roudra. (D: 1.) ROUE , £ f (Méch.) eftrune machine fimple con- fiftant en une piece ronde de bois, de métal, ou d’au- tre inatiere qui tourne autour d’un aiflieur où axe. Voyez A1SSIEU & ÂXE. Larozeeftune desprincipalespuiflancesemployées ‘dans la méchanique , & eft d’ufage dans la plüpart des machines ; en effet, les principales machines dont nous nous fervons , comme horloges, moulins , Gr. ne font que des affemblages de roues, Voyez HORLO- GE, MOULIN , Gc. | La forme des roues eft différente, faivant le mou- vement qu'on veut leur donner , & l’ufage awonen veut faire, On les diftingue en rozes fimples &c roues dentées. - La roue fimple, ou la roue proprement dite, eft celle dont la circonférence eft uniforme, ainf que celle de fon aiffieu owarbre, & qui n’eft point com- binée avec d’autres roues. Telles font les rotes des voitures faites pour avoir un mouvement double ; l’un circulaire autour de Paxe, l’autre rectiligne pour aller en avant, quoique, à la vérité, ces deux mou= vemens ne foient qu'’apparens , puifqu’il eft impoffi- ble qu’un corps puifle avoir à la fois deux direétons, Voyez CHARIOT:. Le feul 8&cuniquemouvement qu’ait la roue, eft un inouvement curviligne , compolé du mouvement progreflif & du mouvement circulaire; ce qwon peut voir aifément en fxant un crayon fur la roue, demaniere qu'il marque fa trace fur la muraille pen- dant que la’roue tourne ; car la ligne qui fe trouve tracée alors eft une vratercourbe ; cette courbe s’ap- pelle par les Géometres cycloïde, àt elle eft d'autant moins courte; que le crayon a été placé plus proche de Paxe, Voyez CiCLOIDE, … Dans les roues fimples, la hauteur doït toujours être proportionnée à la hauteur de l'animal qui la fait mouvoir. La regle qu'il faut fuivre, c’eft que la charge &claxe de la roue foient de même hauteur que la puiflance : car.fi l'axe étoit plus haut que la pif fance qui tire, une partie de la charge porteroït fur elle, & fi l'axe étoit plus bas, la puiflance, tireroit d’une maniere défavantageufe , & auroit befoin d’us ne plus grande force. Cependant Stevin, Wallis, &c. prétendent que pour tirer un fardeau fur un terrain inégal, ikeft plus avantageux de placer les trarts des roues au-deflous de la poitrine du cheval La force des roues fimples réfulte de la différence entre le rayon de lPaiflieu & celui de la roue. Certe force fe mefure par cette regle. Le rayon de l’axe ou de l’aiffieu eft celui de laroue, comme la puiffance au poids à foutenir. | Une roue qui tourne, doit être regardée le plus fouvent comme un levier du fecond genre, qui fe répete autant de fois qu’on peut imaginer de points à la circonférence, Car chacun de.ces points eft Pex- trémité d’un rayon appuyé d'une part fur-le terrain, & dont l’autre bout, chargé de Païflieu qui por- te-la voiture, -eft-en. même tems tiré par la puif- fance qui le mene ; de forte que file plan étoit par- faitement uni, & de niveau , fi la circonférence des roues étoït bien ronde, & fans inégalités, s'iln’y avoit aucun frottement de l’axeaux moyeuxr,. êc fi la di- rettion de la puiffance étoit toujours appliquée pa-. rallelement au plan, une petite force meneroit une charge très-pefante. Carla réfiftance qui vient de fon poids, repofe, pour. ainfñ dire, entierement fur le terrain par le rayon-vertical de la roue, dont Pextré- mité eft appuyée fur ce même terrain. Mais de toutes les conditions .que nous venons de fuppofer , & dont le concours feroit.néceflaire pour produire un tel effet, peine s’enrencontre:t-1l quel- qu'un dans l’'ufage ordinaire. Les roues des charret= ROU tes font groffierement arrondies & garnies dé gros cloux : les chemins font inégaux par eux-mêmes, ou ils le deviennent par le poids de la voiture qui les enfonce; ces inégalités, foit des roues , foit du ter- rain, font que la roze s'appuie fur le terrain par un rayon oblique à la direétion de la puiffance ou de la réfiflance; de forte que la puiffance eft obligée de foutenir une partie du poids, comme fi le poids étoit placé fur un plan incliné. D’ailleurs, il {e fait tou- jours à l'endroit du moyeu un frottement très-confi- dérable. Enfin les creux & les hauteurs qui fe trou- vent fouvent fur les chemins changent auffi la direc- tion de fa puiflance , & lobligent à foutenir une par- tie du poids , c’eft de quoi on peut s’aflurer journel- lement. Car une charrette qui fe meut aflez facile- ment fur un terrain horifontal , a fouvent befoin d’un plus grand nombre de chevaux pour être tirée furun plan qui va tant {oit peu en montant. Mais s'il n’eft pas poffble de fe mettre abfolument au-deflus de toutes ces difficultés, on peut cepen- dant les prévenir en partie en employant de grandes roues ; car, 1l eft certain que les petites roues s’enga- gent plus que les grandes dans les inégalités du ter- rain ; de plus, comme la circonférence d’une orande rote mefure en roulant plus de chemin que celle d’u- ne petite, elle tourne moins vite, ou elle fait un moindre nombre de tours pour parcourir un efpace donné, ce qui épargne une partie des frottemens. On entend par grandes roues celles qui ont cinq ou fix piés de diametres ; dans cette grandeur , elles ont encore Pavantage d’avoir leur centre à-peu-près à la hauteur d’un trait de cheval, ce qui met fon effort dans une direction perpendiculaire au rayon qui pofe verticalement fur le terrain ; c’eft-à-dire dans la di- rethon la plus favorable, au moins dans les cas les plus ordinaires. Leçons de phyfique de M. l'abbé Not- Let. C’eft la même regle , pour ces fortes de roues, que pour la machine appellée axis in perirochio , c’eft-à- dire tour ou treuil; en effet, la roue fimple n’eft au- tre chofe qu’une efpece de treuil, dont l’aiffieu ou axe eft repréfenté par l’afieu même de la roue , & dont le tambour ou perirrochium eft repréfenté par la circonférence de la roue. Les roues dentées font celles dont les circonféren- ces ou les aiflieux {ont partagées en dents , afin qu’el- les puiflent agir les unes fur les autres & fe combi. ner. L’ufage de ces roues eft vifñible dans les horloges, les tournebroches , éc. Foyez HORLOGE , Mon- TRE. On donne le nom de pigzon aux petites roes qui engrenent dans les grandes. On les appelle auf quelquefois lanternes | 8 ces petites roues fervent beaucoup à accélerer le mouvement , comme il n’eft perfonne qui ne l'ait remarqué. Les roues dentées ne font autre chofe que des leviers du premier genre multipliés, & qui agiflent les uns par les autres; c’eft pourquoi la théorie des leviers peut s'appliquer faci- lement aux roues, & on trouvera par ce moyen le rapport qui doit être entre la puifiance & le poids pour tre en équilibre. Voyez PIGNON , ENGRENA- GE, DENT , CALCUL , Ge. La force de la roue dentée dépend du même prin- cipe que celle de la roze fimple. Cette roue ef , par rapport à l’autre, ce qu’un levier compofé eft À un levier fimple. Voyez Levier , &c. La théorie des rozes dentées peut être renfermée dans la regle fuivante, La raifon de la puiffance au poids, pour qu'il y ait équilibre, doit être compofée de [a raïfon du diametre du pignon de la der- niere roue au diamettre de la premiere roue, & de la raïfon du nombre de révolutions de la dérniere roue au nombre des révolurions de la premiere , fai- Tome XIV, | ROU 387 tes dans le même tems. Maïs cette théorie demande une explication plus particuliere, Le poids 4 ef à la force appliquée en D , pat le principe du levier , comme O CD à BC: cette force eit à la force en G , comme £G eft À EF ; la force en G eft à la force en À, comme ÆX eft à AI, Donc le poids eft à la force en X, comme CD x EG x HK eft à BCXEFX HI, c’eft-à-dire, de la raifon du pro- duit des rayons des roues au produit des rayons des pignons, ce qui revient à la proportion précédente : maïs cette derniere proportion eft plus fimple & plus aifée à fair. 1”. En multipliant le poids par le produit des rayons des pignons, & en divifant le tout par le pro- duut des rayons des roues, on aura la puiffance qui doit foutemir ce poids. Suppofons, par exemple, que le poids à foutenir 4 (PL. de La Méchanique, fig. 6 3), foit de 6000 livres, BC de 6 pouces, CD de 34 pou- ces, ÊF de ÿ pouces, ÆG de 35 pouces , A de 4 pouces , ÆX de 27 pouces, le produit de BC par £F',par HI era 120, & celui de CD, par £G, par IX de 32130. Multipliant donc 6000 par 120, & di- vifant le produit par 32130 , on aura 22 pour la puiffance capable de foutenir les 6000 livres , & une petite augmentation à cette puiflance fufra pour en- lever le poids. 2°. En multipliant la puiffance par le produit des rayons des roues, & en divifant le produit total par le produit des rayons des pignons, le quotient fera le poids que la puiflance peut foutenir. Aiïnfi, fi dans l'exemple, c’eût été la puiffance de 22 ; Qui eût été donnée , on auroit trouvé pour le poids qu’elle peut foutenir 6000 livres. 3°. Une puiffance & un poids étant donnés »trou- ver le nombre des roues, & quel rapport il doit y avoir dans chaque roue entre le rayon du pignon & celui de la roue, pour que la puiflance étant apphi- quée perpendiculairement à la circonférence de [a derniere roue , Le poids foit foutenu. Divifez le poids par la puiffance , refolvez le quo= tient dans les faéteurs qui le produifent, & le nombre des faéteurs fera celui des roues ; & les rayons des pi- gnons devront être en même proportion à l'égard des rayons des roues, que l’unité à l’égard de ces diffé- rens faéteurs. Suppofons, par exemple, qu’on ait um poids de 3000 livres, & une puiffance de 6o il vient 500 au quotient, qui fe réfout dans les fa@teurs 4355 ÿ » 5- Il faut donc employer quatre rozes, dans l'une defquelles Le rayon du pignon foit à celui de Ia rove comme 1 à 4, & dans les autres comme 1 à Se | 4°. Lorfqwune puiffance meut un poids par le moyen de plufieurs roues , l'efpace parcouru pat le poids eft à Pefpace parcouru par la puifflance, com- me la puiflance au poids. Et par conféquent plus la puiffance fera grande, plus le poids aura de viteffe ; à réciproquement. 5”. Les efpaces parcourus par le poids & par la puflance, font entr'eux dans la raifon compofée du nombre des révolutions de. la roze la plus lente > au nombre des révolutions de la roze la plus prompte, êtde la circonférence du pignon de la roue la pluslente alacirconférencedelarowela plus prompte. Etcomme Pefpace parcouru par le poids eft toujours à l’efpace parcouruparla puiflance, dans la raifon dela puiflance aupoids,ils’enfuit quelapuiffanceefttoujoursau poids qu’elle peut foutenir, dans la même raifon compofée du nombre des révolutions de la roxe la plus lente, au nombre des révolutions de la roue la plus promp- te, & de la circonférence du pignonde la roue la plus lente, à la circonférence de la roue la plus prompte. 6°. La circonférence du pignon de la roue la plus lente, & la circonférence de la rove la plus prompte, étant données, auffi-bien que la raifon qui eft entre les nombres des révolutions de la premiere de ces Ceci 388 ROU roues à l’autre, trouver l'efpace que doit parcourir la puifiance afin que le poids parcoure un efpace don- né. Multipliez la circonférence du pignon de la roue la plus lente par l’antécédent de la raïon donnée, &c la circonférence de la roze la plus prompte par le con- féquent de la même raifon. Trouvez enfuite une qua- trieme proportionnelle à ces deux produits &e à l’ef- pace qu’on veut faire décrire au poids, &t vous au- rez l’efpace que doit parcourir la puiflance. Suppo- fons, par exemple, que la raïfon des révolutions de roue la plus lente à celle dela plus prompte ,foit celle de2à7, que l’efpace à faire parcourir au poids foit de 30 piés, le rapport de la circonférence du pignon de la roue la plus lente à la circonférence de la roue la plus prompte étant fuppofé celui de 3 à 8, on aura avec ces conditions 280 piés pour l’efpace que doit parcourir la puiffance. 7°. La raifon dela circonférence de la roue la plus prompte à celle du pignon de la plus lente, la raifon des révolutions de ces roues & le poids étant donnés, trouver la puuflance. Multipliez les anrécédens de ces deux raifons Pun par l’autre, & faites de même des conféquens ; trou- vez enfuite au produit des antécédens , à celui des conféquens , & au poids donné une quatrieme pro- portionnelle, &-vous aurez la puiflance chercheée. Que la raïfon des circonférences foit celle de8à3;, par exemple, la raifon des révolutions celle de 7 à 2, & que le poids foit de 2000, on aura 214 7 pour la puiffance. On trouveroit de la même maniere le poids , f c’étoit la pruffance qui fût donnée. 8°, Les révolutions que doit faire la rowe la plus prompte, pendant que la plus lente en fait une, étant données, ainfi que l’efpace dont il faut élever le poids, & que la circonférence de la roue la plus lente , trouver le tems qui fera employé à l'élévation de ce poids. Trouvez premierement une quatrieme propor- tionnelle À la circonférence du pignon de la rozela plus lente, à l’efpace que le poids doït parcourir, &e au nombre des révolutions de la roe la plus prompte, & vous aurez le nombre des révolutions que doit faire cette roue, pendant qué le poids s’éleve de la quantité demandée. Trouvez enfuite par expérience le nombre des révolutions que fait la roue la plus prompte dans une heure, &c faites fervir ce nombre de divifeur au quatrieme terme de la proportion dont on vient de parler, le quotient fera le tems employé à l’élévation du poids. Au refte, il eft bon de remarquer en finiflant cet article, que quoique la multiplication des roxes foit fouvent fort utile dans la méchanique, foit pour at- der le mouvement, foit pour l’accélérer, cependant cette même multiplication entraîne aufli d’un autre côté, une plus grande quantité de frottemens , êT qui peut devenir fi confidérable, qu’elle égaleroit, ou même furpafferoit l'avantage que la multiplica- tion des roues pourroit produire. C’eft à quoi on ne fait pas fouvent aflez d'attention lorfqu’on veut con- ftruire une machine, & fur-tout fi cette machine eft un peu compofée. Voyez MACHINE & FROTTE- MENT: Voyez auffi ENGRENAGE, DENT, 6rc. Wolf & Chambers. (O ) : Rous D’ARISTOTE, eft le nom d’un fameux pro- bléme de méchanique, fur le mouvement d’une roe autour de fon eflieu. On appelle ainfi ce problème, parce qu’on croit qu’Ariftote eftle premier qui en ait parlé. | Voici en quoi la dificulté confifte. Un cercle qui tourne fur fon centre, & qui fe meut en même tems en ligne droite fur un plan, décrit fur ce plan une li- gne droite, égale à fa circonférence, pendant le tems d’une révolution, R OU Maintenant $ ce cercle que l’on peut appeller dé férent , a au-dedans de luiun autre cercle plus petit, qui lui foit concentrique, qui n'ait de mouvement que celui qu’il reçoit du déférent, & qui foit, fi on veut, le moyeu d’une roue de carrofle, ce petit cer- cle où moyeu décrira pendant le tems d’une révo- lution , une ligne droite égale , non à fa circonfé- rence , mais à celle de la roue: car le centre du moyeu fait autant de chemin en ligne droite, que le centre de la roue, puilque ces deux centres ne font qu'un mème point. Le fait eft certain, mais 1l paroït difficile à expli- quer. Il eft évident que tandis que la roue fait un tour entier , elle doit décrire fur le plan une ligne égale à fa circonférence. Mais comment peut-1l {e faire que le moyeu, qui tourne en même tems que la roxe, décrive une ligne droite plus grande que fa circonfé- rence à La folution d’Ariftote ne contient qu'une bonne explication de la difficulté. Galilée qui a cherche à la réloudre, a eu recours à une infinité de vuides infiniment petits, qu'il fuppofe répandus dans la fi- gne droite que décrivent les deux cercles; &c ilpré- tend que le petit cercle n’applique point fa circon- férence à ces vuides, & qu'ainh il ne décrit réelle- ment qu'une ligne droite égale à fa circonférence, - quoiqu'il paroïfle en décrire une droite plus grande. Mais 1l faute aux yeux que ces petits vuides font tout-à-fait imaginaires. Et pourquoi Le grand cercle y appliqueroit-il fa circonférence ? D'ailleurs la gran- deur de ces vuides devroit être plus ou moins con- fidérable felon le rapport des deux circonférences. Le P. Taquet prétend que le petit cercle fait fa ré- volution plus lentement que le grand, 8 décrit par cé moyen une ligne plus longue que fa circonféren- ce, fans néanmoins appliquer aucun des points de fa circonférence à plus d’un point de la bafe. Mais cette hypothefe n’eft pas plus recevable que la pré- cédente. M. Dortous de Mairan , aujourd’hui membre de l'académie royale des Sciences de Paris, & de plu- fieurs autres, a auffi cherché une folution du proble- me dont il s’agit, & l’a envoyée à l’académie des Sciences, en 171$. MM. de Louville & Saumon, ayant été nommés pour l’examiner , aflurerent dans leur rapport qu’elle fatisfaifoit pleinement à la diffi- culté: voici en quoi cette folution confifie, La roue d’un carrofle eft fimplement tirée ou pouf- fée en ligne droite.Son mouvementeireulaire ne Vient que de la réfiftance du plan fur lequel elle fe meut. Or cette réfiftance eft égale à la force avec laquelle la roue eft tirée en ligne droite, puifqu’elle détruit le mouvement que doit avoir dans cette direction le point de la roue qui touche le plan. Les caufes de ces deux mouvemens, l’un droit, Pautre circulaire, font donc égales, & par conféquent aufli leurs effets, ou les mouvemens qu’elles produifent doivent être égaux. C’eft pour cétte raifon que la roue décrit fur le plan une ligne droite égale à fa circonférence, A l'égard du moyeuiln’en eft pas de même. Il eft tiré en ligne droite par la même force que la roue ; mais ilne tourne que parce que la roue tourne, ilne peut tourner qu'avec elle, & dans le même tems qu'elle, D’où il s’enfuit que le mouvement circulaire du moyeu eft moindre que celui de la roue, dans le fapport des deux circonférences , & que par confé- quent le mouvement circulaire du moyeu eft moin- dre que fon mouvement reétiligne. Puis donc que le moyeu décrit néceflairement une Bpne droite, égale à la circonférence de la roue, 1l s'enfuit, felon M. de Mairan , qu'il ne peut la décrire qu’en gliffant, ou par ce qu’on appelle mouvement de rafion. En eifet, les points du moyeune peuvent s’ap- pliquer aux points d'une ligne droite, plus grande ROU aué la circonférence du moyeu, fans ghifler en pattie fut cette ligne droite; & 1l eft clair qu'ils doivent _ghffer plus ou moins, felon que le moyeu eft plus pe- tit ou plus grand. Voyez ROULEMENT 6 Guisser. Hifi. de l'acad, 1715, On concevra aifément comment il fe peut faire que les mouvemens circulaires & re@ilignes foient inégaux, fi au lieu de fuppofer que le cercle roule tandis qu'il avance, on fuppofe qu'il ne fafle que fe mouvoir fimplement en ligne droite fur un plan, & que durant ce tems un point mobile parcoure fa cir- conférence. Îl eft certain que ce point mobile eft alors dans le même cas que feroit un point de la cir- conférence , en fuppofant qu’elle roulât. Or la vitefle de ce point mobile peut être ou égale, ou plus gran- de, ou plus petite que celle du cercle pour aller en avant. Si elle eft égale, c’eft le cas du roulement or- dinaire, qui n’a aucune difhculté. Si elle eft plus grande, c’eft le cas dont nous parlons ici, où la ligne que décrit le centre du cercle | par fon mouvement progrefff, eft plus grande que la circonférence dé-. crite durant le même tems par le point mobile, Or comme Où n'a aucune peine à concevoir que la vi- tefle du point mobile foit moindre que celle.du cen- tre du cercle, on peut fubftituer cette idée à celle du mouvement de rafon, pour n'avoir plus aucune dificulté. S1 la vitefle du point mobile étoit plus grande que celle du cercle, alors la hpne décrite par le cercle, {eroit moindre que la circonférence ; &c c’eft ce qui arriveroit,. par exemple, à la circonférence d’une roue, fi on faifoit tourner le moyeu {ur un plan. On peut encore, pour réfoudre la difficulté dont il s’agit, fe fervir d’un autre moyen. Imaginons un cercle qui tourne autour de fon centre, tandis que ce centre eft emporté en ligne droite, il eft évident que le mouvement reéilisne du centre n’a rien de commun avec le mouvement de rotation du cercle, &t que par conféquent, deux mouvemens peuvent être dans tel rapport qu'on voudra. Or une roue qui avance fur un plan, peut être imaginée comme un cercle qui tourne fur fon centre, tandis que ce cen- tre eft emporté parallélement au plan fur lequel la roue {e meut. Donc le premier de ces deux mouve- mens n'eftpas plus difficile à concevoir que l’autre. Voyez CycLoinE. (0) ROUE PERSANE 0% PERSIQUE , dans l’Agricul- sure, c'eft une machine propre à élever une quantité d’eau fufifante à Pinondation des terres limitrophes des rivieres, & dans les endroits où le courant de l'eau eft trop bas, ou n’a pas aflez de force pour le faire fans fecours étranger. Voyez Roue. ROUE À FEU, ( 4ruif. ) c’eft une roue préparée dune façon particuliere , qui tourne fort vite & vo- mit du feu. ROUE , f. £ rerme de Carrier, la roue des Carriets -eftun bâti de menu bois de charpente, qui a au-moins vingt-deux piés de circonférence. Le long du cercle qui forme cette roe ef l’échellier, c’eft-à-dire des chevilles ou échelons de bois de huit pouces de longueur , & d'un pouce & demi de groffeur, qui de pié en pié traverfent le bord de la roue. C’eft en montant d’échelon en échelon le long de l’échellier que les manœuvres catriers donnent le mouvement à la roue, ou plutôt à Parbre à l’un des bouts duquel la roue eft attachée & élevée perpendiculairement fur Phorifon. Les proportions les plus ordinaires de Parbre font de quatorze piés de longueur fur deux piés de diametre. ( D. J.) ROUE, grande ou petite, terme dé Charron , c’eft un cercle entier compofé de plufeurs gentes, au milieu de ce cercle eft un moyeu d’où partent plufeurs raies qui vont fe joindre & s’enchâfier dans les gentes; tout cela fe proportionne à la grandeur des roes, R'OU 389 Voyez les figures, Planches du Charron & des figures du Sellier. ROUES de carroffe, de chariot, 8e. on trouve dans les Tranfaëtions philofophiques quelques expérien ces fur l'avantage des grandes roues danstoutes fortes de voitures ; voici leurs réfultats. 1°, Quatre roues de 5° pouces dehaut, c’eft-à-dire de moitié plus petites que celles qu'on emploie or= dinairement dansles chariots, ont tiré un poids dé So livres àver du poids fur un plan incliné,avec une puflänce moindre de fix onces que deux des mêmes roues employées avec deux plus petités , dont la hau= teur n’étoit que de 4+ de pouces de haut, 2°, Que toute voiture eff tirée avec plus de facis Bté dans les chemins raboteux, lorfque les rozes de devant font aufli hautes que celles de derriere » que le timon eft placé fous laïffieu. 3°. Qu'il en eft de même dans les chemins d’une terre orafle ou dans ceux de fable. 4°. Que les grandes roues ne font pas des ornieres f profondes que les petites. $°. Que les petites rozes font meilleures lorfqu’il s’agit de tourner dans un petit efpace, ROUE, {. f. (Machine de Charpenterie.) srand aflème blage de bois de charpente de figure cylindrique qui eft attachée au bout du treuil des grues & de quelques autres machines propres À élever de pefans fardeaux. Il y a de ces roes qui font doubles ; & aux dedans defquellesles ouvriers peuvent marcher pour leur donner le mouvement, telles font celles deg grues. D’autres font fimples , & n’ont que de fortes chevilles qui traverfent leur bord extérieur de pié en pié en forme d’échellier , fur lefquelles un où deux ouvriers mis à côté l’un de l’autre (Péchellier entre deux ) montent pour les faire tourner. On {a fert ordinairement de celles-ci pour les engins des carrieres depierre. Savary. (D. J. . ROUE , £. f. rerme de Coutélier, la roue des Coutes lers qu’un garçon tourne avec une manivelle de fer {ert à donner le mouvement aux meules & aux po= lfloirs , fur lefquels fe remoulent, s’adoucifent & fe poliflent les ouvrages tranchans & Coupans de cou- tellerie ; comme les couteaux, rafoirs , lancettes cifeaux, biftouris, 6:c. on en a fait ailleurs la deferip tion. (D. J.) ROUE Du MILIEU, chez les Fileurs d’or, eft üne roue de bois, pleine &c plus grande que les autres de cette efpece ; elle eft placée à-peu-près au centre du rouet vis-à-vis la roe du moulinet > Par qui elle eit mue. ROUE DU MOULINET eft une 7o7e de bois en plein, la plus petite des roes du rouet des Fileurs d'or; elle eft placée au-deffous de la grande roze fur le derriere vis-à-vis la roue du milieu » Qui n'ayant pas d'autre arbre que le fien, recoit le mouvement d’elle. On l'appelle roue du moulinet, parce que c’eft par. elle que les moulinets font mis en jeu. #oyez ROUE DU MILIEU & MOULINETS. ROUE ; f. f. ( Manuf. de glaces.) ce qu’on appelle de la forte dans les manufadtures des glaces, & dont on fe fert pour adoucir celles du plus grand volume, ne tourne pas autour d’un aïfieu , mais eft poié ho= rifontalement & attaché fur ce qu’on nomme la re ble. Elle eff de bois , à rayons , forte & légere, en- viron de fix piés de diametre. S avary. (D.7. ) ROUE dont fe fervent les Graveurs en Pierres fines s eft une roze de bois placée fous le tablier , dont lus fage eft de faire mouvoir l'arbre du touret.(foyez Les, - Planehes & les figures de cer article, Cette roue doit être plombée , pour qu’elle conferve plus long-tems la vitefle imprimée par la marche ou pédale , fur la quelle ouvrier appuie’ le pié alternativement. Voyë Particle GRAVURE, ROUE dans l'Horlogérie fignifie en général un cer 390 ROU cle de métal qui a des dents à fa circonférence. Les Horlogers employent différentes fortes de roues ; mais celles dont lFufage eff le plus répété dans les montres & pendules font compofées d’un anneau c, voyez les figures & les Planches des barettes & (voyez BARETTES) , d’un centre ou petit cercle /, & enfin d’un arbre ou pignon fur lequel la roue fixée au moyen d’une afñette tourne parfaitement droit & rond, de façon que le tout enfemble fe nomme tou- jours roue comme roue derencontre, de champ , &@c. qui fignifie cette roue & le pignon fur lequel elle eft enarbrée, Nom des roses dont'les différentes horloges font compofées. | Roues du mouvement d'une montre. La premiere eff la grande roue portée fur l’arbre de la fufée. Voyez MONTRE, FUSÉE, @ Zes figures. Dans cettef- eure la partie X repréfente une éminence, que les Horlogers appellent goutte ; elle fert à augmenter la longueur du trou de la roue ou fon canon, &c à for- tifier cette partie, pour que de lautre côté on puifle y faire une petite creufure pour noyer une goutte d'acier, dont on verra l’ufage article FUSÉE. La par- tie obfcure o eft une creufure continuée jufqu’au bord c ; c’eft dans cette creufure que font ajuftées les pieces de l’encliquetage, &c c’eft fur fon fond que porte le rochet de la fufée. La feconde roue d’une montre fimple eft la grande rouemoyenne , voyez les P.l6les fig. qu'on nomme dans les pendules rous de longue tige ; ellea une tiges du côté dela platine des piliers quifert à porter la chauffée e: comme, par la difpofition du calibre, cette roue fe trouve ordinairement au centre du ca- dran , on difpofe toujours le nombre des roues, de façon qu’elle fafle un tour en 60 minutes ; c’eft ce qui fait qu'on met l'aiguille des minutes fur la chauf- fée. Voyez CHAUSSÉE , ROUAGE, CALIBRE, MON- TRE, &c. | La petite roue moyenne eftla troifieme roue, voyez les fig. fuiv. elle eft plate, & à-peu-près femblable à la précédente , fi ce n’eft qw’elle eft un peu plus petite, &z qu’elle eft enarbrée fur un pignon de fix ou de fept au moyen d’une petite affette. Voyez ASSIETTE. Cette roue-engrene dans le pignon de roue de champ. : La roue de champ, voyez Les fig. {e préfente la premiere quand on ouvre une montre. Ses dents, au lieu d’être perpendiculaires à fon axe, lui font paralleles , &t s’e- levent perpendiculairement fur le plan de fon cer- cle & de fes barettes. Cette forme eft requife dans cette roue, afin qu’elle puifle engrener dans le pi- gnon de roue de rencontre , dont la tige perpendicu- laire à celle du balancier eft pofée parallelement aux platines. Roue de rencontre. Les dents de cette roue, la der- niere d’un mouvement fimple , font toujours en nombre impair. Ce font des efpeces de pointes ren- verfées, pofées parallelement à laxe comme celles de la roue de champ ; elles engrenent dans les palet- tes , ainf qu'ileft expliqué à larsicle ECHAPPEMENT. Voyez les Planches de l’Horlogerie, & Leur explica- zion, Le pivot de la roue de rencontre qui eft voi- fin de cette roue roule dans un trou percé dans le nez de la potence , l’autre dans le bouchon de contre- potence. On étampe quelquefois ces deux dernieres roues , afin de rendre leur champ plus dur. Voyez La fige 22. Roues de la cadrature. Ce font deux roues plates, favoir la roue de cadran de 40 dents, & celle des minu- ces de 36. Voyez Les fig. & les Planches. La premiere eft rivée fur un canon qui entre librement fans ce- pendant avoir trop de jeu fur celui de la chauffée. Cette roue qui eft retenue avec un jeu convenable entre le cadran &z la platine des piliers porte l'aiguille des heures par l'extrémité de fon canon qui pale au- travers du cadran, | La roue des minutes, autre fig. autrement appellée roue de renvoi, eft menée par le pignon de chauflée qui eft de douze ; elle porte un pignon de dix, qu’on nomme pigrzon de renvoi ; ce pignon mene la roe de cadran : il eft percé à fon centre, & toutne avec la roue qu’il porte fur une tige fixée perpendiculaire- ment fur la platine des piliers fous le cadran, comme on le voit dans les fg. Roue de vis fans fin, fig. [uiv. eftune roue qui en- grene dans les pas de la vis fans fin, & qui entre à quatré {ur l’arbre de barrillet ; elle fert à bander le reflort au moyen de la vis fans fin. Roue de rofette, figures fuivantes , eft la roue qui engrene dans le rateau , &t qui fert à faire avancer ou retarder la montre. Roues d'une répéution. On diftingue dans une ré- pétition le rouage du mouvement d'avec celui de la fonnerie ; les roues du premier & celles de la cadra- ture font femblables à celles des montres fimples, quant aux roues de fonnerie qui {ont au nombre de cinq, fi l’on en excepte la premiere, qu’on nomme grande roue de fonnerie, qui a un encliquetage , &c eit affez femblable à la grande roue du mouvement ; ce font des roues plates montées fur des pignons de fix ; elles vont en diminuant jufqu’à la derniere qui engrene dans le délai. Voyez d'arricle SONNERIE , où lon explique lufage de ces roues. Roues du mouvement des pendules. Celles qui font à reflort en ont ordinairement cinq, que lon diftin- gue de la maniere fuivante , Planches fuiv, de l'Hor= logerie : 1°, le barrillet R , 2°. la feconde roe 8, 3°. la roue à longue tige T, 4°. la roue de champ #, & enfin la roue de rencontre X, qu’on appelle aufla quelquefois roue a couronne, Ces deux dernieres ne different qu'en grandeur de celles du même om d’une montre. On vient de voir ce que c’eft que 4e roue à longue tige, qui répond à la grande rote moyens ne ; & quant au barrillet , c’eft un barrillet ordinaire qui a des dents à fa circonférence. Dans Les pendules à fecondes où l’on n’emploie prefque plus l’échappe- ment à roue de rencontre , la derniere roxe ou rome d'échappement s’appelle le rochez ; & la roue de champ qui pat-là devient une roue ordinaire , s’appelle alors la sroifieme roue, parce que ces pendules n’en ont que quatre, &t la premiere s’appelle la grande roue. Voyey RocHET. En général dans toutes fortes de pendules d’horloges , 6:c. la premiere roze du mouvement s’ap- pelle la grande roue , & la derniere roches ou roue de rencontre , {elon qu’elle eft plate ou formée en rous de rencontre. Il en eft approchant de même danses montres , quoiqu'ordinairement la derniere roze con- ferve le nom de roue de rencontre, quoiqu’elle ne foit pas faite de la même façon que celles à qui on donne communément ce nom. Roues de fonnerie. Le nombre de ces rozes n’eft pas abfolument fixe , il differe felon les fonneries ; dans les pendules , il eft ordinairement de cinq, le barril- let 2#, la feconde roue P , la roue de chevilles O, la roue d’étoquiau M, la roue du volant N, il y a de plus le volant £ : comme nous venons de dire, qu’il y a en général dans toutes les horloges une grande roue , une roue de rencontre ou un équivalent ; 1lya de même aufli dans toutes les fonneries une grande roue, une roue de chevilles &c une roue d’étoquiau. Dans les horloges , la grande roue eft en même tems la roue de chevilles, On donne ce nom à cette roue, parce qu’elle porte des chevilles qui fervent à lever les queues des marteaux ou des bafcules. La roze d’é- toquiau prend fon nom d’un étoquiau qui eft à fa circonférence , & qui fert à arrêter la fonnerie; cette cheville , quand la fonnerie eft en repos , s’ap- puyant fur la détente ; cette roze fait ordinairement un tour par coup de marteau. Voyez SONNERIE. Dans plufieurs fonneries elle ne fait qu’un demi-tour ; elle R OU cf afots garnie proche de fa circonférence dure ef | pece d’anneau coupé en deux par fon milieu, & la détente après que l'heure a fonné s'engage dans les entalles de ces deux portions d’anteau. Cette ma- mere d'arrêter la fonnerie eft plus fre pour des hor. loges mal exécutées que par ün étoquiau ; comme nous l'avons dit plus haut. On appelle cette derniere ROUE, roue roue de cercle. Voyez SONNERTE, HORLOGE ; PeNDULE , Ge. Il y a encore la roue de compte , qui eft la mêmerchofe que Le chaperon. Foyez CHAPE: "RON. Outil a placer les roues de rencontre, inftrument dontfe fervent les Horlogets. Voyez RAPPORTEUR. Grande ROUE, nom que les Horlogers donnent en général à la premiere roue du mouvement de la fonnerie ; Éc. de toutes fortes d’horloges. Voyez Grande ROUE MOYENNE, nom que les Horlogers donnent à la feconde roue d'une montre. Foyeg ROUE, . à ROUE À TRAVAILLER 07 MEULE , en rerme de La- pidaire , eft un difque de fer , de cuivre ou de plomb repréfenté, voyez les PI, du Lapidaire. e eftla roue vue par-deflus, c’eft-à-dire, du côté fur lequel on taille ces pierres, qui eft uni pour celles de fer & de cui- vre, & taillé comme une lime pour celles de plomb. La fg. c repréfente la meule vue par-deflus, où lon voit quatre trous dont l’ufase eft de recevoir les pointes de laffette de l'arbre, dont la partie fupé- rieure entre dans le trou rond qui eft au centre de a meule ou roue qui eft retenue fur cet arbre au . moyen d’une clavette qui le traverfe. Foyez Les PL de cet article 6 leur explic. & MOULIN du lapidaire. ROUE DE CHASSE Z, parmi les Lapidaires eft la principale roue de leur moulin qui donne le branle à celle fur laquelle ils travaillent les pierres, au moyen d'une corde fans fin. Cetté roue eft mûe par L la manivelle Æ qu’on voit fur la table de ce moulin repréfenté PJ. di lapidaire. V. Oyez aufh wre autre fig. Gui repréfente les mêmes parties féparées du mou- En: W la roue de châfle , X crapaudine & pivot inférieur de cette roze, T quarré de la manivelle, bba corde fans fin qui après avoir paflé dans la gra- vire de la roue de châfle #, va pafler fur la poulie de la meule Y, Z pivot & crapaudiere inférieure de l'arbre de la meule, Z pivot fupérieur qui en- tte dans une piece de bois N qui traverfe le nez de la potence M.Nentre lefquels l’arbre de la meule tourne par le moyen de la corde fans fin ba qui lui tranfmet le mouvement imprimé par la manivelle à la roue dechâfle 7, ROUE À CHEvER eft, parmi les Lapidaires, une roue plus petite que la roxe ordinaire à travailler les pierres ; elle eft le plus fouvent de fer, de figure fant-{oit-peu convexe, 8 fe place au-deflus de la roue à travailler au même arbre qu’elle, & elle fert pour chever les pierres concaves. Voyez: CHEVER. ROUE, ez rerme de Potier, c’eft un inftrument {ur lequel on façonne les grofles pieces qu’on ne peut travailler au tour. C’eft une grande roue dont les rayons s’élevent de la circonférence jufqw’à une efpece de moyeu ou billot tournant aïfément fur {on pivot, & dont la furface eft fort unie. Cette roue eft mife en mou- vement. par le potier avec un bâton. Voyez es PI, & Les fig. | ROUE, { £ rerme de Tourneurs, Les Tourneurs & les Potiers d’étain fe fervent d’une roue pour tourner für le tour les ouvrages qui font où d’un trop grand volume ou: d’untrop grand poids. Cette roue qui na guere moins de quatre piés de diametre , a toutéau- tour de fa circonférence extérieure une cannelure dans laquelle fe met la corde: fon axe ou effieu qui RON 4 ef defer, porte de chaquebout dans les trous de deux jambages de bois élevés d’-5lomb fur des femelles aufli de bois; pour Ortifier tes jambages , il y à quatré liens à contre-fiches , deux à chacun ; Cha que extrénuté de l’eflien eft quarrée pour, y em> boîter des manivelles. Lorfqu'on veut travailler , ôn pañle la cordé dont les deux bouts font jOints enfembie avec de la ficelle, fur 1a cannelüre de la rone, © On lui fait auffi faire un tour fur la pièce de bois, de pierre, d’étain, ou de telle autre matieré que ce foit, qu'on veut tourner, ou bien für le mandrin auquel la piece eft attachée ; alors un ou deux hommes, fuivant l'ouvrage , tdurnant la rové avec les manivelles, font tourner là piece que le tourneur dégrofht, &e à laquelle il donne telle fgure fphériqué qu'il juge à propos, avec divers outils de fer, qui font propres aux ouvrages de tour, Savary, (D. I.) ROUE, terme de Pirrier. Les Vitriers appellent les ronés du tire-plomb, deux petits cylindres d'acier pofés l’un deflus l’autre, qui fervent à refendre les plombs des panneaux & vitrages. Trévoux, (D. JT.) ROUE-MANŒUVRES , (Marine.) commandement de replier les manœuvres. ROUE , (Cric. facr.) Cetté piece de bois tournée en rond, &rqui fe meut fur un aïflieu, fe prend au propre &€ au figuré dans Ecriture, Comme les Hé- breux fouloient quelquefois le grain avec la roue d'un chariot, Ifaie, dit xxiÿ. 27. « Onne fait point » pafler la roue du chariot fur le cumin »: c’eft une allégorie pour fignifier que Dieu ne traite pas fi fé verement les foibles que les forts. Quand le même prophete dit ailleurs, ch. ». 29, « Les roiies de leurs » chars font rapides comme la tempête » : il défigne par cette fimihitude les Chaldéens qui devoient venir fondre fur la Judée. Roze eft encore pris au figuré pour cours, révolution : « la langue enflamme tout » le cours de notre vie, roszm vitæ noffre | Tv r9e= » %0v TIG yeveséoc 5 Jacq. DE 6: c’eft-à dire, « la lan: » gue médifante n’eft propre qu’à rendre notre vie » malheureufe. Si vous parlez mal des autres, peut+ » Être entendrez-vous parler plus mal de vous »4 C’eft un vers d'Héfiode , auquel revient celui-ci : _ # Le mal qu'on dit d'autrui, ne produit que du mal, (D.J.) ROUE , (Jurifprud.).eft un fupplice pour les cris minels., dont l’ufage eff venu d'Allemagne. La peine de la roue s'exécute fur un échafaud dreflé en place publique, où après avoir attaché le condamné à deux morceaux de bois difpofés en fautoir enforme de croix de Saint-André, l’exécuteur de la haute-juffice Jui décharge plufeurs coups de barre de fer fur les bras, les cuifles, les jambes & la poitrine : après quoi 1l le met fur une petite rote de carrofle, {ou- teneue.en lai {ur un poteau. Le criminel a les mains êt les jambes derriere le dos, & la face tournée vers le ciel pour y expirer dans cet état. Anciennement, & encore dans quelques pays, le -criminel étoit attaché tout-d’un:coup fur une grande roue de chatrette, où on lui cafloit les membres: : _ Quelquefois, pour adoucir la péine, les cours par un rerentuim qu'ils mettent au-bas de l’arrêt, ordon- nent que le condamné fera étranglé dans lé tems de exécution. | 5285 Cette peine a lieu-que pour des crimes ätroces: tels que lafflaffinat , lemeurtre d’un maître ‘par {on domeftique, le vol de #rand chemin, le parrieide , le viol. | QATE à Les fémmies ne font point condamnéës À° cette peine; par des raifons de ‘déceénce & d’honnêteté publique , voyez le s/off. de M. de Laurriere, &'les in ffitutes au drois criminel de M. de Vouolans. (4) ROUE, verme de Blafon. Quand elle eft repréléarée » 392 R O ÙÜ avec des rafoirs & fers tranchans, elle s’appelle rowe de Sainte-Catherine. Mencfirier. (D. J.) ROUÉE, adj. (Fénerie.) fe dit des têtes de cerf, de daim & de chevreuil, dont les poches font peu ouvertes & ferrées. On dit tête roue. ROUEN, ( Géog. mod. ) ville de France, capitale de la Normandie, fur la rive droite de la Seine, à 20 lieues au fud-oueft d'Amiens , &c à 28 au nord- oueft de Paris. Long. fuivant Caflini, 184, 367, 30". lat. 494. 271. 30°. Cette ville fut nommée premierement Rorkoma- gus, &cenfuite Rorhomum , &t par corruption Rodo- mum, C’étoit la principale place des peuples Velo- caffes, defquels elle n’a pas pris le nom, comme plu- fleurs autres villes ont pris celui de leurs peuples. Quoiqu’on ne puifle nier que cette ville ne foit an- cienne; Jules-Céfar, dans fes commentaires , &g les autres écrivains romains n’en ont fait aucune men- tion avant Ptolomée. I! falloit cependant que cette ville füt confidérable, puifque quand on divifa en deux la province lyonnoïfe, fous Conftantin, on donna Rouen pour capitale à la nouvelle province lyonnoïfe. | On ne doute point que l’ancien nom de Rouen, Rothomagus, ne foïit gaulois ; mais fon origine eft in- connue : les uns latirent de lidole Rorho qu'on ado- toit dans ce heu, & de r7ag2s ou magumt, qui en lan- gue celtique fignifie vi// : d’autres aiment mieux adopter étymologie du même mot wagus, &t des deux prémicresfyllabes de Rorobecum, qui eftlenom latin de la petite riviere de Robec qui coule à Rouen. Cette ville n’a d'autre enceinte qu'une muraille, avec des tours rondes à l'antique, & des baffions 1r- réguliers. Ses rues y font petites, étroites, &c les mai- fons en général aflez vilaines ; mais il y a des fontai- nes en nombre qui font d’une grande commodité ; les dehors dela viile font très-beaux, & les promenades, Aur:tout celles du quai & du cours, font agréables. D’ailieurs Ro ver eft une des plus grandes villes, : des plus riches & des plus peuplées du royaume. Elle renferme dans fes murailles plus de foixante mille ames. C’eft le fiége dun illuftre parlement, d’une chambre des comptes, d’une cour des aides, d’une intendance , d’un préfidial, d’une généralité, d’un bailliage , & d'un hôtel de monnoies. Le parlement de Rouen a été établi en la place de Véchiquier, qui fots les anciens ducs de Normandie, étoit commie un parlement ambulatoire, tant pour ladminiftration de la juftice, que pour toutes Îles autres affaires qui regardoient le bien du pays. On Vaflembloit tantôt à Rouen, tantôt à Caën, quelque- fois à Falaife, ou en d’autres villes, felon les ordres du prince , fans qu'il y eût aucun lieu fixe. Louis XIT. rendit cette cour perpétuelle en 1499, & François. lui donna le nom de parlement en 1515. Laréinftitution de la chambre des comptes eft dûe à Henri IL. qui l’unit en 1580 à la cour des aides de Normandie. Elle a toute cette province dans fon de- partement, Cette chambre des comptes avoit déjà été créée en 1380, mais Henri IL l’avoit fupprimée en1553.La cour des aides de Normandie fut établie à Rouen par l’édit de r483. Celle de Caën lui fut unie par l’édit de Janvier 1641; & la même cour des ai- des de Roxen fut unie à fon tour à la chambre des comptes de la même ville en 1705. Le bureau des finances de Rouen fut établi au mois de Janvier 1551. Cette généralité comprend qua- torze éleions ;1l y a auffi dansla même ville un fiége d’amirauté & un confulat. Lecommerce de Rouen eft très-confidérable, par le grand nombre de manufaétures de draperie, & au- tres étoffes, de tapifleries, de mercerie, de toiles, de fils, de tanneries, &c, Le commerce eft encore facilité par lapofition de cette ville, où la marée eft fthaute, que les vaiffeaux de 200 tommieaux y peus vent aborder. Vs Le pont de Roue eft d’une flruêiure finguliere, étant de bateaux joints enfemble ,: pavés par-deflus, fe hauffant & {e baifflant avéc les flots de la mer. t} eft cependant incommode par fon grand entretien, & de plus, on eft prefque tous les ans obligé de le démonter, pour empêcher que les glaces men ems portent une partie. Ce pont fut conftruit en l’an 1626, Il a deux cens foixante &c dix pas de long, & donne pañlage dans le fauxbourg de faintSévere, Le pont de pierre qu'il y avoit précédemment à Roue n’exifte plus; fes arches tomberent en ruine en 1502, en 1533, & en 15643; on pourroit cependant le rebâtir dans les mêmes endroits, en lui donnant moins de hauteur & plus de largeur, | Le 25 de Juin de lan 1633, Rouer éprouva la fu- reur d’un ouragan, accompagné de tonnerre, de orèle, & de pluie, qui firent des dépats terribles en divers endroits, La pyramide revêtue de plomb qui étoit fur la tour de l’églife de faint Michel, fut arra- chée au-deflus des cloches, & tranfportce parle vent au milieu de la rue où elle fe brifa. Plufieurs tours & clochers furent ébranlés & endommagés par cette horrible tempête, qui ne dura pas un quart d'heure fur la ville, mais qui y caufa un dommage qui mon- toit à plus de deux millions. Elle déracina dans la campagne les plus gros arbres, faccagea les grains, les légumes, les herbages, &c les fruits. L’archevêché de Rouen eft un des plus beaux, des plus anciens , & des plus riches qui fotent en France, Il vaut au-moins foixante & dix mulle hyres de rente ; fon diocèfe comprend 1388 paroifles diftribuées fous fix archidiaconés, vingt-fept doyennés ruraux, & le fous-doyenné de la ville. Nicaïfe eft regardé pour le premier évêque de Rozer, On compte déjà douze ar: chvêques de cette ville qui ont été cardinaux. Il fe dit primat de Normandie, quoiqu'il n’ait aucun ar: chevèque pour fufragant ; mais ce titre lui donne la prérogative de dépendre immédiatement du faint liège. - Le chapitre de l’églife cathédrale eft compofe de dix dignités, & de cinquante-un chanoines , en comptant l’archevèque, qui en cette qualité préfidé & a voix en chapitre, outre que les dignités & ca- nonicats, à l'exception du haut doyenné, font à fa nottination. | Tous les évêques de la province font obligés de prêter ferment à l’églife cathédrale de Rouen ; maïs {on droit le plus fingulier, c’eft de pouvoir délivrer un prifonnier Le jour de PAfcenfion, après que ce prifonnier a levé la fierte, c’eft-à-dire la châffe de faint Romain. Voyez FIERTE. Outte le chapitre de la cathédrale, 1l y en a en- core deux dans la ville, & plufeurs abbayes, dont celle qui porte le nom de faint Ouen, & qui eft de bénédiétins réformes, jouit aujourd’hui de foixante mille livres de revenus: on compte dans cette ville trente-cinq paroïfles, & cinquante-fix couvents : les jéfuites y avoient auffi un college, fondé par le cardinal de Joyeufe. On a établi depuis peu à Rover une.académie de Belles-Lettres, & c’eftavec raïfon, car je crois qu’a- près Paris, c’eft la ville du royaume qui a produit le plus d'hommes célebres dans les fciences &zles beaux= arts. La lifte en eft nombreufe, mais je ne me pro- pofe que d'indiquer ici Les principaux. Je commen: cerai pour fuivre l’ordre alphabétique, par MF Baf- nage, Bafnage ( Jacques }, calvinifte, fe retira en Hol- lande, lors del’édit de Nantes, devint pafteur à la Haye, & comme dit M. de Voltaire , étoit plus pro- pre à être mimiitre d’état que d’une paroïfle. Les ou- vrages qu'il a compofés lui ont acquis une grande | réputation R OÛ Tu 48 réputation dans toute l'Europe , fur-tout fon hiftoire des Juifs, celle de l'Eglife depuis Jefus-Chrift jufqu’à préfent , & celle des Provinces-Unies, parce que ce {ont des ouvrages d’une utilité générale. Son traité de la confcience parut à Amfterdam en 1696, & fait deux volumes :7-8°, L'hiftoire de l'Eghfe vit le jour à Rotterdam 1609, en deux vo- lumes i7-folio, Un des morceaux le plus curieux de cet ouvrage, eft celui où il prouve qu’on a placé fur les autels un grand nombre de faints qui n’ont jamais exifté, & qu'on a multiplié les perfécutions pour multiplier le nombre des martyrs. Son hiftoire des Juifs a été faite pour fervir de fupplément à celle de Jofeph. La premiere édition eft à Rotterdam 1706, en cinq volumes z2-12. Elle a été tellement augmentée depuis, qw’elle contient au. jourd’hui quinze volumes 27-12. Le pere Simon, bon juge en ces matieres, convient que c’eft un des meil- leurs ouvrages de l’auteur. Il y faut joindre fes anti- quités judaïques , ou remarques critiques fur la répus blique des Hébreux, Amfterdam 1713 , ir-8°, deux volumes. Îl refute dans cet ouvrage l'opinion du pere Baltus fur les oracles opérés par les démons. Ses annales des Provinces - Unies forment deux volumes zz.fol. le premier parut à la Haye en 1719, êt le fecond en 1726. Le penfionnaire Heinfius trou- voit que cet ouvrage, quoique fautif en quelques endroits , toit le meilleur qu’on eût publié en ce genre. ed M. Bafnage avoit aufi beaucoup travaillé au rhe- Jaurus monumentorum eccleftafficorum € hifloricorum de Canifius , grand & bel ouvrage que les Wetfteins ont publié Arruerpiæ172$, in-fel, On trouvera dans le diétionnaire de Chaufepié la lifte complette des écrits de M. Bafnage , avec un abrégé de fa vie, On peut auffi confulter le pere Niceron, om. 1F. 6 tom. X. Il mourut en 1723, dans fa 71°. année. Bafnage de Beauval (Henri), fon frere, avocat en Hollande, mais encore plus philofophe, a écrit de [a tolérance des religions. Il a auffi donné lhif- toire des ouvrages des favans, & le didionnaire de Furetiere augmenté. Il mourut en 1710, à 53 ans. Un de fes coufins, Bafrage de Flotremanville (Sa- muel), qui avoit êté miniftre à Bayeux, fe retira à Zutphen, où 1l publia en 1706, en trois volumes 2z-fol. une favante critique des annales de Baronius, fous Le titre de annales polisico-ecclefafiici. Enfin tous les Bafnages qui ont vécu depuis le commencement du xviy. fiecle jufquw’à ce jour, foit en France, foit dans les pays étrangers, fe font illuftrés dans les lettres. Jean du Bofe, {eigneur d'Efmendreville, préfident en la cour des aides de Rouen fa patrie, eft auteur de quelques livres favans, entre autres de celui qui eft intitulé, de legitimis nuprüs ; fon ouvrage de Numæ Pompilii facris, déplut beaucoup aux catholiques ro- mains. Îl avoit été employé dans des ambaflades im- portantes, & cependant il fut condamné à perdre la tête par la main du bourreau en 1562, comme un des principaux auteurs de la réfiffance que Rouen avoit faite aux armes du roi, dans la premiere guerre civile fous Charles IX. « Digne d’une meilleure def. » tinée, dit le Laboureur, il avoit été élevé comme » les 1lluftres de fon tems, qui afpiroïent à la poffef- » fon des belles fciences , & principalement de la ju- »rifprudence, qu'il alla puifer dans fa fource, au » voyage qu'il fit exprès en Italie». Bochart (Samuel ), miniftre de l'Evangile à Caën : & l’un des plus favans hommes du monde, naquit lan 1599, d’une famille noble & féconde en perfon- nes de mérite. Il favoit le grec, l’hébreu, l’arabe, l’éthiopien , & autres langues orientales. La reine de Suede l’attira en 1652 à Stockolm, où elle lui donna des marques publiques de fon eflime, tandis qu'il n'éprouva que de [a jaloufie de M, Bourdelot, I] ft Tome XIV, R O U 393 fe voyage de Suede avec M. Hict, évêqué d'Ayrans ches, qui a donné en vers latins une relation fort gentille de ce voyage, De retour à Caën » 11 y reprit fes fonétions de miniftre ; 8: mourut fubitement en parlant, dans académie de cette ville > CN 1667, à 78 ans. _Îlfe fit une grande réputation en 1646; pat la pu: blication du Phales & du Chanaarm, qui font les titres des deux parties de fa géographie facréé, Il y traite, 1”. de la difperfion des peupies, caufée par la confu- fion des langues; 2°, des colonies & de la langue des Phéniciens. Il fe propofoit de travaiiler fur les animaux, fur les plantes, & fur les pierres précieu: fes de la Bible ; maïs il n’a pü achever que ce qui re- garde les animaux , Ouvrage qu’on imprima à Lon- dres en 1663, iz-fol. fous le titre d'Aierozoïcon, Les deux ouvrages que nous verions de citer, font rema plis d’une érudition immenfe, & rendront la mé: moire de M. Bochart immortelle dans la littérature. Brumoy (Pierre ) favant jéfuite, qui fe ft aimer par fa probité & les qualités de fon cœur , mourut à Paris en 1742, âgé de 54 ans, Il a fait des poéfies, mais {on théârre des Grecs eft le meilleur ouvrage qu'on ait en ce genre. Il n’étoit peut-être pas fi mal fondé qu’on le croit, à admirer le mérite & la fupé- riorité du théâtre grec. Brun Definarers (Jean-Baptifte de), favant dansles | recherches eccléfaftiques, fe vit enveloppé dans [a difgrace de M° de Port-royal, & fut mis à la bafille Où 1l refla cinq ans. Il mourut à Orléans en D73, dans un âge très-avancé, Il a donné, 1°. les breyiai res d'Orléans & de Nevers ; 2°, une édition de faint Paulin; 3°. voyages liturgiques de France, i2-8°, hvre rempli de recherches curieufes ; 4°, il avoit achevé une édition des œuvres de La@ance , que M. Langlet du Frefnoy a publiée avec des augmentas tations ; en deux volumes 7-49, Bulteau (Louis ) fut fecrétaire du toi , Mais il fe démit de cette charge au bout de quatorze ans, & pafla le refte de fes jours chez les bénédidins. I mourut d’apoplexie en 1693, à 68 ans. Il a publié quelques ouvrages anonymes & aflez bien écrits. Les principaux font, 1°. Æffai de l’hiffoire monaftique ; 2°. Abrégé de l’hifloire de l’ordre de Jaint Benoït , deux volumes 2-49, 3°, Traduëlion des dialogues de fains Gregoire le grand, avec de favanres zotes, TC. Charleval (Jean-Louis Faucon de Ris, feigneur de} neveu, frere & oncle de M Faucon de Ris , tous trois premiers préfidens du parlement de N ormandie, étoit d’une complexion fi foible > qu'on ne croyoit pas qu'il dût vivre long-tems. Il ne mourut pourtant qu'en 1688, dans fa 80%. année ; & malgré la délica- tefle de fon tempérament, il dut au régime une affez bonne fanté. Il étoit ami de Sarrafin & de Scarron, & l'étude des belles-lettres fit fon plaïfir; mais il étoit peu communicatif. L’agrément de {a converf2 tion le faifoit pourtant rechercher de tout le monde, & la plüpart des écrivains de fon tems , ont loué la jufteffe de fon ftyle & la délicatefle de fon goût : 1l portoit quelquefois cette derniere jufqu’au rafine- ment. Nous n'avons qu'un petit nombre de fes écrits difper- fés en différens recueils. Après fa mort les Originaux de fes lettres & de fes poéfies tomberent entre les mains de fon neveu, le premier préfident , qui moins communicatif encore que Charleval lui-même, refufa de les laïffer imprimer. Le peu qui nous refte de cet écrivain délicat, le fait jugerdigne d'occuper une place parmi nos auteurs agréables, La converfation du ma- réchal d'Hocquincourt & du pere Canaye, imprimée dans les œuvres de St. Evremont, eft de Charleval , jufqu'à la petite differtation fur le Janfénifme &7 fine le Molinifme, que St. Evremont y a ajoutée, Chosft ( François Timoléon de, l’un des quarante D â | 394 ROU de l'académie Francçoïfe, naquit en 1644. Il fut en- voyé vers le roi de Siam en 1685, avec le chevalier _de Chaumont , & fut ordonné prêtre dans les Indes par le vicaire apoftolique. Il mourut à Paris en 1724. Ï a mis au jour divers ouvrages, dont les principaux font, 1°. Relation du voyage de Siam ; 2°. plufieurs vies, comme celle de faint Louis, de Philippe de Valois, du roi Jean, de Charles V. de Charles VE & de madame de Miramion ; 3°. Quatre Dixlogues fur l'immortalité de l'ame, qu'il compofa avec M. Dan- geau; 4°. une traduétion de Pimitation de Jefus-Chrift dédiée à madame de Maintenon , avec cette épigra- phe, qui ne parut que dans une feule édition ; coeur pifcet rex decorem tuurm ; °.des Mémoires de la comtefe des Barres: cette comtefle des Barres étoit lui-même. « I s’habilla, dit M: de Voltaire, 8 vécut en » femme plufieurs années ; ilacheta fous le nom de » la comtefle des Barres, une terre auprès de Tours. » Ces mémoires racontent , avec naïveté, com- » mentileutimpunément des maîtrefles fous ce dé- » guifement. Pendant qu’il menoit cette vie, il écri- » voitlhifloire eccléfaftique, qu’il publiaen sr. vol, » 11-12. Dans fes mémoires fur la cour , on trouve » des chofes vraies, quelques unes defaufles, & » beaucoup de hafardées; ils font écrits dansunftyle » trop familier ». Corneille (Pierre) naquit en 1606, &r fera tou- jouts le pere du théâtre françois, car il faut le juger par fes chef-d’œuvres ; nous aufons occafon de par- ler de lui au mor TRAGÉDIE, & la même occañon s'eft déja préfentée fous d’autres articles; j'ajoute- rai feulement qu'il exerça dans fa patrie la charge d'avocat général à la rable de marbre, fans connoître lui-même les talens extraordinaires qu’il avoit pour la poéfie dramatique. Une avanture de galanterie lui fit compofer fä premiere piece intitulée Mélise, qui eut un fuccès prodigieux."il mourut doyen de Paca- démie françoife en 1684, à 78 ans. Corneille (Thomas ) auroit eu la plus grande ré- putation dans lethéâtre fans ce frere aîné ; mais mal- gré le peu de cas que M. Defpreaux en fanfoit, 1 doit tenir un rang confidérable parmi nos poëtes tragi- ques; êr peut-être eft-1lfupérieur à tous nos auteurs dramatiques dans la confüitution de la fable. H'étoit de l'académie Françoife, & de celle des Infcriptions; mais il mourut pauvre en 1709, à 84 ans. Cétoit un homme fort laborieux , car outre fes pieces de théâtre , au nombre de trente-quatre, on a de li, 1°, un Didionnaire géographique en 3 volumes in-fol. meilleur pour la Normandie que pour le refte ; 2°. un Didionnaire des arts 6 des fciences , quine mérite plus d’être aujourd’hui confulté ; 3°. la sradutlion des métamorphofes , & de quelques épirres d'Ovide, heu- reufement rendues, 6e. Daniel, (Gabriel) célebrejéfuite, qui dans fon hifloire de France a reétiñé les fautes de Mezerai fur la premiere & la feconde race; onluiareproché, dit M. de Voltaire, que fa diétion n’eft pastoujours affez pure, que fon flyle ef trop foible, qu’il n’intérefle pas, qu'il n’eft pas peintre, qu'il n’a pas aflez fait connoître les ufages , les mœurs, les lois; que fon hiftoire eft un long détail d'opérations de guerre, dans lefquelles un hiftotien de fon état fe trompe prefque toujours ; enfin qu'il parle trop peu des grandes qualités d'Henri IV, &c trop du P. Cotton. Cependant, ajoute M. de Voltaire, lhiftoire du P. Daniel, avec tous fes défauts, eft encore la moins mauvaife qu’on ait, du moins jufqu’au règne de Louis XI. Il dit dans fa préface , que les premiers tems de l’hifloire de France font plus intéreffans que ceux de Rome, parce que Clovis & Dagobertavoïent plus de territoire que Romulus & Tarquin ; 1ligno- roit, en parlant ainfi, que les foibles commence- mens de tout ce quieft grand,intéreflent toujours Les R OU hommes; onadmire la foible origine d'un peuple qui étendit fon empire jufqu’à l'Elbe, l'Euphrate, èc le. Niger. D'ailleurs, ren wintérefie moins que les com- mencemens de notre hifoire,, & même deptis le cinquieme fiecle jufqw'au quinzieme, ce neit qu'un cahos d'avantures barbares, fous des noms barbares. Cutre lhiftoire de France du P. Daniel, dontil donna auffun abregé en 9 vo/. in-12. 1l a encore pu- blié, 1°. une Hifloire de la milice françoife, ix- 3°. en 2 vol. 2°, Voyaye di monde de Defcartes, in-12. c’eft une jolie critique du fyflème de ce philofophe ; ce livre a été traduit én Anglois & en Italien. 3°. Piu- fieurs opufcules qui ont été recueillis en 3 voz. in4°. Ii mouruten 1728. âgé de 79 ans. Fontaines ( Pietré-Francois Guyot des ) mourut à Paris en 1745 , à Go ans. Il eft connu par fes obfer- | e | e | [2 s | L 1 Vations furles ouvrages nouveaux, journal pérniodi que , dans lequel iln’a déchiré que trop fouvent des hommes célebrés, qu'il devoit aimer & éfuimer; mais il s’eft fait honneur par fa traduêtion des œuvres de Viroile, avec des remarques ; elle a été imprimée à Paris eh 1754: en 4. vol. m-1a. &t c’eft la meillèure. que nous ayons dans notre langue. Rs get Fontenelle ( Betnard Bouvier de ) a vû renaïtre cent fois le feuiilage du printems, fans avoir éprouvé de pafñons pendant une ff longue vie, êc fans infirmie tés dans fa vieillefle ; il a fini fa catriereen 1757.86 il vivoit encore quand l’auteur de l'Effat fur hiflorre bénérale, a faït fon élose , que perfonne depuis n’a contredit, ni effice. On peut , dit-il, regarder M. de Fontenelle com- me lelpritle plusuniverfel que le fieclede Louis XIV ait produit ; 1l a reffemblé à cesterres heureufement fituées | qui portent toutes les efpeces de fruits ; 1l n'avoit pas vingt ans lorfqul fit une grande partie de la tragédie-opera, de Bellérophon; &£ depuis il don- na l'opéra de Théris & Pélée qui eutun grand fuccès > il ft beaucoup d'ouvrages légers, dans lefquels on remarquoit déja cette finefle , & cette profondeur qui décele un homme -fupérieur à fes ouvrages mé- mes ; c’eft ce qu'il a prouvé dans fes dialogues des morts , & dans {a pluralité des mondes. Il fut faire des Oracles de Van-dale, un livre agréable. | Il fe tourna vers la géométrie &c vers la phyfiques avec autant de facilité quil avoit cultivé les arts d’a- grément ; nommé fecrétaire perpétuel de Pacadémie des Sciences, il exerça cet emploi pendant plus de quarante ans avec un applaudiflèment univerlel. Son hiffoire de l Académie jette très-fouvent une clarté lu- mineufe fur les mémoires les plus obfcurs ; il fut le premier qui porta cette élégance dans les fciences ; fi quelquefois 1l y répandit trop d’ornemens, C'étoit de ces moïffons abondantes dans lefquelles les fleurs croiflent naturellement avec les épis. M Cetre hiftoire de l'académie des Sciences, ferait auffi utile qu’elle eft bien faite, s'il avoit eu arendre compte de vérités découvertes ; mais il falloit qu'il expliquât des opinions combattues les unes par les autres, & dont la plüpart font détruites. Les éloges qu’il prononça des académiciens morts , Ont le fin- gulier mérite de rendre les fciences refpeétables , & ont rendu tel leur auteur. 641 a fait imprimer dur la fin de fes jours des cos médies peu théatrales, &£ une apologie des sourbit- lons de Defcartes, on a pardonné ces comédies en faveur de fa vieilleñe, & fon Carthéfianifme, en fa veur des anciennes opinions, qui dans {a jeunefle, avoient été celles de l'Europe. À + Enfin, on l’a regardé comme le premier des hom= mes, dans l’art nouveau de répandre de la lumiere & des graces fur les fciences abftraites; &cila eu du mérite dans tous les autres gentes qu'il a traités. Tant de talens ont été foutenus par la connoïffance de l’hif- toire, & ila été fans contredit, au-deflus de tous les s R OU favans françois qui n’ont pas eu le don de l'inven- tion, | Gendre (Louisle) obtint quelques bénéfices de M. du Haïlay , archevêque de Paris, & mourut dans cette ville.en 1733. à 78 ans. Il à mis au jour plu- fleurs ouvrages , entr’autres 5 1°, la viede M.de Har- Lay {on bienfaiteur : 2°. celle du cardinal d'Armboife ; 3°.une hifore de France en 3 vol, in-fol, & en 7 vol. iz-12, Cette hiftoire n’eft pas fupérieure à celle de Mezeray & du P. Daniel ; mais on y trouve des par- ticularités curieufes fur les coutures des François, en diférens tems de la monarchie. Les écoliers de l’univerfité de, Paris {ont redevables à l’abbé le Gendre de la fondation des prix qui s’y diftribuent folemnellement depuis 1747. Noë( Alexandre), dominicain & dodteur de for- bonne, mourut À Paris en 1724, âgé de 86 ans; il 3 publié divers auvrages théologiques & polémiques, que peu de gens lifent ; mais on a téimprimé {on hijlotre eccléféaflique , latine , qui avoit déplu aux in- quifiteurs ; ily a dans cette hiftoire des differtations allez eftimées, Lemery (Nicolas ) naquit en 1645, &c fe dévoua tout entier à la chimie, qu’il étudia à Rouen, à Pa- ris, & à Montpellier; enfuite il en donna des leçons lui-même. Cette fcience » Connue depuis long-tems en Allemagne , toit toute nouvelle en France > OÙ _onla resardoit comme une efpece de magie : le la- boratoire de M. Lemery étoit une cave ; & prefque un añtre magique, éclairé de la feule lueur des four- neaux; cette fingularité ne lui valut qu’un plus srand nombre d’auditeurs, & les femmes même oferent être du nombre. Sa réputation aupgmenta ; les pré- parations qui fortoient de fes mains eurent un débit _prodigieux , & le feul magiftere de Bifinuth payoit toute là dépenfe de fa maifon ; ce magiftere n’étoit pourtant autre chofe que ce qu’on appelle du #/anc d'Efpagne, mais M. Lemery étoit le feul alors dans Paris, qui pofledât ce tréfor. il ft imprimer en 167$ fon cours de Chimie, qui fe vendir auf rapidement que fi c’eùt été un ouvra- ge de galanterie , ou defatyre; on le traduifit en latin, en angloïs, enefpagnol, & le préfident de la fociété rovale de Séville nommoit Lemery , Ze grand Lemery : cependant comme: le grand Lemery étoit huguenot , on lui interdit À Paris fes couts de chimie, &c la vente de fes préparations. Il fe réunit à léglife catholique en 1686, pour éviter de plus grands malheurs. . I publia en 1697 fa Pharmacopés univerfeile, 8 quelques tems après, fon sraiié. des drogues fimples. On les a réimprimé plufieurs fois: mais on à donné depuis dans les pays étrangers, de beaucoup meil- leurs ouvrages en ce gente. En 1699 , M. Lemery fut nommé de l'académie des Sciences. & en 1707, ildonna fon rrairé de l'Antimoine ; il y confidere ce minéral pat rapport à la médecine, & par rapport À la phyfique ; mais malheureufement la curiofité phyfique a beaucoup plus d’étendue que l’ufage médicinal. Après l’impreffion de ce livre > M. Lemery com- mençaà fe reffentir des infirmités d@ la vieillefe ; enfin il fut frappé d’une attaque fée d’apoplexie qui l’enlevaen 1715, à l’âge ns. Amand (Marc-Antoine- Fr, fieur de Saint) poëte françois, né e dB Ourut en 1667, Agé de 67 ans. Sa vie n'æpféique te qu’une fuite conti- nuelle de voyages; cé‘qui., finous en croyons Def- Preaux, fatyr dl, vers 97-108. n’aida guere à fa for- tune. | Saint-Amand n'eut du cie que faveine en partape : L'habis qu'il eus fur lux, fut Jon feul héritage : Un Lit, © deux places. compofoient tour fon bien: ; Tome XIF. ….. RAOKU 395 Ox , pour en mieux parler, Saint. Amand ravoirrien. Mais quoi ! las de trainer une vie Imporsune , Il engagea ce rien pour chercher La fortune k Ær tout chargé de vers qu'il devoit mertre an jour Conduië d'un vain efpoir, il Parur à La cour. Qu'arriva-t-il enfin de [a mufe æbrfée? IL en revint couvert de honte 6 de rifèe ; Er la fievre au retour terminant Jon deflin , Fiz par avance er, lui, ce qu'auroir fait La faim. M. l'abbé d’Ofivet remarque que cette peinture en beaux vers pourroïthien n'avoir pour fondement que l'imagination de M. Defpréaux , qui fans doute. a cru qu'en plaçant iciunnom connu , celarendroit fa narration plus vive & plus gaie. Les poëfies de Sant-Amand font foi qu'il n’avoit pas attendu f tard ni à mendier les graces de la cour, ni à mettre aw jour Les vers qu'il avoit faits dans cette vue, Pour ce qui eft de fa pauvreté , tout le monde en convient aflez; il faut que fa mauvaife conduite & fes débau- ches y aient beaucoup contribué , puifqu’il avoit af- {ez de reflources pour vivre commodément s’ilavoit fu le faire d’une maniere rangée, IL avoit été reçu à l'académie françoife dès Porigi= ne de cette aflémblée , & s’engagea de recueillir les termes groteiques & burlefques pour la partie co- mique du diétionnaire que l’académie avoit entre- pris ; cette occupation lui convenoit tout à-fuit S'Car onvVoit par fes écrits qu'il étoit fort verfé dans ces fortes de termes. Ses œuvres ont été imprimées à Paris en trois vo- lumes 74°. Le premier en 1627, le fecond en 1643, 6c le troïfieme en 1645. Son ode, intitulée la Solitude, eft fa meilleure piece , au jugement de Defpréaux ; mais un défaut qui s’y trouve, c’eft qu'au milieu d’agréables &c de belles images , l’au- teur y vient offur à la vue, fort mal--propos , les objets les plus dégoûtans, des crapauds , des lima= çons quibavent, le fquelette d’un pendu, & autres chofes de cettenature. | Son Moifé fauvé éblouit d'abord quelques per- fonnes;, mais 1l tomba dansun mépris dont il n’a pi fe relever, depuis lart poétique de Defpréaux , qui parlant de cetre idille héroïque, chant LHE, vers 2074, N'imitez pas ce fou , qui décrivant les mers ; Et pergnant aurnilieu de leurs flots entrouveres à L’hébreu [auvé du joug de [es injuftes maîtres ; Mes pour Les voir paffer les poiffons aux fenêtres 2 Peint le petit enfant , qui va, faute , reviens, Ei joyeux a [x mere , offre un caillou qu'il tient Sur de trop, vains objets, c’eff arréter la vñe, Un défaut inexcufable de Saint-Amand, fu‘vant la remarque du même écrivain, c’eft qu’au lieu de s’é- tendre fur les grands objets, qu'un fujet fi majef. tueux lui préfentoit , il s’eft amufé À des circonftan- ces petites & bafles , & met en quelque forte les poiflons aux fenêtres par ces deux vers. Et là près des remparts que l'œil peut tranfpercer x Les poiffons ébahis le regardent palfer. Enfin, ce poëte n’a montré quelque génie que dans des morceaux de débauche, &c de fatyres outrées, & quelquefois dans fes bons. mots. On lui attribue celui-ci qui eft aflez plaifant : fe trouvant dans une compagme, oÙ1l fe rencontra un homme qui avoit les cheveux nows & la-barbe blanche ; on demanda la rafon de cette différence bifarre ; alors Saint- Amand fans la chercher, fe tourna vers cer homme, & lui dit : » Apparemment , Monfieur , que vous » avez plus travaillé de la mâchoire que du cerveau, Prado (Nicolas ) autre poëte françois, mort en 1698 ; a eu fon nom extrèmement RARE par.les 1] 396 R O Ü fatyres de Defpréaux. Il eut grand tort après d'heu— retux fuccès, de fe prêter à une puiffante cabale, 6c d’ofer donner fur le théâtre fa tragédie de Phédre & d'Hippolite, en concurrence contre celle de Räci- ne. Le beau triompha, & plongea la piece de Pra- don dans un éternel oubli On alla plus loin; on fit ainfi l'épitaphe de l'auteur: Cy git le poète Pradon , m4 Qui durant quarante ans d’une ardeur fans pareille , Fir a La barbe d’Apollon Le méme métier que Corneille. Cependañt on a recueilli en un volume fes piéces dramatiques , qui font Pirame & Thisbé; Tamer- lan ; la Troade ; Phédre êc Hippolite ; Satira & Ré- gulus, qui malgré fes défauts, peut être comptée par: mi les bonnes tragédies. Cette piece que Pradon avoit : donnée en 1688 , étoit entierement oubliée, lorfque Barôn la remit au théâtre en 1722 avec un fuccès éclatant. Au refte, Pradon n’eft point auteur de la tragédie du grand Scipion , quoiqu’elle lui foit attribuée dans cette épigramme que feu M. Rouffeau fit à occafion d’une latyre remplie d'inveétives, contre M. Def- 1 préatuix. ” Lu nom de Dieu, Pradon, pourquoi ce grand cour- TOUX , Qui conte Defpréaux exhale tanr d'injures ? Il m'a berné, me direz-vous ; Je veux le diffamer chez les races futures. He , croyez-mot , reflez en paix. Envain , tenteriez-vous de rernir Ja mémoire ; Vous n'avancèrez rien pour votre propre gloire ; Et Le grand Siipion fera toujours mauvais. Le grand Scipion eft d’un M. de Prade , auteur de deux autres tragédies encore moins connues , qui font Annibal & Silanus. | Raguener (François) embraffa l’état eccléfiaftique, & cultiva l'étude des beaux Arts & de l’hiftoire. Il a publié celle de Pancien Teftament; 2°. celle: d’'O- livier Cromwel; 3°. celle du vicomte de Turenne; 4°. Le parallele des François &ides Italiens, dans la mufique & dans les opéra, parallele dans lequel 1l donne la préférence aux Italiens. 5°. Les monumens de Rome ou defcription des plus beaux ouvrages de Peinture, de Sculpture, & d’Architeëture de Rome, aveé des obfervations. Paris 1700 & 1702 7-12. Ce petit ouvrage valut à l’auteur des lettres de citoyen romain ; il eft cependant fort au-deflous des defcrip- tions latines en ce génre. On attribue à l'abbé Ra- guenet , les voyages de Jacques Sadeur , livre très- libre, qu: a obligé l'auteur à ne pas l'avouer. Il eft mort à Paris vers l’an 1720, j'ignore à quel âge. Sanadon (Noël-Etienne) jéfuire, plein de goût &c de connoïffances dans les belles-lettres. Illia à Caen une étroite amitié avec M. Huet, & devint biblio- thécaire du college des jéfuites à Paris , oh il mourut en 1733 à cinquante-huit ans. On a den, 1°. un excellent traité de la verffication latine ; 2°. une tra- duétion françoife d’Horace, avec des notes d’une érudition choïfie ; cette traduétion refpire l'élégance, & même infpire du dégoût pour celle de M. Dacier, quand on vient à les comparer enfemble. Tourneux:( Nicolas le) mérita par fa vertu l’efti- me des honnêtes gens:, & fut toujours très-attaché à MM, de Port-Royal. L’archevêque de Rouen lui donna le prieuré de Villers-fur-Fere ; 1l mourut fu- bitement à Paris en 1686, à quarante-ept ans, Il a mis au jour plüfeurs ouvrages de piété, entre lef- quels.on eftime particulierement , l'Aznée chrétienne, qui eft dans les mains de tout le monde, & que lin. dex de Rome a mis au nombre des livres prohibés. Aux fävans quiviennent d'étre nommés, je ne dois . R OU pas oublier de joindre une dame illufire par fon ef prit &7 fes ouvrages, mademoïfelle Berzard (Cathe= fine } de l'académie des Ricovrati, morte à Paris en 1712; elle a donné en profe des brochures-fous le nom de zouvelles , que le public a goûtées; mais elle s’eft encore diftinguée par {es vers, qui hu ont fait remporter en 1691 &c 1693, le prix de poëfie de Pa: cadémie françoife, & qui lui ont valu une triple cou- ronne dans l’academie des jeux floraux de Touloufe: Elle compofa avec M. de Fontenelle deux tragé- dies, Brutus & Léodamie, dont à la vérité la der- niere n'eut point de fuccès. Ses pieces fugitives ont été répandues dans differens recueils ; on s’eft trom- pé cependant en donnant fous fon nom, la johe fa- ble allésorique de Pimagination & du bonheur; cet: te fable eft de M. la Parifiere , évêque de Nimes, fuccefleur du célebre Fléchier: Mais le pere Bouhiouts a inferé dans fon recueil de Vers choïfis , le placet au roi, par lequel made" moifeile Bernard prie Louis XIV; de lui faire payer les deux cens écus de penfon dont il l’avoit gratifiées Ce placet eft conçu en ces termes : | SIRE , deux cens écus font-ils ft néceffaires Au bonheur de l'érat, au bien de vos affaires ; Que fans ma penfion vous ne puiffiez dompter Les foibles alliés & du Rhein & du Tage? A vos armes, grand Roi, s'ils peuvent réfifler Si pour vaincre l'effort de leur injufle rage I] falloit ces deux cens écus , Je ne les demanderois plus. Ne pouvant aix combats , pour vous perdre La vie, Je voudrors me creufer un 1lluffre tombeau ; Eï Jouffrant une mort d’un genre tout rouvea, Mourir de faim pour la patrie: SIRE , fans ce fecours tout juivra votre lo, Er yous pouvez en croire Apollon fur fa foi. Le Jort n’a point pour vous dementi fes oracles Ah 1 puifqu'il vous promet miracles [ur miractes ; Faites-moi vivre, & voir tout ce que je prévois. Enfin , la capitale de Normandie a produit des ci= toyens qui fe font uniquement dévoués à la recher- che de fon hiftoire. Taillepié (Nicolas) en a publié le premier les antiquités en 1538 ; mais en 1738 Fa: rin (François) prieur du Val, a mis au jour lhiftoi- re complette de cette ville en 2. vo/. ë7 4°, on peut la confulter. Ainfi , tout nous autorife à chanter la gloire de Rouen, & à nous perfuader, que ce ne fera point par cette ville, ni par la province dont elle eft la capi- tale, que la barbarie commencera dans ce royaume. (Le chevalier DE JAucOURT. )" ROUER , v.a@. (Gram.) voyez Les articles ROUE: ROUER , ( Marine.) C’eft plier une manœuvre èn rond. ROUER A CONTRE , ( Marine.) c’eft plier une ma- nœuvyre de droite à gauche. k ROUER À TOUR , ( Marine. ) C'eft plier une ma- nœuvre de gauche à droite. ROVERE 04 ROVEREDO , (Géog. mod.) en la- tin du moyen âge Roboretum où Rovoretum ; petite ville du Tirol, aux confins de l’état de Venife, près de PAdige, fur un torrent pour le paflage duquel on a taillé un pont de pierre, défendu par deux tours & un fort château ; à.12 milles de Trente, ê à 47 de Brefce. Long. 28. 35. 4lar. 46. 10. (D. JT.) ROUERGUE, LE (Géog. mod.) province de Fran- ce, dans le gouvernement de Guienne ; elle eft bor- née au nord par le Querci, au midi-par PAlbigeois ; au levant , par les Cévennes & le Gevaudan, êc au couchant, par l’Auvergne. Cette province peut avoir environ 30 lieués:dé longueur, fur 20 de large. Or la divife en comté, & en haute &r baffle Marche: le comté renferme Rodès ,"capitale de toute la provin- RO Ce. ce. Mithau eft la capitale de la haute -Marche, & Villefranche de la baffle. | Le Rodergue & fa capitale Rodès , ont pris eur | hom des peuples Rureri, dont Céfar fait plufieurs + fois mention dans fes commentaires, Augufte mit les:: Ruténiens dans l'Aquitaine, & Pline rémarque qu'ils Confinoient avec la Gaulé närbonnoife. Voyiz Ru- TÉNIENS (Géog. anc.) ERA Lorfque fous Valentinien I. l’Aquitaine füt divi- | 1e en deux, les Ruténiens furent attribués à la pre- miere Aquitaine ; ils furent foumis aux Vifigoths , dans le cinquieine fiecle , à Clovis dans le fixiéme , "ÈT après fa mort, les Goths s’emparérent de Royer. gue. Dans le feptieme fiecle , les Rois de N euftiie , Où plutôt les Maires du palais qui dôrinoient fous leur nom , furent {euls reconnus en Aquitaine. Ce pays pafla dans le huitieme fiecle au pouvoir du duc _ ŒEudes, & le roi Pepin en dépouillà Gaïfre , petit- fils d'Endes. Les rois Carlovingiens , fuccefleurs de Pepin, jouirent du Roxergue jufqu’à la difipation de leurs états, où chacun fe rendit le maître où il put. Sous le regne de Lothaire, & fous celui de Hrigues Capet, quoique le Rouergue eût fes feigneurs, com- me les autre pays voifins ; on ne fait pas néanmoins _ Île nom du premier comte de Rodès, qui fe réñdit héréditaire. L Dans la fuite des tems, Hugues forti de la maifon de Carlat, tranfigea de fes terres & du comté de Ro- dès , avec Alphonfe , roi d’Afragon, l'an 1 167. Par ce traité , le roi d’Arragon fe referva en propre la feigneurie utile des diocefes de Rodez & de Menda : mais fon fuccefleur par un autre traité fait avec fait Louis l’an 1358, renonça à tout ce qui lui apparte- .noit dans le Rouerpue & le comté de Rodez ; c’eft ainf que cette province à été annexée À [a cou- ronhé. | _ C'eff un pays montagneux, mais fertile én pâtuü- rages, où On nourrit beaucoup de beftiaux, & fur: tout des mulets. La fénéchauflée de Rouerrie a deux fégesipréfidiaux, Villefranche qui eff Le plus éten- ‘du, & Rodez dûnt le reflort ne va pas au: delà dé PéleGion de cette ville, La | Montjofieu (Louis de ) en latin Monrejofus , gen- tilhomme de Rouergue au feizieme fiecle, a mis au jour cinq livres d’antiquités , où l'on trouve quel- ques morceaux afléz curieux fur la péinturé & la fculpture des anciens. (2: J) | | | ROUET , fm. (Archieël.) eft une efpece de rofe de charpenterie fur laquellé on pofe la'premiere af file de pierre pour fonder un puits ; fürtout dans le cas où l’on rencontre un grand bane de plaie, qu'il €ft impofhble de percer , fans occafñionner l’éboule- ment des térres. ; ROUET , (Hydr.\ eft un aflemblage de charpente diperfé circulairement, pratiqué au bout de l'arbre d’une machine, & dont la partie circulaire eft garnie de dents qui s’engrenent dans les fufeaux d’une lan. terne. On appelle encore roues, l’affemblage circulaire de Charpente {ur lequel on cloue à cheville une plate- forme de planches pour affeoir la macotinerie d’un ‘puits, d’une citerne, ou d'un bäffin , que l’on nom- me encoreraciraux, Voyer RACINAUX. (K). OUET, armes 4, (anciennes armes.) les arqueEu- Les &e Les piftolets À roxet font aujourd’hui des armes fort inconnues ; l’on n’en trouve guere que dans.les arienaux & les cabinets des armes, Où l’on en a Con- lefvé quelques-uns par curiofré. Ce roues étoit une efpece de petite roue folide d'acier , Qu'on appliquoit contre la platine de l’arquebufe où du piftolet. Elle À avoit un aiffieu qui la perçoit dans foh centré. Au bout intérieur de l’aiffieu qui entroit dans la platine; étoit attächéetiné chaînette, qui s’entortilloit autour dé cet aiffieu, quand on le fiifoit tourner , & ban R O U 391 doit le reflürt quand elle tenoit. Pour bander le ref- fort, on 1e fervoit d’une clé, où l’on inféroit le bout exterieur de laifieu. En tournant cette clé de gau- . che à droite, on faïoit tourner le rouer; & par cé . Mouvement une petie coulifle de Cuivre, qui cou ‘| vroit le bafinet de 1 » amorce, fe retiroit de deflus lé baïflinet. Par le mème mouvemeñt le chien armé d'u ñe pierre à fufil, étoit eh état d’être lâché, dès que - l'on uroit avéc le doigt la détente, éômme dans les piftolets ordinaires ; alors le chien tombant fur le roue d'acier faoit feu, &t le dohnoït À l’ämorce! (D) > re A AE ROUET DE POULIE de chaloupe, (Marini. ) c'eft une poulie de fonte ou de fer, qu'on met À l'avant où à l'arriere de là grande chalouse, pout lever ancre d'affourché,ou une äutre anéré qu’on né veut pas le! ver avec le vaifleau. PE UN ES Re. _ ROUET, éxrèrne de Boutonmer, eft une machine à tôt ; mOntE à-peu-près comme les rouets à filer, à l'exception qu'éle eit plus grofle. La tèté de cé rotlet eft garnie de deux boubées bofliches, où font arrêtés én-dedans deux crochets où têtes de fer, Pu- ne percée au milièu d'un troû rond & profond, & Vautre d'un trou profond , mais vuide pour pouvoir ÿ faire entrer les ouvrages montés fur des broches, Souvent Îié rouez n'a qu'une poupée, éommé quand il faut percer une piece. Voyez PERCER: Le rouer fait précifement entreles mains du Boutonnier ce que le tour fait entré les mains du toutneut. Les tins a les autres Font des culs, écrans, dés paufes, des gorges &c des têtes, mais lé tourrieur'eft vis-à-vis de ion morceau, & l£ bouivanier eft toujours à côté: €5 Quant à leurs ouvrages, ils ne peuvent émoiéter les uns fur les autres. Ils ünt grand nombre d'outils qui leur fünt communs ; mais le boutonnier ne peut tra< ailler fur Le tour fans contrevenir aux ordonnances, 8C aux priviléses des tourieurs ; & Au Contraire rien empêche ceux-ci de faire les Ouvrages des bouton- mets, f ce n’eft qu'il faut entendre & le langage, 8&c les travaux des boutonnièrs, pour bieu faire les oue vrases en bois qu'il isur faut; féience que les tour: neurs n'ont point, & qu'ils ne peuvent acquérir que paï un appréntllage Chez Les boutonniers: +. ROUET , en serre de Bon'onnitr, eftune machine compotée de trois roues montées au-deflus les unes des autres , dans un éhañfis de deux moatans foures nus fur leurs piés. L’uné dé ces roues qui fe tourne à la main fans man vellé ef moyenne , & a une corde qui répond à la noïx d’une plus grande , dont là cor- de à fon tour pafle, apres s'être croilée fur douze petites molettes montées à diftances égales , fur uné petite roue pleine, creuiée tout atitour, comme üné poulie ; cette roue eft tur chächn de c2$ bords per= cée de douze fentés , toutès vis-à-vis l’une de Pâutrez pouf recevoir lés petites broches de fer destmolertes: Chacune de ces fentes eft le 5lus fou vent doublée d'u: ne plaque de cuivre jaune pouf Conferver la roue ; qui ne tarderoit puere à s’uiér fans cela. Les bro- ches des molettes font toutes Courbées en crochet dit même côté ; c'eft dans ces crochets que l'on arrête le fil de foie où de poil ,'alors on Le rétord de la ma: nieré qu'on véut , ef tourhant la premiere roue: comme hous avons dit. C’effavec ce rover qu’on fait la milanoïfé , le co:donnét, le suit, &ë. Vüyez ces articles: » A Le: SR ROUET , infirument dont les Boyaudiers féfervenf pour filer les cordes à boyau. Pa. — Le rouèt des Boyaudierséft Compofé d’une feflètte à quatre piés , qui a.environ quatre piés, en quatré ; & eft Haute d’un'pié: Du mil eu de [x féllette s’éle- vent deux montans de bois, au milieu defquels eff Paxe de la roue qui traverie les deux mOontans à 1a hauteur d'environ trois piés. Les deux montans font un peu éloïenés Pun de Pautte, & lefpace inrermés 39% ROU diaire eft occupé par une roue d'environ trois piés de diametre, qui eft traverfée par l'axe de fer ter- minée par un bout en manivelle. Au haut des deux montans «ft une broche de fer placée horifontale- ment, à garmie au milieu d’une efpece de bobine, & qui {e termine par un bout en un crochet. C’eft à ce crochet qu'on attache les boyaux pour les filer. Toute la circonférence de la roue eft garnie d’une rainure pour retenir une groffe corde de boyau qui y eft placée, & qui pafle auf par-deffus la bobine de la broche qui eft au haut des montans. En tour- nant la manivelle , la roue eft mife en mouvement ; & par le moyen de la corde qui eft au tour, elle communique fon mouvement à la bobine, qui, en tournant , fait faire au crochet autant de tours que la circonférence de la bobine eft contenue de fois dans celle de la roue. Voyez la figure. RoueT , ex terme de Cardeur, eft un inftrument dont ils Le fervent pour filer la laine. Il eft compofé d’une roue qui joue dans un arbre où elle eft {ufpen- due au-deffus d’un banc , éloigné de la terre d’envi- ron un pié fous cette roue , & y pofant à la tête du zouet, d'où s’éleve deux marionettes qui font garnies par en-haut de deux frafeaux de jonc qui les traver- fent, & tiennent la broche fur laquelle {e devide le fil. Voyez TÈTE, ARBRE, BANC , FRASEAUX , BRO- cHes G& MARIONETTES. Voyez les Planches 6 Les fig. | Énre , terme d: Cordier, c’eft une machine pro- pre à tordre le chanvre pour le filer , ou les fils pour les commettre. Comme les fileries des marchands ne font pas ordinairement fermées, les ouvriers font obligés d’emporter chez eux prefque tous leurs uf- tenfiles ; c’eft pourquoi ils ont pour but de les ren- dre portatifs, ce qui fait que pour l’ordinaire ils em- ploient les rozess légers, voyez les PI. & les fig. qui font compofés d’une roue, de deux montans quila foutien- nent , d’une grofle piece de bois qui forme l'empa- tement du roue, de deux montans qui foutiennent des traverfes à coulifles, dans lefquelles la planchette eft reçue, de forte qu’elle peut s'approcher ou s’éloi- ner de la roue pour tendre ou mollir les cordes de boyau; cette planchette porte lesmolettes.Ona repré- {enté, 1°. des molettes détachées ; 2°. un morceau de bois dur qui fert à attacher la molette à la planchette par le moyen de quelques petits coins; 3°. la broche de fer de la molette, cette broche eft terminée à un de {es bouts par un crochet. L'autre bout traverle Le morceau de bois 1: étant rivé au point 1 fur une plaque de fer, 1l a la liberte de tourner; 4°. une pe- tite poulie fortement attachée à la broche dans la- quelle pañe la corde à boyau, qui paffant auff fur la roue , fait tourner le crochet de la molette. Les mo- Îetres font tellement arrangées fur la planchette qui les porte, tantôt en triangle, tantôt en portion de cercle, aqwune feule corde à boyau peut les faire tourner toutes à-la-fois. Ces roues fuffifent pour les marchands; mais dans dans Les corderies du roi, où il faut quelquefois em- loyer un grand nombre d'ouvriers, on a des romets plus folides, & qui peuvent chacun donner à travail- ler à onze ouvriers. Voyez Les PI, de Corderte. En voici une defcription abregée. Le poteau eftforte- ment aflujetti au plancher de la filerie : ce poteau {outient la roue, qui eft large & pefante. À la par- tie fupérieure du même poteau & au-deflus de Pef- fieu de la roue eft une grande rainure dans laquelle entre une piece de bois, qui y eft retenue par des liens. | | A cettepiece de bois eft folidement attachée la piece e, qu'on appelle la sée du rouet ou la crochille, &c qui porte les molettes ou curles au nombre de fept ou de.onze fuivant la grandeur des rouets. Au œoyen de l’arrangement circulaire de ces molettes ROU une courroie qui pafle fur {a circonférence de la roue les touchetoutes, ce qui fait que chacune d’elles fe refent du mouvement qu'on donne à. la roue, êt qu un feul homme appliqué à la manivelle peut, fans beaucoup de peine, fournir à onze fileurs, On connoît bien par la feule infpeétion de la mar chine, que la piece eft aflemblée à couliffe dans le poteau , pour qu’on puifle avec des coins élever ou baïffer la tête du roues, ce aui fert à roïdir ou à mol- lir la courroie. Voyez l'article CORDERIE , 6 es fé gures. ROUET DE FER, serme de Corderie, eft un petit rouet dont on {e fert dans les cordertes pour commet- tre le bitor & le merlin. | ar Ce rouet eft compofé de quatre crochets mobi- les, difpofés en maniere de croix ; ces crochets tour- nent en même tems que la roue , & d’un mouvement bien plus rapide, à l’aide d’un pignon ou lanterne, dont chacun d’eux eft garni, & qui engrene dans les dents de la roue, qu'un homme fait tourner par le moyen d’une manivelle. Voyez les PL. de Corderie es Leur explic. Rouer , (Epicier.) eft une roue montée fur deux pés, dont les rebords font aflez hauts. On la tourne . avec une manivelle pour dévider la bougie file, voyez les PI, ROUET, en terme d'Epinglier , eft comme un roues À filer, excepté que la tête placée dans le milieu de la planche , peut s’avancer &c s’élo:gner de la roue, fL. la corde, plus où moins longue, le demandow. Le moule des têtes eft attaché autour de la broche ; c’eft fur ces moules que l’on tourne les têtes à l’aide du rouet. Voyez TOURNER. Voyez Les figures, PI. del E- pinglier, & larticlk GOUDRONNER. Rouer, (Fiirie.)inftrument propre à filer les foies, laines , chanvres, cotons, & autres matieres fem- blables. Le roue: commun confifte en quatre pieces principales ; favoir , le pié, la roue , la fufée &c lé pinglier. . Le pié eftune tablette de bois, avec des fqutiens auffi de bois. La roue eft d’environ 18 à 20 pouces de diametre, & eft portée par un axe de fer fur deux {outiens attachés fur la table du pié. La fufée , qui eft une efpece de bobine, eft pareillement traveriée par un axe ou verge de fer, qui a aufli fes deux foutiens très-bas , qui tiennent à l'extrémité de la même ta- ble. Enfin, l’épinglier ef fait de deux parties de cer- cle percées d'épingles ou de léton recourbé, quien- vironnent la fuiée, & qui tournent avec elle. L’é- pinglier fert à plier Le fl {ur la bobine ou fafée, à me- fure qu’on le file. L'on appelle /£//ons, les rangs dif- férens qui fe forment en parcourant toutes les poin- tes de l’épinglier; une manivelle fert à donner le mouvement au roues, Les dames & les perfonnes curieufes fe fervent de rouers faits au tour, dont Les principales pieces font femblables à celles du roue: commun qu’on vient de décrire. La principale ou plutôt l'unique différence effentielle confifte , en ce qu’il y a deux manieres de leur donner le mouvement, l’une en tournant la ma- nivelle à la main comme au premier roue ; &c l’au- tre par le moyen d'une marche qui eft au-deffous du rouet, qui étant attachée à la mamivelle par un bâton d’une longueur proportionnée, fuffit pour fatre tour- ner la roue , en appuyant ou levant Le pié qu'on met deflus. “ Il y a une troifieme forte de rouet portatif très- commode, & très ingénieufement imaginé, dont toutes les perfonnes de qualité fe fervent. Le roues entier n’a guere plus de 6 ou 7 pouces de haut. Deux roues, de cuivre, dont la plus grande n’a pas 18, Hi- gnes de diametre , & la plus petite à peine 4, font engrenées l’une dansl’autre, & enferméesentre deux platines de métal, avec lefquelles elles ne font que R OU. sou 5 figres d’éparñeur. La granderoûe où eff miani. velle, donne lemouvement à la petite qui portela fr: fée & lépmpglier: Un petitpié d’ébene attaché d'une queue-de même bois, quifert à pafler dans la ceinture de celles qui s’en veulent fervir en marchant;ouatta: cher fur une petite tablette appefantie par un plomb, & ordinairement couverte de marroduin dinde ve- Jours , quand on veuttravailler furune table ;acheve toute l’igénieufe machine , à laquelle mêmertient la quenouille d’une longueur proportionnée à la peti- tefle du roue. L’on ne peut dire combien ce rower.eft commode, n1 combien l’ufase-en.eft devenu: com- mun, Diéfion.de Comm. (D,J.) + u} + ROURT, snflrument du Fileur d'or, eff une machine un méchanimeaflez curieux, dreffée fur un chafñs . ou corps de quatre montans,, avec:leuts traverfes qui foutient tout: l'ouvrage. Cette machine qui {ert à couvrir le fil & la foie, d'or; d'argent, 6. pour en faire un fil propre à faire.du galon , ou autre mar- chandife de cette nature , a environ trois piés & de- mn de haut, fur cinq & demi der long ; &déux & de- mu d'épaifieur,. l'y en:a à feize-cafelles qui eft plus baute,, plus longue, plus profonde à proportion que celle dont nous parlons, au n’en a que douze. On peut encore avoir huit cafelles , mais on n’en fait point au-deflous. Elle s’ébranle par une manivelle 8 quatre roues qui fe communiquent le mouvement Fune à l’autre, Foyer CASELLES, Eafuiée s’emboite par chacune de fes extrémi- és dans deux fupports attachés en-dehors aux deux montans de devant. Voyez FUSÉE. Au-deflus de la fufée tournent les cafelles au nom- bre de huit, douze ou feize , féparées Pune de Fau- tre par des petits piliers où elles font retenues. Au milieu de la piece de bois qui couvre lesicafel- les, pañle un boulon de fer qui traver{e le fabot,:& fa grande roue proprement dite, :Woyez Sasor 6 GRANDE ROUE. ù Le pilier dumontant de derriere, dont lafflembla- ge, ainfi que celui des montans de devant , s'appelle ehaffes , font garnis de deux planches faillantes dont Puüne foutient l’extrémité de la roue du moulinet, & Fautre la grande roue qui tourne au-deffus. Voyez Cuassis & ROUE DU MOULINET: TR Plus haut que cette roue du moulin éft unebarre de fer qui tient toute la longueur du rouet, & qui foutient tous les contrepoids , à chacun defquels font attachées des cordes qui, par leurautre bout, font Kées à des mouffies, garnies chacune de deux pou- bes. Voyez MOUFFES , POULIES & CONTREPOIDS. Sur la premiere de ces poulies pañle une autre corde qui va s’entortiller dans la fufée d’où elle re- vient par la feconde poulie fur les cafelles, &c les fait : tourner pour devider le 41 d’or, &c. deflus plus haut & un peu en-devant eft Le fommier appuyé de Pun ë: de l’autre bout fur chacune des traveries du corps du métier. Il eft percé d'autant de trous qu'il ya de cafelles , contenant aütant de broches de fer garmies en-devant d’un moulinet , fur lequel on monte fes petits roquetins pour le battu. Voyez SOMMIER, BMOULINET, ROÇGUETINS & BATTU. Au bas du fommier fur le devant font cinq petites poubes & deux montans , qui fervent à ferrer ou éefferrer la corde des moulinets qui pafle fur ces pouhes. Voyez POULIES & MoNTANSs. C’eft la roue du milieu qui-donne le mouvement aux moulnets ; par le moyen d’une feule corde qui ie croife fur chacune des cinq poulies , ce qui rend cette corde fort difficile à monter. Nous frirons cette defcription par le doffier , qui r'eft autre chofe qu'une planche qui s’éleve fur le derriere du métier de toute fa largeur. Elle eft per- cce comme le fommier de douze ou feize trous , fe- Jon la grandeur du roues, dans lefquels on pañle au- R OU 399 tant depetites Broches qu'on garnit de roguetins, fur lefquels on a tracané la matiere qu’on veut couvrir, Ces roquetins font retenus für leur broché par un petit poids qui embrafie un de leurs bouts fait en ma mere de poule, Voyez DOssiER ; TRAGANKER, dre. | ROUET A TRACANNER , eft fait à-peu-près de la même maniere qu’un roues Ordinaire excepté que la broche n’eft pas percée comme dans celui-ci, pour conduire Le fil de la quenouille fur là bobine : ce qui n’eftpas néceflaire au tracanneur , puifqu’on devide du fil d’une cazelle fur un bois. Foyez Bots: Grand ROUET, ex terme de Frifeur dé drap, ef unewoue :RR'garnie de dents placées horifontales ent; qui engrenent dansla grandelañterné£, Foyeg LANTERNE. Cette roue eft montée dans Îé mañege fur un arbre vertical Q Q,, & tournée parunow plus leurs chevaux, Voyez les PJ, de la Draperie. ROUET de moulin, (1Charpenr.) On appelle éuer de moulirune petite roue-attachée fur l'arbre d’un moulin ;quireit de 8 à 9 piés dé diametre, & à en- viron 48 chevilles ou dents dé 15 poutes délong, qui entrent dans les fufeaux dela lanterne du nou Hin, pour faire tourner les meules. Rozéfe dit géné- ralement de toutes les roues dentées, dont les dents ou alluchons font pofés à plomb. (D, 72) 0 ROUET, (Serrurerie, ) garniture qui feet aux {er- rures, pour empêcher qu'on ne Îles crochete. Elle entre dans le paneton dela clef; elle eft pofée fur le palatre. Latige de la clé pafleau centre elle en eft embrafée ;. elle eft ouverte vis-Avis de l'entrée, pour laifler pañfer la clé. a |, 3 _ On monte fur le roues d'autres pieces comme pleinecroïx, faucillon, 6e: ce qui lui donne diffé reñs noins. + Pour faiteiun romeil, où prend un morceau ‘de fer doux; on létire frès-mince êc très-égal d'épaiffeur. On a la longueur du roes fur une circonférence tra- cée au-dedans du palatre, & prife en mettant le bout de la tige de la clé dans le trou de l'entrée , & tournant la el; on latrace âvec la pointe A tracer, mile au miliem de la fente du rer. On'partage cette circonférence au compas , en trois, quatre où cinq parties égales ; On yajoute une portion, & l’on por- te letout {ur une ligne droite; la portion ajoutée eft Fexcédent de la courbure de l'arc du cercie fur une ligne droite égale à la corde de l’arc. Un des piés du roues doit être polé au trou percé fur Le palatre, & lon ala diftance du trou à l’autre trou où doit être pofé l’autre pié. Cela fait, on coupe le rover de lon- gueur & de largeur; "on hu fair les deux piés un à chaque extrémité , un peu plus larges que les trous percés,, afin que fi le roues étoit ou trop long ou trop court, on püt les avancer où reculer, On a laïffé la bande de fer aflez large pour pouvoir prendre fur la largeur, la hauteur des piés. On a pourvu aufi au cas où l’on feroit obligé de fendte Le roues, & de laif- er pañer les barbes du pêne ou de quelque fecret. Alors on ne coupe point le rivet, ou le pié du rowez qui n’eft autre chofe que la rivure qui le fixe fur la piece oùileft pole. S1 le rozet eit chargé de pleinecroïx, de faucil- lons, &c, on fend le rouec, & lon y pratique les trous néceffaires pour recevoir les pieces. Le romer bien forgé ; bien limé,, bien dreflé & tourné, comme il convient , On le met en place, &z on le fait pañler dans la clé, St la clé tourne bien , on Le démonte, & on l’acheve en le chargeant des pieces fürajoutées. Rouet en pleinecroix fendue dans les piés. Pourle faire, lorfqul eft coupé de longueur , limé , on y pratique un petit trou par-derriere au foret ou au bu- rin, Ce trou doit avoir une ligne & demie , & être à la hauteur à laquelle fera fendue la pleinecroix dans la clé, À pareille hauteur, on fend le roes par les 300 ROU deux bouts jufqu'au droit des piés. On les tournera enfuite & placera; on leflayerafur la fente dela clé; & l'ayant retiré de place, on le piquera fur une pla- time de fer doux , & fi mince qu’elle puiffe pañer at- fément par les fentes de la clé, droit comme fur le palatre; on le tracera avec une pointe à tracer. On épargneraune rivure; on percera la platine au milieu; on la limera de la largeur que la clé fera fendue du côté de la tige ; on coupera la platine par le milieu du trait jufqu'aux trous des piés du roxez; puis on arrondira la platine à la lime. Limée, on Pouvrira de l’épaifleur du roset dont on courbera les piés en dedans pour les faire entrer dans la platine ; on rive- ra ces piés dans leurs trous doucement fur l’étau ou le tafleau à petits coups de:marteau. Puis on redref fera les piés du roues; on coupera lapleinecroix, & &c on y. fera tourner la clé. Rouet à faucillon en dedans. Le rouer fait, on perce trois ou quatre: trous à la hauteur des fentes de la clé.; on pique le faucillon fur une platine, comme pour la plemecroix, épargnant des rivures. Puis on le coupe, on l’arrondit, & on le fait tourner douce- ment dans les fentes.de la clé. Rouet renverfé en-dehors, ou dont le bord eftraba- tu du côté du mufeau de la clé. Pour le faire, après avoir pris fa longueur, comme on a dit, & l'avoir laiflé plus haut pour le rabattre, on le rabat à la hau- teur qui convient aux fentes de la clé, Rouet & crochet renverfé.en dedans. I] {e fait comme le précédent, de rabattre le bout en crochet fur une petite bigorne , &c de le faire pañfer dans la clé. Rouet avec faucillon en-dehors. Après que le roues eft coupé de longueur & dehauteur , on y fait trois ou quatre trous, un à chaque bout & un ou deux aux côtés; puis ourive le roues; l’on trace le faucillon fur une petite piece de fer doux ; on réferve du cô- té de dedans , de petites rivures qui répondent aux trous percés ; onrive, & l’on recuit plufeurs fois les pieces, afin de ne pas les corrompre. Rouet renverfé en-dedans. I] a le bord rabattu du cô- té de la tige de la clé; &t pour le faire, on le ploie fur un mandrin rond , après avoir été coupé de lon- gueur, on a une virole d’une ligne & demie d’épaif- eur, qui fait prefque le tour du mandrin. On met cette virole fur le roues 8 le mandrin , obfervant de laifler excéder le bord du rouet au-deflus du mandrin, de la hauteur dont on veut le renverfer. On prendle tour dans l’étau ; on rabat &c ploie doucementle fer à rouet {ur le mandrin , commençant par le milieu, êt recuifant, comme ila été dit. Le renyerfement fait, on drefle & lon fait aller la clé. Rouet en pleinecroix renver[e en-dedans. La pleine- croix faite, &c de la longueur laiflée par-derriere pour la renverfure, on a deux viroles de l’épaiffeur de la renverfure. On renverfe fur ces viroles la plei- necroix qu’on met entre les deux viroles. On com- mence à renverfer par le milieu, à petits coups de “marteau, on la tourne , on la lime, on lajufte dans les fentes de la clé, & elle eft finie. On obferve tou- jours de recuire. | Rouet renver[e en-dehors en béton rompu. fe fait comme le rouet renverfé en-dehors à crochet, fi ce n’eft qu'il faut rabattre fimplement fur le Carré d’un tafleau. Rouet en pleïnecroix haflé en-dedans. W fe fait, com- me les précédens , fur deux viroles, finon qu’à la vi- role de deflus onépargne & pratique un petit rebord, haftiere ou feuillure carrée & limée , jufte à la hau- teur de la fente de la clé. On place la pleinecroix fur cette virole, &t hafte à petits coups de marteau; puis | avec des poinçons ou cifelets carrés par le bout, on la fertit tout-autour. Rouet en pleinecroix hafté en dehors, C’eft la même exécution, finon qu’on place les viroles par le de- dans du rouets ROUÛU Rouet avèc pleinecroix , hafté en-dehots & rerverfé en-dedans. Il faut avoir quatre viroles : deux pour la hauteur, & deux pour la renverfure; l’une des viro- les de dehors {era haftée, & celle de dedans fera toute carrée par-deflus: Après les avoir pofées , comme il convient , on achevera comme à la pleine- croix haftée , 8v à la pleinecroix renverfée. Rouet à pleinecroix , haflé en-dedans € renverfe en= dehors. C’eft ,| comme au précédent, finon qu'une des viroles de dedans doit étrehaftée. Rouet foncer. C’eft celui qui a la forme d’unT. On le faitavecune piece de fer doux qu’on étire mince par le bas, & qu’on met dans l’étau à chaud , &g, qu'on rabat des deux côtés , pour avoir Penfonçure de la largeur de la fente de la clé. On lime enfuite, laiffant un des côtés plus fort que Pautre ; puis on frappe avec la panne du marteau, comme au faucil- lon, ou au rouer renverfé.en-deflus , fur letafleau , jufqu'à ce qu'il foit tourné comme il faut. On peut le compofer de deux pieces. Pour cet effet on forme un rouet fimple , on réferve à fon bord trois ou qua= tre petites rivufes ; ona une platine de fer , comme pour une plemecroix; on y pique le roues, comme fur le palatre, avec une pointe à tracer, tanr en-de= dans qu’au-dehors ; on fixe le trait des places des ri- vures,onperce les trousoù ferontreçus les rivets. On coupe la fonçure de la largeur dont elle eft fendue dans la clé; on la rive, on fonde. La fonçure n’eft qu’une pleinecroix, finon qu’elle eft toujours pofée à l'extrémité du roue ou d’une planche. Rouet avec pleinecroix renverfé en-dedans. W fe fait avec des viroles , comme le renverfé en-dehors, fi ce n’eft qu'il faut renverfer le côté du dedans par ce- lui de la tige, | Rouet hafté en-dedans , & dont le bord ef coudé er double équerre. Ce rouerfe faït avec un mandrin rond de la groffeur du roue , par dedans , ayant au bout du mandrin une entaille de la hauteur & profondeur de la fente de la clé. On plie le fer à rouer ur le man- drin; on a une virole d’une ligne d’épaiffeur qu’on met fur le rouet ; on ferre le tout dans létau ; on ra- bat fur le mandrin, &c retrecit à petits coups de ci- felets carrés parle bout , le fer excédent &c laïflé pour faire lahaftiere. Roue hafté en-dehors, I fefait de la même maniere, fi ce n’eft que l’entaille ou haftiere faite fur Le man- drin doit être pratiquée fur la viole, 8&t que le man- drin doit être tout carré; on ajoute à ce roues des pleinescroix ou des faucillons. Rouer en für de vilebrequin. On coupe ce rouet plus long ; on le ploie droit, & de la forme qui convient à la fente de la clé. On a une platine de fer doux de l’épaifleur de la renverfure, mais plus large que toute la hauteur du rower ; on la fend droite par deux endroits, à la lime à fendre &c à la hauteur du coude du rouet ; on la place dans les fentes de la clé ou platine; on aune petite piece de fer mince, de la largeur de deux lignes. On perce cette piece, le rouet & la platine en trois endroits ; on rive le tout. On tourne letoutrivéà chaud, fur un mandrin rond ; la petite piece tournée convenablement,com- me on s’en aflurera par un faux roues, on coupera les piés ; on divifera la petite piece fufdite , & lon achevera. Il y a des rouers en füt de vilebrequin tourné de tous côtés, renverfé en-dedans avec pleinecroix, &c il ya des rouers en queue d’aronde renverfés en-del- fus avec pleinecroix; à queue d’aronde renverfé en-dehors avec pleine croix, à queue daronde renverfé en-dedans ayec pleinecroix , en bâton rompu; des rouess fourchus avec pleinecroix; des rouets en N avec pleinecroix , haftés en-dedans; des rouets en M avec pleinecroix, des rowers en fond de cuve, ouà cone tronque, ou plus ouverts d'un bout que de Pautre, Pour Pour cès derniers roZes , bn a une piece de fer battu de l’épaifleur du roue, On ÿ trace une circon- férence depuis le centre de la tige de laclé , jufqu’à lentrée de la fente du rover, en plaçant laclé dansun trou fait à la plaque de fer qui fervira pour le rozer, & Ia tournant comme pour tracer un rouer fimple, Puis on marqué la place des piés; la mefuré s’en prend, comme aux rowers droits, On a la hauteur di rouet qu’ontrace fur la platine ou fer à or, Oncou- pe la platine de mefure convenable. On y laifle la “hauteur des piés par-dehors & par-dedans, {elon les fentes de la clé; de quelque côté que les piés foient, On coupe toujours , & on enleve ces fortes de roue?s fur une circonférence tracée, 8 la mefure fe prend du côté où 1] faut faire les piés. | Il ÿ a des rozers foncets , haftés, fenverfés en-de hors & en-dedans, des deux côtés , avec pleine- croix haftée en-dehors. Des rouers en S avec pleinecroix. Des rouers foncets fimples. | | Des roers en bâton rompu, avec double pleines Eroix. Des roues en trois de chiffre avec pleinecroix. - Des rouers à crochet, renverfés en-dehors ; AVEC pleinecroïx haftée du même côté, Des roters en bâton rompu, avec pleinecroix haftée en-dedans. | Des rouets renverfés en-dedans &haftés , En cro= chet par dehors, avec pleinecroix. Des rouers renverfés en-dehors ; & haftés en cro- chet en-dedans, avec pleinecroix. Des rouers fourchus & haftés par-dedans , en bâ- ton rompu, avec pleinecroix renverfée par-dehors, Des rouers en brin de fougere avec pleinecroix, Des roues en füt de vilebfequin, renverfés pars D À L dehors , en crochet, avec pleinecroix. Des rouets fourchus, renverfés en-dedans » À CTO: chet, haftés en bâton rompu, en-dehors, avec un faucillon, hafté en-dehors , & un autre faucllon “hafté en-dedans, | … Des roses en fond de cuve renverfès en-dehorsen bâton rompu , & renverfés en-dedans avec pleine- €roix, | Des roxets haftès en bâton rompu: Des rouers haftés en-dehors, avec faucillon, red: verfés du même côté, . Des rouers haftés en-dedans, avec faucillon hafté auff en-dedans. | , Des roters en quatte de chiffre, avecune pleine- croix, 8 un faucillon en-dedans. … Des rouers en fleche, avec une pleinecroix au mi- lieu , une pleinecroix en-bas, & tournés en fût. ROUET, (Soierie.) il y a le rouer à cannettes. Cette machine qu'on voit dans nos Planches , n'a rien de particulier; on y remarquera deux petites roxes def. tinées à faire les cannettes. Il y a auf le rover à devider. Il ÿ en a à quatre guindres avec une tournette, 1 ROUET À RABATTRE , en ferme de Tireur d'or ; eft un ouet fait comme les rowers les plus ordinaires, excepté que la tête eft garnie de deux montans pla- cés fur la même ligne , le premier fervant À foutenir la bobine, &le fecond la roquette qui y eft montée fur une broche, & fur laquelle le fil d’or fe devide. *ROUET , fm. serme de Virsrier ; Machine dont les Vitriers fe fervent pour applatir & refendre des deux côtés les plombs dont ils fe fervent aux vitreaux des églifes, & aux panneaux des vitres ordinaires ; on l'appelle communément tre-plomb, Trévoux. (D. J.) ROUETTE, £. £ (Comm.de bois.) c’eft une lon- . gue & menue branche de bois ployant quon fait tremper dans leau pour la rendre plus fléxible & Plus {ouple ; on s’en fert comme de lien ou de hare, pour joindre enfemble avec des perches’les mor Toms XI, | ROUÛU 401 ceaux où pieces de bois dont on veut former tes trains , pour les voiturer plus facilement par lés is vieres. Il y a les roterres À couplet , les roueries À Aots ter, Celles à traverfinet , & les rouerres de gate où de partance. Savary. (D. 7.) | ROUETTES DE PARTANCE , barmi les marchands de bois, font des rouertes qu’on donne aux compas gnons de riviere qui doivent conduire les trains j pour fuppléer en route à celles qui pourroient fé cafler. | d'Ce de | | ROUGE , ädj. (Phyfg.) eft une des couletiés fm2 ples dont la lumiere eft compoiée, & la MOINS ré: frangible de toutes, J’oyez RÉFRANG1RILITÉ 6 Cou: LEUR, Frdi.ç+ NS Mt Les acides changent le noït, le bleu & Îe violet en rouge , le rouge en jaune, & le jaune en jaunes: pâle. Les alkälis changent le rouge en violét ou pour« pre, 6 le jaune en couleur de feuille-morte, Voyez ACIDE & ALKALr: 4 Les matieres terreftres & fulphureufes deviens hent rouges par lation du feu , & même À Ja longue noires , comme la brique , la pierre ponce, la chaux, lardoife, qui deviennent noires quand elles font fon: dués par le verre ardent. Les écreviffes deviennent rouges, étant expoiées à un feu modéré ; mais fi le feu eft violent , elles dé: viennent noires, Le mercure & le foufre mêlés & mis fur un feu modéré, deviennent d’un beau rotgé, que lon appelle cirabre artificiel. Voyez CINABRE: Un efprit acide étant verte für une folution bleüe de tournefol ; le change en beau roëge ; un alkali lui teftitue fa couleur bleue. pc, ! M. de la Hire à obfervé qu’un Cofps lumineux vu à-tfavers un corps noir paroît toujours rouge, com- me quand on regarde le foleil Atravers un nuage ombre. Il ajoute qué bien des gens qii Voient pars faitement les autres couleurs, n’ont » Pour ainfi dire, qu'une faufle fenfation du rouge ët ne l’apperçoïivent que comme noir. Voyez BLEU, Chambers. (O) ROUGE, {: m. ( Cofmétig. ) efpece de fard fort en ufage ; que les femmes du monde mettent für leurs joues , par mode ou par néceflité, En d’autres ter mes , c’eft Cette artificieufe rongeur Qui fupplée au défaut de celte Que jadis caufoir La pudeur. Le rouge dont on faïfoit uifage anciéñnenient fe nommoit parpuriflus , forte de vermillon préparé ; c’étoit un fard d’un très-beau rouge Purpurià , dont les dames greques & romiaines fe coloroient le Vifage: Il paroït par f compoñition qu'il avoit quelque chofe d'approchant de ce que nos peintres appellent ro/e d'œillet, carnation d'œilles , en anglois ro/e-pink. fl Étoit fait de la plus fine efpece de craie-blanche , treta argentaria ,; difloute dans un forté teintute pour: pre , tirée de l’écume chaude du poiflon perpura, du rurex, Où à leur défaut des racines & des bois qui teignent en rouge ; quand {a partie la plus crafle étoit tombée au fond du vaifleau, la liqueur , quoiqu’en- core épaïfle , fe verfoit dans uni autre vaifeau , & ce Qui alloit au fond de cette derniere liqueur étoit d’un: beau pourpre pâle qu’on mettoit dans des vafes pré= cieux & qu’on gardoit pour lufage. | rs L’ufage du rouge a pañlé en France avec les ftaliens fous le regne de Catherine de Médicis. On employoit le rouge d'Efpagne , dont voici la préparation. On lave plufieurs fois dans l’eau claire les éfantines-jau- nes du carthame ou fafran bâtard, jufqu’à ce qu’elles ne donnent plus la couleur jäune ; alors on y mêle des cendres pravelées , & on y verfe de l’eat chan de: On remue bien le tout , enftite on laiffe répoler endant très-peu de tems la lieueur rouge À les parties fes plus grofliéres étant dépoféesau FE du vaïfleau, à 64 402 R OU. on la verfe peu--peu dans un autre vaïfleau fans verfer lalie, & on la met pendant quelques jours à l'écart. La lie plus fine d’un rouge foncé & fort bril- lante fe fépare peu-à-peu de la liqueur , 8r va au fond du vaifleau : on verte la liqueur dans d’autres vaif- {eaux ; & lorfque la lie qui refte dans ces varfleaux, après en avoir verfé l'eau , eft parfaitement feche ,on la frotte avec une dent d’or. De cette maniere on la tend plus compatte, afin que le vent ne la difipe point lorfqu’elle eft en fine poufliere. Le gros rouge fe fait de cinabre minéral bien broyé avec leau-de- vie & l'urine, & enfuite féché. Il n’y a pas long-tems que le beau fexe de ce pays a mis en vogue l’art barbare de fe peindre les joues de ce rouge éclatant. Une nation voifine chez qui les regles de cet art ne font pas de fon inftitution , ne fe fert encore de rouge que pour tromper agréablement, &z pour pouvoir {e flatter de n’en être pas foupçon- né ; mais qui peut répondre que le beau fexe de ce peuple ne mette du rouge dans la fuite par mode & par ufage jufqu’à réjouir ou à efrayer, quoiqu'ac- tuellement le peu de rozge dont quelques-unes des dames du pays fe parent en fecret, ne foit parvenu au degré de pouvoir fupprimer l'apparence de ce rouge charmant qui décele les premieres foiblefles du cœur ? Eflice pour réparer les injures du tems, rétablir fur le vifage une beauté chancelante, & fe flatter de redefcendre jufqu’à la jeunefle, que nos dames met- tent du rouge flamboyant ? Eft-ce dans l’efpoir de dieux féduire qu’elles emploient cet artifice que la nature defavoue ? Il me femble que ce n’eft pas un moyen propre à flatter les yeux que d’arborer un vermillon terrible, parce qu’on ne flatte point un or- gane en le déchirant. Mais qu'il eft difcile de s af- franchir de la tyrannie de la mode ! La préfence du gros rouge jaunit tout ce qui lenvironne. On fe réfout donc à être jaune, & aflirément ce n’eft pas la cou. leur d’une belle peau. Mais d’un autre côté, f Pon renonce à ce rouge éclatant, il faudra donc paroïtre pâle. C’eft une cruelle alternative , car on veut met- tre abfolument du rouge de quelque efpece qu'il foit, pâle ou flamboyant. On ne fe contente pas d’en ufer lorfque les rofes du vifage font flétries, on le prend même au fortir de lenfance, Cependant , maloré l'empire de la coutume, je penfe comme Plaute, &c je répondrois comme lui à une jeune & jolie femme qui voudroit mettre du roge : « Je ne vous.en donne- » rai point, vousêtes à merveille, & vous iriez bar- » bouiller d’une peinturegrofñere l'ouvrage le plus » beau êc le plus délicat du monde : ne. faites point » cette folie, vous ne pouvez employer aucun fard » quine gâte & naltere promptement [a beauté de » votre teint ». Noz dabo purpuriflum, cite su quei- dem es ; vis nové pitturé interpolare opus lepidiffimum. Nullum pigmentum. debet attingere faciem., ne detur- petur. | Après tout, je ne ferois pas fâché que quelqu'un plus éclairé que je ne Le fuis, nous fit une hiftoire du rouge , nous apprit comment il s’'introduifit chez Les Grecs &cles Romains, par quelle raifon 1l fut l'in- dice d’une mauvaile conduite, par quelle tranftion al vint à pafler au théatre ,, & à dominer tellement que chacun jufqu’à Polyphème en mit pour s'embel- lit ; enfin comment 1l-efl depuis aflez long-tems par- mi nous une des marques du rang ou de la fortune. (2.2) : ROUGE de carmin où CARMIN , (Chimie 6 Perns.) c’eft ainfñ que l’on nomme une couleur ou fécule “d’un beau rongetrès-viftirant fur lecramoïfi. On a déja | parlé de cette couleur à l’ars. CARMIN ; mais comme elle n’y a été décrite que très-imparfaitement, on a cru devoir y fuppléer 1e. " Voici le procédé fuivant lequel on peut faire le carmin avec fuccèes. On prend $ gros de coche- nillé, un demi gros de graine de chouan, 18 grains d’écorce d’autour, 18 grains d’alun, & 5 livres d’eau de pluie ; on commencera par faire bouillir l'eau, alors on y jettera la graine de chouan , on lui laiflera faire cinq ou fix bowillons , après quoi on filtrera la liqueur. On là remettra fur le feu ; lorfqu’elle aura bouilli de nouveau, on y mettra la cochenille ; après quelle aura fait environ quatre ou cinq bouillons , on y joindra l'écorce d’autour & Palun. On filtrera de nouveau la liqueur ; au bout de quelque tems, le carmin {ous la forme d’une fécule rougefe précipitera au fond du vaifleau où l’on aura mis la liqueur fil- trée ; les dofes indiquées en donneront environ deux fcrupules. On décantera la fiqueur qui furnagera, &£ on fera fécher la couleur rouge au foleil Lorfqu’on voudra faire le rouge que Îles femmes, emploient pour {e farder , on pulvérifera l’efpece de talc, connu en France fous le nom de craie de Brian- con. Lorfqu’elle aura été réduite en une poudre très- fine, on y joindra du rouge de carmin à proportion de la vivacité que l’on voudra donner à la couleur du rouge, & l’on triturera foigneufement ce mélange qui peut être appliqué fur la peau fans aucun danger. La cherté du carmin fait que fouvent on lui fubfu- tue du cinabre que l’on mêle avec le tale. . Rouce deCorroyeur , ( Teinr, ) il fe fait avec du bois de Bréfil, dontil faut deux livres fur deux fceaux d’eau, à quoi l’on ajoute de la chaux, quand il eft raifonnablementéboulli. ( D.J.) RouGE oz ROSETTE, encre d'Imprimerie:, pour imprimer en rouge. Voyez ENCRE. ROUGE , ( Maréchal.) un cheval rouge , eftun che- val baïtrès-vif, Ce terme n’eft plus en ufage. Gris- rouge. Foyez GRIS. | ER. Rouce,(Peinture.) très-beau pour le favis. Rédui- fez en poudre fubtile ce que vous voudrez de coche- nille, verfez-la dans un vaifleau où vous ayez.mis de J’eau-rofe aflez pour furpafler de deuxidoigts cette poudre ; jettez enuite de lalun brûlé ; &c pulvérifé encore tout chaud dansde l’eau de plantin , dans la- quelle vous mêlerez la liqueur qui aura fervi à dif- foudre la cocheniile , &c vous aurez un très-beau rouge, qui vaut mieux que le vermillon pour le fa - vis; parce que le vermiilon a trop de corps, & qu'il {e ternit à caufe du mercure dont il eft compofé.* Rouce D'INDE, (Teinr.) ou terre de Perlé, qu’on appelle auf, quoique très -improprement , rouge d'Angleterre. C’eft une ochre rouge ; aflez friable èc tres-haute en couleur , qui, bien broyée & réduite en pondre impalpable, fait un afléz beaurouge: On tire cette ochre de l’île d'Ormus ,-dans le solfe perfi- que. Le rouge.d’indene s'emploie guere que par les Cordonniers, qui s’en fervent pour rougir les talons des fouliers qu’ils font, en le détrempant avec du blanc-d’œuf.{ D.J.) touce , (Teins-) c'eft une des cinq couleurs fim- les & matrices des Teinturiers. » Il y a deux efpeces de rouge ; l’une dont le jaune eft le premier degre, & qui par le rpprochement de fes parties augmentant peu-à-peu de teinte, 6c paflant par l’orangé devient couleur de feu, qui eft lextrème de la concentration du jaune, Le minium, le précipité rouge, le cinabre en font des exemples que la Chimie nous fournit. L'autre rouge part de lincarnat ou couleur de chair , &c pafle au cramoifi qui eff le premier terme de fa concentration; car en . rapprochant davantage fes particules colorantes, on le conduit par degrés jufqu’au pourpre, L’encre {ym- phatique bien dépurée prend fur le feu toutes ces nuances. Le rouge qui.a une origine jaunene prendra jamais le cramoifi,, fi l’on n’a pas Ôté ce jaune qui Le fait de la clafle des couleurs de feu ;: de même le rouge dont la premiere teinte eft inçarnate , ne de- + Yiendra jamais couleur de feu, f on n’y ajoute pas le jaune. | Cependant les Teinturiers difinguent fept fortes de roge dans le grand teint ; favoir , 1°. l’écarlate des Gobelins ; 2°, le rouge cramoifi ; 3°. le rouge de garance; 4°. le rouge de demi-graine ; 5°. le rouge demi-cramoifi ; 6°. le nacarat de bourre ; 7°. l’écar- late façon de Hollande. Le vermillon, la cochenille êt la gatance font les drogues principales qui pro- duifent ces diverfes efpeces de rouge. L’écarlate des Gobelins fe fait avec de Pagaric , des eaux füres, du paftel & de la graine d’écarlate où de vermillon. Quelques Teinturiers y ajoutent de la cochenille, Le rouge cramoifi fe fait avec les eaux fûres, le tartre & la fine cochenille. Le rouge de garance fe fait avec la garance de Flandre. Le rouge de mi-graine fe fait avec les eaux füres, l’agaric, 110116 graine d’écarlate & moitié garance. Le demi- cramoïf fe fait avec moitié sarance & moitié coche- nille. Le nacarat de bourre exige que l’étoffe foit auparavant mife en jaune ; enfuite le nacarat fe fait avec le bain de la bourre qui a été ébrouée furun bouillon avec des cendres sravelées. L’écarlate fa- çon d’Hollande fe fait avec la cochenille , le tartre & l’amidon , après avoir bouilli avec de l’alun, du tartre , du {el gemme &z de l’eau-forte où l’étain a été diflous ; mais cette couleur, quoique des plus écla- tantes , fe rofe &c {e tache aifément. Entre ces fortes de rouges, il »’y en a que trois qui ayent des nuances ; favoir le rouge cramoif , le na- carat de bourre , & l’écarlate de Hollande. Les nuances du rouge de garance font couleur de chair, peau d’oignon, fiamette, ginjolin. Celles du cramoih font fleur de pommier, couleur de chair, fleur de pêcher , couleur de rofe incarnadin , incar- nat-rofe, incarnat & rouge cramoifi. Les nuances de 1a bourre {ont les mêmes que celles du rouge cra- moifi. L’écarlate , outre celles du cramoifi & de la bourre. a encore pour nuances particulieres la cou- leur de cerife, le nacarat, le ponceau, &la couleur "de feu. Quant au rouge de Bréfil, c’eft une fauffe teinture que n’employent point les Teïinturiers du bon teint. Savary. Hellor. (D.7) ROUGE D'ANGLETERRE, che les Werovrtiers,, eft une efpece de peau de couleur rouge qu’on tire d'Angleterre, & dont ils fe fervent pour couvrir le dos ou la poignée des broffes. On n’en emploie prefque plus, parce qu’on en fait À Paris de meil- deur. ROUGE, (Ar: de la Verrerie.) Néri a décrit la ma- niere de donner au verre un rouge tranfparent ; & comme fon procédé réufit, je vais le tranfcrire, Prenez, dit-il, de la mapnéfie de Piémont réduite en une poudre impälpable; mêlez-la à quantité égale de nitre purifié ; mettez ce mélange à calcinet au feu de reverbere pendant vingt-quatre heures ; Ôtez: le enfuite; édulcorez-le dans de l’eau chaude, & faites-le fecher, après en avoir féparé le {el par les lotions : cette matiere fera d’une couleur rouge : ajoutez-y une quantité égale de {el ammoniac;hu- | mectez le tout avec du vinaigre diftillé ; broyez-le fur le porphyre, & le faites iécher. Mettez enfuite ce mélange dans une cornue qui ait un gros ven- tre & un long col, & donnez pendant douze heu- res un feu de fable & de fublimation ; rompez alors la cornue ; mêlez ce qui fera fublimé, & ce qui fera refté au fond de la cornue ; pelez la matiere & ajoutez - y, defel ammoniac, le poids quien eft parti par la fublimation ; broyez le tout comme au- paravant : après l'avoir imbibé de vinaigre diftillé, remettez-le à fublimer dans une cornue de la même efpece ; réiterez la même chofe. jufqu'à ce que la magnéfe demeure fondue au fond de la cornue, Tome XIF, R OU 403 Cette compoition donne au cryftal & aux pâtes un rouge tran{parent femblable à celui du rubis ; on en met vingt onces fur une de cryital ou de verre: on peut cependant augmenter ou diminuer la dofe felon que la couleur femblera l’exiger, Le même Neri indique les procédés pour donner au verre la couleur d'un rozge-fanguin, & celle de rubis-balais; mais il feroit trop long d’entrer dans ces détails. (D. 7.) ROUGE, (Go. franç.) L’ufage de l’écarlate af fe@té aux plus éminens perfonnages, tant dans la guerre que dans les lettres; le privilège de porter la couleur rouge, refervé aux chevaliers & aux doc- teurs, introduifit probablement dans notre langue, le mot rouge, pour fer, hautain, arrogant; furtout lorfqu’on vit Artérella, chef des Gaulois révoltés & viétorieux, fe revêtir de fanguines-robes & d’écar- late, Dans l'ouvrage en vers intitulé, l'art rendu cordelier, on lit, Les plus rouges y font pris, pour dire les plus glorieux ; Brantome s’eft encore fervi de ce 7104 dans lè même fens, en parlant de l'affaire des Suifles à Novarre contre M. de la Freinville ») qui fut un grand exploit & un grand heur de guerre , dont ils vinrent fi rouges & fi infolens, qu'ils mépri- foient toutes nations , & penfoient battre tout le monde. Cette acception du mot rouge en a formé une autre par une lesere tranfpofñtion de lettres ; rogue au-lieu de rouge, eft mis pour arrogance , vanité , info lence. Sainte-Palaye. (D. J.) ROUGE MER, grand golfe de l'Océan qui fépare l'Egypte & une partie de l’Afrique de l'Arabie, « À l'extrémité de la rer Rouge, eft cette fameufe » langue de terre qu’on appelle l'iffhme de Suez, qui » fait une barriere aux eaux de la mer Rouge, & em- » pêche la communication de la Méditerranée avec » l'Océan. On peut croire que la mer Rouge eft plus » élevée que la Méditerranée; & que fi on coupoit » l’ithme de Suez, 1l pourroit s’en fuivre une inon- »'dation & une augmentation de la Méditerranée. » Quand mème on ne voudroit pas convenir que la » mer Rouge fût plus élevée que la Méditerranée, on » ne pourra pas mer qu'il n’y ait aucun flux & re- » flux dans cette partie de la Méditerranée voifine # des bouches du Nil; & qu’au contraire il y a dans » la mer Rouge un flux & reflux très-confidérable, & » qui éleve les eaux de plufieurs piés, ce qui feul » fufhroit pour faire pafñler une grande quantité » d’eau dans la Méditerranée, fi l'ifthme étoit rom » pu. D'ailleurs, nous avons un exemple cité à ce » fujet par Varenius, qui prouve que les mers ne » font pas également élevées dans toutes leurs par- » ties. Voici ce qu'il en dit, p. 100 de fa géographie. » Oceanus germaricus, qui eff Arilantici pars , inter Fri- » Jam & Hollandiam fe effundens, efficit fnum qui , » etfe refpettu celebrium finuum maris | tamen & ip[e » dicttur mare, alluitque Hollandiæ emporium cele- » berrtmum , Amflelodamum. Non procul indè abeft la- vw cas harlemen/rs, qui etiam mare harlemenfe dicirur. » Hujus a'titudo non eff minor altirudine fins illius » belgici, quem diximus, & mittit ramum ad urbem Lei- » dam, ubi in varias foffas divaricatur, Quoniam ita- » que nec lacus hic, nèque ffnus. ille hollandici maris » inundant adjacertes agros (de naturali confhitutione » loquor ; non ubi témpeffatibus uroentur, propter guas » aÿgeres faitt furt) patet indè qudd non Jin alriores » quàm agri Hollandie. As verd Oceanum £ermanicum » effe alriorem quam terras hafte experti funt Leidenfes, » cm fufcepillent foflam feu alveum ex urbe [ua ad » Oceani germanici littora prope Cattorum vicum per- » ducere ( diflanria ef} duorum milliarium ) ut, recepto » per alveurz lunc mari, poffent navigationem infti- » tuere ên Oceanum germanicum, & hinc in varias 1er- # 1@ reiones. Verum entm verd cm magna: jam alvei » partem perfeciffent , defiftere coaëti funt, guoniare Eee | 404 ROU » tm dem per obfervationem cognirum ef? Ocean » gérmanici aquam effe altiorëm quam agrim inter » Léidam & lictus Occani illius ; undè locus ille, ubë » fodere defieruntt, dicitur Her malle Gar. Occarus ita> » que gérmanicus eff aliquantèm altior quam Jinus 1lle s hollandicus , &c. Ainfi on peut croire que la rer # Rouge eft plus haute que la Méditerranée, comme ÿ la mer d'Allemagne eft plus haute que la mer de # Hollande. | » Quelques anciens auteurs, comme Hérodote &c » Diodore de Sicile, parlent d’un canal de commu » ricatiôn du Nil & de la Méditerranée avec la #er- »# rouge: & en dernier lieu M. de Lifle a donné une » carte en 1704, dans laquelle il a marqué un bout » de canal qui fort du bras leplus oriental du Nil, &c # qu'il juge devoir être une partie de celui qui faïfoit » autrefois cette communication du Nil avec la rer » Rouge. Voyez les mém. dè l’acad. des Sc. ann, 1704. » Dans la sroifieme partie du livre qui a pour titre, » Cornoiffance de l’ancien monde, imprimé en 1707, # on trouve le même fentiment; & il y eft dit d’après # Diodore de Sicile, que ce fut Nécas roi d'Egypte, » qui commença ce Canal; que Darius toi de Perfe » le continua, & que Ptolémée II. Pacheva &c le con: » dut jufqu’à la ville d’Arfioné ; qu'il le fafoit ou- » vrir & fermer felon qu'il en avoit befoin. Sans # que je prétende vouloir nier ces faits, je fuis obhi- » gé, dit M. de Buffon, d’avouer qu'ils me paroïflent » douteux ; & je ne fai pas fi la violence êc la hau- » teur des marées dans la er Rouge ne fe ferorent » pas néceflairement communiquées aux eaux de » ce canal, il me femble qu’au-moins il auroit fallu » de grandes précautious pour contenir les eaux, » éviter les inondations, 8& beaucoup de foins pour # entretenir ce canal en bon état; aufli les hiftoriens » qui nous difent que ce canal a été entrepris & » achevé, ne nous difent pas s’il a duré; &t les vef- y» tiges qu'on prétend en reconnoître aujourd’hui, » {ont peut-être tout ce qui eh a jamais été fait. » On a donné à ce bras de l'Océan le nom de rer » Rouge, parce qu’elle a en effet cette couleur dans » tous les endroits où il fe trouve des madrépores » fur fon fond. Voici ce qui eft rapporté dans PA toire générale des voyages ; tome À. pag, 196 199. « Avant que de quitter la mer Rouge, D. Jean examina » quelles peuvent avoir été les raïfonis qui ont fait » donner ce nom au fleuve arabique par les anciens, » & fi cette mer eft en effet différente des autres par y la couleur ; il obferva que Pline rapporte plufieurs » fentimens fur l’origine de ce nom. Les uns le font » venir d’un roi nommé Erythros qui régna dans ces » cantons, & dont le nom en grec fignifie rouge ; » d’autres fe font imaginé que la réflexion du foleil » produit une couleur rougeâtre fur la furface de #» Peau; & d’autres, que l’eau du golfe a naturelle- » ment cette couleur. Les Portugais qui avoient déja » fait plufieurs voyages à Pentrée des détroits, af- # furoient que toute la côte d’Atabie étant fort roz- » ge, le fable &c la pouffiere qui s’en détachoïent &e » que le vent poufloit dans la mer, teignoient les # eaux de la même couleur. : y Don Jean, qui pour vérifier cette opinion, né » cefla point jour &c nuit depuis {on départ de Soco- »tora, d’obferver la nature de l’eau &c les qualités # des côtes jufqu'à Suez, affure que loin d’être natu- » rellement rouge, l’eau eft de la couleur des autres »-mers , & que le fable ou la pouffiere n'ayant rien » de rouge non-plus , ne donnent point cette teinte à » l'eau du golfe ; la terre fur les deux côtes eft géné- » ralémént brune, &c noïre même à quelques en- » droits: dans d’autres lieux elle efthlanche : ce n’eft » qu'au delà de Suaquien ; c’eft-ä-dire fur des côtes #'où les Portagais n’avoient point encore pénétré ; # qu'il vit en effet trois hontaghes rayées de rouge; “ R O ÜU y'encote étoient-elles d’un roc fort dur, & Îe pays » voifin étoit de la couleur ordinaire, “AR » La vérité donc eft que cette mer; depuis Pen» » trée jufqw’au fond du golfe, eft par-tout de la rè- me couleur, ce qu’il eft facile de fe démontrer à » foi-même , en puifant de l'eau à chaque lieu ; maïs » il faut avouer auffi que dans quelques endroits elle » paroît rouge par accident, & dans d’autres verte && » blanche; voici l’explication de ce phénomene. De- # puis Suaquen jufqu’à Koflir, c’eft-à-dire pendant » l’efpace de 136 lieues, la mer eft remplie de bancs » & de rochers de corail ; on leur donné ce nom, » parce que leur forme &c leur couleur les rendent fi » femblables au corail, qu'il faut une certaine habi- » leté pour ne pas s’y tromper ; ils croïffent comme » des arbres, & leurs branches prennent la forme dé » celles du corail; on en diftingue deux fortes, l’une » blanche & l’autre fort rouge ; ils font couverts en » plufieuts endroits d’une efpece de gomme ou de » glue verte, &c dans d’autres lieux orange foncé, Or » l'eau de cette mer étant plus claire & plus tranf- » pareñte qu'aucune autre eau du monde, de forte » qu'à 20 brafles de profondeur Pœil pénetre jufqu’at » fond , fur-tout depuis Suaquen jufqu’à l'extrémité » dugolfe, il arrive qwelle paroît prendre la couleuf » des chofes qu’elle couvre ; par exemple, lorfque »' les rocs font comme enduits de glue verte, Pea . » qui pañle par-deflus ; paroiït d’un verd plus foncé » que les rocs mêmes , &r lorfque le fond eft unique= » ment de fable , l’eau paroit blanche; de même » lorfque les rocs font de corail, dans le fens qu'on » a donné à ce terme, & que la glue qui les envi- » ronne eft rouge ou rougeñtre , l’eau fe teint, où » plutôt femble fe teindre en rouge; ainfi comme les »rocs de cette couleur font plus fréquens que Îles » blancs & les verds, dom Jean conclut qu’on à du » donner au golfe Arabique le nom dé mer Roïge, » plutôt que celui de mer verte ou blanche ; 1] s’ap= » plaudit dé cette découverte, avec d'autant plus de” » raifon, que la méthode pat laquelleil s’en étoit af »furé, ne pouvoif lui laïfler aucun doute ; il faifoit » amarter une flûté contre les rocs dans les lieux qui #navoiént pas aflez de profondeur pour permettre » aux vaifleaux d'approcher, & fouvent lés matelots » pouvoient exécuter fes ordres à leur aife, fansaÿoir » la mer plus haut que leftomac , à plus d’une demie » lieue des rocs ; la plus grande partie des pierres où » des cailloux qu’ils en tiroient dans les eux où eat » paroïfloit rouge , avoient cette couleur ; dans l’eau | » qui paroïfloit verte , les pierres étoient vertes, 8 » fi l’eau paroifloit blanche, le fond étoit d’un fable »blanc, où l’on n’appercevoit point d'autre mélans »wge». Hifi nat. gen. 6 partic. tom. I, ROUGE-BOURSE, Voyez GORGE ROUGE. ROUGE-GORGE. Voyez GORGE ROUGE. ‘ ROUGEMONT , (Géog. mod.) petite ville dé France dans la Champagne , au diocèfe de Langres , fur la riviere d’Armançon, à deux lieues au-deflus de Ravieres , & à fix au fud-oueft de Châtillon fur Sei- ne. Il y avoit une abbaye de filles , de l’ordre de S. Benoît, fondée l'an 1147 , mais elle a été trañfs (De : HE Van 1677. Long. 22, 11, lait, 47. 48% ROUGEOLE , ff. en Médecine, eft une maladie cutanée ; qui confifte dans une éruption umiverfels le de boutons non fuppurans , & qui eft accompa= gnée de fievre. VE LA Cette ‘maladie paroït avoir beaucoup de reflem- blance avec la petite vérole,les fympromes étant les mêmes à plufieurs égards, la caufe -peu-près Îà même , le régime & le traitement ne different pas beaucoup. Foyez PETITE VÉROLE, | . Les boutons où grains de la rozgeo/e paroifent or dinairement le quatrieme jour par tout Le cofps ; 8é reflemblent à despiquures de mouche ; mais ils ont plus épais, plusrouges , & plusenflammés que ceux de la petite vérole ; ils difparoïflent quatre à cinq jours après ; dans leur plus haut point ils ne font pas plus gros que des têtes d’épingle. La rougeole eft plus fâcheufe que dangereufe; néan- moins elle tend fouvent à la confomption, par le moyen de la toux qu’elle larfle après elle. ROUGEOLE , ( Meédec.) Il arrive quelquefois que la rougeole devientiépidémique dans un pays, & mé- me y caufe de très-prands ravages. Cettemaladie fit périr à Paris, en «712, dans moins d’un moïs, plus _ de cina cent perfonnes, Elle emporta entr’autres M. le duc de Bourgogne , fa femme & fon fils. Cette rougeole maligne parcourut toute la France, vint en Lorraine , & coucha dansle tombeau les aînés du duc de Lorraine , François , deftiné à être un jour empereur, & à relever la maifon d'Autriche, (D. J. .) ROUGE-QUEUE DE BENGALE, {. m. ( Æiff, nar. Ornichol. ) lanius bengalis fufous ; oïfeau qui a le le deffus & le derriere de la tête noirs ; la face fupé- rieure du cou , le dos , le croupion, les plumes du deffus de la queue, celles de la face fupérieure des aîles &c les plumes.des épaules font brunes ; il y a de chaque côté de la tête, au-deflous des yeux, une tache d’un beau rouge vif, terminée par du blanc en- deffous ; 1l y a auf de chaque côté du cou quatre taches noires en arcs de cercle, qui font plus petites à mefure qu’elles fe trouvent plus près du corps ; la gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, la partie antérieure du ventre ,les côtés du corps, & les jambes, ont une couleur blanche; les plumes du bas-ventre & celles du deflous de la queue font rouges ; c'eft ce qui a fait donner le nom de roue- queue à cet oùfeau ; les plumes des aîles fonthbrunes à la queue eft compofée de douze plumes d’un brun plus clair que les plumes des aîles; le bec eft d’une: couleur cendrée foncée ; il y a vers les coins de la bouche , & au-deflus des narines , de longs poils noirs, dirigés en avant, & roides comme des foies, On trouve cet oifeau dans le royaume de Bengale ; on lura auffi donné lenom.de Pic-griefthe de Bengale. Ornit. de M.Brifion, to. IT. Voyez Oiseau. ROUGE-QUEUE dela Chine, oïfeau de la grofleur de la linote rouge ; 1! a le bec épais, court & brun, & liris des yeux blanc ; la tête &cle derriere du coufont d’un beau pourpre bleuâtre ; le dos eft verd; les plu- mes des épaules & les petites des aîles ontune cou- leur jaune verdâtre ; les grandes plumes extérieures des ailes, font d’un rouge fombre &z pourpré, les autres ontune couleur rougemélée de verd; la gor- ge, la poitrine, le ventre & les cuifles {ont d’un très-beau rouge, couleur d’écarlate ; la queue eft compofée de douze plumes, toutes d’un rouge fom- bre ; les piés font jaunes. On trouve cet oifeau à:la Chine. H1f?. nat, des oifeaux , par Derham, som. LI. Voyez OISEAU. f Pas Grande ROUGE-QUEUE, .oïfeau de la grandeur de l'étourneau; 1l a neuf pouces .& demi de longueur... depuis la pointe du bec jufqu’au bout des ongles, & un pié deux pouces d'envergure ;.le bec, eft noir, il reflemble à celui de l’étourneau.,, & il a,plus, d’un pouce de longueur; la piece.du deflus eft un peu crochue, plus longue & plus pointue que la piece du deflous ; le dedans de la bouche a-une couleur jaune, & la langue eft un peu fendue à fon extrémité ; les piés ont une couleur cendrée , & les ongles font noirs ; la plante des piés eft jaune; les couleurs de cet oïféau font du gts, du noir &-du jaune difpofés par. taches ; la queue eft courte & n’a guere plus de trois pouces de longueur ; elle effcompoféede douze plu- mes , toutes également longues , &c d’un beau jaune éclatant, excepté les-deux du milieu & le‘bôrd ex- térieur dés autres dont lejauñe Etobionr Hi rar. AE R O U 405 dés oiféaux , par Derham , tom, III, Voyez O1srAU. . ROUGET, MORRUDE , MOURRE, GALLI- NE, RONDELLE ,ORGANO , COCCHOU, f. m. ( AüjE rar, Ichthiol. ) cuculus , poflon de mer qui ref femble beaucoup au poiflon volant, mais qui en dif. fère par les nageoires, par la bouche, & par les écailles; le rouges a le ventre blanc & tout le refte du corps rouge ; la tête eft groffe, & la partie an- térieuré fe termine par deux aiguillons courts ; il y a aufliau-deflus des yeux deux petites pointes , & les couvertures des ouies ont plufieurs petits aïguillons, Ce poiflon a de chaque côté du corps une bande lon- gitudinale formée par desécailles, & fur le dos deux tangs d'écailes pointues qui laiflent entr’eux une for- te de gouttiere où font deux nageoires qui fe dreffent lotfquele porffon fe difpofe à nager, Le rouges a deux nageoires fur le dos, qui occupent toute fa longueur; la premiere eft la moïns longue & la plus haute; les premiers aiguullons de cette nageoire font longs & pointus ; la feconde nageoïre s’étend jufqu’àla queue, elle a des aiguillons plus petits que ceux de la pre- muere; ce poiflon a encore deux nageoiïrés aux ouies . eux autres au ventre près de celles des ouies, &une derriere lanus qui s'étend jufqu’à la queue ; 1l ya au devant des nageoires de la partie antérieure du ventre, des barbillons charnus qui font pendans ; la chair de ce poiflon eft dure, feche & un peu gluante, Les Latins l’ont nommé ccw/us, parce qu'il imite le chant du coucou. Rondelet, hifl. nat. des poiffons , prem. part. iv. X, ch. ij. Voyez POISSON. ROUGEUR , f. f, ( Morale. ) La rougeur ${elon les phyfiologiftes , eft le paffage prompt & libre du fang par les arteres, dansles vaifleaux cutanés du vifase, où1l s'arrête quelques momens avant que fon retour fe fafle par les veines. Les caufes en font dif. férentes ; mais nous ne confidérons ici [a rougeur que comme affection & {entiment. Pompée ne pouvoit s'empêcher de rougir toutes les fois qu’il paroifloit dans laffemblée du peuple. Fa- bianus, celebre orateur | éprouvoit aufli la même chofe quand Île fénat lappelloit dans une affaire en qualité de temoin; ce n’étoit pas chez eux une foi blefle d’efprit, C’étoit un effet de furprife qu'ils ne | pouvoient vaincre, çar ce à quoi l’on n’eft pas ac- coutume , dit Séneque, frappe vivement les perfon- nes qui ont de la difpoñition à rougir. | Quoique la rougeur foit en général un appanage de la décence & de la modeftie, elle n’en eft pas tou- jours une démonftration. Sempronia, cette femme d’une naïflance illuftre, qui entra dans la comuration de Catilina, avoit une beauté incomparable, rehau£ {ée par cette apparence de pudeur qui n’auroit Jamais fait foupçonner le defordre de fa. conduite | & les crimes dont elle étoit coupable | Nous avons vû une célebre a@trice à Londres, dont on ne foupçonnoït pas Pinnocence, qui rou- gifloit quand elle vouloit , & qui avoit le même em- pire fur fa rougeur que fur fes larmes : mais la rougeur eftimable eft ce beau coloris produit par la pudeur , par Pinnocence, & qu’un ancien nommoit fpirituel- lement le vermillon de la vertu ; il la rend auf toujours plus belle & plus piquante. Voyez comme Dryden en a fait la peinture, d’après une jeune dame dont:1l étoit amoureux. Arcrimfon blush her beauteous face o’erfpread. Varging-her cheeks by turns with white and red » The driving colours ; -nevervatal flay y : Run here. andichere Land flush and fare away : Debghiful change ! chusiindian iv Ty shows, Wichk withthe bord’'ring paint of purple glows g \Or Lilly.demask’d:by the neighbourine rofe. ROUGEUR DU VISAGE, gta rofacea, maladie | cutanée, Cette rougeur accompagnée de boutons eft 406 R O U due à une intempérie du foie, carces boutons ne fauroient difparoître que le foie ne s’endurcifie & ne jette le malade dans hydropifie , & ces maladies du foie diminuent confidérablement , lorfque ces mala- dies paroïflent fur le vifage: ainfi on ne doit point ap- pliquer à contrerems des topiques fur cesfortes d'é- ruptions, dans le deffein de les faire difparoitre. On appelle cette rougeur gurta rofacca , à caufe des petites gouttes ou tubercules rougeätres qui font difpofées fur tout le vifage. Quelques-uns lappellent zubedo maculofa, où plutôt ruber cum maculis ,à caufe que le vifage eft tellement couvert de ces fortes de taches, qu’il en devient hideux. | | La caufe eft un fang épais & vifqueux, engendré par le vice du foie, qui paflant par les vaifleaux ca- pillaires jufqu’à la furface de la peau du vifage , la couvre d’une rougeur pareille à celle que caufe la honte; comme il eft lent & vifqueux, &c qu'il ne peut retourner par les veines, il s'arrête fur cette partie , y caufe une rougeur qui ne peut être diffipée ‘à caufe de la denfité de l’épiderme, & dégénere en des puftules qui s’ulcerent après avoir rongé le tiflu des glandes cutanées. On peut guerir cette maladie lorfqu’elle eft be- migne, récente, & que le malade eft d’un bon tem- pérament; mais la cure n’en peut être que pallia- ‘ve , lorfqu’elle eft invétérée ou d’une nature ma- ligne , elle n’eft pas toujours caufée par la débauche du vin & des liqueurs , puifque les perfonnes fobres n’en font pas exemptes ; cependant ceux qui fontun ufaye immoderé du vin , de biere forte, de liqueurs fpiritueules, en font plus fréquemment attaqués que ceux qui s’en abftiennent. On ne peut la guérir qu’en remédiant à l’intempérie du foie & des autres vifce- res, & aux obftruétions, & en détournant les hu- meurs des parties affeétées, par la faignée, les vefi- catoires, les ventoufes , les cauteres, & l’ufage réi- teré des-purgatits; le régime doit être humetant & rafraich:flant, les alimens faciles à digerer; on doit s’abftenir du vin & des liqueurs fortes , aufh-bien que des viandes en ragott & épiceries ; les eaux de chicorée émulfñonnée, le lait coupé , le petit lait cla- rifié , les plantes tempérantes, telles que la laitue, le pourpier , l’ofeille, & les épinars , font fort bon- nes on peut y ajouter la patience , la fumeterre, Vaunée , dans le cas d’épaifhflement du fang. Ondoit prendre garde d'employer imprudemment destopiques repercufffs,car la rougeurrépercutéede- viendroit aufh dangereufe que la gale, les dartres, & autres maladies de cette nature. Le fucre ou fel de faturne , avec le blanc-rafs, &t autres linimens , {era fort bon. On peut employer le mélange fuivant, lalun , le {ei de fäturne, le camphre , l’alun brulé, le cryftal minéral humeëté avec de l’eau de frai de grenouille, de jonbarbe ou du fuc de nénuphar, cela fera bon fi les boutons font invétéres & durcis. En général on doit abandonner cette cure , fi le malade a d’ailleurs toutes les autres parties faines, & fitoutes fesfonétions font dans leur état naturel. Cette rougeur confidérée comme fymptome de la fieyre 8 des maladies inflammatoires, dénote que le fang fe porte avec violence à la tête, & que le cer- veau eft entrepris. De-là vient que le fang ne pou- vant revenir du cerveau & des parties voifines , em- barraflé d’ailleurs par celui quiengorge les vaifleaux de ‘la face dans l’état ordinaire 87 naturel, s'arrête dans ces parties, les engorge , Les sonfle, fe jette fur les petits capillaires ; la raifon.de ce phénomene eft fur-tout la firudure particulière du réfeau artériel cutané de cette partie, qui fait que le fang y eft ar- æêté par l'engorgement des grands vaifleaux , & l’e- rétifme des nerrs. Cette rougeur eft ordinaire dans les fievres tierces & ardentes, dans la péripneumo- ROV nie, das l’efquinancie, & dans toutes les maladies aigues & chroniques qui attaquent la poitrine & les organes qu’elle contient. Souvent ce phénomene eft l'effet de la pañflion hy- pochondriaque &c hyftérique dans les perfonnes en qui l’eftomac, la rate, le foie & la matrice fe trou- vent irrités foit par le fang trop épais, foit par le fpafme & la tenfon trop grande des nerfs. La rougeur caufée par la fievre & les afe&ions , foit chroniques , foit aiguës, de la tête ou de la poï- trine, demande que l’on employe les remedes indi- qués par ces caufes. La rougeur produite par l’affeétion hyftérique, de- mande à être traitée différemment ; elle fuit lesin- dications de cette affection. Voyez HYSTÉRIQUE. ROUGIR , v.aét. ( Grarm. ) voyez les articles Rou- GE & ROUGEUR. RoOUGIR Les cuirs, (Courroyerie.) façon que les Courroyeurs donnent aux cuirs qu'ils courroyent, en leur appliquant un rouge compofé de bois de Bré- fil & de chaux mis dans de l’eau à certaine propor- tion, & bouillis long-tems enfemble. Les cuirs des Courroyeurs ne fe rousiffent que du côté de la fleur; ceux des Peauffers fe rougifent de chair & de fleur. Ditfionnaire du Commerce, ( D. J.) ROUGISSURE , f. frerme de Chauderonniers ; les Chauderonniers appellent rougiflure ; la couleur du cuivre rouge : ce mot fe dit en parlant d’un vafe de cuivre qui n’eft pas d’un beau rouge. Richeler.(D.J.) = ROUHAN, £. m. ( Maréchal.) c’eft la couleur où le poil d’un cheval qui a du poil gris ou blanc femé fort épais, & PA dominant fur un poil bay, ale- zan, Ou noir, Lorique ce poil domine fur un alezan chargé, on l’appelle rouhan vireux ; rouhan cap ou cavelfe de maure, eft un poil mêlé de blanc & de noir communément mal teint : il n’y a pas beaucoup de différence entre rouhan & rubican. Voyez RUBICAN. ROVIGNO ,( Géog. mod. ) ville d'Italie, enlftrie, fur fa côte occidentale, dans une prefqueîle, d’où lon tire de belles pierres pour les édifices de Venife, dont elle dépend depuis lan 1330, qu’elle fe foumit à cette république : les vins qu’on y recueille font eftimés. Long. 31.27. latit, 45. 13.( D.J.) ROVIGO, ( Géog. mod. ) petite ville d'Italie, ca- pitale du Poléfin de Rovigo, fur PAdigefto, À 10 lieues au fud-oueft de Padoue , &à 16 de Venife: elle eft la réfidence de l’évêque d’Adria. Long. 29. 20. latit. 45. 6. Avant que Rovigo füt dans fon état de dépérifle< ment, elle a êté dans le xvj. fiecle la patrie de quels ques gens de Lettres, de Frachetta, par exemple, de Ricobom, & de Rhodiginus. Fracherta ( Jérome ) a traduit Lucrece en italien avec des notes, &c a donné fur la politique un ou- vrage intitulé, Seminario di Governi, di flat, e di Suerra, M Ricoboni (Antoine ) a mis au jour entre autres ouvrages des commentaires latins fur l’Hiftoire ,avec des fragmens d’anciens hiftoriens. Si Scaliger parle de lui avec beaucoup de mépris, c’eft un peu l'effet de là haine qu'il lui portoit; parce que Ricobon: étoit du nombre de ceux qui lui avoient difputé la - noblefle de fa naiffance. | | Rhodiginus ( Ludovicus Calius) s’eft fait honneur par fon ouvrage latin des anciennes leçons. Il n’en publia que les feize premiers livres ; mais fon neveu Camille Ricchieri, y joignitles quatorze autres ; en- , {orte que l'ouvrage complet, forme trente livres, qui font utiles aux Littérateurs. ( D. J.) ROUILLE , (Chimie métall. ) c’eft ainfi que l’on nomme un changement que fubit le fer lorfqu’il eft | expofé aux impreffions de l’air ou de l’eau ; alors il fe couvre peu-ä-peu d'un enduit brun ou rougeñtre, . ROU femblable à de là terre ou à de l'ochre; v’eft cet en= duit que l’on nomime rouille Pour comprendre la formation de là rowzlie, où ‘ha qu'à faire atténtion aux propriétés de l'air ; de Vaveu de tous les Chimiftes, il eit chargé de l'acide vitriolique,. qui eft de tous les acides celui qui a le ‘plus de difpofition à s'unir avec le fer; de l'union de cet acide avec ce métal , il réfulte un fel neutre, con: nu fous le nom de visriol, Voyez VirrioL, Ce fel fe décompofe à l’af, & alors 1l s'en dégage une terre ferrugineufe brune ou rougeätre ; qui n’eft autre . chofe que de l’ochre ou de la rouille ; d’où l’on voit que la rouille eft la terre qui fervoit de bafe au fer privée du phlosiftique ; ce principe eff fi foiblement combiné dans le fer, que l’eau fufit pour l’en dé- _pager. On a tenté différens moyens pour prévenir la rouille ; mais il ne paroït pas qu'ils aÿent eu le fuccès que l’on defroit ; ces remedes n’ont ëté que momen: tanés , & lorfque les fubffances dont on avoit cou- vert le fer font évaporées, l’air reprend fon aétivité + fur ce métal. Les huiles, les peintures, les vernis, font les feuls moyens de garantir Le fer de la rouille, fur-tout fi lon a foin de les renouveller de tems à autres ; du-moins ces fubftances empêchent la rouille de fe montrer; car dans le vrai elles contiennent de l’eau & de l'acide quidoivent néceflairement agir fur le fer par-deflous, & y former de la rouille, L’enduit verd qui fe formé fur le cuivre, &c qui eft connu fous le nom de verd-de-gris, peut auf être regardé comme une efpece de rouille, ROUILLE La, ( Ars. ) un grand inconvénient du fer pour les ufages de la vie, c’eftla rouille, quin’eft pas moins que la diflolution de {es parties par Phu= imidité des fels acides de l'air ; Pacier yeft aufh fujet, mais plus lentement, Il feroit très-utile pour les Ârts d’avoir des moyens qui empêchaflent ce métal d’être fi fufceptible de cet accident. On ne fait juiqu’à ce jour d’autre fecret pour l'en préferver, autant qu'il eft poflible, que celui de le frotter d'huile ou de graifle : voici la recette d’un onguent propre à cet ufage, imaoiné par M. Hombers , & qu’on peut con: feiller aux Chirurgiens pour la confervation de leurs inftrumens, | Ïl faut prendre huit livres de oraifle de porc, qua: tre onces de camphre, les faire fondre enfemble, y mêler du crayon en poudre une aflez grande quan- tité pour donner à ce mélange une couleur noirâtre, faire chauffer les inftrumens de fer ou d’acier qu’on defire préferver de la rouillure , enfuite les frotter, & les oindre de cet onguent. | Le fer eft de tous les métaux celui qui s’altere le plus facilement : il{e change tout en roxille, à-moins qu'on ne le préferve des {els de Pair par la peinture, le vernis , létamage. Il donne prife aux diffolvans les plus foibles ; puiique l’eau même l’attaque avec fuc- cès. Quelquefois une humidité legere 8 de peu de durée ; fufht pour défigurer, & pour transformer en rouille les premieres couches des ouvrages les mieux polis. Auff pour défendre ceux qui par leur deftina- ton, font trop expofés aux impreffons de Peau, a- t-on cherché à Les revêtir de divers enduits ; on peint à l’huile, on dore les plus précieux, on en bronze quelques-uns ; on aimaginé de recouvrir lespluscom- imuns d’une couche d’étain. Autrefois nos ferruriers étoient dans l’ufage d’étamer les verroux, les target: © tes, les ferrures, les marteaux de porte; & c’eft ce qu’on pratique encore dans'quelques pays étrangers. Journellement les Eperonniers étament les branches & les mords. des brides. Enfin, on étame desfeuilles de fer,_& ces feuilles étamées font ce que nous ap= pellons du fer-blanc. M. Ellys rapporte dans fon voyage de la baye d'Hudion, que Les métaux font moins fujets dans cer- R OU 407 tams climats très:froids à fe roi/ler quedañs d'autres, Cette obfervation qui paroït d’abord peu importan< te, mérité néanmoins l'attention des Phyfcensi car s'ileft vrai qu'il ÿ a une grande différence pour là rouille dés métaux dans différens climats ; ün pourra alors fe fervir de cette différence, comme d’une ina dication pour les qualités fimilaires ou diffimilaires de l’air dans ces mêmes pays, & cette connoiffance pourroit être utilement appliquée en plufieurs occas fions, L … Le fiéur Richard Ligon qui a compilé une felation de l'ile de Barbade, 1l y a plus d'un fiecle, rapporte que l’humidité de lait y étoit de fon tems fi confidé: table, qu'elle faifoit roziller dans un inftant les cou: teaux, les clés, les aiguilles, les épées. 6e, Car, dits il, pañlez votre couteau fur une meule, & Ôtez-en toute la rouille; remettez-le dans fon fourreau, & ainf dans votre poche; urez-le un moment après, SC vous verrez qu'il aura commencé à fe couvrir de tous côtés de nouvelle rouille ; que fr vous l’y laiflez pendant quelque tems; elle pénétrera dans l'acier, & rongeta la lame. Il ajoute encore que les ferrures qu'on laïfle en repos fe rouillent tout-à-fait au point de ne pouvoir plus fetvir, & que les horloges & les montres n’y vont jamais bien à caufe de la roui//e qui les attaque en dedans, &c qui eft un effet de l’himi= dité extraordinaire de l’air de ce pays. Il remarque aufh qu'avant leur arrivée dans cette île, ils He verent déja ces mêmes effets fur mer pendant quatre Où cinq Jours, qu'ils eurent un tems extrèmement hunude, dont il donne une defcription très-exaûte , en prouvant par cela même que la caufe de la rouille des métaux doit être attribuée entierement à l’humis cité de l’air. n x On peut dire que c’eft ün fentiment affez univers fellement reçu,quel’humidité fait roillerles métaux; ë1l eft certain que cette relation de Ligon doitavoif paru à tous ceux qui l’ont lue, une preuve inconte: {table de cette opinionrecue: par laraifon contraire, dans Les pays qui envirennent la baie de Hudfon, les métaux y font moins fufceptibles de rouille que | par-tout ailleurs; on obferve la même chofe en Ru fie ; &c fans doute que la fécherefle de l’air de ce pays en eft la caufe. Cependant, quoique les métal fé rouillent dans l'ile de Barbade par l'humidité de l'air, ëc qu'ils font préfervés de la rozille en Ruflie par la féchereffe de cet élément ; on peut douter que l’idée : générale de l'humidité foit feule fufifante pour ren- dre raifon de tous les phénomenes qui accompagnent ordinairement la roui/e, Il eft très-certain que l’air des pays qui environnent la baie d’Hudfon, eft plus tôt humide que fec; car les brouillards continuels qui y regnent font plus que fuffifans, pour prouver que fair y doit être humide dans un degré très con: fidérable ; 8 toutesfois les métaux ne s'y rowillens pas comine dans d’autres endroits. Ne pourroit-on pas conclure de-là , que l'humidité feule n’eft pas la caufe de la rouille, quoiqu'il foit vrai d’un autre côté que celle-ci ne fe trouve jamais, ou que tarement, fans humidité ? En examinant avec atténtion la roxi/le , on trouve que c’eft une folution des particules fuperficielles du inétal , fur lequel elle fe forme caufée par quelque diflolvant fluide ; maïs ilne s'enfuit pas de.là, que tous les fluides indifféremment puiflent caufer de la rouille, ou ce qui revient au même, ronger & diflou: dre les particules fuperficielles du métal : nous fas vons, par exemple , quel’huile, loin d’avoir cette proprièté, fert plutôt à conferver les métaux contre la rouille, Or, en réfléchifiant davantage. fur cedujet, Ët en examinant d’où vient que l’huile ; &-générale- ment toute forte d’onguent °raifle, fait ceteffet fur les métaux ; on eft porté.à penfer que l’hüilecons ferve les métaux en les garantiffant contre certaines 408 ROU particules contenues dans les fluides aqueux qui cau- fent précifément la rouille, & que ces particules ne font autre chofe que des fels acides, Ce fentiment paroît d'autant plus vraiffemblable, - qu'il eff certain que les folutions de tous les métaux fe font par les diflolvans acides, comme nous le voyons confirmé tous les jours, par la maniere ordi- naire de faire du blanc de plomb, qui n’eftautre chofe qu’une roz1{le, ou folution de ce métal, caufée par le vinaigre. Nous apprenons par-là que l’huile confer- ve les métaux, par la qualité connue qu’elle a d’en- velopper les fels acides. Il paroitroit donc que ce n’eft pas proprement l'humidité, mais plutôt un cer- tain diflolvant fluide, répandu dans l'air qui caufe la rouille ; cat quoique l'air foitun fluide, êc qu'il agiffe fouvent fur la furface des métaux, en les faifant rozil- ler , nous ne devons pas croire qu'il agit ainfi fimple- ment comme fluide, puifqu’en ce cas l'air devroit caufer par-tout le même effet; &c les métaux de- vroient fe roziller en Rufie, aufi-bien que par-tout ailleurs proche la ligne équinoxiale. L'air ne peut pas non plus produire cet effet comme étant chargé de particules aqueufes, quoiqu’on le croie commu nément. Si cela étoit, l'air humide devroit caufer le même effet dans la baie de Hudfon, que fur les côtes de Pile de Barbade. Difons donc plutôt que lorfque les particules aqueufes, qui flottent dans l'air, font chargées de fels acides, elles caufent alors la rouille, &t non autrement. Nous voyons par-là, que les métaux deviennent à cet égard , une efpece d’eflai ou d’épreuve;, pour la qualité de l'air, puifque par l’a@ion que L'air fait fur eux, 1ls font connoitre s’il eft chargé de certains fels ou non. Il eft encore poffble que la chaleur de l'air agifle en quelque façon fur les métaux, principale- ment fur leurs furfaces, en ouvrant leurs pores, & en les difpofant par-là à admettre une plus erande quantité de cet elprit acide de fel élevé dans l’atmo- fphere par la force des rayons du foleil. (Le chevalier DE JAUCOURT.) ROUILLE du froment, (Agriculr,) la rouille eft une maladie qui attaque les feuilles & les tiges du fro- ment. Elle fe manifefte par une fubftance de couleur def rouillé , ou de gomme-sutte; elle couvre les feuilles & les tignes des fromens dans la plus grande force de leur végétation. Cette fubftance eft peu adhérente aux feuilles, puifqu’on a fouvent vu des épagneuls blancs {ortir leurs poils tout chargés de pouffiere rouge , quand ils avoient parcouru un champ de froment attaqué de cette maladie, De plus, il eft d'expérience que quand il furvient une pluie abondante, qui lave les fromens qui en font attaqués , la rouille eft prefqu’entierement diffi- pée, & les grains en fouffrent peu. Il n’eft pas dou- teux que c’eft la couleur de cette poufliere dont les feuilles fe trouvent chargées, qui a déterminé les Agriculteurs à donner le nom de rouille à cette mala- die; &c c’eft peut-être celle que les anciens ont con- nue fous le nom de r4b190. On lattribue ordinairement, 87 mal-à-propos, aux brouillards fecs qui furviennent quand les fromens font dans la plus grande force de leur végétation. Cet- te erreur vient de ce qu'on a remarqué que quand. un foleil chaud fuccédoit à ces browllards fecs, il arrivoit quelques jours après que les fromens étoient devenus rouillés. Ce qu'il y a de certain, c’eft que cette maladie eft extrèmement fâcheufe, puifque les fromens de la plus grande beauté font tout-à-coup réduits prefque à rien par cet accident imprévu. S1 la roxille attaque les fromens encore jeunes, & avant qu'ils aient pouflé leurs tuyaux, le dommage eft médiocre ; pouryi néanmoins qu’il furvienne un tems propre à la végétation, Dans çes circonftançes, les piès font feulement afoiblis, comme fi on éñ avoit coupé, ou fait paitre les feuilles, Ces piés font de nouvelles produétions, & 1ls donnent des épis; la paille en eft feulement plus courte, & les épis moins gros. Mais f la rouille attaque & les feuilles 8€ les tuyaux, alors la végétation du froment eft arré- tée, &t le grain ne profite prefque plus; en forte qu’il en réfulte un très-srand dommage pour la moif- fon. Cette trifte maladie a été décrite par M. du Tillet. Ce laborieux obfervateur en attribue la caufe à l’à- creté des brouillards, qui brifent le tiffu des feuilles & des tuyaux, & qui occafionnent par-là l’extrava- fation d’un fuc gras & oléagineux, lequel en fe def féchant peu-à-peu, fe convertit en une poufere rouge-orangce. Il a examiné, dit-il, avec une forte loupe plufieurs piés de froment, dont les tiges & les feuilles étoient chargées de rouille, & il a vu diftin- tement que dans lesendroits où étoit cette poufliere rouge , il y avoit de petites crevafles, & que l’épi- derme de la plante étoit ent”ouverte d’efpace en ef- pace. H a obfervé que ce fuc réduit en poufliere rou- geâtre, fortoit d’entre ces petites ouvertures, au- deflus defquelles on voyoit de légers fragmens d’é- piderme, qui recouvroient imparfatement les peti- tes crevafles. _ Il appuie fon fentiment par l’extravafation du fuc. nourricier de plufeurs arbres, par exemple, des noyers, de la manne de Calabre , qui eft un fuc ex- trayafé des feuilles d’une efpece de frène; enfin par ce que M. de Mufchenbroeck rapporte dans fes £/f° Jais de Phyfique , des fucs épais & oléagineux qui for- tent des vVaifleaux excrétoires des feuilles , &c qui s’arrêtent à leur furface avec la même confiftance que le miel, M. du Tillet rapporte plufieurs obfervations qui tendent à démontrer combien fe trompent ceux qui croient que les broullards font un agent extérieur quialtere les grains, Il ne doute pas que la rouille des blés ne foit la fuite d’une maladie dont le principe n’eft pas encore aflez bien connu. Ceux-là fe trompent encore, qui croient que la rouille, & la poufliere farineufe qu'on apperçoit fur plufieurs plantes, font des amas d'œufs que desin- feétes y ont dépofés, 8 dont 1l fort une nombreufe famille funefte aux végétaux. En adoptant avec lau- teur, pour caufe de ces maladies l’extravafation des fucs nourriciers,onappercevra que la rozille, la rofeé mielleufe, la rolée farineufe, & ces matieres grafles qu’on apperçoit fur les plantes praminées, dépendent de la qualité d’un fuc concentré dans les plantes par l’évaporation, & quife convertit tantôt en une pouf- fiere impalpable , 6c tantôt en cette fubftance épaifle que l’on voit être de couleur rouge fur les feves de marais, rougeâtre fur les plantes graminées , verdâ- tre fur le prunier,, jaunâtrefur le frêne, blanche fur le mélèfe, &c. Quoique ces remarques latffent bien des chofes à defirer , elles peuvent néanmoins engager les Phyf- ciens à s’exercer fur un objet auf utile au public. M. Lullen de Châteauvieux, qui a fait tant de belles ex- périences fur la culture des terres, n’a pas dédaioné de communiquer au public d'excellentes obfervations {ur la rouille, qui m'ont paru dignes d'entrer dans cet ouvrage. Il foupçonne que cette maladie des blés provient d’une extravafation de la feve, d'autant que la végé- tation de la plante fe trouve arrêtée, &cique l'agran- diffement des feuilles, l'allongement des tuyaux, êc la croifflance des épis font fufpendus : or commeda feve exifte dans la plante, il faut qu’elle devienne quelqu'autre fubflance; &c peut-être fe convertit- elle en cette poudre rouge-orangée, qui paroït le pro- duit d’une véritable végétation, qui croit & qui augmente ROU: augmente tous les jouts en quantité, tant que {à ma- ladie dure. | Les bIés ne font frappés de là roui//e qe dans des terms de féchereffe, & lorfque là rofée ieur a man- qué pendant plufieurs jours: or la privation de cette humidité fi favorable à la végétation, peut être capac ble de caufer aux tuyaux & aux feuilles, un defié. chement qui en défunit les parties, & qui en entron- vre le tiflu par où le fait l’extravafation de la feve. M. de Chäteauvieux a propofé un moyen qu'il a expérimenté, pour arrêter le progrès de [2 rouille des blés. Après avoir remarqué que le corps de la plante dans la terre, ef fans aucune altération, & que Les racines font parfaitement faines, il a retranché fur la fin de Septembre, toutes les feuilles des plantes roi. les. Quelques jours après cette opération de nouvel- les feuilles parurent; les plantes firent des progrès confidérables, & à l'entrée de l’hiver elles étoient belles & en pleine vigueur. Après l’hiver elles talle- rent très-bien, & produifirent de fort grands épis qui parvinrent en maturité. La rouifle continua fes rava- ges fur les plantes dont il m’avoit pas retranché les feuilles, & elle les fit périr à tel point, qu’elles ne produifrent pas un feul épi. … Voilà un remede dont on peut faire ufage pour dé- tourner cette maladie; à la vérité il ne peut s’appli- quer que lorfqu’elle fe manifefte en automne & au printems , car quand elle fe manifefte dans le tems que les blés font en tuyaux & près d’épier, alors Le mal paroït fans remede, M. de Châteauvieux a de plusobfervé que lés blés que lon feme de très-bonne heure font plus fujets à être rouillés, que ceux qu’on feme tard: en évitant de tomber dans le premier cas, on auroit encore en automne une reflource contre cette maladie, Enfin 1] a remarqué que lorfque les biés ont été | rowillés, les feconds foins des prés l'ont été évale- ment ; leurs feuilles ont pañfe d’un beau verd À cette mauvaite couleur de la rouille des blés; ces feuilles ont eu de la pouffiere femblable, &c l'herbe diminuoit chaque jour trés-fenfblement, Comme tous les champs de blé n’en font pas ordinairement infetés de même, auf on ne Va remarqué s'étendre qu’à cette partie des prairies. Cette maladie eft fans dou té opérée par la même caufe fur les blés que fur les foins ; mais elle n’y produit pas exactement le même effet. Surles plantes annuelles, telles que le blé, elle peut les faire périr entierement, comme cela arrive; mais fur les plantes vivaces, telles que celles des _ prés, elle ne détruit point les plantes, les feuilles feu- les font endommagées. Leur confervation ne pour- roit-elle pas étre attribuée à la fuppreffion qu’on fait des feuilies quand on fauche les prés? Quoi qu'il en foit, l’on avoit une connoiffañce aflez certaine des caufes de la rozzlle, on parviendroit vraflemblablement à découvrir plus aifément le re- mede; maisien attendant cette découverte, il eft à- propos de recueillir toutes les obfervations que les amateurs d'Agriculture feront fur cette maladie ; on en firera certainement quelque fecours. Trairé de la culture des terres, par M. Duhamel, de l’académ, des Scien, som IP, (D. 7). ROUIR,, v. att. (£conom: ruflig.) préparation que l'on fait au chanvre avant que de le broyer: voici comme on s’y prend. On arrange le chanvre dans le routoir au fond de l’eau ; on le couvre d’un peu de paille, & on afiujettit fous l’eau avec des morceaux de bois & des pierres. Foyez fig. PL On le laifle dans cet état jnfqu'à ce que l'écorce qui doit fournir la filafe, fe détache aifément de la chenevotte, ou du bois qui eft au milieu de fa tige du chanvre; ce qu'on réconnoit en effayant de tems en tems fi l'écorce cefle d'être adhérente À la chenevot- te. On juge que le chanvre eft aflez rox5, quand il Tome XIV, ROU s’en détache fans dificulté, 8x pour lors oh te tire du routoit. hu LR Cette opération difpofe non-feulemeñt le chanvre à quutter la chenevotte, mais encore elle affine & ats tendrit la filafie. * | Gn ne peut pas déterminer poftivement combiei 1] faut de tems pour que Le chanvre foit affez rowi; cela dépend de la qualité de l’eau, de la chaleur de lair4 & mème de la qualité du chanvre, Voyez l’article CHANVRE. | ROULADE, £ f ot ROULEMENT, er Mufiqées fe dit de plufieurs inflexions de voix fur une même fyllabe. Il faut un choïx de fons ou de voyelles, convenas ble pour les rou/ades ; les à font les plus favorables pour faire fortir la voix, enfuite les o, les e ouverts; Ps & l’x font peu fonores, encore moins les diphtons gues. Quant aux voyelles nafales, on n’y doit jamais faire de roulemens. La langue italienne pleine d’o & d'a, eft beaucoup plus propre pour les roufades qué n’eft la françoife ; aufli les mufñciens italiens ne les épargnent-ils pas, Au Contraire, les françois obligés de compoñer prefque toute leur mufiquefyllabique, à caufe des voyelles peu favorables, font obligés dé donner aux notes une marche lente & pofée, où dé faire heurter les confonnes en faifant coutir Les {y labes ; ce qui rend néceflairement le chant languifant ou dur. Je ne vois pas comment la'mufique françoifé pourra jamais furmonter cet obftacle, (S) ROULADE jur un tambour, ( Phyfiq. ) on nommé roulade , ou roulement, le bruit continu quu réfulte dé la rapidité avec laquelle on fait fuccéder les baguettes lur un tambour , en le battant avec adreffe, Ces per- cufions répétées leftement fur un corps élaftique & tendu, font fur l'organe de l’ouieune impreffiomcon: tine, à caufe de la rapidité avec laquelle elles fe fuc- cedent. C’eft ainf que les roulemens dans'le chant ; qui ne font autre chofe que les promptes inflexions de voix fur une fyllabe, dépendent de la flexibilité des organes dans la perfonne qui chante ; & de la ras pidité de la percuflion des fons dans la perfonne qui écoute. Les imprefions excitées par lorgane font une trace continue, à caufe de la célérité avec la quelle elles fe fuccedent, La corde de viole élargie & multiphée par les vibrations, produit le même effet. Le cercle de feu qu’on fait voir avec un fimple char bon ardent tourné en rond, s'explique par le même principe. En un mot, tous ces phénomences de l’ouie & de la vue dépendent de la durée de la fenfation que les objets excitent dans les nerfs, & de la promptitu= de avec laquelle leurs aétions fe répetent. (D.J.) ROULAGE , f. m.( Comm.) profeflion qu’exer- cent les Rouliers. Il fignifie aufli le prix , le falaire qu'on paye aux rouliers pour leurs peines. Voyez ROULIER, Roulage fe dit encore de la fonétion de certains pe- tits officiers de villes que l’on entretient furles ports pour fortir des bateaux les balles, ballots, tonneaux & fütailles, les mettre à terre en les roulant fur des planches. Ces officiers ont à Paris pour le rou/age des marchandites des droits particuliers qui leur font at- tribués par une ordonnance de la ville de l’année 1641. Did. de Comm. € de Tréyoux. ROULEAU , { m. (Cozchyliol, ) genre de co: quille marine , univalve, dont la bouche eft tou- jours alonpée ; fon fommet eft quelquefois détaché du corps par un cercle, & quelquefois il éft couron- né ; le füt eft toujours uni. 5 Les rouleaux font autrement nommés cylindres, & plus communément ofives, Voyez OLIVE, ( Conchy: liol. ) (D. 7.) LT 2. MR ROULEAU, {.m. ( Anwg. eccléf.) feuille de par: chemin, au haut de laquelle on inicrivoit ancienne: ment dans les monafteres le nom & l'éloge d’un abbé a 40 ROU ou d’une abbèffe décédée , avec la date de leur mort, On portoit enfuite cette fewulle de monaftere en mo- naftere , & chacun y marquoit à fon tour aw’il avoit offert des prieres à Dieu pour le repos de lame du défunt ou de la défunte. (2...) ROULEAU, ou VOLUME, ( Lisrérar. ) ce que nous appellons aujourd'hui Livre, {e nommoit autrefois rou- Jean & volume., du latin volumen , dont la racine eft volyere, rouler. On ne plioït pas les feuilles pour les coudre & les relierenfemble, comme on fait aujour- d’hui ,-:mais on faifoit un rouleau de chaque feuille qu'on mettoit les unes fur les autres ; en forte que quelquefois une matieretraitée, noccupant qu’une feule feuille, celle-ci faifoit un volume ; 8&c c’eft ce qu’il faut entendre par ce grand nombre de volumes qu'on nous dit que quelques-uns des anciens ont com- pofés , & même par cette multitude prodigieufe de volumes dont étoit compofée la bibliotheque d'A- lexandrie. Car enfin depuis Pinvention de l’Impri- merie, fi propre à multiplier Les livres avec une promptitude infiniment plus expéditive que la dili- ence des anciens libraires ou copiftes, & malgré la fécondité des modernes, on n’eftpas encore parvenu à former une bibliotheque de 700000 vo/urnes , telle qu’étoit celle d'Alexandrie. ILfaut donc convenir que la plûpart des vo/umes dont elle étoit compofée,étoient de peu de feuilles. Quant à ceux qui en contenoient davantage , afin d'empêcher que ces feuilles roulées les unes {ur lesautres ne fe brouillafflent , on prit la précaution de les coudre toutes enfemble & de n’en faire qu’un rouleau.ll eft fouvent parlé dans Ecriture de ces rouleaux ou volumes , & les Juifs en gardent encore l’ufage dans leurs fynagogues, Ce font, dit Léon de Modene,des peaux de vélin coufues enfem- ble , non avec du fl, mais avec iesboyaux d’un ant-, mal ionde., fur lefquelles la loi eft écrite avec une grande exaétitude , & qu'on roule fur deux bâtons de bois qui font aux deux bouts. On roule aufhi à me- fure une piece d’étoffe de lin ou de foie pour confer- ver l'écriture, & l’on renferme le tout dans une ef- pece de fac ou d’étui de foie. Les extrémités des bà- tons qui excedent de beaucoup le vélin , font garnis d’ornemens d'argent, comme pommes de grenade , clochettes , couronnes , 6. Le même auteur ajoute qu'il y a dans laron ou armoire d’une fynagogue quelquetois plus de vingt de ces rouleaux nommés /e- fer rora , ou livre de la loi. Celle d’Amfterdam en pof- {ede plus de cinquante, 8e un certain jour de Pannée on les porte enproceflion dans la fynagogue.Mais au- cun de ces ronleaux n’eft véritablement ancien. Léon de Moden. cérém, des Juifs , part. I, c x. RouLeAU, {. m. (Ouvrages & Manufaë.) piece de bois de figure cylindrique , dont on fe fert dans la fa- brique de plufeurs ouvrages, &t dans diverfes manu- fa@tures , mais fouvent fous d’autres noms. C’eft fur des rouleaux que fe dreffent les laines , Les foies , les fils, les poils, 6. dont on fait la chaîne des éroffes & des toiles ; chaque métier en a ordi- naïrement deux; celui des Gaziers en a trois ; on les nomme erfubles , &c quelquefois enfubleaux. Les Tiffutiers - rubaniers qui travaillent aux ga- lons & tiflus d’or & d'argent, appellent rou/eaux de la poittine, un petit cylindre qui eft attaché au-de- vant de leur métier. C’eft fur ce rouleau que pañle l'ouvrage à mefure qu'il s’avance , ayantde le rouler fur l’enfuble de devant. | Dansles manufatures des glaces de grand volume, onnomme rouleau à couler , un gros cylindre de fon- te , qui fert à conduire le verre hquide jufqu’au bout de la table fur laquelle on coule les glaces. Les Fondeurs en fable fe fervent d’un rouleau pour corroyer le fable qu'ils emploient à faire leurs mou- les : on l'appelle plus communément ééron. Les Pâtiffiers ontun rouleau pour applatir & feuille- ter leurs pâtes. | R OU Les preffes qu'on nomme calendres , qui fervent à calendrer les étoffes , font entr’autres parties effen- tielles , compofées de deux rouleaux. C'eft auf entre deux roëleaux que fe font les ondes des étoffes de foie, de poil ou de laine propres à être tabifées ; comme les moëres , les tabis , lescamelots, &c. Les images , eftampes & tailles-douces s’impri- ment en pañlant entre deux rouleaux , la planche de cuivre gravée, & le papier humide qui en doit pren- dre limprefñon. Savary. (D. J. RouLEAU, £ m.( {nfirum. de méchan. ) efpece de cylindre de bois qui fert à mouvoir les plus pefans fardeaux pour Les conduire d’un heu à un autre. y a de ces rouleaux qu'on nomme fans fin, Ou tors rerriers , parce qu’on les fait tourner par le moyen de leviers. lis font aflemblés fous un poulin avec des entre-toifes ou des moifes. (D. 7.) RouLEAU, (Agriculs.} On peut quelquefois Pem- ployer utilement à brifer les mottes, fuivant le fy£ tème de M. Tull; maïs il ne faut s’en fervir que quand laterre eft feche , autrement le rouleau la corroye- roir, & détruiroit en partie les avantages qu'on re- tire des labours. RouLEAUX , f. m.pl. (Archi) les ouvriers appel- lent ainfi les enroulemens des modillons &c des con- foles , & même ceux des panneaux ê ornemens ré- pétés de ferrurerie. ROULEAU de cartouche, ( Artifice.) c’eft un rouleau qui fert à former un cartouche cylindrique , en rou- lant tout-autour un carton, à mefure qu'on le colle; tels font ceux de prefque tous les artifices. (D. J.) RouLEaux, (uflenfile de Charpentiers, Marbriers , Tailleurs de pierre.) les rouleaux dont ils fe fervent pour mener d’un lieu à un autre Les poutres , les mar- bres , les pierres de taille & autres fardeaux qui fout lourds, mais non pas d’une pefanteur extraordinaire, font de fimples cylindres de bois de fept à huit pou- ces de diametre , & de trois à quatte piés de longueur, au’ils mettent fucceffivement par - devant fous les pieces qu'ils veulent conduire , tandis qu'on les poule par derriere avec des pinces ou des leviers, Quand les blocs de marbre ou les autres fardeaux font d’un poids exceffif, on fe fert de rouleaux fans fin , qu’on nomme autrement £owrs rerriers, Ces rou- leaux, pour leur donner plus de force , & em- pêcher aw’ils ne s’écrafent , font faits de bois affem- blés à entre-toifes ; ils .ont près d’un double de lon- gueur &c de diametre des fimples rouleaux , &c font outre cela garnis de larges cercles de fer aux deux extrémités. À un pié près de chaque bout , font qua- tre mortaifes , ou plutôt deux feulement , maïs qui font percées d’outre en outre. Elles fervent à y mettre des longs leviers de bois, que des ouvriers tirent avec des cordes qui font attachées au bout , & l'on change de mortaifes à melure que le rouleau a faitun quart de tour; ce travail eft long êc pénible, mais für, Savary. (D. J.) . ù RoutEaAux fans fin , ( Charpens.) ce font des roz- leaux de bois afflemblés avec des entre-toifes. On s’en fert très-utilement pour conduire de grands far- deaux & amener de groffes pierres d’un lieu à un autre. ROULEAU , en terme de Cirier , c’eft une planche de noyer d'environ un demrpié de long fur quatre pouces de large & un d'éparfieur. Ce rouleau eft gar- ni de deux fiches qui lui fervent de poignée.C'eft avec cetuftenfile qu’on arrondit une piece, & qu’on lui donne une sroffeur proportionnée à fa longueur. Voyez les PI, du Cirier. ROULEAU , (Cuiffne.) eft ungros cylindre de bois fur lequel on dévide la corde des tournebroches , & eft garni d’un haut bord pour foutenir la corde, &c Pempêcher de tomber entre lui & la grande roue, &c d’un reffort qui s'arrête à une des croifées de la gran- ROU de roue lorfque la corde eft aflez remontée: ROULEAU , en terme d’E peronnier, fignifie propre- ment l'extrémité inférieure de la fous - barbe d’un mords, qui fe replie plufieurs fois fur elle-même, & forme une efpece de bouton où rozkan d’où elle tire fonnom. Voyez Les fie. PL. de lEperonnier. ROULEAU , outil de Fondeur en fable, eft un bâton cylindrique de bois dont les Fondeurs enfablefe {er- vent pour corroyer le fable dont ils forment les mou- les dans la çaifle qui les contient. Foyez des fig. PI. du Fondeur en fable , & l’article FONDEUR EN SABLE. ROULEAU, {. m. (Comm. de fil.) ruban de fil de différentes largeurs , qui a pris ce nom de la forme dont il eft ordinairement roulé. Il s’en fait d’excellent en Auvergne , d'où les marchands de Paris tirent une partie de celui qu'ils débitent dans leurs boutiques. Savary. ROULEAU, {. m.(Æorloger.) C’eft un corps cylindri- que dont on fe fert dans la méchanique des grofles horloges. Les rouleaux font de bois , au-tour def quels s’enveloppe la corde qui éleve les poids. Rou- deau fe dit auf de deux cercles placés excentrique- ment de l’un à l’autre, pour que les deux circonfé- rences forment un angle obtus fur lequel pofe le bout d’un arbre pour diminuer les frottemens. (D. J. ROULEAUX , f. m. (Jardin.) on donne le nom de rouleaux aux enroulemens de parterre, (D. J.) ROULEAU, ({rprimerie,) piece d’une prefle d’im- primerie, eft un morceau de boïs rond, de la lar- geur de $ à 6 pouces , fur 10 à 11 pouces de diame- ire, avec un rebord de deux ou trois lignes, qui re- gnent autour de fes deux extrémités : il eft fitué fous la table entre les deux bandes, & percé dans fa lon- gueur pour recevoir la broche : il eft auffi percé de deux trous faits de biais, pour arrêter par une des extrémités la corde appellée corde de rouleau. Voyez "CORDE DE ROULEAU. Woyez les Planches de l’Impri- LAAETA Rouleau s'entend encore dans imprimerie d’un morceau de bois très-rond d’un pié & demi environ de longueur, & de quatre à cinq pouces de diame- tre, que l’on a foin de revétir d’un blanchet ; & dont on fe fert dans quelques imprimeries pour faire des épreuves : on tient même que quelques Ouvrages prohibés ont été entierement imprimés au rou- eau. RoOULEAUX , (Mercerie.) ce font de certaines en- feignes ou repréfentations de carton que les Mer- ciers & quelques autres marchands mettent en éta- lage fur le devant de leurs boutiques, pour faire mon- tre des marchandifes qu’ils vendent, en Les couvrant de divers échantillons. Savary. (D.J.) ROULEAUX, en terme de Merteur en œuvre, ce {ont es efpeces de confoles en or ou en argent qui fe mettent ordinairement dans Les corps des bagues proche la tête, & qui entrent dans la compoñition de plufieurs ouvrages de cette profeflion. Voyez PJ. € fig. ROULEAUX , (Monnoyage.) ce font deux inftru- raens de fer, de figure cylindrique , qui fervent à tirer les larmes d’or , d'argent ou de cuivre, dont _ on fait les flaons des pieces que l’on fabrique. ROULEAUX, ez serme d'Orfévre en grofferie, font des efpeces d’'S , qui ornent le commencement de la croffe proprement dite , immédiatement au-deflus du #euron. loyey les PI. . ROULEAU, ( Peinture.) on appelle ainf certains écriteaux que lesancienspeintres mettoient dansieurs tableaux , & qu'ils faifoient {ortir groffierement de Ia bouche de leurs perfonnages ; c’eft ce que fit Si- mon Memmi , qui, repréfentant le diable chaflé par S. Reimer , lui mit cet écriteau dans la bouche ; OhI me ! non poffo Pié. Tome XIF, 2 R OU ATE Ces rouleaux, d'une invention barbare , fe fon! anéantis avec le goût gothique ; maïs les peintres d’hiftoire devoient naginer quelqu’autre idée moins oerofliere, pour indiquer le fujet de leurs compofi- tions, qu'un grand nombre des fpeétateurs cherchent quelquefois inutilement , furtout quand c’eft un trait d’hiftoire peu connu: des infcriptions mifes au bas du tableau , feroient alors d’un grand ufage. J’en ai parlé ailleurs; j’ajoute ici que Raphaël & Annibal Carrache n’ont point héfité d’inférer dans leurs ouvrages trois ou quatre mots, quand ils les ont ju- gés néceflaires pour l'intelligence du tableau. . Par la même raifon, on ne grave guere aujourd’hui d’ef- tampes, fans mettre au bas des vers, des pañages, des paroles, qui en expliquent le fujet. (D. J.) ROULEAU , en terme de Potier fournatifle, c’eft de la terre maniée en rond, de longueur; ce qui la rend différente des ballons qui font maniés en motte, Woyez BALLONS. ROULEAUX, (Sucrerie. ) on nomme quelquefois rouleaux dans les moulins à fucre les tambours de fer qui fervent à brifer les cannes, & à en exprimer le fuc. Les tambours & les rouleaux font cependant bien différens, ces derniers n'étant que des cylindres de bois, dont les tambours font remplis , & les autres des cylindres de métal , dont ceux de bois font cou- verts. On affermit les rou/eaux dans les tambours avec des ferres ou coins de fer &c de bois, & pour leur donner encore plus de fermeté, on remplit les vuides qui reftent avec du brai bouillant ; c’eft dans les rw/eaux que les dents des tambours font emmor- toilées. Savary. (D. J.) | ROULEAU de rabac, ( Manufaüture de tabac.) c’eft du tabac en feuille cordé au moulin, & roulé en plu- fieurs rangs autour d’un bâton. La plüpart du tabac de l'Amérique s’y débite en rouleaux de divers poids; & ce n’eft guere que lorfqu'il eft arrivé en France, en Angleterre , en Efpagne, en Hollande, &c. qu'il fe prépare en poudre. C’eft du tabac en rou'eau dont on fe fert, foit pour raper , foit pour mâcher. Les regrattiers qui en font le commerce , & qui le pren- nent au bureau de la ferme, le coupent en morceaux de plufeurs onces, le ficellent, & l’'ornent ordinai- rement de quelque chinquant de papier marbre. Di£, de Comm. ( D. J.) | RouLEAU, (Tapiffier,) Voyez ENSUPLE. RouLEaAU, (Tifferand.) piece de bois de figure cy- lindrique , dont plufieurs artifans fe fervent pour la fabrique des ouvrages de leur métier. C’eft fur des rouleaux que fe dreflent les chaînes des toiles & des étoffes. Chaque métier a deux rou- leaux ; celui des gaziers en a trois ; on lesnomme ez- Jubles , &c quelquefois enfubleaux. Voyez ces deux ar- éicles, Les maîtres Tiflutiers-rubaniers ont à leur métier un cylindre, qu'ils nomment rouleau de la poitriniere : il ef pofté fur le devant de leur métier , & c’eft fur ce rouleau que glffe ouvrage à mefure qu'il s’avan- ce, avant qu’on le roule fur l’enfuble de devant. oyez RUBANIER. Les plombiers ont auf des rouleaux dont ils fe fer- vent pour former les tuyaux de plomb. Ils les nom- ment ordinairement rozdins ou tondins. Voyez l’un € Pautre. ROULÉE , COQUILLE , (Conchyl.) c’eft celle que le flot, le roulis dela mer ajettée toute ufée fur le ri vage. ( D. J.) ROULEMENT , f. m. er terme de Mechanique, fi= gnifie une forte de mouvement circulaire, par lequel un mobile tourne autour de fon propre axe ou cen- tre, & en mêmetems applique continuellement de nouvelles parties de la furface au corps fur lequel 1E fe meut, Voyez MOUVEMENT , RÉVOLUTION , ÂXE, Ge, h Fffy A2 RO U Tel eftle mouvément d’une roue, d'une fphere, Ge. Tels font en particulier les mouvemens de Îa terre , des planetes , car toutes les planetes tournent far leüts'axes en même téms aw’elles font leur révo- lution autour du foleil, | M. de Fonrenelle, dans fa pluralité des mondes, veut expliquer ces deux mouvemens par la compa- raïifon d'une boule qui roule fur un plan en même tems qu’elle avance. Mais le mouvement progrefhif de la boule produit néceflairement fon mouvement de rotation, aû lieu qu'iln’eft pas für que la rotation des planetes fur leurs axes vienne du même principe queleur révolution annuelle; & que ces denx mouve- mens paroïflent même entierement indépendans Pun de l’autre ; c’eft pourquoial eftà croire que M. de Fontenelle n’a pas donné cette explication comme fort exatte: Voyez RoUEsS , PLANETTE, TERRE, PCs : - Le mouvement d’un corps qui roule, eftoppofe au mouvement'eñ skffant , dans lequel c’eft toujours la même partie de la furface du mobile qui s'applique au plan, le long duquel le corps fe meut. Foyez GL1s- SER. | Si les furfaces fur lefquelles les corps fe meuvent étoient parfaitement polies ,auffi-bien que la furface des corps cuisy meuvent, iln’y auroit prefque point de rotation. Par exemple, une roue qu’on tire furun plan avectne corde attachée à fon centre,devroit na- turellement gliffer fans tourner. Ce font les inégali- tés du plan qui obligent d’altérer fon mouvement progrefif par un mouvement de rotation; par exem- ple , fi on place une roue à dents fur une furface qui ait aufli des dents, & qu’on tire cétte roue par fon centre, elle ne peut avancer fans qu'il arrive de deux chofes lune, où'qu’elle tourne, ou qu’elle brife les inévalités $c les éminences qui fe rencontrent fur la furface fur laquelle elle roule. Mais il feroit fouvent fort difficile qu’elle brifât les inégalités dont il s’agit, -elle ne peut donc fe mouvoir qu'en tournant; or toutes les furfaces fur lefquelles un corps peut fe mouvoir , font: raboteufes 8 inégales , ‘8 les furfa- ces de tous les corps font aufli raboteufes 8: comme dentées. Voilà pourquoi tous Les corps ronds n'ont prefque jamais demouvementprogrefhffans rotation. À l'égard des corps dont la furface eft plate, 1ls ne pourroient avoir de rotation fans s'élever ;! 67 com- me leur poids les en empêche, ils ne peuvent que fe mouvoir progreflivement ; mais la réfiftance êr lafpérité de la furface fur laquelle ils fe meuvent ar- rête bientôt leur mouvement, On trouve par l'expérience, que le frottement qu'un corps éprouve en roulant , c’eft-à-dire, la ré- fifance qui vient des inégalités du plan fur lequel1l roule, eft moindre que le frottement que le mé- me corps éprouveroit en gliflant. La raïfon en eff ai- fée à appercevoir après ce que nous venons de dire fur le roulement des corps ronds. Car ileftwifible que ce roulement aidant à defengrener les parties, diminue beaucouple frottement. Foyez RROTTEMENT. C’eft pour cela que les roues font fi forten ufage dans les machines, & qu’on les charge de, la plus grande partie qu'il eft poffible de l'aëtion , afin de rendre la réfiftance moindre. Voyez Roue , Macur- NE, Gc. Chambers. (O) ROULER,, v.aét. (Gram.) c’eft mouvoir un corps fur lui-même. Voyez Les articles ROULEMENS , RO- TATION. ‘ ROULER , v.n. ( 4rtmilir.) officiers qui roulent entr'eux, c’eft-à-dire, qui dans une concurrence “pour lé commandement obétfient les uns aux autres felon l'ancienneté de leur réception. 7” RouLER , (Marine. ) on fe fert de ce verbe pour exprimer le mouvement de la mer, dont les vagues s’élevent &c fe déploient fur un rivage uni; &c le ba- “ lancement d’un vaifleau tantôt fur un; täntôt fur l’autretde fes côtés. … — em. Rourer, ( Com: } ce terme fignifiechez les mar chands, plier une étoffe-enrond ;en faire une efpece de rouleau. On roule les fatins, papelines, gafes, crêpes, rubans d’or, de foye, de fil de laine, les padous.êc les galons de toute efpece. Diéiornaire de Commerce, re RouzeR, fe dit aufi dans le commerce d'argent, lorfqu'il eft commun , quand on en trouve aïfément chez les banquiers , 8c que le comptant va bien.chez les marchands. On dit en ce fens que largent roule bien. … RoULER , fe dit encote des marchands &t artifans dont le négoce & le travail fuffifent à peine pour fub- fifter. Cemercier, ce. ferrurier ont peine à rowler leur vie, 14, ibid. ; ROULER ; en termede Boutornier, c’eft lation de faire plufieurs lacets de cordonnets, ou deluifant or ou foie, {ur un moule de bouton à épi, après le pre- mier jettage. Ce moule-eft traverfé d’un fer à rouler. Voyez FER À ROULER, enfuite on le couvre d'un moule découronné , fous lequel on toutne le fil, & qui empêche que ce fil ne defcendetrop bas, ou ne s'arrange mal. On arrête le fil avec de la foie , ou du fil de la même matiere, ROULER es cierges., (Cirerie. ). C'eft les arrondi fur une table arrofée d’eau, avec l’inftrument:qu’on appelle rouloir. Les bougies.qui fe font à lacuilliere, {e roulent deux fois’, lune, après avoir reçu lamoitié de leurjet dans l’attelier de l’apprêt; &c l’autre, quand on leur a donné leur dernier jet dans Patrelier de l’a- chevement. Dié, de Com. (D.J.) ROULER , en terme de filafftere , c’eft faire de petits paquets de filafle qu’on veut battre &t écrafer fous les maullets, | ROULER,'er terme de fondeur de perit plomb, c’eft arrondir le plomb dans le moulin, en Py remuant avec précipitation. | ROULET , £. f. inftrument dont les Chapeliers fe fervent pour fouler Les chapeaux. C’eft une efpece de grand fufeau de bois dur, & pour l'ordinaire de buis : il a environ un pouce & demi de diametre par le milieu, & va en diminuant jufqu’aux deux extré- mités, qui fe terminent en pointe. Voyez da figure, PI, du Chapelier. ROULETTE, ff. (Géom.}eftlenom d’unecourbe, appellée autrement CyxcLoipe. Ce nom luifut don: né par le p. Merfenne, &c c’eft celui qu’elle porta d’a- bord; le nom de cycloïde a prévalu. F.CycLoine. (0) ROULETTES , chezles Canonniers , font des pieces de bois arrondies en forme de roue, &c attachées aux aïflieux des affuts, pour mouvoir le canon fur mer; & quelquefois fur terre. Voyez AFFUTS. Chambers. RouLerre, f. f. partie du métier à bas, Foyez lar- ticle BAS-AU-METIER. ROULETTE, fe dit dans l'écriture d'un inftrument de bois ou de bouis, dont le manche eft plat, & la partie fupérieure d’une row/erre, dont les rayons ex- trêmement fins ne font point couverts à leur partie fupérieure comme dans les roues ordinaires. On trempe cesrayons dans encre , & on la fait décrire une ligne de points; mais il me femble que l’on auroit tout auffi-tôt fait avec la plume. Voyez le volume des Planches à la table de l'écriture, Zzffrumens de l'Ecri- ture. RouLLeTre, (Reliure, Dorure fur cuivre.) laroulerte pourpouffer fur les bords , doit être de cuivre, avec une monture de fer, où il y a deux joues qui em- braflent la rouletre | avec un clou qui pafle d’outre en outre, & qui eftrivé des deux côtés fur Les joues. Elle eft tournante, & enmanchée dans un manchede bois de tilleul. Voyez Les PL. de la Reliure. Roulette fimple , autrement dit filet, fertà poufler R OU. une hgne dot, qu’on appelle filet fur le-boïd.au lie vre, Gcfur les plats. , … Roule grains ou dentde rat, fe poufle de même, & s'employe fur les dos & fur les plats - | … = Roulettes à filets-fimples, à deux ou trois lignes , lent aux. mêmes ufages ; toutes ces roxlestes fe pouf. fentaufi fans or , aux mêmes places-fur les livres, raprès les avoirfaitchaufer, ROULETTE à cran de fer. Elle eft faite comme la toue à rochet d’une pendule (z/frumert du métier d’ésoffes de foie. , La rouletre à cran de fer, eft celle qui eft à un bout “de l’enfuple de devant le métier ; les crans fervent à acrocher le fer qu'on appelle chiez , au moyen,de _œuoi l'on arrête librement de force l’enfuple, fur la- quelle on roule Pétoife, à mefure qu'elle fe fabrique. . ROULETTE, 1 £ ( Jeux.) c'eft un grand cercle divifé en portiques.de couleur noire.ou blanche, & numérotés. La petite boule d'ivoire qu’on jette dans ce cercle, & qu doit décider du fort des joueurs; eft pouffée par une rigole , d’où elle entre dans le jeu, & après avoir heurté contre divers rochers, elle va ie rendre dans un des portiques noirs ou blancs. On gagne, quand la boule tombe dans les portiques de fa couleur ; & l’on perd, quand c’eft Le contraire. (D, 7.) EL qi ROULIER , f.m. ( Com.) voiturier par terre, qui tranfporte les marchandifes d’un leu à un autre {ur des chariots, charettes , fourgons &z.autres pareilles voitures roulantes, Les rouliers , à moins que ceux pour qui ils ont chargé, où quelqu'un de leur part ne les accompa: . gne, doivent avoir la lettre de voiture des marchan- difes qu'ils t'anfportent ; Les congés, fi ce {ont des vins, eaux-de-vie & autres liquéurs ; les acquits des bureaux où ils pañlent ; des pañleports s’il en eft be- loin , & sils paflent par paysennemis. C’eft à eux auffi à acquitter tous les menus droits de péages qui font dûs fur la route, foit pour les voi- tures &t chevaux, foit pour les marchandifes, fauf . à feles faire rembourfer en cas de beloin. Enfin les rouliers répondent de tous les dom mages qui arrivent aux marchandifes par leur fait; ét à l’épard des autres, dont fuivant les ordonnan- ces & réglemens , 1ls ne peuvent être tenus, ils doi- vent pour leur décharge en faire drefler des procès- verbaux par les Juges des lieux , ou les plusprochains des lieux où ces accidens font arrivés. D'éfion, de Com. © de Trév. | ROULIS, f. m.( Marine. ) c’eft le balancement du yaiffeau dans le fens de {a largeur. Foyez TANGAGE. ROULOIR , f. m. ( serme d'Epicier-Cirier. ) outil | ordinairement de buis , plat & uni par-deffous , plus long que large , ayant une poignée par-deflus ; fa forme quoique plus grande, eft à peu-prèsfemblable à ces morceaux de marbre taillés , que l’on met fur les papiers dans les cabinets. Le rozloir fert À rouler les bougies & les cierges fur unetable , après que la cire a Été Jettée fur meche avec la cuilliere , ou qu'ils ont été tirés à la main. Savary. (D. J.) ROULONS , cermes de Charron , ce font les bar- reaux de bois qui fe mettent dans les trous prati- qués le long &c en-deflus des imons , & dans les pe- tits Jimons detraverle. Voyez Les fig. PL. du charron, qui repréfentent une charrette. … RouLows, f. m.( £chellier. ) les roulons font les petits morceaux de bois qui joignent les deux bran- ches d’une échelle, fur lefquels on appuiele pié en montant, ( D. J.) 5 _ RouLons, f. m. pl. ( Meruif. ) on appelle ainfi les petits barreaux ou échelons d’un ratelier d’écu- re, quand ils font faits au tour, en maniere de ba- luftres ralongés , comme il y en a dans les belles écuries, On nomme ençore roulons , les petits ba- RIOrU: 413 lufires des bañes d'élite, Day, (D, p.) ROUM , € Géog. rod.) c’ett le nom que les Afan bes 8 autres Orientaux , ont donné aux pays &aux peuples, que les Romains , &enfhite és empereurs grecs & les Turcs ont foumis à leur obéiffance mais outre cette fignication générale, les BÉOpTA phes perfans,ont nommé proprement pays de Roum, celui dans lequel regnoïent les fuitans de là dynaftie des Selgincides, dans lefquels les turcs ottomans ont puis leur origine, de-là viént que les Perfans & les Mogols aux Indes, appellent les Turcs éncote au- jourd'hui Row. (D... | ROUMOIS , LE ( Géop. mod. ) Rothomagenfes ager ; pays de Frances, dans la haute - Normandie , entre la Rille & la Seine ; il fait parie du diocèfe de Rouen, & Quillebœuf en eft le principal lieu, Ce pays abonde en blé & en fruits, L'on ettime les toiles du Rowmois , dites éoiles de ménage. La forêt de Bretonne lui fournit du bois À bâtir & à brûler, (D.J.) rt 4e ROVORETT, ( Géog. mod. ) petite ville du Tirol, _ fur les frontieres de l’état de Venife, du côté de Vérone , & proche la riviere d’Etsh.( 2. J. ) ROUBEAU. Voyez BIHOREAU. ROUPIE. Poyez GORGE-ROUGE. ROUPIES, LACK DE, ( 1/4 mod. Commeree. ) c’eft le nom qu'on donne dans l’indoftan à une fomme qui vaut environ douze mille cinq cens livres ter lings, où ä-peu-près deux cens quatre-vingt mille livres monnoie de France. ROUPIS , RUPIS , o4 ROUPIES , ( Commerce. ) monnoié Qui à cours dans l’empire du Grand Mogol. Il y en a deux efpeces; les nés font en argent, &z valent environ un écu de trois livres monnoie de France. Les rozpis d'or valent quatorze fois la valeur des roupis d'argent , ce quirevient à cinquante-qua- | “trehvres tournois. Les roupis d’argent {e foudivifent en moitié & en quart de roupis, ROURE , L £ ( Terture, ) drogue dont les T'ein= turiers fe fervent pour tendre en verd; on l’em- ploye auf dans la préparation de certaines peaux , particulierément pour les marroquins noirs. Sonnom le plus commun eft Sumacu Voyez Sumac. (D. J.) ROUSA, ( Géog. mod. \ ile de la mer d'Écofle, au mucdu de lile de Weftra. Elle a huit milles de lon- gueur , &c fix de largeur. Ses côtes font fertiles, &cla mer des environs eft poiflonneufe. ( D. J.) ROUSETTE. Voyez ROUSSETTE. ROUSON. Voyez OMBRE. DE RIVIERE ROUSSE. Voyez VANGERON. ROUSSELET, fm. ( Gram. 6 Jardinag. poire fort petite, qui a le goût très-fucré , la peau rou- geûtre , le deflous fort rond , &z le côté de la queué tres-aigu. Elle eft des plus hatives. Il y en a de deux fortes, le gros & le petit rozffeles, ROUSSEROLLE , fm. (if, rar. Ornitholos. ) ROSSEROLLE , ROUCHEROLEÉE , ROSSIGNOL DE RIVIERE, ÎIRE-ARRACHE , paffer aquaricus | Wil, oifeau qui eft un peu plus gros qu’une alouette ; ila fept pouces de longueur depuis la pointe du bec juf: qu'à l'extrémité de la queue, & fix pouces & demi juiqu’au bout des ongles : la longueur du bec eft de dix lignes depuis la pointe jufqu'aux coins de la bou: che : Les aîles étant pliéess’étendent jufqu’à la moitié de la longueur de la queue ; l'envergure eft de près de onze pouces. Toute la face fupérieure de cet oi- feau a une couleur brune , roufsâtre, & l’inférieure eft d’un blanc fale, Les grandes plumes des aîles font brunes en-deflus , à l'exception du bord exté- rieur, qui eft d’un brun rouflâtre : la face inférieure de ces plumes a une couleur grife. Les piés & les ongles font gris. On trouve cet oïfeau dans les en- droits marécageux & plantés, de rofeaux , le long defquels 1l grimpe comme les pies Le long des arbres, ATA ROU 11 chante préfque! continuellement. Ori, de M, Briflon ; som. II, Voyez OISEAU. ROUSSETTE , ( Biff mar. Lishol.Mpoïflon de mer cartilagineux , dont Raï a décrit trois efpéces diffé rentes. Il nomme la premier carulus major vulgaris. Cette efpece deroufferte differe des chiens de mer par le dos quelle a plus large, & par la partie antérieure de la tête qui eft plus courte , moins pointue , & peu avancée au-delà de l'ouverture dela bouche. La peau a une couleur roufle ; elle eft marquée d’un grand nombre de petits points noirs, & elle eft beaucoup plus rude au toucher que celle des chiens de mer. Voyez CHIEN DE MER. La deuxieme efpéce de roufferte, nommée catulus minor vulgaris , differe de la précédente en ce qu’elie eft beaucoup plus petite , qu’elleale corps plus mince & plusalongé, & que fa couleur eft plus pâle &t mé- lée d’un peu de rouge. La peau a une très - gtande quantité de petites taches, qui font en partie brunes ét en partie blanchâtres , &c éparfes fans aucun ordre. . La troïfieme efpece, appellée cazulus maximns, differe de la premuere , en ce qu’elle a une couleur cendrée & grife ; les taches de la peau font plus grandes, mais en plus petit nombre ; la partie ante- rieure de la tête eft plus alongée & plus épaïfle ; les naines fe trouvent beaucoup plus éloignées de la bouche ; les nageoires de anus, au lieu d’être réu- nies enfemble , font féparées l’une de l’autre ; enfin la nageoire qui eft fituée au-deflous de Panus , ef beaucoup plus près de cette ouverture. Raï, Syrop. meth. pifcium. Voyez POISSON. ROUSSEUR,, f. f. ou sache de ROUSSEUR , lerzigo, eft une maladie ou difformité de la peau. Cette rof feur {e difipe avec le lait virginal, avec l'huile d’a- mandes douces mêlée avec le cerat ordinaire. Le doéteur Quincy employe aufli ce terme pour fignifier une forte d’éruption qui vient à la peau, fur-tout aux femmes grofles. ROUSSI , adj. ( Gram. ) odeur de quelque fubf- tance animale , comme la laine ou le cuir, lorfqw’elle eft attaquée par le feu. Rousst, cuir de Rouffi , vache de Rouffi , eft une forte de cuir où peau de vache préparée d’une cer- taine maniere , qu’on a imaginée d’abord en Ruffe, & dont la fabrique a pañlé depuis en plufieurs en- droits d'Europe. On dit Rouff? par corruption au lieu de Ruffie. Voyez VACHE DE RUSSIE. ROUSSILLON , Le, (Géog. mod.) en latin Rufci- nonenfis comitatus., province de France avec le titre de comté, dans les Pyrénées ; elle eft bornée au nord par le bas Languedoc, au midi par la Catalogne, à lorient par la Méditerranée, & à l'occident par la Cerdagne. Elle a 18 lieues efpagnoles du levant au couchant, Le pays eft fertile en orangers & en oli- viers ; les vins qu'il produit font excellens ; mais le bois y eft rare, & comme il n’y a point de rivieres navigables, on eft obligé de l'y porter à charge de mulets. La Tet, le Tec, & lAgly, ne font que des torrens qui coulent dans cette province, où la cha- leur eft très-violente en été, à-caufe des montagnes qui Pentourent de toutes parts. Les peuples de ce pays qui étoient de la dépen- dance de la Gaule narbonnoïfe, fe nommoient an- ciennément Sardones ; mais il y a long-tems que cette contrée a été appellée Rozffillon, de la ville de Ru cino, colonie romaine, capitale des Sardones. Le mot Rufcino a étédanslafuite corrompu en Roffo ou Rouffilio , Rouffillon ; cette ville, après avoir été plu- fieurs fois faccagée par les Barbares, & principale- ment par les Sarrafns , dans le huitieme fiecle, a été ruinée de maniere qu’il n’en refte plus aujourd’hui de veftiges ; on voit feulement à deux mulle pas de Perpignan, une vieille tour appellée ser Rof/ello, ou la rour de Rotiffillon, qu eft le lieu où Ruféiné doit avoir été fituée, felon la pofition que nous en donnent Pomponins Mela , Pline, Ptolomée, & Pitinéraire d’Antonin. Ce fut dans le vi. fiecle de la fondation de Rome, que les Romains fe rendirent les maîtres de ce pays, ainfi que du refte de la Gaule narbonnoïfe, dont ils ont joui depuis plus de cinq cens ans; & ce fut fous Pempire d’Honorius & de Valentinien fon fucceffeur, que les Vifigoths s’emparerent du pays qui eft à l’oc- cident du Rhône jufqu'aux Pyrénées, êcen particu- ler des villes de Rouffillon 8e d’Elne ; ils n’en furent chaflés que l'an 759, par les Sarrafins , après la mort & La défaite du roi Roderic. En 796 Charlemagne & fon fils Louis-le-Débon- naire, alors roi d'Aquitaine, conquirent les comtés’ de Rouffillor, de Cerdagne , & de Girone, où ils éta- blirent des comtes en qualité de gouverneurs, Ces comtes abuferent de leur autorité & devinrent des fouverains. Après la mort de l’un d'eux, le comté de Rouffillon fut réuni à la couronne d’Arragon. fl eft vrai que Louis XI: s’empara de ce comté en 1473 ; mais il revint au roi Ferdinand &z à fes fuccef- feurs , qui en ont joui durant cent quarante-neufans; enfin Louis XIIT. s’émpara de tout le comté de Rouj fillon en 1642, & cette conquête fut aflurée à là France par le traité des Pyrénées, conclu Pan 1659. L’évêché de Perpignan, capitale de la province, ef le feul qu'il y aït dans le gouvernement de Rozf- félion, La juftice y eft rendue en dernier reflort par un confeil fupérieur établi à Perpignan en 1660. Les finances du gouvernement ne confitent que dans la capitation, qui peut monter à environ quarante mille livres: le principal commerce eft celui des huïles d'olives & des laines. (D. 7.) ROUSSILLON, ordonnance de, ( Droit françois. } cette fameufe ordonnance donnée par Charles IX. à Lyon en 1564, porte que l’année commencera dans la fuite au premier Janvier, au-lieu qu’elle ne commençoit que le famedi faint après vêpres : le pärlement ne confentit à ce changement que vers Van 1567. Les Romains commençoient auffi l’année au prenuer Janvier , & donnotent les étrennes ce jour là ; & M Ducange obferve qu’en France, dans le tems même où l’année commençoit à Pâques, on ne laifloit pas de donner les étrennes au premier Jan- vier, parce qu’on le regardoit comme Le premier jour de lan, fans doute parce qu’alors le foleil remonte. Par Particle xxiv. de l'ordonnance de Rouffillon, les doubles jurifdiétions de juffice qui ne font pas roya- les, font réduites à une feule, grand avantage pour les particuliers: cet article eft conforme à celui de Fordonnance d'Orléans de 1560, & Philippe de Va- lois avoit rendu une pareille ordonnance en 1328, Hénaulr. (D. 7.) ROUSSIN , f. m.( Maréchal.) on appelle ainfi um cheval entier de race commune, & épais comme ceux qui viennent d'Allemagne & deHollande. ROUTAILLER , (Wéner.) c’eft chafler de gueule. ROUTE , VOIE, CHEMIN, (Syronymes.) le mot de route enferme dans fon idée quelque chofe d'ordinaire & de fréquente; c’eft pourquoi lon dit la rouse de Lyon, la roure de Flandre. Le mot de voi marque une conduite certaine vers le leu dont il eff queftion ; ainf l’on dit que les fouffrances font la voie du ciel. Le mot de chemin fignifie précifément le ter- rein qu’on fuit, &r dans lequel on marche; & en ce fens on dit que les chemins coupés font quelquefois . les plus courts, mais que le grand chemin eft toujours plus sûr. Ées routes different proprement entre elles par [a diverfité des places ou des pays par où l’on peutpaf- fer ; on va de Paris à Lyon par la route de Bour- gogne où par la roux dé Nivernois. La différence ul R OU qu'il y 2 entre les voies femble venir de la diverfité des manieres dont on peut voyager; on va à Rouen Ou par la vore de l’eau, ou par la voie de terre. Les chemins patoïflent différer entre eux par la diverfité de leur fituation, & de leurs contours ; on fuit leche fnin pavé ou le chemin de terte, Dans le fens figuré la bonne rowre conduit {ure- ment au but ; la bonne voie y mene avec honneur, le bon chemin y mene facilement. On fe fert auf des mots de roure & de chemin our défigner la marche; avec cette différence, que le premiér ne regardant alors que la marche en elle- même, s'emploie dans un fens abfolu & général, fans admettre aucune idée de mefure ni de quantité; ainf lon dit fimplement être en rours &c faire route : au-heu que le fecond ayant non-feulement rapport À la marche , mais encore à l’arrivée qui en eft Le but, s'emploie dans un fensrelatif à une idée de quantité harquée par un terme exprès, ou indiquée par la va- leur de celui qui lui eft joint, de-forte que l’on dit, faire peu ou beaucoup de chemin, avancer chemin. Quant au mot devoie,s’il n’eft en aucune façon d’ufage pour défigner la marche il left en revanche pour dé- figner la voiture ou la façon donton fait cette marche; inf l’on dit d’un voyageur, qu’il va par la voie de la pofte, par la voie du coche, par la voie du meffager ; mais cette idée eft tout-à-fait étrangere aux deux au- tres, &t tire par conféquent célui-c1 hors du rang de leurs fynonymes à cet égard ; enfin le mot dewoie eft Confacré aux grands chemins de l’empireé romain; on dit la voie appienne, flaminienne, laurentie, ardéa- tine, triompbale, &c. (D. J.) ROUTE, via , ( Hifloire.) eft un paflage ouvert, & formé pour la commodité de la communication d'un eu à un autre. Voyez CHEMIN. Les Romains font de tous les peuples celui qui s’eft donné le plus de foins pour faire de belles roz- tes. C’eft une chofe prefque incroyable que les pei- nes qu'ils ont prifes & les dépenfes qu'ils ont faites pour avoir des chemins vaftes, droits, & commo- des, depuis une extrémité de l'empire jufqu’à l’au- tre. Voyez l'hifloire des grands-chemirs de l'empire par Bergier. Pour y parvenir ils commençoïient par durcir Le fol en l’enfonçant , ils y mettoient enfuite une cou- che de cailloux & de fable ; quelquefois ils Le garnif- foient d’une couche de maçonnerie compoiée de blocailles , de briques, de moilons pilés & unis en- femble avec du mortier. à Le pere Meneftrier remarque , que dans quelques endroits duLyonnoïs, il a trouvé de grands amas de cailloux cimentés &'unis avec de la chaux, jufqu’à là profondeur de dix ou douze piés, & formant une mañle aufli dure & aufli compaéte que le marbre même; que cette mafle après avoir refiflé 1600 ans aux injures du tems ,cede à peineencore aujourd’hui aux plus grands efforts du marteau ou du hoyau; &c Que cependant les cailloux dont elle eft compofée ne font pas plus gros que des œufs. Quelquéfois les chemins étoïent pavés réguliere- ment avec de grandes pierres de taille quarrées ; tel- és étoient les voies appienne & flaminienne. Voyez PAver. Les chemins pavés de pierres très - dures étoient appellées ordinairement vie ferreæ, foit parce que les pierres reflembloient au fer, foit parce qu’elles refif- to1ent aux fers des chevaux, au fer des roues & des chariots , Ge. Les roures font naturelles ou artificielles , par terre Ou par eau, publiques ou particulierés. Route naïurelle, eft celle qui a été fréquentée du- tant un long éfpace de tems, &c que fa feule difpofi- tion donne moyen de conferver avec peu de de- penfe. 2. - …… R OU 415 var artificielle, eft celle qui eft faite par le tras vail des hommes, & compolfée {oit de terre , foit de maçonnerie, & pour laquelle il a fallu furmonter des dificultés ; telles font la plûpart des zores qui font fut le bord des fleuves, où qui paflent à -travers des lacs, des marais, Ge. 1 | Routes par terre ou routes terreftres, {ont celles qui non-feulement font faites fur la terre, mais qui font . formées de terre amañlée ou hauflée en forme de le- vée, foutenue par des épérons, des arcs-boutans & des contre-forts. | Les routes. par eau font aufli ou naturelles où artiz ficielles. Les naturelles font les rivieres les lacs , {a mer, qu'on cotoye, qu’on parcourt où qu'on tra» vetfe pour aller d’un lieu ou d’un pays dans un aus tre; les artificielles font les canaux creufés de main d'homme, comme ceux de Hollande, & les navilles en Italie ; en France ceux du Languedoc » deBriare, de Montargis ou de Loire. Les routes publiques font les grands chémins; & l’on entend par routes particulieres » Ou celles qui font de traverfe, ou celles qui aboutiffent aux grands che: mins, & s'étendent à droite & à gauche dans les cam: pagnes. Sanfon & Ogilby ont fait des cartes des roures de France & d'Angleterre, Quelques perfonnes fe fervent du mot de roure  pour fignifier un féntier percé à-travers un bois > & refervent le mot de chemin pour les grandes routes. Voyez CHEMIN, | : ROUTE PUBLIQUE 04 GRANDE ROUTE , eft une rotte commune à tout le monde , foit droite ou cour: bée , foit militaire ou royale : roure particuliere eft celle qui eft deftinée pour la commodité de quelque: maifon particuliere, Les routes militaires | ainfñ appellées parmi les Ro- mains, étoient de grandes rouces deftinées aux mar- ches des armées qu’on envoyoit dans les provinces de Empire pour fecourir Les alliés. Voyez CHEMIN. Doubles routes , étoient chez les Romains des ro ces deftinées au tranfport des différentes matieres : elles avoient deux parties ou chemins différens ; Pu- ne pour ceux qui alloient par un chemin , l’autre pour ceux qui revenotient par un autre : Les doubles routes étoient deftinées à empêcher l'embarras Le choc des voïtures & la confufon. “Les deux parties de ces routes étoient féparées lune de Pautte par une efpece de parapet élevé en- tre deux; ce parapet étoit pavé de briques , & fer- voit aux gens de pié : il avoit des efpeces de bords ; & il étoit garni de degrés d’efpace en efpace , & de colonnes pour marquer les diftances. T'elle étoit la roure de Rome à Offie, appellée via porticenfis. toute fouterraine, eft une route creufée dans le roc, à coup de cifeau, & voûtée. Telle eft la roure de Pouzzoles près de Naples , qui a près d’une demi- lieue de long, environ rs piés de large & autant de haut. trabon dit que cette rouse fut faite par un certain Cocceius , fous le regne de l’empereur Nerva; mais elle a depuis été élargie par Alphonfe, roi d’Arra- gon & de Naples , & les vicerois l’ont rendue droi- te. Il y a une autre route femblable dans le même royaume , entre Baies & Cumes , on l'appelle la grotte de Virgile, parce que ce poëte en parle dans le fixieme livre de l’Eneide. Voyez GRorre. (G) ROUTE, er terme de navigation. Voyez NAVIGA- TION, RHUMB, LOXODROMIE, CABOTAGE, Gr. ROUTE, ( Marine. ) c’eft le chemin que tient le Vaifeau ; on dit à la route | lorfqu’on commande au timonmier de gouverner à l'air de vent qu'on lui a ol ! marqué. On dit encore , porter à route | quand on court en droiture à l'endroit où l’on doit aller fans relais cher & fans dérive. | 416 ROU ROUTE FAUSSE 04 FAUSSE ROUTE , ( Marine.) où dit faire fauffe roure , lorfqw’on ne porte pas vers l'en- ‘droit où l'on veut aller. Il eft des cas où l’on eft obli- gé de faire fauffe route; par exemple , fun vaifleau plus #oible eft apperçu par un vaiffeau ennemi plus fort qui le chafle pour le joindre; sil peut gagner Ja nuit , alors au lieu de fuivre la roure qu'il fanoit , 3h porte autant qu'il peut d’un autre côté, & change “inf de route, &c fouvent par ce moyen évite len- rem & s'échappe. ROUTE, (4rirmil.) on appelle roure dans le militaire, uneefpece d'afle quele roi faitaccorder aux régimens qui fe tranfportent d'un lieu dans un autre, êT aux iofficiérs qui menent des recrues, pour que l'étape leur foit fournie dans les lieux de leur pañage. Lorfaque le roi trouve à propos d'accorder des ro- zes pour des recrues où des remontes , elle veut &c entend que les majors des répimens envoyent au commencement du quartier d'hiver au fecrétaire d'état de la guerre, les mémoires des routes dont chaque capitaine aura befoin, foit pour les recrues d'honimes ou les chevaux de remonte de fa compa- gnie, dans lefquels mémoires ils doivent marquer le nombre qui manque à chaque compagnie pour la rendre complette fur le pié de la dernierereytüe. Ils doivent défigner auf le premier lieu d'étape où la route devra commencer ; il faut que ce foit autant qu'il eft poffible, une ville où un chef-lieu d’élec- tion. | ll y a Beaucoup de réglemens pour prévenir les abus qui peuvent fe glifier dans les rozres, Voyez le code militaire de M. Briquet. (Q) RouTE, efpece de brigands qui ont long-tems ravagé la France, & qui formoient un corps de trou- pes dont les roïs fe font fervis dans plufieurs occa- fions, mais qui furent entierement diffipés fous le regne de Charles V. Voyez COMPAGNIES. (Q) ROUTE, £. f. (Décorer. d’Agricule,) C’eft dans un parc, une allée d’arbres fans aire de recoupes ni fa- ble, où les carrofles peuvent rouler. (D.Z) RouTIER , . m. (Marine.) c’eft ainfi qu’on a inti- tulé quelques ouvrages du pilotage, qui contiennent des cartes marines, des vües de côtes, des obferva- tions fur les diverfes qualités des parages , &c des inftruions pour la route des vaifleaux. RouriEer , (Comm.) on appelle en Hollande aÿ- ares routiers, ceux qui font chargés de la conduite des voitures publiques , foit par eau, foit par terre. Ils font ainfi nommés, à caufe qu'ils font toujours la même route, partant à heure marquée &r arrivant de même, C’eft ce que nous appellons en France , rraftres de coches par eau où par terre , inaîtres de meffageries & de carroffes. Les maîtres routiers de Hollande font éta- blis par des lettres des colleges de Pamirauté cha- cun dans fon diftri& , lefquelles doivent être renou- vellées tous les deux ans ; ils jouiflent de grandes , franchifes &c d’une proteétion marquée des états, à gaufe de Putilité publique & de l’exaétitude avec la- quelle il eft nééeflaire que ces voitures foient con: duites. | On donne auf le nom de routiers aux vaifleaux & barques, établies fur les canaux &êc autres eaux des Provinces-Unies, pour tranfporter d’un lieu à un au- tre les marchandifes & les perfonnes. Diéfionn. de Commerce. | + ROUTOIR,, f m. (Eco. ruflig.) Vendroit où Pon met rouir lé chanvre ; c’eft ordinairement une foflé de ; ou 4toifes de longueur, fur 2 ou 3 de largeur , &c de 3 ou 4 prés de profondeur, remplie d’eau ; c’eft fouvent une fource qui rémplit ces rouroirs, 8t quand ils font pleins, ils fe déchargent de fuperficie par un écoulement qu'on y a ménage. Voyez PI. de Corde- ges" * , ROUÛU Quelquefois les rouivirs ne font autre chofe qu’un firaple foffé pratiqué fur Le bord d’une riviere , & quelquefois des mares ou des foflés pleins d’eau. Il y a même des gens qui n’ont pas d’autres roufoirs que le lit même des rivieres; mais cela eft défendu par lesordonnances. Voyez l'arricle CHANVRE. ROW , ( Géog. mod. ) petite ville de Pologne, dans la Podolie , fur la riviere du même nom, autre- ment appellée le Morawe. Les favans croyent que Row eft VEratfum de Ptolomée, ancienne ville des Baftarnes , dans la Sarmatie européenne. ( D. J. ROUVRE, f m.( Botan. ) en latin robur d’où le mot françois a été tire. C’eft une efpece de chêne. plus bas que le chêne ordinaire, mais gros & tortu ;. fon bois eft dur ; fes feuilles font découpées à ondes aflez profondes , couvertes d’un duvet délicat; fes fleurs font des chatons , 8 fes fruits des glands plus petits que ceux du chêne commun ; cet arbre croît, aux lieux montagneux ; c’eft le gmercus foliis mollila- nugine pubefcentibus , de Tournefort. ( D.J.) ROUVRIR, v. a&t, ( Gram. ) ouvrir de-rechef. Voyez Oùuvrir. On dit, la plaie veut {e rouvrir. ROUX, couleur d’un rouge pâle, femblable à celle d’une brique à moitié cuite, commeun daim,&c. _ RoUXx-VENT, (Jardinage. ) vents froids qui fouf- flent dans le printems, & font recoquiller les jeunes feuilles des pêchers & de la vigne, lefquelles de- viennent roupeâtres. dt ROUYON , ( Géog. mod. ) ville de Perte, dans la province de Mazandéran. Lonp, félon Tavernier, 71. DOME TOUS QI ETES | ROYAL, adj. fe dit de quelque chofe qui a rap- portau roi. Voyez Ro. Ce mot vient du latin regalis, qui eft dérivé de rex , TOI, C’eft dans ce fens qu’on dit, la famille royale, le fang royal, &cc. En Angleterre on donne le titre d’a/reffe royale au prince &c à la princefle de Galles, au frere du roi, 6xc. Voyez PRINCE 6 ALTESSE, On a donné le titre dé royale à des princefles filles où petites-filles de rois, quoiqu’elles ne fuflent pas reines. Ainf l’ona appellé la duchefle de Savoie, madame royale, & les duchefles d'Orléans & de Lor- raine ont eu le titre d’a/zeffe royale, Abbaye royale , eft une abbaye fondée par un roi. ou par une reine. Voyez ABBAYE. Académie royale dès Sciences. Voyez ACADÉMIE. * Armée royale , eft une armée qui marche avec du gros canon, & qui eft en état d'afhièger une place forte & bien défendue. On pendoit ordinairement autrefois le gouverneur d’une petite place, quandil ofoit tenir devant une armée rovale. | Confentement royal, ( royal’ affens.) fe dit en Angle- ‘ terre du confentement ou de lapprobation que le. roi dorine à tout acte fait par un ou plufeurs de fes fujets, par exemple, à l’éleétion d’un évêque par Le doyén ou chapitre d’une églife , ou à un bill pañlé, dans Les deux chambres du parlement, &c. Quand le roi à donné fon confentement à un bill dans le parlement , le bill eft avec ces mots, /e roi le veus, Si le roi refufe fonconfentement, on met fur le bill, Ze roi s'avifera. Voyez BILL, PARLEMENT, 6c. Bourgs royaux , voyez BOURG. | Couronne royale, eft celle que portent les rois. Voyez COURONNE. | - La couronne d'Angleterre eft fermée par des de- mi-cercles d’or, qui fe réumiflent vers un globe ou boule , mont ne croix; ces demi-cercles font ornés de croix.& de fleurs de lis, & toute la cou- ronne eft enrichie depierres précieufes, Chartre royale, voyez CHARTRE. — Compagnie royale d’ Afrique, voyez COMPAGNIE... Banque royale, c’eft le nom qu'on donne à la bour- fe e de Londres, où les marchands s’aflemblent. Fôyez BANQUE. La bourfe de Londies fut conftruite pour la pre- miere fois en 1566, par les foins de Thomas Gref- ham ; lenom de Panque royale (Royal exchange ) lui fut donné folemnellement à fon.de trompe par un héraut , en préfence de la reine Elizabeth Jufqu'à cette année les marchands s’étoient affemblés dans le dombard ffrear (rue des lombards). La bourfeétoit bä- tie de brique; &c on [a regardoit alors comme la plus belle de l'Europe. Cent añs après, elle fut entiere ment brütée dans le grand incendie de Londres ; mais elle fut reconftruite aufitôt avec encore plûs de magnificence qu'auparavant. La dépenfe pour la re: bâtir monta à $o006 |. flerling. La moitié de cette fomme fut donnée par la chambie de Londres , l’au- tre moitié par la compagrie des merciers, qui pour le rembourfement de leurs avances eurent la permif- fon de louer ï9o boutiques fur les degrés à 20 Liv. chacune , ce qui joint aux autres boutiques qui font élevées {ur le terrein où la bourfe eft conftruite , produit un revenu annuel de 4006 livres, quoique ce terrein n’excede pas les À d’un arpent ; auff peut- on dire que c’eft le morceau de terre le plus cher qu’il y ait dans le monde, _ Ce bâtiment eft quadrangulaire, & il eft entouré d’une efpece de galerie ou portique , fous lequel Les marchands fe promefient, Au milieu de [a cout eft une ftatue du roi Charles IT. en habit d’empeteur ro- main, Cette ftatue a été élevée par la fociété des mar- chands. Autout de cette ftatue font rangées cel- les des rois d'Angleterre depuis la conquête des Normands: | | Poilfons royaux , font en Angletere les baleines & efturgeons ( quelques-uns ÿ ajoutent les mar- fouins ), quiappaïtiennent de doit au roi, en quel- que endroit du royaume qu'ils foient jettés fur le ri- _vage, foit par naufrage où autrement ; aucun des fu- jets du roi fe peut s’en emparer fans une permiffion exptefle de fa majefté. Voyez Poissons. Fort royal, voyez FORT. Franchife royale, voyez FRANCHISÉ, Hopi:ai royal , voyez HOPIiTAL. ñ Chêne royal, eft un beau & grand ârbte, dont on voit encore les reftes à Bofcobel , dans la pairie de PDonnington, province de Staffort ; & dont toutes les branches étoient autrefois couvertes de lierre: Le roi Charles IL: après la défaite entiere de fes troupes à la bataille de Vorcefter par celles de Cromwel, fe tenoit caché pendant le jour dans l’épaiffeur de cet arbre avec le colonel Carelil, & pañloit la nuit dans le château de Bofcohel. Ceux qui difent que e’étoit alors un vieux chêne creux, fe trompent ; c’étoit un très-bel arbre qu s’élevoit au milieu de plufieurs au- tres. Pour conferver ce qui refte de ce chêne , on a conftruit aujourd’hui un mur tout-autour, & au-def- fus de la, porte du mur on a mis cette infcription en lettres d’or: feliciffimam atborem quam in afÿlum po- tensiffimi régis Caroli Îl, Deus optimus maximus per grem regésrégnant, hic crefcere voluir ,; &c. Tranfa@, philof. n°. 310, | Officiers, royaux ou. officiers du, roi, voyez OFFI- CIERS: Parapei toyal, où parapet du rempart, en terme de fortification, eft un banc d’envitontrois brafles de large , &c de fix piés de haut, placé fur le bord du rempart du côté de la campagne, & deftiné à cou- vrir ceux qui défendent les remparts: ayez REM- PART & PARAPET+ Port rôyal, voyez PORT: Sociére royale de Londres, eftuné académie.ou {o- ciété de gens recommandables par leur favoir. Elle a été inftituée par Charles IT. pour l'avancement des fciences naturelles. Foyez ACADÉMIE, Tome XIV, R O Ÿ 417 Cet illuftre corps n’étoit dans fon origine sé -avant fon renouvellement; que fociété ce gens d’efprit qi s’affemblotent une fais pat femainé dans le collese de Wad:sham à Oxford , au logis du doc: teur Wilkins @ | Enfuite vers l’année 1658, leurs afflemblées {6 tin: rent au college de Gres-ham à Eondres, parce qué la plüpart de ces favans dérmeuroïent en cette ville: Dès le commencement du rétablifflement de Charles IL c’eft-à-dire en 1660, milord Clärendon les ap< puya de fon crédit. Et le roi ayant eu connoïflancé des opérations de cette fociété , lui aceorda une am: ple chartre datée du 22 Avril 1663 , par laquelle cette fociété fut érigée en un corps confiftant en pré: fident, confeillers & membres, & deftiné à l’avan- cement des fciences naturelles , & à faire des expé- fiences utiles. Les éleétions pour les officiers s’y font par ballotage. Les confeillers font au nombre de 21 , dont 1l y en a toujours dix nouveaux qu'on élit cha: que année le jour de S. André , & onze qu’on conti nue pour l’année fuivante, Le chefdu confeil porte la quahté de préfdent. Sori office eft de convoquer & de renvoyer Paflemblée, de propofer les matieres qu’on y doit agiter, dé demander qu'on produife les expériences, & d’ad= mettre les membres qui font élus. | Pour être admis, l’afpirant doit être propofé dans uné aflembiée par quelqu'un des membres ; & après que l’affemblée a approuvé la propoñrion , elle en renvoie l’examen au confeil; file confeil approuve, il en fait fon rapport à la fociété qui ne marique pref que jamais d’y donner {on fuffrage. | Chaque membre, en entrant dans la /ôciéié royale, foufcrit un engagement par lequel il promet qu'il tâ- chera de contribuer de tout {on poflible au bien de fa focièté , engagement dont 1l peut fe reléver au bout d’un certaintems, en fignifant au préfident qu’il defire fe rétirer. On paie en eñtrant, 46 f. au tréforier; & 13 f par quartier, tout le tems qu’on continue d’être mem: bre de la fociete. Le nombre des membres de la focièté n’eft point fixe. On: voit par la lifte de 1724, qu’elle étoit alors compofee de deux cens dix-fept perfonnesdesroyau- mes d'Angleterre, d'Ecoffe & d'Irlande, & de foixan- te-quatre étrangers. Parmi les uns. &c les autres il y en avoit de la prenuere nobleffe, & beaucoup qui étoient diftingués dans l’état & dans l’églife. Le but 8c Pobjet de la Jociéré rayaleieft de faire des expofés fideles de tous les ouvrages de la nature & de Part, qui peuvent être à la portée de Pefprit hus inain, de forte que dès à préfent , & dans les fiecles futurs , on puifle reconnoitre les erreurs qu’une lon: ge preferiphion a rendu invétérées, rétablir les vé: rités qui pouvoient avoir été négligées., appliquer à de nouveaux ufages celles qui font déja connues, en- fin applanir le chemin pour arriver à ce qui refte à découvrir. Dans cette vue, la fociété a fait un grahd nombre d'expériences &c d’obfervations fur les différens phé- _nomenes de lanature : échipfes, cometes;météores; mines, plantes , trémblemens de terre , inondations, foutces , humidité, feux foûterreins , flux & reflux, courans , magnétifme, 6. Elle a aufli recueilli plu- freurs faits finguliers, foit d’hiftoite naturelle , foit d'arts, plufieursmachines utiles & autres inventions, Le publie à retiré de tout cela une grande utilité ; Varchiteéture navale, civile, militaire a été perfec- tionnée ; la navigation eft devenue plus fure & plus parfaite ; enfin l’agricultute s’en eft fentie, & les plantations ont été multipliées non-feulement dans PAngleterre , mais aufli dans l’Irlande. La fociété royale recueille avec foin dans des regis tres ; toutes les expériences, relations , obferva- gg 416 R O Y tions, Éc. de fes membres deitems en tems elle donne ‘au public, fous letitre de Tranfailions philo- fophiques, ce‘que’fon recueïl contient de plus immé- diatementutile. Lerefté demeure dans {es regitres pour être tranfmis à la poftérité , & pour fervir de fondèment aux fyftèmes futurs. Voyez TRANSAC- TIONS: Elle a une bibliotheque delivres concernantles ma- tieresiqu’elletraite. Le dernier comtemarèchala con- tribué à l'augmentation de cette bibliotheque, en y joignant celle de Norfolk. Elle a de plus un mufée ou cabinet de curiofités naturelles &rartificielles, donnépar Daniel Colwal, chevalier ; fa devife eft nullins in yerba. Ses mémoires font rédigés par deux fecrétaires ; & elle s’aflemble tous les jeudis dans le Cranecourt, près de Fleeftrees. Académie royale efpagnole , voyez ACADÉMIE. Sucre royal, voyez SUCRE. RovyaAL-CoLiLEGE des Médecins de Londres, (Hif?. dAngl.) le college royal des médecins de Londres, dont on a oublié de faire l’article en fon lieu, a des regles & des ftatuts peu connus des étrangers. Tout médecin qui s’eft fait recevoir dans une des deux univerfités, a le droit de pratiquer par toute PAn- eleterré, excepté dans l'étendue de fept milles au- tour de Londres. Le college royal a feul le droit de conférer ce dernier privilese ; ceux qui après avoir fubi examen, y font admis, & qui ont été reçus dans les pays étrangers, font appellés feulement Z- centiés ; mais ceux qui ont pris leurs déprés à Cam- bridge ou à Oxford , font reçus membres du colle- ge, quiexige cependant encore un examen préala- ble, en préfence du préfident & des cenfeurs ; un membre honoraire eft admis fans examen, & c’eft un titre qu’on n’accorde qu’à des perfonnes d’un mé- tite peu commun. (2. J.) RoyaAL, f. m.(monnoie de France) monnoie d’or; On n’a point de preuves qui pure juftiñer que cette monnoïe foit plus ancienne en France que le regne de Philippe le Bel; il eft certain que ce prince fit faire de petits royaux d’or fin , de 7o au marc , qui valoieñt onze fols parifis , & qui vaudroient aujour- d’hui environ onze livres ; c’eft cependant la plus an- cienne monnoie d’or mentionnée dans les regiftres de la cour des monnoies. Philippe Le Bel fit auff fa- briquer des gros royaux, qui pefoient le double des petits. La monnoie des royaux eut fort long-rems cours en France ; Charles le Bel & Philippe de Valois en fabriquerent qui étoient d’or fin, & de 58 au marc; ceux du roi Jean, qui furent aufli nommés deriers d’or au royal, étoient de 66 &c de 69 au marc ; ceux de Charles VIL..de 64 & de 70. Cette efpece fut toujours d’or fin, &z elle fut ap- pellée royal , à caufe que le roi y eft repréfenté vê- tu de fes habits royaux ; mais leur marque n’a pas toujours été uniforme, comine on peut s’en convain- cre par la feule infpeétion de leurs figures dans les planches de M. le Blanc , srairé des monnoies. (D. J.) ROYALE , ff. ( serme de Mode) on appelloit ainfi une forte de culotte fort large, que l’on portoiten France vers le milieu du dernier fiecle; cette culotte avoit au bas des canons lacés de rubans enjolivés de points de France, & enrichis de broderie de drap découpée à jour, & de plufeurs touffes de rubans. (D. J.) : ROYALE GROSSE, ex verme de Fondeur de perir plomb au moule , eft une efpece de plomb d’un degré plus gros que la batarde , & de deux plus gros que la petite royale. | ROYALE PETITE, en terme de Fondeur de plomb en moule, eft l’efpece de plomb la plus petite qu’on fafle de cette maniere. ROYALISTE , { m. ( Gram. ) qui eft dans le par- re RO Y ti du roi. Les militaires 8x les masiftrats font toujours royalifles ; les royalifles étoient les adverfaires des ligueurs ; en Angleterre, fous Jacques Lil y avoit les royaliftes ê&t les parlementaires," ! r ROYAN , ( Géog.mod. ) ville ‘tuinéé dans la Sain- tonge, {ur la Garonne , où pour mieux dire à l’em- bouchure de la Gironde , où on pêche d’excellentes fardines , & où 1l y'a un acul qui fert dé port. Elle eftfameufe par le fiege qu’en fit en 622% Louis XI, qui ne s’en rendit maître qu'après y avoir perdu beaucoup de monde; 1l n’en refte aujourd’huï qu'un miférable fauxbourg. Long. fuivant Caflini , r6. 22" AS, larit. 45. 367, 50". (D. T7 LA ROYANEZ , LE ( Géog. mod.) petit pays de Fran- ce , dans le Dauphiné, au diocèfe de Die; 11 à fix lieues de long fur quatre de large. Pont-de-Roÿan, dont il prit le nom, en ef le cheflieu ; les habitans font exempts de taille par une conceffion de Dau- phins. (D. J.) | ROYAUME, fm. ( Droit polisig.) « ce mot f- » gnifie (je ne dirai pas ce que difoient ces républi- » Cains outrés, qui firent anciennément tant de bruit »dansle monde parleurs viétoires & leurs vertus) un »tyran & des efclaves ; difons mieux qu'eux, un roi » & desfujets». | Un royaume eft donc un état où un feul gouverne le corps politique par des lois fixes &c fondamen- tales. à ‘ La plüpart des auteurs prétendent que parmi les rois, Les uns font lesmaîtres de leurcouronne, com- me d’un patrimoine qu'il leur eft permis de partager, de transferer ; d'aliéner , en un mot dont ils peuvent difpofer comme ils le jugent à propos, D’autres n’ont la fouveraineté qu'àtitre d'ufufruit, ou de £de com- mis , & cela, ou pour eux feulement, ou avec pou- voir de la tranfmettre à leurs defcendans fuivant les gles établies pour la fucceffion. C’eft fur ce fondement que les mêmes auteurs ont divifé les royaumes en patrimoniaux & en ufufruétuai- res, ou non-patrimomaux ; 1ls ajoutent que ces roïs pofledent la couronne en pleine propriété, qui ont acquis la fouvéraineté par droit de conquête, ow ceux à qui un peuple s’eft donné fans referve pour éviter un plus grand mal; mais qu’au contraire les rois qui ont été établis par un libre confentement du peuple, ne poffedent la couronne qu’ätitre d’ufufruit. Telleeft lamaniere dont Grotius explique cette dif- tin@ion, en quoiilaété fuivi par Puffendorf, & par la foule des écrivains. Le celebre Coccéius, Thomafius, Bohmer, M. Bar- beyrac & autres favans, ont adopté une opinion dif- férente dans leurs ouvrages fur cettematiere , dont voici à-peu-près le précis. | Is conviennent d’abord que le pouvoir fouverain peut entrer en commerce aufhi-bien que tout autre droit, & qu'il n’y a en cela rien de contraire à la nature de la chofe’; enforte que fi la convention entre le prince &c le peuple porte expreffément que le prin- ce aura plein droit d’aliéner la couronne, & d’en difpofer comme il le trouvera bon ; on nommera f lon veut un tel royaume | un royaume patrimonial z & les autres royaumes, des royaumes ufufruituarres; mais les exemples de pareïlles conventions font fi ra- res, qu’à peine en trouve-t-on d’autres que celui des Egyptiens avec leur roi, dont 1l eft parlé dans la Genèfe , ch. xlyi. v. 18. € fuiv. & les difputes des doéteurs fur le pouvoir d’ahiéner la couronne, re- gardent les cas où il n’y a point eu de convention là-deflus entre le prince & le peuple. La diftin&ion qu’on fait ici fe réduit à un cercle vicieux , car quand On demande quels font les prin- ces qui ont pouvoir d’aliéner le royaume , on répond que ce font ceux qui poffedent un royaume patrimo= nial; &t quand on demande ce que ç’eft qu’un royaa: me patrimonial ; on dit que c'eft celiu dontle prince a pouvoir d’aliéner la couronne, Il eff vrai que les uns prétendent que les royawmnes fucceflifs font pa- trimoniaux ; les autres, que ce font les royazmes def- potiques ; les autres, que ce font ceux qui ont été conquis ou établis de quelqu’autre maniere par un confentement forcé du: peuple; mais aucunede ces opinions rétablit de fondement folide d’un, droit de proprieté proprement ainfi nommé ,. 8 accompa- gné du pouvoir d’aliéner. | | De ce que l’on s’eft foumis par force ou par-né- cefñité à la domination de quelqu'’um, il ñnes’enfuit pas non plus qu'on lui ait donné par cela même le pouvoir de transferer fon. droit à tel autre qu’il vou- dra. Envain objetteroit-on que file prince eût fipu- . lé qu'on lui donnât le pouvoir d’aliéner, on y auroit confenti ; le flence, tout au-contraire, fait préfu- mer qu'il wy a point eu de telle conceflion tacite, puifque file roi avoit prétendu acquérir Le droit d’'a- léner la couronne, c’étoit à lui à s’expliquer, & à, faire expliquer là-deflus le peuple ;. mais le peuple n’en ayant point parlé, comme on le fuppole, il eft & doit être cenfé n’avoir nullement penfé à donner au roi un pouvoir qui le mit en état de lui faire chan- ger de maître à fa fantaifie. En un mot, Le pouvoir fouverain, de quelque maniere qu'ilfoit conféré, & quelque abfolu qu'il foit , n'emporte point par lui-même un droit de pro- prieté , ni par conféquent le pouvoir d’aliéner ; ce ce font deux idées tout-à-fait diflinétes , & qui n’ont aucune liaifon néceflaire l’une avec l’autre. Le grand - feigneur , tout defpotique qu'il eft, n’a ni la puiffance d’ahéner Fempire , ni de changer à fa fantaifie l’ordre de la fucceffon. Il eft vrai qu’on allegue un grand nombre d’'exem- ples d’aliénations faites de tout tems par les fou- vVerains; mais 1l faut remarquer fur ces exemples qu'on allegue , 1°. que la plüpart de ces aliénations n’ont eu aucun effet ; 2°. que nous 1gnorons les con. ditionsfouslefquelles les princes ou les états anciens dont on parle, avoient acquis la fouveraineté de tel outel peuple. Ainf il poutroit fe faire qu'il y eût quelque claufe formelle par laquelle ces peuples ayoient donné à leurs fouverains le pouvoir d’alié- ner la fouveraineté même.3°. Souvent ces-aliénations n’ont eu d'autre titre que la force, &c elles ne font devenueslégitimes qu'envertu duconfentement don-: né après coup, lorfque les peuples aliénés fe font foumis fans oppoftion au nouveau fouverain.4°, Il a pû y avoir aufhi un confentement tacite entierement libre , dans letemsmême de laliénation, & cela en deux manieres; ou quand le peuple qu'on vouloit aliéner, n’y témoignoit aucune répugnance, quoi- qu'ilne fût point contraint par une force majeure ; ou parce que l’ufage s'étant introduit en orient & ailleurs, dattacher au droit de fouveraineté abfolue un plein pouvoir de propriété, qui autorisât le fou- verain à aliéner fes états comme bon lui fembloit ; ceux qui fe foumettoient à un tel fouverain, étoient cenfés le faire fur le pié de la coutume établie,à moins qu'ils ne déclaraffent expreffément le contraire, Ainfi tous ces exemples ne prouvent point que le pouvoir d’aliéner , fuive néceffairement de la fouveraineté la plus abfolue , & confiderée en elle-même, & de quelque maniere qu'on Pacquiere. | Concluons donc , comme un principe incontefta- ble, que dans le doute , tout royaume doit être cen- fé non patrimonial, auffilong:tems qu’on ne prouve- ra pas d’une maniere ou d’une autre , qu’un peuple s’eft foumis fur ce pié là à un fouverain. Voyez Bar-. beyrac, dans fes Notes fur Grotius ; & Bohmer, dans {on Jntroduit. ad jus publicum univerfale. ( D.J.) ROYAUME DE Dieu, ( Cririque facrée ) ce mot fe prend dans PEcriture , pour le fouverain empire de Tome XIV. R © Y 4t9 ! Dieufur toutes les créatures.; le royazme des éieux, eftune expreflion commune dans.le nouveau tefla= ment , pour fipgniñer le royaume de JefisChriff, c’eft à-dire la vocation des peuples à la for, & la prédicas tion del'évangile ; marque encore l’état des bien heureux après cette vie.;. heureux. fonc. les pauvres en efprit, car royaume descieux leur appartient, Matt, y. 3. Les pauvres en efprit font ceux qui ne.font pas poiledés de l'amour des richefles, &c: quine com- mettent pas d’injufhicepouren acquérir, foyer PAu- VRE, Criiqg. facrée, ( D.J.) ROYAUME D'ISRAEL BT DE JuDA , (Hifi. facrée} les Ifraélites apres avoirété fagement souvernés par des jugeséclarés , & choiïfis dans chaque tribu, fe lafferent de cette forme de gouvernement, & déclas rerent à Samuel qu'ils. ne vouloient plus, à l’exems ple d’autres nations voifnes., obéir qu’à un feul , qui füt leur maître & leur roi. Samuel pour les détour- ner de prendre ceparti, leur rat fortement, mais vainement , quel feroit le droit du roi qui les gouverneroit; il vous Ôôtera vos fils, leur dit-1l, pou# en faire fes ferviteurs ; il prendra vos efclaves & vos troupeaux; il vous fera payer la dixme devos grain$ pour enrichir fes créatures, & vous ferez fes efcla- vés. Z. Rois vi. 11. Les Ifraëélites n’écouterent point le prophete, & Saul fut nommé leur roi, Cependant cé que Samuelappelle le droit du roi, Jus regis, neft pasle droit légitime des rois, mais l’abus qu'ils font de l'autorité qui leur a été confiée par Les peuples, lorfqu’au lieu d’en être les peres & les protecteurs ; ils en deviennent les opprefleurs & les tyrans, A Saul fuccéda Isbofeth pendant quelquetems, fut une partie de fon royaume, &à la mort d'Isbofeth, David réunit tout [fraël. A David fuccéda Salomon, après la: mort duquel le royaume fut partagé ; dixtrie bus fuivirent Jéroboam , car le fils de Salomon ne regnaque fur Benjamin & Juda ; alors fe formerent deux royaumes , celui de Juda , & celui d'Ifraël; le dernier dura 253 ans, fous dix-neuf rois, qui tous moururent dans l’impiété, ou dans le CFime. Le royaume de Juda eut auffi dix-neuf rois ; depuis Roboam jufqu’à Sédécias, fous leregne duquel Jéru= fâlem futprife par Nabuchodonofor, letemple brulé, & les habitans emmenés,captifs au-delà de l'Euphra- te, Dans cette longue fuite.de rois , ilne s’en trouve que-trois, David, Ezéchias & Jofas, qui n’aient pas été idolâtres ,-ou du moins fauteurs de l’idola- trie. Æccléf. xljx..s, Après le retour de la captivité, qui dura 7oans, ‘les Juifs rentrerent dans l’ariflocratie , & vêcurent fous la domination des Perfes , jufqu’au regne d’Ale- xandrele Grand , l’an du monde 3672. après fa mort la Judée paffa fous l'autorité des rois d'Égypte , en. fuite {ous celle des rois de Syrie, jufqu’à ce qu’An- tiochus Epiphane , ayant forcé les Juifs de prendre les armes pour leur défenfe, la famille des Afmo- néens s’éleva & remit les Juifs en liberté. * D'abord ceux dercette famille ne prirent que le nom.de princes, que porterent cinq d’entr'eux, Ma: thatias , Juda Machabée, Jonathas, Simon, & Hir- can ; mais Ariftobule prit le titre de.roi qu'iltranfmit à cinq de fes fuccefleurs, Alexandre, Jannée, Sas lomé fa femme, Hircan , Ariffobule, & Antigone, Enfuite Hérode s’empara du royaume, & le conierva fous l’autorité de Rome ; après fa mort, la Judée fut gouvernée fous le nom d’Erhrarchie s par fes trois fils , Archélaus, Hérode Antepas, & Pluülippe. En- fin elle fut réduite en province romaine. (D. J.) : ROYAUMES DU, MONDE, ( Hif. anc.) on compte ordinairement vingt-quatre royaurzes célebres ju- qu'à la naiffance de Jefus-Chrift. Les voici : at . Le premier royaume eft celui de Babylone , que Nemrod fonda 146 ans après le déluge lan 1862 du monde, & 2233,avant Jefus-Chrift. Nemrod y joi- Gesi ROY 420 nit l'Affytie ; mais on ne connoît pas fes fucceffeurs, & l’'Ecriture laifle aflez voirque tous ces vaftes pays ont formé l’empire d'Afyrie, appartenoïent à dif- érens maitres au tems d'Abraham. | Le fecondroyaume eft celui d'Egypte, que Mefraim fonda l’an 1847 du monde, 2188 ansavant l’ere chré: tienne. On apprend de Conftantin Manaflés que ce foyaume a été de 163 3 ans; intervalle qu’on trouve de- uis Meftaim jufqu’à la conquête d'Egypte pat Cam: ee , roi des Perfes, l’an du monde 3510, 525 ans avantJefus-Chrift. Le troifieme royaume eft celui de Sityone, ville de Péloponnèfe. C’eft le premier royaume de l'Europe dont on connoiïfle un peu les rois. Jufqw’en Grece même, tout ce qui étoit plus ancien qu'Inachus pre: mier roi d’Argos, pafloit communément pour incon- nu. On fixe le commencement de ce royaume à l’an 1871 du monde, 2164 ans avant Jefus-Chrift. On dit qu'Egialée en fut le premier roi, & Zeuxippe le der- nier ; que Ce royaume dura 959 ans ; qu'enfuite les prêtres de Jupiter Carnien gouvernerent fucceffive- ment pendant 33 ans ; & que Charidème ayant pris la fuite l’an 2863 du monde, Sicyone refta fous la dépendance des rois de Mycenes. Suivant ce fyfième de Caftor, le royaume de Sicyone finit Pan 2830 du monde, 1205 ans avant Jefus-Chrift. | | Le quatrième royaume eft celui d'Argos, ville du Péloponnèfe , qui fut fondée par Inachus l'an 2177 du monde , 1858 avant Jefus-Chrift. Il dura 382 ans {ous neuf rois , dont le dernier fut Sthélénus. L’an du monde 2559, & avant Jefus-Chrift 1476 , Danaus venu d'Egypte, commença une nouvelle dynaftie, qui ne fubfifta que fous cinq rois pendant 163 ans. Acrifius , le dernier de ces rois, fut tué l’an 2690 du monde ; 1345 ansavantJ efus-Chrift. Il y eut enfuite divers petits rois à Argos, & dans les villes des en- virons quiavoient compolé le royazme d’Argos ; mais ce fut le roi de Mycenes qui eut ka principale auto- rité. A \ - Le cinquième royaume eft celui d'Athènes qui fut fondé Fan 2477 du monde , 1558 ans avant Jefus- Chrift par Cécrops, qui ne laïfla point d’héritier. Les {eize rois qui lui fuccéderent furent prefque tous de différentes familles. Codtus, le dernier de tous , fut tué l'an 2043 du monde, 1092 ans avant J efus-Chriff, Quoiqu'il lafât des enfans, on abolit la monarchie qui avoit fubfiflé pendant 487 ans., &c l’état fut gou- verné par des archontes perpétuels ; ce qui eut lieu pendant 316 ans , c’eft-à-dire jufqu'à l'an 3283 du monde, 752 ans avant Jefus-Chrift. Cette année on regla que lesarchontes feroïent renouvellés tous les dix ans. Il y en eut fept qui gouvernerent pendant 68 ans. Enên lan 3351 du monde, 684 ans avant Jefus-Chrift, 874 depuis la fondation du royaume, on commença à ne faire que des archontes annuels, ce qui a fubhftéjufqu’à ce que la ville d’Athènes per- dit fa liberte. ® Le fixieme royaume eft celui de Troye , ville de Phrygie en Afie. Il fut fondé l'an 2555 du monde ; 1480 avant Jefus-Chrift, par Dardanus venu de Pile de Crete, 8&c dura 296 ans fous fix rois, dont le der-. nier fut Priam,, fi célebre par le nombre de fes en- fans , & par lechagrin qu'il eut de les voir tous perir. Le royaume de Troye fut détruit par les Grecs Pan 2851 du monde, 1184 avant Jefus-Chrift. Aftyanax, fils d'Hedor & petit fils de Priam , y regna depuis, mais non avec lagloire & la puiflance de fes ancêtres; &c on ne fait rien de fes fuccefféurs. Le feptiemé royaumereft celui de Mycenés,, ville du Péloponnèfe, qui fut fondé par Perfée lan 2722 du monde, 1313 avant Jefus-Chrift, & qui fut dé- truit par les defendans d’'Hercule l’an 2906 dumonde, 11209 avant Jefus-Chrift, après avoir fubfifté 186 ans. Atrée & Agamemon, rois de Myÿcenes , font très- ROY célebres ; le dernier commandoit avec une atitorité abfolue l’armée des Grecs qui fit le fiege de Troye; parce qu’il étoit le plus puiffant de tous les rois grecs, & que prefque tout le Péloponnèfe & une partie de la Grece propre lui étoient fourmis. Le huitieme royaume eft celui des Latins en Italie, fondé l’an 2705 du monde, 1330 avant Jefus-Chrift par Picus , fils de Satutne , auquel fuccéda fon fils Faunus , puis Latinus , vaincu par Enée , dont le fei= zieme fucceffeur fut Numitor que Romulus mit fur le trône peu dvant que de bâtir Rome. Le neuvieme royaume eft celtu de Tyr , qui , à le faire commencer au tems où Jofephe prétend que la ville de Tyr fut bâtie, fut fonde l’an 2783 dumonde, 1252 avant Jefus-Chrift:Ileftcertain quecethiftorien fé trompe pour le tems de la fondation de cette ville célebre, puifqu’Io,qui fut enlevée par des tyriens, eff bien plus ancienne, &t que de fon tems Tyr faifoit déja un grand commerce, Il fait venir le royaumede Tyr lan 3187 du monde , 848 avant Jefus-Chrift. Le dixieme royaumefut celui d'Afyrie, fondé Pan 2806 du monde, 1229 avant Jefus-Chrift, par Sémi- ramis. On ne connoïît aucun de fes fuccefleurs juf- qu’à Phul après la mort de quiBabylone fut détachée de cet état l’an 3288 du monde , 747 avant Jefus- Chrift , pour former un nouveau royaume, Celui d’Af- fyrie fubfifta avec beaucoup d'éclat jufqw’à Pan 3 409 du monde , 626 ans avant Jefus-Chrift. L’onzieme royaume eft celui de Lydie, au-moins à prendre fon commenéement au tems où il eft connus Il y eut des rois de Lydie , comme le dit Hérodote, avant Argon ; mais celui-ci eft lé premier de la fa- mille d’'Hercule. Il commença à regner lan 2817 du monde, 1218 avant Jefus-Chrift. Après fa famille qui regna 505 ans , Gygès commença une nouvelle dy- naftie l’an 3322 du monde, 713 avant Jefus-Chriit ; & Créfus, le dernier de fes defcendans , fut défait & pris par Cyrus, roi des Perfes , l’an 349: du monde, 44 ans avant Jefus-Chrift, É _ Le douzieme royaume eft celui des defcendans d’Hercule à Corinthe , lorfqw’Aletes fe rendit maître de cette ville l’an 290$ du monde , & 1130 avant Jefus-Chrift. Ce royaume fubfifta 3 23 ans, & fut en< fuite gouverné par des magiftrats appellés prytanés ; mais lan 3377 du monde , 658 avant Jefus-Chrift, Cypfele s’empara de l'autorité fouveraine , & après lui fon fils Périander, qui ne mourut que l’an 3457 du monde, 584 avant Jefus-Chrift. Le treizième royaume eft celui des defcendans d’'Hercule à Lacédémone ou Sparte. Il fut fondé la même année que celui de Corinthe par Ariftomede , qui laiffa deux enfans , nommés Euryflhene & Pro- clès, entre qui l'autorité royale fut partagée , ce qui eut lieu auffi pour leurs defcendans. Le royaume des Hébreux commença l’an du monde 2040 , 1095 avant Jefus-Chrift , par Saul, qui eut pour fucceffeur David, puis Salomon ; après lequel ce royaume fut partagé en deux fouverainetés ; lune appellée le royaume de Juda | qui eut pour premier roi Roboam , & pour dernier roi Sédécias ; vaincu par Nabuchodonozor , roi de Babylone, l’an 3447 du monde & 588 avant J efus-Chrift ; & l’autre le royaume d’Ifraël, dont Jéroboam fut le premier rot, & Ofée le dernier qui fut détrôné par Salmanazar , roi d'Affyrie, lan 3314 dumonde &c72 ravantlefus- Chrift. | Le quatorzieme royaume a té cehu de Damas, qui fut fondé lan 2991 du monde, 1044 avant Jefus- Chrift, par Rafin, Reftin ou Réfon, général des trou- pes d’Adar-Efer, ou Hadadézer ou Hadarhézer, lorf qu'il vit fon maître défait par David. Ses fucceffeurs furent prefque toujours en guerre avec les rois d’If- raël : il n’y eut que Le dernier, nommé auffi Ref ou Rerfin , qui s’allia avec Phacée pour faire le fiege R O Y de Jérufalein x qu'il fut contraint de lever. Il fut dé- ÿ faut &tué, & (on royaurne détruit par Téolatphala- far, Tiglath-Pilnéféer , Tiglath-Piléfer ou Tiglafh- Péléfer, roi d’Afyrie, l'an 3295 du monde , 740 avant Jefus-Chrift, Le quinzieme royaume a été celui de Macédoine, commencé par Caranus , l’un des defcendans d'Her- cule, l’an du monde 3221, & 814 avant Jefus-Chrift, Il a duré 490 ans jufqu'à la mort d'Alexandre le grand, qui établit la monarchie des Grecs, & qui mourut l’an 3710 du monde & 325 avant Jefus- Chrift. | Le feizieme royaime a été celui des Romains, qui commença l’année de la fondation de Rome la 3282 du monde, & 753 avant la naïffance de Jefus-Chrift, Romulus en futle premierroi, & Tarquin le fuperbe le feptieme êrle dernier, qui fut chaîfé l’an du monde 3526, de la fondation de Rome le 245, ê 09 avant Jefus-Chrift. Le dix-feptieme royaume eft celui de Babylone , qui fut fondé l’an 3288 du monde, 747 avant Jefus- Chrift, par Nabonaflar. Il ne dura que 67 ans fous dix rois , & il fut réuni au royaume d’Affyrie , dont il avoit été détaché l’an 3355 du monde , 680 avant Jefus-Chrit, Le dix-huitieme royaume eft celui des Medes, qui fut fondé l’an 3326 du monde , 729 avant Jefus- Chrift, par Déjocès, & que Cyrus détruifit Pan 3476 du monde , 559 avant Jefus-Chrift, Ce royaume et célebre dans l’hiftoire à il y en a qui fe conformant à Ctéfias, le font commencer bien plutôt. Le dix-neuvieme royaume eft celui des Chaldéens, qui fut fondé par Nabopolaflur ou NabuchodonoforI. l’an 3410 du monde, 625 avant Jefus-Chrift, On y compte cinq rois, qui regnerent 87 ans. Le dernier eft Nabonnade ou Darius le Mede , qui fut défait par Cyrus l'an 3497 du monde, 538 avant Jefus: Chrift, | | Le vingtieme royaume eft celui des Perfes , qui pafla d’Archaménidès & de Cambyfes à Cyrus lan du monde 3476, & 5 59 avant Jefus Chrift, &c dura jufqu'à Darius, qui fut tué l’an du monde 3705, & 317 avant Jefus-Chrift. | Le vingt-unieme royaume , &C le fecond de Macé- doine fondé par Antipater, qui ufurpa la couronne après la mort d'Alexandre le orand , & qui la laiffa à fon fils Caffander Pan du monde 3718 & 317avant Jefus-Chrift. Ce royaume fut éteint dans Perfée , qui fut vaincu par les Romains l’an du monde 3867, & le 168 avant Jefus-Chrif. Î Le vingt-deuxieme royaume eft celui d'Egypte, commencé par Ptolémée, fils de Lagus , l’un des fuc- ceffeurs d'Alexandre le grand l’an du monde 3712, & 323 avant Jefus:Chrift: Il dura jufqu’à la reine Cléopatre II. maîtrefle de Marc-Antoine , qui fe don- na la mort après la bataille d’Adium lan du monde 400$ , & le 30 avant Jefus-Chrift. | Le vinot-troifieme royaume a été celui de Syrie ; dont le premier roi fut Séleucus Nicator, lun des chefs fuccefleurs d'Alexandre , l'an du monde 3723, & 312 avant Jefus-Chrift. Il dura jufqu’à Antiochus V’afatique, fils d’Antiochus le pieux & de Sélene. Ce prince en fut privé par Pompée lan du monde 3970, & 6 avant Jefus-Chrift. "D Le vingt-quatrieme royaume a été celui dePergame dans là grande Phrygie., qui commença l’an du mon- de 3752, & 283 avant Jefus-Chrift, par l’eunuque Philètere , 87 dura jufqu’à Attale IL. furnommé PAi- Jométor. Celui-ci mourant fans enfans l'an du monde 3902,18c 133 avant Jefus-Chrift , inftitua le peuple romain pour héritier & fuccefleur de facouronne. . Nous ne parlerons point ici des royaxmes du Bof- phore , du Pont en‘Afie, de Cappadoce, de Bithy- -me, d'Arménie, des Baëtriens , des Indiens:, des Scy- R O Ÿ 435 thes ou Mafagetes, 6x autres femblables, pañcé qu’on ne connoît point l’établiffement de ces monarchiesy mi la fucceffion de leürs rois. (2D.J.) ROYAUMES DU MONDE, ( Æ1ff, mod.) les Yoya: res célebres qui fe font établis dans le monde depuis la naïflance de Jefus-Chrift font un point d’hiftoire trop étendu pour entrer dans ce détail; c’eft aflez de dire que tous les états nommés royaumes en Afie, en Europe , en Afrique & en Amérique ont éprouvé différentes révolutions dans ce long intervalle de tem5. TL? | Ainf dans Pancién royaime de [a Chine ; les Tar- tares {e rendirent maitres de ce vafte empire l’an 1279 ; les Chinois les en chafferent lan 1369 ; mais en 1644, les Tartares foumirent de nouveau l’em= pire de la Chine. Alors Xunchi en fut déclaré roi ; & c’eft un de fes defcendans qui le gouverne aujour- d’'hui: 1e À | Le LUTX … Le Japoñ n’obéit qu'à uñ feul fouvetain depuis l'an 1550, & le dairo ou chefde la religion n’a plus en partage que de vaines marques de fon ancienne autorite: | ne L'Inde coñtient pluñeuts rôauines, dont l’hiftoire ’eft point connue. On dit que les mogols fortis de la Tartarie établirent l'empire de ce nom vers lan 1401, & que ce fut un fils de Tamerlan qui en fut le premier empéteur. Le plus puiffant des royaämes de l'Inde au-delà du golphe eft celui de Siam, de qui la plüpart desautres font tributaires. Dans la prefqw’ile de l’Inde au-decà du golfe font les royaumes d'Orixa, de Golconde, de Narfingue , de Décan, de Bala- guate, de Bifnagar, &c. qui obéiffent à divers fouve- rains , & qui changent fouvent de maître. L’hiftoire de tous ces divers états eft enfevelie dans l’oubli juf qu’au tems que les Portugais , fuccédés par les Hol- landois , fe font établis dans l’Inde. La Perfe obéit aux fophis depuis lañ 1560 dé Jefus-Chrift ; mais ces fophis ont été différens con- quérans , qui tour-à-tour ont ufurpé & ravagé ce vaîte pays. L’Atabié recut la loi de Mahomet vers l’an 625 ; depuis cé tems-là , les Arabes mahométans fe nom- merent Su’afins; & eurent des rois ptiflans, qui néanmoins furent foumis par les Turcs ; & par les fophis dans le xi]. fiecle. S La Turquie en Afie comprend le Curdiftan, lYe- rac, le Diarbek , la Sourié, l’Anatolie, l'Armenie & la Georgie, qui répondent à-peu-près à ce que les anciens appélloient la Babylonie , la Méfopotamie ; la Syrie, l'Afie mineure, la Colchid:, &c. Othoman vers lan 1300 commença cet empire , & l’augmenta par fes conquêtes. L’empire de Trébifonde , établi par Alexis Comnene en 1204, pafla dans les mains de Mahomet If. lan 1461. La Turquie en Europe éeft divifée par le Danube en méridionale & feptentrionale. Le grand-feigneur eft le maître de la méridionale, & les trois princi- pautés de la feptentrionale font fes tributaires. Je ne parcourrai point les royaumes de l’Europe; parce que chacun d'eux a fon article feparé dans ce Diétionnaire. _ Lés princisales parties de l'Afrique font l'Esypte; lAbyffinie, le Monomotapa ,le Congo, la Guinée, la Nigritie, le Bilédulgérid & la Barbarie. L’hiftoire de tous ces. pays & de leuts états nous eff iriconnue. Nous ne fommes pas. mieux inftruits des anciens royaumes qui ont fubffté en Amérique jufqu’à la dé: couverte de cette partie du monde, où les puiffan- ces maritimes ont aujourd'hui établi leur dominas ton. (D. J.) EC ROYAUTÉ, £ f. (Gramm.) dignité du roi. Les Grecs & les Romains autrefois ; aujourd’hui tous les peuples républicains font ennemis de la royauté Là 432 O Ÿ royanté n’eît pas un métier de fainéant ; elle confifte toute dans lation. | ROYAULTÉS, (Hif. mod.) fignifie en Angleterre les droits du roi ; on les appelle autrement les prero- sgatives du roi ou regalia. Voyez PRÉROGATIVE & RE- GA LI A, Il y a quelques-uns de ces droits que le roi peut accorder à des particuliers ; d’autres qui font infépa- xables de la couronne. Voyez ROI, ACCORDER, &c. ROYAUX, pRo1TS , regalia , ( Hifi. mod.) voyez RÉGALIENS. Droirs royaux d’une églife fe dit des droits & pri- vileges dont jouiflent les églifes cathédrales, ou au- tres par concefion des rois. Voyez ÉGLISE, CATHÉ- DRALE , Gc. Regalia fe prend auffi quelquefois pour le patri- moine de l’'Eglife, comme repulia fanëti Petri, &t fingu- lierement pour les terres ou héritages qui lui ont été donnés par des roïs. Quelques-uns veulent même quece foit de-làqu’eft venu lufage de la régale ; car, dir Ducange, on appelloit des hérisages en régale les biens qui étoient venus aux églhfes par la conceflion & libéralité des rois. D’oùvient qu’à la mort des éve- ques, les rois s’en remettoient en pofleffion jufqu’à: ce que le nouveau titulaire eût reçu Pinveftiture. C’eft auffi ce qui fe pratiquoit en Angleterre, où Guil- laume le conquérant & plufeurs de fes fuccefleurs ne fe hâterent pas de donner linveftiture aux nou- veaux évêques , comme il paroît par les plaintes de plufeurs prélats de leur tems. Repalia dans quelques auteurs fe prend auf pour Fhommage & le ferment de fidélitéque l'évêque fait au roi lors de fon inveftiture. Woyez HOMMAGE 6 ÉVÊQUE, voyez auffi INVESTITURE. ROYE ,( Géog. mod.) on croit que c’eft Rodrina , & en latin dumoyen âge, Rauga, ville de France, en Picardie, au pays appellé Sazterre, capitale d'un bailliage de même nom, entre Nefle & Noyon, & Montdidier. Cette ville , que quelques-uns prennent avec aflez peu dé vraifemblance pour Pancienne Kko- dium de la Gaule belgique , fut érigée en prevôté , &z unie au domaine en 1371 par leroi Charles V. Au- jourd’hui c’eft un gouvernement de place du gou- vernement militaire de Picardie. Il y atrois paroïfles, une collégiale , un college & un hôpital. Long. 20. 26. latit. 49. 42. Popaincourt, (Jean de ) premier préfident au par- lement de Paris , étoit de Roye, & préféra l'étude des belles-lettres à celle des armes. Il fut reçu pre- mier préfident de la premiere cour fupérieure du royaume en 1400, & mourut en 1403. (D. J.) ROYENA , ( Boran.) genre de plante ainfinommé at Linnœus, en l’honneur de M. Van-Royen, pro- fefleur à Leyde. Le calice de la fleur eft compofé d’une feule feuille permanente , Légerement décou- pée en-cinq fegmens obtus à l'extrémité. La fleur eft monopétale , formée d’un tuyau qui eft de la lon- gueur du calice, évafé dans fes bords, & divifé en cinq fegmens. ovoides &c recoutbés. Les étamines {ont dix filets très-courts qui naïffent fur la fleur. Les boffettes font doubles , oblongues , pointues, droites , & de la longueur du tuyau de la fleur, Le germe du piftil eft déhé, de forme ovale, partagé en deux ftiles , un peu plus long que les étamines. Les ftygma font fimples. Le fruit eft une capfule ovoide , compofée de quatre battans, & fillonnée de quatre raies profondes ; il contient une feule oge , dans laquelle font renfermées quatre noix oblongues, triangulaires , couvertes de leurs coïffes. Cette plante a été décrite dans le Paradifus batavus, fous le nom d’une efpece de piftachier fauvage,, ef- pece deftaphilodendron. Horr. Amiflel. vol, 1. p.187. Herman. parad. bar. p.232. Linn. gex. plant, p 193: {2,J.) R Ü RU ,f£ m. canal d’un petit ruifleau. La jufäce de faint Germain-des-Prez à Paris, dit le Di de Tréy, s'étend le long de l’eau depuis ’abreuvoir Mâcon vers le‘ pont faint Michel, jufqu'au r7 de Sevre vers faint Cloud. La rue de Bievre à Paris s’appelloit autrefois port de Bievre , de la riviere de Bievre oudes Gobe- lins qui y pafloit avant qu'on eût détourné fon cours hors de la ville. RUADE , f. £ ( Manege. ) a@ion du cheval, lorf= que baïffant la tête & levant le derriere , il alonge fubitement les deux jambes de derriere & les jette, pour ainfi dire, en l'air. Ce n’eft pas un bon figne lorfqu’un cheval va à bonds, àruades & à pétara- des. On dit détacher , alonger , tirer, féparer une ruade. RUAGE , fm. ( Jurifprud. ) terme qui fe trouve dans la coutume de Cambray, tr. 11, art. 2, & que Desjaunaux explique comme fignifiant 4fage. Voyez. auffe le gloffaire de M. de Lauriere. (4) RUB , f. m. ( Commerce. ) poids d'Italie, particws lierement en ufage dans les lieux fitués fur la riviere de Gènes. À Oneille les huiles d'olives fe vendent en: barrils de fept rubs 8 demi, qui pefent enfemble au tant que la millerolle de Provence , qui revient à foixante-fix pintes mefure de Paris, qui en font cent mefures d'Amfterdam. Voyez MILLEROLLE. Didioni de Commerce & de Trev. RUBAN D'EAU , f. m.( Hiff. nat, Bo. ) fparsa- nium , genre de plante dont la fleur n’a point de pé- tales ; elle eft compofée de plufieurs éramines & fé. rile. Les embryons naïffent par petits tas féparément des fleurs , & deviennent dans la fuite des capfules ou des noyaux qui ont une ou deux loges, & qui renferment ordinairement une amande farineufe: ces noyaux font adhérens à la couche , & réunis de fa- çon qu'ils forment une efpece de tête, Tournefort, 2nft. rei herb. Voyez PLANTE. RuBAN , ( Jrfedol. ) nom d’un ver du corps hu: main, ainf dit à caute de fa longueur, & de fa fi- gure plate ; on l’appelle auffi ver plar. Voyez le traité que Spigelius en a fait, fous le nom latin semis, qu'on a francifé; c’eft pourquoi nous en parlerons plus aulong au m0: TÆNIA. x RUBAN, ( Conchyl. ) on appelle ainfi toute ban- delette très-étroite qui fe diftingue fur la fuperfcie d’une coquille. (D. J.) | RuBAN , f. m. ( Archir. ) ornement qui imite un ruban tortilé fur les baguettes & les rudentures , &z qi’on taille de bas-relief, ou évuidé. (2. J.) RUBAN, ( Cirier. ) eft la cire réduite en petits fi lets plats & larges, environ d’une ligne &c demie, Voyez mettreen RUBAN & l’article BLANCHIR. RUBAN, mettre en étrier , c’eft 'aétion de partager la cire en petites bandelettes larges d’une ligne & demie , en la faifant pañler par une greloir au fortir de la cuve, voyez GRELOIR 6 CUVE , & congeler dans l’eau où le cylindre toujours en mouvement la conduit à mefure qu’elle tombe. Foyez CYLINDRE, € l’article BLANCHIR, ride RUBAN 0% NONPAREILLE, (Ecrisure.) ce font des padous de foierouge ou bleue propres à attacherles feuilles de papier les unes avec les autres , & donner à l’ouvrage un ofnement extérieur. Voyez Le volume des Planches à la table de l'Ecriture. Dans le bar- reau , on les appelle Zaffes ; ils font de parchemin. Voyez NONPAREILLE. RUBAN a perruque, (Perruquier.) eft un tiflu de f- lofelle que les Perruquiers placent autour d’une per- ruque pour en fortiñer les bords en-dedans de la coëffe. Ils en appliquent encore un autre plus large, depuis le toupet ou front jufqu’à la nuque du col en paffant par le fommet de la tête, celui-ci fe pofe en- tre la coëffe &c les trefles de cheveux. Le premier fe nomme ruban de our, & l’autre ruban de plaque. RUBAN des canons des Miffels, ( Reliure.) les Re- lieurs mettent à chaque feuillet du canon des mifels un sxban phé collé contre le feuillet avec un mor- ceau de papier pour le {outenir. Ce 71ban fert au prêtre à lever facilement le feuillet, & le tourner avec les doigts qu'il a en liberté. | RUBAN, {. m. (Rubanier.) tiflu très-mince qui fert à plufieurs ufages, felon les matieres dont il eft com: pote. $ Il ÿ a des rubans de toutes fortes de matieres’, d’or, _ d'argent , de foie , de fleuret, delaine, de fil, &c. ôn en fait de plufeurs largeurs, de larges, d’étroits, de demi-larges. On en fabrique de façonnés, d’unis, à deux endroits, à un envers ; de gauffrés, à réfeau , de doubles en life & de fimples, & dans toutes fortes de goûts & de deffeins, tels qu’on les commande aux ouvriers. Les rubans d’or, d'argent, de foie, c. fervent aux ornemens des femmes ; ceux de capiton >. qu’on ap- pelle padous , fervent aux Taïlleurs, Couturieres , ce. &t les rubans de laine & de fil font employés par les Tapifhers, &c. * Les rubans fe tiflent avec la navette fur le métier; | favoir ceux qui font façonnés à la facon des étoffes d'or, d'argent & de foie, & ceux qui font unis, de -même que les Tiflerands fabriquent la toile, à-moins qu'ils ne foient à doubles lifles. Les rubans de foie pure ne vont point à la tein- ture après qu'ils ont été fabriqués, mais on les tifle avec des foies toutes teintes. Quoique la Rubanerie foit beaucoup tombée en France, il ne laiffe pas que de s’y faire une grande confommation de rxbans | &t on en fait des envois confidérables dans les pays étrangers. Les r2bans de foie unis fe fabriquent dans plufieurs villes de France; mais ce n’eft guere qu’à Paris qu’on fait des bars fa- f çonnés. . RUBAN gauffré , (Arts & métiers.) ruban fur lequel onimprime par l’art certains ornemens de fleurs, d’oi= feaux , de ramages ou de grotefque. On donnoitautre- fois ces ornemens avec des fers ou des plaques d’acier sravés ; mais un maître tillutier rubanier inventa À Paris fur la fin du dernier fiecle une machine tout autrement ingénieufe pour gauffrer les rubans. En voici lhiftoire. La mode des rubans ganffrés ayant commencé à s’établir vers l’an 1680, & la nouveauté leur donnant un srand cours, un nommé Chandelier , laflé d’être obligé de gauffrer fes rxhans en y appliquant fuccef fivement , comme fes confreres , plufieurs plaques d'acier gravées de divers ornemens de fleurs, doi: leaux & de grotefque, ainfi qu'il fe pratique pour la gauffrure des étoffes, imagina une efpece de lami- noir aflez femblable à celui dont on fe fert à la mon- noie pour applatir les lames des métaux, mais beau- coup plus fimple. . Deux cylindres d'acier en faifoient les principa- les pieces : ces cylindres fur lefquels étoient gravées les figures dont il vouloït imprimer fon ouvrage, étoient pofés l’un fur l’autre éntre deux autres pie- ces de fer plat d’un pié &t demi de hauteur, placées perpendiculairement, & attachées fur une efpece de banc de bois très-fort & très-pefant , qui foutenoit toute la machine. . Chaque cylindre qui tournoit fur les tourillons avoit à l’une de fes extrémités tous deux du même côté une roue à dents , qui s’engrenant l’un dans l’au- tre, fe communiquoient le mouvement par le moyen d’une forte manivelle attachée à l’une des deux. Cette machine ainfi préparée , lorfque l’ouvrier vouloit s’en fervir, il mettoit au feu fes cylindres _ pour leur donner la chaleur convenable ; & plaçant R U B 423 énluite fon ruban dans le peu d’efpace qui reftoit en= ti’eux, qu'il reflerroit encore par le moyen d’uné vis qui prefloit celui de deflus , il tiroit le ruban de Pautre côté ; & faifant tourner les cylindres avec la ihanivelle , une piece entiere de r4ban recevoit la gaufrure en moins de tems que les autres ouvriers n'en employoient pour une feule aune, Le génie &T invention de ce rubanier eurent leur récompenfe à les rubans gauffrés firent {a fortune. (D.1J.) RUBAN de fatin, ( Rubanerie.) on appelle r2bar de Jatir celui qui eft fabriqué à la maniere de fatin, Il y ei à de fimples & d’autres à double endroit. RUBAN, cerme de Blafon | c’eft la huitième païtié d’une bande. Voyez les Planches de Blafon, voyez auffi Particle BANDE; Il eft porté un peu coupé des lignes extérieures de l’écuffon. RUBANIER , £ m, (Rubañerie.) celui qui fait deg rubans ; 1l ya à Paris une communauté de maîtres rubaniers , Qui prennent la qualité de tiffutiers-ruba- niers de là ville & fauxbourgs de Paris. Ce {ont ces fabriquans, qu’on appelle auf ouvriers de La petité na- yvette, pour Les diftinguer des marchands ouvriers en draps d'or, d'argent & de foie, qu'on nômme oz: vriers de la grande navette, ce {ont ; dis-je, les fabri. quans de la petite navette , qui font toutes fortes de rubans & galons d’or, d'argent , de foie, de franges, frangeons , crépines, molets, padous, &c. & tous autres ouvrages dépendans de la zxbanerie, Di. de Savary. ( D. 1.) RUBARBE, rhabarbarum , genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche & profondément découpée. Le piftil fort du fond de cette fleur , & il renferme une femence triangulaire, qui, étant mû= re, adhere à une capfule, de façon qu'il n’eft pas poihble de en féparer; cette caplule a la même for- me que le fruit. Tournefort , £2ff. rei herb. Voyez PLANTE: | RUBBE ox RUBBY , fm. ( Commerce.) en italien rubbia , eft une mefure des liquides dont on £e fert À Rome : il faut treize rxbbes & demi pour faire la bran- te , qui eft de 06 bocals, enforte que chaque ubbe eft d'environ fept bocals & demi, Foyez Boca. -RUBBE, (Cormmerce.) eft aufli un poids de vingt= cinq livres, que les Italiens appellentindifféremment rubbis &t rubbia. RUBBE, eft encore la mefure dont on fert à L:- vourne pour les grains. Dix rubbes trois quarts font le laft d'Amfterdam. Voyez LAsT. Di&, de Commerce 6 de Tréyoux. RUBE Æ-PROMONTORIUM , ( Géo. anc. ) Pro- montoire que Pline, Z IF. c, xij. met à Pextrémité {eptentrionale de l'Europe. Mercator croit que c’eft le cap de Livonie , appellé Dagerort : Bécan le prend pour le cap feptentrional de la Scandinavie j nommé aujourd’hui Wardhuis ; mais il y a beaucoup plus d'apparence que Rubeæ-Promontorium eff le cap le plus feptentrional de la Norwege, connu préfen- tement fous le nom de Nort-cap : c’eft le fentiment d'Ortelius , & du P. Hardouin. (D. J.) RUBÉFIANS , adj. médicamens qui ont la vertu de rougir la peau. Tels font les finapifmes. On s’en fert pour attirer l'humeur goutteufe fur une partie, & la rappeller de l’intérieur à extérieur. Le bain de piés dans de la leffive très-chaude , eft un remede rubéfant. La poudre de graine de moutarde dans le ()° rougit la peau, & la difpofe à inflammation, RUBELINE , voyez GORGE ROUGE: RUBÈOLE , rubeola, {.f. (Hifi. naz. Botan.) genre de plante à fleurs monopétales en forme d’entonnoir divifées en quatre parties ou légerement découpées: Le calice de ces fleurs eft ou fimple ou double : celz les qui ont un calice double font fériles, & le calice fimple des autres fleurs devient dans la fuite un fruit 424 R U B compofé de deux femences. Tournefott, inf. rel herb. Voyez PLANTE. A RUBÈTE , rubeta , {. f. (Hiff. des Poiffons.) ce mot veut dire un poifon tiré en partie du fuc de la gre- nouille venéneufe. Juvenal, fus. 1. verf. Go. 6 70. parle d’une dame romaine qui méloït de cette elpe- ce de poifon au vin qu'elle préfentoit à fon mari. Occurrie marrona porens , quæ molle calenum Porreëlura viro mifcet [ittente rub etam. (D.J.) RUBL, ( Géog. ane. ) petite ville d'Italie dans la Pouille. L'itinéraire d’Antonin la met fur la route d'Equororium à Hydrume , entre Canifium & Hydru- me entre Canufium 8 Budrunte, à 20 milles de la premiere de ces places , & 11 milles de la feconde. C'eft de cette ville dont parle Horace , . I. far. 5, Inde Rubos feff pervenimus. Ur potè longum Carpentes iter, & faëlum corruptius tmbri, » Nous elimes aflez de peine à gagner Rubi, où # nous arrivâmes fort fatigués ; car outre que nous # avions fait une grande traite, la pluie avoit extré= » mement.gâté les chemins ». La journée d'Horace avoit été de 20 milles pour fe rendre à Rwbz. Il croif- foit particulierement dans Le territoire de cette ville, une efpece de petit ofier très-fouple & très-délié dont on faïfoit des corbeilles. Virgile, Georg. 2. W. verf, 236. en a parlé, lorfqu'il a dit; wunc facilis Rubid cexatur fifcina virgä, (D, J.) RUBICAN , adj. serme de Maquignon ; couleur de poil d’un cheval, qui a du poil baï alefan ou noir, joint à du poil gris ou blanc, femé fur les flancs de maniere que ce gris où blanc ne domine pas; on dit également cheval rubican , & poil rubican. CO) RUBICELLE o4 RUBACEÉLLE,, f. m. (Æ1ff. na. Litholog.) nom donné par quelques naturaliftes à une pierre précieufe, dont la couleur tient un milieu en- tre l'hyacinte & le rubis fpinel. Poyez RuBis. De Boot dit que cette pierre reflemble fouvent aux gre- nats de Bohème. RUBICON , (Géog. anc.) riviere d’itahie dans la Romagne, aux confins de la Gaule cifalpine , qu'il féparoit de l’Htalie, comme nous lapprennent Cicé- ron, philipp. VI, c. üj. & Lucain, /. I. y. 213. Le premier dit : Flumen Rubiconem , cui fenis ef? Galliæ , & le fecond en parle en ces termes : | Fonte cadit modico, parvifque impellitur undis Puniceus Rubico , quum fervida candut œflas : Perque imas ferpis valles, & Gallica certus Limes ab Aufonis diflerminat arva colonis. Cette riviere , que l’on nomme aujourd’hui Pi/acello, felon Eéander, eft petite, mais très -fameufe dans Fhiftoire. Il n’étoit pas permis aux foldats, 8 moins éncore à leurs chefs, au retour d’une expédition mi- litaire, de pañler cette riviere avec leurs armes, fans fe confentement du fénar &c du peuple roman ; au- trement ils étoient tenus pour ennemis de la répu- blique, comme le porte l’infcription qui étoit à La tête du pont de cette riviere, & que lon a trou- vée enterrée fur Le bord de cette même riviere. Le cardinal Bivarola , légat alors de la Romagne, fit drefler au même endroit le marbre fur lequel eft cette infcription : voici ce qu’elle porte : Juff4 man- datuve P. R. Cof: Imp. Trib. Mil, Tiron. Commiliton. Arma quifquis es manipulariŒve centurio, tkrm@æye le- gionariæ , héc fiflito , vexillum firito , arma deporito , nec citra hunc amnèm figna , dutlum exercituin commea- tumve, traducito. Si quis ergo hujufce juffionis adver- fus præcepta ierit, feceritve, adjudicatus eflo hoffis P. R. ac fe contra patriam arma tulerit, penateque ex [a- cris penetralibus afporiaverit 8. P.Q.R, Janitio plebe[= citi, S, ve confulri ulira hos fines arma ac figna proferfé licear rernini. d=: ; Malgré le deffein que Céfar avoit conçu d’aflervir fa patrie; quand il fe vit, à fon retour des Gaules, | au bord du Xwbicon avec fon armée, dit Suétone , il héfita quelque tems , sl le pafleroit ou non. Il le paffa dans la confiance du fuccès de fes armes , s’em- | para de PUmbrie & de lEtrurie, d'où fuivit la guerre civile qui le plaça fur le trhône , &c la confpiration qui l’en fit tomber. Voyez TRIUMVIRAT. ( D.J.) RUBIE, £ £. (Monnoie d'Alger.) monnoïe d’or qui a cours à Alger, & dans tout le royaume qui en porte le nom , aufli-bien que dans ceux de Congo & dé, Labez. La rubie vaut trente-cinq afpres : elle portele nom du dey d'Alger, & quelques lettres arabiques pour légende, Savary. (D. J.) RUBIERA, (Géog. mod.) en latin Herbaria ; ville _ d'Italie, dans le Modénois , fur la Secchia, à 7 milles | de Modène ; c’eft une forte place, qui eft regardée comme la clé du Modénoiïs. Long. 28. 32. dat. 44. 35: Urceus (Antoine), ur des favans malheureux du xv. fiecle , naquit à Rubiera , en 1446, & mourut à Bologne en 1516, âgé de 7o ans. Il fut furnommé Codrus, à caufe que le prince de Forli le rencon- trant un jour, lui dit, Jupicer Codro fè commendar. De-là vint qu'il ft pour lui cette bonne 6c courte épitaphe , Codrus eram , j'étois Codrus. Cet écrivain vécut pauvrement pendant toute fa vie , ayant une chambre fi fombre, que fans le {e- cours d’une lampe , il ne pouvoit étudier que quel= ues heures de la journée. Etant une fois forti fans éteindre cette lampe, le feu prit à fes papiers, êc les brûla avec tous fes meubles. Défefperé de la perte de fes manufcrits , il proféra des blafphèmes exécra- bles , & fe retira comme un fauvage dans les forêts, où il pafla quelque tems. Enfuite revenant à la vilie, il fe cacha dans la maïfon d’un menuifier, où il de- meura fix mois feuls & fans livres ; enfin il repritin- fenfiblement fes études. Mais Pierius Valérianus pré- tend qu’il fut tué par des affaffins, : Ses ouvrages contiennent des harangues , des Îet- tres &c des poéfies. Ils ont été imprimés quatre foiss favoir, d’abord à Boulogne , en 1502 , & finalement à Bâle, en 1540, in-4°, c’eft la meilleure édition, & elle eft précédée de la vie de l'auteur. Le P. Nice. ron a fait auf fon article dans fes mémoires des hom= mes illuftres , som. IV, (D. J.) RUBIGALLA où ROBIG ALTA , f. £ pl. (F1. anc.) nom d’une fête qu’on célebroit chez les Ro- mains en l’honneur du dieu Rubigus , ou de la déefle Rabigo , pout demander à ces divinités qu’elles pré- fervaflent le blé de la rouille ou mielle. Voyez FÊTE, Ces fêtes furent inftituées par Numa la onzieme année de fon regne. Elles fe célebroiïent le feptieme jour avant les calendes de Mai, qui tombe au 23 | d'Avril, & qui eft le tems où la nielle , appellée Len latin rubigo, s'attache au blé. Voyez RuB1GO. Varron fixe la célebration de ces fêtes au tems où le foleil entre dans le 16 degré du taureau; mais äl | paroît que le vrai tems de leur célebration étoit le 18° jours avant Péquinoxe, parce que la canicule ou | petit chien domine alors, & que cette conftella- | tion étoit regardée par les anciens comme malfai- | fante. | C’eft pour cela qu’on facrifioit un chien à Rubigo: Ovide dit qu’on facrifoit les entrailles d’un chren & celles d’une brébis: felon Columelle on facrifoit feu- lement un chien, qui tetoit encore fa mere. Fef- tus femble faire entendre que la viétime devoir être roufle. RUBIGINIS zucus, (Géog. anc.) bois facré, que les anciens avoient dédié à [a déeile qui préü- | doit doit à la rouille des blés, Ovide parle de ce bois fa: cré dans fes faîtes , Z IF, v. 707. | Flañnèn in antique lucum rubiginis ibaë, Exta canis flammis , exta daturus ovis, (D. J.) RUBINE D’ANTIMOINE , voyez MAGNESIE OPA LINE, | RUBIS, (Æif. nar.) rubinus, pierre précieufe, rouge ; tranfparente, qui ne le cede qu’au diamant pour la dureté. . On en compte plufeurs efpeces d’a: près les teintes plus ou moins foncées, que l’on trou- ve à cette pierre. Le rubis oriental ou vrai rubis eft d’un rouge écarlate ou ponceau, femblable à un char- bon allumé, c’eft celui qu’on a quelquefois nommé albandine où almandine , & peut-être celui que l’on nomme e/carboucle ou carbunculus, quand il eff d’une certaine groffeur. Le rb1s balais, en latin bz/affus ou palatius , eft d’un rouge un peu bleuâtre, ce qui le rend un peu cramoif ou pourpre. Le rubis fpinel eft d’un rouge clair. Le rubicelle ou rubacelle eft d’un rouge tirant un peu fur le jaune; c’eft le moins ef timé, Les rxbis variént pour la figure , l’on en trouve qui font otahedres , d’autres font en rhomboïdes dans leur matrice; on en trouve aufi qui font ar- rondis & femblables à des cailloux roulés, ces der: niers {e rencontrent dans le lit de quelques rivieres, ou bien dans Le fein de la terre , enveloppés dans un fable rouge, ou dans une terre verte & compatte, qui reflemble à de la ferpentine , ou dans une roche rougeâtre. Les rubis de Bohème fe trouvent dans du quartz & dans du grais. Les plus beaux bis viennent des Indes orienta: les ; on en trouve dans le royaume de Péeu, dans Pile de Ceylan, dans l'Inde au royaume de Bifnagar & de Cahcut. On dit auf qu’il s’en rencontre en Bohème , en Siléfie, en Hongrie, en Saxe, ainfi que près de Kexholm, en Finlande , & près de Kéddil, fur le lac de Ladoga ; la queftion eft de favoir, fi ces rubis ont la dureté & l’éclat de ceux d'Orient. Un rubis parfait eft une pierre très-rare, fur-tout quand il eft d’une belle grandeur: quand il s’en trou- ve, on en fait un très-prand cas , & on le paye plus cher que le.diamant même. | L'empereur François I. aujourd’hui régnant, a fait faire à Vienne des expériences fur un grand nombre de pierres précieufes, & entr’autres fur le rubis. Par les ordres de ce prince, on mit dans des creufets plufieurs diamans & rubis : on donna pendant vingt= quatre heures un feu trés-violènt, & lorfqu’on vint ‘au bout de ce tems à vifiter les creufets, on trouva que les diamans avoient été entierement difipés & volatilifés par l’aétion du feu, tandis que le rubis n’avoit rien perdu ni de fa forme , ni de fa couleur, n1 de fon poids. Le dernier grand duc de Tofcane de la maïfon de Médicis , avoit déja fait faïre des expériences fur les pierres précieufes, à l’aide du miroir ardent de ‘Tfchirnhaufen. Un rubis expofé à lation du feu fo- laire, au bout de quelques fecondes fe couvrit com- me d’une efpece de sraifle fondue , à la partie de fa -furface qüi étoit frappée par les rayons ; il s’y for- ma enfuite quelques bulles. Après avoir été tenu pen- dant 45 munutes dans le foyet., il perdit fa couleur en grande partie, fes facettes, & fes angles s’arron- dirent. Un autre rubis après avoir été expofé 3 mi- nutes au foyer, s’écrafa & fe fendit lorfqu’on vint a prefler deflus avec la lame d’un couteau. On prit un nouveau rubis fort.grand; 1 commença par mon- * trer les mêmes bulles, que le premier ; & au bout de 7 minutes, 1l étoit amolli au point de recevoir Fempreinte d’un jafpe & de la pointe d’un couteau. Cette pierre après avoir été expofée.à cette chaleur Tome XIF, R U B 435 violénté béndant 45 minutes, ne fouffrit aucune als tération dañs fa forme, maïs {a couleur avoit chans gé ; elle étoit devenue trouble ; blanchâtre & tas chetée de noït. En continuant de tenir la piérre pens dant 45 autres minutes dans la même chaleur, {à couleur changea encore plus , mais fa forme ne fut aucunement altérée ; enfin après avoir continué À tenir la pierre à ce même degré de chaleur pendant 3 autres quarts d'heure; 1l ne s’y fit plus aucun chan gement même pour Le poids. | 14e, On prit un nouveau rubis que l’on pulvérifä, on expofa cette poudre aufoyer du miroir ardent, & au bout de trois minutes on vit que les particules de cette poudre s’attachoient les unes aux autres aflez fortement , mais elles fe féparerent lorfqw’on vint à prefler deffus avec un couteau ; on pulvérifa de nou- veau ces particules, & au bout de 12 minutes elles fe Herent les unes aux autres : la liaïfon n’étoit point fenfible à la circonférence, maïs au centre ; elle étoit très-forte ; & les molécules en fe rejoignant avoient même repris la couleur rouge qui leur étoit natu< tele" 41% Pour s’aflurer encore davantage de la fufbilité du rubis, on pulvérifa de nouveau ces particules, déja fondues ; & pour augmenter l’'aion du-miroir ar- dent, on plaça un verre pour réfléchir les rayons , en peu de fecondes ce degré de chaleur fit fondre la poudre, qui prit une couleur de chair fans tranfpa- rence, &c au microfcope on découvrit qu'il y avoit des particules qui ne s’étoient point fondues. Les rubis qui avoient été expofés au foyer du mi- roir ardent ,; & enfuite jettés dans l’eau , ne fe bri- foient point; mais on pouvoit remarquer qu’il s’étoit fait des gerfures à leur intérieur ; 8 les rubis fe bri= foient lorfqu’on les preffoit avec un outil de fer. En joignant du verre à un rubis, cette pierre parut entrer en fufñon avec lui, mais on s’appercut au bout de quelque tems que la combinaïfon n’étoit point intime & la partie rouge s’étoit précipitée au-deflous du verre, dont il étoit facile de diftinguer le rubis du verre, Ces expériences font tirées du magafir Hambourg, vol, in-18. &t du tom, IX, du Giornale del litterati d'Italia, (=) Voilà de toutes les pierres précieufes de couleur la plus difficile à trouver dans fon desré de perfec= tion. On exige que le rubis foit extrèmement net, d'une couleur véritablement ponceau, où couleur de feu ; l’on veut que le rouge en foit très-velouté & qu'il jette un feu vif & ardent. Lorfque le rubis eft pourvü de toutes ces qualités | & qu'il eft avec cela d’une bonne groffeur , & d’une forme agréable, il n’y a certainement aucune pierre qui lui foit com: parable ; &c ce n’eit pas fans raïfon que dans lorient où le goût pour les pierres précieufes eft peut-être plus für êz plus marqué qu'en aucun autre endroit de Punivers, on fait beaucoup plus de cas dés beaux rubis, que des beaux diamans ; partout où il ÿ aurä de véritables connoïfieurs , il ne faut pas craindre qu’on penfe autrement. Benvenuto Cellini, fculpteur florentini, qui nous a laiffé un sraïté de l'Orfévrerie | remarquoit il y a en- viron deux cens cinquante ans, qu’un rubis parfait pefant un carat, fe feroit vendu de fon tems 8oo écus d'or , tandis qu'un diamarit du même poids & de la même perfeétion, n’en auroit valu qüue cent; mais on trouve peu de rubrs de la premiere beauté; pref: que tous péchent dans la couleur, quin’eft pas affez pure, où qui dans les uns eft trop fourde , & dans les autres trop claire. Les magnifiques efcarboucles qui ont épuifé les éloges des anciens, 8 auxquels ils ont cru devoir donner le. nom d’endpe£ ou de car bunculus | à caufe de leur reflemblance avec un chat bon ardent , ont certainement été des rubis. L'antiquité en connoïffoit un grand nombre ;. car Hhh 426 R U B pourvû qu'une pierre füt ardente & de couleur rou- ge, elle éccupoit une place parmi les efcarboucles : aujourd’hui les rwbis fe réduifent à quatre efpeces. ‘Celui qui marche le premier eftlerubis d’orient qu’on vient de décrire, dont l’extrème beauté, fupérieure ‘“ncore à {a rareté, laïfle bien loin derriere lui toutes les autres pierres précieufes du même genre ; le ru- bis de Bréfil vient enfuite; jufqu’à préfent il ne s’eft pas fait beaucoup rechercher , parce qu’on n’en a point encore vù d’un beau rouge ; fa couleur eft un rouge clair laqueux qui n’attire point. Le rubis ba- lais eft plus agréable ; mais pour être parfait , il doit être d’une belle couleur de rofe, non point de cou- leur de rofe pâle , ni d’un rouge tirant un peu fur la pelure d’oignon, ainfi qu'on le trouve affez fréquem- ment. La quatrieme efpece eft le rubis fpinel, dont la couleur plus obfcure que celle du rubis d’orient , éft une couleur de feu un peu orangée. Les plus beaux rubis de ces deux dernieres efpeces croiïflent dans les Indes orientales ; 1l s’en trouve bien aufli en Europe ; mais comme ils font infiniment moins durs que le véritable rubis d’orient , 1lsne prennent pas, non plus que le rubis du Bréfil, un poliment fort vif; & 1ls perdent aifément celui qu'ils ont reçu, ce qui eft un grand défaut. Si Pline en eft cru , 4v. XX XVII, ch. vij. les an- ciens ont peu gravé fur le rwbis, & parce qu’ils le croyoient trop difficile à entamer, &c parce que, fe- Ion eux, il emportoit avec lui une partie de la cire lorfqw’on vouloit s’en fervir à cacheter. Ils avoient de plus cette faufle prévention, qu’étant pofée fur la cire, cette pierre par la feule approche étoit capa- ble de la faire fondre. La fignification du nom de r4- bis, tant en grec qu’en latin, a pà faire ädmettre en lui une qualité qui n’y fut jamais ;8t combien voyons- nous tous Les jours de chofes, auxquelles on a la foi- blefle d'attribuer des propriétés, par une raïfon de conformité de nom, où à caufe d’une certaine ref- femblance de figure avec les chofes mêmes auxquel- les on veut les appliquer? Ce feroit perdre le tems, que de s’amufer à relever de pareilles puérilités. Il faut plutôt croire que le rubis n’étoit négligé par les anciens graveurs , comme il left encore , qu’à caufe de fa trop grande durété, & que la gravure quelque belle qu’elle eût pù être, n’auroit fervi qu’à lui faire perdre de fon prix, & même à le défigurer. Quant à la taille qu’on donne préfentement au ru- bis , elle eft la même que pour toutes les autres pier- res précieufes de couleur. Le deflus eft en table en- Yironnée de bifeaux ; & le deflous n’eft qu’une fuite d’autres bifeaux qui commencent à la tranche , & al- lant par degrés en diminuant de hauteur chacun par égale proportion , vont fe terminer au fond de la cu- lafle.C’eft du moins ainf qu’on eft dans l’ufage de les tailler , au grand regret de quelques curieux , qui voudroient qu’à l’imitation des anciens ; & de tous les orientaux, on ne formât toutes les pierres de cou- leur qu’en cabochon. Ils prétendent , & peut - être eft-ce avec raifon, qu’autrement la pierre ne fe mon- tre point dans fa véritable couleur , & que ce faux jeu qu’on lui procure lux devient très-nuifible. Au refte, cetre taille telle qu’on vient de la décrire, n’eft que pour les pierres précieufes qu’on a deflein de faire jouer & de faire briller; car pour toutes celles qui font fimplement deftinées à être gravées, 1l fuffit que les deux faces en foient dreffées uniment. On n’en monte aucune , quelle qu’elle foit, qu’on ne mette deflous une feuille d'argent, peinte d’une cou- leur affortifflante à celle de la pierre , afin d’en rele- ver davantage l'éclat ; au défaut de pareilles feuilles, on pourroit y appliquer des fonds de velours, ou d’autres étoffes de foie; & l’on a vû des pierres de couleur qui étoient montées de cette maniere ; mais depuis bien des années, cette ancienne pratique eft RUB Ÿ tout-à- fait abandonnée. Mariette, sraité des Pierroë | précieufes. ( D. J.) | RUBO oz RUBON, (Géog, ane.) fleuve de la Sat- matie européenne , & dont Ptolomée place lembou- chure entre celles du Chronus & du Turuntus. On croit que c’eft aujourd’hui la Dwine. (D.J.) RUBORD 04 REBORD , f. m. ( Marine.) c’eft le premier rang de bordage d’un bateau, qui fe Joint à la femelle ; le fecond rang s'appelle le deuxieme bord ; le troifieme rang, troïfieme bord ; & on nor- me /ous-barque le dernier rang , qui joint Le deffous du plat-bord. RUBRE NSIS, racus, (Géog. anc.) lac de la Gaule, aux environs de Narbonne, felon Pline, Zy. IT, ch. iv. c’eft le même que Pomponius Mela, y. III. ch. v. appelle Rubrefus lacus. C’eft aujourd’hui l'étang de la Rubine, felon le pere Hardouin. Quoi: que Pline dife que l’Atax , préfentement lAnde , traverfoit ce lac, cela ne doit faire aucune dificul- té, parce qu’on a détourné le cours de cette riviere par le moyen d’un canal qui pafle à Narbonne, & va fe jetter dans la mer Méditerranée , à 7 milles de- là. (D.J.) | RUBRICA , Lf. (AE. nur. minéralog.) le crayon rouge , c’eft une ochre ou une terre ferrugineufe, d'un rouge plus ou moins clair ou foncé, qui a pris la confiffance d’une pierre ; elle eft plus ou moins tendre, fuivant la nature de la terre avec laquelle elle eft combinée. Voyez OcHre. Quelques auteurs regardent cette fubftance com- me une craie ou une marne , & l’appellent crera ru- bra ou marga ochracea rubra ; d’autres difent qu’elle fe durcit au feu , ce qui femble indiquer une terre argilleufe. Au refte, il eft aifé de fentir que la partie ferrugineufe qui conftitue la rwbrica ou l’ochre rouve, peut être jointe accidentellement à des terres de dif. férente nature ; c’eft de-là que paroît venir auffi Le plus ou le moins de friabilité de cette fubftance. RUBRICATUS , (Géog. anc.) fleuve de l’Efpa= gne tarragonoife. Ptolomée , Zy. II, c. yj. marque {on embouchure dans le pays des Laétani , entre Barz cinon & Batulon, Pomponius Mela fait auffi mention de ce fleuve, & l’on convient que c’eft préfentement le Lobregal. Voyez LOBREGAL. Rubricatus eft aufi le nom d’un fleuve de l'Afri- que propre ; fon embouchure eft placée par Ptolo- mée, div. IV, c. üij. fur la côte du golfe de Numidie, entre Æippon regia & Tabraca colonia. Le nom mo- derne eft Jadoc , felon J. Léon ; & Ladoc, felon Cafe tale. (D. J.) RUBRIQUE , f. f. ( Hiff. ecclef. ) en terme de droit canon, fignifie un titre ou article particulier dans quelques anciens livres de lois: ces titres où articles font ainf appellés, parce qu’ils font écrits en lettres rouges , comme les titres des chapitres dans les anciennes bibles, Woyez TITRE. Ontrouvetelle loi fous telle rubrique. Rubrique fignifie auffi les regles données au com mencement & dans le cours de la liturgie , regles par lefquelles on détermine l’ordre 8 la maniere dont toutes les parties de l'office doivent fe faire, Foyez LITURGIE. Il y a des rubriques générales , des rubriques parti- culhieres, des rubriques pour la communion, &c. Dans le breviaire & le miflel romain il ÿ a des rubriques pour les matines, les laudes , les tranflations, les béatifications , les commémorations , &e. | On appelle ces regles rubriques , du mot latin rube, rouge, parce qu’on les imprimoit autrefois en carac- teres rouges, potir les diftinguer du refte de l’office qui étoitimprimé en noif ; on a conférvé cet ufage dans le miflel romain. La grande rubrique pour la célébration de la pä- que , prefcrite par le concile de Nicée, confifte das RUC la reple fuivante, Le jour de pâaue doit fe célébrer le dimanche immédiatement après la pleine June qui fuit l’équinoxe du printems. Poyez PAQUES, M. Wal Us a faït une differtation particuliere {ur les ancien: nes rubriques concernant le jour qu’on devoit cé- Iébrerla fète de pâques. Poyez Les Tranuëtions philo fophiques. : « RUBRIQUE, 1. £. ( Imprimerie, ) on nomme ainfi en termes d’'Imprimerie , les lettres rouges d’un livre, RUCHE, £f. ( Œconom. ruffig. ) panier à ferrer &T nourrir des mouches à miel; il n’y a rien de déci- dé, nipour la matiere, ni pour la forme des ruches ; on en fait de planches, de pierre , de térre cuite, de troncs ou d’écorces d'arbres , de paille, d’éclifle, d’ofier , & de verre, pour voir travailler lesabeilles, I ÿ en a de rondes, de quarrées, detriangulaires , de cylindriques , de pyramidales , &c. Celles de paille font les meilleures, & coutent le moins. Elles font chaudes , maniables , propres aux abeilles, ré: fftent aux injures du tems, & ne font point fujettes à la vermine; les mouches s’y plaifent , & y travail lent mieux que dans toute autre forte de ruches. Pour faire des ruches de planche, on prend du chê- ne, du hêtre, du châtaigner, du noyer, du fapin , ou du liege ; il s’agit principalement de bien joindré les planches, pour qu'il n’y entre ni jour, ni vent, niplue. Bien des gens condamnent l’ufage des ruches de poterie, parce qu’elles confervent trop longtems le froid de la nuit, & s’échauffent trop au foleil. On prévient pouttant ces inconvéniens en les plaçant en-dehofs, . Du refte on met dans chaque ruche, quelle qu’en foit lamatiere, deux bâtons pofés en croix, pour que l'ouvrage des mouches foit plus ferme. Il y à des ruches de grandeurs différentes ; lé ptin- cipal eftde les faire toujours un tiers plus hautes que larges , & d’en façonner le deflus en voute pour . es rendre plus commodes , & l’affiete large, pour . Que rien ne les ébranle. Les grandes rvches font de ee se de large fur vingt-trois de haut. C’eft ans celles-ci qu’on doit mettre les eflaims qui vien- nent jufqu’au milieu de Juin. Les rvches moyennes doivent avoir treize pouces de largeur fur vingt de hauteur, on y mer les effaims produits depuis la mi- Tuin jufqu'au premier Juillet. Les petites ruches ne doivent avoir que treize pouces de large fur dix-fept de haut; c’eft dans cette troifieme {orte de ruche qu'on met les derniers effaims. Tout curieux de la culture des abeilles fe pourvoit de ces trois fortes de ruches pour les diférens tems. Si les ruches font faites d’ofier , de troefne, ou au: tre branchage, il faut les enduire en-dehors de cen- dres de lefive ou de terre rouve, dont on fait un mortier avec de la bouze de vache, pour les garan- tir des vers tout=autour. Quand les ruches font bien enduites & feches , avant que de s’en fervir , On les pañle légérement fur de la flamme de paille, & puis on les frotte en-dedans avec des feuilles de coudrier & de mélifle, 1! faut que les ruches foient pofées fur des fieges ou bancs élevés de terre d’un bon pié, pour que les cra- pauds, les fouris & les fourmis n’y puiffent pasmon- ter. Le fiepe, foit quil foït de pierre, dé bois, de terre, ou de tuilots, doit être bien uni, furtout à l’en: droit fur lequel on pofe la ruche. Il eft bon auf que la furface du pié fur laquelle la ruche eft aflile, foit convexe , pour qu'il s’y amafle moins d'humidité ; par là même raïfon , fi on met les ruches fut desplan- ches, il faut y faire deux égoûts en forme de croix, pour l’écoulement des eaux. Il y a bien de gens, fur- tout dans les pays qui ne font pas fort chauds ) qui mettent les ruches fous des appentis ou auvents faits exprès pour les défendre de la pluie & des orages: Tome XIF, RUD 427 Ces auvents parantlent auf les abeilles des gran” des chaleurs 8 des pfands veñts ; & facilitent leu entrée dans les r#chess | Chaque ruche ne doit avoir révuherement qu'une ouverture qui ferve d’entréc aux abeilles; où tuet ordinairement cette ouverture au bas de la riche, &E on la fait petite, pour que l'humidité, l'air, & les ventsayent moins de prife fut la ruche. S'il fe fofmoit quelqu'autre trou à la ruche où au liege , :l faut avoit foin de le bien boucher avec du maftie. Quand on a une grande quantité d’abeilles , on range Les wéhes dans un bel emplacement en forme d’amphitéâtre , enforte qu'entre chaque banc il y aitun pañlage par où Pon puifle vifiter les ruches, 8 que ces rtches {oient rangées en échiquier ; ou en quinconce, fans que les rangs fe touchent, afin ne reçoivent le {oleil également & à plein. Enfin il faut avoir foin de vifiter les ruches deux outrois fois le mois, depuis le commencement du printems jufqu’à l'automne, Ditionn, économique. ( D. J. | . RucHE, f. f.( Mefure fèche. ) melure dont on fe {ert dans les fauneries & falines de Normandie, C'eft une efpece de boiffeau qui contient vingt-deux pots d’Argnes , pefant cinquante livres ou environ , me» fure rafe: Savary, ( D. J.) RUCHE, voyez ROUCHE. | . RUCTATION , f. f (Médecine, ) ventofité qui eft caufée par la mauvaife digeftion, & qui fe décharge par la bouche avec un bruit défagréable, Voyez VEN TEUX, La ruéasion vient de la répktion, quelquefois de Pina@ion. Voyez RÉPLÉTION, . Le dotteur Quincy dit que les hypochondriaques 8 les hyftériques y font fort fujets ; Ôn la guérit plutôt avec l'es ftomachiques qu'avec les carminatifs & les liqueurs chaudes. Burnet recommande les pi- lules iliaques deRhañs, nr RUDDIREN , RUTREN oz ISSUREN , ( Hifr, mod, 6 Mythologie. ) c'eft un des trois dieux du pre= mier ordre qui font l’objet du culte des Banians ou idolâtres de Indoftan ; fes deux aflociés font Ram ou Brama & Vifinou. Voyez ces deux articles, Ce dieu a 1006 noms différens ; mais Ruddiren eft celui que lui donnent le Fedum 8 le S haffer, qui font les deux livres fondamentaux de la religion des Indes. Les Ma: labares l’appellent /churen , Iffuren , Ipfuren, Tp/ara; fur la côte dé Coromandel & À Karnate , on le nom: me Æ/vara. Ceux des Bafnians & des Malabares qui le préferent aux deux autres dieux fes confreres ; l’appellent Mahaden ou le grand dieu, D’autres lui donnent le nom de Chiven, le vrai dieu, l'être fu- prème, quoique Le Vedam dife formellement qu'il n’eft que le dernier dans l’ordre de la création ; & que la fonétion qui lui a été affignée par l'être fuprè- me, €ft de détruire , tandis que celle de Ram où Brama eff de créer, & celle de Vifinou de confer- ver les êtres. Suivant les fions des Indiens Rudéirer eft d’une taille fi prodigieufe, qu'il templit les mon: des d’en-bas, & les 7 cieux; on le repréfente avec trois yeux, dont un eft au milieu du front ; ce der nier eft fi étincelant, qu'il confume, dit-on, tous les objets fur lefquels il fe porte, Ce dieu a 16 bras, Il eft couvert de la peau d’un tigre, & fon manteau eft la peau d'un éléphant entourée de ferpens, I porté trois chaînes autour du col, à l’une defquelles eft fufpendue une cloche. Dans cet équipage on le tranf- porte monté fur un bœuf appellé Zrishipatar, qui Eft lui-même un objèt dé vénération pour les Indiens, Ce dieu eft regardé comme le Priape de l’Indofta ; c'eft pour celaque dans quelques pagodes ou temples il eft repréfenté fous la figure du membre viril, où comme les parties de la génération des deux fexes en conjonétion : .c’eft ce que les Indens ppdaens liñiga Ou ingam, pour lequel ils ont la plus hatite véñéras tion, au point que pluferirs femimes HAE EE fi 428 RUD gure obfcène pendue à leur col. On aflure même qu'aux environs de Goa & de Kananor, les nou- velles mariées fe font déflorer par ce Priape , avant -que de pañfer dans les bras de leurs époux. On croit ne {ous cetemblème , les bramines ontvoulu repré- enter la génération de toutes chofes , à laquelle, : fuivant quelques-uns, le dieu Zchurerta qui eft lemé- me que Ruddiren , eft cenfé préfider. Ce dieu impu- dique a des religieux qui fe confacrent à fon fervice, &T qui demeurent conftamment dans {es temples ; ils “vont quelquefois tout nuds dans les rues de Kana- nor & de Mangalor, en fonnant une clochette; alors toutes les femmes , de quelque rang qu’elles foient, fortent de leurs maifons pour venir toucher & pour baifer avec refpeét Les parties de la génération de ces ferviteurs du dieu. Foyez l'hifloireuniverfelle d'une fo- ciété de favans anglois. Hi. mod. rome VI, in-8°. Ïl y a dans l’Indoftan trois fetes confacrées au cul- te de Ruddiren ou Ifchuren ; elles fe diftinguent par le lingam que portent les feétaires : 1l eft fait de cryf- tal. On les enterre aflis, & on ne brûle point leurs corps, comme ceux des autres bramines. Ces trois feétes font comprifes fous le nom de Chiwakalan ou “Chivamadam. RUDE , adj. ( Gram. ) quiaffeéte le toucher d’une | maniere inégale & raboteufe ; voilà une furface bien rude. 11 a d’autres acceptions dont je vais donner quelquesexemples. On dit d’un chemin qu'il eft rude; d’une faifon qu’elle eft rude ; d’une voix, du vin, des veux , dela peau, qu'ils font rudes. La journée fera rude, difoit froidement un monftre quiavoit commis le plus.grand des forfaits , ëc qui étoit condamné aux plus terribles fupplices. Le métier de la guerre eft rude ; le.choc fut rude; il a de la rudefle dans le ca- raétere ; il m’a tenu un propos très-rude ; fa verffica- tion eft rude ; ce cheval a l'allure inépale &c rude ; c'eft un rude joûteur. RUDELSTATT ou RUDOLS-STATT, ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne, dans la Thuringe, près de la riviere Sala, entre Orlamund & Salfed, avec un château. ( D. J.) RUDEN , ( Géog. mod. ) petite ville d'Allemagne, dans la Weñftphalie, fur la riviere de Moen, aux frontieres de l'évêché de Paderbonn. Elle eft à l’élec- teur de Cologne. (2. J.) RUDENTE , adj. ( Gram. ) & RUDENTURE ,, f. f. ( Archi. ) fe dit d’un bâton fimple ou taillé en maniere de corde ou de rofeau, dont on remplit juf. qu’au tiers, les cannelures d’une colonne, qu’on ap- pelle alots caznelures rudentées. I y a aufh des ruder- zures de relief, fans cannelures {ur quelques pilaf- tres en gaîne, comme on en voit, par exemple, aux pilaftres compofés de l’éolife de la Sapience à Rome, Il y des rudentures plates, des rudénures à bâton , des udentures à baguettes, des rudentures à fewlles de refend, des rudentures à cordelettes, &c(D.J.) RUDÉRATION, f £ verme d’Architetfure, eft employé par Vitruve pour fignifier un pâvement fait avec du cailloutage ou de petites pierres. Voyez PA- VEMENT. Pour faire une bonne rdération , il faut commen- cer par bien battre la terre, afin que le pavement foit ferme & ne rompe pas. Alors on étend deffus un lit de petites pierres , qu’on lie avec du mortier fait de chaux &c de fable, que Vitruve appelle farumen. Sile fable eft nouveau, il doit être en proportion avec la chaux, comme 3 eft à un; sil a été tré des démolitions de vieux pavés ou de vieilles murailles, il doit être comme $ éftä 2. Voyez MORTIER , 6rc. Daviler obferve que Vitruve emploie auffi le mot de rudérarion pour toutes fortes de maçonnerie grof- fiere, & fingulierement celle d’un mur, Voyez Ma- SONNERIE, | RUDESHEIM oz RUDISHEIM , ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans Péleétorat de Mayen- ce , au Rheingaw, fur la droite du Rhein, ä une lieue au deffus de Bingen. Longit. 25. 31. latit. 49. 54. NT; | è D 1. €. ( Gram, ) voyez ladjethf RUDE: RUDIÆ, ( Géog. anc. ) ville d'Italie, dans la Ca- labre, entre Tarente & Brindes ; cette ville étoit proprement dans la Pouille peucétienne ; mais lenom de Calabre s’eft étendu fort loin dans la Pouille. Les ruines de cette ville font aujourd’hui connues fous le nom de Ruia ou de Mufciagna , dans la terre d'O- trante, | Rudies étoit la patrie d'Ennius ,ancien poëte latin, Qui primus amaænño Derulis ex Helicone perenni frondecoronam Per gentes italas. Silius Italicus dit, en parlant d'Ennius, Miférunt Calabri, Rudiæ genuere vetufle , Nunc Rudiæ folo memorabile alumno. Ii avoit le génie srand, éleyé, mais dénué des beautés de l’art. Révérons Ennius, dit Quintilien, comme ces bois confacrés par leur propre vieilleffe , dans lefquels nous voyons de grands chênes que le tems a refpeétés,&c qui pourtant nous frappent moins par leur beauté que par je ne fais quels fentimens de religion qu’ils nous infpirent. Il eft confidéré comme le premier qui a employé les vers pithiens où épiques parmi les Romains. Ses ouvrages confiftoient en diverfes tragédies &t comé- dies, & en dix-huit livres d’annales de la république romaine , dont il nenous refteplus que des fragmens, Ennius mourut l'an 584 de Rome, âgé de 7o ans. Ce fut Caton qui l’amena avec lui à Rome pendant fa quefture de Sardaigne ; & c’eft ce qui nous paroit aufli glorieux , dit l'hiftorien de Caton, que {on triomphe du‘pays. Ennius avoit une maïfon fur le mont Aventin ; la beauté de fon efprit , les charmes de fa converfation &r la pureté de fes mœurs lui ac: quirent l'amitié de tout ce qu’il y avoit de perfonnes diftinguées dans la ville, entr’autres de Galba & de M. Fulvius Nobilior. Ciceron nous apprend que le peuple romain lui donna le droit de bourgeoife en confidération de fon mérite. Il fuivit Fulvius Nobilior à la guerre contre les Etoliens & les Ambraciens, & celébra le triomphe de fon ami fur ces peuples. Il fervit fous Torquatus en Sardaigne, ainfi que fous Scipion l'ancien, & il fe diflingua fous les uns & les autres par fa grande valeur. Il étoit intime ami de Scipion Nafica , comme on le voit par un pafñfage de Ciceron , dans fon livre IT, de l’orateur, où il raconte qu'un jour Scipion étant allé chez Ennius , la fervante lui dit qu’il n’y étoit pas, quoiqu'il y fût. Scipion s’en apperçut: de forte qu'Énnius létant allé voir à fon tour quelques jours après , & l’ayant demandé à la porte, Scipion lux cria : Scipion n’eft point au logis. Oh, oh! s’écria Ennius, vous croyez donc que je ne reconnois pas votre voix? Je vous trouve bien effronté, repattif Scipion : jen ai bien cru votre fervante | quand elle m'a dit que vous n’y étiez pas; & vous ne m'en croyez pas moi-mêmé. | Il fut enterré fur la voie Appienne, dans le tom- beau de la famille de Scipion, conformément àla vo: lonté de ce grand homme, qui voulut en outre au’on lui drefsât une ftatue fur le monument. Ennius avoit fait lui-même fon épitaphe que voici. Afpicite, 6 ceiveis | fers Ennii imagini formam =: Heic vefträm panxit maxima faëla patrum, Nemo me lacrimis decoret, nec funera fletu » - ( A Fac fit : quur ? volito viva” per aré Virälite me CONENENRR S RUD à Horace aexprimé la même penfée dans les vers fui- vans , 4b. IT. ode xx. Abfint inani funere nenie, Luilusque surpes , Ë querimoniæ ; Compefce clamorem, ac fépulcri Mise fupervacuos honores. « Ne fongez donc point, mon cher Mécène, à me » faire des funérailles. Les larmes & les chants lugu- # bres déshonorent un immortel. Gardez-vous d’é- » clater en des regrets plaintifs, & de rendre à un # vain tombeau des devoirs funèbres, quineferoient # ni devoirs pour vous, niutiles pour moi ». Je viens de donner l’épitaphe d'Enmius, je crois. devoirsajouter ici fon portrait ; car il eft vraiflembla- ble qu'il a eu le deffen de fe peindre foi-même, en traçant le caratere d’un ami de Servilius, dans le V1. lib. de fes annales. Voici ce morceau qui nous fera connoitre fon ftyle, le vieux langage de la lan- gue latine. Hacce loquutr® vocat, qui cum benè [æpè libenter Menfam, fermonesque fuos, rerumque fuarurre Corniter impartir ; magna quom lapa diei Parte fuifle de parveis fummeisque gerendis Confilio, endo foro, lato fanttoque fenatu. Quoi res audaiter magnas, parvasque , jocumque Eloqueret, que tintta maleis, & que bona dittu Ærmoverer, fr quid veller, tutoque locaret. Qui cum mulra volup, ac gaudia clamque, palam- que _Ængenium qua nulla malum féntentia fuadet, Tr faceret facinus : leris tamen , haut malus ; idern Doifw fidelis, fuavis homo , facundu’, fuoque Contentus, fcitu”, aique biatw, fecunda loquens in Tempore, commodus , & verborum vir paucorum Multa tenens antiqua fepulta, 6 Jæpè vetuftas Que facis, Ë mores veteresque, novosque tenentem, Mulrorum veterum leges , divimque hominumque Prudentem , qui multa loquive tacereve poffer. On dit qu'il poflédoit très-bien la langue ofcane &T la langue grecque. Il eft certain qu'il a prodigieu- _fement travaillé à perfectionner la poéfe latine, quoiqu'il ait laifié aux fiecles fuivans bien des chofes à faire fur cet article. Mais fes Annales romaines furent fi goûtées, que Q. Vargonteius les récita publiquement à Rome avec un applaudiflement extraordinaire, & le même les partagea en différens livres. Elles furent aufli lues en plein théâtre à Pouzzol, par un homme favant qui prit le nom d’Errianifle. De toutes les copiesde ces annales, la plus eftimée a été celle que C. O&avius Lampadius avoit corrigée. On dit que F1. Caprus avoit compofé une explication des endroits obfcurs, & des expreflions antiques qui s’y trouvoient. Ennius mit au jour une verfion latine de Phifloire facrée d’'Evhémere, & une autre de’la philofophie d'Epicharme. Enfin il compofa plufieurs autres ou- # vragés qui font perdus. Il paroit dans fes écrits quil avoit de grands fentimens {ur l’exiftence d’un feul être fuprème, & qu’il dajoutoit pas la moindre foi à Part prétendu de la divination, commele prouvent ces vers que Cicéron nous a confervés, 4, I. de di- vinat. n°. 38, Nonhabeo nauct Marfum augurem, : Non vicanos atufpices, non de circo afirelogos, Non ifiacas conpeëlores, noninéterpretes fomnium : Non enim funt ii aut fcientia, ant arte divinei, Sed fuperflitioft vates, impudentesque hariolei, Aut inertes , autinfant , aut quibus egeflasimperat; Qui fibi Jemitam non [apiunt, alter monfirantviam; R UD 429 De his divisiis deducant drachmam,reddant cetera ; t Quibus divitias pollicentur, ab üis drachmam ipfei etunt s P | Qui fui quaflés cauffa fitas fuftisant fententias. Les Etiennes ont raflemblé tous les fragmens d’En- nus. Martin del Rio & Pierre Scriverius ont publié les fragmens de fes tragédies ; mais Jérôme Columna les a accompagnés d’un favant commentaire, impri- me à Naples en 1590, #7-4°, & qui dans ce fiecle a été enrichi de plufeurs additions, dans l'édition que M. François Heflelius a mis au jour, à Amfterdam en 1707, in-4°, (Le chevalier de JAU COURT.) RUDIAIRE, f. m. (Ar: gymn.) nom du gladiateur renvoyé avec honneur, après des preuves de fa for- ce & de fon adrefle dans les fpectacles de l’amphi- téatre. On lui donnoit pour marque defon conge un fleuret de bois, appellé rdis, d’où lui vient le nom de r#diarius. | Ces fortes de gladiateurs ne pouvoient pas être forcés à combattre; cependant on en voyoit tous Les jours qui, pour de Parsent , retournoient dans l’are- ne, & s’expofoient encore aux mêmes dangers. Sué- tone nous apprend que Tibere donna deux combats de gladiateurs au peuple, l’un en l’honneur de {on pere, & l’autre en honneur de fon ayeul Drufus; le premier dans la place romaine, & le fecond dans Pamphitéatre , où il trouva le moyen de faire paroi- tre des eladiateurs qui avoient eu leur congé, rudia- rios, à chäcun defquels il promit cent mille fefter- ces de récompenfe, c’eft-à-dire plus de vingt mille livres de notre monnoie aftuelle. ( D. J. RUDIMENT , f. m. Rudimentum dérive de rudis, (brute, que l’art n’a point encore dégroffi): de-làle nom rudimentum, pour fignifier les premieres no- tions de quelque art que ce foit, deftinées aux ef- prits qui n’en ont encore aucune, teinture. Le mot / françois rxdiment, aune fignification moins étendue; l'ufage l'a reftraint aux élémens des langues , & me- me en quelque mamiere à ceux de la langue latine. Jai déjà dit au #04 MÉTHODE, ce que je penie fur cette forte d'ouvrages; je n’en répéterai ic1 qu'une feule chofe : c’eft que les livres élémentaires font de tous, les plus difficiles à bien faire, & ceux néan- moins que l’on entreprend le plus aifément, Com- bien d'auteurs rudimentaires ont cru , je parle même des plus favans , qu'il leur fufifoit d’avoir lu beau- coup de latin, & obfervé beaucoup de phrales latr- nes, fans les avoir comparées à la regle commune de tous les idiomes, qui eft Panalyfe ! C’eft pourtant la feule voie qui nous foit ouverte pour pénétrer jui- qu'au génie difinétif d'une langue; ëc ue prétend nous apprendre celui qui n’a pas pénétré juique-là, ou qui même meft pas en état d’y pénétrer? Voyez INVERSION. RUDIR L’ÉTOFFE, (Teimrure.) c’eft, en noir ,aug- menter la couperofe. RUDIS, (Hift. anc.) chez les Romains, étoit un bâton noueux & plein d’inégalités, que le préteur donnoit aux gladiateurs, comme une marque de leur liberté, &c de la permifion qu’on leur accordoit de fe retirer. Voyez GLADIATEUR. De-là eft venue cette phrafe latine, re donare, qui fignifioit accorder la liberté à un gladiateur, 8 le difpenfer de combattre à l'avenir. C’eit pour celà auffi que les gladiateurs qui avoient obtenu leur congé, s’appelloient rudiarii. Voyez RUDIAIRE. RUDOLPHINES , TABLES, (4f/ron.) on appelle ainf les tables du mouvement des aftres, calculées par Kepler, qui les dédia à Pempereur Rodolphe, d’où elles ont tiré teur nom. Foyez PABLES ASTRO- NOMIQUES & ASTRONOMIE. | RUDOLPHSWORTH , (Géog. mod.) ou New- fiadl, ville d'Allemagne, dans la Carniole, für lari 430. RUE. viere de Gurck, avec une abbaye. Les environs font fertiles en tres-bons vins. Long. 33.24. lat. 46 2. (2.JT.) | RUDOYŸER , v. aû, (Gram.) c’eft traiter rude- ment. RupoYeRr Jon cheval, (Maréchal) c’eft le maltrai- ter mal-à-propos, quand on eft deflus. RUDUSCULANE, PORTE, (_Azriq. rom.) ruduf- culana porta ; ancienne porte de la ville de Rome, ainfi nommée parce qu’elle étoit d’un ouvrage rufti- que à groflier, ou comme dit Valere Maxime , parce qu’elle étoit garnie de bronze. (D. J.) RUE, ff. (Hifi. nar. Bor.) ruta, genre de plante à fleur en rofe , compoñée le plus fouvent de quatre pé- tales concaves & difpofés en rond. Le piful fort du calice, & devient dans la fuite un fruit arrondi, té- tragone pour l’ordinaire, & compofé fouvent de quatre capfules attachées à un axe. Ce fruit renfer- me des femences qui ont ordinairement la figure d’un ren, ou qui font anguleufes. Tournefort, 22/2, rei herb. Voyez PLANTE. RUE SAUVAGE, harmala ; genre de plante à fleur en rofe, compofée de plufieurs pétales difpofés en rond. Le piftl fort du calice, & devient dans la fuite un fruit arrondi & divifé en trois capfules , qui ren- ferment des femences le plus fouvent oblongues. Ajoutez aux caraéteres de ce genre, que les feuilles font alternes. Tournefort, nflitur, re herbar. Voyez PLANTE. RUE, ( Jardinage.) ruta, petit atbrifleau toujours vert, qui vient naturellement dans les pays méri- dionaux de l’Europe. Il s’éleve à quatre ou cinq piés; fes feuilles font épaifles, charnues, découpées, & d’un verd bleuâtre. Ses fleurs qui paroiffent au mois de Juin font jaunes & de peu d'agrément, elles vien- nent en bouquets au bout des branches. Ses graines qui font noires, petites & anguleufes , font renfer- mées dans une capfule qui a quatre loges. Quoique le feuillage de cet arbriffeau foit d’une jolie appa- rence , il rend une odeur forte , fi défagréable, qu’il n’y a guere moyen d'en faire ufage pour l’agrément. Son accroiflement eft prompt, 1l eft robufte, ilréuf- fit dans toutes fortes de terreins, & il fe multiplie aifément de graines, de branches couchées & même de bouture : cette derniere méthode eftla voie la plus courte. La Médecine fait ufage de la r4e dans quantité de circonftances. Elle a furtout la vertu de préferver des venins. Les Mareéchaux en tirent desfecours pour la cure des maladies du cheval &c autres beftiaux. En Angleterre, en Hollande &t en Allemagne , on fait entrer la ze dans plufeurs ragotts. En Italie on man- ge fes plus jeunes rejettons en falade. Mais on ne fait en France nyl ufage de cette plante dans les alimens. Les goûts varient chezles différentesnations, comme les mœurs & les opinions. On connoit plufeurs efpeces de re: voici les plus remarquables, 1. La rue domeflique, c’eft la plus commune, & celle dont on fait plus particulierement ufage. 2. La ruedomeflique à petites feuilles, {es fleursfont auf plus petites. Cet arbrifleau n’a pas d’autres dif- férences. . La rue domeflique à petites feuilles panachées , {es feuilles font joliment tachées de blanc, pendant Phi- ver & dans le commencement du printems. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cet arbrifleau , c’eft que les taches ne font apparentes que dans le tems où la feve n’eft plus en a€tion. Elles difparoïfent peu-à-peu, à mefure que larbrifleau végete au prin- -tems, & on les voit reparoitre en automne, dès que la feve n’agit plus. On peut regarder cette plante comme un barometre de véoétation. - 4. La rue d'Alep a larges feuiiles , elle eft plus déli- cate que les précédentes, & elle répand'une odeur encore plus forte & plus défagréable. | s. La rue d'Alep à petites feuilles , c’eft tout ce qui en fait la différence, 6. La grande rue f'auvage, elle a beaucoup de ref- femblance avec la premiere efpece, fi ce n’eft qu’elle s’éleve davantage , & que fes feuilles, fes fleurs & fes graines font plus petites, & que fa verdure eft plus blanchätre. Mais elle eft moins robuite & d’une. odeur fi forte & fi infupportable , qu’elle porte à la tête. Ily a même dans cette plante une vertu fi ac- tive & fi pénetrante, qu’elle occafñonne de l’inflam- mation à la peau, lorfqu’on touche fes feuilles, 7. La petite rue fauvage, fa feuille & fa fleur font plus petites que celles de la précédente. Elle s’éleve beaucoup moins, .& elle n’a pas de meilleures quali- tés. Cependant c’eft lefpece de 1e qui a Le plus d’a- grément par rapport à {on feuillage qui eft très-joli. 8. La rue d'Efpagne , {a feuille refemble à celle du lin , & elle eft fort délicate. RUE, ( Mar. méd.) rue des jardins & grande rue Jauvage. Ces deux plantes ont les mêmes propriétés, & peuventfe fubitituer l'une à l’autre. On doit obfer- ver feulement que la derniere a plus d'efficacité que la premiere, 6c. Les feuilles & les femences de la 74e font d’ufage. L'infufion des feuilles fraiches de cette plante, ou ces mêmes feuilles feches réduites en poudre , font des remedes très-efficaces pour rétablir les regles, &t pour calmer les accès de vapeurs hiftériques. Ces mêmes remedes font de bons vermifuges. Les {e- mences ont les mêmes vertus, & font employées aux mêmes ufages. Le fuc dépuré des feuilles eft en- core plus puiffant. On emploie avec fuccès l’eau dif- tillée de rze dans les juleps &z les potions hyftériques, anti-fpafmodiques & vermifuges. Cette eau eft comp- tée auf parnu les remedes ophtalmiques. On prépare une conferye avec les fommités fleu- ries ; & on en retire une teinture qui a aufli les mêmes vertus. L'huile effentielle de rue eft regardée comme poflédant les mêmes propriétés, &c à unpetit degré très-fupérieur ; mais il eft vraifflemblable que cette huile participe plus des qualités communes des huiles effentielles que des qualités particulieres de la rue, Cette plante eft d’ailleurs recommandée comme réfiftant très-puiflamment au venin, corrigeant le mauvais air, & même chaffant le diable. C’eft fur- | tout un vinaigre compofé,dont la rue eftun des prin- cipaux ingrédiens qu’on emploie dans ces dernieres vues. On prépare avec larzeunehuile par infufon qu’on emploie extérieurement comme réfolutive & nervi- ne, & qu’on croit furtout propre à tuer Les vers des enfans, fi on leur en frotte le nombril. C’eft princi- palement cette derniere propriété qu’onattribueauffi à huile effentielle. La rue doit être regardée comme un remede puif- fant, que fon odeur forte & défagréable fait trop népliger parmi nous. La rue entre dans un grand nombre de compof- tions officinales. Elle eft un très-bon ingrédient d’un remede magiftral externe très-ufité fous le nom.de vin aromatique. Voyez VIN AROMATIQUE. (b). RUE, {. f. ( Architeël. ) efpace entre des maïfons pour fervir de pañlage au public, ou fi vous Paimez mieux, c’eft un chemin libre bordé de maïfons ou de murs, pavé & pratique dans les villes, pourcom- muniquer d’une maifon , d’une place , d’un quartier à un autre. Vitruve, Palladio, & ceux qui font en- trés dans le détail de la conftruétion des villes, don- nent les préceptesfuivans, au fujet du compartiment des rues. Dans Palignement des rxes des villes, 1l faut fur- tout avoir égard à la qualité 8 à la température de Var où elles fe trouvent. Dans les pays froids ou tempérés, on doit les tenir plus larges & plus fpa- cieufes , afin que la ville en foit plus commode , plus faine & plus belle; car l'air étant plus découvert , il eff plus fain : de forte que fi une ville eft fituée dans un air froid, & que les maïfons y foient beaucoup exhauflées , il faudra doner beaucoup de largeur aux rzes, afin que par ce moyen le foleil entre par- tout librement. Mais fi cette ville eft fituée dans un climat fort chaud , 1l eft néceflaire d’en faire les rues étroites, _ &t les bâtimens plusexhaufés , afin quepar le moyen de l’ombre qui fe rencontre toujours dans les rwes étroites , la chaleur fe trouve plus modérée: ce qui contribue beaucoup à conferver la fanté: c’eft ce qu’on rémarqua à Rome, depuis que Néron l’eutre- bâtie, & qu'il eut tenu les rues plus larges qu’aupa- ravant; la ville en fut plus belle , mais elle fe trou- va plus expofée aux chaleurs &c aux maladies. Les rues principales doivent être difpofées enforte que des portes de la ville elles fe rendent en droite ligne fur la grande place ; & quelquefois même, f la fituation le permet, il eft bon qu’elles pañfent juf qu’à l’autre porte; & felon la forme ou l'étendue de la ville, on pourroit faire fur le même alignement, entre quelques-unes des portes &c la principale pla- ce, plufieurs places moindres. Les autres res doi- vent aufñ aboutir non-feulement à la grande place, mails encore aux principales églifes, aux grands pa- lais , & à tous les lieux publics. Mais dans ce compartiment des rues , il faut foi- gneufement prendre garde, felon l’avertiflement que Vitruve nous donne , qu’elles ne foiïent point direc- tement oppofées à aucun vent violent , ni par con- féquent fujettes à leurs tourbillons, & à l’impétuofi- té de leurs fouflles ; d’ailleurs pour la confervation de la fanté des habitans , on doit tâcher de détour- ner &c de rompre les vents nuifibles. Toutes les rues doivent avoir une pente vers le milieu, afin que les eaux qui tombent des toits des maifons, s’y viennent rendre toutes enfemble, fe faffent un cours plus libre, 8 entrainent avec elles les ordures , de peur que, fi elles croupifloient trop long-tems dans un même lieu, l’air ne s’infeltât de leur corruption. On donne aux res droites & larges une pente d'environ un pouce par toife pour l’écou- lement des eaux. Les moindres ont un ruiffleau, & les plus larges, une chaufée entre deux revers. Les rues chez les Romains , étoient grandes ou pu- bliques, & petites ou particulieres. Ils nommoïient les premieres, royales, préroriennes, confulaires où tnilitaires ; & les autres, vicinales, c’eft-à-dire , rues de traverie, par lefquelles les grandes fe communi- quoient les unes aux autres. Chacun dérive le mot de rue à fa fantaifie. Suivant Daviler, ce mot vient de rudus, aire pavée de mor- tier , de chaux & de ciment ; felon MM. de Port- Royal , le mot re vient de fous, vicus , dont la ra- cine eft puz, Je coule. Ducange prétend qu’on a dit ruta , ruda dans la bafle latinité , pour fignifier une rue 8t place marchande. ( D.J. ) RUE d’une ville de guerre, ( Archit. milis.) dansles villes de guerre les principales rues prennent leur origine à la place d'armes, qui eftau milieu dela ville, &t fe conduifent fur un même alignement aux portes de la ville, aux remparts , & principalement à la ci- tadelle ou au réduit , s’il y ena, afin qu’elles puiflent être enfilées. On les fait aufñ perpendiculaires les unes aux autres, le plus qu'il eft poffible, afin que les encoïgnures des maïfons foient à angles droits. On donne ordinairement fix toifes aux grandes rues, êt trois où quatre aux petites. À Pégard de leur dif- tance , la rue qui eft parallele à une autre, doit en RUE 431 étrerellement éloignée, qu'il y reîte un efsace pour deux maïfons de bourgeois dont l’une regarde une rue, & l’autre a la vue dans celle qui lui eft oppotée. On fuppofe ic1 que chaque maifon à cinq ou: fix toi- | fes de large fur fept à huit d’enfoncement, avec une | cour de pareille grandeur , afin que l'intervalle d’une | rue à l’autre foit d’environ trente-deux à trente-trois toifes. Voyez la fcience des Ingénieurs de M. Belidor, (D.J.) RUE, f. £. ( cerme de Carrier. ) ilsappellent les ;zes d’une carriere , les efpaces qui reftent vuides, après qu'on en attiré les différens bancs de pierre dontelle eft compofée, C’eft par ces rues qu’on nomme auf chemins, que lon poufle les pierres au trou, après qu'on les a mifes fur les boules, Savary, (D.J.) RUE , clou de rue, ( Maréchal. )on dit qu’un che- val a pris un clou de r1e, pour dire qu’en marchant 1l a rencontré un clou qui lui eft entré dans le pié, & la rendu boiteux. RUE, ( Géog. mod. )il y a deux petites villes de ce nom , l’une en France, l’autre en Suifle. La premiere eft en Picardie, dans le Ponthieu, à une lieue de Crotoy , fur la riviere de Mage. Quoi- que fes fortifications aient été rafées , c’eft cependant encore un gouvernement de place. Elle a deux pa: roifles , & un petit commerce en beftiaux & en che- vaux. Long.19. 15, latit, 50.17. La feconde petite ville nommée Rze eft au canton de Fribourg dans le bailliage de Corbiere. Long. 24. 37: lait, 46, 57. (D. JT.) RUÉE , £. £. (Jardin. ) amas de litietes feches , chaumes, bruyetes , &c. que lon fait dans les baf- fes-cours , pour les froiffer fous les piés, & les faire pourrir, afin de les mêler enfuite euvec du fumier, -& en engrailer les terres, (D. J.) RUGIEWITH , ( Mythologie. ) nom d’une divi- nité adorée par les anciens Vandales. RUELLE , £ £ ( Gram. ) petite rue; c’eft auf lefpace entreun lit & la muraille , un pofte derwelle, de petits vers de rwelle, On le prend encore pour un alcove , ou un lieu paré où les femmes reçoivent des vifites familieres , foit au lit, {oit debout. RUELLE , f. f. ( Hife, nat. Bot. ) ruellia , genre de plante à fleur monopétale en forme d’entonnoir , & profondément découpée. Le piftil fort du calice ; il eft attaché comme un clou. à la partie inférieure de la fleur , & devient dans la fuite un fruit conique & membraneux qui s'ouvre en plufieurs parties par le fommet ; il renferme des femences qui font pour l'or- dinaire petites & arrondies. Plumier, 2074 plans, amer, genera, Voyez PLANTE. RUELLER LA VIGNE ,(Agriculr.) rueller la vione, c’eft avec la paume dela pioche , enlever laterre du milieu d’une perchée de vigne, & la relever de côté & d’autres contre les feps. On commence ordinaire- ment ce travail par le haut bout de la perchée, en continuant jufqu’en-bas , de telle maniere que le mi- heu decette perchée devient une rigole , & la terre forme un dos-d’âne le long de chaque perchée ; maïs cette façon au’on donne aux vignes , ne fe pratique que dans celles qui font plantées au cordeau. (D.J. RUER , v. n. ( Maréchalerie. ) fe dit du cheval qui détache une ruade. Voyez RUADE. Il faut couper un cheval fujet à rzer: c’eft un excellent remede contre: ce vice. Voyez CHATRER. RUESSIUM, ( Géog. anc. ) ville de la Gaule aquitanique , felon Ptolomée, Z. IE, c. yij. qui la don- ne aux peuples Felenmi, C’eft aujourd’hui Rieux , fuivant Mercator, & Saint-Flour , fuivant Villeneu= ver (Dry) | RUFÆ , ( Géog.anc.) château d'Italie, dans la Campanie, felon la remarque de Servius fur ce vers de Virgile, Æneid. 1. VIL. y. 739. Quique Rufas, batulamquetenent, atque arvacelenne, 432 RU G Quelques exemplaires portent Rufras au fieu de Rufus; & al y a apparence que c’eft anfi qu'il faut lire, du moins c’eit ainfñi qu'écrit Silius Italicus , Z, VIIL. y. 570. ÆEr quos ant Rufæ, quos aut Arfenia , quofve Objcura inculuis Herdonia mific ab agris. (D. J.) | RUFFAC, ( Géog. mod. ) ville de France, dans la baute-Alface, capitale du territoire de Munda , fur le Rotbach, à 3 lieues au fud-oueft de Colmar ; l’em- ereur Henri IV. contre fes promefles, brüla & pilla cette ville en 1068 ;en 1298, l’empereur Adol- phe la traita de même ; elle n’a pas été plus heureufe dans le dernier fiecle. Pellican (Conrad). d’abord cordelier, puis luthé- rien, & finalement calvinifte , naquit à Auffac en 1478, & mouruten 1556, à 76 ans. Ses œuvres ont été imprimées en cinq volumes iz-fol. Ce font des commentaires fur l’Ecriture , & des verfions de plufieurs ouvrages de rabbins, car il entendoit fort bien l'hchreu. Lycoffh:ne , plus ordinairement nommé Wo/fhart (Conrard), littérateur, qui embrafla le calvinifme, naquit à Xuffa, en 1518, & mourut à Bâle, en 1 561. Ila mis au jour plufeurs hivres, entr’autres une gno- mologie latine, prodigiorum 6 oflentorum chronicon. Epitom. flobæi fententiarum. De mulierum præclaré dic- sis, 6e, [lcommença le theatrum vit@æ humanæ , que Zuinger acheva & publia ; le P. Niceron a fait l’arti- cle de cet homme de lettres, rome XX XI. p. 330. (2.J.) RUFFEC, (Géog. mod.) petite ville de France, dans l'Angoumois , au diocefe , & à 7 lieues d’An- gouleme , fur le ruifleau nommé le Lieu: Il s’eft tenu däns cette petite ville, en 1327, un concile nommé rofacenfe concilium. Longitude 17. 48. lauit, 46, 41. (2.1. RUFIANA , (Géog. anc.) ville de la Gaule beloi- que. Piolomée , /. {I c. ix. la donne aux Nemetes. On croit que c’eft aujourd’hui Oppenheïm , fur le Rhin. Il y en a pourtant qui la placent à Ruffach. (D.J) RUFIEN , f. m. (Science étymolog.) vieux mot qui veut dire celui qui a des privautés avec une femime, telles qu’en a un mari. Ce terme vient de l'allemand ruef , qui fignifie une yodte , comme on appelle forai- catio ja paillardife à fornicibus , parce qu’ancienne- ment à Rome les femmes débauchées fe tenoient en quelques endroits fous une voüte. Cufereuve. RUFISQUE , ( Géogramod.) bourgade fituée au royaume de Jalofes, pres du capVerd , au bord d’une baie que l’on trouve quand on a doublé ce cap. Cette hourgade , qui eff vis-à-vis, & à une lieue de l'ile de Goërée, appartient à la France, Latitude 14. 1, RUGEN , ( Géog. mod.) le de la mer Baltique, dans les états que la Suede pofñede-en Allemagne, fur la côte de Poméranie , qui lui eft oppotce au mi- di & au couchant. Elle a été autrefois beaucoup plus grande qu’elle n’eft aujourd’hui ; car elle avan- çoit prefque jufqu’à l'ile de Ruden , au lieu qu'à pré- {ent elle en.eft éloignée d’un mille & demi. Elle a perdu ce terrein en 1309,par une inondation qui fubmergea tout cet efpace. Les habitans de cette ile éroient anciennément connus. fous les noms de Xugu, Rugiani ; ls étoient Slaves ou Vandales d’origine, & n’embrafferent l'Evangile que fur la fin du douzieme fiecle. On donne fept milles germaniques de longueur, & à-peu-près autant de largeur à Pile de Rugez ; mais elle-eft coupée par tant de baies & de golfes, qu’en quelqu’endroit qu’onde place , on ne fe trouve jamais qu'aun demi-mille de la côte. Cette ile fourmit beau- RUG coup de chevaux, de bœufs, de brebis, & furtout de groffes oies. La terre y eft fi fertile en blé, que Rugen eft appellé le grenier de Strallund. Autrefois 1l y avoit deux fortes places dans Rugen ; mais iinya aujourd’hui que quelques bourgades. On fait que Charles XIL apres avoir vu fes lau- riers flétris à Pultawa, fit des efforts inutiles pour défendre cette île contre les Danois & les Pruffiens; fes troupes furent toujours repouflées ; enfin Grothu- {en fon favori, & le général Dardof étant tombés morts à {es piés, 1l fe vit contraint de monter lui- même à cheval, & de fe fauver, pour n'être pas fait priionnier.. Du midi jufqwa l’ourfe on vante ce monarque, Qui remplit tout Le nord de tumulre 6 de Jang ; I fuit , Ja gloire tombe , 6 Le deflin lui marque Son véritable rang. Ce nef plus ce héros guidé de la victoire, Par qui ous les guerriers devoient étre effacés ; Cefl un nouveau Pyrrhus , qui va groffir l'hifloire Des fameux 1nfenfes. (D.JT) RUGENWALDE, ( Géog. anc.) ville d’Allema= gne, dans la Poméranie ultérieure , chef-lieu du du- ché de Wenden , fur la riviere de Wiper, à 30 milles au nord-eft de Colbers. Elle eft défendue par un chà- teau, & appartient au roi de Prufle, Long. 34. 18: Late 241936 O2 1E EP) | Ü RUGGI, f. m. (Commerce.) mefure des grains dont On fe fert à Livourne. Onze rugoi un tiers font le laft d’Amiterdam. Woyez LAsT. Diilionn. de Comm. & de Trévoux. RUGIENS, Les, Ruoii, (Geog. ane.) peuples de la Germanie. Tacite , Germ. c. xliiy. les met fur le bord de l'Océan feptentrional , aujourd’hui la mer Baluique. Le nom de ces peuples eft corrompu dans Ptolomée, qui les nomme Ruridii, quoiqu'il ait ap- pellé leur ville Rugium, outre qu'il les place dans le même endroit où Tacite place les Rugi. Sidonius Apollinaris, Jornandes , Paul Diacre, & plufieurs autres écrivains du moyen âge , appellent ces peu- ples Rupi, & Procope écrit Rogr. | Leur premiere demeure a été dans la Poméranie ultérieure, où l’on croit qu’étoit leur ville Rugium. Dans la fuite on les trouve difperfés en différens en- droits. Les uns habitoient l'ile de Rugen , à laquelle ils donnerent leur nom. On en voit d’autres fur le bord du Danube , où le pays dont ils s’emparerent fut appellé Rugiland ,felon Jornandès. Langobard, 1. I. c. xix. Procope, Goticar. ver. L. II. fait auffi men- tion de cette demeure des Rugiens fur le bord du Da- nube. Enfin, on les voit en Italie, où Ennondius, in vita D. Epiphanii , dit qu'ils fe rendirent maitres de la ville de Ticinum. (D. J.) | . RUGINE, ff. rerme de Chirurgie , eft un inftru- ment qui fert à râcler un os. Il y en a qui font-pour nettoyer les dents, en Ôter Le tartre; d’autres pour ratifler & découvrir les os ulcérés. Les rugines pour les dents font longues tout-au- plus de quatre pouces & demi, y compris le man- che d’ébene ou d'ivoire taillé à pans. La tige eft d’a- cier pol, de figure pyramidale , d'environ deux pou- ces & deux lignes de longueur , terminée par une pe- tite lame horifontalement fituée fur fon extrémité. Cette lame eft plane en-deflous, compofée en-def- fus de plufieurs bifeaux , qui forment un tranchant tout-au-tour de cette lame , qu’on doit regarder com- me la rugine proprement dite, Cette rugine eit de dif- férente figure, ou triangulaire, ou pointue d’un cô- té, arrondie & tranchante de l’autre, ou olivaire & fans faillie du côté oppofé à la pointe. Ces differen- tes rugines lervent à nettoyer & à ratifler les dents ; OI on fe fert de celle qui paroît convenir le feux par {a foure. fuivant la poñtion de la dent qu’on veut DL ee. 2089 ‘ nettoyer. Poyez fig. 3. PI. XX. Les ruoines dont on {e fert pour découvrir les os; 8 P j examiner leur félure , ow en Ôter la cârie , font longues de cinq à fix pouces. Leur lame tran- chante tout-au-tour , &c taillée aufli en bifeaux , eft plus grande que celle des précédentes. Ellea un pou- ce de longueur fur fix lignes ou environ de largeur. Il y en a de quarrées, de pointues par un bout , ar- rondies par l’autre, de triangulaires, Gc. Voyez Les fig. 2.6 3. PL XVI. (F) | RUGIR , RUGISSEMENT , (Gram.) termes qui défisnent le cri des lions. Le lion rzgir d'amour && de fureur, Qui eft-ce qui a entendu le r2gfemers du on fans frémir ? _ RUGIUM, ( Géog. anc.) ville de la Germanie, dans fa partie feptentrionale , felon Ptolomée, Z. II. c, x7. qui la place dans les terres, entre Viritium & Scurgum. On ne fait pas la jufte pofition de cette ville: les uns la prennent aujourd hui pour Holm- burd; d’autres pour Camin , & d’autres pour Ruge- wolde. (D. f.) ; 100 RUGLEN oz RUGLAN , (Géog. mod.) ville d’E- cofle , dans la province de Cluydfdale, fur la Cluyds, à trois milles de Glafcow , & vis-à-vis. Long. 13.34. lat. 56, 19. | _ RUGUSCIENS , Les, (Géog.anc.) Rugu/ci,felon Pline, / ZT c. xx. & Riguftæ, felon Ptoiomée, Z, 1. c. xij. peuples dé la Rhétie, dans la partie fepten- trionale. [ls habitoient les pays connus aujourd’hui fous les noms de Rhesrhal & de Reiïngow. (D. J) RUIER o# ROYER , f. m. (Jurifprudence.) eft a même chofe ; quelques coutumes , comme celles de S. Piat, de Seclin fous Lille; celles de Béthune & de Lüllers fous Artois, appellent rayer le feigneur voyer.. Voyez VOYER. (4) * RUILER , v.aët. (Charpenr.) C’eft faire des repai- tes pour drefler toutes fortes de furfaces &c de plans. CDI | RUILLÉE , ff (Maçonn.) enduit de plâtre ou mortier , qué les couvreurs mettent fur les tuiles ou l’ardoife , pour les raccorder avec les murs, ou les jouées de lucarne. RUINE ,f. £ (Gram.) décadence , chute, deftru- Étion ; les ruxres {ont belles à peindre. Sans le crime il n’y autoit point de poëmes épiques , point de tra- gédie ; fans le ridicule &c le vice, point de comédie. La ruine de cet homme ; la srine de ma fortune. Ruines, f, £ pl. (Archir.) ce font des matériaux confus de bâtimens confidérables dépéris par fuccef- fon de tems. Telles font les rzixes de la tour de Ba- bel, ou tombeau de Belus , à deux journées de Bag- daten Syrie, fur les bords de l'Euphrate, qui ne {ont plus qu’un monceau de briques cuites & crues maçon- nées avec du bitume, & dorit on ne reconnoït que le plan , qui étoit quarré, Il y a auffi près de Schiras enPeïfe, les ruires d’un fameux temple ou palais, que les antiquaires difent avoir ête bâti par Affuerus, & que les Perfans nomment aujourd’hui Tchelrrinar , c'eft-à-dire les quarante colomnes , parce qu’il en refte quelques-unes en pié, avec les veftiges des au- tres, & quantité de bas-reliefs & caraéteres incon- nus, qui décelent la grandeur &7 la magnificence de Parchitetture antique. Voyez Les voyages de Pietro della Valle. : | On.compte encore au nombre des ruines confidé- rables, celles de Palmire, ancienne république de la Syrie palmiréenne , bâtie par Salomon , embellie par Seleucus, fuccefleur d'Alexandre, reftituée par lem- pereut Adrien, faccagée fous l’empereur Aurelien, Pan 270, &t enfin ruinée depuis par les Arabes. M. le Brun, dans fon voyage au Levant, & Fifcher, dans fon effai d’architelure hiftorique, nous ont donné Tome XIV, | quelques idées de ces Tines ÿ fais il eh à part eñ Angleterre une trèssample defcription, mife au jouf par les foins'de M. Robert Wood, avec des planches magnifiquement gravées , &c fort détaillées, Payez PALMIRE , Géog. (D. JT.) | RUINE , fe dit en Pesnture de la tepréfentation d’ée difices prefque entierement ruinés. De belles rires, On donne le nom de rzine au tableau même qui res préfente ces ruines. Ruine ne fe dit que des palais, des tomibeaux fémptueux ou des monumens pur blics. | On ne diroit point rxiné en parlant d'uñé maifon particuhiere de payfans ou bourgeois ; on diroit alors bäiiinens ruines, Te Ruines, pierre de , ( Hiff. nar, Livhelog. ) lapis ru derum , nom donné par quelques naturaliftes à des pierres fur lefquelles le hafard a fait paroître des figus res femblablés à des ruines : tel eft fur-tout le matbré de Florence, Voyez PIERRE DE FLORENCE. RUINÉ,, participe, (Gram.) voyez RUINE: RUINE , ( Maréchal.) on appelle ainfi un cheval ufé de fatigue. La bouche ruine, voyez Boucu£: Les Jambes ruinées font des jambes qui n’ont plus la f6rce de porter le cheval, & qui font communément ar: quées & bouletées. Voyez ARQUÉ 6 BOULETÉ, RUINER , v. a. (Gram.) voyez RUINE: RUINER 6 T'AMPONNER er bétiment, ( Archië. ) c’eft gâcher des poteaux de cloifon par les côtés, & y mettre des sampons ou grofles chevilles, pour tenir les panneaux de maçonnerie. RUINEUX , adj. ( Gram.) qui menace ruine ; cé, mur eft ruineux. Ile dit aufh de ce qui peut entra: ner la ruine, Cette entreprife ef ruineufe. | RUINURE., £ £ (Gram. Archir. ) eûtaille faité avec la coignée aux côtés des poteaux ou des fokia ves, pour relever les panneaux de maçonnerie dans un pan de bois ou une cloifon, & les entrevoux dans un plancher. “/ RuUINURE, ff. eft l’entaillé faite dans les po= teaux ou les folives , pour retenir les panneaux de maçonnerie. Lat. fx/cus. L RUISSEAU oz PETITE RIVIERE , if. ( Pyf.) di- minutif de riviere ou fleuve, Foyez FLEUVE & FON: TAINE. RürSSEAU , f m. (Hydraul. ) G l'on avoit près de fon parc quelques courañs d’eau , rziffeaux , petites rivieres à {a dipofition , l’on pourroit les faite entrer dans fon jardin pour y former des canaux ou des pie: ces d’eau, &t même des clôtures de parc en réeula- rifant ces ruilleaux en canaux revêtus de tables de gaz ON. Fe, Ces ruffeatix peüvent encote, pat le moyen d’une vanne ou d'un bâtardeau qui retient les eaux un peu haut , tomber en nappes à la tête d’un canal, ou faire tourner un moubnqiui,avec le fecours d’une pompe, élevera les eaux dans un réfervoir pour fournir des fontaines jaillfantes. (K) | | RuIssEAU, ( Archir. hydraul,) c’eft l'endroit où deux revers de pavé fe joignent par leurs morces, & qui fert pour Pécoulement des eaux. Les zziffeaux des pointes font fourchus. | À On appelle rziffeau en bifean cel qui n’a ni cani- veaux, n1 contre-jumelles, pour faire haïfon avec le revers, comme dans les ruelles où il ne pafie point de charois. Daviler, ( D, J.) LL RuissEAU , {. ms ( J'erdinage. ) petit canal qu’on pratique dans les jardins pour les ärrofer. (D. j) RUM , ( Géog. mod. } ile d'Ecofle , une des Hébri< des au midi de celle de Skie, On lui donne $ milles de longueut, $es montagnes font remplies de bêtes fauves , & on pêche beaucoup de faumon dans {es petites rivieres, { DJ.) | | RuM où REUN , L m. ( Marine.) efpace pratiqué dans le fond de cale d’un vaifleau ; pour y arranger | ER “ 3 434 RUM les marchandifes de fa cargaïfon. C’eft de ce mot que vient , à ce qu'on prétend, celui d’arrumer ou arri- mer. Mais on ne fait point quelle eft Petymologie de - celui de ur. R _ Rum, ( 4rt diflillatoire. ) nom que donnent les Américains à une efpece d’eau-de-vie ardente, in- flammable , & tirée par la diftillation des cannes de fucre. ; Le rum difere de ce qu’on appelle fimplement efprit-de- fucre en ce qu'il contient beaucoup plus d'huile eflentielle de la canne de fucre, parce qu’on a fait fouvent fermenter dans cette liqueur une grande pattie du jus groflier de la canne même , & que c’eft de-là que le ru fe prépare. L'huile eflentielle & ondueufe du rz# pañle ordi- nairement pour tirer fon origine de la grande quan- tité de sraifle qu’on emploie dans la cuiflon du fu- cre. Il eft vrai que cette graïfle , quand elle efterof- fiere, donne ordinairement une odeur fœtide à la liqueur du fucre, foit dans nos difüillations ou dans nos rafhneries ; mais cela ne procure point le piquant qui fe trouve dans le rum , & qui eft effle@ivement l'effet de l’huile naturelle de la canne de fucre. Voici comme on fait le ru. Quand on a raffemblé une quantité fuffifante de la fubftance dont on le tire , on y verfe une certaine quantité d'eau pour y produire la fermentation, mais très-lentement dans le commencement; onl’exciteen- fuitepar degrés avec dela lie de biere qui fait monter la liqueur dans l’opération avec une grande prompti- tude. Quand le tout a pleinement fermenté, & qu'il a été porté au degré d’acidité neécéflaire, on le diftile à la maniere ordinaire jufqu'à ce quil pure foute- nir ce qu’on appelle la preuve dans Îles rafineries de fücre ; quelquefois même on lui donne une force ap- prochante de celle de alcohol ou de Pefprit-de-vin, & alors on lappelle rm doublement difullé. Il feroit aifé de reétifier & de purifier lefprit-de-zm, parce qu'il fournit dans la diftillation une grande quantité d'huile, qui eft fouvent fi defagréable, qu'il a befoin. d’un long terme pour s’adoucir avant qu’on en puifie faire ufage ; au lieu que f l’on fe donnoit la peine de le bien rediñer , il s’'adouciroit promptement & perdroit une partie de fa mauvaife odeur. Le meilleur état du rw, pour être tranfporté &z pour l’ufage, eft fans doute celui de Palcohol ou des efprits rectiñés, parce que de cette maniereul ferait réduit à moitie pour la facilité du tranfport , &pour- roit fouffrir toutes les épreuves. [Il feroit encore meil- leur pour faire le punch & d’un goût plus agréable. D'ailleurs dans cet état 1l feroit moins aifément fo- phifüqué par les Difillateurs : car quand ils ont be- foin de mêler une grande quantité de l'Gueur de bas prixaveclerum, 1ls prennent celui quiale plus d’huile eflentielle & forte pour éteindre celle des autres li queursfermentées aveclefquellesils veulentle mélan- ger. Ileft certain que fi Pon reéüfoit le rw avec plus de délcatefle, on en feroit un efprit beaucoup plus put, plus fin & plus délicat, de forte qu’alors il ap- procheroit très-près de l’arrac ; car en mêlant très- peu de zum bien reéifié avec quelqu’autre efprit pri ve d’odeur & de goût , le tout forme une liqueurfort femblable en goûr & en odeur au véritable arrac. On iophiftique beaucoup le rw en Angleterre, quelques-uns même n’ont point de honte de faire ceite fophiftiquerie avec.de Pefprit de grain ; mais quañd on la fait avec de l’efprit de mclafle, il ef: bien difücile de découvrir la tromperie ; la meilleure méthode d’éprouver le rzmeft d’en verfer une petite quantité dans quelque vaïfleau convenable & d'y mettre le feu ; alors quand toute la partie inflamma- ble a été brülce, on examine à l'odeur & au goût le phlegme qui refte, &r lon connoït de quelle liqueur ilprocede, voyez de plus grands détails.dans Shaw, Eflaton difillery: (D, J. ) RU M RuM , f.m. voyez RHUME. RUMEN , {.m. (Anas, comp.) c'eft le noi du pre- mier eflomac des animaux qui ruminent, que l’on appelle animaux ruminans. Voyez ESTomAC, Rumi- NANT , RUMINATION, Les alimens font portés dans le rumen , fans avoir fouffert d’autré altération dans la bouche, que d’être un peu roulès & enveloppés “enfemble. Voyez ALIMENT. Le rwxer ou la panfe eft la partie la plus large de lPeftomac , comme fervant à contenir la boifion , &c la mañle des alimens cruds qui y font & qui s’y mortifient enfemble ; pour de-là répafler dans la bouche, pour y être remachés & di- minués, afin de pouvoir être davantage digérés dans les autres ventricules. Voyez DIGESTION. Dans lerumen ou premier ventricule des chameaux font trouvés différens petits facs qui contiennent une confidérable quantité d’eau: ce qui eft une inven- tion admirable pour les néceflités de çet animal, qui vivant dans des pays chauds , & fe nourriffant d’ali- mens durs & fecs , feroït en danger de périr fans ces réfervoirs. Voyez BOISSON, SOIF. | RUMEUR , £ £. (Gram.) bruit général & fourd, excité par quelque mécontentement dans une ville, dans une mafon. Cette conduite du clergé excita de la rumeur. On remarqua le défaveu'de ce procédé par la rumeur. Il fe dit auffi d’une fédition :1l y eut à cette occafion quelque rxreur que la vigilance de la police eut bientôt diffipée. | | RUME, fm. (Mar. rnédic, des Arabes.) nom donné par Avicenne & par Sérapion au meilleur maftic ; ils diftinguent cette drogue en deux efpeces, l’unequ'ils appellent rw. qui eft blanche &c pure , l’autre qu'ils nomment captis qui eft fale 8 noirâtre. La premiere venoit de l'ile Scio , & la feconde de quelque en- droit de l'Egypte (D.J.) RUMIA, 1 f. ( Mycholog.) autrement rumilia ou rumina , mOts fynonymes tirés derze, qui en vieux latin fignifie marelle, Le peuple ayant imaginé unç déeffe qui avoit foin de faire teter les petits enfans, _nommoit cette déefle Ruria, comme qui diroir la déeffe aux mamelles. Quand on lui offroit des facrifi- ces, on répandoït du lait fur les viétimes. Sa ftatue repréfentoit une femme tenant entre fes bras un petit enfant , & ayant une mamelle découverte pour le faire teter. (D.J.) ; RUMILLY., (Géog. mod.) ou Romilly en albanois, petite ville de Savoie au confluent du Népha & du Séran , fur chacun defquels elle a un pont de pierre, à 3 lièues de fud-oueft d'Annecy. Elle avoit autre- fois des fortifications que Louis XIII. fit rafer en 1630. Les environs font fertiles, & les habitansafez à leur aife. ( D. J.) | RUMINANT , f. m. terme d’'Hifloire naturelle, {e dit - d'un animal qui remâche ce qu'il avoit avale. Voyez RUMINATION, / Revyer a fait un traité de ruminantibus & rumina-. tione , Où1l fait voir qu'il y a des animaux qui rumi- nent effetivement ; tels que le bœuf, la brebis, le cerf, la chevre, le chameau, lelievre, Pécureils & d’autres qui ne ruminent qu’en apparence, &t qu'al appelle faux-ruminans , rminantia fpuria ; tels que les taupes , les gxillons, les abeilles, les efcarbots, les cancres, les furmulets & autres poiflons. Les animaux de cette feconde claffe ont Peftomac compofé de fibres mufculaires , par le moyen def- quelles Paliment monte 6adefcend comme dans ceux quiruminent effettivement. | M. Ray obferve que les animaux rwmirars font tous quadrupedes velus & vivipares. - Quelques-uns ont les cornes creufes, & n’en changent point ; d’au- tres en changent. Voyez QUADRUPEDE, CORNE, Porz, Ëc. Les animaux ruminans à COïnes ont tous quatre effomacs. Le premier qui efft le zone meyenu d'A RUM riflote , le rumen, verser magnus ,ou ce que nous ap- pellons vulgairement parfe ou herbier : c’eit où la mangeaille entre immédiatement après avoir été’ grofhierement machée , & d’où elle remonte dans la bouche pour être imâchée une feconde fois. Le {e- cond eff Le sexpugaace, en latin reticulum , & vulgaire- ment le #orner ; les auteurs anglois appellent 4707, parce que fa membrane interne eft divifée en cellu- les, à-peu-pres femblables à ceiles d’un rayon de miel. Le troifieme eft l'iyswce, que M. Ray croit être maltraduit par omafus, & qu’il aimeroit mieux qu'on appellât eckzrzs ; on l'appelle vulgairement le milles, Le quatrième eft Pavspo d’Ariflote, que Gaza ap- pelle æhomajus,, & que nous appellons en françois caillete. Voyez PANSE , BONNET , MiLLET , Ge. On remarque aufli que les animaux ruminans à cornes mont point de dents de devant , ou dentsin-. cifives à la mâchoire fupérieure , & qu'ils ont tous une efpece de graifle, appellée en grec ceup, fébusm, fuif, qui eft plus dure, plus ferme, & en même tems plus fondante que celle des autres animaux. _ RUMINATION, f. f. ( Phyfiolog. ) c’eft en deux mots l’athon de remächer, qui eft propre à quelques animaux; mais On peut la définir plus exatement un mouvement naturel de l’eflomac, de la bouche, ëc des autres parties, qui fuccede à une autre ation des mêmes parties ; enforte que par le moyen de ces deux ations, l'aliment avalé d’abord à la hâte, eft de nouveau rapporté à la bouche , où il eft remâché, puis avalé une feconde fois, le tout pour le bien & Vavantage de l'animal. Les bêtes qui ruminent font les bœufs, les mou- tons, les cerfs, les chevres, les chameaux, &. Les animaux qui femblent imiter la ruminarion, & qui ne ruminent pas effettivement, rwmirantia fpuria, font les taupes, les grillons-taupes , les abeïlles, Les efcarbots, les crabes, les écrevifles de mer, les fur- mulets, le perroquet, & plufieurs oifeaux. Tous ces animaux ont leur effomac compolé de fibres muf culaires, par le moyen defquellés les alimens font broyés différemment que dans les amimaux ruminans. Moife a confondu les uns & les autres. Il étoit oc- cupé de plus grandes chofes que de nos petites étu- des. Nous favons aujourd’hui que l’aétion de rumi- ner eft particuliere à certains animaux; que fon ap- pareil dépend de plufieurs ventricules appropriés à cetufage; & que c’eft un artifice curieux pour ache- ver entierement la maftication, pendant que les ani- maux ruminans fe repofent. Il faut d’abord remarquer la premiere préparation que la nourriture recoit des dents des animaux qui ruminent, elle confifte fimplement à prendre fur la terre & aux arbrifleaux les herbes, & les bourgeons que les dents de devant jointes avec la langue cou- pent, ou plutôt arrachent; car la plüpart des rumi- nans n'ont de dents coupantes qu’à la mâchoire d’en- haut, enforte qu’ils avalent leur nourriture toute en- tiere. La méchanique de ce premier apprêt de nourri- ture, ne paroit pas fort fine, cependant elle mérite notre attention ; c’eft par cette ftru@ure d'organes que les animaux ruminans peuvent arracher plus aï- {ément les herbes tendres, de maniere qu'aucun brin ne leur échappe. Les dents dures appliquées contre la langue molle, ferrent & retiennent plus furement toute l'herbe qu'ils arrachent , que fi leurs dents étoient appliquées contre d’autres dents, parce qu'elles ne pourroient alors toucher par-tout; il de auroit beaucoup de brins d'herbes qui fe trouveroient dans les entre-deux des dents ; par cette même rai- fon f la main de Phomme n’étoit compofée que d’os, élle ne pourroit pas tenir fi fortement beaucoup de chofes, comme elle le fait, ayant des parties molles, de la chair mufculeufe reyêtue de peau mie entre Tome XIV RU M 435 les os, & que la main empoigne. L'art imite fouvent cette méchanique, comme quand pour ferrer une chofe bien fermement dans un étau d'acier trempé, on met du bois entre l’étau & la chofe qu’on veut ferrer fortement. La nourriture confervée de cette façon fans perte, &t fans avoir été mâchée dans la bouche des animaux ruminans, eft portée dans leurs ventricules, où après Pavoir gardée quelque tems elle revient dans leur bouche, & ils la mâchent alors pour l’avaler une feconde fois. On diftingue quatre ventricules dans les animaux qui ruminent ; le premier fe nomme ja panfe + il eft fort grand, d’un ftrudure particulier, 82 très-propre à l’ufage auquel il eft deftiné, Sa tunique interne «eft couverte d’une infinité de petites éminences de di£ férente figure, ferrées les unes contre les autres , CC douées d'une fermeté qui empêche que des herbes non mâchées ne bleffent la fubftance du ventricule ; car les herbes foutenues pour ainfi-dire fur ces émi- nences, reçoivent la chaleur de Ja tunique’, & font humeétées par une abondance d’humeur qui les at- tendrit &c les difpofe à la coétion. Les chevaux, qui ne fauroient fi bien mâcher le foin ou la paille, qu'il ne refte, dans ce qu'ils ayalent, beaucoup de par- ties dures & piquantes , ont la tunique interne du ventricule forte & calleufe, à-peu-près de même que celle du géfier des oifeaux, non -{eulement afin qu’elles ne foint pas blefées par la dureté du foin à mais auffi afin que par {à compreffion elle acheve de broyer cette nourriture, Le fecond ventricule des animaux qui fuminent s'appelle le réjean ou le bonnes, il eft marqué en= dedans de plufeurs lignes éminentes & élevées ) Qui forment des fisgures, les unes quarrées , les autres pentagones , les autres hoxagones. Ces éminences {ont crenelées, étant comme chaperonnées de quan- tité de pointes , qui les peuvent encore faire compa- rer à de petits rateaux qui amaflent & retiennent les parties des herbes que n’ont pù difloudre ni ce ven tricule ni le premier, pour les garder autant de tems qu'il eft néceflure , & laifler couler entre les dents de ces rateaux,, ce qui eft broyé , fondu & diffous. Le troifieme ventricule porte le nom de rniller, & le quatrieme celui de caille, Ces deux ventricules font remplis de plufeurs feuillets, entre lefquels la nourriture eft ferrée, preflée, &z touchée par beau- coup plus de furfaces que fi ce n’étoit qu'une fimple cavité. La firuêture des feuillets du troifième ventricule eft fur-tout d’une méchanique admirable dans une partie où 11 falloit que Le ventricule entier ft rem- pli de membranes, difpofées de maniere que le paf fage ne laiffât pas d’être libre. Pour cet effet ces mem- branes fortent en façon de feuillets, qui viennent de la circonférence vers le centre, à-peu-près comine dans les têtes de pavots; mais pour éviter que ces feuillets ne fuffent trop ferrés vers le centre, & que d'un autre côté ils ne laïffaffent pas de trop otands efpaces vuides vers la circonférence , ainf qu'aux pavots , ces feuillets font ici de grandeur différente ; d’abord les grands qui vont jufqu’au centre, font en petit nombre; enfuite il y en a d’autres entre deux qui ne vont pas fi loin; & enfin d’autres plus courts rempliflent les intervalles qui font proche de la cir- conférence. Les feuillets dont le quatrieme ventri- cule eft rempli, renferment entre les membranes dont ils font compofés , un grand nombre de glandes qui ne fe trouvent point dans les trois autres ventris cules. | L'œfophase des animaux qui ruminent, a dans fon entrée vers l’eftomac, une fru@ture toute parti- culiere, car il produit comme un demi-canal creuté dans les membranes du fecond veniricule, & çe liii 436 RUM demi-canal eft la fuite du canal de l’œfophage; il a des rebords , lefquels étant joints plus ou moins avant, alongent le canal de l’œfophage jufque dans le {econd ventricule, & même jufque dans le troi- fieme, | Cette conformation peut avoir plufeurs ufages ; elle peut fervir premierement à faire retourner dans la bouche les herbes qui y doivent être remâchées, &c à compofer les pelotons que on voit remonter lelong du cou, aux bœufs, quand ils ruminent ; ce demi-canal avec ces rebords, étant comme une main ouverte qui prend les herbes, & qui en fe renfer- mant les 8 & les pouffe en-haut. En fecond lieu cette conformation peut dervir à faire defcendre les herbes remâchées & les conduire dans le fecond ou dans le troifieme ventricule. En troifieme lieu, cette conformation peut être propre à conduire la boiffon dans le deuxieme & troifieme ventricule, La nourriture difloute & digérée dans les ventri- cules que nous avons décrits, pafle danses inteftins, qui achevent de la convertir en chyle. Les inteftins ont pour cet effet plufieurs feuillets en-dedans êc en- travers qui retiennent le chyle & le compriment à plufieurs reprifes , en quoi concourt l’aétion du diaphragme & des mufcles du bas-ventre. La fituation tranfverfale des feuillets des inteftins eff fort propre à retenir le chyle, à le perfectionner, à le laifler pañler infenfiblement, & à l'empêcher de couler trop vite. Pour cela chaque feuillet n’occupe que les deux tiers de la rondeur, que forme la cavité de l'inteftin , laiffant l’autre tiers vuide, & ce tiers ne laifle pas d’être comme formé par un autre feuil- let, qui occupe auffñ deux tiers de rondeur, parce qu'ils font tous mis alternativement , fuivant des ef- paces égaux; d’ailleurs ces feuillets font larges par leur milieu, en s’étréciffant vers la fin, de mamere que le large d’un feuillet fe rencontre au droit du vuide de l’autre, Dans quelques animaux il ny a qu'un feuillet, conduit d’un bout de l’inteftin à l’autre, en ligne fpi- rale ; cette ftruéture fait que le chyle eft obligé de tenir un long chemin en tournant en rond, au-lieu de couler tout droit. Entre les poiflons, le renard marin, le lievre parmi les animaux terreftres , &c l'autruche dans le genre des oïfeaux, ont les inteftins de cette forme. En d’autres animaux, 1l n’y a qu’une large membrame roulée comme un cornet de petit métier ; tel eft l’inteftin du poiflon appellé rorga/f, qui eft le galeus glaucus de Ray. Le perroquet eft un des oïfeaux qui femble imiter la rumination, en ce qu'il fait remonter dans le haut de fon gofier fur fa langue , ce qu'il a mangé, pour l’avaler une feconde fois ; mais le grillon-taupe, 1n- fe&te des plus grands & des plus voraces, approche beaucoup des animaux ruminans par la fruéture de ces ventricules. | Trois phyficiens ont traité expreflément la ma- tiere de la rumination; Ærmilianus ( Johannes) , mé- decin de Ferrare eft le premier. Son ouvrage intitulé naturalis de ruminantibus hifloria, Venet. 1584, 1n-4°. étoit le feul qu’on eût fur cette matiere avant ceux de Perrault & Peyer. Perrault ( Claude} , dans fes œuvres imprimées à Paris en 1680, a approfondi ce fujet & a donné de bonnes figures de la ftructure des ventricules & des inteftins des animaux ruminans. Peyerus ( Joh. Conrad.) ; Merycologia , five de ru- minantibus & ruminatione commentarius, Bafleæ 168$, in-4°, cum fig. Cet ouvrage qui laïffe peu de chofes à defirer , eft un ample & favant commentaire fur les différentes efpeces d'animaux ruminans, les caufes, Pufage de cette aétion, & la defcription de toutes les parties qui y concourent; enfin l’auteur y donne * Phiftoire de la rumination de quelques hommes, ef- pece de maladie qui procede du délabrement de l’ef. tomac, & qui demande des remedes particuliers, ap+ ‘propriés aux différentes caufes du mal. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) | RUMNEY-MARSH,( Géog. mod.) c’eft-à-dire marais de Rumney ; ce font des marais falés de la province de Kent en Angleterre. Ils forment en pâ- turage une étendue d'environ 20 milles de long fur 2, milles de large. On compte 47110 âcres, où l’on éleve des bêtes à laine, Cette contrée fournit 14133Q toifons, qui produifent 2523 pachs (le pach pefe 240 liv. ), c’eft-à-dire 605 ÿ20 li. de laine. ( D.J.) RUMPHAL., 1. m. ( Boran. exor.) c’eft une efpece d’arum des Indes, qu’on appelle auf gnome ; {on fuc eft un poifon, maïs on prétend, & cela fe peut fort bien, que fa racine eft efficace contre la mor- fure des ferpens, quand elle eft appliquée toute frai- che fur la partie, à laquelle on a fait auparavant des fcarifications, (D. J.) | RUMPHIA , ff (Æif. na. Botan, ) c’eft dans le fyflème de Linnæus , le nom d’une plante qui com- pofe un genre diftinét dont voici les caraéteres, Le calice particulier de la fleur eft compofé d’une feule feuille divifée par trois entaillures à l'extrémité. La fleur eft formée de trois pétales oblongs, obtus, & de même grandeur. Les étamines font trois filets pointus de la longueur de la fleur. Les boffettes des étamines font très -petites. Le piftil a le germe ar- rondi; le ftile eft pointu & de même longueur que les étamines, Le fligma eft à trois cornes. Le fruit eft de forme turbinée, fillonné en trois endroits, & compofé d’une pulpe charnue. La femence eft ovale contenant trois loges , dans chacune defquelles font les noyaux de forme triangulaire, Linnæi, ge7, plant, pag. 2. (D.J.) RUN, f. m. serme de riviere, que l’on trouve dans les anciennes ordonnances, pour dire le rang. Tout batelier prendra {on r#7 ou fon rang. RUNCAIRES , f. m. pl. ( Auf. eccléf. ) fettateurs des Vaudois & des Patavins ; voyez VAuDoIs 6: Pa- TAVINS. Ils furent ainfi appellés, où de Rurcalia, lieu près le PO, où l’on prétend qu'ils s’affembloient, ou de rancaria, broflailles, parce qu'ils s’y retirerent contre la nourluite de leurs perfécuteurs, RUNCINE,, £ f. ( Mychol. ) Runcina, mot tiré de runcare, arracher, déefle de Romains, qu’on invo- quoit lorfqu’on enlevoit les blés de terre; mais il n’eft point parlé de cette déefle dans les anciens au- teurs, &c felon les apparences elle doit fon origine à faint Auguftin, (D. J.) RUNERS , ( Poëf. gorh. ) on nommoit ainf les poëtes des Goths qui s’étoient établis dans les Gau- les. Ce font ces poëtes qui introdwifirent dans les vers la confonnance ; &c leurs ouvrages en vers s’ap- pellerent runes, enfuite rimes. Cette nouveauté-fut f bien recue dans la poéfie vulgaire, qu’on voulyt ri- diculement y aflujettir la poéfie latine. Leoninus qui vivoit fous le regne de Louis VIT. travailla dans ce genre bifarre de poëfie, & lui donna fon nom. Voyez LEONINS vers. ( D. J.) RUNGHEN , ( Géog. mod.) village de Livonie, près des bords du lac Worthfer:. Ce village eft célebre dans lHiftoire, pour avoir donné la naïffance à Catherine , femme du cçzar Pierre I. Selon Le témoignage de la voix publique, le pere de cette princefle étoit un vañlal du colonel Rofen, lequel étant venu à mourir lorfque Catherine n’a voit que quatre ou cinq ans, &c fa mere étant morte bientôt après, 1ls ne laïfferent rien ni Pun ni l’autre à cette orpheline pour fa fubfiftance; caril eft rare que les vaflaux de la nobleffe livonienne & ruflienne laïffent quelque chofe à leurs enfans. Le clerc de la paroiffe qui tenoit école la prit chez \ Qi, oùelle réfta jufqu’à ce que le docteur Gluck, minitre de Marienbourg, pañant par ce village, & voulant foulager leclerc, dont les revenus étoient fort petits, emmena la jeune fille, la traita comme fi elle eût été fon enfant; & fon époufe lui trouvant de bonnes inclinations , l’aima de fon côté, & loc- cupa à des chofes proportionnées à fon âge. Elle avoit appris à lire chez le clerc de Rungher; maïs elle ne parloit encore que la langue du pays, qui eft un dia- leéte efclavon, quand elle le quitta. Elle apprit chez M. Gluck:lallemand en perfeétion , 8 s’occupoit à la ledure à fes heures de loïfir. Un fergent livonien aufervice de Suede lui fit la cour, & elle confentit à Fépoufer, pourvu qu’il ob- tint l’aveu de M. Gluck, qui le donna volontiers. Le fergent étroit d’aflez bonne famille, avoit quelque bien, &c étoit en pafle d’être avancé. Le lendemain du mariage, les Ruïles, fous le commandement du lieutenant général Baur , fe rendirent maîtres de Ma- rienbourg, L'auteur de la vie de Pierre I. rapporte que cejour même le fergent fut tué fur la breche. Quoi auäl en {oit, le général ayant apperçu Catherine parmi les prifonmeres, remarqua quelque chofe dans fa phi- fionomie qui le frappa ; 1l lui fit quelques queilions fur fa condition, auxquelles elle répondit avec plus d’efprit qu'il n’eft ordinaire aux perfonnes de fon ordre. M. Baur lui déclara qu'il auroit foin qu’elle fût bien traitée, êr prefcrivit à {es gens de laconduire auprès des femmes de fa maïfon , & de la leur re- commander. Dans la fuite la voyant fort propre à gouverner un ménage , il lui donna une efpece d’au- torité fur fes domeftiques, dont elle fe fit extrème- ment aimer par la douceur de fon caractere. Un jour le prince Menzikof, protecteur du géné- ral, la vit, demanda qui elle étoit , & en quelle qua- lité elle Le fervoit ; le général Baur lui raconta fon hi- ftoire. Le prince le pria de la lui céder; le général n'ayant rien à refufer à fon altefle, fit appeller Ca- therine, & lui dit : voilà le prince Menzikof qui a befoin d’une perfonne telle que vous ; il eft en état de vous faire plus de bien que moi, & je vous en veux aflez pour vous placer chez lui. Elie répondit parune profonde révérence, qui marquoit finon fon confentement, du-moins qu’elle ne croyoiït pas avoir le pouvoir de dire non. Le prince Menzikof l’em- mena avec lu, & la garda à fon fervice jufqw’en 1703 , que le czar en devint tellement épris, qu'il Pépoufa. Son premier foin dans fon élévation, fut de ne pas oublier fes bienfaiteurs , & en particulier M. Gluck & toute fa famille. Elle fe rendit bien-tôt maitreile par fes manieres, du cœur de Pierre le grand; elle Le fuivit & l’accom- pagna par-tout, partageant avec lui les fatigues de la guerre, des courfes, & des voyages. Quand le czar le trouva enfermé enx712 par l’armée des Furcs fur les bords de la riviere de Pruth, la czarine envoya négocier avec le grand-vifir, & lui ft entrevoir une grofle fomme d'argent pour récompenfe; le miniftre turc fe laiffa tenter, &c la prudence du czar acheva le refte. En mémoire de cet événement, 1l voulut que la czarine inftituât l’ordre de fainte Catherine, dont elle feroit le chef, & oùil n’entreroit que des femmes. Pierre I. mourut le 28 Janvier 1725, âgé de.53 ans, &c laïfla empire à fon époufe qui futreconnue par tous les ordres de l’état, fouveraine impératrice de Ruflie. Cette princefle pendant la vie du ezar, favoit l’adoucir, s’oppofer à propos aux emporte- mens de fa colere , ou fléchir fa févérité. Le prince jouifloit de ce rare bonheur , que le dangereux pouvoir de l'amour fur lui, ce pouvoir qui a des- honoré tant de grands hommes, n’étoit employé qu'a le rendre plus grand, excepté néanmoins larf- RUN 437 qu'il ftpérir Alexis fon fils; événement dans lequel la czarine Catherine pouvoit avoir quelque chofe À fe reprocher. AT- Quoi qu’il en foit, elle ft oublier cet événement tragique , &t régna feule après le czar Pierre I, fans recevoir aucun reproche de labañleile de fon extras ton. Elle moututen 1727, & laïffa pour fuccefleur par le pouvoir.que Pierre lui en avoit laiffé, Pierre LI, petit-fils d’elle &c de Pierre I. Pierre LA. étant mort en 1730, Anne, duchefle de Curlande, fille de czar Jean, &t grand-tante de Pierre FL. luifuccéda ; êt Étant morte en 1740, elle déclara pour fon fuc- cefieur Jean de Brunfvic, petit-fils de fa fœur, âgé de trois mois, fous la régence d’Elifabeth de Mec kelbourg , femme du duc de Brunfwic fa niece , Mmête de Jean de Brunfvic. Ainfi l'empire fe perpétuoit dans la branche aînée d’Alexis ; mais cette révence ne dura guere, & en 1741 Elifabeth & fon fils, fu tent dépoflédés par Elifabeth Pétrowna, feconde fille de Pierrelegrand Cette princefle a déclare pour fon fucceffeur Char: les-Pierre Ufric, duc de Hoïftein-Gottorp , fils de fa lœur , né en 1728, qu’elle a fait nommer grand duc de Rufie en 1742. Ce CharlésPierre Ulric avoit été appellé à la monarchie par la Suede à la mort du prince de Heffe mort fans enfans d'Ulric, fœur cas dette de Charles XIT. mais quand la couronne de Suede vint à vaquer , Charles avoit déja été déclaré héritier de l'empire aux droits de fa mere , flle aînée du czar, & avoit fait profeffion de la religion grec- que. Il a époufé Catherine Alexiewna d’Anhalt- Zetbit, &t regne attuellement (1761 ); mais, com- me dit Leibnitz , le tems préfent eff gros de l'avenir. (Le chevalier DE Jaucourr.) RUNIQUES oz RUNES , CARACTERES, (AGE, ancienne G Belles-letres, ) c’eft ainfi qu’on nomme des caraéteres. très-différens de tous ceux qui nous font connus dans une langue que l'on croit être la celtique, que Pon trouve gravés fur des rochers, fur des pierres, &c fur des bâtons de bois, qui fe ren- contrent dans les pays feptentrionaux de l’Europe, c’eft-à-dire, en Dannemark ,en Suede , en Norwege, ôt même dans la partie la plus feptentrionale de la Tartarie. Le mot ruze ou ruror ; vient, dit-on, d’un mot de l’ancienne langue gothique, qui fignifie couper, sail- ler. Quelques favans croient que les caraéteres runi- ques n’ont été connus dans le nord, que lorfque la lumiere de PEvangile fut portée aux peuples qui ha= bitoient ces contrées; il yen a même qui croient que les unes ne font que les caraéteres romains mal tracés. L’hiftoire romaine nous apprend que fous le regne de l’empereur Valens, un évêque des Goths établis dans la Thrace & la Méfie, nommé Ulphilas, traduifit la bible en langue gothique, & l’écrivit en caraéteres ruriques ; cela a fait que quelques-uns ont cru que c’étoit cet évêque qui avoit été l'inventeur de ces caraéteres. Mais M. Mallet préfume que Ul- plulas n’a fait qu'ajouter quelques nouveaux cara- éteres à lalphabet runique, déja connu des Goths ; cet alphabet m’étoit compofé que de feize lettres ; par conféquent 1l ne pouvoit rendre plufeurs {ons étrangers à la langue gothique qui devoient fe trou- ver dans l’ouvrage d'Ulphilas, Il eff certain , fuivant la remarque du même auteur, que toutes les chro- niques &c les poëfes du nord s'accordent à attribuer aux rures une antiquité très-reculée ; fuivant cesmo- numens , c’eft Odin le conquérant, le lésiflateur, & le dieu de ces peuples feptentrionaux, qui leur don- na ces caratteres qu'il avoit vraiflemblablement ap- portés de la Scythie fa patrie; auffi trouve-t-on par: mi les titres de ce dieu celui d’inventeur des unes. D'ailleurs on a plufieurs monumens qui prouvent que des rois payens du nord ont fait ufage des runes s RE 0 435 RUN dans fe Blekingie, province de Suede, on voit un chemin taillé dans le roc, où l’on trouve divers ca- raéteres runiques qu ont été tracés par le roi Harald Hildetand , qui étoit payen, &z qui régnoit au com- mencement du feptiéme fiecle, c’eftà-dire, long- tems avant que l'Evangile füt porté dans ces con- trées. | Les peuples grofliers du nord n’eurent pas de pei- ne à {e perfuader qu'il y avoit quelque chofe de fur- naturel ou de magique dans l’écriture qui leur avoit été apportée ; peut-être même que Odin leur fit en- tendre qu’il opéroit des prodiges par fon fecours: On diftinguoit donc plufeuts efpeces de runes ; il y en avoit de nuifibles , que l’on nommoit runes ameres ; on les employoit lorfqu’on vouloit faire du mal. Les unes fecourables détournoient les accidens ; les rures viélorienfes procuroient la viftoire à ceux qui en fai- foient ufage; les rues médicinales guérifloient des maladies ; on les gravoit fur des feuilles d’athbres. En- fin, il y avoit des rures pour éviter les naufrages,, pour foulager les femmes en travail, pour préferver des empoïfonnemens, pour fe rendre une belle fa- vorable ; mais une faute d’ortographe étoit de la der- niere conféquence ; elle expoloit fa maitrefle à quel- que maladie dangereufe, à laquelle on ne pouvoit remédier que par d’autres rues écrites avec la der- niere exaétitude. Ces rures ne différoient que par les cérémonies qu’on obfervoit en les écrivant, par la matiere fur laquelle on les traçoit, par Pendroit où on les expofoit, par la maniere dontonarrangeoit les lignes, foit en cercle, foit en ferpentant , foit en triangle, 6e. Sur quoi M. Mallet obferve avec beau- coup de raifon, que la magie opere des prodiges chez toutes les nations'qui y croient. Les caraîleres runiques furent aufli employés à des ufages plus raifonnables & moins fuperftitieux ; on s’en fervoit pour écrire des lettres, & pour graver des infcriptions & des épitaphes ; ona remarqué que les plus anciennes font les mieux gravées ; il eft rare d’en trouver qui foient écrites de la droite à la gau- che ; maïs on en rencontre aff2z communément qui font écrites de haut-en-bas fur une même ligne, à la maniere des Chinois. De tous les monumens écrits en caracteres runi- ques, il n’y en a point qui fé foient mieux confervés que ceux qui ont été gravés fur des rochers ; cepen- dant ontracoit auffi ces caracteres fur des écorces de bouleau, fur des peaux préparées, fur des bâtons de bois poli, fur des planches. On a trouvé des bâtons chargés de caratteres runiques, qui n’étoient autre chofe que des efpeces d’almanachs. L’ufage de ces carafteres s’eft maintenu dans le nord long -tems après que le Chriftianifme y eût été embrafié ; l’on aflire même que l’on s’en fert encore parmi les mon- tagnards d’une province de Suede, Voyez l’introdu- étion à l’hifloire du Danemark , de M. l'abbé Mallet, On a trouvé dans la Helfingie, province du nord de la Suede, plufieurs monumens chargés de cara- éteres qui different confidérablement des rures ordi- naïres. Ces caraéteres ont été déchifirés par M. Ma- enus Celfus, profefleur en Affronomie dans luni- verfité d'Upfal, qui a trouvé que l'alphabet de ces runes de Helfingie étoit aufi compofé de feize lettres ; ce font des traits ou des lignes courbes qui, quoique d’ailleurs parfaitement femblables | ont des fons dif- férens, fuivant la maniere dont elles font difpofées, foit perpendiculairement, foit en diagonale. On ne peut décider fi les ruzes ordinaires ont donné naïf fance aux caratteres de Helfingie, ouf ce font ces derniers dont on a dérivé les ruzes ordinaires. M. Celfus croit que ces caracteres ont été dérivés des lettres grecques où romaines, ce qui n’eft guere pro- bable; vu que jamais les Grecs ni les Romains n’ont pénétré dans ces pays feptentrionaux, Le même au- R U P teur remarque qu’il n’y a point de caraéteres qui ref femblent plus à ces rues, que ceux que l’on trouve encore dans les infcriptions qui accompagnent les ruines de Perfepolis ou de Fchelminar en Perfe. Voyez les Tranfaëions philofophiques , n°, 445, où l’on trouvera l'alphabet desrwzes de Helfingie, donné par M. Celfius. RUPELMONDE,, (Geog. mod.) ville des Pays-bas dans la Flandre fur la gauche de l'Efcaut, à Pembou- chure de la Rupel dont elle tire fon nom, à 3 Heues au-deflus d'Anvers, avec titre de comte depuis 1650. Ses fortifications ont êté ruinées pendant les guer- . L] res. Long. 21480: lat, 31.10. (D: I). RUPIN , o4 RUPPIN, (Géog. mod.) ville d’Alle= magne dans Péleétorat de Brandebourg, chef-lieu d'un comté de même nom, à 9 milles au nord-oueft de Berlin. Elle eft divifée en deux parties par un étang poiflonneux. Long. 30.56 lar. 53. (D.T.), RUPPIA, f. f. (Æijf. nat. Bot.) nom donné par Lin- næus à un genre de plante que Micheli avoit appellée bucca ferrea : en voici les cara@teres. Le calice ef compofé d’un étui droit, pointu, qui fe panche un peu quand le fruit eff mür, & qui contient double- ment la fru@tification. I n’y a ni pétale ni étamine, mais un nombre de boflettes faites en forme de reins, & placées de chaque côte. Les piftils fon plufieurs fliles déliés, chevelus, portant chacun un germe ovale avec un fimple fligma. Le fruit eft une caplule ovale, pointue, placée fur le ftyle, qui de- vient plus alongée. Il y a tout-autant de fruits qu'if y avoit de piftils fur la plante, & chacun contient une graine arrondie. Micheli xxxy, Linnæi gez. plan tar: 432. (D. J.) | de RUPTOIRE,, f. m. £erme de Chirurgie concernant Le mat, méd. externe, médicament qui a la vertu de bri. ler & de faire une efcarre aux parties fur lefquelles on l’applique : c’eft la même chofe que caurere porez- tiel,. On prépare les médicamens rwptoires avec la chaux-vive, les cendres gravellées , &c, Hildanus en fafoit grand ufage dans les parties gangrenées, pour féparer le mort du vif. Ambroïfe Paré les re- commande fort dans les charbons peftilentiels & autres tumeurs critiques, pourvu que linflamma- tion ne foit pas exceflive. Quand lPefcarre eft faite, on en procure la chute par les remedes maturatifs & fuppurans. Le fujet du premier prix que l’acadèémie royale de Chirurgie a propofé en 1732 à fa naïflance, étoit de déterminer pourquoi certaines tumeurs doivent être extirpées, & d’autres fimplement ouvertes: dans l’une &c l’autre de ces opérations, quels {ont les cas où Ze cautere eft préférable à Pinffrument tran- chant, & les raifons de préférence. Les mémoires qui font imprimés {ur cette queftion, contiennent d’excellens principes fur lufage des cauteres poten.- tiels. L’académie a depuis donné la queftion de lPu- fage des remedes cauftiques en général; & tout ce qui regarde ces médicamens , a été traité d’une ma mere fatisfafante. On peut avoir recours aux differ- fations imprimées dans le recueil des pieces qui ont concouru pour le prix de Pacadémie royale de Chi- rurgie. (F RUPTURE, terme de Chirurgie, déchirement d'une partie à l’occafion d’une extenfon violente à laquelle elle n’a pu prêter. Les tendons trop ten- dus peuvent fe cafler; on donne le nom de rwprure à cet accident. M. Petit a donné à ce fujet plufieurs obfervations à l'académie royale des Sciences, an= née 1722 & fuiv. & a traité cette matiere dans {on livre des maladies des os. La rupture du tendon d'Achille eft celle qui afrive le plus fréquemment; c’eft aufli cet accident qui fait le principal fujet des mémoires de M. Petit. Certe rupture eft complette ou inçomplette, La poflbilité de la rupture complette par un feul effort ef prou- vée par beaucoup de faits ; il fufit pour qu’elle ar- rive, que la partie tendineufe n'ait pu réfifter à la force avec laquelle elle étoit tirée en-haut par la portion charnue , & en-bas par le poids du corps. M: Petit donne lPobfervation d’un fauteur qui fe rompit complettement les deux tendons d'Achille en fautant fur une table élevée de trois piés & demi ; - il n’y eut que les bouts des piés qui porterent {ur mn q Pies qu p le bord de la table; ï ny appuyerent qu’en gif fant, & qu'autant qu'il falloit au fauteur pour fe redreffer ; c’eft dans cet effort qu’il fe caffa les deux tendons. Cet accident peut aïriver en montant à cheval où en carrofle. On a des exemples de frac- ture de los du talon par la feule rétrattion du ten- don d'Achille dans un faux pas ; 87 les Praticiens fa- vent que la contraétion forcée des mufcles exten- feurs de la jambe eft capable de cafler tranfver{a- lement los du genou. Yoyez Rotuzes. Si les os, commeil eft prouve, peuvent fe cafler par des caufes filégeres en apparence, comment les tendons réfif- teroient-1ls lorfque les mufcles feront obligés d'agir non-feulement pour réfifter au poids du corps, mais même pour le relever avec force? La fraéture com- _plette du tendon d'Achille n’eft fuivie d’aucune dou- leur, pourvu qu'il n’y ait aucun defordre aux envi- rons, On fent fous la peau un efpace à mettre trois doists, formé par l'éloignement des bouts cafés, &t le malade ne laifle pas d'étendre fon pié par l’ac- tion des mufcles jambier & péronier poltérieurs. La rupture incomplette du tendon d’Ahille occa- fionne beaucoup de douleurs ; on y fent une cavité qui defcend &r s’éleve én-dehors lorfqu’on plie le pié, & qui au contraire remonte & s'enfonce lor{- quon étend le pié; & linflammation qui s'empare fur le champ de la partie, ne tarde ouere à faire des progrès confiderables. La cure de la frature complette du tendon d'Achille s'obtient facilement par le concert de l’art & de la nature. L'art y eft abfolument nécefläire pour rap- procher les bouts éloignés des tendons, & pour les Mainteninrapprochés pendant que la nature travaille à la réunion. Foyez CArUS. | Pour faire la premiere opération, on fait coucher le malade fur le ventre, on lui fait plier le jarret, on poulie le gros de la jambe vers le talon, & on approche le talon vers le gras de la jambe, en éten- dant le pié jufqu'à ce que les deux bouts du tendon caflé fe touchent. Pendant qu'on fait tenir les parties en cet état, on trempe une double comprefle dans Peau-de-vie, avec laquelle on entoure le heu bleffé : on applique une autre comprefle plus épaifle, large de deux pouces, longue de deux piés & demi, pof- térieurement depuis le jarret jufques & par-delà les orteils, couvrant le ras de la jambe, le talon & la plante du pié ; on aflujettit cette comprefie avec une bande longue de quatre aunes & large de deux doiots; on commence à faire trois ou quatre tours à l'endroit de la rupture, on porte eniuite la bande obliquement ur le pié, pour pafler en-travers fous la plante, & ve- nir fare une croix de faint-André fur Le coup-du-pié, en croifant le jet oblique qu’on y a porté. Quand on a fait ainfi trois où quatre circonyolutions obliques de dehors en-dedlans, & de dedans en-dehors, & paf fant fous le pié & croifant par-deffus, on remonte enfaifant des circulaires jufqu’en-deflus du gras de la jambe: on fait tenir alors Le globe de la bande par un aide, & on renverfe les deux bouts de la comprefle longuette,, lefquels ne font point engagés. Le bout du côté du arret doit être renverfé vers le talon, & celu de lasplante dupié doit être renverlé du côté du jarret. On les affujettit l’un à l’autre avec des épingles ; 8 avec lerefle dela bande on pafñe & on repañle plufieurs fois par - deflus en diférens RU R 439 endroits de la jambe & du pié , mais fans ferrer, Ces deux bouts ainfi renverfés à contre - {ens Pun de l'autre, êc afflugettis par la bande, retiennent le pié dans fon dernier degré d’extenfon ; de maniere que les bouts des tendons font non-feulement rap- prochés, mais fe touchent &z fe pouflent mutuelle- ment. On prefcrit au malade le régime convenable : on le fait faigner deux ou trois fois felon qu'il eft plus où moins pléthorique ( voyez PrerhoRE), & on fait humeéter l'appareil avec l’eau-de-vie de qua- tre en quatre heures, On peut lever l'appareil au bout de dix à douze jours, pour examiner ce qui fe pafie : on le rapplique , & ordinairement la réunion _€ft parfaite au bout de trente À quarante jours. Les ruptures incomplettes des tendons étant accom- pagnées d’inflammation & de douleur en conféquence de linégaletration desfibrestendineufes,voyezDou- LEUR , exigent des faignées en plus grdfñid nombre, & les malades ne guérifflent pas toujours fans acci- dent comme dans la ruprure complette; parce qu’il fe fait communément adhérence des tendons à leur gaines, ce qu Ote cétte facilité à glifler, qui rend ces organes f1 propres au mouvement. M. Petit a imaginé un appareil très-commode pour la réunion du tendon d'Achille, & qui eft moins embarraflant que celui que nous venons de décrire d’après lui. Voyez PANTOUFLE, (7 RURAL, adjett. ( Gramm.) qui appartient aux champs &c à la campagne. On lit des biens rvraux, un doyen rural, voyez l'article DOYEN , une juftice rurale, RUREMONDE, (Géog. mod.) ville des Pays-bas déns la Gueldre, au confluent de la Roër & de la Meufe,, fur les confins de l'évêché de Liege & du du- ché de Juliers. Othon l’entoura de murs, & l’empe- reur Rodolphe lui donna en. 1290, le privilege de battre monnoie. Son évêché fondé en 15509, eft fuf- fragant de Malines. La cathédrale eft la feule paroïle de la ville, mais les communautés religieufes y font nombreufes , &z les Jéfuites y ontun collese. Cette ville furen partie brûlée par une incendie qu’elle ef- luya en r665. Elle a été fouvent prife & reprife pen- dant les guerres; mais telle appartient à la maifon d'Autriche depuis 1719, & eft gouvernée par des échevins. Long. 23. 34. lat. 51.10. Kuremonde compte entre les hommes de lettres qui lui font honneur, Murmel (Jean), & Mercator ( Gérard.) Le premier fleurifoit dans le xv. fiecle. Il fe dif- tingua par les foins qu'il prit, & les ouvrages awil mit au jour, pour faire renaître les Belles -lettres dans un fiecle d’ignorance & de barbarie, du-moins par rapport à fon pays. Il mourut en 1517. Mercator s’eft montré un des plus célebres géo- graphes de {on tems. Il naquit en 1512, 8 mourut en 1594, à 83 ans. L’empereur Charles V, eut pour lui une eftime particuliere ; & le duc de Juliers le fit fon cofmographe. Il gravoit lui-même fes cartes, & les enluminoit. Il travailla à l'Atlas de Jofle Hondius, & Von a delui une chronologie, des tables géogra- phiques, & un grand nombre d’autres ouvrages. D.J.) | RUREMONDE, quartier de, (Géog. mod.) on appel- le qguarrier de Ruremonde, où La haute-Gueldre, une des quatre-parties du‘duché de Gueldre. Il s’étendle long de la Meufe entre le duché de Cleves au feptentrion, celui de Juliers au midi, l'éleétorat de Cologne à lo- rient , & le Brabant avec l'évêché de Liege à locci- dent. Il comprend Ruremonde qui appartient à l’em- pereur; Venlo auxEtats-cénéraux; Gelre, Wachten- donk ê Stralen , au roi de Prufle, (D. J.) RUSCINO,, (Géogr.anc.) ville dont la riviere de Ter, que Strabon nomme Rufciro comme la ville, baignoitles murs. La ville de Rufcino dont parle Pli- À 40 R gl S me, étoit capitale des Confaräni, 8c donna fon nom à toute le contrée du Rouffllon, Ce fut à Rz/ci20 que les peuples du pays s’aflemblerent pour délibérer fur de pañlage que leur demandoïit Annibal. Cette ville “devint colonie romaine felon Méla, & felon Pline elle jouifloit du droit latin. La décadence de l'Empire en entraina peu-à-peu a ruine ; elle confervoit encore quelque confidéra- . ‘ion fous Louis le Débonnaire. Ce prince ayant don- né en 816, un diplome en faveur des peuples d'Ef- pagne, qui s’'étoient retirés en France pour fe déro- ber à la tyrannie des Sarrafins, ordonna qu'il en feroit -dépofé une expédition dans les archives de cette vil- le; elle avoit dès-lors pris le nom de Roycilio. ‘Selon M.de Marca elle fut ruinée peu après, vers Van 828 , dans la guerre des Sarrafins ; il ne refte plus qu'une tour fur le terrein qu’elle occupoit, on l’ap- pelle la sourtde Rouffillon. Elle étoit bâtie fur le pen- chant d’une colline , & venoit fe terminer au bord de la Tet. On y trouve fouvent des médailles romaines, -& d’autres monumens qui font encore reconnoître Ton ancienne enceinte, | Le fleuve Rufcino a fa fource dans les Pyrénées , felon Strabon Zb. IF. pag, 182. qui ajoute que ce fleuve, ainfi que lIllibéris, arrofoïent chacun une ville de leur nom. Ptolomée, 6. E. l'appelle Rafcio ; c'eft le même qui eftinommé Thelis, par Pomponius Mela, & qu’on appelle préfentement le Tes. (D. J.) RUSCUS , f. m. (Boran.) ce genre de plante mé- rite d’être bien caraëtérité. Il faut donc favoir que le calice eft d’une feule piece, &z découpé en plufieurs fegmens. Il s'élève de fon centre des fleurs monopé- tales, faites en forme de cloches & arrondies. L’o- vaire devient ‘un fruit fphérique, rempli d’une ou deux femences, ordinairement dures. Si les auteurs euflent éte exaËts à rapporter les plantes de ce senre, fous le nom propre auquel elies appartiennent, ils euflent évité bien des erreurs, car quelques-uns ont pris le calice pour la fleur. Fournefort compte quatre efpeces de rufcus, en- tr'autres, 1°. le ruftus à larges feuilles, du dos de chacune defquelles 1l fort une petite fleur, rufcus La- sifolies , fruülu folio incidente 1, RH. 79, c’eft la plante que nous appellons laurier alexandrin. 2°, Le rufcus à feuilles de myrthe, pointues & piquantes, sufeus myrihi folius, aculeartus ; c’eft la plante quenous nommons houx-frelon où petit houx, en anglois he bur- cher s-broom. Voyez HOUX-FRELON & LAURIER ALE- XANDRIN. (D.J.) RUSE , .f. (Gram.) adrefle , art, finefle, moyen fubtl, dont onufe pour en impofer aux autres. Seul, | il fe prend toujours en mauvaife part ; il ne faut point avoir de rufes ; la rufè eft d’un caraftere faux & d’un petit efpnit. On dit qu'il y a des ru/ès innocentes, ry confens ; mais je n’en veux avoir m de celles-là, mi d’autres: on dit ru/é &c rufer. RUSES MILITAIRES, (Arr milit) ce font, à la guerre, des différens moyens qu'on emploie pour tromper &c furprendre l'ennemi. Les rufès militaires fe nomment ordinairement faragèmes. Voyez ce 77101. Suivant Thucydide, la plus belle de toutes les louanges qu’on peut donner à un général d'armée, eft celle qui s’acquiert par la ru/è 8c le ftratagême. Les Grecs étoient grands maïtres dans cet art: c’eit plutôt une fcience, car lart de tromper fine- ment à la guerre, peut être très-aifément réduit en principes & en méthode, On y excelle infiniment plus par Pacquis que par le naturel, puifqu’en effet fa guerre eff la {cience des tromperies..…. Plutarque dit qu’à Lacédémone onmettoitune srande différence entre ceux qui furmontoient leurs ennemis par la ru. Je, & ceux qui les vainquoient par la force ouverte, &x que les premiers immoloient une plus grande vi- £hime, | | R US Homere, qui eft le confeiller des gens de puerre, dit qu'il faut faire du pis que l’on peut à fon ennemi, & que la tromperie de quelque efpece qu'elle puifie être, efttoujours permife. Îl paroit aflez que Grotius eff de cet avis, dans fon excellent ouvrage, de 7ure pa- cis € belli, que bien peu de gensde guerre lifent. [rap- porte un grand nombre d’autorités refpe@tables & très-favorables aux 7zfes & fourbes militaires. Tout leur eft permis, jufqu’au menfonge. Il cite bon nom- . bre de théologiens & quelques faits, entre autres faint Chryfofiome, qui dit que les empereurs qui avoient ufé de furprife , de ru/e êt d'artifice pour réuf- fit dans leurs defleins, étoient très-louables. [araïfon, puilque l’Ecriture eff toute remplie de ftratagèmes êc de rufes militaires, | La vidtoire qui s’acquert par la force 87 par la fu- périorité du nombre, eft ordinairement l'ouvrage du foldat, plutôt que celui du général, mais celle qu’on remporte par la rufe & par l’adreffe eft uniquement dûe à celui-ci. L’une & l’autre font la reflource des petites armées contre les grandes; & toutes les deux la pierre de touche de la valeur & de l’inteligence. Cette reflource ne peut être que dans l’efprit & dans le cœur. L’un fe trouve toujours tranquille , &£ tou- jours préfent dans les plus grands périls; il faut avoir Pautre bien haut & bien ferme pour {ouitenir êzafiron- ter un ennemi puiflant & redoutable. Un général qui fe met à la tête d’une armée éton- née par les défaites précédentes, qui n'offre prefque ue de nouveaux foldats à la place des vieux qui ont péri dans les batailles, qui les expofe contre de vieil- les troupes accoutumées à vaincre, & qui rend tous les deffeins de l'ennemi inutiles, par la force de fon efprit & par l’artifice de fes mouvemèns ; un général, dis-je , tel que celui-ci, eft un homme du premier or- dre, de la plus haute volée, & il a un courage au- deflus de tousles autres, & digne d’être admiré... Celui qui compte fur le grand nombre de fes trou- pes & fur leur courage, n’a pas befoin de rufes con- tre un ennemi qui n’a qu'une petite armée à lui op- pofer, Il laifle be au nombre ; 1l lui fuffit de lâcher la détente & le coup part, il eft afluré de l’effet par fes troupes. Les viétoires de la plupart des con- quérans, d’un Attila, d’un Gengifcan, d’un Timur- bec, ont été le prix de leur nombre; mais celles d'Annibal furent celui de la rufe &c de la fagefle auda- cieufe de ce srand homme, Je conclus de tout ceci, dit M. de Folard, que nous n'avons fait que copier depuis le commencement de cet article, que tout gé- néral qui n’eft pas rulé, eft un pauvre général. Comme lart de rufér ne peut s’apprendre par la pratique , par la routine, qu'il faut lire &c étudier, non-feulement ce que Polyen & Frontin ont écrit fur ce fujet, mais encore tout ce que les hiftoriens nous ont tranfmis des rufes des grands capitaines, il n’eft pas étonnant de trouver peu de généraux aflez habiles dans cette matiere pour en faire un ufage fré- quent. Il faut de plus un efprit vif & intelligent, qui faififle le moment d'employer les rufes, qui fache les varier fuivant les circoniftances ; &c c’eft ce qui ne fe rencontre pas fréquemment. M.de Folard, qui nous fournit prefque toute la matiere de cet article, ob- ferve que les anciens s’appliquoient beaucoup à la leéture des ouvrages qui traitent des rz/es ou des {tra- tagèmes militaires ; leéture qui lui paroit plus nécef- ceffaire à un général qu’à tout autre : car outre, dit- il, qu’elle eft très-amufante, & encore plus inftruéti- ve, l’ignorance où l’on eft lä-deflus, fait que l’on eft toujours nouveau contre la rufe & le ftratagème ; 8c lorfqu’on ne les ignore point, on apprend à les ren- dre inutiles, ou à les mettre en ufage dans loccafon. Ce qu'il y a de bien furprenant, c’eft qu'ils ont tou- jours leur effet, & que lon donne toujours tout au- travers, quoiqu'il y en ait un très-grand nombre qui aient RUS atent ete pratiqués mille fois. Enfin la gierre, dit le célebre commentateur de Polybe, eft l'art de rufer & de tromper finement par principes & par métho: de. Celui qui excelle le plus dans cet art, eft fans doute le plus habile ; mais chacun rufe felon la por- tée de fon efprit & de fes connoiffances. Deux gé- néraux médiocres fe tromperont réciproquement tous les deux comme deux enfans; deux habiles comme des hommes faits ; ils mettront en œuvre tout ce que la guerre a de plus fubtil, de plus grand , &c de plus merveilleux. Voyez SURPRISES. (Q° RUSE, /e bout de la rufe , (Vénerie.) il fe dit lorf- qu'on trouve au bout du retour qu’a fait une bête, que fes voyes font fimples , qu’elles’en va ; & qu’elle perce. 3 RUSELLÆ, ( Géog.ane. ) ville d'Italie. C’étoit felon Denis d'Halicarnafe , Z 111. p. 130. l'une des douze villes des anciens Tofcans ; elle devint dans la fuite colonie romaine, comme nous l’apprennent Pline, Z. III. c, y. & une ancienne infeription rap- portée par Holfionius , p. 39. Les habitans de cette ville font appellés Ru/ce/lani , par Tite-Live, ZL XXVIIT, c. xly. C’eft le Rofellum de l'itinéraire dAntonin. Cette ville conferve encore fon ancien nom, car Léander dit qu’on l'appelle préfentement Rojèlla. ( D, I.) RUSER , ( Véxer. ) lorfqu’une bête qui ef chaf- {ée va & vient fur les mêmes voyes , dans un che- min ou autres lieux, à deffein de fe défaire des chiens , on dit gw’elle rufe. | RUSHDEN , ( Géog. mod.) bourg d’Angletétre, dans la province de Northampton, où naquit, en 1638, Daniel Whitby, théologien anglois , fameux par quantité d'ouvrages. Il cefla de vivre en 1726 , âge de 88 ans; 1l alla à l’églife en bonne fanté la veille de fa mort; à fon retour chez lui, il dit qu’il _ fetrouvoit foible , fe mit au lit, & mourut pendant Ja nuit. | C'étoit un homme très-verfé dans la leéture des Peres, dans [a théolosie polémique , & fur-tout dans les controverfes contre l’églife romaine qui en font la principale partie ; il fe dévoua aux études les plus graves, ne connut ni les plaïfirs ni les inté- rêts du fiecle, & étoit novice dans les affaires du monde, à un point inconcevable. Outre un grand nombre de traités & de fermons contre les dogmes & la foi de l’églife romaine , ila ais au jour d’autres ouvrages très-eftimés ; entre au- tres , 1°. des difcours fur la vérité & la certitude de la religion chrétienne. 2°. Sur la néceflité & l'utilité de la révélation. 3°. Sur les lois eccléfaftiques & civiles, faites injuftement contre les hérétiques. 4°. Examen variantium le&ionum Joannis Millit , in no- vu: Teflamentum , avec de nouvelles notes fur le nouveau Feftament, & fept difcours à ce fujet. Lon- dres 1710. in-fol. 5°. Paraphrafe & commentaires fur le nouveau Teftlament, Londres 1703 , 2 volumes ir-fol. & c’eft-là fon principal ouvrage. Il y faut ajouter fes dernieres penfées , contenant les corrections de divers endroits de fes commentai- res fur le nouveau Teftament,avec cinq difcours pu- bliés parfon ordre. Londres 1727. in-8°, «Quand, » dit-il, je fis mes commentaires fur le T'eftament , » je fuivis avec trop de précipitation la route battue # par d’autres théologiens reputés orthodoxes, con- » cevant que lePere, Le Fils, &cle S. Efprit , étoient # un feul & même Dieu, en vertu de la même effen- » ce indivifible communiquée par le Pere. Je fuis à » préfent convaincu que cette notion confufe eftune »chofe impofñfible , & remplie d’abfurdités & de » contradiétions palpables ; ainfi tous les fens qu’on » a voulu donner au terme de Perfonne, différens du » fens fimple & naturel, en vertu duquel on entend + par-là un agent intelligent, réel, font des expli- Tome XI1P, ; un he R US 441 » cations contraires à l'évidence lumineule de la vé- »rité, comme le doéteur Clarke, Jackfon, 8 au- »tres, l'ont démontré », Le changement d'opinion du doëteur Whithy, après avoir fait fi long-tems tous fes efforts pour éta- blir la doëtrine oppoiée , nous prouve que larianif me a quelque chofe de bien fédmifant pour Les meil- leurs efprits. (Le chevalier DE JAUCOURT.) RUSHIN, ( Géog. mod, ) chef-lieu, où capitale de lile de Man, dans fa partie méridionale, avec un château. Elle avoit autrefois un monaftere de l’ordre de Citeaux, fondé en 1134, mais il ne fubfifte plus deptis la réformation. (D. J.) | RUSIBIS PORTUS, (Géog. añc.) port d'Afrique dans la Mauritanie T'ingitane, felon Ptolomée, Z F7, c.i. L'itinéraire d’Antonin le marque dans la Mau- ritanie céfarienfe, fur la route de Lemne à Carthage, entre Chul: municipium, & Paratidnæ | à 6o milles du premier de ces lieux , & à so milles du fecond. Ptolomée, 2 IF. c. üÿ. qui écrit Ruficada, la place fur le golfe de Numidie, entre Co//ops-magnus ou Cullu , & le promontoire Trecum. Dans la confé- rence de Carthage , 2°, 198. l’évêque de Ruficade eft nommé yunior epifcopus Ruficcadienfis. Cette ville a été appellée autrefois Zeporcde Conftantine ; {on nom moderne eft Succaicade , felon M. Dupin, dans fa remarque fur ce mot de la notice des évêchés d’Afri- que ; cependant cette ville eft nommée Srora pat Caftald, Aflora par Olivier, & Eflora par Marmol, CD) | RUSICADE , RusicapA , (Géog. anc.) ville de l'Afrique propre, felon Pomponius, 2 L c, sij. & Pline , Z Pc. 7. C’eft lé même que Rubis portus. RUSMA , f. im. ( Hif£. nat. Minéralog.) nom don- ne par les peuples orientaux àcette fubitance que les Grecs ont nommé /ory. Voyez SORY. Le rufina eft une forte de vitriol qu’on trouve dans les mines de ce métal, & dont onfe fert pour dépi- latoire, en le mêlant avec de la chaux, M. Boyle rapporte qu'après avoir pulvérifé du 1/4 & de la pierre de chaux vive, en parties égales, il:les laiffa fondre pendant peu de tems dans l’eau , où ils for- merent une pâte fort douce, qu’il appliqua fur une partie du corps couverte de poil ; au bout d'environ trois minutes , 1l frotta cette partie d’un linge mouil- IE , & trouva le poil enlevé jufque dans les racines, fans que cette partie en ait fouffert le moindre incon- vément. Le dépilatoire des éuropéens fe fait com- munément avec de lachaux & de l’orpiment. L’ufage des dépilatoires eft fort ancien. Il eft cer- tain que les courtifannes grecques & romaines s’en fervoient; & c’eft une des principales raifons pour lefquelles on n’apperçoit point aux ftatues antiques ce voile que la pudeur de la nature a placé aux par- ties deshonnêtes. Ces femmes fervoient de modeles à lartifte qui les repréfentoit telles qu’elles fe mon- traient à lui. Ajoutez à ce motif celui de la beauté d'un contour ondulant & finueux qu'une toufe ow tache ifolée n’interrompoit point dans fon cours d'une des aines à l’autre ; la propreté fi effentielle aux femmes, & fi incompatible avec l’infirmité pério- dique ; la chaleur du climat, 8 peut-être la commo- dité du plaifir & la volupté des regards. RUSNAMEDGI EFFENDI ,£.m. ( Hiff. ortom. ) c’eft en Turquie le titre d’un officier des finances ; il eft le receveur général du tréfor , & préfide à la res cette générale des finances , qui fe fait les diman- ches , lundis, mardis , & famedis , jour du grand di- van , depuis la fin de l’audience à neuf heures, juf= qu'à trois heures après midi. Cet officier a fous lui plufieurs commis quireçoivent , examinent , pefent les monnaies , feparent les efpeces , & compofent les bourfes fur lefquelles le rx/ramedgi effendi appofe un cachet; d’autres commis, fous fon infpeéuon KkEk 442 RUS. font chargés de payer les ordonnances de fahautefle, du vizit azem , &ctdu deftetdar ; fa charge paroit être la même que celle de garde du tréfor roÿalen Fran, ces Guér. r1œurs des Turcs, torm. II, RUSPÆ , où RUSPHLÆ,, ( Géog. an. ) ville d’À- frique, furile golfe de Numidie, &t que Ptolomée, 1. IFcriijs marque entre Achola & Brachodes extre- ma. Ortelius*croit que le nom moderne eft A/faque, & Marmol dit Esfac. Dans lanotice épifcopale d’A- frique , l'évêque de ce frege qui eft mis dans la Byza- cène et appellé Srephanus Rufpenfis ; ilne faut pas confondre cetévêché avec untautre de la Byzacène, nommé Rufpirenfis, cat Ptolomée difingue Ru/pira de Rufpæ ; 8crces deux villes font pareillement dif- tinguées dans la carte de Peutinger , &c dans Panony- me de Ravenne. (2. J.) " RUSSIE , ( Géog. mod.) vafte pays qui forme un grand empire, tant en Europe qu'en Afe. La mer Glaciale borne la Kzffle au feptentrion; la mer du Japon la termine à lorient; la grande Tartarie eftau midi, auffibien que la mer Cafpienne ër la Perie; la Pologne, la petite Tartarie, la Mingrehie, & la Géor- sie, fontla borne ducôré du couchant. Entrons dans les détails. | L'empire de Ruffe s'étend d’occident en orient, près dé deux mille lieues communes de France, ëc a feptcens lieuës du fud.au nord'dansfa plus grande largeur; il confine à la Pologne à la mer Glacia- le ; iltouche à la Suede &. à la Chine ; falongueur de Pile de Dago à l’occident de la Eivonie, jufqu’à fes bornes les plus orientales, comprend environ cent cinquante deprés; fa largeur eft de trois nille verftes du fud au nord,-ce-quifait au moins fix cent de nos lieues communes. Enfin , ce qui eft compris aujourd’huifous lenom de Ruffe, ou des Rufus, eft à pemprèsauf vaite que le-refte de l'Europe ;, mais preique tout cetem- pire n’efkqu’unidéferts;-au port que ft Pon-compte en Fipaghe (qui eftle royaume de l'Europe le moins peuplé) quarante perfonnes par chaque mille quar- ré , On nelpeut compter que ing perfonnes-en Ru/- fie dans le: même efpacesstandis, qu'en Angleterre, chaque millequarré contientplus de deux censhabi- tans ;, le nombrejeft encoré: plus grand en Hollande. Au refte, nous appellions autrefois la Rzf/e-du nom de Moftoviel, parce que lawille de Mofcou, capitale de cet empire, étoit laréfidence des grands, ducs de Rufie ; aujourd’hui l’anciemnom de Kzffe à prevalu. Ce vafte empire eft partagé.en feize grands gou- vernemens , dont plufeurs renferment des provin- ces immenfes &c prefque inhabitees: | La province la plus voriine de nos chinats,. eft celle de la Livonie , une des plus fertiles dunord', &quiétoit payenne au xy.fecle. Le roide Suede, Guftave Adolphe, la conquit ; mais le czar Pierre Pa reprife furles Suédois. = Plus au nord/fe trouve le gouvernement de Rével &t de l'Eflomie , & cetteprovince eft encore une des conquêtes de Pierre, HET. Plus Haut en montant äu nord eft la province d’Ar: cangel, pays entierement nouveau pour les nations mérdionaies:de l'Europe , maïs dontles Angloisdé- couvrirent le-port en 1533168 commercerent, fans payer aucuns droits ;jufqu’au temis où Pienré Le grand:a ouvertlamer Baltique à fes ctats. | A-l’occident d’Arcangel ,-8c dans: {on gouverne- ment ,. eftla Laponie rufle:stroifieme partie.de certe contrée; les deux autres appartiennent à larsuede &r au Danemarcks c’eft un très-grand pays,rqui oc: cupe environ huit degrés de-longitude , &c qui s’e- tend-en latitude ducercle’polaitejau cap nord Les Lapons mofcovites font aujourd’huircenfés de l'églife grecque ; mais! ceix qui errent vers les montagnes feptentrionales du cap-nord, fesconten- teñt d'adorer un Dieu, fous quelques formes groflie- rés ;-ancien ufage detous les peuples, nomades. Cette ‘efpece d'homme,-peu nombreufe, a très peu d'idées, &c ils font hetireux de n'en avoir pas davantage ; caf alors ils auroient de nouveaux be foins qu'ils ne pourroient fatisfaite ;ilsivivent cons! téns &c fans maladies, en ne! buvant:guere que de: l'eau dans le-climat le plus froid ,187 arrivent à une lôngue vieillefle. La coutume qu'onleur imputoit des prier les étrangers de faire à leuts femmes &c à leurs filles l'honneur de s’approcher'd’elles.,-vient proba= blément du fentiment de la fupériorite qu'ils recon- noïfloient dans ces étrangers, en voulanrqu'ils puf= fent fervir à corriger les défauts derleur race. C’é« toit un ufage établi chez les peuples vertueux de La cédémone ; un époux prioit un Jeune-homme bien fait, de lui donner delbeaux enfansqilpünadopter. Eayjaloufie & les loistempéchentles autres hommes: de éonner leurs femmes: mais les Lapons étoient prefque fans loisi, 8 probablement n’étoient point: jaloux. Quand on a remonté la Divina du nord au fud, onarrivé au milieu des terres à Moskow , capitale de la province de empire de Ruffie jappellée la Mof- covie, Voyez; MOSKOW: À l'occident du duché de Moskow, eftcelui de Smolensko, partie de l’ancienne Sarniatie européen- ne: les duchés de Mofcovie & de Smolensko com- pofoient la Xajfe blancheproprement dite, Entre Petersbourg &Smolensko , *eft la province & gouvernement de Novogorod. On dit que c’eft dns cepays queles anciens Slaves, ou Slavons, fi- rent leur premier établiffement ; mais d’où venoient ces Slaves, dont la langue s’eft étendue dans fe nord- eft de l’Europe ? S/a figniñe un chef, écefclave, ap- partenant au chef, Tout ce qu’on fait deces anciens S'aves, c'eft qu'ils étoientdes conquérans.[lsbâtirent li ville de Novogorod la grande, fituée fur une ri- viere navigable dès {a fource, laquelle jouit long. tems d’un floriflant commerce, &c fut une puiflante alliée des villes anféatiques. Le czar Ivan Bañlovitz (en ruffe Iwan Wafliliewirfch) la conquiten 1467, & en emporta toutes les richefles, qui contribue- rent à la magnificence de Ja cour de Moskow , pref- que inconnue jufqu'alors. | Au midi de la province de Smolensko, fe trouve la province de Kiovie, qui eft la perxe Ruffie, la Ru fie rouge, ou Ukraine, traverfée par le Dnieper, que les'Grecs ont appellé Boriffhène. La différence de ces deux noms, l’un dur à prononcer, Pautre mélodieux, fert à faire voir, avec centautres preu- ves,. la rudeffe de tous les anciens peuples du nord , &tles graces de la langue grecque. La capitale Kiou , autrefois Kiovie,-fut bâtie parles empereurs de Con flantinople, qui en firent une colonie : on y voit encore.des mfcriptions grecques de douze cens an- nées; c'eft la-feule ville qui ait quelque antiquité, dans-ces -pays où les hommes ont vêcu tant de fie- clés, fans bâtir des murailles. Ce fut-là que les grands dues de Rue firent leurréfidence dans l’on- zieme fiecle , avant. que les Tartares aflervifent la Au fre. Dm +3 Si vous remontez au nord-eft de, la province de Kiovie ,-entre le, Borifthene & le Tanais , c’eft le gouvernement de Belgorod qui fe préfente.: il étoit auf grand que celui de Kiovie, C’eft:une-des plus, fertiles provinces de la Ruffre ; c’eft elle qui fournit à la Pologne une quantité prodigieufe de ce gros bétail qu'on connoir ious le nom de bœufs de l'Ukraine. Ces, deux provinces font à l'abri des incurfons des petis Tartares par des lignes qui s'étendent du Bonifthene au Tanaïs, garnies de forts ét de redoutes.. Remontezencore au nord, paflezle Tanais, vous, OL entrez dans le souvernement de Véronife , qui s’é- tend jufqw'au bord des palus Méotides. Vous trouvez enluite le gouvernement de Nifch- gorod fertile en grains ,; & traverfé par le Volga. - De cette province, vous entrez au midi dans le royaume Ou gouvernement d'Aftracan, Ce royaume qui commence au quarante-troifieme degré & demi de latitude , & finit vers le cinquantieme, eft une partie de l’ancien Capshak , conquis par Gengis- kan, & enfuite par Tamerlan; ces tartares domine- rentjufqu'à Mofcou. Le czar Jean Bafilides, petit-fils d'Ivan Baüliovitz, 6c le plus grand conquérant d’entre les Rufles, délivra fon pays du joug tartare , au fei- fieme fiecle, & ajouta Le royaume d’Aftracan à {es autres conquêtes en 1554. | Au-delà du Volga & du Jak, vers Le feptentrion, eft le royaume de Cafan , qui, comme Aftracan, tomba dans le partage d’un fils de Gengis-kan, & en- fuite d’un fils de Tamerlan, conquis de même par Jean Bañlide ; il eft encore peuplé de beaucoup de tartares mahométans. Cette grande contrée s’étend jufqu’à la Sibérie ; il eft confiant qu’elle a été florif- fante & riche autrefois ; elle a confervé encore quel- que refte d’opulence. Une province de ce royaume appellée /a grande Permie, enfuite Le Solikam, étoit lentrepôt des marchandifes de la Perfe, & des four- tures de Tartatie. Des frontieres des provinces d’Arcangel, de Re- fan , d'Aftracan , s'étend à lorient la Sibérie, avec les terres ultérieures jufqu’à la mer du Japon. Là font les Samoyedes , la contrée des Oftiaks le long du fleuve Oby, les Burates, peuples qu’on n’apasencore rendus chrétiens. Enfin la derniere province eft le Kamshatka , le pays le plus oriental du continent. Les habitans étoient abfolument fans religion quand on l’a décou- -vett. Le nord de cette contrée fournit auf de belles - fourrures ; les habitans s’en revêtoient l'hiver, & marchoient nuds l'été, Voila les feize gouvernemens de Ja Ruffe, celui de Livonie, de Revel ou d'Eftonie , d’'Ingrie , de Vi- bourg, d'Arcangel, de Laponie rufle , de Mofcovie, de Smolensko, de Novogorod, de Kiovie , de Bel- gorod , de Véronife , de Nitfchgorod , d’Aftracan, de Cafan & de Sibérie. Ces gouvernemens compofent en général la domi- nation de la Ru/fe, depuis la Finlande à la mer du Japon. Toutes les grandes parties de cet empire ont .été unies en divers tems, comme dans tous les autres royaumes du monde ; des Scythes, des Huns, des .Mañflagetes, des Slavons , des Cimbres , des Getes , des Sarmates, font aujourd’hui Les fujets des czars ; les Ruffes proprement dits, font les anciens Roxe- lans ou Slavons. | La population du vafte empire de Ruffe eft, com- me je lai dit , la moindre qu’il y ait dans le monde, _à proportion de fon étendue. Par un dénombrement de la capitation qui a été faite en 1747, il s’efl trouvé fix millions fix cens quarante mille mâles ; & comme -dans ce dénombrement les filles & les femmes ny font pas comprifes, non plus que les eccléfiaftiques, qui font au nombre de deux cens mille ames, & l’é- tat militaire quimonte à trois cens mille hommes, M. de Voltaire juge que le total des habitans de la Ruffie doit aller à vingt-quatre millions d’habitans ; mais 1] faut fe défier de tous les dénombremens d’un pays que demandent par befoin lesfouverains, parce que pour leur plaire, on a grand foin de multiplier, d’exagérer , de doubler le nombre de leurs fujets. I eft très-vraiflemblable que la Ruff£e n’a pas douze millions d’habitans , & awelle a été plus peuplée qu'aujourd'hui, dans le tems que la petite-vérole ve- nue du fond de PArabie, & l’autre venue d’Améri- que, navoient pas encore fait de ravages dans ces Tone XIF, RUS 443 chmäts où elles fe font entacinées, Cés deux fléaux, par qui le monde eftplus dépeuplé que par la guerre, {ont düs, Punà Mahomet, l’autre à Chriftophe Co- lomb. La pefte, originaire d'Afrique ; approchoit rarement des contrées du feptentrion. Enfin Les peu ples du nord, depuis les Sarmates jufqu’aux Tarta» res , quifont au-delà de la grande muraille, 4yant inonde le monde de leursirrüptions, cette ancienne pépiniere d’hommes doitavoir étrangement diminué, Dans cette vafte étendue de pays que renferme la Ruffie , on compte environ 7400 moines, & $600 religieufes, malgré le foinque prit Pierre le grand de le réduire à un plus petit nombre ; foin digne d’un légiflateur dans un empire où ce qui manque prin» cipalement c’eft l’efpece humaine, Ces treize mille perfonnes cloitrées & perdues pour l'etat, ont foixan- te-douze mille ferfs pour cultiver leursterres, & c’eft évidemment beaucoup trop; rien ne fait mieux voir combien les anciens abus font difficiles à déraciner. Avant le czar Pierre, lesufages, les vêtemens, les mœurs en Ruffée , avoient toujours plus tenu de l’A+ fie que de l'Europe chrétienne ; telle étoit l’ancienne coutume de recevoir les tributs des peuples en den- rées , de défrayer les ambafladeurs dans leurs routes & dans leur féjour, &. celle de ne fe préfen- ter ni dans l'éghife , ni devant le trône avecune épée, coutume orientale oppolée à notre ufase ridicule & barbare, d'aller parler à Dieu , au roi, à Les amis & aux femmes avec une longue arme offenfive qui def. cend au bas des jamnbes. L’habit long dans les jours de cérémonie, étoit bien plus noble que Le vêtement court des nations occidentales de l’Europe. Une tu- tique doublée de peliffe, avec une longuefimarreen- richie de pierreries dans les jours folemnels, & ces efpecesde hautsturbans quiélevoient la taille, étoient plus impofans aux yeux, que les perruques & le ju Îte-au-corps, & plus convenables aux climats froids, Cet ancien vêtement de tous Les peuples paroît feule- ment moins fait pour la guerre , & moins commode pour lestravaux ; mas prefque tous les autres ufages étoient grofhers. Le souvernementreffembloit à celui des Tures par la milice des ftrelits, qui, comme celle des janifiais res, difpofa quelquefois du trône, & troubla l’état prefque toujours autant qu’il le foutint. Ces ftrelits étoient au nombre de quarante mille hommes. Ceux qui étoierit difperfés dans les provinces, fubfiftoient de brigandages ; ceux de Moskou vivoient en bour-. geois » trañquoient, nefervoient point, & poufloient à l'excès l’infolence, Pour établir l’ordre en Ruffie, il falloit les cafler, rien n’étoit ni plus néceffaire, ni plus dangereux. Quant au titre de cyer, 1l fe peut qu’il vienne des Kars Ou rhcars , du royaume de Cafan. Lorfque le fouverain de Ruffie, Jean ou Ivan Bafilides eut, au feizieme fiecle, conquis ce royaume fabjugué par fon aïeul , mais perdu enfuite , il en prit le titre qui eft demeuré à fes fuccefleurs. Avant {van Bafilides, les maîtres de la Ruffe portoient le nom de veliki knés, grand prince , grand feigneur , grand chef , que les nations chrétiennes traduifent par celui de grand-duc. Le czar Michel Frédérovits pritavecl’ambaflade hoif- tenorfe , les titres de grand feigneur & grand knés , con- Jervateur de toutes les Rufhes, prince de Volodimer, Moskou, Novogorod, cc. tzar de Cafan, tyar d'Afîra- can, tzar de Sibérie. Ce nom des zzars étoit donc le titre de ces princes orientaux ; ilétoit donc vraïflem- blable qu'il dérivât plutôt des #54 de Perfe, que des céfars de Rome, dont probablement les tzars fibé- riens n’avoient jamais entendu parler fur Les bords du fleuve Oby. Unttitre tel qu'il foit , n’ef rien, fi ceux qui le por- , tent ne font grands par eux-mêmes. Le nom d'en. Péreur ; qui ne fignifoit que gézéral d'armée , devint KKkk y 444 RUS lé nom des-maîtres dela république romaine, On le donne aujourd’hui aux fouverains des Rufles à plus jufte titre qu’à aucun autre potentat, fi on confidere l'étendue & la puiffance de leur domination. , La religion de l’état futtoujours , depuis Le onzie- me fiecle , ‘celle qu'on nomme grecque | par oppofi- tion à la latine; maisil y avoit plus de pays mahomé- tans &cde payens que de chrétiens. La Sibériejufqu’à la Chine étoit idolâtre ; @ dans plus d’une province toute efpece de religion étoitinconnue. L’ingénieur Perri 8le baron de Stralemberg , qui ontété fi long-tems en Ruffie,, difent qu'ils ont trou- vé plus de probité dans les payens que dans les au- tres ; ce n’eft pas le paganifme qui les rendoit plus vertueux; mais menant une vie paftorale , éloignés du commerce des hommes ,' 82 vivant comme dans ces tems qu'on appelle le premier âge du monde , exempts de grandes pañlions , ils étoient néceflaire- ment plus gens de bien. Le Chriftianifme he fut recu que très-tard dans la Rujfie ,ainfi que dans tous les autres pays du nord:On prétend qu’une princefle nommée O/ha , l'y intro- duifit à la fin du dixieme fiecle, comme Clotilde, niece d’un prince arien, le fit recevoir chez les Francs ; la femme d’un Miciflas, duc de Pologne, chez les Polonois, 8c la fœur de empereur Henri IL. chez les Hongrois. C’eft le fort des femmes d’être fenfibles aux perfuafons des miniftres de la religion, & de perfuader les autres hommes. Cette princeffe Olba , ajoute-t-on , fe fit baptifer à Conflantinople. On Pappella Helene; 8t dès qu'elle fat chrétienne , l’empereur Jean Zimifcésne manqua pas d’en être amoureux. Apparemment qu'elle étoit veuve. Elle ne voulut point de Pempereur. L’exem- ple de la princeffe Olha ou Olga ne fit pas d’abord un arandnombre de profélites ; fon fils quitegna long- tems, ne penfa point du tour comme fa mere ; mais fon petit-fils Volodimer , né d'une concubine, ayant afaffiné fon frere pour régner, & ayant recherché l'alliance de l'empereur de Conftantinople Bafile, ne lobtint qu’à condition qu'il fe feroit baptifer ; c’eft à cette époque de l’année 987, que lareligiongrecque commença en effet à s'établir en Ruffe. Le patriarche Photius , # célebre par fon érudition immenfe, par fes querelles avec l’Egliferomaine &c par fes malheurs, envoya baptifer Volodimer, pour ajouter à fon pa- triarchat cette partie du monde. Volodimer acheva donclouvrage commencé par fon aieule. Un grec fut premier métropolitain de Rf- fie, ou patriarche. C’eft de-là que les Ruifes ont adop- té dans leur langueun alphabet tiré en partie du grec. Îls y auroient gagné fi le fond de leur langue qui eff la flavone, n’étoittoujours demeuré le même, à quel- ques mots près qui concernent leur Bturgie &c leur hiérarchie. Un des patriarches grecs , nommé Jéré- mie, ayant un procès au divan , & étant venu à Mofcou demiander des fecours , renonca enfin à fa prétention fur les églifes rufles , ëc facra patriarche Parchevêque de Novogorod nommé Job, en 1588. Depuis cetems , l'églife rufle fat auff indépen- dante que fon empire. Le patriarche de À uffie fut dès- lors facré par les évêques rufles , non par le patriar- che de’Conftantinople ; il eut rang dans Péglife erec- que après celui de Jérufalem ; mais il fut en effet le {eul patriarche libre &c puiffant, &c par conféquent le feul réel. Ceux de Jérufalem , de Conftantinople, d’Antioche, d'Alexandrie , ne font que les chefs mercenaires & avilis d’une éelife efclave des Tures. Ceux même d’Antioche êc de Jérufalem ne font plus regardés comme patriarches , & n'ont pas plus de crédit que les rabins des fynagogues établies en Tur- uie. Il n/y a dans un f vafte empire que vinot-huit fie- ges épilcopaux , & du tems de Pierrel. on n’en comp- RUS toit que vingt-deux ; Péglife ruffe étoit alors fi peu inftruite, quele czar Frédor, frere de Pierre legrand,, fut le premier quiintroduifit Le plein chant chez elle. Frédor , & fur-tout Pierre, admirent indifférem- ment dans leurs armées &c dans leurs confeils ceux duritegrec, latin, luthérien, calvinifte; ils laïfferent à chacun la berté de fervir Dieu fuivant fa confcien- ce, pourvu que Pétat füt bien fervi. Il ny avoit dans cet empire de deux mille lieues de longueur aucune églife latine, Seulement lorfque Pierre eut établi de nouvelles manufa@tures dans Aftracan,, illy eut en2 viron foixante familles catholiques dirigéés par des capucins > mais quand les jéfuites voulurent s’intro- duire dans fes états, il les en chafla par un édit au mois d'Avril 1718. Il fouffroit les capucins comme des moines fans conféquence , & recardoit les jéfui- tes comme des politiques dangereux. L’Eglife grecque eff flattée de fe voir étendue dans un empire de deux mille lieues , tandis que la ro- maine n’a pas la moitié de-ce terrein en Europe. Ceux du rite grec ont voulu fur-tout conferver dans tous les tems leur égalité avec ceux du rite latin, &c ont toujours craint le zele de léglife de Rome, qu'ils ont pris pour de l'ambition, parce qu’en effet l’églife romaine , très-reflerrée dans notre hémifphere , & fe difant univerfelle, a voulu remplir cesrand titre. Il ny a jamais euen Ruffie d'établiflement pour les Juifs, com:*e ils en ont dans tant d'états de lEu- rope, depuis Conflantinople juiqu'à Rome. Les Ruffes ont roujours fait leur commerce par eux-mê- mes , & par les nations érablies chez eux. De toutes les églifes grecques la leur eft la feule qu ne voie pas des fynagogues à côté de fes temples. La Ruffie qui doit à Pierre le grand fa grande in- fluence dans les affaires de l'Europe , n’en avoit au- cune depuis qu’elle étoit chrétienne. On la voit au- paravant faire fur la mer Noire ce que les Normands failoient {ur nos côtes maritimes de Océan , atmer, du tems d’'Héraclius quarante mille pentes barques’, fe préfenter pour afliéger Conftantinople, impofer un tribut aux céfars grecs. Mais Le grand knés Volodi- mer occupé du foin d'introduire chez lui le Chriftia- nifme, & fatigué des troubles inteftins de fa mafon, affoiblit encore fes états en les partageant entre fes enfans. Ils furent prefque tous la proie des Tartares,, qui affervirent la Ruffie pendant deux cens années. Ivan Baflides la délivra & l’aggrandit, mais après luiles guerres civiles fa ruinerent. Il s’en falioit beaucoup avant Pierre le grand que la Ruffie fût auf puiffante , qu’elle eût autant de ter- res cultivées , autant de fujets, autant de revenus que de nos jours ; elle n’avoit rien dans la Livonie, êc le peu de commerce que l’on faifoit à Affracanétoit defavantageux. Les Rufles fe nourrifloient fort mal; leurs mets favoris n’étoient que des concombres &c des melons d’Aftracan , qu'ils faifoient confire pen- dant l’été avec de l’eau , de la farine &cdu fel, cepen- dant les coutumes afatiques commençoient déja à s'introduire chez cette nation. | Pour marier un czar , on faifoit venir à la cour les plus belles filles des provinces ; la grande maîtreffe de la cour les recevoit chez elles, les logeoït fépa- rément, & les faifoit manger toutes enfemble, Le czar les voyoit, ou fous un nom emprunté, ou fans déguifement. Le jour du mariage éroit fixé , fans que le choix fût encore connu ; & le jour marqué, on préfentoit un habit de nôces a celle fur qui le choix fecret étoit tombé : on difiribuoit d’autres habits aux prétendantes, qui s’en retournoient chez elles. Ily eut quatre exemples de pareïis mariages. Dès ce tems-là , les femmes ruffes furent fe met- tre du rouge, fe peindre les fourcils, où s’en former d'artificiels ; elles prirent du goût à porter des pier- reries , à fe parer, à fe vétir d’étoffes précieufes ; c’eft ainf que la barbarie commençoit à finir chez ces peuples , par conféquent Pierre leur fouverain n'eut pas tant de peine à policer fa nation , que quelques auteurs ont voulu nous le perfuader. Alexis Mikaelovitz avoit déja commencé d’annon- cer influence que la Auf devoit avoir un jour dans l'Europe chreètienne. Il envoya des ambaffadeurs au pape , & à prefque tous les grands fouverans de FEurcpe , excepté à la France, alliée des Turcs, pour tâcher de former une ligue contre la Porte ot- tomane. Ses ambaffadeurs ne réufirent cependant dans Rome , qu’à ne point baïfer les piés du pa- pe, & n’obtinrent ailleurs que des vœux impuif- fans. Le même czar Alexis propofa d’unir, en 1676, fes vaftes états à la Pologne, comme les Jagellons y avoient joint la Lithuanie ; mais plus fon offre étoit grande , moins elle fut acceptée. IL étoit très-digne de ce nouveau royaume, par la maniere dont il eou- vernoit les fiens. C'eft lui qui le premier fit rédiger un code de lois, quoigwimparfait ; il introduit des manufactures de toiles & de foie , qui, à la vérité, ne fe foutinrent pas, mais qu'il eut le mérite d'établir. 11 peupla des déferts vers le Volga & la Kama, de fa- milles Hthuaniennes , polonoties &c tartares , prifes dans fes guerres ; tous les prifonniers auparavant étoient eiclaves de ceux auxquels ils tomboient en partage ; Alexis en fit des cultivateurs? il mit autant Gu'l put la difcipline dans fes armées, Il appella les arts utiles dans {es états : il y fit venir de Hollande, à grands frais, le conftruéteur Bothler, avec des char- ‘pentiers & des matelots, pour bâtir des fréoates & des navires. Enfin, il ébaucha , 1l prépara l’ouvrage que Pierre a perfettionnc. Il tranfmit à ce fils tout fon génie , mais plus développé, plus vigoureux, & plus éclairé par les voyages. Sous le regne de Pierre, le peuple ruffe qui tient à -T'Europe,& qui vit dans les grandes villes,eft devenu civihfé, commerçant , curieux des arts & des fcien- ces , aimant les fpeétacles, & les nouveautés ingé- mieufes. Le grand homme qui a fait ceschangemens, eft heureufemeñt né dans le rems favorable pour les produire. I a introduit dans fes états les arts qui ciotent tout perfeétionnés chez fes voifins ; & 1l eft arrivé que ces arts ont fait plus de progrés en so ans chez fes fujets, déja difpotés à les goûter , que par- tout ailleurs, danSl'efpace de trois ou quatre fiecles; cependant ils n’y Ont pas encore jetté de fi profon- des racines , que quelque intervalle de barbarie, ne puifle ruiner ce bel édifice commencé dans un em- pire dépeuplé, defpotique, & où la nature ne répan- ra jamais fes bénignes influences. … Dans l'état qu'il eft aujourd’hui , la nation rufle eft fa feule qui trafique par terre avec la Chine ; le pro- ft de ce commerce eft pour les épingles de limpé- fatrice. La caravane qui fe rend de Pétersbourg à Pékin, emploie trois ars en voyage & au retour. Auffitôt qu'elle arrive à Pékin, les marchands font enfermés dans un caravancerai, & les Chinois pren- nent leur tems pour y apporter le rebut de leurs mar- _chandifes qu'ils font obligés de prendre , parce qu'ils &’ont point la Hberté du choix. Ces marchandifes fe vendent à Pétersbourg à l’enchere, dans une grande fallé du palais italien ; limpératrice affifte en perfon- me à cette vente; cette {fouveraine fait elle-même des offres , & il eft permis au moindre particulier d'encherir fur elle ; auf le fait-on, & chacun s’em- prefe dacheter à très-haut pnx.. Outre le bénéfice de ces ventes publiques , la cour fait le commerce de la rhubarbe, du fel, des cen- dres , de la Pierre, de l’eau-de-vie, &c. L'état tire encore un gros revenu des épiceries , des cabarets, ëc des bains publics, dont Fuface eft auffi fréquent parmi les Rufies quechez les Turcs. ; Tome XIF. 2 EN D OS mm D ER ES CR PP EL AR nn T0 RUS 445. Les revenus du fouverain de Ruffre fe tirent de la capitation , de certains monopoles , des douanes, des ports, des péages , & des domaines de la couronne, Îls ne montent pas cependant au-delà de treize mil- lions de roubles, (foixante-cinq millions de notre monnoie ). Avec ces revenus, la Rwffre peut faire la guerre aux Turcs, mais elle ne fauroit , fans recevoir des fubfides , la faire en Europe ; fes fonds n’y fuf- roient pas : la paie du militaire efftrès-modique dans cet empire. Le foldat ruffe n’a point par Jour le tiers de la paie de l’allemand, nt même du françois; lorfqu'il fort de fon pays, 1l ne peut fubffter fans augmentation de paye; & ce font lespuffances alliées de la Rujfie, qui fourniffent chérement cetteaugmen- tation. La couronne de Ruffie eft héréditaire, les filles peuvent fuccéder, & le fouverain a un pouvoir ab- folu fur tous fes fujets , fans rendre compte de fa con- duite à perfonne. L'air de la plus grande partie de la Iuffie eft extrémement froid , les neiges & les glaces y regnent la meilleure partie de l’année; le grain qu'on y feme n’y meurit jamais bien , excepté du, côte de la Pologne , où on fat la récolte trois mois. après la femaille. Il n’y croît point de vin , mais beau coup de lin. Ses principales rivieres font le Volga, le Don , le Dmeper & le Dwina. Ses lacs donnent du poiflon en abondance. Les forêts font pleines de gibier, & de bêtes fauves. Le commerce des Raffes eft avantageux à la France , utile à la Hollande, & défavorable à l'Angleterre. Il confifte en martres, zibelines , hermines , & autres fourrures, cuirs de bœufs appellés cuirs de Ruffie, lin, chanvre, fuif, soudron, cire, poix-réfine, favon, poiflon falé, &c. Extrait de la defériprion de la Ruffie, par M. de Voltaire. Geneve, 1759. 1n-8°. 10m. 1. Voyez auf, defcription de l'empire de Ruffie, par Perri, Amfterd. 1720 , 2. vol. in-12, &t la defcription hiflorig. de l'em-. pire rujien, craduit de l’allemand,du baron de Stralem- berg, Holl. 1757, 2. vol, in-12. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) | RUSTAN, ( Géog. mod.) petit pays de France, aux confins du Bigorre & de lAftarac. Son chef-lieu eft S. Sever de Auflan. RUSTICANA, (Géog. anc.) ville de la Lufitanie, Elle eft placée dans les terres par Ptolomée , Z. II. c. y. & marquée entre Talabriga & Mendeculia. Cel- larius , Géogr. ant. I. IT. c.;. croit que c’eft la même ville que l'itinéraire d’Antonin nomme Ruffciana, &c qu’il place fur la route d'Emérita à Saragoñle , entre Turmuli & Cappara, à vingt-deux milles de la pre- miere de ces villes , & à égale diftance de la fecon- de. (2.J.) RUSTICITÉ, {. £ (Gram.) terme à l’ufage des ha: bitans des villes , par lequel1ls défignent la erofhié- reté, fimplicité, rudefle des mœurs , du caractere, du difcours des gens de la campagne. RUSTIQUE, adj. (Gram.) qui appartient à lacam- pagne, La maifon ruflique ; économie ruflique ; les chofes ruffiques : 11 fe prend aufli dans le même fens que tufhcité. Je fuis ruffique & fier, RUSTIQUE , adj. (Archir.) épithete qu’on donne à la maniere de batir, dans limitation plutôt de la na- ture que de l’art. | RUSTIQUE, ordre, (Archiret.) ce mot fe dit du premier de cinq ordres d'architecture , c’eft-à-dire, de l’ordre tofcan, quieft le moins orné, & celui qui approche le plus de la fimplicitéde la nature. On dit auf un ouvrage ruffiqué, en terme d’archi- teure, quand Les pierres ne font que piquées, au lieu d’être travaillées poliment & uniment. (D. J.) RUSTIQUES , dieux, (Mythol.) les dieux rufliques chez les Romains, étoient les dieux de la campagne, & qui préfidoient à l’agriculture. On difiinguoit les dieux rfliques en grands & en petits. Les grands dieux Pa * Kkkiü 446 RUT étoient Jupiter, la Terre, le Soleil, la Lune, Cérès, Bacchus , Vénus , Flore , Minerve, 6c. Les petits dieux étoient Fanna, Palès, Pomone , Silvain, Ver- tume , Priape , & fur tous les autres le dieu Pan. Quelques modernes y mettent aufli les Faunes, les Silenes & les Nymphes. (2.J.) RUSTIQUER, v. a@. (Archireët.) c’eft piquer une pierre avec la pointe du marteau entreëles cifelures relevées. | RUSTONIUM , (Géog. anc.) ville de la Maurita- nie céfarienfe. Ptolomée , Z. I#. c. ij. la place fur la côte , entre l'embouchure du fleuve Savus, & la ville Ruficibar. Elle eft nommée Raftonia- colonia par Pline, ZW. c. ÿ. Rungonie colonia par l'itinéraire d'Antonin, & Tite-Live, Z ÆXX. c. x. dit que les Africains Pappelloient Rufcinona. Les modernes ne s'accordent pas fur le nom que porte aujourd’hui cette ville. Elle eft appellée Brecz par Caftald, Mo- tafus 8 Temen de Fuf? par Marmol, fuivant la re- marque de Simler. ( D. J.) | RUSTRE, serme de Blafon ; lofange percéenrond; de fable a trois ruftres d'or. Le P. Menetrier fait venir rufire de Pallemand rutten, qui fignifie ces lofanges percés àjour, dont on fe fert pour arrêter les gros cious à vis des ferrures & des happes des portes. RUT , {. m. serme de Chaffe ; ce mot fe dit des be- tes fauves , pour défigner le tems où elles font en amour : quelques-uns emploient le mot de chaleur en parlant des loups. Le rur des bêtes roufles, c’eft de- puis la mi-Septembre jufqu’à la fin de Novembre, & celui des bêtes noires, eft au commencement de Dé- cembre. L'amour des lievres fe fait ordinairement dans les mois de Décembre & de Janvier. La cha- leur des loups fe tient dès la fin de Décembre juf- qu’au 0e el de Février. Voyez SALNOVE. D. JT. C RUTÉNIENS, LES, (Géog. anc.) Ruteni & Rhu- sem ; ancien peuple des Gaules , qui tenoit le pays que nous nommons aujourd’hui le Rouergue 8 Ro- dès ; car ce nom convient aux peuples qui habitent saimtenant ce pays. Voyez ROUERGUE. Les Ruréniens aiderentles Eduens &les Arvéniens dans la guerre qu’ils eurent à foutenir contre Rome. Tous réunis , ils compofoient une armée de deux cens mille combattans. Q. Fabius les attaqua l’an de Rome 631, vers le confluent de Plfere & du Rhône; 1l les taitia en piece, & Céfar les foumit entierement aux Romains. (D.J.) RUTH, LIVRE DE, (Théolog.) nom d’un des li- vres canoniques de l’ancien Teftament , ainfi appellé parce qu’il contient l’hiftoire de Ruth, femme moa- bite , qui, après la mort de Mahalon fon premier mari, ayant fuivi Noemi fa belle-mere , à Bethléem, atrie de celle-ci, y devint l’époufe d’un riche ifraé- Fe nommé Boos, qui fut bifayeul du roi David. Ce livre eft placé dans les bibles entre Les livres des juges, & le premierlivre des rois, comme étant une fuite du premier, & une introdution au fecond. S. Jerome, Prolog. galeat. nous apprend que Les Juifs le joignoient au livre des juges, parce que l’hiftoire qu'il renferme arriva au tems d’un des juges d’Ifraël, & plufeurs anciens peres , par la même raïfon , ne font qu’un livre des juges &c de Ruth. Maïs les Juifs modernes dans leurs bibles, placent ordinairement après le pentateuque les cinq mégilloth, qui font r°. le cantique des cantiques ; 2°. Ruk ; 3°. les lamen- tations de Jérémie; 4°, l’Eccléfiafte; 5°. Efther. Quel- quefois le livre de Rush eft mis le premier des cing, quelquefois le fecond, & quelquefois le cinquieme. Voyez MÉGILLAT 04 MÉGILLOTH. Le but de l’auteur de ce livre, eft de nous faire con- noître la généalogie de David , & il y a toute appa- rence que c’eft le même auteur qui a compofé le pre- mier livre des rois, lequel ne pouvant pas commo- RUT dément placer cette généalogie de David ; fans trop déranger fon récit, a mieux aimé la donner à part. L'écrivain remarque à la tête de cet ouvrage, que lhiftoire qu'il va raconter arriva au tems que les ju- ges gouvernoient; 1ls ne gouvernoïent donc plus du tems qu'il écrivoit ; de plus, il parle de David à la fin de fon livre , il l’a donc écrit au plutôt fous ie re- gne de David. Le P. Calmet, de qui nous emprun- tons cet article, remarque d’ailleurs deux manieres de parler, qui ne fe trouvent que dans les livres des rois : la premiere hœc faciat mihi Deus 6 hœc addar , JE, 6e. & la feconde : Je vous ai découvert l'oreille, pour fignifier , je vous ai dir, I] ajoute que la canoni- cité du livre de Rush n’eft point conteftée. Calmet, diélionn. de la Bibl. tom. III. p. 400. | RUTHWEN , (Géog. mod. ) ville de l'Ecofle fep- tentrionale , capitale de la province de Badenoth, fur la Axe droite de la Spey. Long. 14. latit. 57. 20. VE M er 0 » ( Géog. mod. ) petite ville d’Ita- lie , au royaume de Naples, dans la terre de Bari, au couchant de Converfano , & environ à 6 milles au midi oriental de Ja ville de Bari. Long. 34. 33. Lar. 41° 2- RUTLAND, ( Géog. mod.) province méditerra- née d'Angleterre , dans le diocefe de Peterborough, avec titre de duche. C’eft la plus petite province d'Angleterre, car elle n’aque 40 milles de tour ; mais elle eft très-fertile, abondante en blé & en bétail ; elle a beaucoup de bois, de parcs , & eft arrofée de plufieurs petites rivieres, ce qui fait qu’elle nourrit quantité de brebis, dont la laine eft rougeâtre , ainft que le terroir. Oakham eft la principale ville de cette province. Elle a été bien illuflruée par la naïffance de Jacques Harrington , fils du chevalier Sapcote Hatrington. Il naquit en 1611, & donna dès fa tendre jeunefle de grandes efpérances de ce qu’il deviendroit un jour. Après avoir étudié à Oxford , 1] quitta l’univerfité pour aller voyager en Hollande , en France, en Ita- he, en Danemark &t en Allemagne, & il apprit la langue de ces divers pays. Lorfqu’il fat de retour, le roi Charles [. le fit gentilhomme privé extraordi- naire , & 1l accompagna le monarque en cette qua- lité dans fa premiere expédition contre les Ecoflois. Il fervit toujours ce prince fidelement , & il employa fon crédit pour amener les hotes accommode- ment général qui ne réuffit pas. En 1661, après le rétabliffement de Charles IT. il fut arrêté par LE OT- dre, ayant été accufé de trahifon & de mauvaiïfes pratiques ; mais comme les commiflaires des deux chambres , ne purent jamais rien trouver à fa char- ge, on le mit en liberté. Il mourut à Weftminfter en 1677 , âgé de 66 ans. Entre fes ouvrages politiques, fon oceana , ou la république qui parut à Londres en 1646, 27-fol. eft extrémement célebre en Angleterre. Lorfque l’au- teur fit voir à fes amis le manufcrit de cet ouvrage, avant qu'il fût imprimé , 1l leur dit, que depuis qu'il | avoit commencé à penfer férieufement, il s’étoit at- taché principalement à l'étude du gouvernement, comme à un objet de la derniere importance pour le bonheur du genre humain ; & qu'il avoit réuffi, du moins à fon gré, s'étant convaincu qu'il n’y a aucu- ne forte de gouvernement qui foit auf accidentel qu'on fe l’imagine d'ordinaire , parce qu'il y a dans les fociétés des caufes naturelles, qui produifent auf néceffairement leurs effets, que celles de la terre & de Pair. Fondé fur ce principe , il foutenoit que les trou- bles de l’Angleterre ne devoient pas être abfolument attribués à l’efprit de faétion, au mauvais gouverne- ment du prince , ni à l’opiniâtreté du peuple ; mais au défaut d'équilibre entre les différentes autorités ; RUT le soi 8c les feioneurs ayant trop perdu dépuisle tems de Henri VITE. & la balance panchant trop de jour en jour du côté des communes : non qu'il prétendit ap- prouver les infra@ions que le roi avoit faites aux lois, ni excufer la maniere dure dont quelques-uns des fujets avoient traité ce prince, mais pour mon- tre que tant que les caufes du defordre fubfifte- roient, elles produroient néceflairement les mêmes effets. RL Il ajoutoit que d’un côté, pendant que le roi cher- cheroït toujouts à gouverner de la même maniere que fes prédéceffeurs , le peuple feroit furementtous fes efforts pour fe procurer de nouveaux privileges, &t pour étendre fa liberté , aufi fouvent qu’il réufi- roit heureufement, comme le pañlé le démontroit. Son principal deflein étoit donc detrouverun moyen de prévenir de pareils dérangemens, ou d'y appli- quer les meilleurs remedes lorfqu’ils arriveroient. Il foutenoit que tant que la balance demeureroit incoale , 11 n’y a pas de prince qui pût être hors d’at- teinte ( quelqu’attentif qu'il fût à fe rendre agréable au peuple ) ,. 8 que quoiqu’un bon roi pût ménager pañlablement les chofes pendant fa vie, cela ne prou- voit point que le gouvernement füt bon, puifque fous un prince moins prudent , l’état ne pourroit manquer de tomber en defordre; au lieu que dans un état bien réglé, les méchans deviennent gens de bien, &c Les fous fe conduifent fagement. Il eft le pre- mier qui ait prouvé que l'autorité fuit la propriété , foit qu’elle réfide entre les mains d’un feul, d’un pe- -tit nombre , ou de plufieurs. | Il n'eut pas plutôt commencé à répandre fon fy£ tème , ayant beaucoup de connoïffances , que tout le monde S’attacha à examiner la matiere, chacun {e- lon fes préjugés ; mais plufieurs perfonnes cherche- rent à difputer avec luifur cette matiere dans la vue de s’en mieuxinftrure. Harrington trouva de grandes difficultés à faire paroître fon ouvrage, pañce que tous Les partis , op- pofés les unsaux autres, s’étoient comme réunis con- tre hu. Les principaux obftacles vinrent de la part du défenfeur de la tyrannie de Cromwel , d'autant plus que l’auteur en faifant voir qu'une république eftun gouvernement dirigé par les lois, & non par le pou- voir militaire , dévoiloit la violente adminiftration du proteëteur par fes majors-généraux. D’un autre côte , les cavaliers le taxoient d’ingratitude à la mé- moe du feu roi, & préféroient la monarchie même fous un ufurpateur , à la république la mieux réglée. I répondit à ces derniers, que c’étoitaffez qu’il eût évité de publier fes fentimens pendant la vie du roi; mais que la monarchie étant abfolument détruite, & la nation dans un état d’anarchie, ou plutôt fous lu- furpation ; il étoit non-feulement libre, mais obligé en qualité de bon citoyen, de communiquer à {es compatriotes le modele de gouvernement, qui lui parofoit Le plus propre à aflurer leur tranquillité, leur bonheur & leur gloire. Il ajoutoir qu’il n'y avoit perfonne à qui fon plan dût plaire davantage qu'aux cavaliers, puifque s’il étoit recu, ils {e verroient dé- livrés de toute oppreflion; parce que dans une répu- blique bien réglée, il ne peut y avoir de difinéion de partis, le chemin des emplois étant ouvert au - mérite. D'ailleurs , f le prince étoit rétabli, fa doc- trine de la balance l’éclaireroit fur fes devoirs , ce qui le mettroit en état d'éviter les fautes de fon pe- re, puifque fon fyflème ne convenoit pas moins à une monarchie gouvernée par les loïs qu’à une véri- | table démocratie. Cependant , quelques courtifans ayant fu que l’ou- vrage d’Harrington étoit fous prefle, ils firent tant «le recherches, qu'ils découvrirent le lieu où ilsim- primoit. On fe faifit du manuferit, & on le porta à Whitehall. Tous les premiers mouvemens que l’au- RU T 447 teur feudonna pour le recouvrer furent inutiles. Il réfléchit enfin que myladi Claypole, fille du protecs teur, qui avoit beaucoup de crédit fur fon efprit, étoit d’un caraétere plein de bonté pour tout le non de, &c qu’elle s'intérefloit très-fouvent pour les mal: heureux. Quoique cette dame lui fût inconnue, il réfolut de s’adrefier à elle, &c fe fit annoncer, s'é- tant rendu dans {on antichambre, Pendant qu'il y étoit, quelques-unes des femmes de Mylady Claypole entrerent dans la chambre, fui. vies de fa petite £lle , âgée d’environ trois ans; cette enfant s'arrêta auprès de lui, & il fe mit A badiner | avec elle, demantere quelle foufrit qu’il la pit dans 3 L fes bras, où elle étoit, lorfque fa mere parut, Harz rington s’avança veis Mylady Claypole,, & mit l’en- fant à fes piés, en lui difant: Madame , vous êtes arrivée fort à-propos, fans quoi j’aurois certaine= ment volé cette charmante petite demoifelle. Zo/ée ! reprit la mere avec vivacité , hé pourquoi , je vous Prie ; car elle eff trop jeune pour ésre vorre maitreffle, Mas dame , répondit Harrington, quoique fes charmes laflurent d’une conquête plus importante que la mienne, Je Vous avouerai que je ne me ferois porté a ce larcin, que par un motif de vengeance, & non d'amour. Quelle injure vous ai-je donc fair , repliqua la dame, pour vous obliger à me dérober mon enfant ? Aucune, reprit Harrington , mais c’auroit été pour vous engager à porter mylord votre pere À me ren- dre juftice , &t à me reftituer mon enfant, qu'il m'a dérobé, Mylady Claypole repliqua que cela ne pou- voit point être , fon pere ayant lui-même affez d’en- fans, & ne fongeant certainement pas à en voler à perfonne au monde. | Harrington lui apprit alors qu'il étoit queftion de la produétion de fon efprit, dont on avoit donné de fauifes idées à fon altefle , &.qui avoit été enlevé par fon ordre de chez imprimeur. Elle Iui promit fur le champ qu’elle lui feroit rendre fon Ouvrage’, pour- vû qu'il n'y eût rien de contraire au gouvernement de fon pere. Il Paffura que c'étoit une efpece de ro- man politique, qui contenoit fi peu de chofes pré- judiciables aux interêts du proteéteur, qu’il efpéroit qu’elle voudroit bien linformer, qu'il avoit même deflein de le lui dédier , & il lui promit qu’elle au- roit un des premiers exemplaires. Mylady Ciaypole fut fi contente du tour qu'il avoit pris, qu’elle lui fit bientôt rendre fon livre. Il le dédia , fuivant fa parole à Cromwell, qui, après lavoir Ià, dit que l’auteur avoit entrepris de le dépouiller de fon autorité; mais qu'il ne quitte- roit pas pour un coup de plume, ce qu’il avoit ac- quis à la pointe de l'épée. Il ajouta , qu'il approu- voit moins que qui que ce füt, le gouvernement d’un feul; mais qu'il avoit été forcé de prendre la fonétion d’un commiflaire fupérieur , pour mainte- mir la paix dans la nation , convaincu que fi on l’eût laiflée à elle-même , ceux quila compofoient nefe ” feroient jamais accordé fur une forme de gouverne- ment, 6c auroient employé leur pouvoir à fe per- dre les uns les autres. Pour parler à prélent de l'ouvrage , il eft écrit en. forme de roman , à limitation de l’hiftoire Atlanti- que de Platon. L’Occanz, eft l'Angleterre; Adoxus, eft le roi Jean; Convallium , c’eit Hampton-court ; Corannus , eft Henri VIT; Dicoitome, Richard II ; Emporiur, Londres ; Halcionia , la Tamife ; Halo, Whitehall ; Æiera, Weftminfter ; Leyiathan , Hob- bes ; Marpeia , VEcoffe ; Morphée, le roi Jacques 1; 11 le mont Célia, Windfor; les Neuffriens, font les Nor- mands ; Olphans Mégaleror, c'eft Olivier Cromwel; Panopæa , Virlande ; Panthéon , la grande falle de Weftminfter ; Panurge , Henri VIT; Parthenio, la reine Elifabeth; les Scarzdiens , font les Danois ; les Teutons , les Saxons ; Turbor , c’eft Guillaume le . 4 48 RUT conquérant ; Verulamins , fl mylord Bacon: Cet ouvrage eft compofé de trois parties ; les pré- Hminaires, accompagnés d’une feétion intitulée : Ze confeil des Légiflateurs. Suit le plan de la république ou le corps de l'ouvrage, & enfin les corollaires ou la conclufion. Les préliminaires contiennent Îles fondemens, l’o- rigine 67 les effets de toutes fortes de gouvernemens, monarchique , ariftocratique ou démocratique. Il parie de la corruption de ces diverfes efpeces de gouvernemens , d’où naïflent la tyrannie , loligar- chie & l'anarchie, Dans la premiere partie, il traite en particulier de ce qu'il appelle la prudence ancienne , C’eft-à-dire de cette efpece de gouvernement qui fut la plus com- mune dans le monde jufqu’au tems de Jules-Céfar. 4] s’agit dans la feconde partie, des préliminaires, de la prudence moderne, c’eft-à-dire de cette efpece de gouvernement qui a prévalu dans le monde, après que Rome eut perdu fa liberté. L'auteur s’aîtache particulièrement aux dois établies, depuis que les peuples barbares eurent commencé à inonder lem- pire romain. Il donne une idée claire & juite de la maniere dont l'Angleterre a été gouvernée par les Romains, les Saxons , les Danois & les Normands, jufqu’à l’entiere ruine de ce gouvernement fous Char- les I. On voit enfuite le confeil des légiflateurs, car l’au- teur travaillant à donner le modele d’un gouverne- ment parfait, avoit étudié à fond les gouvernemens anciens & modernes, pour en prendre tout ce qui lui paroïîtroit praticable, & pour éviter tout ce.qu'il y trouveroit d'impraticable. Dans ce deflein , ilin- troduit fous des noms feints, neuf légiflateurs parfai- tement inftruits des diverfes efpeces de gouverne- mens, qu'ils doivent faire connoitre. Le premier eft chargé d’expoler le gouvernement de la république d’Hfraël ; le fecond , celui d'Athènes ; le troifieme, Lacédemone ; le quatrieme, Carthage ; le cinquie- me, les Achéens', les Æoliens &z les Lyciens ; Le fi- xieme, Rome; le feptieme, Venife; le huitieme, la Suifle ; & le neuvieme, la Hollande. Il tire ce qu'il y a de bon de ces divers souvernemens, & en y joignant fes propres idées, 1l en forme le plan de fon oceana. La méthode dans {on plan de gouverne- ment, eft d'établir d’abord une loi , d'y joindre en- fuite Pexplication, & de Paccompagner d’un difcours qu'il fait fire à quelqu'un des légiilateurs. Les divers corps de la république ( qu’il en appelle les roues, the orbs ) étant civils, militaires ou provin- ciaux, font fondés fur là divifion du peuple en qua- tre ordres. Le premier , des citoyens & des domef- tiques ; le fecond , des anciens &c des jeunes gens; le troifieme, de ceux qui ont un revenu annuel de 100 div. fterling en terres, en argent ou autres effets ; ceux-là compofent la cavalerie , & ceux qui ont un moindre revenu, l'infanterie. En quatrieme lieu , ils font partagés felon les lieux de leur demeure ordi- naïre, en paroïfles, centuries & tribus. Le peuple eft le tribunal fuprème de la nation, ayant droit d’entendre &c de décider les caufes d’ap- pe! de tous les magiftrats , & des cours provinciales ou domeftiques ; il peut auffi appeller à compte tout magiftrat , quandil eft forti de charge, fi les tribuns ou quelqu'un d’entreux propofe la chofe. L'auteur détaille enfuite fes idées fur le corps mi- litaire, fur l’armée, &c fur Les polémarques. Enfin dans les corollaires , il explique comment on peut achever l'ouvrage de fa république; ilne fe con- tente pas d’y développer ce qui concerne le fénat &z l’affemblée du peuple, la maniere de faire la guerre, & de gouverner en tems de paix ; il y parle encore de ce qui regarde la difcipline à l’égard de la reli- sion, des moyens d’aflurer la liberté de confcience, RUT dé la forme du gouvernement particulier pour l’'E- coffe, lIrlande, &c les autres provinces de la répu- blique; du gouvernement de Londres & de Weft- miniter, qui doivent être le modele du gouverne- ment des autres villes 8: communautés. Il y donne des direétions pour faire fleurir & pour augmenter le commerce; des lois pour régler les unis verfités ; des avis pour l'éducation de la jeuneñle ; des confeils pour faire utilement la guerre fur mer, pour établir des manufatures, pour encourager l’a- griculture. Il propofe des réglemens fur le droit, la médecine, la religion, & fur-tout fur la maniere de former un gentilhomme accompli. Il y parle du nom- bre, du choix, du devoir, des revenus des magif- trats, de tous ceux qui ont quelque charge dans Pé- tat ; enfin de toutes les dépenfes de la république. Je me fuis étendu contre ma coutume, fur cet ou= vrage profond, parce qu’il eft peu ou point connu des étrangers. À peine eut-il paru, qu'il fut attaqué bien où mal par divers écrivains, Pour moi, je penfe avec l’auteur de le/prit des Lois , que M. Harrington, en examinant le plus haut point de liberté où la con- ttitution de l'Angleterre pouvoit être portée, a bâti. Chalcédoine , ayant le rivage de Byfance devant les yeux. Je ne fai comment 1l pouvoit efpérer qu’on regarderoïit fon ouvrage, autrement qu'on regarde un beau roman. Il eft certain que tous les efforts ont été inutiles en Angleterre , pour y fonder la démo- cratie ; car il arriva qu'après bien des mouvemens, des chocs & des fecouffes, il fallut fe repofer dans le. gouvernement même qu’on avoit profcrit, où d’ail- leurs la Hberté politique eft établie parles lois, & l’on n’en doit pas chercher davantage. Quoi qu'il en foit , l’auteur donna en 1659, un abregé 12-68°, de fon Océana, Il eft divifé en trois livres, dont le premier roule fur les fondemens &c la nature de toutes fortes de gouvernemens. Dans le fecond , il s’agit de la république des Hébreux ; & on trouve dans le troifieme, un plan de république propre à l’état où fe trouvoit la nation angloife, Ila mis à la fin une petite diflertation intitulée: Difcours touchant une chambre de pairs. Le recueil de tous les ouvrages de ce beau génie; a paru à Londres’'en 1737, i-folio; fur quoi, voyez biblioth. Britan. tom. LX, part, IT, art, 10. Au refte, l’Océana d'Harrington , comme le dit M. Hume, convenoit parfaitement au goût d’un fie- cle, où les plans imaginaires de républiques faifoient le fujet continuel des difputes & des converfations, & de nos jours même ; on accorde à cet ouvrage le mérite du génie & de l'invention. Cependant la per- fettion & l’immortalité dans une république, parot- tront toujours aufli chimériques , que dans un hom- me. Il manque au ftyle d'Harrington , d’être plus fa- cile & plus coulant; mais ce do eft avantageufe- ment compenié par l’excellence de la matiere. ( Le chevalier DE JAUCOURT. ) RUTUBA , ( Geog. anc. ) fleuve d'Italie, dans la Ligurie , felon Pline, Zv. {IL c. y. Lucain, Z&v. 11. y. 422. lui donne l’épithete de Carus ; à moins qu'il ne veuille parler du fleuve Rutuba, qui, felon Vi- bius Sequefter, p. 336. prenoit fa fource dans l’A- pennin, & fe jettoit dans le Tibre. Le P. Hardouin ne connoît point deux fleuves du nom de Ruruba ; du-moïns il applique au Ruruba de Ligurie le pafñfage de Vibius Sequefter, Ruruba ex Apennio, fans s’em- barrafler de ce qui fuit, à Tyberium fluir, I] eft vrai que Smiler dans l'édition qu'il a donnée de Vibius Sequefter , fait entendre qu'il vouloit lire i7 Tyrrhe- num fluis, au lieu den Tyberim ; dans ce cas le fen- timent du P. Hardouin pourroit fe foutenir. Une au- tre chofe fait encore en fa faveur ; c’eft que les ma- nufcrits de Vibius ne font point d’accord fur cet en- droit ; lésuns lifent 22 Tyérir, d'autres 2 Tÿberi# : &.d’autres #7 Tyberinis, (D.F.).. La ; RUTULES , Les, Rwuli, ( Géogr. ancr) anciens: peuples d'Italie dans le Latium, Es habitoient le long de la mer, 8 étoient voifins des Latini, dont on ne peut guere les diftinguer, (parce qu'ils furent confon- dus avec ces derniers après la viétoire d’Enée. Vir- gile parle beaucoup des Rwrules dans les derniers = vres de fon Enéide. Leur capitale étoit 4rdez, felon Tite-Live, Z I. c. lyiy. & Virgile, Æneid. 1. WA, ver/. 409% 411: 6 4124 dit la mêmé chofe, (D:.7,) »RUTUNIUM , ( Géog..anc.) ville de la grande: Bretagne : l'itinéraire d’Antoninla met fur la route: du retranchement-à Porrus Ritupæ:, entre Mediala zum &C Wiroconium, à 12 mulles du premier de ces lieux , & 11 nulles du fecond. Cambden dit que: le nom moderne eft Roztor dansle Shropshire: (2.1) RUTUPIÆ., ( Géog. ance) ville de la grande Bre: tagne ; Prolomée la donne aux peuples Canti, &la: marque-au vorfinage de Darucrumm, Quoique voifine de la mer, elle devoit en être à quelque diftance ,: car il le met dans les terres, 8 on veut que ce foit aujourd'huile bourg appellé Rickeborough, Mais elle: avoit un port plus avantageux qu’il n’eft préfente- ment. Les poëtes l'ont célébré, On lit dans Lucain,- 1, VI. verf. 67. | à Aut vaga qui Tehys Rütupinaque Zrora fervent Unda caledonios fallit srbara Britannos. Et dans Juvenal , Sayr, IV. verft 140. … Circeis nata forent an | Lucrirum ad Saxzum , Rutupino ne edira fundo. : Ce port eft appellé porrus Rirupe dans l'itinéraire dAntonin, Ritupæ par Ammian Marcellin, 4 XX. ce 7e L, XV Nc, viig. 80 Riupidans la notice des digmités de empire. Il étoit fi fameux, que fon nom a été employé pour défigner toute la grandeBre- tagne. C’eft dans ce fens qu'Aufone ; parental. 18. à dit en parlant de S.Flavius ze … Prafide latatur quo Rutupinus ager. né Et parlant de la ville d’Aquilée, AUn Felix qua tanti Jpettatrix leta triumphi ” Punifi Aufonio Rutupinum Inarte latronér. Par Ratupinum latroném , entend Maonis-Maxi- us , meurtrier de Gratien , qui s’étoit emparé du pouvoir fouverain dans larprande Brétagne / & que Théodofe fit moutir dans la ville! d’Aquilée. Voyez Zofime , /, IPic. xxx. E xluj, oùce fait eft rappor- te: (D) pe or. SAGE RCA . . RUTY-PUNDOC, £ m: (/4 mar. ) nom que donnent les-habitans. des Indes orientales à ‘une ef -pece particuhere d’orpiment jaune , qui fe trouve fur. leurs montagnes; ilsle calcinent plufeurs fois; êtilei donnent enfuité mtérieurement dans les toux invé2 térées; les anciens Grecs en faifoienit le même ufa= ge ; 1l feroit naturél de penfét-que éet orpiment eft un poifon funefte ; mais Boerhaave qui en a reçu des Indes orientales, nous affüre dans fa chimie fur {es propres expériences , que c’eft un remede véritable- mentinnocent, & quine produit aucun ficheux effet. COLE RUTRUM , .m. (Antig. gymnaff.) forte de bêé- che, de hoyau, de truelle des anciens : c’étoit un inftrument avec lequel les athletes s’exercoient à re- muer la terre ou le fable du fade, pour fortifier les parties fupérieures de leur corps : on doit rapporter à ce mot ce pañlage de Feftus : Rurrum tenentis juve- 7is eft ejfigies in capiralio » &phebi, more Græcorum, are- Lam TUENNS, EXerCirationis gratid ; quod fegnum Porn- peius Bihynicus ex Bithym& fupelleëtilis resie Romam deportavis ; c'eftä-dire, « on voit au capitole la fla- RYE 4 tué d’un jeune homme qui tient une petite trielles" » avec laquelle ilemble s'exercer À jetter du fable à° » la maniere des Grecs : cette ftatue fut apportée de’ » Bithynie ‘Rome par Pompée ». (D..7) - 2° . RUTUMENIENNE , PORTE , ratumenia porta # (Antiquit, rom.) ancienne porte de Rotne ainft nom! mée d’un certain cocher, appellé Rurumenius , qui ayant remporte la viétoire à la courfe des chevaux. dans Pefpace de Veyes jufqu'à Rome, entra vain= queur par cette porte. (1. J.) RUVO , ( Géog. mod.) ville d'Italie au royaume de Naples , dans la terre de Bari, 4 $ milles aü midi: _de Bifeglia ; avec un évêché fondé dans le x. fecle! & fufrragant de Bari. Ruvo eft l’ancienne Rzbi d'Ho- race, /. À. fat.v. Long. 34.121 latis, 40. 56. CONTI" RUYS, (Géog.mod.) petite prefqu'ile de France, en Bretapne ; au diocèle de Vannes , avec une ab baye de l'ordre de S. Benoit. Il y aun gouverneur dans cette prefqu'ile. (2,7) RUYSCH, MEMBRE DE, (Añat.) natif d'Amiter- dam , fut profefleur d'Anatomie, de Botanique & de’ Chirurgie. [nous a laiffé différens ouvrages. Outre’ toutes fes différentes découvertes , nous lui avons obligation d'avoir perfeétionné les injedions ; il ya différentes parties dans le corps qui portent fon nom: telle eftune membrane de l'œil, appellée #ermbrane de Ruyfeh, le tflu cellulaire de Ruyfch, &c. Foyez ŒIL & CELLULAIRE. RUYSCHIANA , £ € (4. nar. Botan.) genre de plante / dont voici les caraétères. Sa racine eft vivace, & la feuille moins épaifle que celle du romarin ; le cafque eft creux & decoupé èn deux levres; la barbe left en trois; le fegment du milieu , qui avance en- dehors, eft diviféen deux parties ; & roulé en forme de fpirales Les fleurs fonttrès-belles , d’abord difpo- fées de fix en fix par anneaux, & enfuite raflemblées en forme d'épi: Boerhaavene compte awuñe feule! efpece de ce genre de plante; qui a pris fon nom du! célebreRuyfch, à qui PAnatomie délicate doit beau coup de chofes curieufes. ( D.J.) 7,1 REY RY ,(Géog:mod.) village de baffle Normandie ; entre Argentan & Falaife: Jétne parle de ‘ce village que parce que c’eft le lieu delanaiffance de Phiftorien Mezerai. Après s'être énfèrmé pendant quelques an- nées du college de Ste Barbe ,1l publiaren 164$ le premier volume de fon hiftoire de Francer7-for. le fecond en 1646, & le troifieme en 165r. Cet ous vrage fuf récompenfé d'une penfion dé 4o6o!livres, Dans la fuite’, aidé des confeils de MM.'4é Launoï & Dupuy ; il mit au jour un’abrégé de {6n:hifloirer dé France en 1668, en trois volumes 17-49, dans léfs quels il'inféra Porigine des impôts ,| avec des réfles xions foft hbres:; fa penfion fut fuppriméé !nais {on abrégé n’en fut que plus recherché. Mezérai eff iné< gal dans fon fFyle ; & péche fouvént contre lexaëi- tude qui efbune.chofe toujours néceflaire à l’hiftoires * I mourut en 1683 à 73 ans, étant fecrétaire dell’as cadémie Françoïle. ( D. J. RYE , (Gcogr. mod.) ville d'Angleterre, dans la partie orientale du comté de Suflex, à l'embouchure du Rother. Elle fut environnée de murailles par Edouard II]. Elle députe au parlement, & à droit de marché public. Enfin c’eft un des cinq ports du royaume , & qui eft très-fréquenté. On y aborde or- dinairement en venant de Dieppe, &on y pêche de bons harengs. Long. 18. 26. laris, 50. 52. (D. J.) RYEGATE , ( Géogr. mod.) ville d'Angleterre , dans la province de Surrey, à r 2 lieues au fud-oueft de Londres. Elle envoye deux députés au parlement. Long. 17. 104 latit, 51:24. (D. J.) RYP , (Géogr, mod.) village entre Alemaar & Pur- 450 R YP fmerende én nord-Hollande, Ce village n’a rien de confidérable; mais il fe glorifie d’avoir donné la naïiflance à Reland J'Adrien, favant d’une vafte éru- dition , &-d’une belle littérature. Il étoit profeffeur enlangues orientales , & en antiquités eccléfiaftiques à Utrecht, & mourut dans-cette ville de la pétite vé- role en 1719 à l’âge desjquarante-deux ans. Il allia l’érudition avec le favoir-vivre , & rendit la politefle compatible avec la prokité. Il a toujours vécu paifiblement avec fes collegues., & n’a jamais écrit avec aigreur contre ceux dent 1l:combattoit les {entimens; de forte que fans fe-rendre coupable de férocité., on ne pouvoit pas devenir l'ennemi d’un fi honnête antagonifte. Sesécrits font fort eftimés, ils {ontengrandnombre, quoiqu'il aitfinifa carriere dans le tems defa vie qui ne lui préfentoit que des fleurs à cueillir, Il a publié plufieurs differtations furdifférens fujets qui mériteroient d’être recueillis en un corps. Je mets au nombre de fes principaux ouvrages, 1°. Palefina ex monumentis sveteribus illufiréia | Etc. Utrecht 1714, en deux tomes in-4°. avec des cartes sographiques. C’eft ici conftamment l'ouvrage de eland le plus digne de la réputation qu'il s’eft ac- quife. Quoiqu'il y aït fans doute quelques endroits à retoucher, cette defcription feroit auili parfaite qu- elle le pourroit être , fi les anciens qui ont parlé de ëe pays-là , euffent pris autant de peine à le décrire, ue l’auteur a employé d’exattitude & de foin à.pro- fa des lumieres qu'il a trouvées dans leurs écrits. Sa critique eft judicieufe ; les conféquences qu'il ire font Les & {olides. 2%. Differtationes quinque de nummis veterum -He- Bræorum. Utrecht 1719 ,1n-8°. Ces cinq differtätions {ont très-curieufes. 3°. De religione Mohammedicé , libri duo. Utrecht 4717 ,in-8°. Cet ouvrage renferme dans le premier Vivre, un abregé de la croyance des Mahométans, traduit d’un manufcrit arabe ; & dans le fecond les reproches & les-accufations qu’on leur a faites à tort. L'ouvrage déja excellent de lui-même, a été traduit en françois, & imprimé à Ja Haye en 1721 ,in-12, avec des additions qui augmentent le mérite de ce livre. Il a été auffi traduit en hollandoïis. | 4°. Antiquitates facræ veterum Hebræorum. Utrecht ‘1717, quatrieme édit. in-8°. C’eftuntrès-bon-abregé des antiquités hébraiques. | s°. Epicleti manuale, cui accedit tabula ceberis & alia affinis argumenti, grœce & Latine. Utrecht 1711, än-40. Meibomius avoit commencé d'imprimer cet euvrage, M. Reland la fini. Ce judicieux critique entretenoit auffi un com- merce de lettres avec les plusilluftres favans de fon tems, en Angleterre , en France, en Allemagne & en Italie. Il avoit un frere très-favant , & qui mou- rut avant lui. Il publia quelques-uns de fes ouvrages, entre autres celui qui eft intitulé Æajit confulares, Utrecht 1715 ,1in-8°. 6°. De fpolis templi Hierofolymitani in arcu Ti- tiano Romæ confpicuis. Utrecht 1716, in-8°, Ce livre sit ençore plein d’érudition, Le P. Niceton a fait l'article du favant Reland; mais il ne l’a pas travaillé avec aflez de foin & de recherches. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) RYPTIQUE , (Mar. med.) médicament propre à détacher des humeurs vicieufes , adhérentes à quel- que partie du corps. On les appelle autrement & plus communément dérergens. Le mot rypsique vient du grec prruw, nettoyer , déterger. (D. J.) RYTHME & RYTHMIQUE , voyez RITHME & _ RITHMIQUE. RYSSADIRUM, (Géogr. arc.) ville de la Maurie tanie tingitane. Ptolomée, £. 1F. c. j. la marque fur la côte de l'Océan ibérique. Pline la nomme Rz/ar- dir, & l'itinéraire d’Antonin -Ru/arder Colonia. Le nom moderne felon Marmot, eft Melilla. (D. J) RYSWICK , (Géogr. mod.) village agréable de la Hollande , entre la Haye & Delft, avec un château bâti à la moderne, où fe finit en 1697 de traité mé- morable qui donna la paix à l’Europe. Il y eut alors quatre traités de paix conclus à Ry/vick dans fix fe- maines de tems. Le premier fut figné avec la Hollande le 20 Sep- tembre àminuit. Les traités de Munfter & de Nime- gueervirent de bafe à cetraité; Pondichéri fut rendu à la France. Le fecond , figné avec l’Efpagne une heure après , contenoit la reftitution des places prifes en Catalo= gne ; Luxembourg , le comté de Chimay, Charle- roi, Mons, Ath, Courtrai, êc tout ce qui avoit été réuni par les chambres de Metz & de Brifac. La ville -de Dinan fut auffi rendue à l'évêque de Liege, & l’ile de la Pouza au duc de Parme. À voir tout ce que le roi de France facrifioit par ce traité, il étoit aifé de fe douter que la mort prochaine du roi d’Efpagne en étoit le motif. | Par le troifieme traité conclu avec PAnpleterre le 21, le roi de France s’engage à n’inquiéter en aucune façon le roi de la Grande-Bretagne dans la poffefñon, des royaumes & pays dont il jouifloit. Enfin par le quatrieme avec l’empereur, figné le 30 Oftobre, tout fut réglé conformément aux traités de Veftphalie & de Nimegue, & Fribourg hu fut rendu. Par ce traité le duc de Lorraine fut rétabli dans ‘fes états , à peu de chofes près, ainfi que le due Charles fon grand oncle, en avoit joui en 16704 (D. J.) R Z RZECZYCA , (Géogr. mod.) ville du grand duché de Lithuanie, capitale d’un territoire de même nom, dans la Ruffie polonoife fur la droite du Nieper, ow Boryfthène. Long. 49.28. latit. $0. 24. (D. J. RZEVA, ( Géopr. mod.) ville de lempire ruffien ; dans la province de même nom, fur le bord du Wol- ga, près du lac de Wronow, où ce fleuve prend fa fource. Elle eft furnommée Folodimerskoy. Il y à ene: core dans lamême province une ville de même nom, & furnommée la Déferte ; la premiere eft au coug chant, & l’autre au levant, (D. J.) Ç TR ner % de SRE den 1 LE (Cramm.) dell la dix-neu- vieme lettre & la quinzieme % ê < È S i 55 3 On la nomme communément o or | PR ae MR s . Te 3 fe, qui eftun nom féminin ; «| le fyfème du bureau typogra 2] phique, beaucoup plus raïfon- Nekauhesractsts Hable qu'un ufase aveugle, la | nomme Je, 1. m. Le fgnede la même articulation étoït ou «chez les Grecs, & ils Pappelloient firme ; c’étoit D chez les Hébreux, qui lui donnoient le nom de Jiech. | Certe lettre repréfente une articulation laguale, fiflante & forte, dont la foiblé eft 7e. Voyez Lin- GUALE, Ce dont elle eft le figne eft un fiflement, kcc €fP, dit Wachter (Proley. feét. 2. $, à 9), habits for- #5 , à tumore lingue palato allifus, @ à dentibus in érarftits ôris laceratus, Ce favant étymolooifte regarde cette articulation comme feule de fon ef pecé , am #nica Jui orbant litters eft (Ib. JE. 3.<. 4. in 5.) ; &c il regarde Comine incroyable la commutabilitéof Je pius le-dire, des deux lettres & s, dontonne peut, ditil, afigner aucune autre caufe que l’amour du Changement. {uité naturelle de l'infabilité de la mul- titude, Maïs il -eft aifé de voir que cet auteur S'eft trompé , mêmeen fuppofant quil n’a confidéré les pe; PE 1 Chofes que d’après le fyftème vocal de fà la pue, TI convientlui-même que la langueeft nécefiaire à cette articulation , hrbins fortis, à TumMore rineTx - palaré allifus, Ori regarde ailleuts (Se. 2. So) comme arhculations'ou lettres Zreules toutes celles que motu linghe fiouranturs & 1l ajoute que l'expé- rience démontre que da fanoue fe ment pour cette . Opération en cinq manières diféréntes, ail appelle taûns, pulfus, flexus., cremor & Tumor. Voilà donc par les aveux mêmes de cetécrivain, la lettres attaz chée à la clafe des Bnguales, & caradtérifée dans cette claflé par l’un des cinq mouvemens qualattrt | bueà lalangue, mors; & il avoit POfé , fans y pren- dté garde, les principes néceflaires pour exphquer les changemens de r en s, & desenr , Quine de- voient-pas luiparoître incroyables, maistrès-natue rels, ainfique bien d’autres qui pottent tous fur Paf finite des lettres commuables, La plusigranderaffinité de la lettre s.eft avec la or: tre X telle que nous la:prononçonsen françois ‘elles font produites l’une & l’autre par le même mouvez ment organique , avec la feule différence du plus où du moins defonce; s ef le figneide l'articulation ou “explofion forte; eff celui dé l'articulation ou explo= fon faible. De-là vient que nous fubftituons fi com- munément la prononciation du ÿ à celle de-s-dans les mots qui nous font communs avec les Latins , chez quis avoit toujours la prononciation forte : ils dis . doient rzanfio, nous difons falyon en écrivant Mai- for ; ils écrivoient miféria, &r-prononcçoient comme nous ferionsidans ricéria ; nous Écrivons d'après eux mrifère, 8 nous prononcons migeres : . Lefecond degré d’afinité del’articulation seftavee des autres articulations linouales fflantes, mais fur: tout avec Patticulation che, parce qu’elle eft forte. :C’eft l'afinité naturelle de savecch, qui fait que nds graflayeufes difent de rnèéffants foux pour de méchans choux, des févenx pour des cheveux ; M, le fevalier pour M. le chévalier | Bic, C’eft encore cette aÆnité qui a conduit naturellement les Anploïs à faire de la lettres tne lettre anäliaire , qui avec À, Tepréfente Particulation qui commence chez nous lés mots chat, “Cher, chiturgien ; chocolat, chute > ChOU ? hous aYons éhoïfi pour cela la Lettre c, qué nous prononcons Tome X1F. confonne de notre alphabet. louvent comme s ; & c’eft là raifon de notre choix : les Allemands ont pris ces deux lettres avec 4 pouf la même fin, & ils écrivent /£hild (Bouclier) , que nous devons prononcer ck/d, comme nous dfons dans Chiderie, C'eit encore par la même raifon d’af fnité que lufage de la prononciation allemande eéx1pe que quand la lettre s'eit fuivie immédiatement d’une ‘£onfonne au commencement d’une fYllabe , elle fe prononce comme leur £4 oule ck francois , & qué les Picards difent chelui, chelle, cheux | chenr, &é, pour ce/ui, celle, ceux; cent, que nous prononçong comme s'il y avoit fe/ur, fèlle, feux, Here. | Letroifieme degré d'afinité de larticutation s et avec larticulation vutturale ou l’afpiration 4, parce que Pafpiration eft de nême une éfpece defifflement : qui ne ciffere dé ceux qui font repréfentés pars, z, & même v & f,que par la caufe qui le produit. Ainf c’eft avec raifon que Prifcien, 42, I. aremarque qué dans les mots litins veñus du grec, on met fouvent une s au lieu de l’afpiration, comme dans fermis, [ex Jeprèm »J2,/E,Jal, qui Viennent de suc, #6 émle ès #1, #6 :1lafoute qu'au contraire, dans certains mots les Béotiens mettorent 4 pours,& difoient par exe: Pie, miha pour wafz, PTOpter Cogharionem Lister $ Cr D, LUE. Le quatrieme desté d'afinité ef avec les attrés articulations finoualess; &e’eft ce degré qui explis que les changemens refpe@ifs des lettres r & J', qui paroïflent incroyables à Wachter. 7 oyez R. De- là vient Le changement de f'en c dans corrie, Venu dé Jorba ; 8 de c en f'dans raijën venu de races ;sdef Eng dans le latin rerco, tiré du grec éolien ripoo ; & de g en/dans Ie fupin même fm venu de térdo ÉZ ans #fèr tiré de puede; de J'en d dans redius, qui Viënt degree, & dans tous les génitifs latins en its Venus des noms en 5, comme lapis ; gén. lapidis pou /2p1/is ; glans, sen. glandis pour glanfrs ; à de d'en /dans rafër du latin raïere, &c dans tousles mots latins Ou tirés du fatin, qui font compofés de la par= ticule ad 6c d’un radical commençant par /, commé ajfèrvare, affimilare, affurgere, &c en françois afujertir, affidu , aljompuon ; de [en : dans fasus qui vient dé d Ace 3 dc dans tous les génitifs latins en sis venus avec crément dés noms terminés par s, comme miles, mili- ts ; pars, partis ; lis, litis, Ge, ce changement étoit fi commun en grec, qu'il eft l'objet d’un des dialogues de Lucten, où le forme fe plaint que le 4 le chaffe de la plûpart des mots; de en f dans naufea vent de vauria , & prelque par-fout où nous écrivons z£ avant une voyelle, ce que nous prononcçons par fs aÉÜOR ; patieñt, comme S'il y avoit acfon, paflient. Enfin le dernier 8 le moindre degré d’affinité da l'articulationf, eft avec celles qui tiennent à d'au: fres organes, par exemple, avec les labiales. Les exemples de permutätion entre ces efpeces font plus rares, & cépendant on trouve encore J changée en "2 dans rursüm pour rursès, &c m en f dans fors ven de jupe; s changée en z dans Jañguis , fanguinairé venus de /anguis ; & n changée en s dans péustiré de FNecr , Éc, : Ut x Il faut encore obferver ün principe étymolosique qui femble propre à la lettre f'relativement à notre langue, c’éft que dans la plüpart des mots que nous avons empruntés des langues étrangeres, 8e quicom- mencent par la lettre /fuivie d’une autre confonne, ROUS avons mis e avant /, comme dahs efprir de Jpiri- 1US, /pace Ge /patium, efpéranñce où efpoir defpes,efperèr de /perare, efcarboë de cuapa ve » efquif de DELLE Ces Il ne femble que nous pouvons attribuer l’origine de cette profthèfe À notre maniere commune de LII 452 $ nommer la lettre f que nous appellons eff ; la difii- culté de prononcer de fute deux confonnes , a con- duit infenäblement à prendre pour point d'appui de la premiere le fon « que nous trouvons dans fon nom alphabétique. "1 Mais, dira-t-on , cette conféquence auroit dû in- fluer far tous les mots qui ont une originé fembla- ble, &c elle n’a pas même influe fur tous ceux qui viennent d’une même racine : nous difons e/pris &t fpirieuel, efpace & fpacitux, &c. Henri Etienne dans {es hypomnèfes, pag. 114. répond à cette objeétion : Sid quin hæc adjeitiva longe fubflantivis pofferiora fint , non as dubitemus. Je ne fais sl eft bien conftaté que les mots qui ont confervé plus d’analogie avec leurs racines , font plus récens que les autres : je fe- rois au-contraire porté à les croire plus anciens, par Ja raifon même qu’ils tiennent plus de leur origine. Mais il eft hors de doute que /prrituel, pacieux , &t autres femblables , {e font introduits dans notre lan- gue, ou dans un autre tems , OU par des moyens plus heureux, que les mots efprit, efpace, Ge. & que c’eft- là l’origine de leurs différentes formations. Quoi qu'il en foit, cette profthèfe a déplu infen- fiblement dans plufieurs mots ; & l’euphonie, au-lLieu de fupprimer le qu’une dénomination faufle y avoit introduit, en a fupprimé la lettre f elle-même,comme on le voit dans les mots que l’on prononçoit &t que l’on écrivoit anciennement e/fude, effat, eflablir,efcrire, efcureuil, que lon écrit & prononce aujourd’hui éru- de, état, établir, écrire, écureuil, &t quiviennent de //u- dium , fatus, flabilire, fcribere, cxscupos. Si lon ne con- fervoit cette obfervation, quelque étymologifte diroit un jour que la lettre f° a été changée en e : mais com- ment expliqueroit-il le méchanifme de ce change- ment ? Les détails des ufages de la lettre f'dans notre lan- gue occupent affez de place dans la grammaire fran- çoife de M. l'abbé Régnier, parce que de fon tems on écrivoit encore cette lettre dans les mots de la prononciation defquels leuphonie lavoit fuppri- mée : aujourd'hui que l'orthographe eft beaucoup plus rapprochée de la prononciation, elle n’a plus tien à obferver fur les f muets, fi ce n’eft dans le feul mot eff, ou dans des noms propres de famille, qui ne font pas, rigoureufement parlant, du corps de la langue. | Pour ce qui concerne notre maniere de pronon- cer la lettre /'quand elle eft écrite, on peut établir quelques obfervations affez certaines. 1°. On la prononce avec un fiflement fort, quand elle eft au commencement du mot, comme dans /a- yant, fermon, finon, foleil, fupérieur , &c. quand elle eft au milieu du mot, précédée ou fuivie d’une au- tre confonne, comme dans abfolu, converfer , confeil, &cc. baffonnade, efpace, difque, offufqué, &cc. &t quand elle eft elle-même redoublée au milieu du mot, comme dans pañer, fai, miel, bofu, pruffen, moule, &tc. 3°, On la prononce avec un fifflement foible , comme 7, quand elle eft feule entre deux voyelles, comme dans rafé, héfiter, mifantrope , rofe, exclufion, Gc. & quand à la fn d’un mot il faut la faire enten- dre à caufe de la voyelle qui commence le mot fui- vant, comme dans #es opérations , vous y perférex, de bons avis, OLC. On peut oppofer à la généralité de la feconde re- ele, que dans les mots parafol, préfippofer , monofyl- Labe , &c. la lettre j'a le fifflement fort, quoique fi- tuée entre deux voyelles; & contre la généralité de la premiere, que dans les mots tranfiger , tranfatlion, tranfition , tranfitoire, la lettre f, quoique précédée d'une confonne , a le fiflement doux de 7. Je réponds que ces mots font tout-au-plus excep- tion à la regle ; mais j'ajoute, quant à la premiere $ À À fematque, qu’on a peut-être tort d'écrire ces mots comme on le fait, & qu'il feroit apparemment plus raifonnable de couper ces mots par un tiret, para fol, pré-fuppofèr , mono - fyllabe, tant pour marquer" les racines dont ils font compofés , que pour ne pas violer la regle d'orthographe ou de prononciation à laquelle ils font oppofés fous la forme ordinaire: c’eft ainfi, & pour une raïon pareille, que l’on éerit arc- en-ciel ; parce que, comme l’obferve Th. Corneille, (nor, fur la rem. 443. de Vaugelas ) « fi Pon écrivoit » arcenciel fans {éparer par des tirets les trois mots » qui le compofent , cela obligeroit à le prononcer » comme on prononce la feconde {yilabe du mot ez- » cenfer, puifque cen fe prononce comme s’il y avoit »une/f au-lieu d’un «, & de la même forte que Ia » premiere fyllabe de Jentiment fe prononce », Pour ce qui eft de la feconde remarque, fi lon n'introduit pas le tiret dans ces mots pour écrire sra/© iver, tranf-aïtion, tranf-ition, tranf=roire, ce qui feroit fans doute plus difficile que la correétion pré- . cédente; ces mots feront une exception fondée fur ce qu’étant compofes de la prépofition latine srans , la lettre s y eft confidérée comme finale , &c fe pro- nonce en conféquence conformément à la feconde regle. La lettre S fe trouve dans plufeurs abréviations des anciens, dont je me contenterai d'indiquer ici celles qui fe trouvent le plus fréquemment dans les livres cliques. S, veut dire affez fouvent Servius, nom propre, ou fandus ; SS, fanéliffimus. S. C, fena- cus confulrum ; S. D, falutem dicit , fur-tout aux inf- criptions des lettres ; S. P. D). Jalurem plurimam dicit > SEMP. Sempronius; SEPT. Septimius ; SER. Ser- vilius ; SE XT. Sextus ; SEV. Severus ; SP. Spurius ; S. P. Q.R. fénatus populufque romanus. JE C’étoit aufi un caraétere numéral, qui fignifoit fépt. Cher les Grecs’ vaut 200, & +, vaut 200000; le f£gma joint au sau en cette maniere & vaut fx. Le famech des Hébreux D valoit jo , & farmonté de deux points D, il valoit 0000. Nos monnoïies frappées à Rheïms font marquées d’une S. S, (Comm. ) la lettre S toute feule, foit en petit, foit en grand caraftere, mife dans les mémoires, parties, comptes, regiftres des marchands, ban- quiers, & teneurs de livres, après quelque chifre que ce foit, fignife fou sournois. Diélion. de comm. G de Trévoux. Sfs, (Ecriture. ) confidérée dans fa forme, eft la premiere partie d’une ligne mixte, &c la queue de la premiere partie dx ; elle fe fait du mouvement mixte des doigts & du poignet. Voyez le volume des Planches à La table de l'Ecriture, PL. des alphabets. S, (Art méchanig. ) fe dit d'un gros fil-de-fer, re- courbè à chacune de fes extrémités en fens con- traire, ce qui produit ä-peu-près la forme de la let- tre S. LS des Eperonniers fert à attacher la gour- mette à l'œil de la branche d’un mords, & pour cette raifon fe nomme $ de la gourmette. Voyez GoUR- METTE , @ PL. de l’Eperonnier. S, en terme de Cloutier d'épingle, c’'eftune mefure recourbée par les deux extrémités, &c formant deux anneaux fort femblables à ceux de la lettre S, dans lefquels on fait entrer le fil, &c par ce moyen on fait le clou au numero qu’on veut, puifqu’on le cherche dans une S qui eft à ce numero. Voyez PI. du Cloutier d’épingle. S A SAADCH, ( Géogr. mod. ) ville d'Afie, dans l’Yé: men, à environ 120 lieues de Sanaa. Elle eft tres- peuplée, felon Alazizi, fertile, & a des manufaétu res pour la préparation des cuirs, &c leur teinture, S À B Long, dans les tables d’Abulféda 661, 30/. las. 154, 140!. (D:J.) SAAÂL, LA, (Géogr. mod.) riviere d'Allemagne dans la Franconie. Elle a fa fource aux confins du comté de Heunebero, & fe perd dans le Mein à Ge- mund, entre Pévèché de Wurtzhourg, & le comté de Reineck awelle fépare. (D. J) SAAM! UNA, f. m.(Æiff, nav, Bor.) arbre des Indes orientales dont le tronc eft également gros par le bas que par le haut, & par le milieu il eft renflé | confidérablement. Son bois eft épineux, gris par- dehors & blanc à l'intérieur, moëlleux, leger & _ fpongicux comme du liége. Ses feuilles font oblon- gues , dentelées & remplies de veines, attachées cinq à cinq par des queues aflez longues. Cet ar- bre produit des filiques oblongues qui contiennent des pois rouges. En coupant les épines encore vertes de .cet arbre, on en tire un fuc qui pafle pour un remede fouverain dans toutes les maladies des yeux. SAAN,LA, où SAINA, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne au cercle d'Autriche, Elle a fa fource dans les montagnes de la baffle Carniole, & tombe dans la Saye aux confins du Windismarck. (D. J.) SABA , (Géog. anc. & Jacr.) royaume dont étoit reine la princefle qui vint à Jérufalem pour voir Salomon. Elle eft nommée par J. C. la reine du midi, Math. x. 42: Marc. «y, 31. | Le nom de reine du midi dénote que le pays de cette princefle devoit être au midi de la Paleftine, ce qui convient à l’Arabie heureufe. Le même paf- fage allegué ci-deflus porte qu’elle vint des extré- muités de la terre. L’Arabie enfermée entre deux gol- fes, & terminée par l'Océan, répond à cette idée dans le ftyle de l'Ecriture. Elle äpporta en préfent des chofes qui fe trouvoient autrefois aflez commu nément en. Arabie; favoir de l’or, des parfums & des pierres précieufes. Enfin, les anciens parlent d'un peuple de l'Arabie heureufe, nommé Subai, qui admettoit les femmes à la couronne. Claudien, in Enrrop. liv, FH. verf. 320. dit : Medis , levibufque Sabæis Armperat his fexus : reginarumque fub armis Barbarie pars magna jacet. Le nombre des interpretes de Ecriture qui cher- chent dans l’Arabie heureufe, les états de la reine de Saba, eft aflez grand, & fournit des hommes il- fuftres, IFn°y a pas moins d’interpretes célebres qui met- tent en Ethiopie la reine de Sxba. Jofephe qui a ou- vertle premier cette opinion, prétend, Arig. lv, IT. ce. v.que la capitale de l’Étiopie s’appelloit Saba, avant que Cambrle lui eût donné le nom de fa {œur Méroë. Les Géographes connoïffent une autre Saba, ville d'Afie, dans PArabie déferte, à environ fix jouinées de Jérufalem : le nom moderne eft Sirifcayar, felon Guillandin de panyro commientar. Cependant Ptolo- mée, 2. fc. six, nomme cette ville &ava. Saba eft encore un port de PÉthiopie fur le golfe Arabique, felon Strabon,4iv. XI. p.730. (D. 1.) SABA, ÎLE DE,(Géog. mod.) Cetteîle eft au nom- bre des petites Antilles. Saïfituation eft par les 174 86 de lat. au nord. de l’équateur à deux lieues & demie fous le vent de Saint-Euftache, ce n’eft pro- prement, qu'un rocher d'environ quatre lieues de circonférence, fort efcarpé, & qu n’eft acceffible que par un feul endroit, au-deflus duquel les Hol- Jandois habitans dudit lieu , ont élevé plufieurs rangs de murailles conftruites en pierres feches &z difpo- fées de teile forte qu'on peut fort aifément les ren- verfer par paftie Où en total {ur ceux qui vou- droient efcalader cette forterefle naturelle : le def Tome XIP, où REPONSES S AB 453 fus dé ce rocher eft occupé par quelques habita- tions de peu de valeur. SABA, o4 SAVA, (Géog. mod.) &c felon M. Delifle, Sauna, ville de Perfe, dans l’Irac-agemi , ou lIrac- perfenne , fur la route de Sultanie à Cont. Elle eft fituée dans une plaine fablonneufe & ftérile, à la vue du mont Elvend. C’eft une ville toute dépeu- plée, & dont les murs font ruinés. Son commerce ne confifie qu’en peaux d’agneaux. Long. 85. lar, 3 4. 56. (D. J) SABADIBEÆ , ( Géog. anc.) îles de l'Océan dans l'Inde, au-delà du Gange. Ptolomée, y. VIE. c. ÿj. en compte trois habitées par des antropophages. I1 les met au couchant de Habadin, qui paroît être l'ile de Java. (D. J.) SABÆ, (Géog. anc.) nom commun à diférens peuples. 1°.S4bæ, ancien peuple d’Afie dans les In- des, felon Denys-le-Periégete, verfi 1141. 2°, Sabe, ancien peuple de Perfe felon le même, verf: 1069, 3°. Sabæ ancien peuple de Thrace, felon Euftathe, qui ajoute que Bacchus prenoiït d'eux le furnom de fabafius, fous lequel les Thraces lui rendoient un! , culte particulier. 4°. Sabæ, ville de la Lybie inté- rieure , felon Ptolomée, Z 4F7 c. vf. qui met cette ville vers la fource du Cynyphe. 5°. Sat, font les Sabéens , peuple de l'Arabie. Enfin, fase are étoit un lieu particulier d’Afe dans la Médie, près la mer Cafpienne, & à peu de diftance de Pembouchure du fleuve Cyrnus,felon Ptolomée, Z #1. c. 1j. (D. 7.) SABAISME , ou SABIISME,, {. m. ( Théol, ÿcomme le nomme M. Fourmont l'aîné. C’eit le nom de la ! premiere forte d’idolâtrie qui foit entrée dans le monde. Voyez IDOLATRIE. Le Sabaifme confiftoit à adorer les étoiles, ou, comme le porte le texte de l’Ecriture, z4b4 fchamaim, où feba fchamaim, omnes militias cœli; & lon fait quepar ces termes, les Hébreux entendoient es af- tres Gt les étoiles : d'oùles modernes ont formé le mot Sabaifine, pour exprimer lédolétrie, qui confifte à adorer les. corps céleftes, & celui de Suabéens pour fignifer ceux qui les adorent, Mais comme le mot hébreu d’où celui-ci eft formé , -eft écrit avec un tgade:, que les lanoues modernes rendent par une S ou par un Z, d’autres par TS ou par TZ: de-là | vient qu’on trouve ce mot écrit avec différentes let- ires initiales. Quelques-uns croient que le Sabaïfine étoit la plus ancienne religion du monde, & ils en mettent l’ori- gine fous Serh fils d'Adam, d’autres fous Noë, d’au- tres fous Nachor pere de Tharé & ayeul d'Abraham, Maimonide qui en parle fréquemment dans {on More Nevochin, remarque qu’elle étoit généralement répandue au tems de Moyfe, & qu’Abraham la pro- fefloit avant qu'il füt forti de la Chaldée. Il ajoute que les Sabéens enfeignoient que Dieu eft lefprit de la fphere & l’ame du monde ; qu'ils n’admettoient point d’autres dieux que les étoiles, 8& que dans leurs livres traduits en arabe , ils aflurent que les étoiles fixes font des dieux inférieurs, mais que le Soleil & la lune font les dieux fupérieurs. Enfin, ajoutent-ils, Abraham par la fuite abandonna cette religion & enfeigna le premier qu'il y avoit un dieu différent du Soleil. Le roi des Euthéens le ft mettre en prifon; mais ce prince voyant qu'il perfftoit dans fon Opi- mon, & craignant que cetre innovation ne trou- blät fon état & ne détruifit l'idée qu’on avoit des divinités adorées jufqu’alors, confifqua fes biens, & le bannit à lextrémité de lorient. Cette rela- tion fe trouve dans le livre intitulé la re/gion des Nabatheens. Maimonides ditencore que les Sabéens joignoient à Vadoration des étoiles un grand refpe@ pour lagr.- cülture & pour les bêtes à cornes & les moutons ” . enfeignant qu'il étoit défendu de les tuer; qu'ils Lil 1] 454 SAB adoroïent le démon fous la figure d’un bouc, & mangeoient le fang des animaux, quoiqu'ils le ju- geaflent impur, parce qu'ils penfoient que les démons eux-mêmes s’en nourrifloient : tout cela approche fort de l’idolâtrie. | M. Hyde, dans fon hifloire de lu religion des Per- Jes , s’eft au contraire attaché à prouver que le Su- baïfme étoit fort différent du Paganifme. Il prétend que Sem & Elam font les premiers auteurs de cette religion ; que fi dans la fuite elle parut être altérée de fa premiere pureté, Abraham la réforma & fou- tint {a réformation contre Nemrod qui la perfécuta; que Zoroaftre vint enfuite & rétablit le culte du vrai Dieu qu'Abraham avoit enfeioné;, que le feu des anciens Perfans étoit la même chofe que celui que confervoient les prêtres dans le temple de Jérufalem; & qu’enfn les premiers ne rendotent au Soleil qu'un culte fubalterne & fubordonné au culte du vrai Dieu. . Selon M. Prideaux, le Subar/me étoit encore moins criminel. L'unité d’un Dieu & la néceflité d’un mé- diateur étoit originairement une perfuafñon générale & régnante parmi tous les hommes. L’umité d’un Dieu fe découvre par la lumiere naturelle : le befoin que nous avons d'un médiateur pour avoir accès auprès de l’Etre fuprême, eft une fuite de cette pre- miere idée. Mais les hommes n'ayant pas eu la con- noiffance , ou ayant oublié ce que la révélation avoit appris à Adam des qualités du médiateur, ils en choiïfirent eux-mêmes, & ne voyant rien de plus beau ni de plus parfait que les aîtres dans lefquels ils fuppofoient que refidorent des intelligences qui animoient & qui gouvernoient ces grands corps, ils crurent qu'il n’y en avoit point de plus propre pour fervir de médiateur entre Dieu & eux. Et en- fin, parce que.les planetes étoient de tous: les corps céleftes les plus proches de la terre & celles qui avoient le plus d'influence fur elle , ils lui donne- rent le premier rang parmi ces médiateurs; & fur ce pic-là ils firent le Soleil &c la Lune les prenuers objets de leur culte. Voilà, felon M. Prideaux, la premiere origine de l’ancien Subaïfmne. hiff. des Juifs. L-part. L. 1, p. 319. _Nous difons l’ancien Sabaifme ; car il fubfifte en- core une religion de cenom dans lorient, qui pa- roit ètre un compoié du Judaifme., du Chriftianifme & du Mahometifme ; ce qui a fait conjecturer à Spencer qu’elle eftrécente, & ne furpañe point le tems de Mähomet, puifqu'on n’en trouve le nom ni la religion marqués dans aucun auteur ancien, ni grec tu latin, ni dans aucun autre ouvrage écrit avant l’alcoran. Voyez SABÉENS. SAEAKZAR , (Géog. mod.) ville de l'empire Ruf- fien, au royaume de Cafan, au midi du Volga & de VPile de Mokrnitz, dont elle eft à trois verftes ; les ha- ‘bitations de cette ville ne font que de bois, comme dans le refte de la Tartarie. Long. 68. 40. lus. 53. ÉTAT EEE SABALINGIENS, (Géog. anc.) Subalingi; ancien peuple de la grande Germanie, dans-la Cherfonnete cimbrique , felon Ptolomée, Z. IL. c. xj. Is avoient pour voifins les Sinoulones 8tles Cobandi. (D. J, SABANE, f. m. (Æ4ff. nat. Bo.) efpece deféneve- | ou de moutarde , qui croit dans les Indes orientales, &c dont on fe fert pour affaifonner les alimens. SABARIE , (Géog. anc.) Sabaria ; ville & colonie romaine, dans la Pannonie. Une médaille rapportée ar Golzius & par le P. Hardouin, la nomme Co. Sabaria Claudina Augufla ; 8t dans le même lieu, on trouve une. pierre avec cette inicription, inféréc au recueil de Gruter. L. Val, L. Fil, CI. Cenforinus D,C.C. S.$, item ve, les. j. Les quatre premieres lettres de la feconde ligne, fi- S A B gnifent decurio coloniæ Claudianæ Sabariæ. Ptolo- mée nomme Savariæ , dans la haute Pannonie , Sagx- the. Sulpice Sévere dit que S. Marti étoit de Sabarie en Pannonie. | | L’abregé d'Autelius Viétor, 27 Didio Juliano, re- marque que dans le même tems on fit deux empe- reurs , Niger Pefcennius à Antioche , & Septime Sé- vere à Subarie de Pannonie. On croir que c’eft préfentement Sarwar, place forte de Hongrie, au confluent de lariviere deGuntz & du Rab, au comté de Sarwar. Quelques auteurs prétendent qu'Ovide ayant obtenu la permifion de revenir de fon exil, mourut en chemin à Sabarie. Gafpard Brufchius dit qu’en 1508, on trouva à Sabarie une voûte avec une infcription, qui marquoit que c’étoit Le tombeau d’'Ovide: voici Pinfeription. Fatum neceffitatis lex. | Hic fitus efl vares, quem divi Cefaris tra Augujli, patriä cedere juffit humo. Sæpè nufer voluit patriis occumbere terris ; Sed frufira : hunc illi fata dedére locum. Lazius croit que Subarie eft Siainam- Auger, bour- gade fituée fur la riviere de Guntz, qu'il appelle S4- baria Où Sabarius fluvius. On a vu ci-defius que S. Martin naquit à Sabaries Il commença par la profeffion des armes, &c finit par celle de folitaire. Il reçut Le baptème à l’âge de 18 ans, fut nommé évêque de Tours dans un âge fort avancé ; bâtit le monaîftere de Marmoutier que lon croit la plus ancienne abbaye de France, & y vécut long-tems en anachorete à la tête de plufieurs moi< nes. Il ftune belle ation, ce fut de s’oppofer tant qu'il put auprès de Maxime , pour empêcher qu'on ne condamnât à mort les Prifcillianiftes. Il dé- céda à Tours lan 397. C’eff le premier des faints con fefleurs auquel l’églife latine ait rendu un culte pu- blic. On prêta long-tems des fermens fur fa châfle &c fur fes reliques. Venance Fortunat a écrit la vie de S. Martin dans un poëme en quatrelivres ; mais cen’eft pas un chef-d'œuvre pour la diétion &t pour les faits. Îl avoue qu'il Pavoit compofé pour le remercier de ce qu'il avoit été guéri d’un mal des yeux par fonin- terceilion. ( D. J. s SABASIES, £. £. pl. (Mycholog.) fêtes &c facrifices que l’on célébroit en l'honneur de plufeurs dieux furnommés /abafiens. On trouve dans d'anciens mo- numens ce titre donné à Mithras dieu des Perfess mais on l’avoit fur-tout donné à Bacchus à caufe des Sabes, peuples de Thrace dont il étoit particuhere- ment honoré, Ce furnom auf affe@té à Jupiter, paroit être le même que celui d’Œgrochus, parce que comme ce dernier vient du grec 4,£, qui fignifie une cheyre, l’autre vient du phénicien #/ébzoth, qui veut dire des chepreuils. Ainfi on a dit que Bacchus étoit fils de Caprius | pour fignifier qu'il avoit pouf pere Jupiter Jabarius. Quoi qu'il en foit de cette étymologie , if eft sûr qu’on célébroit en Grece, à l'honneur de ce dernier, des fêtes noéturnes nommées /abafiennes, dont Meurfius fait mention dans fon livre intitulé, Grecia frriata. Quant à-celles de Bacchus, on n’en fait point de détail; mais on conje@ture qu’elles n’é- toient pas moins tumultueufes que toutes les autres cérémonies du culte de ce dieu. Ÿoyez BACCHANA- LES. | SABATA, (Géog. arc.) felon Ptolomée, %b. III. ch. iv. où Sabatia, felon Pomponius Mela, 5. ITAGES y. ancienne ville d'Italie dans la Ligurie. Antonin fait mention de Wada Sabatia, dans fonitinéraire mariti- me, & met ce port entre Gènes &c,Albengue, à, 30 mille pas de la premiere, & à.18, mille pas de la ie- condePline, 4b. LL chivale nomme portus vadum, Sabatium, Strabon, Lib, 1F, ps 201, dit ra ransusre S A B ExlBaror ade,, n0minata, Sabbatim vada. , Brutus, dans une lettre inférée dans celles de Ci- céron, 2h. XI. epis. x. dit: « Antoine eft venu à Va- » da, c’eftun lieu que je veux vous fire connoître, » IlLeft entre lApennin & les Alpes ; & il n’eft pas » facile d’y pañèr, à caufe de la difficulté des che- » mins ». Par cette dificulté, il entend les monta- gnes &t les marais ; ce font même ces marais qui ont donne lieu au mot vada. La difficulté à-préfent , eft de favoir fi Sabara & Subatum vadz, font des noms d’un même lieu, Clu- vius l’aflure; mais Holftenius dans fes Remarques fur l'ancienne lcalie de Cluvier, Ven reprend comme d’une erreur & met entre deux, une diftance de 6 ou 7 mulle pas. Il prétend que quand Antonin met fur la voie Auréhenne , Cannalicum Vada Sabatia M. P. XIT, Pallopicem M. P. XIL, Albingannum M. P. VIL Selon lui, Fada Sabatia, eit Fadi où Fi ; Pollupice, elt Final; Albengannum, ft Albengue ; & Sabata firm- plement, eft Suvone. Mais voici une difficulté : f la ville de Savone, au- jourd’hui fiege épifcopal, eft l’ancienne Sabata, comment a-t-elle pris le nom moderne, car Savone eft un nom ancien, déjà connu du tems des guerres puniques. Tite-Live dit qu’elle étoit dans les Alpes, Sayone ,oppido Alpino. De Savo, Savonis, s’eft fait Savone, comme de Narbo, Narbonne; de Sa/o, Sa- lone , ce. Ce qui eff certain, c’eft que l’ancienne Sa- vone étroit dans les Alpes, & aw’elle doit être difé- rente de Sayore d'aujourd'hui qui eft maritime. Il n'eft pas moins certain que l’ancienne Sabata étoit au commencement des Alpes, Strabon le dir, l’Apennin commence à Gènes, & les Alpes commen. cent à Sabara. Il paroït que Vada Sabatia étoit jadis un lieu plus fameux que Subata , ce dernier n’eft nommé que par Strabon & par Ptolomée; l’autre a éré connu de - Strabon, de Pline, de Brutus, de Mela, d’Antonin , &e l’auteur de la table de Peutinger, & de Capitolinus dans la vie de Pertinax, de qui il dit, cA. ix. qu'étant encore fimple particulier, 1l fut taxé d’avarice , lorf- qu'à Vada Sabatie, ayant accablé d’ufure les pro- p'étaires, il en profita pour étendre fon domaine. Sabata Où Sabathe, eft encore le nom d’une ville d'Alie, dans PAfyrie, Elle eft nommée Sambana par Diodore de Sicile. Elle étoit à 30 flades de la Séleu- cie de Médie. (D.J.) SABATEH ox SABAT, (Géog. mod.) ville d’Afe au Mawaralnarh , voifine d’Ofrushnah, à 20 parafan- gues de Samarcande. Long. felon Alfaras 89. 35. las. 40,20. (D.J,) SABATHRA , (Géog. ane.) ville de l'Afrique pro- prementdite, entre les deux Syrtes, felon Ptolomée; c'eft la même ville maritime quela Sabrara de Pline d'Antonin & des Notices. (D. J.) SABATI A, STAGNA, (Géog. anc.) lac d'Italie dans l’Etrurie. Strabon met 52gara entre les lacs de PEtrurie. Silius Italicus, 24. KITL. verf. 4 Or. fait men- tion du lac Sabar, qu'il appelle Sabaria flagnu ; & Columelle ie nomme Sabaricius lacus. Ce Tac eit au= jourd’hui le lac de Bracciano. ( D. J &) SABATICE, LA, (Geog, anc.) contrée d’Afe dans la Médie. Elle prenoit fonnom de la ville de Sabata à comme la Sitacène prenoit le fien de la ville Sitace: La Sabarice étoit à lorient de la Sitacène, & fituée de telle façon que quelques-uns la donnoient à la Mé- die, d’autres à l'Elimaide, felon Strabon, 4h: XL. 324. (D. J.) | SABATINCA , ( Géog. anc.) ancien lieu du No- rique, felon Antonin, fur la route d’Aquilée à Lau- riacum, Lazius croit que c’eft préfentement Neumarck au-deflus de Slamins. (D, 7.) : SABATINIENS Les, ( Géog: anc. ) ancien peu- ple d'italie, dans la Campanie, {lon la conjeûture 2 S'AB 455 d'Ortelus, qui cite Tite-Live. Sa conje@ure eft fort jufle. Cet hiftorien, 4 XX FL. ch, xxx. dit : om- nes Campani, Atellani, Galatini, Sabarini , guife dediderurt in arbitrium | &cc. On voit que Campani eft un nom général qui comprend les noms fuivans, comme étant des peuples de Galaria où d’Arella ; villes de la Campanie, on ne peut pas douter que Sabarine n’en füt aufli un peuple, (D. J.) SABATO , ( Géog. mod. ) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans la principauté ultérieure ; elle reçoit dans fon cours le Calore, arrofe Béné- vent, & fe perd dans le Volturno , vis-à-vis de Caiazzo ; fon noi latin eft Sabbatus, voyez Ce mot. (2.J.) SA BAZIEN, adj. ( Mychol. ) La Brio, c’étoit non- feulement le furnom de Jupiter chez les Grecs , Mais encore le furnom de Bacchus parmi les Sabes > peu- ples de Thrace, chez lefquels il étoit particuliere- ment honoré fous le nom du dieu Sabozé. Le Mithra des Perfes fe trouve aufli fur d'anciens monumens avec la même épithete. (D. J. SABAUCE , f. m. ( Æiff. raz. Botan.) atbre du Bréfil, qui porte un fruiteros commeles deux poings, qui renferme des petits noyaux femblables À nos amandes par le goût & par la forme. SABBAT , £. m. (Æif£. jud.) c’eft parmi les Juifs le feptieme jour de la femaine qu’ils folennifent en mé- moire de ce que Dieu, après avoir créé le monde en fix jours , le repofa le feptieme. Voyez SEMAINE. Ce mot eft purement hébreu, 120, & fisnifie cef- Jation ou repos. Philôn le nomme 74 oo perse , le Jour de la naïffance du monde. Quelques-uns préten- dent que dès le premier tems de la création, Dieu commanda aux hommes d’obferver le jour du fabbar, parce qu'il eft dit dans la Gezef. chap. xj. ÿ 2 6 3, que Dieu fanétfa Le jour auquel il fe repofa, & qu'il le bénit. C’eft le fentiment de Philon, de S. Clément d'Alexandrie, & de quelques rabbins; mais la plüpart des peres penient que cette fanétification & cette bé- nédiéhon dont parle Moïfe , n’étoient que la deftina- tion que Dieu fit alors du feptieme jour , pour être dans la fuite fanéüfié par fon peuple. On ne voit pas en effet que les patriarches laient obfervé , ni que Dieu ait'eu deflemn de les y aflujettir. Mais il en fit un précepte exprès & formel aux Hébreux, fous peine de mort, comme onle voit dans l'Exod, xx,6 xxj.aufh l’obferverent-ils exa@tement comme un Jour confacté particulierement au culte de Dieu, en s’abitenant de toute œuvre fervile. On dit même qu’ils portoient le ferupule à cet égard ju qu'à penfer qu'il ne leur étoit pas permis de fe dé- _ fendre ce jour-là s'ils étoient attaqués, & à fe laifler écorger plütôtque de combattre. On voitdansl’ Evan. gile que les pharifiens en avoient encore de plus mal fondés. Le /z4har commencoit le vendredi au foir , fuivant Pufage des Juifs qui célébrent leurs fêtes d’un {oir à l’autre. Les rabbins ont marqué exactement à ceux-ci tout ce qui leur eft défendu de faire le jour du /zobath ; ce qw’ils réduifent à trente-neuf chefs ;: qui ont chacun leurs dépendances. Ces trente-neuf. chefs font ainfi rapportés par Léon de Modene ; céré- mon. des Juifs, part. LIL. chap: j. U leur eft défendu de labourer, de femer, de moiflonner , de botteler ëc lier les gerbes , de battre le grain, de vanner, de cribler, de moudre, de bluter, de paîtrir, de euire ; de tordre, de blanchir, de peioner ou de carder, de filer, de retordre, d’ourdir, de taquer, de tendre, de lier, de délier, de coudre, de déchirer où mettre en morceaux ,;'de bâtir, de détruire, de frapper avec le marteau, de chafler ou de pêcher, d’égorger, d’é- corcher ; de préparer & racler la peau , de la couper Pour en travailler, d'écrire , de raturér”, de réoler Pour écrire, d'allumer, d’éteindre , dé porter quelque chofe dans un lieu public ou particulier, Ces trente 456 S À B 2 neuf chefs renferment diverfes efpeces, par exemple, limereftune dépendance de moudre; êc lesrabbins ont expofé toutes ces efpeces avec de srands rafinemens. Le fabbat commence chez eux environ une demi- heure avant le coucher du foleil, & alors toutes ces défenfes s’obfervent. Les femmes font obligées d’allu- mer dans la chambre une lampe qui a ordinairement fix lumignons, au-moins quatre , &c qui dure une grande partie de la nuit : de plus, elles dreffent une table couverte d’une nappe blanche, & mettent du pain deflus qu’elles couvrent d’un autre linge long &t étroit, en mémoire, difent-elles ,.de la manne qui tomboit de la forte, ayant de la rofée deflus & def- fous. On va enfuite à la fynagogue, où on récite des prieres; de retour à la maïfon, chaque chef de famille bénit du pain & du vin, en faifant mémoire de Pinfh- tution du /zbbat, puis en donne aux affftans. Le ma- tin du /abbat , on s’aflemble à la fynagogue où l’on chante des pfeaumes; on lit une fetion du Pentateu- que & une des Prophetes ; fuit un fermon ou exhor- tation qui {e fait quelquefois laprès-dinée, Quand la nuit vient, & qu'après la priere du foir faite dans la fynagogue chacun eft de retour dans {a maïfon ; on allume un flambeau ou une lampe à deux meches; le maître du logis prend du vin dans une tafle & quel- ques épiceries de bonne odeur, les bénit, puis faire les épiceries &c jette le vin par terre en figne d’ailé- grefle : ainfi finit la cérémonie du /zbbar. Les auteurs profanes qui ont voulu parler de lori- gine du /xbbat, n’ont fait que montrer combien peu ils étoient inftruits de ce qui concernoit les Juifs, Tacite, par exemple, a cru qu'ils chommoient le fabbat en l'honneur de Saturne , à qui le famedi étoit confacré chez les payens. Tacis. hiffor. lib. V. Plutar- que au contraire, fympol. liv. 1W. avance qu’ils le cé- lébroient en l’honneur de Bacchus qui eft nommé fabbos, parce que dans les fêtes de ce dieu on crioit fabor. Appion le gramimairien foutenoit que Les Juufs célébroient le /ab5ar en mémoire de ce qu’ils avoient été guéris d’une maladie honteufe nommée en éeyp- tien fabboni. Enfin Perle & Pétrone reprochent aux Juifs de jeûner le jour du Jabbar. Oral eff certain que le jeûne leur étoit défendu ce jour-là. Calmet, D:&. de la Bible , som. IIT, leitreS , page 407. Le fabbarétoït inftitue fur un motif aufli fmple que légitime , en mémoire de la création du monde, & pour en glorifier l’auteur. Les Chrétiens ont fubftitué au /abbat le dimanche , en mémoire de la réfurreétion de Jéfus-Chrift. Voyez DIMANCHE, . Sabbat fe prend encore en différens fens dans l'Ecriture fainte ; 1°. fimplement pour le repos, & quelquefois pour la félicité éternelle, com. hebr. ix. 9: 6 iv. 4.29, pour toutes les fêtes des Jurifs : fa/barha mea cuflodite, Levit. xix. 3°. garder.mes fêtes , c’eft- à-dire la fète de pâques, de la pentecôte, des taber- nacles, &c. 4°. fabbatum {e prend auf pour toute la femaine : Jejuno bis in fabbatho, je jeüne deux fois la femaine , dit le pharifien fuperbe , en S. Luc , xyixy. 12. Una fabbati, le premier jour de la femaine, Joay. %x. 1. Calmet, Dit. de la Bible | rome III. lettres, Page 40%: SABBAT, ( Divinat, ) aflemblée nourne à la- quelle on fuppofe qué les forciers fe rendent par le vague de l'air, & où1ls font hommage au démon. Voici en fubftance la defcription que Delrio don- ne du fabbar. Il dit qué d’abord les forciers ou for- cieres fe frottent d’un onguentpreparé par le diable, certaines parties du corps, & {urtout les aines, & qu’enfuite ils fe mettent à cheval fur un bâton, une quenouille, une fourche , où fur une chevre, un taureau ou un chien, c’eft-à-dire, fur un démon qui prend la forme de ces animaux. Dans cet état ils font tranfportés avec la plus grande rapidité, en un clin d'œil, à des diftances très-éloignées , &t dans quelque lieu écarté, tel qu’une forêt ou un défert. Là, dans une place fpacieufe , eft alluméun grand feu, &c pa- roit élevé fur un trône le démon qui préfide au /24- bat fous la forme d’un bouc ou d’un chien; onfléchit ! le genou! devant lui , ou l’on s’en approche à recu- lons tenant à la main un flambeau de poix ; & enfin on lui rend hommage en le baifart au derriere. Cn commet encore pour l’honorer diverfes infamies & impuretés abominables. Après ces préliminaires, on fe met à table, & les forciers s’y reparffent des vian- des & des vins que leur fournit le diable, ou qu’eux- mêmes ont foin d'apporter. Ce repas eft tantôt pré- cédé , & tantôt fuivi de danfes en rond, où l’on chante, ou plutôt lon hurle d'une maniere efroya- ble; on y fait des facrifices ; chacun y raconte les charmes qu’il a employés, les maléfices qu’il a don- nés ; Le diable encourage ou reprimande, felon qu’on l’a bien ou mal fervi; 1l diftribue des poifons, donne de nouvelles commiffions de nuire aux hommes. En- fin un moment arrive, où toutes leslumieres s’étei- gnent.Les{orciers & mème les démons fe mêlent avec les forcieres, & les connoïffent charneilement; mais il y en a toujours quelques-unes, & furtout les nou- velles venues, que le bouc honore de fes careñles, & avec lefquelles 1l a commerce. Cela fait, tous les forciers & forcieres font tranfportés dans leurs mai- {ons de la même maniere qu'ils étoient venus, ou s’en retournent à pié, fi le lieu du fabhar n’eft pas éloigné de leur demeure. Delrio, difquifit. magic. liy. IL. queft., XVI, pag. 172. 6 Juiv. Le même auteur prouve la poffibilité de ce tranf- port aétuel des forciers par le vague de air, Il n’ou- blie pour cela ni la puiffance des démons , ni celle des bons anges , ni le tranfport d'Habacuc à Babylo- ne par un ange, m celui du diacre Philippe, qui bap- tifa l’eunuque de Candace, & qui du défert fe trou- va tout-d’un-coup dans la ville d’Azoth. La fleche d'Abaris , le vol de Simon le magicien, d'Eric, roi de Suede » apporté par Joannes Magnus, celui de lhérétique Berenger, qui dans la même nuit fetrou- va à Rome, & chanta une lecon dans l’églife de Tours, fi l’on en croit la chronique de Nangis, & quelques hiftotres des forciers, lui fufifent pour con- clure de la pofhbilité à l’exiftence, Peu s’en faut qu’il ne traite d’hérétiques ceux qui foutiendroient le con- traire , au moins maltraite-t-1l fort Wyer & Godel- man, pour avoir prétendu que tout ce que les for- ciers racontent du /xbbat, n’eft que leffet d’uneima- gination vivement échauffée ou d’une humeur ätra- bilae , une 1llufion du démon, & que leur voyage en l'air à cheval fur un manche à balai , auffi bien que tout le refte, n’eft qu'un rêve dont ils font forte- ment affeCtés. {dem , ibid. Les preuves de Delrio montrent qu’il avoit beau- coup d’érudition & de leéture; mais il ny règne pas une certaine force de rafonnement qui fatisfaffe le leéteur ; auffi penfons-nous que tout ce qu’on a dit jufqu’à préfent de plus raïfonnable fur Le fabbar, fe trouve dans ce qu’on va lire du p. Malebranche qui explique fort nettement pourquoi tant de perfonnes fe font imaginées ou s’imaginent avoir afifté à ces aflemblées noûturnes. | « Un pañtre dans fa bergerie, dit cetauteur, ra- » conte après fouper à fa femme &c à fes enfans les » avantures du fabbar. Comine ileft perfuadé lui- » même qu'il y aété,, & que fon imagination eft mo- » dérément échauflée par les vapeurs du vin, il ne » manque pas d’en parler d’une maniere forte & vi- » ve. Sonéloquence naturelleétant donc accompa- »1 gnée de la difpofition où ef toute fa famille , pour ».entendre parler d’un fujet auf nouveau & auffi » effrayant. Îl n’eft pas naturellement poffible que » “des imaginations auf foibles quele font celles des D # lermmesêt des enfans , ne demeurent perfmadées, S AB # C’eit un mari, C’efl un pere qui parle de ce qu'il » a vu, de ce qu'il a fait: on l’aime, on le refpeëte, » & pourquoi ne le croiroit-on pas? Ce paître Le » répete donc en différens jours, L’imagination de # la mere & dés enfans en recoit peu-d-peu des tra- ». “ces plus profondes ; ils s’y accoutument ; & enfin >» la curiofité tes prend d’y aller, Ilsfe frottent , ils » fecouchent, leurimagination s'échauffe encore de # cette difpoñtion de leur cœur, & les traces que >» le pañtre avoit formées dans leur cerveau, s’ou- » vrent aflez pour leur faire juger dans le fommeil, » comme preientes toutes les chofes dont il leur » avoit fait la defcription. Ils fe levent , ils s’entre- # demandent, & ils s’entredifent ce aw’ils ont vu, # Ils fe fortifient de cette forte les traces de leur vi- » fion; & celui qui a Pimagination la plus forte, » perfuadant mieux les autres, ne manque pas de » régler en peu de nuits, l’hiftoire imaginaire du sr fabbar. Voilà donc des forciers achevés que le paf » treafaits, & ils en feront un jour beaucoup d’au- » tres, fiayant l'imagination forte 8 vive, la crainte » ne les retient pas de faire de pareilles hifloires. » [lfetrouve , ajoute-t-1l, plufeurs fois des for- # ciers de bonne foi quidifoient généralement à tout » le monde qu'ils alloient au /abbzr, & qui en étoient » fi perfuadés, que quoique plufieurs perfonnes les » veillaffent, & les afluraflent qu'ils n’étoient point » fortis du lit , ils ne pouvoient fe rendre à leur té- # moipnage. » Recherch, de La vérité, som. I, div, EL. chap. y]. | Cette derniere obfervation fufit feule pour ren- verfer toutes les raifons que Delrio a accumulées pour prouver la réalité du tranfport corporel des - forciers au /bbar , à moins qu’on ne dife avec Bo din, que ce font leurs ames feules qui y afiftent, | que le démon a le privilese de les tirer de leur corps pour cet effet pendant le fommeil, & de les y ren- voyer après le fabbar : idée ridicule , & dont Delrio Tui-même a fenti toute l’abfurdité, C’eft fans doute par cette confidération qué l’af- fiflance au abbar ne gît que dans imagination, que le parlement de Paris renvoie tous Les forciers, qui n’é- tant point convaincus d’avoir donné du poïlon, ne fe trouvent coupables que de l’imagination d’aller au Jabbar. Le jurifconfulte Duaren approuve cette cou- tume, De aniculis, ditil, quæ volirare per asra, & noëlurnotempore falticare & choreas agere dicuntur | que- ritur? Et folent plerique queflores , in eas acerbius ani- madyertere quam jus & ratio poulet, chm fynodus an- cyrana definiveris quedam elfe que à cacodæmone mul- tarum mulierum mentibus irrogentur: itaque curia pari- Jienfis (fe nihilaliud admiferint) eas abfolvere ac dirrir- tere merito confuevit, Ayrault & Alfat font du même fentiment. Ce dernier fe fonde fur ce qu'il eft faux que les forcieres aillent en perfonne au /zhbar, Mais cette raïfon eft bien foible; car c’eft un aflez grand crime que de vouloir y aller , & que de s’y préparer par des onguens qu’elles croient neceflaires à cette -horrible expédition. Ce qui fait penfer au p. Male- branche qu’elles font puniflables. Francois Hotman confulté fur cette queftion, répondit qu’elle méritoit la mort. Thomas Eraftus a foutenu la même chofe, & c’eft le fentiment Le plus ordinaire des jurifcon- fultes & des cafuftes , foit catholiques , foit prote tans. Bayle. Réponf. aux quefl. d’un provincial, chap. xxxix, pag. 577 de l'édir. de 1737.1n-fol. SABBAT AIRES, f. m. (A4, mod. )c’eftainfique quelques anciens ont nommé les juifs,de leur {crupu- leufe.obfervance du fabbat. SABBATAIRES, fm. ( Gram. Hiff. ecclif.) héréti- ques proteftans qui font le fabbat avec les juifs , blêment les guerres , les lois politiques, les juge- mens, & prétendent qu'il ne faut adreffer{a priere qu'à Dieu le Pere, & qu'il faut négliger le Fils: & le S. Efprit. S À B 457 Ty 7 SABBAT ARIENS , £ m.pl. (ZA eccléf.) nom que quelques auteurs ont donné à une fe&te d’anabap: tiites , qui s’éleverent dans le xv}. fiecle, & aui obfervoient le fabbat des jtuts , prétendant qu'il n'avoit jamais été aboli dans le nouveau Teflament, par aucune loi pofñitive. Payez SABBAT & ANAz BAPTISTES: SABBATIENS, f. m. pl. (Æif. eccléft) Rérétiques du jv. fiecle, ainfi nommés de S'abharhius leur chef qu'ayant d'abord été juif, puis élevé à la prêtrife par Marcien, l'un des évêques des Novatiens, tAcha d'introduire parmi ceux-ci lés cérémonies judaïques, en leur perfuadant au’on devoit célébrer fa pâque le quatorzième jour de la lune de Mars: Il forma même un fchifme ; mais les Novatiens qui repardoient fa prétention comme une chofe indifférente ; Conclurent que pour cela il ne falloit pasfe divifet. Les feftateursg de Subéathius furent peu nombreux ; ls af£ojent une fingularité remarquable, fans qu’on fäche fur quel fondement ; c’étoit d’avoir tellement en hor= reur J’ufage de la main droite, awils fe faifoient un point de religion de ne rien recevoir de cette main; ce qui leur fit donner le nom d'Apérepes féniféri , gauchers. SABBATINE , ff (Gram.) terme d'école petite thèfe que les écoliers foutiennent les famedis pour s'exercer à la grande thèfe de {a fin de l’année, SABBATIQUE, EE FLEUVE : Sabbharicus fluvius ; ( Géog. anc. ) riviere que quelques auteurs mettent dans la Paleitine , & dont d’autres écrivains nient l'es xiftence ; le P, Calmet a traité au long ce fuiet. Jofephe, Z. FIL, c, xt. parle ainfi de cette riviere, Ce prince, ditsl, (Titus ) rencontra en fon che- minune riviere qui mérite bien que nous en parlions; elle pañle entre les villes d’Arcé & dé Raphanée, qui font du royaume d’Apriona , & elle a quelque choïe de merveilleux, car äprès avoir coulé fix Jours en grande abondance, &c d’un cours affez rapide ; elle fe feche tout d’un coup, & recommence le lendez main à couler durant fix autres jours comme aupas ravant , &c à fe fécher le feptieme jour, fans Jamais changer cet ordre, ce qui lui a fair donner le nom de Subbatique, parce qu'il femble qu’elle fête le fep- tieme jour, comme les juifs fêtent celui du {bbat. Telle eft la fraduétion de ce fameux pafläse de Jo- à anse 5 fephe ; par M. Arnaud d’Andilli , homme très-ver{é dans la langue grecque , & aidé dans ce travail par de très-habiles gens de fa famille, D. Calmet , fur ce même pafage, nous donne de cette riviere une idée bien différente. Selon lui, Jo fephe dit que Titus allaht en Syrie, vit entre la ville d'Ârces , qui étoit du royaume d’'Agrippa, & la ville de Raphanée en Syrie, le fleuve nommé Sabbarique, qui tombe du Liban dans la mer Méditerranée. Ce fleuve, ajoute-t-il, ne coule que le jour du fabbat, où plutôt au bout de feptjouts; tout le refte du tems fon fit demeure à fec; mais le feptieme jour il coule avec abondance dans la mer. Delà vient que les has bitans du pays lui ont donné le nom de fleuve Saba batique. Pline a voulu apparemment parler du même feu. ve ; lorfqu'il dit, Z XX XL c. 1, qu'il y a un ruif feau dans la Judée , qui demeure à fec pendant tous les feptiemes jours; 27 Judæa rivus omnibus Jabbathis frecarur, Voilà certainement Pline d'accord avec la traduétion de M, d'Andilli ; cependant D, Cälmet à raion, le texte grec de Jofephe , porte Que ce fleu- ve ne cotle que le famedi ; 8 comme les favans ont : vu que Pline , & la notion que lon doit avoir du re- pos du fabbat, conduifent naturellement à dire que ce fleuve couloit fix jours , & cefloit le feptieme Jour ; 1ls ont tâché de concilier cette idée avec les paroles de Jofephe , en les tranfpofant, & lui ayañt fait dire le contraire de ce qu’on y lifoit ; & c’eft {ur 458 S À B &e changement que M. d’Andilli a travaillé, 1 femble “en effet , que la riviere S'abbatique ne marqueroit pas bien le repos du fabbat, f elle ne couloit que ce | jour là ; pour bien faire, obferve D. Calmet , elle “devoit cefler de couler pour imiter le repos des Juufs, Mais une autre remarque plus importante , c’eft que Jofephe eft le feul & premier auteur du fleuve Sabbatique , qui vraifemblablement n’a jamais exifté; ‘du moins on n’en connoit pot aujourd'hui, êTau- ‘cunvoyageur nigéographe n’en à jamais fait mens tion : car pour Pline , il eft évident qu'il a tiré de Jofephe ce qu'il en dit, & même felon les ap- parences,, il n’en croyoit rien. (D.J.) SABBATIQUE JOUR ET ANNÉE, (Cririg.facrée) Île jour fabbatique étoit le jour du fabbat, qui fe cé- lébroïit une fois chaque femaine ; larnée fabbatique étoit celle qui fe célébroit de fept ans.en fept ans, &c dans laquelle on laiffoit la térre fans la labourer & fans la moïflonner; tout ce qui venoità la campagne étoit commun cette année. Dans lannée du fabbar, dit le Lévitique, xxv, 4. vous ne femerez point voire champ, vous ne taillere point voire vigne , vous ne snoiffonnerez point ce qui vient de foi-même ; vous ne vendangerez point ; car c’ef? l’année du repos de la terre ; cette année commençoit & finifloit au mois de Sep- tembre. (D. J.) | SABBATUS | ou SABATUS,( Géog. anc.) ri- viere d'Italie , au royaume de Naples; elle coule à Bénévent , & fe jette dans le Vulturne. Cette rivie- re à Bénévent en reçoit une autre nommée Calor, & qui s'appelle encore Calore. Le fabbatus s'appelle /z- bato. Sabbarus ou fabarus , eft aufi le nom d’une autre riviere d'Italie, felon Antonin, à r8 mille pasau-delà de Confestie, en allant vers la colomne, le dernier terme de l'Italie pour pañler en Sicile. ( D. J.) SABDARIFFA , £ £ (Hifi. nat. Bot. exe. ) efpece de Kketmia des Indes, nommée Kesmia indica vitis folio ampliore, I. R.H. elle poufle une tige à la hauteur detrois ou quatrepiés, droite, cannelée, purpu- rine, rameule , parme de feuilles amples comme celles de la vigne, partagées en plufieurs parties den- telées. Ses fleurs font grandes, & femblables à cel- les de la mauve , d’un blanc pâle, & d’un purpurin noirâtre ; tlleur fuccede des fruits oblongs, pointus, remplis de femences rondes , que Pon mange com- me un léeume, ce qui fait qu'on la culuiveauxIn- | des, (D, J.) | SABÉ , ( Géog. anc. ) nom de deux villes d’Ara- bie, felon Ptolomée, Z WI. c; vi. 1l appelle lune, Sabé regia , dont la lonpisude eftfelon hu, 76, las. rs, Long. de l'autre Sabé, 73. 40. lait. 16. 56, (D. J,) SABECH, fm. (Faucon. ) eft la cinquieme efpece | d’autour; le fabech reflemble à l’épervier. SABAENS, SABANS, o4 SABÉENS, {. m. pl. (Æif£. anc, ) fe&ateurs du fabaifme , ou fabifme. Foyez d'article SABTISME. SABÉENS, LES, Subæi , ( Géog. anc.)ancienpeu- ple de l'Arabie heureufe. Pline, Z WI. c. xxviy en parle ainfi : Les Subéens, ditil, font les plus céle- bres d’entre Les Arabes, à caufe de l’encens ; ce peu- ple s'étend d’une mer à l’autre, Diodore de Sicile, après avoir parlé des Sabéens,, I. III. c. iv. ajoute, la métropole de ce peuple, appelléeSxbz, eftfituée fur une montagne. Virgile dit dans fes Géorgiques, India mirrit ebur | molles [ua thura Sabot. Pline met la métropole fur une montagne remplie d'arbres, & lui donne un roi qui en avoit d’autres fous lui. Les Atramites étoientlune.des dépendances du royaume des Sabéens, C’eft de ces Sahéers que bien des critiques prétendent qu’étoit fouverainela reine de Saba , qui alla voir Salomon. il y avoit encore un ançien peuple au voifinagiede | Pdunée , qui portoit le nom de Sabden.( D. Ji Y: S À à n + L 3, SABELLI , (Géog. anc.) diminutif de Sabiz &c qui fignifie , despesiss Sabins , ou plutôt des &fà cendans des Sabins, Horace , 1. ÎT. fai.j, v. 35. dits Nam Venufinus araifinem fub atrumque colonus, Miffus ad hoc pulfis, vertus effut fama, Sabells ; | Quo ne per vacuum Rornano incurréret hoflis : | Sive quod Appula gens , leu quod Lucania bellure | Tncuteret violenta. | « S1 je vouloïis copier Lucile , je vous dirois dans! » fon ftyle, que je ne fais pas trop je fuis de la Lu »eanie, ou de la Pouille, parce que Vénufe, ma. »patrie, eft fur la frontiere de ces deux provinces,” » J’ajouterois qu'il y a une wieille tradition que les. » Romains, après en avoir chaflé les Samnites, y. » envoyerent une colonie, de peur que fi le pays »Étoit dépourv de garmfons , 1l ne prit envie aux. » Apuliens &aux Eucaniens, deux nations belliqueu-. » fes, de nous faire la guerre , &c de pafler au-travers » pour entrer fur les terres de la république », Je fuis ici la traduétion du P. Sanadon, qui rend le Sabell d'Horace par les Samnites 8 non par les Sabins. Plufieurs favans s'y fontitrompés ; M. Dacier prétend aufli que ce font les Samnites:; & Defprez, dans {on Horace à l’ufage du Dauphin, arouvertle même fentiment. Par ces Sabelli ou Samnites | ilfaut entendre ceux que l’on appelloit Hirpini, quitouchoïent ja Pouille au nord, & la Lucanie à left. Tous ces peuples def: cendoient originairement des Aufones, qui depuis prirent lenom d’'Ojques | &c'enfuite celui de Subras à ceux-ci formerent différentes peuplades, qui fürént les Aurunces , les Fidicins , les Samnites,, les Picen- tins, les Veftins, les Marrucins, les Pélignes , les Maries, les Eques, & les Herniques ; les Samnites produifirent les Trentaniens, les Lucaniens, les Came paniens , & les Hirpins ; enfin les Lucaniens donne- rent naïflance aux Bruttiené. Il eft bien vrai que les Samnites étant defcendus des Sabins, on a dit quelquefois Sabe/li pour Sabini, par une variation de dialeéte; mais icral ne peut fig- nifier que les Samrites , parce que ces derniers étant dans le voifinage de Vénufe, étoient auâi beaucoup plus à portée des’enrendre les maîtres , que les Sa- bins , quienétoientfort éloignés, (D.J.) SABELLIENS, fm. pl (Hf.eccléf.) feéted’héré- tiques qui parurent en Orient dansile 1j. fiecle; ils réduifoient les trois perfonnes de la fainte Trinité, à trois relations , ou plutôt ils les’confondoient,, re- duifant la Trinité à la feule perfonne du Pere, dont ils difoient quele Fils & le S, Efprit n’étorent que les vertus, les émanations;, ou les fonétions, Foye Trr- NITÉ & PERSONNE. | Sabellius , leurchef, natif de Prolémaide ville de Lybie, y fema fes erreurs vers l’an 260, confondant la trinité des perfonnes ; il enfeignoït qu'il n’y avoit point de diftinétion-entrelles, mais awelles érotent une , comme le corps, l'ame & l’efprit ne font qu'un homme ; il ajoutoit que le pere de toùtes cho- fes étoit dans les cieux, que c’étoit lui qi étoir def. cendu dans le fein de la vierge, qu’ilen étoit né, & qu'ayant accompli le myftere de notre rédemption, il s’étoit lui-même répandu fur les apôtres en forme de langues de feu, d’où on lavoit appellé de Sa: Efprit. | | S.:Epiphane dit que.le dieu des Sabeliens, qu'ils appelloient le Pere , reflembloït felon eux , au foleil, &c étoit un pur /xbfrarum, dont le Fils étoit la vertte, ou la qualité 1luminative , 8 le SEfprits la vertu _échauffante ; que le Verbeten avoit ététiré ou dardé -comme un rayon divin, pour accomplir l'ouvrage ide la rédemption , & qu'étant remontélaux-cieux, comme un rayon remonte à fa fource, la vertu | échauffante S A B échäuffante du Pere, avoit enfuite été communiquée aux apôtres. Cette héréfie trouva des partifans parmi les évé- ques en Afrique, en Afie, & juiqu'a Rome ; mais elle fut condamnée en 3 19 dans le concile d’Alexan- drie ; elle étoit au fond la même que celle de Praxeas, aufli donna-t-on aux Sabelliens en Occident le nom de Parripaliens ou Patropaffiens, Voyez PATRIPASSIENS. Les Sociniens ont renouvellé dans ces derniers fie cles, le fabellianifme, en ne reconnoiflant le S. Ef- prit que comme une vertu, où une efficace de la di- vinité, Voyez SOCINIENS. SABIA , (Géog. mod.) nom d’un royaume &t d’une riviere de la Cafrerie en Afrique. On ne connoit ni port, ni ville dans ce royaume. La riviere de Sabra le baigne au nord & au fud. Elle a fa fource vers le _ 47. degré de /orgitude , & un peu au-delà du 25. de- gré de latitude méridionale. Son cours eft d'occi- dent enofient, & peut avoir 40 lieues de longueur. (D. 7) SABIISME , ( Relig. orient. med.) religion des an- ciens Sabéens, appellés aujourd’hui Sabis, S'abaites, Mandaïtes ou les chrétiens de S. Jean. Voyez fur leurs prédécefleurs l’article SABAÏSME. Les mahométans de la feéte d’Ali répandus dans la Perfe paroïflent l’occuper toute entiere ; cependant il fe trouve encore entre ces peuples deux religions fort anciennes. 1°, Celle des Guebres ou Parfis qui font les ado- rateurs du feu, les fuccefleurs des mages. les difci- ples du fameux Zerdafcht ou Zoroaftre. 2°, Celle des Sabiens ou Mandaïtes, que l’onnom- me ordinairement les chrésiens de S. Jean, mais qui ce l’aveu de tous les voyageurs ne font ni juifs, ni chrétiens , ni mahométans. On dit au refte qu'ils re- gardent S. Jean-Baptifte comme un de leurs pro- phetes. | Ces deux fortes de feftaires fe donnent une ori- ginetrès-ancienne , fe vantent auffi d’avoir des livres de la premiere antiquité. LesParfis prétendent pofléder ceux deZoroaftre, leZend, le Pazend , l'Oufta , &c ils ont leSadder pour leur canon eccléfaftique. Les Sabiens , {elon M. Simon , lff. cru. Li. I. ont le Sidra laadam ou La révélation adreffée à Adam lui- vnéine, les livres de Seth &c ceux de quelques autres patriarches. | Eutychès , patriarche d'Alexandrie , donne pour auteur du Sabifme Zoroaftre, qui left certainement du Magifme ; &ce qui prouveroit qu'’ilavoit là-deffus quelques traditions, c’eft qu’il indique par fon nom jufqu’au premier grand-prêtre de la feéte. Selon M. Prideaux, les Mages & les S'abiens étoient très-diftin- gués fous les rois de Perfe d’après Cyrus. Nous apprenons de R. Moïfe, fils de Maimon ou de Rambam , de plufeurs paffages du thalmud, des commentateurs juifs , dela plüpart des écrivains orientaux foit chrétiens, foit mahométans, qu’Abra- ham avoit été élevé dans le Sabifine. Le paffage de Jofué fur Pidolâtrie de Tharé eft un texte irréfraga- ble : la ville de Charan où ce patriarche, en quittant celle de Our, alla faire fa demeure, étoit des-lors & a toujours été même juiqu’aux derniers tems le fiege principal du Sabiifine. Bâtie , dit Abulfaradge, par Cainan , fils Arphaxad, (mettons Arphaxad lui-même, puifque ce Caïnan eft intrus), & illuftrée par Les ob- lervations aftronomiques qu'il y fit, fes habitans fe porterent d’eux-mêmes à lui drefler des fimulacres , & delà le culte des aftres & des ftatues ; des aftres comme d'êtres à la vérité fubordonnés , mais média- teurs entre Dieu & les hommes ; des ftatues comme repréfentant cesaîtres en leur abfence , par exemple, la lune lorfqw’elle ne paroït plus fur Phorifon , les Tome XIF, | | S À B 459 érañds hommes lorfqu'ils ne font plus tt âprés leur mort. | Voici ce qui dans tous les tems a difinoué plug particulierement le Sabizfrne : 1°; la connoïflance des aftres : 20, l’art de juger par le cours des aftres de tous les événemens : 3°. la fcience des talifmans, l’apparition des génies , les enchantemens & les forts. ! Simulacres arbres dévoués , bois facrés, ternples, fêtes, hiérarchie réglée, adoration, priere, croyans ce, idée de métemplycole, les Sabiens avoient toutes ces marques de religion intérieures & extérieures ; Corra, aftronome /xbien illuftre , foutenoit encore par des écrits publics , il y a quelques fiecles, que toutes ces pratiques leur venoient des anciens Chal= déens. D'un autre côté, les mathématiciens qui les goui vernotent fe livroïent à toutes les idées que leur imas gination leur préfentoit : chacun felon fes calculs & les fyftèmes , ils fe forgoient des dogmes où rejet: toient ceux des autres. Par exemple, felon quelques: uns, la réfurreétion devoitfe faire au bout degoooans, parce qu’ils fxoient à 9000 ansle tour entier de tous les orbes céleftes. D’autres plus fubtils vouloient une réfurreétion parfaite & totale , c’eft-à-dire de tousles animaux | on les plantes, de toute la nature ; celaétantlSne l’attendoientqu'’auboutde36426ans, Enfin plufeurs d’entre eux foutenaient dans le monde ou dans les mondes une efpece d’étérnité , pendant laquelle tour-à-tour ces mondes étoient dé- truits &T refaits. Cette fete obligée par fa propré conftitution à obferver le cours des aftres, a produit plufieurs phi- lofophes, & fur-tout plufeurs aftronomes du pre« mier ordre; Mahomet, Æ/coran, fura où chap. ij. a mis le Sax biifme au rang des religions révélées ; mais comme par-là 1l a embarraflé les doéteurs du Mufulmanifme, parce qu’enfin en examinant le Sabizfme de près , ils ÿ ont vu des opinions fuperftitieufes & ridicules, il ne doit pas être furprenant que ce foit à eux que l’on renvoye pour une connoïflance plus intime du Sa biifine. Ainfi après Maimonides , Juda Hallevi & quel- ques autres efpagnols , 1l faudroit encore confulter Schareftäni ; Beydawi, Ibn Gannan , Ibn Nedun , Keflai, & parmi nos auteurs Golius, d’'Herbelot, Hottinger , & quelques autres. Il faut obferver que fi l’on n’a pas uné notion rai- fonnable de cette feéte & de fes pratiques, quoi- qu'abfurdes la plüpart, il y a dans Moïfe, & en gé- néral dans l’'Ecriture plufeurs paflages que lon n’en: tendra jamais, Nous parlerons maintenant de létendue du Sa: bufme : Maimonides & Ephodi, & R. Schem Tob fes commentateurs ont envifagé prefque toute Fidoli: trie comme une fuite des idées fabiernes, & par:là ils y ont enveloppé néceflairement les cultes de toute la terre. Eutychius avoit la même idée, puif- quaprès avoir pris le Sabiifine en Chaldée, de-la ; dit-1}, 17 ef? pallé en Egypte, de l'Egypte il fut porté chez les Francs | c’eft-à-dire en Europe, d’où il s’éserr: dit dans tous les ports de la Méditerranée. Et comme le culte du foleil &c des étoiles , la vénération des an- cètres, Pérettion des ftatues, la confécration des ar- bres conftituerent d’abord Peflence du Sabifine ; cette efpece de religion, toute bifarre qu’elle eft , fe trouva aflez vite répandue dans toutes les parties du monde alors connu , jufqu'à lInde & jufqu'à la Chine ; de forte même que ces vaftes empires ont toujours été pleins de ftatues adorées, 8c ont tou« jours donné la créance la plus folle aux vifions dé l’'aftrologie judiciaire, preuve inconteftable de Sx- biifme , puifque c’en eft le fond &cle premier dosme; la çoncufion eft fimple que foit par Nu , oïf M 460 S A B par imitation &t identité d'idées, le monde prefqu’en- tier s’eft vu & {e voit encore /abier. Ce qu’on ne peut pas nier, c’eft que pour les régions orientales , le Ma- gifme paroït avoir été reflerré dans la Perfe & dans quelques contrées voifines, &t que le Sabiifne paroit avoir été reçu également dans la Chaldée , dans 'E- avypte, dans la Phénicie , dans [a Baëtriane &c dans linde ; car s'il étoit clair que les opinions de la reli- gion égyptienne étoient pañlées &c y fubfiftent en- core aujourd'hui , il eft évident aufhi qu'il s’y étoit mêlé du /abiifme, ce que prouvent aflez & Barron- cheri & la plüpart des romans indiens. Ajoutons un mot de la durée du Sabafme. Qui croiroit que pendant que tant d’autres héréfies, mêé- me depuis le Chriftianifme, fe font éteintes & pref- que évanouies à nos yeux ; qui S'imagineroit, dis-je, que celle-ci la premiere de toutes, connue avant Abraham , eft demeurée jufaw’à nos jours entre le Judaifme , le Chriftianifme & le Mufulmanifine? Nous avons une Homélhe de S. Gregoire de Nazianze con- tre les Sabiens, ainfi de {on tems il y en avoit dans la Cappadoce. L’alcoran ,tous les hiftoriens, tous Les auteurs perfans en parlent comme d’une religion fub- fifante chez eux , & cela n’eft pas étonnant, puifque Charan & Bañfora font fi proches de l'Arabie & de la Perfe. Se: . Une circonftance curieufe , ce fer e favoir pourquoi & depuis quel fiecle lesSabiens s’appellent mendai Jahia, les difeiples ou les chretiens de S. Jean. I n’eft pas facile de déterminer ; mais 1l femble que lhiftoire arabe nous en donne une époque affez traiflemblable du tems d’Almamon. Ce prince paf- fant par Charan, &c {ans doute en ayant entendu parler comme d’une ville de Sabiens , en fit affem- bier les principaux habitans ; 1l voulut favoir queile étoit véritablement la relision qu'ils profefloient. Les Chäraniens chagrins d’une telle demande , & ne fachant où elletendoit, nefe dirent ni juifs , mi chré- tiens, nimahométans, nifabiens , mais charaniens, comme fi c’eût été un nom de religion. Cette réponfe aflez fondée d’ailleurs, mais que le prince mufulman prit ou pourunelimpiété, ou pourune dérifion, leur penfa couter larvie. Almamon en colere leur dé- clara qu'ils pouvoient opter entre les quatre reli- * gions permiles par le prophete, fans quoi à fon re- tour leur ville feroit pañlée au fil de l'épée. Là-deflus un vieillard leur conterlla en reprenant leur ancien som de religion de fe dire fabiens. Cela étoit fort fenfé; mais apparemment qu’alors entre Les Chara- niens & leurs freres les véritables Sabiens il y avoit des divifions & des haines. Plufieurs d’entr’eux a1- merent mieux fe faire chrétiens ou mufulmans : mais ce quifera arrivé , c’eft qu'avec les Mufulmans ls fe feront dits chrétiens, & qu'avec les Chrétiens ils auront affe@té de fe faire nommer chrétiens de S. Jean, Ou chrétiensimendai Jahia, ddciples de S. Jean. Ileftvrai que du tems del’Evangile 5. Jean a eu des difciples, & que nous n'avons aucuie preuve, malgré la prédication du précurfeur, qu'ils ayent tous embrafie le Chriftianifme, IlLeft vrai encore que les Sabiens d'aujourd'hurfont par-tout, & dans leurs hturgtes, 8&zdans leurs livres, une comrémorationho- norable de S. Jean ; de forte que le nom de chrériens de S. Jean ou derdi/ciples de Jean poutrroit avoir une époque plus ancienne, &c être des premiers tems du Chriftianme:on a même quelques hvres de miffion- naires qui les ont prêchés, où l’onvoit les articles de leur créance, 82 ilyeftiparlé du baptême. Maïs une feéte-ne fe connoit jämais à fond que par lalec- ture de fes propres livrés, & commenous en avons à la bibliotheque du roi trois manufcrits affez con- fidérables | ces livres examinés en détail pour- ront mettre en état d'en parler avec plus de certi- tude. Extrait des Mémoires de l'acad, des Infer.c. XII. (2. 7.) 2. SABINA SYLVA, (Géog. anc.) forêt d'Italie dans la Sabine. Martial, 2, 1X. épigr. 55. dit, Si mihi Picen@ Turdus palleret oliva Tenderet aur noffras {ylva Sabina plagas. Nous ne voyons pas dans ce pañlage que Subina foit une forêt particuliere ainfi nommée : il y avoit fans doute des bois dans la Sabine, &:ony chafloit ; mais vOici un paflage plus particulier. Horace, £. I. ode 22. dit qu'étant occupé de fes amours , il s’enfon- ça trop avant dans cette forêt, où il trouva un loup qui pourtant s'enfuit de lui, quoiqu'il n’eüt point d'armes pour fe défendre, s’il en eût été attaqué. Narmque me {ylvà lupus in Sabinà Dum meam canto Lalagen € ultra Terminum curis vagor expeditus Fugit inermem. Cette forêt ne devoit pas être fort éloignée de la mauon de campagne qu’il défigne par ces mots vaz- lis Sabina , puifqu'il alloit s’y promener feul &c à pié. (2.J.) S'ABINÆ 4QUEÆ ,( Géog. anc. ) petit lac, ou plu- tôt étang dans le pays des Sabins, felon Pline & De- nys. Strabon l'appelle aguæ Coflicolie ; c’eft main- tenant, felon Cluvier , le Pozzo Ratignano , proche du bourg de Cotila. (D. J.) SABINE , o4 SAVIGNER , (Botan. ) fabina, ar- brifleau toujours verd, qui vient naturellement dans l'Italie , le Portugal & l'Arménie , dans la Sybérie & dans le Canada. Il peut, avec l’aide de la culture, s'élever à dix piés ; mais fes branches étant fort char- gées derameaux qui fe dirigent d’un feul côté, elles ont tant de difpolition à s’incliner & à ramper près deterre , que fi l’arbriffeau eft livre à lui-même, 1l prend à peine quatre ou cinq piés de hauteur. Ses feuilles reflemblent à celles du tarmarin ou du cyprès, mais elles font fi petites, & fi peu diftinées, qu’on doit plutôt les regarder comme un fanage moufeux qui enveloppe les jeunes rameaux. Ses fleurs mâles font de très-petits chatons côniques & écailleux de peu d'apparence. Ses fruits qui viennentféparément, font des efpeces debaies bleuâtres, delagrofleur d’un pois, qui contiennent trois femences ofieufes ; elles font convexes d’un côté & applaties fur les faces qui fe touchent. | Cet arbrifleau eft abfolument des plus robuftes ; il vient dans les pays chauds comme dans les climats très-froids ; il réfifte aux plus cruels hivers & à tou- tes les autres intempéries des fafons ; 1l s’accommo- de de tous les terreins , ne craignant ni l’humidité , ni la fécherefle ; il vient fur les heux pierreux &c très- expofés au vent: mais il fe plait davantage dans les terres grafles , & il aime mieux Pombre quele grand foleil. Il fe multiplie très-aifément de branches cou- chées, & tout aufli-bien de bouture. On ne:s’avife guere d’en femer la graine , ce feroit la méthode la plus longue & la plus incertaine. Il reprend, à la tranfplantation , plus facilement qu'aucun:autre ar- bre toujours verd, pourvu qu'on obferve les tems propres à planter ces fortes d'arbres ; favoir Le mois d'Avril &cle commencement des mois de Juillet ou de Septembre. La /ubine {eroït extrèmement propre à former de moyennes paliflades toujours vertes, de petites haies: très-régulieres; à garmir les mafffs des‘bofquets pour -donner de la verdure dans la faifon des frimats , &c à l'embelliffement de divetfes parties des jardins, parce que le verd.en eft agréable&c uniforme, &z que d’ail- leurs cet arbrifleau a la facilité de venir dans les lieux { k ! : ! Ye 1 ferrés & à l’ombre des autres arbres: mais il répand une odeur fi forte & fi défagréable ,| qu’on eft forcé de le rélepuer dans les endroits éloignés & peu fré- quentés, Le bois de la abine et très-dur, & il n’eft point fujet à fe gerfer. On ne cultive guere cet arbrif. ieau que par rapport à fes propriétés. C’eftun incifif trés-pénétrant. Les médecins , les chirurgiens &c les maréchaux en font quelque ufage. On connoït peu de variétés de cet arbriffeau. 1°. La fabine a feuilles de tamaris , c’eft la plus com- mune. | , 2°. La fabine à feuilles de cyprès, c’eft celle qui a le plus d'agrément. Le | ; : 3°. La fabine panachée eft d'une fort médiocre ap- parence. | SABINE, {. £. ( Bocan.) quoique la fxbine foit une efpece de génévrier, il importe de faire connoître, êt celle qu’on nomme fxbine ou favinier, à feuilles de tamarifc , 6c la fabine ou le favinier à feuilles de cy- Prés | POUPEE Louer La premiere , fabira folio tamari[ci Dioftoridis , C. B. jette de fa racine en petit arbrifleau , quis’étend plus en large qu’en hauteur, & quieft toujours verd; fes feuilles font aflez femblables à celles du tamatiie d'Allemagne , mais plus dures & un peu épineufes : d’une odeur forte & defagréable , d’un goût âcre ou piquant &c brûlant. Cet individu , qu’on appelle mile Ou fférile, porte au fommet des branches de petits chatons ou fleurs à trois étamines par Le bas, fans pé- tales ; 11 ne leur fuccede aucun fruit, du-moins pour Fordinaire, car lorfque l’arbriffeau eft vieux ou plan- té depuis long-tems dans le même endroit ; ils éleve d'entre les feuilles de petites fleurs verdâtres, qui changent en de petites baies applaties, moins grofles que celles du génévrier , & qui aquierent comme el- les en müriffant une couleur bleue, noïrâtre. On le cultive dans les jardins ; mais dans nos climats, il donne fi rarement du fruit, qu’on le regarde comme férile. La Jabine à feuilles de cyprès, fabina folio cupref= fe » ©. B. P. produit un tronc plus élevé que celui de la premiere efpece, approchant beaucoup du cyprès par fon rapport, & faifant comme un arbre à tige affez grofle , dont Le bois eft rougeâtre, médiocre- ment épais. Ses feuilles font femblables à celles du cyprès, mais plus compaétes, d’une odeur forte & pénétrante, d’un goût amer & aromatique , réfineux. Ses fleurs font compofées de trois pétales , fermes, pointus, permanens, ainf que le calice , qui eft divifé en trois parties , d’une couleur jaune, her- beufe. Ses baies font charnues , arrondies, charpees dans leur partie inférieure de trois tubercules Oppo- fes , avec un ombilic armé de trois petites dents ; elles contiennent trois offelets ou noyaux Oblongs, d'un côté convexe & de l’autre ansuleux: Cr Cet arbrifleau croit fur lès montagnes , dans les bois, & autres heuxincultes. On le cultive auffi dans les jardins. (D. J.) Eues t | SABINE, (Mar. méd.) Jabine à feuilles de tamarife, êt fabineà feuilles de cyprès. La premiere efpece eft principalement employée en Médecine tant extérieuremeñit qu'intérieurement, & elle a en effet plus de vertus. | Les feuilles de /zbine ontune odeur balfamique for- te, &un goütamer, âtre , aromatique, Elles con- tiennent une quantité très-confidérable d’huile effen- _ tielle. M. Cartheufer a retiré plus de deux 'onces & demie d'huile eflentielle d’une livre marchande de feuilles de /xbine à feuille de tamarifc. Cette plante tient le premier rang parmi les reme- des emmenagogues &c echoliques , c’eft-à-dire propres à faire couler les resles & à chafler Le fotus de lama- trice. Elle à le grand caraétere des remedes vérita! blement efficaces, c’eft:à-dire que l'abus en eft dan- gereux. Cependant fa dofe même exceffive ne pro- cure pas aufi conffamment & auf promptement l’a- vortement qu’on a coutume de le croire. Quoique ce remede produife-le plus fouvent des’accidens qui Tome XF, S AB 461 obligent d’emprunterle fecours d’autru: » & par con- téquent d’avoir à pure perte.des témoins d'un crime’ & de [a honte qu’on vouloit cacher, il feroit à fouha ter. que cette vérité, qui eft fondée fur l’obfervation d'utrès-grand nombre de faits, pt détruire la fu- nefte opimon qui eft répandue dans le public fur cette prétendue propriété dela fubine, Une autre vérité , fondée auf fur un grand nombre d'expériences, & qu'il eft très-utile de publier dans la même vue , cel que l'avortement procuré par Le fecours de ce genre, eft encore plus fouvent accompagné que celui aut dépend de toute autre caufe, d’une hémorrhagie vio- lente qui tue la mere avec l'enfant. Les feuilles fraîches de fzêine s’ordonnent dansles fuppreffions des regles, & pour chaïfler l’arriere-faix &c le foetus mort, en infufion dans de l’eau ou dans du vin, à la dofe d’une pincée ou de deux ; & en pou-- dre , lorfqu’elles font feches, à celle d’un demi-eros dans un verre de vin blanc » d'eau, de thé, &c. L’huile effentielle de cette plante , donnée à la dofe de quelques gouttes , fous forme doleo-faccharum, eft regardée auf comme un remede très-efficace dans les mêmes cas, Ces mêmes remedes font auffi de trés-puiflans ver< mifuges. | Pour ce qui regarde l'ufage extérieur de cette plans te , elle eft mife au rang des plus puiffans difcufifs & déterffs. Ses feuilles téches » réduites en poudre , s’emploientaflez communément pour mondifer, def- {écher & confolider les vieux ulceres. Cette même poudre mêlée avec du miel, ou les feuilles fraiches pilées avec la même matiere , paf fent auf pour très-propres à tuer les vers dés enfans fi on leur en frotte Le nombril. Les feuilles de /abine entrent dans l’eau byftéri- que, les trochilques hyftériques, le firop d’armoife, longuent martiatum , la poudre d’acier de la phar- macopée de Paris, &c l'huile efléntielle dans le bau- me hyftérique &c dans l’effence appellée dans la mê- me pharmacopée anui-hyfhérique | & qu'il faut appel- ler hyflérique; car ce remede eft fait pour la matrice &t non pas contre la matrice. ( SABINE, la , (Géog, mod.) pays d'Italie, dans l’é- tat de l'Eglife , borné au nord par lOmbrié, au mi- di par la campagne de Rome dontle Teveronela fépa- re , au levant par P'Abruze ultérieure, & au couchant par le patrimoine dont elle eft féparée par le Tibre. On la partage en nouvelle Sabine , la Sabira nuo- va, qui.eit entre Ponte-Mole & le ruifleau d'Aja, êc la S'ubine vieille qui eft au delà du ruiffeau d’Aja ; mais malgré cette divifion la province entiere n’en eft pas moins la plus petite province de l’état eccléfiafti que. Elle n’a qu'environ 9 lieues de long fur autant e large, en forte qu’elle ne comprend qu'une. partie du pays des anciens Sabins , dont elle conférve le nom ; & la feule ville qu'il y ait dans cette province eft Magliano ; mais plufieurs petites rivieres arrofent le pays : il eft fertile en huile, en vin & en pañles, qui eft une forte de raifin fec {ans pepin.:( 2.7.) -1SABINIEN, adj. (Gramm. & Juri/prud.) fenatus- confulte fabinier , VOYEZ AU 701 SENATUS - CON- SULTE. SABINIEN., (Jurifprud. rom.) on nommoit Sui- niens | fous les empereurs romains > les jurifcon{ul- tes attachés au parti d’Atteius Capito, qui florifoit {ous Augufte, Ce partitiroit fon nom de Mazurius Sa- binus , qui vivoit fous Tibere. Ils étoient oppofés.en Plufieurs chofes aux Proculiens, Ces deux partis ré- gnerent à Rome jufqu’au tems que les: empereurs, privant les jurifconfultes de leur ancienne autorité, déciderent les affaires felon leur bon plaifr fans égard aux lois & à leurs interprétations. (D. J.) SABINITES, £ £ ( A mar. Lirhol. ) nom donné M mm ij ? 462 S À B par Pline à une pierre fur laquelle fe trouvoit em- | preinte de la fabine. SABINS, (Géog. anc.) Sabini , aficien peuple d'T- talie, dans les terres, à lorient du Tibre; une partie de leur région confeïve l’ancien nom. _ Leur pays étoit bien plus étendu que la Sabine d'aujourd'hui; il comprenoït encore tout ce qui eft au midi oriental de la Néra jufqu’à celle de fes four- ces , qui eft préfentement dans la marche d’Anco- ne , excepté , vers l'embouchure de cette riviere danslé Tibre, une petitelifiere aux environs de Nar- ni, qui étoit del’'Ombrie ; mais Otricoli étoit dans la Sabine. Ainf tous les lacs aux environs de Riéti, & toute la riviere de Velino quiles forme , étoient dans cette province , jufqu’à la fource duNomano , qui eft aujourd’hui dans l'Abruzze ultérieure ; 1l étoit alors dans le pays des Sabins , & s’étendoit même au delà de la Pefcara , oétoit Amiternum , dont les ruines s'appellent encore Amirerno-Rovinato. À la referve de la ville d’Otricohi , qui eft aujour- d’hui du duché de Spolette, la Sabine n’a rien perdu du côté du Tibre ; &le Teverone la borne commeil fafoit autrefois, à-peu-près jufqu’au même lieu, ex- cep'é qu’elle avoit au midi de cette riviere la ville de Cofllatia. ; Ainf l’ancienne Sabine étoit bornée au nord-oueft par l'Ombrie ; au nord-eft par des montagnes qui la “éparoient du Picenum ; à lorient par le peuple 74/° rire ; au fud-eft par les Marfes & les ques ; au nuidi ar le Latium, & au couchant par le Tibre qui la fe- paroit des Falifques & des Véiens. Les uns dérivent le nom de Sabin , de Sabus , ca- pitaine lacédémonmien; les autres tirent cenom de $4- binus , fils de Sancus , génie de cette contrée, nom- mé autrement Medius- Fidius , & que quelques-uns ont pris pour Hercule. Il y atrois opinions différentes fur l’origine des Sa- bins ; Plutarque , 7 Numa, & Denis d'Halicarnañle , liv. IL. les font lacédémoniens, & difent qu’ils fe ren- dirent d’abord dans le territoire de Pometia , ville des Volfques, & que partant de-là , ils vinrent dans ce pays , &c fe mêlerent avec les habitans qui y étoient.déja: La feconde opinion eft celle dé Zeno- dote de Troezene. Il dit que ce font des peuples de Ombrie, qui étant chaffés de leur patrie par les Pé- lafses, fe retirerent dans ce pays, & y furent appel- lés Sabins. La troifieme,eft de Strabon, Zv. IF, qui croit qu'ils étoient Autochtons , A'uroybcres, &c du peuple Opici, avec lequel ils avoient un langage commun. Il paroît que les Pélafges paflerent pour la plüpart chez les Sabins, On fait que les Sabins eurentavec les Romains de grandes guérres, auxquelles donna lieu le fameux enlevement des /abines. Tatius avoit fur les Sabins une fupériorité de prééminence ; & après la paix, 1l pafla à Rome où il s'établit ; & du nom de la ville de Cures fe forma, felon quelques-uns, le nom de gwi- rites, affeété par les Romains. Les autres demeure- rent en repos quelque tems; maisils remuerent fous Tullus Hoftilius , Ancus Martius & fous les Tar- ns. Ils foutinrent encore la guerre fous les con- luls, & difputerent aflez long-tems la primauté aux Romains. On peut voir dans Florus , Zv. /. ch. xiv. comment ils furent vaincus & fubjugues. Les Samni- tes étoient un détachement des Sakins. Le pere Briet divife le pays de l’ancienne Sabine en trois parties; favoir , au-delà de Velino :c'eftaujour- d’hui une partie du duché de Spolete qui eft au pape, & de l’Abruzze ultérieure qui eft du royaume de Na- ples : les Sabins en-deçà du Velino, aujourd’hui Za Sabine, ou comme il l’appelle Sap0, & les villes dont la pofleffñion a été incertaine entre les Sabizs & les Latins. Cela fait trois tables différentes, que voici: Reate, aujourd’hui Réer. Nürfra, aujourd’hui Nora. Vefpalie , maï{on de cam- ç les Vefpañens en pagne. É portoient le nom. Arniternum , aujourd’hui Armiterno Rovinato. Fourli rupes. | Palantiurm , aujourd’hui Polegie, village. Forum Decii, mots corrompus dans là table de Peutinger. E/fii , aujourd’hui civita Real, Cauliæe , aujourd’hui Cosyla. Velinus , aujourd’hui e Vélino. c 017724 NP tp-ny Truenc fontes, c’eft-à-dire La fource du Trono. Alerni fontes, ©. à. d. la fource de la Pefeara. Vélinus , aujourd’hui Lago pié di Luca. 1 Reatinus lacus , aujourd’hui Lago di Ricri. Curilienfes lacus, aujourd’hui Pozzo RÉ E) Cures , ancienne capitale des Sabins. Regillum , on en montre les ruines à cinq mulles du Tibre. Æretum , aujourd’hui onte Ritondo. chio. 4 Cafperia | aujourd’hui 4/pra. 2 Cruflimenium, aujourd’hui Marcigliano-Vec Lucretilis mors, aujourd’hui Le monts Librerri, Sacer mons , colline où eft le château de S. Sylveftre. has pe montagnes entre la Corniculi montes ,À tour de Vergara &c fanta L Margaritella. Anio , aujourd’hui /e Teverone. 4 lbula , aujourd’hui /a Solforata. Ayeus , aujourd’hui le Curèfe. Telonius , aujourd’hui Z Turano. Fabaris ,| aujourd’hui /e Farfa. \ *SAUSEIUOIY on ‘Ou1/24 NP RS9P-UA “SSISTAIX Allia , aujourd’hui Caminato. Himella , aujourd'hui /4ia. Antermna , on ne fait où elle étoit. Cœnina , de même. Collatia , aujourd'hui /zrt- Agnèfe, village. Ficulnea , où eft le château de faint-Clément. Nomentum , aujourd’hui Lamentano. Fidenæ , détruite depuis long-tems. Corniculum, vers la tour de Vergara. Il réfulte de ce détail , que les Szhizs occupoient cette contrée de l’Italie qui eft fituée entre le Tibre , le Téverone & les Apennins.lls habitoient de petites villes, & différentes bourgades, dont lesunesétoient gouvernées par des princes, & d’autres par de fimples mapgiftrats, & en forme de république. Mais quoique leur gouvernement particulier fût différent , ils s’é- toient unis par une efpece de ligue & de communau- té qui ne formoit qu'un feul état de tous Les peuples de cette nation. Ces peuples vivoient avec beaucoup de frugalité ; ils étoient les plus laborieux , les plus belliqueux de lItalie & les plus voifins de Rome.Leurs femmes étoient regardées comme des modeles de pu- deur , & pañloient pour être fort attachées à leur ménage & à leurs maris. Romulus fut à peine fur le trône, qu'il envoya des députés aux Sabins pour leur demander leurs fiics en mariage, & pour leur propofer de faire une étroite alliance avec Rome ; mais comme le nouvel établiflement de Romulus leur étoit devenu fufpe&, ilsrejetterent fa propoñtion avec mépris. Romulus s’en vengea , & l’enlevement qu'il fit des fabires caufa une longue guerre entre les deux peuples. Les Céni- niens, les Antemnates & les Cruftumeniens furent vaincus. Enfin, Tatius roi des Cures, dansle pays des Sabins, prit les armes , s’empara de Rome, & pé- nétra juiques dans la place. Il y eut un combat fan- glant & très-opiniâtre fans qu’on en pût prévoir le fuccès , lorfque les /abines qui étoient devenues fem- QuIriIaour UO{aJod 9p SOJIIA SAB mes des romains , & dont la plüpart en avoient déja eu des énfans , fe jetterentau milieu des combattans ; & par leufs prierés &c leurs larmes, fufpendirent l'a- mimofté réciproque. On en vint à un accommode: ment ; les deux peuples firent la paix ; & pour s'unir encore plus étroitement, la plüpartde ces /abirs qui ne yivoient qu’à la éampagne, ou dans des bourgades & de petites villes, vinrent s'établir à Rome, Ainfi, ceux qui le matin avoient conjuré la pérte de cette ville, en devinrent avant la fin du jour, les citoyens x les défenfeurs. Romulus affocia à la fouveraineté Tatius roi des Sabins ; cent des plus nobles de cette nation furent admis en même tems dans lefénat. Cet événement qui ne fit qu'un feul peuple des Sabins & des Romains, arriva l’an 7 de Rome, 747 avant Jetus-Chrift. ( Le Chévalier DE JAUCOURT.) . SABIONÇELLO , ( Géog. mod.) prefqu'ile de la _ Dalmatie, dans les états de la république de Ragufe, fur la côte du golfe de Venife ; elle eft bornée au nord par le golfe de Narenta , & au midi par l'ile de Cuürfola. On lui donne environ 20 milles de tour ; mais dans toute cette étendue elle ne contient que quelques villages , & un couvent de dominicans: D. J. ( ONE TA , ( Géog. mod. ) ville forte d'Italie, fur les confins du duché de Mantoue & du Cremone- fe , capitale d’un duché de même nom, à 14 milles de Parme, & à 25 de Crémone. Par le traité d’Aix-la- Chapelle, la maifon d'Autriche l’a cédée en 1748 à dom Philippe duc de Parme. Long, 27.58. lus. 45.4: Gérard de Sabionesa, écrivain célebre du x1. fie: cle, mais moins connu fous le nom de Sabioneta, que fous celui de Gérard de Crémone , étoit un eccléfafti- que verfe dans leslangues grecque , latine & arabe. IL s’attacha néanmoins particulierement à la Méde- cine , & l’exerça avec fuccès en Italie & en Efpagne. I traduifit du grec & de l’arabe en latin. divers ou- vrages confidérables , & en compofalui-même quel- ques-uns. | Entre fes traduétions de l'arabe & du grec, il faut mettre d’abord les œuvres d’Avicenne, avec des commentaires imprimés à Venife, chez les Juntes, en 1544 & 1555, deux vol. in-fol. 2°. Les œuvres de Rhafis Bafilee, en 1544, ir-fol. 3°. Serapionis prac- zica , Venet. 1497 , in-fol. 4°. La chirurgie d'Albu- cafis, imprimée à Venife en 1500 , i7-fol. 5°. Gebri arabis aftrologie , lib. IX, Norimbergæ, 1533, in- foto. La feule verfion latine faite du grec par Gérard de Crémone , eft Ars parva de Galien. Cet homme rare dans fon fiecle par fes études,ne fe contenta pas detraduire , il compofa même plufeurs ouvrages en Médecine , entr’autres, 1 °.Commentarius ir pronoftica Hippocratis ; 2°. Commentarius in Via- #icum Conflantini africani, monachi Caffinenfis ; 3°. Modus medendi ; 4°. Geomantia affronomica , car il Sappliqua aufli à PAftrologie. Son ftyle eft afluré- ment fort dur & fort barbare, au point qu'il dégoûte les leéteurs les plus patiens ; mais enfin c’étoit beau- coup dans le x17. fiecle de pouvoir écrire en latin , & ce qui eft plus étonnant, d'entendre le grec & l’arabe. (2. 7.) SABIS, {.m. (Mythol.) nom d’un dieu des anciens Arabes. Ces peuples payoient la dixme au dieu Sabis, On croit que c’eft le même que Sabazeus & Sabur. SABLE , arena, fabulum , glarea, (Æff. nat. Miné- ralogie. ) le fable n’eft autre chofe qu’un amas de pe- tites pierres détachées ; il eft rude au toucher, & infoluble dans Peau. De même qu'il y a des pierres de différentes efpeces, il y a aufli du fble de diffé- rentes qualités; 1l varie pour la figure, la couleur & la grandeur des parties qui le compofent. Le fzble le plus proflier fe nomme gravier. Voyez cer article. Le fable le plus fin s'appelle /zx6/07 : ce dernier paroït n'être autre chofe qu’un amas de petits cailloux ar- S AB 463 tondis, où de cryftaux tranfparens, dont fouveñt les angles ont difparti par le frottement. C’eft à éetté fubftance que lon doit proprement donnet le no de fable : tel eft celui que l’on trouve fur lé bord de la mer; il eft très-fin , très-mobile, & très-blane ; lorfquil n’eft point mêlé de fubftances étrangeres à tel eft auf le /able que l’on trouve dans une infinité de pays; lon a tout lieu de conje&urer qu’il a été apporte par les inondations de la mer, ou par le fé= Jour qu’elle à fait anciennement fur quelques por: tions de notre globe, d’où lle s’eft retirée par la fuite des tems. Ona dit que c’étoit à cette detniere fubftance que _Convenoït proprement le nom de /a4le : en effet ; les autres fubftances à quion donne ce nom n’ont point les mêmes caraéteres ; elles paroïflent n’être que dé la terre, produite par les débris de certaines pierres; & dont les parties n’affeétent point de figure déter> minée, & qui ne differe en rien de la poufliere. Wal: lernis a mis le /xbe dans une claffe particuliere diftins éte des terres & des pierres; il en diftingue plufieurs efpeces ; mais fes diftinétions nefont fondées que {ur des circonftances purement accidentelles ; telles que la couleur, a finéfle des parties, & les fubftances avec lefquelles Le /zb/e eft mêlé. 11 appelle le vrai fa: ble ou fablon dont nous avons parlé en dernier lieu, arena quargofa ; peut-être eût-il été plus exa& dé l’appeller arera cryflallifacas Quoi qu'il en foit, c’eft:là le fable dont on fe fert pour faire du verre ; le faklon d'Etampes & celui de Nevers font de cette efpece; il varie pour la finefle, la blancheur, & la pureté : celui dont les parties font les plus déliées, s'appelle gZarea mobilis, fable mouvant. re Prefque tous les fables font mêlés de parties étran- geres qui leur donnent des couleurs & des qualités différentes ; ces parties font des terres » des parties végétales, des parties animales, des parties métalli- ques, Ge. Le Jable noir des Indes, qui eft attirable par l'ai mant , dont parle M. Mufchenbroeck, eft un fable mêlé de parties ferrugineutes ; en joignant à ce /xble mis dans un creufet un grand nombre de matieres grafles, ce favant phyficien n’a fait que réduire ces parties ferrugineules en fer; c’eft pour cela qu’il a trouvé que ce fable étoit devenu plus attirable par Vaiman qu'auparavant. Les Phyfciens, faute de con« noïflances chimiques, ne favent pas toujours appré- cier les expériences qu'ils font. Le Jable verd qui, fuivant la remarque de M. Rouelle, fe trouve aflez conftamment-au-deffous des couches de la terre, dans lefquelles on trouve des coquilles & des corps marins , femble redevable de la Couleur à la deftruétion des animaux matins qui l'ont ainfi coloré. Gutre le fable que nous avons décrit, il s’en trou- ve quieft compoté de fragmens ou de petites particu- les de pierres de différente nature, & qui ont les propriétés de ces fortes de pierres ; tel eft le fable lui- fant qui eft un amas de petites particules de mica ou de tale; ileft infufible & ne fe diflout point dans les acides. On fent auffi que le fable fpatique ou calcaire doit avoir d’autres propriétés : en général , il paroît que les Naturaliftes n’ont confidéré les Jables que très-fuperficiellement ; ils ne {ont entrés dans aucun détail fur leurs figures, qui ne peuvent être obiet- vées qu'au microfcope, ni fur leurs qualités eflen- : telles, par lefquelles ils different les uns des autres s 1l femble que l’on ne fe foit occupé que des chofes qui lui font accidentelles. Cependant une connoif- fance exate de cette fubftance pourroit jetter un grand jour fur la formation des pierres, vu qu'un grand nombre d’entre elles ne font que des amas de 464 S À B ætains de fable tés par un fuc lapidifique : de cette ef- pece , font fur-tout les grais, Ge. Le fable mêlé avec de la glaife contribue à la divi- Ter &t à la fertiifer ; en Angleterre on fe fert du /22/s de da mer pour le mêler avec des terres trop fortes; par-là elles deviennent perméables aux eaux du ciel, 4 propres par conféquent à favorifer la végéta- tion, (—) | SABLE DE LA MER, ( Médecine. ) le fable de la mer æft d’ufage en Médecine pour les bain$ que lon en Faitur les côtes maritimes, & que l’on ordonne aux gens aftaqués de paralyfe &c de rhumatifme; ce fable eft fur-tout recommandé dans ces occafions aux per- {onnes qui habitent les côtes maritimes de Provence & de Languedoc. On fait échauffer le /zb/e pendant les jours les pluschauds de l’été aux rayons du foleille plus ardent aprèsl’avoir étendu; enfuite on le ramaffe &t on enfonce les malades dans ces tas de /zble , de façon qu'ils y foient comme enfevelis, lorfqu'ils y ont relté environ un quart-d’heure ou une demi- heure, on les en voit fortir, à-peu-près comme des morts de leur tombeau, de façon que cette efpece de bain imite une réfurreétion; d'autant que lon voit tous les foirs les malades fortir des tas de fable, à-peu-près comme des morts de leur tombeau. L'efficacité de ce bain eft dûe à la chaleur, à la fa- lure , & à la volatilité des principes que l’eau de la mer a communiquées au fable ; ces principes exaltés par les rayons du foleil, n’en deviennent que plus propres à donner du reort aux fibres ,. à réfoudre les concrétions lymphatiques , &r tous les vices de la Jymphe. SABLE, bain de, ( Chimie. ) voyez BAIN, FEU, INTERMEDE. SABLE, ( Marine. \ terme fynonyme à horloge, voyez HorLOGE. On dit manger fon fable, lorfqw'on tourne l’horloge avant que le /ab/e ne foit écoulé, afin que le quart foit plus court; ce qui eft une fri- ponnerie puniffable, & à laquelle le quartier-maïtre doit avoir l'œil. | | SABLE, ( Agriculture. ) on employe dans P'Agri- culture plufeurs efpeces de /ble ; les uns font fléri- les, comme ceux de la mer, des rivieres, des fablie- res , 6:c. Les autres font gras & fertiles : de ceux-ci, les uns le font plus, & c’eft ce qui fait les bonnes ter- res ; les autres le font moins, ou ne le font point du tout; & c’eft ce qui fait les terres médiocrement bonnes, ou lesterres mauvaïfes, &c fur-tout les ter- tes légeres, arides, & fablonneufes. De plus, les uns font plus doux, & ceux-là font ce qu’on nomme une terre douce & meuble ; les autres font plus grof- fiers, 8 ceux.ci font ce qu’on appelle ne terre rude € difficile a gouverner ; enfin , ilen eft d’onétueux & d’adhérans les uns aux autres ; ceux qui le font mé- diocrement font les terres fortes; ceux qui Le font un peu plus font les terres franches ; & ceux qui le font extrèmement font les terres argilleufes & les terres glaifes, incapables de culture. (D. J. ) SABLE, FONDEUR EN , ( Arts méch.) les Fondeurs en fable ou de petits ouvrages, compofent une partie très-nombreufe de la communauté des Fondeurs qui fe partage en plufeurs parties par rapport aux diffé- rens ouvrages qu'ils fabriquent, comme fondeur de cloches, de canons, de figures équeftres , ou grande fonderie { voyez tous ces articles ) , & de petits ouvra- ges moulés en fable. C’eft de cette derniere efpece de fondeurs dont il eft mention dans cet article, & celle: qui eft la plus commune, parce que les occa- fions de faire de grandes fonderies font rares à pro- portion de celles que les fondeurs de petits ouvrages ont de faire ufage de leurs talens. | Pour fondre en/xble, on commence par préparer les moules; ce qui fe fait en cette maniere : on cor- xoyele fable dont onvdoit faire les moules avec le rouleau de bois , repréfenté figure 12. Planche du for deur er fable, dans la cale à /z61e, qui eft un coffre 4 BCD , non couvert, de 4 piés de lons 2 C, & 2 de large 4 B, de 10 pouces de profondeur BE, monté fur quatre piés ff ff qui le foutiennent à hau- teur d'appui. Voyez la figure 14. Planche du fondeur en fable, Corroyer le fable, c’eft en écrafer toutesles mottes avec le rouleau; on rafflemble enfuite le fb/e dans un coin de la caïfle, avec une petite planche de fix pouces de long , appellée rarif-caifle ; voyez la fr gure 14.n°.2. On recommence plufieurs fois la même opération jufqu’à ce que le /zb/e foit mis en poudre ; c’eft ce qu'on appelle corroyer. Tous les /ables ne font pas également propres aux Fondeurs; ceux qui font trop fecs, c’eft-à-dire, fans aucun mélange de terre, ne peuvent point retenir la forme des modeles : celui dont les fondeurs de Paris fe fervent vient de Fontenay-aux-rofes, villa= ge près de Paris ; fa couleur eftjaune , mais devient noire par la pouffere de charbon, dont les Fondeurs faupoudrent leurs modeles, Pour faire le moule, le f6/e médiocrement hume- &e, on pofe le chaffis 4 BCD, fioure 16. furunais, figure 17. & le tout fur un autre ais ghik, pofé en- travers fur la caïfle, fgure 14. le côté inférieur en- deflus ; on emplit l'intérieur du chafis de fable que l’on bat avec un maillet de bois pour en affürer tou- tes les parties, & le faire tenir au chafis dont toutes les barres ent une rainure à la partie intérieure ; en forte que Le /xble ainf battu avec le maillet, forme une table que l’on peut lever avec le chafis ; avant de le retourner On affleure {avec le racloir repré- fenté figure 13. qui eftune lame d’épée emmanchée) le /abls du moule aux barres du chafis, en coupant tout ce qui eit plus élevé qu’elle. On retourne enfuite le moule fur lequel on place les modeles, foit de cui- vre ou de bois, Gc. que l’on vent imiter, On fait entrer les modeles dans ce premier chaflis à moitié de leur épaifeur , obfervant avant de pofer les mo- deles, de poncer Le fable du chaffis avec de la pouf- fiere de charbon contenue dans un fac de toile, au- travers de laquelle on l’a fait pañler. L’ufage de cette poudre eft de faciliter la retiration de modeles que lon doit faire enfuite : le ponfif, qui eft une forte de fable tres fin , fert au même ufage. Lorfque les modeles font placés dans le /a8Ze du premier chafls , & que leur empreinte y eft parfai- tement imprimée, On place le fecond chaflis, fe. 15: qui a trois chevilles , que l’on fait entrer dans les trous correfpondans du premier chafñis. Ces chevil- es fervent de repaires, pour que les creux des deux parties du moule fe préfentent vis-à-vis les uns des autres ; le chaffis ainfi placé, on ponce foit avec de la poufliere de charbon ou du ponff contenu dansun fac de toile les modeles & le fable du premier chaf- fis ; on foufile enfuite avec un foufilet à main, fem- blable à celui qui eft repréfenté dans les planches du ferblantier , fur le moule & les modeles pour faire voler toutes les parties du charbon ou du ponfif, qui ne font point attachés au moule ou au modele oùon a placé des verges de laiton ou de fer cylindriques , qui doivent former les jets & évents après qu'elles font retirées : la verge du jet aboutit par un bout contre le premier modele, & de l’autre pañle par la breche e pratiquée à une des barres CD, cd de chaque chaffis ; ces breches fervent d’entonnoir pour verfer le métal fondu dans Le moule, | Ce premier chaflis ainfi préparé, & le fecond pla- cé deflus ; on l’emplit de fable, que l’on bat de mê- me avec le mailet pour Mu: faire prendre la forme des modeles & des jets placés entre deux: on com- mence par mettre un peu de fable fur les modeles que lon bat légerement avec le cogneux, qui eft un cy- lindre dé bois d’un pouce de diamettre, & de quatre _S AB où cinq de long , Voyez La fig. 11. dont on fe fert com. me du maillet, pour faire prendre au fable la forme du modele ; par-deflus ce premier fable , on en met dautre , jufqu’à ce que le chafis foit rempli. Onaf fleure ce fable comme celui du premier chafñis avec le racloir , fig. 13. & le moule eft achevé. Pour retirer les modeles qui occupent la place que . Le métal fondu doit remplir , on leve le premier chaf- fs qui a les chevilles, ce qui fépare le moule en deux, ët laifle les modeles à découvert que l’on retire du chaflis où ils font retirés, en cernant tout-autour _ avec la tranche, forte de couteau de fer repréfenté fig. 10. Le même outil fert à tracer les jets de com- munication d’un modele à l’autre , lorfque le chaffis en contient plufeurs, & les évents particuliers de chaque modele. Le mouleainf préparé , & reparé _avec des ébauchoirs de féBésil eft befoin, eft, après - avoir été féché , en état d’y couler le métal fondu, Pour faire fecher le moule, on allume du charbon, ue lon met par terre eñ forme de pyramide , que lon entoure de quatre chafis, ou demi-moules; fa- voir , deux appuyés l’un contre l’autre par le haut, comme un toit de maiton , & deux autres à côté de ceux-c1, enforte que le feu en eft entierement en- touré ; ce qui fait évaporer des moules toute l’humi- dité qui ne manqueroit pas d’en occafonner la rup- ture, lorfqu'on y verfe le métal fondu, f les mou- les n’étoient pas bien féchés auparavant. Pendant qu'un ouvrier prépare ainf les moules, unautre fait fondre le métal , quieft du cuivre, dans le fourneau repréfenté, fg. 1. Le fourneau eft un prifme quadrangulaire de 16 pouces ou environ en tous fens , & d’un pié & demi de profondeur, for- mé par un mafhf de maçonnerie ou de briques révê- tues intérieurement avec des carreaux deterre cuite, capables de refifter au feu. Le prifme creux 4BCD, cbd, fig. 9. eft féparé en deux parties par une grille de terre cuite ff, percée de plufieurs trous : la pat- tie fupérieure , qui a environ un pié de hauteur, fert à mettre le creufet Æ &c le charbon allumé : la partie inférieure eft le cendrier, dont on ferme l’ouverture avec une pâte de terre x, f..1. bien latée avec de la terre glaife ou de la cendre ; c’eft dans le cendrier que le porte-vent À g F du fouflet aboutit d’où le vent qu'il porte pañle dans le fourneau proprement dit, -pat les trous de la grille ff, ce qui anime le feu de charbon dont il eft rempli, & fut rouoir le creufet & fondrele métal qu'il contient. Pour augmenter -encore la force du feu , on couvre le fourneau avec un carreau de terre 4, qui glhifle entre deux coulif- fes cd, fe, on a auiñ un couvercle deterre pour cou- viir le creufet. Foyez Creuse. Celui des fondeurs a 10 pouces de haut &t 4 de diametre. On fefert pour mettre le cuivre dans le creufet d'une cuilliererepré- fentée, fg:4. appellée cuilliere aux peloes , qui ef une gouttiere de fer enmanchée d’un manche. de mê- me métal; la cuilliere eft creufe & ouverte dans toute fa longueur, pour que les pelotes de cuivre puiflent couler plus facilement dans Le creufet. Les -pelotes font des amas de petits morceaux de cuivre que lon ploie enfemble pour en diminuer le volume, &t faire qu’elles puiffent entrer en un paquet dans le creufet ; on fe fert auffi au fourneau d’un outil ap- pellé sifonnier, repréfenté fg. 5. C’eft une verse de ferde 2+piéside long, pointu par un bout, quifert à déboucher les trous de la grille fur laquelle pofe le creufet. On fe {ert aufli des pincetres, fg. 2. pour arranger les charbons , ou retirer du creufet les mor- ceaux de fer qui peuvent s’y trouver. Le foufllet Z de de la forge eff compofé de deux foufflets d'orgue, qu’on appelle foufflet à double ‘VERt, VOYeZ SOUBELET À DOUBLE VENT, fufpendu à une poutre P par deux fufpentes de fer PQ , qui “outiennent la table du milieu; le. mouvement eft $ À B 463 communiqué à la table inférieure pat la bafcule ro, qui fait charniere au point N'; l’éxtrémité O de la | bafcule eff attachée parrune chaine 0%, qui tient à la table inférieure où eft attaché un poids k, dont lus fage eft de faire ouvrir le foufilet, que l’on ferine en tirant la bafcule 10 , par la chaîne 1 M, terminée par une poignée M, que ouvrier tient dans fa main, Voyez la fig. 1. Le vent pañle par le porte-vent de bois ou de fer Æ G dans le cendrier, d’où il paffe dans le fourneau par les trous de la grille, comme il a été dit plus haut. | Pendant que le métal eft en fufñon, deux ouvriers placent les moules dans la prefle, #9. 18, on com- mence par mettre un ais, fg. 17. de ceux qui ont fervi à former les moules {ur la couche 428 de la prefle , qui eft pofée fur le baquet plein d’eau, fo. 6 fur cetais on étale un peu de fable, pour que le moule que l’on pole deffus porte dans tous fes points fur le premier moule , compoié de deux chaflis, on met une couche de fable , fur lequel on pofe un autre moule; ainfi de fuite jufqu’à ce que la prefle foit rem- plie ; par-deflus le fable qui couvre le dernier moule on met un ais, par-deflus lequel on met la traverfe : CD de la prefle, que Pon ferre également avecles deux écroues £ F, taraudés de pas femblables à ceux des vis ef ; toute cette machine eft de bois. Lorfque l’on veut couler le metal, on incline 1a prefle,enforte queles ouvertures ee des chaffis qui fer- vent d’entonnoirs pour les jets, regardent en en“haut; . ce quife faiten appuyant Les moules par la partie op- pofée fur le bord du baquet , enforte que leur plan fafle avec l’horifon un angle d'environ 30 degrés, Avant de verfer le métal, Le fondeur l'écume avec une écumoire repréfentée fig. #. c’eft une cuillere de fer percée de plufeurs trous, au-travers defauels le métal fondu pañle, & qui retient les fcories que le fondeur jette dans un coin du.fourneau ; après que le métail eft écumé , on prendle creufet avec les hap- pes , repréfenté fig. 3. & on verfe le métal fondu | dans les moules. Liorfque le métal a ceflé d’être liquide ; on verfe de l’eau fur les chaflis pour étein- dre le feu qué le métal fondu y a mis; on releve en- | ‘fuite les moules, & on deflerre la prefle, d’oton re- tire les moules , que l’on ouvre pour entirer les ou- vrages. Le fable eft enfuite renus dans la caifle, où on le corroie de nouveau pour en former d’autres moules. Les happes avec lefquelles on prend les creufets dans le fourneau , font des pinces de fer dont les deux branches font recourbées en demi-cercle, qui em- | .braflent le creufet; le plan du cercle, que les cour- bures des branches forment , eft perpendiculaire à la longueur des branches de la tenalle. L’ouvrier qui prend lecreufet, a la précaution de mettre à famain gauche un gros gant mouillé, qui empêche defe brüler en tenant la tenaille près du creulet, ce qui ne manqueroit pas d'arriver fans cette précaution , tant par la chaleur des tenailles , que pat la vapeur “enflammée du métal fondu quieft dans le creufet. Les fondeurs coupent les jets des ouvrages qu'ils ont fondus, & les remettent,&wceux qui les ont com- mandés fans les réparer. SABLE, {.m. ( Jardin.) terre légere fans aucune confifance , mélée de petits graviers , qu'on mêle avec de la chaux pour faire du mortier, & donton fe fert pour couvrir Les allées. Il y a du faé/e blanc, du rouge & du noir ; celui-ci fe tire des caves. Il a de gros grains comme des petits cailloux, & fait du bruit quand on le manie : c’eft le meilleur de tous les fables. On connoît leur bonté en les mettantfur de létoffe : file fable la falit, 8&c qu'il y demeure attaché, il nevaut rien. r pl = Met On appelle fable mâle, celui qui dans un même lit eft d’une couleur plus forte qu'une autre, qu’on nom 466 S A B me fable femelle. Le gros fable s'appelle gravier, & on en tire le fable fin & délié en le paffant à la claie ferrée, pour fabler les aires battues des allées des jardins. (D. J.) SABLE, ( Plomberie.) les plombiers fe fervent de fable très-blanc pour mouler plufieurs de leurs ou- vrages, & particulierement pour jetter & couler les grandes tables de plomb. Pour préparer le /xble de ces tables , on le mouille légerement, & on le re- mue avec un bâton; ce qu’on appelle Zzbourer le [z- ble, après quoi on le bat , & on le plane avec la pla- ne de cuivre. (D.J.) SABLE , terme de Blafon ; le fable eft la quatrieme couleur des armoiries ; c’eft le noir. Il y a deux opi- nions fur l’origine de ce terme : plufieurs écrivains le dérivent des martes zébelines , que l’on nommoit anciennement zables ou fables ; d’autres croient que la terre étant ordinairement noire, on s’eft {ervi du mot fable pour exprimer la couleur noire que l’on voit fouvent dans les armoiries ; mais quand:on con- fidere que la marte eft prefque noire, & qu’on l’a toujours appellée zébeline , on vient à penfer qu’elle eft la véritable origine du mot /4b/e en terme de bla- fon. C’eft auffi le fentiment de Borel. (2.J.) SABLES D'OLONNE , es , ( Géog. mod.) ville mari- time de France en Poitou , à 8 lieues de Luçon. Poyez OLONNE. SABLÉ , (Géog. mod.) en latin du moyen âge, Sa- boloium | Sabloium , &c. petite ville de France, dans le bas-Mäine , fur la Sarte , à 10 lieues au fud-oueft du Mans, & à égale diftance au nord-eft d'Angers. Elle eft fort ancienne , car elle fut donnée avant lan 628 à l’églife du Mans par un feigneur nommé 4/ain. Elle fut érigée en marquifat par Henri IV. en 1602, en faveur d’Urbain de Laval, maréchal de France. Gilles Ménage a publié à Paris l’hiftoire de cette pe- tite ville, en 1683 , Z2-fol. Son pere , Guillaume a) y étoit né. Longitude 17. 14. latit, 47. 409. DAT ( SABLÉE, FONTAINE , (Chauderonn.) on appelle fantaine fablée un vaïfleau de cuivre étamé, ou de quelqu’autre métal, dans lequel on fait filtrer l’eau à travers le fable, pour la rendre plus claire , & pour Pépurer ; on ne devroit jamais fe {ervir de vaifleau de cuivre à caufe du verd de-gris, ou du moins cela n’eft permis qu'aux peuples de la propreté la plus recherchée, tels que font les Hollandoïs. (D. J.) SABLER , L'ACTION DE, ( Phyfiolog. ) c’eft une . façon de boire dans laquelle on verfe brufquement la boiffon tout-à-la-fois dans la bouche; & la langue conduit le tout dans le gofier avec la même viteñe. C’eft cette façon de boire qu'Horace appelle rhracia amy ffis. Pour fabler , 11 y a deux moyens; l’un de fermer la valvule du gofier en la baïffant fur la langue , ou en retirant la langue fur elle, afin de prendre fon tems pour avaler. L'autre eft d'ouvrir cette valvule, en éloïgnant la langue de cette valvule , pour laifler pañler tout d’un coup la liqueur dans le gofer , fur le- quel la langue fe retire aufitôt, pour poufler le li- quide dans Péfophage, & pour baïfer l’épiglotte, afin de garantir la trachée-artere. Cette maniere débauchée de boire , peut n'être utile qu'à ceux qui ont quelque médicament dégou- tant à prendre. Ce moyen eft aflez bon pour éviter le dégoût, parce que la boïflon pañle avec tant de vitefle, qu’elle n’a pas le tems de frapper defagréa- blement la bouche n1 Le nez. é La façon de boire au galet ou à la régalade, com- me:on dit vuloairement , ne differe de /zb/er qu’en ce que le fabler fe fait en un feul coup , & que le galet fe fait en plufeurs. | Pour boire ainf on renverfe la tête, on ouvre la bouche fort grande, on retire la langue en arriere S A B pour boucher Île gofer , afin d'éviter la chûte trop prompte du liquide, qui incommoderoit la trachée- artere; on verfe de haut, mais doucement , pour donner le tems à la langue &c à la valvule du:sofier de s'éloigner pour le paffage de la boiïffon , & lorf qu'il en eft pañlé environ une gorgée , la langue & la valvule fe rapprochent fubitement , pour empé- cher que ce qui eff encore dans la bouche , ne fuive : ce qui eft déja dans le gofier, & on profite de cetinf- tant , pour refpirer par le nez. À légard du Jabler, Jai dit quil différoit peu du galet; &t ce que je vais ajouter de la déglutition dans cette façon de boire, fervira pour l’un & pour l’au- tre. Quand on boit au galet,la racine de la langue 8c la valvule fe rapprochent mutuellement pour retenir le liquide , jufqu’à ce au OR pris fon tems pour ava= ler ; lequel tems eft toujours après linfpiration ou l’expiration ; &7 quand on veut avaler, on éleve la valvule , on retire la langue en-devant, pour donner pañlage à une partie du liquide; enfuite la langue fe re- tire dans le fond du gofier, pour poufferle liquide dans l'éfophage;de maniere qu’elle ne fait qu’avancer fa ra- cine en devant , pour laïffer entrer l’eau, & enfuite fe retirer jufqu’au fond du gofer,tant pour pouffer Le l;- quide dans le fond de l’éfophage,que pour boucher les narines & la glotte: ces mouvemens inftantanés font répétés, jufqu’à ce que l’on ait achevé de boire. Voyez BOIRE 6 DÉGLUTITION , mém. de l’acad. des Scienc. ann, 1713 6 1716. J’ajoute feulement qu’il n’y a pas le moindre pla fir à fabler une liqueur agréable, parce qu’on ne la D" favoure point en l’avalant tout-d’un-coup , & d’une. feule gorgée. Il y a plus: dans cette maniere bruf- que de boire, on rifque de s’étouffer., fi par hafard la langue n’a pas pu en baïfflant promptement lépi- glotte , garantir la trachée-artere du torrent d’un vin fumeux; c’eft là-deflus qu’eft fondé ce couplet d’une de nos meilleures chanfons bacchiques, Chers enfans de Bacchus , le grand Grégoire eft mort ! Une pinte de vin imprudemment ablée , A fini Jon illuffre fort : Et Ja cave ef? Jon maufolée. (D. J.) SABLER wne allée, ( terme de Jardinier. ) c’eit cou. vrir avec art une allée de fable, pour empêcher que V’herbe n’y vienne. Avant que de /4/er une allée, 1l faut la drefler, enfuite la battre à deux ou trois vo- lées ; car , fans cette façon , le fable fe mêle en peu de tems avec laterre. Enfin on met deflus l’allée bat- tue, deux pouces d’épaiffeur de fable de riviere, fur lequel on pañfe Le rouleau. (2. J.) SABLESTAN LE, ( Géog. mod. ) Olearius écrit Sabluflan, & d’'Herbelot Zableflan ; province de Perfe , fur les confins de lIndouftan , bornée au nord par le Khorafan , au midi par le Ségeftan, au levant par le Candahar, & au couchant par le pays d'Héri, Ce pays a pour ville principale Gagnah, f fameufe dans l’hiftoire orientale. Il eft arrofé de ri- vieres , de fources & de fontaines. Les montagnes dont il eft rempli, ont été connues des anciens fous lenom de Paropamifus , & le pays répond en effet, pour la plus grande partie , aux Paropamifades de Quinte-Curce. Le Paropamife eft une branche du mont Taurus , toute couverte de bois. Le peuple du pays , dit Olearius , eft encore aujourd’hui auff grofher qu'il étoit du tems d'Alexandre, ( D. J.) SABLIER , f.m. ox HORLOGE DE SABLE , c'eft proprement une clepfydre, dans laquelle on emploie le fable au lieu d’eau. Voyez CLEPSYDRE. (0) SABLIER , ( Ecrisure. ) c’eft un petit vaifleau où Von met du fable ou de la poufliere, qu’on répand fur l'écriture, afin de la fécher plus vite, ou LES du S AB du papier écrit, comme fi l'écriture étoit feche, la pouiñere attachce aux lettres buvant le fuperflu de encre, & empêchant que Les lettres ne s’efacent SABLIERE, £ £ (Gram. & Œcon. ruflig.) lieu creu- 4€ dans laterre d’où l’on tire du fable. SABLIERE ( Charpezr. ) piece de bois qui fe pofe für un poîtrail, ou fur une aflife de pierres dures , pour porter un pan deboisou une cloifon. C’eft auffi la piece qui à chaque étage d’un pan de bois , enrez gçoit les poteaux, & porte les folives du plancher. Sabliere de plancher, piece de bois de fept à huit pouces de gros, qui étant foutenue par des corbeaux de fer , fert à porter les folives d’un plancher, Dai der. (D, 7.) 4 SABLIERES, {. f. pl, ( Charpenr. ) efpeces de memn- ‘brures qu’on attache aux côtés d’une poutre, pouf n'en pas altérer la force , & qui reçoivent par encla: ve, les folives dans leurs entailles, (D. J. SABLON, f. …. Grain, ) fable blanchâtre & groflier , dont on fe fett pour écurer la vaïflelle qui en eft promptement détruite. On dit pafler au /xb/on. SABLON, ( Corchyliolog. \ en latin zaticas on pourroït dire narice. C’eft ün limacon à bouche de: mi-ronde ou ceintrée, qui differe de la nérite, en ce qu'il n’a ni dents, ni palais chagriné, ni gencive, m1 umbihic comme elle. I fe nourrit fur le rocher, porte une opercule, & rampe comme le limaçon nomme guignette à la Rochelle. Le col, labouche, le mantelet qui l’'enveloppent dans l’intérieur de {a co- quille , reflemblent auf beaucoup , excepté pour la grandeur, à ces trois parties de la gui guette, Ses cornes font aflez longues, pointues & très-fines ; l’a. nimal dans fa marche les balance fans interruption du haut en bas, &c de bas en haut. Il eft rare que dans ce mouvement l’une précede l’autre, Elles fe fuivent toujours ayec beaucoup de juftefle, comme f elles battoient en quelque forte une efpece de me fure, (D...) SABLONES , ( Géog. anc. ) lieu de la Belgique. Antonin lemet fur la route de colonia Träjana à Co- logne, entre Mediolanum & Mederiacum , à huit mille pas de la premiere, & à dix mille pas dela feconde. On croit que c’eft Santen fur le Rhein ; du moins Or- telius adopte ce fentiment. (D. J.) , SABLONNER, v. a@& ( Œcon. domeffiq. ) pafler du fablon. C’eft une maniere de nettoyer la vaïffelle dans les cuifines. Si elle eft de cuivre, Le fablon en- leve l'étamage, & rend les vaïffeaux d’un ufage dan- gereux. Si elle eft d'argent, elle perd fes formes, & louffre un déchet confidérable, SABLONNEUX , adj. ( Gram. ) abondant en fable ou fablon. Une plaine /ablonreufe. Les lieux fzblon- reux rendent peu de fruits. Sablonneux fe dit auffi Pour pierreux,, de certains fruits dont la pulpe eft du- re & grumeleufe , telle eft la poire appellée Zyenne. . SABLONNIER, f m. ( Gram. ) homme qui va puifer du fablon dans la riviere | ou qui en tire des fablonnieres , & qui en fait commerce, SABLONNIERE, f. f lieu d’où l’on tire le fable, SABLONNIERE , (sérme de Fondeurs.) c’eft un grand £offre de boïs à quatre piés, garni de fon couvercle, où les Fondeurs confervent, & fur lequel ils cor- royent le fable dont ils font leurs moules. (D. J.) SABOR 1E, (Géog. mod. ) ou Sor, petite riviere de Portugal. Elle a fa fource en Efpagne , auroyau- me de Galice, fur les confins des royaumes de Léon. & de Portugal. Elle paffe à Bragance, s’accroît dans fon cours de quelques ruiffeaux , & fe perd enfin dans le Duero.(D.J) SABORD), £. £. ( Marine.) embrafute ou canonnie: re dans le bordage d'un vaïfleau , par laquelle pañle un Canon, La grandeur de cette embrafure eft pro- portionnée au calibre du canon, La plüpart des conf Tome XIF, truêteurs lui donnent trois Piés deux pouces pour un cahbre de 48, trois piés pour un calibre de 36, deux .piés neuf pouces pour un calibre de 24, deux piés lept pouces pour un calibre de 18 , Gc. ainfi des au- tres Cahbres à proportion. Il y a fur un vaifleau au tant de rangs de /abords qu'il y a de ponts. Leur dif. tance dans ces rangs eft d'environ fept piés , & ils ne font jamais percés les uns au-deflus des autres, Aû refté on appelle Jeziflers leur partie inférieure & fe périeure. Voyez encore BATTERIE, On dit qu'il y a tant de abords par bande : cela fignifie qu'il ya un tel nombre de Jabords par chaque batterie. Voyez Planche L, fig. r. & feg. 2, les [abords © leur Jituarion, & Planche IF. Jeg. 1, les abords de Là premiere barterie, cotés 197, 6: des fabords de La feconde cottés 198, À SABOT , fm. ( Æif. nat. Bor, calccolus , genré de plante à fleur polypétale, anomale, & compofée de fix pétales inégaux, dont quatre {ont difpoiés en croix; les deux autres occupent lé milieu de la fleur, L'un de ces deux pétales eft fourchu & placé fur l’'au- tre, qui eft gonflé & concave, & qui reflemble à un fabot. Le calice devient dans la fuite un fruit ouune efpece d’outre à trois angles auxquels adherenttrois Pañneaux qui s’ouvrent, & qui {ont chargés de fe- mences auflimenues que de la {cieure de M. Tour: nefort , 27/8, rei herb. Voyez PLANTE, SABOT , {. rh. ( if ar. bor. ) trocus | nom géné: rique que l’on a donné À différentes efpeces de co quilles. Voyez COQUILLE , & Les figures 10, 11 & 13. de la XXI, Planche. SABOT, (Conchyliolog.) en latin srochns , genré de limaçon de mer de forme conique ; &z qui ont la bouche applatie en ovale. Les caraéteres de ce genre de limaçons, font les fuivans , {elon M. Dargenville ; c’eft une coquille umvalve, dont la figure eft faite en cône; lé fommet eft élevé, quelquefois applati, ou tout-à-fait plat, Sa bouche ovale eft à dents & fans dents, umbili- quée , & ayant intérieurement la couleur d’un blanc de peïle. La figute conique de ce genre dé coquille & là bouche applatie en ovale, détermineñtfon caractere générique. _ Cette famille de limaçons que nous nommons /z- bots , renferme des efpeces fort fingulieres , qu'on indiquera dans la fuite, Il y en a dont la tête en py- ramide, forme plufeurs fpirales, êcce font:là les viais/abors; d’autres s’élevent la moitié moins & con- fervent mieux la figure des vrais limaçons; d’autres font entierement applatis, tels que la Zempe änrique &t l'efcalier ; 11 réfulte de-là ne l'éléyab ee de la f- gure he détermine pas le vrai cara@tere d’un coquil- lage. Il y a des efpeces de fabors qui font umbiliqués, & d’autres qui ne Le font-pas. Les Bretons appellent Jorciere ; une efpece de faboi qui eft petite & plate. Voyez SORCIERE: ne Les claffes générales de /xbots, font les trois fuis Vantes; 1°, cellé des /zbors dont le fommet eft élez vé; 2°. celle des /zbots dont le fommet eft moins élevé ; & qui ont la bouche grande, prefque rondé & umbiliquée ; 3°, celle dés Jabots dont le fommet eft applati | Les principales coquilles de fabors À fomimet éle- vé, font; 1°; lefabos marbré; 2°, le /zbor ; tacheté de rouge & de blanc à pointes étagées; 39, Le /z4or pointillé ; 4° le fabor de couleur verte & chagriné. On trouve auffi dans cette clafle le fxboz plein de nœuds dont la couleur eft, tantôt verte, tantôt rou- geâtre, tantôt cendrée, quelquefois jaune , & d’au- tres fois couleur de rofe; : Parmiles/abôrs de la feconde clafle, on diftingué ; 1°, la veuve, 2°, la pie, 39, le tigre 14 le faboë à _Näg 468 SLA PE" : côtes élevées. &t à fommet pointu; 5°. le fufor are mé de pointes & de boutons; 6°. le cu/-de-lampe,, autrement dit la pagode ou le soft chinoïs ; 7°. le fa- ostout blanc, avec des côtes relevées ; 8°..le /abor garni de pointes en compartimens ; 9°. le /abor brut avec une opercules 10°..le bouton de camifole cha- :srine.éc qui a des dents; 12°. léperon ou la mo- Lette d’éperon , 12°. le petit éperon, 139. le /bos oré.à.umbilic argenté, !. ‘I faut remarquer ici, que la premiere & la fecon- de élafle de /abors., reçoivent dans plufeurs de leurs éfpecés de tels changemens én pañlant par les mains de ceux qui les pohffent, & quand ces coquilles ont été gardces dans des cabinets, qu'on a de [a peine à les connoïtre ri h Par exemple, le /abof marbré paroît alors tacheté derouge & de blanc; le /abor verd étant dépouillé, brille coinme la nacre de pèrle, le‘ /260: doré paroit tout éntier couleur d'argent, 6e. Dans la claflé des /x607s dont le fommet eft ap- plat, on compte les efpeces fivanñtes; 1°. la lam- pe antique, à bouche étendue & plate, 2°. le /xbor rayé de blanc & de rouge , 3°. le /xbos , dont la bouche a des dents, 4°. le /260f nommé le cornes de S, Hubert, à levres replices ; 5°. le fabot, dont le ommeb@creufé & fauve ; 6°. le /zbor à fommet tout jaune ; 7°. lé Jabor applati, dont la bouche eft prefque ronde ; 8°. le /abor nornmé l’efcalier ou le cadrans à bouche applatie; 9°. le /xbot brun rayé de iignes jaunes & blanches; 10°: le fabor blanthâtre, marqueté de taches & de raies jaunes; 11°. le petit fabot applati , tirant fur le blanc , & la couleur de AL EEE 2 € ex ; : Ontrouvera la repréfentation de toutes ces diffe- rentes efpeces de fabors , dans les auteurs de conchy- Hologie. L'on verra en même tems, que le nom de fabor conformément à Pofigine de ce mot ; ef fort mal appliqué à différentes efpeces de ces coquilles, piifqu'il n'y en à que quelques-unes qui ayent la fpure-du /apor ou de la toupie des ‘enfans: Il vaut donc mienx nommer avec M: Dargenville cesfortes de coquilles, limaçons 4 bouche applatie; ajoutons un mhoôtde l'animal même. os 2 Le Kimacon habitant'du /4b0r, a la chair d’un blané faletirant {ur le jaune ; fa bouche eft brune, fes yeux font gros , noirs y8placés à l'ordinaire: les cornes | font coupées dans toute leur largeur par une ligne fauve’, ce qui Les rend épaifles | &t d’une pointe fort Tarmufe. | Ce même animal alun avantage fur le limaçon à bouché rotide } &c {ur le limaçon à bouche dem ron- de, c’eft de n'être! point fujet comme eux par la con- figuration &c la jufte proportion du poids de fon corps avec la plaque charnue fur laquelle 1l ram- pe à fe renverter en pañlant dans les endroits elcar- ‘pés; au heu que les autres allant par les mêmes en- droits 3 entraînés par le-poids de leur coquille peu proportionnée pour la groffeur à la force de l'animal, Lonttenverlés, froifés 8cbleflés, avant qu'ils ayent pivs'én'parantir en rétirant leurs cornes , leur bou ‘he’, 8c en rentrant promptement:dans leur, coquil- est (D: JD AGFLO ON ATEN LUE "1 1Sa8OT ; (Archi) ef un morceau de bois quarré d'environ huit poucesde grofleur , dans lequel s’em- Hôite Pertremité d'unlcahbre, té fert à le diriger le » ” done delareslepouripoufleriles moulures. :, wWSxBoT, (Baiffélerie.) forte de chauflure de bois Hésénércreuté , dontlesipayfans fefervent en Fran: ef faute deouliers s1les plusiptopres viennent du Lino. Cefont à Parisles Boiffleliers, Les Chan -délers étlesregratiers qui.en font lecommerce en détail, Îly a quelques années qu’un médecin de Lon- “dres-cofHfeilla déiportér.des 4/oss à un jeune. enfant fequalité qui commencoit à Étre attaqué du rachiris; if | blé ou grifette, pour en enrichir les bords du galon,! s. A B fais on ne trouva.pas une feule paire de/xhoss dans toute la grande-Bretagne , il en fallut faire venir de France; je fais pourtant que les anciens connoifloient les fahors, & qu'ils en fufoient ; c’étoit la chauflure des plus pauvres laboureurs; mais ce qu'il ya de particuher , c’eftque c’étoit aufhi celle des parricides lotfqu'on les enfermoit: dans un fdc-pour les jetter dans la mer ; Cicéron nous apprend cette derniere particularité prefcrite par la loi: Siquis parentes oc cidèrit, vel verberarit, et damnaïo obvolyatur os folliculo lipino, foleæ ligneæ pedibus Inducantur. (D. J.) SABOT , en terme de Boutonmier ; c’eftune efpece de pompon formant un demi cercle en-bas, &en- haut s’ouvrant en deux oreillettes de cœur, mis em foie & bordé de cannetille pour entrer dans la com- poñtion d’un ornement quelconque. Voyez Met TRE EN SOIE 6 CANNETILLE, | SABOT , inftrument de Paflemêntier- Boutonniers c’elt un petit outil de bois à plufeurs coches, de cinq ou fix-pouces de longueur dont on fe fert poux fabriquer les cordons de chapeaux , c’eft-à-dire pour aflembler plufertrs cordons où fils, & les tortiller enfemble pour en faire unplus gros. | SABOT , ferme de Cordisr ; outil.de bois à plufieurs coches, dontle cordier fe fert pour cabler le cor- dage én trois, quatre , ou en plus grand nombre, (.2.) SABOT, en terme d’Epinglier ; {a forme efttrop connue pour en parler. Les Epingliers s’en fervent ordinairement pour frapper fur les bouts d’une dref- fée qu'ils cueillent. Ils enlevent encore quelquefois le deflus pour s’en fervir comme d’une boîte à met-= tre des têtes. Voyez ce mot a fon article, SaBOT, ( Maréchallerie. ) €eft toute lascorne du. pié du cheval au-deffous de la couronne, ce qui ren- ferme le petit pié, la-fole & la fourchette. Le /zhor fe détache quelquefois entierement ,:à caufe des ma- ladies qui attaquent cette partie ; telles font Les en- cloueures, le javart:encorné, & les bleimes. Un che- val à qui le fabot eft tombé, n’eft plus propre aux erands travaux. : | _ Le /abor blanc eft ordinairement d’une corne trop tendre, le noir eft le meilleur: on divife le /xbos en. trois parties ; la pince, qui eft le devant ; les quar- ries, qui font les deux côtés ; & les talons qui font derriere. On appelle encore le Jabot, longle ou les parois du pié, . SABOT , ez terme de marchand de modes, elt pro- prement la manche d’étoffe d’une robe de cour ou d'enfant, fur laquelle on met la garniture par étages du haut en-bas. Poyez GARNITURES, | SABOT, (Rubanerie.) eft une efpece de navette de même matiere &r à-peu-près de même forme, ex- cepté ce qui fuit ; le fabor eft d'abord plus épais &£ plus grand que la navette, il porte à fa face de de vant trois trous placés horifontalement les uns à côté des autres à peu de diftance, Chaque trou re- vêtu de fon annelet d’émail. Voyez ANNELET. Le fabot contient trois petits canons à bords plats, ex= cepté les deux bords des deux canons des deux bouts. qui {ont un peu cpnvexes ,. polir mieux remplir la, concavité des deux bouts du /xhoz contigus à la bro= chette, &c profiter par-là de toute la place; en outre | les bords plats de.ces canons qui fe-touchent dans le, Jabor n’y laïffent pas de vuuide, 18c lés bords des deux, bouts fe trouvant convexes, font plus conformes | à la figure du /xbos où ils aboutifient;, l’'ufage du /æ- Los eft de porter, comme la navette, au lieu de tra-| me fur fes trois petits canons, autant de brins de ca le fabot ne fe lance jamais en pléin comme la navet=. te, il paffe feulement à mains repofées à-travers la: ‘levée de chaine qui left deftinée , après quoi il fe : - ta: 4 "2 2. si 4 SA B pofé fur le carton, jufqu’à ce qu'il foïit néceffaire de le reprendre ; on entend parfaitement qu'il en faut deux, c’eft-à-dire un pour chaque bord, l’un exé- cutant comme l’autre, les defleins, coquilles, &c, que l’on voit à Chaque bord ; cet outil a beaucoup de connexité avec la navette. Voyez NAVETTE. SABOT , (Trrëur d'or.) eftuné partie du rouet du fileur d’or, qu’on peut regarder comme la principale piece du rouet. C’eft une roue à plufñeurs crans qui décroiffent par proportion fur le devant. Elle eft tra- verfée par l’arbre qui va de-là pafler dans le noyau de la grande roue. C’eft fur ce /abor qu’eft la corde qui defcend par trois poulies différeñtes fur la roue de la fufée, La raifon de l'inégalité de ces crans, de ceux de la fafée, & de ceux des cazelles, eft le plus - ôu le moins de mouvement qu'il faut à certaines mar- Chandifes qu’on travaille. SABOT , (Jeu) srbo , forte de toupie qui eft fans fer au bout d’en bas , & dont les eñfans jouent en le faifant tourner avec un fouet de cuir. Le jeu de /2b0t eft fort ancien. Tibulle a dit dans la cinquième élépie du premier livre ? « J'avois autrefois » du courage, & je fupportois les diferacés fans m’é- # MOUVOIr ; mais à prélent je fens bien ma foiblefle, » &t je fuis agité comme uné toupie fouetée par un # enfant dans un lieu propre à cet exercice. Aÿjper cran, & benè diffdium me ferre loquebar ; Ac vero nunc longè gloria fortis abeft, Narmge agor , ut per plana cirus fola verbere turbo - Quem celer affueté verfat ab arte puer. (D. 4.) _ SABOTA , (Géogr, anc.) ou Sabotale , comme * Pline l'écrit, Z PI. c. xxviiy. en difant que c’eft une ville de PAfabie heureufe, éapitale des Atramites , Sc que dans l’enceinte de fes murailles on ÿ comptoit foixante temples, (D. J.) SABOTIER , f. m. (Gramm.) ouvrier qui fait des fabots. Ce travail fe fait ou danis la forêt Gu aux en- virons. La maïîtrife des eaux & forêts Veut que le Jaborier fe tienne à demi-lieue de la forêts SABOU, (Géogr. mod.) les Hollandoïis, écrivent Saboë, qu'ils prononcent Sabou ; petit royaume d’A- frique en Guinée, fur la côte d'Or, entre le royau- me d’Acanni au nord, & la mer au midi. Il eft fer- tile en grains, patates & autres fruits. Les Hollan- dois y ont bâti le fort Naflau, qui étoit leur chef- lieu en Guinée , avant qu’ils euflent pris Saint-George de la Mine, qu'ils nomment Elmina. Les Anglois ont auf maintenant un fort à Sabou, (D. J. | * SABRAN, (Géogr. mod.) ville d’Afe en Tartañie, au Capfchac, à 08 degrés de longitide, & À 47 degrés de latitude. (D.J.) SABRAQUES , LES ( Géogr. anc.) Sabrace ; an- cien peuple de l’Inde, felon Quinte-Curce, Z IX. c. viy. Vs étotent dans l’efpace qui eft entre l’Indus êt le Gange , mais aflez près de l’Indus. Cet hiftorien dit : « Le ro1 commanda à Craterus de mener l’armée » par terre en cotoyant la riviere, où s'étant lui- > même embarque avec fa fuite ordinaire, il defcen- » dit par la frontiere des Malliens , & de-là pañla » vers les Sabraques, ration puiflante entre les [n- » diens, & qui fe gouverne felon fes lois en forme # de république : ils avoient levé jufqu’à foixante » mille hommes de.pié , & fix mille chevaux, avec # cinq cens chariots, & choïf trois braves chefs pour » les Commander. Ce pays toit rempli de villages. "Quinte-Curce qui marque leur foumifion à Âle- xandre , ne fait point mention de leurs vies, On lit dans Juftin, 2. XII. c. 1x. hinc in Ambros & Sugaribros navigat. Les critiques font perfuadés que c’eft la mé- me expédition. | Ty à bren de Papparence que les S'abrace dé Quinte: - Curce forit le même peuple que les Sydrace où Syr- dract de Pline, Z. XIT.1c, j, Cet auteur parlant d’une Tome XIV, do dtabt- - Fr ne RAC 4 forte de figue, dit plurima ef! in Sydracis expediios zum Alexandri termino. Ailleurs, il nomme les dy draci entre les Baëtriens & les Dangalæ, (D.J) | SABRATA, (Géogr'aric.) Sabrata colonia, villé maritune 6c colonie romaine en Afrique, dans la Tripolitaine, Prolomée, . If c. 7. en fait mention, Antonin & latable de Peutinger, la mettent dans leuts deux itinéraires. C’eff aujourd'hui la tour de Sabart: Elle étoit le fiege d'un évêque. (2.7) F SABRE, ox CIMETERRE, Î. m. (Art milir.)efpece d'épée tranchante qui a beaucoup de largeur, &c dont la lame eft forte, pefante, épaiffe par le dos, &T terminée en arc vers la pointe, Ce mot vient de Jabel, qui à la même fignification en allemand, ou du mot /clivon , fabla , elbece de fabre, cé Les Turcs fe fervent fort adroitement de cette ar- me, qui eft celle qu'ils porteñt ordinairement À leur col. On dit qu'ils peuvent couper d’un feul coup de Jabre un hommé de part en part. Chambers. - | SAEUGAL, (Geéogr.mod.) petite ville de Portu- gal dans là province de Béira, fur le bord de la ris viere de Coa, à cinq lieues de la Guarda ; quoigw’elle {oit érigée en comte, ellé n’a qu'environ deux cens feux. Long, 10. 20. lat. 40.23, (D. Je SABURE, fm. (Medecine. ) c’eft l'humeur groffieré qui enduit quelquefois la langue &c le: palais d’un homme malade ; & celle qui dans l’état même de fanté, tapifie les inteftins. | + PM SABURE, ( Maure. ) grofle arme dont on lefte un bâtunent. ve. SABUS, fm. ( Myshol. ) nom propre dupremier roi des Aborigines, qui fur mis au nombre des dieux: Il étoit fils de Sabatins , que Saturne vainquit .8c Chafla de fon pays. Il ne faut point le confondre avec Sabazius. Voyez Vollius, deidololatria Gentilium ,1. L. | SAC ; {: mm. ferme général ; efpece de poche faite d’un morceau de cuir, de toile, ou d’autre étoffe que l’on a coufue par les côtés & par le bas, de maniere qu'il ne refte qu'une ouverture par le haut, Les facs font ordinairement plus longs que larges. On fe fert de Jzc5 pour mettre plufeursfoïtés de marchandifes ; comme la laine , le pañtel, le fafran, leblé, Pavome, le farine, les pois , les feves , le plâtre, lé charbon, &t beaucoup d’autres chofes femblables. (2. 7.) Sac, (Critiq. facrée.) ce mot d’origine hébraïque ; a pañlé dans prefque toutes les langues, pour fieni- fer un fac ; outre fon acception otdinaite,il fe prend pour un cilice, ou pour un habillementeroffier ; mais ce n'étoit pas un habrilement qui couvrit la tête, car Ôn le mettoit autour des reins, comme il paroit par un pañage de Judith, 4. #. Ils fe ceignirent les reins d'un fac; Hfaie Ôta le Jac, qu'il portoit fur fes reins, liaie, ÆX. y. On prenoit le fac dans le deuil, LA Rois, 7,31. Dans la douleur amere, LL. Roïs,, xx: 32. Dans la pénitence, kid. xxy. 27. Enfin dans les Calamités publiques , Mardochée prit le fac & la cen- dre. Efther, 17. j. ls ne jettoient point la cendre fur Jâ têre nue, car les orientaux avoient la tête cou- verte, mais 1ls en répandoient #7} rec dapere euros fur leurs mitres. Ce n'étoient pas des mitres épifco- pales , mais des efpeces de bonnets, Dans les tems de bonnes nouvelles, qui fuccédoient fubitement aux éyénemens malheureux ; on témoignoit fa joie en déchirant le Jac qu'on avoit autour de fes reinse SAC A TÉRRE, (re. milir. ) eft un fac dé moyenne grandeut qu'on emplit de terre, & dont les foldats bordent une tranchée où lés paräpets des ouvrages, pour pouvoir tirer entre deux enfemble. On les fait de bonñe toile d’étoupes ; ou toile faite de bon fil, le plus fort qu'il fe peut, & d’une bonne fabrique ; bien ferrée. Le fac a terre doit avoir environ deux piés de hauteur fur 8 ou 10 pouces de diametre, "GLET ün 470 H AC | Quand le térrein eft dur & de roche , on fe fert dans les tranchées de Jacs à terre &t de gabions. On en fait aufli des batteries dans plufeurs occafons. Foyez PI. XIIL, | Red. EUR | SAC À LAINE, eft un fac qui ne differe du J&c à terre, que parce qu'il eft plus grand, & qu'il eft rem- pli de laine. On s’en fert pour les batteries & les lo- gemens dans les endroits où il y a peu de terre. SACS A POUDRE , font des /#cs remplis de poudre qui en contiennent quatre ou cinq livres, &c qu'on jette fur l’'ennemiavecla main, comme les srenades. | y] Il ÿ en ade plus gros qui contiennent 40 ou $o livres de poudre, & quis’exécutent avec le mortier. Voyez fur ce fujet , notre sraité d’Artillerie | feconde édi: fon. | SAC, (Commerce) le fac eft auffñi une certaine me- fure dont on fe fert en plufieurs villes de France ou des pays étrangers, pour mefurer les grains, graines, Jégumes ; où pour mieux dire, une eftimation à la- quelle on rapporte lesautres mefures. Agen, Clerac, Tonneins, Tournon, Valence en Dauphiné, aufi- bien que Thiel, Bruxelles , Rotterdam, Anvers &êz Grenade, réduifent leurs mefures de grains au fac, dont voici les proportions avec le feptier de Paris. Cent /xcs d'Agen font 56 feptiers de Paris , ceux de Clerac de même ; cent /4cs de Tonneins font 49 fep- tiers de Paris ; cent facs de Tournon 48 ; cent fucs de Valence 62 +; 25 facs de Bruxelles 19; 28 de Thiel, pareïllement 19 , & cent fars de Grenade, 43 fep- tiers de Paris. À Anvers les quatorze /acs font le ton- neau de Nantes, qui contient neuf feptiers &c demi de Paris. L’on fe fert aufi à Amfterdam du fac pour mefurer les grains ; quatre fchepels font le ac, & 36 Jacs le laft. Voyez Last, SCHEPEL, MESURES, Dit, de Commerce & de Trévoux. SAC, ( Agriculture. ) les vignerons appellent fac une certaine quantité de marc qui refte après le pref- furage du vin ou du cidre, qui eft ordinairement la quantité de preflurage que porte un prefloir ; on dit couper, lever un fac. (D. J.) SAC À POUDRE, des les Artificiers ap- pellent ainfi lenveloppe de papier qui contient la chaffe des pots à feu ou à aigrette. SAC , ou Baril de trompes, ( Aruificier. ) pour faire fortir d’un baflin d’eau une grande quantité de feux de toutes efpeces, préparés pour cet élément; il n’y a rien de plus naturelque de rafflembler plufieurstrom- pes en faifceau ; cependant on fe borne ordinaire- ment au nornbre de fept, parce que fept cartouches, égaux rangés autour d’un, fe touchent mutuellement, laiffent entre eux le moins d'intervalle vuide qu'il eft poflible , & forment une circonférence fufceptible d’une enveloppe cylindrique, qui laïfle auffi en-de- dans les intervalles de vuides égaux encore plus pe- tits que les autres nombres au-deflus de fept. : Tout l’artifice de cet aflemblage confite donc à lier un paquet de fept trompes faites exprès pour jet- ter des genowllieres, des plongeons , des fuiées cou- rantes, des ferpentaux & des globes , pour brûler ur l’eau. Cette ligature peut fe faire par le moyen de ficelles croifées alternativement en entrelas de l’une à Pautre trompe , y ajoutant, fi l’on veut, un peu de colle forte pour empêcher qu’elles ne glifent. Cet affemblage fait, on le fait entrer dans un /#c de toile soudronnée fait exprès, dont ie fond eftun plateau de planche fciée en rond, d’un diametre égal à la fomme de trois de ceux de la trompe, fur les bords duquel la toile en fac eft clouée & goudron- née. On attache au-deflous du plateau un anneau ou un crochet pour y fufpendre un petit ac de fable, dans lequel on y en met autant qu'il en faut pour faire entrer cetartifice dans l’eau jufqu’auprès de fon bord fupérieur , pour qu'il y foit LE tout caché. SAC, en term de Bourfier, eft une efpece d’étui Fait | d'étoffe, fans bois , dans lequel on peut mettre tellé Où telle chofe ; il ÿ a des /zcs pour les livres, pour les flacons, & de plus grands encore pour recevoif les livres des dames , & pour lutilité des Voyageurs. SAC DE CHARBON, erme de Charbonnier , on l’ap= pelle auffi charge, parce que C’eft tout ce que peut porter un homme, Il contient une mine; chaque mine compofée de deux minots ou feize boifleaux ; le mi- not de charbon doit fe mefurer charbon fur bord. Savary. (D.I) - ; SAC DE GRAINS, ( Commerce de grains.) c’eft une certaine mefure dont on fe fert dans plufieurs villes de France & des pays étrangers, pour mefuret les grains, légumes ; Ou pour mieux dire, C’eft une efi- mation à laquelle on rapporte les autres mefuress Agen, Clérac, Tonneins, Tournon, Valence en Dauphiné , auffi-bien que Bruxelles, Roterdam , An- vers, & Grenade, réduifent leurs mefures de grains au fac. Voyez SAC, Commerce. ( D. F} an SAC À OUVRAGE , en terme de Marchañd dé modes, eft une efpece de grande bourfe diverfement enri- chie, & le fermant avec des cordons comme une bourfe. Autrefois les dames s’en fervoient pour rén- fe rmer les ouvrages dont elles s’occupoient. Aujour: d’hui ils font devenus partie de la parure; on ñe fort pas plus fans /ac à ouvrage dans le bras que fans fichu fur le cou; cependant fort fouvent l'un eft aufi inutile que l’autre. SAC DE PLATRE, (Péérerie.) fuivant les ordon- nances de police de Paris, le fac de plätre doit renfer- mer la Valeur de deux boiffeaux mefurés ras, & les douze /acs font ordinairement une voie. ( D, J. SACS DE CINQUANTE, en rerme de Fondeur de plomb à tirer, font des facs de toile contenant cin- quante livres de plomb. Il n’y en a ni de plus petits m de plus grands. ji SAC où CHAUSSE, rerme de Péche. Voyez CHAUSSE. SAC À RÉSEAU, ( Lircérat. ) Voyez RETICULUM. SACA, (Géog. mod.) nom commun à une petite contrée de Madagafcar, & à une ville ruinée d’Afri- | que, fur la côte de la Méditerranée, autrefois nom- mée Tipafz, &c qui étoit alors une colonie romaine ; quelques auteurs difent qu’Alger a été bâtie fur fes ruines. (D.J.) | : SACAL, f. m. ( Hiff. nar. Minéralog.) nom fous lequel on a quelquefois défigné le fuccin ou l’ambre jaune. Voyez l’article SUCCIN. SACANIE, (Géogr. mod.) la Sacuanie, Zacanie, 8 Zaconte, font un feul & même nom. Voyez LACONTE* On appelle ainf la partie de la Morée la plus voi- fine de l’ilfthme de Corinthe, entre cet ifthme, le duché de Clarence, les golfes de 1 épante &c d’Engia. Elle comprenoït autrefois les royaumes de Sicile, de Corinthe & d’Argos ; aujourd’hui Corinthe & ne S° Romanie, en font les principaux lieux, D. J, SACARE, f. m. (Comm. ) petit poids dont les habi- tans de la grande île de Madagafcar fe fervent pour pefer lor & l'argent. I pefe autant que le denier ou fcrupule de l’Europe. Au -deflus du facare font le fompi &c.le vari; au - deffous le nanqui & le nanque, Voyez Sompti, ec. Diéfion. de commerce. SACASINA ,e( Géogr. anc.) contrée aux confins de l'Arménie êc de Albanie. Elle va jufqu’au fleuve Cyrus, felon Strabon, 4y. XI. pag, 528, Il nomme ce lieu, Zv.Il, pag. 73. Sacaffina | caxasin; au livre XI. pag. So. Sacafena, caxacwn ; 8 dans un au tre endroit, pag. 529. qui eft celui dont il eft princi- palement ici queftion, Sacaffene, curasom. C’eft à paremment le même pays qu'il dit ailleurs avoir été occupé par les peuples Sacæ, qui luiavoient donné leur nom. Pline a pris de la Sacaflene deStrabon, div, WT. ch. 1x. le nom de Sacaflani , qu’il donne aux habrtans ; il les place près du Cyrus, (D, j.) | SACAURAQUES, ( Géogr. anc.) Sacauract, an: cien peuple d’entre les Scythes. Lucian, 2% Macro. bis, dit que Sinatoclès, roi des Parthes, étant ra- mené de fon exil par les Sacauraques ,fcythes, à l’âge de 90 ans, commença de regner, & regna encore 7 _ans. Ce font les Saragaucæ de Ptolomée, Z. PL. c. xiv. dans la Scythie, en-deçà de l’Imaus, entre le laxarte & l'Oxus. (D. JT.) | SACCADE , ff, en rerme de Mañége, eftune vio- lente fecoufle que le cavalier donne au cheval en le- vant avec promptitude les deux rênes à-la-fois. On s’en fert lorfque Le cheval pefe trop fur la main où qu'il s’arme. Voyez S'ARMER. | La Jaccade eit une correGion dont on fait rare- ment ufage dans la crainte de gûâter la bouche du _ cheval, Voyez BOUCHE. . SACCADE, ( Ecriture, ) fe dit, dans l'écriture, des inégalités de traits, des tourbillons d’ancre, des paf- fes trop longues, accidens caufés par une plume dont lé mouvement eft trop rapide & nullement reglé; _ou par des foulevées de bras & de poignet trop con- fidérables, ; SACCADER , v. a. ( Maréchal, ) c’'eft mener un . cheval en lui donnant continuellement des faccades. Poyez SACCADE. : SACCAGE, (Droit de Seigneurs.) on appelle aïnfi dans quelques coutumes ce qu’on appelle en d’autres minage , ceft-à-dire le droit que les feigneurs fe font attribués de prendre en nature, une certaine quan- tité de grains ou de légumes fur chaque fachée de ces marchandifes qui s’expofent en vente dans leurs marchés, (2D.J.). | SACCAGER , v.a&t. (Gram.) c’eft abandonner une ville aux foldats quand elle eft prife. Rome a été- faccagée plufeufs fois: Nous nous en feryvons pour des défordres moins grands. Lafontaine a dit du vieil: lard qui avoit deux maîtrefles, l’une vieille, autre jeune, que celle-là /zccageois tous les poils noirs & l’autre tous les poils gris, Ce vieillard eft l’image de ceux qui n’ont point d'opinion à eux, ils font dé< pouillés à mefure qu'ils tombent fous différentes mains. | | ._ SACCAÏ, ( Géogr. 104.) Kempfer ne dit rien de cette ville, peut-être parce qu’elle ne fubfiftoit plus de fon tems ; mais les auteurs de l’ambaflade des Hol: landois au Japon, en parlent fort au long, & nous la donnent pour unie des cinq villesimpériales duJapon, dans File de Nipon, fur la côte orientale de la baie d'Ofacca, à 3 lieues au midi de cette ville. Longir, 152.27. latit. 35.46. (D.J.) S'ACCARIT , {. m. pl. ( Littérature, ) on nommoit ainf chez les Romains, une compägnie de portefaix, quiavoit feule le privilege de tranfporter toutes les marchandifés du port dans les magafins, perfonne ayant droit d'employer à cet effet fes propres ef claves, & moins encore les efclaves d'autrui. (2.7) SACCHI, SACCHO ox SACS, f. m. pl. and mefure des grains, dont on fe fertà Livourne ; qua- rante facchz font le laft d’Amfterdam. Le /accho de blé pefe environ 150 livres poids de Livourne. Voyez LasrT. Di. de Commer. SACCILAIRE, f. m, (Gram. & Divinar.) ceux qui fembloient fe fervir de magie 8 de maléfice pour s’ap- proprier l'argent des autres. | * SACCOMEUSE, f. £. (Gram.) Voye CORNEMU- SE, F 2£ SACCOPHORES , 1, m. (Æ4f. eccléf.) fe&te d’an- ciens hérétiqués, ainfi nommés parce qu'ils fe cou- vroient de facs, & faifoient profeifion de mener une Vie pénitente. DS: CU à Ce mot eft grec caxxopopos » formé de datxoé, UN Jac, & gcpo, Je porte. Joie ‘ Il ÿ a apparence que ces /zccophores étoient les mêmes que les Encratités & ‘les Meffäliens. Théo- Jette LE nt Lans à (tdi : dofe fit uñe loi conire tes Sacophores & les Mañc. chéens. oyey ENCRATITES G& MESSALIENS. SACCOTTAY, (Géog. mod) ville d'Afe aù Fôyaus : me de Siam, fituée vers les montaones eu finies ne ; iagnes qui téparent le Siam êe le Pégu, (D. 7) SACÉES, [. £ pl. (HG, añc.) en greé danse fêtes qu’on célébroit autrefois à Babylone en honneur de la déefle Anaïs. Elles étoieit dans l'Orient ce qu'é- toient à Romé les faturnales, une fête inftituée en 2. veur desefclaves ; elle dufoït cinq jours pendant lef: quels; dit Athénée , les efclaves commandoiént à leurs maîtres ; & l’un d’entre eux revêtu d’une robé royale qu’on appelloit rogane, agifloit comme si] eût été le maître de la maifon. Une des cérémonies de cetre fête étoit de choifit un prifonnier condamné 4 mort, & de lui permettre de prendre tous les plaifirs qu'il pouvoit fouhaiter avant que d’être conduit au fupplice. Voyez SATURNALES! | s- SACELLAIRE, {. m. (Æmpire gréc.) c’étoit dans l’empire grec, le nom de celui qui avoit foin de là bourfe de lempereur; ou comme nous parlerions aujourd’hui ; de la caflette du prince, & qui donnoit à la cour , aux foldats, aux ouvriers , aux officiers du prince, & dans l'Eglife aux pauvtes, leurs gages,Où les aumônes que l'empereur leur faifoit. Le pape a eu auffi un Jacéllaire jufqu'à Adrien. Ce mot vient de Jaccu®, un fac, une bourfe, (D. J.) | SACER, SACRA, SACRUM, (Livér) le mot Jacer fignifie deux chofes bien différentes: du ce qui eft confacré à la religion, ou ce qui eft exéerable. Sacrum , regarde Ce qui étoit confacré aux dieux par les pontifes ; fandum , ce qui étoit faint & invio= lable ; réligiofum , concerneles tombeaux &cles fépul- cres des Mmänes; Sacer fanguis , eft le fang dés Vidtimes; &des Jacraj un temple confacré à quelque dieu ; Jzcram ritu, un rite confacré. 4 k Jai dit que fazer défignoit auffi ce qùi eft exécrable. De-là vient que Virgile a dit au figuré auri facra fa- mes , exccrable faim des tichefles, Servius prétend Que Pétymologie du mot fécer, en tant qu'il veut dire éxécrable , Vient d’une ancienne éoutume des habitans de Marfeille. « Lorfque la pefte , dit:l, réénoit dans » cette ville, on choïfiffoit un mendiant , un miféraz » ble, qui après avoir été nourri & engraiifé pendant # quelque tems aux dépens du public, étoit prome: » né par les rues, & enfuite facriñié. Tout le peuple . » lui donhoit avant fon facrifice mille malédiétions, » & prioit les dieux d’épuifér fur luileur colere, Ainf » cet homme, comme fzcer, c’eft-à-dire dévoué au » Jacrifice, toit maudit & exécrable ». (D. J.) S'ACER ; (Géog. anc.) cet adje@if latin pour le gen- fe mafculin, veut dire /acré ; on fait qu'il fait au fé- minin facra, & auneutre facrim. Les grecs l’expri- moient en leur langue, par fspoc, fepa à fepoy 3 mais ces mots, foit latins, foit grecs, deviennent noms pro- pres & particuliers à un lieu, lorfqu'ils font attachés à quelqu’autte mot qui les détermine à ce lieu : en voici quelques exemples. . 1°. Sacer ager, la campagne facrée, lieu dé l’Afe mineure, au Voifinage de Clamozène, {elon Tite-Lis ve, db. T. ch. xxxix. … 29, Sacer campus, le champ facré, lieu dans uné île du Nil, auprès des montagnes d'Ethyopie & d’E: gypte,en un endroit nommé Philès ,felon Diodore de Sicile, /2. I. ch: xxij. Le rombeau d'Ofiris qui étoit dans cette île, a bien pu donner le nom de /zcré à cet endroit. rh 3. Sacercollis, la colline facrée, colline d'Italie, qui felon Tite-Live, Z6. IL. ch. xxxij. éroit à 3 milles de Rome , fur l’autre bord du Téverone, _ 4. Sacer fons, la fontaine facrée, fontaine de l'E= pre, felon Solin, ch. vij. «Il y a, dit-il, en Epire une » fontaine facrée, plus froide qu'aucune autre eau : 472 SA) C » qui produit deux effets très-oppofés ; car fi om y » plonge un flambeau allumé, elle l'éteint; fide loin, » à fans aucun feu, on lui préfente un flambeau » éteint, elle Pallume »#. Le même Solin donne le fiom de /acer fons , à une riviere apparemment plu- tôt qu'à ue fontaine, où l’on plongeoïitle bœuf con- facré au dieu Apis, pour Le faire mourir lorfque fon .tems feroit fini. | °. Sacer lueus!, le bois facré, bois d'Italie à l’em- bouchure du Garagliano près de Minturnes, felon Strabon, 4b, F. p. 234, Scipion Mazella croit que ce lieu s'appelle aujourd'hui Fami, Il y avoit auffi plu- fieurs bois facrés dans la Grece. 6°. Sacer mons, montagne facrée. Il y avoit une telle montagne dans la Thrace, entre la ville de By- zance & la Querfonnèfe de Thrace, felon Xénéphon, Gb. Vil. Ily en avoit ype autre en Italie, comme il péroit par une nlorpn trouvée en cetendroit. Juf- tin, Zb, XLIF, ch. 5. parle auffi d’une montagne fa- crée à l'extrémité de la Galice. On appelle encore a-préfent cette montagne Pico-Sagro. Elle eft entre Orenfe & Compoftelle, 7°. Sacer portus, le port facré, port de la Sarmatie afatique , fur le pont-Euxin, à 180 ftades du port de Pagræ, & à 300 de Sindique, felon Arrien dans fon périple du Pont-Euxin. 8°. Sacer finus le golfe facré, golfe de l’Agabie heureufe , fur le golfe Perfique , felon Ptolomée, qui le metau pays du peuple Abucæi, (D.J.) | SACERDOCE , f. m. (Anti, grec. & rom.) Toute relision fuppofe un facerdoce, c’eft-à-dire des minif- tres qui aient foin des chofes de lareligion. Le fzcer- doce appartenoiït anciennement aux chefs de famille, d’où il a pañlé aux chefs des peuples / aux fouverains qui s’en font déchargés en tout ou en partie fur des miniftres fubalternes. Les Grecs & les Romains avoient une véritable hiérarchie, c’eft-à-dire des fou- verains. pontifes, des prêtres, & d’autres miniftres fubalternes. À Delphes il y avoit cinq princes des prêtres, &c avec eux, des prophétes qui annonçoient les oracles. Le facerdoce à Syracufe étoit d’une très- grande confidération, felon Cicéron , mais il ne du- foit qu'un an. fly avoit quelques villes grecques, comme Argos , où les femmes exerçoient le /acerdoce avec autorité. C’étoit principalement à Rome que cette hiérar- chie avoit lieu. Le facerdoce fut d’abord exercé par 6c prêtres, élus deux de chaque curie ; dans la fuite ce nombre fut augmenté. Au commencement c’é- toient les feuls patrices qui exerçoient le facerdoce, auquel. étoient attachées de grandes préropatives ; mais les plébéiens s’y firent admettre dans la fuite, comme 1is avoient fait dans les premueres charges de Pétat. L'éleétion fe fit d’abord par le college des pré- tres: bientôt apres le peuple s’attribua les éleétions, & les conferva jufqu’au tems des empereurs. Le /z- cerdoce avoit à Rome différens noms & différentes fonétions: le fouverain pontife, le roi des facrifices, lés pontifes , les flamines, les augures, les arufpices, les faliens , Les arvales, les luperces, les fybilles, Les veftalés. | Ajoutons que le /acerdoce étoit fort honoré à Ro- me, & jouifloit de grands privieges. Les prêtres pou- voient monter au capitole fur des chars, ils pou- voient entrer au fénat: on portoit devant eux une branche de laurier, &c un flambeau pour leur faire honneur. On ne pouvoit les prendre pour fa guerre, mi pour tout autre ofice onéreux; mais ils fourmif- foient leur part des frais de la guerre. Ils pouvoient fe marier, @&x leurs femmes, pour lordinaire, pre- hoient part au miniftere. Quand il s’agifioit délire un prêtre, on examinoitfavie, fes mœurs, êt même fes qualités corporelles; car il falloir qu'il fût exempt dé ces défauts qui choquent, comme d’être borone, _docede Jefus-Chrift qui fera fans fuccefion, Hébreux, SAC boiteux, boffu, &c. Romulus avoit ordonné que les prêtres ayroient au moins cinquante ans acccomplis, (D. J.) ‘ SacerDoOcE, (Cririg. facrée. ) prétrife , dignité facerdotale. On peut diftinguer dans l’Ecriture trois fortes de facerdoces : 1°, celui des rois, des chefs de familles , des prermers nés à qui il appartenoïit le droit d'offrir des facrifices à Dieu, & qui pour cela étoient appelés prêtres ; facerdotes. 2°. Le facerdoce d'Aaron & de fa famulle , Eccléf. xlv. 8,39. Le facer: vi. 24, Quant au facérdoce chrétien , un pere de PE2 olife la fort bien defini , une oblation de prieres êc d'infiruétions par lefauelles on gagne les ames que lon offre à Dieu. (D. J.) | SACERDOTAL , ady. ( Jurifprud. ) fe dit de ce quieft attaché à la qualité-de prêtre. ‘Un bénéfice eft facerdotal quand il doit être deffervi par un prêtre;il eff acerdotal a lege, quand c’eft la loi qui exige que le pourvu ait l’ordre de prêtrife ; 4 Jundatione, quand c’eft le titre qui le requiert. Voyez BÉNEFICE. (4) _SACES , LES, (Géog. anc.) ou Saques, Sacæ ; an- cien peuple d’entre les Scythes. Diodore de Sicile, lv, IT, ch. Ixiÿ. dit , en parlant des Scythes , qu’on les diflingue par des noms particuliers, que quei- ques-uns font appellés Secæ , d’autres Maffageres , d’autres Arimafpes, Strabon, iv. II. p. 411. 312 & 313. dit, les Scythes qui commencent à la mer Caf- pienne, s'appellent Dace, ( Dahe ) ; plus à lorient font les Meflagetes, & les Sauce. Le même auteur nous apprend qu'ils avoient envahilaBa&riane, &le meilleur canton de PArménie , qu'ils avoient appel- ÎIée Sacafena de leur nom , & qu'ils s’étoient avancés jufqu’à la Cappadoce , près de la mer Noïre. Tandis qu'ils célébroient une fête pour fe réjouir du butin qu'ils avoient fait , les officiers perfans prirent leur tems pendant la nuit , les attaquerent , & les taille- rent en pieces. D’autres, dont Strabonrapporte auflefentiment, mettent cet événement fous Cyrus. Ils difent quece roi faifant la guerre au peuple Szcæ , fut mis en dé- route, &s’enfuit avec fonarmée jufqu'en-un lien où 1l avoit laïfé fes bagages; que là ayant trouvé des w1- vres en abondance , 1l avoit fait reprendre des for- ces à les troupes. Comme l’ennemi le pourfuvoit , if laifa en ce même lieu quantité de vin , & de ques faire bonne chere, & continua de s’enfuir. Les bar- bares trouvant des tentes remplies de tout ce qu flat- toit leur goût, fe livrerent aux plaifrs de la table. Cy- rus, qui n’Ctoit pas fort éloigné , tomba fur eux pen- dant qu'ils étoient defarmés , &.ne fongeoient qu'a ‘boire & à danfer : 1l remporta une viétoire complet- te, en mémoire de laquelle fut inftituée la fête nom- mée facæa. | | Ptolomée , qui a pris à tâche de faire connoitre ce peuple , le place entre la Sogdiane & l’Imaüs. Il eft, dit-1l , borné au couchant par la Sogdiane depuis le coude du Jaxarte jufqu’à fa fource, & de-là par une Bgne qui va vers le midi , le long d’une branche de l’imaus , qui le borne au midi ; 1l eft borné au nord par la Scythie, & à lorient par PAfcatancas , qui eit une branche de l’Imaus. Selon lui , les Sacæ étoient nomades , vivoient dans les hutes qu'ils tranfportoient où ils vouloient ; ils n’avoient point de villes, & feflogeoient dans les bois : il les partage entre plufieurs peuples ; près dia Jaxarte étoient les Carates ; dans les pays des mon- tagnes , les Comedes ; près de l’Afcatancas, les Mat fagetes ; entre ceux-là les Grinéens fcythes ; & enfin plus au midi, près de l’Imaus , les Byltes. | Mais voici ce que je penfe de plus vraifemblable fur les Saques, Is étoient originarrement une nation de Scythes établis au-delà du Jaxartes, dans la gran- de Scythie; tousles géographes añtiens font d'accord Fi-deflus ; &z les Perles donnoient le hor général de | Saguts aux peuples que les Grecs nommotent Ley- “hes , &que nous appellons aujourd'hui Tarsares. Les Seyrhesoules Sagues eccuperent énfuite la plus grande partie dela Sogdiane, ou du pays qui eftentre l'Oxus LE le Jaxartes. Ceux qui étôient à Poccident, por- -torent plus communément les noms de Afaÿfageres &z de Corafiniens ; mais lesuns & lesautres avoient pale FOxus, & s'étoient établis en-deçà de ce fleuve: . Les Perfes donnocient le nom de Dacæ à ceux dé ces Scythes qui habitoient des villages ; car äls ne + menoient pas tous uné vie errante ; & l’on retrouve éncore aujourd huile nom de Dehiflan donné au pays occupé par une nation de Tartares fur le bord de fa mer Cafprenne , dans le même lieu où les anciens placent les Dace. , Le | | Il femble même que le nom de Saques ou de Maf Jagerres défignoittles Scythes nomades habitant {ous des tentes, &c vivant de leur chafle ou du lait de leurs troupeaux. L’hifloire de Genghizkan & cêlle de Ta- merlan donnent le nom de Ghe/au pays des Tarta- Yes qui menent une vie errante ; & ce mot femble un refte du nom de Meffageres ; lenom de Capschak , que les Arabes donnent aux plaines defettes qui font au L hord de la mer Cafpiénne, paroît de même formé fur le nom de Sagwes ; car on fait que les Grecs n'ayant pas le fon du thin des Orientaux , l’exprimoient par une f, éomme font chez nous les perlonnès qui graf- feyent, (2. 7.) | | | SACHALITES , LES, (Géog. ant.) Sachaliiz } an- cièn peuple de l'Arabie heureufe., fur la côte de FO- céan, dans un golfe qui dans l'état préfent de l'Ara- bie n’eft nullement reconnoiflable ; mais cépendant on peut dite, {ur une combinaïifon d'indices , que Ptolomée , iv. VI. ch. vüy: concevoit ce golfe entre le cap Faftaque êt le cap de Razaloate. - Les Suachalires occupoient, felon lui, toute la côte _ de ce golfe, 27 quo, difent les traduéteurs latins de vetauteut , colymbef Pinici Jäper tribus navigent: Comme la pêche des perles co/ymbeft Pinici, fe fait par des plongeurs qui vont ramafler at fond de la mer cette {otre d’huitre où elle fe trouve: pour tra duire Ptolomée d’une mamere intelligible , il falloit dire ‘in quo off margaritarum piféatio, incol& fuperseri- bus rranfnavigant. En effet, Ptolomée parlant du peu- ple Sachaliræ, dit qu'ils demeuroient dans le golfe Sachalite ; & avant que de nommer les lieux de la côte, il ajoute, à l’occafon de ce golfe, que Pony pêchoit des perles, &z que les habitans le traverfoient fur des Outfes. | LT * Ptolomée, Liv. I. ch. xvi. ne borne pas Les Sacha- dires au solfe de ce même nom , il les étend encore lé long de la côte jufques dans lesolfe Perfique. Aïnf leur pays répondoitau royaume de Carefen, au pays de Mahré, au royaume de Mafcate, & à une partie du pays d'Oman. Il appelle ce pays Sachalishes regio. — La profondeur que Ptoloïnée donfie au golfe Sa- chalite, & qui fe tite des pofitions de chaque lieu dont il le borde, ne paroït plus aujourdhui, à-moins qu’on me veuille dire que le solfe étoit celui que nous con- ñoiflons fous lenom de Taphur, qui eft fort étroit ; &t par conféquent il répond mal à l’idée des anciens, qui Le prenoient depuis le cap Siagros jufqu’au cap Corodamum, c’eft-à-dire depuis Île Fartaque jufqu’au IRazalvate, (D: J. AA À PUR | SACHÉE , L f ( Comm.) ce qu'un fac petit con ‘#enir de graims,deléoumes, où de marchandifes. Une fachéede lainesrune /zchée de blé; une /achée de pois. +, SAdHÉE, eftaufh la mefure à laquelle on vend les broquettes'qui fe font à Tranchebray près Falaïfe: Elle eft dupoids de foixante livres pour toutes les ‘broquettesicommunes:, & detrentefeulement pour celles qui font du plus fin échantillon, En d’autres “+ 271 81D, baot Tir E g 4242 - # _ SC: 473. endroits,on appelle cette fnefure une Pochée. 14. cb SACHET , { m. (Grermm. ) petit fac. Foyer d'a | ricle SAC, @ Les arsicles fuivans. Un fachet odorañt. SACHET , rerme de Clunirete concernans La matiere médicaleexterne,c’eft une compolfition de médicaments | fécs & pulvérifés mis en un petit fac. Les fachess dois . vent avoir la figure des parties fur lefquelles on leg applique. Ceux qu'on deftine à couvrir la tête font faits en maniere de bonnetou de coïfle. Ils font trian: gulawes pour couvrir Poœil: Les anciens donnoient la | figure d’urnecornemufe aux /achers qu'ils appliquoient fur la région de l’eflomac : ils faifoient oblongs, en forme de langue de bœuf, ceux qu'ils deftinorentpour la rate, 6c. La matiere des /ächets eft fournie par des féuilles ; dés fleurs, des fruits de différentes plantes, Les auteurs en donnent plufieurs formules. On a décrit, dans ce Diétionnaire, au #0 CUCUPHE , là compofition des bonnets piqués aromatiques pour fortifier la tête: Ambroïfe Paré en fournit un autre contre les affections froides du cerveau. Prenez du- fon, une poignée; du millet, üné once ; du fel, deux gros ; roies rouges; fleurs de romarin, de ftœæchas ; de cloux de girofles , de chacun deux gros; feuilles de betoine &c de fauge , de chacune démi-poignée # oncoudtoutes ces drogues en poudre dansune coiffe, qu’on fait chauffer à la fumée de la poudre d’encens &t de fandarac, jettée fur des charbons ardens. On: applique furies yeux des Jachers difcuffifs & réfolu: tifs, compofes avéc les poudres de fleurs de melilot ; de camomille, de fureau , les fommités de romarin; les fleurs de floœchas, 6e. auxquelles on ajoute de la poudre de cafe brûle. 4 y Pour diféuter & diffiper des ventofités , on ajoute aux plantes ci-deflus fpécifiées , les poudres de femen- ces d’ams , de fenouil, &c. Pour foutenirles poudres 8c empêcher qu'elles ne fé jettent de côté & d’au- tre, on les etfur du coton, &c Pon pique la toile qui fait Le Jécher. On arrofe quelatefois les fachers avec du vin chaud , ou des eaux difüllées ; quelque= fois on les expofe à la vapeur de quelques parfums ; à l'humidité vaporeufe de quelque eau diftillée jet< tée fur une pelle rougie au feu, &c. Poyez FumT- GATION. Les plantes émollientes bouilliés dans de l'eau s'appliquent auf entre deux linges ; fous la dé- nomination de frchers ; mars ce font plutôt de cata= plafmes: ; que pour plus grande propreté on ne fait pas toucher immédiatement à la peau. Il y a à Paris un empirique qui vend uñ faches dit anti-apopletique , que lon porte au cou avec un ru- ban, quilaiffle pendre ledit /zcher, grand comme l'extrémité du pouce, fur la région inférieure du fter- num. Quoi qu'on ait dit, à l’article AMULETE, de la vertu de ces fortes de parfums , il eft difficile que la raïon fe prête à croire que les caufes de Papoplexié ne peuvent prévaloir contre l'efficacité du facher: Quelques perfonnes n’en bliment ps l’ufage , parce qu'il eflcertain, dit-on, qu'il ne fait aucun mal ; mais n’en eft-ce pas untrès-vrand que de met: tre toute fa confiance àtune pratique inutile qui em- pêche de fe précautionner d’ailleurs par le régime; 8: des attentions féveres contre l’atteinte d’un acci= dent auffi formidable que l’apoplexie ? Populus yulé decipi, decipiatur, (Y) | | SACHETS de mirraille , ( Artillerie. ) Ce font de pe= tits facs de toile qu’on remplit de mitrailles ; foït pouf armer des canons , foit pour armer des piérriers. | SACHETTES , f. € pl (ÆifE eccléf.)religieufes dé l’ordre de la pénitence , ou du fac, où des fachets ; elles avoient une maïfon proche Saint-André-des: ares , dans une rue qu’on appelle encore la rue-des Jachertes, = ER A EUTES | SACIENS , £ m. pl ( Hiff.ecclé[) c'eft la même feête que les Anthropomorphites, Voyez ANTHROPG: MORPHITES:s af ST OR , _ 3 = * 8 TE | SACILE , ( Géog. mod.) petite ville de l'état de Venife, dans la Marche trévifane, à 10 milles de Ceneda. Elle eff peuplée 8c à fon arte. Quelques au- ‘teurs croient que c'étoit autrefois un fieue épifcopal fuffragant d’Aquilée; mais d’autres {ivans pretendent que ce fiege étoit à Sacileto, bourg du Fnioul. Loag. 29. 55. lat..46, 3. (D.J.) S'ACILIS, (Géog. anc.) où Sacilimartialinm, ville ancienne d'Efpagne ,-en Bétique, au pays des Tur- dules dans lesterres. On croit que c’eftpréfenrement Alcorrucen, SACLES, fm. ( Gramm.) nom que l'héréfiarque Manës donnoit au mauvais principe. SACOCHE, f. f. ( Gramm. ) partie de l'équipage du cavalier; c’eft un jac de cuir quieit pendu à Var -çon de la felle. SACODION, (if. nat. Minéralog.) nom donné par Pline & les anciens naturaliftes à l'amethyite lorfqu’elle à un œil jaunûtre. SACOME , {. m. ( Archir. ) c’eft le profil de tout marbre & moulure d’architetiüre, Quelques archi- tectes donnent ce nom à la moulure même, Ce terme vient de l'italien facoma. (D. J.) SACOUAGE , ox SACCAGE, £. m.(Comm.) on nomme ainfi dans quelques coutumes, ce qu’on ap- pelle dans d’autres rage ; c’eft-à-dire le droit que les feicneurs ont de prendre en nature une certaine quantité de grains où de légumes fur chaque fachée de ces marchandifes qu’on expofe en vente dans les “marchés. Voyez MiNAGE. Diëf. de Commerce & de Trévoux. SACQUEBEUTE , £ £ ( Mufique inffrum.) inftru- ment de mufique qui eft à vent, & une elpece de trompette, harmonique, qui differe de la militaire en figure & en grandeur. Elle a fon embouchure ou fon bocal &c fon pavillon femblables ; mais elle a quatre branches qui fe démontent , fe brifent à l'endroit des nœuds, & fouvent autortil, qui eft le même tuyau qui fe tortille deux fois | ou qui fait deux cercles au milieu de linftrument ; ce qui Le fait defcendre d’une Quarte plus bas que fon ton naturel. Elle contientauff deux branches intérieures, qui ne paroïflent que quand on les tire par le moyen d’une barre qu’on poule jufque vers la potence, & qui l'alonge com- mie on veut, pour faire toutes fortesdetons; lesbran- ches vifibles fervent d'étui aux invifibles. La /zcque- bute ordinairement a huit piés, lorfqu’elle n’eft point alongée , 8 qu’on n’y comprend point fon tortil. Quand elle eft tirée de toute fa longueur , elle va juique à quinze piés. Son tortil eft de deux piés neuf pouces; elle fert de bafe dans toutes fortes de con- certs d'infirumens à vent, comme font le ferpent & le fagot, ou baflon, &c elle {ertde bañle-taille aux haut- bois. ( D. J.) SACQUIERS, f. m. pl (Comm. ) mefureurs de fel, On appelle ainf à Livourne de petits officiers nom- més par la ville au nombre de vingt-quatre, pour faire la melure de tous Les fels qui y arrivent, On leur donne ce nom à caufe des facs qu’ils fourniffent pour le tranfport de ces fels. Leur droit de mefurage con- fifte en une mine de fel comble & deux pellées pour chaque barque qu’ils mefurent. Ils donnent àces deux pelléesfurabondantes lenom de fuirse-goute. Ce droit en total produit environ cinq cens écus par an. d.ib, SACRA , (Hifi. anc.) nom que les Romains don- noient.en général à toutes les cérémonies religieufes tant publiques que particulieres. Pour celles de la premiere efpece. Voyez FÊTE, Quant aux autres, outre celles qui étoient pro- pres à chaque curie, il n’y avoît point de famille un peu confidérable qui n’eñt fes fêtes domeftiques & annuelles qu'on nommoit facra gentilitia, quife cé- lébroient dans chaque maïfon , & devoient être ré- guherement obfervées, même en tems de guerre & S À C de calamités, fous peine de la vengeance célefte. On célébroit auf le jour de l’anniverfaire de fa: narflance, qu’on appelloït facra matalitia ; celui où Von prenoit la robe virile , facra Liberalia, & plufieurs autres où l’on invitoit {es parens & fes amis à un grand feftin en figne de réjouiflance. SACRA GENTILITIA , (Hif. rom.) On nommoit ainfi chez Les Romains les fêtes de famille, qu'ils cé- lébroient régulierement dans chaque maifon, dans la crainte de s’attirer la colere des dieux , S'ils y man- quoient. Il n’y avoit point de famille un peu confidérable qui n’eñt de ces fortes de fêtes annuelles & dome. tiques, indépendamment de celles de la naïflance, qu'ils appelloient #araliria ; & des jours de la prife de la toge qu'ils nommoient Ziberalia, & auxquels les amis Étoient invités comme à une noce, Tous les anciens écrivains font mention des faire gentilitia ; maïs nous ayons là-deflus deux exemples éclatans de lobfervation & de linobfervation de ces fêtes de famille : le premier eff tiré du Ævre Jepe de la premiere decade de Tite-Live. Le jeune Fa- bius , dit cet hifiorien , étant dans le capitole, pen- dant qu'il étoit affiégé par les Gaulois, en defcen- dit chargé de vafes & des ornemens facrés , traverfa armée ennemie; & au grand étonnement des affié. geans &c des afiépés, alla fur le mont Quitinal faire le facrifice annuel, anauel fa famille étoit oblivée, Le fecond eft du même auteur, Livre neuf de Ia même dècade. La famille Potilia étoit très-nombreufe, elle étoit divifée en douze branches, & comptoit plus de trente perfonnes en âge de puberté, fans les enfans : tout cela périt dans la même année, pour avoir fait faire par des efclaves, les facrifices qu'ils devoient faire eux-mêmes à Hercule. Ce n’eft pas tout, il en couta la vue au cenfeur Appius, par les confeils du- quel 1l$ avoient cru pouvoir s’affranchir de cette fu- jettion. C’eft Tite- Live qui parle ainfi. « De tout » tems les hommes ont attribué aux dieux les événe * mens qui dépendent des caufes naturelles. (D.J.) 1. SACRA VIA, (Géog. anc.) ou le chemin facré chemin de Grece dans l’Attique, par où l’on alloit d'Athènes à Éleufine, 2, Sacra via, autre chemin dans le Pelopponèfe; par où lon alloit d’Élide à Olympie, 3. Sacra via, la rue facrée; c’étoit une des rues de Rome, qui eft nommée dans ce vers d'Horace, 2. 1, Ja. 9. Tbam fort vià facrâ, fcut meus ef! mos. (D. JT) SACRAMACOU, (Diste.) nom que les habitans de la Martinique donnent au phitolacca, dont ils ap- prêtent & mangent fort communément les feuilles comme on mange les épinars en Europe. Voyez PHi- TOLACCA. (4) SACRAMARON, f. m, (Boran. exot.) nom qu’on donne, aux îles françoifes, à une herbe pota- gere haute de quatre à cinq piés ; fa feuille qui eft la feule partie de la plante, bonne à manger , en [a mettant dans le potage avec d’autres herbes, eft lon- gue d'environ fix pouces, affez épaifle, fort verte j & bien nourrie. Ses fleurs font à plufieurs pétales ; panachées de verd, de rouge, de violet & de pour- pre. (D. J.) TUE SACRAMENT AIRE, f. m. (if. eccléf.) nom d’un ancien livre d’églife dans lequel étoient renfermées les cérémonies de la liturgie & de ladminiftration des facremens, Voyez LITURGIE € SACREMENT, Le pape Gelafe fut le premier auteur du Jfacra= mentaire, dont Saint Gregoire retrancha plufeurs chofes ; en changea quelques-unes & en ajouta d’au- tres. Il recueillit Le tout en un volume qu’on nomme le Jacramentaire de S. Gregoire. C'eit la même chofe quant au fond, que nos D rues tuels & que les eucologes des Grecs. Voye Riruet. & EUCOLOGE. SACRAMENTAIRES, Î. m. pl. (Hif eccléf.) nom qu’on donne à tous les hérétiques qui ont enfeigné Quelques erreurs capitales contre le facrément de leuchariftie, mais principalement à ceux qui lont attaqué dans fa fubftance , en niant la préfence réelle ou la tranfubftantiation , comine ont fait dans le fei- zieme fiecle les Luthériens, les Calviniftes,, les Zuin- ghens , Gtc. Voyez PRÉSENCE RÉELLE 6 TeANsUgs- TANTIATION. SACRAMENTUM , JUSJUR ANDUM, (Lise) Sacramentum étoit proprement le ferment de fidélité que Îles foldats prêtoient en corps, lorfqu'ils étoient enrôlés. Jusjurandum étoit le ferment formel que chacun faifoit en particulier. (2. J.) SACRAMENTUM, (Litérar, }c’éroit chez les Ro- mains un dépôt que les plaideurs étoient obligés de configner, & qui reftoit dans le tréfor felon Valere Maxime. La portion confignée par celui qui fuccom- boit en juftice, étoit confifquée, pour le punir de la témérité de fa conteftation, & où Pemployoit à payer l’honoraire des juges. _ Le même ufage s’obfervoit à Athènes, où l'on nommoit T4 @purayéræ OÙ &i FoUTaverai , UN Cerfaine fomme que les plaideurs devoient configner avant que d’avoir audience ; & cette fomme montoit felon quelques-uns, à la dixieme partie de l’objet de la con- teftation que le demandeur & le défendeur étoient obbligés de configner ; mais, {elon Démofthène & Hocrate qui devoient en être bien inftruits, & felon le fchohafte d’'Ariftophane fur les nuées, la configna- tion n’étoit que de trois drachmes fi le fonds étoit au-deflous de mille drachmes , & de trente drach- mes s’il excédoit. (D. J.) SACRANIENS, Es, (Géog. anc.) Sacrani, ancien peuple d'Italie. Virgile, Æneid. 2. VÉL. verf 706. dit: . Et facranæ acies, € pidi [euta labici. Feflus fait 1ci cette remarque : on dit qu’un certain . Corybante confacré à Cybèle, étant venu en Italie J occupa le canton quieft au voifinage de Rome, & que de-là les peuples qui tirent de lui leur Oïigine, ont été nommés Sacrari. D'autres croyent que /a- cranæ acles étoient des foldats ardéates, qui autre- fois étant affligés de ja pete, vouerent un printems facré , d’où ils furent appellés facrani, Ce{econd fen- timent rentre.aflez dans celui de Feftus Gui ajoute w’on appelle /acrani ceux qui, venus de Riéti, chaf- ne des fept montagnes les Liguriens & les Sicu- les; car ils étoient nés durant un printems facré : le premier fentiment rapporté par Servius touchant les Corybantes , ne convient pas mal avec le culte de Cybèle établi à Riéri, felonSilius Italicus, Z LIT. Maoneque Reate dicarum Celicolum marri. (2. 7) SACRARIUM, (Antig. rom.) On nommoit ainfi chez les Romains une efpece de chapelle de famille; elle diféroit du lararium , en ce qu’elle étoit confa- crée à quelque divinité particuliere , au-lieu que le lararium étoitidédié à tous les dieux de la maïfon en général. (D, J.): e SACRE, fm. ( Hiff. mod.) cérémonie rehgieufe qui fe pratique à l'égard de quelques fouverains, fux- tout des catholiques , & qui répond à celle que dans d’autres pays, on appelle couronnement où Inaupu- ration. Cette cérémonie en elle-même et très-ancienne. On voit dans les Livres faints. dès létabliflement de la monarchie. des Hébreux que les-rois étoient {a- .crés. Saul & David le farent par Samuël , êtiles rois de Juda conferverent cette.pratique d’être confacrés Tome ATV, | > SAC 475 Où pat des propherésou par le gtand-prêtre. fl paroit auf par l’Écriture, que la cérémonie dé-cette confé Ciation s’étoit confervée dans le royaume d’Ifraël malgré le fchifme , puifque Jéhu fut facté par un des enfans, C’eft-à-dire des difciples des prophetes, Sous la loi nouvelle, les princes chrétiens ont imi. té cet exemple pour marquer fans doute par cette cérémonie que leur puiffance vient de Dieu même, Nous ne parlerons ici que du Jacre du roi de France êt de celui de l’empereur. Le lieu deftiné pour le Jucre des rois de France eft Péglife cathédrale de Rheims. On remarque néan- moins que les rois de la feconde race n'y ont point été facrés , fi ce n’eft Louis le Begue, roi & empe- fout 3 mais ceux de la troïfieme race ont préféré ce lieu à tout autre, & Louis VII. dit le Jeune ;, qu y fut facré par le pape Innocent IL. fit une loi pour ceïte cérémonie lors du couronnement de Plulippe- Aupgufte fon fils en r 179. Henri [V, fut facré à Char- tres, parce qu'il n’étoit pas maître de Rheims quite: noït pour la ligue. La fainte-ampoule dont lhuile fert au facre des rois, eft gardée dans l’églife de lab baye de S. Remi, & les ornemens dans le tréfor de S. Denis. Le jour de cette cérémonie le toi entre dans l’églife de Rheims, revêtugd'une camifole de fa- tin rouge, garnie d’or, ouverte au dos & fur les nan- ches., avec une robe de toile d'argent & un chapeau de velours noir, garni d’un cordon de diamans, d’une plume blanche & d’une aigrette noire. Il eft précédé du connétable , tenant lépée nue À la main 5 ACCOM- pagné des princes du fanp , des pairs de France, du chancelier, du grand-maitre » du-grand-chambellan, des chevaliers de l’ordre » Ce de plufieurs brinces 8 feigneurs. Le roi s’étant mis devant Pautel dans {à chaire, le prieur de S. Remi monté fur un cheval blanc, fous un dais de toile d'argent porté par les chevaliers de la fainte-ampoule, apporte ccttefainte- ampoule au bruit des tambours &z des trompettes; 8e l'archevêque ayant été la recevoir à la porte de lé- ghife, la pofe fur le grand autel, où Pon met auf les Ornemens préparés pour le facre, qui {ont la grande couronne de Charlemagne » l'épée, lé féeptre x la main de juflice , les éperons & le ivre de la céré monie, Les habits du roi pour le Jacre fontiune cami- {ole de-fatin rouge garnie d'or, une tunicue &-une dalmatique qui repréfentent les ordres de loudiacre & de diacre, des bottines, & un gränd manteau royal , doublé d’hermine & famé de fleurs de Lys dot. Pendant cette auguite cérémonie , és douze pairs de France ont chacun leur fonftion. l’archeyé- que de Rheims facre le roi en lui faifant des onétions en forme de croix fur lesépanles & aux deux bras par les ouvertures pratiquées pour cet effet À la ‘ca- miole dont nous avons parlé. L’évêque: de Laon tient la fainte ampoule ; Pévéque de Langres , je Îcep- tre ; l'évêque de Beauvais, le manteau royal ; lévé- que de Châlons , l'anneau ; l'évêque de Noyon , 1e ceinturon Ou baudrier, Entre les pairs lacs, le duc de Bourgogne porte la couronne rovale » OL cernt l'épée au rO1 ; le due de Guienne porte la prentiere ban niere quarrée ; le duc'de No“mandie » lafeconde te comte de Touloufe, les épérons: le comte de Cham- pagne, la banniere royale ou l'étendart de suerre 5 ët le comte de Flandres, Pépée royale: Cés pairs ont alors fur la tête uncercle d'Or en forme de cou. ronne. Lorfque ces derniéres’/jairies -étoient oceu- pées par les grands vaflaux de la couronne, 3h afi£ toiént en perfonne au face 8e ÿ faifoient leurs fonc: tions, mais depuis que de ces fix pairies cinq oùt été reuies à la couronne: » 8t que celles de Fiändres'etf enrpartie en main étrangere, lé roichoifit fix princes ou feigneurs pour repréfenter ces pairs ; Gun'aufre pour tenir la place de connétable depuis qué cette charge a été fupprimée, C’eft ainfi qu’on l’a pratique Ooo | 476 S AC au facre de Louis XIV. & de Louis XV. Au refle le. _facre du roi ne lui confere aucun nouveau droit , il eft monarque par fa naïffance & par droit de fuc- ceffion ; & le but de cette pieufe. cérémonie n’eft fans doute que d'apprendre aux peuples par un fpeétacle frappant , que la perfonne du roi eft facrée, & qu’il n’eft pas permis d’attenter à fa vie, parce que, com- me l’Écriture dit de Saul, il eft l’on du feigneur. Au facre de l’empereur, lorfque ce prince marche en ordre avec les életeurs laiques & fes officiers à l’églife où fe doit faire la cérémonie, l’archevêque oficiant , qui eft toujours un éleéteur eccléfiaftique , &z les deux autres électeurs de fon ordre vont le re- cevoir ; enfuite on célebre la mefle jufqu’à l’'Evan- gile, alors on ôte à l’empereur le manteau royal, & deux des éleéteurs eccléfaftiques le condufent à lautel où , après quelques prieres , l’éleéteur off- ciant lui demande s’il veut profefer la foi catholi- ue, défendre lEglife , gouverner l'empire avec juftice & le défendre avec valeur, en conferver les droits, protéger les foibles & les pauvres, 67 être foumis au fait fiege. Lorfqu’il ea a reçu des répon- {es convenables , confirmées par un ferment fur les évangiles, & fait quelques autres oraïfons , les fuf fragans de l'archevêque officiant découvrent l’empe- reur pour le facrer, & l’archevêque prend lhuile benite dont il l’oint en forme de croix fur le fommet de la tête. entre les épaules, au col , à la poitrine, au poignet du bras droit , & en dernier lieu dans la main droite, difant à chaque onétion la priere que porte le rituel de cette cérémonie. Les deux autres archevèques éleéteurs efluyent l'huile avec du co- ton, enfuite on revêt l’empereur de fes habits impé- riaux & des autres marques de fa dignité, comme le fceptre, le globe, &c. Quoique la bulle d’or pref- crive de faxe le couronnement de l’empereur à Aix- 1a-Chapelle , 1l fe fait cependant ailleurs, comme à Francfort, Ausbourg , Nuremberg. SACRE ou SACRET, ( Art milir.) ce nom fe donnoit anciennement à des pieces de canon de fonte, qui pefoient depuis 2500 livres jufqu’à 2850. Elles chaf foient des boulets de 4 &r de $ livres, & elles avoient environ 13 piés de longueur. Ces pieces ne font plus d’ufage, mais il eft néceffaire qu'un officier d'artillerie en ait connoiffance , afin de n’être point embarraflé dans les inventaires qu’il peut être char- gé de faire, & dans lefquelles il peut fe trouver de ces anciennes pieces. (Q) SACRE , f..m, ( Faucon.) c’eft une efpece de fau- con femelle, dont le mâle s’appelle /zcres , il a les plumes d’un roux foncé , le bec, les jambes &c les doiots bleus ; 1l eft excellent , & courageux pour la volerie, mais dificile à traiter ; il eft propre au vol du nulan, du héron, des bufes &c autres oifeaux de montée : le facre eft paflager , & vient du côté de Grece ; celui qu eff pris après la mue, eft le meil- leur & le plus vite. SACRÉ, ( Gram. & Théolog.) fe dit d’une chofe particulierement offerte &7 deftinée à Dieu , ou atta- chée à fon culte par des cérémonies religieufes 87 des bénédiétions, Voyez CONSÉCRATION. ta rois, Les prélats , les prêtres font des perfon- nes facrées.. Les abbés font feulement bénis. Le fou- diaconat , le diaconat & la prêtrife font des ordres Jacrés, quiimpriment un caraétere faint, & qui ne fe perd jamais. Voyez ORDRE. La coutume de confacrer les rois avec de l’huile fainte vient, felon Gutlingius, des Hébreux: Grotius eft du même fentiment ; mais al ajoute que chez ce peuple on ne facroit que les rois qui n’avoient pas un droit évident à la couronne. On croit que les em- pereurs chrétiens ne fe firent point facreravant Juf- tin, de qui les Goths emprunterent cette coutume, que les autres nations chrétiennes d'Occident imite- S AC rent depuis. Voyez ONCTION & Ror. Ce terme s'applique auffi à tout ce qui regarde Dieu & lEglife. Aïnfi la terre des églifes & des ci- metieres eft tenue pour /acrée, c’eft pourquoi ce mot docus facer fignifie en droit la place où quelqu'un a été enterré, & c’eft un crime capital que de violer les fépultures. Les vafes & les ornemens qui fervent au facrifice font également nommés vafes 8 ornemens Jacrés , avec cette différence que les vafes ont ce nom d’une maniere plus particuliere , fervant à rece- voir & à renfermer le corps de Jefus-Chrift ; auf punit-on du feu les voleurs & autres qui les profanent. On donne auffi au college des cardinaux le titre de Jacré collepe. On appelle Pempereur & le roi d'Angleterre /z- crée majefté, facra majeffas. Titre qui mal à propos a fcandalifé quelques écrivains qui l'ont traité de blafphème. L’Ecriture ne nous apprend-elle pas que les rois font les images de Dieu, qu’ils lui font {pé- cialement confacrés, & ne les appelle-t-elle pas les oints du Seigneur ? Les anciens regardoient comme /zcrée une place où le tonnerre étoit tombé. Voyez BIDENTAL, FuL- GURITUM & TONNERRE. SACRÉ , ad}. ce qui appartient à l'os facrum, Les nerfs facrés paflent en partie par le grand trou anté- rieur de los facrum, & par les échancrures latérales de Pextrémité de cet os & du coccyx : ils font au nombre de fix paires, La premiere eft fort grofle , la feconde left moins, & les autres diminuent {uc- ceflivement, Les quatre premieres paires s’unif- fent enfemble dès leur entrée dans le baffin pour for- mer le nerf fciatique : elles fourniflent outre cela plufieurs filets aux véficules féminales, aux proftates, à l’uterus, aux trompes de Fallope , à la veflie, au re- étum, au corps caverneux, à leurs mufcles, & aux au- tres parties voifines. Les deux dernieres paires des nerfs facrés {ont très-petites, & fe diftribuent à l'anus & au tégument voifin. | Les arteres facrées font des rameaux de l’aorteinfé- rieure & de l’hypogaftrique; elles fe diftribuent à l'os Jfacrur. SACRÉ, cap, ( Géog.anc.) facrum promontorium ; nom commun à plufieurs caps , dont lun eft, felon Ptolomée, un cap de Luftanie, aujourd’hui le cap deS. Vincent en Portugal. | Un autre de ce nom eft en Irlande, dans la partie mériodionale de la côte orientale, felon le même Ptolomée, Z. IT, c. i. Ce cap eft aujourd’hui nommé Concarne fur les cartes. Un troifieme eft dans l’île de Corfe, au nord de la côte orientale. C’eft aujourd’hui czho Corfo. Un autre eft dans la Sarmatie en Europe. C’eft la pointe orientale de [a langue de terre , que les an- ciens appelloient Achilleos dromos , la courfe d’A- chille. | Un cinquieme eft en Afe dans la Lycie, entre lembouchure du fleuve Limyros & la ville d'Olym- pe, {elon Ptolomée , Z. #. c. ij. Sophien l’appelle cabo Chelidon:, d’où les interpretes ont pris leur cz- put Chelidonie. Un fixieme eft à l’entrée du Pont-Euxin, felon Zozime , Z. IT. à 200 ftades de Chalcédoine, c’eft- à-dire à 25 mulles anciens, quifont s lieues, de 4000 pas géométriques ; d’autres le nomment Æieros Oros. (D, J.) SACRÉS jeux , ( Antiq. greg. & rom.) c’étoit aïnfi qu'on nommoit chez les Grecs & chez les Romains tous les jeux faits pour rendre un culte public à quel que divinité. Comme ces jeux ou fpeétacles entroient dans les cérémonies de la religion, c’eft pour cela qu’on les appelloit facrés & divins. Tels étoient les quatre principaux jeux de la Grece, appellés o/yrpi- S A C ques ; pithiques , néméens & iflhmiques : tels étoient chez les Romains les capitolins , les apollinaires, les céréaux, les martiaux, 6c. Les honneurs divins ayantéreé déférés dans la Grece aux empereurs ; les Grecs firent célébrer en l'honneur de ces princes des jeux acrés fur le modele de ceux qui avoient été primitivement inftitués en l’honneur des dieux. C2 en SACRÉE année, (Arr. rumifimatig.) ETOYS IEPOI : Êtannée nouvelle fzcrée, ETOYE NEOTIEPOT, infcrip- tons qu'on lit fur plufieurs médailles frappées par des villes grèques de l'Orient. Les villes d'Orient offtoient des facrifices , des vœux publics , & donnoient des fpeétacles magnif- ques à l’avénement des empereurs au commencement de leur année civile, & aux jours anniverfaires de leur avénement à l'empire. | Ces villes donnoient le nom d'année facrée À leurs années, à caufe de la folemnité des facrifices & des jeux qui faifoient partie du culte religieux. Elles appelloient à l'exemple des Romains armée Zouvelle premiere le jour de l’avénement des princes en quelque mois de l’année qu'il arrivât, comme Sé- ñeque laflüre de l’avénement de Néron, & comme une médaille de la ville d'Anazarbe le prouve pour _ lavénement de Trajan Dece, Elles diflinguoientla folemnité du commencement de lannée civile, & la folemnité anniverfaire de Fayénement à Pempire par l’infcription de l’année rouvelle facrée, & par l'infcription de l’année facrée que l’on gravoit fur les médailles que l’on faifoit frap- per pour-lors. (D. J.) SACRÉE chofe, ( Antiq. rom.) les lois romaines ont divifé les chofes en fzcrées , religieufes & faintes, Celles qui avoient été confacrées aux dieux folem- nellement par les pontifes, ou qui avoient été dé- _dices au culte des dieux étoient appellées facrées. Les devoirs rendusaux morts , & tout ce qui concer- noït la fépulture , étoient dunombre des chofes reli- gieufes, L’on appelloit chofes inres celles qui étoient en quelque maniere fous la prote@ion des dieux, _ comme les murs & les portes d’une ville. On a indi- que dans cer ouvrage la formule qu’on employoit pour la confécration des chofes qu’on dévouoit au fervice des dieux, & nous ayons une infinité d'inf criptions qui font connoître que les fépulchres ren- doïent Jacré Le lieu ou ils étoient élevés. (D. J.) . SACRÉE guerre, (Hiff. greg.) il y a eu trois guerres Jacrées. La premiere éclata contre les Crifléens, qui exigerent de gros droits des pélerins de Delphes, & pillèrent le temple d’Apollon ; la guerre leur fut dé- clarée par ordre de l’oracle & des amphy@ions ; ils foutinrent un fiege de dix ans dans leur ville , qui fut enfin emportée d’aflaut. La feconde guerre facrée s’éleva contre les Phocéens & les Lacédémoniens ; elle dura neuf ans, & finit par la mort de Philomé- lus, chef des Phocéens , qui voyant fon armée dé- faite , fe précipita du haut d’un rocher. La troifieme guerre facrée, autrement nommée la guerre des confe- dérés, fe renouvella entre les mêmes peuples ; les Phocéens foutenus d'Athènes & de Lacédémone , s'unirent contre les Thébains & les Theffaliens 3 ces derniers appellerent à leur fecours Philippe de Macédoine, qui, par fon génie & fon habileté, de- vint maître de toute la Grece. Diodore de Sicile & _ Paufanias ont eu l’art de nous intéreffer à leurs def- criptions de toutes ces guerres, comme fielles fe fai- foient de nos jours. (D. J.) SACRÉE colline , ( Géog. anc.) facer collis ; colline d'Italie, au bord du Teverone. Elle étoit, felon Tite- live, LIT. c. xxx17, À 3 milles de Rome, & à l’autre bord du Teverone. Il l'appelle facer mons , & il pen- . Che plus pour ceux qui croient que le peuple romain s’y retira, lorfqu'il fe brouilla avec fes magiftrats, Tome XIV, S À C 477 que pour ceux qui difent que ce fut fur le mont Aventin. Valere Maxime, Z. PTIT. c. ix. nomme auf la colline facrée en parlant de cette {édition du peu- pie. Il dit : Regibus exaïtis ; plebs diffidens à Patribus, Juxtà ripam Anienis , ir colle qui facer appellatur, ar nata confèdit, ( D. J.) SACREMENT, f. m. (Théologie. ) en général eft un figne d’une chofe fainte ou facrée. Voyez SIGNE. Ce mot vient du latin /acramentum , qui fignifie un _Jerment, & fingulierement celui que chez les anciens les foldats prêtoient entre les mains de leurs géné raux , &t dont Polybe nous a confervé cette formule. Obremperaturus fum & fa&lurus quidquid mandabitur ab imperatoribus juxta vires. Pobéirai à mes généraux £ J'éxécuterai leurs ordres en tout ce qui féra en mon pouvoir. Dans un fens général , on peut dire avec S. Au- guftin que nulle religion, foit vraie, foit faufle , n’a pu S’attacher les hommes fans employer des fignes fenfibles ou des facremens. Ainf la loi de nature a eu les fiens, telle que l’offrande du pain & du vin, prati- quée par Melchifédech ; & l’on trouve dans celle de Moïfe la circoncifion , l'agneau pafchal , les purifi- cations, la confécration des pontifes., Le paganifme pourra mettre aufli au nombre de fes facremens les luftrations, les expiations , les cérémonies des myf- teres d'Eleufine & de Samothrace, car tout cela étoit fymbolique & fignificatif. Maïs dans la loi nouvelle, Le mot facremens fignifie une fgne fenfble d’une grace fpirituelle , inftitug par notre Seigneur Jefus-Chrift pour la fanéification des hommes. Socin &c fes difciples enfeignent que les Jacremens ne font que de pures cérémonies , Qui ne ferventtout- au-plus qu'à unir extérieurement les fdeles enfem- ble , &c à les diftinguer des juifs & des gentils. Les Proteftans n’en difent guere davantage, en pré- tendant que les /acremens ne font que de pures céré- momies inflituées de Dieu, pour fceller & confirmer les promefles de la grace, pour foutenir notre foi & pour nous exciter à [a piété. Ils n’en admettent COM munément que deux , le baptême & l’euchariftie * ou , comme ils appellent, /3 fainre cône : les Angli- cans y ajoutent la confirmation. Les Catholiques au contraire, qui penfent que les Jacremens produifent par eux-mêmes la grace fan@i- fiante , en admettent fept après toute la tradition 5 favoir le baptême, la confirmation , l’euchariftie la : LS \ 5 L pénitence, l’extrème-onttion, l’ordre, & le mariage > nous avons traité de chacun en particulier {ous leur article. Voyez BAPTÊME, Gc. Les facremens font des êtres moraux qui font ef. fentiellement compofés de deux parties , de quelque chofe de fenfible, & de quelques paroles. C’eft de Punion de ces deux parties que réfulte le Jacremenr : audit verbum ad elementum , dit S. Auguftin , rail, 8. in Joan. & fit facramentum. Les théologiens {cho- laftiques ont donné le nom de mariere aux chofes fen- fibles, & le nom de forme aux paroles. Voyez Ma- TIERE 6 FORME. | Les Proteflans foutiennent que les paroles qui en- trent eflentiellement dans la compofition des Jacre- rnens, doivent renfermer une in{truétion ou contenir une promefle. Mais l’une & l’autre prétention n’ont nul fondement dans l’Ecriture ou dans la tradition, & d’ailleurs la fin prochaine des Jacremens n°’eft pas d’inftruire les hommes, ou de leur promettre la grace, mais de la leur conférer ; ainf ces paroles font pro- prement confécratoires , foit en retirant de l’ufage profane la chofe fenfible qui forme la matiere , foit en initiant aux myfteres divins , celui qui reçoit les Jacremens. Maïs outre l'application de la forme & de la ma. tiere, on exige encore dans le miniftre qui confere Oooï | 478 SA C Âes Jäcremens , Vintention de faire ce que fais V Egtife. On difpute beaucoup dans les écoles fur la nature de cette intention , favoir f elle doit être intérieure &t attuelle | ou fi une intention habituelle, ou vir- tuelle , ou extérieure, eft fuffifante pour la validité du facrement. Voyez INTENTION, Les facremens confidérés en général fe divifent en facremens des morts & Jacremens des vivans. On en- tend par facremens des morts ceux qui font deftinés à rendre la vie fpirituelle ou aux perfonnes quine l'ont pas encore reçue, comme le baptème, ou à celles qui l'ont perdue après en avoir été favorilés , comme la pénitence. Par facrermens des vivans | on entend ceux qui font deftinés à fortifier les juftes & à augmenter en eux la vie fpirituelle de la grace ; tels que fontla confirmation, l’euchariftie, 6'c. Onles divife encore en facremens qui {e réiterent , c’eft-à-dire qu’on re- çoit plufieurs fois |, comme la pénitence, l’eucha- riftie , l’extrème-onttion, & le mariage ; &c en acre- mens qui ne fe réiterent point , comme le baptême, la confirmation & l’ordre. La raïfon de cette diffé- rence vient de ce que ces derniers impriment ca- raétere. Voyez CARACTERE. Les facremens de la nouvelle loi produifent la grace par eux-mêmes, ou, comme parlent les fcho- laftiques , ex opere operato , c’eft-à-dire par la fimple application du rit extérieur. Mais agiflent-ils en cette occafñon comme caufe phyfique ou comme caufe motale? L'école eft partagée fur cetre queftion ; les Thomiftes foutenant que les Jacremens produifent d'eux-mêmes la grace par une influence réelle en agiffant immédiatement fur Pame ; les Scotiftes au contraire prétendant que l'application & l’admi- niftration extérieure des facremens déterminent Dieu à donner la grace , parce qu’il s’eft engagé d’une ma- miere fixe & invariable à l’accorder à ceux qui les recoivent dignement. Ce dernier fentiment paroît Le plus vraiflemblable , car 1l n’eft pas aifé de conce- voir comment les /acremens qui font des êtres corpo- rels, peuvent immédiatement agir fur l’ame qui eft une fubftance fpirituelle. Quoiqu’on convienne en général que Jefus-Chrift a inititue tous Les /zcremens , parce que lui feul a pu, attacher à des chofes corporelles & fenfibles la ver- tu de communiquer la grace fanéhifiante , 1l n’eft pas également conftant s’il les a tous inftitués 2mmédia- tement, C’eltèà-dire par lui-même , ou rédiatement, c’eft-à-dire par fes apôtres &z par fon Eglfe. Il n’y a point de difficulté par rapport au baptème & à l’eu- chariftie. Quant aux autres, le fentiment le plus fuivi eft qu’il les a inftitués immédiatement , mais ce n’eft pas un point de foi, puifque les Théologiens foutien- nent librement le contraire. Les facremens font néceflaires pour obtenir la jufti- fication , mais non pas tous au même degré. Les uns, comme le baptème & la pénitence, font néceflaires d’une nécefité de moyen, c’eft-à-dire que fans le baptême ou fon defir les enfans ni les adultesne peu- vent être fauvés, non plus que les pécheurs ne peu- vent être juftifiés fans la pénitence ou une contri- tion parfaite qui en renferme le defir dans le cas de néceffité. Les autres font néceflaires de nécefité de précepte ; les néoliger ou les méprifer, c’eft fe re- trancher volontairement à foi-mème des fecours fpi- rituels que Jefus-Chrift n’a pas voulu préparer en vain. Enfin l’'adminiftration des fzcremens fuppofe des cérémomes ou eflentielles ou accidentelles prefcri- tes par l'Eglife. Les premueres qui intereffent la vali- dité du Jacrement ne doivent être omufes en aucun cas. Les autres peuvent être fupprimées dans le cas de néceflité. Voyez CÉRÉMONIE. SACREMENS, (Auf. eccléfiaftig. } les différentes fetes des chrétiens ont beaucoup varié fur Le nom bre des facremens ; & pour abrécer ce fujet dont le détail feroit très-étendu , je me contenterai de dire que les Chrériens deS, Thomas ne reconnoiïflent que trois Jacremens , le baptème , l’ordre & l’euchariftie, S. Bernard mettoit au nombre des facremens la céré- monie de laver les piés qui fe pratique le jeudi-faint. Damien établifloit douze facremens. Ifidore de Séville ne compte pour facremens que Le baptême, le chrême ê&t l’euchariffie. Les Arméniens en général ne met- tent point la confirmation & l’extrème-onftionentre les facremens ; mais Vardanès , un de leurs doéteurs. établit fept facremens , favoir le baptême , la célébra- tion de la liturgie, la Bénédiétion du myron, l’impo- fition des mains , le mariage, l’huile dont on ointles malades, &c la cérémonie des funérailles. (D. J.) SACRER , v. at. ( Gram.) dédier à Dieu par le Jacre ou par la confécration ; par le facre, fi c’eftune perfonne ; par la confécration , fi c’eft une chofe. Voyez SACRE & CONSÉCRATION. On facre les rois. On /acroit autrefois les pierres. SACRIFICATEUR, f. m. ( Gram. ) celui qui fas crifie à l’autel. Voyez SACRIFICE. SACRIFICATEUR ; ( Hif!. des Juifs. )voyez PrÊTRE des Juifs. Jajouterai feulement que par ces mots, Jouverain facrificateur pour toujours , I. Macchab. xiv. 21, les Juifs entendoient celui dont le facerdoce fe- toit perpétué dans fes defcendans. (D. J. SACRIFICE , f. £. ( Gram. ) culte qu’on rend à la divinité par loblation de quelque vitime , où par quelqu'autre j'réfent. SACRIFICE D'ABEL, ( Critique facrée. ) plufieuts leéteurs vont me demanderavec curiofté, que jeleur dife dans cet article, en quoi confiftoit le Jacrifice d’' Abel, pourquoi l'être fuprème eut égard à fon of- frande, & non à celle de Cain, qui cependant lui préfentoit les prémices de fon travail & le fruit de {a fueur ; enfin comment Dieu fit connoïtre que lo- blation d’Abel lui étoit feule agréable. Je vais répon- dre de mon mieux à ces trois queftions qui partagent les interpretes de l’Ecriture, anciens & modernes. L'auteur de la Genèfe, c. iv, v. 4. dit, fuivant nos traduétions., qu’ Abel offrir des premiers nés de fon bé- tail, 6 de leur graiffe ; c’eft fur ce paflage que la plû- part des commentateurs, d’après les rabbins , croient qu'Abel offrit à Dieu les premiers nés de fon trou- peau en holocaufte, & ils prétendent que cet ordre de facrifce étoit Le feul qui füt en ufage avant la loi ; mais divers favans, au nombre defquels eft l’itluftre Grotius , font d’une autre opinion. Ils penfent qu’A- beln’ofirit que du lait, ou de la crême de fon bétails ils remarquent, pour appuyer leur fentiment, que l’on n’offroit à Dieu que ce qui fervoit de nourritu- re aux hommes ; & comme avant le déluge ils nu- foient point de viande, ils ne facrifioient auffi au- cune créature vivante. | Nos verfons difent qu’ Abel offrit des premiers nés de fa bergerre, & de leur graiffe. Grotius & M, le Clere obfervent que par les premiers nés , il faut entendre les meilleurs , & que le terme #23 fisnifie fouvent tout ce qui excelle dans fon genre. Is remarquent encore que le mot Kha/ab, que l’on a traduit par ce- lui de graifle, fignifie auffi du Zi, ou la graife du lait, C’eft-à-dire de la crème; que c’eft ainf-que les feptante l'ont fouvent rendu , & en particulier Ge- nefexvuy, 8. où nos verfons portent du /air, Les an- ciens égyptiens offroient aufli.du lait à leurs dieux, Diodore de Sicile rapporte que les habitans de l’île de Méroë avoient coutume de remplir tous les jours trois cens forxante vaifleaux.de lait, en invoquant les noms des divinités qu'ils adoroient, | Quant au défaut du facrifice de Caïn, Philon le fait confifter en deux chofes : 1°. qu’il ne l’ofrit pas aflez promptement , mais y: muepas, après quelques Jours ; 2°. qu'il n’offrit que des PA de laterre, & nonles premiers nés de fon bétail. L'auteur facré de Pépitre aux Hébreux,c. z7.v. 4. dit bien mieux, que ce fut la foi d’Abel qui fit préférer fon facrijice à celui de Cain; cette foi, quieft une fubfftance, ou une ferme attente , {rosrasse , des chofes qu’on efpere, c’eft-à-dire, la perfuañon que Dieu récompenfera les gens de bien dans cette vie ou dans uneautre. Selon la plüpart des commentateurs, Dieu fit def- cendre le feu du ciel pour marquer que le Jacrifice d'Avèl hu étoit agréable ; mais 1l eft fort permus de penfer différemment. On convient qu'il y a dans l'hiffoire fainte des exemples de acrifices confumés _ par un feu miraculeux ; mais lorfque cela eft arrivé, l'Ecriture l’a dit en termes exprès, au lieu que dans Poccañon dontil s'agit ici, 1l n’eft point fait mention d’un tel feu; &nousue devons pas fuppofer des mi- racles fans nécefiré. D'ailleurs il y a tout lieu de croireque limpie Cain fe feroit mis peu enpeine que {on facrifice füt confumé par le feu où non. Il eft donc naturel de chercher quelqu'autre marque de lappro- bation de Dieu dont Cain ait pu êtretouché, & qui ait été capable d’exciter fon reflentiment contre fon frere ; or voici l’idée ingénieufe d’un profefleur de Leyde fur cette troifieme queftion. I! convient.que Moïfe rapporte ( immédiatement après avoir dir que Cain & Abel offrirent des fzcrift- ces ) que Dieu eut égard à Poblation d’Abel, & qu'il n'eut point d'ésard à celle de Cain ; mais lonne doit pas conclure de-là que les marques de l’approbation divine fuivirent d’abord le /acrifice. La maniere dont cette hiftoire nous eftrapportée, nous infinue qu’A- bel 8 Cain vécurentplufñeurs années , lun comme berger , & l’autre comme laboureur ; & lon peut {uppofer, fans faire violence au texte, quelorfqw'ils retirerent quelque proft de leur travail, ils en offri- tent les fruits à Dieu, & qu’ils continuerent pendant plufeurs années. Abel, dit l’hiftorien facré, étoit berger ; mais Cain étoit laboureur , & il arriva ax bout de quelque reins, &cc. Ces paroles, au bout de quelque tems ; en hébreu mikketz Jamir , fignifient quelquefois 4x bout de quelques où plufeurs années, comme on peutle voir Deur. c. xiv. y. 28. au bout de sroisans , où le mot de rois détermine le nombre des armées; mais comme il ny a point de nombre marqué dans le paflage en queition, on pourroit le traduire, ax bout de quelques années. En eflet , 1l eft très-probable que ce ne fut qu’au bout de quelques années qu’Abel connut qu’il étoit agréable à Dieu, & Caïn qu'il ne l’étoit point. Le premier profpéra , & vit fon troupeau augmenter : Caïn au contraire s’apperçut qu’il ne fleurifloit point, êt que la terre ne lui fournifloit pas d’abondantes ré- coltes: ce furent-là les voies par lefquelles Dieu fit connoitre qu'il avoit agréé le /acrifice d’ Abel, & qu'il n’avoit point eu égard à cehu de Cain ; & cel ce qui aignit le jaloux Cain contre fon frere. Voyant que Lieu le bénifloit beaucoup plus que lui , il réfo- lut enfin de le tuer, & exécuta cet horribledeflein. On fait de quelle maniere attendriflante & pathé- tique auteur fpirituel du poëme de la sort d’Abela traité tout récemment ce fujet de notre religion. : Non-feulement c’eft un ouvrage neuf par fa ftru@u- | re, fa forme &c fon ton ; mais M. Geffner a encore eu l’art d'augmenter l’intérêt que nous prenons à cet évenement de lhiftoire fainte, par la maniere vive & touchante dont il peintles diverfes paflions de nos premiers ayeux, & par Îles graces & la vérité aul met dans fes tableaux , lortaul décrit les mœurs des premiers hommes qui ont habité la terre. À l’é- gard du facrifice qu'Abel offrità Dieu, il a cru devoir préférer l’opimion d'une viéime en holocaufte, au fentiment de Grotius, & voici comme ils’exprime à ce fujet dans la traduétion foignée qu’en a faite M. Huber. C’eft:un trop beau morceau pour n’en pas décorer mon article. Lifez-le, | à SA C 479 Le foleil ne donnant plus qu’unelumiereadoucie, dardoit encore fes derniers rayons à-travers le feuil- lage , prêt à s’aller cacher derriere les montagnes ; les fleurs difiribuoïent leurs parfums fur les zéphirs, comme pour les charger de les exhaler fur lui; & les oifeaux à l’envi lui donnoïent l’agréable amule- ment de leurs concerts. Cain & Abel arriverent fous le feuillage , & virent avec une Joie délicieufe leur pere rendu à leurs yeux. Sa priere finifloit, 1l feleva, &c embrafla les larmes aux yeux, fa femme & fes enfans ; après quoiil s’en retourna dans fa cabane. Cependant Abel dit à Cain: mon ches frere, quelles attons de graces rendrons-nous au feigneur de ce qu'il a exaucé nos gémiflemens , & de ce qu’il nous rend notre précieux pere? Je vais pour mot, à cette heure où la lune fe leve, m’acheminer vers mon au- tel , pour y offrir au feigneur en /acrifice le plus jeune de mes agneaux. Et toi, mon cher frere, es-tu dans la même idée? Voudrois-tu aufli fur ton autel, faire un facrifice au feioneur ? Caïn le regardant d’un œil chagrin: oui , dit-il, je vais aller à mon autel offrir en Jacrifice au feigneur , ce que la pauvreté des champs me donne. Abel lui répondit gracieufement : mon frere, le feigneur ne compte pour rien l'agneau qui brüle devant lui, ni les fruits de la campagne que la flamme confüme, pourvu qu'une piété fans tache brüle dans Le cœur de celui qui donne lun ou Pautre, Caïn repartit : il eft vrai, le feu tombera tout d’a- bord du ciel pout confumer ton holocaufte; car c’eft par toi que le feigneur a envoyé du fecours ; pour moi il m'a dédaioné; mais je n’en irai pas moins lui ofrir mon facrifice, Abel alors fe jetta tendrement au cou de Caïn, en difant : ah, mon frere, mon cher frere, eft-ce que tu te fais un nouveau fujet de chagrin de ce que le feigneur s’eft fervi de mot pour porter du fecours à mon pere ? S'il s’eft fervi de moi, c’eft une commit- fon dont il m'a chargé pour nous tous. O mon frere, écarte, je ten fupplie, ces fâcheufes idées; le fei- gneur qui lit dans nos ames, fait bien y découvrir les penfées injuftes & les murmures fourds Aime- moi , comme je t'aime. Vas ofrirton fzcrifice ; mais ne permets pas que des difpofitionsimpures en {ou:l- lent la fainteté; & compte qu'alors Le feigneur rece- vra favorablement tes louanges & tes aétions de gra- ces, & qu’il te bénira du haut de fon thtône. Caïn ne répondit point ; 1l prit le chemin de fes champs, & Abel le regardant avectriftefle, prit ces lui de fes pâturages, chacun s’avançant vers {on au- tel. Abel ésorgea le plus jeune de fes agneaux , l’é- tendit fur l'autel, le parfema de branches aromati- ques & de fleurs, & mit le feu à lholocaufie; puis échaufté d’une piété fervente , il s’agenouilla devant l'autel, & fit à Dieu les a&tions de graces & les louan- ges les plus affeétueufes. Pendant ce tems , la flamme du Jacrifice s’élevoit en ondoyant à-travers les om- bres de la nuit ; le feigneur avoit défendu aux vents de fouñler , parce que le facrifice lui étoit agréable. De fon côté, Cain mit des fruits de fes champs fur fon facrifice, & fe profterna devant fon autel; aufhi- tôt les buiffons s’agiterent avec un bruit épouvanta- ble, un tourbillon diffipa en mugiflant, le /acrifice, êt couvrit le malheureux de flammes & de fumée.Il recula de l’autel en tremblant, & une voix terrible, qui fortit de la nuée, lui dit : pourquoi trembles-tu, &e pourquoi la!terreur eft-elle peinte fur ton vifage? Il en eftencore tems, corrige-toi, je te pardonnerai ton péché; finon ton péché & fon châtiment te pour- fuivront jufqué dans ta cabane, Pourquoi haïs-tu ton frere ? 1l t'aime & r'honore. La voix fe tut , & Cain faif de frayeur quitta ce lieu affreux pour lui, &c s’en * retourna; le vent furieux chafloit encore après luila fumée infette du facrifice ; fon cœur friflonnoit, && une fueur froide coula de fes membres, A30O S À C Cependant , en promenant {es regards, il vit dans la campagne les fltmmes du facrifice de fon frere qui s’élevoient en tournoyant dans les airs. Défefpéré par ce fpectacle, :l tourna fes pas ailleurs, & traina loin de-là fa noire mélancolie, jufqu'à ce qu'’enfinil s'arrêta {ous un buiflon, & bientôt le fommeil dé- ploya fur lui fes fombres ailes. | Depuis long-tems un génie que l’enfer appelloit Anamalech, obfervoit fes démarches. il fuivit en {e- cret les traces de Caïn, & faifit ce moment pour troubler {on ame par toutes lesimages quipouvoient faire naître en lui, légarement, l’envie à la dent cor- rofive, la colere emportée , & toutes les pafions fu- tieufes. Tandis que l’efprit impur travailloit à trou- bler ainf lame de Caïn , un bruit épouvantable {e fit entendre fur la cime des montagnes, un vent mugif- fant agitoit les buiflons , & rabattoit les boucles des cheveux de Cain le long de fon front &c de fes joues. Muis en vain les buiflons mugirent ; en vain les bou- cles de fes cheveux battirent fon front & fes joues, le fommeil s’étoit appefanti fur fes yeux; rien ne put Les lui faire ouvrir. Caïn frémioit encore de fon fonge, lorfqu’Abel qui l’avoit apperçu dans le bocage au pié du ro- cher, s’approcha , & jettant fur lui des regards pleins daffeétion , il dit avec cette douceur qui lui éroit propre : ah mon frere, puifles-tu bientôt te réveil- ler, pour que mon cœur gros de tendrefle, te pile exprimer fes fentimens , & que mes bras puiffent t’embraffer ! Mais plutôt modérez-vous, defirs em- preflés. Peut-être que fes membres fatigués ont en- core befoin des influences reftaurantes du fommeil. Mais. .. comme le voilà étendu, défait... inquiet; . -.. la fureur paroit peinte fur fon front. Eh pour- quoi le troublez-vous, fonges efrayans? laiflez fon ame tranqulle; venez, images agréables, peintures des douces occupations domeftiques &c des tendres embrafflemens , venez dans fon cœur. Que tout ce qu'il y a de beau & de flatteur dans la nature, rem- phile fon imagination de charmes & de délices; qu”- elle foit riante comme un jour de printems ! que la joie foit peinte fur fon front, & qu’à fon réveil les hymnes éclofent defes levres. À ces mots, il fixafon frere avec. des yeux animés d’un tendre amour & d’une attente inquiete. Tel qu'un lion redoutable dormant au pié d’un ro- cher , glace par fa criniere hériflée le voyageur trem- blant, & loblige à prendre un détour pour pañler : fi d’un vol rapide une fleche meurtriere vient à lui percer le flanc, il fe leve foudain avec des rugiffe- mens affreux, & cherche fon ennemi en écumant de rage ; le premier objet qu’il rencontre, fert de pâtu- ‘reàfa fureur ; il déchire un enfant innocent quu fe joue avec desfleurs fur herbe, Ainfi fe leva Cain les yeux étincelans de fureur. Maudite foit l'heure, s’é- Cria-t-1l, à laquelle ma mere, enme mettantau mon- de, a donné la premiere preuve de fa trifte fécon- dité. Maudite foit la région oùelle a fenti les premie- _res douleurs de lenfantement. Périfle tout ce qui y eft né. Que celui qui veut y femer, perde fes peines, _&t qu'une terreur fubite fafle treflaillir tous Les os de Ceux qui y pañleront. Telles étoient les imprécations du malheureux Cain, lorfqu’Abel pâle, comme on l’eft au bord du ‘ tombeau, rifqua de s’avancer à pas chancelans. Mon frere, lui dit-1l d’une voix entrecoupée par l’effroi : mais non...Dieu!...je friflonne ! . .. un des fédi- | tieux reprouvrés que la foudre de l’Eternel a préci- . pités du ciel , a fans doute emprunté fa figure, fous laquelle il blafphème? Ah fuyons, Où es-tu, mon frere , que je te bénifle? Le voici s’écria Cain avec une voix de tonnerre, le voici ce favori du vengeur éternel & de la natu- re; ah toute la rage de l’enfer eft dans mon cœur. Ne pourrai-je? ... Cain, mon frere, dit Abel, en l’in- terrompant avec une émotion dans la voix & uneal- tération dans le vifage , qui exprimoit tout-A-[a-fois fa furprife , fon inquiétude & fon affeétion, quel fonge affreux a troublé ton ame? Je viens dès l’au- rore pourte chercher, pour t'embrafler, avec le jour naïflant ; mais quelle tempête intérieure t'agite ? Que tu reçois mal mon tendre amour ! Quand viendront hélas , les jours fortunés, les jours délicieux où la paix & lPamitié fraternelle rétablies feront revivre dans nos ames le doux repos &c les plaifirs rians, ces jours après lefquels notre pere affigé & notre tendre mere foupirent avec tant d’ardeur? O Cain, tu ne comptes donc pour rien cesplaifirs de la réconcilia- tion , à quoi tu feignis toi-même d’être fenfible, lorf- que tout tranfporté de joie je volai dans tes bras? EX ce que je t’aurois offenfé depuis ? Dis-moi fi j'ai eu ce malheur; mais tu ne cefles pas de me lancer desregards furieux. Je en conjure par tout ce qu’il yade facré, lafle-toi calmer, fouffre mes innocentes carefles ! En difant ces derniers mots, il fe mit en de- voir d’embrafler les genoux de Caïn; mais celui-ci recula en-arniere ; . . . ah, ferpent, dit-il, tu veux m'entortiller ! ... & en même tems ayant faifi une lourde maflue , qu'il éleva d’un bras furieux, il en frappa violemment la tête d’Abel. L'innocent tomba. à es piés, le crane fracaflé; il tourna encore une fois fes regards fur fon frere, le pardon péint dans les yeux, & mourut ; {on fang coula le long des bous cles de fa blonde chevelure , aux piés même du meurtrier. À la vue de fon crime, Cain épouvanté étoit d’une pâleur mortelle ; une fueur froide couloit de fes membres tremblans ; 1l fut témoin des dernierescon- vulfions de fon frere expirant. La fumée de ce fang . qu'il venoit de verfer , monta jufqu’à lui. Maud coup | s’écria-t-1l, mon frere ! . .. reveille-toi. , .. reveille-toi, mon frere ? Que fon vifage eft pâle! Que fon œil eft fixe ! Comme fon fang inonde {a tête ... Malheureux que je fuis....Ah, qu’eft-ce que je preflens !... Il jetta loin de lui la maflue fanglante. Puis fe baiffant fur la malheureufe vitime de fa rage, 1l voulut la relever de terre. Abel! .,.. mon frere .... crioit-il au cadavre fans vie; Abel, réveille-toi. ...Ah, l'horreur des enfers vient me faifir ! O mort... c’en eft donc fait pour toujours, mon crime eft fans remede. ( Le chevalier DE JAv- COURT. ) SACRIFICES du paganifine ,( Mythol, anti. Liz. y Théophrafte rapporte que les Esyptiens furent les premiers quioffrirent à la divinité des prémices, non d’encens.ëc de parfums, bien moins encore d’ani- maux, mais de fimples herbes , qui fontles premie- res produétions de la terre. Ces premiers facrifices furent confumés par le feu , & de [à viennent les ter- mes grecs Due, Just , Suuäéripor, Qui fignifient /4- crifier ; Gc. On brula enfuite des parfums, qu’on ap- pella apouaTa , du grec cpoopies » qui veut dire prier. On ne vint à facrifier les animaux que lorfqu’ils eu- rent fait quelque grand dégât des herbes ou des fruits qu'on devoit offrir {ur l’autel. Le même Théophrafte ajoute qu'avant l’imnolation des bêtes, outreles of- frandes des herbes & des fruits de la terre, les facri- Jices des libations étoient fortordinaires, en verfant fur les autels de l’eau, du miel , de l’huile, & du vin, & ces facrifices S'appelloient Nephalia , Melirof: ponda, Elæofponda , Ænofponda. Ovide aflure que le nom même de v:4ime mar- que qu’on n’en égorsea qu'après qu'on eut remporté des viétoires fur les ennemis , & que celui d’hoftie fait connoître que les hoftilités avoient précédé. En effet, lorfque les hommes ne vivoient encore que de légumes , ils n’avoient garde d’immoler des bêtes S À C dont la loi du facrifice vouloit qu’on mangeât quei- que partie. | Ante Deos homini quod conciliare valerer, _ Fascrar, 6 puri lucida mica fauis. _ Pythagore s’éleva contre ce maflacre des bêtes , oit pour les manger , ou les facrifier. Il prétendoit qu'il feroit tout au plus pardonnable d’avoir facriñié le pourceau à Céres, & la chevre à Bacchus , à caufe du ravage que ces animaux font dans les blés & dans les vignes ; mais que les brebis innocentes , & les -bœufs utiles au labourage de la terre , ne peuvent simmoler fans une extrême dureté , quoique les hommes tâchent inutilement de couvrir leur injufa- _ ce du voile de l'honneur des dieux : Ovide embrafle la même morale, Nec fatis eff quod sale nefas commitritur ipfos Infcriplère deos Jcelert ; numenque Jupernum , Cœæde labonifert credunt gaudere juvenci. Horace déclare auf que la plus pure & la plus fimple maniere d’appaifer les dieux, eff de leur offrir de la farine, du fel, & quelques herbes odorifé- xantes. Te nihil artiner Tensare mulré cœde bidentium , Mollibis averfos penates , Farre pio, 6 faliente mica, Les payens avoient trois fortes de facrifices, de pu- blies , de domeftiques , & d’étrangers. Les publics , dont nous décrirons les cérémonies avec un peu d’étendue , fe failoient aux dépens du public pour le bien de létat, pour remercier les dieux de quelque faveur fignalée, ou les prier de détourner les calamités qui menaçoient, ou qui af- fhgeoient un peuple, un pays, une ville, Les facrifices domeftiques fe pratiquoient par ceux d’une même famille, & à leurs dépens, dont ils char- -geoient fouvent leurs héritiers. Auf Plaute fait dire à un valet nommé ÆErgafile, dans fes captifs, qui, avoit trouvé une marmite pleine d’or, que Jupiter : Q y « A lui avoit envoyé tant de biens , fans être chargé de faire aucun /acrifice. 2 Sine facris hereditatem fuam adeprus effertiffimam. « Jai obtenu une bonne fucceffion, fans être obligé » aux frais des facrifices de la maïfon ». Les Jacrifices étrangers étoient ceux qu’on faifoit lorfqu’on tranfportoit à Rome les dieux tutélaires des villes ou des provinces fubjuguées , avec leurs myfteres & les cérémonies de leur culte religieux. De plus , les facrifices s’offroient encore ou pour lavantage des vivans, ou pour le bien des défunts, car la fête des morts eft ancienne, les Romains l’a- voient avant les catholiques ; elle fe célébroit chez eux au mois de Février, ainfi que Ciceron nous l’ap- prend: Februario menfe, qui sunc extremas anni men- Es erat, mortitis parentari voluerant. La matiere des fxcrifices étoit comme nous l’avons dit , des fruits delaterre, ou des vi@imes d’animaux, dont on préfentoit quelquefois la chair & les entrail- les aux dieux, êtquelquefois on fe contentoit de leur offrir feulement lame des viétimes, comme Virgile fait faire à Entellus , qui immole un taureau à Eryæ, pour la mort de Darès , donnant ame pour ame, Hanc nibi,Eryx, meliorem animam pro morte Daretis , Perfolvo, Les facrifices étoient différens par rapport à la di- verfité des dieux que les anciens adoroient ; car il ÿ enavoit aux dieux céleftes, aux dieux des enfers, aux dieux marins , aux dieux de l'air, & aux dieux S À C A8?) blanches en nombre impair ; aux feconds des vidi= mes noires , avec une hibation de vin pur & de lait chaud qu'on repandoit dans des fofles avec le {an des viétimes ; aux troifiemes on immoloït des hofties noires & blanches fur le bord de la mer , jettant les entrailles dansles eaux, le plus loin que l’on pouvoit, SE y ajoutant une effufñon de vin. cadentem in littore taurum , Conflirutam ante aras voti reus , extaque [alfos Porriciarn in fluilus | 6 vina liquentia findam. On immoloit aux dieux de la terre des viimes blanches , & on leur élevoit des autels comme aux dieux céleftes ; pour les dieux de lair, on leur of- froit feulement du vin, du miel, & de l’encens, On failoit le choix de la viétime, qui devoit être faine & entiere, faas aucune tache ni défaut: par exemple elle ne devoir point avoir la queue poin- tue, nt la langue noire, ni les oreilles fendues, com- me le remarque Servius, fur ce vers du 6 de l'E- : néide. Toridern leilas de more bidentes. T4 fe, ne habeant caudam aculearam , ec linguam ni- ram, nec aurem fiflam : & 1 falloit que les taureaux n’euflent point été mis fous le joug. Le choix de la viétime étant fait | on lui doroit le front &c les cornes , principalement aux taureaux , au gémiles , & aux vaches : Et flatuam ante aras auraté fronte juvencum. Macrobe rapporte ax L. liv. des faturnales, un arrêt du fénat, par lequel il eft ordonné aux décem- virs, dans la folemnité des jeux apollinaires , d'im- moler à Apollon un bœuf doré, deux chevres blan- ches dorées, & à Latone une vache dorée. | On leur ornoit encore la tête d’une infule de laine: d’où pendoient deux rangs de chapelets, avec des rubans tortillés, & fur le milieu du corps une forte d’étole affez large qui tomboit des deux côtés ; les moindres viétimes étoient feulement ornées de cha peaux de fleurs & de feftons, avec des bandelettes ou guirlandes blanches. Les viétimes ainfi parées, étoient amenées devant l'autel, & cette action s’exprimoit par ce mot grec éyur, a, agere, ducere ; la victime s’appelloit ago- 14, &t ceux qui la conduifoient, agores. Les pe- tites hofties ne fe menoient point par lelien, on les conduifoit feulement, les chaffant doucement devant 101; mais on menoit les grandes hofties avec un li cou , au lieu du facrifice ; il ne falloit pas que la vic- time fe débattit, ou qu’elle ne voulût pas marcher, car la réfiftance qu’elle faifoit , étoit tenue à mauvais augure , le facrifice devant être libre. La vitime amenée devant l'autel, étoit encore examinée & confiderée fort attentivement, pour voir fi elle n’avoitpas quelque défaut, & cette action fe nommoit probatio hofliarum | & exploratio. Après cet examen le prêtre revêtu de fes habits facerdo- taux , 8 accompagné des vidlimaires, 8 autres mi- niftres des Jucrifices , s'étant lavé & purifié fuivant les cérémonies prefcrites, commençoit le fzerifice parune confeffion qu’il fafoit tout haut de fon indi- gnité , fe reconnoïffant coupable de plufieurs péchés, dont 1! demandoit pardon aux dieux, efpérant que fans y avoir égard, ils yvoudroient bien lui accorder fes demandes. Cette confeffion faite , le prêtre crioit au public ; hoc age, {oyez recueilli &c attentif au facrifice ; aufñ- tôt une efpece d’huiffier tenant en main une baguette qu'on nommoit commentaculum , s’en alloit par le temple , & en faifoit fortir tous ceux qui n’étoient pas encore inftruits dans lesmyfteres de lareligion , de laterre. On facrifioit aux premiers des viéimes | ÊT ceux qui étoient excommumes. La coutume des 492 SA C Grecs, de qui les Romains l’emprunterent, étoit que le prêtre venant à l’autel demandoit tout haut , mic rade , qui efl ici ? Le peuple répondoït &canc7 za) dyaSo, plufteurs perfonnes & gens de bien, Alors l’huit- fier crioit dans tous les coins du temple Exec, éxas tre ReGnnos, c’eft-à-dire loin d'ici méchans ; ou bien Exac, exwc (Or enirpor, loin d’ict profanes, Les Latins difoient ordinairement, mocentes, profani, abfcedite ; chezles Grecs, tous ceux qu’on chafloit des temples, _étoient compris fous ces mots généraux, Bac, &pAUTOI , cxaGaprer, Éc. Ovide a nommé dans fes faftes Ziy. II. la plüpart des pécheurs qui ne pouvoient aflifter aux myfteres des dieux. Voici fa bifte qui devroit nous fervir de reple. Traocui veniant , procul hinc , procul impius eflo Frater, G in partus mater acerba fuos : Cui pater eff vivax : qui matris digerit annos, … Que prernit invifar focrus amica nurum. Tañialide fratres abfint, 6 Jaforis uxor , Er que ruricolis femina tofla dedir ! Et foror ; 6 Progne , Tercufque duabus iniquus ; Et quicumque fuas per fcelus auget opes. Nous apprenons de ces beaux vers, qu’à parler en général, 1l y avoit deux fortes de perfonnes à qui on défendoit d’affifter aux fZcrifices ; favoir les profanes, c’eft-à-dire ceux qui n’étoient pas encore ihftruits dans le culte des dieux, & ceux qui avoient fait quelque ation énorme , comme d’avoir frappé leur pere ou leur mere, Il y avoit certains facrifices en Grece, dont les filles &c les efclaves étoient ban- mis. Dans [a Chéronée, le prêtre tenant en main un fouet, fe tenoit à la porte du temple de Matuta , € défendoiït à haute voix aux efclaves étoliens d’ entrer. Chez les Mages ceux qui avoient des taches de roufcur au vifage, ne pouvoïent point appro- cher des autels, felon le témoignage de Pline, %- vre X XX, chap. 1j. 1] en étoit de même chez les Ger- mains, de ceux quiavoient perdu leur bouclier dans le combat ; & parmilesScythes, de celui qui n’avoit pointtue d’ennemi: dans la bataille. Les dames ro- maines ne devoient aflifter aux facrifices que voilées, Les profanes &c les excommunmiés s'étant retirés, On crioit favere linguis où antumis, G pafcite linguam, pour demander le filence & Pattention pendant le Jacrifise,. Les Egyptiens avoient coutume, dans le même deflein, de faire paroître la ffatue d’Harpo- crate, dieu du filence , qu’ils appelloient gyaaccye. Pour les Romains, ils mettoient fur l’autel de Volu- pla, laflatue de la déeffe Angéronia, qui avoit la bouche cachetée, pour apprendre que dans les myf- teres de la religion, il faut être attentif de corps & d’efprit. Cependant le prêtre bénifloit l’eau pour en faire l’afperfon avec les cérémonies ordinaires, foit en y jettant Les cendres du boïs qui avoit fervi à bruler les yiclimes , foiten y éteignant la torche du facrifice ; ilafpergeoit de cette eau luftrale, cles autels & tout le peuple, pendantquele chœur des muficiens chan- toit des hymnes en l'honneur des dieux. Enfuite on faïfoitlesencenfemens aux autels aux flatues des dieux, 87 aux vitimes ; le prêtre ayant le vifagetourné vers lorient, & tenant les coins de autel, lifoït les prieres dans le livre des cérémo- nes, êtles commençoit par Janus &c Vefta, enleur offrant avant toute autre divinité, du vin êt de l’en- ceñs. Héliogobale ordonna cependant qu’on adreffit la préface des prieres au dieu Héliogobale. Domitien voulut aufli qu’on les commençât en s’adreflant à Pallas , dont 1l fe diioit fils , felon le témoignage de Philofirate. Toutefois les Romains reflituerent cet honneur à Janus &cà Vefta. Après cette courte préface , l’offciant faifoit une [3 longue oraifon au dieu à qui il adrefloit Le facrifice & enfuite à tous les autres dieux qu’on conjuroit d’être propices à ceux pour lefquels on offroit le /4- crifice , d’aflifter empire, les empereurs, les princi- paux miniftres , les particuliers , & l’état en géné- ral. C’eft ce que Virgilearelisieufement obfervé dans la priere qui fut faite à Hercule parles Saliens, ajou- tant, après avoir rapporté fes belles a&ions : S'alve vera Jovis proles , decus addire divis, Er nos 6 tua dexter adi pede facra fecundo. Æneïd. 1. VIT. Apulée rend à la déefle Ifs une a@tion de grace qui mérite d’être ici rapportée, à caufe de fa finsularite. Tu quidem fanla & humani generis fofpitarix per- petiia, femper fovendis mortalibus munifica, dulcem ma- cris affeëlionem miferorum cafibus tribuis., nec dies., nec quies ulla, acnemomentum quidem tenue tuis tranfcur- ris benefictis otiofumn | qué mari terréque protegas homi- nes, G depulfis vite procellis falutarem porrigas dexte- ram, qué fatorum etiarn inextricabiliter contorta retrac cas licia, & fortune tempeftates misigas , & flellarum varios meatus cohibes. | Te fuperi colunt, obfervant infert , tu rotas orbém, luminas folem , regis mundum , calcas tartarum ; tibi refpondent fidera, redeunt rempora, gaudent numina, Jerviunt elementa, tu0 natu fpirant flumina | nurriunt nubila , germinant femina, crefeunt gramina. Tuam majeflatem perhorrefcunt aves cœlo meantes, feræ mon- tibus errantes , ferpentes folo latenres belluæ, ponto ra- Larites, At ego referendis laudibus tuis exilis ingerio, & adhibendis facrificiis tenuis patrimonio. Nec mihi vocis ubertas, ad dicenda que de tut mageftate fentio, fufficir, nec ora mulle, linguæque totidem, velindefenft fèrmo- nis œterna fèries. Ergo quod folim pote? religrofus qui- dem ; fed paupir, alioquin efficere curabo , divinos tu0s vulius ; numenque fanétiffimum , intra petloris mei [e- sreta conditum , perpetud cuflodiens, imaginabor. Ces prieres fe fafoient de bout, tantôt à voix bafle, & tantôt à voix haute ; ils ne les faifoient af- fis que dans les facrifices pour les morts. Mulsis dum precibus Jovem falurat, Srans fummos refupinus ufque in ungues. Mart. 1. XII. épigr. 78. Virgile dit : Eucomèim forté parentis, Pilumni Turnus facraré valle fédebar. Æneid, L IX, | Le prêtre récitoit enfuite une efpece de prône, Due profpérité des empereurs &c de l’état, comme nous l’apprenons d’Apulée, livre I. de Pâne d’or. Après, dit-il, qu’on eut ramené la proceffion dans. le temple de la déeffe Ifis, un des prêtres appellé grammateus, {e tenant debout devant la porte du chœur, affembla tous les paftophores, & montant fur un lieu élevé, prit fon livre, lut à haute voix plu. fleurs prieres pour l’empereur, pour le fénat, pour les chevaliers romains, & pour le peuple, ajoutant quelque infftuétion fur la religion: Tunc exirs quem cunili grammateum vocabant, prô foribus affiftens, cœtu pafiophorum (quod facro fanchi collegii nomen eff) velut in concionem vocato , indidem de fublimi Jugseftu, de libro, de listeris fauffé voce pr@fatus principi magno, Jenatuque, equiti, totique popule, noticis, navibus, &tc. Ces cérémonies finies, le facrificateur s’étant aflis, &les viétimaires étant debout, les magiftrats ou les” perfonnes privées quioffroientles prémices des fruits avec la viétime, faïfoient quelquefois un perit difcours ou maniere de compliment; c’eftpourcelaque Lucien: en fait faire un par les ambaffadeurs de Phalaris aux prêtres de Delphes, en leur préfentant de fa part un, taureau SAC taureau dairain, qui étoit un chef-d'œuvre de l’art, À mefure que chacun préfentoit fon offrande, il alloit fe laver les mains en un lieu exprès du tem- ple, pour fe préparer plus dignement au facrifice , & pour remercier les dieux d’avoir bien voulu recevoir leurs viétimes. L’offrande étant faite, le prêtre off- ciant encenfoit les viétimes, & les arrofoit d’eau luf- trale ; enfuite remontant à l'autel, il prioit à haute voix le dieu d’avoir agréables les vi&imes qu'il lui _aloït immoler pour les nécefités publiques, & pour telles ou telles raïfons particulières ; & après cela le prêtre defcéndoit au bas des marches de l’autel , à recevoit de la main d’un des minifires, la pâte facrée appellée #0/4/falfa, qui étoit de farine d'orge ou de froment, pâitrie avec le {el & l’eau, qu'il jettoit fur a tête de la viétime , répandant par-deflus un peu de vin; cette action fe nommoit iyzm0latio , quafe moe Hlatio, comme un épanchement de cette pâte, 0/4 Jalfa, dit Feftus, vocasur far soum , € file parfum, quo deo molito hoflie apersanrur. Virgile a exprimé cette cérémonie en plufieurs en- droits de fon poëme; par exemple, Jamque dies infanda aderat mihi facra parari + Et jal[æ fruges, & circim rempora velle. Eneid. Z, IT. Le prètre ayant répandu des miettes de cette pâte falée fur la tête de la vidime, ce qui en conffituoit la premiere confécration, il prenoit du vin avec le fimpule, qui étoit une maniere de burette, & en ayant gouté le premier, & fait gouter aux affiflans, 1l le verfoit entre les cornes de la vidime, & pro- nonçant ces paroles de confécration, maëlus hoc vino inferio eflo, c'eft-à-dire que cette viime foit honorée par ce vin, pour être plus agréable aux dieux. Cela fait 1l arrachoït des poils d’entre les cornes de la victime, & les jettoit dans le feu allumé. Ei Jumma fcarpens media inter cornua feras 4 Tgnibus imponir facris. Il commandoit enfuite au viétimaite de frapper la viéime, & celui-ci l’afommoit d’un grand coup de maïllet ou de hache fur la tête : aufi-tôt un autte miniftre nommé popa, lui plongeoït un couteau dans la gorge, pendant qu'un troifieme recevoit le fang de lanimal, qui fortoit à gros bouillons, dont le prêtre arrofoit l’autel. Supponunt alii cultros , tepidumque cruoremt. Safcipiunt pareris. woile. La viétime ayant été ésorgée, on lPécorchoit, ex- cepté dans les holocauftes, où on brûloit la peau avec lanimal ; on en détachoit la tête, qu’on ofnoit de guirlandes & de feftons, & on l’attachoit aux pi- fers des temples, aufi- bien que les peaux, comme des enfeignes de la religion, qu'on portoit en pro- ceffion dans quelque calamité publique, c’eft ce que nous apprend ce paflage de Cicéron contre Pifon. Er quid recordaris cm omni rotius PTOVINCIG pecore crimpulfo , pellicum nomine omnem guœfiurm illum do- mefficum paternumque renovafh ? Et encore par cet au- tre de Féftus, pel/em habere Hercules Jfingivur , ur hormi- es CuÎtUS artiqui admoneantur ; lugentes quoque dicbus luëtis in pellibus fin. Ce n’eft pas que les prêtres ne fe couvriffent fou- vent des peaux des viétimes, ou que d’autres nallaf fent dormir deflus dans le temple d’'Efculape, & dans celui de Faunus, pour avoir des réponfes favorables en fonge, ou être foulagés dans leurs maladies : comme Virgile nous en aflure par ces beaux vers. Huc dora facerdos Cum'inulit G Cœfarum oviur fuB note félenti Pellibus incubuit Jtrasis 2 Jomnolque petivir ; Tome XI, S A C 493 Multa modis fmulachra vider volisansia miris ? Et varias andit voces, fruirurque deorum Colloquio, atque imis acheronta affatur avernis, Fc 6 un Pater ipfe petens refponfa Larinus 5 Centur lanigeras maëlabat rirè bidentes ; Aique haruin effulrus tergo, ffratique jacebas Velleribus. Eneide 2, FIL, p.86 Lorfque le prêtre a conduit les vidtimes À la fon. taine, 87 qu'il les y aimmolées ; il en étend pendant la nuit les peaux fur la terre , fe couche deflus & sy endort. Alors il voit mille £intômes volticer autour de lui ; il entend différentes voix ;1l s’entretient avec les dieux de Polympe, avec les divinités inême des enfers. Le roi pout s’éclaircir fur le fort de la prin- cefle, facrifia donc dans cette forêt cent brebis au dieu Faune, & fe.coucha enfuite fur leurs toïfons étendues. Cappadox , marchand d’efclaves, fe plaint dans la comédie dé Plaute intitulée Cureulio, qu'ayant cou- ché dans le’ temple d’'Efculape , il avoit vu en fonge ce dieu s’éloigner de lui; ce qui le fait réfoudre d’en {ortir, ne pouvant efpérer de guérHon, Migrare certum eff jam nunc à fano foras. Quandd Æfculapi ita féntio fenrentiam : Ur qui me nihili faciat, nec falyum velir. On ouvroit les entrailles de la victime; & après les avoir confidérées attentivement pour en tirer des préfages, felon la fcience des arufpices , on les faupoudroit de farine, on les arrofoit de vin, & on les préfentoit aux dieux dans des baffins ) Après qUOr on les jettoit dans le feu par morceaux, reddebantexte diis : de-[à vient que les entrailles étoient nommées PoOrriciæ , quod ir aræ foco poñebantur ; diifque porrige- bantur : de-fotte que cette ancienne maniere de parler, porricias inferre, veut dire, Préfenier les entrail- les en facrifice. Souvent on les arrofoit d'huile, comme nous É- {ons, Ly. FI. de l'Eneïde. Er folida ipomit taurorum vifcera flamimis , Pingue fuper oleum furdens ardenribus exris. Quelquefois on les arrofoit de lait & du fans de la viétime, particulierement dans les Jacrifices. des Morts, ce que nous apprenons de Stace ,.2, WI, de la Thébaïde. Spumantifque mèro parère vereuntur & tri Sanguinis, & rapti gratiffima cymbia laëtis. Les entrailles étant confumées, toutes!les autres cérémonies accomplies, ils croyoient que les dieux étoient fatisfaits, & qu'ils ne pouvoient manquer de voir l’accomplifiément de leurs vœux; ce qu'ils ex- primoient par ce verbe, lisare .c’eft-à- dire roue efe bien fait ; & non litare au contraire, vouloit dire qu'il manquoit quelque chofe à lintéorité du Jacrifice, & que les dieux n’étoient point appaifés. Suétone pat- lant de Jules-Céfar, dit qu'il ne put jamais facrifier une hoftie favorable le jour qu'il fut tué dansle fénat, Cœfar vitlimis cœfis litare non poruit. Le prêtre renvoyoit le monde par ces paroles 1 lices dont on fe {ervoit pareïllement à.la fin des pompes funebres 8e des comédies, pour congédier le peuple, comme en le peut. voir dans Térence & dans Plaute. Les Grecs fe fervoient de cette expref- fion pour le même fujet, aa5e demie, &c le peuple répondoit félicirer. Enfin on drefloit aux dieux le ban. quet ou le feftin facré, epulum ; on mettoit leurs fta- tues fur un lit, & on leurfervoitles viandes des vic- times offertes; c’étoit là la fonétion des miniftres des : J'acrifices , que les Latins nommoïient epulones, Ibréfulte du détail qu'on vient de lire, que les | facrifices avoient quatre parties principales ; la pre= 19 e P 1 PP A4 SAC miere fe nommoit /bario, la libation, ou ce léger effai de vin qu’on faifoit avec les effufions “fur la vic- time; la feconde 2mmolatio, Vimmolation, quand après avoir répandu fur la viétime des miettes d’une pâte falée, on l’égorgeoit ; la troifieme étoit appellée redditio, quand on en offroit Les entraiiles aux dieux; &c la quatrieme s’appelloit /zario, lorfque le facrifice fe trouvoit accompli, fans qu'il y eût rien à y redire. Je ne doïs pas oublier de remarquer qu'entre les facrifices publics, il ÿ en avoit qu'on nommoit ffara, c’eft-à-dire fixes, immobiles, qui fe faifoient tous les ans à un même jour ; & d’autres extraordinaires nommés indiéla, indiqués, parce qu’on les ordonnoit extraordinairement pour quelque occafion impor- tante & inopinée ; mais les cufieux trouveront de plus grands détails dans Stuckius, de facrificiis vere- rüm , & dans d’autres auteurs qui ont traité cette matiere à fond. J’oyez auffi les articles HOSTIE & Vic- TIME. Je n’ajouterai qu’un mot fur les fucrifices des Grecs en particulier. Ils diftinguoient quatre fortes de Jacrifices généraux; favoir, 1°. les cffrandes de pure volonté , & qu’on faïfoit en conféquence d’un vœu, en grec yapçripiæ, OU Tai, COMME pour le gain d’une viétoire; c’étoit encore les prémices des fruits offerts par les laboureurs, pour obtenir des dieux une abondante récolte ; 2°. l’offrande pro- pitiatoire, iAuoriya, pour détourner la colere de quel- que divinité offenfce, & tels éroïent tous les facrz- fices d’ufage dans les expiations; 3°. les acrifices fup- plicatoires, éirariye, pour le fuccés de toutes fortes d’entreprifes ; 4°. les facrifices expreflément ordon- nés par tous Les prophetes ou oracies qu’on venoit confulter, ma ame pavreiue. Quant aux rites de tous ces divers facrifices , il faut confulter Potter, Archæol. græc. om. . pag. 209. & fuivantes. Pour ce qui regarde les /acrifices humains, j’en dé- chargerai la lettre S , qui fera fort remplie, & je por. terai cet article au 10t VICTIME HUMAINE. ( Le che- valier DE JAUCOURT. SACRIFICES DES HÉBREUX, ( Crisiq. facrée.) avant la loi de Moïfe, la matiere des facrifices, la qualité, les circonftances, le miniftere, tout étoit arbitraire. On offroit les fruits de la terre, la graifle ou le lait des animaux , le fang ou la chair des vitimes, Cha- cun étoit prêtre ou miniftre de fes propres fucrifices, ou c'étoit volontairement qu’on déféroit cet honneur aux plus anciens, aux chefs de fanulle, & aux plus gens de bien. La loi fixa aux Juifs ce qu'ils devoient offrir, & la maniere de le faire; & elle déféra à la feule famille d’Aaron le droit de facrifer. Les Hébreux avoient deux fortes de facrifices, les fanglans & les non fanglans. Il y en avoit trois de la premiere efpece ; 1°. Pholocaufte, Phoffie pacifique, &t le Jacrifice pour le péché. Dans Fholocaufte, la vic- time étoit brûlée en entier, fans que le prêtre ni ce- lui qui l’offroit puflent en rien re » Lévis. y. 13. parce que ce /acrifice étoit inftitué pour être une re- connoïflance publique de la fuprème majefté devant quitout s’anéantit, & pour apprendre à Phomme qu'l doit fe confacrer entierement & fans réferve à cehu de quiiltient tout ce qu'il eff. 2°. L'hoflie pacifique étoit offerte pour rendre orace à Dieu, ou pour lui demander quelque bienfait, ou pour acquitter un vœu ; on ny brüloit que la graifle &c les reins de la viétime ; la poitrine & l'épaule droite éroient pour le prêtre, & le refte appartenoit à celui qui avoit fourni la viétime. Il n’y avoit point de tems marqué pour ce facrifice ; on l’offroit quand on vouloit, & la loi n’avoit rien ordonné fur le choix de Panimal ; il falloit feulement que la viétime füt fans défaut, Léy. ii. 1. 3°. Dans le facrifice pour le pêché, le prê- tre avantique de répandre le fang de la viétime au pié de Pautel, trempoitfon doigt, & entouchoitles SAC quatre cornes de l'autel. Celui pour qui Le facrifir® étoit offert n’en remportoit rien; on en faifoit brûler la praifle fur l'autel, La chair étoit toute entiere pour les prêtres , & devoit être mangée dans le lieu faint, c'eft-à-dire dans le parvis du tabernacle. Devréron. xxvij. 7. Si le prêtre offroit pour fes péchés ou pour ceux de tout le peuple, 1l faifoit fept fois l’afperfon du fang de la viétime devant le voile du fanétuaire, & répandoit le refte au pié de l’autel des holo- cauftes. Lévy. iv. 6. On employoit cinq fortes de viétimes dans ces facrifices, des vaches, des taureaux ou des veaux, des brebis ou des béliers, des chevres ou des boucs, des pigeons, des tourterelles, 6 on ajoutoit à la vi@ime immolée qu'on faïoit brüler fur Pautel, une offrande de gâteaux cuits au four ou fur le eril, où frits fur la pole; ou une certaine quantité de fleur de farine , avec de lhuile, de lencens, du vin, & du fel. Cette oblation qui accompagnoit prefque toujouts le facrifice fanglant, pouvoit être faite feule, fans être précédée de l’effufion du fang , &c c’eft ce qu'on appelloit facrifice non Jenglanr ; on l’offroit à Dieu comme principe © auteur de tous les biens. On y employoit l’encens, dont la flamme par lodeur agréable qu’elle répand, étoit regardée comme le fymbole de la priere, & des faits defits de lame. Moife défendit qu’on y mêiât le vin &le miel , figure de tout ce qui peut corrompre l’ame par le pêché, &c l’amollir par les délices. Le prêtre prenant une poi- gnée de cette farine arrofée d'huile, avec Pencens, les répandoit fur le feu de l'autel, & tout le refte étoit à lui. [l devoit manger la farine fans levain dans le tabernacle, & nul autre que les prètres n’avoit droit d'y toucher. Il y avoit encore des /xcrifices où la viftime de- meuroit vivante 6 en ion entier , tels que le facrifiee du bouc émiflaire au jour de l’expration, &c le facri- ice du paflereau pour la purification d’un lépreux. Le Jacrifice perpétuel, eff celui où lon immoloit chaque jour fur l’autel des holocauftes deux agneaux, l’un le matin, lorfque le foleil commencçoit à éclairer, &t ce- lui du foir, lorfque les ombres commençoient à s’e- tendre fur la terre; voilà quels étoient les facrifices des Hébreux. : Tertullien en a fort bien indiqué Porigine; ce n’eft pas, dit-il, que Dieu fe fouciât de ces /ucrifices, maïs Moïfe les inftitua pour ramener les Juifs de la multi- tude des dieux qui étoient alors adorés, à la connoïf fance du feul véritable, Dieu a commandé à vos peres, dit Juftin martyr à Tryphon, de lut offrir des oblations & des vittimes, non qu'il en eüt befoin, mais à caufe de la dureté de leurs cœurs, & de leur penchant à lidolâtrie. (D. J.) SACRIFICES des chrétiens, (Cririque facrée.)S. Paul, Hébr. ch. xiiy. nous les indique en deux mots, louan- ges du feigneur , confeffion de fon nom, bénéficence & communion. En voicilecommentaire par Clément d'Alexandrie, Strom.Z. VIII. p. 729. Les facrifices du chrétien éclairé font les prieres , les louanges de Dieu , les leétures de lEcriture-fainte , les pfeaumes & les hymnes. Mais n’a-t-il point encore , ajoute-t- il, d’autres facrifices ? Oui , il connoit la libéralité &z la charité ; qu'il exerce l’une à l'égard de ceux quiont befoin de fecours temporels, l’autre à Pépard de ceux qui manquent de lumieres & de connoïflances, (D.J.) SACRIFICIOS, 1SLA DE LOS, ( Géog. mod. ) en françois l’{e des facrifices , & plus communément {a baye du facrifice ; petite île de la nouvelle Efpagne , dans le golfe du Mexique , auprès de la Vera-Cruz. (2.1. ) Æs SACRIFIER , v. af. (Gram.) offrir en facriñice. Foyez l'article SACRIFICE, I fe prend auffi au figuré. Je me fs facrifé pour elle. I] m°a fzcrffié À fon am. bition, Je lui ai facrifé toutes mes fantaifies, SACRILEGE , (Jurifprud.), ce terme pris dans a fignification générale s'entend de toute profanation ! de chofes faintes où dévouées à Dieu. Mais dans lu: age ce terme s’entend principalement des profana- tions quufe éommettent à l’évard des boîtes & vafes facrés , des facremens, des images 8x reliques des ! fants & des églifes. 1 La profanation des hofties &c vafes facrés eft ordi- nairement pumie de la peine du feu avec l’'amende- honorable & le poing coupé. | Celle dés facremens eft aufi punie du feu; quel- quefois les prêtres font condamnés À a potence & | enfuite brûlés. x La peine de la profanation des images & re- Kques des faints ët des églifes eft plus ou moins grave ; quelquefois elle eft. punie de mort , & même du feu, fuivantlescirconftances. 72 oyez Di- MANCHE, ÉGLISES , FÊTES, IMAGES, PROFANA- TION, RELIQUES, SACREMENS, SÉPULCRE , SER- | VICE DIVIN, TOMBEAUX , VASES sACRÉS. Voyez 'inflitut au droit criminel de M, de Vouglans, #r, des crimes ; tit, 1. ch. 1j. (A) ISACRILEGE, ( Cririque facrée, ) Jacrilegium ; mot formé de facra & de legere,ramafler, dérober les cho- fes facrées. Sacrilege eft donc le larcin des chofes faintes ; & celui qui les vole , ‘fe nomme auffi facr:- lege, Jacrilegus. Il eft dit au ZT. des Macch. iv. 39.que Lyfimachus commit plufieurs fzcrieges dans Le tem ple, dontil emporta beaucoup de vaies d’or, Le mot de fzcrilege fe prend encore dans l'Ecritu- re, pour la profanation d’une chofe , d'un lieu facré ar lidolâtrie ; c’eft ainfi qu’eft nommée l’aûtion par AU les Hfraélites, pour plaire aux filles madiani- tes, {e laifferent entrainer à l’adoration de Béelphé- gor. Norb. xxy, 18, Comme les fzcrileges choauent la region , leur peine doit être uniquement tirée de la nature de la chofe ; elle doit confifter dans la privation des avan- tages que donne la religion, l’expulfon hors des tem- ples , la privation de la fociété des fideles pour un tems où pour toujours ; la fuite de leur préfence , les exécrations , les déteflations, les conjurations. Mais fi le magiftrat va rechercher le Jacrilege caché, il porte uñe inquifition fur un genre d’ation où elle n’eft point néceflaire ; il détruit la liberté des citoyens en armant contre eux le zèle des confciences timides ; ët celui des confciences hardies. Le mal eff venu de cette faufle idée, qu'il faut venger la divinité ; maïs il faut faite honorer la divinité, & ne la venger ja- mais ;, c’eft uné excellente réflexion de l'auteur de \ Pefprit des lois. (D. J.) SACRIMA , (Litrérar.) nom que donnoient les Ro- Mains au vin nouveau qu'ils offroient À Bacchus , en reconnoiflance de la recolte abondante qu'ils avoient - obtenue par fa proté@ion. Piifeus. SACRIST AIN , £. m. sérme dE glife ; officier ecclé- fiaflique qui a le foin & la garde des vafes & des or- neémens facrés : mais le premier facriftain dans l’é- she romaine, eft celui de Ja chapelle du pape, dont l'office eit annexé à l’ordre des hermites de S$. Au- “gufüin. C’eft ainf qu'Alexandre VL l’a ordonné par une bulle de lan 1497, fans qu’il foit même nécef- faire que ledit relisieux foit dans la prélature. Ce- pendant depuis longtems le pape donne un évêché in partibus à celui auquel il éonfere cet office ; &c quand même il ne feroit point évêque , il peut por- ter le mantelet & la mofette à la maniere des prélats ‘de Rome. Ce Jacriflair prend le titre de préfet de la facriftie du pape. Il a en fa garde tous les ornémens, les vafes d’or, d'argent, & les reliquaires dé cette facriftie. 11 difiribue aux cardinaux lés mefles qu'ils doivent célebrer folemnellement > Mais ce n'eft que | Torre XIF, SAC 435 d'après l’aveu du premier cardinal prêtre, quien elt proprement le difiributeur, 11 dit tous les jours la mefle aux cardinaux, & leur adminiftre Les facremens ainfi qu'aux conclaviftes. (D. J. SACRISTIE , 1. (Hif£. eccléf.) c’eft un endroirat. tenant les anciennes églifes, où l’on ferre les habits facrés , les vafes, & lesautres ornemens de l'autel. Ce mot eft grec ; il eft formé de darcyco » Je Jers , à caufe que l’on yprenoit tout ce qui étoit d’u- fage pour Le fervice divin. On Pappelloit auffi asvrae- ror, ÊC en latin falutatorium , parce qu’en cet en- droit l'évêque recevoit & faluoit les étrangers. Quel- quefois aufli 1l étoit appellé HHTRTEPI0Y OÙ JTE TE pecty menfa, table: à caufe qu'il y avoit des tables fur lef- quelles on mettoit les ornemens {icrés y OU UPTATEY, une forte d’hôtellerie ou de maifon dans laquelle on logeoit des foldats. Le premier concile de Laodicée, dans le 27 6. ca non, défend aux prêtres de vivre dans la J'acriflie , «y To d'iancvieo , Où de toucheraux uftenfiles facrés, Une ancienne verfon latine de cés canons fe rend par les mots 22 fécretario ; mais la copie qui en eft à Rome, aufi-bien que Denis le Petit , retiennent le mot dia- coricon en latin. Ileft vrai que Zonaras & Balfamon entendent cette expreffion dans le 21 sf. canon, de l’ordre d’un diacre, 8 non pas d’un bâtiment. Leo Allatius fuit cette opinion dans fon traité de templis g'æcorum ; mais tous les autres interpretes s’accor- dent à prendre ce mot pour l’expreffion d’une facrif tie, Outre les ornemens de facrificature & de l'au- tel, Fon y dépofoit pareillement les reliques de l’é- fe. é SACRO-COCCYGIEN , ez Anatomie : nom de deux mufcles qu’on appelle auff coccygiens pojtérieurs. Foyer COCCYGIEN. SACRO-LOMBAIRE , e2 Anatomie : nom d’un mucle fitué fur le dos entre les angles des côtes &c leurs apophyfes tranfverfes. Ce mufcle eft intimément uni par {a partie infé- rieure avec le long dorfeal, &il en eft diftingué à fa partie fupérieure par une petite bgne graiffleufe. IE pardit tendineux extérieurement, &c charnu inté- rieurement, Il s'attache au moyen de fon plan tendi- neux à los facrum à levre externe, & à la portion poftérieure de l'os desifles, aux apophyfes tranfver- fes des lombes par des plans charnus, qui paroiflent fe détacher du plan tendineux, à la partie inférieure des angles de toutes les côtes, à la tubérofité de la premiere aux apophyfes tranfverfes des deux verte- bres inférieures du col , par des bandelettes tendi- neufes , & par des plans charnus qui croifent les ten- dineufes. Ce mufele eft aufli appellé Zmb0-dorfal , 8 dorfal noyer. Winfoiw. SACROS , f. m, (Poids.) poids des anciens Ara- bes répondant à une de nos onces. (D.J.) SACRO -SCIATIQUE., en Anatomie ; nom de deux ligamens qui uniflent l'os facrum avec l'os yichiun. SACRUM , er Anatomie ; nom d’un os qui eft la bafe &c le foutien de toute l’épine du dos , ce qui lui a fait donner auf Le nom d'os bafiliaire. Onle divife en partie fupérieure, en bafe, en pointe, en deux bords & en deux faces. Il paroît compolé de plufieurs faufles vertebres ; qui vont toujours en décroïflant vers la pointe: ces faufles vertebres ; dans Les jeunes fujets, font unies enfemble par des cartilages mitoyens, mais le tout s’offifie dans l’adulte, & elles ne forment plus qu’une feule piece. La face antérieure eft concave , on y obferve fur les parties latérales quatre trous , quelquefois cinq. La face poftérieure eft convexe & . inégale, On PP 1 436 SA D y remarque fur les parties latérales quatre trous pla- cés vis-à-vis de ceux de la face interne; dans la par- tie moyenne une eéfpece d’épine ouverte vers fa par- tie inferieure. 1e ù À la bafe de los fucrum il ya deux apophyfes obli- ques circulaires , qui répondent aux mférieures de la derniere vertebre des lombes; on y voit la face fupé- rieure du corps dela prémiere fauffe vertebre,entre la partie poftérieure :& les apophyfes obliques ,. une “échancrure , & une ouverture du canal triangulaire fort applati entre les deux faces , lequel communt- -que avec les trous de lune & Pautre face ; 1keft con- tinu avec le grand canal de l’épine du. dos. Les parties latérales de cet os font un peu évafées paren haut, où lon voit à chaque côté une grande facette cartilagineufe , femblable à celle de la face interne de los 1léon avec lequel il eftarticule. Voyez “ILÉON. | L'os facrum eft terminé par Le coccyx. Voyez Coc- CYx. | SADAR ox ALSADOR , £. m. (Boransexor.) nom donné par les Arabes au /osus, décrit par Diofcori- -de & autres anciens. Ce buiffon eft nommé par quel- ques-uns acanthus, acanthe, à caufe qu'il étoit plein d’épines, plante que plufñeurs écrivains ont confon- due foit avec l’acanthe ordinaire, foït avec l’acanthe de Théophrafte, qui n’étoit autre chofe que laca- cia. Le fruit de cet arbre, nommé par Vargile baie d'acanthe, eft le rabac des Arabes. Sérapion déclare -nettement que le fadar où l’acanchus de Virgile, eft la même plante que le lotus éyrénien d'Hérodote, & que le lotus de Diofcoride: Bellon l’a aufi décrit fous le nom de zapeca , nom qui dérive probable- ment du mot arabe mabac. Il dit que c’eft un arbufte toujours verd, appellé par quelques écrivains grecs -æñoplias Profper Alpin dans fes plantes d'Egypte parle du rabeca ; comme d’un buiffon épineux. Léon l’Africain fait mention du même arbre , qu’il appelle -par erreur rabech au eu de #abech ; 1l dit que c’eftun buiflon épineux donnant des fruits femblables à la cerife, mais plus petits , & du goût du zizyphe. Ce font: les baies de l’acanthe de Virgile. (D. J.) SADAVAA, (Géog. mod.) bourgade d'Efpagne, en Aragon, aux confins de la Navarre, dans une plaine très-fertile, fur la riviere de Riguel, qui f jette dans l’Ebre. Quoique cette bourgade n’ait pas cent feux, elle a titre de ville, des murailles, & le droit d'envoyer des députés aux Cortez. SADO oz SASIU , (Géog. mod.) grande île du Ja- pon, fituée au nord de cet empire, vis-à-vis des pro- vinces de Je&toju & de Jetfingo. On lui donne trois journées &c demie de circuit, & on la divife en trois difinids. Elle efttrès-fertile, ne manque mi de bois, oi de pâturage , & abonde en blé , en ris &c en go- kokf, La mer la fournit auffi de poiflon & d’écre- vifles. (D. J.) SADOUR , f m. rerme de Péche , eft une forte de filet tramaullé à lufage des pêcheurs. Les trameaux aux poiflons que les pêcheurs de Bouin, dans le reffort de l’amirauté du Poitou ou des fables d'Olonne nomment fdours , {ont ordinaire- ment tannés ; ce font des vrais trameaux fédentaires d’un calibre beaucoup plus grand,, tant pour la nap- pe, que pour les hameaux, que ordonnance ne la fixe pour ces fortes de filets , les mailles des ha- meaux ou homails ayant dix pouces trois lignes en quarré,, & celle de la menueflue, toile ou ret du mi- heu quinze à huit lignes en quarré , ces trameaux -{ont flottés en pierres, comme les flottes dont on fe fert à pié & avec bateaux. Les pêcheursnomment auf fadours les trameaux ui fervent en hiver à faire la pêche des macreufes, & autres efpeces d’oifeaux marins ; ce font les alou- -rets & aloureaux des pêcheurs des autres lieux , à la S AD différence que ceux de Bouin font tramaillés, &z les autres fimplement toiles: Quand ils font tendus pout la pêche des oifeaux marins , ils font fur des perches éloignées les unes des autres deneufbraffes;on planté les perches fuivant le vent , qui doit fonffler de ma niere qu'il batte toujours la côte. Lerret a 45 brafles de long ou environ, & uns braffe de chute ; il'eft tendu de maniere qu’il fe troux ve élevé de ÿ à 6 piés au-deflus de l’eau ; a£n que de haute mer il{oit toujours élevé au-deflus de la ma- tée. La pêche du /adoir commence un peu après la S. Michel, & dure ordinairement jufqu’à Pâque , les vents de mer & les nuits les plus fombres &c les plus noires font les plus avantageufes. -Lés tramedux ou fzdours de la Limagne, ont la maille de la menue toile, nappe ou ret du milieu de deux pouces fix lignes en quarré ; & celle des ha meaux ou homails de 1 1 pouces fix lignes en quarré, &z Les plus ferrées ont les leurs de onze pouces trois lignesauñi en quarré; les pêcheurs nomment ces fox tes derets des fadozrs à gibañle, | SADRAST o4 SADRASTPATAN, (Géog. mod) ville des Indes, en-deçà du Gange ; fur la côte de Coromandel, au midi de 5. Thomé, à l'embouchure de la riviere de Palaru. Elle eft à l’empereur du Mo- ol. Long: 100. 30: lat; 12. 40. (D. J.) SADSIN , fan. (Hit. nar. Bor.) plante du Japon, qui eft un lychnis fauvage, elle a fes feuilles comme celles de la giroflée ; fa tige eft d'environ unspié de hauteur, 87 fes fleurs blanches ont cinq pétales. Sa racine eft longue de 3 ou 4 pouces, d’un goût fade, qui tire fur celui du panais. Il fe trouve des impof- teurs japonnois qui la vendent pour du ginfeng. SADUCÉEN, (Æ/ff. des fetes jui. & Crit. facr.) La fete des Saducéens, caddnaiov, étoit une des quatre principales fectes des juifs. Il en eft beaucoup parlé dans le nouveau Teftament. Ce fut lan 263 avant J. C. du tems d'Antigone de Socho, préfident du grand fanhédrin de Jérufalem., que commença la feéte des Saduséens, 8c lui-même y donna occafñon; car ayant fouvent inculqué à fes difciples qu’il ne falloir pas fervir Dieu par un efps: mercénaire, pour larécompenfe qu’on en attendoit, mais purement & fimplement par l'amour & la craia- te filiale. qu’on lui. doit; Sadoc & Baithus, deux de fes éleves, conclurent de-là qu'il n’y avoit point de récompenfe après cette vie; &t fafant feéte à-part, ils enfeignerent que toutes les récompenfes que Dieu accordoit à ceux qui Le fervent, fe bornoïent à lavie préfente. Quantité de gens ayant goûté cette doëtri- ee, on commença à diflinguer leur fecte par le nom de faducéens, pris de celui de Sadoc leur fondateur. Ils diféroient des Epicuriens en admettant la puiffan- ce qui a créé l’univers, & la providence qui Le gou- verne ; au lieu que les Epicuriens nioient l’un & Pau- tre. Les Saducéens n'étoient d’abord que ce que font aujourd'huiles Caraïtes, c’eft-à-dire qu'ils rejettoient les traditions des anciens, & ne s’attachoient qu’à la parole écrite; & comme les Pharifiens étoient les zélés protecteurs de ces traditions, leur feéte êc celle des Saducéens fe trouverent direétement oppolées. Si les S'aducéens s’en étoient tenus là, ils auroient eu toute la raifon de leur côté ; maisils soûterent d’au- tres opinions impies. Îls vinrent à nier la réfurrec- tion & l’exiftence des anges, &c des efprits des hom- mes après la mort, comme il paroït par Mau, x. 23 ; Marc, xij. 183 A&. xxuiy, 8. [ls reconnoïfloient à la vérité, que Dieu avoit créé le monde par fa puiffance; qu'il le gouvernoit par fa providence; &c que pour le gouverner, il avoit établi des récompen- {es & des peines: mais 1ls croyoient que ces récom- penfes & ces peines fe bornoïent toures à cette vie, S ÆP -8c.c'étoit pour cela feul qu'ils fervoient Dieu, & _qu'ils obéifloient à fes lois. Du refte ils n’admet- -toiént, comme les Samaritains, que le feulPentateu- :aue pour ivre facré.… | - | Quelques favans, & entr'autres Scaliger, préten- dent qu'ils-ne rejettoient pas le rette de l’Écriture ; mais feulement qu’ils donnoient la préférence aux li: vies de Moile. Cependant la difpute que l'Evangile rapporte que J. C. eut avec eux, Mas. xxiy. Marc, +9. Luc, xx, milite contre l'opinion de Scaliger ; car J. C. ayant en main plufeurs pañfages formels des prophetes &c des hagiographes, qui prouvent une vie à venir, & la réfurrc@ion des morts, on ne fau- roit affigner de raifon qui obligeât à les abandonner, pour tirer de la loïunargument qui n’eftfondé que fur ne conféquence, fi ce meft parce qu’il combattoit des gens qu rejettoient ces prophetes & ces hagio- graphes, Gt que rien ne conyaincroit que ce qui étoit tiré de la loi même. | : Les Saduceens différoient aufli des Eféniens & des Pharifiens, fur le Hbre-arbitre & la prédeftination; car les Efléniens croyoient que tout eft prédétermi- né dans un enchainement de caufes infaillibles; & les Pharifiens admettoient la liberté avec la prédefti nation. Mais les Sadacéens, au rapport de Jofephe, nioient toute prédeftination , & foutenoient que Dieu avoit fait l’homme maître abfolu de fes a@tions, avec une entiere liberté de faire, comme :l veut, le bien où le mal, fans aucune affiftance pour l’un, ni aucun empêchement pour l’autre. En un mot, cette opinion faducéenne étoit précifémentlamême que fut celle de Pélape parmi les Chrétiens, qu'iln’ya point de fecours de Dieu, ni parune grace prévenante, ni par une grace afliftante; mais que fans ce fecours, Chaque homme a eu lui-même le pouvoir d'éviter tout le mal que défend la loi de Dieu , 8 de faire tout [e bien qu’elle ordonne. res 8 La feéte des Saducéens étoit la moins nombreufe de Toutes ; mais elle avoit pour partifans les gens de la Première qualité, ceux qui avoient les premiers em- plois de la nation, & les plus riches. Or comme ils périrent tous à la deftruétion de Jérufalem par les Romains, la feéte faducéenne périt avec eux. Il n’en eft plus parlé depuis ce tems-là pendant plufeurs fie- cles; jufqu'à ce que leur nom ait commencé à revi- vre, avec quelques modifications , dans les Caraites. (Le chevalier DE JAU COURT.) SÆFINUM, (Géog. ane.) ancienne villé d'Italie, au pays des Samnites, près de l’Apennin, à la four- ce du Famarus, felon Prolomée, %6. ZII, ch. j. Tite: Live parle du fiege de cette place par Papirius. La ta: ble de Peutinger fait mention de ce lieu, & le nom “me Sepinum, à 12 milles de Sirpiwm. Pline, ib, LIT, ck.x17. met le peuple fœpinates entre les Samnites ; & une infcription dans le recueil de Gruter, fait men- tion d'eux; muricipes fœpinares. C’eft aujourd’hui Supino , au comté de Moliffe, dans le royaume de Naples, (D. J.) SÆPRUS, (Geog: anc.) riviere de l’île de Sar- daigne, felon Ptolomée, 26. III. ch. üj. qui en met l'embouchure fur la côte orientale, Elle conferve fon nom ; c’eft encore à prélent Ze Sepro , felon le P. Co- roneli. ( D.J.) SÆTABIS, (Géog. anc.) ville de l'Efpagne tarra- gonnoïe, au pays du peuple Corseffani , dans les ter- res. Elle étoit {ur une hauteur, comme il paroit par ces vers de Sihus Italicus. 2. LIL. y. 873. Celfa mitrebar Sætabis arce. Sætabis Gtelas Arabum fpreviffe fuperba Er Pelufraco Jilurm componere Lino. Ces vers font voir non-feulement que Særabis étoit au haut d’une colline, mais encore qu'il sy faifoit des toiles qui furpañloient en finefle & en beauté ._ S'AF 497 celles d'Arabie, & que le flaw’on y employoit , Vas loit bien celui de Pélufe en Eater uns AE A . On ytravailloit auffi à dés éroffes de laine , &e Cac tule, épior xxvy. parle des mouchoirs de ce lieu-là Z qu'ilnommefhdaria Swraba.. Pline donne le troifie- me rang au Jin de Sersbis;.éntre les meilleurs & les plus eflimés dans toute l’Europe. On prétend que c'eft préfentement Meriva, 0 | de … Srtabes eft auf le nom d'une riviere de l'Efpagne tarfagonnoife, dans les terres, au pays du peuple: Conteflart, felon Ptolomce, 6, /L chi, qui en met Pembouchure entre d/bze 87 [icisanus portus:r IL paroït que c’eft aujourd’hui Rid 2 4/c0y. (DJ) _ SÆTTE, LE CAP DE, (Gtog. mod.) en italien puy- ta dell Sæita; cap du royaume de Naples, fur la côte méridionale de la Calabre ultérieure, une des extrémités du mont Apennin, entre le capideZli Ar- mL Et celui de Spartivento. C’eftle Bruriur prombnto-t run des anciens, felon Cluviér. (D: J}n +: SAFANT-AL-BAHR , (Gécg. mod.) c’eft:dire éponge de mer ; petite ile d'Egypte, fur là côté occi- dentale de la mer Rouge, à 14 lieuesau nord de Kof- fr. Elle n’a que deux lieués de longueur fur uñ quart de lieue de laïge. Lait, 27. ( D.) GEL | SAFAR, SAFER ox SAPHAR ,f. m. (I{ff:mod.} fecond mois des Arabes & des Tures ; il répond à notre mois d'Otobre. D'un su SAFIE, (Gcog. mod.) les Afficains latiomiment A:fr, t les Portugais A/afe ; ville d'Afrique dans la Barbarie, au royaume de Maroc, furda côte de l'O- céan, à l’extrémité de la province de Duquela. Elle eft environnée de murs & de tours, avec-un.château dont les Portugais ont été maîtres depuis l’än 1507, jufqu’en 1641 qu’ils l’abandonnerent, Plufieurs juifs s’y font retirés pour le trafic. Le pays d’alentour eft fertile en BL &c en troupeaux. Long. 9:30: ir, 324 (D: 3.) | Lo 12 . SAFRA , (Géog. mod.) petite ville d'Efpagne dans PEfiramadoute, Voyez LAFRA. | SAFRAN , 1. m. (Æif, rat. Bor.) crocus:; genre de plante à fleur liliacée 8 monopétale; la partie infé- rieure ef en forme de tuyau qui a un pédicule : ce tuyau s'évale par le haut, & il eft divifé en fix par- ties. Le pifhil s’éleve du fond de cette fleur, & il fe divife en trois flamens , terminés par une forte de tête & par une aigrette, Le calice de lafleur devient dan D PT oblong , qui a trois angles & trois loges, & qui renferme des femences arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre que la racine eff compofée de deux tubercules, dont l’un eft-plus petit que l'autre. Le plus gros fe trouve placé au-deffous du plus petit, &c il eft charnu &c fibreux. Ces deux tubercules {ont recouverts d’une enveloppe mem- braneufe. Tournefort, 2/4, rei herb. Voyez PLANTE. La plante dont on tire ces filamens, eft nommée crocus Ou crocus farivus , par tous Les Botaniftes, Sa ra- cine eft tubéreufe, charnue, de la groffeur d’une noi- fette, & quelquefois d’une noïx, blanche, douce ; double, dont la fupérieure eff plus petite l’inférieu- re plus groffé & chevelue. Elles font revêtues l’une & l’autre de quelques tuniques arides , roufsâtres & en forme de réfeau. De cette racine fortent fept ou huit feuilles, longues de 6 & même de 9 pouces, très-étroites & d’un verd foncé. Parmi ces feuilles s'éleve une tige courte, qui foutient une feule fleur en lys, d’une feule piece, blanche, fiftuleufe par {a partie inférieure, & divifée en fix fegmensarrondis; de couleur gris-de-lin, "UE | | Ïl fort du fond de la fleur trois étamines ,.dont les fommets font jaunâtres, & un piftil blanchâtre qui le partage comme en trois branches, larges à leur extrémité fupérieure, & découpées en maniere de crète, charnue, d’un rouge foncé, & comme de cou< leut vive d'oranger, lefquelles font appellées par ex- Sy 488 SA F cellence du‘nom de /afran. L’embryon qui foutient la fleur , fe change én ur fruit oblong , à trois angles, partapé en trois loges qui contiennent des femences arrondies. : NE RSS 2 Le Jafran croit dans la plupart des pays, foit chauds, foit froids, en Sicile, en Italie, en Hongrié, | en Allemagne, en Irlande , en Angleterre, dans plu- fieurs provinces de la France, dans la Guienne, dans - le Languedoc, aux environs d'Orange, dans la Nor- mandie & le Gâtinois. Le fafran du Gâtinois 8 d’An- gleterre pafle pour le meilleur du monde, & on le préfère avec raïfon, à l’oriental. Le fafran fe multiplie commodément & commu- nément par le moyen de fes bulbes, qui croiflenttous les ans en grande quantité ; car lorfqu’on en feme la graine, il eft plus long-tems à venir. On plante fes bulbes au‘printems, dans des fillons égaux & éloi- gnés lessuns des autres de fix pouces. Ces bulbes ne produfent que des feuilles dans année où elles ont été plantées, & des fleurs l’année fuivante au mois d’'Oftobre: Les fleurs ne durent qu’un où deux jours après leur épanouifflement. Quand elles font tom- bées,, 1l fort des feuilles qui font vertes pendant lhi- ver: elles fechent, fe perdent au printems, & ne pa- roiflent jamais pendant Pété. | Il'arrive de-là qu’auflitôt que les fleurs du fzfrer s’épanouiflent, on les cueille au lever, ou au cou- cher du foleil , & on fépate les filamens du milieu de la fléur; enfuite on les nettoie bien, on jes feche & on les garde, Quelques jours après la premiere cueil- lette il s’éleve de nouvelles fleurs, on les cueille de nouveau, cette opération dure près de 30 jours. Au mois d'Oétobre, lorfque la plante fleurit, la ra- cine n’eft compofée que d’une bulbe ; le printems & l'été fuivant, elle en a deux lune fur l’autre. Car lorfque les feuilles croiffent au commencement de la belle faifon , la partie fupérieure de la racine d’où for- tent les feuilles, croît aufli dans le mêmertems, juf- qu’à ce qu’elle foit aufli grofle l'été que left la bulbe mere ; alors ayant acquis une conflitution folide, pleine &c fucculente, la bulbe mere devient languif- fante, fans fuc, flafque, & difparoït entierement dans le cours de l’automne : c’eft l’image de la vie humai- ne. Après que les fleurs font pafñlées, on retire les bul- bes de la terre fur la fin d'Oétobre; onles garde dans un heu fec fans les couvrir de terre; on les tient éloi- gnées des rayons du foleil de peur qu’elles ne fe fe- chent, & cependant afin qu’elles muriflent davanta- ge, ce que l’on connoït quand les feuilles fe fannent. Au retour du printems, on les plante de nouveau dans la terre. Il eft peu de plantes d’un auffi grand ufage que le Safran; {es fleurs font agréables à la vûe & à l’odorat. Son pifül eft confidéré comme une chofe précieufe ; il entre dans les apprêts de cuifine ; il fert aux pein- tres en miniature ; 1l fournit aux teinturiers une très- belle couleur , & les Médecins l’emploient dans plu- fieurs maladies. La fanne même & les pétales du /4- fran fervent dans les pays où on le cultive, à faire du fourrage pour les beftiaux. Mais Le fafran, femblable aux plantes les plus pré- cieufes , efttendre, délicat, & ne peut être confervé que par des foins proportionnes à fes ufages ; auffi eft-l attaqué de plufieurs maladies, qui toutes en- femble tendent à le détruire: cependant il n’en éprou- ve aucune plus dangereufe, ni qui lui foit plus mu- fible, que celle que les habitans du Gâtinois appel- lent 4 mort. En effet, elle tue infailliblement le /z- fran ; & de plus elle paroît contagieufe, & toujours en rond. D'une premiere plante attaquée, le mal fe répand à celles d’alentour, felon des circonférences circulaires, & qui augmente toujouts. On ne peut ‘arrêter Le mal que par des tranchées que lon fait dans le champ pour empêcher la communication, à:pen- près comme dans une pefte. C’efbdans lebrintems, dans lé tems de la feve, & lorfque le /afrar devroit avoir plus de force pour réfifter au mal, qu’il fouffre fes plus grands ravages. na Comme il peut caufer des dommages confidéra- bles, M. du. Hamel , à qui d’ailleurs la fimple curio+ fité de phyficien auroit pû fufire , ten étudia l’origine, & après un nombre de recherches, caril efl très-rare que les premieres aillent droit au but, il la décou- vrit. | Une plante parafté, qui ne fort jamais de terre, êt ne s’y tient suere à-moins de demi-pié de profon- deur , fe nourrit aux dépens de l’oignon du /afrar qu’elle fait périr , en tirant toute fa fubftance, Cette plante eft un corps glanduleux ou tubercule', dont il fort des filamens violets, velus & menus comme des _ fils, qui font fes racines; ces racines produifent en- core d’autres tubercules , 8 puifque les plantes qui tracent, tracent entous fens, & que celle-ci ne peut que tracer, on voit évidemment pourquoi la rala- die du fafran s'étend toujours à laronde. Auff quand. M. du Hamel examina un canton de afrans attaqués, il trouva toujours les oignons de ceux qui étoientau centre plus endommagés, plus détruits, & les autres moins, à proportion de leurs diftances. On voit pareillement pourquoi des tranchées rom= pent le cours du mal; mais il faut qu’elles foient au moins profondes de demi-pie. Les laboureurs avoient trouvé ce remede fansle connoître, & apparemment fur la feule idée très-confufe de couper la communi- cation d’une plante de fafran à une autre. Il faut prendre garde dene pas renverfer laterre de la tran- chée fur la partie faine du champ , on y renver{eroit la plante funefte, M. du Hamel a obfervé qu’elle n’attaque pas feu= lement le fafran , mais encore les racines de l’hye= ble, du cororilla flore vario, de l'arrête-bœuf, les oï= gnons de mufcari, & elle les attaque, tandis qu’elle ne touche pas au blé, à l'orge, 6. Ce n’eft pas tant, comme on le pourroit croire, parce qu’elle fait un certain choix de fa nourriture , que parce qu'il lui eft impofñble à caufe de la profondeur où elle fe tient, de rencontrer des plantes dont les racines ou les oignons, ne font qu’à une profondeur moindre, Hift. de Pacad. 1728. (D. J.) SAFRAN, (Chimie, Diere & Mat. med.) fes fila- mens blanchâtres ou d’un jaune pâle par une de leur extrémité, & d’un rouge oranger ou purpurin par l’autre , d’une odeur aflez agréable quoique forte, d’une faveur amere , Gc. que tout le monde connoït fous le nom de fafran, font les étamines des fleurs d’une plante à qui appartient proprement Le nom de Jafran ; mais d’après un ufage fort reçu , on a tranf- porté le nom de la plante à la feule de fes parties dont on faffe ufage , comme on dit Æ/é au lieu de /é- mence de blé ; navets, au lieu de racines de mavets,, &tc. On doit choïfir le /zfran récent , en filets larges, rouges , flexibles & gras au toucher , quoique fec, d’une odeur très-aromatique , & on doit rejetter ce- lui qui eft pâle & en brins menus, trop fecs, peu odorans ; ou noirâtre, & ayant l’odeur de moïff. On doit outre cela, monder pour l'ufage le jufrar choïfi de la partie de fes filets qui eft blanche ou jau- nâtre. | Le fafran contient un principe aromatique très- abondant , très-expanfble , & capable de parfumer une grande quantité d’eau, d’efprit-de-vin , d'huile ‘par expreflion, &c. Le fafran contient auf une partie colorante ex- trèmement divifible , & dont une très-petite portion. peut teindre une quantité très-confidérable de liquide aqueux ou fpiritueux ; çar cette fubftance eff égale- SAF sent foluble par ces. deux menflrues , & n’eft point sifcible au menftrue huileux. … Enfin le fafran contient une matiere fixe, qui eft également foluble par l’efprit-de-vin & par Peau ; en: forte que l'extrait de fafran peut également s’obtenir par l'application convenable de l’un ou de l’autre de ces menftrues. —._ M. Cartheufer obferve que le fafran ne donne “point d'huile effentiélle ; où dumoins qu'il n’a ja- mas fetiré un pareil principe du /afran ; cat quant quantité confidérable, celle d’une livre par exemple, on pourra obtenir jufqu’à une dragme & demie d’huile cflentielle très-aromatique & très-pénétrante ; il ne rapporte ce fait que fur-un témoignage d'autrui, fur ZL12 oU1-dire. _ Selon le même auteur, une once de bon fafran donne environ fix gros & demi de cette matiere éga- lement foluble par lefprit-de-vin & par l’eau dont nous avons déja parlé, & qui eft d’une nature véri- tablement finguliere , ayant , lorfqw’elle n’eft rappro- chée qu'en confiftencemédiocrement épaife, Pafpeét d'une huile très-rouge, une odeur très-pénétrante, une faveur amere aromatique très-vive , & étant ca- “pabie d’être entierement redifloute, non-feulement dans Peau 8: dans lefprit-de-vin , mais même dans Vhuile, s’il en faut croire Boerhaave. C’eft principa- lement cette mifcibilité à l’huile qui, fi elle eft réelle, confitue la véritable fingularité de cette fubftance ; enforte que Boerhaave, qui eft prodigieufement en- clin à voir dans tous les produits & les phénomenes chimiques, des merveilles, des nouveautés, des pro- diges , eft pardonnable d’avoir trouvé cet extrait de Jafran , prorfus fingulare quid, quoiqu'il eût bien pû fe pafler de commenter cette aflertion en obfervant que cet extrait n’étoit ni une huile, ni unefprit , ni une gomme , m1 une réfine, ni une gomme réfine, niune cire, niunbaume. _ Le fafran eft employé dans les cuifines à titre d’af faifonnement, chez quelques peuples de l'Europe, fort peu en France, du-moins dans les bonnes tables ; mais 1l eft généralement employé comme remede. Il eft même placé à ce titre dans le rang le plus diftin- eué. Il eft célébré du confentement unanime des Mé- decins, comme un remede des plus précieux, des plus efficaces , une panacée , ou remede univerfel, Il a été appellé or végétal, aromate des Philofaphes. Poerhaave croit qu'il eft le véritable aroph de Para- celle ; ce dernier mot n’eft que l’abréviation d’aroma pPhilofophorum. .… Les qualités du /zfran plus reconnues, & pour lef- quelles il eft plus communément employé , font les qualités cordiales, .flomachiques, utérines , anti- fpafmodiques, apéritives, peétorales , anodines, ci- catrifantes. On le mêle très-communément dans les opiates 8 les autres compoñitions cordiales, fomachiques , &z lur-tout dans les emmenagogues & hyftériques. On l’a fouvent mêlé à l’opium, foit dans des compofitions officinales , foit dans les prefcriptions magiftrales, Geoffroi doute fi cette addition modere l’effet de l’o- pium , où fi elle Paugmente. Entre autres vertus attribuées au fafrar, mais beaucoup moins conflatées que celles dont nous ve- nons de parler, on doit compter fa qualité pe@to- rale , fa vertu fpécifique contre la jaunifle , fa qua- lité lytontriptique , &c fa vertu alexipharmaque, La vertu emmenagogue & hyftérique du /afran nous paroît aufli beaucoup mieux prouvée par l’ob- lervation que par l'expérience d’Amatus Lufitanus, qui rapporte qu’une femme ayant pris pendant fa groflefle un. médicament qui contenoit du fafran , - accoucha de deux filles teintes de couleur jaune ; & par celle de J. F. Hertode, qui rapporte dans {a cro- à ce Que cet auteur ajoute, que f on le diftille en une SAF 489 cologie ; qu'ayant mêle pendant quelque tems du f2 fran dans les alimens dont il nourrifloit une chienne pleme , il trouva la liqueur de lamnios &r la peau des petits chiens teinte de jaune, tandis que le chyle con- tenu dans les veines laïtées avoit fa couleur blanche ordinaire ; circonftance que M. Cartheufer trouve digne de remarque, & qui prouveroit en effet que le Jafran a une certaine tendance vers Ja matrice , f cette expérience étoit réitérée & fuffifamment rerour- née ; car unique & ifolée comme elle eft, elle ne prouve certainement rien , & ne produit pas même une forte préfomption. Le fafran eft employé extérieutement comme for- tifiant, tonique, réfolutif, déterfif, on le mêle aflez communément au cataplafme de zica panis que l’on veut antmer. Îl eff fort ufité dans les collyres, & fur- tout dans ceux qu’on emploie comme préfervatifs dans la petite vérole & la rougeole. Les qualités pernicieufes du fafran n’ont pas été moins obfervées , ni peut-être moins exagérées que les vertus. Ce qu’on a dit de plus face , c’eit qu’il fal- loit n’ufer de ce remede que modérément & À pro- pos ; car cette circonfpection eft néceffaire dans l’ad- mimftration de tous les remedes adifs & véritable- ment efhcaces, Sa dofe a été fixée pour l’ufage inté- rieur à un fcrupule, ou tout au plus à un demi-gros en fubftance, & celle de fa teinture & de fon extrait à proportion. Une plus haute dofe a été regardée de tous les tems par les plust staves auteurs comme mortelle, L’odeur du fafren eft généralement reconnue pour narcotique & enyvrante. Mille obfervations, {oit écrites, foit répandues par tradition, prouvent que des perfonnes qui avoient refpiré cette odeur très-concentrée, quiont été enfermées par exemple, dans des magafins où il y avoit une grande quantité de farfan | qui fe font couchées fur une balle de fa fran, Gc, que ces perfonnes, dis-je, ont contra des maux de tête très-orayes, quelquefois même in- curables , ont eu l’efprit troublé, ont été attaquées d'un ris excefif & involontaire, & même font mor- tes. Cette vertu finguliere de produire leris a été aufñ attribuée à fon ufage intérieur, & elle à été mife au nombre de {es propriétés falutaires , pourvû qu’on la contint dans de juftes bornes par une adminiftration ménagée, Boerhaave s’en explique ainf : moderato ufu verum exhibet exhilarans. C’eft dommage que cette qualité ne foit pas mieux conflatée. Les exnériences qui condiuroient à une vraie convittion n’ont cer- tainement rien de rebutart. | Le fafran eft employé dans un très-orand nombre de préparations officinales , tant deffinées À l’ufage intérieur qu’à l’ufage extérieur ; 1l eft fur-tout un des principaux ingrédiens de l’élixir de propriété de Pa- racelfe:, de Pélixir de Garrhus, & des pilules de Ru- fus. Nous citons ces remedes par préférence , parce qu’étant très-peu compofés, l'efficacité du Jafrary eft plus fenfible & plus réelle. Voyez ces arsicles. Le fafran donne fon nom à un emplâtre, {avoir l'emplévre occicroceum., que nous avons décrit à lar- ticle EMPLATRE. Voyez cetersicle, (b). : SAFRAN BATARD, (Boranique.) æyfrce par les an- ciens, kartan par les Arabes, & carthamus par les Latins ; c’eft cette efpece de /afran nommé certhe. us officinalis ; flore croceo , I. R. H. 453. Cricns fa- tivus , five carthanum, C. B. P..378. La tige de cette plante eft haute d’une coudée & demi, cylindrique, ferme, branchue garnie,de feuilles alternes, t en grand nombre, longues de deuxpou- ces, larges dehuit lignes , arrondres:à leur bafe, & embrafflant latice, terminée en pointé aiguë, garnies de côtes & de nervures, Liffes 18 ayant à leur bord de petites épines un peu toides. Les fleurs naïflenten mamere de tête à lextrémité dés rameaux. Leur ca= 490 SA F lice eft compofé d’écailles 8 de petites feuilles, du- quel s’élevent plufeurs fleurons, longs de plus d’un pouce, d’un beau rouge de fufraz, foncés & décou- pés en cinq parties. Les embryons des graines mont point d’aigrettes ; &t lorfau’elles font parvenues à leur maturité, elles fonttrès-blanches, liffes,, luifantes., longues de trois lignes, plus pointues à extrémité inférieure, mar- quées de quatre angles; elles contiennent fous une écorce un peu dure, & comme cartilagineufe, une efpece d'amande blanchâtre , d’une faveur d’abord douçâtre, enfuite âcre, & qui caufe des naufées. Les fleurs paroïflent dans le mois d’Août ; les grat- nes font müres en automne. On cultive cette plante dans quelques provinces de France, d'Italie 6 d'Ef- pagne, non-feulement pour Pufage de la Médecine, mais encore pour la teinture. On eftime les graines récentes, luifantes, blan- ches, quoique quelques-uns ne rejettent pas celles qui tirent {ur le roux, celles dont la moelle eft blan- che, grafle , 8 qui étant jettées dans l’eau, vont au fond ; mais il ne faut jamais employer celles qui font flafques | moifies , cariées, roufles. On ne fe fert que dela moële, & on rejette l'écorce. La graïne de carthame, que quelques-uns appel- lentaufüi graine de perroquet, parce que les perroquets la mangent avec avidité, & s’en engraïflent fans en être purvés , eft un purgatif pour les hommes. Elle eft remplie d’une huile âcre, à laquelle on doit rap- porter fa vertu purgative. Les Médecins la donnent en émulfion; quelques-uns la mêlent avec des dé- coétions, & tous tâchent d’en corriger les défauts par des remedes aromatiques ou ftomachiques ; mais le plus sûr eft de n’en point faire ufage. (D. J.) SAFRAN BATARD ,voyez CARTAME. SAFRAN DES INDES, (Boran. exot.) Le fafran, ou foucher des Tndes ; eft appellé crocus indicus , Arabi- bas curcuma par Bontius.C’eft une petite racine oblon- . gue, tubéreufe, noueufe , de couleur jaune , ou de Jafrar, & donnant la couleur jaune aux liqueurs dans Jefquelles on linfufe; fon goût eft un peu äcre &z amer; fon odeur eft agréable, approchante de celle du gingembre, mais elle eft plus foible. La plante qui poufle cette racine, eft nommée par Bontius, curcuma foliis longioribus 6 acutioribus ; &t dans le jardin de Malabar, mariella kua. Tournefort a fait une erreur en la rangeant parmi les efpeces de cannacorus 3 M. Linnæus la cara@térife ainf : Son calice éft formé par plufeurs fpatespartiales, fimples, & qui tombent; la fleur eft un pétale irré- guler; dont le tuyau eft fort étroit, Le pavillon eft découpé en trois parties , longues , aiguës, évalées êcécartées. Le neélarium eft d’une feule piece,ovale, terminée en pointe ,1plus grande que les découpures dupétale, auquel il eft uni dans l'endroit où ce pé- tale eft le plus évafé. Les étamines font au nombre de cinq, dont quatre font droites, grêles , & ne por- tent point de fommets ; la cinquieme , qui eft plantée entre le neétarium, eft longue, très-étroite, ayant Ja forme d’une découpure du pétale, &c partagée en deux à {on extrémité, près de laquelle fe trouve Le fommet. Le piftil eft un embryon arrondi qui fup- porte la fleur , & poufle un file de la longueur des étamines, furmonté d’un ftygma fimple & crochu. Le péricarpe ou le fruit, eft cet embryon qui devient une capfule arrondie à frois loges féparées par des floifons; cette capfule contient plufieurs graines. ». £a racine du fafran des Indes meurit , & fe retire dela terre après que fes fleurs fe font féchées. Cette planteefhfort cultivée dans lorient , pour Pufage de faracine | qui fert à aflafonner la plüpart des mets; ils ufent auf des fleurs pouren faire des pommades dont ils {e frottent le corps. On regarde encore le /2- fran. des Indes comme un grand remede pour provo- | quer les regles, faciliter l'accouchement , & {ur-tout pour la guérifon de la jaunifle. Enfin les Indiens l’em= ploient fouvent dans la teinture. Il y a une autre efpece de fafran des Tides que Pon furnomme roxd, &t que les Portugais nomment raiy de fafrao : onne le trouve pas dans les boutiques: C’eft une racine tubéreufe, un peuronde, plus grofle que le pouce, compaëte , charnue , chevelue au- dehors , jaune en-dedans. Cette racine étant coupée” tranfverfalement a différens cercles, jaunes, rou- ges, de couleur de fafran, elle imite Le fafran &c le gingembre par fon goût & fon odeur, qui font ces, pendant plus foibles que dans le curcuma lons; elle” a aufh les mêmes vertus , mais plus foibles. Cette! plante qu'on appelle cureuma radice romndé dans l’Hort. malab. a les feuilles , les fleurs & les fruits femblables à la précédente. (D. J.) SAFRAN DES INDES, ( Mur. méd.) Voyez Cur- CUMA. SAFRAN DE MARS, (Mas. méd.) Voyez Mars. SAFRAN DE L'ETRAVE, ( Marine.) piece de bois qu’on attache depuis le déflous de la gorgere jufque fut le rinjot, & qui fert à faire venir le vaifleau au vent, lorfque par défaut de conftruétion, il y vient y difiicilement, Cela s'appelle dozrier la pince d'un vaifer Jean. SAFRAN, (Charpent.) c’eft la planche quiéft à lex trémité du gouvernail d’un batteau-foncet, fur la= quelle font attachées les barres qui foutiennent les planches de remplage. (D. J.) SAFRANIERE , 1. f. ( Agriculture.) plantation de fafran dans un lieu préparé & choïfi exprès pour fa culture; on donne ordinairement trois labours par an à la fafraniere : le premier quand on le plante, ou s’il eft déja planté au printems, quand les feuilles tombent ; le fecond fur la fin de Juillet , &c le troifie= me au commencement de Septembre. On choifit des donner le dernier labour par un beau tems, & dene pas offen{er les oignons en labourant. Une fafraniere ainfi ménagée, dure trois années. dans fa vigueur; elle pourroit même continuer à rap- porter pendant neuf ans, pourvü qu'on eût foin de la labourer, de la farcler & de l’ämander ; mais il vaut mieux après trois ans de production, lever hors de terre les oignons & les cayeux qu'ils ont produits” pour les planter ailleurs, & vendre le furplus. Stôt que les oignons font hors de terre, on doitdes met- tre à l’ombre dans un endroit qui ne foit point hu- mide, Il ne faut jamais les replanter dans Pendroif d’où on les a tirés, parce que la terre eft ufée ; ill s’agit au contraire de la réparer & de la bien fumer. Plufieurs cultivateurs partagent en quatre ce qu’ils ont de terre à mettre en fafran; 1ls garniflent les der niers quartiers des oignons &t cayeux qu'ils retirent des premiers ; & comme ils ne fleuriffent pas tous enr mêmetems, ils ont plus de commodité à cueillir le fafran qui refleuritd’un côté pendant que la dépouille fe fait de l’autre. (D. J.) SAFRE , SAFFRE , ZAFFRE oz SMALTE,, f. m c’eft un verre coloré en bleu par le moyen du cobalt,’ dont on fe fert pour faire du bleu d'empoi, & pour peindre en bleu fur la porcelaine , fur la fayance &cn fur l'émail. Cetfe fubftance fe débite fous la forme d’une poudre qui eft d’un bleu plus où moins beau ; elle eft défignée fous les différens noms de /z//or, de frialte, de zaffre | mais elle eft plus généralement connue en France fous celui de /aiÿfre où de 2leu de mail. | On a dit à l’article COBALT , que c’étoit ce miné- ral qui donnoit la couleur bleue que l’on nomme /af- fri ; on a ditaufi que M. Brandt, favant chimifte Suédois, refardoit cette fubftance comme un demi- métal particulier , dont le caraétere diftin@if eff de colorer le verre en bleu; mais depuis la publication ne du SAÂF du volume qui contient lartcke COBALT, plufieurs Chimiftes: ont fait de nouvelles expériences pour ap: profondir la nature de ce minéral fingulier, & ils en ont porté un jugement tout différent de celui de: M: Brandtiétdes perfonnes qui ont adopté fon fen- timent. Cela pofé, ona cru devoir rapporter ici Les expériences &c les idées nouvelles qui ont paru fur cedujet; malheureufement, loin d’éclaircir la matie- re, ellesne font qu'augmenter nosincertitudes. M. Rouelle, ainfi quequelquesiautres Chimiftes fran- çois,ont cru trouver la confirmation du fentiment de M. Brandt, parce qu’ils onttiré du fafre , c’eft-à-di- re du verre coloré parle cobalt, une fubftance par- faitement femblable à un régule femi-métallique, Êêt qui, mêlé de nouveau avec du verre, le coloroit en bleu. Maloré cela, la plûpart des Minéralogiftes & Métallurgïftes allemands, refufent de regarder le cobalt comme un demi-métal particulier, & préten- dent. que la fubftance réguline que l’on tire du cobalt eft une combinaïfon. M, Lehmann dans le ÿ90 de la nouvelle édition de fa Minéralogie, publiée en allemand à Berlin en 1760, dit que « le cobalt dont # on fait la couleur bleue, abftraétion faite de l’ar- » fenic qu'il contient, ne peutipoint donner ni un >» métal, niun demi-métal , de quelque façon qu’on > s’y prenne , mais en {e vitrifiant avec un felalkali >» Gtune terre vitrifable, 1ls’en précipite une fubf- # tance appellée /pafs, qui reflemble à un demi-mé- » tal, mais quiréeilement n’eft qu’une combinaifon + de cuivre, de fer, d’arfenic, & d’une terre pro- # pre à colorer en bleu ». Le même auteur ajoute dans le. or. « 1°. Que la matiere colorante qui fe # trouve dans Île cobalt qui donne du /perfs , eftquel- » que chofe de purement accidentel , c'eft pour ce- » la qu’elle fe fépare de la partie réguline , tant par » la vitrification, que par d’autres opérations chi- » miques; & même fi l’on fait fondre à plufeurs re- . # priles le /peiff, produit par le cobalt avec du fel >» alkali & du fable , il perd à la fn toute fa pro- » priété de colorer en bleu. 2°. On peut s’aflurer » de la maniere fuivante de ce qui entre dans la # compofition de la matiere réguline du cobalt qui » donne le bleu ; pour cet effet, l’on n’a qu’à pren- # dre du prétendu régule de cobalt pur , Le faire >» fondre à plufeurs reprifes avec de la fritte de ver- » re, jufqu'à ce qu'il n’en parte plus de fumée, ni # d'odeur arfenicale; alors on n’aura qu’à le remet- » tre de nouveau en régule, en extraire la partie » cuivreufe, par le moyen de lalkali volatil, juf- # qu'à ce que ce diflolvant ne devienne plus bleu ; # enfin, fi l’on diflout Le réfidu dans les acides, & » qu'on précipite la diflolution , on ne tardera point # à appercevoir le fer ». M. de Jui, célebre chimifte allemand, tres-verfé: dans la minéralogie, paroït être du même avis que M. Lehmann; il croit que la terre métallique du co- balt qui colore le verre en bleu , eft produite par une combinaifon du fer avec l’arfenic. Il appuie cet- te conjeêture fur un fait atteité par M. Cramer, qui dit dans fa Docimañe, avoir oui dire que M. Henc- kel avoit eu le fecret de colorer le verre en bleu, en faifant calciner de la limaille d’acier de Styrie. Un des amis de M. de Jufti, qui avoit été le difei- ple de M. Henckel, l’a afluré de la vérité de ce fait, ajoutant même que pour faire cette expérience , il prenoit trois parties de maille d’acier qu’il méloit exactement avec une partie d’arfenic, &c qu’il faïfoit réverberer ce mélange pendant trois jours ; à un feu qui étoit doux au commencement, mais qu'il aug- mentoit par degrés. Le même M. de Jufti nous apprend , que la man- ganèle ou magnéfie qui eft un minéral ferrugineux, fi on la joint avec de larfenic , & fi on la calcine gnfuite, devient propre à donner une couleur bleue Tome XIF, LA SA F 491 ai verre. Le même auteur parle d’un cobalt noir femblable à la mine d’arfénic noïre ; qui fe trouve! dans les terres de la dépendance du duc de Saxé:Co: bourg, aïnf'qu’au petit Zell, das la bafle - Autr: che; ce cobalt contenoitune-grande quantité de fer! & devoit fa couleur noïre dlcémétal, mais il ne con tenoit queltrés-peu , où même point duitout d’arfes nic; en mélantienfemble êc faifant caléiner cé cobalt noir & ferrugineux avec d'autre cobalt ordinaire ÿ gris êc charge: d'arfenie : Mode Jufi dit que de ce’ mélange , il réfultoit une’ matiere très-propre à co lorer le verre en bleu, c’eft-à-dire À faire du Jafres Il ajoute qu'il #’y a point de cobalt quine contien- ne des parties ferrugineufes plus où moins 4bondam- ment, il prétend que les cobalts ne font propres! à donner du bleu , que lorfqu'ils contiennent uñe _ jufte proportion de fer &d’arfenic À la fois ; le CO balt noir du petit Zell donnoit à la vérité tout feul une affez bonne couleur, maïs elle devenoit infini ment plus belle, lorfqw'on faifoit calcinertce cobalt avec un autre cobalt trés-chargéd’arfenic. De plus, M; de Jufli aflure qu'ilne: s’eft point encore trouvé jJufqu’ici de cobalt qui ne contint une portion d’ar= gent, d’où1l conjetture que l'argent DOUtroit con= trbuer à la couleur bleue queiproduit le cobalt Tele les font Les idées répandues dans différens mémoires fur le cobalt que M. de Jufti vient d'inférer dans fes œuvres Chimiques, publiées en allemand en r760: J'ajouterai encore à ces faits , que l’on a donné à M; de Montamy, premier maître d'hôtel de M: le duc d'Orleans , un morceau de cobalt noir trouvé en Ef£ pagne , près de la ville d'Aranda , dans la vieille Ca. tille. Cette mine de cobalt calcinée ne donnoit que peu d'indice d’arfenic , cependant M. de Montamy n'a pas laiflé d'en tirer un bleu de la plus grande beauté qu'il a employé dans les éouleurs pour lé- mail, dont il va bientôt enrichir le publie. Ce’co: balt a donné un bleu très fupérieur à celui des cobaits de Saxe & des autres pays d’Allemaone, Dans la vie du célebre Becher, on rapporte que ce favant chimifte ayant pris du mécontentement des Saxons, les menaça de faire tomber leurs manu- faétures de fafre , en donnant aux Anglois le fecret d’en faire avec du bronze ou de Palkagé métallique dont on faitles cloches , appellé en anglois 2e//me- tal; peut-être auffi que le be//-meral dont 8echer vou- loit parler, étoit un minéral qu'il favoit contenir du cobalt. | On peut conclure de tous les faits qui viennent d’être rapportés, que la vraie nature du cobalt neft point encore parfaitement connue ; que l’on ne con- noit point toutes fes mines , ©t qu'il pourroit y avoir plufieurs manieres de faire du fafre. Quoi qu'il en {oit , nous allons décrire celle qui fe pratique à Sch- neeberg , en Mifnie, qui eft l’endroit de toute Eu» rope où lon fait la plus grande quantité de fafe, ce qui produit un revenu très-confidérable pour lélec- teur de Saxe &c pour ceux qui font intéreffés dans ces manufactures. Comme les mines de cobalt qui fe trouvent en Mïfnie font accompagnées d’une très -orande quan- tité de bifmuth , on eft obligé d’en féparer ce demi métal , qui donnoit une mauvaife couleur au fafe. Pour cet effet , on forme une aire, on y place deux longs morceaux de bois, le long defquels on arrange des petits morceaux de bois minces fort proches les uns des autres. Onjette la mine par-deflus,, on allu= me le bois lorfqu'il fait du vent, & le bifmuth qui eft aifé à fondre fe fépare de la mine. | Nous ne répéterons point ici ce qui a été dit de la maniere de calciner le cobalt, pour en dégager l’ar- fenic dont il eft abondamment chargé dans [a mine ; cette calcination fe fait dans un fourneau deftiné à cet ufage, on étend le cobalt pulvérifé srofiérement Qqq 492 SLA F fur l'aire de ce fourneau, qui a environ fept piés de long & autant de large. On ne le chauffe qu'avec de bon bois bien fec ; la flamme roule fur le cobalt, que lon remue de tems en tems avec un rable de fer ; par ce moyen larfenic s’en dégage , & il eft reçu dans un long tuyau ou dans une cheminée honfon- tale, Voyez l'article Co 8 À LT & la PJ, qui y eft ci- - tée : on continue cette calcination pendant quatre , cinq, fix, & même pendant neuf heures confécuti- ves , fuivant que la mine eft plus où moins chargée d’arfenic. Le cobalt grillé fe pale par un tamis de fil de laiton, & l’on écrafe de nouveau Les parties qui n’ont point pù pafler au-travers du tamis. Cependant il faut obferver qu'il y a des mines de cobalt qui n’ont pas befoin d’être calcinées, & qui ne laflent pas de donner de très-bon afre ; le cobalt noir, dont nous avons parlé , eft dans ce cas, vüû qu'il ne s’en dégage que très-peu, ou même point du-tout d’arfenic ; alors le travail eft plus facile & moins. couteux, puifque l’on épargne les frais &c le travail de {a calcination. Le cobalt ayant été calciné & pulvérifé, fe mêle avec de la potafle bien purifiée & calcinée dans un fourneau, pour en dégager toutes les ordures & les matieres étrangeres qui peuvent y êtrejointes. Voyez l’article POTASSE. On y jointencore des cailloux ou du quartz calcinés & pulvérifés, 8c pañlés au tamis. Pour pouvoir plus facilement réduire ces cailloux en poudre, on les fait rougir & on les éteint dans l’eau froide à plufieurs reprifes; ce font-là les trois matieres qui entrent dans la campoftion du /afre. On prend ordinairement parties égales de cobalt, de potafle & de cailloux pulvérifés , cependant il faut confulter la nature du cobalt qui donne , tantôt plus, tantôt moins de couleur; c’eft pourquoi il faut s’aflurer d’abord par des effais en petit de la qualité du cobalt, par la couleur qu’il donne, avant que de le travailler en grand. Si Pon n’avoit point de cail- loux convenables, on pourroit faire la fritte du verre avec du fable blanc, femblable à celui dont on fe fert dans les Verreries. Lorfqu’on a pris ces précautions, on mêle exaéte- ment enfemble la fritte, c’eft-à-dire la compofition dont on doit faire le Jafre ; ce mélange fe fait dans des caïfles de bois , où il demeure pour en faire ufa- ge au befoin. Le fourneau dont on fe fert pour faire fondre le mélange, reflemble à ceux des verreries ordinaires, il a environ fix piés de long, fur trois de large & fur fix de haut. Les pots ou creufets dans lefquels on met le mélange, qui doit faire du verre bleu ou du fafre, fe placent fur des murs qui font environ à la moitié de la hauteur du fourneau. L'entrée du fourneau pat où l’on y place les creufets fe ferme avec une plaque de terre cuite que l’on peut ôter à volonté; au milieu de cette porte eft une petite ou- verture qui fert à recuire les eflais où échantillons . de la matiere vitrifiée que l’on a puifés dans les creu- fets au bout d’une baguette de fer ; durant le travail cette ouverture fe bouche avec de laterre glaife. Sur chacun des côtés du fourneau font trois ouvreaux qui fervent à mettre la fritte dans les creufets, & à la puifer lorfqu’elle eft fondue ; pendant qu’on fait fondre la matiere , on bouche ces ouvreaux à envi- ron un pouce près, & alors ils fervent de resitres au fourneau & donnent un pañlage libre à l’air. Au- deflous des ouvreaux, il y a encore trois portes ou ouvertures que l’on ne débouche que loriqu'il y a quelque réparation à faire aux creufets, ou lorfou’on veut en remettre de nouveaux. Au pié du fourneau eft le cendrier & une autre ouverture, qui fert à retirer le verre qui a pù fortir des creufets , que lon remet à fondre, Les creufets font faits de bon- ne terre, on les fait bien fécher dans un fourneau fait exprès, qui eft à côté du fourneau de verrerie? on-place fix creufets à la fois dans le fourneau ; comme :l faut que la chaleur foit rrès-forte, on ne le chauffe qu'avec du bois, que l’on a fait fécher pref que au point de le réduire en charbon, dansun four- neau qui communique avec le.premmier ; les buches doivent être minces pour ce travail Lorfque le mélange a éré expolé pendant 6 heures à l'aéion du feu , on le remue dans les creufets avec une baguette de fer ; on continue à faire la même chofe de quart-d’heure en auart-d’heure ,:6condaife le mélange expofé au feu encore pendant 6 heures; ainfi il faut 12 heures pour que la fufion foit parfaite, on n’en emploie que huit lorfqu’on fait du fre com; muñn, On reconnoit que le fafre eft affez cuüt aux mêmes fignes que tout le verre, c’eft-ä-dire on trempe une baguette de fer dans la matiere fondue ; lorfqu'elle s'attache à la baguette & forme des filamens, c’eft un figne que la matiere eft aflez cuite. | Au bout de ce tems, on puife la matiere fondue qui eft dans les creufets avec une cuillere de fer, & on la jette dans dès cuves ou dans des baquets pleins d’eau très-pure, afin d’étonner le verre & de le ren dre plus facile à s’écrafer ; cette opération eff très: importante. Au fond des creufets, dans lefquels on a fait la fonte , il s’'amafñle du bifmuth , vu que ce demi-métal accompagne prefque toujours les mines de cobalt que l’on trouve en Mifnie, &c il n’a pu en être tota- lement féparé par le grillage. Au-deffus de ce bifmuth fe trouve une matiere réeuline, que les Allemands nomment /peifs ; cette matiere a été peu connue ju£ qu’à préfent. M. Gellert, dans le tems qu’il a publié fa chimie métallurgique , regardoit le /peifs comme un vrai régule de cobalt pur ; il dit qu’en faifant calci- ner cette matiere, un quintal de cette fubftance fufät pour colorer en bleu 30 ou 40 quintaux de verres au-lieu que la mine de cobalt grillée de la mamiere ordinaire ne peut colorer en bleu que de huit à quinze fois fon poids de verre. Voyez la traduétion françoile de la chimie métallurgique de M, Gellert , £. Æ. p. 45. Mais on a appris depuis que M, Gellert s’eft retraté fur cet article ; & aujourd’hui avec tous les Métal- lurgiftes faxons, 1l regarde le /pei/s comme une com- binaifon de fer, de cuivre & d’arfenic, 8c non comme un régule de cobalt. Voici comment on fépare ce fpeifs d'avec le bif- muth : lorfqu’on laïffe éteindre le feu du fourneau, ê& que l’on veut facriñer Les creufets , on les remplit des réfidus qui ont été retirés de ces creufets &z qua étoient au fond du verre ; on les fait fondre, alors le bifmuth qui eft le plus pefant tombe au fond , &z le fpeifs qui eft plus léger refte au-deflus ; ét lorfaue le tout eft refroidi, on fépare aifément ces deux fubf- tances. Mais la féparation s’en fait encore mieux lor£ que l’on allume fimplement du feu autour de ces mafles résulines qui {ont en forme de gâteau , par-là le bifmuth qui fe dégage eft plus pur & fe fond plus promptement. Lorfque l’on fait l'extinétion du fafre dans l’eau , il tombe auffi quelques particules de /pes/s au fond des cuves , dans lefquelles on éteint Le /afre dont on fépare ces particules, Après que le verre bleu a été éteint dans l’eau, on le retire & on le porte pour être écrafé fous Îles pilons du boccard ; au fortir du pilon, on le pañe par un tamis de fils de laiton, &c on Le porte au mou- lin. C’eft une pierre fort dure, placée horifontale- ment &c entourée de douves, qui forment anf une efpece de cuve. Au milieu de cette piérre ; quifert de fond à la cuve, eff un trou garmi d’un morceau de fer bien trempé, dans lequel eft porté le pivot | d'un aifieu de fer , quifait tourner verticalement deux meules de pierres ; ces meules fervent à écraier & pulvérifer encore plus parfaitement le verre bleu Ou le Jafre qui a ététamilé , & qui a été étendu fur le fond de la grande cuve &c recouvert avec de l’eau. On broie ainf ce verre pendant fix heures, alors on lâche des robinets qui font aux côtés de la cuve du moulin, & l’eau, qui eft devenue d’une couleur bleue en paflant par ces robinets, découle dans des Daquets ou feaux qui font placés au-deflous ; de-là on porte cette eau dans des cuves où elle féjourne pendant quelques heures , par ce moyen la couleur dont elle étoit chargée fe dépofe peu-à-peu au fond des cuves ; on puife l’eau qui furnage , on la verfe . . « L dans des auges qui la conduifent à un réfervoir où elle acheve de fe dégager de la partie colorante dont elle eff encore chargée ; l'eau qui furnage dans ce _ prenuer réfervoir retombe dans un {econd , & de-Jà dans un troïfieme où elle a le tems de devenir par- faitement claire , & la couleur de fe dépofer entie- rement. On met la couleur qui s’eft dépofée dans des ba- quets, où on la lave avec de nouvelle eau pour en féparer les faletés qu’elle peut avoir contractées ; cela fe fait en la remuant avec une fpatule de bois ; on réitere ce lavage à plufeurs reprifes , après quoi on puife cette eau agitée, on la pañle par un tamis de crin fort ferré, & cette eau qui a ainfi pañlé fé- journe pendant quelques heures dans un nouveau vaifleau. Au bout de ce tems, on décante l’eau claire, & l’on a du fafre qui fera d’une grande fineffe & d’une belle couleur. \ : On étend également cette couleur fur des tables garnies de rebords ; on la fait fécher dans des étu- ves bien échauffées ; lorfque la couleur eft bien {e- che, on la met dans une orande caife garme de toile, cu on là fafle au-travers d’un tamis de crin fort ferré, L'ouvrier qui fait ce travail eft obligé de fe bander la bouche avec un linge, pour ne point avaler la pou- * dre fine qui voltige. On met ainfi plufieurs quintaux de /afre dans la caïfle | on l'humeëte avec de l’eau , on le pêtrit avec les mains pour le mouiller égale- ment, on le pefe ; alorsun infpetteur examine fi {a nuance de la couleur eft telle qu’elle doit être ; lorf- qu'elle eft ou plus claire ou plus foncée qu’il ne faut, 1l y remédie en mélant enfemble différens J'afres, & pat-Rà :l donne la nuance requife. Après que cette | couleur a été pefée , on l’entafle fortement dans des Parrils, fur lefquels on imprime avec un fer chaud une marque, quiindique la qualité du are qui y éft contenu. Les Saxons nomment efchel la couleur la plus fine & la plus belle : fuivant fes différens degrés de finefe & de beauté, onla défigne par différentes marques; HE F défigne la plus parfaite; Ê FE eft d’une qualité au-deffous ; FE eft encore inférieure ; M E fignifie fchel médiocre; O E efchel ou couleur Ordinaire ; O C marque une couleur claire ordi- naire ; © Hannonce un bleu vif; MCclaire moyen ; FC couleur fine ; F FC une couleur très-fine. Les barrils ainfi préparés fe vendent en raifon de la beau- té &t de la finefle de la couleur » & fe tranfportent dans toutes les parties de l’Europe ; on afure même que les Chinoïs en ont tiré une grande quantité de- puis quelques années. Telle eft la maniere dont on fait le J'afre en Mi nie, oil y en a quatre manufi@ures qui font une fource de richefle pour le pays. Les Saxons ont fait Jong-tems un très-grand myflere de ce travail, le cé- lebre Kunckel eftie premier quien ait donncune def. cription dans fes notes fur L'art de la Porrerie d’An- toine Néri. Depuis, M. Zimmermann en a donné un détail très-circonftancié dans un Ouvrage allemand qu'ila intitulé, Académie minéralogique de Saxe: {on -mémoire a été traduit en françois, & fe trouve À la fuite de P4rs de la Verrerie de Néri & de Kunckel, que j'ai publiée À Paris en 1752 Cependant jleft | Tome XIF, S AG 493 certain que les Saxons ont toujours fait des efforts pour cacher leur procédé > SC Jamais ils n’ont com- mMuniqué au public les ordonnances &c les réglemens de leurs manufaêtures de fafre qui font de l’année 1617, non plus que les divers changemens qu’on ÿ a faits depuis ce tems, | Quoi qu'il en foit, on fait du Jafre en Bohème ; dans le duché dé Wirtemberg, à Ste Marie aux m°2 nes en Lorraine, &c. il eft vrai que l’on donne la pré- férence à celui des Saxons ; 1l y a lieu de croire que” cela vient de leur prande expérience » de la bonté di cobalt qu'ilsemploient, &du choix des matieres dont ils font le verre. Comme le cobalt eft une fubflance minérale qui fe trouve très-abondamment prefque Par-tout où 1l y a des mines, il eft à préfumer qu'on téuflira aufi-bien que les Saxons en apportant à ce travail la même attention qu'eux. 1°, Il faut bien choïfir les cailloux dont on féra la fritte du verre ; fouvent des cailloux qui paroïîtront parfaitement blancs 8c purs contiennent des parties ferrugineufes que laétion du feu développe , alors ces cailloux rougiront ou jauniront par la calcination ») ils pour- ront nuire à la beauté de la couleur du Jafre ; d'un autre côté, 11 y a des caïlloux qui, quoique naturel- lement colorés, perdent cette couleur: dans le feu, ceux-là pourront être employés avec fuccès ; on voit par-là qu’il faut s’affürer par des expériences, de la qualité des cailloux qu’on employera ; au défaut de cailloux, on pourta fe {ervir d’un fable bien blanc & bien pur, 2°, Il faut que la potaffe, la foude ou Îe el alkali fixe que l’on mêlera dans la fritte du verre foit aufli parfaitement pure. 2°, Il ne fut point néghger l’eau dans laquelle on éteint le verre bleu au {ortir du fourneau , afin de pouvoir le pulvérifer plus aifément ; cette eau étoit impure & mêlée de particules étrangeres, elle pourroit nuiré à la beauté du Jafre. En général ce travail exige beaucoup de netteté & de précaution. (— SAGA , LE (Gram. lé.) anciennes hiftoires du Nord. SAGACITÉ, £ £,( Logique. ) Locke définit la fu- gactié | une difpofition qu'a l’efprit à trouver promp- tement les idées moyennes qui montrent la conve. nance où la diffonnance de quelque autre idée, & en même tems à les appliquer comme il faut. (2.7) SAGAIE, f. fzerme de relation , efpece de dard ou de javelot des infulaires de Madaoafcar. Le bois en eft long d'environ quatre piés ; ii eff fort fouple, CT vatoujours en diminuant vers ie bout par où on le tient pour le lancer. Le fer de ces fagares eft ordi- naitement empoifonné , ce qui fait que les bleflures en font prefque toujours mortelles, (D, J. SAGALASSE , Sagalaflus , ( Géog. anc. \ ville de Piidie, quoique Ptolomée Fait mife dans fa Lycie; fonerreur eft vifible, par le confentement général de tous les anciens. Pline, 2 # e. xXxviy, la nomme Sagelflus. Strabon compte une journée de chemin entre cette ville & Apamée; il dit, Z XII. P- 569. qielleétoit du département dePofficier que les Ro- mains avoient établi gouverneur du royaume d’A- myntas, & que pour aller de la citadelle À la villa il y avoit une defcente de 30 ftades. Arrien , dans fes euerres d’Alexandte, Z [7% donne Sagalaffus à la Pifidie. C’étoit, dit - il, une affez grande ville habitée par les Pifidiens. Tite-Live ; /, XX XV IIL, c. xv. décrivant la route que fuivit le conful Manlus pour paffer de la Pamphylie dans 1a Phrygie, dit : « En revenant déPamphylie , il Campa » au bord du fleuve Taurus le premier jour ;, & le » lendemain à Xiline-Comé ; de-[à :1 alla , fans 5’ar- » rêter,, jufqu’à la ville de. Cormafa: Celle-de Darfr » nétoit pas loin, les habitans s’en étoientenfris il » Yitrouva des vivres en abondance. Marchant en » fuite le long des marais, il reçut les foumiffions Qqqai 494 S A G » de la ville de Lyfinoé qui lui envoyoït des dépu- # tés. On arriva bientôt dans le territoire de Saga- » laffus, où il y avoit quantité de grains.Les habitans » {ont des Pifidiens., les meilleurs foldats de tout ce # pays ; ce qui joint à la fécondité de la terre, à la » multitude d’un peuple nombreux , & à la fituation » de la ville extraordinairement fortifiée, enfle le # courage ». (D. J.) SAGAMITÉ, f. f. rerme.de relation , efpece de mets dont fe nourriflent les peuples du Canada. La /aga- mité {e fait avec du blé d’Inde que les femmes culti- vent, & qu’elles.broyent avec des pierres. Elles le cuifent dans l’eau , & y mêlent quelquefois de la chair & du poifion. (D. J.) Le SAGAN, f. m.( Hiérarchie des Hébreux.) le fagan chez les Hébreux étoit le lieutenant du grand-prêtre, & celui qui faifoit les fonétions en fon abfence. Ainfi Eléafar étoit le vicaire d’Aaron, fouverain pontife. Ii eft parlé dans les livres des rois de ces deux char- ges de prêtrife. (D. J. SAGAN, ( Géog. mod. ) petite ville ou bourgade d'Allemagne en Siléfie, capitale de la principauté de même nom , au confluent du Bober & de la Queifs, à 38 lieues de Prague, avec un château. Elle étoit autrefois bien peuplée , mais elle a fouffert plufieurs malheurs confécurifs , qui l’ont réduite à une feule paroïfle ; elle appartient à préfent au prince de Lob- kowitz. Long. 32.10. larie. 51.34. (D.I.) SAGAPENUM,f. m. (Hif. des Drogues exor.) fuc qui tient le milieu entre la gomme &c la réfine ; tantôt il eft en grandes gouttes comme Pencens, tan- tôt en gros morceaux : il eft roufsâtre en-dehors , &c intérieurement d’une certaine couleur de corne; 1l plie, blanchit fous la dent , & même entre les doigts; il eft d’un goût âcre & mordicant, d’une odeur puan- te, forte, qui approche de celle du porreau , & qui tient comme le milieu entre l’afla-fœtida & le gal- banum, Lorfqu’on l’approche de la chandelle il s’en- flamme , & quand il eft cuit fur le feu avec de Peau, du vin, & du vinaigre, 1l fe réfout entierement; on en trouve dans les boutiques des morceaux fales, &T comme fondus, d’une couleur obfcure , mais qui ont le même soût &c la même odeur, que le plus pur. On eftime le fagapenum qui eft tranfparent, roux en-dehors, qui paroït former intérieurement des gouttes blanches ou jaunâtres , qui lofqu’on le brife, plie fous les doigts, &c qui lorfqu’on le manie, ré- pand une odeur également pénétrante & defagréa- ble. Charas fait mention d'un fagapenum blanc en-de- dans & en-dehors, qu’il croit le meilleur; maïs on en trouve rarement de tel dans les boutiques. Les anciens Grecs connoïfloient le fagapenum : Diofcoride dit que c’eftle fuc d’une plante férulacée qui croit dans la Médie ; on nous Fapporte encore aujourd'hui de Perfe & d'Orient. La plante d’où il découle nous eft inconnue : on conjecture avecaflez de rafon par les parcelles de tiges & les graines, qui font fouvent mêlées avec ce fuc , que c’eft une efpece de férule. (D. J.) SAGARI LE, ZAGARI, ou SACARIE, (Géogr. mod.) riviere de PAnatolie; fon nom vient fans dou- te de S'argarios, fleuve affez célebre dans les anciens auteurs, lequel fervoit de limites à la Bithynie. GD.J.) | | SAGARIS , (Géog. anc.) riviere de la Sarmatie en Europe: Ovide, de Ponto, 1. IF, eleg. x. 19. 45. É fégg. dit en nommant divers fleuves qui avoient- leurs embouchures dans la mer Noire: Adde quod hic claufo mifcentur flumira Ponto, Fimquefretum, mulio perdit ab amne fuam. Hic Lycus, hüc Sagaris, Peniufque, Hypamque, rom 0 Érarefque., De S A G Influis , 6 crebro vortice tortus Halys , Partheninfque rapax 6 volvens faxa Cynapes Labitur, & nullo tardior amne Tyrus. SiOvide n’avoit mis dans cette lifte que des ri- vieres de la côte feptentrionale, ce paflage feroit dé- cifif; mais il y en met, comme l’Halife , qui font de la côte méridionale. Il eft naturel de croire que le Sagaris du poëte, eff la riviere dont l’embouchure en forme de golfe, eft nommée Sagaricus Jenus par Pline, Z. IV. ©. xt. Sagaris s'appelle aujourd’hiu le Fagre. (D. J.) | SAGARIUS ,f. m. ( Hifi. anc.) marchand de foie ou de couverture. SAGATIO , 1. f. (Hiff. rom.) c’eft ce que nous appellons Éerner , faire danfer fur la couverture : l’em- pereur Othon s’amufoit dans fa jeunefle à berner les ivrognes qu'il trouvoit la nuit dans les rues ; ce fut aufh lPamufement de Néron. j SAGDU , f. m. ( Gramm. ) pain qui fe fait avec la moëlle d’un arbre : on mange le /2gdu aux Moluiques &t en d’autres contrées de lorient. SAGE 1e, ( Philofophie. ) le fage, quelque part qu'il fe trouve, eft, comme dit Leibnitz, citoyen de toutes les républiques, mais il n’eft pas le prêtre de tous les dieux ; il obferve tous les devoirs de la fo- ciété que la raïfon lui prefcrit, mais fa maniere de penfer au-deflus du vulgaire, ne dépend ni de Pair qu'il refpire, ni des ufages établis dans chaque pays. Il met à profit l’inftant qu'il tient, fans trop regretter celui qui eft pañlé , ni trop compter fur celui qui s’ap- proche. Il cultive fur-tout fon efprit; il s'attache au progrès des Arts; il les tourne au bien public, &e la palme de l’honneur eft dans fa main. Il fait tirer um bon ufage des biens & des maux de la vie, fembla- ble à la terre qui s’abreuve utilement des pluies, &c qui fe pénetre des chaleurs vivifiantes dans les jours brillans & ferains. Il tend à de fi grandes chofes, dit la Bruyere , qu'il ne porte point les defirs à ce qu’on appelle des tréfors, des poñtes , la fortune, &c la fa- veur. Il ne voit rien dans de fi foibles avantages , qu {oit aflez folide pour remplir fon cœur, &t pour më- titer fes foins. Le feul bien capable de le tenter, eft cette forte de gloire qui devroit naître de la vertu toute pure & toute fimple ; mais Les hommes ne Pac- cordent guere, & il s’en pañle. Si vous avez quelque goût pour le fage , 6 que vous aimiez à entrer dans les détails de fa vie, & dans fa facon de penfer, l’aimable peintre des fai- fons va vous en faire le tableau. Le fage, dit-il, eft celui qui dans les villes, ow loin du tumulte des villes, retiré dans quelque vallon fertile, goûte les plaïfirs purs que donne la vertu. Il ne voudroit pas habiter ces palais fomptueux, dont la porte orgueilleufe vomit tous les matins la foule rampante des vils flatteurs qui font à leur tour abu- {és. Il ne fe foucie nullement de cette robe brillante, où la lumiere fait réfléchir mille couleurs, qui flotte néoligemment , ou qui fe foutient par les bandes d’or, pour éviter la peine de la porter. Il n’eit pas plus curieux de la délicatefle des mets : un repas fru- gal, débarraflé d’un vain luxe, fuffit à fes befoins , :& entretient fa fanté ; fa tafle ne pétille pas d'un jus rare & coûteux; il ne pañle pas les nuits plongé dans un lit de duvet, & les jours dans un état d’orfiveré : mais eft-ce une privation pour celui qui ne connoït pas ces joies fantaftiques &ctrompeufes, qui promet- tent toujours le plaifir, &ne donnent que des peines ou des momens de trouble 8 d’ennui? Loin des traverfes & des folles efpérances, le age eft riche en contentement, autant qu'il l’eft en her- bes & en fruits : il s’affied tantôt auprès d’une haie odoriférante , & tantôt dans des bofquets &t des grot- tes fombres ; ce font Les afiles de l'innocence, de la beauté fans art, de la jeuneffe vigoureufe, fobre, & patente au travail. C'efi-là qu'habite la fanté tou- jours fleurie, le travail fans ambition , la contempla- tion calme, & le repos philofophiaue. Que d’autres traverfant les mers courent aprèsle gain ; qu'ils fendent la vague bouillonnante d’écume pendant de triftes mois ; que ceux-ci trouvant de la gloire à verfer le fang , à ruiner les pays & Îles cam- pagnes, fans pitié du malheur des veuves, de la dé- folation des vierges, &c des cris tremblans des en- fans ; que ceux-là loin de leurs terres natales, endur- cis par l’avarice, trouvent d’autres terres fous d’au- ttes cieux ; que quelques-uns aiment avec pañon les grandes villes , où tout fentiment fociable eff: éteint, le vol autorité par la rufe, & l’injuftice légale établie; qu’un autre éxcite en tumulte une foule {é- ditieufe, ou la réduife en efclavage ; que ceux-ci en- veloppent les malheureux dans des dédales de pro- cès, fomentent la diféorde, & embarraffent les droits de la juflice, Race de fer ! Que ceux-là avec un front plus ferain, mais également dur , cherchent leurs plafirs dans la pompe des cours & dans les cabales trompeufes ; qu'ils rampent baflement en diftribuant leurs fouris perfides, & en fuivant le pénible laby- rinthe des intrigues d’état. Le fage libre de toutes ces pañons orageufes, écoute, & n’entend que de loin êc en sûreté, rugir la tempête dumonde, & n’en fent que mieux le prix de la paix dont il eft environné. La chüte des rois, la fureur des nations, le renver- fement des états, n’agitent point celui qui dans des retraites tranquilles & des folitudes fleuries, étudie la nature & fuit fa voix. Il l’admire, la contemple dans toutes fes formes, accepte ce qu’elle donne li- béralement , &c ne defire rien de plus. ’ Quand le printems réveille les germes, & recoit dans fon fein le foufle de la fécondité, ce fage jouit abondamment de fes heures délicieufes ; dans + l'été, fous l'ombre animée, & telle qu’on la goûte dans le frais Tempé, ou fur le tranquile Némus,, il lit ce que les Mufes immortelles en ont chanté, ou 74 : LE PT écrit ce qu'elles lui diétent;, fon œil découvre, & Ton efpoir prévient la fertilité de l’année. Quand le luftre de automne dore les campagnes, & invite la famille du laboureur, fifi de la joie univerfelle, fon cœur s’enfle d’un doux battement; environné des rayons de la maturité, il médite profondément, & {es chants trouvent plus que jamais À l'exercer. L’hi- ver fauvage même eft un tems de bonheur pour lui: la tempête formidable &c le froid qui la fuit, lui inf. pirent des penfées majeftueufes : dans la nuit les cieux clairs &c animés par la gelée qui purifie tout, verfent un nouvel éclat fur fon œïlferain. Un ami, un livre, font couler iranquilement {es heures utiles; la vérité travaille d'une main divine fur fon efprit, éleve fon être, & développe fes facultés; Les vertus héroïques brülent dans fon cœur. Il fent auf l'amour & lamitié; fon œil modefte exprime fa joie; les embraflemens de fes jeunes en- fans qui lui fautent au cou & qui defirent de lui plai- re, remuent {on ame tendre & paternelle ; il ne mé- prife pas la gaieté, les amufemens, les chants , & les danfes; car le bonheur & la vraie philofophie font toujours fociables, 8 d’une amitié fouriante. C’ef- là ce queles vicieux n’ont jamais connu; ce fut la vie de l'homme dans les premiers âges fans Corruption, quand les anges, & Dieu même, ne dédaignoient pas d’habiter avec lui. Ajouterai-je pour terminer le tableau du Jage, la peinture qu’en a, fait un de nos poëtes d'après ces vers d’Horace , impavidum ferient ruine. Le Jage grand comme Les dienx EE malire de fes deflinées , Et de la fortune & des cicux : A G 495 Tient les puiflances enchaïnées : Il regne abfolument fur la terre & fur l'onde ; commande aux tyrans ; il commande au trépas ; Ez s'il voyoit périr le monde, Le monde en penffant ne l'éonneroir pas. (Le chevalier DE JaUcOURT.) SAGES,, ( Lisiérature. ) nom fous lequel les Grecs défignoïent en général les Philofophes, les Orateurs, les Hiforiens, &c les autres Savans de toute efpece. Pythagore fentit Le premier que le titre de fage, étoit trop faftueux ; il prit celui de phi/ofophe, qui fignifie arni de la fageffe. La doûrine des fages, fi on en ex- cepte Thalès, qui cultivoit déja la Phyfique & P'A- fronomie , {e bornoit à des fentences où maximes pour la conduite de la vie; du refte, ni fyflème, ni école formée, m contradiéteurs. ( D. J. SAGES-GRANDS, ( Gouv. de Venife. ) il y a fix Jages-grands , ainfi nommés à Venife, parce qu'ils manient les grandes affaires de la république, & que pour cela, on fuppofe awils ont plus de fagefle & d'expérience que le commun des nobles. Ils exami- nent entre eux les affaires qui doivent être portées au fénat, & les lui propofent préparées & digérées; leur pouvoir ne dure que fix mois. On appelle fage de la femainé, celui qui à chaque femaine reçoit les mémoires & les requêtes qu’on préfente au college des Jages-grands , pour les propofer au fénat. Il y a encore cinq fages de terre ferme : leur fonétion eff d’afhfter aux recrues des gens de guerre, & de les payer. On les traite d'excellence comme les autres ; il y a de plus le confeil des dix fages. C’eft un tribu- pal où l’on eflime , & où lon taxe le bien des parti- cuhers, lorfqu'il fe fait des levées extraordinaires. Enfin, il y a les fages des ordres, qui font cinq jeu- nes hommes de la premiere qualité, à qui on donne entrée au college , où fe traitent les affaires de la ré- publique, pour écouter 8 pour fe former au gou- vernement {ur Pexemple des autres /ages, Amelor de la Houffaye. ( D. J.) SAGE, ( Maréchal. ) un cheval /zge eft un cheval doux &z fans ardeur. SAGE, tableau /age fe dit en Peinture, d’un tableau dans lequel iln’y a rien d’outré, & où l'on ne voit point de ces écarts d'imagination, qui à force d’être pittorefques , trennent de l’extravagant, & où les li= cences ne font portées à tout égard qu'aux termes convenables. Peintre fage fe dit auffi de celui qui fait des tableaux de ce genre. SAGES CHIENS, ( Vénerie. ) ce font ceux qui con- fervent le fentiment des bêtes qui leur ont été don- nées, & qui en gardent le change. SAGE-FEMME, f. f, celle qui pratique l’art des ac- couchemens. Les fages-fémmes ont une maïtrife, & ne forment point de communauté entrelles, Elles font reçues maïtrefles fages-fèmmes par Le corps des Chirurgiens, à la police duquel elles font foumites. Les lois pour les Jages-femmes.de Paris font diféren- tes que pour les Jages-fémmes de, province, tant des villes que des villages. A Paris on ne peut être reçu à la maîtrife de fage-femme avant l’âge de vingt ans; il faut avoirtravaillé en qualité d’apprentifie pendant trois années chez une maîtrefle fave-femme de Paris : u trois mois feulement à l’hôtel-dieu. Les brevets d’apprentiffage chez les maîtrefles fages-femmes doi- vent avoir Été enregiftrés au grefle du premier chi- rurgien du roi, dans la quinzaine de [eur paffation , à peine de nullité; & les apprentiffes de l’hôtel-dieu font tenues de rapporter un fimple certificat des ad- mimitrateurs, afttefté par la maîtrefle & principale Jage-femme de l’hôtel-dieu. L'afpirante à la maîtrife de fage-fémme ef interro- gée à $. Côme par le premier chirurgien du roi ow Ion heutenant, par les quatre prevôts du college de 496 S A G Chirurgie , pat les quatre chirurgiens ordinaires du roi en fon châtelet, & par les quatre jurées /ages- femmes dudit châteler, en préfence du doyen de Ja faculté de Médecine , des déux médecins du Châte- let, du doyen des Chirurgiens, & de huit autres maîtres en chirurgie, S1 Pafpirante eft jugée capable, elle eft reçue fur le champ, & on lui fait prêter le ferment ordinaire, dont les principaux points font de ne donner aucun médicament capable de caufer l'avortement , & de demander du fecours des mat- tres de l’art , dans les cas épineux 87 embaraffans. Pour les Jages-femmes de village, on n’exige point d’apprentiflage. Toute afpirante à l’art des accouche- mens eft admife à l’examen pour la maitrife, en rap- portant un certificat de bonnes vie & mœurs, délivré arfon curé, qui ordinairement ne le donne qu’à celle dont les femmes de fa paroïfle ont pour agréable de fe fervir dans leurs accouchemens. Cette afpirante eft enfuite interrogée , moins pour donner des preu- ves de fa capacité , que pour recevoir des inftruc- tions par le lieutenant du premier chirurgien du roi, les prevôts & deux maîtres , fur les difficultés qui fe prélentent aux fâcheux accouchemens. M. de la Peyronie, premier chirurgien du roi, a fondé par fon teflament deux profefleurs & démonf- trateurs pour les accouchemens aux écoles de Chi- rurgie. Chaque année ils font , l’un un cours pour les Jages-fermmes &tleurs apprentifles, l’autre pourles éle- ves en chirursie. Il étoit perluadé qu’une partie auf effentielle de Part devoit être enfeignée pour l'utilité publique par des hommes confommés dans la théo- rie & dans la pratique des accouchemens. | Il y avoit une loi parmi les Athéniens qui défen- doit aux femmes d'étudier la Médecine. Cette loi fut abrogée en faveur d’Ægrodice, jeune fille qui fe dé- guifaen homme pour apprendre la Médecine, & qui fous ce déouifement pratiquoit les accouchemens ; les Médecins la citerent devant Paréopage ; mais les follicitations des dames athéniennes quiintervinrent dans la caufe , la ft triompher de fes parties adver- fes : 67 il fut dorénavant permis aux femmes libres d'apprendre cet art, Voyez le ditfionnaire de Bayle ax mor Hiérophile, rerarque À (F) SAGEMENT , ( Maréchal. ) mener fon cheval Jagement, c’eft le mener fans colere, & fans Le fati- ue. SAGENE , 1. £ (refure de longueur. ) mefure des Rufles équivalente à fept piés d’Anpleterre. Cinq cens fagènes font un wert. Franfaët. philo. n°, 445. (D.J) SAGESSE, VERTU , ( Synozym.) la fagefle con- fifte à fe rendre attentif à fes véritables &c fohides in- térêts , à Les demêler d'avec ce qui n’en a que lap- parence, à choifir bien, & à fe foutemir dans des choix éclairés. La vertu va plus loin ; elle a à cœur le bien de la fociété ; elle iui facrifie dans le befoin fes propres avantages, elle fent la beaute êc le prix de ce facrifice, & par-là ne balance point de le faire , quand'il le faut. (D°7) SAGESSE, ( Morale. ) la fageffe confifte à rem- plr avec exactitude fes devoirs , tant envers la divi- nité , qu'envers foï-imême & les autres hommes. Mais où trouvera-t-elle des motifs pour y être fide- le, fi ce n’eft dans le fentiment de notre immortali- té» Ainf l’homme véritablement fage eft un homme immortel , un homme qui fe furvit à lui-même, & qui porte fes efpérances au-delà du trépas. Si nous nous renfermons dans le cercle étroit des objets de “ce monde , la force que nous aurons pour nous em- pêcher d’être avares, confiftera dans la crainte de faire tort à notre honneur par les baflefies de l’inté- rêt ; la force que nous aurons pour nous empêcher d’être prodigues, confiftera dans la crainte de ruiner nosaffaites , lorfque nous afpirons à nous faire efti- S A G mer des autres par nos hbéralités. La crainte des ma: Jadies nous fera réfifler aux tentations de la volupté: lamour-propre nous rendra modérés &r circonfpe®s, &t par orgueil nous paroîtrons humbles & modeftes. Maïs ce n’eft-là que pañier d’un vice à un autre, Pour donner à notre ame la force de s'élever au-deflus d'une foibleffe , fans retomber dans uneautre, il faut la faire agir par des motifs bien fupérieurs. Les vues du tems pourront lu faire facrifier une paflion à une autré pafñon ; mais la vue de l’éternité feule enferme des motifs propres à l’élever au-deflus de toutes les foibleffes. On a vu des orateurs d’une fublime élo- quence ne faire aucun effet, parce qu'ils ne favoient point intérefler, comme 1l faut, la nature immor- telle. On en a vu au contraire d’un talent fort médio- cre, toucher tout le monde par des difcours fansart, parce qu'ils prenoient les hommes par les motifs de éternité. C’eft du fentiment de notre immortalité que nous voyons fortir tout ce qui nous confole , qui nous éleve & qui nous fatisfait. Il n’y a que l’homme immortel qui puifle braver la mort: lui et peut s’elever au-deflus de tous les évenemens de ce monde, fe montrerindénendant des capricés du fort, &c plus grand que toutes les dignités du monde. Que cette infenfbilité faftueute dont les Stoiciens paroient leur fage, s'accorde mal avec leurs principes! Tan- dis que vous le renfermez dans l’enceinte des chofes fragiles & périflables, qu’exigez-vous de lui? Quel motif lui fournifiez-vous pour le rendre fupérieur à des chofes quiluiprocurent duplaifir? L'hommeétant né pour être heureux, & n'étant heureux que parles fentimens délicieux qu’il éprouve , il ne peut renon- cer à un platfir que par un plus grand plaïfr, S'if fa- crifie fon plaïfir à une vertufterile, vertu qui laifle l'ame dans une molle inaébion , où fon aftivité na rien à faifir, ce n’eft chez lui qu'une vaine oftenta- tion d’une grandeur chimérique. Placez le fage vis-à- vis de lui-même, qu'il n’ait que lui pour témoin de fes attions, que le murmure flatteur des louangesne pénetre pas jufqu’à lu dans fon défert , réduifez cet homme triftement vertueux à s’envelopper dans fon propre mérite, à vivre, pour ainfi dire, de fon pro- pre lui, vous reconnoitrez bientôt que tout ce faite de fageffe n’étoit qu’un orgueil impofant qui tombe de lui-même, lorfqu’il n’a plus d’admirateur. Avec quel front voulez-vous qu’un tel fage affronte les ha- zards? Qui peut le dédommager d’une mort qui lus Ôtant tout fentiment, détruit cette fageffe même dont il fe fait honneur? Mais fuppofez-vous l’homme im mortel, il eft plus grand que tout ce qui l’environne. Ï n’eftime dans homme que l’homme même. Les in- juftices des autres hommes le touchent peu. Elles ne peuvent nuire à fonimmortalité ; fa haine feule pour- roit lui nuire. Elle éteint le flambeau. L'homme mor- tel peut affeéter une confiance qu'il n’a pas,pour fai- re croire qu'il eft au-deflus de l’adverfiré. Ce fenti- sent ne fied pas bien à un homme qui renferme tou-\ tes fes reflources dans le tems. Maïs il eft bien placé dans un homme qui fe fent fait pour l’étérnité. Sans fe contrefaire, pour parottre magnanime , la nature & la religion l’élevent affez pour le faire fouffrir fans impatience, & le rendre content fansaffe@tation. Un tel horame peut remplir l’idée &c le plan de la fuprè- me valeur, lorfque fon devoir loblise à s’expofer aux dangers de la guerre. Le monde verra dans lur un homme brave par raïfon; fa valeurne devrapoint toute fa force à la ftupidité qui lui ferme les yeux {ur le précipice quis’ouvre fous fes pas, à l'exemple qui loblige de fuivre les autres dans les plus affreux pé- rils, aux confdérations du monde qui ne lui per- mettent pas dereculer où l'honneur Pappelle. L’hom- me immortel s’expofe à la mort, parce qu’il fait bien qu'il ne peut mourir. Il n’y a point de héros dansle monde, puifqu'il n’y en a point qui ne craigne la S A G mot , Où qui ne doive fon intrépidité à {à propre foiblefle. Pour être brave, on cefle d’être homme, & pour aller à la mort, on commence à fe perdre de vue ; maisl homme immortel s’expofe, parce awilfe connoit. L’héroifime , danses principes d’un homme ‘qui renferme toutes fes éfpérances dans le monde , eftune extravagance, Les louanges de la poftériré contre lefquellesil échange fa vie, ne font pas capa- bles de l’en dédommager. Comment donc & par quel prodige des hommes qui ne paroïflent avoir connu d'autre vie que la préfente, ont-ils pu confentir à ceffer d’être, pour être heureux ? Ciceron à éru que SA G 497 contoñdrai leur Jageffe» L Côr. j. 10: #P. enfin la ja gefle éternelle eft Pêtre fuprême; Luc, xy. 49, (D: JT.) SAGESSE ; ( Myrhol.) il ne paroît pas que les Grecs aient jamais divimié la fagefle , qu'ils appels loïent scpix , mais ils l’onr du moins perlonnifiée , GE le plus fouvent fous la figure de Minerve, déeffe dé la fageffe: {on fymbole ordinaire étoit la chouette, oifeau qui voit dans Les ténebres, & qui marque que la vraie fageffe n’eft jamais endormie. Les Lacédémo: niens repréfentoient la Jäge/fe fous la figure d’un jeu: ne homme qui a quatre mains & quatre oreilles ; un carquois à fon côté, & dans fa main droiteune flute ; _ le principe de cet héroifme étroit toujours une eipé- rance fecrette de jouir de fa réputation dans le ein même du tombeau. Mais il y a quelque chofe de plus, Il ne feroit pas impofñble que ces hommes célebres ayent été plus heureux par leur mort, qu’ils ne l’euf: fent été par leur vie. Admirés de leurs amis & de leurs compatriotes, perfuadés qu’ils Le feroient de leurs ennemis mêmes & de la poitérité, cette épaule nuée de tant d’admirateurs a pu, pour des imagina- tions vives , former un fpeétacle dont le charme 1 quoique de peu de durée, fut pour eux d’un plus grand poids que leur propre vie. L'amour de nous- mêmes éclairé par la raïfon, ne confentira jamais à un tel facrifice: ce n’eft qu’à la faveur des accès d’u- ne imagination{éduite & enchantée, qu’il lui applau- dira. | _ Il faut, obferve Séneque , apprendre chaque jour à fe quitter , il faut apprendre À mourir. Ce fentiment qui eft fi noble & fi relevé dans une bouche chré- tienne, paroit tout-à-fait ridicule dans celle d’unftoi- cien. Îl n’avoit aucune crainte ni aucune efpérance pour l’autre vie. Pourquoi donc s’impofoit-1l une pei- ne f rigoureufe ? Pourquoi fuyoit-il les plaifirs atti- rans , lui qui devoit à la mort rentrer dans le fein de la divinité ? Quel avantage avoit le philofophe obf- cur , toujours rempli de penfées funeftes , toujours forcé à fe contraindre ; quel avantage avoit-il fur le Hbertin aimable & aimé, fatisfait de fon bonheur : ingenieux dans la recherche de la volupté? Le même fort les attendoit tous deux, La vie des hommes s’en. vole trop rapidement, pourêtre employée à la pour- fuite d’une vertu farouche & opiniâtre. Nous ne pou- vons trop chercher à être heureux; & le préfent eft le feul moyen qui nous conduife à la félicité , du- moins à celle dont nous fommes capables ici-bas, . Dompter fes paffions, fe gêner fans cefle , renoncer à fes plus cheres inclinations , corriger fes erreurs , veiller fcrupuleufement fur fa conduite » C’eft Pem- ploi d’un homme qui perceau-delà de cette vie qui fait par la révélation, qu’il furvivra à la perte de {on corps. Mais les Stoiciens n’avoient pas les mêmes motifs de fe flatter ; jamais un avenir obfcur ne leur a tenu lieu du préfent, & le préfent étoit toute leur richefe, l’objet de tous leurs defirs. Auffi les philo- fophes grecs, qui parloient fuivant leur cœur " avoient-ils une morale douce, & accommodée aux différens befoins de la fociété. Le portique feul fe difingua par une févérité déplacée ; trop de con- fiance en laraïfon, l'abus de {es forcés, un courage mal entendu le perdirent entierement. SAGESSE, ( Cririq. facrée) Japience, vogia, cogpootyn ce mot quichez les Grecs & les Latins fe prend pour Ja fcience de la philofophie , a encore d’autres figni- fications dans l’Ecriture, Il défigne par exemple, 1°. dans le Créateur , fes œuvres divines ; pf. L &. 2°. l’habileté dans un art ou dansune {cience ; Exod, %xx1%. 3. 3°. la prudence dans la conduite de la vie ; III. Roïs 1j. 6. 4°. la doûrine » l'expérience ; Joë. HI]. 12, l'aflemblage des vertus: à mefure que Jefus-Chrift croifloit en âge , il donnoit de plus en plus des preuves de fa Jagefle; Luc. 1 RTE CA € pru- dence préfomptueufe des hommes du monde : je ces quatre mains femblent défigner que la vraie fagef: é et toujours dans Paëtivité; les quatre oteilles ; qu'elle reçoit volontiers des confeils ; la flute & le carquois, qu’elle doit fe trouver par-tout, au milieu des armées comme dans les plaifirs : c’eff du moins là ce que penfent nos mythologues moraliftes. CDS) SAGESSE livre de la ; (Théol.) nom d’un des livres Canoniques de l’ancien T'eftament, que les Grecs ap- pellent Jageffe de Salomon, ccgra sanquorre, & qui eft cité par quelques anciens fous le nom grec de Favæpiros, COMME qui diroit recueil ou trefor de tou- te vertu, ou inflruftions pour nous conduire à la vertu. En effet le but principal quefe propofe l’auteur de cet ouvrage, eft d'inftruire les rois , les grands, les juges de la terre. Le texte original de cet ouvrage eftle grec , &il . N'y a nulle apparence qu'il ait jamais été écrit en hé breu; on n’y voit point les hébraïfmes & les bar- barifimes prefque inévitables à ceux qui traduifent un livre fur l’hébreu; l’auteur écrivoit affez bien en grec &tavoit lu Platon & lespoëtes grecs, dontil emprun- te certaines expreffions inconnues aux Hébreux ,tel- les que l’ambroife , le fleuve oubli , le royaume de Pluton où d’Adès, Ge. il cite toujours l’Ectiture d’a- près les feptante , lors même qu’il s'éloigne de l’hé- breu, & enfin fi les auteurs juifs l'ontcité, ce qu'ils en rapportent eft pris fur le grec. Toutes ces preuves réunies démontrent que l'original eft grec. | La traduétion latine que nous en avons, n’eft pas de S. Jérôme , c’eft l’ancienne vulgate uftée dans Péplife dès le commencement , & faite fur le grec long-tems avant S. Jérôme ; elle eft exaéte & fidele ; mais le latin n’en eft pas toujours fort pur. L'auteur de ce livre eft entierement inconnu ; quelques-uns Vattribuent à Salomon , & veulent que ce prince lait écrit en hébreu , qu’on le traduifit en grec, êt que le premier original s'étant perdu, le grec a depuis pañié pour l'original; mais quelle apparence que les juifs n’euffent pas mis cet ouvrage au nombre de leurs livres canoniques , s’il eût été de Salomon? D'où vient qu'il n’eft point en hébreu , que perfonne ne l’a jamais vu en cettelanoue, que le tradu@eur n’en dit rien , & que fon ftyle ne fe reflent point de fon original ? | | D'autres l’ont attribué à Philon , mais on ne con- noït point précifément quel eft ce Philon : car l’an- tiquité fait mention de trois auteurs de ce nom; le Premier vivoit du tems de Ptolomée Philadelphe ; Le fecond eft Philon de Biblos , cité dans Eufebe $e dans Jofephe ; le troifieme eft Philon le juif, aflez connu : ce ne peut être le premier de Pexiftence du- quel on a de bonnes raïfons de douter , ni le fecond qui étoit payen, ni le troifieme qui n’a jamais été reconnu pour un auteur infpiré, , Grotius penfe que ce livre eft d’un juif qui l’écri- vit, dit-il, en hébreu depuis Efdras & avant le ponti- ficat du grand prêtre Simon. Il ajoute qu’il fut traduit en grec avec aflez de liberté , par un auteur chrétien Qui y ajouta quelques traits 8 quelques fentimens tirés du chriftianifme ; delà vient qu'on y remarque, felon cet auteur, le jugement univeriel, lebonheut. des juftes , &le fupplice des méchans , d’une maniere 498 S À G plus diflinéte que dans les autres livres des Hé- breux ; mais Grôtins avance tout cela fans preu- ves. Grot.præfat. in fapient. | Cornelius-a-lapide croit que le livre de la fageffe a été écrit engrec par un auteur quuf, depuis la capti- yiré de Babylone vers letems de Ptolémée Philadel- phe, roi d'Egypte, & ilfoupconne que.ce pourroit bien être un des feptante interpretes , parce qu'au rapport d'Ariftée, ce prince propofa à chacun de ces interpretes une queftion touchant le bon gou- vernement de fon ctat; ce livre pourroit donc être unrecueilde leurs réponfes, ou avoir été écrit par un feul d’entre eux à cette.occafon. Le äyre de la fageffe n’a pas toujours.été reçu pour canonique dans l’églife ;.les juifs ne l'ont jamais re- connu; plufeurs peres & plufeurs églifes l'ont re- jetté de leur canon. Lyran même, 8r Cajetan ne le reconnoiflent pas comme inconteftablement canoni- que; mais d’un autre côté , plufeurs peres l'ont connu & cité comme Ecriture fainte.1Les auteurs fa- crés du nouveau. T'eftament, y font quelquefois al- lufion; les conciles de Carthage en 337, de Sardr que en 347, de Conftantinople, 27 Trulio, en 692, le xj. de Tolede en 675, celuide Florence en:1438, &t enfin celui de Trente, Jép. 4. l’ont -expreflément admis au nombre des Livres canoniques. Les œufulmans attribuent le Zivre de la fagefle à leur philofophe Locman , qui n’étoit pas, difentils, nabi Ou prophere, mais feulement kakim, c'eft-à-dire age. Calmet, Didion, dela Bibl, torn. IT. pag. 424. & Juiv. (A) SAGGIO, £. m. ( Commerce.) petit poids dont on fe {ert à Venife. C’eft la fixieme partie de l’once de cette ville; cette livre a onze onces , chaque once fix fagzio, & chaque Jaggio vingtcarats. Di. de Com. 6 de Trév. SAGGONAS, f. m. ( Hiff. mod.) ce {ont les pré- tres ou chefs d’une feéte établie parnu les negres des parties intérieures de PAfrique, & que Ponnom- me bell. Cette fe@te fe confacre à l’éducation de ta jeunefle ; il faut que les jeunes gens aient pañfé par cette école peur pouvoir être admis aux emplois ci- vifs êt aux dignités eccléfiaftiques. Ce font les rois qui font les fupérieurs de ces fortes de feminaires ; tout ce qu’on y apprend fe borne à la danfe, à la lutte, la pêche, la chafle , & fur-tout on y montre la maniere de chanter une hymne en l’honneur du dieu Be/li ; elle eft remplie d’expreflions obfcenes, accompagnées de poftures indécentes ; quand un jeune negre a acquis ces connoiflances importantes , il a des privileges confidérables, & il peut afpirer à toutes les digrutés de Pétat. Les heuxoùfetiennent ces écoles , font dans le fond des bois; il n’eft point permis aux femmes d’en approcher, &c les étudians ne peuvent communiquer avec perfonne, fi cen’eft avec leurs camarades, &c les maitres qui les enfei- gnent, pourles diftinguer , on leur fait avec un fer chaud des cicatrices depuis l'oreille jufqu’à l'épaule. Lorfque le tems de cette finguliere éducation eft fini, chaque fzgonna remet fon éleve à fes parens, on cé- lebre des fêtes, pendant lefquelles on forme des dan- fes qui ont été apprifes dans l’école; ceux qui s’en acquittent bien reçoivent les applaudiflemens du public, ceux au-contraire qui danfent mal font hués fur-tout par Les femmes. Le dieu BeZ, fi refpeété par ces negres , eft une idole faite par le grand prêtre, qui lui donne telle forme qu'il juge convenable; c’eft fuivant eux un myftere impénétrable que cetteidole, aufli n’en par- le-t-on qu'avec le plus profond refpeét ; cependant ce dieu ne dérive {on pouvoir quedu roi; d’où l’on _ voit que le fouverain eft parvenu dans ce pays à fou- mettre la fuperfition à la politique. SAGHALIEN , ( Géog. mod, ) ville de la Tartarie S$S À G chinoife orientale , dansle souvernement de Teïtci- car, fur.la rive droite du Saghalien, dans une plaine fertile. Latir. 50, 2. (D. J.) | SAGHED , adj. (rerme de Relation ) titre que les rois d’Ethiopie ont pris dans le feizieme fiecle, & qui dans la langue du pays veut dire grazd, augufle, vénérable; ct cependant ils n’ont aucune de ces qualités , car ils font petits , vilains & méprifables. (D. J.) SAGHMANDAH , ( Géog. mod.) ville d'Afrique en Nigritie, dans la province d'Ouangara, fur la rive feptentrionale du Niger. (D:3.). SAGINA , f.f. (Hifi. nar. Botan. ) genre de plan- te dont voici les. caraëteres, fuivant le fyftême de Linnæus. Le calice eft à quatre feuilles qui fubff- tent après que la fleur.eft tombée. Ces feuilles font ovales, creufes & déployées ; la fleureft compofée de quatre pétales ovoides , obtus, plus courts que les feuilles du calice, mais également déployés ; les étanunes font quatre filets capillaires:, à bofettes ar- rondies ; le germe du piffil eft de figure fphérique; les fliles font quatre , de forme applatie &e recour- bée, ils font couverts de duvets; les fHigma font fimples, le fruit eft unecapfule ovale contenant qua- tre loges ; les graines font nombreufes, très-petites, êt attachées au placenta. Linnæus, gez. pl. pag. 55. (D...) SAGITTA, .f (Æif. nat. Bor. ) genre de plan- te, vulgairement nommée quete d’aronde, & dont voici les carateres, Sa racine eft fbreufe , épaïte , fongueufe & rampante; {es feuilles prennent avec le tems la figure de l’extrémité empennée d’une fleche; {a fleur eft tripétale comme celle du plantin aquati- que; fon fruit eft un amas de fémences comme la fraife. Toutes les efpeces de fagitra ont été rangées par Tournefort, 2ater ranunculos paluffres folio fagirtato, c’eft-à-dire parmi les renoncules de marais à feuilles faites en fleches. (D...) | SAGITTAIRE , { m.(Mythol. affron. ) conftella- tion, ou neuvieme figne du zodiaque : les uns di- fent que le fagittatre eft Chiron le centaure: d’autres, que c’eft Procus, fils d'Euphème, nourrice des mu- fes; qu'il demeuroit fur Le Parnafle, faifoit fon occu- pation de la chaîle , & qu'après fa mort, à la prière des mufes , 1l fut placé parmi lesafires. (D. J. SAGITTANE, fagitalis futura , (Anatomie) c’eft la feconde des vraies futures du crane, Voyez Planc. dAnat. 8& SUTURE. Elle eft placée Le long de la par- tie moyenne & fupérieure de latète, & fe continue quelquefois jufqu’à la racine du nez; elle prend ce nom jagictane du latin fagitra | parce qu’elle reflem- ble à une fleche. | M. Hunauld a fait voir à l'académie des Sciences, le crane d’un enfant de 7 ou 8 ans, où il ne paroïf- foit aucun veftige de la furure fagitsale, & de la coro- nale, ni en dehors ni en dedans; par conféquent l'os coronal & les pariétaux s’étoient réunis avant le tems , outre que leur réunion prématurée refiftoit à l’accroïflement que Le cerveau devoit encore pren- dre ; mais dans la furface concave du coronal êT des pariétaux de cetenfant , il s’étoit creufe des traces plus profondes qu’à l'ordinaire, des circonvolutions du cerveau qu’elles fuivoient, Acad. des Sciences, an, 1734 (D. J.) SAGITTARIA, ff. ( Botan, exot, ) c’eft la carna indica, radice albà , alexipharmaca , Rau, hit, 3.773. rundo indica, augufhfolia, flore rutilo, pediculis donata, Hift. Oxon. 3. 250. Cette plante a la racine. genouillée de la grofleur du pouce, blanche & de fi- gureconique ; des intervalles que les nœuds laïflent entre eux, il part de chaque jointure plufieurs fibres par le moyen defquels la plante fe nourrit ; la raci- ne poufle plufeurs feuilles de trois pouces de D. es Jesfeuillesextérieures embraffent celles-qui font au- dedans , & font environnées d’un anneau blanc dans l’endroit où elles fe joïsnent., elles font minces, f- breufes, herbacées , & d’un jaune verditre. M. Hans- Sloane a remarqué qu’on la cultivoit dans les jardins à la Jamaique & aux iles Caraibes. Elle a pañlé de la Jamaique, dans l'île de S. Domingue; on en a fait beaucoup de cas à caufe de la propriété alexi- pharmaque qu'on lui attribue. (2. J. SAGMEN , f. m. (ufage des Rom. ce mot, dans Tite-Live , défigne une herbe que les ambafladeurs portoient avec eux. On croit que cette herbe étoit de la véracine , parce que Lucien dit que les Perfes en donnoïent à leurs ambafñladeurs. (D. J,) SAGNAC , o4 SAGANAC , ( Géog. mod. ) ville d'Afñe au Turqueftan, felon d'Herbelot, qui dit que le fultan de Kouarezm, prit cette ville fur Tamer- lan, Van 547. de lhégiré, (D. J.) | SAGOCHLAMEFS ,( Litrérar, ) forte de vêtement qui tenoit en partie de la faye, Jagum, & en partie du furtout que portoient Les gens de guerre & les voya- geurs , 8t qu'on nommoit chlarmnys. Voyez PY Trscus. SAGONE, (Géog. mod.) Sagona diftrurta | ville entierement ruinée de l'ile de Corfe , dans fa partie occidentale , entre Calvi au nord, & Ajazzo au midi. Elle conferve toujours le titre d’évêché , dont l'évêque réfide au bourg de Vico , qui en eft voifin, & où-on a transféré la cathédrale. Il eft fuffragant de Pife. Long. 26. 20. lar, 41.58. (D. J.) SAGORA , (Géog. mod.) petite ville de Turquie, en Europe, fur la mer Noire ;entre les villes de Sta- gnara & de Siflopoli. Niger croit que c’eft le Tky- as des anciens , ville de Thrace fur les bords du Pont-Euxin. SAGOU , f.m. ( serme de Relarion.) efpece de fé- cule defléchée qu’on tire dans les Indes orientales , de la moëlle d’une efpece de palmier nommé zagx. . Voyez LAGU. Les babitans , après avoir coupé l'arbre, le fen- dent par le milieu en cylindre, & en tirent toute la moëlle dont il eft plein. lis hachent cette moëlle juiqu’à ce qu’elle foit réduite en poudre dans un fas qu'iis pofent fur une cuvette ; À mefure qu’il eft plein, ils l’arrofent d’eau, & l’eau en dégageant la moëlle farineufe d'avec l’écorce du bois , tombe dans la cu- vétte par une rigole où elle fe dévorge en laiffant fon marc au fond. Ce marc étant fec, imite la farine, & c'en eft effeétivement. Les habitans en font une pâte avec de l’eau, & cuifent cette pâte dans des va- fes de terre pour leur nourriture. ( D. J.) SAGOUIN , voyez SINGE. SÉGRA , ( Géog. anc. ) riviere dela grande Grece, dans la Locride. Cette riviere, dit Pline, 4v. IIL. c. x. eft mémorable. Strabon en parle auffi, & remar- ue que ce nomeft du mafculin; ce qui eft eneffet af- fer rare dans les noms de rivieres. Sur le bord de cette riviere étroit un temple des deux freres Caftor & Pol- lux, où dixmillelocres, afiftés des habitans de Rhe- gium, défirent cent trente mille crotoniates en ba- taille rangée, De-là vint le proverbe employé quand quelqu'un refufoit de croire une chofe, cela eft plus Frabque la bataille de la Sagra. Strabon ajoute : on fait un conte à ce fujet ; on dit que le même jour la nouvelle en fut portée à ceux qui afiftoient aux jeux olympiques. Cicéron repete ce conte dans fon livre de la nature des dieux : maisil accompagne auffi d’un or dir, Le nom moderne de cette riviere eft Sagriano. SAGRE , LE; ( Géog. mod, ) petite riviere de la Tartarie Crimée ; c’eft le Sagaris d'Ovide » El Aga- ros de Ptolomée. SAGRES, ( Géogr. mod.) ville de Portugal, dans PAlgarve , à une lieue & demie du Cap Sant - Vin- cent, Promontorium [acri , à AS au midi de Lif- bonne. Elle fut fondée au commencement du xy. Tome XIV. | S À H 499 fiecle par linfant dom Heüri, fils du roi f ean[. Elle a un port d'où ce prince envoya des flottes pour cher: cher dernouvelles routés vers. les Indes 'orientales. 4] y a toujours garnifon dans Ja forterefe. Long. 8.42, larite 36. 57. (DT). on à SAGUENAY, LE, (Géog.-mod.) riviere de l’Amé. tique feptentrionale , dans la nouvelle France , au Cañada proprement dit, Elle fort du lac Saint-Jean, où fe jettent plufieurs rivieres ; & fe perd dans le grand fleuve de Saint- Laurent, -à Tadoufac. Elle.eft fpacieufe, & en certains endroits profonde, dit-on, de quarante brafles, |. . Lu SAGUINAM ,.( Géog. mod.) baie de la nouvelle France , dans l'Amérique feptentrionale, fur la côte occidentale du lac Huron. Elle a fept lieues d’ouver- ture , 6c trente de profondeur. Le fond de cette baie préfente un beau pays. (D. JT) | n SAGUM , f.m. (Hifl. anc,) vêtement des anciens Gaulois ; il s’attachoit au bas-de la cuiraffe ; 1lcou- vroit la cuifle, & foutenoit l'épée. SAGUNTIA , ( Géog. an.) ou Seguntia, an- cienne ville de PEfpagne tarragonoïfe | au pays des Arevaques, felon Pline, Zv. 111, ch, ii, Prolomée ne la connoïît point ; mais Tite-Live la nomme S eguns ta Celitberäm. Une infcription de Gruter NPIT Sd n°, 2, porte : C, Atilio, C. F. Quir. Craffo. Sépontino. Antonin met cette Segorriz, & encore une autre ville de même nom , furla route de Mérida à Sarra= gofle; la premiere , qui eft celle-ci , entre Complu- tum, Alcala de Henarés & Bilbili. (2,80), : SAGUNTUM , ( Géog. anc. ) Sagonte, ancienne ville d'Efpagne , au pays des Hédétains » felon Ptolo- mée, Zv. VI. c. ij, Elle étoit à près de trois milles de la mer, f lon en croit Tite-Live , v. XXL,c. vi. & à trois mulles entiers, felon Le calcul de Pline > LV TITI, c. 17. Rien de plus fameux que le fiege &e la prife de S4- gonte dans l'hiftoire romaine. Ce fut par ces hoftilités qu’Anmbal engagea la feconde guerre punique. Les Carthaginoïs la pofféderent huit ans ; les Romains la reprirent fur eux, & en firent une colonie romaine. C’eft pourquoi elle eft nommée par Pline , iv, IIL, C. 1. Saguntum , civium romanorum Oppidum _fide noble, Sa fituation près de la mer eft marquée fur une mé- daille dé Tibere ; on y voit une galere avec ce mot Sag. 6t les noms des duumvirs ; & fur une autre mé- daille du cabinet duroialléguée par le pere Hardouin, on lit Saguns. avec une galere de même. Cette ville s’appelloit également Sagunem 8 Saguntus, La ville de Moviedro occupe à-peu-près laplace de l’ancienne Sagonte, On a découvert près de cette ville, fur le grand chemin au mois d'Avril 1745 ; un pavé de mofai- que qu'on croit avoir fervi au temple de Bacchus ; cette mofaique , quieftinconteftablementun ouvrage romain, ne paroït pas avoir été faite dans un fiecle où les arts fuflent en Yigueur ; & quoiqu'ils ne fut fent pas fort avancés dans le terns que la république fubfftoit encore , on n’oferoit aflurer que cet ou vrage ait été fait par les premiers Romains qui s’y établirent après la prife de cette ville par Scipion. D.J. S rite > (Géog. anc.) ville d’Afe dans la Phazémonitide, petite contrée du Pont ,au voifinage du territoire d’Amafa , felon Strabon , Liv. XII. p, 360. Cette ville étoit au haut d’une montagne fort efcarpée , fur le fommet de laquelle 11 y avoit une citadelle qui fournifloit de l’eau en abondance. SAHABI , (Hifi. du mahornérifme. ) les fahabi ou Jahaba , font les compagnons de Mahomet ; maïs il eft impoñüble d'en déterminer le nombre , à-caufe Rrr 509 SAH que les fenfimens des écrivains arabes font fort par- tagés fur ce fajet. 0 Saïd , fils d’AI-Mañb:, un des fept grands doéteurs & jurifconfultes, qui vécurent dans les’ prémiers ‘tems après Mahomet , foutieñt que perfonne ne de- voit Être mis au rang des compagnons du prophete, À-moins que d'avoir converfé du-moins un an ou plus avec lui, 8 de’ s'être trouve fous fes drapeaux à quelque guerre fainte contre les infidelés'Quelques- his accordent ce titre à TOUS Ceux qui Ont eu OCCa- fon de parler au prophète , qui ont embraffé l’Ifla- mifme pendant fa vie, ou qui ont feulement vu & accompagné, ne fût-ce que durant une heure. D’au- tres enfin prétendent que cet honneur mappartient qu'à ceux que Mahomet avoit reçus lui-même au nombre de fes compagnons ,-en les enrôlant dans fes troupes ; qui l’avoient conflamment fuivi , s’étoient inviolablement attachés à fes intérêts, & lavoient accompagné dans {es expéditions. Il avoit avec lui dix nulle compagnons de cet ordre quand il fe rendit maître-de la Mecque; douze mille combattirent avec ui à la bataille de Honeïñh, & plus de quarante mille Paccompagnerent au pélerinage d’Adieu; enfin , au terms de {a mort, felon le dénombrement qui en fut fait, il fe.trouva cent vingt-quatre mille mufulmans efledifs. Les Mohagériens , c’eft-à-dire ceux qui laccom- pagnerent dans Îa fuite à Médine , tiennent fans con- tredit le premier rang entre fes compagnons. Les An- fariens: ou auxiliaires qui fe déclarerent pour lui, quand il fut chaffé de la Mecque , les fuivent en di- gnité, & ont le rang avant les autres Mohagériens, outréfugiés qui vinrent après que Mahomet fut établi à Médine: Les meilleurs hiftoriens orientaux diftri- buent tous ces compagnons en treize clafles. … Quelques-uns mettent encore au rang des fahabr, de pauvres étrangers , qui n'ayant ni parens niamis, & fe trouvant deftitués de tout , imploroient la pro- tetion de Mahomet; mais onles a appellés plus com- munément affefleurs que compagnons de Mahomer, parce qu’ils étoient ordinairement affis fur un banc, autour de lamofquée. Le prophete en admertoit fou- vent plufeurs à fa propre table ; & Abulféda nomme les principaux auxquels il donna affeétueufement fa bénédiétion. (D. J.) SAHAGUN , ( Géog. mod. ) ville d’Efpagne, au royaume de Léon, fur la riviere de Céa , à 8 lieues de Palencia, dans une plaine abondante en grains, vignes &c gibier. Elle doit fon origine à une abbaye de l'ordre de S. Bénoït. Alphonfe VI. dit Ze vaillanr, lui donna des privileges en 1074, qui furent augmen- tés par Alphonfe XI. Long. 13. 15. lat, 42. 30. SAHARA, (Géog. mod.) on écrit auf Sara , Zara, & Zaura. Ce nom, qui veut dire deférs, fe donne à touté cette étendue de pays qui fe trouve entre le Bilédulgeridau nord , & la Nigritie au midi. C’eft la Libye intérieure de Ptolomée, dans laquelle il com- prend'aufli une partie de la Numidie , & de la baffe Ethiopie. Ces vaftes deferts de Barbarie ne contiennent que des lieux arides , fablonneux , inhabitables, où l’on fait quelquefoiscinquantemulles fans trouver un verre d’eau ; le foleil y darde fes rayons brülans ; & les marchands qui partent de Barbarie pour aller dans la Nigritie , ne menent pas feulement des chameaux chargés de marchandifes, maïs 1lsen ont d’autres qui ne fervent qu’à porter de l’eau. Indépendamment de cette précaution , ilsne font leurs voyages qu'après les pluies, pour trouver du lait & du beurre fur la route. Ils fouffrent encore quelquefois en chemin des coups de venthorribles, qui tranfportent avec eux des monts de fable dont les hommes & les chameaux font fuñoqués. # Un vent étouffant {oufflé une chaleur infuppor- ÿ table de fa fournaife dont il fort, & de la vañfte » ‘étendue du fable brülant. Le voyageur eft frappé # d’une atteinte mortelle. Le chameau , fils du de- » fert, accoutumé à la foif & à la fatigue, fent {on » cœur defléché par ce fouffle de feu. Tout-à-coup » les fables deviennent mouvansparle tourbillon qui » regne ; ils s’amäaflent, obfcurciflent l'air ; le defert » femble s'élever , jufqu’à ce que l’orage enveloppe » tout. Si le fatal tourbillon furprend pendant la » nuit les caravanes plongées dans le fommeil, à Pa- » bri de quelque colline , elles y demeurent enfe- # velies. L’impatient marchand attend en vain dans » les rues du Caire ; la Mecque s’afiige de ce long » retard, & Tombut en eft defolé ». (D. 7) SAH-CHERAY, £ m. ( poids de Perfe. ) ce poids pelé onze cens foixanté & dix derhem, à prendre le derhem pour la cinquieme partie de la livre poids de marc de feize onces. SAHIA , (Géog. mod.) petite ville de Syrie, à 12 lieues de Hama, & à 13 de Médiez. Elle eft fur un rocher efcarpé de tous côtés, & a la riviere d’Aff qui en lave le pie. : SAHID , Le, (Géog.mod.) ou Saïd, ou Zaïd, (le) ce mot en arabe défigne en général un lieu plus haut qu'un autre ; on s’en fert en Egypte , pour fignifier la haute Egypte , autrement nommée /a Thébaide, La province de Sukid eft d’une étendue confdérable , mais inhabitée dans fa plus grande partie. Les Turcs en font les maîtres, & y envoyent, pour la gouver- ner, un fangiac-bey. Il réfide à Girgé , capitale du pays. (D.J.) SAHMT , f. m. (Calend. arménien.) nom d’un mois des Arméniens. C’eft , felon quelques favans, le premier de leur année , & , felon d’autres, le troi- fieme. Voyez la differtation de Schroeder à la tête de fon Thefaurus ling. armen. (D. J. SAHRAI-MOUCH, (Géog. mod.) petite ville d'A fie , au Curdiftan, à trois journées d’Eclat. Lozg. fui- vant les séographes orientaux , 74. 30. lar. 39. 30. D, J. Fu fm. (Hif. anc.) c’eft le même vêtement que le Jagum. Voyez SAGUM. SAIE, {. f. erme d’Orfèvre; petite goignée de foies de porc liées enfemble , & qui fert aux orfévres à net- toyer leurs ouvrages. (D. J.) SAIE , (Manufaët. en laine.) petite ferge de foie ou de laine qui a rapport aux ferges de Caën. Certains religieux s’en font des chemifes; les gens du monde des doublures d’habir, La /aie fe fabrique en Flan- dre. SAIETTE , f. f. (Manufaët, en laine.) autre petite ferge de foie ou laine ; efpece de ratine de Flandre où d'Angleterre, qu'on appelle auff revefthe. Voyez les articles REVESCHE & MANUFACTURE ez laine. SAIGA , f. m. ( if. nat. ) animal quadrupede , qui , fuivant M. Gmelin , refflemble aflez au chamoi, à l’exception que fes cornes ne font point recourbées, mais font toutes droites. Cet animal ne fe trouve en Sibérie que dans les environs de Sempalatnaja Kre- poî ; car l’animal que l’on nomme /uiga dans la pro- vince d’Irkursk eft le mufc. On mange celui dont nous parlons ; cependant entre cuir & chair il eft rempli de petits vers blancs, qui fe terminent en pointe par les deux extrémités , & qui ont 8 ou 9 lignes de longueur; on dit que fa chair a le même goût que celle du daim. Voyez Gme- lin, voyage de Sibérie, SAIGA ; (Monnoie.) il eft parlé dans les lois que Thierri donna aux Allemands , & que Clotaire con: firma l'an 615, d’une monnoie, dite /aiga, valant un denier, qui étoit la quatrieme partie d’un tiers de fol, & par conféquent la douzieme partie d’un fol, lequel valoït 12 deniers. Il paroït de-là que le fol de 12 deniers avoit fon tiers de fol , aufli-bien que le SAT {ol de 40 deniers; mais je crois que Îles monrioies dont il eft fait mention dans les lois de Thierri, étoient particulieres aux Allemands; car il en eft {ou vent parlé dans les titres, dans les lois & dans les ordonnances des empereurs qui ont regné en Alle- magne, (D. J.) | SAIGNEE , ff. (Médecine thérapeutique.) la faignée eftune ouverture faite à un vaifleau fanguin,pouren ürer le fluide qui y eft contenu. C’eft un des plus grands & des plus prompts moyens de guérifon que la Médecine connoïfe. Le vaïffeau ouvert eft artériel ou veineux, d’où nait la divifion de la fxignée, en artériotomie & en phlébotomie. Voyez ces deux mors, On verra ci-après la maniere de pratiquer cette Opération, nous allons en examiner l’hiftoire, les ef fets & lufage. Hifloire de la faignée. Laïffant à part l’origine fa- buleufe que Pline attribue à la fzignée , dont il dit u’on eft redevable à l’inftin@ de Phypopotame, qui É frottoit les jambes contre les joncs du Nil, pour en faire fortir le fang ; nous dirons que les hommes durent appercevoir de bonne heure les avantages que procuroient les hémorragies excitées par les efforts critiques de la nature, où même occafonnées par des plaies accidentelles ; qu'il a dû néceflaire- ment tomber dans leur idée d'imiter la nature ou le hafard, dans les cas qui leur paroîtroient fembla- bles. La /zignée a donc été un des premiers fecours se tous les peuples ont mis en ufage contre les ma- ladies. Le premier exemple que nous en ayons, remonte à la guerre de Troye. Podalire en revenant, fut jetté fur les côtes de Carie, où il guérit Syrna, fille du roi Damæthus , tombée du haut d’une maïfon , en la faignant des deux bras ; elle l’époufa en reconnoif- _fance. Cetrait confervé par Etienne de Byzance, eft le feul que nous trouvions ayant Hippocrate, qui vivoit environ 700 ans après la prife de Troyes. Ce pere de la Médecine parle fouvent de da fai- gnée, &t d’une maniere qui fait connoître que depuis très-longtems on la pratiquoit non-feulement fur la phpart des veines, mais encore fur quelques arte- res. Dans l'opinion oùil étoit que chaque veine cor- refpondoit à un vifcere différent , il en faifoit untrès- grand choix : cependant en général, il ouvroit la plus voifine du mal. Ceprincipe le déterminoit à ou- vrir les veines fupérieures dans les maladies au-def- fus du foie ; & les inférieures dans les maladies qui avoient leur fiege au-deflous. Il le conduifoit à fai- gner fous la langue & fous les mameles dans l’efaui- nancie ; les veines du front & du nez, dans les dou- leurs de tête & les vertiges ; la baflique du côté ma- Jade dans la pleuréfie. 11 laifoit couler le fang jufqu’à ce qu'il changeât de couleur. [lcraignoit d’autantplus la faignée dans les femmes grofles, qu’elles étoient plus avancées. Le printems lui paroïfloit la faifon la lus favorable pour cette opération. Il croyoit que la friend faite derriere les oreilles rendoit les hom- més mféconds. Il la prefcrit dans les grandes dou- leurs, l'épilepfie , les inflammations , les fievres ai- gues véhémentes , quand l’âge & les forces le per- “mettent. Lorfque tout concouroit à la confeiller il attendoït une lépere défaillance pour fermer la vei- ne. Il n’en parle nulle part contre les hémorragies ; il paroïît par les épidémiques qu'il en faifoit très-peu -d'ufage. En recherchant dans tous les ouvrages attribués à Hippocrate, ce qu'il eft dit fur la fargnée , & dont on s’eft fervi pour foutenir les plus groffieres erreurs; on lit dans le livre des afe&ions que la Jaignee eft utile contre l’hydropifie. Maïs lorfqw’oôn s’en tient à £eux qui font reconnus pour léeitimes , On voit une | Tome XIF, SAI sos fiaïfon dans tous les principes , dans les conféquer= ces, qui met le fceau à fa gloire. C’eft dans ces li vres que nous avons puié l'extrait que nous venons d'en donner. Dioclès de Caryite , chef de la fee dogmatique, qui mérite le titre de fecond Hippocrate, fuivit À- peu-près les maximes de ce grand homme. Ji faifoit ufage de la /zignée ,au rapport de Cælius Aurélianus, dans les inflammations de la poitrine, de la orge êt du bas-ventre, dans les hémorragies, lépilepfe, la phrénéfie ; pourvu que ce fût avant le fept ou hui- tieme jour, que le fujet fût jeune & robufte, & que livrefle n’en fût pas caufe. On fera cependant {ur- pris de voir qu'il la prefcrivoit contre les skirthes du foie, & pour guérir ceux que Cælius appelle lieneux, dont Les fymptomes ne nous paroïffent point différer de ceux du fcorbut. Chryfipe, médecin de Gnide , voulant fe frayer une nouvelle route qui pât illuftrer fon nom, cher- cha à renverfer ce que l'autorité & l'expérience des fiecles précédens avoient appris en faveur de la fai- gnée, Il foutint fes maximes par une éloquence tou- jours féduifante pour le peuple ; il forma des difci- ples qui précherent la même doétrine » entre lefquels on doit donner le premier rang à Erafifirate, Ce mé- decin , fameux par la guérifon d’Antiochus ; & par les découvertes quäl fit en anatomie, profcrivoii la J'aignée de fa pratique (fi on excepteles hémorragies), dans le cas même, où de tout tems on s’en étoit &it une loi. Il y fuppléoït par les ligatures des extrémi- tés , la févérité de la diete, & un grand nombre de relichans & d’évacuans par les felles, ou par le vo- miflement, On connoît peu la pratique d'Héropbhile fon contemporain, & fon émule en anatomie ; mas on fait que fês principes pouflés trop loin, porterent Sérapion & Philinus à croire que l'expérience feule |. devoit être la reple des médecins. Ils devinrent par- là les chefs de la fete des empiriques , qui faignoïent leurs malades dans le cas d'inflammation,fpécialement dans celle de la gorge. Ils étoient cependant en général avares de fang ; aufi avoient:ils fuccédé À Chryfippe & à Erañftrate. Héraclide Tarentin , le plus recom. mandable des empiriques, s’éloigna encore plus que les précédens du fentiment des fondateurs de {à fec- te; non-feulement il faifoit faigner les épileptiques , les cynanciques, les phrénétiques , &c. mais encore les gouteux , & ceux qui étoient en fyncope (les cardiaques), ce que nous qui ne fommes attachis à aucune fééte n'oferions faire, On voit par-là que la prétendue expérience peut conduire dans desexcès bien oppofes, | Les erreurs d'Afclépiade , qui exerça la médecine à Rome avec un fuccès exagéré, furent encore plus grandes au fujet de la faignée. Ce médecinne fuivoit d'autre regle pour tirer du fang , que la douleur , les convulfions &c les hémorragies. Il s’interdifoit la fai gnée dans la phrénéfie & là péripneumonie, lorfqu'l ne trouvoit que des douleurs foibles, En revanche, il la pratiquoit, à limitation d’Héraclide » dans ceux qui étoient en fyncope. Il obferva que la Jaignée étoit plus avantageufe contre la pieuréfie dans l’'Hels lefpont & Pîle de Paros, qu'à Rome & à Athènes. Ses principes conduifirent Thémifon fon. difciple à être le chef de fa feûte des méthodiques, .Ceméde. cin fatigué, fans doute, de la multitude des Cau- fes de maladie des rémédes que les dogmatiques & les empiriques mettoient en pratique, voulut rez duire la médecine à une fimplicité plus dangereufe que vraie. Toutes les maladies furent divitées er trois clafles; celles du genre reflerré , Celles du sente relâché, & celle du genre moyen, Il n'exiftoit point {elon eux , de maladies de fluides. Les folides {euls par leur relâchement ou leur reflerrement , Predui- foient toutes les maladies: Le liège faifoit La dite. LT ij ÿo2 SAI rence des fymptomes. On fent déja qu'ils ne fai gnoient que pour relâcher ; c’étoit en effet leur uni1- que vue : ces maximes trouverent des partifans pen- dant trois ou quatre fiecles ; niais enfin leur infufi- fance fit qu'on ne les admit plus que pour ce qu’elles Valoient. Gariopontus fit des efforts inutiles en leur faveur au milieu du xj. fiecle. On n’en parloit plus qu'hiftoriquement , jufqu’à ce que Profper Alpin voulut, mais inutilement , rétablir cette ancienne doctrine. | Pour juget de la pratique des anciens méthodi- ques par rapport à la fzignée, 1l nous refte le peu qu’en ont dit Celfe, Pline, Galien, & enfin lou- vrage de Cælius Aurelianus, qui raflemble ce que Thémifon, Theflalus, & furtout Soranus fon maitre avoient dit. Il en fit un corps de doëtrine eftimable par la defcription des maladies, &s la critique qu'on y trouve des maximes de plufieurs médecins, dont on chercheroit en vain des traces autre part. Cette fe. éte, qui réprouvoit les purgatifs , Les diurétiques , &z en général les médicamens évacuans , quoiqu’elle mit fouvent en ufage les vomitifs ; qui accabloit les malades de ventoufes, de fcarifications, de fangfues, de fomentations, de bains, d’épifpaftiques , de lini- mens , de cataplafmes ; qui extenuoit d’abord fes ma- ladesparun jeûne févere de trois ou au moins de deux jours ; qui avoit par rapport à l’air, au fommeil, à l'exercice, à la fituation du malade , des attentions dignes d’être imitées ; faignoit peu, jamais jufqu’à défaillance , rarement avant le troifieme jour, & après le quatrieme, elle faifoit toujours attention aux forces pour s’y décider: fi elles étoient affoiblies, les ventoufes y fuppléoïient : du refte, quoiqu'ils choi- fifloient peu les veines , ils préferoient celles qui étoient oppofées à la partie malade. Ils defapprou- . voient la faignée des ranines, 8, ce qu’on doit louer, ils faïfoient moins d’attention à l’âge, qu'aux forces du malade. On voit aufli avec furprife que peu amis dela fzignée , ils l'accordoiïent contre la paralyfie, &c la cachexie. Celfe qui vivoit à-peu-près dans le tems des pre- miers méthodiques, trouva la faignée fi commune, qu'il étoit peu de maladies contre lefquelles on ne l’'employât ; en fe conformant aux regles établies par Themifon, il en rendit l’ufage moins fréquent. Il ne veut pas qu'on la pratique, lorfque les humeurs font émues, mais qu'on attende le fecond ou le troifieme jour , & qu’on s’en défende après le quatrieme, dans la crainte de la foiblefle. Cette même crainte lempé- choit de faigner jufqu’à défaillance. Il reconnoïfloit que l'enfance, la groffeffe, & la vieïllefle étoient des contre-indications à la faignée , fans qu’on dût fe Pin- terdire entierement dans ces cas. La douleur, les hé- morrhagies, les convulfons , les inflammations, Par- deur de la flevre, la cachexie, & la paralyfe étoient auprès de lui, comme chez les méthodiques, les in- dications. C’étoit, felon hui, égorger un homme que de le faigner dans le redoublement. Il fafoit fermer la veine, lorfque le fang fortoit beau. Il reconnoifloit deux fortes d’apoplexies, dans l’une defquelles la /a- gnée étoit mortelle, pendant qu’elle étoit falutaire dans l’autre , & cependant al ne donne aucune regle pour les diftinguer. Galien fut plus libéral que lui du fang de fes mala- des. Il faignoit quelquefois jufqu’à défaillance, ce qu'il regarde néanmoins comme dangereux. Il répé- toit fouvent la faignée, &c il étoit peu de maladies où il ne la pratiquât pas. L’Âge au-deflus de quatorze, la force du pouls, la grandeur de la fievre, 6. étoient les guides qu'il fuivoit pour la Jaignée. Toutes les veines apparentes, & quelques arteres , étoient fou- iifes à fon cautere &c à fa lancette. Il chorfifloit le relâche que donne la fievre, les vaifleaux du côté malade , & ceux qu'il croyoit, felon la faufle théorie SAR dé fon tems, correfpondre avec la pattie affe@ée, Il eft le premier, fuivant la remarque de M. Leclerc, qui ait déterminé la quantité de fang qu'il avoit tiré. Jufques à lui aucun des médecins dont les ou- vrages nous font parvenus, n’avoit verfé le fang avec autant de profufon ; c’eft peut - être à cette époque que nous devons le funefte changement qu’introdui- fit dans la pratique de la médecine le raifonnement poufé trop loin. | _ Aretée contemporain de Galien, prefcrivoit la faignée prelque aufi fréquemment. Il faignoit dans les inflammations des vifceres, les hémorrhagies, les douleurs, la mélancolie, l’épilepfie, Péléphantia- fs, lulcete de la veffie, la néphrérique ; lapoplexie, & dans les fievres ardentes plufieurs fois, par nne large ouverture ; jufque au point d’affoiblir le pouls, mais non pas de faire évanouuir Le malade. Dans le choix des veines, il fe condufoit comme Hippo- crate & Galien, en préférant la plus voifine du mals c’eft ainfñi qu'il ouvroit les veines du pubis dans les inflammations de la matrice, celles du front dans les douleurs de tête, les ranines dans les inflamma- tons de Là gorge; il pratiquoit auffi l’artériotomie, Oribafe, compilateur de Galien,, fuivit à-peu-près les mêmes regles dans fa pratique. Ii interdifoit, comme lui , la faignée avant la puberté, Il préféroit d'y revenir pluñeurs fois, à tirer tout le fang nécef- faire dans une feule, fur-tour lorfque le malade étoit foible. Il vouloit que le médecin tint le pouls, pen dant que le fang couloit, crainte qu'il ne périt dans la défaillance que cauferoit une trop grande évacua- tion. Il vouloit encore que l’on faignät pendant que l'humeur eft mue, Il fe fervoit plus fouvent qu'aucun de fes prédéceffeurs, de la faignée prophylaéique, dans ceux qui font fujets aux maladies qui exigent ; c’étoit fur-tout à l’entrée du printems que ces Jaÿ- gnées avoient lieu. Il porta la quantité de fang qu'on doit tirer la premiere fois à une hémine (dix ou douze onces) au plus ; fi les forces le permettent, on peut lPaugmenter à la feconde. Il ne s’eft cependant pas tellement attaché à ces mefures,qu'il ne recommande plufieurs attentions très -fages. Îl onvroit toutes les veines du corps, & quoiqu'il fit, commeGalien, cer- tain choix des veines, dont notre théorie ne s’ac- commode pas; il recommande expreflément d’ou- vrir la plus voifine de la partie affeétée, ou fur-la partie même. Spécialement dans les inflammations invétérées on peut, felon lui, faigner à toute heure du jour ou de la nuit, mais il faut attendre le déclin de la fievre ; & fi la faignée n’eft que de précaution, on la fera le matin. [l parle de artériotomie en mé-- decin qui ne l’a jamais pratiqué ni vu faire. Antyllus, Hérodote , & fur-tout Galien,, font fes guides, dans tout ce qu'il dit au fujet de la Jaignée; 11 n'a paru même à plufieurs médecins, qu'un copifte de cedet- nier. Aëtius a mérité, àvplus jufte titre encore, d’être appellé le copifte d'Oribafe & des auteurs précé- dens. Nous n'avons pas trouvé dans les ouvrages de ce médecin ,un feul mot au fujet de la Jasgrée, qui nous ait paru lui être propre; ce qui nous force de paffer rapidement fur fa pratique. Alexandre de Tralles employoit la faignée contre toutes les inflammations, & contre la fyncope que produit dans les fievres, la plénitude d’humeurs crues, à- moins que cette humeur ne fût bilieufe; car dans ce cas il préféroit la purgation. I! faignoit les veines les plus voifines du mal, la jugulaire &c les ranines dans l’efquinancie. IL parle de la dériva- tion qu'il pratiquoit en ouvrant la faphene, pour procurer le flux menftruel aux femmes. 1e Paul d’Ægine eft le premier qui ait divifé la plé- thore en celle qui.eit ad vires, & celle qui eft ad yafa. L donne les fisnes pour connoïtre Pune &e Vas tre, & veut qu'où faigrie danstoutes les deux juf- ques après Le feptieme jour. Avant de faigner il faut vuider les premieres voies par un lavement, s’il y a de la pourriture dans les inteftins, Quant au tems de la pratiquer, 1l préfere le matin, & défend, comme | la plüpart de {es prédéceffeuts., la Jaignée dans l’ar- deur du redoublement. Il obferve qu’elle eft utile, non-feulement pour defemplir les vaifleaux, mais encore pour diminuer la grandeur de la maladie. Si le malade tombe en défaillance, & que cependant il foit dans,le cas de perdre beaucoup de fang, on y reviendra plfieurs fois, plutôt que de tout tirer dans une ; tout ce qu'il dit d’ailleurs eft copié, ou contient des préceptes fur Le choix des veines, & la maniere de pratiquer la faignée en différentes parties du corps. | Après Paul d’Ægine, la Médecine paroiït abandon- née par les Grecs, pout pafler entre les mains des Arabes, qui faifoient plus d’une conquête fur eux. is joipnirent quelques remedes ou des méthodes qui leur étoient propres, à la doétrine des Grecs qu'ils compilerent. C’eft ainfñi qu'ils crurent reconnoître avec eux dans la veine céphalique une communica- tion avec le cerveau; dans la baflique, avec le bas- ventre. C’eft ainfi qu’ils ouvrirent prefque toutes les veines extérieures du corps, dans les différentes a£ feétions ; qu'ils faignoient au pié, pour exciter les regles &cles hémorrhoïdes. Ils s’en écarterent cepen- dant dans un point qui a paru eflentiel à Briffot & à Moreau. Loin de faire faigner comme les Grecs, le plus près du mal qu’il étoit poffible, ils faignoïent du côte oppofé, dans l’idée où ils.étoient qu’on n’ou- vroit point une veine, fans attirer fur la partie fai- née une plus grande quantité de fang, qu'il n’en note Ifaac-Uraëélite, Avenzoar, Rhazis penfoient ainfi. Ce dernier s’autorifoit de Galien, qui fuivant la remarque de Jacchinus fon commentateur , dit -précifément le contraire. Avicenne, le prince des médecins arabes, avoit adopté ce fentiment, il y avoit joint tant d’inconté- quences au fujet de la faignée, qu’il recommande louverture de la veine fciatique (rameau de la faphene placé à côté du talon), contre les douleurs de la cuifle ; celle de la veine du front & du fin- ciput , de lartere temporal dans les pefanteurs de tête, les migraines, &c. qu’il défend la faignée dans Phydropife, &z qu'il ordonne l'ouverture de certai- nes veines du bas-ventre contre l’afcite. Pour com- pofer fon chapitre de la faignée, il avoit mis à contri- bution Hippocrate, Rhañs, & Galien ; il mérite peu d’être lu. ts Albucañs compte trente veines ou arteres qui peu. vent être ouvertes, il s'occupe principalement de [a maniere de les ouvrir; attaché à la doûrine d’Avi- cenne, 1l ne paroït pas s’en écarter. Copifte comme lui des Grecs, 1l répete beaucoup de chofes que nous trouvons dans leurs ouvragés.. Quoiau’il paroiffe dans lopinion que la faignée attire toujours le fang dans la veine ouverte, cependant 1l recommande . fouvent des /aignées locales contre les inflamma- tions graves & les vives douleurs. - Pendant les quatre fiecles qui fuivirent Avicenne ; fa doétrine fut fuivie dans la plus grande partie: de Europe, où on cultivoit la: Médecine. Son nom étoit alors auf refpe@able, que left de nos Jours. celui d'Hippocrate. On le resardoit comme-un homme qui avoit porté la fcience médicinale beaucoup au-: | delä de fes prédéceffeurs; on tâchoit de méconnoi- tre dans fes ouvragesque, fon excepte la matiere médicale, il avoit prefque tout copié des Grecs, Le plus grand {effort que purent faire Gordon, Guy de Chaulac, Valefcusde Tarenta ,Savonarole ; Écfut à x A ; . ’ de chercher à concilier 3 dans le choix des veines ;la doétrine des Arabes & çelle des Grecs, Ces derniers. | SAT 5 faignoienit en éonféquence du côté Oppofé:, quartdil y avoit pléthore, & du côté malade quand elle avoit diminué par les fzignées, comme fi le méchanifine de l’économie animale, &z les lois de hydraulique pouvoient changer. Ces médecins fuivoient pour la quantité de fans, le tems; les indications, & les contre -indications, les maximes que nous avons trouvées dans Galien & fes copiftes grecs & arabes. Les ouvrages des auteurs grecs étant traduits & devenus communs au commencement du feizieme fiecle, il étoit jufte que les peres de la Médecine; fes vrais lépiflateurs rentraflent dans leurs droits. Par la comparaifon qu’on fit d'Hippocrate & de Ga: lien avec les Arabes, an fentit linfériorité de ces derniers ; bien -tôt leur étude fut népligée, Galien plus facile à entendre, fut lu & enfeigné par-tout; les éditions s’en multiplierent avec une rapidité qui prouve que le bon goût & la faine philofophie com- mençoient à naître. "va Le choix des veines occupa alors les Médecins avec une ardeur que leur zele rendoit louable, dans un terms où la circulation du fang étoir ignorée ; c’étoit fpécialement dans les inflammations de poi- trine, qu'il paroïfloit intéreflant de décider la quef: tion. Briflot, celebre médecin de Paris , comparant le fentiment des Grecs avec celui des Arabes, trou: : va le premier plus conforme à la raifon, le fuivit dans fa pratique, le publia dans fes lécons & dans fes confultations, Ses maximes furent goûtées & fui- vies de plufieurs médecins. Etant allé en Portugal, il y fouffrit une perfécution qu'il ne méritoit pas. II y mourut, laïffant une apologie de {on fentiment , à laquelle René Moreau a ajouté, cent ans après, un tableau chronologique des Médecins, & un précis de leurs fentimens à ce fujet. Ce fiecle vit les médecins partagés en fix opinions différentes , au fujet de la faignée dans la pleuréfe, Les uns faignoient toujours du côté malade; les au- tres du côté oppofé; les troifiemes fuivoient d’abord la feconde méthode, enfuite la premiere, & entre- éloient les Jaignées du pié; les quatriemes ou- vroient toujours la veine du pié. Vefale conclut de la fituation de la veine azygos, qui fortant du côté droit, fournit le fang à toutes les côtes, fi on ex- cepte les trois fupérieures gauches, qu’on devoit toujours faigner du bras droit, excepté dans le cas où ces dernieres feroient le fiége de la douleur: Il eut pour feétateurs Léonard Fuchs & Cardan. Un très-petit nombre embrafa le fentiment de Nicolas le Florentin, qui vivoit au quatorzieme fiecle ; il crut qu'il étoit indifférent d'ouvrir l’une ou l’autre veine ; évacuation feule lui paroïfloit mériter l’at- tention des: Médecins. L'étude des Grecs devenant toujours plus fami- liere ; les Arabes tombant dans le difcrédit, le plus grand nombre des médecins fe rangea du parti des prenuers. Briffot remporta une viétoire prefque complette après fa mort. Rondelet, Craton, Valois, Argentier, Fernel, Houllier, Duret, toute l’école de Paris qui l’avoit perfécuté, lui rendit les armes. Il y eut même despartifans outrés: Martin Akakia foutint dans la chaleur de Penthoufafme , que l'opinion des Arabes avoit tué plufieurs milliers d'hommes; celui: ci trouva.cependant.encore d'illuftres défenfeurs. Scahiger voulant parer les coups, accablans' pour: lors, de l'autorité, chercha le premier à prouver par les lois, de l’hydraulique , qu'on devoit faigner du côté oppofé à celui qui étoit afleété, Toutes ces fec- tés montroient, comme-1ln’eft;que trop ordinaire aux difciples des grands hommes, plus d'opiniâtreté dans le fentiment de leurs maîtres, que de raifon & de bonne.foi. Jamais Hippocrate & Avicenne n’au- roient difputé avec tant de chaleur, fur un point qui nous-paroit à préfent peu important, Il étoit bien O4 SAI plus effentiel de déterminer les cas où on devoit tirer du fang, êc jufqu’à quel point. , L'ouvrage de Botal donna l’allarme à ce fujet. Il pouffa dans fon traité de curatione per fanguinis miffio- nem imprimé pour la premiere fois en 1582, abus de la faignée à un excès qu’on ne peut fe perfuader. En voulant trop prouver, il ne prouva qu'une chofe, c’eft que l’efprit & l’éloquence peuvent en impofer à ceux, qui deftitués de l’expérience, ne font pas un uface aflez grand de leur raifon. Il avança que dans: la cacochymie , l’hydropifie, les fievres quartes in- vétérées, les indigeftions, les diarrhées, les fuppu- rations intérieures, 6c, la faignée étoit le grand re- mede. 11 ofa s’étayer des paffages d'Hippocrate tron- qués, choïfis dans fes œuvres fuppolées. Il compa- roit les veines à un puits, dont l’eau étoit d'autant meilleure, qu’elle étoit plus fouvent renouvellée, Bonaventure Grangier, médecin de la faculté de Paris, s’éleva avec un grand fuccès contre Botal. Cette faculté le condamnaauthentiquement, lorfque fon traité parut ; & cependant il l’entraina après fa “mort dans la plus grande partie de fes idées. Elle ou- blia Les lois qu'Hippocrate, que Celfe, Galien même, Gc, ayoient établies , auxquels les Fernel , les Houl- lier,;les Duret s’étoient foumis ( Ce dernier difoit familhierement qu'il étoit petit feigneur ). On la pra- tiqua avec une fureur qui n’eft pas encore éteinte, contre laquelle on a vù fucceffivement s'élever de bons ouvrages , 8 faire des efforts impuuflans, La fai- gnée qu’on n'ofoit faire , au rapport de Pafquier , une feule fois qu'avec de grandes circonfpeétions, fut prodiguée. La faine partie a fu conferver ce milieu qui eft le fige de la vérité; mais plufieurs ont refté entraînés par le préjugé &r le mauvais exemple. La découverte de la circulation du fang, publiée en 1628 par Harvée, fembloit devoir apporter un nouveau jour fur une matiere qui y avoit autant de rapport; mais elle ne fervit qu'à aigrir, qu’à augmen- ter les difputes. Il ÿ eut de grands débats à ce fujet, au milieu du fiecle dernier, qui produifirent une fou- le d'ouvrages, la plupart trop médiocres pour n'être pas tombés dans l'oubli : on donna.des deux côtés dans des excès oppoñés. Il en fut qui foutinrent qu’on pouvoit perdre le fang comme une liqueur inutile, tel fut Valerius Martinius; pendant que d’autres, tels que Vanhelmont, Bontekoë, Gehema & Vulpin, prétendoient qu’il n’étoit aucun cas où on dût /x- grier : thèfe renouvellée de nos jours. Ces excès n’étoient point faits pour entraîner les vrais obfervateurs; Sennert, Pifon, Riviere, Bonnet, Sydenham, fuivirent l’ancienne méthode, &c furent modérés ; quoiqu'on puifle reprocher au dernier quelques chofes à cet égard, & notamment lorfqu'il confeille la faignée dans Vafthme, les fleurs blanches, la paññion hyftérique , la diarrhée en général, & fpé- cialement celle-qui furvient après la rougeole: où il paroit la pratiquer plutôt par routine, que par rai- fon ou par expérience. ! On voit avec peine Wüllis, cet homme de génie fait pour prefcrire des.lois en Médecine, fait pour découvrir, fe foumettre ayeuglément aux lecons de Botal, confeiller la faignée contre prefque toutes les maladies : fére totam Parhologiam , de phleb, p, 173. Il fut repris vivement peu de tems après fa mort, par Euc - Antoine Portius, qui combattit à Rome, en 1682, ce fentiment des galéniftes , trop répandus dans cette ville, par quatre dialogues où il faifoit en- trer en lice Erafftrate & Vanhelmon, contre Galien êt Willis: Quoique ce genre d'ouvrage foit peu fait pour les favans , par le tas de mots dont on eft forcé de noyer les chofes’, ils méritent d’être lus par ceux en qui la fureur de verfer du fang n’a pu être éteinte par l’obfervation &les malheurs. On y trouve beau- coup de jugement de la part de l’auteur , qui appuie | itoppofa l'expérience aux calculs, iles’attacha ainfi à ! combattre fa doétrine par les armes les plus fortes. SAI : fonfentiment par une apologie de Galien, dans fa quelle il excufe ingéniéufement ce grand homme, em combattant fes feétateurs avec des armes d’autant L2 f e _ plusfortes, qu’il démontre que ceux-ci ont outré la doétrine de leur maitre, & d'autant plus raifonna- bles, qu’il prend pour fon principe cette vérité ap- pliquable à tous les moyens de guérifon, qu'il vaut beaucoup mieux pécher par défaut que par excès, 8 que ceux qui s’interdifent abfolument la faignée, font une faute bien au-deflous de celle que commettent ceux qui la pratiquent contre tous les maux. . Or vit au milieu de ces difputes, s'élever un hom- me favant, plein de génie, Bellini, qui voulant à Le- xemple de Scaliger, appliquer les mathématiques à la Médecine, tomba par des erreurs de calcul, ou des fauffes fuppofitions, dans Les paradoxes les plus étran:: ges. Il mit au jour, en 1683, {on Traité de la faignée, qui contient onze propofitions , avec la réponfe & les preuves. Nous ferions tort à l’hiftoire de la fai- gnée, finous pafñons fous filence ces maximes qui ont entraîné le fuffrage d’un grand nombre de favans médecins, & donné heu aux difputes les plus vives. Le fang, felon Bellini, coule avec plus de rapidi- té pendant la fzignée dans lartere qui correfpond à: la veine ouverte, & en s’y portant, ce qu’il appelle dérivation, À quitte les vaifleaux éloignés , ce qu'il nomme révujfion. Après la faignée, la dérivation & la révulfion font moindres que pendant Pécoulement du fang, & enfin s’évanouiffent. On doit faigner dans les inflammations , les rameaux qui ont la communi- cation la plus éloignée avec la partie malade, pour ne point attirer le fang fur celle-ci. La faipnée rafrat- chit & humeéte par l'évacuation qu’elle produit; elle échauffe & defleche au contraire, lorfau’elle rend au fang trop géné un mouvement rapide. Elle doit être mife én ufage dans toutes Les maladies où le fang eft trop abondant, où il faut en augmenter la véloci- té, rafraichir, humeËter , réfoudre les obftruétions,. ou changer la nature dufang; la faionée en augmente la vélocité. Il feroit plus avantageux d'ouvrir les ar- teres , que les veines dans les cas où la aiprve eff in- diquée ; la crainte des accidens doit y faire fuppléer pat tous les autres moyens que la Médecinea en {on pouvoir , tels que les fcarifications, les fangfues,, les ligatures , Gc. les évacuans quelconques peuvent te- nir lieu de fa faignée. Le tems le plus sûr pour tirer du fang eft le déclin de lamaladie. Onvoit dans tout cetouvrage un grand homme, prévenu de certains fentimens, qu'il foutient avec la vraiflemblance que le génie fait donner aux maximes les plus ee : Quelques erronées que paroïffent la plupart de ces propoñtions, ellesontetr, comme nous lavonçs dit, d'illufites défenfeurs, patmi lefquels on doit comp- ter Pitcarn , ce célebre médecin, dont il feroit à fou- haïter que les élémens de médecine fuffent phyfico- _ pratiques , au lieu d’être phyfico-mathématiques, il . étoit trop lié avec.Bellini de cœur & de-goût, pour | ne pas l'être de fentiment, | De Heyde fut un adverfaire redoutable de Bellinis Le recueil de fes expériences-parut trois ans après le | traité de ce dernier, c’eft-à-dire en 1686, & fut fans : réplique. M. dé Haller 4 publié 70 ans après des ex< périences qui confirment cèlles de de Heyde. | -L'hiftoire du xvi. fiecle préfente des faits d'au tant plus intérefflans, qu'ils font le terme auquel on eftparvenu que degrands hommes, fe fafant gloire de fecouer tout préjugé; ont cherché la vérité par expérience fur des animaux vivans, l’obférvation | fur les malades, le raïfonnément êz le calcul; ce qui . n’a point empéché un: grand nombre de tomber dans des écarts entierement femblables’ à ceux des fiecles | précédens: la circulation des fentimens eft un fpe@a; cle vraiment philofophique. On voit dans la fuite des tems les mêmes opinions tomber & renaître tour-à tour, fe faire place mutuellement , & accufer par cette révolution ; le peu d’étendug & de certitude des connoiffänces humaines. La vérité trop difficile à faifir, ne préfente le plus fouvent qu’un de fes cô- tés ; elle voile les autres , & ne marche jamais fans l'erreur qui vient au-devant des hommes, pendant que celle [à femble les éviter. Toutes les anciennes difputes fur le choix des veines, la quantité de fang qu’on dévoit tirer, les cas où on devoit {aigner, re- vinrent & repañlerent dans l’efpace de 30 ans, par les mains des plus favans médecins françois & étran- gers. Celui qui y joua un des principaux rôles, fut M. Hecquet. Une thèfe à laquelle il prefida en 1704, dans laquelle il foutenoit que la fzignée remédie au défaut de la tranfpiration infenfible, fut le principe de la querelle. M. Andry en rendit compte dans le Journal des favans, d’une maniere ironique, à laquel- le le premier repliqua. Ille fit d’une maniere fi aigre ét fi vive, qu'il ne put obtenir la permiffion de faire imprimer fon ouvrage. Ce fut fecrétement qu'il pa- #ut; fous le titre d'explication phyfique € méchanique des effets de la faignée , & de la boiffon dans La eure des maladies ; avec une réponfe aux mauvaifes plaifanteries que le journalifke de Paris a faites fur cette explication de la faignée. I donna en même tems au public une ttaduétion de fa thèfe. M. Andry dupliqua en 1710, par des remarques de médecine fur différens fuets; fpécialèment fur ce qui regarde la Jaignée , la purga tion &c la boiflon. Par ce dernier ouvrage la querelle refta éteinte. " | Il n’avoit été queflion entre MM. Hecquet & An- dry, que des cas où on devoit pratiquer la Jaignée ; le premier excita une nouvelle difpute avec M. Syl- va. Ils aimoient trop tous les deux à verfer du fang, pour être en différend fur la quantité; ils combatti- rent fur Le choix des veines. M. Hecquet publia en 1724, fes obfervations fur la faignée du pié, qu'il dé- fapprouvoit au commencement de la petite vérole, des fievres malignes, & des autres grandes mala- dies. M. Sylva voulant juftifier cette pratique, & ex: piquer la doétrine de la dérivation &c de la révulfon, entendues à fa maniere, donna en 1727, fon grand traité fur lufage des faigrées , muni des approbations les plus refpeétables. Le premier volume eft dogma- tique; l’auteur y développe fon fyftème , & combat celui de M. Bianchi, qui huit années auparavant , avoit foutenu dans une lettre adreflée à M, Bimi , {ur les obftacles que le fang trouve dans fon cours: 1°. que la circulation du fang étant empêchée dans une partie, toute la mafle s’en reffent : 2°, qu’on doit fai- gner dans la partie la plus éloignée du mal, à:moins qu’il ne foit avantageux d’y exciter une inflamma- tion plus forte ; ce qui excuie & explique le bon effet des /aignées locales. L'autorité d'Hippocrate mal en- tendue , & de Tulpius, une pratique vague, l’ex- preflion des propofitions précédentes , étoient les preuves dont M. Bianchi fe fervoit. M. Sylva fe mon- tra par-tout un partifan zélé de la Jaignée du pié, un ennenu déclaré des fzignées faites fur la partie mala- de, qu'il appelle dérivatives. Forcé de convenir des avantages de la faignée de la jugulaire, il fit les plus grands efforts pour la faire quadrer avec fes calculs, Son fecond volume répond à M. Hecquet, qui vive: ment attaqué, fit à fon tour imprimer trois années après, {on Traité de la digeffion, dont le difcours pré: liminaire & trois lettres, fervent à défendre fon fen- timent. Il compofa dans fa retraite , une apolosie de la faignée dans les maladies des yeux, & celles des vieillards , des femmes &c des enfans. Il s’éleva de nouveau contre la faignée du pié, dans fon Briganda- ge de la Médecine, 1] n'étoit pas homme à revenir de fes idées ; 1l les foutenoit dans {a médecine naturelle, | qu'on imprimoiten 1736, lorfqu'il fut lui-même là SAT jof dupe de fon goût, nous dirions volontiers de: fa fu reur pour la faigrée. On ne peut voir fans étonne= ment, qu'un homme de 76 ans, café, affoibli par Les travaux du corps & de l’éfprit, autant que par une longuer&c pieufe abflinence ;rayant des éblouife- mens, dont fa foiblefle nous paroît avoir été la caux fe, füt faigné quatte fois, & notamment quatre heus tes avant fa mort, dans une maladie d’un moisi Pour:en revenir à M. Sylva, nous dirons que sil trouva dés partifans dans M. Winflou, plufieurs au- tres membres célebres de la faculté de Paris, & quels ques médecins étrangers, M. Hecquet ne fur pas le feul à s’élever contre lui: M. Chevalier, dans fes Re- cherches fur la faïgnée ; M. Sénac, dans {es Zettres fur Le choix des faignèes, qu’il donna fous le nom de Julien Moriffon ; dans les effais phyfiques, qu'il a ajoutés à l'anatomie d'Heifer, & dans {on Trairé du cœur: M, Quefnay , dans fon excellent ouvrage fur les effets & Pufage de la fzignée, qu’il publia d’abord'en 1730; fous Le titre d’obfervarions ; M. Buttler, dans leflai fur la Jaignée imprimé en anglois; ainfi que la théorie &e pratique de M. Langrish ; M4 Martin , dans fon Trai- té de la Phlébotomie & de L'Ariériosomie ; M. Jackfon y dans fa Théorie de la Phléboromie , le éombattirent dans tous les points de fa doëtrine. M. Œder prouva en 1749, dans une thèfe inaugurale, que le {ang qui ac- quiert plus de vitefle dans le vaifleau Ouvert, entrats ne daris fon mouvement celui des vaiffeaux voifins, d’autant plus fortement, qu'ils font plus près de lui; ce qui eft directement oppofé au fentiment de Bellini & de fes feétateurs. M. Hamberger prétendit que les. expériences qu'il avoit faites avec'un tube, auquel il avoit donné à-peu-près la forme de l'aorte, dé: montroient la fauffeté de la dérivation & de la révuls fon. D'où il concluoit que le choix des veines étoit indifférent , & que l'effet des faigrées {e bornoit à l’é: Vacuation. Il renouvella par-là les opinions de Nis colas Florentin , Botal, Pétronius, Pechlin & Boh2 nius. M. Wats fe joignit aux adverfaites de M. Syl- va, dans fon Traité de la dérivation & de La réyuliion ; imprimé en anglois. M. de Haller a publié en 1756, un recueil d'expériences fur les effets de la faignée, qui confirment (comme nous l’ayvons dit), celles de de Heyde, qui contredifent en plufeurs points cel- les de M. Hamberger, les calculs de MM. Hecquet, Sylva, &c, Nous appuierons nos idées fur left de la Jaignée, par ces expériences mêmes, qui portent avec elles toute l'autorité dont elles ont jamais pu être revêtues. | M. Tralles écrivit en 173$, fur la faignée À la ju= gulaire & à l’artere temporale, dont il renditles avan. tages évidens. Il s’appuya pat un poff-fériprum , ai fentiment de M. Sylva, quoiqu'il en défapprouvät ies calculs, & plufeurs des conféquences quiexcluoient PArtériotomie, 7 M | M. Kicekof éxamina dans une differtation! impri- mée eh 1747, cette queftion intéreflante : gwe/ doit être le terme de la faignée dans Les fievres aiguës. Quoi- que le plus grand nombre des médecins, dont il rap= porte les maximes, Pinterdife en général après le trois, quatre ou cinquieme jour ; 1l conclut cepen= dant avec raifon, muni de leurs fuffrages mêmes, qu'ileft des cas (rares à la vérité ), où on peut la pra- tiquer le dixieme jour. Un anonyme a publié en 1759 , un ouvrage fur l'abus de la Jaignée , auquel on doit des éloges. S’ap- uyant fur l’autorité des grands maîtres , il réduit Pulage de ce remede dans les bornes où l’ont main- tenu le plus grand nombre de ceux dont la gloire a couronné les fuccès. Il eff tems que nous rendions compte de la do@ri fe des trois grandes lumieres de ce fiecle : Stahls Hoffman & Boerhaave, Aucun d'eux n’a traité ex 506 SAT profeffo du choix des veines ; 1ls paroïffent cependant avoir tous penfélque la agrée déterminoit Le fang à couler du côté dela veine ouverte. ls ont au-moins pofé ce fyftème , commeun principe dont ils tiroient des conféquences. | On eft {urpris quand on voit Stahl, qui repardoit la plüpart des maladies , comme des efforts falutai- res de l'ame, qui tend à fe débarrafler dela matiere morbifique ; qui eft d'après ce principe, très-avare de remedes, prefcrire la /zignée dans un grand nom- bre decas, où les Médecins la regardent Celle des anevrifimes, & la profondeur dés arteres , empêchent les Médecins de les ouvrir, f ce nelt aux tempes, où la compreffion eff facile, Cette Jaignie a paru mériter à pluficurs de très-srands éloges. Nous croyons qu'= elle eft inférieure en tout à celle de la jueulaire ; aufu eftelle prefque généralement abandonnée. . Nous venons de fuivre les principaux effets de la Jaignée, faite avec ou fans ligature , à l’artere où à la veine d’un homme fain, par des ouvertures plus grandes que le diämetre des vaifleaux , égales ou in- fénieures. Nous nous attons de n'ayOir fuivi que experience & le raifonnement le plus naturel ; il nous refle à éxarniner {es effets dans les différentes maladies, Pourne point tomber dans des répétitions ennuyeufes , nous ne nous en OCcuperons, qu’en parlant de l’ufage. Il nous paroït aifé de tirer des principes précédens, les conféquences qui doivent conduire dans la pratique de la médecine. Nous t4- Cherons de le faire avec auf peu de préjugés, & de comparer notre théorie avec lobiervation-pratique ; qui peut ieule étre notre code, & la pierre de tou- che propre à décider du vrai ou du faux de notre théorie; mais pour nous conduire & entraîner notre jugement , Pobfervation ne doit être » Ni Vague, ni rare ;, elle doit être conftante ) fixe & décidée ; t4- chons de la trouver telle, Ufage de la jiignée. I eft peu de remedes dont on faffe un ufage ayili grand, que de la faienée ; il en eft peu fur lequel les Médecins ay ent autant varié, com- me nous Pavons fait voir, en tracant le fentimentide ceux-même qui fe font le plus illuftrés par leur fcien- ce. Leurs oppoñitions & leurs erreurs nous font crains dre un fort femblable , & de donner dans les écueils quife préfentent de toutes parts fur une mer fameute en naufrages. Nous eflayerons de fuppléer par notre bonne f01, au lumueres de la plûpart de ceux qui ont traité ce lujet important. Pour développer à fond lufage de la J'aignée , 1 fau droit defcendre dans le détail de toutes les maladies, êt mème dans leurs différens états. Ce champ feroit trop vafte: obligés de nous reflerrer, nous verrons les maladies fous un antre jout, nous rechercherons;s : les indications de la frignée ; 2°, les contreändi, cations ; 3°. le terms de la faire; 4°..le choix du vaif. eau; 5°. la quantité de fans , 6°, le nombre des fzi- grées qu’on doit faire. Mais avant de fuivreces points de yhe ; élevons-nous contre deux abus plus nf bles à l'humanité , que la J'aignée faite à propos n’a jamais pù lui être utile , abus d'autant plus répré- henfibles , que quoique très - communs , ils ne {ont fondés que fur une aveugle routine , hors d'état de rendre raïfon de fes démarches. Ces abus font les J'aignées prophila@tiques où de précaution, & celles qu'on fe croit indifpenfablement obligé de faire pré- céder les médicamens évacuans. La plûpart des bonnes femmes & quelques méde- cins , 19norant les efforts, les reflources de la natu= Te, pour conferver l’économie animale, & en rétal bhr les dérangemens , fe flattent de trouver dans la Mécdccine des fecoûrs d'autant plus eficaces, awils Sss i ro SAI font appliqués plus promptement. Pari ces fecours ils donnent le premier rang à la Jaignée. Croyant voir par-tout un fans vicié ou trop abondant, qu'il faut évacuer au moindre fignal, dans la crainte de je ne fais quelles inflammations, putréfa@ions, 6'c. ils le verfent avec une profufon qui prouve qu'ils font incapables de foupçonner qu’en enlevant le fang, ils détruifent les forces néceflaires pour conferver la fanté, ils donnent lieu à des flafes, des obftruéhions; au défaut de coftion, aux maladies chroniques , & à une vieillefle prématurée. Saigzer eft, felon eux, une affaire de peu de conféquence , dont tout hom- me raifonnable peut être juge par fa propre {enfa- tion, dont il eft difficile qu'il méfarrive. On diroit que réformateurs de la nature, 1ls lui reprochent fans cefle d’avoir trop rempli leurs vaiffleaux de fang. Tant que le faigné par précaution jouit de toutes les forces d’un âge moyen, il s’'apperçoit peu de ces fau- tes ; mais bien-tôt un âge plus avance l’en fait repen- tir, & lui interdit un remede qu’il n’auroit peut-être jamais dû mettre en ufage fur lui-même. Ces maux font encore plus évidens dans le bas âge, ou lorf- que l’enfant eft contenu dans le ventre de fa mere. On ne peut fe diffimuler qu'un grand nombre d’en- fans dont la fanté eft foible , doivent leur mauvais état, aux hémorragtes, aux /asgnées ou autres reme- des de précaution que leurs meres ont fouffert dans leur groflefle ; & cependant une femme du monde croiroit faire tort à fa poñterité, fi elle ne faifoit pen- dant ce tems , à la plus légere indifpoñtion ou fans cela , une fuite de remedes. Souvent on ne s’apper- çoit pas des maux que femblables foins ont produits ; nous croyons même qu'ils ont été utiles & néceffai- res: mais il n’eft que trop commun de voir un grand nombre de maladies, devenues plus terribles par Pa- battement des forces ; 8 des accouchemens préma- turés, par l’enlevement du fluide qui donne le jeu à toute la machine. Et quand il n’y autoit d’aufre in- convénient, que celui de faire quelque chofe d’inu- tile & de defagréable, cette raïlon ne feroit-elle pas fufifente pour en détourner? Vanement entafleroit- on contre nous une foule d’autorités, nous les recu- {ons toutes ; &c de raïfonnemens bien plus fpécieux que folides, nous en appellons à cette nature, dont toms les Médecins fenfés fe font toujours regardes , comme les difciples & les aides, à cette véritable mere , qu'on traite fouvent en marâtre. Nous de- mandons qu’on jetre les yeux fur cette multitude de peuples plus robuftes que nous , quoiqu’ils habitent pour la plüpart un climat qui ne réunit point les avantages du nôtre; fur ces hommes , ces femmes du peuple ou de la campagne, d'autant plus heu- reux , que fouftraits À des mains trop fouvent 1gn0- rantes & quelquefois meurtrieres; ils ne connoïflent pour tout préfervatif des maladies, que linftinét, qui redoute plus les faignées, que tous les autres remedes ; pour être convaincus par la comparaïfon, que l’homme eft forti des mains du Créateur , en état de fe conferver en fanté, par les feules lumieres du fentiment bien entendu, par les feuls efforts de la nature, @& que dans les maladies 1ls doivent ètre fans cefle confultés.s Enfin , quand même on eten- droit l’ufage de la médecine plus lon que nousne | penfons qu’on doive le fure, 1ln°en feroit pas moins vrai que jamais un homme enfanté, quels que foient fon temperament & fa fituation , n’a befoin de ai- grées pour la conferver. D'ailleurs, c’eft 1c1 une af- faire d'habitude : il eft démontré que les /argnces fré- quentes {ont une des plus grandes caufes de la plé- thore. Le fecond abus fe trouve dans les /zignées qu’on fait précéder fous le nom de remedes généraux , avec les purgatifs par le bas, les vomitifs , Éc. aux reme- des particuliers , lorfau’il n’y:a point de contre-in- . S AI dication grave. Abufer ainf de la facilité qw’on a d'ouvrir la veine , c'eft regarder la /urgnée comme indifférente , &c par conféquent inutile ; c’eft du- moins être efclave d’une mode fi fort oppofée à tous les principes de la Médecine, qu'elle efl ridicule. Une conduite aufli erronée, fuit tous les rafonne- mens, parce qu’elle n’eft appuyée fur aucun; &z tout médecin fenfé doit rougir d’avouer, qu’il a fait /ar- gner fon malade, par cette feule raifon qu'il vouloit le faire vomir, le purger , lui faire prendre des fu- dorifiques, des bouillons, 6:c. & donner du large, du jeu à ces médicamens. De femblables maximes ne furent pas même enfeignées par Botal. Mais les jeunes Médecins, trop dociles à fuivre laveugle rou- tine de leurs prédéceffeurs, qui fe font diftingués dans la ville où ils exercent , les copient jufque dans leurs défauts, & s’épargnent la peine de refléchir fur les motifs de leur conduite. Ils fe conforment en ce- la au goût des femmes, qui accoutumées à perdre un fang fuperflu hors de la groflefle ou de l’allaite- ment, s’imaginent que la plüpart des maux qui les attaquent, viennent d’une diminution dans cet écou- lement, quelquefois plus avantageufe, que nuifible, & le plus fouvent , effet de la maladie, au lieu d’en être la caute. Un retour fur les maximes répandues dans tous les ouvrages de Médecine qui ont mérité d’être lûs, & le feul bon fens, détournent d’une mé- thode meurtriere, qui en affoibliffant les organes, précipite inévitablement, d’un tems plus où moins long , la vieillefle ou la mort. Mas c’eft trop difeu- ter une pratique aufh peu conféquente ; tâchons d’é- tablir fur fes ruines, des principes adoptés par la plus faine partie des Médecins. Indications de La faignée. Si nous cherchons dans les caufes de maladies, les indications de la fargnée, nous trouvons que la trop grande abondance de fang, la pléthore générale ou particuliere, êc fa confiften- ce trop épaille, coëneule, inflammatoire, font Îles deux feules qui exigent ce remede. La /aigree aoit dans Le premier cas, par l'évacuation; dans le fecond, par la fpoliation ; les deux principaux effets qu’elle produit ; la dérivation & la révulfion devant être comptés pour des minimum momentanés, 7 par con- féquent négligés. Quoique nous n’admettions que ces deux indica- tions générales pour la /aignée, nous n'ignorons pas que la foule des Médecins enfeigne qu'une vive dou- leur , linfomnie, une fievre commençante ou trop forte, un excès de chaleur , les convulfons, les hé- morragies, toute inflammation, font autant d'indi- cations preflantes pour la Jaignee ; mais nous favons encore mieux , que fi les maux doivent être puéris par leurs contraires , la /aignée ne convient dans au cun de ces cas ; à moins qu'il n’y ait en même- tems, pléthore ou confiftence inflammatoire : qu’elle n’eft-là qu’un palliatif dangereux par fes fiutes, qu’el- le eff le plus fouvent inutile pour les guérir, & que ces différens fymptomes doivent être appailés par les anodins , les narcotiques, les rafraichiffans, les relâchans , les aftringens , les doux répercuflifs & les délayans. Nous croyons que communément on juge mal des efforts de la nature, qu’on les croit ex- cehfs, lorfqu'ils font proportionnés à lobflacle, & nous fommes convaincus avec Celfe , que ces feuls efforts domptent fouvent avec labflinence êc le re- pos , de tres-grandes-maladies, 74/4 magni morbi curantur abflinentié 6 quiete, Celf, après en avoir par- couru tous Les tems, &c effrayé mal-à-propos les af- fiftans , & le médecin peu accoutume à obferver la marche de la nature , abandonnée à elle-même, fans le fecours de la Jaignée, aui, loin de ralentir le mou- vement du fans , l’accélere , à moins qu’on ne fafle tomber le malide en défaillance , ainfñ qu'il eftaifé.- de lapperçevoir dans les fieyres intermittentes qua fe changent en continues , ou bien ont dés accès plus forts & plus longs, après la fzignée, Cette obferva: tion füre & conitante, donnera peut-être la folution de ce problème, pourquoi les fievres intermittentes {ont-elles beaucoup plus communes à la campagne , qu’à la ville ? Le plus grand nombre de ceux qui exercent la Médecine, croiroit manquer aux lois les plus ref pettables , sl s’abftenoit d’ouvtir la veine, lorf- ul eft appellé au fécours d’un malade en qui la fete fe déclare ; & il accufe la maladie des foi-s blefles de la convalefcence, tandis que les évacua- tions fouffertes mal-à-propos n'y ont que trop fou- vent la plus grande part. Il croit reconnoître, OU du-moins il fuppofe alors des pléthores faufles, des raréfattions dans le fang. À entendre ces médecins ; On croit voir tous les vaifleaux prêts à fe rompre par la dilatation que quelques degrés de chaleur de plus peuvent procurer au fang ; & qui, s'ils l'a- voient foumife au calcul, n'équivaudroit pas à l’aug- mentation de mafle & de volume , Qu'un verre d’eau avalé produiroit. Le rouge animé qui colore pref- que toujours la peau des fiévreux dans Le com- mencement de leurs maladies, leur fert de preuve. Ils ne voyent pas dans l’intérieur la nature foule- vée contre les obffacles & les irritations ; reflerrant les vaifleaux intérieurs, & chaffant fans aucun dan- ger dans Îes cutanés un fang qui n’y eft trop à l’étroit que pour quelque tems , qui left peut-être utile- ment, & qui fera néceflaire dans la fuite de la ma- ladie. Hs oublient que ces efforts font falutaires , S'ils font modérés, & que dans peu le fang qu’on croit furabondant , fe trouvera être en trop petite quan- tité. Les hémorragies critiques leur fervent de preu- ve, € ne font que le principe de l’illufion , parce qu'ils négligent de faire attention, que, pour que les évacuations foient falutaires, il faut qu’eiles foient faites dans les lieux &_ dans les téms convenables ; qu'elles ne doivent pas être eftimées par leur quan- tité, mais par leur qualité ; & qu'enfin les hémor- ragies furviennent fouvent fort heureufement, mal- gré les Jaignées répétées. Tout ce que nous ayancons ici, aura l’air para- doxe pour plufieurs, jufqu’à ce qu'ils ayent com- paré avec la doûrine d'Hippocrate, & encore mieux avec l’obfervation qui nous doit tous juger. Après avoir puifé les indications de la Jaignée dans les caufes, cherchons-les dans les ymptômes qui annoncent la pléthore & la confiftence inflamma- toire. | La nourriture abondante & recherchée, le peu d'exercice, auquel les hommes qu’on exclut du peu- ple, fe livrent en général, donnent fréquemment lieu chez eux à la pléthore générale, qu’on recon- noït par la couleur haute des joues & de la peau, les douleurs eravatives de la tête , les éblouiffe- mens, les vertiges, lafloupiffement, la force, la dureté & le gênement du pouls. La pléthore parti- culiere a pour fignes, la tumeur , la rougeur , la dou- leur gravative, quelquefois pulfative & fixe d’une partie. La confiflence inflammatoire doit être {oup- connée toutes les fois qu'avec une douleur fixe, le malade éprouve une fievre aigue, ce qui nous paroït être un fymptome commun À toutes les in- flammations extérieures. On n’en doutera plus, fi Les fymptomes font graves &z Le fujet pléthorique. Dans ces deux cas, la partie rouge furabonde, la nature, lorfqu'il y a pléthore, fe débarrafe de la portion du fang la plus tenue, du ferum qui peut plus aifé- ment enfiler les couloirs excréteurs : pendant que la plus épaïfle eft continuellement foutnie ; accrue par les alimens trop nourriflans , trop abondans, ou que faute d'exercice, elle n’eft pas décompofée f LA & évacuée, S A Î ji Lorlque la pléthore eft légere, Pabftinencé, la nourriture végétale & l'exercice en font un res mede bien préferable à la Jaionée : mais parvenue à un certain point, elle exige qu'on diminué fubite- ment la trop grande proportion de la partie rouge avec la férofité, dans la crainte de voir fürvenir des hémorrhagies , des ftafes, des épanchemens mortels Ou du-moins dangereux, des anevrifines » dés apo- plexies & des inflammations fe former dans les par ties du corps dont les vaifleaux fanguins {ont le moins perméables, Cette pléthore exige qu’on tire du fang par une large ouverture ; du bras fi elle eft générale , de la partie malade fi elle eft deve ticuliere. Cependant fi on ne fe Précautionne pas contre les retours, en en évitant les Caufes, on la verra revenir d'autant plus vite, d'autant plus fré- quémment qu'on aura davantage accoutumé le mas lade à la fzignée, La nature fe prête à tout , elle fuit en général le mouvement qu'on lui imprime, Tirer fouvent du fang, c’eft lui en demander une répara- tion plus prompte ; maïs qu'on he s’y trompe pas, il y a toujours à perdre; la quantité de fang ctoîtra par la dilatation des orifices, des veines ladtées , paf une moindre élaboration, par des excfétions dimi- nuées ; ce fang ne fera donc jamais aufi put qu'il eût été, fi on en eût prévenu ou corrigé l’abondance par toute autre voie que par la Jaignée. Nous ap pellons à l’expérience de ceux qui ont eu trop de facilité à fe foumettre à de fréquentes Jaignées ; qu'ils difent fi le befoin n’a pas crû avec le remede, & % une foibleffe précipitée n’en à pas été la fuite, fur- tout fi on leur a fàit perdre fans Pitié un fang trop précieux, dans l’âge où le Corps fe développoit, où les fibres attendoient l'addition de nouvelles fibres nue pars + portées par le fang, pour s’écarter & donner de ne s a" { L l’accroiflement., Ménäseons donc une liqueur pré- cieufe à tout Âge, mais fpécialement dans le plus tendre &c dans le plus avancé ; n'avons recours à la | Jaigriée que dans les cas où le mal eft inguérifable par tout autre reméde, 8 dans ceux qui préfente- roient trop de danger à tenter d’autres moyens, Lorfque la fievré fe déclare avec ia pléthore, ces dangers augmentent ; & on doit alors , dans la crainte des inflammations, des Rhémorrhagies {ymptomati= ques, 6. qui ne tarderoient pas d'arriver, tirer du fang pour les prévenir, Mais fans pléthore générale où particulere, ou fans inflammation, on ne doit faire aucune fignte. C’eft une maxime Gui nous patoît démontrée par l’obfervation la plus grof- fiere des maladies abandonnées À la natute » COM: parée avec celle des fievres qu’on croit ne pouvoir appaifer qu’en verfant le fang , comme fi c’étoit une liqueur qui ne peut jamais pécher que par la quan- tite; comme fi la fouftration de {à plus grande païtie , &T l’abattement des forces qu'elle procure ; étoient des moyens plus sûrs de le dépurer que la coétion que la nature fait de {à portion viciée, Nous aurons lieu d'examiner la pléthore particuliere EN parlant du choïx des veines : paflons aux inflamma= tions. | I! ef tellement faux que toute inflammation exige des Jaignées répétées dans fes différens tems, que fans parler de celles qui font légeres, fuperfcielles , nous avançons hardiment qu’elles nuifent dans plu- fieurs qui font graves & internes > & qu'il en eft même dans lefquelles elle eft inter fufez de nous en croire ; f vous croyez, qu’aban- donnés à une hypothèfe , NOUS en fuivons Les confé- quences fans prendre garde à l'expérience des grands médecins; confultez les ouvrages de ceux qui n’ont pas êté livrés, comme Botal » avec fureur à la Jai grée ; ouvrez Baillou, praticien auf fage qu'heureux ë éclairé, qui exerçoit la Médecine dans le pays, où la mode & les faux principes ont voulu que Ja fais: dite. Si vous re- sr? 5 A I gnée répétée jufquw'à vingt fois, füt le remede des inflammations ; & vous verrez qu'il eft un grand nome bre de pleuréfies & de péripneumonies, ( maladies qui exigent plus que toutes les autres la fzignée) dans lefquelles elle eft nuifible. Vous apprendrez par-tout que, la pléthore &c le tems de l'irritation pañlés, on doit fuir toute perte de fang comme le poi{on le plus dangereux , qu’elle trouble la coétion, qu’elle empêche la dépuration , & qu’elle eft propre à jetter les malades dans des foibleifes &r des récidi- ves, dont la convalefcence la plus longue aura peine à les tirer. Confultez les inflammations extérieures (leur marche peut plus aifément être fuivie) &r vous verrez files dartres, la galle, la petite vérole , le pour- pre, la rage, les bubons peftilentiels, les ulceres, les plaies enflammées peuvent êtreguéris par la feule Jrignée ; fi elle naggrave pas ces maux, fur-tout lorf- qu'ils portent un,caraétere gangréneux, Vous ver- rez fi la nature n’en eft pas le véritable médecin; & l’excrétion d’une petite portion de matiere vi- cite & élaborée, le remede.Vous verrez en même tems quels maux étranges peut produire la faignée en arrêtant la fuppuration, en donnant lieu à des métaftafes , des rentrées du pus; & vous ferez con- vaincu de ces deux vérités, que toutes inflamma- tions n’exivent pas la Jaignee, & que celles même qui lindiquent,ne l’indiquent jamais dans tout leur cours. Mais dans les inflammations fimples & graves, où il n'y a aucun vice particulier gangréneux, &c. où: le malade jouit de toutes fes forces, la Jaigneée faite dans le principe de la maladie, eft Le plus puiffant remede qui foit au pouvoir de la Médecine, & l'ancre dont un homme fage ne doit pas s’écarter. En effet, dans ces inflammations, on trouve en même tems la pléthore & la confiftence inflamma- toire du fang, on trouve un-feflerrement fpafmo- dique de tous les vaifleaux , un embarras général dans la circulation par la réfiftance que le fang op- pofe au cœur, particulier par l’engorgement, Parrèt du fang épañh dans les vaifieaux capillaires de la partie affectée, collé fortement contre leurs parois, &c interdifant la circulation dans les plus ténus. Or, le vrai remede de tous ces maux eft l’évacuation & la fpoliation de ce fang qui, devenu plus âqueux, moins abondant, qui pouflé plus fréquemment, avec plus de vélocité, détruira, entraînera avec le tems êz lation ofcillatoire des vaifleaux fanguins ce fluide épais, collé contre fes parois, qui peut-être r’auroit pü, fans ces fecours,, fe diffiper que par la fuppura- tion, où qui interrompant entierement le cours du fang êz de tous les autres fluides, auroit fait tomber la partie dans une gangrene mortelle, fi le fiege de la maladie eût été un vifcere. La fxignée concourra alors à procurer la réfolution, cette heureufe ter- Tinafon des tumeurs inflammatoires qu’on doit hâ- ter par les autres moyens connus. Nous verrons dans les articles fuivans quelle eft la quantité de fang qu'on doit tirer, dans quel tems, &c, Nous avons'avancé que les hémorrhagies, la vi- vacité des douleurs , les convulfons, le délire, lex- cès de chaleur , une fievre trop forte n’étoient point par eux-mêmes des indications fuffifantes pour la Jaignée ; parce que chacun de ces maux avoit des fpécifiques contraires à fa nature. Retraçons-nous les effets de la faignée dans ces différens cas, pour nous en convaincre. L’hémorrhagie eft critique, ou fymptomatique. Crinque, elle ne doit être arrètée par aucun moyen, elle ne doit être détournée par aueune voie; la /x- née ne feauroit donc lui convenit. Symptomatique, ‘elle eft l'effet de la pléthore, de la dfolution du fang, de la foiklefle ou de la rupture des vaiffleaux. Dans le premier cas, on n'héfitera pas de faigner; mais çe {era à taxon de la pléthore, & non point de gr lhémorthagie, Dans les autres, on portera du fe- cours par les aftringens., les roborans , les topiques répercufifs, abforbans, tous tres-différens de la Jar- gnée. La défaillance que procuré une Jaignée faite pat une large ouverture, facilite à la vérité quel- quefois la formation du caïllot qui doit fermer lori- fice des vaifleaux rompus ou dilatés, mais f la ptu- dence ne tient pas les rênes, felle n’eft pas éclai- rée par la raïfon, on en hâte les progrès pat la difio- lution du fang que caufe la fpohation. * Les douleurs modérées font fouvent un remede, quoique trifte au mal. Telle eft la théone reçue dans la goutte, qui a paflé en proverbe, telle elle doit être dans toutes les maladies : car tout fe meut par les mêmes principes dans Péconomie animale. Si elles font immodéres, elles demandent lufage des relâchans , des anodins & des narcotiques. La far- gnee procurera bien un relâchement , fi on la pra- tique ; mais lorfque nous avons fans cefle fous {a main des remedes qui peuvent produre un effet plus sûr, plus durable, plus falutaire , plus local, qui n’emporte avec lui aucun des inconvéniens de la faignée, pourquoi n'y aurions-nous pas recours préférablement ? Nous difons de même des convul- fions & du délire, en en appellant toujours fur ces objets, à l'expérience de t@us les vrais praticiens. L’excès de chaleur trouvera bien plus de foulage- ment, sl n’y a m pléthore, ni inflammation, dans les rafraichiffans acidules, aqueux, dans les bains généraux ou particuliers, le renouvellement dePair, les vapeurs aqueufes végetales , l’évaporation de l’eau , le froid réel, l’élorgnement de la caufe, que dans une /aignée qui, comme nous l'avons déja prou- vé , entraîne avec elle tant d'inconvéniens, Si la faignée peut changer les fievres intermitten- tes en continues, par la vélocité que le fangacquiert après qu’elle a été faite, en conféquence de laug= mentation des forces refpeétives du cœur, on fent déja qu’il n’eft qu'une Jaignée juiqw'à défaillance qui puifle faire tomber la fevtré, qui fe renouvellera mé- me bientôt; on fent aifément tous les maux que de femblables fzignées peuvent caufer ; abftenons-nous en donc, jufqu’à ce que nous ne trouvions dans les remedes propofés contre l’excès de chaleur , aucune reffource fufifante , ou que nous ayons reconnu la pléthore &c l’inflammation. S'il reftoit encore quel- que fcrupule fur cet objet, nous demandons qu’on examine combien de médecins trompés par la regle qu'il faut faigrier dans les fievres véhémentes, ont fait faioner leurs malades dans le paroxifme qui de- voit terminer leur vie, lorfque la nature fadoit fes derniers efforts, &c en hâtant leur foiblefle | en ont accéléré le terme fatal. \ Après avoir parcouru les cas où on peut, où on doit s’abftenir de la faignée , paflons à ceux où elle eft fi nuifible, qu’elle eft fouvent mortelle, Contre-indichtion de la faisnée. S1 la faignée eftindi- quée dans la pléthore , & la confiftence inflammatoi- ré du fang , il eft évident qu’elle doit être défendue dans les cas oppofés, lorfqueles forces font abattues, comme après de longs travaux de corps ou d’efprit, un ufase immoderé du mariage, lorfque le fang eft diflous,& la partie rouge dans une petite proportion avec la férofté. C’eft ainfi que l’âge trop ou trop peu avancé, les tempéramens bilieux ou phlegma- tiques , la longueur de la maladie, la cachexie, l’œ- deme & toutes les hydropifies, les hémorfhagies qui ontprécédé, les évacuations critiques quelconques , &r toutes celles qui font trop abondantes , les vices gangréneux , font des contre - indications pour la Jaignée. | - Lorfqu’on admet un ufage immoderé de ce reme- |. dé dans la plûüpart des maladies, on eft forcé d’étas blir une longue fuite de contre-indications pour en SAIT empêcher les triftes effets dans un grand nombre de cas ; mais lorfqw'on la réduit dans {es vraies bornes , on fe trouve bien moins embartailé par cette com- binaïfon de caufes & d'effets, d'indications & de contre-indications , qu'il eft bien difficile d’apprétier, La modération dans l’ufage des remedes, la crain- te de tomber dans un abus trop commun, la confian- ce dans les efforts de la nature, feront que, indé- pendament des contrendications , fi. le mal eft le- ger, f on peut raifonnablement compter que la na-- ture fera viétorieufe , on lalaiflera agir, on exercera du moins le grand art de Pexpeétation, en fe bornant aux fois êz au regime , pour ne pas faire du mal, dans la fureur de vouloir agir, lorfqu’on devroit n'être que fpettateur. Tems de faire la faignée. Nous avons rejetté tou- tes les faignées prophylattiques , ainfi nous n'avons aucun égard aux phafes de la lune, ni même au cours du foleil , pour confeiller des /xigrées toujours nui- ibles , lorfqu’il n’y a pas dans le mal une raifon fuf- filante pour le faire ; lorfqu'il y a pléthore fans fie- wre, le tems le plus propre pour la Jaignée, eft le plus prochain, en ayant cependant le foin d’atten- dre que la digeftion du repas précédent foit faite. Maïs dans les fievres aiguës avec pléthore , ou dans les inflammatoires qui exigent la faignée, nous de- _vons examiner dans quel jour de la maladie, fon commencement , fon milieu , ou fa fin, à quelle heure du jour, avant, pendant, ou après le paro- L xyfme & Paccés , il eft plus avantageux de faire la Jaignée. | Le tems de l’irritation, qui eft celui de l’accroif- fement de la maladie, eft le feul où la zignée doive être pratiquée ; alors lesefforts de la nature peuvent être extrèmes , les forces du malade n’ont point été épuifées par l’abftinence, les évacuations & la ma- ladie; la circulation fe fait avec force, les vaifleaux . refferrés gènent Le fang de toutes parts, la confiftan- ce inflammatoire, fi elle exifte, & l’obftacle, croïf- fent ; la fuppuration fe fait craindre, & laréfolution peut être hâtée. S'il y a pléthore, on doit appréhen- der les hémorrhagies fymptomatiques, la rupture des vaifleaux, les épanchemens fanguins, ce font ces momens qu'il faut faifir ; mais lorfque la maladie eft dans fonétat , que la co“tion s’opere, ( car quoi- que la nature commence à la faire dès Le principe de la maladie , il eft un tems où elle la fait avec plus de rapidité ) elle ne convient plus : linflammation ne peut être refoutealors que par une coétion pu- rulente, qui feroit troublée par la faignée; dans le tems du déclin ou de la dépuration, ôter du fang , ce feroit détruire le peu de forces auireftent, ce e- roit donner lieu à des métaftafes, ou tout au moins empêcher que cette matiere nuifible, préparée pour l'évacuation, foit évacuée ; cé feroit troubler des fonétions qu’il eft important de conferyer dans tou- tes leur intégrité ; ces maximes font fi vraies, les médecins les ont de tout tems tellement connues, que f quelqu'un d’eux s’eft conduit différemment, aucun n'a ofé le publier comme principe; la feule difficulté a roulé fur la fixation des jours où s’opéroit la coftion; les uns ont cru la voir commencer au quatrieme, &c ont interdit les fzgnées après le troi- fieme ; les autres ont été plus loin , mais aucun n’a pañlé le dixieme ou le douzieme. Il eft mal aifé de fixer un terme précis, dans des maladies qui font de natures fi. différentes, dont les fymptomes & les cir- - conftances font fi variés, qui fuivent leur cours dans un tems plus ou moins long ; on fent aifément que plus la maladie eft aiguë, plus le tems de l'irritation eft court, plus on doit fe hâter de faire Les faignées néceflaires, plutôt on doit s’arrêrer ; c’eft au mé- decin à prévoir fa durée. Nous pouvons ajouter que ce tems expire communément dans les fievres pro- S AI 513 prement dites & les inflammations au cinquieme Jour ; mais nous répeterons fans cefle que le tems qui précede la cottion, ouù l’état de la maladie, eff celui, où on doit borner la faignée, Les paroxyfmes ou les accès ayant toujours été confiderés parles médecins, comtne desbranches de la maladie, quifemblables autrone, ont comme lui un cours régulier , un accroiflement , un état & un déclin; ce que nous avons dit de l’un, doit s’éten- dre aux autres ; c’eft après le frflon , lorfque la fe- vre eft dans fon plus grandfeu, qu’on doit faigner. L'interdiétion de la Jaignée dans le friflon, nous conduit à remarquer qu'on tomberoit précifément dans la même faute , { on faignoit dans le principe de lamaladie, des inflammations, avant que la na- ture foit foulevée &c fes premiers efforts développés. Choix du vaiffleau. L'hiftoire de la faignée nous a prefenté fur le choix des vaifleaux , une multitude de fentimens fi oppolés , que quoiqu’on puifle en gé- néyal les réduire à trois, les révulfeurs , les locaux, & lesindifiérens , il eft peu d'auteurs qui n’ayent apporté quelques modifications à ces fyflèmes. Ap- pliquons à lufage de ja Jaignée , les maximes que nous avons établies en parlant de fes effets. La pléthore "eft générale ou particuliere ; géné- tale, elle fuppofe une évalité dans le cours de la circulation , un équilibre entre les vaifleaux & le fang, qui fera détruit fi on ouvre une véine, pen- dant tout le tems que le fang coulera, mais qui fe rétablira bientôt lorfque le vaiffeau fera fermé ; tous les révulfeurs conviennent de ce principe avec les indifférens êc les locaux; il eft donc égal, dans ce cas, d'ouvrir la veine du bras, du pié, du col, &c. avec ou fans ligature : 1l weft qu’une regle à obfer- ver , c’eft d'ouvrir la veine la plus groffle & la plus facile à piquer; la plus grofle | parce qu’en four- niflant dans un même efpace de tems, uneplusgran- de quantité de fang , elle produira avec une moin- dre perte, effet fouvent defiré, de caufer une lé- gere défaillance. Mais lorfque la pléthore eft particuliere ; ileneft tout différemment , & nous nous hâtons en ce cas, de nous ranger du parti des locaux. Pour concevoir la pléthore particulere , il faut connoître ou fe rap- peller qu'il peut fe former dans les veines d’une pat- tie, ou dans les artérioles, des obftacles au cours de la circulation , qui feront l'effet d’une contraétion fpafmodique de ces vaifleaux, ou des parties voifi- nes, d'une compreffion extérieure ouinterne , d’un épafiflement inflammatoire particulier-du fans , ou des autres humeurs ; d’un féjour trop long du fang accumulé dans une partie relâchée:, dans une fuite de petits facs variqueux , qui circulant plus lente- ment , s'épaifira , fe collera contre Les parois des vaifleaux , ce qui forme une pléthore particuliere , dont Pexiftence eft démontrée par l'évacuation pé- riodique des femmes , par les hémorrhagies criti- ques, certaines douleurs fixes , les hémorrhoïdes, les inflammations , les épanchemens, &c. Dans tous ces cas la faignée doit être faite dans le fiege du mal, ou du moins aufh près qu'il eft poffible, pour 1miter la nature dans fes hémorrhagies criti- ques , & pour {e conformer aux lois de mouvement les plus fimples; c’eft ainfi qu’on ouvre les hémor- rhoïdes, & les varices quelconques, qu’on fcarifie les yeux enflammés & les plaies engorgées, qu’on Jaigne au-deflous d’une compreffion forte qui eft la caufe d’un engorgement, qu’on ouvre les veines ju- gulaires dans plufeurs maladies de la tête avec fuc- cès , &t qu’on éprouve continuellement par ces f1- gnées locales des effets avantageux. Qui ne riroit d’un médecin qui ouvriroit la bafilique pour guérir des tumeurs hémorrhoïdales extérieures enflammées? Ici l'expérience vient conflamment à l'appui de la rai- S14 S AI fon , l’une 8 l'autre veulent qu’on attaque le mal dans fon fiege, & au’on vuide le canal, par une ouverture faute au canal lui-même, fans recouriraux branches les plus éloignées. Quunsité du fang. La quantité du fang qu'on doit tirer , eft bien inférieure à celle qu’on peut perdre; les funeftes expériences de ceux qui ont cru trouver dans ia faignée le remede à tous lesmanx , & les he- morrhagies énormes que quelques malades ont ef- fuyées, ont appris qu’un homme pouvoit perdre dansune féule maladie aiguë, vingt ou trente livres de fang , sil étoit évacué en différentes /aignées , ou filhémorrhasie duroit plufieurs jours. Cette quanti- té eft bien plus confidérable dans les maladies chro- niques ; on a vuverfer dansun an, par des centai- nes de faignées , chacune au-moins de fix ou huit on- ces , autant de fang qu'il en faudroit pour rendre la vie à une douzaine d'hommes. Nous avons honte derapporter de femblables obfervations , pour l’hon- neur de la médecine ; mais elles tendent à prouver toutes les reflources que la nature a en fon pouvoir contre les maladies &c les fautes des médecins, & nous ajoutons, pour détourner ceux qui feroient tentés de fuivre de pareils exemplesg que la foibleffe de tous les organes & même de Pefprit, quelque- fois incurable , au-moins très-longue à fe difiper, en eft inévitablement la fuite. Lorfqu’on tire une grande quantité de fang, le de- pouillement de la partie rouge devient de plus en plus confidérable , fur-tout fi les /argnces ont été co: pieufes , ou fe font fuivies rapidement, parce qw’a- lors la perte de la partie rouge eft plus grande pro portionnellement ; bientôt on ne trouve plus que de la férofité dans les veines; ce qu’on appelle Jar- gner jufqu'au blanc ; dans cet état, le fang eft deve- nu fi fluide, qu’il eft prefque incapable de concourir à la coftion, qu'il ne peut qu’à la longue affimiler le chyle qui lui À préfenté; ce défaut de coëtion laifle fubffter les engorgemens qui formoient la maladie; ce qui arrive fpécialement dans les fievres exacerban- tes, ou d'accès. On fent déja qu’il eftdes bornes plus étroites qu'on ne le penfe vulgairement , à la quan- tité du fang qu'on doit tirer. Réduire Les efforts de la nature dansleur vrai point deforce , diffiper la pléthore, rendre au fang laflui- dité qui lui eft néceflaire pour circuler librement, én lui confervant la proportion de partie rouge né- ceffaire à la coûtion, eft l’art dont il faut qu’un pra- ticien foit inftruit pour atteindre avec précifion la quantité de fang qu'il doit répandre dans les mala- dies qui exigent la /zignée. L’affoibliflement du jet du fang, eft Le terme au- quel on doit s'arrêter dans chaque faignée. Lorfqu’il eft produit par la défaillance que les malades puñilla- nimes éprouvent en voyant couler leur fang ,. ( dé- faillance quelquefois plus utile que la aigrée même) & que le médecin juge qu'on doit continuer de le laifler couler , on mettra le doigt furla plaie, on lui laiflera reprendre courage , on ranimera le mouve- ment du cœur par Les fecours ordinaires , pour don- ner après cela de nouveau cours au fang qu’on doit évacuer. Cet affoiblifiement du jet doit être attendu dans prefque toutes les Jaignées, fur-tôut dans les mala- dies inflammatoires , & les hémorrhagies , à moins que déja la fargnée ne pafle feize ou dix-huit onces, que le tempérament du malade ferefufe à la Jaignée, ou que la nature de la maladie le mette dans le cas de n’éprouver quetrès-tard du ralentiflement dans la circulation ( comme dansles fous. ) On doit s’arrèter alors ; mais communément à la huitieme ou dixie- me once, on voit le jet baïfler ; nous l'avons vu tomber entierement à la feconde dans un jeune ma- lade d’un tempérament fanguin ; accoutumé à la aienée . ei éprouvoit le fecond tour d’une fevre griée ; € P } bilieufe , un redoublerment violent, avec une dou- leur de tête tres-vive, en qui une défaillance pref. que fyncopale furvint. La quantité du fang qu’on peut tirer par différen- tes faignées , fans nuire au malade dans l’inflamma- tion la plus grave, dans l’homme le plus robufte, avec la pléthore la plusdécidée , n’a jamais paru aux médecins éclairés, dont nous avons tâché de faifir l'efprit , devoir excéder foixante onces; ce qui fait environ un Cinquieme de lamafle totale du fang. Dans les inflammations où la confiftence inflammatoire, & la pléthore ne ie préfentent pas avec des cara@eres auffi violens, lorfque l’âge ou quelques autres contre indications viennent mettre des obftacles , il fant refter beaucoup au-deffous , &t douze, vingt, ou trente onces tirées en une feule ou différentes fois, fufffent dans les adultes, pour les cas courans. Nombre des faigné:s. Nous avons vu qn'on nedoit faigner en général que dans les quatre ou cinq pre- miers jours de la maladie , jamais excéder foixante onces de fang; que dans les cas ordinaires , 1l faut refter beaucoup au-deflous; qu'il faut fermer la vei- ne dans chaque faignée , lorfque le pouls s’affoiblit ; que le tems le plus favorable pour la faire, eft après le friflon, des acces ou redoublemens, En fuivant ces maximes , on fe trouve borné à faire quatre ou cinq faignées dans les inflammations les plus rares ; une ou deux dans les plus communes; c’eft auffi ce que nous voyons obferver par les praticiens les plus ju- dicieux , qui n'étoufient point l'expérience fous les fophifmes & les hypotheïes dont nous avons fait tous nos efforts pour nous garantir. SAIGNÉE, {. f. éerme de Chirurgie ; c’eft une opé- ration qui conffte dans l'ouverture d’une veineçou d’une artere avec une lancette , afin de diminuer la quantité du fang. L'ouverture de Partere fe nomme artériotomie (voyez ARTÉRIOTOMIE) ; & celle de la veine fe nomme ph/ébotomie. Voyez PHLÉBOTOMIE. Plufieurs médecins regardent la /zigrée comme le meilleur & le plus sûr évacuant ; mais néanmoins fon ufage étoit très-rare parmi les anciens , quoiqu'il foir devenu préfentement très-fréquent. Voyez EVA- CUANT & EVACUATION. On dit que l’hyppopotame a appris Le premier aux hommes l’ufage de la faignée. Car quand cet animal eft trop rempli de fang , il fe frotte lui-même contre un jonc pointu , & s'ouvre une veine; jufqu'à ce que fe fentant déchargé 1l fe veautre dans la boue pour étancher fon fang. Il eft peu important de favoir à qui l’on doit lin- vention d’une opération futile, & dont les effets ad- mirables étoient connus dès les premiers tems de la Médecine. Nous avons parlé de Pouverture de l’ar- tere à l’article ARTÉRIOTOMIE ; & nous avons dit qu’elle n’étoit pratiquable qu’à l'artere temporale. Il n’en eft pas de même de la phlébotonnie; on peut ou- vrir toutes les veines que lon juge pouvoir fournir une fuffante quantité de fang. Les anciens faignoient à la tête ; 1°. la veine frontale ou préparate , dont Hippocrate recommandoit l'ouverture dans les dou- leurs de la partie poitérieure de la tête ; 2°. la veine temporale, dans les douleurs vives &c chroniques de la tête ; 3°. l’angulaire , pour guérir Les ophtalmes ; 4°. la nafale, dans les maladies de la peau du vifage , comme dans la goutte-rofe; 5°. enfin la ranule , dans l’efquinancie. À Toutes ces veines portent le fang dans les juou- laires ; ainfi en ouvrant la jugulaire, on produit le même effet qu’on produiroit en ouvrant une de ces autres veines, & on le produit plus facilementéc plus promptement, parce que les Jugulaires étant plus grofles, elles fourniffent par ouverture qu’on y fait une bien plus grande quantité de fang. Voy. RANULE, On ouvre au cou les veines jugulaires externes. Au SEA QE Au bras il ya quatre veines qu’on a coutume d'ou- vrir ; favoir, la céphalique , la médiane , la baflique êt la cubitale : on pique ordinaifèment les veines au pli du bras; mais on peut les ouvrir à lavant-bras ,au poionet & fur le dos de la main, lorfqu’on ne peut le faire au pli du bras. On peut ouvrir deux veines au pié ; la faphene in- terne & la faphene externe : on ouvre ces vaifleaux fur la malléole interne ou externe ; & fi on ne peut ouvrir ces veines fur Les malléoles, & fur-tout l’in- terne qui eft la plus confidérable , on peut en ouvrir les rameaux qua s'étendent fur le pié. On ouvre les veines en-long, en-travers & obli: quement ; les grofles veines s'ouvrent en-long ; les petites & profondes, en-travers; & les médiocres | obliquement, e On diflingue deux tems dans l'ouverture des vei nes, cehu de la poné&tion & celui de élévation ; le premuer eft celur qu'il faut pour faire le chemin de dehors en-dedans le vaifleau ; le fecond eff le tems qu'il faut employer pour faire le chemin de dedans en dehors, en retirant la lancette. Pendant le premier tems, on fait la ponétion avec la pointe & les deux tranchans ; & pendant le fecond, on aggrandit l’ou- verture du vafleau & des tégumens avec le tranchant fupérieur de la lancette. Avant l'opération, il faut préparer toutes les cho- fes convenables pour la pratiquer, une bougie ou une chandelle allumée, en cas qu'on ne puiffe pas profiter de la lumiere naturelle, une comprefie , une bande, &t un vaifleau pour recevoir le fang ; il faut en outre pour la faignée du pié avoir un chauderon , ou un fceau de fayence plein d’eau d’une chaleur fupporta- ble, pour raréfier le fang & gonfler les veines, On eft quelquefois obligé de s’en fervir lorfqu’on faigne au bras, & que les vaifleaux ne fe manifeftent pas aflez. Le chirurgien doitavoir une perfonne au-moins pour éclairer, tenir le vaifleau qui eft deftiné à rece- voir le fang, & donner quelaue fecours au malade, en cas de foiblefle ou d'autre accident. Pendant opération, le malade doit être placé dans une fituation commode ; il doit être couché, s'il eft fujet à fe trouver mal. On cherche l’endroit où eft l’artere &c le tendon; on pofe la ligature à la diftance de trois ou quatre travers de doist du lieu où l’on doit piquer. l’oyez LIGATURE. On fait fur l’avant-bras quelques friéhions avec le doigtindice & du milieu. Après avoir choïfi le vaiffeau aw’on doit ouvrir , on tire une lancette, on Pouvre à angle droit, & on met à la bouche l'extrémité de la châfie, de façon que la pointe de l’inftrument foit tournée du côté du vaif- feau qu’on doit faigner. On donne encore quelques fritions, & l’on aflujettit le vaifleau en mettant le pouce defius, à la diftance de trois ou quatre travers de doigt au-deflous de endroit où lon doit piquer, On prend enfuite la lancette par {on talon, avec le doigt indicateur & le pouce ; on fléchit ces deux doigts; onpofe les extrémités des autres fur la partie, pour s’afsürer la main ; on porte la lancette douce- ment, & plus ou moins à-plomb, jufque dans le vaif- feau ; omaggrandit ouverture én retirant la lancette ; le fanp-rejaillit auffi-tôt. La perfonne chargée du vaïf- feau qui doit recevoir le fans, le préfente, &c on fait tourner le lancetier dans la main du bras piqué, pour faire pañler plus vite le fang par le mouvement des muicles. Pendant que lefang fort, on pofe la main deffous Pavant-bras pour le foutenir, Quand le fang ne fort point en arcade ; on lâche médiocrement la hgature ; on met l'ouverture des téournens vis-à-vis celle de la veine, où l’on fait prendre différentes fi- tuations à cette oùuvertute. .… Après l’opération, quand on a tiré la quantité fuf- fifante de fang , on ôte.la ligature; on approche les deux levres dela plaie, entirant un peu les tégumens Tome XIV, | .: S AÏ s15 avec le doigt ; on nettoie les endroits que le fang a tachés ; On met la comprefie fur l'ouverture, & on applique la bande. Foyez le bras droit de la fig. vs tr I EU TN Re Outre ce qui vient d’être dit, il y a plufieuts res marques à faire fur cette opération, fuivant le lieu où on la pratique, Dans la faignée du bras; 1°, le vaiffeau qu’on doit ouvrir eft quelquefois pofé direétement fr le tendon du mufcle biceps, qui fait dans certains fujets une faillie, Il faut alors mettre en pronation le bras de la perfonne que l’on faigne; & ce tendon qui a fon at= tache derriere la petite apophyfe du radins , fe cache, pour ani dire, & s’enfonce. | 2°. [ne faut jamais piquer, à moins que le vaif- feau ne foit fenfible au taét , quand même quelques cicatrices l’indiqueroient; car il feroit imprudent de piquer au hafard. il y a des vaifleaux qui ne fe font fenur que quelque tems après que la ligature eft faite, &c d’autres qu'il eft néceffaire de faire gonfler en faifant mettre le bras dans l’eau tiede, | 3°. Si la proximité du tendon ou de l’artere jointe à la petitefle du vaifleau , fait entrevoir quelque rif= que à faigner au pli du bras, il faut ouvrir la veine à l’avant-bras, au poignet, 8 même à la main. 4°, Quand les vaïfleaux font roulans, il faut bien prendre fes mefures pour lesaflujettir, en mettant le pouce deflus, ou en embrafant avec la main l'avant: bras par-derriere : cette derniere méthode les con« tient avec plus de fermeté, 5°. Une des regles les plus importantes de l’art de faigner eft de porter la lancette plus ou moins perpen- diculairement fur la peau , à proportion que le vaif: feau eft plus ou moins enfoncé. S'il eft très-enfoncé, il faut porter la pointe de la lancette prefque à plomb ; f: on la portoitobliquement, elle pourroit paffer par: deflus ; fi le vaiffeau eft fi enfoncé qu’on ne le puife appercevoir que par le taët, il ne faut point perdre de vûe l’endroit fous lequel on l’a fenti; on peut le matquer avec le bout de ongle; on y porte la pointe de la lancetre , on l’enfonce doucement jufqu’à ce qu’elle foit entrée dans le vaiffeau ; ce qu’une légere réfiftance &t quelques gouttes de fang font connoître; alors on agorandit ouverture avec le tranchant fu- périeur de la lancette en la retirant. Comme ce font ordinairement les perfonnes grafles qui ont les vai£- feaux tfès-enfoncés, 1ls font prefque toujours entou= rés de beaucoup de oraïfle qui les éloigne de l’artere, du tendon & de l’aponévrofe, 6°. Lorfque les vaifleaux font apparens , ils font quelquefois collés fur le tendon, fur l’aponévrofe , ou fur l’artere. Pour les ouvrir, il faut porter la pointe de la lancette prefque horifontalement : lorf- qu'elle eft dans la cavité du vaifleau, on éleve le poiz gnet afin d'augmenter l'ouverture avec fon tranchant: On évite d'atteindre des parties qu'il eft dangereux de piquer , en portant ainfi fa lancette horifontale- MELUN ent , Pour la faignée de la jugulaire, on obferve quel: ques particularités. On met le malade fur fon féant , & on lui garnit l'épaule & la poitrine avec une fer- viette en plufieurs doubles. On pofe la ligature com: me il à êté dit au #04. LIGATURE, On applique le pouce fur la beature , & l’autre fur la véine pour l’af- luettir; on fait ouverture comme dans la /aigrée du bras. Sile fang ne fort pas bien, on fait mâcher au malade ün morceau de papier ; 8 s’1l coule le long de la peau, on fe fert d’une carte en forme de aouttiere, qui s'applique au-deffous de l’ouverture par un bout, & qui de l’autre conduit le fang dans la palette, Après l'opération, on applique une comprefle & un bandage circulaire autour du cou. Pour faire la farsnée du pié , on fait tremper les deux piés dans l’eau chaude; on en prend un qu’on t£ 11e SAI pofe fur un genou qu'on à garni de linge en pluñenrs doubles ; on applique la ligature au-deffus des smal- léoles; onremet le pié dansl'eau pendant qu'on prépas re lalancette qu’on met à la bouche. On retire le pre, “onen applique la plante contre le genou ; on cherche un vaifleau, on laflujettit après avoir fait quelques friions, & on l’ouvre en évitant de piquer le pe- riofte fur la malléole, ou les tendons fur le pié, L’on remet le pié dans l’eau ; & lerfqu’on juge avoir tiré la quantité fufifante de fang , on ôte la ligature, on efluie le pié, on applique la comprefle, &t on fait le bandage appellé évrier. Voyez ÉTRIER. On doit faigner de la main gauche au bras & au pie gauches, & de la main droite au bras & au pié droits. Les accidens de la faignée font légers ou graves. Les légers font la faignée blanche, lorfqu’on manque d'ouvrir le vailleau faute des attentions que nous avons prefcrites , où parce que Le malade retire fon bras; le trombus (voyez TromMeus ); l’échymofe (voyez ECHYMOSE) ; la douleur & Pengourdifiement par la piquüre de quelques nerfs (voyez PLAIES DES NERES. Les accidens graves font les piquures de laponévrofe & du périofte , qui font quelquefois: fuivis de douleurs & d’abfcès (voyez PLAIES Des APONEVROSES ET DU PÉRIOSTE); la piquüre du tendon (voyez PLAIES DES TENDONS) ; & enfin l’ou- “verture de l’artere. Voyez ANEVRISME. M. Quefnay a fait un excellent traité de Chirur- gie, fur l’arr de guérir par la faignée. 1 y a un traité particulier fur Pars de Jaigner par Meurifie, chirur- gien de Paris. Et un autre qui eft plus à la portée des éleves, dans les Principes de Chirurgie par M. de la Faye. (7) SAIGNÉE , {. f. ( Archite'.\ petite rigole qu’on fait pour étancher l’eau d’une fondation ou d’un foflé, quand le fond en eft plus haut que létterrein le plus prochain , & que par conféquent il y a de la pente. (2.J.) SAIGNÉE DE SAUCISSON , (Art milir.) c’eft dans les mines la coupure que l’on fait au fauciflon, pour mettre le feu à la mine. Voyez TRAÎNÉE DE POU- DRE. SAIGNÉE d’un foffe, (Art milit.) c’eft l'écoulement des eaux qui le rempliflent. Quand on a faigné un foflé , on jette fur la bourbe qui y refte des claies couvertes de terre ou des ponts de joncs , pour en affermir le paflage. Di&, milit. (D. J.) SAIGNER , v. aët. & neut. C’eft verfer du fang ouentirer. Voyez les articles SAIGNÉE. SAIGNER 4 foffé , en termes de fortification, c’eft en faire écouler l’eau. Pour faïgner un foffé , on pratique des rigoles ou des efpeces de petits canaux, de maniere que le fond fe trouve plus bas que celui du foffé. C’eft ainfi qu’on en ufe pour Pécoulement des eaux des avant-foflés lorfque le terrein le permet , &t de même pour le foffé du corps de la place. On occupe après cela le fond du foflé en plaçant fur la vafe ou le imon des claies pour empêcher d’enfoncer dans la boue. FPoyez PASSAGE DE FOSSE. (Q) SAIGNER fe dit dans l’Artillerie, d’une piece lorf wétant montée fur fon affut, la volée emporte la culafle , ce qui arrive lorfqw’on tire de haut en-bas. Q $ ten DU NEZ fe dit dans l’Artillerie, d'une piece de canon , dont la volée emporte la culaffe lorfqu’elle et montée fur fon affut. On dit encore qu’une piece de canon Jaigne du nez lorfque fa volée devient courbe ; ce qui arrive quand le métal fe trouve fort échauffé par le trop grand nombre de coups tirés de fuite. Dans cet état, la courbure de la volée fafant baiffer le bourlet, la bouche de la piece fe trouve au-deflous de la direc- tion de l'axe, ce qui dérange la jufteffe de fes coups. (@) SAIGNEUX , adj. ( Gram. ) fanglant, fouillé de fang. On le ait d’une pi haï a de chaïr ; ce morceau eft tout fzigneux ; le bOut faigneux, Voyez BOUT-SAr- GNEUX. SAJL, (Géogr. anc.) ancien peuple de Thrace.w Strabon, /. XII. p. 540, dit : Certains Thraces ont été appellés Szzht, & enfuite Sa. C’eft chez eux qu’'Archiloque dit qu’il jetta fon bouclier: ce font à. préfent, pourfuit Strabon , ceux que l’on appelle Sapæ ; ils demeurent aux environs d’Abdere & des îles voifines de Lemnos. Parlant, Z X. p. 457. de l'ile de Samothrace , 11 dit : Quelques-uns croient qu’elle a eu le nom de Samo des Sai, peuples de Thrace qui Pont autrefois habitée , auffi-bien que le continent. Il femble douter en cet endroit , fi ces Saji font le même peuple que les Szpærëcles Sinrhes d'Homere , & il rapporte à cette occafion les deux vers d’Archiloque. (2. J.) SAIKAIDO , { Géogr. mod.) grande contrée de lempire du Japon dans le pays de Poueft. Sakaido fignifie la contrée des côtes de loueft. Cette vafte contrée eft compofée de neuf grandes provinces, qui font Tfikudien, Tfkungo, Budfen, Bungo, Fid- en, Figo, Fiugo , Odfumi &c Satzuma. Le revenu annuel de ces neuf provinces monte à 344mankokfs. DJ. en ÎLE, (Géog. mod.) c’eft-à-dire le pays de l’ouef?, grande île de POcéan. Après l'ile de Nipon, c’eft la plus confidérable en étendue des trois gran- des iles qui forment Pempire du Japon. Elle eff fi: tuée au fud-oueft de lile de Nipon, dont elle eft fé- parée par un détroit plein de rochers & d'îles, qui font en partie defertes & en partie habitées. On la divife en neufgrandes provinces, & on lui donne 148 milles d'Allemagne de circuit. (D. J.) SAILLANT , adj. ou part. ( Gram.) qui s’avance en-dehors; la partie faillante de cette façade ; enfoncé eft le correlatif & le contraire de faillanr, I] s’'em- ploie au figuré : voilà un morceau de poéfie bien Jaillant ; voilà une penfée /aillante, N- SAILLANT , en terme de Fortification, fignifie ce qui avance. F’oyez ANGLE SAILLANT: On dit le faillant du chemin couvert , pour l’angle faillant formé par les branches qui fe rencontrent vis-à-vis l'angle flanqué des baftions, des demi-lunes, ée.(Q) | SAILLANT , en termes de Blafon , {e dit d’une chez vre , d’un mouton ou d’un bélier repréfenté avec les pattes de devant élevées comme pour fauter. Un lion Jaillant eft celui qui eft placé en bande ; ayant la patte droite de devant à droite de l'écuflon, & à gauche la patte gauche de derriere. C’eft ce qui le diflingue du lion rampant. Voyez RAMPANT. De Cupis à Rome, d'argent aubout /ai//ant d’azur, onpglé & acorné d’or. | SAILLANS, ( Géog. mod. ) petite ville de France au bas Dauphiné , dans le Diois , fur la Drôme, en- tre Die & Creft. On croit voir dans fon nom un refte de celui de Sangalauni, anciens peuples de cette contrée. (D. J.) SAILLE, (Marine.) exclamation que font les ma- telots lorfqu'ils élevent ou pouflent quelque far- deau. à SAÏLLIE , f. f. (Art d'écrire.) penfée vive qui pa- roît neuve , ingémeufe , piquante , &t qui n’eft ce- pendant pas réfléchie. Pour peu qu’on confidere les chofes avec une certaine étendue, les faillies s'éva- nouiffent , dit l’auteur de /’efpric des lois. Elles ne naiflent d'ordinaire que parce que l’efprit fe jette tout d’un côté & abandonne les autres. Si l’on exa- mine de près les faillies qu'on voit dans tant d’ou- véages qu’on aime & qu’on admire tant aujourd’hui, lon verra qu’elles ne tiennent à rien , qu’elles ne vont à rien, & ne produifent rien ; ellesne doivent donc leurs futcès qu’à la frivolité d’efprit qui cârace térife ce fiecle. ( D.J.) | : SAILLIE 04 PROJECTURE , {4 f. ( Archir. ) avance qu'ont les moulures & les membres d’architeQure au-delà du nuddu mur, & qui eit proportionnée à leur hauteur. C’eft aufhi toute avance portée par en- corbellement au-delà du mur de face, comme fermes de pignon, balcons ,ménianes, galeries de charpente, trompes, Ge. Les fzillies fur les voies publiques font réglées par Les ordonnances. ._ On doit regarder toute fail/lie comme la mefure ou la diftance de laquelle une partie d’un ordre & de chaque membre en particulier s’avance fur l'au- tre , en comptant depuis l’axe. Les fail/ies des mem- bres font proportionnces à letfr hauteur, excepté dans les platebandes , auxquelles on donne pour /2:/- lies la hauteur du liteau , &c excepté encore la plate- bande qui eft une partie effentielle de la corniche, & qui a toujours une /xi//fe extraordinaire, (D. J. .) SAILLIE ; ( Danfe. ) ou pas échappés de deux piés : ce font des pas de dahfe qui s’exécutent de la ma- here fuivante. Il faut être élevé {ur les deux pointes , les piés à la quatrieme pofition, le corps également pofé. Je fuppofe que Le pié droit foit devant vous:laiflez échap- per vos deux jambes comme fi les forces vous man quoient, vous laiflez glifler le pié'droit derriere, & le gauche revient devant. En partant tous deux à-la- fois & en tombant les deux genoux pliés , vous vous relevez au même inftant , & remettant le pié droit devant, le pié gauche revient derriere , ce qui vous remet à la même pofition où vous étiez en commen- çant. Comme vous êtes encore plié, vous vous re- levez du même tems en rejettant le corps fur le pié gauche , & aflemblant par ce mouvement fauté le pic droit auprès du gauche en vous pofant à la pre- miete poñtion : vous faites enfuite un pas du pié gauche, ce qui s'appelle décager Le pié, ce qui vous amet dans la liberté de faire les pas qui fuivent. Cet enchaînement de pas fe fait dans l’étendue de deux mefures à deux tems légers. Ces pas fe font encore en tournant. Ayant les deux piés à la premiere poñtion , & étant élevé fur la pointe , vous pliez en laiffant échapper les deux piés à-la-fois à la diftance de la feconde pofition en tombant plié ; vous vous relevez, & vous rappro- chez les deux piés l’un près de Pautre à la premiere pofition ; vous dégagez enfuite l’un ou l’autre des deux piés pour faire tels autres pas que vous fou- haitez. SAILLIES , ( Géog. mod.) petite ville de France dans le Béarn, au diocèfe de Lefcar , à 12 lieues de Pau. Elle eft remarquable par une fontaine falée qui s’y trouve , & qui fournit beaucoup de felau Béarn, D, JT. ‘ SAILLIR , v.n. (Gram.) c’eft faire une éminence remarquable. Faites faillir cette partie | détachez-la du fond. II fe dit auffi du mouvement rapide des eaux jalliffantes ; on voit fai/lir de cet endroit mille jets. Saillir , c’eft la même chofe que couvrir. Cette jument n’a point encore été fzillie. SAIN , adj. (Gram.) qui jouit d’une bonne fanté , qui n’a rien d’alteré, de corrompu, de contagieux. Cette femme eft faire, on peut en approcher fans danger. Il {e dit auffi de l'air ; l'air de cette contrée eft Jain. Des chofes qui contribuent à la fanté ; la promenade eff fzine ; le métier des lettres eft mal- Jain ; les feves font lourdes &t mal-Jaizes. Il étoit Jain d'entendement. Il ales mœurs aires. Sa do@rine eit Jaine, Il a le jugement fair. _ SAIN, (Critique facrée.) dys0c ; ce mot dans l’Ecri- ture fe prend au figuré pour ce qui eft pur, vrai, conforme à la droite raifon ; un difcours fair, aoyos dy, à Tite, c.ij, 8, eft une doûtrine pure, honné- Tome XF, SAÏ S17 te, folide, utile, véritéble; ce mot dé a le même fens dans les auteurs prophanes. Archidamas ; roi de Lacédémone, voyant un vieillard étranger qui tels gnoit fes cheveux pour paroître plus jeune ; {e mit à dire: que nous propofera de fair un homme dont non-feulement l’efprit eft faux ; mais la tête même, Elan. Par. kif. Gb.LIL c.xx. (DJ) SAIN, {le de, ouSAYN, (Géog.) petite île fituéefur la côte méridionale delabafte- Bretagne, vis-à-vis la pro- vince de Cornouailles. M, de Valois prétendoit que Mercure y étoit anciennement adoré, Pomponius Mela, Z ZIT. c. yj. qui parle de l’oracle de cette ile, ne nomme pas la divinité qui le rendoit ; mais dom Martin a donné tant de demi-preuves que c’étoit la Lune, qu’on ne peut pas fe refufer au fentiment de ce favant bénédittin. Au refte, c’étoient des drui2 deffes qui rendoïent l’oracle; elles vouoient une chaf- teté inviolable à la déeffe qu’elles fervoient. Si l'on en croit les auteurs, ces veftales gauloïfes étoient fouvent confultées pour la navigation, L'idée qu’on avoit qu’elles pouvoient s’élever dans les airs, dif- paroître à leur gré , & reparoïtre enfuite , ne contri- buoit pas peu au grand crédit qu’elles avoient ac= quifes. On les nommoït Sexe, foit parce qu’elles n’é- toient d’abord qu’au nombre de fix; foit que ce nom füt celte d’origine, & fignifiât re/peélable: enfin c’eft de ce nom que File otrelles habitoient fut appellée P#e de Sain, (D.J.) , | | SAIN ET NET, (Muréchal.) un cheval fair 6 net, eft celui qui n’a aucun défaut de conformation, ni au- cun mal. | SAIN-DOUX, £. m. (Chaircuiterie.) forte de graiffe tres-molle & très-blanche que les chaircuitiers tirent de la panne du porc, en la faïfant fondre dans une poëlle où chaudiere ; les réglemens des manufadtures de lainage défendent aux tondeurs de draps de fe fer vtr pour l’enfimage des étoffes , d’autres graifles que du Jain-doux. (D.J.) SAIN-DOUX , ( Diere, Pharm. Mat, méd. ) Voyez GRAISSE , Chimie, Ec. SAINFOIN , fm, ( Hiff. nar. Bouge) onobrycis ; genre de plante à fleur papilionacée. Le piftil fort du calice, & devient dans la fuite une filique dé- coupée comme une crête de coq, & hériflée de poin- tes dans quelques efpeces : cette filique renferme une femence qui a la forme d’un rein, Ajoutez aux ca- racteres de ce genre, que les fleurs font difpofées en épi fort ferré. Tournefort ,:7/f. rei herb. Voyez PLAN- TE. TR Tournefort en diftingue fix efpeces, dont la prin- cipale eft à fleurs rouges , & à goufles taillées en crête de coq; ozobrychis major folis viciæ , fruttu echi- mato , en anglois , she great vetch leay'd cocks head, With ar echinated fruit. Sa racine eft longue , médiocrement grofle, dure, vivace ; garnie de quelques fibres , noire en-déhors, blanche en-dedans. Elle poufle plufeur$ tiges lon-. gues d'environ un pié, droites , fermes, d’un verd rougeâtre ; {es feuilles font aflez femblables à celles de la vefce ou du dalega, mais plus petites ; vertes en-deflus, blanches & velues en-deflous, pointues, attachées par paires fur une côte , qui fe termine par une feule feuille , d’un goût amer, & d’une odeur légerement bitumineufe. Ses fleurs font lésumineu= fes , difpofées en épis longs & fort ferrés, qui for- tent des aïffelles des feuilles ordinairement rouges , {outenues par des calices velus. Quand les fleurs font pailées, il leur fuccede dé petites goufles taillées en crête de coq, hérifiées de pointes rudes. Ces gouffes renferment chacune une femence qui a la figure d’un petit rein, grofle comme une lentille , & d’aflez bon gout dans fa verdeur. (D.J) , SAINFOIN, (-Agriculr.) cette plante eff nommée onobrychis par les Botaniites , Jen e en françois ; titi 513 SAIT & de même en anglois she wholefome hay, parce qu- elle eft fort faine , & qu’elle convient merveilleufe- ment fraîche ou feche à tous les beftiaux. Quelques- uns l’appellent l’herbe érernelle, à caufe qu’elle dure long-tems dans une même terre. Dans quelques pro- vinces on l’appelle l’efparcerte. Si l'on cultive cette excellente plante fuivant la nouvelle méthode de M. Tull, on en aura des brins qui s’éleveront jufqw’à cinq piés de haut , avec des touffes de fleurs rouges, de trois, quatre &t cinq pou- ces de long ;: enfin par cette méthode un arpent de fain-foin vient à produire autant d’herbe que trente ou quarante arpens de prés ordinaire. Il eft donc im- portant d'entrer dans les détaïls de la culture de cette plante utile. | La grande fertilité du fzirfoir procede principale- ment de la prodigieufe quantité de racines qu'il pro- duit. Son pivot s'étend quelquefois à rs où 20 piés de profondeur en terre, &c de plus il eft pourvu de plufieurs racines latérales, quis’étendent furtout vers la fuperficie dans la bonne terre. C’eft une erreur de croire que pour que Îe /z/7- foin réuffiffe bien, 1l faut qu'il y ait, à une certaine profondeur, un banc de tuf, de pierre, où de craie qui arrête le progrès de fes racines. Au contraire, plus la terre a de fond, plus les racines s'étendent & plus cette plante eft vigoureufe. Comme aflez fouvent il y a une partie de la fe- mence qui n’eft pas propre à germer, il ne faut pas manquer d’en femer à part une petite quantité pour Péprouver. On ne doit pas femer cette graine à plus d’un demi- pouce de profondeur , furtout dans les terres fortes ; cat comme les lobes de la femence, quieftgrofe, doivent percer la terre pour former les feuilles fimi- laires , que d’autres nomment /évriles Jéminales , 1 ar- rive fouvent qu’ils ont trop de peine à fe dégager de la terre. Alors il n’y a que la tige qui fe montre en forme d’anneau , & la plante périt. Comme le /zinfoin et plufieurs années avant de donner un pféduit confidérable , on a coutume pour tirer un profit de la terre, de femer avec la graine de Jainfoin, du trefle, de l'orge, de lavome!, Gc. L’or- ge & l’avoine n’occupant pas longtems la terre, ces grains font peu de tort au /zrrfoin ; mais les plantes vivaces, comme le trefle, lui en font beaucoup. Dans les années feches, 1l arrive fouvent , que quand on a fauché l'orge où lavoine, on n'apper- çoit pas de Jainfoin. Néanmoins en y regardant de près, on voit ordinairement des filets blancs qui in- diquent que le fainfoin a levé, mais que les feuilles qui étoient fort menues, ont été fauchées avec l'orge ou l’avoine. Si les grains qu'on feme avec le fxinfoir font drus , s'ils ont pouffé avec vigueur, & furtout s'ils ont verlé, il arrive ordinairement que le /xnfoin eft étouffé: mais cet accident arrivera rarement , fi on Le {eme fuivant la nouvelle méthode de Full ; car comme on feme le fuinfoin dans des rangées f£pa- rées de celles du blé , de l'orge, &c. il court moins de rifque d'être étouffé. Il faut cependant convenir qu'il réufht toujours mieux quand 1l eft femé feul. Quand M. Tull commença à cultiver du /z7-foir, fuivant fa méthode, il employoit 2 galons de femen- ce,ou un peu plus de 2 tiers de notre boïffeau de Paris, pour un acre de terre. Maïs étant arrivé par acci- dent, que prefque toute la femence qu’il avoit mile en terre étoit périe dans un acre ou deux de terrain, qu’il avoit femé trop tard, il fut agréablement fur- pris de voir au bout de trois ans quelques piés de Jainfoin d'une groffeur extraordinaire, qui étoient reftés çà &c là à une telle diftance , qu'il n’y en avoit qu'environ quatre piés dans une verge de terre quar- rée : de forte quecette partie de fon champ lurfour- SA I nit le donble d’herbe ;'que le refte où la femence “avoit pas péri, & où le faënfoin étoit beaucoup meilleur que dans les terres qui avoient été femées à lordinaire. M. Tull conclut de-là , qu'il eftavantageux de fe- mer le fainfoin fort clair, pour que les racines d’un pié ne nuïfent pas à celles d’un autre ; êt il penfe que ceux-là fe trompent qui fement leur Jazzforz fort dru, dans lefpérancé de fe procurer une abondante re NB AE à He à À récolte, puifqu'ils réduifent leur /2:7/0i7° dans le mé- me-état où 1l eft fur les hauteurs de la Calabre auprès de Croto | où cette plante vient naturellement fans aucune culture , maïs où elle eft fi bafle & fi chétive, qu'on a peine à s’imaginer ce qui a pu déterminer à la cultiver. , | M. Tull appuie fon fentiment fur une obfervatron qu'il eft bon de rapporter. Il dit qu’un champ de fainfoin aboutiflant fur une terre qu'on labouroit pour la mettre en blé, avoit été fort endommapée par les chatrues , qui ayant çà & là entamé fur le Jainfoin , en avoit beaucoup'arraché ; maïs que le dommage n’étoit qu’apparent , puifque cette partie du champ avoit dans la fuite produit plus d'herbe que les autres. | Il paroït que notre auteur penfe qu'un gallon , ou très-peu plus du tiers de notre boïfleau de Paris, de bonne femence fufit pour un acte deterre; mais il faut que cette femence foit bien également diftribuée partout, de forte qu’il refte entre chaque pré de /ax- foin , des efpaces à-peu-près égaux : c’eft ce qu’on peut faire avec le nouveau femoir de fon mvention, 8t non autrement. Il ne faut pas craindre de dimi- nuer la récolte en diminuant le nombre desplantes; car le produit d’une feule plante bien cultivée paf- fera une demi-livre. Aïnfi, lorfqu'il y aura 1 12 plan- tes dans une perche quarrée, quand on fuppoferoit que chaque plante, l’une portant l'autre, ne pro- duiroit qu'un quart de livre de foin , on aura néan- moins 28 livres de foin par perche quarrée. On ne s’attendroit pas à une recolte auf confidérable ; quand les plantes font encore jeunes &c perites , el- les ne couvrent pas laterre , &c il femble que la plus orande partie du champ refte inutile ; maïs quand les plantes font parvenues à leur grandeur , elles cou- vrent toute laterre, Il y a encore un avantage qu’on rétire de la nouvelle culture; c’eft quefi le frfoin cultivé a été femé de bonne heure , 1! commencera dès la feconde année à fournir une petite recolte qui égale celle de la troifieme année du /ainfoin ordi- naire. De plus, M. Tull aflure que le Jainfoir , cultivé fuivant fes principes, plait aux beffiaux, parce que” les befliaux mangent pat préférence les herbes qui font crues avec plus de force & de vigueur: Il eft pourtant avéré que les beftiaux préferent l'herbe fine à celle qui eft groffe : or le /zsnfoin qui eft cultivé fuivant la nouvelle méthode, doit être fort gros. Quoi aw’il en foit , l'auteur conclut de fes expé- riences , 1°. que fi l’on feme du /ainfoin dans le def- fein de le cultiver avec la nouvelle charrue, la fa- con la plus convenable eft de le femer en deux ran- gées paralleles, qui foient éloignées l’une de l’autre de 8 pouces, & de donner 30 ou 32 pouces de lar- geur aux platés-bandes : dé forte qu'il doit y avoir quatre-piés du milieu d’un fillon au milieu d’un au- tre. 2°, Si l’on feme du fzinfoin dans l’intention de le cultiver à main avec la houe , il convient de mettre 16 pouces d'intervalle entre les rangs, & qu'il y ait dans les rangs au-moïins 8 pouces de diftance, d’un pié à l'autre. ; 3°. Si Pon feme du /zirfoin dans l'intention de ne point le labourer, il faut mettre les rangées à 8 pou- ces les unes des autres ; & faire enforte de ne pas SAÏ employer plus de femence , que quand on laïffe 16 pouces entre les rangs car il faut que thaque pié de Jainfoin ait aflez d’efpace autour de lui, pour étendre fes racines , &c tirer la fubftance qui lui eft néceflaire, fans être incommodé par les piés voi- fins. Le fainfoin s’accommode de prefque toutes fortes de terres , excepté des marécageules.; mais il vient mieux dans les bonnes terres que dans les maigres , & il de plaît fingulierement dans les terres qui ont beaucoup de fond, | Quoique cette plante ne foit pas délicate, il ne faut pas s’imaginer qu’on foit difpen{é de bien labou- rerlaterre où on doit la femer. Au contraire j com- me immédiatement après fa germination elle jette quantité de racines en terre, il eft bon qu'elle la trou- ve bien labourée, & le plus profondément qu’il eft poflible, 1 20, 729 fa | On peut femer Le faixfoën danstoutes les {aïifons de Pannée ; maisquagd'on le feme én automne ,ily a à craindre qu'il nefoirendommagé parles gelées, Si.on le feme l'été , il arrive fouvent que: la graine refte longtems en terre fans germer; ou fi elle leve, la féchereile ordinaire dans cette faifon, fait languir les jeunes plantes. Ainf, le:imieux eft de femer le Jaïnfoin au printems, quand les grandes gelées ne font plus à craindre. Nousavons dit quil convenoitde femer le fainfoin par rangées, deux à deux, qui foient écartées:les unes des autres de 8 pouces, &c de laifler 30 ou 32 pouces d'intervalle entre chaque deux rangées; enfin qu'il convenoit de faire enforte que dans la longueur des rangées, les piés du fairfoir fuflent cloïgnés les uns des autres de huit pouces.7 Il feroit difficile de remplir toutesices vuesten grand, fans le fecours du | nouveau femoir, 1 On peut encore au moyen de. cet inffrument, placer les grains dans le fondides petits fillons qui font ouverts par les focs du femoir, & ne les recou- vrir que de la-petite quantité de terre qu’on fait être convenable. Par ce moyen:la jeune plante fe trouve au fond d’une petite rigole, ce qui-eft fort avanta- geux , non-féulement à caufe de l’eau qui s’y ramai- fe ; mais encore, parce que cette.rigolede remplit fant dans la fuité, laplante fe trouve rehauflée par de nouvelleterre. | 13 Il ne fera pas néceflaire de labourer tous lés inter- Valles à la fois ; mais tantôt les: uns, tantôt iesau- tres; de cette façon l’on ne laboureroït qu’une cin- quième partie de terrein;\renfôrte que le Jxirfoir pourra fubffier trente ans dans une même terre, ce qui la rendra bien plus propre à recevoir les au- tres grains qu'on y voudrarmettre dans la: fuite, ! Le fainfoin mérite bien qu’on donne des”foins À q fa culture , car c’eft aflurément'une des plus profita- bles plantes qu'on puifle cultiver. La luzernene peut “venir que dans les terres fraîches, humides, 8 très- fubftantiellés. Le trefle ne réufit que dans: les bon- : nes terres: au lieu que le fairfoin s’accommode de toutes forres de terres 5 , 8te quoiqu'il vienne mieux dans les unes que les autres, il fubffte danses plas mauvaifes, Le ainfoir à cet avantage {ur les prés ordinaires, qu'il fournit beaucoup plus d'herbe. Outre cela, on parvient plus fréquemment Ye fanner à-propos ; car le pois de brebis’, la vefle, la luzerne, le trefle , & même les foins ordinaires , doivent être fauchés, quand ces différentes plantes font parvenues à léur maturité ; fi l’on différoit, on courroit rifque de tout perdre: que le tems foit à la pluie ou non , il faut les faucher, au rifque de voir l'herbe pourrir fur le champ, fi la pluie continue. Il n’en eft pas de même du Jainfoin ; car On peut le faucher en différens états “avec un profit prelqu'égal, 41 202 S AT 519 4°. On peut faucher le frfoër avant que les fleurs foient du tout épanouies. Alors on a un fourrage fn qui eff admirable pour les bêtes à cornes ; & ces Jarnfoins fauchés de bonne heure, fourniffent un beau regain qui. dédommage amplement de ce qu'on à perdu , en ne liant pas parvenir la plante à toute {a longueur. | M. Tull prétend même que ce fourrage eft f bon, qu'on peut fe difpenfer de donner de l’avoine aux chevaux, quand.on leur fournit de cette nourriture. Il aflure qu'il a entretenu pendant toute une année un attelage de chevaux en bon état ; en ne leur don= nant.que de ce foin, quoiqu'ils fuffent occupés à des travaux pénibles. Il ajoute quil a engraiflé des mou tons avec la même nourriture , plus promptement que ceux qu’on nourrifloit avec du grain. Mais on ne peut avoif de ce bon foin, que quand on le cultive {uivant fa méthode : l’autre monte en eur prefqu'au fortir deterre. | 2°. $1 le tems eft difpofé à la pluie, on peut dif férer à faucher le faisfoin. quand il eft en fleur. Ce fourräge eft encore fort bôn pour les vaches, mais il fautpiendre garde en le fannant de faire tomber la fleur , car les beftiaux en fon très-friands, & cette pattie qui fe détache aïfément, les engage à manger le refte, , 3°: S1 la pluie continue , on peut laiffer le fainfoin fur pied, jufqu’à ce qu’il foit entre fleur & graines Alors la récoiteeft plus abondante ; non:- feulement parceque la plante eft parvenue à toute fa grandeurs mais encore parce que lhetbe étant mieux formée , elle diminue moins en fe féchant, Il eft vrai que le fourrage n’eft pasfi délicat ; mais les chevaux s’en ac commodent bien , parce qu'ils aiment à trouver fous la dent les graines de /airfoin qui comimencent à f former, 4°. Sile tems continue à être à la pluie, plutôt que de s’expofer à voir pourtir fur terre fon fair foin, vaut mieux le laiffer fur pié. Car la graine mêrit & dédommage en bonne partie de la perte du foufrage ; non-feulement parceque cette graine peut fe vendre à ceux qui veulent femer du Janfoir, mais encore; -parce que’ deux boifleaux de cette graine nourrifient auffi bien les chevaux, que trois boiffeaux d'avoine : & généralement tous les beftiaux en font très-fniands, auffi bien que les volailles. Lorique la paille de.ce Jainfoin qui a fourni de la graine a été ferrée à-propos, elle peut encore fervir de fourrage au gros bétail. Ils la préferent au gros foin de prés-bas, 8 la paille du froment ; mais pour qu'ils la: mangent bien , il la faut hacher à-peu-près comme on fait la paille en Efpagne ,ou la battréavec des maïllets, comme on fait Le jonc marin dans quels ques provinces. Il nous refte à dire quelque chofe de ja façon de fanner le Jxinfoir, La faux le range par des efpeces de bandes, qu’on nomme des ondins , parce qu’on les compare aux ondes. qui fe forment fur l’eau, Dans le terms de hâle, le deflus des ondins eft fc, un où deux jours après qu'il a été fauché. Lorfqu'il eft en cet état, le matin après que la rofée a été diffipée, on retourne les ondins lun vers l’autre, Cette opé- ration fe fait aflez vite ; en pañlant un bâton fous Les ondins pour les renvetfer. On les renverfe lun vers l’autre , pour que les deux ondins fe trouvent fur la partie du champ qui n'a pas été labourée, & pour qu’il y ait moins.de foin perdu ; parce que, quand on le ramañle, il fufit de faire pafler Le rateau, ou pour parler comme les fer- | miers , le fauchet fur Les efpaces. Sirôt que les ondins retournés font fecs, on les ra: mafle avant la rofée du foir en petits meulons ,qu’on appelle des oÿfons , parce qu’étant ainfi difpofés , ils reflemblent à un troupeau d’oies répandues dans un 520 SAÏ champ , & comme le fainfoir eft en plus groffes maf- {es , il craint moins la rofée , 8& même la pluie quand elle n’eft pas abondante. Sion laïfloit le fainfoin répandu fort mince furtout le champ pendant une huitaine de jours , quand même il ne tomberoit point d’eau, il perdroit beau- coup de fa qualité. C’eft pourquoi, fitôt qu’il eft fuñ- famment fec, il faut le mettre en grofles meules, ou le ferrer dans les granges : & à cette occafon, il eft bon de remarquer , que fuppofant le fairfoin 8 le foin ordinaire également fecs, on peut faire les meu- les de Jainfoin beaucoup plus grofles que celles de foin, fans craindre qu'il s’échauffe, parce que les, brins fe preffant moins exaétement les uns contre les autres, il pafle entre deux de l'air qui empêche la fermentation. On a obfervé que le Jainfoin n’eft jamais meilleur que quand il a été defleché par le vent, & fans le {ecours du foleil. Outre cela , une pluie qui feroit noircir Le foin ordinaire, le trefle , &: même la lu- zerne, n’endommage pas le fainfoin ; il n’eft vérita- blement altéré que quandil eft pourri fur le champ. Quand le tems eft difpofé à la pluie, file Jainfoir n’eft pas encorefec, on peutle ramafler en petits meu- lons, & onne craindra pas qu'ils’ échauffe, fi l’onmet au milieu de chaque meulon une corbeille, ou un fagot qui permettrela circulation de Pair & l’éva- poration des vapeurs; mais fitôt que l'herbe eft bien feche, il faut la ferrer dans des granges , ou en for- mer de grofles meules, &c les couvrir avec du chaume. Parlons à préfent de la récolte du fainfoiz qu'on a laiflé mûrir pour la graine. Comme toutes les fleurs du fainfoin ne s’épanouiffent que les unes après les autres, la graine ne mûrit pas non plus tout-à-la-fois. Si l'on coupoit le fainfoin lorfaue les graines d’en bas font mûres , on perdroit celles de la pointe. Sil’oa attendoit pour faucher les Jairfoins, que la graine de la pointe fût müre , celle d’en bas feroit tombée & perdue. Ainfi il faut choifir un état moyen, &c alors les graines qui font encore vertes achevent de mû- rir, & au bout de quelque tems, elles font aufli bon- nes que les autres. Il faut bien fe donner de garde de faucher, ni de ramañler ces fortes de fainfoirs dans la chaleur du jour; la plus grande partie de la graine feroit per- due. Le vrai tems pour ce travail, eft le matin ou le foir, quand la rofée ou le ferein rendent la plante plus fouple. S'il fait beau , le fainfoin fe deffeche affez en on- dins , fans qu’il foit befoin de les retourner ; mais sl a pl , & qu’on foit obligé de retourner les ondins , le mieux eft pour ne point faire tomber la graine, de pafler le bâton fousles épis & de renverfer londin de façon que les piésdes fainfoins ne faflent que tour- ner comme fur un axe. Îl ne faut pas attendre que le fainfoir foit fort fec pour le mettre en meules, car on courroit rifque de perdre beaucoup de graines. II a des gens qui pourne point courir ce rifque , l’en- Lyese dans des draps ; alors on le peut ferrer fi fec qu’on veut, puifque la graine ne peut fe perdre. Mais fi l’on veut battre le fzëzfoin dans le champ , il ne faut point faire de meules ; il fuflit de ramafler le fzinfoin en meulons , &t pour lors il ne peutpas être trop fec. On prépare une aire à un coin d’un champ, ou bien lon étendun grand drap par terre; deux métiviers battent le fzinfoin avec des fléaux , pendant que deux perfonnes leur en apportent de nouveau dans des draps, &c deux autres nettoient groffierement avec un crible la graine qui eft battue. La graine ainfi criblée, & mife dans des facs , eft portée à la maifon. À l'égard de la paille, on la ra- mafle en groffes meules pour la nourriture du bétail; mais il faut empêcher qu’elle ne foit mouillée , parce qu’elle ne feroit plus bonne à rien, S A I Ünarticle très-important, 8 néanmoins très-dif- ficile , eflde conferver la femence qui a été battue dans le champ; car il n’y apas le même inéonvénient pour celle qu'on engrange avec la paille; elle fe con- ferve à merveille. | Celle qui eft dépouillée de fa paille, a une difpoñition très-grandeàfermenter,de forte qu'un petit taseftaflez confidérable pour que la graine du centre s’échauffe. Inutilement l’étendroit-on dans un grenier à feptou huit pouces d’épaifleur ; fi on ne la remuoit pas tous les jours , elle s’échaufferoit. Le meilleur moyen eff de faire dans une grange un lit de paille, puisun lit fort mince de graine , un lit de paille & un lit de - graine, & l'hiver on peut retirer cette grame, & la conferver dans un grenier ; car comme.elle a perdu {a chaleur, elle ne court plus le même rifque de fe gâter. | Il faut terminer ce qui regarde le fxnfoin, par avertir que fi on ne faifoit pas paître les farfoirs par les beftiaux, ils feroient bien meilleurs qu’ils ne font. M. Tull recommande furtout qu’on les défende du bétail la premiere & la feconde année 8 tous les ans au printems.. : Énfn il prétend qu’il a rajeuni des pieces de /x:7- fôin où le plant étoit languiffant , en faifantlabourer des plates-bandes de trois piés de largeur, &c laïffant alternativement des planches de Jainfoin de même largeur. Il aflure que ce fainfoin ayant étendu fes racines-dans les plates-bandes labourées ,‘ avoit re- pris vigueur & fourni de très-bonne herbe. Foyez Tull, Æorfeboing Husbandry , p. 76 & fuiv..ou le traisé de M. du Hamel de a culture des terres, tom. I. (D. J.) SAINFOIN, SAINT-FOIN 04 GROS FOIN , ( Mar. méd.) les anciens faifoient de cette plante beaucoup plus d’ufage que nous. Diofcoride, Galien, Pline, &c.en parlent comme d’tin remede ufité, tant à lex- térieur qu’à l’intérieur. [ls regardoient Les feuilles de cette plante comme fortifiantes, réfolutives , diapho- rétiques & diurétiques : mais encore une fois, les modernesne l’employent plus. | On a obfervé que les feuilles de Jaizfoin cueïllies © immédiatement avant l'apparition de la fleur , & fé- chées avec foin , prenoient la forme extérieure & l'odeur du thé verd:ilneferoit pas étonnant qu’elles euffent auffi la même vertu. Voyez THÉ, (4) SAINGOUR,, ( Géog. mod. ) riviere d’Afe , dans lIndouftan , fur la route d’Agra à Patna. Elle fe perd dans le Géméné. (D.J.) SAINT , adj. (Gramm. & Théolog. ) ce nom qui fignifie pur, innocent, parfait , convient particulie- rement à Dieu qui eft fzinc par eflence. Ila été communiqué aux hommes célébres par leur vertu & leur piété : les premiers fideles Pont donné généralement à tous les chrétiens qui vivôient con- formément aux lois de Jefus‘Chrift. Dans la fuite le nom de fuins & de srès-faint,a été donné & fe donne encore aux patriarches, aux évêques, aux prêtres, aux abbés, & autres perfonnes d’une éminente piété. Mais on a particulierement affecté le nom de Jar, à ceux quifont morts & quel’on croit jouir de la gloire éternelle. Les Grecs l’ont donné aux martyrs, à leurs patriarches , à leurs évêques morts dans la commu. nion de l'Eglife catholique, & aux perfonnes qui avoient vécu & qui étoient mortes faintement. Dans léglife latine ce nom a été donné autrefois aux mar- tyrs, & à tous ceux dont la fainteté étoit notoire. Depuis le xii. fiecle on l’a réfervé à ceux qui ont été canonifés par les papes après les informations &c cé- rémonies accoutumées. Voyez CANONISATION. Un des points qui divifent les Proteftans d'avec les Catholiques, c’eft que ceux-ci adreffent aux /azres des vœux & des prieres pour obtenir leur interceflion auprès de Dieu; ce que les Proteftans condamnent SAT comme une idolâtrie, prétendant que c’eft affez ho- norer les faits, que de propofer leurs exemples à imiter. Voyez CULTE & INVOCATION. Le nombre des fairts reconnus pour tel eft pref: que infini ; le pere Papebrok en compte dix-fepr ou x-huitcens pour le premier jour de Juin feulement : ce ne font pas feulement les Proteftans qui ont trouvé étrange cette multitude prodigieufe de faints. Le fa- vant pere Mabillon écrivain très-catholique, dans fa differtation fur le culte des faizrs inconnus, obferve qu’on rend des honneurs à des Jaints prétendus, qui peut-être n’étoient pas chrétiens, dont on ne fait pas même les noms , ou auxquels on adreffe des prieres fans favoir par aucun jugement de l’Eglife, s’ils font dans Le ciel. Mais PEclife , loin d’autorifer les füper- flitions à cet évcard, Les condamne & veut qu’on ne reconnoïe pour /airrss, que ceux dont on a des actes authentiques. Bollandus, Rofweid, le pere Pape- brock & autres jéfuites, fe font attachés avec un zèle infatigable à cetravail, & ont publié vingt-qua- tre volumes 47-folio pour les fx premiers mois de l'année, & depuis la mort du pere Papebrock, fes * Continuateurs en ont encore donné plufieurs. 74 0yez ACTES & BOLLANDISTES. SAINT LE, ( Æ{fE Jud.) dans PEcriture , marque en particuher la partie du temple qui étoit entre le veftibule & le fanétuaire, & dans laquelle on voyoit le chandelier d’or, l’autel des parfums, & la table des pains de propoñrion. Le Jzirs ou les Jaints, fanüta , fe prend pour tout le temple, ou même pour le ciel: Z Seigneur a re- gardé du haut de fon faint, pfal. c. j. #. 20. Louez le Seigneur dans fon faint , pi. cl. ÿr. 1. Le Jatrtdes faints, ou le fanéfuaire, marque la par- tie la plus intérieure &cla plus facrée du temple, où étoit l'arche d'alliance, & où perfonne n’entroit ja- mais, finon le grand-prêtre, une fois l’année au jour de lexpiation folemnelle, Voyez ExpratioN € SANCTUAIRE. VS. SAINT 5 SAINTETÉ , ( Critique facrée.) dy, ovicg 5 ayioruc, osiornc ; faintere fienifie La purcté d'ame , Thef. Ïj. 13. /a piété envers Dieu, Luc, J- 75: La Jainrere, dit Platon , eff cette partie de la juitice qui confifte dans le fervice des dieux: & celle qui confifte dans les devoirs des hommes envers les hommes, ef la feconde partie dé la juftice. Mais la fainteté du rem- ple dans lExode, c’eft le temple de Jérufalem con- facré au culte de Dieu feul. Les chofes faintes {ont les myfteres de la Religion, Mari. vij. 6. La qualifica- tion de faines, fe donne dans le vieux Teftament aux anges, aux prophetes, aux patriarches, aux facrif- Cateurs, au peuple juif; dans le nouveau-Teftament les apôtres honorent de ce titre les fideles & les chrétiens, parce qu'ils doivent mener une vie pure &C religieufe. (D. J) SAINT , ( Géog. mod.) les mots fainr Gt Jainte, ont été impofés en Géographie à plufieurs lieux où Von a bâti des éghifes & des monaîteres, auxquels on a donné le nom des /zizrs dont on y révéroit la mé- more. Ces églifes & ces monafteres ont été avec le tems accompagnés de quelques maïfons, & ont vu fe for- mer à Pombre de leurs clochers, des villages, des bouros, ou des villes , qui ont enfuite pris le nom du Jaint. er. jh Des navigateurs ont trouvé des îles, des rivieres, des ports, dont ils ignoroïent la dénomination , & ils leur ont donné celui du fair ou de la Jäinte, dontils portoient eux-mêmes le nom, ou du Jaint dont l'é- glife célébroit la mémoire le jour dela découverte. Il effarrivé de cetre maniere; que Les noms de faire - &t de Jainte, {ont devenus aflez ridiculement des noms géographiques ; de plus , ces noms géographi- ques en fe multiphant prodigieufement, ont jetté une S AT ÿ21 grande confufion ‘dans cette fcience ; mais il n'y a point de moyen d’y remédier, Les Italiens difent fanto, pour /aine: feulement ax lieu de /anso ; ils difent Jantdevant les mots qui com- mencent par une voyelle, & /z2 devant ceux qui commencent par une confonne, f4rt* Ambrofo ; Jant'Agoffino, fan Paolo. Cette reple eft la même dans les noms de lieux impofés par les Efpagnols, On netrouvera guere dans ce Ditionnaire ( & feulement fous leurs noms propres ) que les endroits un peu confidérables , nommés parles François fuinr, par les Italiens & les Efpagnols farro , Janf où fan ; car les détails minutieux ne conviennent point à cet ouvrage. (D.J.) | SAINTS culte des, ( Hif£. ecclef. ) ce n’eft pas mon deffein de faire méthodiquement l'hifloire de Pinvo- cation 8e du cure des faints : mais le leeur fera peut- être bien-aife detrouvericile morceau de M. Newton für cette matiere, & qui n’a point encore été traduit en françois. Trois chofes, felon lui, donnerent Occafon à ce culte ; 1°. les fêtes célébrées en mémoire des mar- tyrs; 2°. la coutume de prier auprès de leurs fépul: chtes; 3°, les prétendus miracles opérés par leurs re hiques. | Grégoire de Nyfle rapporte que Grégoire évêque de Néocéfarée & de Pont, s’étant apperçu que les jeux & les fêtes payennes retenoient le commun, peuple dans lidolâtrie, permit qu'on célébrât des fé- tes en mémoire des martyrs, & que le peuple s’y di- vertit, On fubflitua bien-tôt après la fête de Noël aux bacchanales ; celle du prenuer Mai aux jeux de Flora; celles de la fainte Vierge, de faint J ean-Baptifte, & des apôtres, aux fêtes marquées dans le vieux calenx drier romain, Les jours de l’entrée du fole;l dans quel: que figne du zodiaque. Cyprien ordonna de tenir un repiftre exaét des aûtes des martyrs, afin d’en célébrer la mémoire ; & Felix évêque de Rome, jaloux de la gloire des martyrs, commanda d’ofiir annuellement des facrifices en leur nom. La coutume de s’affembler dans les cimetieres où étoient les fépulchresdes martyrs, laquelle commen: ça à Être en vogue dutems de la pérfécution de Dio. clétien, contribua encore à l’établiffement du cugse des faints. Le concile d’Eliberi ou d’Elvire en Efpa- gne, tenu en 305 , défendit d'allumer pendant le jour des cierges dans les cimetieres des martyrs, de peur de troubler leur repos. Celui de Laodicée , tenu l'an 314, condamna ceux quiabandonnant les cimetieres des vrais martyrs, alloient faire leurs prierés auprès des fépulchres des martyrs hérétiques; & l’an 324, un autre concile dénonça anathème à ceux qui par atrogance abandonneroient les congrégations des martyrs, les liturgies qu’on y lifoit, & la commé- moration qu’on faifoit de ces athletes du Seigneur, Avant qu'on eût la liberté de bâtir des églies pour y célébrer le fervice divin, on s’aflembloit dans les cimetieres des martyrs; on y faifoit tous les ans une commémoration de leur martyre ; on allumoit des flambeaux en leur honneur, & on jettoit de l’eau bé: nite fur Ceux qui y venoient pour leurs dévotions. Lorfqu’enfuite la paix fut donnée à l’'Eglife, & qu'on bâtit des temples magnifiques pour s’y afflembler, on tranfporta les corps des fuinrs & des Martyrs dans ces temples. L'empereur Julien reprocha aux chré. tiens cette coutume. Dans la fuite, on attribua aux os des martyrs la vertu de fairetaireles oracles , de chafer les démons, de guérir les malades , d’opérer toutes fortes de mi- racles ; c’eft ce qu’on prouve par des témoignages de divers peres. On garda religieufement leurs has On s’imapina que les fzints après leur mort, eve: noient les proteéteurs & comme les dieux tutélaires des lieux où étoient leurs os, Enfin, on commença à leur rendre un culte reli- gieux & à lesinvoquer , premierement en Egypte ÊT en Syrie, enfuite à Conftantinople , &t dans les égli- fes d’occident. Grégoire de Naziance adrefle des prie- res à Athanafe & à Bafile; &c il rapporte que Juftine fut protégée miraculeufement, parce qu’elle invo- uoit la fainte Vierge. Grégoire de Nÿfle implora le côte d'Ephrem & du martyr Théodore. À Con- ftantinople, l'invocation des Jainrs fut inconnue juf- qu’à l’année 379, que Grégoire de Naziance la leur enfeigna : faint Chryfoftome l’'appuya fortement; mais l’empereur Théodofe défendit quelque tems après, de déterrer les os des Jaints &t des martyrs, où de les tranfporter d'un lieu à un autre. Sans adopter toutes les 1dées de M. Newton, on ne peut difconvenir qu'il w’y ait dans ce petit mor- ceau des vües très-juftes fur l’origine du culte des faints ; 8 d’ailleurs il faut obferver que ce beau gé- nie n’avoit fait que jetter ces remarques fur le pa- pier, fans y mettre la derniere main. (D. J. ) SAINTAUBINET , ( Marine. ) c’eft un pont de cordes fupporté par des bouts de mâts, pofés en-tra- vers fur le plat-bord, à l'avant des vaifleaux mar- chands. Voyez encore PONT DE CORDES. SAINTE-BARBE , £ £ (Marine.) nom qu’on don- ne à la chambre des cannoniers, parce qu’ils ont choïfi fainte Barbe pour patrone. C’eft un retranchement à l'arriere du vaifleau, au-deflus de la foute , & au-deflous de la chambre du capitaine. Voyez la Ma- rine , PL IV. fig. 1. la fainte-Barbe , cottée 107. On Pappelle auffi gardiennerie, parce quele maître canon- nier y metune partie de fes uftenfiles. Il y a ofdinai- rement deux fabords pratiqués dans larcaffe, pour battre par derriere, & le timon ou barre du gouver- nail y pañle. SAINTE-CROIX , L'iLE DE, ( Géog. mod. ) Pune des Antilles fituée par Les 17 degrés 36 minutes de latitude , au nord de l'équateur , à 15 ou 16 lieues dans left fud-eft de Portorico , fa longueur eft d’en- viron 9 lieues fur une largeur inégale ; fon terrein produit les plus beaux arbres du monde, dontle bois eft propre à conftruire de très-beaux meubles. Cette le, qui étoit fous la domination de la France, depuis létablifement des Antilles, fut cédée vers le com- mencement du regne de Louis XV. aux Danois, qui y ont aujourd’hui une affez nombreufe colonie , mal- ré l’intempérie du climat. SAINTE-LUCIE, Bots DE, ( Botan. ) efpece de cérifier fauvage. Voyez MAHALEB , (Boran.) SAINTES, ou SAINCTES, (Géog. mod.) on écri- voit anciennement Vaintes ; ville de France, capitale de la Saintonge , fur la Charente, qu’on y pafle fur un pont, à 16 lieues au fud eft de la Rochelle, & à 2,5 au nord-eft de Bourdeaux. Cette ville, qui dutems d’Ammien Marcellin, étoit une des plus floriffantes de PAquitaine , eftau- jourd’hui une petite & pauvre ville ; {es rues font étroites , & les maifons mal bâties. Il y a cependant une fénéchauflée , un préfidial, & une élection, qui eftde la généralité de la Rochelle. Les Jéfuites y ont tenu un college, & les Lazariftes y tiennent un fe- finaire. L’évêché de Saintes, qui pafñle pour un des plus anciens des Gaules , eft fuffragant de Bourdeaux ; il vaut douze à quinze mille livres de revenu , toutes les charges acquittées. Il eft compolé de 565 églifes, tant paroifliales que fuccurfales ; ces dernieres font au nombre d’environ6o. Le chapitre de la cathédrale eft compofe d’un doyen & de vingt-quatre chanoi- nes, dont les quatre qui ont les dignités , font nom- més par l'évêque, quoique Le chapitre foit indépen. dant de lui. ” Cnatenu divers conciles à Saintes; favoir en 563, 1073 » 1080, 1088 & 1090; c’eft dans ce dermier que s22 SAIT fut ordonné le jene des veilles des apôtres. Il y a dans un fauxbourg de cette ville , une riche abbaye de bénédiétines , fondée lan 1047, fous le titre de Norre-Dame. Long. 37. 2. lat. 45. 39. La ville de Saintes s’appelloit anciennement Medio» lanum , comme Milan dansla Gaule cifalpine, ét elle avoit un amphithéâtre avec beaucoup d’autres mar- ques de grandeur lorfaw’elle étoit fituée fur une mon- tagne. Cette ville que les auteurs , jufqu’au cinquie- fiecle ,appellent Mediolanum ; ayant été entierement ruinée par le pañlage des Vandales , &r des autres bar- bares qui traverferent les Gaules pour aller en Efpa- one , fut rebâtie dans une fituation plus commode que l’ancienne, car elle eft fur le bord de la Charente. Depuis ce tems-là , le nom Mediolanum n’a plus été en ufage, on ne s’eft fervi que de celui du peuple Santones, d’où eft venu le mot de Saintes. Amelotte ( Denys ), pere de loratoire, naquit à Saintes, en 1606 , & fe montra de bonne heureen- nemi de MM. de Port-royal , dans l’efpérance d’obte- nir un évêché. Il a donné une verfion du nouveau Teftament en quatre volumes in-8°. qu'il mit au jour en 1666, 1667 & 1668. Cette verfon n’eft pas fort exaûe, & l’on y a trouvé des fautes affezgrofleres, principalement pour ce qui regarde la critique. Le pere Amelotte mourut en 1678 , âgé de foixante-dou- ze ans. (D. J.) SAINTETÉ , { f. (Gramm. & Théolog.) qualité ou état d’un homme faint, ou exempt de péché. Yoyez PÉCHÉ. Sainteré fe dit auffi des perfonnes facrées, & des chofes deftinées au fervice de Dieu & aux ufages de la religion. Foyez SACRÉ 6 SAINT. On dit dans ce fens jours faints, ordonnances fair- tes, fainte Bible, fains Evangile , guerre fainte, Gc. Les Catholiques romains appellent l’inquifition , le faint office | & le fiege de Rome , le Jains fiege. Voyez INQUISITION,, &c. Sainte huile, eau fainte , &cc. Voyez ONCTION, EAU, &c. | _ La Paleftine eft appellée par excellence la Terre fainte, & Jérufalem la fainte cite. Tel prince croyoit fignaler fa religion en allant combattre pour la con- quête de la Terre funre. Voyez CROISADE. Dans les pays catholiques, un tiers de Pannée eff employé en fêtes ou jours faënss. Il n’y a point d’au- tres jours faits en Ecoffe , que le Dimanche. Semaine Juinte, eft la derniere femaine du carême, que l’on appelle auffi Jémaine de la paffion. Voyez CA RÊME 6 PASSION. On donne quelquefois le nom d'année fuinte, à l’année du jubilé. Voyez JUBILE. Il y avoit dans le tabernacle, & enfuite dans le temple de Salomon , deux lieux particuliers, dont l'un s’appelloit Le lieu faint, fanlum , &t l'autre, qui étoit le plus reculé, le faint des faints, Jandum fanc- rorum , Ou le fanütuaire. Voyez SANCTUAIRE. Le faint étoit féparé du fair des faints par un voi- {e. L’arche de l’alhance étoit dans ce dernier. Voyez ARCHE, | S'ainteré eft un titre de vénération que l’on donne au pape, comme celui de majeflé aux rois. Voyez Tr TRE , QUALITÉ. Les rois même, quand ils écrivent au pape, lu donnent le titre de /ainreré ou de fair pere , en latin, faniliffime & beatiffime parer. Voyez PAPE. On donnnoit autrefois le titre de fainseré à tous les évêques , comme on voit dans faint Auouftin, For- tunat, Nicolas I. Cafiodore , &c. Saint Grégoire même en a appellé quelques-uns, votre héarisude £ votre fainreté. , | À Les empereurs grecs de Conftantinople portoient e titre de Jaime & de Jainteté , à caufe de lonétion de leur facre. Du Cange ajoute qu’on a aufli donné le nom SAÏ nôm defuinreré à quelques tois d'Angleterre ; & qué. | les orientaux a fouvent refufé au pape; , SAINTEUR , f. m. ( Droir coutumier.) Vieux mot qui fe trouve dans la coutume d'Häynault, ch: xxiy. où il eft traite du rachat de fervage ; pour lequel eft die quelque redevariée à celui par lequella perfonne a éte afiranchie. Un Jaimreur ou faintier étoit uh ferf d'éslife , un oblat, uñ Homme qui par dévotion s’é- toit fait ferf d’un faint où d’une fainte, patrons de cette éslife. Pour cet effet le fainteur fe pañloit la corde des cloches au cou , & mettoit fur fa tête, & quelquefois fur l’autel,quelques deniers de chevage ; voilà une idée folle , & quitient bien de la barbarie des anciens tems. Comme les ferVitudes étoient dif férentes , dit M. de Lauriere , tous ceux qui étoiéht Jaintenrs ou Jaintiers des églifes n’étoient pas ferfs fnainmortables & mor-taillables, n1 hommes de Corps. SAINT-GRAAL , ( Hifi. des pierres précieufes, Li- tholog. ) vafe précieux fait, à ce qu’on dit, d’une feu- le émeraude. On a béni & fandifié ce vafe fous le nom ridicule de fzzt:Graal, Les chanoines de l’é- life cathédrale de Genes en font les dépofitaires. Pine le féjour que Louis XIT, fit à Genes, lan iso , les chanoines le lui firent voir. Ce vafe s’eft toujours confervé dans je tréfor dé la métropole. Il eft taillé en forme de plat d’un exagone régulier. Il a fept pouces de chaque côté , quatorze pouces de diametfe , trois pouces & demi de creux, trois lignes d’épaiffeur. On voit aüu-deflous du vafe deux anfes taillées dans la même pierre , & qui ont chacune trois pouces & demi de long , cinq lignes de diametre; Le vafe pefe un mare &c demi où douze Onces: - La couleur de cette pierre eft, a jour, d’un verd Qui furpañle celui des autres émeraudes. À la lu: miere des flambeaux , elle eft tran{parente, nette & brillante ; on voit fur une de fes anfes uñe entaille faite par un lapidaire, en préfence de l’empereut Charles V. qui fut convaineu par cette épreuve, que c’étoit une vraie émeraude ; mais il eft fort permis d’en douter, ; ANS Ce vafe fut trouvé, difent les Génois, à la prife de Céfarée. Les alliés partagerent le butin ; les Véni- tiens s’emparerent de l’argent ; les Genois fe conten: terent de cette pierre. On Lt dans un manufcrit de la métropole , que c’eft le plat dans lequel Jefus- Chrift mangea l’agneau pafcal à la dermiere cêne qu'il fitavecfes apôtres. La tradition de la république veut que ce foit Le plat où fut préfentée la tête deS. Jean: Baptifte. | ne _ Ces traditions ne demandent pas une réfutation férieufe ; mais cette émeraude, f elle étoit vraie, feroit une piece finguliere, On ne la montre, pour le perfuader au public, qu'avec de grandes formalités. Un prêtre en furplis & avec lPétole prend le vafe, ayant paflé au cou un cordon dont chaque bout eft noué à chacune des anfes;On ne la montre encore qu'- aux perfonnes de diftinion,& par un decfet du fénat. M. le chevalier de Crefnay , heutenant général des armées navales, qui conduit à Genes , par ordre du roi, imadame infante ; duchefle de Parme, fur la fin de l’année 1753, demanda à voir ce vaie, &r le vit avec tous les officiers de fon efcadre: M: de la Conda- mine l’a examiné de fon côté, & en a parlé dans un mémoire qu'il a lu à Pacadémie des Sciences. (D. J.) SAINT LOUIS , ORDRE DE ; ( Auf. mod.) ordre de chevalerie en France, créé en 1693 par le roi Louis le Grand , pour honorer la valeur de fes of- ciers militaires. Le roi en eft le srand-maitre ; & par Pédit de création, il a fous lui 8 grands croix , 24 £ommandeurs , & les autres fimples chevaliers. Mais en 1719 , le roi a@tuellement régnant, renditun au- tre édit portant confirmation de lordre, création Tome XIV: 5 | soi SAÏ NU US NE ST à + d RÉ d'offitiers. pour en adiiniftrer Les affres, augmen tation de deux grands croix, de cinq commandeurs 8 decinquänte-trois penfons ; nombre au refte qui n’eft pas tellement fixe qu'il ne puiffe être augmenté à la volonté du roi, puifqu'en 1740, on comptoit quatorze grands croix , & quatante-quatre cComMmant deurs. Les maréchaux de Frañce, l'amiral &le géné: ral des galères font chevaliersnés. Pour y être admis , il faut ävoit fervi dix ans en qualité d’oflicier, & faire profeffion de la religion catholique, apoñtoli- que à romaine ; cependant le tems du fervice n’eft pas une regle fiinvariable qu’elle n’ait fes exceptions; le roi accordant quelquefois la eroix à un jeune off: cier qui fe fera diftingué par quelque 4éHion éxtraor- dinaire de valeur. L'ordre a 300000 livres de rente ännuelle, qui font diftribuées en penfions de 6000 livres à cha- cuin des grands < croix ; dé 4000 & de 3000 livres. aux commandeurs ; de 200 livres à un certain nom- bre de chevaliers; & enftite depuis 1$00 jufqu’à . 80olivres à un grand nombre de, chevaliers & aux officiers de l’ordre , ou jar rang d'ancienneté , ou à titre de mérite, & fous Le bon plaifir dutoï. Ces fonds {ont aflignés fur l’excédent du revenu attaché à l’hô. tel royal des invalides à Paris. FE La croix de l’ordre éft émaillée de blanc, cäriton: née de fleurs-de-lis d’ot, chargée d’un côté, dans lé 523 milieu, dun fair Louis cuirafñlé d’or 8 couvert dé : {on nianteau royal, tenant de fa d'oiteune couronné 5 L 70 f de laurier ; &c de H gauche üne couronne d’épines &z dure d'azur ; avec ces lettres en or, Lidovicus ma- | gadsinfhtut 1693 ; & de Pautre côte , pour devife, une épée nue flamboyante , la poirite paffée dans une couronne de laurier , liée de l’écharpe blanche, auf en champ de gueules bordée d'azur comme l’autre ; & pour lévende ces mots? Bellicæ virtusis premium. Lés grands-croix la portent attachée À un ruban large couleur de feu paflé en baudrier , & orit une croix en, broderie d’or fur le juft:au corps &c fur le manteau: Les commandeursont le fuban en écharpe , maïs non la croï% brodée; & les chevaliers portent la croix _léscloux, en champ de gueules;entourée d’une bor:.! attachée à la botitonniere avec un ruban couleur dé feu. Leur nombre n’eft pas Hmité ; on en compte aujourd’hui plus de quatre mille: TER Par édit de Louis XIV. donné au mois de Mars 1694 ; 1l eff ffatué que « tous ceux qui feront admis » dans cet otdre, pourront fairë peindre ou graver » dans leuts armoiries ces ornemens: favoir , les 5 grands-croix , l’écuflon accollé fur tine croix d’or » à huit pointes boutonnées par Les bouts ; & un ru: ÿ ban large couleur de feu au:tour dudit écuffon , » avec ces mots, Béllicæ vireutis premium ; écrits » fur ledit ruban ; auquel fera attachée la croix du: ». dit ordre ; les commandeursde même, à la referve » de la croix fous l'écuffon; 8€ qüant aux fimples » chevaliers ; 1l leur eft permis de faite peindre où » graver at basde leur éciflon une croix duditordre » attachée d’un petit ruban noué auf de couleur de » feu». | SAINTOIS, LE ; (Géog: mod.) petit pays de Fran: ce, dans le diocèfe de Toul en Lorraine , entre le Toulois & le Chaumontoïs. Ce petit pays eft appellé dans les titres Segonsenfrs pagus, Où comitatus Sepin- enfes: Ffédegate parle d’un de fes comtes, & il y en eut d’autres que celui-là. Le Saizéois changea fon nom en celui de Vaudemontiur lafin du x]. frecle, & l'empereur lérigea en comté ; féparé du duché de Lorraine; maisily aété réum parle duc René , lan 1473. (D,J.) > AIN FONGE , LA, ( Géog. mod. ) province dé Erañice bornée au nord parle Poitou & FPAumis, au midi par le Bourdelois , au levant par l'Angoumoïs ét le Périgord ; au couchant par FOcéan. Elle a en: TIY Y24 SAT “iron 2s lieues de long», & r2 de large. La Charente da partage en méridionale & feptentrionale. La pre- ‘mierea Saintes, capitale, Marennes, Royan, Mor- #agne, Ge. La feconde comprend Saint-Jean-d’'An- ‘gel , Tonnay-Charente, Taïllebourg ,‘&c. Les Saintongeois, ainfi que Saintes, capitale du ‘pays ont tiré leur nom des peuples Sarrones, cêle- ré dans les anciens auteurs, comme on le verra “ous ce ‘mot. Ils furent du nombre des Celtes juf- “aià ce qu'Augufte les joignit à la feconde Aquitaine. “Céfar dans fes commentaires vante la fertilité de la Saintonge, où le peuple helvétique qui quittoit fon ‘pays vouloit aller s'établir. Les François occuperent la Saintonge après la dé- faite & la mort d’Alaric. Eudes, duc d'Aquitaine s’en #endit le maitre abfolu. Eléonore de Guienne en toit en pofteffion lorfqu’elle époufa Henri roi d’An- ‘gleterre ; il'arriva de lâque ce pays fut poflédé par les Anglois en pleine fouveraineté, jufqu’à ce que “Charles V. la leur enleva, & la réunit à la couronne, de laquelle elle n’a point été démembrée depuis: car ‘on ne voit pas que le don que Charles VII. en avoit fait à Jacques [. roi d'Ecofie , l’an 1428 , ait eu lieu. La Saintonge & l’Angoumois font enfemble le “douzième gouvernement de France; mais PAngou- | mois’eft du parlement de Paris, & la Srirronge eft du parlement de Bordeaux. Ses finances font médiocres. Le domaine ‘ft prefque entierement aliéné. Les douanes y font très-confidérables , & rapportent beaucoup aux fermiers. Le pays produit du blé &c des vins ; mais fon prin- Cipal commerce eft le fel, qui eft le meilleur de l’'Eu- rope. Ce commerce n’eft pas néanmoins d’une grande utilité à la province, à caufe des droits prodigieux que levent les fermiers, qui emportent la plus grande partie du profit. Les marais même de la bafle Szin- songe ne fervent plus à-préfent que de pâtufages, u'on appelle marais-gary. Les principales rivieres qui traverfent cette province , font la Charente &c la Boutonne. Le Brouageais , petit pays, a été démembré de la Saintonge , &t fait à-préfent partie du gouvernement d’Aunis. Jean Ogier de Gombault, l’un des premiers mem- bres de l'académie françoife , & en {oh tems un poëte <élebre , étoit un gentilhomme de Suirronge. Il s’ac- quit l’eftime de Marie de Médicis , du chancelier Sé- guier, & des beaux efprits de fon tems. Ses fonnets t fes épigrammes font les meilleurs de fes ouvrages. Il compofa les épigrammes dans fa vieillefle; &,, ce qui paroït fingulier , elles font en général fupérieures à fes fonnets, parmi lefquels il y en a beaucoup de très-bons , quoique Defpréaux dife : A peine dans Gombauls, Maynard & Malleville, En peut on admirer deux ou trois entre rille. Les vers de Gombault ont de la douceur, & font tournés avec art ; ce qui carattérife encore ce poëte, c’eft beaucoup de délicatefle. Il a fait des pieces de théâtre dont la conffitution eft dans le goût de fon fiecle , mais dont les détails méritent quelque eftime. Le ditionnaire & le fupplément de Moréri ne font point mention de lAmarante de Gombault : c’eft une paftorale en cinq aëtes , où l’auteur a mis à la vérité ‘trop d’efprit, mais où l’on trouve auffi dans quelques ‘endroits le natufel qui convient au genre bucolique. La verfification n’en eft pas évale ; c’eft un défaut ordinaire à cet auteur dans tous {es ouvrages un peu longs: il ne fe foutient que dans fes petites poéfes. Il étoit calvinifte , & mourut en 1666, âgé de près de xoo ans. ( 2. J.) | | SAINT-PIERRE DE ROME, ( Architeit. mod.) De Taveu de toutes les nations , ce temple principal de Rome moderne eft le plus beau , le plus vafte, & le plus bardi qui foit dans le monde. Dix papes de fuite contribuerent à l’achevement dela bafilique de Saëre “Pierre. Jules IL. fous qui la Peinture & l’ArchiteQure com- “mencerent à prendre de fi nobles accroiflemens, vou- ut que Rome eût un temple qui furpafsät de beau- “coup Sainte-Sophie de Conftantinople. Ileut, dit M. de Voltaire , le coûrage d’entrepreñdre ce awil ne pouvoit'jamais voir mr. Léon X. fuivit ardemment ce beau projet. Il falloit beaucoup d'argent, & fes magnificences avoient épuilé fon tréfor. {l n’eft point de chrétien qui n’eüt dû contribuer à élever cette merveille de la métropole de l’Europe ; mais l'argent deftiné aux ouvrages publies ne s’arrache jamais que par force ou par adrefle. Léon X. eut recours, s’il eff permis de fe fervir de cette expreffion, à une des clés de S. Pierte , avec laquelle on avoit ouvert les coffres des chrétiens pour remplir ceux du pape ; il p'étexta une guerre contre les Turcs, & fit vendre es indulgences dans toute la chrétienté, à deflein d'en employer le produit à la corftruétion de fon nouveau temple. Le plus fingulier de cette bafilique , c’eft qu’en y entrant on n’y trouve rien d’abord qui furprenne à un certain point : la fymmétrie & les proportions y font fi bien gardées, toutes Les parties y font placées avec tant de Juitefle, que cet arrangement laifle l’ef- prit tranquille ; mais quand on vient à détailler les: beautés de cet admirable édifice , il paroïît alots dans toute fa magnificence, En voici feulement les princi- pales dimenfons. Sa longueur eft de $04 piés , fans compter le por: tique n1 l’épaifleur des murs, La longueur de la croix eft de 438 piés ; le dôme a 143 piés de diametre en: dedans ; la nef a 86 piés 8 pouces de largeur, 8€ r44 de hauteur perpendiculaire ; la façade à 400 piés de profil : du pavé de l’églife au haut de la croix qui {ur- monte la boule du dôme, on compte 432 piés d’An- gleterre. Le portail eft digne de la majefté du temple. Ce font d'abord plufeurs gros piliers qui foutien- nent une vafte tribune ; ces piliers forment fept ar- cades qui font appuyées de marbre violet d'ordre ionique : le devant de la tribune eft auffi orné de co- lonnes , & d’une baluftrade de marbre ; au-deflus font des fenêtres quarrées qui font un fort bel effet ; & le tout eft terminé par une baluftrade fur laquelle on a placé la flatue de Notre-Seigneur & celles des douze apôtres, qui ont 18 piés de haut, La coupole eft fans doute l’objet de ce temple le plus digne dé nos regards :1l ne reftoit dans Le monde que trois monumens antiques de ce genre ; une par= tie du dôme du temple de Minerye dans Athènes, celui du Panthéon à Rome , & celui de la grande mofquée à Conftantinople , autrefois Sainte-Sophie, ouvrage de Juftinien. Mais ces coupoles aflez élevées dans l’intérieur, étoient trop écrafées au-dehors. Le Brunclefchi, qui rétablit l’Architeëture en Italie au x]. fiecle, remédia à ce défaut par un coup delart , en établiflant deux coupoles lune fur l'autre dans la cathédrale de Florence ; mais ces coupoles ténoient encore un peu du gothique, & n’étoient pas dans les nobles proportions. Michel-Ange Buonaroti, donna le deffein des deux dômes de Saint-Pierre , & Sixte- Quint exécuta en vingt-deux mois cet ouvrage dont rien n’approche, | | Toute la voute eft peinte en mofaique par les plus grands maîtres. Ce dôme eff foutenu par quatre gros pihers , au bas defquels on a placé quatre ftatues de marbte blanc plus grandes que nature. | Urbain VIIT. a fait conftruire pour fa part le grand autel de marbre de ce temple, dont les colonnes &c les ornemens paroïtroient par-tout ailleurs des ouvra- ges immenfes , & qui n'ont là qu'une jufte propot: } ——— tonx Ceft le chef-d'œuvre du Bermini, digne compa. triote de Michel-Ange. | PE Le grand autel dontnous parlons'eft dire@ement fousle dôme : quatre colonnes de bronze torfes, or- nées de feftons , foutiennent un baldaquin de métal ; quatre anges de même matiere plus grands que na- ture , pofés fur chaque colonne ;.& plufeurs petits anges diftribués fur la corniche , donnentune majefté finguliere à cet autel, * La confeflion de Saizr-Pierre, qu’on fuppole l’en- , droit où cet apôtre a été enterré, eft diretement éeflous : ce lieu, qui eft interdit aux femmes, eft tout - revêtu demarbre, & magnifiquemént décoré: ‘Tout reluit d’or & d'azur dans S'aiz-Pierre de Rome; “toûs Les piliers font revêtus du marbre le plus pol ; toutes les voütes font de fluc à compartimens dorés. On trouve dans ce lieu des morceaux de peinture des plus grands maîtres. Le cavalier Lanfrant a peint la voûte de la premiere chapelle, On voit dans la fe- conde un faint Sébaftien du Dominiquain. Dans la chapelle du faint Sactement eft un tableau de la Tri- nité de Pierre Cortone, &c. _ Les morceaux de fculpturé furpaffent peut-être tout le refte : le plus confidérable eft la chaire: de S, Pierre, Cette chaire, qui n’eft que de bois, eft en- chäfiée dans une autre chaire de bronze doré, envi- _ ronnée de rayons, & foutenue parles quatre docteurs cardinaux de l’Eplife, faint Ambroïfe, faint Jérôme, faint Auguftin , & faint Grégoire, dont les ftatues plus grandes que nature, font pofées fur des piédef- taux de marbre. Le deffein de ce bel ouvrage efr en- core du cavalier Befnin. Aux deux côtés de la chaire de S, Pierre {ont deux fupérbes maufolées, un d’Ur- bain VIIT. & l’autre de Paul IL { D...) SAINT-SAUVEUR DE MONTRÉAL, ( fe. mod. ) ordre militaire d'Efpagne qui fut établi vers Van 1120, par Alphonfe VII. dit Ze Barailleur, roi d'Arragon & de Cafille. Ce prince quiavoit bâti la Ville de Monrréal contre les Maures de Valence ER avoit confie la défenfe aux Templiers ; mais l’ordre de ceux-ci ayant été aboli par le concile de Vienne en 1311, On mit à Montreal des chevaliers tirés des plus nobles familles d'Arragon; ils portoient {ur la robe blancheune croix ancrée de gueules, & on les nommoit chevaliers de S. Sauveur. Maïs après la def- truétion des Maures , cet ordre devint infenfiblement inutile , & tomba enfin dans l'oubli. SAINT-THOMAS 1528 DE, ( Géog. mod. ) pétite ifle au nord des Antilles, que Fon range au nombre des vierges ; fa larimde eft18 degrés 22 minutes, Cette ifle appartient aux Danois qui y ont bâti une efpe- ce de ville couverte du côté du port par un petit fort & quelques batteries de canon, ce lieu eft fréquen- té par les Hollandois de S. Euflache, & par les bâti- mens interlopes qui fontila traite fur la grande côte d'Efpagne , il eft d’ailleurs peu confidérable. | SAINT-THOME, f. m. (Com. Monnoie étrangere. monnoie d’or que. les Portugais ont fait battre À Goa ; elle vaut deux piaftres, un peu plus ou un peu moins. (D. J.) | SAINT-VINCENT 15LE DE, ( Géog. mod. ) lune des Antilles fituée par les 13 deprés 3 minutes de Lari- tude au nord de l'équateur , entre Sainte-Aloufie & les Grenadins; cette île qui peut avoir environ vingt lieues de tour, eft pofiédée par deux fortes de fau- vages diftingués en caraïbes rouges & en caraïbes noirs ; les premiers font les plus anciens ; leur taille eft moyenne; ils ont la peau d’une couleur bronzée, le front applati par art, &les cheveux très-longs &c prefque droits; les feconds, dont l’origine vient, felon toutes les apparences , des negres fugitifs de la Barbade , font grands, bien proportionnés ; leur couleur eft d’un aflez beau noir ; ils ont les cheveux crépus , & le front applati à l’imitation des précé- Tome XIF., mn SAT dèns dont le nombre eft confidérablement diminué, Ces fauvages ont permis à quelques europééns fran _çois de s'établir parmi eux dans la partie occidentale du pays, après leur avoir fixé des limites ah-delà defquelles ils ne peuvent s'étendre. | Leterrein dé S. Pincens ft fortmontagneux, très. bien boifé, &c arrofé de petites rivieres:; 1l produit beaucoup detabac , du café, du cotton, du rhahis, & des légumes en abondance. Vers l'extrémité {eo tentrionale de l'ile eft une groffe nontagne féparée des autres par des précipices & des rayines très-pro- fondes , a milieu défauelles on voit encore aujour: d’hui des traces bien fenfibles des torrens de foufre & de matierés fondues, qui du fommet de la mon tagne coulerent jufqu’à là mer, lors de la fammeufe irtuption de fon volcan en l’année 1719. Voyez Sou- FRIERE, SAINTS , plus communément SAINTES, 181xS DES , ( Géog. mod.) ce font trois petites îles fituces en Amérique entre la pointe méridionale de la Gua- laloupe, & la partie feptentrionale de la Dominique, {ous le vent de Marie-Galande, | Ces îles font difpofées de telle forte qu'elles for mentau milieu d'elles un port fort commode ; leur terrein quoique très-montagneux, produitdu coton , du café, du tabac, du mahys & des légumes; les habitans françois qui les occupent , éleyent des bef. tiaux, des volailles, des cabris , des moutons & des cochons dont ils font commerce avec la Guadeloupe êc la Martinique. Le pays eft fain » à exception de quelques fievres annuelles ; & il manque d’eau cou- ranfe. | SAINTS o4 SAINTES, épithete qui précede {ou- vent le nom de plufieurs des îles Antilles, dont quel: ques-uns Ont été obmis dans les volumes précédens. Sainte= Aloufre, voyez LUSSIE 04 Lucre, Saint-Barthélemi, ile appartenant aux François aui ycultivent du tabac, du coton & des légumes ; elle eft fituée par les 17 degrés 45 minutes, entre Saint Martin & $. Chriftophe. Satni-Chriflophe, cette ile très-agréable qui dans le commencement fut établie en commun par les François &c les Anglois, ef reftée À ces derniers de- puis l'année 1702. Son climat ef fort {ain ; elle eftfi- tuée par les 17 degrés 26 minutes au nord de l’équa- teur, & peut avoir environ dix-huit lieues de tour. Sainte-Croix , voyez l’arricle SAINTE-Cro1x. Saint-Eufache, ile hollandoïfe. Poyez Eusrace. Saint-Jean, petite île, l’une des vierges appar- tenant aux Danois, yoifines de $. Thomas. Cetteile efttrès-médiocre. Saint-Martin , Fune des Antilles fitnée par les :8 degrés de latitude au nord de l'équateur, entre lAn- guille &S. Barthéleïmi. Cette île eft OCCupée en com- mun par les Francois &t les Hollandois qui y cultivent dumahis , des feves, & autres léoumes dont ils font commerce à la Martinique. SAINTRE , droit de /ainrre ou de chaintre où de chambre, ( Jurifprud.) les {eigneurs ont ce droit fur les heux non cultivés, en chaume, en friche, en bruyeres , en buiflon ; il confifte À y faire paître leur bétail, à Pexception de tous autres qu'ils en peuvent éloigner. SAIOUNAH , ( Géog. mod. ) ville d'Afrique , fur la côte orientale , dans le Zanguebar, & au midi de la ville de Sofala. (D. J.) SAIPAN ox SAYPAN, ( Géog. mod. ) autrement nommée l'#e de S. Jofèph. Ile de l'océan oriental, dans PArchipel de $. Lazare, c’eft une des îles Ma- riannès , & qui eft la plus peuplée après celle de Guahan. Elle a environ 20 lieues detour, & eft tou- te montagneufe, Laris, felon le p. Gobien, 15.20! COTE)" ». SAIPUBISTUEH, f, m, ( ff, mod. dixieme mois Vvyi 4 : F 526 SAUT des Georgiens ; il répond à notre mois d'Oftobre. SAIQUE , f. f. ( Marine.) forte de bâtiment grec, dont le corps eft fort chargé de bois, qui porte un beaupré , un petit artimon & un grand mât, lequel s’éléve avec fon mât de hune à une hauteur extraot- dinaire, étant foutenu par des galaubans &.par un étai, qui répond à la pointe du mât de hune fur le beaupré. n’a ni mifaine, ni perroquet, n1 haubans, &t fon pachi porte une bonnette maillée. Les Turcs s’en fervent, foit pour les voyages qu'ils font à la Mecque, ou pour le commerce du levant. SAIRE LA , ( Géog. mod. ) petite riviere de Fran- | ce, en bafle-Normandie , au Cotentin. Elle a fes fources dans la forêt de Brix, court d’orient enocci- dent, & fe jette dans la mer, proche la pointe de Reville. (D. J.) SAIS, ( Géog. anc. ) ancienne ville de la bañe- Egypte, dans le nôme qui en prenoit le nom de S'airès Nomos ,& dont elle étoit la métropole , à deux {choënes du Nil. La notice de Léon le fage, la met au rang des villes épifcopales de la bafle-Esypte, qui reconnoïfioient Alexandrie pour leur métropole. Sa plus grande gloire eft d’avoir donné la naïflan- ce à Pfammitichus. La viétoire qu'il remporta fur fes ennemis l’an 670 avant J.C. le rendit maître de toute VEoypte. fl donna des terres aux Grecs qui l’avoient foutenu ,8 ouvrit à leurs compatriotes l’accès de fon pays. Il fit élever fes fujets dans la connoïffance des arts & des fciences , & protégea leur commerce. Il iourut 626 ans avant I. C. & fut enterré à Szis dans Te temple de Minerve. ( D. IL) SAISIE , ff (Gram. 6 Jurifprud.) en général eft un exploit fait par un huïflier ou fergent, par lequel au nom du roi & de [a juftice, 1l arrête, & met fous Ja main du roi & de la juftice, des biens ou efets auxquels le faififlant prétend avoir droit, ou qu'il fait arrêter pour füreté de fes droits & prétentions. On ne peut procéderpar voie de /4i/£e fur Les biens de quelqu'un, qu’en vertu d’une obligation ou con- damnation , ou pour caufe de délit, quaf-délits, chofe privilégiée, ou qui foit équivalent. Pour faïfir, il faut être créancier, foit de fon chef, {oit du chef de celui dont oneft héritier. Il y a diverfes efpeces de faifies, favoir, pour les meubles, la faifre & arrêt, la faifée & exécution, la Jaife gagerie, & pour les immeubles, la fafre réelle. Ces différentes fortes de /aiftes , &t quelques au- tres qui font propres à certains cas , vont être ex- pliquées dans les divifions fuivantes. Il y a plufeurs chofes qui ne font pas faififfables, avoir : L’habit dont le débiteur eft vêtu , n1le lit dans le- quel 1l couche. | On doit auf lafer au faifi une vache, trois bre- bis ou deux chevres , à moins que la créance ne fût pour le prix de ces beftiaux. Onne peut pareillement faifir les armes, chevaux & équipages de guerre des foldats & officiers. Les perfonnes conftituées aux ordres facrés ne peuvent être exécutées en leurs meubles deftinés au fervice divin, ou fervans à leur ufage néceflaire, de quelque valeur qu'ils puiffent être , ni même en leurs livres qui leur feront laifés jufqw’à la fomme de 150 iv. Les chevaux , bœufs &c autres bêtes de labourage, charrues,charrettes &uftenfiles {ervans à labourer & cultiver les terres , vignes & prés, ne peuvent être fais , même pour les deniers du roi, à peine denul- lité , fi ce n’eft pour fermages , ou pour le prix de la vente defdites chofes. Les diftributions quotidiennes & manuelles des chanoines & prébendes, les oblations , les fommes &c penfons laïflées pour alimens, les émolumens dés profeffeurs des univerfités, les boues des fe crétaires du roi, les gages des officiers de la maïfon _du roi faifant le fervice ordinaire, les appointemens des commis des fermes & autres fommes qui font de même privilégiées, ne peuvent être faifies. (4) SASTE plus ample eft une faifre réelle danslaquelle on a compris. plus d'immeubles que dans une autre. Il eft d’ufage que la fziffe réelle la plus ample pré- vaut fur celles qui le font moins ; c’efl-à-dire, quele créancier qui a fait la /aiffe la plus ample , eft celui auquel on donne Îa pourfuite de la Jarffe réelle. (4) SAISIE ET ANNOTATION eft celle qui fe fait fur les biens des accufés abfens. On l'appelle faife & an- rotation | Parce qu'anciennement on mettoit des pannonceaux êc'autres marques aux héritages faïfis. (4) SAÏSIE ET ARRÊT eft celle que le créancier fait fur fon débiteur entre les mains d’un tiers qui doit quelque chofe à ce même débiteur , à ce que ce tiers ait à ne fe point deffaifir de ce qu’il a en fes mains au préjudice du faififiant. La faifie & arrér fe peut faire fans titre paré, en vertu d’une ordonnance du juge fur requête. Elle contient ordinairement aflignation au tiers faifi pour afirmer ce qu'il doit , & pour être con- damné à vuider fes mains en celles du faifffant. Voyez ARRÊT , CRÉANCIER , DÉBITEUR , OPPO- SITION. ( 4) SAISIE ET EXÉCUTION eft une faiffe de meubles meublans, & autres effets mobiliers , tendante à en- lever les meubles, &c à les faire vendre, pour fur le prix en provenant être payé au faififfant ce qui lu eft du. On ne peut faifir 8 exécuter fans avoir un titre paré & exccutoire contre celui fur lequel on fait. Cette /zife doit être précédée d’un commande- ment fait la veille. Outre les formalités des ajournemens qui doivent être ohbfervés dans cette faufre , il faut que l'exploit de faifre contienne éle&tion du domicile du faififant dans le lieu où l’on faïfit ; &c fi c’eft dans un lieu 1f0- lé , 1l faut élire domicile dans la ville, bourg ou vil- lage plus prochain. | Les huifiers & fergens doivent marquer fi leur exploit a été fait devant ou après midi. [I faut aufi qu’ils foient affiftés de deux records, qui doivent figner avec eux l’origmal & la copie de exploit. Avant d’entrer dans une maifon pour faifir, Phuif- fier doit appeller deux voifins pour y être préfens ;' ê leur faire figner fon exploit ; & en cas de refus de leur part de venir ou de figner , ïl doit en faire mention. | S'il n’y a point de proches voifins , il faut, après la faifre , faire parapher l’exploit par le juge le plus prochain. Quand les portes de la maïfon font fermées , & qu'on fait refus de les ouvrir , l’huifier doit en dref. fer procès-verbal , &c fe retirer devant le juge dulieu pour fe faire autorifer à faire faire ouverture des poites en préfence de deux perfonnes que le juge noïnme. À Paris, on nomme un éommiflaire pour faire ou« verture des portes. La aiffe doit contenir le détail de tous les effets qu'elle comprend. S'il y a des coffres & armoires fermées, & que le débiteur refufe de les ouvrir, l’huiffier peut fe faire: autorifer à les faire ouvrir pour faïfir ce qui eft de- dans ; comme l’huiffier doit établir un gardien aux chofes faifies file débiteur n’en offre pas un folva- ble, l’huiffier peut laifler un de fes records en gar- non, ou enlever les meubles & les mettre ailleurs à la garde de quelqu'un. Voyez Commissaire € GARDIEN. | | Les meubles faifis ne peuvent être vendus que hui- taine après la fazfe. S'il furvient des oppoñitions à Ja vente , le faififfant doit les faire vuider dans un an, & faire vendre les meubles au plus tard dans deux mois après les oppos fitions jugées ou ceflées. Quand les /zi/£es font faites pour chofes confiftan- tes en efpece comme des grains, il faut furfeoir la vente des meubles faifis jufqu’à ce que l’on ait ap- précié-les chofes dûes. L'huifier doit fignifier au ff le jour & l’heure de la vente, à ce qu’il ait À y faire trouver des en- _chériffeurs f bon lui femble, La vente doit fe faire au plus prochain marché public aux jours & heures ordinaires des marchés. Le gardien doit être afligné pour repréfenter les meubles , afin que l’huifier les puifle faire enlever & porter au marché. | Les chofes faifies doivent être adjugées au plus offrant &c dernier enchérifleur, &le prix payé comp- tant , finon l’huifier en eft refponfable. Le procès-verbal de vente doit faire mention du nom de ceux auxquels les meubles ont été adjugés. Les diamans , bijoux & vaiflelle d'argent ne peu- vent être vendus qu'après trois expofñtions à trois jours de marché différens. Les deniers provenans de la vente doivent être dé- livrés par l’hufflier au faififfant jufau’à concurrence de fon dû , &t le furplus au faif, ou en cas d’'oppof- tion ,: à qui par juftice fera ordonné. Voyez le vitre XX XIIL. de l’ordonn. de 1667 , & les mots URÉAN- CIER , DÉBITEUR , EXÉCUTION, Exécurorre ; TITRE paRÉ, VENTE. (4) SAISIE GAGERIE eft une fimple faf£e de meubles meublans qu fe fait, foit par lefeioneur cenfier pout lesarréragesde cens à lui dûs, foit par le propriétaire d'une maifon pour fes loyers , foit par le créancier d’une rente fonciere pour lés arrérages de fa rente, Voyez ci-devant GAGERIE. (4 ) SAISIE RÉODALE eft celle que le feigneur domi- nent fait du fief mouvant de lui. Cette fasfie fe fait en plufieurs cas, r°. quand le fief eft ouvert par fucceflion, donation , vente, échange ou autrement ; & que le vafal ne fe pré- fente pas pour faire la foi & hommage , & payer les droits. 2°, Lorfque le nouveau feigneur a fait affigner fes vaffaux pour lui venir faire la foi , & qu’ils ne le font pas. 3°. Quand le vaflàl ne donne pas fon aveu dans le tems de la coutume, 4°, Faute par le vañlal de payer l’ämende , pour n'avoir pas comparu aux plaids du feioneur. Quand le vaffal a été reçu en foi, le feigneur n’a plus qu’une fimple aftion pour les droits. La faifie féodale doït comprendre le fond du £ef à mais en faififlant le fond , on peut auffi faifir les fruits. En cas de faifie réelle du fief, la Jaifie féodale ef préférée. L’ufufruitier du fief dominant peut faifir pour les droits à lui dûs. Les apanagifles peuvent auff fair en leur nom. . Mais les engagifles ne le peuvent faire qu'avec. la _jonétion du procureur du roi. | _ Le tems après lequel le feigneu peut faïfir eft différent , felon les coutumes. A Paris , le délai eft de quarante jours, à compter de l'ouverture du &ef. Quant aux formalités de la Jaifie féodale , il faut en général y obferver celles qui font communes À tous les exploits ,& en outre les formalités parti- culieres que la coutume du fief fervant exigent, La faire ne peut être faite qu’en vertu d’une com- -aufionfpéciale du juge du feigneur ; ou s’il na point ! « S AI 527 de jufhce , il faut s’adrefler au juge royal du fief fer- vant. L’huiffier doit fe tranfporter au principal manoir de ce fief. | L’exploit doit contenir éle&tion de domicile au château du fief dominant , où chez le procureur- fifcal. ( Quand la /asfie eft faite faute de foi & hommage, il n’eft pas befoin d'établir commiflaire, parce que comme elle emporte perte de fruits, le feigneur doit jouir par {es mains ; mais dans les autres cas où la faz- Jie n’emporte pas perte de fruits, il faut y établir un commiiaire. La Jaifie féodale doit être fignifiée au vaflal en per- fonne , ou domicile , ou au chef-lieu du feffervant : ou procureur-fifcal, receveur ou fermier. On doit renouveller la faife féodale tous les trois ans , à- moins que l’on ne foit en inftance fur la Jaifie. F Si pendant que la /zifetient , il fe trouve desatriere fieïs ouverts, le feigneur fuzerain les peut auffi faifir féodalement. Le féigneur plaide toujours main-garnie pendant le procès, c'eft-à-dire que par provifion il jouit des ruits. Voyez les auteurs qui ont traité des fiefs, &c notamment les commentateurs de la coutume de Pa- nis fui les articles 1,2,0,28, 29,30 & 31. SAISIE MOBILIAIRE eft celle par laquelle on n’ar- rête qu'un effet mobilier ; telles {ont toutes les Jaifies êc arrêts de fommes de deniers, de grains, fruits & revenus , & autres cffets mobiliers , les faifes gage- . res, les faifies 8 exécution de meubles, à la difé- rence de la /uife réelle , qui eft une /z1/£e immobi- laire, parce qw’elle a pour objet le fond même d’un immeuble. Foyer SAISIE & ARRÊT , SAISIE-ExÉcu- TION, SAISIE GAGERIE , SAISIE RÉELLE. ( A) SAISIE ET OPPOSITION eft la même chofe que Jaife © arré. Voyez ci-devant ARRÊT G SAISIE Ex ARRÊT. (4) SAISIE RÉELLE eft un exploit par lequel un huif- fier faifit &c met fous la main de la juftice un héritage ou autre immeuble f@if, tel que des cens & rentes foncieres ou conflituées dans les pays où elles font réputées immeubles, offices, 6e. Il y a mème certains meubles que l’on faïfit réel- lement, tels que les vaifleaux & moulins fur ba- teaux. On n’ufe point au contraire de faiffe réelle pour les biens qui ne font immeubles que par füpulation. On appelle cette faifie réelle, parce qu’elle a pour objet un fond , & pour la diftinguer des /asffes mobi- liaires qui n’attaquent que les meubles ou effets mo- biliers ou les fruits. | | On confond quelquefois la faife réelle avec les criées & le decret , quoique ce foient trois chofes différentes ; la Jazfce réelle eft le premier atte pour par- venir à l’adjudication par decret , les criées font des formalités fubféquentes , & le decret eft la fin de la Jaifiercelle. L Quelquefois auffi par le terme de fxiffe réelle on entend toute la pourfuite, favoir la faife même, les criéesi, le decret, &c toute la procédure qui fe fait pour y parvenir. ) Chez les Romains, onufoit de fubhañftations , qui reflembloient affez à nos Jaifes réelles. Voyez SuB- HASTATIONS. La faifie réelle eft donc le premier exploit que l’on fait pour parvenir à une vente par decret, foit vo- lontaire ou forcé. Toute Jarfre réelle doit être précédée d'un com- mandement recordé, & doit être faite en vertu d’un titre paré. : Si celui fur lequel on faifit eft mineur, 1l faut au- paravant difcuter fes meubles. 328 SAIT -T} faut auffi avoir attention de faire la fui/fe réelle far le véritable propriétaire , autrement elle feroit abfolument nulle. Sion faïfit un fef , il fuit de défigner le corps du rfef que l’on faifit ; mais quand on faifit les biens en -roture|, il faut détailler chaque corps d’héritage. La faifie réelle doit être portée devant le juge au- quel l'exécution du titre appartient. . Les juges des feigneurs en peuvent connoitre, mais les criées doivent être certifiées devant le juge royal, lorfque la juflice feigneuriale n’eft pas aflez confidérable pour y faire la certification des crices. La pourfuite de la fzife réelle appartient naturelle- ment àrcelui qui a faïfi le premier. … Cependant fi quelqu’autre créancier fait une fazfe réelle plus ample , il doit avoit la pourfuite. Il en feroit de même, file premier faififfant étoit défintéreflé , ou qu'il négligeñt de fuivre fa faifte, un autre créancier pourroit fe faire fubroger à Ja pourfuite. AL Le commiflaire établi à la faiffe réelle doit faire en- repiftrer la faifze , afin qu'elle foit certaine & no- ‘toire. Quand la faifie réelle n’a pour objet que de parve- nir äun decret volontaire, on ne fait point de bail judiciaire ; mais dans le decretforcé, le commiflaire à la Jaifte réelle fait convertir le bail conventionnel enjudiciaire ; s'il y énaun, ou s'il n’y avoit point de bail , il établit un fermier judiciaire. On doit enfuite procéder aux criées , &c les faire certifier. S'il furvient des oppoñtions à la faiffe réelle, oit -afin d’annuller, foit afin de diftraire ou afin de char- ge ,afin de conferver ou en foufordre, on doit ftatuer fur les oppoñtions avant de pañler outre à Padjudica- tion ; & fi la aiffe réelle eft confirmée , on obtient le conpé d’adjuger, c’eft-à-dire un jugement portant, que le bien faifi fera vendu & adjugé par decret au quarantieme jour au plus offrant & dernier enché- rieur, qu'à cet effet les affiches feront appofées aux lieux où Pon a coutume d’en mettre. Le pourfuivant met au greffe une enchere du bien faifi, appellée ezchere de quarantaine , contenant,.le détail des biens faifis & les conditions de l’adjudica- tion. | Les quarante jours expirés depuis Pappoñition des affiches, on met une affiche qui annonce que lon procédera un tel jour à Padjudication , fauf quin- zaine. Au jour indiqué, l’on recoit les encheres ; & après trois ou quatre remifes , l’on adjuge le bien faïfi par decret au plus offrant & dernier enchérifieur. Quand le decret eft forcé, l’adjudicataire doit con- figner le prix , après quoi l’on en fait l’ordre entre les créanciers. Dans les decrets volontaires, les oppoñtions afin de conferver font converties en faifes & arrêts fur le prix. Voyez les sraités des criées de le Maïtre, de Gouge , Bruneau ; le sraité de la vente des 1mmeubles par decrer de M. d'Héricourt, &c les mors CRIÉES, DEcRET FORCÉ, DECRET VOLONTAIRE, OPpo- SITION ; POURSUIVANT , VENTE PAR DECRET. (4) SAISIE VERBALE étoit la fusfie féodale, que dans la coutume d’Angoumois Le fimple feigneur du fief qui n’a point de fergens, ni autres officiers, & n'a feulement que juftice fonciere , faifoit fous fon fein privé & le fel de fes armes pour la faire figmiñer par un fergent emprunté. Woyez la couwime d Angoumois, sitre L. article 2. & Nigier fur cet article. (A4) . SAISIE , dans le Commerce , {e dit lorfque l’on arré- te, ou que l’on s'empare de quelque marchandife, meuble ou autre matiere , foit en conféquence de quelque arrêt obtenu en juflice, ou par quelqu'ordre exprès du fouverain. Les marchandifes de contrebande, celles que l’on a fait entrer frauduleufement, ou que l’on a débar- quées fans les faire entériner, ou que l’on a déchar- gées dans des endroits défendus, font fujettes à la f25- fie. Voyez CONTREBANDE. Dans les faifces en Angleterre , une moïtié va à ce- lui qui a déclaré, & l’autre moitié au roi. En France, lorfque l’on faififloit des toiles peintes, &c. on avoit coutume d’en brûler la moitié, & d'envoyer l’autre chez l'étranger; mais en 1715 , il futordonné par un arrêt du confeil, que le tout feroit brûle: SAISINE., f. £. (Gram. & Jurifp.)fignifie poffeffior ; ce terme eft oppofé à celui de dé/aifine, qui fignifie dévériffement de poffeffion. Coutume de faifene, voyez ci-devant au #01 Cou- TUME. Saifine en cas denouvelleté , eft la poffeffion qui a été troublée nouvellement, c’eft-à-dire lorfque l’on eft encore dans l’an &c jour du trouble. Simple Jaifine, eft lorfque le poffeffeur quife plaint d’avoir été troublé , allégue feulement qu'il avoit la pofleffion depuis 10 ans; mais non pas qu'il eût pen- dant lan & jour qui ont précédé Le trouble. Foyez le sis. 4. de la couture de Paris, & les mots COMPLAIN- | TE, ENSAISINEMENT, NANTISSEMENS, MIsE DE FAIT, VEST & DEVEST. (4) SAISINE , ( Marine.) petite corde qui fert à en fai- fir une autre. SAISINE de beaupré, où LIVRE, (Marine.) on ap- pelle ainf plufeurs tours de corde qui tiennent lai- guille de l’éperon avec'le mât de beaupré. SAISIR , v. at. (Gram.) s'emparer, prendre, en- trer en pofleffion, livrer: Saifrffez cette occafon ; fai- Jiffex-vous de cet homme ; je l'ai /xi/2 de cet objet ; le mort faijirle vif; 1la êté /azfe d'une colique ; le froid le faifir; l'ambition la faif ; faift de colere, d’en- thoufiafme , de fanatifme ; 1l /25/: facilement les cho- fes les plus difficiles; faites Jei/er les biens, pour aflu- ter votre dette; le juge eft /7/ de la connoïffance de cette affaire. Voyez SAISIE. | Saisir, fipnifie arréter ; retenir quelque chofe, comme marchandifes, meubles, beftiaux, foit par autorité de juftice, foit en conféquence des édits & déclarations du prince, foit enfin en vertu de fes or- dres, ou de ceux de fes miniftres. Voyez SAISIE. . Sais, (Marine) c’eft amarrer, voyez AMAR- RER. | | SAISISSANT , adj. (Jurifp.) eft le créancier qui a fait une faifie {ur fon débiteur. Dans les faifies mo- biliaires, Le premier /xififlant eft préféré aux autres, à-moins qu'il n’y ait déconfiture. F’oyez CONTRIBU- TION, CRÉANCIER, DETTE, SAISIE. (4) SAISISSEMENT , f. m. (Gram.) l’efletde quelque frayeur fubite fur les perfonnes foibles. Cette nou- velle lui caufa un /aififfement mortel, S'aififfement {e dit aufi de Paëtion de faifir ; Le Jar- Jiffement de Pépée. L’exécuteur de la haute-juftice appelle fzrfffemene, les cordes dont il lie les mains & les bras du patient qui lui eftabandonné. SAISON , £. f. (Cofmographie.) on entend commu- nément par faÿons , certaines portions de l’année qui {ont diftinguées par les fignes dans lefquels entre Le foleïl. Ainfi, felon Popinion générale, les fzifons font occafonnées par l'entrée & la durée du foleïil dans certains fignes de l’échiptique ; en forte qu’on appelle printems , la faifon où le foleil entre dans le premier degré du belier, & cette /xifon dure jufqu'à ce que le foleil arrive au premier depré de l’écrevifle. Enfuite l'été commence, & fubffte jufqu’à ce que le foleïl fe trouve au premier degré de la balance, L'automne commence alors, & dure jufqu’à ce que le foleïl fe trouve au premier degré du capricorne. Enfin l’hiver reghe depuis le degré du capricorne , jufqu’au pre- muer degré du belier. | Îleft évident que éette hyppothefe des Jar/ons n°eft point admifhble, parce qu’elle n’eft pas vraie dans tous les lieux; mais feulement pour ceux qui font au nord de Péquateur. En effet, au fud de l'équateur, le printems dure tant que le foleil remplit fon cours depuis le premier degré de la balance, jufqu’au pre- mier degré du capricorne; l'été, depuis celui-ci ju qu'au premier degré du belier, & äinfidefüite ; tout au contraire de ce qui arrive vers le nord, - De plus, cètte hyppothèfe de Jzifons ne convient point à la zone torride ; la preuve en eft palpable, ar On doit avouer que quand le foleil pañle par ces Heux, il y a été, à-moins que quelque caufe n’y met: te obftacle, Par rapport aux cieux, & dans les lieux fitués fous l'équateur, il ne doit être ni printéms, ni automne, quand le foleil a paflé le premier degré du belter, mais plutôt l’été ; car alors Le foleil patle fur ces lieux, &c ainfi y caufe la plus grande chaleur. On ne peut donc pas y tranfportor l’êté au premier degré de Pécrevifleéu du capricorne, | On en peut dire autant des lieux fitués entre l’é: quateur & les tropiques, parce que le foleil y pañle aufh, avant que d'arriver au premier degré de lécre- vifle ou du capricorne. Le même inconvénient fe rencontre par rapport au printems &c à l’attomne fous la zone torride, puifqu’il paroît n’y avoir ni l'u- ne, n1 l’autre de ces deux /zfons, fur-tout fous l’é- quateuÿ, D’autres auteurs déterminent les /xi/o2s pat le de- gré de chaleur où de froïd , ou par l'approche & l’é- loignement du foleil. L'idée que les Européens ont communément des /aifons , renferme lun ou l’autre de ces deux points, & fur-tout le froid & le chaud ; . quoique les Afironomes aient encore plus d’ésardau lieu du foleil dans l’écliptique. Il eft certain qu’en beaucoup d’endroits fous la zone torride, les /afons ne répondent point au tems que Le foleil s’én appro: che ou s’en éloigne, car on y compte l'hiver qui eft pluvieux 6 orageux, quand ce devroit être lété, puifque le foleil en eft alors plus proche ; GC tout au contraire, on y.compte l’été quarid le foleil s’en éloi- ge. En un mot, on y fait confifier l’été dans un ciel clair ; & l'hiver dans un tems humide 8 pluvieux. Il eft donc vrai que les idées des /zifons different confi- dérablement fuivant les lieux; cependant voici ce qu'on peut établir de raïfonnable. 1°. Puifque dans plufeurs lieux, comme fous la zone torride, & mênie dans quelques endroits de la zohe tempérée, la chaleur & le froid ne fuivent pas le mouvement du foleil ; on ne doit pas pénfer que ce foit la chaleur &r Le froid qui font les fons, moins qu'on ne diffingue entre les faifons des cieux & celles de la terre. Je me fers de ces termes faute de meil- leurs. Ainfi la fzi/or de l'été terreftre d’un lieu, eft le tems de l’année où 1l y a fait la plus grande cha- leur: Mais l'été célefte, eft le tems où l’on doit atten- dré la plus grande chaleur, à caufe de la poñition du foleil raifonnons de même par rapport à l'hiver. Or quoique Pété & Fhiver, tant terreftre que célefte, arrivent en plufeurs lieux dans le même tems de l’année, 1] y a pourtant des endroits fous la zône tor- ride, où ils arrivent dans des terhs différens. Il én faut dire autant du printems & del’automne, tant célefte | que terreftre, | | _ 2°. Commeil n'y a que peu d’énidroits où l'été & Vhiver terreftre different du célefle, par rapport au tems de l'année, & que le plus fouvent ils arrivent dans le même tems ; on doit donc appeller ’éé, l’hi- ver, &c, célefie, fimplement dé, hiver, Er. fans y ajouter le mot de célefle ; mais quand on veut parler des farfons terrreflres, il faut ajouter en les nommant le mot srrefire; pour les diftinguer de celles qu’on nomme fimplement été, hiver, quand il n’yapoint de différence entre la terreftre & latcélefte, SAI F8 | | L'été éélefte d'un Heu et la faifon dans laquelle le foleil approche le plus de fon zénith, & l'hiver éellé où 1ls'en éloigne le pius. Lé brintems eft la Jaifor qui eftentre la fin dé l'hiver, & le commencement de Pété; & l’automne fe trouve entre la fn de l'été & le commencement de l'hiver. C’eft ainf qu'il faut entendre ces quatre faÿons dans tous les lieux} mais nous nous contenterons de remarquer ici que {ous la zone temperéc &c la zone glaciale, les quatre fréfôns céleftes font prefque de la même lônoueur ; & que: fous la zone torride elles font inégales, la même /ais Jon y étant différente felon les différens lieux. La premiére partie de cètte propoñtion eft claire; parce que le foleil parcourt trois figñes dans chaque Jaifon ; ainfi les tems feront A-peu-près égaux à quel: ques jours près, c’eft-ä-dire que dans les lieux au nord, l'été eft de 5 jours, & le printems de 4 jouté plus longs que l'automne & l'hiver ; au lieu que dans les lieux_placés au fud, l'automne & lhiver l’em por tent d'autant de jours fur Le printems, À caufe de l’ex2 centricité du foleil. 3°. Dans les lieux placés fous l'équateur , les Jai Jons font doubles; les deux étés font fort courts , ainfi que les deux ptintems qui n’ont que chacun 30 Jours: Les deuxétés & les deux printems ont tout au plus GA jours chacun, c’eft-à-dire à mois & 2 ou À Jours, Mais Pautomne & l’hiver ont chacun $$ jours, c’eft- a- dire les deux automnes iro jours, & les deux hi2 versautant, c’eit-à-dire près dé 4 mois. 4°. Sous la zone torride, plus les lieux font pros ches de l'équateur, plus leur été eft long, & leur his ver court; & l’automne & le printems plus ou moins longs qu’à l'ordinaire, Sileslieux ont moins de 10 de: grés de latitude, l'été ne dure pas moins de fix MOIS 5 t l’on peut calculer par Les tables de déclinaifon , la- longueur de chaque /aifon. ‘# | Ilferoittrop long de déterminerici dans quel mois . de l’année les quatre /zifons arrivent furla terre fous la zone torride, fous la zone glaciale, & fous la zone témperée: Varemius vous en inftruira complettes ment ; je me borne à trois obfervations. 1° Souslazone tempérée, l'approche où la diftans ce du foleil eft fi puiffante , quand on la compare aux autres caufes, que cette approche ou diffance font prefque les feules chofes qui reglent les Jaifons. En effet, dansyla-zone temperée feptentrionale, il y a printems & automne quand le foleil parcourtles fià gnes depuis Le belier par le cancer, jufqu’à la balans ce ; car alors 1l eft plus proche de ces lieux : enfuite allant de la balance au belier par le capricorne, il forme lautomne & l'hiver; mais fous la zone tem: perée méridionale, c’eft tout le contraire , & les au: tres caufes ne détruifent jamais entietement l’effet de celle-ci, comme elles font fous la zone torride. 2°. Cependant les faifons different dans les divers endroits, de maniere qu'il fait plus chaud ou plus froid , plus fec ou plus humide dans un lieu que dans ün autre, quoique dans le même climat; mais elles ne different jamais de l'hiver à l’été, ni de Pété A l'hi2 ver: car il y a des pays pierreux, d’autres marécas . geux; les uns font proches, les autres font loin de la mer ; 1l y a des terres fablonneufes, d’autres font ar gilleufes. pEz | | 3°. La plupart des lieux voifins du tropique font fort chauds en été; quelques-uns ont une /2/0r hu< rnidé, :peu-près femblable à celle de la zone torri= de. Ainfi dans Ja partie du Guzarate, qui eft au-delà dutropique, il y a les mêmes mois de féchereffe & d'humidité qu’en-dedans du tropique, & l'été fe’ change en un tems pluvieux : cependant il y fait plus chaud, à caufe de la proximité du foleil, que däns la partie feche de l’année quand il y a un peu de froid, Chez nous , nous ne jugeons pas de l'hiver &del’été, es ai pat la féchereffe & de l'humidité, mais par fe chaud & le froid. Qn trouvera dans la leîture des voyages, quantité de pays où les /zifons font fort différentes, quoique ces pays foient à-peu-près fous le même climat. Par exemple , l'air n'eft pas fi froid en Angleterre qu’en Hollande, ni qu'en Allemagne, & on n’y reflerre point les beftiaux dans Les étables en hiver. Il ya un pays, entre la Sibérie & la Tartarie, vers la partie feptentrionale de la zone temperée, où 1l y a des campagnes excellentes, des prairies agréables, &z, prefque point de froid en hiver. On y a bâti la ville de Toorne, qui eft maintenant aflez pour forte re- pouffer les infultes des Tartares. C’en eft aflez fur ce fujet, & d’ailleurs le leteur curieux d’entendre la caufe des différentes fai/ons qui regnent fur notre globe, en trouvera Pexplication claire & folide à l'article PARALLÉLISME de l'axe de la terre, (D.J.) SAISONS , ( Mychol, Iconol. Sculpt. Poëfte. ) les an- ciens avoient perfonnihé les Jai/ons : les Grecs les repréfentoient en femmes, parce que le mot grec ëpe eft du genre féminin. Les Romains qui appel- loient les faifons azni cempora, du genre neutre, les expfimoient fouvent par de jeunes garçons qui avoient des aîles, ou par de très-petits enfans fans aîles, avec les fymboles particuliers à chaque /x:/0n. Lé printems eft couronné de fleurs, tenant à la main un cabri, qui vient en cette /at/or , ou bien al trait une brebis; quelquefois il eft accompagné d’un ar- brifleau , qui pouffe des feuilles & des rameaux. L'été eft couronné d’épis de blé, tenant d’une main un faif- ceau d’épis, & de l'autre une faucille. L'automne a dans fes mains un vafe plein de fruits & une grappe, ou bien un panier de fruits fur la tête. L’hiver bien vêtu, bien chauffé, ayant la tête voilée ou couron- née de branches fans feuulles, tient d’une main quel- ques fruits fecs & ridés, & de l’autre des oifeaux aquatiques. Les aïles qu’on donne quelquefois aux quatre /aifons , conviennent non-feulement au tems, mais auf à toutes fes parties. M. de Boze a décrit, dans les mémoires de littéra- ture, un tombeau de marbre antique, découvert dans des ruines près d’Athènes. Les quatre Jaifons de l’année forment le fujet de la frife du couvercle deice monument précieux. Elles y font reprélentées fous autant de figures de femmes , que cara@térifent ludiverfité de leurs couronnes, agencement de leurs habits, les divers fruits qu’elles tiennent, & les en- fans ou génies qui font devant elles. Le fculpteur ne les a pas placées dans leur ordre naturel, mais dans un ordre réciproque de contraftes, qui donne plus de force & plus de jeu à fa compoñtion: Ainfi été &c l'hiver, faifons diamétralement oppofées par leur température , font défisnées par les figures des deux extrémités de la frife, Fune couchée de droit à gau- che, & l’autre de gauche à droit ; entre elles font le printems & l’automne, comme participant égale- ment de l'été & de l'hiver; les quatre génies {ont fangés de même. | La premiere figure couchée de droit à gauche, repréfente l'été ; elle eft à demi-nue, elle.eft cou- ronnée d’épis, & elle en touche d’autres qui font ‘| éntaffés dans fa corne d’abondance ; le génie qui eft devant elle, en touche auffi, & tient de plus une faucille à la main. . L'hiver, quieft à l’autre extrémité couchée de | snele à. droit, paroît fous la figure d’une femme en vêtue, & dont la tête eft même couverte avec un pan de fa robe ; les fruits fur lefquels elle étend ki maïn, font.des fruits d'hiver ; le génie qui eft de- vant elle n’a point d’ailes, & au-hieu d'être nud comme les autres ,ilieft bien habillé; enfin il tient pour tout fymbole un livre, parce que la chafle eft SA I alors Le feul exercice de la campagne. ME: L'automne eft tournée du côté de l'été; elle eff couronnée de pampre & de grappes de raifin; elle: touche encore dé la main droite des fruits de vigne 3 & fon petit génie en agence aufli dans fa corne d’a- bondance ; enfin elle eff découverte dans cette par- tie du corps qui touche à l'été, & vêtue dans celle qui répond à l’hiver. Le printems eft adoffé à l’automne fous la figure d’une fémme couronnée de fleurs; la corne d’abon- dance que fon génie foutient en eft pleine auf. Un pié qu’elle étend du côté de hiver, eft encore avec fa chauflure ; une partie de fa gorge eft cachée, & elle n’en découvre que ce qui eft du côté de l’été. Toutes ces idées de fculpture font fort ingénieu< fes; mais les defcriptions que les Poëtes ont fait des: J'aifons ne {ont pas moins pittorefques. Lifez feule- ment pour vous en convaincre celle d’'Horace dans. Pode diffugere nives ; elle eft peut-être moins enfichie d'images que la peinture du printems qui eft dans lode folvitur acris hiems, mais elle eft plus fournie de morale. Frigora mitefcunt zephiris : ver proterit aflas , Tntéritura, frmul Pomifer autummus fruges effuderit : & mox Brura recurret iners Darmna tamen celeres reparant cœleflia lune. Nos ub} decidimus ; Quo pius Æneas , quo Tullus dives, & Ancus Pulvis & umbra f[umus. « Les zéphirs fuccedent aux frimats ; l’été chaffe » le printems pour finir lui - même , fitôt que Pau- » tomne viendra répandre fes fruits ; & lhiver tout » parefleux qu'il eft, remplacera bien-tôt l’automne. »-Cependant les mois recommençant toujours leur » carriere, fe hätent de réparer ces pertes, en rame- » nant tous les ans les /z:/o75 dans le même ordre. » L'homme feul périt pour ne plus renaître. Quand » une fois nous avons été joindre le pieux Énée ,le » riche Tullus, & le vaillant Ancus, nous ne {om- » mes plus qu'ombre & que poufliere, & nous le » fommes pour toujours ». Prorerit æffas interura, ces exprefhons figurées font énergiques, & font un bel effet dans fa poéñe lyrique, qui permet, qui demande cette hardiefle, L'année eft ici dépeinte comme unchamp de bataille où les faifons fe pourfuivent , fe combattent, 8 fe détruifent. D'abord viétorieufes, enfuite vaincues, elles périffent & renaiflent tour-à-tour ; l’homme feul périt pour ne plus renaître. | Chaque fafon lui dir: Nous fommes revenues, Vos beaux jours ne reviendront pas. Enfin j'ai lü depuis peu un charmant poëme an- glois fur les fifons, dont M. Thomfon eft lPauteur. Le génie, l'imagination, les graces, le fentiment re- gnent dans cet écrit, les horreurs de Fhiver même prennent des agrémens fous fon heureux pinceau; mais ce qui le caraétérife en particulier, c’eft ur fond d'humanité, & un amour pour la vertu, qui refpirent dans tout fon ouvrage. (Le chevalier DE JAUCOURT.) | AL SAISONS FIXES DE L'ANNÉE, ( Médecine.) ce font celles dont la température ne varie point, &c quine promettent que des maladies d'une efpecefa- vorable, & d’un prognoftic aifé; au-contraire Îes Jaifors variables font celles qui font inconftantes,, changeantes, & dont on ne peut porter un jugement afluré. | Les /zifons de l’année & leurs vicifMitudes occañon- nent de grands changemens dans les maladies, com- me Hippocrats l'obferve, ce qui fat que l’on doir | avoir SAK avoit égard à leur température 8x à feuts altérations. Celaeft 6 vrai queles praticiens les plus éxpéñimens tés s’attachent furtout à bien remarquer la diffé rence des /zifons, bien perfuadés qu’elle influe inf: iment fur le traitement des maladies, comme fur les tempéramens. L’aftronomie & la connoïflance de lair & des faifons eft donc utile au médecin pour bien des raïifons:; 1°. pour connoitre les eaufes des maladies & des différens fymptomes ; 2°. pour fe mettre plus au fait des diffé: rentes altérations que l'air peut produire fur les tem: péramens ; 3°. pouf favoir varier les remedes, & re» connoïtre laltération même qui peut arriver aux médicamens dans certaine conftitution de la tempé- tature des années & des /xifons: SAISON , ( Agricule. ) c'eft une certaine portion de terre qu’on laboure chaque année, tandis qu’on laïfle repofer les autres, ou qu’on les feme de menus grains. Les terres de France fe partagent d'ordinaire en trois Jaifors ; une année on y {eme du ble ; la deu- xièeme année on y feme des menus grains; la troi- fieme on laïffe repofer la terre, (D. J.) , SAITES, (Hiff, des Epypriens.) on appelle faires, les rois d'Egypte qui ont regné à Sais, ville du Delta dans la bañle Egypte ; on en compte trois dynafties. La premiere fut établie par Bochoris, Pan du monde 326$, & le 771 avant Jefus -Chnift, & ne dura que 44 ans. La feconde eut pour chef Pfammiticus, & commença lan du monde 3308, 8c le 727 avant J. C. elle continua fous cinq de fes fuccefleurs, & finit fous Pfamménitus, qui fut vaincu par Les Perfes 525 äns avant Jefus-Chrift. La troifieme fut renouvellée par Amyrtheus, l'an du monde 3623, &c le 412 avant Jefus-Chrift, & ne dura que fix ans , fous ce prince feul. (D. J.) | , SAKARA, (Géogr. mod.) village d'Egypte, appellé communément le v%//age des momies. À l’en- - droit qui renferme ces momues eff un grand champ fablonneux où étoit peut-être autrefois la ville de Memphis ; du-moins Pline dit que les pyramides font entre lé Delta d'Egypte & la ville de Memphis, du côté de l’Afrique. Or le village de Sukara n’eft éloigné des pyramides que d'environ trois lieues. I t'y a que du fable tout-à-lentour, & ce fable eft dune fi grande profondeur, qu’on ne peut trouver le terrein folide en fowillant. Les momies font fous deux des caves fouterraines. Voyez Momie. (D: J. SAKÉA, f. f. ( Antig. perfanes. ) fête confidérable des Cappadociens, qui fe célébroit à Zéla & dans la Cappadoce avec grand appareil, en mémoire de lexpulfon des Sagues ; c’eft le nom que les Perfans donnoïent aux Scythes, On folemnifoit la même fête en Perfe, dans tous les lieux où Poh avoit reçu le culte d'Anatis; On donnoït ce jour-là de grands repas , dans lefquels les hommes & les femmes croyoient honorer la déefle en buvant fans ménage- ment. Ctéfias, H5/f. de Perfe, liv. II. a parlé du fakéa des Perfans, & Béroze appelle de même les faturna- nales qui fe célébrorent à Babylone le 16 du mois Lous ; dans cette fête on donnoit le nom de zoquane _ à lefclave qui y faifoit le perfonnage de roi. Dion Chryfoftome , or. iv. de reg, parle vraïflem- blablement de la même fête qu'il appelle la fée des Jacs : «Ne vous fouvenez-vous pas, dit-il, de la fête » des /acs que les Perfes célebrent, & dans laquelle » ils prennent un homme condamné à mort, le met- » tent fur le trône du roi, & après lui avoir fait ooù- * ter toutes fortes de plaifirs, le dépouillent de fes » habits royaux, lui font donner le fouet, & le pen: # dents. Mais Strabon eft celui de tous les anciens qui pa- roit nous ramener à la véritable origine de cette fête, & nous apprendre en même tems à quelle divi- mité elle étoit confacrée ; or comme il devoit être Tome XIF, S AL S31 très-infinuit dés coutumes & de la réligio dés peus ples qui célébroient cette {olemnité, étant né en Cappadoce ; je vais rapporter ce qu'il en dit. « Pärmi » les Scythes qui occupoient les environs de la mer » Cafpienne, il y en avoit que l’on nommoit Szkés » Ou Saques; ces Saques faifoient dés courfes dans » la Perfe, &e pénétroient quelquefois fi avant dans » le pays, qu'ils allerent jufques dans la Badriane & » dans l'Arménie, & fé réndirent maîtres d’une par- » tie de cette province,qu'ils appellérenr de leur nom » Sakafène, d’où enfuite ils s’avanéerenit dans la Cap » padoce, qui confine le Pont - Euxin. Un Jour qu'ils” » célébroient üné fête, lé roi de Perfe les ayant ata » taqués, les défit à plate couture. Pour éternifer » la mémoire de cette victoire, les Perfes éleverent » un Monceau de terre fur uné pierre, dont ils for- # mefent une petite montagne, qu’ils environnerent » de murailles, & bâtirent dans l'enceinte un tem- » ple, qu'ils confacrerent à la déefle Anaïtis , aux » dieux Amanus & Anaudratus, qui font les génies » des Perfes, & établirent en leur honneur une fête » appelée /aka, qui fe célebre encore par ceux qui » habitent le pays de Zéla, car c’eft ainf qu'ils noms » ment ce lieu. (D. J.) | SAKINAC, ( Géog. mod.) baïe du Canada > qui 4 15 où 16 lieues de longueur, & 6.d’ouverture. La riviere du même nom, &à laquelle on donne 50 lieues de cours, fe décharge au fond de cette baie, (D.J.) SAKIS,LES, ( Géog. mod. ) peuple fauvage de Amérique feptentrionale, dans la nouvelle France ; ils font brutaux , voleurs, & bons chaffeurs. (2.1) SAL, ILHA DO oz ILHA DO SALE, ( Géogr. LA - mod.) en françois 4e de [el , île d'Afrique, fur la côte de Nigritre, &c la plus orientale des îles du Cap-verd, entre lefquelles on la compte, Cette île s'étend huit ou neuf lieues du nord au fud , & elle n’en a au plus que deux de largeur. Elle eft toute pleine de marais falans, &c on lui a donné le nom de S'alée, de la quan- tité de fel qui s’y congele naturellement. La ftérilité de fon terroir eft fi grande qu’on n'y voit que quel- ques arbuftes du côté de la mer, quelques chevres, & dés flamingos , qui font des oïfeaux lauvages aflez femblables aux bérons. Larir. 16. (D. J.) SALA,1A, (Géog. mod.) riviere d'Allemagne, dans la haute Saxe. Elle a {a fource dans l'Eichtel- berg en Franconie, où font auff les fources du Meyn, de l'Egra, & du Nab. Elle entre en Müifnie, arrofe le. duché d’Altenbourg, Naumboure, Weiflenfels, Mer- sbourg, Halle, Bérnebourg, & fe perd enfin dans VElbe, entre Deflau & Barbi, aux confins de la baffe Saxe. (D. J.) SALA , f. . serme de Relation, nom d’une oraifon des Mufulmans. Le vendredi, qui eft le jour de repos des Turcs, ils font, fur les neuf heures du matin, une Oraifon de plus que les autres jours, & cette oraïfon s’appelle 4/2. Après cette oraïfon , les gens de condition s’amufent aux exercices des chevaux A & les artifans peuvent ouvrir les boutiques, &-tra- Vailler pour gagner leur vie. Datoir. (D. J. SALACER , f. m. ( Micholog. ) les plus favans Mithologues ignorent quel dieu étoit Salacer. Var- ton, de ling. latinä, lib. IV. lui donne l’épithete de divus pater , & nous apprend feulement que ce dieu avoit un prêtre nommé ffamen Salacris, (D, J :) SALACIA , £ £ ( Mitholog. ) furnom latin d’Am- phitrite, ainfi nommé de l’eau falée; d’autres en fontune Néréïde , & d’autres une divinité de la mer. (D.J.) SALACIA , ( Géog. anc. ) 1°, ancienne ville de l'Efpagne lufitanique, au pays des Turdétains , felon Ptolomée, Z. II, c. 5. Il la met auprès de lembou- chure du Calipus & de la ville de Cætobrix. Ses in- terpretes croÿent que c’eft Sétubal, Se eft XX 532 S À L de ce fentiment ; mais d’autres favans croyent que Sétubal , ville nouvelle , tient à-peu-près la place de Cetobriga ou Cætobrix , & que Sa/acia eft aujour- d’hui 4/acer-do-fal, Une infcription de Gruter , p. 13. n°. 16. montre que c’étoit un munmicipe ; à Pline, L. IF. c, 22. l'appelle ville impériale, Salacia , co- gnominata urbs imperatoria. . 2°. Salacia , ancien lieu de l’Efpagne tarragon- noïfe. Antonin le met fur la route de Bragues à Af- torga , à vingt mille pas de la premiere, ( D. J. ) SALADE , f. f. (Cuifine & Méd.) on donne ce nom à toutes les herbes qui fe mangent avec le vi- naigre , tant feuilles que racines. Les plus en ufage {ont la laitue, la chicorée blanche & fauvage, le pourpier ,la pimprenelle, le creflon , le cochlearia, le cerfeuil, l’eftragon , & toutes les plantes anti- fcorbutiques. Les falades en général font bonnes dans différentes maladies , & doivent être préférées aux remedes pris en décoétion, en infufion , ou autrement , parce que le vinaigre & les aromates qui entrent dans la Jalade redonnent de la vigueur à l’eftomac , lui ren- dent fon reflort, & enfin fervent à empêcher les irri- . tations , les fpafmes & les mouvemens convulfifs de ce vifcere. . C’eft pourquoi le vinaigre eft fiutile dans les ho- quets , les affe@ions nerveufes de l’effomac, dans le relâchement & l’atonie de la tunique mufculeufe. Mais il faut éviter de prefcrire ce remede dans la- cefcence des humeurs, & lorfque l’eftomac eît gorgé d'acide. La falade de creflon , de chicorée fauvage , de co- chlearia eft la meilleure, parce que les parties vola- tiles de ces plantes , tempérées par l’acide du vinai- gre , forment un fel neutre , très-utile pour les tem- . péramens fanguins & humides. SALADE , {. f. c’eft , dans l Art militaire , une ef- pece de cafque léger , aflez femblable au pot en tête. On lui donne auffi le nom de ourguignote. La falade étoit appellée morioz dans l'infanterie. On voit, par les commentaires de Montluc, &les autres écrits militaires du même tems , qu’on don- noit le nom de /z/zdes aux gens de cheval qui en étoient armés. Ainfi, pour exprimer par exemple, qu’on avoit envoyé deux cens cavaliers dans un pofte ou dans un détachement, on difoit qu’on y avoit envoyé deux cens /a/ades. (Q ) SALADIER , f£. m.( Gram. ) plat de fayance ou de porcelaine , deftiné à préparer &c fervir la /z/ade, SALADIER 4 jour, Î. m. ( serme de Vanier. ) forte de petit panier à jour, haut d’un pié , avec un anfe &t un petit couvercle. ( D. J.) SALADINE, adj. ( Jurifprud. ) Voyez ci-devant au 701 DIXME , l’article DIXME SALADINE. SALADO , EL Rio ,( Géog. mod. ) nom de deux petites rivieres d'Efpagne , dans PAndaloufie. L’une coule à une lieue de Xerès au midi, & fe perd dans la baye de Cadix ; autre fe jette dans le Xenil, entre Grenade & Ecija. ( D. J.) | | SALAGE., £. m. ( Gram. & Jurifprud. ) droit que quelques feigneurs ont de prendre une certaine quan- tité de fel fur chaque bateau qui pañle chargé de fel dans leur feigneurie. (4) SALAGOU , La ( Géog. mod. ) petite riviere de France, en Languedoc. Elle a fa fource dans le dio- cèfe de Lodeve qu’elle arrofe , & fe perd dans la riviere de Lergue. ( D. J. SALAGRAMAM , ( Hiff. nar. & [uperfution.) c’eft le nom que les Indiens donnent à une pierre coquil- liere ou remplie de coquilles foffilles , que l’on trouve dans la riviere de Gandica , qui fe jette dans le Gange près de Patna. Cette pierre, qui eft réputée facrée, eft communément noire, quelquefois marbrée & de différentes couleurs , de forme ronde ou ovale, Les Indiens croyent qu’elle a été rongée par un ver, & que le dieu Vifinou , changé en ver , eft caufe de la figure qu'on y voit. Si l’on confülte le deffein qui nous eft parvenu dans les lettres édifiantes, le falz- gramam w’eft qu'une pierre qui porte lempreinte d’une corne d’ammon, & que l’on détache des roches de la riviere de Gandica. Les Indiens , plus fuperfti- tieux que phyficiens , en diftinguent différentes ef- peces , confacrées à des dieux différens, & auxquels ils donnent des noms divers. Les Brahmes offrent des facrifices de râclure de bois de fantal à cette pierre divine , & lui font des libations. Voyez Les ler- tres édifiantes , tome X XVI. page 390. | SALAIRE, {. m. ( Gramm. ) eft un payement ou gage qu’on accorde à quelqu'un en confidération de {on induftrie , ou en récompenife de fes peines & des fervices qu'il a rendus en quelque occafon. Il fe dit principalement du prix qu’on donne aux journaliers &t mercenaires pour leur travail. | SALAIRE, porte , ( Anzig, rom.) Salaria ; une des portes de l’ancienne Rome, ainfi nommée parce que c’étoit par là que le fel entroit dans la ville ; on Pap- pelloit autrement Quirinale, Agonale & Colline. (DT) | SALAISON , f. f. (Commerce. ) ce mot fe dit des chofes propres à manger qui fe falent avec du fel pour les pouvoir garder , & empêcher qu’elles ne fe cor- rompent; ainfi l’on dit faire la fa/ai/on des EN : des faumons , des morues, des maquereaux, des far- dines, des anchois. Trévoux, (D, J. SALAMANDRE, 1. f, (Zoologie. ) reptile affez femblable au lézard, & qui vit fur terre, de même que dans l’eau. | Les reptiles, efpeces d’animaux les plus acrédités en merveilles chez le vulgaire toujours crédule, & les plus négligés par les gens du monde toujours légers ou toujours occupés de leurs plaïfirs , attirent au contraire les regards des Phyficiens, avides de s’inftruire jufques dans les plus petits fujets de Pinfi- nie variété du méchanifme de la nature. Graces à leurs recherches, les fzlamandres quitiennent Les pre- miers rangs dans laclaffe des reptiles, ont été depouil- lées des fingulieres propriétés qu’elles ne devoient qu’à l'erreur , &c font devenues en même tems unob- jet de curiofité. Juftifions ces deux vérités par Les ob- fervations de MM. du Verney, Maupertuis, du Fay &c Wurfbainius. Divifion des falamandres en rerreffres & aquatiques. Tous les auteurs ont rangé les /z/amandres fous les deux clafles générales de serreffres &t d’aquariques > mais cette diftinétion paroit peu jufte , parce que ces animaux font réellement amphibies , & ne peuvent être appellés agwatiques, que parce qu’il s’en trouve un plus grand nombre dans l’eau que furterre; celles que l’on prend dans l’eau deviennent terreftres, lorf- qu’on les Ôte de l’eau; & celles qu'on trouve fux terre vivent communément dans l’eau, lorfqu’on les y met ; mais les unes & les autres femblent encore aimer mieux la terre que l’eau. On ne doït cependant pas nier qu'il ne puiffe s’en rencontrer qui foient uniquement terreftres ; tnais c’eft ce dont aucun naturalifte n’a donné jufqu’à ce jour des expériences décifives. De plus, on efttombé dans deux excès oppofés; de ne pas aflez diftinguer des efpeces différentes , ou de les trop multiplier. IE eft vrai qu’il eft difficile de ftatuer le nombre des ef- peces de xlamandres , parce que le fexe & l’âge font de grandes variétés dans la même, &c que pendant prefque toute l’année on en trouve de tous les âges, La divifion faite par M. du Fay, des fa/amandres qu’on nomme aquatiques en trois efpeces ; cette divi- fion, dis-je, peche en ce qu’elle n’eftque particuliere à une certaine étendue de pays ; c’eft pourquoi fans tien ftatuer fur une énumération dont la fixation "1. SAT SAÏ 535 mn SAP AN EME as CE TN ELLE - 3 1P5, 29 % F À K F À, t + 3 UT ; + SEE die #: ï Ce HONS Manque encore, il nous fufhrade décrire la /z. | bien ètre larnème que lé lait dont nous parlons, mais lamandre commune, que tout le monde connoît & qui fe trouve par-tout, | Deféription générale de la falamandre commune. Elle eft longue d'environ cinq pouces, & a la forme d’un léfard, fi ce n’eft que le corps eft plus gros , que la queue eft plate; {a peau n’eft point écailleufe com- me celle du Iéfard,mais remplie de petits tubercules, Sc comme chagrinée; elle ét brune fur Le dos »Jeune ous le ventre, & tonte patfemée de bandelettes ou taches noires ; ces taches font peu apparentes fur le dos, maïs trés-diflinétes fur le ventre, à caufe de fon jaune orangé, | Sa tête eit plate & large comme celle de la pre- nouille; fa gueule eft fort grande, garnie de petites “dents ; fes Yeux font aflez gros & faillans. On voit au-defius de la mâchoïre fupérieure deux très-petites ouvèrtures , qui font les natines ; {es paîtes {ont bru- nes par-deflus, jaunes par-deflous, & femées de ta- ches noïres comme le refte du corps : les pattes de devant n’ont que quatre doigts ; mais celles de der- riere en ont cinq. Sa queue, qui eft environ longue comme la moïtié de fon corps, reflemble à celle du léfard , & ce n’eft qu'elle eft plus orofe & plus char- nue. | On en peut diflinguer le féxe à li vue. Onne eut pas facilement diftinguer le fexe par les parties exté- rieures de la génération; ellés font pareilles dans Pun & dans l’autre, & à linfpeétion on les juseroit toutes femelles; mais 1l y a dans d’autres parties du COrpS ‘deux marques fenfibles qui diftinguent les mâles, La plüpart des auteurs les ont prifes pour des marques caraétériftiques d’efpèces différentes, & en ont ainf multiplié le nombre par dé faux fignes, Les mâles ont fur le dos une membrane large de deux lignes ou environ, dentelée comime une {cie ; qui prend fon origine vers le milieu de la tête , entre les deux yeux , & fe termine à l’extrémité de la queue ; elle eff plus étroite , & rarement dentelée le Tongde la queue ; mais elle élargit tellement la queue, que les mâles paroïffent l'avoir de moitié plus large que les femelles. L'autre marque qui défigne les mâles eft une bande argentée quieft.de chaque côté de la queue ; elle a deux à trois lignes de lafgeur ou envi- ron , à l'origine de la duéue, & va en diminuant juf- gu'au bout. Cette bande eft moins marquée lorfque les falamandres font jeunes , mais elle devient plus fenfible au bout de quelque tems ; elle ne fe voit ja- maïs que dans les mâles, non plus que la membrane dentelée dont je viens de parler. Du domicile des falamandres. On trouve par-tout des Jlamandres, en France, en Allemagne , en Ita- le, dans de petits ruiffeaux clairs » de petites fon- taines , dans des lieux froids & humides, aux piés des vieilles murailles, d’où elles fortent quand :1l pleut, foit pour recevoir l’eau, ou pour chercher les infeétes dont elles vivent, & awelles ne pourroient guere attraper qu’à demi noyés , éc. Au refte il s’en faut bien qu’elles aient l’agilité du léfard ; elles font au contraire, patefleutes & triftes, + De la rofèe 6: du lair qui fuinte de leur peu. Quoi que leur peau foït quelquelois feche comme celle du léfard, elle eft le plus fouvent enduite d’une efpece de rofée qui la rend comme vernie , fur-tout lorfqu’on la touche, elle paffe dans un moment de l’un à l’autre état. Outre ce vernisextérieur > 1l fe filtre fous le cuir une efpece de lait qui jaillit aflez loin lorfqu’on preffe Panimal. | Ce lait s'échappe par une infinité de trous , dont plufieurs font fenfibles à la vue fans le fecouts de la loupe, fut-tout ceux qui répondent aux mammelons de la peau. Quoique Ia premiere liqueur qui fert à endure la cuticule de Panimal, n’ait aucune couleur &t ne paroïfle qu'un vernis tranfparent , elle pourroit Tome XIV, tépandue en gouttes fi fines & en f petite quantité, qu'il ne paroïît point de fa blancheur ordinaire. Ce lait reffemble aflez au lait que quelquesplantes jettent quand on les coupe; il eft d'une acreté 8 d'une flipticité infupportable; & quoique mis fur la langue, il ne caufe aucun mal durable; on croiroit voit une pliffure à l'endroit qu'il a touché : certains poifions ont mérité le nomd’orries , pa: la reffemblan: ce qu'ils ont avec cette plante lorlqw'on la touche; Notre falanandre pourroit être repardée comme le tythymale des animaux, f fon lait étoit auff corrofif, puis intérieurement ; cependant lorfqu’on écrafe où qu'on prefle ce reptile,, il répand une finguliére & mauvaile odeur: Difiripion anatomique de la Jalamardre, Mas cé ne feroit point connoître la fx/amandre que de s’er tenir à ces dehors extérieurs qui frappent la vue ; il faut pour s’inftruite , entrer dans les détails anato- miques de la ftrudure des parties qui diftinguent les deux fexes. Quoique le myftere de la génération foit des plus cachés chez ces fortes d'animaux , cette obf- curité ne doit qu’excitet davantage les recherches des Phyfciens, pour décider s'ils font vivipares ; ovipares, ou l’un & Pautre: On peut regarder comme épiderme, la pellicule dont la Jalamandre e dépouille tous les quatre où cinq jours. Si on la diffeque lorfqw’elle vient de s’en dépouiller, il eftimpofñfible de détacher de fon corps une autre pelhcule ; fi elle eft prête à la quitter , elle s’enleve trèsfacilement. Cette peau étant vue au mi: crofcope, paroît n'être qu'un tiffu de très-petites écailles, où plütôt l'enveloppe des mamelons du Cuir ; au-deflous de cette peau on trouve le cuir qui eft aflez folide , & on le détache des mufcles aux quels 1l eft adhérent par des fibres lâches. Be bas-ventre a trois mufcles diffinéts ; l’un droit avec des digitations, couvre la légion antérieure; & les deux aütres obliques, font les parties latérales ; ayant détaché ces mufcles, on découvre le péritoine, qui eft adhérent au foie par un petit Egament; le pé- ricarde femble être formé par une continuité du pé= ritoine. Le cœur eft au-deflus du foie, & appliqué immédiatement {ur Pœfophage. Le foie eft très-grand, & féparé en detix lobes ; fous le lobe droit eft la véficule du fel , Qui n’eft at: tachée que par fon canal; elle eft tranfparente & remplie d’une liqueur verdâtre. Au-deffous du foie On voit quelques replis des inteftins ; les fucs graif- feux qui font d’un jaune orangé , & les ovaires dans les femelles, Dans l’'hypogaftre ontrouve la vefie adhérente au péritoine par un petit vaifleau :f. on la fouffle par la: nus ou le canal commun , on voit qu’elle eft en forme de cœur. Il y à aux deux côtes du foie , deux efpeces deweffies remplies d’air ; elles font très-minces ;lon-= gues, & finiflant en pointe. Voilà toutes les parties qui paroïflent lorfqu’on a ouvert la capacité du ventre. Voici maintenant celles qui font plus cachées ; lé foie & les inteflins étant Ôtés ou éloignés de leur place , on verra que les facs graiffeux font féparés en plufieurs lobes, & entourés d’une membrane très- déliée ; parfemée de vaiffeaux fanguins qui les atta- chent aux ovaires & aux trompes dans les femelles ; & aux enveloppes des tefticules & du canal déférent dans les mâles. Des parties de la génération de la falamandre mé. Pour fuivre d’abord l'anatomie du mâle, on remar: que le long de l’épine deux petits tuyaux blancs, qu'on peut appeller canaux défèrens , quifont plufieurs plis & replis ; ils fe terminent en devenant À rien par leur partie fupérieure , dans la membrane qui les. at- tache, & aboutiflent vers l'anus, à l'extrémité d’un XX xi] 534 SAL Petit faifceau de filets blañcs, qu’on peut regarder comme les véficules féminales. Ce petit faifceau re- monte le long du canal déférent & les reins, &a en- viron fix à fept lignes de long. | Ona trouvé beaucoup de variété dans les tefticules de cet animal. Le plus fouvent il n’y en a que deux, qui font d’un blanc jaunâtre, de la forme d’une pe- tite feve, aflez longs , &z ayant chacun une efpecede petite glande plus blanche, & prefque tranfparente, appliquée fur la partie fupérieure; enforte qu’elle femble ne faire qu'un corps avec le tefticule, & qu’- elle n’en eft diftinguée que par la couleur. Quelque- fois les tefticules font en forme de poire aflez irré- uhere , & dont la pointe eft tournée vers le bas. Af- {ez fouvent ils font joints l’un à l’autre parune efpece de petit corps glanduleux. Quelquefois on trouve dif- #nctement quatre tefticules , dont les deux inférieurs font plus petits que les fupérieurs. On remarque cette variète dans les diférens âges &c les différentes ef- peces de falamandres mâles. La partie fupérieure de chaque tefticule eft atta- chée au fac pulmonaire vers le milieu de fa longueur par un petit vaifleau ligamenteux ; ou plûtôt ce petit vaifleau ne fait que pafler dans la membrane qui at- tache le fac pulmonaire , & va fe perdre dans la mê- me membrane proche du canal déférent. Le canal déférent fe trouve vers l'anus ; dans cet endroit eft un corps cartilagineux , long d'environ deux lignes, en forme de mitre, qui felon toutes les apparences, tient lieu de verge à cet animal ; car il eft vraiflemblable que la falamandre s’accouple réelle- ment, quoiqu’aucun phyfcien n’ait peut-être pas en- core vi cet accouplement ; mais ce qui doit perfua- der qu'il fe fait, c’eft que les /xlamandres font vivi- pares. Wurfbainius rapporte qu’il en a vü une faire trente- quatre petits tous vivans; & M. Maupertuis aflure avoirvü une fois dans une /z/amandre quarante-deux petits, & dans une autre cinquante-quatre , prefque tous vivans , auffi bien formés & plus agiles que les grandes /alamandres. Celui qui feroit une diflinion & qui droit queles /xlamandres terreftres font vivi- pares, & par conféquent fe doivent accoupler ; mais que les aquatiques font ovipares, & frayent feule- ment à la maniere des poiflons., on pourroit lui ré- pondre quelles organes paroiffant les mêmes dans les unes que dans les autres, 11 y a apparence que la gé- nération fe doit faire de la même maniere. Des parties de la génération de la falamandre femelle. On trouve dans les parties intérieures de la femel- le , des différences très-fenfbles , & les organes très- diftingués ; en ouvrant la capacité du ventre, on dé- couvre les ovaires& lesfacs graifleux.Lorfqu'onaen- levé les facs graifleux , l’on voit que Les ovaires font compofés cle plufieurs lobes,renfermés parune même membrane, qui les fepare entr'eux, & les attache aux facs graïfleux , aux trompes , & aux facs pulmonai- res. Cette membrane eft toute parfemée de vaifleaux fanguins, qui fe partagent en de très-petites branches, fur la furface des ovaires. Les œufs ne font point flottans dans la capacité de l’ovaire, maisils y adhe- rent intérieurement , & vraiflemblablement pañlent de-là dans la trompe. Après avoir enlevé les ovaires, on découvre les trompes; elles prennent depuis le col, & faifant plu- fieurs plis & replis , elles fe terminent à l'anus. M. Duverney a fait voir qu’elles avoient à leur extré- mité fupérieure , une efpece d’ouverture ou de pa- villon , par lequel entrent les œufs. Lorfqu’ils font entrés dans les trompes , ils acquierent beaucoup plus de groffeur qu’ils n’en avoient dans l'ovaire ; & lorfqu'ils font arrivés à l'extrémité inférieure , ils {or- tent par le canal commun. Les trompes font remplies dans toute leur lon- SAM, gueur d'une liqueur épaïifle, trouble, jaunâtre , en aflez gtande qfantité , & qui ne fort point par Le ca- nal commun. Eft-ce cette matiere vifqueufe qui en- toure les œufs , & qui fert de premier aliment au pe- tit germe qui doit éclore ? Les trompes fe terminent avec le rettum , & Île col de la veffie, dans un gros mufcle, auquel eft attaché l'extrémité des reins qui adherent aux trompes , dans prefque toute leur lon- gueur ; de forte qu’en enlevant ce mufcle , on enleve en même tems les reins , les trompes, linteftin & la veflie. Il n’y a point de matrice dans cet animal ; ce font les trompes qui en fervent, puifqu’on y trouve quel- quefois des petits tous formés. La falamandre n'eft ni dangereufe , ni venimeufe. Par- lons maintenant des propriétés attribuées fauffement à la falamandre , & de celles qu’elle poflede réelle. ment. Les anciens, & plufieurs naturaliftes modernes, ont regardé la fz/amandre comme un animal des plus dangereux ; fi on les en croyoit, des familles entieres font mortes, pour avoir bû de l'eau d’un puits où une J'alamandre étoit tombée. Non-feulement , ajourent- ils , fa morfure eft mortelle, comme celle des vipe- res , mais elle eft même plus venimeufe, parce que fa chair, reduite en poudre, eftun poifon , au lieu que celle de la vipere eft un remede. Tous ces préjugés ont été généralement reçus, juf- qu'à ce que des phyficiens de nos jours les aient dé- truits par des expériences exprefles. [ls ont fait mor- dre divers animaux dans les parties les plus délicates, par des falamadres choïfes; ils leur ont fait avaler des Jalamandres entieres , coupées par morceaux , ha- chées, pulvérifées ; ils leur ont donné à boire de l’eau dans laquelle on avoit jetté des fi/amandres. Ils les ont nourris des mets trempés dans le prétendu venin de ce reptile. Ils ont injeété de fon poifon dans des plaies faites à deflein ; 8& néanmoins , aucun ac- cident n’eft furvenu de tous ces divers effais. En un mot, non-feulement la fx/amandre n’eft plus un ani- mal dangereux , de la morfure duquel on ne peut guerir, c’eft au-contraire l’animal du monde le moins nuifible , le plus timide , le plus patient, Le plus fo- bre , & le plus incapable de mordre. Ses dents font petites &c ferrées, égales, plus propres à couper qu’à mordre, f la falamandre en avoit la force, & elle ne Va point. Elle ne vit point dans le feu. Tandis que cette pau- vre.bête infpiroit jadis aux uns de l’horreur , par Le venin redoutable qu’on lui fuppoloit, elle excitoit dans Pefprit d’autres perfonnes une efpece d’admira- tion , par la propriété finguliere dont on la croyoit douée , de vivre dans le feu. Voilà l’origine de deux célébresdevifes que tout le monde connoît;celle d’u- ne falamandre dans le feu qu’avoit pris François I. avec ces mots , z2tri0 G exringno , j'y vis, & je l’é- teins; & celle que l’on a faite pour une dame infenf- ble à amour , avec ce mot efpagnol, mas yelo que Jugeo, froide même au milieu des flammes. On regardoit la falamandre comme l’amiante des animaux ; & toute fabuleufe qu’en paroïffe l'hiftoire, elle s’étoit fi bien accréditée parmi les modernes, fur des mauvaifes expériences , qu’on a été obligé de les répeter en divers lieux, pour en détromper le public. En France, par exemple , M. de Maupertuis n’a pas dédaigné de vérifier ce conte ; quelque hon- teux, dit-il lui-même, qu’il foit au phyficien, de faire une expérience ridicule , c’eft pourtant à ce prix qu’il doit acheter le droit de détruire certaines opi- nions , confacrées par des fiecles: M. de Mauper- tuis a donc jette plufieurs fz/amandres au feu : la plû- part y périrent fur le champ ; quelques-unes eurent la force d’en fortir à demu-brülées, mais elles ne purent réfifter à une feconde épreuve, SAL Cependant il arrive quelque chofe d’affez fingu- lier lorfqu'on brüle la fa/amandre. À peine eft-elle fur le feu , qu’elle paroït couverte de ce lait dont nous avons parlé , qui fe raréfant à la chaleur , ne peut plus être contenu dans fes petits réfervoirs ; 1l s’é- chape de tous côtés, mais en abondance fur la tête, & fur tous les mamelons, & fe durcit d’abord , quel- quefois en forme de perles, _ C’eft cet écoulement qui a vraiflemblablement donné lieu à la fable dela fa/amandre; toutefois il s’en faut beaucoup , que le lait dont 1l s’agit ici , forte en aflez grande quantité, pour éteindre le moindre feu; mais 11 y a eu des tems , où il n’en falloit guere da- vantage , pour faire un animal incombuftible. Aïnfi, Pon auroit dû fe difpenfer de rapporter dans les Traz- faëions philofophiques , n°. 21. & dans l’'abrégé de _ Lowthorp,vo/. II. p. 86. la fauffe expérience du che- valier Corvini, faite à Rome, fur une /x/amandre d'Italie, qui fe garantit, dit-on, de la violence du feu deux fois de juite ; la feconde fois pendant deux heures , & vécut encore pendant neuf mois depuis ce tems-là. Les ouvrages des fociètés, & fur-tout des fociétés de l’ordre de celles d'Angleterre, doivent avoir pour objet de nous préferver des préjugés,bien loin d’en étendre le cours. Elle vit au contraire dans l'eau glacée. Non-feule- ment les /a/amandres ne vivent pas dans fe feu, mais ‘tout au contraire, elles vivent ordinairement , & pendant aflez lone-tems , dans l’eau qui s’eft glacée par le froid. À mefure que Peau dégele, on les voit expirer plus d’air que d'ordinaire , parce qu’elles en avoient fait une plus grande provifion dans leurs pou- mons, tandis que l’eau fe seloit. On dit qu’on a trou- vé quelquefois en été dans des morceaux de olaces, tirées des placieres , des grenouilles qui vivorent en- cote : on rapporte auf dans Phiftoire de l’acad. des Sciences, année 1719 , qu'on a vu dans le tronc bien :fec d’un arbre, un crapaud très-vivant , & très-agi- le. Sices deux derniers faits, qui font peut-être faux, fe trouvent un jour confirmés, cette propriété feroit commune à ces différens animaux. Elle fubfifle long-tems fans manger. Les falamandres peuvent vivre plus de fix mois fans manger, comme M. du Fay l’a expérimenté. Ce n’eft pas qu’il eût def- feinde lespriver d’alimens,pour éprouver leur fobrié- té,mais 1l ne favoit de quoiles nourrir. Tout-au-plus elles fe font quelquefois accominodées ou de mouches . àdemi-mortes, ou de la plante nommée /ezrille aqua- tique , Ou de ce frai de grenouiilé, dont naflent ces: petits léfards noirs , auxquels on voit pouffer les pat- tes, dans le tems qu'ils ne font pas plus gros que des lentilles, mais tout cela , elles le prenoient fans avi- dité, & s’en pafloient bien. Ù Elle change fréquemment de peau. Les falarmandres qui font dans l’eau, de quelqu'âge & de quelqu’ef- pece qu’elles foient, changent de peau tous les qua- Îre OU cinq jours au printems & enété, & environ tous les 15 jours en hiver, ce qui eft peut-être une chofe particuliere à cet animal ; elles s’aident de leur gueule & de leurs pattes pour fe dépouiller, & l’on trouve quelquefois de ces peaux entieres, qui font très-minces , flottantes fur l’eau. Cette peau étendue fur un verre plan, & vue au microfcope, paroït tranf- parente, & toute formée de très-perites écailles. Il arrive quelquefois aux fa/amandres un accident particulier ; il leur refte à l'extrémité d’une patte, un bout de l’ancienne peau, dont elles n’ont pu fe défaire : ce bout fe corrompt , leur pourrit cette patte , qui tombe enfuite , & elle ne s’en porte pas plus mal; tout indique qu’elles ont la vie très-dure. Elle a des oùies qui s’effacent au bout d'un certain ems. Dans.un certain tems de l’âge d’une /alamandre, on lui voit, lorfqu’elle eft dans l’eau, deux petits pennaches, deux petites houpes frangées, qui fe SAL 53 5 tiennent droites, placées des deux côtés de fa tête, précifément comme le font les ouies des poiflons ; & ce font en effet des ouies, des:organes de la relpira- tion; mais ce qui eft très-fingulier , au bout de trois femaines » CES Organes s’effacent , difparoiflent, ÊT n’ont par conféquent plus de fonéion. Il femble alors que les fz/amandres faflent plus d'effort pour fortir de Peau , qui ne leur eft plus fi propre, cepen- dant elles y vivent toujours. M. du Fay en a con- _fervé pendant plufieurs mois , après la perte de leur ouies, dans de l’eau où 1l les avoit mifes. Il eft vrai qu’elles paroïiflent aimer mieux la terre , mais peut- être auf cette nouvelle eau leur convenoit-elle moins que celles où elles étoient nées. Le léfard eft le feul animal que l’on fache, qui perde fes ouies de poiflon ; mais il les perd pour devenir grenouille, & en fe dépouillant d’une enveloppe générale, à la- quelle fes ouies étoient attachées ; ce qui eft bien différent de la fa/amandre, Elle périt ft on lui jette du [el fur le corps. Quoi- aw’elles aient la vie extrémement dure , on a trouvé le porfon qui leur eft mortel , c’eft du fel en poudre. Wurfbainius Va dit le premier , & M. du Fay en a vérifié l'expérience. Il n’y a pour Les tuer, qu’à leur jetter du lel pulvérifé fur le corps; on voit afez par les mouvemens qu’elles fe donnent, combien elles en font incommodées ; 1l fort de toute leur peau, cette liqueur vifqueufe , qu'on a cru qui les préfer- voit du feu , & elles meurent en 3 minutes. L'hifroire naturelle des falamandres demande de nou- velles recherches. La falimandre pourra fans doute fournir encore un grand nombre d’obfervations , & il y en avoit plufieurs dans les papiers de M. Duver- ney, trouvés aprés fa mort , qui n’ont point été im- primées. Nous n'avons touché que quelques-unes des propriétés connues de ce reptile ; mais combien y en a-til, qui nous font inconnues ? Combien de faits qui la concernent,qui méritent d’être approfon- dis ? Tel eft, par exemple , celui de fa génération ; s'il y a des /a/amandres vivipares , n’y en auroit-il pas auf d’ovipares ? Des phyficiens ont trouvé des petits formés dans leurs corps ; d’autres difent avoir vu des falamandres frayer à la maniere des poif- fons. La felamandre a fourni de nouveaux termes inincelli- gibles a la fcience hermetique. Au refte, il n’étoit guere pofible que la célébrité de cet animal ne vint à fournir des termes au langage des alchimiftes & des chimiftes , & c’eft ce qui eft arrivé. Ainfi, dans la philofophie hermétique, la falamandre qui eff conçue G qui vit dans le feu , dénote ou le foufre incombuf- tible , ou la pierre parfaite au rouge , qui font autant de mots inintelligibles. En chimie , le fang de la /a- lamandre, défigne les vapeurs rouges, qui, dans la diftllation de lefprit de nitre, rempliflent le réci- pient de nuées rouges ; ce font les parties Les plus fixes & le plus fortes de l’efprit ; mais ce terme offre une chimere; car le nitre ne donne point de vapeurs dans la diftillation. Elle ra point de vertus médicinales. Entre lesméde- cins qui fe font imaginés que la fz/amandre n’étoit pas fans quelque vertu médicinale , les uns Pont mifeau nombre des dépilatoires en lappliquant extérieure- ment, Les autres ont recommandé fes cendres pour la cure des ulceres fcrophuleux, en en faupoudrant les parties malades. D’autres encore en ont vanté la poudre , pour faciliter l’évulfon des dents; maisil eft inutile de faire une lifte de puérilités. Auteñrs. Ce n’eft pas Aldrovandi , Gefner , Ron- delet, Charlton, Jonfion, 6c. qu'il faut lire fur la Jalamandre ; ’eft Wurfsbainius (Jok Pauli) falaman- drologia , Norib. 1683. in-4°. avec figures , & mieux encore les mémoires de MM. de Maupertuis & du Fay, quifont dansle recueil de l’acad, des Sciences , ax 530 SAL BEES 1727 y 720. { Le cheyaliér DE JADCOURT.) SALAMANDRE FOSSILE , ( jf. nar. ) quelques auteurs {e font fervi dece nom pour défigner Parian- the, àcaufe dela proprieté qu'il a de ne fouffrir au- “cune altération de la part du feu. Ils appellent en Rtin Jalarmandra lapidea, Voyez LAN FOSSILE © 2ÂMIANTEE, SALAMANDRE de pierre, ( Hiff. nar.) nom donné per quelques auteurs à la pièrre connue fous le nom *l'amranthe ou de lin fo{lle. SALAMANQUE, ( Géog. mod.) ville d'Efpagne au royaume de Léon, fur la riviere de Tormes, qu'on y pañle furun ancien pont de pierre bâti par les Ro- sans ; elle eft à 40 lieues au midi de Léon, & à 36 ‘aunord-oueft de Madrid. Lors, fuivant Harris, 1. 41. 45. lat, 41. 12. C’eft une des plis anciennes villes d'Efpagne, or- née d'églifes magnitiques, & peuplée de reloieux & d’ecoliers nobles & roturiers, qui y jouiffent de grands privileces. Les couvents y font nombreux & trés riches , {ur-tout celui des. Dominique , des. François , & de S. Bernard. Ontrouve hors de Salamanque un beau chemin, large &t payé , fait par les Romains, & qui condui- doit à Mérida, & delà Séville; ce chemin futre- paré par l’empereur Adrien , comme il paroît par d’infcription fuivante qu'on y'a découverte, Zmp.Cu- Jar. divi, Trajar parthici. F. divi Nerve nepos T'raja- aus. Hadrianus aug. pontif. max. trib. pot. V, cof. iy. refliture. L’évèché de Salamanque, fondé fur la fin du vj. fiecle, 87 détruit fous la domination des Maures, étend aujourd’hui fur deux cent quarante paroif- fes, &t l'évêque jouit de quatorze mille ducats de re- venu. L’univerfité de Salamanque, la plus fameufe de toute l'Efpaone , fut fondée par Ferdinand III. vers le milieu du xi. fiecle , des débris de celle de Pa- lencia, Elle eft compofée, dit-on, de quatre-vingt profefleurs , qui ont chacun mille écus de penfion. Le recteur de cetteuniverfité jouit de grands privi- leges , &ceit aflis fous un daïs dans les afeimblées pu- bliques. Le maître des écoles crée tous les officiers de luniverfité , et toujours ectléfiaftique , & a huit mille ducats d'appointement. On dit que l’univerfité ef riche de quatre-vingt mille écus de rente. Malgré tant de richeffes & de fplendeur apparen- tes, 1l ne fort pas de cetteuniverfité un feul favant connu dans le refte de l'Europe ; toutes les fciences qu'on y cultive , fe bornent au droit canon, à la théologie, & à la philofophie fcholaftique ; on en- feigne dans les deux principales chaires , la doëtrine de S. Thomas d'Aquin, le doéteur angélique, & celle de Jean Scot, le doëteur fubtil , qui établit le premier l’immaculée conception de la fainte Vierge. La bibliotheque de cette umverfité eft prefque vuide de livres, & ceux qui sy trouvent font tous en- Chaïnés. | Aguirre ; (Jofeph Saëns de ) cardinal , de l'ordre des bénédi@ins , naquit à Safamanque en 1630, & mourut à Rome en 1699. Ses principaux ouvrages font, 1°. unehiftoiredes conciles d'Efpagne, 2°. Une collection des conciles de la même nation, 3°. Une philofophie fcholaftique , en 3. vo/. in-fol. 4°. Une défenfe de la chaire de S. Pierre, contre la déclara- tion de l’afflemblée du clergé de France de 168 2, tou- chant la puiflance eccléfiaftique & politique. C’eft cette défenfe qui lui valut le chapeau que le pape In- nocent hui donna en 1686. Dans fa colleétion des conciles d'Efpagne , il + à joint plufieurs differta- tons pour foutenir le faufles décrétales des papes, Où pour m'expliquer plus cläirement , une caufe infoutenable. Il paroît qu’il avoit plus d'étude & de leQture , que de génie & de critique. (2. J.) SALAMEO , f. £. (Mychol.), c’étoit la Vénus des Babyloniens , depuis qu'Alexandre eut établi em pire des Macédoniens en Afie, elle étoit adorée à Tyr êc en Syrie, fous le nom d’Aftarté. Poyez Sau- maile, fur Lampridius , cap. vi. de la vie d'Hélioga-, bale, 6 Selden, de dus Syris fynsagm. IL. c. 1Ve D. J. ; ar » (Géog. mod, ) ville d’Afe, dans {a Perfe , fur la rive orientale du Tigre, à une journée de Mofal, en defcendant le fleuve vers Bagdat.(D.J.) SALAMINE , (Géog. anc.) en latin Sulamina & Salamis. 1°. Petite île de Grece, dans Le golfe faro- nique , vis-à-vis d’Eleufine, Scylax dit, dans fon pé- riple : « Tout près de ce temple d’Eleufine , eft S4/7 » nine , ile, ville & port ». La longueur de cette ile, félonStrabon, Z. LX. étoit defoixante & dixon quatres vinet flades. Il y a eu une ville de même nom dans cette île, & cette ville a été double : l’ancienne étoit au midi de lile, du côté d’Engia, & la nouvelle étoit dans un golfe & fur une prefqu’ile du côté de l’Atti- que. Séneque, dans fes Troades , y. 844. lui donne le furnom de vera , la vraie Salamine, pour la diftin- guer de celle de Cypre, bâtie enfuite par Teucer, {ur le modele de la S'zZarmine de lAttique. Strabon, /. WLIL. nous apprend que Pile de Sala- mine à té anciennement nommée Sciras, Cichria , & Pityrfa. Les deux premiers noms étoient des noms de héros ; le troifieme vient des pins qui y étoient en abondance. Aujourd’hui on la nomme Colouri. Il n’eft point de voyageur un peu curieux qui fe trouvant dans le parage de cette ile, frus Salaminia cus , ne veuille la parcourir, parce qu'elle fut autre- fois un royaume , dont Télamon & Ajax qui y naqui- /rent, porterent la couronne ; parce qu’elle eft fa- meute par la déroute de la nombreufe flotte de Xer- xès, viétoire de Thémiftocle à jamais mémorable ; & finalement pour avoir donné le jour au poëte Euri- pide, dans la foixante-quinzieme olympiade, 2°. Salamine, ville de lAfie mineure dans l'île de Cypre ; c’eft la même que celle que Teucer y fit bätir. Horace lui fait dite , ode 7. 2. I e Nil defperandum , obf£de Teucro : Certus enim promifit Apollo Ambiguam tellure novä Salamina faturam, # Teucer eft à votre tête, il eft votre garant; ne. » defefpérez de rien. Apollon, toujours infaillible » dans fes oracles, nous offre une feconde patrie » dans une terre étrangere ; il nous y promet une » autre Salamine, qui balancera un jour la gloire de » celle que nous quittons ». Teucer banni de fon pays, prit fon partien homme de cœur, & 1l n’eut pas fujet de s’en repentir. Sa bonne fortune le conduifit en Cypre, grande île au fond de la Méditerranée ; Bélus qui en étoit le maître, lui permit de s’y établir ; 1l y bâtit la nouvelle Saza- mine , qui fut capitale d’un petit royaume, où {a pof- térité régna depuis pendant plus de huit cens ans juf- qu'au court regne d’Evagoras , dont on lit l'éloge dans Ifocrate. | +. Scylax , dans fon périple, donne à Salamine de Cypre un port fermé & commode pour hyverner. Diodore de Sicile dit qu’elle étoit à deux cens ftades de Citium. Son églife étoit fort ancienne; S, Paul Y vint avec S. Barnabé , & y convertit Sergius ,a&. xü, y. 5. aufñ cette églife fe vantoit-elle de pofléder ie corps entier de S. Barnabé, & de n’être pas moins apoñtolique qu’Antioche : elle gagna fon procès fur ce point au concile de Conftantinople, La ville fut enfuite nommée Conflanria ; & c’eft fous ce nom qu’elle eft qualifiée métropole de l'ile de Chypre, dans les notices d’Hiéroclès & de Léon le fage : le lieu où elle étoit garde encore le nom de Conftantia, cat 1 s'appelle Porto-Conflanza. SAL Sozomene (Hermias) , favant hiftorien eccléfiaft: Que du cinquieme fiecle, étoit natif de Sa/amine dans Pile de Cypre. Il fréquenta long-tems le barreau à Conftantinople , & mourut vers l’an 450 de J.C. IL nous refte de lui une hiftoire eccléfiaftique en grec, depuis l’an 3 24 jufqu’à l'an 430. On trouve dans cette hiftoire imprimée au louvre, lufage & les particula- tités de la pénitence publique dans les premiers fie- cles de l’églife. | Maïs c’eft dans l’île de S'z/amine du golfeSaronique, qu'Euripide vit Le jour l’an premier de la foixante- quinzieme olympiade , un peu avant que Xerxès entrât dans l’Attique, Qu'importe de rechercher sl étoit noble ou roturier, puifque le génie annoblit tout ? Il apprit la rhétorique fous Prodicus, la morale fous Socrate ou fous un autre philofophe, & la phy- fique fous Anaxagotas ; & quand il eut vû les perfé- cutions qu'Anaxagoras fouffrit pour avoir dogmatifé contre l'opinion populaire , il s’appliqua tout entier à la poéfe dramatique , & y excella. Il étoit alors âgé de dix-huit ans. Que ceci ne nous porte point à croire qu'il négligea dans la fuite de fa vie l’étude de la morale & de la phyfique : fes ouvrages témoignent tout le contraire ; & mème il fit fouvent paroître dans fes pieces , qu'il fuivoit les opinions de fon maître Anaxagoras. | Il compofa un grand nombre de trapédies qui fu: rent fort eftimées & pendant fa vie & aprés fa mort; Von peut citer de bons juges, qui le regardent com- me le plus accompli de tous les poëtes tragiques. Il fut nommé le philofophe du théatre par les Athé- niens. Vitruve le dit pofitivement, Origène , Clément d'Alexandrie & Eufebe , le témoignent auf. Je n'ignore pas que Les critiques font fort partagés fur la primauté d’Efchyle, de Sophocle, & d’Euri- pide. Chacun de ces poëtes à des partifans qui lui donnent la premiere place; il fe trouve auf des con- norffeurs qui ne veulent rien décider: Quintilien femble choïfir ce parti; cependant il eft aifé de voir qu’à tout prendre 1l donne le prix à Euripide. Des modernes ont dit afez bien , fans juger ce grand pro- cès , que Sophocle repréfente les hommes tels qu'ils devroient être, mais qu'Euripide les peint tels qu'ils font. Si le dernier n’a pas égale Sophocle dans la ma- jefté & dans la grandeur, 1l a compenié cela par tant d’autres perfeétions , qu'il peut afpirer au premier rang. Ceux qui croient que fi les poëtes de Rome n’ont guere parlé d’'Euripide, c’eft à caufe que les fyllabes de fon nom n’avoient pas la quantité qui pouvoit le rendre propre à entrer dans les vers latins, donnent une conjecture fort vraiflemblable. Le dieu même de la poëfie, Apollon de Delphes, fut contraint de cé- der aux loix de la quantité : il ne trouva point d’autre expédient que de renoncer au vers hexametre, & de répondre en vers iambiques , quand il fallut nommer Euripide ; de forte que s’il n’eût fu faire que des vers hexametres, il auroit fallu qu’il eût fupprimé la fen- tence définitive qui régla le rang entre trois illuftres per{onnages. Voici cette fentence célebre , que Suidas nous a confervée , au mot cogor. A] m LA { f f Z'opos ScporAne , coporépos x Euprid'ne. n° 5 1 Ardpar Ë aœayToy EPA THE cEWTATOS. Ces deux vers iambiques fignifient : « Sophocle eft » fage, Euripide l’eft encore plus ; maïs le plus fage » de tous les hommes c’eft Socrate ». C’eft ainfi que la prêtrefle de Delphes fe vit obligée de déroger à la coutume d’ufer de lhexametre , parce que la nécef- fité n’a point de loi. Euripide & Socrate font deux noms qui ne quadrent point au vers héroïque , les mufes en corps ne fauroient les y ployer. Qu’on aille dire après cela qu’il importe peu d’avoir un tel nom plütôt qu’un autre, Voilà Euripide qui a eu peut-être St À E 537 plus de part à l'admiration de Virgile & À celle des autres poëtes de la cour d’Aupufte , que Sophocle; le Voilà, disje, dépouillé de cet avantage, parce qu’ils n’ont pu fure entrer {on nom dans leurs hexa- metres , & qu'à caufe de cette impofbilité , il a fallu immortalifer à fon préjudice ceux qu’on troyoit au deflous de lui : maïs les lois de la profodie les souver- notent, Voilà un de ces combats de la raifon & de la rime, dont M. Defpréaux a fi bien parlé. Joïgnez- cette exclamation de MM, de Port-Royal. « Combien » la rime a-t-elle engagé de gens à mentir » ! Tout le monde fait le fervice fingulier que les vers d'Euripidetrendirént une fois aux {oldats d’Athènes. L'armée des Athéniens commandée par Nicias, éprou- va dans la Sicile tout ce que la mauvaife fortune peut faire fentir de plus funefte. Les vainqueurs abuferent de leur avantage avec la derniere cruauté; mais quel- que durement qu’ils traitaflent les foldats athéniens, ils firent cent honnêtetés à tous ceux qui pouvoient leur réciter des vers d'Euripide. Plufieurs qui après s'être fauvés de la bataille ne favoient que devenir & erroient de lieu en lieu ,trouverent une reflource en chantant les vers de ce poëte, Ce fut fans doute un très-grand plaïfir à Euripide, que de voir venir chez lui plufieurs de ces malheu- reux, pour lui témoigner leur feconnoïffance de ce que fes vers leur avoient fauvé la vie & la liberté, Les Siciliens donnerent une autre marque bien éclatante de leur eftime pour Eutipide. Un bâtiment caunien pourfuivi par des pirates , tâchoit de fe fau- ver dans quelque port de Sicile, & ne put en obtenir la permifion qu'après qu’on eût fu qu'il y avoit des perfonnes fur ce bâtiment qui favoient des vers d’Eu- ripide : 1l ne faut pas oublier qu’on leur demanda s'ils en favoient. Cette feule queftion fignifie plus que je ne faurois exprimer. Euripide , dit M. le Fevre, devoit être touché d’un fentiment de gloire bien doux , quand il voyoit cha- que jour quelques-uns de ces miférables qui le ve- noient rémercier comme leur libérateur , & lui dire que fes vers avoient changé leur mauvais deftin, & leur avoient plus fervi que s’ils avoient eu un pañle- port figné de la main des cinq éphores & des deux rois de Lacédémone. C’étoit done un grand & glo- rieux poëte qu'Euripide : maïs que dirons-nous des Siciliens de ce tems-là ? N’étoit: ce pas d’honnêtes gens? Le mal eft qu'un fi bel exemple n’a point eu de fuite, & qu'aujourd'hui telles hiftoires ne pafle- roient en France que pour des contes de la vieille Grece, que lonatoujours appellée merfongere. Quoique les pieces d'Euripide aient joui d’une approbation merveilleufe, néanmoins elles reMpor= terent le prix aflez rarement. De 92 tragédies qui avoit faites , il n’y en eut que cinq de couronnées ; la cabale & l’intrigue , dit Varron , décidoient alors du fort des pieces, On peut voir dans Elien, var. hiflor. Liv. Il. c. viy. quelle eft fon indignation contre un cer- tain Xénoclès qui fut préféré à Éuripide dansun com- bat de quatre pieces contre quatre pieces , lorfqu’on célébra la quatre-vingtieme olympiade. L'émulation, & finalement l’inimitié qui s’éleya entre lui & le grand Sophocle, lui caufa peut-être moins de chagrin que les fatyres & les railleries d'Ariftophane, qui fe plaïfoit à le maltraiter dans {es comédies ;mais Socrate n’afhftoit qu'aux feules pie- ces d’Euripide. S’il a introduit fur la fcene quelques femmes très- méchantes, il y a introduit auffi des héroïnes, & il à parlé honorablement du fexe en plufieurs rencon- tres ; mais cela n’effaçoit point lanote des médifances d'Ariftophane , qui faifant femblant de prendre parti pour le beau fexe contre Euripide, a lui-même plus outragé les femmes que ne l’avoit fait le poëre de S'alainure, 538 S AL Quoi qu'il en foit, Euripide crut devoir quitter Athènes, & fe retirer à la cour d’Archélaus , roi de Macédoine , où 1l fut très-accueilli. Ce prince aimoit les favans, & les attiroit par fes libéralités. Si l’on en croit Solin, 1l éleva Euripide à de grands honneurs, & le fit premier miniftre d’état. Il mourut au bout de trois ans à la cour de ce prince à 75 ans, dans la qua- tre-vingt-treizieme olympiade. Archélaüs le fit en- terrer magnifiquement. Vitruve dit que fa tombe étoit en rafe campagne , fur le confluent de deux petites rivieres, La foudre tomba dans la fuite fur le tombeau de ce poëte ; ce qui fut regardé comme un accident glorieux, parce qu'il n’y avoit eu que Ly- curgue à qui une pareille chofe füt arrivée. Les Athémiens envoyerent une ambaflade en Ma- cédoine pour avoir fes os, & ne purent les obtenir; mais ils lui drefferent un fuperbe cénotaphe, qui fub- fiftoit encore du tems de Paufanias , & toute la ville prit le deuil à la nouvelle de fa mort. Un de fes amis nommé Philémon en fut fi touché, qu’il déclara que s’il croyoit que les morts confervent le fentiment, comme quelques-uns l’afsüroient ,1l fe pendroit pour aller jouir de la vüe d'Euripide. De quatre-vingt-douze tragédies qu'il avoit com- pofées, il ne nous en refte que dix-neuf, dont les édi- tions les plus eftimées font celles d’Alde en 1503, in-8°. de Plantin ,en 1571 ,27-16. & de Paul Etienne, en 1604, in-4°. Mais toutes ces éditions ont été effa- cées par celle de Cambridge, qu’a publiée en 1694, zu. fol, le doéte Jofué Barnes. Il a joint dans cette édi- tion des fcholies ; 1l a éclairci plufieurs chofes par des notes fort favantes, & il a mis à la tête une vie d’Eu- ripide toute pleine d’érudition , & fort au-deflus de celle de Thomas Magifter. Les pieces d’Euripide font pleines de fentences d’une excellente morale : autant de vers, autant de maximes, felon Cicéron. Faut-1l s'étonner après cela que cet illuftre orateur eût toujours Euripide dans fa poche ? les affaffins qui le pourfuivoient &t quu le tuerent , le trouverent lifant dans fa litiere la Médée d’Euripide. On peut néanmoins condamner dans le poëte de Salamine l’ufage un peu trop fréquent des aphorifmes philofophiques : on a trouvé nommément que fon Hécube philofophe jufqu’à l’excès & à contre tems. Il y a plus ; toutes fes maximes n’étoient pas bon- nes : il en débita une fur la religion du ferment, qui parut fi cavaliere, qu’on lui en fit un procès, dont 1l ne fe tira que par un confht de jurifdiétion. Il intro- duit Hippolyte armé d’une reftriétion mentale, & qui , quand on lui remet en mémoire fon ferment, dit, v. 612. J'ai juré de la langue, @ non pas de l’efprir. Cependant M. Barnès obferve entr’autres chofes, pour juitifier le poëte, qu'Hippolyte aima mieux mourir que de violer ce ferment verbal. Euripide, dans une autre rencontre, dogmatifa fi gravement pour les avares , que tout le monde s’en émut. On auroit chaflé l’aéteur, fi l’auteur ne fût venu prier le peuple de fe donner un peu de patien- ce, laflurant qu’on verroit bientôt la fin malheureufe de cet avare , dont les maximes choquoient tout le monde. L’équité veut que l’on foit content de cette forte d’apologie : le même poëte s’en fervit pour fon Ixion. Quelques perfonnes trouverent mauvais qu'il repréfentât {ur le théatre un homme aufli impie & aufli méchant que celui-là. « Prenez garde, leur ré- » pondit-il, qu'avant que de le laïffer difparoitre , je # attache fur une roue ». Une autre fois, on s’offenfa tellement des deux premiers vers de fa Ménalippe, qui fembloient atta- quer l’exiftence du plus grand des dieux, qu'il fut obligé de les changer ; c’eft ce que nous apprenons SAL de Plutarque : voici les deux vers dont il s’agit, fui= vant la traduétion d’Amiot : O Jupiter ÿ car de toi rien finon Je ne connois feulernens que le nom. « Il fe foit fort de cette tragédie-[à, ajoute Plutar » que, comme étant magnifiquement & exquifement » bien écrite ; mais pour le tumulte & murmure qu’en » fit le peuple, 1l changea les deux premiers vers » ainfi comme il fe lit maintenant: O Jupiter, combien en vérité Ce nom convient a ta divinité, Au refte, il feroit abfurde d’imputer à l’auteur d’une piece dramatique , les fentimens qu'ilmet dans la bouche de fes perfonnages. Il falloit bien, pour foutenir le caraëtere de Syphe, qu'Euripide le fit raifonner comme un athée; & Plutarque a eu tort de trouver dans le difcours de Sifyphe une rufe d’écri Vain. Grotius a dit judicieufement : wx/ta in tragediis J'entex poete fenfu ditla , [ed congruenter perfonæ qui loquens inducitur. (Le chevalier DE JAUCOURT.) SALAMINIUS , ( Mythol. ) Jupiter eft quelque- fois défigné fous ce nom, à caufe du culte particu- lier qu’on rendoit à ce dieu dans cette île de la Gre- ce, vis-à-vis d'Eléufis. (D. J.) SALANA , ( Geog. mod. ) petite riviere d'Italie, au royaume de Naples | dans la Calabre ultérieure qu’elle arrofe; elle fe jette enfuite dans le phare de Mefline, près du bourg de Siglio. ( D.J.) SALANCHES , ( Géog. mod. ) petite ville de Sa- voie, capitale du haut-Fauciguy, à deux lieues au- defflus de Clufe , au fud-eft. Ce n’eft proprement qu’un méchant bourg, au milieu duquel paflent deux ruifleaux du même nom, qui vont fe perdre dans l’Arve. Long. 24,20. lar. 45.58. ( D.J.) SALANDRA , ( Géog. mod. ) bourgade d'Italie, au royaume de Naples, dans la Bafilicate, à trois lieues de Tricarico , fur la petite riviere qu’on nom- me Salandra & Salandrella. La bourgade eft bâtie fur les ruines* d’Acalandra : la riviere eft l_Acalan- drum de Pline , Z. I. o. xx, elle fe jette dans le golfe de Tarente , entre embouchure du Bafñento, Ca- mentum , & celle d’Agri, Acyris. (D. J.) SALANDRELLA , ( Géog. mod, ÿ petite riviere d'Italie , au royaume de Naples ; elle fe jette dansle golfe de Tarente, entre l'embouchure du Bañento, & celle delAgri. (D.J.) SALANGAN , ( Æiff. nar, ) c’eft le nom que les habitans des îles Philippines donnent à l’oifeau dont le nideft un manger fi délicieux pour les Chinois ; il eft de la groffeur d’une hirondelle de mer, ou d’un martinet, &c il attache {on nid aux rochers. Voyez N1DSs D’OISEAUX. | SALANKEMEN , ( Géog. mod. ) & par les Hon- grois, Zalonkemen , qui eft la bonne orthographe ; ville de la Hongrie, dans l’Efclavonie, fur le Da- nube, au confluent de la Teifle, à 12 mulles au nord- oueft de Belorade. On difpute fi lAcumincum d’Am- mien Marcellin, eft Salankemen | Cametz, ou Peter- wvaradin. Long. 37.43. lat. 45.17, Ce fut devant cette ville que fe donna, en1691, une fameufe bataille entreles Turcs &c les Impériaux, qui furent plus heureux que fages. Les Turcs avoient à leur tête, Muftapha Cuprogli, fils, petit-fils de grand vifir, & parvenu lui-même à cette premiere dignité : 1l ne refpiroit que la guerre , blâämant toute propoftion de paix. Il avoit commencé par réformer les abus d’une mauvaile adminiftration de fept ans, & par le rétablifement des finances. En ouvrant la campagne fous le regne d’Achmet IIL , il employa la rehgion & la fevérité des mœurs ; toutes Les mof- quées de Conftantinople &c les pavillons du camp, retentirent de prieres ; une Poule de jeunes garçons qui qui fuivoient l’armée, affreux inftrumens de déban: che & dedépenfe, furent chafñlés fous peine de mort , s'ils reparoïoient ; il ne s’agifloit plus que de ren- dre le courage aux troupes ; le vifir Sen chargeoït ; en leur traçant la route de Vienne avec le fabre de fon pere Cuprogli, | Ilavoit déja remporté une vi@oire complette fur les Impériaux ; foumis Albanie; la Bulgarie, & re- . pris toute la Servie , Belgrade même, malgré une garnifon de fix mille hommes ; enfin l’année fuivante 1l vint camper devant Sa/ankemen ; fur les bords du Danube. Le prince Louis de Bade ; général des Im- périaux, fut à peine arrivé pourle combattre, qu'il {embla n'avoir plus que le parti de la retraite. Les lurcs Pattaquerent avec tant de fureur & de con- duite , que fa perte paroïfloit inévitable ; Le champ de bataille étoit déja couvert de chrétiens expirans ; mais la fortune de Léopold voulut qu’un boutet em: portât le vifir, qui n’avoit guere jou de fa haute for- tune, 1l périt dans le moment où il étoit Le plus glo- rieux & le plus néceffaire: L’aga des janiffairesauroit pu le remplacer : un autre boulet l’étendit mort, & les infideles confternés abandonnerent la viétoire; qui n'eut cependant d'autre fuité que la prife de Lippa , ville infortunée , fans cefle prife & reprifé, également maltraitée par les amis & par les ennemis. Les fauvages dansles forêts font plus heureux. Lab: bé Coyer: ( D:J:) SALANT, adj, ( Gram.) épithete que l’on don: ne aux fontaines dont les eaux font falées, & aux marais Où l’on fait du fel. Voyez Ser , 6 SALINES. SALAPTA , (Géog. anc. }ancienne ville d’italie, dans la Pouille daunienne ; felon Pline, Z. ZI. €, xÿ. * qui ajoute qu’elle eft fameufe par l'amour qu'y fit Hannibal, à une beauté de cette ville. Il y aeû deux villes de ce nom , ou plutôt la même ville a été en + deux Heux différens. L'ancienne Sal:pia, dans {a pre- miere fituation , avoit été bâtie par Diomède , & fut abandonnée à caufe de l’air mal:fzin ; les habitans s’allerent établir en un lieu plus fain , à quatre milles de là, vers la mer. La ville efl détruite, & le lieu conferve le nom de Sa/pe, (D. TJ) | SALAPINA PALUS,, ( Géog. anc.) marais voi: fin de la ville de Sz/apia., d'olil tiroit fon nom ; Lu- cain, ZW v. 377. en parle à l’occafñon des barques que lon amañla de tous les endroits : Qué recipit Salapina palus, & fubdita SypÂs Montibus, Vitruve, LI. c. jy. dit que Marcus Hoftilius, qu tranfporta les habitans d’un endroit à l’autre, après ce changement de lieu, ouvrit ce lae du côté de la mer, & en fit un port pour le municipe de Salapias Cela s'accorde avec: Strabon , Z. PL. qui dit que Salapia étoit le port d'Argypine. (D. J.) SALAPITIUM ; ( Lirrérar.) bouffonnerie ; les uns prétendent qu’il faut dire fa/aputium , 8& d'autres encore falicipium, Voffius s’eft finalement déclaré pour falapitium; fur cela ilnous apprend que /2/4- pitta , dans les meilleures glofes, fignifie #r fouffler ët que de-là eft venu que Îles bouffons , qui fe laif {oient donner cent coups fur le vifage pour divertir le peuple, ont été appellés fa/pirones | du mot grec caArirrew , QUiVeut dire fonner de la trompette, par- ce qu'à l’exemple des trompettes , ils enfloient les joues de leur mieux, afin que les foufflets qu'ils re- cevoient , fiflent plus de bruit, & divertiflent da- vantage les afliftans; en un mot, Voffius tire de cette remarque, l’origine du mot hozffon | parce que Pouffer & enfler fignifient la même chofe. (D.J.) -_SALARTA ,(Géog.anc.) nom des deux villes de l’'Efpagnétarragonnoife lune au pays des Baflitains, dans les terres, l’autre au pays des Orétains ; dans les terres femblablement ; c’eft Ptolomée qui les Tome XIF, | $S À Ï $39 difingué anfñ : Salarié în Bafhiianis , longitude 13 laïr, 39. 201 Saluria in Orèiränio: Longir, 9! 24: lutit, 4o: Epchterdots dur ge . La derniere eft entte li Guadiana & le Tagé: leg Efpagnols croient que c’eft préfentement Cazorla: La premiere eft aux eñviroris du Xucar ; felon les indices de Ptolomée. On 4 des infcriptions où onlit Col. Jul, Salarienfis ; & Pline ; Z. LIT. é. tj: parle d'une colonie nommée de même. (D: 7). | SALASSES , LES, ( Géop. añc! ) Salaffi ; âticien peuple d'Italie, dans les Alpés. Sträbôn , iv, IF Pi 205. en décrit auffi le päys: Le canton des Salaffis , ditil, ft grand, däns üne profonde vällée entre des montagnes qui l’eñférmerit de tous côtés, quoïqu’en quelques endroïts leterreiñ s’éleve un peu vèrs les montagnes au-deflous defquelles eff cette vallée, Il dit encore que la Doria traverfe ce pays-là, & qu'- elle eft d'une grande utilité aix Habitäns pour laver l'or. C’eft pour cela qu’en quelques endroits ils lai voient partagée en quantité de Coupures , qui rédui- loïent prefqu’à rien cetteriviere: | AE les Romains fürent une fois maîtres des Alpes , les Saaffes perdirent leur or, & la jouiffancé de leur pays ; l'or fut affermé; & less alaffès qui con: ferverent encoreles montagnes, furent réduits À ven. dre de l’eau au fermiér dont l’avarice doninoit Heu X de fréquentes chicanes: LIRE | De cette maniere ils furent tantôt en paix, tantôt en guefre avec les Rorains; &s’adonnantäu brigan- dage , ils faifoient beaucoup de mal à ceux qui tra< verfoient leur pays ; qui eft un paflage des Alpes, Lorfque Decimus Btutus, s’enfuyant dé Modëne ; fafoit défiler fon monde , ils hi firent payer tant par tête ; & Meflala, hivernant datis le voifinage, fut cbligé d'acheter d'eux du bois de chauffage &des Jæ velots de boïs d’orme ; pour exeréer fes foldats: Ils oferent même piller la caifle militairetde Céfar ; &t arréterent des armées auprès des précipices, fai- fant femblant de raccommodes les chemins ; Ou de bâtir des ponts fur Les rivieres: Enfin Céfàr les fub- jugua , &c les vendit tous à l’encan ; après les avoir menés à Ivrée, où l’on avoit mis uhe colonie ro- maine pouf s’eppofer aux coùrfes des Salaffes. On compta entre ceux qu fürent vendus, huit mille hommes propres à porter les armes, &tréhte - fix mille en tout. Terentius Varron eut tout l'honneur de cette guerre. | Augufte envoya trois mille homes äu lieu où Terentius Varron avoit eu fon camp. Il Sy forma une ville qui futnommée 4wy/la Prétoria ; c’eft au- jourd’hui 4offe ou Aoxffe, qui donne Je nom à la vallée qui appartient à la maifon de Savoie. (D.J.) SALAT , LE , ( Gécg. mod.) riviere de France ; en Languedoc, Elle à fa foutce äu fommet des Pyré- nées , dans la mohtagne-de Salau , pañlage d'Éfpa- gne; court dans le comté de Confeïans , & fe jette enfin dans la Garonne à Foure: Cette riviere ; COm- . me PAriege, roule quelques petites paillettes d’or ; que de pauvres payfans d’autour de $. Girons, soc: Ccupent à ramafler , mais dont ils tirent à-peine de quoi vivre. (2. J. | SALAY ASIR , £. m: (Orxirhoz.) nom que les habi: fans des Philippines dofinent 4 la plus petite ef pece de canards connue ; & qu’on trouve er quan- tité fur leurs laes & leurs marais ; ces fortes de ca nards ne font pas plus eros que le poiñe, & ont le plumage admirable, SAEBANDES ; f £ pl. (if nai, Minéral. )les minéralogiftes allemands fe fervent de ce mot pour défigner les parties de la roche d’üne montagne qui touchent immédiatement à un filon méfallique j qui féparent ou tranchent la miñe d’avec ce qui n’ert eft point. On pourtoit en francois rendre ce mot par lifieres ou ailes | parce que ces FRURS terminent LT | 40 S "À À E, les côtés du filon, comme la lifiere termine une étof- fe. Chaque filon réglé a quatre falbandes , c'eft à- dire , quatre côtes par lefauels il fe diftingue de la roche qui l’environne; favoir ,au-deflus &au-deffous delui, &à fes deux côtés. Dans ces parties Le filon eftquelquefois tranché net, ou diftingué de la roche comme fi on lui eût taillé un canal avec le cifeau &r le maillet: enun mot ,les/z/bandes font les parois du conduit dans lequel un filon eft renferme, Quelque- fois on trouve entre le filon & la roche qui lui fert d’enveloppe , une terre fine; molle & onétueufe, ue les mineurs allemands nomment #efleg ou beflies ; se la regardent comme un figne favorable qui anton- ce la préfence d’une mine de bonne qualité. On se- garde auffi comme un bon fignelorfque les falbandes, ou la pierre qui fert d’écorce & d’enveloppeau filon, eft du fpath ou du quartz, parce que les pierres font les matrices ou les minieres les plus ordinaires des métaux, Voyez FILONS, MINIERES, MINE , 6c.(—) SALCA HUILE DE ; ( Matiere médic. des ane. ) falce oleum , excellente huile qui fe faifoit à Alexan- drie avec quantité de plantes aromatiques ; on en compofoit de plufeurs efpeces , dont Ætius Tetrab. I. ferm.j. a détaillé fes préparations. . SALDAGNA, ( Géog. mod. ) petite ville d'Efpa- _gne, dans la vieille Caftille, au couchant d’Aquilar- del-Campo, & au pié de la montagne appellée Pe- gua defan Roman, fur la riviere de Carrion. SALDÆ , (Géog. anc. } ancienne ville d'Afrique. Ptolomée , Liv. IF. 0.17. la nomme ainfi au pluriel, lui donne le titre de colonie, 8t la met dans la Mau- ritanie céfarienne. Pline , Lv. F. c. y.nousapprend que c’étoitune colonie d’Augufte, & Pappelle S'a/de; ce doit être S4/4æ au pluriel. Martien écrit demême, & Antonin met Saldis à l’ablarif, à trente-cinq mille pas de Rufazis. La notice épicopale d'Afrique met entte les évêques de la Mauritanie &c Sitifi | Pafcafe de Salde, Paftafus falditanis. Quelques-uns croient ue c’eft Bugie , d’autres que c’eft Alger. (D. J:) SALDITS , f, m.(Æiff. rat. Botan.) plante en for- me d’arbrifieau de l’ile de Madagafcar ; 1l potte des fleurs couleur de feu , en forme de panache. Sa grai- ne a la groffeur &cle goût du pignon. C’eft un voru- tif très-violent , & qui peut païñler pour un poifon. On aflure que fa racine prife en poudre enceft l’anti- dote. La ne SALDUBA , ( Géog. anc. ) ancienne ville d’'Efpa- gne , dans la Bétique , fur la côte. Pline, 4v. I c. J. après avoir dit que Barbefula eft accompagnée d’une riviere de même nom , ajoute, stem Salduba ; | ? 3 il en eft de même de Sa/duba. On croit qu’aujour- d'hui cette ville eft Marbella, & que la riviere eff Rio-Verde. . | SALE, adj. (Gramm. ) mal propre , couvert d’or- dure. Cette ville eft fale. Du linge /a/e ; un habit f4/e ; du papier /ale ; une couleur fa. Il fe dit auf au fi- guré, Des paroles Jules ; des idées, desimagesfäales ; une parole /ale. SALÉ , adj. ( Gramm. ) en qui l’on remarque-le goût du fel, foit qu’il en contienne ou non. De la viande Jalée, du pain Jalé , des eaux falées. Woyez SEL, . SALÉ., ( Géog. mod. ) ville d'Afrique en Barbarie, fur la côte occidentale du royaume de Fez, êc fous lPautorité du roi.de Maroc. Cette ville eft remar- * quable par fon antiquité ; maïs elle eft encre plus connue par {es corfaires nommés Sa/esins, & par fon commerce , quoique fon havre ne foit propre que pour de petits bâtimens. Elle a de bonnes forteref- {es pour fa défenfe , &c eft divifée comme Fez, en ville vieille & en ville nouvelle, qui font feulement féparées par la riviere de Garrou. Le roi de France a un conful à Sa; mais ce carä@tere eft aflez in- fruétueux ; parce que celni qui en eft revêtu n’eft S AL guere moins expoié qu'un fimple matchand aux ca prices des habitans. Oncompte qu'ils font environ vingtmille. Ils {e qualifient Ærdalous, comme ceux de Tetouan. Salé eft fitué à environ 45 lieues au couchant de Fez. Long, 46: lar, 3452. (D: 1.) SALÉE, LA RIVIERE, (Géog. mod.) il y a deux rivieres de ce nom en Amérique ; l’une dans la Gua- deloupe, qu’elle fépare, dé la grande terre, Pautre dans la partie la plus méridionale de la Martinique. SALEM , (Géog. facrée.) nom commun à quelques villesow lieux de la Paleftine. El y avoit une Sz/erz qui appaftenoit aux Sichémites ; 1l y avoit un autre lieu-de ce nont dans la campagne de Scytopolis, à huit rilles de cette ville ; il yavoit une troifleme Sz- lemou Salim au bord du Jourdain , où S. Jean bap- tifoit. Les feptante ont quelquefois appellé Sz/em la ville de Silo:; enfin Jérufalem aufi nommée quelque- fois par abbréviation Sa/em dans l’Ecriture: par exem- ple , on lit äu pféaume Ixxv. {a demeure eft dans Salem, & fon temple dans Sion. ( D.J.) SALEME ,(Géog. mod.) petite ville de Sicile ; dans la vallée de Mazara , fur une montagne ; à 18 milles au nord-eft de Mazara. Long. $o. 30 lar. 38.5, SALENÆ , ( Géog. anc. ) ancienne ville de lile d’Albion , au pays des Catyeuchlani, felon Ptolo- mée , div, IT, ch. üj. Ses interprètes croient que le nom moderne eft Sa/udy. É nu SALENTIA , ou SALLENTIÆ , ( Géog. anc.) an- cienne ville de la grande Grece, au pays des Meffa- piens , felon Etienne le géographe. , SALENTINS, Les, (Géog. anc.)Salentini ; ancien | peuple dela grande Grece. Leur pays s’appelloit Sa- lentina regio. Ptolomée n’y met au bord de la mer que le promontoire nommé Sapygium &t Salentinum promontorium. Léandre croit que le pays des Saez tins répond à la terre d’Otrante ; cela neft pas éxac- tement vraientout. (D.J.) | SALEP, SALOP & SULAP , f. m.( Diese & Mar, méd. ) fâcine ou bulbe farineufe, où, pour mieux dire, gommeufe , dont la fubftance eff entierement {oluble dansla falive 8 dans les hqueuts aqueufes , qui eft inodore , qui n’a d'autre faveur que celle des sommes & des mucilages , qui eft fort enufage chez les Turcs, & dont on commence à fe fervir aufl à Paris: Voici ce qu’en dit M. Geoffroi le cadet dans un des wémoires de l'académie royale de Sciences pour Panmée 1740. On a découvert, en examinant avec attention le > 1 É 2 Jalep des Turcs, que c’étoit la bulbe. d’une efpece d’orchis ou fatyrion. C’eft une racine blanche ou roufsâtre, felon qu’elle eft plus ou moins récente. Les Orientaux nous l’envoient tranfparente avec un fil de coton. Elle eft en ufage pourrétablir les forces épuifées ; c’eft un reftaurant pour les phtifiques ; &c on la donne avec fuccès dans les diffentéries bilieu- fes, felon Degnerus, qui a publié deux diflertations fur cette maladie , & qui fe fervoit du fa/ep des Turcs comme d’un remede , pour ainfi dire, fpécifique. Le même académicien a réuffi à mettre les bulbes de nos otchis dans le même état que le /z/p , à imiter par- faitement cette préparation , dont les moyens font inconnus. Voyez à Particle SATYRION , comme M, Geoffroi s’y eft pris. | Quant da maniere de fe fervir du /alep , voici ce qui en eft dit dans une lettre fur cette drogue, que le fieur Andri, droguifte de Paris , a fait mettre au /our- nal de Médecine , Septembre 1759. Suivant Albert Se- ba, les Chinois &les Perfans en prennent la pou- dre, à la dofe d'un gros , deux fois le jour dans du vin ou du chocolat. Le pere Serici nous apprend que les Indiens en prennent une once Jar à l’eau & avec'lu fucre ; maïs la plus faine partié,amfi que l’européen, leprend aulait, à la dofe d’une demi-once:; on le pulvérife SALE dans un mortier, & on fait bouillir cette farine dans du lait avec du fucre pendant un demi-ciiart d'heure ; 1! en réfuite une bouillie agréable, avec laquelle on fait fon dejeunet ; on peut ÿ mettre quelques gouttes d’eau rofe ou de fleurs d'orange. . Degnerus à donné une préparation un peu plus détaillée de ce remede. On fait infufer un gros de cette racine réduite en.poudre très-fine, dans huit onces d'eau.chaude; onda fait diffoudre à une douce chaleut , on la pafle enfuite dans un linge pour la pu- rifier, des petites ordures qui pourroient s’y être join tes ;là colature recue dans un vafe, fe congele, êz forme une gelée mucilagineufe très-agréable : on en donne au malade de deux heures en deux heures, & de trois heures en trois heures une demi - cuille- rée, une cuillerée entiere , plus ou moins, {uivant Fexigence des cas. . Ceïte préparation diâée par Degnerus paroît la meilleure, fur-tout quand on ne veut point faire une: bouillie, mais qu’on veut donner ce remede. dans quelque véhicule liquide ; comme dans l’eau fimple ; dans du vin, dans de la tifane ; la gelée s’y étendra beaucoup mieux qué la poudre: on prend, parexém- ple, le poids de vingt-quatre grains dé cette poudre qu'on Eumeétepeu-à-peu d’eau bouillante ;la poudre s'y fond entierement, & forme un mucilage, qu'on étend par ébullition danstune chopine ou trois demi- feptiers d’eau ; on ef maître de rendre cette boiflon plus agréable en y ajoutant du fucre, ou quelques lé- gers, parfums, ou quelques firops convenables à la maladie, comme le firop de capillaire, de pavot, de citron, d'épine-vinette, 6e, On peut aufh couper _cette hoiflon avec moitié de lait, ou en mêler la pou dte., à la dofe d’un gros, dansun bouillon: @) .- SALER ,v.a@,( Gram. ) c’eft mêler du fel àquel- que chofe, On fale le pain , la viande, le beurre ; le Je porfen. e av. , 248 SALER Les cuirs , ( Tannerre. ) c’eft les faupoudter de fel marin & d’alun, ou.de-natrum, après qu’ils ont été abattus ou levés. de deffus les animaux, pour empêcher qu'ils ne fe corrompent , jufqu'à ce qu’on les porte chez les Tanneurs. $ avary, ( D-J.) SALERAN , £ m, ( Papererie. ) on nomme ainf dans nos papeteries, une éfpece de maître ouvrier Ou d'infpeéteur , qui à foin de faire donner au papier r tous {es apprèts, comme de le coller » Prefier , fe- cher , rogner, liffer, plier, le mettre en mains & en rames. On l'appelle Jaleran, parce qu’il eft le maitre de la falle où Pon donne ces derrieres façons au pa- piet, (DJ) | | : SALERNE,, ( Géo mod. } ville d'ftalie ) aUjOtr- d’hui au royaume de Naples, fur le bord de la mer, capitale de la principauté citérieure , au fond d’un golfe de même nom, à douze lieues au f1d - eft de Naples, & à évale diftance an midi de Bénévent. Long. 32020! latit. 40. 46: | * Cette ville eft ancienne , & faifoit autrefois partie du petit pays des Picentins, dont Picentia étoit alors la capitale. Strabon dit que les Romains fortificrent Salerne pour y mettre sarnifon , & qu'elle étoit un peu plus haute que le rivage. Tite-Live nous ap- prend, 2 XX XII. c. 29, que cette ville devint co lonie romaine. > Après la ruine de-lempire d'Occident par les Bär- bares venus des pays feptentrionaux , les Lombards ëc les Goths fe firent des établiffemens aux dépens de l'empire grec, qui s’étoit reflaifi d’une partie de l'Italie, fur-tout dans ce qu’on appelle aujourd’hui le royaume de Naples. Maïs il n’étoit pas en état de fe foutenir contre tant d’ennemis qui lattaquoient de tous les côtés. Les Lombards formerent des duchés &c des principautés , comme Capoue, Saferne , & tant d’autres villes qui étoient alors les réfidençes de Tome XIF, PSN SAT ÿ4i louverains qui s'y maintinrent | moyennant quels ques foumiflions à l'empire Grec. . Charlemagne, qui détruifit le royaume des Lom- bards , ne toucha point à ces fouVerainétés , qui étoient fubordonnées à l'empire d'Orient > ainfi, au commencement de lonzieme fiecle ; £alerne étoit capitale d’une principauté, dont le feigneur avoit un trés-beau pays. Guaimare , prince de Saerne, re- gnoit de cette manière , lorfqu'’une centaine de sen tils-hômmes normands délivrerent cette ville des Sara2iné qui étoient venus pour la piller. «, Ces François, partis en 083 des côtes de Nor: » mandie pour aller à Jérufalem ; paflerent à leur » tetOur fur la mer de Naples, & arriverent À Sa: ” erñe dans le tems que cette ville venoit de fe ra- » cheter à prix d'argent. [ls trouverént les Sulerrins » occupés à raflembler le prix de leur rançon, & les » vainqueurs livrés dans leur camp à la fécurité d’ure » joie brutale & de la débauche. Cette poignée d’é- ” Trahpers , reproche aux affiégés la Acheté de leur » foumifion; & dans l’inftant marchant avec audace » au milieu de la nuit, fuivis de quelques Salersins » Gui ofent Les imiter , ils fondent dans le camp des » Sarazins, les étonnént, les mettent en fuite , Les »forcent de remonter en defordre fur leurs yaif. » leaux , & non-feulement fauvent les tréfors de » Sälerre , mais ils y ajoutent les dépouilles des en- » NOIMIS »4, | Gifulphe , fils & fucceffèur de Guaimate, fe trouva fot al dé n'avoir pas ménagé ces mêmes Nor- mands. Ils Pafhégerent, prirent fa ville, le chafte- rent du pays, & le réduifirent à aller vivre à Rome des bienfaits du pape. Maîtres de Suferne , ils la for- tiñérent , & en formerent une nouvelle principauté, dont dix-neuf princes de la pofiérité de Tancrede jouirent fuccefivement. | Le port de cette ville étoit un des plis fréquentés de cette Côte , avant que celui de Naples lui eñt en- evé fon commerce ; ce port n’eit plus rien aujoür- dau, quon a abattu le grand mole qui l'envelop: poit, & qui mettoit les vaifleaux à l’abri des orages: Il ne refte plus à cette ville, que le commerce de terre pour la faire fubfiftér. Ses rues font vilaines & fort étroites ; mais elle a quelques palais aux envia rons de la place, au-deflus de laquelle eft le château. Salerne fat honorée de la qualité d’archevêché Van 974 par Boniface VIL Son univerfité , aujour- d'huu très-méprilée , à été autrefois fimeufe pour la médecine. . C’eft à Sulérne q\’eft mort en 109 le pape Gré- goire VIE qui avoit été fi fier & fi terrible avec les empereurs & les rois. Il s’étoit avifé d’excommuniet Robert , prince de Saferne , & le fruit de Fexcom- mumcation , fut la conquête de tout le Bénéventin A Jar le mème Robert, Le pape lui donna labfolution . Ï paf ÿ. & accepta de lui la ville de Bénévent, qui, depuis ce tems là, eit toujours demeurée au faint fiege. Bientôt après éclaterert les grandes querelles entre l’empereur Henri IV. & Grépoire VII, L’em- péreur s’étant rendu maître de Rome en 1084, aflié- geoit le pape dans ce château, qu’on a depuis ap- pellé le chéreau Saint - Ange. Robert accourt alors de la Dalmatie, où 1l fafoit des conquêtes nous velles, délivre le pipe malyré les Allemands & les Romains réunis contre lui , {e rend maître de fa per- fonne & l’emmene à Sulerne , où ce pape ; qui dépo- foit tant de rois, mourut le captif & le protégé d’un genüi-homme normand, Mafuccio , auteur du xv, frecle, peu connu , étoit de Sarre. On a de lui en italien cirquante nouvelles : dans le goût de celles de Boccace ; c’eft-à-dire , très= lcentieufes. Elles ont été imprimées plufieurs fois, & pillées par des auteurs de même caraétere ; témoin les contès du monde adyenturèux , imprimés à Paris er NTEY EU ÿ 42 S A L 1555 #7-8°. La premiere édition du livre de Mafuc- c10 a pour titre 2/ novellino , & parut à Naples en 1476, in=fol, Elle fut fuivie de plufieurs autres, faites à Venife en 1484 ,en 1402, en 1$03 avec figures ; en 1522,€n152ÿ,12-0°.en1531,17-0°.en 1535, in-8°, en 1541, 21-8°. &c. Maloré toutes ces édi- tions , un fatyrique d'Italie ( Francefco Doni ) a eu talon de fe divertir de l’auteur, en lui attribuant itoniquement un ouvrage imaginaire , intitulé : Ma- Juccio commento fopra la prima giornata del Boccac- cio. ( Le chevalier DE JAUCOURT. SALERNE , golphe de, ( Géog. mod. ) solphe de la Méditerranée, fur la côte orientale du royaume de Naples. C’eftle Pæflanus finus des anciens. (D. J.) . SALERON , f. m. ( Orfévrerie. ) c’eft la partie d’une faliere où l’on met le fel. Di. de l’acad.( D.J. SALERS ,( Géog. mod. ) petite ville ou bourgade de France, dans la baffe-Auvergne , à fix lieues d’Au- rillac, dans les montagnes. On y commerce en bé- tail, (D.J.) SALESO , LE , ( Géog. mod. ) riviere d’Afe , dans PAnatolie ; elle arrofe la partie orientale de la Ca- ramanie , & fe perd dans le golphe de Satalie, vis- à-vis de l'ile de Chypre. (2. J.) SALETÉ , 1. f. ( Gram. )ordure qui s’eft attachée à quelque chofe , & dont il faut la nettoyer. La /z- deté d’une table , d’une chambre , d’un lit, du linge , des habits. Au figuré , il n’y a guere que les igno- rans & les libertins qui difent habituellement des /z- leres. Ce poëte n’a que fa falee. SALETIO ,( Géog. anc. ) & Saliffo par Antonin, ancienne ville de la Germanie , fur le Rhein , à fept _illes italiques de Strasbourg , en allant vers Sa- verne. Beatus Rhenanus croit que fon nom moderne eft Sea. (D. J.) SALEUR , {. m. ( Gram. ) celui qui fale. Ce mot s’employe dans la pêche des harengs & de la morue. Il y a des /aleurs en titre. | On donnoit autrefois le même nom de /aZeur, à des efpeces de devins qui prétendoient connoître Pavenir aux mouvemens de différentes parties du corps qu'ils faupoudroient de fel. Cette efpece de divination fe défignoit par le nom de faliflation, Jfatiffatio. SALFELD , ( Géog: mod. ) 1°. petite ville d’Alle- magne, au cercle de la haute Saxe , dans la Mifnie , fur la Sala, à environ fept lieues au-deflus d’Iène , avec titre de principauté. Elle appartient à la maifon de Saxe-Gotha. L'ordre de S. Benoït y poflédoit üne riche abbaye, qui a été réunie au domaine par les électeurs de Saxe , dans le tems de la réforma- tion. La principauté peut avoir douze lieues de long fur trois de large. C’eft un pays de montagnes , où fe trouvent quelques mines de cuivre, de plomb & de vitriol. 2°, Sulfeld, petite ville du royaume de Prufle, dans la Poméranie, à cinq lieues de la petite ville de Holtaud, vers le midi. (D. J.) SALGANÉE , ( Géog. anc. ) ancienne ville de Grece dans là Béotie , fur lEuripe , au paflage pour aller dans l’Eubée. Etienne dit Szlganens. Tite-Live la met auprès de l’'Hermeus , qui doit avoir été une montagne ou une fiviere. On la nomme à préfent S'alganico ; c’eft une petite ville de la Livadie (D. J.) SALHBERG , ox SALBERG , Géog. mod. ) petite ville de Suede, en Weftmanie, fur la riviere de Salha , près d’une montagne , où font des mines d'argent, que les Ruffes ruinerent dans la guerre qu'ils eurent avec les Suédois, terminée par la paix de Nydetat. ( D. J.) te SALTA , Géog. anc. ) riviere d’Efpagne , dans l'Affurie, aux confins de la Cantabrie. Elle donnoit Je nom au peuple Sa/eri , qui étoit dans ces cantons, &z que Ptolomée femble nommer Sel : elle le don- noït auffi aulieu Sa/ariana , dont parle Antonin dans fon itinéraire. Cette riviere eft aujourd'hui la Sea. C’eft , au jugement de Pinto , la Suuge de Pline. D. J. | SALLÆ , f. f. pl. on fous-entend virpines , ( Hiff. Rom. ) filles qu'on prenoit à gage ; elles fervoient le pontife à l'autel ; elles portoient l’apex &c les pu- ludamenta , 8&t marchoient en danfant. SALIAN , {. m. ( if. nat. ) oifeau du Bréfil & de l'ile de Maraonan ; il eft de la groffeur d’un coq- d'inde ; il a le bec & les jambes d’une cigogne , & fe fert de fes aîles avec aufli peu de facilité que lau- truche ; mais il eft fi prompt à la courfe , que les chiens les plus légers ne peuvent l’atteindre. On le rend ordinairement dans des piéges. SALICAIRE , 1. f. ( Æiff. na. Bot. ) falicaria ; genre de plante à fleur en rofe, compofée de plu- fieurs pétales, difpofés en rond dans les échancrures du calice qui eft en forme du tuyau. Le pifil s’éleve du fond du calice , & devient dans la dite un fruit ou une coque ovoide, quia deux capfules , &c qui renferme des femences ordinairement petites, at= tachées au placenta , & enveloppées le plus fou vent par le calice. Tournefort, 17/f. rei herb. Voyez PLANTE. Tournefort compte dix efpeces de Jalicaire | & nomme pour la premiere , celle qui porte des fleurs purpurines , falicaria vulgaris purpurea , foliis oblon- gs. I. RH, 253. | Sa racine eft groffe comme le doigt , ligneufe blanche , vivace ; elle poufle des tiges qui s’élevent quelquefois en bonne terre , jufqu'à la hauteur de cinq piés, roides , anguleufes, rameufes, rougeâtres. Ses feuilles font entieres, oblongues , pointues ; femblables à celles de la lyfimachie , mais plus érroi- tes, & d’un verd plus foncé ; elles fortent de chaque nœud des tiges, deux à deux, trois à trois, & envi= ronnent enfemble Ja tige. Ses fleurs font petites, verticillées au milieu des branches , ramaflées en épis, purpurines | compo- fées chacune de fix pétales , difpofées en rofe , avec douze étamines d’un rouge pâle , qui en occupent le milieu. Après la chüûte des fleurs , il leur fuccede des cap- fules oblongues , pointues, couvertes &c partagées en deux loges, remplies de femences menues. Cette plante croit abondamment aux lieux humides , ma- récageux, & le long des eaux ; elle fleurit en Juin & Juillet. On Peftime déterfive & rafraïchiflante ; mais elle eft de peu d’ufage. M. de Tournefort eft le premier qui ait nommé cette plante falicaire, Jalicaria, foit parce qu’elle vient communément parmi les faules, falices, ou plutôt parce que fes feuilles reffemblent à celles du faule. (D. J.) | S'ALICITE ,f. f. (Hifi. na. Litholog. ) nom don: né par quelques naturaliftes à une pierre compofée de petits corps marins ou de pierres lenticulaires, qui étant poées fur le tranchant , préfentent une f- gure femblable à celle des feuilles d’un faule. C’eft la même pierre que l’on appelle auf pierre frumen- taire, lapis frumentarius helveticus. SALICOQUE. Voyez SQUILLE. SALICORNIE , f. f. ( Boran. ) genre de plante dont voici les caraéteres; elle n’a qu'une feuille life, pleine de fuc, femblable à un poireau, & compofée d’écailles articulées comme le bouis. Sa fleur.eft à pétale, nue , & croit dans les endroits où les écailles s’uniflent. Son fruit eft une veflie qui contient une femence. Linnæus caratérife ainfi ce genre de plante: le calice eft de forme tétragonale , ventrue, tron- quée &c fubffte ; il n’y a point de couronne à la fleur; l’étamine eft un filet unique , fimple &z chevelu; la _ boffette de l'étamine eft arrondie ; le germe du piftil S A L eft dé forme ovale , oblongue ; le ftile eft placé fous | létamine ; le ftigma eft fendu en deux ; il n’y a point d’enveloppe particuheré au fruit, mais le calice de- vient plus gros & contient une feulé graine. On ne compte qu’une efpece de Jz/icornie, nom- mée par Tournefort falicornia geniculata , annua, coroll. ÿ1. Ses cendres font d’un grand ufage dans ‘les manufattures de favon & dans les verreries. (2. JT.) : SALICOTS , serme de péche, forte de poïflons. : Defcription de leur pêche. La pêcherie du palais, lieu dans le reflort de l’amirauté de Marennes, fur la côte du Ponant, dans laquelle on fait la pêche de ces poif- “ons, qu’on appelle Za Jante, falicots ou grand bar- beau, eft particuliere à ce lieu. Pour établir cette pécherie , on plante dans la roche de petits fapins de vingt-deux à vingt - quatre piés de hauteur ; on les range en quarré, on les enfonce environ de deux piés, & on les difpofe de maniere qu'ils fe trou- vent placés un peuen talut, pour les écarter par le bas, &c leur donner une afliette:plus ferme ; enfuite à cinq piés environ du bout d’en-haut , on forme avec des traverfes une efpece de plancher que Pon couvre de brouflailles & de branches d’ofer; on fait aufli autour du quarré une enceinte de pareil clayon- nage de la hauteur d'environ trois piés , la pêcherie eft éloignée de la côte d’environ dix brañles à la plei- ne mer. ‘ Pour former un accès facile à ces pêcheries, qui {nt plufieurs fur différentes lignes , on plante à la côte d’autres perches au pié du rivage à la pêche- rie ; ces perches ont deux traverfes qui conduifent au premier palais ; la traverfe d’en-bas fert aux pê- cheurs de marche-piés ; & celle d’en-haut de foutien & de guide, ce qu'on appelle Ze chemin ou la galerie. Cette pêche ne fe fait que de haute-mer , &c feu- Tement depuis le mois de Mars & d'Avril, jufqu’à la fin de Juillet ; ce font prefque les femmes feules qui s’employent à cette pêche ; elles ont pour cet effet quatre à cinq trullottes, ou petits trulles , formées de la même maniere que celles des pêcheurs des monarts ; elles mettent à côté de cet inftrument deux pierres pour le faire caler, & pour appât dans le fond du fac des cancres où crabes dont on Ôte l’é- caille ; la trullotte eft amarrée par un bout dé ligne pañlée au-travers du bout du boufon qui eft le mor- £eau de bois, au travers duquel pañle la croifée où eft amarrée le fac ; la femme qu pêche, releve de tems en tems & fucceflivement fes trullottes, pour en retirer la fanté qui s’y peut trouver. Les gros vents , furtout ceux d’oueft & du fud- oueft, détruifent fouvent ces pêcheries, qui font li- bres, & dont on eft obligé de renouveller tous les ans les fapins; cette précaution n’empêche pas qu'il n’y arrive fouvent des accidens, foit que les vents faflenttomber à la merles femmes en allant dans leurs alais , ou que les pieuxfecaflent quand elles y font £ pêcher. $ ï É | | Il faut du beau tems & du calme pour faire cette pêche avec fuccès, elle ne dure que deux heures feulement toutes les marées : favoir, une heure avant le plein de la mer, & une heure après le juf ant. Voyez nos Planches de Pêche, qui repréfentent ces fortes de pêcheries. FAR 4 SALIENS, f.m.pl.(-Æif. anc.) nom qu’on donnoit autrefois à des prêtres de Mars qui étoient au nom- bre de douze, inftituéspar Numa. Ils portoient des robes de différentes couleurs avec la toge bordée de pourpre, & des bonnets très-hauts faits en cône, à quoi quelques-uns ajoutent un plaftron d’acier {ur la poitrine, | + FER … On les appelloit S4/:, du mot fxlare, danfer, parce que ces prêtres lorfqu'ils avoient fait leurs {a- crifices , alloient pat les rues en danfant ; ils tenoient SAL 343 à leur Main gauche de petits boucliers, nommé arci- Jia, &t à la droïte une lance ou bâton, avec lequel ils frappoient en cadence fur les boucliers les uns des autres , en chantant des hynines en l'honneur des dieux, 11 y avoit deux compagnies ou colleges de Saliens. Lés anciens Sa/iens établis par Numa , s’appelloient Palatini : les autres inftitués par Tullus Hoftilius , {e nommoieñt Collini ou Agonales. Servius dit cepen- dant qu'il y avoit deux colleges de prêtres Saliers infütués par Numa, favoir les Colin & les Quirina- les : &c déux autres clafles inftituées par Tullus, fa- voir les Pavori & les Pallori, c’eft-à-dire prêtres de la peur & de là pâleur, que les Romains ado- 1Oïent aufli bien que la fievre. Ileft aflez douteux que ces derniers fuflent véritablement du college des Saliens, puifque Plutatque aflure que les vérita- bles Saliens étôient les prêtres des dieux belliqueux, ët la peur & la pâleur ne font rien moins que des. divinités guerrieres : à moins qu’on ne dife que dans les combats elles font connues des vaincus , &ence Cas l’office des Pavoriens & des Palloriens auroit été. de les détourner des armées romaines. | Lès Saliens avoient coutume de chanter principa- lement une chanfon ancienne , appellée /x/iare cars men ; &t après la cérémonie, ils faifoient entreux un grand feftin, delà vint le mot de fu/iures epule , où Jaliares dapes , pour fignifier un bon repas. Ces prêtres avoient un chef de leur corps, qu’on appelloit preful où magiffer faliorum. I marchoit à la tête , & commencoit la danfe : les autres imitoient tous fes pas & toutes fes attitudes. Le corps entier de ces prêtres étoir appellé co/egium faliorum. | Feftus Pompeius fait mention de filles Saliennes . Virgines faliares ; qui étoient gagées par les Saliens pour fe joindre avec eux dans leurs cérémonies. Ces filles avoient une efpece d’habillement militaire , appellé pa/udamentum. Elles portoient de grands bon- nets ronds comme les Saens , & faïifoient comme eux des facrifices avec des pontifes dansle palais des rois : mais Rofin, Z. III. des-antiquirés romaines , re- marque que Feftus eft le feul auteur qui parle de ces prétrefles, & ne paroït pas adopter ce fentiment comme quelque chofe de certain. M. Patin, prétend qu’on voit la figure d’un prêtre Salien fur un médaille de la famille Saquinia. Cette figure porte un bouclier d’une main, & un caducée de autre. Mais elle paroît avoir le regardtrop grave & trop tranquille pour un perfonnage aufi impé- tueux qu’étorent les Saliezs dans leurs cérémonies, _de plus le bouclier qu’elle porte, ne paroît point être le même que celui qu’on appelloit azcyle : car le bouclier de la figure eft entierement rond, & n’eft échancré nulle part. Enfin peut-on fuppofer qu'un prêtre de Mars qui eft le dieu de la guerre, eût été repréfenté ayant en main un caducée qui eft le fym- bole de la paix? Il y a donc apparence que cette figure dont M. Patin parle , n’eft point celle d’un prêtre falien. F: Au refte les Saliens avoient été en ufage en d’au- tres villes d'Italie, avant que d’être établis à Rome, & Hercule avoit eu fes Szliens plus anciennement que Mars, Ceux de ce dernier devoient être de fa- mille patricienne, & ils étoient reçus fort jeunes dans ce college , puifque Marc Aurele y fut admis à l’âge de huit ans. On dit que leurs filles ne pouvoïent être du nombre des veftales. Outre les anciens Saliens ; fondés par les rois de Rome, on en trouve d’autres nommés Auguftales, Hadrianales | Antonini ; qu'on croit avoir été des prêtres confacrés au culte de ces empereurs après leur apothéofe. SALIERE, f. f. ( uffenfile de mênage.) forte de.pe-. tit Vaiffeau de bois qu’on remplit de fel, & qu’on pend au jambage de la cheminée pour le faire fécher. 44 SA L . SALIGRE, L € (Gram.) uftenfiledomeflique , au- | tre petit vaifleau plat de cryftal, de verte ,.de fayan- ce , d’or & d'argent, qu'on remplit de felégrugé, & qu'on met fur la table, | SALIERE , ( Liriérar.) Jalillum , Jalinum , concha Jalis.; les anciens mettoient le fel au rang des chotes qui.devoient être confacrées aux dieux; c’eft dans ce fens qu'Homére & Platon Pappellent divin. Vous croyez fanéüfier vOs tables en y mettant Les fa/ieres &c les flatues des dieux, dit Arnobe, Auf n’oubhoit. où guere la Ja/iére fur la table ; & fi l’on avoit oublie de la fervir, on regardoit cet oubli comine d’un mau- vais préfage, auf bien que fi on [à laifloït dur la ta- ble | 8 qu'on s’endormit enfuite, Feftus rapporte à ce fujet l’hifioire d’un potier, quià ce que croyoit le vulsaire, avoit été puni par les diéux de cette faute; s'étant mis à table avec fes amis près de fa fournaite toute allumée , & s'étant endormi pris dé vin , &c ac- cablé de fommeil , un débauche qui couroit la nuit, vit la porte ouverte, entra, & jetta la Ja/iere au mi- heu de la fournaife, ce qui caufa un tel embrafe- ment, que le potier fut brülé avec la maïfon. Cette fuperfition n’eft point encore éteinte dans l’efprit de beaucoup de gens, qui font affligés, fi un laquais a oublié de mettre la /a/iere fur a table, ou fi quel- qu’un vient à la renverfer. Les Romains avoïent pris des Grecs ce fcrupule ridicule qui à, pañlé jufqu’à TOUS. Feftus nous apprend encore fur l’ufage des /alieres à Rome; qu’on mettoit toujours la faliere fur la table, avec l’afliette dans laquelle on préfentoit aux dieux - les prémices ; fa remarque nous procure lintelligence de ce pañlage de‘Tite-Live, 6, XXPT, ch, xxx. Ut falinurm, parllamque Deorum cauf& habere poffent. & Qu'ils puifient retenir une fa/reré & une afliette , à #'caufe des dieux: » C’eft encore la même remarque qui fert à éclaircir ces vers de Perfe’, Jafyre iy. | | .… $ed ruri paterno ÆEff tb: far modicum,s purum 6 finedabe falinum Quid metuas ? Cultrix que. foci fecura patella. « Que craipnez-vous ? Vous avez un joli revenu # de Votre patrimoine; votre table n’eft jamais fans » une faliere propre , & fans lafliette qui fert à pré- » fenter aux dieux'les prémices. » Souvent les falieres que les anciens mettoient fur leurs tables, avoïent la figure de quelque divinité. Sairas facitis menfas falinorum aæppofitu € fimulacris Deo rem. Horace a dit de même. Splendet menfa tenu falinum. L'ancien commentateur a obfervé fur ce vers,, que falinum proprièef? patella , in qué dus primine cum fale offérebantur , Stace confirme cet ufage. Et exiguo -placuerurit farre falina. Tite-Live, Z XXVI, ut falinuim parellamque deo- rum caufé habeant. Valere-Maxime , en parlant de la pauvreté de Fabricius & d’Emilius : #erque, dit-il, patellam Deorum , & fahnum haburc, Ce fait préluppolé , il n’eft plus furprenant que les Romains te foient imaginés que la divinité qui prefi- doit à la table , fe tint offemée, lorfque fans refpeët on renver{oit le fel ; mais oh doit s'étonner de ceque dans le chriftianifme, des perfonnes, d’ailleurs éclai- fées, foïient encore dans ces idées ridicules, de crain- dre quelque malheur à caufe du renverfement d’une faliere. (D. JD + SALIERE, ex terme de Diamantaire, c’eft un uften- file de bois, monte fur une patte, & dont la partie fapérieure un peu‘creufée en forme de /a/iere , reçoit dans un autre trou fait à fon centre & qui defcend aflez bas, la coquille fur laquelle on monte le dia- ant en foudure. Voyez METTRE EN SOUDURE, 6 SA L la fe, BL du Dramantaire, Ra feliere, S la coquille dans laquelle eft monté un diamant, T- _ISARIERES , (Maréchall.) Les fulieres du cheval font ä un bon pouceau-deflus de fes yeux. Lorfque cet endroit eft creux & enfoncé, il dénote un vieux cheval, ou un cheval engendré d’un vieil étalon. Les jeunes chevatix Ont cet endroit ordinairement plein de graifle, laguelle s’affaifle en vieilliffant, & devient creux à-peu-près commé celui d’une /4= liere où l'on met du fel. | _ SALIÉS, {Géog. mod.) bourgäde de Gafcogne, dans le Béarn; elle eft rerrarquable par {es deux fources d’eau falée qui font très-abondantes. (D,J.) SALIGNAC , (Géog. mod.) autrefois petite ville, aujourd'mu petit bourg de France dans le haut Péri- gord, célebre pour avoir donné fon nôm à la maï- Îon dont étoit iflu l'illuftre Fénélon, archevêque de Cambrai, Son Télémaque immortalife fa mé- moire. Long. 18,56, lat. 45.38, (DJ) SALIGNI, MARBRE, (Lirhol.) Le marbre nommé Jaligni, eft un certain marbre d'Italie , qui reflemble à une congellation. Il a le grain fort rude & fort gros, éft un peu tran{parent, & jette un brillant femblable à celui qui paroit dans le fel, d’où lui vient {on nom. (D, J.) SALIGNON, f. m. (Salines.) pain de fel blanc qui fe fair avec l’eau des fontaines falées, qu’on fait évaporer fur le feu. Ces fortes de pains fe dreflent dans des écliffes comme des.fromages, avant qu'ils aient pris entierement leur confiflance ; on en fait auf dans des febilles de bois. Le fel de Franche Comté & de Lorraine fe fat en /aigron. Savary. (D. JT.) SALIN , adj. ( Gram.) où l’on remarque le goût du fel, où qui eft de la nature du fel. Cette fubffance eft Jaline. On trouve au fang un goût /a/r. SALIN , {. m, (terme de regratier de fel.) Dans le commerce de fel à petite mefure , on appelle le /4%7 une efpece de bacquet de figure ovale, dans lequel les vendeufes renferment le fel qu’elles débitent aux coins des tues de la ville de Paris. Quelques- unes lappellent faniere. Trévoux. (D. J.) | SALINAS DE MENGRAVILLA, (/as) (Géog. mod.) ‘falines d'Efpagne dans le village de Mengravillat, près d’Avila, Ce font des mines de fel fort finou- lieres, On y defcend, dit-on, plus de cent degrés fous terre, & l’on entre dans une vafte caverne, foutenue par un pilier de fel cryftallin, d’une grof- feur étonnante. (D. J.) | | SALINELLO , LE, (Géog. mod.) riviere d'Italie, au royaume de Naples, dans PAbruzze ultérieure. Elle a fa fource aux montagnes près d’Afcohi, & fe jette dans le golfe de Venite, entre les embouchu- res de Vibrato & du Tordino. (D. J.). SALINES , ufines où l’on fabrique le fel. Il y a les marais falans où tout le travail tend à tirer Le fel des eaux de la mer ; & les fontaines falantes , où tout le travail tend à tirér le fel marin des fontaines qui le tiennent en diflolution. Nous allons expofer ce qui concerne ces différens travaux, @ commencer par les marais falans. Des marais falans. Pour la conftruétion de ces fortes d’édifices, il faut une terre argilleufeou terre elafe qui ne foit nullement pierreufe ; fi le fonds de cette terre tire fur le blanc, elle fera le fel blanc: ce fel eft propre à la faliere: les Efpagnols &c les-bat- ques l’enlevent. | Si le fond fe trouve rougeûtre, le fel tirera fur la même couleur; mais le fonds du terrein fera plus ferme : il eft propre pour le commerce de la ner Baltique. Si le fel eft verd, il vient d’un terrein verdätre, il eft propre à la falaïfon de la morue, du hareng & de toutes fortes de viandes; le fel gris que l'on DRE LLC SAIT nomine- jé] commun, eft le même fel que le verdà- } tre, mais il eft plus chargé de vafe, | … Il faut toujours tâcher d'établir fes marais en un lieu autant uni que faire fe pourra, & veiller à ce que les levées que l’on fera du côté de la mer “empêchent l’eau de pañler deflus: il eft très-impor- tant de faire cette obfervation avant que de conf: truire les marais, fur-tout ceux qui font au bord de la mer, les autres n’en ont pas befoin. Lorfque lon _a trouvé le terrein, comme on le defire, il faut.ob-: ferver de fituer autant qu'il eft poffible , les marais, de maniere à recevoir les vents du nord-eft & un peu du nord-oueft. Car les vents les plus utiles font depuis le nord-oueft, paflant par le nord jufqu'à Peit-nord : les autres vents font trop mous poux faire faler ; il ne faut pas ignorer qu'un vent fort & ün air chaud font faler avec promptitude, . Pour conftruire un marais, l’on choïfit la faifon de l’hiver:, alors les laboureurs font moins occu: pés, leurs terres font enfemencées; mais on peut les confiruire en 1out tems, lorfgw’on a des ou Yriers. left à propos d’avoir un entrepreneur dont leprixfe regle par livre demarais; c’eft l’entrepre- neur qui paye les ouvriers, à moins qu'un particu= Lers né fit travailler à la journée. Pour la conduite du marais 1] faut un homme entendu à la planimétrie, &c qui ait laconnoiflance du flux &c reflux de la mer, añn de faire creufer le jas, & de pofer la vareigne ; ces deux points importent beaucoup à ce qu'un ma- taisne puille manquer d’eau en aucun tems; c'eft en quoida plus grande partie des marais deila faline de Marenne péche, faute d'expérience des conftruc- teurs. Il feroit à fouhaiter que tous les maîtres de farais fuflent au fait de l’arpentage , &r c’eft ce qui v’eft pas; ils fe contentent pour la plüpart de ime- furer Le tour d’une terre , & d’en prendre le quart , qu'ils multiplient par le même nombre pour avoir le quarré : cette méthode peut pafler pour les terreins Guarrés, mais elle devient infufifante quand la terre a plufieurs angles rentrans, On fent combien il eft important que celui qui a la conduite de l’ouvrage, connoïffe le local du marais par pratique. Chaque marais devroit avoir fon. jas à lui feul pour plus grandecommodité ; on peut cependant les ac- coupler, comme il paroït fur notre plan, 8 furce- Jui de la prife du marais de Chatellars; le marais en feroit toujours mieux , les fauniers feroient moins parefleux à fermer la vareigne ou éclufe, & ne fe remettroient pas de ce-foin Les uns aux autres, ce qui fait que bien fouvent le marais manque d’eau. I faut que la fole du jas ne foit élevée que de fix pou- ces au plus ,au-deffus du mort de l’eau; parcemoyen, lors même que l’eau monte le moins, le maraïs ne peut en mañquer ; 1l ne faut prendre que deux piés d’eau auplus, quoiqu’on en puifle prendre jufqu’à fix dans la plus forte maline, ou au plus gros de l’eau, voilà fur quoi on doit fe régler. Pour la vareigne , elle auroit huit piés de haut fur deux de large, qu'il ne faudroit pas de portillons, quoique les faumiets en demandenttoujours; ce portillon eff fujet à bien des inconvéniens, le faunier fe flant fur ce que le portillon doit fe refermer de lui-même quand la mer fe retire ; ne veille pas à fon éclufe , cependant le portillon s'engage , le jas fe vuide & devient hors état de faler , fi c’eft fur la fin de la maline; lorf- que la maline d’après vient, le faunier prend de l’eau detous les côtés , cette eau eft froide, elle échaude le marais qui par conféquent devient bien fouvent hors d'état de faler de plus d’un mois & par delà ;* à S'il avoit la précaution de mettre l’eau peu-à-peu , il ne tomberoit jamais dans cet inconvénient, le marais ne {e refroidiroit pas: Enfuite on fait les conches à même niveau , & on place le gourmas entre les conches &.le jas, com- mé défhfgnré 2, 16 au plan à la dette 2, Le goufimas ft ue piéde de-bois peréde d'un Bout à Pautre, à laquelle. on met an tampon dueôté des conches ; on l'otépour fre courimleaû dutjas äitx conches avec Vivacité ; mais quanñdal y 415 4.6 pou ces d’eau fur les conches con lereñetpoñs fefervie enfuite des trous qur font deflus le Soûrmas aunotñ= bre de4 à $, d’unpouceide diametre jile goufmas eft fous l’eau au niveau de!la folle, dujas ,1 66 des conches ; on le referme avec-des chevilles s:quartd le faunier prend de l’eau des conchés pour entretenir les conchées &c le maute,, il ouvreunecoudéuxehes vallées; &c quelquefois les quatre ; pour :que! leat Vienne moins vite que parfa voie ordinaire jo8 paf conféquent elle refroidit!moins l’eau des conches: -. Le maure eff un petit.canal d’un 'piétenviron de largeur, marqué par la lettre.S ; il. fait lettonr du marais un pouce plus bas que les conchesi lorfqu'il eft au‘bout, il entre dans la table marquée D, & pañle par divers pertuis marqués 42 ; le:perñinis efbun morceau de planche percé de plufeurs trous; qui font bouchés avec deschevilles , pour-ménagerl’eau néceffaire dans les tables qui ont au plus2 pouces à 2 pouces + d'eau; dela table ïl va au-muant marqué | F, oùil conferve lamême hauteur d’eau; du muant il entre par l'endroit marqué Odans le braflour défi: gné par les lignes ponttuées. LAURE On fait au bout du braflour ; avec lä cheville 77, Qui a un pié de long fur huit lignes de diametre! des petits trous entre deux terres marquésse este, €, au plän,; c’eft par ces trous que l’onfait entrer un pouce d’eau au plus dans les aires pour faïte le {els l'aire eft de deux pouces plus bas quelle braffour & lemuant ; quand on voit qu'il y a aflez d’eau dans les aïres pour faire le {el ; on referme les trous, Én frottant le dedans du braffour avec une pelle mar- quéeT son oblige les terres de fe rapprocher & de boucher la fuperficie du trou, pour qu'il entre plus d’eau, 8 le trou refte fait. Unrbon marais doit avoir pout le muant 32 à 33 prés de largeur; la longueur neft pasixe; les tables avec le maure 30 piés. On met quelquefois une vellé marquée A aux deux tiers de largeur du côté du marais , & un tiers du côté des bofles où morts, Les aires ont 18 à 19 piés de longueur, für attant de lar- geur; elles font iñésales aux croïfures de la vie mar: quée G, qui a 4 ous piés de longueur. Les velles des deux côtés des aires font de 18 pouces, & en-de- dans de 17 piés. Ce font les beaux marais qui font faits fur ces proportions. Les aires des croïfures qüt' font les chemins de traverfe qui fervent à porter le fel fur la boffe ; font plus petites , attendu que leur largeureft prife fur les aires les plus proches de ces mêmes croïfures, Cet inconvénient fe pourtoit cor: tiger fon vouloit ÿ prêter attention: il y a de lara geur 180 piés, Celui des marais de Chatelars a dans fon milieu 126 piés de large, êc au bout 162; c’eft pourquoi 1l ne peut avoir que trois fangs d’aires, en- core eft-il gêné pour des vivres. Sa longueur eft de 195 toifes. Quand On fait des marais, la longueur n’eft pas déterminée , on fe conforme au terrein ; ob: fervant cependant que le plus long eff le meilleur, Dans les anciens marais les jas n’ont pas de pro: portion, maïs la grândeur de celui-ci eft proportion: née au nombre de livres de marais: il a rotoifes. Les terres d’un jas de cette grandeur font commodes à faire à caufe du charroi ; l’éténdue n’en étant paë confidérable, rend le tranfport desterres facile, Les boffes entre jas 8 marais ont 8 toifes ; elles {éroieñt meilleures à 12 &c même À 16, comme celles d’entre les deux jas, qui ont rs toifes & demie. Lalongueur s’en fait aufh à-proportion du marais. Les éonchesqui répondent aux jas par les gourmas marqués P furune partie du matais mile en grand pouf que l'en voie 146. , SEAT mieux Le cours dés eaux qui entrent du mème jas dans chaque sourmas ; ces conches, dis-je, font fépa- rées par une petite velle au milieu, qui fait que quoi- que la vareignewoit commune aux deux jas, & que les jas aient communication l’undans l’autre, les con- ches font {éparées , elles ont leurs eaux à part ; ces conches ont 182 piés de largeur, mais elles ont fur le côté du marais une petite conche de fix toifes de largé , la longueur en eftindéterminéeau-moins pour les marais que l’on voudroit conftruire, car le jas, le marais & les conches qui font fur ce plan font voir ce que l’on peut faire de livres de marais fur unter- rein de 64362 toifes quarrées ; dont 900 font le jour- nal. Les marais faits fuivant ce plan, tant les marais réguliers que ceux je ne le font pas , font enfemble 36 livres une aire ; favoir 20 carreaux à la livre; cha- que livre a fur les vivres du marais à-proportion comme fur les bofles , tables, muants, conches, jas & farretieres , s’il s’en rencontre aux propriètés du marais. Il faut obferver que beaucoup de jas fervent à plufieurs marais ; ils ont un nombre d’éclufes : celui qu'on nomme /as de l'épée, qui eft devenu gaz , ou perdu, avoit, lorfqu'il fervoit, 23 varaignes ; il fournifloit près de 200 livres de marais ; iln’étoit pas meilleur pour cela. | Les marais fe mettent au coy au mois de Mars. Pour vuider les eauxpar le coy., lettre X & 4, on obferve de boucher les conduits des tables pour qu’elles ne vuident pas; on laroue, ou vuide l’eau du muant, en- fuite avec le boguet P ; on commence à nettoyer celles des aïres qui font au haut du marais, & l’on renvoie l’eau au muant, pour qu'il vuidetoujours au coy : c’eft ce que l’on appelle Zmer un marais. Quand les aires font nettoyées , on en fait autant au muant; enfuite pour faire pafler les eaux des tables au muant 87 par les braflours, on garnit les aires pour qu’elles ne fechent pas trop. On nettoye les tables, on fait venir l’eau des conches par le maure qui fe rend aux tables, 8c le marais eit prêtàfaler. Le faunier devroit auf nettoyer les conches, les eaux en feroient plus nettes. Onjette les boues fur les boffes avec un bo- guet S ; il commence quelquefois à faler au mois de Mai , mais c’eft ordinairement au mois de Juin , ce qui dure jufqu’à la fin de Septembre, quelquefois même jufqu'au 10 ou au 15 OËtobre, mais cela eft rare. Dans toutes les malines qui font ordinairement au plein & au renouvellement de la lune, on fe fert du gros de la mer qui eff environ trois jours avantou après le plein, pour recevoir de l’eau ; les malines qui font faites de façon que les marées font à trois piés & demi au-deflus du mort de l’eau, manquent ordinairement au mois de Juillet, tant par la faute des fauniers , que par la mauvaife conftruétion. des Jas. | AE LS On connoït que le fel fe forme quand l’eau roupit ; c’eft en cet état qu'étant réchauffé par le foleil & par le vent, il fe crème de l’épaiffeur du verre : alors on le caffe, 1l va au fond, &c c’eff ce qu’on nomme le brafer ; 1 s'y forme en grains gros comme des pois, pour lors on lappraché de la vie G avec le rouable qui fert à nettoyer le marais ; enfuite on prend l’ou- til Q , qui fe nomme le fervion : il ne differe du roua- ble qu’en ce qu’il eft un peu plus penché, & qu’il a le manche plus court. On s’en fert pour mettre le fel en pile fur la vie; & lorfque le marais eft tiré d’un bout à l’autre , on le porte fur les piles ou pilots faits en cône ; il y a auffi des piles qui {ont ovales par le pié, & qui vont en diminuant par le haut, telles qu’on les voit au côté du cartouche où je repréfente les charrois ; ces piles fe nomment vaches de fel, A mefure qu’ontire le fel fur la vie, on garnit les aires de nouvelle eau , pour la préparer à faler.. Quand un. marais commence à faler, il ne donne du fel que tous les huit jours ; & lorfqu'il s’échauffe, on en tire deux &c trois fois par femaine: 1l s’en eft vù mêrie, mais . cela eff rare , d’où l’on entiroit tous lés jours. . ILeft bon d’obferver que quand un rrarais eft en train de faler, ou trop échauffé à faler, 6 qu'il pañfe des nuages qui donnent un brouillard un peu fort; le marais en fale beaucoup plus, parce-qu'ilanime la . fole du warais ; 8 quand il ne mouille pas, on raf- fraichit le marais par les faux gourmas marqués # fur le plan; ce qui empêche que l’eau dans fa courfe ne fe refroidifle; on abregeren outre fon: chemin par des petits canaux qui viennent de la table au muant, dont un eft marqué gg; ils font rangés de diftance en diflance, comme ceux que Pon nomme faux gours mas : je n’en ai marqué quequelques-uns, pour évi ter la quantité des lettres répétées; j'ai fait de même pour les braffours marqués © , & j'ai feulement pon< êtué les autres pour faire connoître/les perits canaux quifervent à faire entrer l’eau dans ceux qu’on nom- me porte-eau de la table; onfait au muant commeon a fait aux aires, avec le piquet &c la palette, pour mettre le fel fur la pille; on fe fert pour cela d’un fac gatni de paille ; on le nomme boureau Y. Un homme le met fur fes épaules; un fecond tenant deux mor- ceaux de bois ou de planche, nommés fécugeoire,, longs de 8 pouces, fur 2 delarge ,avecune poignée, figure bb, s’en fert pour emplir le pannier Æ, & le met fur le dos de celui qui a le fac; celui-ci court toujours, & monte fur la pile. Quand il fale beau- coup, ces gens font tourmentés par un mal quileur vient aux piés, & que l’on nomme féaunerons ; mais iln’eft pas dangereux, quoiqu'il caufe de vives dou- leurs ; 1l leur furvient encore des crevafles en divers endroits des mains. Quand on veut avoir du {el à l’ufage de la table, on leve la crême qui fe forme fur l'eau ; ‘ce fel eft d’un graintrès-fin, &c'blanc comme de la neige. TR Lorfqu'ilne fale plus, on laboure & on enfemen- ce les terres : cet ouvrage fe fait à bras , parce qu’on ne peut le faire autrement. Dans l’ufage du 7zerais , on fe fert d’un outilapoellé ferrée R:, que le faunaier- nomme la clé du marais, parce qu'effettivement c’eft linftrument le plusutile à fa conftruétion. Il eft d’é- gale groffeur d’un bout à l’autre; &c de plus ila des pointes à l’un de fes bouts qui vont en s'élareiflanr ; voilà fa vraie forme, & non celle que des auteurs différens de plans de rarais lui ont donnée, On doit remarquer encore qu’ils ont mis leur échelle de 200 toifes , quoiqu’elle ne foit que de 33 toifes 4 piés; enoutre, furleur plan, ils prennent la fofle du gour- mas À, pour Le jas ou jars ; ils pofent la vareigneT, où elle ne peut être; parce que où eft S , doit être un morceau du Jas, &c non à l’endroit marqué À. Par conféquent 1ls mettent un chenal à l’autre bout du zzarars, & c’eft celui qui doit répondre à Péclufe qui va aujas. Ces auteurs ont été mal inftruits ; d'ail leurs tout leur rarais et fort bon en corrigeant ces fautes d'explication. De plus ils font encore voir le bout du braflour ouvert en correfpondance des aires, cé qui n'eft pas; c’eft avec le picquet que Pon com- munique l’eau, comme je l’ai dit ailleurs; fa coupe ne doit avoir que $ pouces au plus d’élévation; &cfa hauteur environ 5 piés ; lespiles de feldoivent avoir 10 & 12 piés pour les plus hautes ; la leur feroit de 25 piés, ou fuivant leur échelle de 25 toifes; ce qui ne peut être, On aura dans nos Planches la prife du marais de Chatelars qu’on a levée fur les heux avec les mefures les plus juftes ; l’on y voit où la varaigne eft poiée, le tour que les eaux font pour fe rendre a muant; c’eft le vrai chenal, Le jas, & tout cequi “en dépend. On apperçoit fur notre plan régulier, là courfe des eaux, à commencer à la vareigne, jufqu’à la coiment où elle va fe rendre : l'eau parcourt 2380 toifes fur un feul côté du 7arais , & autant, à quel- que chofe près, de l’autre côté. Le jas contient _. toiles toiles 54 piés cubes d’eau, ou environ, en fuppo- fant que le jas à deux piés. Explication des outils. 30. Le touable eft un mor- ceau de planche long de 2 piés, & large de 3 pou- ces & demi. Au milieu eftune mortaife quarrée où l’on fait entrer de force un manche, nommé guene du rouable, long de 10 à 11 piés ; on s’en fert pour nettoyer le zarais | & pour poufler les boues ou fai- gnes au botd du zrais : il fert auffi À brafler le fel quand il fe forme, & à Le pouffer au bord de la vie. 40. Le fervion eft un morceau de planche, large de dix pouces, fur un pié de haut mis en pente, le manche a 4 piés & demi ou s piés de long ; 1l a de plus un faipport qui le traverfe , & qui va aboutir par un bout à l’autre extrémité de la planche; on s’en fert à retirer Le fel du bord de la vie; on met le {el en pile deflus pour égoutter ; c’eft pour cela qu'il eft percé de plufieurs trous. 32. Le boguet eft une pelle de deux morceaux, comme on le voit au plan; le manche a 4 à 4 piés & demi de long; on s’en fert pour jetter furles côtés des bofles Lés boues qui leur fervent de fumier; ces _ terres de marais étant grafles ou argilleufes font auf très-Iégeres, & par conféquent très-bonnes pour les femences, 26. Les faugeoires font deux petits morceaux de lanche longs de 9 à ro pouces, fur 2 & demi de Los fur le milieu de Pextrémité du haut font cloués deux petits morceaux de bois , longs de 4 pouces ; ils fervent de manche pour les prendre de plat en- chaque main; c’eft avec quoi on met Le fel dans le panier. 24. Le panier eft grand de deux piés; ilenaun de largeur, 8 fept de profondeur; onen a plufieurs; il fert à prendre le el fur la vie pour le porter fur la pile , pilot, cône, ou vache de fel. 27. Le bourreau eft un fac où l’on met un peu de paille ;, celui qui porte le {el le met far fon épaule pour empêcher le panier de Je bleffer. 36. La ferrée À, que le fommier nomme /4 clé du rrarais , {ert à le conftruire, à boucher & déboucher les pertuis, à raccommoder les velles lorfque l’eau les oâte , ou à raccommoder les trous que les can- cres pourroient faire au chantier des claires ou le- ; vées. PF. Le picquet eff un morceau de bois pointu, long de 10 à 11 pouces, fur 10 à 11 lignes de diametre ; 11 fert à faire les trous au bout du braflour ) Pour faire entrer l’eau aux aires. 7. La patelle fert à reboucher la fuperficie des trous du côté du bräflour ; elle fert auffi à déboucher les lamesd’eau quiprennent l’eau des tables au muant: &t ailleurs. _ 41. La beche fert À donner le premier labour aux boffes’, le yrai terme eft rompre Les bolfes : on fe fert au fecond labour d’un outil appelle fefour où marre, 25. La pelle eft d’un feul morceau, longue de 3 iés 3 , le bas eft large de 9 pouces fur un pié de ne elle eft creufe en-dedans, & arrondie vers le manche ; ‘elle fert à prendre le fel à la pile pour le mettre dans des facs, où fe fait le charroi , & à bord à jetter le fel de la barque à bord du navire , c’eft ce que l’on nommeZemper, I] tombe fur le pont, d'oùon le met dans le boïfléau pour le mefurer , avant de le fafer tomber dans le panneau du navire pour aller à fond-de-cale ; alors on fe fert de pelles pour le jet- ter également en avant & en arriere du navire pour faire {on chargement. i 37. Le boïffeau eft une mefure qui peut avoir en hauteur 17 pouces, fut 11 : de large par en-haut, & 11 pouces par en-bas ; il tient, mefure de Brouage, 34 pintes - d'eau, il.eft fait de mairain & cerclé comme Un tonneau; 1 a de plus deux-oreilles, où ei attaché où amarré un bout de corde long de:2 L Tome XIF, SA EL 547 Sunt: si een 2e Ron - ! RAA Let piés , qué deux homunes tiéñnent por le fenverier en préfence d’un commis des fermes & du mefureur, Le mefureur eft un homme qui a prêté ferment à l'amirauté en préfencé de deux névocians, 26. Les gaffes font de divers grandeurs , il y ef a de 20 à 25 piés de long , elles fervent au tranfbort du {el ; Les barques, par exemple, qui le tranfporz tént Sen fervent pour poufler , quand elles veulent Monter ou defcendre d’un chenal; on dit moñterun chenal, pour dire y erirer | & defendre un chénal Pour en Jortir, il y a une petite gaffe de 6 à 7 piés de long qui fert au bateau de la barque ; 3r. la four: che fert au même ufage. Le falé où trident eft un inftrument très- propre à prendre des anguilles au jas & aux conches. 28. Le fard blanc eft une herbe dont 6n nourrit les chevaux, c’eft celle que l’on met fur les huitres qu'on porte à Paris. | 33. Sart ou felin eft un fart qui eft rond, plein d’eau & de nœuds, 40. Autre efpece qu’on appelle frs Érandier ; le faunier en fait des balais pour nettoyer les-aires où il bat fon grain. 35- Autre efpece nommée far: lifop , il eft bon pour les douleurs & pour prendre les bains, 34. Le tamarin eft une plante dont le bois brle tout verd, àl fert aux fauniers pour fe chauffer: ils en font aufli des cercles pour les petits barils dans lefquels ils portent leur boiffon à ouvrage. Du charroës du fel. Les piles de fel font de diver: fes formes ; les unes font rondes les autres longues, arrondies fur Les bouts, & couvertes avec de la pail- le dont on a retiré le gran, ou avec une herbe qui vient dans Les marais jas ou perdus que l’on nomme rorche ; on a foin de la tremper auparavant dans l'eau falée , pour empêcher les corbeaux ou groles de Les découvrir l'hiver; on ne découvre que le côté de La pile qu’on veut entamer, ce que l’on fait au nord de la pile autant qu’on le peut, par ce moyen on perd moins de fel, f on eft furpris par le mauvais tems : c'eft une précaution que doit avoir le juré ; le juré ef le maître du charroi, c’eft ui qui fait agir &C qui paye ; 1l tient un livre cotté & paraphé qui fe nom me livre de resa!lement ; il y écrit Le jour qu'a com- mencé & fini le charroi , la quantité de muids , dé boites ou ras, & les facs qui font de furplus du muid; ce livre fait foi en juftice, parce que le juré a prêté ferment. Le charroi fe fait en préfence du commis des fer- mes qui en prend compte, pour être d'accord avec celui du bord du navire ; il met un homme à bécher lé fel, un autre à remplir les facs, & un troifieme pour les charger &c les arranger fur les chevaux dont le nombre eft limité par le juré, fuivant le chemin qu'il y a à faire; les chevaux font conduits par des jeunes gens de douze à treize ans, on les nomme af- niers ; l'endroit où on prend le {el fe nomme l’arre lier ; Vafnier à pié conduit les chevaux au bord de la barque, lèun homme exprès pour cela ouvre un peu le fac & le laïffe tomber dans une poche que lui pré- fente un autre homme, pour pouvoir prendre le fac de deflus le cheval fans qu'l foit Hé; cela fait, un troïfieme vient par-derriere & renverfe le fic fur celui qu’on nomme le déchargeur, celui qui réniverfe fe nomme le poxffé-c1, & celui qui recoit le el dans fon pochon, le porteur de gavne. Le pouffe-eul {uit le déchargeur fur la planche, & lorfqu’ii eft au bout, il faifit Les extremités du fre qu'il foutient ; alors le déchargeur lareue ou lâche fon bout , & tout le fel tombe, auffi-tôt le pouffe-cul rapporte le fac à Pä« nier, quimonte fur le cheval & retourne en courant à attelier. One fert de la planche © au plan pour aller de la barque à terre & pour le charroi du {el; on la VAT ES … nr à 545 S A L nomme planche de charge , elle a d'ordinaire 36 à 40 piés de long, fur 18 à 30 pouces de large, & 3 à 3 pouces ? d’épaifleur. Une barque à charge eft une barque vuide ou qui vient de vuider , qui a monté à la charge que le marchand lui a indiqué. Il y a plufieurs barques dans un feul chenal ; on eft quelquefois obligé de les haler , foit parce que le vent eft contraire , foit parce qu’il n’en fait pas du- tout ; pour y fuppléer, ces barques ont un petit ba- teau que le mouffe mene pour pañler celui qui ha- le, lorique la mer eft haute & qu'il fe rencontre un ruiffeau qu’il ne fauroit pañler fans ce fecours, com- me on le voit au plan; 1; labarque, 16 Phomme, 47 le bateau & le moufle. | Un ruifleau eft un petit chenal ou canal à l’'ufage des marais, le chenal en fournit beaucoup de fes deux côtés. Quand les barques font chargées , elles mettent dehors du chenal; file vent eft bon, elles appareil- lent , c’eft-ä-dire qu’elles mflent ou hauflent leurs voiles qui ne font que deux, la grand voile &c un faux focq. Dès qu’elles font dehors du chenal, elles mouil- lent fi Le navire n’eft pas prêt, & attendent qu’il foit arrivé pour vuider. Quelquefois les barques font chargées , & le navire eft encore en Hollande ; cela arrive lorfque le navire eft obligé de relâcher pour quelque raifon que ce foit. Le bourgeois où mar- chand ayant reçu avis du départ de fon navire fitôt qu'il eft hors du port, fait charger fes barques ; & comme le navire eft retardé dans fon cours, 1l faut qu’elles attendent fon arrivée ; les marchands s’en- tre-aident en ces occafons en fe donnant les uns aux autres du {el qu'ils fe rendent enfuite Explication du marais, jas & conches. À Les bofles font des terreins qui appartiennent au maître du ma- ras, mais les grains, les potages, &c tout ce qui s’y recueille appartient au faunier , le maître n’y pré- tend rien ; 1l y en a cependant quelques-uns qui ont une efpece de gabelles deflus, par exemple , une ou deux mefures de pois ou de feves ; cette mefure pefe environ 37 livres, d’autres ont 2à 35 d’huitresÿ mais il n’en eft pas de même du fel, le propriétaire en a les, & eft fujet aux réparations des jas, conches & varaignes ; le faunier a fon + quitte. Le maitre a la liberté de vendre fon fel fans confulter le faunier , & le faunier ne peut en vendre fans un ordre de fon maître; mais avec un ordre, il peut vendre & païler police avec les marchands. Plufeurs maîtres de ma- rais laiflent leur procuration à des perfonnes du lieu , qui ont foin de vendrele fel, de veiller {ur les fau- niers & de prendre leurs intérêts en tout. B Le jas ef le plus grand réfervoir , on ymet deux piés d’eau , comme je l’ai dit ailleurs. ÆE Les conches reçoivent l’eau du jas ; on en mo- dere la hauteur par les gourmas, en ne laïffant entrer que 4 à 5 pouces d’eau qu'on entretient par les che- villes du gourmas. $ Le mors eft un petit canal qui reçoit Peau, la conduit autour du marais, & retourne dans la table D par un pertuis ; ce pertuis eft un morceau qui ar- rête l’eau du mors, & qui au moyen des petits trous qui y font & qu’on bouche avec des chevilles , ne laifle entrer dans la table qu’autant d’eau que le fau- nier juge à propos. Quand il y a deux pouces d’eau dans la table qui élonge le marais d’un bout à l’autre, l’eau entre par les deux bouts dans le muanr F ; le muant qui eft au milieu du marais, fournit les petits canaux de 6 pouffes de large, nommés éraffour O , & les braflours par le moyen d’un piquet en fournif- fent aux aires ; l'aire eft de deux pouces plus bas que le muant, & n’a que + de pouce de hauteur d’eau. G La vie du marais eft un chemin entre les deux grands rangs d’aires élevé de $ pouces au plus, & large de 4 à 5 piés; c’eft fur la vie qwu'onretirelefel, SAL HVelles de marais ou de conches font celles qui entourent les aires , où qui féparent les eaux de la table en divers endroits, comme aux conches ; elles ont , comme la vie, 5 pouces de haut, font faire aux eaux tous les détours néceflaires, & font qu’elles ne fe communiquent que quand le faunier le juge à pro- pos ; au bout de ces velles, les eaux fe dérournent, c’eft ce qu’on nomme les aviraifons | ce qui figniñie en terme de faunier désourner l’eau ; elles ont depuis 11 juiqu'à 13 & 14 pouces de large. Æ Anternons font des leyées qui font à latraverfe des marais, elles font auffi hautes que larges, c’eit à ces pañlages qu'on met plufieurs pertuis. Il y a de diftance en diftance des levées plus larges, qu'on nomme croifures , elles font auffi larges queles wies ; on s’en fert pour porter le fel fur Les bofles. _R Le coi eft un morceau de bois percé d’un bout à l'autre, il fert à vuider le marais pour le nettoyer, Quand le marais manque d’eau &c que la varaigne ne peut en prendre, on en prend par le coi ; maïs cette refloutce eft mauvarfe &c defavantageufe pour le maître du matais, parce que cette eauieft trop froide. . V b {ont des gourmas faits comme celui qui eft marqué P, on les appelle faux-gourmas, parce qu’ils ne tirent pas l’eau du jas, mais des conches en drot- ture. Onen met plufeurs qui fervent à rafraîchir le marais quand il fale trop , & que le fel n’eft pas de qualité requife. ee Les larretieres, h keft une loge ou cabane où couche le faunier pendant l'été. FL ff Les clairées ou réfervoirs font ordinairement au-bas des farretieres où le premier occupant les a faites ; elles n’appartiennent pas au marais, à-moins que le maître ne les ait fait faire à fes dépens : le pre- mier qui les a fait conftruire en eft propriétaire, on les fait fans aucune mefure , elles couvrent un chan- tier élevé qui eftentre les deux de chaque côté de 4 à 5 piés de large, fur 2 prés à 2 piés + de haur. Tous les terreins paroïffent les mêmes , maisils ne font pas tous les huîtres aufli bonnes , elles font moins vertes dans une partie des farretieres que dans l'autre. Du côté de laSendre, entre le chenal des faux & le che- nal de Marennes elles font très-inférieures ; entre le chenal de Marennes & celui de Lufac un peu meil- leures ; entre celui de Lufac & celui de Recoulenne, elles font les meilleures de la faline : mais au-deflous du chenal des faux elles ne reverdiffent pas. Pour élever de bonnes huitres , il faut avoir au-moins quatre clairées, dont on larfle une toujours vuide, On pêche les bonnes huitres fur les fables & les rochers de daire , elles font de la grandeur dun denier ow d’une piece de 24 fols au plus, il ne faut pas qu’elles foient épaifles : on les porte dans une clairée où onles laifle deux ans ; au bout de ce tems,on fépare celles qui font en paquet , ce qui eft commun, fans bleffer les tais ou écailles, & on les met dans une feconde clairée où on les range une-à-une fans fe toucher. Une chofe fort furprenante eft que quand vous les mettriez fens-{us-deflous, vousles trouveriez droites le lendemain , elles fe redreffent au retour de la ma- rée : à trois ans, elles font belles, on en porte en cet état à Paris, mais elles ne font pas aufli bonnes qu’à 4 & à ÿ ans ; c’eft le tems où elles font dans toute leur bonté. Celui quia des clairées doit veiller àtou- tes les malines ou gros de l’eau , voir fi la mer n’a pas gâté les chantiers , &cfi les cancres ne font point de trous , afin de les raccommoder fur le champ , de peur qu’elles manquent d’eau , fur-tout au mort de l'eau que la merles couvre ; elles fupporteroient deux événemens dangereux , l’un dans le grand chaud, parce qu’étant à fec elles mourroient ou creveroient, comme difent les fauniers ; l’autre dans le grand froid , où elles fe geleroient ; mais quand elles ont 2 piés ou 2 piés & demi d’eau, elles ne courent pas ce riique,parce que l’eau étanttoujoursagitée, ne le ele pas. D'ailleurs la mer eft moins fujette à geler que Veau douce. Les huîtres font fujettes à une maladie quand elles reftent trop long-tems dansune clairée, il s’y attache un limon qui les empoifonne, & qu'il faut Ôter en raclant les écailles & en les changeant de clairée, Il faut nettoyer la clairée , & la mettre à fec au mort de l’eau ; il faut de plus empêcher la mer d'y entrer pendant cinq à fix jours pour laiffer fécher ce hmon ; quand il eftfec, le faumier le détache , on y laifle entrer l’eau qui le porte au-loin , & la clairée eft en état d’en recevoir, quand le faunier en aura de nouvelles; il n’y en mettra cependant pas de grandes la même année crainte d'accident ; il fera plus für d'en mettre des petites qui ne rifquent rien, parce que cette maladieine les prend qu’à deux ou trois ans : Les fauniers mettent auffi des huîtres qui vien- nent de Brétagne , mais elles ne deviennent jamais aufl bonnes ; les connoïffeurs s’en apperçoivent bien ; elles font aifées à connoître par les écailles qui font épaifles & qui paroiïflent doubles ; les bon- nes au contraire ont les écailles fines & unies ; les fauniers nomment sais ce que nous appellons écail- Les, Explication de l'éclufe ou vareigne. a Boyart de haut eft compofé de deux pieces de bois, À deux piés de diffance , féparés par quatre morceaux de boise, qu'on appelle sraverfes. b Boyart de bas qui ne differe de l’autre qu’en ce qu'il eft plus grand; celui qui eft fur le plan eft tiré fur un véritable. c Ces deux pieces fe nomment pieces droires, quoi- qu'elles foient courbes. d Les poteaux , ils font à coulifle en-dedans, la potte glifle dans une mortaife qui y eft pratiquée d'un pouce & demi de profondeur fur autant de lar- geur. e Traverfes qui font au tiers de haut en-dedans, pour afljettir les pieces nommées droites & pour retenir es terres ; les pieces droites font garnies de planches à cet effet. f Soubarbe, c’eft une traverfe qui eft vis-à-vis des deux poteaux, au ras de la chapetolle 9 ou fon furre de defious , elle a auffi une rainure où entre le bas de la porte. La foubarbe eft de la même groffeur que les poteaux. : Bordeneau ou porte à coulifle , il eft très-utile pour retenir les eaux qui entrent dans le jas, du- moins on eft für que le faunier ne fauroit le négliger fans beaucoup de malice , au-lieu que le portillon qui bat contre les poteaux à couliffe & contre la fou- barbe n’eft d'aucune utilité, il rend le faunier paref- feux. Les vareignes font conftruites fans fer , toutes de bois, & garnies de gournables ou chevilles , au-lieu de cloux. Le fer ne fauroit durer, à caufe du {el con- tenu dans les eaux qui le rongeroit bientôt. Defcription abregée de la maniere dont fe font Les [ets Blancs artificiels dans les fauneries de La baffé Norman. die, Les fauneries doivent être établies {ur des bas fonds aux environs des vafes & des embouchures des rivieres , pour que le rapport des terres que fait con- tinuellement la marée , en puiffe mieux faler Les ore- ves, & les rendre plus propres à la fabrique de cette forte de fel, dont la préparation & la main-d'œuvre fe fontgénéralement par-tout de la maniere que nous allons Pexpliquer ; quelquefois une partie des greves, eft mouillée plufieurs fois toutes les grandes mers, plus où moins ; fuivant que les faureries font placées ; mais 11 faut que la marée couvre les greves au moins toutes les pleines mers, c’eft-à-dire tous les quinze Jours. LA . Lorfque ceux qui veulent établir une fzuzerie ont "+ TomeXIP, Li: si tte S À EL 549 trouvé une place convenable, ils la brifent 8e 1 rendent la plus plate 8 horifontale ait cft poffible à foit que cette place foit ancienne ou nouvelle » ON la laboure avec une charrue ordinaire attelée de che= vaux ou de bœufs , en commençant par le bord de la greve & finiflant dans le centre, toujours en tour- nant ; après quoi on la herfe comme une autre terre : en luniflant le plus qu'il eft pofible avec un inftru ment qu'ils nomment haveaz ; on fait ordinairement cette préparation Ja veille de la grande mer de Mars, afin que la marée qui doit couvrir Ja greve, le gra- vois ou terroir de la alire puifle ÿ mieux opérer en s’mbibant d'autant plus dans le fond qu’elle fale das vantage, & qu'elle unit d'autant plus qw’elle y rap. porte beaucoup de fable & de fédiment ; ce qu’elle a fait auf tout l'hiver qu’elle a couvert les greves des falines toutes les grandes mers. Quand la greve cit ainfi préparée, &c que les chaleurs l'ont defléchée à. on voit aux beaux tems clairs & de foleil vif , la u- perficie du fable ou greve toute blanche de fel, pouf lors on releve cette fuperficie environ quelques li- : gnes d’épaifleur, fuivant le degré de blancheur qu'on y remarque ; on releve auf le fable par ondées ou petits fillons que les fauniers nomment havelées : éloi- gnés les unes des autres de fix à fept piés au plus ;on fait cette manœuvre que l’on appelle Aaveker, avec les haveaux dont ons’eft déja fervi pour unir le fond à la premiere préparation, il faut une perfonne pour condure la têté du haveau, & une autre pour con- duire &c lever le haveau en mettant toujours les ra- mafiees au bout des dernieres ondées. Après les havelées finies, on les coupe par petits monceaux, que l’on appelle é/ées, éloignées les unes des autres de fix à fept piés ; après quoi on atteleun petit tombereau qu’ils nomment hazneau, d’une ou de deuxbêtes, le plus fouvent d’un ou deux bœuf ; que l’on conduit entre les ételces ; pour lors quatre perfonnes, deux avant & deux arriere, ramaffent ou chargent le fable des ételées dans le banneau , qu'un cinquieme conduit au gros monceau , qui eft le ma- gafñn des fauneries ou des falines. Près du grand monceau eft le quin , le réfervoir ou baflin dans lequel les fauniers prennent l’eau dont ils lavent le fable ; cette eau du quin eft celle que la marée y rapporte toutes les grandes mers, où elle couvre les greves &c remplit le quin. Lorfque les ételées font relevées, on repafle de nouveau le haveau fur la greve, comme on l'a fait ci devant à fa premiere préparation , & on continue la même manœuvre autant de tems que le foleil & la chaleur en font {ortir Le {el ; Les heures les plus pro- pres font depuis dix heures du matin jufqu'à deux ou trois heures après midi; on ne peut être trop prompt à haveler ou relever les ételées. Quand les fauniers veulent faire leur eau de fel ; ils prennent au gros monceau le fable que lon met dans les foffes, qui font de petits creux ronds d’envi- ron deux piés & demi de diametre, profonds de 12 à 14 pouces au plus; Le fond de ces foffes eff cimenté de glaife & de foinhaché, pour que l’eau qui coule deflus ne fe dévoie point, mais qu’elle tombe direc- tement dans le tuyau qui conduit de chaque fofle au canal du réfervoir, qui eft la tonée de la faline ; au-tour du fondil y a des petites Jentes ou douvelles de hêtre d’un pouce de haut, qui entourent le fond de la foffe , &c fur lefquels font placées des douves À deux chanteaux, éloignés Pun de l’autre au plus d’u- ne ligne; on place fur les douves du glu de l’épaif- feur d'environ un pouce , fur quoi on met le fable que lon repafle en luniffant autant qu'il eft poffi- ble. Quand la foffe eft ainfi préparée & pleine de fa- ble, on prend dans un tonneau enfoui à portée des foffes , de l’eau que l'on a tirée.du fable pré- ZLz2 ij 550 SAL cédent de la feconde mouillée , c’eft-à-dire , des fa- bles que l’on a rechargé d’eau après que la premiere propre à faire le fel en a été tirée. On charge les fofles ordinairement deux fois par jour ; la premiere eau, qui eft la franche faumure , où la bonne eau eft quelquefois 4 à.6 heures à pañler, fuivant-que lé fable eft bien uni & fort preilé, après quoi on appelle du relai la feconde eau que Pon fait pañler fur le même fable des fofles , & qui devient la bonne eau au faunier des premieres fofles que l’on recharge enfuite; Peau filtre ainfi au-travers du gl du fond des fofles , autant de jour comme de nuit. Il faut pour faire toutes les préparations un tems fec & chaud ; car on ne peuttravailler aux greves, & ramañler le fable fans foleil & fans chaleur. Les fauniers font du fel toute Pannée lorfqu'ils ont pro- vifion de fable ; mais on n’en ramafle ordinairement que depuis le commencement de Mai jufqu’à la fin d'Août , fuivant que la faifon eft favorable. On a dit que la premiere eau eft la vraie faumure; elle coule direétement par les canaux de chaque fofle dans le tonneau de la faline , qui eft place à côte des fourneaux ; quand on fait le relai ou la feconde eau , on perce le tuyau pour que cette eau ne tombe que dans le tonneau du relai voifin des fofles ; les pluies, comme on le peut voir, font beaucoup de tort à cette manufa@ture ; elles détruifent aufh les ha veleés & ételées des greves, qui font ainfi entie- rement perdues. Quand on a tiré la faumure & le relai des greves, qui font dans les fofles , 1l ne refte plus qu’une efpece de vafe que les fauniers rejettent, & quela marce remporte, Pour vérifier fi la faumure eft bonne & forte, on a une petite balle de plomb, grofle au plus eomme une pofte à loup, couver:e de cire , qui la rend grofle comme une balle de moufquet ; il faut qu’elle furna- ge fur cette eau ou premiere faumure ; alors on la jette dans des plombs placés fur des fourneaux dans la faline; les plombs ou chaudieres qui font au nom- bre de trois ( 8: même le plus fouvent quelques /4u- neries n’en ont que deux )font de forme parallelogram- me , ayant 27 pies de long, fur deux piés de large, &c le rebord 2 pouces d’épaiffeur , & le tout enyiron 6 lignes d’épaifleur ; ils font peu élevés au-deflus de l’atre du fourneau qui eft enfoncé , & dont l’ouver- ture eft par-devant. Ils ont chacun deux évens par- derriere : le feu eft continuel depuis le’ lundi , foleïl levant, jufqu’au dimanche foleïl levant. | Lorfque les fauniers font fix jours de la femaine, ou au-moins, ils font obligés d’avoir été préalable- ment avertir les commis aux quêtes Le famedi de la {emaine-preécédente. Quand on commence la femaine , & que on a allumé le feu au fourneau , on remplit les plombs de faumure que lonfait bouillir fans difcontinuer jufqu’à ce que le {el foit achevé, ce qui dure environ deux heures & demi, à trois heures au-plus ; après que toute l’eau eft évaporée , on ramafle promptement le fel avec un rabot, & on l’enleve avec une petite elle femblable à celles avec lefquelles on leve le fable des havelées , 8 on jette le {el dans des cor- beïlles , que lon nomme marvaux a égoutter ; ces marvaux font faits en pointes comme les formes où Von met égoutter les fucres ; après que Le fe eft égoutté , on le trouve en pierre que l’on met dans les colombiers, & que les fauniers ne peuvent li- vrer qu'à ceux qui font portèurs des billets des com- nus ; les pierres font plufieurs mois à fe former ; un plomb'n’en peut faire au plus que deux par an, | On laiffe écoutter le fel qu’on releve des plombs environ ÿ ou 6 heures ; après quoi on le jette en gtemer. Une erre ou relais de fel dès plombs ne peut emplir une de ces corbeilles, chaque erre’ne for- SAL mañt qu'un carte de plus de boïffeat, Il faut relever les plombs tous les deux jours au- moins pour les rebattre , & les repoufler, parce que Paétivité du feu ct la crafle qui fe forme fur les plombs les fait enfoncer , & qu'il faut les redreffer & les nettoyer pour qu'ils bowillent plus aifémenr. Les fauniers appellent ce travail corroyer Les plombs ; ce qui fe fait au marteau. - Les fourneaux ne peuvent durer au plus que deux mois, après quoi on les démollit pour les rebâtir de nouveau, parce que lespremmiers fe font engraifés des écumes du fel ; on en brife Les matériaux Île plus menu qu'il eft pofhible , 6€ on en met la valeur de deux corbeïllées dans une mouguée ou relevée de fable dans les foffes, lorfque les fauniers s’apperçoi vent qu’elle n’eft pas affez forte. On brüle dans les fourneaux de petites buches & des fagots. Le bois de hêtre pour les buches & de chêne pour les fagots font eftimés les meilleurs bois dans Îes lieux où le bois eft rare , on fe fert au même ufage dejoncs marins. | Les fauniers fe relaient les unsles autres pour veil- ler fur les fourneaux , & entretenir toujours le feu en état de faire bouillir également la fiumure des différens plombs ; on écume le fel quand ilcemmence à bouillir avec le même rabot , avec lequel on de ramafle quand il eft achevé. À L’ufage des propriétaires de ces falines & des fau niers qui y travaillent eft de partager; decette ma- niere le proprietaire fournit tous les uftenfiles & infrumens. & le fable , & les faumiers n’ont que la feptieme partie du prix de la vente ; il fournit en ar- gent au receveur de la pabelle la valeur d’un boif- feau & demi de fel au prix qu’il eft quêté ou fixé, en outre les 4 fols pour livre du prix du boïffeau & demi ; mais cet ufage eft particulier à quelques fà- lines. Le fel fabriqué, comme nous venons de dire, doit fe confommer dans les pays des environs, étant ail- leurs défendu 8 de contrebande, il ñe va guere que 4 à 5 lieues au plus. Ileft de mauvaïfe qualité, ce qui fe reonnoit fur-tout dans les chairs qui en font préparées , &qui ne fe peuvent bien conferver; c’eft pourquoi quand on veut faire des falafons d’une bonne qualité, on ne fe fert quand on le peut que des {els de brouage qui font bien plus doux , au-lieu que ceux-ci font très-âcres & très-corrofifs. E numération des inffrumens néceffaires aux Saurniers, fabricateurs de Jel blanc ramaf[é des grèves. Les chatrues femblables à celles de terre; les herfes femblables, Les hayeauxfontcompofés d’une planche d'environ 4 piés de long, de 10 à 12 pouces de haut pofée de champ ou cant, le bas en droite ligne & le haut chantourné, Dans cette planche font emmanchés deux bâtons qui forment le brancart où on atelle la bête qu doit ti- rer cette machine. Il y a encore deux autres mor- ceaux de bois qui fervent de poigneës pour gouver- ner cette machine. Voyez fer. Banneau ou tombereau, eff un tombereau dont les côtés ou bords font fort bas ; le tombereau même eft petit. Les tonnes font de-groffes futailles qui font enter- rées, * | Rabot eft une douve centrée du fond du tonneau qui eft emmanché, à | Les fourneaux font très-bas , & font prefque pofés à rez-de-chauffée. Il-y à un creux qui forme l'aire, enfoncé de 20 à 25 pouces. . ph; Lo Ve Crochet de fer, forte de tifard, : Les pics à démolir font lés mêmes que ceux des maçons. F1 CR Le puchoir eft un petit tonneau contenant 6 à 8 pintes, avec lequel les fauniers puifent de.la fau- mure dans-la tonnée pour en ‘emplir.les plombs’; il eft pour cet effet emmanché un peu dé côté, pou que le faunier prenne plus aïfément de la fañmure ; le manche eft lons pour qu'il puifie là renverfer où 1l veut. | L Eprouverte. Le petit puchoir d’épreuve eftun petit baril de bois que l'on remplit de faumuré, dont on fait l'épreuve avec la balle de plomb enduite de cite, dont nous avons parlé ; une taflée de faumure fufit pour cela. Des fontaines falañres. On donne ce nom à des ufines où l’on ramafle Les eaux des fontaines fa- lantes, où on les fait évaporer, & où l’on obtient par ce moyen du fel de la nature & de la qualité du fel marin. I y a peu de royaumes qui ne foient pourvûs de cette richefle naturelle, Le travail n’eft pas le même: _ partout. Nous allons parlér des Jalines qui font les plus à notre portée, décrivant {ur quelques-unes toute la manœuvre, expofant feulernent de quel- ques autres, ce qui leur eft particulier. Voici ce que nous favons des /xlines de Moyen- vic, de Salmes , de Baixvieux, d'Aigle, dé Dieuze, de Rofieres, & des bâtimens dé graduation conf- trtuts en différens endroits. On peut compter fur Pexattitude de tout ce que nous allons dire. | SALINE DE MoÿeNvic. Moyenvic eft fitué fur la riviere de Seille, à dix lieues de Metz, entre lve & Marfal, à environ demi-lieue de l’un &c de l’autre. On ne découvre rien fur la propriété de la aline avant l'an 1298 , que Gerard, 68° évêque de Metz, acquit de quelques feigneurs particuliers les fz/ines de Marfal & de Moyenvic, & les réunit à l'évêché, Raoul de Couy, 76°. évêque, éngagea environ Pan 1390, le château de Moyenvic à Henri Gilleux, 6o muids de fel à Robert due de Bar, & 10 muids à Philippe de Boisfremont. Conrard Bayer de Rop- fe 77°. évèque, retira cet engagément lan 1449, ais lui & fon frere Théodoric Bayer arrêtés prifon- mers par l’ordre du duc René, roi de Naples & de Si- eile , il en coûta pour fa liberté à l’évêque plufieurs -féigneufies, 8 notamment les Jalizes , que le duc lui reftitua dans laftute, En 1571, Le cardinal de Lorraine adminifirateur, & le cardinal de Guife, évêque, laif- ferent en fief au duc de Lorraine les fafires de l’évé- ché, moyennant 4500 Liv. monnoie de Lorraine, &t 400 muids de fel. Les ducs devenus propriétaires des Julines, étoient obligés fuivarit le 70°. article du traité dès Pyrénées, de fournir le {el néceffaire à la confommation des évêchés, à raïfon de 16 Liv. 6 fols le muid. Enfin celle de Moyenvic fut cédée au roi par le 12°. article de celui de 1661; mais ruinée par les guetres , le roi en ordonna le réta- blfflement en 1673. Depuis ce fems, les charges fe font payées par moitié entre la France & la Lor- raine, à des conditions que nous fé fapporterons pas, parce qu’elles ne font pas de notte objet, Les eaux falées viennent de deux puits. Le fel gemme, dont il y a plufieuts montagnes & une inf- nité de carrieres dans la profondeur des terres, eft en abondance dans le terrein de Lorraine. Les eaux, en travérfant ces cafrieres , fe chargent de parties dé fel; & plus le trajet eft long, plus le degré de fa- lûre eft confidérable. Maïs commé lés amas de {el {ont diftribués par veines, par couches, par cantons, il'afrive néceflairement qu'uné fource d’eau douce fe trouve à côté d’une fource d’eau falée. Les four: ces d’eau falées coulent par différentes embouchu- res, & donnent plus ou moins d’éau, félon que la faifon eft plus où moins pluvieufe, On a obfervé , dit l’auteur inftruit des mémoites qu'on fous à com- muniqués fur cetté matiere, que plus les fources {ont abondantes, plus leurs eaux font falées, ce qu'il faut attribuer à laccroiffément de vitefle & de volume avec lequel elles battent alofs les finuofités SAT fit CRC) _ Il ya plufeurs fources falées en différéñs endroite de la Jane de Moyenvic. On les à raflemblées dans deux puits, dont les eaux mêléés portent environ quinze degrés 8 demi de falñre. Lie fel s’en extrait par évaporâtion, comme nous allons Pexpliquer: Les eaux du grand puits fortent de fept fources différentes en qualité & en quantité. Leur mélange porte 14 à 15 degrés de falure, | Pour connoïtre le degré de fälure, on prend cent livres d’eau qu’on fait évaporer par le feu jüiqu'à ficcité, & le degré de falure s’eftime par lé rapport du poids du fel qui refte dans la chaudiere après là cuite, au poids de l’eau qu’on à mile en évapos ration, Autre moyen: c’eft d’avoir un tube de verré qu’cñ femplit d’eau falée, & dans lequel on laifle enfuité defcendre un bâton de demi-calibre. Il eft clair qué Peau pefant plus où moins fous un pareil volumé ; quelle eft plus ou moins chargée de parties falées; lé bâton perd plus du moins de fon poids, & def: cend plus où mois profondément. Les fept fources du grand puits arrivent par diffé | trens rameaux qui Occupent toute fa cirrconféréncé & fourniflent environ deux pouces quatre hgnes d’eau; c’eft-à-dire, que, fi lon formoit un folide de ces eaux fortantes, elles formeroient un cylindre de deux pouces quatre lignes de diametre. Mais l’au- teur exact après lequel nous parlons , nous avertit que cette eftimation ne s’eft pas faite avec beaucoup de précifion ; & il n’eft pas diMicile de s’en apper= cevoir : carce n’eft pas aflez d’avoir le volume d’un fluide en mouvement, 1l faut en avoir encore la vitefle, Ce puits a 52 piés de profondeur, fur 18 de dia- metre par le.bas & de 15 par le haut: Le dedans eff tevêtu d'un double rang de madriers, derriere lef quels 1l y a un lit de courroi qu'on prétend être de 18 à 20 piés d'épaifleur, & dont l’ufage eft d’ems pêcher l’enfiltration des eaux douces. On voit la forme du puits, PZ, 4, bi c. N On éleve les éaux avec une chaîne fans fn qui fé meut fur une poulie garnie de cornes de fer, aps ellée Porc. Elle eft compofée de 180 chaînons de 16 pouces de longueur chacun, garnis de $ en 3 de mor ceaux de cuirs appellés Poureilles, qui rempliffent lé diametre d’un cylindre de bois creux dans toute fa longueur, appellé 2zfe, & pofé perpendiculaire< ment, Les cuirs forcent fucceflivement Peau à s’éle: * Ver dans une auge, d’où elle eft conduite dans les bafloirs ou magafñns d’eau. & La poulie appellée Souc, eft attachée à une piece | de bois pofée horifontalement, ayant à fon extré- mité une lanterne dans laquelle une roue de 24 piés de diametre & de 175 dents vient s’engrener; ce rouage tourne fur fon pivot, & eft mis eñ mou: vement par huit Chevaux attelés deux à deux à qua- tre branches ou leviers. Le pivot eft pofé fur fa crapaudine , &c arrêté en-haut par un gros arbre placé horifontalement. an all Le tirage fe doit fairé rapidement ; païce que Îes bouteilles ne rempliffant pas exadtement le diame: tre de la bufe, l'eau retomberoïit, fi le mouvement qui l'éleve n’étoit plus grand que celui qu’elle rez cevroit de fa pefanteur, de foïte que lés chevaux vont toujours le galop. Cette machine eft fimple & fournit beaucoup : mais il eft évident qu’elle peut être perfetionnée par un moyen qui empêcheroit Veau élevée de monter en partie | On peut réduire ce changement à deux pointsi le premier , à mefurer l’extrème vitefle avec las quelle on eft contraint de faire mouvoit la machine, Le fecond, à éviter l’incônvénient dans lequel ot 552 S A L eft quand il furvient quelaw’accident à la machine, &c qu'il faut approvifonner les baifloirs. Les bouteilles dont on fe fert, font compofées de quatre morceaux de cuir, entre lefquels il y a trois bouts de chapeaux , le tout forme une épaifieur de 8, ‘ Lignes. | Pour fixer ces morceaux de cuir aux chaînons, il y a quatre chevilles de boïs qui les traverfent; mais quelque foin que Pon prenne pour les bien ajufter , le mouvement eft fi rapide, les chocs & les frottemens font fi violens, que ces morceaux de feutre & de cuir étant maintenus par aucun corps folide, & d’ailleurs humeétés par l’eau, cedent au poids de la colonne. Pour remédier à cet inconvénient, on propofe des patenotres de cuivre garmies de cuir. Ces pate- notres feront compofées de deux platines d'environ 2 lignes d’épaifleur aux extrémités, revenant à un pouce dans le milieu, non compris une efpece de bouton d'environ deux pouces de hauteur, dans lequel fera un œillet pour recevoir le chaînon, tant à la platine de deflus qu’à celle dé deflous. On laif- fera entre ces deux platines environ quatre lignes de vuide, pour recevoir deux morceaux de cuir fort. Ces cuirs excéderont les platines de la pate- notre d'environ 3 lignes feulement, pour empêcher le corps de la bufe d’être endommagé par le frotte- ment du cuir des platines qui n'auront que 4 pouc. 8 I. de diametre. Ces cuirs feront percés quarrémenr, afin que les deux platines puiffent s’emboîter aïifément au moyen d’un fer qui les traverfera, & des deux ne fera qu'un corps. Le pié cube d’eau falée pefe environ 75 liv. à. Les baïfloires choment quand la machine ne peut travailler. Pour prévenir les chomages, il faudroit conftruire une feconde bufe en difpofant la roue horifontale, de façon qu’elle fit mouvoir les chaînes des deux bufes à-la-fois : ce qu’on voit exécuté, fig. 2. PL, a. Le pivot de la roue horifontale eft placé vis-à-vis’ le milieu des deux bufes; 8 on a joint au treuil de la lanterne, dans les fufeaux de laquelle les dents de la roue horifontale s’engrenent , un rouet qui au moyen des deux autres lanternes fait mouvoir les boucs. En 1723 on rechercha les fources d’eaux falées , qui pouvoient fe trouver dans l’intérieur de la /2- line. Dans la fouille , on en découvrit une, dont l’é- preuve réiterée indiqua que la falure étoit de 22 de- _grés. Le confeil ordonna eh 1724 la conftrudion d’un puits pour fes eaux. Ici Pélévation des eaux fe fait par un équipage de pompes compolé de deux corps, l’une foulante , & Vautre afpirante. C’eft un homme qui fait mouvoir la roue-en marchant dedans : cet homme s'appelle le tireur. Les eaux de ce puits fe rendent dans les baïf- foirs , & fortifient celles du grand puits; de maniere que leur mélange eft de 15 degrés + de falure. On entend par #aifforrs , des réfervoirs ou des ma- gafins d’eau ; le bâtis en eff de bois de chêne , & de madriers fort épais contenus par des pieces de chêne d'environ un pié d’équarriflage , foutenus par de pa- reilles pieces de bois qui leur font adoftées par le mi- lieu. La fuperficie de cés magafins eft garnie & liée de poutres auf de chêne, d’un pié d’épaiffleur, & placées à un pié de diftance les unes des autres. Les planches & madriers qui les compofent font garnis dans leurs joints de chantouilles de fer, de moufle & d’étoupe pouflées à force & avec le cifeau, &c gau- dronnées, Le bâtis eft élevé au-deflus du niveau des poëles, Ce magafin d’eau eft divifé en deux baifloirs on par- ties inégales ; la plus grande a 82 piés 4pouces8 lines de longueur, fur 21 piés 6 pouces de largeur; lapetite, S A L 48 piés 8 pouces de longeur, fur 21 piés 6 pouces de largeur : & lune & l’autre 4 piés 11 pouces de haut, quine peuvent donner que 4 piés 6 pouces d’eau dans les poëles, parce qu'ils font percés à $ pouc. du fond. Le toifé de ces baifloirs donne 1364$ piés cubes 6 pouces d’eau; commeils communiquentpar le moyen d'un échenal , Veau y eft toujours de niveau ; ils abreuvent $ poëles par dix conduits. Voyez Les fir. de. Ces poëles font féparées par des murs mitoyens, de maniere toutefois que la communication eft facile d’une poële à une autre par le dedans du bâtiment. Il y en a quatre de 28 piés de longueur , fur 32, mefure de Lorraine, où le pié eft de 10 pouces s lignes de roi. Chaque poële eft compofée depuis 260 jufqu’à 290 platines de fer battu , chacune de 2 à 2 piés & : de longueur, fur 1 pié & + de largeur, & de 4 lignes d’épaifleur au milieu, & 2 lignes + {ur les bords : ces platines font coufues enfemble par de gros clous rivés par les deux bouts. Chaque poële eft garnie par-deffous de plufeurs anneaux de fer de 4 à $ pouces de diametre, appel- ls happes ,où paflent des crocs de fer de 2 piés & + de longueur, où environ. Le croc eft recourbé par l'extrémité de façon à entrer dans la happe qui lui fert d'anneau , enforte qu’il eft femicirculaire. La pointe du haut , longue de cinq pouces ou environ , en eft feulement abattue , & tient à de #roffes pieces _ de fapin qu’on appelle #ourbons, Chaque bourbon a 30 piés de longueur, fur 6 pouces en quarté ;ily en a 16 fur la longueur de la poële, efpacés de 6 en 6 pouces , & appuyés fur deux autres pieces de bois de chêne beaucoup plus groffes, pofées fur les faces de la longueur de la poële, Ces deux dernieres pieces fe nomment rachines. Une poële ainfi armée eft établie fur quatre murs , à l'angle de chacun defquels il y a un faumon de fonte de fer qui la foutient. Chaque faumon à envi- ron un pié en quarré, & cinq piés de long. Ces quatre murs ont environ cinq piés de hauteur, fur deux d’épaiffeur, & forment le même quarré que la poële ; ils font féparés en-dedans par un autre mur appellé Sarange, d'environ trois piés de hauteur, & ouverts fur le devant dans toute leur hauteur de deux entrées d'environ trois piés de largeur, & fur le der- riere de deux trouées de même hauteur, mais d’un pié & demi feulement de large. Celles-ci fervent de cheminées ; c’eft par les autres qu’on jette le bois, les fafcines , 6e, & qu’on gouverne le feu. Les murs de refend fervent à la féparation des bois & des brai- fes ; ils font faits de cailloutage & des pierres de fel qui fe forment par le grand feu , lorfqu’il fe fait des gouttieres aux poëles, avec de la glaife mêlée de cen- dres &7 de crafle provenant des cuites ; cette compo- fition réfifte à la violence du feu pendant plufeurs abattues. Au detriere de chaque poële, & à l'ouverture des cheminées , il y a deux poélons de 8 à ro piés de longueur, fur 6 à 7 de largeur, & 10 à 1 r.de profon-. deur. Chacun eft compoié de 28 platines : c’eft dans ces .poËlons que les conduits ou échenaux amenent les eaux des baïfloirs , d’où elles fe rendent dans les: poëles après avoir reçu un premier degré de cha- leur. | | Chaque poële eft fervie par une brigade de 14 ou- vriers ; favoir deux maîtres, deux focqueuts, deux falineurs , quatre fujets., & quatre brôuetreurs. On compte le travail des poëles par abattues, compofées chacunes de 18 tours, le tour eft de 24 heures. Voilà le tems néceflaire à la formation des fels. Lorfqw’une abattue eft finie, on laiffe repofer la poële pendant fix jours, qu’on emploie À la raccom- moder. Une poële fournit ordinairement depuis 27, 28 , jufqu’à 30 ou 31 abatrues, Avant que de méttre une poële en feu, les maîtres, focqueurs & falineurs Pétabliflent fur {on fourneau, & font dans l’ufage de lui donner deux pouces à deux pouces & demi de pente fur le devant, parce que le feu de devant eft toujours plus violent ; enfuite ils ferment les joints des platines avec des étoupes , & enduifent le fond de chaux détrempée: ce travail s’ap- pelle cliffrer une poële. La poële chifirée , on pañfe les crocs dans les hap- pes, on les place fur les bourbons, on établit entre les bourbons & [a poele des éperlans ou rouleaux de bois d’un pouce & demi de diametre ou environ, pour contenir la poële & arrêter autant que faire fe peut les efforts du feu : après quoi on ouvre les con- duits des poëlons , & l’on charge la poële d’un pouce d’eau, pour empêcher que le feu d'environ 300 fa- gots qui ont été jettés deflous ne brûle les étoupes qui bouchent les joints des platines. | Ce premier travail s'appelle échauffée , & fe com- imence entre onze heures &c midi; enfuite les falineurs jettent du bois de corde dans le fourneau, & char- gent la poële d’eau jufqu’à 15 à 16 pouces de hauteur; On dimnue enfuite de moitié ou environ le volume d’eau que donnent les échenaux. Le falinage dure en- . viron cinq heures, & confume à-peu-près huit cordes de bois ; pendant ce tems la poele bout toujours à grand feu , & eft continuellement abreuvée de l’eau des poéions. Quoique les poclons fourniffent fans cefle , cependant la poële fe trouve réduite après le tems du falinage à 13 ou 14 pouces d’eau , parce que lévaporation caufée par l’ardeur d’un feu extraordi- nairement violent , eft plus grande que le remplace- _ ment continuel qui fe fait par le fecours des poë- lons. | Il paroît dans ce tems une crême luifante fur la fu- perfcie de l’eau, à-peu-prèsicomme il arrive fur un baffin de chaux fraîchement éteinte : alors on ferme entierement les robinets ; & les maitres, les falineurs & les fujets remettent la poële aux focqueurs. Ce pafiage des uns aux autres s'appelle rezdre la mure aux focqueurs. Les focqueurs à qui les brouetteurs ont fait provi- fion de quatre cordes de gros bois, les jettent dans le fourneau à quatre reprifes différentes , dans l'inter- valle d'environ trois heures ; ils nomment ce travail la premiere , la feconde, la troifieme & la quatrieme chaude ; ces quatre chaudes donnent ordinairement une diminution de quatre pouces d’eau dans la poële. Sur les dix à onze heures du foir les focqueurs re- muent d'heure en heure les braifes du fourneau juf- qu'à deux heures du matin, & plus fouvent, lorfque les braïfes s’amortiflent trop promptement. On donne à ce travail le nom de raiflées, parce que l’inftrument que l’on emploie s’appelle raille : le raïlle n’eft autre chofe qu'une longue perche de toute la longueur du fourneau , au bout de laquelle eft un morceau de planche. | La chaleur de ces braïfes donne à la mure prefque le dernier degré de cuiflon ; & fur les deux heures , lorfque lesbraïfes font amorties, les focqueurs jettent dans le fourneau en deux ou trois fois feize chers de fafcines de 10 fagots chacun: après quoi ils re- muent de nouveau ces braifes jufqu’à quatre heures du matin, que fe fait la brifée. : . Quelquefois par des accidens, foit de vents con- traires à cette opération, foit par la mauvaife qualité des bois, ou parce qu’ils ont été mal adminiftrés dans lintervalle du falinage ou du foccage, les ouvriers font forcés d’ajouter quatre à cinq cens fasots à la confommation ordinaire , pour hâter cette cuiflon, fans quoi elle anticiperoit fur le tour fuivant. C’eft ce que les ouvriers appellent-entr’eux courir à La paille. Lorfque le premier fel eft formé , Les falineurs & OA EL RE les fujets le tirent de la poële avec des pelles cour- bes., &t le mettent égoutter {ur deux claies appellées chevres, qui font poiées au milieu des deux côtés de la poele; & à mefure que le monceau erolfit , Où l’entoure avec des fangles pour le foutenir & élever à la hauteur qu’exige la quantité du fel formé, Après que le premier fel eff tiré , les focqueurs jettent dans le fourneau environ 400 fäfcines à trois tems, ce qu'ils appellent dorer trois chaudes ; & cette opération conduit au dernier degré de cuiflon, ce qui refte dans la poële. Cette eau porte ordinaires ment 38 à 40 deprés de falure. La formation de ce dernier fel ne finit que fur les dix heures du matin: on le met comme le premier fur les claies ou chevres, où ils reftent l’un & l’autre pour fe fécher & s’égoutter pendant le temns du tour fuivant. Il y a toujours un des 14 ouvriers de la brigade qui veiile fur la poële à tour de rôle pendant la nuit s {es fonétions confiftent à avoir l’œil aux accidens im- prévus, & à faire venir aux heures marquées les ou vriers de rechange au pofte & au travail qui leur eft affigné. | Nous venons de parcourit les différentes manœu= vres qui s'employent à la fabrication du {el ; fuppo= {ons maintenant qu’une abattue {oit finie pour voir ce qui fe pañfle jufqu’à ce qu'une autre recommence. Nous avons dit que l’on donnoit fix jours d’inter- valle entre chaque abattue ; pendant ce tems les mat- tres & les focqueurs ôtent les cendres du fourneau , &c les portent au cendrier dans des civieres-appellées banafles * cès cendres appartiennent au fermier de Pambauchure ( voyez plus bas ce que c’eft ); ilen re= üre environ 800 livres par an. Énfuire on laboure lâtre du fourneau pour le remettre de niveau , en applaniffant les bofles qui fe font faites par les gout- tieres de la poële , & les craffes qui en proviennent , anfi que Pécume que la poële a rendue pendant le tems de la formation , font enlevées par les fujets & les brouetteurs , & répandues dans l’intérieur de la Jaline , tant pour élever les endroits qui font encore inondés par les eaux de la feille , que pour empêcher que les habitans ne fe fervent des crafles & écumes, dont ils tireroient une aflez grande quantité de fel en les faifant recuire. Pendant le tems de la cuiflon, l’écume fe tire avee fix cuilleres de fer appellées azgeloss, placées fépa- rément entre Les bourbons fur le derriere de la poële. On a fait l'épreuve d’en mettre au-devant ; mais ils ne fe chargeoient que de fel, parce que le feu étant plus violent en cet endroit , & l’eau plus agitée par les bouillons, l'écume étoit chaflée à l'arriere, comme 1l arrive à un potaufeu. L’augelot eft à demeure appuyé fur le fond de la poële, & le mouvement de l’eau y porte les crafles , qui enfuite n’en fortent plus par l'effet de la compofition de cet inftrument. C’eft une platine de fer dont les bords font repliés de qua- tre pouces de haut; le fond en eft plat, & peutavoir 18 pouces de long fur 10 de large. Ce qui eft une fois jetté dans ce réduit, ne recevant plus d’agitation par les bouillons , y refte jufqu’à ce qu’on l’ôte; ila à cet effet une queue , ou plutôt une main de fer d'environ deux piés de long. On le retire ordinaire- ment, quand les dernières chaudes du foccage font données. Les fix jours d'intervalle d’une abattue à l’autre. font employés non-feulement aux différentes opéra- tions dont nous venons de parler, mais ils font en- core néceflaires à laïffer repofer la poële, à la vifi- ter, à y réparer les crévafles & le dommage que le feu peut y avoit caufés', à l’écailler, & à la prépa- rer à une autre abattue. L’abattue finie, les maîtres, les falineurs aidés des focqueurs & des fujets, étançonnent la poële par-defs 554 $ À EL fous la dérachent des crocs quila foutienniènt, tent les bourbons, à l'exception de trois, la nettoient, & en tirent les crafles: ce travail s'appelle focque- znent dès poêles. L'écaillage fuit le focquement. On commence par échaufier la poële à fec, afin qu’elle réfifte, fans fe fendre , à la violence des coups qu'il eft néceflaire de hu donner pour brifer & détacher les écarlles qui {ont extremementadhérentes, & ont quelquefois 2 pouces d’épaifieur, Le tout s’enleve ordinairement en trois quatts d'heure detems; mais il ne faut pas moins de trente ouvriers qui frappent tout-à-la-fois en divers endroits, à grands coups de maflues de fer. Cependant il y a des écailles fi opiniâtres qu'il faut des enlever au cifeau. Les Maréchaux raflurent en- fuite les cloux étonnés , en remettent des neufs où il eft néceflaire , &c des pieces aux endroits défec- +ueux. > Ces réparations faites , le direéteur , les contrô- leurs des bancs, & ceux des cuites en font la vifite, &t vériñent le travail des maréchaux. Voyons maintenant ce qu'une poële en feu peut produire de fel, & à combien le muid revient au fermier. La poele s’évalue à 240 muids par abattue ; l'abat- tue eft de 18 tours, & le tour de 24 heures: donc la poële fait 20 abattues par an, & fon produit annuel eft de 4800 muids. | É Mais 1l y a des accidens, Le froid, les vents, la vétufté des poëles & les tours en ont. Les premiers font toujours moins abondans, & ne donnent ordi- nairement que 12 à 13 muds: les premiers de tous n’en donnent que quatre au plus , foit parce que la poële n’eft pas échauffée , foit parce que Îles gouttie- res ne font.pas encore étanchées ; du 5°, au 14°. il fe fait 153 à 16 muids; les derniers en donnent moins, parce que lécaiile de la poële qui eft alors forte & épaifle, affoiblit lation du feu : ce qui bien combi- né réduit l’abattue à 220 muds, & le produit an- nuelde la poële à 4400 ; fur quoi déduifant le déchet à raïon de 7 à 8 pour ?, on peut aflurer que Îa /4- line qui travaille à trois poëles bien foutenues, fabri- quera par an douze mille trois à quatre cens muids de fel. Mais les dépenfes en bois , en réparations , en poëles, poélons, &c. fe montent à 325369. 2. 7. ce qui divifé par 27654, quantité de muids de fel fa- briqués pendant les années 1727 & 8 , de même que 325369 2. 7. font les dépenfes de ces deux an- nées, donne le muid de felà 11 1 5 1. 3 d. (au refte tout a bien changé de prix depuis le tems que ces calculs ont été faits ). La chevre eft une efpece d’échaffaudage compofé de deux pieces de bois de fix piés de longueur, liées par deux barres d'environ cinq piés , pofées fur les bourbons qui fe trouvent au milieu de la poële. Cet echaffaud a une pente très-droite, & forme un talud gliffant fur lequel eft pofée une claie foutenue à fon extrémité par un piyot haut de huit pouces, qui lui donne moins de pente qu’à l’échaffaud. Loriqu'il eft queftion de procéder à la brifée , le contrôleur des cuittes, celui qui eft de femaine pour ouvrir les bancs , les ouvriers de la brigade fe raf- femblent ; on ouvre les bancs, & alors un des ou- vriers détache la fangle qui foutient la chevre,, ôte les rouleaux , & faifant fauter le pivot d’un coup'de maflue , donne un mouvement à la chevre qui coule par fon propre poids, & fe renverfe fur le feuil du banc. Cette opération {e fait en même tems des deux côtés de la poële qui eft chargée de deux chevres égales, Le fel demeure dans les bancs pendant dix-huit jours, äu bout defquieis on le porte dans les maga- fins , &e ce n’eft que lorfqu’il y eft, que les contrô- leurs s’en chargent en recette. Ce releyement fe fait dans des efpeces de hottes de fapins appellées sardelins qui font étalonnées fur la mefure de deux vaxels, Cet étalonnage n’eft pas juridique ; il n’eft que pour l’intérieur de la /zZire, Maïs le vaxel eft étalonné juridiquement enpréfence des officiers de M. le duc de Lorraine , à Bar où la matrice eft dépofée, Le vaxel eft à-peu-près de la figure d’un muid en largeur , mais il a moitié moins de profondeur. Il.contient environ 41 livres de fel : ce qui fait autour de 650 livres par muid , fel dema= gafin; car celui des bancs eft plus léger , n'ayant point encofre acquis fon dépôt. F Droit des quaire francs deux gros. Ce droit fe leve fur tous les {els qui fortent dela fzline pour le four- niflement des magafñns , tant du département de Mets , que de celui de la füline, à raifon de quatré . francs deux gros pour chacun muid de fel. Il n'eft point exigible fur Les fels deftinés pour Les greniers de Metz à Verdun pour la gabelle d’Alface & fur !# 14e 1 ‘ceux qui le délivrent en vente étrangere. L’embauchure , c’eft le fourniffement général des uftenfiles néceflaires pour le chargement des fels, l'entretien des poëles, &c. les dépenfes de répara= tion des murs, des fourneaux, des atres, fourniture de bourbons, claies , chevres , vaxels, &x. Les fonétions principales du direteur receveur font de révir la faline, de recevoir Les foumiflions , pour lestraites à faire, en l’abfence des fermiers, ou de renouveller pour les voitures des 1els , fairetex- ploiter Les bois affeétés à la fzline , & tenir la main à ce que les employés faffent leurs devoirs, diftribuer le fel pour les entrepôts, &c. Il y a des contrôleurs des bancs , contrôleurs des cuites. Les veintres font au nombre de quatre : deux ré- fident à la faline , les autres au-dehors. [ls ont infpec- tion fur les ouvriers Boquillons, qu’ils mettent en nombre fuflifant dans les coupes, & qu'ils éveillent, H y a desportiers. | Sel en pain. Les rois de France & d'Efpagne de- venus fuccefivement poffeffeurs de la Franche-Com= té, ont confervé l’ufage & les différentes formes du fel en pain. Il s’en fabrique de neuf fortes, dont huit pour la province , & un pour le canton de Fri- bourg. Gros fel d'ordinaire. Ce pain pele 3 livres 8 onces , ce qui fait pour la charge , compofée de 48 pains, 168 livres. Sa forme eft ronde & un peu creufe dans le milieu ; ileft deftiné aux communautés du bail- liage d’Amant , à la ville & partie du bailliage de Salins. À Petit [el d'ordinaire. Ce pain pefe environ deux li- vres & demie &c la charge de 120 livres. Il eft mar qué de deux cercles qui regnent au-tour. Il eft deftiné aux communautés du bailliage d’Aval. Petit [el de pofle d'ordinaire | pefe communément 2 livres 10 onces , & par conféquent la charge eft de 126 livres. C’eft à l’ufage des communautés du bailliage de Salins. Sel roture, ou d’extraordinaire, marchand danstoute la province, & deftiné à fubvenir aux befoins deceux qui n’ont pas aflez de {el d'ordinaire, doit pefer 3 li= vres, & la charge 144. Sa figure eft comme celle du. gros fel d'ordinaire , 1l n’en difere que par le poids. Sel marque de redevance. La difiribution s’en fait, fuivant létat du roï,aux parties qui y font employées. Il doit pefer 2 livres & +, & fa charge r20 livres. Sa forme eft celle du fel de pofte. , 2 Sel ro frere de redevance. I] {e délivre pareillement, en conféquence de l’état du roi;le pain pefe 3 livres +, & la charge 144. or Gros Jalé de la grande faline à 8 pour charge. Ces ros falés font affeétés aux propriétaires d’états de la grande faline , & aux cours fupérieures de Comté. Chacun Chacun de ces falés doit pefer 12 livi SE figuré com- ‘me le moule de la forme d’un chape: wi. Gros falé de la grande fahne à 12 p 6wr charge. M8- me deftination que ceux à 8 pour char $*, dont ils ne différent que de groffeur & de poids ; befe 8 livres : chacun. nm: Sel de Fribours , {e délivre au canton de’ Eribourg, en exécution d’un traité du roi. Il reffemb lé au gros 1e! d'ordinaire; pefe chacun 2 livres 6 once: SALINES DE BEXVIEUX ET D’AIGLE app értenan tes au canton de Berne, 6 celle de MOUTYERS er Tarentaife , pays de Savoie, appartenante a [a thajefle de roi de Sardaigne, où il y a des galeres ,| ou baïimens de gradiation. . La graduation eft une opération par laquelle on fait Cvaporer par le moyen de Pair & fans le fecours du feu, plufieurs parties douces de l’eau falée, en Pélevant plufieurs fois au haut d’un bâtiment conftruit à cet effet, par le moyen de plufieurs corps de pom- pes qu'une eau courante met en mouvement, & la faifant retomber autant de fois de 20 à 25 piés de haut fur plufeurs étages de fafcines ; d’où il réfulte une grande diminution dans la confommation du bois, & dans les autres dépenfes relatives à la fabrication du fel, | Plus la conftru@ion des bâtimens deftinés à la graduation eff parfaite, plus les différentes écono- mies font fenfbles & utiles. Pour déterminer avec certitude l'étendue des bâtiménsnécefaires à graduer l’eau d’une fource falée , il en faut connoître avec Fu ; Æ précifion le degré de falure. Un long ufage a fait re- marquer à MM. de Berne que les bâtimens de gra- duation à une feule colonne de fafcines étoient fujets à.perdre des portions de fel , en ce que quandil y a beaucoup d’agitation dans l'air, les particules d’eau falée dérivent dela perpendiculaire , & font empor- tées lors de leurs divifions. Pour remédier à cet in- convénient , ils ont fait conftruire un bâtiment au- quelils ont donné 25 piés de largeur au-lieu de 18 qu 'avoient feulement les anciens , & ils ont mis dou- ble colonne de fafcines ; qui nent que l’ancienne largeur par Le haut, mais,qui s’accroiflant par le bas, prennent la forme d’une pyramide tronquée, Le méchanifme de fa gtaduation paroïttrès-fimple, & quand on l’a vu pendant 24 heures, on croit le favoir & le pofleder à fond ; cependant il y a une in- finité de particularités intéreflantes qui ne {e préfen- tent que fucceflivement ; & fans toutes ces connoif- fances réunies, on court rifque de tomber dans des erreurs qui coûtent cher. La aline de Bexvieux & celle d’Aiv/e font fituées vis-à-vis S. Maurice, à l'entrée de la gorge du Va- laïs, à deux lieues l’une de l’autre. _ n'ya qu'une fource à la fa/ine de Bexvieux; elle {ort d'une montagne appellée 4 fondement. On l’a décou- verte en 1664, & l’on pénétra fort avant dans le roc pour en raflembler Les filets ; mais on n’eft parvenu à Ja maintenir dans un haut degré de falure qu’en y creufant de tems en tems ; par laraifon que les terres qu'elle parcourt ne contenant, felon toute appa- rence , que des-portions.& des rameaux de fel, ces rameaux s'épuifent par le mouvement continuel des eaux, qui ne reprennent une haute falure qu’en leur frayant une route nouvelle; en forte que cette four- ce eft afluellement plus baffe de 250 piés que le ni- veau du terrein où on l’a trouvée originairement, ce qui a obligé de faire des galeries à différentes hau- teurs pour.en procurer l'écoulement, Maiscomme en approfondifant la fource , letra- vail des galeries fe multiphoit,& que la dépenfe croit foit à SP LNIN, de Berne prévoyant que cette entreprife deviendroit à la fin infourenable , s'ils ne rencontroïient quelque moyen,plus fimple, faifoïent confulter par-tout les ingénieurs Les plus ha- PO CUT, nie 20 COMENT ET ; S À Ï. ÿ55 bilés , mais inutilement, jufqwà ce que M. le baron de Boëux, gentilhomme faxon, leur infpira un vafte des ne lequel il eut Iepe mille louis de récom: pente , € quinze Cens pour fon voyäve fr léelia Ce def confifte À da ah ere dans Pintérieur de la MmOntagne , par la cime du 10e cher, pour fare mouvoir plufieurs Corps de pom- PES ; au moyen d’une grande roue de 36 piés de dia- metre , pofée à plus de 800 piés de hauteur )érpens diculaire de l'entrée du ruifeau dans ] e sa 0 ; GE ce rocher eft en partie de marbre, en partie d’alb4: tre, & de pierre dure; un mineur men emportoit puere plus d’un pié cube en huit Jours ; cependant cette montagne efttraverfée À jour dans plufieurs en- droits , & il y a cinq autres galeries, de 3 piés de large , & de 6 piés de haut, qui font en tout plus de 3000 toifés de longueur , & de 7 millions 38000 piés cubes. La nature de ce travail ; le tems, la dépenfe, ë& la grandeur de l’entreprife, font autant dé faiets d’étonnement pour le voyageur, & autant de preu- ves du cas que l’état de Berne fait de fon tréfor & du defir qu'ila de fe pañler de létranger. | Le degré de la fource eft variable : quand elle eft à {a plus erande richefle, elle porte Jufqi’à 20 ou 22 parties, épreuve du feu, ée qui feroit près dé 22 À i épreuve du tube; fon plus bas a été à 8 deerés où à 10, elle produit ordinairement 500. livres pefant d'eau par quart-d’heure ; ces éaux font conduites de la fource par fa pente naturelle ; à la faline de ExXVIeUX, par des tuyaux de bois de fapin, dans une diftance de À de lieue, où elle eft reçué dans dés refervoirs, & de-là reprife par un mouvement de pompes que Peau fait agir, pour la porter dans de grandes galeries appellées £ézmens de graduation À : 2) 4 À f qui peuvent la fortifier jufqu’à 27 degrés ; de-là ellé païfe par fa pente naturelle dans les bernes où b4- timens de cuite. A à . . La même RORASNE fournit encore une autre four- ce , foible, qu’on fépare de la précédente , & aus 5 = z k d-42 7 A 5 Le. s étend par des canaux de fapin, jufqu’à l’Aigle, lieu diftant de-là de deux lieues. Cette fource eft fort chargée de foufre & de bitu- me ; l'odeur en ef forte, & lon en voit fortir l’ex- 7e halafon en tourbillon de fumée > Même pendant Pêté, à Piflue des galeries qui donnent entrée dans Ja montagne. Les lampes des mineurs enflamoient uelquefois cette matiere , {ur-tout dans les galeries en cul-de-fac , où il n’y a point d’air paflant, alors elle chafloit avec impétuofñté tout ce qui lui reff: toit, bruloit, pénétroit les corps; il y avoit des ouvriers bleflés & étouffés de la forte ; pour éviter cet inconvénient, on établit de diftance en di‘tance de gros foufflets de forge, que l’on agitoit fans cefls pour chaffer cette vapeur. C’eft ainf qu’on en uloit lorfque M. Dupin vita ces travaux ; cependant le lel de cette fource eft beau, bon , fain, cryftallin, 8 blanc comme la neise ; le foufre contribue à lui donner cette blancheur , {ans lui laiMer fon odeur. On aflocie à cette derniere fource, celle de la mon tagne de Panet , & leurs eaux vont mêlées, dans les relervoirs ou bâtimens de graduations , prendre, de foibles qu'elles {ont , jufqu'a 25 à 27 degrés de falu- re ; On pourroit les poufler plus loin, mais l'eautros chargée de fel devient gluante , pâteufe, & ne cou: le plus aifément par les petits robinets deftinés à [a repandre en forme de pluie, fur différens étages de fafcines qu’elle doit traverfer pour arriver à fon baf. fin ; elle s’y attache, fe fige, empêche l'effet de l’airg & par conféquent de l’évaporation , quand le tems eft convenable, c’eft-à-dire gai &fec; on pouffe la graduation depuis un degré & demi jufqu’à dix,en 24 heures. Ayant cette découverte il falloité cordes 8 demie de bois, pour fournir 25 quintaux; mainte- nant 3 cordes & demieen donnent 80. Il eft inutile hote MCE AAAG L © s 56 SA L ‘d’infifter fur l'importance d’économifer le bois. >| « ” e' à De! + a Comme ce n’eft point ici un fyfteme nouveau dont lévénement foit équivoque , m1 de ces imaÿinations . ‘ 4, s 2 : 1 Le) = philofophiques , tant de fois propofées,, fouvent ef- fayées , mais dont l’eflai en stand a toujourstrompé la promefle ; que c’eft au-contraire une expérience confirmée par un grandnombre d'années, à la JaZine de Slutz en Alface, dans les deux fulines de Suifle 9 9 "& dans celle de Savoie , c’eft refufer un avantage certain que de ne pas ufer d’une telle découverte. A, ; ES # à Le Il y a des bâtimens de graduation à la aline de Moutiers en Tarentaile; ce font mêmeles feuls dont nous ferons mention, les autres ne différant de ceux dé sos fulines, non plus que le refte de la manœu- vre, que par la différence des lieux. Le rei de Sar- daigne ayant appris les fervices que M. le baron de Boëux avoit rendu au canton de Berne, l’appella à la filine de Moutiers ; où il fit conftruire des bâtimens de graduation au nombre de cinq , dont deux ont 410 pas communs de longueur, & les trois autres 320 pas chacun. Ils ont tous 18 piés de large, fur 25 de haut, à prendre duréz-de-chauflée jufque fous la fabliere. La mafle d’épines par où les eaux fe fil- trent, a6 piés de large, occupe toute la longueur du bâtiment, & la hauteur depuis le baflin ou cuve bañle, jufqu’à la fabliere ; ces cuves baffes font four- nies par le grand refervoir , dont les eaux font rele- vées dans les auges de filtration autant de fois qu'il eff néceflaire , par plufieurs corps de pompes qui jouent continuellement, auxquelles l’Izere donne le mouvement ; les eaux font poufléès par la gradua- tion depuis 2 deprés, qui eff leur état naturel , juf- qu'à 25 àt 27. Le deoré s’eflime par la livre fur le cent, ainfi la falure eft à 20 degrés fi l’évaporation étant faite fur #00 livres, il en refte 20. SALINE DE DieUzE, il y auroit beaucoup à ga- ner, à perfecuonner les fourneaux; voici comme on pourroit s'y prendre. L'ouverture fuperfcielle feroit la même qu'aux anciens, c’eft-à-dire de 28 piés fur 24; les côtés en talud, dont la ligne de pente Heroit le côté d’un triangle équilatéral ; la diffance de laïre à la poële , inégale, favoir de 4 piés à l’em- bouchure, finifant à deux au plus, à l’endroit de la fortie ; il n’y auroit pre ouverture de 2 piés de large , & de 4 piés de haut, pour jetter le bois; cetie ouverture , avec un chafhs ou huifferie de fer, à laquelle feroit fufpendue une porte brifée de même matiere , que l’on ouvriroit ou fermeroit felon le befoin ; on pratiqueroit aux côtés deux fenêtres, pour juver de l'état des feux & de la poële , tout fon quarré feroit exaétement fermé pour concentrer la chaleur; l’ouverture du derriere, ou la cheminée, auroit 2 piés de haut , fur 8 piés de large ; ayant re- marqué que la chaleur qui fort par cette ouvertu- re étoit fort confidérable, on coatinueroit le four- neau de o à 10 piés de large, fur 12 de long, finiffant à 7 piés ; l’on appliqueroit deffus un poëlon de mê- me dimenfon;louverture où cheminée de ce fe- cond poëlon ; donnant encore beaucoup de chaleur, On en ajouteroit un troifieme, à 7 piés de bafe, f- niflant à 4, fur 7 à 8 piés delong , enforte que Pun êc l’autre de ces deux poëlons , reffembleroit à des cones tronqués , l'ouverture du defnier poëlon, def- tiné pour laifler échapper Pair 8 la fumée ,. n’auroit qu'un pié dehaut, fur r8 pouces de large , & pour- roit fe fermer par un repitre. Voyez le plan ci-deffus. Dans les bâtimens qui auroient affez de profondeur , on pourroit multiplier les poëlôns , pourvûü qu’on proportionnat ä leur nombre les pentes du fourneau. - Ce fourneau n’auroit pas les mouvemens des au- tres:, le feu y feroit moins concentré, il agiroit avec plus de force, 1l ferrépandroit moins au-dehors , il feroit moins diminué auxdeèdans par l'accès de air froid , &c: SAL On a éxécuté ces idées À Dieuze, & c’efttoutce qu'il ya de remarquable; durefte, le fel s’y fabrique comme à Moyenvic & à Châteaufalin. SALINE DE ROZIERE » particulariré des poëles de Rozire, Detrièreles poëlesiliy à des poËlons quiont 2,1 piés de long fur $ de large , & derriere ces poélons üne table de plomb, à peu près de même longueur & larceur , fur laquelle font. établies plufeurs lames de plomb pofées dechamp, de hauteur deu pouces, 4 L \ qui forment plufieurs circonvallations. Toute cette machine s’appelle exhalatoire ; la deftination de l’ex- halatoire eft d’évaporer quelques parties de l’eau dou ce , en profitant de la chaleur qi fort par les tran- chées ou cheminées.de la grande poële , & de dé- gourdir Peau avant qu’elle tombe dans la grande chaudiere. | Particularités de la fabrication de [el au même endroïr. Lorfque les maréchaux ont nus la poële en état, les ouvriers , dès quatre heures du matin, mettent Le feu {ous le poëlon , avec des éclats de buches, &z cependant ils donnent de l’eau aux exhalatoires, 1a- quelle fe rend dans le poëlon. Ce poëlon contient de la muire grafle, autant qu’il a été pofible d’en ramafñer, ce font les eaux les plus fortes que on ait dans le cours ordinaire dela formation du fel, parle moyen du feu. | Si la muire retirée de l’abattue, a éré abondante, elle fuffit {eule à opération ; fi on juge qu'il n’y ea ait pas fufifamment, on jette dans le poelon du fel de {ocquement : c’eft ainf que l’on appelle le der- nier {el qui refte au fond de la poële , quieft d’un brun jaune, non loyal & marchand , & mêlé de corps étrangers. Les ouvriers ont toujours de ce fel en quantité, pour parer aux accidens contraires à la formation dont la foibleffe des eaux eft très-fufceptible = Îe mauvais tems, le grand vent, lebois d'une moindre qualité , éc. peuvent faire cefler &r baïfler la poéle à un point que l’on ne pourroit la relever 8 la.faire fchlotter , tout fe perdroit fans former du fel. Lorfque l’eau , verfée des exhalatoires dans îe poëlon où eft la muire ou le fel de focquement, fe difpofe à bouillir, on remplit entierement de bois le fourneau de la grande poële, en laiffañt des jours entre les buches que l’on croife à cet effet ; onallume ce bucher , & fitôt que la poele a pris chaleur, on Parrofe avec la compoñition du poëlon, que lon puife avec des vaifleaux appellés /cllores. Quand le fer de la poële eft bien chaud , & qu'il commence à être encrouté de {el formé par l’arrofe- ment fufdit , on y laïffe entrer Peau naturelle jufqu'à ce qu'elle foit à peu près pleine ; enfuite on donne quatre chaudes confécutives, c’eft-à-dire qu’on char- ge quatre fois ce fourneau de bois ; la derniere chau- de finit à trois heures après midi, dans l'intervalle de ces chaudes , on leve les augelots , ou ces ef peces de caïflés de fer , avec une ance, qui fe pofent aux angles & le long des côtés de la poële, &c dans lefquels Le fchlot fe dépofe. Cette premiere opération fe fait par le maitre, le falineur & le bœuf; c’eft ainfi que lon nomme lou- vrier qui décharge le bois des charettes, le jette fur la poële, & fat les autres menus fervices. À trois heures après midi le focqueur fe charge | de la poële , il donne la derniere chaude avec le fa- lineur qui fe retire à fix heures ; le focqueur rabat les braifes , & laifle couler de nouvelle eau du poëlon dans la poële , fuivant la force de fa muire;, on ne commence à tirer le {el que le 3° ou 4° jour, quel- quefois en pétite quantité, quelquefois aflez abon- damment , fuivant les accidens furvenus pendant la ÉLON come ele DL On compte le falinage par abattues,les abattues par | tour, le tour eft de 24 heures, &ilyenarz dans S'AL une abattue ; chague tour commence à 4 heures du dise, ! * abattues, cordes de bois. muids de fel. Janv, 17371 55 -25$0: s17 À die | 5270 1097 rt Sr 2720 580 Août 7 15 | 2550 | 4 2e) S219 669: Mai SnETGS Larb 66 nou sbÿe Su "661 On a choïfi pou cette comparaifon deux MOIS d'hiver, pendant lefquels Le nombre des abattues & des cordes de bois aïété aneu-près le même que dans Lou mois Pr où FOUT EN | Lortéue la muire où Peau des fources filées, a fenti le feu pendant quelque tems, elle dévienttrou- ble & elle commence à dépofer un corps étranger, decotleur cendrée, gras au toucher, grumeleux ; én continuant de le frotter entre les doigts, on le éroiroit plein de fablon affez fin; cette atiere fe somme /chlor, Ou serre & crafle de poclt; c'eft cette matiere qui forme le corps de Pécaille où équilte ; elle fe durcit fur le fond de la poële, devient auffi fo- Bde que de la pierre commune, & lie le premier {el qui tombe fur fond; fon dépôt progrelfif eff fini lor£ que le grain de fel commence à paroître à là fuperf- cie de la muire. ah ve Pour diminuer l’épaifieur de l’écaille qui diminue Paëtion du feu &c ruine les fers, on fe fert des auge- lots, le {chlot s’y dépole ; on le jette ; parce qu'on #aitpar Expérience qu'il né contient prefaue point de tel; 1 fart périr les arbres , s’il pénetre jufqu’Xla ra- sine; en le travaillant avec art fans mélange, on en tire un fe] pareïl A cel d'Epfon. | | On en tire encore d’autres fels ; en lexaminant, il donne des cryftaux depuis 6 jufqu’à 18 &' 10 lignes de long , & depuis r juiqu’à 3 + lignes de largeur ; ce font des prifmes À £x pans irréoulierement régu- Kers ; les deux furfaces du petit diametre font à-peu- près doubles de largeur des deux füurfices Gui terrhi- neñt chaque extrémité du orand diametre; chacun des deux bouts eft términé en pointe dé diamans ï per fix triangles dont les bafés font Évales aux deux plus larges tupérficies, & aux quatre petites alternes, _ Addition à cequi à été dit des bérimens dé graduution., Pour former le fel dé mer on difpofe des aires ou baflins , qui ont beucoup de fuperficie & péu de profondeur, dans lefquels on introduit Peau de la mer par des risoles ; je foleil &c Pair agifient fur cet- te eau, ils lenlevent, l'évaporent dans un eéfpäce de tems plus ou moins long , fuivant l’ardeur du {o-- leil, la qualité &c l’attivité du vent, étant à obferver que la fafon de Pété la plus chaude, éft celle que Pon faïfit pour cette opération. Le fel, comme plus pefant que les parties äqueufes , démeure inébran- lable aux chocs qu'il récoit, l’a@ion du foleil , les fecoufles & les ébranlemens dé Pair, lélévent feule- ment jufqu’à uné hauteur de quelques piés , maïs il rétombe après quelques pirouetteméns, fes parties fe réuniflent, fecryftallifent , & forment enfin un corps folide , dont la figure eft communément cu- bique. | L'art a cherché à imiter la nâture parlés bâtimens de graduation; pour cela il n’a que Chängé là forme de l'évaporation; celle de la nature fe fait dans une difpoftion homiontale , celle ae l’art dans une dif pofñition verticales" | Les bätimens de graduation font à jour, élevés de 20 à 25 pies de la Cuve la fibliere ; On force l’eau Tome XIV, S A L 557 que Von veut graduer , à monter par lespompesjuf. qu'au haut de ces bâtimens , d'où elle fe diitribue dans des aupets de 4 à $ pouces de largeur & autant de profondeur , difpoiés fiuvant la lon aueur du bâti ment, parfèmés de petits robinets à fix pouces de diftance les uns des autres, qui ne laiffent échapper Veau que par gouttes | lefquelles-rencontrant dans. leur route une mañlé de fafcines de 20 À 25 piés de haut, fur 10 de large, fe fubdivifent & multipliert leurs furfaces à l’inhnis;enforte que l’air auquel cette fubdivifion donne beaucoup de prife, emporte dans l'elpace , comme une rofée, les parties douces de l'eau quife font trouvées foumifes à fon ation, pen- dant-que les parties qui demeurent charuées de lel, déterminées par le poids, décrivent conftament une perpenceutaire, & fe précipitent dans le bain def- tiné à les recevoir, d’où elles font enfuite élevées par d’autres pompes qui les portent dans une autre divifion d’augets, pour retomber, par la même ma- nœuvre quecidevant, dans une autre divifionrde baïlin, & fuccefivement jufqu’au dernier, le nombre étant proportionné au deoréde la falure de l’eau. On. donne aux plusfoibles ; telles que celles d’un degré, ëc denn où deux degrés , jufqu'à fer divifons., & lon peut les pouffer jufqw’à 30 degrés en trois jours dans la bonne faifon. HN Plus Le dpoîtion des bâtimens eft parfaite, plus les différentes économies font {enñbles, Leur forme, leur expoñtion, la maniere d'élever les eaux, l’atten. tion au progres de la falure pour éviter un travail inutile & ménager un tems précieux, Le gouverne- inent des robinets qu'il faut conduire fuivant les chan- gemens © le caprice du vent, & mille autres détails Gue Pon eroiroit indifférens, font d’une importance cxtrème. Pour pouvoir déterminer avec certitude l'étendue des bâtimens néceflaires à graduer une fource falée, 1 en faut connoîïtre avec précifion la poñfbilité & la qualité. Mais pour en donner une idée générale, de même que de économie quicen réfulte ; on dira que pour faire par le moyen de la oraduation 7000 ton- neaux.de fel de 65o pefant chacun , avec de l’eau à 4 degrés ou à 4 pour ?, il faut 3000 piés.de bâtiment & 5000 cordes de bois, & que fans cela, 1leñ cou- teroit 32000 cordes pour-pareille quantité. On ne connoït point l’auteur de cette machine Fe mais 1l.eft à prétumer qu’elle eft fort ancienne, & que la faline de Soultz en baffle Alface, a fourni le modele de celles qu’on a établies dans la fuite. C’eft lurement la plus ancienne. Celles de Suifle , de Sa- voie & d'Allemagne font abfolument modernes, & il eft étonnant que lon n’ait pas plûtôt fait attention à celle de Soultz, qui eft fur le arand chemin de Strat. bourg à Mayence, & expolée à la vue.de tout le monde. Il n'y a perfonne à Soultz ni aux environs, qui fache l’origine de cette /zline ; le plus ancien ti tre qui exrite eft un contrat. d’acquifition de 1665. Elle fubhftoit avant les guerres de Suede, pendant lefquelles elle fut ruinée. Rétablie à la paix, elle fut donnée àemphithéote par la maïfon de Fleckeïntiein à celle de Krug, moyennant le dixieme du produit en fel. Krug la rendit à Furft, qui la répara de nou- | veau. Cette /a/ine peut fournir annuellement environ 140 müids , de 6$o livres chacun. Les eaux des fontaines falantes paflent par des car. rieres louterraines de fel gemme, oelles fe chargent de parties de fel , & contraétent un degré de falure plus où moins fort, fuivant qu’elles en parcourent fans interruption un plus ou moins long efpace, étant . 4 obferver que ces roches fant par veines, par £Our ches & par cantons; & c’eft la raïfon pour laquelle On voit côte à côte une fource d’eau doucé & une autre d’eau falée ; deforte que la terre étant exirème- ment variée dans fa çcompoñtion , les eaux qui en AAzaauy j 555 S AL fortent parficipent de tous fes diférens modes, & “Îles fe trouvent'impiégnées de parties de felä pro- portion des différences de leurs poñitions. | La mer efttrop éloignee pour s’imaginer qu'elle Yoit la caufe de la falure de ces eaux; l’eau filtrée dans les terres pendant un fi long trajet, fe dépotilleroit méceflairement de fon fel, moins qu’on ne‘fuppofät quelles font apportées de la mér ici par un canal fort droit &c fort large, ce qui s’oppoie à la raifon & à Pexpérience, par laquelle noûs remarquons que l’eau de ces fources vient par différentes embouchures, & qu’elles croiflent ou diminuent fuivant que la far- fon eft feche ou pluvieufe. : ‘On remarque même que plus elles f6nt abondan- tes , plus elles font falées; ce qui provient de ce qu'ayant alors plus de volume, de poids & de vitefle, elles frappent avec plus de violence & émouflent avec plus de facilité les angles des finuofités qu’elles parcourent, & en entrainent aufli les particules juf- qu’où le niveau leur permet d’arriver. Voilà ce qui nous reftoit à ajouter à cet article, d’après lequel on aura, je crois, une connoïffance fufffante de ce que t'eft que les forraines falantes; & les ufines qu'on appelle Jaines. Voyez encore les articles SEL, SEL GEMINE, SEL MARIN, 6 l'art. Juiv, SALINES DE FRANCHE-COMTÉ , il y en a deux dont l'abondance des fources , la qualité des eaux, &c le produit en fel font fort différens. La Jaline de Montmorrot inférieure en tout à celle de Saërs, n’a fur elle que Pavantage de l'avoir précédée. Mais dé- truite par le feu, ou abandonnée pour quelque autre taifon, elle a été oubliée pendant plufeurs fiecles, & c’eftfeulement vers le milieu de celui-ci que Pon a penfé à la relever.r Au contraire depuis plus de douze cens ans que la /a/ine de Salins fubfite, elle a toujours été entretenue avec un foin particulier, &r a paru mériter l'attention de tous les fouverains à qui élle a appartenu. Elleeft beaucoup plus confdé- rable que autre, & c’eft par elle que nous commen- cerons cet article. SALINE DE SALINS, (2) elle eff divifée en deux par- ties que l’on diftingue par grande & petite faline, y a une voûte foûterreine de 206 piés de longueur , 7 piés $ pouces de haut, & 5 piés de largeur, qui don- ne commumication de Pune à l’autre, enforte qu’elles ne font enfemble qu’une feule 8& même maifon. Elle eft fituée au centre de Salins, dans une gorge fort étroite. Le rempart la fépare de la riviere de Furieu- fe, & elle eft fermée par un mur du côté de la ville, à qui elle a donnéla naïffance & le nom. Car Salinsa commencé par quelques habitations conftruites pour les ouvriers qui travailloient à la formation du fel. Les eaux précieufes de cette /z/ine en avoient fait un domaine d’un grand revenu , & ce fut un de ceux que S. Sigifmond, roi de Bourgogne, donna au com- mencement du vj. fiecle, pour doter le monaftere d’Agaune. Ce monaftere pofléda dès-lors Salins en toute propriété jufqu’en943 , que Meinier, abbé d’A- (2) La ferme générale fouftraitant depuis long-tems la aline de Salins, il y a deux régies dans cette aline : celle de l'en- trepreneur , dont nous indiquerons les employés dans la fuite de ces notes, & celle de la ferme générale, dont nous allons d'abord donner une idée, paree qu'elle n’a point de rapport à toutes les manœuvres que nous détaillerons, & qui regar- dent l'entrepreneur. | _: La régie de la ferme générale confifte à veiller à l'exécu- tion du traité fait avec l'entrepreneur , à recevoir de lui les fels formés ; en faire faire les livraifons , percevoir le prix des fels d’erdinaire & Rozieres; des Sa'aigres, Bez & Fouf- fets, & de payer les dépenfes affignées fur le produit. Ses employés font un receveur général-infpeéteur , un contrô- leur des fslines , un contrôleur à l'empliffage des boffes , un contrô- leur au pefage , un contrôleur-géometre , deux contrôleurs aux palfa- vents , huit guertes , faifant les fonctions de portier ,& chargés de fouiller les ouvriers & ouvrieres qui {ortent des falines ; deux gardes attachés à la faire. L gaune , Îe donna en-fief à Albéric, comte de Bout= gogne & de Mâcon. Nous ne frouvons rien qui nous apprenne fil’établifflement de cette /z/71e eft de beau- coup antérieur au y]. fècle. Strabon aflufe qu’on fai- foit grand cas à Rome des chaïrs falées dans le pays des Séquanois ; mais ce pañlage ñe peut pas s’appli- quer à la aline de Salins plutôt qu'à celle de Lons-le- Saunier, qui eftfèrement plus ancienne, & à laquelle par cette raïfon il femble mieux convenir. La grande [aline occupe un terrein irrégulier quia 143 toifes dans fa plus grande longueur du fepten- trion au midi, & $o toiles dans fa plus grande lar- geur du levant au couchant. La petite faline placée au feptentrion de la grande "8 dans lamême poñtion,, a 40 toifes de longueur & 25 de largeur. Cette derniere renferme un puits appellé purs 4 mure. Il eft à 66 piés de profondeur, depuis la voëz. te fupérieure jufqu’au. fond du récipient qui reçoit les eaux falées, & il a 30 piés de largeur, de toutes faces, préfentant la forme d’un quarré. L’on y def- cend par un efcalier , & l’on trouve au fond deux belles fources falées (?) qui dans 24 heures produi- fent 16omuids , mefure de Paris. L’eau claire, tranf- parente, & à 17 degrés, eft conduite par un tuyau de bois, dans le récipient des eaux falées. Il eit à 5 piés de diftance conftruit en pierre, &z contient 47muids, À côté de ce récipient, il en eft un autre de la con- tenance de 61 muids, dans lequel fe raflemblent les eaux de 4 fources (c) une fois plus abondantes que les deux premieres ; mais qui étant feulement à 3 degrés, font pour cela nommées perises eaux. Onen éleve une partie pour des ufages qui feront expli- quées danslafuite. | En termes de faline, l’on entend par deprés la quan tité de livres de fel renfermées dans cent livres d’eau; c’eft-à-dire que 100 li. pefant d’eau des deux pre- mieres fources qui font à 17 degrés, rendrontaprès lé. vaporation, 17 liv. de fel; & par la même raïon, 100 liv. des quatre dernieres fources, ou petites eaux à 5 degrés, n’en rendront que 5 liv. La pinte de Pa= ris des eaux à 17 degrés, contenant 48 pouces cubes, pele 35 onces :; & celle des eaux à $ degrés, pefe 32 onces %. On connoît le degré des eaux, en réduifant à ficci- té, par le moyen du feu, une quantité d’eau d’un poids connu , & celui du fel‘formé donne le æepré, Sur cette opération, on a établi une éprouverte qui démontre d’abord la quantité de fel contenu dans 100 liv. pefant d’eau. Cette éprouverte eftun cylindre d’étain, d'argent , 6c. que l’on introduit perpendi- culairement dans un tube dt même matiere rempli de l’eau qu’on veut éprouver. Au haut du cylindre font gravées des lignes circulaires diftantes l’une de l'autre, dans des proportions déterminées par l’é- preuve dufeu. Ce cylindrefefoutenant plus où moins dans l’eau , fuivant qu’elle eft plus ou moins falée, & par conféquent plus ou moins forte, en défigne les degrés, par le nombre des lignes quifs’appercoi- vent au-deflus du niveau de l'eau, Il ne faut pas que l’'éprouverte foit en boïs, parce que le fel s’y imbibant, donneroit enfuite à l’eau un degré de falure qu’elle n’auroit pas. D'ailleurs, le bois fe gonflant ou fe ref ferrant , fuivant la fécherefle ou l'humidité de l'air, mettroit toujours un obftacle à la jufteffe de Popé- b) Il y en a méme trois : 1°. /z bonne fource a dix-fept de- grés : 22. Le furcroit a dix-huit degrés deux tiers: 3°. le vieux puifoir ; mais cette derniere fource n’a que deux tiers de de-. grés. Auf ne la réunit-on avec les deux premieres que lorf- que l’on fait l'épreuve juridique des eaux. C’eft un ancien ufage qui n’en eft pas plus raifonnabie pour cela. Dès que l'é- preuve eft finie , on renvoie /e vieux puifoir dans le puits’ des petites eaux. (c) La premiere eft le vieux puifoir dont on a parlé dans la note précédente : la feconde s'appelle Ze durillon ; les autres foat fans nom , & auf foibles en falure. S AE tation. L’étain paroit préferable À l'argent , parce qu'il ne fe charge pas de Verd-de-oriss & l’on doit toujours avoit foin de laver Péprouvette avec de l’eau douce après qu’on s’en cf fervi, autrement elle cefle d'êtrejufte. ; Nous obferverons ici, qu'il ny à que Les matieres Jalines qui marquent à l’éprouvette ; parce que le fel feul, pouvant fe placer dans Les petits interftices qui font entre les globules de Peau, la rend plus forte, plus difficile à céder, & s’y infinue même jufqu’à une quantité aflez confidérable, fans la faire augmen: ter de volume ; mais l’on auroit beau charger une eau douce de boue, & d’autres parties étrangeres , ñ on la met à l’éprouvette, le cylindre reftera à la . marque de l’éau douce , fans indiquer le moindre degré de falure | __ Îl y avoit autrefois une ancienne éprouvette en ufage à Salins, dont le deoré étoit d’un tiers plus foi: ble que celui de la nouvelle dont nous venons de parler, c'eft-à-dire qu’au lieu d'indiquer une livre de fel renfermée dans 100 liv. d’eau , il n’en indi- quoit que les deux tiers d’une livre ; c’eft à quoi il faut faire attention, quand onlit quelques mémoi- res ou procès-verbaux fur cette /afine, & les offi- cie-s qui font tous Les mois la vilite des fources pour en confiater les degrés, les comptent encore aujour. d’hui fuivant Pancien ufage. La grande aline renferme deux puits dans lefquels 11 fe trouve beaucoup de fources, falées & douces. Le premier eft appellé purs d'amons ; & le fecond, puits agray ; & quoique lun & l’autre foient défi- gnés par le nom de puits, ils n’en ont point la for- me. Ce font de grandes &7 fpacieufes voûtes fouter- reines bien travaillées , & conftruites folidement. Elles commencent au puits d’amons ; on y defcend par un efcaler en forme de rampe, compofé de 61 marches. On arrive fur un plancher de 21 piés de long, fur 15 piés de large, fous lequel fe trou- ve un grand nombre de fources de différens pro- duits. Elles font toutes féparées, non par des peaux de bœufs, comme on le lit dans le Di. de Cornmer- ce, mais avec de la terre glaife préparée & battue, que lon nomme conroi (4), & couverte par des trapes qu’on lon leve au befoin. . ly a fept de ces fources (2) qui par de petites ri- goles faites avec le conroi dont on vient de parler, font amences dans deux récipiens ménagés dans un même baflin de bois attenant au plancher, & de la contenance de 37 muids, 2 quarts, 58 pintes, me- fure de Salins. (f) Elles fourniflent par demi-heure (a) Les cinq premieres fources formées de dif£rens filets À fe réuniflent dans le plus grand des deux récipiens , & y cou- lent {ous les dénominations que nous allons rapporter. La premiere , dite Les srois anciennes , eft à onze degrés de falure. La feconde s’appelle Ze corps de plomb ; elle eft au même de- gré que les trois anciennes. | La troifñieme ou a petite roue, eft à douze degrés. La quatrième eft nommée 4 nouvelle fource :Îes eaux fort À quatre degrés trois quarts. - La cinquieme dite /a sroifieme changeante, ef à quatre degrés & demi. : (e) 11 y a deux prépofés pourvûs d'office par le roi pour veiller à l'entretien du conroi qui fépare les fources falées,& douces , & conduit leurs eaux dans les baffins qui leur font de- ftinés. Ils font auffi chargés d'accompagner les officiers des fali- 2es, lorfqu'ils vont faire l'épreuve juridique des fources, d’y lui- vre le montier de garde dans fa vifire hebdomadaire, & d'y con- duire les étrangers. On les nomme conducteurs conroveurs des fources. L'un eft pour la grande faline & l'autre pour ja petite. (f) La pinte de Sais contient 64 pouces cubes, & il faut 240 pintes pour le muid. La pinte de Paris ne contient que 48 pouces cubes , & il en faut 288 pour le muid. La différence du muid de Salins eft donc de 1544 pouces cubes , dont il eff plus grand que le muid de Paris, ou de 32 pis melure de Paris ; quine valent que 24 pintes melure de a de SEA: L 559 7 quarts, 12 pintes d’une eau À ro degrés, Les aue tres, à l'exception de deux nommées les changeantes, n'étant qu'à 1, 2 degrés, où même la plüpart totale- lement douces, elles font raffemblées dans un réci- pient voifin, de même nature que le premier , & de la contenance de 15 muids, toujours mefure de Sa- CR ORARETNRR Res. # Les deux foutces dites premiere & féconde changean: s, parce qu'elles ont fouvent varié, ainfi que la troifieme changeante, font à 2 degrés ?, & fournifs fent par demi-heure 1 quart 56 pintes. Un cheñeau de bois les amene dans le rééipient des eaux falées ; d’où elles font élevées féparément (£) pour des ufa ges dont nous parlerons dans la fuite. La voüte en cet endroit a 39 piés de haut, à com: pter depuis le fond des récipiens , jufques fous la clé des arcades , & 44 piés de largeur : le tout à une feu: le arcade & fans piliers. Elle eft conftruite ainf dans la longueur de 178 piés ; de-là elle n’a plus que 17 piés de haut fous clé, fur 20 de large , &z 148 de longueur ; cette partie fert à communiquer aux four: ces dites le puits 4 gruy. En cet endroit la voûte a 46 piës de large, fur 34 de hauteur, & 176 de lon- gucur, L'on trouve à l'éxtremité un plancher de 13 piés de large fur la longueur de 25 ; fous lequel font fept petites fources falées à 13 degrés, couvertes par dés trapes, comme au puits d'amons, & conduites par des rigoles de terre glaife dans un petit baffin de réu- nion où tombe encore un filet d’eau au même degré, dont l’on ignore la fource. De ce baffin , Où elles prennent le nom de grand coffre, elles font envoyées par des tuyaux de bois de 18 toifes de longueur au récipient des eaux falées, contenant 28 muids. À 18 pouces du fond de ce récipient, il fort encore une fource nommée Ze chevre ; elle eft à ro degrés, & fe mêle avec les autres. Leur produit total donne dans 24 heures, 145 muids à 12 degrés 2, L'on doit obferver que dans le nombre des fept premieres fources, il y en aune, d’un produit peu confidérable, qui tarit dans les tems de grande pluie, & ne reparoit que dans les tems de fécherefle, Au- tour du plancher qui les couvre, ilfe trouve encore huit ou dix petites fources prefque douces, qui réu- nies par un cheneau, vont tomber enfemble dans leur récipient, contenant 78 muids. Toutes les fources falées des trois puits fournif- fent dans 24 heures $27 muids, dontie mêlange dans la cuve dx tripos eft ordinairément à 14 degrés. Elles font mefurées le premier de chaque mois en préfen: ce des officiers de la jurifdi@ion des falines, & des prépofés des fermiers. Les quantités de muids rap portées ci-deflus ont été calculées, de même que le degré des eaux, fur le produit total de plufieurs ans nées dont on a tiré le commun. Ces fources augmen- tent ou diminuent proportionnellement au plus ou moins de pluie qui tombe ; & l’on a remarqué que les années qui étoient abondantes en neige étoient celles où les fources produifoient davantage. En gé: néral , plus le produit des fources augmente, & plus elles font falées ; elles paroïffent toutes venir du cous chant, & pafler fous la montagne fur laquelle eft bâti le fort Saint-André. | | Les eaux falées & douces des deux falires font élevées (4) avec des pompes afpirantes , au moyen (g) Quoïque ces eaux foient élevées féparément, on les réunit auf avec les premieres, lorfque l’on fait la reconnoif= fance juridique des fources. C'eft à-peu-près comme f une femme , toutes les fois qu'elle viliteroit fes diamans , y mé loit des caillonx fangeux qui leur Ôteroient de leur éclat & de leur prix, & qu'elle ne feroitentrer dans fon écrin que les jours où elle en voudroit examiner la richefle. L'exemple d’u- ne grand-mere imbécille feroit-il fuffifant pour autorifer une conduite aufli ridicule ? (4) Quatre charpentiers attachés aux /alines font chargés de \ $ = (g e* 560 S' A'E dune machine hydraulique établie à chaque puits. Les eaux falées fontconduites par différens cheneaux dans le grand récipient appellé sripor ; c’eftrune vafte cuve toute en pierres de taillé afpaaltée, &r garnie en: déhors deterreglaite bienbattue; elle contient 55638 muids ; mefuré dé Paris: De-Kices eaux font encore élevées avec des pompes , & diftribuées par plu- fleurs chéneaux dans les nauds du réfervoirs, éta- blis près des: chaudieres où elles font bouillies ;: on les y'fait couler par le moyen d'une échenée que fon rétrre énfuite lorfque la éhaudiere eff remplie, lés pompes qui élevent-les eaux douces où peu fa: fées , &C qui Les jettent dans lé Canal dit de Cicow, jouent par les mêmes rotiages œur font mouvoir cel les des eaux falées. 119 Lé canal dé Cicon qui recoit toutes les fources dou- ces delà grande Jaime, anfi que les eaux qui ont fervi aux machines hydrauliques, commence à l’ex- tremité le la voûte du puiss d’amonr. À ét endroit élevé de-ro piés au-deflus du niveau des fources ie lées; on én voit uné dau doucé', abondante, clar- fe & bônne à boire. De-là le canal continue juf- qu'À Pautré extrémité de favoûte dite Ze puits à gray, ôù il récoir encore les caux qui ont fait mouvoir la machine hydraulique confiruité pour les pompes de Hi cuvé-du sripor; alors’il eff fait en voûte, &pafte fous [4 ville de Salins, à 25 piés dé profondéur. Îla 332 toifes de longueur; 4 piés de large’, fur 6°de hauteur commune, à compter depuis Pextremmté de la voûte du puits à graÿ , jufqu'à l'endroit otr1l jette fes eaux dans la riviere de Furieufes Les eaux douces ou peu falées dut puirs arnüré à la petite fxline, ainfi que celles qui font mouvoir les machines hydrauliques pour les pompes qui Les éle- vent font aufli reçues dans un canal de 53 toifes de longueur , du même nom & dela même conftruc- tion que celui de la grande Juline auquel il {e réunit. Les voutes fouterréinés qui renferment les fources des puits d’amon & agraÿ, regnent fous le pavé de la grande [aline ; du feptentrion au midi; leur longueur totale eft de $o2 piés. On en attribue la conftruéhon aux férgneurs de ta maifon de Salins, qui commen- cerent à régner vérs lan 941, en la pérfonne d'AH béric de Narbonne , comte de Macon & de Bourgo- gne, fire de Sahins. À Nous avons dit que toutes les eaux falées de la grande & de la perire faline', fe raffembloient dans la cuve du #ripor, d'où elles étoient diftribuées dans les réfervoirs établis près des chancieres. Ces chaudier:s où poëles, toutes défignées par un nom particulier ( i }, foht au nombre de neuf, avec chacune un poë/on qui les joint par-derriere. Il Y en a deux à la perire fuline, & fept à la grande. Chaque chaudiere avec fon poëlon aun emplacement {éparé, & un réfervoir ou raud fait de madriers de fapin pour y dépofer les eaux néceflaires aux cuites. Cet emplacement s'appelle here (K1); ila 64 piés de Jong fur 38 de large. Toutes les poëles font de figure ovale, êt les poë- lons de celle d'un quarré long plus étroit dans le bout oppofé à célui qui touche la chaudréte. Les di- menfions communes d’une poële font dé 27 piés 2 poucés de longueur, 22 piés 8 pouces de largeur, &c 1 pié poucés de profondeur. Elle contient 90 muids d’eau; celles du poëlon font de 18 piés de Pentretien des rouages , & des ouvrages qui fontau compte de léntrepreveur. L'entretien des bâtimens , &'toutes les aroffesréparations ; fout au compte du roi. : (iÿ Lés chaudières de la grande fäline {ont heauregard , cha- télain ;comteffe, glabin, grand-bief, mertinet , & perit buf. Celles ui {ont à la petite Jaline s'appellent l'une chaudiere du creux, &x l’autre chaudiere de foupat. (Æÿ Chaque berne eft diffinguée par le nom de la chaudiere «elle renferme. SAL Jong,, ro'piés 6 pouces de large, & r pié 3 pouces de profondeur, il contient 39 mütuids. L'un & lautre font compofés de platines (/) de fer coufues enfemble avec dé gros clous rivés, & font fufpendus fur un fourneau, la poële par 135 barres de fer dé 4pié$ de longueur, &c le poëlon par 20 aütres barre$ longües de 6 piés. Ces barrés appelées chaines, font rivées pär-deflous la chaudiere, & accrothées dans le deflus à des anneaux de fer tenans à dés piéces de bois de fapin (a), qui traverfenr la fargeut de la poële, & font appuyées fur deux groffes poutres que foutien- nent quatre dés de mâconnerie äppellés piles, qui s’élevent de 3 à 4 pics aux quatre anoles des murs dir fourneau. | Le fourneau eff creufé dans lé terrein én mème longueur & en même largeur que la poële & Le poë- lon. Le devant fermé par un mur, forme une ouver- ture ou gorge de 4 piés 6 pouces de hauteur, fur r$ à 16 pouces de largeur. C’eft par-là que l’on jette le bois {ur une grille de 10 piès de long & de 4 piés de large placée à 6 piés de ditance de la gorge du four- neau , {ous le milieu de la poële dont elle eft éloignée de 4 piés 6 pouces. Cette grille éft compolée de gros barreaux de fonte, diftans de 3 pouces les uns des au- tres , pour que la braïle puiffe tômber dans un fon- drier de 3 piés 6 pouces de profondeur &c de 4 piés de largeur, creufé depuis Pextrémité. de la grillé juf- qu’à l'ouverture de la gorge à laquelle il vient abou- tir pour faciliter letirage des braifes, Depuis les bords du fondrier , Le terrein $’éleve en talud jufqu'aux cô- tés d'e la poële ( # ); de façon qu'il n’en eftplus qu'à 8 pouces de diftance. Il s’éleve de même depuis le bout de la grille jufqu’à l'extrémité du poëlon, dont alofs il ne fe trouve plus éloigné que de 10ù 11 pou- ces. Le fourneau eft fermé tout-au-tour avec de la terre ( o ), à l'exception de 4 foupiraux de 14 pou- ces dé fargéur , que Pon ouvre &c ferme, fuivant Les befoins. | L’adivité du feu fe trouve dans le centre de la poë- le : l'air fait couler la flamme fous le poëlon ( »}), & la fumée s'échappe derriere par une ouverture de G à 7 piés de largeur, fur 10 à r1 pouces dehauteur. La formation du fel fe fait dans 3, 4, & quelque- fois $ bernes à-la-fois. Il faut 17 à 18 heures pour une cuite (4 ): en forte que les 16 cuites confécuti- ves, qu’on appelle une remandure , emportent 11 où 12 jours & autant de nuits d’un travail non interrom- pu à la même poële. On fait dans le même tems 16 cuites au poëlon , & le fel s’y trouve ordinairement formé 3 ou 4 heures avant celui de la poële (7). La (!) Les platines du fond s'appellent saë/es ; celles des bords ve fs , dont le haut efk terminé par des cercles de fer rominés bandes de roifes. Les poëles font compolées de 350 tables ; de r0o verfats, dex,5 chaines, & de 7509 clous. (m) Lenom de ces pieces de bois eff sraverfiers. Elles font . au nombre de z2 , diftantes de 10 pouces l'une de l’autre, 8 ayane chacune 9 À 10 pouces d'équarriflage. Les deux poutres. {ur lefquelles elles font appuyées , s'appellent parnes on pefnes. . (a) Les murs des côtés de la poële fe noinment acelles, (o) Cette païtié qui touche les bords de la poële s'appelle sor&. ? (p) Les poëlons ne font pas anciens. Il n’y a pas trente aus qu'ils font én ulage dans la aline de Salins. C'eft M. Dupin, fermier général , qui les y a introduits. Il en rélulte une épar- gne-en bois confidérable , & relative à la quantité d'eau que l'on bouillir au poëlon, @ns augmenter fenfiblement le fu de là poële. . (4) Autrefois la cuite ne duroïît que douze heures ; mais le {el en étoir moins pur & moins beau, l'eau n'ayant pas le rems de fchelocer allez , ni le fel celui de {& former. Auf étoic-il fans. coniftence, & comine de la pouffiere. | (r) Les fevres ou maréchaux chargés de l'énéretien des poëles , car on n’en fait jamais de neuves à Salins , étoient au- trefois pourvüs de leur office par le roi ; ce qui les metroit à l'abri de la révocation, & étroit contre le bien du fervice. On a fapprimé ces cliarges, & les maréchaux font à préfent aux gages de l'entrepreneur , qui avec des appointemens fXES » $ À L raïon de cette différence eft que lon ne remplit Te mais le poëlon déja beaucoup plus petit, afin que Pévaporation s’y fafant plus vite, on puiffe y remet- tre de Feau pour la cuite fuivante, pendant qu'il y a encore du feu fous la chaudiere, Avant de commencer une remanduré ,on prépare | 9 la chaudiere 1°. en bridant les chäines ou barres de fer qui foutiennent la poële &cle poëlon , c’eft-à-dire, en les afujettitlant toutes à porter également; 2°. en _naftant avec de la flaffe Les joints & les fiflures qui. auroient échappé à la vigilance des maréchaux; 3°, en enduifant la furface de la poële & du poëlon avec de la chaux vive délayée fort claire dans de l’eau ex- trémement falée , appellée muire cuite, parce qu’elle provient de l’évout du fel en grain : ces trois opéra- 8 Î tionss’appellent faire 4 remandure. Enfuite, & im: médiatement ayant de commencer la premiere cuite, Où allume un petit feu fous la poële pour faire fécher lentement la chaux, & on l’arrofe avec cette même mure cuite ; ce qui s'appelle ef/4/er, pour que le tout forme un maftic capable de boucher exaétement les hflures, & d'empêcher la poële de couker(s). Le travail d'une cuite eft divifé en quatre opéra: tions, connues fous les noms d’ébergémuire, les pre- nieres heures , les fecordes heures , & le mettre-prou. On entend par le terme d’ébergémuire, l'opération de faire couler dans la poële les eaux de fon réfervoir ; elle dure quatre heures, pendant lefquelles on fait du feu fous la chaudiere , en laugmentant 4 proportion qu’elle fe remplit, Lorfqu’elle eft pleine, le fervice despremieres heures commence ; il dure quatre heu- res, Alors on fait un feu violent pour faire bouillir l’eau; de façon cependant qu’elle ne s'échappe point _par-deflus les bords; le feryice des fecondes heures dure auf quatre heures. | confifte à entretenir un feu modéré, & à le diminuer peu-à-peu , afin que le fel, qui commencealors à fe déclarer puiffe fe con- figurer plus favorablement. Le sertre-prou, detniere opération de la cuite, dure cinq heures, pendant lef- quelles Pouvrièr jette peu de bois, & feulement pour entretenir le feu , jufqu’à ce que lefel foit entie- tement formé, & qu'il ne refte que très-peu d’eau dans lapoële, | | su Alors l’on nejette plus de bois; quatre femmes nommées #rart de fel, le tirent avec des rables de fer aux bords de la chaudiere, &c d’autres ouvriers ap- leur accorde éncore onze déniers par charge de toute efhece & fel formé , afin de les intérefler par-là à apporter tous leurs foins à l'entretien des chaudieres, & à prévenir les co/ées. Les maréchaux des /elines font à prélent au norbre de neuf; il y a quatre maîtres & cinq compagnons. (s) La vivacité du feu que lon fait au fourneau f portant contre le fond de la poële ; la tourmente , ia boflte , &' quel: quefois en perce les tables , ou les disjoint. Alors la müire paflant par ces ouvertures tombe:dans le fourneau ; 'eftce ue l'on nomme coulée, Pour y remédier; un oûvriér monte dr les traverfes de la poële, rompt'avec un outil tranchant à l'endroit qu’on lui indique, l’équifle qui couvre la place où la chaudiere eft percée , & y jette de la éhaux vive détrempée. C'eft pendant le téms des coulées que fe forment les félaigres, La chaleur dû fourneau faiGffant vivement l’eau qui s'échappe, en attache le fe} au fond de la poële, 6à:, lorfque la coulée eft longue & conhdérable, il forme des efpeces de flaladtites qui péfent juiqu'à 30 ou‘4olivres = on ne peut les détacher qu'à la fin de la remandure ; quand le fourneau eft refroidi, Les petits morceaux dé /z/aigres qui fe trouvent.dans les.cen- dres des onvroirs où des fourneaux ; fe nomment 4ez. Il n'y a de diflérence que dans la grofleur. frs | 11 fembleroit aux chimiftesique ces matieresexpo{es quel- quefois pendant dix ou douzé jours à une chaleur violente & continuelle ; ne peuvent point conferver de falure , parce que l'acide marin emporté par l'ativité du feu , doit fe difliper’en- tierement, & laifler à-nud là bafe alkaline dans laovelle il étoir engagé, Cependant les falaigres contiennentencore beau- coup de parties falines ; les pigeons en font trés-friands, & ceux qui ont des colombiers recherchent avec empréflement cettetefpece de pétrification. | A be GA Sr _ Les loins que l’on apporte atjourd'hui aux poëles de Salins empéchant prélque entièrement les coulées , & par conféquent 0 _ $ À L 61 ! pellés aides, l’enlevent dans des gruaux (e) de Bois, & le portent partie dans lesmagafins dufel.en grains, &c partié dans louvroir, dont nous parlerons plus bas, pour y tre formé en pains. Lorique tout le {el éft enlèvé, on remplit la poële pour une feconde: cite, & ainf des autres. | NET _ Quatre ouvriers & deux femmes font attachés au fervice de chaque berne ; les ouvriers que l’on nom: ne oyriers de berne ( n°), t'availient enfemhle à pré: parer la chaudiere; cé que l’on appelle Fire x re mandire, Enftute ils fe relevent pôur le travail de là cuite; en forte que chacun d'eux faifant une de ces quatre opérations, fe trouve avoir fait quatre cuites à la fin de la remandure, ve | Les deux femmes s'appellent auf fermes de berne : l’une dite #rari de feu, eit occupée à tirer quatre fois par cuite les braïfes qui tombent de la grille dans le ondrier. Ellé employe à cet ufige une efpece de ‘pelle à feu longue de 20 pouces, large dé 14, & dont les bords dans le fonds ont un pic d'élévation, Cette pelle eif attachée À une grande pérche dé bois; où l'appelle épis. L’äutre fémme dite efeigrart , éteint la braile avec de Peau, à mefure que la premiere l’a tirée, Toutes les deux font encore chargées de tirer le fel aux bords du poëlon, lorfqu'il y eft formé; Les ciraris de Jel dont on a parlé , ne font que pour {à chaudiere, Les feizé cuites confécutives qui compofent une remandure , produifent communément 1260 qun- taux de fel, & confommenñt envifon go cordes. de bois. Une corde a 8 piés de couche, fut 4 piés dé hauteur; & la buche a 3 piés & demi de longueur. On fait année commune dans les falines de Salins 132 remandures, qui produifeñt autout de 1 58000 quin- taux de {el blañc come la neige, & agréable au Sout, pour la formation défquels on confomme près de 11800 cordes de bois (x Je Après que la remandure éeft finie, on enleve lé la formation dés falaiores; les fayanciers qui en faifoient grand d'age pour leur fabrication, prenrieut pour y fuppléer , des équilies des poëles. Hs lés achetent à ün prix plus bas y QuOI= qu'elles renferment beaucoup plus de fel. Oh vendoit les fa= laigres 15 liv. le quintal, ce qui étoit plus cher que le {], & les équilles leur font dénnées pour. io liv. ; | () Le portage des fels enlevés de la chaudiere f fait dans dés gruauxde là conténance d'environ treste livres. Les aides qui en {Ont chargés ont chacun 1: fois 4 den. pär remandure de la grande féline , & x liv. 2 fois 2 den. itiers pour la pe- tite Jane. - Le montier de férvice compte les gruaux de fel fortis de la chaudiere; fur le pié de dix pour onze, qui fonc efedti- vement portés dans lé magafñns, Le Gnzieme eft retenu pour prévenir les déchets. Il y a huit monuiers, x à là grande faline 8&t deux Aa pé= tite. Leurs fonttions font de veiller fur toutés les parties du fervice dela formation des fels ; fuivre les opérations des cui- tés, la fabrication dés pains, avoir l'œil für l'entretien des rouages ; enfin fur tout ce'qui à rapport au bien du fervice. Is fe relèvent à la grande /o/ine pär garde de trois à trois alternativement , pendant 24 heures tant de jour quéde nuit. (x) Il y a trénté-fix ouvriers & dix-huit femmes de berne. (x) L’entrepreneur avec qui-la: ferme générale fouftraite pour la formation des (els, & toutes lés opérations qui ÿ font relatives jufqu'à leur délivrance, eft tenu tant par lon traité (voyez celui de 1756 avec Jean Louis Soyer) ; qué par les arrêts des 24 Mars 1744, & 30 Mars 1756 ; de réduire Ja confümination des Bois néceffaires pour la cuire des fels ; à là quantité de 15784 cordes ; & de formér par än 150773 Quin- taux 40 livres ; Où ri1684 charges eh toute éfpece de fes ; les charges évaluées fur le pié de 135 liv. Le prix lui en eff payé à raïlün de 2 fiv. 6 1OIS pour lés fels en grains ; & de z liv. £5"fols pour Îes fels'en pains. | eh dk S'il Excede la quantité de bois qui lui eft accordée, il le paye à raifün de 24 liv. la corde ; & fi la confommation eff moindre ; la fèrme générale lui dotine ; fiv: par corde de bois épargné. nd el MECS an Les bois,que l'on.amene dans là fine pour la cuite des muires, y (ont éntalés ên piles fort élevées, parce que l'eñt< placement eft étroit. Ces piles fé nommient chzles ! cet qui les Éleveñtiércéiiesrs y & leur manœayre enchalages + | AS 562 SA EL peu d’eau qui refte dans la poële (y.), & lon trouve au fond une croute blanchâtre appeliée équille » de- puis 1 jufqu’à 3 pouces d’épaifleur, & fi dure au on ne peut la détacher qu’en la caflant avec des mar- teaux pointus. Elle eft formée du premier fel qui, fe précipitant au fond de la poële, s’y attache, s’y dur- cit, par la violente chaleur qu'il y éprouve; la pu- reté de l’eau falée à Salins fait que l’équille n’y ren- ferme pas beaucoup de matieres étrangeres; les font prefque toutes enlevées par les baflins que l’on met dans la poële, pour que l’ébullition de l'eau les ÿ fafle dépoier , & ilsy én mêle fort peu avec l’é- quille, dont 18 livres en rendent 17 d’un fel très-bon êc très-pur. On la brife fous une meule ; enfuite elle eft fondue dans de grands baffins de bois avec les pe- tites eaux du puits amuiré , qui fe chargent des par- ties de fel qu’elle contient. On met aflez d'éguilles pour que les eaux puiflent acquérir quatorze degrés de falure , & alors elles font aufli envoyées à la cuve du tripot. Le fel en grains que lon doit délivrer en cette nature eft porté de la chaudiere dans des magafins nommés ééuailles de fei trié. U'y en a neuf (z) dans la orande faline pour contenir ces fels , & leur faire ac- quérir le dépôt de fix femaines convenu par les trai- tés avec les Suifles , auxquels ils font deftinés, Le tems du dépôt fe compte du jour où léuille eft remplie. Ces neuf magafñns peuvent contenir enfemble s 1000 quintaux. Il n’y en a point à la petite aline , où tout le fel en grain eft enfuite formé en pains. De ces neuf magafins, il y en a huit qui ont de grandes cuves au -deflous : lune eft confiruite en pierre , & les autres en bois ; elles reçoivent l'époût du fel en grains. La plus petite de ces cuves contient 285 muids, & la plus grande 1700 muids. La neu- vieme éuaille n’a, au-heu de cuve , qu’un chéneau qui conduit fon égoût au sripor. C’eft cet égout des {els que lon nomme muire cuite ; elle eft ordinaire- ment à 30 degrés (a). On la conduit dans une cuve particuliere , où l’on amene auffi des pesises eaux à 5 degrés du puits a muire, ainfi que les changeantes du puits d'amont, jufqw'à ce que le mélange total ne foit plus qu’à 14 degrés ; alors Pon envoie encore ces eaux dans la cuve du sripor. : Le fel en grains, que lon deftine à être formé en pains, eft porté, au fortir de la chaudiere, dans une srande falle appellée ouvroir. Chaque berne a le fien ; louyroir a environ 6o piés de long fur 30 de large: dans un coin de chacun font établies de longues ta- iles de bois élevées à hauteur d'appui, dont une par- tie en plan incliné s’appelle /£/Ze, &c fert à dépofer les {els en grains que l’on apporte de la poële ; Pautre partie, nommée maffou , eft faite avec des madriers creufés d’envifon 6 pouces, & deftinés pour y fa- briquer les pains. Un petit baflin reçoit les muires qui s’égouttent du fel dépofé fur la f£/e ; il y ef atte- nant, &on l’appelle l'ange du mafJou. Cette muire fert pour paîtrir le fel dans le æaffoz , & aider fes parties à fe ferrer plus afément. Quatre femmes (4) font chargées de former &t de (y) Cette eau, qui eft le réfidude ré cuites, s'appeile eau- mere : elle eft uès-lalée, mais chargée de parties grafles huileufes. On la mêle avec des eaux foibles pour les fortifier. (+) Les neuf eailles des els en grains ont chacune un nom particulier ; étuaille de Me François, Pierre vers comteffe ; Pierre vers glapin ; les Allemands vers comtelfe ; les Allemands vers gla- in: beauregard ; roziere ; la potefne € les biefs. Elles ont chacune deux ferrures à clés différentes, dont l'une eff entre les mains du contrôleur à l'empliflage des bof. fes , l'autre entre celles des moutiers. (a) L'eau ne peut jamais avoir.plus de 33 degrés de falu- re : lorfqu’on l'a portée à ce point, elle eftfarurée, & ne fond plus le fel qu’on lui préfente, | er _ (2) Ces.femmes ont pour les quatre 8 livres dix fous .de fixe par remandure , & 10 livres 6 fous 8 deniers par 400 champs de {el de toute efpece ; ce qui fait pour chaque ouvrie- fécher les pains de fel. Elles ont chacune leurs fonc- tions particuhieres : la premiere fe nomrie zertari, parce awelle remplit l’'écuelle ou moule dans lequel elle forme le pain avec le fe! qu’elle a paitri. La feconde fe nomme faffar. C'eft elle qui donne la derniere forme au pain en pañflant les mains par- deflus pour l'unir , &c Ôter le fel qui excede l'écuelle ; enfuite elle la renverfe dans une autre plus grande, appellée fiche , qui eft remplie de fel épuré, détache le pain du moule , & le porte fur le fel en grains qui eft uni fur la /£//e. | C’eft-là que les deux autres femmes, nommées J£- charis , viennent le prendre chacune à leur tour , & le font {écher fur la braife (ce) qui eft allumée au mi- lieu de l’ozvroir , & répandue dans toute fa lou- oueur. | Six rangs de pains de fel arrangés les uns à côté des autres forment ce que l’on appelle 27 feu. I faut ordinairement dix heures pour fure fécher un de ces feux. Ceft à cet ufage que lon emploie les braifes tirées des fourneaux des bernes ; mais elles ne fuf fifent pas , & l’on eft encore obligé d'en ache- ter (4). Aprés que les pains font féchés, les fécharis les en- levent de deflus les braïfes , & les empilent de cha- que côté de l’owvroir : enfuite vient un ouvrier qui les range dans une efpece de panier de la largeur du pain, & aflez haut pour en contenir douze lun fur l’autre. Il eft conftruit avec deux baguettes courbées & entrelacées de filets d'écorce de tilleul. Cette opération s'appelle exberater ; celu: qui la fait , beng- tier (e) ; le panier , benaton , &t lorfqu'il eft rempli de 12 pains de fel, bezase, dont quatre font une charge. Lorfque ces fels fontezbenatés, on les porte au-deflus de l’ouvroir dans le magafin , appellé ézuarlle de [el er pains. Tous les fels formés dans les Jalines de Salins fe délivrent tant aux cantons fuifles, qu'aux habitans de la province de Franche-Comté. Ceux-ci n’ont que du fel en pains, & le fel en grain, appellé /e/ sr, eft uniquement deftiné pour Les Suifles, Il y a d'anciens traités entre le roi &c les cantons catholiques du corps helvétique pour une fourni- ture au volume de 8250 boffes de fel en grains. La boffe (f) eft un tonneau de fapin , qui a des mefures re 2 deniers 27 par 75 pains de fel qu'elles forment. Ces femmes, dites fémmes d'ouvroir, font au nombre de40;5 dont 28 à la grande faline , &c 12 à la petite. (c) Lortque les braifes qui ont fervi au defléchement des pains de fel font confumées , on en leflive les cendres pour en extraire les parties fälines que les pains de fel y ont laiffées, Cetre opération a un inconvénient, c'eft que fi lon retirele fel marin, on extrait en même tems le fel de cendre qui l’altere : on emploie à cet ufage lespetiteseaux du puits à muire. (4) Avant d'employer les petites braifes au defféchement des felsenpain, on les met fur un crible de fer, pour en fé parer lapoufliere & toutes les partiestrop menues ; c'eftcette criblure que l’on nomme chancr. On en diftingue de deux efpeces dans la fa/ine de Salins ; le chanci noir elt la criblure des braïfes qui font amenées aux filines ; & le chanci blanc eft a criblure de celles que l'on tire des fourneaux desbernes. Cette feconde efpece elt beaucoup plus eftimée & plus recherchée que la premiere; l’une & l'au- tre fe donne en forme de gratification: la délivrance s’en fait dans des befîves de bois. (e) Le benatiereft encore chargé de prendre les benates de fel fur la place , à mefure que les poulinsles y apportent, 8e de les arranger furles voitures des fauniers , après avoir véti- féle compte des charges des benates , & des pains délivrés pour chacune. (f) Il ya deux efpeces de boffes ; les longues 8 les cours es ; la dimenfion des premieres efl fixée à 1 pié 6 pouces 8 lignes de diametre des fonds mefurés intérieurement à Len- droit des fables , ou traverfes : 6 piés 2 pouces 6 lignes de cir- conférence extérieure du ventre, & 3 piés 9 pouces 8 lignes de hauteur dans œuvre entre les deux fonds. Les boffes courtes doivent avoir r pié 9 pouces de diame- tre des fonds ; 6 piés 8 pouces de circonférence» & 3 Fe ï j Las ÿ V'iIIXES fixes 82 déterminées. Elle-eft réputée contenir $6o livres de fel ; ainf les 8250 boffés forment la quantité de 46200 quintaux, Ces fels {ont fournis par préférence, &c rendus aux frais du roi dans les magafns de Grand{on & Yverdun en Swifle , où ils font livrés à chaque can- ton à un prix foft au-deflous de ce qu'il en coute _ pour la formation & pour la voiture (£). On fourmt de plus 4570 quiataux,de {el en 816 boffes pour le rempliflage, -& pour les déchets que: lon fuppofe arriver dans la route. Cette quantité eft PURE It da à F _ délivrée graris : ain le total des fels en pans four- , Mis aux Cantons catholiques en exécution des traités * du roi, eft de 50770 quintaux. | -. Indépendamment du fel en grain, on délivre en- Eds Fe] 3 pouce 10 lignes de hauteur , melurés de même que les lon- gues | La premiere efpece de bofles eff la feule dont on fe fervoit précédemment ; mais la difaculté detronver une quaviité fuË ffante de douves afiez hautes , a obligé en 1745 d'en fabri- quer d'uné elpece plus-courte,, en regagrant par la circonfé- rence ce qu'on perdoit fur là hauteur : ainñiles boffes longues &les courtes contiennent lamême quantité de fel. Le remplifage dés bofiesie fait par [es mancœuvres-aides “au poulinage* ls charment le fel du magaïn dans dés gruaux , & l'apportent dans la faile où ils leverfentdans la boffe: A près les quatre premiers gruaux vertés, l'aide au poulinage deftiné à la manœuvre du foulage ,_ entre dans la bofle , foule le tel avec fes piés , & continue enfuite la mème chole de quatre En quatre melures : cette opération s'appelle pirirage. Lorfque la bofle eft remplie, on la laïfe pendant huit jours : fur (on fonds, après lefquels l'aide au poulinage monte de nouveau fur la bofle, la foule de :8 coups depilon, & fait remplir de felle vuidé qui s’eftformé ; ce qui s'appelle ferli1a- ge. Ce mot vient de l'allemand véerling , ou en l'écrivant com- . meil fe prononce, ferling , quart, mefure de Berne. La boffe en doit contenir feize ; entuite elleeft fermée, numérotée , marquée, & mile en rang pour entrer dans les premiers pe- fages , & être délivrée aux voiturieis. Les poulins ont i6de- miers par boffes, pour vepporter le {el , les rémpiir & ferli- ner , fuivant l’ulage que nous avons rapporté. On appelle envoi , l'expédition de trois ou quatre cens bofles délivrées les jours indiqués pour les chargemens aux communautés qui les voiturent d'entrepôt en entrepôt jufqu'à Grandion & Yverdun. Lorfqu'elles y font arrivées , elles doivent encore y refter trois fernaines en dépôt; on les meftre de nouveau , & 1 en- trepreneur des voitures , à qui le fermier pale pour décheto pour co en.dedens , c'eltä-dire qu'il lui en livre 10opour o1 qu'il luicompte, efttenu de les remplir de fiçon qu'il n'en re- vienne pas de plaintes. . Il ya deux falles pour le rempliffage des boffes : l’une ap- pellée Ja grande alle , en contient environ 600 longues & 400 courtes ; la deuxieme dite falle de l'ancienne forgé , contient 400 boffes longues & 3-0 courtes. Chaque fallea pour le pefage des boffes deux balances, dont Tune fe meut par un balancier ; & l'atré par un cric : elle a aufli deux portes oppolées pour la commodité des voitures : Qui entrant par lune afin de charger les bofles , fortent par l’autre : chaque porte a deux ferrures à clés différentes, qui 1ont comme celles des étuailles partagées entre le contrôleur à l'empliffage & le moutier. On appelle pouffet le fel qui fe répand [ur le plancher pen- dant le remplifflage des bofles , & qui, foulé aux piés par les ouvriers & les voituriers , reflemble à un fable noir & setnpli d’ordures. Les babitans de la campagne le mélentavec Ja nourriture de leurs beftiaux , & ils l’achetent dix livres dix 10Ïs le quintal : on en donne aufi par gratification aux voituriers qui les premiers frayent les chemins fermés par l'abondance des neiges ; x à ceux qui perdent des bœufs en voiturant les bofles. | . Quatorze ouvriers nommés 4offers travaillent à la fabrica- tion des bofles dans un atelier qui eft dans l'intérieur dela {a- line, &c où on leur amene les douves , fonds & cercles nécef- faires. (g) Les cantons de Lucerne, Ury , Schwitz, Underval le haut & le bas ; & de Zug, payent la boffe de {el , 2o liv. 16 _fols 4 den. Fribourg , qui outre fon fel en pains, a encore 1 soo boffes de fel trié , le paye 23 liv. 6 fols 8 den. la bof. Soleute n'en donne que 22 liv. 1 fo] 8 den. Et le canton de Berne fur lequel on pañfe , & qui pour rai- fon de fes péages , à 709 boffes de fel , les payé néanmoins beaucoup plus cher; il en donne 28 Jiv. s fois, Pour les 43c0 charges de fels ea pains aui {ont fournis de plus à Fribourg, ce canton la paye à raifon de 6 liv. la charge, Tome XIF, » | SEANT 563 cote chaque atnée au Canton de Fribourg , éñ vétti des anciens traités du roi , 4300 charges de fel en pain, du poids de 114 livres là Charge , ce qui fit 4902 quintaux. Ce fel eft levé à Salins aux frais du canton, qui ne le paye nonplus que fort au-defflous du ptix-de la formation. | Outre ces traités fur lefquels le roi donne une in. demnité confidérable à fes fermiers , 1 eft encore fait par ceux-ci, fuivant la poffibilité ou la conve- nance d’autres traités avec des cantons proteftans (2) pour 35 à 40 mille bofles: enforte que la formation en fel de Salins pour les diférens cantons fuiffeé peut être évaluée , année commune , à 90000 quintaux, Nous avons dit que l’on ne délivroit que du fel en pain aux babitans de la province de Frañche- Comté, &c cela eft vrai , à l’exception des 164 quin- taux de fel en grains diftribués par gratification, tant aux principaux ofhciers de la province & dela ville de Salins, qu'aux officiers & employés des falines. Avant létabliffement de la fzline de Montmorot celle de Salins fournifloit toute la province; mais aus jourd’hui elle ne délivre plus , année commune, que 67000 quintaux de fel formé en pains: - y a neuf efpeces de fel en pain ; & on les diftins gue par des marques particulieres à chacune par leu grofleur & par leur poids. Tous les pains font de for me ronde ; Le deflous eft à-peu-près convexe, & le deflus contient les marques diftinétives, Les moules de chacune de ces efpeces font éralonnés fur des ma- trices qui reftent au greffe des fa/ines, & dont les ori« ginaux font à la chambre des comptes de Dole. | La délivrance de ces fels eft faite une partie par charge ; la charge eft compotée de quatre enares , & la Perate de douze pains ; & l’autre partie en gros pains de 12 6 de 18 livres : la defftination & les prix en font différens, | Des neuf efpeces de fel rapportées ci-deflus , les trois premieres , appllées /e/ d'ordinaire (i), font ac- cordées aux villes & communautés qui les font le- ver (&) chaque mois dans les Jalines, La quantité de (4) La fermé générale a traité avec le canton de Zurich pour lui fournir annuellement quatre mille boiles au volume, & au prix de 36 liv. 10 (ois par bofle. Elle a encore traité avec le canton de Berne pour lui four- air par an vingt-quatre mille quintaux de fef wié, au prix de 6 liv. ro fofs par quintal. Une partie de cette fourniture elt faire par la Jcine de Salins , & l'autre par ceile de Mont- morot. Ces deux traités, tant avec Zurich qu'avec Berne, font de. la même date. Is fontfaits également pour 14 ans, & ont come mencé au premier Oftobre 1744. (:) Les trois efpeces de fl d'ordinaire étant deffinées à Ja fourniture de la Franche-Comté , comme il ne fubffloit an ciennement dans cêtte province que trois bailliages , celui d'amont , celui d'aval & celui de Dole, tontes les villes & communautés ont été employées. dans les rôles fous ces trois divihions , ainf que les efpeces de fel qui leur font afe@ées. Le gros ordinaire {e délivre aux bailliages d'amont & de Dole. Le petit ordinaire au bailliage d’aval. Et le /e/ de porte à quelques communautés du voifinage de Salins ; probablement pour les attacher au fervice des /a/ines. Quoique ces bailliages aient été fupprimés par la création de quatorze nouveaux bailliages , on n’a apporté aucun chan- gement dans l'attribution des felsaux villes & communautés, qüi pour cette délivrance , font toujours réputées appartenir aux anciens bailliages dont elles faifoient partie. (k) C'elt dans les dix premiers jours de chaque mois que les communautés affectées à la faline de Salins , aiof que les magalineurs , y envoient lever les premieres leur {el d’ordi- naire, & les feconds le fel roziere. Les voituriers qui vien- nent chercher cès fels fe nomment /zuniers. Le receveur après avoir và leur procuration , leur donue un billet de délivrance, qu'ils vont porter à des employés établis fous le nom de cor trôleurs aux paflavants, Ces commis , au nombré de deux, en= regiftrent le billet , & expédient enfuite au nom de chaque communauté ,;'avec celui du faunier , Les paflavans, qui le mois fuivant, doivent être rapportés avec la décharge des éche- vins 87 des curés des lieux, Les pafavans font donc des efpeces de En n qui S64 SAL ce fel fut fixée en 1657 ; mais étant devenue imfuf- fante par l’accroiffement des habitans , on y a fuppléé par une quatrieme efpece, dite /e/ rofiere ou d’extraor- dinaire, Ilen eft formé différens magafñns où chaque particulier va, fuivant fes befoins, en acheter au prix fixé par un tarif. La cinquieme efpece de fel en pains eft appellée Jel de Fribourg. Voyez ci-diffus. Les quatre dernieres, dont deux font en gros pains, appellés pour cela gros falés, fe délivrent fous le titre de fel de redevance : 1°. pour anciennes. fondations faites en faveur des églifes, communautés relisreufes & hôpitaux de la province : 2°, pour une partie des francs Jalés des anciens & des nouveaux officiers du parlement , de la chambre des comptes ,| des chan- celleries , & d’autres officiers de la province ; on ap- pelle franc-falé le droit qu’ils ont de lever, les uns gratis, &t les autres à un prix très-modique, le fel qui leur eft fixé: 3°. pour le rachat du droit de muire que différens particuliers avoient fur les /z/ines. Ce droit étoit fort ancien : il venoit de ce que di- vers particuliers, au tems que les falines apparte- noïent aux feipneurs de Salins , s’étoient afociés pour travailler aux voütes qui renferment les four- ces. Pendant ce travail , ils avoient aufli découvert d’autres fources falées, & ils en avoient féparé quel- ques-unes qui fe mêloient avec les douces. Ce fut pour les récompenfer que le prince leur accorda an- nuellement une certaine quantité d’eau falée qui fe trouva divifée en 419 parts , lorfque Les rois d’Efpa- gne prirent pofleflion de la Franche-Comte. Ces parts étoient appellés quartier, & chaque quartier étoit de 30 feaux d’eau falée. Les rois d'Efpagne devenus maîtres des falines formerent le deflein de réunir ces quartiers à leur do- maine. Ils n’y trouverent de difficulté que de la part des gens d’églife qui en poflédoient la plus grande partie, vraiflemblablement enfuite des dons qu’on leur en avoit fait. L’affaire fut portée à Rome, oùelle ne fut cependant pas décidée à Pavantage des ecclé- fiaftiques. Leurs portions furent eftimées , &z l’on en créa des rentes & redevances en fel, comme l’on avoit fait pour l’achat des droits des autres particuliers qui s’étoient prêtes de bonne grace à cet arrange- ment. Ce font ces rentes & redevances, qu’on ap- pelle rachat de droit de muire. (1) Tous les bois qui fe trouvent dans les quatre lieues autour de la ville de la Salins ont été afle@tés pour la fourniture des falines , par un réglement de la cour du premier Avril 1727. Les forêts comprifes dans ces quatre lieues,que l’on nomme ?’arrondiflement des empêchent que ceux qui en font munis, ne foient arrêtés par les gardes. Les fauniers payent 13 deniers pour le chargement de cha- que charge de fel levé à la grande faline , & 8 deniers feule- ment pour celui qu'ils levent à la petite. La ferme abandonne ce droit aux poulins qui portent les fels au- devant de la faline fur la place où l'on charge les voitures. Le poulin auquel les fauniers donnent leurs billets de dé- ivrance, les remet à mefure qu'il délivre la quantité de fel énoncée au guette , qui à la porte de la aline, compte fur un chapelet-les charges que l’on en fort, & vérifie fi elles qua- drent avec l'énoncé du billet. On oblige les fauniers d'amener à Salins douze melures de blé , en venant lever leur fel ; faute de quoi il leur elt refufé. Cette loi eff très-fage pour prévenir les difettes auxquelles la ville feroit expofée fans cela. (2) L’entrepreneur des falines a pour la partie des bois grand hombre d'employés, dont voici les noms & les fonctions. Deux vifiteurs des bois taillis chargés de fuivre l'exploitation des forêts appartenant tant au roi qu'aux communautés. Trois raxeurs , dont deux à la fa/ine & un au chantier de la ville. Ilsfont établis à l'entrée des deux /zlines pour taxer aux voituriers le montaut de leurs voitures : fi le voiturier eft mé- content il fait mouler lon bois. Deux buralifles ; ils retirent des mains des voituriers les bil- lets des taxeurs , & fleur en donnent d'autres fur lefquels ils en fe faire payer du prix de leur voiture chez le payeur des OS S À L Jalines (m) forment enfemble un total de 45346 ar- péns, dont environ Îes deux tiers {ont au roi, & le réfte appartient tant aux communautés qu'aux partis culiers , qui ne font pas les maîtres d’en difpofer, & auxquels l’on n’accorde que le bois néceffaire à leurs ufages. On leur paie le furplus à un prix fixé par là cour: Le roi a établi par arrêt du 18 Janvier 1724; un commiflaire général pour l'adminifiratton & la po- lice des bois, ainfi que pour les chemins &c rivieres de lParrondiflement. Cette adminiftration eft connue fous le nom de réformation des fulines. Elle connoït tant au civil qu'au criminel, de toutes matieres con- cernant la police &c l’adminifiration des forêts. La réformation eft compofée d’un commifaire gé- néral , d’un fubdéléoué , d’un lieutenant, d’un pro- cureur du rot, d’uniubftitut du procureur du roi, de deux gardes-marteaux , d’un ingénieur & directeur des ouvrages, d’un receveur des épices & amendes, de deux arpenteurs , d’un garde-oénéral collecteur des amendes , de deux gardes-généraux , & de 38 autres gardes particuliers. | Il y a encore dans cette fuline une autre jurifdic- tion , à laquelle la maïtrife des eaux & forêts de Sa- lins a été réunie en 1692. Elle connoït tant au civil qu'au criminel, & fauf l’appel à la chambre des comptes de Dole, de tout ce qui concerne les gabel- les, conformément aux édits de 1703 & 1705. Elle eft en même tems établie pour faire la vifite des four ces, & connoître de la police intérieure des /zlines. Cette jurifdiétion a pour chef un juge vifiteur des /4- lines & maître particulier des eaux &c forêts ; fes au- tres officiers font les mêmes qu’à la réformation. Le revenu annuel des falines de Salins peut être évalué , tous frais faits , aux environs de fept cens mille livres, dont quatre cens cinquante mulle vien: nent de la Suifle, Il étoit plus confiderable avant que la moitié de la Franche-Comté fe fournit en {el de Montmorot. SALINE DE MoNTMorotT. Cette faline, remat- quable par fes bâtimens de graduation, eff fituée à 8 lieues fud oueft de Salins, dans une petite plaine, entre la ville de Lons-le-Saunier , & le village dont elle porte le nom. Il y a déja eu autrefois à Lons-le-Saunier des /4- lines qui ont long-tems été les feules de la Franche- Comté. On prétend qu’elles exiftoient avant la ve- nue des Romaïns dans les Gaules. La ville étoit con- nue fous le nom latin Lædo , tiré du grec , qui veut dire flux & reflux. D'’anciens mémoires affurent qu’on en ohbfervoit un dans les eaux falées du puits de Lons-le-Saunier, & que c’eft de-là que cette ville a pris fon nom. D’autres foutiennent que le mot de Lons, fon ancienne dénomination françoile, à laquelle on a ajouté -Saunier depuis trois fiecles feulement , figmifioit un vaiffeau de 24 muids qui re. Un garde vifiteur ; elt chargé de faire des vifites dans les mailons des villages, autour des forêts & des routes, d'em- pêcherle vol des bois, & remplacer au beloin les viliteurs & les taxeurs, M Trois commis aux entrepôts : ils font les fonctions de bura- lifles & de traxeurs pour les bois qui arrivent à leurs entre- Ôts. ; Cinq commis tailleurs des futaies de fapin ; ils {ont prépolés à l'exploitation des furaies, & des bois taillis fous futaies ; font façonner les douves & bois de conftruction , réduire ce qui n'y eft pas propre en bois de corde, & les délivrent aux voi- turiers. (1) Par arrêt du 4 Août r750, les bois fitués dans les deux lieues excédantes les quatre premieres , furent encore mis fous la jurifdition de la réformation, & affectés en cas de be- foin , au fervice des falines. Mais cette nouvelle affectation n’a pas encore été exécutées à caule des différens ordres que le miniftre a donnés pour y furfeoir ; il y a même apparence que l'on pourra sen pañler toujours , fi l’on continue à bien adminiftrer les bois compris dans les quatre premieres lieues de l'arrondiffement, S A L tevoit les eaux falées , & duquel elles couloïent dans les chaudieres. Mais lune de ces opinions n’eft pas plus certaine que l’autre ; & elles pourrotent bien n'être toutes les deux que le fruit de imagination échauffée de quelques étymologiftes. Pendant les travaux que l’on a faits dans le puits de Lons-le-Sau- nier pour l’établifflement de la nouvelle /a/ire , on n’y a point remarqué ce flux & reflux dontil eft par- lé. D'ailleurs le mot de Lons vient probablement de celui de Lædo, &c c’eft fans raïfon qu’on lui va cher- Cherune étymologie particuliere. Si l’on ignore en quel tems les falires de Lons-le- Saunier furent établies, la caufe & l’époque de leur deftruétion ne font pas moins inconnues. On a trou- vé dans les creufages qui ont été faits, une grande quantité de poulies, de rouages, d'arbres de roue à demi brûlés , 8 l’on peut conjeéturer de-là, que ces falines périrent par le feu. | La ville de Lons-le-Saunier, dans une requête pré- fentée en 1650 au confeil des finances du roi d'Ef pagne, expofa que fes anciennes falines avoïert été dé- £ruités e2 1290, pour mettre celles de Salins en plus grande valeur ; & qu’elle avoit obtenu fur ces dernie- res 96 charges de fel par mois. Ce droit lui avoit été accordé en forme de dédommagement par Marie de Bourgogne & Charles V. fon petit-fils; elle en avoit joui juiqu'aux guefres, & aux peftes des années 1636 & 1637; & elle demandoïit à y être rétablie. Elle obtint ce qu’elle defiroit; mais enfin cet ancien droit a été réduit en argent, & c’eft pour lacauitrer que le roi lui accorde encore à préfent r000 lv. par année pour les /x/ines de Salins. Cependant, quoique la chûte de celles de Lons- Je-Saunier foit fixée dans laéte que nous venons de citer, à l’année 1200, il'eft certain qu’elle eft pof- térieure à cette époque. Philippe de Vienne , en 1294, légua par fon teftament à Alais fa fille, abbèffe de l’abbaye de Lons-le-Saunier 18 montées de muire à prendre au puits de Lons-le-Saumier , pour elle & pour les abbêfles qui lim fecéderotent, C’eft au commencement du xiv. fiecle qu’on peut vraflemblablement rapporter la deftruétion de ces Jalines , & l’on ne trouve point de titre plus moderne qui en fafle mention. Quoi qu'il en foit, 1l paroit certain que les eaux qu’on y bouillifloit étoient meilleures que celles dont la nouvelle /z/ine fait ufage. Si elles n’euffent été qu’à 2,7 & 9 degrés, comme on les voit aujourd’hui , 1l eût fallu une dépenfe trop confidérabie pour en ti- rer le fel ; les bâtimens de graduation n’étoient pas connus alors. Quand ces anciennes fu/ines furent abandonnées, on tâcha d’en perdre les fources en les noyant dans les eaux douces ; l’on n’a pu enfuite les en féparer entierement ; & c’eft à ce mélange encore fubfftant, que nous devons attribuer la foibleffe des eaux que Montmorot emploie à préfent. Ce n’eft qu’en 1744, que cette nouvelle Jaime a été établie, avec des bâtimens de graduation, dont les trois aîles forment un demi-cercle, qu’elle ferme en partie par le devant. Les puits dont elle tire fes eaux falées , font fituées à différentes diftances hors de fon enceinte,ainfi que les bâtimens de graduation. Ce font de véritables puits, dont les fources faillif- fent prefque toutes du fond. Ils n’ont rien de curieux, êt ne méritent pas que lon en donne ici la defcrip- tion. Ils font , comme à Salins , au nombre de trois. Le puits de Lons-le-Saunier , ainfñi nommé parce qu'il fe trouve dans cette ville , fournit dans 24 heu- res, depuis 1400 jufqu'à 1700 muids d’eau feule- ment à 2 degrés. Elle eft un peu chaude , & le ther- mometre plongé dans cé puits monte de 4 degrés. Les eaux élèvées par des pompes , font conduites dans des canaux fouterreins à la diflance d’un quart Tome XIV, S AL 565 de lieue, jufqu’à l'aile de graduation, dite de Lons-/e. Saunier. Le puits Coïrnoz eft éloigné de 34 toifes de l’aîle de graduation , à laquelle il donne fon nom, & où fes caux vont fe rendre. Il forme deux puits placés Pun à côte de Pautre , dans une même enceinte, pourre- cevoir deux différentes fources. L'une a 7 deprés donne environ 200 muuds d’eau par 24 heures; & Pautre 3 degrés, n’en fournit que 12. Le puits de l'étang du Saloir renferme plufeurs fources falées, qui, par des canaux fouterreins, font conduits à une denu-lieue, dans Le bâtiment de graduation, dit du puits Cornog, La principale à o de- grés tombe dans le puits où elle fe rend par un petit canal taillé dans le roc, &c elle fournit 53 muids d’eau par 24 heures. Différentes autres fources à 3 & 4 degrés fortent du fond de ce même puits ; & forment un mélange d'eaux de 6 à 7 devrés, dont le produit varie depuis 63 jufqu’en 73 muids par 24 heures, _ On voyoit autrefois dans le même endroit un étang qui y avoit été formé pour fubmeroer les four- ces falées , & c’eft de-là que ce puits a pris le nom de J'étarg du Saloir. 1 fut creufé en. 1733 à 57 piés 4 pouces de profondeur , à laquelle on trouva Le ro- cher d’où fortoit la principale fource falée; & dès ce tems on établit là une /z/ine , qui fournifloit environ dix mille quintaux de fel. Mais elle fut fupprimée quand l’on conftruifit celle de Montmorot, où furent amences les eaux du puits de Pétang du Saloir. Ce puits, le plus important des trois par le desré de falure où font fes eaux, fut mal conftruit dans les commencemens. Il eft tout entouré d'eaux douces, qu'on n'en détourna pas avec aflez de foin, enforte qu’eiles y pénétrerent , & affciblirent de beaucoup les fources falées. On leur a depuis creufé un puifard où elles vont fe tendre près du puits à muire , & d’où elles font élevées par des pompes. Maïs cet ou- vrage néceflaire n’a pas rendu aux fources leur même degré, qui, en 1734, étoit à 11, & fe trouve ré- duit à & ou à 9, encore n’eft-on pas afluré qu’elles reflent longtems dans le même état ; elles varient beaucoup. Ea principale fource , qui étoit entiere- ment perchée dans le roc, eft defcendue en partie, & poule plus de fa moitié par le fond du puits. Plus bas eft une fource d’eau douce fort abondante, que lon force à remonter {ur elle-même pour la con- duite au puifard. Il eft fort à craindre que Les fources faiées continuent à defcendre , & s’enfonçant davan- tage , ne fe perdent entierement dans es eaux dou ces. I faudroit done chercher à parer cet accident, qui ébranleroit la Jufine , 8 faire de nouvelles fouilles , pour tâcher de découvrir de nouvelles {our- ces. Les bâtimens de graduation ont été inventés pour épargner le grande quantité de bois que l’on confom- meroit en faifant entierement évaporer par le feu les eaux à un foible degré de falure ; car fur 100 livres d’eau, il y en aura 98 à évaporer, fi elles ne con- tiennent que 2 livres de fel. Si au-contraire elles en renferment 16, 1l n’y aura que 84 livres d’eau à éva- porer. Par conféquent dans ce dernier cas on brûülera un feptieme de bois de moins que dans le premier, pour avoir 7 fois plus de fel. Ainf, fuppofons qu'il faille 3 piés de bois cubes. pour évaporer un muid d'eau, on ne brülera que 252 piés de bois pour avoir 16 muiûs de fel, fonfe fert d’une eau à 16 degrés. Si au-contraire elle n’eft qu'à 2 feulement , pour avoir la même quantité de fel,, 11 faudra brûler 2353 piés de bois. La raifon en eft fenfible. Dans le premier cas, 100 muids d’eau contenant 16 muids de el, il n’en refte qu 884 à éva- porer; mais dans le fecond , il faut 809 muids d’eau pour en avoir 16 de fel; & l’on a par conféquent 784 muids à évaporer. Voilà donc 700 muids de | BBbby; #66 SAL lus , pour lefquels il faut confommer 2160 piés de Foi » que l’on eût épargnés dans la totalité en fe fer- vant d’une eau à 16 deorés. … Ce’ léger calcul fuit pour démontrer que f l’on bouillifloit des eaux à 2,3 & 4 degrés , la dépenfe en bois excéderoit de beaucoup la valeur du fel que l’on retiteroit. Mais on a trouvé le moyen de les em-" loyer avantageufement , en les faifant pafler par des Latmens de graduations ; ainfinommés , parce que les eaux s’y graduent, c’efl-à-dire, y acquierent de nouveaux degré de falure, à mefure que l’air, em- portant leurs parties douces, qui font les plus lége- res , les fait diminuer en volume. Les bâtimens de graduation de la faline de Mont- morot font divifés en trois aîles , où corps féparés , étendus fur quatre niveaux, & placés À différentes expofitions. | L’aile de Lons-le-Saunier, alignée del’eft-fud-eftà l’oueft-nord-oueff, a 1 47 fermes, ou 1 764 piés de lon- gueur. Elle ne reçoit uniquement que Les eaux à 2 degrés, provenant de Lons-le-Saunier, On appelle fertne une étendue de 12 piés renfermée entre deux piliers. ; L’aile du puits Cornoz, alignée du fud au nord, contient 78 fermes , ou 936 pis. Elle recoit les eaux des deux puits Cornoz & de l’étang du Saloir. L’aîle de Montmorot, alienée du fud-fad-ouéft au nord-nord-eft, a fur deux diférens niveaux 162 fer- mes ou 1944 piés : plus baffle que les deux autres aî- les , elle reçoit leurs eaux, déja graduées en partie, ë acheve de leur faire acquerir le dernier degré de falure qu’elles doivent avoir, pour être de-là ren- voyées aux baïfoirs ou bafins conftruits près des poëles. Ces troïsailes ont enfemble 1044 piés de longueur, fur la hauteur commune de 25 piés, & communi- quent l’une à Pautre par des canaux de bois qui con- duifent les eaux à-proportion des befoins & de la gra- duation plus où moins favorable, Dans toute la longueur de chaque bâtiment regre un baflin ou réfervoir conftruit en madriers de fapin joints & ferrés avec foin, pour recevoir & retenir les eaux falées. Il eft pofé horifontalement fur des piliers de pierre, &t a 24 piés de largeur dans œuvre fur 1 pié 6 pouces de profondeur : les trois contien- nent enfemble 17688 muids d’eau. Au-deffus & dans le milieu des baffins font élevées deux mafles paralleles d’épines, diftantes de trois piés lune de Pautre ; elles ont chacune 4 piés 9 pouces de largeur dans le bas, & 3 piés 3 pouces dans le haut, &t forment une ligne de 22 piés & demi de hauteur fur la même longueur que les baflins. L'on a placé au fommet de chaque colonne d’épi- nes, des cheneaux de 10 pouces de profondeur, fur un pié de largeur. Ils font percés des deux côtés de 3 en 3 piés, & diftribuent par des robinets les eaux qui coulent dans d’autres petits cheneaux, creufés de 6 lignes, longs de 3 piés, fur 2 à 3 pouces de large, & crenelès par les bords. C'eft par ces petites entrailles que ceux-c1 partagent les eaux qu'ils reçoivent, & les érendent goutte-ä-poutte {ur toutes les furfices d’épines, dont les pointes les fubdivifent encore &e les atténuent à l'infini, Au milieu de ces deux rangs de cheneaux, & fur le vuide quife trouve entre les deux mafles d’épines, eftun plancher pour faire Le fervice des graduarions, ouvrir & fermer les robinets, fuivant le vent plus ou moins fort, & le côté d’où il vient. Tout l'édifice eft furmonté d'un couvert, pour empêcher les eaux plu- viales de fe mêler avec les falées. Cinq roues de 28 piés de diametres, que fait mou- voir M ne la petite riviere de Valiere, por- tent à leur axe des maniveiles de fonte qui, en tour- nant, tirent &c poufient des balanciers, dont le mou- SAL vement prolongé jufque dans les bâtimens ; y fait jouer 40 pompes. Elles font dreffées dans lesbafins, d’or elles élevent les eaux falées dans les cheneaux graduans, & leur en fourniflent à-proportion de ce qu'ils en diftribuent fur les épines.. L'art de graduer confiite donc à étendre les furfa- ces des eaux, & à les expofer à l'air, pour les faire tomber en pluie ä-travers une longue maffe d’épines. Par-là les parties les plus légeres, qui font les dou- ces, fe volatilifent & fe diffipent , tandis que les au- tres , plus pefantes par le fel qw’elles contiennent, fe précipitent dans le baïlin, d'où elles font remontées pour être de nouveau expofées à l'air, jufqw’à ce qu’elles aient acquis le degré de falure que l’on fe propofe. Celui auquel on les bouillit communément à Montmorot,eft de 12 à 13; lorfau’onleur en fait ac- quérir davantage, elles n’ont pas letems de fe déga- ger entierement des parties étrangeres, grafles & terreufes, qui doiventtomberau fond dela poële avant que le fel fe déclare, Îl entre ordinairement par jour aux bâtimens de graduation 1200 muids d’eau, &cil s’en éyapore 900, ce qui feroit par 100 piés de bâtiment, une évapo- ration denviron 18 muids d’eau : on a tiré ce jour commun fur l’année entiere de 1750. Il faut obferver qu'il y a des tems, tels que ceux des fortes gelées, où lon ne grdue point du tout, parce que l’eau fe gelant dans les pompes & fur Les épines, feroit brifer toute la machine. Mais la vio- lence même du froid qui empêche l’évaporation des eaux , y fupplée en les graduant par congélation, On perd alors en entier les eaux foibles du puits de Lons- le-faunier, & Von remplit les baflins avec celles des puits Cornoz &c de l'étang du Saloir , qui font à 6 & à 9 degrés. 1 n’y a que leflegme , ou les parties douces qu’elles contiennent qui fe gelent. Quand elles le {ont , on caffe la glace, & lonrenvoie aux #aifoirs, ou refervoirs établis près des poëles, l’eau falée, qui dans les grands froids acquiert ainfi par la feule con- gélation, jufqu’à 4 & s degrés de plus. Mais le de- gré n’eft pas égal dans tous les baffins ; il eft toujours relatif à la quantité des parties douces contenues dans Peau, & qui font les feules fufceptibles de ge- lée : en forte que lon acquiert quelquefois du degré fur Les eaux foiblement fales, tandis qu’on n’en ac- quiert point de fenfble fur celles qui le font beau- cou, | Les tems les plus favorables pour la graduation, font les tems fecs avec un air modéré, Les grands vents perdent beaucoup d’eau; ils la jettent hors des bâtimens, & emporrent à la fois les parties falées &z les douces. Lorfque l'air eft très humide, & pendant les brouillards fort épais, l’eau , loin d'acquérir de nouveaux degrés, perd quelquefois un peu de ceux qu'elle avoit déjà. Elle fe gradue , mais foiblement, par les rems prefque calmes. L'air, comme un corps {pongieux, pañfant fur les furfaces de l’eau, s’imbibe ëc {e charge de leurs parties les plus léceres, Auf les grandes chaleurs ne produifent-elles pas la gra- duation la plus avantageufe, parce que air fe trou- vant alors condenfé par les exhalaïfons de la terre, perd de fa porofité, & conféquemment de fon effer. Nous penfons qu'il y auroit un moyen de tirer en- core un plus grand avantace des différentes tempé- ratures de J’air, dont dépend abfolument la gr2dua- tion, IL faudroit conftruire un bâtiment à trois rangs paralleles d’épines, où les vents les plus violens gra- dueroient toutes les eaux, fans les perdre. S'ils eim- portoient celles de la premiere & de la feconde li- gne , ils les laifferoient tomber à la troifieme,, qui achevant de rompre leur impétuofité déjà affoiblie, ne leur laïifferoït plus jetter au-dehors que les parties de l’eau Les plus léseres, Un fecond bâtiment à deux rangs d’épines, ferviroit pour les tems où l'air eft mé- diocrement agité. Enfin il y en auroit untroïfiemie À un feul rang, &c c’eft fur celui-ci que l’on gradueroit les eaux, lorfque Pair prefque tranquille, ne pou- vant agir qu'ä-travers une feulé mafle d’épines, per- droit entierement fa force s'il en rencontroit uñe fe- conde, & y laifferoit retomber les parties douces qu'il auroït emportées de la premiere. Leseaux en coulant fur les épines, y laïffent une ma- tiere terreufe, fans falure & fans goût, qui s’y durcit tellement au bout de 7 à 8 ans, que Pair n’y pouvant plus pafler, on eft obligé de les renouveller. Les épi: nes de leur côte rendent l’eau graifleufe , & lui don- nent une couleur roufle. C'eft pour cette raïfon que dans les alines où il y des bâtimens de graduation, le fel n’eft jamais fi blanc que lorfqu’on bouillit Les ‘eaux telles qu’elles fortenr deleurs fources. Les eaux graduces au degré qu’on fe propofe , ou auquel Pon peut les amener, font conduites par des tuyaux de fapin, dans deux refervoirs placés derriere les bernes , &c de-là font diftribuées aux poêles qui y répondent. Ces baflins que lon nomme bxifoirs , for- ment un quarré long de 44 piés, fur ro de large & $ de profondeur; ils contiennent chacun 262. muids d’eau. Il y a fix poëles à Montmorot, dont chacune for- me auffi un quarré long de 26 piés, fur 22 de largeur &r 18 pouces de profondeur, & contient environ 100 muids d’eau. C’eft dans les angles où l’eau ne bouillit jamais, que le /chelor s'amafle en plus grande quantité. La premiere poële eff la feule qui ait derrie- re elle un poëlon: encore le fel que l’on y forme eft- il fi brun , &c f chargé de parties étrangeres, que l’on eft ordinairement obligé de le refondre. La cuitene fe divife dans cette fuline, qu’en deux opérations; le /z/inage & le foccage. On entend par Jalinage, tout le tems qui eft em- ployé à faire réduire Peau falée, jufqu’à ce que Le fel commence à {e déclarer à fa furface. Il s’opere tou- jours par un feugif, & dure plus où moins, ce quiva de 16 à 24 heures, fuivant le degré de falure qu'ont les eaux. C’eft pendant ce tems que l’eau jette une écume qu'il faut enlever avec foin, &c que le /chelor, c’eft-à-dire que les matieres terreufes, & autres par- ties étrangeres renfermées dans les eaux, s’en déga- gent & e précipitent au fond de Ia poële, Maïsil faut pour cela une forte ébullition : auf dans les poélons où l’eau ne bowillit point, l’on ne tire jamais de fchelot, Irefte mêlé avec le fel, qui pour cette rai fon eft plus brun, plus pefant & bien moins pur que celui formé dans les poëles. On y amañle toujours la quantité de 16 pouces de ire brifante, c’eft-à-dire d’eau dont le fel commence à paroitre ; ce qui oblige de remplir la poële à plufeurs reprifes, lorfque l’é- bullition a diminué le volume d’eau falée que Pony , avoit mfe. Le Jchelot que l’on tire des poëles dans depetits baf- fins nommés augelors , que l’on met fur les bords, & où il va fe précipiter, parce que l’eau eft plus tran- quille, fert à former à Montmorot les fels purgatifs d’pefom & de glauber, & la potafle qui fert à la fu: fion des matieres dans les verrerie. Foyez SEL DEP: SOM , DE GLAUBER 6 POTASSE. Le foccage comprend tout le tems que le fel refte à fe former. [lcommence dès que l’eau auibouillit dans la poële eft parvenue à 24 ou 25 dégrés. C’eftalors de la wire brifante, au-deflus de laquelle nagent de petites lames de fel , quis’accrochant les unes aux au- tres en forme cubique, s’entraînent mutuellementau fond de la poële: Plus le feu eft lent pendant le focca- ge, &t plus le grain du fel eft gros. Sa qualité en eft meilleure aufh, parce qu’il fe dégage plus exacte- ment des graifles &c des autres vices que l’eau renfer: me encore. Cette feconde & derniere opération du- re 16 heures pour les fels deftinés à être mis en SALE 567 grains, 30 lieures pour les fels en grains ordinaires, &t 70 heurés pout ceux à stossrans, Ces trois difé- rentes efpeces de fel font les feules que l’on forme à Montmorot: Lorfque le feleft formé, ilrefle ericore au fond de la poëlé des eaux qui n’ont pas été réduites , & que l’on nomme eaux-neres, Elles {ontameres , pleines de graifle, debitume , &c fort chargées de fef d’epfom 8e de glauber, Elles font très-difficiles À réduire, &il faut avoir grand foin de ne pas mettre la poële à fic- cité , pour qu’elles ne communiquent pas au fel les vices qu’elles contiennent. Elles en ont plus ou moins, fuivant que les eaux falées dont lon fe fert font plus ou moins pures. Le fel , au fortir de la poë- le, eft imbibé de ces eaux qu'il faut laiffer égoutter. Lorfqu’elles font forties des fels , elles prennent le nom d’eaux-graffes ; maisleur nature eft toujours à: peu-près la même que celle des eaux-meres. L'une & l'autre font très-vicieufes à Montmorot , & il feroit à defirer qu’on n’en fit aucun ufage. Neuf cuites font une remandure qui dure plus ou moins, fuivant l’efpece de {el qu’on veut former. L'on fait par année, à cette /xline, environ 6o mille quintaux de el, dont la moitié eft délivrée en pains, à différens cantons fuifles, fuivant des traités parti- culiers faits avec la ferme générale , & l’autre moitié formée en pains , eft vendue à diférens bailliages de la province. Mais comme Salins fournit de plus aux Suiffes les 38 mille quintaux que Montmorot donne pour lui à la province, il s’enfuit toujours que cette derniere /aline fait entrer en Françeenviron3 so mille livres par année. Le 1el que Montmorot délivre à la province , étoie féché fur les braifes , ainfi qu’on le pratique à Sa- Ens ; maisil fe trouvoit toujours une odeur fort dé- fagréable dans la partie inférieure des pains, qui d’ailleurs brûlée par Paétivité du feu, avoit la dureté du gypfe , beaucoup d’amertume, & fort peu de fa- lure. Ces défauts exciterent des réclamations de la part de la Franche-Comté, 88 donnerént lieu à plu fieurs remontrances de fon parlement ; le roïen con- féquence envoya dans la province , en 1760, un commiflairé pour examiner fi les plaintes étoient fondées , & pour faire lanalyfe des fels de Mont- morot. Onn’atrouvé dans cette /z/:ne aucune matiere per: nicieufe ; les fels en grains que l’on en tire font très- bons , &r les défauts dont lon fe plaignoit juftement dans les fels en pains , ne provenoient que du vice de leur formation. Les eaux graffes à Monfmorot contiennent beau- coup de fels d’epfom & de glauber, font ameres & chargées de graifle & de bitume. Cependant l’ons’en ervoit pour paitrir les fels deftinés à être mis en pains. Quand l’on porte les pains de fel fur les braifes, on les y pofe fur le côté, en forte que‘les eaux grafs fes dont 1ls étoient impregnés, defcendant de la par- tie fupérieure à la partie baffle qui touche le brafier, s’y trouvoient faifies par la violence dela chaleur. Là les grafles dont elles font chargées fe brüloient, & par leur combuftion donnoientune odeurinfupporta- ble d'urine de chat à cette partie toujours pleine de - taches & de trous par les vuides qu’elles v laifloient. P q Y > & les charbons qu’elles y formoient. Le fel d’epfom s’y defléchoit auf ; &c au-lieu de s’égoutter dans les cendres avec l’eau qui lentrainoit , 1l reftoit adhé- rant au bas du pain, oùilformoit, tant à l’intérieur qu’à extérieur , des efpeces de grumeaux jaunâtres &t d’une grande amertume. L’on aeffayé de formerà Montmorot les pains de fel avec de l’eau douce , & alorsils ont été beaucoup moins défeétueux que quand ils étoient païtris avec Peau grafle; mais tant qu'ils ont été féchés fur les braifes , on leur a toujours trouvé un peu de odeur 568 S A L dont nous avons parlé ; & l’on n’eft parvenu àles en * -sarantir entierement que par le moyen des étuves faites pour leur defléthement. C’eft un canal où Pon conduit le chaleur de ta poële à côté de laqueile 1l -eft conftruit. Il eft couvett de plaques de fer qui s’é- chauffent par ce courant de feu, &c fur lefquelles on met les pains defel, après y avoir faitune légere cou- che de cendre pour que le fel re touche pas le fer. Il ya à préfent à Montmorot deux étuves divifées chacune en deux corps, & féchant enfemble cent charges de fel. Nous joignons ici le plan de ceile qui eft au deuxieme ouvroir, Les pains de fel formés, non plus avec l’eausrafle , mais avec l’eau qui fort des bâtimens de graduation , & féchés doucement par la chaleur modérée des étuves, font très-beaux , & ‘n’ont ni odeur niamertume ; mais il ne fouffre pas fi bien le tranfport, & tombe plutôt en déliquefcence. Les plaintes de la province ont ceflé, &r le fel en pains de Montmorot n’eft plus aétuellement fort in- férieur à celui que Salins fournit. Il eft beaucoup -moins pénétrant ; & en général les fromages falés avec le {el de Montmorot ne font pas fi-tôt faits, 8 ont befoin de plus de tems pour prendre le fel, que ceux que l’onfale avec celuide Salins. Au refte, cette différence n’en apporte aucune dans leur qualité qui eft également bonne. Mais le préjugé contraire eft fi fort univerfel, qu'il auroit peut-être fallu Le refpec- ter, parce que les fromages font une branche con- fidérable du commerce de la Franche-Comté, Explication des plans des nouvelles étuves établies aux falines de Montmoros. 1, Poëléà cuire les fels. 2. Ouvroir où l’on forme les fels en pains, & où on les faifoit deffécher étendus fur Les braifes, 3 & 4. Premier & fecond corps d’étuve nouvel- lement conftruites pour faire deflécher les {els en : pains. 3 5. Entrée du fourneau fous la poële. 6. Ouverture pour le paflage de la fumée que lon ferme ou que l’on ouwre par un empêlement, pour ôter ou prendre la chaleur , la conduire aux étuves pour les échauffer. 7. Tranchées creufées de 15 à #8 pouces , fur la largeur de $ piés, couvertes de larges pierres , fou- tenues au milieu pat un petit mur marque # , laquelle tranchée conduit la chaleur aux étuves. 8. Eft encore un petitmur de brique conftruit dans la partie inférieure de l’étuve pour fupporter les pla- tines de fer, fur lefqueiles font placées fept rangées de pain de fels dans l’étuve du quatrieme ouvroir, &c fix feulement dans celle du deuxieme ouvroir; dans lequel petit mur on a pratiqué de petits inter- valles pour que la chaleur puiffe s'étendre plus éga- lement dans chaque collatéral de Pétuve. 9. Défigne des tuyaux conftruits à Pextrémité de chaque corps d’étuve, pour pañler la fiunée ; le pre- mier débouche dans la berne, à-travers le mur que l’on a percé à cet effet , &r le fecond eft monté par- defflus les combles : on a pratiqué un ghfoir dans chaque tuyau de l’étuve du quatrième, pour rete- nir la chaleur, & la renvoyer en entier alternative- ment dans un feul corps d’étuve , fuivant que Pexige le fervice. 10. Défigne, dans les plans de coupe, les terreins rapportés pour élever l’étuve quelques pouces au- deflus du mvyeau du deflous de la poële , pour donner une légere montée à la fumée , &c la faire tirer plus rapidement au débouché. 11. Sont des grands volets que lon peut baïffer ou élever, au moyen des poulies, fuivant le degré d’é- vaporation qui fe fait au commencement du defé- chement , & pourtenir la chaleur concentrée , lorf- que la grande évaporation eff faite, &c précipiter le defféchement des pains... Ç SAME . L’étuve au deuxieme ouvroir eft couverte dans les tems néceflaires, par des tables que l’on Ôte lors du chargement de l’étuve , dont le fervice fe fait par les côtés fans qu’il foit befoin d'entrer dedans, n’ayant de largeur en tout que ce qu'il en faut pour que les fecharis puiffent atteindre Le milieu ; ce qui ne fe pra- tique pas de même à l’étuve du quatrieme ouvroir , où il eft néceflaire d'entrer dans l’étuve, ce qui en rend le fervice moins prompt. 12. Trottoirs pour le fervice de l’étuve au fecond Ouvroir. | 13. Sille 87 maflous. 14. Cuve qui reçoit l’égoût de la fille. 15. Autre cuve où les formari ou faffari prennent l’eau néceffaire lors de la formation. La différence des deux étuves confifte en ce qu’au fecond ouvroir, chaque corps d’étuve a fon canal particulier qui y conduit la chaleur des le fourneau de la poële , où chaque canal a fonempâlement, au- lieu qu’à l’étuve du quatrieme , Le canal eft commun pour les deux corps; la premiere contient environ 40 charges, & l’autre 6o. Les deux derniers, articles {ont de M. l'abbé FENOUILLOT. SALINES DES ÎLES ANTILLES, ce font des étangs d’eau de mer, ou grands réfervoirs formés par la na- ture au milieu des fables , dans des lieux arides, en tourés de rochers &c de petites montagnes dont la po- fition fe trouve ordinairement dans les parties méri- dionales de prefque toutes Les iles Antilles; ces étangs {ont fouvent inondés par les pluiesabondantes, & ce n’eft que dans la faifon feche; c’eft-à-dire vers les mois de Janvier & de Février que le fel fe forme; Peau de la mer étant alors très-bafle, & celle des étangs n'étant plus renouvellée, 1l s’en faitune fi pro- digieufe évaporation par l’exceffive chaleur du foleïl, que les parties falines n’avant plus la quantité d’hu- midité néceflaire pour les tenir en diflolution , font contraintes de fe précipiter au fond & fur les bords des étangs, en-beaux cryfteux cubes, très-gros, un peu tranfparens & d’une grande blancheur. I feren- contre des cantons dont l’atmofphere qui les envi- ronne eft fi chargée de molécules falines, qu’un bà- ton planté dansle fable à peu de diftance des étanes, fe trouve en vingt-quatre heures totalement couvert de petits cryftaux brillans , fort adhérens ; c’eft ce qui a fait imaginer à quelques efpasnols du pays de former des croix de bois, des couronnes, & d’autres petits ouvrages curieux. Les iles de Saint-Jean-de-Portorico, de Saint-Chri- ftophe, la grande terre de la Guadeloupe , la Marti nique & la Grenade , ont de très-belles fz/ines, dont quelquesunes pourroient fournir la cargaifonde plu- fleurs vaiffeaux ; le fel qu’elles produifent eft d’un ufage journalier , mais il w’eft pas propre aux falai fons des viandes qu’on veut conferver long-tems; on prétend qu'il À un peu corrofif. Âf. le Romain, SALINE , (Commerce.) ce mot fe dit ordinairemeut des poiffons de mer que lon a fait faler pour les con- ferver. Il fe fait en France & dans les pays étrangers Ar < , . È unnégoce très-confidérable de faire, Les poifions qui en font le principal objet, font la morue, le fau- mon, le maquereau, le hareng, l’anchois & la fardines SALINES , le vallée des (Géogr. facrée.) vallée de la Paleftine que les interpretes de lEcriture mettent communément au midi de la mer Morte, du côté de lidumée. M. Halifax dans fa relation de Palmyre, parle d’une grande plaine remplie de fel, d’où l’on en tire pour tout le pays. Cette plaine eit environ à une lieue de Palmyre, & elle s'étend vers l’Idumée orientale, dont la capitale étoit. Bozza. Il eft aflez vraiflemblable que cette plaine de fel.eft la vallée des falineside Ecriture, (2: J) ; SALINS, (Géogr:m0d.) ville de France en Franche: Comte, dans une vallée , entre deux montagnes , fur le ruiffeau de Forica, à fix lieues au midi de Befän- con. Elle eft défendue par le fort Saint-André. Il y a quatre paroïffes &c trois chapitres. Les peres de FO: ratoire y ont un college. Cette ville prend fon nom du fel qu’on y fait avec le feu, &c dont on fournit la province & une partie de la Suifle. Long. 23. larirs BOT O Gr | | dl … Lifolas (François baron de) né à Salins en 1613, S’attacha aux intérêts de la maifon d'Autriche, à la- quelle il rendit de grands fervices par fesnégociations &c par fes écrits. Il fut employé dans tous les traités Les plus importans, & mourut en 1677, un peu avant les conférences de Nimegue. Son principal ouvrage eft mtitulé Bouclier d'état & de juftice, dans lequel il entreprit de réfuter les droits que Louis XIV. pré- tendoit avoir fur divers états de la monarchie d’'Ef- pagne. Cet ouvrage plut beaucoup à la maifon d’Au- triche , & fut d'autant plus defagréable à la France, qu’elle étoit mal fondée dans fes prétentions: (D. J.) SALINS } ferme de Pêche ; forte de pècherie formée de filets que l’on peut rapporter à Pefpece des hauts parcs. Les mailles des rets qu'ils nomment /&/xs font de deux fortes; les plus larges mailles ont un pouce en auarré, & les plus ferrées ont feulement neufli- gnes aufli en quarté. Rs à 4. lire La pêche avec les rets nommées fans doit être repardée comme une efpece de haut parc, de per- ches & de filets à queue ou fond de verveux; Les pé- cheurs qui s’en fervent les tendent ordinairement à l'embouchure des canaux ou des achenaux ; pour cet effet ils plantent d’un bord èc d'autre trois ou quatre perches hautes d'environ dix à douze piés, comme font les rets des hauts pares; le bas du ret eft aux deux côtés ; fur la perche qui eft près de terre eft amaré un petit bout de ligne pour pouvoir lever le filet dans le premier inftant que le juflant commence à fe déclarer ; les pêcheurs foit à pié , foit avec les’ | filadieres, levent auffitôt chaque bout du filet qu’ils amarent au haut des perches , au pié defquelles Le ret eft arrêté de maniere qu'ils arrêtent tout le poiflon que la marée a fait monter; on y prend des mulles, des lubines, des alofes, des galles &c gafts, &z au- tres femblables poiflons ronds &c longs. Cette forte de pêcherie ne fe faifant ordinairement que durant les chaleurs des mois de Juin , Juillet &z Âoût, eft très-nuifible à la multiplication du poiflon, fur-tout fi on Le fert de mailles ferrées, mais avec des rets d’un calibre de 15 à 18 lignes environ, & fans enfouir le bas du filet. Cette efpece de pêche pourroit être innocente ; ce rets eft de l’efpece de ceux que les pêcheurs bas normands placent entre les rochers. On appelle aufi /x/irs des fortes de fouannes qui ont fept branches ou dents ébarbelées ; celle du mi- lieu left des deux côtés , &les fix autres feulement du côté de dedans ; elles ont une douille de fer, & font emmanchées d’une perche d'environ deux brafles de long. Voyez FOUANNE, dont les falins font une efpece. SALINS , cour des (Hiff. de la Rochelle, ) on nom- fnoit autrefois à la Rochelle la cour des falins, une ju- _rifdiétion qui y fut établie vers l'année 1635, avec un impôt très-fort fur les fels de Brouage & de l'ile de Ré. La cour des falins fut fupprimée quelque tems après ; mais le droit fubfifte encore prefque en entier. SALIQUES, adj. pl. (Æff. mod.) nom qu’on donne . communément à un recueil de lois des anciens fran- çois, par une defquelles on prétend que les filles des rois de France font exclues de la couronne. Plufieurs auteurs ont écrit fur les lois /a/iques ; mais comme MM. de Vertot & de Foncemagne ; de l'académie des Infcriptions, en ont traité d’une ma- niere plus intéreflante , nous tirerons de leurs mé- moires {ur ce fujet ce que nous en allons dire , d’au- tant plus qu'ils fe réuniffent à penfer que ce n’eft pas précifément en vertu de la loi faique que les filles SAL 569 dé France font exclues de la couronne. Selon M. l'abbé de Vertot ; il n’eft pas aifé de dé: cider quel eft l’auteur des loïs JäZiques , & bien moin de fixer Pépoque & lPendroit de leur établiflement: Quelques hiftoriens prétendent que la Loi fx/ique tire cette dénomination /alique d’un certain feigneur ap: pellé Sa/eoaff ; qui fut, dit-on, un de ceux qui tras vaillerent à la compilation de cette Loi. C’eft le fen= timent d'Othon de Frifingue, £v. I: Avantin dans lé TV, liv, de fon hiftoire de Baviere ; rapporte l’étys mologie de ce mot /alique au mot latin /alas comme files premieres loïs des Frances avoient été dreflées dans les falles de quelques palais. D’autres auteurs lé font venir d’une bourgade appellée Sazcéinie , qu'ils placent Comme il leur plait, fur les rives de PVAel ou du Sal. Enfin on a eu recours jufqu’à des fontaines & des puits de fel ; & de-là on n’a pas épargné les al- légories fur la prudence des premiers François, . Mais il eff plus naturel de rapporter l’épithete de Jalique à cette partie des Francs qu’on appelloit /7< liens ? haë nobiliffimi Francorum , qui falici dicantur ; adhuc uruntur lege, dit l’évêque de Frifingue. … Nous avons deux exemplaires de ces lois. Le plus ancien eft tiré d’un manufcrit de l’abbaye de Fuide ; imprime en 1557 par les foins de Jean Bafile Herold, L'autre édition eff faite fur la réformation de Charlei rnagné ; &c il y a à la fin dé cetexemplaire quelques additions qu’on attribue aux rois Childebert & Clo- taire. Mais l’un & Pautre exemplaire paroïffent n°8: re au’un abregé d’un recueil plus ancien, Quelques= uns attribuent ces lois à Pharamond & d’autres à Clovis. tn: Mon ue dé? Quoi qu'il en foit, on lit à l’article 62 dé ces lois un paragraphe conçu en ces termes: de serré vero [as lie nulla portio heredisatis mulier: veniat, fed ad fexum virilem tota terre hérediras perveniar ; c’eft-à-dire pouf ce qui eft de la terre falique , que la femme n’ait auï cuné part dans l'héritage, mais que tout aille au mâle: C’eft de ce fameux article dont on fait l'application au fujet de la fucceffion à la couronne, &r l’on pré- tend qu’elle renferme une exclufion entiere pour les filles de nos rois. Pour éclaircir cette queftion, il eft bon de remar1 quer que dans ce chapivre Ixij. 1 s’agit de l’afeu , de alode, & qu'il y avoit dans la Gaule françoïfe & dans les commencemens de notre monarchie, des terres allodiales auxquelles les femmes fuccédoient comme. les mâles, & des terres faliques, c’eft-à-dire conquifes par les Saliens, qui étoient comme des efpecés de bénéfices & de éommanderies affeétées aux feuls mâles , & dont les filles étoient exclues comme in- capables de porter les armes. Tel eft le motif &c l’ef= prit de cet endroit de la loi /alique, qui femble ne re- garder que la fucceflion &c le partage de ces terres Jaliques entre les enfans des particuliers. ; Le vulgaire peu éclairé, dit M. de Foncemagne entend par le mot de /z/ique ,une loi écrite qui ex4 clut formellement les filles du trône, Ce préjugé qui n’a commencé à s’accréditer que fur la fin du xv. fie- cle, fur la parole de Robert Guaguin & de Claude de Seyffel, les premiers écrivains françois qui âient cité la loi Julique comme le fondement de la mafcu< linité de la fucceffion au royaume de France; ce pré: jugé eft auffi mal appuyé qu'il eft univerfel ; cat 1°% le paragraphe 6. de l’article 62. eft le dernier d’urt titre qui ne traite que des fuccefhions entre Les partis culiers, & même des fucceffions en ligne collatérale. Rien ne nous autorife à le féparer des paragraphes qui le précedenf pour lui attribuer un objet différent, rien ne fonde par conféquent application que lon en fait à la couronne. Peut-on croite en effet que les auteurs de la loi aient confondu dans un même cha< pitre, deux efpeces de biens fi réellement diftinigués lun de l'autre, foit par leur nature, foit par leurs 570. S A L prérogatives; le royaume & le patrimoïne des per- fonnes privées? peut-on fuppoler qu'ils aient reglé par un même decret l’état des rois &t l’état des fu- jets? Ily a plus, qu’ils aient renvoyé à la fin du de- cret l'article qui concerne les rois, comme un fup- _plément ou comme un accefoire, & qu'ils fe foient expliqués en deux lignes fur une matiere de cette importance, tandis qu’ils s'étendoient aflez au long fur ce qui regarde les fujets à 2°. Le texte du code Jalique .doit s'entendre privativement à toute autre chofe, des terres de conquête qui furent diftribuées aux François à mefure qu'ils s’établifloient dans les Gaules, en récompentfe du fervice militaire, 8e fous la condition qu'ils continueroient de porter les armes, êc la loi déclare que les:femmes ne doivent.avoir aucune partäcette efpece de bien, parce qu’elles ne pouvoient acquitter la condition fous laquelle leurs peres l’avoient reçu. Orileft certain par les formu- les de Marculfe., que quoique. les femmes in’euflent aucun droit à la füccefhon des terres faliques , elles y pouvoient cependant être rappellées par un aéte par- ticulier de.leur pere. Si le.royaume avoit été com- pus fous le nom de terre /alique , pourquoïau défaut de mâles les princefles n’auroient-elles pas été ésale- ment rappellées à la fucceffon à la couronne? Mais le contrare.eit démontré par un ufage conftant de- puis l’établiffement de la monarchie, & dont l’origine ie perd dans les tenebres de l'antiquité, Car pour ne nous en tenir qu'à la premiere. race dé nos rois, Clotilde, fille de Clovis ; ne fut point admife à par- tager avec fes freres, & le roi des Wifigots qu’elle avoit époufé , ne reclama point la part de fa femme. TFhéodeclulde., fille du même Clovis, fut traitée comme fa fœur. Une autre T'héodechilde, fille de Terry L felon Flodoar , & mariée au roi des Var- nes, felon Procope, fubit le même fort. Théodebalde fucceda feul à fon pere Thécdebert.au préjudice de fes deux fœurs, Ragintrude &c Bertoare, Chrodfinde © Chrothberge furyvécurent à Childebert leur pere; cependant (-lotaire leur oncle héria du royaume de Paris. Alboin, roi des Lombards , avoit époufé Clo- finde, fille de Clotaire [. Mais après la mort de fon beau-pere,Alboin ne prit aucunesmefures pour faire valoir les droits de fa femme. Etheibert, roi de Kent, avoit époufé-la fille aînée de Caribert, qui ne laiffa point de fils; cependant le royaume de Paris échut aux,collatéraux, fans oppoñition de la part d'Ethel- bert. Gontrantavoit deux filles, lorique fe plaignant d'être fans enfans, il defigna fon neveu Childebert pour fon fucceffeur, Chilperic avoit perdu tous {es fils, Bafine & Rigunthe lui reftoient encore, lor{- qu'il répondit aux ambafladeurs du même Childe- bert; « Puifque je n’ai point de poftérité mafculine, # le roi votre maître, fils de mon frere, doit être mon » feul héritier». Tous ces divers exemples démon- trent que les filles des rois étoient exclues de la cou- ronne ; mais l'étoient-elles premierement par la dif poñtion de la loi /zlique ? | M. de Foncemagne répond, que le chapitre Ixiy. du code /alique peut avoit une application indirecte À la fucceffion au royaume. De ce que le droit commun des biens nobles, dit-1l, étoit de ne pouvoir romber, pour me fervir d’une expreflion confacrée par {on ancienneté , de lance en quenouille, il faut nécellaite- ment conclure que telle devoir être à plus forte rai- on la prérogative de la royauté, qui eftle plus noble des biens, & la fource d’où découle la noblefe de tous les autres. Mais la loi en queftion renferme feu- dement cette conféquence elle ne la développe pas, Æ& c'en eft aflez pour que nous puiflions foutenir que les femmes ont toujours été exclues de la fuc- Salvi , Sallyes, Sallycns, ( Géog. anc. ) voyez ce dernier mor. Les Salluviens étoient un peuple originaire de Ligurie, établi dans la contrée des Gaules, que nous appel- lons aujourd’hui la Provence. Les Marfeillois ayant réclame le fecours des Romains contre ces peuples, le conful M. Fulvius Flaccus fut envoyé contre eux lan de Rome 627 ; illes défit, &en triompha. C’eft le premier triomphe des Romainsfur les Gaulois tran- falpins. C.Sextius continua la guerre contre ces mê- mes peuples en qualité de proconful, & il acheva de les foumettre en 629. Il bâtit en ce pays une ville, qui, à caufe de l’abondance de fes eaux & du nom de fon fondateur, fut appellée 4que Sexrie : c’eft Aïx, capitale de la Provence. GANT: SALM, (Géog. mod.) petite ville des Pays-bas., au duché de Luxembours , à trois lieues de Roche-en- Famune, avec titre de comté, Long, 23. 24!.lar, 50.6 (2. J.) SALM, LA , ( Géog. mod.) en latin Salmota , pe- tite riviere d'Allemagne dans l'Eiftel & dans l'éledto- rat de Trèves. Elle fe jette dans la Mofelle à 2 lieues au-defous de Treves, (D. JD SALMA , (Géogr. mod. ) nom de deux villes de lArabie-heureufe. Long. del’une, felon Ptolomée, 70. 30-lat, 26.long. delautre, 63.20.1at,24.20. (CDS) SALMACIS, (Géog. anc. ) fontaine d’Afe dans la Carte, Elle ne doit pas étre loin de la ville du même nom, & peut-être lui donnoit-elle fon nom. Cette fontaine avoit, difoit-on , la réputation de ren- dre mous êc efféminés ceux qui bvoient de feseaux, Strabon, Z XJY. plus judicieux que le vuloaire, ne croit point qu’elle eût cette propriété ; mais , felon lui , ce défaut de ceux qui en bûvoientyenoit deleurs richeifes & de leurintempérance, . Vitruve, Z. IL. c. vi. en donne une autre raifon. Il ya, dit-il, tout auprès de la fontaine de Sz/macis un temple de Vénus & de Mercure, On croit fauffe- ment qu'elle donne la maladie de l'amour à ceux qui en boivent ; mais il n°y aura point de mal À rappoïter ce qui a donné lieu à ces faux bruits qui fe {ont ré- pandus par-tout. Il faut favoir, continue-t-il, que les Grecs qui s’établirent en cet endroit , charmés de la bonté de cetteeau, yéleverent des cabanes , &qu’en- fuite ils attirerent des montagnes les barbares, les en- die gagerent à s’amollir , c’eft-à-dire àadoucir la férocité $ A:r 575 . deleurs mœurs, & à fe policer en fe foimettant aux lois, & en s’accoutumant À une vie moins fauvage. Feftus en indique une raifon bien différente : il avoue que cette fontame Ctoit très-funelte À [a pus dicité, & ceux qui en alloient boire s'expofoient à la perdre , non que leau eût par elle-même aucune qualité , mais parce que pour y aller il lloit pafer entre des murs qui reflerroient le chemin , & don- noient par-[à occafon aux débauchés de furprendre les jeunes filles qu'ils déshonoroient, fans qu'elles puñlent leur échapper, Ovide, que l’opinion du peus ple accommodoit mieux, l’a embrafée, Cut non audita eft obfcenæ Salmacis nndn ? C’eftce qu'il dit dans le XF. y. de fes métamoÿs phofes vers 319. On peut voit comment il a traité la fable de lanymphe Samacis, L. IF. fab. 11. (D. 7) SALMACIS, f. f. (Mycholog.) nom d’une nymphe tellement amoureufe d'Hermaphrodite , fls de Met- cure & de Vénus, que l'ayant {ürpris comme il fe batgnoit dans une fontaine de Carie , Cle fe jetta de- dans & en l’embraffant étroitement, elle pria les dieux de les unir pour jamais, Sa priere fut exaucée, leurs deux corps n’en firent Plus qu'un, où étoit néanmoins confervé le fexe de l’un & de l’autre. La fable ajoute que depuis cette fontaine fituce prés d'Halicarnafe futnommée Su/macis ) © quetous ceux qui s’y baignoient deyenoient cféminés. (2.J.) SALMANTICA , ( Géog. anc. ) ancienne ville de la Luftanie , chez les Vettons » {elon Ptolomée, Zr. AT, c. v. Plutarque Pappelle Sz/marica , & dit que c’eftune grande ville, Il eft à croire que Salmantica Où Salmazica ef Salamanque. (D. J. SALMASTRE , ( Géogr. mod.) ville d’Afie dans la Perfe , réfidence d’un kan qui y commande , à qua- tre journées de Tauris & à Vingt-huit d'Alep. C’eft, dit Tavernier, 4 ZI. c. iv. une Jolie ville fur Les fron tieres de anciens Affyriens & des Medes , & la pre= miere de ce côté-là des états du roi de Perfe, Les guerres du dernier fiecle & de celui-ci ont vraiflem- blablement ruiné cette ville. (D. J., SALME, f. m. (Comm.) enitalien fa/mz , melure des liquides , dont on fe fert dans la Calabre & dans la Pouille , provinces du royaume de Naples. Le a+ me eff de dix ftars, &cle far de3 2 pignatolis ou pots, qui font ä-peu-près la pinte de Paris, ainfi le falme contient environ 320 pots ou pintes. Same eft auffi un poids de 25 livres. Sz/78, c’eft encore une mefure de grains dont on fe fert À Palerme. Le/zlme contient 16 tomolis , & le tomolis 4 mondels > 10 falmes. Deux feptiemes font le jaft d’Amfterdam. 7 OYE£ LAST. Di. de Comm. € de Tréy. SALMERO , f. m. (Zchyol.) efpece de petit fau- mon de riviere ou de lac, qu’on trouve ordinaire- ment près de la ville de Trente. Sa figure eft longue êt ovalaire, fon mufeau eft gros, fa bouche eft gar- nie de dents , fa tête eft ronde, fon dos eft noirâtre, fes côtés {ont blanchätres, fon ventre eft rouge. Ce poïflon tient un peu de Ia truite. Sa chair a la couleur & le goût de celle du faumon ordinaire ; elle eft ten- dre, {riable ,nourriffante, excellente à manger, mais de peu degarde. ( D. Aa) < SALMES, ( Géog. mod. ) on écrit auffi Same, pe- tite ville ou bourg de Lorraine au pays de Vofge, fur les frontieres de la bafle Alface, près de la riviere de Brufch , à 8 lieues de Strasbourg, à 22 de Nanc êt à 14 de Marfal, avec titre de come, Long. 24,567, laut, 48, 35. (D.J) SALMT, f, m. (Crifine, ) ragoût qu’on fait avec y des bécafles , des alouettes ; des grives, &êc autres pieces de gibier roties äla broche, dépecées enfuite & cuites fur un réchaud avec du vin, des petits mor- ceaux de pain, & autres ingrédiens propres À piquer le goût, 576 SAL SALMIGONDI, £. m. (Science érym. ) affaflonne- ment compofé de différentes chofes. On difoit du tems de Rabelais fa/migondin ; à préfent on ne con- noit plus que le mot vulgaire fa/rigondi, qui eft la même chofe que por pourri. On dérive ce mot de Jfalgami conditum. Les anciens ont appellé fa/gamum toutes fortes de légumes , comme raves, choux, concombres, &c. que lon mettoit dans un pot avec du fel pour les conferver ; l’on s’eft fervi fur cet exemple du mot /z/migondi , pour exprimer des ra- goûts compotés de plufieurs fortes de chofes. (D.J.) SALMONE , ( Géog. anc. ) ville ancienne du Pé- loponnèfe , dans la Pifatide, felon Strabon, Z. VLIL. II dit qu'il y avoit une fource de même nom , d’où fort lEmpe , nommé enfuite Barmichius , qui fe va perdre dans l’Alphée. (D. J.) SALMONÉE , f. m. ( Mythol. ) frere de Sifyphe , -étoit fils d’Eole & petit-fils d'Hellen, Ayant conquis toute PElide jufqu'aux rives de l’Alphée , il eut la témérité de vouloir pañler pour un dieu. Pour cet effet, 1l bâtit un pont d’airain , fur lequel il faïfoit rouler un chariot qui imitoit le bruit du tonnerre, & de fon char il lançoit des torches allumées fur quel- ques malheureux qu'il fafoit tuer à l’inflant,pour inf pirer plus de terreuràfes fujets. « J'ai vu , dit Enée, » dans les horreurs d'un cruel fupplice, l'impie Sa/- >» monée, qui eut l’audace de vouloir imiter le foudre » du maître du monde : armé de feux, ce prince par- # couroit fur fon char la ville d'Elis, exigeant de fes » fujets les mêmes honneurs qu’on rend aux immor- # tels. Infenfé, qui par Le vain bruit de fes chevaux » & de fon pont d’airain , croyoit contrefaire un » bruit inimitable » ! Mais Jupiter lança fur luile vé- ritable foudre, l’inveftit de flamme ( ce m’étoient pas de vains flambeaux ),& le précipita dans Pabime du Tartare. ( D.J.) SALMUNTI n ( Géog. anc. ) SA vTI , ville mari- time d’Afie, où Alexandre affifta à des jeux de théâ- tre. Diodore de Sicile la met fur la mer Erythrée ; mais cette mer s’étendoit au-delà du fein perfique, & prefque jufqu’à lIndus. Plutarque femble la mettre dans la Gédrofie , & Arrien dans là Caramanie. (2. J.) SALNICH , LE, ( Géog. mod. ) riviere de la Tur- quie européenne ,en Albame; elle a fa fource dans les montagnes de la Chimera , & fe jette dans le gol- phe de Venife. Les anciens ’ont connue fous lesnoms de Celydnus & de Pepilythnus. (D. J.) SALO , ( Géog. anc. ) génit. Salonis , nom latin d’une riviere de l’Efpagne tarragonoife. C’eft aujour- d'hui le Xa/or. Martial, né à Bilbilis , lieu fitue fur cette riviere , en fait mention, /. X, eépig. 103. Municipes , augufla mihi quos Bilbilis acri Monte creat , rapidis quos Salo cingit aquis. TIlmet. dansune autre épioramme, ai eft la 10 5) te 9 1 4 cinq relais de Tarragone à Bilbilis & à Salon. Tilinc te rota tollet, & citatus Altarn Bilbilin € tuum Salonem Quinto forfitan effendo videbis. C’étoient les eaux de cette riviere qui donnoiïent une excellente trempe aux ouvrages d'acier que l’on fafoit à Bilbilis. ( D. J.) SALO , (Géog. mod, ) ville d'Italie , dans l’état de Venife , au Breffan, fur le lac, &c à quatre lieues au nord-oueft de Gardes. Elle communique fonnom à tout le canton , qu’on nomme enitahen Révrera di Salo ; le mot de riviere fe prend 1c1 comme quand on dit la riviere du Levant , la riviere du Ponent, en parlant de la côte de GÈènes. Comme ce canton ‘eft à couvert des vents du nord , à caufe des mon- ‘tagnes , il eft fertile en olives , citrons , grenades, oranges, 6, Ce canton eft compolfé de trente - fix S AAA. communautés , qui reglent par un confeil toutes les affaires qui s’y rapportent. Long. de la ville, 26. y. latit, 45. 30. Bonfadio ,( Jacques } né dans cette ville, fut nom- mé hiftoriographe de la république de Gênes, qui lui affigna une bonne penfion pour cette charge, Ilmitau jour les cinq premiers livres des annales de cet état ; mais il y patla fi fatyriquement de quelques 1lluftres familles génoifes, qu’elles en furent vivement irri- tées. On fit des recherches fur la vie de l’auteur, & on le trouva coupable d’un crime qu’il faut taire, & pour lequel il eut la tête tranchée en 1551. Manuce reconnoit que Bonfadio écrivoit également bien en latin & enitalien, roano eloquio & errufco præ- cellens. On a de lui des poëéfies dans ces deux lan- gues. (D. J.) SALOBRENA , ( Géog. mod. ) ou Salobregna , en latin Selambina , dans Ptolomée , Z 11. €. 6: petite ville d'Éfpagne, au royaume de Grenade , fur un rocher, proche la mer , à une lieue au couchant de Motril , avec un château fortifié, où on tient gar- non. Long. 13. 51. tant. 36. 16.(D.J.) SALOIR , {. m. ( Chaircuiterie. ) vaifleau de bois où l’on garde le fel. Les Chaircuitiers nomment auffi J'aloir , le vaifleau où ils falent la chair de porc & les lards qu’ils coupent & débitent en fleches. Ces /z- loirs {ont ordinairement de bois , quelquefois ronds, & quelquefois longs en forme de coffres ou de cu- ves. Il y a auffi des /zloirs de terre cuite , dont l’ou- verture efttrès-large. Les chairs falées fe confervent mieux dans ces derniers ; maïs outre qu'ils fe caflent aifément , ils ne font pas capables de contenir beau- coup de chair. ( D. J.) SALOMON , LE cap DE, ( Géog. mod. ) en latin Salmonium , où Salmonium promontorium ; À eftà la pointe orientale de l'ile de Candie, vers lorient, à onze lieues de Sitia, entre le cap Sidero au nord, & le cap Sacro.( D.J.) SALOMON , Les les de , ( Géog. mod. ) iles de la mer du fud , ainfi nommées par Alvaro de Men- docça , qui les découvrit en 1567. Les principales font , dit-on, au nombre de dix-huit. La plus grande fe nomme l’%e Ifabelle , à laquelle on donne plus de centlieues de tour. Ce qu'il y a de für, c’eft que la plüpart des les de Salomon ne font point décou- vertes, & que celles qui le font, ne font pas con- nues. Tout ce qu’on en fait , c’eft qu’en général Pair y eft aflez tempéré; maïs on ne connoïît mleterroir , - ni les habitans de ces iles. Long. felon Dudley , 152. 204. latit. 7.23.( D.J.) | | SALOMON , Les pifcines de, ( Géog. mod. ) ou les lavoirs de Salomon, comme Maundrel les nomme. La defcription qu'il en a donnée, & celle du P. Nau, jéfuite , ne s’accordent pas enfemble. Ce dernier les met à deux lieues de la ville de Thécua. Ces deux voyageurs cependant ne comptent que trois pijcines de Salomon ; dont une partie a été creufée dans la roche vive. Elles reçoivent leur eau d’une fontaine {cellée qui eft plus haute. On ignore qui eft l’auteur de ces fortes de réfervoirs d’eau; maïs c’eft vraifflem- blablement quelque calife. ( D. J.) : SALON, ( Géog. mod. ) petite ville deFrance, en Provence , dans la viguerie d'Aix, & traverfée par un bras de la Durance , appellée la foffe-Crapone. Salon eft à huit lieues au nord-oueft d'Aix , &c dé- pend d'Arles pour le fpirituel. On voit dans l’églife des cordeliers le tombeau de Michel Noftradamus, qui eft mort dans cette ville. Long. 22. 48. lan. 43. 40. | Crapone ( Adam de ), gentilhomme natif de Sz/on dans le xv]. fiecle , fe diftingua fingulierement par fes connoïffances de la méchanique hydraulique. Il exécuta en ce genre des ouvrages dignes de mé- moire ; il fitécouler les eaux croupiffantes de Fré- jus , ce qui rendit Pair de cette ville plus fan, Il ima ina &c travailla en 1558 au canal de Provence, ap- pellé de fon nom le canal Crapone ; C’eft un canal de fix Heues au-deffus de l'embouchure de la Du- tance dans le Rhône, & qui porte l'abondance dans des campagnes ftériles. 1 avoit entrepris de joindré les deux mers en France, & le roi Henti Il. avoit même commence à y fre tr availler ; mais La grande capacité de Crapone lui fut fatale : car ayant été en- voye à Nantes en Bretagne pour y, démolir les tra: vaux d’une citadelle qu'on avoit exécutée fur ünimé- chant térrain 2 il furempoïfonné dans la quarantiene année de fon âge, par les premiers entrepreneurs dé cette citadelle. (D. J. SALONA , ( Géog. mod.) Ville de Grecel, dans la Livadie, près du golphe dû même nom, fe une petite riviere, à dix-huit lieues au nord-eft de Le: pante. Elle efthabitée en partie par les Tures , qui y ont fept mofquées , & par les Grecs , qui y ont fix églifes , avec un évêque iuffragant d'Athènes, © Salon n'eft point Phare ES de ville de là Phoc: de ; ; mais c'eft Amphifa, comme M. Sbon l'a prouvé f par une belle & grande infeription latine , qu'il trouva dans une des éplifes de la ville; cette iufcription étoit un refcrit du procônful romain De- -Gimius Secundinus , qu'iladreffoit aux habitans d’Am- phifa. Long. 40. 35. latir. 38% 530. (2. PA De 43 SALONE, Salona , (Géogr.anc. & mod.) ancienne ville maritime de la Dalmatie. Elle eff nommée Co- lonia-Martia, Julia Salona , dansune infcriptionrap- portée par Gruter PIRE IN * Spon décrit ainf les reftes de cette ville: Sz/o7e étoit, dit-il, un ville fameufe dans l'antiquité, mais nous ny tr ouvämes que des mafures, & il n’y.a plus qu'une églife avec quatte où cinq moulins. Les villes périflent, aufi-bien que les hommes. Elle étoit dans une belle plaine à deux milles de la montagne Mor- laque qu’elle avoit au nord $&c-s’étendoit qu'à a un petit golfe qui étoit fon poit, dans lequel va tomber la petite riviere qui paile au milieu & où l’on pêche des truites. Elle eft dans une égale diftance de Gliffa & de Spalatro , environ à 4 nulles de l’un & de Pau- tre, Elle pouvoit avoir 8 à 9 milles de tour ; mais ceux du pays difent qu’elle en avoit davantage. Le chemin qui va de Saone à Cliffa portoit an- ciennement le nom de via Gabiniana | comme on l'apprend d’une infcription antique ; Cliffa a fuccédé à l’Azderrium des anciens. Zonare rapporte queDio® clétien fe retira à Sulone, # Sara, ville de Dalmatie où il étoit né ; aufh un de nos poëtes fait-il dire à cet empereur dans la tragédie de Gabine, Salone m'awvu naïtre, On nous repréfente communément loiceten comme un ennemimoftelldés chrétiens, & fon régné comme un fant Barthelemi continirelle, C'efr: néan- moins ce qui eft entierement contraire à la vérité. Les fideles jouirent de la plus 8 ‘arande liberté pendant vingt ans fous cet empereur, & ne furent maltraités fous lui que pendant deux années. Encore Lattance, Eufebe &c l'empereur Conftantin imputent!cés vio- lences au feul Galerius , 8 non à Dioclétien. Il n’eft pas en effet Ten Ute qu'un homme aflez phis lofophe f pour renoncer à l'empire lait été aflez peu ns être un perfécuteur fanatique, Concluons que ete des martyrs qui commence à Pavénement- de Dioclétien, n’auroit dû êfre “datée” que deux’afhs avant fon abdication , puiiqu’ il ne fit aucun inartyt pendant vingt ans. Ceft Ja réflexion de l'auteur Le VEffai fur l'Hi rloïre univerfelle. (2. J. D "9 SALONTA , ( Géog. anc.) ancienne ville He Birhy: mie , felon Étienne: le Géographe. Elle eft nommée fimplement Salon, Sera, par Strabon } Z'XIT! pi 563 , qui dit qu” aux environsil y avoit. des- -pâtufat S À L S77 gés excellens , où l’on ñnourrifloit des téoüpéaux dé vaches deutle lait fervoit à faire un fromage renom mé, que l'on appelloit fromage falonire: (D. J.) SALONICKI ou SALONICHI, (Géog. mod.) ville de la Turquie européenne, au fond d'un golfe dé - même nom, & capitale de la Macédoine, ; près de la riviere de NALdae , à 50 lieues au fud-oueit dé So= lue, Ë Cette ville autrefois grande &z dique j'con® nue fous le nom de Theffalonique >) eit encoré peus plée &c marchande. Les Juifs font prefque tout le commerce qui confifte en foie, laine, coton, Cuifs, Gc. ils y ont plufieurs fynagogues : : Tes Grecs y ont aufli quelques églifes , avec un archevêque. Longi- tude’, fuivant le à LP euillée, Hétaud > Defplaces & CHEN 40139! 30". Yacit. 40, 417. foi Le gouverneur de S'aozicki porte le titré de mots la , 8 fa charge le met en haute confidération à la porte, Dans le tems qu'Andronié voulut $ empatér de Pempire , Salonick: fut prife pat Guillaume , rot de Sicile. Elle-revintenfuite fous la domination d’An: dronic Paléologue » empereur dé Conftantinople, qui , pour s’unir à la république de Venife , lur céda les droits “qu #1] avoit fur Saloricki } mais Vente enr EU à peine deux ans. Lefultan turc profita du mau: ais état des affaires de l’Italie & dela foibleffe des Habitants qui n “étoient pas ét état de lui réfiftéis Il envoya un de fes généraux Semparer de cette ville, dont il eft refté maître ; il nat la tolérance de re: ligion aux Grecs 8 aux Juifs’, 8e Salonicki rede vint HOEMan EE, (D, 7.) ! SALONICKI , LE GOLPHÉ DE, ( Géogr. Sora polfe de la Macédoine dans PAr chipel ; c’eft le polfe FHernéèn des anciens , en latin Therméus où Ther- maïcus nus. A prend aujourd’hui fon nom de la villé Salonick: , la feule qui F fur fes bords. Le P. Coro= nelli donne 140 milles de longueur à ce golfe ; qui par fon expofñition aux vents ef péiene pour ceux qui y naviguent. (D: J.) ” SALONTA , ff CAp. nat. Botan. ) SR de l’île de Madagafcar qui croît de la hauteur d’une toifes C’eit une’ efpece de tithimale qui n’a qu'une feule tige qui porte à fa cime douze où quinze feuilles en bouquet femblables à celles du lauréole. Ses fleurs font de couleur de chair, SALOPTA, ( Géog. ané.) 1% nom latin-de la sails de Shrevsburr. Quelques livres la nomment auffi Sa op. 2°. Nom latin de Shropslure ,-que lon appellé auff la province de Salop. Ainfi ce nom latin {ért'égar lement à cette province & à {a capitales Faye SHREWSBURI. (2). J. | SALORGE., ff, (Cane de Sel.) amas de {el où efpeces des meules de fel deftinées pour en faire com: merce. L’ordonnance des sabelles défend d’avoir des Jalorges plus pres de cinq [lieues dés Breniers de la FoUE On nomme falorges à NE ee Te. plufieurs autres lieux de la Bretagne, les magafins oùles mar. chands qui font le commerce desfels ont coutume de mettre & conferver leurs fels: Ier eft parlé dans la pancarte ou tarif de la prevôté de Näntes, FAO du Comm. ( D.J. SALPA ,£.f. (Téhiolog. Outre la pierre Sa- mienne ; qui fervoit encore à polir l'or. Toutes les montagnes de l'ile étoient remplies dè marbre blanc, & leurs tombeaux n’étoient que de marbre. Une partie des murailles de la ville qui avoient dix prés d'épaifleur 8: même douze en quel- ques endroits, étoient auf bâties de gros quartiers de marbre, taillés la plüpatt à täblettes ou facettes , comme lon taille les diamans. Nous n’avons rien vu de plus fuperbe dans tout le Levant , dit Tourne fort : l’entre- deux étoir de Maçonnerie ; mais les : tours qui les défendoient étoient toutes de marbre 5 êT avoient leurs fauffes-portes pour y jetter des fol- dats dans le befoin. . Les maïfons de la ville de Saros bâties auf de marbre en amphitéâtre du côté de la mer , offroient le coup d'œil d’une ville agréable & opulente ; de- KR vient qu'Horace lappellé Concinra. Les portiques étoient magnifiques , & fon théâtre encore davan- FE S A M 99 tage. Quoiqu’on en ait emporté les matériaux pour bâtir Cora , on trouve encore dans les environs des Colonnes de marbre abattues , les unes rondes & les autres à pans. : | Ea defcendant de la place du théâtre vers la mer, on ne voit, dit Tournefort, dans les champs qué colonnes caflées , & quartiers de marbre : la plûpart des colonnes {ont ou cannelées » OÙ à pans ; quel= ques-ünes rondes , d’autres cannelées für les côtés; avec une plate-bande furle devant & fur le, der: riere , comme celle du frontipice du temple d’Apol: Jon à Délos. Il y a aufh plufieurs autres colonnes à différens profils fur quelques terres voïfines; elles font encore difpofées en rond ou en quarré , ce qui fait conjeëturer qu’elles ont fervi à des temples où a des portiques. On en voit de même en plufieurs endroits de l’île. : L Enfin Junon proteâtice de Samos , y avoit un temple rempli de tant de richefle, que dans peu dé tems, 1 ne sy trouva plus de place pour les tableaux & pour les ftatues. Hérodote Samien ; Cité dans Athenèe, Deipn. 1. XF, comme l’auteur d’un livre qui traitoit de toutes les curioftés de Sumos , aflure que ce temple étoit Pouvrage des Cariens & desn yYm- phes, car les Cariens ont été poffeffeurs de cette île: Nous parlerons de ce magnifique édifice, à l’article des temples de la Grece. Junon eft repréfentée dañs quelques médailles de Sarmôs , avec des efpeces de bracelets ; ou des bro- ches ; comme la conjééturé M, Spanheim, chargées d’un croïffant. Triftanla donné le type d’une mé: daille des Samiens , tepréfentant cette déefle ayant la gorgé aflez découverte, Elle eft vêtue d’une tuni: que qui defcend fur fes piés ,avéc une céinture afez ferrée ; & le repli que la tunique fait fur elle-même, forme une efpece de tablier; le voile prend du haut de la tête; & tombe jufqu’au bas de la tunique ; comme font les écharpes de nos dames. Le revers d’üne médaille qui eft dans le cabinet du roi » repré: fente ce voile tout déployé, qui fait des angles fur lès mains, un angle fur la tête , & une autre anole fur lés talons. L'pr . On a d’äutres médailles de Samos | où Juno a la Borge couverte d’une efpece de camail , fous lequel pend une tunique, dont la ceinture eft pofée en fau- toir , corame fi l’on vouloit marquer qu’ellé eût été déliée. La tete de ces dernieres médailles , eft cou- ronnée d’un cerceau qui S’appuie fur les deux épau- les ; & qui foutient au bout de fon arc une maniere d'ornement pointu par le bas, évafé paï le haut, comme une pyranide renverfée, ; Sur d’autres médailles de Samos, on voit une ef- pece de panier qui fert de coëffure à la déefle , vêtue du refle ä-peu-près, comme hos religieux bénédic- tins. La coëffure des femmes turqués approche fort e celle de Junon , & les fait paroître de belle taille : cette déefle avoit fans douté inventé ces ornemens de tête fi avantageux , & que les fontanges ont de- u1s imités: | | M. PAbbé de Camps avoit un beau médaillon de Maximin , au revers duquel eft Le temple de Samos | avec Junon en habit de nôces, & deux paons à fes piés, parce qu'on les élevoit autour du temple de cette déeflé ; comme des oïfeaux qui lui étoient con- facrés. NU de | De toutes les antiquités de Samos, ilnenousrelte que des médailles, & les noms de plufieurs hommes célebres dont elle a été la patrie ; mais je rie parle= rai que d'Ariftarque; de Chœærile ; de Pythagore, de Melflus & de Conon. | | | Ariflargue a fleuri un peu avarit le tems d’Archi: mede, qui comme on fait perdit la vie, lorfque Sy- ‘racufe fut prife par les Romains , l'an 1 de la 14° olympiade, Vitruve nôus apprend qu’il inventaluie 600 S A M ‘des efpeces d'horloge folaire. Il eft aufli un des pre- miets qui ont foutenu que la terre tourne fur {on centre, & qu’elle décrit tous Les ansun cercle autour du foleil. I1 fut à ce fujet accufé juridiquement d'im- piété par Cléanthe , difciple & fuccefleur de Zénon, pour avoit violé le refpeét dù à Vefta, &z pour avoir troublé fon repos ; c’eft-à-dire , comme l'explique Plutarque , pour avoir Ôté la terre du centre de lPu- nivers , & pour lavoir fait tourner autour du foleil. Le zele de Cléanthe auroît dû être fufpeét à ceux qui connoïfloient le fond du fyftème ftoicien : car ce fyftème ramenoit tout à une fatalité, & à une efpece d'hylozoïfme ou de matérialifme , peu différent du dogme de Spinofa. ; Âu refle, l’accufation d’Ariftarque doit moins nous étonner , que le traitement fait dans le dernier fiecle au célebre Galilée : cet homme refpeétable ,: auquel l’aftronomie, la phyfique, &c la géométrie ont tant d'obligation, fe vit contraint d’aflurer publique- ment comme une héréfie, l'opinion du mouvement de laterre : on le condamna même à la prifon pour un tems illimité ; & ce fuit eft un de ceux qu nous montrent qu’en vieilliflant , Le monde ne devient pas plus fage. L’atrachement des Athéniens au dogme de Pim- mobilité de la terre, étoit une fuite de l’idée qu'ils s’étoient formée de l'univers , dans le tems qu'ils étoient encore à demi barbares : incapables de con- cevoir que la terre pût fe foutenir à la même place fans un point d'appui, ils fe l’étoient reprélentée comme une montagne, dont le pié où Les racines s'étendent à l'infinr, dans l’immenfité de lefpace. Le fommet de cette montagne arrondi en forme de bor- ne, étoit le lieu de la demeure des hommés : les af tres faifoient leur évolution au-deflus , & autour de ce fommet : il étoit nuit, lorfque la partie la plus éle- vée nous cachoït le foleil. Xénophane , Anaximene, & quelques autres philofophes , qui feignoient d'é- tre fcrupuleufement attachés à l’opinion populaire, avoïent grand foin de faire obferver que dans leur fyftème , les aftres tournoient autour , Mais non au- deflous de la terre. Îl ne nous refte des ouvrages d’Ariftarque, que le traité de La grandeur 6 de la diflance du foleil & de la lune , traduit en latin & commenté par Frideric Com- mandin ; il parut avec les explications de Pappus, Van 1572. M. Wallis le publia en grec, avec la ver- fon de Commandin, l'an 1688, & il l’a inféré au LIL. tome de œuvres mathématiques , imprimée à Oxford l'an 1609.Au refte il ne faut pas confondre le philofophe Ariftarque natifde Samos , avec Ariftar- que grammairien qui naquit dans l’île de Samothrace, &z dont nous parlerons fous ce mot. Chærile, poëte de Samos, étoit contemporain de Panyañs & d'Hérodote , avec Jequel il fut en étroite liaifon ; il écrivit en vers la vidtoire des Grecs fur Xerxès. Son poëme plut f fort aux Athéniens, qu'ils donnerent aupoëteunftatere d’or pourchaque vers, (douze livres de notre monnoïe), & qu'ils ordonne- rent de plus que cet ouvrage feroit chanté publique- ment , ainfi que l’on chantoit les poëmes d'Homere : il mourut chez Archélaüs , roi de Macédoine. Il ne faut pas confondre le Chærile de Samos, avec le Chæ- tile Athénien , qui florifloit vers la 64° olympiade, & à qui quelques-uns attribuent l'invention des maf- ques, & des habitsdethéâtre. L'hiftoire parle encore d’un troïifiéme Chærile , afflez mauvais poète, qui fuivit Alexandre en Afe , & qui chanta fes conqué- tes ; ce prince avoit coutume de dire qu'il aimeroit mieux être le Therfite d'Homere , que lAchille de Chærilus. . Cependant au milieu des palmes les plus belles r Levainqueur généreux de Granique 6 d’Arbelles, Cultivant les talens , honorant le favoir ; Et de Chœrilé même excufant la manie, Au défaut du génie, Récompenfoit en lui le defir d'en avoir. Le premier des anciens fages qui ait pris Le nom de philofophe , eft le célebre Pythagoras , fils de Mnéfarque. flfe rendit tellementiiluftre par fa fcience &c par fa vertu , que plufeurs pays fe font attribués l'honneur de fon lieu natal. Mais la plus commune opinion lui donne pour patrie l'ile de Samos, Il eft encore plus difficile de concilier enfemble les favans fur l'époque de fa naïffance!, & la durée de fa vie ; 8t la multiplicité des fentimens efttrop grande, êc leur oppofition eft trop marquée, | Il florifloit du tems du roi Numa , à fuivre une an- cienne tradition adoptée par quelques écrivains pof- térieurs, &c rejettée par la plüpart des autres : tradi- tion qui fembloit pourtant avoir pour elle, &c des témoignages d'auteurs de la premiere antiquité, & des monumens découverts fous le janicule , dans le tombeau même de Numa. Pythagore, au contraire ne vint enltalie que fous le repne de Servius Tullius, felon Tite-Live; ou fous le regne de Tarquin le fu- perbe , au rapport de Ciceron ; ou même après l’ex- pulfion des rois & fous Les premiers confuls, fi Pon en croit Sohn. Pline a placé le tems de ce philofophe vers laxlii. olympiade, Denis d'Halicarnañfe après la L. la chro- nique pafchale d'Alexandrie à la ljv. Diogène de Laërce à la lx. Diodore de Sicile à la x. Tatien, Clément d'Alexandrie 8 quelques autres à la ba. H feroit inutile de groflir d'avantage la lifte des contra- riétés des anciens auteurs fur ce point de chronolo- gie: contrariétés qui fe trouvent encore augmentées plutôt qu’éclaircies par quatre vies que nous avons de Pythagore , écrites dans la bafle antiquité ; lune par Diogene Laërce ; l’autre par Porphyre ; la troi- fieme par Jamblique ; &c la quatrième par un ano- nyme , dont Photius nous a laïflé l’extrait dans fa bibliotheque. On a pourtant vu dans ces derniers tems quelques doétes anglois, Stanley, Dodwel, Sloyd & Bentley, entreprendre de déterminer les années précifes du. philofophe Pythagore. Ils ont marqué l’année d'avant l’ere chrétienne qu'ils ont cru répondre à fa naif- fance ; Stanley l'an 566, Dodwel l’an 569 , Sloyd l'an 586 , & Bentley lan 60$. De ces quatre opi- nions, la derniere eft celle qui fait remonter le plus haut l’âge de Pythagore, & il y a des chronologiftes qui lui donnent une antiquité encore plus grande. Selon M. Freret, la naïflance de Pythagore n’a pas pu précéder l’an 600, quoiqwelle puifle avoir été moins ancienne. C’eft entre les années 573 &c 532 que Cicéron, Diodore de Sicile, Denis d’'Halicar- nafle, Tite-Live, Aulugelle, Clément Alexandrin, Diogene Laërce, Porphyre, Jamblique, &c. placent le tems auquel Pythagore a fleuri, celui de fes voya- ges dans l'Orient & dans PEgypte , &c celui de fa re- traite enltalie. On prétend qu'il mourutà Métaponte, du-moins Cicéron n’eut point de foin plus preflant que d'y vifiter Le lieu où l’on croyoit de fon tems que ce phiofophe avoit fini fa vie. On lui attribue plufeurs belles découvertes en Aftronomie, en Géométrie, & dans les autres par- ties des Mathématiques. Plutarque lui donne Fhon- neur d’avoir obfervé le premier l’obliquité du zod1a- que , honneur que d’autres prétendent devoir être dû à Anaximandre. Selon Pline, Pythagore de Sartos eft le premier qui s’apperçut que la planete de Vé- nus eft la même que l'étoile du matin, appellée Lu- cifer, & que l'étoile du foir nommée /efperus ou Vefper. On prétend auf qu'il a trouvé la propriété du triangle en général &c celle du triangle reétangle. Que ces deux découvertes lui foient dües ou non, S A M on. fait qu'il n’eft pas poffible. fans elles d'avancer d'un pas affüre dans les Mathématiques ; ou du-moins dans les parties de cette, fcience qui. ont l'étendue pour objet. | ” hs +4 Il rejettoit le fentiment en mufique,, ne conf déroit que la proportion harmonique. Ayant en vue d'établir une conftance-invariable dans les arts en général & dans la mufique: en particuher,, il efaya d'en fouftraire les préceptes aux témoignages & aux rapports infideles des. fens pour les aflujertir aux feuls jugemens de la raifon. A : Ce, philofophe, conformément à ce deffein, vou- lut que les confonnances muficales , loin d’être fou- miles. au jugement de l'oreille ( qu'il regardoit.com- meune mefure arbitraire & trop peucertaine }, ne le reglaflent qu'en vertu des feules proportions, des nombres qui font toujours les mêmes. Ainf, com- me dans, l’oftave le nombre des vibrations de. la corce la plus aigue ctoit précifément Le. double de celles de Ja plus grave, al en concluoit que cette conionnance étoit en raifon double , ou de 2 à 1; &, en fuivant toujours le même principe, que la quinte étoit en raifon fefquialtere , où de 3 à 2 ; la quarte, en raïon fefquitierce , ou de 4 à 3 ; & le ton en raifon fefquiottaye , ou de o à 8. Ainfi dans fon fyftème , le ton qui faufoit la différence de la quarte à la quinte, ne pouvoit fe partager en deux demi-tons égaux; êc.par conféquent la quarte avoit d’étendue un peu moins de deux tons & demi, la quinte moins de trois tons & demi, l’oftaye moins de fix tons, & ainfi des autres accords contre ce qu’é- tablifloient là-deflus les Arifloxéniens, en fuivant le feul rapport des fens. Il eft étonnant que ce grand perfonnage ait pro- poté fes préceptes de morale fous le voile des énig- mes: Ce voile étoit fi épais , que les interpretes y ont trouvé autant de fens bee qu'il leur a plu. Quant à ce qui regarde fa philofophie , voyez Ir A- LIQUE , fee, & PYTHAGORICIENS. Meliflus vivoit vers la Ixxxiv. olympiade, c’eft-à- dire vers l’an 444 avant Jefus-Chrift, difciple de Par- mérde d’Elée , 1l en fuivit les principes ; mais à la Phuilotophlie, 1l joignit la connoïffance de la marine, & obtint dans {a patrie la charge d’amiral, avec des privileces particuliers. Conon , mathématicien & aftronome, fleurifloit ! vers la cxxx. olympiade. Il mourut avant Archimede fon ami, qui Peflimoït beaucoup , lui communiquoit desécrits & lui envoyoit des problèmes. Il inventa une forte de volute qui différoit de celle de Dinof- jrate ; mais comme Archimede en expofa plus clai- . sement les propriétés , il ft oublier le nom de l’in- venteur, car.onfa nommée non pas la yoluce de Co- ! non mais la yo/ute d’Archimede. Nous ne devons pes douter des connoïffances aftronomiques de Co- non, Catulle lui-même , épigr. 67. les a décrites en beaux vers à l’entrée de fon poëme {ur Ja che- welure de Bérenice , fœur .& femme de Ptolomée Evergetes ; voici le:commencement de fa defcrip- ion jpoétique. “Orrria qui magni difpexir lummina mundi : Qui flellarum ortus comprit , atque obitus : Flammeus ur rapidi Jolis nitor ob] cureiur, Ut cédant certis fidera temporibus , Urcriviamÿfurtim fub Latimia S axarelegans *" Bulcis amor gyro devotet aërio: : _ Idem me ille Conon cœleff: lumine vidir Æ'Bereniceo vertice cæfariem Fulgentum clar ,.... (Le chevalier DE J AUCOURT.) Samos , l’He de; ( Géog. mod. )île.de lArchipel, für ja. côte de l’'Anatolie, auymidi du golfe d'Ephele, | 6or Îlne s'apifa dans cet-article que. de décriré cette le d’après Fournefort ,. c’eft-d-dite telle qu'elle eftide nos jours. Ce favant voyageur en a donné le plan. : L'ile de Sos cfhéloignée de Nicariä de 18 mülles decapen cap, & de 25 milles de Scalinova, On ne compte: aujourd’hui dans cette île que, dix à douze mille babitans prelque tous grecs ; ils ontün évêque qui left auffi de Nicaria , & qui réfide à Cora. Les Lures ytiennent feulement un cadi & un vaivode , pour exiger la taille réelle, | LesSamiens ne reffemblent pas à ceux qui vivoient dustems de Cléopatre; car ils n'ont plus de fêtes , dé théatres & de jeux pour les amufer. Les femmes font mal-propres , & ne prennent de linge blanc qu'une fois le mois. Leur habit conffte en:un doiiman à la turque avec une coëffe rouge, bordée d’une fefle jaune ou blanche qui leur tombe fur le dos, de même que leurs cheveux, qui le plus fouvent font partagés en deux trefles ,au bout defquelles pend quelquefois un troufleau de petites plaques de cmivre blanchi ou d'argent bas, car on n’en trouve gueres de bon aloi dans ce pays-R.On y recueille-néanmoins beaucoup de grain & de fruits ; les raifins mufcats y font ad- mirables , & le vin en féroit délicieux, f lon favoit le faire ; les figues y {ont blanches , trois ou quatre fois plus grofles que-celles de Marfeille, mais moins délicates ; la foie de cette île eft fort belle, ainf que le miel & la cire. Pour la fcamonée de Seros , elle ne vaut guere, & il eft furprenant que du tems de Diofcoride on la préférât à celle de Syrie. L'ile eft pleine de gibier excellent , & les perdrix y font en prodigieufe quantité. La ville de Samos , autrefois capitale de l’île ; eft entierement détruite. Environ à cinq cens pas de la . mer, & prefque à pareille diftance de la fiviere Im- braflus vers le cap de Cora, font les ruines du fa- meux temple de Jinon la famienne , ou la proteétrice de Samos. | | À onze milles des ruines de ce temple eft un grand couvent dela Vierge, fitué à mi-côte de monta- ones agréables, couvertes de chênes verts , depins à pignons, de pins fauvages., de philaria & d’a- drachné. & Samos ayant été faccagée 8 dépeuplée après la paix de Conftantinople , fut donnée par empereur Selm au capitan Bacha Ochialt, lequel y ft pafter divers peuples de Grece pour en cultiver les terres. Depuis la mort de cet amiral, le revenu de Sumos a Été affeété à une mofquée qu'il avoit fait bâtir à Topana , lun des fiuxbourgs de Conftantinople. Vouà l’hiftoire de cette ile. J’en dirois davantage, fi j’'avois pu trouver la defcription que Jofeph Geor- girene , évêque de Semos, en a faiten grec vulgaire, & qui a été traduite en anglois ; maïs jen’ai pu en dé- couvrir aucun exemplaire, cet ouvrage manque à la-bibhotheque du roi, Las, 3 74. (Le chevalier DE JAUcOURT.) | SAMOS, serre de, (Hiff. nat. Minéralog.) c’eft une terre ou marne très-blanche qui fe trouvoit dans l’île de Samos, on la regardoit comme un grand remede contre.les hémorrhasies, les diarrhées, & extérieu- rement contre les inflammations. On formoit auf des vafes avecune serre de Samos , maisil ÿ a appa- fenceque ce métoit point avec celle qui vient d’être -décrite, puifqu’une matne n’eft point propre à faire de lapoterie. M. Tournefort croit que c’étoit avec une terre bolaire d’un rouge foncé qui fe trouve dans la même île, &cfur-tout près de Bavonda. l,y avoit encoresune terre que Diofcoride a ap- pellée afer famius , que M. Hill croit être une marne, dun gis de cendre mêlée de talc. Voyez d’Acoffa natural hiflory of fofils. | SAMOSATE,, «(Géog. arc.) Samofata, au plurie génitf, erwr ; ancienne ville d’Afie fix FEuphrate, 6o2 S À M dans la Commagene. dont elle fut la capitale, aux confins de la prande Armenie, & peu loin-de la Mé- fopotarme. | Pline, 2. P, &xxiv, dit , Samofute capitale de la Commagene. Cette ville étoit en effet la réfidence d'Antiochus , à qui Pompée avoit accordé la Com- masene dont fes fuccefleurs jouirent jufqwu’à Tibere qui la réduifit en province romaine. Caligula & Claudius la rendirent à fes rois, mais elle redevint province fous Vefpañen. Cette ville a dans quelques médailles le prénom de Flavia qu'avoient auf d’autres villes de POrient. Une médalle d’'Adrien porte, dAx Cauo. pnrpos op c'eft-à-dire, Favia Sarnofata, Metropolis Commagez res. Une autre de Sévere , purpom. ou. Ge. Ainfelle | étoit métropole avant la nouvelle divifion des pro- vinces ; car au tems de cette divifion, Hiérapolis de- vint nouvelle métropole de l’'Euphratenfe, province qui répondoit à l’ancienne Commagene, Quoique S'amnofutefüt une ville épifcopale 8& même métropole pour le gouvernement civil , elle ne fut jamais métropole eccléfiaflique , & fon évêque fut toujours fuffragant ou d'Hiérapolis ou d'Edeffe, Le tems de la fondation de Sarmofate eft inconnu, fuivant Strabon ; Artemidore, Eratofthene & Polybe en ont parlé comme d’une ville fubfftante de leur tems. Nous connoïflons des médailles de cette ville qui font très-anciennes, d’un travail groffier, & dont les lécendes fe lifent difficilèment à caufe du renver- fement des lettres ; on y voit d’un côté le génie de la ville repréfenté par une femme couronnée de tours, aflife fur des rochers, & tenant de la main droite une branche de palmier ou des épis, avec la légende Eauocx moncws. de la ville de Sumofate ; le type du re- vers de cés médailles eft un lion paflant, qui étoit probablement le fymbole diflinétif de la ville. Ce type fe voit fur plufeurs médailles du cabinet de M. Pellerin, dont quelques-unes donnent le nom de la ville Saporarewr. & font d’un travail moins groflier que les médailles plus anciennes. Le type des anciennes médailles de Szmofute,, le lion paflant, fe voit fur une autre médaille du cabi- net de M. Pellerin au revers de [a tête d’un roi qui porte une tiare haute, femblable à celle qu’on voit fur quelques médailles de Tigrane , roi d'Arménie: au revers on lit au-deflus du lion BacrAcos , au-deffous Avricycv, du roi Antiochus. Cette tête ne reflemble à ” aucune des têtes des rois Antiochus qui ont regné en Syrie, ni des Antiochus rois de Commagene. Cette médaiile ayant été frappée à Samofare, 1l y a lieu d’inférer que ce roi Antiochus étoit prince d’une dy- naftie établie en cette ville, différente de la dynaftie des Séleucides quiregnerent dans la Syrie, & enfuite dans la Commagene. M. l’abbé Belley nous donne, dans les Mémoires de l'académie des Infcriprions , Vexplication d’une mé- daille frappée à Samofate, où lon voit d’un côté la tête du foleil couronné de rayons, & au reversune viétoire paflante , tenant de la main droite une cou- ronne de lauriers, & de l’autreune palme, avec cette infcription : Basnswç apou Dessous Ê d'xasou, & à l’e- xergue TA. Par la le@ure de cette médaille , M. Pab- bé Belley fuppofe qu'entre les princes que Fhiftoire nous apprend s’être foulevés contre Antiochus LIT. dit le grand, roi de Syrie, il y en eut un nommé Sz- amos qui s'établit dans la Commagene qui y prit le titre de roi, qui y bâtit une grande ville , laquelle en de- vint la capitale, parce qu’il y fixa {on féjour ; que de fon nom elle fut appellée S'arrofare, &t que la me- daïlle en queftion y a été frappée la trente-troifieme année de fon regne, ou de Pétabliffement de cette nouvelle dynaftie. Mais cette fuppoñtion qui dément abfolument ce que Phiftoire nous apprend de la fucceffion des rois S À M de Commagene eft entierement détruite dans un mé- moire que M. de Boze a fait en conféquence de celui de M. l'abbé Belley ; êt cet académicien prouve que tout concourt à perfuader que le Samos de la mé- daille n’eft autre que le Sommes, ro1 d’Emefe, dont Jofeph & Dion font mention !, &c qui prêta la main à Céfennius Pétus lors de Pexpulfñon d’AntiochusIV. du nom, dernier roi de Commagene, Le nom moderne du lieu qui a pris la place de S4- mofate et Scempfar ;'mais il n’y a plus de ville, ce ne font que des ruines. Lucien , littérateur grec plein d’efprit , naquit à Samofate de parens obfcurs, fous le rene de Trajan. Sen pere en voulut farre un fculpteur, mais ayant été maltraité pour avow rompu une table en la po- Kffant , 1l quitta la fculpture, & devint un homme fupérieur dans les belles-lettres ; il mourut fort âgé fous le reone de Marc Aurele, Il a fu réunir dans fes écrits l’'utile & l’agréable , linftruftion à [a fatyre & l’érudition à l'éloquence. On y trouve par-tout ces railleries fines -& délicates qui cara@érifent le goût attique. Il jette tant de ridicule fur {a théologie du paganifme , qu’il a dû pañler pour le plus gtandimpie de fon fiecle ; cependant en fe moquant des faux dieux , 1l infpire par-tout du mépris pour le vice. Ses ouvrages ont été publiés en grec &en latin par M. Bourdelot à Parisen 1615 ,27-fo1.8z M. d’Ablancourt en a donné une traduétion françoife, ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SAMOSATIENS o4 SAMOSATÉNIENS, f. m. plur. (Æiff. eccléf. ) feéte d’Antitrinitaires qui paru- rent dans le troifieme fiecle , & prirent ce nom de leur chef Paul, évêque d’Antioche, & natif de Samo- fate, qui vivoit fous les empereurs Aurélien & Probus. On les appelloit auffi Pauliniens ou Paulianifans, ainfi que les nomment les peres du concile de Ni- cée TlavuariCarles. La doftrine de Paul de Samofate rouloitprincipa- lement fur ce fondement, que Le fils de Dieu n’étoit point avant Marie; mais qwil tenoit d’elle le com- mencement de fon être, & que d’homme il étoit devenu Dieu. Pour le prouver, 1l ufoit de ce {o- phifme. Si Jefus-Chriftn’eft pas devenu Dieu, d’hom- me qu'il étoit, 1l n’eft donc pas confubftantiel au pere , & il faut de néceflité qu'il y ait trois fubf- tances:une principale, & les deux autres qui vien- nent de celle-là. Pour répondre à ce fophifme, les peres du concile d’Antioche dirent que Jéfus-Chrift nétoit pas confubitantiel au pere; prenant le mot confubflantiel au fens de Paul, c’eft-à-dire , corporel- lement. Maïs ils ne prirent pas ce terme dans faigni- fication exaéte. Ils s’attacherent feulement à mon- trer que le fils étoit avant toutes chofes ; qu’il n’a- voit pas été fait Dieu d’entre les hommes, mais-qu’é- tant Dieu il s’étoit revêtu de la forme d’efclave ; & qu'étant Verbe, il s’étoit fait chair. Fleury, Æ1f£ eccléf, tome IT. liv. vi. n°. 1. Les Samofatiens renouvelloient par conféquent les erreurs d’Artemonius, &'1ils s’accordoient aufli en plufeurs points avec Sabellius, quoiqu'ils ne s’expliquaffent pas de la même maniere. Ils enfei- gnoient bien que le Pere, le Fils & le faint-Efprit étoient un feul Dieu; mais ils nioient que le Fils & le faint-Efprit fuflent des fubfrances réelles. Se- lon eux, ces perfonnes divines fubfiftoient dans le pere, comme le nom d’homme fubffte dans fon en- tendement. Saint Epiphane croit que les Samofatiens étoient des Juifs quin’avoient que le nom de Chrétiens, & ajoute qu'ils fe fervoient des mêmes argumens que les premiers contre le myftere de la Trinité, & qu'ils s’accordoient avec eux en maintenant l'unité d’un Dieu, fans cependant:obferver Les cérémonies du du Judaïfme. Paul de Samofate fut éondamné & dépofé dans un concile tenu à Antioche mêmé par plus de foixante-dix évêques d'Orient, l'an de Jefus- Chrift 269, maïs fes fectateurs fubfiftotent encore dans. le fiecle fuivant fous le nom de Paulranifies, Voyez PAULIANISTES, ati SAMOTHRACES ÎLE DE, (Géogr. ant.) en grec Seucôpdrn, en latin Samnorhraca ; île de PAr- chipel , à l'embouchure de l’Hébre. La capitale de cette île portoit le même nom, & eft fameufe par üun temple dont les myfteres n’étorent pas- moins refpeétés que ceux d’Eleufs. C’éroit un afyle fi fa- cré ,qu'Oftave, lieutenant du conful, mofa en ente- ver Persès, comine le remarquent Titedive, Z« yre XLIV. ch. xxv. & Plutarque, dans la Fe de Paul Ermle, Tati ca oi Diodote de Sicile, Z #. c. xlvij. nous dit que l'ile de Samorhrate fut appelléeatitrefois Szros, & qu’elle ñe prit le nomde Sarmorhrace, qu'après queSamos eut été bâtie, & pour en être diftinguée. Ses pre: iniers häbitans furent dés Aborigènes; & de-làlvient qu'il n'eft rien parvenu de certain à la poftérité touchant leur religion & leurs magiftrats. _ Les S'amothraces, continue Diodore, rapportent auw’ils ont eu chez eux une très-prande inondation, âu fujet de laquelle 1ls firent dés vœux aux dieux de la patrie; & après avoir été fauvés du danger, ils marquerent dans leur île différentes bornes, &:y éleverent des autels où ils faifoient encore des facri- fices du tems que Diodore écrivoit. , ©, Les dieux cabires étoient adorés dans cette, ile, & ce culte tiroit fon.origine de Phénicie. Les dieux cabires étoient ceux que Les Romains, appelloient divos potes ,les dieux! puiflans. Ces dieux.étoient; Axioros, c'efl-à-dire, Céres ; Axiokerfa ,\Proferpine ; Axiokerie, Pluton; & Cafmillus , Mercure, qui étoit comme leur miniftre. Onavoit une très-srande yéné- ration pour les myfteres inftitués en l’honneur, de ces dieux ; car on étoit perfuadé que ceux qui y étoient initiés, devenoient plus juftes.&.plus faits; que les dieux cabires les afhfoient dans tous les pe- rils ; & que par leur fecours, ils étoient furtout pré- fervés du naufrage. C’eft pourquoi les plus grands perfonnages étrangers étoient fort foigneux de fe faire initier dans leur culte. à L'île de Samothrace conferva fa libérté fous les Romains. Pline , après avoir dit , que de Pile de Tha- {0$ au mont Athos 1l y a foixante-douze nulle pas, ajoute: Il y en a autant à Pile de Samorrhace, qui et libre devant l’'Hébre, à trente-deux milles d’Imbros, à vingt-deux mille cinq cens de Lemnos , & à trente- huit milles de la côte de Thrace. Elle a trente-deux milles de tour.ÆElle a une montagne nommée Sarce, qui a dix mille pas d'hauteur. C’eft de toutes les îles de ce canton celle qui a le moins dehavres. Calli- maque [a nomme Dardanie, de {on ancien nom, Son nom moderne eft Semnandrachi. Ariftarque , célebre grammairien d'Alexandrie, étoit originaire de Samothrace. Il fut:précepteur du fils de Ptolomée-Philométor , roi d'Egypte. Cicéron & Elien rapportent que fa critique étoit fi fine, fi sûre & fi judicieufe, qu’un vers ne pañloit pas com- _munément pour être d’Homere, fi cet habile sram= marien ne lavoit pas reconnu pour tel. Il mourut dans l’île de Cypre d’une abftinence volontaire, à ’âge de foixante-douze ans , ne pouvant plus fup- porter les douleurs d’une hydropifie dont il étoit cruellement tourmenté. On donne encore aujour- d’hui le nom d’Ariflarque à tous les cenfeurs judi- cieux des ouvrages d’efprit. L'édition qu’Ariftarque fit des poéfies d'Homere, quoique fort eftimée par le plus grand nombre, ne Jlaifla pas que de trouver des -cenfeurs, Suidas: nous Tome XIF, S A M 6b+ apprend que le grammairien Ptolomée-d’Afcälo pu bla un livre de Ariflarchi correétione in Odyfleé, & que! Zénodote d’Aléxandrie fut mandé pour fire la révifion de la éririque d'Ariftarque, Cependant la fasacité du grammairien de Sarmoshrace continua de pañler en proverbe. | Onrapporte de lurun bon mot, qu'il ne faut pas Gbmettre 161 : & Je ne puis pas, dit-il, écrire, ce’ » que je voudrois, C je ne veux pas écriré ce que » je pourrois ». Mais Ariflarque n’eft pas le premier ni le feul qui ait tenu ce difcours. Nous lifons dans les recueils de Stobée, que Fhéocrite interrogé sou NE PO { LE - pourquoi 1l n'écrivoit pas, répondit : « parce que »# je ne pourrois le faire comme je voudrois, & » que je ne veux pasle faire comme jé pourrois », Plutarque rapporte dans la ve d'ffocrate, que cet orateur/étant à la table de Nicocréon, roi de Cypre, fut prié de difcourir, & qu’il s’en excufa en difant: « Ce que je far n’eft pas de faïfon ; & ce qui feroit » de faHon ,Je ne le far pas « Combien de gens de . léttres font dans le’cas d'Hocratel (D! J. SAMOTHRACES, (Géog. anc.) habitans de l'île de Samothrace. Il y avoit auf des Samnorhrates dans le continent de la Thrace, au nord de l'ile, au cou- Chant de l'embouchure de l'Hébre , au bord de la mer; @C' Hérodote, 2 VIT, n°. 108, nomme murs de S'amorhrate un lieu-de la Fhrace même, (D.J) SAMOUR , 1. mi (zerme de relation.) On nomme ainfi à Conftantinople, & dans les autres échelles du Levant; l'animal dont la fourrure s’appelle en France arte -ibeltne,s VNOyez ce not. (D. J: SAMOYEDES, Les, o4 SAMOIEDES , (Géog. mod.) peuples de l’empire ruffien, dans fà partie feptentiionale, entre la Fartaric afatique 8: Archan- gel , étendus le long de la mer juiqu'’en Sibérie. Quoique ‘ces peuples paroïflent femblables aux Eapons;als ne font point de la même race. Ils 1gno+ rent, comme eux, Pufage du pain; ils ont, comme eux, le fécours dés rugiferes Ow rennes qu'ils attes lent à leurs traîneaux. Ils Vivent dans des cavernes, dans des huttes'a-miheu des nergés : mais d’ailleurs la nature à mis entre cette efpece d'hommes & celle es Lapons des' différences très-marquées. Leur mâ= choire fupérieure plus avancée , eft au niveau de leur nez ; & leurs oreilles font plus rehauflées, Les hommes & les fémmes n’ont de poil que fur la tête; le mamielon eft d’un noir d’ébeine. Les Lapons & lès Lapôrines ne font marqués à aucuns de ces fignes. Les races des Sarmoyèdes & des Hotténtots paroifs fent les deux extrèmes de notre continent. Et f l’on fait attention aux mamelles noires de femmes /z= : moyèdes, &t au tablier que la nature a donné aux Hottentots, & qui defcend à la moitié de leurs cuil fes, on aura quelqu’idée des variétés de notre efpece animale; variétés ignorées dans nos villes, où prefs que tout efc inconnu, hors ce quinous environne. Les Samoyèdes ont dans leur Morale, des fingu- larités aufli grandes qu’en Phyfique. Ils ne ren: dent aucun culté à lËtre fuprème ; ils äppro- chent du Manichéifme , ou plutôt de l’ancienne tehgion des Maces, en ce feul point, qu’ils recons noïflent un bon & un mauvais principe. Le climat horrible qu’ils habitent, femble en quelque maniere excufer cette créance fi ancienne chez tant de peu: ples, & fi naturelle aux ignorans & aux infortunés. On n'entend parler chez eux, m de lareins, ni de meurtres ; étant prefque fans pafions, ils {ont fans injuftice. Il n’y a aucun terme dans leur langue, pour exprimer le vice & la vertu. Leur extrème fimplicité ne leur a pas encore pernus de former des nonons abftraites ; le fentiment feul les dirige; & c’eft peut-être une preuve inconteltable, que Les hommes aiment la juitice par inftinét, quand leurg paflions funeftes ne les aveuglenr pas. | | GGgg Coz SA M “On perfuada quelques-uns:de ces Sauvages, de fe daifler conduire à Mofcow. Tout les y frappa d’ad- nauration. Ils xegarderert l’empereur comme leur dieu, &:fe foumirent à lui denner tous les ans une “offrande:de deux mattres-z1belines par habitant. On “établit bientôt quelques colontes au-delà de l'Oby, & de l’Irtis; on y bâtit même des fortereffes, Un “cofaque fut envoyé dans le pays en 1596, & le ”-conquit pour les czars avec quelques foldats & quels ‘qu'artillerie, comme Cortez fubjugua le Méxique ; mais il ne conquit que ‘des deferts, Æ1f, de Rufie ‘par M. de Voltaire. Les Samoyèdes s'étendent le long de fa mer juf ‘qu'en Sibérie, Ils s’établiffent au nombre de fept ou ‘huit hommes & femmes, en quatre ou cinq tentes différentes. Hs s'occupent à faire des chaïfes, des rames, des machines à vuider Peau des bateaux, &c. Ils font habillés de peaux de rennes, qui leur pen: dent depuis le col jufqu'aux genoux , le poil en- ‘dehors. Leurs cheveux font noirs, épais, comme ceux des Sauvages ; & ils les coupent de tems en tems par floccons. Les femmes en treflent une par- “ie, & y ajoutent pour ornement, de petites pieces de cuivre, avec une bandelette de drap rouge ou “bleu : elles portent par-deffus un bonnet fourré. Leur Chauflure confifte en bottines. Leur fl eft fait de nerfs d'animaux; leurs mouchoirs font de nervures de bouleau fort délié, coufues enfemble. Leurs tentes {ont formées d’écorces d'arbres, cou- fues par bandes, & foutenues avec des perches, Elles {ont ouvertes par le haut, pour en laïfler fortir la fumée ; l'entrée a environ quatre piés d’élévation, & eft couverte d’une grande piece de la même écorce, qu'ils foulevent pour y entrer & pour en fortir ; leur foyer eft au milieu de cette tente. Leurs traineaux ont ordinairement huit piés de Tong, fur trois piés quatre pouces de large, s’éle- vant fur le devant comme des patins. Le conduéteur eft affis fur le derriere , les jambes croifées, en laif fant pendre quelquefois une par-dehors. Il a devant Lui une petite planche arrondie par le haut, & une femblable mais un peu élevée par-derriere, & tient à la main un grand bâton garni d’un bouton par le bout, dont il fe fert pour poufler ,& faire avancer les rennes, qui les tirent, Ils ont chez eux des magiciens qui leur prédifent le bien & le mal qui leur peut arriver. Ils ont auf des gens qui vendent les vents à ceux qui navigent. Pour cet effet, ils donnent à celui qui entreprend quelque voyage , une corde nouée de trois nœuds , æn les avertiflant qu’en dénouant le premier, ils au- sont un vent médiocre; que s'ils dénouent le fe- cond, le vent fera fort; & que s'ils délient le troi- fieme., il s'élevera une tempête qui les mettra en ‘danger. Les Samoyèdes prennent à la chaffe les chiens ma- wins,, lofqu’ils viennent s’accoupler fur la glace. Ils s’habillent de la peau, vivent de la chair, 8& em- ploient huile à différens ufages. Lorfque leurs en- fans meurent à la mamelle , ils les enveloppent d’un drap, & les pendent à un arbre dans le bois : mais ils enterrent les autres. Ce peuple eft répandu de différens côtés, juf qu'aux principales rivieres de la Sibérie, comme lOby, le Jénicéa, le Léna & lAmur, qui vont tou- ges ë décharger dans le grand Océan. Er un mot, des Samoyèdes occupent une vafte étendue de pays, des deux côtés de lOby, au nord-eft de laMofcovie, depuis le tropique jufqu’à POcéan feptentrional. Ils parlent des langues. différentes; car ceux qui habi- tent la côte de la mer, 8 ceux qui demeurent aux environs d’Archangel, fur la Dwina, n'ont pas le mème langage. Quoique leur maniere de yivre-paroïfle trifte aux SAM Mofcovites , ils la goûtent par préférence à toute autre ; & leur députés dirent au czar, que fi fa ma- jefté impériale connoifloit les charmes de leur chi- mat, il viendroit fans doute fhabiter par préférence à Mofcow. | | ATEN | C’eft en vain que les czars ont établi la religion chrétienne chez les Saroyèdes qui leur font foumis , ils n’ont pu détruire les fuperftitions de ces péuples qui mêlent toujours dans leurs enchantemens, les homs de leurs idoles, avec ce que le Chriftanifme a de plustefpeétable. (Leïchevalier DE JaGcOuURT.) SAMPIT , {. m. ( Hiff. mod.)arme dont fe fervent les habitans de l’île de Borneo ; il leur fert tantôt comme d'un arc pour tirer des flechesempoifonnées, tantôt comme d’un javelot, & quelquefois comme d’une bayonnette qu'ils mettent au bout de leurs fufils. ._ SAMPSÉENS, f. m.pl. ( Æif4 eccléf. )anciens hérétiques que S. Epiphane croit être les mèmesque les Elcéfaites, Voyez ÉLÇÉSAiTES. | On ne peut pas mettre abfolument les Szrrpféens au rang des Juifs, des chrétiens ou des païens. Leurs dogmes paroïffent avoir été un mélange de toutes ces religions. Leurnom vient de hébreu /emes , fo= Lil , parce qu’on prétend qu'ils adoroient cet aftre. D'un autre côté, 1ls admetioient lunité de Dieu; ils ufoïent d’ablutions, & pratiquoient beaucoup d’autres points de lareligion judaique. Plufeurs d’en- tr’eux ne mangoient point de chair. Scaliger , après S. Epiphane, croit que les Sarp- Jèens étoient les mêmes que les Efléniens, En effet ces mots ÉZcéfaites , Sampféens, Maffaliens, Efléniens, femblent être différens noms attribues à une même feéte , à moins que l’on n’entende par ÆE/céfaires , Sampféens & Maffaliens , des hérétiques qui ajoute rent diverfes erreurs aux opinions des Efléniens, Poyez ESSÈNIENS. SAMPSUCHUM , f. m. ( Botan. anc. ) Lausleyors cette plante des Grecs que l’on prend ordinairement pouf notre marjolaine , étoit appellée, felonplufeurs favans, amaracum par les Cizicéniens & les Siciliens, chez qui elle croifloit en abondance, & d’où on tiroit la meilleure & la plus eftimée, En d’autres endroits de la Grece ce nom æmaracum fe donnoit à une plan= te fort différente de la marjolaine, favoir, à la ma- tricaire ; 1l fe donnoit auffi à la pariétaire. Saumaife croit que le véritable famp/uchum venoit d'Egypte, & que c’eft un nom égyptien; enfin il eftime gue l’amaracum des Grecs ne différoit du /mpfachum des Egyptiens qu'à l'égard du plus ou du moins de for ce, en quoi ce dernier lemportoit. Mais ce qui eft plus certain, c’eft que dans Diofcoride &c d’autres anciens. auteurs, amaracum &c fampfuchum {ont des noms de différentes plantes. Diofcoride , en parlant des huiles, diffingue oleum fampfuchinum &c oleum amaracinum. Méléagre, dans un de fes poëmes où il pañle en revue différens poëtes anciens &t modernes, compare l’un à la plante qu’on nommoit armaracum., &c un autre au /arpfuchum. (D. I.) SAMSCHE, ( Géog. mod. ) province de la Géor- gie, dans les terres , &c la plus avancée, au midi vers l'Arménie qui la borne de ce côté là, ainf que le Guriel à l'occident, PImmirete au nord , & le Caket à l’orient. Elle a fon prince particulier qui eft tribu taire des Tures. (D. J.) | SAMSOE , ( Géog. me petite ile de Danemark, fur la mer Baltique , entre l’ile de Funen au midi, & le nord-Jutland au feptentrion. Sa longueur du nord au fud n’eft que d’environ dix mille pas, & cepen- dant il y à cinq paroïfles. ( 2. J. ) | SAMUEL LIVRES DE, ( Crisig. facrée. ) le plus grand nombre des critiques donne à Samuel le livre des juges , celui de Ruth, & le premier livre des Rois; cependant ce. ne font que des conjeétures fort SAN douteufes. I] eff plus vraiffemblable que le livre des juges a été compoté fur des mémoires de ce prophe- te d'Ifraëlque par lui-même. On ne connoit guere l’auteur du livre de Ruth; & on n’a poiñt de preu- ve que ce foit Samuel. Ceux qui lui attribuent le pre- mier livre des Rois, ne peuvent le lui donner tout entier; car indépendamment de plufeurs additions qui paroïflent y avoir été inférées après coup, la mort de Samuel eft marquée dans les derniers chapi- tres de cet ouvrage. Ce qu’on fait de plus für, c’eft qu'il commence [a chaîne des prophetes, qui a fini à Zacharie & à Malachie, 4%s 27.24, Son hiftoire fe trouve dans le premier livre des rois. Fils d’AI- canna & d'Anne de la tribu de Lévi , & de la famille de Caath., il pañla les Quarante premieres années de fa vie au fervice du tabernacle » les vingt fuivantes dans le souvernement de l’état , les trente-huit der- nieres dans la retraite , SC mourut âgé de quatre- Vingt dix-huit ans, dans une maifon qu'il avoit à Ramatha {à patrie. Son éloge eft dans lEccléfaftiq. xhj. 16, 23. Nous invitons le leéteur à le lire. (2. J) SAMYDA ,£L£ ( Botan. ) genre de plante décrit parle p. Plumier fous le nom de guldonia ; en voici les caraéteres. Le calice particulier de la eur eft très: gros , compolé d’une feule feuille divifé en cinq fegmens étendus de toutes parts en forme ovale, & qui fubfiftent quand la fleur eft tombée. La fleur eft de la forme d’un cone tronqué ; elle eft de la lon- gueur du calice, fillonnée, & dentelée dans les bords. Ji n’y a point d’étamines, mais feulement de petits fommets arrondis placés au milieu de la fleur ; le ger- me du pifül eft oval; le file eft de la longueur de LR fleur & pointu. Le file du pifil eft au contraire Obtus ; le fruit eft une: baie ovale à quatre fillons profonds; il eft divifé en quatre loges, & contient plufieurs graines faites en forme de rein, Plumier XX1V. Linn&i gen. plant. p, 320. (2. 7.) SAN LE, ( Géog. mod. ) riviere de la petite Po- logne. Elle à {a fource aux monts Crapack , vers les confins de la Hongrie, & après un long cours , elle fe perd dans la Viftule > Prelque vis-à-vis Sendomir, (D.J.) SANAA , ( Géog. mod, \ ville de l'Arabie heureu- fe, dans lTémen, à 15 lieues de Moab, à 36 au le- vant d'Aden, & à 140 de Moka. C’étoit autrefois la réfidence des rois d’lémen; l'air y eft tempéré , & les jours prefque égaux dans toutes les faifons. Abul- féda vante là quantité de fes eaux » la beauté de fes vergers, le nombre de fes habitans & leurs richefes; mais 1] faut rabattre beaucoup des exagérations du ftyle oriental. Long. fuivant les tables du. même Abulfeda, C7.20. latir. 14. 30:(D. J.) SANAGENSES, ( Géop. anc. ) ancien peuple de la Gaule narbonnoife » felon Pline, Z. IZZ, c. iv. Le P. Hardouin remarque que ce peuple a été nommé dansles fiecles fuivans Sanicien es, de Sénicium, ville des Alpes fur la côte dela mer » aujourd’hui S enez, (2.J.)! SANAMARI LE, ( Géog, mod.) par M. de Lifle Sinarmari ; riviere de l'Amérique méridionale dans la Guiane. Elle coule entre le Maroni &e l'ile de Cayen- ne. Le vafte terrein qui ef entre ces deux dernieres rivieres, offre d’agréables collines , dont les revers font en pente douce ; dix mille habitans Y-feroient. à l’aife , & y feroient des fucreries d’un grand rap port, outre.que fans culture les cacoétiers » les co- tonniers, les:rocouyers y viennent d'eux-mêmes ; mais ce n’eft pas le terroir qui manque aux hommes, ce font les hommes qui manquent.à [a culture du ter- roir. (DJ) : LAS | _ SANAMUÜNDA , fm. (:Bozan. ) .c’eft un arbrif: feau nommé par Tournefort , shymelea , foliis cha- Meleæ, METLOTLbIS Jubhirfusrs, AE R, H, 594» Cétar- “Tome XIV, à td ‘Q 1 2 S AN 6os brifleau s’éleve à la hauteur d’une coudée, & eft très-branchu, Sa racine s’enfonce très-profondément en terre, elle eft couverte d’une écorce plante, vifs queufe, & qui fe divife en un grand nombre de pe= üts filets, &t en floccons qu'on prendroit pour de ja laine.Ses branches font couvertes de la même écor- ce; mais cette écorce porte fur elle une fubflance denfe , blanchâtie & argentée. Ses feuilles font fem blables à celles du myrte de Tarente ; elles font feu lement un peu plus larges vers le bout > & (6 terimte nent en une pointe plus arrondie ; elles {ont tout-de fait couvertes de duvet , douces au toucher, blanch4e tres Où argentées, & luifantesSes fleurs font placées au milieu de fes feuilles » €lles reflemblent à celles de l'olivier , font jaunes , oblongues & tétrapétales, Nouslifonsdans Clufius,que fon fruit eft affez fem blable à celui du garou, mais qu’il eft noirâtre, Le même auteur dit que fes feuilles font charnues > £OmM= meules , d’abord ameres au goût, mais enfuire ACrIe monieufes & brûlantes. | Cette plante croît aux environs de Marfeille, Ses feuilles purgent violemment. Ray, (D. J.) SAN AS, {. m. (soil de coton. ) on appelle ainf des toiles de coton blanches ou bleues, qui ne font n1 fines ni grofles, que l’on tire des Indes orientales, particulierement de Bengale. Les blanches ont À la piece neufaunes un tiers {ur trois quarts à cinq fixien mes de large; & les bleues onze aunes un quart à douze aunes , fur fept huitiemes de large, Dië, de Comm. (D, J. SANATES ,f. m, ( if, rom, ) nom que les Ro= mains donnoient à leurs voifins ; Qui après une révol.- te fe foumettoient aufitôt ; cette pr'ompte foumifion leur procuroit les mêmes privilèges qu’à tous Les aua tres citoyens, en vertu d’une lor des douze tables ; qui portoit , as idem Juris fanatibus 9404 foretibus: füca (2.7) SAN BENITO ou S 4CO BENITO , fem (Hip, mod.) forte d’'habillemenr de toile jaune, que l'on fait porter À ceux que Pinquifition à condamnés ; conne une marque de leur condamnation, Le fan benito eft fait en forme de {capulaire ; il eft compoié d’une large piece qui pend par-devant , &g d'une autre qui pend par derriere ; il y a fur chacu: ne de ces pieces une croix de S. André; cet habit eft de couleur jaune, & tout rempli de diables & de lama mes qui y font peintes. Il eff regardé comme une imitation de Pancien ha- bit en forme de fac que portoient les pénitens dans la primitive Eglife Poyex PENITENT, Voyez auffe {n> QUISITION. | | SANCERRE, ( Géog. mod.) ville de France en Pèrry, aux frontieres du N ivernois , furune colline, à la gauche & À une portée de canonde la Loire à 3 lieues au nord-oueft de Nevers, à 10 de Bourges, à A de la Charité, en defcendant vers Briare & Gien, & à 46 au midi de Paris, avec titre de comté. Long, 20. 31, latit, 47. 18. | Cette ville a été nommée en latin du moyen âce, Saxia, Saxiacum ») Saxiacus vicus, Sancerra, San cerrium | Santodorum ; & même pat quelques-uns Se crum Cafaris, dans l’idée que Sancerre avoit été bâtie par Jules-Céfar; mais ce conquérant n’en dit pasun leul mot ; & après lui aucun auteur > Ni aucune chars tre n’en font mention avant Charlemagne; c’eft peut être ce prince même qui l'a bâtie, & qui la peuplà d’une colonie. de Saxons ; du moins ne connoït-on pas d'autre origine de {es noms. $ axia , Saxiacum 8c Saxiacus vicus, hr Quoi qu’il en foit, elle étoit poflédée dans le x, fie- cle par Thibaut I, comte propriéraire-de Chartres , qui avoit une partie du Berry. Elle pañla à {es def cendans, ,enfuite à Beraud, comte de Clermont, & dauphin d'Auvergne, Sa fille époufa Jean de Beuil, GGggi 606 S'AN & par ce mariage ce comté entra &c demeura dans cette maifon jufqu'en 1640, que Rene de Beuil le rendit à Henri de Bourbon, prince de Condé ; delà vient que la maifon de Bourbon Condé en jouit aû- jourd'hui. La ville de Sancerre étoit autrefois une des places fortes des calviniftes. Charles IX. après le maffacre de la S. Barthélemy, réfolut de la leur enlever, &c la fit afñéger le 13 Janvier 1573. Ce fiese eft bien mé- morable. Les troupes du roi furent repouflées à tous les affauts, & fingulierement à l’affaut général qu’el- les donnerent le r1 Mars fuivant. 1l fallut convertir le fiege en blocus, &cprenüre par la famine une place où l’on ne pouvoitentrer de force, Les hiftoriens rapportent que les réformés fouffri- rent pendant ce blocus les mêmes extrémités que les juifs au fiege de Jérufalem. Un pere êt une mere re- duits au défefpoir ,y mangerent leur propre fils, âge de. 3 ans, & qui venoit de mourir de faim. On ne fe nourrifloit plus dans la ville que des bêtes mortes, de peaux, de cornes de piés de bœufs & de vaches, &c. Enfin, on fut obligé de capituler le 25 Août de la même année. Le roi fitabatire le château, 8t dé- molir toutes les fortifications. Sarcerre ne s'elt pas relevée depuis; ce weft plus qu’une feigneurie d’en- viron 20000 liv. de rente, en y comprenant la baro- nie de Vaily. (D. J.) SANCIAN ou SANCHOAN , (Géog. mod.) petite ile de l'Océan oriental, fur la côte de la Chine , près du golphe de Quanton, à 18 lieues au couchant de Macao: Son cireuit eft d’environ15 lieues, où l'on ne trouve que trois ou quatre villages dépeuplés: on dit que S. François Xavier y a terminé fa carriere, Pan 5552, & qu'ily a été enterré, mais quoiqu on ignore Le lieu de fa fépulture, on a imaginé qu’on l’avoit dé- couverts les imiffionaires jéfuites y bâtirent un au- tel, qui n’a pas fubfifté long-tems. ( D. J.) SANCIR , v.n. (Marine.) c'eft couler & defcen- dre à fond. On dit qu’un vaïffeau a /arc: fous {es amar- res , lorfqu'il a coulé bas, &c qu'il seit perdu tandis w'il étoit a l'ancre. PA Te SANÇOINS , ( Géag. mod. ) on écrit aufh Xar- çoins ; petite ville, ou plutôt bourg de France, dans le Berry, aux confins du Nivernais, & à 6 lieues de Nevers fur le ruifleau d'Argent. ( D. J.) = SANCRAT , £. m. (Hiff: mod.) c’eft ainfi que Pon nomme dans le royaume de Siam les chefs ou fupé- tieurs généraux des ralapoins ou prêtres du pays. Ce- lui qui préfide au couvent du palais royal eft le plus confidéré ; cependant les fancrass | dont la dignité reflemble à celle de nos évêques, n’ont aucune ju- rifdiion les uns fur les autres; mais chacun d'eux a au-deflous de lui un fupérieur de couvent. Il ny a que les fancrars qui aient droit de confacrer Les tala- poins; ces derniers ont pour eux le plus srandrefpect après qu'ils les ont élus pour remplir cette place. Leur choix tombe communément {ur Le plus vieux talapoin du couvent. SANCTIFIANT, ad; (Gram.) qui fanéife. On dit lefprit Janilifiant ; la grace fanétifante. Nous avons yude nos jours des femmes qui prétendoient avoir la grace des merveilles; fans avoir la grace /anéfifante; par ce moyen elles faifoient fans conféquence des adionstrès-profaries,& des miracles; & ellesavoient trouvé le fecret de felivrer à leurs paflions fans nuire àlla dignité de leurrarattere. | EL =) SANCTIFICATION , Lf rerme de Théologie, fe prend-quelquefois pour la jufhification ; c’eft-à-dire, pour la grace qui opere en nous le mérite de la juftice chrétienne. Y’oyez: JUSTIFICATION. .sLemot fanilification défighe plus communément les exercices de-piété preferits par l'Eplifé , pour fo- lemnifer les dimanches &v les fêtes ; c'efl dans cette açception ordinaire;que nous le confidérons+ 1fpa- roït que {a farétificarion , prife dans ce dernier fens, étoit-un peu différente chez les Hébreux. Ce terme dans leur langue défigne moins les idée8modernes de la piété, que l'idée plus fimple de célébration, de confécration, deftination, &c. En un mot, on le voit par les circonftances &c par l'emploi des termes, /az- Éifier fignifie proprement dans le ffyle de Moïfe : ré- | férver, choifir, confacrer , deffiner ; &t par une légere extenfion , il figmfe encore cé/ebrer , diflirguer, ho- norer , &e. Ces divers fens, qui reviennent à-peu- près à la même idée, fe remarqueront fans peine dans les pañlages fuivans. Aaron & filios ejus unges, fanhificabifque eos ut facer- dotio funganturmih:; filtis quoque Ifrael dices hoc oleurr unéionis fanëlum eric mihi tn generationes veflras. Caro hominis non ungetur ex eo, & Juxta compofitionem ejus non faciatis aliud, quia fanélificatum eft & fanëlum erie |. vobis. Exod. XXX. xxx. 31. Ornnes decumæ rerræ . .. Domini funt & ulli fanétif cantur. Levit. XXviÿ. 30. | Populus fenêlus es Domino Deo tuo, € 1e elegit , ut fes ei in populum peculiarem de cunélis gentibus. Deut. XIV, 2, Quidquid erir fexus mafculini fanthficabis Domino. Ibid. xv. 19. Abftuli quod fanéhificatum eff de domo med, & dedrit. lud levitæ 6 advenæ , pupillo & viduæ. Ibid. xxv]. LS ve polluatis nomem meum fanütum , ut fantbficer 2 medio filiorum Tfrael, ego Dominus qui fanthfico vos. Levit. xx]. 23. Sanélificabifque annum quinquagefimum,Ë& vocabis re- miffionem cunéhis habitatoribus terræ tucæ , 1pfè eff enr . jubilœus. Ibid. xxv. 10. Sanilificerur nomen tuum. Matt. vj. 9. Je croirois faire tort à l’habileté de mes leéteurs, fije préfentois l'explication de ces paflages ; rien de plus facile à entendre, &c rien ne montre mieux auffi que le précepte, fanéifcarion, exprimé en ces mots , mermento ut diem fabbati fanétifices, marque fimplèment l’ordre de confacrer, d'honorer, de célebrer le fa- bat par la ceflation des œuvres ferviles; c’eft dans ce fens au’il eft dit au même éndroit , beredixis Doi- nus diei fabati,& fanitificaviseum, Dieu bénit le jour du {abat , & le confacra par fon repos, c’eft-à-dire qu'il en fit un jour folemnel defliné au délaffement, & même à la joie , comme nous verrons tout-à-l'heure, Sanilificabis annum quinquagèfimum , ipfe ft enim ju bilœus. Ex. 25. Vous célebrerez la Cinquantième an- née, tems de joie & d’abolition qui doit opérer la remifé des dettes, & rendre aux anciens pofleffeurs les terres aliénées. | La même deftination du fabat eft encore mieux prouvée par ces paroles de VExode xxx. 12..S$ex dichus operaberis ; feptimo die ceffabis ui requiefcat bos Gafinis tuus & refrigeretur filius ancillæ tuœ G'adyera. Vous emploirez fix fours à vos différens travaux, mais vous les cefferez le feptieme , afin que votre bœuf& votre âne fe repofent, & que le fils de votre efclave & l'étranger qui eft parmi vous puifient pren- dre quelque relâché ; & même quelque divertifle- ment. J’obferve ici, comme on l’a vu à Particle Dr- MANCHE, que le refrigeretur de la vulgate n'a pas d'autre fens. Cette idée de réjouiffance, d’amufe- mens honnêtes entroiteffenciellement dans la faréfifr- catiou-des fètes engénéral saut eft-ce dansle ème fens que le‘Sauveur dit en 8. Marc, fabbasum propter hominem futtum efhE: non homo propter fabbatum. Marc, Conféquemment à ce principe de police & de re- ligion , les Ifraélites célebroient les plus grandes {0- lemnités par des inftruétion$, des facrifices , des prie- res, & fur-tout par des feftins de parens , de voilins &-d’amis!, où les plus'aifés devoient admettre non- feulement toits ceux qui compoñoient leur famille, mais encore les prêtres, les pauvres, & même les efclaves &t les étrangers ; l’on voit que Dieu par ces obfervances , dont il avoit fait un précepte, vouloit accoutumer fon peuple à des procédés de bienveil- lance & de fraternité. On Le voit de même dans Ifaie: uniquement touché des œuvres de juftice & de bienfaifance , le Seigneur rejette ces facrifices & ces cérémonies légales, que des hommes pervers ofoient fubftituer à la vraie piété. « Ne n’offrez plus, dit Dieu par fon prophete ,ne » m'offrez plus de facrifices inutilement ; je ne puis » plus foufrir vos nouvelles lunes, vos fabbats & » vos autres fêtes ; l'iniquité regne dans vos aflem- _» blées.….. Ceffez de faire le mal; apprenez de faire » le bien ; examinez tout avant que de juger , afhfe » tez l’opprimé, faites juftice à l’orphelin, défendez » la veuve ». Ifaie, Z ÆIIT. 16. Gc. » On retrouve le même efprit dans les paflages fui- Vans, que jecopie encore d’après Sacy : « Vous céle- » brerez lafête des femaines en l’honneur du Seigneur » votre Dieu, en lui préfentant l’oblation volontaire » du travail de vos mains, que vous lui offrirez felon » la bénédiétion que vous aurez reçue du Seigneur » votre Dieu ; êr vous ferez des feftins de réjouiffan- » ce, vous, votre fils & votre fille, votre ferviteur » êt votre fervante , le lévite qui eft dans l'enceinte » de vos murailles, l'étranger, l’orphelin & la veuve » quu demeurent avec vous... Vous célebrerez aufli » la fête folemnelle des tabernacles pendant fept jours, » lorfque vous aurez cueilli de Paire &c du prefloir .» les fruits de vos champs, & vous ferez des feftins » de réjotuflances , vous, votre fils & votré fille, vo- » tre ferviteur & votre fervante, le lévite, l’étran- » ger, Porphelin & la veuve qui font dans vos vil- » les w. Deur, 18. À xj. 13, Gc. T'elles étoient les pratiques relisieufes ordonnées aux HCbreux ; pratiques encore fuivies de nos jours par leurs defcendans , & qui furent de même fidéle- ent Obfervées par les premiers chrétiens. Dans la fuite des tems cette charité fi touchante, qui com- munique avec des freres pauvres êz affigés , qui les fait affeoir à {a table, qui s'attache à les confoler:cette Charité , dis-je , fut remplacée par un furcroit d’off- ces & de prieres, par des fondations , ou par des Legs peu couteux à des mourans ; mais l'efprit de frater- nité , l’efprit de commifération & de bienfaifance alla toujours en s’affoibliffant, Chacun occupé de fon bien: être , ne fongea plus qu’à écarter les malheureux, 8 Pinfenfbilité pour les pauvres devint prefque géné- rale. Onfe donna bien garde de les aceueilir; on eut honte de les approcher ; à peine trouverent-ils de foibles fecours pour trainer une vie languiflante, loin du commerce & de la fociété. Les plus reli- gieux enfin crurent fatisfaire au précepte de l’aumône & remplir tous les devoirs de la charité chrétienne, en diftribuant les débris du réfe@toire À des mendians vagabons ; pratique au moins plus raifonnable que Pindifférence vicieufe , & trop commune dans les maons des grands, où il fe perd d'ordinaire plus de bien qu'il n’en faudroit pour nourrir plufieurs mi- férables. . La Janthification des fêtes,eomme nous Pavons vu, tenoit beaucoup plus de la fraternité chez les Hé- breux. Rappellez-vous , dit le Seigneur, que vous futes autrefois efclaves en Egypte, & que cette pen- fée vous rende compatiffans pour les infortunés ; célebrez vos fêtes par des feftins , où vous recevrez dans le fein de votre famille les étrangers même & les efclaves | recordaberis quoniam fervus fueris in Ægypto.. 6 epulaberis in feflivitate tud, tu, flrus tuus & filia, fervus suus 6 ancilla, levires quoque & advena, pupillus acvidua …. . benedicetque tibi Domints Deus uns in cunclis frugibus this, 6 in omni operè manuum sd Pda D Dr 4 PRE rm Po PP 4 SAN étarum erifque in lænne, Deut, ïb. kw. 15, Dieu, comme l’on voit ici, attachoït des récompentes à É84 pratiques fi pleines d'humanité; le Se: gñeur, dit PE criture , bénira vos travaux & vos récoltes, & vous ferez dans abondance & dans la joie, Tout cela prouve bien, fi je ne me trompe, qu'un peu de bonne chere, quelques amufeméns inrocens propres à charmer nos foucis, né doivent pas être confidérés comme une profanation de nos fêtes ; br bars, ditle fage, 6 doloris fui non recordensur amples, Prov. xxx]. 7. Nous adorons aujourd'hui le Dieu d'Abraham &c le Dieu de Moïfe, La loi qu'il leur prelcrivit pour le bonheur dé fon peuple, eft au fond invariable ; &t Jelus-Chrift enfin , qui eft venu pour la perfettionner , nous aflure, comme on Fa vu, que le Jabbat eff fair pour homme , G non l'honune pour la Jabbar, Il faut l'avouer néanmoins,nous fommés conitam- ment dans la dépendance du créateur , nous tenons de lui Pêtre , & tous les avantages de la vie ; nous devons donc, comme créatures, lui rendre nos hom- mages, & reconnoitre {es bienfaits, D'ailleurs les rap- ports de fociété que nous avons avec les autres homa mes nous afiujettifient à d’autres devoirs également indifpenfables. C’eft même fur quoi la loi divine in filte davantage ; fans doute parce que ces rapports font plus multiplhiés. Or pour remplir ces différentes Obligations , & furtout pour s’en inftruire, 11 n’eft pas de tems plus favorable que le dimanche; auffi eft- ce là parmi nous, comme chez les Juifs, l’une des grandes deffinations du repos fabbatique. Il eft donc vrai que les inftruétions & les prieres entrent dans l'idée de la fan@ification , & qu'elles font partie ef- fentielle de notre culte ; mais toujouts pourtant, qu'on ne l’oublie jamais, toujours d’une maniere fu bordonnée au délaflement récréatif fi bien exprimé dans les paflages allegués ci-devant. Ces inftrutiens & ces prieres néceflaires pour nous rapprocher de Dieu, fervent au réglement de nos mœurs, & con- tribuent même au bien temporel de [a fociéte ; mais elles doivent fe renfermer en de jufles bornes; elles n’exigent d'ailleurs ni dépenfes, n1 fatigues ; fans quoi elles deviendroient incompatibles avec le re- pos du dimanche, Qu'on me permette ici une com- pataiton qui peut répandre du jour fur la queftion préfente. Que deux ou trois amis allent pañer un jour à la campagne avec leur famille. Tout ce qu'il ÿ a de jeunes gens, après avoir bienrepu, ne fongent qu’à Jouer, qu'aäfe divertir, & chacun s'en acquutte de for mieux ; le tout fans que les parens y trouvent a redire ; c’eft au-contraire ce qui les réjouit da- vantage , tant qu'ils ne voient rien contre la décencé; ëc fi quelauw’un dans la troupe paroît moins fenfible à la goie jils Pexcitent eux-mêmes à s’y livrer comme les autres. Pourquoi Dieu, qui fe compare en mille endroits à un pete de famille, feroit-ilirrite des plai- firs honnêtes que les fêtes procurent à fes enfans ? Îlréfulte detout ceci , que des offices & des cère- momies quine finiflent point ,que des difcours inf= truétifs à la vérité, mais ordinairement trop étendus, que.de longues afiflances à l’églife, & qui deviens nent couteules où fatigantes, ne quadrent gucre avec la deftination d’un jour, qui promet à tous la quic- tude & le rafraîchiflement. Non facies in eo quidquari Operis .., ut requiefcat.fervus tuus & ancilla tua ficut & tu. Dent. v. 14. Ur refrisererur flius añcille t1œ 6 ad- vera, Exod. xxü. 14. Sabbatum propier hominem fac tue eff. Éc. Maïc, 1j, 27. Concluons que la fanihifcation du dimanche admet aujourd'hui, comme autrefois, d’honnèêtes délaiie- mens pourtous les-citoyens , même pour les efclas ves x ce qui n'exclut. fans doute ni les inftruétions, ni les prieres, qui font, comme on l’a dit, une par- tie eflentielle du culte religieux; mftfuéliornis & prie“ 6038 S A N res, en un mot, qui renfermées en des juftes bornes, &t fuppofées fans peine & fans fatigue , n’ont rien d’incompatible avec le repos fabbatique des Chre- tiens. Article de M. F4IGUET. SANCTIFIER , v. at. voyez l’article SANCTIFI- CATION. SANCTIFIER, ( Critique facrée.) aysale ; ce verbe fignifie rezdre pur d’une pureté légale ; ce qui fe pra- tiquoit dans l’ancienne loi par certaines cérémonies; 2°. ce verbe veut dire, honorer , glorifier, Jar&ifr- cetur nomen tuum; que Vous foyez honoré & loué de toutes les créatures ; 3°. vouer, confacrer, ou par le miniftere , comme la tribu de Lévi, Exod, xxviy. 41, Ou par la prophétie, comme Jérémie, Exod. 7. 5. ou par Pufage, comme le jour du fabbat, Exod. xyy. 23. C’eft ainfi que le temple, Pautel, êc les va- fes furent Janéhifiés au Seigneur ; c’eft-à-dire, furent deftinés aux ufages de fon culte; ou enfin par lobla- tion, comme les premiers nés; 4°. fanéhfier, veut dire, dans faint Luc, chap. x. 36. donner, confé- rerunmunftere facré. La fan@ification de Jefus-Chrift a été fa mifion, fa vocation à la charge de Mefñe ; 5°. Janélifier, fe prend pour préparer, difpofer , fax- ctifices , fan@añez-les pour le jour de la mort, dit Jé- rémie, xÿ. 13. C’eft-à-dire, préparez -les comme des viétimespour le jour du facrifice; 6°.ce mot figni- fie dénoncer, déclarer, fanéhificate jejunium, Joël, 7.14. ordonnez-leur un jour de jeùne ; 7°. rendre lépitime lufage de quelque chofe. Le mari infidele eft Jzréi- Jté par la femme fidele, Z, Cor. vi. 14. cela fignifie, que le commerce qu'ils ont enfemble, n’a rien d'illé- oitime ; 1l fufit pour cela que l’une des parües foit fidele. A’ysalw, fe prend ici comme dans le fens des viandes fanttifiées, I. Timoch. iv. 4. C’eft-à-dire, dont l’ufage eft pernus. De-là vient que le mot ze pas fnütifer, fignifñie prophaner ; facerdotes non fanéti- fcaburr poprlum in veflibus fuis ; les prêtres ne pro- phaneront point leurs habits facerdotaux, en les por- tant dans la compagnie du peuple. ( D. J. ) SANCTION , L f. (Lors civiles & naturelles. ) la fanition eft cette partie dela loi qui renferme la peine établie contre ceux qui la violeront. La peine.eft un mal dont le fouverain menace ceux de fes fujets qui entreprendroient de violer fes lois; il leur infhige effeétivement cette peine lorfqu'ils les violent ; & cela dans la vûe de procurer du bien à Pé- tat, comme de corriger le coupable, de donner une leçon aux autres, & de rendre la focièté sûre, tran- quile , & heureufe. Toute loi a donc deux parties effentielles : la pre- miere, c’eft la difpofition de la loi, qui exprime le commandement &c la défenfe ; la feconde eff la far- ‘lion, qui prononce le châtiment; &c c’eft la /zzéfion qui fait la force propre &t particuliere de la loi; car f le fouverain fe contentoit d’ordonner fimplement, ou de défendre certaines chofes, fans y joindre au- cune menace, cene feroit plus une loi prefcrite avec autorité; ce ne feroit qu'un fage confeil. L’on demande fi la fznéfion des lois ne peut pas : confiter auffi-bien dans la promefle d’une récom- penfe, que dans la menace de quelque peine ? Jeré- ponds d’abord qu’en général je ne vois rien dans la fanéfion des lois qui s’oppofe à la promefle d’une rée- compenfe; parce que le fouveram peut fuivant fa piudence prendre l’une ou l’autre de ces voies, ou même les employertoutes deux. Mais comme il s’agit 1c1 de favoir quel eft le moyen le plus efficace dont lefouverain fe puiflefervir pour procurer l’obfervation de fes lois, &c qw’il efbcertain que l’homme eft naturellement plus fenfible au mal qu'au bien; il paroït auffi plus convenable d'établir a fanétion de la loi dans la menace de quelque peine, que dans la promefle d’une récompenfe. L'on ne fe porte guere à violer les lois, que dans l’efpérance dé fe procurer quelque bien apparent qui nous féduit, Aïnfi le meilleur moyen d'empêcher la féduétion, c’eft d’ôter cette amorce, &c d’attacher au contraire à la défobéiffance un mal réel & inévitable, Si l’on fuppofe donc que deux léviflateurs voulant établir une même loi, propofent l’un de grandes ré- compenfes, & l’autre des peines rigoureufes, 1l eff certain que le dernier portera plus efficacement les hommes à l'obérffance , que ne feroit le premier. Les plus belles promefles ne déterminent pas toujours la volonté ; mais la vüe d’un fupplice ébranle, intimide. Que fi pourtant le fouverain par un effet particulier de fa bonté & de fa fagefle, veut réunir ces deux moyens, & attacher à {a loi un double motif d’ob- fervation , il ne reftera rien à defirer de tout ce qui peut y donner de la force ; ce fera la Janéion la plus complette. Voilà pour les lois civiles ; mais il im- porte de recherc' er s'il y a une /anélion des lois na- turelles, c’eft-à-dire, fi elles font accompagnées de menaces Ôc de promefles, de peines & de récom- penies. La premiere réflexion qui s’offte là-deflus à Pef- prit, c'eft que ces regles de conduite que l’on appelle lois naturelles , {ont tellement proportionnées à notre nature, aux difpofitions primitives, & aux defts na- turels de notre ame, à notre conftitution, à nos be- foins , & à l’érat où nous nous trouvons dans ce mon- de, qu'il paroït manifeftement qu’elles font faites pour nous. En général, & tout bien compté , l’ob- fervation de ces lois , eff le feul moyen de procurer &t aux particuliers & au public, un bonheur réel & durable : au lieu que leur violation jette Les hommes dans un defordre également préjudiciable aux indi- vidus êz à toute l’efpece. C’eft - là comme une pre- mere /anthion des lois naturelles ; mais fi cette pre- miere fandiom ne paroît pas fufifante pour donner aux confeils de la raïfon, tout le poids &c toute l’au- torité que doiventavoir de véritables lois, rien n’em- pêche de dire, que par l’immortalité de lame, ce qui manque dans l’état préfent à cette fanifion des lois naturelles, s’exécutera dans la fuite, f la fagefle di- vineile trouve à propos. ( D. J. SANCTORIENNE TABLE, ( Médecine. ) depuis que Sanétorius a mus au jour la connoïffance de la tranfpiration infenfible, on a éré curieux de calculer la quantité de cette évacuation , proportionnellement à celle des excrémens, de l’urine, &c. & l’onen a formé des tables indicatives ; mais les plus curieufes font celles que le doéteur Lining a fait d’après fes ob- fervations à Charles-Town, ville de la Caroline mé- ridionale. Voyez Les Tranfaütions philojophiques, n°, 470. 6 475. (D.J.) SANCTUAIRE , f. m. ( Gramm. & Théologie. ) c’étoitchez les Juifs la partie la plus fecrette, la plus intime, & la plus fainte du temple , dans laquelle étoit l'arche d'alliance , & où nul autre que le grand-pré- re n’entroit ; encore n’étoit-ce qu'une fois l’année au jour de Pexpiation folemnelle. Ce Jfantluaire, qui eft auf appellé le faint des Saints, fanifa fantlorum, étoit la figure du ciel, & le grand-prèêtre celle de Jefus-Chriit, le véritable pontife qui a pénétré les cieux pour être notre mé- diateur auprès de fon pere. On donnoit lemême nom de fantuaire | àla partie la plus facrée du tabernacle qui fut dreflé dans le de- fert, &cquifubfifta encore quelque tems après la con- fruction du temple. Quelquefois le nom de faräuaire fe prend en gé- néral pour le temple ou pour le lieu faint, pour le lieu deffiné au culte public du Seigneur ; ce qui a fait penfer à quelques auteurs, que le temple entier étoit appellé fanétuaire, & que le faint des Saints, étoit une chapelle ou oratoire placée dans Le temple. Pefer quelque chofe au poids du Jzréuaire, et SAN une expreffion ufitée qui fignifie éxaminer quelque chofe avec la dernière équité; parce que chez les juifs, les prêtres avoient des poids & des mefures de pierre qui fervoient à régler toutes les autres. Voyez . POIDS DU SANCTUAIRE. … Sanéluaire, parmi les Catholiques, fienife la païtie ‘du chœur la plus voifine de l'autel, ‘dans laquelle le célébrant & les miniftres fe tiennent pendant la : mefle ; elleeft mêmeordinairement féparée du chœur : par une baluftrade, & les laics ne doivent jamaissy IDlacers | ln S'anifiiire a été employé dans un fens particulier, fur-tout chez les Anglois, pour fignifier les églifes ‘qui fervoient d’afyles aux malfaiteurs, ainf que cela s’eft pratique jufqu’au regne d'Henri VIIL, Les cou- pables étoient à l'abri de la recherche de leurs cri- : “mes, fi retirés dans ces afyles , ils reconnoïfloient : Leur faute dans Pefpace de quarante jours, & fe fou- mettoient eux-mêmes äà bamhiflement. Si pendant - cés Quarante jours un laïc les chafloit de Pafyle, il “étoit excommunié ; un eccléfaftique encouroït pour Te même fait la peine d'irrégularité, Du nombre de ces afyles ou fanéluaires , étoient les cghfes de faint Jean de Beverley, dans la pro- vince d’'York ; celle de faint Martin le grand à Lon- dres ; la cathédrale de Ripon aufi en Yorkshire, éri. gée en afyle par Withlafe roi de Mercie; celle de tant Burien dans la Cornouaille, en vertu du privi- Iége accordé par le roï Athelftan, en 936; & celle de Weftminfter, érigée en afyle par faint Edouard. Voyez ASYLE 6 FRANCHISES. SANCIUS, SACER ,( Lang. lar. ) ce ne font pas deux termes fynonymes dans la langue latine; & nous les traduifons ordinairement au rebours en françois. Proprie fénila dicimus, que funétione qu dam confrmata, ut leges fantte funt ; fanélione enin: quédam junt Jubrnixe, Dig. leg. 9. $. 3. Le fens du mot Janlus, répond donc à ce que nous appellons Sacré ou irviclable dans notte langue; 8 fait au con- traire, répond au fens du mot facer ; quoique ces deux mots viennent vifiblement du latin, (2. TI.) _ SANCUS , L.m. ( Mychoz.) nom du dieu que les Romains honoroïent fous le nom de dius fdins , dieu de la foi, & qui étoit reconnu des Grecs pour Hes- cule,. comme l’enfeigne Varron. Caftalion penfe que ce n’étoit point un nom plus particulier d'Hercule, que des autres dieux, On a trouvé plufeurs infcrip- tions où On Lit, Sancus, fantlus, dius fdius : on cite entre autres une pierre qu’on voit à Tibur, fur Ja- quelle ces paroles font gravées, Sarco, Janëlo, deo fidio , facrurm. Sancus eft ua mot fabin ,le même que Sabus, pere de Sabinus , qui donna fon nom aux Sabins. Ces peur ples le reconnoïfloient pour dieu ; quand ils furent admis dans Rome, ils y tranfporterent leur dieu Sancus, &tles Romains lui bâtirent un temple au- près de celui de Quirinus. Outre ce nom, on l’ap- pella Sangus, Sañitus , & Fidius. Tite-Live le nom- me fimplement Sarcus, &le met au nombre des Je: mones , c’eft-à-dire, des demi-hommes. C’étoit ainf que les Romains appelloient certains dieux ,. qu’ils ne croyoient pas dignes du ciel, mais qu'ils regar- doient au-deflus deshommes ordinaires. C’eft en ce ens qu’il faut entendre cet endroit de Tite-Live, bora. Semoni Sanco cenfueruns confecranda: Ovide dans fes faftes., faitmention de tous ces détails : Quærebam nonas Sanco Fidiove, reférrem à ArtibrSemo parer ; rune nihi fanitus ait CC: (D. 3.) SAND), terme de Géographie : ee mot veut dire /#- ble en allemand, enflamand., en: anglais, & dans les autres langues dérivées. de la. langue teutonique. Il entre très-fouvent danslacompoñtion desmots. géo- = 42 : ES LEA 2 S À N 609 Sraphiques de ces langues, & toujours dans la figni. fication de /zble, D.) … SANDALARIUS-FICUS, (Géog. änc.) qua tiér & rue de l’ancienne ville de Rome; cette rue s’appelloitaufi Sandaliaris-Vicus : Galien:en faitmenr- tion, Une ancienne infcription porte, 2, M, M. Afrani , Heliodori, ‘Magifiti, Vici-Sanduliarii, M. Afranius , Tfumol,‘patrono, Fec, Une autre infcripe tion fait connoître que cette rue étoit dans le qua- trième quartier de la ville: Sexr. Fonreius , OL, Ro- phirnus CN. Pompeius, CN.L, Nicephor. Mag, Vici- Sandaliari, Règ. I. anni XVI D. D, Cela eft conforme à Publius Vidtor, qui met fe temple d'Apollon furnommé Séxdaliariuis, dans le quatrieme quartier de Rome; Apollon prenoit ce furnom de cette rire 8 Suéfone marque que le tem- ple avoit été bâti par Augufte, I acheta, dit:il, leë plus précieufes ftatues des dieux, & les dédia par quartiers, comme l’ApoHon Sandalarius , le Jupiter Fragédus, &c. Cette rue étoit le quartier des Libraïe res; Aulugelle dit, 4 XVTIL, civ. im Sandalario apud Librarios fuimus. ( D, J.) SANDALE ;, 1. 4 (Hiff. anc. & mod. ) fèrte de chauffire ouwpantoufle fortriche, qui étoit faite d’or, de foie , ou d’autres étoffes précieufes, & que pot- toient autrefois les dames greques & romaines ; elle confftoit en une femelle, dont l'extrémité poftérieu> re étoit creufée pour recevoir la cheville du pié , la partie fupérieure du pié reftant découverte, Térence dit, en parlant de cetreforte de chauflure, Vunain ribi commitigari videim fandalis eapur. plut-à-Dieu qu’elle vous caflât la tête avec fa fan- dale, Apollon étoit quelquefois nommé Yerdaliarius, fafeur de fandale. Les critiques ont été fort embar- raflés fur la raifon pour laquelle on lui donnoit cé nom; quelques auteurs le font venir d’une rue ap- pellée vices fandalisrius | qui étoit habitée principa- lement par des faifeurs de /ardale | 8 où ce dieu avoit un temple; mais d’autres font venir avec plus de vraiflemblance le nom de la rue, de celui du dieu, & éroient qu’Apollon avoit été appellé ainf, à caw- fe de fa parure efféminée , comme s'il portoit des fandales de femme. M. Burette , dans fes diflertations fur la mufique des anciens , dit qu'ils fe fervoient de fardales de bois ou defer , pour battre lamefure , afin de rendré la pereuffion rythmique plus éclatante. | Sandale fignifie aufli une efpece de foulier ou de pantoufle que portent le pape & les autres prélats quand ils officient & qui, à ce qu’on croit , eft fem: blable à là chauflure que portoit S. Barthelémi. Aleuin dit qu'il y avoit quelque différence entré les Jandales des évêques & celles des prêtres & des diacres. | IL n’étoit pefmis aux inoines de porter des fade les que quand ils voyageoient, felon la remarque de di Cange ,. de Saumaize, 6c. Sandale eftencôre le nom d’une éfpece de pantour fle ou foulier découpé par deflus | que portent au- jourd’hur les religieux reformés de différentes con: grégations ; elle confifte en une fimple fémelle de cuir , héetavec des corroïes ou des boucles par def fus le haut du pié, qui eft prefque entierement à. nud , à-peu-près comme les peintres peignent.le bas du brodequides anciéns. Les captücins portent des Sandales , & les recolets des focles; les fardales {ont toutes de cuir, au lieu que la femele-desfoclesneft que de bois. . ! SANDAUE, f. f. rerme de: maître d’eforime ; ce môt fe dit parmi les maïtres d'armes, d’un foulier qui n’a qu'une demi empeigne . & qui n’a point de talon On le met ordinairenfent aupié droit, (2: J.) Gro SAN SANDALE, ( Marine.) forte de bâtiment du levant, quifert d’allece aux gros vaifleaux. Voyez ALLEGE. SANDALINE, L £ (Gram, & Com.) petite étofte qui fe fabrique à Venife , & qui fe commerce aux Indes occidentales. | SANDALION , où SaNDALIUM, ( Géog. anc.) île d’Afie, fur la côte d’Ionie ; oxrdarxuor veut dire une efpece de foulier & de chauflure de femme , & cette île étoit ainfi nommée , parce qu’elle en avoit la figure. C'éroit une des trois iles que Pline, 2. 7, £: ax. nomme Trogilies , auprès de Mycale. Cet auteur rematque, 2 JII. ce. vi. que Timée appelloit d'île de Sardaigne Sandalioris | fans doute par la mê- me rafon!, à caufe de {a figureien forme de /ardule. (2. J.) SANDANUS , (Géog, anc. ) riviere de la Thra- ce, prile en général, qui comprenoit tout Le mont Athos, &'s’étendoit jufqu’à la Paraxie. C’eft fur le -bord de cette riviere que Philippe fut atteint d’une fleche tirée par Aftère, Olynthien, quiécrivit furla fleche ces paroles : Afière envoie à Philippe cette fleche | mortelle. En eflet ce prince repañla.le Surzdanus à fa nage, ayant perdu un œil de cette bleflure. (D. J.) SAND APILA, (Lirrérar. ÿ\ce mot défigne chez les Romains, unebiere, un cercueil fait pour por- ter enterre les pauvres gens , popularis fandapila. Ce même mot s’appliquoit aux bieres des criminels exécutés à mort. On appelloit ceux qui portoient en terre les cadavres desuns èc des autres , /ardapila- zu. (D. J.) SANDARACURGIUM, ( Géog. anc.) montagne cé PAfie mineure, aux environs de Pompéiopolis, ville de la Galatie , felon Strabon , 7. XI7. p. 362. Ce nom veut dire un heu où l’on travailloit le fun- darac ; auf Strabon ajoute que cette montagne étoit creufe , par les fouterrains.qu’on y avoit percées en y travaillant ; on y employoïit des malheureux qui avoientuété vendus à caufe de leurs mauvaifes ac- tions ;.car outre que ce travail eft fort pénible, pour- fuit le géographe grec , on dit que l’air de ces miies et mortel à caufe des fortes exhalaïfons des matieres qu'on y remue ; c’eft pourquoi on a interrompu ce travail dont on tiroit peu de fruit, & les ouvriers y périfioient par centaines. ( D. J.) SANDARAQUE , ff ( Hiff. des drog.exot.) on a donné ce nom à trois différentes fubffances, qu'il eftimportant de diftinguer avec M. Geoffroi. 1°. À une efpece d’arfenic rouge, que les Grecsnomment vardaparn ; C'eft pourquoi on l'appelle fardaraque des Grecs, pour la difinguer des autres efpeces: 2°. à larefine de genievrier , que les Arabes nomment faz- darach ou fandarax , &t que leurs interpretes ont ap- pellés fandaraque des Arabes : 3°. kune fubftance qui tient le milieu entre le miel & lacire , que Pon trou- ve fouvent à part dans les endroits vuides des ru- ches, & c’eft la nourriture des abeilles lorfqu’elles travaillent; on appelle cette troïfieme forte de fan- daraque , fandaracha,, erithace, 8t cærithus, comme Pline le rapporte. Cette derniere efpece n’eftni d’u- fage , ni connue dans les boutiques. La fandaraque des Grecs eft nommée par les Ara- bes, zarnich-alimer, Ou réalgar , qui fignifie poi/on ; en effet c’eft notre orpiment , ou notre ariemic rou- ge, qui eftun très-grand porfon, dur lequel voyez ‘ ORPIMENT, o4 RÉALGAR; Car c’eit la même chofe. Il nous refte donc feulement à parler ici de la /a7- daraque des Arabes, quieftievernis, la gomme, ou la réfine des genevriers; on lappelle dans les bou- tiques, fandaracha, vernix, gummi Jumperintim. Kou- ui aprodos grec. Sandarax arab. C’eft une fubftance réfineufe , féche, inflammable, tranfparente, d’un jaune pâle oucitrin, en gouttes femblables au maftc, d’un goût réfineux, d’une odeur pénétrante & fua- ve quand on la brule ; elle:ne fe diflont pas-dans l’eau , mais feulement dans lhuile , ou l'efprit de vin. On eftime celle qui eft brillante, tranfparente, jau- nâtre; on nous l’apporte des côtes d'Afrique par Marfeille. | h Cette réfine découle d'elle-même dans les pays chauds, où parles incifions que l'on fait à l'écorce du génévrier enarbre, &du cèdre baccifere à feuil- les de cyprès. La fzndaraque qui découle de ce ce-« dre, a une odeur plus fuave quand 6n la brule, &: eft par cette rafon plus effimée ; maïs on en trouve très-rarement dans les boutiques. La fandaraque du gémévrier’eft employée extérienrement pour la gué- rifon des ulcères, & en fumigation pour les cathar- res; elle fért à faire une poudre dont on frotte le pa- pier pour l'empêcher de boire ; on l'emploie fut-tout pour en préparer un vernis liquide, enla faifant dif ioudre dans Phule de lin, de térébenthine, de fpic, ou dans de l’elprit-de-vin. ( D. J) «no SANDARESUS , 1m. (Hi, rar. Lishol.\ piètre dont parle Pline, & quil dit être tranfparente, & d’un jaune d’or. pes SANDAVA, ( Géog. anc.) ancienne ville de la Dacie ; felon Ptolomée , Z. TITI. c. vi. fes interpre- tes croyent que c’eft Schesburg. Ils nt pris cette -opunon de Lazius , de repub. rom. L XII, (D. J.) SANDECZ , (Géog. mod.) ville de la petite Po- logne,, au palatinat de Cracovie , près du mont Kra- pack , fur les frontieres de la Honsrie , à 10 milles au fud-eft de Cracovie, &c à 8 des falines de Vielif- ca. Elle a dans fes environs des mines de cuivre, Long. 38. 55. latir. 49:82. (D.97) SANDIE, { £ ( Botan. ) melon d’eau du Pérou & du Brefil. Les /ardies font rondes &c groflescom- me des: potirons, leur chair eff femée de pepins ar- rondis, les uns rouges, les autres noirs, & d’autres jaunes. (D. J.) | SANDESIMODISINO , ( ff. mod. fuperft.) c’'eft le nom que les neores du royaume de Quoja, dans les parties intérieures de l’Afrique, donnent à des. jeunes filles, qui font pendant quatre mois féparées . du refte des humains , &t qui vivent en communauté fous des cabanes bâties dans les bois, pour recevoir de l'éducation; lafupérieure de cette efpece de com- munauté , s'appelle foousli ; c’eft une matrone ref- peétable par fon âge ; Les jeunesfilles qui doivent être élevées dans cette retraite , font toutes nues, pen- dant letems de leur féjour dans cette école ; on les conduit à un ruifleau où on les baigne, on Les frotte avec del’huile, & on leur fait la cérémonie de la circoncifion, qui contite à leur couper Le clitoris, opération très-douloureufe,mais qui eft bientôt gué- rie ; l'éducation confifte à leur apprendre des danfes fort lafcives , 8t à chanter des hymnes très-indécens, en lhonneur de Pidole fard: ; quand le tems du no- viciat eft expiré , la dame fupérieure conduit fes éle- ves au palais du roi, au milièu des acclamations du peuple , elles font devant fa majefté les exereïces qu’elles ont appris, après quoi on les remet à leurs parens qui font charmes des talens que leurs filles Ont acquis. SANDRAHA , f. m. (Æiff. nar. Bor, ) arbre de l’île de Madagafcar, qui s’éleve fort haut &t fort droit, Son boïs eft plus noir que lébene, & prend un poli auff brillant que la corne; les plus gros de ces ar- _bres n’ont que fix à {ept pouces de diametre, SANDWICH , ( Géog, mod. ) ville d'Angleterre, au comté de Kent , avec titre de comté , à 18 lieues au fud-eft de Londres, C’eft un des cinq ports du royaume, & dont les députés au parlement font ap- pellés barons des cing-ports. Nous avons dit au mot Ruarupiæ , que le port d'Angleterre qui du tems des Romains fe nommoit portus Risupenfis , ou portus Ritupæ , étoit extréme… | ment SAN ment célebre, &c'eft , felon quelques favans , fur les ruines de Rarupiæ , qu’on a bâti Sandwich, Quoi qu'il en foit , la ville fituée fur ce port, fut ruinée par les Danois, retablie depuis, & incendiée fous le roi Jean ; on la releva de fes cendres ; mais _fousle regne de la reine Marie, Pentrée de fon ha- vre fut tellement bouchée dans une nuit, par un gros navire qui y coula à fond à l’infcu de: toutle monde, qu'on n’a jamais pu depuis y rémédier. M. Moore, avant qu’on eût connu la caufe de cet événement finguler, fut envoyé fur les lieux par la reine Marie, pour la découvrir ; les habitans peu capables de l’éclairer , lui députerentun vieil- lard qui fe flattoit d'avoir R-deffus plus de lumieres que fes compatriotes. « Je fuis bien âgé, dit-il ; & » je me rappelle d’avoir vu bâtir le clocher de Tin- » terton ; 1l n’étoit queftion alors ni de bancs de >» fables , ni de bas fonds , qui empêchafent l’entrée » du havre de Serdwich; ainfi je penfe que le clo- » cher de Tinterton en eft la caufe». M. Moore rit beaucoup de cette idée, & depuis lors elle eft deve- nue un proverbe anglois, qui s'emploie quand quel- qu'un rend une rafon abfurde d’un fait dont on de- mande l'explication. (D. J.) SANDYX , (if. nat. Peinture.) on ne connoît ” point quelle eft la füubftance que les Grecs appelloïent. Jéndyzx. Quelques-uns ont cru qu’ils défignoient fous ce nom une couleur d’un rouge éclatant, dont on fe férvoir dans la peinture ; d’autres ont dit que c’étoit un verd tirant fur le bleuâtre, Strabon dit que les Peintres de fon tems faïfoient ufage d’une couleur ap- pellée Armenium pidorium; & que quelques autres donnoïent à cette même couleur le nom de /zrdycis metallum : elle étoit d’un bleu tirant fur le verd. On croit que la couleur appellée zarrick, par les Ara- bes ,eft le /ardyx des anciens: Avicenne dit qu’elle ” étoit ou jaune, ou rouge, ou verte. On préfume que par celui qui étoit jaune ou rouge, ila voulu défigner Vorpiment; & par celui qui étoit verd, le /apis Ar- JITETIUS. SANE, (Géogr. anc.) ville de Thrace, entre le mont Athos,& la prefqu’ile de Pallène, felon Horte- lus. Hérodote, 2. WE. c. xxij.la met dans l’ifthme du mont Athos, auprès du foflé creufé par Xerxès. Thucydide, parlant des villes du mont Athos, met au bord du foffé même Sarre, qu'il dit être une colonie de l'île d'Andros. Etienne le géographe, l'abbrévia- teur de Sträbon & Plutarque, gzæft. grec. en font aufñ mention. (D, J. SANED, (Æ1/ mod.) c’eft le nom que l’on donne dans l’Indoftan, à des patentes ou privileges, accor- dés par le grand-mogol, à certaines provinces où duftriéts. SANG, f. m. (Anar. 6 Phyfcol.Yeft le nom que l’on donne à la liqueur renfermée dans les arteres qui bat- tent, & dans les veines correfpondantes à ces arte. res. Foyez ARTERE & VEINE. Le fang paroît à la premiere infpe@tion, homoge- ne, rouge & fufceptible de coagulation dans toutes les parties du corps; mais différentes expériences nous ont appris qu'il a différens caracteres. L’hydroftatique nous fait découvrir qu’il ya dansle Jang quelque chofe dé volatil, qui s’exhale continuel- lement du /z7g en forme de vapeur, & dont l’odeur tientle milieu entre [la mauvarte odeur de Purine, & celle de la fueur. Cette vapeur contenue dans fes pro- pres vaïfieaux, paroît aqueufe, & comme chargée d'une couleur aui tire fur Palkali. Le fang de Phomme le plus fain fe coagule en une mafle tremblante, facile ärompre:ils’épaifht davantage fi on expofe à une chaleur moindre que celle de eau bouillante , & même de 150 degrés. On l’a vu feréu- nir en forme de gelée dans les veines.pendant la vie, & dans ceux qui mouroient de fevres violentes, La Tome XIV, SAN Gix partie rouge du /#ng conflitue la partie principale de ce coagulement, auquel cette couleur rouge eft pro- pre, & qui la communique À toutes les autres parties du /ang. Cette même partie du Jang, qui peut fe réunir en une mafñle confufe lorfqu’elle eft en repos, expofée à un petit, froid, à une chaleur de 1 50 de- grés, &c mêlée avec l’efprit de vin, avec les acides minéraux, eft cependant molle, à-moins qu’elle ne {oit endurcie par une trituration pareille à celle qu’el- le fupporte pendant la vie, ou par quelques fecouf- fes femblables. Elle éft pefante, & prefque plus d’un Onzieme qu’un pareil volume d’eau; elle efttoute in- flammable lorfqu’elle eft dépouillée de fon phleome: la partie rouge fait la moitié & plus de là mafle du Jarg dans les'tempéramens fanguins, & le féreuxun tiers de la mafle; dans la fevre il {e réduit à la qua- trieme ou la cinquième partie, Ce qui fe préfente enfuite, c’eft la partie blanch4- tre & jaunâtre du Jang; & quoiqu’elle paroïfle auffi homogene, elle ne l'eit cependant pas. Elle eften gé- néral plus pefante d’un trente-huitieme qu'un égal volume d’eau; & plus légere d’un douzieme que le coagulum. Elle fe coagule f on l’expofe à une cha- leur de r$0 degrés; qu’on là mêle avec les acides & l'efprit de vin, & qu’on l’agite, fes caïllots font plus durs que ceux de la partie rouge du fans, Ils font fi elutineux, qu'on nepeut les réfoudre en membrane, &t enfin en un corps auffi folide que de la corne. C?eft cette humeur qui produit la couënne que l’on remar- que dans le /azg dés pleurétiques , les polipes & les membranes artihcielles, On découvre dans ce féreux, outre la partie albumineufe qui peut fe coaculer, une eau fimple qui en conflitue la plus grande portion, & quelque chofe de muqueux qui file, & qui néan- moins ne fe coagule pas comme la partie albumineu- fe, par le feu, nt par les acides. Il n’eft que la pourriture & la force de air échauf fE à 96 degrés , qui puiffent occafonner une diflolu- tion fétide dans toute la mafle du Jang, & fur-tout dans le Jérum ; car la partie féreufe en eff la plus fuf- ceptible : la partie rouge l’eft moins. A Ia longue, la partie rouge & la lymphe fe changent enfin en une exhalaïfon fétide & volatile, & dépofent un fédiment au fond du vafe dans lequel elles fe font corrompues. Le fargune fois diffous par la pourriture ne peut plus fe coaguler ; & lorfqu’une fois il a été coagulé par lefprit de vin , il ne peut plus fe diffoudre. Outre toutes ces parties que l’on découvre avec facilité dans le farg, il eft encore chargé d’une aflez grande quantité de fel marin, que lon diftingue par là faveur légèrement falée, & quelquefois avec le microfcope. La nutrition, de même que lanalyfe chi- mique, font voir qu'il eft auffi chargé de terre, mêlée avec les partiesles plus fluides, &fur-tout avec l'huile. Enfin il y a dans le farg un air non élaftique qui eft en aflez grande quantité, & on s’en aflure par la pour- titure du /eng & du férum, & en pompant lair qui : Penvironne. Il ne s’enfuit pas de-[à que les globules {oient des bulles aériennes, puiiqu’elles font fpécif- quement plus pefantes que le /érzm. La Chimie nous a fourni différens moyens pour dé- couvrir la nature du famg. Si on expofe le Jang que lonatiré d’unhomme fain àun petit feu, ils’en ÉVapo- re une grande quantité d’eau qui faifoit plus des : de toute la maffe; elle eft prefque infipide, & cepen= dant empreinte d’une huile fétide qui fe fait fentir de plus en plus, à mefure que la diftillation approche plus de fa fin. En expofant le refte À un feu plus fort, 1! fournit des liqueurs alkalines de différentes efpe- ces, dont la premiere eft fétide, âcre, roufle & {or mée d’un fel volatil diffous dans de l’eau, fait environ la douzieme partie de tout le Jang. Il s’éleve avant, & pendant que l'huile s’en déta- che, un fel volatil fec , qui s’attache Fe flocons ra 6 SAN meux aux-parois du ballon: il eft en pétite quantité, &t ne fait pas moins de la cinquanueme partie du {ang. s L’aitre liqueur qui s’éleve plus lentement eft plus pefante, & d’abord jaunâtre, puis noire, enfuite auffi tenace .que-.de la poix, âcre & inflammable ; c’eft l'huile du. /27g humain, elle eft en petite quantité, & en fait environ la cinquantieme partie. . Il refte au fond le charbon du /47g, tout poreux, inflammable, qui détonne lorfqu'on l’enflamme &c fe réduit en cendres. L'on retire de cette cendre, après a leffive, un fel mêlé de fel marin & d’un alkali fixe, & un peu de terre; le fel fixe fait à-peine la quatre- vingtieme partie du f42g, dont prefque la quatrieme eft alkaline. On tire au moyen d’un feu violent , dé cet alkali quelque chofe d'acide, qui tire en partie fur celui de Pefprit du fang, &t quia en même tems quelque rapport avec-les alimens tirés des végétaux, dont le caraétere n’eft pas encore totalement détruits c’eft ce qui fait qu’on le trouve dans les animaux qui “vivent des végétaux, de même que dans Phomme. La terre qui eff la cent cinquantieme partie environ, eft chargée de quelques particules que Paiman atti- te. Le ferum diftillé donne les mêmes principes que tout le Jang; il fournit cependant moins d'huile &c beaucoup plus d’eau. | _ __ Cette analyfe fait voir qu'il y a dans Le /775 des liquides plus pefans & plus tenaces les uns que les autres; qu'il y en a d'aqueux, d'inflammables , 6s “qu'une très-grande partie du /urgtend plus à la pour- titure & à la nature alkaline : car tant.que le /azg n'eft pas altéré, & qu'il eft à-couvert de la pourritu- re & d’une trop.grande chaleur , il ne s’alkahife , ni ie s’aigrit, il eft au contraire doux & peu falé ; il eft cependant Âcre dans certaines maladies , & très-dif- poié à la pourriture. Par exemple, dans le fcorbut dans lequel il ronge les vaïfleaux qui Le renferment; dans l’hydropife où l’eau devient prefque alkaline. On trouve dans celui des infectes une chaux alkali- me, qui fait effervefcence avec les acides, | Les acides violens & l’efprit de vin coagulent le ang. Les acides doux, les fels alkalis, même fixes, & fur-tout les volatils, les acides végétaux & le ni- tre, le diffolvent ; il:ne fait effervefcence avec aucun fel. Le mouvement violent, une trop grande cha- leur‘extérieure, fait tomber le /z7g en pourriture. Si l’on.examine le /xrg nouvellement tiré dans un tuyau de verre, ou dans les veines des animaux vi- vans, à-travers le microfcope, on y diflingue des globules rouges, mols, de figure variable, &c qui conftituent ce qu’on appelle proprement /e cruor,ou la partie du fargrenfermée dans les arteres & les vei- nes fanguines. Ces globules nagent dans un fluide moins denfe, dans lequel on diftingue avec le microfcope, des glo- bules jaunes, plus petits que Les rouges, qui ont été auparavant de cette couleur ; &c qui par la chaleur &c le frottement fe changent en de plus petits fembla- bles, De grands hommes après bien des expériences, ont évalué le diametre d’un globule rouge de /arg, à 573 pouce. | On obferve, après un examen le plus recherché à-travers le microfcope , dans l’eau pâle quirefte & dans laquelle les premiers globules nageoient, des globules auffi tranfparens que l’eau, & quelques pe- tites pointes de fel. | C’eft de ces expériences, comparées lesunes avec les autres, que lon a tiré toutes ces connoïffances que lon a fur le /arg. On fait donc que le /azg eff compotfé de globules qui fe réuniffent en une mafle confufe lorfque la vapeur qui les tenoit en diflolu- tion s’en exhale, & parce qu’alors leur force d’at- tra@ion eftplus srande. La partie rouge du /47g def- féchée & qui s’enflamme, nous fait voir la nature SAN inflammable de ces globules f. on la jette dans Le feux. c’eft ce que prouve auffi le pyrophore qu'on tire du: Jerg humain, & il eft très-vratlemblable que lhuile poifleufe que l’on retire du /47g par un feu violent, vient encore de-là. L À Le jérum jaunâtre qui paroït auf compofé de glo- bules nageant dans l’eau, eft tel que nous Pavons décrit ci-deflus. Il fe trouve dans une efpece de Zqua- men aqueux & plus fin, dont on ne peut diftinguer les particules de Peau des autres principes, mais en plus petite quantité, dont il eft compofé; principes. que le feu fair dégénérer en fels alkahs. Les diftilla- tions de la falive , du mucus, de l’humeur de l’in- fenfible tranfpiration, en fournifient autant de preu- ves. + | bee On ne peut déterminer au jufte la quantité du Jang ; il eft conftant que le poids des humeurs fupafle de beaucoup celui des parties folides ; mais plufieurs deces humeurs ne circulent point ; telles font la graiffe & le fucelutineuxquiunitles différentes parties. Sion en peut juger par les grandes hémorrhagies qui n'ont cependant pas fait perdre la vie , par les expériences faites fur les animaux, defquels on a tiré tout le fa2g, par la capacité des arteres êt des veines, leshumeurs qui circulent peuvent s’évaluer au moins à jolivres, dont la cinquieme partie conftitue ce qu’on appelle le vrai fang ; les arteres en contiennent environ la cinquieme partie, & les veines les quatre autres. La proportion de ces élémens n’eft pas toujours telle que nous l'avons dit jufqw’à préfént : Pexercice, l’âge viril augmente le /z7g renfermé dans les vaif- feaux fanguins , fa rougeur , fa force, fa denfité , la cohéfion de fes parties , la dureté du Jérm coagulé, fon poids & fes principes alkalis ; au contraire, fon eft jeune , oïfif, qu’on ne boive que de Peau, êc | qu’on ne vive que de végétaux , toutes ces caufes di- minuent le volume du /42g des vaifleaux fanguins , rendent les parties aqueufes plusabondantes, & aug: mentent à proportion le Jérum & le mucus qu'il con- tient ; la vieillefle en augmente la partie rouge , & diminue la partie gélatineufe. La partie rouge du /z7g paroït fur-tout propre à produire la chaleur , puifque la chaleut éft toujours proportionnée à cette partie : elle larrête dans les vaifleaux du premier genre, parce que la grofleur de fes globules l'empêche de pañler outre ; 8: comme ils reçoivent du cœur un mouyement commun à toutes les autres parties , elles ont plusde vitefle awelles, à raifon de leur plus grande denfité ; de-là ils impri- ment par cette rafon le mouvement aux liqueurs des genres inférieurs; c’eft là pourquoi la partie rouge du ang étant trop diminuée par de fréquentes fai- gnées , le fang féjourne dans les plus petits vaifleaux ; on devient gros , hidropique , & ainfi le renouvelle- ment de la mafle du fang paroït dépendre de la pré- fence de la quantité convenable de cette partie rou- ge; en effet, les hémorrhagies font dégénérer le Jang , qui de fa nature eft rouge &c épais, en une hu- meur pâle & féreufe. Le férum, principalement celui qui fe coagule, eft fur-tout deftiné à la nutrition des parties , à la diflo- lution des alimens , à arrofer la furface externe & in- terne des cavités du corps humain, à entretenir la foupleffe dans les folides, au mouvement des nerfs, à la vue, 6c. M. Haller, Phyfrol. Les globules rouges du fzng ne different de ceux qu’on trouve dans le chyle ; qu’en ce qu’ils font com- pofés de plufeurs; leur couleur ne dépend que de cet aflemblage, car quand on les fépare , ils repren- nent leur blancheur ; de-là vient que tout ce qui pa- roît rouge dans ün fang qu’on expofe à Pair, fe con« vertitenfin en férofité; car les petits globules quife féparent les uns des autres recouvrentleurblancheur. La même çhofe axxive dans le fang lorfqu’il eft ren fermé dans le corps ; car lorfqu'l a roulé un certain tems dans fes vaifleaux , 1l change de nature; fes glo- bules font fouettés continuellement parles vaiffeaux 3: qui étant aidés de l’aétion de la chaleur qui furvient, divifent les parties du fang , & les réduifent enfn-en une férofité , laquelle {e filtre par les couloirs des vif ceres , ou s’exhale par les pores des poumons & de la peau. | _ La caufe de cette rongeur a fait former bien des fyflèmes ; celle qui a été reçue le plus généralement eft le mélange du nitre de l'air avec le /zng dans les oumons ; quelques expériences chimiques paroif- ps confirmer cette idée. Mais 1°, avec des fels al- kalis on donne de la rougeur au lait : quelle raifon aura-t-on donc d'attribuer la couleur du /zrgau nitre plütôt qu’à des fels alkalis? l’on peut dire avec au- tant de vraiflemblance qu’un {el lixiviel forti de la terre ou mêlé avec les alimens, produit la couleur rouge , quand il vient à s’alkalifer par la chaleur du corps: d'ailleurs ne pourra-t-on pas trouver dans Pair quelque miniere de {el alkali, de même qu'ony trouve du nitre? 2°. on ne fauroit prouver qu'il Y ait du nitre dans l'air; du-moins n’eft-il pas conceva- ble qu'il fe trouve dans ce fluide une fi grande quan- tité de ce fel. Je ne parlerai pas ici de ceux qui ont autrefois at- tribué au foie la rougeur du /z7g ; on fait que Bar- tholin la dépouillé de cette faculté ; mais Je crois qu'on peut lui rendre en partie les fonétions qu’on lui a refufées : il n’eft pas prouvé que le chyle ne pañle pas des veines méfentériques dans le foie; au contraire, nous favons que cela arrive dans les oi- eaux : des expériences mêmes femblent prouver que la même chofe fe trouve dans l’homme. Mais comment eft-ce que les #lobules unis peu- vent prendre la couleur rouge par cette union préci- fément ? On a dit que les couleurs confiftoient dans les modifications de la lumiere ; mais par des expé- riences réitérées, on s’eft convaincu que les couleurs étoient particulieres à certains rayons de lumiere, Les globules dans les gros vaiffeaux teignent en rouge toutes les liqueurs qui s’y trouvent ; ilne faut pas pour cela qu’ils foient en une quantité éxtraordi- paire; on voit qu'il ne fant que peu de vin rouge pour teindre un grand verre d’eau. La petite quantité des globules rouges fait que les extrémités capillaires des arteres ne font pas colo- rées; car comme ces globules ne peuvent pañfer que l'un après l’autre dans les flieres ,11s’enfut que pour un globule rouge il y aura une grande quantité d’eau & de limphe , & par là la couleur rouge doit fe trou- ver abforbée ; de plus, ces petits globules fe trou- vant comprimés , leur figure doit changer , ainfi la couleur doit fouffrir quelque changement ; auffi at-on remarqué que les globules en pañant par les extré- mités artérielles, s’applatifflent & prennent une cou- leur jaunâtre ; on apperçoit de petits globules blancs € diaphanes, qui ne font autre chofe que les parties huileufes de la limphe, qui n’ont encore ni affez de mouvement, m1 aflez de preflion pour changer de couleur. La rougeur du /77g eft-elle abfolument néceffaire à On trouve des infeétes qui n'ont dans leurs vaifleaux qu'une liqueur blanchâtre & diaphane ; avec ce flui- deils vivent, 1ls font tous les mouvemens dont leurs petits mufcles font capables. … Le /arg n’a pas la même couleur dans tous fes vaif- feaux : fi Pon ouvre un chien d’abord après qu'il a mangé, On Metra qu'il fe trouve dans les arteres pul- monaires une matiere blanchâtre mêlée avec le /ang; mais dans les veines le Jzzg eftplus rouge; cela s’en- fuit évidemment de ce que nousavons dit, La rougeur du fzng dépend de la cohéfion des globules du chyle; ces globules, par la preffion qu’ils ont foufferte, ont Tome XIF. : + 2 SAN 613 Eté unis dans Les artetes capillaires : 1 ef donc né- ceflaire que le feng {oit plus rouge dans la veine pul- monaire que dans l’artere. Il y a encore une autre différence de couleur dans le Jang qui fe trouve en divers vaifleaux ; le Jang av teriel-eft fort rouge , mais le fans veineux eft noi. râtre ; cela s'enfuit de même de ce que nous avons établi. La rougeur du fang dépend du mouvement qui {e trouvant moins fort dans les veines » doit auf pro- duire moins d'effet; maisil Ya une raifon qui prouve mieux que cette différence doit arriver : eff que le fang artériel eft rempli de lymphe,au lieu que le fang veineux en eft privé ; par conféquent les globules rouges fe trouvent en plus grande quantité à propor- tion dans les veines, & le Jang doit y paroître d’une rougeur plus foncée & approchante du noir, Quand on tire du /z7g des veines ê& des arteres du même animal, on y remarque une différence : le Jang des arteres a à-peu-près la même couleur dans {à fur face &c dans le fond ; mais le Jang veineux eft fort noirätre au fond ; je fuppofe au refte que l’on mette ce Jang dans un vaïfleau un peu profond: la diffé rence de couleur ne vient que de ce que le furg arté- riel eft beaucoup plus raréfié & plus mêlé que le fang veineux ; lé mouvement qui {e trouve dans les ar- teres & qui manque dans les veines , doit néceffai- rement produire cet effet, Outre la partie rouge dont nous venons de pars ler, y a-t-1l dans le fang des parties fibreufes? Il s’eft trouvé des anatomiftes qui avec raifon, ont nié l’exi- ftence deces parties ; mais il s’eft trouvé des phyfi- ciens qui leur ont fait divers réponfes pour prouver qu'il y avoit dans le /arg de ces fortes dé parties. Woyez M. Senac , ef]. de Phyfa. Toutes ces matières qui compofent le fans font agitées de deux mouvemens ; l’un eft le mouvement de circulation dont nous avons parlé, & l’autre le mouvement inteftin , c’eft-à-dire le mouvement des parties fanguines en tout fens. Voyez CIRCULATION. Le mouvement inteftin n’eft point prouvé comme le mouvement circulaire , au contraire il fouffre beaucoup de difficulté; on ne nie pas que les parties qui compofent le fang n’aient des mouvemens difé- rens dans leurs vaifleaux ; leurs diverfes réflexions 3 lélafticité de Pair, l’action des vaifleaux; tout cela doit imprimer divers mouvemens aux diverfes par- ties qui compofent le fans ; mais ce qu'on nie, c’eft que le mouvement inteftin foit eflentiel à {à fluidité, c'eft-à-dire que le /azg ne foit fluide que parce que {es parties font diverfement agitées:une matiere peut être très-fluide quoique toutes fes parties foient dans un repos parfait ; il fuffit feulement que ces parties puiffent céder à la moindre impulfon ; or cela arri- vera nécefflairement dès qu’elles ne feront pas unies. Je crois qu’il n’y a perfonne qui puifle foutenir que la défunion ou la non-adhérence des parties de la ma- tiere , ne puifle exifter fans mouvement ; ce {enti- ment ne fouffre pas tant de difficulté que l’autre, om s’épargne par-là la peine de chercher une caufe de cet- te agitation, qu'onacrutrouver dans la matiere fub- tile, mais que rien ne fauroit prouver; on ne peut concevoir dans ce fluide un mouvement continuel qui porte ces parties de tous côtés, la raifon en eft évidente ; car fi l'on veut établir .un mouvement en tous fens , 1l faut qu’on dife qu'il n’y a pas d’endroits vers lequel quelque partie de ce fluide ne fe meuve ; or fi cela eff, il n’y aura point de partie en mouve- ment qui n’en trouve quelqu'une qui aura autant de force qu’elle dans fon chemin; elle ne pourra donc pas fe mouvoir , nipar conféquent aucune des autres, Enfin nous nions qu’il y ait dans le fzrg un principe qui par lui-même donne la fluidité, laquelle ne dé- pend abfolument que du mouvement des vaiffeaux ; car les grumeaux qu’on voit dans les vaifleaux de la HHhhi ve e. | 614 SAN grenouilé qui a été expofée à un froid vif, ne peu- vent pas fe diffoudre par la chaleur qu'on leur com- muuique enapprochant la grenouille du feu ; mais dès que le mouvement du cœur augmente , les grumeaux Le divifent dans un inftant, Les mouvemens de circu- lation & de fluidité ne font pas les feuils qu’on a attri- bués au fang ; on lui a encore voulu donner un mou- vement de fermentation: le farp, dit-on , a des prin- cipes acides & alkalis qui, heurtant continuellement les uns contre lesautres , doivent néceffairement pro- duire lé mouvement que l’on nomme fémentation , comme cela arrive aux liqueurs qui ont ces princi- pes ; mais comme ces principes font mêlés de païties fulphureufes qui les féparent, il s'enfuit que la fer- mentation ne doit fe faire que peu-à-peu; au premier inftant quelques parties fulphureufes fortiront de len- tre-deux de quelques acides & de quelques alkals ; au fecond änftant la même chofe arrivera à d’autres parties ; ain la fermentation fe fera fuccefivement : on apporte encore plufeurs autres raifons pour prou- ver qu'il y a dans Le farg un tel mouvément fermen- tatif. 1°, Dit-on, lechylefe change en /2rg ;.or dans le fang les parties font changées, & la proportion des pr'incipesqui le compofent n’eft pas la même que dans les parties du chyle ; tout cela, felon plufieurs, ne peut fe faire fans fermentation, 2°. Le /azg fe change en diverfes humeurs, & dans ce changement il y a un changement de fubftance quine peut fe faire fans fermentauon. 3°. Dans le foin.êc lavoine, on ne trouve pas de felurineux; cependant les animaux qui fe nourriflent de ces matieres donnent beaucoup de ce {el par l’analyfe; or ce fel ne fauroit fe former fans la fermentation non-plus que le fel falé; toutes ces raï- fons font foutenues de l’analyfe de toutes lesliaqueurs du corps humain , que l’on peut voir à leurs arzicles particulièrs, SALIVE , SUC PANCRÉATIQUE , SEMEN- CE , URINE, Gc. Quelque chofe que l’on dife , on ne fauroit établir de fermentation dansle fang ; les matieres qui le com- pofent font fort huileufes : or on fait par la Chimie que l’huile empêche les fermentations ; les acides du vinaigre qui ont difiout Le plomb , & qui font mêlés avec beaucoup d'huile, comme lanalyfe nous l’ap- prend, ne bouillonnent point avec les alkalis : il a plufeurs autres exemples que je ne rapporterai pas. 2°. Jamais il ny a eu de fermentation fans repos ; or comment trouver ce repos dans le /27g qui eft porté partout le corps avec une grande rapidité. 3°. Mais, objeétera-t-on, comment fe peut former du fel falé du Jang , sil ny a pas de fermentation ? À cela je réponds que les acides du vinaigre qui a diflour le plomb , formeront le fel falé avec des alka- lis ; cependant on n’y remarque pas de fermentation : d’ailleurs la preffion du cœur & des varfleaux , & la chaleur du /4rg, feront entrer les acides dans les al- Kalis, & cela fufära pour former un fel falé, 6e. Toutes ces raifons érant fuppofées, on peut prou- ver qu'il n’eft pas befoin de fermentation pour for- mer & entretenir la chaleur dans le corps humain. 1°. Les parties folides du corps humain font très- proptes à s’échauffer par les frottemens : on lexpé- rimente à chaque moment par l’aëtion des mains ou de quelque autre partie. 2°. Dès que le cœur vien- dra à apir par fes mouvemens alternatifs, il pouffera les parois artérielles , qui par leurs vibrations fré- quentes s’échaufferont peu-à-peu. 3°, Les vibrations des arteres ayant fort échauffé les autres parties foli- des , il arrivera que cette chaleur fe communiquera aux fluides , ainf les folides feront la feule caufe de la chaleur dans Le corps humain. 4°. Les parties flui- des qui {ont dans les vaifleaux , font très-propres à s’échauffer , puifqu’elles font fort huileufes ; ainf elles pourront s’échauffer beaucoup. 5°. Par ce que nous venons de dire , on fe débarrafle facilement de SAN 1 la difficulté qu’on fait d'ordinaire contre ce fentimenti favoir comment il fe peut faire que les fluides s’é- chauffent beaucoup dans notre corps fans fetmenta- tion, püifque l’eau qu’on bat ne s’échauffe jamais. On en trouveaifément la raifon dans ce que nous ve- nons de dire; s’iln°y avoit que de l’eau dans le corps, la chaleur feroit fuffoquée , mais il y à d’autres ma- tieres: d’ailleurs fi les parois des vaiffleaux étoient bien fortes , & que l'eau n’empêchât pas Pefhrit ani- mal de couler dans les nerfs, la chaleur pourroit fe faire fentir. On n’a qu’à imbiber d'eau des pieces dé bois qui s’échauffent facilement , on verra que fi on les frotte long-tems Pune contre l’autre, elles s’'é- chaufferont : or cela ne peut fe faire qu'il ne fur- vienne quelque chaleur dans l’eau contenue dans les pores ; de plus, sil y avoit un principe d’élafticité dans l’eau comme dans le fang, la chaleur furvien- droit de même par les mouvemens de ce fluide, com- me par le mouvement du fang. 6°. Il y a une expé- tience qui prouve que la éaufe primitive de la circu- lation & de la chaleur , eft l’aion des vaifileaux. Qu'on prenne une grenouille, qu’on l’ouvre &c qu’on l'expofe au froid , on verra que le /z2g qui eft dans le méfentere fe coagelera êc fe réduira en grumeaux. Si l’on préfente ces vaifleaux au feu, les grumeaux fübfftent toujours, l’aétion des parties ignées ne les réfout point ; mais dès qu’on préfente le cœur de la grenouille au feu, & qu'il commence à battre, dès lors tous les srumeaux difparoïiflent, & la circulation fe revivifie ; comme nous avons déja dit, De-là il s’enfuit évidemment que ce n’eft pas la chaleur qui donne la fluidité au fang,, que ce n’eft que l’a@ion des parties folides qui le divifent ; que fa chaleut eft un effet du mouvement des vaifleaux, & qu’elle n’eft pas même abfolumenr néceflaire , puifqu’elle neft qu’une fuite du reflort des fibres. S'il arni- voit que ces fibres puflent avoir affez de force pour divifer le fang, mais qu’elles n’en euflent pas aflez pour s’échauffer , Le /229 ne féroit nullement chaud, quoiqu'il füt fluide, 7°. On peut voir par tout cela que le fang qui fera trop agité par Les parties folides, s’échauffera davantage, tendra à s’alkalifier, devien- dra plus âcre. 8°.On peut expliquer pourquoi la cha- leur devient plus forte quand la circulation trouve quelque obftacle : les arteres fe trouvant plus dila: tées, agiflent avec plus de force ; aïnfi la chaleur doit fe faire fentir plusfortement. Voyez M. Senac, efais phyl: On peut concilier tout ce que nous venons de dire du fang , avec les différentes efpeces de tempéramens que les anciens ont établies. Si le /z2g abonde en olobules rouges ou du premier genre , cet état fera celui que les anciens appelloïent empérament fanguin: & on rendra raïon par-là des fymptomes particuliers à ce tempérament. Si les globules rouges font en pe- tite quantité dans le f2rg, 8 que celui-ci foit fluide & {creux , ce fera ce qu'ils appelloïient rempérament phleomatique S'il arrive, par quelque caufe que ce foir, que le fang fe trouve furchargé de parties groffieres, épaïles , & difficiles à mettre en mouvement , par- ties que les anciens ont regardées comme les princi= paux ingrédiens de l’atrabile , ce fera pour lors cette confhtution qu'ils ont appellée mélancolique , Lempe- ramentum melancolicum. Nos alimens en général {ont d’une matiere acide , ou participent de cette qualité; mais par les altérations qu’ils ont à fouffrir dans notre corps , ils pañlent bientôt dans un état neutre : la ftruêture du corps des animaux efttelle, que la cir- culation par fa force en atténuant de plis en plus les parties du fang, corrige leur acidité , & les animalife pour ainfi dire ; elle les rend volatils & en état de pañler par la voie de la tranfpiration : c’eft cete même force qui les difpofe enfin à devenir a/kalins; firien ne s’oppofe à cette transformation , l’haleine devient S AN forte 87 le fang fe corrompt.. On voit que la bite avant que de fe féparer du refte de la mañle du Jang, a fubi une longue circulation: c’eft une des liqueurs animales les plus parfaites, & qui s’éloignent le plus de la nature des acides ; elle eff abondante & bien conditionnée dans ceux en qui les liqueurs circulent avec force , & en quitoutes les fon@ions s’exécutent bien. C'eft cette conftitution portée à un degré trop fort , qui mérite à jufte titre d’être appellée avec les anciens , fempérament cholérique | Où chatid & bilieux ; la confüitution direétement contraire à celle-là, dans laquelle la circulation fe fait d’une maniere foible & irréguliere , & où le mouvement n’eit point aflez fort pour changer la qualité de nos alimens, paroit convenir avec la cachexie des anciens, que l’on peut en quelque façon regarder comme une forte de tem- pérament, & comine une difpofition différente de l'état naturel & régulier. Elle n’eft pas, à proprement parler, une maladie particuliere , telle que le feroit une difpofition du corps propre à donner lieu à un grand nombre d’incommodités ; cette conftitution fe trouve communément confondue avec le tempéra- ment de pee , de même le tempérament fan- gun & bihieux fe trouvent fouvent réunis dans un même fujet, On trouve encore dans le corps humain d’autres difpofitions pénérales & différentes de l’état moyen;& ces différentes difpofñtions peuvent être dé- fignées par les noms du tempérament/s/phureux. falin, chaud , froid, &c. felon la maniere dont on confdere les diverfes parties qui entrent dans la compofition du fang , leur.combinaifon , & les différentes opéra- tions du corps. Voyez CŒUR. Quant à la dépuration du ang , 8 à la maniere dont les différentes liqueurs font féparées , voyez SE- CRÉTION. y Pour ce qui eft de la transfufion du fung d’un ani- mal dans les veines d’un autre , voyez TRANSFU- SION. Nous avons dans les Tranfaéfions philofophiques plufieurs exemples extraordinaires d’hémorrhagies volontaires ; 1l eft fait mention fur-tout d’un enfant qui rendit Le /azg par le nez, les oreilles & le der- riere de la tête pendant trois jours. Depuis ce tems jufqu'au fixieme , il rendit le fzrp par Les fueurs de la tête : au fixieme jour 1l le rendit par la tête, les épau- les &c le milieu du corps pendant trois jours. Il con- tinua à faigner des orteils, des jointures des bras, & des doigts de chaque main, & de l'extrémité des doigts, ce qui dura jufqu'à fa mort. Dans l'ouverture que lonenfit, on trouva dans les endroits d’où le Jang fortoit de petits trous femblables à une piquûre d’aiouille. Foyez HÉMORRHAGIE. Pour la maniere d’étancher le fang , voyez Sryp- TIQUE. Pierre de fang, voyez SANGUINE & HÉMATITES, Mains fanglantes (avoir les ) c’eft une des quatre fortes de délits que l’on peut commettre fur les pays de chaffe du roi d'Angleterre. Si on trouve un homme ayant les mams ou une autre partie fanglante , il eft condamné comme ayant tué une bête fauve , auand même on ne l’auroit point trouvé chaflant, Yoyez FORÊT. Pluie de fang, voyez PLUIE. Flux de fang, voyez FLUX 6 DYSSENTERIE. Urine de fang, c’eft une maladie dans laquelle lu rine fort mêlée avec du farg , en quantité plus ou moins grande. Voyez URINE. Le fang qui fort ainfi vient des reins, quelquefois auf de la veffie ou des ureteres. Cette maladie eft caufée quelquefois par une émotion violente, oupar une chüte en arriere qui caufe la rupture de quel- ques-uns des vaifleaux urinaires : quelquefois auf elle fe trouve à la fuite des fuppreffions fubites des bémorrhoides ou des regles. La pierre fur-tout dans SAN Gr À » : ï Fe ns les reiñis, occafionne aufñ de fréquens paroxifmes de cette maladie; & les cantharides priles intérieure ment, Où même appliquées extéieurement fans acii des, produifent le même effet, L’urine de. angeit un trés-mauvais fymptome dans la petite vérole & les fevres malignes, quoique dans quelques occafñons elle ait paru fervir de crife ; & êtré un indice de la fin de la maladie. SANG DE BOUC, (Pharmacie) Ja préparation cont fifte à Le faire fécher pour le garder & le réduire en poudre quand on voudra, On fera nourrir à la maïfon un chevreau avec la punprenelle , le perfil , lamauve , la faxifrage ; On lut ouvrira les arteres ; & ôn ramaflera le fang qui er découlera;. on le laïiffera rafleoir ; on.en féparera la férofité , & enfuite on le fera fécher au foleit , Où à une chaleur douce de feu. Ses vertus font d'être fudorifiqte, alexipharma- que ; on Pordonne dans la pleuréfie, À la dofe d'un crupule. Foyez Bouc. C’eft ainfi que l’on prépare le fang humain. SANG ; ( Critig. fzcrée. ) ce mot, dans l’Ecriture à marque la vie ; de-là ces expreflons figurées, reindré Jon pi, fes habiis de fang , pour dire faire un grand arnage de fes ennemis ; porter fur quelqu'an le fang d'ur autre, C'eit charger quelqu'un du meurtre d’un autre. Sang fe prend aufh pour parenté, alliance. Je vous livrerai à ceux de votre fz2g qui vous pourfui- vront, tech. æxxv. 6 Ce mot défiane encore la na- ture corrompue par le péché, Mari, sy, 17. U figni- fie quelquefois Le jus du raifir. Judas lavera fon man- teau dans le vin , ir fanguine uve , Genefe.ixix. pr. C'eft une expreflion figurée pour peindre la fertilité des vignobles de la tribu de Juda. Ma/heur à celui qui batir une ville dans le [ang ; Habac. if. 12. c’eft-à-dire par l'oppreffion des malheureux. © Dieu , délivrez= mo des fangs, dit David, pf. L 16, c’eft-à-dire des peines que je mérite par le /ang que j’ai répandu. Ce devroit être la priere de tous les rois qui ont aimé la guerre. ( D, J.) SANG , pureté de, (Hifi. d'Efpag.) en Efpagne on fait preuve de pureté de fang, comme on fait preuve en France de noblefle pour être chevalier de Malte où du Sant-Efprit, &c. Tous les officiers de Hfquie fition , ceux du confeil fuprème & des: autrd tribu naux doivent prouver leur pureré de fang | c’eft-à- dire qu'il n’y a jamais eu dans leur famille ni juifs, ni maures, nhérétiques. Les chevaliers des ordres m;- litaires » &t quelques chanoines font pareïllement Gbligés de joindre cette preuve aux autres, qu’on exige d'eux. Onles difpenfe de la prreré de Jang au propre, la fisurative en tienr lieu. (D. J. SANG de Jefus-Chrift , ordre du, (Ordre mir.) nom donné à un ordre militaire inftitué à Mantoue en 1608, par Vincent de Gonzagues , Guatrieme du nom , duc de Mantoue. On peut lire, fur cetordre ; Donnemundi , dans fon hiftoire de Mantoue , le Mi- re, Faryn, Juftinian & le pere Helyot.' Je dirai feulement que l'habit dés chevaliers de cet ordre AL commencer par leur collier jufqu’à leurs bas de foie cramoïifi , eftaflez bifarrement ima giné ; mais e’eft À peu-prés la même chofe de prefaue tous les autres ordres militaires de l’Europe. (D. J. SANG , confeil de, (Hiff: mod.) eft un tribunal qui fut établi en 1567, dans les Pays-Bas , par le duc d'Albe, pour la condamnation Où jufhification de ceux qui étotent foupçonnés de s’oppofer aux volon: tés du roid’Efpagne Philippe II. Ce confeil étoit com. pofé de douze perfonnes. SANG - DRAGON , {: in. ( Æif: des drog. exor. ) forte de réfine connue de Diofcoride , fous le nom de wvaBapie , & des Arabes, fous celui de z/chnèm à on Peppelle fzrguis draconis dans les boutiques. C’eft une fubftance réfineufe, feche , friable ;inflammable, 616 S AN qui fe fond aifementau feu, d’un rouge foncé, de cou- leur de ang lorfqu'’elle eft pilée, tranfparente quand elle eft étendue en lames minces , fans goût &c fans odeur, fi ce n’eft lorfqu’on l’a brülée; car alors elle répand une odeur qui approche beaucoup de celle du ftorax liquide. | On trouve dans les boutiques de droguiftes deux fortes de fang - dragon ; le dur eft formé en gru- meaux, ou.en petites mafles de la longueur d’un pouce & de la largeur d’un demi-pouce , enveloppé dans des feuilles longues , étroites prefque comme celles du jonc ou de palmier: c’eft ce que l’on appelle chez les apothicaires larmes, où gouttes de fang- dragon. | ÿ ena aufi en mafles, ou en pains qui eft moins pur , & mêlé d’écorces , de bois, de terre ou d’autres corps hétérogenes. L'autre /arg- dragon , ue l’on rencontre quelquefois dans les boutiques, eft fhude, mou, tenace, réfineux , inflammable ; 1l approche de l'odeur de celui qui ef folide ; il eft cependant moins agréable : 1l feche avec le tems, & devient femblable à celui qui eft folide. On trouve auff très-fouvent cüez les drogruftes un faux fang-dragon , qu'il eft très - facile de diffinguer du véritable. Ce font des mafles gommeules , ron- des, applaties , d’une couleur rouge-brune & fale, compofée de différentes efpeces de gommes, aux- quelles on donne la teinture avec du vrai /ang-dra- gon, ou avec le bois du Bréfil. Ces maffes ne s’en- flarmment point, mais elles font des bulles , elles pé- tillent , elles s’amolliflent &c fe diflolvent dans l’eau awelles rendent mucilagineufe comme les gommes. On doit les rejetter entierement. On eftime le /#7g- dragon que l’on apporte en gouttes pures, brillantes, d’un rouge-brun , inflammables, enveloppées dans des feuilles, & qui étant pulvérifées, font paroitre une couleur d’écarlate brillante. Les anciens Grecs connoïfloient ce fuc réfineux, fous le nom de cirrabre, dénomination qui depuis a été tranfpottée par abus à notre cinnabre minéral, que les Grecs appelloient minium ; c’eft par le même abus que l’on a donné peu-à-peu Le nom de rinium à la chaux rouge du plomb. Dans le tems de Diofcoride, quelques-uns pen- foient que le fuc, dont nous parlons, étoit le /2g def- féché de quelque dragon. Diofcoride , à la vérité, rejette cette idée ; mais 1l ne dit pas ce que c’eft que Je fuc : cependant 1l y a long tems que ceux qui ont écrit fur la matiere médicale , conviennent que ce fuc découle d'un arbre. | Monard aflure que cet arbre s'appelle dragon, à caufe de la figure d’un dragon que la nature a impri- mé fur fon fruit ; mais ne peut-on pas dire que c’eft à caufe du nom de l’arbre que l’on acherché & imaginé cette figure de dragon dans fon fruit ? Quoi qu'il en foit , les Botaniftes font mention de quatre efpeces de plantes qui portent le nom de farg-dragon des boutiques. Décrivons-les , M. Geoffroy nous di- rigera. La premiere efpece s'appelle draco arbor, Cluf. Hif?. I. C.B.P.$0$. palma prunifera , foliis yucce , è quà fanguis draconis. Commuel. hort. Amflel. C’eft un grand arbre qui reflemble de loin au pin par légalité & la verdure de fes branches. Son tronc eft gros, haut de huit ou neufcoudées, partagé en différens rameaux, nuds vers le bas, & chargés à leur extré- muté d'un grand nombre de feuilles , longues d’une coudée , larges d’abord d’un pouce, diminuant in- fenfiblement de largeur , & fe terminant en pointe ; elles font partagées dans leur milieu par une côte faillante , comme les feuilles d’iris. Ses fruits font fphériques , de quatre lignes de diametre , jaunâtres &c un peu acides ; 1ls contiennent un noyau fembla- ble à celui du petit palmier. Son tronc , qui eft ra- boteux, fe fend enplufeurs endroits, & répand dans S AN le terms de la canicule , une liqueur qui fe condenfe en une larme rouge , molle d’abord , enfuite feche &c friable ; & c’eft-là le vrai /arg-dragon des bouti- ques. Cet arbre croît dans les îles Canaries, fur- tout près de Madere. : La feconde efpece de fzng-dragon eft appellée pat- ma amboinenfis languinem draconis fundens altera , foliis & caudice, undique fpinis longis , acutiffimis , nigris ; armata , Sherad. Arundo fareta Indiæ orienta- lis , fançuinem draconis mamans, Hit. Uxon. Palme pinus , five conifera, J. B. 1. 308. Arundo rorang. Bont. Palma comfera fpino[a, Kæmpfer. Amen. exot. 352. Cet arbre eft haut de trois toifes , hériffé de toutes parts d’épines, d’un brun foncé, droites , ap- platies , longues prefque d’un pouce. Son tronc s’éleve jufqu’à la hauteur de troisaunes; il eff de la groffeur de la jambe, fimple, droit, jau- nâtre, garni d'épines horifontales ; 1l eft noueux de lieu en lieu, & fesnœuds font entourés de branches feuillées ; elles forment un tuyau par leur bafe , de maniere que la branche feuillée inférieure embraffe toujours celle qui eft au-deffus , ce qui fait que fes nœuds ne parotffent pas, à-moins qu’on n’en Ôte les enveloppes, Ces bafes de branches fewillées, ou ces efpeces de tuyau, forment la plus grande partie de la furface extérieure du tronc ; car lorfqu’elles ont été enle- vées ,on voit la partie médullaire du tronc dont la furface eft luifante , de couleur brune, d’une fubf- tance blanche , mollafle, fbrée, charnue & bonne à manger. Ses branches feuillées font clait-femées fur le tronc , & rapprochées vers le fommet. Elles font garnies de feuilles rangées par paires de chaque côté, & nues à leur partie inférieure. La côte de fes branches feillées eft lifle , verte en-def- fus, pâle &jaunâtre en-deffous , creufée en gouttiere de chaque côté d’où partent les feuilles ; elle eft hé- riffée d’épines courtes , rares, recourbées, jointes deux-à-deux comme des cornes. Les feuilles que les Botaniftes appellent ordinaire- ment des ailes, font comme celles du rofeau, vertes, longues d’une coudée, larges de fix lignes, pointues, menues , pendantes , ayant quelques épines en-def- fous , & trois nervures qui s'étendent dans toute la longueur. Les fruits naïffent d’une façon finguliere , ramañlés en grappes , fur une tige qui vient de l’aïffelle des branches fewullées. Ces grappes font renfermées dans une gaine , compofée de deux feuillets oppotés , minces, cannelés , bruns, qui forment une longue pointe aigue. La grappe a neuf pouces de longueur, & eft com- pofée de quatre, cinq ou fix petites grappes qui ac- compagnent la tige, Ces grappes fe divifent en pédi- cules courts, gros, courbés & pofés près l’un de Pau- tre ; ils portent chacunun fruit dont la bafe eft for- mée de fix petits feuillets minces, membraneufe, de couleur brune , quifervoient de calice à la fleur. Le fruit eftarrondi,ovoide , plus gros qu’une ave- line , couvert d’écailles luifantes , rangées de façon qu'il repréfente un cône de fapin renverfé , car les pointes des écailles fupérieures couvrent lesinterval- les qui fe trouvent entre les inférieures , d’où il ré- fulte un arrangement régulier en échiquier. Le fom- met de ce fruit eft chargé de trois fliles, grêles, fecs & recourbés en-dehors. | Les petites écailles font menues , un peu dures, collées fortement enfemble , de couleur pourpre , à bords bruns , terminées en angles droits par leurs pointes : fous ces écailles on trouve une membrane blanchâtre qui enveloppe un globule charnu, d’un verd pâle avant fa maturité, pulpeux , plein defuc, d’un goût légumineux & fort aftrinsent , qui fe ré- ‘pand promptement de la langue à toute la bouche. imais qui difparoït aufi-tôt. : LU Les Orientaux , les Malayes & les peuples de l’île de Java, tirent le fuc réfineux du fruit de cet arbre de la manierefuivante, felon le rapport de Kæmpfer. On place les fruits fur uñe claie pofée {ur un grand vaiffleau de terre, lequel eft rempli d’eau jufqu’à moi- tié; on met fur fe feu cé vaifleau légerement couvert, afin que la vapeur de l’eau bouillante amollifle le fruit , &c le rende flafque ; par ce moyen la matiere fanguine qui ne paroïfloit pas dans ce fruit coupé, en fort par cette vapeur chaude, & fe répand fur la fu- perficie des fruits. On l’enleve avec de petits bâtons, ‘& on la renferme dans des follicules faites de feuil- es de rofeau pliées, qu’on lie enfuiteavecunfil, & que l’on expole à l'air , jufqu'à ce qu’elle {oit def. féchée. L +" r D’autres obtiennent ce fuc réfineux par la fimple décoétion du fruit ; ils le cuifent jufqu’à ce que l’eau en ait tire tout lefuc rouge ; ils jettentenfuitele fruit, & ils font évaporer cette eau jufqu’à ce qu'il ne refte plus qu’un fuc épais qu'ils renferment dans des fol- licules. La troifieme efpece de /27g-dragon eff nommée, dans Hermandiez, 50. ezqua-hailt, feu fanguinis ar- bor; c'eft un arbre quia les feuilles de bouillon blanc, grandes & anguleufes; 1l en découle par incifion une liqueur rouge, dite /ang-dragon. LA 2 La quatrieme efpece s'appelle draco arbor, indica, fitiquofa,populi folio,angfana Javanenfibus, comme le Hort, Amfi.rarior,213 .C’eft un grand arbre qui croit dans Java, & même dans la ville de Batavia;fon bois eft dur, & fon écorce rougeâtre. Ses feuilles font placées fans ordre, portées par des queues longues & grèles ; elles font femblables aux feuilles du peuplier, mais plus petites , longues de deux pouces, larges à peine d’un pouce & demi, pointues, molles, liffes, hufantes, d’un verd-gai qui tire fur le jaune ; d’un . goût infipide. Ses fleurs font petites, jaunâtres, odo- rantes, un peu ameres ; fes fruits portés par de longs pédicules, font d’une couleur cendrée, durs , ronds, applatis, cependant convexes des deux côtés dans leur milieu ; membraneux à leur bord, garnis de pe- tites côtes faillantes. Chaque fruit contient deux ou trois graines oblongues , recourbées , rougeûttes , lifes, luifantes , reflemblantesun peu de figure à des petits haricots. Quand on fait une incifion au tronc, ou aux branches de cet arbre, il en découle une li- queur quife condenfe aufh-tôt en des larmes rouges, que lon nous apporte en globules enveloppées dans du jonc. Il feroit bien difficile de dire en quoi confifte la différence des fucs que lon tire de ces différentes plantes , fi toutefois il y a quelque différence ; car on ne diflingue point la varièté de ces fucs dans les réfi- nes feches qu’on nous envoie ; ce qu’il y a de sûr, c’eft que le vrai fzng-dragon ne fe diflout point dans l’eau, mais dans l’efprit-de-vin & dans les fubftances huileufes. La fumée qu’il répand , lorfqu’on le brûle, eft un peu acide , comme celle du benjoin; c’eftune réfine compofée de beaucoup d'huile grofñere , & d’un fel acide mêlés enfemble ; elle contient peu de partiesvolatiles huileufes, comme on peut le conclure de ce qu’elle n’a ni goût, ni odeur. On donne au Jang-dragon une vertu incraffante & defficative , & on lemploie intérieurement , à la dofe d’une drach- . me, pour la diflenterie, les hémorrhagies, les flux de ventre & les ulceres internes. On s’en fert exté- rieurement pouf, deffécher les ulceres, agglutiner les levres des plaies , & fortifier Les gencives. Les Pein- tres lefontentrer dans levernisrouge , dont ils colo- rent les boîtes & coffres de la Chine. (2. J.) SANGAMI où SOOSIN , ( Géng. mod.) une des proyinçes de la grande contrée di fud-eft de empire = | S A N° 61 du Japoñ. Elle à trois journées de lons; ‘c’eft un pays plat & ftériie, qui ne fournit prefque d’autrè lubfiflance que des tortues , du poifon & des écre: vifles de mer ; maïs on tire une grände quantité de A ” forêts, ce pays eft divilé en huit diftrids, SANGAR, {. m. ( Myzhol.) flenve de Phrygiey pere de la belle Sangaride, qui fit oublier au jeune Attis les engagemens qu'il avoit avec Cybele, & fut caute de la mort de fon‘amant. Paufanias fait Sanoa- ride mere d’Attis, au lieu de fon amanre: & rap pôr- te un conte que l’on débitoit à Peffinunte fur Sanga= ride. Cette nymphe ayant và le premier amandier que la terre eût produit, y cueïllit des amandes, & les mit dans fon fein, Aufli-tôt les amandes dif! paru rent, & Sangaride fe fentit grofle ; elle acconcha d’un fils que l’on expofa dans les bois, & qui fut nourri par une chevre, 1leut nom Axis. (D. J.) 4 SANGAR, (Géog. anc, G mod.) Sangari, Sacari où Zacari, ou Zagart , riviere de la Turquie, en Afie, dans la partie feptentrionale de la Natolié. Elle vient de la province de Germian, & paflant dans celle de Begfaneil, elle $ y rend dans la mer noire. Le nom latin eft Sangartus , {elon Ptôlomée, 4v. W ch. 1. & Arrien, I. de Alex. Helychius dit S'agarius, & l’at- % ù \ L. Ù tribue à la Lydie & à la Phrygie. Elle eft nommée S'agaris , Sayapis, dans une médaïle de Julia- Pia - Au: guita. Stuckius remarque, que le fcholiafte d’Apol- lonius l’appelle Sarga, Sayya, & SolinS ang aris, Plutarque le géographedit, Sagaris, fleuvede Phry- gie ; 1lajoute qu'il étoit auparavant nommé Xeraba= tes, par la raïon que dans les grandes chaleurs de l'été , il eft la plüpart du tems à fec ; ôn l’appella Su garis, dit cet auteur, parce que Sagaris, fils de Myn: don & d’Alexirhoé, ayant méprifé les myfteres de Cybele , injuria les prêtres de cette déefle : Cybele pour le punir lui envoya une manie, dans les accès de laquelle 1l fe jetta dans le fleuve de Xerabate, qui changea alors de nom, pour prendre celui de éet hom: me. M. de Tournefort, Zesrre XVII. 10m. IT. pag. 84: nomme cette riviere Ava où Ayala. Il eft furprenant, dit-il , que les Turcs ayent reçu l’ancien nom de là riviere d'Avaä, Carils appellent Sagari ou Sacari, & ce nom vient fans doute de Sanguris, fleuve aflez cé: lebre dans les anciens auteurs , lequel fervoit de li= mites à la Bithynie. Strabon aflure qu’on l’avoit ren: du navigable, & que fes foutces {ortoient d’un villa- ge appellé Sangias ; auprès de Peffinunte , ville de Phrygie, connue par le temple de la mere des dieux; Lucuilus étoit campé fur les bords, lorfqu'il apprit la perte de la bataille de Chalcédoine. (2.7.) SANGENON ; f. m. (Aif. nat. Minéralog.) nom que les Indiens donnent à une efpece d’opale qui pa- roit d’une couleur olivâtre, quand on l’a confideréé à Pofdinaire, mais quiparoït rouge comme un rubis, êt tranfparente lorfqu’on regardé le jour au-travers. SANG-GRIS , f. m. terme de relarion : c’eft ainf que les François nomment en Amérique, une boïfon que les Anglois ont inventée, & qui eft fort à la mode: aux îles Antilles françoifes. Cette boiffon fe fait avec du vin de Madere, du fucre ; du jus de citron , un peu de cannelle, de mufcade , & une croûte de pain rôtie; On pañle cette liqueur pat un linge fin, & elle eft une des plus agréables à boire. (D. 7.) SANGHIRA , {. m. (if. rar. Botan.) plante de l'île de Madagafcar, qui eft,dit-on,une efpece d’indi: go. Les habitans la regardent comme un fsécifiqué & un préfervatif contre les maladies contagieufes. SANGELANT ; adj: (Grem.) qui rend du fang , qui en efttaché. Un facrifice fanglant , une robe fanglan: te , une aéhion /anglante , Les mains fanglanres : il {e prend dans un fens très-différent, lorfqu’on dit üa affront fzrglant , une raillerie farglane ,un tour Jér 618 SAN lant, un reproche fanolanr. Ve crois qu’alors ces chofes font comparées à un coup violent qui bleffe jufqu’au fans. SANGLES, f. £ pl. (Corderies.\les fangles font des efpeces de tiflus groffiers ,. plus ou moins larges &e longs , compofés de plufeurs gros fils de chanvre, entrelacés les uns dans les autres’, qui fe fabriquent par les Cordiers. Les Jangles font partie du négoce des marchands de fer êtides quincailliers, qui font du corps de la Mercerie. Elles fe diftinguent en fargles pour chevaux de felle; en fargles pour chevaux de bâts ou autres bêtes de fommes, & en fangles à ta- pifliers ou pour meubles. (D. J.) SANGLES de chevaux de bäts, ( Bourreliers. ) elles font étroites, longues, fortes &.groflieres, Ces far- gles qui s’employent par les Bourreliers , fe vendent par pieces plus ou moins longues, fuivant que les Cordiers qui les ont fabriquées ont jugé à-propos de les faire , n’y ayant rien de reglé là-deffus; elles fe tirent pour l'ordinaire des mêmes endroits que cel- les deftinées pour les chevaux de felle. [faut remar- quer que tant que les /zzgles pour chevaux de bâts font en pieces, elles s'appellent du i//# , & qu’elles ne perdent ce nom pour prendre celui de fzrgles, que lorfqu’elles font coupées par morceaux de lon- gueur proportionnée à leur ufage. Savary. (D.J.) . SANG LES de chevaux de felle,. ( Ouvrage de S'el- liers. ) elles s’'employent par les Selliers | & font communément blanches ougrifes, rayées de rouge &tde bleu, ou grifes fans raye , ou grifes rayées de rouge; lesunes &c les autres ont une aune mefure de Paris. (D. J.) . SANGLES de Tapiffier ; ( Tapifferie, ) elles font in- férieures en qualité à toutes autres, & viennent la plüpart de Châlons en Champagne., Celles qui ont environ 4 pouces de large & qui fervent à fangler des chaïles , des fauteuils , des fophas, des canapés, des lits, &c. fe vendent à la groffe ; chaque grofe eft compofée de douze pieces, & la-piece contient 7 à 8 aunes de Paris. [l s’en fait quelques-unes plus étroites de femblable qualité, quife vendent de mé- me ; leur principal ufage eft pour attächer aux mé- tiers des Tapifhers, Brodeurs, &c. Celles de 20 à 24 lignes de large , qui fervent à. border les tentes & les tapifleries, qu'on appelle ordures , fe vendent auff à la grofle, chaque groffe contient vingt-quatre pieces de 6 à 7 aunes chacune. Savary. (D. J.) SANGLE , en terme d'Orfèvre , c’eft une bande de cuir ou de petite corde nattée, environ de la largeur de 4 pouces , au bout de laquelle il y a un anneau de fer pour recevoir le crochet des tenaïlles; on fe fert auf quelquefois de corde pour tirer. Elle à mé- me cet avantage fur la fzngle ,. qu’elle n’augmente point le diametre de l'arbre en fe tournant deflus. Voyez les fig. SANGLE , (Rubanier.) eft un! morceau de /zngle véritablement, attaché à demeure au côté sauche du métier, & qui fert à foutenir les reins de l’ouvrier & à lui donner de la force pour enfoncer les marches lorfqu'il eft affis fur le fiege ; il attache l’autre bout terminé par un anneau à l’autre côté du métier, après u’il s’eft entouré le corps avec ladite fangle; cette fangle’, outre la force dont onvient de parler , fert encore à l’ouvrier de point d'appui en l’empêchant de reculer de deflus le fiege pendant le travail, on peut fe pañler de cette fzrgle dans les ouvrages le- gers: } SANGLES, Î. f. ( Marine.) onappelle aïinfi des en- trelacemens de menues cordes à deux fils, qu’on nomme biflord , que l’on met en. différens endroits du vaifleau, comme fur les cercles des hunes, fur les premiers des grands haubans & ailleurs, pour empêcher que les manœuvres ne fe coupent. SANGLES- BLANCS, ( Comm, de fl, ) on.donne çe nom à des fortes de fils qui viennent de Hollande: ils fervent aux ouvriers en points à picoter leurs ou- vrages, c’eft-à-dire à faire cette bordure en forme de petites dents, qu'on appelle des picors, dont on termine les points faits à l'aiguille, du côté oppofé à celui de lengrelure. (2. J:)1 SANGLES-BLEUS, (Comm. de fl.) efpece de fil teint en bleu, qui fert à faire les linteaux du linge de table, particulierement aux ferviettes & aux na- pes. Ces fils fe fabriquent & fe mettent en teinture à Froye en Champagne, d’où les tifferands qui travail- lent à cette forte de lingerie, & les marchands mer- ciers de Paris, qui font le commerce des fils, ont coutume de lestirer. (D:7.) SANGLÉ , participe pafif, (Gram.) Voyez SAN- GLE 6 SANGLER. # SANGLÉ, terme de Blafon, il fe dit du cheval, des : pourceaux, &c des fangliers qui ont par le milieu du corps une efpece de ceinture d’un autre émail. Die Glaubitzer en Silèfie, d'azur au poiflon d’ar- senten face, Jungle de gueules. SANGLER UN CHEVAL, ( Maréchal.) c’eft fer- rer les fangles de la felle pour qu'elle {oit plus ferme fur fon dos. | SANGLER LE FROMAGE, ( Fromagerie.) c’eft le ferrer bien fort tout-au-tour avec une fangle de peau u une légere écorce de fapin, pour en conferver la forme pendant qu’on lui donne le fel. Il ne fe dit que des fromages de Griers & de Berne. ( D. J. SANGLIER , £. m. aper, (Hiff. nat. Iéfhiolog.) poif= fon de mer couvert d’écailles , & dont Le corps eff fort dur, prefque rond & applati; il a une couleur rougeêtre ; les yeux font grands, le mufeau eft long & moule ; 1l y a fur le dos des piquans fort pointus, durs , longs & droits ; les prerniers font courts; ceux du milieu ont le plus de longueur, &r les derniers font un peu plus grands que les premiers. Ce poiffon a deux nageoires aux ouies & deux au ventre ; celles- cifont sarnies de forts aigwillons:il y a auf au-deflous de l’anustrois'aiguillons courts & pointus. Le anglier difere principalement du porc , en ce qu'il n’a point de dents & que fa chair eft bonne à manger; au lieu que celle du porc a une très-mauvaife odeur & qu’elle eft toujours dure, Rondelet, kiff. nas. des poiflons., TI. part. Liv, V. chap. xxviy. Voyez POISSON. SANGLIER, aper, (Hiff. nat. Zoolog.) animal qua- drupede de même efpece que le cochon domeftique & le cochon de Siam. Quoique ces animaux n'aient à chaque pié que deux doigts qui touchent la térre, & que ces doigts foient terminés par un fabot , 1ls dif- ferent beaucoupides animaux à pié fourchu , non-feu- lement par la conformation des jambes & des piés, mais encore en ce qu’ils n’ont point de cornes, qu’ils ne manquent pas de dents incifives à la mâchoire {u- périeure , qu’ils ont des dents canines très-longues, connues fous le nom de défenfes &t de crochers, qu'ils ne fuminent pas, qu'ils n'ont qu'un eftomac, &c. La partie du grouin du fanglier &t des cochons, à laquelle on donne le nom de boutoir , eft formée par un carti- lage rond qui renferme un petit os. Le boutoir ef percé par les narines & placé au-devant de la mâ- choire fupérieute. Cette partie, quieft lenez, a beau: coup de force; ces animaux s’en fervent pour fouiller dans la terre, Le fanglier a la têreplus longue, la par- tie inférieure du chanfrein plus arquée, & les défen- fes plus grandes &z plus tranchantes que les crochets des autres cochons. Sa queue eft courte & droite. I} et couvert, comme les cochons, de groiles foies du- res & pliantes ; mais il a de plus un poil doux & frifé , à peu-près comme de lalaines ce poil eft entre Jes foies & at une couleur jaunâtre , cendrée , OU nOi- râtre fur différentes parties du corps de animal , ou à fes ditférens âges. Tant que le /znglier eft dans fon premier âge, on le nomme muarcaffin ; alors il a des La couleurs SAN couleurs qu'il perd dans la fuite, c'eft ce que Pon appelle la Zivré : elle eft marquée fur le fœtus des qu'il a du poil; elie forme des bandes qui s'étendent « 1e long du corps depuis la tête jufqu’à la queue , & qui font alternativement de couleur de fauve clair &c de couleur mêlée de fauve & de brun ; celie qui fe trouve fur le garot & le long du dos eft noirâtre. Il y a fur Le refte de l'animal un mélange de blanc, de fauve 8 de brun. Lorique le Janglier eft adulte, ila le groin &c les oreilles noirs, & le refte de la tête de couleur mêlée de blanc, de jaune & de noir dans quelques endroits. La gorge eft roulsâtres les {oies du dos font les plus longues, couchées en-arriere , &t f: ferrées que l'on ne voit que la couleur brune rouflätre qu’elles ont à la pointe, quoiqu’elles aient auf du blanc fale & du noir, dans le refte de leur étendue. Les foies des côrés du corps & du ventre Ont lesmêmes couleurs que celles du dos ; mais com- e elles font moins ferrées, le blanc y-paroît avec Je brun ; les foies des aiflelles 8 des aines font rouf. sètresscelles du ventre & de la face intérieure des cufles font blanches en entier, À Pexception de la pointe qui eft roufle ; la tête & le bout dela queue dt le bas des jambes font noirs. | Quoique les fangliers foient fort gourmands , ils attaquent ni ne dévorent pas les loups ; cependant 4ls mangent quelquefois de la chair corroimpue, mais c'eft par néceflité. On ne peut nier que les cochons ne {oient avides de fang 8c de chair fanouinolente 8 fraiche, puifqu'ils mangent leurs petits :& même des enfans au berceau. Le fanglier & les cochons aiment beaucoup les vers de terre & certaines racines , come celles de la carotte fauvage ; c’eft pour trou- ver ces vers & pout couper ces racines qu'ils fouil- lent la terre avec leur boutoir. Le Janglier, dont la hure ef plus longue &c plus forte que ceile du cochon, fouille plus profondément & prefque toujours en . Lgne droite dans le même filon: au lieu que le co- _chon fouille cà & là & plus légerement. Pendant le jour de fanglisr refte ordinairement dans {a bauge au plus fort du bois; il en fort le foir à la nuit pour cher- cher fa nourriture : en été, lorique les ptains font mûrs, il fréquente toutes les nuits dans les blés ou dans les avoines. Il eff rare d'entendre le Janglier jet- ter un cri, fi ce n’eft lorfaw’il fe bat &z qu'un autre le bleffe : la laie crie plus fouvent, Quand ils font fur- pris êr effrayés fubitement, ils foufflent avec tant de Violence qu'on les entend à une grande diftance. Dans le tems durut, le mâle demeure ordinaire- ment trente jours avec la femelle dans les bois les | plus folitaires ; il eft alors plus farouche que Jamais; ii devient même furieux , lorfquw’un autre vient occu- per fa place ; 1Îs fe batient &c fe tuent quelquefois. La late ne fe met en fureur que lorfqu'on attaque fes pe- tits; elle ne porte qu’une fois l’ân. Elle reçoit le mâle aux mois de Janvier & de Février , 6 met bas aux * mois de Maï ou Juin, Elle allaite fes petits pendant trois ou quatre mois ; elle les conduit jufaw’à ce qu'ils aient deux ou trois ans. Il n’eft pas rare de voir des laies accompagnées de leurs petits de l’année & de ceux de l’année précédente, La vie du fanglier peut s'étendre jufqu’à vingt-cinq outrente ans. fl n'y a que la Rure qui foit bonne à manger dans un vieux fan- gher; au lieu que toute la chair du matcaffin & celle du jeune /arglier qui n’a pas encore un an eft dé; Cate 6 même aflez fine. Les anciéns étoient dans l’u- age de faire la caffration aux marcafins qu’on pou-. voit enlever à leur mere. Après quoi , on les repor- toit dans les bois où ils groffifloient plus que les au- tres | & leur chair étoit meilleure que celle des cochons domeftiques. Æ5/. rar. gér, & partic. tom. F'. Voyez; QUADRUPEDE. SANGLIER (Chaffe du) Sa maniere de vivre & {es iaclinations reflemblent beaucoup à celles des co- Tome XIF, | | . rouffes & de béres de compagnie. On SAN 6t9 “chons domeftiques. D'ailleurs les J'añgliers S'accoua plent, multiplient avec les Pourceaux, & le broduit en eft fécond, Mais une vie plus agrefte, la nécefité de fe défendre fouvent, & fur-tout la liberté ; don nent au /#nglier des mœurs mieux carattérilées, dans lefqueiles on reconnoît plus diftinétementlesinclinas tions de l’efpece. … Le fanglier eft plirôt frugivore Que Carnaflier ; ce: pendant left l’un & d'autre, [| vit de graines, de-rai cines, de fruits; mais il {e nourrit auf volontiers dé | : chair, H fouille avec {on boutoir les terriers de lapins qu ne font pas à une srande profondeur, Il détruit les rabouilleres, dévore les la pereaux êc les lévrauts, fur-tout lorfqu’ils font encore petits. Il évente les nids de perdrix, 6. mange les œufs, &fouvent réuf. fit à furprendre la couveule, On donne différens noms aux Jañgliers ; en raïifon de leurâgse. Les femelles font toujours appellées /aess elles entrent en rut dans le mois de Décembre , por- tent pendant quatre mois & quelques jours , & met- tent bas depuis trois jufqu’à huit ou neuf petits : ces pêtits portent jufqu’à fix mois le nom de marcaffins ; Gt depuis cet âge jufqu’à deux ans » Celui de béres donne le nom de Tagot aux mâles entre deux & trois ans 3 après cela, ils font appellés Jangliers à leur riers-an , Puis à leur quartan ; après quoi on ne lés connoît plus que fous le nom de grunds vieux Jangliers. C’eft depuis trois jufqu’à cinq ans que les Jengliers {ont le plus à crain-" dre , parce qu’alors leurs défenfes {ont extrèmement tranchantes. Après cela, 15 deviennent rirés, ©’eft- ä-dire que leurs défenfes {e courbent & font moins incifives : mais la force & la hardiefle des vieux fan- gliers les rendent toujours fort redoutables. Les fangliers | lorfqwils ‘ont atteint trois ans, ne vivent plus en compagnie ; ils {ont alors pourvus d'armes qui les raflürent ; Ja fécurité les mene à Ja lolitude ; ils vont feuls chercher leurs mangeures, fe raffraichir au fouillard (c’eft-à dire fe veautrer dans. la boue } & fe mettre à la bauge ; ils y dorment une partie du jour; & vu la confance qu'ils ont en leurs forces , il arrive fouvent-qw’on ne les en fait fortir qu'avec beaucoup de peine. Ce n’eft que dans le tems du rut que lanéceflité de chercher des femelles remet Ces mâles en compagnie, Quant aux laïes , elles vi- vent toujours en fociété ; elles s’attroupent plufieurs enfemble avec leurs marcaffins & les jeunes mâles dont les défenfes ne font-pas encore au point de leur rendre lañociation inutile, Tous les Jangliers qui compofent ces troupes ont l’efprit de la défenfe com- mune, Non-feulement les Hies chargent avec fureur ! Îles hommes &z les chiens qui attaquent leurs mar- caffins ; mais encore Les jeunes mâles s’animent au combat, la troupe fe range en cercle > ©& préfente pat-tout un front hériflé de boutoirs. Les fangliers ne {ont point , comme les cerf » les daims, les chevreuils , habitans prefque fédentaires des pays où ils font nés. fls voyagent fouvent, pour aller chercher des forêts où les vivres foient plus abondans ; ces émigrations fe font ordinairement en automne , lorfque le gland ou la chataigne commen. cent à tomber; & "on cherche alors avec raifon à fe défaire de ces nouveaux hôtes, Le Janglier eft très- Propre à faire un objet de chaffe, parce que, fur-tout loriqu’il eft jeune , la chair en eft bonne À manger , Êc que d’ailleurs cet animal eff fort à redouter pour les récoltes. Tousles chiens le chaflent avec beau coup d’ardeur, & fouvent cette ardeur leur ef nefte. Le fznglier, lorlau’il et chafté » Sc que la fuite commence à lui devenir pénible ,#a chercher d’épais haïllers où il s'arrête. Alors malheur aux chiens trop hardis qui veulent aborder; l'animal furieux fe pré Cipite fur tout ce qui fe trouve devant lui. Il ut donc s'attendre à perdre beaucoup de chiens , lorfqw'on [Ti 620 SAN eut prendre à force ouverte de vieux fangliers mà- les ; 1l faut du-moins être très-prompt À les fecourir, &c chercher à tuer le fanglier lorfqu'il tient, Ce fe- cours ne fe donne pas fans danger pour les hommes; maïs l'habitude & ladrefle à tirer diminuent beaucoup le péril, & ce péril même ajoute à l'intérêt , il rend {a chaffe du Janglier plus piquante qu'une autre. D'al- leurs il eft toujours pofñlible d'éviter ceux de ces ani- maux qui font fi dangereux pour une meute. On va en quête avec le liner, pour détourner le Jazglier ; &c il y a des connoiffances ’par lefquelles les véneurs peuvent diftinguer sûrement la bête qu'ils mettront devant leurs chiens. Premierement , nous avons dit que les fangliers fe rembuchent feuls, lorfqw'ils ont atteint l’âge où ils deviennent dangereux ; êc cette Solitude ef toujours une forte préfomption, excepté dans le tems où les laies font prêtes à mettre bas: alors elles fe féparent auffi pour faire leurs marcaf- fins, & on a befoin de marques diftinétives pour les teconnoître, L’habitude faitappércevoir des différen- ces fenfibles entre la trace du fzzglier 8 celle de fa laie. Le fanglier a les pinces plus grofles, la fole , les gardes & le talon pluslarges, les allures plus fongues & plus aflurées. On-fait donc sûrement fi la bête qu’on a détournée eft une laie ou un farglier ; &t dans ce dernier cas, il eft aifé d’aller , avec l’aide du li- mier, le tuer à la bauge. Lorfque les chiens n’ont devant eux qu’une troupe . de laies & de jeunes bêtes , 1l n’y a pas beaucoup de danger pour eux, & on tâche d’en féparer une, pour y faire tourner le gros de la meute. Cette chaffe de- vient alors très-vive, parce que le fentiment de Pani- mal eft fort, & qu'il ne multiplie pas les rufes ni les retours, comme font les animaux foibles. Si on chafle en pleine forêt, & fur-tout fous des futaies, on peut s’aider de mâtins vigoureux & exercés, qu'on place à portée des refuites du fazglier , & qui le coëïfent. S'il y a des plaines à traverfer, on joint à ces mâtins des lefles de levriers qui amufent l'animal, & don- nent aux autres chiens le tems d'arriver, On peut at- taquer de cette maniere les plus grands fzngliers mê- me, prefque fans aucun danger. Il y a une autre maniere de chafler ces animaux, mais qui exige trop d'appareil & de dépenfe pour être fort ordinaire. On environne de toiles une partie de la forêtoù l’on s’eftafluré qu'il y a des fangliers ; peu-à-peu on raccourcit l'enceinte , & on parvient enfin à reflerrer aflez étroitement les animaux qui s’y trouvent : alors on les attaque à coups de dards, d’é- pieu ou d'épée. En Allemagne, où cette chafle eff plus commune, les Véneurs exercés fe commettent ainfi avec les plus grands fangliers ; mais en France, lorfqu’on donne cette efpece de fête, on a foin de ne laiffer dans l'enceinte que ceux qui font un peu plus traitables : fans cette précaution, la fète pourroit être triftement enfanglantée , parce qu'il faut que les chafleurs foient habitués de longue main à cette ef- pece de combat, pour qu'ils puiffent le rifquer fans trop de defavantage. ( M. LE Ror. SANGLIER , ( Diere & Matiere médic.) la chair du Janglier, & fur-tout du fanglier fait, mais qui pour- tant n’eft pas vieux, & qui eft gras, eft aflez tendre, quoique ferme, &c 1l eft facile, par une courte infu- fion dans le vinaigre, de la dépouiller abfolument du goût qu’on appelle fauvage ou de venaifon ; qu’elle ne differe à cet égard du bon bœuf ou du veau un peu fait, que parce qu’elle eft un peu plus feche. Dans cet état elle n’eft point dificile à digérer , elle con- vient aux hommes de tous les états, mais fur-tout à ceux qui menent ne vie exercée, êcil n’y a que les effomacs très-délicats qui sen accommodent diffici- : Jement ; elle ne reflemble-en rien à la chair du co- chon domeftique; la graifle abondante dont cette derniere eft pénétrée, & la fadçur de fon fuc, éta-, blillerit manifeftement cette différence, Le jeune /znglier où marcaffin qu’on trouve aflez généralement plus délicat, peut être regardé ayeë raifon comme moins falutaire que le fazglier dont nous venons de parler. Les chaffeurs ont coutume d’enléver les tefticu= les au farglier dès le moment qu'ilsWont tué, fans cette précaution tout l’animal contraéteroit une odeur de bouquin qui le rendroit infupportable au gout, Les dents de fanglier où défences de Jangliets, font mifes au rang des abforbans , mais fans qu’on puifis affigner aucune raïfon valable de la préférence qu’on leur donne fur celle de plufeurs autres animaux; on leur attribue auffi les vertus imaginaires d’excitet les urines &c les fueurs, 4 Les tefticules , la graifle, le fiel de fargler, &c (car cette énumération revient toujours), ontaufi groffi la lifte des médicamens, mais font aujourd’hui abfolument hors d’ufage. (b) SANGLIER DES INDES ORIENTALES, Pabyrouffa, PI, TI, fig. 3. cet animalreflemble au cerfpar fa gran- deur, & au cochon par fa figure; 1l a le mufeau alongé , la tête oblongue & étroite, les oreilles pe: tites & pointues, les yeux petits; la queue longue, . frifée, 8 terminée par un bouquet de porls, & les jambes longues & déliées. Les poils du corps font courts & laineux, & doux, à l'exception de ceux du dos qui font plus rudes & foyeux; 1ls ont tous uné couleur blanchâtre ou brune mêlée de gris. Les dents canines de la mâchoire du deflus font dirigés en haut à leur origine; elles fe recourbent en arriere, de façon que dans le dernier âge de l'animal leur extrémité aboutit au-deflous des yeux &c perce la peau. Les dents canines de la mâchoire du deffours reflemblent à celles des fanglers. Reon, animal, page 110% SANGLIER DU MexiQuE. Voyez TAJACU. SANGLONS, f. m. pl. ( Charpenr.) ce font des pieces de bois comme de faufles-côtes , qu'on met aux bateaux pour les fortifier. (D. J.) SANGLONS, ( Murine. ) Voyez FOURCATS. SANGLOT , f. m, er Médecine, eft un mouvement convulfif du diaphragme qu’on appelle communé= ment hocquet. Voyez HOCQUET. SANGLOT , ( Sellerie.) petite courroie qu’on attas che À la feile d’un cheval ow au bât des bêtes de fom- me , pour y attacher les fangless SANGRO , LE, (Géogr. mod.) riviere d'Itahe, at royaume de Naples. Elletire fa fource de l'Apennin, aux confins de la terre de Labour, & fe perd dans le golfe deVenife, à 6 milles au-deffous de Lanicano; fon'nom latin eft Sagrus & Sarus. (D: J.) SANGSUE , (Zoologie.) hirudo où fanguifuga par les naturaliftes ; petit animal oblong , noïrâtre , fans piés, vivant dans les lieux aquatiques , marqueté fur le corps de taches & de raies, &t ayant dans l’ou- verture de la boucheuninftrument à trois tranchans, avec lequel il entame la peau pour en fucer le fang. Les eaux croupiffantes fourniflent deux efpeces de Jangfues, une grande, & une petite. La grande, nommée fzrofue de cheval, en latin bdella feu lurudo equina , croit juiqu'à ÿ pouces de longueur ; elle eft comme le ver de terre divifée par anneaux au nombre d’une centaine ; on la regarde comme veni- meufe dans {es bleflures; la petite efpece en differe , non-feulement par la taille , mais par la couleur de fon ventre , qui eft noirâtre, avec une teinte de verd. C’eft de cette petiteefpece dont il s’agira dans cet article ; mais pour abréger fa defcription, déja don- née fort au long par plufeurs naturaliftes, comme par Loupart dans le Journal des favans , année 1697 , Pak Diflenius, dans les éphérrerides des curiet dela natüre, année 1716, & par d'autres; je crois que nous pou- vons obmettre icitout ce que L'on fait commurément de la Jangfue , 8 ce qui eft facile À chacun d’apper- cevoir : 1°. par la fimple infpeétion, comme les an- neaux cutanés de fon fourreau, V’arrangement & les couleurs des raies, des pyramides, des points dont ce même foufreau eft orné, l’avidité des Jangfues à fucer la chair des animaux, la façon dont elles ap= pliquent leur bouche en forme de ventoufe pour s’y attacher , une forte de mouvement qu’on voit à-tra- vers de leur peau. quand elles facent., 8 qui fem- ble répondre aux mouvémens de la déolutition : 2°. par dès expériences faciles, comme le tems qu’elles vivent dans l’eau, fans autre nourriture que l’eau même, la faculté quileur eft commune avec plufeurs autres efpeces d'animaux de fe mouvoir, quoique coupées par Morceaux ; toutes ces chofes font luf- famment connues ; il vaut mieux nous arrêter à l'examen de ces parties, par lefquelles a Jangfue a la propriété d’entamer la peau d’un autre animal , & de fucer fon fang. » Il y acingparties différentes qui y concourent; fa- voir, deux levres, une cavité, qui eft proprement la bouche , des inffrumens pour entamer, d’au- tres pour fuccer , & un gofer pour la désluti- tion. | LA Lotfque la fangfue eft en repos , falevrefupérieure fait un demi-cercle affez régulier, & l’inférieure une portion d’un plus grand cercle. Quand la famgfue alonge fa tête pour avancer, le demi-cercle de la le- vre fupérieure fe change en deux lignes obliques, dont la jonétion fait un angle faillant , que la Jangfue applique d’abord où elle veut s'attacher, 6e qui eft marqué par un petit point très noir au bordextérieur du milieu de lalevre. | | La fouplefle des fibres de cette partie, lui donne la facilité de prendre la figure dont l’animal a befoin our tâtonner les endroits où il veut s’appliquer, afin dr cheminer , où pour développer les parties avec lefquelles 1l doit entamer la peau de quelqu’autre animal. Dans ces deux cas, fes deux levres toutes ouvertes fe changent en une efpece de pavilion, exa- étement rond par les bords. Enfin , quand la fargyne eft tout-à-fait fixée, par exemple , aux parois infé: rieurs d’une pole, fa tête & fa queue font tout-à- fait applaties , & exaétement appliquées à la furface qu’elles couvrent, «) Ni L'ouverture quieft entre les deux levres de la far: Jue, eft proprement fa bouche ; lorfqu’on a tenu ces deux levres dilatées un peu de tems par quelque corps dur, on en voit aifément la cavité. Cette bouche eft comme les levres compoñée de fibres très-fouples., moyennant quoi elle prend toutes les formes conve- nables au befoin de l’animal ; de façon que quand la Jangfue veut s'attacher quelque part , elle ouvre d’a- bord les levres ; enfuite elle retourne fa bouche de dedans en-dehors, elle en applique les parois inté- rieurs,ë de toute la cavité de fa bouche,on ne diftin- gue plus qu’une petite ouverture dans le milieu, où la Jangfue doit faire avancer l'organe deftiné à entamer. Cette dermere partie paroït avoir donné bien de la peine aux naturaliftes , & tous ne font pas abfolu: ment d'accord fur la forme. Il n’étoit pas raifonnable de croire que la fargfie n’avoit qu'un aigwillon com- me le coufin ; on favoit bien qu’elle ne fe bornoït pas à faire une piquure, dont il n’auroit réfulté qu'une ampoule , une élevation à la peau ; on devoit fentir qu'il falloit néceflairement qu’elle fit une plaie, pour fucer le fang avec autant d’avidité, &c en auffi gran- de quantité qu’elle le fait, & qu’un aiguillon ne fufi- foit pas pour cela. Auffitrouve-t-on peu d’auteurs de ce fentiment. L'ouverture que la Jargfue laïfle appercevoir au 0 nt Des. S AN 621 miheu de la bouche , appliquée pout éntaer ; eñ triangulaire; par confequent on à dû imaginer qué linfirument qu’elle lance au-travers de cette OUVÉr- ture pour entamer étoit triple, aufli cet infirument eft-1là trois tranchans. Sr UNE . La découverte pourroit bien en être dûé À la fim= ple obfervation de la plaie faire par la fangfue, En effet, fi l’on examine cette petite plaie ; elle repré: fente fenfblement trois traits ou rayons qui S’unif fent dans un centre commun, & qui font entr'eux trois angles égaux ; & l’on‘voit que cé ne font point trois piquures , mais trois plaies, On né le rémar: quera pas après avoir appliqué les fargfues À des hé: morrhoides ; mais fi elles l'ont été À d’autres endroits de la peau , & fur-tout d’une peau blanche ; On voit le jour même de l'opération, un peu de fang coagulé qui recouvre la plaie; Le lendemain le petit caillot tombe, mais un léger gonflement confond tout, En: fin, le troifieme où quatrieme jour, on voit diftins tement les trois plaies marquées. J L’organe pour entamer eft placé, comme ôn l’a déja dit , entre l'ouverture faite par les deux le: vres & le fond de la bouche. Après avoir ouvert des Jangfües par le ventre, & fuivant la longueur de Panimal , 87 avoir cherché cet organe dans endroit défigné ; c’eftle taêt qui en a d’abord découvert quel: que chofe. On obferve qu’en pañant le doigt fur Pen: droit.où eft cet organe , l’on {ent une impreflion pa- reille à celle que fait une lime douce fur lé doigt , ce qui fuppofe déja des parties, qui font non-feulement raboteufes, mais folides & de la nature de los , ou tout-au-moins de la coïne; Confiderant enftute cette partie avec une grofle loupe, on voit que la membrane interne de la bou: che vers fon fond eff hériffée de petites pointes ca- pables, étant f près les unes des autres, de faire des lames dentées. Sur cette fimple expofition , on con: cevra aifement, que fi par quelque mouvement par- ticulier, ces lames s’avancent enfemble, & dans le fens de l'ouverture triangulaire vers la partie à la quelle la fangfue applique fa bouche, elles doivent faire une plaie telle qu’elle a été décrite, Mais dom Allou a été bien plus loin ; il y a décou: vert trois rangées de dents , ou trois petits rateliers, dont 1l a décrit la difpoñition & la ftruêture. Au-delà des rateliers , dans l'endroit où la bouche retrécie de la fazgfue commence à prendre la forme du canal, & où l’on fe repréfenteroit la luette dans homme, 1l y aun mamelon très-apparent , & d’une chair affez ferme. Ce mamelon eft un peu flottant dans la bouche , & il paroit affez naturel de lui afG- gner l'office d’une langue. Lorfque les organes dont nous avons d’abord parlé , font appliqués où la Jang= Jue cherche fa pâture, lorfque les râteliers ont fait plaie ,; & que l'ouverture qui eft à leur centre eft pa: rallele au milieu de la triple plaie faite par lesrate- liers , il doit êtré facile au mamelon lancé au-travers de cette ouverture de faire le pifton , & de fervir à fucer le fang qui fort de ’entamure, pendant que la partie de la bouche continue aux levres, fait le corps de pompe. CE = .… Enfinfe préfente la cinquieme partie de la bouche; L’on voit entre la racine du mamelon que l’on ap- pelle la Jangue, 8 le commencement de l’eftomac 3 un efpace long d’environ deux lignes, garni de f- bres blanchâtres , dont on diftingue deux plans, l’un circulaire & l’autre longitudinal, Celles-ci fe con- traétent apparemment pour élargir & racourcir la cas vité de la pompe ; les circulaires refferrent le canal, êc déterminent vers l’eftomac le fang qui vient d’être fucé. NT Ce fang entre alors dans une poche memibräneufe qui fert d’eftomac & d'inteftins à la Jangfue , & qui Occupe intérieurement une grande partie du refte Flii G22 SAN de fon corps. Si on introduit de Pair dans cette par- tie par la bouche de la Jangfue, l'air entre dans un tuyau droit qui eft au centre, & qui s'ouvre des deux côtés dans des facs ou cellules bien plus larges que le tuyau principal. Ces facs font faits d’une mem: brane mince jufque vérs la queue de Panimal , où la membrane eft fortifiée de quelques fibres circulaires fort diftinétes, Si on fait de ces facs autant d’eflomacs, on en pourra compter jufqu’à 24 dans une Jegfie affez groffe. Il y a apparence que le fang fucé par la Jargfue féjourne long-tems dans les rélervoirs, comme une provifñon de nourriture. M. Morand aflure avoir la preuve, qu'il y eft refté quelques mois prefque entie- rement caillé, plus noir que dans l’état naturel, èr fans aucune mauvailé odeur ; 8 comme le fang d’un animal quelconque eft le réfultat de la nourriture qu'il a digerée, on pourroit croire que la fangfue ne vivant que du fang, n’a pas befoin d’une grande.dé- puration de la matiere qui lui fert de nourriture. Au moins eft-il vrai qu'on ne connoît point d’anus où d'ouverture qui en fañe la foné&ion; & s'il eft abfo- lument néceflaire que quelques parties hétérogenes s’en féparent , apparemment que cela fe fait par une tranfpiration perpétuelle au-travers de fa peau, fur laquelle il s’'amañle une matiere gluante qui s’épaifit par degrés, & fe fépare par filamens dans l’eau où l’on conferve des fargfues. , | Comme cette matiere en fe délayant dans l’eau, ne forme que de petits lambeaux déchiquetés, M. Morand , pour rendre cette dépouille plus fenfble, a mis des Jangfues dans de lhuile, & les ya laïfiées plufeurs jours : elles y ont vécu , & lorfqu'illes a re- mifes dans eau , elles ont quitté cette pellicule qui repréfentoit alors une dépouille entiere de Panimal , comme feroit la peau d’une anguille. | On voit à l’occafñon de cette expérience, qu'iln’en eft pas des Jargfues comme des vers terreftres , à qu’elles mont pas leurs trachées à la furface exté- tieure du corps. Il eft vraiffemblable qwelles refpi- rent par la bouche , mais de favoir quelle partie leur fert de poumons, c’eft ce qui n’eft pas encore connu, non plus que d’autres fingularités qui les repardent. On ne fait de leur génération que ce qu’en rapporte Raï, qui dit qu’on trouve quelquefois de Jeunes /z7g- fes fort petites attachées enfemble par le ventre en maniere de grappes. ( D. J.) SANGSUE , (Médecine thérapeutique.) on fe fert des Jangfues en médecine pour faire dans certaines pat- ties du corps des faignées peu abondantes. Ce moyen de tirer du fang paroïît avoir été in- cofnu à Hippocrate & aux médecins qui l’ont fuivi, jifqu'à Themifon, Depuis ce dernier auteur, on s’en eft fervi dans plufieurs maladies, plus où moins, fuivantles fetes & les pays. Les méthodiques en fai- foient un très-srand ufage , les Italiens s’en fervent plus fouvent que nous. Lorfquw’on veut appliquer les /zzgfues, on choïfit les plus petites de telles qui font rayées fur le dos, & qui naïffent dans Peau la moins bourbeufe. On les affame en les tenant pendant quelques heures hors de l’eau. On excite par cette diete leur befoin de prendre de la nourriture ; on frotte doucement en lavant la partie à laquelle on veut qu'elles s’attachent. Alorson prendune/zngfue avec un linge par la queue, & on la porte fur l'endroit frotté,où onla fait defcen- dre parunebouteille à col étroit , un tube ,un rofeau fur cette partie. Si elle refufe de s’y attacher , ony verfe quelques gouttes de fang de poulet, de pigeon, éc. ou de lait ; on pique légerement la partie avec une épingle pour en faire fortir un peu de fangs &c enfin à {on nouveau refus, on pañle à d’autres ,ou on attend qu’un jeûne plus long lui ait rendu le goût. pour le fang qu'on veut qu'elle fucce. Lorfque la langue eft raffafiée, elle tombe d'elle-même. On l'es: gagera à tirer une plus grande quantité de fang'en lui coupant la queue ; elle perdra par cette plaie une partie de celui qu'elle vient de fuccer, & elle cher- chera à réparer cette perte. On répeté cette applica- tion de fangfues , jufqu'à ce que lindication foit fa- tisfaite. Sielles tardorent trop defe détacher , on ne Parracheroit pas avec violence , craïnte d’attirer une inflammation ; mais on jetteroit une petite quantité d’eau falée, de fahve, d'huile de tartre, de céndrés, &c. {ur fa tête. Il refte après la fortie des /ang/nesune petite plaie que leur trompe a caufée, qui fournit quelquefois un hémorragie, qu’on entretient par la vapeur de l’eau chaude , parle bain d’eau tiede, qu’on guerit communément parles aflringens vulnéraites les plus doux, par la charpie rapée , l’efprir de vin. On s’eft vu cependant quelquefois obligé d’'émployer les plus forts. L'application des /zrg/ues doit être recommandée toutes les fois qu’on veut faire de petites faignées lo- cales dans unepartie où il y a une pléthore particu- liere (voyez SAIGNÉE , PLÉTHORE), &c où la fitua- tion des vatfleaux, l’état foible & cachétique du ma- lade » la longueur de Ja maladie ne permettent pas d'ouvrir des gros vaifleaux. C’eft ainf qu’elles font utiles aux tempes & derriere les oreilles dans les dé- res, douleurs de tête , aw’elles réuffiffent contreles maladies inflammatoires des yeux, étant appliquées au grand angle ; qw’elles font un excellent remede contre les maux multipliés que la fupprefion du flux hémorroidal peut produire , ‘en les préfentant aux tumeurs que forment ces varices. Elles ont même ur avantage dans tous ces cas au-deflus de la faionée, c’eft d'attirer les humeurs fur la partie où on les ap plique , par l'irritation qu’elles caufent. On fe fert également des fangfues pour tirer du fang du bras, du pié des enfans , & de ceux qui craignent la fasnée, ou dont les vaiffeaux font difficiles à ouvrir ; on les _applique au haut de la cuiffe pour procurer le cours des reoles au col pour guérir de l'efquinancie ; mais ces derniers ufages font aflez généralement abandon- nés en France. SANGSUE , ( Chirure. ) Les Chirurgiens dans Pap- phcation des fangfues , préferent les plus petites aux groffes, en ce que leur piquure eft moins doulou- reufe; & entre les petites on choïfit celles qui font marquetées de lignes fur le dos. Il n’eft pas impoffible que les anciens aient appris à faigner de ces infeétes ; car tout le monde fait que lorfque les chevaux font attirés au printems par l'hér- be verte dans les étangs & dans les rivieres, de srof- {es fangfies qu’on appeile fazgfues de chevaux, s’atta- chent à leurs jambes & à leurs flancs , leur percent une veine, leur procurént une hémorthasie abon- dante , & qu'ils en deviennent plus fains & plus vi= SOUTEUX. ; | Si contre toute vraïflemblance Thémifon n’eft pas le prenner qui fe foit fervi de Jzrgfues, il eft du moins le premier qui en fait mention ; Hippocrate n’en a point parlé; & Coœlius Aurehanus n’en dit rien dans les extraits qu'il a faits des écrits de ceux qui ont pratiqué la médecine depuis Hippocrate jufqu’à Thémifon. Les difciples de Thémifon {e fervoientde Jangfues en pluñeurs occafons ; ils appliquoient quelquefois les ventoufes à la partie d’où Les fargfies s’étoient détachées , pour en tirer une plus srande quantité de fang. Galien ne fait aucune mention de ce réemede, apparemment parce qu'il étoit particu= lier à la fee méthodique qu'il méprifoit. J’avoue qu'il en eft parlé dans un petit traité imparfait inti- tulé, de cucurbirulis , de [carificarione , de fanguifugis | &c. qu’on attribue à Galien, mais fans aucun fonde- ment; car Oribafe qui a écrit des fengfues, L. VII. ditavoir tiré çe qu'il en rapporte, d’Antille & deMe- SAN nemaque, l’un & l’autre de la fete méthodique, où du moins ce-dermer. il y a apparence que lon-doit aux payfans la découverte de ce remede. La Jangfue eft, comme on fait , une efpece d’in- fette ou de ver aquatique , qui appliqué au corps, perce la peau, tire Le fang des veines, & procure quelquefois la fanté par cette évacuation. C’eft par cette raifon que les médecins grecs &c romains les ontemployées de très-bonne heure. Comme 1l'y en a deplufeurs efpeces , 1l ne fera pas hors de propos d'établir ici quelques regles qui puiffent en fixer je choix. : On prendra d’abord celles qu'onaurapêchées dans des ruifleaux, & dans desrivieres dont les eaux font claires: ce font les meilleures; celles qu’on trouve dans les lacs, dans les étangs & dans les eaux crou- piffantes, font impures, 8 excitent quelquefois des douleurs violentes, des inflammations & des tumeurs. Les Chirurgeiens les plus expérimentés préferent en- core aux autres, celles qui ont la tête petite & poin- tue, dont le dos et marqueté de lignes verdâtres & jaunâtres, &c qui ontleventre d’un jaune rougeûtre; car lorfqu'elles ont la tête large, &z toutle corps d’un bleu tirant fur le noir, on les tient pour être d’une efpece maligne. Maïs une précaution qu'il eft abfo- liment néceflaire de prendre, c’eft ne jamais appli- quer-des /angfues récemment pêchées dans des rivie- res ou dans des eaux troubles ; 1l faut les tenir aupa- ravant dans un vaifieau d’eau pure, & changer de tems en tems cette eau dans laquelle elles fe purge- ront de ce qu’elles pourrorent avoir de fale & de ve- nimeux. Lorfqu’elles auront vécu pendant un ou deux mois de cette mamiere, on pourra s’en fervir en fù- rété.. | Avant que d'appliquer [a /zng/fue , on la tirera de Peau, & on la tiendra pendant quelque tems dans un verre ou dans un vaifleau vuide , afin qu’étant alté- rée , elle s'attache ardemment à la peau, & tire des veines une plus grande quantité de fang. Quant à la partie qu'il faut faire piquer , ce font ordinairement les tempes ou le derriere des oreilles, fila tête oules _yeux font affectés par une trop grande abondance de fang, & furtout file malade eft dans une fievre accompagnée de délire. On les applique auffi quel- quefois tres-convenablement aux veines du reétum , dans les casd’hémorrhoïdes aveugles & douloureufes: les Janofues ne feront pas moins bienfaifantés dans les hémorrhagies du nez & dans les vomifiemens & cra- chemens de fang : elles font très-propres à procurer une révulfion, furtout lorfque l’hémorrhagie pro- vient de l’obfiruétion des hémorrhoides. Avant que d'appliquer la fzngfue, on commence par frotter la partie jufqu’à ce qu’elle foit chaude &c rouge. On prend enfuite l’animal par la queue avec un linge fec , on l’éleve, on le tient à moitié forti du vaifleau , & on le dirige vers l'endroit où lon veut qu'il s'attache : ce qu'il fait avec beaucoup d’ardeur. S'ileft à-propos d'appliquer plufieurs fangfues, on s’y prendra fucceflivement ainfi que nous Yenonsde Pindiquer. Lorfaw’elles refufent de prendre, ce qui arrive quelquefois, on humeétera la partie avec de l’eau chaude, ou avec du fang de pigeon ou de pou- ‘ let: f cela ne fuffit point, il en faut choïfir d’autres. L'application des fangfues à la caroncule dans le grand anple de l'œil après la phlébotomie fe fait avec beau- . Coup de fugcès dans les maladies inflammatoires de cet organe. La crême & le fucre inviteront les /27g- Jus à s'attacher à la partie qu’on en aura frottée. _ Auffitôt que les fazgfues {ont pleines de fang , elles fe détachent d’elles-mêmes, s’il étoit à propos de faire une plus grande évacuation, on en apphqueroit de nouvelles, ou l’on couperoit la quete à celles qui font déja attachées ; car elles tirent du fang à mefure qu- élles en perdent, Si lorfqu’on aura tiré une quantité S A N 62% lufifante de fang , elles ne lâchent point prife d’elles- mêmes, On n'aura qu'à jetter fur élles un peu de fel où de cendres , & elles tomberont fur le champ: Cette méthode nous paroit la meilleure; car lorfqw’on les détache'de force, elles cautent quelquefois une inflammation ou une tumeur, On remettra dans de l’eau claire celles à qui on n’aura point coupé la queue, (14 in les gardera Pour une autre occafon ; quant à celles qu’on a bleflées, elles meurent tou- jours. On lavera les ouvertures qu’elles aurontfaites, avec de l’eau chaude, & onles panfera avec une eme plâtre vulnéraire ; mais ces petites blefures guérif- fent ordinairement fans remede, Ceux qui defirent en favoir davantage fur ces in: feétes , n’ont qu'à lire Aldovrandus, Gefner, Botal- lus, Petrus Magnus , Sebizius, Heurnius ; Cranfius, Schroder & Sthal qui en ont traité plus au long. L’hémorrhagie continue ordinairement: pendant quelque tems, quelquefois pendant deuxtheures, & même davantage, après que les /angfues font tom- bées. Comme on ne reçoit point alors le fang dans des vaifleaux,,, & qu'il eft entierement abforbé par le Enge, il paroït être en beaucoup plus grande quan- tité qu'il n'eft en effet. Cela fufit quelquefois pour allarmer le malade, & jetter dans une vaine confter- nation les afhftans qui ne manquent pas d'imaginer que ’hémorrhagie ef très-abondante, & de craindre qu'il ne s’enfuive une foiblefle & la mort. On préviendta ces terreurs paniques!, & l’on ar- rétera en peu de tems l’efufon dè {ang ,: foit par la comprefhon ; foit par Papplication d’un ftyptique, comme de leau-de-vie avec un peu decolcothar mis en poudre. Mais un fait plus ordinaire, c’eft qu’on foit obligé de baigner avec de l’eau chaude la partie piquée pour en faire fortir le fang plus librement, lorfqu'il n’en vient point une quantité qui réponde au deffein qu'on avoit, en appliquant les fargfues. Heifler. (D. J.) | SANGSUE DE MER, hirzdo marina, infe&te de mer qui reflemble beaucoup à la fangfue d’eau douce ; if eft de la longueur du doigt , & plus mince à la par tie antérieure qu’à la partie poftérieure; il a deuxpe- tites cavités rondes femblables aux fuçoirs des po- lypes par le moyen defquels cet infeête s'attache aux corps qu'il rencontre : ces fuçoirs font placés lun à côté de la têre ; & l’autre à la queue; le corpseft di- vilé en plufieurs anneaux, êc la peau eft dure: ce qui fait que cet infeéte ne peut pas fe mettre en boule 5 cependant il peut fe rapetifler en retirant la tête & la queue dans fon corps; il vit dans la boue, & if fent mauvais. Rondelet, 4:ff, des zoophites, chap. vis. Voyez POISSON. | SANGSUE DE MER, ( Hiff. mar. du Chily, ) Les Jangfues de mer du Chily font de plufieurs couleurs; les unes entierement rouges de couleur de feu, d’au- tres d’un verd-bleuâtre , & d’autres d’un verd-grisa- tre. Elles font articulées de bandes annulaires en grand. Chaque bande eft relevée fur les flancs de deux petits mamelons qui leur fervent d'autant de jambes pour ramper, de la même maniere que ram- pent nos chenilles. À lPextrémité de chaque mame- lon , on voit une forte de nageoire compofée d’une infinité de petites épines blanches, qui font fi fubti- les &c fi aiguës , que pour peu qu’on touche cet ani= mal , elles entrent dans les doigts, & pénetrentavec autant de facilité que les piquans imperceptibles des _opontia. Les nageoires des mamelons fupérieurs ou du dos font toutes accompagnées d’un pennache verd-pris; & elles fontcompofées de quantité de très- petites fibres branchues, que l’on n’apperçoiït que dans le tems que lanimal nage, où marche au fond de Peau; ces pennaches s’abattent fur fon dos, & ne parotflent que comme un tas de petits vers entrela- _cés les uns dans les autres, femblables à la moufle 624 SAN des rochers, lorfqwelle ne furnage pas au-deflus de Veau. Le p. Feuillée a deffiné quelques-unes de ces fangfues marines dans fon hiftoire des animaux du Chily. (2. J.) | SANGSUES TERRESTRES, ( Æ/f, nat: ) des voya= seurs nous apprennent que lie de Ceylan produit une efpece de Jangfues fort incommode pour ceux qui vont à pié. Elles n’ont d’abord que la groffeur d’un crin de cheval, mais elles fe gonflent au point de devenir de la groffeur d’une plume d’oie, & lon- gues de deux outrois pouces. Ce n’eft guere que dans les faifons pluvieufes qu'on les voit; alors elles mon- tent aux jambes des voyageurs, & les fucent avec une prormptitude qui empêche de s’en garantir. On {ouffre patiemment leurs morfures , parce qu’on les regarde comme fort faines. SANGUEHAR oz SANQUEHAR,, ( Géog. mod.) petite ville d'Ecoffe , dans la province de Nithfdale , roche la {ource de la Nith, à 18 lieues au fud-oueft d’Edimbourg. Long. 13. 28. latue. 55. 42, (D. J.) SANGUENARES LES, ( Géop. mod, ) ce font deux petites îles adjacentes à la Sardaigne, fur la côte orientale du cap de Cagliari, & à 22 milles de la ville de Cagliari, vers lorient. On Les nommoit au- trefois Cunicularie infule. (D. J.) SANGUESA ,( Géog. mod. ) petite ville d'Efpagne, dans la Navarre, fur les frontieres de lArragon, & fur la riviere d’Arragon, à huit lieues de Pampelu- ne , & à 11 de Calahora. Elle eft la capitale d’une mérindade de fon nom, qui comprend quelques bourgs & plufeurs villages. C’eft peut-être la Juriffa (ou Turifia ,felon les divers exemplaires ) d'Anto- min, Long.16, 30. latit. 42. 25. (D.1J.) SANGUI-CYA, ( Géog. mod. jriviere d’'Afe dans la Perfe. Elle fort d’un lac, eft profonde, rapide , poiflonneufe, & fe décharge dans PAraxe , à trois lieues au fud d’Erivan. (D. J.) SANGUIFICATION, £L£ ( Phyfcolog. ) c’eft l’aête par lequel le chyle eft changé en fang, Voyez CHYLE, SANG. La fanguificarion fuccede à la chylification, & eft fuivie de la nutrition. Voyez ces articles. La fanguification fe fait ainfi. Après que le chyle a pañlé par les différentes fortes de veines latées, & qu'il eft parvenu dans le canal thorachique, il eft porté de-là dans la fouclaviere où 1l{e mêle avec le . fang avec lequel il defcend dans le ventricule droit du cœur, & s’y mêlant plus intimement , ils circu- lent enfemble dans toute l'habitude du corps, juf- qu'à ce qu'après plufeurs circulations , &c après plu- fleurs dépurations qui fe font dans les différens cou- loirs & dansles différens canaux du corps, ils foient intimement unis , ou, comme difent les chimiftes , cohobés , de forte qu'ils ne font plus qu’un tout uni- forme qui ne paroit être autre chofe que Le chyleal- téré par l’artifice de la nature &c exalté en fang. En effet il ne paroit pas qu’il fe mêle aucun corps étran- ger que Le chyle avec la liqueur qui circule , excepté ce qui en a été féparé auparavant pour des cas par- ticuliers , à moins que l’air ne fe méleavec elle dans les poumons:ce qui n’eft pas hors de doute & de conteftation. Voyez AIR, SANG. , Il eft vrai qu’il y a une certaine quantité d’air qui eft mêlée avec le fang ; & qui circule avec lui ; mais il eft douteux fi c’eft un nouvel air qui viennefejoin- dre à celui qui étoit contenu en premier dans les ma- tieres dont le chyle a été forme. Les principaux ar- gumens dont on fe fert pour appuyer cette opinion, font Ja nécefité de la refpiration &c la couleur écar- late que le {ang acquiert dans les poumons , & qui paroït d’abord dans les veines pulmonaires. Le pre- mier eft fondé fur une explication affez fatisfaifante {ous l’arricle RESPIRATION. … L'autre eft appuyé fur les changemens quiarrivent au fang coagulé après la faignée ; fi on expofe à l'air SAN la partie de ce fang qui étoit dans le fond duwafe, & qui avoit commencé de contrater une.couleur noirâtre , cette partie mife à l'air acquerrera une couleur d’un rouge éclatant : ce que nous remar- quons s’exécuter de mémegdans la veine pulmo- naire, : Les anciens étoient très-embarraflés pour connoï- tre le fiege de la fznguification, de même que pour {a- voir le lieu & l’inftrument par lequel elle s’effeétuoit; fi e’étoit dans le cœur , dans le foie ou dans les pou- mons, mais {elon la doétrine des modernes, le cœur, le foie, les vaifleaux , 6c. ne contribuent pas plus à changer le chyle en fang , que le foleil contribue à changer le moût en vin. Voyez Cœur, For. Les anciens rapportoient la fznguification à la fa- culté formatrice, Dans le dernier fiecle, quand la chimie futintroduite ,oncroyoitque la fazgmification & plufieurs autres chofes fe faifoient par un ferment, &t les médecins de ces temsrecherchoient quel étoir le lieu particuher où ce ferment étoit préparé & confervé; les uns difoient que c’étoit le foie, d’au- tres la rate, 6c. mais ces opinions font rejettées par les modernes. On doit admettre deux degrés de fanguification : le premier qui fe réduit feulement à la confufon & à l’intimation des parties, comme étant fufifante pour confondre les différentescouleurs des liqueurs, enforte que la blancheur du chyle foit perdue & changée en la rougeur du fang; de forte qu’elle ne paroïtra plus dans fa premiere figure, ni fous fa pro- pre couleur. Il faut fuppofer: que cela fe fait feule- ment par les circulations répetées ; mais on nepeut pas déterminer le nombre de ces circulations. Le fe- cond degré eft quand les parties du chyle font fi exaltées ou fubtilifées , qu’elles perdent toute ten- dance à laféparation coagulatoire, comme elles Pont dans le chyle & dans lelait, On peut ajouter un troi- fieme degré dans lequel les parties du fang qui ne font pas digérées, fontf brifées &c fi mélangées avec le férum, qu’elles ne font plus capables de fépara- tion. Cette /axrguification eft morbide , 8 Îe fait dans les fieyres accompagnées de fueurs de fang ,. de ta- ches de pourpre, &c. Le doéteur Drake ne doute aucunement que tous ces degrés de fzrguification ne foient caufés par les circulations réitérées dans lefquelles Pinteftin & le mouvementprogrefif confpirent à mêler 8 à divifer les parties accefloires. Elles ont fans doute leur pé- riode déterminé dans lequel elles arrivent à leur per- feétion; mais nous ne connoïflons pas précifément où 1l doit être fixé. -SANGUIN , (Boran. ) arbrifleau qui eft du même genre que les cornouiller , à Particle duquel ona fait la defcription détaillée de plufeurs efpeces de Janguins. Voyez; CORNOUILLER. SANGUIN, adj. fe dit ex pratique de Médecine,d'un homme qui a beaucoup de fang , où le fang & la chaleur prédomine , & qui a enfin tous les fignes du tempérament farguin. En général dans ce tempéra- ment le fang eft bien.conditionné & en grande quan- tité , les vaifleaux font fort remplis; les humeurs font âcres, la couleur eftvermeiïlle , les maladies inflam- matoires font ordinaires ; les perfonnes /anguines doivent fe faire faigner fouvent , autrement-les varf- feaux furchargés attireroient différentes maladies ai- gueés & chroniques : cependant il faut avoir foin d’être ménagé &c difcret dans l’adminiffration des faignées ; l’habitude de la faignée eft pernicieufe , & fait naître la néceflité de la rendre plus fréquente, ce qui détermine plus promptement la pléthore à fe former. La meilleure façon de prévenir le trop de fang dans les gens qui font nés /arguins, c’eft de leur or- donner un grand régime , un exercice modéré, & SAN enfin des aliens peu nourriflans qui ñ6 fournient . Qu'un fuc nourricier léger &c peu folide, + « _ Les gens farguins fe reconnoïffent plus à la taie ÿreur qu’à l’embonpoint, à la grandeur des vaifleaux, à la couleur du vifage, qui eft d’un rouge tantôt fleu- ri, tantôt brun, tantôt livide. Le rouge livide mat- que le trop de fang & fon épaifliffement ; 1l prétage une évacuation & demande la faignée , fi l’évacua- tion indiquée n'arrive pas au tems marqué & indi- Le: : SANGUINAIRE, adj. { Gram. ) qui fe plaît à ré- pandre le fang : c’eft le plus affreux de tous les ca- raéteres, On y incline les hommes par des combäts publics, des fpeétacles de gladiateurs , des fcènes de tragédies enfanglantées. | SANGUINAIRES, f, m. plur. ( Ayf£ éccléflaft. ) fur: nom de quelques anabaptiftes , qui, dans le xvj. fie- cle ,büvorent dufang humain en faifant leurs fermens, Lindan. . | | SANGUINALIS LAPIS , ( Hifi. rat. Litholog. ) nom donné par quelques auteurs au jäfpe fañguin ; {oit parce qu'il eft rempli de petites taches rouges comme du fang, foit parce qu’on étoit dans Pidée que cette pierre avoit la vertu d’arrêter les hémot- rhagiess d’autres ont donné ce nom à la pierre nom més kéliorrope: pos | _ SANGUINARIÀ, 1. f. (Botan.) gente de planté décrit par Dillenius , Horr, eltham, p. 262. Le {patha ou lénveloppe qui renferme la fleur en guife de ca- lice eft compotée de deux feuilles ; cette enveloppe eft ovale, conéave, & plus courte que la fleur qui eft formée à huit pétales oblongs, obtus, & étendus de toutes parts ; les étamines font plufieurs filets fim: ples, plus courts que la fleur ; le germe du piftil eft oblong & applati ; 1l n’y à point de ftile. Le ftigma eft fillonné profondément de eannelures dans toute fa longueur ; le fruit eftune capfule oblongue , com- pofée de deux loges qui contiennent plufieurs grai nes rondes. Linn, ger. plan. p.227, (D. J.) _ SANGUINARIUS PONS, (Géog. ana) pont d'Italie aux environs d’'Otricoli, de Narhi & de Spo- lette,entreces villes & celledeRome. AureliusViétor, epiroïm. ce. xlv, dit qu'il fut nommé le Pont-farguinaire après qu'Emilien eut été affaffiné , ayant à peine re: gné quatre mois, (D, J,) Apt, | _ SANGUINE, ( ff. nat.) nom que l’on donne à l’hématite. Voyez cer article. | SANGUINOLENT , adj. (Gram.) qui eft mêlé de fang. On dit des crachats /zrguinolens , du pus fan- guinolent. oi . : SANGUINUS , 1. m. ( Botän. anc. ) nom donné par quelques anciens au bouleau à caufe de la cou- leur rougeâtre foncée de fes verges ; Pline appelle aufh cet arbufte fanguineus frutex , & il oublie peu après ; les Italiens nomment encore aujourd’hui le bouleau fzzguino. (D. J.). | SANGUISORBA , L.f, ( Bosan.) gente diftin& de plante que Linnæus caraëtérife ainfi. Le calice particulier eft compofé de deux feuilles très-courtes, oppolées l’une à l’autre, & qui tombent avec la fleur. PP , La fleur eft une feule feuille divifée en quatre feg- mens, de forme ovale pointue, & qui fe touchent feulement à leur extrémité inférieure, Les étamines font quatre filets larges dans leur partie fupérieure , &t de la même longueur que la fleur. Les boflettes des étamines font petites & arrondies, Le germe du pifül eft quarré & fitué entre le calice & la fleur ; le {lle eft fort court & fort menu ; Le ftigma eft obtus ; le fruit eft une capfule contenant deux loges rem- plies de fort petites graines. Linn. gez. plane. p. 46. SANHEDRIN, ( Critiq. facrée. ) mot qui vient du grec fyreédrion, aflemblée ; c’étoit un tribunal chez les Hébreux , dont on fait remonter Pinfitution jufs $ À N 62; ta Moifs ; Gui, par Pavis de fethro fon bañtepere, choïfit foixante & dix des ancieñs d’Iftaël, our lui dider à porter lé poids dti pouvernement, Nombre 1j. 16, On élifoit les membres de ée tonfeil dans ehaz que tribu. Le chéf s’appelloit hañäfée, préfident ; le fecond «b, pere du confeil ; & le troifieme harañ; fage ; mais il y avoit encore chez les Juifs d’autres cours de juitice fubalterne ; qu'on appelloit fæzhéz drins. ; : 7. Pour donfiet äü leteur une idée de ces divers tri Éunaux tels qu'ils étoient quelque tems avant Jefus: Chrift , il faut favoir que Gabinius ayant rétabli Hirean dans la fouveraine facrificature , fit dé grands changemens dans le gouvernement civil, caril lé rendit ariftocratique de monarchique qu'il étoit: Juf ques-là le prince avoit gouverné la nation par lé miniftere de deux efpeces de confeils ou cours dé juftice ; lune de vinet-trois perfonnes , appellés le petit fanhédrin ; & l'autre de foixantedouze; qui étoit le grand Janhédrin. De la premiere efpece ; il y en avoit un dans chaque ville : Jérufaler feulement, à caufe de fa grandeur &c de la quantité d’affaires qui y furvenoient ; en avoit deux, qui fe tenoïent en deux falles féparéess + | Quant au grand-fashédrin ; 1l n'y én avoit qw'uri pour toute la nation ; 1l tenoit fes aflembléés dans lé temple ; & les y avoit toujours tenues jnfqu’alors. Les petits /anheédrins prénoient connoïffance de tou- tes Les affaires qui regardoient la jufiice pour la ville, & le territoire dans lequel 1Îs fe renotent. Le grand- Sanhédrin préfidoit fur les affaires de la nation en général , recevoit les appels des cours inféfieures interpretoit les lois, & de tems én téms faifoit de nouveaux reclemens pour les mieux faire exécuter: Gabinius cafla tous ces tribunaux , & à leur place introduifit cinq différentes cours où fznhédrins , dont chacune étoit indépendante des autres & fouveraine dans fon reflort. La prenuere fut mife à Jérufalem ; la feconde , à Jericho ; latroifieme Bidara ; la qua- trierne, à Amathus ; & la cinquiemeé Éphoris: Tout le pays fut partagé en cinq provinces ou départe- mens, & chaque province obligée de s'adrefler pour la juftice à une des cours qu'il venoit établir, c'eft-à-dire à cellé qu'il hu avoit afionée ; & les affaires s’y terminoient fans appel. _ La tyrannie d'Alexandre Jannée avoit dégoûté les Juifs du gouvernement monarchique, Ils s'étoient adreflé à Pompée pour Le faire abolir ; quand il entra dans la difcufion du démêlé des deux freres à Da= mas. Ce fut pour les contenter qu’il êta le diidème & le nom de roi à Hircan , en lui rendant pourtant la fouveraineté fous un autre nom , car il lui laïfla toute la puiflance ; mais dans cette rencontre ils obtin- rent de Gabinius de iui en ôter le pouvoir, comme l’autre lui en avoit Ôté le nom ; & il le ft par lechan= gement dont je viens de parler. En effet, fon regle- ment tran{portoit tout le gouvernement des mains du prince entre celles des grands qui éntroient dans ces cinq cours fouveraines ; la monarchie fe trouvoit par-là changée en aniftocratie. Dans la fuite Jules Céfar , en pañlant par la Syrie, redonna la fouverai: neté à Hircan, & remit les chofes fur l’ancien pie. Hérode étant monté fur le trône trente-fept ans avant Jefus-Chrift, verfa le fañg de ceux de la ation qui hui étoit oppofée , dont il avoit le plus à crain- dre le crédit & l'aéhivité, Tous les membres du grand- fanhédrin fe trouverent de ce nombre ; à.la réferve de Pollion & de Saméas , que Joféphe appelle A//e7 & Shammai ; 8 de tousleurs doéteurs de la mifna, ce font ceux dontileftle plus parlé. Les defcendansd’'Hil: lel furent préfidens du fazhédrin pendant dix généras tions. Siméon fon fils eft celui qui prit l'enfant Jefis en- tre fes bras , quand on le préfenta à Dieu dans le temi- ple, & qui prononça le Nuxic dimiisenlevoyänt:Eté 626. SAN 5. Gamaliel , fils de Siméon, préfidoit au fanhédrin, quand S. Pierre & les autres apôtres y comparurent,. Aütes,v. 34.C'eft auffi lemaitre aux piés de quiS. Paul fut élevé dans la feéte & dans la juftice des pharifiens, Aütes, xx. 3, 1] vécut jufqu'en l'an 18 avant la def- truétion de Jérufalem , 8 {on fils qui lui fuccéda pé- rit au fac de cette ville par les Romains. Il me refte à dire un mot d’une troifieme efpece de fanhédrin établi par les Juifs , auquel les viciffitudes dont nous avons parlé ne toucherent point, & qui fe Loutint toujours la même. C’étoit la cour de zrois qui décidoit tous les différends entre particuliers, con- cernant des marchés, des ventes, des contrats & au- tres paretlles affaires, Dans tous ces cas-là, une des parties choififloit un arbitre pour juge ; l’autre en choïfifoit un fecond ; & ces deux arbitres conve- noient d’un troifieme, Ces trois perfonnes enfemble fafoient une cour qui, après avoir entendu les par- ties , décidoit en dermier reflort. Ces généraltés peuvent fufhre pour fe faire quel- que idée des fazhedrins des anciens Juifs ; mais les lcéteurs plus curieuxen trouvéront des détails cir- conftanciés dans la Mihna , dans la Gémare, dans Maimonides, dans Selden, Liphtfoot, Cock, & quel- ques autres qui Ont traité ce fujet à fond. (D. J.) SANJAK ou SANGIAK , f.m.( Æif?, mod.) c’étoit anciennement chez les Turcs le titre qu’ils donnoient à tous les gouverneurs ; aujourd’hui ils {ont infé- rieurs aux bachas &c beglerbegs, & ne font que des intendans où direéteurs des provinces, qui ont droit de faire porter devant eux un étendard appellé /27- ak, fans queue de cheval. | SANICLE, ff: fanicule, ( Hiff. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rofe & en ombelle , compofée de plufieurs pétales difpofés en rond , repliés ordi- natrement vers le centre de la fleur, & foutenus par un calice qui devient dans la fuite un fruit combofé de deux femences ; elles font convexes d’un côté, hériflées de pointes , & plates de l’autre. Plufeurs de ces fleurs {ont ftérilés &c ne rapportent aucun fruit. Tournefort, {nf?, rei herb, Voyez PLANTE. SANICLE, (Mat, med.) fanicle commune ou mâle. Cette plante eft généralement regardée comme un vulnéraire éprouvé. La haute opinion qu’en a le peu- ple eft confignée dans ce proverbe en rime : Qui a la bugle 6 la fanicle (que les Parifiens prononcent /4- nique), fait aux Chirurgiens la nique, Les feuilles de cette plante {ont très-communé- ment employées dans les apozemes , les bouillons, les tifanes deftinées au traitement de toutes les efpe- ces d’'hémorrhagie , des chûtes , des coups, écicon- tre les cours de ventre, la dyffenterie, &c. le fuc ex- primé de fes feurlles eft auf employé dans le même cas. On emploie tous ces remédes fous forme de gargarifme dans les maux de gorge qui dépendent de relâchement ; on emploie auffi lefuc & la déco&ion fous forme d’injeétion ou de lotion dans Le panfe- ment des plaies ; linfufion théiforme des feuilles de Jfanicle eft aufli ufitée pour l’'ufage intérieur , mais cette infufon ne pouvant être que très-léperement chargée du principe médicamenteux de la plante, doit être resardée comme un remede très-foible. C nconferve dans les boutiques une eau difillée de fanicle , «uw’on regarde aflez communément com- me empreinte des principes vulnéraires aftringens de la plante ; maïs ces principes ne font point vola- tils, &t l'eau de /anicle n’eft certainement point afirin- gente. Nous avons obfervé ailleurs la même chofe en parlant de l'eau de plantain &c de celle de renouée, Ec. Voyez ces articles. , Les feuilles de fazicle entrent dans l’eau vulné- raire, le baume vulnéraire & le baume oppodeltoch, &c fon fuc dans lerplâtre oppodeltoch. (4) SANIE , 1 £ cerme de Chirurgie, qui fignifie la ma- SAN | ticre claire & fereufe qui coule des plaies &cdesulcea res : les Grecs l’appellent zchor. Elle differe du pus qui eft plus épais, & plus blanc. Voyez Pus. 5 La fuppuration des plaies des aponévrofes, des ligamens , des articulations , eft toujours fanieufe : les ulceres de ces parties ne doivent pas être traités par des remedes gras & onftueux, mais avec des baumes qui s’oppofent à la pourriture. Poyez PLATES DES NERFS, DES TENDONS , DES APONEVROSES autres parties exanguires. ( V) | SANJENÉ-LAHE , LE (Æff. nat. Bor. ) atbre de l'ile de Madagafcar , dont le bois a l'odeur du cumin. Son écorce reflemble à celle du fureau & eft très aromatique ; on dit qu’elle eft un remede dans les brülures, SANIEUX , adj. qui eft chargé de fanie. Foyeg SANTE, ; SANINDO,(Géog. mod.) c’eftle nom d’une des fept grandes contrées de l'empire du Japon. Sarirdo fi- gnifie la contrée montagneufe du Nord, ou la contrée froide. Elles comprend huit provinces qui font , Tanba, Tanoo,Tafima, Imaba Fooki ,Idfumo , Iwa- mi, & Oki. Tout le reyenu annuel de ces huit pro. vinces, monte à 123 mankokfs. (D. J.) # SANJODO , (Géog. mod. ) une des fept grandes contrées de l'empire du Japon. Le motfzrjodo, veut dire la contrée montagneufe méridionale , ou la contrée chaude. Elle renferme huit provinces , qui font Fari- ma, Mimafaki, Bidfen, Bitsju , Bingo, Aki ,'Suwo Ôt Nagata. Leur revenu annuel monte en total à 270 mankokfs. (D. J.) SANIS,, fm. ( Hi. grecg. ) canis ; genre de puni- tion chez les Grecs , qui confiftoit à attacher un malfaiteur à un poteau, êc à le laïffèr dans cet Ctat plus ou moins long-tems fuivant fon crime. Potter. Archeo!, Graec.t. 1, p.131 D.J.) | SANITIUM, (Géog. anc.) ancienne ville des Alpes maritimes, felon Ptolomée, Z. JA. ec: 7, qui étend fon Italie jufques-là. C’eff à préfent la ville de Sénez: les habitans de ce canton font nommés par Pline Saragenfes , &c la ville même eft appellée Sz= nicienfium civitas | dans la notice des provinces. (2. J.) SANKIRA , (Hiff. nat. Botan.) plante du Japon, dont la racine fameufe par fes vertus, eft grofle, dure, noueufe, inégale, garnie de longues fibres, rouge ou noire en-dehors , blanc au-dedans, & d’un goütade. Cette plante, quand elle ne trouve rien qui la foutienne , ne s’éleve que d’une ou deux cou- dées ; mais lorfqu’elle rencontre des buifons, elle de- vient beaucoup plus haute. Ses branches font lisneu- fes , de la grofleur d’un tuyau d'orge, d’un rouge brun près de terre, garnies de nœuds de deux en deux pouces, &t changeant de direétion après cha- que nœud, d'où fortent deux tendrons femblables a ceux de la vigne, par lefquels la plante s’attache à tout ce quelle rencontre. Les feuilles, qui n’ont pref- que point de pédicules, font rondes , terminées par une pointe coute, de trois pouces de diametre, min- ces , fans découpures , & d’un verd clair des deux côtés. Sur un pédicule très-mince, long d’un pouce, font difpofées en ombelle, environ dix petites fleurs, de couleur jaunâtre, de la groffeur d’un grain de coriande, à fix pétales & fix étamines , dont la pointe eft d’un blanc qui tire furle jaune. Le fommet du pHbl qui occupe le milieu de la fleurs, eft couleur de verd de mer. Après la fleur, il vient un fruit, qui a peu de chair, & qui reflemble à la cerife par fa figure , fa groffeur &c fa couleur; mais il eftfect, &- rineux , & d’un goût auftere. Les femences font au nombre de quatre, cinq ou fix, de la eroffeur d’une lentille, en forme de croiflant ; noirâtres en-dehors lorfqu’elles fontfeches ; blanches en-dedans , d'une Ou. fubftance S AN fubftance très-dure. Cette plante croit abondarainent parmi les ronces & les fougeres, 4 SANKITS , (Æff nat. Botan.) c'eft un petit chaz me-cerafus, à feuille de cerifier fauvage du Japon, lef. quelles font difpoiées en rond. Ses fleurs font penta- pétales ,&reflemblentà celles du muguet ; fon fruit eft un peu rouge, plus gros qu’un pois , d’un goût doux &c ityptique, avec un noyeau blanc, dur &tranf- parent. SANNE , LA ( Géog. mod. ) ou la Seine, petite ri- viere de France , en Normandie, au pays de Caux. Elle a fa fource à fix lieues de Rouen, & fe jette dans la mer à une lieue de Dieppe, & à fix de fon origine, ( D.J.) Je SANNES , cerme du jeu de Tridac, qui fignifie deux fois fix, que les dés amenent d’un même coup. SANNI , (Géog. anc.) ancien peuple de l’Afe, affez près de la petite Arménie, Strabon, 4 41 , dit , au-deflus de Trébizonde & de Pharnacie , font les Tibaréniens , les Chaldéens & les Sanni , qu'on appelloit autrefois Mucrones , & la petite Arménie. 2. Les Sarni Heniockhi, font un autre peuple ditre- rent dans la Cochilde. Pline, 4 PT, «iv & » , en fait mention , &c les diftingue des Heniochi proprement dus. { D. J. SANOCK , (Géog. mod.) petite ville de Pologne , dans le palatinat de Rufe , vers Les montagne, , fur la riviere de San. (D. J.) | SAN-SA , f.m. ( Æf. nat. Botan. ) arbrifleau du Japon, dont le tronc eft court, & l'écorce d’un verd brun. Ses feuilles reffemblent à celle du cerifier ; de leurs aifielles,, il naît en automne, un ou deux bou- tons écaileux, de la grofieur d’une balle de fufil , qui venant à s’ouvrir , font éclore une fleur à fix où {ept grands pétales rouges, en forme de rofede la Chine 3 une efpece de couronne , qui fort du fond de la fleur, produit plus de cent étamines d’un blanc incarnat ; courtes &c divifées en deux , avec des pointes jau- nes. Cette plante a un grand nombre de variétés dans la couleur & dans la forme double ou fimple de fes fleurs, qui lui font donner des noms différens. Celle qu'on nomme afanqua, produit un fruit de la grofleur d’une piftache, Ses feuilles préparées fe mê- lent avec celles du thé, pour en rendre l'odeur plus agréable ; & leur décoétion fert aux femmes pour fe laver les cheveux. | SANSCRIT o4 SAMSKRET , f. rh. (Hifl mod.) c’eft le nom qu’on donne parmi les idolâtres de lIn= doffan à une langue fort ancienne , qui n’eft connue que des bramines ou prêtres , & dans laquelle eft écrit le vedarr, qui contient les dogmes de la religion des In- diens. Yoyez VEDAM. Cette langue facrée fe trouve ainfi nommée Hunferis & Samskrotam ;il n'ya que la tribu des prêtres & celle des kutteris ou nobles à qui il foit permis de l’apprendre, SANSIJU , (Géog. mod. ) une des cinq provinces impériales du Japon dans l'île de Nipon. C’eft un pays fort étendu, très-fertile., & qu’on diviie en huit difiiéts. Sa longueur du fud au nord , eftde cent nniles du Japon. Il contient plufieurs bonnes villes j & autres places confidérables. (D. J.) SANSONNET, Voyez ETOURNEAU. SANS-PAIS , adj. (Anal. ) Voyez AZYGOs. SANS-PRENDRE , f. m. terme d’hombre , de qua- drille, de médiateur | de tri, 1] fe dit loriqu’on fait jouer fans écarter, Voyez ces jeux à leurs articles. SANT , ( Géog. mod.)les Efpagnols & les Italiens difent fanto au mafculin, & farta au féminin ; lori- qu'il s’agit de joïindte ce nom adje@ifà un nom pro- pre géographique ;alors ils retranchent lo devantune voyelle | & devant une confonne ; les Italiens écri- vent fimplement fr , en retranchant lez , aufli bien que lo, parce qu’en effétilnefe prononce point, pour éviter la dureté de la prononciation, Rien n’eft plus Tome XIV, SAN 627 ComMMUR que /72, Jarto , & fanta | devant des noms géographiques de lieux, de villes , de rivieres »di- les , de montagnes, Gc. maïs comme tous ces noms chargeroient extrêmement la lettre J, dans un Dion: naïre qui n’eft pas deffiné à la feule géographie , nous en renvoyons tous les articles fous les mots propres, peu curieux de Pépithete ridicule fairt , fainte , Jan, Jenëo , & fanita. (D. 1.) | SANTA, f. m. ( Monnoiïe de compte. ) On appellé ainfià Bantam, & dans toute l’île de Java , aufi-bien que dans quelques îles voifines , un certain nombre de caxas, petite monnoie du pays , enfilés enfemble avec un cordon de paille, ( D.J. | | SANTAL , f. m. ( Boran. exor.) bois des Indes orientales , dont nous connoiffons trois efpecés: lé jaune ou le citrin, le blanc, & le rouge. Le /antal citrin , fantalum citrinum J.B. eft un bois pelant, folide , ayant des fibres droites ; ce qui fait qu'on peut le fendre aïfément en de petites planches, d’un roux pâle ou jaunâtre, tirant {ur le citrin , d'un goût aromatique un peu amer » d’une acrimonie qui remplit toute la bouche , mais cependant qui n’eft pas défagréable , d'une bonne odeur qui approché un peu de celle du mufc & des rofes. | Le fantal blanc, fancalim odoratum candidum, Cæs falp. différe du citrin par fa couleur qui eft plus pâle , & par fon odeur qui eft plus foible : au refte £a {ubf: tance eft la même, aufcbien que fa tifure. Garzias avoue qu'il y a une f grande affinité entre les arbres du fanvel citrin, & du fans blanc » qué lon a bien de la peine à les diftinguer l'un de l'autre, & qu'il n’y a que les habitans qui les vendent aux marchands , qui fachent en faire la différence; mais le favant botanifte P., Hermannous aflure que l’un & l'autre viennent du même arbre , que l'écorce ; OU V’aubier s'appelle fanral blanc, & que.la moëlle où la fübffance intérieure , féparée de l'écorce & de Vaubier, eff le fra cisrin. Cet arbre qui s'appelle /arcanda dans le pays, sé: leve à la hauteur d’un noyer ; fes feuilles font ailées, vertes, imitant celles du lentifque; fesifleurs font d’un bleu noirâtre, fes fruits ou fes baies font de la groffeur d’une cerife, elles font vertes abord ; entuite elles noirciflent en murifant ; elles font in- fipides & tombent aïfément. Il y a certains olfeaux, dit Bontius, prefque femblables aux grives, qui man- gent ces fruits avec avidité, & qui les rendant en- fuite avec leursexcrémens, fément les montagnes oti les champs de nouveaux arbres. Le funsal vient dans les Indes orientales, & fur tout dans le royaume de Siam , & dans lesîles de Timor & deSolor; le:mé: me Bontius raconte que l'odeur de ces afbres nou: vellement coupés , répand je ne fai quoi de peftilens tiel, qui eft tres-ennemi du cerveau. Le fantal rouge, fantalum rubrum , C. B. P. eft un bois iolide ,.compaële ; pefant ; dont les fibres font tantôt droites, tantôt ondées ; le bois du milieu de l'arbre , dont on apporte de grands morceaux {épa- rés de l'écorce & de la fuperficie ligneufe , eft à lex: térieur d’un rouge brun, & prefque noir, & inté- rieurement d’un rouge foncé ; il a un goût légere- ment aftringent &c acide, mais aucune odeur mani fefle; l'arbre du fra! rouge , s’appelle pantaga ; il eft filiqueux ; & croit dans le Coromandel, -” On fubftitue quelquefois'au /anral.citrin ; unicer: tain bois compaëte , pefant ; réfineux de. couleur d'un roux pâle ou jaunâtre, d’une odeur pénétrante, qui approche de l'odeur du citron, & que l’on ap- pelle communément 4ois de cisron ; bois de coco bois de jafmin. L'arbre dont on tire ce bois , eft le neriuirr arbore altiffémum , foto anguflo ; fiore albo,, de Sloane, Cat, plant. jus. jam. veriwm americanum lac tefcens , longiffimo folio, flrré albo , odoratiffimo ; H. Beaumont, Quoique cet arbre approche se peu du 618 S AN fanrai citrin pour la couleur , ilen differe cependant beaucoup, par l'odeur, par les fibres aui font cout- tes & inégales, & par la fubftance réfineufe dont il eft rempli, par le moyen de laquelle il s’enflam me aïfément ; & s'éteint difhcilemenit, On trouve auffi fréquemment chez les droguiftes ; deux bois rouges qu’on donne pour du /artal rouge. Ces deux bois viennent des Indes, & de l Amérique. L'un s'appelle Zignum brafiliano fimilé ; Jen ligrum fapou , lanis tingendis percommodum. C. B. P. L'autre fe nomme Brafilinum lignum , J.B. Erychroxylum bra: filianum , fpinofum, foliis acaci® , Parad. Bat. Prod. mais il eft facile de diftinguer le Janral rouge de ces deux bois, {oit par l’odeur, foit parle goût : car le fantal rouge eft de couleur de fang obicur, & un peu auftere au goût, & le bois du Brefil eft d’une couleur rouge, entremêlée d’un peu de jaune ; & d’un goût douçâtre. Il eft vraïflemblable que Îes anciens Grecs & La- tins n’ont pas connu les différentes fortes de faz- taux. Les Arabes font les premiers qui en faflent ex- preflément mention, fous le nom de /anda/. Les nou- veaux Grecs, qui ont marché fur les traces des Arabes , en ont auffi parlé; cependant Saumaïfe, dans lesexercitationsfur Pline, croit que les bois ap- pellés Zigna fagalina | dont fait mention l’auteur du voyage autour du monde, dans le livre quia pour titre periplus, font les fantaux , & que par confé- quernt ils n’ont pas été inconnus aux Grecs. Le pro- fond filence que Diofcoride & Galien gardent fur ces bois, dont ils ne difent pas un mot , füflit pour détruire l’opinion de Saumaize. Les fantaux contiennent un fel effentiel, acide, une huile épaifle, plus pefante que l’eau, & une petite portion de fel volatil avec beaucoup de terre. L'huile que contient le fasal citrin , eft plus fubtile & plus abondante ; elle eft moins fubtile dans le faz- tal blanc, & plus épaifle encore dans le /z7#4/ rouge. On attribue aux fzrraux la vertuincifive , atténuan- te &aftringente; on en prépare la décoétion comme celle du gayac, 8&on la donne de la même maniere. (DJ) SANT ALUM , {. m. ( Botan. ) genre de plante, dont voici les caracteres dans le fyftème de Linnæus. Le calice particulier de la fleur eft pofé fur le germe du piftil, & fe partage en quatre quartiers ; la fleur eft monopétale , en cloche , dont la bordure eff fen- due en cinq fegmens aigus ; lesétamines font au nom- bre de huit filets , alternativement plus courts les uns que les autres , & pofés fur la partie fupérieure du tuyau de la fleur ; le germe du piftil eft turbine , le ftyle eft de la longueur des étamines, leftigma eft fimple , le fruit eft une baye. Linnæï, gez. plans. p.164. (D. J.) SANTAREN , ( Géog.: mod.) nom corrompu de S.Irenée, dont la fête fe célebrele 20 Oëtobré; ville de Portugal dans l'Eftramadure , fur une montagne près du Tage, à 8 lieues au midi de Leiria, à 9 au fud-oueft de Tomar , & à 13 au nord-eft dé Lisbon- ne. Cette ville eft très-ancienne , on la connoït fous le nom de Scalobis & de prœfidium Julium ; elle con- tient aujourd’hui environ trois mille habitans , divi- és en douze paroïfles ; fon terroir eft d’une fertilité admirable en froment , en vin, & enolives. Dom Alpkonfe Henriquez prit cette ville fur les Maures, en 147, &luiaccorda de grands privileges, confir- més par AlphonfeIIL. en r254. Long. 6.4. lat. 39411. Sauxd, (Louis de ) chevalier de Malte, étoit natif de Sanvarèn. Il a écrit l’hiftoire de S. Dominique en portugais ; mais il eût bien mieux fait de donner celle de l’ordre de Malte. ILeft mort en 1632.(D.J.) SANTÉ , £ f ( Gcon. anim, ) dyiua, hygieia, fanitas, valerudo. C'eft l'état le plus parfait de la vie; l’on peut par çonféquent le définir; lacçord naturel, SAN la difpoñition convenable des parties du corps vivañt; d'où s'enfuit que l’exercice de toutes fes fonétions fe fait, ou peut fe faire d’unemamiere durable, avec la facilité, la liberté, & dans toute l'étendue dont eft fufceptible chacun de fes organes , felon fa defti- nation , & relativement à la fituation aétuelle , aux différens befoins, à l’âge, aufexé , au tempérament de l'individu qui eft dans cette difpoñtion , & au climat dans lequel 1l vit. Voyez VIE, FONCTION, AGE, SEXE, TEMPÉRAMENT , CLIMAT: Il réfulte de cette idée circonftanciée de [a farce, que quiconque eft dans cet état, jouit par confé- quent de la vie; mais que lon peut vivre fans être en fanté ; ainfi l’idée de ce dernier état en particulier, eft plus étendue, renferme plus de conditions que celui de la vie en général. En effet, 1°.ilfufit, pour l’exiftence de la vie ; que le corps animé foit fufceptible d’un petit nombre de fonétions , maïs fur-tout que le mouvement du cœur & de la refpiration fe fafle fans une interrup- tion confidérable; au lieu que l’état de /artéfuppoie abfolument l'exercice ou l'intégrité des facultés pour toutes les fondions. 2°, Ilne faut , pour que la vie {e foutienne par l'exercice des fonétions indifpenfa- bles pour cet état , que la continuation de cet exer- cice, quelqu'imparfaitement qu’il puiffe fe fire , &c même feulement parrapportau mouvement du cœur, quelque peu que ce puiffe être, fans celui de la ref- piration : au-lieu que pour une ferré bien établie, non-feulement il faut que toutes les fonétions vitales s’exercent, & que l'exercice des autres fe fafle, ou puifle fe faire conftamment , refpeétivement à Puti- lité dont elles font dans l’économie animale; mais encore , que l'exercice s’en faffe de la maniere la plus parfaite dont l'individu foit fufceptible de fa nature. Il s’enfuit donc que quoïque la Janre exige Pexer- cice de toutes les fonctions, il fuffit que celles d’où. dépend la vie, fefoutiennent inceflamment 7 dans toute la perfection poffible ; il n’eft pas néceffaire que les autres fe faflent continuellement nitoutes à la fois, il fuit qu’elles puiffent fe faire convenable- ment à chaque organe, lorfque la difpofñition , les befoins de la machine animale , ou la volonté lexi- gent, &c que cette faculté foit commune à tous l:s organes fans exception, parce que la perfeétion eft le complément de toutes les conditions. Ainf, parmi les aétions du corps humain , ilen eft qui ont lieu néceflairement dans tous les tems de la vie, pour qu’elle fe conferve ; tel eft l'exercice des principaux organes de la circulation du fang , mê- me dans le festus ; de ceux de la refpiration après la naïfflance : l’aftion des premiers doit fe répéter cha- que feconde d'heure environ ; celle des autres doit avoir lieu plufieurs fois dans une minute : al eft des organes qui ne font en aétion que pendant un certain tems, dans l’efpace d’un jour naturel, comme ceux de la digeftion, des mouvemens des membres , de l'exercice de l’'efprit ; enforte que Le fommeil fucce- de à la veille, comme le repos au travail, la nuit au jour ; d’autres organes ont des fonétions réplées pour tousles mois, comme ceux qui fervent à l’éva- cuation périodique des femmes: 1l eft des fonétions qui font particulieres à chacun des féxes, comme aux hommes d’engendrer , aux femmes de conce- voir, & ces fonctions ne peuvent avoir Heu qu’à un certain âge, & n’ont qu'un exercice limité ; elles regardent les adultes , non pas les enfans, ni com- munément les vieillards , fur-tout par rapport aux femmes. | ‘Ainfi on ne peut pas regarder comme en fanfé, quiconque ne peut pas exercer les fonétions conve= nables à fon fexe , à fon âge , & à la circonftance; tels font les eunuques, les mutilés en tout genre; de même que c’eft aufli contraire à l'idée de la Jantés S AN ; d'exercer des fonétions qui ne conviennent pas, qui font déplacées, comme fi une femme décrébite eft encore fujette à Pévacuation menftruale , ou le rede- vient, ou fi quelqu'un eft porté au fommeil extraor- dinairement hors le tems qui lui eft deffiné ; par‘con- féquent:, la même fonétion, qui étant exercée conve- nablèment , eft un effet de la bonne für, devient un figne, un fymptome de maladie, lorfquw’elle fe fait à contreterms. | La perfeétion de la farté ne fuppofe donc pas une même maniere d’être, dans les différens individus quien jouffent ; l’exercice des fon@ions dans chaque fujet , a quelque chofe de commun, à la vérité, pour chaque aétion en particuher, mais il eft fufceptible aufh de bien des différences , non-feulement par rap- portà l’âge, aufexe, au tempérament, comme on vient de le dire ; mais encore par rapport aux fujets de même âge, de même fexe , de même tempéra- ment, felon les différentes fituations , les différentes circonftances-où ils fe trouvent; ainfi chacun a fa maniere demanger, de digérer, quoique chacun ait les mêmes organes pour.ces fonétions. La /anté ne confifte donc pas dans un point précis de perfection commune à tous les fujéts, dans l’exer- cice deitoutes leurs fonions; mais elle admet une forte de latitude d’extenfñon , qui renferme un nom- bre très-confiderable & indéterminé de combinai- fons, qui établiffent bien des varietés dans la maniere d’être en bonne /arté, comprifes entre l’état robufte de l’athlete le plus éloigné de celui de maladie, & Pétat qui approche le plus de la difpofition où la fanté cefle par la léfion de quelque fonétion. Il fuit de-à qu'il n’exifte point d'état de fanré qui puifle convenir à tout le monde ; chacun a fa maniere de fe bien porter, parce. que cet état dépend d’une certaine proportion dans les folides &r les fluides , dans leurs aétions êc leurs mouvemens, qui eft pro- pre à chaque individu. Comme l’on ne peut pas trou- ver deux vifages parfaitement femblables, dit à ce lujet Boerhaave, 2rflir. med, femeiot. comment. $. 889. de même il y a toujours des différences entre le. cœur, le poumon d’un homme , & le cœur, le pou- mon d’un autre homme. Que l'on fe repreéfente deux perfonnes en parfaite Janté, fi l’on eflaie de faire pañer les humeurs, c’eft- a-dire la mafle du fang de l’un de ces fujets, dans le corps de l’autre, & réciproquement, même fans leur faire éprouver aucune altération , comme par le moyen de la transfufñon, fi fameufe dans le fiecle dermier , ils feront fur le champ ous les deux mala- des, dès que chacun d’euxfera dans le cas d’avoir dans fes vaifleaux, du fluide qui lui eft étranger ; mais fi lon pouvoittout de fuite rendre à chacun ce qui lui appartient ; fans aucun changement, ils récouvre- roient chacun la fazré dont ils jouifloient avant l'é- change. | … Ceft le concours des qualités dans les organes & les humeurs propres à chaque individu , qui rend cet échange impraticable ( Foyez TRANSEUSION ); c’eft cette proportion particuhere entre les parties dans chaque fujet, qui conflitue ce que les anciens enten- doient pas idiofyncrafte , & ce que nous appéllons tempérament ( Voyez IDIOSYNCRASIE , TEMPÉRA- MENT ), qui fait que l'exercice des fonctions d’un homme differe fenfiblement de ce qui fe pañle au mèê- me égard dans un autre homme, quoiqu'ils foient tous les deux dans un état de /anté bien décidée, Les mêmes organes operent cependant dans l’un & dans l’autre Le changement des matieres deftinées à la nourriture , en humeurs d’une nature propre à cet effet. Cependant des mêmes alimensilne réfulte as des humeurs abfolument femblables , lorfqu’ils hs travaillés & digérés dans deux corps différens. Tel bomme vit de plantes & de fruits avec de Tome XIF. S A N 629 l'eau , 6 fe porte bien ; tel autre fe nourrit de vian- de & de toures fortes d’autres alimens , avec des Ji- queurs {piritueufes , &c fe porte bien auffi: donnez à celui-ei qui eft habitué à fon genre de vie des végé- taux pour toute nourriture , 1l deviendra bientôt ma- lade ; comme celui qui eft accoutumé à vivre fruga- lement, sil pañle à l’ufage de tous les genres d’ali- mens qui conflituent ce qu’on appelle /a bonne-chere. Ainfi on ne peut dire en général d'aucune efpece de nourriture , qu’elle convient pour la Janté préfé- rablement à toute autre , parce que chacun a une f- çon de vivre , de fe nourrir qui lui eft propre, & qui differe plus ou moins de celle d’un autre, Voyez RÉGIME. La différence des conftitutions des tempéramens, n'empêche pas cependant qu'il n’y ait des fiones gé- néraux auxquels on peut coanoître une bonne fanté, parce que dans l’économie animale la variété des moyens ne laïfle pas de produire des effets qui paroif fent femblables , dont la différence réelle n’eft pas aflez caraétérilée pour fe rendre fenfible : c’eft le ré- fultat de plufieurs effets dontles modifications ne font pas fufceptibles d’être apperçues , d’être faifies ) Qui forment ces fignes vifbles , par le moyen defquels on ne peut & on ne fait que Juger en gros de l’état des chofes. Aïnfi c’eft par la facilité avec laquelle l’on fent que fe fait l'exercice des fondions du corps & de l’a- me ; par la fatisfaétion que l’on a de fon exiftence phyfique & morale ; par la convenance & [a conftan- ce de cet exercice ; par le témoignage que l’on rend _de,ce fentiment, & le rapport de ces effets, que l’on peut faire connoître que l’on jouit d’une vie auf laine , aufli parfaite qu'il eft poffible. Les trois pre- mieres de ces conditions font aifées à établir, par le- xamen de l’état auel dans lequel on fe trouve ; mais il n’en eft pas de même de la derniere, qui ne peut être que préflentie pour l'avenir, à en juger par le pañlé ; en tant que l’on connoît la bonne difpofition du fujet , & la force de fon tempérament, quilerend propre à réfifter aux fatigues, aux injures de l’air, à la faim , à la{oif, par conféquent aux differentes cau- fes qui peuvent altérer, détruire la fznré : d’où l’on peut inférer que puifque dans ce fujer les chofes non- : naturelles tendent conftlamment à devenir & devien- nent naturelles, c’eft-à-dire que l’ufage des cho- fes dont l’influence eft inévitable ou néceflaire ne cefle de tourner au profit de la fanré, à l'avantage de lindividu, pour fa confervation , & pour celle. des difpofitions à contribuer à la propagation de l’ef- pece; cer état fe foutiendra lons-tems, I fuit de-là que les fipnes par lefquels on peut pré- fager une vie faine &z longue , font auf ordinaire- ment Îles marques d’une /z724 a@uelle bien folide, bien afermie. Les hommes d’une complexion mai: gre, mais charnue , font le plus difpofés à une bonne Janté : les perfonnes qui avec aflez d’embonsoint en apparence , font d’un complexion délicate, ont des muicles grêles, peu compaétes, perdent aifément ’ par detrès-petites indifpofitions , cette apparence de Janté, qui ne dépend que de la graiffe qui fe ramafle fous les tésumens. Dans cette difpofition on eff très- fufceptible de maladie, ce qui forme une conftitation. très-éloignée d’être parfaite ; lors même qu'elle fem- ble accompagnée des fignes de la fansé. La force de la faculté qui confitue la vie, c'eft-à- dire de la nature, fediffipe chaque jour plus. ou moins par lPexercice.des fonéhons ;,maïs dans la funé la nourriture &c le fommeil réparent cette perte par.la formation &t le nouvel approvifionnement qui fe fat du fluide nerveux : la viefe foutient tant que la na- ture a des forces fufffantes pour furmonter. les réfif- tances de la machine animale y par conféquent celles qu'oppofent au mouvement les folides & les fluides KKRkki 630 S AN qui la compoñfent. Plus les forces font fupérieures aux réfiftances , avec une plus grande mañle à mouvoir, plus les forces vitales font confidérables &c propres au maintien de !2 anse ; & au contraire à proportion elles furpaffent moins les réfiftances , avec une moindre mafle à mouvoir, la fanré eft plus foible , plus délicate , plus fujette à fe déranger. | Plus la nature a de forces, & moins elle en dé- penfe , plus la ferré eft ferme &c durable ; parce que la provifon des forces eft plus confidérable. C’eft de- là que dépend 1°. la facilité , Pagihité , la promptitu- de dans l'exercice des fonétions ; 2°, le contente- ment intime , la joie de ame , qui font leffet du fen- timent qu’elle éprouve de la confcience qu’elle a de tette difpofition , de cette faculté; 3°. & l’ordre bien réglé , tranquille & durable des différentes aétions de l'individu. Trois conditions qui font eflentielle- ment néceffaires pour le maintien de la bonne anse. C’eft un très-bon figne en fa faveur lorfque chaque jour à la même heure à-peu-près on fe fent porte à fatisfaire aux principaux befoins de la vie ; que Fon fe fent de l'appétit pour manger &c pour boire ; que l'on le fatisfait convenablement ; que la digeftion, ainfi que l’excrétion des matieres fécales &c de Purine ont auf chacune leur tems réglé ; & que le fommeil revient à fa même heure environ, & dure de fuite environ le même tems. C'eft auffi une marque de bon tempérament & d’une difpofition certaine à une fanté durable , lorf- que l’on peut fe livrer à un exercice affez fort, à un travail du corps aflez confidérable , fans qu'il fe faffe de battement, de pulfation, de palpitation extraor- dinaire dans aucune partie du corps, fans que l’on refiente aucune douleur, qu'il fe forme aucune tu- meur, qu'il paroifle aucune rougeur fur la furface du corps. C’eft une preuve que la diftribution des hu- meurs {e fait avec une égalité bien conftante , même lorfaqu’il fe fait des mouvements forcès qui pourroient la troubler. Ceux qui ont beaucoup de vigueur dans les orga- nes, qui font d'une fenié robufte , font rarement des gens d’efprit; & au contraire avec de lefprit on n’a pas ordinairement une bonne /ane, parce que Pexer- cice de l’efprit exige une grande mobilité dans le phyfique de lentendement , dans le genre nerveux, laquelle contribue beaucoup à Paffoiblifiement du corps , à établir une débilité dominante : au lieu que la roideur des fibres en général qui conftitue la dif- potion à la force du corps, à la vigueur de la ferré, s'étend à l'organifation du cerveau & des nerfs; ce qui les rend moins propresà la vibratilité, qui eft né- ceflaire pour l’exercice des fenfations , des fonéhions de l'efprit. On ne eut pas réunir dans ce monde tou- tes les conditions qui peuvent rendre heureux à tous égards : ainf celui qui a la fagefle ( c’eft-à-dire le fa- voir ) de Salomon , ne peut pas fe promettre la lon- que vie de Mathufalem. On ne fait autre chofe, dit Boerheavé, ixfr. med. . 885, de langlois fameux pour avoir pouflé la vie beaucoup au-delà d’un fiecle, finon qu’il aimoit beaucoup le fromage, &r qu’il com- mit un adultere ayant près de 100 ans. On n’a jamais parlé d'aucune produétion nrautre preuve de fon ef- prit. M. de Fontenelle qui n’a fini fa carriere qu’au bout d’un fiecle, quoiqu'il ait joué un grand rôle dans la république des Lettres, peut être regardé comme un phénomene d’autant plus rare en ce genre. Les moyens propres à conferver la Janré, confif- tent dans le bon ufage des chofes non-naturelles, que l’on doit obferver pour cet effet le plus qu’il eft poffi- ble , de la maniere prefcrite dans les arsicles HYG1E- NE, NON-NATURELLES, chofes, RÉGIME, Pour ce qui regarde le rétabliffement de la fanré, c’eft aufñ au régime &r au fecours de l’art qu'il faut avoir recours , felon les indications qui {e préfen- - 4 tent. Poyey MÉDECINE, Thérapeutique , Diete , RE: GIME, CURATION , TRAITEMENT , REMEDE, Chi rurgie, MÉDICAMENT , Pharmacie, Chimie, SANTÉ , (Mychol, & Littérar. ) La fanté a été per- ‘fonnifiée ou déifiée chez les anciens. Paufanias rap- porte que fon culte étoit commun dans la Grece : Pofita funt deorum figna Hygie, quam filiam Æfculapii faille dicunt ; & Minerve , cui idem Hygiæ , id ef? fof- pitæ cognomentum. La premiere étoit apparemment la Jante du corps, & la feconde celle de Pefprit. IL dit ailleurs que dans le temple d’Amphyarus, il y avoit un autel pour Jafo, pour Vénus, pour Panacée , pour la Santé, pour Minerve : Jafo vient de soc, ouérifon. On la fait auffi fille d’Efculape. Pline remarque fort bien que le nom de Panacée promet la guérifon de toutes les maladies. Les payens ne prétendirent ré- vérer que la divinité qui donne ce qui conferve la Jante. Les Romains adoroient cette déité fur le mont Quirinal. Elle nous eft repréfentée comme une dame romaine couronnée d'herbes médicinales , 8 tenant dans fa maïn droite un ferpent. Eile étoit toute cou- verte des cheveux que les femmes fe coupoient en fon honneur. | Son temple , felon Publius- Viftor, étoit dans le fixieme quartier de la ville de Rome; mais Domitien après s'être tire du péril qu'il avoit couru à lavéne- ment de Vitellius à Rome, fit élever un fecond tem- ple à la déefe de la farsé , avec cette infcription : S'ALUTI Augufii. Il y a un médaillon de Marc-Aurele où lon voit un facrifice fait au dieu de [a fanré par Minerve, &c de- vant elle paroït la Viétoire , qui tient un panier plein de fruit. (D. J.) SANTÉ , pierre de , ( Hifi, nat. Minéralog. ) C’eft ainfi qu'on nomme à Genève & en Savoie une efpece de pyrite martiale très - dure ,| & fufceptible d’un beau poli. On taïlle ces pyrites en facettes, comme le cryftal, ou comme lés pieres précieufes , & l'on en fait des bagues, des boucles, & d’autres orne- mens, La couleur de cette pierre ou pyrite, lorfaw’elle a été polie, eft à-peu-près la même que celle de l’a- cier bien pol. On lui donne le nom de pierre de fante, d’après le préjugé où l’on eft qu’elle change de con- leur &c devient pâle lorfque la /zzré de la perfonne qui la porte ef fur le point de s’altérer. Cette pyrite eft précifément de la même efpece que celle que lon appelle pierre des incas. Voyez cet article, & Voyez PYRITE. SANTEN , ( Géog. mod. ) petite ville d’Allema- gne , dans le duché de Cieves , au cercle de Weft- phalie , à demi-lieue du Rhin, à 2 mille au-deffous de Wefel,, & à pareille diftance de Gueldres, entre des montagnes. Cette ville, felon Cluvier ,occupe la place de ancienne Vetera, Long. 24. 101. lar. 51. 36: S. Norbert, fondateur des Prémontrés, naquit à Santen en 1082, duneilluftre maifon. Il aimamieux prêcher de ville en ville que d’avoir des bénéfices. $. Bernard lui denna un vallon folitaire appellé Pré- montré ; où il fonda l’ordre des chanoines réguliers de ce nom. fl fut nommé en 1127 à l’archevéché de Magdebourg , & mourut dans cette ville en 1134. Le pape Gregoire XIII. le canonifa en 1582. (D. J.) SANTEO ,f. m.( Boran, ) nom donné par le peu- ple de Guinée à une plante dont ils font grand cas pour les maladies des-yeux ; ils fe fervent de fes feuil- les qui font noirâtres, de la grandeur & de la figure de celles du laurier. Voyez les Tranfaütions philofophi- ques ; 2°. 202, SANT-ERINI, (Géog. mod. ) île de l'Archipel , que les anciens ont connue fous le nom de Thera.. Vozez THERA. Ceux qui nommerent autrefois cette île Cz/lifle , S AN c'eft-à-dire srés-belle , ne la reconnoïtroient pas au- jourd’hui. Elle n’eft couverte que de pierre-ponce, ou pour mieux dire, cette ile n'eft qu'une carriere de pierre-ponce , où lon peut la tailier par gros quar- tiers , comme on coupe les autres pierres dans leurs carrieres. Les côtes de l’ile font fi affreufes qu’on ne fait de quel côté les aborder. Peut-être que ce {ont les tremblemens de terre qui les ont rendues inaccef. fibles , elles ne l’étoient point autrefois. Nous marquerons, au mot Thera, l’ancien état de cette ile, & les changemens qu’elle a fubis ; il s’agit 1c1 du moderne, Apres la prife de Conftantinople par les François & les Vénitiens, l'ile de Sans Erini, ou Santorien | comme difent les François, fut jointe au duché de Naxie , & dans la fuite {e rendit à Barbe- roufie, fous Sol man IT. Il n’eft sucre poffbie de fa- _ voir en quel tems elle prit le nom de Sans- Erini ; mais il y a beaucoup d'apparence que ce nom lui eft venu de faite Irene, patrone de l'ile. Cette fainte étoit de Theffalonique , & y fubit le martyre en 304, fous le neuvieme confulat de Dioclétien. Quoique le terrein de cette île foit fec & aride, les habitans cependant le rendent fruê@ueux par leur travail & leur induftrie ; ils y recueillent beaucoup d'orge, de coton & du vin. Ce vin a la couleur de cehu du Rhin, mais il eft violent & plein d’efprit ; c’eft le principalcommerce des habitans , ainf que le coton dontils font de belles toiles. Ils font au nombre d'environ dix mille, prefque tous Grecs, répandus dans cinq villages | & dans deux ou trois bourgs , dont le principal fe nomme Scaro ou Cuffre. Pyrgos a le titre de ville, & eft la plus jolie du pays, bâtie fur un tertre d’où l’on découvre les deux mers. Le pere Richard a donné la defcription de toute l'ile & de fes écueils qui font fortis du fond de la mer à di- verfes fois par des volcans : cette relation eft cu- tieufe. L'ile Sant-Erini peut avoir $o milles de tour. Elle eft à deux lieues au nord de celle de Candie, & au fud-oueft de Namfo. Longitude 44. 5. larir. By: (D:J.) SANTERNO , LE , ( Géog. mod.) riviere d'Italie ; elle a fa fource dans l’Apennin, en lofcane ,au pays de Magello , fe partage en deux branches au terroir d'Imola , & toutes deux portent leurs eaux dans le Pô. On prend ceite riviere pour Le Farernus des an- ciens. SANTERRE, LE, ( Géog. mod.) Sanilerienfis pa- gus, en latin de moyen âge ; petit pays de France en Picardie, borné au nord par l’Artois, au midi par L'île de France , äu levant par le Vermandois , & au couchant par l’Annénois. Il a 20 lieues du midi au nord, & 10 du levant au couchant. Charles V. céda toutes les prétentions qu’il eftimoit avoir fur ce pays à François I. par les traités de Cambrai & de Crépy. Il comprend les trois baïlliages de Péronne ; de Mon- didier & de Roye. Péronne en eff la capitale ; fon terroir eft gras &c aflez fertile. (D. JN SANTIA , ox SANTA-AGATHA ,( Géog. mod, ) cuite ville d'Italie, au Piémont , à 14 milles de V'erce & à 20 d’Yvrées. François IL. duc de Mo- dene y eft morten 1658. | SANTICUM, ( Gcog. anc:) ancien lieu du Nori- que. Antonin le met fur la route d’Aquilée à Lorch , entre Larix & Virunum , à 27 mille pas de la pre- micre, & 30 mille pas de la feconde. Cluvier dit que c’eft Saameck. Lazius À, R. div. XII. Cap. if. prétend que les ruines de Senzicum font au lieu que leshabitans nomment aujourd’hui 4 lrenbourg & Grad- neck. (D.J,) SANTILLANE ,( Géog:mod. ) enlatin du moyen âge, Sanlæ Julian fanumou oppidum ; petite ville d'Efpagne , dans lAfturie, dont une pattie en prend le furnom d’A4ffurie de Sanillane , à s lieues de S. Ander, proche la mer, avectitre de marquifat. O:i croit que c’eft la Concana de Ptolomée 3 div. Il: ch vJ. Long. 13. 4. laut. 43. 28. SANTOLINE , ( Boran.) voyez GARDE - ROBE, Fournefort compte quatorze éfpeces de ce genre de plante, dont on peut voit les cara@teres au 701 Gar- DE-ROBE ; Cet le nom vulgaire de la fnroline ; les Anglois l’appellent firrale Jouthernwood. a plus commune efpece eft la fantolina folis Leref- tibus I. R. H. 460. C’eft une plante qui poufle coma me un petit arbrifleau à la hauteur d'environ deux piés , des verges grêles:, couvertes d’un léger du- vet blanc. Ses feuilles font crenélées » blanchâtres ; fes rameaux ont chacun au fominet une fleur, qui eff ua bouquet de plufeurs fleurons jaunes , ramaflés en boules, évatés en étoile, poités fur un embryon, féparés les uns des autres par des feuilles phées en gouttiere, & foutenus par un calice écailleux : lorf. que la fleur eft paflée, chaque embryon devientune graine un peu longue , rayée & de couleur obfcure; route la plante a une odeur forte, aflez agréable, & ua goût âcre tirant fur l’amer. On la cultive dans les jardins. (DJ) : SANTOLINE , ( Mar. méd. ) pétie cyprès , gardes robe , auron? femelle ; on fait rarement u age de cette plante en médecine; c’eft pourtant un tres-puiffant fcbrifuge capable de chafer les vers & les autres ii- {eétes par la feule odeur, C’eft à caufe de cette der- niere propriété qu’on metfes feuilles parimi Les étof- fes de laine pour les préferver des teignés ; & c’eft cet ufage qui lui a fait donner le nom de garde-robe. On convient d’aiileurs affez généralement que fa | Jantoline poffede les mêmes vertus que Paurone mâle, Foyez AURONE, (4) SANTOLINE, ( AA. des drog. exor.) poudre qu’on nomme encore poudre ali vers, barbosine X fémenti- ne : onlappelle dans les Boutiques/xnrolina , fèmen- tina, fèmen contra verines. C’eft une poudre groffiere compolée de petites têtes oblonoues , écailleufés k d'un verd jaunâtre ; d’un goût défägréable, amer, mêlé d’acrimonie , d’une odeur aromatique, désot- tante , & qui caufe des naufées. Cette poudre nous parvient avec de petites feuilles , de petits rejettons, ou de petites branches cannelées, : Quoiqu'elle foit d’ufage | fon origine nous eftin- connue. On doute fi c’effune graine, où tine capfule féminale; ou des germes de feuilles & de fleurs, On ignore quelle eft la plante qui la porte, fi c’eft la 76- re où l’abfyathe , ou une efpece d'aurone, ou le petitcypres ; on eft incertain fi elle vient dans la Pa leftine, dans l'Egypte, dans la Perfe > Où feulement dans le royaume de Boutan , à l'extrémité des Indes orientales. Rauwolf, qui a parcouru les pays orien= taux, dit que c’eft une efpece d’abfynthe , que les Arabes appellent fchelia . qui croît auprès de Beth- léem, & qui eft femblable à notre abfynthe ; mais les feuilles que lon trouve parmi cette graine , font toutes différentes de celle de notre abfynthe, De plus , 1ln’eft pas vraiffemblable que Profper Alpin & Weflingius , qui ont recherché avec tant de foin les plantes d'Egypte, & qui ont demeuré l'un & l’au- tre quelques années dans ce pays, n’en euflent far aucune mention ; eux qui favoient mieux que per- fonne qu’on étoit fort curieux en Europe de con- noître l’origine de cette graine, auroientals oublics- de nous l'apprendre ? | P. Herman croit que c’eft une efpece d’aurone qui fe trouve dans la Perfe, & dans quelques pays de l'O- rient ; il prétend que ce ne font pas tant de vraies graines , que des enveloppes écailleufes de graines qui ne font pas encore parfaites ; Tavernier con&r- me le fentiment de ce favant botanifte ,Carrlraconte que la fantoline croît dans le royaume de Boutan , fi= tué fur le bord feptentrional du Mogol, d’où l’on 632 SAN rous apporte aufli le mufc & la rhubathe avec cette graine. Îl ajoute qu’elle croît encore dans la Carama- nie, province feptentrionalede la Perfe , maisenf petite: quantité qu'à peine {uffit-elle pour l’ufage des habitans du lieu ; enfin , 1l raconte que cette graine eft emportée par le vent: les peuples du pays, ajou- te-t-il , fe font mis dans la tête que cette graine fe corrompt lorfqu’on la touche avec les doigts, de forte que pour en avoir , ils portent des gants à leurs mains ; dans les prairies où cette plante abonde , fa graine étant müre, ils agitent leurs vans de tous cô- tés pour en attraper les {ommités qui en font rem- plies , & qui s’en détachent par l'agitation de Pair. Il ne faut pas faire beaucoup de fond fur ce récit d’un voyageur qui ne parle que par oui-dire ; Car aucun européen n’a pénétré dans ces contrées reculées de la Perfe. Au refte, l'ignorance où l’on eft du pays natal de cette graine , n’empèche point que l’on ne lemploie quelquefois contre les lombrics ; elle eft utile dans cetre maladie quand on la donne avec la- quila alba, ou quelqu'autre préparation de mercure; mais c’eft qu'alors la vertu du remede dépend du mercure bien plus que de la fzztoline : auf les bons médecins ne connotffent point de meilleurs vermifu- ges que les préparations mercurielies. (D. J.) SANTOLINOIDE , f. m.( Hi, nat. Botan.) fan- solinoïdes ; genre de plante qui ne differe de la fanto- line, qu’en ce que fa fubftance eft herbacée , & que fes feuilles font découpées en très - petites parties, comme celles de Panthemis, Nova plant gen. &c, par M. Michel. | | SANTONES ,(Géog. anc.) ancien peuple de la ‘Gaule. Céfar les met entre les Celtes , parce que de fon tems! l’Aquitaine étoit bornée par l'Océan, les Pyrenées &c la Garonne; mais fous Augufte , l’A- quitaine fut étendue jufaw’à la Loire: alors les Sarso- nes furent cenfés un peuple de Aquitaine. De-là vient la différente maniere de les placer dans la Cel- tique & dans Aquitaine. Leur pays eftaujourd’hui la Saintonge. Les anciens ont dit Sazzones & Sun- or. Pline, Xy. IV. ch: xix. leur donne le nom de libres, Sanzones liberi. Ptolomée, Zv. II. ch. vij. leur donne pour ville Mediolanum ; aujourd’hui Saintes. L'auteur delaPharfale , Zy. L, v, 422. dit Sanronusau fingulier.: Gauderque amoto Santonus hoffe, CD T7) SANTONS, {. m. (Æiff. mod.) efsece de reli- gieux mahométans, vasabonds & libertins. On re- garde les fartons comme une fecte d’épicuriens qui adoptent entre eux cette maxime , asjowrd'hui eff a nous , demain eff a lui, quien jouira ? Aufiprennent- ils pour fe fauver une voie toute oppoñée à celle des autres religieux turcs , & ne fe refufent aucun des plaifirs dontils peuvent jouir. Is pañlentleurvie dans les pélerinages de Jérufalem , de Bagdad, de Damas, du mont Carmel êt autres lieux qu'ils ont en véné- ration , parce que leurs prétendus faints y fontenter- rés. Mais dans ces couries ils ne manquentjamais de detrouffer les voyageurs lorfqu'ils en trouvent l’oc- cafion ; auf craint-on leur rencontre , & ne leur permet-on pas d'approcher -des caravanes, fi ce n’eft pour recevoir l’aumône. La fainteté de quelques uns d’entreux confifte à faire les imbéalles 8: les extravagans afin d'attirer fur eux les yeux du peuple ; à regarder le: monde fixement, à parlér avecorgueil, & à quereller.ceux qu'ils rencontrent. Prefque tous marchent da tête & les jambes nues, le corps à moitié couvert d’une mé- chante peau de quelque bête fauvage. ,ravecune céin- ture de peau au-tour des reins, d’oùhpendiune efpece de gibeciere; quelquefois au-heu de ceinture , ils portent un ferpent de cuivre que leurs docteurs leur donnent comme une marque de leur favoir ; is por- tent à la main une efpece de maflue. Les fansons des Indes qui paflent en Furquie pour le pélerinage de la Mecque & de Jérufalem, deman- dent l’aumûne avec un certain ris méprifant. [ls mar- chent à pas lents ; le peu d’habiilement qui les cou- vre eft un tiflu de pieces de toutes couleurs mal afor- ties & mal coufues. Dandini, dans fon voyage du Mont-Liban, pré- tend que le titre de Janron eft un nom générique & commun à plufieurs efpeces de religieux turcs, dont les uns s’aftraignent par vœu à garderla continence, la pauvreté , 6c. & d’autres menent une vie ordi- naire. Il diflingue encore les méditatifs, qu’on re- connoit aux plumes qu'ils portent fur la tète ; & Les extatiques, qui portent des chaines au cou & aux bras pour marquer la véhémence de l'efprit qui les anime ; quelques-uns qui font mendians ; d’au- tres fe confacrent au fervice des hôpitaux: mais en général les fansons {ont charlatans, & fe mêlent de vendre au peuple des fecrets & dereliques telles que des cheveux de Mahomet, &c. Prefque tous font mendians , & font leurs prieres dans lesrues, y pren- nent leurs repas, & n’ont fouvent point d'autre afyle. Lorfqu'ils n’ont point fait de vœux, fice genre de vie leur déplait, 1l leur fufit, pour y renoncer, de s’habiller comme le peuple; mais la fainéantife 8 l’oifiveté à laquelle ils font accoutumés font de puif- fans attraits pour les retenir dans leur ancien état = d'autant plusque l’imbécillité des peuples eft un fond afluré pour leur fubfiflance. Guer. mœurs de Turcs , come I. Dandini, voyage du Liban. SANTONUM-PORTUS , (Géogr.anc.) port des Saintongeois, felon Ptolomée, 6. II. ch. vi. On ne: convient pas du nom moderne. Ille met entre la Ga- ronne &c la Charente, prefque à diftance égale, ce qui convient mieux à Brouage où le place M. de Va- lois, qu'à Blaye ville fur la Garonne, même fort avant dans cette riviere, au-heu que le Sazronum- Portus de Ptolomée, doit être fur l'Océan. (D. J.) SANTORIN , ( Géographie mod, ) Voyez SANT- ERINI. SANTSI, f, m.(Boran. exot.) nom donné par les Chinoïs à une plante célebre chez eux contre les hé- morrhagies. Nos mifionnaires rapportent que cette plante croît fans culture fur les montagnes; fa prin- cipale racine eft épaifle de 4 doigts, & fournit plu- fieurs radicules moins grofles, mais quifonties feules - d’ufage: elles ont l’écorce rude & brune en-dehors, life & jaune en-dedans; la principale racine jette huit tiges, dont celle du milieu élevée beaucoup au- deflus des autres, porte des bouquets de fleurs: On multiplie le faxs/f en coupant tranfverfalement la maitrefle racine en diverfes tranches, qu’on meten terre à la profondeur d’un pouce, & en 3 ans la plan- te acquiert toute fa perfection. (D.J.) SANTVLIET , (Géogr. mod.) forterefle des Pays- bas dans le Brabant, fur la droite de V'Efcaut, entre Lille & Berg-op-zoom. Cette fotterefle appartient aux Provinces-unies, & leureft d'une grande impor- tance. (D. J.) SANUKI, (Géogr. mod.) une des fix provinces de lempire du Japon, dans le Nankaido, c’eft-à-dire dans la contrée des côtes du fud. Cette province a % journées de longueur de l’eft à l’oueft, êr eft divifée en 11 difiridts.. C’eft un pays médiocrement fertile, _obilyabeancoup de montagnes, de rivieres, & de champs qui produifent du riz, du blé & des légumes: la mer le fournit de poiflon. Cette province eft fa- meufe par le grand nombre de perfonnes éélebres qu y font nées, (D. J.) | SANUT , Voyez CANUS. SAOCES ,(Géogr, anc.) haute montagne de Pile S A P . le Samothrace ; felon Pline, 28. 1. ch. 1j. c'eft aus . jourd’hui Monte-Nerruno, dans l’île de Samandrachi: TI lui donne ro000 pas de hauteur, ce qu'il ne faut pas entendre de fa hauteur perpendiculaire, mais feu- lement du chemin qu’il faut faire en montant, depuis le pié de certe montagne jufqu’au fommet. (D: 7.) SAONE, LA, (Géogr. mod.) prononcez Sône; ri- viere de France, l’une de celles qui groffiffent le Rhône. Elle prend fa fource au mont de Vofge, tra: verfe la Franche-Comté , la Bourgogne , le Beaujo: lois, coule le long de la principauté de Dombes , & enfin fe rend à Lyon qu’elle coupe en deux parties inégales, & s’y jette dans le Rhône tout joignant les murs de cette grande ville, près de l’abbaye d'Aïf- nay. Son nom latin eft Arar, au génitif Araris, On appelloit déjà cette rivieré Sauconna du tems d’Am- mien Marcellin, qui dit Gb. XF. Ararim quem Sau- cornam appelant ; 8 c’eft de ce mot Sazconna qu’eft venu le nom françois. [ne faut pas confondre la Saone avec la Saona, en latin Savo, riviere d'Italie au royaume de Naples, dans la terre de Labour, Cette derniere prend fa four- ce vers Tiano, & fe rend dans le golfe de Naples, entre la roche de Montdragron & la bouche du Vol- torno, (D. J.) , SAORRE oz QUINTILLAGE, f. f. (Marine.) ces termes fur la Méditerranée fignifient 4, Voyez LEST, SAOULE, f. f. (Jeu d'exercice.) c’eft le nom d’un jeu que les feigneurs de paroïfle propoñfent en Breta- gne à leurs vaflaux , dans des jours de réjouiffance, &c. Ce jeu fe fait avecun ballon bien huilé en-dehors . pour le rendre plus gliflant. On le jette à aventure, &t chacun cherche à s’en faifir & à fe l’entr-arracher; enfin celui qui le peut porter fur une autre paroïfle que celle où fe fait le jeu, gagne le prix propofé; ce jeu fe nomme en Normandie /« pelore ou l’éreuf. (2. J. | ; ne > SOU 04 SATURÉ, (Chimie) Voyez SATURATION. SAOULER , (Jardin) quelques autres modernes fe font fervis de ce terme en parlant d’uneterre qu’on avoit trop fumée ou arrofée. | SAP ÆT, (Géogr. anc.) ancien peuple de la Thra- ce, felon Etienne le géooraphe, Appien, civil. Gb. F. en fait auffi mention. Leur pays eft nommé Supaica prafetura par Ptolomée., 6.11. ch. xj. Leurs villes étoient Ænos, Cyplela, Bifanthe, &c. felon le P. Hardouin , 12 Plin.L IP. ci. 2. Sapæi , ancien peuple de l'Ethiopie foùs PEgyp-. te ,felon Ptolomée, Z. IV. 6. vuy.1lles met au midi du peuple Memnones , qui étoient entre le Nil & l’Aft:- pus, prèsde Méroé, ( D.J.) SAPAJOU , voyez SINGE. SAPAN, 1. m. (if. mod.) c’eft le nom queles ha- bitans du Pégu donnent à leurs principales fêtes ou folemnités , qui fe célebrent avec beaucoup de por pe. La premiere eff la fête des fufées ;les gens riches lancent des fufées en l'air, & ils jugent du degré de faveur qu'ils obtiennent auprès de la divinité , par la hauteur à laquelle leur fufée s’éleve: ceux dont la fufée nes’éleve point, s'ils en ont les moyens. font bâtir un temple à leurs dépens, pour expier Les fau: tes qui leur ont attiréle déplaifir du ciel. La feconde fête s’appelle koZZok, on choifit des femmes du peu- ple, & fur-tout des hermaphrodites qui font. com-. muns au Pégu , qui forment une danfé ehl’honneur des dieux de laterre. Lorfque la dante eft finie, les atteurs ou aétrices, entrent en convulfon. &r préten- tendent enfuite avoir converfé avec lés dieux, & fe mêlent de prédire fi année {era bonne où mauvaife, s'il y aura des épidémies 6. La fête appellée fapan- katena, confifte à faire de grandes illuminations, & à promener dans les rues de grandes pyramides ou [4 * $ A P 633 colotines; Celle que lon nomme Jäpan-dayka , ou /à Jète des eaux ; fe célebre en fe baignant & en fe jettant les uns aux autres une grande quantité d’eau. La fête appellée /zpar-donoz, {e célebre par des joutes où courfes fur l’eau. Le maitre ou conduteur de la bar£ qué qui arrive la premiere au palais du toi, obtient un prix; celui qui arrive le dernier reçoit par déri- fion un habit de veuve: cette fête dure peñdarit un mois entier. | +. SAPHAR ; (Géogr. anc.) où Sapphar 8t Saphara par Ptolomée , Z6, WI, ch. vif. ville de l'Arabie heu: reufe dans les terres, felon Pline, Z4. ch. XXL. C'é= toit du tems d’Arrien la métropole du roi des Hémé: rites & des Sabaïtes leurs voifins. Le P. Hardouin dit que le nom moderne eft Sacada, ( D: SOU SAPHENE.,f.f. (Anatomie.) cette veiné eft la plus grofle &c la plus longue des fix qui forment la crura- le. Elle commence par quelques rameaux qui vien- nent du gros orteil & de deflusle pié, & montant par la malléole interne le long de la jambe, & par la par- tie intérieure de la cuifle, entre la peau & la mem brane charnue ; elle va fe perdre vers les glandes de laine dans la crurale , à l'oppoñite de la fciatique mi- neure qui s’y infere à la partie externe; elle reçoit plüfieurs branches dans fon chemin, & ceft elle qu'on a coutume d'ouvrir dans la faignée du pié. Galien, de curat. per venæ féttioner, à le premier établi que l’ouverture de cette veine eftefficace pour exciter les regles, parce qw’après l'ouverture le fan g fe porte abondamment non-feulement à la veine fur laquelle on a opéré, mais encore à tous les vaifleaux qui en dépendeht, à caufe que le fang trouve moins de réfiftance à l'endroit où la veine eft ouverte, que par-tout ailleurs. Lors donc qu'on a fait la faignée au pié, il fe porte plus de fangaux vaifleaux de la matri- ce qui viennent de la veine-cave ; auffitbien que de la faphene. Et comme le fluide qui s'y porte en plus grande abondance diftend confidérablement les vai ieaux , Le flux menftruel doit trouver une ifftie plus facile: ‘Auffi lorfque le fang fuperflu , fans être vit queux, fe trouve retenu par le vice des vaiffleaux! où Wa pas plutôt ouvert la /apheze que les humeurs fe jettent en plus grande quantité vers la matrice, au moyen de quoi le cours du fang vers les vaïfleaux de l’'uretere eit plus libre, & procure l'écoulement des regles. (D. J.) | -SAPHIR , f. m. ( Æff, mar. ) pierte précieufe ; bleue ; elle eft tranfparente & d’une dureté qui ne le cede qu’au diamant & au rubis. Sa couleur {e diffipe au feu fans que pour cela la pierre entre en füfion. Relativement à la couleur, on compte quatre diffé- rentes. elbeces de faphirs : 1°, Le faphir d'un bleu célefte ;ou d'un bleu d’afur; c’eft celui que l’on re- garde comme le plus beau, C’eft ce fzphir que quel- ques auteurs appellent Japhir male : on le nomme aufli cyarus, parce qu’il eft de la couleur des barbots: 24 Le/aphir dun bleu foncé; il eft moins eftimé que le précédent, 3°. Le /aphir d’un bleu clait , tirant unpeu fur le verd d’eau; quelques auteurs le nom- ment /aphirus prafitis. 4°. Le faphir très-clair, dans lequel la teinte bleue eft prefqu'entierement imper- ceptible. Il n’y a, pour ainf dire, que la dureté qui mette de la différence entre lui & le diamant sce der- metaquelquefoisété appellé faphir femelle: d’autres lont'appellé Zeuco=faphirus. Wallerius dit que les faphirs font ordinairement d’une forme oétogone, où d’un plus grand nombre de côtés; mais les relations des voyageurs nous ap- prennent qu'onlestrouve communément fous!la for- me de petits cailloux roulés dans quelques rivieres desindes orientales, de même que prefque toutes les aufres pierres précieufes: Les plus beaux /aphirs viennent des royaumes de Péou, de Bifnagar, de Cambaye.êcide l'ile. de Ceylan. Ceux qui fe trouvent 634 S A P en Bohème , en Siléfie, en Saxe, &c. n’ont mi la du- reté, nm la vivacité de la couleur des faphirs d'o- rient. Il ya tout lieu de croire que la couleur du faphir eftdie au cuivre, Quand on veut priver cette pierre de fa couleur & en faire un diamant, on la met dans un creufet après l'avoir bien entourée de fable fin, parfaitement lavé pour le dégager de toute falete ; lorfque le faphir aura été ainfl environné de fable, on couvrira le creufer d’un couvercle qu’on luttera ‘bien exaétement ; on expofera le creufet au fourneau de verreñe pendant douze heures ; au bout de ce tems on le retirera peu-à-peu, ôcle /aphir aura per- du toute fa couleur; mais il faudra le faire retailler. Pour contrefaire le faphir il n°y aura qu’à joindre duaffre, ou du bleu des Emailleurs, à la compofition du verre; on fera des eflais pour favoir la quantité de cette matiere qu'ilconviendra de joindreau verre. Le faphirus des anciens n’étoit point la pierre dont on vient de parler , c’étoit le Zapis lazul:; quant au faphir, is l'appelloient cyanus. (—) Samir, (Mat. médic. ) Voyez FRAGMENT PRÉ- CIEUX. SAPHORIN D'OZON, SAINT , (Géogr. mod.) pe- tite ville, ou plutôt bourgade à 3 lieues de Lyon. Guypape, en latin Guidopapa , naquit dans cr bourg au commencement du xv. fiecle. Il étudia La Jurifprudence en France & en Italie, & fut employé par le dauphin Louis, depuis Louis XI. en plufieurs affaires importantes, & entr'autres auprès de Char- les VIL fon pere, dont il s’agifloit d’appaifer la co- lere. Le roi fut content de la conduite de Pape, & Pemploya même dans la fuite. Il mourut à Grenoble, vers l'an 1476. Il a compofé divers ouvrages qui font affez rares. Le plus important eftintitulé : Decrfones gratiaropolltan® ; Grenoble 1490, iz-fol, cette édi- tion a été fuivie de plufieurs autres. Les raifonne- mens de cet ouvrage font judicieux, les preuves fo- lides, & les lois bien employées dans leur vrai fens; mais le ftyle n’eft ni pur, ni latin. Chorier en a don- né une traduétion qui vaut beaucoup mieux que l'o- riginal, & qui eft intitulée: La yuri/prudence de Guy- pape dans fes décifions , avec des remarques & la vie de L'auteur, Lyon 1692, in-4°. (D. JS. SAPIENCE,, £ f. (Gram. ) fe dit quelquefois pour fagefle, prudence. Lafontaine a appellé la Normandie Îe pays de fapience. SAPIENCE DE JESUS, FILS DE SIRACH, ( Criciq. Jfacrée.) c’eft le titre grec ordinaire du livre commu- nément appellé PEccléfiaflique, mis par les uns au rang des livres canoniques de lEcriture, & par les autres au rang des apocryphes ; nous ne répéterons pas ici ce qui en a été dit au #07 ÉCCLÉSIASTIQUE, pour ne point faire de doubles emplois. L'an 132 avant Jefus-Chrift, &e la 38. de Ptolo- mée Evergete IL. plus connu fous le nom de Phy- feon, Jefus, fils de Sirach, juif de Jérufalem, vint s'établir en Egypte, & y traduit en grec pour l'ufage des Juifs helléniftes, le livre que Jefus fon grand-pere avoit compofe en hébreu, 8 qui eft in- titulé dans nos Bibles l’Ecc/é/faftique. Lesanciens l’ap- pellent Panareton, mot grec qui fignifie le sre/or de zoutes Les vertus, parce qu'ils le regardoient comme un recueil de maximes Les plus vertueufes. Jefus Pa- voit écrit en hébreu vers le tems du pontificat d'Onias IL. & un autre Jefus fon petit-fils le mit.en rec. Ce dernier eft diflingué du grand-pere qui en étoit l’auteur, par letitre de fs de Sirach. L’original hébreu eft perdu ; on l’avoit encore du tems de faint Jérôme, car il déclare dans fa préface aux livres de Salomon, & dans fon épit, 115. qu'il Pavoit vû fous le titre de paraboles. Il eft vraiffemblable qu'il y a dans la traduétion SAP grecque des chofes qui n'étoient pas dans Porigmal. La conclufion du ch. 1. y. 27. & fuiv. & la priere du dernier chapitre, font fans doute des additions dutra- duéteur; car ce que l’auteur y dit du danger qu'il a couru de perdre la vie par une faufle acculation pot- tée au roi contre lui, appartient au regne barbare de Ptolomée Phyfeon, & ne peut pas regarder le grand- pere de Jefus, qui demeuroit à Jérulalem, trois gé- nérations auparavant, lorfqu'il n’y avoit point de tyrannie exercée fur le pays. La verfion latine de ce livre de l’Ecclefaftique contient auffi plufieurs chofes qui ne font pas dans le grec. Il faut qu’elles y aïent été inférées par celui ui la traduit en latin. À préfent que Phébreu qui étoit l'original eft perdu, le grec qui eft la traduétion du petit-fils de l’auteur en doit tenir heu, ê&c les ver- fions devroient toutes être faites {ur le grec, 8 non fur le latin. Les juifs modernes ont un livre qu'ils appellent le livre de Ben-Sira, Ou du fils de Sira. Comme ce livre eft aufi un recueil de fentences de morale; quelques critiques ont penfé que ce Ben-Sira, ou fils de Sira, étoit le même que Ben -Sirach , on fils de Sirach ; & que fon livre eft le même que notre Eccléfaftique ; mais c’eft une erreur facile à connoï- tre par la confrontation des deux/ouvrages. Celui des Juifs modernes a été imprimé plufeurs fois. 2 OYEZ Bibliotheque rabinique de Buxtorf, pag. 324. D. J. SAPIENTIAUX , adj. ( Théolog. ) nom que les in- terpretes & les théologiens donnent à quelques li- vres de Ecriture qui font deftinés fpécialement à linftruétion des hommes, 85 à leur donner des le- cons de morale & de fagefle; on les appelle ainfi pour les diftinguer des livres hiftoriques ou prophé- tiques. Les livres fapientiaux font les Proverbes, le Can- tique des Cantiques , l’Ecciéfiafte, l'Eccléfaftique, la Sagefle, & felon quelques-uns les Pfeaumes & le livre de Job, quoique la plüpart regardent ce der- nier comme un livre hiftorique. Foyez HAGI1OGRA- PHE. SAPIENZA, MARE Dr, (Géogr. mod.) onappelle ainfi en Italie cette partie de la Méditerranée qui bat les côtes de la Morée, entre la mer fonienne au cou- chant, & l’Archipel à lorient; les golfes de Coron & de Colochine en font partie. (D. J.) SAPIENZE, LE, ( Géog. mod.) on nomme /e Sa- pienge trois petites iles de la Grece, qui font fur la -côte occidentale de la Morée; ce font les Œrufe de Paufanias. Quelques auteurs ont nommé la premiere Sphagia où Sfragia ; la feconde eft appellée par Pto- lomée Tiganufa ; la troifieme anciennement nom- mée Baccantia, aujourd’hui f#r Venatio, eft fans ha- bitans quoiqu’elle ait un bon port. (D.J.) SAPIN, fm. ( Æiff. nas. Boran.) abiest, genre de plante à fleur en chaton, compofée de plufieurs fom- mets, & flérile. Les embryons naïflent féparément desfleurs , entre les écailles ou les feuilles d’un épi, & qui. deviennent dans la fuite une femence garnie d'une aîle mernbraneufe, 8z cachée auflientre les écailles qui font attachées à l'axe, &c qu conftituent le fruit des plantes de ce genre; ce fruit n’eft autre chofe que l’épi qui eft devenu plus gros. Ajoutez aux cara@teres de ce genre queles feuilles naïflent feules le long des branches, &c non pas par paires comme celles du piz. Tournefort, Inf?.ret herb. V. PLANTE. SAPIN, abies, très - grand arbre, toujours verd, qui fe trouve fur les plus hautes montagnes de l'Eu- rope , de l’Afe, & dans l'Amérique feptentrionale. On peut admirer dans le Japir, la direétion extrème- ment droite & uniforme de fa tige, la poñition hort- fontale de fes'branches, dont chaque étage marqué la croiffance d’une année , la régularité de fon ac- | croiflement , S A P creïiflement, la forme pyramidale de fa tête, & fa grande élévation, qui va quelquefois jufqu’à plus de cent piés. Son écorce. eft cendrée , aflez unie , fort feche, &très-caflante. Cet arbre fait beaucoup de racines qui font rarement Le pivot ; mais elles s’éten- dent pour la plüpart, fe divifent en quantité de rami- fications. Ses jeunes branches {e garmifent d’un grand nombre de feuilles petites & étroites, d’un verd ten- dre & brillant en-deflus & blanchâtre en -deffous y _ elles {6nt placées fort près & à plufeurs rangs de chaque côté des branches en maniere de peigne, & à-peu-près comme la feuille de l'if. Ses fleurs femel. les’ou chatons paroïflent au commencement de Mai ; elles font d’un aflez beau rouge, mais dont Pappa- rence n’eft fenfble que de près. Les fruits que pro- duit le /zpin font des cônes qui différent de ceux du pin par leur forme qui eft cylindrique’, au - lieu que le cône du pin eft de figure pyramidale. Sa graine aîlée comme celle du pin eft plus moilaffe , & les écailles qui la couvrent font moins higneufes. Il faut s’y prendre à tems pour cueillir les cônes du Jfapin proprement dit, où Japin à feuille d'if, car ils ne tombent point en entier; dès que leur maturité eft parfaite, ce qui arrive de bonne heure en automne, les écailles & les graines qui forment le cône fe dé: tachent des filets qui les foutiennent, elles tombent êc fe difperfent de façon qu'il n’eftguere pofible de les retrouver: les cônes du Japir proprement dit , ont la pointe tournée en-haut , à la différence de ceux de l’épicea qui pendent en-bas. | Le fapin par rapport au volume & à l'utilité de fon bois fe met au nombre des arbres foreftiers du premier rang, Il a de plus le mérite de-croître dans des endroits où les arbres d’un bois de meilleure eflence fe refufent abfolument. Il fe plaît dans les pays froids & élevés, dans les gorges ténébreufes & fur le revers des montagnes expofées au nord ; dans les Heux frais & humides, & dans les terres fortes & profondes; cependant on le voit réuffir auf dans les terreins fablonneux, maigres & graveleux , pout- vi qu’ils aient beaucoup de fond. Le J'apin pénetre dans les joints des rochers, & jufaue dansiles fentes qui en féparent les lits; c’eft même dans cette pofi- tion que cet arbre réuflit Lemieux ; 3l profite égale- ment dans le gravier humide, dans les tefres rouges, Emonneufes , & généralement par: tout où le hêtre - réuffit. Il peut venir auffi-dans la glaife pure & dans ua fol fort & groffier | maïs il ne réufit pas fi bien lorfque les terres font engraïfées: de’ fumier ou qu’- clies font en culture. Il peut fe foutenir encore dans les terres feches, pauvres & ftériles j'a-moins quel: les ne foïent extrèmement fablonneufes & légeres , trop fuperficielles 82 fans aucun mélanse ; on Ta vü venir enfin {ur des voltes d’anciehs bâtimens fort élevés, où fes racines pérçoient A-travers la Maçon- nerie. Cependant il n’y avoïtfur ces voûtes qu'ine épaifleur d’un ou deux piés-deterre- fort légére: Cet atbré nefe refufe prefquà aucun terrein Ab ce n’eft à Paridité de la craie ; à la durété du tuf& aû fable Vif. I ne'oraint jamäis le froid mais iLhe fit que lnguif dans les pays chäuds sil ne réufit même fur les montagnes froides & élevées que Jiüandles plants font fort: près les'uns dés autres; c’eft auffi lé meil. leur moyen d'en accélérer l'accroifferment dans tou- tes fortes de terreins, 3 1 | SMPIN] Dans les pays obily a de Vieux /Apirs ces arbres 1 multiplient fort alément d'eux - Mêmes > ais Quand on veut! faire’de “houvellés plantations, il n'eft pas @ facile d'y réuffir. Quoiqu'X proprement parler cet atbré puifle venir de bouture & debranc ches couchées, ce-font SES moyens troplonps, qui ne peuvent giere erÿir que pour là multiplication de quelques! eéfpecésifäres ‘dé fapins, 6tqui ne: COn- Yiennent nullément pOur Faire des plañtätions eñ Tome XI1F, $S À D 635 grand. Ce n’eft qu’en femant qu’on peut bién rema plir cet objet. Il y a deux façoñs d'y procéder: l’uné qui eft la moins fure & la plus difpendieufe et dé mettre le rerrein en bonne culture par plufieuts la bouts, comme fi on vouloit lui faire porter du blé ; de le herfer foigneufement fur le dernier labourage au printems ; d'y femer enfuite la graine à plem champ comme on répand Le blé; & de la recouvrir fort légerement en faifant traîner par un cheval des branchages fur le terrein, car cette graine ne levé point lorfawelle eff trop enterrée. Ofrdinairement ces fenus levent à merveille dans les terreins qui ne font pas trop expofés au foleil, mais 6n court le rif- que de les voir dépeuplés, foit par les chaleurs de l'été ou par les gelées d'hiver, On peut parer le pre fier inconvénient en femant de l’avoirie avec lx graine de Japin. Cette avoine éntretient une frais Cheur Qui garantit Les jeunes plants de l’ârdeur di foleil ; on peut la couper où faucher fans endommaz ger Le femis, maïs l’inconvénient de la gelée refte, & C’eft le plus à craindre; car fi le femis à été fair dans une bonne terre , les mauvaifes herbes envahiflent le terrein les années fuivañtes & étouffent les jeunes plants, à moins d'y donner des {oins de culture qui ‘iroient à grands frais dans un efpace tin peu confidé: rable. Le /apin d’ailleurs ne peut offrir la culture; les foins qui lui viennent dé main d’hosnme Jui font contraires , 1l ne veut être garanti que par les {e- cours de la nature. Une autre maniere de faire deg fémis du Japin, qui quoique moins expéditive que la précédente, eft plus aflirée & prefque de nulle dépenfe, c’eft de répandre là graine aufi-tôt qu'elle eft recueillie, parmi les broufailles les bruyérés, les genévriers, les ronces, les épines, &k. Plus le-terrein. fera couvert d'arbrifféaux, plus le fémis profberera. Il pourra fembler que ceci eft en contrariétéavecce que J'ai dit fur les herbes qui étouffent les jeunes plants dé Japin veñüs dans une terre cultivées maïs il faut con fidérer que la culture p'étant faveur àla crue des mauvaises herbés, ellé$ deviennent follés & cou- vrent le térreins auëlieu que les atbrifféaux laiffent peu d’hetbes à leurpié, & forment un Abri naturel aux Jeunes plants qui levent ; ceft ainfi que feme la nature ; il eft vrai que fes progrès font létits dans leg commencemens, Le terms n’eft rien pour elle; le fuc cés eft l’unique but qu’elle fe propôle. Auf arive-t2 il que les femis faits de cette façon ne éommencent à fe montrer qu’au bout de quatre où eind'ans! Ce- pendaït on eft dédommiagé par la fuite dés progrès qüe font ces arbres lorfqu'ils fon: dans léür forces On peut s'attendre que s'ils font dansuntértein con venable, ils s'éleveront à plus de 36 prés“en trente ans, &c la plüpart auront jufqu’à deux piés de diaz métre à l’âge de quarante ans, & On-fémarque en Angleterre que des /apins âvés d'environ: Quatre Vingt ans avoient auf Quatre - Vingt piés d’hauteur fuf dix à onze de éirconférence dans une terre arpil= léufe & forte ; mais fi l’on ne veut faire qüe de peti: tes plantations, oh poutra fémer les étaines au mois d'Avril, dans des caifles plattes ou des térfines ; où même dans des planches de térre à pôtager qui {oit meuble & léperel, que l’on aura mêlée: dune moitié de vieux décombres: SC MB RTS a I faudra arrofer bien légerément dans les-tems de hâle & de fécherefle:, foit le femis, HOir les jeunes plants lorfqu’ils feront levés ; les fafélér at béfoin ; LS garantir de la grande ardeur du#oleil vec dés branchages feuilhis , 8e ferrer lés Caiffes' ot terrines pendant Phiver. Alépard des planches sil fera à pros pos de leur faire dé l'abri ävéc dela paille hachées Ou tellé autre chofe que Pot imaginera “pouvoir les fauver dés grandes gelées, faudra léstran{slanter au bout de deux ou trois ans fans “ifférer davantage, Car ces arbres ne féprénnént pas lors fontägés, ELH] 636 S À P ‘moins qu’on ne les enleve-avec la motte de terre. Les jeunes plants que on mettra dans les endroits où lon voudra qu'ils foient à demeure, feront plan- tés à trois ou quatre piés de difiance, parmi les-brouf- failles & les épines qui s’y trouveront &c qu'il faudra laifler, en faifant {element un trou fufhfant pour #ecevoir le Japin, mais peu profond ,:6t on recou vrira les racines avec de la bonneterre que l’on aura #éduite en bouillie -dans un baquet. À lésard des plants auxquels on voudra faire prendre de la hau- “teur.avant deles placer à demeure, il faudra les met- tre en pepniere à trois piés de diftance, mais il fau dra avoir grand foin-de concentrer Jeurs racines en faifant bêcher à leur pié tous les ans à deux diffé- rentes fois, pour couper les fibres qu cherchent à “s'étendre; car la culture de ces arbres dans la pepi- niere ne doit ayoir pour objet que le moyen de pou- “voir les enlever avec la motte deterte, fans quoi “nul fuccès pour la tranfplantation:, qui doit dans tous es cas fe faire au mois d'Avril, par un tems doux & couvert; mais 1} faut toujours avoir pour principe -de nelleur donner que le moins de culture qu'il eft poffible. Si on plante les Japizs trop près, les bran- ches inférieures perdent leurs feuilles &e fe defle- chent, ce qui fait un afpeët defagréable ; Ja diftance -de douze piés eft la moindre qu'on puifle leur don- rer, lorfque la ligne où -on les plante eft olée;, mais fi l’on veut former plufeurs lignes de ces ar- bres , il faut les efpacer de dix-huit à vinot piés. | On peuttailler ces arbres fans inconvénient dans toutes les faifons , fi ce n’eft dans le tems qu'ils font en pleine feve, & qu'ils pouffent; pourvû cependant qu'on ne leur faile pas tout-à-la-fois un retranche- ment trop confidérable. On doit confidérer aufli que Je mois de Septembre eft le tems le plus propre à cette opération; on peut même les arrêter à la cime, quand pour de.certains afrangemens on ne veut pas qu'ils montent fi vite. Mais il.ne faut pas croire que %e retranchement des branches du'pié puifle contri- “buer à leur accroifflement ; jamais 1l n’eft plus prompt ‘que quand on larfle aller ces arbres à leur gré , & le æetranchement des rameaux inférieurs ne leur profite _-que quand ils fe deffechent & tombent d'eux-mêmes, Lorfque les arbres font plantés près les uns des autres. äl ne faut donc les élaguer que. peu-à-peu &c autant “qu'il eft:befoin , pour leur former une tête à la hau- æeur que lon defire. Ab ès Comme les forêts de fapins font ordinairement fut de replat desmontagnes, fort élevées & dans des ter- reins légers qui ont peu de profondeur, que d’ailleurs. ces arbres pivotent rarement, qu'ils ontune grande hauteur &qu'ls donnentheaucoup de prife au vent; 3l arrive fonvent que dans destems orageux il y a un nombre d’arpens dont tous lés fapirs font renverfés. Dans ces cas, comme il ne. croit aucunes plantes fous les fapins., le terrein paroît entierement dénué de végéraux & fans reflource. Mais bien-tôt il vient des framboifiers,.-des fougeres.,&:. qui par leur om- brage ôt-leur fraicheur, favorifent la germination des graines de.fapin, dont la {urface du terrein eft tou- jours fufifamment garnie ; cependant leur fuccès dé- pendra fur-tout-du-foin que l’on aura d'empêcher le parcours du bétail, qui en détruifant Fherbe , laïfle- roit la terre expofée-au defféchement; d'où ilarrive- oit que des graines ne leveroïent pas. : :, 214 Ilne faut rien attendre des /apins qui ont êté cou: pés ; ils ne donnent jamais de rejettons. Ce font au- tant d’arbresfapprimés pour toujours , & quine peu vent être remplacésque par les jeunes plants qui ont levé aux environs. Cet inconvénient doit engager à exploiter.les forêts. de /apirs différemment des arbres qui.ne font pas réfineux:; on doit donc laïffer dans.le tems des-coupes beaucoup plus, d'arbres en referve Que les ordonnances ne le prefcrivent en général; non-feulement pouf répandre des graines dans le ans ton exploité, mais {ur-tout.pour procurer l'ombre & la fraicheur qui fontabfolument néceflaires pou? les faire lever SA On.ne fait nul ufage du vrai fapir ou fapin à feuil le d'if pour lornementdesgrands jardins &c desparcs, malgré la beauté de fon feuillage qui-eft d’un verd tendre, brillant & flable, Chacuns'étonne de ce awof lui prefere l’épicea que l’on trouve partout, & qui n’a pas à beaucoup près autant d'agrément. Mais la raiton en ef fimple ; c’eft que l'épicea eft plus com- mun, qu'il {e multiplie plus aifément que le Japirs qu’il fouffre mieux la tranfplantation, &c qu'il fe con- tente d’un terrein plus médiocre: Ontire de grands lervices du /xpi7 pour différens: arts: le fapin proprement dit que l’on nomme fapir à feuille d'if, donne une réfine liquide êt tranfparens te, connue fous le nom deréréberhine ; C’eft fur-tout dans les montagnes de la Suiffe où 1l y a beaucoup de fapins d’où l'on tire cette réfine. Sur la façon de la tirer, de l'épurer &c de la mettre en état de verte. Voyez le Traité des arbres de M. Duhamel, 4 l'article abes, ( Le bois du /apin eft blané , tendre, léger, &cil fend aifément ; cependant il eft ferme & ne plie pas fous le faix. Il fert à quantité d’ufages ; on en fait la mâture des plus grands vaiffeaux; on en tire.des pie- ces de chafpente de toures fortes d'échantillons, Après le chêne & le châtaignier , c’eft le bois le plus convenable pour cet objet. il en eft de même pour la. menuiferie , où l’on fait tres-grand ufage des plan- ches de ce bois ; il eft excellent pour tous les ouvra- ges du dedans. Sa durée eft très-lonpue, sil weft pas pofé à l'humidité ou couvert de plâtre ; cependant il refte long-tems dans la terre fans pourrir, &cil n’y noircit pas comme le chêne; on en fait auffi les ta bles des inftrumens à cordes. Enfin, ce bois eft bon pour le chauffage , & on en peut faire du char- bon: Si l’on ferme entiérement une chambre avec: des volets de /apin amenuifé au point de n’avoir qu'une-ligne d'épaiffeut , ils laiflent pañfer autant de jour que les fermetures que lon nomme fultanes : mais le fapiz paroît rouge, & rend le même effet que fi la lumiere pafloit à-travers un rideau d’étoffe cra- moife.. Le bois du fapin eft de meilleure qualité que celui de l'épicea, avec lequel on le confond fouvente Le fapin propre à la mâture des vaifleaux fe tire or- dinairement des pays du nord , & c’eft le plus efti- mé, Cependant on en tire beaucoup du Dauphiné, de la Franche-Comté , de l'Auvergne ; &.des envi- rons de Bordeaux ; maïs tout le Japir que lon em ploye à Paris vient de l'Auvergne. On peut donner en hivet aux moutons , les jeunes rejettons & les feuilles du Japiz ; cette nourriture leur eft fort faine. On fait auf quelqu’ufage en Médecine des plus ten- dres rameaux de cet arbre, Voici les efpeces ou variétés que lon connoît à préfent dans le genre du Japir: Je défignerai fous le nom de fapin, toutes les efpeces de cet arbre dont les cônes ont la pointe tournée en-haut ; & fous le nom d’épiceæ, toutes les autres fortes de cet arbre dont les cônes.ont la pointe tournée vers la terre. à. Le vrai fapin ou Le fapin a fèuille d'if, ou le fapia blanc ; c’eft à cette efpece qu'il faut particulierement appliquer ce qui a été dit ci-deflus. Il veut un meil= leur terrein que lépicea , il faut plus de foins pour l'élever & le tranfplanter., & les graines tombent dès le mois d'Oftobre avec les écailles qui compofent le cône; enforte que fi l’on veut avoir des cônes entiets pouriconferver la graine & l'envoyer au loin, 1l faut les faire cueillir bien à tems. Sonaccroiflement n’eft pas fi-prompt que celui de Pépicea ; il n’eft ni fi vi- vace , ni fagrefte , mais il a plus de beauté, & fon bois eft plus sfuné à Les plus beaux fapins de cette 3.-À P- efpece fe trouvent fur le mont Olimpe, où ils don- nent des cônes d'environ un pié de longueur. 2. Le peïit fapin de Virginie ; c’eft un arbre de moyenne grandeur, dont les feuilles font difpoiées en maniere de peigne, comme celles du Vrai fapin. Quoiqu'il en foit extrèmement robufte, 1l ne réufit bien que dans un terrein humide. On prétend que cet arbre n’a pas autant d'agrément que le vraï fapir, parce qu'il étend fes branches horifontalement & à une grande diffance, ce qui, au moyen du peu d’é- lévation de la maîtrefle tige , lui donne la forme d’un cône écrafé : mais la fingularité même de cette forme peut avoir fon mérite dans ordonnance d’un grand jardin. 3- Le fapin odorant ou le baume de gilead; c’eft le plus beau de tous les fapizs. Aucun auteur n’a en- core parlé de fa flature : fes feuilles quoique de la même forme & de la même nuance de verdure que celles du vrai /apiz, font néanmoins difpofées com- me celles de l’épicea, & c’eft en quoi on fait confif- ter fur-tout la beauté du baume de gilead. Ses cô- nes font longs & fe terminent infenfiblement en poin- te : 1ls viennent au bout des branches, la pointe tour- -née en-haut comme ceux du vrai fapir. Les graines éales écailles dont ils font formés, tombent &z fe dif- perfent de bonne heureen automne; enforte que fi on veut avoir de ces cônes pour en conferver la graine, 11 faut les furveiller au tems de la maturité, M. Mil- ler, auteur anglois, aflure que dans quelque terrein qu'on ait planté cet arbre en Angleterre, {a beauté ne s’y eft pas foutenue pendant plus de dix ou douze ans; que quand ces arbres ont pañlé leur jeunefe, on les voit déchoir , que leur dépériflement fe ma- nifefte par la grande quantité de chatons & de cô- nes qu'ils rapportent; qu'enfuite ils ne pouflent que de petites branches crochues ; qu’il tranfude de leur tronc une grande quantité de térébenthine; qu’alors leurs feuilles tombent , & qu’enfin les arbres meu- rent au bout d’un an. Cependant le même auteur ajoute qu'il y a un grand nombre de plants âgés de cette efpece de jzpiz qui font vigoureux & d’une. belle venue dans les jardins du duc de Bedford, dont le fol eft un fable profond ; d’où on peut conclure que le baume de gilead ne peur profpérer que dans un terrein de cette qualité. On tire de cet arbre une réfine claire & odorante , que l’on fait pafler pour le baume de gilead , quoique l'arbre qui donne le vrai baume de ce nom foit une efpece de térébinthe. 4. Le grand {fapin de la Chine; fes feuilles font bleuA- tres en-deflous, & difpofées fur les branches en ma- niere de peigne. Ses cônes font plus gros & plus longs que ceux des fäpins d'Europe , ils ont fur lar- bre la pointe tournée en-haut ; leurs écailles ainf que les feuilles font terminées par un filet épineux. 5. Le srès-orand fapin de La Chine ; c'eft une varié- té qui ne differe de l’arbre précédent, que parce qu'elle prend encore plus d’élévation & que les écail- les de fes cônes ne font pas épineufes. Mais ces deux fortes de /apins de la Chine, n'ayant point encore pañlé en Europe, on n’en peut parler que fort fuper- ficiellement. 6. L'épicea ; c’eft l’efpece de fapin la plus commu ne en Europe , celle qui atteint une plus grande hau- - teur, qui de foutient le mieux dans un terrein mé- diocre , que l’on cultive le plus pour lPagrément, quoique ce foit l’efpece de 2piz qui en ait le moins, Ï à Pécorce rougeâtre & moins caffante que celle du vrai fapin. Ses feuilles font plus courtes, plus étroi- tes , d’un verd plus mat & plus brun, &c elles font placées autour des nouvelles branches fans aucun ot- dre diftinét. Ses cônes font plus fifes & plus longs ; ils tombent de l'arbre tout entiers, & peu-à-peu pen- dant la feconde année, 8z Je plus grand nombre du- tant la troifieme ; mais on veut les cueillir pour Tome XIP. ; - S A P 637 avoir de la graine , il faut s’y prendre avant le hâla du printems de la feconde année ; car alors les cô2 nes s'ouvrent & laiflent tomber la graine qui eft fort petite, & que les vents répandent au loin. Il trana fude de cet arbre une fubftance réfineufe qui fe dur- cit à l’air , & dont on fait la poix blanche & la poi* noire, qui fervent à différens ufages. F7 oyez à ce fujet le Traité des arbres de M. Duhamel, | L’épicea fe multiplie plus aifément que le vrat /z« pin, Les branches de cet arbre que lon marcotte ont au bout de deux ans des racines fufifantes pour la tranfplantation, & même les jeunes rameaux qui tou: chent contre terre dans un lieu frais font racines d'eux-mêmes. Il réuflit aflez bien de boutures ; fon les fait au commencement de Juillet, elles feront propres à tranfplanter en pépiniere au bout de qua torze mois, Par ces deux moyens de multiplication : la croiffance s’accelere plus qu’en femant. L'épicea eft l’un des derniers arbres que l’on trouve aux ex= trémités du nord avec le pin, le faule & le bouleau, [1 fait le principal fond des forêts de ces climats froids où il s’éleve à une très-grande hauteur dans la terre forte & profonde des vallées ; quoiqu'il y foit entie- rement couvert de neige pendant fix mois de l’année, Les Suédois, dans la difette des fourrases, donnent aux chevaux de jeunes branches d’épicea hachées & mélées avec l’avoine. Le bois de cet arbre fert aux mêmes ufages que celui du vrai fapin : il eft vrai que la qualité en eff inférieure , mais il eft moins noueux &c 1l fe travaille plus aifément. | 7. L’épicea dont les cônes font srès-longs ; ce n’eft pas ici une fimple variété, feulement établie fur la plus grande longueur des cônes ; car cet épicea qui eft originaire de PAmérique feptentrionale, ef très- différent de celui d'Europe. Il fait un très-grand ar+ bre, bien fupérieur en beauté à notre épicea, par l'élégance de fa forme & l'agrément de fes feuilles : qui font blanchâtres en-deflous & d’un verd de mer en-deflus. | 8. L'épinette de Canada ; C’eft une forte d'épice, que les Botaniftes fpécifient par de courtes feuilles êt de trés-petits cônes. Cette épinette a en effet les feuilles plus minces & moins longues que celles de l’épicea commun, & fes cônes ne font guere plus gros qu'une notfette. On prétend que cet arbre s’6- leve dans fon pays natal à 20 où 30 piés ; mais en Angleterre où on le cultive depuis du tems, on ne l’a pas vü pañler 8 ou ro piés de hauteur. On croit que ce qui déprime fa croïflance en Europe, c’eft la trop grande quantité de cônes dont il fe charge de très-bonne heure. En broyant entre les doigts des jeu» nes branches de cet arbre, elles rendent en tout tems une odeur balfamique aflez forte & qui n’eft point défagréable, On fait en Canada avec les rameaux de l’épinetre une liqueur très-rafraichiflante & fort fai- ne que l’on boit avec plaifir , fur-tout pendant l'été, quand on y eft habitué. 9. L’épinette de la nouvelle Angleterre : c’eft encore une forte d’épicea d’auffi petite fature que la précé- dente, dont les Botaniftes la diffinguent pares feuil- les qui font plus courtes & par fes cônes , dont les écailles font entr'ouvertes ; du refte cet arbre a les mêmes propriétés & autant d'agrément. 10. L'épicea du levant ; Les feuilles font courtes & quadrangulaires , fes cônes font très-petits & ont la pointe tournée en-bas. Cet arbre eft du nombre des nouvelles plantes, dont M. Tournefort a fait la dé- couverte dans fon voyage au levant ; on le trouve auf dans Plftrie & dans la Dalmatie. 11. L'épices a feuille de pin ; les feuilles de cet ar- bre font beaucoup plus longues, que celles d'aucune autre efpece de /apin ou d'épices ; c’eft tout ce qu’on en fait, tant il eft encore peu connu. M d’Aubenton le lubdélécué, vo LLIl; 638 S A P SAPIN, ( Boran. Agricuh. ) cet arbre porte fa tête altiere jufqu’à la premiere révion de lair, œrhereas ad auras vertice tendir : c’eft fur les plus hautes mon- tagnes, & fur-tout dans les forêts du nord, que la terre raflemble Ces chênes ces fapins qui s'élevent enfemble ; Un fuc toujours égal eft préparé pour eux ; Leur pié touche aux enfers, leur cime eff dans les CIEUX ; fs Leur sronc inébranlable & leur pompeufe tête Réfifie en fe touchant aux coups de la tempête ; Ils vivent l’un par l’autre, & triomphent du tems. Tournefort compte quatre efpeces de Jzpirz; la principale eft le fapin à feuilles dif, dont le fruit tail- lé en cône fe tourne en-haut, abies taxi folio,, frutlu fursèm fpeëlante ; en angloïs, the yewfir-tree with the fruit pointing upwards ; en françois le yra: Japir. C’eft un grand & bel arbre, fort haut, fort droit, | toujours verd: fon bois eft blanc, couvert d’une écorce lifle, blanchâtre & réfineufe ; fesbranches font garnies de feuilles oblongues , étroites, du- res , naïflant feules le long de leurs côtes. Elles portent des chatons à plufieurs bourfes membraneu- fes qui s'ouvrent traniverfalement en deux parties, & fe divifent dans leur longueur en deux loges rem- plies d’une poufliere menue. Ces chatons ne laïflent rien après eux ; les fruits naïflent fur le même pié de fapin formé en plufieurs écailles en cône ou pomme de pin tournés en-haut; les Latins les nomment /fro- bi : on trouve ordinairement {ous chacune de leurs écailles deux femences, Éc. Le fapin ou fapinerte du Canada, abies minor pe- éinaris foliis, virginiana , conis parvis Jubroiund!s , Pluk. Phytogr. 14h. 121. fig. 1. eft aflez femblable à la pefle par fon port ; {es feuilles font cependant plus menues, plus courtes, & rangées en maniere de dents de peigne. Cet arbre eft originaire du Canada, où l’on entire une térébenthine qui eft d’une odeur &c d’un gout plus agréable que la térébenthine ordi- naire ; & comme on donne de beaux noms à toutes les drogues, on appelle communément cette téré- benthine , baume de Canada. Le /apin eft d’un grand ufage pour la mâture des vaifleaux ; on l’éleve de sraines, & on en fait des fo- rêts entieres dans les pays feptentrionaux. Les An- glois en élevent plufñeurs éfpeces, & particuliere- ment le fzpiz d'Ecofle, le fapin argenté, le fapin de Norwege, & le /apin à poix ; mais nous ne connoïf- {ons en France que le Japir décrit ci-defius, &c la pefle , encore les confond-on d'ordinaire. Sapin, ( Mar, méd.) cet arbre appartient à la ma- tiere médicale comme lui fourniffant une efpece de térébenthine , connue dans les boutiques fous le nom de sérébenthine de Strasbourg | ou de sérébenthine de fapin, & plufieurs autres matieres réfineufes, foit naturelles , foit altérées par l’art, dont 1l a été fait mention à l’arcicle PIN, & dont on parlera à Particle TÉRÉBENTHINE. Voyez ces articles. ( b | SAPINES , £. £ plur. ( Charpenr. ) {olives de bois de fapin,, qu’on fceile deniveau furdestafleaux quand _on veut tendre des corbeaux pour ouvrir les terres & dreffer les murs. On fait des planchers de longues fapines , & on s’en fert aufli dans les échaffaudages. D, J. | SAPINETTES , f. £. ( Marine.) petits coquillages ui s’attachent à la carene du varfleau. SAPINETTE , ( Commerce. ) cet une efpece de li- queur ou de biere en ufage dans le Canada , la Vir- ginie, & les autres parties feptentrionales de l'Amé- rique. On la fait avec une efpece de fapin que les François nomment épinette blanche , & les Anglois fpruce : les Botaniftes nomment ce fapin abies foliis brevibus , conis minimis, Cet arbre eft très-commun en Canada ; il eft affez rare dans les colonies angloi= fes, où le climat eft moins froid, &c on ne le trouve plus vers le midi, à-moins que ce ne toit fur Les hau- tes montagnes qui font prefque toujours couvertes de neige. É ®", Voici la maniere de faire la fapinerte : on fait bouil- lir de l’eau dans une chaudiere que l’on n’emplit qu'aux trois quarts; lorfque cette eau commence à bouillir, on y met un paquet de branches de fapin ou d’épinette blanche rompues. On continue la cuiflon jufqu’à ce que écorce fe détache avec facilité des branches, ce qui demande environ une heure, Pen- dant cetems on fait griller dans une poële ou du fro- ment, ou de l’avoine , ou de l’orge, ou du maz , de la même maniere que l’on brüle le caffé, & l’'onjette Pun de ces grains grillés dans la chaudiere où cuifent les branches de l’épinette ; on y met aufli quelques tranches de pain grillé; ce qui fe fait pour donner de la couleur à la liqueur. Alors on retire du feu la chau- diere ; on enleve les branches & les feuilles qui ont été cuites ; on pañle la liqueur au-travers d’un linge; l’on y mêle de la melaffe ou du fyrop de fücre grof- fier; on met le tout dans un tonneau; on y joint une petite quantité de levüre de biere que l’on bat dans la liqueur pour l'y incorporer; après quoi on laiffe fermenter ce mélange dans le tonneau dont le bon- don reîte ouvert, & que l’on a foin de remplir à me- fure que la liqueur diminue : la fermentation fait qu'il s’en dégage beaucoup de falerés. Si lon veut que cette liqueur ait un goût piquant, on n'aura qu’à la tirer en bouteilles avant que la fermentation foit achevée ; fi on la veut plus douce, on attendra que ja fermentation foit entierement achevée. Cette liqueur eft brune ou jaunâtre comme de fa biere ; elle eft fort agréable pour ceux qui ÿ font ac- coutumés, au point que quelques particuliers qui avoient vécu en Canada, en ont fait venir en Eu- rope. Elle pañle pour rafraichiflante, pour un très- bon remede dans les affeétions fcorbutiques, & eft très-diurétique. Cette liqueur eft la boiffon la plus ordinaire dans le Canada, dans lanouvelle York, & dans l’Albanie.Il paroît qu’on pourroit limiter dans nos pays oùelle pourroit être d’une grande reflource dans les tems où la difette des grains rend la biere ordinaire trop chere pour les pauvres gens. Ce dé- tail eft dû à M. Pierre Kalm, qui l’ainféré dans les Mémoires de l'académie de Suede, année 1751. A eft auffi parlé de cette liqueur &t de la maniere de la faire dans le Traité des arbres & arbufles de M. Duha- mel du Monceau, rome I. page 17. (—) SAPINIA TRIBUS , ( Géog. anc.) peuple d’I- talie, dans l'Ombrie ; Tite-Live en fait mention, 1. XXXIL, c. ÿ. Ce peuple tiroit fon nom du Sapis, (le Savio ) riviere auprès de laquelle 11 habitoit, (DE) SAPINIERE , f. f. rerme de Barelier , bateau con- {truit de fapin dont on fe fert fur la riviere de Loire pour le tranfport des marchandifes. La fapiniere eit moins longue, mais plus large qu’un chalant. (D, J.) SAPINOS , f.m. ( Hiff. nas, Lirholog. ) les anciens donnoient ce nom à une améthyfte très-claire, & fort peu chargée de couleur. SA PIS , ( Géog. arc. ) riviere d'Italie dans Le P:- cenum , auprès de la ville d’faurum. Son nom mo- derne eft Le Savio ; 8 comme cette riviere pañle à Céfena , onla nomme auffi rio-di-Cefena. (D. J. ) SAPONAIRE,, f. £ ( Botan. ) cette plante eft l’ef- pece de lychnis que Tournefort &c Ray nomment lychnis fauvage, /ychnis fylveftris. I. R. H. 336. Ray, Hift. plant. Sa racine eft longue , rougeâtre , noueule, ram- pante, fibrée, vivace; elle pouffe plufeurs tiges hautes d’un pié & demi ou de deux piés, rondes, fans poils pour l'ordinaire, noueufes, rougeâtres , SAP moëlleufes , qui fe foutiennent à peine. Ses feuilles {ont larges , nerveufes, femblables à celles du plan- tain, mais plus petites ,oppofées, olabres , attachées à des queues tres-courtes, d’un gout nitreux, Ses fleuts naiflent comme en ombelles aux fom- imités des tiges, compofées chacune de cinq pétales ou feuilles difpofées en œillet, ordinairement d'une belle couleur pourprée , quelquefois d’un rouge pâ- le, quelquefois blanches, odorantes, avec dix cta- mines blanches à fommet'oblong dans leur milieu. À cette fleur fuccede un fruit de figure conique, qui n’a qu'une cavité remplie defemences menues, pref. que rondes & rougeñtres. | Cette plante qui, comme je l’ai dit, eft une lych: nis fauvage, croit proche des ruifleaux, des rivieres, des étangs, dans les bois & prés humides, & dans Les lieux fablonneux; on la cultive auffi dans les jar- dins, oùelle dure long-tems, en fe rendant néan- moins odieufe aux jardiniers par fa mañiere de {er- penter; elle fleurit en Juin, & refte en fleur jufqu’au mois de Septembre. Non-feulement fa fleur fe joue pour les couleurs, mais elle devient auffñi quelque- fois double, & s’employe dans les bouquets à caufe de fa beauté & de fon odeur agréable; on donne en Médecine à la plante qui les porte des vertus atté- nuantes & detergentes. ( D. J.) +. SAPOTILLE , (Mar. med.) c’eit Le fruit d’un arbre de l’Amérique nommé communément faporillier par les habitans du pays, que les Européens appellent aufli poërier où pommier d'Amérique , & que Linnæus a défigné par le nom de achrus Plumieri Les pepins, ou plütôt les noyaux de ces fruits, font employés depuis long-tems en Amérique, com- me un remede fouverain contre la colique néphré- tique ; & leur ufage s’eft communiqué depuis dix à douze ans dans plufieurs provinces maritimes dé France. On trouve un mémoire à ce fujet dans le jour- nal de Médecine pour le mois de Mars 1760, par M, Ranfon, médecin du roi, à Saint-Jean d’Angely, Les noyaux de fapoulle font ,felon la deicription qu’en donne cet auteur, d’une forme qui approche en gros de ceile des pepins de nos poires bien mûres. On les emploie mondes de leur coque & de leur écorce ; ils ne font point émulfifs, quoiqw’ils foient très-huileux , au point même d’être inflammables ; ils ont un goût très-amer. On fait prendre ce remede fous deux formes ; on en pile un ou deux gros dans un mortier de marbre , & on les délaye dans cinq ou fix onces d’eau pour une dofe qu’on réitere de quatre en quatre heures, ou de fix en fix heures, felon l’ex1- gence des cas, & felon que lefftomac foutient ce re- mede. On l’édulcore aufi quelquefois pour les fujets délicats,avec Le fucre ou un firop approprié; ou bien on le donne en fubftance ou incorporé dans un vé- hicule folide convenable à la dofe d’un grcs tout au plus. On ne doit pas continuer pendant plus de qua- tre ou cinq jours l’ufage confécutif de ce remede. Il provoque fi efficacement dans les coliques néphré- tiques curables, le cours des urines & la fortie des glaires & des graviers, que ces corps dont la pré- tence occafionnoit l'accès de colique, font commu- nément chaflés au bout de cestems ; & que fi on con- tinuoit le remede plus long-tems, 1l attaqueroit le corps même des reins, l'irriteroit , l’enflammeroit ; ce qui n'empêcheroit cependant point de revenir à VPufage de ce remede en faififfant quelques momens plus favorables. (2) | SAPOTILLIER , f. m. (Æiff. nat. Botan.) fapota ; genre de plante; quoique fes caraéteres foient les mêmes que ceux de guanabane (voyez? GUANABANE), il en difiere cependant entierement par la nature des fleurs &7 des fruits, & par le port même de la plante. Le /aporillier eft donc un genre de plante à fleur en rofe compofée de plufeurs pétales difpofés en rond; S À P 639 il fort du calice un pifil qui devient dans la fuite un fruit prefque de la forme d’une toupie ou ovoïde’; ce fruit eft mou, charnu , & contient une ou deux fe: mences qui font arrondies; applaties, dures, polies, & qui ont une efpece de bec, Plumier, nova plenn arer, gen, Voyez PLANTE, | SAPPADILLE , £ f. (Botan. exor.) arbre des Indes occidentales, qui eft fort cultivé à la Jamaïque & aux Barbades , à caufe de fon fruit, dont on fait beaucoup de cas dans ces contrées. Cet arbre eft nommé par le chevalier Hans-Sloane, dans fon cat. plant. Jam. añona Joliis laurinis , glabris , viridi-fufcis, fruëlu minore , rotundo, viridi-flavo fcabro , féminibus fufcis, [plens dentibus, fiffuré alh4 notatis, tte où La Jappadille eft l’efpece d'arona la plus eftimée : cet arbre croit à la hauteur d’un pommier; fes feuilles font femblables à celles du laurier, lifles, vertes- brunes ; fes fleurs font compofées de trois pétales, foutenues fur un pédicule. Après qu’elles font tom- bées il leur fuccede un fruit couvert d'une écorce, & dont la chair environne les cellules, dans lefquelles {ont renfermées des graines brunes, luifantes, mars _quées d’un fillon blanc, Le fruit de cet arbre eft plus petit que celui dés autres efpeces d’zronz ; fa forme eft ronde, & fa couleur jaunit dans la maturité. Co à SAPPE, (LA) dans l’art militaire, eft une efpece de tranchée que font les foldats à couvert du feu de la place par un #anreler ou un gabion fürci qu’ils font rouler devant eux. Cet ouvrage differe particuliere= ment de la tranchée, en ce que celle-ci fe fait à dé- couvert, & que la fappe fe conftruit avéc plus de prés caution, parce qu'elle fe fait plus près de la place. La /appe a moins de largeur que la tranchée, mais On lélargit enfuite; elle n’en differe plus alors, & elle perd fon nom de fappe pour prendre celui de srare chée, Il y a plufieurs fortes de Jappes : La f£mple qui n’a qu’un feul parapet, La /appe double qui en a deux, La Jappe volante qui fe fait avec des gabions qué lon ne remplit pas d’abord. On trace avec ces gas bions l'ouvrage qu’on veut former, & l’on ÿ fait al- ler enfuite les travailleurs de la tranchée pour les remplir de terre. Cette forte de Jappe ne peut guere fe pratiquer que la nuit, lorfqw’on eft encore loin de la place , & dans les endroits où lefeu de l'ennemi n’eit pas fort confidérable, La demi-fappe eft celle dans laquelle on pofe à découvert plufieurs gabions fur un alignement don: né, qu'on travaille enfuite à remplir , après avoir fermé les entre-deux des gabions avec desfacs terre ou des fagots de fappe. Enfin ja fzppe couverte eft un chemin qu’on fait fous terre pour mettre les fappeurs à couvert des grena- des, à approche des ouvrages qu’on veut attaquer, On ne larfle par-deflus que deux piés de terre, qu’on foutient, s’il en eft befoin, & qu’on fait tomber quand On veut. Cette /appe qu'on ne met guereenpratique, peut être utile dans plufeurs occafions pour cacher fon travail à l'ennemi. | La fappe ordinaire ou la fémple-fappe , ñ’eft autre chofequ’unetranchée pouflée pié-à-pié, qui chemine jour & nuit également. Quoiqu’elle avance peu en apparence , elle fait beaucoup de chemin én effet, parce qu’elle marche toujours, C’eft un métier qui demande une efpece d’apprentiflage pour s’y rendre habile , auquel on eft bientôt fait quand le Courage & le defir du gain font de la partie, Voici comment elle fe conduit. L'ouvrage étant tracé, & les fappeuts inftruits du chemin qu'ils doivent tenir , on commence par faire garnir la tête de gabions, fafcines, facs à terre , fours Ches de fer ; croçs, maillets, mantelets, &e 640 S À P Cela fait , on perce la tranchée par une ouver- ture que les fappeurs font dans l’épaifleur de fon pa- rapet, à Pendroit qui leur eft montré ; après quoi, le fappeur qui mene la tête, commence de faire place pour fon premier gabion, qu'il pofe fur fon plan, &c l’arrange de la main du croc & de la fourche du mieux qu'il peut, pofant le deflus deflous , afin que la pointe des piquets des gabions débordant le fom- met, puifle fervir à tenir les fafcines dont on les charge. Cela fait , 1l les remplit de terre en la jettant de biais en avant, & fe tenant un peu en-arriere pour ne pas fe découvrir: à mefure qu'il remplit le pre- mier gabion , il frappe de rems en tems de fon mail- let ou de fa pioche contre , pour faire entafler la terre. Ce premier gabion remph, il en pofe un fecond fur le même alignement , qu'il arrange & remplit de même ; après ce troifieme , un quatrieme , fe tenant toujours à couvert, & courbé derriere ceux qui font remplis ; ce qu’il continue toujours dela forte : mais parce que les joints des gabions font fort dangereux avant que la /zppe foit achevée , 1l Les faudra fermer de deux ou trois facs à terre pofés bout fur bout fur chaque joint, que le deuxieme fappeur arrange, après que le troifieme & quatrieme les lui ont fait pañfer. Au vingtieme ou trentieme gabion pofé & rempli, on reprend les facs de la queue pour les rapporter en avant, afin de les épargner; de forte qu’une cen- taine de facs à terre bien ménagés , peuvent fufire à conduire une /zppe depuis le commencement du fiege jufqu’à la fin. À l'égard de l’exécution de la Jappe , voici comme elle fe doit conduire. Le premier fappeur creufe 1 pié &: demi de large fur autant de profondeur , laïiffant une berme de 6 pouces au pié du gabion , & taluant un peu du mé- me côte. Le fecond élargit de 6 pouces, & approfondit d'autant , ce qui fait 2 piés de large & autant de pro- fondeur. Letroifieme &c le qûatrieme creufent encore cha- cun d’un demi-pié , & élargiflent d’autant , font les talus, & réduifent les Jappes à 3 piés de profon- deur & autant de largeur par le haut , revenant à 2 piés & demifur Le fond, les talus parés ; ce qui eft la mefure que nous demandons pour la rendre parfaite. Il refte quatre hommes à employer de la même ef- couade , qui fe tenant en repos derriere les autres, font rouler les gabions &c fafcines aux quatre de la tête , afin que les premiers fappeurs les trouvent fous la main ; ils leur font auffi glifler des fafcines pour garnir le deflus des gabions quand ils font pleins ; fa- voir deux {ur les bords&cun dans le milieu , qu’on a foin de faire entrer dans les piquets pointus des ga- bions qui furmontent le fommet , afin de les tenir fermes ; après quoi on les charge de terre. L’excavation de ces 3 piés de profondeur fournit les terres néceflaires à remplir les gabions , & une mafle de parapet formant un talus à terre courante du côté de la ylace , remplit de haut en bas, qui ne peut être percé que par le canon. Quand les quatre premiers fappeurs font las, & qu'ils ont travaillé une heure ou deux avec force, ils appellent les quatre autres, lefquels prenant la place des premiers. ils travailleront de même forcejufqu’à ce que la lafitude les oblige à rappeller les autres, obfervant que celui quia mené latète prend la queue des quatre , à la premiere reprife du travail ; car chacun d’eux doit mener la tête à fon tour, & pofer une pareille quantité de gabions , afin d’égaler le pé- ril & le travail, De cette façon on fait une grande di- ligence, quand la /appe eft bien fournie. Au furplus , on fait marcher la fappe non-feule- ment en avant, mais aufh à côté, fur les prolonge- mens de la droite & de la gauche; & pour lordi- naire on voit des quatre , cinq & fix fappes dans une feule tranchée , qui toutes cheminent à leur fin, Dans le même tems , celui qui dirige les fappeurs doit avoir foin de faire fervir des gabions & des faf- cines à la tête des fappes; ce qu fe fait par l'inter- vention de celui qui commande la tranchée , qui lui fait fournir le monde dont à! a befoin. Le moyen d’être bien fervi feroit de donner fx deniers de chaque fafcine, portée de la queuedes tranchées à la tête des fappes, payés fur Le champ à la fin des voyages, ou d’une certaine quantité, Cha- que foldat en peut porter aifément trois , & faire trois ou quatre voyages ; il faudroit pour la même raifon , donner un fou des gabions : en obfervant cette petite libéralité, les /appes feroient toujours bien & aifément fervies, Il eff encore à remarquer que quand on a affaire à des ennemis un peuéveillés, ilscanonnent latête des J'appes avant que votre canon tire, de maniere que fouvent on eft obligé de les abandonneï ; mais fi ony eft forcé de jour, on s’en dédommage pendant la nuit. | . À mefure que la fappe avance , on fait garnir celle qui eft faite par les travailleurs qu l’élaroiffent jufqw’à ce qu'elle ait ro ou 12 piés de large , fur 3 de pro- fondeur ; pour lors elle change de nom, & s’appelle cranchée , fi elle fert de chemin pour aller à la place; maïs on la nomme place d'armes , fi elle lui fait face, ë&c qu’elle foit difpofée pour y placer des troupes. Ces fortes d'ouvrages qui fuppofent de l’adrefle & de Pintelligence, & quife font avec danger, doivent être bien payés , fi l’on veut être bien fervi. Le prix le plus raifonnable de la /zppe doit être 40 fous la toife courante au commencement; favoir tout le long du travers de la feconde place d'armes , & ce qui fe trouve entre elle &c la troifieme. 2 livres 10 fous pour la troifieme place d'armes & le travail jufqu’au pié du glacis. 3 livres pour celle qui fe fait fur le glacis. 3 livres rofous pour celle qui je fait fur le haut du chemin couvert. s livres pour celle qui entre dans ledit chemin couvert. 10 livres pour celle qu’on fait aux paflages des fof- fés fecs. | 20 livres s'ils font pleins d’eau ; & quand elle fera double , comme cela arrive quelquefois, 1l la faudra ayer au double , felon les endroits où on la fera. À l’égard de celle qui fe fera dans les breches des baftions & demi-lunes , elle n’a point de prixrégle , parce qu’elle eft expofée à tout ce que la place a de plus dangereux ; c’eft pourquoi , felon le péril au- quel ils feront expolés, 1l faudra donner ce quon jugera à propos. Le toifé fe doit faire par un feul ingénieur prépofé pour cela à chacune des attaques ; le même fait le compte des brigades en préfence des officiers &c fer- gens, qui ont loin après de faire diftribuer aux ef couades ce qui leur revient ; c’eft pourquoi ils doi- vent contrôler tous les jours ce que chacun aura fait d'ouvrage , de concert avec l’ingénieur qui fera le toifé , fur le prix defquels on pourroit retenir un dixieme pour les officiers & fergens , afin de Les ren- dre plus exaËts à relever &c faire fervir les fappes. En obfervant cet ordre, comme tous font inté- reflés à ce travail , 1l ne faut pas douter qu'il ne fe ra , ; poufle avec toute la diligence poffble , & l'on peur eftimer qu'ils feront 80 toifes en 24 heures. Au furplus l'ingénieur qui les toifera, Le doit faire toutes les 24 heures, &£ toujours laifler des marques fenfibles à la fin de chaque toifé , &c tenir regiftre de S À P tout afin que quand où Youdra le vérifier, on le puife faive fans confuñon. ,,,. LS . Or 80 toifes, à 2 livres la toife, font 160 livres, dont Otantle dixieme qui eft 16 liv. il sefte pour les fappeurs 144 li. qui diftribüés à 24hommes, font 6 hv: pour chacun , ce qui eft un gain raïfonnable. Ils ne gapneront pas davantage dans le courant du fiege, quoique le prix de la fappe augmente à mefure qu’ils approchent de là place, parce que le péril augmen- fant auf, rl eft sûr que plus ils en approcheront , & moins ils feront d'ouvrage. «TD . On a accoutümé de leur payer quelqte chofe de plus que le prix de la toife courante , pour chaque coupure qu'ils font dansla trañchée , par la raïfon qu'il y a plus d'ouvrage qu'ailleurs ; tela Ye peut ré- or à doubler le prix de la toife &c rien de plus. Au refte, il y à une chofe à quoi les officiers doi- vent bien prendre garde ; c’eft que fouvent les fap- peurs s’enivrent à la tête de leur /zppe, après quoi ils fe font tuer comme des bêtes, fans prendre garde à ce qu'ils font ; c’eft de quoi il faut les empêcher , en ne leur permettant pas d'y porter du vin quimne Toit mêlé de beaucoup d’eau. A ame: . Comme rien n’eft plus convenable à fa sûreté, die . Higence & bonne facon des tranchées , que cette ma- ere den conduire les têtes , & de les ébauchet , tien n’eft aufli plus nécefaire que d’en régler la con- duite ; car outre que la diligence s’y trouvera, il eft certain qu’on préviendra beaucoup de friponneries qui sy font par la précipitation confufe avec laquelle elles fe condufent, qui font qu’il y a toujours de em: brouillement , & quelqu'un qui en profite. Asraque des places par M. le maréchal de Vauban: Foyez PI, XP. de Fortification , fig. 2. n°. 1. le plan d’une ape. pe, fa vue du côté intérieur, 2°. 2. & du côté exté- rieur, 2°. 3, le profil d’une /zppe achevée, n°. 4. . & le profil repréfentant lexcayation des-quatre fap- peurs n°.3. de la même Ph M) ps, SAPPER une muraille, (Fortificat. ) c’eft cteufer la terre qui eft au pié d’un mur, afin de le renverfer tout-d’un-coup faute de foutién. Sapper, felon Da- viler , c’eft ruiner un ouvrage avec des marteaux. _des pioches, des bêches, 6. en étayant la partie fu- périeure, & en creufant par-deffous , & alors on met Le feu aux étais , ou fi c’eft un rocher, en creu- fant une:mine fous lux, _ Sont des trochées , le fecond-un fpondée, &çle trois $eme un dadtyle ; comme RS AT 3 + VERTE Fri ne 14 bitur. paroi bene ; cui! päterrüm Ë - Splénder in menfa rer falinum 5 HE Neleves fomnos'timor | air chpido 7. RÉ - Sordidus aufert. » Horat, : Ce dernier vers fe nomme 4dônique, & on le joint ferdinatrement à trois vers Japphiques pour en former ak drop PSE Fa ; rs LS % ) ‘Cependañt'on trouve das les anciens Doëtes:tra: giques des chœurs compofés d’un grand nombre de vers fapphiques qui Le fuiveñtimmédiatement. En gé= néral un vers Japphique eft dur quandil n'ya pas une céfure après le fecond pié. Te On à tenté, mais fans fuccès, de faire des ver Jap Phiques en françois. +33 bn furi . SAPRA PALUS, (Géog. anc.) lac dans l’iffhimé de 1 Cherfonnèfe taurique , felon Strabon , À FIL p.308 Ce mot cape 2 féminin de TA TPOE, veut dirè Potrti, corrompu. Le lae que Cafaubon croit être le même que Byce eft au nord de la Cherfonnèfe à l’oa tient de l’ifthme qui la joint à la terre-férme ; & qui come dit Strabon , le fépare de la met , C’eft-à-dire du Pont-Euxin , ou, ce qui revient au même , du golfe Cärcinite. Il étoit plus enfermé qu’il n’eft pré- fentément par üne langue de terre qui avance vers le nord au couchant de ce lac, & qui ne lempêchoit. pas de communiqueravecle Palus Méotide, Cette lan: gue de terre,qui peut bien avoir été ancieniementum Gaï ifthme entier , eft encore préféntement aflezconfidé= rable pour marquer l’ancienne étendue du lac $ apra. 2°. Sapra Palus , lacgde l’Afe mineure , vérs la Troade, auprès d'Aftyta, il fe décharge dans la ner enun endroit où le rivage eft bordé de rocher, (D.J:} SAQUEBUTE, f £ (Lucherie,) inftrument-de mu: fique & à vent ; c’eft une efpece de trompette: diffé: rente de lordinaite ; tant par là figure que par 1la grandeur. La faguebute eft très-propre pourles bafles; & elle eft conftruite de maniere qu’on peut la fac: coutcir ou lalonger, ftivañt que l’on veut des tons aigus ou ,des tons graves. Voyez Ja fig. Planche de Lutherie. Les Italiens la nomment srombore ; les La: tins l’appelloient #64 duëtilis. Lou salue _Cetinftrument eft compofé.de quatre différentes pieces ou branches | & à ordinairement ne efpecé d’annéau tors dans le milieu, qui n’eft que la conti: nuation du tuyau plié deux fois en cercle ; Parcetté conftruétion il peut aller d’un quart plus bas que {or ton naturel: Il a encore deux pieces cachées dans l’intérieur, & qu’on tire avec une barre de fer lorf: aon veut donner à la faquebure la longueur nécefz aire pour un Certain ton. La Jaguebute a ordinairement 8 piés de long, fans être tirée & fans développer fes cercles. Lorlqu'o Pétend,, fa loñgueur peut aller à r6 piés, L’anneaw tors.a.2 piés 9 pouces de tour ; on l’emploie comme baffe dans tous Les concerts d’inftrument à vent, . Al y a des Jagnebutes de différentes grandeurs, {e- lon les différentes parties qu'on veut exécuter. Ily en a particuliefement une petite appellée, parles [taliens trombone picciolo, & par les Allemands keine alr-pofaune ; propre pour Les hautes-contres; La! par tie qui lui convient eft appelée srombore primo: OÙ 1% 1Ly en, a une autre-plus grande, ‘appellée zrom bone maggiore, qu'on emploie commé taille.;.la partie qu'elle exécute éft nommée trombone fecondoiow. [1°: Unefoïfieme encoreplus grande, appellée sro#bone groffé, & dont la partie. eft le sromibone teryo ou Î Fo. Enfinune autre qui eft de toutes celles-là,, & dontle fon eft très-violent , principalement dans les bafes ;: fa partie eft 4ppellée srombone guarto où IF; oufims. plement #rombone. Elle a ordinairement pour clé cellé d'FuiFañur la 4° ligne’, & même fouvent furla seli- gne d’en-haut ; à caufe de l'étendue que cetinftrument a dans le bas. Voyez TROMPETTE » € da figure dans 705 Pl. dé Lutherie. SIN Hg} stp SARABAITES, £ m. plur, ( Aif4 eccléfGaf.) noni que l'on donnoit autrefois À'certains moines errané ëc Yagabonds qui ne fuivoient aucuné regle approu-! Vée,.&t älloient de ville en ville, vivaris à leur dif crétion. Ce mot vient de lhébreu fzras ferrée volter, … | IN ot M M Cette. étymologie paroît conforme à l’idée que. 643 SAR nous en donne Cäffien dans fa quatorzième confé- rence oùul les appelle ; remise quia jugum regularis difciplinæ renuunt, Saint Jérôme n’en parle pas plus favorablement dans uné lettre à Euftochium, oùal les appelle remoborh ; &S. Benoît en fait une peinture affreufe dans le premier chapitre de fa regle: C’étoient les Egyptiens qui avoient donné aux x‘ rabaïtes le nom de rémoboth ; & voici ce qu’en dit S. Jérôme : A bini vel terni ñec mul plures fimul'ha- bicant fuo arbitratit ac disione viventes | @ de eo quod laboraverint | im medium partes confertnt, tt habeant âlimenta communia, Habitañt autem quam plurimi in vrbibus 6 caffellis | 6 quafi ars fantla , non Vita, quid- quid vendiderint majoris eft\pretii. Inter hos fepe funr jureia quia [uo viventes cibo , noh patiuntur fe alicur eflefubjeëtos. Reverà folent certare jejuniis, & rém fe- creri viétorie faciunt. Apud hos ad/eélata funt oinnia, laxe manicæ, caligæ follicantes , veffis craffior, erebra Jifpiria, vifitatio virginum , detraéio clericorum, & fi quando dies feflus venerit ; Jatürantur ad vomitum. Epift, XXII. ad Eufloch. - | SARABALES , {. £ (H1Jf. jud.) forte de Vêtement dés Hébreux, = : !: Il eft dit dans Daniel, c. 25. verf. 9 4. que les trois Hébreux ayant éte jettés dans la fournaife , le feu ne leur fit aucun mal ; & que leurs farabales démeute- rententieres : faraballa éorum non fhnt immutara. Ce terme /araballa eft chaldéen, & on le lit dans lori- ginal de l'édit de Nabuchodonofor ; Daniel; c. y. perf: 21. Aquila Théodotion & Symmaque ont lu farabara, sapaCapa. Tertullien lit de même, & dit dans fon traité de Pallio qu'Alexandre le grand n’ett pas honte de quitter lhabit militaire dés Grecs pour prendre les farabares des peuples vaincus. Ces fara- bares étoient, à ce qu'on croit, des culotes ou des bandès qui enveloppoôient les jambes & les cuiffes, Ontrouve auffi quelquefois Jarabara pour un habil- tement de tête. Voyez Saumaife fur Tertullien de Paz. lio, c. in. & Ducange , Gloff:au mot farabara ; Caï- met, Piéfion. de la Bible ,rome II. p.480. SARABANDE , f f. air dé mufique & forte de danfeàtroistems ,d’uncaradtetelent, grave &iérieux. . SARABARA , ( Crisique faeréé. ) Ce termé grec de Théodotion eft expliqué par des hauts-de-chaufles ou bandes qui enveloppoient les jambes & les cuif- fes , bracèas ; l’auteur apocryphe des additions-faites au troïfieme chapitre de Damel dit, verf. 9 4: für les trois jeunes hommes /ettés dans la fournaife, que le feu nendomimagea pas même leurs vêtémens. Le grec met capaBapa, (D. J) 5 : SARABAT, LE, (Géop. mod. rivière d’Afie dans PAnatoke ; elle fe décharge dans le golfe de Smyrne, auprès déSmyrne. C’eft l'Hirmus des anciens: foyez Hermus. (D. J.) L Paule Le ASARABRIS , (Géôg. añc.) ancienne ville de PES pagreltarrägonoité , felonProlomée. Ses interprètes difent'que c’eft Zamora. Florien d'Ocampo prétend que é’eft Foro fur lé Duero ; @ fon fentiment eff fa: VOrME par Gomez Vafæüs. (DJ. ) "7-01 S SARACENE, LA ,|(Géôguñc.) contrée de l’'Ara- bie pétrée ; felon Ptolomée , 2 F-64137. Elle étoit a cochant des montagnes Noires er tirant Vers HÉeppter (on sr ynmanntn Sail E-aonnx stone LSARACENI ,( Géog'anc.) ancien petple de PA rabié. Erätofthene ; dans Strabon , lès nomme Scezi- #e Arabes. Les premiets:, ditil, qui Gccupent l'Arabie heureufe font les Syriens. Après éux eft une terre fäblonneule & ftérilé } qui produit des ‘épinés 86 des bruyeres , 8 qui a deleat lotfque lon cretite dans laterré; comme danstiGédrôfie. Ce pays eft occupé parlés Arabes fcémtés uinourriient des chameaux. Pline dit, 21.76 47. audekide embouchure du Nil, qui porte le nom de Pé/ufe, eft l'Arabie qui s'ét tend vers limer Rouge ,&efs cette Odorférante { t SAR ébntrée connue fous le nom d’Lerreufe. Elle eft fé- rile, excepté aux confins de la Syrie, & n’a rien de recommandable que le mont Cafius. Ce nom d’A4ra- bes fcénires vient de ce qu'ils logeoient fous des ten- tes, comme font encore les Bédouins. Ammien Marcellin nous apprend que les Arabes fcénites étoient le même peuple que les Sarrafins ; gens ; dit-il, que nots ne devons jamais fouhaiter d’avoir pour amis, m1 pour ennemis. Ils courent çà & là, ravagent en un inffant tout ce qu'ils trouvent fous leur main ; femblables à des éperviers qui, s'ils voient bien haut une proie, Penlevent par un vol fapide, & ne s'arrêtent point os n’en fotent faifis. Il ajoute les particularités fuivantes : Toutes ces fations qui s'étendent entre l’Affyrie & les cataractes du Nil &c jufqu'aux confins de Blemmyes , font éga- lement guerrieres. Les hommes font à demi-nuds , ävec une faie de couleur qui les couvre jufqu’au- deflus dé la ceinture ; 1ls fe portent de divers côtés à la faveur de leurs chevaux qui font très-lécers, & de leufs chameaux 3 & ne s’embarraffent n1 de la paix, n1 de la guerre ? oh fie Voit Jamais aucun d’eux mener la charrue , tailler des arbres , ou cultiver la terre pour fe nourrir ; mais ils font vagabonds &z dif perfés dans une gfande étendue de pays, fans de- meure & fans lois. [ls fe nourriffent de chair de bé- tes fauvages , de lait qu’ils ont en abondance, & d'herbes de plufieurs efpeces: Nous les avons vu la plüpart, ie connoïffant l’ufage du blé, nicehu du vin. __ Ptolomée place les Scénites & les Saracen: dans PArabie pétrée , & les regarde comme des colonies d’un même peuple ; maïs 1l faut bien remarquer que les noms de Scénites & de Szraceni étoient propre- ment des fobriquets que les autres peuples [eur don- nerent. Le mot de fcénises vient de ce qu'ils demeu= roient fous des tentes ; & le mot faraceni paroit ve- fr de l'arabe fzrak, qui veut dire voler , piller , terme qu'on employa pour exprimer les brigandages de cette nation. Il paroît par Procope que fous empire de Jufti- ñien les Saraceni, que nous avons nommés en fran- çois Sarrafins , étoient partagés par tribus, entre lef- quelles certaines familles Confervorent une préémi- nence-héréditaire. Mahomet , qui naquit l’an $7r, s’attacha’ toutes ces tribus de Sarrafins, fe mit à leur tête , fe fit donner de nouvelles terres par Hérachus, &T mourut en 633 , après avoir fait de grandes con- quêtes én Arabie, que fes fuccefleurs étendirent de toutes parts. Voyez SARRASINS.,, Hif?. (D. J.) SARACHE, on donne ce nom aux petites alofes. Voyez ALOSE. md SARACORI , ( Geog, anc.) ancien peuple dont Ælien cite cette particularité dans fon hiftoire des animaux, 2. XII, c. xxxiv. Les Saracores, dit-1l, ne fe fervent point d’ânes pour porter des fardeaux, ni pour tourner fes meules; mais les Saracores montent fur des ânes pouf fe battre à la guerre. Ælien ne dit point en quel lieu étoit ce peuple. Ortelius conjec- ture que €e bourroit bien être le même que les Sara gures, peuple d’Afie, felon Swidas, Zagayoupos, (D.7.) ‘: SARAGOSA ox SARAGUSA, (Géog. ant.) en tin Syracufe , ville de Sicile , dans la vallée de No- 10, fur la côte orientale , à 45 lieues au fud-eft de Palerme: Cette ville, qui a fuccédé à l’ancieñne Sy- facufe,, éft éncore aujourd’hui une des principales de lilé de Sicile’, tant pour la bonté de fon port, que pour fa fituation avantageufe, fes muraïlies fe trou- vant de tous-côtés Baignées! deseaux de la mer; car elle n’occupe préfentement.que le feul'terrein , qui anciennement toit. appellé Ortygia ou Trfula. Un château de figure irréguliere.& fort défeétueux fert de défenfe au port , € communique avec la ville par 1e moyEn d’un pont de bois, mais fort mal difpofe. On trouve dans ce château l’ancienne fontaine d'A + Hréthufe’, SAR réthufe , qui ef une grande fource d’eau. Saroofà Contient à peine huit mille habitans > fur-tout depuis le violent tremblement de terre awelle a efliyé au mois d’Août 1757 ; ce défaftre a tenverfé un tiers de la ville ; & a fait périrenviron deux mille amies : ef un évêché fuffragant de Mont-Réal. Long. fuivant Hapris, 32:40". 161, Jar: 3 7, à. | Si jamais moine a été épris de la gloire de fon ot- dre, c’eft Cajétan (Conftantin ), bénédidin, né à Saragofa, en 1565 8 mort en 1650 , Agé de 85 ans: Il a publié des ouvrages, pour prouver que S, Gré- goire, S, François d’Affle, S. Thomas d'Aquin, & même Ignace de Layola , &e, étoient antant de moi- nes de l’ordre deS, Benoît. Je crains fort ; difoit pla. famment le cardinal Scipion Cobelluci , que Cajé- fan ne transforme aufli faint Pierre en bénédi&tin. (2.3) ; SARAGOSSE, o:SARAGOCE, (Geog. moderne.) en latin Ce/rez Augufla , Cejar-augufla , où Ca/ar- Æugula ; en efpagnol Zaragoga ; ville d'Efpaone , capitale du royaume d'Aragon , fur l'Ebre , à {a jon- ion avec le Galleguo & la Guerva. Elle eft à r: lieues communes d'Éfpagne au nord-eft de Catalaiud, à 12 de Taracone, à 16 de Lérida » à 21 au fud-eft de Pampelune , à 40 au couchant de Barcelone )à 8 au nord-eft de Madrid. Long. 16. 45. larie, Al. 45. Pline, . III. c. xj, dit que fon ancien nom étoir Salauba ; & l'on croitqw’elle a été bâtie par les Phé- niciens, Bochard prétend que Sa//uba vient du phe- nicien S'alrobzal, qui vèut dire, Baal ef? Jon fontien. Quoi qu'il en foit, elle conferva fon nom de S4/2282 chez les Romains , jufqu’à ce qu'ayant été repeuplée par une colonie romaine fous Augufte, elle prit le nom de cet empereur ; d'où s’eft formé le nom mo- derne. On y a trouvé une médaille d'Augufte en bronze, où l’on voyoït d’un côté un étendard foutenu d’une pique, qui étoit le fymbole d'une colonie »avec cette légende autour de là tête d'Auguite: Auouflus D. EF. & furierevers, Car Augufla M, Por. Cn. Fab. IL. Wir, * Le P. Hardouin en fournit quelques autres que voici: l’une repréfente un laboureur qui mene des bœufs attachés à uné charrue, fymbole d’une colo: nie. Varron, UB. IF. de linota latina ; dit que l’on commençoit ainft une-colonie, en attelant ün bœuf avec une vache ; de maniere que la vache étoit du côté de la colonie , & le bœuf du côté de la campa- gne. La charrue , felon cette difpofition , traçoit le tour des murailles, & on portoit la charrue au lieu Où Pon vouloit avoir la porte de la vilie. Pline dit, Zy. LIT. c. jf: que Saragoffe étoit une colonie franche arrofée par l'Ebre , À qu'auparavant il y avoit au même leu un bourg nommé Sa/duba. Cafar Augufla colonia immunis, amne [bero ajjufæ, UbL oppidum antea vocnbatur S:lduba, 1 y a dans le tréfor de Goltzius, page » 38: cette ancienne inferip- Bon: Col Cafurea Any, Salduba Une autre médaille tepréfente la tête d’Aueufte couronnée de lauriers, avec ces mots : Cæfar Augufla. Cn. Dom. Amp. €. Fer: Lang. 11 Vir. c’'eftà-diré, Cr. Domitio Ampliato, “Cao Vernrio Languido, Duumviris. Une autre porte ces mots: L, Caffio, Caio Valerio Feneflella, Duum- VÉTIS, | | -. On fit fur une autre médaïlle €. C4. Picraris Au- guffe. On y voit la tête de la Piété, pour repréfenter a piété de Julie, fille d’Augufte, Sur le fevers ef un temple & les noms des duuinvirs. J2Hano Lupo Pr. €. Cf, C, Pémponio Part: II. Vir, celte dire, Juriano Lupo Prafeilo Cohortis Cefariane Cajo Pomponio Parra "Darmvrrs: St uneautre, on voit entre deux éten- |. dards de cohortes &une aigle lésionnaire ) CES trois lettres C. CA. qui fignifient Colonia Cæfar Augufta. «Le plus grand nombre des médailles portent ces trois lettres C. C4, blufieuxs ont Cejar, Ausufla , Tome XIP, , SAR 643 avec un pont après le mot Cefar ; quelques-unes Cef. Augufla : dans toutes ces médailles , il faut lire Cefarex Augufla, Cellarius foupconne que le mot de Cafar Augufla pourroit bien être veñu de ce qu'en Lifant le point a été négligé, : Entre les infcriptions de Gruter » Pi 324: 13,1 s’en trouve une qui, fi elle étoit exaétement copiée , favorife ceux qui difent Cefardigufla d'un {eul mot ; la voici : Poffhumie Marcellinæ ex Cafarang. Karenf, que M, de Marca explique ainf : Poflhumie origine Carenff, ex conventu Cafarauguflano. En effet, Pline met le peuple Carenfes dans le département de Sara golfe. Hi Saragoffe eft une des plus belles villes, des plug grandes, des plus riches , & des mieux bâties d'Efpa= gne. Ses rues font bien payées, larges & propres. On difüngue entre les bâtimens publics le palais du vice- roi, Phôtel-de-vilié, & l'hôpital général. Le palais de linquifition a été converti en citadelle ; mais le tribunal ne fubffie pas moins avec tous fes Oficiers , réfident, fifcal, alguafil, major, fecrétaires, Ge. On compte à Saragoffe dix-fept grandes églifes & quatorze monaftéres. Le chapitre de la cathédrale eft compofé de quarante-deux chanoines ,; dont treize ont des dignités. L'évêché qui étoit établi dès l'an 255 , ne connoït une fuite de fes évêques que depuis 1 1 10. C’eft cette même année qu'Alphonfe furnommé lebarailleur, roi d'Aragon & de Navarre, prit fur les Maures Saragoffe , qui devint la Capitale de Aragon, & qui ne retourna plus au pouvoir des Mufulmans. Le pape Jean XXII. étant à Avignon, érigea en 1317 le fige épifcopal de Saragoffe en archévéché. La daté de la fondation de l’'univerfité eft de Pan 1474. Quant au gouvernement de cette ville > 1oit poli- tique , foit Judiciaire , il eft bien différent de ce qui étoit autrefois. Elle à un vicero:i > UN Capitaine géné= ral du royaume, & une audience royale, qui décr- dent de tout. Il n’y a plus de grand jufticia d'Aragon, Fi étoit difhicile de trouver une plus belle difpofition que celle des lois de cette ville dans les tems anté- tieurs, Tout y marquoit léminence d’une prudence légiflative ; mais certe belle économie fut entierea ment changée én 1707, par l'abolition des priviléses delAragon, quele roiréduifiten province du royau- me de Caïtille, dont on lui donna les lois. La cour des jurés, femblable à celle de la grande Bretagne & encore plus parfaite, a pañlé 4 des régrdors Qui font à la nomination du roi, & qui ont pour chef un inren: dant du prince, en qui toute l’autoriré réfde. L'air eft fort pur &c fort fain à Saragoffe ; tous les vivres y {ont en abondance & à bon marché, On pafñle l’Ébre fur deux-ponts, dont l’un eff de pierre & l’autre de bois. Cette riviere fournit aux habitans de Peau, des denrées & du commerce ; elle y eft belle & navigable : auf les Carthagihoïs , les Grecs & les Romains la remontoient jufqu'à S'aragoffe, Elle coule autour de la ville, de maniere qu'elle en baigne lé pié des édifices en quelques endroits, & fes bords y font ornés d’un quai qui fert de p'omenade aux babitans. Elle mavoit pas autrefois précifément le même lit qu'elle a aujourd’hui : comme elle caufoit de grands dépâts fur fa route, lorfqu’elle venoit à s’en- fler, on y à porté remede , en lui ouvrant un cours ave tant de fuccès, que quélque débordement qui lui furvienne , elle’ s'étend paifiblément fur le rivage qui eft de l’autre côté de la ville; & quoique le cou- tant foit fort, à caufe de tous les Anidsaux. qu'elle reçoit, elle ne fait aucun ravage dans Îes vergers & les jardins de fon voifinage, EX Prudence, en latin Æurelims Prudertius Clemens, poëté chrétien, naquit en 1348 à Saragoife, félon Alde Manuce, Sixtede Sienne, Poffevin & quelques autres. Il fut d’abord avocat, enfuite homme de guerre, & “enfivattaçché à la cour pat un bel emplor. fl n'exérca m m G42 S AR fa mufe {ur des matieres de religion qu’à l’âge de 57 ans, & ne diffimula point dans fes écrits le Libertinage de fa jeunefle. Voici fes propres paroles: Tam lafciva protervitas, Et luxus petulans (het pudet ac piget !\) Fœdavit juvenem nequitiæ fordibus , ac luto. Les poéfies de Prudence font plus remplies de zèle de religion que des ornemens de l’art; le ftyle en eft fouvent barbare, les fautes de quantité s’y trouvent en grand nombre; & d’ailleurs l’orthodoxie n’y eft pas toujours ménagée. On ne fait de quiil tenoit cette anecdote finguliere qu'il avance comme un fait cer- tain (vers 125 G 133.) que les damnés ont tous les ans un jour de repos, & que c’eftle jour où J. C. for- tit de l'enfer. Il femble même qu'il a cru que l’ame de Thomme eft corporelle ; du-moins felon M. le Clerc, ces paroles de Prudence , anima rapit aura liquorem , fignifient naturellement la mortalité de l'ame ; mais je crois que c’eft mettre fur le fentiment ce qui doit être attribué à la verffication. -_ Quoi aw'il en foit, on a plufieurs éditions de fes ouvrages; celle de Deventer eft la premiere, &c celle d’Alde, à Venife en 1502 #7-4°. n’eft que la feconde. On eftime fut-tout celle d'Hanaw en 1613 , celle d’Amfterdam en 1667, avec les notes de Nicolas Heinfius ; & celle 7 «fum delphini, donnée à Paris par le P. Chamillart, en 1687, #7-4°. Entre les favans plus modernes nés à Saragoffe, je me contenterai de nommer Agoftino, Molinos , &c - Surita. 4 Agoftino (Aztonio) a été l'un des plus habiles hom- mes de fon fiecle , dans la connoïflance du droit civil & canonique , dans la littérature &r les antiquités. Il fut auditeur de rote, enfuite évêque de Lérida, enfin archevêque de Tarragone, où il moutut en 1586, à 68 ans. La plüpart de fes ouvrages font très-eftimés, {ur-tout ceux de la belle littérature ; comme 1°. celui qui a pour titre, familie Romanorum trigenta ; 2°. de legibus & fenatufconfuliis Romanorum ; 3°. fes dialo- gues en efpagnol des médailles des Grecs êc des Ro- mains ; 4°. fes antiquités d'Efpagne, qui ont été tra- duites en italien & en latin; 5°. enfin le plus confidé- rable de fes ouvrages eft la correétion de Gratien, dont M. Baluze a donné une excellente édition, im- primée à Paris en 1672 , avec de favantes notes. Molinos (Michel), né en 1627 à Saragoffe, ou du- moins dans le diocèfe, eft connu de tout le monde par fa doëtrine fur la myfticité , qu’il répandit en Ita- lie ; il renferma cette doétrine dans un livre efpagnol qu'il intitula la conduire fpirituelle , & dans lequel 1l inféra fon oraifon de gwiétude. Tous fes écrits furent condamnés à être brulés au bout de vingt ans, 6c l'in- quifition mit l’auteur dans une prifon perpétuelle , où il mourut en 1696, après 7 ans de captivité, quoi- qu'il eût fait abjuration de fes erreurs fur un échaffaud dreffé dans l’églife des dominicains. Il étoit alors âgé de foixante ans , & le public ne voyoit en lui qu'un honnête prêtre, dont les mœurs étoient irréprocha- bles. Son livre n’avoit été publié qu'avec Papproba- tion des qualificateurs de Pinquifition. Innocent XL. avoit fait un cas tout particulier de Molinos; &g ce même pape l’abandonna à la perfécution des jéfuites, qui intéreflerent Louis XIV. dans cette affaire. Surita (Jérôme), né à Saragoffe en 1502, a nus au jour une hiftoire curieufe du royaume d'Aragon. Il mourut âgé de 67 ans. « La feule chofe dont on puifle » blâmer Surira, dit M. de Thou , ou plütôt le feul »# malheur dont on le doit plaindre , c’eft qu'il ait été » fecrétaire de l’inquifition , & que pañlant pour un # homme doéte , plein de douceur & d’humanité, 1l » ait pris un emploi fi cruel en lui-même & fi perni- » cieux à tous les gens de lettres; foit qu'il lait # cru néceflaire pour pourvoir à fa sûreté ; ou par S A R » le defflin de fa nation, afin de foutenir fa dignité »: (Le chevalier DE JaUcOURT.) SARAI o7 BOSNA-SERAÏI, ( Géogr. mod.) ville de la Turquie européenne, dans la Bofnie , fur le ruifleau de Migliataska, entre Belgrade à Porient, & Sebenico au couchant. Ses revenus & ceux de fon territoire font affectés à la fultane mere, Long. 36. 25. lat. 44. 18. (D.J.) | SARAIS , f. m. (Com. € Hifi. mod.) on nomme ainf dans les états du grand movol de vaftes bârimens qui font dans la plûpart des villes , & qui y tiennent lieu de ce qu’on appelle en Europe des hdzelleries. Ils font moins grands queles caravanferai , &t les marchands n’y {ont reçus avec leurs marchandifes qu’en payant un certain droit. Voyez CARAVANSERA, Didlion. de comm. 6 de Frévoux, SARAMANE, (Géogr. anc.) ville d'Hyrcanie vers le nord, felon Ptolomée, Z. WII. c. ix. Ammien Mar- cellin en parle comme d’une place forte , & dit qu’- elle étoit fituée au bord de la mer. ( D. J.) SARANNE, (if, nat. Bot.) efpece de [ys, mais ui ne fe trouve qu’en Sibérie , &c dans la peninfule de Kamtichatka. M. Steller la nomme Zum flore atro rubente : ce Îys croit à la hauteur d'environ un demi-pié ; fa tige eft de [a groffeur d’une plume de cygne ; elle eft rouge par le bas & verte par en-haut; elle eft garnie de deux rangées de feuilles ovales ; la rangée inférieure a trois feuilles , & la rangée fupé- rieure en a quatre. La fleur eft d’une couleur de ce- rife foncée , un peu moins grande que Île lys ordi- naïre ; elle eft divifée en fix parties égales; le piftil eft triangulaire , & applati par le haut, &t contient dans trois capfules diftinguées des graines rougeâtres & plates. On voit au-tour du pifhl fix étamines jau- nes par le bout. La racine eff auffi grofle que celle de l'ail ; elle eft compoñée de plufeurs goufles, ce qui lui donne une forme ronde. Cette plante fleurit au mois de Juin, & elle croît alors en fi grande abon- dance , que l’on ne voit point d’autres fleurs. Les femmes du pays en font une forte de confiture fort agréable, qui, {elon M. Steller , pourroït en cas de beloin fuppléer au défaut du pain, f lon en avoit une quantité fufifante, Ce naturalifte en compte cinq efpeces; 1° Le kimrchiga, qui reflemble aux pois fucrés, & quien a à-peu-près le goût ; 2°, la Jararne ronde , qui vient d'être décrite ; 3°. l'anféxka, qui croît dans toutes Les parties de la Sibérie; 4°, le titichpa; $°. le matifta [ladka travo ,ou la douce plante dont on fait non-feulement des confitures , mais en- core dont les Rufles ont trouvé le {ecret de diftiller une liqueur forte. La racine de cette plante eft jaunâtre à l'extérieur , & blanche à intérieur ; {on goût eft amer & piquant ; fa tige eft charnue, remplie de jointures , & s’éleve de a hauteur d’un homme ; fa feuille eft d’un rouge verda- tre ; la tige eft garnie depuis fix juiqu'à dix feuil- les ; les fleurs font blanches, fort perites , &t reflem- blent à du fenouil; prifes enfemble elles préfentent la forme d’une affiette , ou forment un parafol. Cetre plante a un goût qui a du rapport avec celuide lare- olifle. Onne la recueille qu'avec des gants, vu que le jus qui en fort eft fi cauftique, qu'il fait venir des ampoules aux mains. Larmarmiere d'en obtenir une liqueur fpiritueufe confifte à verfer de l’eau bouwil- Jante fur cette plante liée en paquets ; pour faciliter la fermentation on y joint quelques baies de myrtil- le, ou des prunelles ; on met le tout dans un va#fleau bien bouché, que l'on place dans un lieu chaud, où la liqueur demeure jufqu’à ce qu’elle ceffe de fermen- ter, ce qui fe fait avec grand bruit; on drfilie enfute le mélange, & l’on obtint une liqueur auf forteque l’eau-de-vie; par unefeconde diftillation elle devient, dit-on, affez forte pour mordre fur le fer, Deux prds SAR où 80 Jivres.de.cetre plante donnentunsw4r0 où 23 - pintes de liqueurforte, Lorfqu'on n’a pas eu lapré- caution d’ôter la peaude la plante avant la diftilla- tion , elle caufe une-efpece de folie à ceux qui en boivent; d’ailleurs cette liqueur ÉRIVrSE rend ftapi- de , fait que le vifage devient tout noir} & procure desrêveseffrayans. M, Steller ditavoir vu des gens “qui ,après en avoir bû la veille, s’enivroient de nou- Veau enbûvant un verre d’eau. 2 SARANGÆ & SARANGÆT, (Géog. ane.) an- €ien peuple, au nord oriental de la Perfe. Pline , Z FVlic, xvj. nomme, comme peuples voifins, les uns des autres Chorafini , Candati, Atraféni ; Paricani ; Sarangæ, Parrhafini | &c. Arrien , 2. PL. e, viij. fem- ble en indiquer la demeure , en nommant la riviere Saranyé, qui, grofilant PAcéfine , alloit avec elle fe perdre dans le fleuve Indus;s Hérodote, iv. LIT, chs2ciy, nomme auf ce peuple, & en fait une dé- pendance dé la Perfe , qui a autrefois pu étendre fa domination jufques-là. (D. J.) SARAPARÆ, ( Géog. ans, ) ancien peuple voi: fin de PArménie. Il paroît quil étoit originaire de Thrace. Strabon dit, Z X1.p.531.» Onprétend que » certains thraces furnommés Saraparæ, demeurent » plus haut que l'Arménie auprès des Guraniens & # des Medes , peuples féroces , qui habitent dans les » montagnes , & qui ont coutume de couper les jam- 5» bes &c les têtes aux hommes qui tombententreleurs # mains, Car c'eit ce que fignifie le nom de Saraparæ, (2. 3.) un SARAQUINO , (Géogr. mod.) petiteîlede la Gre- ce, dans Archipel. Elle a quinze milles de tour, & eft prefque déferte. Elle eft vers la côte de la Macé: doïne , près des iles de Pafagnifi & li Dromi, À 2$ mille pas de la bouche du golfe Saloniaue , Au levant. (2.7) | SARATOF , (Géogr. mod.) Voyez SORATOF. SARAVI , (Géog: mod.) province d'Afrique , en Ethiopie , dans l'Abyffinie, remarquable, parce que es environs nourriflent les plus beaux chevaux d'E- : thiopie ; mais on ne les ferre jamais dans ce pays-là. {D.3). SARAVUS, (Géogr.anc.) riviere de Ja Belsique, | où elle fe jette dans la Mofelle, Aufone dans fon poë= me fur la Mofelle dit, ». 367. Naviser undifona dudiim me mole Saravus Tota véfle VOcat : lorgum qui dif£ulir ATnIIeTT2 Feffa jub auguftis ut volyeres offa muris. I parle ici de la ville de Treves. C’eft un peu au- deffous de cette ville que cette riviere fe jette dans la Mofelle. Il remarque qu'elle porte des bateaux. Cette riviere eft aujourd'hui nommée Saar par les Alle: mands, &c la Sare par les François ; & la ville qui prend fon nom de ce pont, n’a fait que le traduire en allemand , & s'appelle Sarbruck , qui veut dire pont de la Sare. (D. J.) SARBACANE,, f f. (Gram.)long canal de bois où l’on met un corps que l'on chafle avec haleine. SARBACANE des Indiens , (Hif£. d’Armériq.) c’eft Par: me de chaffe la plus ordinaire des Indiens: ils y ajuf- tent de petites flèches de bois de palmier ; qu'ils gar= niffent au lieu de plumes, d'un petit bourlet de coton plat & mince, qu’ils font fort promptement & fort adroitement , ce qui remplit le vuide du tuyau. Ils lancent la fleche avec Le foufle à 30 8& 40 pas, -êt ne Manquent prefque jamais leur coup. M. de la Con damine à vu fouvent arrêter le canot , Un indien def- cendre à terre entrer dans le bois , tirer un finge ou un oifeau perché au haut d’un arbre, le rapporter , & reprendre fa rame, le tout en moins de deux mie nutes. Un inftrument auffi fimple que ces Jarbacanes, fupplée avantageufement chez ies nations indiennes, au défaut des armes à feu. Ils trempent la pointe de Tome XIV, SAR” 645 lents petites fleches, inf que celles de: lots arcsz dans un poron fi aétif, que quandil eft récents; kltué en moins d'une minute lañimal > Pour peu qu'il foit atteint jufqu'au fang, Il n’y arien à craindre à mans er des animaux tués avec ce poifon, car il d'agit qué quandiléftmelé avec le fans, alors ilm’eft pasinoins mortel à l’homme qu'aux autres animaux. M. de la Condamine a eu occañon de connoître au Para pluz fieurs portugais témoins de cette funefté épreuve, & qui ont vi pétir leurs camarades en un infant , dus ne bleflure femblable 4 une piquure d’épingié: Le contre-poifon eft, à ce qu'on dit, le {el 3 Su plhisfus tement le fucre. (D. J. | SARBRUCK, (Géog mod.) y atrois villes qu'on nomme également S'arbourg Sr Satbrick 5 deices trois villés,, il y en a une qui devtoit s'appeler Sarboure, St qui eff celle du voifinage de Treves; c’eftle Cafèra Sarfé ; & une autre Serbruck en Lortaine ; c’eft le Sxravi pons ds anciens itinéraires, Diflinguons donc ces divers endroits. À 1°. Sarbruck , ville d'Allemagne; dans l'éleorat de Trèves , fur la Sara, qu'on y pafle fur un pont, à 3 lieues au midi de Treves. LOngA2 4. 14 daris, 49 30: 2°, Sarbruck , ville de Lorraine au pays de Vofpé, fur la Sare , au pié des montagnes , près!des frontie: res de la baffe-Alface ,énailant de Métz à Strasbourg, à 6 lieues de Marfal, &c À 4 de Phalsboure, C’eftle pons Saravi des itinéraires. Longiude 24.25, last: 48. 44. | 3°: Sarbruck ; village, & autrefois ville de 1n Lor- raine allemande, capitale du comté de même nom; Elle eft fituée fur la Sarre > à 6 liéues au-deflus de Sarlouis. Cette ville a été ruinée pendant les guerres d'Allemagne du dernier fecie. Long. 24. 43. lat. 49. EEE ANS «10 SARCA' LA , ( Géog. mod. ) riviere d'Allemagne, dans le Trentin ; elle af fource aux montagnes qui féparent le Brefflan du Trentin , & après un aflez long cours ferpentin , elle fe jette dans la partie fep- tentrionale du lac de Garde, entre Riva & Forbole; là elle perd fon nom, car en fortant de ce lac elle s'appelle le Macio. (D. j.) SARCASME, { m. ( Licrérar. ) en termé de rhé: torique , fignifie une Zronie piquante 6 cruelle, pat laquelle lorateur taille où infulte fon adverfaire, Foyez IRONTE. : . Telle eft parexemple , l'ironie des Juifs parlant à Jefus-Chrift attaché en croix. « Toi qui détruis le » temple, & le rebâtis en trois jours, fauve-toitoi- » même, Gc. Îla fauvé les autres ,ilne peut fe » fauver lui-même ; qu’il defcende maintenant de lä » Croix & nous croirons en lui». T'elleeftencore celle de Turnusaux Troyens, dansl'En£ide ; lorfque dans un combat, il a remporté fureux quelques avantages, En agros 6 quant bello, Trojane, perse | Fe/periam metire javens : hec P'@RiA , qui me Ferro aufi tentare , féruns : Jecmænis condune, . SARCELLE ; CERCELLE , CERCERELLE r QUERCERELLE, £f. ( Hifi ner. Micholog. ) quer: quedula fecunda, Ald. Oïfeau aquatique , du genre des canards ; 1l pefe douzé onces, il a le bec large, nOir, &Tun peu recourbé en deflus ; le fommet de là tête & la partie fupérieure du cou font roux ; ilya deux traits d’un verd foncé & très-brillant, qui s’éten- dent depuis les yeux jufque derriere latête > Étentre ces traits , une grande tâche noire qui {e trouve fur locciput ; la couleur roufle de la tête et féparée de la couleur verte, par une ligne blanche ; les plumes de la pattie inférieure du cou, du milieu du dos , & celies des côtés du Corps fous les ailes, ont de pe= tites lignes tranfverfales , ondoyantes, & placées al: ternativement, les uñes noires, &.les autres bian- M M mm :; 646 SAR. ches. On trouve des individus de cette efpece, dont les plumes du jabot font jaunâtres, &ont des taches noires difpofées comme des écailles de poiflon; la . ce vi ; HF couleur de la poitrine & du ventre eft cendrée; il y a une tache noire fous le croupion : les plumes des : ailes font brunes en entier , à l’exception d’une ta- che d’un beau verd qui fe trouve fur celle du mi- lieu; la queue eft compofée de feize plumes qui font toutes brunes ; les piés ont une couleur brune pâle, & la membrane quitient les doigts unis les uns aux autres, eft noirâtre. La chair de cet oifeau eft de trèsbon goût. Ray, fÿrop. mak. avium. Voyez (OISEAU. SARGELLE, ( Diete. ) cet oifeau peut être regar- dé, du-moins en n’en confidérant que les qualités diététiques, comme une petite efpece de canard {au- vage. Voyez CANARD SAUVAGE. SARCHAN 1e , (Géog. mod. ) province d’Afe, dans l’Anatolie, fur la côte de l’Archipel. Elle eft bornée au nord par le Becfangili, & au midi par le Germian; ainf elle répond en partie à Plonie des an- ciens. Smyrne eft fa capitale; Ephèfe & Fokia font aufli de cette province. ( 2.J.) ® SARCHE , f.m. sermesde Boiffelier, cercle hau t& Jarge , auquel on attache une étamine , une toile, ou une peau percée pour faire un tamis, une gréle, un tambour , & autres femblables ouvrages. On s’en fert auf pour hauffer les vaiffeaux à faire la leflive. DJ. ( Loue , £ (if. ner. Litholog.) nom don- -né par quelques auteurs à la cornaline, à caufe qu’el- le eft de couleur de chair. On donnoit aufli ce nom àune pierre qui , fuivant Pline, fe trouvoit dans le ventre d’unléfard. Enfin on a aufli donné le nom de Sarcites à une pierre ftriée &-remplie de fibres, comme la viande de bœuf. SARCLER, ( Agricul.) ce mot fignife arracher les méchantes herbes & les chardons qui nuifent aux bonnes plantes &aux blés; ce travail fe fait ordinai- rement ainfi. Des femmes s’arrangent de front , & ayant à la main un farcloir, elles coupent les mau- vaifes herbes les plus apparentes ; fi elles font enco- re jeunes, les farcleufes ne les apperçoivent pas, & ence cas, il faut répéter dans la fuite Popération ; d’ailleurs les plantes les plus menues, qui font au- moins auf préjudiciables ; telles que le vefceron, la folle avoine, la nielle, la renouée, l’arrète-bœuf, la queue de renard , &c tous les petits piés de, pon- :ceau, reftent dans le champ. Ajoutez qu'en coupant les mauvaifes herbes , il n’eft guere pofñfible qu’on ne coupe du blé; êc enfin les chardons & les autres plantes bifannuelles, pouffent de leurs racines deux, | trois , ou quatre tiges, au-lieu d’une, &c alors le mal devient plus grand; les pauvres femmes qui ont des vaches à nourrir, ne demandent pas mieux que d'aller arracher l'herbe des blés; mais en arrachant l'herbe, elles arrachent beaucoup de blé, &c lui font untott infini, fur-tout quand la terre eft humide, en foulantles blés avec leurs piés, 8 en trainantles facs qu’elles remplifent d'herbes nuifibles; ainfi le . plus für moyen de déraciner les mauvaifes herbes , c’eft de continuer les labours pendant que les blés font enterre, fuivant la méthode de M. Tull. (2.7) SARCLOIR , {. m. serme de Jardinier | infirument de jardinier pour farcler; ileft compofé d’un manche de bois, & d’un petit fer aceré au bout de ce man- che, pour couper les chardons &c: autres herbes t inutiles. (D. J.) SARCOCELE , f. m. serme de Chirurgie | tumeur contre nature du teflicule, accompagnée de réniten- ce, fans douleur, du moins dans fon commence- ment, & qui croît peu-à-peu ; c’eft ordinairement le corps même du tefticule, augmenté de volume par l’accroïflement de fa fubftance &c l’engorgement de fes vaifleauxs ce mot vient du sreccapË , caro, chairÿ BC nn, hernie, Les anciens , par rapport au fiegeide cette tumeurz& fa reflemblanceavec celles qui font forméés-par déplacement -de parties, l’ont appellé Jarcocele, &lont compris {ous le senre des hernies fauffes ou hümorales. ce td Les caufesiexternes du /urcocele, font les coups les chutes, les contufons:, les froiflemens , les for- tes compreflions ; Les caufes: internes viennent de l'épaififlement de la lymphe nourriciere, de laréten- tion de la matiere prolifique, ou desvirus vénériens, cancéreux ou fcrophuleux ;: effet de ces différentes caufes peut être très-prompt , & formerune mala- die aiguë inflammatoire, qu’on combat par Le régime févere |; par lufage des délayans, des faignées re- petées, &c par l'application des cataplafmes anodins êc réfolutifs ; mais on ne donne proprement le nom de farcocele, qu’à lengorgementinvéteré & perma- nent du tefticule ; l’ufage inconfideré des réfolutifs trop aétifs , peut caufer linduration du farcocele, qua devient d'abord skirrheux , & qui peut enduite dé- générer en cancer. Il faut bien exaétement diflinguer le /zrcocele des autres efpeces de tumeurs des tefticules, avec lef- quelles on pourroitle confondre, Onlediftinguera facilement de la hernie inteftinale ou épiploique, puifque dans le farcocele le ph de laine eft libre, à moins qu'iln/y ait complication de deux maladiess ce qu'on reconnoïtra par les fignes particuliers qua les cara@térifent. Voyez HERNIE. | Foreftusrapporte l'exemple d’un homme qui avoit unetumeur dure du tefticule, comme un skirrhe, qui diftendoit le fcrotum ; elle fit des progrès pen- dant cinq ans , tout le monde jugeoït que c’étoit un farcocele flatumeur devint molle par l'application des émolliens & des maturatifs ; elle fe rompit enfin, & évacuation d’une grande quantité d’eau, procura l’afaiflement du fcrotum & du tefticule , & le mala- de guérit radicalement, C’étoit donc une hydrocele, qu'on avoit méconnue , & à laquelle on auroit pu porter remede bien plutôt, fans cette erreur dansde diagnoftic. Le chirurgien trouve fans cefle à faire ufage de fon jugement dans l’exercice de fon art , & celui quine mérite des éloges que par l’habileté dela main , ne pofléde pas la meilleure part. Toute la fubftance du tefticule n’eft pas toujours comprife dans la tumeur ; le farcocele ne paroït quel- uefois que comme une excroïffance charnue , qui s’éleve fur le corps même.du tefticule : c’eft au ta à bien faire connoître l’état précis des chofes. Le prognoftic du /arcocele eft différent, fuivant les caufes qui l’ont produit, fuivant fon volume &êc les progrès plus ou moins rapides qu'il a faits, & fuivant les difpofitions qu’il a à ne pas changer de caraftere, ou à fuppurer s’il devient phlegmoneux , ou à dégé- nérer en cancer, s’il eft d’une efpece skirrheufe, Onefpere ordinairementtrès-peu des médicamens, pour là guérifon de ce mal. Les remedes généraux, qui font les faignées , les purgatifs, & les bains , préparent au bon effet des fondans apéritifs, &c des emplâtres difcuffifs & réfolutifs , tels que ceux de favon , de ciguë , &c. Rulandus recommande com- me un très-bon remede , le baume de foufre, dont on oint la tumeur matin & foir. D’autres eftiment : beaucoup un emplâtre fait avec la gomme ammonia- PIRE DOM .que , le bdellium , le fagapenum , diffout dans Le vi- naigre , avec l'addition de quelques graifles & huiles émollientes & réfolutives : les friétions mercurfelles locales, & l’emplâtre de vigo, font convenables con- tre le arcocele vénérien ; elles peuvent auff avoirun bon effet s’il eft {fcrophuleux, Voyez ÉCROUELLES. Fabrice d’Aquapendente dit, d’après Mathiole , que la poudre de racine d’arrête - bœuf, (ozozis) prife intérieurement pendant quelques mois, a la vertu de guérir le Jarcocele. Scultet aflure s’en être fervi plufieurs fois avec fuccès ; fi malgré ces reme- des la tumeur fait des progrès, il fautabfolument en venir à l’opération, qui doit être pratiquée différem- ment, fuivant les différens cas. Si la tumeur eft skirreufe, & que les douleurs commencent à s’y manifefter, c’eft un figne qu’elle dégénere en cancer : le caraétere fpécial de la dou- leur fervira à en juger avec aflurance, elle fera lan- cinante. Voyez CANCER. Dans ce cas il ne faut pas différer l’extirpation du tefticule, 7. CASTRATION. C’eft même le parti le plus afluré four la guérifon des Jarcoceles invéterés , & fur-tout lorfqu'ils font d'un volume confidérable. Munnicks a vu emporter un tefticule qui pefoit plus de vingt onces , le malade a guéri. Fabrice d’Aquapendente à fait la même opé- ration pour un tefticule carcinomateux, gros comme fon chapeau ; le malade fut guéri au bout de vingt jours; il a amputé un autre tefticule tuméfé, qui paroïffoit fort {ain au-dehors, mais qui étoit tout pourri au-dedans : le motif qui Pa porté à opérer dans ce cas, étoit la réfiftance de cette tumeur invé- terée à l’adion des remedes. In'eft pas toujours nécefaire d'en venir À l’opéra- tion. Les auteurs propofent deux autres méthodes d'opérer, qui ont pour objet la confervation du tef. ticule ; dans le cas où cette partie n’eft pas tuméfice dans toute fa fubftance, & que le arcocele eft une tumeur particulere qui s’éleve fur la furface, quel- ques auteurs confeillent de faire une incifion à la peau du fcrotum , tout lelong de latumeur, afin de Pextirper fanstoucher au tefticule; on fera fuppurer la bafe qui y étoit adhérente , par le moyen des on- guens digeftifs ; d’autres prefcrivent l’application d’u- ne trainée de pierre à cautère, pour parvenir au mé- me but; après la chute de l'efcarre , ils pourfuivent Péradication totale de la tumeur » par des remedes cathérétiques : c’eft un procedé qui peut avoir du fuccès en quelques cas; mais ileft bien douloureux & fujet à l'inconvénient de faire fuppurer complette- ment, ou de faire tomber en pourriture ganogreneufe la partie qu’on fe propofe de conferver ; lincifion paroït préférable « on a varié fur la maniere de la faire : tout le monde n’approuve pas l'incifion qui découvre la tumeur dans toute fa longueur, Mun- nicks, & quelques autres praticiens étrangers,recom- mandent une très-petite ouverture à la partie fupé- rieure dufcrotum, dans laquelle on introduira, au moyen d'une tente , des remedes fuppuratifs, pour mettre la mafle charnue en fuppuration® à chaque panfement, on aura foin, difentilf, de nétoyer la playe fans en exprimer tout le pus, afin qu'il ferve à confumer la tumeur. Voilà la raifon du choix de la partie fupérieure de la tumeur pour le lieu de lin- cifion; mais je trouve que cette maniere de procé- der à la guérifon du farcocele , eft tronquée , & co- piée de Fabrice d’Aquapendente, qui la propofe pour la cure de lhydro-farcocele : voici comme il décrit ce moyen de curation. On fera une ouverture médio- cre au fcrotum , en fa partie, non pas trop déclive Ou tout-à-fait inférieure, mais à la partie moyenne ; par cette petite inciñon, on donnera iflue à l’eau renfermée dans la tumeur, on y introduit enfuite une tente fort longue, enduite d’un bon onguent fup- puratif, tel que le mélange de térébenthine avec de Fencens , le jaune d'œuf & le beurre; on applique par-defius un emplâtre émollient & fuppuratif, com- me diachylon gommé avec l’axonge; on obfervera, continue notre fayant praticien, que quoiqu’on ait des fignes que le fcrotum eft plein de pus, 1l ne faut pourtant pas le laiffer fortir , mais le retenir exprès, avec grand foin, pour qu'il ferve peu-à-peu à la pu- tréfathion de la tumeur ; il faut toujours perféverer dans l'ufage des remedes maturatif , jufqu’à ce que SAR 647 la fuppüration'ait confommé entierementle mal, ce’ quine s’obtient qu’à la longue : cette méthode , dit l'auteur, eff très-aflurée & réuffit toujours bien pour détruire les hernies charnues, quel au’en foit le vo- lume, On peut s’en rapporter à la décifion d’un auffi grandmaître : ce moyen eft préférable à la caftra- tion, dans tous les cas où elle ne fera pas indif- penfable. J'ai vudes accidens mortels de Pouverturepréma- turée des farcoceles fuppurés, & ce n’eft pas fans rai- fon que Fabrice dit expreflément qu'il ne faut pas changer de remedes, mais de s’entenir aux feuls ma- turatifs pendant que la fuppuration fe fait. On voit combien la defcription de cette méthode avoit été alterée défavantageufement par les copiftes qui l’ont fait pañler dans leurs ouvrages ; ce qui prouve la né- ceflité de remonter aux fources , & l'utilité du tra- vail par lequel on cherche à apprécier chaque cho- fe , &t à la mettre à fa jufte valeur. - ; Dionis rapporte, dans {on traité d'opérations ; qu'un malabare des Indes avoit un farcocele inégal, dur comme une pierre , d’un pié trois pouces & fix lignes de longueur, & d’un pié trois pouces de lar- geur fur Le devant ; cette tumeur pefoit environ foi- xante livres; la relation en a été envoyée de Ponti- chery en 1710 , par le P. Mazeret , jefuite, (F) SARCOCOLLE,, ff. ( Auf. des drogues exos. Ÿ en grec capoxcAAn, en latin furcocolla | & par les Âra- bes azfarot, eft un fuc gommeux, un peu réfineux , compolé de petits grumeaux, ou de petites parcelles comme de miettes blanehâtres , ou d’un blanc roux , fpongieufes, friables : ces miettes jettent un éclat qui les fait briller par intervalles. Ce fuc eft d’un goûtun peu âcre, amer, avec une certaine douceur fade, defagréable, & qui excite des naufées ; ces parcel- les paroïflent être des fragmens de larmes, &ne font guere plus groffes que des graines de pavor. La farcocolle obéit fous la dent ; elle fe diffout dans Veau : lorfqu'on lapproche dune chandelle , elle bout d’abord, & jette enfuite une flamme brillante : on doit choïfir celle qui eft fpongieufe, blanche & amere. On l’apporte de Perfe & d'Arabie. Il y a une autre forte de farcocolle brune, fordide & en mañle dont Pomet fait mention; maïs c’eft une f#rcocolle impure qu’on doit rejetter. La plante qui donne ce fuc gommeux, n’a été dé- crite par aucun auteur , foit ancien, foit moderne, de 1orte qu’on ne la connoït pas encore aujourd’hui; les Grecs n’employoient la /arcocolle qu’extérieure- ment pour deflécher les plaies ; & en effet, elle peut fervir à les déterger 8 les confolider; elle entre dans longuent mondicatif de réfine. (D. J.) SARCO-EPIPLOCELE, f. m. terme de Chirurgie; hernie complette faite par la chute de l’épiploon dans le Jérotum , accompagnée d’excroiflance charnue, Voyez HERNIE, ÉPIPLOON , SCROTUM 6 SAR- COCELE, i Ce terme eft compoié de trois mots grecs cpË ; Gapxos, Caro, Chair, émimacer, épiploon, #74, ramex, hernie. Nous avons donné au mot furcocele les fi- gnes pour connoître l’excroiflance charnue du tefti- cule, & les moyens de traiter cette maladie par médicamens. & par opération. Ce qui concerne la hernie épiploique eft traité de même à Particle qui lui eft propre. (F) SARCO-EPIPLOMPHALE , {. m. serme de Chi- rurgte ; C’eft la même hernie au nombril que le /zrco- épiplocele au ferotum. Voyez SARCO-ÉPIPLOCELE 6 SARCOMPHALE. (7) SARCO-HYDROCELE, f. m. &f. rerme de Chi- rurgie. C’eft un farcocele accompagné d’hydrocele. Cette derniere maladie eft ordinairement confécu- tive. C’eft un accident produit par la premiere en conféquence de la preffion & de la rupture des vaif 643 SAR (eaux lymphatiques du tefticule engorgé. Ce mot eft grec , ileft compoifé de capë, caro, chair, de ap, agua, eau, &t de ynan, ramex, tumor, hernie, tu- meur, Voyez SARCOCELE & HYDROCELE. On trou- vera principalement au #01 SARCOCELE la méthode de Fabrice d’Aquapendente pour la guérifon radicale du farcohydrocele. (Y) SARCOLOGIE, f. f. (Anar.) C’eft la partie de l’Anatomie qui traite de la chair, & des parties mol- les du corps. Voyez CHAIR.. pol L’Anatomie fe divife en deux parties; l’oftéolo- gie, & la farcologie. La premiere traite des os & des cartilages : & la feconde de la chair, & des parties molles. Voyez ANATOMIE. | SARCOME, f. m. cerme de Chirurgie, tumeur molle fans changement de couleur à la peau, indolente, formée par un amas contre nature de fucs graifleux & lymphatiques. Les Grecs ont pris ces tumeurs pour des excroiflances charnues , c’eft pourquoi ils les ont appellées /arcomes , capouure. Elles ne font qu’une portion de la membrane cellulaire adi- peufe trop tuméfiée. Toutes les parties du corps font fujettes an /ar- come, C'eft-à-dire, à des tumeurs fongueufes, C’eft pourquoi on a donné ce nom aux tumeurs ou ex- croiflances de la matrice & du vagin, & aux po- lypes du nez, fur la furface du corps : tout fazrcome eft une vraie loupe graïffeufe, Voyez Loupe. & Lr- POME. Quelques auteurs ont pris beaucoup de foin de diflinguer le farcome d'avec le polype. Les fignes u'ils donnent pour les diftinguer, paroïflent affez mal-fondés, pufqu’ils ne fe tirent que de quelques circonftances accidentelles & affez légeres. En con- fultant avec exaditude la divifion des différens genres de tumeurs humorales, on voit que Le po- lype ne peut pas être regardé comme un genre de maladie , & que fans évard à fon eflence , 1l a tou- jours été compris dans l’énumération des tumeurs qui prennent leur nom d’une reflemblance plus ou moins fenfible à quelque chofe qui leur eft étranger. Voyez POLYPE. Le farcome eft le genre dont le polype eft Pef- pece: cela eft inconteftable , puifque les auteurs mê- mes qui ont le plus cherché les différences caracté- tiftiques du fzrcome & du polype, n’en mettent au- cune entre les caufes , les prognoftics & la cure des maladies qu'ils ont défignées par ces mots diffé- rens. Elles font donc de même nature, & ce ne font que des difpoñtions purement accidentelles qui donnent lieu à des dénominations différentes. Le farcome {e guérit en l'extirpant avec linftru- ment tranchant, ou en le confumant avec les cauf- tiques, ce qui rend la cure plus longue &c plus dou- loureufe; quoique par poltronnerie la plüpart des malades préferent cette méthode curative à lextir- pation par le fer. On peut lier avec fuccés les /ar- comes dont la bafe eft étroite. Si le farcome eft car- cinomateux, 1lny a que lextirpation, fi elle eft poflible. Voyez CANCER. (7) SARCOMPHALE , {. m. erme de Chirurgie. C’eft une excroiflance charnue du nombril, Ce mot vient du grec cpé, chair êt quenños, nombril, Voyez Sar- COME. à On peut tenter la cure du /zrcomphale par les re- imedes émolliens & réflolutifs. Si ce traitement ne réuffit pas, &c que la tumeur foit indolente & un peu vacillante, on peut en faire Pextirpation, Pour cet effet, on incife en long la peau qui recouvre la tumeur; on découvre la dureté farcomateufe, & on la détache avec le biftouris des adhérences qu’elle a contrattées avec les parties voifines. Il faut être muni de quelque poudre aftringente pour arrêter le fang qui fort des valeaux qui portoient la nour- SAR riture du furcome. À la levée du premierappateil ; on panfe la plaie avec le digeftif; & loriqu'on a procuré la fuppuration, on-mondifie lulcere , & on procede à le cicatnifer fuivant les regles de l’art: Voyez ULCERE. Si linftrument tranchant avoit laiflé quelques racines de l’excroiflance, on pourroit les confumet avec les cauftiques. | Le Jarcomphale dégénere fouvent en carcinome! Voyez CANCER. (EF) SARCOPHAGE,, f. m(4rrig, grecg. & rom.) Jar= cophagus & farcopliagum , tombeau de pierre où Pon mettoit les morts que l’on ne vouloit pas brûler: C’eft de-là que nous eft venu le mot de cerexeib, qu'on écrivoit autrefois felon fon origine farcueili Sarcophagas dérive du grec, & fignifie à la lettre qui mange de la chair , parce qu’on de fervoit au com: mencement pour creuier des tombes, de certaines pierres qui confumoient promptement les corps: Les carrieres dont on les tiroit, étoient dans une ville de la Troade , appellée Æ4/fzr, Dans quarante Jours «un corps y étoit entierement confumé, à l'exception des os. Cette pierretétoit femblable à une pierre-ponce rougeâtre, & avoit un goût falés on en fanoit des vales pour guérir de la soute en mettant les piés dedans, & ne les y laiflant pas long-tems ; ce remede ridicule a eu fon cours comme tant d’autres. Les farcophages étoient ouverts par Le haut, & creulés en forme de cofre :5l s’en faiioit de marbre, mais les plus communs étoient de terre cuire ou de tuile battue; on en a trouvé quelques-uns longs de fix piés & larges de deux, à fept lieues de Reims en Champagne , fur la riviere de Retourne, dans chacun defquels étoient étendus les os d’un homme mort, avec une épée, & près de leur épaule gauche un petit vafe de terre plein d’une liqueur huileufe, Les /arcophages de marbre font ordinaitement faits d’un feul morceau creufé à coups de cifeau ; l’ouver- ture eft capable de contenir un ou deux corps. Le Jarcophage décrit par Marlianus, & trouvé dans le lieu quon nomme la chapelle du roi de France à Rome, étoit magnifique. Il avoit huit piés & demi dé long, cinq de large, &c fix de profondeur. On dit qu'on y avoit inhume la femme de empereur Honorius avec: des ornemens impériaux', qui produifirent quelques livres d’or lorfqu'ils furent brülés. Il y avoit dans ce Jarcophage des vaifleaux de cryftal 8 d’agate, & plufeurs anneaux, outre une pierre précieufe , fur laquelle étôit gravée la tête d'Honorius. Foyez les infériptions de Gruter. Il faut rapporter aux /arcophages un coffre de mar- bre blanc, fait d’une feule piece, qui fe voit dans l'éolife de faint Nicaife de la ville de Reims; il a fervi de tombeau à Jovinus, chef de la cavalerie & infanterie romaine, & vivant fous le reyne des enfans de Conftantin : Ammian Marcellin fait fou vent mention de lui. Ce:coffre eft une des plus belles pieces de France en fait de fépulture antique. Il a fept piés de longueur, quatre de largeur, & autant de profondeur : il eft taillé à plein relief dans fa face antérieure, & repréfente une chafle autrefois faite par un feigneur romain, que lon voit à cheval lan- çant un javelot contre un lion déja tranfpercé d’un autre dard depuis la gorge jufqu’au côte gauche, où le fer lui fort entre deux côtes. Autour de ce perfonnage font quelques figures à cheval. Il y a plufieurs bêtes mortes fculptées fur Le champ , qui fervent d'ornement à cet ouvrage, C’eft dans les farcophages qu'on mettoit ancienne- ment les os ou les eorps des grands feigneurs. Caf£ fiodore en parle en ces termes Arris tuæ peritié deleitati, quam in excavendis, atque srnandis marmo- ribus wxerces, præfentt auüloritate consedimus ut ve SAR rabionabiliser ordinante difpenfentur arc que in Ra= Yéñnati urbe ad recondenda funera diffrahantur ? qua= rum beneficio cadavera in fupernis humata Junt, luger- tu non parva confolario. C’eft d'un farcophage qui ‘toit fur la voie appienne , qu’on a tiré Vinfeription fuivante, : D. M. S, C. Cœrellio. C. F. Fab. Pnlcheriano [abino vix. AN. LXXI M. I, D. VHI. H, VIL C. Cœrellius. Raneus. Sabinus. farcophagum fecis inarmorèeurr VI nonas Mari M. Juno Sullano, & L. Norbano Balbo Cof, H. M. D, M. A. (D. 7.) SARCOPHAGUS, r4P1$, CÆfE, nas, Lithol.) C’eft la même pierre que celle qu’on appelle pierre affrenne. Voyez ASstENNE. M. Henckel croit que cette pierre n’étoit autre chofe qu’une fubftance remplie de pyrithes qui fe vitriolifent , À caufe de la propriété que le vitriol a de ronger les chairs. Voyez PYRITHOLOGIE. | SARCOTIQUES , adje&. (Meédec. 6 Chirurg.) Ce “ont des remedes propres à renouveller les chairs des ulceres & des plaies. De cette nature font la farcocole , le fang-de-drason, &c. voyez INcARNA- TIFS & EpuLoriQuEs. Ce mot vient du grec &Ë, chair. | SARCOTIQUE , Ê. m. & adj. serrme de Chirurs, con cérnant la matiere médicale externe. C’eft un remede qu’on fuppofe propre à faire revenir la chair dans les ulceres & dans les plaies avec perte de fubf- tance, Ce mot eft grec, & s'exprime en françois par celui d'incarnatif. Nous ayons prouvé , au mot i#- carnation, qu'il ne fe faifoit aucune réparation ni regénération de chairs dans le vuide d’une plaie &c d’un ulcere. Aufli voit-on que toutes les efpeces de médicamens que les auteurs ont mis dans la claffe des Jarcoriques | fe trouvent exadtement dans celle des déterfifs ou des defficatifs. Voyez DÉTERSIF & Dessicarir. La raïfon en eft fimple. Comment les livres qui traitent de la matiere médicale pout- roient-ils expoler la vertu des temedes autrement que d'une maniere vague? Le remede qui eft fup: puratif dans un cas, eft réfolutif dans un autre cas. 1l n'y en a aucun qui puifle être réfolutif dans tous les cas où il faut réfoudre. C’eft une réflexion que fait M. Quefnay dans {on rraité de La Juppuration, à l’occañon même des Jarcoriques dont il décrit la maniere d'agir, fuivant leurs genres & leurs efpeces dans des circonftances différentes. Il ajoute que l’énumération des vertus des remedes que donnent les livres de Pharmacie, nous inftruit peu, & qu'il faut que les praticiens découvrent eux-mêmes dans la nature de chaque remede, les rapports qu'il peut avoir avec les indications particulieres qu'il a à remphr, (Y S'ARCUM , (Géog. mod.) province d’Afie en Ana- tole , dans fa partie occidentale, {ur l’Archipel. Elle commence aux Dardanelles , & s'étend jufqu’au golfe de Landrimiti ; mais elle n’a de nos jours au cune place remarquable, C’eft cependant la Troade des anciens, (D.J.). | SARDA , SARDIUS, où SARDION , (Hi. at.) nom fous lequel Wallerius & plufieurs natura- liftes ont cru que les anciens avoient défigné la cor- naline (carneolus ) ; mais il y a plus d'apparence qu'ils ont euen vue la fardoine, qui eftjaune, au lieu que la cornaline eft rouge. Voyez CORNALINE 6 SARDOINE.. SARDACHATE , ( Hif4 nat. ) nom. donné par des anciens à une agate mêlée de cornäline ; où piü- +ôt de fardoine. Elle eft blanchâtre & temphe de #eines & de taches jaunes ou rougeâtres, SAR 649 M, Hill dit que le fond de cette pierre eft d’un bläné pâle, qu'on y voit plufieurs amas de petites taches TOUSES , & que cette pierre ; qui fe trouve fur les bords de quelques rivieres des Indes, ét fort dure 8 prénd un très-beau poli. Voyez Hills, natu= ral huftory of fojfils: ex Was SARDAIGNE,, LA, ( Géog. mod, | eñ latin Sardi= niä , grande ile de la Méditerranée , entte l'Afrique ët Plialie, au midi de Pile de Corfe, dont elle nef féparée que par un bras de mer de neuf à dix milles de large, & au nord-oueft dela Sicile, On lui donne environ 170 milles de longueur, 90 milles dans {à plus grande largeur, & $oo milles de circuit, Cluz vier lui donne 45 milles d'Allemagne de long, de: puis Cagliari fa capitale, jufqu’au bras de mer qui la fépare de la Corfe, & 26 milles de largeur, depuis le cap Montefalcone jufqu’au cap de Sarda. On peut voir dans l'itinéraire d’Antonin les anciennes routes de la Sardaigne, avec leurs diftances en milles ro: mains, On peut aufli lire la defcription de ceroyau- me, publié à la Haye en 1725 ; in-89, Certe ile, felon Ptolomée, eft depuis 29 degrés 50” de longitude, jufqu’à 32 degrés 25/; & depuis 35 degrés 50’ de latitude, jufqu’à 39 degrés 30/. e P. Coronelli dans fon ifolario , lui donne dez puis le 31 degré io’ de longitude, jufqu’au 32 des gré 19/ 30"; & depuis le 37 degré 14/ de latitude, jufqu’au 40 degré 501. | Selon M. de Lüfle, quia eu des obfervations plus sûres , la longitude de la Sardaigne eft depuis les 2 degré 40/ juiqu'au 27 degré 20!/; & fa latitude et entre les 38 degré 42’ 30" &tie 41 degré 11. Les Tialiens nomment cette grande ile S'ardégra ; les Efpagnols, Sardena. Les Grecs ont dit 5updw , Zapdus s Zapdy ; x pour les habitans n Zœpdkwos 5 2ap= d'or, Sardons. - Prefque tous les auteurs difent que la Sardaigne à été ainfi nommée de Sardus fils d'Hercule, qui ÿ conduifit une colonie greque; mais Bochart lui don ne une étymologie phénicienne, Sans nous arrêter à ces fortes de recherches, nous favons que les Car- thaginoiïs s’emparerent de cette île, dont ils furent les maitres jufqu’à la premiere guerre punique qui les en chada. Les Romains s’y établirent l'an de Rome s21', fous la conduite de M° Pomponius ; & comme ils conquirent la Corfe l'année fuivante ; ces deux iles furent foumifes à un même préteur. Les Särafins ayant étendu leurs conquêtes en Afris que &t en Efpagne , dominerent en Sardaigne dans le vi. fiecle. Les Pifans & Les Génois les en chaflez rent. Enfuite dans les guerres qui regnerententre ces deux nations, Jacques IT. roi d'Aragon , s’empara de la Sardaigne en 1330. Cette ile eft reftée annexée à l'Efpagne juiqu'à 1708, que les Anglois s’en rendi- rent les maitres en faveur de larchiduc. Enfin ; par le traité de Londres, le duc de Savoie, roi de Siaile, céda ce royaume à l’empereur pour celui de Sar- daigne; Ët cette couronne a pañié à {on fils qui regne aujourd’hus. es | | La Sardaigne a êté vantée pour fa fertilité par les anciens, Polybe, Cicéron, Paufanias, Pomponius Mela & Silius Italicus ; mais. ils s'accordent tous à déclarer qu'autant que la terre y eft féconde , au- tant l'air y eft empeñté. Martial , Ziv. IF. épigr, Goi dit, quand l'heure de la mort eft venue, on trouve la Sardaigne au milieu de Tivoli. RE 40 EPA Clonrirnré Venerit , in medio Tibure Sardimia «ef? Ciceron dans une deifes lettres à fon frere Quinitus , le priedefe ménager, & de fonger que malgré la fai= fon de l'hiver , le lieu oùil fe trouvoit alors étoit la Sardaigne. Et ailleurs parlant de Tigellius ; 1lfe féli= cite de n'avoir pas à fouffrit un farde plus empeité æ 6:0 SAR que fa patrie. Suétone remarque que Sœvius Nica- nor, fameux grammairien, ayant été noté d’infamie, fut exilé en Sardaigne , & y mourut. Cette île eft toujours auffi mal-faine que fertile: Onpourroit cependant remédier au mauvais air qu'on y refpire, en faifant écouler les eaux qui croupiffent, êc en abattant des bois qui empêchent Pair de cireu- ler, carle climatn’eft pas mauvais en lui-même, L'ile eff couverte en tout tems de fleurs & de verdure; lé bétail y pait au milieu de Phiver ; les campagnes font abondamment arrofées par des rivieres , des ruifleaux &c des fontaines ; les bêtes à cornes y mul- tiplient meryeilleufement, & donnent des laines, des peaux &c des fromages ; Les chevaux de cette île font eftimés ; les montagnes, les collines & les plaines , fourniffentune aufh grande chafle de bêtes fauves & gibier qu’en aucun pays du monde ; tous les fruits y font excellens ; les bois font chargés d’oliviers , de ci1- tronniers & d’orangers ; les montagnes y renferment des mines de plomb , de fer, d’alun & de foufre ; Les côtes produifent du thon, du corail, &c fur-tout ces petits poiflons fi vantés, connus fous le nom de far- dines, à caufe de la grande quantité qui s’en pêche autour de cette île. Enfin on y peut recuerllir des grains en abondance , comme on en recueilloit du tems des Romains, où cette île étoit mife au nombre des magafins de Rome. Pompée , dit Ciceron, fans attendre que la faifon fût bonne pour naviguer, pañla en Sicile, vifita l'Afrique, aborda en Sardaigne , & s’aflura de ces trois magafns de la république. Ajoutons que la Sardaigne a des ports capables de recevoir toutes fortes de bâtimens ; cependant il ne paroît pas que depuis les Romains aucune-puiffance ait profité des avantages qu'on peut tirer de la bonté dé cette île, Elle renférmoit fous eux quarante-deux villes, & elle n’en a plus que fept ou huit aujour- d'hui, Cagliari, Saflant , Oriftagnr, toutes trois éri- gées em archevéché ; & quatre épifcopales , favoir Ampurias, Algheri, Alez’, 8 Bofa: - ‘La Surdaigne , dit Ariftote , eft une colonie greque qui étoit autrefois très-riche , maïs qui a bien déchu depuis. Elle fe rétablit fous les Romains, pour retom- ber dans la’ plus grande décadence. La raïfon en eft claire : les pays ne font floriflans qu’en ratfon deleur liberté; & comme rien n'eft plus près de la dévañta- tion que l’état actuel de la Sardaigne, elle eft dépeu- plée, tandis que l’affreuxpays'du Nord refte toujours habité. Les maïfons relisieufes vivent dans cetteïle fans aucun travail & fans aucune utilité ; leurs im- menfes privileges font la ruine des citoyens. Tous Les réguliers , foit en qualité de mendians, foitren verti de quelque induit , ne paÿentnitaxe ni contribution ; leurs biens ne fourniflent rien au gouvernement; le peuple appauvni s’eft découragé ; l’induftrie a ceffe ; les {ouverains'ne tirant prefque rien de cetteile, Pont néshioée, & Les habïtans font tombés dans ne igno- rance profonde de tout aïti& de tout métier: Leroïi de Sardaigne lui-même qui poflede aujourd’hui cette île, n’a pas cru qu'il fût aifé de remédier à fon délaz bremént, & d'en réformer dla confütution. Auf la cour de Turinne resarde la Sardargre que commeun titre qui met fon princelentre les têtes couronnées. Jene connois que Symmaque , diacre de l'évlife dé Rome, qui foit nédahs cetteile, & qui ait fait queïque bruit dans le monde. Il fuccéda au pape ÂAnaftafe IL. en 498, parle crédit de Théodoric’, roi des Goths..Ïl.étoit perdu fans ce prince; mais avec fa protetion ,il fut déclaré innocent des crimes dont on lPaccufoit. On dit que c’eft lui qui ordonna le pre- mier de chanter à la mefle dans les fêtes des martyrs; le gloria in excelfrs, H mourut en $r4. ( Le Chevalier DE JAUCOURT: big SARDAM, (Géog. mod.) village à une lieue d’Am- ferdam fur EVe ; mais Ceft un village auffi grand , SAR aufli riche, & plus propre que beaucoup dewvilles opulentes. Le czar Pierre y vint en 1697 pour y voir travailier à la conftru@ion d’un vaifleau ,; &c voulut y travailler auffi, menant la même vie que les arti- fans de Sardam | S'habillant , fe nourriflant comme eux, maniant le compas & la hache. Il travailla dans les forgés, dans les corderies, dans ces moulins dont la quantité prodigieufe borde le village , 6c dans lef- quels on fcie le fapin &cle chêne , on tire Phuile , on pulvérife le tabac , on fabrique le papier on file les métaux duétiles. L’on conftruifoit alors à Sardam beaucoup plus de vaifleaux encore qu'anjourd’hui, DES) | SARDAR , £. m.( Milicérurque. ) nom d’un ofi- cier qu’on tire du corps de ceux des janiflaires pour quelque expédition patticuliere d’une certaine im- portance , comme pour être à la tête de quelques dé- tachemens en tems de guerre. Ce mot eft dérivé de la langue perfane, où il fignifie un cf, un corman- dant. Aufi un fardar en Turquie elt le commandant d’un détachement de suerre, &ilefttoujoursaccom- pagné dans fon entreprife d'un député & de deux fe- cretaires ; mais fon emploi finit au retour de fon ex: pédition , foit qu’elle ait réuff ou non. Pocock, def- cript. de l'Egypte , p. 169: ( D, J+) SARDE , voyez SARDINE. SARDELLE,, voyez SARDINE, SARDES, (Géog. anc.) Supdus au pluriel pariles anciens , & rarement Sardis au fingulier; grande ville d’Afie, dit Strabon, bâtie depuis la guerre de Troie, avec une citadelle bien fortifiée. Elle étoit an pié du mont Tmolus, à 15 lieues de Smyrne , & baignée par le Pa@ole. Maïs grace aux belles obfervations de M. l'abbé Belley , inférées dans les mémoires de livré rasure, tome XVIIL. in-4°. je puis fournir l'hiftoire complette de cette ville, célebre par fon antiquité, fa dignité , fes richefles , &c fes médailles. Capitale du royaume de Lydie, & lefiége de fes rois , dont la puiflance s’érendoit fur une grande par- tie dé l’Afie mineure , elle tomba au pouvoir de Cy- rus:, après la défaite de Créfus. Sous la domination des rois de Perfe , elle conferva un rang diftingué, On fait qu’elle fut le féjour de Cyrus Le jeune : le fa- trapé où gouverneur de la préfedture maritime, y faïfoit fa réfidence. Elle avoit beaucoup fouffert par la révolte dés loniens contre Darius fils d'Hyftaipe: les confédérés conduits par Ariftagoras, prirent Ja ville, labrülerent: letemplemême deCybele, déefle du pays, ne fut pas épargné. Cet incendie auquelles Athéniensavoïent eu part, fut:un des motifs qui dé- terminerent Dariusà déclarer la guerre auxGrecs, êc fervit de prétexte aux Perfes pour brüler les temples de fa Grece. Mais la ville de Srdes recouvra fon premier état, lorfauAgéfilas , fous Artaxerxès Mnénom, pafa en Afie pour combattre Tifapherne. Alexandre le grand ayant défait fur les bords du Granique les généraux de Darius , dernier roi de Perfe , fitla conquête d’une etande partie del’Afie mineure. La ville de Sardes:, quiétoit l’ornement & le boulevard de l'empire des Barbares durcôté de la mer, fe foumit à ce prince, qui-lui rendit la liberté, & lufage de fes lois. Dans la fuite elle tomba fous la puiffance des rois de Syties le rebelle Achæus qui avoït-pris le diadème , fe ré- fügia dans cette ville , ohailfut pris & mis à mort. Antiochus le grand ayant été vaincu parles Ro: mains-à la bataille de Maonéfe!, fut dépouillé des états-qu'il poffédoit en-deçä du mont Taurus :les Ro- mains céderent à Eumène, roi de Pergame , leur'ale lié, la Lydie, & plufeurs autres pays. AttalePhilo- métor!, l'un de fes fuccefleuts, laiffa par teftament au peuple romain fes états, quitrois ans après fa mort furent réduits en province. Cette province efticon- nue dans l’hiftoire fousle nom d’Æ4fé proconfularres elle élle ctort gotiyerhée par un proconful au tétis-dela république , & même depuis, Augufte layanticédée âû {nat dans le partage qu'il ät des provinces. L’Afe proconfulaire étoit d'une grande étendue: elle com prenoit là Lydie, la grande Phiypgie la Mifnie, FEo4 lie, Ponié , les Îles adjacentes & la Care, Ain la ville de Sardes paffà fous la. puifance de Rome: I mr TRES % F ( L CP: : Elle fabriquoit des monnoïies plufieursheclesavant empire Romain. Hérodote afure que les. Lydiens Fürent les premiers qui frent frapper des, monnoies. d'Or 8 d'argent ; je n’examine point fi: linven- tion dé l’art de battre monnoie leur.eft dûesileft Certain que cet art ef trés-ançien en:Lydie,, 8 par EOnféquent à S'ardes, qui en étoit la capitale: On voit Encore dans les cabinets des anciennes monnoies d'un travail orofñer ; awonicroit avoir été frappces Tous les Atyaldes, anciens rois de Lydie. Quoi qu'il enfoit, le cabinet du Roï &c celui de M, Pellerin con- fervent plufieurs médailles d'argent. $2 dé bronze de Fa Ville de Sarwes, où lon. ne voit point la tête des émpereurs ; cependant cette, ville fit.enfuite frapper im grand nombre de médailles avec la tête de ces princes. Les antiquaires en! connoiflent plus de cent Vinot toutes différentes , dépuis Augufte jufqu’à Va: éfien le jeune : il nous refte auf plufieurs-de fes inf Criptions ; mais bornons-nous ici À Phifioire fimple dé cette ville; nous avons À faire connaître fa pof- tion fertilé ; fa dignité, fon gouvernement particu- her , {es traités avec d'antres villes d’Afie , fon cuite rehoieux , fes temples, fes fêtes y &t. les jeux qu’elle a célébrés en l'honneur des diéux & des empereurs ; nous indiquerons aufli quels étoient les miniftres de la religion des Sardiens, Enfin ; Comme 1left intéréf- fant de connoître quel a été dans la fuite des fiecles Te fort d'une ville fi fimeute , nous rapporterons en deux mots {es diverfes révolutions depiusile haut em- pire jufqu'a-préfent.… 4 1,.La ville de Sardes étoit éloignée d’Ephèfe. de 540 flades; & , fuivant les itinéraites , de 63. milles, qui font environ 21 lieues communes de France : fi nous ne favions pas d’ailleurs qu’elle étoit de l’'Afie p'oconfulaire & en Lydie, les monumens nous l'ap- prendroient , puifqwon lit fur fes médailles 3 Zapdvus rev zoo Acia6 , &t mème le nom du proconful y BOU- erneur de la PrOVINCE ; Tao Aewio TcAkiœ Arbvraro; Ë dansune in{cription, Tag acius vaw av éxudx #aæp= diasey. ; ul 4 On fait &uffi qu’elle étoit ftuée fur le pencharit du mont Fmolus, vers le feptentrion, {elon Pline LP; c. Æx/#. qui dit Sardibus in latéré Tmoli montis ; qu’”- elle étoit arrofée par le Padtole , Cette riviere fi van- tée dans Pantiquité pour les fables d’or qu'elle rou- Oït dans fes eaux, & qu’on n'y frouvoit plus au tems de Strabon. Ces circonftances locales font encore marquées fur les médaiiles. On voit für une inédaille du cabinet du roi, la tête d’un vieillard couronné dé pampre, avec le nom Twwace, & au revers une figure affife qui tient un canthate ; avec le nom de s'apdiyers e même dieu , le Tmole, fous la figure d’un vieil: Erd , eft repréfenté fur uñe des médailles de Serdes ; frappée fous Domitien ; & une autre de Septime Se- vere ; fuivant le P. Froelich, a fur le revers le Parole avec fes attributs , & la légende cerpd\ se cov à . L'opulence des +ois de Lydie a été célébrée dans a plus haute antiquité: on croit qu'ils puiloient leurs tréfors dans les mines d’or du Tmole > Où font les fources du Patole; mais ce qui contribua le plus dans tous les tems à la fichefle de Sardes , Ce fut la fertilité de fon territoire. Les côteaux du Tmole étoient plantés de vignobles ; dont le vin étoit fort éftimé ; aüuffi a-t:on imaginé que Bacchus avoit été nourri à S'ardes, & que cette ville a inventé l’art de faire le vin : ce dieu eft repréfenté avec fes attributs, le canthare, le thyrfe & la panthere, fur plufieurs de Tome ÆKIV: Ï FAR 6;t fes médailles Uñé plaine facieufe s'cresa au pié dé la montagne jufqu'au-deli du fleuve Hétinus ; font: méeparexcellencé /4 plaine de Sardes 3 apdiensy me. drones LE M 210 Pure ARE" a | . Elle eftarrofée parun grand nombre detuifféaux À 8 par lelHermus- ati fertile Les tértes. On voit lé fleuve repréfeñté fur une thédaille da fabine >-Tap* Praver pese La plaine otre les plturages : produifoit enabondance des blé él dés grains de toute éfpece; Cérès & Triptolèmecqu préfidoient à l'Agricultur : font repréfentés fur plufieurs de fes médarites Sar= des, dit Strabon, 8 III. p. C'37:a été Ptife par les Gimmériens, par les Trères & les Éyciens ,& enfuii te pat les Perfes ; elle s’efftoujouts relevée défés mal: heurs à caufe de la bonté de fon fol. Cette Honté con! tribua fans doute à fon rétabliffément, aprés cet hori rible tretiblement de terre Qui renver{à en une nuit douzemvilles d'Afie ; Sardes fat là plus maltraitée : af pertima. in Sardianos lies, dit Tacite, Anal. xj. 47 aufi.eut-elle le plus de part aux libéralités deTibere, qui fit rétablir ces villes, &c Sardes par réconnoiflan: ce lui décerna les honneuts divins. e. , Me Si cette ville fut puifänte par fes richeñes ;ellé fut ilnitre par d'autres tres honoraïles” Dans la conteftation qu s'éleva entre onze villes de PÂfie qui toutes ambitionnoient l'honneur de batir lin. ter pleà Tibére, à HHViE 8 an fénat, les villes de Smyr: ne & de Sardes, à l'exclufon des autres ,refterent en concurrence. Leurs députés parlerent devant le {2 nat ; Ôt ficeux de Sardes n’eurent pas l’avantage fur es Smyrnéens, e’eft Que ces derniers firent valoir leurantiquité, êrles fervices importans qu'ils avoient rendus aux Roinaïns dans Les terms les plus difficiles: Surdes néanmoins pouvoit prefque Prendre fur fes monumens , les mêmes titres d'honneur que Smyrne; c'étoit une grande ville, dit Strcbon, la plus grande de l’'Afe, fuivant Sénieque, & l’une des plus magni= fiques. On voyoit près dé cette ville, les tombeaux des anciens rois de Lydie > 'ALATE TOM Bars DATES & en particulier celui d’Afyatte, pere de Créfis. Antonin Pie dans un de fes referits, met Serdes au nombre des villes qu'il qualifie de étropole de per ples. Elle étoit métropole de Ja Lydie: Lydia célebra: tur maine Sardibus, dit Pline, 6, Fc, xxix. Auf prenoïtelle Le titre de réropnle | comme Pa prouvé M: Askew,, favant anglois, par une in{cription ‘qu’il a copiée fur les lieux en 1748: On lit für un médail- lon de Septime Sévere, cApd savtoy Diotéoucpe HETPOT 6% Atos arsar. Enfin dans la divifion que les Romains &: rentde la province d’Afie en plufieurs préfedures où jurifdiétions, qu'ils nommoiïent juridier CORVENLUS ; cellé de Sardes à laquelle reflortifloient plufieurs grandes villes, étroit une des plus étendues. UT. Dans les premiers tems ; les villes de l’Afe étoient gouverneées fuivant leurs lois » & par leurs propres magiitrats: elles jouifloient alors d’une véri: table autonomie. Sous la domination des Perfes elles perdirent cette précieufe liberté, Alexandre le grand les rétablit dans letir ancien étar, qui fut confirmé par les Romains, & nous favons que Sardes eut part à ce bienfait. - ü Le gouvernement de cette ville étoit démoctati- que ; Fautorité publique s’exercçoit au nom du peuple par un conferlpublic, comme onle voirfurun monu- ment érigé en Phonteur d’Antomin Pie ? H. gay Ka 0 Afjucc roy capdæror: Outre le confeil commun de là ville appellé Bouxs, compoifé des archontes & d'au trés confeillers, la ville de Sardes avoit un féñat où confeil des anciens, yepeue , dont il eft fait mention dans une belle infeription de cette ville, rapportée par Spon (rife. P: 317) H BouXn Les à duos tai 1 Yapouriæ ercumsaÿ ; Ge. Ce Confeil s’affembloit dans le palais de Créfus, qué les Sardiens avoient deflind pour le logement 8€ la retraite des citoyens pendané NNnn 652 SAR leur vicileïle. Vitruve,, lib. IP, 6. wii, parle de ce pa- dais qu'il appelle Gerxia. | Le confeil gerufra Ctoit établi dans plufieurs villes de l’Afie, fuivant les mfcriptions & les médailles. Le premier mapiftrat de Sardes étoit nommé ‘archonte, êt quelquefois erparnyoc, préteur ; on fait que le:nom darchonte a pris naïflance à Athènes. Les-colomies grecques le porterent en Âfie ; d’où il s’étendit à plu- Heurs villesdece continent. L’archontat étoit une ma- giftrature annuelle; mais l’archonte étoit quelquefois. continué ou choifi, deux ,trois, ou quatre fois, com- me il eft conftant par les médailles, APX, xhuscs, étoit éponyme. Son nom infcrit fur les aétes: publics} marquoit la date des années; car plufeurs villesmar: quotent la date des années par les archontes. Dans lé grand nombre des médailles de Sardes, il n'y en que deux frappées fous Tibere, & une fous Trajan, qui portent le nom du procomiul; mais on y trouve les archontes fous prefque tous les regnes, depuis Augufte jufqu'à Valerien le jeune. Ils font défignés ordinairement par les letttres AP. APx. Sardes avoit aufi un prenuet magiftrat, #rparuyos, fftrategus ou préteur qu'on trouve fur quelques-unes de fes mé- dailles, &t un »pemuereuc, greffier en chef de la ville ; place de confiance, qui demandoit une exacte probité dans celui qui la remplifloit. . IV. Les monumens nous inftruifent non-feule- ment du gouvernement de la villede Sardes, ils nous ont tranfmis les différens traités d'union & d’aflocia- ion qu’elle conclut avec d’autres villes, comme avec celle de Pergame, d'Ephefe ,.de Eaodicée & d’'Hié- tapolis de Phryoie. Ces traités {ont défignés fur les médailles par le nom d’oucrouæ , que les Latins ont rendu par celui de corcordia, Les villes d’Ephèfe &x de Sardes firent entre elles un traité d’ünion fous les Antonins, pour s’aflocier réciproquement au culte de leurs divinités. En conféquence de cette aflociation, le culte de Diane éphéfienne fut établi à S'ardes: cette déeffe y parait fur une de fes médailles frappée fous le regne de Caracalla. Par une médaille d'Hiérapolis de Pirygie,. qui a d’un côté la tête de Philippe le jeune, on voit que cette ville aflocia Sardes à-la célé- Lraion des jeux facrés ; au revers font repréfentées deux urnes, avec des branches.de palmier, on lit au- tour : EPO7FCAEITEON HeLt capdiater OJAOVOZ CL e V. Quoique les Grecs, & les autres peuples du Paganifme,, reconnuflent la pluralité des dieux, ce- pendant chaque pays, & même les villes, adoroïent des davinités particulieres. Tels étoient l’Apollon de Milet, PEfculape d’Epidaure, la Minerve d'Athènes, Ja Diane d’Ephefe, la Vénus de Paphos, & une infi- nité d’autres divinités. La ville de Sardes honoroit aufh des divinités tutélaires , auxquelles elle rendoit un culte particulier. Dans les premiers tems elle ho- noroit Cybéle, dont le temple fut brûlé par les Io- miens fous la conduite d’Ariftagoras, Soit que fon culte eût été aboli ou négligé; les monumens de Sar- des ne la repréfentent plus que: {ur une médaille de Salonine femme @e Gallien. Les habitans de la ville rendirent un culte particulier à Diane, Elle avoit un temple célebre fur les bords du lac de Gygès ou de Coloé, à 40 ftades de la ville, d’où elle étoit nom- mée KcAonra Apres. Ce lieu facré étoit infiniment refpeété ;1l avoit même un droit d’afyle, que les Sar- diens prétendoient avoir obtenu d'Alexandre le grand. Comme ces privileges étoient l’occañon de plufieurs abus dans les villes de PAfe, le fénat les re- ftraignit fous l'empire de Tibere: ain le culte de la déefle ne fut plus auf célebre. M. Askew a copié dans fon voyage, une infcription qui fait mention d’une prêtrefle de Diane de Sardes. Proferpine tint le premier rang entre les divinités de Sardes ; elle eft repréfentée fur les médailles de Trajan, de Marc Aurele, de Lucius Verus, de Com- SAR mode , de Séptime Sévère, du Julia Domna, de Cas racalla, de Tranquilline, de Gallien & de Salonine ; êt quelquefois avec fon remple, Comme cette déefle étoit la divinité tutélaire de Sardes , cette ville célé: broit des jeux en fon honneur. | La Vénus de Paphos étoit auf adorée à Sardes. Elle y avoit un temple qui eft repréfenté fur les mé- dailles d'Hadrien, de Sèvere Aléxandre , de Maxi- min & de Gordien Pie, avec Pinfcription agi cæp= dayor: ce culte devoit être ancien à Surdes. Hérodo- te nous apprend à quel point Les mœurs de cette ville Opulente étoient diffolues dès les premiers tèms. Il n’eft donc pas étonnant que les Sardiens aient adopté une divinité de Pile de Cypre. Nous avons obfervé plus d'une fois dans cet Ouvrage , que des pays en- core plus éloignés l’un de l’autte, FA font communi- qués réciproquement leur culte & leurs cérémonies religieufes. On voit la tête de Vénus fans légende, fur une médaille du cabinet de M. Pellerin; & au re- vers une maflue dans une couronne de laurier ,ayec le nom Fapfsavur, & un monogramme. Le dieu Lunus, appellé May par les Grecs , paroit fur plufieurs médailles de Sardes. Il eft repréfenté avec un bonnet phrygien fur la tête, 8 une pomme de pin à la main ; il porte quelquefois un croiflant fur les épaules, Sur deux médailles décrites par Haym, on voit d’un côté la tête du dieu Lunus, avec le bonnet phrygien & le croiffant: on lit autour ww arunsos ; de Pautre côté, un fleuve couché & appuyé ur fon urne, tient de la droite un rofeau, & de la gauche une corne d’abondance , avec la légende 5ap- d'ravoy B. vewxoper ; & à l’exergue cpucs. L'autre médail- le a la même tête avec la même légende, & au re- vers un gouvérnail & une corne d’abondance, pofés, lun fur autre en fautoir, avec la légende capd ze B. sioxopor. Ces deux médailles ont été frappées fous le regne de Septime Sévere, à caufe du titre de #é0- cores pour la feconde fois, que prennent les habitans de S'ardes fur ces monnoïes. Le nom d’Acemvos eft une épithete du dieu Lunus, à qui les peuples de l’Afie donnoient différens furnoms, comme de gæaroe dans, le Pont ; de *ap06 en Carie , de La pAepei THE à Nifa en .Carie, d’apuales en Pifidie, & fuivant les médailles citées, d’asxmves en Lydie. Nous avons dejà obfervé que le territoire de Sar- des toit très-fertile en blés, & qu'il produifoit des vins excellens:les Sardiens honoroïent fpécialement Céres & Bacchus, & les ont fouvent repréfentés {ur leurs monumens. Le cabinet de M. Pellerin confer- ve un beau médaillon d'argent qui a été frappé à Sar- des. C’eftune de ces anciennes monnoies qu’on appel- loit ciffophores , parce qu’elles portoient d’un côté la cifte facrée , ou la corbeille qui renfermoit les myfte- res de Bacchus. Jupiter eft fouvent repréfenté fur les médailles de Sardes , &t même fur une de {es médailles on y a gras vé la tête &c le nom de Jupiter ; il avoit dans cette ville un temple avec des prêtres, & les Sardiens cé- lébroient en fon honneur des jeux publics. Le culte d’'Hercule étoit auffi établi à Sardes. Les anciennes traditions du pays avoient confervé la mémoire des amours de ce héros & d’'Omphale reine de Lydie. Les Lydiens fe glorifioient d’avoir été gou- vernés par Hercule & par fes defcendans. Ils le confa- crerent au nombre de leurs principales divinités; la ville de Sardes l’a repréfenté fur plufieurs de fes mé- dailles. On voit fur une médaille du cabinet du roi d’un côté la tête d'Hercule fans légende ; de l’autre, . Omphale de bout , porte fur l'épaule droite la maf- fue, fur le bras gauche une peau de lion, avec le nom Eapdarer : fur une autre médaille du même ca- binet, Omphale eft repréfentée ayant la tête cou- verte d’une peau de lion. Sur deux médailles de ce cabinet , on voit d’un côté la tête de Proferpine, & SAR de l’autre une maflue tenfermée dans une couronne de feuilles de chêne. Le cabinet de M. Pellerin con ferve aufñ plufieurs médailles de Sardes, fur lefquel- les Hercule eft repréfenté avec fes attributs. On voit aufh fur les médailles dé Sardes le type de quelques autres divinités, de Junon, de Mars, de Pallas & d’Apollon; mais aucun monument ne nous apprend que ces divinités ayent eu des temples dans la ville, & qwelles y ayent été honorées d’un culte particulier. | | | VI. Les peuples & les villes de l'empire romain élevoient des temples, offroient des facrifices & dé- cernoient tous les honneurs de la divinité aux empe- reurs , aux princefles , femmes , meres, filles ou pa rens des empereurs. Ils ne rougifloient point d’ac- corder le nom vénérable de Soc, des, à des hom- mes qui deshonoroïent fouvent humanité. La ville de Sardes célébra fur fes monumens les vertus , les viétoires, les trophées des princes ; elle fit plus, elle les adopta au nombre de fes ditux. Augufte paroît fur une de fes médailles avec cette infcription, @cos ctéuçu. Elle confacra des prêtres en l'honneur de Tibere. La reconnoïffance de la ville s'étendit même au jeune Drufus fils de Tibere, & à Germanicus qu'il avoit adopté : fur deux de fes médailles , elle pro- clame nouveaux dieux les deux céfars, Apourog. Tep= pavisos. Kasæpes, Neos. Oeor. Praha der. Adkngon Cette infcription finguliere annonce d’une maniere indi- reéte la divinité de leur pere. Les Sardiens célebrent en même tems l’heureufe concorde des deux princes, Draadengor, Adengc. La couronne de chêne avec ces MOIS Kowcu Arzac eft le fymbole des jeux que la pro- vince de l’Afe fit célébrer à Sardes en leur honneur. La flatterie des Sardiens à l’évard d'Hadrien fut portée à l’excès. À l’exemple de plufieurs autres peu- ples ; 1ls eurent la foiblefle de confacrer au nombre des héros l’infame Antinois, comme on le voit fur deux de leurs médailles , avec cette légende, Ayrsvoce, Hpose Ils ne donnerent pas d’autres titres d’honneur à Antonin Pie, un des plus excellens princes, & dont ils avoient reçu des bienfaits fignalés , fuivant la belle infcription greque rapportée dans Spon, Voyage, t. III. p.146. & dont voici la tradu@tion : « Le fénat # & le peuple de Surdes ont honoré comme un hé- # ros Ët comme leur bienfaiteur l'empereur Céfar ; # Titus Ælius Antonin Pie, Augufte, fils du divin >» Hadrien, petit-fils du divin Trajan , jouiflant de la # puuflance tribunitienne pour la fecondefois, con- # ul pour la troifieme , pere de la patrie ». L'hifoire ne dit point quelles graces ou quels bienfaits la ville de Sardes avoit recus de Septime Sé: vere ; mais les médailles nous apprennent que les Sardiens rendirent de grands honneurs à ce prince &t à fes enfans ; ils leur éleverent un temple magni- fique , & célebrerent à leur gloire les jeux philadel- phiens : ils honorerent auff l'empereur Gordien Pie en repréfentant Tranquilline {a femme fous la fioure & avec les attributs de Cérès & de Proferpine leurs principales divinités ; il paroït qu'ils accorderent les mêmes honneurs à Salonine, femme de Gallien. Au- gufte avoit déja bien voulu permettre aux Sardiens de lui bâtir un temple , qu’ils ont marqué fur une de leurs médailles, au revers de laquelle le prince donne la main à une femme quia latête couronnée de tours, &z qui eftfans doute le fymbole de Surdes, Cette ville, dans fes médailles, fe qualifie de réocore ; titre hono- rifique, qui confiftoit dans la garde des temples céle- bres, foit des dieux, foït des empereurs. Les Sardiens ont té honorés trois fois du néocorat, fous Adrien fous Caracalla , & fous Valérien felon M. Vaillant : & felon M. l'abbé Belley, fous Augufte, fous Septime Severe & fous Caracalia. VII. Les jeux & les fpeétacles chez les Grecs fai- foïent partie du culte religieux. La ville de Surdes cé- Tome XT 7, SAR 653 Icbroït des jeux en l'honneur des dieux & eù l’hon: neur des empereurs ; les premiers jeux étoient les plus anciens, Nous n’en connoïflons par les monuz mens que de deux efpeces : les jeux Kopaua , célébrés enlhonneur de Proierpine, déeffe tutélaire de la villé , font marqués fur deux médailles très:rares du : cabinet de M. Pellerin, frappéesfous Caracalla. Elles reprélentent d’un côté la tête de l’empereur couron- née de laurier, avec la lésende AYT. K. M. ATP. CE. Arrorsoc ; au revers , Proierpine aflife ayant à droite un pavot, & à gauche un épi, légende Er ar Pougou Apy. À. To. T. dans le champ, Kcpaia Aria, fut uné baie, &z au-deflous capdaver dis Newxopoy, Les fêtes de Proferpine font appellées Keptra par le fcholiaftie de Pindare, par Plutarque & par Héfychius dont Meurfius cite lestémoignages. LesSardiens, fuivant la médaille, célébroient les jeux aétiatiques Kopaie Aurre en l’honneur de Proferpine. La ville de Sardes célé- broit aufli des jeux en l'honneur de J upiter Lydien. Les jeux que cette villé célébra en l'honneur des empereurs font connus par un grand nombre de mé= dailles ; tels étoient les jeux auguftaux en l'honneur d'Augufte , les jeux philadelphiens & les jeux nom mes chryfanthina. Il eft fait mention de ces derniers jeux dans les anciennes infcriptions, Xpuraylive. Evs Capdecrr. Ils font marqués fur les médailles de Surdes, de Julia Domna, de Caracalla , de Sévere Alexan: dre , de Tranquilline & d'Otacilia. Vaillant penfe qu'ils étoient ainfi nommés d’une couronne de fleurs d'or, foit artificielles, foit naturelles , qui étoit le prix des vainqueurs : en effet , cette couronne eft repréfentée fur quelques médailles. L’urne de ces jeux porte une & quelquefois deux branches de pal= mer, d'où lon peut inférer que le fpe@acle étoit compoié d’une ou de deux fortes de combats. Au refte , nous Voyons dans le droit romain que ces jeux, comme les olympiques, fe célébroient tous les cinq ans , c’eft-à-dire après la quatrieme année révolue: | Les villes d’Afie , à limitation d'Athènes , fai- loient élever avec foin la jeunefle , linftruifoient dans les fciences , & la formoient à tous les exerci: ces du gymnafe. La ville de Sardes avoit aufli fon gymnafe , & célébroit Les jeux ifélzftiques , ainf appellés , parce qu’ils donnoient aux athletes vain: queurs droit d'entrer en triomphe dans leur patrie: Voyez ISÉLASTIQUES, Jeux. VIII. Une grande ville doit renfermer plufeurs temples , & un nombre proportionné de miniftres deftinés à leur fervice , & fes miniftres font de plu- fieurs clafles. Ceux du fecond ordre , appellés par les Grecs eus, paroïflent fur quelques infcriptions de Sardes ; on y voit un prêtre de Jupiter, un prêtre de Tibere, repex TiGeprou. Tous ces miniftres étoient : fubordonnés à ün pontife ou grand-prêtre qui avoit la furintendance dans l'étendue de la villé & de fon territoire; ce pontife étoit nommé A pysepeus, Comme Sardes étoit la capitale de Lydie , ce pontife prenoit quelquefois la qualité de grard-pontife, parce qu’ap- paremment 1] avoit infpection fur les pontifes des au: tres villes de Lydie. On lit fur une médaille d'Hélio= gabale , Exs: Tan. KAaudsayou Apres Mey. Capdiareo. Les jeux facrés, qui fe célébroïent aux temples communs à toute la province en honneur des dieux ou des empereurs , étoient ordonnés par l’afarque, qui étoit encore différent des pontifes dont nous ve= nons de parler : c’étoit un officier public revêtu d’une efpece de magiftrature , & d’un facérdoce fingulier qui lui donnoïent droit de préider aux jeux. Sur trois médaælles de Salonine &c fur deux de Valérien le jeune, Domitius Rufus, premier magïitrat de Sardes, eft nommé afiarque. Cette ville avoit auffi fes éponymes qui étoient tantôt des miniftres de la religion, pontifes, prêtres, Nani 654 SAR &c tantôt des magiftrats civils qui donnoient le nom à Pannée, carles éponymes de Sardes n'ont pas tou- jours été les mêmes officiers ; il paroît que fous les regnes de Tibere & deTrajan, le proconful, gouver- neur de la province, étoit éponyme ; fous prefque tous les regnes fuivans jufawà Gallien les années étoient marquées par la fuite des archontes ou des ftrateges. Enfin la ville de Surdes avoit des prêtres ou des pontifes d’un ordre diftingué , qu’on appelloit fépha- néphores , paice qu'ils portoient une couronne de laurier, & quelquefois une couronne d’or dans les cérémonies publiques. Ce facerdoce étoit établi dans plufieuts villes de PAfie , à Smyrne, à Magné- fie du Méandre, à Tarfe, &c. On voit par les mo- numens que cette dignité étoit annuelle & éponyme dans quelques villes. Les ftéphanéphores ; ancienne- ‘ment confacrés au miniftere des dieux, furent aufñ attachés au culte des empereurs. IX, Ce précis hiftorique , extrait du favant mé- moire de M. l’abbé Belley , & qu'il a rédigé d’après les infcriptions &c les médailles de la ville de Sardes, fait aflez connoître quel fecours Fhiftoire peut tirer d’une étude approfondie des monumens antiques. Il nous refte à extraire du même mémoire l’hiftoire abrégée des révolutions de la ville de Sardes, depuis la fin du troifieme fiecle jufqu’à préfent, Sous le haut empire , la Lydie fit toujours partie de l’Afie proconfulaire , mais dans la fuite cette pro- vince fut démembrée ; les pays dont elle étoit com- pofée formerent autant de provinces particulieres : ce changement arriva fous Dioclétien & Maximien Hercule, auxquels les hiftoriens ont reproché d’a- voir affoibli empire en divifant fes grandes provin- ces. Ainfi la Lydie devint alors province , &c nous voyons dans la notice de lempire qu’elle fut gou- vernée par un confulaire ; Sardes étoit fa ville mé- tropole. Conftantin divifa l’Afie en dix provinces, dont l’une étoit la Lydie, dont Sardes fut toujours la métropole. Comme la qualité des eaux rendoit la fituation de cette ville propre aux manufaétures, nous voyons qu'anciennement les belles teintures de pourpre & d’écarlate failoient partie de fon com- merce & de fes richefles. Dans les derniers fie- cles de l’empire romain , on y établit une fabrique : d'armes. Mais ce qui rendit la ville de Sardes illuftre fous les princes chrétiens , ce fut la dignité de fon églife. Elle étoit une des fept premieres églifes d’Afe, fon- dée par l'apôtre S. Jean. Méliton , un de fes évêques, écrivit en faveur des Chrétiens , & adrefla leur apo- logie à l'empereur Marc Aurele. Ses évêques eurent le rang de métropolitains , Meéonius afffta en cette qualité au concile général afflemblé à Ephefe l'an 431, pour condamner les erreurs de Nefforius. Leur jurifdiétion étoit fort étendue, & leur fuite eft affez connue jufqu’à la ruine de la ville. Depuis le regne d’Héraclius, Pempire d'Orient ayant été divifé pour l’ordre civilen pays oudiftris, la Lydie fit partie du diftriét des Thracéfiens, &c Sar- des fut toujouts la capitale de ce département. Cette nouvelle divifion a fubffté jufqu’à la grande inva- fion des Turcs au commencement du quatorzieme fiecle,qui fe fit dans la partie occidentale de l’Afe mineure lan 1313 {ous le regne de l'empereur An- dronic. Plufieurs chefs de tribus s’étoient rendus in- dépendans des fultans de Cogni; & s'étant fortifés, ils fe répandirent vers l'Occident. Mentecha s’empa- ra d’Ephefe & de la Carie ; Aïdin de la Lydie jufqwà Smyrne , Sarkan de Magnéfie du Sipyle & des pays yoifins jufqu'à Pergame ; Ghermian de la Phrygie Pacatienne ; Carafe de la Phrygie ou Troade, depuis Afo jufqu’à Cyzique ; 8 Ofman de la Paphlagonie & d’une partie de la Bithynie, Voilà époque de plu- SAR fieurs toparchies turques ou principautés patticulie- res , dont les noms fubfiftent encore dans la divifion que font les turcs de l'Anatolie, ou, comme ils di- fent, Anadok. : Ofman , duquel defcendent les princes Ottomans, fonda un empire qui s’étendit en peu de tems dans trois parties du monde. Bajazeth,, fon quatrieme fuc- cefleur , auroit détruit l'empire des Grecs, s’il n’a- voit été arrêté dans fes vaites projets par Timur- Beck ou Tamerlan, qui le fit prifonnier à la bataïlle d’Ancora (Ancyre en Galatie) en 1402. Timur rava- gea toute lAnatolie, &c envoyafes généraux faire _des courfes en différens cantons. L’un d’entr’eux dé- vafta la Lydie & la ville de Sardes , enleva l'or , Par- gent, & tout ce qui s’y trouva de précieux : c’eft l’époque fatale de la ruine de cette grande ville. Fimur marcha en perfonne contre Smyrne,, 6c la prit ; ce conquérant remit en poifeflion de la Lydie les fils d’Aiden, qui en avoient été dépouillés par Bajazeth. Amurat détruit leur famille, &c leur prin- cipauté ; Sardes ne put ferelever , êt n'eut plus d’'é- vêque depuis l’an 1450 ; fes droits métropolitains paflerent à l’églife de Philadelphie, qui en eft éloi- once de 27 milles. LaLydie, que les Turcs nomment Aïdin-Eili , \e pays d’Aidin , refta fourmife à l'empire Ottoman. Imith a décrit dans fon voyage l’état auquel la ville de Sardes étoit réduite l’an 1671 ; cen’eft plus, dit-il, qu’un miférable village compofé de quelques chaumieres où logent un petit nombre de turcs pref- que tous pâtres, dont le bien confifte en troupeaux qui paiflent dans la plaine voifine. Il y refte très-peur de chrétiens, fans éolife & fans paîteur, & qui font réduits pour vivre à cultiver des terres; cependant, continue-t1l, Sardes au milieu de fa défolation mon- tre encore des veftiges de fon ancienne fplendeur: on trouve au midi de la ville de grandes colomnes entieres & fur pié , d'autres renverfées &c brifées ; l’on voit à l’orient des ruines d’édifices, 8 d’un ma- onifique palais, répandues dans une grande étendue de terrein. Les chofes ont encore dépéri depuis. L’on fait aujourd’hui de M. Askew, qui a voyagé dans PA- fie mineure depuis l'année 1744, que Surdes eft to- talement deferte , & qu'il n’y refte aucune habitant , niturc, ni chrétien; & que lon ne trouve plus dans {es anciennes ruines , que quelques inferiptions indé- chifrables. De tous fes titres, Sardes n’a confervé que fon nom : les Turcs la nomment encore Surr. Suivant la géographie écrite en langue turque , qui a été imprimée à Conftantinople depuis quelques an- nées , Sardes &t fon territoire font compris dans le difiriét ou liva de Tiré, qui fait partie d’Aidin-Eilr. Le Tmole y eftnommé Boz-day, c’eft-à-dire , Mon- tagne de glace. Les princes turcs qui réfidotent à Ma- gnéfie , alloient ordinairement pafler l'été fur cette montagne , pour éviter les chaleurs de la plaine, & prendre le divertifflement de la chafle. Le géogra- phe turc obferve qu’au nord de la montagne on voit un Jac poiflonneux , & dont les eaux font très-belles; il peut avoir de circuit dix milles, qui font environ trois lieues de France : ce doit être le lac de Gygès, dont Homere a parlé , & qui a été célebre danstoute l'antiquité. La plaine de Sardes , qui eftune des plus fpacieufes & des plus fertiles de lAfie, eft préfen- fentement inculte , on l’appelle Z+ plaine de Nym- phi. Tel eft l’état du territoire &cde l’ancienne capitale de Crœfus. Ce prince fi renommé par fesrichefles, par fes libéralités, par le foin qu'il prit d'attirer à fa cour les premiers fages de fon tems , n’eft pas moins fameux par les vicifitudes des événemens de fa vie. Après avoir foumis à fa puiflance prefque tous les peuples de PAfe en-deçà du fleuve Halys, 1l perdit contre Cyrus, roi de Perfe, la célebre bataille de Thymbrée, fut pris, chargé de chaînes, & condam- né à mourir fur un bucher, Il reconnut pour la pre- miere fois la vérité de ces belles paroles de Solon: “ qu’on ne pouvoit appeller un homme heureux qu’a- » près fa mort ». Et 1l invoqua tout haut en préfence de fon vainqueur le nom du grand homme dont illes tenoit. Cyrus. faifant alors réflexion fur linconftan- ce dela fortune , &c fur les dangers qu'il avoit couru . | de fon côté un moment avant la viétoire , accorda généreufement la vie à Crœfus, le gratifia d'Echata- tane , & létraita depuis avec beaucoup de bonté & de diftinétion. Tout ceci fe pafla vers Pan 210 de Rome, du tems de Tarquin Le Superbe. Je ne dois pas oublier de couronner Particle de Sardes , en remarquant que les lettres y ont fleuri, &z qu’on les cultivoit encore dans cette ville au v. fie- cle de Pere chrétienne. Elle a été la patrie de Poliæ- nus, qui vivoit fous Jules-Céfar, & qui outre des plaudovyers, publia trois livres du triomphe partique, c’eft-à-dire , de celui de Ventidius. Elle a produit dans le iv. fiecle Le rhéteur Eunape,, auteur d’une hiftoire des {ophiites , que nous avons , & d’une hif toire des empereurs depuis Claude le Gothique, juf- qu’à la mort d'Eudoxie, femme d’Arcadius,dont il ne refte que des fragmens , mais qui font curieux. Stra- bon dit que Sardes donna la naïffance aux deux Dio- dores, orateurs célebres ; mais elle doit fur-tout fe glorifier de celle d’Alcman. Je fai que Paufanias, Suidas, 8: Clément d’Ale- xandrie , le font naître à Sparte , cependant il étoit né véritablement à Sardes , mais il fut formé & élevé à Lacédémone, & y fleurifloit vers la vingt-feptieme olympiade. Efclave d’un fpartiate, nommé Apéfidas, il fit paroître du gémie & des talens qui lui procure- rent la hberté , & le mirent au rang des célebres poe- tes-muficiens. Il voyagea, &c fut partout bien ac- cueilli , mais 1l vécut principalement chez les Lacé- démoniens , &c ily mourut; c’eft leur goût pour la poéfie qui leur a fait élever un efclave au rang de ci- toyen, malgré leur ufage de n’accorder ce privilege qu'avec beaucoup de réferve, _ Alcman fut excellent joueur de cithare , & chan- toit {es vers au fon de cet inftrument. Il fut le chef des poéfies galantes & amoureufes ; & puifqu'il ne paroït point que la févere Lacédémone en ait été fcandalifée , on peut juger que le poëte y avoit ref petté la pudeur; ce n’eft pas qu’il ne füt un homme de plaifir , 1l aimoit [a table & les femmes ; il con- vient lui-même quelque part qu’il étoit un grand mangeur , & felon Athenée, il avoit une maïtrefle appellée Mégalafirata , diftinguée par le talent de la oëfie. Clément d'Alexandrie fait Alcman auteur de la mu- fique deftinée aux danfes des chœurs. Si l’on en croit Sudas, 1l fut le premier qui donna l’exclufon au vers hexametre par rapport aux poéfies lyriques ou chan- tantes. On le fait encore auteur d’une forte de vers nomme a/cmanien , 8t compofe de trois datyles fui- vis d’une fyllabe; mais ce qui prouve l’excellence des vers & de la mufique d’Alcman, ceft que fa poéfie n’avoit rien perdu de fa douceur ni de {es gra- ces, dit Paufanias , pour avoir été écrite dans un dia- leéte d’une prononciation aufhi rude que le diale- éte dorique. à Paufanias ajoute, qu’on voyoit de fon tems à La- cédémone le tombeau de ce poëte. Si les conjeäu- res de M. Antoine Aftori, vénitien , expofées dans un petit commentaire imprimé en 1697, 47 -folio, euflent été bien fondées , on pofléderoit à Venife un ancien monument de marbre venu de Grece, & con- _facré à la mémoire d’Alcman ; mais M. FErid. Roft- " gaard, favant danois, ayant examiné ce monument, n'y apastrouyé un feul mot qui concernât le poëte SAR DE Alcman. I ne nous refte même que quelqies fra- gmens de fes poéfies. Le tems nous a ravi fes fix lime vres de chanfons pour les jeunes filles , 8 fon pOËë- me intitulé Zes rageufes, ou les plongenfes, (Le Cheves… lier DE JAUCOURT.) | È , SARDESUS , (Géog. anc.) ville de l’Afie mineu-e re, dans la Lycie. Etienne le géographe la place près, deLyrneflus. Il eft fait mention des habitans detcette ville, fur une médaille de l’empereur Vefpañen, où on lit ce mot Zapdréor. (2. J.) . SARDICA ou SERDICA , (Géog. anc.) ancien- ne ville, la capitale & da métropole de Plllyrie orientale | & que. l'itinéraire d’Antonin , qui écrit Serdica , marque fur la route du Mont d'Or à Byzan- ce, entre Meldia &c Burburaca, à 24 milles-du pre- mier de ces lieux, 8r à 18 nulles du fecond. Les Grecs comme les Latins varient fur l’ortosraphe du nom de.cette ville, (D, J..) SARDINE , SARDE,, £ (Æiff. nar, Tchthiologie.) poiflon de mer fort reflemblant à l’aphye,, mais il eff un peu plus grand & plus épais. Il ne differe de l’a. lofe qu'en ce qu'il eft plus étroit; au-refte il lui ref femble, par la bouche. par les ouies, par:les yeux, | par les écailles, par la forme de la queue, & par le nombre &c la pofition des nageoires. Voyez APxye € ALOSB. La fardine à les écailles grandes, la tête d'un jaune doré, & le ventre blanc; le dos eft en partie verd êt.en partie bleu ; ces deux couleurs font très- brillantes lorfqu’on tire ce poiflon vivant hors de Peau ; &c dès qu’il eft mort, le verd difparoïit entie- rement , & le bleu perd beaucoup de fon éclat, La Jardine wa point de véficule de fiél; elle eft plus grafle au printems qu’en toute autre faifon. Ronde- let, kif}. nar. des poiflons , pren, pars, liv. VII, ch, x. Voyez Poisson. SARDINE, (Péche.) voici la defcription de leur pê- che , &c la maniere de les apprêter. Cette pêche fe pratique particulierement fur les côtes de Bretagne, dans les canaux de Belle-Ifle. Sur les côtes du nord de cette île, depuis la pointe de Sud, ou du canon de Locmaria, en tirant au nord jufqu’à celle des Dou- lains , au-deflous d’Auborch. Cette étendue fe nom- me la bonne Rade; elle eft à couvert des vents de fud- fud-oueft par la terre de Belle-Hfle,& de ceux de nord- nord-eft par la grande terre qui eft au large de l’île qui lui eft oppofée ,-& qui baigne la mer fauvage où les fardines ne terriflent point , parce que la lame y eft toujours fort haute êc très-élevée : la pêche com- mence ordinairement en Juin , & finit avec le mois de Septembre, ou au plus tard les premiers jours d'Oétobre , outre les chaloupes , ceux de Saugon de ladite ile, de Port-Louis, de S. Cado, Vauray & de Groa viennent au même lieu ; les chaloupes font du | port de huit, dix à douze barriques au plus, faites en forme d'yollesou de bicayennes, avec mâts, voi- les, quille, & gouvernail; elles font auffi garnies d’a- virons. Les marchands-propriétaires les fournifflent de toutes chofes , & prêtes à faire la pêche ; ils leur donnent auffi dix à douze pieces de filets de différens calibres, pour s’en fervir durant qu'ils font fur le Heu de leur pêche, fuivant la groffeur des lits, bouillons ounouées de fzrdines qui fe trouvent fouvent durant une même marée de quatre à cinq fortes différentes; mais les mailles les plus petites font toujours beau- coup au-deflus du moule de quatre lignes en quarré, fixé par lordonnance de la marine de 1684. Pour faire la pêche des fzrdines les pieces des rets À furdi- mes non-montées ont ordinairement 22 brafles de long; & lorfqu’elles font garnies de lignes & de flot- tes par la tête , & de plomb par bas pour les faire ca- ler, elles fe trouventréduites feulement à 18 brafles de longueur , afin de donner au filet du jeu, & que le ret refte un peu volage , libre 8 non-tendu, pour donner lieu aux fardines de s’y mailler plus aifé- ment, | 656 SAR Les filets des pêcheurs de Jardines de Belle-ifle Alot- tent à fleur d’eau, comme ceux des pècheurs poite- vins : le fil dont ils font compofés étant très-délié, on eft obligé de leur donner du poid par le pié , à la différence des rets ou feines aux harengs, &t des ma nets qui fervent à faire la pêche du maquereau , qui calent par leur propre pefanteur, à caufe de la grof- feur du fil dont ils font fabriqués ; ces filets ont de- puis trois brafles & demie de chute , jufqw’à cinq brafles ; 1l faut encore obferver que les chaloupes de Belle-Ifle, & même celles qui viennent avec elles faire la pêche dans les coureaux d’entre Belle-Ifle &z ‘Quiberon, ont coutume de revenir à terre tous les loirs ;c’eft une des raïfons qui a obligé lamirauté de difpenfer les équipages de ces chaloupes de prendre un congé pour la pêche, parce qu'ils font variables, &c qu’il feroit impoflble que les maîtres puflent four- mir un rolle au bureau des clafles , ceux qui montent aujourd'hui dans une chaloupe , la quittant demain pour reprendre leur métier, quand la faifon de la pêche eft pañlé. A Les chaloupes repartent le lendemain d’affez bon- ne heure pour pouvoir êtie rendues à l'aube du jour fur le lieu de la pêche, qui n’eft toujours éloigné que d’une lieue ou deux de terre. La pêche fe fait entre les coureaux , c’eft-à-dire , entre Belle-[fle & les terres de Quiberon , jufque par le travers de la Pointe d’Etel à l'embouchure dé la riviere de S. Ca- do ; ces fonds n’ont que 8 , 10 à 12 brafles d’eau au plus. Les pêcheurs tendent leurs filets de même que les pêcheurs poitevins, en croifant la marée, & ils amor- cent pour mettre le poiflon en mouvement, ét le faire monter à la furface de Peau , ce qu’il fait avec beau- coup de précipitation ; les pêcheurs continuant tou: jours de femer leur boite tant que la marée dure, c’eft-à-dire, que les rets reftent à la mer jufqu'à ce qu’on les releve pour en retirer Les Jardines qu s’y {ont prifes. Quand la pêche eft abondante, fouvent Péquipage d’une chaloupe en rapporte le foir 25 à 30 mulliérs, à-moins qu'ils ne les aient renverfées à bord des chafles-marées, qui fe tiennent toujours fur le lieu de-la pêche pour s’en charger & en faire le tranfport. | On croît devoir ici obferver que les pêcheurs de Belle-Ifle font d’un fentiment oppofé à celui des pé- cheurs poitevins &c autres, qui font la même pêche le long des autres côtes méridionales de la Bretagne, prétendant , avec aflez de fondement , que la fardine ne fe tient pas fur les poiflons blancs & les chiens de mer , quien feroient continuellement une telle cu- rée, qu'ils épailleroïent &c feroient fuir les lits, trou- pes ou bandes de ces petits poiffons ; que la fzrdine nage entre deux eaux comme les harengs, & que c’eft pour l’attirer à la furface qu’on amorce ; la rogue qui eft pefante tombant perpendiculairement à fond, f les fardines s’y tenoient , elles ne s’éleveroient pas avec tant de vivacité ; elles trouveroient à fond leur pâture ; cette idée eft foutenue de l'expérience qu’ils ont; c’eft aufli celle des pêcheurs des côtes de la Mé- diterranée où la même pêche fe fait fans boite ni ap- pât , & des pêcheurs du hareng qui fe tient de même entre deux eaux à différentes profondeurs, fuivant les vents qui regnent , ou la qualité des lits des poif- {ons. Une grande partie des fardines dela pêche de Belle- Ifle s’enlevepardes bateaux chafle-marées, & le refte s’apporte à terre pour être vendu aux marchands & faleurs , qui ont des prefles où ils les préparent de la maniere que nous lexpliquerons ci après. IL n’eft pas d’ufage à Belle-ffle de famer ou fore- ter les /ardines; cetteforte de préparation femblable à celle de laprêt des harengs fors y eft inconnue , & n'y a Jamais été pratiquée. + SAR L'appât où la boite qui fert à la pêche de la fre, que l’on nomme rave , rogue ou refure , comme on la dit, eft apportée aux pêcheurs de Belle-Ifle, de Ber: gaen & de Dronfton en Norvege, & de Hollande.Ce lont les œufs des morues provenant des pêches des Norvegiens , des Danois, des Hollandois dans les mers du nord ; ces œufs font connus fous le nom de fvcfifh. Les François qui font la pêche fur le banc de Terre-Neuve, falent la rogue pour le même ufage, & les pêcheurs picards, normands & autres, qui font hors la manche & dans le canal la pêche des maque- reaux, en préparent aufli les œufs pour fervir d’ap= pat à ka pêche de la /ardine. | Le baril de raue, refure ou rogue venant de Ber- gaen, ne pefe qu'environ cent cinquantelivres. Voyez RESURE. \ Une chaloupe fardiniere confomme pendant la du: rée de la pêche quelquefois jufqu’à fept & huit bar< rils , Où trois à quatre barriques derave ou refure, pendant lefpace de trois à quatre mois qu’elle dure ordinairement ; on ne fauroit rien fixer là-deflus de précis, parce que cette conommation dépend fou vent & de l’abondance & de la férilité de la pêches plus il y a de poiflon, & moins il faut lamore-r pour le faire monter ; elle dépend aufli du moins autant de l’intelligence & de l'expérience des maîtres. Il y en a qui emploient un tiers plus de refure que les autres. Les /ardines que l’on deftine à être falées , fe fa: lent en grenier, à terre, dans les prefles ou magafins; quand elles y font arrivées , on les met ésouter leur eau pendant une heure ou deux avant de les {aler; enfuite on les entafle , & on les arrange de maniere que toutes les têtes fe trouvent en-dehors , & les queues en-dedans ; on feme du fel de couche en cou che d’un doigt d’épais ; on n’éleve Les tas ordinaire- ment que deux ou trois piés au plus, pour ne point écrafer ou trop affaifier les ardines qui forment les premiers lits de deffous; les piles ont une forme ir= éguliere , & fuivant le lieu de la preffe où l’on les place ; on laïfle aïnf les fardines durant dix à douze jours avant que de les lever pour Les aller laver dans Veau de mer,, comme nous l’expliquerons ci-après; ainfi, quoique les färdines foïent bien plus petitesque les harengs , 1l ne faut cependant guere moins de tems pour en perfeéhonner la falaon. Les harenos font parqués en barril, les fardines en grenier. Lorfque les fzrdines ont été aflez falées, on les en- file par la gueule & par les ouies, comme on fait aux harengs que lon veut forrer, & de la même manie- re, fur de petites broches ou brochettes de coudrier, mais à la différence des harengs, qu’on arrange de maniere qu'ils ne fe touchent point, on prefle fur les brochettes les fardines de telle forte qu’elles en rem- pliflent tout-à-fait la longueur. Les femmes & les filles font occupées ordinaire- ment à ce travail, elles portentenfuite les fardines ainfi embrochées, fur des civieres au bord de la baffle mer , obfervant que les têtes du poiflon foient en-dehors & les queues en-dedans ; elles ne met- tent gueres que trois brochettes de largeur fur la ci- viere ; pour laver les fzrdines elles prennent par les deux bouts trois brochettes entre les doigts, & elles les trempent plufieurs fois dans l’eau , après quoi elles les remettent fur leur civiere ‘au fond de laquelle il y a deux petites nattes de paille pour foutenir les Jardines ; qu’on laïfle enfuite égoutter dans les reffes pendant quelque tems; quand elles font fufifamment égouttées de leur lavage, on les arrange dans des barrils, de la même maniere que l’on alite les ha- rengs que l’on pacque, pour être envoyées dans les lieux de leur confommation. | Il faut ordinairement pour faire une barrique de Jardines preflées , la charge de quatre civieres, & on SAR #épeut fixer le nombre des fardines ,"attendueqnril depend de la petitefle ou de la groffeur du poiffon . qui l’augmente, ou le diminue, parceïque c’eftile remplifiage de la futalle qui en fait le poids ; ilen faut quelquefois feulément trois millièrsienviron:,: quand lés fardines fontbelles & groffes pour lés rem- pr, 8 d’autres fois il en entre jufqu'à dix milliers, lorfque le poiffon eft depetites pieces & maigre: | Lesfufis ou barrils de fardines de Belle-Ifle, n’ont. guere de bouge ou delventre; leur forme.eft celle des barrils de braï du nord; ils font faits de bois de hêtre, &un des fonds, quieft celuide deflous; eft percé de plufieurs trous, pour donner lieu à l’écou- lement de Peau &c de Phuile que la prefle en fait for- ur; ces barrils bien preflés & marchands, pefent ordinairement depuis trois cens jufqu’à trois cens dix livres. | Les fardines {ont huit à dix jours à être preflées ; : quandelles font bien préparées, elles fe peuventicon- ierver bonnes pendant {ept à huit mois au plus; après ce tems les chaleurs viennent, & les furdines fe oà- tent, elles deviennent rances & fétides. l Les preffes à fardires font des efpeces de petits ma gafins à rez-de-chauflée , fans aucun étage , à la hau- teur de 3 piés & demi à 4 piés, il y a des trous dans la muraille d'environ un pié en quarré, &c de profon- deur pour y pouvoir placer Le bout, le lans-peét ou petit foliveau quiforme le levier de la preffe ; on pla ce le barril à une difance proportionnée de la mu- raille , le fond qui eft percé eff fur un conduit, ou petit égoût, le long duquel coulent l'huile & Peau qui lortent des barrils, 8 qui tombent dans une efpece de cuve qui fért de réfervoir pour recevoir tout ce qui fort des barrils ou prefles ; quelques propriétai- res mettent au haut des ouvertures des trous, une pierre dure ou un grais; d’autres y mettent d’un bout à l’autre, unetraverfeouun linteau de bois; on place fur le bout du haut du barril qui eff ouvert , un faux fond de bois:de Pépaifleur de fept à huit pouces, & enfuite quelques petites traverfes de bois qu’on mul- tiplie à mefute queles fardines s’affaiflent, & au-def fus on met Le levier au bout duquel on placeuné plan- che fufpendue avec de petites cordes, comme un des fonds d’une balance que l’on charge de pierres & d’autres poids , pour donner un poids convenable & fuffifant fur les fardines du barril, & on augmente ce poids à mefure qu’elles fe preflent, en rempliffant de tems à autres le haut du batril jufqu’à ce que la preffe foit achevée , & le barril remph comme il le doit être. Comme on ne peut déterminer le nombre des far dires qui entrent dans un barril , on ne fauroit auf fixer celui des barrils de /ardines qui peuvent rendre à la prefle une barrique d'huile, parce que comme on vient de l’obferver , la fardine maigre & petite rend peu ou point du tout d'huile, au lieu que celle qui eft grofle &c qui eft ordinairement auffilaplussrafle, en fournit beaucoup ; on tire communément des far- dines de bonnes qualités, une barrique d’huile de la prefle de quarante barriques ; cette huile fert dans Pile, auradoub des chaloupes pêcheufes, & à celui des bâtimens employés au commerce ; il s’en con- fomme encore au même ufage que l'huile des baleï- nes, par les corroyeurs , pour repafler leurs peaux, & quoique fon odeur foit fort fétide, les pauvres gens s’en fervent à bruler dans leurs lampes. Les mailles des rets avec lefquels on fait la pêche des fardines, font detrois efpeces; les premieres ont 8 lignes en quarré, les fecondes ont 7 lignes, & les troifiemes feulement 6. Ainfi elles font plus grandes que l’ordonnance ne la preferit, puifqw’elle fixe la grandeur des mailles à 16 lignes detour , c’eft-à-dire à 4 lignes en quarré. _ Les rets à grandes Jardines ont onze lignes en quat- + SAR? GT | résrles pêcheurs, alors ne'boitent boint : ces.rets. fervent.encore à faire la pêche dés éguillettés ou or2 phies ; {ur les rochers qu'ils entourent, & durant! les mois) d'Avril & Mai, ces filets font les mêmes que les féinesiau hareng des pécheuts normands ; ils les | emploient abufivement quelquefois à traîner fur les. | côtes qui font couvertes de fables, Foyez la démonfs: tration, des, diférens apprêts, des Jardires > dans: . n05, Planches de pêches ; la premiere partie de Ja. planche contientla reprefentation de la maniete de faler les fardines ; la feconde , le lavage des mêmes: Jardines ; & la troïfieme , la maniere de prefler les | Jardines dans les preflés ou magädfins. De la péche de la fardine, 6: de Le maniere de La pfEs parer € de préparer auffi l'anchois, comme on Le fuit ent Provence € en Languedoc. I] n’y a que peu d'années que ces foites de falaifons {ont pratiquées le long dés côtes de la Bretagne méridionale , &ilne s’y en pré pare guere que {ur les côtes de l’amirauté de Quime per,à Concarneau, & à Belle-Ifle fur celle de Vannes. La pêche de ces poiffons étant devenue ingrate && ftérile fur les côtes du Levant, les Provençaux inf truts de l’abondance de cette pêche en Bretagne, y viennent àpréfent chaque année; ils y arrivent vers le commencement du mois de Mai, & s’en retour nent à la fin d'Oétobre, | Ils mettent dans une barrique de fel , du poids de 200 livres au moins , deux livres d’ocre rouge, :ott bol arménique en poudre; ils ôtent des anchois la tête &c les entrailles ; ils-falent enfuite par lits leurs anchois , qu’ils arrangent le dos en haut, dans de grands & petits barrils qu’ils nomment barross , les grands peuvent contenir environ ÿ à 6oo poiflons!, & les demi à proportion. Ces fortes de barrils font fabriqués. à Cette, jaus gés par la police, & marquésà feu ; il y a à Cetteun infpeéteur pour cette jauge, & peine d'amende & confifcation des barrots qui n’y feroïent pas con- formes. Les grand barrots pleins , peuvent pefer 24 à 24 livres ; quand les barrils font remplis de poïffons ali tés, on l’enfonce , en laïffant un trou au milieu du fond du deflus; on lesexpofe ainfi débouchés au {o- leil pendant plufieurs jours ; ce que l’on répete trois à quatre fois de quinze jours en quinze jours, pen- dant que l’on fait cette forte de préparation. _ La chaleur fait fermenter la faumure que le poiffon. forme de fon fuc & de la fonte du fl, elle aide À confire le poiflon; la faumure furnage au-deflus du fond, on n’y en met pas de nouvelle quand elle di- minue, On a foin de tems en tems de douiller les barris ; 1l faut faire attention de boucher avec une cheville les barrils expofés au foleil , pour peu que lon craigne la pluie, qui altéreroit la faumure, & feroit tort au poiflon. | La fardine anchoitée , c’eft-à-dire préparée avecle même fel rouge, s’accommode de même, excepté qu'on ne lui Ôte que la tête, & qu’on lui laifle les entrailles. Les Jardines les plus petites, qui font ordinaire- ment celles de primeur, font celles qui conviennent lemieux à cette préparation, & même les furdines que l’on rebute dans les prefles , s’emploient dans ces barrots , tant les étêtées , ou celles auxquelles on a coupé latête, que les égueulées & éventrées , qui ne peuvent fervir aux furdines falées & preflées. Tons les anchois fe mettent dans les petits barrils, on fale peu de fardines dans ces futs; on fe fert ordi nairement de barriques vuidange de Bordeaux ou de Mantes ; lorfque ces /ardines font arrivées en Lan- guedoc ou en Provence, les négocians qui font ce commerce , les tranfvafent dans ‘e petits barrils que Von fabrique chez eux pour cet ufage. Cette efpece de flaifon n ’eft marchande que la fe 658 S'A/R° cofdeinéen pour lorsellerfe trouve de bonne qua" lité Léelle dé Pañnnée n'eft:poiñt: bonne d manger ÿ: toquélésataifonsfontbiem faites ; celles dela trois flemetécrde la quiatriénte armées {ont les plus recher: chées parce qu'alorsile poiflon fe trouvetconfit dans | fafaumure ! ane 14 int, Ortranfporte ces falaifons à Nantes 89 à Bordeaux par la mer, d'où elles paflentquiqu'à Cette 8v à Mont- pallier pat lescanal ; 0h en charge encore quelque: fois des'bâtimens qui-vont en droiture:s par Le dé: troit, à Marfeille , à. Cette, & autres côtes: du Levant, . n GLS: La grande vente de ces-anchois &c /ardines fe faut S'tafoite de Beaucaire, d’où elles paflent, dans les lieux de léut confommation. Avant la vente des Provénçaux en Bretagne; of n'y filoit aucun eas.des anchois ; lés-pêcheurs les réjettoient àclarmer auflitôt qu’ils lesavoient pris; dépuis leur arrivée, on achete les anchoïs le qua- druple dés fardines , êt quelquefois fix fois plus , 8e äuoïqu sis né prennent que les plus petits de ces der- niets poiflons, que lespécheurs bretons méprifoient, leur choix na pas laifié que de doubler le prix ordi- faire dés féfdines, enquoi les intéreflés à cetre pê- che-8rles pêcheuts trouvent aujourd’hui un profit confidérable fur leurs poifons, dans les lieux t-on les fléénrouge. ps À Les marehande preffeurs de furdines:,1de l'amirau- té de Quimper , demandent que les barrils de /ardi- nes foient marqués à feu, tant du lieu delafalaifon , que de celui du preffeur qui laura préparé, êc cela conformément à ce ui fe pratique le long des côtes dela Nofmandie & de la Picardie, pour lesharengs blancs de différentes qualités; cette police fi nécef: faire attx marchands commifionnaires , auxquels les : fiégocrans forains & étrangers ordonnent de gros achats de ces falaifons, empêchera la fraude des pe- on . » - 1 . tits prefleuxs, foir par rapport aux {els ufés' dont ils fe fervent contre la défente, que pour empêcher le mélange des Jurdines de mauvaile qualité, ou de cel- les ui font furannées, qu ils mettent au milieu de . .. : y k t HER leurs barils , & qu'il n’eft pas pofhblé dé vérifier quand une fois1ls font preflés; elle mettra aufii en e ? Le réputation les riarchands preffeurs qui prépareront leurs falaifons loyales êc marchandes y empéehera Tes commiflionnaires d’êtretrompés comme ilslefont fouvént, eh contenant les preffeurs , dont les frau- des fe découvriront aèment: D'ejcriptior de la pêche de da fardiné 4 boirer & af- | frrèr @ la rave, reves rogue ; Ou TOjure, telle qu’elle fe pratique aux “oôtesidé Poirou. Cette pêche de la fzrdi- eme Le peut faire quedejour; les pêcheurs n’ont or- dinairement qu'un ret ou filet d’une feule piece , qui pout avoir dix-huit à vingt brafles de long quand il eft monté, & vinet-cinq braffes non monté , parce que le haut eftlâche & flotté, pour donner heu aux /ar- dines de mailler; it a auatre brafles de chute ; il ef amaté A larriere de la chaloupe , avec un cordage qui peut avoir quelques brafles au long du corps du bateau ; à latère du.ret; ileft foutenu à fleur d’eau par les flottes du liege dont la tête eft garme, & le bas , pour le faire caler de fa hauteur, eft chargé de plomb ; déboules de terre cuite , où de pierres pers | cées ; à mefure qu'il ÿ a du poiffon maillé dans le ret, les pêcheuts s’en apperçoivent aifément, par le liege qui plonge; le mañre de la chaloupe eft pla- cé à l’artiere pour boiter la Jardire, en femant la rave aVecüne cuilliere ; les autres pécheurs foutien- nentià la marée, avec deux, quatre oufix avirons, fuivant laforce du vent, ou.de la dérivedeseourans; Ja fardine fe maïlle dans leret en montant du fond pour venir goberl’appât de la rave, ou réfure, _ Les pêcheurs relevent leurs rets d'heure en heure, plutôt ouplus tard, quand ils s'apperço:vent qu'il ÿ a du poiflon de pris. SAR LésrSeñitsles meïilletrrs pouf faire cette pêche aus . côtés du Poitou , font ceux des rumbs d’aval, qui | amehent.& pouflent -le. poiflon à la côte;:ceux d’eft | font tout-à-fair contraires à la pêche , parce qu'ils chaffent au large les fardines. _Lesfardines: du port des Sables font plus petites que-célles qué Pon pêche au port de S:Gilles ,-ott les fardines nt même plus prafles &c meilleures, & oùal:n’eft pas d’ufige.d’en faire aucune falaïfon: tout le poiffon.de la pêche fe confoïnmant à demifalé , dans le pays; il en tranfporte quelquefois jufqu'à Orléans. Les pêcheurs ont différentes efpeces de rets à farz dines, comméeceux des fables d’Olone ; ils fe fervent des filets à plus larges mailles , à mefure- qu’ils s’ap< perçoivent que les poiffons des mattes ,lites ou bouil lons de fardines qui terriffent , font de plus-groffes pieces; omcharige les rets alors, & communément ils ensont toujours à bord de deux diverfes fortes, pour s’en fervir fuivant l'occurrence; les plus larges mailles font celles dont .on fe fert ordinairement à la fin de la faifon ; le porflon augmentant à mefure qu’on s’en approche, | Les pécheursde S:Gillesont decing éfjeces demaïl: es à fardines ; les plus larges ont neuflignes en quar< ré, celles qui fuivent ont huit lignes ;\la troifieme forte de mailles a feptlisnes aufñ en auarré, la qua: triemeenafix, & Les plus ferrées, qui font les der nieres , n’en ont au plus que cinq en quarré; on ne charge le piéou le bas de ces rets, qu'autant qu'it faut pour les faire feulement caler de leur hauteur, les flottes reftant à fleur d’eau. | | SARDINIERS, f. m. pli sermé de pêche, ets à far: dines: Voyez SARDINES: | SARDINS , voyez JARDINS 6 GALERIES. SARDO, fm, ( Diere. ) efpece d’hydromele ot de liqueur fermentée, en ufage chez les Ethiopiens & Abyflins; Pour la faire, on met cinq ou fix parties d’eau contre une de miel; on y Joint'une ou deux poignées de farine d’orge.germé: ce qui occafñonne une fermentation ; apres quoi l’on y met quelques morceaux d’un bois qui a la propriété de faire difpa= roitre le goût doucereux & fade du miel; par-là, cette liqueur devient, dit-on , aflez agréable, SARDOA ou SARDONNE , # m. ( Bocan. anc. } nom donné paf les anciens à là renoneule à feuilles de ache , autrement dite apiaffrum; C’eft un poifon reconnu de tout tems pour tel; mais Pline la con« fondu avec le baume fous le nom d’apiaffrum, que les abeilles, ditil, recueillent en Italie. Le /ardoz à été nommé par les Grecs fardonia herba, parce que cette plante abonde dans l’île de Sardaigne, autrefois nommée Sardonia: (D. J.) SARDOINE, Lf. ( Hiff. nat. Lirholog. ) pierre fine d’une couleur jaune , de la nature de l’agate ÿ elle a beaucoup de tranfparence, & elle varie pour le plus où le moins de vivacité de fa couleur, qui eft tantôt d’un jaune clair , tantôt d’un jaune plus foncé &e tirant un peu fur le brun, tantôt plus où moins pure & nette. La plüpart des auteurs ont confondu cette pierre avec la cornaline ( carmeolus), mais ik paroit que c’eft à tort ; puifqu'il eft, pour ainfi dire, de l’effence de la cornaline d’être rouge; & c’eit fur cette couleur qu’eft fondée la dénomination qu’on lui donne, tandis que la furdoine eft toujours jaune, Le nom de cette pierre vient, dit-on, de ce qwom | la trouvoit près de la ville de Sardes, dans l'Afie mi- neure , ou fuivant d'autres, de l'ile de Sardaigne, où lon dit qu'il s’en rencontroit affez communément, Les anciens s’en fervoient très-fréquemment pour graver, des cachets ; cet ufage n’eft pas fi commun chez les modernes ; on les grave plus ordinairement fur des cornalines. Il y a tout lieu de croire que c’é= toit la fardoine que les anciens ont voulu défigner {ous fous le nom de farda & de fardion. Voyez larricle CORNALINE. SARDOINE , ( Mar, méd.) cette pierre a été mife par quelques anciens pharmacologiftes au rang des pierres précieufes qu'ils ont cru douées de vertus médicamenteufes. Voyez FRAGMENS PRÉCIEUX. (b) SARDONIEN ris, ( Maladies. ) eftle même que ris involontaire & convulff; cet épithete vient au mot is de l’herba fardenia ou fardoa , qui n’eft autre chofe que le ranunculus paluflris, apit folio lœvis, -qu’on dit exciter une efpece de manie dans laquelle lesjoues font retirées, de maniere que l’on diroit que le malade rit; c’eft de-là que vient l’expreffion pro- verbiale de r1s fardonien pour ris forcé ; c’eft avec raï- on qu’on le regarde comme un fymptôme très-dan- gereux, car 1l eft fuivi d’une mort fubite êt inatten- due, dépuifé fous la forme d’un ris faux & contre nature. , On tentera la guérifon de ceux qui auront pris de cette herbe , d’abord par le vomilement , enfuite par l'hydromel, le lait, les fomentations, les embro- cations & lapplication d’onguent chaud fur tout le corps; on oMénners auf des bains dans de l’eau & de l'huile chaude ; on fera oindre & frotter le corps après le bain. En général on fe conduira en pareil cas comme dans les convulfions. On fera prendre auf du caftoreum feul ou dans du pañlum avec d’autres remedes analogues. Aëtius, sesrab. IV. ferm. I. cap. Try. Atuartus 8 Paul Eginete l'ont copié mot-à- amot. Voyez l'aricle RYS. SARDONYX , 1. £ (Æiff. rar. Licholog. ) c’eft le nom d’une agate ou pierre fine de couleur jaune ou rouge, mêlée de parties brunes femblables à l’ozyx. Voyez ONYX. SARE, { m. ( Chronol. & Affronom. chaldéenne. ) les Chaldéens divifoient le tems en fares, enneres & en fofes. Le fare , fuivant Syncelle |, marquoit trois mille fix censans, le nere fix cens, & le fofe foixan- te ; 1l eff certain que cette évaluation donneroit à la durée des premiers regnes un nombreinfini d'années, chaque roi ayant regné plufeurs fares | 8&c par confé- quent il faut rejetter le calcul de Syncelle; mais on pourroit regarder des /ares comme des années de jours. Poyez Scaliger , Petau , & furtout l’A:foire uni- … verfelle donnée par une fociété de favans anglois. Le fare aftronomique paroit être la période de 223 lunaions , qui fuivant les aftronomes babyloniens, donnoient le retour des éclipfes femblables , au mê- me lieu du ciel : ce qui fuppofoit que la lune fe re- trouvoit exaétement au même point de fon éclipri- que, & dans la même fituation avec l’écliptique du foleil. M. Halley ayant eu la curiofité d'examiner f la période du are aftronomique avoit effeétivement cette propriété, trouva que dans le cours des 223 Tunarons, la lune épuifait toutes les variétés & tou- tes Les inégalités que Les aftronomes fuppofent dans fon mouvement. ( D. J.) -& SARELA, om SAARE, ( Geog. mod.) en latin Sa- ravus, riviere de Lorraine, la plus grofle de celles quitombent dansia Mofelle. Elle a deux fources dans la Lorraine allemande , un peu au-deflus de Salm ; & après s'être groffie des eaux de plufieurs ruiffleaux qu’elle reçoit dans un cours d'environ trente lieues en Lorraine feule , elle finit par fe jetter dans la Mo- felle, un peu au-deflus de Treves. (D. J.) SAREPTA, ( Géog. anc. ) ville destSidoniens , | dans la Phénicie , entre Tyr & Sidon, fur le bordde la mer Méditerranée. Pline & Etienne le géographe : l'appellenr Sarapre, &les Arabes Tyarphand. Jofephe ét les Grecsidifent Sarephra ou Saraphta, &cles Juifs Zarphar. 3 Le géographearabe Scherif-Ibn-Idrislamet à vingt milles de Tyr, êcaà dix milles de Sidon. Cette der- . mere étoit au nord , & TL'yr au midi. Tome XIV. S AR. 659 Sarepta eft fameufe par la demeure qu'y ftle pro- phete Elie, chez une pauvre femme veuve, pendant que la famine defoloit Le royaume d’Ifrael. On y mon: troit au tems de S, Jérôme, & encore long-terns de= puis, le leu où ce prophete avoit demeuré. C’étoit une petite tour. On bâtit dans la fuite une églife au même endroit, au milieu de la ville, | Le vin de Sarepta eft connu chez les anciens, fous le nom de vinum fareptanum : Er dulcia Bacchi Munera , que Sarepta ferax , que Gaza crearat. Fortunat, dans la vie de S. Martin, dir : Sareptæ Lucida perfpicuis certantia vina capillis. Et on lit dans Sidonius Apollinaris, carm. 1 GA Vina mihi non funt gaxetica, chia , falerna, Quæque fareptano pa/rire miffa bibas. Fulgent. Z. II. Myzholog. dit que les vins de Sa- repta {ont fifumeux , que Les plus hardis buveurs n’en fauroient boire un fetier en un mois. Or le fetier, fextuarius ,n'étoit que la pinte de Paris, felon Budée, Sarepta n'ett plus aujourd’hui qu’un méchant villa- ge que les Turcs nomment Sarphen. Sa fituation eft iur la croupe d’une petite montagne. L’ancienne S4- répta ÉtOit beaucoup plus près du rivage , où l’on voit encore quelques fondemens à fleur deterre. Mais on a placé la moderne fur la montagne, à'caufe des ra- vages des pirates. Du tems que les chrétiens étoient maitres de cette ville, il y avoit un évêque & une églife bâtie en mémoire de S. Elie. Elle a été détruite par les Sarrafins ou par Les Turcs, qui ont fait bâtir une mofquée à la place. (2. J. SARGANS , ( Géog. mod.) ville de Suifle, capita- le du comté auquel elle donne fon nom, avec un château où réfide le bailli ; c’eft une petite ville bâtie fur la croupe d’un monticule qui eft une branche de la grande montagne nommée Shalherg. Les {ept an ciens cantons acheterent cette ville ; ainfi que le comté en 1423. Long. 27.42. latit, 47.10. (D:.J.) SABGARAUSENA , (Géogr. anc.) contrée de la Cappadoce, à qui Ptolomée, / #. c. vj. donnee ti- tre de préfetlure, & en indique les villes. (D. J.) SARGASSO , MER DE ( Géopr. mod:) ou mer de Sargafo , plage de l'Océan atlantique , à laquelle on donne environ ÿo lieuesd’orient en occident, & tout au moins 80 du feptentrion au midi. Elle ef éntre es iles du cap Verd, les Canaries & les côtes d'Afrique; ainfi elle s'étend depuis le vingtieme deorétde /a- titude feptentrionale , jufqu’au trente-quatrieme de latitude méridionale. ei, E Cette mer a ceci de particulier, qu'étant fort pro- fonde & éloignée de la terre ferme & desiles de 60 lieues, elle reffemble. à un grand pré par la quantité d'herbes dont elle eft couverte. Cette herbe eft fem- blable au creffon aquatique, ou perfil à petites feuil- les ;queles Portugaisnomment fargaffo ,d'obeft venu le nom de cette mer./Si quelquevaifeau s’y embar- rafle, il n’en peut fortir que par un vent médiocre. ment fort, tant cette herbe eft ferrée. (2: IE EUEr SARGAZO, (Bor.) {.fefpece de lentille de mer, nommée lerticula marina, ferratis folus, Park. Théat. 1281 ; fucus folliculaceus ferrato-folio , CB: P. 36$. Raï Mf1T xx Tourn. LR, H: 68. Le nom de Jargazo eft portugais! Ce:peuplé appelle l'étendue de la mer qui eft entre les îles du-cap Verd, les Cana- nes & la Terre-Ferme d'Afrique , mar do färgago parce qu'elle eft couverte de cette plante. Elle pouffe plufeurs rameaux menus, gris, entortillés les uns avec les autres, Ses feuilles font longues, minces, étroites’, dentelées à leurs bords, de couleur rougea- tre, &c d’un goût approchant de celui de la perce- OO0oo 660 SAR pierre. Son fruit eftune baie ronde, légere , vuide, ë&c groffe comme un grain de poivre. (D. J. ) SARGEL , ( Geogr. mod. ) ville d'Afrique dans la province de Tremecen, au royaume de Maroc, fur la côte, entre Ténès & Alger, à huit lieues de cette derniere ville. Elle a été autrefois floriflante; mais aujourd’hui c’eft une ville ruinée, avec un port qui n’eft bon que pour de petits bâtimens. Long. 16. 22. la SNS 2077) SARGETIAÀ, (Géogr.anc.) fleuve de la Dace, {elon Dion Caflius, 7 Trajano. Ce fleuve arrofoit la ville Sarmizogæthufa , depuis nommée U/pia-Tra- jana, & fe jettoit enfuite dans le Rhabon. Le ror Dé- ébalus avoit caché fes tréfors dans un creux de cec fleuve, dont le nom.moderne, à ce que dit Tzetzès, eft Argentia ou Sargentia ; mais , felon Sambucus , les Hongrois Le connoïffent fous le nom de SireZ, &c les Allemands fous celui d’Iftrig. Ce fentiment eft ap- uyé par Lazius, dans farépubliqueromaine. (D. J.) SARGO , fm. (Hiff. nar. Icholog.) fargus ; poit- fon de mer fort reflemblant à la Daurade , mais plus rond. Voyez DAURADE. Il a le corps applati 8 épais: {es écailles font petites & d’une couleur argentée ; 1l y a fur les côtés du corps des traits noirs qui s’éten- _ dent depuis le dos prefque jufqu’an ventre, & dont les uns ont plus de longueur &c de largeur que les autres; ces traits font difpofés de façon qu'il y en a alternativement un long & un court, Les yeux font très-ronds ; les nageoires placées près des ouies &z le bout de la queue, ont une couleur rougeâtre ; celles du ventrefont noires; la nageoire qui s’étend depuis Panus jufqu’à la queue eft plus grande que dans la daurade. IL y a fur la queue une tache noire fembla- ble à celle du fparaillon ; la nageoïire de la queue eft divifée en deux parties, Le /zrg0 refte fur les rivages ; al fraye au printems &T en automne; les poiflons de cette efpece que l’on pêche dans les eaux pures êz nettes {ont meilleurs que ceux qui reftent dans les endroits fangeux. En général la chair du fargo ef dure, un peu feche, & très-nourriflante , mais moins bonne que celle de la daurade. On a auffi donné le nom de /zrgo à une efpece de fcarre, Voyez SCARRE. Rondelet, 41ff. zar. des poiffons , L. part, liv. V. ch, v. Voyez POISSON. : SARIGOY , ou CARIGNE, fm. (Hiff. nat, Zoolog.) animal quadrupede du Bréfil; fon poil eft grisätre ; 1l répand une odeur très-defagréable , ce qui vient, dit- on, de la graïfle qu'il a fur les rognons ; fi on l’ôte, fa chair eft très-bonne à manger. On croit que c’eft une efpece de putois. SARGUEMINE.,, (Géogr.mod.) en allemand Gue- mund ; petite ville dela Lorraine allemande , fur la gauche de la Saare , entre Saralbe &t Sarbruck, envi- ron àitrois lieues de chacune. Lonpit, 24, 46. lai. 49. 4. (D.J.) SARIGAN , L'ISLE DE; ( Géogr. mod. ) autrement VÂe de Saint-Charles ; petiteile de l’Archipel de Saint- Lazare , & l’une des Mariannes , à fix lieues de l’île de Guguan; on lui donne douze milles de circuit. Larir. fepent. 17.33: (D. TJ.) RL A SARIPHES, Monrs (Géogr. anc.) Sariphi , mon- _tagnes d’Afie. Strabon:; épirom. l. AL. pag. 1275 ; & Ptolomée , 2. VI. c.x. s'accordent à dire que le fleuve Oxus prenoit fa fource dans ces montagnes, qui étoient dans la Margiane, (D. J.) SARISSES, £. €. (Are milir) piques dont les Grecs {e fervoient, & qui avoient plus de longueur que Les nôtres. Voyez PIQUE 6 PHALANGE. (4) SARLAT , ( Géogr. mod.) ville de France dans le Périgord, à une lieue & demie de la rive droite de la Dordogne, à 10 lieues au fud-eft de Périgueux, à rs au nord-oueft de Cahors, à 125 de Paris: IL ya -préfidial , fénéchauflée,, bailliage , éleétion ,:& un _évêché d'un modiqué-revenu;1la été démembré de celui de Périgueux, fuffragant de Bourdeaux, & fut érigé par le pape Jean XXIL. _ Cette ville doit fon origine à une abbaye d’hom- mes, ordre de faint Benoît , fondée du tems de Char- lemagne. Ses habitans font très-pauvres, & n’ont d'autre commerce que l'huile de noix. Long. 18, 50. latir, 46, 6, : Trois gentilshommes , hommes de lettres, &r c’eft une chofe rare dans ce royaume, MM. Amelin, de Ja Boëtie & de la Calprenede, font nés à Sarlar. Amelin (Jean d’)‘a compofé une hiftoire de Fran- ce, Ôc a publié une traduétion de quelques livres de Tite-Live fur les guerres puniques. Cette verfon n’eft pas mauvaife, outre que l’auteur a eu foin d’y mar- quer à la marge le nom moderne des villes , des ri- vieres & des provinces. Il vivoit fous le regne d’'Henrill, Boëtie (Etienne de la) mort en 1563 à 33 ans, a laiffé un traité curieux, intitulé de /a férvitude volon- taire ouvrage qu'il fit à l’âge de 18 ans ; tout le monde le connoît , car 1l eft imprimé à la fuite des œuvres de Montagne fon intime ami. Calprenede (Gautier de Cofte feu la) naquit à deux lieues de Sur/us. Il fervit d’abord cadet, enfuite officier dans le régiment des gardes, & devint enfin gentilhomme ordinaire du roi. Il mourut en 166% d’un coup de tête que lui avoit donné fon cheval, qu'il avoit relevé trop vivement dans un faux pas. Il avoit dès fa jeuneffe beaucoup de taiens pour narrer agréablement, Aufi montoit-il aflez volon- tiers étant cadet au régiment des gardes, dans la falle de l'appartement de [a reine ; où1l débitoit plufieurs petites hiftoires agréables, qui attiroient du monde de l’un &c l’autre fexe autour de lui. La reine fe plai- gnant un Jour à fes femmes de chambre de ce qu’elles ne fe rendoient pas exaétement à leur devoir, elles répondirent qu'il y avoit dans la premiere falle de fon appartement, un jeune militaire qui contoit des hif- toires fi amufantes, qu'on ne pouvoit fe lafler de l'é- couter. La reine voulut le voir, &c elle fut fi farisfaite de fon efprit & de fes manieres , qu’elle lui donna une penfion. Il eft auteur des tragédies de la mort de Mithri- date, du comte d'Effex , de la mort des enfans d'Hé- rode, & de plufeurs autres. Elles eurent peu de fuc- cès, Le cardinal de Richelieus’en étant fait ireune, dit que la piece étoit bonne, mais que les vers en étoient lâches. « Comment lâches ! s’écriala Calpre- »nede, quand on lui rappoïta la décifion du cardi- »nal; cadedis, 1l n’y a rien de lâche dans la maifon » de la Calprenede ». C’eft à fes romans qu'il dut toute fa réputation dans le dermier fiecle ; mais le nôtre ne la luia pas confirmée. Le premier ouvrage qu'il publia en ce genre, eft Cuffandre: le fecond eft Cléopatre, qu'il acheva en 1645. Le premier eft plus intéreffant, êcle fecond plus varié pour Les événemens. M. Defpréaux cependant trouvoit que les caracteres s’y reflem- bloient trop, car c’eftle roman de Céoparre qu’il cen- fure, quand il dit dans l’art poëetique, Souvent, fans y penfer, un écrivain qui s'aime = Forme tous fes héros femblables a foi-même ; Tout a l'humeur pafcone, en un auteur gafcon ; Calprenede & Juba parlent du même ton. Ileft certain que ces deux ouvrages font écritsavec noblefle , maisavec beaucoup de négligence. Son der- nier roman eît Pharamond, dont il n’a travaillé que les fept premiers tomes. Comme 1l en vouloit faire fon chef-d'œuvre, il le compofoit à loifir, Il eft en effet mieux écrit, & conduit avec plus d’art que les deux autres. Vaumoriere l’a fini, mais il s’en faut beaucoup que la fin vaille le commencement. La tragédie de Mishridate de la Calprenede fut re- SAR préfentée pour la premiere fois, le jour des trois 163$. À lafin de la piece Mithridate prend une coupe empoifonnée , & après avoir délibéré quelque tems, il dit en avalant Le poifon : mais c’eff trop différer... un plaifant du parterre acheva le vers, en criant à haute voix : Ze roi boit , le roi boir. ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SARLOUIS , (Géogr. mod.) ville de France dé- membrée de la Lorraine fur la Saare , à quatre lieues dé Sarbruck &c à dix de Metz, Elle fut bâtie par Louis XIV. en:1680, & fortifiée à la maniere du maréchal de Vauban. Long. 24.26. latit. 49.20. (D. J.) SARMALLA , ou SARMALIUS, où SARMA- LIUM, (Géogr..anc.) ville de PAfie mineure, dans la Galatie, fur la route d’Ancyze à Tavia, felon l’iti- néraite d’Antonin. (2. J.) SARMAN , (Géog. mod.) ville d'Afrique, dans la province de Tripoli, auprès & de la dépendance de _Pancienne ville de ce nom. Elle eft habitée par des Béréberes; mais il ne vient dans fes environs nior- ge, ni blé, parce que tout eft fable. (D. J.) SARMANES ox SHAMMANES , 4 m pl. ( Æf. anc. & mod.) c’eit ainfi que l’on nommoit des pré- trestou philofophes indiens, qui vivoient dans les dé- ferts & les forêts. Suivant S, Clément d’Aléxandrie, les farmanes n’habitotent jamais dans les villes , ni dans desmaïfons ; ils ne fe nourrifloient que de fruits, ne buvoient que de l’eau, ne{e vétifloient que d’é- corces d'arbres, & gardoient le célibat. Les farmanes font les mêmes hommes que Strabon a défignés fous le nom de germanes, quiétoient une efpece de gymnofophiftes différens des brachmanes. Les farmanes étoient, fuivant les Indiens du Malabar, les prêtres de l’Inde, avant les bramines, qui les chaf- ferent du pays, les détruifirent & s’emparerent de leurs fonétions , parce qu'ils ne vouloient point ad- mettre la divinité des dieux #//nou 8c iffuren , non- plus que les livres de la théologie des Bramines qui {ont parvenus à faire oublier.entierement les farma- nes ou shammanes. Ces derniers resardoient comme leur léciflateur & leur dieu Bursa ; Budda ou Pouta, que l’on croit être le même que le Sommona-kodom des Siamois, qui eft appellé Pozrifat ou le feigneur Ponti, dans quelques endroits de l’indoftan. C’eft ce dieu qui eft aujourd’hui révéré dans le royaume de Laos. ie SARMATES ox SAUROMATES , £ £ pl. ( Æ/4 anc. ) nation nombreufe & belliqueute, qui étoit di- vifée en plufieurs tribus Leur pays appellé S'armarie, fe divifoit en Européenne & en Afiatique ; la pre- muere s'étendoit depuis la Viftule, jufqu’au Pont-Eu- xin , au Bofphore cimmérien , le Palus Méotide , &c étoit féparée par le Tanais, de la Sarmatie Afiati- que ou Scythie. Ce vafte pays renfermoit ceux qui 1ont connus aujourd’hmi fous le nom de Pologne, de Ruffie, & une partie de la Tartarie. , Les Sarmares commencerent à menacer l'empire romain en 63 fous l'empire de Néron; ils furent dé- faits en phifieurs occafons par Marc-Aurele, par Carus, par Conftantin , fous l'empire duquel ils fu- rent chafles par leurs efclaves nommés Zirigantes ; mais ils furent remis en poñiefhon par l’empereur Confiance. En358 , en 407, ils firent uneirruption dans les Gaules avec plufñeurs autres nations barba- res. Leur pays fut enfuite fubjugué par les Huns fous Arttila. SARMATIE , (Géog. anc.) Sarmatie., grande con- trée, qui prife en général, renferme divers grands pays de l'Europe & de l’Afie. Les anciens la parta- geoient en deux parties, l’une appellée la Sarmarie Afratique ; & l’autre Sarmarie Européenne. Le Bof- phore Cimmérien , les Palus-Méotides & le Tanaïs, en faifoient la féparation. : 1°. La Sarmatie afiarique , toit terminée du côté Tome XIV, ë SAR 661 du nord, felon Ptolomée, Z. F2 6. ix. par des terres inconnues ; au couchant, par la Sarmatie Européen- ze; autrement pat le Tanais, depuis {a fource jufqu'à fon embouchure dans les Palus-Méotides, & par le rivage oriental des Palus-Méotides , jufqu’au Bofpho- re Cimmérien;; au midi, partie par Le Pont: Euxin ; depuis le Bofphore Cimmérien jufqu’au fleuve Cho- tax ; partie par la Colchide, l’Ibérie & lAlbanie ,en tirant une ligne droite, depuis le Chorax jufqu'à la côte de la mer Cafpienne ; & à l’oris nt, par la Scy- thie en-deça de l’Imaiüs. Ptolemée vous donnera La defcription de cette Sarmatie. Tout ce pays étoit ha- bité par un grand nombre de peuples, connus fous des noms différens. 2°, La Sarmatie européenne , étoit bornée au nord | felon Ptolomee , 2. Z11. c. v. par l'Océan farmatique, par le golfe Vénédique 8 par des terres inconnues ; à l'occident, par la Viftule & par les monts Sarma- tiques ; au midi, par les Jazyges Métanaftes, par la Dace jufqu’à l'embouchure du Borifthène , & de-là par le rivage du Pont-Euxin jufqu’au fleuve Carci- nite ; & à orient, par l'ifthme du fleuve Carcinite , par le Palus où marais Byce, par le rivage du Palus- Méotide jufqu’à l'embouchure du Tanaïs, par ce fleu- ve, &t au-delà par une ligne tirée vers le nord , au travers des terres inconnues. (D. J. SARMENIUS LAPIS , (Hifl. nai, Litholog.) nor donné par quelques auteurs à une pierre qui fervoit à por l'or, &c à qui on attribuoït la vertu de pré- venir les avortemens. | SARMENT ; f. m. (Jardinage) fe dit des brindil- les que pouflent quelques végétaux 8 qu’on ne peut qualifier de branches. La vigne , la couleyrée font de ce nombre. SARNIUS LAPIS , ( Hiff. na. Lisholog. ) nom que Mercati donne à une pierre qui reflemble à un amas de plantes pétrifiées. SARNO , (Géog. mod.) ville d'Italie, au roÿaume de Näples, dans la principauté citérieure, près de la fource du Sarro, à 5 milles de Nocera, à 8 de No- le, & à 13 au nord-oueft de Salerne ; telle a titre de duché, 8 un évêche fuffragant de Salerne, érigé vers l'an 967. Long. 32. 12: lat. 40. 47. (D.T.) SARNO, LE, (Géop. mod.) en latin Sarnus, riviere d'Italie , au royaume de Naples, dans la principauté citérieure , aux confins de laquelle elle prend fa four- ce, &c porte {es eaux à la mer, fur la côte du golfe de Naples. (D.J.) SARNUS , (Géog. anc.) fleuve d'Italie, dans la Campanie. Strabon, Z. F. p. 24. &c Pline, Z. ZI, ec. y. difent que ce fleuve arrofoit la ville de Pompeñ, & c’eft ce quia été caufeique Stace Sily. 2,2, Carm. if y. 265. lui a donné le furnom de Pompejanus. | Nec Pompejanus placeant magis otia Sarni. Silus Italicus donne au Sarnus l’épithete de misis. Sarrafes etiam populos , totafque videres Sarni iris opes. Il exhalte lesricheffes du Sarzus, fans doute, parce que c'éroit une riviere navigable. Quant aux peu- ples Sarraftes dont 1l parle; cette expreffion eft prife de Virgile , où on lit Æneïd , Z. WII. v. 738. Sarraftes populos, & que rigat æquora , Sarnus. Sur quoi Servius remarque, que ces peuples étoient ainf appellés du nom du fleuve Sarzus, fur les bords duquel 1ls habitoient. Lenom moderne du Sarzus , c’eft Sarno. (D. J:) SARON ou SARONA , (Géog. facrée.) les inter- pretes de l'Écriture diftinguent trois cantons dans la Paleftine nommés Saroz.s Le premier étoit entre le mont Labor &c la mer de Tibériade. Lefecond , en- tre la ville de Céfarée & Joppé. Le troifieme étoit OOooïi - 662 SÂR au-delà du Jourdain, 8& appattenoit à latribu de Gad, . Les cantons de ce nom étoient célebres dans le pays, pour leur agrément & leur fertilité ; car Ifaie dit cornme en proverbe, la beauté du Carmel & du Saron. (D.2) pren Sarow, £ m. (Myrhol. ) dieu particulier des ma= telots; les Grecs par cette raïfon lui avoient donné le nom du bras de mer qui eft proche de Corinthe ou du golfe Saronique. Ce Saron , divinité, n'eft autre vraiflemblabler « nt que le prince dont parle Paula- mas , a Corinth, &c qui étoit roi de Corinthe. » Al- » thépus, dit-il, fut le fuccefleur de Saror, qui bâ- » tit un temple à Diane Saronique dans un lieu nom- » mé le marais Phabéen. Ce prince chaffant fur le # bord de la mer un cerf qui fe mit à la nage , il Le » pourfuivit de même ; mais épuilé deforces, & laffé »# de luter contre les flots, il fe noya. Sun corps fut »# apporté dans le bois facré de Diane, èt inhumé » dans le parvis du temple; cette aventure a été cau- » fe que le marais a changé de nom, &c s’appelle Le » marais Saronique. (D.J.) + SarON , (Géog. anc. ) lieu du Péloponnèfe, dans la contrée de Troezène, felon Etienne le géogra- phe. Eufthathe parle aufli du fleuve Saroz qui étoit dans lamême contrée, & qui, felon lui, avoit donné le nom au golfe Saronique. (D. J.) SARON , ( Géog. mod. ) ville de Perfe , dans la pro- vince de Ghilan ; les géographes du pays, felon Ta- vetnier, la mettent à 76. 20. de longitude, êt à 36. 15. de latitude. (D. J.) SARONIDES , £ m. plur, ( Æjf£ des Gaulois. ) druides du fecond ordre, autrement nommés Bar- des ; ils jouoient des inftrumens & chantoient à la tête des armées avant & apres les combats, pour exciter & louer la valeur des ioldats, ou blämer ceux qui avoient trahi leur devoir. Le premier, & origi- naïirement l’unique collège des Saronides, étoit entre Chartres 8 Dreux; c’étoit auf le chef-lieu des drui- des, & l’on en voit encore des vefliges. (2. J.) SARONIES , ( Mythol. ) Sapovia , fêtes que lon célébroit tous les ans à Troezene en l'honneur de Diane Saronide, ainf nommée de Saron, le troifie- me roi de Troezène, qui bâtit un temple à la déeffe, & inftitua la fête en fon honneur. Potter, 4rchæo- dog. grec. t. I. p.439: (DJ) SARONIQUE GoLFe, Saronicus finus , (Géog. anc. ) golfe au midi de l’Attique: ce golfe, felon Strabon , Z. VIII. étoit appellé port par quelques- uns, &C désroir par d’autres; ce qui fait ; ajoute-t-il ; qu’on l’appelle auffi mer Suronique, méhay0s Eapouxor. Sa longueur fe prenoïit depuis Cenchrées jufqu'au promontoire Sunium ; 80 {a largeur ou fon entrée , depuis ce promontoire jufqu’à celui du Péloponnèfe, appellé Scy/leum ; car Euripide Hippolyto 1 V+ 1200. en parlant de Troezène , dit qu’elle étoit fituée fur la mer Saronique : \ ! À ’ \ Dpos move Hd'n Heuevn eptoyioN Sita jam ad mare Saronicum. Pline , 4 IF c. v. remarque que ce golfe étoit an- ciennement bordé d'une forêt de chênes, & que c’étoit-là l’origine de fon nom. Ce golfe fi célebre dans Phiftoire ancienne , ef enfermé entre le promontoire Surium, appellé au- jourd’hui capo-Coloni , fur la côte de ’Attique » & le cap Scylleum , à préfent capo-Skillo , fur la côte de la Morée : ces promontoires {ont éloignés lun de lPautre d’onze lieues. Il y a plufeurs iles dans ce gol- fe ; les principales font Egine , Coulour1, & Porus ; & ce {ont les feules qui foient habitées. Ceux qui y ‘demeurentavoient un vaivode & un cadi, qui étoient communs à ces trois iles; mais 1ls ont jugé à propos de s’accommoder avec le capitan bacha, & de lui donner tous Les ans fept cens quatre-vingt piañtres ; cé qui les exempte de tous les droïts qu'on autoit pu exiger d'eux. Ils pourroient vivre à leur aife, les coriaires ne les incommodoient pas fi fouvent qu'ils font; puifqu'ils ont aflez de terres à cultiver pour le petit nombre d’habitans qui occupent ces trois MES Loue Ce golfe prend aujourd’hui fon nom d’Epgine, quois que nos marimiers lui donnent celui d’'Ezgia. C’eft la plus haute pointe du promontoire Sunium, qu'on voit oueft-nord-oueft. On la découvre du mont Hi- mette du {ud-oueft à loueft , & de Coulouri ou Sa- lamine plus au fud; on la compte à neuf lieues dela côte la plus proche de lAttique, à douze de Porto Lione , & environ à fix de la Morée. Elle a près de quinze lieues de tour :4l n’y à point de port pour les vailieaux, & ils {ont chligés de donner fond entre les ets Angeftri, Douronie , & Mont. Il ny a plus ni ville ni village, à la réferve de celui d'Egine, … Le nom de Szronique donné à ce golfe, vient de ce que le fleuve Saron s’y décharge à Poueft vers l'Hexamile ; car c’eft ainfi qu’on appelle maintenant l'ifthme de Corinthe : la longueur du golfe éft à-peu- près de 24 lieues. (D. J. ) | SAROS,, f. m. TT ou période chaldaïque eftun cycle qui contient 223 lunaifons. Cette pé: riode eft de 18 ans, & d'environ 11 jours, & elle ramene Les éclipies à-peu-près dans les mêmes points du ciel, M. Haley, après avoir reftitué un pañlage de Pline, où ileltparlé du /aros chaldaïque, ou retour périodique des écliples après 223 lunaifons , avoit fait ufage de cette période dès l’an 1684, pour en déduire Les irrégularités du mouvement de la lune. Voyez Lune. (0) , SAROL , (Geog. mod. ) comté de lahaute Hongrie, aux confins de la Pologne, qui le borne à Porient feps tentrional. Il a Îles monts Krapach à lorient, & les comités de Scépuis au couchant, ( D.J. SARPEUON , ( Géog. anc. ) promontoire de la Cilae;Strabon,Z. AY, p. 670. lemetau voifinase de Fembouchure du fleuve Calycadnus ; Ptolomée, LV, ©. vu. qui le nomme Sarpedorum extrema, le marque {ur la côte de la Céride, entre Aphrodyfia , &t l'embouchure du Calycadnus. Ce promontoire devint célebre par le traité de paix des Romains avec Antiochus; c’eft de lui qu’A= pollon avoit pris le nom de Sarpedonius : il y avoit à Séleucie , felon Zofime, £ J. c. Jvij. un temple d’A- pollon Sarpédonien, & dans le temple un oracle. Strabon dit lamême chofe de Diane, fans néanmoins marquer que ce temple füt à Séleucie. Il y a auf dans la Cilicie, dit-1l, Z XIV. p. 676, un témple de Diane Sarpédonienne avec un oracle. (D. J.) SARRASIN , voyez BLE NOIR. SARRASINS, 04 SARASINS , G SARAZINS , ( Æiff, mod. ) peuples de PArabie, qui defcendoient des S4- racenz. [ls faioient la er force de l’armée de Mahomet, & fes fuccefleurs acheverent parleur bra- voure, les conquêtes que ce fondateur de la religion mufulmane avoitcommencées , & qu’il fe propofoit de pourfuivre quand il mourut en 633. Les califes uniffant comme lui l'autorité fouve- traine à la puiffance pontificale, joignirent à Arabie déja conquife, le fefte de la Paleftine, la Syrie, PE- gypte, & la Perfe, Cetempite fe démembra, &s’étendit dans la fuite fous la puiffance de divers conquérans. Les Turcs, peuple venu du Turkeftan en Afe, après avoir em- braïié la religion mufulmane des Sarrafins, leur en- léverent avec Le tems de vaftes pays, qui joints aux débris de Trébifonde & de Conftantinople, ent for- mé l’empire ottoman: l'Egypte eut poursouverneuts fes foudans particuliers. Les Sarrafins qui avoient foumis les côtes de PA- frique le long de la Méditerranée, furent appellés en Éfpagne pat le comte julien, On les nomime éga- lement Sarrajins à éaufe de leuro igine, & Maures, parce qu'ils étoient établis dans les trois Maurita< ES ne mél | 8 Joe on 9 Le comte Julien étoit chez eux en ambaffade, lôrf que f fille fut deshonorée par Rodrigue rot d’'Efpa- gne, Le comte outragé s’adrefla à eux pour le ven-, ger, & commandés par un émir, 1lsconquirent toute l'Efpagne, après avoir gagné en 714 la celebre ba- taille où Rodrigue perdat la vie. L’archevêque Opas prêta ferment de fidélité aux Sarrafins , Ët conterva fous eux beaucoup d'autorité fur Les églifes chrétien- nes que les vainqueurs tolérerent, L’Efpagne , à la réferve des cavernes & des roches de l’Afturie, fat foumile en 14 mois à l'empire des califes, Enfuite , fous Abdérame, vers l’an 734, d’autres Sarrafins fubjuguerent la moitié de la Fran- ce; & quoique dans la fuite ils furent affoiblis par les vidtoires de Charles Martel, & par leurs divifons, ils ne laiflerent pas de conferver des places dans la Provence, | « En 828, les mêmes Serrafins qui avoient fubju- » gué l’Efpagne, firent des imcurfons en Sicile, & » defolerent cette ile, fans que les empereurs grecs, # ni ceux d’occident, puñlent alors les en chafer. » Ces-conquérans alloient fe rendre maîtres de l'I1- » talie, s'ils avoient êté unis; mais leurs fautes {au- » verent Rome, comme celles des Carthaginois [a # fauverent autrefois, » [ls partent de Sicile en 846 avec une flotte nom- » breufe: ils entrent par l'embouchure du Fibre; & # ne trouvant qu'un pays preique delert, 1ls vont » afhiéger Rome. Ils prirent les dehors, & ayant » pillé la riche églife de faint Pierre hors.des murs, » ils leverent le fiége pour aller combattre une ar- # mée de François qu venoitfecourir Rome, fous #» un général de l’empereur Lothaire. l’armée fran- » çoue fut battue; mais la ville rafraichie fut man- # quée ; à cette expédition qui devoit être une » conquête , ne devint par leur mefintelliyence, ». qu'une fimple incurfon ». Cependant ils étoient alors redoutables à-la-fois à Rome & à Conftanunople ; maitres de la Perfe, de la Syrie, de l'Arabie, de toutes les côtes d'Afrique jufqu'au mont Atlas, 8 des trois quarts de l’Efpagne. Il faut lire l’hiftoire de ces peuples & de leurs con- quêtes par M. Ockley ; elle a été imprimée à Paris, en 1748, 2. Vol. 17=-4 "à _ Ce que je ne puis m’empècher de remarquer, c’eft que cette nation ne fongea pas plutôt à devenir la maitrefle du monde , qu'à exemple des autres, qui avantelle en avoient fait fa conquête, elle {e déclara d’une maniere particuliere en faveur des Sciences ; elle donna retraite aux Lettres chaflées de Rome & d'Athènes, On cultiva ia Philofophie dans les acadé: mies du Caire, de Conftantine, de Sigilfmèfe, de Bafora , d’'Hubbede, de Fez, de Maroc, de Tunis, de Tripoli, d'Alexandrie, & de Coufah. Malheureufement les Sarra/ins lavoient recuefort altérée des mains des derniers interpretes,, &cils n’é- toient point en état de la rétablir dans fon véritable {ens. {ls y trouvoient trop d’obftacles, & dans leur langue, qui leur rendoit le tour des langues étrange- res difficile à eñtendre , & dans le caraétere de leur géme, plus propre à courir après le merveilleux, ou à approfendir des fubrilités, qu’à s'arrêter à des vé- rités folides. Leur théolosie rouloit fur des idées abftraites ; ils fe perdoïent dans leurs recherches profondes fur les noms de Dieu & des anges : ils tournotent en aftro- logie judiciaire, la connoïflance qu'ils avoient du ciel: enfin, attachant des myfteres & des fecrets à de fimples fymboles, ils croyoient pofléder l’art de venir à bout de leurs deffeins, par un ufage arbitraire de lettres ou de nombres, SAR 663 h / F ; 5 L Les quufs Iôuirent en oriènt de la plus grade tolé- fance, fous ia domination des Surrafins. Perfécutés par-tout ailleurs, ils avoient une reflource dans la bonté des califes , foit que les Mahométans ufaffent de cette indulgence , en confidération dé ce que leur prophete s’étoit fervi d’un juif pour rédiger l’alco= ran; {oit.que ce fût un effet de la douceur qu’infpiré naturellement l'amour des Lettres. Les juifs eurent la permifion d'établir leurs académies de Frora & de Piendebita, au voifinage de Coufah & de Bagdat, oùles princes Sarra/ins tenoient fucceffivement le fiés. ge de leur empire, , | : Îls emprunterent de leurs nouveaux maîtres l'ufaà ge de la Grammaire, & employetent alors lamaffore à l'exemple des Sarrafins , qui avoient ajouté des points à l’alcoran du tems d’Omar : ils firent aufi des traduttions de livres arabes. Enûn, comme les Sarrafins aimoieñt fur-tout l'A fironomie & la Médecine, les juifs s’appliquerent avec fuccès à ces deux fciences , qui ont été fouvent depuis une fource de gloire & de richefes pour plu- leurs particuhers de cette nation, ( Le chevalier D&. JAUSOURT ). SARRASINS o% ÂRABES , philofophie des ; ( Hifi. dé la Pailofophie. à voyeg Ce que nous en avons déja dit à l'articte ARABES , où:nous avons conduit l’hiftoire pulofophique de ces peuples depuis fa premiere oriz gine, juiqu'au temsde l’iflamifme, C’eft à ée moment quenous ailonsla reprendre. Les fciencess’éreignoient par-tout ; une longue fuite de conquérans divers avoient bouleverié les empires fubfiftans | &c laiflé apres eux l'ignorance &r la mifefe ; les Chrétiens mês me s'étoient abrutis, lorfque les S arrafens feuilletes rentles livres d'Ariflote, &c releverent là Philofophie défaillante. Les Arabes n’ont connu écriture que peu de teins avant la fondation de l’égire. Antérieurement À cette époque on peut les resarder comme des idolâtres groiliers , fur lefquels un homme qui avoit quelque éloquence naturelle pouvoit tout. Tels furent Sahan, Wayel, & fur-tout Koflus: ceux qu'ils défignerent par le titre de chared, étoient pâtres, aftrologues, muficiens, médecins , poëtes, légiflateurs & prètres ; caracteres qu'on ne trouve jamais réunis dans une même perfonne , que chez les peuples barbares & fauvages, Ouvrez les faftes des nations; & lorfqu’ils vous entretiendront d’un homme chargé d’interpres ter la volonté des dieux, de les invoquer dans les tems de calamités générales, de chanter les faits mé morables, d'ordonner desentreprifes, d'infliger des chätimens , de décerner des récompenfes , de pref£ crire des lois eccléfaftiques , politiques & civiles, de marquer des jours de repos &z de travail , de lier où d’abfoudre, d’afflembler ou de difperfer , d’atmer ou de defarmer , d’impofer les mains pour guérir ou pour exterminer; concluez que c’eft le tems de la profonde 1gncrance. À mefure que la lumiére s'ac- croîtra , vous verrez ces fonftions importantes fe {é- parer; un homme commandera ; un autre facrifiera 5 un troifieme guérira; un quatrieme plus facré les im» mortalifera par {es chants: Les Arabes avoient peut-être avant liflarifme quelques teintures de poéfe & d’aftrologie , telles qu'on peut les fuppofer à un peuple qui parle une langue fixée , mais qui ignore l’art d'écrire: Ce fut un habitant d’Ambare , appellé Mofarnere ; qui inventa les caraéteres arabes peu de tems avant la naifflance de Mahomet, & cette découverte de= meura fi fecretre entre les mains des coraishites, qu’à peine fe trouvoit-il quelqu'un qui fût re lalcoran lorfque les exemplaires commencerent à s’en multi plier. Alors la nation étoit partagée en deux clafes, l'une d’érudits , qui favoient lire , & l’autre d'idiots, Les premiers réfidoient à Médine ; les feçonds à Ja C64 SAR Mecque. Le faint prophetene favoit ni lire ni écrite : de-là la haine des premiers mufulmans contre toute efpece de connoïffance ; le mépris qui s'en eft per- pétuéchez leurs fucceffeurs ; & la plus longue durée garantie aux menfonges religieux dont ils tont enté- tés. | 1 Voyez à l'article ARABES ce qui concerne fes No- mades & les Zabiens. . Mahomet fut fi convaincu de l’incompatibilité de la Philofophie & de la Religion, qu'il décerna peine de mort contre celui.qui s’'apphqueroit auxarts hbé- raux : c’'eft le même preflentiment dans tous les tems & chez tous les peuples , qui-a fait hafarder de dé- crier la rafon. F3 . Il étoit environné d'idolâtres , de zabiens , de juifs & de chrétiens. Les idolâtres ne tenoient à rien; les zabiens étoient divilés ; les juifs miférables & mé- prifés ; & Les chrétiens partagés en monophyfites ou jacobites & orthodoxes , fe déchiroient. Mahomet {ut profiter de ces circonfiances pour les amenertous à un culte qui ne leur laifloirque l'alternative de choi- fir de belles femmes, oud’être exterminés. Le peu de lumiere qui reftoit s’affoibhit au milieu dutumulte des armes,& s'éteignitaufein de luvolup- té ; l'alcoran fut le feul ivre; on brûla lesautres,, ou parce qu'ils étoient fuperflus s'ils ne contenoient que ce qui eft dans l’alcoran,, ou parce qu'ils éroient per- nicieux., s'ils contenoient quelque chofe qui n’y füt pas. Ce fut le rafonnement d’après lequel un des oc- néraux farrayins fit chauffer pendant fx mois les bains publics avec Les précieux manuferits de a bi- bliotheque d'Alexandrie. Onpeut regarder Mahomet comme le plus grand ennemi que la raifon humaine ait eu. Il yavoitun fiecle que fa religion étoitétablie, & que ce furieux impoñteur wétoir plus, lorfqw’on entendoit des hommes remplis de fon efprit s’écrier que Dieu puniroit le calite Almamon , pour avoir appellé les fciences dans fes états , au détriment de la fainte ignorance des fideles croyans; & que fi quel- qu'un Pinutoit , il failoit l’empaler &t Le porter ainfi de-tribu en tribu , précédé d’un héraut qui diroit, voilà quelle a été & quelle fera la récompenfe. de limpie qui prétérera la Philofophie à la tradition & au divin alcoran. Les Ommeades qui gouvernerent jufqu’au milieu du fecond fiecle de l’hépire, furent des défenfeurs rigoureux de la loi de l'ignorance, &t de la pohtique du faint prophete. L’averfion pour les Sciences &r pour les Arts ie ralentit un peu ious les Abañfides. Au commencement du jx. fiecle, Abul-Abbas Al-Mamon &c fes fucceffeurs, infäituerent les pélerinages , éleve- tent des temples, prefcrivirent des prieres publiques, &r {e montrerent fi rehgieux, qu'ils purent accueillir la fcience &c les favans fans s’expoier. Le cahfe Walid defendit aux chrétiens l’ufage de la langue greque ; &r cet ordre fingulier donna heu à quelques traduthions d'auteurs étrangers en arabe. Abug-Jaafar Al-manfor, fon fücceileur , ofà atta- cher auprés de lui un afirologue &c deux médecins chrétiens, &c étudier les Mathématiques & la Philo- fophie : on vit paroître fans {candale deux livres | d'Homere traduits en fyriaque , & quelques autres ouvrages. | | Abug-Jaafar Haron Rafchid marcha fur Les traces d’Al-manfor , aima la poéfe, propofa des récompen- fes aux hommes de lettres, & leur accorda une pro- tection ouverte, Ces fouverains font des exemples frappans de ce qu'un prince aimé de fes peuples peut entreprendre &c executer. Il faut qu’on fache qu'il nya point dereli- gion que les mahométans haïffent autant que la chré- tienne ; que les {avans que ces califes abaflides raf- {emblerent autour d'eux, étoient prefque tous chré- tiens ; & que le peuple heureux fous leur gouyerne- ment, ne iongea pas à s’en offenfer, Maïs le regne d’Al-Mamon, ou Abuo Jaafar Abdaï: lah, fut celui des Sciences, des Arts, & de la Philo- fophie ; il donna l'exemple, ils'inftruifit, Ceux qui prétendoient à fa faveur, cultiverent les fciences. IE encourapea les Sarrafins à étudier ; il appella à fa cour ceux qui pañloient pour verfés dans la littéra- ture grecque, juifs , chrétiens, arabes ou autres, fans aucune diftimétion de religion. - On fera peut-être furpris de voir un prince mu- fulman fouler aux piés fl ferement un des points les plus importans de la religion dominante ; mais ilfaut confidérer que la plüpart des habitans de l’Arabie étoient chrétiens; qu'ils exerçoient la Médecine , connoïfflance également utile au prince & au prêtre, au fujet hérérique & au fujet orthodoxe ; que le com- merce qu'ils fufoient les rendoit importans:; &cque malgré qu'ils en euflent, par une fupériorité nécef- faire des lumieres fur l'ignorance , les Sarraféns leur accordotent de l’eftime & de la vénération. Philo- pone, philofopheariftotélicien, {e ft refpeëter d’Am- ram , général d'Omar, au milieu du fac d’Alexan- drie. Jean Mefué fut verfé dans la Philofophie, les Let- tres & la Médecine ; il eut une école publique à Bag- dat ; il fur protégé des califes, dépuis AI-Rashide AÏ- Mamom , jufqu’à Al-Motawaccille ; 1l forma des dif- ciples ; parmi lefquels on nomme Honam Ebn'Hfaac, qui étoit arabe d’origine, chrétien de religion , & médecin de profefion. Honam traduifit les Grecs en arabe , commenta Euclide, expliqua l’almagefte de Ptolomée, publiz les livres d'Éginete, & la fomme philofophique arif£- : totélique de Nicolas, en fyriaque , & fit connoître par extraits Hippocrate & Galien. Les fouverains font de l’efprit des peuples tout ce qu'il leur plaît; au tems de Mefué , ces fuperftitieux mufulmans, ces féroces contempteurs de la raifon, voyoient fans chagrin une école publique de philo fophie s’ouvrir à côté d’une mofquée. Cependant les imprudens chrétiens attaquoient l’alcoren, les juifs s’en mocquoient, les philofophes le négligeoient | & les fideles croyans fentoient la nécefhté de jour èn jour plus urgente de recourir à quelques hommes inftruits & perfuadés, qui défen- diffent leur culte, & qui repouffaffent les attaques de limpiété. Cette néceffñté les réconcilia encore : avec l’érudition ; mais bientôt on attacha une foule de fens divers aux pafages obfcurs de l’alcoran ; l’um y vitune chofe, un autre y vit une autre chofe ; on difputa , &c l’on fe divifa en fectes qui fe damnerent réciproquement. Cependant l’Arabie, la Syrie, la Perle, l'Egypte , fe peuplerent de philofophes, & la lumiere échappée de ces contrées commença à pondre en Europe. Les contemporains & les fucceffeurs d'Al-mamon fe conformerent à fon goût pour les fciences ; elles furent cultivées jufqu'au moment où effrayées , elles s’enfuirent dans la Perfe , dans la Scythie & la Tartarie, devant Tamerlan. Un fecond fléau fuccéda à ce premier ; les Turcs renverferent l’'empiredes Sarrafins , & la barbarie fe renouvella avec fes téne- bres. . ré Ces événemens qui abrutifloient des peuples, en civilifoient d’autres, les tranfmigrations forcéescon- duifirent quelques favans en Afrique & dans l'Efpa- | ‘one, êt ces contrées s’échairerent. Après avoir fuivi d’un coup-d’œil rapide les révo Jutions de la fcience chez les Surrafins, nous allons nous arrêter fur quelques détails. | Le mahométifme eft divifé en plus de foixante & dix feêtes : la diverfité des opinions tombe particu- lierement fur l’unité de Dieu & fes attributs, fes de- crets &c fon jugement, fes promefles êtfes châtimens, | la prophétie & les fonétions du facerdoce : de-là les Hanifites, les Melkites, les Schañtes , les Henbalites, les Mutazalites, 6e... & toutes ces dfhinélions ex- travagantes qui font nées, qui naïflent &c qui naïtront dans tous les tems & chez tous les peuples où lon ap- pliquera les notions de la Philofophie aux dogmes de la Théologie. La fureur de concilier Arifiote avec Mahomet , produifit parmi les mufulmans les mêmes folies que la même fureur de concilier le même phi- lofophe avec Jefus-Chrift avoit produites ou produi- fit parmi Les chrétiens ; ils eurent leur a/-ca/am ou théofophie, Dans les commencemens les mufulmans prou- voient la divinité de l’alcoran avec un glaive bien tranchant : dans la fuite, ils crurent devoir employer aufli la raïfon ; & ils eurent une philofophie & une théologie fcholaftique, & des moliniftes & des janfé- niftes , & des déiftes & des pyrrhoniens , & des athées & des fceptiques. LEA Alkinde naquit à Bafra de parens illuftres ; il fut chéri de Al-Mamon, de Al-Mofateme & de Ahmede; il s’appliqua particulierement aux Mathématiques &c à la Philofophie : Ariftote étoit deftiné à étouffer ce que la nature produiroit de génie chez prelque tous. lés peuples; Alkindi fut une de fes victimes parmi les Sarrafins. Après avoir perdu fon tems aux cathe- gories , aux prédicamens , à l’art fophiftique , 1l fe tourna du côté de la Médecine avec lesplus grand faccès ; il ne négligea pas la philofophie naturelle ; fes découvertes le firent foupçonner de magie. Il avoit applique les Mathématiques à la Philofophie ; il apphqua la Philofophie à la Médecine ; il ne vit pas que les Mathématiques détruifoient les {yftèmes en Philofophie , & que la Philofophie les introduifoit en Médecine, Il fut eccleétique en religion ; il mon- tra bien à un interprete de la loi qui le déchiroit pu- bliquement , & qui avoit même attenté à fa vie, la différence de la Philofophie &c de la fuperfütion ; 4 auroit pu le châtier, ou employer la faveur dont il jouifloit à la cour , & le perdre; il fe contenta de le téprimander doucement, & de lui dire : « ta religion » te commande de nr'ôter la vie, la rienne dete ren- » dre meilleur fi je puis : viens que je t'inftruife , & » tu me tueras après fi tu veux ». Que penfe-t-on qu’il apprit à ce prêtre fanatique? l’Arithmétique êc la Géométrie. Il n’en fallut pas davantage pour la- doucir & le réformer ; c’eft peut-être anfi quil en faudroit ufer avec les peuples féroces, fuperftitieux & barbares. Faites précéder le miffionnaire par un géométre ; qu'ils fachent combiner des vérités, &c puis vous leur ferez combiner enfuite des idées plus difficiles. = Thabit fuivit la méthode d’Alkindi; 1l fut géomé- tre, philofophe , théologien 8 médecin fousle calife Mootade, Il naquit l’an de l’hégire 221, & mourut lan de la même époque 288. | * Al-Farabe méprifa les dignités & la richefle, s’en- fuit de la maïfon paternelle , & s’en alla entendre Mefué à Bagdad ; 1l s’occupa de la Dialeëtique , de la Phyfique, de la Méthaphyfique , &c de la Politique ; il joignit à ces études celles de la Géométrie , de la Médecine , & de l’Affronomie , fans lefquelles on ne fe diftinguoit pas dans l’école de Mefué. Sa réputa- tion parvint jufqu’à l'oreille des califes ; on Pappella ; on lui propofa des récompenfes, mais rien ne lui pa- rut préférable aux douceurs de la folitude & de la méditation; 1l abandonna la cour au crime, à la vo- lupté , à la faufleté , à l'ambition, au menfonge & à l'intrigue : celui-ci ne fut pas feulement de la philo- fophie , ilfut philofophe ; une feule chofe l’afigeoit, c’eft la briéveté de la vie, linfirmité de l’homme, fes befoins naturels , la difficulté de la fcience, & l’é- tendue de la nature. Il difoit, du pain.d’orge, de Peau d’un puits, un habit de laine ; & loin de moi ces joies trompeufes , qui finiflent par des larmes, Il s’é- toit attaché à Ariflote ; il embrafla les mêmes objets, Ses ouvrages furent eflimes des Arabes &c des juifs : ceux-ci les traduwifirent dans leur langue, Il mourut Van 339 delhégire , à l’âge de 80 ans. Eichiari ou al-Afshari appliqua les p'incipes de la philofophie péripatéticienne aux dogmes relevés de liflamitme, fit une théologie nouvelle, & devinr chef de la feéte appellée de fon nom des 4féharises ; c’eftunfyncretifme théofophique.llavoit été d’abord motazalite, &c 1l étoit dans le fentiment que Dieu eft néceflité de faire ce qu'il y a de mieux pout cha- que être ; mais il quitta cette opinion. Afshari, fuivant à toute outrance les abftraétions, diftinétions, précifions ariftotéliques , en vint à {ou- tenir que Pexiftence de Dieu différoit de {es attri- buts. Il ne vouloit pas qu’on inflituât de comparaifon entre le créateur & la créature, Maimonide qui vivoit au milieu de tous ces héréfiarques mufulmans, dit qu'Ariftote attribuoit la diverfité des individus à l'accident , Afaria à la volonté, Mutazali à la fagefle : & 1l ajoute pour nous autres Juifs, c’eft une fuite du mérite de chacun & de la raifon générale des chofes, La doétrine d’Afshari fit les progrès les plus rapi- des. Elle trouva des fectateurs en Âfe, en Afrique, & en Efpagne. Ce fut le doëteur orthodoxe par ex- cellence. Le nom d’héréfiarque demeura aux autres théologiens. S1 quelqu'un ofoit accufer de faufleté le dogme d’'Afshari , 1l encouroit peine de mort. Cepen- dant il ne fe foutint pas avec le même crédit en Afe &c en Egypte. Il s’éteigmt dans la plûpart des con- trées au fems de la grande révolution ; mais il ne tarda pas à fe renouveller, & c’eft aujourd’hui la religion dominante ; on l'explique dans les écoles; on l’enfeigne aux enfans ; on l’a mife en vers, & je me fouviens bien, dit Léon, qu’on me faifoit ap- prendre ces vers par cœur quand j'étois jeune. Abul Huffein Eflophi fuccéda à al-Afshari, Il na quit à Bagdad ; 1l y fut élevé ; il y apprit la philofo- phie &c les mathématiques, deux fciences qu'on fai- foit marcher enfemble & qu’il ne faudroit jamais fé- parer. Il poffèda laftronomie au point qu’on dit de lui, que la terre ne fut pas aufi-bien connue de Pto- lomée que le ciel d'Eflophi. Il imagina le premier un planifphere, où le mouvement des planetes étoir rapporté aux étoiles fixes. Il mourut l'an 383 de l’hé- gire. Qui eft-ce qui a parcouru l’hifloire de la Médecine & qui ignore le nom de Rasès, ou al-Rafe, ou Abu- becre ? Il naquit à Rac, ville de Perfe, d’où fon pere l’'emmena à Bagdad pour initier au commerce ; mais l'autorité ne fubjugue pas le génie. Rasès étoit ap- pellé par la nature à autre chofe qu'à vendre ou acheter. IL prit quelque teinture de Médecine, & s'établit dans un hôpital. Il crut que c’étoir là ie grand livre du médecin, &1l crut bien. Il ne négli- gea pas l’érudition de la philofophie, ni celle de fon art; ce fut le Galien des Arabes, Il voyagea:1l par- courut différens climats. Il converfa avec des hom- mes de toutes fortes, de profeffions ; il écouta fans diftinétion quiconque pouvoit l’inftruire ou des mé- dicamens, ou des plantes, où des métaux, ou des animaux, ou de la philofophie, ou de la chirursie, ou de Phiftoire naturelle, ou de la phyfique, ou de la chimie. Arnauld de Villeneuve difoit de lui: cet homme fut profond dans l'expérience, sûr dans le jugement, hardi dans la pratique, clair dans la {pé- culation. Son mérite fut connu d’Almanfor qui l’ap- pella en Fipagne, où Rasès acquit des richeffes im menfes. Il devint aveugle à quatre - vingt ans, & mourut à Cordoue âgé de quatre-vinet-dix, lan de Phégire ro1.1[laiffa une multitude incroyable d’opuf cules:; 1l nous en refte plufeurs. 665 666 SAR d’un pere qui connut de bonne heure l’efhrit excel , lent de fon fils & le cultiva. Avicenne, à l’âge où les enfans bégayent encore, parloit difinétement d’arithmétique, de’géometrie, & d’aftronomie. Il fut inftruit de l'iflamifme dans la maifon; il alla à Bagdad. étudier la médecine & la philofophie ratio- nelle & expérimentale. J'ai pitié de la maniere dont nous employons le tems, quand je parcours la vie d’Avicenne. Les jours & les ntuits ne lui fuffoient pas , il en trouvoit la durée trop courte. Il faut con- venir que la nature leur avoit èté bien ingrate, à lui 8tà {es contemporains, ou qu’elle nous a bien favo- rifés, fi nous devenons plus favans au milieu du tu- multe & des diftrattions , qu'ils ne l'ont été après leurs veilles , leurs peines, & leur affiduité. Son mérite le conduifit à la cour; 1l y jouit de la plus grande confidération , mais il ignoroit le fort qui lPattendoit. Il tomba tout-à-coup du faite des hon- neurs & de la richefle au fond d’un cachot. Le {ultan Jafochbagh avoit conféré le gouvernement de la contrée natale d’Avicenne à ion neveu. Celui-ci s’étoit attaché notre plulotophe en qualité de méde- cin, lorfque le fultan allarmé fur la conduite defon neveu, rélolut de s'en défaire par le poifon, & par la main d’Avicenne, Avicenne rie voulut n1 man- quer au maitre qui l’avoit élevé, n1 à celui qu'il fer- voit. Il sarda le filence &t ne commit point le crime; mais le neveu de Jofochbagh inftrut avec le tems du projet atroce de fon oncle, punit fon médecin du fecret qu'il lui en avoit fait. Sa prifon dura deux ans. Sa confcience ne lui reprochoit rien, mais le peuple qui juge, comme on fait, le regardoit comme un monftre d'ingratitude. Il ne voyoit pas qu'un mot indifcret auroit armé les deux princes, & fait répan- dre des fleuves de fang. Avicenne fut nn homme vo- luptueux ; il écouta le penchant qu'il avoit au plaifir, &t fes excès furent fuivis d’une dyflenterie qui Pem- porta, l’an 428 de lhégire. Lo:fqu'il étoit entre la mort & la vie, les inhumains qui lenvironnoïent lui difoient: eh bien, grand médecin, que ne te guéris- tu ? Avicenne indigné fe ft apporter un verre d’eau, y jetta un peu d’une poudre qui la glaça fur-le-champ, diéta fon reflament, prit fon verre de glace, & mou- ruüt. I laiffa à fon fils unique, Hal, homme qui s’eft fait un nom dans l’hiftoire de la Médecine, une fuc- ceflion immenie. Freind'a dit d’Avicenne, qu’il avoit été louche en médecine & aveugle en philofophie ; ce jugement eft févere. D’autres prétendent que fon Canon medicine , prouve avec tous fes défauts, que ce fut un homme divin; c’eft aux gens de l’art à J’apprécier. Sottis de l’Afie, nous allons entrer en Afrique & dans l’Europe, & pañler chez les Maures. Eflereph- Efflachalli, le premier qui fe préfente, naquit en Si- cile ; ce fut un homme inftruit & éloquent. Il eut les connoïflances communes aux favans de {on tems : mais il les furpaña dans la cofmographie. Il fut con- nu & protégé du comte Roger, qui préféroit la lec- ture du /pariatorium locorum d'Eflachalh à celle de Valmagefte de Ptolomée, parce que Ptolomée n’avoit traité que d’une partie de l'univers, & qu'Effachalli avoit embraflé l'univers entier. Ce philofophe fe dé- fit des biens qu’il tenoit de fon fouverain, renonça aux efpérances qu'il pouvoit encore fonder {ur da libéralité, quitta la cour & la Sicile, & fe retira dans la Mauritanie, Thograi naquit à Hfpahan. Il fut poëte, hiftorien, orateur, philofophe, médecin &chimufte. Cet hom- mené malheureufement pour {on bonheur, accablé des bienfaits de fon maître, élevé à la feconde dignité de l’empire, toujours plus riche , plus confidéré, & plus mécontent, n’ouvroit la bouche, ne prenoit la plume que pour fe plaindre de la perverfité du fort & de l'injuftice des hommes; c’étoitle fujet d’un poëme SAR qu'il compofoit lorfquelefultan fon maître entra dans fa tente. Celui-ci, après en avoir lù quelques vers, lui dit: « Thograi, je vois que tu es mal avec toi- » même ; écoute, & refouviens-toi de ma prédifton. # Je commande à la moitié de l’Afe; tu es le premier » d’un grand empire après moi; le-ciel a verfé {ur » nous ia faveur, 1l ne dépend que de nous d’en jouir. » Craignons qu'il ne punifle un jour notre ambition » par quelques revers; nous fommes des hommes, » ne veuillons pas être des dieux ».Peu de tems après, le fultan, plus fage dans la fpéculation que dans la pratique, fut jetté dans un cachot avec fon miniftre. | “Thograi fut mis à la queftion & dépouillé de fes tre- {ors, peu de tems après, & fut condamné de périr attaché à un arbre & percé de flèches. Cefupplice ne l’abattit point. Il montra plus de courage qu’on n’en devoit attendre d’une ame que l’avarice avoit avilie. Il chanta des vers qu'il avoit compofés ; brava la mort ; 1l infulta à fes ennemis , & s'offrit fans pälir à leurs coups. On exerça la férocité jufque fur fon ca- davre, qui fut abandonné aux flammes. Il a écrit des commentaires hiftoriques fur les chofes d’Afie & de Perfe , & il nous a laiffé un ouvrage d’alchimie inti- tulé défloratio nature. W paroit s'être fouftrait au joug; de Pariftotélifme , pour s’attacher à la doûrine de Platon. Il avoit médité fa république. D’un grand nombre de soëmes dans lefquels il avoit célébré les hommes illuftres de fon tems, il ne nous en refte qu'un dont l’areument eft moral. L’hiftoire de la philofophie & de la médecine des Sarrafins d'Efpagne nous offre d’abord les noms d’A- venzoar &t d’Avenpas. ; Avengoar naquit à Séville ; il profefla la Philofo- phie, &c exerça la médecine avecun défintéreffement digne d’éloge. Il foulageoit les malades indigens du falaire qu'il recevoit des riches. Il eut pour difciples Avenpas, Averroës & Rafis. Il bannitles hypothèfes de la Médecine , & la ramena à l’expérience êc à la raifon. Il mourut lan de légire 1064. Le médecin Ayerpas fut une efpece de théofophe. Sa philofophie le rendit fufpeét ; il fut emprifonné à Cordoue comme impie où comme hérétique. Il y avoit alors un aflez grand nombre d'hommes qui s'i- maginant perfectionner la religion par la Philofophie, corrompoient l’une & l’autre, Cette manie qui fe.dé- céloit ‘dans l’iflamifme, devoit un jour fe manifefter avec une force bien autre dans le Chriftianifme. Elle prend {on origine dans une forte de pufllanmmité re- ligieufe très-naturelle. Avenpas mourut lan 1025 de lépire. Algazel s’illuftra par fon apologie du mahométif- me contre le judaïfme & le Chriftianifme. Il profefla la philofophie, la théologie & le droit flamitique à Bagdad. Jamaisécole ne fut plus nombreufe que la fienne. Riches, pauvres, magiftrats, nobles , atti= fans , tousaccoururentpour l'entendre. Maisunjour qu’on s’y attendoit le moins ; notre profefleur difpa= rut. Il prit l’habit de pélerin ; il alla à la Meque ; il parcourut l'Arabie, la Syrie & l'Egypte : il s'arrêta quelque tems au Caire pour y entendre Etartofe, célebre théologien iflamite, Du Caire,il revint à Baga dad ou il mourut, âgé de $$ ans, l’an 100$ de l’he- gire, Il étoit de la ieéte de Al-Afhari. IL écrivit de l'unité de Dieu contre les Chrétiens. Sa foi nefut pas fi aveugle qu'il n'eut le courage & la témérité de re prendre quelque chofe dans lalcoran, ni f pure, qu’elle n’ait excité la calomnie des zélés.de fon tems: On loue l'élégance & la facilité de fes poèmes ; ils fonttous moraux. Après avoir expofé les fyftèmes des philofophes dans un premier ouvrage, intitulé, de Gpinionibus philofophorum , il travailla à les réfu- ter dans un fecond qu'ilintitula , de deffrulione phi- ‘lefophorum. Thophail , né à Séville, chercha à fortir des ruines de de fa famille par festtalens. 1 étudiala Médecine 8 Ka Philofophies il s’attacha À l’ariftotélifme il eut un tour poétique dans l’eiprit. Avérroës fait grand cas de louvrage où il introduit un homme abandonné dans un fort 6 nourri par une biche, s’élevant par les feules forces de la raifon à la connoïflance. des chôfes naturelles & furnaturelles , à l’exiftence de Dieu, à l’immortahité de l'ame, & à la béatitude in- tuitivede Dieu après la mort. Cette fable s’eft con- fervée jufqu’à nos jours ; elle n'a point été -comprife dans laiperte des livres qui a fuivi l’expulfion des Maures hors de l’Efpagne. Leibnitz Pa connue & admirée. Thophail mourut dans fa patrie l’an 1074 de l’égire, Averroës fut difciple de Thophail. Cordoue fut | fa patrie. Il eut des parens connus par leurs talens, &t refpe@tés par leurs poftes. On dit que fon aieul entendit particulierement le droit mahométan , {elon Fôpinion de Malichi. À r@ Pour fe faire une idée de ce que c’eft que le droit mabometan , il faut favoir 1°. que les diputes dere- Fgion chez les Mufulmans , ont pour objet , ou les mots ou les chofes, & que les chofes fe divi- fént enarticles de foifondamentaux, & en articles de foi non fondamentaux ; 2°. queleurs lieux théologi- - ques, font la divine Ecriture ou J’alcoran; l'afonnah ouùlatradition; le confentement & la raïifon. S'éleve- t-ilun doute fur le licité ou l’illicite, on ouvre d'abord l'alcoran ; silne s'y trouve aucun pañlage formel fur läqueftion, on a recours à la tradition ; latradition eft-elle muette, on aflemble des favans, ë l’on com- pte les voix; les fentimens font-ils partagés, on con- fulte la raïon, Le témoignage de la raïfon eff le der- ner auquel on s’enrapporte. Ilya plus;les uns rejet- tent abfolument l’autorité de la raifon, tels iontles af- phuhanites ; d’autresla préferent aux opinions des dottenrs, tels fontleshamfites; il y en a qui balancent : . les motifs ; 1l y en a au contraire au Jugement def- quels rien ne prévaut furun pañage précis. Au reite, quelque parti que l’on prenne , on n’eit accuié ni d'erreur, ni d'incrédulité. Entre ces cafuiites Mal chi fut un des plus célebres. Sor fouverain s’adrefla quelquefois à lui, maislacrainte ne le porta jamais à interpreter la loi au gréde la pafion de l’homme pui fant qui le confultoit. Le calife Rashid l'ayant invité à venir dans fon palais infiruire fes enfans , il luiré- pondit : « La fcience ne vient point à nous , mais al- » lons à elle»; &c le fultan ordonna que fes entans fuflent conduits au temple avec les autres: L’appro- che de la mort , & des jugemens de Dieu lui rappelia la multitude de fes décifions: il fentit alors tout le danger de la profefionde cafifte ; ilyerfa des larmes ameres en difant : » Eh , que ne m’a-t-on donné au- » tant de coups de verges, que j'ai décidé des cas » de confcience ? Dieu va donc comparer mes ju- » gemensavec fa juitice : je fuis perdu », Cependant ce doéteurs’etoit montré en toute circonftance d’une équité & d’une circonfpeétion peu commune. _ Averroës embrafla l’afsharifme, Il étudia la théo- logie &c la philofophie fcholaftique , les mathémati- ques & la médecine. Il fuccéda à {on pere dans les fonétions de juge 8 de grand-prêtre à Cordoue. Il fut appellé à lacour du calife Jacque Al-Man{or, qui le chargea de réformer les lois & la jurifprudence. Il s'acquitta dignement de cette commiflionimportante, Al-Manfor , à quiil avoit préfenté fes enfans les ché- rit; il demanda le plus jeune au pere , qui le luire- fufa. Ce jeune homme aïmoit le cherif & la cour. La maïfon paternelle lui devint odieufe ; 1 fe détermina à la quitter , contre le fentiment de {on pere, qui le maudit, 6 lui fouhaita la mort. Averroës jouifloit de la faveur du prince, & de la plus grande confidération , lorfque l'envie & la ca- lomnie s’attacherent à lui. Ses ennemis n’ignoroient Tome XIF, S AR 667 pas combien il étoit ariftotélicien, & linéotnpatibi« hté de Pariftotélifme & de l’iflamifme, Ils EnvOoye= rent leurs domeftiques , leurs parens, leurs amis dans l'école d'Avertoës. Ils ie fervirent enfuite de leur tés MOlpnage our l’accufer ‘d’imipiété. On drefla une lite de différens articles mal-Lonans , 8 on lenvoya, foufcrite d’une multitude de noms > au prince Al« Manfor, qui dépouilla Averroës de fes biens ») & le relégua parmi les Juifs. La perfécution fat & violente qu'elle compromit {es amis. AVerroës, à qui elle des Vintinfupportable à la longue, cherchaàs’yfouftraire par lä fuite ; mais il fut arrêté & jetté dans une prie ion: On affembla un concile pour le juger, & il fut condamné à paroître les véndredis à la porte du tem ple, la tête nue, & à foufitir toutes les ignoïninies qu'il plairoit au peuple de lui faire. Ceux qui en troient lui crachoient au viage , & les prêtres lui demandoient doucement : ne vous repentez- vous pas de vos héréfies ? | Après cette petite correction charitable & théo= logique , il fut renvoyé dans fa maiton » OÙ il vécut long-tems dans la mifere & dans le mépris. Cepen- dantun cri général s’éleya contre fon fucceffeur dans. les fonftions de juge & de prêtre , homme dur, igñorant, injufte & violent, On redemanda Aver- roës, Al-Manfor confulta -deflus les théologiens , qui répondirent que le fouverain qui rénimoit un fujet, quand il lui plaifoit, pouvoit auf le relever à {on gré ; & Averroës retourna à Maroc , OÙul vécut aifez tranquille & aflez heureux. Ce fut un homme fobre , laborieux & jufte. Il ne prononça jamais la peine de mort contre aucun eri= minel. Il abandonna à fon fubalterhe le jugement des affaires capitales, Il montra de la modeftie dans fes fonttions , de la patience & de la fermeté dans fes peines. Il exerça là bienfaifance même envers fes ennenns. Ses amis s’offenferent quelquefois de cette préférence , & il leur répondoit : « C’eft avec {es » ennemis 8 non avec fes arnis qu’on eft bienfaifant » avec fes amis c’eft un devoir qu’on remplit; avec » fes ennemis c’eft une vertu qu’on exerce. Je dé- »_penfe ma fortune comme mes parens l'ont acquife: » je rends à la vertu ce qu'ils ont obtenu delle. La » préférence dont mes amis fe plaignent ne m’ôtera » pas Ceux qui m'aiment vraiment ; elle peut me ra # mener Ceux qui me haïflent ». La faveur de la cour ne le corrompit point : il fe conferva libre & honnête au milieu des grandeurs, Il fit d’un commer- ce facile & doux. Il foufrit moins dans fa difgrace de la perte de fa fortune, que des calomnies de Pinjufti- ce. Ms’attacha à la philofophie d’Ariftote, mais il ne négligea pas Platon. Il défendit la caufe de la raifon. contre Al-Gazel, Il étoit pieux ; & on n’entend pas trop comment 1l concilioit avec la religion fa doétri- ne de léternité du monde, Il a écrit de la Logique , dela Phyfique, de la Métaphyfique, de la Morale à de la Politique , de PAftronomie , de la Théologie, de la Rhétorique & de la Mufique. Il croyoit À la poflibilité de l'union de lame avec la Divinité dans Ce monde. Perfonne ne futauifi violemment attaqué de l'arifiotélomanie , fanatifme qu’on ne COnÇOIt pas dans un homme qui ne favoit pas un mot de grec, êc qui ne jugeoit de cet auteur que fur de mauvaifes tra duétions. Il profeffa la Medecine. A exemple detous les philofophes de fa nation, il s’étoit fait un {yftème particulier de religion. Il difoit que le Chriftianifine ne convenoït qu'à des fous, le judaïfme qu’à desen- fans , & le mahométifme qu'à des pourceaux. Il ad« mettoit, avec Ariftote , une ame univerfelle , dont la nôtre étoit une particule. À certe particule éternelle, immortelle, divine, il affocioit un efprit fenfitif, périflable 87 paflager. Il accordoit aux animaux une puifance eftimatrice qui les guidoit aveuglément à lutile, que l’homme connoît par la raïfon. Il eut PP pp LI 668 SAR quelqu'idée du fénforiim commun. Ila pu dire, fans s’entendre , mais fans fe contredire, que l’ame.de Phomme étoit mortelle & qu’elle étoit immortelle. Averroës mourut lan de l’égire 1103. Le philofophe Noimoddin obtint des Romains quelques marques de diféinétion, après la conquête de la Grece ; mais il fenrit bientôt l'embarras êc le dégout des affaires publiques : 1lfe renferma feul dans une petite maifon, où il aftendit en philofophe que fon ame déloget de fon corps pour pañlér dans un autre ; Car il paroît avoir eu quelque foi à la mé tempfycofe. “Ibrin Al-Chatil Raift, Vorateut de fon fiecle fut théologien , philofophe, juriconfulte &c médecin, Ceux qui profefloient à Bagdad l’accuferenr, d'hére- fie , & le conduifirent dans une prifon qui dura. Il y a long-fems qu'un héreétique eft un homme qu'on veut perdre. Le prince, mieux inftruit , lui rendit juitice ; mais Raïfi qui connoifloit apparemment l'o- piniâtreté de la haine théologique, fe réfugia au Caire , d’où la réputation d’Averroës Pappella en Ef- pagne. {l partit précifement au moment où lon exér- coit contre Averroës la même perlécuton qu il avoit ouflette. La frayeur le faifñt, &c 1l s’en revint à Bagdad, Il fuivit Abu-Habdilla dans {es difgraces. I rononça à Fez un poëmef touchant fur les malheurs d'Habdilla", quelle fouverain & le peuple fe déter- minerent à le fecourir. On paffa en Efpagne. On ra- mena les villes à autorité de leur maître. Hafs enne- mi d'Habdilla fut renfermé dans la Cafülle , êr celui- ci regna.fur le refte de’ la contrée. Habdilla ) tran- duille fur le trône de Grenade, ne Foublia pas ; mais Rafis préféra l’obfcurité du féjour de Fez à celui ce la cour d'Efpagne. Le plus léger mécontentement efface auprès des grands la mémoire des plus grands fervices. Habdilla, qui lui devoit fa couronne ; de- vint fon ennemi. La conduite de ce prince envers nôtre philofophe eft un tiflu de faufletés & de cruau- tés, auxquelles on ne conçoit pas qu'un roi, qu'un homme puifle s’abaïfler, 11 employa lartiñce & les promeffes pour lattirer ; 1l médita de le faire périr dans une prifon. Rafis lui échappa : il le fit redeman- der mortou vifau fouverain de Fez; celui-ci fe hivra, : à condition qu’on ne difpoferoit point de fa vie. On manqua à cette promefle. On accufa Rafis de vol &c d'hétéfie : il fut mis à la queftion ; la violence des tourmens en atracherent l’aveu de crimes qu'il n’a- voit point commis. Aprés lavoir bé, difloqué , on l’éroufa. On le pourfuivit au-delà du tombeau : il fut exhumé, &c l’on exerça contre fon cadavre toutes fortes d'indienités. Tel fut le fort de cet hoïm- ie à qui la nature avoit accordé l’art de peindre & d'émouvoir, talens qui devoient un jour fervir fi puiffamment fes ennemis , & lui être fi inutiles au- près d'eux. Ilmourut Fan 1278 de l'égire. T2 Etofi , ainfi nommé de Tos fa patrie , fut ruiné dans le fac de cette ville par Le tartare Holac. Ïl ne lu refta qu'un bien qu'on ne pouvoit lui enlever, La fcience & la fagefle. Holac le protégea dans lafuite, {e l’attacha , & l’envoya même, en qualité d’ambaf- fadeur, au fouverain de Bagdad ,quipaya chérement le mépris qu’il fit de notre philofophe. Etoftut arif totélicien. Il commenta la Logique de Rañs, & la Métaphyfique d’Avicenne. Il mourut à Samrahand , en Afe, l’an 1179 de légire. On exige d’un philo- fophe ce qu’on pardonneroit à un homme ordinaire. Les Mañnométans lui reprochent encore aujourd’hui de n’avoir point arrêté la vengeance terrible qu'Ho- lac tira du calife de Bagdad. Falloit-il pour une pe- tite infulte qu'un fouverain &c fes amis fuffent foulès aux piés des chevaux, & que la terre bût le fang de quatre-vingt mille hommes ? Il eff d'autant plus difi- cile d’écarter cette tache de la mémoire d'Etof , qu’- Holac fat un homme doux, ami de la fcience & des favans, & quine dédaigna pas de s’inftnure {ous Etof. Nafiroddin de Tus naquit Pan de l'égire 1097. Il étudia la Philofophie , & fe livra de préférence aux Mathématiques & aux arts qui en dépendent. Il pré- fida fur toutes les écoles du"Mogol : il commenta Eu- clide & Ptolomée. Il obferva le ciel: il drefla des tables aftronomiques. Il s’appliqua à la Morale. il écrivit un abrégé delEthique de Platon.&c d’Arfto- te. Ses ouvrages furent égaleménteftimésdes Turcs, des Arabes & des Tartares._ il infpira à ces derniers le goût de la fcience , qu'ils reçurent & qu'ils con- ferverent même au milieu du tumulte des armes. Ho- lac , Ilechan , Kubiat, Kanm & Tamerlan amerent à conférer avecles hommesanftruits. Mais nous ne finirions point fi nous nous éten- dions fur l’hiftôire des philofophes qui , moins cé: lebres que les précedens , n’ont pas èté fans nom dans les fiecles qui ont fuivi la fondation dur maho= métufine : tels font parmi les Arabes, Matthieu-ebn- Jenis, Afrim, Al-Bazrani, Bachillan:, Abulfaric, Abul-Chars, Ebn Malca, Ebno’l Hofan , Abwl Hel- me , Mogrebin, Ibnu-el-Baitar, qui a écrit des ani maux, des plantes, des venins 87 des métaux ; Ab- deffalame qui fut foupçonné d’hérefie,.& dont les ouvrages furent brülés ;. Said-ebn-Hebatoila, Mu- bammed Tufius, Maffui , fofeph, Hafnum , Dac- xub, Phacroddin, Noimoddin , Ettphthefeni, qu fut premier mimiltre de Tamerlan, philofophe &c facs tieux; Abul Hafan, Abu-Bahar ; parnu les Maures ; Abumafar ,affronomecélebre ; Albatigne, Alfragan, Aichabit, Géber, un des peres de la Chimie ; Haac- ben-Erram , qui diloit à Zaid fon maître , qui lux avoit afloëié un autre médecin avec lequel il ne s’ac- cordoit pas , que la contradiétion de deux médecins étoit pire que la fievre tierce ; Efferam de Tolede, Abraham-ibnu-Sahel de Séville, qui s’amufa à com- pofer des vers licencieux; Aaron-ben-Senton, qui .mécontenta les habitans de Fez, auxquels il comman- doit pour Abdalla, & excita par fa févérité leur ré- volte , dans laquelle il fut égorgé lui &c le refte des- Juifs. Il fuit de ce qui précede, qu'à proprement parler, les Arabes ou Sarrafins n’ont point eu de philofophe avant l'établiflement de liflamifme. Que le Zabianifme , mélange confus de différentes opinions empruntées des Perfes, des Grecs, des Egyp-. tiens, ne fut point un fyftème de Théologie, Que Mahomet fut un fanatique ennemi de la rai- fon, qui ajufta comme il put fes fublimes rêveries , à quelques lambeaux arrachés des livres des juifs 8 des chrétiens , & qui mit Le coûteau fur la gorge de ceux qui balancerent à reogardenfes chapitres comme des ouvrages infpirés. Ses idées ne s’éleverent point au-deflus de l’Antropomorphifme. Que le tems de la Philofophie ne commença que fous les Ommiades. Qu'elle fit quelques progrès fous les Abañides. Qu’alors on s’en fervit pour pallier le ridicule de: liflanufme. Œi : Que lapplication de la Philofophie à la révélation engendra parmi les Mufulmans une efpece de théo- fophifme le plus déteftable de tous les fyftèmes. Que les.efprits aux yeux defquels la Théologie & la Philofophie s’étoient dégradées par une aflociation. ridicule , inclinerent à l’Athéifme : tels furent les Zendekéens & les Dararianéens. D Qu'on en vit éclore une foule de fanatiques , de fettaires & d’impoiteurs. Que bientôt on ne fut ni ce qui étoit vrai, ni ce qui étoit faux &c qu’on fe jetta dans le Scepticifme. _ Les Motafalites difoient : Dieu eft jufte 8 fage sil n’eft point l’auteur du mal : l’homme {e rend lui- même bon ou méchant. Les Al-Iobariens difoient : l’homme n’eft pas li- bre , Dieu produit en lui tout ce qu’il fait : il et le feul être qui agifle. Nous ne fommes pas moins né- SAR ceflités due la piétre qui tombe & que l’eau qui coule. Les AENaïarianens difoient que Dieu à la vérité failoit le bien & le mal, l'honnête & le deshonnèête ; mais que l’homme hbre s’'approprioit ce qui lui con: Venoit. A “es Les Al-Afçharites rapportoient tout à l’idée de Pharmonie univerfelle. | | Que Patrachement fervil à la philofophie d'Ariftos te, étouffa tout ce qu'il y eutde bons efprits parmi les Sarrafins. 37 Te Qu’avec cela ils ne pofléderent en aucun tems quelque traduéhon fidele de ce philofophe. Et que la Philofophie qui pafla des écoles arabes dans celles de chrétiens , ne pouvoit que retarder le progrès de la connoïffance parmi ces derniers: De la théologie naturelle des Sarrafins. Ces peu: ples fuivirent la philofophie d’Ariftore ; ils perdirent des fiecles à difputer des catégories , du fyllogifine , de l’analytique , des topiques » de Part fophiftique. Or nous n’avons que trop parlé des fentimens de ces anciens. Voyez les articles ARISTOTÉLISME 6 PÉRr: PATÉTICIEN. Nous allons donc expofer les princi: paux axiomes de la théologie naturelle des Sarrafins: Dieu a tout fait & réparé ; il ef affis fur un trône , de force & de gloire ! rien ne réfifte à fa volonté. Dieu, quant à fon eflence, eft un, il n’a point de collègue ; fingulier, il n’a point de pareil ; uniforme, 1l n’a point de contraire ; féparé , il n’a point d’in- - time ; ancien, il n’a rien d’antérieur ; éternel, il n'a point en de commencement ; perdurable , il n'aura point de fin ; Conftant, il ne cefle point d’être, il fera dans tous les fiecles des fiecles orné de fes glorieux attributs, | | Dieu n’eft foumis à ancun decret qui lui donne des himites, ou qui luiprefcrive une fin; il eff le pre- mier & le dernier terme ; il eftau-dehors & en-dedans, Dieu , élevé au: deflus de tout , n’eft point un corps ; 1ln’a pas de forme, & n’eft pas une {ubftance circonfcrite , une mefure déterminée ; les corps peuvent fe mefurer &c {fe divifer. Dieu ne reffemble point aux corps. Il femble ; d’après ce principe , que les Mufulmans ne font ni antropomorphites , ni ma- térialiftes : mais il y a des feétes qui s’atrachant plus littéralement à lalcoran , donnent à Dieu des yeux, des piés ; des mains , des membres , une tête , un corps. Refte à favoir s’il n’en eft pas d'elles, comme des juifs & de nous: celui qui voudroit juger de nos fentimens fur Dieu pat les expreffions de nos livres, & par les nôtres, fe tromperoit orofierement. Il n’y à aucun de nos théologiens quis’entiennent aflez ouvertement à la lettre , pour rendre Dieu corpo- rel; & sil refte encore parmi les fideles quelques perfonnes qui, accoutumées à s’en faire une image, voient éternel fous la forme d’un vieillard vénéra- ble avec une longue barbe , elles ont été mal inftrui- tes, elles n’ont point entendu leur catéchifme ; elles imaginent Dieu comme il eft repréfenté dans les morceaux de peinture qui décorent nostemples, & qui peut-être font le premier germe de cette efpece de corruption. | Dieu n’eft point une fubftance , &iln’y a point de fubftance en lui ; ce n’eft point un accident , &il #’y a point en lui d’accident;il ne reflemble à rien de ce qui exifte, ni rien de ce qui exifte ne lui refemble. n’y a en Dieu ni quantité, ni termes , ni limites $ hi pofition différente : les ‘cieux ne l’environnent point; s’il eft dit qu’il eft afis fur un trône ,C’eft d’une mamere & fous une acception qui ne marque mi con: taët , ni forme , ni fituation , ni exiftence en un lieu déterminé , nimouvement local. Son trône ne le fou: tient point ; mais il eff foutenu avec tout ce qui lenvironne par la bonté de fa puiffañce. Son trône eft par-tout, parce qu'il regnepar-tout. Sa main eft par- tout, parce qu'il commande en tous lieux, I n’eft ni Tone XIV: dédie SAR 669 plus éloigné ; ni plus voïin du ciel que de la tete, Il eff en tout ; il eft plus proche de l’homme que fes veines jugulaires ; il ef préfent à tout ; il eft té MOin de tout ce qui fe pañle ; fa proximité des chofeg n'a rien de commun avec la proximité des chofeë en: trelles ; ce font deux effences , deux exiftences , deux préfences différentes: | +! Il n’exifte en quoi que ce foit ) fi Quoi qué ce {or en lui ; il neftle fujet derien! Il eft immenfe , & l’efpace ne le comprend pas 5 il efE très-faint | & le tems ne le limite pas. Il étoit avant le tems & l’efpace ; & il eft À Préfent Comme il a été de toute éternité: . Dieueft diftingué de la créature par {es attributs ; il n’y a dans fon effehce que lui ; il n’y à dans les au4 tres chofes que fon effence: | .… Sa fainteté ou perfe@ion exclut de {à fatuie touté idée de changement & de tranflation ; il n’y a point en lui d’accident : il n’eft point füjet à là continsen2 ce ; 1l eft lui dans tous les fecles ; exémpt de diflolu: ÜOn ; quant aux attributs de fà gloire ; exempt d’acs croiflement , quant aux attributs de fi perfe“ion: Il eft de foi qué Dieu exife ptéfent à l’entenides ment & aux yeux pour les faints & les bienheureux dont 1] fait ainfi le bonheur daris la deméure étefnelle où 1l leur accorde de contempler fa face oloricufe: Dieu eft vivant, fort, puiffarit ; fupérieur À tout à il n’eft fujet ni d'excès » Di à impuiflance , ni àli fom: mel , ni à la veille, ni à la vieilleffe , ni à la mort. C'eff lui qui commande & qui régne, qui veut & qui peut ; c’eft de lui qu'eft la fouveraineté & la vittoire, l’ordre & là création. | Il tient les cieux dans fà droite ; les créatures font dans la paume de £a main ; il a notifié fon excellence 6 fon unité par l'œuvre de la création. | Les hommes &r leurs œuvres font de lui ; 1la ar: que leurs limites, * Le pofble eft en fa main : ce qu'il peut ne fé compte pas ; ce qu'il fait ne fe comprend pas. Il fait tout ce qui peut être fu ; il comprénd,, 1 voit tout-ce qui fe fait des extrémités de fa terre jufqu'au haut dés cieux ; il fuit la trace dun atoc me dans le vuide ; il ef préfent au mouvement délié de la penfée ; le mouvement le plus fécret du cœur ne lui eft pas caché; il fait d’une ftience antique qui fut fon attribut de toute éternité , & non d'une fcience nouvelle qu'il ait acquife dans le tems, La charge de univers eft moins par apport à lin, ue celle d'une fourmi par rapport à l'étendue & À la mafle de l'univers. D Pr . Dieu veut ce qui eft ; 11 à difpoft à l'événement ce qui fe fera ; il n’y a pat rapport à fa puiflance ni peu ni beaucoup , ni petitefle ni grandeur, mi bien nimal ,nifoiniincrédulité, ni fcience ni ignorance, mi bonheur ni malheur ; nt joutffance ni privation , m accroïfiement ni diminution , 1 Obéiffafice ni ré volte ; ff ce n’eft par unjugement déterminé ; un dés cret, une fentence, un aéte de fa volonté. Ce fatalifne eff Pôpinion dominante des Muful: mans: Ils accordent tout à la puifance de Dieu , lieñ à la Hberté de l’homme. r. dy: Ce que Dieu veut, eff; ce qi'il ne veut pas, n’eft pas ; le clin de Poil, 'eflor de la penfée font par {x volonté, oi QU 4 | C'eft Hi par qui Les chofes ont commenté ; Qui les a ordonnées , qui les réordonnera : weft fi qui fait ce qu'il lui plaît, dont là fentence eft itrévo- cable ; dont rien ne retarde ou n’ivancele detret, à la puiffance duquel rien ne {e fouftrait : qui nefouf- | fre point de rebelles ; qui n’en trouve point, quiles empêche par {a miféricorde , où qui les permet par _ fa puiflance ; c’eft de fon amour & de fa volonté qué | Phomme tient la faculté de lui obéir, dé le fervir, | Que les hommes, lés démons & les anges é rafènt PPPPY * 670 SAR blent, qu'ils combinent toutes leurs forces ; s'ils ont mis un atome en mouvement, ou arrêté un atome mù, c’eft qu'il Paura voulu. | Entre les attributs qui conftituent l’effence de Dieu , il fut fur-tout confidérer la volonté ; il a voulu de toute éternité que ce qui eff füt ;1lenavu le moment, & les exiftences n’ont ni précédé ce moment , m fuivi ; elles fe font conformé à fafcien- ce , à fon decret , fans délai, fans précipitation, fans defordre. I! voit, il entend: rien n’eft loin de fon oreille \ quelque foible qu'il foit ; rien n’eft loin de fa vüe, quelque petit qu'il oit. Il ny a point de difiance pour fon ouie , ni de ténebres pour fes yeux. Il eff fans organes , cependant il a toutes fenfations ; com- me il connoît fans cœur , il exécute fans membres, il crée fans inftrument ; il n°y a rien d’analogue à lui dans la créature. Il parle, il ordonne , il défend, il promet , 1lme nace d’une voix éternelle, antique , partie de fon eflence, Mais fon idiome n’a rien de commun avec les langues humaines. Sa voix ne refflemble point à la nôtre : il n’y a ni ondularion d'air, ni colliffion de corps, ni mouvement de levres, ni lettres, ni carac- téres :-c'eft la Loi , c’eft l’alcoran, c’eft l'Evangile, c’eft le pfeautier,, c’eft fon efprit qui. eft defcendu fur fes apôtres, qui ont éte les interpretes entre fui ÊT nous. Tout ce qui exifte hors de Dieu eft fon œuvre, émané de fa juftice de la maniere la plus parfaite à la meilleure. Il eft fage dans fes œuvres, jufte dans fes decrets, comment pourroir-il être accufé d'inufice ? Ce ne poutroit être que par un autre être qui auroit quel- que droit de juger de l’adminiftration des chofes , &e cet êtremn'eft pas. D'où l’on voit que Les Mufulmans n’établiffent au- cune l'aifon-.entre le créateur & la créature ; que tout fe rapporte à. hu feul; qu’il eft jufte , parce qu'il eft tout-puiffant ; que l’idée de fon équité n’a peut- être rien de commun avec la nôtre ; & que nous ne favons précifément par quels principes nous ferons jugés on tribunal bonsou méchans. Qu’efl-ce qu'un être paflager d’un moment, dun point, devantun être éternel, immenfe, infin: , tout-puiffant ? moins que la fourmi devant nous. Qu'on imagine ce que les hommes feroitent pourun de leurs femblables fi lexiftence éternelle étoit fculement affürée à cet être? Croit-on qu'il eût. quelque fcrupule d’immo- ler à fa félicité tout ce qui pourroit s’y oppofer ? Croit-on qu'il balançât de dire à celui qui devien- droit fa viétime : qu’êtes-vous. par rapport à moi? Dans un moment il ne s’agira plus de vous, vous ne fouffrirez plus, vous ne ferez plus: moi, je fus, & jé ferai toujours. Quel rapport de votre bien-être au. mien! Je ne-vous dois qu'à proportion de votre du-. rée comparée à la mienne, Il s’agit d’une.éternité pour moi, d'uninftant pour vous. Je me dois en rai- fon de.ce que vous êtes , & de ce que je fs : voilà la bafe de toute jufhce. Souffrez donc, mourez,:pé- riflez, fans vous plaindre. Or quelle diftance encore plus grande, d’un Dieu qui auroit accordé l'éternité à fa créature , à cette créature éternelle, que decette créature éternelle à nous? Combien ne lin refteroit- il pas d’infirmités qui rapprocheroient fa condition de la nôtre, tandis qu'il n’auroit qu’un feul attribut qui rendroit fa condition comparable à celle de Dieu. Ün feul attribut divin, fuppolé dans un homme, fuffit donc.pour anéantir entre cet homme &c fes pareils toute notion de juftice. Rien par rapport àtcet hom- me hypothétique , que fommes nous donc par rap- port à Dieu ? H n’y a que lé brachmane qui à craint d’écrafer la fourmi quipuiffe lui dire ; Ô Dieu, par- donne-moi ; fi j'ai fait defcendre l'idée de ma juitice jufqu’à la fourmi , j'ai pu fa faire auffi remonter juf- S AR À) FA qu'À toï. Traite-moi comme j'ai traité le plus foiblé de mes inférieurs. * Les génies , les hommes, les démons , les anges, le ciel, laterre, les animaux, les plantes, la fub{- tance, l'accident , Pintellisible ; le fenfble , tout a commencé, excepté Dieu. {latirétout dunéant, ou de la pure privation: rien n’étoit ; lui feul a toujours été, Il n’avoit befoin de rien. S'il a créé, ce n’eft pas qu'il ne pût fe pañler des créatures. Il a voulu qu'elles fuffent pour que fa volonté fe fit, fa puiflance fe ma- nifeftât, la vérité de fa parole s’'accomplit. Il ne rem: plit point un devoir; ilne céda point à une néceflité; 1l ne fatisfit point à un fentiment de juftice ; il n’étoit obligé à rien envers quelqu’être que ce füt. S'il a fait aux êtres la condition dont ils jouiffent, c’eft qu'il Pa voulu. Il poutroit accabler l’homme de fouffrances, fans aw’il pût en être accufé, S'il en a ufé autrement, c’eft bienveillance, c’eft bonté, c’eft grace. O hom- me, remercie-le donc du bien qu'il ta départi gra tuitement , 8 foumets-toi fans murmurer à la peine: … S'ilrécompenfe un jour ceux qui l’auront aimé &c imité, cette récompenfe ne fera point le prix dumé- rite , une indemnité, une compenfation , une recon- noiflance néceflaire. Ce fera l'accompliffement de fa parole, la fuite de fon pate qui fut libre. Il pouvoit créer, ne fe point obliger, difpofer de nous à fon gré, & cela fans ceffer d’être jufte. Qu’y a-t-1l de com: mun entre nous &c lui? _ Il faut avouer que les Mufulmans ont de hautes idées de la nature de Dieu ; &c que Leibnitz avoit raïifon de dire , que le Chriftianifme ne s’étoit élevé à rien de plus fublime. De le doëlrine des mufulmans furles anges & fur l'a- me de l’homme. Us difent : Les anges font les mimiftrès de Dieu; ils n’ont point péché ; ils font proches de leur fouverain; il eomman- de, & ils lui obéiffent. | Ce font des corps fubtils, faints, formés de lumie- res ; ils ne courent point; 1ls ne mangent point ; ils re dorment point; ils n’ont point de fexe ; ils n’ont ni pere, nimere, m appétit charnel. | Îls ont différentes formes, felon les fonétions aux- quelles ils font deftinés. Il y en a qui font debout; d’autres font inclinés ; d’autres afüs ; d’autres prof- ternés ; les uns prient , les autres chantent ; les uns célebrent Dieu par des louanges ; les autres implo- rent fa miféricorde pour les pêcheurs ; tous l’'adorent, Il faut croire aux anges , quoiqu’on en ignore &z les noms & les ordres. 11 faut les aimer. La foi l’or- donne. Celui qui les néglhige eft un infidele, Celui qui n’y croit pas, qui ne les aime pas, qui ne les revere pas, qui les fuppoñfe de différensfexes, eft un infidele. L'’ame de l’homme eft immortelle. La morteft la diflolution du corps & le fommeil de lame. Ce fom meil cefiera. Cefentiment n’eft pas général. Les Al-shareftans êc les Al-afsharites regardent l'ame comme un acci- dent périflable. | Lorfque l’homme eft dépofé dans le tombeau, deux anges terribles le vifitent ; ils s’appellent Moncar & Nacir. Us l'interrogent fur fa croyance & fur fes œu- vres. S'il répond bien , ils lui permettent de repoñfer mollement ; s’il répond mal, 1ls le tourmentent en le frappant à grands coups de males de fer. Ce jugement du fépulcre n’eft pas dans Palcoran ; mais c’eft un point de tradition pieufe. La main de l’ange de mort, qui s’appelle Ayarref, reçoit l’ame au fortir du corps; & fi elle a été fidele, 1l la confie à deux anges qui la conduifent au ciel,.où {fon mérite défigne fa place, ou entre les prophetes, ou entre les martyrs, ou parmi le commun des fideles. Les ames au fortir du corps defcendent dans lal- bazach. C’eft un lieu placé entre ce monde &c Le le monde futur , où elles attendent la réfurreétion. SAR Lame ne reflufcite pas feule. Le corps reflufcite auf. L’alcoran dit, qui efl-ce qui pourra reflufciter les os diflous ? quieft-ce qui raflemblera leurs par- ticules éparfes ? Celui qui les a formés, lorfqu'ils n’é- toient rien. Aujoûr du jugement, Dieu raflemblera & les hom- mes & les génies qui ont été. Il les examinera, il ac- cordera le cielaux bons, Les méchans feront envoyés à la gêne. | | Entre les méchans ceux qui auront reconnu Punité de Dieu , fortiront du feu , après avoir expié leurs fautes. Il ny a point de damnation éternelle pour celui ‘Qui a cru en un feul Dieu. De lz phyfique & de la métaphyfique des Sarrafins. C’eft lariftotélifme ajouté aux préjugés religieux, une thécfophie flamitique ; Thophail admet les qua- tre qualités des Péripatéticiens , humide & lefec, le froid & le chaud. C’eft de leur combinaifon qu’il déduit origine des chofes ; Pame a, felon lui, trois facultés ; la végétative , la fenfitive & la naturelle ; il ya trois principes, la matiere, la forme &c la priva- ion ; les deux premiers font de l’effence; la puiflan- ce & la raifon des exiftences ; le mouvement eff l’a- éte de la puiffance, en tant que puiffance. Le progrès du mouvement neft point infini ; 1l fe réfout à un premier moteur immobile, un, éternel, mvifble, fans quantité & fans matiere. Il y a des corps fim- ples; il y en a de compofés ; ils font mus en ligne droite ou circulaire. [l n’y a que quatre élemens. Le ciel eft un , il eft fimple , exempt de génération & de corruption. IL fe.meut circulairement. {1 n°y à point de corps infini. Le monde eft fini, cependant éternel. Les corps céleftes ont un cinquieme élement particulier. Plus une fphere eft voifine du-premier moteur , plus elle eft partaite , plus fon mouvement eft rapide, Les élemens font des corps fimples, dans lefquels les compofés fe rélolvent. Îl y en a de lé- gers qui tendent en haut, & de graves quitendent en bas. C’ef leur tendance oppofée qui caufe l’aitéra- tion & le changement des corps. L’ame végétative préfide à la végétation, la fenfitive aux fens, la ra- tonelle à la raifon. L’entendement eft ou a&if ou pañit L’entendement aftif eft éternel , immortel, loin de tout commerce avec ie corps ; le pafñif eftou theoretique ou pratique. La mort eft l’extinétion de la chaleur naturelle. La vie eft équilibre de La cha- leur naturelle & de lhumide vital. Tous les êtres font par la matiere & par la forme. On ne peut défi- mir que les compofés ; la matiere & la forme ne s’en- gendrent point. Il y a des puiffances douées de la raï- fon; il y en a qui en font privées. Perfonne ne juge malde ce quine change point. L'unité eft l’oppoté de la multitude. Il y a trois fortes de fubftances , les unes qui périflent , comme les plantes & les ani- maux ; d’autres qui ne périflent point , comme le ciel; de troifiemes qui font éternelles & immobiles. Ïl ya un mouvement éternel. Il y a donc des fubf- tances éternelles. Elles font immatérielles, Eiles fe meuvent de toute éternité d’un mouvement aétuel, Le premier moteur meut toutes les autres intelligen- ces, Cette caufe premiere du mouvement ne change point. Elle eft par elle-même. C’eft Dieu, être éter- nel, immobile , infenfible,, indivifible , infiniment puifiant , infiniment heureux dans fa propre contem- plation. Il y a fous Dieu des fubftances motrices des fpheres. Ce {ont des éfprits. Elles ont leurs fonions particulieres, :c. .., De la phyfique & de la mésaphyfique de Tophail. I peut y avoir dans quelque contrée taine 8 tempérée placée fous la ligne équinoxiale ou ailleurs des hom- mes Vraiment autochtones , naiflant de la terre, fans pere & fans mere, par-lateule influence de la lumiere èt du çiek | # |. tés ou la température fera pl . a voulu qu’il en difposät Cette génération fpontanée fera l'effet d’une fer. mentation du Limon , continuée pendant des fiecles: jufqu'au moment où il s’étabäit un équilibre fécond entre Le troïd & le chaud, humide & le fec, Dans une mafle confdérable de ce limon ain fé- conde , il y aura des parties où l'équilibre des quali: ou | us parfaite, où [a difpo- fition à la formation du nuxte fera plus srande, Ces parties appartiendront à la natureanimaleou hümaine: La matiere s’agitera; il s’y formera des bulles elle deviendra vifqueufe ; Les bulles feront partaoées au-dedans d’elles-mêmes en deux capacités fé ë par un voile leger sun air fubtl y circulera;u pérature égale s’y Ctablira; Pefprit envoyé par Dieu s'yinfinuera &C s’y unira , & le tout fera vivant. L'union de lefpritavecla matiere prédifpofée à le recevoir {era fi intime qu'on ne pourra le féparer L’efprit vivifiant émane incefflamment de Die. T4 lumiere qui s'élance continuellement du oleil, fans l'épuiter » En eft une image. : … H defcend également fur toute la création ; mais ilne {e manifefte pas également en tout lieu, Toutes les paities de Punivers ne font pas également difpo- iées à le faire valoir. De-là les êtres inanimés qui n'ont pas de vie; lès plantes où l’on appercoit uls quesiymptomes de fa préfence; les animaux où il a un caraètere plus évident. RES les animaux »1l y en a qui ont avec fu: une Un parnçuiere ; une Organifation plus analogue a da 1orme ; dont le corps eft, pour ainfi dire. une image de l’efprit qui doit l’animer, Tel eft Phone ô1 cette analogie de lefprit & de la forme prédo prophete. j L it s’eft uni à 1 e . : parées ne tem- Auihtôt que le foumet toutes les facultés; elles lui Obéiffent ; Dieu Alors il fe forme une autre bulle divifée en trois capacités féparces chacune par des cloifons , des fi- bres ! des canäux déliés. Ua air fubtil, aflez fembla: ble : celui qui remplifloit les capacités de la premieré bulle , remplit les capacités de celle-ci. | | hacune de ces capacités contient des qualités qui Jui font propres, elles S’yrexercent ,& ce qu’elles prodtuient de grand ou de petit eft tranfmis à Pefprit vivihant qui a ion ventricule particulier, ; Âux environs de ce ventricule ) 11 nt une troifie- me bulle, Cette bulle eft auf remplie d’une fubftance aérienne , mais plus groffiere, Elle à fes Capacités: Ce font des rélervoirs des facultés fibalternes L 63 rétervoirs communiquent entr'eux & s'entre- tiennent. Mais ils font tous fubordonnée au premier à celui de Pefprit ; CXcepte dans les fonéhions des membres qui Le formeront MÉT auxquels ils préfide- ront avec fouveraineté. 1,1 Le premier des membres c’eft le cœut, Sa ficure eft conique; c’eit l’effer de celle que Pefprit ou là flamime afteéte. C’eft par la même raifon que là mem- brane forte qui lenvironne füit la même conf tion. Sa chair eft folide: ILeft confervé par u veloppe épaiife: La chaleur diffout lés humeurs & les diffipe. El fa loit que quelques organes les réparaflent, Il flloit que ces organes fentiflent ce qui leur étoit propre &t l’attiraflent; ce qui leur étoit contraire, & QUE pouflaffent: | Deux membres ont été formés À cette fn : avec les facultés convenables, L'un préfide aux fénfitions } c’eft le cerveau ; l'autre à 1 nutrition ; c’eft le fie: Il étoit néceflaire qu’ils Commumquatlent enir’eux &t avec le cœur. De-fà les arteres, les veines & la multitude de canaux, les uns étroits , 168$ autres lar- ges, qui s’y rendent &c qui s’en diftribuent, Ceft it que le germe fe forme , que l'embryon s'accroit, & qu'il fe perfeétionne jufqu’ah moment dé la naïflance:s 118 Feu gura- ne en- € re 672 SAR Lorfque l’homme eft parfait , Les tégumens du li- mon fe déchirent, commé dans les douleurs de l’en- fantement; la terre aride environnante s’entrouvre, & la génération fpontanée s’acheve, La nature a refufé à l’homme ce qu’elle a accordé aux bêtes: elle lui a fait des befoins particuliers. De- À l'invention des vêtemens & d’autres arts. Ses mains ont été les fources les plus fécondes defes | connoiffances, C’eft de-lä que lui eft venue la connoïf: fance de fa force & de fa fupériorité fur les animaux. L'exercice des fens ne fe fait pas fans obftacle. Ila fallu les lever. Lorfque l’a@ion des fens eft fufpendue, & que le mouvement cefle dans l’animal , fans qu'il y ait aucun obflacle extérieur, aucun vice interne , l’animal con- tinue de vivre. Îl faut donc chercher en lui quelque organe fans le fecours duquel les autres ne puiflent vaquer à leurs fonétions. Cet organe eft le cœur. _Lorfque l’animal eft mort , lorfque la vie dy eft plus , fans qu’on remarque dans fa configuration & dansfes ofganes aucun dérangement qui en anéantifle les opérations , il faut en conclure qu'il y a un prin- cipe particulier &c antérieur dont toute Péconomie dépendoit. | Lorfque ce principes’eftretiré, Panimal reftant en- tier ; quelle apparence qu'il revienne , l'animal étant détruit? pr Il y a donc deux chofes dans l'animal, le principe par lequel il vit, & le corps qui fert d'inftrument au principe. La partie noble c’eft le principe ; Le corps eft la partie vile. Il faut le dépofer dans le tems , lorfque le princi- pe vivifiant s’en eft retiré. Un êtte vraiment éton- nant , prétieux & digne d’admiration, c’eft le feu. Sa force eft furprenante ; es effets prodigieux ; la chaleur du cœur ne permet pas de douter que le feu n’anime cet organe, &z ne foit le principe de fon aétion. La chaleur fubfifte dans l'animal , tant qu'il vit; elle n’eft dans aucune partie aufi grande qu’au cœur. À la mort, elle cefle. L'animal eft froid. Cette vapeur humide & chaude du cœur qui fait le mouvement dans l'animal, eft fa vie. Malgré la multitude &c la diverfité des parties dont l'animal eft compofe ; 1l eft un relativement à l’ef- prit. L’efprit y occupe.un point central d'où il com mande à toute l’organifation. L'efprit eft un. Il communique avec les membres par des fibres & des canaux. Coupez, anéantiflez , embarraflez la communication de l’efprit à un mem- bre & ce membre fera paralyfé. Le cœur envoie l’efprit au cerveau; le cerveau le diftribue dans les arteres. Le cerveau abonde enef- prit. Il en eftun réfervoir. n- | Si par quelque caufe que ce foit, un organe eft pri- vé d’efprit, fon aétion cefle. C’eft un inftrument inu- tile & abjeét. Si l’efprit s'échappe de tout le corps; s'il fe con- fume en entier, ou s’ilfe diflout, le corps refte fans mouvement; 1left dans l’état de mort. De la comparaïfon de l’homme avec les autres êtress, il fuit qu’elles ont des qualités communes èc des qualités différentes. Qu'ils font uns dans les con- venances ; variés & plufieurs, dans les difconvenan- ces. Le premier coup d’œil que nousjettons fur Les pro- priétés des. chofes, nous inftruit de toute la richefle de la nature, Si l’efprit. eftun. Le corps eft un relativement à la continuité. & à fon économie, C’eit un même organe qui.a différentes fonétions fur fa longueur , felon le plus ou le moins d'énergie de l'efprit. _ Il y a aufiune forte d'unité fous laquelle on pèut confiderer tous les animaux ; même organifation, même fens, même mouvement, même fonition, mê, | me vie, même éfprits | S A R L’efprit eftun, les cœurs font différens. La difféz rence eft dans les vaifleaux & non dans la liqueur. : L’efpece eftune. Les individus différens; mais cette différence eft femblable à celles des membres , qui n’empèche point la perfonne d’être une. Il ÿ a dans toute efpece d'animaux la fenfation , la nutrition & le mouvement fpontané. Ces fon&ions communes font propres à l’efprit; les autres fonctions diverfes dans les différentes efpeces d'animaux lui ap- pattiennent moins {pécialement. L’efprit eftun dans tout le genre animal, quoiqu'il y ait quelque différence légere dans fés fonétions, d’une efpece d'animaux à une autre. Le genre animal eft un. Quelque diverfité que nous remarquions dans le port, la tige , les branches, les fleurs, les feuilles, les fruits , lesfemences des plantes , elles vivent , él: les croiffent , elles {e nourriflent de même. Le genre en eft un. ; Le genre animal & le genre végétal ont des quali- tés communes, telles que laccroïffement & la nutris tion. Les animaux fentent, conçoivent; les plantes ne font pas tout-à-fait privées de ces qualités. On peut donc renfermer par la penfée ces deux genres & n’en faire qu'un. | Les pierres, la terre, l’eau, l’air , Le feu, en un mot tous les corps qui n’ont ni fentiment , n1 accroïfle- ment, ni nutrition, ne different entr’eux que comme : les colorés & les non-colorés, les chauds êc les froids, les ronds êz les quarrés. Mais ce qui eft chaud peut fe refroidir, ce qui ef froid fe rechauffer , ce qui eff coloré s’obfcurcir , ce qu eft obfcur fe colorer ; les eaux fe changent en vapeurs, les vapeurs fe remet- tent en eau ; ainf, malgré l'apparence de la diverfité il y a unité. De, Mais c’eft la diverfité des organes qui fait la diver- fité des aétions ; les aftions ne font point efflentiel- les ; appliquez le principe de l’aétion à la mème ma- niere , & vous aurez les mêmes attions ; appliquez- le diverfement vous aurez des aions différentes; mais tous les êtres étant convertibles les uns dâns les autres , 1l n’y'a que le principe de l’aétion qui foit un. Il eff commun à tous les êtres , animés ou inani- més, vivans ou brutes, mus où en repos. Toute cette variété répandue dans lunivers dif paroit donc aux yeux de l’homme attentif, Tout fe reduit à l'unité, | Entre les qualités des corps naturels , les prermie- res qu’on remarque ce font la tendance en haut dans les uns , tels que Pair, le feu, la fumée, la flamme ; & la tendance en bas dans les autres, tels que l’eau, la terre , les pierres, n’y en a point qui foit abfolument privé de l’un & de l’autre de fes mouvemens, ou parfaitement en repos, à moins qu'un obftacle ne l’arrête. La pefanteur &c la légereté ne font pas des qualités des corps comme tels ; fans quoi il n’y auroit point de grave qui n’eût quelque légereté, ni de léger qui n’eût quelque pefanteur. La pefanteur 8 la lége- reté font donc de quelque chofe furajoutée à la no« tion de corporëité. L’eflence des graves & des légers eft donc com- pofée de deux notions; Pune commune, c’eft la cor- poréité; l’autre différente, c’eft ce qui conftitue grave le cotps grave, & léger le corps léger. Mas cela n’eft pas vrai feulement des graves & des légers, mais de tout en général. L’efflence eït une notion compoiée de la corporéité & de quel- que chofe fur-ajoutée à cette qualité. L’efprit animal qui réfide dans le cœur , a nécef fairement quelque chofe de fur-ajouté à fa corpo- réité, qui le rend propre à fes #onétions admira- bles : c’eft la notion de ce quelque chofe qui conf titue fa forme &c fa différence : c’eft par elle qu'il. eft ame animale ou fenfitive. SAR _ Ce qui ôpere: dans les pläntes les effetstde a cha: leur radicale dans lesanimaux, s'appelle amevégérative, Ces-qualités fur-ajoutées ou formes fe diftinguent par leurs effets, L | Elles ne tombent pas toujours fous le fens. La raïfon des foupçonne. ré. La nature d'un corps ammé, c’eft le principe par- ticulier de ce qu'il eft, & de ce qui s’y opere. L’effence-même de l'efprit confifte dans quelque chofe de fur:ajouté à la notion ‘de corporéité. Il ya une forme générale 8 commune à tous les êtres dans laquelle ilsconviennent, & d'olrémanent une ou plufeurs aétions; outre cette forme com- mune & générale, unigrand nombre ont une forme commune particuhere fur-ajoutée, d’où émanentune ou plufieurs a@ions particulières à cette forme fur- ajoutée. Outre cctte premiere forme fur-ajoutée , un grand nombre deceux auxquels elle eit com- rune, en ont une feconde:fur-ajoutée particu- liere d'où émanent une ou plufieurs afhions particu- licres À cette feconde forme fur-ajoutée. Outre cette feconde forme fur-ajoutée, un grand nombre de ceux à lqui elle :eft commune, en ont ne troifieme particulière für-ajoutée d’oh émane une ou plufieurs “ons particulieres à cette rroïfieme forme fur-ajou- tée., &c ainfi de fuite: … Aafiles corps terreftres font graves, 8 tombent. Entre les corps graves & qui tombent, il y en a qui 1 nourriflent & s’accroiflent. Entre Les corps graves 8e qui tombent, & qui fe noutriflent & S’accroiffent, il y en a qui fentent & femeuvent. Entre les corps graves & qui tombent, &t qui fe nourriffent &c s’ac- croiflent, & qui fentent &c fe meuvent, il y en a qui penfent. en | Ainf toute éfpece particuliere d'animaux à une propriété commune avec d’autres efpeces, .&r-une propriété fur-ajoutée qui la diftingue. ” Les corps fenfbles qui rempliflent dans ce monde. le liem de la génération & de la corruption, ont plus où moins de qualités fur-ajoutées à celle de la corporéité, & la notion”’en eft plus où moins com- pofée. | | | Plus les a@tions font variées, plus la notion eft compofee, & plusil yade qualités fur-ajoutées à la corporéité. . L'eau a peu d’aflions propres à fa forme d'eau. Ainf la notion ni la compoñtion ne fuppofent pas beaucoup de qualités fur-ajoutées. + 2 Il en eft de même de laterre &c du feu. ll y a dans la terre des parties plus fimples que d’autres. | L'air, l’eau, la terre, & le feu fe convértiflant les uns dans les autres, il faut qu'il y ait une qualité commune. C’eft la corporéité. 1! faut que la corporéité n'ait par elle-même rien de ce (qui caradérile chaque élement. Ainf elle ne fuppofe ni pefanteur ni légéreté, ni chaleur n1 froid, ni humidité ni fécherefle. Il n’y a aucune de ces qua- lités qui foit commune à tous les corps. Il »y en a aucune qui foit du corps en tant que corps. Si l’on cherche la forme fur-ajoutée à la corpo- réité qui foit commune à tous les êtres animés ou inanimés, on n’en trouvera point d'autre que l’éten- due conçue fous les trois dimenfions. Cette notion eft donc du corps comme corps. -. Il n’y a aucun corps dont l’exiftence fe mani- fefte aux fens par la feule qualité d’étendne fur- ajoutée à celle de corporéité; il y en a une troi- fieme fur-ajoutée. Lamotion de l’étendue fuppofe la notion d’un fu- jet de l'étendue: ainfi l'étendue & le corps different. La notion du corps eft compofée de la notion de Ja corporéité 87 de la notion de l'étendue. La corpo- rété eft de la matiere; l'étendue eft de la forme: SAR 693 La corporéäté'eft conftante; l'étendue eft väriablé à l'infini, | Na {OUT | Lorfque l’eau eft dans l’état que fa forme exige ; on yremarque un froid fenfble ; un penchant à def cendre d'elle-même; deux qualités qu’on ne peut lui ôter fans détruire le principe de A forme, fans en! féparetila caufe de fa maniere d'être aqueufe ; autrement, des propriétés eflentielles À'une forme pourroient émaner d’une autre, + mi Tout ce qui eft produit, fuppote un produifants ainfi d’un effet éxiftant,, il exifte une caufe eficiente. Qu'eft-ce que l’eflence d’un corps? C’eft une dif- pofition:doù procedent fes aéhions, où une aptis tude à y produire fes mouvemens. Les aétions des corps ne {ont pas d’elles-mèmes, mais de la caufe efficiente qui a produit dans les corps les attributs qu'ils ont, & d’où ces .attions émanent. | | | | Le ciel & toutes les étoiles font des corps qui ont longueur, largeur & profondeur, Ces corps ne peuvent être infinis ; icat là notion d’un co’ps infini eit abfurde. Les corps céleftes font finis par Le côté qu'ils nous. préfentent; nous avons là-deflus le témoignage de nos {ens. [left impoflible que par le côté oppolé, ils s'étendent à l'infini. Car foient deux liones paral- leles tirées des extrémités du corps, 8 s’enfonçant ou le fuivant dans toute fon estenfon à l'infini; qu'on Ôte à l’une de ces lignes une portion fime; qu'on applique cette ligne moins cette portion cou- | pée à la parallele qui eft entiere, 1l arrivera de deux chofes lune; ou qu’elles feront égales, ce qui eft ablurde , ou qu’elles feront inégales, ce qui eft en- core abfurde ; à-moins tqwelles ne foient l’une & l’autre fimes, &c par conféquent le corps dont elles formoient deux côtés. Les cieux fe meuvent circulairement; donc le ciel eff fphérique. La fphéricité du ciel eft encore démontrée par l'égalité des.dimenfions des aftres à leur lever, à leur nndi & à leur coucher. Sans cette égalité, les aftres eroient plus éloignés ou plus voifins dans un moment que dans un autre, Les mouvemens céleites s’exécutent en plufeurs fheres contenues dans une fphere fuprème qui les emporte toutes d’orient en occident dans l’inter- valle d’un jour & d’une nuit. Il faut confidérer l’orbe célefte & tout ce qu'il contient, comme un fyflème compofé de parties unies les unes aux autres, de maniere que la terre, l'eau , l'ait , les plantes , les animaux &c le refte des corps renferme fous la limite de cet orbe, forment une efpece d'animal dont les aftres font les orga- nes de la fenfation, dont les fpheres particulheres font les membres, dont les excrémens font caufe de la génération & de la corruption dans ce grand animal, comme on le remarque quelquefois, que Les excrémens des petits produifent d’autres animaux, Le monde eft-1l éternel, ou ne l’eft-il pas? C’eft une queftion qui a {es preuves également fortes pour êt contre. Mais, quel que foit le fentiment qu'on fuive, on dira : fi le monde n’eft pas éternel, ila une cau‘é efficiente : cette caufe efliciente ne peut tomber fous le fens, être matérielle ; autrement elle feroit par- tie du monde. Elle n’a donc ni Pétendue & les au tres propriétés du corps; elle ne peut donc agir fur le monde, Si le monde eft éternel, le mouve- ment eft éternel ; il n’y a jamais eu de repos: Mais tout mouvement fuppofe une caufe motrice hors dé lui : donc la caufe motrice du monde feroit hors de lui; il y auroit donc quelque chofe d’abitrait, d’antés rieur aumonde, d’incomparable, &c d’anomal à tou tes les parties qui le comporent: 674 SAR L'eflente de ce monde, relativement aumotenrs dont il reçoit fon adion,:qui n’eft point matériel, qui eft un abftrait qui ne peut tomber fous le fens, qu'on ne peut s'imaginer ; qui produit les mouve- mens celeftes fans différence , fans altération, fans relâche; -eft quelque chofe d’analogue à ce moteur. .- Toute: fubftänce corporelle une forme, fans la- elle le-corps ne peut niêtre.conçu ni être.Cette ae a une caufe; cette caufe eft Dieu : c’eft par elle:qué les:chofes font, fubfiftent, durent : {a puif- fance.eft infinie, quoique ce qui en dépend #oit fni. - H y a donc eu création, IL y a priorité d’origine, ‘mais non de tems, entre le monde & la caufe effi- &iente du monde. Au moment qu’on la concoit, on peut la concevoir, difant que toutfoit, & tout étant. _ Sa puiffance & fa fagefle, fi évidentes dans fon œuvre: ne nous laflent aucun doute fur fa liberté, fa prévoyance & fes autres attributs : Le poids de Patome le plus petit lui eft connu. Les membres qu'il a-donnés à l’animal, avec la faculté d’en ufer, annoncent-fa munificence & fa miféricorde. L'êtte le plus parfait de cet univers n’eft rien en comparaifon de {on auteur. N’établifons point de rapports entre le créateur & la créature. Le-créateur eft un être fimple. Il n’y a en lui ni privation ni défaut. Son exftence eft néceflaire ; <’eftla fource de toutes les autres exiftences. Lui, lui; tout périt excepté lui. | | Le Dieu des chofes eft le feul digne objet de no- tre comtemplation. Tout ce qui nous environne, mous ramene à cet être, &C nous tranfporte du monde fenfible dans le monde antelligible. Les fens n’ont de rapport qu’au corps; l’être qui æft en nous, & par lequel nous atreignons à l’exif- tence de la caufe incorporelle, n’eft donc pas corps. Tout corps fe diflout &t fe corrompt; tout ce qui £e corrompt & diflout, eft corps. L’ame incorpo- selle eftdonc indifoluble, incorruptible, immortelle. Les facultés intelligentes le font, ou en puiffance où en aétion. , Si une faculté intelligente conçoit un objet ; elle en jouit à fa maniere; & fa jouiflance eft d'autant plus exquife , que l’objet eft plus parfait; & lorif- qu’elle en eft privée, fa douleur eft d'autant plus grande. | La fomme des facultés intelligentes, l’eflence de l’homme ou lame , c’eft la même chofe. « $i lame unie au corps n’a pas connu Dieu ; au {ortir du corps , elle n’en peut jouir : elle eft étran- gere au bonheur de pofléder ou à la douleur d’é- tre privée de la contemplation de l'être éternel ; que devient-elle donc? Elle defcend à Pétat des brutes. Si lame unie au corps a connu Dieu; quand elle en fera féparée; devenue propre à la jouiflance de cet aftre par l’ufage qu’elle auroit fait de fes fens & de fes facultés , lorfqu’elle les commandait, elle fera ou tourmentée éternellement par la pri- vation d’un bien infini qui lui eft familier , ou éter- nellement heureufe par fa poflefion : c’eft felon les œuvres de l’homme en ce monde. La vie de la brute fe paffe à fatisfaire à fes befoins & à fes appétits. La brute ne connoît point Dieu; après fa mort elle ne fera ni tourmentée par Le defir d’en jouir , ni heureufe par fa jouiflance. | - L’incorruptibilité , la permanence, l'éclat, la du- tée, la conftance du mouvement des aîftres, nous por- tent à croire qu'ils ont des ames , ou eflences capa- bles de s'élever à la connoïflance de l’être néceflaire. Entre les corps de ce monde corruptible, Les uns ont la raïfon de leur effence dans certain nombre de qualités furajoutées à la corporéité, & ce nombre eft plus ou moins grand ; les autres dans une feule qua- lité furajoutée à la corporéité , tels font les élémens, SAR Plus.le nombre des qualités furajoutées à la Corpos réité eft grand, plus le corps a d’aftion ; plus ila de vie. Le corps confidéré fans aucüne qualité furajou- tce à la corporéité, c’eft la matiere nue; elle ef morte, Ainf voici donc l’ordre des vies!, la matiere morte, les élémens, les plantes, les animaux! Les animaux ont plus d’aétions, & conféquemment vi- vent plus qu'aucun aûtre être. Entre les compofés > 11ÿ ena où la coordination des élémens.eft fiégale, que la force ou qualité d’au: . J L CI _Cun ne prédomine point {ur la force ou qualité d’un autre, La vie de ces compofés en eft d'autant meil- leure & plus parfaite. L’efprit animal qui eft dans le cœur eftun compofé deterre &t d’eau très-fubtile ; il eft plus gtoffier que l'air & le feu ; fa température eft très-évale; faforme ef celle qui convient à l'animal. C’eftunêtre moyen qui n'a tien de contraire A aucun élément : de tout ce qui exilte. dans ce:monde corruptible , rien n’eft mieux difpofé à une vie parfaite. Sa nature eff analto- gue à celle des corps céleftes. L'homme eft donc un animal doué d’un efprit d'une, température égale 82 uniforme, femblable à celle des corps céleftes, & fupérieure à celle des'au- tres animaux. Auf eft-1] deftiné à une autre fn. Son ame eft fa portion la plus noble: c’eft par elle. qu'il connoît l'être néceffaire. C’eft quelque chofe de di- vin, d'incorporel, d’inaltérable, d’incorruptible. L'homme étant de la nature des corps céleftes, if faut qu'il s’afimile à eux, qu'il prenne leurs qualités Sc.qu'il imite leurs actions. f L'homme eft un de la nature de l’être néceffaire u il faut qu'il s’affimile à lui, qu'il prenne fes qualités êc qu'il imite fes a&ions. k Il repréfente toute l’efpece animale par fa partie abjeëte. Il fubit dans ce monde corruptible le même | fort que les animaux, 1] faut qu'il boive, qu’il man- ge, qu'il s’accouple, | La nature ne lui a pas donné un corps fans deffein : 1l faut qu'il le foigne 8 le conferve. Ce foin & cette confervation exigent de lui certaines aétions corre{= poñdantes à celles des animaux. Les actions de l’homme peuvent donc être confi- dérées, ou comme imitatives de celles des brutes ,OU comme imitatives de celles des corps céleftes, ow comine imitatives de celles de l'être éternel. Elles font toutes également néceflaires : les premieres, parce qu'il a un corps; les fecondes, parce qu'il a un efprit animal; les troïfiemes, parce qu'il a une ame oueflence propre, La jouiffance ou contemplation ininterrompue de l'être néceflaire , eft la fouveraine félicité de l’hom- me. Les aétions imutatives de la brute ou propres au corps, l’éloignent de ce bonheur; cependant elles ne font pas à négliger ; elles concourent à l'entretien & à la confervation de l’efprit animal. 0 Les attions imitatives des corps céleftes ou propres à l’efprit animal, lapprochent de la vifion béatifique. Les actions imitatives de l'être néceffäire, ou pro- pres à l'ame ou à l’effence de l’homme, lui acquie- rent vraiment ce bonheur. | D'où il s'enfuit qu’il ne-faut vaquer aux premie- res, qu'autant que le befoin ou la confervation. de Pelprit animal l'exige. Il faut fe nourrir, il faut fe vê- tir; mais 1l y a des limites à ces foins. Préférez entre ces alimens ceux qui vous diftrai- ront le moins des aétions imitatives de l’être nécef. faire. Mangez la pulpe des fruits , & jettez-en les pe- pins dans un endroit où ils puïffent germer. Ne repre- nez des alimens qu’au moment où la défaillance des autres actions vous en avertira. Vous n’imiterez bien les ations des corps céleftes, qu'après Les avoir étudiés 8 connus. Leg Les corps céleftes font lumineux, tranfpatens ; purs, mûs autour d’un centre ; ils ont de la chaleur ; 1ls obéiffent à l’être néceflaire ; 1ls s’en occupent. En vous conformant à leur bonté, vous ne blefie- rez ni les plantes, ni les animaux ; vous ne détruirez rien fans néceflité ; vous entretiendrez tout dans {on état d'intégrité ; vous vous attacherez à écarter de vous toute fouillure extérieure. Vous tournerez {ur vous-même, d’un mouvement circulaire & rapide ; vous pourfuivrez ce mouvement jufqu'à ce que le _ faint vertige vous faififle: vous vous éleverez par la contemplation au-deflus des chofes de la terre. Vous vous féparerez de vos fens; vous fermerez vos yeux ëc vos oreilles aux objets extérieurs ; vous enchaîne- rez Votre imagination ; VOUS tenterez tout pour vous aliéner & vous unir à l'être néceflaire. Le mouve- ment fur vous-même , en vous étourdiflant, vous fa- cilitera beaucoup cette pratique. Tournez donc fur vous-même, étourdifiez-vous , procurez-vous le {aint vertige. Le faint vertige fufpendra toutes les fon@ions du corps & de l’efprit animal, vous réduira à votre ei- fence, vous fera toucher à l’être éternel, vous affimi- lera à lui. | Dans Paffimilation à l'être divin, il faut confidérer {es attributs. Il y en a de poñitifs ; il y en a de néga- tifs. -e Les pofñtifs conftituent fon eflence; les privatifs fa perfection. | Vosa&tions feront imitatives de celles de l’être né- ceflaire , fi vous travaillez à acquérir les premiers &T à éloigner de vous toutes les qualités dont les fe- conds fuppofent la privation. : Occupez-vous à féparer de vous toutes Les quali- tés furajoutées à la corporéité. Enfoncez-vous dans une caverne, demeutez-y en repos, latête penchée, les yeux fixés en terre ; perdez, s'il {e peut , tout mouvement, tout fentunent; ne peniez point, ne réfléchiflez point, n'imaginez point ; jeunez , con- duifez par deorés route votre exiteñce , jufqu’à l’é- tat fimple de votre eflence ou de votre ame ; alors un, conftant , pur , permanent, vous entendrez la voix de l'être néceflaire ; ils’intimera à vous; vous le fa:fi- rez ; 1l vous parlera, & vous jouez d'un bonheur que celui qui ne Pa point éprouvé n’a jamais conçu, êt ne concevra jamais. | C’eft alors que vous connoîtrez que votre eflence differe peu de l’eflence divine; que vous fubfitez ou qu'il y a quelque chofe en vous qui fubfifte par foi- même, puifque tout eft détruit, & que ce quelque chofe refte & agit; qu'il n’y a qu’une eflence, &c que cette eflence eft comme la lumiere de ñotre monde, une & commune à tous les êtres éclairés. Cêlui qui a la connoïflance de cette eflence, a aufñ cette eflence. C’eft en lui la particule de contaët avec Peflence univer{elle. La multitude, le nombre, la divifibilité, la colle- €hon, font des attributs de la corporéité. _ I n’y a rien de cela dins Peflence fimple. La iphere fuprème , au-delà de laquelle il ny a point de corps , a une eflence propre. Cette eflence eft incorporelle. Ce n’eft point la même que celle de Dieu. Ce n’eft point non plus quelque chofe qui en differe ; lune eft à l’autre comme le foleil eft à fon image repréfentée dans une glace. ù Chaque fphere célefte a fon effence immatérielle, qui n'eft point ni la même que l’eflence di vine , ni la même que l’eflence d’une autre fphere, & qui n’en eft Cependant pas différente. Il ya différens ordres d’eflences. | Il y a des eflences pures ; il y en a de libres ,11y en a d’enchaïnées à des corps ; 1l y en a de fouillées ; il y en a d’heureufes ; 1l y en a de malheureufes. Les effences divines & les ames héroiques {ont li- Tome XIV, | , SAR 675 bres. Si elles font unies ou lices À quelque chofe, c’eft à l’eflence éternelle & divine, leur principe; leur caufe, leur perfeétion , leur incorruptibilité , leur éternité, toute leur perfeétion, | Elles n’ont point de corps & n’en ont pas befoin. Le monde fenfble eft comme l'ombre du monde divin ; quoique celui-ci n’ait nulle dépendance, nul befoin du premier, il feroit abfurde de fuppofer Pun exiftant, & l’autre non exiftant. Il y a corruption, viciffitude , génération , chan- gement dans le monde fenfible ; mais rien ne S'y ré- {out en privation abfolue. | Plus on s’exercera à la vifion intuitive de l’effence prenuere , plus on l’acquerra facilement. [l en eft du voyage du monde fenfible dans le monde divin, com- me de tout autre. Cette vifion ne fera parfaite qu'après la mort. L’a- me ou l’eflence de l’homme fera libre alors de tous les obftacles du corps. Toute cette fcience myftique eft contenue dans le livre du faint prophete; je ne fuis que l’interprete. Je n'invente aucune vérité nouvelle, La raïfon étoit avant moi ; la tradition étoit avant moi ; l’alcoran étoit avant moi. Je rapproche ces trois fources de lu- miere. Pourquoi le faint prophete ne l’a-t-il pas fait lui- même?c'eft un châtiment qu'il a tiré de l'opiniâtreté, de la defobéifflance & de l’imbécillité de ceux qui l'é- coutoient. Î a laïffé à leurs defcendans le foin de s’éle- Ver par eux-mêmes à la connoiflance de l'unité vraie. L’imitateur du faint prophete, quitravaillera coim- me lui à éclairer fes femblables, trouvera les mêmes hommes, les mêmes obftacles , les mêmes pañions, les mêmes jaloufies, les mêmes inimitiés , & il exer- cera la même vengeance: Il fe taira ; il fe contentera de leur prefcrire les principes de cette vie , afin qu'ils S’abitiennent de l’ofenfer: | Peu font deftinés à la félicité de la vie; les feuls vrais croyans-l’obtiendront, Quand on voit un derviche tourner fur lui-même jufqu'à tomber à terre , fans connoiffance, fans fenti- ment; yvre, abruti, étourdi, prefque dans un état de mort, qui croiroit qu'ila été conduit cette pratique extravagante par un enchainement incroyable de conféquences déliées, & de vérités très-fublimes ? Qui croiroit que celui qui eft aflis immobile au fond d’une caverne , les coudes appuyés fur fes ge- noux , la tête penchée fur fes mains, les yeux fixé- ment attachés au bout de fon nez, oil attend des journées entieres l'apparition béatifique de la flamme bleue , eft un aufh grand philofophe que celui qui le regarde comme un fou , & qui {e promene tout fier d’avoir découvert qu’on voit tout en Dieu? Mais après avoir expofé les principaux axiomes de la philofophie naturelle des Arabes & des Sarra- Jens, nous allons pafler à leur philofophie morale. Après avoir remarqué que c’eft vraiflemblablement par une fuite de ces idées que les mufulmans réve- rent les idiots : ils les regardent fans doute comme des hommes étourdis de naiffance,, qu font naturel- lement dans l'état de vertige, & dont la ftupidité innée fufpendant toutes lés fonétions animales & vi- tales ; l’eflence deleur être eft fans habitude, fans exercice ; mais par une faveur particuliere du ciel , intimement unie à l’eflence éternelle. Mahomet ramena les'idolâtres à la connoiffance de lunité de Dieu , il aflura les fondemens de la fcience morale, la diftinétion du juite & de l’injufte , l’im- mortalité de lame, les recompenfes & les chatimens à venir ; 1l preflentit que la paflion des femmes étoit trop naturelle, trop générale & trop violente, pour tenter avec quelque fuccèsà la refrener:; il ana mieux y conformer fa légiflation , que d’en multiplier à lin- fini les infrations, en oppofant fon autorité à l'im- QQgqq 676 SAR pulfion fi utile & fi douce de la nature ; 1! défendit le vin, & il permit les femmes; en encourageant les hommes à la vertu, par lefpérance future des volup- tés corporelles , ils les entretint d’une forte de bon- heur dont ils avoient un avant-soût. Voici les cinq préceptes de l’flamifme ; vous di- rez: n’y a qu'un Dieu, & Mahomet eft Papôtre de Dieu ; vous prierez; vous ferez l’aumône ; vous irez en pélerinage ; & vous jeunerez le ramadan, Ajoutez à cela des ablutions légales, quelques pra- tiques particulieres , un petit nombre de cérémonies extérieures , & de ces autres chofes dont le peuple ne fauroit fe pafler , qui font abfolument arbitraires, &c qui ne fignifient rien pour les gens fenfés, de quel- que religion que ce foit, comme de tourner Le dos au foleil pour pifer chez les mahométans. , Il précha le dogme de la fatalité , parce qu’il ny a point de doëtrine qui donne tant d’audace & de me- pris de la mort, que la perfuañon que le danger eff égal pour celui qui combat , 8 pour celui qui dort; que l’heure, l’inftant, le lieu de notre fortie de ce mondeeftfixé, & que touté notre prudence eft vai- ne devant celui qui a enchainé les chofes de toute éternité, d’un lien que fa volonté même ne peut re- lâcher. il profcrivit les jeux de hafard, dont les Arabes avoient la fureur. Il ftun culte pour la multitude , parce que le culte gui feroit fait pour un petit nombre, marqueroit Pim- bécillité du légiflateur. La morale de l'iflamifme s’étendit & {fe perfe&tion- na dans les fiecles qui fuivirent fa fondation. Parmi ceux qui s'occuperent de ce travail, & dont nous avons fait mention, on peut compter encore Scheich Muflas , Eddin, Sadi, l’auteur du yardin des rofes per- fiques. Sadi parut vers le milieu dutreizieme fiecle ; il culti- va parl’étudelebon efprit que la nature luravoit don- né ; il fréquenta l’école de Bagdad, & voyagea en Syrie où:il tombaentre les mains des chrétiens qui le jetterent dans les caîñes, & le condamnerent aux travaux publics. La douceur de fes mœurs êt la beau- té de fon génie, luifirent un proteéteur zélé , qui le tacheta, & qui lui donna fafille; Après avoir beau- coup vu des-hommes ; ilécrivit fon ro/arium, dont voici l’éxorde. Quadam noûle praterir semporis memoriam revo- CAL NS Viræque male tranfaële difpendium cumindignatio- ne devorayi, Saxumque habisaculo cordis lacrymarum adamante perforavi , | * Hofque verfus condition meæ convenientes effudi. Quovis momento unus-visæabitfpirims, Lilud dum infpicio, non smaulrum refhinr. O 1e cujus jam quinquaginta funt elapfi fomnoeriam- zum graven à Ji Urinam ifios quinque fupremos vitæ dies probe tn- teliigens | Pudor illi qui abfit opufquenon perfecit. Difcuflus tympanum percufferunt , farcinan non : compofuit ; F2 Suavis fumnus in difceffus aurora, Rerinet peditem ex ininere, Quicumque venie novam fabricam flruxir ; Abir ille ; fabricamque alteri conflruxit ; Alier illa fimilia huic vanitatis molimina agitavit ; Illam vero fabricam ad finem: perduxir nemo. Sodalem inflabilem , amicum ne adfciffe. Amicitià indignus eff fallaciffimus hic murdus. Cum bonis malifque pariter fit moriendum , Beatus ille qui bonitatis palmam reportavir. Viaticum vise in fepulcrum tuurrpræmitte ; SAR Mortuo enim te , nemo feret, tute ipfe prœmirte: Vitaur nix eff, folque augufti. R Pauxillum reliquit, tib1 samen domino etiamnure facordia & inertia blanditur ! Heus tu qui manu vacud forum adiifli ? Mesuo ut plenum referas ffrophiolum. Quicumque fegetem fuam comederit, dum adhuc is herba ef? , - . Meffis tempore, fpicilegio contentus effe cogitur. Conjilium Saadi , attentis animi auribus percipe. Visa iva fe habes : su te virum prœfla, & vade. . Lepoëte ajoute : J'ai murement pefé ces chofes ; j'ai vu que c’étoit la vérité, 8 je me fuis retiré dans . un lieu folitaire ; j’ai abandonné la focieté des hom- mes ; j'ai effacé de mon efprit tous les difcouts frivo- les que Javois entendus ; je me fuis bien propofé de ne plus rien dire de mal, & ce deflein étoit formé au-dedans de mot, lorfqu'un de mes anciens amis, qui alloit à la Meque à la fuite d’une caravane ; avec {a provifion & fon chameau, entra dans mon hermi- tage ; c’étoit un homme dont l'entretien étoit plein d’agrémens & de faillies ; 1l chercha à m’engager de converfation inutilement, jene proférai pas un mot; dans les momens qui fuivirent , fi j’ouvris la bouche, ce fut pour lui révéler mon deffein de pañler ici, loin des hommes, obfcur & ignoré, le refte de ma vie; d’adorer Dieu dans le filence , & d’ordonner toutes mes aétions à ce but; mais l’ami féduifant me peignit avec tant de charme la douceur & Les avantages d’ou- vrir fon cœur à un homme de bien, lorfqw’on lavoit rencontré , que’je me laïflai vaincre ; je defcendis avec lui dans mon jardin, c’étoit au printems, il étoit couvert derofes éclofes, lair étoit embaumé de lo- deur délicieufe qu’elles exhalent fur le foir. Le jour fuivant , nous paflames une partie de la nuit à nous promener &t à converfer , dans un autre jardin auffi planté &z embaumé de rofes; au point du jour, mort hôte 8 mon ami fe mit à cueillir une grande quantité deces rofes , & il en remplifloit fon fein ; lamufe- ment qu'il prenoit, me donnoïit des penfées férieu- fes ; je me difois : voilà le monde : voilà fes plaïfirs = voilà lhomme: voilà la vie ; 8 je méditois d'écrire un ouvrage que j'appellerois Z jardin des rofes, &"je con- flai ce deffeinà mon ami, & mon deffein lui plut, & il, m'encouragea, &c je pris la plume, & je commen- çai mon ouvrage qui fut achevé avant que les rofes dont il avoit rempli fon fein, ne fuflent fances. La belle ame qu’on voit dans ce recit ! quleft fiiple, délicat, &élevé ! qu'il eft touchant ! iLe rofzrium de Saddi n’eft pas un traité complet de motale ; ce n’eft pas non plus un amas informe & découfu de préceptes moraux ; il s'attache à certains points capitaux, fous lefquels il raflemble fes idées ; ces points capitaux font les mœurs des rois, les mœurs des hommes religieux ; les avantages de la continen- e!, les avantages du filence , amour &c/la jeunefle, la vieillefle & l’imbécillité , l'étude des fciences,, la douceur &c l'utilité de la converfation. Voici quelques maximes générales de la morale | dés Sarrafins , qui ferviront de préliminaire à labre- gé que nous donnerons du ro/zrium de Saddi, le mo- nument le plus célebre de la fagefle de fes compa- triotes. 7 “Limpre-eft mort au milieu des vivans ; l’homme pieux vit dans le féjour même de la mort. : La religion, la piété, le culte religieux, font au- tant de glaives de la concupifcence. | 1 Fa crammte de Dieu eft la vraierichefle du cœur. Ées prieres de la nuit font la férénité du jour. La pieté eft Ja fageffe la plus fage , & l'impiété eft lafolie Ta plusfolle. " .” en SiVon gagne à fervir Dieu , on perd à fervir fon ennemi. Celui qui difipe fa fortune-en folies , a tort de fe plaindre, lorfque Dieu Pabandonne à [a pauvreté. L’humilité eft le havre de la foi; la préfomption eft fon écueil. Humilie-toi dans ta jeunefle, afin que tu fois grand dans ta vieilleffe. L’humilité eft Le fard de la noblefle, c’eft le com- plement de la grace , elle éleve devant le monde &c . devant Dieu. L’infenfé aux yeux des hommes & de Dieu , c’eft celui qui fe croit fage. . Plus tu feras éclatant, plus tu feras prudent fitute caches; les ténebres dérobent à l'envie , & ajoutent de la fplendeur à la lumiere ; ne monte point au haut de la montagne d’où l’on t’appercevroit de loin; en- fonce-toi dans la caverne que la nature a creufée à fes. iés , où l’on tira chercher; fi tu te montres, tu feras Rs ou flatté , tu fouffriras, où tu deviendras vain ; marche , ne court pas. | Trois chofes tourmentent fur-tout , l’avarice , le fafte & la concupifcence. Moins l'homme vaut, plus il eft amoureux de lui. Plus il eft amoureux de lui, plus il aimée à contre- dire unautre. Entre les vices difficiles à corriger, c’eft l'amour de foi, c’eft le penchant à Contredire. Lorfque les lumieres font allumées, ferme les fe- NHÊtrE Sois diftrait , lorfaw’on tient un difcouts obfcène, S'il refte en torune feule paflion qui te domine, tu n'es pas encore fage, Malheur au fiecle de l’homme qui fera fage dans la pafñon. 11 On s'enrichit en appauvriffant {es defirs. Si la paffion enchaîne le jugement, il faut que l’hom- me périfle. Une femme fans pudeur eft un mets fade & fans el, | | Si Phomme voyoit fans diftraétion la nécefité de fa fin & la briéveté de fon jour, il mépriferoit le tra- vail & la fraude. Le monde n’eft éternel pour perfonne, laife-le paf er, & t’attache à celui qui l’a fait. Le monde eft doux à l'infenfé, 1l eft amer au fage. Chacun a fa peine , celui qui n’en a point n’eft pas à compter parmi les enfans des hommes. Le monde eft un menfonge , un féjour de larmes. Le monde eft la route qui te conduit dans ta pa- trie. Donne celui-ci pour Pautre, & tu gagneras au change. Reçois de lui felon ton befoin , & fonges que la mort eft le dernier de fes dons. Quand as-tu réfolu de le quitter? quand as-tu ré- folu de le haïr ? quand, dis-moi, quand ? il pañle, &1l n’y a que la fagefle qui refte. C’eft le rocher & Vamas de pouffere. : Songe à ton entrée dans le monde, fonge à ta for- tie, &ctu te diras , J'ai été fait homme de rien, & je ferai dans un inftant comme quand je n’étois pas. Le monde &c fa richefle pañlent , ce font les bon- nes œuvres qui durent. Vois-tu ce cadavre infe&, fur lequel ces chiens af famés font acharnés ; c’eft le monde, ce font les hommes. Que le nombre ne te féduife point, tu feras feul unjour, un jour tu répondras feul. _ Suppléer à une folie par une folie, c’eft vouloir éteindre un incendie avec du bois & de la paille. L'homme religieux ne s’accoude point fur la terre. Dis-toi fouvent d’où fuis-je venu ; quifuis-je ; où vais-je ; où m'arrêterai-je ? Tu marches fans cefle au tombeau. C’eft la viétime grafle qu’on immole, c’eft la mai- gre qu’on épargne. Tome XIV, | pañle. Tu fommeilles apréfent, mais tu Péveilleras. Entre la mort &c a vie, tu n’es qu'une ombre qui - Ce monde eft aujourd’hui pour toi, demain c’en feraun autre, C’eft l'huile qui foutient la lampe qui-luit, c’eftla patience qui retient l’homme qui fouffre. Sois pieux en préfence des dieux, prudent parmi leshommes, patient à côté des méchans. La joie viendra fi tu fais Pattendre , le répentir f tu te hâtes. e Le mal fe multiplie pour le pufllanime, 4 n’y en a qu'un pour celui qui fait fouffrir. 1 Laifle l’ation dont tu ne pourras fupporter le châ- timent, fais celle dont la recompenfe t’eft aflurée. Tout chemin qui écarte de Dieu , écare. L’aumône dit en paflant de la main de celui qui donne, dans la main de celui qui reçoit, je n’étois rien, & tu m'as fait quelque chofe ; j’étois petite, &c tu m'as fait grande; j'étois haie, & tu m'as fait aimer ; J'étois paflagere , & tu m'as fait éternelle ; tu me gardois , &c tu m'as fait ta gardienne. La juftice eft la premiere vertu de celui qui com= mande, N’écoute pas ta volonté qui peut être mauvaile ; écoute la juftice. { Le bienfaifant touche l’homme , il eft à côté de Dieu, il eft proche du ciel. L’avare eft un arbre ftérile. Sile pauvre eft abjeét , le riche eft envié. Sans le contentement , qu’eft-ce que la richeffe à qu’eft-ce que la pauvreté fans l’abje&ion ? Le juge n’écoutera point une partié, fans fon ad- verte. Ton ami eft un rayon de miel qu'il ne faut pas dé- vorer. Mon frere eft celui qui m’avertit du péril; mon frere eft celui qui me fecourt. La fincérité eft le facrement de l’amitié. Banniflez la concorde du monde , & dites-moi ce ul devient. Le ciel eft dans l’angle où les fages font aflem- blés. La préfence d’un homme fage donne du poids à Pentretien. Ermbarque-to1 fur la mer, ou fais focieté avec les méchans. ù Obeis à ton pere afin que tu vives. Imite la fourmi. Celui-là poffede fon ame, qui peut garder un fe: cret avec fon ami. : Le fecret eft ton efclave fi tu le gardes, tu deviens le fien s’il échappe. La taciturnité eft fœur de la concorde, L'indifcret fait en un moment des querelles d’un fiecle. On connoit l’homme favant à fon difcours, l’hom- me prudent à fon a&ion. Celui qui ne fait pas obéir , ne fait pas comman- der. Le fouverain eft ombre de Dieu. È L'homme capable qui ne fait rien, eft une nuë qui pafñle êc qui n’arrofe point. Le plus méchant des hommes , eft l’homme inu- üle qui fait. Le favant fans jugement , eft un enfant. L’ignorant eft un orphelin. AR | Regarde derriere toi, & tu verras l'infirmité & la vieillefle qui te fuivent, ortu concevras que la fageffe eft meilleure que l'épée, la connoiffance meil- leure que le fceptre. Il n’y a point d’indigence pour celui qui fait. La vie de l’ignorant né pefe pas une heure de l’homme qui fait. 4 QQggqi 778 SAR La douceur accomplit l'homme qui fait. Fais le bien, fi tu veux qu'il te foit fait. Qu'as-tu , riche? fi la vie eft nulle pour toi. Celui qui t’entretient des défauts d'autrui, entre- tient les autres des tiens. Les rois n’ont point de freres ; les envieux point de repos ; les menteurs point de crédit. Le vifage du menfonge eft toujours hideux. Disla vérité, & que ton difcours éclaire ta vie. Que la haine même ne tapproche point du par- jure. | ? L’avare qui a eft plus indigent que le libéral qui marque. La foifla plus ardente eff celle de la richefe. - I ÿ a deux hommes qu'on ne raflafe point, celui qui court après la fcience, & celui qui court après la richefle. | La parefle &r le fommeil éloïgnent de la vérité, & conduifent à lindigence. | Le bienfait périt par le filence de Fingrat. * Celui que tu vois marcher lattête panchée &c les yeux baïflés, eft fouvent un méchant. Oublie l'envieux, il eft aflez puni par fon vice. C’eft trop d’un crime. * Le malheureux, c’eftl'homme coupable quimeurt avant le repentir. Le repentir après la faute , ramene à état d'inno- cence. La petitefle de la faute eft ce qu'il y a de mieux dans lerepentir. | Il efttems de fe repentir tant que le foleil fe leve. Songe àtoi, caril y a une recompenfe &r un châ- timent. | La recompenfe attend l’homme de bien dans Fé- ternité. | Outre cette fagefle dont lexpreffion eft fimple , ils en ont une parabolique. Les Sarrafins font même plus riches en ce fond, que le refte des nations ; ils difent : | _ Ne nage point dans Peau froide; émouffe l’épine avec l’épine ; ferme ta porte au voleur; ne lâche point ton troupeau, fans parc; chacun a fon pié; ne fais point de fociété avec le lion ; ne marche point Aud dans lesrues ; ne parle pointotily a des oifeaux de nuit; ne te livre point aux finges ; mets Le ver- tou à ta porte ; j'entens le bruit du moulin , mais je ne vois point de farine ; fi tu crains de monter à l’é- chelle, tu n’arriveras point fur letoit, celui qui a Le poing ferré , a le cœur Ctroit ; ne brife point la faliere de ton hôte; ne crache point dans le puits d’où tu bois; ne t’habille pas de blanc dans les ténebres; ne bois point dans une coupe de chair; fi un ange pañle, ferme ta fenêtre ; lave-toi avant le coucher; allume . ta lampe avant la nuit; toute brebis fera fufpendue par le pie. | Ils ont auffi des fables : en voici une. Au tems d’I- {a, trois hommes voyageoient enfemble: chemin faifant , ils trouverent un tréfor, ils étoientbien con- tens ; ils continuerent de marcher, mais ils fentirent . la fatigue 8 la faim , & l’un d’eux dit aux autres, 1l faudroit avoir à manger, qui ef-ce qui ira en cher- cher ? Moi, répondit lun d’entr'eux ; 1l part, il achete des mets ; mais après les avoir acherés , il penfa que s'il les empoifonnoit , fes compagnons de voyage en mourroient, & que le tréfor lui ref- teroit, &c il les empoifonna. Cependant les deux autres ayoient réfolu , pendant fon abfence , de le tuer, & de partager le tréfor entr’eux. Il arriva, ils letuerent ; ils mangerent des mets qu'il avoit ap- portés, ils moururent tous les trois, &c Le trélor n’appartint à perfonne. SARRASINE, £ f. (Hiff. nat. Bor.) farracena ; sen- re de plante à fleur en rofe, compolée de plufieurs pétales difpofés en rond, & foutenus par un calice formé de plufeurs feuilles. Le piftil fort du milieu de cettefleur ; il eft yarni d’une efpece de bouclier mem- braneux , & il devient dans la fuite un fruit arrondr êt divifé le plus fouvent en cinq loges, qui renfer- ment des femences oblongues. Tournefort, I. R. H. App. Voyez PLANTE. | SARRASINE,, terme de Fortification, fe dit d'une ef. pece de porte, formée de plufieurs pieces de bois perpendiculaires les unes aux autres, où qui font en- femble une forte de treillage. Les pieces de bois dont la pointe eft en-bas, font armées de pointes de fer. La farrafine fe mettoit autrefois au-deffus des portes des villes, fufpendue pat une corde à un moulinet qui eft au- deflus de fa porte. Elles étoient deftinées à boucher les portes dans le cas des furprifes; caf âchant le moulinet, la farrafine s’abaifloit , & tom- boit debout entre deux couliffes, pratiquées pour cet effet dans Les deux côtés de la porte. Cette forte.de fermeture ne fe pratique plus à-préfent : on y a fub- ftitué les orgues. Voyez ORGUES. ie : L'inconvénient de la farrafine, qu’on appelle auf herfe, étoit la facilité d’en arrêter l’effet, en fichant ee clous dans les coulifles, ou en mettant def- ous la porte quelque chofe de propre à l'arrêter, ou à la foutenir de maniere qu’on puiffe paffer afément deffous, ou à côté. Voyez HERSE. (Q) SARRASINOIS, f. m. (Anc. nom des Tapiffiers.) ce nom fe difoit autrefois, &c s’entend encore dans les ftatuts de divers artifans, particulierement dans ceux des T'apiflers de la ville de Paris , de toutes {or- tes d'ouvrages de tapiferie qui fe font en Orient, comme les tapis de Turquie & de Perfe. C’eit, à ce qu’on croit, fur ces ouvrages ainfi nommés du nom des Surrafins , contre lefquels les Chrétiens ont fait tant de croifades, que ces derniers ont pris le mo- dele des hautes & bafles liffes , qui ont continué de- puis ce tems-là de fe fabriquer en Europe. Les Taprd- fiers de Paris s’arrogent la qualité de maîtres tapif- 2 de cer Jarrafinois , & de rentraiture, &e. D. J. SARRÉAL, (Géogr. mod.) petite ville d'Efpagne, dans la Catalogne, fur le Francoli , remarquable par fes carrieres d’albâtre, qui eft fi tranfparent étant coupé par feuilles , qu’on en fait des glaces de fené- tres. ( D. J.) SARRIETTE, L f.(Æifé. rar. Bot.) fatureïa ; genre de plante qui differe du thym en ce que fes fleurs naiflent éparfes dans les aifelles des feuiiles, 8 non pas réunies en mamiere de tête; du calament, en ce que les pédidules des fleurs ne font pas branchus ; ê£ du tymbre, en ce que fes fleurs ne font pas difpofées par anneau. Tournefort, 2nff. rei herb. Voyez PLANTE. SARRIETTE , (Diere 6 Mar. med.) cette plante qui _eft de la claffe des labiées de Tournefort, eft aroma- tique, & contient de l’huile eflentielle. Elle à un goût vif,âcre, piquant, brülant prefque comme du poivre, lequel dépend d’un principe mobile qui irrite fenfible- ment les yeux & le nez, lorfqu'on l’en approche de très-près; ce qui n'empêche pas qu’elle n’ait une odeur très-douce , lorfqu’on la flaire d’un peu loin. Je ne doute point que ce principe volatil ne foit un acide fpontané, analogue à celui que j’ai obfervé dans le mafum. Voyez MASUM. | La farrierte eft employée à titre d’affafonnement dans plufieurs mets, fur-tout chez les Allemans, qui la mêlent aufli parmi les choux dont ils préparent leur /auer kraur. Cet affaïonnement aromatique &c piquant eff très-utile pour les effomacs foibles &c lan- guiffans; & il corrige utilement certains alimens lourds, fades, vifqueux, &c. Quant à fon ufage pharmaceutique, on doit regar- der la farrierte comme un remede échauffant tonique, fortifant , ftomachique , aphrodifiaque , emménago- gue, diurétiqué, dont on peut tirer un fecours efficas ce contre les maladies de langueur, de foiblefe, de relâchement, telles que les menaces d’affeétion fopo- teufe, les pâles-couleurs, l’œdème, laffhme humi- de, &c. On doit donner fes feuilles ou fes fommités, en infufion dans de Peau ou dans du vin: une preu- ve de fon efficacité, c’eft qu’elle a procuré quelque- fois des crachemens & des piflemens de fang. Une forte infufon de cette plante dans le vin four- mit un excellent remede extérieur contre les échimo- fes, les œdèmes, éc. un bon gargarifme contre le relachement de la luette, l’enflure des amygdales, certaines extinétions de voix dépendantes du sonfle- ment œdémateux du fond de la gorge, 6. Il faut avoir foin cependant de faire l'infufon plus lévere pour ce dernier ufage. * L’huleeffentielle de /xrrierse étant une des plus vi- ves, des plus âcres, vraiflemblablement par le mé- lange de l’acide volatil, eft très-propre à appaifer la douleur des dents cariées. (4) ; , SARRITOR, f. m. (Myrholog.) nom que les Ro- mains donnoient à un de leurs dieux de lAsricultu- re. C’étoit le premier que les Laboureurs invo- quoient après que les blés étoient levés, parce qu'il préfidoit , felon eux, au travail de farclerles champs; c’eft-à-dire d’en arracher les mauvaifes herbes qui naiffent avec le blé, (D. J. : SARSANE ou SARZANE, ( Géosr. mod.) ville d'Italie dans létatde Gènes, furles frontieres de T'of- cane, 18 lieues au fud-eft de Gènes, & à ÿ au nord- eft de Mañfa, Son évêché, quoique fous la métropole de Pife, n’en fubit pas la jurifdiétion. Côme L. grand duc de Tofcane , céda cette ville aux Génois pour Livourne, en quoi il fit un admirable échange. Long, 27.304148. 44.9: (D. JT) SARSEPAREILLE, {. £. (Boran. exor.) on trouve fous ce nom dans les boutiques, des racines , ou plus tôt des branches de racines qui ont plufieurs aunes, grofles comme des joncs, ou des plumes d’oye, plian- tes , flexibles, cannelées dans leur longueur, revé- tues d’une écorce mince; extérieurement de couleur roufsâtre ou cendrée. Sous cette écorce eft une fub- fance blanche, farineufe , un peu charnue, molle, fe réduifant aifément en une petite pouffiere quand on la frotte entre les doigts ; reffemblant à l'agaric ; d’un goût tant foit peu gluant ,un peu amer, & qi cependant n’eft pas défagréable. Le cœur de la racine eft ligneux , uni, pliant & dificile à rompre. Il {ort tranfverfalement plufieurs de ces branches d’une mé- me racine, qui eft de la groffeur d’un pouce & écail- leufe. On nous apporte la farfépareille de la nouvelle- Efpagne, du Pérou & du Bréfil. . On eflime celle qui eft pleine , moëleufe , folide, bien confervée, blanche en-dedans, de la sroffeur d’une plume d’oye, & qui fe fend aifément comme Vofier en parties égales dans toute fa longueur. On rejette celle qui eft d’un gris-noirâtre, qui eft cariée, 6 qui répand beaucoup de pouffiere farineufe quand on la fend ; on rebute auf celle qui eft trop srofle, & qui vient communément de Marantha province de Brefil. _ Gnapporte d'Amérique, fous Le nom de racine de Jarfepareille, différentes plantes femblables, ou plu- tôt de même genre que le frilax afpera. Hernandès €n nomme quatre efpeces qui croiflent au Mexique, & dans la nouvelle-Éfpagne. Monard fait aufi men- tion d’une certaine farfepareille qui croît À Quito, province de la dépendance du Pérou. Enfin Pifon & Marcorave décrivent la farfépareille du Bréfil, que les habitans de ce pays appellent jzapecanga. Elle jette au loin fes racines écailleufes & fibreu- fes; fes tiges font velues, farmenteutes, lipneufes, fouples, vertes, garnies d’ésuillons de part & d’au- tre. Il vient fur les tiges des feuilles difpofées dans un SAR 679 otre alternatif, longues de fix où huit pouces, poin- tues des deux côtés, comme le repréfenre ja foure de Pifon, ou figurées en cœur felon Hernandez & Monard; eiles font larges de trois ou quatré pouces, avec trois côtes remarquables étendues furtoute leur longrieur ; d'un verd-clair en-dehors, & foncé en deflous ; munies à leur queue de deux clavicules ou Vrilles, qui nouent fortement la /zyfévareille aux au tres plantes, Les fleurs y font en grappes ; il leur {ucs cede des baies d’abord vertes, rouges enfuite , enfirt noires ; de la groffeur des médiocres cerifes, ridées 4 contenant un ou deux noyaux, d’un blanc-jaunâtre, qui renferment une amande dure & blanchätre. Les anciens Grecs & les Arabes ne connoidoient pas la Jar/épareille. Lies Efpagnols ont les premiers fait pafler du Pérou fon ufage en Europe. On fait qu’elle eit puifamment fudorifique , & qu’elle divife ou at- ténue les humeurs vifqueufes & ténaces. On sen fert avec fucces dans les maladies vénériennés ; celles de la peauen général, & les maladies chroniques qui viennent d’humeurs froides, épaifles & vifqueufes, Comme les particules de cette piante font plus fubti- les que celles de la fquine & du gayac, elles excitent une plus grande fueur, Cn débite en Europe quelques autres racines fous le nom de /urfepareille, maïs qu'on peut diftinguer facilement de la véritable; cependant celle dont nous allons parler approche de fes vertus. C’eft la racine d'une plante nommée uralia caule nudo, par Lin- nœus, Aore, chff. Zarzaparilla Virginienfes noffratibus ditfa , lobatis urbellifère foliis Amnericane. Plik. Alm. 390. Cette racine eft longue de cinq à fix piés, moë- leufe, épaifle, odorante & moins compaéte que la” vraie /ar/épareille. Elle poufle une tige haute d’envi- ron une coudée , d’un rouge-foncé, velue , laquelle fe partage en trois rameaux longs de cinq ou fix pous ces ; chaque rameau porte cinq feuilles, oblongues, larges de deux pouces & longues de trois » dentelées fur le bord. De l'endroit où fe divife la tige, fort un pédicule nud, quife {épare en trois brins, chargés chacun d’un bouquet de fleurs , entouré à {a bafe d'une fraife de petites feuilles. Chaque fleut eft portée fur un filet long d’un demi-pouce, dont le calice placé fur la tête de l'embryon et très-petit, à cinq dentelures. Les pétales font au nombre de cinq, difpofés en rond. L'embryon qui porte la fleur devient une baie rouge, creufée à fa partie fupérieure en maniere de nombril applati, a quatre ou cinq angles, & partagée en aus tant de loges, dont chacune renferme une graine ap- platie &c cannelée. Cette plante croît dans la Virainie ët le Canada, entre les 40, 45 & 47 degrés de /ari- tude. Les habitans l’appellent Jarfépareille, parce qu’el- le a prefque la figure & les vertus de la véritable. (2.1) SARSINA , (Géogr. anc.) où Sarcina , &t dans quelques infcriptions Saf£na , aujourdhui Sarcine $ ville d'Italie, dans Ombrie & dans les terres , {ur la rive gauche du fleuve Sapis, | C’étoit la patrie de Plaute, poëte comique, Com me la remarqué $. Jérôme, chron. ad Olyrmpiad, 245. Plautus ex Umbriä Sarfinas, Rome morirur. Quoi qu'il fût plus jeune qu'Ennius, Pacuve & Aus ,1l mourut avant eux, l’an de Rome 570. Horace le loue de ne perdre jamais fon fujet de vüûe; de ne laïf ier jamais languir le théâtre, & d'avancer toujours vers le dénouement. C’eft un des principaux talens d’un poëte dramatique, & perfonne ne l’a poffédé en un fi haut degré que Plaute, Nous ayons déjà parlé de lui dans plufieurs autres occafions. (2. I.) SARSINE, (Géogr.mod.) ou Sarcine, en latin Sars Jina, Sarcina & Saffëna ; ville de l'état de PEglife, dans la Romagne, au pié de l’Apennin, à 8 milles au fud-oueft de Rimini, fur la rive gauche du Savio. 650 SAR Son évêché eft fuffragant de Ravenne. Elle étoit au- trefois fi puiflante, qu’elle donna aux Romains un {e- cours confderable , pour empêcher lPirruption que les Gaulois vouloient faire dans ce pays-là, en tra- verfant les Alpes. Il paroït par des inferiptions ,. que c’étoit un municipe. Long. 29. 45. lait. 43: 50, (2. 7.) SARSIO JUS-NO-KI, ( Æiff. mar. Botan. ) arbre du Japon que l’on appelle auñi arbre de fer ; left d’une grandeur extraordinaire; fes feuilles alternativement oppofées font ovales , pointues , longues de deux pouces, inégales, dures, épaïfles, &c fans découpu- res, Son fruit qui croît fans pédicules au fommet des petites branches , eft de figure conique. Il devient ligneux, en fe defléchant, &t fe trouve intérieure- ment rongé, comme la noix de galle. Il eft affez gros, dans fafraîicheur, pour remplir la main. Les finges l’aiment beaucoup : ce que le nom de /arfto fignifie. Les Japonois nomment auf cet arbre, yus-no-k. SART , LE, (Géog. mod.) petite riviere de France, dans la haute - Normandie , au pays de Bray. Elle prend fa fource à Foucarmont, &c fe jette dans la mer, entre Dieppe & la ville d'Eu. Il ne faut pas la confondre avec la Sarte, riviere du Maine. (D. J.) SART , f.m. ( Marine.) nom qu’on donne à des herbes qui croiffent au fond de la mer, &t qu’elle re- jette à la côte. SARTA ; (Géog. anc.) riviere de la Gaule, chez les Cerromani. Son nom eft ancien, & il étoit ufité parmi les Gaulois ; cependant on auroït de la peine à le trouver dans un auteur plus ancien que Théo- dulphe d'Orléans, qui nous en donne lorigine , & décrit ainfñ le couts de cetteriviere, Z. IV. carm. vy. Ef? fluvius : Sartam galli dixere priores ; Perticus hunc giguit, 6 meduana bibir, Fluëtibus ille fuis penerrans cenomanica rura Mania qui propter illius urbis abir, Et au 2. II. carm. 11j. de urbe Andegavenft, en pat- Jant de la ville d'Angers , 1l dit: Quam meduana morans fover, & liger aureus ornat, Quam rate cumdevi Saxta decora juvat. Cette riviere conferve fon ancien nom; on l’ap- pelle à préfent la Sarse. (D. J.) SARTE, LA, (Géog. mod.) en latin moderne Sarza, riviere de France, dans le Maine. Elle a fa fource aux confins de la Normandie & du Perche, près de l’abbaye de la Trape, coule d’abord à l’occident, puis tourne vers le midi, entre enfuite dans l’Anjou, où elle reçoit le Loir; & un peu au-deflus d’Angers, elle fe jette dans la Mayenne, & y perd fon nom, quotr- qu'aufli grofle qu’elle. (2. J.) SARTIE., { m. (Marine. ) terme colle&f, qu fignifie fur la Méditerranée, toutes fortes d’apprèts êt d’apparaux. SARTON, LE, ( Géog. mod.) petite riviere de France ; elle a fa fource au dioceie de Séez, & après un cours d'environ 10 lieues, elle fe jette dans la Sarte , près du bourg de S. Célerin. (2. J.) SARVERDEN , (Géog. mod.) petite ville de Fran- ce, dans la Lorraine Allemande, à 4 lieues au-def- fous de Sarbruch, 8 à 2 de Feneftrange. Elle a pris fon nom de fa fituation fur la Saare , & elle l’a donné au comté dont elle eft le chef-lieu ; ce comté eft un fiefqui arelevé de Metz, dès le douzieme fiecle. Lozg. 24. 40. lar, 48.37. (D. J.) SARVITZA ou SERVITIA , (Géog. mod.) ville de la Turquie Européenne, dans la Macédoine ou Co- ménolitaris, vers la fource d’un ruiffeau qui fe jette dans la Platamona. Cette ville eft bâtie en partie fur une montagne , & en partie dans une plaine. Les Grecs habitent le haut, &cles Turcs ont choufi Le bas par préférence, (D. J.) Î S ‘APR SARUS, (Géog.anc.) riviere de la Cilicie pro= pre : fon embouchure eft marquée par Ptolomée, F. c. viij. entre celle des fleuves Cydnus & Pyrame. Pline, Z PL. c. ii, met auffi un fleuve Surus dans la Cilicie. Tite-Live, Z XA XIII. c, 41. parle destètes, du Sarus, Sari capita, par où il n'entend pas, felon l'exprefñion ordinaire, les fources du Sarus, mais des, élévations, ou des rochers près de la côte êc vers l'embouchure de ce fleuve ; car c’étoit un lieu que les vaifleaux pafloient. Il y a eu un fleuve de la Cap; padoce , & un fleuve de la Caramanie qui ont porté le nom de Sarus. (D. J.) | Én SARWAR , COMTÉ DE, ( Géog. mod.) comté de, la baffle Hongrie, entre le Danube & le Muer. Ileft borné au nord, par le comté de Sopron; à lorient, par le comté de Vefprin; au midi, par le comté de Salavar ; 8 au couchant, par les terres de Stirie; fon nom. lui vient de fa capitale. On lui donne 20 lieués de longueur, du midi au nord , fur 16 de largeur. Le Rab le traverfe du midi occidental, au nord oriental. (2227) :SAR W AR, (Géog. mod.) ville de la baffe-Hon-. arie, au confluent de la riviere de Guntz & du Rab, capitale du comté de même nom. Quelques favans -croyentque c’eft la Sxbaria des anciens auteurs. Long. 35.24. lat, 47.124 (D. J.) SARWITZ, ( Géog.mod.) & en Hongrois Sar- wizza, tivierede la bafle- Hongrie. Elle a fa fource près de Vefprin, &c fe jette dans le Danube ; c’eft l'E/rpanus dessanciens. (D. J.) SARY , ( Géog. mod.) ville de Perfe , remarqua- ble parles mines de cuivre de fonterritoire. Long. fe- lon Tavernier, 74. 15. lat. 36. 40. (D.J.) SAS, TAMIS, £m. (Pharmacie. ) eft un inftru- ment qui fert à féparer les parties les plus fines des poudres, des liqueurs & autres chofes femblables d’a- vec les parties les plus groflieres ;:ou à nettoyer le grain &c en féparet la poufliere , les grains légers, &c. Il eft compofé d’une bordure de bois, dont le cer- cle ou efpace eft rempli par un tiflu de foie, d’une gaze de crain, de toile, de fil d’archal, & même quel- quefois de petites lames de bois. Les tamis qui ont de larges trous font appellés cr:= bles ; comme Îes cribles à charbon, à chaux, crible de jardin, 6e. Quand on veut pañler au tamis des drogues qui {ont fujettes à s’évaporer, on a coutume de mettre un couvercle par-defius. SAS , ( Hydraulique.) eft le paflage ou baffin placé fur la longueur d’une riviere bordée de quais, & ter- minée par deux éclufes, pour conduire les bateaux & les faire pafler d’une éclufe fupérieure à une infe- rieure, & réciproquement de cette derniere à la pre- miere par le jeu alternatif des éclufes, (Æ) SAS-DE-GAND , ( Géog. mod. ) ville des Pays- bas, dans la Flandre hollandoïfe, au quartier de Gand , au bailliage d’Aflenede , à une lieue au fud- oueft de Philippine, & à trois lieues au nord de Gand. Cette petite ville qui eff très-forte , a été ainfi nommée , à caufe d’une éclufe qu’on appelle Sas en flamand , & que les habitans de Gand, avec la per- miion de Philippe IL. firent conftruire pour retenir les eaux de la Lièfe, ou du nouveau canal qu'ils creu-. ferent entre leur ville & ce lieu , pour commumiça- tion avec la mer. Long. 21.18. lat. 51. 14, Au commencement des troubles des Pays-bas, les Gantois firent confturireau Sas-de-Gand,un fort pour fervir de boulevard à leur ville. Le duc de Parme prit cette place en 1583; mais Frédéric Henri, prin- ce d'Orange, la lui enleva en 1644. Depuis ce tems- là , les Etats généraux en ont toujours été les maïi- tres , & s’en {ont aflurés la poffeffion par le traité de Munfter, Il y a une bonne garnifon fous les ordres d’un commandant &c d’un major de la place: Le con- SAR feïl d'état y a établi un receveur pour la recette du . verponding , & des droits de confomption. (2. J. ) SASENO,, ox SALNO, ( Géog. mod. ) petite île de la mer lonienne, à l'embouchure du golfe de Ve- nife, près de la côte de l’Albanie ; elle eft fous la do- mination du turc : Sophien croit que c’eft l'ile Safo, ou Safus des anciens, ( D. J.) SASERON, ( Géog. mod. ) ville des Indes, au royaume de Bengale, entre Agra & Patua, fur le pié d’une montagne, & près d'un grand étang , au milieu duquel eft une petite ile remarquable par une belle mofquée, oùeft la fépulture du Nahab Selim- Kan. Larir. 26. 10. (D. J.) SASJEBU, £. m. ( Æift. nat. Bo. ) c’eft un arbrif feau du Japon ; fes fleurs font monopétales , de figure conique , de la groffeur d’un grain d'orge, blanches, femées le long de petites branches , & entremêlées de très-petites feuilles. Ses baies font de couleur purpurine , fans enveloppe, groffes comme un grain de poivre, d’un goût vineux, & renferment plufeurs femences. SASIMA , ( Géog. anc.) ville de la Cappadoce, fur la route d’Ancyre de Galatie à Fauftinopolis, & felon les apparences, dans la préfeéture de Garfau- rie. Safima eft connue dans l’hiftoire eccléfiaftique, par l’épifcopat de faint Grégoire de Naziance, qui en fut le premier évêque. Selon ce prélat, c’étoit une ftation {ur la voie nulitaire, mais une ftation mi- férable, où l’on manquoit d’eau , où l’on étoit aveu- glé de la pouffiere , où l’on n’entendoit qu'un bruit continuel de chariots, &c où les habitans étoient op- primés par Les brigandages des gensien place. (D. J.) SASINA , ( Géog. anc. ) port d'Itahe, dans la Ca- fabre , felon Pline , Z. JL. c. xj. ce port devoit être fur la côte du golfe de Tarente , dans le pays des Sa- lentins : car Pline remarque que la largeur. de la pé- ninfule, en allant parterre de T'arente à Brurdufium , étoit de trente-trois mille pas; mais que la route du port Safîna à Brundufrum,étoit beaucoup plus courte. SASO, ( Safon, génitif Safonis, ou Saffon, (Géog. arc. )ile de la mer lonienne : les auteurs anciens qui en ont parlé, ne s'accordent pas entierement fur fa poñtion. Strabon , /. #1. la met à moitié chemin, en- tre l’Epire & Brundufium ; & Lucain, Z, II. v. Gay. femble en faire une île de la Calabre. Spumofo Calaber perfunditur æquore Safon. D'un autre côté, Ptolomée, /: LIT c: xiiy. la mar- que fur la côte de la Macédoine, dans lamer Tonien- né; & la plûpart des séosraphes modernes , font de fentiment que l'ile Sa/èzo, qu'on voit à l'entrée du golfe de Valone, eff lile Sa/o des anciens: Cela s’ac- corde afléz avec ce que dit Polybe, Z. Fc. cx. que Pile Safo eft' à l'entrée dela mer lonienne. D’ailleurs, 18 périple de Scylax met l’île de Safor fur la côte de Pillyrie, à la hauteur des monts Cérauniens, & en fixe la diftance aulchemin qu’on peut faire dans le tiers d’ün jour; l’île de Safo eft fort bafle felon Lu- can, L. F. c. d.-cl. | Non humilem Safona vadis. , . !. . EtSilius Italicus, Z. FIL. v..480. exhorte d'éviter les fables dangereux de cette ile. Aüriarici fugite infauftas Saflonis HET (D.J.) SASRAN , f. m.( Marine.) c’eft la planche qui eft à l'extrémité d’un bateau foncet, & fur laquelle les planches du remplage font appuyées. C’eft auffi une groflepiece.de bois, qu’on ajoute au bas du gou- vernail d’un yacht, & qui.y fait une grande faillie en-dehors. | . SASRAN DE GOUVERNAIL, ( Marine.}) piece de bois plate & droite, qu’on applique fur la longueur du gouvernail, afin qu’en lui donnant plus de lar- geur, elle en facilite l'effet, Foyez MARINE, Plan- SAR 631 che IV. fig. 1. le fafran du gouvernail, cotté 176, & Planche VI. fig. 73. 6 74. SASSAFRAS , f. m. ( Æiff, nar. Bot. ) petit arbre qui fe trouve dans les pays tempérés de l'Amérique feptentrionale , où on prétend qu’il prend la hauteur d’un pin ordinaire, fur un pié de diametre; mais parmi les faffafras que l’on a élevé en Europe, Les plus hauts n’ont pas pañlé dix ou douze piés. Sa tige eftdégagée de branchages jufqu’à la tête qui eft touf- fue , & qui formeune efpece de coupole. Son écorce eft unie, un peu rouseûtre, & elle rend au goût une légere faveur de l’anis. Ses racines font dures, pe- fantes, & s'étendent à fleur de terre : il paroïît que dans le pays natal elles pouflent beaucoup de rejet- tons ; cependant en Anoleterre où on a plus élevé de ces arbres qu’en nulle autre contrée de l’Europe, on ne s’eft pas apperçu de cette fécondité. Ses feuil- les font échancrées aflez profondément en trois" par- ties, fans aucune dentelure fur fes bords; elles font d’un verdobfcur & de bonne odeur, fur-tout quand on les a larffé fécher. Ses fleurs paroïflent au prin- tems dès le commencement du mois de Mars; elles font jaunes, petites, raflemblées en bouquets, & d’une odeur agréable. Les fruits qu’elles produifent font des baies de la groffeur & de la forme de celles du laurier : elles ont comme le gland un calice , mais coloré de rouge, ainfi que les pédicules qui les fou- tiennent : ces baies deviennent bleues dans leur ma- turité. Le mêlange de ces deux couleurs dont l’ap- parence eft aflez vive, fait un agrément de plus dans cet arbre fur l'arriere faïfon. Mais ce qu'il a de plus recommandable , c’eft que toutes fes parties répan- dent une odeur aromatique, qui approche de celle de la canelle , & qui indique-fes grandes propriétés. Le faffafras veut une terre meuble & fort humide, telle qu’elle fe trouve ordinairement dans Le Canada, au pays des Iroquois, où il y a beaucoup de ces ar- bres: Mais la Floride & la Louifiane, font les endroits où cet arbre eft le plus commun. Onafouventeflayé en Angleterre de le tenir en caïfle, & de le faire pañler l’hiver dans l’orangerie; mais M. Miller au- teur anglois, penfe que ce n’eft pas la bonne façon de le conduire , & que la meilleure eft de lé mettre en plein air à l’expofñition la plus chaude, dans une terre légere 8 humide, où il faut le garantir des hi- vers rigoureux par les précautions d’ufage en pareil cas, jufqu’à ce que l’arbre foit dans fa force. Je me fuis bien afluré par des épreuves , que cet arbre ne peut fe foutenir dans des terreins fecs & élevés, & qu'il craint fur-tout les grandes chaleurs du mois d’Août qui le font périr. On voit en Angleterre des Jaffafras qui ont très-bien réufi en pleine terre, & qui forment de petits arbres ayec une jolie tête. On ne peut guere multiplier le fafflafras qu’en {e- mant fes graines qu'il faut tirer d'Amérique ; car mal- heureufement elles ne viennent point à parfaite ma- turité en Europe. Encore arrive-t-1l que les graines d'Amérique leventtrès-rarement, ä-moins qu’on n’ait eu la précaution de les envoyer mêlées avec de la: terre. Dans ce cas, ilen levera quelques-unes dès la premiere année; mais le refte ne viendra fouvent, qu'après la feconde ou la troifieme ; ce qui doit en- gager à ne pas fe preffer de reverfer la terre où ces, graines auront été femées. Il faudra fur-tout avoir grand. foin de les arrofer dans les tems de féche-, refle, de les garantir du foleil vers le milieu du jour, ; &c de les préferver du froid pendant les deux ou trois premiers hivers, & fur-tout des froides matinées d'automne, quifont plus de tort à ces arbres que les, fortes gelées d'hiver :, car quand la pointe des ten dres rejettons eft fannée par le froid, 1l fe fait une corruption de feve qui porte l’altération dans toutes. . les parties du jeune arbre &c le fair mourir. El eft très, difficile de multiplier le Jxffafras de branches cou- 682 S À L chées : elles ne font racine qu’au bout de deux où trois ans ; &fouvent il n’en réuffit pas le tiers, fion n'a pas le plus grand foin de les arrofer ; il foufire -affez bien la traniplantation. Le bois de cet arbre eft léger quoiqu’aflez dur, d’une couleur un peu jaunâtre , d’une odeur qui ap- proche-de celle du fenouwul, d'un goût piquant &t aro- matique. On lemploye en Médecine comme incifif, apéritif, & fudorifique. Arricle de M. D'AUBEN- TON , Le fubdélèque. SASSAERAS , f. m. ( Mas. med. ) bois étranger nommé faffafras ou lignum pavanum par I. Bauhin. -C’eft un boïs d’un roux blanchâtre, fpongieux ër lé- ger ; fon écorce eft fpongieufe , de couleur de cendre en-dehors, & de rouille de fer en-dedans , d’un goût âcre, doucâtre, aromatique, d’une odeur pénétrante qui approche de celle dû fenouil ; on nous Papporte de la Virginie, du Bréfil , & d’autres provinces d’Amé- rique. On choïfit Le Jaffafras qui eft récent & fort odo- rant. Quelques-uns préferent l'écorce à caufe de fon odeur qui eft plus pénétrante que celle du bois. On falfifie le faffufras en ÿ mêlant du bois d’anis, appellé Zignum anijatum , vel Lgnum anif: dans J. B, Mais l’on peut le difinguer facilement du Jaflafras par fon odeur de graine d’anis, par fa pefanteur, ê par fa fubftance qui eft compaéte &c rétineue. On coupe le bois du /Afafras d’un grand arbre qui a la hauteur & la figure d’un pain; cet arbre*eft ap- pellé Jaffafras arbor ex Floridä , ficulneo folio'par C. B. P. Laurus fotiis integris & trilobis par Linn. Hors. cliff. 34. cornus mas odorata ; folio trifido, margine plano, faflafras diéla par Plukn. 4m. p. 120. tab. 222." Jig. C:Catesby Æiff. tom. I. p. 55. anhuiba , five faÿa- fras major par Plon , lift. B réfel. Les racines de cet arbre font tantôt grofles , tan- tôt menues, felon leur âge. Elles s’étendent à fleur de terre, de forte qu’il eft facile de les arracher. Cet arbre efl toujours verd ; il na qu'un tronc nud & fort droit ; les branches s'étendent à fon fommet comme celle d’un pin qu’on a ébranché ; l'écorce eft épaiffe, fongueufe intérieurement, un peu molle, de couleur fauve, revêtue d’une peau mince, srile, ou d’un gris cendré tirant fur le noir. Son goût ëc fon odeur font âcres, aromatiques, approchant du fe- nouil. La fubftance du tronc & des branches eft blan- che, ou d’un blanc roufsâtre , quelquefois tirant fur le gris en certains endroits, moins odorante que l'écorce; du refte elle eft molle, & d’un tiflu afez femblable à celui du tilleul. Les feuilles qui font attachées aux branches font à trois lobes, imitant celles du figuier, découpées ëz partagées en trois pointes, vertes en-deflus, blancha- tres -en-deflous ,‘odorantes; lorfqu’eiles font encore jaunes, elles font femblables aux feuilles du poirier, & ne montrent aucunes pointes. Les fleurs appuyées fur de longs pédicules, font en grappes, petites, partagées en cinq quartiers; quand elles font paflées il leur fuccede des baies fem- blables aux feuilles du laurier, & ayant la partie in- férieure renfermée dans un calice rouge. Guillaume Pifon décrit encore deux autres efpe- ces d'arbres faffafras : Fune nommée par les Bréfiliens anhuypiranga , a les feuilles petites, étroites, min- ces ; fon bois eft blanchâtre &c jaunâtre. L'autre efpe- ce s'appelle czhuiba-miri : elle a la feuille de laurier, mais elle eft plus petite ; fon fruit eft noir &c odori- férant, lorfqu'il eft mûr, d’un goût fort chaud, aufff- bien que les feuilles , le bois, l'écorce , &t la racine. Le faffafrasexcite la tranfpiration, la fueur & les zutines. Il incife «& réfout les humeurs vifqueufes ëc épañtles ; 11 leve Les obftruétions des vifceres ; il eft bon pour la cachexie, Les pâles couleurs, &c lhydro- pifie. Il éloigne les attaques de la goutte, Il tend à remédier à la paralyfie & aux fluxions froides, On Pemploie utilement dans les maladies vénériennes. On le donne en infufron depuis demi-oncé jufqw’à deux onces; on l’emploie fouvent dans des décoc- tions fudorifiques & échauffantes. Par la chimie on retire du bois de Jaffafras une huile effentielle, mpide, très-pénétrante, qui {ent le fenouil; & qui va au fond de Peau. On fait macé- rer dans une grande quantité d'eau ce bois rapé avec fon écorce, & on diftille enfuite. La dofe de cette huile eft depuis dix gouttes jufqu’à vingt, pour ex- citer la fueur. Une partie de cette huile mêlée avec deux parties d’efprit de nitre bien reéifié, fermente auffi-tôt très-violemment; elle s’enflamme, & lorf ue la flamme eff éteinte, il reîte une fubftance réfi- neufe. (D. J.) SASSARTI oz SACER , (Géogr. mod.) ville d'Italie, dans l’île de Sardaigne , au nord-oueft , fur la riviere de Torre, à 6 lieues au nord d’Algieri, & à 7 au fud. oueft de Villa Aragonèfe, Elle eft la réfidence de Varchevêque de Torre, autrefois Turris Libiffonis, qui eft une place ruinée. Long. 26. 15. lar. 40. 45. SASSEBES oz MILLENBACH, (Géog. mod.) ville fortifiée de la Tranfylvanie, capitale du comté de même nom, au confluent de deux petites rivieres. Long, 42. 16. lat. 46.14. ( D.J.) | SASSENAGE, (Géog. mod.) baronie de France ; dans le Dauphiné, éleétion de Grenoble. Le nom de ce lieu eft célebre par fes fromages, & par fes deux cuves qui font dans une caverne , & dont on a fait autrefois une des merveilles du Dauphiné; lon a dit que les deux cuves ne fe remplifloient que le feul jour des Rois, ce qui s’eft trouvé faux à la vérifica- tion du fait, mais les fromages confervent encore leur renommée. (D. J.) SASSENAGE, pierre de, ( Hifi. nar.) c’eft le nom que l’on donne quelquefois à la pierre d’hrondelle. Voyez HIRONDELLE, pierre d’,enlatin /apis chelidonius SASSER , v. act. (Gram.) pañler au fas. Voyez SAS, SASSES, 1. £. ( Marine.) ce font des pelles creu- fes dont on fe fert fur les bâtimens, pour puifer l’eau. SASSO-FERRATO, (Géogr. mod.) petite ville de la marche d’Ancone, ou pour mieux dire, bour- gade d'Italie, dans l’état de PEglife, & dans la mar- che d’Ancone , près de la riviere Sentino, vers les confins du duché d’Urbin; je parle de cette bour- gade, parce qu’elle a produit d'illuftres favans , en- tre autres barthole & Perroti. Barthole , né lan 1310, a été l’un des plus doétes jurifconfultes de fon tems. Ses écrits fe reflentent de [a barbarie de fon fiecle ; cependant ils contiennent des chofes aflez fingulieres pour le fujet. Il mourut en 1355, agé de 46 ans. Perroti ( Nicolo ) archevêque de Siponte, dans Le royaume de Naples, parut avec honneur entre les fa vans perfonnages du quinzieme fiecle. Il a mis au jour un ouvrage {ur la verfification latine, & des com- mentaires fur Stace &fur Martial, Il a le premier tra- duit en latin les cinq premiers livres de Polybe, qui eft tout ce qu’on en avoit alors. Sa traduétion n’eft pas, toujours fidelle, & eft pleine de libertés inexcufa- bles ; mais fa latinité pourroit être avouée des fiecles où l’on écrivoit le plus purement. Le cardinal Beffa-. rion l’aima , & le choiïfit pour fon conclavifte après la mort de Paul Il. & Perrot: lui fit innocemment manquer le pontificat, én refufant , par l’ignorance des ufages , l’entrée de la chambre de fon maître à trois cardinaux qui venoient le faluer pape. Befla= rion en ayant été inftruit, ne s’en émut pas davan- tage, & dit tranquillement à Perrot: : « Par votre » {oin à contre-tems vous m'avez Ôté la tiare , & à # vous le chapeau ». Perroti moutut en 1480. Son article eft dans les mémoires du pere Nicéron, IX. & en effet il ne devoit pas oublier ce favant homme, : un des habiles grammairiens de l'Italie. (D°7:) - SASST - SASSI DEL BALLARO , (Hifi. nor.) c’elt ainñ que l’on nomme en Italie, dansla Marche d'Ancone, des pierres, ou pour parler plus exaétement, de l’ar- aille durcie, dans laquelle on trouve renfermée une efpece de coquillage que lon nomme dans le pays Ballari ; Vendroit où l’on en rencontre en plus grande quantité eft dans le voifinage de monte Comero ou Conaro , qui eft à enviton 10 milles d'Italie dela ville d’Ancone ; dans ce lieu les bords de la mer font fort efcarpés & garnis d’argille, ou d’une roche fpon- gieufe , dans laquelle ces coquilles , qui font con- nues en françois {ous le nom de pho/zdes ou de dails, {e trouvent logées en très-grande quantité , fans qu’- on puMle remarquer par où elles ont paflé pour y entrer. Ce coquillage a la propriété de luire. dans Pobfcurité, &c de rendre lumineufe l’eau dans la- quelle il a féjourné quelque tems ; 1l eft très -bon à manger, & les Italiens favent le préparer parfaite- ment bien. Voyez PHOLADE 6 DAIL. | SASSOIRE, f. f. (zerme de Charron.) c’eft une piece du trainidu devant du carroffe, qui eft au bout des armons, foutient la fleche , & fert à faire braquer le eairone(eT ooneilil sureté, SASSUOLO , ( Géog,mod.) ville d'Italie, au du- ché de Modène , dans la principauté de Carpi, ur la Secchià:, entre Repsio& Modène. Long. 28. 25. datit. 44:30: (D.J.) | | SASUAROS, (Géog, mod.) petite ville de laTran- filvanie , fur la riviere de Maros, à quatre lieues au- deflous de Weiflembours. Quelques- uns croyent que c’eft l’ancienne Frareria. ( DJ.) SAT , f. m.( mefure étrangere.) nom d’une mefure dont on fe fert à Siam pour meiurer les grains , les graines, les légumes, & quelques fruits fecs. C’eft une efpece de boifleaufait de bambouc entrelacé, à- peu-près comme cette petite mefure pour lesiavoi- nes, qu’on appelle à Paris z7,picosin ; & qui a lafor- me d’un pamer d’ofier. Le /7r eft d’environ ‘trois li- vres, poids de marc. Did, de Commerce. | | SATALA ,(Géog. anc.) ville de la petite Armé- nie, felon Ptolomée, Zi... c.vij. qui la place dans Les terres. La ville de Sasala, dit Procope , div: IE, des édifices , c.iy. craignoit fans cefle , comme voifine des ennemis, & comme entouréede hauteurs quila commandoient de tous côtés. Sr fon afliette étoit defavantageufe.,,fes murailles .étoient encore plus mauvaifes. L'empereur Juftinien en fit de neuves, d’une hauteur qui furpañloit les éminences.d’alens tour. & d’une 'épaifleur fufffante pour porter une telle charge. Il fit élever.en-dehors une feconde mu- raille,. 8c ft bâtir aflez proche une forterefle dans FOfroëne. Tout cela ne fervit de rien; les ennemis pénétrerent partout. Il avoit en partage la fureur des forterefles êde la tyrannie. ( 22.J.) -SATALIE ; (Géog. mod.).pat les Turcs Sasiliach & Angali,; ville dela Turquie afatique, dans lA- natolie.,.fur la côte de la petite Caramanie, au fond d'un golfe de même nom: Elle‘occupe la place de Fancienne Attalia, & eft une des plus fortes villes de Pempire turc., Les chaleurs y font exceflives en été ; aufü les environs de Sazalie produifent en abondance des citronniers & des orangers qui viennent fans cul- ture ; mais le port ne peut recevoir que de petits ba- timens., & la rade n’eft point aflurée. Long. 48.45. ar. 37.10, (DJ) ee BE" - 7 … SAFAN, ( Critique facrée, ) mot hébreu, qui f- gnifie adyerfaite | ennemi. perfécuteur | accuwfateur ; d’où vient que.vous deyenez aujourd’hui mes adver- faires fatan mühi, Il. Rois, xix, 22. In’y a plus d’ennemi qui s’oppofe à moi: 207 eftinme fatan ullus, III. Rois, xv:14. Le. des Macchabées parlant d’un commandant de la forterefle bâtie vis-à-vis le tem- ple de Jérufalem , dit qu'ilétoit comme un méchant diable à Ifraël ése diaBoncr TFOVNLOY-TÉ Îfraël, parce qu'il Tome: XIF, le n : SAT 683 étoit accufateur des. Ifraélites qui allotent ati tem ple. Jefus-Chrift dit 5. Pierre: retirez-vous démoi, Jatan, Matt. xy7. 23. c'eft-à-dire , éloïgnez-vous de moi, mon ennerm ,yYous feriez propre àméfaire pé= cher, fi la chofe étoït poffible, Ceux qui fuivent les ténebres de l’idolâtrie font dits être fous lapuifflance de Jüaran, ; dans les aétes des Apôtres, cA. ww. 18. Les profondeurs de fran, dans lApocalypfe ij. 24. font Les opinions des Nicolaites, qu’ils enveloppoient fous une myftérieufe profondeur, Eufebe remarque dans fon hiftoire eccléfaftique, Zy, LIL, ch. ix. que leur.héréfie fubfifta fort peu de tems. S..Paul livre linceftueux de Corinthe à faran , I, Cor. v, $. cela veut dire que les fideles doivent, le regarder comme un pécheur criminel, avec lequel il ne faut point avoir de commerce, Enfin , les opérarions de Jatan , IT. Theffal. y. 1x. font de faux prodiges employés par des impoñteurs pour nôus tromper , pour nous abu- fer; pour nousjetter dans ie péché, dans l’idolâtrie. + SADE, fm. (refure des Hébreux.) dansla vuleate, Jatum., mefure creufe dés Hébreux pour les chofes feches. Voyez SÉAH. SATELEITE, {,m.e71errmés d’Affronomie, fignifie dés planetes fecondaires qui fe meuvent au-tour d’une planete premiere , comme la Lune fait par rapport à la Terre. On les appelle ainfi parce que ces planetes accompagnent toujours leur planete premiere , & font avéc elle leurrévolution au-tour du Soleil. Foyez PLANETE, Les /arellires fe meuvent au-tour de leurs planetes premieres, commeicentre en obfervant les mêmes lois que les planetes premieres dans leur mouvement au-tour du Soleil. Sur la caufe phyfique de ces mou- vemens-, voyez GRAVITÉ. j | On fe fert quelquefois indifféremment des mots lune& Jatellite : & Von dit les /unes de Jupiter, ou les facellises de Jupiter. Cependant ordinairement on referve le mot /ure pour exprimer le fasellire de la Terre, &c.on appelle /zrekises les petites lunes qui ont. été découvertes au-tour de Jupiter & de. Satur- ne. Foyez EUNB. «4 2tinet sua Pet Les fasellires ont été inconnus jufqu'à ces derniers fiecles , parce que l’on. avoit befoin du fecours du télefcope pour les appercevoir. On r’appercoit en effet aucun de ces farellires À la vue fimple, Ceux de Jupiter quifont les plus gros., fe diftingnent par des lunéttes.de trois piés ,. qui les font paroître comme les étoiles de la fixieme.ou, feptieme grandeur pa= roïfient à la fimple vue. Pour le quatrieme de Satur- ne ; il faut des lunettes de huit à neuf piés. Le troïfe- me 6 le huitieme demandent des lunettes d'un plus grand foyer; & on ne. peut diftinguer les premiers qu'avec des lunettes qurexcedent au-moins trente Ou quarante piés. Poyez TÉLESCOPE. Nous ne connoifions point d’autres fatellires que ceuxde la Terre, de Jupiter &7 de Saturne; &il n° a pas.srand fujet d’efpérer qu’on en découvre d’au- tres dans la fuite , attendu qu’on a examiné toutes les planetes avec les télefcopes les plus longs & Îles meil- leurs qu’il paroît poffible de faire. Cependant il eft douteux.sl n’y en a point.un qui tourne au-tour de Vénus. Voyez VÉNUS. Satellires de Jupiter, font, quatre petites planetes, fecondaires qui tournent au-tour de cette planete , comme elle tourne elle-même au-tour du Soleil, Simon Marius , mathématicien de l’éleeur de Brandeboutg , découvrit vers la fin de Novembre 1609 , trois petites étoiles proche de Jupiter , qui lui parurentaccompagner cette planete, & tourner au- tour d'elle; 8 au mois de Janvier 1610, il en vit une quatrieme., Dans le même mois Galilée fit la: Même découverte en Italie, & la même année il publia fes obfervations; c’eft depuis ce tems qu’on a commencé à obferver les farellires de Jupiter. Ares ef RRtr 634 SAT Galilée, pour honorer fon protecteur , appella ces planetes , ajfrz Medicea , aîtres de Médicis; & en Italie on eft'encore fort jaloux de leur conferver ce nom; mais on ne les appelle plus ainfi par-tout ail- leurs. Marius qui les avoit vus le premier , appella la plus proche de Jupiter ; Mercurius jovialis, Mer- cure de Jupiter ; la feconde , Verus jovialis, Vénus de Jupiter ; la troifieme , Jupiter jovialis, &t la qua- trieme, Saturnus jovialis, Saturne de Jupiter. Antonius-Maria Schyrlæus de Reïta , capucin de Cologne , s’imagina qu'outre ces quatre fatellires , il én avoit vu-Cinq autres le 29 Décembre 1642, & les nomma fédera wrbanoëlavia , aftres uthanottaviens , en l'honneur du pape Urbain VIIL. qui regnoit alors. Mais Naudé , ayant communiqué cette obfervation à Gaflendi, qui avoit obfervé Jupiter Le même jour , Gaflendi reconnut bientôt que ce moines’étoit trom- pé, & avoit pris pour des /arellires de Jupiter cinq étoiles fixes dans l’eau du verfeau , qui font marquées 24,29 ,26,27 & 28, dans le catalogue de Tycho. Voyez Epift. Gaflendi ad Gabriel, Naudœum ; de no- ver fhllis circa Jovem vifis. Phénomenes & nature des fatellites de Jupiter. 1°. Lorfque Jupiter fe trouve entre Le Soleil & un defes fatellires , ce futellire difparoït ; même quand le ciel eft fort ferein, c’eft-à-dire que ce /wellire eft éclipfé par Jupiter. Par conféquent les asellites de Jupiter font privés de lumiere lorfque les rayons du Soleil qui les vont frapper en ligne droite font interceptés par Jupiter ; d’où il s'enfuit que ces planètes font des corps opa- ques comme la lune, qui n'ont de lumiere que celle qu’ils reçoivent du Soleil ; de-là on peut conclure encore , que puifque Jupiter n’éclaire point fes Ja- tellites quand ils font derriere lu, cette planete doit auf être privée de lumiere dans la partie oppofée au Soleil ; & que par conféquent Jupiter n'eft pont lumineux par lui-même. 2°, Quand les Jatellites font interpofés entre Ju- piter & le Soleil, on obferve une petite tache fur le difque de Jupiter , & cette tache paroiît quelquefois plus groffe que le Jarellire même. Donc, puifque les fatellires font des corps opaques que le Soleil éclaire , & qui doivent jetter une om- bre du côté oppofé au Soleil; il s’enfuit que la pétite tache ronde qu’on obferve fur Jupiter eft Pombre du fatellite : de plus , comme cette tache ef circulaire, il s'enfuit que l'ombre du Jas/lire forme un cône; ë&e que’ par conféquent les Jarellires font d’une figure {phérique, au moins fenfiblement. | 3°. Lorfque la Terre eft entre Jupiter & le So- leil, & aw’un des Jzcellires {e trouve auffi entre Ju- piter & le Soleil, fa lumiere difparoît &c fe perd dans celle de Jupiter: ainfi M. Maraldi nous apprend que le 26 Mars 1707 , il obferva avecun télefcope de 34 piés le auatrieme Jarellire de Jupiter, qui pañloit fur cette planete, & qu'il lui parut comme une tache noire ; mais que ce farellise ne fut pas plutôt hors du dique , qu'ilreprit fon premier éclat. I obferva le 4 Avtil une tache femblable formée par une immer- fion du troifieme /are/hire; mais le 11 d'Avril, exa- minant une immerfion du même Jarellise, il trouva qu’il paroïfloit dans tout fon éclat, fans laïfier aucune tache : le même phénomene a été aufli obfervé en d’autres occafons par M. Caflini. MM. Caffinr & Maraldi ont fouvent remarqué des changemens fort furprenans dans la grandeur appa- rente des farellires , lorfqu’il ne paroïfloit rien dans leur diffance foit à la Terre , foitau Soleil, foit à Ju- piter, qui püt être l’occafion de fes variations : par exemple , le quatrieme /zellise, qui eft prefque tou- jours le plus petit des quatre, paroït quelquefois le plus gros , & le troïfieme qui cft ordinairement le plus gros , paroît quelquefois égal , quelquefois mé- me plus petit Qu’aucun des autres, Puifque les atellises de Jupiter font éclairés par le Soleil, même lorfqu'ils font plongés dans la lumiere de Jupiter, & que cependantils ne laiflent pas de pa- toitre quelquefois fans lumiere , & quelquefois de difparoitre tout-à-fait, il faut néceffairement qu'il arrive dans leuratmofphere différenschangemens qui empêchent que laétion des rayons du Soleil fur eux ne loit toujours le même; c’eft pour cette même rai- {on que leur ombre eft quelquefois plusgroffe qu'eux. Tems périodique des fatellites de Jupiter. Les pério- des ou révolutions des fzrellires de Jupiter fe déter- minènt par leurs conjonétions avec Jupiter, comme elles des planetes premieres fe déduifent de leurs oppofitions avec le Soleil. Voyez PÉRIODE , Er. M. Caffini a trouvé par cette méthode les périodes des diférens farellires , telles qu'il fuit : 1° Jatell, 1 jour, 18 h.128/, 36! a 3 13 18 52 5: 7 3 59 490 4 16 18 O$ÿ 06 . Diffance des fatellites de Jupirer à Jupiter. Les quar- rés des tems périodiques des /arellires {ont propor- tionnels aux cubes de leurs diftances à Jupiter, com- me1ilen eft des planetes premieres par rapport au Soleil. Pour déterminer ces diftances parobfervation, on les mefure avec un micrometre en demi - diametres de Jupiter. Ces diftances, fuivant M. Cafini, font telles qu'il fuit : | _Le premier Jarellire eft diftant du centre de Ju- piter de ÿ 5 demi-diametres de Jupiter. | Le 2° de 9 demi-diam. Le 3° de 14 Le 4° de 25 & un tiers. . Donc, puifque le demi - diametre de Jupiter eft égal à 27 + demi-diametres de la Terre, il s'enfuit que la diftance du premier /zellire à Jupiter eft de 166 demi-diametres terreftres ; celle du deuxieme, de 249 & demi ; celle du troifieme, de 388 ; & celle du quatrieme de 884. Sasellites de Saturne ; font cinq petites planetes qui tournent au-tour de Saturne. Voyez SATURNE. Une de ces planetes ; favoir la quatrieme, en comptant depuis Saturne , a été découverte par M. Huygens, le 23 Mars r6ÿ 5, au moyen d’un téletco- pe de r2 piés de longueur ; les quatre autres ont été découvertes à différentes fois par M. Cafini ; favoir, les deux qui font Le plus proche de Saturne , en Mars 1684, par le fecours de deux verres de Campani, l'un de 100 piés de foyer, l’autre de 136; la troifieme en Décembre 1672, par le moven dun télefcope de Campani de 36 piés de long; & la cmquieme en O&obre 1671, avec un télefcope de 17 piés. La plûüpart des phénomenes des /are/lites de Jupiter, & peut-êtretous , s’obfervent aufi dans ceux de Satur- ne ; ainf 1ls paroiffent tantôt plus gros, tantôt plus petits : le cinquieme paroît auffi quelquefoiséclipié , &c. par conféquent il n’eft point douteux que ces /2- cellites ne foient de la même nature que ceux de Ju piter ; mais à caufe de leur grand éloignement, ils pa- roïflent beaucoup plus petits que les fuse/lires de Ju+ piter , & peut-être le font-ils en effet, Ils ont beau pafler devant Saturne & Péclipfer , on ne peut, à caufe de la foibleffe de leur lumiere, diftinguer nt leurs immerfions , m1 leurs émerfons. Le premier & le fecond deviennent même invifbles dès qu'ils s’ap= prochent un peu de Saturne. Le troifieme eft un peu plus gros , & refte fouvent vifible rout Le tems de fa révolution. Le quatrieme &r le cinquieme fe voient auffi aflez bien ; le quatrieme paroit toujours le plus gros. Le cinquieme varie de lumiere &c de grandeur, fans doute par quelque tache que la révolution rend tantôt plus , tantôt moins dominante fur la lumiere du difque expofé ànos yeux. Les inclinaifons de leurs otbes font plus grandes que celles des /are/ires de Ju+ biter. Le premier achevéfa révolution enr jour 25 heures 18-minutes 27 fecondes ; le fecond'en 2 jours 17 heures 44 minutes 22 fecondes ; le troifieme en 4 jours 12 heures 25 minutes r2 fecondes ; le quatrieme en 15 jours 22 heures 34/minutes 38 fecondes ; 8 le cinquieme en 79 jours 7heures & 47 minutes. Sup- pofant le demi-diametre de l’anneau x, celui de orbe du premier eft de près de deux, celui du fecond de 2 +, dutroifieme de À, du quatrieme de 8, du cin- quieme 23! Le diametre de Saturneeft d'environ 20 fecondes , celui de l'anneau 45 ; ainf le diametre de l’orbe du premier fzrellire eft d’une minute 2 fecon- des ; le fecond d’une minute 52 fecondes ; le troïfie- me de 3 minutes 36 fecondes ; le quatrieme de 6 mi- nutes ; le cinquieme 17 minutes 2ÿ fecondes. Les quatre premiers décrivent des ellipfes apparentes , femblables à celles de l'anneau , & font dans un mé- me plan. Leur inclinaifon à l’écliptique eft de 30 À 31 degrés. Le cinquieme décrit un ofbe incliné de 17 à 18 degrés à l’orbe de Saturne, fon plan étant entre l’échptique, & ceux des autres /arellires, &c. Les terms des révolutions des farellires de Saturne, fuivant M. Cafini, font tels qu'il fuit: 1° fateil. sys Jon PR 18! 31", hé D 17 UV ATN27 3° 4. 13 47 16 4° IS 224 DAT x s° FAMONTT PUS 57 Les diftances de ces farellires au centre de Saturne, felon le même aftronome, font : e 3 =. e 1 Jateil, AGA à LS 2 ÿ ge demi = diam. I 4 AIAN de l'an 3 8 +, > OÙ OX; Le exercices, cara@érife ainfi les trois principaux /#ey- SATZ, cercle dé, (Géog. mod.) en allemand Saigeer- _riques latins, & le Jacyrique françois. Kraïfs, cercle de Bohème , dans {a partie occiderta- .… « Hoface & Boileau, dit-il, avoient un efprit plus | le. Ileft borñé au nord par là Mifnie, au midi par le *» doux ,., plus fouple : 1ls aimotent la fimplicite ; ils cercle de Pilfen ; au levant par celui de Rakonick :» choïfiffoient les traits &c les préfentoient fans fard | & au couchant par celui d’Elnbogen, Il occupe les # & fans affeétation. Juvenal avoit un génie fort, | deux bords de l'Egra. (2.7) | 4 Vr vi # une imagination fougueufe ; 1l chargeoit fes ta- SAFZUMA , (Géog. mod.) une des neuf provinces ”# bleaux, &c détrufoit fouvent le vraten le pouffant | ..du Saïikokf, ou de la contrée de Pempire du Japon » trop loin. Horace & Boileau ménageoïent leur | qui eft dans le pays de l’Ouelt. Cette province E =» fonds ; ils plaifantoieht doucement, légerement; |. que deux journées de longueur, & eff cependant di- ce ‘ # ils m'ôtoient lé mafatie qu'à demi & en rianit, Ju- | vifée en quatorze difirids; clle eft médiocrement fer- .# venal arrache avec colere. Quelquefois les deux | tile, mais elle a de bonnes manñfadures de draps , - » premiers font exhaler Pencens lé plus pur du mi- | produit quantité de meuriers, & peut prefque four- _ » liéu même des vapeurs fayriques. Le dernier na | nirlesautres provinces decamphre. Kaempferajoute 1422 : > LA 2 ! > ci Red : Pr EE 5n « f . # jamais loué qu'un feul homme ; & cette louange | qu'elle furpaffe toutes les provinces de l’île de Sai- 706 SA V - kokfen richefles & en pouvoir; & qu’elle renferme dans fon fein des mines d’or & d'argent, fi confidé- rables,que l’empereur s’eneft réfervé la difpoftion à lui feul. (D.J.) SAVA,, (Géog. rod.) petite ville de Perfe , à deux ou trois journées au nord-oueft de Kom. Il y a dans cette ville deux célebres mofquées, où les Perfans viennent par dévotion pour de grands perfonnages qui y ont leurs tombeaux, Las. 3 4. 56. SAVANNE, £ £f (ÆEconom. rufig.) dans les îles francoifes de l'Âmérique on appelle favannes decran- des peloufes dont l’herbe eft courte , aflez rafe & de différentes efpeces inconnues en Europe: ces favar- mes fervent de pâturages aux beftiaux ; on eft obligé de les entretenir avec foin, & de les clore de liferes ou fortes haïes de citronniers taïllés à la hauteur de x à fept piés: ces haies font fort épaifles, bien gar- nies de branches; & remplies d’épines, quiles ren- dent impénétrables. SAVANES , rerme des Îles françoifes ;onappelle ainf, dans les îles françoïfes des Antilles, les prairies où l’on met paître les chevaux &c les beftiaux, Dans les /- sanes un peu f{éches, on trouve de petits infeétes , Ï rouges, quine font que de la groffeur de la pointe d’une épingle: ces petites bêtes s’attachent à la jam- be , & lorfqu'’elles font pañlées au-travers des bas, elles caufent des démangeaifons épouvantables , qui obligent de s’écorcher les jambes. Quand on en eft incommodé , il y a pas de meilleur remede que de faire bouillir dans l’eau des bourgeons de vignes & de monbain, des feuilles d'oranger, & des herbes odoriférantes ; & on s’en lave bien les jambes plu- fieurs jours de fuite. Le mot de favare a été emprunté des Efpagnols, qui donnent le nom de /avaras aux prairies. Les François éu Canada donnent le nom de /avane aux forêts compoñées d’arbres réfineux , c’eft-à dire, aux forêts de pins, fapins, de mélefes, & dont le fond'eft humide &c couvert de mouffe. Ily à des./z- | vanés qui font fort épaifles, & d’autres qui font clai- | res, Lecaribou habite dans les fayanes , & quand el- les font épaifes , il s’y fraie des routes. (D.J.) SAVANT, DOCTE', HABILE, (Syror. ) les con- noïiffances qui fe réduifent en pratique rendent habile. Celles qui ne demandentique de la fpéculation fontle _favant. Celles qui rempliffent la mémoire font l’hom- me.doife. On dit du prédicateur & de l'avocat qu'ils font k- biles ;du philofophe & du mathématicien, quäls font favans ; de lhiftorien & du jurifconfulte , qu'ils font doites: qi : L’habile femble plus entendu; le favanr plus pro- fond , & le doéfe plus univerfel. | Nous devenons habiles par l'expérience; /avans par la méditation:; doéles par la leéture. _ ‘Onpeutêtre fort favazc ou fort doëfe fans être ka- -bile mais on ne peut guere être très-habrle,, fansêtre favant. Synon. de Girard. (D.J.) SAVARIA , (Géog.anc.) ville de la haute-Panno- nie. Ptolomée, 2 ZI. c. xv.la met au nombre:des vil- les éloignées du Danube. Lazius conjeéture que c’eft aujourd’hui le lieu nommé Leybrix, 8 Villeneuve prétend'que c’eft Graitz. SAVART ,f. m. (Gram. & Jurifprud.) terme que Pon trouve dans les coutumes de Reims 6c de Cler- mont, héritage en /avars, c'eft-à-dire, en friche. oy. Le gloffaire de M. de Lauriere. (4) SAVATAPOLI, ( Géog. mod.) ville d’Afe, dans la Mingrélie,, fur la mer Noire, à l'endroit où la côte orientale fe joint à la feptentrionale. Cette ville eft da Sébaftopolis, ou la Diofcuria des anciens. (D. J.) SAVATRA , (Géog. anc.) ville de la Galatie, dans Plfaurie, felon Ptolomée , Z. Fc. iv. fon nom mo- derne {elon Niger, eft Souraceri. ( D. J.) SAUBATHA, {Géog. anc.) felon Ptolomée, / PT. c. vij. & Sabattha, {elon Arrien, II, Peripl, p. 15. ville de l'Arabie heureufe, où elle avoit Le titre de métropole, Cette ville étoit dans les terres, & Arrien dit que le roi y faifoit fa réfidence. Cela demande une explication, que Saumiaile, 7 exercit. Plin. p. 354. a donnée. Comme le pays de l’Arabie qui produifoit l’encens étoit différent du pays des Sabéens, & que ces deux pays étoient foumis à deux différens rois : il s’enfuit que Saba , capitale des Sabéens, & Szbartha ou Saubatha, capitale du pays qui produfoit l’en- cens , étoient aufli deux villes différentes. Celle-ci fe trouvoit à l’orient de l'Arabie heureufe , & celle- là à l’occident; de forte que Sabota, ville des Sa- béens , que Pline met fur la côte du golfe Arabique, ou fur le rivage rouge, eft la même que Saba; & ville de Szhota | que le mème auteur place chez les Adramites , eft la ville Saubatha de Ptolomée, & là Sabatha d'Arrien. (D. J. SAUCE ox SAUSSE, 1. £ (Cuifine.) compoñtion liquide dans laquelle les cuifiniers font cuire diverfes fortes de mets, ou qu'ils font ä-part pour manger les viandes quand elles font cuites. On connoît aflez nos fatices modernes , mais On fera peut-être bien-aife de trouver ici quelques-unes des fzuces de la cuifine de nos ayeux,& que M. Sauval a rapportées dans fes an- tiquités de Paris. Ces fuuces font la Jauce jaune, la fauce chaude, la Jauce à compote, la Juuce moutarde ou la galantine, la fauce rapée, la fauce verte , enfin la camelaine. La fauce jaune fe fafoit avec du poivre blanc, que nos peres nommoient Jaunet ; elle étoit du nombre des auces chaudes. Dans la fauce à compote, c’étoit le poivre noir qui y entroit. VE La fauce moutarde ou galantine, étoit faite de a ra- cine de cette plante , que nos botaniftes ne connoïf- ent plus, &c qui peut-être n’eft autre chofe que le cran que nous mettons préfentement dans nos fau- ces , & qui n'eft ni moins chaud, ni moins piquant que la galantine. La fauce rapée fe failoit avec du verjus de grain , ondes grofeilles vertes. | La fance verte, que nous connoïffons encore , avoit entr'autres ingrédiens, du gingembre & du verjus, qu'on verdifloit avec du jus de perfil, où de blé verd; on y ajoutoit enfuite de la mie de pain blanc. À l'égard de la camelaine, qui prenoit fon nom d’u- ne fimple que nousne connoïffons plus, elle étoit faite de cinamome , de gingembre ,'&c de cloux de gé- rofle, de graine de moutarde , de vin, deverjus, de pain & de vinaigre; de forte que c’éroit la plus com- pofée de toutes les fances de ce tems-là. Le droit de faire & de vendre des /auces appar- tenoit autrefois aux marchands épiciers , qiu de-là fe nommoient épiciers-apoticaites-/uuciers ; mais, de- puis, & le nom & la marchandife font paflées aux maîtres vinaigriers, .qui encore à préfent mettent au nombre de leurs qualités:, celle de zraitres fauciers. (D. J.) | | L | Sauce robert , en terme de Cx/énier ; ce font des oignons affaifonnés avec de la moutarde, & cuits dans la graifle d’une longe de porc, ou d’une autre piece, qu’on a mélé avec la fauce dont on l’a arrofe. Les cuifiniers appellent auffi fauce verte une /auce faite avec du blé verd, une rotie de pain, du poivre, du fel ,le tout pilé enfemble , & pañlé dans un linge. : | 2 | | SAUCER , v. at. c’eft tremper dans une fauce. Saucerune médaille, c’eft quand elle eft de cuivre, largenter. ; EM SAUCIER , {: m. serme de corporation ; les maîtres vinaigriers prennent dans leurs flatuts, tant anciens quenouveaux , la qualité de maîtres fauciers ,à caufe de diverfes fauces qu’ils ont droit de compofer êz de débiter ; & que le vinaigre même tu font, & qu'ils véndent, pale pour une des meilleures /zzces pour beaucoup de mets & de viandes ; ce nom ap- partenoït aufh autrefois au corps des marchands épi- ciers, à caufe d’une petite communauté de fauciers, ou faifeurs de fauces, qui leur étoit alors unie ; c’é- toit apparemment en vertu des épiceries qui-entroient dansleurs fauces. En 1304 les /auciers firent bande à-part, & eurent leurs jürés, reftant pourtant fujets x à la viñite des gardes de lépicerie; c’eft de-Ià que font venus nos vinaigriers-/auciers. Les fauces des vinaigriers dont 1! eff parlé dans le quinzieme article de leurs flatuts de 1638, font la as jaune, la camehne & la fauce moutarde , tou- tes préfentement ignorées ; ou du moins hors d'ufage fur les tables délicates, où nos nouveaux cwifiniers en ont introduit beaucoup d’autres moins fimples & plus piquantes, & de-là plus préjudiciables à la fanté, Savary. (D.J.) SAUCISSE , £. f. (Cuifône.) ce mot dans {a propre fignification veut dire une fofte de mets que l’oh fait avec du fang & de la chair de pote affaifonnée; c’eft une efpece de boudin. . Ce mot vient de l'italien /a/£ecia, & felon Sau- maile ; du latin /u/fcium , qu’on écrit au lieu de /z/- Jfum, falé. Les /auciffes de Bologne font les plus eftimées, & on en fait une confommation confidérable en Italie, furtout à Bologne & à Venife ; d’où on en porte dans éaucoup d’autres endroits, On fait les faucifles avec de la chair de porc crue, que l’on hache avec de l'ail. … On laffaifonne de poivre & de plufieurs fortes d’é- pices ; les Anglois fournifient les Italiens de peaux & de boyaux de porc, &t le commerce de cette forte de marchändifes eft plus grand qu’on ne s’imagine. SAUCISSE , ( Génie.) c’elt uné longue charge de poudre mife en rouleau dans de la toile goudronnée, arrondie, 6 couiue en longueur , de foite que cette efpéce de trainée regne depuis 1e fourneau où chambre de la miné, jufqu’à l'endroit où fe tient l’in- génieur pour y mêttre le feu, & faire jouer Le four- neau. La faucrffe peut avoir environ deux pouces de diametre. On met ordinairement deux faucifles à cha: que foufneau, afin que fi üne vient à fanquer , lau- tre y fubplée. (D. J.) | _SAUCISSON ; dans ?’Arrilerie 6 la Fortification , et une efbece de fäfeine depuis ou 10 piés de lon- auteur jufqu'à 18, relié de 9 pouces en 9 pouces ävec de bonnes harres. On s’en fert dans la conftruétion de l’épaulement dés batteries à un fiege , & pour re- parer les breches où les bouchés, en attendant qu’on veuille reconftruire le revêtement, oumettre le rem- part dans l’état où1l étoitavantle fiege dela place. (Q) . SAUCISSON, {. m. dans lArtillert ; eft un long fac de cuir ou de toile, d'environ uñ pouce & demi de diamètre, dont on fe fert pour potter le feu dans la chambre ou le fourneau d’une mine; il eft pout cet effet rempli de poudre fine, Le fauciffon {e renfèrme dans ün petit canal de bois appellé auper. Ce canal fért à empêcher que les ma- tériaux qui rempliflent la galérie de la mine ne pre fent trop le fauciffon, qui pourroit fans cela s’érouf. fer avant qu'il eüt porté le feu à la mine. Le favciffon eft attaché fixément au milieu du fourneau ou de la chambre de la mine, deforte qu’on ne puifle point Ven arracher. Il fe conduit dans tous les retours de la galerie, ôn le éontinue même un peu au-delà pour pouvoir ÿ mettre lé feu plus furerhent: Voyez MINE & TÉMOIN. Dans l'attaque d'un ouvrage qu’on craint qui ne foit miné ; on cherche à découvrit Le fanciffon pour empêcher que lennerni n’y mette le feu & ne falle jouer les mines. Tome XIV, Es S A Ü 707 Couper le faucifon, c’eft rompre la l'aïfon ou la continuité de la poudre depuis le dehors de la sale- tie juiqu’à la chambre de la mine, ce qui ne permet plus de la faire fauter. SAUCISSON , ( Ariificier.) les Artificiets appellent anf une efpece de fufée que l’on attache ordinaire: ment à la queue d’une plus grande, pour en rendre l'efet plus agréable. J'ai dit ordinairement , parce qu'on en fait quelquefois qui volent en l’air comme les fufées ordinaires, & alors on les appelle Jauxcif= J0rs volans, pour les difinguer des premiers qu'on nomme fauciffons fixes. Le cartouche du fauciffon{e fait avec une baguette. Ce cartouche doit être de quatre pouces de long; il fe fait de carton roulé deux fois & bien colé partout ; on l’étrangle par un bout à un demi-pouce de fonex- trémité; onle lie avec de la ficelle; on prend uüntam- pon de papier que lon fait entrer dans ce cartouche; on le poufle dans le cul du fawciffonavecla baguette; on frappe celle-ciavec un maillet, après quoil’on met de la poudre ordinaire dans ce cartoûche ;, & quand il eff plein à-peu-près, l’on couvre cette charge d’un tampon. que l’on frappe encore avec la baguette, & enfuite on l’étrangle & on le ie ex cet endroit. Après cela lon ferre ce fauciflon depuis les deux endroits étranglés avec beaucoup de ficelle, enforte qu’il en {oit tout Couvert; en cet état on le jette dans la colle forte & on le laïflé fécher afin que le feu y étant mis, il trouve plus de réfiftance, & fafleun plus grand bruit en faifant crever le cartouche. Il faut pour cela que le favciflon foit percé À celui de fes bouts qu’on appliquera à la queue de la fufée, où 1l doit avoir un peu de poudre grenée, & cette poudre fervira à allumer Le /zuciffon que l’on fera tenir contre la fufée avec du papier où du parche- min , Ou bien avec une corde ou autrement , afin que la fufée venant à finir, le fzuciffon prenne feu & produife fon effet, Pour conftruire des /auciffons volans, on fera leurs cartouches comme ceux des précédens, excepté qu'ils doivent Ëtre un peu plus longs. Après avoir étranglé un de leurs bouts comme à l'ordinaire > ON les charge auf dé poudre grainée ; puis à un doigt d'épaifleur, on ajoute de la poudre pilée & pañlée, comme pour les fufées par terre, en preffant le tout à coup de maillet, comme pour les fufées volantes ; enfin on couvre le cartouche avec une corde, après avoir étranglé l’autre bout, enforte qu'il ny refte qu'une lumiere grofle comme un petit tuyau de plu- me d'oie ; on l’amorce avec un peu de poudre mouil- lée. SAUCISSON, C'eft auf, dans Les feux d'artifice, une forte de pétard fait avec un cartouche cylindri- que court, étranglé, & fermé par les deux bouts , Ce qui LR fait reffembler à un /axciffon à manger. Pour : augmenter la détonation de la poudre qu’il renferme par la réfiflance du cartouche, on l'enveloppe dé ficelle colée. | SAUCISSON VOLANT, c’eft le même artifice alon- gé, pour continuer un peu de compoñition qui Le fait pirouetter en le jettant en l'air par le moyen d’un pot, d'où il fort comme d’un mortier, & finit par tirer un coup. Frezier, traité des feux d artifice. (Q) SAUCISSON, ( Marime.) c’eft un boyau de toile, rempli de poudre à canon, dont on fe {ert dans un brülot, pour conduire le feu depuis les dales jufque aux artificièts. SAUCISSON ; (Chaircuiterie.) les fanciffons font de grofles fauciffes qui fe font en plufieursendroits, par- ticulierement en Italie , avec de la chair de porc crie, bien battue & bien broyée dans un mortier, où l’on mêle quantité d'ail, de poivre en grain, & autres épices; les meilleurs fauciffons font ceux de Bologne, (D. J.) VVyY 708 $ A v "SAUCLE o7 SAUCLES, Woyez MELET. _-SAUDAGUER , £ m. (Commerce) mor perfan qui : Hignifñe un #archand, un homme qui fait fon profit à rachetef, vendre ou échanger des marchandifes. Voyez MarCHAND, Commerce. NÉGOCE, Didionnaire | de Commerce. | - SAUDRE, LA ,( Géog. mod.) en latin du moyen “âge Saldria, riviere de France. Élle prend fa fource ‘dans le. Berry, fépare cette province de laSolognes, -& vafe rendre dans le Cher entre Celles: & Châtil- lon. (D..J.) _ SAVE, LA, { Géop. mod.) nom de deux rivieres- Vune,en Allemagne , l’autre en France. 1°. La Save, riviere d'Allemagne, prend fa fource “dans la haute Carniole ; $ après avoir reçu dans fon ‘feiniplufeurs rivieres dans un cours d'environ cent eues, elle fe jette dans le Danube, pres de Belsrade. Ptolomée l'appelle Saus,-Strabon Savus, Juftin Sz- “bus 8 les Allemands Die Saw. Elle forme dans fon cours quelques iles y comme celle de Metubaris, à loccident del’ancienne-Sirmium , &t celle de Sigefti- ou de côté, Tome XIF,. ep j SAU 5 Le faut battu, c’eft lorfque les jambes étant en l'air, les talons battent une ou plufieurs fois l’un contre l'autre : & quand on les pañe l’une par.deflus l’autre par trois fois, cela s’appelle ezcrechar. | Le Jaur de bafque , eft un coupé fauté en tournant; On appelle aufli le faut majeur, cabriole ; lorfqu’on : remue es piés en l'air; quelques-uns lappellent ces dence, Voyez COUPÉ ; CABRIOLE, Gc. SAUT, un pas 6 un faut, ( Manège, ) eft un des fept &irs ou mouvemens artificiels d’un cheval. Il eft compofé, pour ainfi dire detrois aits, favoir le pas, qui eft d'aller terre à terre; le lever » Qui eft une courbette , & le tout finit par un faut, Voyez Air G SAUTS. | 125 6. Le pas, à proprement parler, met le cheval en train , & lui donne la facilité de fe drefler pour fau: ter; de même qu'une perfonne qui court avant dé fauter, afin de le faire plus haut & plus loin, Dans toutes fortes de Jaurs, le cavalier ñe doit donner aucune aïde avec les jambes; mais feulement le bien foutenir de la bride, quand il s’éleve du de: vant, afin qu'il puifle fe lever plus haut en-arriere à quand il commence à lever du derriere, il faut le {outenir un peu du devant, & l'arrêter fur le tems , comme s'il étoit fufpendu en l'air, marquant le mous vement avec la main de [a bride, de forte qu'on le prenne comme une balle au bond ; c’eft-là le grand art de fauter, | | | On appelle le faut de l’étalon, le moment où il couvre la jument. RE SAUT DE LOUP , éerme de Terraffier, fofé que l’on fait au bout d’une allée ou ailleurs, pour en défen= dre l’entrée fans Ôter la vue. (DATE), ‘h SAUTAGE , {. m.( Péche de hareng. ) terme d’uz fage dans le commerce du hareng blanc, pour figni- fier l’aétion de ceux qui foulent le poiflon , à mefure qu'on la pacqué dans les barrils : ce mot ef princi- palement en ufage en Normandie & en Picardie; CO.) pi SAUTE ,( Marine. ) c’eft un commandement qui eft fynonyme à va :on dit, faute fur ce pont, fauté fur le beaupré , Jause fur la vergue, 6, pour dire væ à ce pont, au beaupré, 6x. SAUTELLE, £ £ ( Agriculture. ) c’eft un farment qu'on tranfplante avec fa racine, La maniere d’éle: ver la vigne par faurelles eft aflez heureufe , & fort facile à pratiquer, puifqu’on a la commodité de cou: cher quelque branche fi on veut autour de chaque Îep. On dit quelle branche on veut coucher; car or- dinairement fur chaque fep on n’en marcotte qu’une 5 encore faut-1l qu’elle foit venue entre la branche qui doit être taillée, & le courfon qu’on doit laïfier, Cette opération eft préférable à la marcotte, d'au: tant que fouhaitant du fruit, & en ayant de tout près à venir en apparence, ileft hors de raïfon d’en aller chercher ailleurs, qui n’eft pas fi afuré, à-moins qu'il n’y ait quelque place vuide qu'il faille abfolus ment remplir. Fe Ces Jautelles fe font donc en couchant la branche eh terre; mais de telle maniere qu’étant couchée ainfi, elle fafle un dos de chat à trois yeux éloignés de l'origine de cette branche, & cela par une ef: pece de ménage qw’on fait du bois, en l’obligeant en cet état de faire deux piés de vignes; au lieu qu'il n’en produiroit qu'un, fi la marcotte étoit couchée tout de fon long ; on obferve auf pour réuffir dans Cette opération, que direétement fur ce dos de chat il y ait un bourgeon ; que l'élévation de ce dos foit des deux côtés recouverte deterre, & que lextré= nïité de la branche qui pafle au-delà de ce dos, fotte de terre des deux yeux feulement. Ce n’eft pas qu'il {0it permis à un vigneron de faire des fautelles dan$ la Vigne de fon maître, àdeffein de regarnir quelques places vuides; çar c’eft une porte ouverte à la frix NE YYyyi 726 -$ AQU ponnerie, en ce que lorfque ces fautelles ont pris ra- cine, 1l eft aifé de les lever en guife demarcottes ; ce . que la plüpart des vignerons, dont la foi eft fort fuf- peéte, ne manqueroient pas de faire ; c’eft pour cela qu'il y a bien des coutumes dans les pays de vigno- bles, oùles autelles {ont défendues, & où iln’y a que les provins dont on puiffe fe fervir pour garnir une vigne. Liger. ( D. J.) SAUTER , v. n. l’aéion de , ( Phyfiol. ) dans le Jaur, les mufcles font obligés d’agir non-feulement pour réffter au poids du corps, mais même pour le relever avec force, lui faire perdre terre, & l’élan- cer en l'air comme font les fauteurs, lorfqu’ils /au- zent à pié joint fur une table. Pour fauter ainfi, ils plient & panchent la tête &c le corps fur les cuifles, Îles cuifles fur les jambes, & les jambes fur les piés. Leurs mufcles étant ainfi pliés & allongés comme pour prendre leur fecoufle, ils les remettent dans cette contraction fubite qui fait reflort contreterre, d’où ils s’élancent en l’air , & fe redreflent en arri- want fur le bord d’une table ou autre corps fur lequel als faute. Cet effort eft fuffifant pour rompre le tendon d’A- chille, &c plufeurs fauteurs fe font bleffés en.s’élan- cent ainfi, & en manquant Le lieu fur lequel ils fe propofoient de fauter. Le nommé Cauchois, l’un des plus habiles fauteurs qu’on ait vu en France, dans un faut qu'il fit à piés joints fur une table élevée de trois piés &t demi, fe rompit les deux tendons d'Achille, St fut guéri de cette bleflure par M. Petit. La table fur laquelle fzztoi le fieur Cauchoïs fe trouva plus haute qu’à l'ordinaire ; fon élan ne l’éleva pas aflez ; il n’y eût que les bouts de fes piés qui toucherent fur e bord de la table; ils n’y appuyerent qu’en gliffant, £z qu’aurant qu'il falloit pour fe redrefler & rompre fa déterination en-avant ; la ligne de gravité ne tombant point fur la table, le fauteur tomba à terre, droit fur la pointe de fes piés étendus de maniere que les tendons d'Achille furent, pour ainf dire, furpris dans leur plus forte tenfion ; & que la chute de plus de trois piés ajouta au poids ordinaire du corps une force plus que fufffante pour les rompre; puifque cette force toit celle qu'avoit acquis le poids du corps multiplié par la derniere vitefle de la chute, Pour comprendre les triftes accidens qui arrivent dans les fauts, 1l faut rémarquer que dans état na- turel, quand nous fommes exattement droits fur nos piés , la ligne de gravité du corps pañle par le milieu des os- dela cuifle, de la jambe & du pié : ces os pour lors fe foutiennent mutuellement comme font lés pierrés d’une colonne, & nos mufcles n’agiffent preique point. Au contraire, pour foutenir notre corps lorfque nos jointures font pliées , nos mufcles agent beaucoup , & leurs contraétions font d’au- tant plus fortes, que laflexion des jointures eft plus grande; elles peuvent mêmetêtre pliées au point, que le poids du corps &c les mufcles qui le tiennent en équilibre, feront effort fur les os avec toute la puiflance qu’ils peuvent avoir; alorsles apophyfes oùles mufcles s’attachent, pourront fe cafler , fi les mufcles réfiftent; mais fi les apophyfes des os font plus fortes, la rupture fe fera dans les mufcles ou dans leurs tendons. ‘Maïntenant pour calculer la force de tous Les mu cles qi agiflent, lorfqu’un homme fe tenant {ur {es piés, s’éleve en fautanr à la hauteur de deux piés ou environ ; il faut favoir que fi cet homme pefe cent cinquante livres, les mufcles qui fervent dans cette aéhon , agiffent avec deux raille fois plus de force, c’eft-à-dire, avec une force équivalente à troïs cens millelivres de poids ou environ : Borelli même dans fessouvrages , fait encore monter cette force plus haut. ( D. J.) SAUTER, ( Marine.) c’eft changer, en parlant du . réfiflance: vent. Ainfi on dit que le vent a faurépar tel rumb, pour dire que le venta changé, & qu’il fouffle à cet air de vent. | - SAUTER , en erme de manege, c’eft faire des fauts. Aller par bonds 6 par fauis, c'ett aller à courbette & à caprioles, Szzter entre les. piliers , 1e dit du cheval qu'on a accoutumé à faire des fauts , étant attaché aux deux piliers du manege, fans avancer ni recu- ler. Sauter une jument, {e dit de l’étalon, lorfqu'il la couvre. Sauter de ferme a ferme , fe dit quand on fait fauter un cheval, fans qu'il bouge de fa place. | SAUTEREAU , f.m.( Lusherie.) partie des inftru- mens à clavier & à cordes , comme le clavecin & lé- pinette. Il y a à ces inftrumens autant de faurercaux que de cordes. | Un Jautercau ainfi nommé 4 /xlrando, parce qu’ils fautent , lorfqu’ils exercent leurs fon@tions, eftune petite regle de bois de poirier ou autre facile à cou- per, large d’un demi-pouce , épaiffe feulement d’une | ligne, & longue autant quil convient : cette petite regle a à fon extrémité fupérieure une entaille 4C large d’une ligne & demie , & longue environ d’un pouce : cette. entaille dont la partie inférieureeft cou- pée en bifeau, reçoit une petite piece debois blanc KL, que lon appelle /anguerre ; cette piece eft taillée en bifeau à la partie inférieure : ce bifeau porte {ur celui de l’entalle 4 C. | Lorfque la languette eft placée dans cette entaille, on l’arrête par le moyen d’une.cheville D, qui eft une petite épingle, laquelle traverle le faurercan & la languette qui doit fe mouvoir facilement autourde cette cheville. À la partie fupérieure de la languette eft un petit trou o dans lequel pafle une plume de corbeau o k taillée en pointe , & amincieautant qu'il convient, pour qu'elle ne foit point trop roide: ce qui feroit rendre aux cordesun fondefagréable. A la pattie poftérieure des mêmes languettes eft une en- taille ou rainure, fuivant leur longueur. Foyez/a fo. 1. Cette entaille reçoit un.reffort e d,qui eftune foie de porc ou de fanglier, qui renvoie toujours la lan- guette entre les deux côtés de l’entaille du fatverean jufqu’à ce que le bifeau de celle-ci porte fur le bifeau de celui-là. Voyez Les fo, E AI. Les fautereaux traver{ent.deux planches ou regles de bois fortminces,percées chacun. d’autant detrous qu'il y a de fautereaux :.ces trous font en quarré, & répondent perpendiculairement , favoir, ceux des reoiftres {ur ceux du guide. Joyez REGISTRE DE CLAVECIN G-GUIDE.DE CLAVECIN.Les fautereaux, après avoir traverie le regiftre & le guide, defcen- dent perpendicularrement fur les queues des touches qui fontchacune une petitebaïcule. Voyez CLAVIER DE CLAVECIN. Il fuit de cette conftrution ,.que fi on abaïfle avec le doigt une touche du clavier, elle hauffera ( à caufe qu’elles font en bafcules ) du côté de {a queue, la- quelle élevera-le faierear qui porte deflus, Le faure- reau , en s’élevant, rencontrera par la plume de fa languette, la corde qui eft tendue vis-à-vis de lui; il Pécartera de fon état derepos jufqu’à ce.que la ré- fiffance de la corde excede la roideur de la plume; alors la corde furmontera cette roïdeur, & fera flé- chir la plume qui la laïflera échapper: cette corde ainfi rendue à.elle-même, fera plufeurs ofcillations : ce qui produit Le fon. Voyez l'explication de la for- mation du fon parles cordes à l’arricle CLAVECIN. Suenfuite on lache la touche , elle retombera par fon propre poids, le fautereau n’étant plus foutenu , re- tombera auf jufqu’à ceque la plume touche la cor- deen-deflus ; alors, fi le poids du faurereaexcedela e le reffort ou foie de fanglier dontona parlé eff capable de faire, ainfi. que cela doit tou- jours être, le fautercau continuera de defcendres parce que le reflort, en fléchiflant , laiflera aflez ‘éloigner la languette dela corde , pour que fa plume -puifle pañler, SAUTERELLE , {. f. ( Æif. nat. Infeolog. ) lo- cufla ,infeéte que M. Linnæus a mis dans la claffe des coléopteres, dans le genre des grillons ; cet auteur ne parle que de quatre efpeces de aurerelles, faun. fuec. Swammerdam en a oblervé vingt-une efpeces; il y en a detrès-petites & d’autres qui font très-grandes, La grande faurerelle verte qui fe trouve tres-com- ‘munément dans Les prés, eft d’un verd clair, à l’ex- :ception d’une ligne brune qui fe trouve fur le dos, fur la poitrine c fur le fommet de la tête; & de deux autres lignes d’un brun plus pâle qui font fur le ven- tre. La tête eft oblongue , & elle a quelque reflem- blance avec celle d’un cheval; les antennes font lon- -gues & placées au foinmet de la tête; elles diminuent -degroffeurjufqu'à leur extrémité; le corcelet ef éle- vé & -etroit ; il a une épine en-deflus & une autre n-deflous ; la premiere paire des jambes eft plus «coutte que les autres ; celles de la troifieme paire {ont les plus longues & les plus grofles : elles ont toutes deux crochets à l'extrémité. Les ailes fontau nombre de quatre , & prefquetranfparentes, furtout Les deux poftérieures ; le ventreeft très-crand, com- pofé de huit anneaux &T terminé par deux petites queues'couvertes de poils. La femelle differe en ce qu’elleaune double pointe dure &t fort longue à l’ex- trémité de la queue. Lesœuf desgroffes Jaurerelles vertes commencent à éclore à la fin d’Avrilou un peu plus tard; les vers qui en fortent, ne font pas plus gros qu’une puce; äls-ont d’abord une couleur blanchâtre; ils devien- nent noirâtres au bout de deux ou trois jours , &en- fuite roux; bientôt aprèsces vers prennent la forme des fauterelles , & en effet ils commencent à fauter, quoiqu'ils foient très-petits dans l’état de nymphe. Une /auterelle en nymphe ne differe d’une fautereile entierement formée, qu’en ce qu’elle na point d’ai- les apparentes. Elles s’accouplent peu de tems après que leurs ailes font développées , & elles reftent unies lune à l’autre aflez long-tems ; alors on les fé- pare difficilement. Le chant ou plutôt le bruit de la fauterelle vient du frottement des aileslesunes contre les autres, dans la plüpart des efpeces , ou du frot- tement des ailes avec les pattes dans d’autres; il n’y a que le mâle qui fafle entendre ces bruits. Suite de la «nat, mméd. par MM. Salerne & Nobleville, & co/etfion acad. tom. V, de la partie étrangere. Voyez INSECT2. Il faut lire fur Les Jauterelles | Giufeppi Zinanni, differtatione fopra variè fpecie di cavallerte 1737 in-4°. Le deflus & le defflous ducorcelet des fauterelles font -armés d’une peau fi dure , qu’elle leur fert de cuiraf fe: c’eft ce qui a fait dire à Claudien, épigr. 6. Cognatur dorfo , durefcit amittus, Armavyit natura cute. C’eftaufh ce que dit l’auteur de lapocalypfe , ch. 1x. y. 9. Ces animaux voraces quittent fouvent des pays éloignés , traverfent les mers , fondent par milliers fur des champs enfemencés , & enlevent en peu d'heures jufqu'à la moindre verdure. En voici un exemple aflez remarquable que lon trouve dans l’hif- toire militawre de Charles XIL. roi de Suede, rom. 17. p.160. Son hiftorien rapportant que cet infortuné prince fut très-mcommodé dans la Beflarabie par les fauterelles | s'exprime en ces termes: | Une horrible quantité de fauterelles s'élevoit ordi- nairement tous les jours avant midi du côté de la mer, premierement à petits flots, enfuite comme des nuages qui obfcurcifloient l'air, &ie rendoient fi fom- bre &c fi épais, que dans cette vafte plaine le foleil GE TAN En) a . paroïfloit s'être éclipfé. Ces infeétes ne voloient point proche de terre, mais à-peu-près à la même hauteur que Fon voit voler les hirondelles, jufqu’à S A UÜ 727 ce qu'ils euflent trouvé un champ fur lequel ils put fent fe jetter. Nous en rencontrions fouvent {ur le Chemin, d’oùils fe jettoient für la même plaine où nous étions , & fans craindre d’être foulées aux piés des chevaux, ils s’élevoient de terre, êt couvroient le corps êc le vifage à ne pas voir devant nous, ju qu'a ce que nous eufhions pañlé lendroitobils s’arrés toient. Partout où ces /aurerelles {e repofoient , elles y faifoient un dégât affreux, en broutant l'herbe jufs qu’à la racine ; enforte qu’au lieu de cette belle vers dure dont la campagne étoit auparavant tapiflée, on n'y voyoit qu'une terre aride & fablonneute. On ne fauroit jamais croire que cet animal pütpaf. fer la mer, fi expérience n’en avoit fi fouvent con: vaincu les pauvres peuples; car après avoir pañléun petit bras du Pont-Euxin, en venant desîles ou terres voiines, ces infettes trayerfent encore de grandes provinces, où ils ravagent tout ce qu’ilsrencontrent, On peut lire fur leurs dépâtsen Afrique, Léon Pafri can.Leurs noms en hébreu quifignifient dévorer, cons Jamer , ne font pris que des ravages qu’elles exer= cent. Les hifloires anciennes & modernes parlent d’une efpece de /auterelles communes dans les pays oriern- taux , dont la chair eft blanche &7 d’un goût excellent. Les peuples de ces contrées les préparent différems ment : les uns les font bouillir , & les autres les font fécher au foleil, avant que de les manger. Dampier rapporte dans fes voyages, que cela fe pratiquoit encore de {on tems. Il ajoute que dans quelquesiîles de la mer des Indes, il y a des fauserelles de la lon- gueur d’un pouce & demi, de la groffeur d’un petit doigt, ayant des ailes larges & minces & des jambes longues &c déliées; les habitans les rôtiflent dansune terrine , où les ailes &r les jambes fe détachent ; mais la tête 6c le corps deviennent rouges comme les écré- vifles cuites. | Au royaume de Tunquin les habitans en amaflent autant qu'ils peuvent, les prillent fur des charbons, ou bien les falent, afin de les conferver. Lorfqu’en 1693 1l fe répandit en Allemagne une armée de /zu- terelles , quelques perfonnes eflayerent d’en manger. Le célebre Ludolph qui avoit tantvoyagé en Orient, ayant trouvé qu’elles étoient de l’efpece dont les Orientaux font cas, en fit préparer à leur maniere , &t en régala le magiftrat de Francfort. (D.J) SAUTERELLE-PUCE , ( Hiff. nat. des infètles.) petit infeéte qui faute. On voit naître au printems plutôt ou plus tard, felon que la faifon eft plus ou moins avancée, certaines écumes blanches, qui s’attachent indifféremment à toutes fortes de plantes. NosNatu- raliftes jufqu’à Swammerdam & Poupart n’ont point connu la caufe de ces écumes. Ifidore de Séville, ainfi nommé, parce qu'il étoit archevêque de cette ville en 601 , prélat eflimable, mais mauvais phyfcien, Ss’elt imaginé que c’étoit des crachats de coucou. Quelques-uns ont penfé que c’étoit la feve, le fuc des plantes qui s’extravafoit. D’autres, comme Mouffet , que c’étoit une rofée écumeufe. D’autres enfin ont prétendu que ce font des vapeurs qui s’éle- vent de quelques terres par la chaleur de latmo- fphere , & qui s’attachent aux plantes ; mais toutes cés opinions ne font que des erreurs. | . M. Poupart a le premier découvert la vétitable origine de cette écume printaniere dans les Mémoires de l’académie des Stiences, année 1704, ou du-moins il a le premier développé ce que Swammerdam n’a- voit fait que conjeéturer. Cet homme , né pour l’é- tude des infeétes , patient pour les obferver , adroiït pour en faire la délicate anatomie quand la chofe étoit poflible , a prouvé que cette écume étoit l’ou- vrage des faurerelles qu'il avoit décrites dans le Jour- al des favans , en 1693. Elles font fort petites & fautent comme des pu- Has S A U tes, d'où leur vient le nom qw’elles portent. Leurs piés de derriere n’excedent pas la hauteur de leur dos, ainfi que font ceux des autres fauterelles : als {ont toujours pliés fous le ventre comme dans les puces , ce qui fait que les fazserelles-puces fautent extrèmement vite , & fans perdre le moindre tems. Elles ont un aiguillon roide &c fort pointu , avec le- quel elles tirent le fuc des plantes. Ce font peut-être les feules efpeces de fautrerellesqui ayentun aiguilion. Toutes les autres qui font connues ont une bouche, des levres & des dents, avec lefquelies elles mangent esherbes & même la vigne. Vos locufle . . . .. Ne meas ledatis vises : Jun enim. teneræ. Nos fauterelles-puces font des œufs, d’où naïffent d’autres petites Juurerelles qui font enveloppées pen- dant quelque tems d’une fine membrane. Cette mem- brane eft un fourreau qui.a des yeux , des piés,, des ailes , &c d’autres organes qui font les étuis de fem- blables parties du petit animal qu’elles renferment. Quand 1l loft de fon œuf, 1l paroït comme un petit ver blanchâtre. Quelques jours après, 1l devient cou- Leur de verd de pré, couleur que le fuc des plantes, dont 1l fe nourrit, pourroit bien lui communiquer. Alors il reflemble prefque à un petit crapeau ou à une grenouille verte qui monte fur les arbres, & qu’on appelle pour cette raifon rena arborez, gre- nouille d'arbre, Quoique cet infeéte foit enveloppé d’une membrane, il ne laifle pas de marcher fort vite & hardiment, mais 1l ne faute êt ne vole point qu'il n'ait quitté fa pellicule. | Auffi-tôt qu'il eft forti de fon œuf, 1l monte fur ‘une plante qu'il touche avec fon anus, pour y at- tacher une gouttellette de liqueur blanche & toute “pleine d'air. Il en met une feconde auprès dela pre- aniere , puis une troifieme, &c 1l continue de la forte jufqu’à ce qu’il foit tout enyeloppé d’une groffe écu- me, dont il ne fort point qu'il ne foit devenu un ani- mal parfait, c’eft-à-dire qu’il ne foit délivré de la membrane qui l’environne. Pourjetter cette écume ,ilfaituneefpece d’arc dela moitié de fon corps, dont le ventre devient laconve- xité;tlrecommence à Pinftant un autrearc oppofé au premier, c’eft-à-dire que fon ventre devient concave «de convexe qu'il étoit. À chaque fois qu’il fait cette double comprefion , 1l fortune petite écume de:fon “anus , à laquelle il doñne de l’étendue en la pouflant de côté &7 d’autre avec fes piés. | M. Poupart a ns {ur une jeune menthe plufeurs de ces petites Juuterelles : les feuilles fur lefquelles “elles firent leurs écumes ne grandirent point, &c cel- les qui leur étoient oppoñées devinrent de leur gran- detr naturelle ; cela prouve que ces infeétes vivent du fuc des plantes, tandis qu'ils font dans leurs écu- “mes. Quand la jeune /azrerelle eft parvenue à une certaine grandeur , elle quitte fon enveloppe qu’elle daifle dans lécume , & elle faute dans la campagne: cette écume la garantit des ardeurs du foleil qui la pourroient deflécher. Elle la préferve encore des araignées qui la fuceroient, Les laboureurs difent que ces écumes font un préfage de beau tems ; mais c'eft qwelles ne paroïflent que quand le tems eft beau , car Le mauvais tems les détruit. (2. J.) SAUTERELLE, ( Coupe des pierres.) inftrument de Dois compofé de deux regles 5,4, C4, aflemblées “par un bout 4, comme latète d’un compas pour être mobiles , & propres à prendre louverture de toutes Aortes d’angles, rectilignes , droits, aigus ou obtus. Ce récipiangle fert pour tranfporter {ur la pierre ou fur le bois l'angle d’une encoignure ou d’un trait de l’équerre , il eft plus ufité dans la coupe des bois que dans celle des pierres , où lon ie fert pour la même fin du compas d’appareïlleur, qui eft une ef- pece de fauserelle, à laquelle on a ajouté des pointes pour fervir de fauffe-équerre ou de compas, fuivant les occurrences, SAUTEUR, f m. ( Liséérarure, ) les Grecs qui avoient placé la danfe au rang des marches militai- res en abufant de létabliffement de leur gymnafe, la proftituerent aux baladins & à des gens méprifa- bles, fans même lui faire changer, de nom ; alors l’art de faire des fauts & des tours de force fut un | des quatre genres de la danfe ; mais il fant ajouter qu’on fafoit peu de cas de ce talent 8 deceux qui l’exerçoient. Cliftene refufa fa fille à Hippoctide pour avoir fini fa danfe par limitation des poftures baladines. On a trouvé à Nimes une petite figure de bronze, qui repréfente un de ces Jaureurs ; la confor- mité qui s’y rencontre avec la pratique que nos vol- tigeurs fuivent aujourd’hui, a une fingularité qui frappe. Le tonneler même que ces fortes de gens portent , reflemble à-peu de chofe près à celui que l'on voit à cette figure. Le comte de Caylus, anigs greg. rom. Ôcc, tome IT, (D. J, SAUTEUR , (Manege.) un fauteur eft de deux efpe- ces, où entre les piliers, ou en liberté. Le fazseur entre les piliers eftun cheval auquel on apprend à faire des fauts entre les deux piliers. Voyez SAUT. Le fau- ceur en liberté eft celui à qui on apprend à faire le pas ët le faut en appuyant le poinçon, ou en croifant la gaule par-derriere. On met des troufle-queues aux favseurs, pour leur tenir la queue en état , & l’empêcher de jouer & de faire paroître le fzuseur large de croupe. SAUTOIR , serme d’'Horlogerie, c’eft le nom d’une piece de la cadrature d’une montre ou d’une pen- dule à répétition ; il eft fynonyme à valer. Voyez Va- LET. SAUTOIR, terme de Blafon, pièce honorable de lécu fait en forme de croix de faint André, qu’on ap- pelle autrement croix de Bourgogne. Sa largeur ordi- naire eft le tiers de l’écu , quand elle eft feule. Il y a des fauioïrs alaes , & des fautoirs en nombre qu’on pofe en différens endroits de l’écu. Il s’en voit de chargés , d’accompagnés , d’engrelés , d’endenchés, d’échiquetés, &c de panne comme vair &c hermine. Ménefirier. (D. J.) | SAUTRIAUX, L.m. plur. ( Baffe-lifferie.) ce font des efpeces de petits bâtons dontles bafle-hfiers fe fervent pour attacher les lames où tiennent leurs lifles ; ils {ont dans la forme de ce qu'on appelle le fléau dans une balance; c'eft la camperche qui les . foutient. (D. J.) | SAUVAGAGI, f. m. (Coton des Indes.) toile de coton blanche qui vient des Indes orientales, parti- culierement de Surate. Les. pieces de ces toiles ont treize à treize aunes & demie de long, fur cinq à huit de large. Savary. (D. J.) | SAUVAGE , ce mot fert ex matiere médicale à diftinguer les végétaux. qui.croiflent naturellement dans les champs d'avec ceux que l’on cultive. Sur quoi il faut remarquer que cette diftinion efteffen- tielle, d'autant que les plantes fauvages ont pour lor- dinaire plus d’efficacité que celles qui font. culti- vées. | Sauvage eft encore une épithete dont l’on fe fert en matiere médicale, pour défiener les animaux /aw- vages ; êt les diftinguer de ceux qui font privés. … Les amimaux fauvages fourniflent une meilleure nourriture que les domeftiques., car les animaux pri- _vés ou domeftiques font d’un témpérament humide, nourris dans la mollefle & l’inaétion , tandis que les Jauvages ont la chair ferme 8 même grafle. D’alleurs f l'exercice contribue à conferver la fanté aux hommes , il fait le même effet parmi les animaux : les fels &z les huiles font plus exaltés dans la viande desanimaux qui ontétélaiflés enhiberté; ils SAU font-plus fains & plus rébuftes , ils fourniflent une noürtiture. meilleure aux perfonnes qui ont la force de le digérer, car le même exercice qui éxalte leur fel & leur huile rénd auffi leur chair plus ferme & plus denfe. | Les médicamens tirés du régne animal font com- me les alimens plus efficaces & meïlleurs lorfqu’ils font tirés des animaux fauvages , que s'ils font pris pærmi les animaux domeftiques. Tel eft Le bézoard animal ; tel eft la graïfle d'ours ; tels font d’autres remedes tirés du regne animal, quifont d'autant plus efficaces , qu’ils font tirés des animaux les plus féro- ces & les moins apprivoités. SAUVAGE ou SAUVEMENT, ( Marine.) on foufen- tend faire Le : c’eft s’employer à recouvrer lès mar- chandifes perdues par le naufrage ou jettées à la mer. Le tiers de ces marchandifes appartient à ceux qui les fauvent. On appelle frais du fauvage le payement qu’on donne à ceux qui fauvent quelque chofe ; où la part qu'ils ont àce qu'ilsfauvent. SAUVAGES , muplur. ( Æi/£.mod.) peuples bar- bares qui vivent fans lois, fans police, fans religion, 8e qui n’ont point d'habitation fixe. Ce mot vient de l'italien /x/vagio, dérivé de /a/- vaticus , félvaticus 8 filvaticus , qui fignifie la même chofe que /ylvefiris, asrefte, ou quiconcerne les bois & les forêts, parce que les /auvages habitènt ordi- nairement dans les forêts, | Une grande partie de l'Amérique eft peuplée de Jauvages la plûpart encore féroces , & qui fe nour- riflent de chair humaine, Voyez ANTROPOPHAGES. Le P. de Charlevoix a traité fort-au-long des mœurs & coutumes des /zzvages du Canada dans fon journal d’un voyage d'Amérique , dont nous avons fait ufage dans plufieurs articles de ce Difionnaire, SAUVAGES, (Géog. mod.) on appelle fauvages tous les peuples indiens qui ne font point foumis au joug du pays, & qui vivent à-part. Il y a cette différence entre les peuples fzuvages &c les peuples barbares , que les premiers font de _‘petites nations difperfées qui ne veulent point fe réunit , au-lieu que les barbares s’uniflent fouvent, & cela fe fait lorfqu’un chef en a foumis d’autres. La liberté naturelle eft le feul objet de la police des fauvages ; avec cette liberté la nature & le climat dominent prefque feuls chez eux. Occupés de [a chafle ou de la vie paftorale , ils ne fe chargent point de pratiques religieufes , & n’adoptent point de re- lgion qui les ordonne. IL fe trouve plufieuts nations fauvages en Améri- que , à caufe des mauvais traitemens qu’elles ont éprouvées, & qu’elles craignent encore des Efpa- gnols. Retirés dans les forêts & dans les montagnes, elles maintiennent leur liberté, & y trouvent des fruits en abondance. Si elles cultivent autour de leurs cabanes un morceau de terre, le mays y vient d’a- bord ; enfin la chaffe & la pêche achevent de les met- tre en état de fubfifter. | Comme les peuples fzuvages ne donnent point de cours aux éaux dans les lieux qu'ils habitent , ces lieux font remplis de matécages où chaque troupe fauvage fe cantonne, vit, multiplie & forme une pe- tite nation. (D. J.) SAUVAGEA , f. f. ( Botanique.) genre de plante, dont voici les cara@teres. Le calice fubfiftant de la fleur eft de cinq fetulles faites en lancettes pointues; la fleur eft à cinq pétales plats, droits, obtus, échan- crées, & plus longs que les feuilles du calice. Les étamines font des filets nombreux, chevelus, qui ont la moitié de la longueur de la fleur ; leurs boffettes font fimples ; le germe du piftil eft enfeveli dans le calice ; le fhle eft court ; les ftigma font au nombre de fix, oblongs, &"de la longueur du file : Le fruit » EAU 4p eft une tapfule ovale ; couverte , à une feule loge: Penveloppe de la fleur &r la capfüle s’ouvrent hori- fontalement au mulieu ; les graines font petites & nombreufes. Linn. gez. plant. p.240.( D. J.) SAUVAGEON , fm. (Jardinage, \ eft le même que fier, que franc. Voyez SUIET. | SAUVAGINE, £f. (Pelleterie.) nom que l'or don: ne aux peaux non apprêtées de ceftains atimaux fauvages qui fe trouvent communément en France A tels que peuvent être les renards, les lievres , Les blaireaux, les putois , lès fouinés, les belettes ; & la fauvagine n’eft regardée que comiie une pelletérie commune qui ne s'emploie que pour Les fourrures de peu d'importance. Savary. (D, J.) SAUVAGULZEÉES , f. m: pl: ( coton des Indes.) ce {ont des toiles blanches de coton qui viènnent des Indes orientales. Il Y en a, qu’on appelle balagées , qui fe fabriquent à Surate, & d’autres que l'on nom- re fanvapuzées- dontis. Elles ont trêize aunes & des mie fur deux tiers dé large. Di&. de Comm. | SAUVE-GARDE , fm, ( if. rar, ) c’eft Le nom que les Hollandois établis à Surinam, donnent À une efpece de ferpent, qui différe des ferpens ordinai- res, des lézards & de lignane; il vient d’un œuf. comme les lézards; fes écailles font menues & liffes s il fe nourrit des œufs d’oïfeau qu'il va manger dans leurs nids : lorfqu'il veut pondre les fiens , il forme un creux fur lebord des rivieres, &illes laiffe éclorre à la chaleur du foleil; fes œufs font dé la orofleur de ceux d’uneoie, mais plus alongés ; lés Indiens ne font aucune dificulté d'en manger. Mademoïfelle Mérian, . qui nous donne la defcription dé cet animal, n’a pas pu éclaircir davañtage fa nature ; elle nous laifle dans l'incertitude fi elle parle d'un crocodile où cayman, d'un ferpent ou d’un lézard. SAUVE-GARDE , { £ (Jurifprud. ) font des lettres données à quelqu'un , par lefquelles on lé met fous fa proteétion , avec défenfes à toutes perfonnes de le troubler ni empêcher, fous certaines peines, & d’être déclaré infraéteur de la fauve-gurde. I y a des Jatve-gardes pour la perfonne en quelque lieu qu’elle aille ; il y en a quifont fpécialement pour les maïfons &t biens , pour empêcher qu'il n’y foit fait aucun dommage, &t pour empêcher le propriétaire du lo- gement des gens de guèrre. Il eft parlé de ces Jauve-pariles dans plufieurs cou- tumes ; & dans le recueil des ordonnances de latroi- fieme race, on trouve nombre de lettres de fauvye- garde données à des abbayes & autres églifes. La fauve-garde peut être accordée par leroï, oupar les juges , foit royaux , ou des feisneurs. On entend quelquefois par fave-garde , üne pla= que de fer appoñce fur la porte d’une maïfon,, fur la- quelle font lès armes du roi ou de quelqu’autre fei- gneur , avec ce mot Jauve-marde ; ces panonceaux ne font pas là fatve-sarde-même , ils ne font qu’un figne extérieur qui annonce que le propriétaire de la mai- fon eft fous la Jauve-gurde du roi ou de quelqu’autre feigneur. Voyez Le gloffaire de M. dé Lauriere & Ze mor SAUF-CONDUIT. (4) SAUVE-GARDE , ( Ars milite. ) c’eft, à la guerre, la protection que le général accorde à des particu- liers pour conferver leurs châreaux, maifons ou ter: res, Gt les mettre à abri du pillage. Le garde ou le foldat qui va réfider dans ces lieux, fe nomme auffi J'auve-garde. Il a un ordre par écrit contenant l’inten- tion du général. Il eft défendu , fous peine de la vie, d'entrer dans les lieux où font envoyés les fauves gardes , & de leur faire aucune violence. Lé profit des fauve-pardes appattient augénéral , &c il peut les étendre autant qu'il le juge à propos. Cependant le ttop grand nombre de fauve-oardes eft au détriment de Parmée , qui fe trouve privée de tout ce que les lieux confervés pourroient lui fournir. Lorfqu'un 730 S À U lieu oh il y a des Jauve-gandes {e trouve furpris par Vennemi , les fauve-gardes ne font pas prifonniers de guerre, (4) SAUVE-GARDE, 04 TIRE-VEILLE, ( Marine.) Ceft une corde amarrée au bas dubeaupré, 8 qui montant à la hune de mifaine , en defcend pour s’amarrer aux barres de la hune de beaupré, Elle fert aux matelots qui font quelques manœuvres de la civadiere & du tourmentin, pour marcher en sûüreté fur le mât de beaupré. ër Sauve-garde du gouvernail , eft un bout de corde qui traverfe la meche du gouvernail, & qui eft ar- êtée à l’arcafle du varfleau. Les Sauve-gardes font aufli deux cordes pofées de- puis l'extrémité de l’éperon jufqu’aux fous-barresdes bofloirs , & qui fervent àempêcher que les matelots, qui font dans l’éperon pendant les tempêtes , ne tom- bent à la mer. | 2 SAUVEL, LE , ( Géog. mod.) riviere de France, dans l’Alface. Elle a fa fourceau mont de Vofge , & {e jette dans le Rheiïn , entre Strasbourg & Offen- dorf, | SAUVEMENT , f. m. serme de Commerce de mer ; on dit qu'un vaifleau marchand eft arrivé en bon /au- yemenr, pour dire qu'ileft arrivé à bon port fans aucun accident. Dit. de Comm. & de Trévoux. | SAUVEMENT DROIT DE, ( Droit féodal.) c’étoit autrefois un droit qui confiftoit en la vingtieme partie du blé & du vin que les habitans étoient tenus de donner à leur feigneur , à la charge de conftruire &c entretenir à fes dépens les murailles du bourg pour leur sûreté & la confervation de leurs biens. (2.J.) SAUVER , v. att. ( Gramm.) c’eft préferver , ga- rantir de quelque caufe de ruine , de perte & de def- trudion. Ce médecin m’a/auvé d’une grande maladie; je lui ai fauvé la vie dans cette occafon ; on l’a fauvé des mains de la juftice. Sauvez du-moins les apparen- ces ; fauvez la vole, Je vous fauverai les cinq bloufes. Je ne fai comment il fe fauvera de ce marché ; cela me Jauvera un travail infini. ILs’eft fauvé à la nage. Il eft venu pour fauvertous les hommes, Sazvez moi de la mort éternelle. Sazye qui peut. Ÿ SauvER LE , (Géog. mod.) où le Sur ; riviere de France , en Alface. Elle prend fa fource dans les mon- tagnes , aux confins des pays réunis de la Lorraine, Elle traverfe par deux bras la forêt de Haguenau , & fe joignant enfuiteen un feul canal, elle {e perd dans le Rhein , entrele Fort-Louis & Seltz. (D. J.) SAUVER , ex Mufique, fauver une diflonance, c’eft la réfoudre, felon les regles, fur une confonance de Paccord {uivant. Il y a pour cela une marche pref- crite , @& à la bafle fondamentale de l’accord dif- fonant , & à la partie qui forme la diffonance. On ne peut trouver aucune maniere de fauver qui ne {oit dérivée d’un aûte de cadence; c’eft donc par l’efpece de la cadence qu’eft déterminé le mouvement de la baffe fondamentale. Foyez CADENCE. A Pégard de la partie qui forme la diflonance, elle ne doit ni refter en place , ni marcher par degré dif- joint , mais elle doit monter où defcendre diatoni- quement , felon la nature de la diffonance, Les maï- tres difent que les diflonances majeures doivent mon- ter , & les mineures defcendre , ce qui n’eft pas gé- néral , puifqu'une feptieme, quoique majeure, ne doit point monter, mais defcendre , fi ce n’eft dans Vaccord appellé fort incorreétement accord de féprie- me fuperflue ; il vaut donc mieux dire que toute dif- fonance dérivée de la feptieme , doit defcendre , ëêc dérivée dela fixte ajoutée, monter.C’eft-là une regle vraiment générale, &c qui ne fouffre aucune excep- tion. Il en eft de même de la loi de fauver la difflonan- ce. Il y a des diffonances qu’on peut ne pas préparer ; maisiln’y en a aucune qui ne doive fe Jauver. Dans les accords par fuppoñtion , un même ac- SAU cord fournit fouvent deux diffonances , Comme là feptieme & la neuvieme, la neuvieme êc la quarte; alors elles ont dû fe préparer, & doivent fe fauver toutes deux. C’eft qu'il faut avoir évard à tout ce qui diflonne , non-feulement fur la bafle fondamentale ; mais encore fur la bafle continue. (S) SAUVER , voyez SAUVAGE. SAUVERABANS ox ToRDES, {.m.(Marine.) an: neaux de corde aw’on met près de. chaque bout des grandes vergues, afin d'empêcher que les rabans ne foient coupés par les écoutes deshunes. . SAUVE-VIE , 1. (Æifh mar, Botin.) ruta mura- ra ; genre de plante dont les familles reffemblent en quelque fofte à celles de la rue des jardins. #oyez RUE, Tournefort, 1. R,H. Voyez PLANTE. SAUVES , ( Géog. mod.) petite ville, ou, pour mieux dire , bourg de France, dans le bas Langue- doc , fur la Vidourle , à 3 lieues au nord d’Anduze, au diocèfe d’Alais, avec une abbaye de bénédi&ins , fondée Pan 1029 , & un viguier perpétuel que faint Louis y établit en 1236. Long.:23. 9. lat. 430 47. SAUVETAT , LA , ( Géogimod, ) petite ville ou bourg de France. Voyez SALVETAT , /a. SAUVETERRE, ( Gcog. mod.) nom de deux pe- tites villes de France , lune dans le Béarn , à 7 lieues de Pau , & l’autre dans le pays de Comminges,, àpew de diftänce de Lombez, (D: J.) Ÿ. SAUVEUR LE VICOMTE, SAINT, (Géog. mod.) petite ville, ou plutôt bourg de France, en Norman: die, au diocèfe de Coutances, fur la riviere d'Ouve, à 6 lieues de Cherbourg au midi , avec une abbaye d'hommes de l’ordre de faint Benoit, fondée l’an 1048. SAUVEUR , ( Critique facrée. ) swrnp en grec, en la- tin falyator ; celui qui fauve la vie , ou qui délivre de quelques grands maux ; c’eft en ce fens que Jo= feph eft appellé Ze Jauveur du monde, pour avoir ga- ranti l'Egypte de la famine en faïfant à propos de grands amas de grains dans les greniers du roi. Ger: Ixj.45.L’Ecriture donne auf ce nom à ceux qui ont tiré les Ifraélites d’entre les mains de leurs ennentis. IT. Efd. ix. 27. Ainfi Jofué, David ; les Juges , Sa- lomon, Jofas, Mathatias ont recu des Juifs le nom de fauveur. C’eft à Jefus-Chrift feul que ce beau titre appartient par excellence. (D. J.) : SAUVEUR , ( Art numifmat.) cwrnp OÙ carnpz ; Ofi voit les dieux fauveurs dans les médailles, Il eft fait mention dans Sophocle des facrifices qu’on célébroit tous les mois à Argos aux dieux fauveurs ; mais Vé- pithete de oser &c de forera eft donnée pareïllement à des déefles, Cybele, Vénus, Diane, Cérès , Pro- ferpine , Thémis , la Fortune & autres qui portent chacunele nom de déeffe falutarre. | _ Le même titre eft accordé, à leur exemple , à des reines , comme à Bérénice, Cléopatre ; & à des impératrices, comme à Fauftine. Il y a d’elle un beau médaillon du cabinet du roi de France , repréfentant Cybele dans un temple de lions ; aux deux côtés de fon fiege eft Atis debout devant unpin, & pour inf- cription on lit, Mafri deñm falutari. | Pareïllement le nom de dieu fauveur 8éce cure ne fe donnoit pas feulement au grand dieu Jupiter, Jovis foreri , 8& à d’autres divinités de Pun &t l’autre fexe, mais à des rois & à des reines de Syrie , d'Egypte, rc. ainfi que d'anciens monumens , &t particuliere- ment des médailles le juftifient. De plus la flatterie des peuples communiqua le même titre de forer ou de Jauveur , a des empereurs vivans, même à ceux d’entr’eux les plus indignes d’un tel honneur. Il y a une médaille portant d’un côté la tête de Néron, & de l’autre une infcription greque au milieu d’une cou- ronne de laurier. Cette infcription dit, 44 fauveur du monde ; au-deflous eft une demi-lune : mais conful- | tez -tez fur ce fujet M. Spänheim, vous ytrouvetez beau- coup de particularités curieufes. Le même titre de sornp fut donné par les Grecs à Pempereur Hadrien, comme il paroit par les infcrip. tions ; cependant ce titre tout faftueux qu'il étoit, ceffa prefque d’être une diftinétion par le fréquent ufage qu'on en avoir fait. On fait que Ptolomée I. roi d’'E- gypte Antiochus I. Démétrius!. & Démétrius IIL. rois de Syrie , Pavoient pris fur leurs médailles , & qu'on l’avoit accordé à plufieurs autres rois grecs qui ne firent aucun effort pour le mériter. Enfin dans ce genre de flatterie, les Grecs & les Romains n’avoient rien à fe reprocher. (D. J.) | SAUVEUR , ordre de faint, ( Théologie.) eft le nom d'un ordre de religieufes , fondé par fainte Brigite, environ lan 1344, &ainfi appellé parce que la com- mune opinion étoit que dans des révélations faites À cette fainte, Jefus-Chrift lui-même lui en avoit don- né la regle & les inftitutions ; on les appelle auff Brigitines où bridgetines , du nom de leur fondatrice. Voici ce qu'on raconte de leur origine, Guelphe, prince de Baviere , mari de fainte Brigite , étant mort à Arras à fon retour de Galice, fa veuve tou- chée d’un mouvement de dévotion réfolut d’entrer dansun monaftere, & pour cela fonda celui de Jaint Sauveur à Weftern, dans le diocèfe de Linkoping en Suede, où elle a fon tombeau, | Par les conftitutions de cet ordre, les relisieufes font particulierement confacrées au fervice de la Vierge, & les religieux chargés d’aflifter fpirituelle- ment les malades, & d’adminiftrer les facremens, en cas de néceflité. Lenombre des religieufes dans chaque couvent eft fixé à foixante, & celui des moines à treize comme les apôtres, en fuppofant que faint Paul eft le trei- zieme. Un d’entre eux étoit prêtre » Quatre diacres, pour repréfenter les quatre doéteurs de lEghfe, & les huit autres convers ; mais ils ne devoient être en tout que foixante & douze, pour figurer Les foixante 8e douze difciples de Tefus-Chrift, Si lon en excepte ces circonftances & la forme de leur habit , ils fui- vent dans tout le refte la regle de faint Auguftin. Cet ordre fut approuvé par Urbain V, & parles fuccef- feurs ; & en 1603 Clément VII. y fit quelques chan- gemens en faveur de deux monaiteres qui commen- çoient alors à s'établir en Flandre. SAUVEUR, Jxint, congrégation de chanoines en Italie, qui portent le nom de Jéopetini, & qui furent fondés en 1408 par le bienheureux Etienne , reli- sieux de l’ordre de faint Auguftin. Leur premier éta- Bflement fe fit dans léglife de fzint Sauveur près de Sienne, & c’eft de-là qu'ils ont tiré le nom qu'on leur donne ; celui de Jcopetini vient de l'églife de faint Donat de Scopete quäls obtinrent à Florence, fous le pontificat de Martin V. Morery , Did, r. Lettre S, pag. 458. SAUVEUR DE MONTEZAT, faint, (Ordre milir.) Mariana, Zv. XV. ch. xyj. dit que cet ordre muili- taire a été inftitué par Alphonfe, roi d'Arragon dans le royaume de Valence lan 1317, que les biens des templiers furent donnés aux chevaliers , lefquels fu- rent unis à l’ordre de Calatrava ; mais enforte néan- moins qu’ils auroïent leur grand - maître particulier, &c qu'ils porteroient une croix rouge fur un man- tean blanc. Dom Jofeph Michieli, l'abbé Juftinian: ; & le pere Helyot , ont parlé les uns & les autres diverfement & fort peu exaétement de cet ordre. (2.J.) SAUVEURS, er termes de Commerce de mer ; fignifie ceux qui ont fauvé ou pêché des marchandifes per- dues en mer, {oit par le naufrage, foit par le jet ar- rivé pendant la tempête, & auxquels les ordonnan- ces de la marine de France attribuent le tiers des effets fauvés. Dichon, de comm. Tome XIF, SA X 731 SAPUS, (Géog. ant.) Savus dans Strabon & Dion Caflius; Sabus dans Juftin; Sais dans Pline & Ptolomée , fleuve de la Pannonie qui tombe dans le Danube ; il eft aujourd’hui connu fous le nom de Save, | Les anciens parlent auffi d’unautre Savzs, fleive de la Mauritanie céfarienfe. Ptolomée, Zy. IF. ch. DA met fon embouchure fur la côte feptentrionale , En tre Icofium & Ruftionum ; le nom moderne felon Marmol, eft Saffaya. (D. J.) SAVUTO, LE, ( Géogr. mod.) riviere d'Italie ; AU royaume de Naples, dans la Calabre citérieure ; elle prend fa foutce au fud=eft de Cofenza, & fe rend dans la mer au-deflus de Martorano; c’eft l'Ocirarus de Lycophron. (D. J.) { SAWE où SOWE, ( Géog. mod.) riviere d'Angle- terre, dans Staffordshire, Elle prend {à fource près d’Eccles-hall, 8 après avoir arrofé Stafford , elle fe jette dans le Trent, près de Ticke’s-hall. (D. 7.) SAWA, (Hif anc.) divinité des ancièns arabes idolâtres, qu'ils adoroient {ous la fi gure d’une femme. SAWBON , (Géog. mod.) ville des Indes, dans le royaume de Brampour, à 7 lieues de la ville de Cad dor. Les caravanés qui vont de Brampour , de Benga- le, & de Cambaye à Agra, pañfent par cette ville, SAX ou SACHS, f. m. ( Hit. anc, ) c’eft ainfi que quelques anciens peuples de Germanie nommoient un poignard ou un fabre fort court , dont ils fe {er voient à la guerre ; on croit que c’eft du nom de cette arme que vient le nom des Saxons. SAXATILE, adj. ( Gramm, Péche.) qui habite les rochers , les pierres & les cailloux ; on dit > Un poif- {on faxarile, | SAXAVA, (Géog. mod.) ville de Perfe, dansune plaine fablonneufe, à deux ou trois Journées de ca- ravane de Sultanie. Paul Lucas eft le feul qui en parle ; & comme c’eft un voyageur romancier , 1l nous donne Saxava pour une grande ville , autre fois fuperbe , qui a près de 2 milles de tour. (2.1) SAXE, ( Géogr. mod.) grand pays d'Allemagne, dans fa partie {eptentrionale, & qui étoit autrefoie beaucoup plus étendu qu'il n’eft à - préfent. On le divife aujourd’hui en Saxe proprement dite, en du- ché de Saxe, qui comprend tous les états de l’élec- torat de ce nom; & en Saxe dans toute fon tendue, qui comprend le cercle de la haute Saxe , & le cer- cle de la baffle Saxe, Voyez ces trois mors. L'ancienne Saxe renfermoit, vets le tems de la dé cadence de l'empire, cette vafte étendue de pays qui eft entre l’Oder, la Sala, l'Iffel , & la mer Ger- manique. Les peuples qui l’habitoient fe font rendus fameux par leurs conquêtes. Ils étoient partagés en trois nations principales, qui étoient les Saxons oft- phaliens, les Saxons weftphaliens , & les Saxons an- grivariens ; & ces trois nations {e divifoient en plu- Leurs autres qui avoient chacune leurs princes, mais on obfervoit par-tout les mêmes lois &les mêmes coutumes. Comme les Saxons naïfloient pour ainfi-dire guet fiers; ils avoient prefque toujours les armes à la main ; & comme ils étoient jaloux de leur liberté, ils ne pouvoient foufrir de domination étrangére, C’eft pour cela qu’ils firent fi long-tems la guerre, & qu'ils furent f opiniâtres à fe défendre contre les rois de France, particulierement contre Charlema- gne. Hatteric eft le plus ancien roi de Saxe dont il 1oit parlé dans lhiftoire. Il défit Borbifta, roi des Geths, qui avoit fait une irruption dans fes états. Il eut pour fuccefleur Anferic IT. {on fils, qui regna vers le tems de la naïfance de Jefus- Chrift. Il eft impoffble de connoître l'hiftoire des rois faxons de ce tems-là, & tous les auteurs qui s’y font attachés, comme Spangenberg, Fabricius, Kranfius, & autres, n’ont pù y réufir, On fait RE que ! Z Z 732 $ AX les. princes de.ce pays firent des conquêtes éloignées. Les uns porterent leurs armes en Efpagne, êtes au- | tres dans les Gaules; maisHengifte pafla dans la grande Bretagne. au fecours des. infulaires, l'an 448; &c après avoir vaincu les Piétes &c les Scots qui leur fai- foient la guerre, il s’empara de la plus grande partie de cette île. De lui defcendirent les rois de Kent, de Suflex, d'Eaft-Angles, d'Eflex, de Murcie, de Nor- thumberland , & de Weffex, dont la poftérité finit à Edouard EL. lan 1066, après y avoir regné près de fix censans. Thierry 1. fils aîné de Clovis, Theodebert I. Clo- taire L. Clotaire IL. eurent de longues guerres , fans beaucoup de fuccès, contre les Saxons qui: étoient de{cendus dans la Gaule belgique. Charles Martel Les combattit durant vingt ans.Pepin leur fit la guerre trois fois en dix ans; enfin Charlemagne, aprèsune gherre de trente-deux ans Les fubjugua, leur fit em- brafler le chriflianifme de force, & fonda dans leur pays les archevêchés de Magdebourg &c de Breme, ëc les évêchés de Paderborn, de Munfter, d'Ofna- brus, de Hildesheim, de Ferden, de Minden, & d'Halberftad, | La Saxe ne renfermoit pas feulement autrefois Les atcheyêchés 8& évêchés que nous venons de nom- mer, mais elle en contenoit encore d’autres ; outre les margeraviats de Brandeboursg , de Luface, & de Mifnie, Ra principauté d’Anhalt, les duchés de Brunf- wig, de Lunebourg, plufeurs comtés, la princi- pauté d'Oofi-frile, & les pays de Frife, de Gronin- gue, & d'Over-I[ffel; tous ces états faoient origi- nairement pattie de la Sexe. La plûpart furent long-tems poffédés par.des prin- ces faxons , &à mefure qu'ils changerent de maître ils changerent aufh de nom; enfin l’empereur Maxi- milien I. ayant divifé l'Allemagne en dix cercles, pour en rendre le gouvernement moins CONfUS, cOM- prit prefque tous les états qui dépendoient autrefois de la Saxe, avec divers autres, dans deux cercles qu'il ft nommer cercle de la haute, 8x cercle de la balle Saxe. ( D. J.) SAxE, Le cercle de la hate , ( Géog. mod. ) le cercle de la haute Saxe contient les éleétorats de Saxe & de Brandebourg , les duchés de Poméranie, de Saxe- Altenbourg, de Saxe-Weimar,sde Saxe-Gotha, de Saxe-Cobourg, de SaxeEyfenach, la principauté d'Anhalt, les évêchés de Meiflen, de Mersbourg, de Naubouro , de Camin, &cun grand nombre d’au- tres fouveramnetés. L'éleéteur de Saxe en eftle direc- teur ; font contingent eft de 277 cavaliers, &c de 1167 fantaffins , ou de 7992 florins par mois. (D. J.) SAXE , Le cercle de la baffe , ( Géog. mod.) le cercle de la baffe Saxe eft compofé de Pévêché de Hilde- sheim, des duchés de Brunfwick, de Mecklenbourg, de Holftein, de Magdebourg, de la principauté de Halberftat, del’évêché de Lubeck, des duchés de Brun{wick-Zell, de Woifenbutel, de Holftein-Got- torp, de Saxe Lawenbourg, & des villes de Lubeck, de Breme, de Goflar, de Mulhaufen, de Northau- fen, &c. Le roi de Prufle, comme duc de Magde- bourg, & l’éleéteur d'Hanovre, comme duc de Bre- me, font directeurs dece cercle. Son contingent eft de 330 cavaliers, &c 1277 fantaflins , ou 8992 flo- rins par mois. (1D.J. SAXE, le duché de, (Géog. mod.) on comprend ordinairement fousle nom de duché de Saxe, tousles états qui compofent l’éleétorat de ce nom; ils font f- tués au milieu de l'Allemagne, & très-peuplés ; ils renferment beaucoup de noblefle , & un grand nom- bre de bonnes villes; la juftice s’y admimifire prin- cipalement felon le droit faxon, qu'on y fuit depuis plufieurs fiecles. Voyez DROIT SAXON. Le duché de Saxe eft borné au nord, par le marc- graviat de Brandebourg, au nudi pat la Minie, au | AN S'ACX. | levahtiparilarbafe-Luface ,18c ‘au ‘couchantipar la principauté d’Anhalt; on luidonneenviron r3 lieues d'Allemagne: de largeur, & 15 de longueur ; 11 eft arrofé de grofles rivieres , qui'y entretiennent un grandcommerce ; dontle principal eft celui des mi- nes; l’Élbele coupe en deux parties inégales,, ‘ear celle qui efta lorient, eft beaucoup plus grande que Pautre; le pays confifteen campagnes, qui fournit fent prefque toutes lesichofes néceflaire à la vie, & du bléen abondance; ‘mais Le boisy manque, ce qui oblige les -habitans d’entirer de la Luface , ét des frontieres de Brandebourg.e— Sr sl C'eft dans ce duchél que le duthéranifme a pris naiflance ; ‘Wittemberg eneft la capitale ; cepéndant léletteur de Saxe faitfa réfidence a Drefde, capita- le de la Mifnie. ( D: J2ÿ * ra SAXETANUM, où SEXETANUM, (Géog. anc. ) ville d'Efpagne , dans la Bétique. L'itinéraire d’Antoninla marque entre Murgis & Caviculum , à 38 nulles du premier de ces lieux, & à 16 milles du fecond. Sexeranumeft felon les apparences, là Se- xitania de Ptolomée: (DJ) LE SAXIFRAGE, faxifraga, 1. f. ( Hiffi mac. Bot) genre de plante à fleuren rofe, compotfée de plufreurs pétales difpofés en rond. Le calice de cette fleur eft profondement découpé ; le piftl fort dwcalices"ila ordinairement deux cornes, & il devient dans la fuite , avec le calice , un fruit arrondi, qui a comme le piftildeux cornes & deux capfules ; ce fruitrenferz me des femences ordinairement fort menues. Four- nefort, 2nf?. rei herb, Woyez PLANTE. L'ARSfs SAXIFRAGE DORÉE, chryloplenium ;\ gente de plante à fleur monopétale, découpée ‘en raÿôns ; cette fleur n’a point de cahce; le pifil fort du centre 8 devient dans la fuite une capfule*membraneufe & divifée en deux cornes; cette capfule s'ouvre en deux parties, & renferme des femences ordinairer ment aflez menues, Fournefort, 27/f, rec herb. Voyez PLANTE. | EN CR SAXIFRAGE , ( Mar. méd. ) on connoït fous ce nom, dans les boutiques , outre la grande faxifrage, _grande pimprenelle-faxifrage ou boucage , &c la pe- tite pimprenelle-faxifrage ou petite boucage, dont il eft parlé à larrick BOUCAGE, voyez cet article. Plu- fieurs autres plantes, favoir la faxifrage blanche, fz- xifragia rotundifolia alba ; la faxifrage des Anglois, ou des prés, & la fuxifrage ordinaire , ou la cafe. pierre. Lignis minor faxifraga. Pluk, 6! 2nff. re herb. Ce ne font que les racines de ces trois plantes qui font d'ufage; on les a regardées comme propres à brifer la pierre dans la veffe; & c’eft de cette pré- tendue proprieté qu’elles ont vraiflemblablement tiré leur nom ; leur vertu diurétique, &c leur vertu emmenagogue font plus réelles; on les fait entrer quelquefois à ce titre dans les bouillons &c les apo- fèmes apéritifs & diurétiques, 8 dans ceux qu’on fait avaler quelquefois par deffus des bols, ou des poudres emménagogues ;-ces racines peuvent fe don- net auf en infufion où en fubftance dans du vin blanc. En général, ces remedes ne font pas fort ufités, ; La femence de la faxifrage ordinaire, ou de la caf- fe-pierre, entre dans la bénédiéte laxative de la phar- macopée.de Paris. (2) | Les riverains pêcheurs du reAort de l’amirauté de Fécamp , cueillent cette herbe , qui croît en abor- dance fur les falaifes dont leurs côtes font bordées; ils font de cette herbe, qu’on eftime des meilleutes, des falaifons qui fe tranfportent dans les grandes vil- les > mais comme les falaifes font extrèmement hau- tes, ils y defcendent au moyen dune corde établie au haut de la falaife , & tenue par des hommes qui la conduifent à la voix de celui qui cueïlle la perce- pierre ; ces cordes qui font grofles comme un petit S A X cablot, ne font ni tannées ni gauderohnées, pour être plus fouples & plus mamiables ; elles font for- mes de cœur de chanvre, pour la fureté des perfon- nes qui s’expofent à ce travail, qui n’eit pas fans danger. SAXONES , (Géog. ant.) peuples de la Ger- manie. Ptolomée, Z. £Z. c. x. les place au midi de la Cherfonefe Cimbrique ; ils étoient féparés des Phaz rodini par le fleuve Chalufus , des Cauchi par l'Elbe, &c habitoient le Holftein. Laffés de vivre entre des bois & des marais ; dans des terres ftériles , & jaloux des expéditions que leurs voifins avoient faites dans les provinces de l’em- pire romain , ils fe liguerent avec les Chérufques, & firent enfemble plufeurs courfes jufqu’au Rhin, d'où ils revinrent toujours chargés de butin. Ces fuc- cès les animerent à de nouvelles entreprifes ; ils ra- vagerent le pays des Chamaves, & comme ils vou loient fe joindre aux Francs, pour pañler avec eux dans la Gaule belgique , l’empereur Valentinien les prévint & les défit. Cette déroute les obligea de retourner dans leurs anciennes demeures , où s'étant multipliés de nou- veau, ils fe partagerent en deux corps ; les uns paf- {erent fous la conduite d'Hengis, dans la grande Bre- tagne, où ils furent appellés par les infulaires, pour les défendre contre les Piétes &r les Scots; ils y ac- coururent, & avec les tems , ils s’y établirent par la force des armes. Les autres s’emparerent des pays aux environs de l’Elbe, & profitant des troubles & des guerres civiles qui déchiroient l'empire, ils y fonderent une monarchie qui eut durant long-tems des rois particuliers. Enun mot, ils fe rendirentre- doutables à leurs vorfins , dont ils foumirent la plus grande partie ; on entreprit fouvent, fansfuccès , de les fubjuguer ; enfin Charlemagne en vintà-bout , après une guerre detrente ans , pendant laquelle ils lui donnerent beaucoup d'exercice. Voyez SAXE &. SAXxONS. (D. J.) SAXONICUM LITTUS , (Géogr. anc.) la notice des disnités de l’empire, /&. 34. 38. 52. Gi. & G2. nomme ainfi la partie orientale du pays de Kent en Angleterre. On ne peut douter qu'elle ne défigne cette province, puifqu’elle y met les villes de Du- bris & de Rictupis, avec les autres places de l’ancien Cantium, La mème notice comprend auffi fous le nom de Hittus-Saxonicum , la côte de la feconde Belgique, êt celle de la Gaule [yonnoife , du côté qu’elle étoit oppofée au Cantium; car elle met fur cette côte les Armoriques , les Ofifmiens, les Abrincates , les Vé- etes & les Nerviens, de même que Les villes Ro- tomaques, Flavia, Conflantia , & autres, qu’elle dit fituées fur le rivage faxon. Il n’y a point à douter que ce nom n’eût été donné à ces côtes, parce qu’elles étoient fouvent pillées &c ravagées par les pirates fa xons. (D. J.) | SAXONNE LANGUE, ( if. des lang. de l’'Eur.) la langue /axonne eft très-beu connue , &z les monu- mens qui en reftent, font en petitnombre. Lorfque les Saxons eurent foumis les Bretons, & les eurent rendus comme étrangers dans leur propre pays ; les conquérans mépriferent bientôt eux-mêmes la lan- gue qu'ils y avoient apportée. Dès l’année 652, dit un de leurs hiftoriens , bien des sens de notre île fu- rent envoyés dans les monafteres de France, pour y être élevés , & pour apprendre la langue de ce pays là ; fous le regne d’Edouard le confeffeur sn paña un grand nombre de Normands à fa cour, qui y introduifirent leur langue & leurs manieres ; enfin après la conquête de Guillaume I. toutes les lois fu- rent rendues en françois, & tous Les enfans apprirent Ie normand ; le caraétere faxon dont on s’étoit fervi dans tous les écrits, fut négligé, & dans le regne fuivant , 1l devint fi fort hors d’ufase,, qu'il n’y Tome XIF, S À X 733 avoit plus que de vieilles gens qui fuffent en état de le litre. | Il eft vrai qu’Henti I. donna en caraûteres faxons, à Guillaume , archevêque de Cantorbery , une char- te , par laquelle 1l le confirmoit dans la jouiffance de fon fiege; mais on ne connoït guere que ce feul exemple de l'emploi de la Zangue faxonne , & peut- être eft-:1l dû au deffein que le roi eut d’obliger la rei- ne qui étoit d’origine faxonne , & de fe concilier l’affeétion de fes fujets anglois, qui pouvoient {eflat- ter que fon mariage leur procureroit quelques droits de pius auprès de lui. Le P. Mabillon &c d’autres auteurs fe font done trompés en aflurant que l'écriture /axorre s’étoit to talement perdue dès le tems de la conquête; ilen fut des caraéteres faxons comme des croix dans les aëtes publics, qui pour la plus grande partie furent fupprimées, &c auxquelles on fubftitua les fceaux , & les foufcriptions à la normande ; cependant on ne leiffa pas de conferver çà & là l’ancienne maniere des croix; 1l n’y a pas de doute que la dialedte fe xo77e ne COntinuat à Être en ufage dans les villages &c - à la campagne avec un mélange du françois & du lañgage de la cour, Quand les barons commencerent à perdre de leur autorité, la langue du pays commença À être plus en vogue, jufqu'à ce que les communes obtinrent du t01 Edouard IT. que toutes les procédures juridiques {e feroient en langue angloife. Cette loi né rétablit pas néanmoins la langue faxonne dans fon premier état, elle fit feulement honneur au langage qu’on parloit alors, & qui étoit une langue mêlée de quan tité de mots étrangers. Il ne reftoit des traces du véritable faxon que dans les monafteres , & encore r’étoit:ce que dans ceux qui avorent été fondés avant la conquête normande, parce que leur intérèt les obligeoit d'entendre ja langue dans laquelle leurs chartes originales étoient écrites ; c’étoit par cette raifon que dans l’abbaye de Croyland 1l y avoit un maître pour enfeigner le fa- xon à quelques-uns des plusjeunes freres , pour que dans un âge plus avancé, ilsfuflent mieux en état dé faire valoir les anciensaétes de leurs monafteres con tre leurs adverfaires ; c’étoit fans doute pour la mê- me raifon que dans l’abbaye de Taviftoke , qui avoit été fondée par les Saxons vers l'an 6or , on faifoit des leçons publiques en /angue faxonne, lecons qui ont été continuées jufqu’au tems de nos peres, dit Cambden, pour que la connoiïffance de cette langue nefe perdit point, comme elle a fait depuis, Enfin Guillaume Summer, célebre antiquairé àns olois du dernier fiecle, a tâché de rétablir la langué Jaxonne , par fon gloffaire de cette langue, & par d’autres ouvrages qu'il a publiés à la tête des anciens hiftoriens d'Angleterre, imprimés à Londres en 16 $24 in-fol. Son diétionnaire faxon a paru à Oxford en 1659. au moyen de ce diétionnaire , ôn peut enten« dre les évangiles en Jangue faxonne , mis au jour par le doteur Thomas Mareshall ; ce diétionnaire de Somner neft pas néanmoins encore aflez complet , pour qu'il ne füt fufceptible d’additions &c d’une plus grande perfection , fi l’on vouloit recueillir les an- ciens manufcrits qui fubñftent encore dans cette langue, (D.J.) É s SAXONS , £. m. pl. (Æf, anc. & mod.) nation bel. liqueufe fort adonnée à [a piraterie , qui étoit une colonie des Cimbres, c’eft-à-dire des habitans de la Cherfonefe cimbrique, connue aujourd’hui fous le nom de Jur/and. En fortant de ce pays leux premier établiffement fut dans le diftriét qui forme aujour- d’hui les duchés de Slefwick & de Holftein , dont ils s’étendirent au loin & occuperent d’abord le pays fitué entre le Rhin &l’Elbe, enfuite ils s’emparerent de la Weftphalie, de la Frife, de la Hollande & de L'Zzzi) 734 S À X la Zélande, Les Saxons ont, dit-on, une origine commune avec les Francs &c les Suéves. Ils fubju- guerent.les Angles, peuple du Holftein, avec qui ils urent confondus fous le nom d’47glo-Saxens. Ce fu- rent ces derniers qui fous la conduite de Henpiit &c de Horfa, firent vers lan 450 la conquête d’une grande partie de Pile de la grande Bretagne, où 1ls avoient été appellés par les Bretons abandonnés des Romains, & qui à leur défaut, leur demandoient du fecours contre les Piétes. Ils pofléderent ce pays juf- | qu’à la conquête des Danois. Quant aux autres S4- xons, Charlemagne leur fit longtems la guerre, & parvint enfin à les foumettre, & les força d’embraf- fer la religion chrétienne, SAxONS, (Hi. & Géogr. mod.) on appelle aujour- d’hui proprement Saxozs, les peuples du duché de Saxe qui occupentles états de l’élettorar de cenom; mais dans le feptieme & le huitieme fiecle,, on ap- pelloïit Saxons tous les Germains feptentrionaux qu habitoient les bords du Wéfer & ceux de l’Elbe, de Hambourg à la Moravie, & de Mayence à la mer Baltique. ls étoient payens ainfi que tout Le fepten- trion, Leurs mœurs & leurs ufages étoient encore les inèmes que du tems de Germaricus. Chaque canton fe gouvernoit en république, &c avoit un chef pour la guerre. Leurs lois étoient fimples, &c leur religion toute idolâtre. Leur principal temple étoit dédié au dieu frminful, foit que ce dieu fut celui dela guerre, le Mars des Romains, ou le fameux Arminius, vain- queur de Varus. « - ( Comme ces peuples'mettoient leur gloire 87 leur bonheur daris la Hberté , Charlemagne le plus ambi- tieux, le plus politique &c le plus grand guerrier de fon fiecle, entreprit de les aflujettir, & en vint à-bout après trente ans d’une guerre injuite & cruelle, qu’il n’avoit formée que par efprit de domination. En ef- fet, le pays des Saxons n’avoit point encore ce qui tente aujourd’hui la cupidité des conquérans. Les ri- ches mines de Goflar & de Friedbers, dont ona tiré tant d’arsent, n’étoient point encore découvertes. Elles ne le furent que fous Henri lOifeleur, qui fuc- céda à Conrard, roi de Germanie, en 919. Point de richefles accumulées par une longue induftrie ; nulle ville digne de la convoitife d’un ufurpateur. Il ne s’a- gifloit que d’avoir pour efclaves un million d’hom- mes qui cultivoient la terre fous un climat trifte, qui nourtifloient leuts troupeaux dans de gras pâtura- ges , &t qui ne vouloient point de maître. Charlémagne au contraire, vouloit le devenir: en profitant de la fupériorité de fes armes, de la difci- pline de fes troupes , 8 de l'avantage des cuirafles dont les Saxons étoient dépourvus’, il vint à-bout d’en triompher. Il vainduit leur général, le fameux Witikind , dont on fait aujourd’hui defcendre les principales maïfons de l'empire, &r fous prétexte que les Saxons refuferent de lui livrer cet illuftre chef, il fit maflacrer quatre mille cinq cens prifonnmiers. Enfin le fang qu'l fit couler cimenta leur fervitude, & le chriftianifme par lequel il vouloit Les lier à fon joug. Ce prince pour mieux s’aflurer du pays, tranf- porta des colonies faxones en Tranfylvanie &c juf- qu’en Italie, & établit des colonies de Franes dans les terres des vaincus ; maïs il joignit à cette fage po- ltique, la cruauté de faire poignarder par des efpions les faxons qui fongeoïent à retourner à leur culte. Il propagea l'Evangile comme Mahomet avoit fait le Mahométifme. Pour comble de maux, illeur donna des lois de fang , qui tenoient del’inhumanité de fes conquêtes. Exerait de l’effa fur lhifloire générale ,c. I. D. J.) , ( ù el INSULÆ , ( Géogr. anc. ) Îles de l'Océan germanique, Ptolomée, Z. I. c. xy. les mar- que près de l'embouchure de VIRE, Crantzus veut Dit, du Comm. que ce foit l’ile nommée Hesligeland, qui eft fituée à fx milles de PElbe, & qui a été la caufe de plufeurs guerres entre les rois de Danemark & les villes Anféatiques ; cette île appartient aujourd’hui au due de Holftein. (D. J.) SAYACU , f. m. (Orrisholog.) oifeau du Bréfil de la groffeur de notre pinfon; il eft d’un verd grisâtre, brillant & luftre fur le dos & fur les aîles. Il n’a que le bec &c les yeux noirs. Marggr. kiff, Braffl. (D.T.) SAYD , (Géogr. mod.) ville , ou plütôt port des états du Turc, en Afe , dans la Sourie , fur la côte de la mer. Voyez SEIDE. ( D. J.) | SAYE,, £. f Jagum, ( Litérat.) efpece de furtout militaire ; le mot eft grec. Les Phocéens de Marfeille apporterent apparemment la mode de cet habit dans les Gaules , d’où vient que les Latins l'ont cru gau- lois. Les Romains en adopterent l'ufage; c’étoit leur habit de guerre, & la toge leur habit de ville ; mais ils portoient des /ayes d’une feule couleur, au lieu que les fayes des Gaulois étoient rayées ou bario- lées , variègatis lucent fagulis, ditVireile. La /aye des Germains différoit de celle des Gaulois & des Ro- mains. Cluvier prétend avec aflez de yraifflemblance, que c’étoit un petit manteau quarré qui s’attachoit fur la poitrine ou fur l'épaule , & qu’on tournoit du côté de la pluie ou du vent, commeun mantelet honoroïs ; elle étoit ordinairement de peau, & fe portoit le poil en-dedans. La vulgate donne une /zyeaux Hébreux, & en fait un vêtement dont ils ufoient en tems de : | guerre, Juges üf.16. (D. J. SAYE, {. f. (Draperie.) forte de ferge ou étoffe crotfée très-légere , toute de laine, qui a quelque rapport aux ferges de Caen, & dont quelques reli- gieux fe fervent à faire des efpeces de chemifes, & les gens du monde des doublures d’habits & de meu- bles. Les pieces de faye font plus ou moins longues. On prétend avec vraiflemblance que cette px d’étoffe eft appellée /aye, parce qu’elle eft fabriquée d'une efpece de laine filée, que les Flamands & les Artoifiens nomment CRIE fil de fayerre. (D. J. SAYETTE., {. f. (Draperie.) petite étoffe de laine quelquefois mêlée d’un peu de foie, qui fe fabrique à Amiens, Trévoux. (D. J.). SAYETTE , £/ de (Lainerie.) le fil de fayeste eft une laine peignée & filée, dont on fe fert dans la fabrique de diverfes étoffes, dans plufieurs ouvrages de bon- neterie, & à faire des cordonnets, des boutonnieres. & des boutons. Cette laine fe file en Flandres, Savary. (D.1.) Las SAYETTERIE, f. f. ( Lainerie. ) on nomme ainff la manufadure des étoffes de laine ou de laine mêlée avec de la foie ou du poil, établie à Amiens, foit parce qu’elle s’y fabriqueavec cette forte de fl qu'on appelle f/ de fayerte, foit plus vraiffemblablement à caufe que les premieres étoffes qui ont été faites fe nommoient des fayes & des fayertes , étoffes dont la fabrique eft encore aflez commune en Picardie, &: dans les villes de Flandres qui enfont voifines.( D. J.} SAYETTEUR, £ m. (Sayerrerie, ) ce mot fe dit . des maîtres de la fayetterie d'Amiens , qui ne tra- Y q | vaillent qu’en étoffes de fayetterie, c’eft-à-dire oh:1l n'entre que de la laine, ou tout au plus un filde foie &t un fil de fayette mêlés dans la chaîne, par oùils | font rar des haute-liffeurs, quine travaillent qu’en étoftes de haute-lifle, ce qui s'entend de celles dont la chaîne n’eft point de fl de fayette, & qui font mêlées de fil, de foie, de poil, de fin, de chan-" vre, ou d’autres matieres, Savary. (D. J,) SAYETTEUR-DRAPANT, ( Sayefrerie.) on nomme . ainfi dans la fayetterie d'Amiens, ceux d’entre les | fayetteurs qui ne font que des ferges à chaîne dou- ble ou fimple, dont les tremes font de laines cardées. || & filées au grand touet; & des boies ou revèches, ÿ “ ë S C dont latreme & la chaîne font toute de cette derniere laine. Savury. (D.J.) SAVN , (Géog. mod.) comté d'Allemagne, entre les comtés de Wied & du bas Ifenbourg. Il renferme deux prévôtés &c cinq ou fix bourgs, dont le princi- pal a donné fon nom au comté. (D. J.) _ SAYN, le de, (Géog. mod.) ou SAIN, Voyez ce mot; ile fur les côtes de la Bretagne, fituée vis-à-vis la baie de Douarnenez, dont elle n’eft féparée que par le paflage du Ras. Elle eft redoutée des mariniers a caufe de fes roches & bafles, qui courent avant À loueft. On croit que c’eftla Sezz de Pomponius Me- la, & felon Cambden, la Sismbis de Pline, Zb. IF. ch. xy. y avoit dans cette ile des druideffes qui s’y étoient fait un grand crédit, ( D, J.) SAYS , f. m. pl. (Æiff. mod.) efpece de prêtres ou de bonzes du royaume de Tonquin, qui paflent pour de très-prands fripons, & pour mener une vie oïfive & licentieufe aux dépens du peuple, qui ne croiroit point que fes prieres puflent être agréables à [a divi- nité, fi elles n’étoient préfentées pat ces fainéans qu'ils paient 8 qu'ils font fubffter pour cela. Ces | prêtres font très-nombreux ; le roi eft fouvent obligé de les envoyer à la guerre pour en diminuer le nom- bre, lorfqu'iis deviennent trop à charge à {es fujets. Les gens de qualité les méprifent, & offrent eux-mê- mes leurs prieres & leurs facrifices. _SAZ, (Géog. mod.) les Turcs appellent ainfi les Saxons qui habitent dans les fept villes dela Tranfyl- - vame, où Charlemagne les transféra de leur pays. Ce font ces villes faxones qui ont donné à la Tran- {ylvanie le nom allemand de Sichez-Burohen , & dans le x. fiecle , le nom latin de /éprem Caffrenfis Repio. Cesfaxons fe mélerent avec les Sécules (que auel- ques auteurs appellent Siczzes), nation originaire du pays, 6t ont formé le peuple qu’on nomme au- -jourd’hui les Tranfylvains. (D. J.) S B SBIRRE , f. m. (Gramm.) nom qu’on donne aux archers.en Italie, & {ur-tout à Rome où ils font un corps confidérable, S. C: (Ars numifin.) ce font deux lettres ordinai- tement gravées fur les revers des médailles, quand elles ne font point en légende ou en infcription : il n'efbpasaifé de deviner ce qu’elles fignifient par rap- por la médaille, Le Quelqués-uns difent qu’on sravoit ces deux let- tres S. €. fur les médaïlles pour autorifer le métal, & faire voir qu'il étoit de bon aloi, tel:que devoit être celui de la monnoïe courante; d’autres difent que c’étoit pour en fixer le prix ou le poids ; d’autres enfin, pour témoigner que Le fénat avoit choïfi le re- vers, ét que c’elt pour cela que $. C. eft toujours fur, ce côté de la médaille ; mais tout cela n’eft pas fans difficulté. | 1 | : Car: s’il eft vrai que $. C.foitla marque de la vraie monnoie, d’où vient qu'il ne trouve prefque jamais fur les monnoies d’or & d'argent, &c qu'il manque fouvent {ur le petit bronze, même dans le haut em- pire & durant la république , tems où l'autorité du Sénat devoit être plus refpeltée? PEN Je dis, prefque Jamais, parce qu'il y a quelques NE ». M. Friddes conclut ladéfenfe du duc de Buckingham d’une facon qui ne peut que lui faire honneur. « Si, » dit-il, je me fuis trompé dans cette apologie occa- » fionelle d’un illuftre feigneur, diflingué par quan- »tité de talens remarquables ou fupérieurs, mon » erreur part d'un principe de charité. Je foumets » humblement tout ce que j'ai dit à la cenfure, fur- » tout à celle qui part d'un zele de relision, auf » fervent que je fais qu'il left dans les perfonnes à » qui cette épitaphe a déplu. Jene voudrois pas, par » quelque raifon que ce püt Être, qu’on pût n'accu- » {er du deffein de préjudicier le moins du monde, » & de faire le moindre tort à la caufe de la vraie » piétés mais toutes les regles de l'équité commune » nous obligent à interpreter les paroles auf -bien » que les aétions des hommes, de la maniere la plus » ar ln qu’elles peuvent l’être; &z l'obligation » de nous conformer à ces regles eft plus forte, lorf » qu'il s’agit d'expliquer les paroles de ceux qui ne » peuvent s’expliquereux-mêmes ». Cet aimable & favant homme vécut toujours avec le plus grand defintéreflement, négligeant trop le bien-être qu'il pouvoit fe procurer par quelques dé- marches auprès des mimiftres : les gens vraiment paf. fionnés pour Les fciences ,fongent très-peu d'acquérir les biens de la fortune; le plafir qu'ils trouvent avec leurs livres, leur tient lieu de tout, L'application du doéteur Friddes à l'étude étoit fi grande, qu’il y don- noit des nuitsentieres ; fon travailabrégeafes jours. Il mourut en 1925, âgé de 54 ans. C’eft une fituation bien trifte que celle d'un homme de lettres qui defire de fe diftinguer par fes écrits, & de pourvoir en même tems, par ce feul moyen , à la fubfftance d’une famille ; d’un côté le befoin le prefle, & de l’autre la renommée lui crie de limer fes ouvrages, & de les rendre dignes de limmortalité. Un artifte ingénieux a repréfenté un beau génie qui fe trouve dans cette fituation, fous l'emblème d’une belle femme, mal vêtue, regardant le ciel, & élevant en l'air fon bras droit que deux ailes foutien- nent, tandis que fon corps & fon bras gauche font attachés à une groffe pierre qui eft en terre, image parlante du malheur de plufeurs hommes de lettres, Le chevalier de JAUCOURT.) | SCARDALE , (Géogr. mod.) c’eft-à-dire vallée de rochers ; pays d'Angleterre dans le Derbishire, On lui a donné le nom de Scardale, parce qu'il eft par- femé de rochers, queles anciens appellent /£ares. On y voit Le bourg de Chefterfeld fur Le Rother , bourg qui paroît ancien, & qu'on appelle à caufe de cela Chefter-in-Scardale. (D. J.) SCARDINGEN , (Géogr. mod.) petite ville d'AI- lemagne dans la baffle Baviere , au confluent du Ror &c de llun , au midi de Paflaw. Long. 30. 51. lan. 48.29. (D, JT.) SCARDONA, (Géogr. anc.) Scardon , dans Stra- bon, Z. VII. les derniers lieux que Ptolomée, Z. II. c. vi. marque fur la côte de la Liburnie, fous lem- bouchure du Titius & la ville Scardona, qu’il met à la gauche de embouchure de ce fleuve, &c qu'il com- prend cependant dans la Liburnie. fl ne feroit pas fans exemple qu'un fleuve fût ré- puté faire la borne d’une province, & qu’une vale fituée au-delà de ce fleuve, mais pourtant fur fon ri- vagé, eütappartenu à la même province. Auf n’eft- n’eft-ce pas là la difficulté: elle confifte plütôt en ce que les defcriptions modernes de la Dalmatie, mar- “4 quent les ruines de Scardona près de la Scardonius, à la droite de l'embouchure du fleuve Titus , au lieu que Ptolomée place cette ville à la gauche de ce fleuve , nommé aujourd’hui Kerca. +: Cafimit Frefchot, dans fes mémoires géographi- ques , dit en parlant de Scardona , pag. 289 : leruine delle fue antiche forticazioni, e citadella [+ vedono poco longhi del lago , chiamato da Latini Scardon1o ; in vol- gare Proclian, e a deftra del fume Kerca , cé l’anticho Tito, quale col fuo corfo mette Li confini all'antica Li- burnia e Dalmazia. N faut donc dire, ou que la ville Scardona n’a pas toujours été à la gauche du Titius, ou qu’il y a uné tranfpoñtion dans Ptolomée, quide- voit placer Scardona avant l'embouchure du Titius. On voit que la ville Scardona étoit confidérable, puifqu'on l’avoit choifie pour le lieu de Paffemblée générale de la province, & qu’elle fe trouvoit le fiége de la juftice pour les Japydes & pour quatorze villes de la Liburnie; ce qu’on appelloit conventus Scardonitanus. Cette ville, felon Pline, Z, III. c. xxy. étoit à douze mille pas de la mer, fur Le bord du Ti- tius , i7 amne eo (Titio). Aujourd’hui Scardona neft remarquable que par fon fiëge épifcopal , fous la métropole de Spalatro. Cet évêché y fut transféré de Belgrade fur la mer en 1120 ;elle a été cependant ci-devant une place de force, & très-confidérable, En 1322, durant les trou- bles de Hongrie, les habitans de Scardona s’étant li- gués avec ceux d’Almiffa, pour exercer la piraterie, diverfes autres villes qui fouffroient de ces pirateries, s'unirent avec les Vénitiens pour les arrêter; & com- mela partie ne fe trouva pas égale , la ville de Scar- dora fut faccagée dans cette occafion. En r411 les Vénitiens acquirent Scardona du roi de Bofnie , qui la leur remit avec Offrovizza pour cinq mille écus d’or, & ils la garderent jufqu’à l’arri- vée des Turcs, qui la prirent en 1522. Mais bientôt après les Vénitiens la reprirent d’affaut, &c la déman- telerent en 1539. Les Turcs s’y étant établis depuis, en furent encore chañés par les Vénitiens, qui la réu- mirent à leur domaine en 1684. ( D. J.) SCARDONA , ( Géogr. mod.) même nom des an- ciens ; ville ruinée de la Dalmatie vénitienne , à fept milles au nord-oueft de Sebenico , dans une pref- qu'ile formée par une petite riviere. Les Vénitiens acauirent cette ville en 1411, du roi de Bofnie. Les Turcs la leur enleverent en 1522; mais elle eft ref- tée toute démantelée depuis lan 1684, à la républi- . que de Vénile, qui y entretient une garnifon. Son évêché eft fuffragant de Spalatro. Long. 33. 50. lar. 44.20. (D. J.) dre SCARDUS-Mons , (Géogr. anc.) Strabon, Ex-' cerpt. ex L. VIT. c. xvij. & Ptolomée , Z. IT. cc. xviÿ. donnent le nom de Scurdus à la derniere des monta= gnes qui féparoient l’Illyrie de la Dalmatie & de la! Mæfe ; mais Tite-Live, L XLIIT. c. x+4. écrit Scor-’ dus au Leu de Scardus. ( D. JT.) « SCARE , f. m.(Æff. nat, Ichthiolog.) fcarus ;Roù- delet a décrit deux efpeces de /care ; cefont des porf- fons de mer qui vivent fur les rochers. On a ‘donné le nom de cantheno à la premiere efpece déns certains pays, & dans d’autres celut'de-fergo ; mais mal-à- propos , parce qu'il y a deux autres poiflons Connus fous ces noms. La feconde efpece a été ‘décrite dans” cet ouvrage fous Le nom d’aio/. Voyez AOL: Lefcare a de grandes écailles minces, & d’unbleu noirâtre; ilreffemble au fargo par la fofme du cofps ,! par les aïpuillons, par le nombre & lxpofition des nageoires. Voyez SARGO, Mais ilen differe ence qu’il” na point de tache noire fur la queue’, ni de traits de’ cette même couleur qui s’étendent fur lés, côtés du ? corps depuis le dos jufqu’au ventre: le) care! a lesr dents larges & plufieurs protubérantes aux machoi- res, qui font dures comme iles os; la nagéoire de la * S C À 745 queue eft large, &c fe divife en deux parties: les yeux {ont noirs , &c l’elpace qui eft au-deflus eft bleu ; le ventre a une couleur blanche. Ce poifion fe nourrit d'herbes, & principalement d’aleue ; {a chair eft 1é- gere, & tres-bonne à manger ; Les boyaux ont une odeur de violette. Rondelet , 5/7. za. des poiflons, I. parc. liv. VI, c..xy. Voyez POISSON. SCARIFICAT EUR, f. m.inftrament de Chirurgie qui fert à fcarifier. Voyez SCARIFICATION. Le /Carificateur eft une efpece deboîte dans faquelle font douze, quinze, ou dix-huit lancettes, au’on bande avec un refort, & qui fe débandent avec un autre, & font toutes à la fois leur incifion dans la peau. Jufqu’à linventiôn de cette efpece de féarifica- teur, qui eft moderne, on fe fervoit au lieu de lan- cettes, de petites roues tranchantes. L’ufage du carificateur eft d’évacuer le fang &les autres humeurs quiféjournent fous la peau, en y fai- fant un grand nombre d'ouvertures, lefquelles étant faites toutes à la fois, caufent une douleur bien plus fupportable que s’il falloit les fouffrir l’une après l'autre. Cet inftrument n’eft en ufage qu'après l'application des ventoufes. Voyez VENTOUSE. On peut fe {ervir d’une lancette ordinaire avec autant d'avantage : parce que la ftupeur qu’occafionne à la peau l’appli- cation des yentoufes, permet qu’on fafle les fcarifi- cations fans prefque caufer de douleur. La fg. 13. PI, X XVI. reprétente l'extérieur de cette machine ; l'intérieur eft trop compofé pour être repréfenté fans y employer beaucoup de figures & une longue def- cription , ce qui eft aflez hors d’œuvre pour un inftru- ment aufh peu utile que celui-là. Il fufit de dire que la queue des Jancettes eft moufle, 8 qu’elles tiennent à trois traverles paralleles, & qu’elles font garnies chacunes à leur extrémité d’un pignon dont les dents s'engagent dans une roue dentée. Chaque traverfe eft mobile , &c tourne en pivot fur fon axe par le moyen de cette roue, qui fe bande comme la noix d’une pla- tine à fufl, & {e débande par un autre. Cette roue en fe débandant fait agir les traveïfes & les lancettes, ët les fait mouvoir tres-rapidement de droite à gau- che fur lapeau, Cette machine a un furtout avec des fentes par lefquelles paflent les lancettes ; ce furtout s'éloigne ou s'approche À volonté , de l’axe de l’inf- trument par une vis; par cemoyen les lancettes in= cifent'plus où moins profondément, felon qu'on le- défire. Cet inftrument vient d'Allemagne. Il differe peu du Jcarrficateur repréfenté dans Amborife Paré, L. XTT. c. y, Cet auteur en recommande Pufage pour prévenir la gangrene, qui peut fuivre les contufions ; au heu de lancettes il a trois rangs de roues tran- chantes ; ce qui revient au même quant à l'effet. He: fter louebeaucoup le /carificareur allemand ; feroit-ce | parce que M. de Garangeot l’a defapprouvé ? (7) : SCARIFICATION, £. f. opération de Chirurgie . par laquelle on fait plufeurs incifions à la peau avec une lancette , où avec un inftrument propre à cet” ufage. Voyez SCARIFICATEUR. LA | Saumaïfé voudtoit qu’on écrivit /éari/arion | & non pas Jéarification, parce que ce mot eft dérivé du grec ctapigoc. Voyez fes notes fur Solimus, pag. 519, | où il corrige Pline à ce fujet. Lib. XVII. Le P. Har- douin tient pour fcarification , quoiqu'il convienne que les manufcrits portent /cariphario, Mais il ajoute que Théodore Prifcien écrit /Carification. . La fcarification eft d’ufage principalement dans l’o- | pération des ventoufes ; fon effet eft d’évacuer le t fang. Voyez VENTOUSE. - La méthode de fcariñer dans ce cas eff de ‘faire | trois rangs d'incifions ; celui du nulieu en aura fix , | &t lesideux autres chacun cinq. On doit commencer : parlé rang d’en bas, pour n’être point incommodé par le fang , lorfqu’on fcarifiera fupérieurement, Les 746 S C A incifions doivent être entrelacées, c’efl-ä-dire que l'angle fupérieur des /carificarions du premier rang répond à l'intervalle que celles du fecond rang laif- {ent entre elles. Voyez fix. 15. PL XXI, On fait auffi des fcarifications fur les parties con- tufes tou violemment enflammées , & qui menacent de gangrene. Ces incifions font des faignées locales qui déberraffent la partie fuffoquée par la plénitude des vaiffeaux, ou par l’épanchement du fang qui croupit dans la partie, dans le cas de contuñon. Voyez CONTUSION & GANGRENE. | On fait des fCarifications aux jambes, aux cuifles, au fcrotum , &t autres parties, lorfque les cellules graifleufes font infiltrées de lymphe. Voyez ŒDEME. Mais ces carificarions {ont fouvent fuivies de gan- grene ; on leur préfere de légeres mouchetures fur les endroits les plus luifans de l’oœdeme ; elles fe font avec la pointe de la lancette, comme une égrati- gnure; onles multiplietant qu'on veut, parce qu’elles ne caufent aucune douleur, & elles ne laiflent pas de procurer le dégorgement des matieres : on couvre or- dinairement les parties {carifiées de comprefles trem- pées dans l’eau-de-vie camphrée, ou autres remedes, fuivant l'indication. (F) SCARLINO, (Géogr. mod.) petite ville, ou plütôt bourg d'Italie, dans la province de Piombino , fur la côte de la mer de Tofcane, à 10 milles au midi de Maffa, & à 12 de Piombino à l’orient. Le P. Briet croit que c’eft la Marliana de Ptolomée, 2. ZE. c. 7. mais c’eft une conjetture fort hafardée. Longir. 28. 30. latit. 42. 56, (D. J.) SCARO , ( Géogr. mod. ) bourse de l'ile de Santo- | * rin, environnée de rochers & de précipices, C’eft la réfidence d’un évêque latin. L’évêque grec fait fon féjour à Pyrgo. Long. 43. 30. latit. 364 12. ( D. J.) SCARPANTO , (Géogr. anc. & mod.)ile de lamer Carpathienne, ou comme nous difons aujourd’hui de l’Archipel, & l’une des Sporades, entre les îles de Rhodes & de Candie. Scarpanto à eu divers noms de l'antiquité. Elle fut d’abord appellée Carpathos , enfuite Tetrapolis, c’eft- à-dire l’île à quatre villes, à caufe des quatre princi- pales places qu’on y voyoit anciennement, &c dont Strabon vous indiquera les noms. Elle donna elle- même le fien à la mer Carpathienne. Elle fut encore appellée Pallénie: ou de Pallas,qu’on tient y avoirété nourrie; ou d’un fils de Titan ,quirégnadans cetteile, Quoi qu'il en foit, Scarpanto eft fituée à $o milles d'Italie du cap oriental de Pile de Candie, & à fept lieues d'Allemagne, au midi de Nizaria. On lui donne 6o milles de circuit, & elle a dans fon enceinte de hautes montagnes , où on nourrit beaucoup de bé- tail , & où l’on trouve des mines de fer &,des car- rieres de marbre. Cette ile ne manque pas de ports vaftes & com- niodes ; celui qu’on nomme porto Triflano, a été con- nu des anciens, fous le nom de Trisomus, Le grand- feigneur fait gouverner cette ile par un cadi, qui re- fide ordinairement à Rhodes , & qui envoie un re- ceveur pour en tirer les impôts que les infulaites grecs doivent payer à la Porte; je dis grecs, parce qu'il n’y a point d’autres habitans dans l’île. Longir. 44.45. latit, 35,46. (D. J.) +: SCARPE, LA, ( Géogr. mod.) riviere des Pays- bas. Elle prend fa fource dans l’Artois, au-deflus d’Aubigni, arrofe Arras, Douai, S. Amand, 8 fe rend dans l’Eicaut au-deffous de Mortagne. (D.J.). SCARPEIRA , ( Géog. mod. ) petite ville aujour- d’hui bourg d'Italie , dans la Tofcane, près de Pif- toye., à 16 milles de Florence. Angelo ou Angioli (Giacomo), naquit à Scarperia dans le xiv. fiecle , &c étudia la langue grecque à, Conftantinople , où1l pañla neufans entiers. Il fit dans. cette ville la traduétion de la géograplue de Ptolo- tagned’ Angleterre, dansfile de Mau. Les deuxtiers S € À mée. Cette traduétion a vu le jour à Vicente, en 1475, ia-folio, fans cartes ; & puis à Rome, en 1400, in-folio, avec des cartes : Fabricius & le P. Niceron, qui prétendent qu’elle n’a point été imprimée, fe trompent l’un & l’autre. Au refte, c’eftune mauvaile traduétion, qui prouve que fon auteur n’entendoit ni le grec, ni la géographie , ni les mathématiques. Auf n’a-t-on pas tardé à fubflituer de meilleures ver- fions à celles du Florentin; telle eft la verfion de Do. mis, celle de Pirckermer, & celle de Servet ; mais il faut encore leur préférer inconteftablement la ré- vifon & les additions de Mercator & de Bertius, imprimées à Amfterdam chez Elzevir & Hondius , en 1619 ,2-folio, & qui font toujours la meilleure édition de Ptolomée. | SCARPHIA , ( Géog. anc. ) Scarphe ou Scarphea, ville de fa Grece, chez les Locres épicnémidiens. Strabon , Z. I. & IX. ufe des deux premieres manie- res d'écrire ; &'Ptolomée, Etienne le géosraphe, & Appien , emploient la derniere. Les Latins varient aufhi fur Portographe de ce nom ; car Pline a éerir Scarphia, &t Tite-Live Scarphea. Ce dernier dit, Zv. XX XI. c. 7. que Quintius étant pari d’Elathée, pañla par Thronium & par Scarphée, pour fe rendre aux Thermopyles. Etienne le géographe dit auf, que Scarphea étoit voifine des Thermopyles ; & fila ville Scarphe de Strabon eft la même que celle qu'il nomme ailleurs Scarphea, elle étoit à dix ftades de la mer , & fur une élevation. Cafaubon aimeroit mieux néanmoins en faire deux villes différentes, & dans ce cas , 1l voudroit lire Tosgn , au lieu de srappu. SCARPONNA ou SCARPONA, (Géog. anc.) Keu fortifié dans la Gaule belgique , felon Diodore., L’itinéraire d’Antonin le marque fur la route de Du- rocortorumt à Divoduru , entre Tullum & Divodurum, à dix nulles de la premiere de ces places, & à 12 mil- les de la feconde. Ce lieu , qui étoit à 12 milles de la ville de Metz, conferve aujourd’hui fon ancien nom, quoiqu’un peu corrompu ; car on le nomme Scarpai- gre où Charpaigne, & l’on y trouve des monumens d'antiquité, c’eft un bourg fitue fur le bord de la Mo- felle. (D. J.) SCARTHON , ! Géog: anc.) fleuve de la Troade, . felon Ortélius, qui cite Strabon , Zv. XIII. p. 587. Mais quoique Strabon parle de ce fleuve dans fa def- cription de la Troade, il ne le place pas pour cela dans cette contrée , il le met feulement au nombre des fleuves aw’on étoit obligé de traverfer plufeurs fois en faifant la mêine route, & il dit qu’on pañoit celui-ci 25 fois. La queflion eft de favoir en quel pays étoit ce fleuve. Strabon femble dire qu’il étoir dans le. Péloponnèfe ; car ajoute qu’il tomboit de la montagne Pholoa, & qui couloit dans PElée. Mais on ne connoit point dans le Péloponnefe de fleuve nommé Scarthon ; auf Cafaubon foupçonne-t-il que ce nom pourroit Être corrompu, (D, J. SCASON , f. m..(Poëfe.) efpece de vers qui a au cinquieme pie un iambe,, & au fixieme un fpondée, . La:préface des fatyres de Perfe ef faite de ces fortes de vers. (D. J.) .SCATEBRA , (Géog.anc.) fleuve d'Italie, au pays * des Volfques, dans le Latium adjeë&lum , ajouté. Pline, 1. IT. ch. ciij. met ce fleuve dans le territoire de Cañ- num, 6 ajoute que fes eaux étoient froides, & plus . abondantes en été qu'en hiver. Ces deux qualités portent Cluvier à dire, que c’eft aujourd’huiune pe- tite riviere , formée de diverfes fources abondantes, . qui fortent de terre dans la ville de San-Germano, & dans.fon voifinage.. Lercours de cette: petite ri- viere n'eft pas de plus de deux milles : au bout de cet efpace elle tombe dans une,plus grande riviere, quife perd dans le Liris, (D. J.) SCEAFELL oz SUAWFELL, ( Géog. mod.) mon- EE m F a * dé cette île font couverts de montagnes, qui occu- ent toute fa largeur d’un bout à Pautre, & la plus De de toutes eft celle de Sceafell, d’où lon peut dans un beau tems découvrir tout-à-la-fois PAngle- terre, PEcofle &c Pirlande. (D. J.) SCEAU oz SCEL , fm. (Gram. & Jurifprud.) eft une empreinte de quelque figure que l’onappofe à un aéte pour le rendre plus authentique, & pour lui don- ner l'exécution parée. … On difoït autrefois Jcel au lieu de tes, préfente- ment On ne fe fert plus du terme de /ée/ que quand il eft joint à quelqu’autre terme qui en caraétérife lef- pece particuliere ; comme /ceZ du châteler, &c, & au- tres exemples que l’on verra ci-après au mor SCEL. Anciennement les /ceaux ou cachets tenoïent lieu de fignature , préfentement le fécaz ne peut tenir lieu de fignature nidans lés actes privés , ni dans les a@es publics, Les fceaux dont on ufe parmi nous font de plufieurs fortes ; favoir , le {cel royal , le fcel feigneurial, le fcel eccléfiafiique ; Le Jécex municipal, & le fcel rivé. Chacun de ces fceaux fe fubdivife en plufeurs ef- peces. | Par exemple , pout le fcel royal, il y a le orand &z le petit fceau, pour les grande & petite chancelle- ries ; Le fcel préfidial, le fcel de juftice, pour les ju- gémens;le fcel aux contrats ou fcel des notaires ,pour les contrats & obligations ; chacune de ces différen- tes efpeces de /ceaux fera expliquée ci-après au #0r SCEL. . Quelquefois par le terme de fre on entend la féance ou les lettres font fcellées. Cette féance eft ré. putée une audience publique où Pon tient regiftre de ce qui fe pañle ; & il y a plufieurs édits & déclarations quiy ont été publiés & regiitrés le féezx tenant en la grande chancellerie. Ce qui concerne le grand &c le petit fée, la fon- étion de garde des féeeux, & la difcipline des grandes ëc petites Chancelleries,a été expliqué cisdevant aux mots CHAN CELLIER), CHANCELLERIE & GARDE DES SCEAUX. Nous äjouterons feulement ici, que depuis la dé- miffon de M. de Machaut, dernier garde des feux, en 1757, le roia tenu les /cerux en perfonne. Le jour éftindiqué à la fin dé chaque /cew. - Parle réglement-que le roi a faitle 6 Février 1757 pour la tenue du fceun ; il a commis fix confeilless d'état pour Pexamen des lettres 8 expéditions qui doivent être préfentées au fécar & pour y affifer ces conferllers font MM, Feydeau de Brou , doyen du confeil, Dagueffeau , de Bernage, d’Acueffeau de Fréfnes, Trudaine & Poulletier, .Jis font auffi commis par lettres-patentes du 16 Juin 1757 ; pour préfenter | à 8; M céux qui demandent: d'être pourvus des offices dont le garde des féranx avoit la nomination ,-& pour donner les lettres de nonnation , fubdélécation & commitfiom, M, de Brou, doyen du confeil ou le plus ancien en fon 4b-: lence | met le foit montré fur le rephi des provifionssi & reçoit le ferment, & toutes les lettres dont Paz dreffe fe fuloit au garde des füceux , leur font adrefs fées. 3 AMEL ES ON ST, V1 r Suivant le réglement du 26 Février 13573 le roi choïfit au commencement de chaque quartier ffx mai- tres des requêtes pour aflifter avec les confeillers d’é tat à l’aflemblée, où l’on examine les lettées &r ex péditions, y rapporter les lettres conoititement avec les confeillers au grand-confeil,erand rapporteur cui eit de fervicé au ftean: TROVIT NE . Les fix confeillers d'état: ont féance: 8e voix défi Les bérative au fcean ; 1ls font affis felon ur rang ; maîtres des réquêtes &c lé grañd rapporteur font de- bout autour du fauteuil de S, M, œi Fome XIP, : | rapporteur de fervice , la furveille du Jéear, les let= tres de juftice dans lefquelles il doit être fait mention SCE TAT Les fecrétaires du roi font tenus de portér aux that tres dés requêtes & conféillers au grand’confeil,grand du nom de celui qui en à fait le rapport, & elles font par lui fignées én queue. Le Jceau commence par la préfentation des lettres dont le grand audiencier eft chargés les maîtres des requêtes & confeillers au grand-confeil, grand-rap porteur , font enfuite le rapport des lettres qui les concernent, après quoi le garde des rolles préfente les provifions des Gfficiers, & le confervateur des hypothèques les lettres de ratification des tentes fur les revenus du roi. Les fecrétaires du roi fontenfuite | leéture des lettres de grace qu'ils ont drefées , le£- quelles font communiquées aux confeillers d'état & maitres des requêtes avant la tenue du few , & font lefdites lettres déliberées par les confeillers d’état & maîtres des requêtes préfens au fcea, & rélolues par S. M. Les confeillers d'état & maîtres des requêtes nom- més par S, M. pour afifter au Jéeau , s’aflemblent là furveïille du jour que le roi a indiqué pour la tenue du éeau chez le doyen du confeil, ou, enfonabfenz. ce, chez l’ancien des confeillers d’état , pour fairé l'examen des lettres de grace , rémiffion ; abolition & pardon, & de toutes autres lettres de nature à être rapportées par les maîtres des requêtes & grands rapporteur , qui doivent être préfentées au /ceau. Le grand audiencier de quartier , le garde desrols les, & le conférvateur des hypotheques ÿ font les fonétions de leur charge à l'ordinaire | & {ont placés debout après le dernier confeiller d'état de chaque rang ; le fcelleur enfuite proche le coffre des Jeux, & le controlleur au bout de la table en lamamiere ac coutumée. Les procureurs-fyndics & fecrérairés du roi ont entrée chaque jour de Jüeaz , ainfi que ceux qui font députés pour y affifter , & ils font placés de même que les autres officiers de la chancellerie, derriere le frege dés confeïllers d’étar. Entn le procureut-général des requêtes de l'hôtel &t général des grande & petite chañncelleries à auffi entrée au Jécau, 8T prend place derriere lés maîtres des requêtes. Telle eft la forme obfervée quand le roi tient les fccaux en perfonne. Pour ce qui eft du feau des petites chancelleries établies près les cours , la maniere dont il fe tient eft expliquée ci-devant au 7201 CHANCELLERIE près Les cours, Ôt au 7701 GARDE DES SCEAUX dés chan= celleries près Les cours. Ce qui concernela tenue du éezz dans les préfi= aux eft expliqué au mo: GARDE DES SCEAUX des charcelleries préfidiales. Les fondions des gardes des /ceaux dansles jurifdi- étionsroyales, & des gardes des fceaux aux contrats, font aufli expliquées aux 1045 GARDE DES SCEAUX des jurifdiétions royales & GARDE DES SCEAUX aux COTIETIES, -Les autres ufages qui ont rapport foit au cel ec2 - cléfiaftique, ou au fcel feigneurial, & autrés. {cels particuliers, font expliqués ci-après au#10r SCEL. “SCEAU, (Comm, d'Amflerdam.) on appelle à Amf- terdam un /ceax , un papier fcellé du /ceaz de l’état, für lequeb s’écrivent lés obligations, & autres adtes qui fé paflent entre marchands pour le fait de leur commerce. C’eft une efpece de papiertimbré, com- me celui dont on fe fert én France pour lesaétes des nOtaires. Ricard. ( D.J.) SCEAU , le grand, (Hifi. mod. d’Anglererre.) inftru= ment publie, gravé 67 marqué des armes du prince &t de l'état | dont l'empreinte faite fur la cire fert à BBbbb 748 SC rendre un aéte authentique & exécutoire. On n’a imaginé en Angleterre de mettre des fceaux aux chartres qu’au commencement du x]. fie- cle. Il y a un feigneur & pair du royaume qui eft lord garde des feeaux. En 1643 , le garde des fceaux s'étant retiré de la chambre pour aller trouver le roi, & ayant emporté le grand-fceau,la chambre des com- munes fit voir à celle des pairs les inconvéniens qui : naifloient de la privation du grand-fceau, dont on ne pouvoit fe pañfer felon les lois, parce que le grard- Jécau-étant la clef du royaume , il devoit toujours être tenu là où étoit le parlement, qui repréfentoit Le royaume pendant qu'il fiégeoit. En conféquence de ces repréfentations, les deux chambres firent un NOU- . veau grand-fceau , & le remirent entre les mains des commiffaires qu'iis nommerent , pour avoir à cet égard le même pouvoir que le chancelier ou le garde du grand-fceau. | Le roi & {es partifans traiterent d’attentat Pa@ion du parlement , & firent valoir les ftatuts d'Edouard II. qui déclare coupables de trahïfon , ceux qui con- trefont le grand-féeau ; mais il s’en faut beaucoup que le parlement füt dans le cas du ftatut, comme feroient de fimples particuliers ; car le grand -fccau veft pas le féaz du roï en particulier, maïs le fear du royaume ; & le royaume eft un corps compofé d’un chef, qui en eft la tête, & du peuple, quien eft les membres. Si le roi a la difpofition du grard- fceau , ce n’eft qu’en qualité du plus noble des mem- bres de ce corps, confidéré comme étant uni avec ! 4 les autres membres, & non comme en étant fépa- ré , tout le pouvoir d'exécuter réfidant entre fes mains. : Le grand-fcsau donne aux aétes auxquels 1l eft ap- pliqué la vertu d’être inviolables. Si donc, dans le cas d’une guerre ouverte entre le roi &cle parlement, le roi pouvoit , par le moyen du graxd-fceuu, com- muniquer cette vertu à fes aétes particuliers , où fe- roient les bornes de fon pouvoir , qui, par la confti- tution du gouvernement d'Angleterre ,eft limité par les lois ? IL n’auroït qu’à déclarer par un aéte fcellé du grand fceau comme Charles lavoit déja fait effec- tivement, que felon les lois, les membres du parle- ment font des traitres & des rébelles ; & alors la queftion feroit décidée par la feule poflefion du grand-fceau , & le roi pourroit ‘attribuer un pouvoir . ans bornes, par cette même autorité, Mais que feroit- ce fi le parlement fe trouvoit en poffeffion du grard- feeau , & que par un aéte femblable, 1 déclarat le roi traitre & rébelle? L'application du grazd-fceau , don- neroit-elle à cet aéte une autorité inviolable ? 11 femble donc que le parlement n’avoit pas moins de droit de faire un grard-fceau que le roi en auroit eu d’en faire un, file /écau commun s’étoit trouvé entre les mains du parlement, puifque ce n’étoit pas le fceau d'aucun des deux en particulier , mais de tous les deux confidérés comme étant inféparablement unis enfemble. En un mot, nile roi, nile parlement féparément , ne peuvent s’attribuer la difpofition du grand-fceau , parce que le grand-fceau eft l'empreinte, la marque de leur autorité ume, &T non féparée, (D.J:) | SCEAU-DAUPHIN ;, Ce de la chanceller.) c’eft un grand féeau qui eft particuli AR tions qui concernent la province du Dauphiné. Dans ce Jceaueft repréfentée l’image du roi à cheval êc ar-: mé, ayant un écu pendu au cou, dans lequel font empreintes les armes écartelées de la France &c du, Dauphiné, letout dans un champ femé de fleurs-de- lis & de dauphins. (2. J.) SCEAU DES GRANDS JOURS, ( Hifi. de France. ) Cétoit celui que le roï envoyoit autrefois dans les provinces pour fceller les aétes & expéditions qui y étoient arrêtées aux grands jours qui s’y tenoient, ven er pour fceller les expédi- SCE ScEau, ( Critig. facrée.) ce mot au propre figtuñes dans l'Ecriture , un cacher qu’on applique pour fcel ler quelque chofe. Les Hébreux le portoïent au doigt en bague , &c les Juivesen bracelets fur le bras, Caze. vi. 6. I défigne aufli la marque ou le caraétere que le fcéan imprime, Daniel , xiv. 16, I veut dire au f- guré , protettion, Je mettrai Zorobabel fous ma pro- tetion , pozam quai fignaculum , Aggée , 1j. 24, Dans le nouveau Teftament , Jean rppayes eft em- ployé par S. Paul pour preuve & confirmation, 1, Cor. ix. 2. Délier les fceaux d’unlivre, dans PApocalypfe, c’eft proprement en délier les attaches ; maïs c’eft une expreffion métaphorique, qui fignifie expliquer les chofes obfcures & difiiciles qu’il contient. (D.7.} ScEAU , ( Hifi. des ufapes. ) la matiere des fceaux a été fort différente & toujours arbitraire; on en voit d’or, d'argent, de plomb, de cire, qui eft à-préfent la plus ordinaire matiere des fceaux des rois , des fou verains , & des magïftrats. Le pape eff le feul qui fe ferve de plomb. Les Romains n’avoient pas, comme nous , des /ceaux publics ; les empereurs fignoient feulement les refcrits avec une encre particuliere ap- pellée facrum encauflum, dont leurs fujets ne pou- voient fe fervir fans encourir la peine du crime de lèfe-majefté au fecond chef. (D.J.) ScEAU DE NOTRE-DAME, (Boran. nom vulsaire de la bryonenoire, voyez BRYONE , ( Botan. SCEAU DE SALOMON, ( Boran. ) nom vulgaire du genre de plante nommé par Tournefort po/ygona- um. Voyez POLY GONATUM. SCEAU DE SALOMON, ( Mar. médic. ) la racine de cette plante a un goût fade, & très-légerement acerbe. Elle contient un fuc gluant. Elle eft géné- ralement regardée comme vulnéraire aftringente , & elle eft d’un ufage aflez commun à ce titre; elle a beaucoup d’analogie avec la racine de grande con- foude , avec laquelle on l’emploie ordinairement, & à laquelle elle peut être fubftituée. Foyez Consou- DE grande, Mar. médic. (b) ScÉDULE, {. f. (Gramm. & Jurifprud.) fignifie parminous, toute promefle , billet ou autre écrit fait de main privée. Cependant ce terme fe prend auffi en quelquesoc- cafñons pour l'exploit ou rapport de Phuiffier. Voyez ci-après SCÉDULE ÉVOCATOIRE. - Ce terme vient du latin /cheda , lequel , chez lés Romains, s’entendoit de la premiere note où mé- moire que le notaire prenoit d’un aéte qu’on vouloit pafler. Cette premiere note ne faifoit aucune for en juftice , elle ne tenoif point lieu de minute ; c’eft pourquoi, parmi nous, Pona donné le nomde fcédule aux promefles & billets fous feing privé. « Cédules & obligations , dit la coutume de Paris , » art. 89. faites pour fommes de deniers, marchan- » difes ou autres chofes mobiliaires , font cenfées 8€ » réputées meubles. que 4 | » Cédule privée, dit l’ars. 107. qui porte promefle » de payer, emporte hypotheque du jour de la cén- » feflion , ou reconnoïflance d’icelle faite en juge- » ment ou par-devant notaires, ou que par jugement » elle foit tenue pour confeflée , ou du jour de la » dénégation.en cas que par après elle foit vérifiée». Voyez Danty, de la preuve par témoins , additions fur: - La préface; Sec: re TIRE An k . ScÉbULE;, eft auf un aËte que les procureurs donnent au greffier pour conftater leur préfentation , ou pour faire expédier les défauts & congés qui fe _ prennent au Greffe. Voyez CONGÉ , DÉFAUT, PRÉ-: SENTATION: 1104, no SCÉDULE ÉVOCATOIRE , eft un exploit tendant à faire-évoquer une affaire pour caufe de parenté ou alliance. Voyez ci-devens ÉVOCATION. (4) SCEL , (Jurs/prud. ) eft la même chofe que fCeaz. L'ancien terme de fée s’eftencore confervé pour dé- fignet avec un furnom particulier les différentes ef- peces de /ceaux. Voyez les articles fuivans. SCEL DES APANAGES, eft le /ée/ particulier des princes de la maifon royale qui ont un appanage, & dont leur chancelier ou garde des fceaux {celle toutes les lettres qui s’expédient pour les perfonnes & eux de l’appanage. Voyez ci devant au mot GARDÉ DES SCEAUX l’art. GARDE DES SCEAUX DES APANAGES,. _ SCEL ATTRIBUTIF DE JURISDICTION , eff celui qui a le privilege d'attirer devant le juge auquel 1l appartient , toutes les conteftations qui naiflent pour l'exécution des aétes & jugemens pañlés fous le /ceZ ; tel eft Le ce/ du châtelet de Paris, quiattire à fa jurif diéion de tous les endroits du royaume; tels font aufli ceux d'Orléans & de Montpellier, ceux des chancelleries de Bourgogne, & quelques autres dont le privilege eft plus ou moins étendu. SCEL AUTHENTIQUE , peut s'entendre en général de tout /ceau public qui eft appofé à quelque aûte ou jusement ; mais on entend plus ordinairement par Jcel authentique le [cel public d’une juftice feigneuriale dont on fcelle les jugemens & contrats pañlés dans cette juftice. On l’appelle authentique , pour le diftin- guer du fcel royal& des fceaux privés , ou des parti- culiers , lefquels ne font pas exécutoires. Quelque- fois , pour éviter toute équivoque , on l’appelle fcez authentique & non royal. La diftinétion de ces deux fceaux eft établie dans les anciennes ordonnances, notamment dans celle de Charles VIIT. de l'an 1493, art. 54. & dans celle de François L. de lan 1539, art. 65 6 96. la coutume de Paris, art. 163. porte que les obligations paflées fous /ceZ authentique & non royal, font exécutoires fur les biens meubles & im- meubles de lobligé , pourvu qu’au jour de lobliga- tion pañlée les parties obligées fuffent demeurantes au lieu où l'obligation eft pañlée. Voyez Brodeau, & les autres commentateurs fr cer article. ScEeL AUX CAUSES, eft celui dont on fe fert pour les jugemens, & qui et différent du /ée/ aux con- trats. On appoñoit aufh ce /ce/ aux caufes , à des w:- diras de lettres-patentes pour leur donner plus d’au- thenticité : on en trouve un exemple dans un widi- zaus de lan 1345, rapporté dans le sroifieme tome des ordonnances du Louvre,pag. 167.« en temoin des cho- » fes deflufdites, nous avons mis à ce vidimus notre » fol aux caufes ». Voyez ci-après SCEL AUX CON- TRATS & SCEL AUX JUGEMENS. SCEL DE LA CHANCELLERIE , eft le fce/ dont on ufe dans les différentes chancelleries. [ly a en France deux fortes de /cels ou fceaux de chancellerie, qu’on appelle le grand &x le petit [ceau ; le grand fceau eft celui qu’on appofe aux lettres qui fe déhvrent en la grande chancellerie ; le petit fceau eft celui qu’on ap- pofe aux Lettres quife délivrent dans les chancelleries établies près les différentes cours du royaume, & près des préfidiaux. Il y a auf le contre - [tel de la chancellerie. Voyez ci-après CONTRE-SCEL. .SCEL DES CHANCELLERIES DE BOURGOGNE, voyez ci-devant au mot CH ANCELLERIE., l’article CHANCELIERS DE BOURGOGNE. ScEL DU CHATELET, on fous-entend de Paris ; eft un /ceau royal dont on ufe au châtelet pour fceller les jugemens émanés de ce tribunal, &c les aétes reçus par les notaires au châtelet , afin de rendre ces juge- mens ou ates exécutoires , ou du-moins de rendre plus authentiques ceux qui ne font pas de nature à em- porter exécution parée , tels que des légalifations , &c autres aétes qui ne renferment aucune condamna- tion ni obligation. liquide. AN Dutems que la prevôté de Paris étoit donnée à fer- me, le prevôt avoit, fon /ceaz particulier, comme les autres magiïftrats, dontil{celloit tous les aétes émanés .de la jurifdiétion contentieufe ou volontaire , & eela feul les rendoit authentiques fans autre fignature. Tome XIF. à SCE 749 Mais lorfque le roi ett féparé la prevôté de Paris des fermes de fon domaine , & qu’il Peut donnée en garde à Etienne Boileau, alors cette jurifdiéion ayant le roi même pour prevôt, fes aftes commencerent d’être fcellés du /Ceau royal. C’eft de-fà que cet ancien /ce/ du chérelet avoit cons fervé la figure des Jéeaux deS. Louis, &c-de quelquesz uns des rois fes fuccefleurs ; Ce /éeaz n’étoit chargé que d’une feule fleur-de-lis fleuronnée de deux petits trefles , telle qu’on en voit au bas des chartes ou let: tres de ces princes ; c’étoit le contre - fce/ de leur chancellerie , c’eft-à-dire, celui qui étoit appotfé au revers du grand Jceau ; ils s’en fervoient aufi pour leur féeau prive. Ces deux /ceaux furent donc d’abord parfaitement conformes ; mais fous le regne du roï Jean, les tre- fles qui étoient dans le /£eZ du chdrelet, furent chan ges en deux petites fleurs-de-lis fortant du cœur de la fleur principale ; on mit au-tour pour légende ces mots : fegillumm prœpofituræ parifienfes , & l’on ajouta un grenetis au-tour de la légende. Cet ufage fouffrit quelque changement en éonfé- quence de édit de Charles IX. du mois de Juin 1568, appellé communément l’édis des pertes fceaux. Jufaues- là les fceaux des juftices royales étoient compris dans les fermes du domaine du roi ; les fermiers commet- toient à l'exercice ; le châtelet de Paris avoit feul fon fcelleur en titre d'office : Charles IX, par fon édit créa un femblable officier dans les autresjuitices roya- les , & ordonna que ces officiers fcelleroient d’un Jccau aux armes de France, tous Les contrats, fenten- ces & autres actes portant contraintes ou exécu-- tions, Le fcelleur du châtelet quoique établi long-tems avant cet édit, y fut foumis comme les autres fcel- leurs , l’édit étant généralement pour tout le royau- me ; en forte que tous contrats, fentences &c autres attes qui devoient produire quelque contrainte ou exécution, furent dès ce moment fcellés au châtelet comme dans les autres jurifdiétions royales, d’un Jéeau à trois fleurs-de-lis, | Néanmoins on conferva encore l’ufage de l’ancien Jéeau empreint d’une feule fleur-de lis fleuronnée de deux petites , comme un monument précieux de l’antiquité & des prérogatives du châtelet; inais l'ufage en fut limité aux adjudications par decret & aux légahfations , parce que l’édit des petits /ceaux ne fauoit point mention de ces aétes. Il faut pourtant obferver par rapport à cet ancien Jfceau, que dans les aëtes qui en portent l'empreinte depuis Pédit de 1568 jufqu’en 1696 , la fleur-de-lis fe trouve accompagnée de deux autres figures , l’une qui repréfente des tours, & l’autre d’un écuflon char- gé d’un chevron accompagné en chef de trois têtes d’oifeau arrachées & en pointe d’un rameau d’arbre, On n’a pu découvrir l’origine de ces armes. M. de la Mare conjeture que c’étoient celles de quelqu'un des fcelleurs, & que lestours ne furent mifes de Pau- tre côté que pour les accompagner. : Quoi qu’il en foit, cet ancien /ceaz n'eftplus d'u fage depuis l’édit de 1696, qui a établi le fceax chargé de trois fleurs-de-lis. Le cel du chatelet étoit autrefois unique, c’eft-à- dire, qu'il n’y avoit d'autre /cel royal dans tout le royaume que ce fcel avec celui de la chancellerie; c’eft pourquoiil étoit aufli univer{el , & l’on s’en fer- voit en l’abfence du grand /ceau pour {celler les lettres de la grande chancellerie, | Firmin de Coquerel , évêque de Noyon, étant fur le point de faire un voyage de long cours . Philippe de Valois fit expédier des lettres-patentes le 4 Jan= vier 1348 , pour régler la maniere dont on en uferoit pendant l’abfence du grand /ceau. Elles portent com- miflion à Pierre de Hangets & Fouques Bardoul poux h. | BBbbbi 750 S'CNE {celler du fcel du chéselestouteslettres quileurferoient préfentées 87 qu'ils jugeroïent devoir Etre fcellées pendant l’ablence du chancelier , comme cela s’étoit déja pratiqué.en d’autres occafions. | Le roi Jean fe fervit du même /Ce/ au commence- ment de fon regne pour laconfervation des privile- ges du clergé : datum ; eft-il dit à la fin, Parifirs in parlamento noftro , die 23 Novembris anno domini 1330 , fub fgillo cafteleti zoffri parifienfis, in abfentié majoris, Le traité fait par le même roi & par le dau- phin fon fils avec Amédée comte de Savoie, le s Janvier 1354, fut auffi fcellé du même /ce/ pour l’ab- fence du grand. Charles , dauphin de Viennois , duc de Normari- die, & régent du royaume , en ufa auffi pendant l’abfence du roi Jean fon pere, pour les ordonnances qu'il ft au mois de Mars 1356 , & pour des leitres qu'il accorda à divers particuliers. | Le roi, de retour d'Angleterre , fcella encore de ce même /ceZ, en l’abfence du grand, des lettres qu'il accorda aux marchands de marée, au mois d'Avril 1361; unreglement pour leguet, du 6 Mars 1363 ; les ftatuts des Teinturiers , du mois d'Otobre 1369, & plufieurs autres lettres. Le fce/ du chateler par un droitroyal qui lui eff par- ticuher , eftiattributif de jurifdition , & attire de tout le royaume au châtelet , à Pexclufon de tous autres juges , toutes Les adions qui naïflent des aétes {cellés de ce fée, Lorfque Philippe Le long , par fon édit du mois de Janvier 1319, unit à fon domaine tous les fccaux des jurifdiétions qui s’exescoient en#on nom, tous les juges des jurifdiétions royales furent en droit de fe fervir de fceaux aux armes du roi ; ils prirent de-là occafñon de méconnoitre le privilege du cel du chare- Let , & de refufer de renvoyer à ce tribunalles affaires qui s’élevoient pour l'exécution des aétes pañlés fous ce Jéel; mais la queftion fut décidée en faveur du chà- telet par quatre arrêts folemnels des 31 Décembre 1319, 13 Mars, & dela S. Martin 1331 & 1350. Ce même privilese fut confirmé par des lettres de Charles V. du 8 Février 1367, & par d’autres lettres de Charles VIT. & de Louis XI. des 6 O&tobre 1447. &c 25 Juin 1473. & encore depuis , contre Le parle- ment de Normandie , par trois arrêts du confeil, des 1 Juin 1672, 3 Juillet1673 , & 12 Mai 1684. Voyez le fiyle du châtelee où les preuves de ce privilege font rapportées. ScEL coMMUN , c’eft le fcel de la communauté, ou des villes. SCEL AUX CONTRATS , eft celui que les notaires garde-fce/s apportentaux grofles, ou expéditions des contrats, pour les rendre exécutoires. Woyez ci-de- varit GARDES DES SCEAUX AUX CONTRATS. SCEL DES CONSULS , eft celui dont on ufe dans les jurifdiétions confulures; il eft empreint de trois fleurs de lis, avec ces mots autour, fceau de la ju- rifdiétion des juges & confuls de Paris ; il y en a de fem- blables dans les autres jurifdi@ions confulaires, Foy. le recueil concernant la jurifdiétion des confuls. On entend aufi quelquefois par Joel des confuls , celui dont ufent les confuls de France , réfidens dans les échelles du “Levant & autres. Voyez CHANCE- LIER DES CONSULS & CONSULS. ConNTRE-SCEL. Voyez ci-devant à-la lettre C, le mot CONTRE-SCEL. SCEL DELPHINAL , étoit celui dont ufoient les dauphins de Viennois ; oh entend auffi par-là celui dont le roi ufe pour les expéditions qui concernent cette province, lequel eft écartelé de France & de Dauphiné. On fcelle pour cette province en cire rouge. SCEL ECCLÉSIASTIQUE, eft celui dont ufent les juges eccléfiaftiques, pour les jugemens &c ordon-, SLÇRE fances qu'ils rendent , &c les notaires apoitoliques -pour les aétes qu'ils reçoivent. Ce cel eft authentis que, mais 1ln’emporte ni exécution parée ni hypo- theqne , parce que les juges d’églife n’ont point dé territoire réel, & que leur jurifdiéion ne s'étend que fur les perfonnes qui font leurs jufticiables , & non fur les biens. CEL DES FOIRES, étoit celui qui étoit donné au juge confervateur des privileges des foires , pour fceller fes jugemens , & pour {celler les aétes qui fe pafoient en tems de foire, & fous l'autorité & le privilege des foires ; tel étoit le fée] des foires de Brie & de Champagne ; tel eftencore le fce/ des foires de Lyon, dont la confervation de la même ville eft dépofñitaire; Voyez CONSERVATION 6 FOIRES. SCEL GRAND, eftl’empreinte du grand fceau, c’eft- à-dire du /ce/ de la grande chancellerie. Foy. ScEAu. SCEL AUX JUGEMENS , eft celui quieft donné aux jurifdiétions royales pour fceller leurs jugemenss on l’appelle ainf pour le diftinguier du /ce/ aux con- trats. Voyez SCEL AUX CONTRATS. SCEL DES JUIFS , étoit celui dont ils ufoient au- trefois en France , pour les obligations faites à leur profit ; laraifon pour laquelle ils avoient un /ceax par- ticuher , eft que fuivant leur loi ils ne pouvoientfe fervir des figures d'hommes empreintes, gravées ou peintes ; mais Louis VIIL. en 1227, ordonna qu'à avenir ils n’auroient plus de ce/ particulier. SCEL DEMONTPELLIER, ou perit fcel de Montpelier, eftun /ce/ particulier donné à cette ville par S.Louis , pour faciliter le commerce de la province de Lan- guedoc ; il eft attributif de jurifdiétion ,: comme ce- lui du châtelet ; la cour du petit fée! de Montpellier , connoït des contrats pañlés fous ce /cel; fesprivileges font de pouvoir faifir en même tems la perfonne & les biens du débiteur, de ne recevoir fes défenfes rie qu'ila configné la fomme demandée, de ne fouffrir aucune exception dilatoire , maïs feulement celle du payement de la dette , ou la convention de ne la point demander , ou la faufleté de Paéte; il fut dreffé à cet effet un ftyle particulier , qui s’obferve encore exactement ; la cour du petit /ce/ fut d'abord établie à Montpellier, puis transferée à Aiguemorte, êc enfin remife à Montpellier, où elle eft reftée ; elle eft compofée d’un juge, d’unlieutenant &c d’un gref- fier ; il y avoit d’autres lieutenans répandus par tout le royaume, qui en 1490. furent réduits aux lieux de leur premier établiflement ,| favoir Pezenas, Car- caflonne, Clermont, Touloufe , Alby, Villefran- che, Mendes, Villeneuve-les-Auvergnes, le Pont S. Efprit, le Puy, Lyon, Saint-Flour , Paris, Ufez, Gignac & Tulles ; 1ls n’avoient d'autre pouvoir que de faire arrêter les débiteurs, & en cas de contefta- tion, ils renvoyoient devant le juge , de forte que la contrainte par corps ayant été abrogée par l’or- donnance de 1667, ces lieutenans font demeurésfans jurifdiétion n1 fonétion. Voyez l’état de la France, de Boulainvilliers, cor. VIII. SCEL DES NOTAIRES , Ou Jcel aux contrats , eft celui quieft deftiné à fceller les ates des notaires; à Paris, ils font garde-fcez & fcellent eux mêmes leurs actes, SCEL DES OBLIGATIONS, eft la même chofe que fcel aux contrats. SceL D'ORLÉANS, eft celui dont onfe fertau chä- telet d'Orléans ; ce fcel eft attributif de jurifdi@ion , ce privilege y eft fondé fur une poffeflion immémo- ‘riale, confirmée par un grand nombre d’arrêts qu’on peut voir dans Bornier , en fes notes fur la coutume d'Orléans, art. 463. | SCEL PENDANT , eft celui qui eft attaché aux let- tres avec des lacs de foie ou de parchemin, à la dif- férence de certains /ceaux ou cachets qui font appli= qués fur Les lettres mêmes. ie SCE Perir ScEL, oz PErir ScEauw, eftéelui dont on ufe dans les chancelleries près les cours. SCEL PRÉSIDIAL , eftcelui dont on fe fert dans les préfidiaux pour fceller les jugemens, & dans les chancelleries préfidiales pour fceller les lettres qui s’y expédient, Voyez CHANCELLERTE PRÉSIDIALE, €& PRÉSIDIAL. SCEL PRIVÉ, eft celui qui n’eft point publie ni authentique ; c’eft le Jceaz ou cachet d’un particu: ber qui n’a point de cara@tere pour avoir nn fce/. SCEL PROPRÈ , eft le Jceau ou cachet dont chacun a coutume d’ufer pour fes expéditions particulieres. SCEL PROVENÇAL, eff celui dont ufoient les com- tes de Provence, & dont le roi ufe encore dans les lettres qu'il donne pour cette province, elles font fcellées en cire rouge, SCEL PUBLIC, eft oppolé à cel privé ; tout fcel royal êtauthentique , foit eccléfaftique ou feigneu- rial, eftun /Ce/ authentique. SCEL À QUEUE PENDANT, eff celui qui eft attaché aux lettres parle moyen d’une queue de parchemin qui eft prife dans le /ceau. . SCEL DE LA REGENCE, eft celui dont les révens du royaume ufoient autrefois , pendant le tems de leur adminiftration ; ilsne fe fervoient point du fée du roi, mais de leur fce/ propre, que l’on appelloit alors /cel de la régence ; préfentement quand 1l arrive une régence, on continue toujours à fe fervir du /ce/ du roi. SCEL DE LA RIGUEUR de Nifines , ou de auel- qu'autre jurifdiétion {emblable , eft celui qui donne droit de contraindre ceux qui ont contra@é fous ce Jéel, fuivant les rigueurs ou forces des conventions de cette cour. Voyez ci-après SCEL RIGOUREUX, SCEL RIGOUREUX , eft celui qui donne droit d’e- xécution parée & de contrainte, contre celui qui s’eit obligé fous la rigueur de ce /te/, nonfeulement fur-fes biens, maisauffi fur fa perfonne ; à Nifmes il y a un juge desconventions qui a fée/ royal authen- tique & rigoureux; 1l connoit des conventions fais tes &t paflées aux forces & rigueurs de fa cour, aux fins de contraindre Îes débiteurs à payer par faifie & vente de leurs biens , &c détention de leurs perfon- nes, pourvu qu'ils s’y foient foumis, êzaue la fom- me fort au moinsde dix livres. Voyez le ftyie de Nif: mes de Pan 1659. & le gloff. de M. de Lauriere, au mot r/pueur, SCEL DU SECRET, 0% SCEL SECRET, étoit pro. prement le'petitféezzou cachet du roi; il étoit porté par un des chambellans; toutes-les lettres qui de- voient être fcellées duigrand féezu, devoient d’abord être examinées par deux maitres des requêtes , puis fcellées du fce/ du fècrer, après quoi le.chanceler y appofoit le grand J&eau. M. de Lauriere croit que le Jcel fecret étoit la même chofe quele fée/ privé où par- ticulier, & que le £e/ privé du prince, qui étoit beaucoup plus petit que le grand /cean., eft le même qu’on a appellé depuis cortre-fcel. [left auf parlé en quelques endroits-du féez fécreé desjuges , c’eftä-dire de leur /cc/ privé. Voyez le re- cueil des ordonnances de la premiere race , tom. L & IT. SCEL SEIGNEURIAL , eft celui du feigneur-haut jufticier, dont on fceile les jugemens émanés des jurifdiétions , & les aétes reçus par fes notaires ; ce fcel eft public & authentique , & a lemême effet que Le fée royal, pourvu qu’il ne foitappliqué qu’à des aëtes pañlés dans la jurifdiétion ; on l'appelle quel- quefois fcel authentique, pour le diftingner du fée royal. | SCEL VACANT, c'eft lorfqu'il n’y a point de gare de des Jéeaux, & que le roi tient lui-même le /ceax, SCELDES VILLES , 04 SCEL COMMUN,, eff celui dont les officiers municipaux font appoñer à leurs ex- péditions qu'ils veulent rendre publiques & authenti- SC E 75à > & 1) ques. Foyez Lorfeau , eh fon iraisé des feivneuries. (4) SCELÉRAT , adj, qui fe prend aufh fubftantivez ment ( Gram, ) celui qui eft né malfaifant , & qui s’eft rendu coupable de quelques grands crimes. On dit le Jéé/érar ! c'eft le plus féé/érar des hommes, Qui croiroit que dans ue focieté bien policée , il püt avoir des fcélérats impunis ; cela eft pourtant. On Ôte la vie à celui qui preflé par la mifere, brife votre coffre fort, & en emporte un éeu pour acheter du pain, & on laïfle vivre l’homme noir qui prend lin< nocence par les cheveux , & qui la traîne ; on eft at: taqué dans les chofes qui touchent à l'honneur & à laconfidération publique, dans des biens infiniment plus précieux que la fortune & la vie ; & cette fcé-- lératefle, la plus vile de toutes, puifqu’elle fe com- met impunément, refte fans châtiment. Cet homme qui affiche tant de probité , je le connois; fes amis qu’il a perdus le connoïfflent comme MO CIOYEZ-MOI, ce n’eftau-dedans qu'un féé/érar ; combien il a de femblables ! Ona dit que Tacite apprenoït à être fcé- lérat, ce n’eft pas là l'effet que la le@ture-de cet hifto- rien prodüirafur les ames bien faites. SCÉLERATA PORTA , ( Topogr, de Rome. ) c’eft-à-dire la porte célérate , où exécrable ; c'étoit une des portes de l’ancienne Rome , ainfi nommée de la mort destrois cens fix Fabiens quifortirent par cette porte pour aller attaquer les Véiens, & qui périrent tous, à ce que prétendoit la tradition fabu- leufe , dans le même jour , au combat de Crémer, Van 277. de la fondation de Rome. Ovidea adopté le conte dela perte des Fabiens, dans fes faftes ) pour le narrer en deux vers fimples & naifs. Una dies Fabios ad bellum miferar OITTLES ; Ad bellum males perdidit una dies, CDOT:S qu A | SCÉLÉRATESSE , £f. ( Gran.) ation noire ; énorme & perfide: Voyez Particle SCÉLÉRAT. Seélé: rat À Jéélérareffe fe difent auf quelquefois par plai- fanterie , de chofes d’affez peu d'importance. On vous a donné un rendez-vous auquel on ne fe trouvera point ; méfiez-vous de cette coquine-là, c’eft une Jéélérate. , SCELITE ,££ (Gram.) pierre figurée graveleufe ; tirant fur le blanc, &repréientant la jambe de lhom- me , à ceux fur-tout qui voyent dans les nuées tout ce qu'il leur plait d’y voir: | SCELLA , (Géog. mod.) province d'Afrique, dans PAbyfinie ; elle eft bornée au levant par les pro- vinces de Bamba & de Tamba, &au-couchant par celle de Rhimba ; cette province eit remplie de mon: tagnes , Ôc eft arrofée de tant de {ources, qu'on trouve par tout des prairies qui nourriflent des trou: peaux nombreux de toutes fortes d'animaux domef: tiques. (22, J:) t Gi UT SCERLE, { m. (Jurifprudence. ) eft l’appoñition du feeau du roi fur les effets de quelqu'un pour la confervation de ces mêmes effets, 8 pour lintérêt d’un tiers. | Dans les juftices feigneuriales le Jéellé eftaux ar.- mes du feigneur ;'maisles officiers ne peuvent pas Päppofer fur les effets du feigneur; cela Wappattient. qu'aux officiers rOyaUX. | al EUR b Le /cellé fe metfur les coffres , cabinets ; 8 portes des chambres où font les effets, par le moyen d’une bañde de papier qui eftattachée'aux deux-bouts par des {ceaux ou cachets en cire toüge, de maniere que cette bande de papier couvre les ferrures: & empê= che d'ouvrir les portes & autres lieux fermiés fur lef- quels le fée/lé eft appofé. En Ds NT , Quelquefois pour empêcher que le fcé//é appoté à une porte extérieure ne foit endommagé par inad= vértance ou autrement, on le couyré d’üne plaque de taule attachée avec des clous, V2 SCE _ L'ufage des féellés nous vient des Romains ; 1 en eft parlé dans le code Fhéodofien, L. z/f, de admini- frac. fur. & dans le code de Juftinien, en la loi /cmus, au code de jure deliberandi. Plufeurs de nos coutumes ont aufñi quelques dif- poñtions fur le fait des Jcellés, telles que celles de Clermont, Sens, Sedan, Blois, Bretagne, Auver- _gne, Bourbonnoïs, Anjou & Maine. Mais la plüpart des regles que l’on fuit en certe matiere, ne {ont fondées que fur les ordonnances, arrêts, & reglemens. Von =. C’eft au juge du lieu à appofer le fcellé, à-moins il n’y ait des commilaires en titre, comme au châtelet de Paris, où cette fonétion eff réfervée aux commiffaires au châtelet. | Il y a néanmoins des cas où le fcellé eft appofé par d’autres officiers , par une fuite dela jurifdiétion qu'ils ont fur certaines perfonnes. Par exemple, c’eit le parlement qui appofe le Jcellé chez les princes du fang ; la chambre des comptes eft en droit de lappo- fer chez les comptables, dont les comptes ne font pas appurés ; & fi le fcellé étoit déja appofé par les officiers ordinaires , ceux de la chambre des comptes font en droit de le croifer. | Croifer le fcellé, c'eft en appofer un fecond par- deflus le premier, de maniere qu’on ne peut lever le premier fans lever auparavant le fecond ; & dans le cas où le premier féel/é eft ainfi croïfé, on affigne ceux qui l’ont appofé pour être préfens à la levée des deux fcellés, & venir reconnoître le leur. [ _ Le cellé peut être appofé en différens cas, favoir: 1°, Après le décès du débiteur, à la requête d'un créancier, pourvu que celui-ci foit fondé en titre, & pour une fomme certaine, ou bien pour réclamer des chofes prêtées ou données au défunt en nantiffe- ment. 1 L’ufage du châtelet de Paris eftque quand le corps du défunt n’eft plus préfent, on ne peut faire appo- fer le fcs/lé qu’en vertu de requête & ordonnance du juge. On ‘doit demander lappoñtion du /ce//é aufi-tôt après le décès du défunt, ou du-moins dans les pre- miers jours qui fuivent ; car f lon attendoit plus long-tems, le Jéellé deviendroit inutile, puifqu'il ne pourroit plus conftater Pétat où les choies étoient au tems du décès. 2°, La veuve pour sûreté de fes reprifes & con- ventions, ou les héritiers, pour empêcher qu'il ne {oit rien détourné, peuvent faire mettre Le /ce/Zé ; le- xécuteur teftamentaire peut auff le requérir. | 3°. Les créanciers peuvent le faire mettre du vi- vant même de leur débiteur en cas d’abfence, failli- te ,ou banqueroute , où emprifonnement pour dettes. 4°. Le procureur du roi ou le procureur fical, fi c’eft dans une jufhce feigneuriale, peuvent le faire appofer fur les biens d'un défunt, aucas qu'il y ait des héritiers mineurs n'ayant plus ni pere ni mere, &z dépourvus de tureur & de curateur. LE Enfin , le Jéellé peut être appofé en matiere crimi- nelle fur les effets volés ou recelés. | Les officiers du châtelet peuvent par droit de fuite appofer le fcelle par tout le royaume , Pourvu que le défunt eût fon principal domicile à Paris. | On peut s’oppofer à la levée d’un fée//é, foit en fai- fant inférer fon oppofñtion dans le procès-verbal du commiflaire , ou enlui faifant fignifier fon oppoñition par un aéte féparc. 6 A. - Le féellé ne peut être levé que trois jours francs apres les fünérailles du défunt. | Pour lever les fcellés, il faut que toutes les parties intéreflées foient appellées en vertu d'ordonnance du juge. di { ‘ Au jour indiqué par ordonnance, le juge fe tranf- porte en la maifon où {ont les Jéellés ; & après les SUCME avoir reconnu fains & entiersil les leve, & du tout il dreffe fon procès-verbal; enfuite onprocede à l’in- ventaire. - S'il arrive un bris de /ceZlé, le juge en doit dreffer fon proces-verbal, & enfuite faire informer & de- creter. Voyez le Traité des fcellés & inventaires, par Meflé , 6 /e mot INVENTAIRE. ( 4 SCELLER , v. att. (Gram.) c'eftappofer un fceau, le fcellé. Foyez l'article SCELLÉ. Il je dit auf au f- guré : 1l a fcellé par cette derniere ation l’arrêt de fa réprobation éternelle ; ils ont fcelle cette vérité ou cette faufleté de leur fang ; les mauvais prêtres ren- dent la réfurre@tion de Jefus-Chrift utile, autant qu'il eft en leur puiffance ; on peut dire d’eux qu'ils Jcellent letombeau , & fgnaverunt lapidem. SCELLER , ( Archur. ) c’eft arrêter avec le plâtre ou le mortier des pieces de bois ou de fer. Sceller en plomb, c’eft arrêter dans des trous avec du plomb fondu des crampons ou des barreaux desfer ou de bronze: on dit faire un fcellemenr, pour féeller. (D. J.) SCELLEUR , £ m. (Jurifprud. ) eft un officier qui appofe le fceau aux lettres de chancellerie. Il y a auf dans plufeurs tribunaux un /Celleur en titre qui appofe le fceau de la jurifdiétion aux juge- mens que l’on veutrendre exécutoires.foyez SCEAU. A SCELOTYRBE, £ f (Médecine. ) foibleffle & douleurs dans les jambes, qui font ordinairement un fymptome de fcorbut. Ce mot eft compofé de oxéaos, jambe, & TUpBn , turmulte , defordre. Ce terme fe prend quelquefois pour le fcorbut même, &c quelquefois aufhi pour les remedes qu’on employe dans cette maladie. Joyez Scorsur. Les foldats de Germamicus furent attaqués de /ce- lotyrpe pour avoir bu de Peau d’une certaine fontai- ne fur les côtes de Frife. SCENE, ( Géog. anc. ) ville fituée aux confins de la Babylonie, & dans la Méfopotamie deferte: Elle appartient aux Arabes fcénites , à ce que nous apprend Strabon , /iv. XVI. page 748. (D. J.) SCENE, £. f.( Litérarure. \théatre, heu où les:pie- ces dramatiques étoient repréfentées, Voyez TH£A- TRE. Ce mot vient du grec oxws, tente, pavillon, ou cabanne, dans laqueile on repréfentoit d’abord: les poèmes dramatiques. 1 Selon Rolin, la fcene étoit proprement une fuite d'arbres rangés les uns contre les autres fur deux li- gnes paralleles qui formoient une allée &c un porti- que champêtre pour donner de ombre, ox, & pour garantir des injures de l'air ceux qui étoient placés deflous. C’étoit-là , dit cer auteur, qu’on re- préfentoit les pieces avant qu’on eût conftruit les théatres. Cafliodore tire aufli le mot /ceze de la cou- verture & de lombre du bocage fous lequel les bergers repréfentoient anciennement les jeux dans la belle fafon. Scene fe prend dans un fens plus particulier pour les décorations du théatre : de-là cette expreflion, la Jcene change, pour exprimer un changement de décoration. Vitruve nous apprend que Îles anciens avoient trois fortes de décorations ou decenes {ur leurs théatres. L'ufage ordinaire étoit de repréfenter des bâti- mens ornés de colonnes &c de ftatues fur les côtés 3 & dans le fond du théatre d’autres édifices, dont le principal étoit un temple owun palais pour la tragé- die, une maïfon ou une rue pour la comédie, une forêt ou un payfage pour la paftorale, c’eft-à-dire, pour les pieces fatyriques , les atellanes, &c. Ces décorations étoient ou verfariles, lorfqu’elles tour- noient fur un pivot, ou dudiles , lorfqu’on les farfoit glifler dans des couliffes, comme cela fe pratique encoreaujourd’hui. Selon les différentes pieces,,-on £hangeoït la décoration ; 8c la partie qui étoit tour- née vers le fpeltateur, s’appelloit Jéene tragique, co- mnique , Ou paftorale , {elon la nature du fpeétacie au- quelelle étoit aflorrie. Voyez Les notes de M. Perrault, Jur Visruve, div. V. ch. vj. Voyez auf le mor DÉéco- RATION. On appelle auf Jteze, le lieu où le poëte fuppofe que laétion s’eft paflée. Ainfi dans Iphigé- nie, la /cene eft en Aulide dans la tente d’Agamem- non. Dans Athalie, la Jéeze eft dans le temple de Jé- rufalem, dansun veftibule de l’appartement du grand- prètre. Une des principales lois du poëme dramati- que, eft d’obferver l’unité de la /cere, qu’on nomme autrement writé de lieu. En effet, 1l n’eft pas naturel que la fcere change de place , & qu’un fpeétacle commencé dans un endroit fimfle dans un autre tout différent & fouvent très- éloigné. Les anciens ont gardé foigneufement cette reole, & particulierement Térence : dans fes comé- des, la /cene ne change prefque jamais; tout fe pañle devant la porte d’une maifon où il fait rencontrer naturellement fes aéteurs. Les François ont fuivi la même regle ; maïs les An- glois en ont fecoué le joug, fous prétexte qu’elle empêche la variété & l'agrément des avantures & des intrigues néceflaires pour amufer les fpectateurs. Cependant les auteurs les plus judicieux tâchent de ne pas négliger totalement la vraiflemblance , & ne changent la fcene que dans les entre-actes, afin que pendant cetintervalle, les aéteurs foient cenfés avoir fait le chemin néceflaire; & par la même raïfon, ils changent rarement la fceze d’une ville à une autre; mais ceux qui méprifent ou violent toutes les regles, fe donnent cette liberté. Ces auteurs ne fe font pas même de fcrupule detranfportertout-à-coup la /cere de Londres au Pérou. Shakefpear n’a pas beaucoup refpetté la resle de lunité de /cene ; il ne faut que parcourir {es ouvrages pour s’en convaincre. Scene eft aufi une divifion du poëme dramatique, déterminée par l'entrée d’un nouvel a@teur : on di- _vife une piece en adtes, & les aftes en fceres. Dans plufieurs pieces imprimées des Anglois, la différence des fees n’eft marquée que quand le lieu de la fcene &z les décorations changent ; cependant la Jcene eft proprement compofée des aéteurs qui font préfens ou intéreflés à lation. Ainfi quand un nou- vel aéteur paroît , ou qu'il fe retire, l’aétion change &t une nouvelle /ceze commence. La contexture ou la haifon & l’enchaïinement des fcenes entre elles, eft encore une regle du théatre; elles doivent fe fuccéder les unes aux autres , de ma- niere que le théatre ne refte jamais vuide jufqu’à la in de latte. : Les anciens ne mettotent jamais plus de trois per- fonnes enfemble fur la Jceze, excepté les chœurs, dont le nombre n’étoit pas limité : les modernes ne {e font point aftreints à cette regle, Corneille, dans Pexamen de fa tragédie d'Horace, pour jufifier le coup d'épée que ce romain donne à fa fœur Camille, examine cette queftion, s’1/ ef? per- mis d'enfanglanter la [cene ; & il décide pour l'afir- mative ,fondé , 1°.fur ce qu'Ariftote a dit, que pout mouvoir puiflamment , ilfaloit faire voir de grands déplaifirs , des bleflures, & même des morts; 2°. dur ce qu'Horace m’exclut de la vue des fpe@ateurs, que Les événemens trop dénaturés , tels que le feftin d’Aftrée , le maflacre que Medée fait de. fes propres du barreau , va d’abord apprendre Îles notes , » (caraétere d’abréviation ) & quand il eft parvenu à » être le premier dans cette fcience, il pafle dans » Pécole des Romains ; dès qu'il eft devenu le pre- » snier dans cetteécole, il pañle dans celle de prati- # ciens ,où1la le dernier rang , celui d’arcartus ou # novice. Quand il a té reçu fcholaftique , 1l eft : bonne correétion. k ci Ë SCH » larcarius , 8 le dernier des'avocats ; mais s’il » parvient à être le premier’, il eff fait préfident ,ow + souverneur de province, &c pour lors il prend un: » affiftant, confeiller ou’aflefleur ; 0 Seau pudeur » œpayuara, @c.» M: de Valoisa corrigé dans ce pañlage la leçon ordinaire, o Sec padty papers en fubftituant le mot de rpayuere ; 8 c'eft une fort CETTE DLL SCHOLASTIQUES , philofophie des [cholaftiques ; ( Hift. de la philof.) la philofophie qu’on appelle /cro- laflique,a regné depuis le commencement duonzieme au douzieme fiécle,jufqu’à la renaïflance des lettres. Ce mot n’eft pas auf barbare que la chofe ; on le: . trouve dans Pétrone: 207 n0tavi nihiafcyttr fugam & duminhoc dotlorum æflutotus 1ncedo , ingens [cho= . afhcorum turba in porticum yeñit , LE apparebat , ak extemporal: declamatione, nefcio cujus , qui Agamem- nonis fuaforiam exceperat. I fonifie un écolier dé rhé- torique. Voiciun autre paflage où il fe prend pour rhéteur,! ou fophifte : deduci in fcenas fcholafticorum , qui rhe= sores vocantur , quos paulo ante Ciceronis térpora exffi- tiffe, nec majoribus placuifle probat ex eo quod Marco Craflo & Domitio cenforibus claudere | ue ait Cicero,. ludum impudentie juffi funt. Quint. dialos. de.cauf. corrupt.eloquent. Dela comparaïfon.de ces deux paflages, l’on voit que l’éloquence dégénerée peu-à-peu, étoit.chezles Romains, au tems de Pétrone & de Quintilien , ce qu’elle avoit été jufquw’à Ciceron. Dans la fuite, le nom de /cholaffique pafla des dé- clamateurs de l'école ; à ceux du barreau. Confulrez là-deflus le code de Théodofe & de Juftinien. 3 Enfin 1l défigna ces maïtres-ès-arts & de philofo- phie qui enfeignoient dans les écoles publiques des églifes cathédrales & des monafteres que Charlema- gne &c Louis le pieux avoient fondées, Ces premiers /cholafliques ou écolâtres , ne furent point des hommes tout-à-fait inutiles ; mais la richef- fe engendra bientôt parmi eux loifiveté, Pignoran- ce êc la corruption; ils cefferent d’enfeigner, &c ils ne retinrent que le nom-deleurs fonétions, qu'ils fai- foient exercer par des gens de rien, êc gagés à vik prix, tandis qu'ils retiroient de l’état de larges pen- fons, qu'ils diffipoient dans une vie de crapule & de fcandale. L’éfprit de l’inftitution fe foutintun peu mieux dans quelques maifons rehsieufes, où les nobles continue rent d'envoyer leurs enfans pour y prendre les leçons qu'on donnoit aux novices ; ce fut dans ces reduits obfcurs , que fe conferva létincelle dufeu facré, depuis le huitieme fiecle jufqu'au douzieme ou onzie- me, que le titre d’écolâtres on de féholaffiques qui avoit été particulier à de méchans profefleurs de philofophie &c de belles-lettres, devint propre à de plus méchans profeffeurs de théologie. Lapremiere origine de la théologie /cholaffique eft très-incertaine ; les uns la font femonter à Auguftin dans l’occident, & à Jean Damafcène dans lorient; d’autres, au tems où la philofophie d’Ariftote s’intro- duifit dans lesécoles , fous la forme feche &c déchar- née que lui avoient donnée les Arabes, &z que les théologiens adopterent ; quelques-uns , au fiecle de Rofcelin & d’Anfelme, auxquels fuccéderent dans la. même carriere Abélard & Gilbert en France,& Otton de Frifingue en Allemagne; quoiqu'il en foit, il eft démontré que la /cho/aftique étoit antérieure aux li- vres des fentences, & que Pierre Lombard trouva la doëtrine chrétienne défigurée par l’application de l’art fophiftique de la diale@ique , aux dogmes de léslife; c'eft un reproche qu'il ne feroit pas moins injufte de faire à Thomas d'Aquin; on apperçoitdes veftiges de la fcholaflique, avant qu’on connûtFAra- bico-pathétifme; ce n’eft donc point de ce côté que FA de cette SCH œette elbece de pefte eft venue; mais 1l paroïit que plufieurs caufes éloignées & prochaines concouru- rent, dans l'intervalle du onzieme au douzieme fie- cle , à laccroitre, à étendre , & à la rendre géné rale. Voyez ce que nous enavons dit à l’article Arts- TOTÉLISME. On peut difiribuer le règne de la fékolz/flique fous trois périodes; l’une quicommence àLanfranc ou Abé- lard & Pierre le Lombard fon difciple, & qui com- rend la moitié du douzieme fiecle, tems où parut Albert legrand; ce fut fon enfance. lÉ Une feconde qui commence en 1220, &c qui finit à Durand de S. Porcien; ce fut fon âge de maturité êt de vigueur. 29 Une troïfieme qui commence où la feconde finit, & qui fe proroge jufqu'à Gabriel Biel, qui touche au moment de la reforme ; ce fut le tems de fon déclin & de fa décrépitude. Guillaume des Champeaux, Pierre Abélard, Pierre le Lombard, Robert Pulleyn, Gilbert de la Porrée , Pierre Comeftor, Jean de Sarisberi, 8c Alexandre de Hales , fe diftinguerent dans la premiere période. Albert le grand, Thomas d'Aquin, Bonaventure, Pierre, Roger Bacon, Gille de Colomna, & Jean Scot , fe diftinguerent dans la feconde. | Durand de S. Porcien, Guillaume Occam,, Ri- chard Swiflet, Jean Buridan, Marfile d’Inghen, Gau- tier Burlée , Pierre d’Aliac, Jean Wefel Gansfort, & Gabriel Biel , {e diftinguerent dans la troifieme. Premiere période de la philofophie [cholaftique. Guil- Jaume des Champeaux, né en Brie de parens obfcurs, s’élèva par la réputation qu'il fe fit, de grade en gra- de jufquw’à Pépifcopat ; telle étoit la barbarie de {on tems , qu'il n’y avoit aucun poite dans l’églite auquel ne püt afpirer un homme qui entendoit les cathégo- ries d’Ariftote , & qui favoit difputer fur les univer- faux. Celui-ci prétendoit qu'il n’y avoit dans tous les individus qu’une feule choie eflentiellementune ,, & que s'ils différoiententreux , ce n’étoit que par la multitude des accidens. Abélard , fondifciple, Pat- ‘taqua vivement fur cette opinion ; de Champeaux frappé des objeétions d’Abélard, changea d'avis, êc perdit toute la confidération dont 1l jouifloit ; 1lne s’agifloit pas alors d’enfeigner la vérité , mais de bien défendre fon fentiment vrai ou faux; le comble de la honte étoit d’en être réduit au filence ; de-là cette foule de difinétions ridicules qui s'appliquent à d’au- tant plus de cas, qu’elles font vuides de fens ; avec ce fecours, il n’y avoit point de queftions qu’on n’em- brouillât , point de.thefes qu’on ne püt défendre, pour ou contre, point d’objeétions auquelles on n’é- chappât, point de difputes qu'on, ne prorogeâr fans n, Des Champeaux vaincu par Abélard,, alla s’enfet- mer dans l’abbaye de S. Vi@tor ; mais celui-ci ne fe fut pas plutôt retiré. à fainte Géneviéve, que des Champeaux reparut dans l’école. Qui eft-ce qui ne connoit pas l’hiftoire & les mal- heurs d’Abélard? qui eft-ce qui n’a pas lu les lettres d’'Héloife ? quieft-ce quine détefte pas la fureur avec laquelle le doux & pieux-$S. Bernard le perfécuta? il naquit en 1079, 1l renonça à tous les ayantages quil pouvoit fe promettre dans l'état militaire, pour fe livrer à l'étude ; il fentit combien la maniere fubtile dont on philofophoitde fon tems , fuppofoit de dia- leétique , &c 1l s’exerça particulierement à manier . Gette arme à deux tranchans, fous Rofcelin, le.fer- railleur le plus redouté.de fon tems; celui-ci avoit conçu que les univerfaux n’exiftoient point hors de Pentendement, & qu'il n’y avoit.dans la nature que des individus dont nous exprimions lafimilitude par une dénomination générale , & il'avoit fondé la feéte des nominaux, parmi lefquels Abélard s’enrôla; il alla faire aflaut ayec tous ceux qui avoient quel- Tome XIF, SC H 77i que réputation ; ilvint à Paris, il ptit les lecons de Guillaume des Champeaux ; il fut fucceffivement Phonneur & la honte de fon maître; il ouvrit une école à âge de vingt-deux ans, à Melun, d’oùil vintà Corbeil; il eut un grand nombre de difciples , d'amis & d’ennemis ; fes travaux affoiblirent {a fan- té, il fut obligé de fufpendre fes exercices pendant deux ans qu'il pafla dans fa patrie ; fon abfence ne fit qu'ajouter au defir qu'on avoit de l'entendre; de re- tour, 1l trouva des Champeaux fous habit de moine, continuant dans le fond d’un cloitreà profeffer la rhé- torique & la logique , deux arts qui ne devroient point être féparés; 1lalla écouter, moins pour s’inf- truire , que pour le harceler de nouveau. Ce projet indigne lui réuffit, il acheva de triompher de fon maitre, qui vit en un moment fon école déferte, & fes difciples attachés à la fuite d'Abélard; celui à qui des Champeaux avoit cedé fa chaire cathédrale, au {ortir du monde, offrit à Abélard , qui en fut écar- té par la faion de des Champeaux & la proteion de l'archevêque de Paris. Notrejeune philofophe fut moins encore irrité de cerefus, que de là promotion de des Champeaux à l’épifcopat ; l'élévation d’un homme auquel 1l s’étoit montré fi fupérieur , lindi- gna fecrettement, il crut que des Champeaux ne de2 voit les honneurs qu’on lui conféroit , qu’à la répu- tation qu’il s’étoit faite en qualité de théologien, & 1l fe rendit fous Anfelme qui avoit formé des Cham= peaux ; Les leçons d’Anfelme ne lui parurent pas ré- pondre à la célébrité de cet homme; bientôt il eut dépouillé celui-ci de fon auditoire & de fa réputation ; 1l enfeigna la théologie, maloré fes ennemis qui ré= pandoient de tous côtés, qu'il étoit dangereux dé permettre à un homme de fon âge & de fon caraétere, de fe mêler d’une fcience fi fublime. Ce fit alors qu’il connut le chanoïne Fulbert & fa niece Héloïfe ; cette fille favoit à l’âge de dix-huit ans, Phébreu, le grec , le latin, les mathématiques, laphilofophie ; la théologie, c’eft-à-dire plus que tous. les hommes de fon tems réumis ; outre l'efprit que la nature lui avoit donné , la fenfibilité de cœur , les talens qu’el- le devoit à une éducationtrès-recherchée , elle étoit encore belle ; comment réfifte-t-on à tant de char mes ? Abélard la vit, l’aima, & jamais homme ne fut peut-être autant aimé d’une femme, qu’Abélard: d'Héloife ; non, difoit-elle, le maître de l’univers entier , s'il y en avoitun, m’offriroit {on trône & fa main , qu'il me feroit moins doux d’être {a fem- me , que la maïtrefle d’Abélasd. Nous n’entrerons point dans le détail de leurs amours ; Fulbert prit Abélard dans fa maïfon; celui-ci négligea fon école pour s’abandonner tout entier à {à pafñon ; il em ploya fon tems, non plus à méditer les queftions abf traites & triftes de la philofophie , maïs à compofer des vers tendres & des chanfons galantes; faréputa= tion s’obfcurcit, & fes malheurs commencerent & ceux d'Héloife, Abélard privé du bonheur qu'il s’étoit promis dans la pofleffion d'Héloïfe , défefperé , confus , fe retira dans Pabbaye de S. Denis; cependarit Héloïfe ren- fermée dans une autre folitude , périfloit de douleur ët d'amour, Cet homme qui devoit avoir appris paf {es propres foibleffes, à pardonner aux foiblefles des autres , fe rendit odieux aux moines avec lefquels il vivoit par la dureté de fes réprimandes , & toute la célébrité qu'il devoit au nombreux concours defes auditeurs, ne lui procurerent point un repos qu’il s’efforçoit à éloigner de lui ; les ennemis qu'il s’étoit faitautrefois, & ceux qu’il fe faifoit tousles jours ; avoient fans cefle les yeux ouverts {ur fa conduite ; ils attendoient l’occafon de le perdte ; & ils crurent lavoir trouvée dans Pouvrage qu'il publia fousle titre de Z2 foi à la fainte Trinité, pour fervir d’introduition \ . . ° . 4 . à La théologie ; Abélard y FR È la diftinétion 666 772 SCH des perfontié$ divines, la doétrine des nominaux il comparoit Punité d’un Dieu dans la trinité des perfonnes , au fillogifme où trois chofes réellement diftinétes , la propoñition, l’aflomption & la conclu- fion , ne forment qu’un feul raifonnement ; c’étoit un tiffu d'idées très-fubtiles | à travers lefquelles il n'étoit pas difficile d’en rencontrer de contraires à Forthodoxie. Abélard fut accufé d’héréfie; on répan- dit qu'il admettoit trois dieux, tandis que d’après fes principes , il étoit fi ffriétement auftere , que peut- être rédufoit-1l les trois perfonnes divines à trois mots ; il rifqua d’être lapidé par le peuple : cepen- dant fes juges lécouterent , & 1l s’en feroit retourné abfous, s’il n’eût pas donné le temsà fes ennemis de ramafler leurs forces &c d’aliéner lefprit du concile qu’on avoit aflemblé ; 1l fut obligé de bruler lui-mé- me fon livre, de reciter le fymbole d’Athanafe, & d’aller fubir dans l’abbaye de S. Médard de Soiflons, la pénitence qu’on lui impofa; cette condamnation fut affligeante pour lui, mais plus deshonorante en- core pour {es ennemis; on revint fur fa caufe ; & lon détefta la haine & lignorance de ceux qui la- voient accufé & jugé. Il revint de Soiflons à Saint-Denis ; |à 11 eut l’im- prudence de dire, & qui pis eft, de démontrer aux moines que leur faint Denis n’avoit rien de commun avec l’aréopagite; & dès ce moment ce fut un athée, un brigand, un fcélérat digne des derniers fupplices. On le Jetta dans une prifon ; on le traduifit auprès du prince comme un fujet dangereux , & peut - être : eüt-il perdu la vie entre les mains de ces ignorans & cruels cénobites, s’il n’eût eu le bonnheur de leur échapper. Il fe juftifia auprès de la cour , & fe réfu- ta dans les terres du comte Thibault. Cependant Pabbé de faint Denis ne jouit paslong-tems de l’avan- tage d’avoir éloigné un cenfeur aufh févere qu’Abe- lard. 1} mourut, & Pabbé Suger lui fucceda. On ef- faya de concilier à Abelard la bienveillance de ce- lui-ci ; mais on ne put s’accorder fur les. conditions, &z Abelard obtint du roi la permifñion de vivre où il lui plairoit. Il fe retira dans une campagne déferte, entre Troye & Nogent. Là ilfe bâtit un petit ora- toire de chaume & de boue, fous lequel il eût trouvé le bonheur, fi la célébrité qui le fuivoit par-tout n’eût raflemblé autour de-lu: une foule d’auditeurs, qui fe bâtirent des cabanes à côté de la fienne, & qui s’aflujettirent à l’auftérité de fa vie, pour jouir de fa fociété & de fes leçons. Il vit dès la premiere année jufqu'à fix cems difciples. La théologie qu'il profefloit étoit un mélange d’ariftotélifme , de fubti- Ltés , de diftinétions ; il étoit facile de ne le pas en- tendre & de lui faire dire tout ce qu’on vouloit. Saint Bernard qui, fans peut-être s’en appercevoir, étoit fecrettement jaloux d’un homme qui attachoiït fur lui trop de regards ,embrafla la haine des autresthéo- logiens, fortit de la douceur naturelle de fon carac- tere, & fufcita tant de troubles à notre philofophe, qu'il fut tenté plufieurs fois de fortir de l'Europe & d'aller chercher la paix au milieu des ennemis du nom chrétien. L’invocation du Paraclet fous laquelle il avoit fondé une petite maïfon qui fubfifle encore aujourd’hui, fut le motif réel ou fimulé de la perfécu- tion la plus violente qu’on ait jamais exercée. Abe- lard vécut long-tems au milieu des anxiétés. Il ne voyoit pas des eccléfiaftiques s’aflembler fans trèem- bler pour fa liberté. On attenta plufieurs fois à fa vie. La rage de fes ennemis lefuivoitjufqu’aux autels, & cherchaà lui faire boire la mort avec le fang de Jefus- Chrift, On emporfonna Les vafes facrés dont il fe fer- voit dans la célébration des faints myfteres. Héloïfe ne jouifloit pas d’un fort plus doux; elle étoit pour- fuivie ,tourmentée, chaflée d’un lieu dans un autre, On ne lui pardonnoïit pas fon attachement à Abélard, Ces deux êtres qui fembloient deftinés à faire leur CH bonheur mutuel, vivoient féparés &c de la vie la plus malheureufe, lorfqu’Abélard appella Héloïfe au Pa. raclet , lui confia la conduite de ce monaftere & fe retira dans un autre, d'où 1l fortit peu de tems après, pour reprendre à Paris une école de théologie & de philofophie ; mais les accufations d’impiété ne tarde: rent pas à fe renouveller. Saint Bernard ne garda plus de mefure; on dreffa des catalogues d’héréfies qu’on attribuoit à Abélard. Sa perfonne étoit moins en fu: reté que Jamais, lorfqu'il fe détermina de porter fa caufe à Rome. Saint Bernard laccufoit de regarder PEfprit-faint comme l’ame du monde, d’enfeigner que Punivers eft un animal d’autant plus parfait que l'intelligence qui lanimoit étoit plus parfaite; de chriftianifer Platon, &c, Peut-être notre philofophe n'étoit-1] pas fort éloigné de-là ; mais fes erreurs ne sufkiäent ni les imputations ni les violences de faint Bernard. Abélard fit le voyage de Rome. On l'y avoit dejà condamné quand il arriva. Il fut faifi, mis en prifon, {es livres brülés, & réduit à ramper fous Bernard 8 accepter l’obfcurité d’une abbaye de Clugni, où il cefla de vivre & de fouffrir. Il mourut en 1142. Abélard forma plufieurs hommes de nom, entre lefquels on compte Pierre le Lombard. Celui - ci eft plus célebre parmi les théologiens que parmi les philofophes. Il fit fes premieres études à Paris. 11 profeffa la Jcholaftique dans l’abbaye de fainte Géne- vieve. Il fut chargé de l'éducation des enfans de Fran- ce. Il écrivit le livre intitulé Ze rraftre des fentences. On pourroit regarder cet ouvrage comme le premier pas à une maniere d’enfeigner beaucoup meilleure que celle de fon tems; cependant on y trouveencore des queftions très - ridicules , telle par exemple que celle-ci : Ze Chrifl en tant qu’homme eff-il une perfonne ou quelque chofe ? mourut en 1164, Robert Pulleyn parut dans le cours du douzieme fiecle; les troubles de l'Angleterre fa patrie le chafc- rent en France, où 1l fe lia d'amitié avec faint Ber- nard. Après un aflez long féjour à Paris , il retourna à Oxford où il profefa la théologie. Sa réputation fe répandit au loin. Le pape Innocent IL. lappella à Rome, & Céleftin IL. lui conféra le chapeau de car- dinal. Il a publié huitlivres des fénrences. On remar- que dans ces ouvrages un homme ennemi des fubti-. lités de la métaphyfique ; le goût des connoïffances {olides, un bon ufage de l'Ecriture-fainte, & le cou- rage de préférer les décifions du bonfens & de la raiï- fon, à autorité des philofophes & des peres. Gilbert de la Porée achevad’infeéter la théolosie de futilités. La nouveauté de fes expreffions rendit {a foi fufpette. On laccufa d’enfeigner que l’eflence divine & Dieu étoient deux chofes diftinguées ; que les attributs des perfonnes divines n’étoient point les perfonnes mêmes; que les pérfonnes ne pouvoient entrer dans aucune propofition comme prædicats ; que la nature divine ne s’étoit point incarnée; qu'il ny avoit point d’autre mérite que celui de Jefus- Chrift, & qu'il n’y avoit de baptifé que celui qui de- voit être fauvé. Tout ce que ces propoñitions offriz rent d’effrayant au premier coup d'œil, tenoît à des diftinétions fubtiles , & difparoifloir lorfqw’on fe don- noit le tems de s'expliquer; mais cette patience eft rare parmi les théologiens,qui femblent trouver une fatisfaétion particuliere à condamner.Gilbert mourut en 1154, après avoir aufh éprouvé la haïne du doux faint Bernard. Pierre Comeftor écrivit un abrégé de quelques li- vres de ancien & du nouveau Teftament , avec un commentaire à l’ufage de l'école ; cet ouvrage ne fut pas fans réputation. se, Jean deSarisberi vint en France en 1137. Perfonne ne pofleda la méthode /cho/zffique comme lui. Il s’en étoit fait un jeu, & il-étoit tout vain de la fupério- rité que cette efpece de méchanifme lui donnoiït {ur les hommes célebres de fon tems. Mais il ne tarda pas à connoitre la frivolité de fa fcience , & à cher- cher à fon efprit un aliment plus folide. [l étudia la grammaire , la rhétorique , la philofophie, & les ma- thématiques fous différens maitres. La pauvreté le contraignit à prendre l'éducation de quelques enfans de famille, En leur tranfmettant ce qu'il avoit appris, il fe Le rendoit plus familier à lui-même. H fut le erec & l’hébreu , exemple rare de fon tems. Il ne négligea r la phyfique n1la morale. Il difoit de la dialeétique, que ce n’eft par elle-même qu’un vain bruit , incapa- ble de féconder lefprit, mais capable de dévelop- per les germes conçus d’ailleurs, On rencontre dans fes ouvrages des morceaux d’un fens très -jufie, pleins de force & de gravité. Les reproches qu'il fait aux phülofophes de fon tems fur la maniere dont ils profeflent, fur leur ignorance & leur vanité, montrent que cet homme avoit les vraies idées de la méthode, & que fa fupériorité ne lui avoit pas Ôté la modeftie. I fat connu, eftimé, 8 chéri des papes Eugene HU. Adrien IV. Il vécut dans la familiarité la plus grande avec eux. Il défenditavec force les droits prétendus de la papauté contre fon fouverain, Cette témérité fut punie par lexil, Il y accompagna Becket. Il mourut en France, où fon mérite fut récompenfé par la plus grande confidération & la promotion à des places. Il a laifié des écrits qui font regretter que cet homme ne foit pas né dans des tems plus heureux ; c’eft un grand mérite que de balbutier parmi les muets, Alexandre de Hales donna des lecons publiques _ de théologie à Paris en 1230. Il eut pour difcipies Thomas d'Aquin & Bonaventure; s’il faut s’en rap- porter à fon épitaphe, il s’'appella le doëfeur irréfra- gable. | commenta le mañire des fentences. I] compila une fomme de théologie univer{elle, Il écrivit un li- vre des vertus, &t 1l mourut en 1245, fous l’habit de francifcain. Tous ces hommes vénérables , féra. phiques, angéliques, fubtils, irréfragables, fi efti- més de leur tems, font bien méprifés aujourd’hui. On comprend encore fous la même période de la plulofophie /cholaffique, Alain d’Ifle ou le doéfeur uni- verfel. E fut philofophe , théologien; & poëte. Parmi fes ouvrages on en trouve un fous le titre de Ercy- clopedia verfibus hexametris diflinéta in libros 9. c’eft une apologie de la Providence contre Claudien. Il paroit s'être aufli occupé de morale. Pierre de Riga, Hugon , Jean Belith, Etienne de Langhton, Raimond de Penna forti, Vincent de Beauvais ; ce dernier fut un homme aflez inftruit pour former le projet d’un ouvrage qui loit toutes les connoïffances qu’on pof- fedoit de {on tems fur les fciences &c les arts. Il com- pila beaucoup d'ouvrages , dans lefquels on retrou- ve des fragmens d'auteurs que nous n’ayons plus: Il ne S’attacha point fi fcrupuleufement aux queftions de la diale@ique & de la métaphyfique, qui Occu- poient.& perdoient les meilleurs efprits de fon fiecle, qu'il ne tournât auf {es yeux fur la philofophie mo- rale, civile, 8 naturelle, Il faut regarder la mafle énorme de fes écrits comme un grand fumier où l’on rencontre quelques paillettes d’or. Guillaume d’A- verne, connu dans l’hifloire de la philofophie, de la théologie, & des mathématiques de cet âge. Il méprifa les{utilités de l'école & fon ton pédantefque êc barbare. Il eut le ftyle naturel &c facile. I s’atta- cha à des queftions relatives aux mœurs & à la vie. I] ofa s'éloigner quelquefois des opinions d’Arifiote &c lui préférer Platon. Il connut la corruption de léglife &x 1l s’en expliqua fortement. Alexandre de Villediew, aftronome &c calculateur. Alexandre Nec- kam de Hartford. Ce fut un philofophe éloquent. Il écrivit de la nature des chofes un ouvrage mêlé de profe &t de vers. Alfred qui fut les langues, expli- qua la philofophie naturelle d'Ariftote, commenta Tome XIF, SCH 773 fes métores , chercha à débrouiller le livre des plan- tes, & publia un livre du mouvement du cœur. Robert Capiton, ou Grofle-tête, qui fur profond dans l’hé- breu, le grec, 87 le latin, & qui {ut tant de philofo- phie & de mathématiques, ou qui vécut avec des hommes à qui ces fciences étoient fi étrangeres, qu'il en pañla pour forcier. Roger Bacon, qui étoit un homme & qui s’y connoifloit, compare Grofle- tête à Salomon & à Ariftote. On voit par fon come mentaire fur Denis l’aréopagite, que les idées de la pluilofophie platonico-alexandrine lui étoient con- nues ; d’où l’on voit que la France, l'Italie, lAngle: terre ont eu des /cho/aftiques dans tous les états. L’AL lemagne n’en a pas manqué; confultez là - deflus fon hitoire littéraire. | Seconde période de la philofophie fcholaftique. Al- bert le grand qui la commence naquit en 1193. Cet homme étonnant pour fon tems fut prefque tout ce qu'on pouvoit favoir ; il prit l’habit de S. Dominique en 1221. Il profefla dans fon ordte la philofophie d'Aritote, profcrite par le fouverain pontife ; ce qui ne lempêcha pas de parvenir aux premieres dignités monacales ét eccléfiaitiques, Ilabdiqua ces dernieres pour fe livrer à l'étude. Perfonne n’entendit mieux la dialectique 87 la métaphyfque péripatéticienne, Mais il en porta les fubtilités dans la théologie, dont 1l avança la corruption. Il s’appliqua auffi À la con- noiflance de la philofophie naturelle : il étudia da na ture ; 1l fut des mathématiques & de la méchanique : il ne dédaigna ni la métallurgie, ni la lythologie. On dtqu'ilavoitfaitune tête automate aui parloit,& que Thomas d’Aquin brifa d’un coup de bâton: il ne pou- voit guere échapper au foupçon de magie ; auffi en fut-ilaccufé. La plûpart des ouvrages qui ont paru fous fon nom , font fuppofés. Il paroït avoir connu le moyen d'obtenir des fruits dans toutes les faïfons. Il a écrit de la phyfique, de la logique, de la morale, de la métaphyfique , de l’aftronomie & de la théolo. gie vingt & un gros volumes qu’on ne lit plus. Thomas d'Aquin fut difciple d'Albert le grand ; il n’eft pas moins célebre par la fainteté de fes mœurs, que par l'étendue de fes connoïflances théologiques. Il naquit en 1224 : fa fomme eff le corps le plus com- plet, &c peut-être le plus eftimé que nous ayons en- core aujourd'hui. Il entra chez les Dominicains en 1243 : 1l paroïfloit avoir lefprit lourd ; fes condif- ciples Pappelloient /e éœuf ; 8 Albert goutoit: Oxi, mais fr ce bœuf J: met à mugir , on entendra fon mugiffe- ment dans toute la terre. Îl ne trompa point Les efpé- rances que fon maître en avoit conçues. La philofo- phie d’Ariftote étoit fufpeéte de fontems ; cependant 1l sy livra toutentier , & la profefla en France & en Italie. Son autorité ne fut pas moins grande dans l’églife que dans l’école ; il mourut en 1274. Il eft le fondateur d'un fyfème particulier fur la grace & la prédeftination, qu’on appelle le Thormifme. Voyez les articles GRACE, PRÉDESTINATION, Ëc. Bonaventure le Francifcain fut contemporain, con- difciple &crival de Thomas d'Aquin. [naquit en 1221, & fitprofeflion en 1243 ; la pureté de fes mœurs, l’é- tendue de fes connoïffances philofophiques & théo: logiques, le bonté de fon caraëtere, lui mériterent les premieres dignités dans fon ordre & dans l’églife, Il n’en jouit pas long-tems : il mourut en 1274, âgé de 53 ans. Sa philofophie fut moins futile 8: moins épi- neufe que dans fes prédécefleurs. Voici quelques- uns de fes principes. Tout ce qu'il y a de bon & de parfait, c’eft un don d’enchaut, qui defcend fur l’homme du fein du pere des lumieres. Il y a plufeurs diftin@ions à faire entre les éma- nations gratuites de cette fource libérale & lumi- neule. | Quoique toute illumination fe faffe intérieurement EEceeï 774 SCH par la connoïffance ; on peut l’appeller éxsérieure où xiérieure, fenfitive où méchanique, philofophique ou furnaturelle de la raifon ou de la grace, La méchanique inventée pour fuppléer à la foi- bleffe des organes eft fervile ; elle eft au-deffous du philofophe ; elle comprend l’art d’ourdir des étoffes, Vagriculture , la chafie , la navigation, la médecine, l'art fcénique, &c. La fenfitive qui nous conduit à la connoïflance des formes naturelles par les organes corporels. Il aun efprit dans les nerfs qui fe multiplie &c fe diver- ffe en autant de fens que l’homme en a reçus. La philofophique s'éleve aux vérités intellisibles, aux caufes des chofes, à l’aide de la raifon & des principes. La vérité peut fe confidérer ou dans les difcours, ou dans les chofes, ou dans les aétions , & la Phi- lofophie fe divifer en rationnelle , naturelle &c mo- rale. La rationnelle s’occupe de Pun de ces trois ob- jets, exprimer , enfeigner où mouvoir. Lagrammaire exprime, la logique enfeigne, la rhétorique meut; c’eft la raifon qui comprend, ou indique, ou per- fuade. Les raifons qui dirigent notre entendement dans {es fonétions font ou relatives à la matiere, ou à l’ef prit, ou à Dieu. Dans le premier cas, elles retiennent le nom de formelles ; dans lefecond , on les appelle ;#- zelleëtuelles ; au troifieme , idéales. De-là trois bran- ches de philofophie naturelle, phyfique, mathérna- tique & métaphyfque. * La Phyfique s'occupe de la génération & de la corruption, felon les forces de la nature & les élé- mens des chofes. Les Mathématiques des abftraétions , felon les rai- {ons intelligibles. La Métaphyfique de tous les êtres, entant que ré- du@bles à un feul principe dont ils font émanés, felon des raïfons idéales, à Dieu qui en fut lexem- plaire &c la fource, & qui en eft la fin. La vertu a trois points de vüe différens, la vie, la famille & la multitude ; & la morale eft ou monafti- que , ou économique , Ou politique. | La lumiere de l’Ecriture nous éclaire fur les véri- tés falutaires ; elle a pour objet les connoïflances qui font au-deflus de la raxfon. Quoïqu’elle foit une, cependant il y ale fensmyf- tique & fpirituel, felon lequel elle eit allésorique , morale ou anagogique. | On peut rappeller toute la doétrine de l'Ecriture à la génération éternelle de Jelus-Chrift, à lincar- nation, aux mœurs , à l'union ou commerce de Pame avec Dieu; de-là les fonétions du doéteur, du pré- dicateur & du contemplant. | Ces fix illuminations ont une vefpérie ou foirée : 1 fuit un feptieme jour de repos, qui n'a plus de vef- périe ou de foirée ; c’eft Pillamunation glorieufe. Toutes ces connoïffances tirent leur origine de la même lumiere ; elles fe rappellent à la connoiffance des Ecritures , elles s’yréfolvent ; y font contenues &z confommées ; & c'eft par ce moyen qu’elles con- duifent à l’illumination éternelle. = La connoïfiance fenfible fe rappelleà Ecriture, fi nous paflons de la maniere dont elle atteint fon ob- jet, à la génération divine du verbe ; de l'exercice des fens, à la régularité des mœurs ; & des plaïfirs dont ils font la fource , au commerce de l'ame &r de Dieu. Il en eft de même de la connoïffance méchanique & de la connoïffance philofophique. | Les écritures font les empreintes de la fage fle de Dieu : la fagefle de Dieu s'étend à tout. Il n’y a donc aucune connoïffance humaine qui ne puifle fe.rap= porter aux Ecritures & à la Fhéologie. Et j’ajouterai S C H aucun homme, quelque fenfé qu’il foït, qui ne rap: potte tous Les points de l’efpace immenfe qui Penvi- ronne ,au petit clocher de fon village. Pierre d'Ejpagne , mieux connu dans l’hiftoire ec- cléfiaftique fous le nom de Jeuz XXI, avoit été philofophe avant que d’être pape & théologien. Tri- “theme dit de lui qu’il entendoit la médecine, &c qu'il eût été mieux à côte du lit d’un malade que fur la chaire de S. Pierre. Calomnie de moine offenfé : il montra dans les huit mois de fon pontificat qu’il né- toit point au-deflous de fa dignité : 1l aima les fcien- ces &c les favans ; &t tout homme lettré, riche ou pau- vre, noble ou roturier, trouva un accès facile au- près de lui. Il finit fa vie fous les ruines d’un bâtiment qu’il faifoit élever à Virerbe. Il a laiffé plufeurs ou- vrages où l’on voit qu'il étoit très-verfé dans la mau- vaile philofophie de fontems. Roger Bacon fut un des génies les plus furprénans que la nature ait produit, & un des hommes les plus malheureux. Lorfqu’un être nait à Pilluftration, il femble qu’il naïfle auffi aux fupplices. Ceux que la nature figne , font également fignés par elle pour les grandes chofes &c pour la peme. Bacon s’apoliqua d’abord à la grammaire, à l’art oratoire &c à la dia-. leétique. Il ne voulut rien 1£norer de ce qu’on pou- voit favoir en mathématique. Il fortit de l'Angleterre fa patrie, 8 il vint en France entendre ceux qui s’y diftinguoient dans les fciences. Il étudia l'hiftoire, les” langues de POrient &r de POccident, la Jurifprudence & la Médecine. Ceux qui parcoureront fes ouvrages letrouveront verfé dans route la littérature ancien- ne &t moderne , &c familier avec les auteurs grecs, latins , hébreux , italiens, françois , allemands , ara- bes. Il ne négligea pas la Théologie, De retour dans fa patrie , il prit l’habit de francifcain ; il ne perdit pas fon teins à difputer ou à végéter ; il étudia la na- ture ; il rechercha fes fecters ; 1l fe livra tout entier: à l’Aftronomie, à la Chimie , à l'Optique, à la Stat que ; 1l fit dans la Phyfique expérimentale de fi grands’, progrès, qu'on apperçoit chez luiles veftises de plu- fieurs découvertes qui ne fe font faites que dans des fieclestrès-poftérieurs au ften ; mais rien ne montre mieux la force de fon efprit que celle de fes conjec- tures. l’art, dital, peut fournir aux hommes des moyens de naviger plus promptement &T fans le fe- cours de leurs bras, que s'ils y en employoïient des milliers, Il ya telle conftruétion de chars , à l’aide de laquelle on peut fe pafler d'animaux. On peut tra- verfer les airs en volant à la maniere des oïfeaux. Il n’y a point de poids, quelqw’énormes qu'ils foient, qu’on n’éleve ou n'’abaïfle. Il:y a des verres qui ap- procheront les objets , Les éloigneront , les agrandi- ront , diminuerorit ou multiplieront à volonté. Il y ena qui réduiront en cendres les corps les plus durs. Nous pouvons compofer avec le falpêtre & d’autres fubftances un feu particulier. Les éclairs, le ton- nerre, &t tous {es effets, il les imitera: on détruira , f l'on veut, une ville entiere, avec une très-petite quantité de matiere. Ce qu'il propofe fur la correc- tionducalendrier & fur la quadrature du cercle ,mar- que fon favoir dans les deux fciences auxquelles ces _objets appartiennent. Il falloit qu’il poflédät quelque méthode particuliere d'étudier les langues greques & hébraïque , à en juger par le peu de tems qu'il de= mandoit d’un homme médiocrement intelligent pour le mettre en état d'entendre toutce que les auteurs grecs & hébreux ont écrit de théologie & de philo: iophie. Un'homme auf au-deflus de fes contempo- rains ne pouvoit manquer d’exciter leur jaloufe L’envie tourmente les hommes de génie dans les fie= cleséclairés ; la fuperftition & l’ignorance font caufe communeavecelle dans les fiecles barbares. Bacom fat accufé de magie : cette calomnie compromettoit _ fonrepos&fahberté.Pourobvierauxfuires fâcheufes quelle pouvoit avoir, ilfut obligé d'envoyer à Rome fes machines avec unouvragéapologétique.Lafaveur du pape ne réduifit pas fes ennemis à l'inaction : ils s’adrefferent à fon général qui eondamna fa doétrine, fupprima fes ouvrages | & le jetta au fond d’un ca- chot. On ne fait s’il y mourut ou sil en futtiré : quoi qu'il en foit , il laïfla après lui des ouvrages dont on ne devoit connoître tout le prix que dans des tems bien poftérieurs au fien. Roger ou frere Bacon ceffa “d'être perfécuté &c de vivre en 1294, à l’âge de 78 ans. «Gilles Colonne, hermite de S. Auguftin, fut théo- logien & philofophe /cholaffique. I] étudia fous Tho- ras d'Aquin :1l eut pour condifciple & pour ami Bo- naventure : 1] fe ft une fi prompte & fi grande réputation, que Philippe le Hardi lui con£a l’éduca- tion de fon fils ; & Colonne montra par {on traité de regimine principium , qu'il n’étoit point d’un mérite inférieur à cette fonétion importante. Il profeffa dans Puniverfité de Paris. On lui donna le titre de doéfeur srès-fonde , & il fut réfolu dans un chapitre général de fon ordre qu'on s’y gonforméroit à fa méthode | êt à fes principes. Il fut créé général en 1292. Trois ans après fa nomination , ïl abdiqua une dignité in- compatible avec fon got pour l'étude ; fon favoir lui concilia les proteéteurs les plus ifluftres. Il fut nommé {ucceffivement archevêque & défioné car- . - = à A O dinal par Boniface VIIL. qu’il avoit défendu contre ceux qui attaguoient fon éleétion , qui fuivit la ré- fignation de Céleftin, Il mourut à Avignon en 7 3 14. Nous reviendrons encore ici fur Jean-Duns Scot, dont nous avons déja dit un mot à l’arriele Arisro. TÉLISME. S'il falloït juger du mérite d’un profeffeur par le nombre de fes difciples, perfonne ne lui pour- roit être comparé, Il prit le bonnet de doéteur à Pa- tis en 1204 : il fut chef d’une fecte qu’on connoît en- core aujourd'hui fous le nom de S cotiftes : 1] fe fit fur la grace, {ur le concours de lation de Dieu & de Paétion de la créature, & fur les queftions relatives à celles-ciun fentiment oppofé à celui des. Thomas ; il laifia de côté S. Auguflin , pour s'attacher À Arif- tote , & les théologiens fe diviferent en deux claffes, qu'on nomma du nom de leurs fondateurs. Il pañle pour avoir introduit dans l’'Eolife opinion de lin- naculée conception de la Vierge. La Théologie & la Philofophie de fon tems, dé; furchargées dé quef tions ridicules, acheverent defe corrompre fous Scot dont la malheureufe fubtilité s’exerca À inventer de nouveaux mots, de nouvelles diftinétions & de nou- veaux fujets de difputes-quide font perpétuées en An- gleterre au-delà des fiecles de Bacon & de Hobbs. Nous ajouterons à ces noms de la féconde période de la. fcholafhique ceux de Simon de Tournai , de Ro- bert Sorbon, de Pierre d’'Abano , de Guüillaume Du- rantis, de Jacques deRavenne,d’Alexandre d’Aleyan drie, de Jean le Parifien, de Jean de Naples, de Fran- çois Mayro , de Robert le Scrutateur > d'Arnauld de Villeneuve , de Jean Bafloles, & de quelques autres qui fe font diftingués danÿ les différentes contrées de PAllemagné. 1 ° : . ": = ; # | 4 L : 7 te - ° Simon de Tournai réuffñit par fes fubtilités à s’atti- rer la haine de tous les philofophes de fon tems , &: à rendre fa religion fufpeëte: Il brouilla lAriftoté. Hfme avec le Chriflianifmer, & s'amuta à renverfer toujours'ce qu'il avoit établi la veille fr les matieres les plus graves. Cet homme étoit violent : il aimoit Le plaifr ; il fut frappé d’apoplexie , & l’on ne man- qua pas de regarder cet accident comme un châti- ment miraculeux de fon impiété. Pierre d'Aporo où d’Abano, philofophe & méde- cn, fut accufé de magie, Orne fait trop pourquoi on lui fit cet honneur..Ce ne feroit aujourd’hui qu’un miférable aftrolosue, &un ridicule charlatan, S C H 775 Robert Sorbon s’eft immortalifé par la maifon qu'il afondée , & qui porte fon nom. Pierre de Tarantarfe, où Innocent V. entta en 122 chez les Dominicains à l’âge de dix ans. [1 favoit de la théologie & de la philofophie. Il profeffa ces deux fciences avec fuccès. Il fut élevé en 1263 au généra- lat de fon ordre. Il obtint en 1277 le chapeau, en 1284 il fut Élu pape, Il a écrit de Punité, de la forme, de la nature des cieux , de l'éternité du monde , de l’entendèment & de la volonté, & de la jurifprudence canonique. ; Guillaume Durand où Durantis , de l’ordre des Dominicains joignit auffi l'étude du-droit canonique à celle de la fcholaffique. … La /cholaflique eft moins une philofophie particu= liere qu’une mérhode d’argumentation fyllosiftique, feche & ferrée, fous laquelle on a réduit l’Ariftoté- lifmefourré de cent queftions puériles. La théologie Jcholaffique n’eft que la même mé- thode appliquée aux objets de la Théologie, mais embarraflée de Péripatétifme. | Rien ne put garantir de cette pefte la Jurifpruden- ce. A-peine fut-elle afljettie à la rigueur de la dia- leétique de Pécole , qu’on la vit infeétée de queftions fidicules & diftinétions frivôles. D'ailleurs on vouloit tout ramener aux principes vrais ou fuppoñés d’Ariftote. Rizard Malumbra S’oppofa inutilement à l'entrée de la /cholaflique dans l'étude du droit civil & canoni- que : elle fe fit. Je n’ai rien à dire d’Æ/exandre d'Alexandrie, ni de Dinus de Garbo , finon que ce furent parmi les er- goteurs de leur tems deux hommes merveilleux. Jean de Paris ou Quidort, imagina une maniere d'expliquer la préfence réelle du corss de Jéfus-. Chrift au facrement de l’autel. Il mourut en 1304 à Rome où 1l avoit été appellé pour rendre compte de fes fentimens. Jean de Naples , François de Mayronis , Jean Baf- Jolss furent fublimes fur FPunivocité de l’être,laforme, la quiddité , la qualité , & autres queftions dé la mé- me importance. Il falloit qu’un homme füt doué d’un efprit naturel bien excellent pour réfifter au torrent de la /éko/af- que qui s’enfloït tous les jours , & fe porter à de meilleures connoiffances. C’eft un éloge qu’on ne ne peut refufer à Robert , furnommé Ze fcrurareur;1l fe livra à l’étude des phénomences de la nature ; mais ce ne fut pas impunément : on intenta contre lui l’accu- fation commune de magie. La condition d’un homme de fens étoit alors bien miférable ; il falloir qu'il fe condamnât lui-même à n’être qu’un {ot, ou à pañler pour forciér. Arnauld de Ville-neuve naquit avent l’an 1300. Il lala la fcholaffique; il étudia la philofophie naturelle, la Médecine & la Chimie. Il voyagea dans la France fa patrie, éntalie, en Efpagne,en Allemagne, en Afie ët en Afrique. Il apprit Farabe , lhébreu, le orec; Fignorance ftupide & jaloufe ne l’épargna pas. C’eft une chofe bien finsuliere que la fureur avec laquelle des hommes qui ne favoientrien,s’entêtoient à croire que quiconque métoit pas auffi bête qu'eux , avoit fait paéte avec Le diable. Les moines intéreflés à per- pétuer l’ignorance ; accréditoient fur-tout ces foup- çons odieux. Arnauld de Ville-neuve les méprifa d’a- bord ; mais lorfqu’il vit Pierre d’Apono entre les mains des inquifiteurs , il fe méfia de la confidéra- tion dont 1l jouifloit , & fe retira dans la Sicile, Ce fut - là qu'il fe hivra à fes longues opérations que les chimiftes les plus ardens n’ont pas le courage de ré- peter. «On dit qu'il eut le fecret de la pierre philofo- phale. Le tems qu’un homme inftruit donnera à la leéture de fes ouvrages ne fera pas tout-à-fait perdu. On nomme parmi les fcho/afliques de l'Allemagne, 770 SCH Conrad d'Halberftad. Il faut le louer de s'être occupé dela morale, f méprifée , fi négligée de fes contem- porains , mais bien davantage d’enavoir moins cher- ché les vrais préceptes dans Ariftote que dans la na- ture de l’homme. Le goût de lutile ne fe porte pas fur un objet feulement, Conrad 1oignit à l’étude de la Morale celle de la Phyfique. Il étoit de l’ordre des. Dominique. Il fatisfit à a curiofité des religieux en écrivant des corps céleftes, des élémens, du fimples, de quelques mixtes, ou des minéraux ou des végé- taux, des animaux &c de leurs organes, & dé l’hom- me. | Bibrach remarqua la corruption de Péslife dans fon ouvrages de cavendo malo. Eccard confondant Les opinions d’Ariftote avec les dogmes de Jefus-Chriit ; ajoutant de nouveaux mots à ceux qu'on avoit déja inventés, tomba dans des fentimens héterodoxes que Jean XXIL. profcrivit. Nous terminerons la feconde époque par Pierre de Dacia, & par Alphonfe X, roi de Caftille, Pierre de Dace fut aftronome & calculateur ; il eut quelque teinture d’hébreu & de grec. | Perfonne n’ignore combien l’Afironomie doit à Alphonfe : qui eft-ce ce qui n’a pas entendu nommer du-moins les tables alphonfines ? C’eft li qui conf dérant les embarras de la fphere de Ptolomée, difoit que « fi Dieu l’avoit appellé à fon confeil , il auroit » arrangé le ciel un peu mieux ». Troiffeme période de la philofophie [cholaftiqrie. Lorf- que l’abfurdité foit dans les fciences , foit dans les arts, foit dans la religion, foit dans le gouvernement, - a été pouflée jufqu'à un certain point , les hommes en font frappès ; & le mal commence à fe réparer quand il eft extrème. La philofophie & la théologie Jcholaftique étoient devenues un fi abominable fatras, que les bons efprits ou s’en dégoüterent, ou s’occu- perent à les débrouiller. Guillaume Durand commença cette tâche. Il en fut appellé le doëleur très-réfolu. Il eut des opinions par- ticulieres fur l’état des ames après leur féparation d'avec le corps , &z le concours de Dieu & de lacréa- ture. Il n’en admettoit qu’un géneral ; felon lui, un efprit eff dans le Leu ; mais ce lieu n’eft point déter- mine. Il convient à fon eflence d’être par-tout. Sa préfence à un corps n’eft pas néceflaire , foit pour l’animer , foit pour le mouvoir. Sa hardieffe philofo- phique fit douter de fon orthodoxie & de fon falut. Occam difciple de Scot , renouvella la feéte des no- minaux. On l’appella le doéfeur fingulier & invincible; il profeffa la théologie à Paris au commencement du quatorzieme fiecle. {! eut des idées très-faines fur Les deux puiffances eccléfaftiques êc civiles , & ilfervit avec zele Philippe-le-Bel dans fa querelle avec Bo- niface. Il en eut unautre fur la propriété des biens religieux avec le pape Jean XXII. qui l’anathématifa. Il vint en France y chercher un afyle , d’où il eut bientôt occafon de fe venger de la courdeRome, en achevant de fixer les limites de l’autorité du fouve- rain pontife. Celui-ci eut beau renouveller {es ex- communications, l’aggraver , brifer des cierges , & le réaggraver, Occam perffta à foutenir que Je fou- verain n’étoit fourmis qu'à Dieu dans les chofes tem- porelles. [lfe montra en 1330 à la cour de l’empereur Louis , qui lPaccueillit, &àquiOccam dit : Déféndez. moi de votre épée, 6 moi jevous défendrai de ma plu- 7e. Il a écrit de la Logique, dela Métaphyfique & êt de la Théologie. On li reproche d’avoir fait le- che derout , mélant les peres & les philofophes , les auteurs facrés &r les auteurs profanes, les chofes divi- nes & les chofes naturelles, les dogmesrévélés & les opinions des hommes , le profane &clefacré, l’exo- tique & le domeftique , l’orthodoxe &c lhéréfie, le vrai &c le faux , le clair & l'obfcur, plus fcrupuleux fur fon butquefur les moyens. Richard Saiffes parut versle milieu du quatorzieme SCH fecle, Il s’appliqua aux mathématiques, & tenta de les appliquer à la philofophie naturelle ; il ne négli- gea n1 la philofophie , n1 la théologie de fon tem. Il entra dans l’ordre de Citeaux en 1350. Rien ne s’al- larme plus vite que lemenfonge. C’eft l’erreur & non la vérité quieft ombrageufe. On s’appercut aifément ue Suiffet fuivoit une méthode particuliere d’étu- Le & d’enfeigner , & lPonfe hâta de le rendre fuf- peët d'hétérodoxie, Le moyen qu'un homme fût Pal- gebre, & qu'il remplit fa phyfque de cara@teres in.” intelligibles , fans être un magicien ou un athée? Cette vile & bafle calomnie eft aujourd’hui, comme alors, la reflource de l'ignorance & de envie. Sinos hypocrites, nos faux dévots l’ofoient , ils condamne- roient au feu quiconque entend les principes mathé- matiques de la philofophie de Newton, & poffede un fofile. Suifet fuivit la philofophie d’Ariftote, Il com- menta fa phy fique & fa morale; il introduïfit le calcul mathématique dans la recherche des propriétés des corps, & publia des afironomiquies. Il écrivit un ou- vrageintitulé Le caleulateur, | méritoit d'être nommé parmi les inventeurs de Palgebre, &c il eût été ,f fon livre du calculateur eût éte plus commun. On étoit alors fi perdu dans des queftions futiles, qu’on ne pouvoit revenir à de meilleures connoïffances. S'il paroïfloit par hafard unouvrage fenfé , il n’étoit pas lu. Comme il n’y a rien qui ne foit fufceptible de plus ou de moins , Suiflet étendit le calcul de la quantité” phyfique à la quantitémorale.Ïlcompara Les intenfités & lesremifions des vices &z des vertus entr’elles. Les uns l’en louerent, d’autres l’en blâmerent. Il traite dans fon calculateur de l’intenfité & de la remiffion ; des difformes; de l’intenfité de l’élement doué de eux qualités inégales ; de l’intenfté du nuxte ; dela rareté & de la: denfité; de l'augmentation ; de la réattion ; de la puiffance ; des obiftacles de Pac- tion ; du mouvement & du mirimum ; du lieu de l’é- lément ; des corps lumineux ; de l’a&tion du corps lumineux ; du mouvement local ; d’un milieu non- réfiftant ; de l’indu@ion d’un degré fuprème. Il ne s’agit plus ici, comme on voit, d’ecceité, de quid- dité , d’entité , ni d’autres fottifes pareilles. De quel- que maniere que Suiflet ait traité fon fujet, du-moins il eft important. Il marque une tête finguhere ; & je ne doute point qu’on ne retrouvât dans cet auteurle germe d’un grand nombre d’idées dont on s’eft fait honneur long-tems après lui. Buridanprofeffa la philofophie autems où Jeanne , époufe de Phdippe-le-Bel , fe deshonoroit par fes dé- bauches & fa cruauté. On dit qu’elle appelloit à elle les jeunes difciples de notre philofophe , & qu’apres les avoir épuifés entre fes bras, elle les faifoit pré. cipiter dans, la Seine. On croit que Buridan , qui voyoit avec chagrin fon école fe dépeupler de tous ceux qui y entroient avec une figure agréable , ofa leur propofer cet exemple d'un fophifme depoñtion: Reginam inverficere nolite, timere , bonum.eft ; où le verbe fimererenfermé entre deux virgules, peut éga- lement fe rapporter à ce qui précede ou à cequi fuit, & préfenter deux fens en meme tems très-oppolés: Quoi qu’il en foit, il fe fauva de France en Allema- gne. Tout Ie monde connoît fon fophifme de Pâne placé entre deux bottes égales de foin. Marfile d'Inghen fut condifciple de Buridan , & défenfeur comme lui de l'opinion des nominaux. Gautier Buley futappellé le doéfeur perfpicu. Wécri- vit de la vie & des mœurs des philofophes , depuis Thalès. jufqu'à Séneque ; ouvrage médiocre. Il fut fucceflivement réalifte & nominal. Pierré de Affiac fut encore plus connu parmiles théologiens. que parmiles philofophes. Il naquit est 1350. Il fut bourfier au college de Navarre, doéteur enr38ofucceflivement principal, profeffleur, maître de Gerfon &c de Clémangis , défenfeur de linma- S CH culée conéeption , chancelier de l’univerfité , aumô- nier de Charles VE. tréforier de la Sainte-Chapelle, évêque, protécé de Boniface IX. & de Benoît XII. pére du concile de Pife & de Conftance., & cardinal. : El fut entêté d’aftrologie. Tout tourne à mal dans les efprits gauches ; 1l fut conduit à cette folie par les hvres qu'Ariftote a écrits de la nature de l'ame, & par quelque connoïffance qu'il avoit des methéma- tiques, Il lifoit tous les grands événemens dans les aftres. | Jean Weffel Gansfort naquit à Groningue.Ïl eut des lettres ; 1l fut les langues anciennes & modernes, le grec, lelatin, l'hébreu, Parabe, le fyriaque, le chal- déen:1l parcourut ouvrage de Platon. Il fut d'abord fcotifte | puis occanuite, On ne conçoit pas com- mont cethomme ne prit pas dans Platon le mépris de la barbarie /cholaffique. Il eut au-moins le courage de préferer l'autorité de la raifon à celle de Thomas, de Bonaventure , & des autres doéteurs qu’on lui on- pofoit quelquefois. On pourroit prefque dater de fon tems la reforme de la fcholaffique, Cet homme avoit plus de mérite qu’il n’en falloit, pour être perfécuté, êz il le fut, Gabriel Biel naquit à Spire. I] forma la troifieme période de la PAilofophie [cholalfique. Nous n'avons rien de particulier à en dire, non- plus que de Jeux Borrell, de Pierre de Verberia, de Jean Comhorp, de Gregoire d’Arimini, d’Alphonft Var- gas, de Jean Capréolus, de Jerome de Ferraris, de Martinus Magifler , de Jen Raulin, de Jacques 4l- main, de Robert Holcolh, de Nicolas d'Orbilli, de Dominique de Flandres, de Maxwrice Phibernois | & d'une infinité d’autres, finon qu’il n’y eut jamais tant de pénétration mal employée, & tant d’efprits gâtés & perdus , que fous la durée de la pkofophie fcho- laffique. . Il fuit de ce qui précede , que cette méthode dé- teftable d’enfeigner & d'étudier infeta toutes les {ciences &toutes les contrées. . Qu'elle donna naflance à une infinité d'opinions ou puériles,ou dangereufes. . Qu'elle dégrada la Philofophie. - Qu'elle introduit le fcepticifme par la facilité qu'on avoit de défendre le menfonge, d’obfcurcir la vérité y & de difputer fur une même queftion pour & contre. - Qu'elle introduifit Pathéifme fpéculatif& pratique. : Qu'elle ébranla les principes de la morale. Qu'elle ruana la véritable éloquence. . Qu'elle éloigna les meilleurs efprits des bonnes études. Qu'elle entraina le mépris des auteurs anciens & modernes. Qu'elle donna lieu à Pariftotélifme qui dura fi long- tems, & qu'on eut tant de peine à détruire. -_ Qu'elle expofa ceux qui avoient quelque teinture de bonne doëtrine ; aux accufationsdes plus graves, & aux perfécutions lesiplus opimâtres. Qu'elle encouragea à l’aftrologie judiciaire, Qu'elle éloigna de la véritable intelligence desou- vraces & des featimens d’Arificte. Qu'elle réduifit toutes les connoïffances fous un afpeét barbare & dégoûtant. t … Quela proteélion des grands, les dignités ecclé- faftiques & féculieres, les titres honorifiques , les places les plus importantes , la confidération , les di- gnités , Ja fortune; accordées à de miférables difpu- teurs , acheverentide dégoûter les bons efprits des connowlances plus folides. Que leur logique n’eft qu’une fophifticaillerie pué- tlesit a ù 2° 2 a Leur phyfique un tiflu d’impertinences. Leur métaphyfique un galimathias inintelligible. Leurthéologie naturelle ourévélée; leur morale, DLoN 6/5, leur jurifprudence , leur politique ; un fattas d'idées bonnes & mauvaites. En un mot, que cette philofophie a été une des plus grandes plaies de l’eéfprit humain, Qui croiroit qu'aujourd'hui même on n’en eft pas encore bien guéri ? Qu’eft-ce que la théologie qu’on diéle fur les bancs ? Qu’eft-ce que la philofophie qu'on apprend dans les colleges ? La morale, cette partie à laqüelle tous les philofophes anciens fe font principalement adonnés , y eft abfolument oubliée; Demandez à un jeune homme qui a fait fon cours, qu'’efi-ce que la matiere fubtile ? Il vous répondra 3 mais ne lui demandez pas qu’eft-ce que la vertu ? il n’en fait rien. SCHOLASTIQUE., Î. m. ( if. añc. 6 mod. ) titre de dignité qui a été en ufage dans divers tems pour divertes perfonnés , & dans un fens différent. Dès le fiecle d’Augufte on donnoit ce nom aux rhéteurs qui s’exercoient dans leurs écoles à faire des déclamations fur toutes fortes de fujets , afin d’enfeigner à leurs difciples l’art de parler ; & fous Néron on lappliqua à ceux qui étudioïent le droit , êz le difpofoient à la plaidoyerie. De-là il paffa aux avocats qui plaidoent dans le barreau. Socrate & Eufebe, qui étoient avocats à Conftantinople, ont eu cétitre, aufhi-bien que le jurifconfulte Harmeno- pule & plufeurs autres ; ce qui montre qu'il étoit alors affeété aux perfonnes qui fe difinguoient dans la fcience des lois, Depuis, quand Charlemagne eut conçu le deffein de faire refleurir les études eccléfiafliques, on nom- ma /cholaftiques les premiers maîtres des écoles où l’on enfeignoit les lettres aux clercs. Quelques-uns cependant ont prétendu que par ceterme on n’entens doit que celui qui étoit chargé de leur montrer les langues, les huümanités & tout ce qu’on comprend fous le nom de Belles-Lertres : mais cette Occupation nétoit pas la feule du fcholaffique. IL devoït encore former les fujets aux hautes fciences , telles que la Philofophie & la Théologie, ou du-moins ces deux fonétions auparavant {éparées , furent réunies dans la même perionne, Celui qu’on appelloit /cko/af#z que , fe nomma depuis en certains lieux éco/ätre & théologal , titres qui fubfiftent encore aujourd’hui dans la plûpart des cathédrales & autres chapitres de chanoines , quoiqu'il y ait long-tems qu’ils ne rempliffent plus les fonétions des anciens /cho/afti- ques, urtout depuis que les univerfités fe font fors mées , & qu'on y a fait des leçons réglées en tout genre. On peut dire que depuis le neuvieme fiecle jufqu’au quatorzieme, les auteurs qui ont pris le titre de cholaffique , ne l'ont porté que comme une mar- que de la fonéhon d’enfeigner qu’ils avoient dans les diverfes églifes auxquelles ils étoient attachés. _ L'auteur du fupplément de Morery a fait une re: marque fort jufte. C’eft que le /cho/affique étoit le chef de l'école, appellé en quelques lieux où il y a univerfité, le chancelier de l'univer/ité ; maïs cette re: . marque ne détruit point ce que nous avons avancé ci-deflus, qu'on a donné le nom d’éco/ätre ou de rhkéo- logal en certains lieux à ceux qu’on appelloit aupa- ravant /cho/aftique ; car 1l eft certain qu'il n’y avoit pas des univerfirés partout où 1l y avoit des églifes ca- thédrales, & que dans prefque toutes les églifes cathé- drales il y avoit des écoles & un chef d’études qu’on nommoit /cholaflique , auquel a fuccédé le théolo- gal ou lPécolâtre. De ce que le théolosal n’eft plus aujourd'hui ce qu'étoit le /cholaffique , 11 ne s'enfuit pas que le /cholaflique n’ait pas eu autrefois les mê- mes fonélions dans Les églifes cathédrales ; & fous le nom de clercs que le /cholaffique devoit inftruire , font compris les chanoines auxquels le théologal eft obligé de faire des leçons de Théolopie. Genebrard aflure que ce nom de /Cholaffique étoit 778 NUE Chez les Grecs un tirre d'office ou de dignité ecclé- fiaftique , femblable à la théologale des Latins, ou au notariat apoftolique ; &t 1l enapporte pour exem- ple Zacharie le /choiafhque , qui fous Juftinien avoit s rempli de pareils emplois. Quelquefois on le don- noîit par honneur à des perfonnages extremement | diflingués par leur fcavoir; & c’eft en ce fens que . Walafrid Strabon a appellé le poëte Prudence ZX Jcholaftique , c’eft-à-dire le doéleur de l'Éfpagne. On a même enchéri, en le mettant au fuperlatit, pour des hommes qu’on regardoit alors comme de fubli- mes génies : ainfi l’on a décoré Fortunat & Sedu- lius de l’épithete de fékolafäiffimi. Si Von croit Ca- faubon, Theophrafte, difciple d’Ariftote, eft Le pre- mier qui parle terme de /cholaflique ait défigné des perfonnages excellens en éloquence ou en érudi- tion. Du Cange , Gloffar. latinic. Baïllet , Jugem. des AV. # SCHOLIASTE , £. m. ( Belles-Lettres. ) écrivain quicommente ou quiexplique ouvrage d'un autre. Ce mot eft dérivé du grec æcAn> ouvrage, expli- cation. Nous avors plufeurs /choliafles grecs anonymes des poëtes grecs, dont on ne connoît pas les tems, tels que l'interprete anonyme de l’expédition des Argonautes d’Apollonius de Rhodes; le/choliafle d’A- riftophane, ceux d’Eurypide, de Sophocle, & d'Ef chyle, ceux d'Héfiode, de Théocrite, & de Pin- dare. Thucidide, Platon, & Ariftote, ont aufli eu leurs Jcholiaftes. Ona également des fcholiafles fur quelquesanciens poëtes latins, comme Horace, Juvenal, Perte ; mais au jugement des favans, tout ce que nous avons fous le nom de ces anciens interpretes, eft fort incertain, & qui plus eft fort défeétueux. Voyez Baillet , 7uge- anent des Savans , tome II. pages 189.190. 6 191. SCHOLIE , f. m. ( Mathém. ) note ou remarque faite fur quelque paflage, propofition, ouautre chofe femblable. Ce mot eft fort en ufage dans la Géométrie êc les autres parties des Mathématiques; fouvent après avoir démontré une propofition , on enfeigne dans un /cholie une autre maniere de la démontrer : ou bien on donne quelque avis néceffaire pour tenir le lcéteur en garde contre les méprifes ; ou enfin on fait voir quelque ufage ou application de la propoñition qu’on vient de démontrer. M. Wolf a donné par forme de fcholie, dans fes élémens de mathématiques, beaucoup de méthodes utiles, des difcuffions hifto- riques, des defcriptions d'inftrumens, 6e. Cham- bers. (E ) | SCHONAW , ( Géog. mod. ) petite ville d’Alle- magne, en bañle Siléfie , dans la principauté de Ja- wer , fur la rive gauche du Katzback, au midi de Nevkirck. Bucholier ( Abraham ) naquit dans cette ville en 1329, & mourut à Freïtad en 1584. Il a publié un index chronologicus , dont il s’eft fait plufieurs édi- tions avec la continuation, jufqu’au milieu du der- | nier fiecle. (2. J. ) SCACNEN, ou SCANIE, ( Géog. mod. ) province de Suéde ; elle-eft bornée au nord partie par le Hal- land, & partie par la Gothie méridionale , au midi ar la mer Baltique ; au levant par la Blekingie, & fa mer Baltique ; au couchant par l'ile de Sélande, dont elle eft féparée par le desroit du Sund. Elle peut avoir vingt-quatre lieues de long , fur feize de large; elle dépend aujourd’hui de la Suede. On fait que | Charles X. chaffé de Pologne par le fecours des Da- nois, projetta de s’en venger ; il marcha fur la mer glacée d’ile en ile jufqu’à Copenhague. Cet événe- | ment prodigieux fit conclure une paix en 1658, qui : rendit à la Suede la Scanie, une de fes plus belles S CH provinces perdue depuis trois fiecles, qu’elle avoit été cédée au Danemarck. Lunden en eff la capitale. PET | CCHÔNGAV , ou SCHONGA , ( Géog. mod.) petite ville d'Allemagne, dans la haute Baviere, fur le Lech, à 12 lieues au-deflus d’Augsbourg. Long. 26, 32. latit. 47. 30. ( D.J.) SCHONINGEN , (Géog, mod. ) petite ville, ou plutôt bourgade de l'Allemagne, au cercle de la bafle Saxe, dans la principauté de Wolffembuttel , vers les confins du duché de Magdebourg, & de la principauté d'Halberftat. (D. J.) - SCHOONHOVE, ( Géog. mod.) ville des Pays- Bas , dans la Hollande, fur la droite du Lech, à trois lieues de Gonda, & à égale diflante de Gorcum: elle a un port commode, qui lui a fait donner fon nom ; on y pêche beaucoup de faumons, dont il fe fait un grand commerce. Long. 22. 18. lat. 51, 55. Cette ville eft la patrie de Reïnier de Graaf, fa- vant anatomifte, qui mourut en 1673 à 32 ans. Tous les gens du métier connoïffent fon excellent traité latin fur les organes des deux fexes qui fervent à la génération. Les meilleures éditions font celles de Leyde & de Rotterdam, 1668, 1670, 1672, 1677, ir8°, { D. J.) | SCHONREIN , { Géog. mod. ) petite ville d'AI- lemagne; dans la Franconie, fur les confins de Pévé- ché de Wurtzbourg, à la gauche du Mein ,au-deffous de Gemund. Elle eft chef-lieu d’un bailliage , &c ap- partient à l’évêque de Wurtzbourg. Long. 27. 22% latit, 50. 6. (D. J.) | SCHOOUBIAK , f. m.( Hif. mod. ) feête qui s’eft élevée parmi les Mufulmans; ceux qui la profeffent difent qu'il ne faut faire aucune acception des ortho- doxes aux hétérodoxes; qu’il faut en ufer également bien avec tous, & qu'il n'appartient qu'à Dieu de fcruter les reins & les efprits. Ainfi lon voit que la folie eft de tout pays, la raïfon eft auffi de tout pays. Voilà des hommes autant & plus entêrés de leur religion qu'aucun peuple de la terre, prèchant la tolérance à leurs femblables ; on les accufe , com- me de raïfon, d’incrédulité , d’indifférence , & d’a- théifme ; ils font obligés de fe cacher de leur do@ri- ne ; on les perfécute; & cela parce que les prêtres étant les mêmes par-tout, il faut que la tolérance foit déteftée par-tout. SCHORNDORFE, ( Géog. mod. ) ville d’Alle- magne , en Suabe , au duché de Wittemberg, fur la rive gauche du Rhin, à fix lieues au nord-eft de Stut- gard : elle eft défendue par un château que les Fran« çois prirent en 1647, & 1707. Long. 28, 4, latis 49, 45. | Scherdin (Sébaftien ) lun des plus grands géné- raux du xv]. fiecle, naquit à Schorrdoff en 1495 , de’ fimples bourgeois. Après avoir fervi l’empereur, le fénat d’Augsbourg, & les troupes du cercle de Sua- be , Charles - Quint le nomma capitaine général de fes troupes contre François I. Il accompagna Hen- ri II. dans fes expéditions du Rhin & des Pays-bas. Enfin, il fervit avec gloire l'empereur Ferdinand I. & mourut comblé d’honneurs & de penfons , en 1577, à 82 ans, (D.J.) | SCHOUMAN , ( Géog. mod.) ville de Perfe, fi- tuée dans le fogd ou plaine de Saganian. Lozg. felon Abulféda , 91, 30. lauir. féptentrionale, 37. 20. D. J, SCHOUSCH, SCHOUSCHSTER, & SOUSTER, . (Géog. mod.) c’eft le nom de l’ancienne ville de Suze , capitale du Khoureftan , qui eft l’ancienne Suziane. Les Perfans qui l’appellent auffi Tofler, tiennent par tradition, qu’elle a été bâtie par Houfchenk, troifieme roi de Perfe , de la premiere race , nom- mée des Pifcdadiens, Les tables arabiques donnent à cette cette ville 844, 30°. de longitude, & 31. 30. de lat- rude feptentrionale , & la placent dans le troifieme climat. Voyez Suse. (D. J.) _ SCHOUSTACK , f. m. ( Commerce. ) petite mon- noie de Pologne, qui vaut environ cinq fols argent de France. SCHOUT , f. m. ( 1/4. mod. ) c’eft ainf que l’on nomme en Hollande un magiftrat ou officier public, dont l’emploi eft de veiller à lobfervation de la po- lice, & de punir foit par la prifon, foit par une amende pécumiaite , ceux qui troublent le bon ordre & la tranquillité publique. SCHOUTEN , LES ILES DE, (Géog. mod.) îles de la mer du fud au nombre de quinze, découvertes en 1616 , par Guillaume Schouten, hollandois , qui leur donna fon nom. Elles font à environ $ degrés de la- titude méridionale, vers les 174 degrés de longitude, à lorient de la nouvelle Bretagne , & à une petite diftance des côtes de la nouvelle Guinée, autrement dite la terre des Papous. (2. 7) SCHOWEN , (Géog. mod.) îles des Pays-Bas, dans la Zélande , féparée au nord de celles de Goë- rée & d'Overflacke , & au midi de celles de Wal- . Cheren & de Noort-Beveland, par l’Efcaut oriental. Elle a 7 lieues de tour, & étoit autrefois beaucoup plus grande, mais la mer en a fubmergé une partie. Elle produit beaucoup de garence. Ziriczée en eft la capitale, (D. J.) SCHREVE , qu’on appelle autrement FERTEL, f. m, (Comm.) mefure des liquides , dont on fe fert prefque généralement par toute l'Allemagne. Voyez FERTEL. Didion, de Commerce. & de Trév. SCHROBENHAUSEN , (Géog. mod.) petite ville d'Allemagne , dans la Baviere , au département de Munich, fur la rive gauche du Par, au-deffous d’Ai- cha, au nord-eft; & au midi de Neubourg. Long, 29. 55. 4Lar, 49, 34. (D.J.) - SCHUDAPANNA , £ m. (Æif. nat. Boran.) genre de palmier , dont les fleurs font compofées de trois pétales ; elles ont des étamines & des fommets, mais elles font ftériles. Les fruits naïflent féparément fur les mêmes branches que les fleurs , ils ont une trom- pe, ils font mous, charnus, pleins defuc, & ils ren- ferment de petits noyaux qui contiennent chacun une amande. Pontedere anthologia. Voyez PLANTE. : SCHUENIX, (Géog. mod.) Voyez SCHWEIDNITZ. D. JT. | SCHUELT, £ m. (Æ1/f. nat. Boran.) arbrifleau des Indes orientales : il y en a deux efpeces; le pema- Jéhulli na aucunes propriétés connues. Le »ir-fchulli a des feuilles , qui , pulvérifées & mêlées avec de l'huile, diflipent les tumeurs des parties génitales. SCHUSS , LA , (Geog: mod.) riviere d'Allemagne, dans la Suabe. Elle prend fa fource près de la ville de Buchau, baigne celle de Ravensburg , & fe perd dans le lac de Conftance, (D. J. SCHUT oz SCHIT , (Géog. mod.) île de la haute Hongrie , formée par deux branches du Danube, un peu au-deflous de Presbourg. On diftingue le grand & le petit Schur ; ce dernier eft peu de chofe en éten- due, & à-peu-près défert. Le grand s’étend à la gau- che du Danube , & renferme l’efpace qui eft entre Presbourg & Comore. Cette derniere ville y eft com- prie avec quelques bourgs; on donne au grand fchur dix milles de long, fur trois de large. SCHWALBACE , (Géog. mod.) 1°. bourg d’Alle- magne, au Wefterwald, & dans les états de Naffau, fur la riviere d’Aar, à 3 liéues au-deflus de Dietz. - 2°. Bourg de même nom , fur la même riviere, à environ 3 lieues au-defius du précédent, dans le bas comte de Catzenollobogen ; on le nomme Langen- Jchwalbach , pour le diftinguer de l’autre ; mais il eft encore plus connu par fes eaux minérales aigrelet- tes, & fort eflimées, A Tome XIF, TenvOyOit le myrte & le droit de chanter à la premiere du fe- cond hit: celle-ci a la premiere du troifieme » 7 ainfi du refie, jufqu’à ce que tout le monde eût dit fa chanfon. Quelque-uns croient que les /colies avoient tiré leur nom de l’irrégularité du chemin qu'on faifoit faire à la branche de myrte. On attribue à Terpandre l'invention des Jcolies, & à fon imitation Alceé, Anacréon & la favante Pra- xilla en firent, Ces fco/ies regardoient ou la morale , Ou la mythologie , ou l'hiftoire , quelques-unes étoient fatyriques , d’autres rouloient far Pamour, d’autres fur le vin, 8 dans celles-ci il étoit fouvent fait mention du cottabe, Foyez COTTABE & CHAN- SON. SCOLLIS, ( Géog. anc, ) Scolis, dans Xénophon & dans Etienne le géographe , montagne du Pélo- ponnèle dans lAchaie propre. Strabon , Liv, VIII. P-357. dt que le fleuve Lariflus y prenoit fa fource, SCO sor &c qu'elle étoit fommée Hérpr n'xd/n, Perra Olenia, par Homere, Il dit ailleurs que la montagne Seollis étoit commune aux Dyméens, aux Tritéens & aux Eléens, & qu’elle ne faifoit qu'une même chaîne avec lamontagne Lampéia dans lArcadie, (2.7) SCOLOPENDRE , voyez MILLEPTÉS, SCOLOPENDRE yi/gaire, ( Boran, ) voyez LANGUE de cerf, Botan. - | SCOLOPENDRE DE MER, phyfalus, infeête auquel ondonneenNormandielenom de atipe dermer;1ila une conformation trés-particuliere, & une forme ovale ; fon corpseft plus large au milieu qu'aux extrémités de partie poftérieure fetermine en pointe. L’abdomen eft fillonné par des rugoñités, & convert de poils fins & foyeux. Il y afur chaque côté du corps vingt-huit appendices terminées chacune par une aïgrette de. poils roides ; onicroit que ces appendices fervent au mouvement propgrefñf de cet animal en faifant les fonétions de nageoires ; quand les aigréttes de la Jéolopendre {ont hériflées , elle a quelque reflém- blance avec un porc-épic; la couleur de ces agrettes n’eft pas la même dans tous les individus , dans les uns elles font d’un noir luifant ou d’une belle couleur d'or, & dans d’autres elles ont une belle couleur verte. La bouche fe trouve dans la partie antérieure du corps qui eft terminé par une appendice reflem- blant aux barbes de certains poiflons. Le dos eft plus convexe que le ventre, & couvert de tubercules plus petits que les appendices des côtés » & hériflés de poils , dont les uns font roides & les autres lanugi- neux. La peau du dos eft fort ample » Tn’a aucune adhérence avec les parties qu’elle recouvre ; i1ya de chaque eôté du corps un grand nombre de petits frous qui s’ouyrent an dehors entre les appendices latérales, & qui donnent à l’eau un libre pañlage en tout fens , par le moyen de la contradtion & de 1a di. latation alternative de cette peau. Cet infee fe groflit beaucoup hors de l’eau en dilatant la peau du dos , alors il remplit d’air la cavité que forme cette dilatation, & il furnage très-aifément ; s'il contracte enfiute cette peau, l'air fort , la peau s’affaifle | & l'animal s’enfonce dansl’eau. Co/éion académique tome V, de la partie étranoere, Voyez INSECTE. SCOLOPOMACHŒRION , {. m. (Chirur, anc.) c’eft un biftouri que les Grecs appelloïent de ce nom, Qui veut dire bec de bécaffe. Il fert à dilater Les plaies trop étroites de la poitrme , & à ouvtir les orands abicès, Aquapendente le recommande pour l’ouver- ture du ventre des hydropiques au-deffous du nom- bril, afin d’en épuiler les eaux; mais on ne fe fert point aujourd’hui de cette méthode, Le biflouri en queftion doit avoir un petit bouton de fer à {a pointe pour la dilatation des plaies de la poifrine, crainte de bleffer le poulmon. Scultet en a donné la figure dans {on arfenal de chirurgie. Ce mot eft dérivé de cuoddmaË , bécaffe > &c fat æipeov y COUTEAU, (D. Je) L SCOLUS , ( Géog. arc. ) ville ou village de la Bœotie dans la Parafopie : ce village fitué, felon Strabon, Z. LX, p. 408. au pié du mont Cythéron, étoit dans un quartier rude, & où il n’étoit pas aifé de marcher, ce qui avoit donné lieu au proverbe, Ê a F1 2 \ » Un. Fi 3 Eré Enohov MÉT auros lue | ir dAAo médes ? c’eft auffi apparemment ce qui avoit occafionné fon NOM ; Car cxwa« fignifie une forte d’épize, & tout ce qui peut bleffer les piés de ceux qui marchent, Du tems de Paufanias | Sco/us ou Scolum ne fub- fiftoit plus ; car en décrivant le chemin de Platée à Thebes, il dit, Z ZX. c. iv. avant de pafler lAfope , fi, en fuivant fon cours & en defcendant, vous vou- lez faire quarante flades, vous verrez les ruines de la ville de Sco/um , parmi lefquelles s’eft confervé un temple non encore achevé de Cérès & de Profer- pine, avec deux buftes de çes déefles, Strabon nous 802 SC O apprend , IX, p.408. qu'il ÿ avoit eu autrefois une ‘autre ville du nom de Sco/us | au voifinage de celle d'Olynthe. (D. J.) | SCOLYMUS ,{. m.( Botanique. ) où épinejaune , genre de plante, dont voiciles caracteres. Son calice eft écailleux ; fes fleurons font féparés les uns des autres par une petite feuillemince qui les couvre ; a femence, quand elle eft müre , reite attachée à la feuille. Cette plante a toute apparence d'un char- don : on en compte deux efpeces, mais qui n’ont pas befoin d'une defcriprion particuhere. (D. J.) SCOMBRARIA , ( Géogr. anc.) promontoire de TEfpagne tarragonoife. Ptolomée, Z. II. c. vi. Le marque fur la côte des Conteftains, entre la nouvelle ‘Carthage &c l'embouchure du Tuder. Peut-être que e’eft le promontoire de Saturne de Pline, & que le nom moderne eft Cabo-di-Palos. ( D. J.) SCOMBROARIA , ( Géog. anc.) ile {ur la côte d’Efpagne. Strabon , Z. 111.c, clix. qui dit qu’on la nommoit auf l’{le d'Hercule, la met à 24 flades de la ville de Carthage. Il ajoûte que les maquereaux, Jcombri, qu’on y pêchoit lui avoient donné fon nom. SCOMIUS, ( Géog. anc.) montagne de la Thrace: c’eft une partie du mont Hémus, voifin de Rhodope, du côté du feptentrion. Le fleuve Strymon , felon Thucydide, /. II. p.106, ed. 1614, prenoit fa fource dans cette montagne. (D.J. SCOON o1 SCONA , (Géog. mod.) bourg d’Ecoffe dans la province de Perth , un peu au - deflous de Ruthwen , fur la rive gauche du Tai. Ce bourg étoit autrefois célebre par une riche abbayé d’Auguftins, dans laquelle étoit la chaire de marbre qui fervoit au couronnement des rois d'Ecoffe. Cette chaire fut enlevée par EdouardI. roi d'Angleterre, & elle fe voit aujourd’hui dans l’églife de Weftminfter.(D.J.) SCOPÉLISME , f. m. ( Magie.) efpece de charme qui fe pratiquoit principalement en Arabie ; on croyoit qu’en jettant des pierres enchantées par for- tilese dans un champ, on l’empêchoit de rapporter. On fait comment le payfan Furius Ctéfinius, accufé du crime de /copélifine , fe juftifia devant le peuple romain. (D. J.) SCOPELOS, ( Géogr. anc.) nom donné par les anciens à quatre îles différentes ; l’une fur la côte d’Icnie ; lafeconde, au-devant de la Troade; la troi- {eme eft l'une des îles de la Propontide ; & la qua- trieme , placée par Prolomée , Z. LIT. c. xiv. près de la côte de la Macédoine, eft à préfent connue fous le nom de Scopoli, Voyez ScoPoLt. (D. J.) SCOPELUS , ( Géog. anc.) nom de deux villes: l'une de la Sarmatie afatique fur le fleuve Varada- nus ; Pautre de Thrace. Leunclavius dit que les Turcs appellent cette derniere J/cheboli, (D. J.) SCOPETIN , f.m. (ff. de la mail. franc.) cava- lier armé d’une fcopette ou efcopette; car on trouve lun &c l’autre mot dans Monet. L’efcopette , dit Fu- retiere, eft une,arme à feu faite en forme de petite arquebufe. Les gens d’armes s’en fervoient fous Hen- ri IV. & Louis XIIL. Elle portoit quatre à cinq cens pas. (2. J.) SCOPIA, ( Géog. mod.) vulgairement Ufchup , ville autrefois capitale de la Dardanie , & nommée par les anciens géographes Sczpi. Voyez Scupr. Scopia eft à préfent une ville de la Turquie euro- péenne dans la Servie, frontiere de la Macédoine, près du Vardari, qu’on y pañle fur un pont de dou- ze arches, à 72 lieues au fud-eft de Belgrade. Il y a un archevêque latin qui left auffi d’Ochrida. Laxis, 42. 15. (D. J.) SCOPIUS , ( Géog. anc. }nom d’une montagne, felon Pline, Z. 1. c. x. & d’un fleuve de la Bithinie, felon le même auteur, 2. c, xxx. ( D. J.) SCOPOLI 1SLES DE ( Géog. mod. ) Scopelo, Sco- S C O pello 8t Srogli, par les anciens Scopelos , ile de l’Ar- chipel , entre celles de Sciatta & de Dromi, au-de- vant du golphe de Salonique. Elle a douze milles de circuit, & environ fix mille habitans. | Il ya un bourg dans cette île, devant léquel les vaifleaux peuvent donner fond {ur dix à douze brafles d’eau ; on y chargetdu blé & du vin qui eft fort du goût des Vénitiens, Les François y ont un conful, & les habitans ne payent à la Porte que cinq mille écus de tribut, qu’ils font tenir eux-mêines à Conftantino- ple. Long. 42.10. latit. 39. 32.(D.J.) (| SCORBUT , ( Maladies. ) le nom de /corbur a au jourd’hui une fignification bien plus étendue qu’ilne Vavoit du tems des anciens. Rien n’eftplus ordinaire, par exemple , que de mettre la cachexie, la goutte, la dyfpnée, la paralyfe, le rhumatifme & autres af feétions femblables au rang des affe&tions {corbuti- ques. | | Le fcorbut proprement dit eft une maladie à Ia quelle les habitans des côtes du nord font fort fujets, & qui eftla fource de plufeurs autres maladies. Comme ce mal trompe fouvent par la grande va- riété de fes fymptomes , 1l faut en décrire l’hiftoire pour en faire connoïtre la nature. | Les Anglois , les Hollandois, les Suédois, les Da nois, les Norwégiens, ceux qui habitent la bafle- Allemagne , les peuples du Nord , ceux qui vivent dans un climat très-froid , furtout ceux qui font voi- fins de la mer, des lieux qu’elle arrofe , des lacs , des marais ; Ceux qui qui habitent des lieux bas, fpon- gieux, gras , fitués entre des lieux élevés & fur les bords des rivieres &z des fleuves ; les gens oififs qui habitent des lieux pierreux pendant l'hiver ; les ma- rins qui fe nourriflent de chair falée enfumée , de bifcuit, d’eau puante &c croupie ; ceux qui mangent trop d’oifeaux aquatiques, de poiflon falé endurcs au vent & à la fumée, de bœuf, ou de cochon falé &t enfumé, de matieres farineufes qui n’ont point fermenté, de pois, de feves, de fromage falé, âcre, vieux; ceux qui font fujets à la mélancolie, & la ma- nie, à l’affettion hypocondriaque & hyftérique, &à des maladies chroniques , & principalement qui ont fait un trop grandufage de quinquina ; tous ceux-là, dis-je , font fujets au /corbur, ï Les phénomenes de ce mal dans fon commence- ment, dans fon progrès & dans fa fin, font les fuivans: On eft extrèmement parefleux, engourdi; onaime à être aflis & couché ; on fent une laffitude fponta= née , & une pefanteur par tout le corps ; une douleur dans tous les mufcles, comme fi on étoit trop fati- oué, & furtout aux cuifles & aux lombes ; on a beaucoup de peine à marcher, furtout en montant &t en defcendant ; Le matin en s’éveillant on fe fent comme rompu. 2°. On refpire avec peine, & on eft hors d’ha= leine, prefque fuffoqué au moindre mouvement; les cuiffes s’enflent &c fe defenflent, 1l paroït des taches rouges, brunes , chaudes, livides, violettes; la cou- leur du vifage eft d’un brun pâle, Les gencives font gonflées, avec douleur, démangeaïfon, chaleur, & faignent pour peu qu’on les prefle; les dents fe de- chauffent êc s’ébranlent ;on fent des douleurs vagues par toutes les parties internes & externes du corps, d’où naïffent des tourmens cruels à la plevre, à l’ef- tomac, à l’ileum , au colon, aux reins , à la véficu- le du fiel , au foie, à larate, &c, Il y a des hémor- rhagies fréquentes, 3°. Les gencives font d’une puanteur cadavéreufe; elles s’enflamment : il en fort du fang goutte-à-sout- te; les dents vacillent, devienent noires, jaunes, cariées , 1l fe forme des anneaux variqueux aux vei- nes ranines ; il arrive des hémorrhasies fouventmor- telles par la peau , fans qu’il paroïfle aucune bleflu- re, par les levres , la bouche , les gencives, l’éfo- phage phage,, l'efiomac , 6e. il fe forme fur tout le corps, & principalement fur Les euiffes, des ulceres puans Opiniâtres, qui ne cedent à l’abplication d’aucunre- mede. RH Le fang tiré des veines a fa partie fibreufe, noire, grumelée, épañile, & cependantil eft diflous quant à fa partie fereufe qui eft falée, âcre &z couverte d’u- ne mucçofité ,. dont la couleur eff d'un jaunertirant fur le verd. On eft tourmenté de douleurs rongean- tes, lancinantes qui paflent promptement d’un en- droit à un autre, qui augmentent durant la nuit dans tous les membres, dansles jointures, les os, les vif ceres ; 1l paroit fur la peau des taches livides. 4°. On eft fujet à différentes fievres chaudes ma- lignes, intermittentes detoute éfpece , vagues , pé- riodiques, continues , qui produifent l’atrophie,, des vomuflemens , des diarrhées, des dyflenteries: à des ftranguries fuccedent la lipothymie, des anxié- tés mortelles, l’hydropifie, la phthife , les convul- ions, les tremblemens, la’ paralyfe, les crampes, les vomiflemens & des felles de fang ; le foie, larate, le pancreas & le méfentere fenpourriflent; alors le mal eft très-contagieux. | La nature & les effets du /corbur nous démontrent fa caufe: c’eft un fang épaifh dans une de fes'parties, &t diffous dans Pautre , d’une âcreté & d’une falure alkaline ou acide, circonflances aw'il faut furtout foïgneufement rechercher 87 diftinguer. Traitemenr. La cure thérapeutique confifte à dou dre ce qui eft épais, à rendre mobile ce qui croupit, à donner de la fluidité à ce qui eff trop lié. 2°. Il faut épaïflir ce qui eft trop tenu, adoucir Pâcreté reconnue. 3°: En corrigeant Pun, 1l fauttoujours avoir écard à la nature de l’autre. - Les forts évacuans ne font qe rendre le malre- belle. Dans le premier degré on a recours à la faignée, à la purgation avec un minoratif, 8 répetée plus d'une fois. On peut fe fervir de la potionfuivante. Prenez d’une infufion de chicorée , huit onces: de -marnne , deux onces: de tamäarins, une once; de fel polycrefte , deux gros; de firop de rofes folutifavec le fené, fix gros. Faites-en une potion que l’on prendra le matin à jeun. Quelques jours après on peut prendre la potion fuivante : Prenez d’eau ou d'infufion de fumeterre, quatre onces: d'élixir de propriété, deux gros : de firop de raïfort, une once. On! employera enfuite diférens remedes digeftifs 87 atténuans, tels que la teinture de fel de tartre ou de mars, le tartre vitriolé , diffé- 2 rens Clixirs , différens fels volatils huileux, &e. les | favons de toute efpece , les oxymels , les conferves d'ofeille, d’alleluia, les oranges, les citrons, les li- mons 6c les grenades , & enfin les antifcotbutiques de la premiere clafle , tels que les plantes aromati- ques , ombelliferes & libiées , les cruciferes, les menñthes , les patiences, les eupatoires , les orobes , les abfynthes êc autres, les creffons , le becabunga, le botrys , Gc. Enfin on doit régler le régime , de façon qu’il foit tout oppole aux caufes de la maladie, Dans le fecond degré, on ufera de fcorbutiques un peu âcres tels que l'ail, l’ailliaire, le pié de veau, le grand raifort l’abfynthe,les oignons, le cochlearia, Vaunée , la gentiane , le paftel, le pañerage , le rai- fort fauvage, le trefle d’eau , la moutarde, & la pe- tite efpece de joubarbe. On peut en faire des infufons, des apozemes, des bouillons, des firops, des juleps, & autres pré- pafations. | Suc antifcorbutique. Prenez de raifort fauvage ratif- lé, quatre onces : de feuilles récentes de cochlearia Toms XIV. e SCO $oy detfummulaire 8 d'ortie, de patience! des: jardins y dé) becabunga &c, d'ofeille fauvage ou des jardins, de chaqueune poignée ;exprimez-en le fuc, 87 lemêz lezavecduwfucre;on enprendra fix fois parjour,une demi-oncepar fois. neliSit nome L'efpit-antifcorbutiqué: fuivant eft aufi indiqué, Semences Prenez de moutarde, de raifortdes jar dns, deroquette, develar ; de creflon: de jardin } de fewulles de cochléaria, de chaque une-onte : de paflerage & de raifort fauvage , de: chaque deux poignées ; après les avoir hachées menu!8x bto véesy vous y ajouterez du fel marin, deux onces ; d’écume debierre , une once; d’efprit de vin quantité fuffi= fante ; difillez trois fois, &ccohobez à chaqueifois. On peut auf des mêmes herbes faire un vin mé: dicinal ; où une biere antifcorbutique, en prenant les fetulles, les racines des plis énergiqués, 18 les faifant macérer dans un tonneau de biere em fer mentation , où dans une quantité de: vin. du: Rhin fufifante,. ; Dans le troifieme degré, les remedes décrits cts deflus font excellens ; on doit ufer copieufement de hquides doux, de diurétiques, antiféptiques, d’antis fcorbutiques ; provoquer longtems :8 légerement les'fueurs ,lles urines êc les felles. 1 On peut , par exemple; lordonnerlesantifcorbus tiques dans le petit-lait dans-l’eau de nymphea où de puimauve, dans le lat le gruau, & d’autrefiçcon plus appropriée, 29314 On peut adoucir les fucs, les infufons , avec les firops de citron, de violette ou de nymphea: Dans Le quatrieme degré la malade ef defefpé. rée; rarement arriveitalique l'on réufile, & que même lontente la guérifon. L Le /corbur et une! maladie terrible , lorfaw’il eft conirme; elle ef vraimentontagiente; & le cada: vre d'ün fcorbutique, lorfqu'il vient à pouriir, eff une) feménce terriblement eficace pour en étendre au loin l’infeétion; on le confond aujourd’hut avec le maladie hypocondriaque, il eft vrai que cette ma- ladie à beaucoup d’affaité dans fes fuites avec le Jféorbus. : Sas D Le changement d'air & de climat ref moyen afluré pour fe garantir du /corbus dans ceux qui en font menacés ; l'exercice modéré , le calme des paf Bons , lufage d’alimens doux, noutriflans, légere Tnènt aromatifés , font des moyens {ürs de prévenir un mal fi terrible, RE : Le lait & les autres ‘alimens où médicamens de cette nature, quoique contreindiqués dans le fcorbue en général à caufe de Pépaffiflement,dugrumellément &t de la dépravation du fang , peuvent cependant faire bien, & procurer du foulagement dans les cas d’acrimonie , de diffolution. Comme les fymptomes du /corbur font infiris , & que leur multitude avec leur différence infinie con- tribue beaucoup à déguifer cette maladie &r à la maf= quer ,il faut reconnoitre leur caufe , & ne-point s’ex- pofer à prendre le change; toures les maladies peu- vent {e couvrir de Papparence du /corbur , &t celui ci peut prendre la tournure de toutes les maladies ima- ginables. C’eft ce qui fait la difficulté du diaenofie &t du prognoftic, | On peut déterger les gencives &c leurs ulceres avec lefflence d’ambre, la teinture de myrrhe , le ftôrax , l’efprit-de-vin camphré, l’efprit de/fel dulci- fié qu’on mêlera avec le miel rofatr; & für les tu- meurs fanguinolentes on appliquera delonguent ægyptiac mêlé avec du miel rofat & de l’efbrit de cucillerée ; on fera boire au malade une décofon de raifort dans du lait, ou de fommités de pin dans de la biérre, , | Le fcorbur qui étoit jadis inconnu dans ños con: trées, y devient commun comme en Angleterre JIi1i 804 SC CO le fpleen quinous vient de cetteîle, nous ameneauff le premier. Les maux de rate ordinaires àlnos Vapo- reux, à nos. gens de lettres, 8 à mille gens qu'une éducation impérieufe &c trop remplie de fentimens de préfomption met fort au-deflus de leur rang & de leur état , ont faitnaître dans notre climat les mala- dies dé l'efprit êcle /éorbus. La même caufe qui a mul- tiplié les vapeurs, ou cette maladie des gens defprit qui régne à la cour, comme à la ville, chez le mat- Chand, comme chez l'homme de robe, a femé en même tems le /corbut fur nos côtes, &t dans le centre même de la capitale; & Paris, par le déréglement des mœurs, & la folie qui conduit Pefprit de fes ha- bitans, eft auffi incommodé du /torbur que les peu- ples du Nord. | L’afe@ion hypocondriaque peut d'autant mieux difpofer à cette maladie, qu’elle rend les tendons , les nerfs & les autres parties fenfibles du corps d’une fécherefle.extrème : cette aridité caufe une effervef- cence avec un épaiffiflement du fang qui vient à pren- dre üne confiftance réfineufe, & qui formant des obftruétions dans les vifceres , empêche les fécre- tions, les exérétions, &c détruit l’ordre des fonétions naturelles , qui dépend de légalité de ces mêmes fé- crétions ; les impuretés de la lymphe & de laférofité retenue dans la mafle des humeurs, y produifent cette diflolution, ce felmuriatique & ces difpofitions cacheëtiques, éréfipilateufes de l’habitude du corps, ces hémorrhagies , ces ulceres, ces croutes,,, ces ta- ches violettes qui font fuivies le plus fouvent de la gangrene. On peut donc regarder le chagrin ou la folie de: l’efprit jointe au mauvais régime, comme Ja premie- re caufe & l’époque de la naïfflance du /corbut dans le cœur du royaume, où il ne peut être produit par les mêmes caufes que celui des gens de mer. Le fcorbut dont on vient de parler, produit par Les vapeurs , eft celui des riches que la faignée, le régi- me exaét, les évacuans peuvent guérir, d'autant qu'il provient d’un fang trop étoffé , &c trop garni de parties volatiles & fulphureufes , par l'abondance de toutes les chofes néceflaires à la vie, par le défaut d'exercice, la vie oïfive , & l’intempérance ordinai- re aux perfonnes aifées. Le fcorbur des pauvres eft bien différent ; la mi- fere, la difette & les calamités publiques le fontnai- tre ; la famine, le mauvais air, l’'ufage d’alimens cor- rompus , de blés sâtés, d’eau croupie 8 puante , de vin & de biere aigre entretiennent cette difpofition vicieufe du fang ; les pauvres dans les hôpitaux, les Holdats dans les hôpitaux militaires, dans Les camps nombreux où les eaux êc les vivres font rares, font très-fujets à cette maladie. Le /corbur des pauvres demande à être traité d’une façon toute différente de celui desriches, la faignée &t les évacuans y deviennent nuifibles; les remedes -violens y font dangereux ; il faut ici foutenir les for- ces vitales languiflantes , réparer les parties fulphu- reufes du fang qui font ou détruites ou en petite quantité ; il faut réveiller les efprits, enrichir de par- ties volatiles & nourricieres le fang qui manque de Subftance folide ; la nourriture tempérante & eu- peptique , modérée, donnée à de fréquens interval- les, les cordiaux doux font les meilleurs remedes pour cette efpece de /corbut. ‘On peut voir par tout ce qui vient d’être dit , que le fcorbur eft une maladie fort compliquée , difficile à connoitre, & encore plus pénible à guérir. C’eft ici que l’on peut dire : a7s longa, visa brevis , judi- pauareus, eft un nom fort commun dans PEcriture, & qui a plufieurs fignifications. 1°. Ilfe prend pour un écrivain, un fecrétaire; cet emploi étoit très-confidérable dans la cour des rois de Juda. Saraia fous David, Elioreph & Ahia fous Salomon, Sobna fous Ezéchias, & Saphan fous Jo- fias , étoient revêtus de cet office. IT. Reg. vi. 17, ax. 25, 1V, Reg. xix. 2, xxxij. 8 G 0. 2°, Tfignifie un commiflaire d'armée qui fait la revue des troupes, qui en tient regiftre, qui en fait le élénombrement, Jérémie parle d’un Jéribe qui étoit S'C'R chef ou prince des foldats, 8 qui leur faifoit faire Pexercice, c. 15.25. On en trouve aufh le nom em- ployé en ce fens dansles Machabées, Z. Z. 3°. Scribe fe prend principalement pour un hom- me habile ,un doéteur de a loi, dont le miniftere confiftoit à écrire 87 à interpréter l’Ecriture. Quel- ques-uns mettent l’origine de ces /cribes fous Moïfe ; mais leur nom ne paroït pour la premiere fois que fous les juges. D’autres croient que David les infti- tua; & d’autres enfin, que comme il eft rarement parlé des Jcribes avant Efdras, & beaucoup depuis Jui, cette dignité étoit venue de la Chaldée ou dé l'Afyrie, & qu’elle fut premierement établie par les Juifs après leur retour de la captivité. Quoi qu’il en foit, ces feribes où doéteurs de la loi, étoient fort en crédit & très-eftimés chez les Juifs, où ils avoient le même rang que les prêtres & les fa- crificateurs, quoique leurs fon&ions fuflent diféren- tes; celles des fcribes étant uniquement d’étudier la loi, de l’enfeigner & de l'expliquer. Les Juifs en diftinguoient de trois fortes; 1°. ceux dont nous venons de parler, que lon appelloit pro- prement Zes fcribes de la loi, & qui étoient les plus confidérables; leurs décifions étoient reçues avec um refpeét égal à celui qu’on portoit à la loi de Dieu même. 2°. Ceux qu’on appelloït proprement féribes du peuple, étoient une forte de magiftrats , tels qu'il y en avoit auf chezles Grecs. 3°. La derniere efpe- ce de /tribes étoient des notaires publics, ou des fe- crétaires du fanhedrin. S. Epiphane & l’auteur des récognitions attribuées à S. Clément, comptent Les fcribes parmi les fetes des Juifs; mais il eft certain que les /éribes ne for- moient point de feéte particuliere, 8 quil y avoit des fcribes de toutes les feétes. IL paroit feulement vraiflemblable que du tems de J. €. où toute la fcien- ce des Juifs confiftoit principalement dans les tradi- ditions pharifiennes, & dans lufage qu’on en fafoit pour expliquer Ecriture, que le plus grand nombre des féribes étoient pharifiens ; & on Les voit prefque toujours joints, enfemble dans l'Evangile. Calmet, Did, de la Bibl. r. II. lert. y. p.303, SCRIBE , ( Commerce. ) celui qui écrit. Il ne fe dit guère à Paris que de ces écrivains qui écrivent chez eux pour le public , ou qui ont de petits bureaux en divers endroits de la ville, où ils fournifient tout ce qui eft néceffaire pour écrire , comme plumes, pa= pier, encre , cire à cacheter, Gc. à ceux qui dans quelques occafions preffantes & fubites font obligés de drefler des mémoires ou d'écrire des lettres. Yoyez ECRIVAIN. Scribe. On nomme ainfi à Bordeaux deux des com- mis du bureau du convoï, qui font la plûpart des écri- tures qui y font néceflaires, & où ils demeurent tous les jours depuis huit heures du matin jufqu’à onze, & depuis deux heures de relevée jufqu’à cinq, pour enregiftrer les déclarations des marchandifes , char- ges des vaifleaux, tenir regiftres des bateaux ou vaif- feaux qui entrent ou fortent , les droits qui font dûs, &t expédier tous les aétes néceflaires à ces diverfes opérations. Voyez CONVOI. Scribe eft auffi le nom qu’on donne dans les bureaux de la comptablie de la même ville , à trois commis dont les fonétions font de faire toutes les billettes fu- jettes au droit de fortie au menu, auffi-bien que tou- tes celles des fénéchauflées qui ne doivent rien ; ils reçoivent pareillement toutes les déclarations d’en- trée de terre , c’eft-à-dire tout ce qui arrive à Bor- deaux par la Dordogne & par la Garonne. Voyez COMPTABLIE, MENU, BILLETTE, 6c. Ditionn. de Commerce. SCRINIUM , 1. m.( Lutérat, ) Ce mot fignifie um portefeuille, un coffre , une cafferre, une armoire à met- tre des papiers ; nous dirions un bureau, Voici lex= SCR phcation des divers bureaux établis paf les enipé- reurs romains, pour la geftion des affaires de l’état, Scririum difpofitionum , bureau de la chambre où s’expédioient les jufñions ou mandemens de Pempe- reur ; & celui qui préfidoit à ce bureau fe nommoit cornes dif pofrtionum.- | x. Scriniur épiflolarum, bureau de ceux qui écrivoient les, lettres du prince. Augulfte écrivoit les fiennes lui- même , & les donnoit enfuite à Mécénas & à Agrip- pa à corriger, comme nous l’apprenons de Dion , Eb. X XF. Maïs les autres empereurs fe fervoient or- dinairement de fecrétaires, à qui ils les dittoienr, ou à qui ils fe contentoient de dire la fubftance des cho- fes qui devoient être écrites, mettant {eulement au bas vale de leur main. . Scrinium libellorum , bureau des requêtes qu’on préfentoit au prince pour lui demander quelque gra- ce. Nous avons dans la notice de l'empire par Pan- cirole, ch. xcyy. Vexemple d’une requête qui fut pre- fentée à l’empereur Antonin le pieux, par un nommé Arrius Alphius , affranchi d’Arria Fadilla, mere de Pempereur. Cette requête tendoit à ce qu'il lui fût permis de ramaffer les os de fa femme & de fon fils dans un cercueil de arbre , parce qu'il ne les avoit mis que dans un de terre , en attendant que la place quil avoit achetée pour y faire un monument füt ac- commodée. On fera bien aife d’en trouver ici les pro- pres paroles. Cm ante hos dies conjugem € filium ami- férim, & preffus necefficate , corpora eorum farcophago fétili commendaverim, donec quiesis locus quem ermeram, ædificaretur , vit flaminié inter milliare fecundum & tertium acutibus ab urbe parte levé , cuflodia monumenti Flam. Tymeles Ameloæ M. Signi Orpili; rogo, domine, permittas mihi in eodem loco , in marmoreo farcophago , quem mihi mod comparavi , eadem corpora colligere, ut quando & ego effe deftero, pariter cûm üis ponar. Etil eft répondu-au bas du placet, fferi placer. Jubentius Celfus promapifier | fubjeripfi. Scririum memorie, bureau où Pon ferroit tous les extraits des affaires décidées par le prince, &en con- féquence fes ordonnances à ce fujet, pour en expé- dier enftute des lettres patentes plus au long.On lap- pelloit /crinium memoriæ, pour {e reflouvenir des ex- péditions qu’il falloit faire Le plàtôt poffñible. Ce bu- reau étoit compolé de 62 fecrétaires nommés /crima- ri memoriæ & mamurtales , dont il y en avoit douze qui fervoient à la chancellerie, ë& fept autres nom- mês antiquarti, qui avoient le foin de tranfcrire les vieux livres pour les conferver à la poftérité. Le pre- mier miniftre du bureau s’appelloit #zagiffer fcrinii me- moriæ, &t recevoit la ceinture dorée de la main du prince lors de fa création. Enfin on donna le nom de erinium vefimentorum à la garderobe où l’on ferroit les habits de l’empereur. (2.7) SCRIPTEUR, f. m. fcriba , (Jurifpr. ) en la chan- cellerie romaine eft un officier du premier banc qui , écrit les bulles qui s’expédient en original gothique. Ce font aufli ces officiers qui taxent les graces ; 1ls font du nombre des officiers du regiftre ; il en eft parlé dans Vhif£. eccléfiaft. de M. de Fleury , 4. L. À SCRIPTUM QUESTORIUM , ( Litérat.) charge de greffier de l'épargne. Horace en avoit une, à ce que nous apprend celui qui a écrit fa vie : vend im- petraté , dit-il, fcriptum quæflorium comparavir. » Après » qu’il eut obtenu fon pardon , il acheta une charge » de greffier , ou de fecrétaire des tréforiers ». Ces fortes de charges étoient ordinairement exercées par des affranchis ou par des fils d'affranchis.Ainfñ Horace étoit juftement comme Flavius dont parle Pifon dans le troiñieme livre de fes annales. Cr. Flavius parre li- bertiro ratus, fcriptum faciebar, Cn. Flavius, ls d’un affranchi, exerçoit alors la charge d’uñ des fecrétaires Tome XIF, SCR 813 de l'épargne ;/mais il paroït que cet emploi ne +6 choït guere Horace, & qu'il ne s’en occupoit pas beaucoup. ( D. J. SCRIPTURA, ( Liriérat. ) nom du tribut qu'on _ payoït chez les Romains pour les bois & les pâtura= ges, & qu'on affermoïit au plus offrant & dernier en: chérifleur, (LEON SCRIFIFINNI , ( Géog. anc: ) Scrithifinni, Sericos" Jinni, Scresofennæ , peuples de la Scanie, où com: me nous dirions aujourd hui du pays fitué {ur la côte de l'Océan feptentrional, dans la Laponie mofcovite, depuis les confins de la Finmarchie, jufqu’à l’entrée: de la mer Blanche. (D. D) SCRIVIA , (Géog. mod.) riviere d'Italie, au duché de Milan. Elle a fa fource dans lApennin, furles con- fins de l’état de Gènes , qu’elle fépare du Tortoñnèfes. & après avoir arrofé Tortone , elle fe rend dans le P6 à $ milles au-deflous de- Bafignana , &: du con- r fluent du Tanare, Quelques:uns croyent que c’eft PJria des anciens. (D. J.) SCROBILUM , ( Géog. anc.) promontoire d'Ef- pagne. Pomponius Méla, Z LIL, c. wiig, le place fur le golfe Arabique. C’eft le promontoire que Ptolomée appelle Pharar ; il féparoit Les golfes Héroopolitique & Ælanitique, (2. J.) SCROFANO , ( Géog. mod.) village d'Italie dans le voifinage de celui de Formello ; 1l eft remarquable par une foufriere aflez abondante qui eff dans une montagne expolée au midi. Elle eft d’un revenu con- fidérable , & appartient à la princeffe des Urfins, Le foufre ie trouve dans une efpece de-pierre Comme letuf, de laquelle on le détache À coups de marteau. \ , , 1 1 . Après l'avoir écrafé, on le met en des pots de terre, que l’on difpofe dans une fournaife de telle forte que . trois de ces pots verfent le foufre fondu par la force du feu dans un quatrième pot , quieft fur le bord de la fournaite, Ce quatrieme pot eft percé par le haut, pour laïfler évaporer la fumée , & il y a aufli ün trou en bas qui ne s'ouvre que pour le vuider quand il eft plein. La féparation du foufre eft une chote trés-fin. ple ; elle fe fait en ce que le foufre fe fondant sil fe détache de la terre, qui fe précipite au bas du pot dans le même tems que le foufre, qui eff le plus leger, s’éleve au haut du pot, d’où il couie par un canal de communication dans celui qui eft fur Le bord du four- neau. (D. J. SCROPHULAIRE, £ f. fcropkularia, ( Hifi. nar: Botan, ) genre de plante À fleur monopétale, ano- male, ouverte des deux côtés , ordinairement en for- me de grelot, & divifée en deux levres : il y'a fous la levre fupérieure deux petites feuilles. Le piftil fort du calice ; il eft attaché comme un clou à la partie poitérieure de la fleur, &il devient dans la fuite un fruit ou une coque arrondie & terminée en pointe ; qui s'ouvre en deux parties, & qui eft divifée en deux loges par une cloïfon intermédiaire : cette coque ren- ferme des femences qui font ordinairement petites À ët attachées au placenta, /n/£, rei herb. Voyez PLANTE. Entre les dix-huit efpeces de ce genre de plantes, il ÿ en a deux dont je parlerai , de la férophulaire des bois , & de la grande /crophulaire aquatique. La premiere eft nommée /crophularia nodofu, fæ- tida, I. R. H. 167 ; en anglois the Krobby rooted-fie- Wort. Sa racine eft grofle, longue, ferpentante , blanche, noueufe , inégale, vivace ; elle poufle plufiéurs tiges à la hauteur de plus de deux piés, droites; fermes , quarrées, creuies en-dedans, de couleur purpurine noirâtre , divifées en rameaux aîlés. Ses feuilles font oblongues , larges , pointues , crénelées en jeurs bords, femblables à celles de la grande ortie ; mais plus amples, plus brunes, & non piquantes ; Oppo= 1ées lune à l’autre à chaque nœud des tiges. Ses fleurs naïflent aux fommités des tiges & des KKKEKK à 814 SCR rameaux, formées chacune.en petit godet de couleur purpurine-obfcure , foutenue par un calice d’une feule piece, fendu en cinq quartiers, avec quatre étamines à fommets jaunes. Quand ces fleurs font pañlées , il leur fuccede des fruits arrondis terminées en pointe, & partagés en deux loges qui contiennent plufieurs petites femences brunes. | Toute la planté a une odeut de fureau fort defa- gréable , 8 un goût amer; elle croît aux lieux om- brageux, dans lés haies , dans les broffailles &c les bois taillis; elle fleurit en Juin, Juillet &t Août. Sa ra- cine eft d’ufage en Médecine, La feconde efpece de fcrophulaire eft aquatique ; elle eft nommée dans Bauhin & Tournefort /erophu- laria aquatiqua major. Ses feuilles & {es fleurs font femblables à celles de la férophulaire des bois. SCROPHULAIRE, ( Mar.med, 6 diete.) grande férophulaire, ferophulaire aquatique ou herbe du fié- ge, &z petite Jerophulaire. La grande /érophulaire commune ow /érophulaire des bois, & la /crophulaire aquatique ou herbe du fiége , font regardées aflez unanimement comme pofédant les mêmes vertus. Toutesles parties de ces plantes font d’ufage tant intérieurement qu'extérieurement. La principale vertu qu’on leurattribue c’eft d’être fpécifiques con- tre les hémorroïides étant prifes intérieurement. On donne donc dans les accés des hemorroïdes internes douloureufes , ou la racineen poudre à la dofe d’un gros le matin à jeun, ou bien un verre de vin dans lequel cette racine a infufé pendant la nuit ; la femen- ce de /érophulaire elt comptée auffi parmi les vermi- fuges. E . Quant à l’ufage extérieur de ces plantes, Pappli- cation de leurs feuilles récentes, pilées 82 réduites en confiftence de cataplafme, aux tumeurs fcrophu- leufes eft regardée par plufieurs auteurs comme un remede affüré pour réfoudre ces tumeurs, &c c’eft de cette vertu que ces plantes tirent leur nom. Le fuc de ces plantes eft un puiffant mundificatif. On trouve dans les Botaniftes la defcription deplu- fieurs onguens préparés, la plüpart par des manoeu- vres fort inexactes & avec des circonftances très- inutiles , qu’on célebre comme des remedes très-eff- caces contre les tumeurs fcrophuleufes, les hémor- roides, les dartres vives, la gale , &c. La racine de grande /crophuluire entre dans Pon- guent mundificatif d’ache, & la racineëc les fewulles dans l’eau vulnéraire & dans l’emplâtre dabora- run, LC. SCROPHULAIRE, ( Mar. méd. ) La petite fcrophu- laire qui eft auf appellée perite chélidoine , petite éclai- re, rannunçulus vernus , rotondi-folus , ê£c. porte aux petites fibres blanchâtres dont fa racine eft compo- fée, destubercules arrondis ou oblongs , femblables pour la groffeur à des grains de froment, & qui pa- roiflent être véritablement nourriffans, par Pobier- vation qui eft rapportée dans Particle précédent , & qui eft rappellée à l'arsicle FARINE , FARINEUX:, Chi- nie, &cc. Les obfervations fur l’ufage diététique de cette fubftance manquent cependant encore. Au refte cette qualité des tubercules dont nouS venons de parler, n’empêche point que les autres parties de cetteplante ne foient âcres &c dangereufes, comme toutes les -efpeces de renoncules, quoique peut-être à un degré inférieur. Voyez RENONÇULES, Mar. mer. d'où l’on doit conclure que fon ufage in- térieur n’eft pas. trop {ür. Quant à {on ufage exte- rieur, On lui attribue prefqu’abiolument les mèmes vertus, & on les emploie de la même mamere que la grande fcrophulaire &c que l'herbe du fiege. Le fuc des racines de cette plante a une vertu er- thine, c’eft-à-dire qu'étant tré dans le nez il en fait couler abondamment de la férofté ; ce qui eft un indice de l’Âcrete que nous lui avons attribuée, La racine & les feuilles de petite férophulaire en- trert dans l’'emplâtre diaboranum. ( b SCROPHULES , f. m. maladie, Voyez EcRour:- LES. SCROTUM, 1 m. ( Aratom. ) On donne ce nom à l’envelope cutanée, qui renferme les tefficules, Au dehors, c’eft une bourfe commune à tous les deux, fermée par la continuation de la peau qui couvre les parties voifines, & pour l’ordinaire très imégale par la quantité de rides ou rugofités qui paroïfient dans toute fa furface. Au-dedans elle eff charnue, & forme à chaque tefticule une bourfe mufcuieufe, appellée darzos. La portion externe ou cutanée du /crotum, eft à- . peu-près de la même ffruéture que la peau en géné- ral, dont elle eft la continuation. Elle eft plus fine cependant, &c elle eft parfemée d’efpace en efpace de plufieurs petits grains appellés glandes fébacées & de quantité d'oignons de poils. Quoiqu’elle ne feit qu’une envelope commune aux teflicules, elle eft néanmoins diffinguée en deux parties latérales par une efpece de ligne fuper- ficiellement faillante &t inégale, qui paroït comme une efpece de future ou couture, & pour cela eff appellée en terme grec raphe. Cette ligne eft la continuation de celle qui partage pareïllement Penvelope cutanée du pénis, ê& elle continue tout de fuite jufqu'’à anus, en divifant de la même façon le périnée, c’eft-à-dire lefpace qui eft entre l’anus & le fcrotum , en deux parties laté- rales. Elle n’eft que fuperficielle, & elle ne paroït pas au dedans de la peau. La furface interne de la bourfé cutanée, eft ta- piflée d’une membrane celluleufe fort mince , au- travers de laquelle les grains glanduieux , & les oignons de poils , paroiflenr aflez diftinétement quand on l’examine au dedans; la rugofité du /cro- cum eft pour Pordinaire une marque de l’état natu- rel en fanté, 6c pour lors 1l ne forme qu’un volume médiocre. Ce volume augmente principalement en longueur, & les rides s’effacent plus où moins, felon les degrés contre nature & d'indifpofition. On lut à l'académie des Sciences en 1711, une relation écrite de Pondichery fur un homme de Malabar, dont le /rotum étoit fi prodigieufement enflé, qu'il pefoit forxante livres ; mais 1l faut met- tre cette relation même au rang des exagérations monftrueufes ; 1l eft vrai cependant que les negres de Guinée font fujets à des enflures du ferosum aflez confidérables pour les priver du commerce dés fem- mes, & les empêcher de marcher librement. Dans nos pays cette partie eft expofée à l’hidropife, qui demande lopération de la paracenthèfe. Au refte, Nicolaus Maffa nous a laiffé le premier une defcription très-exaéte de la cloifon du /crosum, dont quelques modernes ont eu tort de vouloir fe faire honneur. « Cette poche, dit l’anatomifte véni- » tien, eft partagée en deux parties par une mem- » brane intermédiaire qui fépare le tefticule droit » du tefticule gauche, enforte que le /croum a » deux cavités , d’où 1l arrive quelquefois qu’un » des côtés eft tendu & gonflé par une affluence » d’humeurs, ou par une defcente d’inteftins, tan- » dis que l’autre côté refte dans fon état naturel ». Charles Etienne a décrit depuis affez exaétement la cloïfon du fcrorum découverte par Maffa, &c il lui a donné les noms de /crori feptum, [eu diaphragma. SCROTUM, maladies du , ( Médec. ) 1°. La bourfe lâche formée par les tégumens communs , fufpendue au périnée, aux aînes & à la verge, féparée en deux par une cloifon, & recouvrant les tefhicules, s’ap- pelle /crorum. Il eft attaqué de différentes maladies, . qui ont leurs noms particuliers, SCR 39, La bleflure du /crotum, l'éréfipele, Pinflam- mation , l’ulcere, l’excoriation, la dériangearion, font aifées à connoitre , & demandent le même trai- tementque ces maladiés én général. Le relâchement des bourfes indique un fufpenfoire. 3°.L’humeuraqueufe qui occupe les teguimens, où qui s’eft amaflée dans Fune où l'autre des cavités du ferotum , où dans les deux ; ou même dans le fac qui eft une prolongation du péritoine, fe nomme 4ydro- cele. I faut traiter cette hydropifie en foutenant toute Pétendue du /crotum , fans comprimer le cordon des vaifieaux fpermatiques , & en y appliquant les dif- cuffifs , ou bien après avoir fait une ouverture à la partie, À] convient de tirer l'humeur , pourvu qu’en même tems on en prévienne le retour par les mêmes fecours. 4°.S1 les autres efpeces d’hernies du ftrosm con- tiennent de lair, ou qu’elles foient dans le fac formé par le pérñitome , ou dans linteltin qui eft tombé ; on les nomme preumatocele : il faut faire rentrer ces par- ties dans le ventre, & les tenir en refpeét à la faveur d'un bandage. | 5°. Les tumeurs du tefticule ou du corps pyrami- dal, variqueufes & charnues, qu'on nomme r2rico- cele, circocele & farcocele, doivent être traitées telon la méthode générale qui convient à ces fortes dema- ladies. (D. J.) SCRUPULE,, f. m. ( Gram. ) jugement incertain d’une ation, en conféquence duquel nous craignons qu’elle ne foit mauvatie, & nous héfitons à la taire. Les gens à férupule {ont infupportables à eux-mêmes &t aux autres ; ils fe tourmentent fans cefle , & s’of fenfent de tout. Ce vice eff la fuite du peu de limie- res , du peu de fens , de la pufillanimité, de ligno- rance ; & d’une faufle opinion de la religion & de Dieu. Si lon étoit plus éclairé, on verroit diftinétement le parti qu'il y auroit à prendre ; f Pon avoit plus de courage , on ne balanceroiït pas à agir; fi lon avoit de Lieu l’idée d’un êtremiféricordieux & bien- faifant , on fe repoferoit tranquillement fur le témoi- gnage de fa confcience, fortement perfuadé que cet- te voix de Dieu quiparleau-dedans de nous, ne peut jamais être en contradithon avec la même voix de Dieu , foit qu’elle fe fafle entendre dans les livres faints , foit qu’elle s’adrefle à nous par la bouche des prophètes, des faits, des anges mêmes. Il y a des fcrupules de toute efpece; on n’en eft pas feulement tourmenté en morale, il y en a dans les fciences & dans les arts. Un géometre {crupu- leux s’impofe la néceflité de démontrer des propof- tions dont l'évidence frappe tout homme qui entend les termes; je ne fais à quoi fervent ces démonftra- tions, dont chaque propofition prife {éparément , n'eft ni plus ni moins claire que l'énoncé du théorè- me ou du problème , & dont j’enfermble left moins, par la feule raïfon que pour être fai, il fuppote quelque contention d'efprit, que l'énoncé ne deman- de pas ? Un écrivain fcupuleux , modifie prefque toutes fes propofitions , 1l craint toujours de nier ou d’af, firmer trop généralement , & il écrit froidement ; il n’eft jamais content, s’il n’a rencontré l’expreffion ë le tour de phrafe le plus propre à la chofe qu’il énonce ; ilne fe permet aucune inverfion forte, au- cune exprefhion hardie ; il nivelle tout, & tout de- Vient {ous fon niveau éval & plat. SCRUPULE , Î.m. ( ft. & Comm. ) étoït le plus petit des poids dont fe fervoient les anciens. C’étoit chez les Romains la vingt quairieme partie d’une once, ou la troifieme partie d’une dragme. Voyez ONCE, Etc. Scrupule eft encore un poids qui contient la troi- fieme partie d'une dragme , ou qui pefe 20 grains. Voyez GRAIN. | de ; S-CR ô1$ Chez les Orfevres le Jérzpule eft de 34 grains Voyez Poips. | SCRUPULE, e% Chronologie. Le fcrupule chal- 1 F . } déen eft la == partié d’une heure : Les Hébreux lap= | pellent ke/zkum. Lés Juifs, les Arabes, & piufieurs autres peuples de Pôrient en font un grañdufage dans la fupputation du tems. | | SERUPULES ex Affronomie, Scrupules éclipiés , c’eft la partie du diametre de la lune qui entre dans Pombre ; pour exprimer cette partie, on fe fertdela même melure que l'on emploie à déterminer le dia- metre apparent de la lune. Voyez Doicr. Serupiiles de La dèmi-durée, c’eft un are de l'orbite: de falune, que le centre de cette planete décrirde- puis le commencement de! l'éclipié jufqu’à fon mi lieu. Foyez ECLIPSE. : Serupules d'rninérfion ou d'incidence ,.c’eit un arc de lorbite de la lune que fon centre décrit depuis.fe coinmencement de l’éclipfe jufqu'au tems où fon cen- tre tombe dans Pombre, Voyez IMMERSTON. Scrupules d'émerfion ; eff un arc de l'orbite de la lune , que {on certfé décrit depuis le premier 1n{= tant de l’émerfon du limbe de la lune jufqu'à la £a de l'écliple. foÿe? EMERS1ON. Wolf & Chambers. (0) FE | SERUPULE CHALDAIQUE , ( Culend. ) c’eft la 1080. partie d’une heure, dont les Juifs, Les Ara- bes & autres peuples orientaux fe fervent dans le calcul de ieur calendrier , & qu'ils appellent Ac/zkim. D'x-huit de ces /crapules fon: une minute ordinaire, Ainû il'eft aïfé de changer les minutes en fcrupules. chaidaiques, & ceux-ci en minutes, On comte 240. de ces crupules dans un quart d'heure. ( D. J.) *SCRUFULEUX, adj. ( Gram. ) qui eft fujet au. fcrupule; on dir le fertile de la confcience, le Jert= pule de l'oreille , un férupuse de langue. SCRUPULX, {. m. (Jeux des Rom. ) jeu de jet= tons auquel s’amwloient Les foldats, & que plufieurs favans ont pris mal-à-propos pour Le jeu des échecs. COLE) SCRUTATEUR , £. m. ( Gram.) qui recherche intimement, qui fouille au fond des ames , & qui y lt nos plus fecretes penfées. Cet attributne convient guere qu’à Dieu. | SCRUTATORES, (Antig. rom.) on nomme ainfi certains officiers chargés de fouiller ceux qui ve- noient faluer empereur , pour voir s'ils n’avoient point d'armes cachées fur leurs perionnes ; ces fortes d'ofnciers furent établis par l’empereur Claudius, CON A SCRUTIN, f. m.( Gram. & Jurifprud. ) du latin Jerutirium, qui fignifie recherche, eft une maniere de recueillir les fuffrages, fans que l’on fache de quel avis chacun a été, Il fe fait par le moyen de billets cachetés ou pliés que chacun met dans un vafe ou boëte, ou par des boules diverfementcolorées, quifont des fignes d’ap- probation ou d’exclufion. Les meilleures éleétions font celles qui fe font par la voie du /crunin , parce que les fuffrages font plus libres que quand on opine de vive voix. Voyez ELEC- TION. (4) SCRUTIN, ( ff. rom.) dans tous les comices, les fuffrages fe donnerent toujours à Haute voix juf- qu’à l'an de Rome 614, qu'on introduifit lufage des Jérutins;parce qu’on $’éroit apperçu que dans les élec- tions des charges:, le peuple de peur dé déplaire aux grands, qui étoient à la tête des fa@ions qu'ils avoient formées pour fe rendre maîtres de l’état ,ne donnoit plus fa voix avec hardiefle ; on émploya fans fuccès le /crutin pour remédier au mal ; le peuple corrompu n'étant plus retenu par la honte de donner fa voix à de mauvais fujets, fe laiffa gagner par les préfens ; . c’eft ainfi que s’introduifit la vénalité des fuffrages 816 SaCeU qui fut f funefte à la république. Une démocratieoù le luxe fait la loi, ne peut fe rétablir que par de vio: lentes fecoufles qui ramenent les chofes aux princi- pes de la conflitution de cet état, (D. J.) SCRUTIN , 1. m. (Hiff. eccléf.) nom de l’affemblée éccléfiaftique dans laquelle on examinoit les difpofi- tions des cathécumenes ; les évêques fe chargeoïent d’inftruire eux-mêmes les compêétens ou élüs quel- ques jours avant leur baptème , & ces inftruétions fe faifoient dans des affemblées qu’on appelloit ferusin. On leur donnoit alors par écrit le fymbole & lorai- fon dominicale, afin qu'ils appriffent l’un & l’autre ar cœur. On les leur faifoit réciter dans le /trurin tivant, & quand ils les favoient parfaitement, on retiroit l'écrit de leurs mains, de peur qu'il ne tom- bât au pouvoir des infideles,. On voit encore quel- ques traces de ces Jérutins à Vienne en Dauphiné, & à Liége. (D. J.) | SCRUÜTUM, (Lirtérar.) & fcruta au pluriel, eftun mot grec syporw, quifignifie proprement toutes for- tes de vieilles ferrailles & autres uftenfles de ména- ge, telles que l’on vend à Paris fur les quais & ail- leurs. Lucilius dit : Quidni ? Er {cruta quidem.ut vendat {crutarius laudat. | | » Pourquoinon ? puifque les marchandsde vieille » ferraille louent bien cette marchandife pour la débi= » ter s. | * Cependant le mot /erueumn où fcruta , avoït une fi- enification plus étendue , & fignifioit toutes fortes de marchandifes que vendent les Merciers & les Quinquailliers ; car Le fcholiafte d’Aniftophane nous apprend que Les anciens au lieu de »puromwane, fcruta- rius , difoxent puromownuc, féplafrarius, mercier , quin- quailher ; c’eft dans ce fens-là que Sidonius Apolli- naris a employé /cruta , loriqu'il a écrit danse VIL lv. de fes Epîtres, zunc quædam frivola , nunc ludo apta virgineo icruta donabat, (D. J.) SCULPTEUR , £ m. (Ariiffe.)artifte, qui par le moyen du cifeau forme des fiatues, taille Le bois, la pierre, le marbre , & autres matieres propres à faire des reprélentations & des imitations des divers ob- jets de la nature. Comme on difingue en général les Sculpteurs en anciens, & en modernes. Voyez les ar- zicles fuivans. SCULPTEURS anciens &T SCULPTEURS modernes, (D.J.) SCULPTEURS ANCIENS, (Sc/pr. anrig.) comme les noms des Sculpreurs égyptiens n’ont pas pañlé jufqu’à nous, & que les Grecs ont effacé tous ceux de Ro- me, ce font eux qui rempliront mon titre, & cepen- dant je ne m’attacherai qu'aux plus célebres. L’indi- cation de leurs ouvrages eft inféparable de Fhiftoire de la fculpture, & nous avons tâché de connoître cette hiftoire. Agèladès,d Argos,contemporain d'Onatas.On voioit de hui à Egyum, ville d'Achaie, plufeurs ffatues de bronze , comme un Jupiter enfant, & un jeune Her- cule qui n’a point de barbe. ‘Fous les ans on nom- moit à ces divinités des prêtres qui gardoient leurs flatues chez eux: c’étoit le plus bel enfant du pays ui étoit prêtre de Jupiter, &c quand il avoit atteint l’âge de puberté, on lui donnoit un fucceffeur. Agéfandre , de Rhodes., travailla au fameux groupe de Laocoon, de fes deux enfans, &t des ferpens, con- jointement avec Pofidore, & Athénodore le rhodien. Ce fuperbe morceau de fculpture fait d’une {eule piece, étoit dans le palais Farnefe , & fut trouvé à Rome, fous les ruines du palais Vefpañen, fur la fin du feizieme fiecle. Mais Viroile, Ezerd, liy. IL. v. 40. & Jui. a peut-être égalé en poëfie Pouvrage des fculp- teurs dont nous venons parlé, par fa defcription de l’'hiftoire de Laocoon. Voyez donc LAOCOON, groupe de Jculpture antique. | Agoracrite , leve de Phidias , il avoit fait deux ad- S C U mirables flatues , une Minerve , & un Jupitér de bronze, qui ornoient à Coronée le temple de Mi- nerve Jtonia, ainfi appellée du nom d’/ronus , fils d'Amphixion , 11 concourunt avec Alcamène pour la ftatue de Vénus. Alcamène l’emporta , non-pär le mérite de fon ouvrage, dit Pline, mais par le {uffra- ge des citoyens qui ne voulurent pas lui préférer un étranger. Agoracrite irrité de cette injuftice , ne con- fentit à leur vendre fa ftatue,, qu’à condition qu’elle ne feroit point placée dans Athènes ; &c il lui donna le nom de Méméfrs, la flatue vengerefle, Tel eft le récit de Pline , auquel il faut ajouter la réfléxion ju- dicieufe de M. de Caylus. C’étoit, dit-1l, une foible vengeance de Pimuftice que les Athéniens lui avoient faite , &c felon la natu- re de ce fentiment , elle retournoit contre celui qui s’y livroit ; car cette ftatue fut placée dans un bourg de l’Attique | nommé Rhamnunte, où certainement elle n’eut pas le nombre d’admirateurs qu’elle méri- toit. Mais l’auteur étoit vengé, car le peuple Athé- nien , grand amateur des beaux ouvrages de l’art, ne pouvoit en jouir , & certainement 1l y fut plus d’une fois fenfble. M. Vafron préfere ce morceau à tous ceux qu'il a vüs. Alcamène , athénien, difciple de Phidias , & l’ob- jet de fes amours , florifloit en la 83° olympiade, fe- lon Pline , il avoit fait une flatue de Junon, qu’on mit dans fon temple à Athenes. La flatue de la Ve- nus aux Jardins étoit encore un ouvrage de ce mat- tre , &c des plus beaux qu'il y eût à Athenes. Lucien dans le dialogue qui a pour titre les portrairs, & où il fait la peinture d’une beauté accomplie, emprunta de la Vénus d’A/camène, la gorge , les bras & les mains : celle d’Agoracrite, autre difciple de Phidias, auroit peut-être pü luiplaire également, car quoi- que les Athéniens euffent décidé le prix en l’honneur d'Alcamène , tout le monde ne fut pas de cet avis. Anthermus étoit natif de lie de Scio, fils de Mic- c'ade, petit-fils de Malas , auf fculpreur, & pere de Bupalus d'Athénes, qui vivoient vers la 60. olympia- de, environ 540 ans avant J. C. & dont nous parle- rons dans la fuite. Apollonius 8& Taurifcus, tous deux rhodiens, f- rent conjointement cette antique fi célebre de Zé- thes & d’Amphion, attachant Dircé à un taureau ; tout eft du même bloc de marbre jufqu’aux cordes. Ce bel ouvrage fubfifte encore , & eft célebre fous le nom du saureau Farnefe, Voyez-en Particle. On ne connoït point le pere d’Apollonius &c de Taurifcus ; quelques-uns ont cru qu’ils étoient fils de Ménécrate ; mais, dit Pline, il eft plus vraiflembla- ble qu’éleves de celui-ci, & fils d’Artémidore , ils donnoient au premier par reconnoïflance le nom de pere ; C’étoit du moins un ufage fort ordinaire chez les ‘anciens. Arcéfilais devoit être un grand maïtre, puifque fes modeles fe vendoient plus cher aux artiftes mê- me que les ouvrages terminés des autres. Nos con- noifleurs donneroient auffi, & même de certaines flatues antiques de marbre grandes comme nature, pour un petit modele de la main de quelque grand ar- tifte moderne, comme d’un Michel-Ange , d’un Bou- chardon, G:c. Arcéfilaus exécuta en terre la flatue de Vénus ge- Aitrix; mais Céfarimparient de la voir placée dans fon forum , ne lui donna pas le tems de la terminer. L’empreflement de ce diétateur eft rapportée par Dion, 2. XLIIT, & par conféquent l’on ne doit pas révoquer en doute, qu'il fe foit contenté d’un ou- vrage deterre cuite pour une figure qui flattoit tant fa vanité. Lucullus à qui Arcéfilaus étoit fort attaché , fzrr- liuris, le chargea de faire une ftatue de la Félicité, & convint de lur en donner foixante mille fefterces, c’eit-à-dire, près de douze mille livres de ñotre mon- noie ; mais la mort de lartifte, &c de celui qui lem- ployoit , leur envia l'honneur d’un tel ouvrage, cui mors utriw/qte inviderit, dit Pline : le modele en plâtre d'une coupe qu'Oétavius, chevalier romain, fit faire à ce même Arcéfilaus,. [ui couta un talent, quatre nulle fept cens livres. Ces prix que nous rapportons exprès peuvent fervir à fixer l’idée que les Romains avoient alors de la {culpture, & des ouvrages des grands Jeulpreurs. | | Ænifloclès. Paufanias compte trois fémlpreurs de ce nom, Le premier 8 le plus ancien étoit Ariftoclès de Cydon; on ne fait point précifément dans quel fe- cle il fleurifloit, On voyoit à Olympie un groupe de fa main compofé de deux figures repréfentant le com- bat d'Hercule contre une amazone à cheval. Ce orou- pe avoit été dédié par un Evagoras de la ville de Zan- clé en Sicile, avant que cette ville eût lé nom de Meffene. Le fecond Ari/foclès étoit fils de Clæotas. Il acquit beaucoup de gloire par deux flatues, l’une de Gany- mede enlevé parles dieux, & l’autre de Jupiter, qui donne deux magnifiques chevaux à Tros, pere du jeune prince. Ces deux ftatues furent placées vis-à- 35 le temple de Pélops. Le trorfieme Ariffoclès étoit frere de Canachus, . dont je parlerai, & ne lui cédoit gueres en mérite. Il fleurifloit pendant la guerre de Peloponnefe, Bathyclès étoit de Magnéfie. Son âge eff fi peu con- nu, que Junius, dans fon hiftoire des féulpreurs , a pris le parti de n’en point parler ; il ne fera pourtant pas impoñlible de Le découvrir. Paufanias,qui marque ordinairement le tems des /éw/preurs anciens dont il décrit les ouvrages, ne parle point de celui de B4- shyciès , 8€ dit au contraire , qu’il ne s’afrêtera pas À nommer le maître fous lequel il avoit appris fon art, ni le prince fous lequelil fleurifloit ; ce qui fuppofe que de fon tems , lun & l’autre fait n’étoient ignorés de perfonne. Nous ne fommes plus aujourd’hui dans le même cas. | | Diogene de Laërce, & 4 autres anciens écrivains, placent le fculpteur Barhycles vers le tems de Cré- fus, de Solon, de Thalès, & des autres fages ou phi- Jofophes de la Grece. Créfus monta fur le trône de Lydie vers la $4. olympiade , lan $59 avant J C. & ce fut quelques années après , que les Lacédémo- niens penferent à réparer le temple d’Amyclée, 87 À y faire ajouter les ornemens décrits par Paufanias. On voit donc par-là bien clairement le tems où fleuri foit le fculpteur Barhyciès. C’eft un artifte bien célebre dans Pantiquité; on vantoit extrémement certaines coupes dont il étoit inventeur , & felon plufieurs anciens écrivains , CE n'étoit pas un trépié, mais une coupe de la main de ce feulpteur ; que les fept fages de la Grece confacre- rent à Apollon, après fe l'être renvoyé les uns aux autres. Quoi qu'il en foit , le trône de ce dieu à Amy- clée immortalifa Barhyclès. Voici la defcription qu’en fait Paufanias. Elle eft d’autant plus curieufe , que l'ouvrage repréfentoit prefque la fable entiere. Non-feulement, dit-1l, le ttône d’Amyclée eft de la main de Barhyclès, maistout ouvrage , & les ac- conipagnemens ainfi que la ftatue de Diane Leuco- phryné. Les graces & les heures, au nombre de deux, lesunes & les autres foutiennent ce trône par-devant &t par-derriere, Sur la gauche Barkyclès a repré- fenté Echidne avec Typhon, & fur la droite des Tri- tons. Dans un endroit, Jupiter & Neptune enlevent TFaigete, fille d’'Atlas, & Alcyone fa fœur ; Atlas y tient auflila place. Dans un autre vous voyez le com- bat d’Hercule avec Cycnus, & le combat des Cen- taures chez Pholus , ici c’eft Théfe qui combat le Minotaure , mais pourquoi traîne-t-il le Minotaure enchaîné & encore vivant? c'eftcé que je ñe fais pass ajouté Paufanias. Là, continue-til, c’eft une danfe de Phéaciens & de Démodocus qui chante, Ces bas-reliefs vous préfentent une infinité d’ob= jets tout-à-la-fois. Perfée coupe la tête à Médufe ÿ Hercule terrafle le géant Thurius, Tyndare com- bat contre Eurytus ; Caftor & Pollux enlevent les filles de Leucippe ; Bacchus tout jeune eft porté au ciel par Mercure ; Minerve introduit Hercule dans l’aflemblée des dieux, il yett reçu, & prend poflefion du féjour des bienheuréux. | Pélée met fon fils Achille entre les mains de Chia ton, qui en effet l’éleva & fut , dit-on » {on précep=. teur; Céphale eft enlevé pat l’Aurore à caufe de {a beauté ; les dieux honorent de leur préfence & de leurs bienfaits les noces d’Harmonie. Achille comhaf contre Memnon; Hercule châtie Diomede , roi dé Thrace, & tue de fa main Neflus auprès du fleuve Enénus ; Mercure amene les trois déefles pour être jugées par le fils de Priam ; Adrafte & Tydée termi- nent la querelle d’Amphiaraüs avec Lycureue, fils de Pronax ; Junon arrête fes regards fur Lo, fille d’Inas Chus,déja métamorphofée en vache; Minerve échap: pe à Vulcain qui la pourfuit ; Hercule combat l’hys dre de la maniere dont on le raconte, & dans un autre endroit il traine après lui le chien du dieu des enfers. | Anaxias & Mnafinoüs paroiflent montés fur de fuperbes courfers , Mégapenthe & Nicoftrate > tous. deux fils de Ménélas, font fur le même cheval; Bel lérophon abat à fes piés le monftre de Lycie ; Hers cule chafle devant li les bœutfs de Géryon. Sur le rebord d’en-haut, on voit les fils de Tyndare à chez val, un d’un côté, l’autre de l’autre ; au-defous ce font des fphinx, & au-deffus des bêtes féroces ; un léopard vient attaquer Caftor , & une lionne veut fe jetter fur Pollux. Tout au haut, Burhyclès a repré= fenté une troupe de magnéfiens qui danfent & fe ré- jouiflent; ce font ceux qui lui avoient aidé à faire ce fuperbe trône. | Le dedans n’eft pas moins travaillé ni diverfifié : du côté droit où font les Tritons , le fanglier de Ca lydon eft pourfuivi par des chafleurs ; Hercule tueles ds d'Attor ; Calais & Zétès défendent Phinée con: tre les Harpies ; Apollon & Diane percent Tityus de leurs fleches ; Théfée & Pirithois enlevent Helene 5 Hercule étrangle un lion ; le même Hercule mefure fes forces contre le centaure Oréüs ; Théfée com= bat le Minotaure. Au côté gauche, c’eft encore Her: cule qui lutte avec PAchélous.; là vous voyez aufli ce que la fable nous apprend de Junon, qu'elle fut enchainée par Vulcain ; plus loin c’eft Acaîte qui cé- lebre des jeux funebres en l’honneur de fon pere; enfuite vous trouverez tout ce qu'Homere dans l’'O- dyflée raconte de Ménélas & de Prorée légyptien. Dans un autre endroit Admette attele à fon char un fanglier & un lion ; dans un autre enfin, ce font les Troyens qui font des funerailles à He@tor , &c. Voilà fans doute le fujet le plus vafte que la fculp- ture ait jamais traité, L’imagination ne fe prete point à un fi prodigieux travail, & comprend encore moins comment tant d'objets différens repréfentés en petit, étoient fi diftinéts & fi nets, qu’à lire la defcription qu'en fait Paufanias , on croiroit qu'il parcourt des yeux une galerie de tableaux grands comme na- ture. Bupalus & Athénis, natifs de l'ile de Chio, tous deux freres 8 fameux /c/pteurs, ayant un jour ap- perçu le poëte Hipponax, furent frappés de fa figu- re ; elle leur parut toute propre à fervir de modele d'un grotefque divertiffant. Ils en firent des ftatues où 1ls aiderent la nature de leur mieux, c’eft-à-dire, lui donnerent un air le plus ridicule qu'il leur fut pofiible. Hypponax florifloit vers la 60 olympiade, 818 S CU &c fa laideur fut pat accident la principale caufe: de fon immortalité. Mais il n’eft pas vrai, felon Pl- ne, que ce poëte indigné compofa contre les deux freres fculpteurs des vers fi piquans, qu'il les réduifit à fe pendre de défefpoir. Ce fait, dit l’hiforien, ef avancé fauflement, puifque depuis ce tems-là, ils #- rent quantité de ffatues avec cette infcription , que l’île de Chio étoit également recommandable par {es vignobles &c par les ouvrages des fils d'Anthernus. Ïl ajoute qu'ils firent une Diane f fingulierement tail- le, que fon afpeét paroïfloit mélancholique à ceux qui entroient dans le temple, &c fort gai à ceux qui en {ortoient. Pline ajoute : on conferve dans Rome plufieurs ouvrages de ces mêmes artiftes : on en voit dans le temple d’Apollon, fur le mont Pala- tin, & dans les bâtimens publics qu'Augufte a éle- VÉs. ; Bysès de Naxie, eft célebre pour avoir trouvé l’art de tailler le marbre en forme de tuile; la couverture du temple de Cérès à Eleufis étoit d’un beau marbre du mont Pentelique , taillé dela main de ce maitre en forme de tuile. On difoit du tems de Paufanias, qu'ily avoit à Naxie plufeurs flatues quiportoient que cette invention,étoit dûe à Bysès. On prétendquw'ilflorifioit dans le tems qu'Halyate étoit roi de Lydie, & qu’Af- tyage , fils de Cyaxare regnoit fur les Mèdes , c’eft- X-dire , fix cens trente ans avant l’ere chrétienne. Calamis étoit graveur & ftatuaire. Il avoit fait pour un temple d’Athènes une belle ftatue d'Apollon libé- rateur. Ses ouvrages ont été fort eflimés, cepen- dant ils étoient au-deflous de ceux de Myron, dont nous parlerons. | Calliciès, ftatuaire de Mévare. Il fit la flatue de Diagoras, qui avoit remporté la palme au combat du Cefte ; ouvrage qui lui attira Padmiration publique. Voyez Paufanias , Z WI. Callicrate. On ne fait pas dans quel tems il a vécu. On dit qu'il sravoit un vers d'Homere fur un grain de millet, qu'il ft un chariot d'ivoire qu’on pouvoit cacher fous l'aile d’une mouche, & des fourmis d’i- voire dont on pouvoit diftinguer les membres. .Ce fculpteur ingénieux méttoit du poil ou des foies noi- res auprès de fes ouvrages , pour faire voir d’un côté la blancheur de l’ivoire , &t de l’autre la délicateffe de fon travail. Pline, Elien, Plutarque, & autres anciens ont beaucoup parlé de ce célebre artifte. Callimaque eft fameux pat fa lampe d'or, qu’on voyoit dans le temple de Minerve Poliade à Athènes. On emplifloit d'huile cette lampe au commencement de chaque année, fans qu'il fut befoin dy toucher davantage, quoiqu’elle fut allumée jour & nuit. Cela vient , dit Paufanias, de ce que la meche de cette lampe eft de lin de Carpañe, c’eft-à-dire, qu’elle étoit d'amiante. Callimaque!, auteur de cet ouvrage, m'étoit pas cependant delaf X des grands artiftes, mais il les furpafloit dans ui certaine dextérité de Part. Il eftle premier qui ait trouvé le fecret de per- cer les marbres , & il étoit d’un goût fi difficile pour {es propres ouvrages, qu’on l’appelloit communé- ment xawCoreyvor , lennemi juré, ou le calomniateur de l’art; foit que ce nom lui füt donné par les autres, ou qu'il Peût pris lui-même. C’eft ainfi qu’en parlent Paufanias, Z. I. & Pline, ZX XXI. c. xix. Callon. Paufanias nomme deux ftatuaires de ce nom, celui de l’île d'Egine, & un autre qui étoit éléen ; le premier étoit le plus ancien, & le plus re- nommé ; 1l avoit été difciple de Teéteus & d’Ange- lon, quiapprirent leur art fous Dipæne &c fous Scyl- lis. Le Callon d'Egine, fitüne Minerve Sthéniade en bois, qu’on avoit placée dans la citadelle de Corin- the. Sa Proferpine étoit à Amiclée; CaZ/on Eléen tra- vailla en bronze. Canachus de Sicyone , éleve de Polyclète d’Argos, lorifoit, felon Pline, 4 XXXPI, €, y, dans la 95 olympiade. Ses ouvrages étoient eftimés. Il avoit fait pour le temple de Vénus , dans fa patrie, la fta- tue de la déefle afife..Cette ftatue étoit d’or &d’i- voire , portant fur! la:tête une efpece de couronne terminée en pointé , qui repréfentoit le pole + elle tenoit d’une main un pavot, & de l’autre une pom- me.’ On.eftimoit encore beaucoup lApollon dydi- méen qu'il fit pour la ville de Milet , & fon Apollon ménien pour celle de Thèbes. Ilfit auf des badina- ges de Part en petit & d’une méchanique très-ingé- nieuie. Nous en citerons un exemple à l’article de Théodore ;; c’eft aflez de dire ici, que Carachus étoit frere d’Ariftoclès , qui ne lui cédoit guere en habi- leté. | Last Cantharus de Sycione eff loué par Paufanias: Pli- ne dit qu'il travailloit également tous fes ouvrages, mais qu'il n’en a porté aucun à une grande perfe- ion. Son maitre Eutychide s’étoit rendu plus céle- bre ; auffi avoit-il été difciple de Lyfippe. Céphiffodore athénien ; fils de Praxitele , hérita de fon bien & de fon talent. Il tailla trois flatues des Mules, dont on décora le mont Hélhicon. Dans fa ftatue de la paix pour les Athéniens, il la repréfen- toit avec efprit tenant le petit Plutus dans fon fein. On admiroit à Pergame un groupe de lutteurs de la façon de ce maitre; &ce n’eft pas fans raïfon, ajoute Pline ; car leurs.mains paroïffent entrer dans la chair, & non dans le marbre. Chalcofthène, dont lattelier donna le nom au cé- ramique à Athènes, fit des ouvrages en terre qui n’étoit pas cuite, cruda opera, c’eft-à-dire, qui n’é- toit vraiflemblablement que defféchée aufoleil. Nous avons, dit M de Caylus, plufeurs exemplesanciens êz modernes de cette pratique, quoiqu'elle ne foit pas des meilleures : la terre trop fujette aux acci- dens qui la peuvent détruire, a befoin d’un tems confidérable pour fécher avant que de pouvoir être mife en place; il faut eftimer fa diminution, quin’eft pas toujours égale ni dans fa totalité , n1 dans {es par- ties , fur-tout lorfque les morceaux font: d’une cer- taine étendue. ILeñt.été plus fimple de cuireces mor- ceaux, ainf que Dibutades en avoit donné l’exem- ple ; mais Chalcofthène vouloit peut-être-affeéter une nouveauté dont l’ufage ne pouvoit être continué, fur-tout dans un pays tel que la Grece, où l’idée de la poftérité étoit en grande recommandations ce- pendant nous devons favoirsté à Pline denous avoir indiqué toutes les différentes façons de travailler la terre, Charès de Linde, s’eft immortalifé parle coloffe de Rhodes, auquel il s’occupa pendant douze ans, & n'eut pas le bonheur de le finir. Ce coloffe couta trois cens talens, un million quatre cens dix mille, hvres.Suivant Sextus Empiricus, Charès s’étoit trom- pé ; 1l n’avoit exigé que la moitié de la fomme né- ceffaire, & quand l'argent qu'il avoit demandé fe trouva dépenfé au milieu de l'ouvrage, il fe donna la mort de chagrin. Le conful P. Lentulus confacra dans le capitole deux têtes apparemment de bronze, & qui, felon Pline , attiroient toute l'admiration, L'une étoit de la main de Charès, & l’autre de celle de Décius fta- tuaire romain , dont l’ouvrage affoibli feulement par la comparaïfon , ne fembla être que celui d’un éco- lier. C’eft, dit M. de Caylus, Pline lui-même qui donne ici fon jugement en connoifleur 8c en homme de l’art, que le préjugé public ne féduit point. Ctéfilas repréfenta en bronze un homme bleflé à mort, & dans un état qu'on pouvoit juger , dit Pli- ne, Z XX XIV, c. vu. le peu de tems qu'il avoit en- core à Vivre : yulneratuim deficiertem , in quo poffét intelligi quantim reflet anima ; termes qui peignent bien l’enthoufiafme que produit une belle opération de Part, Nous jugeons encore aujourd’hui que le mirmillon mirmilon ou le gladiateur mourant , n’a pas long- tems à vivre, & que fa bleflure eft mortelle, Plus on confidere ce beau monument du favour & de lé- légance des Grecs, plus en ladmirant on eft affe&é d’un fentiment de compañfion, Voyez GLADIATEUR expirant, . Crisias : 1l y a eu deux ffatuaires de cenom; lun athénien qui eut Amphion pour éleve, autre fur- nommé Néfoés, contemporain de Phidias , dont parle Paufanias 27 Atric. | Darophilus & Gorgafus , non{eulement travail- lerent très-bien la terre, dit Pline , mais ils furent peintres ; 1ls décorerent dans ces deux genres le tem- ple de Cérès fitué à Rome auprès du grand cirque. Une infcription en vers grecs apprenoit que les ou- Vrages de Damophilus étoient à la droite, & ceux de Gorgafus à la gauche, | Darrophon , Paufanias n’entre dans aucun détail fur cet ancien ftatuaire; 1l nous apprend feulement, divre IV, que les Eléens lui avoient accordé de très- grandes diftinétions, pour avoir réparé la ftatue de Jupiter Olympien, , | . , Dédale, fculpteur & architelte athénien, ‘étoit cer- tainement petit-fils ou arriere-petit-fils d’Ereéthée, fixieme roi d'Athènes, Voilà fans doute un artifte de bonne maïfon; ilne faut pas s’en étonner. Dédale vivoit dans ces tems héroiques où les grands hom- mes n’avoient d'autre ambition, que de fe rendre utiles. à leurs compatriotes : purger la Grece des monftres qui l’infeftoient , exterminer les bandits & les fcélérats, procurer le repos & la sûreté publi- que , ce fut la gloire d’'Hercule & de Théfée ; nven- “ter les Arts, les perfectionner , & les cultiver, ce fut celle de Dédale. Depuis le déluge de Deucalion jufqu'au tems de cet artifte , on ne compte guere que cent cinquante ou foixante ans. Les Arts enfevelis avec les hommes dans cette calamité , n’avoient pas encore eu letems . de renaître en Grece; il falloit de nouveaux inven- teurs. La nature qui n’eft jamais avare, fournifloit des matériaux abondamment ; mais on ne pouvoit les mettre en œuvre faute d'outils & d’inftrumens néceflaires. Dédale inventa la hache, le vilebrequin, ce que les Latins ont appellé perperdiculum | & que nous appellons nous Ze ziveau ; la colle forte , l’ufage de la colle de poiflon, peut-être auffi la fcie ; je dis peut-être, cat les uns en donnent l’honneur à fon neveu , & les autres à lui-même, Avec ces fecours, doué d’un heureux génie & d’une adrefle merveil- leufe , 1l fit des ouvrages de fculpture & de ferrure- rie, qui parurent des prodiges aux Grecs d’alors : Dadalus ingenio fabræ celeberrimus artis. aux Grecs d'alors , je veux dire aux Grecs encore ignorans & grofliers. Avant lui les ftatues grecques avoient les yeux fermés , les bras pendans, & com- me collés le long du corps, les piés-joints, rien d’a- nime , nulle attitude , nul gefte; c’étoient pour la plüpart des figures quarrées &informes qui fe ter- minoient en gaine. Dédale donna aux fiennes des yeux, des piés, &c des mains; il y mit en quelque façon de l’ame & de la vie ; les unes fembloient mar- cher, les autres s’élancer, les autres courir. Auffi- tôt la renommée publia que Dédale faïloit des fta- tues étonnantes quiétoient animées , qui marchoient, &t dix fiecles après li, on parloit encore de {es ou- vrases, comme d'effets les plus furprénans de lin- duftrie humaine, C’eft auffi l’idée que nous en don- nent Platon & Ariftote ; au rapport de l’un, dans fes politiques, Zvre premier, les ftatues de Dédale alloient & venoient; & au rapport de l’autre dans fon Me- non, 1} y en avoit de deux fortes ; les unes qui s'en. fuyoient, fi elles wétoient attachées, les autres qui demeuroient en place, Les fuyardes, ajoute-t-il, Tome XIF, SCU 819 femblables à de mauvais efclaves, coutoient moins ; les autres étoient & plus eflimées & plus cheres. Fout cela veut dire, je penfe, que foit par desref- forts cachés , foit par le moyen d’un peu de vifar- gent coulé dans [a tête & dans les piés de fes ftatues : Dédale les rendoit fufceptibles de quelque mouve- ment; mais après tout, c’étoient-là des jeux d’en- fans, que les ftatuaires qui vinrent enfuite méprife- | rent avec railon. Nous ne voyons point que ni Phidias, ni Praxi= tele , ni Lyfippe, pour faire admirer leurs ouvrages ayent eu recours à ce badinage, qui peut enimpofer aux fimples , mais qûi eft incompatible avec le beau & le noble, auquel tout grand artifte_ doit afpirer. Je fuis donc perfuadé que Dédale dut une bonne pat- tie de fa réputation à la groffiereté de fon fiecle, & que fes ftatues dont Les Grecs fe montrerent fi ja- loux dans la fuite, étoient moins recommandables par leur beauté, que par leur antiquité. D’ailleurs ; ces premiers monumens d’un art admirable, étoient en effet très-curieux; & il y avoit du plaïfir À voir _ pat quels degrés la Sculpture avoir paflé de fi foibles commencemens , à une fi haute perfe@tion, Au refte, Platon lui-même a porté le même jugement de Dé- dale ; nos ftatuaires, difoit-il, fe rendroient ridicules, * s'ils faifoient aujourd’hui des ftatues comme celles de Dédale ; & Paufanias qui en avoit vu plufieurs dans fes voyages , ayoue qu’elles étoient choquan- tes, quoiqu’elles euflent quelque chofe qui frappoit & qui fentoit l’homme infpiré, Cependant, on ne peut difconvenir que Dédale n’ait été l’auteur & le fondateur de l’école d'Athènes € école qui dans la fuite devint fi favante, fi célebre & qui fut pour la Grece comme une pépiniere d’ex- cellensartiftes : car Dipenus & Scyllis, les premiers difciples de Dédale, & peut-être fes fils > eurent des éleves qui furpaflerent de beaucoup leurs maîtres, &t qui furent furpañlés à leur tour par leurs propres difciples : ainf les Phidias , les Alcamenes ; les Sco- pas, les Praxiteles, les Lyfippes, tant d’autres grands flatuaires , qui remplirent la Grece de ftatues admi- rables , defcendoient , pour parler ainfi, de Dédale ; par une efpece de filiation; c’eftà-dire, que de maître en maître, ils faifoient remonter leur art jufqu’à lu. Dipœnus & Scillis laiflerent après eux un grand nom- bre d'ouvrages, dont il faut porter ä-pewprès le même jugement que de ceux de Dédue. Pour lu: à 1l ne put pas enrichir fa patrie de beaucoup de mo- numens, parce qu'ayant commis un crime capital , \ il futobligé de fe fauver, & d'aller chercher fa sûreté dans une terre étrangere. Voici quel fut fon crime. [avoit parmi fes éleves fon propre neveu , fils de Perdix fa fœur; on le nommoit Calus, & ce jeune homme marquoit autant d’efprit que d'induftrie ; Dé- dale cragnit fes talens; & pour fe défaire d’un rival qui obfcurcifloit déja fa gloire , ille précipita du haut de la citadelle d'Athènes en-bas, & voulut faire ac- croire quil étoit tombé, mais perfonne n’y fut trom- pé. Ovide dans le huitième livre de fes métamor- phofes, a décrit la malheureufe avanture de Calus ; qu'il a mieux aimé nommer Perdix , apparemment parce que ce nom lui fournifloit l’idée de la méta- morphofe de ce jeune homme en perdrix, oïfeau , dit-il, qui fous fon plumage conferve encore le même nom qu'il a eu autrefois fous une forme humaine Fa avec cette différence que la force & la vivacité de {on efprit , ont pañlé dans fes aîles & dans fes PIés. Sed vigor ingenit quondam velocis | in alas Inque pedes abiit > nomen quod & ante remanfit. APE, > 4 L’attion atroce de Dédale ne pouvoit pas demeu: rer impunie dans un état, où pour donner plus d’hor- reur de Fhomicide, on faifoit Le procès aux chofes | LE 830 SCU même inanimées, quand elles avoient occafionné la mort d’un homme. Dédale atteint & convaincu d’un crime fi énor« me , fut condamné par arrêt de lAréopage, à perdre la vie: Il fe déroba à la juftice, & fe tenant caché dans üne bourgade de l’Attique, de la tribu de Cécrops, qui du nom de cet illuftre fugitif, fut appellée Déde: lide ; mais ne s’y croyant pas ensûreté, il pañla en Crete. La renommée avoit préparé les efprits en fa faveur; on fut charmé de voir un homme d’un fi rare mérite, & Minos qui régnoit dans cette île, compta bien mettre à profit les talens de’cet habile artifte, qui de fon côté répondit à l'attente qu'on avoit de lui. Minos avoit deux filles, Phedre &c Ariadne; Dédale fit leurs ftatues en bois ; il fit auf celle d’une divinité qui étoit chere aux Crétois; on la nommoit dans la langue du pays Britomartis , comme qui di- roit la douce vierge. Ce fut encore en ce tems-là qu'il fit pour Ariadne un bas-relief de marbre blanc , qui repréfentoit ces danfes légeres, & cette efpece de branle dont parle Homere dans le dix-huitieme Hi- vre de l’Iliade. Jufque-là il n’avoit guere été que ftatuaire , dans la fuite il fe montra grand architecte; il fitle labyrinthe du roi Mendès , ouvrage que Pline appelle le plus étonnant qu’ait produit lefprit hu- main. Diodore parle des ouvrages que Dédalk fit en Sicile : il laïffa un fils que l’on appelloit Japyx, & qui donna fon nom à une contrée d'Italie. Aucun écrivain nenous apprend en quel tems na- uit ou mourut Dédale ; on peut cependant imaginer qu'il finit fes jours en Egypte. Ce fentiment paroït appuyé fur cé que rapporte Diodore de Sicile, que Dédale bâtit le veftibule de ce magmfique temple ue Vulcain avoit à Memphis; que l’on y plaça la atue de cet artifte faite de fa main propre , &t que dans une île proche de cette grande ville, les Egyp- tiens lui confacrerent un temple , où lon lui rendoit les honneurs divins. En un mot, l’Hiftoire & la Fa- ble ont concouru àilluftrer également fon nom, qw’il avoit tiré du mot grec J'uidanc , terme qui avant lui fignifioit un morceau de bois poli & artiftement travaillé. Au refte, ileft néceflaire d’obferver qu'il y a eu trois Dédales, tous trois ftatuaites ; le premier athé- nien, dont il s’agit 1c1; le fecond ficyonien, qui a en- zichi la Grece de bon nombre de ftatues; & le troi- fieme de Bithynie, dont parle Arien, &t qui étoit connu par une ftatue de Jupiter Stratius, ou dieu des armées. Les Grecs ont fouvent confondu lun avec autre; &Paufanias lui-même eft quelquefois tombé dans cette méprife. Pour n’y être pas trompé, on fe fouviendra que l’ancien Dédale vivoit dutems d'Her- cule, de Théfée, & d’Œdipe , trente ou quarante ans avant la guerre de Troie. Démocrite de Sycione étoit éleve de Critias athé- hien. Pline , Z XX XIV, c. vi. le nomme parmi les ftatuaires qui excelloïient à répréfenter les philofo- phes. Il nous apprend encore qu'il y avoit à Rome quantité de féu/pteurs qui fe livroïent à la feule occu- pation de faire pour le public de ces fortes de por- traits. Les différentes feêtes académiques formoient des fuites nombreufes, & tel particulier vouloit les avoir toutes. D'ailleurs comme les bibliotheques fe multiplioient & fe décoroient de plus en plus, ces buftes en devinrent un ornement néceflaire ; ainfi la befogne ne manquoit pas aux ouvriers. Il eft vraif- femblable que la plüpart de ces têtes étoient mou- lées, &r fe trouvoient exécutées en bronze, Dibutades , corinthien , pafle pour être le premier qui inventa la plaftique , c’eft-à-dire qui trouva l'art de former des figures de bas-reliefs ou de ronde- boffe avec de l'argile ; il étoit potier-de-terre à Co- rinthe. Tout le monde fait que fa fille, éprife pour #n jeune homme qui partoit pour un voyage , tfacä fur le mur ombre que fon vifage formoit par Pope pofition d’une lampe. Le pere frappé de ce deffein, fuivitles contours & remplit avec de la terre les inter valles qu'ils occupoient; enfuite il porta ce prétendu bas-relief dans fon four avec fes autres ouvrages. # ë Fe) Cette ftatue fut mile 8 confervée dans le temple des nymphes à Corinthe, jufqu’au tems où Mommius détruifit cette ville, Voilà lhiftoire que Pline, Z4, XX XV. cap. xi. rapporte fur l’origine de la plafti- que , &c il faut avouer qu’elle eft mêlée de vraiffem. blance dans le détail , & d’agrément dans linven- fion. Diogene , athénien, décora le panthéon d’Agrip= pa, & fitles caryatides qui fervoient de colonnes au temple, & qu'on mettoit au rang des plus belles chofes. | Dipœne & Scyllis , Pline affüré qu'ils ont fleuri versla so*olympiade, & qu’ils fe rendirent extrème- ment célebres par l'invention de fcuipter le marbre &t de lui donner le poli, primi omnium marmore fcal- pendo inclaruere, On fait que la même dureté du mar- bre qui conferve le poli qu'il a une fois recu, aug- mente la difficulté de le tailler & de lui donner ce poli. Les marbres infcrits des anciens monumens du Péloponnèfe & de l’Attique étant raillés au marteau, font abfolument brutes ; &c l’époque de cette impor- tante découverte de lart de tailler le marbre au ci- feau, fcalpendo, fert à fixerle tems de ceux à qui elle eft dûe. . Dipœnñe & Scyllis avoïent formé , felon Paufanias, L. III, c. xxv. un grand nombre d’éleves dont les ou- vrages étoient extrèmement eflimés. Tels étoient Léarchus de Rhege, Théoclès de Laconie, Dorycli das , fon frere Médon , & un grand nombre d’au-. tres , fur-tout Teétius & Argelion , fcxlpteurs céles bres par la ftatue de Apollon de Délos. Cette durée de /culpteurs qui donne plus de cinquante ans à cha- cune des trois fucceffions de Callon , de T'etius & de Dipœne, prouve que Pline a peut-être fait ce der- nier trop ancien, & qu'il doit être poftérieur à la 50° olympiade, Quoi qu'ilen foit, Dipœne & Scyllis étoient originaires de Crete , & fortis de Pécole de Sculpture foñdée dans cette île par l’athénien Dé- dale. Endoëus , athénien , contemporain de Dédale, 6 qui le fuivit en Crete ; fa Minerve afife fe voyoit dans la citadelle d'Athènes; elle étoit de bois , tenoit une quenouille des deux mains, 6 avoit fur la tête une couronne furmontée de létoile polaire. On voyoit à Rome dans le forum d’Augufte une autre ftatue de Minerve d'ivoire de la main du même En- doëus,. Euphranor, de l'iffhme de Corinthe, contemporain de Praxitele, fleurifloit dans la civ. olympiade, en- viron 390 de Rome. Pline parle de cet artifte avec de grands éloges, & décrit fes ouvrages. Il fit une ftatue du bon Succès, qui d’une main tenoit une pa- tere pour marque de fa divinité, & de Pautre un épi de blé avec un pavot : hwjus eff femulacrum ( boni Eventus) dextrépateram, fenifträ Jpicam , ac papaver tenens. Cette ftatue d’Exphranor a fervi de modele aux images qui en ont été repréfentées fur les mé- dailles impériales, greques & latines. En effet, fur celles du haut empire juqu’à Gallien , defquelles on a connoiffance , ce dieu fous Le titre de bonus Even- tus , bono Eventui, Eventus Aupufli, y eft figuré de la même maniere & avec les mêmes attributs que la ftatue faite de la main d’Euphranor, c’eft-à-dire nue, proche d’un autel, tenant d’une maïn une patere, & de lautre des épis & des pavots. Quelquefois avec très-peu de différence , comme une corbeille de fruits , au lieu de la patere, ou une branche d’ar- bre garnie de fruits, de la maniere qu’on le voit fur ke médailles d'argent de Pefcennins Niger & de Ju Ba Dorana , rapportées par M. Patin. Mais le chef-d'œuvre d'£Euvphranor toit fa atue de Paris. Il indiqua, dit Pline, par {on ouvrage, le juge des déefles, l'amant d'Hélene & le vainqueur d'Achille. Que de beautés dans cet éloge ! Et que Pidéefenle de caraétérifér ces trois chofes étoitagréa: ble de la part de Partifie je dis l’idée , car taht de- Giférentes expreflions étoient impctibles à exécu- ter à la lettre , maïs c’eft beaucoup que de les faire penfer, ‘4 mat | Aurefte, Enphranor n'excelloit pas moins en Pein: tureïqi'en Sculpture, 8 nous n'avons pas oublié fon hom dans la lifte des peintres’ célebrés de l’anti- Quité. doi 2e ts nr _ Eushychide, ficyonien, de lécole de Lyfippe, ft pour Denis, tyran de Syracufe , la ftatue de T'imof- thène athlete , qui remporta le prix du ffadé aux jeux olympiques. C’eft ce même Evrhychide, dit Pau- fanias , qui a fait pour les Syriens d’Antioche cette ftätue de la Fortune, qui eff en fi grande vénération parmi les peuples. Mais le chef-d'œuvre de cet ar- Hfte eff la ftatue du fleuve Eurotas, qu'il exécuta en Bronze d’une maniere f parfaite , que le travail , dit Pline, étoit encore plus coulant que les eaux de ce : fleuve ; c’eft un bel éloge du deffein, de la compo- fition &c de exécution, fur-tout quand il s’agit de repréfenter un fleuve ; c’eft d’ailleurs tout ce qu’on peut demander à l’art que de trouver dans la natute des chofes qui répondent à celles que Pimagination a créées, On dit aujourd’hui un deffein coulant , & on le dit encore avec plus de grace, quand il eft pla- cé dans les figures auxquelles il convient par leur effence. ! Exthycrate, natif de Sycione , fils & difciple de Lyfppe, imita fon pere dans l’exa@e obfervation des regles de [a Sculpture, & aima mieux, felon Pline, s'attacher {crupuleufement à la correétion , qu'aux aprémens & à l'élégance. [ltailla pour la ville de Delphes deux fuperbes ftatues , l’une d’Hercule &t l’autre d'Alexandre. On vantoit encore fingulie- rement fa grande chafle des Thefpis & des Thefpia- des. Il £t plufeuts fieures de Médée dans fon char À quatre chevaux; plufieurs.repréfentations de meutes de chiens, & un grouppe d’un combat à cheval qu’on mit à Pentrée de l’antre où fe rendoient les oracles de Trophonius. - 0 | Léocharès, contemporain & rival de Scopas, vivoit dans la c. olympiade ; il fut un des quatre excellens Jculpteurs qui travaillerent à ce fuperbe tombeau de Maufole , roi de Carie, que lon a regardé comme une des fept merveilles du monde. On admiroit en- core au Pirée deux de fes flatues , une de Jupiter, & une autre qui reprélentoit le peuple d'Athènes. Mais admirez comme Pline parle d’un autre ou- vrage de Léocharès : cet artifte, dit-il, exécuta un aigle enlevant Ganimede, fentant le mérite du poids dont il eft chargé , & la grandeur de celui auquel 1l e porte , craionant de blefler avec fes ongles les ha- bits même du jeune phrygien. Cette compofñition ne paroît pas feulement pofli- ble &c fimple, mais charmante à M. le comte de Cay- lus, qui de plus ne doute point que l'exécution n’ait répondu parfaitement à la beauté de l'idée , &t je trouve encore, continue-t-il, que dans la defcrip- tion du fleuve Eurotas repréfentée par Eutychides, “dans celle de Ganymede, Pline a peint les délicateffes de Part & celles de Pefprit. | Léontius fit un ouvrage à Syracufe qui repréfen- toit un homme boïtant par les fouffrances que lui catfoit un ulcere ; fur quoi Pline ,Z XXXIP. c, vliy. dit: Syracufis aurem claudicantem , cujus ulceris dolo= rem fentire etiam fpe&tantes videntur : ce récit prouve au-moips que l'ouvrage de Léontius ne laifoit rien à Es Tome XIF. Bar SCU | defirer pour Pexprefion. Guüeldiun trouvera peuts être là métaphore de Pline un peu forte : mais les amateurs des arts Ont des façons de parler vives ; és thoufiaites, & qui ne fervent que mieux à peindre Jé fentimient. Mes | | Lyfias fit ün Char à quatre chevatix. dans léquef Apollon & Diane étoient placés, & ce bel oùvragé étoit d'un feul bloc. Augufte lé mit fur l'arc qu'il con: facra à la mémoire de {on pere , & le renferma dans un petit temple environné de colonnes, C’ef Pline qui fait ce técit. L’arc dont il parlé comme d’une nouvelle invention pour porter des ftatues, étoit ap= paremment d’une médiocre grandeur, & fe réduifoit à un grand focle ou piédeftal chargé dé la figute du monument, Ce corps folide devoit cependant avoir une certaine hauteur, pour indiquer une plus grande idée de magnificence que des colonnes & des pié- deftaux ordinaires , d'autant même que ces corps étoient encore plus fufceptibles de tous Les bas:reliefs dont où vouloit les enrichir, | Lyfippé natif de Sycione & contemporain d’Ale- xandre ; c’étoit à lui & à Apelle feulement qu'il étoif permis de repréfenter ce conquérant. Lyfippe fit plu+ fleurs ffatues de ce prince, fuivant {es diférens âces. L'empereur Néron pofléda la plus précieufe ; mais comme elle n’étoit que de bronze, il crut que l'or en Penrichiflant la rendroit plus belle ; il arriva tout au contraire, que la nouvelle parure oÂta la ftatue : & qu'on fut forcé d'enlever l'or, ce qui dégrada beaucoup cette antique par les taches & les cicatrices qui y reftérent. Lyfippe travailloit avec autant de génie que de fa cité. Une imitation trop fervile de la nature étant un défaut plutôt qu’une beauté , il favoit lui donner plus de graces & d’agrémens qw’elle n’a coutume d'en avoir. Ce célebre artifte avoit repréfenté un homme fortant du bain , morceau précieux qui fai- {oït un des plus grands ornémens des thermes d’Aa grippa. Tibere fit enlever cette piece admirable pour en embellir fon palais ; mais le peuple ne put s’ac: Coutumer à ne plus voir ce chef-d'œuvre de l'art, & fotça l’empereur de le reftituer. Duris rapporte que Ly/£ppe, ce font les patoles de Pline, n'a point eu de maître ; Tullius apparem- ment Cicéron, foutient qu'il en à eu un » Mais qué dans les commencemens qu'il étudioit fon art, la ré ponfe du peintre Eupompus lui donna un excellent précepte ; car lui ayant demandé quel étoit celui des anciens dont il lui confeilloit de fuivre la maniere il lui montra uné multitude d’hommes ,; & lui indi- qua par-R qu'il ne falloit fuivre que la nature. Toutes les parties de l’efprit onf autant befoin que les arts de cette graride vérité, & tous ceux qui n’ont pas ew la nature en vüe n’ont préfenté que de faux brillans 3 êc leurs fücçes n’ont jamais été que pañlagers. Après la ifte d’une partie des grands &c des beaux ouvrages de Lyfippe, Pline finit par dire : il à beau= coup embelli Part ffatuaire par la façon lésere dont ilatraité les cheveux , par la diminution des têtes que les anciens tenoient fortes, & par les corps trate . tés plus légers & plus fvéltes pour faire patoïtre {es ftatues plus grandés. #4 Mais ce qui femble fort étorinant eft la quantité d'ouvrages que Lyfppe exécura. Il fit fix cens dix morceaux de fculpture , qui tous auroient rendu cé: lebre Partifte qui n’en auroit fait qu'un feul, ajoute Pline, 2 XX NIV, c, vi. tante omnia artis , us clari= tater poffent dare vel fingula. Il fut aïfé de favoir leur nombre, car il avoit cou: tume de mettre à part un denier d’or, quand il avoif produit un nouvel ouvrage , & fon héritier en fi£ le calcul après fa mort ; cependant ce fait mérite d’être expliqué ; voici donc ce qu’en penfe M. de Caylus, | | : | LLIH 822 $S CU S'il étoit queftion, dit-il, dans ce calcul des ou- vrages de Lyfippe,'@e flatues de marbre, èc même de figures de bronze de grandeur naturelle,ou faites cha- cune fur différens modeles, quoiqu'il en ait produit plufieuts de ce genre, le nombre de fix cens dix mor- ceaux de la main d’un feul artifte ne feroit ni pofti- ble, ni vraiffemblable ; la connoïflance des arts &r leur marche dans l’exécution vont heureufement fer- vir à lever tous nos doutes. | Quand la pratique de la fonte eft famihere à un artilte & qu’il a fous es ordres des gens capables de Vaider , les ouvrages fe multiplient en peu de tems; lartifte n’a proprement befoin que de faire des mo- deles en terre ou en cire, manœuvre que lon fait être auffi prompte que facile. Le moule, la fonte & le foin de réparer font des opérations qui ne deman- dent point la main du maître , &t cependant la figure n’eft pas moins regardée comme fon ouvrage. Ajoutons à ces facilités que l’on peut jetter un très grand nombre de figures dans le même moule, & fans doute que toutes les fois qu'il en fortoit une de fon fourneau, Ly/ippe s’étoit impofée la loi de mettre à-part un demer d’or , dont le nombre accu- mulé fervit après fa mort à fupputer la quantité de figures fondues dans fon attelier. Il n’eñt pas ëté diff- cile à Jean de Boulogne d’en faire autant dans le der- nier fiecle, & peut-être que fi lon comptoit le nom bre de petites figures qu'il a produites de cette façon, on n’en trouveroit guere moins de fix cens dix, 1n- dépendamment des grandes figures équeftres è£ des autres flatues ou bas-reliefs dont il a fait les modeles, &c à la fonte defquels il a préfidé. Lyfifirate de Sicyone, frere de Lyfippe fut felon Pline , « le premier qui fit des portraits gypje, en # appliquant le plâtre fur le vifagè de ceux dont 1l » vouloit avoir la reffemblance, & quijetta de la cire » dans le creux que cette premiere opération avoit » produit ; c’eft ce que nous appellons #ou/e. Avant » le tems de cet artifte, on ne 1ongeoit qu’à rendre »# les têtes les plus belles qu'il étoit pofhble : mais » celui-ci s’attacha le premier à la reflemblance ». Pline dit tout-de-fuite : & Enfin la chofe alla fi loin, »# que l’on ne fit aucun ouvrage de /cu/prure fans en:- » ployer la terre : Crevitque res in vantum, ut nulla » fera fatuave fine argillé jfierent ». I] n’eft pour- tant pas étonnant que l’on ne fit plus aucun ouvra- ge de Jtulpture fans employer la terre ; parce qu'il n'y a dans le monde que la terre, la cire, ou le plà- tre qui puiffent obéir à lébauchoir, ou à la main du Sculpteur, pour former fon ouvrage & le mettre en état d’être moulé. Or, comme le plâtre & la cire font encore plus difficiles à trouver que la terre, il eft tout fimple que les /Cu/pteurs lui ayent donné généralement la préférence. Lyfon eft mis par Pline, Zv. XX XIV, ch. viy, au nombre des ftatuaires qui réuflifloient Barticuliere- ment à repréfenter des athletes , des gens armés, & des facrificateurs. Paufanias dit qu’il avoit fait un mor- ceau placé dans la falle du fénat qui repréfentoit le peuple d'Athènes. | Malas de Chio , s’acquit dans fa patrie avec fon fils Micciades, une haute réputation : ils vivoient avant Dypœne & Scyilis. Mencejtrate. Pline , parlant de cet artifle, dit, 4- vre XX XIV, ci. vi : On admire beaucoup l’'Her- cule de Meneffratus 8 lHécate du même artifie. On voit cette dermere figure à Ephèïe, derriere le tem- ple. Le marbre en eff fi brillant, que les gardiens de ce temple avertiflent les étrangers de la regarder avec précaution pour ménager leurs yeux. Myren, athénien, difciple de Polyclete, vivoit dans la 84° olympiade, vers lan du monde 3560. Il s’eft rendu recommandable par une exaëte imitation de la belle nature. La matiere fembloit s’animer fous S CU fon cifeau; plufeurs jolies épigrammes du 1Ÿ. Zv4 de lAzthologie font mention d’une vache qu'il avoit repréfentée en bronze avec untelart,que cet ouvrage féduifoit & les pâtres & les animaux. Enfin, cette vache fameufe, à ce que prétendent plufieurs au- teurs , pouvoit fervir de modele, tant pour lexcel- lence de l'imitation que pour la perfection de la na- ture même. Cependant nous avons heu de penfer que nos ftatuaires feroienten état derepréfenter au- jourd'hui des animaux du genre unité par Myron êc par {es confreres beaucoup plus parfaits que ceux qui leur étoient connus. L’idée de la belle nature que les anciens fe font formée fux la pipart des qua= drupedes, en prenant pour exemples ceux dé, la Grece & d'italie; cette idée, dis-je, n’approche pas des modeles. que nous offrent à cet égard divers pays de l’Europe. Nous voyons certainement, felon la remarque de l’auteur des réfléxions {ur la Poëfie & la Peinture, que les taureaux, les vaches, &c les porcs des bas rehefs antiques ne {ont point comparables aux ani= maux de la même efpece, que la Flandre, la Hol- lande & l'Angicterre élevenr, On trouve dans ces dernieres une beauté, où l'imagination des artiftes qui ne les avoient point vus, etoit incapable d’ats teindre, Les chevaux antiques, même celui fur lequel Marc-Aurèle eff monté & à qui Pietre de Cortone adretfoit la parole touves les fois quil pafloit dans la cour du capitoie, en lui diiant par enthoufiafme pittorefque : « Avance donc, ne fais-tu pas que tu » e5 vivant »? ces chevaux, dis-je, a’out point les proportions aufh élégantes , nile corfage êc l'air auffi nobles que les chevaux que Les fculpreurs ont repré- fentés, depuis qu'ils ont connu ceux d’Andaloufie, ceux du nord de l'Angleterre, &t depuis que l’efpece de ces aninaux s’eft embellie dans différens pays par te mélange que les nations induftrieues ont fu faire des races. En un mot, les hommes les plus habiles ne fauroient jamais, en prêtant à la nature toutes les beautés qu'ils imagineront, l’annoblir dans leurs in- ventions , autant qu’elle fait s’annoblir elle-même à la faveur de certaines conjonttures. Je reviens au feulpreur d'Athènes. Il y avoit dans le temple de Samos une cour deftinée pour les fta- tues , parmi lefquelles on en voyoit trois coloffales de fa main portées fur la même bafe. Marc-Antoine les avoit fait enlever; mais Augufte y fit remettre celles de Minerve & d’Hercule, & fe contenta d’en- voyer celle de Jupiter au capitole. Le mont Hélicon étoit embelli d’un Bacchus de- bout que Myron avoit fait, 8 qu’on eftimoit être la plus belle de fes ftatues après l’'Erechtée qui étoit à Athènes. Ce Bacchus, dit Paufamias, étoit un préfent de Sylla, non qu'il lait fait faire à fes dépens, mais 1l l’enleva aux Orchoméniens de Mynies pour la donner aux Théopiens, ce que les Grecs appellent honorer les dieux avec l’encens d'autrui. Myron étoit jaloux de l’immortalité; & pour y participer par quelqu'un de fes ouvrages , 1l mit fon nom prefqu’en carateres imperceptibles fur une des cuifles de fa ftatue d’Apollon, que poflédoient les Athéniens. Pline fait un bel éloge de cet artifte : Primus hic, dit-il, muliplicafe varictasem videtur, numerofior ir arte quam Polycletus, © in Jymmetrid diligentior : ce- pendant ce mot primus ne veut marquer qu'une plus grande variété dans la compoñition, &t un plus grand foin dans l’exécution. En cela Myren lemporta fur fes prédéceffeurs. Pline ajoute qu’en fait de badi- nage, il.-fit un tombeau pour une cigale 8 pour une fauterelle. Et comme tout fe répete dans le monde, un de nos artiftes fit dans le dernier fiecle le tom- beau de la chatte de Madame de Lefdiguieres; &z cet ouvrage qui ne méritoit pas d'être relevé, produifit je ne fai combien de pieces de vers Naucydes, d'Afoos, fils de Mathon, & frere dé Péryclete floffloit , felon Pline, dans la 95°. olym- piade, avec Canachus, Ariftoclès, Diomede & Pa- trocle, Son chef-d'œuvre étoit la ftatue d'une jeune Hébé d'or & d'ivoire, qu’on avoit mife près de la ftatue de Junon. Onatas, de l'ile d'Ésine, forti de l’école athé- mienne fondée par l’ancien Dédale, vivoit en même tems qu'Agélades d’Argos. On voyoit de lui à Per- game un Apollon en bronze qui étoit admirable , tant pour fa grandeur que pour la beauté de l’ouvrage. Mais rien ñe lui acquit plus d’honûeur que la Cérès que les Phigaliens lui demanderent, en lui promer- tant telle récompenfe qu'il voudroit. « Je vins ex- » près à Phigale, dit Paufanias, pour voir fa Cérès ; » je n'immolai aucune victime à la déefle, je lui pré- » fentai feulement quelques fruits, à la maniere des » gens du pays, fur-tout du faifin avec des rayons » de miel, & des laines fans apprèêt , telles que la » toifon les donne. On met ces offrandes fur un autel » qui eft devant la grotte, & on verfe de l'huile def- » fus. Cette efpece de facrifice fe fait tous les jours # par les particuliers, & une fois l’an par la ville en » corps : c'eft une prêtrefle qui y préfide , accom- » pagnée du miniftre le plus jeune de [a déeffe. La » grotte eft environnée d’un bois facré, où coule » ane fource d’eau très-froide ». Voilà un joli fujet de Gravure ou de Peinture que fournit Paufanias: Ja flatue de Cérès, les facrifices non-fanglans qu'on offre en procefhion fur fon autel, une belle prêtrefle, avec un jeune miniftre qui les reçoit, la grotte, le bois facré, la fource d’eau vive, &c. Le même Oratas avoit fait plufeurs ftatues équef- tres pour les T'arentins, & ces ftatues furent mifes dans le temple de Delphes. Il avoit encore été em- ployé par Dynoménès, fils de Hiéron, tyran de Sy- racufe, pour le monument dont il oratifia la ville d'Olympie, en mémoire des viétoires remportées par fon pere aux jeux olympiques. Enfin, ce qui augmente la gloire de cet artifte, eft d’avoir été le . maitre de Polyclète. Pafiièle eft un artifte dont Varron donne une grande idce, ainfi que Pline. Pafèke, dit ce der- nier, cm effet in omnibus funimus, a écrit cinq vo- lumes fur les plus excellens ouvrages de Sculpture qui ayent paru dans le monde. Il étoit de cette par- te de Fltalie qu’on nomme la grande Grece, & ac- quit conjointement avec elle le droit de citoyen ro- main. Îl fit un Jupiter d'ivoire, & cette flatue eft placée dans la maïfon de Métellus, fituée fur le che- min du champ de Mars. Cet artifte, très-exaét imi- tateur de lanature, digentiffimus artifex, travailloit un jour dans cet endroit de Rome où l’on gardoït les animaux d'Afrique : pendant qu’il étudioit un lion à-travers les barreaux , une panthere s’échappa d’une cage voifine , non fans lui faire courir un très-srand danger. On dit qu'il a fait beaucoup d'ouvrages , mais on ne les connoït pas précifément. Pline, div. XXXIFV, .… Pautias, de Chiô, étoir fils de Softrate: l’art & lhabileté d'Ariftocle de Sicyone avoit paflé À lui, comme de main en main, car il étoit le feptieme maître forti de cette école. [l fe fignala par de belles ftatues d’athletes proclamés vainqueurs dans les jeux de la Grece. Peryllus et bien connu de toutle monde par l’hif- toire du taureau de bronze qu’il avoit exécuté y GE dont il éprouva lui-même toute l'horreur: ;7 hoc à Jfimulachris deñm hominumque, devoraveras hurmaniffi= mar ariem, dit Pline, Ly. XXXIF., ch. vi. Cette peinture des arts, comme M. de Caylus le remarque, ef très-belle & très-convenable, Hs ne font faits que % $S C Ü 823 pout le culte des dieux, pour conferÿer lé fouvenir des héros, pour corriger les pafions, & pour inf- pirer la vertu. Peryllus fut plus cruel que Phalaris ; c'eft pourquoi Pline pourfuit, en difant : Ttaque de und caufi Jervantur opera ejus, ut quifquis illa vi= deat, oderit manus (Perylh), ) Phidias , le fculpieur des dieux, étoit natif d’Athe- nes; il fleurifloit vers l’an du monde 3556, dansla 83° olympiade, tems heureux où après les viétoires remportées contre les Perfes , Pabondance fille de la paix, & mere des beaux arts, faifoit éclore les talens par la proteétion de Périclès , l’un des plus grands hommes qui ait paru dans l’ancienne Grece , & peut-être dans le monde. Phidias avoit fait une étude fingulieré de tout cé qui avoit rapport à fon talent , & en particulier l’é- tude de loptique. On fait combien cette connoif: fance lui fut utile dans la flatue de Minerve , quil fut chargé de faire, concurremment avec Alcamène : la ftatue par Alcamène vue de près, avoit un beau fini qui gagna tous les fuffrages , tandis que celle de Phidias ne paroïfloit en quelque forte qu’ébauchée ; mais le travail recherché d’Alcamène difparut, lorf= que fa ftatue fut élevée au lieu de fa deftination ; celle de PArdias , au contraire frappa les fpeétateurs par un air de grandeur & de majefté, qu’on ne pou- voit fe laffer d'admirer. Ce fut lui qui après la bataille de Marathon, tra- vailla fur un bloc de marbre, que les Perfes dans Pefpérance de la viétoire avoient apporté, pour en ériger un trophée; il en fit une Néméfis , déeffe qui avoit pour fonéhion d’humilier les hommes fuperbes, La haine d’un grec contre les Perfes, jointe au pla fir de vanger fa patrie, anima fon génie d’un nou= veau feu , & prêta à fon cifeau & à fes mains une nouvelle adrefle. | Périclès chargea encore Phidias de faire une Mi nerve différente de celle dont j'ai parlé, & qu’on plaça dans lé temple de cette déefle , appellé le Par- chénon. Cette ftatue de Phidias avoit la hauteur de vinot-fix coudées (39 piés, ) & elle étoit d'or & d'ivoire. Il y entra 44 talens d’or, c’eft-ä-dire , 132 mille livres fterlings , fur le pie de 3000 livres fter- lings pour chaque talent d’or ; & comme un nom- mé Ménon accufa Phidias d’avoir détourné une par- tie de cette fomme, l’or fut détaché de la flatue, exaûtement pefe , & à la honte de l’accüfateur , on y retrouva les 44 talens ; mais quelque riche que füt cette ftatue, l’art y furpañloit infiniment la matiere; Cicéron, Pline, Plutarque, & autres grands écris vains de l’antiquité, tous connoïffeurs, tous témoins oculaires , en ont parlé comme d’un des plus beaux ouviages de main d'homme. : L’on auroit peut-être douté qu'il füt poffible de rien faire de plus parfait en ce genre, fi ce Phidias lui-même n’en eût donné la preuve dans fon Jupiter olympien, qu'on peut appeller le chef-d'œuvre du plus célebre maître, le plus orand effort de Part, un pro- dige , & fi bien un prodige, que pour l’effimer fa juite valeur, on crut le devoir mettre au nombre des fept merveilles du monde. Phidias futinfpiré dans la conftrution de fon Jupiter par un efprit de vengean- ce contre les Athéniens , defquels 1l avoit lieu de fe plaindre , & par le defir d’ôter à fon ingrate patrie , la gloire d’avoir fon plus belouvrage, dont les Eléens furent poflefleurs avec reconnoïflance. Pour honorer : la mémoire de lartifte , ils créerent en faveur de fes defcendans une nouvelle charge ; dont toute la fonc: tion confiftoit à avoir foin de cette ftatue. Cette ftatue d’or & d'ivoire haute de 60 piés, & d'une groffeur proportionnée , fit le défelpoir de tous les grands ftatuaires qui vinrent après. Aucun d’eux n’eut la préfomption de penfer feulement à Pis miter. Selon Quintilien, la majefté de l'ouvrage éga« 8214 SCU loit celle de Jupiter, & ajoutoit encore à la religion des peuples. On demandoit fi le dieu étoit defcendu du ciel en terre pour {e faire voir à Phidias , ou fi Phidias avoit été tranfporté au ciel, pour contempler le dieu. Paufanias qui avoit vu cette ftatue, nous en a laiflé une longue & belle defcription , que M. l'A. bé Gédoyn a inférée dans fa diflertationfur ce /£lp- sur immortel. Au bas de la ffatue | on lifoit cette infcription : PHIDIAS ÂTHÉNIEN , FILS DE CHAR- MIDE , MA FAIT. [l termina fes travaux par ce chef- d'œuvre qui mit le comble à fa gloire , &c lui aflura une réputation que plus de deux mille ans n’ont pu lui ravir. Ce maître fublime fut le premier parmi les Grecs qui étudia la belle nature, pour limiter , & fon ima- gination vafte 6 hardie, repréfentoit encore mieux les dieux que ies hommes. Il paroïfloit alors être guidé dans fon travail par la divinité elle-même, Si Phidias forme l’image de Jupiter , dit Seneque, il femble que ce Dieu va lancer la foudre : s’il repré- fente Minerve, on diroit qu’elle va parler pour in{- truire ceux qui la confiderent, & que cette fage léeffe ne garde le filence que par modeflie. Aimable Îœur de la peinture, art merveilleux, c’eft donc ainfi que vous faites 1llufion aux fens, pour enchanter l'ame, pour attendrir le cœur, & pour élever Pef- prit ! Paufanias rapporte que les Eléens conferverent pendant très-longtems l’attelier de Paidias, & que c’étoitune curiofité que les voyageurs ne manquoient pas d'aller voir. Mais il ne faut pas obmettre le jugement de Pline fur Phidias, Je ne parlerai point, dit cer hiftorien, de la beauté de Jupiter olympien , ni de la grandeur de la Minerve d'Athènes, qui a vinet-fix coudées de hauteur (39 piés,) & qui eft d’or & d'ivoire ; mais je parlerai, continue-t-1l, du bouclier de cette même figure, fur le bord duquel il a repréfenté en bas-relief Îe combat des Amazones , êt dans le dedans celui des dieux & des géans ; il a employé toute la délicatefle de lart pour repréfenter le combat des Centaures &z des Lapithes fur la chauflure de la déefle, tant il a sû profiter de tout; &c il a décoré la bafe de la ftatue par un bas-relief qui reprélente la naïffance de Pandore. On voit dans cette compofition la naïffance de vingt autres dieux, du nombre defquels , eftune Viétoire qui fe diftingue par fa beauté. Les connoiffeurs ad- mirent furtout le ferpent &z le fphinx de bronze fur Îequel la déeffe appuie {a hafte. Voilà ce que je vou- Îois dire en paflant, ajoute Pline, d’un artifte que Von ne peut jamais aflez louer, & dont la grande ma- mere, magmfcentia, s’eft toujours foutenue jufque dans les plus petites chofes. Les beautés de détail qu’on vient de lire n’ont été décrites que par Pline, & elles amufent l'imagination. Je conviendrai fans peine que leur travail étoit en pure perte pour les fpeétateurs, parce qu’en donnant même au bouclier de Minerve dix piés de diametre, on ne pouvoit diflinguer fes ornemens d’aflez près pour en juger fur une figure d’environ quarante piés, de proportion, & qui d’ailleurs étoit placée fur un piédeftal qui l’élevoit encore. Auffi n’eft-ce pas dans ces petits objers que confiftoit le principal mérite de la ftatue de Minerve ; ils m’étoient répréfentés que fur le bouclier de la déefle , &c Pline ne les donne que comme de légeres preuves des talens & du gé- nie de Partifte, sroumenta parva. & ingeni tantum. Mais Phidias {e vit obligé de fe prêter au goûr des Grecs qui aimoient pafñionnément ces fortes de pe- tits morceaux, le trône d’Apollon par Bathyclès fai- foitleurs délices. Or qui peut douter du mérite émi- nent êt de la perfeétion des ouvrages de Phidias en ce genre? Tout le monde avoit vu de près le bouclier de Minerve, & l’avoit admiré avant quil fût en * place, - S C Ü Polyclete, naquit à Sycionne, ville du Pélopon: nefe , & fleurifloit en la 87° olympiade, Ce célebre artifte pafle pour avoir porté dans le gracieux & le correit, la /eulpture à fa derniere perfetion. Ses ouvrages étoient fans prix; mais celui qui lui acquit le plus de réputation , fut la ftatue d’un dotyphore, c’eit-à dire, d’un garde des rois de Perfe. Dans cette fitue merveilleute, toutes les proportions du corps humain étoient fi heureufement obfervées, qu'on venoit la confulter de tous côtés comme un parfait modele, ce qui la fit appeller par les connoïfieurs , la regle ; j'en parlerai plus bas. Ca rapporte que ce fculpreur voulant prouver au peuple combien fes jugemens font faux pour l’ordi- naire , il réforma une fiatue fuivant les avis qu’on lur donnoit ; puis 1l en compofa une fembiable fuivant fon génie & fon goût. Lorfque ces deux morceaux furent mis en parallele ; le premier parut effroyable en comparifon de fautre: « ce que vous condam- » nez, dit alors Polyclete au peuple, eft votre ou- » vrage ; ce que vous admirez.eft le mien.» Un ba- bile artifte, on Pa dit avant moi, doit écouter la cri- tique comme un avertiflement qui peut lui être utile, mais non pas comme une loi qui doive le gêner. Le goût de Polyclete, le portoit furtout à la réeu- larité , &c à l’agrément; l’on trouvoïit en conféquence que fes ftatues auroient eù befoin d’un peu plus de force ; en effet il repréfentoit les hommes avec des graces infinies , &t beaucoup mieux qu'ils ne font, mais il n’atteignit pas comme Phidias à la majefté des dieux. On dit même que l’âge robufte étonnoit fes mains délicates ; & c’eft par cette raifon qu’il n’a guere exprimé que latendre jeunefle. Sa flatue d’un jeune homme couronné, étoit fi belle pour l’expref- fon délicate des chairs, qu’elle fut vendue cent ta- lens , quatre cent foixante &r dix mille livres. Diz- dumenum fecit mollirer, certum talentis nobilitatum , dit Pline, Son enfant tenant une lance à la:main, ne fut pas moins célebre ; êc fes trois ftatues de troisen- fans nuds jouant enfemble , que Titus avoit dans {on palais, furent regardées comme trois chefs-d’œuvres de l’art. Il feroit trop long de citer tous les ouvrages de fa main, que le monde admiroit; mais j’ai promis de parler de la fameufe flatue qwon nomme la re92. Cet artifte, felon Pline, Z XXXIP, c. vis, vou- lant laïffer à la poftérité les regles de fon art, fe con- tenta de faire une ftatue qui les comprenoit toutes , êt que par cette raïfonil appella la regle, fecir 6 quem canones artifices vocarit, lincamenta artis ex eo petentes, velut à lège quädam. « Ce fait, dit M. de Caylus, eft » un de ceux qui demande d’autant plus à être expli- » qué qu'il paroît n’en avoir aucun befoin. Tout » homme de lettres qui lira ce pañlagé , ne doutera » pas que l'ouvrage de Polyclete nait été une regle » fondamentale pour les fcxlpreurs, & conféquem- » ment il croira que fi l’on avoit cette ftatue, on » pourroit faire d’aufli belles chofes que les Grecs. » Cela n’eft cependant vrai que dans un fens , c’eft- » à-dire, pour un feul âge; encore dans cemêmeâre, » on peut s'écarter du point donné pour de certaines » parties , &c bien faire : car l’artifte qui prendra les » proportions de l'antique, précaution que tous nos » modernes prennent avec grand foin , a lé même » privilege que le grand architecte qui fuit les pro- » portions d'un ordre , mais qui s’en écarte pour les » taifons d’afpeét, de convenance , Gc. » - Pline parlant encore de Polyclere, dit qu'il eff le premier qui ait imaginé de pofer des figures fur une feule jambe, ws uno crure infifferent fiona excogicaife ; mais ce pañlage ne peut être entendu que pour les bronzes, ou pour les grandes figures de cette ma tiere , que l’armature met en état de pofer avec {o- lidité fur un feul point. Eneffet, dit M, de Caylus, cette pofition eft f . SCÜ fort impoffble dans les ouvragés de marbre, que Îes ftatuaires n’ont jamais aflez de deux jambes pour foutenir une figure ; ils font obligés de recourir à un tronc d'arbre, à des draperies , en un mot à quelque corps qui leur donne un moyen de folidité: Plus ce moyen conferve de vraiflemblance, & plus il mérite d’éloges. Il ne faut pas fe rejetter fur Le talent & le mérite des artiftes grecs pour accufer les modernes ; ils étoient foumis comme nous aux raïfons phyfi- ques; d’ailleurs leurs propresouvrages certifient cet- te vérité. Il n’y a jamais eu de figure plus faite que lAtalante, pour être traitée dans cette pofñtion; ce- pendant celle de marbre que le tems a épargnée ne pofe , 1l eft vrai, que fur un pié, mais elle a ur tronc d'arbre pour appur. Il faut donc regarder les ouvreges de Polyclete | cités à cette occafoï, comme étant de bronze , & pour lors ils n’ont rien de merveilleux. Nous voyons même que les anciens ont fouvent traité dans cette pofition des femmes fertant dx bain, des Vénus, 6c. mais toujours en bronze. Mer, des Infc. t. xxv. ; Paufanias parle d’un autre Polyclete qui fit la fe- tue d’Agenor de Thèbes , lequel furpafla toxs les jeunes gens de fon âge à la lutte. Ce dernier Pezy- clete poftérieur au fycionien, fut éleve de Naucy- des. Junius l’a oublié dans fon catalogue. Pofis étoit connu à Rome de M. Vzrron, oui que ce /culpreur ingénieux exécutoit en terre des fruits, des raifins & des poiflons, dort lPifisatior étoit parfaite. Praxias d'Athènes , difciple de Calemis , fit Le- tone, Diane, Apollon, les mufes, Le feeil qui fe couche, Bacchus & des thyæizs, qx'on rmit=zr ie fronton du temple de Delphes, Praxitele fleurifloit l'an du monde 3640, vers la r04° olympiade. Il fembloit animer le marbre par fon art. Tous fes ouvrages étcient d’une f grande beauté, qu’on ne favoit euxqueïs-denrer le préfs- rence ; il falloit être lui-même pour juger les diffé- rens degrés de perfe&ion. La fameu'e Phryn<, auf induftrieufe que belle , ayant obtenu de Prexiele la permifion de choïfir fon plus bel ouvrage, fe fervit d’un ftratagème pour le connoïtre : elle fit annoncer à ce célebre artifte que le feu étoit à fon attelier ; alors tout hors de lui-même, 1l s’écria : Je fuis perdu JE Les flammes n’ont point éparoné mon fatyre , 6 plus encore mon cupidon. Phryné fachant le fecret de Pra- xitelle , le raflura de cette faufle allarme , & l’enga- gea dans la fuite à lui donner le cupidon. Pouvoit-il lui rien refufer ? Elle plaça ce cupidon à Thefpisfa patrie , où long tems après on alloit encore Le vois par curiofité. Quand Mummius enleva de Thefpis plufieurs ftatues pour les envoyer à Rome, il refpe- éta celle-ci parce qu’elle étoit confacrée à un dieu. Le cupidon de Verrès, dont parle Cicéron ; étoit aufli de Praxitele , mais il étoit différent de celui-ci. Ifabelle d'Eft, grand-mere des ducs de Mantoue, poflédoit entr’autres raretésla premiere & fi fameufe fatue de l'amour par Praxitele. Cette princeffe avoit auf dans fon cabinet un admirable cupidon endormi fait d’un riche marbre de Spezzia. On fit voir à M. de Foix que la cour de France avoit envoyé en Ita lie , & au préfident de Thou qui l’accompagnoit, comme nous Îe lifonis dans fes mémoires ; cette fta- tue de Pamour endormi ; chef-d'œuvre de Michel- Ange, qu'on ne pouvoit confiderer qu’aÿec des tranf- ports d’admiration, & qui leur parut encore fort au: deflus de fa renommée; mais lorfqu’on leur eut mon- tré l’amour de Praxitele , ils eurent honte en quelque forte d'avoir tant vanté le premier cupidon ; & ils manquerent d’expreflions pour louer le fecond. Ce . Monument antique, tel que nous le repréfentent tant d'ingénieufes épigrammes de PAnthologie que la. Grece à l'envi fit autrefois à fa louange, étoit encore Y Lee de, ga À SCU 1 fouillé de la terre d’où il avoit ététiré, . On dit que Michel-Ange , par une fincérité digne d'un grand homme qu'il étoit, avoit prié la comtefle Ifabelle , après qu'il lui eut fait préfent de fon cupi- don , de ñe montrer aux curieux l’antique que le der= nier ; afin que les connoifleurs puflent juger en les voyant, de combien en ces fortes d'ouvrages les an- ciens l’emportent fur Les modernes, . On conçoit bien que Praxitele enchanté comme il étoit de Phryné, re manqua pas d'employer le tra- vail de fes mains pour celle qui s’étoit rendue maî: trefle de fon cœur. C’eft aufh ce qui arriva ; felon le apport d’Athérée , Zy. ÎLF. une des ftatues de cette fameufe courtifane de [a mäin de Praxitele , fut pla- cée depuie à Delphes même , entre celle d’Archida: us rx de Sparte, 67 de Philippe roi de Macédoine: St les ridiefles 67 le defir de s’immortalifer par des faits éclatans foit des titres pour trouver place entre les rois, Phryné le méritoit ; car elle s’engageoit à reh£ttr Thebes à fes dépens ; pourvu que l’ox y mit feulement cevie infription : ÂALEXANBRE À DÉ- TRUIT TMEBES ; AT PHRŸNÉ L’A RÉTABLIE: Les hakitans de Fêle de Cos avoient demandé une fleixre de Wéius à Prasitele : :f en fit deux ; dont if four éonnelechoïx pour lemême prir: L'une étoit rue , Vautre veilée ; mais la preniere füirpafoit in- “ment l’autre en beauté, Cependant ceux de Cos pré®rsrentlatersniere, afin de re point porter dans leuxe temples mae ‘mage fi capable d'allumer des paf- Éens : Severum 14 rc pudisum arbitrentes. LesGridiens furent moins attentifs aux fcrupules des bonnes mœurs. Is acheterent avec joie la Vé- nus nue , qui fit depuis la gloire de leur ville , où Fon aïlloit er:près de fort loin pour voir cette ftatue : qu’on eflimoit Pouvrage le plus achevé de Praxitele IF somede roi de Bithynie, en faifoit un tel cas , qu'il okrit aux habitans de Gnide d’acquitter toutes leurs Lettes qui étoient fort grandes , s'ils vouloient la lui céder ; mais ils crurent que ce feroit fe deshonorer : ÊT mêmes’appauviir , que de vendre à quelque prix que ce ff, ue flatue qu'ils regardoïent comme un tot unique, Paufanias a décrit plufeurs autres fta4 tues de ce grend maître. Quintilien & Cicéron, en peignant le caraftere diftin@if des divers flatuaires de la Grace, difent que celui de Praxitele qui Le ren- doit firgulrerement recommandable, étoit le beau choix qu'il favoitfaire de lrnature. Les graces, ajou- tent-ils ,condèioient fon cifeau, & fon génie don- noit la vie à la matiere. | Les Thefpiens acheterent 800 mines d’or une fa: tue de Praxitele, qui fut apportée à Rome par Jules- Céfar ; maïs le plus confidérable de fes Ouvrages étoit la fatue de Vénus, qui ouvroit à-demi Les levres ; comme une pe“onne qui fourit. La dureté du mar- bre ne faifoit rien pefdre aux traits délicats d’un f beau corps. Il y avoit une marque à la cuifle de la déefle » dont Lucien a donné l’origine dans fon dia- iogue des amours. Un jeune homme de grande naïf fance devint amoureux de la Vénus de Praxitele : il lui adrefloit toutes fes offrandes ; enfin tranfporté du feu de fa pañlion , il fe cacha la nuit dans le temple ; &le lendemain, dit Lucien, on découvrit cette mar- que , & l’on n’entendit plus parler du jeune homme. Il fortit encore un autre amour du cifeau de Praxi- tele pour la ville de Parium , colonie de la Propon- tide, Cette figure, dit Pline, eft égale en beauté à fx Vénus, & produifit les mêmes effets fur les fœurs d’Alchidas de Rhodes, Varron rapporte qu'onvoyoit, àRome, auprès du temple de la félicité, les neuf mufes , une defquelles rendit amoureux un cheva: lier romain, nommé Junius Pifciculus. - … Les récits de cette nature fe trouvent auf quel: quefois rapportés dans l’hiftoire de nos artiftes mo: dernes ; mais ce meft yraiflemblablement que par 826 SCU yanité. On a donc écrit qu’un efpagnol s’eft laïfié en- fermer la nuit dans l’églife de S. Pierre de Rome pour jouir d’une figure qui eft au tombeau du pape Paul LIL. elle eft de la main de Guillaume della Porta , éleve de Michel-Ange, mais féxpreur aflez fec, & {a flatue n’eft pas trop belle; cependant comme elle étoit trop nue , on la couvrit d'une draperie de bronze. | | Rhæœcus de Samos, eut pour fils Théodore &z Te- lecles ; voilà les premiers des grecs quiayent eu l'art de fondre une ftatue. Ayant eux on faïoit, dit Pau- fanias , une ftatue comme un habit, fucceflivement & par pieces, non d’un feul jet. I réfulte de-là qu’- avant la guerre de Troie, les hommes ne connoif- Loient pas encore le fecret de fondre le métal, &t de Le jetter en moule. Rhœcus, Telecles, & Théodore florifoient du tems de Polycrate. Or Polycrate, contemporain de Cambyfe, vivoit en la 64 olym- piade 500 ans avant l’ere chrétienne. Salpion , athénien ; c’eft à lui qu’on attribue ce beau vafe antique qu'on voit à Gaiette, ville maritime du royaume de Naples , où 1l fert pour les fonts de baptême dans la grande églife. Ce fuperbe morceau de fculpture avoit été conftruit, à ce qu’on penfe, pour contenir l’eau luftrale dans quelqueancientem- ple despayens. © À Saurus 8&c Batrachus, architeëtes &c /culpteurs cé- Lebres de Lacédémone, entreprirent de bâtir &c d’or- ner à leurs dépens les temples de Rome quiétoient - entre les portiques d'Oftavie, & fe flatterent dy pouvoir mettre leur nom ; cependant quelque dé- penfe qu'ils euffent faite, & quelle que füt leur habile- té, on leur refufaimpitoyablement ce qu'ils deman- doient, & toute leur adrefle fe borna à femeren ma- niere d'ornement , des lézards & des grenouilles fur les bafes & les chapiteaux detoutes les colonnes. Le nom de Saurus étoit défigné par le lézard, que les Grecs nomment œvpces, & celui de Barrachus par la grenouille , qu'ils appellent Éxrpayes. | Scopas naquit à Paros; & fleurifloit à Ephefe vers a centieme olympiade. Il travailla avec d'illuftres concurrens au fameux maufolée qu'Artémife fit éri- ger à Maufole fon mari, mort la 106 olympiade dans la ville d'Halycarnaïfle, Sa colonne pour le templede Diane d’Ephefe pafloit pour la plus belle de toutes ; mais fa Vénus qui fut dans la fuite tranfportée à Ro- me, étoit fon chef d'œuvre. On a même pretendu qu’elle égaloit en beauté celle de Praxitele. Outre Vénus, Scopas avoit fait un Phaëton, un Apollon, une Vefta avec deux filles afifes à terre à fes côtés, un Neptune, une Thétis, un Achille, un Mars, & la plûpart de ces ftatues étoient à Rome. L’Amour, Poihos (le Defir ) & Phaëton étoient encoretrois fta- tues de fes mains, qu'on voyoit avec admiration dans le temple de Vénus Praxis à Mégare, Cet excellent artiffe les avoit répréfentées auflidiverfement que ces trois chofes font différentes ; mais 1l faut repréfenter le détail entier que Pline nous a donné des ouvrages de ce grand maitre. | _ I ft, dit-il, Vénus, Pothos êc Phaëton ; qui font adorés en Samothrace avec les cérémonies les plus faintes : l’Apollon palatin, la Vefta affife , ayant au- près d'elle deux veftales affifes à terre : ce dernier morceau eft très-célebre. Scopas a répété les deux veftales ; elles font dans les bâtimens d’Afinius Pol- lo , où l’on voit de plusune canéphore ; mais ce que l’on trouve fupérieur , & que l’on voit dans le tem- ple de C. N. Domitius, au cirque de Flamimius, ce {ont les figures de Neptune’, de Thétis, d'Achille, des Néréides affifes fur des dauphins &c des chevaux sarins , des tritons avec une trompe à la fuite de Phorcus.; enfin plufeurs autres chofes convenables aux divinités de lamer. Pline dit de ce morceau , qui felon toute apparence avoit été traité en bas-relief, SCU : magnum & preclarum opus, etiamfi totius viræ füifferi Ouvrage qui feroit admirable , quand il auroit oc- cupé toute la vie d’un homme. | Nous ne connoïflons pas , continue-t-il , tous les morceaux qui font fortis de la main de cet artifte ; cependant il a exécuté Mars aflis & de proportion coloflale. Cette ftatue eft placée dans le temple de Brutus Gallaicus , dans le même cirque où l’on voit de plus une Vénus nue capable de rendre célebre tous les autres lieux qui pourroient la pofleder; mais l'air de grandeur & de magnificence qui regne par-tout dans la ville de Rome, peut feul étouffer la répu- tation de ces srands morceaux : 1ln’eft pas poflible de les admirer & de les contempler; le mouvement des affaires détourne fans cefle, & l’admiration des chefs- d'œuvres a befoin du filence & de la tranquillité de lefprit. En Cette peinture du mouvement de la ville de Rome eft peut-être plus frappante que toutes celles qui fe trouvent dans aucun autre auteur. On ne fait, continue Pline , f c’eft à Scopas ou à Praxitele que lon doit attribuer la Niobé mourante avec fes enfans ; ce grouppe eft placé dans le temple d’Apollon Sofen. Le fujet de Niobé fe voit encore partie dans la vigne de Médicis à Rome ; mais il eft douteux fi ces reîtes appartiennent à celui dont parle Pline. : On ignore auf, continue toujours cet auteur ; lequel de ces deux artiftes, Scopas ou Praxitele, a fait le Janus que l’on voit au temple d’Augufte , & que ce prince avoit fait apporter d'Egypte: on le fait d'autant moins que Pon a fait dorer la figure. Voilà, dit M. de Caylus, une raifon tirée de l’art 5 car il eft conftant que toute couleur, dorure ou ver-, nis appliqué fur une flatue , Ôte des finefles , empê- che de diflinguer la touche, émoufle les vives aré- tes, denature lexpreflion de la chair , & par confe- quent empêche fouvent les connoïffeurs de lattribuer à un maître plutôt qu'àunautre. Les anciens allioient encore quelquefois , dans les ouvrages de fculpture en ronde-boffe , les marbres de couleur, Por, livoire &c le bronze. Les modernes ont heureufement banni cette faufle magnificence, qui diminue, interrompt l'effet , & ne produit aux yeux qu’un papillotage fans goût. Je reviens à Scopas, pour dire, en finiflant fon article , que fon nom acquit de plus en plus de la cé- lébrité, non-feulement par fes ouvrages qui fubfifte- rent, mais parce qu'il avoit eu des émnles 8 des ri- vaux d’un grand mérite. Horace, ode vuy. Liv. IF. en fait lui-même un bel éloge. « Si j'avois dit-il, un » cabinet enrichi des chefs-d’'œuvres de Parrhafus »# ou de Scopas... | Divite me [cilicer artium , Quas aut Parrhafius , aut Scopas. Silanion , né à Athènes, vivoit du tems d’Alexan=< dre le grand , & fe rendit très-habile dans fon art fans avoir eu de maïtre. Les hiftoriens parlent de la ftatue d’un certain Satyrus quiavoit fouvent rempor- té le prix aux jeux de la Grèce , de celle de l’athlete Démarate , de celle d'Achille , & de celle d’un Epif- tates exerçantleslutteurs. Cicéron vante extréme=. ment la Sapho de bronze de ce célebre ftatuaire. Ver- rès l’avoit enlevée du prytanée de Syracule. Pline raconte que le même Silarion avoit jetté en bronze la ftatue d’Apollodore fon confrere , homme emporté contre lui-même, & à quiilarrivoit fouvent de bri- ferfes propres ouvrages , parce qu'il ne pouvoit les porter à la fouveraine perfeétion dont il avoit l’idée dans lefprit ; Silanion repréfenta d’une maniere fr vive cet emportement , que l’on croyoit voir , non Apollodore, mais la colere en perfonne : hoc in eo expreffér, nec hominem ex ære fecit, [ed RARES è dit | NE: Pline. Silañion écrivit un traité des proportions, fuivant le témoignage de Vitruve. Socrate. le me garderai bien d’envier à la fculoture l'honneur qu’elle a eu de compter ce grand homme parmi feséleves. Ilétoit fils d'unftatuaire, & il Le fut lti-mémeavant que de s’attacher à la phyfique & à la morale. I difoit que la fcuplture lui avoit enfeignéles premiers préceptes de la philofophie. On lui attri- buoit communément les trois graces qu’on confer- voit dans la citadelle d'Athènes ; elles n’étoient point nues, mais couvertes. Le plus fase des Grecs n’eft pas le feul de fon nom qui ait cultivé la fculpture ; il y avoit près de Thèbes une chapelle bâtie par Pinda- re , en l'honneur de Cybèle , la flatue de la déeffe étoit l'ouvrage de deux thébaïtes , nommés Socrase & Ariflomède ; elle étoit de marbre du mont Centé- lique , & onne pouvoit la voir qu'une fois l’année. Srrongilion eft de tous les ftatuaires celui qui réuf- fiffoit le mieux à reprefenter des chevaux & des bœufs. Téleciès & Théodore ; les Egyptiens , felon Diodo- re de Sicile, y. I. aflurent que les plus fimeux des anciens /culpteurs de la Grece, ont pris des leçons chez eux. Tels furent entre autres Téeclès & Théo- dore de Samos , fils de Rhœcus, qui ont fait laftatue d'Apollon Pythien, qu'on voit à Samos. TéZeciès, fi nous les en croyons, fit à Samos une moitié de cette ftatue , pendant que fon frere Théodore travailloit Vautre à Ephèfe ; & le rapport de ces deux moitiés fe trouva fi parfait, que toute la figure paroïfloit être d’une feule main. Ils ajoutent que cette pratique fin- gubere, peuconnue des féu/pseurs grecs, eft très en vogue parmi les artiftes égyptiens; ceux-cine jugent pas comme les Grecs, d’une figure , par le fimple coup d'œil, mais rapportant les proportions du petit au grand , ilstaillent féparément, & dans la dernie- re juftefle , toutes Les pierres qui doivent former une fratue. C’eft pour cela qu’ils ont divifé le corps hu- main en vingt-une parties & un quatt , en donnant à chacune d'elles, une grandeur relative à celle des autres , & du tout enfemble; ainfi quand les ouvriers font une fois convenus entr’eux de la hauteur de [a £- gure , 1ls vont exécuter chacun chez foi les parties dont ils font chargés, & elles s’ajuftent enfemble d’u- ne maniere étonnante pour ceux qui ne font pas au fait de cette pratique ; or les deux moitiés de l'A pol- lon de Samos, travaillées À part dans le goût égyp- tien, fe joignent, dit-on, fuivant toute {a hauteur du corps, & quoiqu'il ait les deux bras étendus Se qu'il foit dans Pattitude d’un homme qui marche, fa figure entiere eft dans la plus exaéte proportion; en- fin cet ouvrage cede peu aux chefs-d’œuvres de l'E- gypte même, qui lui ont fervi de modele. On a de la peine à comprendre ce que Diodore rapporte ici des féx/pteurs égyptiens, dit M. de Cay- lus, dans fes réflexions fur ce paflage; comment, ajoute-t-1l, des artiftes travaillans féparément, en des lieux diftans l’un de l’autre, & fans fe communi- quer leurs opérations, pouvoient-ils chacun fair une moitié de ftatue, dont la réunion compofoit un tout parfait ? Si lon croit la chofe probable , il faut du moins fuppofer un fait que Diodore a paflé {ous filence; c’eit qu'il y avoit en premierlieu un modele arrêté : &c fur lequel chacun s’etoit teglé. N’eft-cepas en ef- fet ce que cet hiflorien a prétendu. faire entendre 1 lorfqu'il dit que les féu/preursésyptiens, en prenant leurs mefures , rapportent les proportions du petit au grand, comme le font encore aujourd’hui nos feulp- teurs, Les Grecs au-contraire, dit Diodore ») jugent d'une figure par lefimple coup d'œil; ce qui veut di- re Fu travaillent fans modele, chofe difficile , Mais ns oinpie. Au refte , le travail dont il s’agit devenoit d'autant Tome XIF., S CU 827 plus facile à exécuter, que la ftatue de Apollon py= thien , qu'ils avoient ainf travaillée, étoit, À ce que rapporte le même auteur, dans le goût des ftatues égyptiennes, c’eft-à-dire qu’elle étoit les bras éten- dus, &e collés le long du corps, les jambes, l’une en avant , l’autre en arriere, dans l'attitude de quel. qu'un qui fe prépare à marcher ; & c’eftainfi en effet que font la plüpart des flatues égyptiennes; elles ne varient preique point d’attitude ; les ouvriers étant une fois convenus des mefures & des proportions générales, pouvoient travailler en quelque façon à coup für , & mêrne difpoier Les différentes pierres qui devoient compofer une ftatue coloffale; catil feroit ridicule de penfer que les ftatues dont il s’agit ici, fuflent des flatues de grandeur naturelle. Un feul bloc, 8 un feul ouvrier devoient fufñre pour chacune ; au lieu que pour une ftatue hors de pro- portion , 1l étoit naturel de diftribuet les diféren- tes parties dont elle toit compofée , à différens Ouvriers. Voilà Putihté que les fexpseurs ésyptiens tiroient de ces regles de proportion dont ils étoient convenus entre eux; regles qui ne peuvent pas s'entendre des juftes proportions du corps humain, parce que les Grecs les connoïfloient aufi-bien qu'eux , &c les fui- voient avec encore plus d’exa@itude. Tout ce qu’il y avoit donc de différent entre les uns &les autres, c’étoit la maniere d'opérer : les Grecs traVailloient fans s’aflujettir à prendre des mefures fur un modele: les Egyptiens au-contraire , faifoient de petits mo- deles , quileur fervoient à faire les flatues en grand; de-là vient, dit Diodore , que les feulpreurs qui de- voient travailler fur un même ouvrage, étant con- venus de la grandeur que doit avoir cet ouvrage, fe féparent , & fans doute , comme je crois le pouvoir ajouter , emportent chacun une copie du modele convenu; enfin après avoir travaillé féparément , ils rapportent chacun les pieces qu’ils ont faites, & lorfawelles font rejointes, elles forment un tout exaët : pratique bien capable de caufer de la furprife ét de l’admiration à ceux qui ne font pas au fait de cette opération, Il n’y a donc rien que de très-faifable & de très- vraiffemblable dans ce récit: on obferve cependant que Les flatues qui nous reftentdes Egÿptièns, ne font toutes que d’unfeul bloc ; mais ce font celles qui font d’une grandeur naturelle, & qui n’ont dû être l’ou- vrage que d'un feul artilte ; par conféquent la prati- que des Jeulpreurs égypüens , dont parle Diodore, n'étoit pas générale , elle n’étoit d’ufage que pour les ffatues coloffales. Il en refte quelques-unes de cette derniere efpece dans la haute Egypte, qui font en ef. fetcompofées de plufeurs blocs demarbre, du moins autant qu'on en peut juger fur les deffeins. Or ces colonnes peuvent avoir été travaillées dans différens atteliers , partie par partie, &c de la façon dont le dir Diodore. Ainfi en reftraignant à ces fortes de ftatues la pratique dont il eft queftion,, il ne fera pas difficile de comprendre ce que rapporte l’hiftorien ; & le merveilleux qui y paroït aftaché, difparoîtra fans peine. Mérm. de l'acad. des [nfèr. rom. XIX. Télephanes, phocéen, n’a point fait parler de lui, & ‘la raïfon du filence qu’on a gardé fur Le vrai méri- te decet artifte, dit Pline, 2. AX XI. ce, viy. Ceft qu'il avoit travaillé pour les rois Xerxès & Darius. Bien des gens pourroient regarder cette punition com- me une efpece d'humeur mal entendue ; maïs cette convention générale , parfaitement exécutée par tous les peuples de la Grèce, peint bien les Grecs. Elle leur fait d'autant plus d'honneur , que leur ooût pour les arts &c pour Iss bons artiftés n’étoit pas douteux. Théodore, dont j'ai déja parlé, frere de Téleciès, êt qui executa le fabyrinthe de Samos , réuniffoit les | MM m mm 828 S C U talens de l’architeture à celui de l’art de fondre. Pline, Z XXXIV. c.viy. dit qu'il fondit en bronze en petit fon portrait, & qu'il tenoit dans fa main gauche un char à quatre chevaux que couvroit une aile de mouche. Ces fortes de badinages de Part mon- trent beaucoup de délicatefle, mais ils paroïfleat en- core plus recommandables dans le marbre, qu'en bronze , parce que fur le marbre le moule n’y peut être d’aucun fecours , & que le plus petit coup don- né à faux ou trop appuyé , fuffiit pour détruire en un moment, le travail de plufieurs mois. Voyez Particle de Callicrate, qui excelloit encore dans ces fortes d'ouvrages délicats. +. à Enfin on peut placer le moréeau fuivant de Cana- chus , avec celui de Théodore, c’eft auffi Pline qui en fait mention, 4 XX XIV. c. vu. Cervumque una ita vefligiis fufpendit, ut linum Jubter pedes trahatur , alterno morfu digitis calceque retinentibus folum , ita ver- tebrato dente utrifque in partious, ut a repulfu per vices refiliat, Ce double mouvement, dans les piés de ce cerf, qui n’étoient point arrêtés fur la plinte , chofe néceffare pour laifler paffer le fl, prouve que cet ouvrage étoit d’une médiocre étendue. Cet autre mouvement des dents, d'accord ou reffemblant à ce- lui des vertebres , annonce encore une machine qui affectoit quelques-uns des mouvemens de la nature. C’en eft aflez , ajoute M. de Caylus, pour prouver que les anciens ont connu d’une maniere glorieufe , toutes les opérations des afts , &z même celles que fon auroit penfé pouvoir leur difputer avec le plus d'apparence de raïfon. Timothée fut chargé conjointement avec Scopas, Briaxis, & Léochares , des ornemens du maufolée qu’Artémife fit faire à Maufole fon mari, roi de Ca- rie, qui mourut la 106° Olympiade. On voit à Ro- me, continue Pline, dans le temple d’Apollon, une Diane de la main de T#rorhée, à laquelle Aulanius Evander a remis une tête. On étoit déja dans la trifte obligation de reftaurer les ftatues. Tifagoras, artifte célebre par fes ftatues de fer, Il en avoit fait une qui repréfentoit le combat d’Hercule contre lhydre ; on plaça cette ftatue dans le temple de Delphes. On ne peut, dit Paufanias iz Phor. aflez admirer cet ouvrage, ainfi que les têtes de lion & de fanglier du même artifte, qui font aufli de fer &z que l’on a confacrées à Bacchus dans la ville de Pergame. Tifandre, avoit fait une grande partie des ftatues qui repréfentoient les braves officiers qui feconde- rent Lyfander à Agios-Potamos, foit fpartiates, foit _alliés de Sparte. Paufanias vous en dira les noms. Tificrate, athénien , fleurifloit dans la 66° olym- piade, & fe rendit célebre par fa belle fatue de la courtifane Leæna. Tout le monde fait lhiftoire de cette fameufe courtifane , qui reffembloit à celles de nos jours, comme nos confuls reffemblent aux con- fuls de Rome. Leæna ayant fu le fecret de la confpi- ration d'Harmodias & d’Aniftogiton contre Hippar- que, fils de Pififtrate, fut mife à la queftion par l’or- dre du frere d'Hipparque mais de peur de fuccomber aux tourmens , elle aima mieux fe couper la langue, que de rifquer de découvrir les conjurés. Les Athé- niens touchés de cette grandeur d’ame, éleverent en fon honneur une ftatue qui repréfentoit une lionne fans langue, & Tificrate chargé de cet ouvrage, s’en acquitta d’une façon glorieufe ; jai pour garans Pli- ne, Zy. XX XIV. cha. vip. Hérodote & Thucydide. Turianas , étoit d’'Etrurie; Tarquin l’ancien Le fit venir de Fregella, ville du Latium, pour faire la fta- tue de Jupiter qu'il vouloit placer dans le capitole ; . & l’on étoit encore dans l’ufage, long -tems après, de peindre cette ffatue avec du minium. Le même Turianus fit auf des chars à quatre chevaux ; 1ls fu- rent mis fur le faîte du temple, & cet artifte joignit À tous ces ouvrages une ftatue d’Hercule, qui, dit S CU Pline, hodieque matèrie nomen in-urbe retirer, &t que lon nomme l'Æercule de verre. Pline, livre XXXF, chap. xij- Lu Xénophon, ftatuaire d'Athènes, fit une flatue de la Fortune, dont l'antiquité à beaucoup parlé. Dans cette ftatue, la déefle tient Piutus entre fes bras fous la forme d’un enfant; êc c'eft, dit Paufanias, une idée aflez ingémieufe de mettre fe dieu des richefies entre les mains de la Fortune, comme f elle étoit fa nourrice ou fa mere. Xénophon étoit contemporain & compatriote de Cephiflodore. Is firent enfemble un Jupiter affis fur fon trône, ayant la viile de Mégalopolis à fa droite, & Diane confervatrice à fa gauche; ces deux flatues furent mifes dans le temple de Jupiter fauveur en Ar- cadie. Zénodore, fleurifloit du tems de Pempereur Néron. Il fe diftingua par une prodigieufe {tatue de Mercure, & enfuite par le colofie de Néron, d'environ cent dix ou cent vingt piés de hauteur, qui fut confacré au foleil. Vefpañen fit Ôter la tête de Néron, 6 ex- pofer à fa place celle d’Apollonornée de feptrayons, dont chacun avoiït vingt-deux piés êr demi: Mais il eft bon d’entrer dans les détails que Pline, Z XAXX7F. c. vij. nous a confervé de Zénodore, &t qui font inte- reffans ; j'y joindrai, fuivant ma coutume, quelques réflexions de M. de Caylus. Les ouvrages de Zérodore ’ont emporté fur tou- tes les ftatues de ce genre (que l’on voit en Italie) par le Mercure qu’il a exécuté en Gaule, dans la ville des Avernes; il y travailla l’efpace de dix ans, &c il couta quatre cens mille fefterces. Quand il eut fait voir fon habileté par les ouvrages qu'il avoit faits dans cette ville, Néron le fit venir à Rome, &c l’em- ploya à faire fon portrait dans une figure coloffale de cent dix piés de haut; elle a depuis été confacrée au foleil, pour témoigner l’horreur que l’on avoit de tous les crimes de ce prince (c’eft-à- dire qu’on Ôta la tête de ce prince pour y mettre celle du foleil.} Nous avons vü, continue Pline, dans Patelier de Zénodore, non -feulement le modele de terre de ce colofe , fimilitudinem infignem ex argillé , mais audi les petites figures qui fervirent au commencement de l'ouvrage, ex parvis Jurculrs. Ce modele, dit M. de Caylus, étoit de terre 62 n’étoit pas un creux, car la terre wa pas aflez de confiftance pour être employée à faire des creux; elle fe cuit trop inégalement dans fes parties, ou plu- tôt en fechant elle fe reflerre &c fe racourcit de façon que fa diminution ef trop inégale ; donc il eft quef- tion d’un modele de terre, & le mot de /ureulis doit être regardé comme les premieres idées, les pen- fées, les efquifles, les maquettes , comme on dit dans l’art, qui fervent à fixer &c à déterminer le choix du fculpteur dans la compoñition de fa figure. | Pline pourfuit : cette flatue fit voir que Part de fondre étoit perdu; Néron n’épargnant ni Ôr mi ar- gent pour la réuffite de cette entreprife, 8 Zérodore étant eflimé autant qu'aucun des anciens artiftes, pour le talent de modéler &c de réparer fon ouvrage. Ces paroles que l’art de fondre étoit perdu, veu- lent dire peut-être, que l’art de jetter en fonte de grands morceaux tels que les coloffes étoit perdu. Én ce cas celui de Néron, & le Mercure des Avernes ( du pays d'Auvergne), exécutés par Zérodore, loin d’être travaillés comme tous ceux dont Pline a parlé jufques-ici, n’auroient été faits que de plaques ou de platines de cuivre foudées ou clouées. Pendant que Zénodore travailloit à la flatue des Avernes , il copia, dit Pline, deux vafes dont les bas- reliefs étoient de la main de Calamis : ils apparte- noient à Vibius Avitus qui commandoit dans cette province ; ils avoient été poflédés par Germanicus Céfar, qui les avoit donnés, parce qu'il les eftimoit s CU beaucoup, à Cäflius fon geuverneur, oncle de Vibius; Æënodore les avoit copiés, fans qu'il ÿ eût prefqué aucune différence. | curé | Cependant, obfeïve ici.M. de Caylus, le talent de Zénodore eft plus prouvé par les deux grands mo: deles qu’ila faits, que pour la copie de ces deux va- fés tunartifte médiocre peut.en venir à bout, & fa: tisfaires, étonrier même des gens peu délicats ; mais il faut toujours de grandes parties dans l’efprit & des connoïflances fort étendues dans l’art, pour exceu: ter heureufement des machines pareilles à ces colof- {es; le détailde la fonte ne change rien à la grandeur du génie néceflaure pour la produétion d’une figuré de plus de cent piés de proportion. ( Tous Les articles des feulpteurs anciens font de M, le chevalier DE Jau- COURT. }! | | | : | SCULPTEURS MODERNES, Artifles en Sculpture.) nous n’entendonspas fous ce nom les /ex/prewrs soths, mais les célebres maîtres qui fe font illuftrés dans cette carriere depuis la renaïffance des beaux-arts en tale, c’eft-è-dire depuis le commencement du xvj. fiecle : voici les principaux qui nous font connus. Algarde , italien; fleurifloit vers le milieu du xvi. fiecle, Entre autres ouvrages de cetartifre fupérieur, on admire fon bas-relief qui repréfente faint Pierre & faint Paul en l'air, menaçant Attila qui venoit à Rome pour la faccager: Ce bas-relief fert de tableau à ua des petits autels de la bañlique de faiht Pierre. I ne faut pas moins de génie pour tirer du marbre une compoñtion pareïlle à celle de lAttila, que pour la peindre fur une toile. En effet, la poéfie & les expreflions en font auf touchantes que celle du ta- . bleau où Raphaël a traité le même fujet, & l’exécu- tion du féx/pteur qui femble avoir trouvé le clair obf cur avec fon cifeau , paroït d’un plus grand mérite que celle du maitre de la peinture. Les figures qu’on voit fur le devant de ce fuperbe morceau, {ont pref- guc'de ronde-boffe ; elles font dé véritables fiatues. Celles qu'il a placées defrieré ont moins de relief, & leurs traits font plus ou moins marqués, {elon m'elles s'enfoncent dans le lointain. Enfin la compo: Htion fait par plufieurs figures deflinées fur la fuper: ficie du marbre par de fimples traits. Il eft vrai que V'Algarde n'a pas tité de fon génie la premiere 1dée de fon exécution; mais il a du-moins perféétionné; par l'ouvrage dont il s’agit, le grand aft des bas- rehefs ; & quand le pape Innocent X. donna trente mille écus à lÆ/garde pour un ouvrage de cette efpe- ce, cètte récompenfe étoit plus noble qu’exceflive. On fait fans doute que PAÆ/garde fut auf chargé par Le mêtrie pape de reftaurer la figure d’un Hereule au combat l’hydre, & que l'on conferve à Rome dans le palais Verofpi; il s’en acquitta fi bien que les patties rétablies ayant été retrouvées dans la fuite, on a laiffé l'ouvrage de lA/garde, & l’on s’eft con- tenté de placer auprés de la ftatue les parties anti- ques, pour mettre les curieux à portée d’en faire la comparaifon, & rendre juftice à l’artifte moderne. Auguier (Francois), natif du comté d’Eu , mort à Paris en 1669. Son cizéau donnoit du fentiment au marbre. Ses figures font encore remarquables par la beauté &z la vérité de l’expreflion. Il a fait l'autel du Val-de-srace & la Crêche ; le beau crucifix de mar- bre de la Sorbonne; la fculpture du cardinal de Bé- rufe dans léglife de l'Oratoire ; la fépulture dés Mont- morenci à Moulins, &r quelques ftatues d’après les antiques. Augaier (Michel), mort en 1686, âgé de 74 ans, frere de François Auouier; 1l fe diftingua dans le même art que lui. Il eft bien connu par FAmphitrite de marbre qi’on voit dans le parc de Verfailles, par les ouvrages de la porte faint Denis, par les figures du portail du Val-de-orace, 8 par d'aetres. Bachelier (Nicolas) natif de Touloufe où de Lu- Tone ALP. SCU 635 ques, füt éleve de Michel-Ange. Etant à Touloute fous le regre de François K il y établitle bon gotit ; & en bannit la manière gothique qui avoit été en ufage jufqw'alors ;:fes ouvrages de fculpture qui fab fiftent dans quelques éplifes de cetté ville , Le diftiné guent toujours avec eftime ; malgré la dorure qu'on y a mie, & qui leur a Ôté cette grace & cetie déli: catefle que cet habile honime leur avoit données, Il fleurifloit encore en 15$0: | LBNETS 342 Bandinelli (Baccio).ñé à Florence en 1487, mort dans là même ville en 1559. Lés morceaux qu'il 4 faits en {culpture à Rome: & à Florence font extrè: mement eftimés; on l’arepris feulement avec raifon:; d’avoir mis à côté de la ftatue d'Adam qu'il fit pour l’'églife câthédrale de Florence , une ftatue d’Éve de fa main, plus haute que celle de fon mari D'ailleurs les deux ftitues font égalèment belles ; e’eft lui qui a reftauré le bras droit du grouppe de Lancoon ; j'ens tends le bras qui eft élevé 82 qui concourt fi bien 4 l’aétion de la figure principale. Ce grand artifte imis tateur & contemporain de Michel-Ange ; ne voulut point rétablir cette partie en marbre, dans l’efsé tance que l’on trouveroit ün jour le morceau de l’o2 riginal ; il eft donc encore atjourd’huien tèrre cui: te. Baccio eft fi bien entré dans l’efprit dé l'antique; que fi pat hafard on retrouvoit le bras perdu, la com: paraïfon ne feroit pas deshonorable au fculpteur flo- rentin: CAPE Bernini (Jean-Läurent) vulgairemerr appellé lé cavalier Bernin ; né à Naples en 1598, mort à Ro me en 1680, eft un de ces grands artiftes que la na- ture préfente rarement fur la terre. Louis XIV. fi: gnala fa magnificence à fon épard , lorfqu'il le fit ve: vénir à Paris en 1665 ; pour travailler au defféin du Louvre; on voit en France de ce maître célébre., le buite dû roi dans la fälle dé Vénus, & la ftatue équef tre de Marcus-Curtius, au-delà de la piece des Suit fes à Vertaïlles ; mais il a fur-tout embelli Rome de plufieurs monumeris qui foût l'admiration des con hoïfleuts 5 telle eftfPextale de fainte Thérèfe de ce grand maître, On comptedanis la feule églife de S. Pierre quinze morceaux de fon iñivention, le maître autel, le tabefnacle, la chaire dé faint Pierre, les tombeaux d'Urbain VIII. & d'Alexandre VII. la ftatue équeftre de Conftantin, la colonnisde, la fon- taine dela place Navonne , 6. Tous cesouvrages ; pour le dire en ün mot, ont une élésance & uné : expreflion dignes de l’antique ; {es figures foñt rem plies de vie, de tendrefle & de vérité, Bologne (Jean de ) né à Douay ; mott à Florence vers le commencement du dix-feptieme fiécle; Il fe rendit un des bons fculpteurs d'Italie, & orna la pla cepublique deFlorènce de ce grouppe de inarbre qué lon y voit encore, & qui repréfenté l’enlevement d’une fabine. Le cheval für lequel on a mis depuis la ftatue d'Henri IV , placée au nulieu du Pont-Neuf à Paris, eft de ce grand maître ; il a fait plufieurs autres ftatues équeftres , il a dirigé la fonte d’un très= grand nombre d’autres ftatties ou bas-reliefs qui lui ont acquis beaucoup d'honneur. Rouffean (Jacques ) né en Poïtou en 1681, mort à Madrid en 1740, éleve de M. Couftoux, l’ainé; il devint profeffeur de l'académie de Sculptüré , & fi: nalement fculpteur'en chef du roi d'Efpagne. . Buifer (Philippe) natif de Bruxelles , vint er France vers le milieu du dix-feptieme fiecle. Son élo- ge fera Pénumération de fes principaux ouvrages: tels font le tombeau du cardinal de la Rothefoucault, placé dans une chapelle de fainte Génevieve ; deux fatyres grouppés , un joueur de tambour de bafque ; &t la déeife Flore ; tous morceaux eflifnés qui or: neñt le parc de Verfaiiées. A 4h, Cellint ( Bénévenuto ) artifte célebre , & homme de suerre ; né à Florence lan 1500 ; mort dans 1 MM mm m 1 830 SCU même ville en 1570, nous à donné un traité fur la fculpture , 8c la maniere de travailler For. | Corte (Louis le ) mort à Paris en 16917; âgé de cinquante-un ans, a fait dans cette ville quelques onvrages eflimés. On voit de fa main à Verfailles deux grouppes,, dontun repréfente Vénus &c Adoms, & l’autre Zéphir & Fiore; le cocher du cirque qui ert d'ornement à la porte des écuries, .eft encore de cet artilte. | Couftou ( Nicolas ) né à Lyon en 1658 , mort à Paris en 1733, de l’académie de Sculpture. Son pere Nicolas Coufiou, fculpteur en bois , lui apprit les éle- mens de fon art. Il fe mit enfuite fous la difcipline du célebre Coyfevox, fon oncle. Enfin, il remporta le prix de fculpture, & partit pour Pltale en qualité de penfonnaire du roi. C’eft dans ce féjour qu'il fit la belle ftatue de l’empereur Commode, reprefenté en Hercule, & qui eft dans Les jardins de Verfailles. Le cifeau de cet excellent homme, conduit par la belle nature, ne fut pas oïfif. Il travailla toujours pour fa gloire & celle de la France ;. ce fut lui qu’on chargea de la plüpart des riches morceaux de fculp- ture qui ornent l’églife des Invalides. Sans entrer dans le détail de fes ouvrages , 1l fuit de citer la ftatue pédeftre de Jules-Céfar , Le grouppe des fleuves , repréfentant la Seine &c la Marne qu’on voit aux Tuileries ; &c le fuperbe grouppe placé der- riere le maître autel de l’églife de Notre-Dame à Paris, qu'on appelle communément le Vœu de Louis On remarque dans les produétions de ce maître, un génie élevé, un goût fage &c délicat, un beau choix , un deflein pur, des attitudes vraies &plei- nes de noblefle, des draperies élégantes & moëlleu- fes ; il mourut en. 1746 , âgé de {oixante-neuf ans. Son mérite l’avoit élevé à la dignité de recteur &c à celle de direéteur de Pacadémie de Sculpture. Son nom célebre dans les Arts eft encore foutenu avec diftinétion pat MM. Couftou de la même académie. Coyfèvex (‘Antoine ) né à Lyon en 1640, morten 1720 , montra dans fon enfance, par Les progrès qu’il fit dans fon art, ce qu'il devoit être un jour. On ne pourroit fans trop s'étendre, marquer tous les ou- vrages qui font fortis de fes mains. Il a travaillé plu- fleurs fois à différens buftes de Louis XIV ; le grand efcalier , les jardins, la galerie de Verfalles font or- nés de fes morceaux de fculpture. Il a fait encore des maufolées qui décorent plufieurs églifes de Pa- ris ; ce maître joignit à une grande correction de def- {ein, beaucoup de génie & d’art dans fes compoñi- tions :-il rendoit aufli heureufement la naïveté que la noblefte , &c la force que la grace, fuivant les carac- teres qu'il vouloit donner à fes figures. On connoït les deux grouppes prodigieux de Mercure & delaRe- nommée aflis fur des chevaux ailés, qui ont été po- {és dans les jardins de Marly en 1702, chaque group- pe foutenu d’un trophée , a été taillé d’un feul bloc de marbre ; &c tous deux quoique travaillés avec un feu furprenant, 8 une correétion peu commune , n’ont pas couté deux ans de travail à notre celebre artifte ; cependant cet ouvrage fouffriroit peut-être la comparaïfon avec le Marcus-Curtius du cavalier Bernin qui eft à Verfailles. Dante (Vincent ) mort à Péroufe lan 1576, âgé de quarante-fix ans , entendoit la fculpture & larchi- tetture. La ftatue de Jules HIT, qu'il fit à Péroufe, a pañlé pendant quelque tems pour un chef-d'œuvre. Desjardins (François) natif de Breda , mort en 1694, a exécuté le monument de la place des Vic- toires à Paris. Donato ne à Florence vivoit dans le xv. fiecle. Le fénat de Venife le choifit pour la ffatue équeftre de bronze que la république fit élever à Gattamelata, ce grand capitaine, qui de la plus baffe extraftion étoit parvenu jufqu’au grade de général des armées dés Vénitiens, & leur avoit fait remporter plufieursvic: toires remarquables ; mais le chef-d'œuvre de Dora- to, étoit une Judith coupant la tête d’Holopherne. Le Flamand (François) Quefnoy , furnommé 4 Flamand, de Bruxelles), artifte admirable, & qui tient un des premiers rangs dans la fculpture par le goût, la corre@tion du deffein , &c la belle imitation de l’antique. Quand on examine à Rome les ouvra- ges de ce maître, fon S. André par exemple , qui eft dans l’églife de S. Pierre, peut-on douter que larti- {te n'ait beaucoup étudié le gladiateur , Apollon, lAntinoüs , Caftor & Pollux, la Vénus de Médicis &c l'Hermaphrodite ? Il eft mort à Livourne en 1644, à ÿ2 ans. Gendre (Nicolas le), né à Effampes, mort à Paris en 1670, âgé de ÿ2 ans, a montré dans fes ouvrages de fculpture, une fagefle & un repos quife font re- marquer avec diftinétion. . | Girardon (François), né à Troyes en Champagne en 1627 , marié à mademoifelle du Chemin, renom- mée pour fon talent à peindre les fleurs , & mort en 1698. Ses ouvrages font précieux par la correétion du deflein , &c par la beauté de l'ordonnance. Ila prefque égalé l'antiquité par les bains d'Apollon; par le tombeau du cardinal de Richelieu , qui eft dans l’é- glife de la Sorbonne, & par la ftatue éaueftre de Louis XIV. qui eft à la place Vendôme. Lesconnoif- feurs qui fe font attachésà comparer les flatues de Girardon & du Puget, ont trouvé plus de graces dans celles de Girardon, & plus d’expreffion dans celles de Puget. Ce grand maïtre avoit au Louvre une galerie précieufe par les morceaux choïfis awelle renfer- mot. Grace au Phidias de notre âge, Me voila sûr de vivre autant que l'univers ; Et neconnët-on plus ni mon nom , nimes vers ; , / , Dans ce marbre fameux, taillé fur mor vifage, De Girardon sroujouts on vaniera l'ouvrage, Ce font les vers de Defpréaux fur le bufte de marbre que fit de lui le célebre Girardon , & dont on a tiré tant de copies. Cet habile maître eft prefque le feul d’entre les modernes, qui par les bains d’Apollon, ait ofé imiter les fujets fort compofés que traitoient les anciens, & qu'ils rendoiïent par de beaux grouppes de grandes f- gures. | Gonnelli (Jean), furnommé Paveugle de Cambaffi, du nom de fa patrie en Tofcane, mort à Rome fous le pontificat d’Urbain VIII. Les progrès qu'il fit dans {on art fous la difcipline de Pierre Tacca, annon- çoient du génie ; mais on eut lieu de craindre que fes talens ne devinflent ftériles , lorfqu'il perdit la vüe à l’âge de 20 ans. Cependant ce malheur ne l’empêcha pas d’exercer la fculpture; il faifoit des figures de terre cuite qu'il conduifoit à leur perfe&tion, fe laiffant guider par le feul fentiment du ta@&. C’eft ainfi qu'il repréfenta Cômel. grand duc de Tofcane. Ilentreprit quelque chofe de plus, il effaya de faire de la même maniere des portaits reflemblans ; mais c’étoit porter trop loin de flatteufes efpérances. Goujon (Jean), parifen, fleurifloit fous les re- es de François [.& de Henri IL. 1l travailla pour a gloire de la nation. Ses ouvrages nous retracent les beautés fimples & fublimes de l'antique. Un au- teur moderne le nomme /e Correge de la Sculpture, par- ce qu’il a toujours confulté les Graces. Perfonne n’a mieux entendu que lui les figures de demu-relief. Rien n’eftplus beau en ce genre , que fa fontaine des Inno- cens, tue S. Denis à Paris. Un ouvrage de fa main, qui n’eft pas moins curieux, eft une efpece de tribu- ne foutenue par des caryatides gigantefques , &c qui eft au Louvre dans La falle des cent Suifles, Sarrañn ru devoir imiter ces figures, d’un goût exquis &e dun deflein admirable. M. Perrault les a fait graver par Sébaftien le Clerc, dans fa traduétion de Vitru- ve. On voit encore des ouvrages du Gozjon à la por- teS. Antoine &c ailleurs. Il fut l’architeéte & le fe pteur de l'hôtel de Carnavalet ; & Manfard chargé de le finir , fuivit fcrupuleufement les plans tracés par Goxon. Gros (Pierre le) , né à Paris en 1666, mort à Ro- me en 1719. Il a eu part aux pis fuperbes morceaux de fculpture qui aient été faits dans cette capitale des beauxarts. Tel eft fon grand reliefde Louis Gon-' zague , qui fut pofé fur l’autel du collese Romain, êt qui a été grave. Tel eft fon bas-relief du mont de Piété, fon tombeau du cardinal Caffanata, la fatue mourantede Sraniflas Koska, au noviciat des jéfuites, dont M. Crozat le jeune poflédoit le modele. Tel eft encore le grouppe du triomphe de la religion fur Fhé- réñe , qui orne l’églife de Gifs. On connoit à Paris, le bas-relief fait par ce célebre artifte, pour l’éslife de S. Jacques des Incurables. Enfin on admire tous les ouvrages de Ze Gros. Guillain (Simon), né à Paris, mort en 1658 âgé de 77 ans. On lui doit les figures qui font pofées dans les niches du portail de la Sorbonne, & quelques au- tres ouvrages. qui lui font honneur. Æongre (Etienne le), natif de Paris , recu à l’aca- démie de fculpture en 1668, mort en 1690, âgé de62 ans. Ce maitre a embelli les jardins de Verfailles de plufieurs ouvrages. Tels fontune figure repréfentant Pair, Vertumne & Pomone en therme, &@c. ‘ Keller (Jean Baltazar), artifte incomparable dans l’art de fondre en bronze. Né à Zurich, il s’établit en France où il réuflit le dernier Décembre 1692, dans la fonte de la fiatue équeftre de Louis XIV. qui ef haute de 20 piès &r toute d’une piece, comme on La voit dans la place de Vendôme. Il y a d’autres ouvra- ges admirables de fa main dans le jardin de Verfailles &c ailleurs. Louis XIV. lui donna l’intendance de la fonderie de l’Arfénal. Il mourut en 1702. Son frere, Jean-Jacques, fut aufi très-habile dans la même pro- fefion. Lérambert (Louis), né & mort à Parisen 1670 , âgé de 56 ans. Il y a plufeurs de fes ouvrages dans le parc de Verfailles. … Lorrain (Robert le), né à Paris en 1666, mort dans la même ville en 1743. Il fut éleve de Girardon. Ce grand maitre le regardoit comme un des plus habiles deflinateurs de fon fiecle. Ille chargeoit à l’âge de 18 ans, d'inftrure {es enfans & de corriger fes éleves. Ce fut lu: & le Nourriffon qu'il choifit pour travailler au maufolée du cardinal de Richelieu. Le Lorrain auroit eu un nom plus célebre dans les arts, s’ileüt poffédéle talent de fe faire valoir, com- me il avoit cel de l'exécution. On remarqua dans es cempoñtions un deffein pur & favant, une ex- preflion élégante, un bon choix & des têtes précieu- les, On connoit fa Galarhée. I ftauffiun Bacchus pour le jardins de Verfailles , un Faure pour ceux de Mar- ly, 6e. Maïs fes principaux ouvrages font dansle pa- lais épifcopal de Saverne. Magniere (Laurent), parifien, recu à l’académia royale de Peinture & de Sculpture en 1667, mort en 1700 âgé de 82 ans, Ses talens l'ont placé au rangdes artiites du fiecle de Louis XIV. Il a fait pour les jar- dins de Verfailles, plufieurs thermes repréfentant Ulyfe, le printems & Circé, Marcy (Baltazar ), né à Cambrai en 1620, mort à Paris en 1674, frere de Gafpard Marcy ,aufi fculp- teur, mort en 1681. Ces deux artiftes ont travaillé enfemble au baflin de Latone du jardin de Verfailles, où cette déefle & fes enfans font repréfentés en mar- bre. Balthazar Marcy s’eft montré digne de mêler fes Havaux ayec le célebre Giraxcon, en faifant les che- SCU 831 vaux des bains d’Apollon, qui font efeQiyément d'u. ne grande beauté ch in te Margaritone, né en Tofcane dans le xüy. fiecle, I! n’eft connu que par la fculpture du tombeau de Gré- goire X, | Marelire (Pierre) , natif de Rouen, feçu à Pacadé: mie de Sculpture en 1668, mort en 1708 âgéide 76 ans. Îl a fait quelques morceaux eflimés, comme l'Europe & Apollon pythien d’après l'antique , qui font dans les jardins de Verfailles, | Michel- Ange Buonarota | également célebre em fculpture comme en peinture. Ïl fut mis jeune-dans un village, dont la plüpart des habitans étoient feu /p2 teurs, &t en particulier le mari de fa nourrice; ce qui lui fit dire qu’il avoit fucé la fculpture avec le lait! Afeize ans il avoit déja fait dans cet art des progrès finguliers, Pendant que le pape Jules IL. démeuroit à Boulogne, il lui ordonna de faire {a flatuie de la hau= teur de cinq brafles, & de la jetter en bronze. Cette ftatue haufloit un bras dans une attitude fi fere, qué fa Sainteté demanda à Michel-Ange, fi elle donnoit la bénédiion ou la malédiétion, Elle avertit le peuple de Boulogne d’être plus fage à l'avenir | répondit Michel- Ange, Ayant demandé À {on tour au pape , s’il ne devoit pas mettre un livre dans l’autre main ; mettez-y plutôt une épée , répliqua Jules , je ne fuis pas homme de lettres. Cette ffatue de Jules fit beau coup d'honneur à Michel-Ange ; maïs il a immorta- lifé fa gloire par fa flatue de Bacchus, & par celle de Cupidon en grandeur naturelle ; qu’il donna à la princefle Ifabelle d'Eft. Ce font des chefs-d'œuvres qu’on ne fe lafle point de voir & de louer. On fait encore qu'ayant fait la figure d'un autre Cupidon différent de celui dont je viens de parier, 1l porta cette figure à Rome , lui caffa un bras qu'il re- tint, &c entérra le refte dans un endroit qu’il favoit qu'on devoit néceffairement fouiller. En effet , cetre q figure ayant été trouvée quelque-temsaprès, dans Le lieu oùïl Pavoit enfévelie , fut expofée à la vue des connoïleurs qui Padmirerent. On la vendit pour une antique précieufe au cardinal de S. Grégoire ; alors Michel-Ange détrompa tout le monde , en produifant le bras qu'il s’étoit réfervé. Il eft beau d'être affez ha- bile pour imiter les anciens, jufqu’à tromper les yeux des plus favans ; il n’eft pas moins beau d’être affez modefte, pour avouer qu'on leur eft de beaucoup in- férieur , comme le reconnut Michel-Anve, Enfin, je le retrouve toujours du premier rang des modernes en fculpture , en peinture & en architedure. Pautre ( Pierre le) né à Paris en 1650, mort dans la même ville, en 1744. Son pere Antoine le Pautte, bon architeéte , développa fes talens pour le deffein. L'étude de la nature & des grands maîtres le perfec- tionnerent, Cet habile artifte fut dire@eur de laca- démie deS. Luc. On voit de fes ouvrages à Marly. ilfut chargé de finir Le grouppe d’Arrie & de Pætus, commencé à Rome par Théodon. Le grouppe d’En£e eft entierement de lui. Ces deux morceaux ornent le jardin des Tuileries. Prlon (Germain ) feulpreur & architeéte , natif de Paris , vivoit dans le xvj. fiecle. [1 fut un de ces hom-. mes nés pour cultiver les arts, & porter dans leur patrie le vrai goût du beau, On voit plufeurs de fes ouvrages dans les églifes de notre capitale, qui plai- fent aux curieux. Pufani (André), mort à Florence, en 1389, Aoé de 60 ans. Il fit connoître fes talens pour la culpture par les figures de marbre dont il orna l’éplife de Santa Maria del Fiore, à Florence. Ponce (Paul) florentin., fe diftinguoit en France , fous les regnes de Francois IL. & de Charles IX. IL y a plufeurs de fes ouvrages aux céleftins. Il a taillé la colomne femée de flammes , .& accompagnée de » f L] LE trois germes portant des flambeaux, avec une urne 832 S CG U qui renferme lé cœur de François ÎL On voit aufñ de cet artifte, dans la même éolife, le tombeau en pierre, avec la figure de Charlemagne, vétue mili- tairement. Puger ( Pierre), le Michel-Ange de la France, ad- mitable feulpreur, bon peintre , excellent'architecte, naquit à Marf lle en 1623, de parens qui manquoient du bien néceflaire pour foutenir leur nom. Les talens qu'avoit le jenne Puge: pour le deffein parurent dès qu’il put manier le crayon. On le mit à l’âge de 14 ansichez un habile /cx/preur de Marfeil- le ; &z qui pañloit pour le meilleur conftiruéteur de ga- leres du pays. Il fut fi fatisfait de fon éleve , après deux ans d’apprentiflage , qu'il lui confia Le foi de la feulpture & de la conftruétion d’un de fes bâti- mens ; mais Puger. curieux de fe perfeétionner , fe tendit à Florence chez le grand-duc, &c paña de-là à Rome , où il s’appliqua tout entier à la peinture. Ilrefta près de 1 5 ans dans cette capitale des beaux arts. De retour dans fa patrie , 1l inventa ces belles galeres du royaume, que les étrangers ont tâché d’- miter; Il embellit Toulon, Marfelle & Aix de plu- fleurs tableaux qui font encore l'honneur des églifes des capucins &c des jéfuites. Tels font une annon- ciation ; le baptême de Conftantin,, Le tableau qu'on appelle le Sauveur du monde, &c. L'éducation d’A- chille eft le dernier ouvrage au’ilait fait en ce genre. La fculpture devint,aprés une maladie dangeretfe qu'il eut en 1657, fa pafion favorite, foit qu’elle lui coutât moins , {oit que les modeles qu'il fit dans fa convalefcence lPamufaffent plus agréablement, 1l ne peignit plus depuis ce tems-là ; mais il embellit Toulon d’excellens ouvragesen fculpture. On y ad- ire toujours les ornemens qu'il fit pour la porte de l’hôtel-de-ville de cette place. Les armes de France en bas-relief de marbre qui ornent Phôtel-de-ville de Marfoillé, font auf de fa main. M. Fouquetinftruit par la renommée des talens du Paget , le chargea d’aller choïfir en Italie les plus beaux blocs de marbre qu’il deftinoit à la fculpture du royaume, & tandis qu’on en chargeoït quelques bâtimens à Gènes, notre artifte s'occupa à faire ce bel Hercule , qu'on-mit à Sceaux, & qui eft couché fur un bouclier aux fleurs-de-lis de France. Dans ces conjettures M. Fouquet fut difgracié, ce qui devint un obftacle au retour du Puget , dont l'étranger pro- fita pour avoir de fes chefs-d’œuvres. Le duc de Man- toue obtint de lui un bas-relief de l’aflomption, au- quel le cavalier Bernin prodigua fes éloges. Enfin M. de Colbert, qui veilloit aux progrès des arts, rappella ce célebre artifte dans le royaume, & Phonora d’une penfon de douze cens écus, en qua- lité de feulpreur & direétent des ouvrages qui regar- doient les vaifleaux & les galeres. Alors le Paper avide de travailler à des monumens qui pañaffent à la poftérité, entreprit fon bas-relief d'Alexandre & de Diogene; ce monument qu'il n’a pu achever que fur la fin de fes jours, eft le plus grand morceau de {culpture qu’il ait exécuté. | Mais Milon Crotoniate eff la premiere &c la plus belle ftatue qui ait paru à Verfailles de la main du Puget. On croit voir le fang circuler dans les veines de Milon; la douleur & la rage font exprimés fur fon vifage ; tous les mufcles de fon corps marquent les efforts que fait cet athlete pour dégager fa main, la: quelle étoit prife dans le tronc d’un arbre qu’il avoit voulu fendre, tandis que de l’autre , 1} arrache la langue de la gueule d’un lion qui le mordoit par der- riere. Après la mort de Colbert, M. de Louvois , fur-in- tendant des bâtimens , engagea le Puger à travailler : à un grouppe, pour accompagner celui de Milon ;le Puge: exécuta fon Andromede & Periée, Oneft tenté de toucher les chairs de l’Andromède; & quoique la figure én paroïfle un peu trop raccourcie ,on y trou- ve cependant les même proportions que dans la Vé. nus de Médicis. | : Le dernier ouvrage du Puger, eft le bas-relief de S. Charles, où la pefte de Milan eft repréfentée d’u- ne mamere fi touchante. Le Prger avoit modelé en cire la figure équeftre de Louis XIV: que lon devoit ériger dans la place royale de Marfeille ; dont il avoit auf donné le deffein. Girardon confervoit pré- cieufément quelques marines à la plume de là main de cegrand maître. | TT TU) Les morceaux de fculpture de cet artifte inimita= ble , ainfi que Louis XIV. lé nommoit, pourroient être comparés à l'antique, pour le grand goût êc Fa correction du defleih , pour la noblefle de fes carac- teres, pour la beauté de fes idées , le feu de fes ex- preflions , & l’heureule fécondité de fon génie. Le marbre s’amollifloit fous fon cifeau , prenoit entre fes mains du fentiment , & cette flexibilité qui carac- térife fi bien les chaïrs, & les fait fentir même at travers des draperies. Cet admirable artifte eft mort dans la ville qui lui donna la naïffance, en 1695 , âgé de 72 ans. Quellins (Artus ), né à Anvers, a fait pour fa pa= trie des morceaux de fculpture , qui le mettent au rang des bons artiftes flamans. Il eft neveu d’Erafme Quellins , qu’on regarde comme le dernier peintre de Pécole de Rubens. Repnauldin (Thomas) , natif de Moubns, mort à Paris en 1706 , âgé de 79 ans, a fait quelques morceaux afféz eftimés, On voit de lui dans les jat- dins de Verfailles l’Antonine & Fauftine, & aux Fuileries le grouppe qui repréfente l’enlevemént de Cybele par Saturne fous la figure du Tems. _ Roffi (Propertia), cette demoifelle fleurifloit à Boulogne fous le pontificat de Clément VII. La mu- fiqué qu’elle poffédoit faifoit fon amufement, & la fculpture fon occupation. D’abord elle modela des figures de terre qu’elle deffinoit , enfuite elle travailla fur le bois ;enfin elle s’exerça fur la pierre, & fit pour décorer la façade de l'églife de fainte Pétrone, plu- fieurs flatues de marbre , qui lui mériterent l'éloge des connoïfleurs ; mais une paflion malheureufe pour un jeune homme qui n’y répondit point, la jetta dans une langueur qui précipita la fin de fes jours. Dans cet état, fe rappellant l’hiftoire de la femme de Puti- phar & de Jofeph, elle repréfenta en bas-relief cette hiftoire , qui avoit quelque rapport à fa fituation, & tendit naturellement la figure de Jofeph d’après celle de fon amant. Ce morceau de {culpture fut le dernier ouvrage , & le chef-d'œuvre de Propertia. Mais An- gelo Roffi en a fait d’autres d’un goût prefque égal à Vantique , & qui pafleront à la poftérité. Ruffici (Jean-François) florentin , jetta la plüpart de fes flatues en bronze. On a loué une Léda de fa: main, une Europe, un Neptune, un Vulcain, un Homme à cheval d’une hauteur extraordinaire, & une femme d’une forme coloffale. Il vint en France en 1528, & y fut employé le refte de fes jours par François I. à plufeurs ouvrages. | . Sarafin (Jacques), né à Noyon en 1598, mort en 1660. Il vint des fa plus tendre enfance à Paris , où il apprit à defliner & à modeler ; mais comme fa France fortoit encore d’une efpece de barbarie pour les beaux arts, & que la fculpture y manquoit de maîtres pour en montrer les charmes &c le gémie, il alla s’en inftruire à Rome, & y demeura pendant lef- pacede 18 ans. Là il fit pour le cardinal Aldobtan- din un Atlas & un Polyphème qui foutenoient pref- que la comparaifon avec les beaux ouvrages d'Italie. En revenant de Rome, il exerça fon cileau à un S. Jean-Baptifte & un S. Bruno, qui pañlent pour ur des plus finguliers ornemens de lächartreufe de Lyon. . De retour à Paris, # fut employé pour les églifes , & fit en particulier pour le roi les caryatides qui embelliflentun des dômes du Louvre du côté de la cout; car ces figures, quoique coloffalés, font néan- moins très-dégagées , & femblent très-légeres ; il fit deux morceaux confidérables dans léglite des jéfui- tes de Paris : le premier eft deux grands anges d’ar- gent en Pair, tenant chacun d’une main un cœur d'argent. Je dis que ces anges font en l'air, parce qu'ils ne font attachés à l’arcade fous laquelle ils fem- blent voler efeftivement, que par quelques barres de fer qw’on ne voit point. Le fecond morceau de fa main , eft le maufolée de Henri de Bourbon prince de Condé, maufolée taillé dans le beau, & qu'onad- mireroit à tous égards, fi le facré & le profane, la Pièté avec Minerve, ne s’y trouvoient mélangées. On voit de ce celebre artifte dans l’églife des carmé- lites du fauxbourg S. Jacques, le tombeau du cardinal de Bérule; dans Péglife du noviciat des jéfuites, 8&z dans celle de S. Jacques de la Boucherie , deux cru- cifix de fa main. Ces produËtions de fon génie font d’une grande beauté. Parmi les ouvrages de fon ci- feau pour Verfailles , on ne doit pas oublier de citer Le grouppe de Remus & de Remulus allaités par une chevre ; &. on voit à Marly un autre grouppe égale- ment eflimé , repréfentant deux enfans qui fe jouent avec un bouc. Mais pendant que Sarrz/fn avançoit fa carriere dans l’art de la fculpture , Îe Puget s’y élevoit pour le furpañler un jour. Tadda (Francifco ), feulpteur d'Italie, fleuriffoit au milicu du xvj. fiecle, Ayant trouvé quelques mor- ceaux de porphyre parmi des pieces de vieux mar- bre , il efflaya de les joindre , & d’en compofer un baffin de fontaine pour Côme de Médicis, otand-duc de Fofcane, & il réufit dans fon entreprie. On dit qu'il fit chftiller certaines herbes dont ilretira une eau qui avoit la vertu de coller enfemble toutes {or- tes de morceaux de porphyre brifés. Si ce n°eft point un conte que ce fecret, il fut enterré avec lui. Théodon , né en France dans le xvï. fiecle, per- feéhonna fes talensen Italie, & devint fculpteur de la fabrique de $. Pierre. Un des deux grouppes de lé- plife de Jéfus à Rome eff de fa main, & l’autre de celle de le Gros. Les plus habiles féx/preurs qui fuflent alors en Italie, préfenterent chacun leur modele ; & ces modeles ayant été expolés, il fut décidé fur la voix publique , que celui de Théodon & celui de le Gros étoient les meilleurs. Théodon fit encore un autre grouppe,qu'on cite aujourd’hui parmi les chef.d’œu- vres de la Rome moderne, Tuby dit le Romain (J ean-Baptifte) de l’académie defculpture , mort à Paris en 1700, âgé de 7o ans. Il tient un rang diftingué parmi les artiftes qui ont paru fous le regne de Louis XIV. On voit de lui dans les jardins de Verfailles, une figure repréfen- tant Le poëme lyrique. Ila encore embelli les jardins de Trianon, par une copie du fameux grouppe de Laocoon. Le manfolée du vicomte de Turenne en- terré à S. Denys, eft fans contredit le plus beau de particuliers honorés d’une fépulture à côté de nos rois. Le Brun en a tracé le plan, & Tuby Va exécuté. On y voit l’Immortalité qui tient d’une main une cou. ronne de laurier, & qui foutient de l’autre ce grand homme. La Sagefle & la Vertu font à fes côtés, La premiere eft étonnée du coup funefte qui enleve ce héros à la France , & l’autre eff plongée dans la conf. ternation. Fan-Clève (Corneille) originaire de Flandres ,né à Paris, a été un des bons Jculpteurs de France. On voit dans plufieurs églifes de Paris, dans les maifons royales , & dans les provinces, quantité de beaux ouvrages fortis de fes mains. Il eft mort en 1733;a8e de 89 ans. . Far-Obflal (Gérard), natif d'Anvers , mort à Pa- ns en 166%, âgé de 73 ans, Il avoit beaucoup de ta- S'CU 833 léns pour les bas-reliefs, & travailloit admirablement bien livoire; la figure du roi que lon voit pos fée fur la porte Saint Antoine, eft de cet habile mai- tres Verrochio , (André) naquit à Florence en 1432; &t mourut en 1488. Il tailla dans fa patrie les tom beaux des Médicis; mais fon chef.d’œuvre eft un en- fant de bronze pêchant à la ligne. Les deux têtes de métal en demi-relief, l’une d'Alexandre le grand, & lautreide Darius, qu'il fit pour Laurent de Médicis : furent encore admirées. Il jetta en bronze à Vénife la ftatue équeftre de Barthelemi de Bergame ; & l’ap- phcation qu'il y donna fut la caufe de fa mort, Jai parlé de cet artifle comme peintre , au #04 ECOLE FLORENTINE. tyd Folterre ( Daniel de ) il a quelquefois quitté le pin- ceau pour le cifeau. Le cheval qui porte la ftatue de Louis XIII. dans la place royale à Paris, a été fondue d'un feul jet par Volterre, Voyez fon article parmi les Peintres , au mor Eco. Zumbo , (Gaetano Guilio) né à Syracufe en 16 SG; mort à Paris en 1701. Il devint fCulpteur fans autre maitre que fon génie. Il ne fe fervit dans tous fes ou- vrages que d’une cire coloriée, qu'il préparoit pour- tant d’une maniere particuliere. Ce fectet À la vérité ne lui fut pas particulier, Warin & le Bel l'avoient eu avant lui ; mais les morceaux que notre artifte fit avec cette matiere excellerent {ur tous les autres en ce genre par leur perfeétion, Le grand duc de Tofcane lui donna des marques d’une bienveillance diffinguée. Pendant le tems qu'il fut à ce prince , il exécuta ce fujet renommé fous le nom de la Corruzione, ouvrage curieux pour la vérité, l'intelligence, & les connoif- fances qui s’y font remarquer. Ce font cinq figures coloriées au naturel, dont la premiere repréfente un homme mourant , la feconde un corps mort, la troi- fieme un corps qui commence à fe corrompre , la quatrieme un corps qui eft corrompu , & la cinquie- me un cadavre plein de pourriture, que l’on ne fau- roit regarder fans être faifi d’une efpece d'horreur, tant l’ingénieux fculpteur a fu y mettre de force & de vérité. Le grand-duc placa cet ouvrage dans fon cabinet, Zumbo Étant à Gènes , y employa quatre ou cinq ans à travailler une ariviré du Sauveur & une defcente de croix , qu’on peut regarder comtne fes chefs-d’œu- vres. If s’aflocia dans cette ville à un chirurgien fran- çois nommé Defnoues, afin de repréfenter avec fa cire coloriée toutes les parties du corps ; le chirur- gien difiéquoit; & le fculpteur repréfentoit. Son plus beau morceau dans ce genre a été un corps de fermé avec fon enfant. La France fut le terme des voyages de Zumbo ; il y travailla à plufieurs pieces d’anato- mie, & compofa entr'autres la tête préparée pouf une démonitration anatomique. L’académie des Sciences en a fait l'éloge dans fon kif. année ; Jos Tous les curieux voulurent la voir ; & M.le due dOrleans , qui avoit un goût très-éclairé , ne dé- daïgna pas d'aller chez Zumbo: l’examiner à loifir. Voilà les principaux fcu/preurs de l’Europe, depuis environ deux fiecles & demi. Il eft bon de remarquer que le fouvérain qui ne fauroit trouver une certaine quantité de jeunes pens qui puiflent, à l’aide des moyens qu'il leur donne, devenir un jour-des Ra- phaëls & des Carraches, en trouve un grand nombre qui peuvent par fon fecours devenir de bons feulp- teurs. L'école aui n’a pas été formée en des tems où les caufes phyfiques vouluffent bien concourir avec les caufes morales , enfante ainfi des hommes excel- lens dans la Sculpture, au lieu de produire des pein= tres du premier ordre, C’eft précifément ce que nous favons être arrivé dans ce royaume: depuis le renou- vellement des Arts, on n’a guère raflemblé en un feul lieu Le grand nombre de bons fculpteurs en tout genre 834 S CU & en toute efpece qu’on a vü en France fous fe regne de Louis XIV. ils ont même laïfé des éleves qui mat- chent fur leurs traces ; tels font MM. Adam, Bou- chardon , Falconet , le Moine, Pigal, Sloots, Vañlé, &c. Leurs ouvrages feront leur éloge , & feront peut- être les derniers foupirs de notre fculpture. Tous Les articles des fculpteurs modernes fort de M. le Chevalier DE JAUCOURT. SCULPTURE, f. f. ( Beaux-Arts.) On définit la Sculpture un art qui par le moyen du deffeintémde La matiere folide , imite avec le cifeau les objets palpa- bles de la nature. Pour traîter ce fujet avec un peu de méthode , nous confidérerons féparément la féx/prure antique & la feulpture moderne ; mais avant que de parler de l’une &r de l’autre, nous croyons devoir tranfcrire ici une partie des reflexions de M. Etienne Falconet fur la Seulpture en général : il les a mifes au jour tout récemment ; & comme il a déclaré qu’elles étoient deftinées pour l'Encyclopédie, nous allons remplir l'intention de cet habile artifte, & le laifer parler lui-même. " La Sculpture , dit-il, ainfi que l’Hiftoire , eff le dé- ôt le plus durable des vertus des hommes & de leurs foibleffes. Si nous avons dans la flatue de Vénus Pobjet d’un culte diflolu , nous avons dans celle de Marc-Aurele un monument célebre des hommages rendus à un bienfaiteur de l'humanité. Cet art, en nous montrant les vices déifiés, renden- core plus frappantes les horreurs que nous tranfmet PHiftoire ; pendant que d’un autre côte les traits pré- cieux qui nous reftent de ces hommes rares, qui au- roient dû vivre autant que leurs flatues, raniment en nous ce fentiment d'une noble émulation , qui porte l'ame aux vertus qui les ont préfervés de l’ou- bli. Céfar voit la ffatue d'Alexandre , 1l tombe dans ne profonde réverie , laïfle échapper des larmes & s’écrie : « Quel fut ton bonheur ! À l’âge que j'ai, tu » avois déja foumis une partie de la terre, & moi je » n’ai encore rien fait pour ma propre gloire ». [n’en fit que trop pour l’enfevelir fous les ruines de fa pa- trie. Le but le plus digne de la Scuprure , en Penvifa- geant du côté moral, eft donc de perpétuer la mé- moire des hommes illuftres, & de donner des mo- deles de vertu d’autant plus efficaces , que ceux qui les pratiquoient ne peuvent plus Être les objets de l'envie. Nous avons le portrait de Socrate , &£ nous le vénérons. Qui fait fi nous aurions le courage d’ai- mer Socrate vivant parmi nous? La Sculprure a un autre objet, moinsutile en appa- rence; c’eft lorfaw’elletraite des fujets de fimple déco- ration ou d'agrément ; mais alors elle n’en eft pas moins propre à porter lame aubien ou au mal. Quel- quefois elle nexcitera que desfenfationsindifférentes. Un fculpteur, ainf qu’un écrivain , eft donc louable ou repréhenfble , felon que les fujets qu'iltraite font honnêtes ou licencieux. . En fe propofant limitation des furfaces du corps humain , la Seuprure ne doit pas s’en tenir à une ref- femblance froide ; cette forte de vérité, quoique bien rendue, ne pourroit exciter par fon exaéhitude qu’une louange auff froide que la reflemblance; & l’ame du fpettateur ne feroit point émue. C’eft la nature vi- vante , animée, pafñonnée, que le feulpteur doit ex- primer fur le marbre, le bronze, la pierre, &c. Tout ce qui eft pour le fculpteur un objet d’imita- tion, doit lui être un {ujet continuel d’étude ; cette étude éclairée par le génie, conduite parle goût &c la raïfon, exécutée avec précifion, encouragée par l'attention. bienfaifante des fouverains, &c par les confeils & les éloges des grands artiftes , produira des chef-d’œuvres femblables à ces monurmens pré- cieux qui ont triomphé de la barbarie des fiecles. Ainfi les fculpteurs qui ne s’en tiendront pas à untri- arms but de louanges, d’ailleurs & légitimement dûes à ces ouvrages fublimes , mais qui les étudieront profondé- ment, qui les prendront pour regle de leurs produc- tions , acquerront cette fupériorité que nous admi- rons dans les flatues grecques. : Non-feulement les belles ftatues de antiquité fe- ront notre aliment, mais encore toutes Les produc- tions du génie, quelles qu’elles foient. La leétare d'Homere, ce peintre fublime, élevera lame de l’ar- tifte, & lui fournira des images de grandeur &c de majefté. | | Ce que le génie du fculpteur peut créer de plus noble & de plus fublime , ne doit être que lexpref- fion des rapports pofibles de la nature , de fes effets, de fes jeux, de fes hafards: c’eft-à-dire que le beau, même idéal, en Sculprure comme en Peinture, doit être un réfumé du beau réel de la nature. Il'exifte un beau effentiel, mais épars dans les différentes parties de l'univers. Sentir, aflembler, rapprocher, choïfir, fappofer même diverfes parties de ce beau , foit dans le caradtere d’une figure, comme Apollon, foït dans l'ordonnance d’une compoñtion , comme ces har- dieffes de Lanfranc, du Correse, & de Rubens; c’eft montrer dans l’art ce beau idéal qui a fon principe dans la nature. La Sculpture eft fur-tout ennemie de ces attitudes forcées que la nature defavoue,, &r que quelques ar- tiftes ont employées fans nécefité, & feulement pour montrer qu’ils favoient fe jouer du deffein. Elle Left également de ces draperies dont toute la richefle eft dans les ornemens fuperflus d’un bifarre arrangement de plis. Enfin, elle eft ennemie des contraftes trop recherchés dans la compofñtion, ainf que dans la dif- tribution affectée des ombres & des lumieres: En vain prétendroit-on que c’eft la machine; au fond ce n’efl que du défordre, & une caufe certaine de lembar- ras du fpeétateur, & du peu d’aétion de l’ouvrage fur fon ame: plus les efforts que lon fait pour nous émouvoir font à découvert , moins nous fommes érmus ; d’où il faut conclure que moins l’artifte em- ploie de moyens à produire un effer, plus il a de mérite à le produire, êc plus Le fpeétateur fe livre vo- lontiers à limpreffion qu’on a cherché à faire fur lui. C’eft par la fimplicité de ces moyens que Les chef- d'œuvres de la Grece ont été créés, comme pour fer- vir éternellement de modeles aux artiftes. La Sculpture embrafle moins d'objets que la Pein- ture ; mais ceux qu’elle fe propofe , ëc qui font com- muns aux deux arts, font des plus difficiles à repré- fenter : favoir l’expreffion , la fcience des contours , l’art pénible de draper & de diffinguer les différentes efpeces des étoifes, La Sculpture a des difficultés qui lui font particu- lieres. 1°, Un fculpteur n’eft difpenfe d’aucune parne de fon étude à la faveur des ombres , des fuyans, des tournans , & des raccourcis. 2°, S'il a bien compoté & bien rendu une vûe de fon ouvrage, il n’a fatisfait qu’à une partie de fon opération, puifque cet ou- vrage peut avoir autant de points de vüe qu'il y a de points dans l’efpace qui l'environne. 3°. Un fculp- teur doit avoir l'imagination auf forte qu'un pein- tre, je ne dis pasaufh abondante ; il lui faut de plus une sénaciré dans le génie , qui le mette au-deflus du dégoût caufé par le méchanifme, la fatigue , &c la lenteur de fes opérations. Le génie ne s’acquiert point , il fe développe, s'étend & fe fortifie par l’e- xercice. Un fculpteur exerce le fien moins fouvent qu'un peintre ; difficulté de plus, purfque dans un ouvrage de /culprure il doit y avoir du génie comme dans un ouvrage de peinture. 4°. Le fculpteur étant privé du charme féduifant de la couleur, quelle in- telligence ne doit-il pas y avoir dans fes moyens pour attirer l'attention? Pour la fixer, quelle précifion, quelle quelle vérité, quel choix d’expreflion ne doit: pas mettre dans fes ouvrages On doit donc exiger d’un fculpteur nou-feulement l'intérêt qui réfulte du tout enfemble , mais encore celur dechactune des-parties de cet enfemble; lou- vrage du fculpteur n'étant le plus fouvent compofé que d'une feule figure, dans laquelle il ne lui eft pas poñlible de réunir les différentes caufes quiproduifent Pintérêt dans un tableau: La Peinture, indépendam- ment de a variété des couleurs, intérefle par les dif. férens grouppes,, les attributs, les ornemens:, les ex- preffions de plufieurs perfonnages qui concourent au fujet. Elle intérefle par Les fonds, par le lieu de da Îcene,, par l'effet général: en un mot elle im pofe par la totalité, Mais le fculpteur n’a le plus fouvent qu’un mot à dire ; il faut que ce mot foit fublime, C’eft par- ; À À x là qu'il fera mouvoir les reflorts de l’ame, à-propor- tion qu'elle fera fenfible, & que le fculpteur aura ap- proché du but, | EE Ce n’eft pas que de très-habiles fculpteurs n'aient emprunté les fecours dont la Peinture tire avantage par le coloris: Rome & Paris en fourniffent des exem- ples. Sans doute que des matériaux de diverfes cou- : leurs employés avec intelligence, produiroient quel- ques effets pittorefques ; mais diftribués fañs harmo- me, cet affemblage rend la Sculpture défagréable, & même choquante. Le brillant de la dorure, [a rencon- tre brufque des couleurs difcordantes de différens marbres , éblouira l’œil d’une populace toujours fub- juguée par le clinquant; &c l'homme de goût fera ré- voité. Le plus certain feroit de n employer l'or, le bronze, & les différens matbres , qu’à titre de déco- ration, &-ne pas Ôter à la Jéulpture proprement dite fon vrai cara@tere, pour ne lui en donner qu'un faux, ou pour le moins toujours équivoque. Ainfi, en de- meurant dans les bornes qui lui font prefcrites, la Gulpture ne perdra aucun de fes avantages , ce qui lui arriveroit certainement fi elle vouloit employer tous ceux de la peinture. Chacun de ces arts a fes moyens d'imitation; la couleur n’en eftpointun pour la /cu/pture. Mais fi ce moyen qui appartient proprement à la peinture, eft pour elleun avantage, combien de dif ficultés n’a-t-elle pas qui font entierement étrangeres à la féulpture ? Cette facilité de produire Pillufion par le coloris , eft elle-même une très-grande difficulté ; la rareté de ce talent ne le prouve que trop. Autant d'objets que le peintre a de plus que le fculpteur à repréfenter , autant d’études particulieres. L'imita- tion vraie des ciels, des eaux, des payfages, des dif férens inftans du jour , des effets variés de la lumiere, & la loi de n’éclairer un tableau que par le feul fo- leil, exigent des connoïflances & des travaux nécef. faires au peintre, dont le {culpteur eft entierement difpenfé, Ce ne feroit pas connoître ces deux arts, fi on Ôtoit leurs rapports. Ce feroit une erreur , fi on donnoit quelque préférence À lunaux dépens de l’au- tre , à caufe de leurs difficultés particulieres, La peinture eft encore agréable, même lorfqu’elle eft dépourvue de l’enthoufiafme & du génie qui la ca- raétérife ; mais fans l'appui de ces-deux bafes , les produéhons de la fcxlprure {ont infipides. Que le génie les infpire également , rien n’empêchera qu’elles ne foient dans la plus intime union, malgré les différences qu’il y a dans quelques-unes de leurs marches ; fi ces arts ne font pas femblables en tout > il y a toujours la reffemblance de famille, | Facies non omnibus una . Nec diverfa tamen, qualem decer effe fororum. Ovid. Mer, L, I. Appuyons donc là-deffus : c’eft l'intérêt des arts. PPAYONS-y encore, pour éclairer ceux qui en ju- gent, fans en connoïtre les principes : ce qui arrive Tome XIF, S CU 835 aflez fouvent même À des efprits du prernier ordre, Sipar une erreur, dont on voit beuteufement peu, d'exemples, unfculpteur alloit prendre pour de l'en- thoufiafme êc du génie, cette fougue déraifonnée qui emportoit le Boromini, qu'il foit pérfiadé que de pareils écarts , bien loin d’embellir es objets, les éloignent du vrai, & ne fervent qu'a repréfentérles défordres de l'imagination. Quoique cetartifle ne fût pas fculpteur,il peut être cité commeun exemple dans Bereux, parce que le même efprit quiconduit l’archi- teéte,conduit auf le peintre & le {culpteur, L’artifte dontles moyens font fimples, eft à découvert; il $’ex- pofe âêtre jugé d’autant phisaifément,qu’il n’emploie aucun vain preftige pour échapper à l'examen, 8e fouvent malquer ainfi {à non-valeur. N’appellons donc point heautés dans quelque ouvrage que ce foit, ce qui ne feroit qu'éblouir les yeux, & tendroit à corrompre le goût. Ce gout fi vanté avec raifom dans Les produétions de Pefprit humain, n’eft que Le réfultat de ce qu’opere le bon fens fur nos idées :trop vives , il fait les réduire, leur donner un frein : trop languiflantes, il fait les animer. C’eft à cet heureux tempérament que la Jéutpture,anfi que tous les arts inventés pour plaire, doit fes vraies beautés, les feules durables, Comme la fulprure comporte la plus rigide exacs titude, un deflein népligé y feroit moins fu pportable que dans la peinture. Ce n’eft pas à dire que Raphael & le Dominiquain n’aient été de très-correlts & fa vans deflinateurs, & que tous les grands peintres ne regardent cette partie comme effentielle À Part ; mais à la rigueur , un tableau où elle ne domineroit pas, Pourroit intérefler par d’autres beautés, La preuve en eft dans quelques femmes peintes par Rubens, quimalgré le caraûere flamand & incorre , {édui- ront toujours par le charme du coloris, Exéctitez- lesen /culpture fur le même caraétere du deffein, le charme fera confidérablement diminué, s’il n’eft en tierement détruit, L’effai féroit bien pire fur quelques figures de Rimbrand, Pourquoi eft-il encore moins permis au fculpteur qu'au peintre de négliger quelques-unes des parties de fon art ? Cela tient peut-être à trois confidéra- tions: au tems que l’artifte donne À fon ouvrage; nous ne pouvons fupporter qu'un homme ait em ployé de longues années à faireune Chofe commune: au prix de la matiere employée : quelle comparai- fon d’un morceau de toile à un bloc de marbre ! à [a durée de l'ouvrage , tout ce qui eft autour du marbre S’anéantit; mais le marbre relte. Brifées même, {es pieces portent encore aux fiecles À venir de quoi louer ou blâmer. Après avoir indiqué l’objet & le cara@tère général de la fiulpture, on doit la confidérer encore comme foumife à des lois particulieres qui doivent être con- nues de Partifte, pour ne pas les enfreindre , ni les étendre au-delà de leurs limites. Ce feroit trop étendre ces lois » fon difoit que la Sculpture ne peut fe livrer À l'effot dans fes compo- fitions , par la contrainte où elle ef de fe foumettre aux dimenfions d’un bloc de marbre. Il ne faut que voir le Gladiateur & l’Atalante: ces figures grecques prouvent aflez que le marbre obéit , quand le fculp- teur fait lui commander. Mais cette liberté que le fculpteur a, pour ain dire, de faire croître le marbre , ne doit pas aller jufqu’à embarrafler les formes extérieures de fes - gures par des détails excédens & contraires À Pac- tion & au mouvement repréfenté. IL faut que l’ou- vrage fe détachant {ur un fond d’air , Ou d'arbre, ou d’architetture , s’annonce fans équivoque , du plus loin qu’il pourra fe diffinguer. Les lumieres & les Ombres largement diftribuées concourront auf à dé- terminer les principales formes & l'etfa général, A | NNann quelque diffance que s’apperçoivent le Gladiateur & l’Apollon , leur aGion n’eft point douteufe. Parmi les difficultés dé la Jéx/pture,il.en eft une fort connue, & qui mérite les plus grandes atten- tions de l'artifte : c’eft limpofhbilité de revenir {ur lui-même , lorfque fon marbre eff dégroffi , &c: d'y faire quelque changement effentiel dans la compofi- tion , ou dans quelqu’une de fes parties. Raïfon bien forte pour l’obliger à réfléchir fon modele, & à lar- rêter , de maniere qu'il puiffe conduire sûrement les opérations du marbre. C’eft pourquoi dans de grands Ouvrages » la plüpart des-fculpteurs font leurs mode- les, au moins ils Les ébauchent fur la place où doit être l’objet. Par-là, ils s’aflurent invariablement des lumieres , des ombres & du juite enfemble de lou- yrage, qui étant compofé au jour de l’attelier, pour- roit y faire un boneflet, & fur la place un fort mauvais. Mais cette difficulté va plus loin encote. Le mo- dele bien réfléchi & bien arrêté, je fuppofeaufculp- teur un inftant d’afloupifflement ou de délire. S'iltra- vaille alors, je lui vois eftropier quelque partie im- portante .de fa figure en. croyant fuivre & même perfectionner fonmodele. Le lendemain, la têteen meilleur état , il reconnoit le défordre de la veille; fans pouvoir y remédier. Heureux avantage de la peinture | Elle n’eftpoint aflujettie à cette loi rigoureufe. Le peintre change, corrige, refait à fon gré fur la toile ; au pis aller , il la réimprime, ou ilen prend une autre. Le {culpteur peut-il ainf difpofer du marbre ? S'il falloit qu'il re- puis on recommence avec de la colle forte de Flandres ou d'Angleterre à réimbiber ces couches de papier , & l’on y applique de la toile : & fouvent on y infinue des armatures de fil de fer & desfantons que lon met entre le papier gris & la toile, ce qui empêche que les cartons ne {e tourmentent, & fait qu'ils reftent dans la véritable forme que le fculpteur a donnée au modele. Cette façon defairele carton eftla meilleure, tant pour la folidité que pour rapporter avec exa@ti: tude toutes les parties de détail du modele. Ces ou- vrages , comme nous l’avons dit, ne craïgnent d’in- convenient que l’humidité. Ils ne fe caflent point , les vers n’y font point de piquure, & ils peuvent être dorés aufli-bien que les ouvrages en bois , & avec les mêmes apprêts. | SCULPTURE, ( Archireët.) l’archite@ure fait ufape de la fexlpture par des figures & autres fujets de res lef, ou d’ornemens de bas - relief, pour décorer un édifice ; on appelle en architedure /cu/peure ifolée , celle qui eft en ronde-boffe ; & Jxlptureen bas relief \ une fculpture qui n’a aucune partie détachée, (D.JT. SCULTENNA , ( Géog. anc, ) par Strabon , iv. Scutana ; fleuve d'Italie , dans la Flaminie , & lun de ceux qui fe jettoient dans le Pô. Tite-Live , Zy, XLI, ch. xvii. Dion Caflius, iv. XLFI, Appien, iv, III. 8 Pline , lv. LIL, ch. xvj. en parlent: Ce dernier met le Gabellus & le Scufrenna, entre le Nicias & le Rhenus; or comme le Gabellus eff, à ce qu'on prés tend , le Secchia, ils’enfuit que le Sculrennaferoit le Panaro. ( D. J. SCUOLE , f. £. ( Archis, vénir.) les Vénitiens ap= pellent /cxole, école, certainsédifices publics diftribués en chapelles , falles , chambres & autres pieces qui appartiennent à des confréries, ou à des commu- nautés de la ville. Les fix principales qu’on appelle Jezole grandi, ne le cedent guere aux plus belles égli= fes pour la décoration & pour les richefes. Ces fix grandes Jcuole font celle de faint Marc, celle de faint Roch, celle de la Miféricorde , celle de faint Jean l’évangélifte, celle dela Charité & celle de faint Théodore, Deféripe, de Venife. (D, JT.) SCUPI, ( Géog. anc.) ville de la haute Mœfe ; dans la Dardanie, felon Ptolomée, Ziy. LIL. c. J*. Le nom moderne eft Scopiz, {elon Tetzetès, Grégoras ë& Sophien, & on l'appelle vulgairement Ufchup. Voyez ScoprA. ( D.J.) KE SCURGUM , ( Géog. anc.) ville de la Germanie feptentrionale, felon Ptolomée, iv. II. ch, x. Nil leneuye & Molet croient que Le nom moderne eft le lieu de Schmeben, Mgr SCURRA , (Liriérar.) ce mot fignifie un parafise un houffon & un flatteur. Il eft fouvent employé chez les poëtes dans ce dernierfèns, & alors il coin prend ce que les Grecs appelloient xé1aa , un f/as- {eur OuëTÉ, apecrov, UN courtifan qui contrefait l'ami, Lesparafites étoientauffi cornmunémentnommés feux< ræ , & l’on en diftinguoit deux fortes à Rome; lesuns qui s’attachoient à un feul maître , les autres quis’a- 90000 844 S CU | idonnoient à plufñeuts, maïs qui alloïent toujours à ceux dont la cuifine étoit la meilleure : Hos major rapuit canes culina. (D.J.) SCÜRVOGEL, f. m.( Ornishol, ) nom donné paf %es Hollandois à un oïfeau d'Amérique , nommé par les habitars du Bréfil jabiruguacu, C’eft une efpece de grue, où du-moins fort approchante de ce genre d'oifeau. Son bec eft large , long de fept ou huit pou- ‘ces , arrondi & un peu crochu au haut vers la pointe. Il porte fur le fommet de la têre une efpece de crêté cendrée orife. Son cou eft extrèmement long , fans aucune plume ainfi que la tête ; & ces deux parties {ont feulement couvertes d’une peau écailleufe. Sa queue eft courte &r noire; le refte de fon plumage eft blanc, excepté fur les grandes plumes désailes , qui {ont noires avec une efpece deteinte purpurine. Cet oifeau dépouillé de fa peau eft d'un goût délicat ; fa grofleur approche de celle de la cicogne. (D. J.) SCUTAGE , . m,( Hifi. d’Ang. le feurage toit un fervice militaire auquel les pofefleurs des fiefs étoient obligés envers le roi. Ce mot défigne auff la redevance que les feudataires payoientau prince pour être difpenfés de ce fervice ; enfin ce mot fignife la taxe qu’on avoit mife fur chaque vaflal pour quelque £ervice public. Depuis Guillaume I. Les rois d'Angle- terre avoiënt fouvent impofé de pareilles taxes fans le confentement des états, c’eft pourquoi le fcurage fut aboli par la grande chartre. (D. J.) SCUT ARI, (Géog. mod.) ville d'Afe, dans PAna- tolie, vis-à-visle port de Conftantinople, dont elle eftregardée comme un des fauxbourgs; c’eft d’ailleurs un des principaux rendez-vous des caravanes d’Ar- ménie qui vont trafiquer en Europe. Le port de Seutari fervoit autrefois de retraite aux galeres de Chalcédoïine ; & ce fut à caufe de fa fitua- tion , que les Perfes', qui méditoient la conquête de la Grece, la choïfirent , non-feulement pour en faire une place d'armes, mais pour y dépofer l'or & l’ar- gent qu'ils tiroient par tribut des villes d’Afie. Tant de richeffes lui firent donner le nom de Chryfopolis, ou ville d’or, felon Denys de Byfance, au rapport d'Etienne le géographe, qui ajoute pourtant que l'o- pinion la plus commune étoit que le nom de Chry[o- polis venoït de Chrysès, fils de Chryféis & d’Aga- memnon. Ii femble que cette ville foir deftinée à fervir de re- traite À des maltotiers; car les Athéniens, parlecon- feil d’Alcibiade , y établirent les premiers une efpece de douane, pour faire payer les droits à ceux qui na- vigeoient fur la mer Noire, Xénophon aflure qu'ils firent murer Chryfopolis; cependant c’étoit bien peu de chofe du tems d’Augufte , puifque Strabon ne la traite que de village. Aujourd’hui c’eft une grande ville, & même la {eule qui foit fur le bofphore du côté d’Afie. Cédrene nous apprend qu’en la dix- neuvieme année de l'empire de Conftantin, Licinius fon beau-frere , après avoir été battu plufieurs fois fur mer & fur terre, fut fait prifonnier dans la ville de Chryfopolis, & de-là conduità Theflalonique , où ‘il eut la tête tranchée. | Scutari eft embellie d’une mofquéeroyale & d’une maifon de plaïfance , ou ferrail du grand-feigneur. Long.46%31. dat. 41. 7: (D. J.) ScuraRt, ( Géos. mod.) par les habitans du pays Scadar , anciennement par les Romains Scodra , dont on peut voir l’article. Scutari eft une ville de la Turquie européenne, capitale de lAlbanie , à dix lieues d’Antivari, vers le levant entre le lac de Zenta &z la petite riviere de Boïana Elle aételefege des rois d'Illyrie. Les Turcs en {ont les maîtres depuis l’an 1478. Elle eft grande, peuplée; & défendue par une citadelle: Il y à un évêque latin, fous la métropole d’Antivari, C’eft la réfidence d’un bacha. Lozg, 37. 12, latit, 42. 35, (@227)) D ; Scurart 4 cap de, ( Géog. mod.) c’eft le même que celuiqu'on appelloit anciennement le Bæuf, ou le paffage du Bœnf ; ce qui prouve qu'il faut prendre cet endroit-là pour le commencement du bofphore, puifque ce bœuf prétendu y traverfa Le canal à la rage, Les poëtes ont aufh publié qu’Io, maîtrefle de Jupiter , avoit paflé ce détroit déguifée en vache. Charès, général athénien , battit auprès de ce cap la flotte de Philippe de Macédoine qui afiégeoit Byfance. On y enterra Damalis, femme de ce gé+ néral, laquelle mourut de maladie durant ce fiége ; &r les Byfantins en reconnoiflance des fervices que Charès leur avoit rendus , y drefferent un autel en honneur de fon époule , & une colonne qui foute- noit fa ftatue. De-là ce lieu retint le nom de Da: malis , qui veut dire ve vache. On trouve dans De- nys de Byfance une ancienne infcription qui en fait mention. C’eft le ferrail du grand-feigneur qui occu- pe aujourd’hui le terrein du cap de la Vache, ou du cap de Scutari. (D. J. - SCUTARIUS , {. m.( Lirrérar.) outre la fignifica- tion ordinaire de ce terme , qui lignifie dans Pline, ouvrier qui faifoit le bouclier long nommé Jcuiur, le même mot défigne un garde du corps de l’empe- reur , parce que tout ce corps portoit un bouclier long, fcutum. SCUTE , £. f. ( Marine. ) petit efquif ou canot, que l’on emploie au fervice du vaifleau. Ses dimen- fions ordinaites font de 21 piés de long, de $ piés 3 pouces de large, & de deux &r demi de creux SCUTELLATI LAPIDES ; (Hifi, rat. ) quel- ques naturaliftes ont ainfi nommé les pierres plus connues fous le nom de bufonites, ou dé crapaudines, à caufe de leur refflemblance ayéc un écu , ou bou- Cet Es SCUTICA , 1. £. ( Belles-lert. ÿ c’étoit üne petite courroie de cuir , dont les maîtres d'école fe fer- voient pour châtier leurs difciples quand ils avoient manqué à leur devoir. De-là vient que fcurica eft pris ordinairement pour une légere punition ; au lieu que fagellum Étoit une pumition atroce & ac- compagnée d’ignominie , parce qu'on s’en fervoit pour punir les efclaves, & ceux qui ayoïent été con- damnés par fentence des triumvirs , comme Horace le dit dans l’ode jy. du iv, P., Seilus flagellis hic triumviralibus : Præœconis ad faflidium. # Quoi donc , cethomme qui a été fuftigé par arrêt » des triumvirs , jufqu’à lafler Le crieur public, &c.» Dacier. (D.J.) SCUTIFORME , os, terme d'Anatomie , eft le principal os du genou, qu’on appelle auffi la rose, Voyez ROTULE. . ; SCUTIFORME , cartilage , terme d’ Anatomie, eft un des cartilages du larynx , qui eft le pluslarge &z le plus gros ; ainfi appellé parce qu'il a la forme d’un écu ou d’un bouclier , que les Latins expriment lun & l’autre par Jcutum : auf les Grecs qui expriment écu par duptes , l’ont nommé Gupeoidné, thyroïde. Voyez THYROÏDE. Onlenommeauffi cartilage antérieur, parce qu'il eft fitué feulement en la partie de devant, Voyez Car- TILAGE. … SCUTUM , 1. m. ( Æiff. anc. ). écu, bouclier, ar- me défenfive des anciens , nommée par les Grecs Bapecs ÊT raxos, &T par nos vieux auteurs £arge OÙ pa- vois. Ce bouclier étoit fi long , & quelquefois d’une grandeur fi demefurée, qu'il couvroiït. un homme prefque tout entier. Tels étoient ceux des Esyptiens, dont parle Xénophon dans la Cyropédie : il falloit qu'il ft bien grand chez les Lacédémoniens, puif= Guen rapportoit un homme deflus. De-là venoit cet ordre célebre que donna une mer fpartaine à {on fils, # Tav, 4 em rar, C'eft-à-dire, o4 rapportez ce bouclier, Où gon vous rapporte deffug. L’écu étoit long & uarré , & à l’ufage de linfanterie feule. SOVBE LUS, ( Géog. anc. ) heu de la Pamphytie; il donnoit Le nom de fon territoire au vin fcybellite, dont parle Arétée, Z. IT. Morb. acutor. € diurnor. (D. J.) — SCYDRA, ( Géog. anc.) ville de la Macédoine, dans l’'Emathie, felon Ptolomée, Z. ZI, €, xiiy. Pline, 1, IF, c, x. & Etienne le géographe, parlent auf de cette ville. (D. J.) we SCYLACE, ( Géog. anc. ) étoit une petite ville, tolonie des Pélaisiens , felon Hérodote, Z. Z. c. lv. Pompomus Mela, Z L. c. xrx. la met à Peft ou vers left , ou eft-nord de Cyzique, entre Cyzique & le mont Olympe, près & à left de Placta. Pline en parle aufli, ZW. c. xxxiy. Pañlé Spisa, dit-il, on trouve Piacia, Ariacos, Scylace, ec. On laiffe der- riere foi le mont Olympe , furnommé Myfen, & la ville d'Olympéna. ( D. J.) | | SCYLACEUM , ( Géog. anc. ) ville d'Italie chez les Brutiens , dans le golfe de Memnon,, felon Pom- ponius Méla, Z. IT. c. iv, & Ptolomée, Z. EL. c. j. Cette ville fondée par les Athéniens, avoit un pro- montoire ou écueil, que Virgile, Exeide, Liv, FIL, y. 551. appèlle zavifraoum fcyllaceum : le nom mo- derne de cette ville eft Sgwxllaccr. ( D. J. SCYLAX , ( Géog. anc. ) fleuve de PAfie mineu- re , dans le Pont : il fe perdoit dans l’fris, avant que ce dernier eût baigné la ville d’Amañie. ( D. J. SCYLLA , 1. £. ( Myrhol.) Homere & Virgile ont exerce leur efprit à faire d’un rocher d'Italie vis à. vis du phare de Meffine, un monfître terrible, dont Pafpe’t, dit le poëte grec, feroit frémir un dieu même. Ses cris affreux refflemblent aux rugiffemens du lion; il a douze piés épouvantables , fix Jones cols , fix têtes énormes, &c dans chaque tête trois rangs de dents, qui recelent la mort. Virgile n’a pas cru devoir en tracer un portrait auf hideux : felon lui, Scy/la habite le creux d’un rocher ; & lorf- qu’elle voit pafler des vaifleaux dans le détroit de Sicile , elle avance la tête hors de fon antre, & les attire à elle pour les faire périr. Depuis la tête juf- u’à la ceinture, c’eft une fille d’une beauté {édui- Lee poiflon énorme dans le refte du corps, avec une queue de dauphin, & un ventre de loup; elle eft toujours environnée de chiens, dont les affreux hurlemens font retentir les rochers d’alentour, Æe cæruleis canibus refonantia faxa. Ænéid. lib. UE, y. A3 2 CII) 244 qe SCYLLA , ( Géog. anc.) 1°. écueil que Pline ,Z. ZIT. c. vu. met dans le détroit qui fépare l'Italie de la Si- cile. Pomponius Méla, qui en parle aufli-bien que Pline , ne marque pas plus que lui, f ce rocher, cet écueil, eft tout environné de la mer, ou attaché A la côte. Mais Strabon, Ziv. VI. p. 256. qui au lieu de Scylla, écrit Scyllœum faxum , dit que c’eft un ro- cher élevé , prefque tout entouré de la mer, & qui tenoit feulement au continent d'Italie, par un ifthme aflez bas, lequel de côté & d’autre, offroit une re- traite aux vaifleaux; cependant fi l’on étoit à l’abri quand on étoit dans ces ports, il n’y avoit pas la même sûreté à en approcher; ce qui a fait dire à Virgile, Ænéid, IIL. v.432. en parlant de ce rocher: Oraexertantem , @ navesin faxa trahentem. &t un peu plus bas : Scyllam, & cæruleis canibus refonantia faxa. Ces chiens qui aboyoient fans cefle , font de Pima- gination des Poëtes ; les Hiftoriens plus fages, par- Hoient autrement : mais le tems qui contribue à au- Tome XIF, SCY 845 torifer les fables , fe fert de l’art des Poëtes pour Les confacrer, Ainfi, parce que Îles habitans de Corfou appellerent autrefois cése de chien, le promontoire de cette île qui eft du côté de lorient, on à dit qu'il y avoit dans cet endroit des hommes qui avoient la tête fembiable à celle des chiens. Le nom moderne de Scylla, eft Saiolio ; c’eft un Courant fur les côtés de la Calabre méridionale en Italie, qui entraîne les vaifleaux contre un rocher du cap Scigho, où ils rifquent de fe fracaffer, Cha- rybde, aujourd’hui Galofaro, mais que la Poéfie joint communément à Sey/la, eft un gouffre dans le dé- troit de Sicile, à l’entrée du port de Meffine, La fa- ble a métamorphofé ces deux écueils en deux hym- phes cruelles, dont Homere & Virgile fe font amufé à faire la peinture, La morale prend à fon tour les deux écueils de Scy/la & Chärybde dans un fens métaphorique pour un pas fÂcheux dont il eft difficile de fe fauver. Horace lui-même , Ode XVIe Liv. I. s’en fert dans ce dernier fens, en difant au frere de Mépille, gens laboras in Charybdi ! pour lui donner à entendre qu'il rifque de fe perdre par lengagement indigne où il s’eft imprudemment livre. 2°. Scylla, ville des Brutiens , felon Pomponius Méla , Z. EL. c. iv. Cette ville eft appellée Scylleurn par Pline, /, ZI. c, y. elle étoit apparemment près du rocher de Scyllz, dans endroit où eft aujour- d'hui la petite ville de Sciglio. 3°. Scylla, nom d’une île deferte, voifine de la Cherfonnèfe de Thrace, felon Pline , Zv. 17. 6. EUR ( Le chevalier DE J'AUCOURT. ) SCYLLÆUM , ( Géog. anc.) promontoire du Pé- loponnële, dans l’Argie, felon Pline AN DANNE & Paufantas , Liv. IT. €, xxxiv. ttaduétion de M. l'ab- bé Gédoyn; ce dernier nous en donne la pofition précife. C’eft aujourd’hui le cap Schille, cabo Seilli des Italiens, cap de là Morée dans la Sacanie, près de Pile de Sidra , à l'entrée du golphe d'Egina, (D...) | SCYPHUS ,f.m.( Listérature. ) uvgce ; C'étoit le gtand bocal ou verre à boire , qu’on nommoit autre- ment la conpe d’'Hércule ; & celle de Bacchus, Ziberi patris, S'appelloit cancharus. On aura peut-être occa- fon de parler ailleurs des verres à boire en ufage ‘chez les Romains. (D. J. ) SCFPFIUM, ( Géog. anc, ) ville de l’Afe mi- neure , dans l’Ionie , aux confins des Colophoniens; elle fut fondée, felon Paufanias, Z. FIL. c. y. par les Claroméniens , qui s’en étant dégoutés &7 en étant fortis , fe fixerent dans le pays où 1ls bâtirent la ville de Claromene en terre ferme. Cette ville $ cyppiuri, pourroït bien être celle qu’Etienne le géographe ap- pelle Scyphia. ( D. J. SCYRAS , ( Géog. arc. ) fleuve du Péloponnèfe, dans la Laconie. Paufanias dit , /. ZI, c. xxiv. qu'un peu plus loin que le bourg d’Araine , où l’on voyoit la fépulture de Laïs, étoit une riviere qui fe déchar- geoit dans la mer : cette riviere fut appellée Scyras, depuis que Pyrrhus fils d'Achille, y aborda avec fes vaifleaux, après s’être embarqué à Scyros, pour ve- nir époufer Hermione. Au-delà de cette riviere étoit un vieux temple, & à quelque diftance de ce tem- ple , un autel de Jupiter; en remontant vers la terre- ferme, à quarante ffades de Scyras, on trouvoit la ville Pyrrhique. (D. J.) SCPRI, ( Géog. arc.) peuple du feptentrion, qui conjointémentavec les Huns, les Goths, & les Alains, pañlerent le Danube, & retournerent fur leurs pas, après avoir été battus par l’empereur Théodofe. (D. JT.) SCYROS oz SKIROS , en grec >vpc, en latin Seyrus , (Géog. anc.) Île de la mer Egée, À l’orient de celle d'Eubée, Nous en parlerons avec plaïfir en f= OOoooi 046 STE veur de Théfée, qui y fut exilé & enterré , Achille qui y fit l'amour , de Lycomede qui en étoit roi, àt du philofophe Phéricide qui y prit naïflance, Cette ile conferve encore fon ancien nom ; car elle eft connue des Italiens fuivant Pinflexion de leur lanoue & de leur prononciation, ious les noms de Sciro, d'ifola di Sciro , & de Jar Giorgio di Scrro, C’eft une des Cyclades, & que Pline compte la aer- niere, tant entre les Cyclades qu'entre les Sporades. On découvre facilement pourquoi l'ile de Scyros re- cut anciennement ce nom; c'eft à cauie qu'elle eft toute hériflée de montagnes, de pierres ë de roches. Scyrodes , dans la langue greque, fignife pierreux : ainf il n’eft pas furprenant que du tems de Strabon on en eftimât plus les chevres que celles des autres fles: car ces animaux fe plaifent dans les pays eicar- pés, & vont brouter jufque fur les plus hautes poin- tes de rocher. L’ile de Scyros, d’ailleurs abondante en taillis , étoit fort propre à nourrir les chevres èr à rendre leur lait excellent ; mais elles avotient le de- faut de le renverfer fouvent d’un coup de pié, quand le vafe où l’on venoit de le traire étoit plein. Deià vient que les anciens appellerent chevres de Seyros ceux qui fe démentant dans leur conduite, gâtoient l'éclat de leurs bonnes actions & de leurs bienfaits, par le mélange honteux d’autres aétions bafles & in- quites. On nourrit encore des chevres dans l'ile de Scyros , & l’on y fait d’excellens fromages de leur lait mêlé avec celui de brebis. | Les Pélafgiens & les Cariens furent Îles premiers habitans de Scyros ; maïs cette île met connue dans lhiftoire que depuis le regne de Lycomede, qui en étoit le maitre, lorfque Théfée, roi d'Athènes, s’y retira, pour y jouit des biens de fon pere. Théfée non-feulement en demanda la reftitution, mas il {ollicita du fecours auprès du roi, contre les Athé- niens : cependant Lycomede, foit qu'il appréhendât le génie de ce grand homme, ou qu'il ne voulüt pas {e brouiller avec Mnefthée qui l’avoit obligé de quur- ter Athènes, conduifit Théiée fur un rocher, 1ous prétexte de lui faire voir la fuccefion de fon pere, & Y'hiftoire dit qu'il l'en fit précipiter ; quelques-uns afsürent que Théfée tomba de ce rocher , en ie pro- menant après avoir foupé: quoi qu'il en foit, fes en- : fans, qu'il avoit fait pañler en l'ile Eubée ; allerent à la guerre de Troie, & régnerent à Athenes après la mort de Mnefthée. A dr: L'ile de Scyros ne devint pas moins célebre par les amourettes d'Achille. Thétis ayant appris que les ” . mer " 4 : deflinées menacoient fon fils de périr à la guerre de Troie, s’avifa, pour en rompre Le cours, &c empé- cher ce jeune héros de prendre les armes, de le tra- veftir en fille, & de le faire élever fous cet habit au- près de Déidamie, fille de Lycomede roi de Scyros : mais nous ne favons pas fous quel nom Achille ÿ déguifa fon fexe, puifque Suétone rapporte que Ti- bere , entre les frivoles amufemens qui l’occupoient dars fa folitude, chercha de le favoir avec autant de curiofité que de peu de fuccés. I] eft vrai que cette recherche ne doit pas nous embarrafler ; 1l nous fufit de favoir qu’Achille plut à Déidamie, qu'il l'époufa , qu’il en eut un fils nommé Néoptoleme, & que l’on appella Pyrrhus, à caufe du blond doré de fes cheveux. Il fut élevé dans l’ile, & en tira les meilleurs foldats qu’il mena à la guerre de Troie , pour venger la mort de fon pere; il ne porta que trop loin fa vengeance, en maflacrant le roi Priam ; mais Orefte pouffé par Hermione, Paffaffina lui-même dans le temple de Delphes. ‘Ilavoit eu raïfon, en partant pour Troie, de tirer des foldats de Scyros ; car les peuples de cette île étoient fort braves. Pallas étoit la protetrice du pays. Elle avoit un temple magnifique fur le bord de la mer dans la ville capitale, qui portoit le même SERRE nom que l’île. On voit encore, dit Tournefort, les reftes de ce temple , qui confiftent en quelques bouts de colonnes & de corniches de marbre blanc, qu’on trouve auprès d’une chapelle abandonnée , à gauche en entrant dans Le port S. George. Il eft vrai qu’on n’y découvre aucune infcription , mais plufieurs vieux fondemens , lefquels joints à la beauté du port, ne permettent pas de douter que la ville de Scyros ne füt dans cet endroit-là. I ne faut pas croire que les colonnes dont on vient de parler {oient là depuis la guerre de Troie; mais comme les anciens temples n’ont été démos que par . ordre de Conftantin, 1l eff certain qu’on les avoit rétablis plufeurs fois fous le nom des mêmes divi- nités, juiqu’à l'établiffement du Chriftianifme. Si ces vieux marbres ne {ont pas des reftes du temple de Pallas , ils doivent être au-moins des débris de celui de Neptune, qui étoit adoré dans cette ile. Goltzius a donné le type d’une médaille , qui d’un côté repré- fente Neptune avec fon trident , &c de l’autre la proue d’un vailieau. à Marcian d’Héraclée afsüre que les habitans d Chalcis, ville capitale d’Eubée , s’établirent ancien- nement à Scyros , attirés peut-être par la bonté & par la commodité du port. Ce fait le trouve confirmé pat une médaille d’arsent que Tournefort acheta fur les lieux, &T qui avoit été trouvée quelques années auparavant, en labourant un champ dans les ruines de la ville. Cette médaille eft frappée au coin des Chalcidiens , qui bien qu'habitans de Seyros, ne laïf- fent pas de retenir le nom de leur pays, pout fe diftinguer des Pélafgiens, des Polopes, & des autres peuples qui étoient venus s'établir à Scyros. Cette médaille eft chargée d’une belle tête, dont le nom qui eft à l’exergue , paroît tout-à-fait effacé : au re- vers c’eit une lyre. Comme cette piece porte le nom des Chalcidiens , XAAXIAEGN , On ne croiroit pas qu’elle eùt été frappée à Seyros , fi on ne l’y avoit dérerrée. Les Dolopes dont il s’agit ici étoient , felon Plu- tarque , d'inlignes pirates accoutumés à dépouiller ceux qui alloïent négocier chez eux. Quelques-uns de ces brigands ayant été condamnés à reflituer ce qu'ils avoient pris à des marchands de Theflalie, pour s’en difpenfer , ils firent favoir à Cimon fils de Miltiade, qu'ils lui livrerotent la ville de Scyros , s'il fe préfentoit avec {a flotte : c’eft ainfi qu’il s’en rendit le maïtre ; car 1l s’étoit contenté quelque tems aupa- ravant de ravager cette île. Diodore de Sicile ajoûte que dans cette expédition Pile futpartagée au fort, & que les Pélafoiens l’occupoient auparavant, con- jointement avec les Dolopes. Après la guerre de Troie, les Athéniens fendirent de grands honneurs à la mémoire de Théfée , & le reconnurent pour un héros; il leur fut même ordon- né par l’oracle d’en rechercher les os , de les raffem- bler , & de les conferver avec refpe&t. Cimon chargé de cette commuifhon , n’oublia rien pour découvrir le cercueil où l’on avoit enfermé les os de Théfée:la chofe étoit difficile, dit Plutarque , à caufe que les gens du pays ne fe payoïent pas trop de raifon, En- fin on s’apperçut d’un aigle, à ce qu’on dit , qui avec fon bec & {es ongles grattoit la terre fur une petite colline. On y fit creufer, & l’on découvrit le cer- cueil d’un homme de belle taille, avec une épée êc une pique : c’en fut aflez. Plutarque ne rapporte pas fi c’étoient les armes d’un athénien, d’un ca- rien, d’un pélafgien ou d’un dolope. On ne fit pas d'autre perquifition : on cherchoit le corps de Thélée, & Cimon fit tranfporter ce cercueil à Athènes, 400 ans après la mort de ce héros. Les reftes d’un fi grand homme furent reçus avec de grandes démonftrations de joie; on n’oublia pas les facrifices ; le cercueil fut mis au milieu de la ville, & fervit d'axile aux crimis nels. | Scyros fut enlevée aux Athéniens pendant Les guer- tes qu'ils eurent avec leurs voifins ; mais elle leur fut rendue par cette fameufe paix qu'Ataxerxe, roi de Perfe, donna à toute la Grece, à la follicitation des Lacédémoniens. Après la mort d'Alexandre le Grand, Démétrius I. du nom, furnommé tloxoprurie , Le pre- neur de villes , réfolut de donner la liberté aux villes de Grece , prit la ville de Scyros,, & en chaffa la gar- nifon, Il n’eft pas néceflaite de dire que cette île a été foumife à l’empire romain , & enfuite à celui des Grecs. André &c Jérôme Gizi fe rendirent les maitres de Seyros après la prife de Conftantinople par les François & par les Vénitiens. Elle pafla fous la domination des ducs de Naxie, & finalement fous celle des Turcs, avec le refte de l’Archipel. Poyez l’état préfent de cette ile aumorScyros.(Géog. mod.) . Mais il faut fe reflouvenir, à la gloire de l’ancienne Scyros, que Phérécide y vit le jour. C’eft l’un des plus anciens philofophes de la Grece, le maître de Pythagore, & le difciple de Pirtacus. On garda long- tems à Scyros {on cadran folaire, comme un monu- ment de fa capacité : quelques-uns prétendoient qu’il avoit tiré la maniere de le fabriquer des écrits des Phéniciens ; mais le plus grand nombre lui en attri- buoit l'invention, On croit aufi qu'il a trouvé la caufe des échipies. Pline dit de Phérécyde qu'il fit en profe le premier ouvrage philofophique que l’on eût vu parmi les Grecs, profam orationem primus condere infliruir : ces paroles fignifient feulement qu'il fut Le premier qui fut donner à la profe une efpece de cadence & d’har- monie. Cicéron loue ce grand homme par un autre endroit bien remarquable, d’avoir enfeigné le pre- miet l’immortalité de lame ; mas c’eft peut-être la tranfmigration des ames, comme Suidas le penfoir, que Phérécide enfeigna le premier. Quelques favans ont auf confondu notre Phéré- cyde de Scyros avec Phérécide l’athénien , qui com- pofa dix livres fur les antiquités de l’attique. Phéré- cyde l’athémien eft poftérieur au philofophe Phéré- cyde de Scyros , & a vécu felon les apparences au tems de Cambifes & de Darius. (Le chevalier DE JAUCOURT.) |; . Scyros, (Géogr. mod. île de Archipel , à l’o- tient de Metelin , & au nordseft de Negrepont. Elle eft à fept lieues de cette derniere île, à feize de Me- telin, & à fept de Scopelo. Elle s’étend en longueur du feptentrion au midi, & a environ 6o milles de circuit. On lui donne à-peu-près la figure d’un trian- gle; & quoiqu’efcarpée , elle eft agréable , & aflez cultivée pour le peu de monde qu’elle renferme , car on n'y:compte pas plus de 300 familles de chrétiens Grecs, lefquelles s'appliquent à la culture des vignes qui leur produifent de fort bons vin, Long. 4ad, 4094: lat. 39.420. Le port de Scyros, eft un des meilleurs de toutes les iles de Grece, capable de contenir une grande armée, & où lon peut mouiller prefque par-tout. Il regarde le fud-oueft, & quand lon eft à fa vue, on découvre dans les terres une profonde vallée, qui fair paroitre l’île comme s’il y en avoit deux. La premiere montagne qui borne ce vallon , & qui s’of- fre aux yeux du côté du levant , ef toujours fameufe par-la mort de Théfée. >. Il n’ya qu'un feul village dans l’île de Scyros.; en- core.eft1l bâti fur. un rocher en forme de pain de fucre., à. dix milles du port dont nous venons de DAT he cadi eft auffi le feul Turcqui foit dans l'ile ; mais les habitans répondent de lui; comme ils font,obligés. de payer fa rançon , en cas qu’il füt en- levé par les corfaires , ils fe mettroïent en deyour S CY 847 de le fauver, f quelqu'un vouloit le faire prifonniers . L’évêque de Scyros ne fubfifte prefque que de chas rités , & loge dans une maïfon bâtie comme un ca chot..Les infulaires parlent encore d'Achille ; om nom même eft commun dans l’île , & beaucoup de Grecs le portent , quoiqu’un peu déeuifé. Ils ont une églife dédié à S. Achillée, & une dévotion particu= liere pour ce faint, Voilà ce qu’eft atuellement l’état monarchique du roi Lycomede : quoiqu'il ne fût pas brillant autrefois, il eft pourtant vrai que c’eft fur tout de nos Jours , qu’on peut lui appliqner le pro= verbe des anciens, qui défignoient par la principauté de Scyros, un chétif & miférable royaume, Le nom même de Scyros étoit déja dans l'oubli ; quand un poëte Italien le comte (Gui Ubaldo } Bo narelh le fit revivre fur la fin du {eizieme fiecle par fa Phys de Scyros , A4 de Scyro, Il remplit cette paftorale de leurs poëtiques , de graces, Ôc de traits délicats. L'Italie en fut enchantée , mais on trouva par l'examen que Pauteur penfoit toujours moins à peindre les chofes naturellement, qu'à les dire avec efprit. On le blâma furtout d’avoir introduit dans fa piece , une nymphe nommée Célie, qui aime égale ment deux bergers à la fois, & qui les aime avec tant de fureur, qu’elle ne trouve que la mort qui puiflé terminer fon état. Bonarelli ft pour la défenfe de ce double amour , une differtation pleine d’efprit & de favoir , mais qui ne convainauit perfonne qu'ilavoit rafon, ( Le Chevalier DE JAUCOURT.) SCYRTONIUM , ( Géog. anc. ) ville des Egyp= tiens, felon Paufanias, qui, Z. VIL, c. xxyij , dit que ce fut une des villes qui envoyerent la meilleure MN N leurs citoyens pour peupler Megalopolis, * me SCYSSA , (Géogr, anc. ) ville d'Efpagne. Polybe ; z XXI, c. xx. écrit Scyfla, & Tite-Live, À LIL, e lxxv] , dit Seyflum. C’eit auprès de cette ville que les Carthaginoïs furent battus pour la premiere fois par A On croit que c’eft aujourd’hui Guiffona, D. J. SCYTALE, f f (Æif4 de Sparte.) rouleau de bois autour duquel il failoit entortiller une bande de parchemin écrite , pour entendre le fens de cette écriture. - IL faut donc fçavoir que les Lacédémoniens, pour empêcher qu’on ne pût déchiffer les ordres qu'ils envoyoient par écrit à leur général d'armée , imagi= nerent de faire deux rouleaux de bois, d’une lon gueur & d’une épaifleur égale, & que le travail du tour avoit parfaitementarrondie; les Ephores en con fervoient un, & donnoient l’autre au général d’ar- mée, qui marchoit contre l’ennemi, Chaque fois que ces fouverains magiftrats lui vouloient envoyer des ordres fecrets, qui ne puflent être déchifirés en cas qu’on les interceptât, ils prenoientune bande de par- chemin étroite &t longue, qu'ils rouloient avec ju tefle autour de la Jéyrale ou rouleau de bois. En cet état ils écrivoient fur la bande de parchemin leursina tentions,, qui paroïfloient dans un fens parfait tant que la bande de parchemin étoit appliquée fur le rou- eau; mais dès qu’on la developpoit, l'écriture étoit tronquée , & Les mots fans liaïfon ; il n'y avoit que le général feul qui pt y trouver de la fuite & du fens , en ajuftant la bande fur Le rouleau femblable : & la remettant dans la même affiette où les éphores l’avoient mife, C’eft ainf que l’art myftérieux d’éa crire en chiffres a été jadis ébauché:à Lacédémone. Les Athéniens , maloté leuf efprit, n’ont point eu l'honneur de cette invention, (D. J.) SCY THARION , fm. (Boran. anc.) nom donné par les anciens auteurs grecs à un arbre dont le bois -Étoit d’un beau jaune, écs’employoiït dans ces an: ciens tems pour peindre dans cette couleur: On Pap« pelloi auf ckryfoxylon, bois d’or , à caufe de {on beau jaune ; & on le nommoiïit encore /cythicum lig- aum ;bois deSeythie, du lieu d’otonle tiroit. (2. J.) SCYTHES, (Géogr. anc.) Scythæ ; on donna an- ciennement le nom de Scythes à tous les peuples du feptentrion, principalement à ceux du feptentrion de PAfe; car quoique plufeurs auteurs marquent des Scythes en Europe, & que Pline les donne pour des peuples limitrophes du Pont, conjointement avec les Dardaniens, les Friballiens, les Mcfens & les Thra- ces; ces Scyrhes font plus fouvent appellés Gezes ou Sarmates, quand on veut les prendre dans un fens plus étendu. Prefque toujours par le nom de Seyshes, on entend des peuples Afatiques. Auffi Pomponius Mela, /:6. III. c. iv. après avoir dit que la Sarmatie étoit limitrophe de la Germanie , dont elle étoit fé- parée par la Viftule, ajoute , chap. v. que les confins de l’Afie fe prennent à la Sarmatie, f. ce n’eft dans les pays perpétuellement couverts de neige, & où il faroit un froid infupportable; pays qui étoient habi- tés par les Scyshes. Le nom des Scythes pañladans quelques parties de la Sarmatie &c de la Germanie; & de même le nom de Sarsmates pafla dans lAfie, mais feulement dans les parties citérieures de cette région. Le périple dé Scylax, dit qu'après le fleuve Tanaïs, c’eft le com- mencement de l’Afie, & que cette premiere partie, qui eft le Pont, eft habitée par les Sauromates ou Sar- imates. Les mœurs des anciens /cyshes ont été décrites par plufieurs auteurs; nous n’en recueillerons ici que quelques particularités les plus curieufes. Ils eftimoient l'amitié au-deflus de toutes chofes, &c fafoient gloire d’aflifter leurs amis dans les plus fâcheufes extrémités. [ls ne s’occupoient point au la- bourage (Juftin, 44. 11.), mais feulement à faire paître leurs troupeaux ; & même ils faifoient crever des yeux à quelques efclaves (Plutarque), afin que n'étant plus capables d'aucune autre fonétion , ils puñlent bien battre le lait. Ils n’avoient point de mai- {ons (Hérodote, /:b. IF.) , & menoient leurs fem- mes &c leurs enfans fur des charrettes couvertes de ] - tions. _ Il ya plufeuts fortes de Jécréraires , dont Pétat & les fonétions font fort différens les uns des autres. Voyez les articles fuivans. (4) SECRÉTAIRE d’ambaflade , eft une perfonne que lon met auprès d’un ambafladeur pour écrire les dé- pêches qui regardent fa négociation. Il y a une très-erande différence entre un fécrésaire Parsbaflade & un fecrétaire d'ambafladeur ; ce dernier eft un domeftique ou un homme de la maïfon de Vambafladeur , au-lieu qu’un fécrétaire d’ambaflade eft un miniftre du prince même. Voyez AMBASSA- DEUR. SECRÉTAIRE DE CONSEILLER eft celui qui fait pour un confeiiler l'extrait général-des procès dont il eft rapporteur. | Ii ny a pas plus de cinquante ans qu’on les appel- loit frmplement clercs de confeillers ; ils travailloient à léurs extraits chez le confeiller même, & le lieu où ils travailloient s’appelloit lévude, Dans les procès-verbaux qui fe font en lhôtel d’un confeiller , fon fécréraire fait fonétion de gref- fier. (4) SECRÉTAIRE DU CONSEIL eft celui qui tient la plume au confeil du roi. Ces Jécrétaires font de deux fortes ; les uns qu’on appelle fecréraires des finances, qui tiennent la plume au confeil royal des finances; les autres , qu'on appelle fécrésaires G greffiers du confeil privé , qui tiennent la plume au confeil privé ou des parties : les uns &r les autres font au nombre “de quatre, & fervent par quartier. Foyeg CONSEIL DU RO. S EG 863 SECRÉTAIRES DE LA COUR DE ROME, ( Hifloire moderne. ) nous comprenons fous ce titre général dif. férentes efpeces d'officiers de cette cour, qui portent tous le titre de fécreraire , qualifié par les objets de leurs emplois , & dont nous allons détailler Les fonc» tions, Secrétaire du facré college eft un officier nommé pat les cardinaux, qui a droit d’entrer au conclave, & qui écrit les lettres du college des cardinaux pendant la vacance du faint fiege. Il afifte encore à toutes les affemblées générales qui fe tiennent tous les matins pendant la durée du conclave, & à celles des chefs d'ordre. Il tient un regiftre exact de tous les ordres & dectets qui s’y donnent, aufli-bien que des délis bérations qui fe font dans les confiftoires fecrets, &c qui lui font communiquées par le cardinal vice- chancelier. Il affifte même à ces confiftoires ; mais quand on crie exsra omnes , il doît en fortir comme tous ceux qui ne font pas cardinaux. Îl a un fubflitut ou fous-fécrétaire, qu’on nomme clerc national. ecrétaire du pape Où fecretaire d'état. On nomme ainf, pour fe conformer à l’ufage des autres cours, le cardinal à qui le pape confie Padminiftration des plus grandes affaires. C’eft ce fécrétaire qui écrit &c qui figne par ordre de fa fainteté les lettres qu’on écrit aux princes , aux légats, nonCes , &c autres mi- niftres de la cour de Rome dans les pays étrangers. Il figne les patentes de certains gouverneurs, des po- deftats , barigels ou prevôts, &T autres ofkciers de l'état eccléfaftique. Lorfque les ambaffadeurs des princes fortent de l'audience du pape, ils vont ren- dre compte au /éeréruire d’état de ce qu'ils ont traité avec fa fainteté. C’eft encore à lui que tous les mi- uftres de Rome s’adreffent pour lui rendre compte de ce qui regarde leurs charges, &t recevoir fes or- dres. Îl a pour l'ordinaire la qualité de furirrendant général de l’état eccléfaftique, qui lui eft donnée par un bref , ‘aufli-bien que celle de /écréraire d'état. Le pape a quelquefois deux /écrécaires d'état. Les autres fécréraires font le fecrétaire des chiffres, celui de la confulte , celui des mémoriaux ou du bon gouvernement , dont on connoît peu les fonéticns, celui des brefs qui portent taxe, 6c le fécréraire des brefs fecrets. | Ïl y avoit autrefois vingt-quatre fécréraires des brefs taxés , & leurs charges étoient vénales ; mais Innocent XI. les à fupprimés, & n’en a confervé qu'un feul , dont la fonéhion eft d’expédier les brefs qui doivent rétribution à la chambre apoñtolique, & de les taxer. Le fécréraire des brefs fecrets eftun offi- cier qui fait les minutes des brefs , felen les ordres qu'il en réçoit du écréraire d'état, Ces minutes ne font ni vifées , ni fignées du cardinal prefet des brefs, parce qu’il n’a aucune autorité ni fur ces brefs, ni fur le fécréraire qui les expédie. Relarion de la cour de Rome, de Jérôme Limadoro. SECRÉTAIRE D’ÉrATeft un des officiers de la cou- ronne , qui fait au roi le rapport des affaires d’état de fon département , &c qui reçoit direétement du roi fes ordres & commandemens , en conféquence defquels il expédie les arrêts, lettres-patentes, & autres lettres clofes, les arrêts, mandemens, brevets, &c autres dépêches néceffaires. | L'office de fécrétaire d'état a quelque rapport avec lPofficé de ceux que les Romains appelloïent #agifiri facrorura feriniorum : ce terme feririum:pris à la lettre fignifie eftrin | coffret ou cafferre deftinée à garder les chofes précieufes 8e fecretes ; mais en cette occafion, il figrifie porrefeuille où regifire. : Il y avoit chez les Romains quatre offices diffé- rens, appelés fcrimia palatina , avoir fcrinia memo= rie; epiftolarum , libellorum & difpofitionum. Ceux qui exerçoient ces quatre différens emplois étoient ap pellés magifiri feriniorum ; ce qui pourroit fe rappor- 864 SEC ter aux différens départemens des Jécrétaires d'état, qui font auffi préfentement au nombre de quatre. Mais il paroît que l’on peut plutôt comparer les fe- crétaires d'état à ces officiers appellès srzbuni notarit feu tribuni notariorum , qui formoient le premier col- leve des notaires, & dont Pemploi étoit d’expédier les édits du prince &t les dépêches de fes finances. Voyez le gloff. de Ducange. Au commencement de la troifieme race , le chan- celier réunifloit en fa perfonne les fonétions des /e- crétaires d'état , & même en général de tous les no- taires & fécrésaires du roi ; il rédigeoit lui-même les lettres qu’il fcelloit. Frere Guerin , évêque de Senlis, étant devenu chancelier en 1223 , & ayant infiniment relevé la di- gnité de cette charge , il abandonna aux clercs ou no: taires du roi, qu’on a depuis appellés Jécrétaires du roi , l'expédition des lettres. Ceux-ci ayant l'honneur d'approcher du roi , de- vinrent à leur tour plus confidérables. Il y en eut trois que le roi diftingua des autres, & qui furent nommés clercs du fecret | comme qui diroit /écréraires du cabinet ; car anciennement , fuivant la remarque de Pafquier , le cabinet du roi s’appelloit /ecrezum ou fecretarimm, pour exprimer que c’étoit Le lieu où on parloit des affaires les plus fecretes. Les clercs du fecré ou fécrer furent donc ainfi appellés, parce qu’ils furent employés à l’expédition des affaires les plus fecrettes ; c’eft de-là que les fécreraires d’étar tirent leur origine. Philippe le Bel déclara en 1309 , qu’il y auroit près de fa perfonne trois clercs du fécré , & vingt-fept clercs ou notaires fous eux. Dechalles , en fon diionnaire de juflice au mot fe- crétaire, cite une ordonnance de Philippe le Long de fan131:6,oùilya, dit-il, un article des notaires fuivant le roi, qui en marque trois, & qui nous ap- prend que la qualité de écréraire n’étoit qu’une ad- jonétion à celle de notaire ; pour marquer la diffé- rence de leurs fonétions , &c que le notaire-fécrétaire étoit celui qui travailloit aux dépêches fecretes & particulieres du roi ; que le notaire du confeil étoit celui qui en tenoit les regiftres, & le notaire du fang celui qui étoit employé aux affaires criminelles pour. les graces & les remiflions, enfin que l’on appelloit fimplement #otaires ceux dont l'emploi étoit de faire les expéditions ordinaires du fceau. Ce que dit Dechalles de la qualité de /écrétaire , jointe à celle de roraire du roi, eft exa@te ; mais on ne fait du refte où 1l a pris cette prétendue ordon- nance de 1316, elle ne fe trouve point dans le re- cueil des ordonnances imprimées au Louvre, Cet auteur a peut-être voulu parler d’une ordon- nance de Philippe le Long du mois de Décembre 1320 ; il y en a deux de cette même date qui con- cernent les notaires ; la premiere parle des notaires non-pourfuivans, ce qui fuppofe qu’il y en avoit d’autres qui étoient à la fuite du confeil pour en faire les expéditions ; c’eft ce que confirme encore la {e- conde ordonnance, dans laquelle , arsicle 7. Philippe V. dit : « Pourceque les notaires qui ferons aucunes fois # loin avecques nous hors de Paris , avec notre chance- » lier, ou avec aucun de noS gens qui ont pouvoir de # commander..... ne pourront pas baïller chaque # mois leur cedule des lettres qu'ils auront faites par # les femaines aux perfonnes , fi, eomme deflus eft # dit, 1ls feront tenus par leur ferment à les bailler » au plutôt qu'ils pourront trouver Les perfonnes » deflufdites ». Depuis ce tems les clercs du roi furent diftingués de ceux qui étoient fimplement notaires du roi, quoi- que ces clercs fuffent toujours tirés du corps des no- taires ; c’eft ainfi que dans une déclaration de Phi- lippe de Valois du premier Juin 1334 , ce prince dit, SEC nos clercs , notaires & plufisurs autres nos offétiwix, Philippe de Valois avoit en 1343 fept fecréraires & foixante-quatorze notaires , ainfi qu’il paroït par les regiftres de la chambre des comptes; on y trouve auf la preuve que les clercs du fecret avoient dès- lors changé de nom , êt qu’ils ayoient prisletitre de fecrétaires des finances. Néanmoins dans plufeurs ordonnances pofté- rieures, nos rois les nomment fimplement nos /ceré- LALTES. Philippe de Valois en eut fept ; Le roi Jean , par fon ordonnance de lan 1361, réduifit le nombre defes/c- crétaires & notaires à cinquante-neuf, fans fpéciñer combien 1l y avoit de /écrésaires ; il paroït néanmoins qu’il en avoit douze , fuivant une ordonnance dont il fera parlé ci-après. Le nombre en fut même porté jufqu’à dix-huit par Charles V. étant régent du royaume, lequel en cette qualité ordonne le 27 Janvier 1359 , qu’en office des notaires il y auroit dorénavant cinquante notai- res feulement,y compris les fecrétaires, defquels, dit- il, pour certaines caufes nous avons retenus en leurf- dits offices de fécrésaires jufqu’au nombre de dix huit, dont les douze ont été faits par monfeur ( le roi Jean), & les fix par nous ; il déclare enfuite qu’il ne nommera plus de écrésaire jufqu’à ce qu'ils foient réduits au nombre de fix. | Aïnfi, fuivant cette ordonnance , les fecrésaires du roi ou de fes commandemens appellés auparavant clercs du fecret, avoient en même tems la qualité de notaires du roi, au-lieu que ceux qui étoient fimple- ment notaires du roi n’étoient pas alors qualifiés de /écrétaires du roi , comme ils l’ont été depuis & le font encore préfentement, C’eft ce que confirme encore une ordonnance de Charles V. du 9 Mars 136$, portant confirmation de la confrérie des clercs, fécréraires & notaires du roi, & différens réglemens pour ce college; on pour- roit croire d’abord que ces trois qualités, clercs, fe- crétaires &t notaires du roi étoient toutes communes à chacun des membres de ce college. Mais en lifant avec attention cette ordonnance , on voit que la confrérie étoit compofée de deux fortes d'officiers , favoir des clercs ou fécrétaires du roi, & des autres notaires, qu’ainfi les /écréraires n'étoient pas alors les mêmes que les notaires, qu'il n'y a au plus que le titre de clerc qui leur fut com- mun ; encore eft-1l probable que ce titre étoit joint fpécialement à celui de fécréraire des commande- mens , d'autant que ceux-ci étoient d’abord appellés les clercs du fecrer | & que de cette dénomination on fit infenfiblement celle de clercs-fecrétaires, & par abréviation celle de fecrésaire fimplement. | La dénomination de /écréraire du roi étoit telle- ment affeétée alors au fésrétaire des commandemens, que dans le regiftre D. de la chambre des comptes, fol. 73: v°,1l eft fait mention d’une ordonnance don- née en 1361 , qui réduifoit Le nombre des /écrétaires du roi pour ladite année à onze feulement ; ce qui ne peut convenir qu'aux écréraires des commance- mens qui étoient retenus pour le confeil , & non pas aux autres notaires qui étoient alors au nombre de cinquante-neuf. De ces onze fécrétaires, il y en avoit huit ordinaires qui avoient entrée dans le con- feil, &ctrois extraordinaires. | Dans un réglement que Charles V, fit pour les f- nances le 13 Novembre 1372 , il eft dit entrautres chofes , art, 7. qu'il plaît au roi que toutes lettres de don foient fignées par MM. Pierre Blanchet, Yves Daven ; Jean Tabary fes fécrésaires, 8 non par au- tres, & que fion apportoit lettres de don fignées par autre fécrésaire, que M. le chancelier ne les fcelle poinf. Cet article paroïît fuppofer que le roi avoit encore SE CC plus de-quatre fécréraires, mais qu'il n’y en avoit que quatre pour les finances, L Il ÿ en avoit cinq l’année fuivante, fuivant un au tre réolement que Charles V. fit le 6 Décembre 1373. Deux de ces cinq /écrétaires étoient du nombre de ceux qui font nommés dans Le réglement de 1372: du refte l’arsicle 8 de celui de 1373 eft conforme à Varticle 7 du précédent réglement. L'article 9. du réglement de 1373 porte que le chancelier commandera de par le roi, & fera jurer à {es fécréraires qu’ils entendent diligemment aux let- tres que le roi leur comanderatouchant les finances; qu'ils ne les faflent point plus fortes que le roi ne leur commandera , & n’y mettent aucun zonob/fanr, ë&cc. fi Le roi ne le leur commande exprès. Ce terme de commandement | qui eft encore répété un peu plus loi , eft peut-être ce qui a fait donner aux /£- crétaires des finances le titre de fécréraires des com- mnaridemens. Charles VI. dans des lettre du 13 Juillet 1387, arc. 6, ordonne pour fes fécrétaires fesamés & feaux mat- tres, Pierre Blanchet, Yves Darian, Jehan Tabari, Jean Blanchet, Thiebault Hocié , Jehan de St. Loys, & Hugues Blanchet, Jacques Duval, Macé Freron, Jehan de Crepy, Pierre Couchon & Pierre Manhac, il eft bien vifble qu'il ne s’agit encore là que des /£- crécaires des finances ; en effet il ajoute qu'aucun de fes autres fécrétaires ne pourra faire ou figner des let- tres couchant don ou finance. Ces termes aucun de zos autres fecrétaues font con- noitre que letitre de /créraire étoit alors commun aux autres notaires du roi que l’on appelloit ordinaire- ment zoraires-fécrétaires du roi ; au lieu que les /e- crétaires des finances portoient fimplement le titre de /ecrétarre du roi ou des finances. Dans d’autres lettres du 12 Février 1387, Charles VI. fixe de même à 12 le nombre de fes écrésaires à gages fervans par mois , & il dit que ces 12 fécrérai- res figneront feuls les lettres fur le fait des finances. Il déclara que la fignature des lettres royaux n’ap- partiendroit qu’à ces 12 écrétaires, & ceux du parle- ment &t de la chambre des comptes, à un autre qu'il nomme , lequel devoit fervir en la compagnie du chancelier. Charles VI. fit une ordonnance le 7 Janvier 1400, par laquelle il régla entr’autres chofes, qu’à fes con- feils 1l y auroit dix de fes /écréraires qui auroient les gages de /écréraires & non autres; il nomme ces dix Jecrétaires, & en défigne fix en particulier pour figner. Sur le faït de figner, il leur défend à tous très-étroite- ment de figner aucunes lettres, fi elles ne leur font par lui commandées , & à ceux qui figneront fur le fait des finances , qu’ils n’en fisnent aucune de cette efpece , fi elles ne font paflées & à eux comman- dées par le roi étant affis en fon confeil & à oùie de fes confeaillers qui y feront. Il ordonne enfin qu’à chacun de fes confeils il ne demeure que deux de ces dix /écréraires, favoir un civil & un criminel. Il ft encore une autre ordonnance le 7 Janvier 1407, par laquelle, au lieu de dix fécréraires qu’il avoit nommés par la précédente pour être à fes con- feils, 1l ordonna qu'il y en auroit 13, lefquels ÿ font nommés chacun par leur nom & furnom ; il leur réitere les défenfes de figner aucunes lettrestouchant les financés , fi elles ne font paflées & À eux com- mandées par Le roi féant en fon confeil & à l’oüie de fes confeillers ; il réitere pareillement qu’à chaque confeil il n’y aura que deux de fes Jecréraires , un ci- vil & l’autre criminel. Cette diftin@ion fait connoi- _ tre que l’on jugeoit autrefois des affaires criminelles dans le confeil du roi. Au mois de Mai 1413 , Charles VL. fit une ordon- nance portant qu'à Pavenir, pourfervir dans fes con- feils , 1l n°y auroit que huit /écréraires qui ferviroient a 7 SEC? 86: quatre enfemble de mois en mois: que des quatre qui ferviroient chaque mois, il n’y en auroit qu’un qui figneroit fur le fait des finances ; il eft dit que ces huit fécrésaires feront élus bons, diligens & fu fans en latin & en françois par le chancelier, en ap- pellant avec lui des gens du confeil en nombre com- pétant. Charles VI. renouvelle auf la défenfe qu'il avoit déjà faite à {es /ecréraires de figner aucunes lettres de finance , à moins que ce ne füt du commande- ment du roi. Il déclare encore par cette même ordonnance , qu’en fe conformant à celles de fes prédécefleurs, 1] ne recevra dorefnavant aucun pouf fon /écrétaire , fi premierement il n’eft notaire du nombre & ordon- nance ancienne. On à vu que dans le nombre des fécretaires du roi retenus pour le confeil, il n’y enavoit plus que deux qui euffent le pouvoir de figner les lettres en fait de dons & de finances. Le nombre de ces /ecrétaires des finances fut fixé à ÿ par le même prince, ainfi qu'on l’apprend du mémorial H de la chambre descomptes du 1 Août 1418, conformément à un édit de la même année, par lequel il créa le college des 159 clercs notaires de la chancellerie , & réduifit les fécréraires des finan- ces aux $ perfonnes y dénommées, lefquelles figne- ront, eft-1l dit, lettres en finance, & portant adrefle aux gens tenant le parlement & gens des comptes. Charles VI. établit de nouveaux fecréraires pour figner en finance ; & par une ordonnance du 23 Oc- tobre 1443 , il leur enjoignit de faire apparoir à la chambre des comptes de leur pouvoir ; c’eft de-là qu'ils y faifoent enregiftrerleurslettres de provifon, & qu'ils infcrivoient deux fignatures au regiftre du greffe de ladite chambre , l'une avec grille , l’autre fans grille ; 1l s’en trouve nombre depuis 1 567, juf- qu'au mois de Juin 1672 ; les autres ont négligé de le faire. On ne trouve que trois fécrétaires qui aient fervi le roi Louis XI. pendant tout fon regne. Comme il étoit méfiant , il employoit fouvent le premier no- taire qu’il rencontroit. Ce fut de fontems en 1487, que les fécrétaires des finances commencerent à con- trefigner les lettres fignées par le roi, comme cela s’eft toujours pratiqué depuis. Charles VIII. confirma les fécrétaires des finances. Ce fut fous fon regne que Florimond Robertet I. du nom acquit tant de crédit dans fa charge de fécrécaires quelques-uns l’appellent /e pere des fecrétaires d'étar , parce qu'il commença à donner à cet emploi le de gré d’élévation où il eft maintenant ; il continua les mêmes fonétions fous Louis XII. & François I. & fut toujours maître des plus grandes affaires. Enfin Henri Il. fixa lenombre des /écréraires d’érat, & les réduifit à quatre, par {es lettres patentes du 14 Septembre 1547, fous le titre de confeillers 6 fecré- taires de fes commandemens 6 finances : ces quatre fe crétaires furent Guillaume Dochetel, Côme Clauffe, Claude de PAubefpine & Jean du Thier. Il leur attri- bua par les mêmes lettres le droit d’expédier feuls,, &c à l’exclufon des /écrétaires du roi, toutes les dé- pêches d'état, fuivant le département qu'il afigna à chacun, afin qu’ils fiffent leurs fonétions avec plus d'ordre & d’exattitude. Ce ne fut que fous Charles IX: en 1560, qu'ils commencerent à figner pour le roi. Ce jeune prince étoit fort vif dans fes pafions ; & Villeroi lui ayant préfenté plufieurs fois des dépêches à figner dans le tems qu’il vouloit aller jouerà la paume: fignez, mon pere, lui dit-il , fignez pour moi:-eh bien, mon mai tre, reprit Villeroi, puifquevous me le commandez, je fignerai. Heraur. : Du tems d'Henri IL: en 1559, lorfqu’on fit à Ca- teau-Cambrefis un traité de paix avec l'Efpagne, les 866 SEC François ayant remarqué que les miniftres du toi d'Efpagne affeétoient de fe qualifier meriffres d'état, M. de Laubefpine, fécrétaire des commandemens & finances du roi , qui figna pour lui ce traité, fut auffi qualifié Jécrétaire d'état; c'eft depuis ce tems que les fécrétaires des commandemens &c finances ont pris le titre de écréraire d'état, & qu'ils ont laïflé le titre de fecrétaires des finances aux autres fécréraires du roi qui portent ce nom. hs 7. Jufqu’en 1588, les Jécrétaires d'état avoient prêté ferment entre les mains du chancelier ou du garde des fceaux ; mais Henri II. voulut qu’un nouveau pourvu de cette charge prêtât le ferment immédia- tement entre fes mains : ce qui s’eft depuis toujours pratiqué de même. 5 | Dutems de la régence de M. le duc d'Orléans, 1l y eut un édit du mois de Janvier 1716, quifupprima lun desioffices de /écrétaire d’état dont étoit encore pourvu M. de Voifin, quoiqu'il füt chancelier de France dès 1714. Cet édit fut regiftré le 8 Février fuivant. À la fin de Septembre 1718 , les offices de J'ecrétaire d'état furentmis au nombre de 5, dont les deux derniers n’étoient que par commiflion. Ces charges font devenues fi confidérables, que les confeillers d’état fe tiennent honorés d'y parve- vir. Sous Henri II. le connétable de Montmorenci, le duc de Nevers, le duc de Guife &c quelques au- tres grands remplirent ces fonétions. Guillard. Æ/f?, du confeil , p. 126. Les autres maïfons qui ont fourni le plus de fecré- zaires d'état, font celles de Brulart, le Tellier, Lo- menie , Colbert , & furtout celle de Phelipeaux qui en a fourni jufqu'à 10, & ce qui eft encore remar- quable par rapport à la quâtrieme charge, c’eft que depuis 1621 elle atoujours été poflédée par des per- fonnes du nom de Phelipeaux. M. le comte de Saint- Florentin, muuftre & fécréraire d'état, qui poflede cette charge depuis 1723 , eft le feptieme defon nom quil'ait ainfi poflédé de fuite 6 fans aucunein- terruption. | On a deja obfervé que les fécrétaires d’étar étoient obligés d’être pourvus d’un office de Jécréraire du roi ; le college des fécrésaires du roi obtint en conféquen- ce enr633un arrèticontre M. de Savigny , fécréraire d'état, qui lui ordonna de fe faire pourvoir dans fix moisid'une.de leurs charges ; cet ufage n’a été changé qu'en1727, à l’occafon de M. Chauvelin, garde des fceaux 8 fécréraire d’étar ayant le département des affaires étrangeres , lequel fut le premier difpen- Lé d’être Jécrésaire du roi: ce qui fut étendu en même fems à tous les autres fécréraires d’état. Les fecrétæires d’érat ont préfentement par leur bre- vet le titre de /écréraires d’érat des commandemens & finances de Sa Majefté; néanmoins enparlant d’eux, on ne les défigne communément que parle titre de fecréraires d'ésat, Le:roi les qualifie de fes armés & féaux. Leurs. places. n’étoient autrefois que de fimples commifions ; mais depuis 1547, elles ont été érigées entitre d'office, : « : Cesloflices donnent la noblefle tranfmifible au premier, degré, 8 même la qualité de: chevalier à ceix qui d'auroient pas d’ailleurs ces prérogatives. Les Jecretaires d'état {ont officiers de plume & d’é- pée:; ils entrent chez le roi êc dans fes confeils, dans leurs habits ordinaires & l'épée au côté. Leurs fonétions font auffi honorables qu’elles font importantes, puifqu'ilsfont admis dans la confiance du prince pour les affaires les plus-fecrettes : ce font eux .qudreflentiles différens traités de paix & de guerre ; d'alliance, decommerce & autres négocia- tions ; ils les fignent au nom du roi, les confervent dans leur:dépôt ; &c en-délivrent des expéditions au- thentiques, LT: | SEC Ce font eux pareillement qui dreffent &c qui expé- dient les lettres des dons & brevets, les lettres de cachet & autres dépèches du roi. Les fecrétaires d’éras ont chacun leur département. Louis XI. les avoit fixés par un réglement dur r Mars 1626; mais il a été fait depuis bien des changemens, êc les départemens desfécréraires d’étar ne font point attachés fixément à leur office, ils font diftribués {e- lon qu’il plait au roi. | Le fécrétaire d'état qui a Le département des affaires étrangeres , a auffi ordinairement celui des penfions & expéditions qui en dépendent, les dons, brevets & penfions autres que des officiers de guerre ou des étrangers pour les provinces de fon département. Celui qui a le département de la marine a aufi de même ordinairement tout ce qui y a rapport, com- me les fortifications de mer, le commerce maritime, les colonies françoifes , avec toutes les penfions & expéditions qui en dépendent, Celui qui a le département de la guerre, a en mé- me tems le taillon, les maréchaufiées, Partillerie , les fortifications de terre, les penfions, dons & bre- vets des gens de guerre , tous les états-majors, à l’ex- ception des gouverneurs généraux , des lieutenans généraux &c des lieutenans de roi des provinces qui ne {ont pas ‘de fon département, les haras du royau- me & les potes. Enfin le quatrieme /écréraire d'érar a ordinairement pour fon département la maïfon du roi, le clergé, les affaires générales de [a religion prétendue réfor- mée , l’expédition de la feuille des bénéfices, les éco- nomats , les dons &c brevets autres que des officiers de guerre ou des étrangers pour les provinces de fon département, Pour ce qui eft des provinces 8 généralités du royaume , elles font difiribuées à-peu-près égale- ment aux quatre Jecrétaires d’étar. Les dépêches que le roï envoie dans chacune de ces provinces , font expédiées par le fécrécaire d'écar qui a cette province dans fon état. Toutes les lettres &t mémoires que ces provinces ou les villes qui en dépendent, adreffent au roi, doivent pafler par les mains du /écrétaire d’érar qui les a dans fon départe- ment , &c les députés des parlemens & autres cours fouveraines, des états généraux , des provinces ou des villes, font conduits à l'audience du roi par le fe- crélaire d'état qui a dans {on département la province ou ville d’où vient la députation. : Anciennement les fécréraires d’érat ayoient chacun: pendant trois mois de l’année l'expédition de toutes les lettres, dons & bénéfices que le roi accordoit pendant ce tems ; préfentement chacun expédie les dépêches qui font pour les affaires 8 provinces de fon département. Le Jécrétaire d'état des affaires étrangeres eft mi- niftre notaire, & en cette qualité il a entrée 8c féan- ce danstous les confeils du roi: c’eft lui qui rapporte au confeil d'état ou des affaires étrangeres toutes les affaires de cette nature qui fe préfentent à examiner. Le roi accorde aufi ordinairement au bout d’un certain tems aux autres fécréraires d'état le titre de miniftre, en les faifant appeller au confeil d’état. Les /écrésaires d’étar ont tous entrée au confeil des dépêches , quand même ils n’auroient pas la qualité de muinifire. Anciennement les dépêches s'expé- dioient ordinairement dans la forme d’un fimple tra- vail particulier dans le cabinet du roi, auquel cha- que Jécrétaire d'état rendoit compte debout des affai- res de fon département. Ils ne prenoient féance de- vant le roi que lorfque Sa Majefté affembloit un con- feil pour les dépêches ; mais depuis long=tems les dé- pêches s’expédient dans la féance du confeil appel- le confuil des dépêches, Voyez ci-devant CONS&IL pu ROX.- c Le SIEFG … Le fécrétaire d'état qui a le département du com- merce , aflifte au confeil royal du commerce. Dans tous les confeils où les fécréraires d’étar ont entrée, ils ont l'honneur d’être affis én préfence du roi, de même que les autres perfonnes du confeil; . Le rang des /écrétaires d’étar dans les confeils du roi, où 1ls ont entrée & féance, fe regle fuivant l’or- dre de leur réception ; ou felon les autres dignités dont ils font revêtus, lorfqu’ils y prennent féance. Les réfolutions prifes dans les confeils du roi font recueillies par chaque fécréraire d'état pour les affai- res de fon département ; chacun d’eux fait auffi dans {on département , expédition des lettres & autres ac- tes émanés du roi pour tout ce qui eft figné en com- mandement. À . Les fécrétaires d'état font en pofleffion immémoriale de recevoir les contrats de mariage des princes & princefles du fang , qui font pañlés en préfence du ro1; ces contrats font aufli authentiques que s'ils étoient reçus par un notaire, & produifent les mêmes effets ,notemment pour l’hypotheque, ce qui a été confirmé par une déclaration du 21 Avril 1692, regiftrée le 30 du même mois , qui veut que ces con- tratsfoient exécutés ; qu'ils portent hypotheque du jour de leur date, & qu'ils aient en toutes chofes la même force & vertu que s'ils avoient été reçus par des notaires, que la minute en demeure entre les mains de celui des fecresaires d’érar quilesaura reçus, lequel en pourra délivrer des expéditions ; & néan- moins ; pour la commodité des parties, il eft dit qu’il en fera dépofé une copie par lui fignée par collation chez un notaire , qui en pourra délivrer des expédi- tions , comme s’il en avoit reçu la minute. Les dépôts des fecrétaires d’érar ne font confervésde fuite , que depuis le tems de M. Colbert ; ils font pla- césdans le vieux Louvre. | ni. . Par l’édit du mois de Décembre 1604, il fut créé quatre offices de commis des Jécréraires d’étar ; maïs ces offices furent fupprimés. | . On peut encore voir furles fécrésaires d'Etar Vhi toire de du Toc, &celles qu'indique le pere le Long, P-715, l’hiftoire du confeil par Guillard , & les ré- _ glemens des 31 Mair582, 8 Janvier 1585, Mai 1 598» 28 Avril 1619 & 11 Mars 1620. | . SECRÉTAIRE DU ROI, (Jurifprud.) eft un officier établi pour figner les lettres qui s’expédient dans les grandes &c petites chancelleries, & pour figner les arrêts & mandemens émanés des cours fouverai- nes. je Al A ; Au commencement de là monarchie, celui qui {celoit leslettres s’appelloit référendaire du roi ou refe- rendaire du palais. Comme il ne pouvoit fuffre à.expédier feul toutes les lettres, on lui donna des aides qui reçurent diffé- Fens noms ; on les appella amanzenfes, notarii, pala- tri, fcriptores , aulici fcribæ , clerici reoit , cancellarii, êc en françois clercs , notaires & fécréfaires du roi. Valentinien eft le premier que l’on connoïffe potir avoir fait la fonétion de notaire & fécrétaire du roi, c’étoit fous Childebert roi de Paris; il collationna la chartre de donation faite à l’abbaye de S. Vincent: lès-Paris,, à préfent S. Germain des prés, rapportée par Aimoin , Z, IT, à la fin de laquelle il y a ego Fa- lentinianus , notarius 6: amanuenfis recognovi. Baudin & Charifigile font nommés par Grégoire de Tours , référendaires du roi Clotaire ; Flave & Li- cere du roi Gontran ; Sigon_ & Theutere, du roi Si- gebert ; Charimere, Gallomagne & Ofhon, du roi Childebert; & le pere Mabillon apporte un arrêt du tems de Clovis III. auquel ileft dit qu'affifterent les référendaires , qui font nommés au nombre de quatre. | Ce fut apparemment pour fe diftinguer de ces fim- les référendaires , que celui qui portoit l'anneau »s M1 q Tome XIF. royal, & qui étoit prépofé au-deffus d'eux; prit lé tire de fuminus palatii référendarius ; Ceft ain qweft qualifié Robert en l’année 670 , en la vie de S. Lam- bert; évêque de Eyomh : , , 1. ,, e77 Ces mêmes référendaires étoient auf appellés cencelläri regales ; titre qu'on leur avoit donné à l’in£ tar des chanceliers qui étoient près dés empéreurs ro- mains, ainfi appellés , parce qu'ils travailloient sera cancellos ; c’éit-à-dire dans une enceinte fermée de barreaux ; ufage qui s’eft, encore coniervé dans la chancellerie du palais, où les officiers travaillent dan une enceiñte fermée de grilles de fers .… C’eftauffi de-là que fous la feconde race ; quand le grand référendaire changea ce titre en celui de chan cebier; il prit le furnom d’archichancélier ou grand chancelier, fämmius cancellurius, pourfediftinguer des fimples chanceliers , repréfentes atjourd’hui par les Jécrétaires du roi; & ce titre dé grand-chancelier fut en ufage jufqu’à ce que les notaires du roi quitterent le titre de chancelier , lequel depuis Baudouin ; qui fut chancelier de France, fous Henri [. demeura af feété par excellence à celui qui étoit prépôlé au-def fus des notaires du roi. … CET UE LU Grégoire de Tours, c, &xvij. fait mention d’un nommé Claude ; qui étoit un des chanceliers , Cu: dius quidarn ex cancellariis regalibus. “E . Ces chanceliers écrivoient de leur main les ettres; & étoient indifféremmenit qualifiés zoraires où norai- res du roi ; C’eft ainfi que la chartre de dotation di monaftere de Flavigny , diocèfe d’Autun , porte ; Jeripium per rmanum Haldofredi notarii, Ge, & le moi- ne Jonas , en la vie de S. Euflafe , abbé de Luxeuil j dit qu'Agrefitinns quidam Theodorici régis notarius Lerat, 2 AA, ; Sous Chilperic L il n’eft faitmention qué d’un feul référendaire & d’un fecrétaire ; il eft parlé de celui- ci dans une charte de ce prince, pour $. Lucien de Beauvais, ego Ulrritus palatinus [cripror FECOgnOVE, Ansbert, qui fut archevêque de Rouen ; & grand référendaire fous Clotaire Il. avoit d’abord été no- taire du roi, fuivant ce qui eft dit par Andrade en là vie de.ce prélat, cæpit efle aulicus [criba. Sous Dapobert I. on trouve différentes chartes fi- gnées par Godefroy , Landry, Urfin, Gerard & Henry , qui n’étoient que de fimples notaires du roi qui fignoïent en l’abfence du gränd référendaire ; ego notarius ad vicem obtuli, recognovi, Jubfiripfe. . Dansuntitre de Charles Martel , maire du palais, Van du roi Thierty. Le notaire du roi eft qualifié clericus Aldo clericus jaffus à domino meo Carolo fcripfe G fubfcripfr. OMS Sous la feconde race de nos rois le titre de chan: celer & celui de notaire furent donnés indiférem- ment aux fécrétaires du roi, c’eft pourquoi le srand chancelier, qui étoit leur chef, prit aufli Le titre d’ar- chinotaire: Les notaires de ce tems font qualifiés regie digni- ÉaliS nOlATIUS. uv , Hinemar ; archevêque de Rheims, qui écrivoit vers le milieu du xv. fiecle , dit que le grand chance- lier avoit fous lui des perfonnes prudentes, intelli- gentes & fideles, qui écrivoient les mandemens du roi avec beaucoup de défintérefflement, & gardoient fidelement les fecrets qui y étoient confiés: eur (apocri- Jiario) fociabatur fummas cancellarius qui a Jécretis olime appellabatur,erantque illis fubjeili & intelligentes pruden. tes ac fideles viri qui precepta regia abfque immoderaré cupidisate venalitate fcriberent, 6 fecreta illis fidelirer cr. flodirent. Telle eft l’idée qu'ilnous donne de ceux qui faïfoient la fonétion de notaires & fécrétaires di roi: » Dans un titre de l’églife de Cämbray ; du teins de Charles Le Simple, un de fes fecrétaires, nommé Goz- linus, eft qualifié adnotator ad vicem .….. fummi cancel: lari recognovit, Mireus rapporte une charte de las KRrrr 866 S E C D19 , oce même Gozlin eft appellé rotarius ad vi- “Elite " 128 On trouve du tems de Philippe L. un nommé Gif : Fe) | Jebert , fecrétaire du rot, qualifié dans rs char tes regius notarius, &t dans d’autres c'ertcus. Une charte del’an 1128 pour S. Martindes Champs, Lit mention d’Algrin , notaire du ro1, A/grinus n0- sarias relegendo fubfcripfi : dans une autre charte de Pan 1197, qui eft au regifire croifé , il eft qualifié Algrinus a fecretis nojtris : cet Alorin fut depuis élevé à ja dignité de chancelier. | La chancellerie ayant vaqué pendant les années s172 & fuivantes, juiques 8t compris 1177, € étoit an dés notaires du roi qui fignoit les chartes en ces termes, Perrus notarius Vacarite cancellariä Juferipfi ! Ontient communément que ce fut frere Guerin , Æévèque de Senlis, nommé chancelier en 1223 , qui abandonna totalement les fonétions du fecrétariaraux cletes notaires du roi, fe réfervant feulement linf- pettion far eux. | { R 1 Dans Mathieu Paris, à l’an 1250, ils font qualifiés clerici revii, & dans d’autres endroits c/erici Francie, Une ordonnance de $. Louis, du mois de Février 1254, lesappelle cæricifimplement, le roi défendant aux clercs ou à leurs écrivains de prendre pour les lettres-patentes plus de fix deniers, & pour les let- tres claufes plus de quatre. Depuis ce tems les fécrésaires du roi fe trouvent qua- lifés tantôt de clercs du roi fimplement, tantôt clercs notaires, tantôt notaires de France, ou notaires du du roi, & enfuite notaires fécréraires du roi, & enfin letitre de fécrétaire du roi a depuis long-tems prévalu, &r eff le feul qui leur eft demeuré. Il paroït néanmoins qu'il y avoit anciennement quelque différence entre les notaires du roi &c fes Je- crétaires, tous les fécrétaires du roi étoient notaires ; mais tous les notaires du roi n’avoient pas le titre de fécrétaires, 8 n°en faifoient pas les fonétions. On en- tendoit alors par clercs notaires du roï en général, tous ceux quiécrivoient, collationnoiïent &c fignoient les lettres de chancelleries &c les arrêts des cours, au Heu que par fecréraires ‘du 101, on n’entendoit que Ceux qui étoient 4 Jecretis ; c’eft-à-dire , ceux qui étoient employés pour expédition des lettres les plus fecretes ; ceux-ci, qui approchoient Le plus de la perfonne du roi , & qui étoient honores de fa con- flance , ayant acquis par-là un plus haut degré de confidération , furent diffingués des autres clercs &c notaires, & furnommés clercs du fecré, du fecrer ; c’eft la premiere origine des fécréraires d'état , &c c'eft de- à que ces officiers devoient toujours être pourvus d’un office de fécrétaire du rot ; le premier qui en fut difpenfé fut M. Chauvelin, fécréraire d'état, en 1728, lequel fut depuis garde des fceaux. Les fécréraires du confeil & des finances ont aufli été tirés du corps des notaires & fecréraires du rot ,en- tre lefquels il n’y en avoit qu’un petit nombre, qui étoit retenu pour fervir au confeil, comme fix, dix, douze , treize, plus ou moïns, felon que ce nombre fut fixé en divers tems. Quant au nombre des fécrésaires du roi, on a déja vû que dans l’origine les chanceliers qui font repré- fentés par les fécrésaires du roi n’étoient qu’au nom- bre de quatre , & les anciennes ordonnances difent qu'ils avoient été établis à l’inftar des quatre évan- seliftes, en lhonneur defquels leur confrairie eft éta- ble en léglife des céleftins de Paris. Mais ce nombre s’accrut peu-à-peu; on en trouve cinq différens fous Philippe T, treize dans un état de la maïfon de Philippe le Bel de Pan 1285 ; ce même prince fitun reglement en 1309 , portant qu'il y au- roit trois clercs du fécre, & vingt-fept clercs & no- aires. Le fciendum de la chancellerie que quelques-uns SE C croyent avoir été rédigéen1319, d'autres en 1304, d’autres en 1413 ou 141$, porte que le nombre des notaires & fécretaires du roi étoit alors de 67. Sous le roi Jean , ils étoient au nombre de cent quatre; la délibération qu'ils firent en 1359 pour Vé- tablifement de leur confrérie aux Céleftins , eff fi- gnée de cent quatre notatres'@ fécréraires. Ce prince ne fupprima aucuns de leurs offices ; mais par un reglement qu’il fit le 7 Décembre 1367, il déclara que pour la charge de fa rançon, il ne pou- voit donner des gages à tous , &c fit une liffe compo- fée feulement de cinqüante-neuf de es fécréraires & notaires, pour fervir continuellement &c prendre ga- ges & bourfes , déclarant qu'il manderoït les autres quand il lui plairoit; mais Charles V. réduifit abfo- lument le nombre de fesnotaires-fécrézaires à cmquan- te-neuf, ordonnant que les Céleflins par lui fondées feroient le foixantieme,8c qu'ils aurotent une bourfe comme les fecrétaires du rot. = Cépendant plufieurs perfonnes par importunité où autrement, obtinrent les uns les bourfes de clerc notaire feulement , & les autres les gages & man- teaux, divifant aînfi l'office en deux parties, de ma- niere que le nombre de ces officiers étoir augmenté de près du tiers, ce qui faifoit environ 80. Charles VI. fon fils, par une ordonnance du 19 Oûtobre 1406 , les réduifit au nombre ancien de 60 y compris les Céleftins; il les réduifit encore au mé- me nombre par fon ordonnance du 2 Août 1418. Au commencement de fon avénement à la cou- ronne Louis XI. avoit créé plufeurs offices de /écre- taires du roi , mais il les fupprima par fon édit du mois de Juillet 1465, & les réduifit au nombre an- cien de 60 y compris les Céleftins ; & par un autre édit du mois de Novembre 1482 , il confirma le mêé- me nombre, avec cette différence feulement,qu'l dé- clara que lui &c fes fuccefleurs rois feroient à per- pétuité chefs dudit college, &c que la premiere bour- {e feroit pour Sa Majefté. | | Les fécrétaires du roi, maifon couronne de France 8c de fes Finances, qu’on appelle auff fécrétaires du roi en la grande chancellerie ou fécrétaires du roi du grand college , obtinrent du roi Jean au mois de Mars 13 50, la permuflion d'établir entr’eux une con- frairie en l'honneur des quatre évangehftes, & de bâtir une éelife en tel lieu qu'ils jugeroïent à-propos; dans ces lettres, ils font qualifiés de college des no- taires de France; Charles V. les qualifie de vénéra- ble college; ils furent érigés en college par le roi Jean au mois de Mars 1350, laquelle éreétion a depuis été confirmée par nombre d’autres édits, déclara- tions & lettres patentes. Ce college en comprend préfentement fix autres ; c’eft-à-dire que l’on a réuni en un feul corps ou cols lese des fécréraires du roi, de fix créations & clafles différentes ; favoir , le collese ancien des 120 , le collège des 54, le college des 56, le college des 120 des finances , le college des 20 de Navarre, & le college des 80. On entend par college ancien, les cent vingt qui font de plus ancienne création, defquels il y en a 60 qu'on appelloit bourfiers ; & 6o autres que l’on appel: loit gagers. | Des 6o bourfiers, 20 font furnommés prarxds qui font les plus anciens , vingt moyens quifuivent, & qui font les derniers des 60 bourfiers. Les 60 gagers furent créés à la prieré des 60 bour- fiers ; ils furent appellés gagers, parce qu'ils davoient , que des gages & ne prenoient point de bourfes, mais préfentement tous les fécrétaires du roi ont chacun une bourfe & des gages. Henri If, par édit de Novembre 15 $4, augmenta cet ancien college de 80 fécrétaires du roi pour faire le nombre de 200, mais ces nouveaux offices furent SEC "À ‘ fupprimés par édit du mois de Décembre 1556. Le fecond college appellé des 34, parce qu’il étoit compoié de ce nombre, fut créé par édit de Charles FX. du mois de Septembre 1570 , portant création de 40 nouveaux ofices, & par des lettres du 22 Sep- termbre fuivant portant rétabliflement de 14 autres fécréraires dusroi , qui avoïent été privés de leurs of- ces pour caufe de religion. 0 Le troifième college appellé des 66, fut éompofé d'officiers crées àdiverfesfois; favoir, 26 par édit de Septembre 1587, & de quelques autres qui avoient été créés, tant.par le roi Henri HNL, que par le duc de Mayenne; ils furent tous unis en un même col- lege par Henri le Grand en 1608 ; on y a joint les AG créés par édit de Louis XIIL. au mois d'Oétobre 1641, ce qui faiten tout 112. dé Le quatrieme college appellé des fx vingr des f- nances fut créé trois fois ; favoir, 26 par Henri IV. 10.par Lows XU en 160$, &t 84 encore par Louis XII en 1635. : . Le cinquieme.college appelle &s 20 de Navarre, fut créé & établi au mois de Décembre 1602 par le roi Henri IV. qui les amena en France avec la cou- ronne de Navarre; c’étoient fes fécrétaires, lorfqw’il p’étoit encore roi que de Navarre. | Le nombre des cinq /£créraires du roi fut réduit à 240 qui furent choïfis dans les cinq colleges, & unis en un feul & même college fans diitinétion , par édit du mois d'Avril 1672. Ïl en fut créé 6o par édit du mois de Mars 1607, & so par édit du mois de Février 1694; mais par édit du mois de Décembre 1697, il en fut fupprimé 0 & le nombre total réduit à 300. ‘Au mois de Mars 1704 le roi augmenta le nombre de 40. Habits. Anciennement le roi leur fournifloit des manteaux qui leur ont été depuis payés en argent. Louis XI. ordonna en 1482, que quand ils fe- roient leur fervice , ils feroient vêtus honnêtement felon leur état, fans porter habits diflolus, & qu'ils porteroient leurs écritoires honnêtement,comme eux & leurs prédéceffeurs. Il leur défendit auffi de jouer à des jeux défendus, de mener une vie deshonnête, & de fe trouver en compagnie & lieux difiolus, fur peine d’en être grièvement punis & repris. Charles IX. par fes lettres du 15 Février 1583, portant réglement pour les Labirs, ordonna que les notaires & fecrétaires de la mafon & couronne de France poutroient porter foie, ainfi que les autres _gentilshommes, tant d'épée que de robe longue, … Réception. Philippe de Valois, par des lettres du 8 Avril 1342, ordonna que les notaires qui étoient alors, ne prendroient aucuns gages jufqu’à ce qu'ils euffent té examinés par le parlement, pour voir s'ils étoient fuffifans pour faire lettres tant en latin qu'en françois, &c que le pariement eût fait rapport au roi de leur fuffäifance, & que dorénavant ils ne fe- roient aucuns notaires, qu'ils n’euflent été exami- nés par le chancelier, pour voir de même s'ils _étoient capables de faire lertres tant en latin qu’en françois. Ils font reçus après information de leurs vie & mœurs. La déclaration du 7 Juillet 1586 défend de rece- voir en ces offices aucune perfonne faïfant trafic & marchandue , banque, ferme ou autre nésociation méchanique. | Fonilions. L'édit du mois de Novembre 1482 dit w'ils ont été établis pour loyaument rédiger par écrit, & approuver par fignature & atteflation en forme dûe, toutes les chofes folemnelles &c authen- tiques, qui par le tems advenir feroient faites, com- mandées & ordonnées par les rois, foit livres, re- giftres, conclufons , délibérations , lois, conftitu- Tome XIF SEC 869 Hons, pragmatiques, fanions, édits, ordonnances, confulations, chartes, dons, conceflions, oëtrois, privileses, mandemens, commandemens, provi fons de juftice ou de grace, & auffi pour faire figner & approuver par atteftation de fignature tous les mañdemens, chartes, expéditions quelconques faites en ieurs chancelleries, tant devers les chanceliers de France qu'ailleurs, quelque part que lefdites chan: celleries foient tenues, comme aufli pour enregifter les délibérations, conclufons, arrêts, jugemens , fentences & prononciations des rois ou de leur con- feil, des cos de parlement , & autres ufans fous les rois d'autorité & jurifdiétion fouveraine, &r gé- néralement toutes lettres clofes & patentes & au- tres chofes quelconques touchant les faits & affai- res des rois de France & de leur royaume, pays &t feioneuries, | Ce même édit porte qu'ils ont été inftitués pour être préfens & perpétuellement appellés ou aucuns d'eux, pour écrire & enregiftrer les plus grandes & fpéciales &c fecretes affaires du roi, pour fervir au- tour de lui &c dans fes confeils, pour accompagner les chanceliers de France, être & aflifler ès chancelle- ries , quelque part qu’elles foient tenues, aflifter au grand-conferl, ès cours de parlement, en l’échi- quier de Normandie, dans les chambres des comptes, juflice fouveraine des aides, requêtes de hôtel & du palais, en la chambre du tréfor 87 aux grands jours, pour y écrire &c enresiftrer tous les arrêts, jugemens & expéditions qui s’y font; tellement que nul ne pourra être grefñer du grand-confeil ni d’au- unes des cours de parlement & autres cours fou- veraines, chambres des comptes , requêtes de l'hô- tel ni du tréfor, qu'ils ne foient du nombre des clercs-notaires &c fécrétaires du roi. L'édit du mois de Janvier 1566 porte awils fe- ront envoyés avec les gouverneurs des provinces, chefs d’armées , ambaffadeurs , & généraux des fi: nances, pour donner avis au roi de tout ce qui fe pañlera , & faire à-lentour d’eux toutes les expé- ditions néceflaires. Il eft aufi ordonné par ce même édit qu’on leur donnera les mémoires néceffaires &les gages pour écrire l’hiftoire du royaume, felon leur inflitution. Is ne pouvoient anciennement vaquer à aucune autre fonétion, & ceux qui fervoient quelqu'autre prince fans pernuflion du roi, perdoient leurs bourfes. Ils ont la faculté de rapporter toutes fortes de lettres dans les chancelleries. Eux feuls peuvent figner ce qui eft commandé par le roi, & arrêté dans les confeils & cours fou- veraines. Bourfes. De tous tems les fécrétaires du roi ont eu des bourfes , C’eft-à-dire, une part de l’émolument au {ceau. Il y en avoit anciennement quelques-uns qui étoient feulement à gages & à manteaux : pré- fentement, outre les gages & manteaux, ils ont cha- cun une bourfe. Ces bourfes font de trois fortes; favoir, les grandes pour les vingt premiers , y compris le roi, les moyennes pour les vingt fuivans , &c les petites pour les vingt autres. L’édit du mois de Novembre 1482 dit que nos rois les ont retenus pour être de leur hôtel & fa- nulle, & pour leurs officiers ordinaires, domefti- ques & commenfaux; qu'ils leur ont donné plu fieurs beaux, grands &c notables privileges, franchifes êt libertés ; & fpécialement que pour les honorer davantage, 1ls ont ordonné qu'eux &c leurs fuccef- feurs, chacun en fon terms, fût du nombre & chef du college des /écréraires du roi, faifant le foixan- tieme, & en conféquence ils ont l'honneur d’avoir le roi infcrit le premier fur leur Life, RRrrri 2 © 70 LD Ha Honneurs &-privileges. Vs ont des plus anciens Æorimenfaux de la maïlon du roi: des lettres du mois d'Avril 1320 prouvent qu'ils avoient dés-lors des ga= ges, droit de manteaux, & qu'en leur payoit la nourriture de leurs chevaux. En qualité de commenfaux, ils ont leurs caufes perfonnelles, pofléfloires &e hypothéquaires com- miles aux requêtes de l'hôtel ou aux requêtes du palais , à leur choix. En matiere criminelle, ils ne peuvent être jugés que par le chancelier de France qui efide conferva- teur de feurs privileges , ou par le parlement, Néan- moins, par arrêt du confeil du-27 Oëtobre 1574 êc lettres patentes du 13 Avril 1576 GE 18. Septem- bre 1578, arrètêc déclaration du27Novembrer508, lettres du 4 Mats 1646, Sa Majefté attribue au grand- confeil la connoiffance de toutes les infraétions à leurs privileges. Ils affiftent À l’esrour dé la perfonne des rois avec le chancelier dans les confeils du roï, aux chancelle- fies, &c dans les cours de parlement & autres cours fouveraines. Aux états tenus À Tours en 1467, ils étoient aflis au-deflous des princes du fang, du connétable, du chancelier & des archevêques à évêques. Ils étorent affis aux états de Blois en 1588, au nombre de dix- huit repréfentans les autres; fur un banc placé en face de celui de la noblefle , & à ceux de Paris en 1614. | Leurs ofces font perpétuels pour la vie de cha- cun d'eux, & ne font impétrables que par mort, ré- fisnation ou forfaiture déclarée telle par Le chance: lier, les maîtres des requêtes appellés ou joints, ou par le parlement. Ceux qui réfignent à leurs fils ou gendres, conti- nuent de jouir des privileses. Les veuves jouiflent des mêmes privileges que leurs maris, tant qu'elles reftent en viduité. Le roi Charles VIII, par des lettres du mois de Février 1484, déclare que les fécrésaires du roi étoient tous réputés nobles & égaux aux barons; illes an- noblit en tant que befoïn feroit, eux, leurs enfans, & poñérité; il les déclare capables de recevoir tous ordres de chevalerie, & d’être élevés à toutes fortes d'honneurs, comme fi leur noblefle étoit d’an- cienneté & au-delà de la quatrieme génération. Les lettres de Charles IX. du mois de Janvier 1566, leur accordent du {el pour la provifñion de leur maifon. Elles leur accordent le titre de confeiller du rot, entrée dans les cours, & féance à l'audience au banc des autres officiers & au-deflus de tous. Il eft dit dans ces mêmes lettres, que quand les cours marcheront en corps, les fecréraires y pourront être après les grefñers , felon l’ordre de leur récep- tion , comme étant du corps de ces cours, en tant que grefhers-nés, Les léttres du mois de Mai 1572 permettent à ceux qui ont fervi vingt ans, de réfigner leurs offices fans payer finance, ni être fujets à la regle des quarante jours. Au bout de ce tems on leur donne des lettres d'honneur. Et par déclaration du 27 Mars 1598 ils furent exceptés de la révocation générale des fur- vivances. Leurs offices ont été déclarés exemts de toutes faifes, criées , fubhaftations & adjudications, (déclaration du 9 Janvier 1600.) Ils fe vendent par- devant M. le chancelier. Ils aflifterent au nombre de vinot-fix, & accom- agnerent le chancelier en l’ordre accoutumé , à l'entrée du roi de Pologne en la villede Paris en1573. Ils font difpenfés de réfidence. Exemptions. Isne peuvent être contraints de vui- der leurs mains des fiefs qu'ils pofledent, & font exemts de tous droits de francs-fiefs & nouveaux SEC: acquêts, & de toutes les taxes qui ontété en cer- tains tems impofées pour fupplément de finance des engagemens du douaire & droits domaniaux, con- firmation de l’allodialité, franc-bourgage & franche- bourgeoifie. Is ont pareïllement été déclarés exemts des taxes mies fur les aïfés. Ils font exemts de tous droits de lods & ventes, & autres droits feigneu- riaux, pour ce qu'ils vendent ou acquierent dans la mouvance du ro1,pour toutes leurs terres nobles ou roturieres tenues du domaine du roi engagé ou ahé- né, foit qu'ils les retirent par retrait Hignager fur un premier acquéreur Où autrement, tant en vendant qu’en achetant , nonobftant toutes coutumes con- traires, fervice du ban &c arriere-ban, off & che- vauchée, milice bourgeoife , ni d'y envoyer aucun autre pour eux, ni de contribuer à la folde des gens de guerre. | _ # lis font exemts, leurs fermiers, métayers & jar- diniers, du logement & uftenfiles des gens dé guer- re, même des moufquetaires & de tous autres, &c défenfes {ont faites aux maréchaux @ fourriers des logis du roi, d'y marquer ni faire marquer leur lo- ais, foit dans leurs maifons de ville ou des champs ; & de contribuer à aucuns frais ni impofitions mifes &c à mettre concernant les armée , artillerie & gens de guerre , fortifications ou démolitions de forte- Trees Ils font exemts de tous droits d’acquits & de cou- tume : Exemts de tems immémorial, des droits de péage, pañage , fonlieu, travers, chauflée, coutumes ; 8c au- tres, pour leurs blés &c autres grains, vins, animaux, bois & autres provifions qu'ils font , 8 pour ce qu'ils pourroient faire entrer par eau ou par terfe à Paris, pour la provifion de leurs maïfons : ils font même exemts des droits de péage appartenans à des fei- gneurs particuliers : De tous droits de quatrieme, huitieme , & autres droits d’aides pour le vin de leur crü. Ils font exemts pour leurs perfonnes & biens, de toutes tailles réelles où perfonnelles, dons, aides de ville, entrées, iflues, barrages, pié-fourché, oûtrois, emprunts, & autres fubfides mis &t à mettre, même de ceux qui feroient impoñés fur les exemts : De tous droits de gabelles : Des droits du fcel du châtelet de Paris, & de tous droits de fceau de leurs obligations héréditaires & mobiliaires , du droit de grefle, des infinuations &x notification des contrats. Ils ne payent aufli aucun émolument pour les ar- rêts, fentences & expéditions faites pour eux ou en leurs noms dans toutes les cours 8 jurifdiétions du royaume ; & font exemts des droits des rece- veurs des épices & parties d’icelles, des droits de confignation, des droits d’immatricule &c greffes de l'hôtel de ville de Paris ; du payement des droits de contrôleurs, des produétions & garde-facs, tiers-réfe- rendaires, contrôleurs des dépens, droit de boues. Exemts des offices de quartenier, dixenier, cin- quantenier, ni de faire lefervice, ou d'envoyer quel- qu'un à leur mandement, ni d’aucuns d'eux pour faire le guet & garde, | Ceux qui font pourvus de bénefices, excepté les évèchés ou abbayes, font exemts du payement des décimes. Ils font exemts des frais faits aux entrées des rois dans les villes : | Destutelles & curatelles, (déclaration du 23 Dé- cembre 1594.) Privileges , confirmation. Leurs privileges ont été confirmés par édits, déclarations, & lettres patentes des mois de Juillet 146% , Novembre 1482, Décem- bre 1418 , Septembre 1549 , Mars &c Janvier 1565 » Janvier 1566, 24 Décembre 1573, Avril 1576, 29 S Ê | Mars 1577, Janvier 1483, Juin1ÿo4,27 Mat 607, Avril 1619, 21 Juin:6çs9, Avril 1672, 13 Décem- bre 1701, Maïs 1704, &c plufieurs autres. Voyez le recueil des Ordonnances, Niraumont , & l'Æif. de La Chancellerie, par Teflereau. (A) SECRETAIRERIE, £ £ (Æ1/f£. de la chancell. franc.) cefr le liew où font dépofés tous les aêtes expédiés par les fecrétaires d’érat, comme brevets, dépêches , [et- tres de cachet, traités d'alliance, de paix 8 de com- merce ; traités de mariage des rois & des princes, ar- rèts du confeil d’en-haut, & généralement toutes les minutes des affaires importantes de l’état, ( D.J. SECRÉTARIAT , 1m. (Gramm. € Jarifprud.\ fe prend quelquefois pour la place ou fonétion de {e- crétaire ; quelquefois auf l’on entend par-là le dépôt des actes qui font confervés par le fecrétaire de quel- que officier public, tels que les dépôts des quatre fe- crétaires d'état , de fécrécariar du gouvernement , ce- ui de Pintendance, celui d’un évêché ou archeyéché. On leve des expéditions &r extraits des adtes qui font dant ces Jécrésariats. Voyez DÉPÔT 6 SECRÉTAIRE. ( 4 SÉCRETARIUM , ( Lisiérar. ) cabinet féparé où les juges fe retiroient pour référer enfemble fur laf. faire qui venoit d’être plaidée dévant eux, & pour décider la fentence qu’ils prononceroïent d’un coin- mun aveu. Ce cabinet n’étoit féparé du tribunal que parun voile. (D.J) SECRETION, SECREÉTIONS , ( Médecine. } fe dit proprement de Pa&tion par laquelle un fluide eft féparé d’un autre fluide, & plus particulierement de la Séparation des différentes liqueurs répandues dans le corps animal, de la mafle commune de ces hqueurs, c’eft-ä-cire du fang. C’eft cette importante fon@ion de l’économie animale que les anciens faifoient dé- pendre de la troifieme co&tion, & que les fcholafti- ques rapportent aux aétions naturelles. Cette fonétion: s’opere en général par les slandes ou par des réfeaux de capillaires artériels ; 8 on ap- pelle pour cette raifon ces organes organes fécréroires, comloirs , filtres. Noyer ces mors. . La Jécrérion differe, fuivant l'opinion vulgaire , de lexcrétion ; en ce que la premiers ne fait que dé- pouiller , pourainf dire , la mafle du fang de difé- rentes humeurs qui y font contenues, & que l’ex- crétion eft l'évacuation plus ou moins prochaine de ces humeurs , ou lation qui les porte au-dehors. Il eft pourtant des auteurs qui ont confondu ces deux fonétions l’une avec l’autre , en quoi ils paroïflent . d'accord avec les anciens, qi n’avoient qu'un nom pour les deux ; car le verbe Jeypso fe trouve em- ployé indifféremment dans Hippocrate & Galien pour excerno 6 fecerno en mème tems , & Jeypins pour Jegregatio, Jecretio, féparatio, excretio, pour l’excrétion Ôt la Jecrétion tout enfemble : nous verrons même à la fin de cet article qu'il eft des circonftances où l’ac- tion de l’une ef fi liée à ceile de Pautre, où toutes les deux font fi rapprochées , qu’on ne fauroit fair l’inftant qui fait le point de leur divifion. La écrérion eft commune aux végétaux &c aux ani- maux ; mais C'eft dans ceux-ci principalement que cette fonétion offre le plus de phénomenes , en pro- portion d’une plus grande variété dans les merveilles êt les réfultats de l’organifation, La néceflité des fecrérions {e déduit de l'exetcice même de la vie ; cette fuccefion continuelle de per- tes &C de réparations de fubftance qu'éprowvent tous les êtres vivans , en éft la preuve la plus fenfble, Le chyle étant un fluide hétérogene , relativement aux befoins de la nature, il eft étonnant combien d’opé- rations plus ou moins combinées elle doit encore ein- ployer à la difpoñition des différens fucs utiles ou nui- fibles à Panimal , après l'adoption de la lymphe au- tritive, de cet extrait précieux qui eft Pouvrage de SLEIC 071 la digeffion ( Voyez Dicksrron ) ; telle eft, 1°: la diftribution deshumeursaux fecrétoires: 2°, leur éla- boration ou préparation dans les organes; prépara- tion qui imprime à quelques-unes des qualités qu’elles n’aufoient pas autrement, comme on le peut voit par la femence, qui eft bien différente affurément dans les eunuiques &t dans ceux qui ne le font pas: 3°. la filtration des humeurs aqueufes : 4°, 14 fépara- ration dés particules inutiles 6 nuifibles ; dans la- quelle il faut comprendre la réudiarion , le fecéffiss non-feulement des particules vicilles 8 ufées des hu- meurs que les anciens appelloient de la deuxieme coc- 197, mais encore de quelques autres qui ont fouffert dans le corps une altération qui équivaut une fépa- ration fpontanée. Ce qu'Hippocrate paroît avoir in- diqué parce pañlage du premier livre {ur la diete : Corrumpi ac minui, idem eft quod fécerni. C’eft donc la fomme de ces opérations diflin@es plus où moins entr'elles , qui conflitue l'ouvrage dés fécrérions. Mais cet ouvrage eftal reftraint uniquement aux humeurs ? c’eft fur quoi les auteurs ne fe font pas po- fitivement expliqués ; c’eft néanmoins une obferva- tion de tous les rems, que la plñpart de nosexcrétions font chargées de particules térreufes ; pourquoi ces particules ne feroient-elles pas les excrémens d’une terreéplusipure, qui forme la bafe des parties folides, fécernée tout comme les humeurs, & ayant fes ufa- ges comme elles ? Voilà qui va paroître un paradoxe bien étrangé ; mais eft-il en effet fi dénué de vraiffem- blance pour ne pas mériter qu’on sy arrête? L'ana- lyfe chimique nous démontre d’abord l’exiftence de ces parties terreufes dans nos humeurs, indépendam- ment de la petite portion qu’il peut en entrer dans la compofñtfion des molécules ou aggrégés du fluide. Cette même terre qui fournit à la coque des œufs dans les volatils, fournira peut-être encore à l’ac- croiflement & à la récénération des os dans les ani- maux, au tranfport des maticres plâtreules fur les atticulations des goutteux , à celles qu’un auteur mo- derne a obfervée dans les alyéoles des enfans, pour y fervir à la matiere des dents, #24, l'éducar, médic, des enfans, part M. Brouzet, En réfumant ce que nous venons de dire, on trou- ve, 1°. que la nutrition eft encore une branche de la fécrésion ; 2°. que la fpontanéité dans la féparation de quelques particules anciennement utiles, peur faire penfer qu'un certain mouvement de fermentation fort indéfinï, entre pour quelque chofe dans l'ouvrage des fecrétions ; 3°. que les parties folides même paroit fent être foumifes à la loi générale de la /écrénion. Toute fecréñion fuppofant un appareïl, un travail de la part des organes fecrétoires, & quelques hu- meurs, telles que la plûpart des aqüeufes, la oraiffe, êt peut-être une portion des urines , étant le réfultat d’une opération moins compliquée, il s’enfuit encore que le mot fpécial de Jécrétion ne fauroit convenir à la féparation proprement dite des fluides, & que les Phyfologiftes n’ont point aflez diftingue les modes variés de cette dépuration de la mafle commune des liqueurs animales. La fécrétion pourroit donc être regardée plus par- ticulierement comme une aétion qui fpécifie les dif- férentes humeurs du corps , en les portant du fans aux différens fecrétoires, & modifiant leur prépara- tion à-travers ces organes. u 1 La phyfologie des anciens n’a pas été f bornée en fait de /écrérions, qu’elle n'ait produit quelques opi- nions fur cette matiere; mais leurs connoiflances fur la variété des humeurs, fe réduifent dans leurs écrits à l’'énuméramon des fluides qui font le plus à la por- tée des fens. Les découvertes qu'onafaites depuis en Anatomie & en Phyfique , ont confidérablement en- flé ce dénombrement , quiñ’en eft peut-être pas plus utile pour être plus faftueux, 872 0 SEE Les principales de ces humeurs font donc la bile, la falive, l'humeur pancréatique la prétendue haueur des éfprirs animaux , celle qui humeële l'œfophage ? l’effomac , les inteftins ; la fynovie , a graifte , lau- meur du péricarde, humeur aqueuie Ge l'œil, la va- peur ou la rofée qui humeëte les ventricules du cer- veau, la furface de la plevre &c du péritoine, les mu- cofités des différens finus &c cavités ; la liqueur proli- fique dans le mâle, le lait, humeur des ovaires dans les femmes, &e. (toutes ces humeurs font appellées récrémenticielles ) lhumeur fébacée desglandes de Morgagni, celle des odoriferes de Ton , des lacunes de Graaf, l'humeur onétueufe des poils, celle des dir- férensplis ou replis dela peau, le cerumen des oreilles, &t quelques autres qui ne {ont peut-être que des fuin- temens des humeurs contenues dans Les cellules du tiffu adipeux , dont Fodeur, la couleur. &c la confif- tance varient à raïfon de la chaleur & de la confor- mation des parties , de leur fituation &t de leurs ufa- ges ; enfin l'urine, la tranfpiration , les fueurs , rc. (Ces dernieres font les excrémenticielles).On pour- roit encore former une clafle d’humeurs mixtes, compofée de celles qui étant recrémenticielles par leur effence, deviennent excrémenticielles par acci- dent, telles que la falive , les larmes, quelques mu- cofités ,-c. fur quoi il eft à remarquer que Pexaéti- tude phyfologifte eft encore en défaut ; mais du refte le caraétere diftinétif des excrémenticielles eft de ne pouvoir refluer dans la mafle du fang, fans nuire fen- fiblement au corps. Il n’eft pas douteux que la fécrétion nait lieu dans le fœtus comme dans l'adulte : Pumeur glaireufe qu’on trouve dans l’eftomac, le z7econium qu'on peut regarder avec Stahl comme l’amas de tous les fluides qui fe filtrent dans le tube inteftinal , depuis la bou- che jufqu'’au cœcum , lhumeur de la veflie , & peut- être même une partie des eaux dans lefquelles nage le fœtus, en font des preuves authentiques. Les au- teurs qui ont difcuté avec beaucoup d’érudition les zappoïts de la /ecrétion dans l'adulte, avec celle qui a lieu dans le fœtus, ne nous ont rien appris de parti- cuker, f ce n’eft que les humeurs font plus douces dans celui-ci que dans ladulte , 8 qu'il faut déduire cette différence de faveur du plus ou du moins de denfité dans le fyflème des vaiffeaux. Il eft encore bon d’obferver que les différens degrés d’accroifle- ment dans le fœtus , les fonélions du thymus, & de quelques autres corps glanduleux , méritent une con- fdération particuliere dans cette partie de l’hiftoire des fécrétions. | Nous difons plus haut que les glandes font les prin- cipaux organes fecrétoires ; ce fercit donc dans la cavité des glandes, desconglomerées principalement, qu'ii femble que devroit être le fiege des /écrérions. Les conglobées, celles plus fimples encore , qu’on appelle ju/icules , criptes | ne feront que comme des aiteliers fecrétoires fubalternes, en compataïfon des premieres. Voyez GLANDES. Il en fera vraiffembla- blement de même des refeaux ou anaftomofes capil- laires artérielles. | Les travaux de Malpiohi & de Ruifch, qui de- voient d’abord fixer le fort des /ecrétions fur cet arti- cle, ont.eu celui de la plüpart des découvertes en ce genre , qui font époaue en faveur de l’artifte &z du fiecle , fans rien produire à l’art, que quelques différtations polémiques, qui font malheureufement autant de titres revendiqués par les feétes; ainfi il y aroujours des auteurs, comme lespartifans de Mal- pighi, quiveulent qu'entre l’artere & la veine, il y ait.des cavités dans lefquelles fe filtrentles humeurs; d’autres, tels que les feétateurs de Ruïfch, qui fou- tiennent la continuité de Partere‘avec la veine, fans interruption , de forte que c’eft dans les aires ou pélotons formés de capillaires artériels, qu'il faut S BC | cherchér, fuivant eux, les véritables organes des /£. crétions. Entre ces deux hommes célebres, il s’en trouve d’autres, comme Bellini, qui placent les fé: crétions dans Les rameaux collatéraux des derniers ca: piaires artéricls, qui font autant de petits troncs de ces rameaux, & l’on donne la relation du canal in- teflinal avec les vaifleaux laftés | pour le fymbole des cefyfième; Bergerus qui veut que ce foit dans les extrémités pulpeufes des arteres ; enfin il eff encore des modernes d’une grande réputation , qui d’après des obfervations réiterées , ont crû pouvoir établir les Jécrérions , les uns, dans un tiffu cotoneux qu’ils! Ont apperçus dans les conduits fecrétoires,les autres, à l’extrémité de ces conduits, c'eftà-direau point de leur pañlage de l’état artériel fanguin, à celui de lym- phatique artériel , &c, Les différentes opinions que nous venons de rap- porter , fuppofent qu'on a déja prononcé fur une queftion très-unportante , favoir files matériaux de nos humeurs fecrétoires , doivent être regardés comme autant d’élemens de principes ifolés, épars dans locéan des humeurs; ou s'ils y font contenus fousla forme quifpécifiechaque fluide; en un mot, comme autant d’agoresés immédiats de fluides divers, qui n’ont befoin que du travail de la fécrétion | pour former un tout fpécial. Avant d'entrer en difcufion fur cet article, 1l eft bon de prévenir, & c’eft ce que les phyfiologiftes auroient dû faire, que la quef tion ne porte que fur quelqueshumeurs recrémenti- cielles, comme la bile, la femence, &c. car il eft hors de doute que les fels &c les débris , ramenta, tant de nos folides que de nos fluides , qui font les produits des mouvemens de la vie, préexifloient réellement dans la mafle des humeurs ; 1l s’agit donc uniquement de favoir f les matériaux de ces humeurs Que nous avons nommées, font contenus matérielle- ment ou formellement, comme on dit, dans lefang. La queftion eft, dit-on, jugée en faveur du dérnier fentiment , en conféquence de quelques expérien- ces , dont tout le monde connoit celle de la ligature des arteres rénales, voyez REIN, & de ce qui eftob- feryé dans quelques états de maladie, par exemple dans Piétere ; mais dans cette expérience fur le rein, peut-on compter que les vaiffeaux lymphatiquesn’ont pas reporté quelques portions d'urine dans le fang ? l'humeur qui fait litere, efl-elle bien de la bile? &z fi par des embarras dans le foie, toutes les humeurs deviennent bilieufes, ou fe changent en bile, n’en peut-on pas conclure qu’elles étoient propres à pren- dre toutes fortes de modifications ? Bianchi , life. hepatis, rapporte que fon ami , Jacques Cicognini, avoit connu à Boulosneun homme quiavoitle fecret de faire de la bile, avec beaucoup d'huile , un acide, & une certaine efpece de cendre ; les mêmes maté- riaux ne fe trouvent-ils pas dans prefque toutes nos humeurs? Nous ne déguiferons pas qu'il eft fait men- tion dans Needham, de formato fœiu | d’une lettre de Scheineder à Deufngius, dans laquelle il eft par- lé d’un homme de la connoïfflance de Schneider, qui , en repandant d’une certaine poudre fur le fang, en tiroit du lait , lequel avoit toutes les apparences du lait ordinaire ; mais en admettant le fait comme vrai, 1l y auroit peut-être encore bien des arsumens à faire fur la compoñition de cette poudre, ou furla nature de ce lait; & d’ailleurs , qui eft-ce qui ignore que le lait eft du vrai chyle, quieft porté avec le fang dans les mamelles & dans lPuterus, & qu'il eft - à peine altéré par la /écrérion imparfaite qu'il éprou- ve dans ces organes? Il faut convenir qu’on n’a pas aflez infité fur tous les faits contradiétoires, pour qu’on ait pù porter fur cette matiere aucun jugement décifif. Comment fe font les fecrérions, &c d’où vient qu’un fluide eft conftamment afeûté, du moins dans Pétar SEL fan, à un organe plutôt qu’à un autre; par éxem- ple, la bile au foie, & non pas aux reins , 6c? voi- à ce quia exercé les phifiologiftes de tous les âges, & qu eff encore un probléme dont, felon toutes les apparences , la folution manquera long-tems à l’art. Les premiers dogmatiques dont la théorie naïflan- te étoit rehgieufement circonfcrite par lobfervation, n’ont pa nous rien tranfmettre de bien recherché {ur une matiere auf obfcure. Empédocle, plus philofophe que médecin, croyoit que les fueurs &c les larmes provenoient d’un fang atténué & fondu. Hippocrate reconnoit un principe qui attire les humeurs vers chaque organe & les y prépare ; il regardoit les glandes comme des éponges qui s’imbibent de ces humeurs; fuivant Platon, c’eft un appétit dans chaque partie , qui lui donne la fa- culté d'attirer à foi ce aw’elleappette; Ariftote penfe de même, en reétifiant néanmoins les idées grandes 8 inexactes de Platon. Voyez la phyftologie de Fernel. Galien enfin eft pour fes facultés : 1l paroît que c’eft à ce petit précis qu'on peut reduire les fyftêmes de la fage &t fublime antiquité, & ce n’eft peut-être pas un petit éloge pour la philofophie , que fa ftérilité en ce genre ; mais certes , la phyfiologie des modernes nous en dédommage bien, par une fécondité qui n’a rien laifé à difcuter de tous les points d’une matiere ufi vafte; on diroit qu'elle a mis à contribution tou- tes les branches des fciences , chacune d’elles lui ayant fourni à l’envi fontributdefyfième. La chi: mie [ui a donné les fermens , les coagulans , les fon- dans, les aflinulans , l'archée de Waghelmont, {y£ tème, pour Le dire en pañlant , digne de l’enthoufiaf me d’un grand homme, dont la critique n’appartient pas à des génies froids, que le figuré d’une expref- fon , ou la fingularité d’un nom fufit le plus fouvent pour indifpofer ; la méchanique , les cribles de Def- cartes, renouvellés des pores d’Afclépiade, Les at- titions, la difpofition particuliere dans la figure de chaque couloir , &c. Laphyfique, l'élefricité , Pat- traétion & l’adhéfion newtonienne ; la géométrie, fes calculs, l’hydraulique, fes lois, fes expérien- ces, Éc. Heureufement que la plüpart de ces hypothèfes, autrefois fi bruyantes, ne {ont guere plus admifes par les efprits fages ; à la vérité il s’eft trouvé de nos jours, des auteurs à qui on ne peut refufer cette aua- Eté, quionttâché d’en évoquerquelques-unes, pour en bâtir de nouveaux fyfièmes , tel eft celui de l’hu- meur analogue ; mais la préexiftence fuppofée de cette humeur, qu'il faut admettre néceflairement dans cette nouvelle hypothèfe, & les inconvéniens qui en réfultent pour une pareille analogie , én ont démontré le peu de folidité. M. Winflow a eu beau vouloir l’appuyer de fes obfervations , fur letifu co tonneux des conduits fecrétoires qu'il dit avoir trou- vé imbus de bile dans le foye , & d'urine dans les reins, chez des foetus les plus près du tems de la con- ception ; tout cela prouve feulement que les fécrésions ont lieu dans les fœtus, & c’eft de quoi perfonnene doute, Les produétions en ce genre, de quelques autres modernes, n’ont pas eu un meilleur fuccès; les noms fameux d’Hoffman & de Boerhaave, n’ont pû fau- ver leurs fyftèmes : plus de goût, plus de jufteffe dans notre philofophie , nous ont enfin appris à les apprécier. Stahl, le Platon de la médecine moderne, à qui nous devons en grande partie cette reforme, nous a donné d’autres 1dées fur Les écrérions ; fuivant lui , c'eft lame, cet agent univerfel du corps , qui en eft chargée, qui les dirige,’ qui a foin d'envoyer la falive a la bouche quand il le faur. Ces idées qu’on dit em- pruntées de Wanhelmont, prennent dans le génie de Sthal, une force, une profondeur dont on n’auroit $ EC pas cri avant lui, la théorie fufeptiblés 2" L’académie de Bordeaux ayant propoté:; 1 y à quelques années, ün prix fur le méchaüifine des jes créons , trois illuftres émulés , ( MM. Hamberger, Delamure , 8 de Haller, ) fournirent chacun une beile diflertation fur cette matiere. Celle de M: Hans berger, qui fut couronnée, explique ce méchanifme par les lois de l’adhéfion, fuppofées établies entre les particules des fluides 1 & celles des folides qui compofent le tiflu des vafleaux fecrétoires; Pauteut eftime cette ation par les rapports de la gravité fpé« cifique des unes avec celle dés autres, enforte qué 873 ke plus haut degré de l’adhiérence eft'entre les pars ties dufolide &c du fluide, dont les gravités fpécifiques fe correfpondent davantage; il obferve qu'il s’eft convaincu par des expériences dont il donne les ré: fultats, des différences ou rapports de ces gravités fpécifiques ; mais nous obfervéronsämnotretour, qu'il n’eft peut-être point de fyftèmes , parmi ceux qu’on s'efforce d'appuyer de tout Pappareil des fciences, dans lequel ‘on trouve un abus plus marqué, une plus mauvaife application de principes bons en foi ; pour s'en convaincre, il fufit d’un coup d’ceil fur les phénomènes de phyfique les plus fimples. On peut voir les objeétions qui ont été faites au fyftème de l’auteur, dans plufieurs ouvrages de M. Haller, & pour s’éviter la peine des recherches, dansle fecond volume de fa nouvelle phyfolosie, À Pégard des expériences de M. Hamberger, für les vifcères & les fluides des animaux, M. Delamure, célebre profefleur de la faculté de Montpellier, en a fait de fon côté, qu'on ne fauroit concilier avec elles de M. Hamberger; on peut confulter la table dés produits que ce profefleur en à donnée à la fuite d'unethefe fur les fécrérions, qu'il ftfoutenir en 1749. Toutes les autres théories qu’on pourroit encore citer, n'étant que des modifications Où des copies les unesdes autres, & fe trouvant d’ailleurs répans dues dans des livres qui font entre les mains de tout le monde, nous croyons pouvoir nous difpenfer d’en parler ; pour nous arrêter'plus long-tems à un excel- lent ouvrage , qui a paru depuis peu d'années , fous le titre de Recherches anatormiques fur les glandes ; cet ouvrage eft de M, de Bordeu, médecin de Paris & de Montpelliér, qui jouir dans la capitale, comme praticien ; d’une réputation très-étendue & très-mé2 ritée. La grandeur des vues que préfente l’auteur, la beauté de fes principes , tracés d’après une philo fophie peu commune , toujours éclairés de là con- noïfance pratique de l'anatomie, & des autres par: ties de Part les plus effenrielles, nous engagent à rappeller ici , fous la forme d’un extrait, ce quinous a paru de plus frappant dans ce fyflème, & de plus propre à completer ce que nous avons à dire fur la matiere des /écrérions. Le M, de Boïdeu fait dépendre les fécrérions & lés éx- crétions des nerfs, du-moins dans Le plus grand nom bre des circonftances. Les nerfs ont été dé tout rems un objet d’étonnement & de méditation pourun phys fologifte ; ils font la partie confituante ;effentielle de Panimal proprement dit , au moyen du fentiment &t du mouvement dont ils font doués privativement aux autres parties: le fentiment ou la fenfibilité ef la faculté éminente & primitive, la vie par excellence du fyflème nerveux. Le mouvement & quelques au: tres phénomenes, comnie Pirriration À laquelle quel: ques modernes ont voulu fubftituer Pirritabilité , n’en font que des effets fecondaires. C’eff ici l'ame fenfitive des anciens & de Willis; c’eft elle qui en fe tépandant avec les nerfg dansles parties, les fait vivre de leur vie particuliere, & c’eft l'äffemblage, le con- cours de ces petites vies qui produit la vie générale, Cette fenfbilité eft modifiée dans tous lés organes dans des proportions graduées à l'infini ; dans cera 874 S EC tains , éomme dans la plüpait des glandes ; elle ré: pond très-peu aux irritations méchaniques , & dans certains autres elle s’y trouve concentrée dans un point qui peut pafler pour mathématique ; ou elle ÿ eft dans un degré dé décroiffement auquel 1 induftrie humaine ne fauroit jamais proportionner la ténuité ou la finefle des agens. Ainfi il ne faudroït pas; de ce qu’une partie piquée, déchirée ou brülée dans un animal vivant ne produit aux fens que quelques mou- vemens fans douleur , en conclure que cette partie neft point fenfibie ; voyez la chefe de M. François de Bordeu, de fénfibilitate & contraëilitate &c. Le grand Harvée qui avoit fait fur les animaux un #rand nombre d'expériences, avoit reconnu cette vérité. Il dit expreflément : guidquid enim contra irritamenta & moleflia motibus fuis diverfis nititur , id fenfu prœditum fit necefle eff ; &t peu après : quid- guid enim fenfüs planè expers ef? , non videtur ullo mo- do iritari, aut ad motum aëlionefque aliquas edendas , excitari poffe videtur. Exerciatio 57. pag. 259. & 260. Il eft sûr néanmoins que certaines parties pa- roiflent n’avoir prefque point de fentiment en com- paraifon des grands mouvemens qu’elles exercent naturellement , ou qu’elles font capables d'exercer : mais qu’en conclure , finon que les effets font dans ces cas plus grands que les caufes ? Vous pourriez avec la pointe d’une épingle jetter un animal dans les convulfions. C’eft aufli fur la confidération très-réflé- chie de ces variétés, que M. de Bordeu a donné dans une thèfe, cette belle divifion des fonétions de l'in- dividu , en celles quife font avec un mouvement ma- nifefte & un fentiment obfcur, occulio , comme la circulation & la refpiration , & en celles qui fe font avec un mouvement obfeur & un fentiment manifef- te, telles que celles des fens, foitexternes , foit in- ternes. | … Après cette digreflion que nous avons cru nécef- faire pour l'intelligence du fyftème de M. de Bordeu, nous-allons pañler tout de fuite au méchanifme des fecrétions & des excrétions. . Nous commencerons , en fuivant le plan de lau- teur, par l’excrétion , comme paroïffant plus du ref fort de PAnatomie , &z dont les auteurs n’ont parlé que très-fuccintement. Tous les Phyfolopiftes avoient cru & enfeigné jufqu'ici que les organes fe- crétoires fe vuidoient à proportion qu'ils étoientcom- primés , c’eft-à-dire que l’excrétion étoit l’effet de la comprefhon. Il eft vrai que quelques auteurs avoient parlé de l’irritation , mais d'une maniere vague ; ils ne la regardoient même que comme une caufe fubfi- diaite.Enfin M.de Bordeu démontre par des expérien- ces & des diffettions très-curieufes, que la plüpart des glandes font fituées de maniere à ne pouvoir être comprimées dans aucun cas par les parties environ- nantes ; on {ent en effet quels inconvémiens réfulte- toient de cette compreffion, dont l’endurciflement & le rappetiflement des glandes feroient le moindre, La glande parotide , qu’on alleoue comme l'exemple & la preuve laplus fenfible de cette comprefion , eft à l’abri de tous les agens à lation defquels on veut qu'elle foit expofée. Une légere infpeétion anatomi- que des parties en dit plus que tous les raïfonnemens,; nous remarquerons feulement que l’efpace entre an- gle de la mâchoire & l’éminence maftoide dans le- quel eft logée une grande partie de la glande , aug- mente par l’abaïflement de la mâchoire , ainfi qu’un célebre anatomifte l’a démontré dans lesmémoires de académie des Sciences , & qu’on peut l’éprouver fur foi-même ; à l’épard des mufcles , il n’y a que le mafleter qui mérite quelque attention, non point pat rapport à la glande qui ne porte pas fur ce mufcle autant qu’On pourroit le croire, mais par rapport au conduit de Stenon qui rampe deflus. Enfin la peau qu’on renforcera, fi l’on veut, de quelques fibres du muicle peauçier , eft toujours au même poiat de SEC laxité dans les divers mouvemens dela mächoïre, Les expériences qu'on a faites fur les cadavres pouvant ne pasparoître fuflifantes , en voici fur le vivant. « Un homme avoit fur la peau qui recouvre la pa- » rotide , une tumeur qui la tendoit extrèmement, » &t qui comprimoit certainement la glande ; cepen- » dant il avoit a bouchefeche du côté de la tumeur: » pourquoi, fi la compreflion favorifoit Fexcrétion à » On pria un malade qui falivoit d'appuyer fa tête » fur fa main , après avoir place fon coude fur une » table; la main portoit fur le corps de la parotide , & ÿ nous l’avions placé de façon que le conduit ne fût » pas comprimé ; la falive, loin de fortir avec plus » de force, étoit retenue ». Parcourez les autres organes fecrétoires l’un après l’autre, par-tout vous reconnoîtrez l’impoffbilité de cette aéhon méchanique fur eux, il ny a guere que Les amygdales & quelqu’autres glandes fimples quifoient dans le cas d'exception, c’eft-à-dire qui demandent à être plus oumoins comprimées, toutes ces différen- ces font renfermées dans une divifion des excrétions en aéives, en paflives &ten mixtes , imitée de Stahl. Quelle eft donc la caufe de l’excrétion ? C’eff la vie de l'organe, dont nous parlions plus haut, fa fenfibilité par la préfence des nerfs fon attion propre que certaines circonftances augmentent, comme les irritations , les fecoufles & les difpofitions des vaif- feaux : & ces circonftances ou ces changemens. pa- » rotffent les uns mieux que les autres dans certains » organes , mais ils font néceffaires pour l’excrétion » qui dépend principalement d’une efpece deconvul- » fion, d'état fpafmodique , que nous appellerons » érection ». Par ce dernier terme métaphorique il faut entendre la difpofition d’un organe qui s'apprête à faire l’éreftion, une forte de bourfouflement fin- gulier , ou un furcroit de force qui arrive à l'organe; tel eff Le fpafme des parties qui concourent à l’excré- tion de la femence. Cette expreflion après tout ne doit pas paroître fi étrange ; n’a-t-on pas dit que les trompes de Fallope fe roidifloient , s’érigeotent pour empoigner l’œuf au {ortir des ovaires ? Kufner à vw les papilles nerveufes de la langue s’ériger dans la guftation ; Pére&ior eft donc la difpoñition prépara- toire à l’excrétion d’uneglande, c’eft linfant de fon reveil ; les nerfs étant comme engourdis dans un or- gane relâché, ont befoin d’une nouvelle force qui les excite ; l'organe vit toujours fans doute, mais il Lui faut cette augmentation de vie pour le difpofer à une fonétion. « Ainfi un homme qui fort d’un profond » fommeil a les yeux ouverts pendant un certain » terms, & ne voit pas les objets diftinétement , à- » moins que les rayons de lumiere n’ayent excité, » pour aimnfi dire , &c reveillé fa rétine. On peut aifé- » ment appliquer à l'oreille ce que nous difons de » l'œil. | s » On fent même que dans ce qui regarde le ta& ; » lorgane eft d’abord excité par lafohdité en général, » avant qu'il puifle diftinguer tel ou tel objet. » Il y a dans chaque fenfation particuliere une ef- » pece de fenfation générale, quieft , pour aïnfi par- » ler , une bale fur laquelle les autres fenfations s’é- » tabliflent ». Les changemens qui arrivent à la glande fe com- muniquent encore au conduit {ecrétoire , il s’érige à fontour, de tortueux ou de flafque qu'il éroit ,1lde- vient un canal droit ou roïde , 1l fe redrefle {ur lui- mêmé ens’épanouiflänt ou élaroiffant {es parois pour faciliter la fortie deshumeurs ; 1l en eft de mêmeque des conduits laétiferes qui fe redreffent quelquefois. d'eux-mêmes en lançant de petits jets de laïtau moin dre fpafme procuré aux mamelles par quelques lé- gers chatouillemens | ou par un fentiment volup— tueUx. | : Il faut danç croire que l'irritation , les fecoufles | contribuent Contribuent à augmenter dans l'organe cette vie qui les rend propres à lexcrétion. Un corps folide ap- pliqué fur la langue , mâché ou roulé dans la bouche, produira fans doute par les mêmes moyens l’écoule-: ment de [a falive ; dans la luxation de la mâchoireil en coulera beaucoup encore ; mais dans tout cela on ne voit pas la moindre trace de comprefion ; c'eft toujours à l’aétivité de l'organe à fa fenfibilité qu'il faut s’en tenir comme à la caufe premiere. ou domi- nante ; & onne voit pas comment le célebre M. de Haller a pu reconnoître dans quelques-uns de ces moyens fubfdiaires de quoi infirmer des ptincipes aufüi folidementétablis. . Ce que nous venons de rapporter de l’excrétion a. dû prévenir fur ce que nous avons à dire touchant Le méchanifme dela fécrérion. Cette fon@tion eft encore l'ouvrage des nerfs, ou, pour mieux dire, de lafen- fibihité ; on a même fur cette opinion l’aflertion de quelques auteurs d'un grand nom. La quantité des nerfs qui {e diftribuent à tout le corps glanduleux a furpris les Phyfologiftes êc les Anatomiftes. L’ex- clufion qu'on veutéonner à lathyroïde &au thymus, _ formeroit-elle une fi forte préfomptioncontre ce tyf- tème ? On avoue , & c’efb toujours beaucoup , que quelques nerfs fe répandent fur la thyroïde; on peut donc croire , jufqu'à ce qu'on ait démontré le con- traire , qu'il s’en échappe quelques filets Impercepti- bles dans la fubftance de la glande; qui fufifent pour la vie & lation de Porganes: caraprès tout; cette glande vit comme les autres. Aufurplus, a-t-on bien examiné s'il ne rampe pas encore quelques fibrilles nerveufes dans le tifflu même des vaifleaux ? Cette derniere raïfon,; nous pourrions l’alléouer à l'égard duthymus;ceite mafle elandulenfe, independamment de fon artere:, reçoit-des rameaux de la mammaire interne & de l’intercoftale upérieure ; elle eft ap- puyée fur les oros yaifleaux dela poitrine; voilà qui pourroit fufire danse fostus ; maïs d’ailleurs Ceff:un! organe de la clafferdes pañifs', 1l fe flétrit 8e s’exté- nue tous Les jours, & ja nature femble fe refufer à fa nourriture dans l'adulte: Noise AU: --Cette mobilité ,-cette a@ion-de-la part de chaque Organe {e manifeffent ailément parl'hifoite des mala- cies qui fervent à merveille à découvrir ce que lé q re ; à : OL tat de fanté. ne-fait point appercevoir part l'habitude des différentes façons d’être que les parties prennent entr'elles dans l’état de fanté ; les modifications qu’- elles imprimentawpouls dans tous-les-téms d'irrita- tion oude crifelestrendent-enfintdela derniere ÉVI- dence. loyer POULS. + . C’eft donc toujours uneére@ion un apprèt de la part de la’glande.dansdla Jécrérion comme dans J'ex- crétions lesnerfs reveillés, irritésila tedreflent, és par l’orgaïme qu'ils occafñonnent à fes vaiffeaux ,en font comme un centré particulier qui attire à lui une h de ité .d’hum Tel eff l'effet d’ plus grande quantité UumMeUursS: 01 etelr l'effet d'une ventoufe.….Sicet état :d'irritätion ou def pafme étoit. .pouñié trop loin , il diminueroit Les fécrétions enré- treciffant les vaifieaux., comme cela arrive dansplu- leurs cas..En âTgumentant de-ce rapéss des humetrs vers un-organe)aéluellement en fonétion ;: on voit! qu'on ne fauroit. concevoirle féjour: des humeurs: dans la püpart.des:glandes \telquefe le repréfententt les Phyfologifles; :& l'on eft: porté croire que la Jecrérion & lexcrétion doivent , dans beaucoupiide: circonftances:,:n'être qu'une feûle &'êm efonétion. Dny a qu'à jetterdes yeux firilaipatotide quirné: fourmt jamais plus: de {alive que: lorfau’elle eft:plus: agacée! Où Eté) On a vismou illeridercètte falive juiqu'à trois férviettes dans-un-repasOn ne {auroit: fuppofer que ceSexcrétions excéffives ne foient que! les réfultats-de-plufeurs fécréonsacertiaulées: El ef: tout fimple,, par:céfque nous avons! dit,que tout ôr- ganeirrité fait corpséipart , qu'il fe datisuit > pour Tore XIF, SEC 073 ainf parler, aux dépens des autres; il y aborde une plus grande quantité de fang qu’à Pordinaite , donc la fecrérion en doit être augmentée ; ce font comme plufeurs fécrésions & excrétions ajoutées cOup-fur= coup les unes aux autres dans le même organe, C’eft encore 1c1 le cas de fe fervir de la divifion en a%iyes & en paffives ; dans la fécrérion aëfive l'organe rejette autant d'humeur qu'il en recoit ; dans la paflive cette humeur s’accumule dans le follicule , &Cattend pour en fortir des circonftances qui mettent l'organe en jeu. | Nous voici enfin arrivés à la principale difficulté, . qui confifte À favoir pourquoi la même glande fépare conffamment là même humeur. Cette explication fe léduit du même principe, ceft-dire de la fenfib:. lité , mais de la fenfbilité fpécifique dans chaque or gane ; cette fenfbilité fpécifique opére une efpece de Choïx. « Les parties propres À exciter telle fenfation » pafleront, & les autres feront rejettées ; chaque » glande , chaque orifice aura ; pour ainfi dire, {on »# goût particulier ; tout ce qu'il y aura d'étranger » {era rejetté pour l’ordinaire, » La tenfion que les chatouillemens & les pétites » irritafions proportionnées au ton du nerf procure » ront fera la fécrérien; le fphinéter de chaque orifice » dirigé par des nerfs, pour äinfi parler , attentifs & » infenfbles à tout ce qui ne les reoarde point, ne » * 5 » liflera pañler que cé qui aura donné de bonnes -» preuves, tout fera arrêté, le bon fera pris, & le » Mauvais fera renvoyé ailleurs ». -"Ce goût, cet appétit des Organes étoit connu des anciens , Comme nous l'avons déja obfervé; cette théorie eft” également adoptée par un illuftre écri: vain dans fon ef2iphyfique fur l’économie animale. En efet, chaque partie 4 fon fentiment, fon goût qui lui eft propre , de même que fes averfons : Pémérique , qui ne-fe fait préfque pas fentir fur les yeux, caufe des fenfations très-defagréables , des iritations ex2 traordinairés à l’eflomac,, qui s'efforce fans perte de tems à Le rejetter, tandis qu’il retient > ilattire, il fouhaite, pour ainfi dire, des alimens & même des médicamens analogues à fa fenfbilité : l'huile , que les yeux ne peuvent fupporter , ne fait rien fur l’ef tomac; le chyle eft comme ficé par les vaideaux lac= és , de forte que fon pañlage dans ces vaifleaux ef uñe véritable image de la fécrétion , CE peut-être eft-. ce réellement-là une écrérion, Qu'on 'EXISE pas aus trément de nous une analyfe de cette fenfibilité, de ce goût dans les organes, nous croyons que c’effune chofe inexplicable, & nous nous défons avec un ancien (Dioclès), de ceux qui prétendent tout ex: pliquer ; les phénoments font vrais | & ceta nous luffit. Q'4 Les glandes, avons-nous dit , agiffent pour faire. leur excrétion; mais il éff'des tems où elles n'agif- {ent point , leur aétion eft comme périodique, Quel Ci ques organes attendent encore pour devenir {ecréto:- res, C'eft-à-direpour travailler àla fécrérion , des terns marqués par lanature, Mods: E+ Les ecrérions & les'exerétions peuvent être plus où moins augmentées ou diminuées par l'effet des pat- fons ; iln”y a-qu'à voir ce qui fe pañle chez les mé- lancoliques. Elles font fufpéndues par le fommeil ; par Paëtion de l’opium , &c, Onen füfpend certaines enapiffant fur lésinerf desiparties éloignées de célles dont on veut diminuer Pattion ; maïs c’eft für-tout pañla fièvre quecesfon@ions fontarrétées: pen mé me des maladies terribles produites par ce dérange: ment : de forte que rétablir ou renouveller ces fonce tions, c’eft-là proprement que confifte l’art de guérir. Il arrive encore dés'anomalies ; des bizarreries mêz me dans les /£crérions | comme parsexemple,, le paf fage de Purine dans les slañndes de l’effomac & de la bouche ; il efbvyraiflemblable que ces états contre nat LOL SSsss 876 $ E C ture font caufés par le goût perverti des orgañes, par une indifpoñition finguliere de leurs nerfs, Les excrétions ne font pas un objet moins intéref- fant pour le patricien , toute maladie pouvant étre regardée comme confiftant dans un effort des organes qui travaillent à une excrétion, Les excretions peu- vent être critiques ou non critiques ,. abondantes ou en très-petite quantité ; mais C eft principalement la qualité des matieres qui mérite le plus d'attention par rapport aux pronoitics. L’efet des médicamens eft encore du reffort de la frcrérion & de l'excrétion, il efttoujours fubordonné au fentiment & à la mobilité des organes dont ces médicamens augmentent où diminuent le ton & le jeu ; c’eft d’après ces circonftances qu’un ième re- mede peutdevenirévacuant ou aftringent , Ce. la fa- livation par le mercure dépend des mêmes caufes ; les glandes falivaires font par leur état, leur difpoftion, plus irritées , plus agitées que les autres , c’eft pour- quoi le mercure qui eff fi divifible , fe porte plus vers elles ; mais elles le cedent à un organe dont l’aétivité, Pirritation l’emportent ; ainfi en purgeantheaucoup un malade, les médecins fuppriment la fahivation. Par-là on pourroit encore rendre raifon de la vertu des fpécifiques, pourvu toutefois que fans recourir à des infinuations de particules , à des affinités , &c à mile autres fictions de cette efpece , on confidere qu'il eft des organes qui ont un plus grand départe- ment lesuns que les autres , un influx plus général, une aétion plus étendue & qui en intérefle un grand nombre d’autres. Tel eft, par exemple, l’eflomac, avecle mouyement duquel la marche, le tems, l’or- dre des fécrétions ont un rapport mamifefte ; &c certes il eft plus clair que le jour , que les forces épigaftri- ques font fort employées dans les différentes Jecre- sions, Cet article eff de M. FOUQUET , doûteur en l’uni- verfisé de Médecine de Montpellier , 6 médecin dans la méme ville. SECRETTE,, ff. (Gram.) oraifon que le prêtre dit à la mefle, après l’offerte; elle eft appellée /e- cretre ou de ce que le prêtre [a dit tout bas, ou de ce qu’anciennement les cathécumenes &t les pénitens {e retiroient alors ; dans ce fecond cas, la dénomi- nation de fécrette viendroiït de fécretus , participe du verbe fécernere. SECSIVA , (Géog. mod.) montagne d'Afrique au royaume de Maroc. C’eft une montagnetrès-haute, très-froide , dont le fommet eft toujours couvert de neive , & qui préfente partout des rochers efcarpés Ceux qu l’habitent avec leurs troupeaux n’ont m1 lois, ni juges, n1 culte. [ls vivent fainement & long- tems, (2. J.) SECT AIRE, f. m. (Gram.) celui qui eft attaché à quelque fecte. Il fe prend prefque toujours en mau- vaife part : on dit fe&ateur d’une école de philofo- phie ; un /eéfaire de dogme religieux. . SECTE, 1. f. (Gram. & Théol. ) terme coile@&if qui fe dit de ceux qui fuivent les opinions ou les maximes de quelque doéteur ou maître particulier , foit théologien , foit plulofophe. C’eft en ce fens qu’on a diftingué dans l’ancienne Grece plufeurs fées de philofophes,comme les Pyr- rhoniens , les Epicuriens, les Platoniciens , les Stoï: ciens, &c. & qu'on difingue encore aujourd’hui les Péripateticiens, les Gaflendiftes, les Cartéfiens & les Newtoniens. . I y a aufi en Théologie différens partis oppo- fés, connus fous le nom de Thomifles, Augufliniens , Molinifles & Congruiftes. Voyez chacun deces noms fous leur article particulier. . Le nom latin fééa a la même fignification que le nom grec hærefis , quoiqu'il ne foit pas aufli odieux. Cependant on défigne ordinairement les hérétiques fous le nom de fédaires ; & les héréfies, fous le nom SEC de fe&es. Ainf l'on dit, la féile des Marcionites, deë Manichéens , des Montaniftes ; la fede de Luthet, de Calvin, 6c. & l’on employe plus fréquemment le mot école, en parlant des Théologiens de PEgliferoz “maine, qui font divifés de fentiment; ainfi Pon dit mieux l’école des Thomifles , que la fecte des Tho- rmifles. | L'on connoifloit parmi les Juifs quatre fees par- ticulieres qui fe diftinguoient par la fingularité de leurs pratiques ou de leurs fentimens, & qui demeu- roient unis de communion entre elles &r avec le corps de la nation. Ces feéfes font celles des Phari- fiens, des Saducéens , des Effémiens &c des Héro- diens ; nous avons traité de chacune en particulier, Au commencement du Chriftianifme on vouloit faire pañler la Religion de J. C. pour une fèéke du Judaïfme. On croit que les feékes des Philofophes chez les Grecs ont donné naïffance à celles qu’on vit paroïtre chez les Juifs vers le tems des Macchabées;êr c’eft à la mê- e imitation que dès les premiers tems du Chriftia- nifine, quelques juifs ou payens convertis, voulant rañiner fur les dogmes reçus dans l’Eelife, formerent toutes ces fetes de Gnoftiques & autres fi fréquentes dans l’hiftoire des premiers fiecles. Nousavons donné dans ce Diétionnaire une idée de chaque /eéte | des opinions ou des héréfies qui La caraétérifent fous le nom de chacune ; le lecteur peut y avoir recours pour s’en inftruire , s’il a befoin. SECTE, ( Hiff. Philof. 6 Polir. ) tant de fêcles &c d'opinions faufles, qui {e font perpétuellement fuccé: dées en matiere de religion , loin de nous aigrir, doi- vent nous apprendre à reconnoitre l’imperfe&tion de notre jugement, &c fa foibleffe naturelle ; ce quin’eft pas un leger apprentiflage. Rien ne fit plus de tort à l’état politique du gou- vernement de Juftinien, que le projet qu'il conçut de réduire tous les hommes à une même façon de pen- {er fur les matieres de religion , fur-tout dans des cir- conftances qui rendoient fon zèle entierement in- difcret. | Comme les anciens Romains fortifierent leur em- pire , en y laïffanttoutes fortes de culte ; dans la fuite on le réduifit à rien , en coupant fucceflivement les Jeéles qui ne dominoient pas. . Ces fetes étoient des nations entieres; les unes, après avoir été conquifes par les Romains , conier- voient leyg ancienne religion, comme les famaritains & les juiïs ; les autres s’étoient répandues dans un pays, comme les feétateurs de Montan, dans la Phrygie; les manichéens ; les fabatéens , les ariens, dans d’autres provinces ; outre qu’une grande partie des gens de la campagne étoient encore idolâtres & entêtés d’une r£ligion groffiere comme eux-mê- mes. Juftinien qui détruifit ces fecfes par l'épée ou par fes lois, & qui les obligeant à fe révolter , s’obligea à les exterminer, rendit incultes plufeurs provinces; il crut avoir augmenté le nombre des fideles , xl n’avoit fait que diminuer celui des hommes, Procope nous apprend que par la deftruttion des famaritains , la Paleftine devint deferte, & ce qui end ce fait finguhier , c’eft qu’on affoiblit Pempire par zèle pour la religion du côté par où quelques regnes après , les Arabes pénétrérent pour la dé- truire. L Ce qu'il y a de defefpérant, c’eft que pendant que Pempereur portoit fi loin l’intolérance,, il ne conve- noit pas lui-même avec l’impératrice fur les points les plus effentiels ; il fuivoit Le concile de Chalcédo:- ne , & l’impératrice favorifoit ceux qui y étoient op- pofés, foir qu'ils fuflent de bonne foi, dit Evagre, {oit qu'ils le fiflent à deffein, RAR ET - L'exemple deflrufteur de Juflinien, ne fut que trop imité dans la fuite | les hommes étant toujours portés par eux-mêmes à l’efprit de domination -& d'intolérance. Ce n’étoit pas cependant celui de Pil- pay ,qui.adong-tems repné dans Plnde ; on en ju- gera par ce pañage tout fingulier de fes écrits, que Pachimère traduit au xiy. fecle. » Pai vu toutes les /é&es s’acculer réciproquement » d’impoftures; j'ai vu tous les mages difputer avec » fureur du premier principe & de la dermere fin; » je les ai tous interrogés, & je n'ai vu dans tous » ces chefs de fattion , qu’une opiniâtreté inflexible, » un mépris fuperbe pour les autres , une haine im- # placable. Jai donc réfolu de n’en croire aucun. » Ces:doéteurs en cherchant la vérité , font comme » une femme qui veut faire entrer fon amant par + une porte dérobée, & qui ne peut trouver la clé » de la porte. Les hommes par leurs vaines recher- » ches, reflemblent à celui qui monte fur un arbre, » où 1l y a un peu de miel ; ÊT à peine en a-t-1l man- » gé, que les dragons qui font autour de l’arbre le » dévorent. Effai fur lift. univerf. (D.J.) SECTE DE CENT , (At. moderne.) Woyez Particle CENT. | SECTEUR , f. m. ez Géométrie; c’eft la partie d’un cercle , comprife entre deux rayons & l'arc renfer- mé entre ces rayons. Voyez CERCLE & ARC. Ainfi le triangle mixte. 4CD, (PL, de Géom.fig. 13.) compris entre les rayons AC, CD , & l'arc AD eft un feéleur de cercle. Les géometres démontrent que le./ééfeur d’un cer- cle , comme ACD ,eft éval à un triangle , dont la bafe eft l'arc AD , & la hauteur lé rayon AC. Si du centre commun de deux cercles concentri- ques on tire deux rayons à la circonférence du cer- cleextérieur, les deux arcsirenfermés entreles rayons auront le même rapport que leurscirconférences, & les deux fédleurs feront entreux comme les aires ou les furfaces de leurs cercles. | Pour trouver en nombre l'aire d’un fééeur DCE , le rayon CD du cercle &c l'arc DE étant donnés , 1l faut d'abord trouver un nombte quatrieme. propor- tionel à 100314, & au rayon AC: ce quatrieme proportionel exprimera la demi-circonférence à très- peu près. Voyez CERCLE 6 QUADRATURE. Que l’on cherche alors un autre quatrieme propottionel au nombre 180 , à arc DE & à la démi-circonféren- ce que l’on vient de trouver ; cet autre quatrieme proportionel donnera l’arc DE dans la même me- fure que le rayon AC eft donné : enfin, multipliez Parc DE par le demi-rayon, ce produit eft l’aire du Jfetteur. Les Anglois donnent aufi le nom de /e&eur à ce que l’on appelle en France , compas de proportion. Voyez; COMPAS DE PROPORTION. Chambers. (E) . SECTEUR a/fronomique , eft un inftrument inventé par M. George Graham de la fociété royale de Lon- dres , qui fert à prendre avec beaucoup de facilité les différences d’afcenfion droite & de déclinaifon de deux aftres, qui feroient trop grandes pour être obfervées avec un télefcope immobile. . Le micrometre eft généralement reconnu pour linftrument le plus exaét, & le plus propre à déter- muiner le lieu d'une planete ou d’une comete ; quand elles font aflez près d’une étoile connue; ce qui fe fait en prenant les différences de leur afcenfion droi- te, & de leur déclinaifon à celles de l'étoile. Mais ceci étant fouvent impraticable à caufe du grand nombre d’efpaces du ciel, qui font entierement vui- des d'étoiles, dont les lieux foient connus ; on eft obligé d’avoir recours à des fe&ans ou des quarts de cercles mobiles armés de télefcopes, pour prendre des diftances plus grandes que celles qu’on peut pren- dre avec un micrometre. Or fans parler de ce qu’il en coûte, nm de la difficulté d’avoir des inftrumens de cette efpece ; 1l eft évident qu’il eft peu für, & fort Tome XI, SEC 577 difficile dé s’en fervir, furtout par l’embarras où font les obfervateuts , pour faire correfbondre au même inftant leurs obfervations à chaque télefcope , tandis que cet inftrument fuit le mouvement diurne des cieux. Le fééleur aflronomique remédie tous ces incon- . véniens, & c’eft une obligation de plus que les af- tronomes ont à M. Graham, qui leur a rendu de fi grands fervices par les excellens inftrumens qu'il a inventés. Avant d’entrer dans le détail de fes par- ties, nous en donnerons une idée générale, afin qu’ on.en conçoive mieux l’ufage & l'application. Cet infirument ( fg. PL d’Afironom.) eft compofé 1°. d'un axe FI , mobile fur fes pivots 4 & I, & fitué paral lelement à l'axe de la terre ; 2°, d'un arc de cercle 4B contenant ro ou 12 degrés , ayant pour rayon la plaque C2 tellement fixée au milieu de l’axe #7, que le plan du fé&eur eft toujours pa- rallele à cetaxe,, qui étant lui-même parallele à l'axe de la terre ; détermine le plan du fééeur à être tou- jours parallele celui de quelque cercle horaire ; & 3°. d'un télefcope CÆ, dont la ligne de vue eft par rallele au plan du rayon CD , & qui, en tournant la vis G, fe meut autour du centre c de l'arc 42, d’un bout à l’autre de cet arc. Pour obferver avec cet inftrument, onle toutneta tout entier autour de l'axe Æ7, jufqu’à ce que fon plan {oit dirigé fucceffivement à l’une &c à l’autre des étoiles que l’on veut obferver. Enfuite on f5ra mou: voit le Jeëfeur autour du point F, de façon que Paré A B étant fixe, puifle prendre les deux-étoiles dans léur paflage par ion plan ; pourvi, comme il eft évis denr,, que la différence de jeurs déclinaifons ne fars pañle pas l'arc 4 2. Alors ayant fixé le plan du fécs zur un peu à Foueft des deux étoiles, on tournera lé télefcope c £ , au moyen de la vis G, & on 6bfervez ra avec une pendule le rems du pañlage de chacuné des etoiles par les fils tranfverfes, & les degrés & les minutes marqués par l'index fur l’arc 4:8., à chaz que pañlage. La différence des arcs fera la différence des déclinaïfons des deux étoiles , & celle-des temè donnera la différence de leur afcenfion droite. Dejcription des principales parties de l'inflrumert. Sur une des faces d'un axe de fer quarré W1F, fr. & près de fon extrémité fupérieure, eft attachée une large plaque de laiton ze, circulaire & fort éparie, Sur cette plaque eft adaptée une croix de laiton X L MN, qui tourne au moyen d’une chatniere, ou plus tôt d’un ajuftement dont nous parlerons plus bas, au- tour du centre Æ. Aux deux bouts de la branche 44 N, s’élevent deux barres perpendiculaires O & Tu dont les extrémités s’atrachent par le moyen des vis de, au dos du rayon CD, qui eft renforcé d’un bout à l'autre par une longue plaque de laiton, poiéé fur le champ comme on le voit dans la figure. Les barres O & P n’ont d’autre longueur que celle qu’il leur faut pour que le féékur A BC tourne autour d’'F : fans toucher à la plaque circulaire QR, fixée à la bafe fupérieure du cylindre de cuivre Z. L’axe de fer AI F pañle par un trou quarré percé au milieu du cylindre & de la plaque, & y eft attaché fermement. ST, figure repréfente une longue bande de laiton très-forte, & ayant deux petites plaques 7X & F T., élevées perpendiculairement. La plaque $ T étant fituée {elon fa longueur parallélement à l'axe de la terre, & étant fixement arrêtée dans cette poñition fur un piédeftal, ou de quelque autre maniere x tranfportez-y l'axe 1, & placezle trou conique en 7, fur la pointe d’une vis en F, & le cylindre 7 dans l’entaille ZX, dont les côtés parallèles ZX l’em- braflent, tandis qu'il s’appuie fur les extrémités d’u- ne cavité angulaire, fittée au fond de l’entaille Ze Par ce moyen tout l’inftrument tournera avec beau coup de précifion autour d'une même ligne imagi SSsssi ù 878 SEC naire. La figure repréfente une feétion de tout Pin- ftrument, faite par un plan pañlant à angles droits par de rayon CD , par la bande qui le fortiñie, & par Pa- xe HI & fon fupportS F. On fuppofe dans cette fec- tion le Jééeur tourné autour dF » Jufqu’à ce que le rayon © D devienre parallele à Vaxe H1.Ona con- fervé aux différentes parties de l’inftrument, les mê- mes lettres que dans les autres figures , afin qu’on les diflingue mieux. Va Les branches O & P ont deux fentes au milieu de leurs extrémités, pour recevoir le bord de la bande CD. La plaque circulaire «c eft fixée à l'axe par Les vis hi fur la verge de laiton g% viflée; fur Paxe 47 glife une balle de cuivre /7, que Von fixe par une vis #7, à une diffance convenable pour contrebalan- -cér le poids du feéteur & du téleicope, placés fur Je <ôté oppofé de l'axe. Au haut du fupport ST, il y a un fenon zoparstu, dont la cavité 210pq reçoit Ja plaque circulaire Q À. L'extrémitépg d’une plaque qui fait reflort pq, eft fixée par une vis r à l’inté- rieur dela plaque fupérieure rs, penflant que fon au- tre extrémité p, en tournant la tète de la vis s, prefle fur le cercle Q. Pour empêcher cette prefion de changerle plan du cercle Q À, &c conféquemment la poñtion de l’axe H1,le tenon z0pg a la liberté de Céder ,.ou' de tourner fur les extrémités de deux vis qui entrent dans des trous comiques, fitués dans les bords oppofés de la plaque inférieure 70. On voit une de ces vis en 7, &t la piece fixe dans laquelleel- les fe viffent eft repréfentée féparement & en plein enzxyz;zzg étant les points fur lefquels le tenon tourne, par ce moyen la mème vis en f fait que la plaque fupérieure &c l’inférieure du tenon r0pg, compriment le cercle Q uniformément. Un tenon femblable eft attaché à la branche O, afin de prefler e cercle 4c & la plaque tranfverfe M N , l'un contre Pautre, de façon que le /céfeur refte fixe dans une po- fition quelconque. La charniere oulajuftementenF, dont il a été fait mention plus haut , ne confifte qu’en une goupille cylindrique qui pafle par les plaques M N,ac. La tête plate de la goupille eft fixée par trois ne POLE eee, ee petites vis à la plaque MN, &r à l’autre extrémité de cette goupille eft attachée, au moyen d’une vis qui fe vifle dans la goupille ,une plaque circulaire qui fait reflort, L’ajuitement du point € ef fait de la même façon, La figure repréfente la difpofition & la conftruc- tion des pieces-qui fervent à faire mouvoir le télef- cope , en tournant la tête de la vis 3. Les pieces prin- -Cipales font [a vis gab, une piece 27, au-travers de laquelle elle pañle, & la piece Lej, où eft l’écrou dans lequel entre la vis. La piece 12 et une efpece d’aif- feu fort court, percé d’un trou pour laïfer pañler la vis. Cet axe ou aifheu, pofé perpendiculairement au limbe, eft retenu dans cette pofition par un coq x. Il eft mobile autour de fes pivots #7, afin que la vis obéïfle au petit mouvement angulaire qu’elle eft obli- gée d’avoir néceflairement, l’écroucfe mouvant dans un arc de cercle. Cet écrou c a ure partie quitraver- fant l’entaille circulaire de, eft reçue dans un trou fait à la plaque du vernerus, de façon qu’elle fait corps avec lui, quoiqu’elle puifle tourner dans ce trou. Or cette plaque étant fixée par une de {es ex- trémités au télefcope, 1l s'enfuit qu’en tournant l’é- crou d’un fens ou de l’autre, on fera mouvoir le té- lefcope en avant ou en arriere; » & : font les têtes de deux vis dont les tiges paflent tout à la fois au- travers d’une plaque qui fait reflort (pour rendre le mouvement uniforme ) d, au-travers de l’entaille de, pour aller{e viffer dans la plaque du vernerus. La longue vis gab porte de chaque côté de l’axe mn, deux efpeces de viroles qui lui fervent comme de parties ou d’épaulemens pour l'empêcher d’avan- (AE. rom. ) Augufte charmé de voir que fuivant fes défirs , cette tourbe pieufe lui réfervoit la gloire de célébrer une fi grande fête , appuyala découverte des pontifes du poids de fes édits, &c chargea Horace de compo- fer l'hymne fécuaire, qui devoit fe chanter en pré* fence de l’empereur, du peuple , du fénat & des pré: tres, au nom de tout l'empire, Le poëte en homme de cout, n’oublia pas le fiecle de cent dix ans, « Qu’après dix fois onze années , » dit-1l, le fiecleramene ces chants & ces jeux {o= » lemnels pendant trois jours & trois nuits ; comme # nous faifons aujourd’hui ». Certus undenos decies per annos Orbis ut cansus, referatque Ludos Ter die claro, totiefque £gratà Noééeque frequentes. Cependant les fuccefleurs d’Auguite n’obferverent point l’efpace de tems qu'il avoit fixé pour la célé- Pration de ces jeux. Claude les folemnifa 64 ans ] 5 4 après l’an de Rome 800. Domitien 40 ans après Clau: de, en fit repréfenter de nouveaux » auxquels Ta= cite eut part en qualité de quindecimvir où de prètre fbyllin, ainf qu'il le témoigne lui-même dans {es Tome XI, anñalès, Z. XT, 6, x. L'émperéur Severe aevorda le fheétacle de ces jeux pour la huitieme fois, tt0 ans après Domitien ; & par conféquent Pan 950 dé Rome: L'an 1000 de la fondation de cette ville 3 Philippe le pere donna au peuple les plus magnifiques Jeux fécélaires qu’on eut encore vus. Confiantin ñé les fit point célébrer l’année qu'il fut conful aveë Licinius pour la troifieme fois » l'an de J. Cr 353: Mais l’empereur Honorius ayant recu la nouvelle dé la vidoire de Stilicon fur Âlaric, permit à tous les payens de célébrer encore les Jeux féclaires | qui furent les derniers dont païle lhiftoire, Zofime qu£ nous a donné la plus ample defcription qu’on.ait des Jtux féculaires | attribue la décadence de l'empire qu’à la népligence qu'eurent les Romains de célébres exattement. ie le A Je connoïs deux traités des modernes far les Jeux dont nous parlons ; l’un par le P. Tafin, & l’autre infiniment meilleur par Onuphrius Pamvinius, On peut y recourir. { Le Chevalier DE Jawcorwr Tr.) SÉCULARISATION, £ £. (Gram. € Jurifpr.) eft l'action de rendre féculier un religieux , un bénéfice où lieu qui étoit régulier. | Pour parvenir à la Jécularifation d’un religieux sf il faut obtenir un bref du pape, qu'on appelle bref dé Jécularifation. On ne doit point fécularifer les morafteres fi lé religieux , fans des raifons importantes, & fans avoit obtenu à cet effet un brevet du fO1; qui pérmet de demander au pape la Jécularifarion: Les bulles de Jécularifation doivent être communi: quées à l’évêque du lieu > ävant d’être fulminées ; il faut enfuite qu’elles foient revêtues de lettres-paten= tes, & regiftrées au parlement, 7: Oÿez les mémoires dé clergé, rome IV. ( 4) SÉCULARISATION, CR. mod. Poli.) dans le tems que les dogmes de Luther & des réformateurs eurent été adoptés par un grand nombre de princes d’Alle- magne ;, un de leurs premiers foins fut de s'emparer des biens des évêques, des abbés & des moines, qu£ étoient fitués dans leurs états. L'empereur Charles2 Quint n’ayant pu venir à bout de réduire les Protef: fans, n1 de faire reftituer À l'Eglife les biens qui en avoient été démembrés ; (AfÉ d’aveir fait une guerre longue & fans fuccès > il convint que chacun des princes proteftans demeureroit en poffeflion des ter res eccléfiaftiques dont il s’étoit emparé, & que ces biens feroient Jécularifés , Ceft-à-dire Ôtés aux gens Pre ; ‘ D d'éghie. L’Allemagne äyant été déchirée. par une guerre de 30 ans fous les tégnes de Ferdinand IL, & de fes fucceffeurs, On fut encore obligé de recourir à des Jécalarifations , POur fatisfaire les parties belli= gérantes ; en conféquence par le traité de Weftpha= lie qui rendit la paix à l'Allemagne, on Jécularifa un grand nombte d’évêchés & d’äbbayes en faveur de plufieurs princes proteftans > Gui ont coñtinué À Jouié de ces biens jufqw’à ce jour, malgré les proteftations des papes qui ne vouloient point donner les mains à de pareils arrangemens. La L Les immenfes reÿenus que pofledent un grand nombre d’évêchés & d'abbayes d'Allemagne, four= nifloienit une maniere facile de terminer les difputes fanglantes qi déchitént fouvent les princes & les états féculiers dont le Corps germanique eft compoés Il feroit à defirer que l'ont eût recours À la fécularifas ton pour tirer des mains des eccléfiaftiques , des biens que lishorance & la füperftition ont fait autre. fois prodiguér à des hommes, que la ptiffänce & la grandeur temporelles détournent des fonéions du miniftere facré, auxquels ils fe doivent tout eritierss SÉCULARISÉ » Cf (Gram. & Jurifprud.) fe dif. de ce qui eft rendu au fecle : un moine Jécularife ; eft celui qui eft reftitué contre fes vœux , & remis dans + + ft ETiEtE 384 $S E C fon premier état. Une éghfeou maifon fécutarifre; et celle à laquelle on a Ôté le caraétere d’églife ou mat- fon réguliere, en transférant ailleurs les réguliers qui y étoient attachés, ou en les fécularifant, Voyez SÉCULARISATION. (4) , SÉCULIER , f. m. ( Gram. 6 Jurifprud. ) fe dit de tout ce qui appartient au fiecle , c’eft-à-dire à létat civil & politique. Un féculier eft toute perfonne qui n’eft point enga- gée dans l’état de régulier; on entend quelquefois D A 1 , : 2 par-là un laic : un prétre féculier, eft celui qui n’eft ni religieux ni chanoine régulier. Un bénéfice féculier , eft celui qui n’eft point affeété à des réguliers. Voyez BÉNÉFICE. Le bras féculier , «’eft la puiffance de Ja juftice temporelle. De même la jurifdiéion féculiere , eft Ja juitice temporelle ; on la nomme ainfi par oppofñtion à la jurifdiétion eccléfiaftique. (4 ) SECULUM, ( Liviérat.) ce mot qui figniñe f'ecle, eft fort commun dans les auteurs. Il comprend l'ef- pace de cent ans entiers , felon Feftus. Servius re- marque que le fécle eft aufli pris pour l’efpace de trente ans, quelquefois pour cent dix ans, ët quel- quefois pour mille. Les anciens ont divié les tems en quatre âges, qu'ils ont appellé le fec/e d'or, qu'ils ont attribué au regne de Saturne; le ffecle d'argent, à celui de Jupiter ; les féec/es d’airain &t de fer, {ous lefquels on comprend le préfent f£ecle. Foyez à cha- que article , la peinture de ces quatre féecles. (D. J.) SECUND ANT ,( Géog. anc.) peuple de la Gaule. Pline, Z. 111, c. iv, les met dans les terres , &c leur donne la ville d’'Aranfo ; ce font donc les habitars de la ville d'Orange. ( D. J.) SECUNDARIUS , ADIUTOR ,; MONITOR , ( Littérar. ) ces trois mots font empruntés du théatre des Romains , & défignoient trois fortes d’aéteurs différens. Secundarius étoit un fous-aéteur qui fecun- das ferebat partes. Adjutor étoit comme un fuppléant qui aidoit tout ateur , ou de la voix dans la décla- mation , ou du gefte dans les mimes. Le monitor, ou comme nous difons le fouflleur , étoit chargé de foufler aux aéteurs en cas que la mémoire vint à leur manquer. Térence parle du zomitor dans l’'Héau- tontimorumenos. Quoiquela@teurnommé /écundarius jouât{eulement les feconds ou les troïfiemes rôles ; 1l étoit fouvent meilleur aéteur que celui qui faïoit les premiers rôles ; mais il avoit foin de cacher fon habileté, & de jouer de maniere qu’il faïfoit toujours briller Pac- teur chargé du premier rôle. C’eff ce que Eicéron nous apprend dans fon traité de la divination , /e&. XV.« Allienus, dit-1l, rabaïflera fon éloquence pour » VOUS faire paroître, comme nous voyons parmi »# les aîteurs des pieces grecques , que ceux qui ont » les feconds ou les troifiemes rôles , quoiqu’ils puif- » fent mieux jouer que celui qui ale premier, jouent # pourtant moins bien, afin que le principal aéteur # ait la prééminence ». L’adjutor ne jouoit proprement ni les premiers ni les feconds rôles ; mais il aidoit de la voix ou du gefte ceux qui les jouoient. Phèdre dit dans la fable V, du Liv. V. Ta fcenä vero poflquam folus confhur Sine apparatu , nullis adjutoribus. L’atteur nommé adjutor, s’appelloit aufli quelque- fois kypocrites. (D. J.) -SECUNDIENS , adj. (Gram. hiffecc lefrafr.) anciens hérétiques enoftiques, qui ont été ainfi appellés de Secundus kur chef. | SECURICULA, ( Archir. rom.) queue d’aronde ; d’'hironde ou d’hirondelle ; c’eft une maniere de tail ler le bois ou de limer le fer, en l’élargiflant par le bout pour l’emboëter , le joindre ; & en faire des aflemblages ; Les clefs de bois ou tenons qui avoient cette figure , fe nommoient auffi fecuricule. (D. J.) SÉCÜRIDACA , f. f. (Hifi. nat. Bot.) genre de plante à fleur papilionacée. Le piftil fort du calice, & devient dans la fuite une filique droite applatie, divifée par anneaux, & articulée ; chaque article renferme une femence rhomboïdale & échancrée fur le côté intérieur. Tournefort , nf. rez herb. Voyez PLANTE. SECURI-DII, (Mythol.) on trouve dans une inf cription fécuris dis, ce qui doit s'entendre aétive- ment pour les dieux qui procurent la fécurité , plutôt que pour ceux qui font en furete. (D. J.) SÉCURITÉ, £ f. (Gram.) confiance bien ou mal fondée, qu’on eft à l'abri de tout péril. Je vis dans une entiere fécuriré. I] n’y a point de fécurité pour les méchans. Les efforts qu’on fait pour conferver la fé- curité dans le crime, font inutiles; il faudroït pouvoir devenir enragé ou fou. SÉCURITÉ DE PAIX , terme de Jurif prudence angloi- fe, eft une commiffion adreffée au fchérif, en faveur de ceux qui font menacés de mort ou de quelque ac- cident , contre les perfonnes qui leur font ces mena- ces; elle émane de la chancellerie. Voyez SOHERIF. SECUS , ( Aftron. & Jurifpr.) ce mot ef latin; 1} fignifie au conraire où à contre-fèns. On s’en fert en françois dans les calculs aftronomiques, Si Fon veut favoir quelle heure il eft, dans quelque ville du mon- de que ce foit, lorfqu’il eft midi à Paris; prenez une table de la différence des méridiens, & fi la ville en queftion eft plus orientale que Paris , Ôtez la diffé- rence de midi, c’eft-à-dire de douze heures , le ref- tant fera l'heure qu'il eft dans cette ville, Secus, fi la ville en queftion eft plus occidentale, c’eft-à-dire, qu’il faut ajouter la différence à midi. Ce terme eft auf fort ufté dans les auteurs de droit. (D.J.) SECUSSE , (Géog. anc.) peuples des Alpes. Pline, L, IIL, c. xx. dit qu'ils habitoient depuis la ville de Pola , jufaw’à la contrée de T'ergefte, c’eft-à-dire en Iftrie , depuis Pola jufqu’à Triefte. (D. J.) SECUTEURS, fm. pl. (Hiff. anc.) c’étoit anciens nementune efpece de gladiateurs parmiles Romains, qui combattoient contre lesrétiaires, voyez GLADIA- TEUR. Ce mot eft formé du verbe Jéqui, fuivre , à caufe que les fécuteurs avoïent coutume de pourfui- vre les rétiaires. Les Jécureurs portoient une épée &c un bouclier pour fe garantir des filets & des nœuds coulans, dont leurs antagoniites étoient armés ; ils avoient aufh le cafque en tête. Quelques-uns confondent les Jecu- teurs avec les mirmillons, parce que les uns & les autres avoient à-peu-près les mêmes armes. Le nom de fécuteurs étoit aufñi donné à ces gladia- teurs qui prenoient la place de ceux qui étoient tués dans le combat , ou qui combattoient le vainqueur, ce dangereux honneur étoit tiré au fort. Dans les anciennes infcriptions on trouve auffi fe- cutor tribuni, fecutor ducis, fecutor Cæfaris,&te. c’étoient des officiers qui accompagnoient les tribuns & les énéraux , femblables peut-être à nos aides de camp. SEDAN , (Geog. mod.) ville de France, en Cham- pagne , frontiere du Luxembourg , fur la droite de la Meufe, à 12 lieues au fud-eft de Charlemont, à 18 de Luxembourg, & à 56 de Paris. Comme cette ville eft une place très-importante, & une des clés du royaume, fes anciennes fortifica- tions ont été augmentées par d’autres plus confidé-. tables , & en particulier par un château à 4 grands baftions, avec un arfenal, La ville a un préfidial dont _lPéténdue eft médiocre, une éle&tion , un féminaire établi en 1681, & un college de jéfuites , fondé en 1673 ; les draps qu’on fabrique dans cette ville, fous le nom de Pagnon & de Rouleau , font très-eftimés, & contribuent beaucoup à la fubfftance des habr- tans. Le roi a établi à Sedaz , un gouverneur , un lieutenant de la ville , un du château, &t un maire, Long. 22.3 6. lat. 49. 43. - Sedan a eu autrefois des feigneurs particuliers, | entre lefquels ceux qui poffédoient cette principauté avant l’an 1642, étoient princes fouverains , ne re- ‘levant ni de l’empereur , n1 du roi de France. Mais depuis que Fréderic-Maurice, duc de Bouillon, pere de M. de Turenne, l’eut cedée à Louis XIIT, contre d’autres terres dépendantes de la couronne, Ja di- gnité de prince de Sedar qu'il fe réferva dans le trat- té, ne devint plus qu'un vain titre, qui donnoït {eu- lement au duc un certain rang parmi les illufires maifons de France, avec quelques autres foibles mar- ques d'honneur ; enforte que la maïifon de Bouillon a perdu dans ce traité fon plus beau fleuron, fans ef- poir de retour. Drelincourt (Charles ) fameux miniftre de l’églhife: calvinifte, eft né à Sedan en 1585, & mourut à Pa- ris en 1669. ILs’acquit une grande réputation pat fon favoir, & laifla des ouvrages de piété ; qu'on débite ‘également dans lune & dans l'autre religion. Tel eft par exemple, fon livre contre les frayeurs de la mort. Son fils Charles fe diftingua dans la Médecine , fut appellé profeffeur dans cette fcience à Leyde, & y finit fes jours en 1697. C’eft dans le château de Sedan que M. de Turen- ñe vint au monde en 1611, & c’eft un boulet de ca- non qui trancha fes jours en 1675. Cette même an- née vit finir la carriere des trois plus grands géné- taux de l'Europe. M, de Turenne fut tué, M. le Prin- ce fe retira, & M. de Montecuculli fuivit {on exem- ple, difant qu’un homme qui avoit eu l'honneur de _combattre contre Mahomet Coprogli, contre M. le Prince, & contre M. de Turenne, ne devoit pas. compromettre {a gloire contre des gens qui commen- coïient à commander les armées, Louis XI V. fit proni tement huit nouveaux maréchaux de France, MM. d’Eftrades , le duc de Noailles, le comte de | Schomberg , le duc de Duras, le duc de Vivonne, le duc de la Feuillade , le duc de Luxembourg & le marquis de Rochefort. Madame Cormuel dutoit de cette promotion, que c’étoit la monnoie de M. de Turenne. Henaulr. (D.J.) | SÉDANOISE , £ f. (fonder. de carait.) la fédanoi- fe eft la plus petite lettre que l’on emploie dans lim- prefhion des livres. Quelques-uns l’appellent la pari- f£enne, &t c’eft ainfi qu'elle eft nommée dans les ef- fais des caraéteres fondus pour Pimprimerie royale, On croit communément qu'on l'appelle féZaroife, parce qu’on a commencé à s’en fervir dans les édi- tions de Sedan ; mais le nom de parifienne qu’on lui donne , femble faire douter de cette premiere origi- ne. Voyez CARACTERES D'IMPRIMERIE. (D. J.) SEDATIFS , adj. ( Médecine. ) remedes qui arré- tent &7 calment les mouvemens excefhfs & déreglés des folides & des fluides. Les facultés de ces reme- des font fort étendues, on les réduit pour cette rai- fon à différentes efpeces qui font : 1°. les parégori- ques, qui relâchent doucement & ramolliflent les &- bres trop roides | & en même tems émouffent l’acri- monie ; 2°, les anodins;. qui adouciflent la violence des douleurs ; 3°. les antifpafmodiques, qui dimi- nuent & relâchent les contraëtions fpafmodiques ; 4°. les hypnotiques, qui procurent le fommeil; 5°. les narcotiques, qui caufent une ftupeur & un engour- diflement fenñble, qui ôtent pour quelque tems le mouvement & même fufpendent les fenfations. La vertu calmante, générale & fpéciale fe trouve Tome XIP, ‘général. ÉD ss" dans différens ferñedes tirés du regne véoétal &z mis néral, tant fimples que compofés: Les principaux font les racines de guimauve , deñnimphæa, de valé: tiane, de pivoine, la morelle , la joubarbe , les fe< _mences de graine de lin, d'herbe aux puces, de coings. Les fleurs de tilleul, de camomiile,d’armoife,de mé, hlot, de fénugrec ; tous cès remedes {ont /édaifs en Mais parmi les remedestirés desvégétaux, le prime cipal eft l’opium & toutes fes préparations galénia ques &c chimiques, Voyez Orium. | Parmi les minéraux font le fel fédesf d'Homberg, préparé avec letborax & lhuilé de vitriol, les tein- tures antithptifiques , la liqueur anodine minérale d’'Hoffiman ; mais Les fédarifs font rarement employés dans toutes fortes de douleurs. Voyez CALMANS, ANTISPASMODIQUES , NARCOTIQUES. SEDEH , f. m. rerme de relation ; fête célébre des anciens Perfans. À cette fête ils allumoient de grands feux pendant la nuit, êc faifoient en même tems des feftins & des danfes. Les Arabes appellent cette fête la auit des feux. (D.J.) SEDENETTE, Voyez MuLaAR. SEDENTAIRE, adj. ( Gram.) qui eft ordinaire: ment afls, renfermé, & en repos. On dit que la vie fédentaire des gens delettres, les expofe à des ma: ladies particuhieres à leur état. Ce fur Philippe de Valois qui rendit le parlement édensaire À Paris ; il ÿ a des rits qu’on appelle fédentaires, SEDER-OLAM , ( Belles-lerrres. ) en philologie c’eft un terme hébreu, qui fignifie littéralement or= dre du monde : c’eft le titre de deux chroniques dans cette Bngue, Elles iont toutes deux très-courtes, quoique l’une le foit beaucoup plus que Pautre ; c’eft pourquoi l’une eit appellée /éder-olam rabba, c’elt-à-dire /a grande chronique ; 6t l’autre, féder-olam qura , ce qui veut di- re Ja petite chronique. Le Jéder-olam-rabba commence à la création du monde, & s'étend juiqu'à la guerre du faux meffie Barchochebas , fous Adrien , cinquante - deux ans |: après la deftruétion du temple de Jérufalem, & par conféquent , la cent vingt-deuxieme année de jefus- Chrift. Tout cela eft prefque entierement tiré de lEcriture, excepté la fin; c’eft ouvrage de R. Jofa, fils de Chilpheta de Tfippota , qui vivoit dans le {e- cond fiecle, environ lan 130 , & qui fut maître du fameux KR, Juda Hakkadofch, qui a compilé la | Michna. Le feder-olam-quta, eftrun abregé du premier , if defcend jufqu'à Mar Sutra, qui vivoit 450 ans après la deftruéhon, du temple, ou 322 ans après Jelus- Chrift. Morin, toujours porté à diminuer l'antiquité des principaux livres des juifs , tâche de prouver qu'il a été écrit vers l’an 1124 de Jefus-Chrift, comme il. eft exprimé en effet an commencement de ce livre ; mais R, Dav. Gants a renverfé cette opinion dans fon. Tjemahh David ; il a fait voir que la date qui eft au commencement , eft une vraie falification. | Ces deux chronologies furent imprimées d’abord à Mantoueen 1514 ,17-4°, à Bafle, par Frobenius en1580 ,22-8°, à Vente, en1545,12-4°, à Paris, avec une traduétion latine de Genebrard ; 27-12, El: les ont été réimprimées depuis à Amiterdam en 171 r. SEDIMENT , fm, ( Med, Chim. Pharm.) partie terreître qui fe dépofe dans Les urines ; il eft compo fé de différentes parties élémentaires, qui font la terre, la mucofité, & la partie huileufe la plus crafle, qui n'étant point fufceptble de divifñon, & ayant d’ailleurs trop de pefanteur , fe précipite avec les autres parties au fond du liquide ; mais ce fédiment ne paroît que lorfque Purine eft repolée ; çar tant qu'elle eft dans fon état de chaleur & de mouve- ment , tous fes principes reftent divifés, étendus , ETttty _SED 8 fupendus dans la liqueur. C’eft pour cela que Îe HU | fédiment ne paroit point durs Purine tant qu’elle eft * chaude. : ” Ce fédimentfert à prognoftiquer l’état des reins & des premieres voies ; cependan il ne fert pas beau- coup , tant que l'on confidere l'urine feute, il fuft icique la meïlleure facon d'examiner Î u- fon fédiment, €ft de la mettre dans fe même degré de chaleur que celle où elle eft dans la veihe lans les couloirs qui lui font propres, SÉDITIEUX , Lim. SÉDITION , { £. ( Gram. Gouv. ) la fédition eft un trouble, une divifion ; une émotion, une révolte, bien ou al fondée dans un gouvernement. One On donne en général le nom de fédirion, atoutes les grandes affemblées qui fe font fans la permifiion des magiftrats, ou contre l'autorité des magiftrats , ou desceux quis'attribuent cette autorité. Athalie ëc Jézabel étoient bien plus près de crier à la trahtfon que David, ét nous n'en citerons point d’autres exemples. | I feroit inutile de chercher un gouvernement dont la conftitution foit telle, qu’on puifle s’afluter qu'il ne fera point expolé à des fédirions, des troubles &z des guerres civiles. Quelque grands que foient ces nalheurs, la félicité oppotée nous eft refufée dans cette vie, & nous n’en jouirons que dans l’autre, Lesédirions , les troubles, les guerres civiles , proviennent d'erfeur , de malice , de caufes juftes ouinjuftes ; elles proviennent d’erreur lorfqu'un peu- ple croit qu’on fui a fait du mal, ou qu'ona eudeffein de jui en faire, quoiqw'on n’ÿ ait pas feulgment penfé, ou lorfqu'il regarde comme un mal ce qu'on lui a fait , quoi qu'effeétivement ce ne foit pas un mal. Les états les mieux reglés peuvent quelquefois tom- ber dans ces fortes d'erreurs. Les Romains jaloux d'une liberté nouvellement récouvrée , s'imaginerent que Valérius Publicola afpiroit à la royauté, lorfqu'ils virent qu'il faifoit bâtir une maïfon dans une place qui fembloit trop éminente pour un particulier, di Les Lacédémoniens ne foupçonnerent pas moïns la conduite de Lycurgue, &tun jeune libertin, dans une fédirion, fut aflez téméraire pour lui crever un œil; mais jamais peuple n’a témoigné tant d'amour ni de refpeét à de bons citoyens, queles Romains & les Lacédémoniens entémoignerent à ces grands hom- mes, lorfau’ils connurent que leurs foupçons étorent mal fondés. Quelquefois les faits font véritables , mais le peuple les explique d'une maniere oppofée à linten- tion qu’on a eue. Lorfqu’on eut chaflé les Tarquins, les patriciens retinrent pour eux-mêmes Les principa- les charges de la magifrature ; mais ce ne fut jamais leur deffein de rétablir les rois fur le trône, nune oligarchie entre eux, comme Les families populaires fe limaginoient ; auffi elles ne fe furent pas plutôtap- percues de leur erreur, que toute leur colere s’éva- nouit: & ces mêmes perfonnes , qui fembloient ne méditer pas moins que la ruine entiere de toutes Les familles patriciennes, fe calmerent tout-d’un-coup. Ménénius Agrippa appaifa une des plus violentes éditions qui feloit élevée dans la république romai- ne, en propofent au peuple la fable des différens membres du corps humain, qui faïfoient des plaintes contre le ventre ; & la plus dangereufe de toutes fut étouffée , aufñi-tÔôt qu’on eut accordéà ce peuple des tribuns pour le protéper. Quelques jeunes patriciens avoient favorifé les décemvirs , & il y en avoit d’autres du même corps, qui ne vouloient pas fe déclarer ouvertement con- tre eux; il n’en fallut pas davantage pour faire croi- re au peuple qu'ils avoient tous confpiré avec ces nouveaux tyrans; mais Valerius &Horatius s'étant SREMPS nus À la tête de ceux qui cherchoient à détrurecet- | te nouvelle tyrannie, il reconaut bientôt fon erreur, êx regarda les patriciens comine les plus zélés défen: feurs de fa liberté; & ire, dit Tite-Live, auram li- bercatis capture, undè fervitutem timuiffent. ne CI Les gouvernemens démocratiques font fujets à ces, _ fortes d'erreurs; elles font rares dans les ariftocra- ties, & nous n’en avons point d'exemples parmi les Lacédémoniens , depuis l’établiflement des lois de Lycurgue; mais il femble.que Les monarcties abfo- . lues en foient tout-à-fait exemptes. On diffimule, &z on nie fouvent le mal qu’on a deflein de faire, juf- qu'à ce qu'il ne foit plus tems d'y remédier autre- ment que par la force; ceux que la: néceflité oblige, À fe fervir de ce remede, n'isnorent pas qu'il faut 1n< failliblement qu'ils périflent , s’ilsne viennent à bout. le ce qu'ils ontentrepris. Celui quitire l'épée con- tre fon prince, difent les François, en doit jetter le fourreau; car quelque jufte raifon qu'il ait de pren: dre ce parti , il peut s’aflurer que fa ruine eft inévi- table, s’il ne réuflit pas. Il arrive rarement qu'un prince fafle la paix avec ceux qu'il regarde comme tes rebelles, ou s'il le fait, il ne lobferve jamais ; à moins queles fujets ne fe réfervent aflez de forces, pour lobliger à tenir fa parole; &c tôt ou tard, on trouve bien moyen de leur Ôter ce qu'on leur avoit accordé. Les féditions qui proviennent de malice, font rares dans les gouvernemens populaires ; car elles font préjudiciables au peuple , & perfonnene seit jamais fait du mal de deffein prémedité. Il ya fans doute: fouvent de la méchanceté dans ceux qui excitent ces éditions ; maïs Le peuple ny eft jamais entrainé que par erreur ; dès qu'il s’'apperçoit qu'ila ététrompé , ilne manque pas de fe venger des fourbes qui Pont furpris; c’eft ce qui arriva à Manlius Capitolinus , àSpurius Mélius, & à Spurius Cafius. Si le peuple reconnoit troptard fonerreur, elle lui coûte ordinai- rement la perte de fa liberté. C’eft ainfi qu’Agatho- cles, Denis, Pififtrate ,.&c Céfar, s’érigerent en ty- rans de leur patrie, par l’art qu'ils eurent de cacher, au peuple leurs projets & leurs arhfices. « Dans les monarchies abfolues, prefque tous les troubles qui y arrivent, proviennent de malice ou d’accablement, Quand ils proviennent de la méchan- ceté de ceux qui gouvernent, ileft aflez difficile dy remédier, parce que ceux qui les ont fait naître , fe propofent, en lesnourriflant, d’en retirer quelque grand avantage ; ainfi voyons-nous que dans Les guerres civiles de l'Orient, entre Artaxerxes &c Cy- rus, entre Phraartes & Bardane, le peuple füt éga- lement ravagé parles deux partis , &t la guerre ne fut pas plurôt terminée, qu'il fut obligé de fe foumettre à la domination d’un maître orgueilleux. Après la mort de Brutus & de Cafius, on n’en- treprit point de guerre dans l'empire romain, qui n’eltpour principe quelque intérêt particulier ; &c les provinces après avoir affifté un général à chaffer du trône un tyran, éprouvoient fouvent que celui- ci étoit auffi cruel que fon prédéceffeur. Il ne faut point trouver étrange qu’en parlant des [éditions , j'aie avancé qu'il yen a dejuftes; l’inten- tion de Dieu étant que les hommes vivent équitable, ment les uns avec les autres, 1l eft certain que fon intention eft auffi qu'onne fafle point de tort à celut ou à ceux qui ne cherchent point à en faire aux au- tres. Si donc l’injuftice eftun mal, & qu'il foit dé- fendu d’en faire, on doit punir ceux quien font; les moyens dont onfe fert pour punirlesimuftices, font juridiques ou non-juridiques ; Les procédures juridi- ques fuffifent quand on peut contraindre les gouver- neurs à les fubir ; mais elles ne font d'aucun effet à l'égard de ceux qu'il n’eft pas poffible de foumettre aux lois, | : Pour me recueillir en deux mots, jé remarquerai äw’en général la tyrannie, lesinnovations en matiere de religion, la pefanteur des impôts, le chansement des lois ou des coutumes, le mépris des privileses | de la nation, le mauvais choix des miniftres, la cher- té des vivres, &c. font autant de caufes de triftes Jéditions. Les remedes font de rétablir les principes du gou- vernement , de rendre juftice au peuple, d’écarter la difette par la facilité du commerce , & l’oifiveté ar létabliflement des manufaétures , de reprimer le luxe, de faire valoir les terres en donnant du crédit à l’agriculture, de ne point laïfler une autorité arb1- traire aux chefs , de maintenir les lois, & de modé- rer les fubfides. (D. J.) SEDLITZ, ( Géog. Hifi. nat.) village fameux par fes eaux minérales , qui ont été découvertes en 1724. Il eft fitué en Bohême , à deux milles de Tœplitz ; les eaux de Sedlirz font très-ameres , elles font char- gées d’un fel qu’on en retire par lévaporation , &c qui les rendent très-purgatives; on lestranfporte fort loin ,'fans qu’elles perdent rien de leur vertu ; à un quart de lieu de Sed/r7, eft un village appellée Seyd- Jehuz , où l’on trouve une fource d’eau minérale, que lon regarde comme plus eflicace que la pre- mere. SEDOCHÉSOR! , ( Géog. anc. ) peuple du Pont, au voifnage du fleuve Colnbus. Tecite , 4: 2. III, fat mention d’un roi de Sédochéiores. SÉDRE, f m. ( Hifi. mod. }le grand-prêtre de la feîte d'Haly , chezles Perfans. Voyez Manomé- TISME. | 27 | Le /ëdre eft nommé par le fophi de Perfe, qui con- fere ordinairement cette dignité à fon plus proche parent. | La jurifdiétion du Jévre s'étend à tout ce qui a rap- -pott aux établiflemens pieux , aux mofquées, aux hôpitaux , aux colleges, aux tombeaux & aux mo- nafteres ; il difpofe de tous les emplois eccléfiafti- ques, & nomme tous les fupérieurs des maifons reli- gieufes; fes décifions en matiere de religion, font reçues comme autant d’oracles infailibles, iljuge de toutes les matieres criminelles, dans fa propre mai- fon, fans appel, & il eft fans contradiétion, la fe. _conde perfonne de l'empire, | _ Néanmoins le cara@tere du /édre n’eft pas indélé- bile , il quitte fouvent fa dignité , pour occuper un poîte purement féculier ; fon autorité eft balancée par celle du wudfuchid, ou du premierthéologien de Pempire. | | SEDUCTEUR , f. m. ( Morale) c’eft celui qui dans la feule vue de la volupté , tâche avec art de corrompte la vertu, d’abufer de la foibleffe , ou de ” Pignorance d’une Jeune perfonne.Si ;’avois à tracer le progrès que fait un féduéfeur , je pourrois dire qu'à la familiarité de fes difcours libres , fuccède la licence de fes attions ; la pudeur encore farouche demande des ménagemens, l’on n’ofe fe permettre que des pe- tites libertés, lon ne furprend d’abord que de légeres faveurs, & forcées même en apparence, mais qui enhardifent bientôtà en demander , qui difpofent à en laïfler prendre , qui conduifent à en accorder de volontaires & de plus grandes ; c’eft ainfi que lecœur fe corrompt, au milieu des privautés, qui radoucif- fent, qui humanifent infenfiblement la fierté , qui affoupiflent la raïfon, qui enflâment le fang ; c’eft ainfi que l’honneur s'endort, qu'il s’enfevelit dans des langueurs dangereufes | où enfin il fait un mal- heureux naufrage. « La Prudence, dit le Bramine, va parler & t’inf- ; 7 : : À 4 le # trure; prête l’oreille, à fille de la beauté, & # grave ces maximes au fond de ton cœur ! ainfiton » efprit embélira tes traits, ainfi tu conferveras, SEE 887 EE j # comme la rofe à qui tu reflembles , un doux par- » fuin après ta fraîcheur. » Au matin de tes jours , aux approches de ta » jeunefe, quand leshommes commenceront à pren- » dre plaifir à lancer fur toi des regards, dont la na » ture te développe fourdement le myfiére, le dan- ». ger Fenvironne ; ferme l'oreille à Penchantement » deleurs cajoleries ; n’écoute point les douceurs » de la féduétion. » Rappelle-toi les vues du Créatetir fur fon être ; » ilte fit pour être la compagne de l’homme, & » non l’efclave de fa pafion ». (2.7) Le nom de Jéduéfeur ne fe donne pas feulement à celui qui attente à la pudeur , à innocence d’une femme ou d’une fille , mais à quiconque en entraîne uüautre paf des voies illicites à une mauvaife ation, SÉDUCTION , f f (Jurifpr. Gram.) eft une tromperie artrhcieufe , qûe Fon emploie pour abufer quelqu'un, êc le faire confentir à quélque afte ou dé- matche contraire à {on honneur ou à fes intérèts. La féduifion d'une fille, où d’un fils de famille , eft regardée comme unrapt. Voyez ci-devans RAPT. La Jédutéion des temioims eff appellée plus come Murément fxhorration. Voyez Ciraprès au #01 Su- BORNATION. ( 4 | SEDEUM, {.m. ! Jardinage. }elk une plante vivace, très-baffe , qui croit fur Les muraï!l Iles & fur les toits des maïfons. On la ppelloit autrefois barba jovis ; & Maintenant grande joubarbe, Ses attachées à leur racine, il s’élsve de leuf miieuune tige haute d'un pré, divilée en plufieurs rameaux qui portent des fleurs d= couleur putpurine, & difpofées en rofe; elles font finvies d’un fruit tamañlé en maniere de têtes rernglies de femence. Pour la petite joubarbe , appellée #rigue madame , Voyez TRIQUE-MADAME. SEDUNI, ( Géog. anc.) peuple de la Gaule nar- bonnoife ; ils étoient voifins des Nantuates & des Ves ragri , avec lefquels ils occupoient le pays , depuis les confins des Allobroges, le lac Léman, & le Rhô: ne, jufqu'aux hautes Alpes. Dans le moyen âge, ces peuples avoient une ville, oppidur , à laquelle On joignoit le nom national, & dans la fuite on dit fimplement Sedunum, C’eft aujourd’hui la ville de. Sion. (2. J.) | SÉDUSIENS LES, Seduffi, (Géog. anc. ) peuple de la Germanie, Céfar, de bel. gal, 1. I, les met au nombre des peuples qui combattoient {ons Ariovifte; ce qui engage Spener, nos. germ. ant. L'IV, e. ij. à fixer leut demeure entre le Mein & le Necker, [1 ajoute qu'ils étoient originairement compris fous le nom général d’'Htevons, &t qu'après leur retour des Gaules , 1ls fe confondirent avec les Marcomans, SÉE LA, ( Géog. mod.) riviere de France, en Normandie, au diocèfe d’Avranches. Elle a fa four- ce près de Sourdeval ," &c fe rend dans la mer, entre le mont faint Michel & le mont Fombelaine, après un cours de dix lieues, (D. J.) SÉE cap de , (Géog. mod.) cap d'Afrique , dans la haute Guinée , fur lacôte de Grain , à fept lieues au-delà de Rio-Seftos. Les Portugais l’'appellent Cas bo-Baïxos, à caufe des bancs de fable qui font au- tour de ce coteau. (D. J. } SEEZ , SÉES, SEZ , SAÏS , ( Géog. mod.) en latin du moyen âge, Salim, Saiorum civitas , Sagiorunt civitas | Sagium | 8tc. ville de France en Norman- die, dans une agréable campagne , fur l'Orne ; elle eit à cinq lieues d'Alençon au nord, à huit au fud- oueft de Aigle, & à quaranteau couchant de Paris, Elle reflortit du parlement de Rouen,de l’intendance : & de l’életion d'Alençon, & ne contient pas trois mille habitans ; elle a cinq paroïffes, un feminaire , un college , & une riche abbaye de bénédidins. On croit que fon évêché, qui eft fuffragant de Rouén , 888 SE G a'été érigé dans le cinquieme fecle ; il peut valoir environ quinze mille livres ; fon diocèle comprend 497 paroiïfles , partagées en feize doÿyennes. Long, fuivant Caffini, 17. 41.15. latit, 48. 30. 25. (D.J.) SÉFSIS , ox TÉFSIS , ( Géog. 04.) riviere d'A- frique, dans la Barbarie , au royaume d'Alger, Elle a fa fource dans les montagnes d’Atlas, travere le Téleufin du fud au nord, & 1e décharge dans la mer Méditerranée. (D. J.) | SEGARELIEN , £ m. (if. eccléfiall. ) difciple de Segarel, héréfiarque du x]. fecle. Segarel étoit de Parme; 1 nommoit fa {ele la congrégation [piri- ruelle choïfie de Dieu, & envoyée dans ces der- niers tems; il donnoit àfes difciples Le nom d’apoëres ; il prétendoit qu’ils formotent la véritable éghite; que toute l’autorité que Jeius-Chrift avoit donnée à fant Pierre & à fes fuccefleurs avoit pris fin, &c aqw’elle étoit transférée en fa perfonne ; que le pape n’avoit ni commandement à lui faire, n1 condamnation à fulminer contre lui; que les femmes pouvoient quit- ter leurs maris , les maris leurs femmes, pour entrer dans fa congrégation ; que le yrai moyen d’être fauvé étoit d’en être; qu'il étoit plus parfait de vivre fans vœux que d'en faire, qu'il falloit méprifer les lieux deflinés particulierement au iervice divin; que le temple de Dieu étoit par-tout, au fond d’une. étable comme dans Île fanttuaire d’un édifice fomptueux ; & que l'attachement à fa do@trine confacroit les a@ions Les plus criminelles. Il fut brûle à Parme, & fa fee s’éteignit. SEGEBERG, ( Géog. mod. ) ville de Danemarck, au duché de Holftein, dans la Wagrie, capitale de la petite préfelture de même nom ,avec un chäteau fur une mon'agne , à douze milles au nord-eft de Him- bourg ; elle appaïtient au roi de Danemaïcx, Long, 27.13: latit, 54. 13: (D.4.) SEGEDA, (Géog. anc, ) nom de aeux villes de TEfpagne Bétique ; Pline, Z. JET c. j.furnomme la premiere Auourina, & ditqwelle étoit très-céiebre. Il donne à la feconde le furnom de Reffiiuta-Julia ; ÂAppien parle d’une autre Seg:da dans ia Celtibérie ; c’eit la même que Strabon nomme Segida ; & quel- ques-uns croyent que C’eft aujourd'hui Carceres. D.1J.) | SEGEDIN , ou SEGEDI, ( Géog. mod. ) ville de a baffle ou de la haute-Hongrie, comme on voudra, au confluent de la Teifle & de la Marifch , à deux licues au fud-eft de Colocza, dans le comté de Czouperad : des Impériaux prirent cette ville fur les Turcs en 1686. Long. 38, larit. 46.16. Kis, ( Etienne) furnommé Segedinus, de Segedin, Leu de {a naiflance, fouflrit beaucoup de pertécu- tions pour avoir embrafié le Luthéranifme, indépen- damment de la dure captivité qu'il éprouva pendant trois ans chez les Turcs. Il a publié des tables analy- tiques fur plufieurs livres du vieux & du nouveau Teftament. Elles ont été imprimées à Schaffhouze en 1562, à Bafle en 1588 & 1610 z2-fol, il mou- rut en 1572, âgé de 67 ans. ( D. J. ) SEGEDUNUM, ( Géog, anc. )villede laorande- Bretagne , felon la notice des dignités de l'empire. Cambden veut que ce foit aujourd’hui Séthon , dans le Northumberland , à côté du chemin de New-Ca- fie à Berwick, & à la droite fur la côte. D’autres favans conjelturent que c’eft Stighill, village voifin du bourg de Séthon. ( D. 7.) SEGELMESSE , o4 SEGELMESSALS , ( Géopr. mod. ) comme difent les Arabes , ville du Biledulsérid, aux confins du Zaara. Cette ville aujourd’hui dé- truite , étoit la capitale de la province de fon nom, êt féparoit le pays des Arabes d'Afrique, d’avec celui des Negres: elle a été le premier fiege de l'empire des Moravides, qu’ils étendirent depuis ce lieu-là, juiques fur les bords de Jamer Atlantique, & enfuite annee du côté dela Méditerranée bien avant dans l'Efpas gene. Là puiffance des Fatimites qui fonderent Le kas lifat d'Egypte, prit {es commencemens danslemême endroit; car ce fut dans Ségelmefle qu'Obeidallah fut reconnu par le méhedi, c’eft-à-dire, le direéteur gé- néral des Mufulmans. Cette ville, felon les géopra= phesarabes , étoit fituée dass le fecond climat, fous les 37 deorés de longitude, &les 31: 30: de lariside Jeptensrionale. (D. J.) à SEGELOCUM , ( Geéog. anc. ) ville de lagrande- Bretagne ; l'itinéraire d’Antonin la marquefurlaroute de Londres à Luguvallium , près du retranchement, entre Eindum & Danum, à 14 milles du premier de ces lieux, & à 21 milles du fecond. Le même iriné- rare (mais dans une autre route) écrit Angelocum, au lieu de Segelocum , êt quelques manufcrits lifent Segilocum.. La diftance de ces lieux fait croire que ce doit être aujourd’hui Liséleboroug | où M. Thomas Gale dit qu'ila trouvé une urne de terre rouge, & une médaille fur laquelle étoit la tête de Domirien. ( D, J. ) s LS SEGEME, ( Géog. mod.) montagne d'Afrique , dans la province de Tedla; cette montagne eft peu- pliée de Béréberes de la tribu de Zenepar, &c loumis aux chérits , depuis qu'ils ont conquis les provinces de Dara àc de L'afilet. (D. JS.) | SEGESTA , SEGESIE, (Géog. anc: ) ville de Sicile ; Ptolomée , 4 IL, c. iv. la marque dans les ter- res, & lui donne un port appellé Séseffanonunr empo- rium. La ville de Ségefle étoir bâtie iur une riviere, quiun peu au-defious en recevoitune autre,& toutes deux avoient des noms troyens; car l’une s’appelloit Simois, &t l'autre Scamander, (D. J. ). SEGESTA , ( Mytholog..) déelie des anciens Ro- mains qu’on croyoit avoir ioin des blés, tant qu'ils étoient en herbe; c’eft Numa Pompilius quiimagina cette déefle : Pline en parle, Z. X. c. 1, on voit bien qu’elle étoit ainfi nommée du mot latin Jèges , qui fi- gnifie blé. ( D. J.) SEGESTAN, SEDGESTAN , SEGISTAN, SIGESs- TAN , SAGESTAN, SITZISTAN ; SOSTAN, SISTAN,, ( Géog. mod.) car ce nom d’un pays de Perfe, sé. crit de toutes ces manieres différentes ; &c c’eit une homonymie dont il faut fe refiouvenir ,pour n’en pas faire autant d'articles différens. | Le Ségeflan eft une province de Perfe, quiale Khoraflan à Foccident, le Makeran à lorient, le defert de Fars au midi, & le Sind au feptentrion : ©6- toit autretois la demeure des peuples appellés Do ge : {es villesprincipales fonts égeffan capitale, Scha- lux, & Ketz. Houflain Schah fut dépouillé de cette province par Tamerlan, quien fit la conquête l’an de lhéoire 785. Le Schah fut envoyé à Samarcande, ainf que les généraux d'armée & les gouverneurs des provinces. La capitale du pays eft fituée fur la riviere Senarond, à 07 degrés de longitude, Sci 32. 20. de laritude, C’eft dans cette capitale qu’eft né Le grand Roftan : fi célebre dans lhiftoire de Perle, & le principal héros des romans perfans. C’eft encore dans la même ville, que naquit Aboulfarah , célebre poête peïfan, qui compofa plufieurs traités de l’art poétique ; il ‘s’éroit attaché au lervice des princes de la famille de | Samgiour , t avoit mis au jour de beaux ouvrages à leur gloire, dans lefquels il laifa échapper quelques traits piquans contre le fultan Mahmoud, qu Payant fait prifonnier, vouloit le punir de fon infolence ; mais Onferi, le prince des poëtes perfans, éleve d’A- bouifarah , obtint fa grace, & partagea fur Le cham avec lui un préfent confidérable qu'il venoit de rece. voir de la hbéralité du fultan. (D. J. | SECESTANÆ AQUÆ, ( Géog. ant.) eaux mi- nérales dans la Sicile , près de la ville Segefta, d’où elles tiroient leur nom; elles étoient chaudes > lle vhureufes , &célebres ; Strabon, Z. PI. p. 173,8 Diodore de Sicile, Z IF. en parlent, Selon litiné- taire d’'Antonin, on les appelloit encore Prrtiane aque ; peut-être à caufe de la ville Pintia: (D. J.) SÉGESTE, (Géog. anc. ) ville de l’Iftrie ; Pline, 4, III. c. xix. la donne aux Carni : mais il la met au nombre des villes qui étoient détruites de fon tes. Strabon, 2. VII. p. 313. qui écrit Segefzica, dit que c’eft une ville de la Pannonie, fituée au confluent de diverfes rivieres navigables, qui fervoient à y tranf- porter les marchandiles de PItalie, & celles de di- vers autres pays ; ce qui avoit engagé les Romains à y établir leurs magafins durant la guerre contre les . Daces. Le lieu où elle étoit s’appelle à préfent Se- gefe, felon Bonfinius, qui ajoute qu’on y voit à peine les traces d’une ville. (D. 7.) ir SEGESTERORUMCIFITAS,(Géog. anc.) ville de la Gaule narbonnoïfe, fur la route de Mediola- num à Arles, en prenant par les Alpes cotiennes, entre Alabontis & Alaunium, à feize milles du pre- mierde ceslieux, & à vingt-quatre milles du fecond; c’eft aujourd’hui la ville de Sifteron. (2. J.) SEGESTICA , ( Géog. anc.) ville de l'Efpagne tarragonoïfe , felon Tite-Live, 4 ÆXXIP. c. xviy. On croit que c’eft la même ville qui eft nommée Tutie dans Florus & dans Plutarque , & Segeda dans Appien. (D. J.) SEGESWAR , ( Géog. mod, ) ville de la Tranfil- vanie, dans le comté de même nom; elle eft bâtie en forme d’amphithéâtre, fur le penchant d’un cô- teau , près de Kokel, à dix-huit lieues au nord d’'Her- manftad. Quelques auteurs la prennent pour la Sow- daya de Ptolomée, Z. LIT. c, vuy, Long. 41, 28. larir, 46. 54. (D. J.) SEGE WOLD , o4 SEWOLD , ( Géog. mod. )pe- tite ville de l'empire Ruffien, dans la Livonie, fur la riviere, & vis-à-vis la ville de Treiden, dans la Let- tie, à 12 lieues au nord-eft de Riga. Long. 42. 45. lan. 57.15, ( D. I.) SEGIADAH , rerme de relation; c’eft en arabe le petit tapis ou natte de jonc dont les Mufulmans fe fervent en forme d’agenouilloir, quand ils font les cinq prieres de chaque jour prefcrites par la loi. DAT: SEGISAMAÀ , ( Géog. anc. ) ville de PEfpagne tar- ragonoïfe ; il en eft parlé dans Florus , 2. {W. c, x. Cette ville du tems de Ptolomée, Z. II. c. vj. dépen- doit des Vaccéens. (D. J. ) SEGMENT D’UN CERCLE, er Géométrie, c’eft la partie du cercle comprife entre un arc &c fa corde, ou bien , c’eft une partie d’un cercle comprife entre üne ligne droite plus petite que le diametre , & une partie de la circonférence, Voyez CERCLE, ARC, CORDE , &c. | Aiïnf, la portion 4FBA (PI. géomérrig. fig. 22.) comprife entre l'arc 4FB & la corde 4B, eft un fegment du cercle AFBD , &c. il en eft de même de ADB A. Comme il eft évident que tout fegment de cercle peut être ou plus grand ou plus petit qu'un demi- cercle, la plus grande partie d’un cercle coupé par une corde , c’éft-à-dire, la partie plus grande que le demi-cercle eft appellée le grand fegment , comme AFBD , & la plus petite partie, ou la partie plus petite que le demi-cercle eft appellée le perir fegment, comme 4DB , &c. L’angle que la corde AB fait avec une tangente LB, eft appellée l'angle du fegment. Voyez ANGLE. Quelques-uns appellent auff les deux angles mix- tes compris entre les deux extrémités de la corde & de Parc, angles du fepment. Au fond , ces angles font les mêmes que celui dela corde &de la tangente. Angle dans le fegmens ; eft celui qui a fon fommet S E G 589 D dans un point quelconque de la ciréonférence du | fegment, comme ADB, Voyez Particle ANGLE, La hauteur d’un fégment DE (fig. 22.) & la moitié de {a bafe ou de la corde ZÆ étant donnés , trouver l'aire du ferment. Trouvez le diametre du cercle. Voyez DIiAMETRE. Sur ce diametre décrivez un cer: cle, &c tirez la bafe du fegment 48 ; tirez encore les rayons.4C, BC, & trouvez le nombre des degrés de l'arc 4DB par le diametre connu ; & par fon rap- port à la circonférence , déterminez la circonférence elle-même; & par le rapport de la circonférence à Parc 4ADB , & la circonférence en elle-même trou- vez la longueur de l'arc 4DB. Après cela, trouvez Paire du eéfeur ADBCA, voyez SECTEUR , & la {ur- face du triangle 4CB, voyez FRIANGLE, Enfin retranchez le triangle du feéeur , le refte eft Paire du Jégrrent. Si l’on demande l'aire du plus grand féomenr BF A t Se ajouter le triangle 4CB au féleur ADE BC. Æ SEGMENT d’une fphere, eft une partie d’une fphere terminée par une portion de fa furface,& un plan qui la coupe par un endroit quelconque hors du centre, Voyez SPHÈRE. On l'appelle aufli une fééion de fphere. Voyez SEc- . TION. [l eff évident que la bafe d'un Jégrrent de fphere eft toujours un cercle, dont le centre eft dansl’axe dela fphere. Pour trouver la folidité d’un fégmens de fphete ; retranchez la hauteur du /égrerr du rayon de la fhhe- re, & par cette différence, multipliez l'aire de la bafe du fégment ; Ôtez ce produit de celui qui viendra en | multipliant le demi-axe de la fphere par la furface convexe du Jegment ; divifez alors le refte par trois & le quotient fera la folidité cherchée. % Cette derniere méthode fuppofe que l’axe de la fphere eft donné : s’il ne l’eft pas, on pourra le trou- ver ainfi. Appellons 4 la hauteur du Jégmezr, & fon . , À ss , demi-diametre s, alors on aura 4.5 :: 5; .Ajoutons = à la hauteur à , & l’on aura l’axe cherché, Chame bers. Le mot fegmenr s'étend auf quelquefois aux par= ties de Pellipie, &c dans d’autres figures curvilignes. Voyez ELLIPSE , Éc. (E) SEGMENT de feuilles, c’eft le nom que les bota- niftes donnent aux feuilles qui font taillées & divifées en petites branches , ou en petites tiges, comme cel- les du fenouil, Voyez FEUILLE. | SEGMENTUM , (Littérar.) efpece de ruban que les femmes portoient {ur l'épaule , & qui reflembloit à quelques égards à nos nœuds d'épaule ; mais ce mot défigne aufli dans Valere Maxime , un bjyoz qui pen- doit au col pour ornement. Segmenta au pluriel, f- gniñe dans Vitruve, des efpeces de pavés en mofai= que , de différentes formes , & de diverfes couleurs arrangés enfemble fymmétriquement. (D. J. 2? SEGMOIDALES , VALVULES, (Azaromie.) nom des valvules de l’artere pulmonaire , qu’on appelle autrement valvules fémilunaires, parce qu’elles ref- femblent à une demi-lune , ou au fegment d’un cer- cle. Lafubftance des va/yules jeomoidales où fémilu- naires eft membraneufe. Quand elles s'ouvrent, elles donnent pañlage au fang du ventricule du cœur dans l’artere pulmonaire ; mais fi le fang fait effort pour retourner , 1] les fait joindre, & elles lui ferment le pailage : ce mot /égmoidal eft formé du latin fégren- um, iegment, &c du grec eidvc , reffemblance. (D. JT.) ._SEGNA , SENG oz SEGNI, { Géog. mod. ) ville de la Croatie, dans la Morlingue, vers la côte du golphe de Venife, {uf une hauteur, à 46 lieues au nord-oueft de Spalato, dont fon évêque eft {uffra- gant, avec une forterefle. & un port. Elle dépend SE G -de la-maïfon d’Autriche.-Longisude.3 2.36. lantude | : SÉGNI, ( Géog. anc, ) ‘peuples de la Germanie. Du tems de Céfar, de bell. gall. ils habitoient en- | decà du Rhein, entreles Eburones &t les Trevni. Se- gr, dit-il, Condrufique ex gente G numero Germano- zum qui funt inter Eburones Trevirofque ,legatos ad Ce- s farem miferunt. -Spener,, -7oHH per. ar. LI", c. J juge que les Segri étoient originairement compris “fous le nom des Jffévons. (DJ) _SEGN:, (Géog. mod.) en latin Sigrra ; ville dIta- lie, dans l'état de l'Eglife, & dans la campagne de Rome , à 12 lieues-au fud-eft de Rome ) à 6 au “ud-eft de Paleftrina, avec un évêché qui ne re- leve que du pape. Longiude 30. 42. latiinde 51, 40. (D.5) | do CR SEGOBRIGA , ( Géogr. anc.) ville de PEfpagne tarragonoïfe. Strabon Z. {II p.162. la place dans la “Celtibérie , & lit Segobrida. Ptolomée qui écrit Se- gobriga, donne cette ville de même aux Celtiberiens. il yen a qui veulent que Segobriga foit aujourd’hurla ville de Sésorbe ; mais ils n’ont confulté ni la carte -de Prolomée , ni l'itinéraire d’Antonin , 1 même Strabon, qui met Segobriga au voifinage de Numance & de Biblis. Il ne feroit pas impofhble que fgzerza füt l’ancienne Segobriga , ou Segontia , s'il eft vrai que pat ces deux derniers noms, on doit enten- dre la même ville, comme on feroit tente de le croire. SEGODUNUM, (Geog. anc.) ville de la Ger- manie, feion Ptolomée,, Z. HIT. c. xj. Cluvier, germ. ant. L, LH,:c, vi. croit qu’elle étoitfur le Séous, dans le lieu -où eft aujourd’hui la ville de Sigen. Il fe fonde fur ce que cette ville eff fituée fur le bord dune r1- viere nommée eñcore aujourd’hui Sige, & fur une éminence qui étoit indiquée par le mot dur, deforte que l’ancien nom pouvoit être Sigedun , dont les Ro- mains avoient fait Segodunum. | Il y avoit encore une ville dans la Gaule celtique qui portoit le nom de Sepodurum, Ptolomée, Ziy. IT. &. vij. la donne aux Rereni, qui font les Rurheni de Céfar. C’eft aujourd’hui la ville de Rhodès. (D. J.) SEGONCIUM , ( Géog. anc. ) ville de la Grande- Bretagne. Il y a dans l'itinéraire d’Antonin une route qui conduit de Segozcium à Deva, &c où la premiere de ces villes eft marquée à 24 milles de Corovium. Il fembloit d’abord que ce pouvoit être une ville des Sesonriaci; mais ces peuples étoient voifins des Tri- bonantes , & par conféquent trop éloignés de l’en- droit où étoit Seponcium , qui eft aujourd’hui Caer- nayen fur le Ségont , & vis-à-vis de l'ile de Mone. (D.7.) SEGONTIA , ( Geéog. anc. ) ville de l'Efpagne tarragonoïle , fuivant l'itinéraire d’'Antonin , qui la marque fur la route d’Emerita à Sarragoce. Son nom moderne eft Siguerça. SEGONTIACI, (Géog.anc.) peuples de la Gran- de-Bretagne. Ils furent du nombre de ceux qui {e foumirert à Céfar. Ils habitoient au voifinage des Trinobantes ; c'eft tout ce qu’on fait de leur pays. (2. J.) | SÉGORBE , ( Géogr. mod.) ville d’Efpagne, au royaume de Valence, fur le Morviedro, à 12 lieues au nord-oueft de Valence, & à 56 au levant de Ma- drid. Cette ville eft ancienne , agréable, fituée fur le penchant d’une colline, dans une vallée , entre des montagnes. Son terroir eft fertile en blé , en vin, &c en fruits. On y trouve auff des carrieres d’un fort beau marbre, Elle fut honorée d’un évêché dès le v]. fecle, &c fi cette dignité épifcopale fe perdit | Tous les Maures, elle lui revint en 1245. Ellea auf le titre de duché. Longitude 17. latitude 39. 35. (2.1) SEGOPELLAUNI, ( Géog. anc,) peuple de la SE G Gaulenarbonñoife,& danslesterres:27èus, dit Pline, L, ITLSc:iy. regio Trecollorun » VocontiorumEé S ego vellamnorunt, 10% Allobrogum, Ce font les S egalauni ‘de Ptolomée, Z. I. c. v. qui leur donne la ville de Valentia : ainfi ces peuples habitoient le Valenti- ROIS. SEGOFTA, (Géog. arc.) ville de l'Efpagne tar ragonoiïfe , aujourd’hui Ségovie, entre Madrid & Valz - ladolid. Prolomée, 4, LT. c, y. & Pline, Z AL. c. if, la donnent aux Arevuci : le premier écrit néanmoins Zsyoubiu, Sepubia, au lieu de Segovia. L’itinéraire d’Antonin , dont quelques manufcrits portent Segoz via ; & d’autres Secovia, ou Segobia , place cette ville fur la route d'Emerita à Sarapofle, entre Canca & Miacum, à 28 milles du premier de ces heux, & à 24 nulles dufecond. | | Ïl y avoit un autre Segovia dans l'Efpagne bétique, felon Hirtius , de bell. Alex. & Florus, L. HIT c. xxips dont le premier ditqu’elle étoit ad /fumenSilicenfe. Elle conferve encore fon ancien nom ; car Moralès aflure qu’on appelle Segovia la menor. Ortelius qui cite Arias Montanus , dit que Segovia La menor eft fituée au voifinage d'Ecña près du fleuve Xémil, à moitié chemin entre Seville & Cordouë, | Segovia eft encore le nom d’une ville de la Germa me, felon Ortelius qui cite Ptolomée, Z. ZI. c, xj. On croit que c’eft à préfent Seckow , fiege épifco- pal dans la Stirie , fous Parchevêché de Salzbourg. (0-0) VE SEGOVIE , (Géog. mod.) ville d'Efpagne dans la vieille Caftille, fur une montagne , entre deux gran: des collines. Elle eft près de la riviere d’Atayada, qui prend fa fource au-deflus, à 13 lieues au nord-oueft de Madrid , & à 25 au levant de Salamanque. Cetteville eft fort ancienne, peuplée, & l’une des plus confidérables d'Efpagne. Son évêché eft fuffra: gant de Tolede, & vaut 25 mille ducats de revenu: Parmi les bâtimens publics, fe diffingue le château royal appellé Æ/caçal ; il eft fur un rocher, & fes ef: cahers font taillés dans le roc. La caffx de la moneda, c’eft-à-dire la r1a1/on de la monnoie, a ceci de particu- lier, que la monnoïe qui s’y fabrique fe fond, fe rogne , fe bat, & fe marque très-promptement, par le moyen de divers moulins que l’eau fait tourner ? on ne bat monnoïe dans toute l'Efpagné qu’à Séville & à Segovie ; mais la commode machine de Ségovie, en la fabriquant promptement , ne la rend pas plus belle. L'aqueduc au contraire nommé prente-Sepoviana , ouvrage des Romains, eft un édifice d’un travail mer- veilleux ; 1l joint enfemble deux montagnes féparées par un intervalle d'environ trois mille pas ; il eft compoié de 177 arcades à deux rangs pofés l’un fur l'autre ; le rang inférieur porte l’eau dans les fau- bourgs, & le fupérieur la conduit dans la ville. La conftruétion de cet édifice eft f folide, qu’elle s’eft confervée juiqu'à ce jour prefque dans fon entier. On attribue ce bel ouvrage au regne de Trajan. Col- menarès vous en donnera la defcription détaillée dans {on Azfforia de la ciudad de Segovia, 1637, in-fol. Mais il faut ajouter une grande incommodité de cet aque- duc , c’eft que Peau de la riviere qui coule autour de la ville eft f1 mal-faine, qu’elle ne peut fervir qu’à ra- fraichir la bonne eau. _ Le terroir de Ségovie eft bien célebré pour nourrir des troupeaux de brebis qui portent ces fines laines qui font uniques dans le monde ; & dont l’Europe entiere ne peut fe pafler dans la manufatture des draps fuperfins, Long, 13.55. latit. 40. 54. Deux théologiens fcholaftiques fort accrédités en Efpagne, Ribera ( François de) jéfuite , & Soso ( Do- minique ) , de l’ordre des Dominicains , naquirent tous deux à Sésovée dans le xvj.fiecle. Le jéfute Ribera a publié des commentaires latins = lue S E G tu ne font pas dépourvus d’étudition , fur les douze petits prophetes. Il mourut à Salamanque l'an 1507, âgé de 54 ans. nn. Le dominicain Soto étoit fils d’un jardinier, & fe fit connoître par fon mérite. Il donna des commen- taires fur l’épitre aux Romains, un traité de }ufhia 6 jure, 8c deux livres de natur & gratid. I mourut à Salamanquel’an 1560, âgé de 66 ans. (2. J.) SÉGOVIE , la nouvelle, ( Géog. mod, ) Il y a trois villes de ce nom à diftinguer. La premiere eft une ville de l'Amérique feptentrionale , dans la nouvelle Efpagne , audience de Guatimala , fur les frontieres de la province de Honduras, fur la drpite de la riviere d’Vare. Larir. 13. 24, La feconde efl une ville de l’Amérique , dans la terre ferme, province de Venezuela , fur le bord de la riviere de Bariquicemete, bâtie par les Efpagnols en 1552. Elle a des mines d’or dans fon voifinage. Latit. GC, 7. La troifieme eft une ville d’Afie dans l’ile de Lu- çon , une des Philippines, dans la province & fur la riviere de Cagayan. Elle a un évèché fondé en 1598. (2.1) l SÉGOvIE., ( Commerce de laine.) c’eft la laine d'Ef- pagne qui vient de Ségovie, ville du royaume de Cañille, ou des environs. Quand on dit fimplement &t abfolument laine de Ségovie, cela s'entend des trois fortes de laines qu’on en tire, dont enfuite Les efpe- ces fe diftinguent en ajoutant les mots de prime , de féconde ou de rierce : ainfi Pon dit prime Ségovie , [e- conde Ségovie, & enfin tierce Ségoyie. Il y a auffi de la petite Sépovie. (D.J.) SEGRAÏIRIE , f. £. ( Gramm. 6 Jurifpr.) du latin fesregare, fignifie la portion d’un bois commun que Von met à part pour un feigneur , lors de l’exploita- tion ou vente que l’on en fait ; ou Le droit qu'il prend dans le prix à-proportion de ce droit. Dans un comp- te de lan 1337,ontrouve/éggregta feu tertia de exple- sis foreflarum. On voit par-là que ce droit de fégrairie étoit du tiers de Pexploitation ; ainfi c’étoit la même chofe que ce que l’on appelle encore en Normandie êc ailleurs ,-droit de tiers. Quelques-uns confondent le droit de grarie avec celui de féprairie ; & en effet, l'ordonnance des eaux &t forêts, sir. X. parle dans l'intitulé de ce titre des bois tenus en grairie , fégrairie ; & néanmoins dans le corps du titre 1l n’eft point parlé des bois tenusen /e- grairie, ni mème en aucun autre endroit de l’ordon- nance. Cependant le droit de grairie eft pris en plufeurs occafions pour un droit que le roi perçoit fur Les bois d'autrui, à caufe de la juftice qu’il a fur ces bois , en quoi il differe du droit de fegrairie. On poutroit aufi regarder comme un droit de fe- grairie, guafi fegregata agri pars, le triage ou tiers-lot, que Parzicle 4. du titre xxv. de Pordonnance de 1669 donne au feigneur dans les bois communaux ; cet ar- ticle portant que fi les bois font de la conceffion gra- tuite des feigneurs , fans charge d’aucun cens, rede- vance , preftation ou fervitude, le tiers en pourra être féparé & diftrait à leur profit, en cas qu'ils le demandent , &c que les deux autres fufifent pour lu- fage de la paroïfie. Voyez le gloffaire de Ducange, au mot fécrecarius , &t le gloff. de Lauriere, au mot ft- grayer ; à les articles Bois, DANGER , FORÊT, Eaux 6 FORÈTS , GRAIRIE , GRURIE , GRUAGE, & ci-après SEGRAYER. (4) : SEGRAIS , 1. m.(Æ£aux & forérs. ) ce font des bois féparés des grands bois , qu'on coupe & qu’on ex- ploite à part: (D. J.) SEGRAYER, { m. (Jurifprud.) eft le feigneur qui a droit pour une portion dans un bois commun , foit dans l'exploitation ou dans le prix de la vente. On entend auf quelquefois par /égrayer, celui qui Tome XIV. SE G Bot fait fa-recette de ce dioit pour le roi, owpour quel qu'autre {eigneur. Foyez le gloffaire de M. de Lau: riere, au mot fégrayer, & ci-devant SEGRAIRIE, (A) SEGRE, LA, ( Géop, mod. ) en latin Sicoris, & par les Catalans 4gne-Nayal riviere d'Efpagne dans la Catalogne , & la plus grande de toutes les rivieres de cette province, Elle prend fa fource dans la Cer- dagne, & finit par fe jetter dans l'Ebre, près de Mé= quinencia , fur Les frontieres de l’Arragon. (D. J.) SÈGRE, ( Géog.rr0d.) bourg que nos géographes qualifient de petite ville de France dans l’Anjou , éleéhion d'Angers, fur l’'Odon, avec titre de baron nie ; mais il faut dire aufi que Ségré étoit autrefois une bonne ville, qui fut donnée par Jean Sans-terre, roi d'Angleterre , à la reine Béranger de Navarre, veuve de fon frere Richard Cœæur-de-lion, pour par: tie de fon douaire, par traité fait À Chinon en 12014 Le château a été plufieurs fois ruiné & rétabli. (D.J.) SEGREAGE , f. m. ( Droit féodal.) droit {ur les forêts ainfi nommé, parce que c’eft une chofe mife à part pour le feigneur. Ce droit de fégréage confifte en la cinquieme partie des bois qui fe vendent par les vallaux, laquelle eft dûe au feigneur avant la coupe des bois. Le receveur de ce droit s'appelle /ésrayers (2. J.) | SÉGURA , ( Géog. mod. ) c’eft le nom de plufeurs villes & lieux, comme on va le voir. 1°. Segura, ville d'Efpagne dans l’Andaloufie , aux confins du royaume de Murcie , vers la fource de la riviere de ce nom. 2°. Segura , petite ville d’Efpagne dans le Guipuf- coa , fur la riviere d'Oria, au-deffus de Villa-franca, 3°. Segura , ville de Portugal , dans la province de Beyra, fur une montagne, aux confins de l’Eftrama- dure, près de la riviere d'Elxa, avec un château , à trois lieues au fud-eft de Caftel-Branco. Long. 10. 25, latit, 39. 40. | A°. Segura de la frontera , c’eft-à-dire La fureré de La frontiere , ville de l'Amérique feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne , bâtie par Fernand Cortez fur des rochers en 1520. Elle aun grand inconvénient , c’eft de n'être arrofée d'aucune riviere , foutce ou fontai- e, de forte que les habitans, au nombre d’environ fix cens , tant indiens qu’efpagnols , font toujours obligés d’ufer d’eau de puits. s°. Segura de la fierra , lieu d’Efpagne dans la Caf- tille nouvelle , dans une plaine abondante en trou- peaux, avec une des riches commanderies de l’ordre de S. Jacques. 6°. Segura, port fur la côte de la mer de la Califor- me, felon Woode Rogers, qui dit qu'il ÿ a dans cet endroit de fort bonne eau , & quantité.de fenouil ma- tin. (D. J.) SEGURA , da, (Géog. mod.) Ses anciens noms latins font Terebus, Sraberus & Sorabis ; riviere d'Efpagne, au royaume de Murcie ; elle a fa fource dans la Caf- tille nouvelle , traverfe le royaume de Murcie , entre dans celui de Valence , proche de Riguela, arrofe cette ville, & fe perd dans la mer , près de Guarda- mar. (D. 7.) SEGURA , montagnes de, ( Géog, mod. ) montagnes d'Efpagne qui s'étendent aux confins de PAndaloufie, de la Caftille nouvelle, des royaumes de Murcie & de Grenade. Elles prennent leur nom de la ville de Segura , &t font une partie de celles qu’on appelloit autrefois Orofpeda. C’eft proprement lArsenreus- mons, & le Tugienfes faltus des anciens. Le Guadal- quivir & la riviere Segura prennent leur fource dans ces montagnes. (D. J.) SÉGUSIENS , Les , ( Géog. anc. ) 1°. Segnffani ou Sécufcant , peuples de la Gaule celtique ou lyonnoife. Pline, Z. LE. c: xvüy. dit qu'ils étoient libres, & que la ville de Lyon étoit dans leur pays. Ils avoient été rendus indépendans des Œdui fous l’empire d’Au= VVvvy 802 SEI gufte; car du tems de Céfar, qui fait mention de ces peuples dans fes commentaires ils étoient dans la dé- pendance des Œdur, c eft-à-dire de ceux d’Autun ; ÿn clientelé Bduorum. I] ajoute qu'ils étoient les pre- miers au-delà du Rhône, & les plus proches de la province romaine. Ils avoient les Ga: êT les Sequa- ni au nord , les Allobroges à lorient, au midi encore tes Allobroges & les Velauni , &t les Averri au cou- chant. Leur pays comprenoit ainf le Forez, le Lyon- nois, le Beaujolois & la Brefle. è 2°, Sepufiani, peuples des Alpes graiénnes. Pto- tomée , /, II. c, j. leur donne deux villes, favoir Se- gufinum &c Brigantium. Pline & Ammien Marcellin appellent la capitale de ces peuples Sesxfio. L'itiné- raire de Jérufalem écrit Secufio ; &€ dans une infcrip- tion rapportée par M. Spon, p. i98 , on lit : Ordo fplendif]. civisans S ecufeæ , quoique dans une autre inf- cription ce mot foit écrit avec deux gg. civis. fegs. Une troifieme infcription qui fe voit dans Gruter, p. 111, donne à cette ville Le titre de municipe: Gezzo muricipi Seguifini. C’eft aujourd’hui la ville de Suze en Piémont. L'itinéraire d’Antonin marque cette ville fur la route de Milan à Vienne, en prenant par les Alpes cottiennes, où elle fe trouve, entre ad Fines & ad Martis, à 24 milles du premier de ces heux , & à 16 milles du fecond. (D. 7.) SEGUSTANO , ( Géog. mod. ) bourgade de Sicile dans le val de Mazzara , à l'embouchure du fleuve fan Bartolomo. Ce bourg eft Pemporium Segeflanorum des anciens, (D. J. ) SEICHE , o4 SECHE , (Æf. mar. Ichthyolog. ) fe- pia, animal de mer qui réflemble beaucoup au cal- mar & au polype marin. Voyez CALMAR 6 POLYPE. Il ahuit piés placés autour de la bouche &z deux longs bras : les yeux font gros ; la tête eft courte &c terminée par une efpece de bec femblable à celui d’un perroquet; le corps eft oblong, large & épais. Il y a fur le dos des taches &c des fîries blanchâtres dif- +ribuées avec uneforte de fymmétrie ; les deux piés antérieurs font beaucoup plus larges & plus épais que les fix autres ; ils ont tous un grand nombre de {u- çoïts, qui font des efpeces de globules applatis, con- caves & portés chacun fur un pédicule ; les bras ont des fuçoirsplus gros, il font placés entre la premiere &c la feconde paire des piés ; leur forme eft cylin- drique , ils ont une couleur blanche & parfemée de quelques points noirs. La Jéiche fe fert de ces fuçoirs pour s’attacher aux corps qu’elle rencontre, & pour potter à la bouche ceux qu’elle faifit. Le bec eft com- pofé de deux mâchoiïres mobiles qui s’emboitent June dans Pautre par une efpece de charniere ; les veux font fort apparens ; Le cou eft très-court ; il a de même que la tête, une couleur pourprée parfe- mée de points noirs; le fommet du dos s’éleve au- deflus du cou, de forte que cet animal peut retirer &t cacher fa tête fous ce prolongement. Les chairs -du dos recouvrent un os très-confidérable, connu fous le nom d’os de érche ; il eft fi léger, qu'il furna- ge même à l’inftant où il vient d’être tiré du corps de animal, | Lorfqu’on met [a Jeiche hors de l’eau , elle répand une liqueur noire par un petit canal qui aboutit à l’a- nus ; cette liqueur eft renfermée dans un fac dont les parois extérieurs font blancs ; la plus grande partie de ce fac eft placée dans le côté gauche de l’abdo- men ; 1l contient aflez de liqueur pour teindre en noir plufieurs feaux d’eau; cette liqueur colorante eft plus abondante dans les feiches que l’on trouve mottes fur les bords de la mer, que dans celles que Von prend vivantes. Si on reçoit cette liqueur dans un vafe au fortir du fac , «elle fe coagule & fe durcit en peu de jours ; enfute elle fe serfe &c fe divife par morceaux ; qui étant broyés donnent une belle cou- eur noire: Swammerdam prétend, que les Indiens SET tompofent lencre de la Chine avec la liqueur noire de la féiche. Cet animal fe nourrit de fquilles & de petits poiflons. Collection académique, tom. V. de la par- tie étrangere. | SEICHE, OS DE, (Mar. méd.) fubftance terreufe, abforbante , d’un tiflu aflez rare qu’on prépare par la porphyrifation , qui pourroit avoir les mêmes ufages intérieurs que les yeux d’écrevifles , le corail , Ia craie , la mere de perles , Gc. Voyez ces articles parti- culiers & Particle général ABSORBANS , mais qu’on n’employe prefque que pour les dentifrices. Voyez DENTIFRICE. (2 SEIDE, (Géog. mod.) nos voyageurs écrivent auf Seyde, Seyd, Said, Saide, Zaide, Zeide. Il faut bien s’en reflouvenir , pour ne pas croire que ce {ont des villes différentes, & pour ne pas confondre une ville de la Turquie , avec la haute Egypte que les Arabes nomment Sahid, & qu'on écrit aufli Saïd , Zaïd, Seide eft une ville de la Turquie afatique, dans fa Sourie , fur la côte de la Méditerranée, près d’une île, où eft un vieux château qui communique avec la ville par un pont fi étroit, que trois perfonnes y peuvent à peine palier de front. Cette ville autrefois célebre fous le nom de Sid0z, eft aujourd’hui médio- cre &c miérable , quoique placée dans une campa- gne grafle &z couverte de müriers.Les chrétiens Grecs êt Maronites , pofledent encore chacun une petite églife à Seide ; mais {on port eft comblé, &c il ny a que des bateaux qui y mouillent. Les françois y fai- foient autrefois quelque commerce, qui n’exifte plus aujourd’hui. Long. 43. 28. lat. 33. 12. (D.J.) SEIGLE, Jécale, {. m. ( Hiff. nat. Bor.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétales, &t qui eft difpofée en épi par petits bouquets. Chaque fleur eft compofée de plufeurs étamines quifortent du cali- ce ; le piftil devient dans la fuite une femence oblon- gue, grêle, farineufe, & enveloppée de fa balle qui a fervi de calice à la fleur, & qui s’en détache très- aifément, Les petits bouquets font attachés à un axe denté , & compofent un épi plus applati que celui du froment. Tournefort , 27f£, rei herb. Voyez PLANTE. En anglois rye , genre de plante qui dans le fyftè- me de Linnæus , a un calice formé de deux battans concaves , contenant deux fleurs ; ces deux battans font droits, aigus, oppofés l'un à l’autre, & plus pe- tits que les feuilles de la fleur; cette fleur confifte en deux feuilles , dont l’extérieure fe termine par une longue barbe, & l’intérieure eft plate & pointue; les étamines font trois filets capillaires qui pendent hors de [a fleur ; les boffettes font oblongues, & fendues au bout ; le germe du piftil eft de forme tur- binée ; les ftiles au nombre de deux, font chevelus ; les ftigma font fimples ; la fleur enveloppe étroite- ment la graine , s'ouvre quand elle eft müre, & la laiffe tomber ; la graine eft unique, oblongue , un peu cylindrique, nue & pointue. Linnæi, ger. plans, PACS | . Dans le fyftème des autres Botaniftes, le éco a les mêmes caraéteres que ceux du blé, excepté que fon épi eft plus plat, toujours barbu, & fon grain plus foible & plus nud. Cette plante tient le premier rang après le fro- ment entre les grains frumentacés; elle porte au com- mencement fes feuilles rougeâtres , qui deviennent enfuite vertes comme celles des autres blés , plus longues & plus étroites que celles du froment. Elle poule fix, fept tuyaux, &c quelquefois davantage à la hauteur de cinq, fix &c fept piés , droits, fembla- bles à ceux du froment; mais plus grêles, plus longs, &z montans en épis plutôt que le froment. Les fleurs naïflent aux fommités des tiges par pa- quets, compofées de plufieurs étamines jaunes, & rangées en épi. Quand cesfleurs font pañlées , 1l{uc- cede des grains oblongs, grêles, de couleur brune en dehors, blancs & farineux en dedans, plus petits, & plus obfcurs que ceux du froment. > Ses racines font des fibres déliées ; on cultive le Jèigl par-tout , principalement dans les terres maï- éreë légeres &fablonneufes; on le femeauprintems ou en automne , d’où vient que les Botaniftes appel lent le premier /écale vernum vel minus , 8c le fecond, fecale hybernum vel RaUs.. | Le pain qu’on fait de /erg/e eft noir, pefant , & ne convient qu'aux gens forts & qui travaillent ; fa fa- rine eft d’ufage dans quelques cataplafmes émolliens & réfolutifs. ITR Quelquefois le Jéigle dégénere de fa nature, fort confidérablement de fon enveloppe , groflit, fe re- courbe , prend la figure d’une corne, fe noircit à Pex- térieur, & contient au-dedans une fubftance farineu- fe , très-nuifible’ à la fanté; c’eft ce qu’on nomme blé cornu, ergot, feigle ergoté. Voyez ERGOT & SEr- GLE ERGOTÉ. CDN Le 4 Ménage de qui la reine Chriftine difoit plaifam- ment, qu'il favoit non-feulement d’où les mots ve- noiïent, mais encore où ils alloient, n'a jamais fü d’où le mot feigle venoit, quoiqu'il en ait tiré l’ori- gine de Pitalien /ega/z. (D.J.) LEE SEIGLE , on a obfervé en Suede, que le Jeigle di- minuoit chaque année de qualité, & à la fin n’étoit plus bon à rien. M. Cederhielm a propofé en 1740, dans les mémoires de l’académie de Stockholm , un , . L4 ti, à moyen qu'il dit afluré &c fondé fur l'expérience pour. prévenir cet inconvénient ; il confifte fimplement à ne point femer du Jéigle dans le même champ pen- dant deux années de fuite, de cette maniere ce grain ne s’abâtardira jamais. SEIGLE , (Diere & Mat. méd.) femence farineufe 8z ceréale, Voyez l’article FARINE & FARINEUX,, 6 SE- MENCES CERÉALES. | | Tout le monde connoît l’ufage diétetique du fer gle ; on en fait du pain qui tient le premier rang après celui de froment; qui lorfqw'on n’y emploie que la fleur de la farine , & qu’on le fait avec foin, eft très- blanc, aflez bien levé, d’un goût aflez agréable, bien meilleur que le peris pain de féigle à deux liards, qu’on vend dans les rues de Paris. : Les gens aifés de la campagne, & même les bons bourgeois des petites villes, mangent un pareil pain dans quelques provinces du royaume , comme en Champagne , en Anjou, dans la Sologne , Le Rouer- que, 6c. les payfans en font dans ces mêmes pays & dans beaucoup d’autres , un pan groffier , c’eft-à- dire dans lequel ils emploient une partie du fon, & ui eft ordinairement mal levé, dont la croûte eft brûlée & la mie mal cuite &c gluante. Il n’y a que les hommes très-vigoureux , que les organes robuf- tes des payfans, dura mefforum ilia , qui puiffent s’ac- commoder d’un pareil aliment ; il eft lourd & indi- gefke pour tont eftomac, accoutumé à une nourriture plus légere. 4 Le bon pain de férgle pafle pour rafraichiflant & légerement laxatif; cet aliment entre très-commu- nément dans la diete que fe prefcrivent à eux-mêmes plufieurs perfonnes qui fe prétendent échauffées, ou .qui ont aflez appris de théorie médicinale courante pour fe croireles humeurs âcres, la bile exaltée, 6c. on mêle aufhi quelquefois dans la même vûe, de la farine de /éigle aveccelle de froment pour en prépa- ret le pain, dont on fait fon ufage ordinaire. La farine de Jérg/e s'emploie aflez communément avec les quatre farines réfolutives ou en leur place. Le feigle ergoté fe trouvantmêlé enune certaine quantité parmi le bon grain dont on fait du pain, pro duit chez les perfonnes qui mangent ce pain , une maladie gangreneufe des plus funeftes, qui a cela de particulier qu’elle attaque principalement les extré- Tome XIF, S E 093 mités inférieures ; que la gangtène fe borne ou fe fixe d’une maniere aflez conftante , 8c que la términaifon par la féparation fpontanée du membre affeûté , eft \ fort commune. Cette terrible maladie eft endémique dans la Solo- gne , où Le payfan qui eft très-pauvre , eft réduit À cette nourrifure empoifonnée. Outre les ouvrages fur les maladies caufées par lergot, qui font indiqués à Parsick ER GOT; on trouve dans le fecond volume des mémoires, pré- fentés à l'académie royale des Sciences , par des fa- vans étrangers, un mémoire de M. Salerne, médecin d'Orleans , fur fes maladies que caufe le Jcigle ergo- té. Le traitement employé contre cette efpece de gangrene , n’a rien de particulier. On n’a tenté ju qu'à préfent que les fecours généraux, les remedes communs de la gangrene. Foyez GANGRENE, SEIGLE ergoté ( Botan. ) c'eft un féigle dégénéré de fa nature, & qui eft très-nuifible à la fanté : on en a parlé fort au long au 10: ERGOT, d’après le {yf- tème de M. du Tillet. oyez donc le #0: ERGOT. Suivant M. Aimen, l’ergot du feigle eft la même maladie que le charbon du froment, Si ces deux ma- ladies different l’une de Pautre, ce n’eft qu’à caufe de la différence qui fe trouve dans l’organifation de ces deux grains. Voici l'idée que M. Âimen donne de l'ergot du fégle. oO LÉ La 1°”. Les grains ergotés, plus gros & plus longs que les autres grains fains, fortent ordinairement de la balle, fe montrant quelquefois droits, & quelquefois plus ou moins courbés. 2°, À l’extérieur ils font bruns ou noirs ; leut fur- face eff raboteufe, & fouvent on yappercçoit trois fillons qui fe prolongent d’un bout à autre; enfin, l'extrémité extérieure des grains eft conftamment plus groffe que celle qui tient à la paille; ce bout plus ren- flé eft quelquefois fendu en deux ou trois parties : il n'eft pointrare d’appercevoir à leur furface des cavi- tés qui paroïflent creufées par des infectes. 3°. Quand on rompt l’ergot, on apperçoit dans l'axe une farine aflez blanche , qui eft recouverte d’une autre farine roufle ou brune; cette farine vi- cie s’écrafe entre les doigts. M. Aimen l’a quelque- fois trouvée prefqu’auffi noire que la poufliere du blé charbonné, : 4°. Ces grains étant mis dans l’eau, furnagent d’a- bord , & ils tombent enfuite au fond; f on les mâche, ils laiffent fur la langue l’impreffion de quelque chofe de piquant. ; , 5°. Les balles paroïflentfaines, quoique celles qui font extérieures foient un peu plus brunes quand les épis font fains. 6°. Tous les grains d’un épi ne fe trouvent jamais attaqués de lergor. - | 7°. L'ergot tient moins à la paille que les bons grains. 8°. M. Aimen attribue cet état du /2ig% à un défaur de fécondation ; il aflure qu’on ne trouve jamais dé germe dans les grains ersotés. Mais quelle que foit là caufe de cette dégénération du féigle ,on peut fe convaincre par ce qu’enont écrit Dodart, Langius, Fagon, de la Hire, & autres mo- dernes, que ces grains ergotés caufent d’étrangesma- ladies dans certaines années À ceux qui fe font nout- ris du pain fait de la farine où il eft entré beaucoup de /éiglewercote. left aifé de féparer la plus grande partie des grains ergotés , par le fecours du crible, parce que la plû- part de ces grains malades font beaucoup plus gros que les grains fains. Les payfans de Sologne font cette féparation dans les années où le grain n’eft pas cher ; mais dans les années de difette , ils ne veulent pas perdre les grains ergotés ;& c’eft alors qu'ils font | attaqués d’une gangrene feche qui leur faittomber les VVyvyvs 894 SET extrémités du corps, fans prefque fentir de douleur & fans hémorrhagie ; ‘enforte qu'on a vü de ces pau- vres miférables à l'hôtel-dieu d'Orléans , à qui il ne reftoit que le tronc, & qui ont encore vécu en cet état pendant plufieurs jours, k Comme lergot ne produit pas tous les ans ces fà- cheux accidens , Langius a penfé quil pouvoit y avoir de deux fortes d’ergots ; l'un quin’eit point per- picieux., & l’autre qui occafionne la gangrene dont nous venons deparler. Il eft cependant probable qu’il n’y a qu'une efpece d’ergot,, & que ce grain ne fait point de mal, 1°. quand les payfans ont foin de cri- bler attentivement leur grain ; 2°. qéand il ÿ a natu- rellement peu d'ercot mêlé avec le bon grain. | On prétend encore que Fergot perd fa-mauvaïife qualité quand on l’a gardé un certain tems ; mais auf c’eft pour cette raïfon que les payfans doivent être ‘attaqués de cette gangrene dans les années de dette, parce qu'alors ils confomment leur récolte prefque aufi-tôt qu'ëls ont fini la moiflon. Du Hamel, sraisé de la culture des terres, tome IV. ( D. 7.) SEIGLE , ( Commerce. ) Le feigle fe vend par laft , contenant 27 facs & demi d’Amfterdam , 19 feptiers de Paris , trois quarts de feptiers de Rouen, & 17 razieres de Flandres. Quand le /£igle eftfec, le laft pefe ordinairement 3300 livres; sl n’eft pas fec, 4200 livres. Didionn. du Comm. (D. J.) EIGNELAY , (Géogr. mod. ) en latin des char- tres Siliniscum , bourg de France en Boursoone, au diocèfe d'Auxerre, à un quart de lieue des rivieres d’Yonne & de Serain. Ce bourg a été érigé en mar- auifat en faveur de M. Colbert, & c’étoit le moindre de festitres. (D. J.) SEIGNEUR , (Gram.& Jurifpr.) fignifie en géné- ral celui.qui a quelque puiflance ou fupériorité poli- tique fur d’autres perfonnes. Ce terme de /ergneur vient du latin f£rior, parce qianciennement chez prefque toutes les nations, les vieillards étoient ceux qui gouvérnoient les au- tres. ‘C'eft ainfi que chez les Hébreux &c les Juifs féres populi ac:magnates où judices, étoient fynonymes, &c fignifioient les wagiftrats & juges qui gouvernoient le peuple. De même, chez les Romains le fénat fut ainfi ap- pellé à fenio. C’eft de-là que le titre de /éigreurs eft demeuré aux princes, aux prélats & aux autres srands de l’état, grands du royaume, aux officiers des cours fouveraines,&c autres perlonnes, qui ne tirent ce titre que de leur office ou fon&ion. On entend aufli par le terme de féigneur celui qui tient en fief la juftice d'un lieu, ou qui poffede quel- qu'héritage, foit en fief ou en franc-aleu. Les fegneurs font de plufieurs fortes; les grands & les moindres. Les grands férgneurs étoient anciennement appel- lès Jeudes 8 fideles regni , les féaux , vavaffores , vaf- Jalli dominici. Préfentement les grands féigneurs font les princes fouverains où ceux qui ont le titre de prince, fans néanmoins être fouverains, les ducs, les comtes, les marquis, les barons. Les moindres /égneurs font tous les autres Jér- greurs , {oit titrés, tels que les vicomtes, vidames, châtelains, ou non titrés, comme les fimples Je gneurs jufticiers ou de fief. Voyez ci-après le mor SEIGNEURIE. (4) SEIGNEUR BAS-JUSTICIER , eft celui qui ne tent en fief que la bafle-uftice. Voyez Jusrice. SEIGNEUR CENSIER , 04 CENSUEL,, eft celui qui a donné un héritage, à la charge d’un cens , & au- quel le payement de ce cens eft dû. SEIGNEUR-FONCIER, o4 CHEF-SSIGNEUR, ox | l'SIMENT TRÈS-FONCTER ,eft le premier Jéigneur où proprié- taire de l'héritage, celui qui a la plus ancienne rede- vance fonciere impofée fur cet héritage. Poyez l’au- teur du grand Coutumier , liy. IV, wir. de juffice- fonciere, Dumoulin, Loyfeau. SEIGNEUR DIRECT, 04 FÉODAL, eft celui duquel un héritage releve, foit en fief ou en cenfive. oyez SEIGNEUR FÉODAL, FONCIER, DIRECT € SEI- GNEURIE. : SEIGNEUR DOMINANT , eft celui dont un fief releve directement & immédiatement. On l'appelle inf par oppolition au vafal qui eft appellé féigneur du fief fervant. Coutume de Paris, art. dj, G ir. SEIGNEUR ECCLÉSIASTIQUE, eft un bénéficier qui poñlede quelque feigneurie atrachée à fon bénéfice. SEIGNEUR ENGAGISTE, ft celui qui tient du roi quelque terre où feigneurie, à titre d’engage- ment, c’eft-à-dire, fous faculté perpétuelle de ra- chat. Voyez DOMAINE, ENGAGEMENT 6 ENGA- GISTE. SEIGNEUR FÉODAL, 0% FEUDAL, 04 SEIGNEUR DE FIEF, eft celui qui tient un héritage en fief. On entend fouvent par cé terme le feigreur domi- nant, relativement au vañal, | SEIGNEUR DE FIEF, eft celui qui eft propriétaire d'un fief, c’eft-à-dire, qui tient d’un autre eigreur un bien, à la charge de la foi & hommage. Voyez Fier, FOI, HOMMAGE. à pe SEIGNEURS DES FLEURS-LYS; On appelloit ainfi anciennement ceux qui tenoient le parlement , à caufe qu'ils fiégeoient fur les fleurs de lys. Voyez les Ordonnances de la troïfieme race, tome III. p. 48 de la préface. SEIGNEUR FONCIER, 04 TRÈS-FONCIER , eft ce- lui qui a la plus ancienne redevance fonciere fur un héritage. Voyez la coutume d'Orléans, art, cexiv. cecxxvi. la Marche, art. cxxxiv, Loyfeau , du de- guerpif{em. liv. 1 ch. v. n. 11. SEIGNEUR GAGIER,; c’eft ainfi qu'en quelques pays lon appelle Le fogreur engagifle. Foyez Stok- man. décif. 90. SEIGNEUR HAUT & PUISSANT, eff le titre que prennent les grands du royaume & ceux qui poñle- dent des feigneuries titrées. Ce titre paroït imité de ces braves qui étoient au- près du rot, & que Grégoire de Tours appelle forses. Voyez Morery , com: 1, pag. 72. Perfonne ne doit régulierement prendre ce titre, qu'il n’y foit fondé. Et dans les foi & hommages, aveux & dénombremens qui fe rendent aux cham- bres des comptes, quand on trouve ce titre pris par quelqu'un qui ne paroît pas y être fondé, on or- donne qu'il en juftifiera. SEIGNEUR HAUT-JUSTICIER , eft celui qui tient en fief une haute-juftice, Foyez JusricE & Juris- DICTION. SEIGNEUR JURISDICTIONNEL, eft celui qui a la juftice. Ce terme paroît ufité au parlement de Gre- noble, pour dire Jéigneur juflicier, ainfi qu’on peut le voir dans Chorier, en fa jurifprudence de Guy- pape, pag. 94. SEIGNEUR LIBRE, 04 plutôt LIBRE SEIGNEUR, titre que prend le /éigneur de Saint-Maurice dans le Mäâconnois , terre poflédée depuis plus de fix cens ans par la maïfon de Chévriers, avec une partie du péage de Mâcon en fief-lige, François Léonard, mar- quis de Chevriers, & Claude-Jofeph, fon pere, font qualifiés l’un & l’autre Zbre feigneur de faint Maurice. Voyez le Mercure de Juin 1749, tome I. page 212. Cetitre de libre feigneur peut fignifier que cette terre eft un franc-aleu, ou qu’elle n’eft tenue:qu’à fimple hommage & non en fief-lige, comme la portion du péage de Mâcon que le même /éigreur tient en fief- lige. SEIGNEUR-LIGE , fe prend quelquefois pour celui auquel eft dû l’hommage-lige; mais en Bretagne il fignifie le fézgneur le plus prochain , ’eflä-dire, le feigneur immédiat. Voyez la Courume de Bretagne , ar- ticles coclxxtj, ecclxxv. ccclxxvii. ceclxxxiv, & les mots LiGE , HOMMAGE-LIGE, 6 SEIGNEUR pro- CHAIN. SEIGNEUR DE LOIS , 0% EN LOIS. On entendoit anciennement par-là une perfonne verfce dans l’é- tude du droit, un yurifconfulre. On créoit des cheva- liers en lois. Voyez Beaumanoir, ch. xxxviij. p. 203. lign. 28, & le recueil des Ordonnances de la tro fLerne race, tom. III, pag. 48 de la préface, & pag. 346 de l'ouvrage , lign. 22. SEIGNEUR MOYEN-JUSTICIER , eft celui qui ne. tient en fief que la moyenne-juftice. Foyez Jus- TICE. SEIGNEUR DE PAROGSSE , eft celui dans la haute- juftice duquel une éghife paroifale fe trouve bâtie, Néanmoins dans le comté de Chaumont, ceux qui ont la moyenne juftice fur le terrain où eft bâtie l’'églife, fe qualifient féigreurs de la paroïfle. Poyez Guyot en fes Obfervations fur les droits honorifiques, pag. 126. SEIGNEUR EN PARTIE, eft celui qui n’a pas à lui feul la totalité de la feigneurie d’un lieu, mais feulement une portion de cette feigneurie. SEIGNEUR PATRON, eft celui qui jouit d’un droit de patronage attaché à fafeigneurie, Voyez PATRON, PATRONAGE ; SEIGNEUR , SEIGNEURIE , DROITS HONORTIFIQUES. SEIGNEUR PLUS PRÈS DU FOND, c’eft le /éioneur immédiat. Voyez la coutume du Poitou , art. 22 ; An- goumois , Li, 1, art. 12. SEIGNEUR PROCHAIN 04 PROCHE, en Bretagne fignifie Le fégneur immédiat dont on tienten plein fief, à la différence du /ccgneur fupérieur ou fuzerain dont on releve en arriere-fief, Éreragne, arr. 372, 3J33 376 3 354 SEIGNEUR PROFITABLE , en la coutume de Cler- mont , art. 108 & 109 , eft celui qui jouit du fond même de l'héritage, à la différence du féigreur diret, qui n’a droit de réclamer fur cet héritage que lafoi ou le cens. C’eftce que lon appelle ailleurs /éigreur utile , & pour parler plus clairement , Ze propriétaire. SEIGNEUR REDOUTÉ o4 TRÉS-REDOUTÉ , titre donné anciennement à quelques-uns de nos féigneurs. Philippe le bel fut le premier qui fouffrit qu'on lui donnûât ce titre. Voyez les ordonnances de la troifieme race ;t0me Ï. p.793 ; & les lesres hiflor. fur. les par- lemens , tome IT. p. 254. SEIGNEUR SPIRITUEL, On entend par ce terme un prélat quia la puiflance publique eccléfiaftique dans un certain diftriét , comme un évêque, un ab- bé ou autre bénéficier. Voyez ABBé, ÉVÊQUE, Ju- RISDICTION ECCLÉSIASTIQUE , PRÉLAT. SEIGNEUR SUBALTERNE, .eft le éigneur jufticier autre que Le roi, duquel il eft inférieur & vaflal ou arriere-vaflal, & reflortit en la jurididion royale. Voyez la coutume de Berry, tit. 2, art. 14,21, 35 ; at, 5, art. 28, 55; tit. Cart. 6, tit. 9, art. 10, tit. 10 3 Art: 3. SEIGNEUR SUZERAIN , s'entend quelquefois de tout /érgreur autre que le fouverain ; mais dans l’ufa- ge ordinaire on entend par ce terme le féigreur qui eft au-deflus du /éigneur dominant, & duquel un hé- ritage releve en atriere-fief, Voyez SUZERAIN & Su- ZERAINETÉ. SEIGNEUR TEMPOREL, eff celui qui a Ja feigneu- tie publique profane d’un lieu , à la différence du Jeigreur pwituel qui n’en a la jurifdiétion. que pour le fpirituel. | SEIGNEUR TRÈS-FONCIER , voyez CHEF, SEI- GNEUR 6 SEIGNEUR FONCIER, SEIGNEUR VICOMTIER, gualf vice-comiris ; ef! ces lui qui a la moyenne juftice ; c’eft ainfr qu'il eft ap- pellé dans les coutumes de Ponthieu, Artois, Amiens, _ Montreuil, Beauquefne, Vimeu , Saint-Omer, Lille, Hefdin , &c. SEIGNEUR UTILE, c'eft le propriétaire , celui qui retire les profits du fond , à la différence du fégneur direét qui n’en retire que des droits honorifiques, Voyez la coutume d'Orléans, art. 135, Anjou, 103 ; Bourbonnois, 473 , Auvergne, ch. 1j. are. 1 6 3 ; Ber. TY , Li 0, arts 17, @ autres. | SEIGNEUR , ( Cririg. facrée. ) en hebreu adonai, jehovak, en grec, xupics, en latin dominus. Le nom de féigneur convient à Dieu par excellence , & à J. C: maïs nous trouvons auf dans l’Ecriture que cette épithete eft donnée aux anges , aux rois, aux princes, aux grands, au fouverain facrificateur, aux maîtres par leurs ferviteurs | 8 en général à tous ceux qui méritent du refpect. (D. J. SEIGNEUR, ( Liscérat, é Médaill,) Domitien s’ar- rogea en même tems le titre de dieu, dus, & de fegneur, dominus, comme le dit Suétone : ces deux titres lui font donnés conjointement par Martial , /, P, epu. 8, edidum Domini, Deique nofirz. Les mé- dalles donnent ces mêmes titres à Aurélien, M. Spon rapporte une infcription de Caracalla avec le titre de Jérgneur de la verre 6 de la mer, ( DJ.) SEIGNEUR grand, HOMME grand, ( Langue franc.) ces deux exprefhions, grand féigneur, @ grand homme n’inciquent point une même chofe ; il s’en faut de beaucoup, les grands féioneurs font communs dans le monde , &c les grands hommes très-rares; Pun eft quel- quefois le fardeau de l’état , l'autre en eft toujours la retfource &c l'appui. La naïffance , les titres, & les charges font un grand feigneur; le rare mérite, Je génie ëc les talens éminens font un grand homme. “Un grand feigneur voit le prince, a des ancêtres, des dettes & des penfons ; un grand homme {ert fa pa- . trie d’une maniere fignalée , fans en chercher de ré- M ra 7) compenfe , fans même avoir aucun égard à la gloire qui peut lui en revenir. Le duc d’'Epernon &c lé ma- réchal de Retz étoient de grands feigneurs ; Vamiral de Coligny &c la Noue étoient de grands hommes. Quand les Romains furent corrompus par les ri- chefies des provinces conquifes , on commença à voir naître de leur aviliffement, l’époque du nom de grand fergneur, & le philofophe réferva le titre de grand homme à ces rares mortels qui aiment, quifer- vent &c qui éclairent leur pays. Celui qui obtient une noble fin par de nobles moyens, qui difgracié rit dans Pexil & dans les fers , foit qu'il regne comme Antonin , ou qu'il meure comme Socrate, celui-là -eft un grand homme aux yeux des fages ; mais les fimplement grands fecgneurs n’ont par-deffus les hom- mes ordinaites qu'un peu de vernis qui les couvre. Vajouterai qu'un de nospoëtes voulant peindre les grands feigneurs , au lieu de dire qu’ils ne font tels que par les caprices de la fortune & du hazard, nous les repréfente fous la figure d’un léger ballon que le fort Pouffe en l'air plus ou moins fort, Dont il fe joue a Ja maniere ; D'un globe de favon 6 d’eau Que forme avec un chalumeau D'un enfant l'haleine légere. Ce n’eft pas ici le lieu d’en dire davantage. Poyez GRANDS 6 GRANDEUR: ( D. J. SEIGNEURIAGE , f.m.(Gram.& Jurifprud.) eit en général un droit qui appartient au feigneur à caufe de fa feigneurie ; mais ce terme n’eft guere ufitéque pour exprimer le droit qui appartient au roi pour la fonte & fabrication des monnoies, Voyez l’articis J'eivans, (4) 896 À 9 SEI SEIGNEURIAGE € BRASSAGE droit de, (Monnoïes.) c'eft ainfi qu’on nommele profit que le prince prend fur les matieres , tant comme feigneur , que pourles fabriquer en monnoie ; ces droits montent peut-être en France à trois pour cent de la valeur ; felon cette fupputation celui qui porte des matieres à Phôtel de la monnoie pefant cent onces, & du même titre que les efpeces, reçoitquatre-vingt dix-fept onces fabri- quées. L’Anglererre ne prend aucun profit du Jé- greuriage mi du Prafflagefur la monnoie ; la fabrique eft défrayée par Pétat ; & c’eft une excellente vue politique. M | Le droit de féigneuriage étoit non-feulement 1n- connu aux anciens , mais, même fous les Romains, on neprenoit pas fur les monnoïes les frais de fabri- cation, comme la plüpart des princes font aujour- d'hui; Pétat les payoit au particulier qui portoitune hvre d'or fin à la monnoie ; on lui rendoit 72 fols d'or fin, qui pefoient une livre, Ainfi Por &c l'argent en mafle, ou converti en monnoie, étoit de même valeur. Il'eft difficile d'indiquer quand nos roïs ont com- mencé à leverle droit de fergreuriage fur leurs mon- noies, ou pour mieux dire, fur leurs fujets. Nous n'avons rien fur cela de plus ancien qu’une ordon- nance de Pepin. Du moins il y a apparence que les rois de la premiere race en avoient joui, parce qu'il n’eft pas vraifflemblable que Pepin eût ofé dans le commencement de fon regne, impoler un nouveau tribut fur les François qui venoient de lui donner la couronne. . ; Dans tout ce qui nous refte d'ordonnances desrois de la feconde race pour les monnoies , il n’y eft fait aucune mention de ce droit; cependant la donation que Louis fe débonnaire fit à S. Médard de Soiffons du pouvoir de battre monnoïe, montre que l’on en tiroit quelque profit, puifqu'il dit qu'il leur accorde ce droit pour être employé au fervice qui fe faïfoit chez eux en l'honneur de S. Sébaflien. Mais ce droit. qui eft quelquefois appellé roneragium , eft très-bien prouvé dans un baïl que Philippe Augufte fit Pan 1202 , de la monnoïe de Tournai. Nos habebimus ter- {Lam partem monctagii quod inde exier. Tâchons à-pré- {ent de découvrir en quoi confiftoit çe droit, du moins fous quelques regnes. Depuis Pepin qui prenoit la vingt-deuxieme par- | tie de douze onces, nous ne favons point ce que fes fucceffeurs jufqu’à S. Louis, prirent {ur lesmonnoies pour le droit de feigreuriage, & pour les frais de la fabrication. ILeft difficile de dire à quoi fe montoit lun & l’autre; car cela a fort varié dans tous les regnes ,même fous ceux où lesmonnoies n’ont point été affoiblies, & où elles ont été bien réglées, Ce- pendant ce que S. Louis leva fur fesmonnoies, nous peut fervir en quelque façon de regle , puifque tou- tes les fois qu’elles tomberent dans le défordre fous fes fuccefleurs , ce qui arriva fouvent, les peuples demanderent toujours qu’on les remît au même état qu’elles étoient du tems de S. Louis. Ce fage prince avoit fixé le prix du marc d’ar- gent à 54 fols 7 deniers tournois; & il le faifoit va- loir 58 fols étant converti en monnoie ; de forte qu'il prenoit fur chaque marc d’argent, tant pour fon droit de féigneuriage que de braflage, ou frais de la | fabrication , 3 {. ÿ d. c’eft-à-dire , quatre gros d’ar- | gent, ou la fixieme partie du marc. On prenoit aufi à proportion un droit de féigneuriage fur les mon- | noies d’or. M. le Blanc a donné des tables à la fn de chaque regne, qui conftatent ce que les fuccefleurs : de S. Louis ont levé, tant fur les monnoies d'argent que fur celles d’or. Nos rois fe {ont quelquefois départis de ce droit | de féipreuriage, rerenant {eulement quelque chofe pour la fabrication; c’eft ain que fe conduifit Phi- lippe de Valois au commencement de fon regne. Toutes fortes de perfonnes, dit-il, porteront le tiers de leutvaiffelle d'argent à la monnoie . . . &feront payées, fans que nous y'prenions nul profit, mais {eulement ce que la monnoie coutera à fabriquer. 11 paroit par une autre ordonnance du roi Jean , qu'il fit la même chofe fur la fin de fon regne. Il y eft dit, en parlant des monnoiïes qu'il venoïit de faire fabri- quer , qu'elles avoient été mifes à fi convenable & juite prix, que lui roi n’y prenoit aucun profit , le- quel il pouvoit prendre, s’il lui plaïfoit, mais vou- loit qu'il demeurât au peuple, Louis XIII. & Louis XIV. ont fuivi une où deux fois cette méthode. Il convient de remarquer que ce que nos anciens rois prenoient fur la fabrication de leurs monnoïes ; étoit un des principaux revenus de leur domaine : ce qui a duré jufqu’à Charles VII auf lorfque le be- foin de l’état le demandoit, le roi non-feulement augmentoit ce droit , & levoit de plus grofles fom- mes {ur la fabrication des monnoïes , mais par une politique bien mal-entendue , illes affoiblifoit, c’eft- a-dire, en diminuoit la bonté: c’eft ce quenous ap- prend un plaidoyé fait en l’an 1304 parle procureur de Philippe le Bel, contre le comte de Nevers ; qui avoit affoibli fa monnoie. « Abaïfier & amenuifer la » monnoie, dit le procureur général , eft privilege » efpécial au roi, de fon droit royal, fi que à lui ap- » partiént, & non à unautre ; & encore en un feul » cas, c’eft à favoir en néceñfité, & lors non pour le ». convertir en fon profit efpécial , maïs en la défen- » fe d’un commun ». | | Sous la troïfiemerace, dès que les rois manquoïent d'argent, ils affoiblioient leurs monnoies, pourfub- venir à leurs befoins ou à ceux de l’état, n’y ayant encore n1aides, ni tailles. Charles VI. dans une de {es ordonnances , déclare qu'il eft obligé d’affoiblir fes monnoies , pour réfifter à fon adverfaire d’An- gleterre, & obvier à fa damnable entreprife, attens du, ajoute-l, que de préfent nous n’avons aucun autre revenu de notre domaine, dont nous nous puiffions aider. Les grandesguerres queles fucceffeurs deS, Louis eurent à foutenir contre les Anglois, les obligerent fouvent de pratiquer ce dangereux moyen pour avoir de l'argent, Charles VIL. dans la prefflante né- ceffité de fes affaires, poufla l’affoibliflement f loin, &c leva un fi gros droit fur les monnoïes , qw'il rete- noït les trois quarts d’un marc d'argent pour fon droit de férgneuriage & de braffage. 1] prenoit encore une plus groffe traite fur le marc d’or. M. le Blanc dit avoir lu dans un manufcrit de ce tems-là, que le peuple fe reflouvenant de l’incom- modité & des dommages infinis qu'il avoit recus de l'affoibliflement des monnoies & du fréquent change- ment du prix du marc d’or & d'argent, pria le roi de quitter ce droit, confentant qu’il imposät les taïlles ët les aides : ce qui leur fut accordé; le roi fe réfer- va feulement un droit de féigneuriage fort petit, qui fut deftiné au payement des officiers de la monnoie, &c aux frais de la fabrication. Un ancien reoître des monnoies qui paroit avoir été fait fous le regne de Charles VIIL. dit que « onques puis ,que le-roi reir des » sailless des poffeffions , l'abondance des monnoies ne » lui chalut plus. » On voit par-là que Pimpofition fixe des tailles & des aides fut fubftituée à {a place dan tribut infiniment plus incommode que n’étoient alors ces deux nouvelles impoñitions. ( Le chevalier de JAUCOURT. SEIGNEURIAL , adj. ( Jurifprud. Ve dit de ce qui appartient au feigneur ou à la feigneurie , com- me un manoir /éroreurial , un droît fergreurial, le re- trait Jéipneurial. Voyez SEIGNEUR, SEIGNEURIE. ( 4) SEIGNEURIE, 1. f. (Gram. © Jurifp.) eft le titre que l’on donne à différentes fortes de fupériorités 8 le püiflañce que l’on peut avoir, foit {ur les petfon- nes d’un lieu, foit fur les héritages de ce lieu. _ Ce terme Jéigneurie, tire {on étymologie de /ei- gneur, qui vient du latin /ezior; parce qu’ancienne- ment la fupérioriré & puiffance politique étoit artri- buée aux vieillards, Voyez ci-devant SEIGNEUR. Chez les Hébreux, les Juifs, les Grecs, les Ro- mains & autres peuples de lantiquité, 1l n’y avoit point d'autre fergneurie , puiflance ou fupériorité, que celle qui étoit attachée a lafouveraineté, ou aux offices dont lexercice confiftoit en quelque partie -de la puiffance publique ; on ne connoïfloit point en- core ces propriétés particuheres tenues noblement, ni cette fupériorité fur les héritages d’autrur, que l’on a depuis appellé fézgneuries, Ceux que dans l’ancienne Gaule on appelloit pr:#- cipes regionum atque pagorum, n'étoient pas des pof- {efleurs de Jéigreuries telles que nos duchés, comtés, châtellenies ; c’étoient des gouverneurs de pro- vinces & villes, ou des magiitrats &c juges qui ren- -doient la juftice dans un lieu. Leur puiflance étoit attachée à leur office, & non à la pofleflion d’un cer- tain territoire, La propriété qu’on appelloït autrefois feurie, du prop q PP pronom fx, ne participoit alors jamais de la féigneu- rie Ou puiflance publique. Cependant par fuccefion de tems, les féigneuries aut, fi l’on en excepte la fouveraineté, n’étoient que de fimples offices, furent converties en propriété. La fieurie fut confondue avec la féigneurie, de forte que préfentement le terme de fégreurie a deux figni- fications différentes ; l'une en ce qu'il fert à défigner tout droit de proprièté ou de puiflance propriétaire, que l’on a dans un bien; l’autre eft qu’il {ert à défi gner une terre feigneuriale, c’eft-à-dire poffedée no- blement, &avectitre de fégneurie. Ainfi le terme de éigreurie fignifie en général une certaine puiflance pofledée propriétairement , à la différence de la puiflance attachée à l’office dont l’of- ficier n’a fimplement que l’exercice. La fesgneurie eft publique ou privée ; on peut voir la définition de l’une & de l’autre dans Les fubdivifions qui fuivent cet article. Les Romains ont reconnu la féigreurie où puuflan- ce publique, &t Pont exercée fur les perfonnes & fur les biens. | Il eft vrai que du tems de la république , les ci- toyens romains n’étoient pas foumis à cette puiffan- ce, elle réfidoit au contraire en eux; ils poflédoient auf librement leurs héritages d'Italie. Mais les au- tres perfonnes & les biens fitués ailleurs, étoient foumis à la puiffance publique , jufqu’à ce que toutes ces différences furent fupprimées par Les empereurs. Les terres payoient à Pempereur un tribut appellé . cenfum , lequel ces étoit la marque de la féigneurie publique. | Tel étoit auffi l’état des Gaules fous la domination des Romains, lorfque les Francs en firent la conqué- te. Les vainqueurs fe firent feigneurs des perfonnes & des biens des vaincus, fur lefquels ils s’attribue- rent non feulement la fésgreurie publique, mais auffi Ja féigneurie privée ou propriété. Ils firent tous les naturels du pays ferfs, tels que ceux qu'on appelloit chez les Romains cenfros, feu adfcriptitios, gens de main-morte, ou gens de pote, quaft aliene poteffatis ; d’autres femblables à ceux que les Romains appelloïent co/onos, feu glebe adaiëtos, gens de fuite, ou {erfs de fuite, lefquels ne pouvoient quitter fans le congé du feigneur. Le peuple vainqueur demeura franc de ces deux efpeces de fervitudes, 8 exempt de toute féigreurie privée. | Les terres de la Gaule furent toutes confifquées ; une parte fut retenue pour le domaine du prince, le SEI "897 furplus fut diftribué par provinces & territoires aux principaux chefs & capitaines des Francs, à l’exem- ple de ce qui avoit été pratiqué chez les Romains; lefquels pour aflurer leurs frontieres, en donnérent les terres par forme de bénéfice ou récompenfe à leurs capitaines, pour les tenir feulement pendant qu'ils ferviroient l’état, La feule différence fut que les Francs ne donnetent pas feulement les frontieres , ils diftribuerent de mê- me toutes les terres de l’état, | Les provinces furent données avectitre de dwchéz les marches ou frontieres , avec le titre de marquifars les villes avec leur territoire, fous le titre de comes les châteaux & villages, avec quelque territoire à lentour, fous le titre de faronnieoude chérellenie, ow de fimple feigneurie. | Mais ceux auxquels on donna ces terres n’en eu- rent pas la férgneurie pleine 8 entiere; la férgneurie publique en demeura pardevers l’état, ils n’en eurent que lexercice; le prince fe réferva même la féigneu- rte privée de ces tertes, dont la propriété lui eft re: verfble, & même pendant qu’elles étoient poffé- dées par chaque officier ou capitaine, il y confer- voit toujours une autre forte de féigneurie privée, qui eft ce que l’on a appellé Jeigneurie direïle ; ces terres n'étant données qu'à la charge de certains devoirs & de certaines preftations. | Telle fut la premiere origine des fiefs & féionens ries, lefquels n’étoient d’abord qu’à tems, & enfuite a vie, & devinrent dans la fuite héréditaires. Les capitaines auxquels on avoit donné des ter: res, tant pour eux que pour leurs foldats, en diftri- buerent à leur tour différentes portions à leurs fol: dats, auffi à titre de fef,, d’où fe formerent les arrieress fiefs. | Ils en rendirent auf quelques portions aux natu=+ rels du pays, non pas à titre de fief, maïs à la charge d’un cens, tel qu'ils en payoient aux Romains ; de-là vient l’origine de nos cenfives. | Au commencement les féigreuries étoient tout à la fois offices & fiefs. Les feigneurs rendoient eux-mé- mes la jufice en perfonne; mais dans la fuite ils commirent ce foin à d’autres perfonnes, & on leur a enfin défendu de juger eux-mêmes, au moyen de quoi les offices des feigneuts ont été convertis en féi- greuries , auxquelles néanmoins eft demeurée atta- chée une partie de la puiffance publique. . Ceft de-là qu’on diftingue deux différens degrés de Jeigneurie publique ; le premier qui eff la Jonveraineréz le fecond qu’on appelle fzeraineré, comme étant un diminutif de la fouveraineté, &une fimple fupériori- té fans aucun pouvoir fouverain. | … On diftingue aufli deux fortes de fergreurie privées favoir la direite, qui eft celle des feigneurs féodaux ou cenfuels; & la Jéigrewrie utile, qui eft celle des vaf: faux & fujets cenfiers. C’eft pourquoi parle terme de Jetgneurie privée l’on entend auffi quelquefois La pro: priété fimplement, abftrattion faite de toute Jéigreu+ | rie prife en tant que puiflance & fupériorité. | La /ergneurie privée ou direéte , n’a plus guere liew préfentement que fur les biens & non fur les perfon- nes, fi ceneft dans quelques lieux où il y a encore des cerfs de main-morte & gens de pourfuite, & à l'égard des vaflaux & cenfitaites pour les devoirs & preftations dont ils font tenus à caufe de leurs héri< fages. | : Les premieres fecgneuries publiques , dans l’ordre de dignité, font les fegneuriesfouveraines, lefquelles ont des droits & prérogatives qui leur font propres. Voyez ETAT, MONARCHIE, ROr, ROYAUME, Sou- VERAIN , SOUVERAINETÉ: Les Jéigneuries publiques qui font feulement fuze» ranes ou fubalternes, font des féigneuries non fouve- raines, ayant fief ou franc-aleu noble, avec jufice 898 SET annexée à quelque titre d'honneur, tels que duché, comté, marquifat, c. Poyez FRANC-ALEU. Ces fortes de féigneuries avoient autrefois la puiffan- cedes armes & le pouvoir légiflatif ; les {eigneurs qui avoient aflez de vaflaux pour former une compa- onie, levoient banniere &t avotent leur bande à-part: ‘ls donnoient aufli à leurs fujets des ftatuts, coutumes ëêc privileges. | | EUR Préfentement toutes féigreuries particulieres , au- tres que les fouveraines, n’ont plus de la puiffance publique que la juftice qui y eftannexée en tout droit de propriété. Voyez JUSTICE. Les feigneuries fuzeraines font de trois fortes ; fa- voir les grandes , les médiocres & les petites, ou fim- ples Jésgneuries. ST Ces grandes féigneuries , que lon appelloit toutes anciennement d’un nomcommun, baronnies, font cel- les qui ont titre de haute dignité , comme les duchés & comtés pairies, les autres duchés & comtés, mar- quifats, principautés. Ces grandes féigreuries jouifloient autrefois de pref- que tous les droitsrégaliens, comme de faire des lois, d'établir des officiers, de rendre la juftice en dernier refort , de faire la paix & la guerre, de battre mon- noie, lever deniers fur le peuple. Les poffeffeurs de ces féigneuries portoïent fur la tête une courone, fe-. lon leur dignité. Voyez CouRoNNE, Duc, COMTE, MARQUIS. | Mais depuis que les chofes ont été remifes dans leur état naturel, les grandes /ergneuries ne different des autres que par le titre de dignité qui y eff atta- ché, & par l’étendue de leur juftice, mouvances, pofleffions & droits. Les médiocres ou moindres , font celles qui ont un titre de dignité, mais inférieur aux autres, tels que les baronies, vicomtés, vidamés, châtellenies. Les petites ou fimples Jésgneuries, font celles qui mont que le droit de juftice, haute, moyenne ou bafle , ou même toutes les trois enfemble, fans aucun titre de dignité. Les grandes feigneuries fuzeraines relevent ordi- nairement nuement de la fésgreurie fouveraine ; les médiocres ou moindres, de quelque grande érsneu- rie ; & les petites ou fimples, relevent aufli commu- nément d’une /ézgneurie du fecond ordre. Cependant quoique le fouverain puifle feul créer des juitices , & ériger des éigneuries proprement di- tes, une grande fesgneurie peut relever d’une autre, &t non du roi direétement, & ainf des autres /érgneu- Tces. Ces feigneurs de fiefs peuvent feulement créer des arriere- fiefs; mais ne peuvent pas créer de Jégreurie qui participe à la puiflance publique , parce qu'ils ne peuvent pas créer de nouvelles juftices, n1 d’une ju- ftice en faire deux. | Les fiefs & feigneuries étoient autrefois tous indi- vifbles, ce qui n’eft demeuré qu'aux fouverainetés & aux grandes féigneuries , telles que les principau- tés, les duchés 87 comtés pairies. | À l'égard des autres Jéigneuries, la glebe peut bien fe divifer ; mais Le titre de dignité & la juftice ne fe divifent point. Anciennement toutes les grandes Jéigneuries ne tomboient point en quenouille , parce que c’étoient des offices mafculins ; préfentement les femmes y fuc- cedent fuivant les regles des fiefs, fauf l'exception pour les duchés-pairies non femelles. | Les médiocres & petites férgreuries étoient incon- nues dans l’origine des fiefs ; les vicomtes, prevôts, viguiers, châtelains, vidames, n’étoient que des of- ficiers inférieurs, prépofés par les ducs & comtes, lefquels, à Pexemple de ceux-ci, fe firent proprié- taires de leur office & féigneuries. Les féigneuries en général peuvent jouir de divers SE el droits, les uns relatifs au fief les autres à la jufice, Relativement au fief, elles jouiflent des droits & devoirs feigneuriaux , tels que la foi & hommage, & l’aveu & dénombrement pour les fefs qui en re- levent, les déclarations 8 reconnoiffances pour les terres qui en relevent en roture , les droïts de quint, relief, lods & ventes, & autres dûs aux mutations. KRefativement à la juftice, les féigneuries ont droit de police & de voirie ,-droit de pêche dans les peti- tes rivieres, droit d'amende & de confifcation, bâ- tardife , deshérence &z autres femblables. La puiffance fpirituelle n’eft point une féigrewrie proprement dite; mais une Jésgreurie temporelle peut être jointe à une dignité fpirituelle, Les prélats peuvent avoir deux fortes de juftice ; lune purement eccléfiaftique, quin’eft point pole dée par droit de féigneurie ; l'autre purement tempo- relle, qui eft tenue en fief. Les juftices appartenantes aux villes ne font point une marque de feigneurie; elles ne font nt royales, ni feigneuriales, mais municipales, c’eft-à-dire jufti- ces de privileges. Sur ce qui concerne les féeneuries, voyez les au- teurs qui ont traité des fiefs, francs-aleus, juftices , principautés , fouverainetés ; Loifeau des féigneuries, & Les mots FIEF , FRANC-ALEU , SEIGNEUR, &c.( 4) SEIGNEURIE CENSIVE 04 CENSUELLE. Voyez ci- devant SEIGNEUR CENSIER. SEIGNEURIE IN CONCRETO , eft celle qui eft for- mée du concours de la féioneurie publique & de la /ei- greurie privée , telle qu’une terre feigneuriale , qui confifte tout-à-la-fois en la poffeffion d’héritages te- nus noblement & en droit de fupériorité fur des hé- ritages que Le feigneur ne pofléde pas. Voyez Loy- feau , des feign. ch. ij. n. 1. G fuiv. SEIGNEURIE DIRECTE, eft celle qui n’a pas la propriété de la chofe, mais feulement la fupériorité & la mouvance, foit en fief ou en cenfive ; elle eft oppofée à la féigreurie utile. SEIGNEURIE FONCIERE 04 TRÈS-FONCIERE. Voy. ci-devant SEIGNEUR FONCIER. SEIGNEURIE HONORAIRE , eft celle qui eftérigée par le roi en titre de comté , marquifat ou principau- té , quoiqu’elle ne releve pas direétement du roi, mais d’un autre feigneur : on appelle ces fortes de feigneuries honoraires , parce que régulierement Les grandes féigneuries ne doivent relever que du roi, & que quand elles ne relevent pas , leur titre qui leur eft attribué n’eft réputé qu’un titre onoraire. Voyez Loïfeau , des Jéigneuries , ch. vj. n. 9. SEIGNEURIE PRIVÉE, que quelques-uns appellent fimplement f£erie | pour la diftinguer de la feigneurie publique , qui eff la feule fégreurie proprement dite, eft le droit que chaque particulier a dans fa chofe, comme Le propriétaire fur fon héritage, le maître fur fon efclave. Voyez Loifeau des feigneuries, ch. j. & les mots DIRECTE, DOMAINE, PROPRIÉTÉ, SEt- GNEURIE FÉODALE, SEIGNEURIE PUBLIQUE, confifte enla fupériorité &t autorité que quelqu'un a fur les perfonnes & cho- fes qui lui font founufes. Elle eft appellée publique, parce qu’elle emporte le commandement ou puiffan- ce publique. Il n’y a de vraie Jéigneurie publique que la puiffance que donne le droit de juftice lorfqw’on le poffede en propriété ; car officier qui exerce la juftice n’a pas la Jéigreurie, & la feigneurie féodale ou directe n’eft proprement qu’une /éigneurie privée. Voyez ci-devant SEIGNEURIE DIRECTE, SEIGNEU- RIE FÉODALE , SEIGNEURIE PRIVÉE. Voyez Loifeau, des feigneuries, ch. j.n. xxv]. SEIGNEURIE SOUVERAINE, eft celle à laquelle eft attaché le droit de fouveraineté , telle que empire, un royaume, ou autre moindre /éereurze établie en fouveraineté. Il y a auf des -érats ariftocratiques & êc démocratiques qui forment des /éprenries {ouve- raines. | nai ls. SEIGNEURIE SUBALTERNE en général, eft toute Jéigneurte non fouveraine ; on entend néanmoins. quelquefois .par-là plus ‘particulierement les moin- dres fergneuries, qui font inférieures aux plus gran- des. es di | ti rs _ SEIGNEURIE SUZERAINE. Voy:z SEIGNEUR SUZE- RAIN. b D. | _ SEIGNEURIE TEMPORELLE. Voyez SEIGNEUR TEMPOREL. SEIGNEURIE TRÈS-FONCIERE. Voyez SEIGNEUR FONCIER. | SEIGNEURIE VICOMTÉ. Voyez SEIGNEUR Vicom- TIER. n 1 À | SEIGNEURIE UTILE, c'eft la propriété à-la diffé- tence de la féigreurie direéte, qui ne confifte que dans une fupérionté retenue fur l'héritage. Voyez Sei- GNEUR DIRECT @ SEIGNEUR UTILE, (4) SEILLANS , ( Géog. r10d.) petite ville , ou pour mieux dire , bourg de France, en Proyence, dansla viguerie de Barjols, ayec un college que tiennent les do@rinaires. (D.J.) «. SEILLE , LA, (Géog. mod.) nom de deux rivieres de France ; l’une en Lorraine, tire fon origine du lac de Linder , & fe perd dans la Mofelle, à Metz. L'autre prend fa fource aux frontieres de la Picardie, aile au Cateau. Cambreñs,, &x fe jette dans l’Efcaut, au-deflus de Valenciennes, (D, J.\ SELLE, { f. (Tonrelier.) Vaifleau de bois fans fond par le haut, & qui a la groffeur d’une feuillette, Il eit garni de cerceaux, & d'une anfe de fer pofée fur un gros bâton , dont deux hommes fe chargent cha- cun jur une épaule, pour traniporter le vin du pref- foir dans les caves. Ce bâton, appellé winer, fert auf à broyer les raifins dans la cuve, (D. 7.) _ SEILLEAU, £m. (Marine. ).c'eft un feau. SEILLURE , L £ (Marine) Foyer Srrrace, SEIME, £ f. rerme de Maréchal; c'eft une fente dans la corne des quartiers du cheval, qui s’étend dépuis la corne jufqu’au fer , qui eft douloureute, & fait boiter le cheval. (2. J.) SEIN , £ m. (Gram.) partie du corps où font les mamelles, & qui forme lextérieur de la poitrine. Ïi fe prend pour la gorge, les tetons. On dit cette fille n’a point de gorge, n'a point de /eir. Elle eft fans modefhie , elle découvre ion /e:7. Je porte cet enfant dans mon /é:7. Combien de bonnes & de mauvaifes attions renfermées à jamais dans Le /éiz de laterre. Cette nouvelle na plongé la mort dans le fé. Il eft rentré dans le /ér de fa famiile. SEIN , (Critique j'acrée.) en grec #0hasc ; en latin f£- nus ; ce mot Jéiz a plufieurs fignifcations dans l'Ecri- ture. Ilfe prend pour la partie du €orps renfermée dans l'enceinte des bras : £xod. iv. 6. &t de cette f- gntfication font venues ces façons de parler ; carder la main dans fon /éir, pour dire ze point agir; méta- phore tirée des gens oïffs qui tiennent leurs mains dans leur /eir, fans rien faire. Porter dans fon fein, c’eit chérir tendrement, comme font les meres & les nourrices. Le Lazare fut porté dans le /iz d’A- braham. Lut, xuy. 22. Tel eft un enfant bien- aimé, qui eft reçu entre les bras de fon pere. L’éponfe du féin , défigne Pépoufe légitime. L’apôtre bien-aimé repofoit fur le /£r de Jus. Jean, x. 23. Alors on étoit couché fur des lits la tête tournée vers la table ët les piés en-dehors ; ainfi Jean, qui étoit au-def- ous de Jéfus, avoit la tête près de lui, &c comme dans fon /éir ; ainfi dormir dans Le fein de quelqu'un, c’eft dormir auprès de lui; couver une femme dans fon feir , fovere in finu [uo , Prov. L 20. c’eft defirer de la corrompre. Ce mot en latin défigne aufñ le res, le par d’une robe , dont on fe fervoit à tirer Les forts. Prov. xvj, Tome XIF. - ae -verie la Champagne SE d 899 33- Pour entendre cette métaphore , 1l faut favoir que les anciens qui portoient de longues robes, met- toient les billets dans un pan, & que c'étoit la ma- mere de tirer au fort; de-là ces façons de parler pro- : vetbiales, excwiere fénum fuum , {ecouer le pan de fa robe, pour marquer l'horreur qu’on a-de quelqu'un ou de quelque chofe ; ab/condere ignent 12 finu, ca- cher du feu dans les replis de fa robe, pour dire nourrirfecrétement dans {on cœur des defirs de ven- geancé, | , Enfin le mot grec rca, & le latin /@zus, fieni- fient un go/fe, parce que dans un golfe on eft enfer- mé entre deux rivages , comme entre deux bras, 4@. xx. 39. (D.1.) | | | SEIN D'ABRAHAM , (Crisique Jacrée.) les juifs ont ainfi nommé le féjour des bienheureux ; & cette ex- refiomeit employée dans S. Luc, ch. xvy, 22. ce- pendant plufeurs peres de l'Eglife ont été fort incer- tains fur cette matiere. Tertulien embrafant l’opi- mon de $. Irenée, dit que Lazare étant aux enfers dans le Jeir d'Abraham , y jouwifioit du rafraichiffe- ment, Layÿarus apud inferos ir finu Abrahæ refrige- ri confecutus. Le même Lertuliien enfeigne ailleurs, que lame du Seigneur, pendant que fon corps étoit au fépulcre , defcendit aux enfers, & apparut fous uneforme humaine aux patriarches. C’étoit-là, felon lui , qu'étoit Le fecr d'Abraham, où le mauvais riche vit Lazare, Cette opinion venoit ou des préjugés du paganifme, ou plutôt du manqué d’intellisence du ftyle de l’Ecriture ; voilà pourquoi les mêmes peres s'imaginerentique le /éiz d'Abraham étoit un lieu par- ticuler , que le“paradis terreftre fubfftoit encore quelque part , &c en conféquence, ils prenoient à la lettre les exprefions de l’auteur de l’Apocalyp comme fi les ames des martyrs avoient été sent enfermées fous je ne fai quel autel, Beau/ob. (D.J.) SEIN , (Marine) petite mer environnée de terre, qui n’a de communication à aucune autre qte par un SEINE , LA, (Géog. mod.) en latin Seguana; ri- viere owfleuve de France, Il prend fa fource en Bour- gogne près de Chanceaux, à 6 lieues de Dijon ;'tra- e, arrofe Troyes, & commence à porter bateau à Méty. Enfuite la See après avoir reçu PVonne & le Loing , traverfe lile de France, où elle arrofe Melun , Corbeil & Paris. À deux pe- tites lieues au-deflus de cette derniere ville, elle re- çoit la Marne qui la grofit confidérablement, & à $ lieues au-deflous elle reçoit lOife. Enfin , après avoir féparé le Vexin de la Beauce , & avoir arrofé Ver- non, Pont-de-l'Arche , Rouen, Caudebec, Quille- bœuf & Honfleur, elle va fe jetter dans l'Océan par une grande embouchure au Havre-de - Grace: La Seine fait dans for cours mille méandres, & forme {ur fon paflage quelques îles agréables. Ses bords {ont aflez bien proportionnés pout caufer rarement du ordre. Ses eaux font bonnes, faines & pures. (2.7) RAS SEINE , éerme de Péche , forte defilet qui fert à faire la pêche du hareng , ainf que nous allons le dire. Les pêches du hareng & du maquereau font flot: tantes, c’eft-à-dire que la tête des filets , garnie de hege refte à la furface de l’eau , ou feulement un peu plongé, à la volonté du maître pêcheur. Ces filets ne peuvent prendre que des poiflons paflagers ; ainfi ils ne nuifent point au bien général de la pêche. Lorfque le bateau eft arrivé au lieu où l’on fe pro pole de faire la pêche avant de jetter à la mer la tef- fure, qui eft toute la longueur des /éires jointes en- femble , pour ne faire, pour ainf dire, qu’un feul f- let ; équipage amene le srand mât, & ne donne à la voile de mifaine que ce qu'il lui en faut pour le fou- tenir à la marée pendant qu’ils tendent le filet. Les XXXxx 900 S E I pêcheurs même des grandes gondoles font cette ma- nœuvre en un inftant, & s'ils n'ont point befoin de leur mifaine, qu'ils nomment borfét, is amenent la marterelle, qui refte dans la même place ou tombe- atriere. ÿ Enfuüte on leve prefque tout le pont par feuilles d’écoutilles , pour tirer des rumbs,, les filets ss font levés ; on jette à la mer un hailin, dont le bout eff foutenu d’un baril de bout ; on frappe les Jeines fur le hallin, de trois en trois pieces de fire qui ont chacune quatre brafles ; on y frappe pour foute- nir les féines &c le hallin un quart de petite futalle ; Ÿ l’autre bout du hallin eft amarre au bateau, que les filets font dévirer avec eux à la marée; les /éires plon- tirer ; gent dans eau de quelques brafles au moyen d’un pe tit cordage avec lequel elles font frappes fur le hal- lin, qu'on peut alonger où raccourcir fuivant que l'on juge que le hareng prend le fond , ou approche PART LATE, 8 P ) Î de la furface de l’eau ; les filets qui font fort lourds - L2 . A tombent perpendiculairement ; mais la tête eft foute- nue de flottes de liege amarrées fur le bauchet, oula tête du filet à un pié de diffance les uns des autres. in Les harengs qui fe trouvent dans le pañlage de la tif fure font arrêtés ; & comme il eft du naturel des ; Ë A poiflons de poufler toujours avec leur tête pour fe faire paf@ye, ils fe maillent dans le filet où ils font pris par les ouies ; au bout de quelques heures on halle à bord les fezes pour en retirer le poiflon ; on ne prend de cette maniere avec Îles /£zes uniquement que des harenss, quelquefois, mais rarement, des jeunes maqueraux , quelques fcelans , de fauffes alo- fes, qui font comprifes avec les härengs fous un mé: me genre, 8c qui fe trouvent confondus avec eux ; les feines jointes enfemble font plus de 6 à 700 braf- fes pour la tiffure d’un feul bateau. Toute cette ma- nœuvre eft repréfentée dans nos F/anclies, Cette pêche doit fe faire la nuit, & plus elle eft obfcure , plus on la peut efperer bonne. Foyez des PI, 6 Les fis. des pêches. S&iNE où TRAÎNE , terme de Pêche, forte de filet dont le coleret eft une efpece ; la feire eft conftruite comyne le coleret, mais elle eft tirée par deux ba- teaux , au-lieu que le coleret Peft par des hommes ou des chevaux. Voyez COLERET. Cette pêche fe fait de bafle-mer , & cefle aufi-tôt que le flot com- mence à venir ; on ne prend ordinairement avec cet engin que des flets, lefquelles reftent volontiers dans les baflures après que la mer s’eft retirée. On fe fert de Jeizes pour faire la pêche du hareng. * Voyez l'aricle précédent. Les féines dont on fait ufage à l'embouchure des rivieres, fe diftinguent en énes claires & féines épait- fes ; les féines claires fervent à pêcher des alofes, des feintes, des faumons, 8 quelquefois , mais rarement, des éturgeons , & autres efpeces de poiffons de r1- viere ; les mailles des /ézes claires {ont de 11 ou 12 lignes. Q Les féines épaiffes n’ont au plus que cinq lignes en quarré, quu eft la maille des bouts-de-quievres. Ces rets, au-heu de plombs , font pierrés par le bas &c garnis de flottes de liege par le haut. Les Pécheurs les alongent &c les hauffent ou baïflent autant qu’il leur plaît s ils les font de 60, 70, 80, 90, 100 à 200 brafles de lons plus ou moins, quelquefois ils ne leur donnent qu’une brafle & demie de chûte , & quel- quefois le double , fuivant la largeur de la riviere & 1a profondeur des eaux ; les extrémités du filet font toujours moins hautes que le milieu , pour pouvoir former une follée ou fac où le poiflon fe trouve ar- rête, quand on vient à haler le filet à terre. Pour faire cette pêche, il faut un bateau qui porte au large, & fouvent par le travers de la riviere qu’il barre ; un bout du filet fuit le bateau, & l’autre eft tenu à terre par un homme ou deux. Quand le bateau SE a fait une grande enceinte , ceux qui font dedans Îe ramenent de même bord, & on bale les deux bouts de la Jeine en les rejoignant ; on enveloppe de cette ménieretout ce qui s'eft trouvé dans lenceinte duf- let quidérive au courant de l’eau quelquefois lefpace d’un quart de lieue , les Pécheurs s’entr'aident pour haler la eine fur les bancs , d'autant que le travail eft fort rude , à caufe de la pefanteur du filet & de fa grandeur. La /éire épaiile fert à prendre des éper- lans , & généralement tout ce qui fe trouve dans Penceinte du filet, & il y a des tems différens que l'ordonnance a fixés pour fairela pêche avec ces deux différens filets. | Dans quelques endroits où lon fe fert de grandes | faimes dont le poids eft confidérable , les Pécheurs les halent à terre avec des virevaux ou treuils qu'ils tranfportent où ils jugent à propos ; cette manœuvre qui eft Je même que quand on vire au cabeftan, leur eft d'autant plus commode qu’ils font ainf difpenfés de femettre en grande troupe pour faire cette pêche. Ily a encore dés Jeires qu’on appelle féizes déri- vantes ; cette pêche eft libre dans la riviere de la Villaine, dans le reflort de l’amirauté de Nantes en Bretagne , pourvu que le pêcheur qui la veut faire, la fafle feul. Comme le lit de la riviere eft peu large , il frappe à terre un piquet où 1l amarre un des cordages ou bras du filet, enfuite 1l s'éloigne lefpace qu'il juge à- propos , & le tend de la même maniere que font les autres pêcheurs qui fe fervent de fêines ; fon filet eft auf tendu en demi-cercle, & revient de même au piquet en halant à lui autre cordage ou bras qui eft refté amatré à fon bateau ; comme les fines font fort petites , 1l peut aifément faire feul cette manœuvre ; quand ils font deux dans le bateau , un defquels eft fouvent un jeune garçon, ce dernier refte à terre, & l’autre tend le fiiet qu’ils relevent enfuite enfem- ble , comme on fait par-tout ailleurs. Il y a d’autres féires, entre lefquelles font les pe- tites eines dormantes , ainf appellées, parce qu’elles font fédentaires ; cette pêche qui eff particuliere, né fe fait qu’à la bafle-eau, Le filet dont fe fervent les Pécheuts eft une pe- tite Jérne ou filet long au plus de trois à quatre braf- fes delong, ayant environ une brafle & demie À deux brafles de fond; chaque bout eft amarré fur une per: che, haute de deux à deux brafles & demie ; deux hommes tenant chacun la perche du filet, entrent à la bafle-eau dans la mer le plus avant qu'il leur eft poffble fur des fonds de fable, ayant fouvent de Peau jufqu’au col ; Pouverture du ret éft expofée à la marée & au courant ; & comme la lame dans cette partie des côtes d’O. N. O. de Pamirauté de Quimper eft toujours fort élevée quelque calme qu'il puifle faire , à caufe des courans formés par la pro- ._ximité des îles voifines ; lorfque ceux qui pêchent de cette maniere voient venir la houle qui ne man- queroit pas de les couvrir, ils s’élancent au-deflus en s'appuyant fur la perche dont le pié eft un peu enfoncé dans le fable, ce qu'ils font avec d’autant plus de facilité que le volume de l’eau les aide à s’é- lever , ainfi ils évitent la vague qui amene à la côte des mulets & d’autres efpeces ; quand les Pêcheurs préfument qu’il y a du poiflon dans le filet, dont les mailles font de vingt & dix-huit lignes en quarré, ils fe rapprochent l’un de l’autre, 8 enveloppent ce qui eft dedans ; & après l’avoir retiré, ils continuent la même manœuvre tant que la marée la leur permet, en reculant toujours du côté de la côte à mefure qu’elle monte, &cils ne finiffent la pêche que quand la hauteur de l’eau les oblige de la cefler. Le tems le plus commode pour faire cette petite pêche eft depuis le mois de Mai jufqu’au commen- cement de Septembre : comme ce filet ne traîne S E E point, & qu'il refte fédentaire fur le fond, cette maniere de pêcher ne peut caufer aucun préjudice, d’ailleurs on n’y peut prendre que de gros poiflons avec des mailles auf ouvertes; nous lavons nom- mée fèrne dormante, à caufe de fon opération , les: Pé- cheurs ne la peuvent traîner; ilsine font qw’expofer leurs rets àla mer. Woyez les Planches 6 les fig. de la Pêche. . À Une autre forte de fe:zes’appelle /eine traverfante, En voicila manœuvre. Quand les Pêcheurs veulent fe fervir de ce filet pour faire la pêche, ils fe mettent ordinairement quatre bateaux enfemble pour en faire lamanœuvre, la chaloupe qui pèche , c’eft-à-dire celle qui porte lefilet, acinghommes d'équipage pour tendre; qua- tre hommes nagent , de maniere que le cinquieme tend la/ére, la place en demu-cercle ; un des bouts eftamarré à l'arriere du bateau, & pour le relever, deux des pêcheurs fe mettent à l'avant ; le bateau tournant fuivant l’établiflement du filet , & pour empêcher le poiflon qui fe trouve dans Penceinte d’en fortir ou de fauter au-deflus des flottes de liège qui la tiennent à fleur d’eau, deux des trois autres bateaux entrent dans l'enceinte & battent l’eau avec leursavirons ; ils s'en fervent auffi pour lever le f- let par les ottes le troifieme bateau fe met en-de- hors & fait auf la même manœuvre. Ces filets ont leurs pieces chacun de trente brafles de long & de trois de chûte ; les Pêcheurs s’en fer- vent également à la mer, comme aux embouchures des rivieres ; 1ls fe mettent ordinairement cinq pè- cheurs enfemble , fourniflent chacun une piece de filet, ce qui fait environ cent cinquante brafles de longueur , lefquelles montées & jointes enfemble ne donnent au plus que foixante-dix à quatre-vingt brafles d’étendue , à caufe du fac & du ventre qu'il faut que forme .ce filet pour y arrêter Le poiflon plat ë&z le poiffon rond. Cette pêche fe fait en tout tems, &c hors la faifon de la fardine le tems le plus favorable eft celui des chaleurs de l’êté, parce qu’elles font lever le poifon de deflus les fonds ; quelques-uns , comme les vieil- lards &t les jeunes gens qui ne font point la pêche de la fardine , font celle-ci en tout tems, Ces mêmes filets placés fédentaires fur les fonds fervent auffi à faire la pêche des mulets & du poiflon Blanc, pour-lors 1ls doivent être regardès comme des efpeces d’hauflieres de baffle Normandie , & des cibaudieres &c petits rieux des pêcheurs normands &T picards. SEINE 04 SENNE CAPLANIERE , cerme de Pêche, ufité par les Pêcheurs du reflort de l’amirauté de S. Malo , &t qui défigne une forte de filet, avec lequel ils font la pêche des petits poiffons propres à fervir d’appât pour la pêche de la morue fédentaire aux côtes de Terre-neuve.' On reproche encore aux Pêcheurs terre-neuviers de fe fervir auretour de leur voyage des féines capla- Aeres, qui leur font néceflaires pour prendre les ca- plans , harenos , fardines, maquereaux, & autres fortes de poiflons qui fervent à faire la boîte de la pêche le long des côtes de Terre-neuve, où il y a toujours , fuivant la force des équipages , quelques -chaloupes qui font deftinées à pêcher Pappât, & que Fon nomme à cet effet caplaniere ; elles ont coutume de feiner ces fortes de poiflons , & de revenir le foir vers leur échaffaut , afin d'en fournir les Pêcheurs lorfque ces chaloupes partent du matin pour la pê- che ; quelquefois même on tient dans Penceinte de la Jéine ou fénne , les poiffons qui s’y trouvent pris, pour ne les en retirer qu’à mefure qu’on ena befoin, pour avoir une boîte plus fraîche & plus nouvelle. Les Pècheurs de S. Malo n’ont pour la pêche en mer que trois petits bateaux feulement du port de Tome XIV, SE 901 deux À trois tonneaux, montés de trois, quatre à cinq hommes d'équipage, qui font en mer la pêche le long de la côte avec les rets, nommés sréfures, étales Ou étalieres , qui font les féchées des pêcheurs des eôtes de l’amirautéde Morlaix , & quelquefois lorfqu’ils n’ont rien autre chofe à faire | celle de la pêche de la ligne au libouret pendant feulement les mois dé Juin, Juillet, Août & Septembre ; durant cette faifon des chaleurs, ils font aufli la pêche du lançon où efquille, à la Jérre ou eine , mais d’une maniere différente! de cette! même pêche pratiquée par les Pêcheurs de pié d’Ovyftrehan & deGräy , fur les côtes du Benin ; ceux de S. Malo ne pouvant al- ler aw’avec bateaux fur les lieux de la pêche. Cette pêche fe fait für les bancs de éros fables de Vile Herbours placée à FO! de S. Malo par Le travers de la Caplaniere , paroïffe des Lunacco de Pontval , on la fait auf fur les fables à Cézambre , où al n’y a jamais de gué ou paflage à pie & fur la paille, placé par levtravers de Dinars , paroïfle de S. Enogats, où On ne peut auf fe rendre qu'avec bateaux: SEINÉS FLOTTANTES À FLEUR D'EAU , ferme de pêche, ufité dans le reflort de Pamirauté de Breft; ce font des filets que les pêcheurs nomment impropre- ment feines, & que l’on doit regarder plutôt comme une efpece de picots flottans , à la différence de ces mêmes filets dont fe fervent aux embouchutes des rivieres & des bayes les pêcheurs du pays d’Auge & de la baffle Normandie, qui les tendent fédentai- res par fond ; les filets des pêcheurs de Léon fe tien- nentafleur d’eau, où ils font foutenus par des flottes de liège , & n’ont des pierres fort éloignées les unes des autres que pour faire caler le filet de fa hauteur; ils ne le laïffent pas long-tems à la mer, & ne le tendent que lorfqu’ils apperçoivent des poiflons en troupe ; aufui-tôt que le ret a fait fon enceinte , &c qu’ils en ont rejoint les deux bouts, ils le relevent en prenant le filet , un homme par la tête , 8c un au- tre par le pié ; ce rettendu de cette maniere, & re- levé de même au large de la côte, ne peut être abu- fif, ni regardé comme la /éire traînante dont la ma- nœuvre eft toute différente, ainfi la pêche en doit ‘ être permife fans aucune difhculté. SEINE o% SEUNE , terme de pêche, en ufage dans le reflort de l’amirauté de S. Malo. Les petits pêcheurs de S. Malo qui font la pêche du lançon autour de File Herbours & de la Paille, commencent à tendre leurs filets, lorique les bancs au les entourent fe découvrent de marée baïffante des vives eaux; mais autour de Cezambre , la pêche du lançon ne fe fait que de morte eau feulemenr. Les bateaux font mâtés en quarré, pincés avant &t arriere, n'ayant qu'un feul mât , une voile & un foc dont ils ne fe fervent qu’autant qu'ils en ont be-: foin , 1ls font ordinairement dans ces bateaux cinq hommes d'équipage. Leurs /éines ont environ 30 à 34 brafles de lon- gueur , & 15 à 16 piés de chute ou de hauteur; elles iont agrées de même que Les Jéires ordinaires , avec un canon ou échalon de bois de chaque côté; les jets, brafles ou hales font d’une longueur proportionnée à endroit où ils veulent tendre leurs filets, dont les mailles ont 4, ÿ à 6 lignes en quarré formées d’af- {ez gros fils ; le tête garnie de flottes de liége, & la corde du pié de pierres éloignées du filet de quelques pouces par Les avançons ou petites lignes où elles font frappées , pour empêcher que le bas du filet ne traine fur le fond: au milieu du filet, eft une chaufie ou fac de ferpilliere d'environ deux braffes de lon- gueur, au bout duquel eft amarré de même avec un ayançon, une pierre pour faire caler le fac & le te- nir en état d'y recevoir les lançons qui fe trouvent dans l’enceinte du filet. j s La manœuvre de le tendre & de le relever, eft XXxxxi 902 SET femblable à celle des feises ordinaires ; comme cette pêche fe fait fur un fond de gros gravois, de Per les & de coquilles brifées , les pêcheurs font forcés d’éloigner ainfi les pierres du bas de leurs filets; fans cette précaution néceffaire , il feroit bien-tôt coupé & mis en pieces, &z quand Ja mer eft émie & fort agitée, 1ls font encore obligés d’ôter ces pierres pour foulager le fac, qui autrement {eroit aufhi-tÔt rempli. Cette même raifon empêche encore ces pêcheurs de pouvoir garnir leurs féires d'aucun plomb par le pié, ou par la ligne du bas du filet awils perdroient aufli s’il étoit chargé. y: Cette pêche du lançon commence ordinairement à la fin de Mai, & dure jufqu’au dernier jour d’Août. Par l’expérience qui en a été faite, & par Le détail qu’on peut voir, ce filet ne peut prendre aucun poif- {on plar, il n’arrête jamais que des fançons, des or- bleus &c des orphies; ces deux dernieres iortes de poiflons fuivent les lançons pour en faire curée ; les pêcheurs n’y prennent aucun autre porflon, parce que le filet ne touche jamais Le fond, que lorfqu’on le ramene à terre pour tirer du fac ce qui y eftentré; on le releve fur les bords des écorres, des bancs, au- tour defquels fe fait cette pêche qui n’a Heu que de marée bafle , & qui ne donne que le tems de pou- voir faire deux à trois traits au plus pendant chaque marée. Ce filet eft une efpece de Jéize, mais eu égard à la maniere dont 1l eft monté, la nature du terrein où fe fait cette pêche qui eft de gros gravier où le frai ne fe forme point , & à la fituation de la côte où le poiffon ne fe plaît & ne féjourne point , cette pêche fe peut tolérer, fuppofé que ce filet ne pût {ervir à d'autre ufage, dans l’intervalle qu’il ne ferviroit pas à la-pêche du lançon. Quoique la pêche du lançon fe faffe dans le même tems que les riverains de $, Maloile défablent à la bèche où faucille autour des roches qui y reftent découvertes de bafle mer ; la plüpart de ceux qui font cette petite pêche à la maïn , n’en vendent que peu ou point. Lesuns les pêchent pour leur propre confommation , Où en prennent en fi petite quanti- té, que la vente qu'ils en pourroiïent faire ne feroit point un objet, au lieu que les pêcheurs avec ba- teaux, font ceux qui en fourniflent les habitans de la ville , où ce poiflon eft fort recherché. SEING , fm. (Gram. 6 Jurifprud.) du latin fgrum, fignifie en général marque. Anciennement le terme de feing, fozum,fe prenoit pour le fceau ou cachet particulier, dont chacun ufoit pour fceller & adopter les actes qu'il pañoit ; ce Jeing ou fceau tenoit alors lieu de fignature. Depuis que lufage de écriture eft devenu plus commun, © que les fignatures manuelles ont été fubflituées à Poppoñtion des fceaux ou cachets; on a fouvent entendu par féirg la foufcription que quel- -quun fait d’un aéte, &t pour diftinguer ce féizg de lappoñition du fceau , on la appellé féing manuel. Les féings ou fignatures n’ont pas toujours été for- més du nom entier de la perfonne & en toutes let- tres fuivies ; au lieu de fienature , l’on ufoit de mo- nogrammes , efpece de hMiéroglyphes, qui raflem- bloient toutes les lettres du nom. Voyez le g/off. de Ducange, au mot monogramma. Les perfonnes qui ne favent pas écrire, au lieu de Jèing , font encore une croix ou autre marque, ce qui,ne forme qu'une preuve fort imparfaite. J'ai vu unaéte foufcrit par Pimpreffion d’une figna- ture gravée en bois ; cette marque étoit plus facile à reconnoitre qu'une Croix Ou autre marque auf fmple, On difiingue deux fortes de Jing, le feing public & le feing privé ; le premier eit authentique, l’autre ge left point, & n’a point de date certaine, Voyez SEI AUTHENTIQUE , SIGNATURE , SOUSCRIPTION: ( 4} SEING dans quelques anciennes ordonnances:, fignifie rrarque , poinçom Ou cacher. Par exemple, dans Vordonnance de Philippe le Bel du mois de Janvier 1313,article 103 il eft dit que dans chaque ville oùil y aura orfevre, il y doit avoir un /éirg propre pour {eigner les ouvrages qui y feront faits, qui fera gar- dé par deux pfud’hommes établis à cer effet, & qu'un féing ne doit point reflembler à l’autre: (4) SEING , ( Comm.) c'étoit proprement parmi les anciens un figne, une marque, que l’on faïfoit au- bas-d’un aéte, rels qu'étoient les monogrammes qui fervoient tout enfemble de fignature & de fceau, &t que Pon mettoit aux chartres & autres aûtes publics ou particuliers , pour les confirmer & les autorifer. | Seirg s'entend préfentement de deux manieres, 1°. de la fignature que les contratans ou l’un d’eux font de leur propre main au-bas de quelqu’écrit, 2°. Du paraphe ou entrelacement de plufeurs lignes ou traits que chacun imagine pour fon ufage, & qu’on met immédiatement après {a fignature. Aüle fous feing privé, eft celui qui n’eft ni atteftét ni pañlé par des perfonnes publiques. Blanc-feing, c’eft une feuille de papier blanc, au bas de laquelle on met fon nom, pour être remplie à la volonté de celui à qui on le confie. Diionn. de Commerce & de Trév. SEINNETTES ox PETITES SEINES ,, serme de péche, forte de filet, dont la manœuvre eft en tout fem- blable à celle de la feine, dont elle ne différe que parce qu’elle eft plus petite; on s’en fert particu- lerement pour faire la pêche des ables, dont lécaille fert aux fabricateurs de faufles perles ; cette pêche fe fait le long des îles, & pendant que l’eau eff trouble, fans quoi les pêcheurs ne prendroient rien ; le ret eft plombé par le bas, & flotté par le haut ; la maille de ce filet n’a guere que 4 lignes. Foyez SEINE. Il y a aufli une autre efpece de féirneste | qui fert particulièrement à prendre les équilles, qui eft un poiflon pañlager à l'embouchure de la riviere d'Orne. Ce poiflon commence à paroître vers la mi-Mai, ë&c refte jufqu’à la S. Michel. Il faut quatre hommes pour faire cette pêche ; le filet eft de la forme du coleret, mais le fervice em eft différent, en ce que les pêcheurs ne dérivent ni ne traînent point ; mais deux hommes chacun par un bout tiennent le filet tendu, au moyen d’un bâton qui eft à chaque extrémité , & dont ils enfoncent une des extrémités dans le fable , & s’écorre contre l'autre afin de le rendre plus ferme; alors deux au- tres pêcheurs qui font à l’eau jufqu'au cel , s’éloi- gnent 30 à 40 brafles du filet, & reviennent en bat- tant Peau jufqu’à ce qu’ils foient proches. L’équille épouvantée du bruit, ou par Pagitation de l’eau, {e jette dans Le filet; & les deux pêcheurs qui ont battu Peau , leyvent promptement le bas ou la plom- mée du filet de la feinrerte ; & ceux qui tiennent les canons , qui font les deux bouts, roidiflent de toute leur force , en tenant le filet horifontalement , pour lors 1ls ramaffent toutes Les équilles dans le milieu du filet, & les renverfent dans des paniers que portent les pêcheurs qui tiennent les bouts de la férrnerre , & aufli-tôt ils recommencent un autre trait, tant que la baffle mer le leur permet. Ces féinnerres ont dix à douze brafles de long, & une brafle & demie de chute ; la maille n’a au plus que 2 lignes en quarré, ce qui eft une contra: vention manifefte à ordonnance, On peut juger du tort confidérable que fait un échantillon fi petit au général de la pêche. SEJONT, LE (Géog, mod.) riviere d’Angleterre, au pays de Galles, dans le comté de Caernarvan. Le Séjont s’appelloit anciennement Séentius, & il avoit donné {on nom au peuple /Ëo%#ez, dont la capitale nommée Se;ontium, étoit voifine de Caer- narvan qui s'eft élevé fur fes ruines. (D. J) SÉJOUR, £ m. (Gram.) lieu où l’on habite, & quelquefois le tems qu’on y demeure. Mon /£jour n’a pas été long. Marli eft un Jéjour enchanteur au printems. Jai fini mon fé;our dans la capitale. SÉJOUR, (Marine.) c'eft le tems qu'un vaifleau demeure dans un port ou dans une rade étrangere. On dit jours de féjour pour les vaifleaux de guerre, & jours de planches pour les vaiffleaux marchands. SEIPOD , f. m. (Poids.) poids de Mofcovie dont on fe fert particulierement à Archangel. Il contient dix poudes, à raïfon de quarante livres le poude, poids du pays, qui reviennent à trente-deux livres, oids de marc. (D. J.) SEIRAM, (Géogr. mod.) ville de Perfe, fur les frontieres de Gété, au nord de Sihon, à 99. 25. de longit. &t à 44.,45. de lat. (D. J.) SEIREF, ox SIREF, (Géogr. mod.) ville la plus méridionale de la Perfe, près de la mer, & abandon- née depuis que le commerce s’eft établi à Kis, île du golfe Perfique. Longir. fuivant les tables arabi- ues, 88. Lans, feptent. 29. (D. J. SEIRJAN , (Géog. mod.) ville de Perfe dans le royaume de Fars. Long. felon M. Petit de la Croix, :90. 28. lait. 29. 30. ( D. 4.) SEISACHTHEIES, { £ plur. (4rrig. d'Athènes.) Susaybtie, mot qui figniñe décharge d'un fardeau , étoit un facrifice public d'Athènes, en mémoire d’u- ne loi de Solon. Cette loi portoit, que toutes les dettes du pauvre peuple feroient renufes au bout d’un certain tems, ou du-moins que l'intérêt en fe- roit confidérablement diminué, & que les créan- ciers ne pourrotent dans la fuite faïfir leurs débi- teurs, comme ils faïfoient avant cette ordonnance. Voyez Potter, Archæol. grec.tom. .p.430.(D. J.) SEIVIA, ( fi. mod.) nom d’une feéte de bra- mines ou de prêtres des 1dolâtres de l’Indoftan, qui different des autres en ce qu'ils regardent Ruddiren ou 1ff4ren comme le premier des trois grands dieux de l’fnde ; 1ls le mettent au-deflus de Ram ou Brama & de Viffnou, Voyez RAM, ViSTNOU 6 RUDDIREN. Ceux qui font profeflion de cette fete, fe marquent le front avec de la cendie de fiente de vache, brû- lée; 8 quelques-uns portent le Zrzgam au col, &cle font porter à leurs enfans, en l'honneur de leur dieu favori qui eft le Priape des Indiens. Foyez Rup- DIREN. SEIZAINE, £. f (sermie d'Emballeurs.) autrement FILAGOR ,, efpece de petite corde ou groffe ficelle, dont les Emballeurs fe fervent pour leurs embal- lages. il y en a de la grofle & de la menue. La plus commune eft compofée de trois fils de chanvre bien cablés ou tortillés enfemble; elle a la groffeur d’une menue plume à écrire, & fert ordinairement à cor- der des ballots & paquets, foit de marchandifes, de hardes, ou de meubles. (D. J.) SEIZAINS , f. m. plur. (Draperie.)\draps de laine dont la chaîne eft compofée de /&ize fois cent fils, c'eft-à-dire feize cens fils en tout. (D. J. SEIZE, (Arithmérig.) nombre pair compofé d’une dixaine & de fix unités, ou de deux fois huit, ou de quatre fois quatre ; ainfr que deux fois multipliées par huit, ou que huit le foit par deux, ou que quatre le foit par foi-même, cela ne produira jamais que Jerxe. En chifre commun ou arabe, feizes’éerit ainfi 16; en chifre romain, de cette maniere XVI, & en chifre françois, de compte, ou de finance, de la forte x/y, Legendre. (D: J.) SE1zE, (/es) m. plur. ( Æif4. mod.) nom d’une faftion fameufe dans l’hiftoire de France. Elle fe forma à Paris en 1579 pendant la ligue, On les nom- SE K 903 ma ainfià caufe des /£ize quartiers de Paris ; qu'ils gouvernoient par leurs intelligences , & à la tête defquels' ils avoïent mis d’abord Yezze des plus fac- tieux de leur corps. Les principaux étoient Buffi-le- Clerc, gouverneur de la Bafille, qui avoit été aupa- vant maître en fait d'armes : la Bruyere, lieutenant ! particuher:le commiffaire Louchard : Emmonot & Monot, procureurs : Oudinet, Paflart : & Senaut, commis au greffe du parlement, homme de beaucoup d’efprit qui développa le premier cette queftion ob£ cure & dangereufe du pouvoir qu’une nation peut avoir {ur fon roi. Un bourgeois de Paris, nommé la Rocheblond, commença cette digue particuliere pour s’oppofer aux defleins d'Henri IT. qui favo- rifoit, difoit-on, les Huguenots. Cette faion accrie & fomentée par ceux que nous avons nommés, & beaucoup d’autres, fe joignit à la grande ligue com- mencée à Péronne. Après la mort des Guifes à Blois, elle fouflla le feu de la révolte dans Paris contre Henri HL. &r eut, à ce qu’on croit, bonne paït au par- ricide de ce prince. Également oppofée à Henri IV. elle fe portaaux plus étranges extrémités contre ceux qu’elle foupçonnoit être fes partifans ; elle affe@a même d’être indépendante du duc de Mayenne, & n’oublia rien pour faire tranfporter la couronne à Pinfante Claire Eugénie, fille de Philippe IL roi d’'Ef pagne, ou à ce prince lui-même. Mais quand Paris {e fut foumis à fon légitime fouverain en 1 s94, cette fattion fut entierement difipée, foit par la retraite des principaux d’entre les /éize, foit par la clémence que ce prince témoigna envers les autres. SEIZE , (LIVRE àn-) terme d’Imprimerie, Les Libraï- res & Imprimeurs nomment un livre 2z-feize, celui dont chaque feuille d’impreffion étant pliée, com- pole féixe feuillets, ou trente-deux pages. (D. J.) SEIZIÈME, (Arichmétig.) partie d’un tout divifé en feize parties égales. Lorfqu'’il s’agit de fraétions ou nombres rompus de quelque tout que ce foit, un /éizieme s'écrit, de cette maniere, —. On dit auffitrois feigiemes , cinq fezyiemes , fept féigiemes ; ce qui fe marque ainfi, +, +, =. Le de 20 fols eft 1 3 den. qui eft une des parties aliquotes de la Bv. tournois. Legendre, (D. J.) SERIKA , (Æift. nat. Botan.) C’eft une efpece de faniale étrangere, du Japon, qui reflemble au coty- ledon , ou nombril de Vénus. Sa feuille, qu’on pren- ‘droit pour celle du cyclamen où pain de pourceaux d offre une agréable variété de couleurs. Sa tige, haute d'un pié & denu, eft garnie de plufieurs fleurs à cinq pétales qui forment l'apparence d’une guêpe volante. Elles font couleur de vermillon. L SEKISJU , (Gcog. mod.) une des huit provinces de l'empire du Japon, dans la contrée montagneufe froide ou du nord. Elle a deux journées de lons du nord au fud , & fe divife en cinq diftri@s. Le pays de cette province produit abondamment du cannib, & quelque peu de fel. Ses habitans donnent tous les ans à leur daïnio ou prince héréditaire, le double de ce qu’on donne dans les autres provinces de ceite contrée du nord. (D. J.) ERKI-KAN, (Æiff: nat. Botan.) c’eft un arbrif- feau du Japon, d’une brafle de hauteur, dont les feuilles qui enveloppent les rameaux de diftance en diftance, font étroites , longues, épaifes , argentées par-deflous, pendantes & fans découpures. Ses fleurs font incarnates, & ramaflées À l'extrémité des ra- meaux par bouquets, de dix jufqw’à quinze, qui for- tent d’une enveloppe commune. Elles font mono- pétales, & découpées en fept grandes levres. On en diftingue deux autres efpeces , l’une à fleurs blan- ches, & lautre à fleurs rouges. SEL & SELS, (Chimie & Médecine.) on comprend fous le nom de /e/ trois efpeces de fubftances ; les aci- des , les alkalis, & les /c/s neutres; en réunifant les 964 $ E € proprictés communes à ces trois clales ; on trouve que les fels font des corps folubles dans Peau, incom- buftibles par eux-mêmes, & favoureux ; il faut bien {e défendre d’appeller /e/ ront ce qui te cryftalhie, fans quoi nous confondrions plufieurs corps très-dif- férens entre eux. | Les fels font répandus dansles trois regnes de la nature , l'opinion commune des chimiftes cit même que l'air porte avec lui Pacide vitriolique ; il eftau- moins bien für qu'il peut fe charger d'un très-grand nombre deféls ; ceux qu'il peut difloudre font ap- pellés vo/arils, ceuxau-contraire quil ne peut enle- ver , font nommés fixes ; tous les acides , les alkalis volatils, 87 quelques /6/s neutres , ipécialement ceux qui font formés par Punion du /e/ ammoniac avec les diférens métaux, font volatils ; mais Le plus grand nombre eft fixe. Le. Indépendamment des, /&/s que la nature fournit , 1l en eftune foule que l’art feul peut produire, &il imite la nature dans la formation de prefque tous les els neutres. ; Les fels font, comme nous lavons vu, acides , alkalins , ou neutres; leur nature & leurs proprié- tés different par-là eflentiellement ; chaque efpece fournira une claffe particuliere. Après avoir exami- né les proprietés communes à tous les /£/s, nous par- courrons fuccefivement celles qui le font aux claf- fes, aux ordres, &t aux genres. Clafle I. Les acides. Les acides étant vra:ffembla- blement la bale de tous les autres /é/s, méritoient d’être traités les premiers ; l'opinion la plusreçue eft que les alkalis ne font que des acides combinés avec d’autres principes; ce fentiment a pour lui la raïfon & l'expérience. La raïon dit que la nature choïfit toujours les voies les plus fimples ,.& que Pafinité des acides &c des alkalis, Pavidité avec laquelle ils s’uniflent , eft l'effet de l’analogie ; l'expérience fait voir dans le regne végétal, quand il pafie par tous les deorés de la maturité &t de la fermentation, les acides fe perdre, fe changer en alkalis, 8 redeve- airenfuite acides. | | Leurs proprietés communes font d’être les menf- trues d’un grand nombres de corps, & en s’unifiant avec la plüpart, de former des /é/s neutres ; leur fa- veur ft fiforte , que pour peu qu'ils foient concen- trés , ils font corrofits ; ils font tous folubles dans l'air, c’eft-à-dire volatils, plus ou moins fuivant la. quantité de phlogiftique qui entre dans leur combi- nadon ; ainfi Pacide vitrniohique que nous {oupçon- nons en contenir le moins , eft le plus difficile à s’e- lever dansla difillation ; 1l faut que le feu foit pouffé au dernier degré, pour que l'huile glaciale s’éleve; ils font folubles dans l’eau,plus ou moins dans la pré- portion oppolée à la précédente : ainf l'acide vitrio- lique que nous avons dit contenir le moins de phlo- giftique, s’unit avec une facilité étonnante à Peau; Ô£ tandis que les autres, expofés à l’air , perdent une partie de leur poids , il augmente le fien aux dépens de fa force, en fe mêlant avec l’eau ; la rapidité avec laquelle 1l s’unit, s’il eft concentré, caute un fiffle- ment , un bouillonnement , excite la chaleur , en un mot produit une efpece d’effervefcence ; les acides s’unifient avec les huiles grafles &c effentielles, ils forment avec elles des favons peu connus. S'ils font concentrés en les mêlant, par une certaine manipu- lation avec ces huiles , fur-tout fi elles font effentiel- les pefantes, l’effervefcence eft fi vive que la flamme nait du milieu. Unis aux efprits vineux, 1ls forment des nouveaux mixtes, connus depuis peu, qui n’exif- tent nulle part dans la nature, qui ont desproprietés fingulieres qu’on nomme æœrhers ; ils produifent une effervelcence ; étant mêlés avec les alkalis, ils dif {olvent tous les métaux: mais quoiqu'il n’y ait au- çun métal qui ne puifle être diffous par un acide, au- S EL eur d'eux n’a ta proptieté de lés difloudre tous. [ls diflolvent aufi les terres, les calculs des animaux; avec les alkalis, les métaux & les terres, ils forment des els neutres. On obferveraà ce fujet, que diffé- rens dégtés de concentration font néceflaires pour les différentes difiolutions:; il en eft des acides, con- fiderés comme menflrues , de même que de l’efprit de vin, qui diflout, étant foible , quelques gommes- réfines, qu'il n’ehtpoint pu difoudre s’il eûtétérec- tifñé. Il feroit à fouhaiter que ce fait certain fût em- bell: par un grand nombre d’expériences, qui pour- roient donner lieu à une-regle générale; ils rougi£ fent le firop violat êg le papier bleu, il n’eft aucun bleu végétal à Pabri de leur impreffion ; ils décom- pofentle lait des animaux , & celui «qw'on tire dés femences huileufes végétales , pour en faire des émulfions. L’affinité des acides eft plus grande avec le phlo- oiftique , q\'avec tout autre corps ; avec les alkalis fixes , qu'avec les volatils ; avec ceux-ci ,Naw’avec les terres abforbantes ; &c enfin avec ces dernieres, plus qu'avec Les fubflances métalliques. Ces afinités établies par M. Geoffroi, font fujettes à quelques exceptions à la regle générale; quelques terres ab- forbantes , & des métaux mêmes, pouvant décom- poler le fe/ammoniac , &c le fer ayant la vertu de décompoler Palun. Les trois acides minéraux font des foufres; voyez les art, part, l'acide microcofmique en fait un, le phofphore de Kunkel. Voyez Microcosmique ACIDE & PHOSPHORE. Non-feulement lesacides ne peuvent point fe cry£ tallifer, maïs encore on ne peut les réduire en une mafle {olide, comme on le fait des alkalis fixes; le feul acide vitriolique, moins volatil que les autres, peut, & encore ce n’eft qu'avec beaucoup de tra- vail, prendre une forme épañle, ce qui eft l’effet de leur grande affinité avec l’eau ; ils fe faififfent de tou- tes les vapeurs aqueufes , & fe mêlant avec elles, ils confervent leur fluidité; nous défendons ce fenti- ment contre M. Marcgraf, qui prétend que acide animal fe cryftaliife, parce que nous ne resardons point cet acide, comme un acide pur, mais comme un Je/ neutre microcofmique ; Le tems &c les expé- riences dévoileront ce problème. Ces acides qui s’umilent avec tant d’ardeur & f étroitement à l’eau, qu’on ne peut jamais les en pri- ver qu'à un certain degré, perdent laplus grande par- tie de cette affinité, lorfqu ils font unis aux alkalis fixes, quoique ceux-ci tombent en défaillance à l'air, c’eft-ä-dire fe chargent de fon humidité au point de devenir fluides ; 1l arrive ainfi que ces deux corps perdent l’un par l’autre une proprieté qui leur étoit commune. On les retire de Peau, de l’air , des trois regnes de la nature , & des /£/s neutres faétices ; lereone minéral, l’eau & l'air, fourniffent en grande quan- tite l’acide vitriolique, le marin & le nitreux ; l’o- pinion reçue eft que ce dernier vient des végétaux 2 qui reçoivent en croiflant l’acide vitriolique de la terre, êtle dénaturent pour formerlemitreux, qu'ils rendent à la terre en fe pourriffant; le regne végétal fournit les quatre genres d'acides; le vitriolique fe trouve dans les citrons, & femblables fruits ; le n1- treux dans un grand nombre de plantes , fur-tout dans les chicoracées & les borraginées, où a/perifo- liæ de Ray. acide marin eftévident dans les plantes maritimes ; & l’acide végétal dans toutes les parties des plantes qui ont fubiunefermentationacide, peut- être même dans un grand nombre avant leur maturi- té ; cequinous conduit à une reflexion importante : c’eft qu’onne connoit point précifément la nature de l'acide des rafinsavantleur maturité, du verjus, on ne fait point fi c’eft comme nous le foupçonnons ua acide vitriolique , qui par la. maturité du fruit , for- me le /e/ effentiel, pour devenir enfuite fucceflive- ment par la fermentation acide du vinaigre ; ou sil eftavant, comme après la maturité &c la fermenta- on , lamême efpece d'acide, la découverte de fa nature feroit de la plus grandeimportañce pour con- duire à une théorie lumineufe de la fermentation in- connue jufqu’à prefent, & pour démontrer la tranf- mutation des acides ; ce ne feroit point un travail long, fatiguant, ni compliqué. Former avec le ver- jus &r les alkalis des /é/s neutres, les faire cryftalli- {er , les reduire à leurordre, feroit la plus grande partie de l’ouvrage : enfin le regne animal fournit dans les fourmis, fuivant Juncker, dans tous les in- feétes à aiguillon,, &z fuivant Pott, dans prefque tou- tes les parties des animaux, un acide peu connu. Les acides ont des proprietés médicinales qui leur font communes ; étant concentrés, ils gangrenent & cautérifent les chairs &c les os fur lefquels on Îles applique, ilsprocurent lexfoliation de ces derniers, | ce qui les rend des poifons prisintérieurement ; mais fondus dans une grande quantité d’eau , ils font ra- fraichiffans, répercufifs, ils ont la vertu de ralen- tir le mouvement du fang , d’éteindre la foif, hu- mecter les fluides., relâchermêmetousles folides ; ils conviennent donc dans les cas où il faut moderer la fievre, & les effortstrop grands. delanature : auf les médecins les emploient dans l’altération , lorfque la langue eft feche, Le pouls fort , lorfque quelque par- tie du corps , fans étre affoiblie, eftenflammée ,ou bien entrainée dans des mouvemens convulfifs; on les mêle dans les flevres malignes avec les cordiaux; ils augmentent la tranfpiration, donnés dans les cas précédens , quand elle eft fupprimée par le défaut de fecrétion que caufent la contraétion des folides , & le mouvement trop rapide du fang; ils létein- droïent au-contraire ,| 8 même avec la vie, s'ils étoïient donnés dans les cas de foiblefle ; ils font des diurétiques relâchans , indiqués dans les cas d’inflam- mation des reins , ou de la veffie, teile que la procu- rent fouvent les mouches cantharides priiesantérieu- rement, ou même appliquées extérieurement entrop grande quantité ; ils doivent être mus en ufage com- me lesers aftringens , & comme tempérans, dans les différentes hémorragies, fi onexcepte l’hæmophthi- fie, parce que éxcitant la toux, arrétant la tranfpi- ration des bronches ; la fecrétion des crachats , ils pourroient augmenter l’engorgemeut ; c’eit par ces raifons qu'ils font contre-indiqués dans les inflam- mations de poitrine, &c fi on s’en fert, cene doit être que par les raïfons les plus fortes, pour courir au mal le plus preffant : leur vertu d'arrêter la tranf- piration, & de ralentir le mouvement du fang , fe manifefte à tout le monde, par lufage qu’on en fait dans les grandes chaleurs ; 1ls arrêtent outre cela la digeftion, & pris en trop grande quantité ou fans befoin , ils caufent des rhumes, ou les agoravent ; dans les fievres bilieufes, caraétérifées par la couleur des urines , des felles, de la langue, & par laltéra- tion , ils font du plus grand fecours , eux feuls peu- vent guérir, mêlés avec quelques évacuans, & nous les préféronsde beaucoup dans ces cas à la faignée, parce qu'ils n’affoibliffent pas comme elle, que leur ufage eft plus long & moins accablant pour le mo- ment ; tousles bilieux s’en fervent utilement ; ils font encore d’un ufage fréquent contre les vers, on les mêle dans ce defleinavyeclesremedes doux, pour en rendre la boiflon plus agréable , & la vertu anthel- mintique plusfûre. Leur ufage économique, & celui qu'ils ont dans les arts, reviennent à tout moment ; mais fi nous voulons entrer dans ces détails, ce feroit un ou- vrage trop immenfe que nous entreprendrions. Nous divifons les acides en deux ordres, le pre- | S E EL 905 mier comprend les quatre acides:fimples , le fecoid nerenferme jufqu’àprefent, que l’eau régale, acidé compofé, Ordre I. Les ages Emples, Les acides, que nous appellonsfimples, fe font le produit d'aucun mélan:- ge apparent; 1len eft quatre genres, le vitriolique, le mitreux, le marin | & le végétal, dans le détail defquels nous allons entrer. Genre I. L'acide vitriolique. Voyez fous l'arsicle VITRIOL , acide virriolique, Genre IT, L’acide nitreux. Poyez ACIDE NITREUX, fous le mot NITRE. Genre III, L’acide marin. Poye ACIDE MARIN, Jous de mot SEL MARIN. Genre IF. L’acide végétal. Voyez VÉGÉTAL, acide. Ordre IT. Les acides compofes. Nous nommons ainfi les acides quine font point compolés de parties tout- à-fait femblables, mais qui font le réfultat du mê- lange de plufeurs acides, Il eft poffible d'en former plulieurs efpeces, quoique nous doutions que tous les acides puflent aflez bien fe mêler, pour devenir des menfirues nouveaux, nous n’en trouvons qu'un connu, C’eft l’eau régale, L’acide fulphureux nenous a point paru différer affez.de l'acide vitriolique, pour qu'il en fût fait mention féparément. Voyez RÉGA- LE ( eaie ). Claffe 11. Les aïkalis. Les alkalis ont des proprié- tés bien différentes des fubftances que nous venons de quitter, quoique leur nature approche fort l’une de Pautre; aufentiment des chimiftes modernes, qui penfent que les acides entrent pour beaucoup dans la compofition des alkalis. | On divife ceux-ci en fixes 8 en volatils; Les fixe font ceux qui expofés au feu le plus violent, fe fon- dent fans fe difloudre dans l'air, tandis que Les vola- tils s'évaporent, quelque foible qu’en foit la tempé- rature, Il ne paroit cependant pas qu'ils different beaucoup entre eux; un peu de phlogiftique nous paroit en faire toute la différence. Trouver lemoyen de le donner à lalkali fixe, c’eft trouver celui de le rendre volatil. Il eft hors de doute que par la fer- mentation putride , la nature opere ce Het évident dans la putréfaétion de l'urine, L’art en com- pofant le foie de foufre , volatilife évalement les al- Kalis fixes; puifque ces deux fubftances chacune {£- parément fans odeur, étant unies, en donnent une fort defagréable &c tout-à-fait volatile ; qu’il feroit pofhble &avantageuxderaflembler dansunchapiteau. Les principales propriétés des alkalis font de faire une vive effervefcence en fe mêlant avec les acides, de compofer avec eux des fels. neutres, de dé- compofer les autres fé/s, de verdir le firop violat &c toutes les couleurs bleues des végétaux; ils ont une faveur âcre & piquante; les anciens chimiftes prenoient pour un combat & une antipathie l’efler- vefcence qui réfulte du mélange des acides & des alkalis. Attuellement l’opinion contraire a prévalu , & cette effervefcence eft reconnue pour ua effet de la reflemblance , de l’accord qui femble être entre deux fubftances qui s'uniflent avec vivacité : c’eftce qu’on nomme affinité où rapport. Voyez RAPPORTR, Chimie. Nous rappellerons que les alkalis ont plus d’af- nité avec l'acide vitriolique qu'avec le nitreux, le marin, &c le végétal; avec ceux-ci qu'avec le foufre ê& les huiles : mêlés à cette derniere efpece de {ub- ftance,, 1ls forment les favons les plus aïfés à faire, les plus connus, êc les feuls en ufage. Les alkalis font, comme nous l'avons dit, fixes, ou volatils; on ne connoït pas plufieurs genres de volatils , mais il y ena troïs de fixes, dont les pro- priétés font comme nous le verrons différentes. Le premier eft l’alkali terreux , le natrum; le fecond ef lalkali matin, la foude; letroifieme eft l’alkali du 906 SHEbr , tartre : ên forte que chaque regne de la Ra a . alkali propre. Le regne animal adopte le : natrum appartient au minéral ; la foude à no &c l'alkali dutartre eft le végétal grous les examine ns féparément. ne : Quant leurs propriétés médicinales ) NOUS dirons en peu de mots qu'ils font apéritifs L ss ; que les uns &r les autres, mais fur-tout ie NOÉ sue) accelerentle mouvement dufang; qu'ils iont, LUE les expériences de M. Pringle, de puiffans der ques:, étant appliqués fur les chairs mortes, © Ce- pendant des efcharotiques fur les chaïrs vivantes. Ordre JT: Les alkalis fixes. Les trois efpeces d’al- kalis fixes ne different entre elles que parle plus où moins de principe terreux qui entre dans leur com- oftion. : : Outre les qualités communes à tous Îles alkalis, les fixes en ont de particulieres. Nous avons déja fait mention de plufieurs; nous ajouterons que ces alka- lis unis à uneterre, ou une pierre quelconque, vi- trifiable, argilleufe, calcaire ou gypleule , forment des verres. La feule différence eft dans la propor- tion : fi celle de l’alkali ef trop grande , le verre eft plus tranfparent, maisbien plus facile à être altéré par les injures de l'air, les acides , &c. au point même que la proportion étant encore augmentée, 1ltom- _bera à l'air humide en défaillance. Les cailloux fon- dus avec trois. parties d’alkali fixe on davantage, forment Le liqguor félicum, véritable diffolution des pierres les plus dures de la nature. 1 Ils ont plus d’affinité avec les acides que n'en ont les aikalis volatils ; auffi décompofent-ils tous les /2/s qui font formés de ces deux corps ; leur grande art nité avec l’eau, & leur prefque indifiolubilité dans les efprits, font qu'ils peuvent afément féparer de l’eau-de-vie & de l'efprit-de-vin , le phlegme quin eft pas abfolument néceflaire à leur combinaiton ; & c’eit un des moyens les plus fimples de purifier l’ef- prit-de vin. Cependant fi on jette l’alkali üxe, tarta- reux , brûlant dans cet efprit , 1l le teindra d abord ; c’eft ce qu’on appelle efpris-de-vin tartarife. En répé- tant plufieurs fois cette opération, Boerhaave pré- tend que peu-à-peu on parviendroit à décompoler tout l’efprit-de-vin. Les alkaïis fixes pouflés au feu s’y fondent, êT reftent fixes ; ils acquierent par-là un degré de cau- flicité de plus; ils deviennent plus durs & legere- ment traniparens. Fondus avec le foufre ils compo- fent le foie de foufre, efpece de favon très-remar- quable par la diflolution qu’il fait de tous les métaux, & fpécialement de l’or, de toutes les pierres & ter- res; difiolution qui s’unit très-bien avec l’eau, & dont l’odeur putride prouve la volatilifation des al- kalis fixes. Ces fels appliqués ànud , & feuls fur Por, Vargent, & le mercure, ne les touchent point; mais s'ils font traités pendant lone-tems avec les autres métaux ; fi on n’y mêle pas du phlogiftique en aflez grande quantité, ils les changent en chaux : cette obiervation eft d’un très-srand ufage dans la Doci- mafñe, où les alkalis fixes entrent dans les flux pour facihter la fufon. Quant à leurs vertus médicinales , ils font exté- rieurement de bons répercuffifs fondus dans l’eau; autrement des cauftiques qui ont la plus grande pait aux efets de la pierre à cautere. Intérieurement ils font diurétiques , antiacides, anti-émétiques ; ils cor- rigent les purgatifs : on voit par-là dans quels cas ils conviennent. Genre I. L’alkali fixe minéral, ou naturel, Ce jil eft le natrum ou nitrum des anciens, {pécialement de Pline. On le trouve fuivant fon rapport & celui de plufieurs voyageurs, mêlé avec de la terre dans tout le levant ; il eft aifé de le féparer de cette terre par une lefive évaporée jufques à ficcité, On le trouvé dans tous les pays dumonde fondu dans cet taines eaux minérales, auxquelles on a donné abfur- dement le nom d’acidules, à caufe de leur goût pi- uant : telles font les eaux de Vals, Spa, Aix-la= Chapelle , &tant d’autres. Ce /£/ fe defieche quel- quefois fur les rochers où les eaux minérales ont paf , & fe font évaporées. Il eft alors aïfé à ramaf fer; mais ce ne feroit jamais qu’en petite quantité : nousen avons vu à Vals former un coup d'œil agréa- ble ; fon goût fait la bafe de celui de ces eaux. Ce Jet difiere de Valkah tartareux par un plus grand degré de fixité, &c moins d’affinité avec l’eau, puifqu’il ne tombepas en défaillance comme lui ; il contient done plus de terre, C’eftpar cette quantité de terre qu’il diffère encore, quoique très-peu, de lalkalimarin, avec lequel piufeurs chiiniftes le confondent, Sa di£ férence nous paroît bien établie par celle qui eff en- tre le Je/ d'eplon, & celui de Glauber, quoïque nous convenions fans peine, aul y a dans tout cela une obicunité qui feroit aifément diffipée, fon compo- foit des /é/s neutres avec cet alkali & les acides. Nous penfons, quoïque nous ne fchions pas que l’expérience ait été faite, que cet alkalk, moins al- kaki (s'il eft permis de le dire ) que le marin & le tartareux , a moins d’afinité qu'eux avec les acides ; & qu'ils pourroient par conféquent décompofer les Jels neutres qu'il formeroit. Ses vertus médicinales font les mêmes que celles des alkalis en général, avec la différence qu’elles font plus douces. Genre II. L’alkali fixe marin. Le fecond alkaïi fixe , celui qui tient un milieu entre les deux autres À eft lalkali fixe qui fert de bafe au /é/ marin & au ££ gemme ; c’eft lui qu’on retire par l’incinération de plufeurs plantes maritimes , mais fur-tout du kali ox loude : c’eft lui quetous les chimiftes modernes con- fondent avec le précédent, le zarrum.On voit aifément que ce /e/ a donné fon nom aux autres alkalis, 27 n'étant qu'un article arabe qui confirme dans cette étymologie. Il a donc été le premier découvert ; # on excepte le natrum ; il contient plus de terre que le tartareux, & moins que le minéral, On le recon- noît aifément , parce qu'il ne tombe point en défail- lance à l'air; qu'il s’y feche même ; & en ce qu'il fe cryflallife comme les fé/s neutres, qualité qui lui eft propre. On tire ce /2/ de la foude, en en amafant des grands morceaux qu’on fait f£cher & brüler : on peut le retirer aifément des /é/s neutres qu’il forme, en le précipitant par l’alkalitartareux, qui a plus d’af nité que lui avec les acides. Ceft de ce /e/ qu'on prépare avec la chaux & l'huile d'olive le favon ordinaire; c'eft avec lui & le fable qu’on fait le verre le plus durable ; on feroït même le plus beau, fi les Verriers fe donnoient la peine de féparer par une leffive Les parties hétérogez nes qui font mêlées avec lui dans les cendres. [left peu d’ufage en médecine; fes vertus font celles des alkalis . en général. | Genre III. L’alkali fixe tartareux. Le plus fort de tous Les alkalis fixes, celui qui contient le moins de terre, celui qui fe diffout Le plus aifément dans l'eau, le feul qui tombe en défaillance à Pair, pour peu qu'il {oit humide ; celui qui précipite tousles autres, s'ils {ont unis avec des acides , qu'on eft bien éloigné de pouvoir cryftallifer, c’eft Palkali que fourniffent les cendres des plantes qui ne font pas maritimes, letar- tre &c le nitre. C’eft lui que nous trouvons dans les cendres dont on fe fert communément pour faire des leflives, pouryu qu’on brûle des végétaux aui n’ont point trempé long-tems dans l’eau; comme le bois flotté, dont les cendres femblables à celles qui ont été leffivées, ne font bonnes à aucun ufage dans les arts, Cet alkali forme dans les leffives avec les huiles ë = SEL &c les sraifles du linge fale, une liqueur favoneufe .qui aide le blanchiffage. Pobferverai en paflant que les végétaux qui fourniffent lacide le plus foible, donnent l’alkali le plus fort. Je ne vois pas que ce /2/ exifte nulle part dans la ñature à nud, non plus que l’alkali précédent. C’eft V’art qui le tire des corps où il exiftoit combiné de façon que fes effets étoient tous différens, La maniere de le tirer, le végétal dont on letre , fa pureté , l’état fec ou liquide dans lequel il eft lui ont fait prendre des noms différens. On l’appelle poraffe lorfqu’il cou- le dansun creux faitenterre , des monceaux de bois qu'on brûle au-deffus ; on le nomme // préparé , à la maniere de Tackenius, lorfqu’on fait brûler la plante dans une marmite de fer rougie au feu & couverte; ileft le /&/ lixiviel d'abfynthe, des cendres de genêt, &c. lorfque c’eft de ces plantes qu’on le tire ; /el al- kali de rartre, lorfque c’eft la terre ou la lie de vin qui le fourniflent ; cendres clavellées, quand ce dernier Sel eft mêlé avec beaucoup de terre inutile, dont on ne l’apoint leffivé; c’eft du irre fixe, lorfqu'il eft le réfultat de la détonation du nitre par le charbon; & flux noir , quand c’eft par le tartre crud qu’il détonne, tombé en déhquium, c’eft l'huile detarire en défaillan- ce , fi la terre a fourni Palkali ; c’eft Le prétendu a/- Kaef? de glauber, s’il vient du nitre. Nous entrerions dans des détails immenfes fi nous fuivions toutes ces différentes préparations ; 1l nous fuffira de les avoir indiquées , & de dire , quelles qu’elles foient, c’eft toujours le même aikali, la mé- me fubftance qui donne la vertu aux uns & aux au- tres Jels ; qu'ils ne different entr’eux que par le plus ou le moins de pureté ; que Le plus pur fe fait par la détonation du nitre, que cependant il a encore be- foin d’être leflivé ; que les /&/s lixiviels des différen- tes plantes, en confervant une partie de leur huile &c de leur fel eflentiel, participent de leur vertu, f Pincinérationn’eftpascomplette, &ileft rarequ’elle le {oit ; que la méthode de Tackenius leur conferve encore plus la vertu de laplante; que la potafle & la foude font communément fort impures, de même que les cendres clavellées , &z qu'enfin on ne doit tenter Les expériences qu'avec ces /£/s bien préparés &t très-purs. | Ce que nous avons dit des alkalis fixes en général doit fpécialement s'entendre de celui-ci, comme du plus fort que nous ayons ; ainfi 1l forme Les meilleurs favons, étant traité avec leshuiles; il fe combine très- bien avec les eflentielles ; avec celle de térébenthine il compofe le favon de ftarkey ; il purifie | comme nous l'avons vu, l’efprit de vin, & même peut le dé- compofer. Pouflé à un feu violent avec les métaux imparfaits, les demi-métaux, les terres , les pierres & toutes les chaux, il les diffout pour former avec eux les verres les plus tranfparens , mais les moins durables , fur-tout fi la proportion d’alkali eft trop grande ; verfé fur une diflolution de métaux dans les acides, il Les précipite ; & fi on en met furabondam- ment ,1len tient plufieurs en diffolution , ce qui nous confirme dans l’idée de la poffbilité des fes neutres formés par l’umion des alkalis fixes avec les métaux; il fe fait jour à-travers les creufets &r les pots, cequi indique {a combinaïfon avecles terres dont ils ont été fabriqués. Pour un: grand nombre d'expériences , il vaut mieux l'avoir en défaillance que fec ; étant déja dif- fous dans la moindre quantité d’eau poflible, il agit plus promptement lorfqu’on veut précipiter , diflou- dre. Au refte, M. Gellert aflure qu’il acquiert une gravité fpécifique quatre fois plus grande entombant en deliquium. Ce Jeleft d'unufage économique très-étendu, puif- qu’il entre dans toutes les lefives ; il eft à tout mo- ment néceflaire dans les teintures pour précipiter fur Tome XIF, h SEL 907 les laines , fils où loïes morduiés déja pat un acide, la partie coloranté : il y en a pour cetufäge deux ma nufaltures confidérables à Lyon; ifranime les cou» leurs violettes des végétaux que l'air a tetmies; il eft un excellent fumier, pourvu qu'il ne foit mêlé avec la terre qu'en très-petite quantité, Les Médecins l’emplotent dans uñ grand nombre de maladies ; tiré de différentes plantes par diverfes méthodes, il ales vertus des autresalkalis fixes ; maïs plus fortes ; & il y joint, fuivant la préparation, la vertu des végétaux dont on l’a tiré. Ordre II, L’alkali volatil. Le fecond ordre des al: kalis ne comprend qu’un genre d’alkali volatil, qui a paru jufqu'aupréfent être le même de quelque part qu'il vienne. si Nous avons dit plus haut, que peut-être les alkalis volatils n’etoient autre chofe que les fixes féparés d'une portion deleur terre , avec lefquels le phlogif. tique s’eft combiné, Nous avons été conduits dans cette idée par latranfmutation des alkalis fixes envo- latils , lorfqu’on y ajoute du phlosiftique , où lorf: que par un mouvementintefin la combinaïfon des principes en fermentation devient differente, On trouve cet alkali en très - grande abondance dans les animaux, donttoutesles parties{oumifes à la difrllation le fourniflent, fans que la putréfa@tion ait précédé, Il n’eft que quelques infeétes qui doivent être exceptés de cette regle. Maïs quoigqte nous ayons appellé /’a/kali animal , on le trouve encore dans plufieurs plantes à nud, Telles font celles de la tétradynamie de Linnæus, la plüpart des cruciforimes de Tournefert , les arum, &£ pluféurs autres de la Gynandrie , le chenopodium fœtidum, &z quelques autres éparfes dans Les différentes clafles ; onletrouve encore dans Certaines eaux munérales , on le recon- noît à une odeur d'œufs pourris ; telles font celles dé Lauchradt & Gieshubel en Allemagne. L’art produit Palkali volatilen faifant putréfierles plantes &7 lssanis maux, en faifant du foie de foufre ; il l'extrait par la diftillation de tous les corps précedens, de même que de la fuie & de tous les fels ammoniasaux ; s’il le tire fous une forme folide , il fe nomme /e/ a/kali volaril : fi c’eft fous un liquide , on lappélle e/pris volatil ;pout le tirer des fubftances qui le contiËnnent à nud , la feule difillationfufit; maislorfqu'il eftcombinéavec quelque acide, il eftnéceffaire quela décompofition précede. C’eft communément du /£/ ammoniac d’'E- egypte qi’on le retire pour les expériences chimiques & les ufages médicinaux. On obtient la décomsof- tion de trois mamieres, avec l’alkali fixe du tartre la chaux commune &r les chaux de plomb. Par la pre: miere méthode lalkali volatil eff concret; par les deux autresil eft liquide , & on a befoin d'ajouter un peu d’eau pour aider la difhation. L’alkali volatil a moins d’affinité avec les acides que n’en ont les alkalis fixes, la chaux & le plomb; ce qui fait que ces trois fubftances le décompofent ; il en a moins avec l’acide végétal qu'avec le marin, le . nitreux cle vitriolique. C’eft la raïon pour laquelle ce dernier acide décompofe tous les /é/s ammonia= caux formés parles autres acides. L’alkali volatil dif fout tous les métaux & les terres calcaires par diffés rens procédés. | Il forme des favonsavéc les huiles orafles & effen- tielles , 8 même avec l’efpritde vin, fi l’un &c autre font auffi déphlegmés qu'il eft pofñble, deux liqueurs très + déliées, très tranfparentes forment en fe mé- lant un coagulum , une mafle pâteute, blanchâtre, connue fous le nom de/oupe de Vanhelmonr. Si en dif- tillant par l’alkali fixe le volatil, on ajoute unhuitie= me ou un feizieme d'huile effentielle quelconque, or aura un /e/ volatil aromatique qui prendra fon nom de la plante qui aura fourni huile eflentielle, Si c’eft , pat la chaux qu'on le difüille, après avoir mêlé de’ YYyyy 908 SEL Phuile de fuccin , on aura Peau de fuce. On donne le nom-defprits volatils huileux aromatiques AUX autres produits liquides de femblable diftillation. | La Médecine fait un très-grand ufage des alkalis volatils {ur-tout aromatilés ; ils font cordiaux ; CÉ- “phaliques , antihyflériques ; calmans , anodins , nar- cotiques.On les prend intérieurement, ou of en ref- pire l’odeur. Au rapport de Boherrhaave, ils peuvent caufer la gangrene appliqués extérieurement. Un für moyen, felon lui, d'en former un point , confifte à prendre un grain de /é/ alkali voletil, l'appliquer fur la peau , &c le couvrir d’un emplâtre, dans peu l’et- charre gangreneufe fera formée tout-au-tour de ce grain de Je/. 4 « Dans lesteintures il fert à préparer les couleurs bleues & violettes ; l’orfeil & le bleu ordinaire , lui doivent toute leur préparation. Claffe III. Les fels neutres. Les Jets REHLTES, falés, moyens, androgynes , hermaphrodites où enixes ( car les Chimiftes leur ont donné tous ces noms), font des corps folubles dans l’eau , la plüpart favoureux, formant des cryftaux, ou une mafle épaifie , voyez Les articles NEUTRE , fel, & MOYEN, /el; ils font for- més par l’union des acides ou des alkalis entre eux, ou avec des pierres , des terres & des métaux. La partie la plus fixe au feu s’appelle Ia ba/e. Ils different entre eux, 1°, par les fubftances dont on les tire qui font minérales, vépetales ou animales ; 2°, ils font naturels ou fattices ; 3°.les naturels exif- tent purs dans la nature, ou bien ils font mêlés avec d’autres fubitances dont il faut les extraire par des calcinations, l’expoñtion à l'air, des déco@ions, des leffives & des précipitations ; 4°. les faétices diffe- rent par la mamiere de les préparer ; les uns veulent être fublimés , les autres cryftallifés à la faveur de l’évaporation & du refroidiflement de la liqueur qui les tient en diflolution, d’autres précipités par le moyen de l’efprit-de-vin , quelques-uns arrachés à leurs menftrues propres pour être diflous par un au- tre ; d’autres enfin demandent une préparation , une précipitation antérieure de la bafe diffoute dans un autre menfirue, ce que M. Henkel nomme appro- priation dans le traité qui porte ce titre ; 5°, Les Je/s neutres differentencore par leur cryftallifation ; la plus grande partie forme des cryftaux d’une figure qui leur eft propre, qui fert à en établir la différence, ë& qui varie fuivant que l’évaporation eft rapide , moyenne, ou infenfible;voyez fur cet arc, Le mém. de M, Rouelle parmi ceux de l'académie des Sciences ; une bonne partie auffi ne donne point de cryftaux con- nus jufqu’à préfent , & n’en conftitue pas moins un Jel neutre; 6°.1left des /ë/s moyens entierement neu- tres, d’autres le font avec furabondance d'acide ou d’alkali ; 7°. les uns font volatils, les autres fixes au feu; 8°. les uns fe diflolvent aifément dans l’eau froi- de, d’autres exigent de fa part un très-grand degré de chaleur ; il en eft qui font f folubles dans Peau, qu'ils tombent en défaillance à l’air humide , d’autres y perdent au contraire leur humidité, & tombent en efllorefcence ; 9°. plus Peau eft chaude, plus la quan- tité de /e7 qu'elle peut tenir en diffolution eft grande ; mais les proportions varient fuivant les féls ; 10°, leau entre dans la compofition de tous les /é/s neu- tres , mais dans des proportions bien différentes ; on peut en général avancer que leur facilité de fe diffoudre dans Peau eit proportionnée à la quantité qu'ils contiennent; 1 1°.ils different par leur gravité fpécifique ; 12°. par leur dureté ; 13°. lorfqu’ils font pe des végétaux, & qu'ils y exiftent tels qu’on es extrait, ce font des /é/s eflentiels ; 14°, ils font fimples, c’eft-à-dire formés par l’union de deux fub- flances feulement, ou compofés de trois; 1 5°, ils dif. ferent effentiellement entre eux par la nature de leur bafe & par celle de l'acide , ou de l’alkali qui les SEL confätue proprement /e/s neutres. C’eft pat ces deux dernieres différences que nous établirons les ordres, les genres & les efpeces. Ordre I. Sels neutres fimples. Nous appellons fs autres fimples | ceux qui, comme nous l’avons dit, n’exigent que lPunion de deux fubftances pour leur compofition ; ces fubflances font acides , alkalines , terreufes ou métalliques. La nature de l'acide for- mera les premiers genres , celle de lalkali les fui- vans. Genre I. Visriols, Nous donnons le nom de visriolà tous les /e/s dont acide vitriolique eft le principe. Les efpeces, comme il paroît par la table, font tirées des quatre alkalis, des quatreterres, des fept métaux & de fix demi-métaux. À côté des terres calefires j’ai mis leurs chaux, qui donnent fouvent des /£/s d’une nature différente, Parmi les métaux, j'ai placé la pla- tine , quoique les /e/s qu’elle peut produire ne foient pas encore connus. - L'or & la terre vitrefcible font Les feules fubftan- ces indiflolubles dans l’acide vitriolique par les pro=- cédés ordinaires ; cependant comme la plus grande ne AT partie des chimiftes fuppofe quele /e/fédatifdu borax eft l'acide vitriolique uni à une terre vitrefcible,nous lui avons donné certe place. Pour eflayer de diflou- dre la terre vitrefcible, ne pourroit-on pas en faire d’abord un verre avec furabondance d’alkali, ou un liquor filicum? on y verferoït alors une aflez orande quantité d'acide vitriolique , nitreux, Marin Ou vÉ= gétal, pour efpérer de tenir l’alkali & la pierre en diflolution ? c’eft à l'expérience à réfoudre ce pro- blème. Genre IT. Nitres. L'or & la terre vitrefcible font encore les feules fubftances indiflolubles dans l'acide nitreux ; mais On voit par la table le grand nombre de /é/s qui n’ont point été nommés, & qui ne font pas connus, Nous ferons fur ce-genre les obfervations fuivan- tes : 1°. Tous les /e/s formés par l’union de l'acide ni- treux détonnent : 2°. cet acide diflout les terres cale caires , & forme avec elles un agma deliquefcent qui a befoin d’une forte évaporation pour fe cryftallifers uni à la chaux, le magma qu’il forme eft au contraire très-volatil : il diflout le cuivre , & éleve dans l’o- pérationbeaucoup de vapeurs rouges quinefontdûes qu’au fer que l’acide entraîne avec lui, comme l’a prouvé M. Hellot: il faut encore une évaporation forte pour faire cryftallifer le /e/ qui en réfulte. Le fer eft précifément dans le même cas; mais onremar- que avec foin que lacide foible en diflout une-plus grande quantité. L’étain n’eft diffous qu’en partie par l'acide nitreux, la diflolution n’en eft point claire ; il eft converti en une chaux d’un jaune bleu , qui de- vient entierement blanche étant lavée dans de l’eau , qui n'eftenfuite foluble que dans l’eau régale. La dif- folution de Pétain , dans ce dernier acide, eft d’um grand ufage dans les teintures dont elle releve beau= coup l'éclat, fur-tout de l’écarlate, Le mercure fe diffout mieux dans l'acide concentré, engrande quan- tité & échauffé, Ce font-là les preuves les plus gran- des de leur peu d’afinité. L’acide nitreux diffout len- tement l’arfenic , l’antimoine , le bifmuth & le co- balt ; 1l diflout au contraire avec vivacité le zinc. La difolution de Pantimoine n’eft jamais claire ; il s’en: précipite un antimoine diaphorétique. Tousles fé/s que les demi-méraux & lalkali minéral peuvent pro- duire font inconnus. Voyez ACIDE NITREUX , fous Le mot NITRE. | Genre 111. Sels marins, L’acide marin uni à l’al- kali minéral forme un /&/ qui ne differe pas du /è/ marin. La terre crétacée s’y diffout, mais ce fe/ ne: peut fe cryftallifer. Sa faveur eft aftringente, fon odeur bitumineufe : mis au feu, il fe bourfoufle fans décrépiter ; l'acide fe diffipe, 8 une chaux refte. En: SE Lo mêlant dans {à diflolutiondés alkalis,1l ne fait point - d’effervefcence; maisil s’en précipite une terre blan- ‘che. Cet acide traité avec la chaux, forme le fel ap- pellé huile dechaux , quitombe afen léfai e , fe fond au feu comme de la cire, êc facilite la fuifondes fubffances refradaires. Ce /e/ eft un peu af trngent , feptique &c diurétique, On ie mêleavec le. fuc de folanum pour les dartres vives. La terre gyp- {eufe n’eft difloute qu’en petite partie & fans effervef- cence; la plus grande fe précipite, la diflolution n’eft wimparfaite. La terre vitrefcible & lor font indif lubles dans Pefprit de /27. | L'argent & le plomb , ces deux métaux analogues, ne font.diflous qu'imparfaitement au-bout d'un cer- taintems, & en bien petite quantité, fi on applique l'acide marin à nud; 1l tombe même du dernier une poudre blanche au fond de la diffolution. Mais Part fertile en reflource préfente la cémentation &z la pré- cipitation, voies différentes, qu'on pourroit tenter pour d’autres fubffances. Ces métaux diflous dans l'acide nitreux font précipités par le marin en une matiere molle, quoique confiflante, qui s’appelle lune où plomb corne. Le plomb diflous dans l'acide végetal eff précipité de la même maniere, Ce plomb corné fe diflout en stande partie dans l’eaubouillante. Par l’évaporation on obtient despetits cryftaux doux, aflringens & volatils. Un autre moyen d'avoir le fe/ qui réfute de Punion de Pacide marin & du plomb, confifte à décompofer Le // ammoniac par ce métal. Alors l'acide s’y unit, & forme avec lui des cryftaux figurés comme des plumes. Cette fingultere façon de difoudre perfuade que tel menftrue qui ne paile pas pour être le diflolvant d’un tel corps , le deviendroit fi on s’y prenoit différemment, & que peut-être tous les acides peuvent difloudre tous Les métaux & tou- tes les terres. : Voici encore un autre exemple de la fingularité qui s’obferve dans les diffolutions. L'acide marin ne diflout point , ou que très-peu de mercure fi on Pap- lique à nud. En préparant ce demi-minéral, ou en le faifant fublimer en même tems que l’acide marin fe difille , ils s’uniront en vapeurs, &c formeront un Jez, qui fera avec furabondance d'acide. Enjorte que pour le débarraffer de cette furabondance, il faudra le faire fublimer plufñeurs fois avec du nouveau mer- cure pour former la panacée mercurielle, que nous regardons comme le véritable fé/ neutre du mercure &t de l'acide marin. C’eft-là le feul moyen de lavoir entierement neutre &c très-pur ; par la précipitation qu’on en fait de l’acidenitreux , il ne left jamais. Les acides en ne diflolvant qu’une partie de certains métaux fur lefquels on les applique à nud , prouvent qu'ils ne les diffolvent qu’à raïfon de leur phlogifti- que , qu'ils les décompofent ; & en eñet, s'ils n’en contiennent pas une aflez grande quantité pour aider la diflolution de tout le principe terreux qui entre dans leur compofition; cette terre fe précipite dé- pourvue de phlogiftique fous forme de chaux. M. Pot fe trompe, lor{qu’il dit que le magma déli- quefcent formé par cet acide & le cuivre, dont la couleur eft verd de pré, n’eft point cryftallifable. Il en dit autant de celui qui eft formé par Le fer , dont la couleur eft jaune verdatre. L’acide marin êt l’étain forment un /e/ parfaitement neutre , très-cryftallifable. Aufh ce dernier eft aife- ment diflous : & lorfque l’acide eft concentré, le mélange devient volatil par la furabondance d'acide. Cette diflolution mélée avec le mercure eff la liqueur fumañte de Libavius, qui peut fervir à volatilifer les autres métaux. Cet acide compofe avec lantimoine un magma dé- liquefcent volatil , connu fous Le nom de beurre d’an- rimoine. Il faut au-moins deux parties d'acide très- concentré , fur une de régule ; ce qui pfouve leur Tome XIV. | ent en défaillan- : - SEL 000 : peu d'afhnité, Elle eft en effet f foible, qué. l'eau précipite le régule en chaux, fous la forme d’une poudre blanche, qui eff l’algaroth ou mercure de vie, à laquelle il refte cependant , quelque foin qu’on prenne, une petite portion d'acide. L’arfeniceftà-peu-près dans le même cas; le beurre qui réfulte d’une diffolution lente, maloré l’ébuili- tion, eft un #egma déliquefcent, volatil, peu connu. Le zinc en eft diffous, la difolution eft claire, mais le /e/eft inconnu. En diftillant cette diflolution, on retire l’acide fans addition. Îl diflout auflile bifmuth, & cependant fon le verfe fur une diffolution de bif muth dans l'acide mitreux , 11 le précipite, Le cobalt eft également diflous , maïs en petite quantité. La difolution eft à peine colorée : cependant en s’évas porant elle noiïrcit. Quant au /e/qui en réfulte , 1left encotreinconnu.g’0ye; ACIDE MARIN fous lemot SEL MARIN. | Genre IV. fels végésaux. L’acide végetal, le plus volatil de tous , ne pañle pas pour diffleudre un grand nombre de terres , ni de métaux. On doit cependant obferver qu’onferoit aifément induit en erreur, fon oublioit qu'on a fait très-peu d'expériences avec le vinaigre radical, quelque attention qu'il méritat ; & qu'il n’eft pas rare de voir un acide qui a befoin d’e- tre très-concentré pour opérer certaines diflolutions. Nous ajouterons que celui-ci difiout prefque tous les métaux , lorfqu’ils ont été précipités de leurs diffol- vans propres. La crême detartre eft un /e/ neutre formé par lal- kali &r l'acide végetaux, mais avec fürabondance de ce dernier , & une portion d'huile & de terre , qui la rendent difficile à fondre dans l’eau. Ce /2/ eft un menftrue qui réuflit fouvent lorfque l'acide végetal pur eft arrêté. Nous renvoyons aux /&/s neutres com- pofes ceux qu’elle peut former. Cet acide uni à Palkali volatil compofe le /£/ am- moniac liquide, le plus volatil ,:& le moins cryfal- lifable de tous les /e/s neutres. En diflolvant le fer, il en réfulte un zagma déliquefcent , dont la faveur eft doucçâtre aftringente. Par le peu que nous di- fons de ce genre , on doit connoître combien peu de découvertes y ont été faites. Genre V. [els royaux. Nous donnons ce nom à tous les /els que forme Peau régale avec les alkalis, les terres ou les métaux. Le plomb & l’étain font plus. aïément difous par cet acide compofé, que par Pef- prit de /e/, Malgré cela la diffolution eft trouble. Pour pouvoir y difloudre le mercure , il faut, fuivant M. Pott , le précipiter de Pacide nitreux , & verfer def fus ce précipité l’eau règale ; les tenir enfuite en di- geftion. Le cobalt eft diffous promptement avec ef- fervefcence, la dfolution eft orangée ; en fe féchant elle verdit. Genres VI. WII. VIII, fèls neutres formés par l’u- ‘ & , ion des alkalis fixes avec les terres & les métaux. En . formant ainf trois genres de /e/s, que peuvent, fe- lon nous , former les alkalis fixes , nous ne nous don- nons point une idée fans fondement. Lorfqu'onpré- cipite l'or diflous dans l’eau régale pour en faire l’or fulminant, f on verfe trop d’alkah fixe , ce dernier après avoir faturé lacide , fe charge de l’or qu'il re- tient en difiolution fans Le précipiter. Ne pourroit- on point féparer cet or uni à l’alkali fixe pour en ob- tenir un /e/ ? Si on y réuflifloit, on auroït le même fuccès avec plufieurs métaux; quoique nous avouions l'avoir efflayé inutilement fur le mercure. Quelque foin que nous euflions pris de verfer une grande quantité d'huile de tartre par défaillance fur une dif folution de mercure dans l’efprit de nitre, ilreftaun précipité à-demi-flottant, qu'on eût pu ramañler avec le filtre de papier , ce qui peut-être feroit un moyen plus doux quertous les connus, de faire prendre le mercure intérieurement, YYyÿy1 gro SEL Le cuivre fe diflout dans trois fois fon poids d'hrule detartre pat défaillance, ëc forme une hqueur verte ; dont il nous paroït tres-pofüble de eryftallifer le /e/, Lies alkahsfixes en s’uniflant avec larfenic forment des /els neutres, quide cryfatlitent en primes qua- dranpulaires, dont les extrémités fe terminent par des pyramides à quatre faces. Fe Oo nous cbjetteroit vainement que Palkal fixe vitrifie, décompofe les métaux ; l’objetion tombe- roit par cette ieule raon, que le feu enleve le phlo- gifuique du métal. | RER Genre 1X, jels neutres formés par lunion de l’alkali volaril avec lès terres & les metaux: Nous avons formé un /e/ d’un très-beau verd avec Palkah volatil & le cuivre ; ce fe/s’élevaren lames où feuillets contre les parois du gobelet de verre, dans lequel il fe cryftal- liloit à Pair bhre par une évaporation infenfible ; il defcendit enfuite en-dehors & fe répandit , enforte que l'intérieur êc l'extérieur du verre en-étoient in- cruftés. Ce Jel eft ablolument ignoré. Cependant on connoifloit la difiolution de cuivre dans l’alkali vo- latil. Boerhaave lui attribue des vertus diurétiques extraordinaires, priles depuis trois jufqw’à vinet-# quatre gouttes dans unverre d'hydromel. Cette tein- ture préfente un phénomence fingulier, c’eft que fans le conta& de l’air , le cuivre eft diffous {ans donner de couleur. Si on débouche le flacon, bientôt la li- ueur deviendra d’un bleu viciet admirable, Le fer & l’alkali volatil fourmilent un /e/ femblable en plu- fieurs points, à celui qui eft formé par le cuivre. L’alkali volatil en précipitant l’or de l’eau récale, fait comme le fixe, 1l le diffout de nouveau, sil eft furabondant. Il {e conduit de même avec le mer- cure. Ordre IT. fels neutres compofés. Trois fubftances , une acide , l’autre alkaline , & la troifieme métalli- que ou terreufe, réunies en un tout chimiquement homogene , forment les /é/s que nous appellons com- pofés. Leur nombre peut, fanscontredit, être tres- grand, quoiqu’à la fuite on tomberoit dans des dé- tails qui ne feroient que des variétés , toujours ce- endant intéreflantes. Nous en avons réduit le nom- bre à neuf, pour qu’on ne nous accufe pas de don- ner des chimeres pour des poflibilités. Genre I. Jels sartareux. Nôus avons vu que la crê- me de tartre étoit un /e/ neutre formé par l’alkali & Vacide végetaux , avec furabondance de ce dernier; qu’elle étroit un menftrue qui avoit quelquefois la préférence fur de plus fimples : c’eft ici que les els qu’elle forme doivent trouver leur place. Elle difiout en effet le fer &c le cryftailife avec lui , pour former le tartre martial foluble. Elle compofe avec l’étain &t le plomb les tartres que nous nommerons /ovia/ Êt faturnien; avec l’antimoine elle fait un médica- ment de plus grand ufage, le tartre fibié, Le tartre uni au cuivre, aux alkalis fixes & volatils, & aux terres abforbantes, forme également des fé/s neutres cryftalifables. Genre II. [els ammoniacaux. Le {el ammoniac or- dinaire compoté de Palkali, & d’un des acidesles plus volatils, ne pouvoit manquer de l'être beaucoup lui- même; & comme par fon acide ou fon alkali, il a de J’'afinité avec les différentes terres ou métaux, nous croyons qu'il n’en eft aucun que ce /é/ammoniac ou les quatre autres ne puiflent fublimer ou diffoudre, Il y a une partie de l’alkali volatil qui fe dégage dans le tems de l'union & de la fublimation. Cét alkali fe manifefte par l'odeur qui lui eftpropre, & qu'on ne manque jamais d'appercevoir dans le commencement de la fublimation. | On ne connoît que deux /e/s formés par le /e/ am- moniac ordinaire ,, & un métal où uneterre ; parmi le grand nombre de poffibles. Le premier eft l’ezs veneris, produit de la fublimation du cuivre par le /&/ SEL aMMOMAC , qu'on peut auf obtenir par le procédé de Boerhaave, en faifant diffoudre le cuivre dans une _ léfive de /é/ ammoniac. Le fecond eft les fleurs mat- tiales, fruit de la fublimation de fer par le même /e/. Le prémier eft un médicament très-dangereux, vanté cependant contre l’épilepfe par Boyle fon inventeur+ mais le fecond eftun des meilleurs apéritifs qu’on ait en médecine: Genres III, IV, V, PT. autres fois ammoniacaux, On. pourroit eflayer une multitude de /&/s compofés avec le Je! fecrèt de Glauber, & les terres ou les métaux + ils font tous inconnus fi on excepte le fe/ de Wei man, qui fe prépare en faifant précipiter & rédiflou= dre le vitriol bleu diffous dans l'eau , par lalkali vo: latil verfé en furabondance , & le faifant cryftallifer pat le moyen de lefprit-de-vin. Il faut auf excep- ter l'or volatilifé par le.f&/fecret de Glauber, Les Je/s ammoOniacaux nitreux , que nous nommons /é/s bré= lans, font encore plus ignorés; cependant ayant verfé l’alkali volatil avec furabondance fur une diflolution: de mercure dans l’acide mitreux , nous avons vu une pellicule {e former fur la furface de la liqueur, & par. l’évaporation infenfible des cryftaux en aiguilles ref ter au fond du vafe; qui étoient furement le produit de la combinaifon de l’acide nitreux, de l'alkali vo- Jatil,8 du mercure, C’efk encore à notre avis un nou- veau moyen innocent de faire prendre intérieure= ment ce demi-métal. T'ous les /£/s ammoniacaux acé- teux iont à découvrir. Quant à ceux que nous apr pellons royaux , on pourroit nous reprocher de fon- der une poffibilité fur une autre, mais celle qui fert de bale étant de la plus grande évidence , nous nous y formes crus autorifés, Le /&/ ammoniac qui doit ‘réfuiter inévitablement de Punion de l’alkali volatil & de l’eau régale nous paroït devoir fublimer l'or. Ce font à des chofes qu’on croit voir arriver lorfaw’on les propofe, ES Genres VII, VTIL IX, [els fixes. Le borax eft com- poié du /e/ fédatif & de lalkali marin. Le /e/ fédatif left, fuivant l’opinion la plus reçue, de l'acide vi triohique & d’une terre vitrefcible. Ces trois fubflan- ces forment un /&/ neutre compoté , fur lequel on a beaucoup travaillé, qui eft d’un grand ufage dans la. docimaftique & lorfévrerie, qui facilite la fufñon des métaux. Il fait la premiere efpece du premier genre, les autres efpeces font inconnues & peut-être impof= fibles, Les deux genres fuivans font encore remplis par des êtres inconnus. Si on mêle lalkali minéral au /e/ fédatif, on aura un nouveau borax, fi c’eft l’al- ka tartareux ; la même chofe arrivera inévitable ment fuivant nous. Cependant nous ne voyons pas qu’on ait effayé de les faire, non plus qu’une multi- _ tude d’autres que nous croyons voir dans le lointain d'une perfpeétive agréable, | | Nous finirons cet article en donnant une table des Jels , d’après le fyftème naturel déja expofe, TABLE DES SELS. CLASSE I. Acides. ORDRE. L Acides fimples Genre 1. Acide vitriolique. Voyez Virrrot: 2. Acide nitreux, Voyez NITRE. 3. Acide marin. Voyez SEL MARIN. : 4. Acide végétal, Voyez VÉGÉTAL, acide. ORDRE IL Acides COMmpPofes, Genre 1. Eau régale, Voyez RÉGALE, eau. Acide animal. Acide microcofmique. Voyez Microcôs- MIQUE , acide & phofphore. Et peut-être plufeurs autres qui font in- COnNRUSs CEA SS EN Aa NOR SRE L AMalis firess Geñre 1. Âlkali fixe minéral ow naturel, ou terfeux _ Rairuñn. | | 5 5, Alkali fixe marin, {el de fonde. Voyez .c- | _ deffas Jous l'article général Sur. 3, Alkali fixe tartareux , nitre fixé ,\/e/ de tar- tré, alkaeït de Glauber, buile de tartre par défaillance , fils alkalis Hxiviels des plantes. Poyez ci-deffus fous l'article géné- ral SEL. Voyez auf NITRE 6 TARTRE. _ ORDRE IL _ Alkali volatil, Voyez cé-defflus Sex, CLASSE II. Sels neutres, falés , moyens , androsynes, herma- -phrodites, énixes, | ORDRE I Ses neutres fimples. Genre à, Vitriols fé/s neuttes formés pat Punion de Pacide vitriolique, avec ; £fpece. ; l 1. L'atkali minéral, /2/ d’epfon &c de feidlitz. Voyez l'article particulier SEL D’EPSON & de SEIDLITZ. 2, L’alkali marin, Jé/ admirable de Glauber. Voyez . L'article particulier SEL DE GLAUBER. 3. L’alkali tartareux, tartre vitriolé , /e/de duobns, Jet polychrefte de Glafer, arcanum duplicatum, - ratrum fulphuratum, panacée holfatique. Voyez . L'article particulier TARTRE VITRIOLÉ. ‘ 4. L’alkali volatil , el ammoniacal fecret de Glau- ber , ou vitriolique. J’oyez SEL AMMONIACAL: ÿ. La terre calcaire félénite. Voyez SÉLÉNITE, 6. La chaux, | 7. La terre gypieufe, /e/ pypfeux de M. Rouelle, 8. La terre argilleufe, alun. Gellerr, Voyez ALUN. 9. Lafterre vitrefcible , /e/ fédatif, 10: L'or. 11. Laplatine, | 32. L'argent, vitriol d'argent, Ce nom étant dônné mal-à-propos au /é/ formé par l’union de l’a- _cide nitreux & de argent. Voyez ARGENT & |, SPMEUNE: | 13. Le cuivre, vitriol bleu ou de Chypre. Voyez Vr- TRIO N, ge 14. Le fer, vitriol verd ou romain, /é/ fixe de vi | tüiol, /é/ de colcothar. Voyez Virrioz. 15. L’érain; il eft diffout en partie. Voyez ETAIN. 16. Le plomb, cryftaux de plomb. Walker, À nud il ” meft difiout qu’en partie, Voyez PLoms. 17. Le mercure, turbith minéral. À nud il n°’eft dif. ü fout qu’en partie, Feyez MERCURE, 18. L’antimoine, vitriol d’antimoine. Il eft diffout ÉAYDATÉIES NT | 9. Le zinc, vitriôl blanc, gilla vürioli. Voyez Vi: TRIOL, voyez ZINC. » 20. Le bifmuth; il eft diffout en partie. 21. Le cobalt ; il eft difiout. 22. L'arfenic; 1l eft difout en partie, Genre 2, Nitres , {els neutres formés par l’union de l'acide nitreux avec ÆEfpece: | a \ : 2. Lafkali minéral, | >, L'alkali marin, nitre quadrangulaire ou cubique. Voyez NITRE: 3. L’alkah tartareux , nitre , falpêtre, falpêtre de _houflage. Voyez NITRE, 4. ÂAlkali volatil, nitre brûlant, nitre fulminant, Jel'ammoniacal nitreux, Voyez NiTRE. | ÿ- La terre calcaire magma, non cryftallifable , ce n'eft par une forte évaporation, 6: La chaux, très-volatil, 7. La terre gypieufe. 8. La terre aroilleufe, SEE 9x ’ OMR smételes a Ÿ 47 ÿ, Laterré MCD MENT RENE MS FO, OT PO BUT SE EE CE dre abat: à A Mis 0-10 12, L'argent’, cryftaux de lune, pierre inférnalés Voyez ARGENT & LUKE, voyex PIERRE IN< _ FERNALE, sn gran eg 45 ‘ce dl 13: Le cuivre, magma déliquefcent, feptiqué, ery: . ftallifable par Pévaporation rapide, 4 7% 7" T4; Le fer, idem. 8) e “Hi FA 1 15. L’étan ; il n’eft diffoût qu'en partie. 7. ÉTAIN: 16. Le plomb, nitre.de faturne qui fe cryftällite, Voye: PLOMS. RONA 17. Le mercure, cryflaux de mercure, Voyez MER: CURE. | Ta — RCE 18. L’antimoiné ; la diflolution eft troûble, 2 19. Le zinc; il efl diffout avec vivacité. Foy ZINC 20, Le bifmuth, nitre -de bifmuth, Rowelle. Voyez. BisMUuTE. | Lu 21. Le cobalt eft dificut, Voyez CoBALT. 22. Larfenic eft diflout lentement.” Genre 3. Sels marins, Je/s neutres formés par lus mon de l’acide marin avec Efpece: 1: L’alkali minéral, RUES 2. L’elkali marin, /e/ marin , el semme!,/e/ marin régénéré. Voyez SEL MARIN. 3. Alkali tartareux, /e/ fébrifuge ou digeftif de Syl _ vius. Voyez SEL MARIN 6 SEL FÉBRIFUGE dé 'Sylvius. | Ex 4. Alkali volatil , /e/ ammoniac ordinaire où d’Ez _ gypte. Voyez SEL AMMONIAC. 3. Laterre calcaire, ne peut fe cryftallifer: Pose. 6. La chaux, /e/ ammoniac fixe. Voyez ACIDE MA: RIN fous l'article SEL MARIN. Voyez SEL AM= MONIAC , voyez CHAUX , Chimie, 7. Laterre gypfeufe, diffolution trouble imparfaites 8. La terre argilleufe. 9. La terre vitrefcible, 10. L'or... 11. La platine, Li Doi D 12. l'argent, lune cornée. À nud la diflolution eft imparfaite. Voyez LUNE € ARGENT. 13. Le cuivre, magma déliquefcent , non cryftalli- fable. For. 14. Lefer, idem. D: E 15. L’étain, eftdiloutaifémient parl’acideconcentré, 16. Le plomb, plomb corné. À nud la diffolution eft difiicile , trouble , imparfaite. Woyez PLOMB: Le mercure fublimé corrofif, fublimé doux, pa: nacée mercurielle. | : 18. L’antimoine, beurre d’antimoine , magma yola: til déliquefcent. Voyez ANTIMOINE. 19, Le zinc, difolution claire, fel inconnu, 20. Le bifmuth; il eff diffout. 4 21, Le cobalt; il eft diffout en petite quantité. Voyes COBALT: 22. L’arfenic, beurre d’arfenic, magma volatil déli: quefcent. : | Len! ES Genre 4: Sels végétaux , Jels neutres formés par Pus mon de l'acide végétal avec Efpece. ï. L’alkali minéral. [ni a he 2. L’alkali marin, efpece peu examinée de terre fo: 3: L’alkali tartareux , terre foliée de tartre (voyez TERRE FOLIÉE), tartre régénéré , &c. 4. Alkali volatil, fé ammoniac liquide, arcanum tarbari, {ont des noms de la terre foliée. | ÿ: La terre calcaire, fe cryftallife. Rowelle. 6. La chaux, teinture de chaux d'Helvetius: 7. La terre sypfeufe, 8. La terre argilleufe; 9. La terre vitriñiable; o, L'or: 912 SEE platine. | LA nu Fe eft difout, précipité de l'acide ni- reux. he 13, Le.cuivre, cryflaux :desvénus, verd difullé, ” verdet. Poyéz VERDET.. | 14 Le fer, éfpece de teinture martiale. 15. L'étain. | 16. Lie plomb, /#/ ou fucre de faturne. F7. PLOMS. 17. Le mercure, efl diflout en partie foiblement ëc imparfaitement ; 1l ef volatilifé en partie. 18. L’antimoine. | 19. Le zinc, magma falin jaunâtre, la diflolution eft prompte, 0. Le bifmuth, fucre de bifmuth. Geoffroy. 21. Le cobalt, 22. L'arfenic. Genre 5. Sels royaux, fe/s neutres formés par lu- nion de l’eau régale avec Efpece, NS * 1. L’alkali minéral, 11 faudroit trouver une manipula- 2. Lalkal marin, tion particuliere , qui en hâtant la ; : LATE cryltallifation , empêchât la décompo- ë L alkali tartareux 3% firtion de l’eau régale , que nous crai- à L’alkali volatil. gnons de voir acriver par les alkalis, 5. La terre calcaire. 6. La chaux. 7. La terre gypfeufe. 8. La terre argilleufe. 9. La terre vitrifiable, 10. L'or, fe cryftallife par Pévaporation infenfible. 11. La platine. 12. L'argent. 13. Le cuivre, 14. Lefer. 15. L’étain. | 16. Le plomb, eft mieux diffout que dans lefprit- de-/é! ; cependant la diflolution eft trouble. 17. Le mercure; on ne le diflout que précipité de Pacide nitreux. 18. L’antimoine. 19. Le zinc. 20. Le bifmuth.' 21. Le cobalt ; la diflolution eft prompte avec effer- vefcence , orangée; elle verdit en fe féchant. 22. L’arfenic. Genre 6. Sels neures formés par union de l’alkali fixe minéral, avec les différentes terres &t métaux, tous abfolument inconnus. enre 7. Sels neutres formés par l’union de lalkali fixe minéral avec Efpece. 1. L’arfenic fe cryftallife en prifmes quadrangulaires. Le cuivre eft diflout, mais le /&/ qu’il peut pro- duire eft 1pnoré , ainfi que tous les autres de cette efpece. Genre 8. Sels neutres formés par l’union de l’alkali fixe tartareux avec Efpece. 1. L’arfenic fe cryftallife. L'or, l'argent, le fer, le cuivre, &c. font dif- fous par différens procédés; cependant les fé/s font inconnus. Genre 9. Sels neutres formés par l’union de lalkali volatil avec Efpece. ni 1. Le cuivre, il fe cryftallife. L'or, largent, &c. font diflous ; Les /é/s font à découvrir, ORDRE Il. Sels neurrés compofts. Genre 1. Sels tartareux ; fe/s neutres formés par l’u- nion de la crême de tartre avec Eïfpece. 1, L'alkali fixe À Le fel polychrefte de feignetre " , ou de la Rochelle, Foyer SEL DE 2, L’alkali fixe marin. SEIGNETIE. Fe SEE 3. L’alkali fixe tartareux , /e/ végétal , tartre folu- ble, tartre tartaritc. pe 4. L’alkalrvolatil; il fe cryftallife. Roxelle. | ;. Terre calcaire, fe/très-approchant du /e/végétal. 6. La chaux. 7. Baterre gypfeufe, 8. La terre arailleufe. -9+ La terre vitrifiable. 10. L'or. 11. La platine. 12. L'argent. 13... Le cuivre, tartre cuivreux. 14 Le fer, tartre chalybé. 15. L’étain, tartre jovial. 16. Le plomb, tarfre faturnien. 17. Le mercure. 18. L’antimoine , tartre flibié. 19. Lezinc. 20. Le bifmuth. 21. Le cobalt. 22. Larfenic. Genre 2. Sels ammoniacaux. Sels neutres formés par Punion du /e/ ammoniac ordinaire avec Efpece. 1. Le cuivre, ezs veneris. Voyez l'article ENS\FE- NERIS. 2. Le fer, ens martis, fleurs d’hœmatites,, fleurs de Jelammoniac martiales. Voyez Mars & Mar- TIAUX. Les autres font à découvrir. Genre 3. Sels fecrets. Sels neutres formés par Pu- nion du /e/ fecret de Glauber avec Efpece. 1. Le cuivre, fel de Weïflman. Les autres font inconnus. Genre 4 Sels brülans. Sels neutres formés par l’u- nion du nitre brûlant avec Efpece. 1. Le mercure fe cryftalhife en aiguilles. Le refte eft ignoré. Genre $. Sels ammoniacaux acéteux. Sels neutres formés par l'union du /e/ ammoniac li- quide avec les différentes terres & mé- taux , tous inconnus. Genre 6. Sels ammoniacaux royaux. Sels neutres formés par l’union du /é/ammoniac royal avec les différentes terres & métaux, tous inconnus , peut-être impoflbles. Genre us els fixes neutres marins. Ses neutres for- més par lumion de l’alkali marin avec Efpece. + 1. Le fe/ fédatif, borax. Genre 8. Sels fixes neutres terreux. Sels neutres for- més par l'union de l’alkali minéral avec Efpece. 1. Le fe fédatif, borax terreux inconnu. Genre 9. Sels fixes neutres tartareux. Se/s neutres for- més par l’union de lalkali tartageux avec Efpece. 1. Le tattre chalybé, tartre martial foluble. 2. Le fe! fédatif, borax tartareux. SEL AMMONIAC, ( ChimieG Arts.) [al ammonia- cum , hammoniacum , armoniacum , armeniacum , [al acerofum , fal cyrenaicum , &cc. c’eft un fel neutre d’u- ne odeur pénétrante & urineufe, d’un goût froid & amer, qui fe volatilife au feu; 1l eft formé par la com- binaifon de l'acide du /e/ marin & de laikali volatil, Le nom de /e/ ammoniac vient ,‘luivant quelques auteurs, du mot grec «uuec , fable, parce qu’on dit. que ce /é! fe trouve dans les fables de la Lybie & de la Cyrénaique , dans le voifinage du fameux temple de Jupiter Ammon. a: .. Rien de plus obfcur que ce que les anciens natu- ‘® SLE raliftes ont dit fur ce /2/; Pline, Diofcoride , & de puis eux Agricola , en ont donné des defcriptions très-peu exaltes ; ils femblent lavoir confondu, foit avec le natron, foit avec le /e/ foffile, La plûpart des modernes ne nous ont pas donné plus de lumieres fur cette matiere; 1ls n’ont fait que nous tranfmettre des erreurs qu'ils avoient copiées les uns des autres. Quelques-uns ont prétendu que le // «mmoniac {e formoit dans les fables de la Lybie, de l'urine des chameaux cuite & digérée par l’ardeur du foleil, M. Rouelle ne regarde point cette origine comme auff chimérique que quelques auteurs le penfent, vû que, felon li, lalkah volatil qui fe forme de la putré- faétion de l'urine , peut fe combiner avec le /£/ ma- tin, qui eff très-abondant dans ces contrées. Quel- ques voyageurs ont éncore accrédité des erreurs au fret du fe! ammoniac ; c’eft ainf que le pere Sicard, jéfuite, qui a fait un voyage en Egypte en 1716, nous dit que ce /é/ fe fait avec de la fuie provenue de bouze de vache brülée, du /e/ marin & l’urine des beftiaux. Voyez les nouveaux mémoires des miffions de la compagnie de Jefus. M. Gellert, dans fa chimie mé- tallurgique, dit que le fe/ ammoniac {e fait avec du /e/ marin, de l’urine & de la fuie luifante. AQuellement on eft parfaitement inftruit de la maniere dont ce /e/ fe prépare. En 1719, M. le Maire, conful de France au Caire, adrefla à l'académie des Sciences de Paris, une lettre quieft imprimée dans Les mémoires de cette académie, année 1720 , où il nous apprend que le JEl ammoniac {e prépare avec la fuie feule, Cetre re- lation de M. le Maire a été confirmée par une fecon- de lettre du p. Sicard publiée en 1723, enfin par M. Granger, qui a préfenté À ce fujet à l'académie des Sciences de Paris, un mémoire dont M. Duhamel a donné l'extrait dans le volume de 1735 ; enfin M. Haffelquift , favant fuédois , a envoyé en 1751, à l’a- cadémie de Stocklolm tous les détails que l’on pou- voit defirer fur cette matiere , qu'il avoit vu travail- ler de fes propres yeux en Egypte ; fuivant fa rela- tion ( que nous rapporterons par préférence, parce que les mémoires de l'académie de Stokolm font très-peu connus en France; au lieu que ceux de l’a- cadémie de Paris font entre le mains de tout le mon- de ), le /e/ ammoniac fe tire fimplement de la fuie provenue de la fiente de toute forte de quadrupedes, tels que les chameaux, les bœufs , les ânes, les che- vaux, les brebis, les chevres, &c. Les plantes les plus ordinaires dontces animauxfenourriflent en Egypte, fontlacriftemarine,fa/icornia'arrocheou patte d’oie, chenopodium; le kali de Naples , mefémbryanthemum ; la luzerne, medicago, toutes plantes qui font très- chargées de fe/ marin. On emploie auffi avec fuccès les excrémens humains, qui paflent pour fournir une grande quantité de /e/ ammoniac. La rareté du bois fait queles habitans de l'Egypte fe fervent de la fente d'animaux pourchauffage; pour cet effet ils ramaflent cette fiente avec le plus grand foin ; lorfqu'elle eft trop hiquide, 1ls lui donnent de la confiftance , en ÿ mêlant de la paille hachée; ils appliquent enfuite contre des murailles expoféesau foleil , & la laiflent fécher affez pour pouvoir brûler. C’eft avec la fuie qui réfulte de ce chauffage que l’on fait le /ë/ ammo- Aiac. Les atteliers où ce /el fe prépare , fe trouvent furtout dans la partie de l'Egypte appellée le Delta, ëz l’on rencontre dans tout le pays un grand nom- bre d’ânes qui {ont chargés de facs remplis de cette fuie que les habitans vont vendre aux manufaétures à on ÿ reçoit indiftinétement la fuie provenue de la fiente detoute forte d’animaux; cependant on donne la préférence à celle quia été produite par les ex- crémens humains que l’on regarde comme la meil- leure. Le travail par lequel on obtient le fec ammoniac, eft très-fimple. On conftruit pour cela des fourneaux SEL 913 de briques ; ils font d’une forme oblongu ; leur par- tie fupérieure eft couverte par une voûte {ur la- quelle on peut placer cinq rangées de grofles bou- teilles ou de matras ronds ; chaque rangée eff de dix matras ; ainfi chaque fourneau en a cinquante. Cha: cun de ces matras fe place dans un trou rond qui eft à la partie fupérieure de la voûte du fourneau, Ces matras font de verre ; ils ont par en-häut un col d’un pouce de long & de deux pouces de diametre ; on les enduit avec du limon que dépofe le Nil » Êt avec de la paille ; on y met de la fuie, en obferyant de laiffer un efpace de quelques pouces vuide ; après quoi on place chaque matras dans fon trou. Alors ont allume du feu dans le fourneau ; on 1e fert pour cela de la fiente féchée des animaux ; on donne d’abord un feu très-doux , & on commence par ne chauffer le fourneau qu'avec quelques bouchons de paille, de peur de brifer les matras ; on augmente enfuite le feu par degrés, & on le rend très-fort pendanttrois fois vingt-quatre heures. Quand la chaleur eft dans fa plus grande force, on voit {ortir une fumée blan- che & une flamme d’un bleu violet par le col des ma- tras , &c l’on fent une odeur aigrelette Qui na rien de defagréable. Au commencement delopération on pañle de tems en tems une verge de fer pat le col du matras, afin qu'il ne fe bouche point : ce qui feroit brifer les vaiffeaux. Vingt-fix livres de bonne fuie donnent environ fix livres de fe! ammoniac, Ce Jet s'attache peu-à-peu , & forme une mafle en forme de gâteau à la partie fupérieure du matras , que l’on brife pour en détacher cette mafle , Qui eft convexe par deffus & plate par-deflous. Elle eft noiïrâtre à l'extérieur, & blanchâtre à l’intérieur: c’eft dans cet état que lon envoie d'Egypte le Jel ammoniac dans toutes les parties de l’Europe & de lAfie, On le tranfporte à Smyrne, à Venile, à Marfeille, On en exporte tous les ans environ 600 canshari gerovi- 71, Qui contiennent chacun 110 roro/; , dont chacun fait 114 dragmes : ce qui répondà environ 4 so quin- taux. Voyez les mémoires de l'académie royale de Suede, année 1751. On a dit au commencement de cet article que le. Jel ammoniac étoit formé par la combinaifon de l’aci- de du /e/ marin & de lalkali volatil, Ces deux fabf- tances font contenues dans la fuie dont on fe fert dans cette opération; en effet cette fuie ef produite par la combuftion du fumier d'animaux qui fe font nourris de plantes très-chargées de /2/ marin ; cela. n’eft point furprenant ; car M. Haffelquift remarque qu'il n’eft guere de pays au monde dont le terrein renferme une plus grande quantité de Jel marin ; il arrive de-là que la plûpart des plantes que les ani- maux mangent, font chargées de ce Jél, dont une grande portion pañle dans leurs déjeétions. Quant à l’alkali volatil , on fait que ce /e/ eft propre aux ani- maux, Lors donc qu’on expofe la fente À lation du feu , l'acide du /6/ marin s’éleve auff bien que lalkals volatil: ces deux /e/s fe combinent & forment une male folide que l’on nomme fe ammoniac. On voit de-là qu’on peut tirer ce Jé/ de toutes les fubftances’ qui contiennent du /&/ marin & de l’alkali volatil : telles font furtout l'urine humaine putréfiée, M. Mo- del, favant chimifte de Sant-Pétershourg, a fait inférer en 1739, dans le commercium Littérarium no- rimbergenfe , un mémoire dans lequel il nous apprend qu'un homme malade de la fievre chaude eut dans le tems de la crife une fueur très-ammoniacale. L'auteur de ce mémoire eut occafon de réitérer une fembla- ble obfervation fur lui-même ; à la fuite d’une fievre violente il eut des fueurs très-fortes » & S'étant lavé les mains dans de l’eau chaude où l’on avoit mis de la potafle, il fut frappé d’une odeur fi vive , qu'il tomba à la renverfe dans fon lit ; il réitéra depuis la même ‘expérience pendant plufieurs jours que dure- * us OL4 Sr EE rent encore les fueurs où émanations armonmiacales, Ces hits font tirés d’une diflertation allemande de M. Model fur le Jé/ ammoniac naturel. Un grand nombre de plantes font charpées de fel marin, & contiennent auff de lalkah volatil, tel- les font la moutarde, le chou, 6. On peut encore ebtenir du /e/ ammoniac de prefque toutes les terres argilleufes &r de fubftances minérales qui font char- gées de /el marin. En un mot toutes les fois que lon combinera de l'alkali volatilavec l’acide du /e/ ma- rin, on obtiendra ce /£/. Le fel ammoniac qui vient d'être décrit, eft un roduit de l’art ; maïs on en trouve outre cela qui a été formé par.la nature feule, &c fans le concours des hommes. Les environs des volcans & des en- droits qui font fujets aux embrafemens fouterreins, contiennent prefque toujours une grande quantité de fel ammoniac que la chaleur du terrein poule & fublime à la furface. Nous avons des preuves con- vaincantes de cette vérité à Pouzzole, au royaume de Naples, aux environs de l’Etna &7 duVéfuve, 6. & partout où lon trouve ce J£/, il y a lieu de {oup- çonner qu'il y a, où du moins qu'il y a eu autrefois des embrafemens de la terre. Ces feux ont dégagé l'acide du /e/ marin de fa bafe , & il s’eft combiné avec lalkali volatil des bitumes & des fubftances animales &c vésétales qui fe trouvent fouvent dans l'intérieur de la terre. Ce /e/ ammoniac n’eft point toujours fort pur ; il eft mêlé de terres, de pierres, de foufre & d’autres matieres vomies par les vol- ans, On en trouve une très-grande quantité en Tar- farie dans le pays des Calmoucks, d’où les caravan- nes le tranfportent en Sibérie; on dit que ce /£/ fe trouve attaché à des rochers, qu’il eft mêlé de terres, &c que quelquefois on en rencontre des mañles qui font jointes avec du foufre natif. On trouve auffiune très-srande quantité de ce /é/ ammoniac naturel près d'Orenbourg dans la Sibérie. Le fel armoniac, tant celui qu eft formé par la nature, que celui quife faitartificiellement en Egyp- te, n’eft point parfaitement pur ; le dernier eft fou- vent mêlé de matieres grafles dont il faut le dégager; cette putréfaction fe fait en le fublimant de nouveau dans des vaifleaux à qui Pon donne aflez de chaleur pour les faire rougir ; alors il s’éleye en petites par- ticules femblables à de la farine : c’eft ce que l’on nomme ffeurs de fel ammoniac. Mais on parviendra à le purifier encore plus aifément & plus sûrement , en le faifant d‘loudre dans de l’eau, & en le faifant cryftallifer ; par cê moyen l’on aura le /e/ «ammoniac fous la forme de cryftauxgrouppés,comme les épines autour d’un bâton, & qui reflembleront à des barbes de plumes ou à des feuilles de fougere & de perfil. Une propriété finguliere de ces cryftaux, lorfqu’ils ont été formés par une évaporation lente & àsrande eau, c’eft qu'ils font flexibles comme du plomb; c’eft le feul /e7 à qui on connoïffe cette propriété. _ On décompofe le /e/ ammoniac de la maniere fui- vante: on mêle une partie de /e/ ammoniac en pou- dre avec deux parties de /e/ aïkal fixe ; on joint un peu d’eau à ce mélange que l'on met dansun vaiffeau de terre peu élevé, fur lequel on adapte un chapi- teau de verre ; on lute exaétement les jointurés ; on y adapte un.récipient à long col. On commence par donner un feu doux pour faire pañfer, le flegme à la diféllation ; après quoi on augmentera le feu. Ils’at- tacheraau chapiteau un fel alkali volatil fous une forme concrete , & l’on aura dans le récipient, de léfprit de [27 ammoniac chargé d'eau qui fera d’une odeur très-pénétrante ; & il reftera dansla cucurbite un Je! neutre formé par lacide du /e/ marin qui a quitté l’'alkali volatil avec qui il étoit uni pour fe combiner avec l’alkali fixe, Ce /ez s’appelle//e/ fébri- : ‘ Juge de Sylyius, SEL On peut encote décompofer le Je/ 2mmontac en le mêlant avec de la chaux cteinte à l'air &c bien pulvé- rifée ; on les met promptement dans une cucurbite de terre. Si la chaux r’eft point parfaitement éteinte, on y joint un peu d’eau, On adapte un chapiteau de verre & un matras à long col pour récipient. On donne un feu très-doux. On obtient par ce moyen une liqueur beaucoup plus pénétrante que lefprit du Jel ammoniac de l'opération précédente, & 1l refte dans la cucurbite un /2/ neutre que l’on nomme /£/ ammomacfixe. Silon joint de huile effentielle de fuc- cin à la liqueur alkaline &c volatile tirée du /e/ am * moniac par l’intermede de la chaux, on obtient ce st qu’on appelle eau de luce. Voyez LUCE eau de. Ce qu’on appelle le e/ d'Angleterre, fe fait en mê- lant quatre parties de craie avec une partie de /£/ ammoniac ; On expole ce mélange à grand feu, & l’on obtient un /e/ blanc concret, d’une odeur pé- nétrante, mais qui perd bientôt fa force, fi Pon ou- yre fréquemment le flacon qui le contient. Le fé! ammoniacfecret de Glauber n’eft autre cho- fe qu’un /é/ neutre formé par Punion de l'acide vi- triolique & de l’alkali volatil. s Le /el ammoniac eft d’un grand ufage dans la chi- mie ; 1l eft propre à fublimer les métaux; &t les al- chimiftes luiont attribué un grand nombre de vertus qui paroîtront équivoques à ceux qui n'ont point foi à leurs travaux. Ils lui ont donné une infinité de noms différens & bizarres, comme /e/ admirable , [él Jolaire, [el mercuriel: aigle célefle, clé des mésaux, dra- gon volant, pilon des fages , fel hermétique, roi des fels, lapis aquilinus, aqua duorum fratrum cum forere , &tc. On fe fert de ce /ë/ pour faire de l’eau régale. On l’emploie pour étamer les vaifleaux de fer , de cu vre & de laiton. Ileft d’un grand ufage dans plufeurs arts êc métiers. | En mêlant une très-petite quantité de /e/ «mme niac avec le tabac , il lui donne du montant & de la force , & le rend beaucoup plus pénérrant. (—) SEL ESSENTIEL , ( Chimie. ) le Jel effenriel ; eft celui qui étant contenu dans un végétal, forme avec lui une partie de fon aggrégation. 0 Les fèls effenriels different entr'eux par la plante dont on les extrait, par la maniere dont on les reti- re, par leur nature & leurs propriétés. il en eft de volatils dont l’odeur eft dûe à un alkali , tels font ceux de quelques plantes à fleur cruciforme, & des fœtides. Le principe volatil de quelques autres eft acide ; mais pour l’ordinaire le fel acide retenu par les huiles & les mucilages, ne fe volatilife pas à la température ordinaire de Fair, au point de fe faire fentir à Podorat ; il a prefque toujours befoin de la diftillation. On confond fans raïfon quelquefois tous ces fels volatils , avec l’efprit recteur , 8 l'huile eflen- tielle. - Le plus grand nombre de ces fels eftfixe au feu , & vraiment neutre, quoique de différente nature. Les plantes maritimes , les légumineufes de Tourne- fort, les graminées, les fucus, les algues contien- nent du {el marin; toutes les plantes aromatiques, aftringentes & ameres, du tartre vitriolé; les afpéri- foliées de Rajus ou borraginées, la pariétaire , le pourpier, le chardon bénit , le cerfeil, le coicom- bre fauvage, un nitre abondant; la canne à fucre &c quelques autres plantes fournifflent un fel peu déh- ni, qui.eft fort analogue à celui du moût &t du miel, Dans tous les végétaux ces fels neutres font commu nément avec furabondance d’acide apparent comme dans l’ofeille , ou caché comme dans la plüpart , 1! ne fe montre que lorfqu’ileft dépouillé de toutes les matieres étrangeres ; lacrêémede tartre féparée du vin eft dans ce cas. M. Boulduc a prouvé dans les zém01- res de Racad. des Scienc. ann. 1734, que la bourrache contient du nitre, du felmarin, & du tartre vitriolé ce SEL ce qui raffemble lés trois acides mtinératx dans unè même. plante, L’évaporation lente d’une décodion d’abord fimple, enfuite dépurée par la chaux & les cendres de bois neuf, eftle moyenà la faveur du- quelika obtenu les cryflaux diffin@s de ces diférens febs: La préfence ou la formation des fels dans les plan: tes , font dlies, 1°. À ceuxque laterre contient; fem Blables en cela aux animaux , les plantes en tirant leurs fucs de la terre ,lui enlevent ces fels, dont plu: feurs en font un excellent fumier ; Ce qui nous per- fuade qu'une même plante cruë dans des terreins chargés de fels différéns, ne doit pas contenir les mêmes, 1°, À la ftruêture des organes de la plante qui admet dans fa feve, certains fels 8 en rejette d'autres: 3% A la maturité qui fait paffer l’acide du vérjus 8e des fruits en un fel doux, neutre ; facré, huileux, 4°. À la fermentation qui change ce fucre en crême de tartre en acide pur comme vinaigre , ou en alkal volatil produit de la putréfidion, Ces deux derniers éh fe diffipant dans Pair, sy combi- nent de différentes mamieres , & reviennent fumer de nouveau la terre , entraînés par les-pluies, la ro= fée ou précipités par un froid vif, Telnous paroît être le cercle qu’obferve la natu- re , qui la rend fans ceffe féconde ; telle nous paroît être la tranfmutation des acides &c des alkalis ; que les chimiftes recherchent avec tant d’empreflement &t de raïon: tranfmutation qu'ils trouveront mieux par une digefton lente ; par la férmentation, que par fouferautre voire, Ces principes pofés, voyons comment on obtient le plus afément les {els qui fe font acquis exclufive. ment dans,la chimie médicinale | l’épithéte d’efèn: tels , qui conviendroit pour le moins autant à plu- fieurs fels tirésides minéraux.& des animaux. Cueïllez dans le printems ou au commencement de l'été ;la plante aqueufe 8c fucculente dont vous voulez extraire le {el ; tirez-en le fuc en la plant dans un mortier de marbre, &c l’exprimant fous le ptef: foir ; coulez ce fuc par lachaufle , évaporez-le dou: Cement jufqa’à confiftence d'extrait, fans de laifer brûler ; diflolvez cetextrait, &étendez-ledans fufiz fante quantité d’eau , de maniere que le total foit bienfluide, Danscet état garmiez un filtre d’une cou- che épaiffe de chaux délayée, ou de toute terre ab: forbante ; Hitrez-enuite votre diflolution pluféurs fois , jufqu’à ce qu’elle devienne Émpide, ayant foin de changer detems en téms laiterre du filtre; pat ce moyen of obtient aflez promptement un fic végél tal, féparé de tout le mucilageiqui nuit &:s’oppofé à la cryftallifation. Ce fc traité comme les diflolu- tions des {els neutres | donne {es cryftaux comme eux, plutôt.ou plütard ; fuivant'la nature du {eL Ces fels ne font plus acides: comme doivent être prefquertous les/2/5 efensiels ; parce qu’ils ont trouvé dans ces terres abforbantes:, ce qui leur, manquoit pour les neutralifer parfäitement. Si on véut éviter cet inconvénient , on filterada, diffolution de l'ex: trait fur desterres indiflolubles par :les acides: coms me lesargilles, les fables, &6:C’eftpar cette méthode que Fonpurife &cblanchit lettarttefans-lui Ôter fon adidité ie deep; À euh Art ee : abri Ce premier plocédé convient'aix plantes aqueu: fes &c fucculentes , aux fraits ; &c aux fémentes-abon- dantes en liqueurs & enfucs: mais lorfqw’elles {ont feches &c peu fucculentes,y1comme font les-plantes aromatiques, les lécumes,:&u:il fautlès chauffer à une chakeurdoucer& humide par la vapeur:de l’eau bouillante querces plantestpilées reçoivent furun ta- mis decrini, les piler en lés humettant d’eau-com- une, où Mêmeten faire une décoiom que lon traite enfuite Atla maniere énoncée ci-deflus. Quel- ques auteurs-propolent lafermentation , commen Tome XIP, FAgr : 4 à - À zÉ - 2 ñ D un nn UE) à Ce S Fa Fe EE à - Moyén de décompofer l'huile & le muclage ; frais ils n’obfervent pas que le Je/ effenriel eft lui-même décompoié par cette opération ; ‘comme nous croyons l'avoir démontré en comparant le fe/ ejfer: tel dû moût , qui eft un fucre , avec celui du vins qui eft du tartre. 1E0 Nous choififlons les plantes dans te printéms , par: ce que dans cette faifon, elles font plus aqueules ; & moins huileufes, La chaleur, la fécherefle & la : maturité n’ont point encore alteré ce {el, elles n’ont point enlevé cette portion d’eau qui facilite l’'évapo= ration, qui étend le mucilage. al, FL Les prétendus fé/s effenriels de M. le comté dé là Garaÿe, ne {ont autre chofe que des extraits prépa: rés avec auffi peu de feu ou de chaleur qu'il eft poffble ; par linfufon à froid & la trituration faites au moyen d'un moufoir tourné rapidement, Ces ins fuñons font évaporées fur des affietes à un feu trèss doux; lesextraits qui en réfultent , COntiénnent com me tous les autres le /e7 effenriel de la plante qui n’eft pas volatil, ils font chargés d’une plus grande quan: tité d’huile non alterée ; mais l'avantage qui réfulte de cette opération, ne compenfe pas: la dépenfesc le travail qu’elle exige. D’ailleurs comme nous vez nons de le dire, ces prétendus fels, doivent être renvoyés aux extraits. (Hoval SEL FIXE: Voyéz ALKALI FIXE , dans Particle général Sex, Chimie & Médecine. | SEL GEMME 04 SEL FOSSILE , (Æifl, nar. Minés ralogte.) c’eit un /el qui eft de la même nature que le Jelmarin, mais quife trouve dans le fein dé la terre, On le nommeen latin /z/ Semme ; Où gemmeum , par- ce qu’il aquelquefois la tranñfparence & la blancheur d'un cryftal où d'une pierre précieufe ; Jal rupeum à parce. qu'il fe trouve pat mafles femblables À des ro: _ches; fal petrofum , parce qu'il y a des pierres qui en 4 font quelquefois imprégnées : on lappelle auffi fai : Poffle [el montanum , parce qu'il fe tire du fein de la terre ;, & pour le diflinguer de celui qui s’obtientpar l’évaporation de Peau de la mer , & des lacs falés. Le Jel germeme differe du fel maris ordinaire >que par- ce qu'il a plus de peine à fe difloudré dans l’eau que ce dermer, ce qui vient des parties terrefires & des pietres avec qui il eft combiné. Le Je/ gemme fe trouve en beaucoup d’endtoits du monde, Onen rencontre en Catalogne ; en Calabre ; en Hongrie, en Tranflvanie,, en Tyrol, en Mofco- vie ; 8 même dans la Chine, 6, Mais les mines les plus fameufes & les plus ahondantes que nous:cons noïfions, font celles qui fe trouvent en Pologne, dans le voifinage de Cracovie, prèsde deux endroits, nommés Wielicyka & Bochhin ; nous allons:en donner la defcription d'après M. Schober, qui a, long-tems eu la direétion de ces mines, & Gui a inféré dans le magañn dé Hambourg deux mémoires fort-curieux à leu fujet. MIITRETOE | Wieliczka , eft une petite ville de Pologne ; fituée au-pié, des monts Grapacks , à environ deux lieues de Cracovieselle eft bâtie dans urte plaine bornée au nord & au midi, parides montagnes d’une haux teur: médiocre ; le terrein ‘ok elle fe trouve peut être environ de 159 à 200 piés plus élevé que Le nie veau dés eaux de la Vifule;-qui n’en -eft pas: fott éloignée ; la ville de Bothnia eftenvironnge de mort. tagnes & de collines ; &placée dans un Heu plus élevéique lé précédent/Leterrein eft elaifeux dans les environs de ces deux'villes ; à là difiance d'une demi-lieue, onne trouve que-très-pei.de pierrest finon près de Bochnia, où l’on.voit quelques cou- ches d’albâtre qui fe montrent à la furface de latérres plus: loin\cette pierre devient moins rarey 62 au midi de Wieliczka onen trouve une aflez grande quantité ; quime paroît point former debänc fuivis mais qui femble avoir été dérangée. de His Vers ZZLz1z 4 i? + 16 ._ SE le nord on trouve des amas de pierres arrondis . ët de gallets où cailloux , qui patoïfient n'avoir pu ÿ être traniportés que de fort loin ; on y voit auf du grais, qui eft la pierre la plus commune des. envi- tons ; On a remarqué quelquefois dans ce grais , des males aflez groffes de charbon de terre: aucouchant on rencontre différentes couches. Le terre y eft {ablonneuxsau-deffbus du fable, dont J’épaifieur va- tie, ontrouve une pierre compoiée d’un amas de petits cailloux 8 de coquilles, liés enfemble par du quartz, qui en fait des couches très-folides; cette pierre compofée forme un bit, qui a depuis un juf- qu'à trois piés d'épañieur : au-defious , eft une nou- velle couche de fable qui n’eft point par-tout égale- ment épaifle, mais qui contient auf des coquilles de mer , dont plufeurs {ont dans un état de deftruc- tion, tandis que d’autres n’ont éprouve aucune alté- sation. On donne enfuite fur un banc d'un grais quartzeux & bleuâtre , qui a de 6 à 8 pouces d’épail- feur, & qui eft d’une dureré extraordimaire. Ce banc eft faivi d’une nouvélie couche de fable, dont on n’a pointencore pu fonder la profondeur. À envi- ronune lieue de Wieliczka , on rencontre une grande quantité de foufre natif; près de-là eff auf une four- ce d’eau minérale d’une odeur très-fétide. Le fonfre eft répanduen petites mafles, de la groffeur d'un pois, dans une pierre d’un oris cendre , femblable à de la pierre ponce, & remplie de trous comme elle, Toutes ces circonftances prouvent que Le terrein qui renferme ces fameufes mines de fel, a éprouvé des révolutions très-confidérables , tant de la part des eaux , que de celle des feux fouterreins, Les mines de Wieliczka font très-étendues ; tout le terrein fur lequel cette ville eft bâtie, eft creuié #æar-deffous , & même les galeries fouterreines vont beaucoup au-delà des bornes de la ville ; 450 ou- vriers font employés à l'exploitation de ces mines. D'orient en occident , elles ont environ 600 lach- ters ou verges, c’eft-à-dire 6000 piés de longueur; du nord au midi, elles ont 200 verges, où 2006 piés; leur plus srande profondeur eft de So lachters, ou 800 piés. On y trouveencore à cettepronfondeur des couches immenfes de Je gemme , qui vont d'o- rient en occident , & dont on ignore l'étendue, Voici les différentes couches dont la terre eft com- pofée en cet endroit. 1°.-La terre franche. 2°, De la glaïfe. 3°, Un fable très-fin mêlé d’eau, que l'on no mme 7e. 4°. Une argille noire très -compaéte ; enfin on trouve la couche qui renferme Le Je/ germe, Ces mines ont dix puits où ouvertures quarrées, tant pour y defcendre, que pour épuifer les eaux, & pour faire monter Le fe/ gemme que l'on a détaché fous terre. On defcend dans lun de ces puits par un efcalier qui a 470 marches;tous {ont revétus de char- pente , pour empêcher l’éboulement des terres. Quand on eft parvenu à cette profondeur , ‘on ren- contre une infinité de chemins ou de galeries qui fe croifent ; 8 qui forment un labyrinte, où les per- {onnes les plus habituées courent rifque de s’écarer. Ces galeries font étayées par des charpentes ; en de certains endroits on laïffe des mafles de roches pour {outénir les terres qui font en defius. L’on a pratiqué dans quelques fouterreins des niches , des chapelles &cdes fatues, taillées dans le fel même. Quand on et arrivé dans ces galeries, on n’eft encore qu'au premierétage , on defcend plus bas par de nouveaux puits; dans un de ces puits, nommé /47/n74a, On a fait-un efcalier qui a dix piés de large, &c dont la penteseft fi-douce , que les chevaux y peuvent mon- tert&:defcendre fans peine. Au premier étage de ces mines, le f£/rgemme fe trouve parblocs d’une grandeur prodigieute ; mais aufecond étage , il fe trouve par couches fuivies , $c dans une quantité inépuifable, On fe fert de pio- SEL éhes,, de cifeaux 8 de maillets pour détacher le fel ; on détachefouvent dés mafles de fel en prifmes quar- rés, de 7 À 8 piés de longueur , &c de deux piés &r demi d’épañfleur ; on nomme ces parallélepipedes Parsawa= nes ; on eft quelquefois parvenu à en détacher qui avoient 32, & même 48 piés de longueur. Les ou- vriers s’'acquittént de leurtravail avec aflez de faci- lité ; par le fon que rendent les mañles, ils connoif- fent le moment où elles vont fe détacher; & alors ils + pourvoient à leur fureté, Ces blocs fe roulent fur des cylindres de bois, jufqu'aux puits qui defcendent dans les galeries, d'où ils font élevés par des machi- nes à moulettes très-fortes, 8 tournées par douze chevaux. Quand aux petits morceaux, on les met dans des tonneaux. On a fait des excavations fi prodigieufes dans le fond de ces mines , pour en retirer le Je] gemme, qu’on y voit des cavités aflez amples pour contenir une très-grande églife, & pour y ranger plufieurs milliers d'hommes ; ces fortes d’endroits fervent de magafns pour les tonneaux , &c d’écuries pour les chevaux, qui reftentioujours dans ces unes, & qui y font aù nombre de quatre-vingt. On trouve quelquefois des creux qui font remplis d'eaux fi chargées de Je7, que lorfqw’on vient à les faire fortir , les roches environnantes reftent com me tapifiées de cryftaux, qui préfentent le coup d'œil le plus agréable. Un phenomene très-remarquable pour les natura- liftes, c’eft que les mafles falines qui fe trouvent dans ces mines , renferment fouvent des gallets ou des cailloux arrondis, femblables à ceux que rou- lent la mer & les rivieres ; on y rencontre des co- quilles & d’autres corps marins; & fouvept on trou: ve au milieu des couches de /2/ gemme, des maîles énormes d’une roche compofée de couches ou de bandes de différentes efpeces de pierres. De plus,on voit fouvent dans ce fé/, auffi bien que dans la fubf tance qui l'environne , des morceaux de bois, fem- blables à de fortes branches d'arbres, brifées & mor- celées ; ce bois eft noir comme du charbon; fes frac: tures font remplies de /é/, qui fert pour aïnfi dire à recoller les différens morceaux; ce bois eft d’une odeur très-défagréable 8 très-incommode pour les ouvriers, fur-tout , lorfque le renouvellement de l'air ne fe fait point convenablement. Ce bois s’ap- pelle dans ces mines wagti-folni ; c'eft- a-dire charbon de fel, Un autre inconvénieut de ces mines , c’eft qu’el- les font fujettes à des exhalaifons minérales ou mou fettes très - dangereufes ; elles fortent avec file ment par les fentes des rochers , s’allument fubite- ment aux lampes des ouvriers, font des expol- fions femblables à celles du tonnerre, &c produi- {ent des effets auff funeftes. Ces vapeursinflamma- bles, s’amaffent fur-tout dans les fouterrems , lorf que les jours de fêtes ontempêché qu'onn'y travaillât, alorsil eft très-dangereux-de defcendre dans les puits avec de la lumiere , parce que la vapeur venant à s’enflammer tout d’un coup, fait un ravage épou vantable. Même fans s’allumer, ces vapeurs font ca: pables d’étouffer les ouvriers qui $’y expofent im- prudemment ; elles font plus fréquentes dans les mi- nes de /é/ de Bochnia , que.dans celles de Wieliczka. On retire de ces mines du /é/ gemme de différentes qualités, & à qui on donne des noms différens. La premiere efpece fe nomme gilona, ce qui fignifie felverd ; ce feln’eft qu'un amas de cryftaux cubiques ; forme qui eft propre au /é/ marin ; les côtés de ces cryftaux ont quelquefois deux à trois pouces , ils font fort impurs & entremêlés des parties terreftres & de glaife. Le prix du quintal du e/, appellé géelona, eff de 32 florins de Pologne, (environ 4 fols ) en . blocs, &.de 22 florins (tteize livres quinze fols ) le SEL tonneau. Le fel que lon nomme /?y4ikowa ; eft plus -pur que le premier , il n’en differe , que parce qu'il eff point en cryftaux ; le tonneau fe vend 24 flo- rins’, &c le quintalen bloc pour 4 flotins de Pologne. .… La feconde efpece fe nomme zekowka; elle n’eft pointen cryflaux, & reflembleaflezÀ du grais ; c’eft un amas confus de petits grains de /e/, dont on ne peut point diftinguer les fgures. La troifièeme efpece fe nomme arks ; elle fe trou ve mêlée avec Les deux efpeces précédentes, qu’elle travetfe comme des veines ; ce {ont des petits orains de /é/ blanc; peu liés les uns autres ; & qui font cau- fes que les blocs de /£/ fe brifent dans les endroits OÙ 1ls font traverfés par cette forte de JE. Le jarka fait aufli des couches fuivies. On donne parerllement différensnoms aux fubftan- ces , qui fervent de gangue où d'enveloppe au /é/. La -premuere fe nomme halda ; c’eft une argile d’un gris foncé, fort humide, entremêlé de grains de fel, dont quelques-uns font en cryffaux. La feconde s'appelle ridlarka, c’eftune argille noïrâtre, grafle au toucher comme du favon; on y trouve fréquemment des co- quilles dansleurétatnaturel, dont la cavité s’eft rem- plie de ez, La troifieme efpece defubftance fe nomme quber ; c’'eftun mélange de fable, de terre, d’albâtre &T de /e/ ; c’eft dans cette fubftance que l’on trouve le vrai /el gemme,ien grands cryftaux blancs & tranfpa- rens comme du verre , lorfqu’on le cafe , il fe divife toujours par cubes à angles droits, les Polonois le nomment oc7kowatae. C’eft aufli dans ce /e/ que on VOit des cailloux arrondis, des mafles de roches compofées de différentes couches , & des morceaux de bois ; on y trouve auffi des fragmens d’une roche de la nature du marbre. Les mines de /e7 de Bochnia ne font point à beau- coup près fi étendues que cellesde Wieliczka. Elles ont été découvertes vers lan 1257 , fous le repne de Boleflas le chafte; les galeries vont de l’ortent au couchant, & ont 1000 lachters oufverges de dix piés de longueur, la largeur de la mine eft de 75 lachters du nord au midi. Ily a ordinairement 250 ouvriers qui y travaillent. Les couches de terre qui Sy trouvent , font à peu-près les mêmes qu'à Wie- | lczka. Au-deffous de la terre franche, on rencontre de la glaife, enfuite un fable très-fin mêlé d’eau, & enfin une argile noirâtre & compatte, qui couvre le lit de/ez, qui n’eft point par blocs ou mafles, mais par couches fuivies, dont l’épaïffeur n’eft point par- tout la même. Tout le /2/, qu’on en retire fe met en tonneaux. Ces deux mines de /&/ gemme, font fi abondantes , que lon croit qu’elles fuffiroient pour en fournir À l'Europe entiere. On compte que tous les ans on en retire à peu-près 600000 quintaux, & il n’y a point apparence qu’elles s’'épuifent de plufteurs fiecles. Quelques phyficiens croient que la mer eftrede: vable de la falure de fes eaux à des grandes mafles ou roches de /e/ gemme qui fe trouvent à leur fond : & qu’elles mettent en diflolution ; c’eft entr’autres le fentiment du comte de Marfigli; il né paroit guere probable, vu que la mer auroit du diffoudre depuis long-tems toutes cesmafles falines, s’ilen eût exilé. M. Schober eft d’un fentiment contraire, 1l regarde le mines de eZ de Pologne, comme des monuinens qui prouvent d’une mamiere indubitable, que la mer a autrefois occupé Le terrein, où ces mines fe trou- vent atluellement ; elle en a été chaflée par quelque révolution arrivée à notre globe , on peut le préfu- mer par les coquilles & les corps marins que lon trouve enfevelis dans ces mines ; le bouleverfement a du être très-confidérable , puifque des mafles énor- mes de roches , des cailloux arrondis , des arbres, &c. ont été enfouis en même tems fous terre; d’ail- leurs le foufre que lon rencontre aux environs de Trme XI. à * SEL 917 ces mines , prouve qu'ila du y avoir autrefois des volcans 87 des feux fouterreins dans cet endtoit. Les eaux falées fe font évaporées peu-i-peu, elles ont dépofé leur /2/ , & ont formé des couches im- menfes. | Quelques perfonnes ont cru que le /e/ gemme {e reprodufoit dans les endroits d’obil a été tiré, c’eft une erreur ; 1left vrai que les eaux fouterreines qui fe font chargées de e/, vont quelquefois le porter en d’autres endroits oi ellestle dépofent à l'aide de Pévaporation ; ce qui ne peut point être appellé une reproduction, maisune tranfpoñition. On trouve encore des mines de /e/ gemme en plu- fieurs endroits de l’'Europe.dl y'en a de fort abon- dantes dans la Tranfilvanie & dans la haute Hongrie, près d'Epéries; elles produifentun revenutrès-con- fidérable à la maifon d'Autriche. Ces mines ont r80 lachter on verges c’ef-à-dire | 1800 piés de pro- fondeur, Lefe/ gemme s'y trouve par couches fui vies ; ce n’eft point une roche ; mais de la terre qui les accompagne. On dit qu'il s’y eft trouvé des maf- fes ou des blocs de /e/ qui pefoient jufqu’à cent mil- liers ; on lés divife en morceaux quarrés comme des pierres de taille , pour pouvoir commodément les lortir de la mine, après quoi on les écrafe fous des meules; ce /e/ eft gris de fa natute , Mais 1] paroit tout blanc, A a été pulvérifé, Il s’y trouve des morceaux de /e/ blancs 8ctranfparens comme du cryf tal; d'autres font colorés en jaune & en bleu, au point qu’on en fait des bijoux & des ornemens , qui imitent ceux qu'on fait avec les pierres précieufes. On affure que ces mines de Hongrie ne le cedent en rien à celle de Pologne. : Il y aen Tyrol, à deux lieues d’une ville, nom- mée Æal!, des mines de /e/très-abôndantes, qui font exploitées depuis plufeurs fecles. Ce /£/ eft de diffé- rentes couleurs , il y en a de blanc, de jaune, de rouge & de bleue ; on le fait difloudre dans des au- ges ou dans des réfervoirs pratiqués en terre , d’où l’eau chargée de /e7, eft conduite par des canaux de bois jufqu’à la ville; là ‘on la fait bouillir pour puri= fier Le /e/, qui féfend au profit de la maifon d’Au- tiche ; on prétend que tous frais faits, il donne un produit de plus de deux cent mille florins, c’eft-à- dire, cinq cent mille livres par an. Le /e/ qui fetrou- ve à Hallein, dans larchevêché de Saltsbourg, eft de la même nature que celui du Tyrol , & doit être raffiné de la même maniere. On trouve aufli du /e/ gemme de différentes cou- leurs en Catalogne , dans le voifinage de Cardone; il y en a de blanc , de gris de fer, de rouge , de bleu. de verd, d’orangé; quelques morceaux ainfi colorés font, tranfparens | d’autres font entierement Opa- ques. Ces /e/s font des couches les unes au - deflus des autres. On en détache des mafles de la même mamere que les pierres dans Les carrieres. Il ya lieu de préfumer que ces différentes couleurs de /2/ gem- me , Viennent de parties métalliques & minérales, qui en rendroient l’ufagetrès-fufpe&, fi lon n’avoit foin dele purifier avant que de s’en fervir. (— SELS LIXIVIELS., (Chimie & Médecine.) les [els Li- xiviels font ceux qu’on retire par la lefive des cen- dres des plantes. , Pour avoir ces /éls, nous connoïflons deux métho- des. La premiere & la plus fuivie confifte à prendre la plante dont on veut tirer le/e/, récente, mais fé- chée (le meilleur tems pour la cueillir eft un peu avant {a maturité) , à la brûler en Ja remuant fur un foyer propre , à en leffiver les cendres avec de l’eau: pure qu'on filtrera & qu’on fera évaporer dans un vaifleau de pierre , de verre, de terre verniflée, ou mieux encore de métal parfait ; jufqu’à ficcité par une ébullition moyenne, pouffant le feu fur la fin, calcinant le /e/ dans un creufet en le remuant fans le. LEE AMATS 913 SE LE laier fondre , on ne laiflera ce fe expote à l'air que le moins qu'il fera poffible, & on le confervera dans des flacons bouchés exaétement pour l’empêcher de tomber en défaillance , & même de fe combiner avec l'acide univerfel ; mais les fe/s lixiviels qui font re- connus /é/s neutres, & non alkalis , mont pas befoin de cette dermieré précaution. Les cendres qui n’ont fouffert qu’une lefhive con- tiennent encore une erande quantité de /e/ qu’on en- leve entierement par une lotion réitérée. Pour ren- dre ce même /e/ plus blanc, on doit le difloudre dans Peau , le filtrer, le faire évaporer & calciner une fe- conde fois. On le formera en tablettes, fon le fait fondre dans un creufet , & qu’on le verfe fur une table de marbre. Les plantes qui fourniflent ce /e/ le plus abondamment font ameres, âpres, telles que le chêne , Le houblon, labfynthe; ou âcres, comme les laiteufes ; ou nourriflantes , comme les léoumi- neufes ; ou fauvages , comme les épineufes. On doit toujours préférer ces dernieres à celles qui font cul- tivées , ainfi que les feuilles &z les branches au tronc. Ce procédé rendra environ un vingtieme du poids de la plante féchée , fi elle réunit les qualités précé- dentes. Cette proportion feroit beaucoup moindre f la plante avoit féché fur pié, fi elle étoit trop vieille, altérée, fi elle avoit te , comme le veulent quelques chimiftes , infufée avant la combuftion dans lefprit-de-vin ou l’eau. Neumann a éprouvé qu'il ne reftoit alors qu'un centieme du /e/ qu’il at- tendoit. On reiettera la pratique de ceux qui, pour Pempêcher de tomber aufli afément en défaillance , le calcinent avec un peu de foufre, & font par-là de Palkali fixe une efpece de tartre vitriolé. La feconde méthode eft dûe à Tackenius ; elle confifte à prendre telle quantité de plante fraiche que l’on veut , à la mettre dans une marmite de fer cou- verte de la même matiere avec foin, & en l’expo- fant à un feu vif, la convertir en charbon. Alors on poufle le feu avec plus de vivacité, on ôte ie cou- vercle, le charbon s'embrafe, fe convertit en cen- dres pendant qu’on a foin de la remuer fouvent & d'empêcher la flamme d'y pénétté# On foutient le feu fous les cendres pendant une hétüre ou deux , en- fin on leffive & on évapore, comme dans le procédé précédent. Quelle eft la nature de ces fe/s ? exiftoient-ils dans le végétal , ou font-ils le produit du feu? fonräls tous femblables ? comment le feu les at-il dépouillés des autres principes ? quelles font leurs vertus mé- dicinales ? la méthode de T'ackenius eft-elle préféra- ble ? Telles font les queftions qui ont partagé les Chimiftes ; tâchons de les réfoudre. On ne peut regarder en général les féls Lixiviels comme @es alkalis fixes parfauts : les feules plantes treufes font capables d’en fournir , leur acide fe dé- truifant dans la combuftion par la déflagration. Ils font quelquefois abfolument neutres, rel eft Le /é/ du tamarifc que M. Montel a démontré être un parfait Je! admirable de Glauber. Le plus fouvent ils font mêlés d’alkalis fixes & de /&/s neutres. C’eft ainfi que la potafle contient un tartre vitriolé , voyez Cardi- leucius , Grofle & Boulduc, le dernier dans les Mé- noires de l'académie des Sciences 1734, que la foude renferme un /e/ marin , du /é/ de Glauber, & du tar- tre vitriolé. On fent aifément que l’alkali fixe des Jeis Lixiviels eft de deux fortes | marin ou tartareux. Il eft toujours le même que la bafe du // effentiel du végétal d’où on la tiré. Lorfque l'incinération a été lente, comme dans le procédé de Tackenius , le Jel eflentiel en eft d'autant moins décompofé , &cfe trouve uni à une portion du phlogiftique de la plante, qu'on a de la peine à dépouiller entierement par des calcinations & des lefives répétées. Ceft à ce Je! neutre eflentiel , produit de l'union SE EL d’un alkalifxe & d’un acide, qu'on doit le Je fixr- viel, Foyez SEL ESSENTIEL. Ce qu'ileft facile de dé- montrer par ces deux feules expériences. Les plantés qui contiennent une plus grande quantité du premier fel, en fourrifient une proportionnée de fecond ; celles qui ont trempé quelque tems dans l’éau étant privées du fuc de la terre,comme le bois flotté, où qui ont été expofces à la pluie, perdentenmêmetems lun & l’autre fe/. L’alkalifixeexiftoit donc dans levégétal brûle, le feu wa fait que le dégager de l'acide, du phlegme, & de Phuile avec lefquels il étoit combi- né. Ïl l’a laiflé umi à une terre , dont on le fépare par la leflive : mais commeñt l’acide uni plusintimément aux alkalis fixes qu'aux huiles &c à l’eau, a-t-il pu les abandonner pour fe volatilifer avec les dermiers ? L’aétion du feu peut feule décider ce problème ; elle vient à l’appui de deux umions quife balancent, & élle entraine Pacide volatil par fa nature : cet effet fera d'autant plus prompt &c plus décidé que la flam- me fera plus vive & le feu plus ardent ; car fi le feù eft lent, f on commence par réduire en charbon la plante avant de [a brüler lentement , fuivant la mé- thode de Tackenius, le /é/ neutre éflentiel ne fera point entierement décompofé, comme nous Pavons vu, il fera plus gras , plus onétueux, moins blanc, moins déliquefcent, &c ce /e/ lixiviel en fera d'autant moins alkalin : il deviendra plus doux; & partici- pera davantage des vertus de la plante dont on Pau- ra tiré ; ce qui nous feroit pancher pour donner là préférence à ces derniers dans l’ufage médicinal , ce que nous foumettons cependant à lexpérience dès médecins jufqu’ici mal faite & peu déciive. Les vertus médicinales des //s lixivie/s en général font d’être anti-émétiques , anti-acides , fébrifuges , ftomachiques , apéritifs , diurétiques 87 emmenago- oues ; pris intérieurement d’être rélolutifs, fondans, employés comme topiques : ils font même caufti- ques , lorfqu’on n’a pas le foin de les étendre dans des opiates , des eaux , des cataplafmes, 6x. ce qui fait qu’on re doit jamais les employer feuls intérieu- rement, ni extérieurement , à-moins qu'on ne veuille cautérifer. Leur dofe doit être très-perite, ils fe don: nent par grains. | SEL MARIN , (Chimie) le fel marin ou fel commun, que quelques auteurs défignent encôre par le nom de fxl des cuifines, fal culinare, eft un fel naturel neutre, formé par l'union d’un acide fpécial (voyez à la fuite de cet article ACIDE MARIN), & d’un /E/ aikali fixe d’une efpece particuliere 8&& parfaitement analogue, ou plutôt exaétement identique avec le natron ou alkali fixe minéral, avec le /e/ fixe de foude , avec la bafe du borax , avec celle du vrai /e/ de Glauber na- turel , &c. Voyez; NAFRON 6 SOUDE. Pai défini le /e/ marin qui eft regardé comme le plus parfait, celui quu eft le plus abondant dans la nature, Le plus connu : car il y a un /é/ naturel con- nu des chimiftes, entre autres noms fous celui de Jel marin à bafe terreufe , & qui differe du précédent, comme cette dénomination Pannonce déja, en ce qu'il a une terre pour bafe. Les différentes efpecés de terre qui peuvent conflituer cette bafe, donne- roient aufh plufeurs autres efpeces de Jéls marins ; mais ce n’eft que du premier que nous allons nous occuper d’abord. Les fources ou magafns naturels du /e/ marin font 1°, la mer , les étangs , les fontaines, les puits falans; on doit rapporter à cette origine celui qui couvré des terreins bas, ou qui a pénétré la terre dans plu: fieurs pays ; car c’eft là mamifeftement un produit de l’évaporation de quelques eaux falées. 2°. Les mi- nes ou carrieres de /e/gemme ou concret , voyez SEL GEMME, ff. nar. 3°, Les terres & matieres ana= logues, d’où on retire auffi le falpêtre par une fim- ple Hxiviation. 4°. Un très-grand nombre de plantes, SEÉ M. Pottobferve avéc raifon que ce ne font pas feu- lement les plantes qui naïfent au bord de la mer, comme les kalis, mais plufieurs autres dont [es ex- traits êz les /ils efentiels donnent des indices mani- fefles de felmarin ; mais cetté aflertionw’eft niaflez poñitive , ni aflez générale, il eft für, d'après nos propres expériences , qu'un très-grand nombre de plantes contiennent du je/rrarin parfait ; 87 qu’elles en contiennent abondamment : on en trouve une très-prande qüantité dans plufeurs potafles. Woÿer PoTasse. 5°. Les animaux, car les humeurs, &c fur- tout l'urine dé ceux même qui ne mangent point de jet, en contiennent manifeffement & aflez copieufe- ment. 6°. Enûn l’eau de neige & de pluie. ILeft très-vraiffemblable qu’il n’y a dans la nature qu’une fource vraie &c primitive , qu’une fabrique de ce /e7, s'il eft permis de s'exprimer ainf ; que le Jèl marin pale des végétaux aux animaux qui s’en nourriflent ; des végétaux, dés animaux & de leurs excrémens décompofes par la putréfaétion aux ter- res; des munes de/e/ semme à la mer , ou au contraire de la mer aux entrailles de la terre ; de la furface de la terre & des mers dans l'atmofpheré, re. mais nous ne toucherons point à cette quefion , qui eft jufqu’à préfent peu décidée quant au principal chef, favoir la détermination de la fource vraie & primordiale du // marin, & quant à plufieurs des objets fecon- daires dont nous venons de faire mention. Mais ce qui eft très-décidé , { & qui eft une forte induétion en faveur de Popinion que nous venons de propofer , puifqu’elle porte fur un argument pris de la nature même interne ou chimique de Pobjet examine ), c’eit que le /e/ marin retiré des diverfes fources quenous venons d'indiquer , n’eft qu'un feul &t même être chimique. Airifi une certainé divifion vulgaire que la-routiné a confacré dans les petits traités de phyfique & d’hiftoire naturelle , du /&/ dont 1l s’agit en /e/ marin , fel de fontaine , & /él gernme ou foffile , marinun , foffile & fonranum ; cette divi- fion, dis-je, eft abfolument nulle & fuperflue. Auffi, comme le lecteur peut s’en être déja apperçu, les Chimuftes ne gardent -ils pas chacun de ces noms pour ces prétendues efpeèces particuliéres , mais ils donnent indifféremment le nom de /e/ marin , qui eft devenu générique dans le langage chimique , & à ce- lui qui provient de la mer & à celui que fourmiffent les plantes, &c. La vraie nature du /e/ marina été long-tems mécon- nue des chimiftes. Ils ont ignoré la nature de fa bafe jufqu’en 1736. M. du Hamel démontra alors dans un mémoire unprimé dans le volume de l'académie royale des Sciences pour cette année, que cette bafe étoit un /e/ alkali fixe , femblable au natron & au /e/ alkali fixe de foude. M. Pott qui avoit déja défendu Pan- cienne opinion , favoir que la bafe du /e/ marin étoit une terre , l’a foutenue encore dans une diflertation fur la bafe du /e/ marin , uniquement deftinée à com- battre la découverte de M. du Hamel dans fa Litho- géognofie , voyez p.190 de la traduifion françoife ; & enfin dans les correétions & éclairciffemens donnés par Pauteur pour la premiere partie de cette traduc- ton, & imprimés à la fin de cette premiere par- tie. Voyez Lihogéognofie , vol. I. p. 427. Maïs ce weft plus à préfent un problème chimique , que la nature vraiment faline de la bafe du /é/ marin ; c’eft au contraire une des connoïffances chimiques Le plus tigoureufement démontrées. On trouvera le précis de cette démonftrarion difcutée contradiétoirement aux objeétions de M. Pott, dans une note ajoutée au pañage de la Lithogéognofie déja cité. Voyez Lirho- géognofe, vol. L:p. 190. M. Pott n’a appuyé fa per- févérance dans le fentiment oppofé que fur un mal entendu & fur une erreur de fait : le mal entendu a confifté en ce qu’en réfutant le fentiment de M. du 7 2 £ | SE 919 Hamel , M. Pott à toujours combattu lalkali de tar. tre, tandis que M. du Hamel admettoit un corps irés-différent, favoir l’alkali de foude ; & l’érreur en ce que M. Pott à foutenu jufqu'à la fin, que la terre qua fert de bafe à leau-mere du /e/rmarin, étanr combinée avec les acides minéraux, produifoir les mèmes /é/s neutres que lorfqu'on combinoît avec les mêmes acides , la bafédu vrai /e/ mari, du fe! marin proprement dit. Or cette prétention eft direttement détruite par les faits, M'Pott avance-, par exemple, dans fes correëlions & éclairciflemens pour La Lichogéo- grofie,, que la terre de Peau-mere du /é/ warir , unie à Pacide vitriolique, donne un /e/ admirable parfai- tément femblable à celui qu’on prépare avec le /é/ marin. La propoñtion contraire eft éxatement vraie : ces deux /£/s different auf directement & effentielle- ment qu'ils puiflent différer quant au fait dont il s’a- git, c’eft-a-dire que celüi qui a la terre pour bafe, eft précipité par Palkah fixe de tartre, & même par la bafe du /e/ marin, c que celui qui a'la bafe du /é/ marin pour bafe, n’eft point précipité par ces alkalis ; & il eft exaétement dans le cas du fi/végétal à bafe terreufe, dont l’éxemple avoit êré ofbofe à M. Pott, & dontil exige qu'on lui démontre [à parité ; car de même que , felon Les propres paroles de M. Pott, /z rérré qui a fèrvi de bafe a ce {el végéral peut en érre de- rechef féparée fous la méme forme de terre | de même la terre de l’eau-mere du /e/ marin qui a {ervi de bafe au faux-/t/ de Glauber, peur en étre de-rechef précipicée Jous la même forme de verre... . . Maïs il y a encore une raïon plus direëte ; cette derniere terre, que J'appellerai pourtant volontiers marine, parce que je là crois de la même nature que celle qui eft un dés principes de l’alkali fixe marin, ce quine fufit pasién bonne doëlrine ehimique, voyez PRINCIPES & VÉGÉTALE , aralyfe, pour la regarder comme la bafe du el marin, Ceite derniere terre, dis-je, com- binée avec Pacide marin ne fait point du /6/ marin. Toutes les fubtilités du fyflème de Stahl fur leflence des alkalis fixes , fur la guafi-faliniré des terres alka- lines , fur leuraptitude à s’affocier l'acide néceflaire pour /e reyétir de la nature du vrai /£/, reffource que M. Pott a très-doétement employée : toutes ces fub- tilités , dis-je, ne fauroient tenir contre des faits fi poñitifs ; car il s’agit ici d’une précifion logique : la bafe d’un /é/ eft le corps qui le conftitue immédiate- ent par fon union à un acide, ou le corps que l’on fépare immédiatement de cer acide, & non pas l’un des principes de ce corps. L’autre principe du /eZ marin, favoir fon acide eft un être chimique plus anciennement connu. Voyez la partie hifiorique de l’arsicle Chimie. Nous expô- ferons les propriétés de cette fubflance dans ün ar- ticle particulier placé à lafuite de celui-ci. Nous avons déja renvoyé aux articles NATRON & SOUDE , fé de, pour y chercher la connoïiffance ultérieure de la bafe du Jet marin. Nous allons dans cet article ne plus le confidérer que {x concreto, expofer les propriétés du Jel marin entier. Sa faveur eft aflez connue; c’eft celle qu’on appel- le falée par excellence. % Une partie de /t/marin fe diffout parfaitement dans un peu plus de deux parties & demie d’eau. Ce /ez eft du petit nombre de ceux qui ne fe diflolvent pas en plus grande quantité dans l’eau bouillänte, que dans l’eau froide voifine de la congellation ; c’eft-4- dire qu’une leffive de /e/ marinbien faturée & froide, n’en diffout point une plus grandé quantité, ft on la fait bouillir fur du nouveau /£/; & que réciproque ment une leflive de /e/rmarin faturée 8 bouillante : n’en laïfle point échapper par le refroidiffement. C’eft une fuite de cette propriété que le /&/ marin cryftalifé dans l’eau qu'on fait évaporer en bouillant , pendant . A # 2 . ù ébullition même; & c’eft fur cette propriété qu’eft à h C ', 920 SEL fondéelamanœuvre par laquelle on le {épate.dans les fabriques de falpêtre. Voyez NITRE. ni La forme des cryflaux primitifs du /e/ maririeftcu- bique ; ces cubes primitifs fe difpofent quelquefois de maniere à former des cübes plus confidérables, tantôt parfaits tantôt tronqués ; quelquefois exac- tement pleins, d’autres:fois vuides ou creux dans quelqu'un, de leurs côtés. Ce font encore dans les évaporations bien menagées des pyramides creules & renverfées , &c, plus où moins aiguës, plus: ou moins évalées. Voyez CRYSTAÉISATION., &c le rmém. de M. Rouelle, acad. royaledes Seienc, ann. 17442 Le /el marin s’humete.fenfiblement à. Pair; mais c’eft principalement , fi même ce n’eft point abfolu- ment, à raïon d’un peu d’eau mere qui leur refte pref- que toujours mêlée, & que je erois infeêter {on eau de cryftalifation. Le /el maria verdit un peu le firop de violettes. IL eft encore vraïiflemblable que c’eft à raïfon de tette eaumere. Voyez VIOLETTES, Lointure de. Le fe! marin décrepite au feu. Voyez DÉCREPITA- TION. | Le fel marimietté fur des charbons prefque éteints, les ranime, ef renouvelle lembrafement , & pro- duit même de la flamme, felon une obfervation de Stahl, qui en tire un merveilleux parti pour prou- ver l’inflience de l’eau dans l’affaire de l’inflamma- tion, dans laprodu@tion de la flamme. Foyez FLAM- ME. M. Pott, quia rapporté fort au long dans fa Differtaiion fur Le [el commun. les effais de divers chi- miftes, & les fiens fur le fe/ marin, traité avec les charbons, tant dans les vaifleaux fermés qu’à Pair li- bre, 8 qui a obtenu quelques légeres émanations & apparences d'une matiere phofphorique, femble infi- nuer que la produétion d’une pareille matiere peut bien contribuer au phénomène dont nous venons de parler. Cela peut être abfolument, mais cela ne pa- roit point néceflaire; l’eau dégagée & mife en va- peur par la décrépitation, en paroït une caufe très- fufifante, Au refte, il faut fe rappeller encore icique le phof. phore par excellence, le phofphore de Kunkel ou de Boyle , n’eft point dû, au moins évidemment, à la combinaifon de l'acide marin & du phlogiftique, mais à celle du phlosgiftique & de lPacide microcof- mique, dont l’analogie & la différence avec l'acide marin ne {ont point encore conftatées. Le fel marin entre en fufñon à un afez foible degré de chaleur ; 1l ne paroît pourtant pas qu'on puifle rapporter à la liquidité aqueufe celle qu'il contraëte par l’aétion du feu. Voyez LIQUIDITÉ, Chimie. Car 1°. Le degré de chaleur requis pour cette fluidifi- cation, eftbien fupérieur, quoique foible, à celui qui fait couler les fels très-aqueux, comme le /2/ de Glau- ber, lenitre, &c. 2°. La décrépitation qui précede la fufon, a difipé l’eau néceflaire pour faire fubir à un Je1 la hquidité aqueufe. Il exi1fte dans l’art une ancienne opinionfur la con- vertibihté du /e/ marin en nitre. Cette opinion a pris un nouveau crédit dans ces derniers tenis ; on a mé- me, dit-on, tenté cette tranfmutation par l'autorité du miniftere, & fous la direction des plus habiles chi- miftes. Le fuccès de ces tentatives, & elles ont été réellement exécutées, n’a pas été publié; & ila couru d’ailleurs quelques defcriptions de procédés qui ne promettent rien aux vrais connoïffeurs.#. SALPÊTRE. On connoït aflez la qualité antifeptique du /22ma- rin , &t l'ufage qu’on en fait en conféquence pour af faonner les viandes , & les préferver de la putréfa- tion. Il eft à remarquer cependant qu’il doit être em- ployé à haute dofe ; car fi on applique aux matieres animales putrefcibles, une petite quantité de fé/ ma- rin, non feulement il ne les préferve pas de la cor- ruption , mais au contraire il en accélere a COrrup- SE L ton. Beker avoit déjà fait mention de ce fait fingu- ler, que les expériences de M. Pringle confirment; & qu’on auroit dû déduire il yalong-tems des obfer- vations. domeftiques les plus connues, fi les favans favoientaflez oblerver autout de foi. En effet, rien n'eft f. connu que cette obfervation, favoir qu'un bouillon non falé fe conferve mieux & plus long- tems:, que celui auquel on a ajouté la dofe ordinaire de /el ; qu’on peut garder pendant affez long-tems un ragoüt à-demi fait, pourvi qu’on n’y ait pas mis le Jel avant d’en interrompre la cuite. | C’eft comme affafonnant qu’on l’emploie auff en Pharmacie , pour conferver certaines fubftances vé- gétales , comme rofes, &c. felon un ufage établi dans les boutiques d'Allemagne. Voyez CONSERVATION, Pharmacie. D'ailleurs plufieurs chimiftes, depuis Pa- racelfe jufqu’à Fr. Hoffman, ont recommandé de di- gérer dans une eau chargée de /e/ plufieurs fubftan- ces végétales, dont on fe propofoit de retirer par la difhllation , des huiles effentielles. Il eft affez généra- lement convenu qu’on obtient par cette méthode, des huiles effentielles plus limpides ; mais 1°. le fait même quoique avoué, mais fans examen contradi- étoite., n’eft pas inconteftable ; 2°, le /e/ marin a-t-1l opéré matériellement, dans cette efpece de dépura- tion ou reétification, ou n’a-t-il que fufpendu , ou au contraire favorilé un certain mouvement de fermen- tation , auquel elle peut être dûe uniquement ? c’eft ce qui n’eft point décidé. Le Je marin eftune des matieres falines qui opere le plus efficacement le refroidiflement des liqueurs dans lefquelles on le diflout. Voyez RErRoïDISSE- MENT ARTIFICIEL. Le el marin eftemployé comme fondant dans le traitement de plufieurs fubftances minérales ; ilentre dans la compofition de plufeurs flux. Voyez FLux. Il eft employé auffi dans les cemens. Voyez Ce- MENTATION 6 CEMENT. Il entre dans la compoñition de certaines prépara- tions d’antimoine aflez inutiles, 8 qui font connues fous le nom de régules médicamenteux. Voyez fous le 7101 ANTIMOINE. M. Pott recommande de le faire entrer dans les mélanges de terres, dont on veut faire les vaïfleaux qui acquierent, dans la cuite, une efpece de vitrifi- cation, & qui deviennent propres par-là, à la diftil- lation des acides minéraux. Cette addition peur être très-bonne ; & l’on doit en croire d’autant plus vo- lontiers ce celebre chimifte, qu'il a plus qu'aucun autre, travaillé fur ce fujet , fur lequel il a publié des découvertes très-précieufes. Cependant nous avons en France d’excellens varffeaux, des vaifleaux émi- nemment propres à contenir &c à diftiller les efprits les plus corrofifs, & dans la compofition defquels n'entre point le /e/ marin. N'importe, le mélange in- diqué par M. Pott fournit une richefle de plus. On a fur le degré d’adhéfion de lacide marin à fa bafe, les obfervations fuivantes. | .. Prenierement, ceux qui ont travaillé avec plus de foin à rendre l’eau de mer potable par la difüllation, tels que Boyle & M. Hales, ont obfervé qu'il s’é- levoit avec l’eau, un peu d’acide dans un certain tems de cette difillation. Voyez MER , eau de. De l’eau commune cohobée plufieurs fois fur du félmarin, contraëte une lésere acidité. Plufieurs eaux thermales falées , rougiflent foible- ment la teinture de tournefol; leur chaleur naturelle équivaut à la digeftion qui opere le dévagement d’un peu d'acide dans les expériences précédentes. Le fe! marin concret, étant expolé à un feu violent &t à l'air libre, c’eft-à-dire à la calcination, fe vola- üilife, où du moins fe difipe, foit fous fa forme 1m- muée de /e/ marin, {oit fous celle de produits inob- fervés juiqu’à préfent; mais il s’alkalife auf en pat- SE tie, c’eft-à-dire qu'il laiffexéchappet une partie de fon acide. Neuman réduifit, par une calcination réitérée treize fois, une livre de :/e/ marin à trois gros de ter- re &t un gros de Je4. Cette expérience prouve plus, il eft vrai, la volatilifation que l'alkalifation ; mais le dégagement d’un peu d’acide marin par la calcination, eft d’ailleurs prouvée par des, expériences conftan- tes. Le Je/ marin difillé fans intermede à un feu très- violent, donne un peu de fon acide; maïs fi peu que M. Pott lui:même, qui a défendu fur ce point les pré: tentions de Beguin, de Schroder, de Henckel, re- jettées par tousles autres chimiftes, M. Pott, dis- e,avoue quil n’en fournit que ce qu'il faut pour maintenir l’aflertion abfolue, que le /e/ marin donne de l'acide par la diftillation fans intermede. Mais pour obtenir abondamment l'acide du /e/ 774- rin, on diftille ce feZ avec divers intermedes. On em- ploie à cette diftillation des interiedes faux, & des intermedes vrais. Voyez INTERMEDE , Chimie. Je range fous la premiere clafle les différentes ef- peces de terres & fables ; car comme je l'ai difcuté aflez au long à Parricle NiTRE , qu'il faut confulter fur ceci, c’eft une opinion infoutenable que celle qui fait dépendre la propriété qu'ont ces terres dans cet- te diftillation, de prétendues matieres vitrioliques dont on les croit mêlées. D'ailleurs les fables plus purs , les cailloux, les talcs, les briques pilées , tou- tes fubftances dans lefquelles on ne fauroit fuppofer | des matieres vitrioliques, fourniffent des interme- des efficacespourcette difillation. L’intermedele plus ufité eft celui des terres argilleufes, de Pargille com- mune ou du bol. M. Pott dit que les moins colorées de:ces terres font les plus foibles. Il eft hors de dou: te qu'il faut d’ailleurs choïfir celles qui font le moins mêlées de terre calcaire ; car les terres de cette na- ture font:,par leur propriété d’abforber les acides, incapables de fervir d’intermede pour leur dégage: ment ; & quoique des auteurs propofent de difuller 1e fé! marin par Vintermede des coraux, de la craie, de la chaux, &c. on peut avancer hardiment avec M. Pott, qu’on n'obtient point d’acidepar un pareil pro: cédé. 1 On emploie communément feptou huit parties dé bol ou d'argile, pour une de fe/ marin; cette quanti- té eft infuffante. Lemery qui en emploie fix, & qui diftille àun feu très-long &très-violent,obferve quil refte dans fon réfidu du /e/ marin entier. Stahl deman- de dix parties d’ochre; de bol ou d’argille , pour une de /él;je crois qu’il vaut encore mieux en employer douze & même davantage. L'on fait décrépiter , ou feulement bien fécher le {el, lorfqu’on fe propofe d'obtenir un acide concen- tré. Cela eft indifférent pour lafureté de Popération; mais il peut être eflentiel de le- faire décrépiter; lorfqw’on fe propofe d’obtenirun acide aufhi concen- tré qu'ileft poffible. TE | La méthode de Lemery de réduire le e7 & l’argil- le, au moyend'une certaine quantité d’eau , en une pâte dont on forme de petites boules, qu’on feche en- fuite avec foin ; eft bonne; la multiplication des fur- faces qui en réfulte, doit favorifer l’aétion du feu. Comme l’acide marin eft très-expanfble, & d’au- tant plus qu'il eft plus concentré ; 1l eft commode de difpofer les matieres à diftiller de maniere qu’elles ne donent qu'un acide concentré au point qu'on Le defire. Ainf quand on a befoin d’un efprit de JeZ or- dinaire & phleematique, tel qu'il fuffit-pour les ufa- ges les plus ordinaires, on ne doit deflécher ni Pareil: de, ni le /e/; on peut même employer les boules de _Lemery très-imparfaitement fechées; ou bien, ce qui revient à-peu-près au même (car cette humidité étrangere pafle prefque toute dans lerécipient avant l'acide), on met un peu d’eau pure dans le ballon. SE Ë 921 La très-grande expanfbilité de cet acide exige en- core qu'on emploie un récipient très-vafte: On a cou- tume de fe fervir des plus gros ballons, ou du ballon double. Yoyez DisriLLATION & RÉciprenr. Je crois très-utile, & mème éminemment utile dans le cas dont il s’agit, de laifler, continuellement le petit trou du ballon ouvert, > de RE Les: intermedes vrais qui peuvent opérer le désa- gement de lacide marin dans la diftillation , font les divers acides qui ont plus de rapport avec la bafe du Jel marin que {on acide propre, Or Pacide vitrioli- que, acide nitteux &c lacide microcofmique, font dans ce cas. On peut employer ces acides, {dit purs, foit unis à des bafes avec lefquelles ils aient moins d’afhinité qu'avec celle du /e/ marin, L’alun.&êz îes vi- ‘triols font les /é/s neutres vitrioliques qui font les plus propres à cette décompofition. Mais leur emploi eft accompagné d’un très-grand inconvénient, c’ef que leurs bafes font folubles par l'acide marin, qui s’y unit en effet à mefure qu'il abandonne fa propre bafe; & qu'il faut par conféquent opérer cette nou- velle défunion pour obtenir l'acide marin. Aufñi cette méthode qui exige un feu violent & très-long, eft- elle prefque abfolument hors d’ufage , excepté pour quelques prétentions particulieres, &c jufqu’à préfent malconitatées. Le meilleur de ces intermedes vrais, eft fans con- tredit, acide vitriolique nud. Pour exécuter par cet intermede cette diftillation connue dans l’art {ous le nom de maniere de Glauber, du nom de fon inventeur, on place dans une cornue de grais ou de verre deux parties de /e/ marin, qui ne doivent remplir ce vaif- eau qu'environ au tiers ; fur lefquelles on verfe peu- à-peu une partie d'huile de vitéiol + il s’éleve dès la premiere eflufon de lacide vatriolique ; de Pacide marin réduit en vapeurs, que l’on perd néceflaire- ment ; & cette perte dure pendant tout le tems du mélange. Dès que ce mélange eft fait, on place lef- tement la cornue dans un fourneau de reverbere, ou. fur un bain de fable, &c on y adapte fur le champ un récipient: on lutte Les jointures ; & on laiffe le petit trou ouvert; on attend que l’éruption fpontanée des. vapeuts foit céflée ; & alors feulement on fait fous : 2 nr 2 PL EY N la coraue un petit feug qu'on augniente peu-à-peu & qu'il ne faut pouffer qu’à un degré aflez léger pen- dant tout le couts de opération, qui eft finie en fix ou fept-heures au plus. On peur pour éviter la perte des premieres vapeurs, employer une cornue tubu- lée. Voyez CORNUE.: h Le produit de cette opération eft une liqueur d’ur jaune vérdâtfe , très-fumante, 8 un acide marin très-concentré. Si on veut avoir par le:même pro- cedé-un acide plus phlegmatique , on n’a-qu'à ajou- ter de l’eau au mélange, le faire par-là. Selon la pro- portion de Glauber, prendre pour deux parties de fel sune partie d'huile de vitriol & trois parties d’eau: L’acide nitreux eft un intermede très- peu com- mode pour la difüllation du/e/ rnarin ; car comme : cet acide efttrop volatil, ils’éleve avec celui. du /ez marin, & forme une eau regale. | | … L'acidemarinretiré, {oit par l’intermede des terres bolaires colorées, foit parscelui de l'huile de vitriol, a befoin d’être rectifié pour être pur. Celui qui eft retiré par l’intermede du bol, étant re@ifié fans addi: tion, jufqu'à ficcité ; laiffe une quantité aflez confiz dérable de terre martiale qui s’étoit volatilifée avec lui; & dont il eft abfolument néceflaire detle fépa- rer quand on le deftine aux travaux exaéts. Celui qu'on. obtient par les intermedes vrais, & même en général tout acide marin qu'on veut ayoir aufhi pur qu’il eft poffible, doit être redtifié; c’eft-à-dire redifz tillé fur du nouveau /é/ marin. On conçoit aifement que dans cette opération, ces acides étrangers exer- gant la propriété qu'ils ont de chafler Le /é/ marin de : 9252 SEL fa bafe 8c d'y adhérer à fa place, font remplacées dans laliqueur acide qu’ilsrendoïent impure êc qu'ils abandonnoïent pat du nouvel acide marin qui pale ? au lien d’eux , dans cette liqueur qui devient par-là pure , homogené, 8 même fans rien perdre de fa ‘quantité. PAU Le produit fixe ou réfidu de la difüllation du /e/ A x ï J 5 marin par les terres a été aflez peu cxamune: fi les # " Lo 4 = "; n deux principes du /é/ marin étoïent féparés dans cette opérätion, par une diacrife pute, ce produit fixe de- voit être la bafe faline du Je/ maria: oxil paroît juf qu'A préfent qué ce n’eft pas cela. Le produit fixe de la diftillation du /é/rarin par les fels vitrioliques, eft du fel de Glauber, voyez SEr DE GLAUBER. Le produit fixéde cette difiillation par les fels nitreux eft du nitre quadrangulaire ; voyez NITRE ; & enfin de produit de {à difillation par l'acide microcofmi- que n’eft pas encore bien connu. Acide murin. Van-Helmont foupçonne aflez gra- tuitement que cet acide eft l’acide primitif, & la vraie bafe de tous lesautres. Bécher & fes fectateurs prétendent avec plus de vraïfflemblance , que cet aci- de eft fpécifié par la terre mercurrelle, voyez Mer- CURIEL , PRINCIPE ; au moins cetteaflertion eft-elle très - naturellement liée au dogme fondamental de Becher , qui regarde ce principe comme la vraie caufe matérielle de la volatilité, En effet, une des propriétés des plus remarquables de l'acide marin, propriété qu'il poflede à l’exclufion des autres aci- des; c’eft que la plüpatt des compofés à la forma- tion defquels il concourt, comme principe, font vo- latils , ce qui eff fur-rout très-remarquable & très- fpécial fur les fubftances métalliques: qu’il volatilife toutes, fans en excepter l’or, comme il eft démon- tré par les expériences, de M. Brandt ;.dont nous al- lons faire mention , après avoir rapporté les proprié- tés les plus extérieures de l'acide marin, . Cet acide eft d’une couleur jaune, plus où moins délayée , felon qu'il eft plus où moins concentré ; celui qui eft très-phlegmatique , mais qui eft pour- tant propre encore aux ufages ordinaires , à la diflo- lution des matières terreufes, alkalines , à la prépa- ration d'une eau regale, capable de bien dflondre l'or, 6e celui-là, dis-je, eft limpide &8c fans cou- leur, de même que lacide nitreux foible: - Le L’acidé marin, pour pêu qu'il foit concentré ef _+rès-fumant, & les vapeurs qu’il envoie font blan- ches; ces vapeurs font d'autant plus épaifles , & d’au- tant plus expanfbles , que cet acide eft plus concen- tré. : 3 rate 1 Il patoït le moins pefant des trois acides mineraux; du-moins n’eft-on point parvenu jufqu’à préfent à concentrer dé l’acide marin en mañle, jufqu’äu point de le rendre auf pefant que Pacide vitriolique, ou Pacide nifreuix très-concentré; on n’a pas tenté non plus de-dérérminer fon poids dans fon-état de plus grande concentration ; C’eft-à-dire dans diverfes cormbinafons , oùil entre vraflemblablemient en ui état de‘très-srande pureté où conceñträtion. Il eft ce que la plñpart dés-Chimiftés, mênie les plus célebres appellent, &cparunufage très-vicieux, le ÿlus foible des acidessminéranx; ce qui fignifie eulement -que les deux” autres acidés le chaflent, Forfqu’on les applique à des fels neutres fôtmés par Pumiôn de celui-ci. des fubftances alkalines, foit faWnes , foït terreufes. Et cette expreffion qui feroit toujours impropre, VASUE, peu fciéntifique | quand même elle Bourroit avoir tn fens au Moins figuré, 1élof léquel-elle convint à une aflertion générale- int vraie ; Cette exbrefoi, dis-je, éftà plus fotte raifon inadmifhible ; piifqué cet acide de plus foible “dés trois acides minéraux relarivément aux alkalis , éftdans le même fens’le plus fort des trois relative paénfaux métaux blancs ;187 plus fort que l'acide ni. S EL treux relativement atoutesles fubfiances métälliques: L'acide marin eft celui des acides minéraux qui a le plus de rapport avec les métaux blancs : favoir, l’'atgent, Pétain 8c le plomb, &c il a plus de rapport avec toutes les fubffances métalliques que Pacide - nitreux, Son ordre de rappoñt avec l'acide vitrios lique & les fubftances métalliques colorées, & mê- me le mercure n’eft pas encore définitivement établs. L'acide marina la propriété finguliere,owdu:moïns pofflede éminemment la propriété d'enlever à un au- tre acide une fubftance qu'il eft incapable. de diflon- dre, lorfqu’on lapplique en mafñle à cette fubflance en mañle, Ainfr cet acide appliqué en mañle, c’eft-à- dire, fous fa forme ordinaire de liquide, à de la lie maillé ou de la grenaille d’or ou d’argént & à du metcure coulant, ne difflout point ces fubftances métalliques, même par le fecouts d’une longue ébul- Htion: appliqué au cuivre ,à Pétain & au bifmuth,non calcinés , 1l ne diffout ces fubftances métalliques qw’a+ vec beaucoup de peine & en petite quantité; le plomb, dans les mêmes circonftances, eft encore plus difficilement foluble par ce menfirue. Il eft vrai que la chaux de cuivre &c celle de bifmuth s'y diflol- vent aflez facilement, & les chaux 8x verres d’étain & de plomb un peu plus aïfémentique ces métaux non calcinés, mais toujours fort: mal, * L’acide marin bouillant ne diffout que très-peu de régule d’antimoine, foit fous fa forme métallique; foit calciné. | Enfin , il eft pourtant quelques fubftances métal- liques; favoir, le fer, le zinc, le régule d’arfenic, & celui de cobalt qui font parfaitement diffoutes par Vacide marin en mafle. Mais toutes ces fubftances métalliques , excepté l'or, étant précédemment dif foutes , ont la plus grande difpofition, la plus grande pente à s'unir à l'acide marin pour lequel elles quit: tent Pacide auquel elles étoient joimtesrauparavant. C’eft af que fi on applique de l'acide marin à une diffolution d’argent, ou le mercure dans l’acide ni- treux, le premier acide enleve latsent ou le mer- cure au fecond, & forme avec l'argent le corps chi- mique connu fous le nomde /ure cornée, 8 avec le mercure le corps chimique connu fous le nom de précipité blanc. Voyez ARGENT , MercuRE & Cor- NÉ, Chimie. Il y a encore deux autres moyens dont Pacide marin diffout les fubftances, qu'il ne fauroit difloudre, lorfqu’on lapplique enmafleou en étar d’agerégation hiquide , à ces fubftances, foit concre- tes, foit liquides. Le premier confifte à réduire les deux corps à s’unir en vapeurs: c’eftainfique lacide marin &t le mercure étant réduits chacan-en vapeurs, ét portés dans un récipient commun, {fe combinent chimiquemenr, & forment parleur union le {el mé tallique connu dans l’art fous le nom de Yublirmé cor- off. La deuxieme.confifte à appliquer à un {el new- tre marin, par exemple, un fublimé corrofif, une fubffance métallique : par exemple, lätchaux de cuis “vie capable de ‘précipiter ce fel &:d'attirer à foi l'acide, en le détachant'de: fon anctenne-bafe, qui eit le-mercure dans l’exemple cité. | ' — Aurefte, tous ces phénomènes fe déduifent d’un mèênie principe; favoir, de ce que union agerépa- tive des particules de l’acide marin eft fnpériéure dans le plus grand nombre de cas à la pente qui le potte à Fumonmixtive, 8 fur-tout quand l’exercice dé cette derniere force eft empêché:d’ailleurs par ladhéfion aggrécative des particules du corps à dif loudre.Woyez MENSTRUE. AN 23 27) La plüpart des matieres falines qui: réfultent de Pusfiow de l'acide marin aux diverfes fubftances mé- talliques qué nous venons de nommer, font connues “dans l’artious lénom de wésaux cornés ou-de beurres, nôms-firés de quelquerefflemblance que ces matieres ont, {0it par la couleur, foit par la confiftance, avec la SAE ITR Ïa corne où avec Le beurre. Celles qui ont la confif- tance cornée , font celles qui ont pour bafe l'argent & le plomb, & font appellées comminement Ze cornée & plomb corne, L’étain, Le bifmuth, Parfenic, l'antimoine & le cobalt donnent chacun un beurre. “Le fe/ produit de la combinaifon de Pacrde marin & du cuivre, eft une efpece de gomme qui doit être par conféquent rangée avec les beurres, Cette gom- me eft très-inflammable; elle brûle en donnant une belle flamme bleue (propriété qu’elle communique à l'efprit-de-vin dans lequel on la diffout , &à duduif ou de la cire à quoi on la mêle, & dont on fait en- fuite des chandelles : ) & les Chimiftes en ont conté beaucoup de merveilles, voyez la differcas, de M. Pott fur le Jel marin, déjà citée. Le zinc combiné avec lucide marin donne une ma- tiere moyenne entre l’état corné & l’état butireux. Cette matiere coule au feu, mais fe fige, &c fe durcit confidérablement dès que ce feu n’eft plus très-vif. Le fel formé par l'union de laside marin & du fer eft capable de prendre une forme concrete, éprouver üne efpece de cryftallifation, maïs peu durable. Le fublimé corrofif & le précipité blanc, produits de la combinaifon de l’acide marin êr du mercure, ont cela de fpécial, qu'ils ont une forme concrete, durable ; qu'ils font, & fur-tout Le fublimé corrofif, très-capa- bles d’une cryftallifation réguliere. Enfin, l'or qui, fe- lon les expériences de M. Brandt, que nous avons an- noncées plus haut, eft attaqué par Pacide marin, pur, nud en mafle, lorfqu’on l’a précédemment méle en diverfes proportions à de l’étain, ou du bifmuth ou du régule de cobalt, & qu’on a réduit Palliage en une chaux dans laquelle on n’apperçoit aucune partie d’or : l'or, dis-je, extrait de cette chaux par Pacide marin, ou pour mieux dire, le produit réful- tant de cette extrattion, fe volatilife fous la forme d’une Hiqueur épaifle, faune ou rouge. Toutes ces fubftances falines métallico-marines font plus ou moins volatiles & déliquefcentes. Il eft encore effentiel d’obferver que la vapeur qui s’éleve pendant la diflolution de fa chaux de cuivre dans Pacide marin, eft tres-inflammable; & que pendant celle du zinc dans le même acide, il fe forme de petits loccons inflammables, & qui font une efpéce de foufre ; mais que ces phénomènes n'in- finuent point du-tout que l’acide marin contienne du phlogifique , de-même que l'inflammation des huiles, &c les autres phénomènes analogues que pré- fente l'acide nitreux ne démontrent point ce prin- cipe dans ce dermer acide. Foyer NITRE. L’acide marin combiné avec l’alkali fixe de tartre donne le /£/ marin regénéré connu dans l’art fous le nom de fe! digefhf où fébrifuge de Sylvius. Avec la chaux il donne le /e/ appellé très-arbitrai- rement /e/ fixe ammoniac, & huile de chaux quand il eft tombé en deliquium, événement auquel il eft très- fujet. Il eft traité de quelques propriétés chimiques | de ce fel à l'article CHAUX, Chime. L’acide marin combiné avec l’akali volatil forme le él ammoniac proprement dit. Voyez SEL AMMoO- NIAC, acide marin dulcifié, êther marin. L’acide marin digéré, difüllé, cohobé de diverfes -manieres avec lefprit-de-vin, fournit la liqueur con- nue dans l’art {ous le nom d’e/pris de fel dulcifié , def- prit de {el vineux &c d’eau rempérée de Bafile Valentin. Lorfque les travaux que les Chimiftes avoient tentés fur la dulcification de l'acide vitriolique, & fur celle de lacide nitreux, leur eurent donné l’éther vitrio- lique & léther nitreux , voyez ces articles; ces li- queurs furent le produit le plus précieux de ces tra- vaux, & le principal objet de leurs recherches dans ‘les opérations analogues fur le mélange de l'acide - marin & de l’efprit-de-vin qui a long-tems refuié une liqueur huileufe, un éther. Enfin M.Rouelle le Tome XI, | SEL 93 tadet, que je ne crains point de placéf parmi les plus grands chimiftes , à qui même je ne m'abffiens dé marquer la premiere place, que parce que ma propre conviéhion, quoiqu'intime 8 profonde, ne me donne pas le droit ce /uz déferer l'empire. M. Rouelle le cadet, dis-je, a fait en 1759 de l’éther marin, en employant au lieu d'acide marin, nud &c en aggré- gation , de l'acide marin; difpregé &c concentré par fon union avec l’étain, c'eft-à-dire, le beurre d’étain, ou liqueur fumante de Lrhavius. Cette décou- verte eft fondée fur une heureufe application du principe que nous avons pofé plus haut, d'après lobfervation de limpuiffance de acid: marin en mañe , & de la grande adivité du même acide dont l'agrégation eft rompue. Le procédé de M. Rouelle n’a encore été qu'indiqué par une lettre de M. le marquis de Courtanvaux à M. de Mayran, inférée dans le journal des Savans, Août 1759. (b) SEL MICROCOSMIQUE; cejé porteauflile noms de Jel fufible, & de Jet cfféntiel d'urine, On lobtient par l’évaporation de l’urine fraiche à un feu modéré; mais la maniere la plus facile de préparer ce fe/, eft de le retirer d’une grande quantité d'urine putréfice & cuite jufqu’à la confiftance d’un firop hquide, êc d’en dépurer les cryftaux par des folurions, des fil- trations , &c des cryftallifations répétées. Dans ces opérations, le /£/ fuñble qui contient lacide du phof- phore, fe cryftallife toujours le premier, & 1l eft fort aifé à difftinguer de celui qui paroît enfuite fous la forme de cryftaux longs & cubiques. On a propofé auf de préparerdes cryftaux de /ez d'urine , en la réduifant à la confiftance d’un ruiel épais , en la diflolvant dans de l’eau bouillante, en la filtrant & la faïfant cryftalhfer deux ou trois fois. On peutencore , en expofant l'urine à une forte gelée, en concentrer la matiere fahne huileufe jufqu'à une confiftance convenable, jufqu’à la cryftalliauion: en- fin on peut obtenir le Je/ d'urine , quoique dans un efpace de tems beaucoup plus long, par une lente & très-douce évaporation à l'air, alors il s’en tépare une terre felénitique en forme de cryftaux, Il paroît, par les obfervations de divers chimiftes, qu’une longue putréfattion eft capable de produire dans l'urine des générations & combinaïfons de dif- férens fels. M. Schloffer a trouvé que fi on difülle Le précipité qui fe fait pendant l'évaporation de l'urine récente, & qu'on en leflive le capus rrortuum apres lavoir calciné., l'eau qui a fervi à édulcorer ce capur mortum,ne donne qu'un véritable /e/ marin; mais M, Pott ayant diftillé le réfidu de l’urine réduit à la confiftance desmiel, dont on avoit féparé les premiers cryflaux , 8 qu'on avoit gardé dans un vale pendant quelques années, aretiréun véritable /e/fufble de la terre du ceput mortuum, È du capuit mortuum que fournirent après la reétificationètles produits de cette diftillation , qui demeurerent encore mêlés enfemble pendant quelques années. Comme la difüilation avoit donné un efprit ammontacal huileux, M. Pott en con- clut que laterre de Purine qui avoit été rendue vo- latile , s’eft avec le tems , & par un effet du mouve- ment intérieur , détachée de fa combinatfon précé- dente, & en a contraété une autre en vertu de la- quelle elle eft devenue fixe &c fufible. M. Margraff a obfervéque la putréfaéion change le /ef commun, qui exifte dans l'urine, en un /e/ fufible. Cependant 1l y a dans l'urine du /e/ fufble qui y eft eflentiellement contenu , mais déeuufé , comme M. Henckel le prouve: parce que, 1°.aks’obtient par une féparation qui s'opere doucement , &c con- forme à la facon d'agir de la nature, lavoir par une évaporation lente, pour laquelle on n’a point em- ployé la violence du feu ; cette évaporation n'agit que dur la partie phlegmatique , & elle n'a pas pu ue- détruirenti décompofer le tout : 2°.ce /e/ n’eft point, à AAAaaa 024 SEL L ; F f comme le fe! marin , une fubftance étrangere portée du dehors en-dedans du corps humain, mais il y a été élaboré par la coëtion &c par d’autres mouvemens des organes, & formé de fubftances dans lefquelles il n’étoit pas. , | M. Margraff remarque qu'on ne peut féparer en- tierement le /é/ eflentiel de Purine , êc 1l croit que les caufes en font probablement, 1°. la quantité de V’extrait onttueux , qui empêche la cryfiallifation ; 2°, & principaiement la difipation du /ë/ voletil uri- neux qui arrive à ce el, tant dans linfpiffation de Vurine, que dans fa dépuration : car ce Jél privé de {on fe! volatil, refufe de prendre une forme faline fe- che. Si on le diflout fréquemment dans l’eau bouil- lauta , il perd toujours une partie de fon efprit uri- neux ( comme l’odeur le prouve fufifamment), & ainfiil ne fe met point en cryftallifation ; ce que l'on peut pourtant corriger en quelque forte , en ÿ ajou- tant un peu d’efprit volatil de fel ammoniac : cet ef- prit fature avec efflervefcence l'acide découvert. Quand le fe/ fufñble a été fufifamment dépuré , 1l eft tout-à-fait blanc & fans odeur. M. Pott nous ap- prend que la figure de ce fe/ varie beaucoup, fuivant les effets de la chaleur , de l’évaporation , &t des dif- férentes cryftallifations: car il prend la figure de la plüpart des autres, comme du falpêtre, du vitriol, du /é/ ammoniac , de l’alun, du /é/ admirable, &c. mais pour lordinaire il eft en cryftaux brillans, oc- togones êc prifmatiques. Ce /e/ excite fur la langue une faveur un peu fraiche ; il a à-peu-près le goût du borax , avec lequel il préfente des reflemblances fingulieres : mis dans un creufet{ur le charbon ardent, il y écume,, {e bourfoufle, fe fond, & poule des vé- gétations : foufflé fur le charbon avec un chalumeau, 1l coule en une perle ronde quand il eft convenable- ment purifñié. Les cryftaux de la feconde cryftallifa- tion e fondent aufit en perle fur le charbon, quand ils ont été dépurés ; mais apres le refroidiflement , ils prennent une couleur de lait : mêlés avec le phlogif- tique , ils ñne donnent pointle phofphore comme les premiers cryftaux ; après avoir été fondus,, ils fe re- mettent facilement en cryftallifation , tandis qu’on ne peut plus faire cryftalhfer les premiers quand une fois ils ont été liquefés. On voit par cette différence que les cryftaux de la feconde cryftallifation ont les mêmes propriétés que le Jel que M. Haupta nommé /al mirabile per latum : ce que M. Margraft ne paroït pas avoir vù lorfquil a a dit que ce dernier /é/ n’a que très-peu de rapport avec le /el rmicrocofinique. La premiere cryftallifation ne tombe pasaifément en effervefcence à l'air, mais bien la feconde , que l’air chaud commence à réduire en une-poudre blan- che comme la neige, èt qui au lieu de rafraichir la langue, l’échauffe comme un charbon ardent , fans lui caufer pourtant aucune douleur ni aucun dom- mage. Cette fenfation de chaleur ne s’y conferve que quand il eft bien dépoullé de toute humidité, &c il recouvretoujours cette chaleur, lorfqu’illa perdue, par des calcinations répétées. Le jé ricrocofmique eit un ft/ moyen ammoniacal, dont l’acide eft d’une nature toute particuliere.êc fi peu liée avec le fé/urineux , qu’il n’eft point d'autre exemple de /e/ ämmontacal /ec, dont l’urineux fe {é- pare auffi aément par la feule difillation , ou par une fimple digeftion , 8 même par la feule attraétion de Pair. | Sion met les cryftaux de fe/fufible dans une re- torte de verre, &c qu'après y avoir adapté un réci- pient bienlutté, on diftille infenfblement & par de- grès au feu de fable , lee/-écume & devient fluide , en même téms 1] s’éleve dans le récipient un fort ef- priturmeux volatil , dont le poids eft la moitié du total, qui reflemble beaucoup.à l’efprit de fé ammo- juac préparé avec de la chaux vive, qui étant mêlé SAÈNE en aflez grande quantité avec l’efprit de /e7, n’entre | point en efferveicence , mais échaufe confidérable- ment les vaifleaux , aulieu que les urineux ordinai- res produifent plütôt du froid : après cet efprit uri- neux montre quelques grains de fubliméammoniacal, autre moitie de cryftaux forme dans la retorte une mafle blanchâtre 8 crevafiée. C’eft dans cette matiere {aline , qui demeure après ja diftillation des cryftaux , que l'acide fe trouveen- veloppé par une terre tenue &c slutineufe , 6 ilne fe découvre entierement qu'après que ce réfidu a été fondu à un feu violent, en un corps clair &c tranfpa- rent que l’on fait couler fur une lame de fer chauffé, bien poli ; mais la plus srande violence du feu ne peut chaffer de ce réfidu , qu’un peu d'humidité, & n'en peut féparer aucun acide ni aucunfublimé. Cette matiere , femblable au verre, fe diflout en- tierement dans deux ou trois parties d’eau diftillée bien pure, êc fe change enune liqueur ciaire, un peu épaïile , qui a les proprietés de tous les acides, de forte que 1°. elle fe met en effervefcence avec lalka- hvolatil, & 2°, avec l’aikali fixe, & même qu’elle forme avec Pun &r l’autre des efpeces de /&/ moyen tout-à-fait patticulieres. 3°, elle précipite les corps diffous dans les alkalis, &cmême 4°, elle diflout les terres alkalines. Cependant MM. Pott & Schloffer nient que ce verre falin diffout dans de l’eau, fafle aucune efferyef- cence fenfible avec l’alkali, quoique cette effervet- cence ait eu lorfqw’on fature avec un alkali la li queur acide du phofphore brulé. M. Pott a décou- vert qu’on augmente beaucoup la fufbilité du /e/fixe de lurine , lorfquw’on diffont ce /e/ purifié dans un bon efpritde el, qu’on fait digérer la folution, qu'on la filtre, &c qu'on abftrait doucement lefprit, juf- qu’à ce.que le /e/ fe coagule de nouveau. Il'a trouvé aufli que le /é/ ammonmiac fixe , connu pour un /e/ fr fufible, étant mêlé avec autant de /é/microcofmique, loin d’en conferver lafufbilité, ou d'en acquérir da- vantase, devient fragile au feu comme une écume friable & verdätre. Les expériences remarquables de MM. Marsraff 8 Pott , nous apprennent que le /é/ fufhble précipite les folutions du /e/ammoniac fixe, ou la folution de chaud vive , faite dans l'acide du /£7, la ‘{olution épailfe de craye., la folution de cailloux faite depuis long-tems dans lalkali fixe, &c qu'il s’en précipite une matiere vifqueufe qui demeure cohérente com- ie la glu, 8 quis’endurcit fans pouvoir être diflou- te de nouveau : ces expériences me paroïiffent forti- fier le fentiment de ceux qui croient que le /e/delu- tine contribue à en lier la terre , pour former le cal- culde la vefñe. | | M. Pott cite & adopte le fentiment d'Henckel, qui dit que la feconde cryftallifation du. /£/d’urine en forme de falpetre, aufi-bien que le premier /e/ qui fe cryftallife du caput mortuum ; contiennent l’un ê Pautre quelque portion d'acide vitriolique , puifque avec le charbon , ils forment un foufre commun. M. Pottdit ailleurs que le /e/ de Purine contient en {oi & réunit la terre colorée de l'acide nitreux, la terre fufñble de l'acide du /e/, &c laterre fixe de l’a- cide du vitriol , lefquels étant employées à propos, peuvent fervir à produire divers changemens dans d'autres corps : ces idées femblent avoir peu de fon- dement, néanmoins les varietés de la cryftallifation du /e/fufble, dont nous avons parlé plus haut, mé- ritetoient d'etre étudiées plus loigneufement qu’on n’a fait jufqu'ici. » - On peut voir dans MM, Margraff &z Pott de quelle maniere le /e/microcofmique agit fur les métauxavec lefquels on le met en fufñon, ou dansune forte di- gefion, êc les rapports de ce même /£/ avec diffé | rentes chaux & folutions métalliques. La proprieté la plus remarquable de ce [el , quia étédécouyerte par SEL M. Marpraff, c’eft qu'étant mêlé avec un indammaz ble fubul & diftiilé dans un vaifleau fermé il produit le phofphore. M. Margraf penfe que lacide du /ez microcofmique eft effenrielle à la produétion du phof. phore, & il faut, fuivant lui, que cet acide foit mê: lé dans plufieurs végétaux, parce que la femence de roquette , de crefion , de moutarde, & même le Blé, lorfqu'on les diftille à un feu violent , donnent à la fin le phofphore , quand le feu eftpoufé au plus haut degré. Voyez PHosPaors, Il eft dans l'opinion que le /é/ microcofmique , &c fur-tout fon acide , fe trouve mêlé à quelqués-uns des végétaux qui com pofent les alimens & les boïffons des hommes, & qu'ilpafle de-là dans le corps humain : caril a remar- qué que Purine d'été , faïlon où les hommes man- gent beaucoup pius de végétaux , fournit toujours une plus grande quantité de ce fe/, que l'urine d’hi- ver; mais une femblable preuve paroiït extrêmement foible , quoiaw’elle n’ait laiflé aucun doute à M. Mar- graff. | On a attribue différentes vertus médicinales au /e/ microcofmique , mais elles ne font pas aflez confta- tées , quoique ceux qui l'ont employé, femblent {e réunir à dire que ce /2/ eft un puiffant apéritif. SEL PRINCIPE , ( Chimie & Phyfique.) les anciens chimiftes crurent reconnoître que la decompoñition des corps étroit arrêtée , lorfqu'ils étoient parvenus à les reduire en efprit , huile, fel, terre, & eau ; ils nommerent ces fubitances principes où élemens ; ils appellerent les trois premiers a&ifs, les deux au- tres paffifs ;ils ont été fucceffivement contredits par leurs fuccefleurs. Paracelfe les reduifit À trois, le mercure ou lefprit , le foufre ou lame , & le /t/ ou le corps; Vanhelmont n’admit que l’eau pour tout principe ; Becher Joignit laterre, dont il ft trois ef- peces, à l’eau ; Stahl adopta ces maximes; les chi- miftes, plus modernes que ces deux grands hommes, trouvant des défauts dans cette partie de leur doë@ri- ne, ont varié dans la divifion qu'ils ont faite de ces mêmes principes. Il feroit trop long de rendre comp- te de,tous Les fentimens qui fe font élevés à ce fujet, nous nous bornerons à examiner ce qu'on doit pen- fer de ce prétendu élement. Il eft évident que le titre de principene peutcon- venir à aucun /e/ neutre ; ilne left guere moins que les alkahs en doivent être exclus ; quant aux acides, une fuite d’analogies, de vraïflemblances, leur tran{- mutation, font des preuves qu’ils dérivent tous d’un feul, du vitriolique, fulphureux ou univer{el : c’eft donc lui feul qu’on pourroit nommer principe, mais n’eflril pas encore fufceptible de décompofñition ? doit-on penfer avec Becher, Stahl 8 Juncker, qu’il eff formé par Punion de l’eau &c de la terre vitrefci- ble? c’eft ce qui ne fauroit être mis en évidence que par des expériences nouvelles & repétées ; heureu- lement l'incertitude qui regne fur cet objet, n’eft d'aucune conféquence pour la pratique de la chimie, elle ne peut en arrêter les découvertes , elle doit au- contraire exciter à tenter la décompofñitiondes corps quiparoïfient les plus fimples, ceux qui veulentavoir des points fixes fur cette matiere, On peutrenyoyer aux écolestoutes les difputes femblables, & fe bor- ner à foutenir que l’opimion la plus vraiflemblable eft celle d'Ariftote, quiadmet pour élement, l’eau, l'air, la terre, &le feu, en attendant qu'un jour plus grand {oit répandu par lexpérience fur la théorie d’un art que nous regardons comme la clé de la vraie phyfique. Voyez ÊLEMENS , PRINCIPES. SEL SÉDATIF, ( Chimie, ) leborax'( Voyez BORAx) eff un fel compoié , qui reconnoît pour fes principes confütuans , un alkali de l’efpece de celui qui fert de bafe au Je! muriatique , appellé a/ka/i minéral, par- ce que c’eft le feul alkali fixe qui exifte tout formé dans la nature, & que Part ne crée pas ; ce /e/ alka- Tome XIV, SE L 925 li eft neutralifé par une autre efpece de jé), Gui fait fonétion d'acide , connu fous le nom de Jel fédanif, par rapport aux effets qu'a cru lui remarquer Hom= berg , un de fes inventeurs, . Ge /e/ {e retire du borax de deix manieres ; par fus blimation & par éryftallifation ; dans lun & l’autre cas 11 faut toujours employer une addition d'acide, au borax , lequel s’unit à l’alkali minéral > pour for: mer un /e/ neutre différent, fuivant le genre d’acide. ls font tous indiflinétement propres À Opérer cetté décompofition, felon les obfervations de M. Baron ; Pa (Poyez Mémoire des fivans étrangers.) alors le fe fédas tif, qui eft encore affoibli par l'eau que Pon ajoute au mélange , a moins d’afinité avec l’alkali ,) quen’en ont les acides employés , ilfe trouve libre & en état d’être féparé du nouveau /£/ qu’a formé l'addition de l'acide, ce qui pourra s’exécuter par la voie qui fe trouvera la plusconvenable, Non-feulement , felon les expériences dé M. Lé: meti , les acides purs & conceñtrés ôperent la dé: compofition du borax, mais encore ces mêmes aci- des engagés dans des bafes terreufes & métalliques, ce qui a êté la fource de plufieurserreurs ; par exem- ple, M. Homberg obtint le /ez fédarif, par l’interme-: de du colcotar, & penfant que c’étoit la matrice de ce Je! , il le nomma /E/ volauil'de colcotar | Où de vi- triol, Etc. La méthode qui nous a paru la meilleure pour rez tirer le /e//édarif, eft la fuivante. , L'on arrofe quatre onces de botax réduit en pou- dre , avec une onc : & deux gros d’huile de vitriol très-concentrée , l’on ajoute peu de tems après au mélange , deux onces d’eau commune , & l'on dif- tille le tout dans une cornue luttée , dontie col foit : large , en pouffant le feu jufqu’à faire rougir la par= tie inférieure de la cornue. Il eft à remarquer que l’acide vitriolique très-con- centré, ne décompoferoit pas fans addition d’eau le borax; 1l eft même connu que le /e7 fédarif très-pur & tres-fec , décompofe en partie, par une proprie- té très-finguliere, tous Les fé/s neutres À bafes alkali_ nes ; S'unilant à ces mêmes bafes lorfqu’il ena pré- cipité l'acide , pour reproduire avec elles du borax : mais lorfque dans la décompofixion du borax, on ajoute une certaine quantité d’eau , le /e/ Jédatifne peut plus agir avec la même aftivité, &c la réaction de l’acide fur l’alkali n’en eft pas diminuée; le /e/ JE- datif devenu libre, &c étant naturellement fort d;- Vifé , préfente à l’eauun grand nombre de furfaces j ce qui hui facilite la propriété d’être enlevé avec el- le : aufli atrive-til que dans les procedés où l’on emploie une moindre quantité d’eau, il faut en ajou- ter de nouvelle pour enlever tout Le /e/ Jédatif qu'une quantité donnée de borax peut fournir ; lorfque lon diminue la quantité d'huile de vitriol,on tombe enco- re dans Pinconvénient de ne pas décompofer tout le borax , non qu'il n’y ait aflez d’acide pour faturer tout l’alkali minéral, mais c’eft que la décompofition ne s’en fait jamais fi rapidement, que l'eau n’enleve une certaine quantité même néceflaire de cet acide, de la même maniere qu’il enleve & tient en diffolu- tion une petite partie du /e/ fédenif, de-fà l'acidité de l’eau du récipient : quant au /£/édarif qui na pas la même affinité avec l’eau que l'acide, & qui d’ailleurs n’en eff pas diflous , mais feulement humelé , il ef enlevé à la faveur de cette eau, & de la chaleur qui le tient dans un état de fufon , jufqu’au col de la cornue , qui eft la partie qui fort du reverbere , & que le contaët de Pair a refroidi; mais l’eau qui n’eft pas fufceptible d’un fi grand degré de chaleur, ne fe condenfe pas également à un froid fi peu fenfible: elle s'étend &c fe raréfe jufque dans le balon où elle s’accumule , avec une légere portion de /22 fédarif ; qui avoit été exaétement diflous, & qui fe cryftallife AA Aaaa 926 SEE dans cetteeau lorfqu’elle eft refroidie : le JeZ fédarif qui a refté dépofé au col de lacornue , y eft attaché en forme de petites lames ou aiguilles d'une ténuité ou légereté finguliere, qui bouchent toute la capa- cité de ce col. Autant ce /e/ paroît volatil 1e leger ; lorfqu'il eftumi à Peau, autant eft-il fixé lorfqu'il en eft dépourvu: ce qui fait que ces fleurs ou jels qui font placés {ur la partie du col de la cornue ; la plus voifine de fon corps & la pluséchaufée, fe fondent , perdent eau de leur cryftallifation, 6c affectent fans {e fublimer, la figure & reflemblance d’un verre. De même le fé/ fédarif expoté fubitement à une chaleur violente, fe fond , perd la moitié de fon poids , & fe change en verre, lequel peut reprendre fa forme premiere f onle fait diffoudre &c recryftallifer dans Veau. ! La méthode de retirer le Je/ fédarif par cryftallifa- tion, que l’on doit à M. Geoffroi (voyez fon, mémoire dans ceux de l'académie, 1732) eftplusfacile, mais n’eft pas préférable à celle que nous avons décrite, en ce que, lors de l’évaporation du fluide fuperilu , :l fe fait une perte aflezconfidérable du fé Jédatif qui s'éleve avec hui, & qu'il éft bien difficile d’avoir dans une grande pureté &c fans mélange d'acide &e de Je! de Glauber, les derniers /£/s que l’on retire à la fu- te des évaporations & cryftallilations ménagées : en voici le procedé. A une diffolution de quatre onces de borax , dans fufifante quantité d'eau, l’on ajoute une once deux gros d'huile de vitriol, il fe fait une effervefcence aflez confidérable , lors de la réadion de lacide vi- triolique fut Palkali du borax ; les liqueurs fe trou- blent, maïs il ne paroît point encore de /£/ fédarif. On fait évaporer la liqueur àune douce chaleur , juf- qu’à ce que le /é//édarif fe fafle appercevoir à la fur- face de l’eau, fous la forme de petites lames fines &c brillantes ; une évaporation plus continuée fait ac- cumuler & groupper enfemble ces petits cryftaux , qui devenus plus pefans, gagnent le fond de la Hi- queur & fouvent affettent des formes différentes ; on laïfle refroidir l’eau fans l’agiter , puis Pon retire par décantation les /e/s qui font formés , on les lave ra- pidement avec de l’eau froide , pour leur enlever, le plus qu'il eft poffble, l'eau de la cryftailifation qui lui communiqueroit une portion du /é/ de Glauber , qu’elle tient en diffolution ; on fait encore évaporer peu-à-peu la liqueur faline reftante, pour en féparer tout le /e/ Jédatif, & lorfque les liqueurs n’en don- nent plus , on peut faireune évaporation plus confi- dérable, laquelle produit des cryftaux de /e/ de Glau- ber ; Pétiologie de cette opération eft fondée fur ce que le Je de Glauber eft plus foluble dans l’eau, que le el fédauif; ce dernier left même beaucoup moins que le borax , ce qui fait que l’eau qui tenoit le borax en diflolutiontranfparente, avant l’addition de l'acide vitriolique , n’eft plus capable de le faire, lorfque le /e/ fédatif commence à fe débarafler de lalkali minéral qui lui communmiquoit fa diffolubilité, mais ce n’eft encore qu’une poufliere fine & fubtile , qui altere la tranfparence du fluide danslequel elle nagé, une évaporation ménagée lui donne l’arran. gement néceflaire, & le /e/ édarifparoït tout formé , il ne differe de celui qui eftfait par fublimation, qu’en ce qu'il eft moins leger que ce dernier, & quefes. cryftaux font plus épais & moins bien fisurés ; on connoit que le /e/ fédatif, fait par cryftallifation, eft pur, lorfque expofé au foleil, il ne tombe pasen ef- florefcence comme le fe! de Glauber, & qu'il n’a point le goût de borax. Le /e/ Jédatif n’eft pas un acide, comme on auroit quelques raifons de Le foupçonner , il ne change pas les couleurs bleues des végétaux en rouge, & ne fer- mente pas avec les alkalis, quoiqu'il s’unifle avec eux ; il n’eft pas non plus de la nature des alkalis vo- Jatls ; nous avons fut voir que fa volatilité n'étoir qu'accidentelle ; 1l précipite à la longue quelques {olutions métalliques , comme le mercure diflous dans l’acide nitreux &c dans le muriatique ; cette pro- priété peut être due à une lévere portion d’acide vi- triolique qui lui refte uni dans l’eau de la cryftailifa- tion; 1la beaucoup de rapport avec le fe/ microcof- mique. Voyez SEL MICROCOSMIQUE. Outre ces pré- cipitations qui leur font communes , il décompofe comme lui, les fes neutres à bafes alkalines, il fe vitrifie facilement, vitrifie aufi avec lui un grand nombre de fubftances , il forme avec le tale &c les fpats un verre opaque & inaltérable à l'air, facilite la fufion des fubftances les plus refraétaires , &z ces Jels ontplufeurs autres reflemblances qui vraiflem- blablement tiennent à la nature des principes de leur compofition quinous eftencore inconnue. Le el fedarif eft leger , talqueux , doux , & gras autoucher ; il a une faveur fraiche, acidule &c ame- re ;il fait du bruit comme le tartre vitriole,, lorfqu’on le mâche; nous fufpeétons avec raifon les vertus qu’- on lui attribue dans la médecine ; on le croit emmé- nagogue, antifpafmodique , antihyftérique, apéritif, diurétique , déterfif , ftimulant fans corrofion , ni inflammation , & propre à atténuer la vifcofité des humeurs. Il eft un des /£/s qui fe diffolvent le plus dificile- ment dans l’eau, trois livres d’eau fufifant à peine pour en diffoudre deux onces; mais iln’en eft pas de même de lefprit-de-vin , dans lequel il fe diflout fa- cilement & abondamment. LA La flamme d’un efprit de vin qui n’aura diffous mé: mc qu'une légere portion de ce /e/, fera d’un très- beau verd : aucune de toutes les fubftances connues n’a donné cette couleur à la flamme de l’efprit de vin, à l’exception des préparations cuivreufes. Le /eZfe- darif contiendroit-il de ce métal à telpoint divité , qu'aucune expérience ne l'y a pu faire apperce- voir ? l’alkahi volatil, qui eft la pierre de touche quz le découvre par-tout , n’attire point la couleur de la diflolution de ce/eZ. L'on peut voir fur cette matiere beaucoup de chofes curieufes,dans le fecond mémoi- re de M. Bourdelin , inferé dans ceux de l'académie desiciences, pour l'année 175 5 , comme auff l’union que le /è/ fédarif eft fufceptible de contraëter avec V'alkali volatil auquel il communique la vertu très-fin- guliere de ne fe pouvoir plus fublimer. Le /e! fédarif s’unit à la crême de tartre, & forme un tartre très-foluble, qui conferve fon acidité com- me le borax tartarifé de M. le Fevte, d'Usès; M. de la Sone, dans fon mémoire académique pour l’année 1755, nous fait obferver la fingularité de ces deux Jéis , qui deviennent tres-diffolubles dans l'eau, lor{- u'ls ne forment qu’un compolé, quoiqu'ils foient féparément êc lun êc l’autre du nombre de ceux dont la diflohition efttrès-dificile dans ce fluide. Le fe! Jédatif a plufieurs autres propriétés moins effentielles , néanmoins intéreflantes ; & ceux qui voudront être plus inftruits des connoïflances que lon a acquis fur cette matiere , pourront confulter le traité de M, Pott fut le forax, & les ouvrages des auteurs cités dans cet article. | SEL DE RIVIERE , ( Mar. médic. ) voyez VITRIOL. SEL VOLATIL , (Chimie. ) voyez ce qu’on entend en Chimie par la qualification de volau! , à Particle Vo- LATIL, & VOLATILITÉ , Chimie. Il y a des /és volazils de plufeurs efpeces ; Pacide marin, l'acide nitreux, l'acide végétal fermenté , l'a- cide végétal fpontané nud du warum , & peut-être de quelques autres plantes , l'acide fpontané des infec- tes, l’alkali appellé vo/azl, 87 meme des/£/s neutres, favoir tous les /e/s ammoniacaux, font vo/arils. On donne cependant par préférence ou par excel- lence le nom de /&/ volauil aux alkalis volatils. Voyez ALKALI VOLATILS, dans l’art, général SEL , Chim. G Méa, (b) Sacs, (Science microfcop.) les fels.des fluides-éva- portés des végétaux brûlés, des fofliles, des méraux, des minéraux, méritent d'être examinés au microf- cope. Nous parlerons des fé/s du vinaigre au mor VINAIGRE , & des Je/s foffiles dans l’article fuivant, Pour extraire les els des végétaux , il faut brûler le bois, la tige ou les feuilles d’une plante, jetterles cendres dans l’eau , enfuite filtrer, & larfer [a li aueur fe cryftallifer dans un lieu froid. Les j£ls des minéraux oudesmetaux fe trouvent en les éteignant dans l’eau, lorfaw’ils font rougis par le feu , enfuite on les filtre | onles évapore & on les cryftallife. De jolis Jé/s pour l’obfervation, font les cendres dont on fait le favon en Angleterre & en Rufie , Les els du coffon , qui dévore le bois ; le /&/de camphre, le el detartre , le /£/ armoniac, le /£/ d’ambre, de corne de cerf, G:c.il faut les examiner premierement lorfqu’ils font fecs & cry ftallifés,.8r enfute lorfqu’ils font diffous dans une très-petite quantité de quelque fluide tranfparent. Les fé/s que Pon trouve dans tous les corps lorf- aw’ils font féparés par le feu , paroiflent comme au- tant de petites chevilles où clous qui pénetrent leurs pores , & qui lient leurs parties enfemble ; mais comme les chevilles ou les clous lorfqu’ils font trop grands outrop nombreux, ne fervent qu'à faire des fentes, & à mettre Les corps en pieces , ainfi les /e/s brifent de temsentems, féparent & détrurfent les corps au-lieu d’unir &c de lier leurs parties; ils ne font à la vérité que de pursinftrumens, &c ils ne peuvent pas plus agir fur les corps , ou les forcer par eux-mê- mes, que les clous le peuvent fans les coups de mar- _reaux ; mais ils y font poufiés par la prefhon des au- tres corps, ou par le reflort de l'air qui agit fur eux. Comme les /£/s entrent dans les pores de tous les corps, l’eau s’infinue entre les particules du /£7, elle les fépare ou les diflout dans fes interftices, juiqu’à ce qu'étant dans un tems de repos , als fe précipitent & forment eux-mêmes des mafles de /&/. L’eau par cette puiflance qu’elle a de diflondre, devient le véhi- cule des fe/s. (D. J.) SELS FOSSILES , ( Science microfcopique. ) les qua- tre efpeces de Je/s foffiles les mieux connus font , fe- lon le doûteur Lifter, le vitriol , l’alun, le falpêtre & le Jé/ marin ; À ces quatre /e/s il ajoute un cinquième môins connu, quoique plus commun qu'aucun au- tre, c’eft le nitre des murailles, Le vitriol verd fe tire des pyrites du fer; lorfqu'il eft mûr & parfait, fes cryftaux font toujours pointus des deux côtés, & compotés de dix plans & de côtés inégaux ; c’eft-à-dire que les quatre plans du milieu font pentagones , & ceux des extrémités pointues {ont compofés de trois plans triangulaires. L’alun brûlé, diflous dans l’eau & coulé , donne des cryflaux dont le haut & le bas font deux plans hexagones ; les côtés paroïffent compoñés de trois plans , qui font auffi hexagones , & de trois autres quadrilateres, placés alternativement; en forte que chaque cryftal parfait eft compofé de onze plans, cinq hexagones , & fix quadrilateres. L'eau de nos fontaines d’eau falée éloignées de la mer, donne des cryftaux d’une figure cubique exac- te, dont un côté ou plan paroït avoirune clarté par- ticuliere au milieu , comme s’il ÿ manquoit quelque chofe ; maisles cinq autres côtés font blancs & foli- des. Le /e/ semme diflous fe réduit en cryftaux cubi- ques femblables. Si l’on fait bouillir l’eau de merjufau’à fécherefe, & fi l'on fait difloudre fes /é/s dans un peu d’eau de {ource , elle donne auffi des cryftaux cubiques , mais notablement différens de ceux que l’on vient de dé- crire ; car dans les cryftaux du /e/ marin tous les an- gles du cube paroïflent coupés , & les coins reftent SEE 927 triangulaires ; aulieu que les /£/s de nos fontaines d’eau falée éloignées dela mer, ont tous leurs coins bien affilés & parfaits, * Lenitre ou falpêtre fe réduit de lui-même en cryf taux hexagones , longs & déiiés, dont les côtés font! des parallélogrammes; l’un des bouts fe termine conf tamment en pyramide, ou même par un tranchant, afhilé felon la poftion des côtés des deux plans in- égaux; l’autre bout eft toujours raboteux, & paroït comme s'il étoitrompu. Le plus commun, quoique le moins obfervé de tous les fe/s foffiles , eft une efpece de nitre de mu- raïlle , ou /e/ de chaux, que l’on tire du mortier des anciennes murailles ; c’eft de ce /e/ qu’une grande partie de la terre & des montagnes font compolées, felon le doéteur Lifter’; fes cryftaux font déliés & longs ; leurs côtés font quatre parallélogramines in- égaux ; leur pointe à l’un des bouts , eft formée de. deux plans, & de côtés triangulaires , Pautre bout fe termine par deux plans quadrangulaires, quoiqu'il {oit rare de trouver les deux bouts entiers, Quelques- uns de ces Jeis ont cinq côtés. La pratique commune de ceux qui ont en France la furintendance des falpêtres pour le roi , eft d’amaf- fer de grandes quantités de mortier des anciens bari- mens; & parun art particulherils en tirent une grande abondance de ce nitre de murailles ; enfuite lorfqu'ils ont tiré tout ce qu'ils ont pu, ils le laiffent repofer pendant quelques années , après quoi ce mortier fe trouve de nouveau empreint de ce /e/, & en donne prefqu’autant que la premiere fois. Les particules de chacun de ces /&/s en tombant les unes fur les autres, ou en s’uniffant fur une bafe commune,forment d’elles-mêmes des mafles qui font invariables, & toujours de la même figure réguliere. Voilà ce que le microfcope nous découvre de la f- gure des Jels foffiles ; maïs pour la bien examiner, il faut les obferver en très - petites mañles. (2. J.) SEL, umpoôt fur Le, (Econom. polirig.) impofition en France , qu'on appelle autrementles gubelles , article qu'on peut coniulter ; mais, dit l’aureur moderne des confidérations fur les finarues , un bon citoyen ne fauroit taire les triftes réflexions que cet impôt jette dans fon ame. M. de Sully , miniftrezélé pourlebien de fon maitre , qui ne le fépara jamais de celui de fes fujets ; M. de Sully, dis-je, ne pouvoit pas approu- ver cet impôt; 1l regardoit comme une dureté ex- trème de vendre cher à des pauvres une denrée fi commune. Il eft vraiflemblable que fi la France eût aflez bien mérité du ciel pour pofléder plus long- tems le miniftre & le monarque, il eüt apporté des remedes au fléau de cette impoftion. La douleur s'empare de notre cœur à la leéture de l’ordonnance des gabelles, Une denrée que les faveurs de la providence entretiennent àvilprixpour une partie des citoyens , eft vendue chérement à tous les autres. Des hommes pauvres font forcés d'acheter au poids de l'or une quantité marquée de : cette denrée , & 1l leur eft défendu , fous peine de la ruine totale de leur fanulle, d’en recevoir d'autre, même en pur don.Celui qui recueille cette denrée n’a point la permiffion de la vendre hors de certaines li- mites ; car les mêmes peines le menacent. Des fup- plices effrayans font décernés contre des hommes criminels à la vérité envers le corps politique, mais qui n’ont point violé cependant la loi naturelle. Les beftiaux langniflent & meurent, parce que les fecours dontils ont befoin pañient les facultés du cultivateur, déja furchargé de la quantité de /e/ qu’il doit en con- fommer pour lui. Dans quelques endroits on empé- che les animaux d'approcher des bords de la mer, où Jinftinét de leur confervation les conduit. L’humanité frémiroit en voyant la lifte de tous les fupplices ordonnés à loccafon de cet impôt deprus 929 SEL fon établiffement : l'autorité du lépiflateur fans cefle compromife avec l'avidité du gain que conduit fou- vent la néceffité même, lui feroit moins fenfible que la dureté de la perception. L’abandon de la culture , le découragement du contribuable , la diminutiondu commerce , celle du travail, les frais énormes de la régie lui feroient appercevoir que chaque million en entrant dans fes coffres, en a prefque coûté un autre à fon peuple, foit en payemens effeétifs, foit en non- valeurs. Ce n’eft pas tout encore ; cet impôt avoit au-moins dans fon principe l'avantage de porter fur le riche & fur le pauvre, une partie confidérable de ces riches a fu s’y fouftraire ; des fecours légers êT pañlagers lui ont valu des franchifes dont il faut rejet- ter le vuide fur les pauvres. Enfin f la taille arbitraire n’exiftoit pas, l’zmpér du el feroït peut-être le plus funefte qu'il fût pofñble d'imaginer. Aufli tous les auteurs œconomiques & les miniftres les plus intelligens dans les finances ont regardé le remplacement de ces deux impoñtions, comme l’opération la plus utile au foulagement des peuples & à Paccroïfflement des revenus pubhes. Divers expédiens ont été propolés, & aucun jufqu’à préfent n’a paru aflez sûr. (D. J. SEL, (Mat, méd. arab.) nom donné par les Arabes au fruit d’une plante des Indes, qui reflembloit au concombre dans la végétation , mais qui portoit un fruit femblable à la piftache. Il y a trois fruits nom- més par les Arabes , bel, fel & fel ; ils difent que ce font le fruit d’une planterampante ; mais 1] eft proba- ble que le /&/ dont parle Avicenne dans fon chapitre du néntphar, eft la racine du nénuphar indien , au- quel il attribue les mêmes qualités qu’à la mandra- gore. (D. J.) SEL PHARYNGIEN, (Pharmac.) [el artificiel qui a été fort en ufage dans l’efquinancie caufée par un amas de férofités, avec inflammation fur le pharynx. IL étoit préparé de crême de tartre & de nitre, de chacun une once, avec demi-once d’alun brûlé, dif. fous dans du vinaigre difillé. On coaguloit enfuite cette folution, felon l’art. Ce /e/ mêlé avec deux gros de miel, &c diffous dans cinq onces d’eau de plantain, compofe réellement un excellent gargarifme pour cette maladie. (D. J. ) SEL , ( Critig. facrée. ) comme la Judée abondoit en /el , 1l n’eft pas étonnant que cette efpece de mi- néral fervit fi fouvent d’allufñon, de fymbole & de comparaïfon dans l’Ecriture. Æzéchiel, ch, xuj. 14. voulant faire fouvenir les Juifs qu’ils avoient été abandonnés dans leur naïflance , leur dit qu'ils n°’a- voient été ni lavés ni frortés de fel, parce qu’ils avoient coutume de frotter de eZ les enfans nouveaux nés pour fortifier leurs corps délicats. La femme de Loth ayant regarde derriereelle , fut changée ( comme ) ex Jlatue de Jel, c’eft-à-dire , devint roide & froide. Je- fus-Chrift emploie auffi ce mot au figuré, quandil dé- clare à fes apôtres qu’ils font /e el de la terre | Matt. 7. 13.c’eftà-dire que comme le /&/ empêche les vian- des de fe corrompre , ils devoient femblablement préferver les ames de la corruption du fiecle. De mé: me S. Paul prefcrit aux Colofiens, 7v. 6, d’affaifon- ner leurs difcours de fe/ avec grace ; cela fignifie que leurs difcours foient agréables, & cependant qu'ils n’y mêlent rien qui fente la corruption ; c’eft pour- quoi le /£/ eft dans Ecriture le fymbole de la durée. Un paike june alliance de fl, Nomb. vi. 9. fe prend pour une alliance perpétuelle. Le /ë/ digne encore au figuré la reconnoïflance, Lessouverneurs juifs des lieux fitués au-delà de l’Euphrate écrivoient à Arta- xerxès, qu'ils fe fouvenoient du /e qu'ils avoient mange dans le palais, Z. Æfras, jv. 14. Enfin le el défigne la ftérilité , parce que quand les anciens vou- Joient rendre un lieu férile, ils y femoient du fe, SET comme fit Abimélech après avoir détruit la villé de Sichem , Juges, 7x. 45. (D. J.) | SEL BLANC, ( Safines. ) C’eft celui qui a été fait d’eau de mer ou d’eau tirée des fontaines & puits fa- lés , en la faifant bouillir & évaporer fur le feu. On fait auffi du /é/ blanc en rafinant les fe/s gris. (D. J.) SEL-BOUILLON ; ( Salines. } c’eft le Je! blanc qui fe fait dans quelques éleéions de Normandie. SEL DE FAUX-SAUNAGE , ( Gzbelles.) c’eft le fe qu'on fait entrer & qu’on débite en fraude dans les provinces de France qui ne font pas privilégiées, & qui font obligées de prendre leurs fé/s dans les gre- niers du roi. On appelle auf faux fe/ celut que lon fait entrer en France des pays étrangers ; l’adjudica- taire des gabelles n’en à pas même le droit ; il ne lui eft permis d’en faire venir que dans le tems de difette des fels du royaume, & feulement après en avoir obtenu du roi permiiion par éerit. Mais ce m’eft-là qu'une formalité. (D. J.) SEL GABELLE, (Gabelles.) c’eft celui qui fe prend. au grenier à /e/, êt qui fe difiribue par les officiers & commis , aux heures , aux jours, & de la maniere marquée par l'ordonnance, (D. J. SEL GRÉNÉ , (Salines.) c’eft celui qui eft en gros grains , foit que ce foit l’ardeur du foleil, ou celle du feu qui lait réduit en grains. SEL GRIS , (Salines.) c’eft du /e/ qui fe ramafñle fur les marais falans. SEL D'IMPÔT, (Gabelles.) c’eft la quantité de ft/ que chaque chef de famille eft obligé de prendre au gremer tous les ans pour lufage du pot & faliere feu- lement, à laquelle il eft impoféfuivantle roile dreffé par les afléeurs ; cette quantité eft évaluée à un mi- not pour quatorze perfonnes. Le /27 d'impôs ne peut être employé aux groffes falaïfons. (D. J. SEL, GRENIER A , (Jurifprudence,) Voyez au #01 GABELLES &t au 04 GRENIER A SEL, CHAMBRE A - SEL. SELA , ( Geog. anc. ) nom d’une ville de la Paief tine, dans la tribu de Benjamin, & d’un fleuve du Péloponnèfe , dont l'embouchure eft marquée par Ptolomée, £. LIT. c. xyj. fur la côte de la Mefléme, entre le promontoire Cypariffium , & la ville Pylus. (D. J) SÉLAGE, f. £. (Hiff. des Druides.) nous apprenons de Pline, Z. Æ XIV. c. xj, que les Druides enfei- gnoient que pour cueillir la plante nommée félage, qu’on croit être la pulfatille, 1l falloit larracher fans couteau & de la main droite, qui devoit être cou- vert d’une partie de la robe, puis la faire pañfer fe crettement à la main gauche, comme fi on l’avoit volée; il falloit encore être vêtu de blanc, être nuds piés , & avoir préalablement offert un facrifice de pain & de vin, Ces fortes de pratiques ridicules nous peignent bien toute la fuperftition des principaux riniftres de la religion des Gaulois, (D. J.) SELAGO , f. f. (Botan.) genre de moufle dont voici les caraéteres fuivant Linnæus; le calice fubf- fte après que la fleur eft tombée ; il eft compofé d’u- ne feule feuille découpée en quatre fegmens; la fleur eft monopétale formée en un tuyau qui paroît à-pei- ne percé ; les étamines font quatre filets chevelus de la longueur de la fleur plus où moins; le germe du pifüul eft arrondi ; le ftile eft délié, & a la grandeur des étamines ; le figma eft fimple & pointu ; la fleur renferme la graine qui eft unique & arrondie. Dille- nius dans fon Xïf. mufe, p. 436. compte cinq efpe- ces étrangeres de ce genre de moufle, le Leéteur peut les confulter. SELAM , f.m. serme de relation ; on appelle ain dans l'Amérique feptentrionale certains poñtes dif- pofés le long des côtes où les Efpagnols mettent les Indiens en fentinelle. Ce font comme des efpeces de guérites qui font bâties tantôt à terre avec du bois SE 4 de charpente, tantôt fur des troncs d'arbres ; comme des cages,mais aflez grandes pour recevoir deux hom- mes , avec une échelle pour y monter &z en defcen- dre. { D. J. ) LA ; SELAMBINA , (Géog.anc.) ville de l'Efpagne bé- tique ; Ptolomée, Z. ZI. c. iv. la place fur la mer d’I- bérie, entre Sex & Extenfw. Le nom moderne eft Salobrenna. , SELAMPRIA , LA, (Géog. mod.) riviere de la Tur- quie européenne , dans le Comenolitari. Elle a fa fource dans les montagnes aux confins de l’Albanie, traverfe toute la province de Janna , & va fe rendre dans le golphe de Salonique, près du mont Caflovo. La Sélampria eft, à ce aw’on croit le Sperchius des La- tins. (D. J.) . SÉLANDE oz SÉELANDE, ( Géog. mod. } île de la mer Baltique , & la plus grande entre ceiles de Danemarck. Elle eft bornée au feptentrion par la Norvege, au fud par les iles de Mone & de Faliter, à Porient par ie Sund , & à l’occident par l’île de Fuhnen. , | Sa longueur du nordau midi , eft de 18 nulles ger- maniques , &t fa largeur de 12 milles d’orient en oc- cident. Dans cette étendue de terre, on compte treize villes, plufieurs châteaux êc trois cens qua- rante-fept paroifles. Le tout eft divité en vingt-fix baïllages , qu’on appelle herris, Ëc à chacun defquels on joint un nom propre, pour les difüinguer des au- tres. Coppenhague eft la capitale. L'île de Sélande a peu de montagnes, mais beau- coup de bois & de forêts, de gras pâturages & des champs très-fertilés. ETRR | Ses côtes font coupées de divers golphes & baies, & dont quelques-uns avancent aflez dans les terres. Les uns êc les autres , ainfi que les mers voifines, abondent en poifion. Ils ont auffi divers ports furs & commodes , où l’on peut établir le plus grand com- metrce, par leur fituation avantageufe entre l'Océan & la mer Baltique. ! On croit que cette belle ile eff la Codaronie de Pomponius Méla, Z. III. c. vj. c’eft le fentiment de Cluvier , & des plus habiles géographes. Ainfi le S:- nus Codanus des anciens , eft lamer de Danemark. (2.J.) | SÉLASTIQUES , eux, ( Zrféripe. ) fur une an- cienpe infcription faite par les habitans de Puzzolo, à l’hontieur d’Antonia Pie; cet empereur eft appellé confhtutori facri felafiicr, pour ifélaffici. Saumaïfe dans fes notes fur la vie d'Hadrien par Spartien , cite plu- fieurs exemples de mots grecs & latins, dont onre- tranchoit alors la premiere letttre , ou la prenuere {yllabe. Sacrum felaflicum , et donc la même chofe que /écrum tflaficum, jeux ifélaftiques , efpece de jeux & de combats qu'on donnoit dans les vilies d'I- take, de Grece & d’Afie, foumifes à l'empire romain, Voyez ISÉLASTIQUE. ( D. J.) couvent de filles. Longitude 19.58. latitude 47. 34, (D:1.) . . x Par : SELEMNUS , ( Géog. anc.) fleuve du Pélopon- nefe , dans Achäié propre. Quand on a pañlé le Cha- radrus., dit Paufanias, 2 Pic. xxüj. on apperçoit quelques ruines de ancienne ville d’Agyre, & à main “droite, ontrouve une fontaine qui porte encore cé nom. | Le fleuve Selernus ou Selimnus , continue l’hifto- rien ; a fon embouchure auprès, ce qui a donné lieu S FT 929 à un conte que font Les gens du pays, Sélon eux , Semnus fut autrefois un beau jeune berger, qui plut tant à lanymphe Argyre, que tous les jours elle for- toit de la mer pourle venir trouver. Cette paflon ne dura pas long-tems ; il fembloiït à la nymphe que le berger deyenoit moins beau , elle fe dégoûta de lui, &c Sélimnus en fut fi touché , qu’il mourut de dé- plaïfir. Venus le métamorphofà en fleuve ; mais tout fleuve qu'il étoit, il aimoït encore Ârevyre , comme on dit qu'Alphée pour être devenu fleuve, ne cefà pas d'aimer Aréthufe : la déefle ayant donc pitié de lui une feconde fois, lui fit perdre entisremenr le fouvenir de la nymphe. Auf croit-on dans le pays que les hommes &c les femmes pour oublier leurs amours , n'ont qu’à {e baigner dans le Sélimnus : ce qui en rendroit l’eau d’un prix ineftimable, f on pouvoit s’y fier ; c’eft la réflexion de Paufanias. (D. 1.) SÉLENE, (Géog. ane. ) c’eft-à-dire, la fontaine de là Lune ; fontaine du Péloponnefe , dans la Laco- nie. On la nommoit de la forte, dit Paufanias SSII c, Xxvj, parce qu'elle étoitconfacrée à la Lune. D'Oe- tyle à Thalama il y avoit quatre-vingt flades, & fur Le chemin on voyoit un temple d’Ino, célebre par les oracles qui s’y rendoient. La fontaine Séene fournifloit ce temple de très-bonné eau , en abon- dance. SÉLENES , £. m. pl. (Antig. grecq.) forte de câ- _teaux qui étoient larges êt cornus en forme de dermi- lune ceAñrer. Dans les facrifices offerts à la Lune z. après fix ordinaires félenes | on préfentoit un autre gâteau , appellé fc éSouce, parce qu'il reptéfentoit les cornes d’un bœnf, & qu'il étoit le feptieme. 74 0Y + Potter, Archæol. grec. 1. lp. 214.( D. J.) + SÉLÉNITE , { m. CHifE. nat, Chimie E Minéralog.) Jelenites , Jal jeleniticum., Par félénite ou fel félénireux lon défigne des fubftances fort différentes. Les miné- ralogifles allemands appliquent ce nom à une elpece de gypie ou de pierre à plâtre, compofée de lames ou de feuillets tranfparens, telle que celle qui eft con- nune fous le nom de pierre fpéculaire où de miroir des änes , dont il fe trouve une grande quantité À Mont- mattre.. Quelques auteurs donnent le nom de Jété- rite au fpath rhomboïdal, & compolé de lames. D'autres ont donné ce même nom au cryftal d'Hlan- de , qui eff rhomboïdal. Enfin, il y a des naturalif tes qui fe {ont {ervi du mot fé/énire pour défigner le falc. Les chimifies & les naturaliftes françois par féle- nito entendent communément un {el neutre formé par la combinaïfon de l'acide vitriolique & d’une terre calcaire, telle que la craie, la marne , Ge, En effet, fi l’on verfe de l’huile de vitriol fur de la craie en poudre, il fe fait une effervefcence confidérable, la difiolution devient trouble, & il fe précipite une poudre blanche ; cette poudre examinée avec atten- tion,ne montre qu’un amas de petits cryflaux, qui ont la forme de petits feuillets ou d’écailles de poifon. Suivant M, Rouelle, la raifon pourquoi ce /&/fe pré- cipite aufhi-t0t qu'il eft formé , c’eft qu'il ef preique infoluble dans l’eau; en effet, le favant chimifte à trouvé qu'il éxigeoit 360 parties d’eau pour le met- tre en difiolution. La meilleure maniere d'obtenir ce Jet Jélenireux, c’eft de verfer de l'acide vitriolique dans de l'eau de chaux; mais 1 faut pour cela attra- per le point de la faturation, ce que l’on reconno:- tra en trempant un papier bleu dans là diffolution : quand ce papier ne rougira plus, ce fera une preuve que l'on aura réuffi. La nature en fe fervant des mêmes matieres pro. duit un éfeniseux ou une /efenite tout-Afait femblables On la trouve dans la terre qui tombe au fond de cer- tainçseaux. Beauçoup de pierres & furtout celles qui 020 SEL font brillantes en font chargées. Cela weft joint fur- prenant, puifque l'acide vitriolique eft répandu dans notre atmofphere & dans le fein de la terre, qui contient d’ailleurs un grand nombre de fubftances calcaires auxquelles cet acide peut s'unir. On pour- roit conjeéturer que c’eft à une combinaïlon fembla- ble,aidée de quelques circonfiances qui ROUS font en- core inconnues, que Le gyple ou la pierre à plâtre doit fon origine. | SÉLENOGRAPHIE , £ f. (Afiron.) eft la deferip- tion dela lune, Ce mot vient des mots grecs PCI , lune, êT YPAEO à je décris. La defcription de la lune confifte dans la répré- fentation de fon difque , avec les taches, & les au- tres endroits obfcurs ou lumineux qu’on y apperçoit, foit à la vue fimple, foitavec le télefcope. k, On joint à cette defcription les noms qui ont été donnés à ces diférens endroits, & qui font pour la plüpart des noms de philofophes , foit anciens, foit modernes. Ces noms font fort utiles dans la deferip- tion des éclipfes pour marquer les endroits éclipfés de la lune ; ainä on dit, sycho eft entré dans l'ombre à telle heure ; c’eft-à-dire , que l’endroit appellé sycho a commencé à s’obfcurcir ; & ainf des autres, Woyez Lune. (0) | Depuis l'invention du télefcope, la félenographie a été confidérablement perfeftionnée. Hevelus, cé- lebre aftronome & bourguemeftre de Dantzick, qui a publié la premiere féerograplie, avoit donné aux différens endroits de la lune des noms pris des lieux de la terre : c’eft Riccioli qui leur a donné les noms des philofophes & des aftronomes célebres ; ainf, ce que l’un appelle mont Porphyrites , Pautre l'appelle Ariflarque ; & ce qui eft appellé par lun Æina, Si- nai, Athos, Apenninus , &c. eft appellé pat l'autre Copernic, Poffidonius, Tycho , Gajjendi, 6'c. Lesnoms donnés par Riccioli ont prévalu. Voyez LUNE. SELENUSIA ,( Géog.anc.) c’eft-à dire le Zac de la lune; lac de PAfie mineure , dans l’Ionie , près de l'embouchure du Cayftre. Ce lac, felon Strabon, 1. XIV. p. C2 , étoit formé par les eaux de la mer. ET) SÉLEUCIDE, rA , ( Géog. anc,) Seleucis, con- trée de la Syrie. Elle prit fon nom de la ville de Sé- leucie de Syrie. Strabon , /. AVI. remarque que cette contrée étoit la plus belle 8 la plus confidéra- ble de ces quartiers, &c qu'on lappelloït Tétrapole, à caufe des quatre villes célebres qu'elle renfermoit, favoir Antioche «4 Daphnen, Séleucie 17 Pierié, Apainée & Laodicée. Il met bien d’autres villes dans la Séleucide; mais il diftingue ces quatre qu'il appel. le Jœurs, parce qu’elles avoient été fondces par Se- leucus Nicator. Cette contrée s’étendoit du côté du midi jufqu’à la Phénicie ; de forte aw’elle avoit des bornes plus vaftes que celles que lui donne Ptolo- mée, qui en fépare la Caffiotide. ( D. J.) SELEUCIDES, £ m. ( Hiff. anc. Chronologie.) on dit l’ere des Séleucides, ou l’ere des Syro-Macédo- niens ; c’eft une époque ou un calcul de rems, qui commence depuis l’établiflement des SéZeucides ainfi nommés de Seleucus Nicator ou le viétorieux, un des fuccefleurs d'Alexandre, qui regna en Syrie, comme ont fait les Ptolomées en Egypte. Voyez Ero- QUE. On trouve cette ere exprimée dans le livre des Macchabées , & dans un grand nombre de médailles grecques que les villes de Syrie ont fait frapper ; les rabbins &z les juifs appellent Pere des contrats, par- ce qu’étant alors fournis aux rois de Syrie, ils furent obligés de fuivre cette méthode de compter dans leurs contrats. Les Arabes lappellentsher:k diskarnein, Pere des deux cornes : ce qui fienifie, felon quelques uns , l'ere d’Alexandreleg'and , parce que ce prince $ ES cf repréfenté avec deux cornes de belier fur des mé- dailles, à limitation de Jupiter Ammon dont il vou- loit qu'onle crût fils. Mais d’autres Pentendent beau- coup mieux des deux royaumes de Syrie &t d'Egypte qui furent alors féparés où divifés , & d’un feul em- pire partagé en deux monarchies. Le point important eft de connoitre Pannée où la féparation s'eft faite; ou , ce qui eft la même chofe, de favoir en quel tems Seleucus Nicator, un des ca- pitaines d'Alexandre, & le premier des Séleucides , fonda fon empire en Syrie. Sans entrer dans le de- tail des différentes opinions des auteurs qui ont écrit fur cette matiere , il fuffit d’obferver, que fuvant les meilleures hiftoires, la premiere année de certe ere tombe l'an 312 avant Jefus-Chrift, 12 ans apres la mort d'Alexandre, 3692 du monde, 442 de Ro- me , 4402 de la période julienne , la premiere année de la cxvi. olympiade, environ 872 ans après la prife de Troie. Voyez ÉPOQUE. SÉLEUCIE , ( Géog. anc.) Seleucia ; 1 y a plu- fieurs villes qui ont porté le nom de Séeucie ; on en comptoit jufqu’à neuf, ainfi nommées par Seleucus Nicator. La plus confidérable eff 1°. la Séleucie fur le Tigre, Seleucia ad Tigrim. Seleucus la bâtit dans la Méfopo- tamie, Pan 293 avant J. C. à quarante milles de Ba- bylone , fur la rive occidentale du Tigre, vis-à-vis de l’éndroit où eft aujourd’hui Bagdad. Elle devint bientôtune très-srande villes car Pline, Z. I. c. xxvy, dit qu’elle avoit fix cens mille habitans. Elle attira dans fon fein tous ceux de Babylone; fa fituatior étoit des plus heureufes; Seleucusen fit la capitale de toutes les provinces de fon empire au-delà de l’Euphrate, & le lieu de fa réfidence, quand il ve- noit de ce côté-là de fes états, comme Antioche Pé- toit en-decà de l’Euphrate. Aïnf les Babylomens fe jetterent en foule à Séleucie, d'autant plus que les digues de l’Euphrate s'étant alors rompues , avoient rendu le féjour de Babylone très-incommode. D'ailleurs Seleucus ayant donné fon nom à cette nouvelle capitale , & voulant qu’elle fervit à la pof- térité de monument à fa mémoire, lui accorda des privileges fort au-deflus de ceux de toutes les villes de l'Orient, afin de la rendre d'autant plus floriffan- te. Il y réuflit fi bien, que peu de tems après la fon- dation de Séleucie, Babylone fe trouva déferte &tfans habitans, difent Pline, Strabon & Paufanias ; c’eft pour cela qu’elle eft nommée par quelques auteurs Seleucia Babylonis. Armmian Marcellin, Z AXIIT. c. xx. la peint en deux mots, ambisiofum opus Ni- catoris Seleucr. Elle fut prife par Lucius Verus , ou plutôt par Caffius fon général, & ruinée contre la foi du traité. Elle ne fut rétablie qu'après le tems de Julien; elle devint un archevêché dans le quatrieme fiecle, &c fut de nouveau ruinée dans le huitieme. Ses prélats eurent les premiers la qualité de carholiques ou ar- chevéques autocéphales ; mais ayant embraflé le nefto- rianifme , ils transférerent leur fiege à Bagdad, & font aujourd’hui ceux qu’on nomme patriarches neffo- TL1ERS, Diogene furnommé /e babylonien naquit à Séleucie fur le Tigre. Jofephe, /. I. c. ÿj. nous apprend qu'il fut précepteur de cet Antipater, qui fit relever les murs de Jérufalem. 2°, Séleucie, ville de la Perfide dans PAymaide, C’étoit , felon Strabon, 2. XI. une grande ville fituée fur le fleuve Hédyphonte qui eft l'Hedypnusde Pline. 3°. Séleucie, lieu fortifié dans la Méfopotamie, près du pont Zeugma, fur l'Euphrate. Il en eft parlé dans Polybe, Z. F c. xhij. & dans Strabon, qui dit, L. XFI. que Pompée donna ce lieu à Antiochus, roi de Commagène. 4°, Séleucie-Trachés, en latin Seleucia-Afpera, ville e de la Cilicie-Trachée , fur le fleuve Calycadaus. On la nommoit Ho/mia, avant que Seleucus Nicator lui eût impofé fon propre nom. Cette ville fut libre fous les Romains, & elle con- ferva cette liberté fous les derniers emperéurs de Ro- me. Nous le voyons dans une médaille de Philippe Parabe , censuxeon rov mpoc nuseneurepus , & dans un de Gordien , #exeuxeoy roy mpos nañvxadVvo exsuñepac , Seleu- cienfium , qui ad Calycadnum funt , liberæ ( civitatis ). Etienne le géographe , & la plûpart des écrivains eccléfiaftiques mettent la SéZeucie-Trachée dans l'Hfau- rie , & l’appellent Sé/eucie d’Ifaurie, parce que de _ leur tems l’Hfaurie éomprenoït une grande partie de la Cilicie. Cette ville fut en effet métropole de PIfau- tie, dans le patriarchat d’Antioche, Elle eft aujour- &’hui daris la Caramariie, & entierement délabrée, On lappelle Séefchie, 5°. Sélencie de Pifidie , Seleucia-Pifidie , ville de l'Afie mineure dans la Pifidie ; & comme la Pifidie #’étendoit jufqu’au mont Taurus, cette ville fut en- core nommée Seeucia ad Taurum. Elle eft aujout- d’hui ruinée. 6°, Séleucie-Piérie,Suleucia-Pieria ville de Syrie fur la mer Méditerranée , vers l'embouchure de l’Oron- te. Appien l'appelle par cette raifon Séeucie ir la. mer. $S. Paui & S. Barnabé étant arrivés dans cette ville , s’y embarquerentpour aller en Chypre, aëfes. &. xvuj. Nous avons un grand nombre de médailles de cette ville. M. Vaillant les a recueillies. Séeucre- Piérie étoit de la premiere Syrie , dans le patriarchat d’Antioche. C’eft aujourdhui un village nommé S4- leucie-Jelbers |, à embouchure de lOronte dans la ME 00 7°. Séleucie {ur le Belus , Seleucia ad Belum , où Seleuco-Belis , ville de la haute Syrie. Voyez SeLEu- CO-BELUS. _ 8°. Séleucie, ville de Céléfyrie; c’eft la ville de Gadara fituée au-delà & à lorient de là mer de Ti- bériade. Seleucus Nicator la fit appeller de fon nom. 9°. Séleucie de Pamphyle , ville de laPamphylie, à laquelle le même Seleucus donna fon nom pour d’avoir bâtie. Jofephe, ariquit.1, XTIT. c. xxtiy. & ailleurs, par- le auf d’une Séleutie, ville de la Gaulanite fituée fur de lac Semechon. Enfin Pline, /. V c. #x1x. dit qu’on donna le nom de Séleucie à la ville de Tralles où de Trallis en Ly- die, (2. J.) SÉLEUCIENS, £. m. pl. ( Ai. eccléf. ) hérétiques qui parurent dans Le quatrieme fiecle, & eureñt pour chefs Seleucus & Hermias : ce qui leur fit auf don- ner le nom d’Æermianiens où Hérmiens, Hermiani. PVoyez HERMIENS. Ces deux héréfiarques & leurs fetateuts enfei- gnoient, comme Hermogenes , que la matiere étoit éternelle, que Dieu étoit corporel, que les ames avoient été tirées de la matiere, ou au moins qw’é- tant compofées de feu & d’efprit, elles ne devoient point être baptifées par l’eau. C’eft pourquoi pour adminiftrer leur baptême, ils ufoient d’un fer chaud dont ils imprimoient la marque fur le front de leurs profélytes. Ils ajoutoient que le mal vient de Dieuoù de la matiere , qu'il n’y a point de réfurre@iôn, ou qu’elle n’eft autre chofe quie la génération continuelle des hommes , que Le paradis eft vifible, & enfin que J. C. reffufcité n’eft point affis à La droite de fon pe- re , mais qu'il avoit abandonné cette prérogative pour fixer {on trone dans le foleil. Dupin, #ibhor. des ant. eccléf. des érois premiers ftecles. | SELEUCOBELUS, ( Géog. anc.) ville déla hau- te-Syrie. Théodoret dit que S. Bafile avoit mené la vie monaflique dans cette ville. C’eft la Seeucia ,ou Seleucus ad Belum de Ptolomée, L. Fc, xv. & de Pli- ne, 2. V.c. xxuj. C’eft le fiege épifcopal que les no- Tome XI: | SEL 93 tices appellent SéZeucobelos, & dont l'évêque eft ap: pellé /e/eucobelitannus epifcopus dans le premier conci- le de Confiantinople; mais on ne fait pas au jufte ce que c’eft que ce furñnom de Belus, & l’on ignore ce qu’on doit entendre par ce mot; eff-ce une riviere ; Ou une montagne de ce nom ? ( D. J. ). SELGA , ( Géog. ant. ) où Selge, ville de PAfe mineure dans la Pifidie. Elle étoit confidérable du tems de Dénis le périègete, vers 860, qui lui donna lépithete de peyahovyuoe , magni nominis, [l'en fait une colonie des Amycléens, ainfi nommés d’A4zicle, lieu du Péloponnèfe dans le territoire de Lacédémo- ne: Ce qui fait que Strabon &c Etienne le géographe difent que Se/ga toit une colonie de Lacédémoniens, Le même Strabon ajoute que c’étoit une ville forte, bién peuplée, & où lon avoit vu quelquefois jufqu’à 20 tulle hommes. Il dit encore que Les habitans de cttte ville étoient les plus confidérables d’entre les Pifides, & .Polybe, Z. F. les repréfente comme un peuple guerrier. + Ontrouve diverfes médaillés avec ce mot : &a7eur, &t l’on en a entr’autres une de Decius, où on lit ces MOTS À cAAauedemueovior cenysor quorox , Lacede;nonio- fun Seloenfiumqne concordia. _ Zozime, Z. W. 6. xv. qui nous apprend que S4492 éfoit fituée fur une coline, en fait une petite ville de la Pamphylie: oppidulum Pamphilie eft in colle firm. Il l'appelle perire ville, parce que de fon tems elle étoit fort déchue de ce qu’elle avoit été , 8e il la met dans la Pamphylie, parcé que, comme nous le voyons par les nôtices , la partie inférieure de la Pifidie {e trouvoit alors renfermée dans la Pamphyle.(D. J.) SELGIUCIDES, ( Æif£. orient.) nor d’une dynaf- tie puiflante qui a régné dans l'Orient, & dont le chef fe nommoit Se/eixk. Cette dynaftie a été divilée én trois branches ; la premiere des Se/giucides de Per- fe , dans laquelle on compte quinze empereurs; là feconde des Selgincides du Kerman, qui a eu onze princes ; latroifieme des Se/giucides de Roum, qui a duré 220 ans fous quinze fultans. (D.J.) SELIMNUS , 1. m.(Mythol.) fleuve de lAchaïe, qui a fon embouchure près d’une fontainé appeliée Argyres. Seélimnus , difoit-on, fut autrefois un beau jeune berger qui plut tant à la nymplie Aroyre, que tousles jours elie fortoit de la mer pour le venir trou: ver. Cette pafionne dura pas lohg-tems; ilfembloit à la nymphé que le berger devenoit moins beau : ellé fe dégoûta de lin, & Sélimnus en fut fi touché qw’il mourut de déplaifir. Vénus le métamorphofa en fleu- ve; mais tout fleuve qu'il étoit, il aimoit toujours Ârgyre; la déefle ayant donc pitié de lui encore une fois , lui fit perdre entierement le fouvenir de la nym- phe. « Aufü croit-on dans le pays, ajoute Paufanias, » que les hommes &r les femmes, pour oublier leurs » amours, n’ont qu'à e baigner dans le Sélimmus: ce » qui rendroit l’eau d'un prix ineftimable , fi lon ÿ pouvoit s’y fier ». (1, J.) SELING , 1. m. (Comm. ) poids & morinoie dont on fe fert, & quia cours dans le royaume de Siam: il fe nomme "”ayon en chüinois. Voyez MAYoN. Didionn. dé Commerce & de Trév. | SELINGA, ( Géog. mod. ) ville de l'empire rufñen, dans la grande Fartarie, fur la riviere qui lui donne fon nom. Voyez SÉLINGINSKOY. Quant à la riviere même, elle fort de diverfes fources vers les 46 d. dé latitüide &c les 1 15 d. delon: gitude. Elle va fe décharger dans le lac Baïkal , à 5$ degrés de latitude. Ses deux bords, depuis {on ori= ÿine jufqu'à une journée de Selinginskoÿ , font aux Monugales ; mais depuis Selinsinskoy jufqu’à fon embouchure ;tout fon riväge appartient aux Rüfles. (D.JT.) | | SELINGINSKOY , ( Géog. mod. ) où Selinga à ville de Pembpire ruflien , dans la grande Tartarie ; BBBbbh J ÿ : SÉPE fur la rive orientale de la Selinga, près du lac Baï- kal. C’eft la forterefle la plus avancée que les Ruïles offedent fur les frontieres de la Chine. Log. 120. 10. latir. 52.( D.J.) ne SELINGSTAD , ( Géog. rod. ) on Ge aufli Sel- genflad, Seligenflad, S elingunfad , viled Allemagne, en Francomie, dans l’éleétorat de Mayence. Elle dé- end de l'éleéteur de Mayence. Long.26. 5. lati. 50. JET) SELINUNTE EN CiLicie, ( Géog. anc. ) Selinus, ville de la Cilicie-Trachée. Pline en fait mention. Strabon la met à l'embouchure du fleuve de fon nom, entre un lieu fortifiénommé Laërrès, 6c un rocher nommé Cragus. Ptolomée, Z. Fc. xwviy. qui écrit Se- lenus, en fait une ville maritime qu'il place entre Jotape & Antioche fuper Crago. C'eft là qu’éft mort Trajan le 10 Août de Pan 117 de J. C. à 64 ans. Il n’y eut point de regne fi heu- reux, ni fi glorieux pour le peuple romain. Grand homme d'état, grand capitaine, ayant un Cœur bon qui le portoit au bien , un efprit éclairé qui lui mon- troit le meilleur, une ame noble , grande, belle, avec toutes les vertus, n’étant extrème furaucune, enfin l'homme le plus propre à honorer le naturehu- maine, & à repréfenter la divinité. Grardeur des Rom, Ch. xv. | Pline écrivit à ce prince, quand il parvint à l’em- pire : le vous fouhaite, feigneur , èc au genre humain poër vous, toutes fortes de profpérités, c’eft-à-dire, tout ce qui eff Le plus digne de votre regne. (D.J. SELINUS , ( Géog. anc.) 1°. ville de Sicile, felon Pline, Z. 111. c. vi. Ptolomée, Z, III. c. iv. & Diodore de Sicile, Z ÆXITI. c. xliv, placent cette ville fur la côte méridionale de Pile, entre le pro- montoie Lilybæum, & Pembouchure du fleuve Ma- Zara. Elle avoit été bâtie par les Syracufens, felon Thu- cydide, Z. WT. p. 412. fes habitans , à ce que dit Pau- er, LP fanias, 2 WI. c. xix. en avoient été chañlés par les Carthaginoiïs; & avant leur deftru&tion, ils avoient confacré à Jupiter olympien un tréfor, où l’on voyoit une fiatue de Bacchus, dont le vifage , les mains, & les piés, étoient d'ivoire. Les veftiges qui reftent de Selinus, ont été décrits par Thomas Farel, Dec. 1. 1. VI, c. y. & ils nous font voir que cette ville étoit grande, Virgile, Ænéid. L, III, y. 705. la furnomme Palmofa , à caufe de l'abondance de fes palmiers. Teque dasis lirquo ventis | palmofa Selinus. Sihus Italicus, Z. XIV. y. 200. a dit dans Le même fens : + .« « Neïtareis vocat, ad certamen Hymerton Audax Hybla favis, palmæque arbufta Selinus. 2°. Selinus ville de la Cilicie-Trachée , Sélinunte en Cilicie, où l’empereur Trajan mourut; & la mort de ce prince a ummortalifé cette ville; cequifit qu’on la nomma Trajanopolis ; mais ce feroit plutôt Traja- notaphos qu'il eût fallu appeller. Quoi qu’il en foit, elle reprit dans la fuite fon premier nom. Vüyez Sé- LINUNTE en Cilicie, 6 TRAJANOPOLIS. Le nom de Selinus a êté commun au fleuve de la Cilicie-Trachée, à l'embouchure duquel étoit bâtie Sélinunte, dont nous venons de parler, à un fleuve du Péloponnèfe, dans l’Elide, à un fleuve du Pélo- ponnèfe dans Achaïie propre; à un fleuve de l’Afe mineure dans Plonie ; à un fleuve de l’île de Sicile, aujourd’hui la Favara, & à un port d'Egypte, fur la côte du nome de Lybie. (D. J.) | SÉLIVRÉE, ( Géog. mod. ) anciennement Selim- bria , ou Selybria , petite ville, prefque ruinée de la Turquie européenne , dans la Romanie, fur le bord de la mer de Marmora, à quinze lieues au couchant de Conflantinople ; elle eft habitée par quelques gtecs. Long. 45. 40. latir, 41. 40. (D. JS SELKIRCK , ( Géog. mod. ) gros bourg d’Ecofle ; dans la province de Twedale, chef-lieu du vicomté d’Etterick, à vingt milles au fud-eft d'Edimboure, fur la Twede. Long. 14. 55. lait, 55. 34. ( D. J.) SELLA , ( Géog. mod. ) petite riviere d'Efpagne, dans PAfurie de Santillane; elle prendfa fource vers le milieu de la province , &fe jette dans l'Océan, à Riba de Sella. (D. J. ) SELLA, ( Lutérar, ) ce mot figniñe une chaife ; fella Jolida , eft une chaïfe ou une felle d’un bloc de bois, fur quoi s’affleyoient les augures en prenant l’'augure. Sella curulis, chaife curule garnie d'ivoire, fur la-- quelle les grands magifirats à Kome avoient droit de s’afleoir & de fe faire porter. Sella geflatoria , chaïfe ordinaire à porteurs, per- mile à tout le monde. Sella familiarica , baffin, chaife percée pour les néceflités ; mais cella familiarica par un c, paroïît de- figner dans Vitruve une garde-robe; parce que dans lendroit où il en parle, il s’agit des pieces dont les appartemens font compofés; & non pas des chofes dont ils font meublés. On peut donc croire que le mot farniliarica fert à defigner lufage de cette piece, qui étoit deftinée pour la feule commodité des né- ceffités ordinaires. La garde-robe des Romains, ce// familiarica , wétoit qu'un lieu pour ferrer la chaife percée ; car ilsn’avoient point de fofles à privé com- me nous en avons dans nos maïifons. Voyez LATRI NES, Litiérature. ( D. J.) SELLASIA, où SELASTA , ville du Pélopon- nèfe, dans la Laconie, furle fleuve Œnus, felon Po- lybe, Z. IL. c, Ixy. Paufanias , . 11, c. ix. ajoute que les Achcens , afliftés d’Antigonus , défirent Cléome- ne , & faccagerent Sélaffe. ( D. J. ) SELLE, 1 £ (Grarm. ) petit fiége de boïs pour une perfonne, à trois ou quatre piés, fans dos. SELLE LA, ( Géog. mod. ) riviere des Pays-bas; elle commence dans la Fhierache en Picardie, & fe perd dans l'Efcaut. (D. J.) SELLE , ( Métallurgie.) c’eft inf qu'on nomme dans les fonderies où l'on traite lé cuivre , une piece de fer fondu encaftrée dans une bitiffe de bois, qui eft entrouverte dans le milieu pour recevoir un pi- lon armé d’un coin; ce qui fait que cette piece de fer reflemble à une /é// renverfée, L'ufage de cette Jelle eft de diviter les pains ou gâteaux de cuivre | pour les faire pañer par de nouveaux travaux, On donne auf dans les fourneaux de fonderies le nom de /£//e, à une mañle de fcories qui couvre la: matiere fondue; elle forme une efpece de boffe en dos d’âne, quilaiffe un-vuide entre elle, & la ma- tiere fondue qui eft au-deflous. SELLE, ( Marine. ) efpece de petit coffre, fait de planches , dans lequel le calfat met fes inftrumens, ët qui lui fert de fiége lorfqu'il calfate Le pont d’un valffeau. SELLE d'artifans, ( Uflenciles de mériers. ) les cor- donniers , favetiers , bourreliers, &c autres tels ou- vriers en cuir, ont de petites fél{es rondes à trois piés fur lefquels ils font aflis, quand ils coufent leurs ouvrages avec l’alefne. (D. J.) SELLE , ( Outil de charron. ) c’eft un tronc de bois plat épais de dix à douze pouces, d’environ deux piés de circonférence, au milieu duquel en-deflus eftune petite cheville de fer de la longueur de qua tre à D A ce billot eft foutenu fur trois piés de bois polés en triangle & un peu de côté, de la hauteur de trois prés &c demi; cela fert aux charrons pour pofer les petites roues, pourles ésalifer, mor- ter, &c. Voyez la fig. PL, du charron. * SELLE, terme de mégiffier , eft une efpece de banc à quatre piés, fur lequel les ouvriers:mettent Les peaux à mefure qu'ils les ont pelées ; il a environ trois piés de longueur afin de fervir à deux ouvriers en même tems en cas de befoin. Voyez les Planches du Mégiffrer. SELLE & poncer, ( Parchememerie. ) ce mot fe dit chez les Parcheminiers, d’une maniere de forme ou banquette couverte d’une toile rembourrée, fur la- quelle ils poncent le parchemin après qu'il a été ra- turé fur le fommier. Savary. ( D. J.) SELLE ,( Maréchal. ) efpece de fiése rembourré qu'on met fur le dos du cheval pour la commodité du cavalier, L'origine de la /é//e n’eft pas bien connue. G. De- can en attribue l'invention aux Saliens ,-anciens peu- ples de la Franconie; c’eft delà, dit-il , qu’eft venu le mot latin fe//a , felle. Il eft certain que les anciens Romains n’avoient , ni l’ufage de la felle, ni celui des étriers ; ce qui eft caufe que Galien fait remarquer dans difiérens en- . droits de fes ouvrages, que la cavalerie romaine étoit fujette à plufieurs maladies des hanches &c des jam- bes, faute d’avoir les piés foutenus à cheval. Hip- pocrate avoit remarqué avant lui, que les Scythes qui étoient beaucoup à cheval, étoient incommodés de fluxions aux jambes pour la même caufe, Le premier tems où nous voyons qu'il ait été queftion de /é/les chez les Romains ; c’eft l’an 340, lorfque Confiance qui combattoit contre fon frère Conftantin pour lui ôter empire, pénétra jufqu’à lefcadron où il étoit en perfonne, & le renverfa de deffus fa /e/le, comme le rappoïte Zonaras. Avant ce tems-là les Romains faifoient ufage de paneaux quar- rés , tels que ceux qu’on voit à la flatue d’Antonin au capitole. Il y a différentes efpeces de /e/Les ; favoir , à la royale , à trouffequin , à piquet, rafe ou demi-an- gioife, angloïfe, à bafque, de courfe, de femme, de pofte , de poftillon, de couriers, de males, de fourgonniers, Éc. SELLE À JETTER , ovtil de Potier d’étain : c’eft une grofe felle de bois à quatre piés , ouverte ou creufe à l’endroit où on drefle le moule de vaiflelle pour jetter dedans. Woyez Les fig. du métier de Poitier d’é- ÉAITL, : Selle à apprêter ou d’établi , ou apprêtoir; elle a quatre piés, & une planche en-travers fur le milieu qui fait une efpece de croix, mais qui ne déborde guere la Jelle queide quatre à cinq pouces de chaque côté ; {ur ce milieu on roidit une perche ou che- vron de bois contre le plancher. La /e/e doit être de la hauteur du genou , longue & large à proportion, fuivant le goût de celui qui s’en fert. Voyez Aprré- TER L’ÉTAIN. SELLE À MODELES, ouchevalet à Pufage des /cz/p- teurs. Il y en a de petites & de grandes ; les petites fervent fimplement pour modeles ; les grandes fer- vent à faire les grands modeles, les grands ouvrages, en marbre, en pierre, &c. Ces grandes /e/es font faites de fortes pieces de bois de charpente, & ont un fecond chañlis auffi de charpente mouvant , élevé fur le corps de la él, & qui eft pratiqué par la voie d’une boule de buis , placée au point central, entre les deux chafis ; & pour faciliter le mouvement de ce fecond chafis, on fourre dans des trous qu’on a faits dans l’épaif- feur de fes quatre faces, des pinces de fer avec lef- quelles on fait tourner toute la machine à volonté. Voyez PL. du Sculp.les figures pofées fur une grande Jelle ; & une petite fe/le ou chevalet. SELLES , (Antig. grecq.) since, on nommoit félles ceux qui dans les commencemens rendoient les ora- cles ; ce nom, felon Strabon, venoit de la ville de Selles, félle , en Epire ; & felon Euftathius , de la riviere appellée par Homere , Se/Zis, Potter, 4r- Tome XIP. | SEL 933 | chæol. græc L. IT, c. vi. om, I. p. 26 7. (D.J.) SELLE TURCIQUE , voyez FOSSE PITUITAIRE , SELLE A CHEVAL, SELLE , ( Maladie.) on dit qu'une chofe s’évacue- par les Jé//es , lorfqu'elle fe vuide par l’anus ou le fondement. Voyez ANUS, Nousavons dansles Tranfaétions philofophiques des exemples de gens qui expulfoient par les fë/es des pierres artificielles, des bales, &c Foyer Ex- CRÉMENT. Voyez DÉJECTION. SELLE, part. du verbe fé/ler , voyez Les articles SELLE & SELLES. SELLE , en terme de Blafon , fe dit d’un cheval qui a une /elle, Verderern en Saxe, d'azur au cheval effrayé d’ar gent, Jellé , bridé & caparaçonné de gueules. SELLÉE, TERRE , ( Agriculs. ) une zerre fellée , eft une terre qui s’eft endurcie, Les terres fortes qui fe coupent à la bèche comme des terres franches ou comme des terres glaifes , font fujettes à fe feller : enforte qw’elles deviennent prefque impénétrabies à l’eau des pluies & des arrofemens , ce qui eft un in- convénient très- grand pour leur culture. (D. J.) SELLEIS , ( Géog. anc. ) nom de divers fleuves ; 1°. d’un fleuve du Péloponnèfe dans l’Elide , {ur les bords duquel fut bâtie la ville Ephira , felon Home- te, [iad, B, y, 659. 2°: fleuve de la Troade, qui , lelon le même Homere , ILade B. v. #38, arrofoit Arisba; 3°. fleuve du Péloponnèfe, dans la Sicyo- nie ; 4°. fleuve de PEtolie dans PAgrée, (D. J.) SELLER , v.a@. mettre la felle. SELLER UN CHEVAL, ( Maréchal.) c’eft lui atta- cher la felle fur le corps. SELLERIE, f. f. (Maréchal.) chambre où l’on met les felles, les brides, & autres appartenances d’une écurie pour les conferver. | SELLES ox CELLES , ( Géog. mod, | petite ville de France , en Berry, au diocète de Bourges, fur le Cher avec un pont , à neuf lieues au fud-eft d’Am- boife , à pareille diftance de Blois, à quatre au le- vant de Romorantin, & à 18 de Bourges. Sefles doit {on origine à une ancienne abbaye , fondée vers lan 572, par Childebert, &t occupée par les Feuillans depuis 1672. Il y a dans cette ville un hôpital, un couvent d'Urfulines , & un marché par femaine. Long. 19. 16, ler. 47.14. (D.J.) SEILETICA PRÆFECIURA, ( Géog. anc. ) préfeéture de la Thrace. Ptolomée, lv. ZI. c, x. la compte au nombre de celles qui étoient limitrophes aux deux Moëfies, aux environs du mont Hémus, du côté du couchant. (2. J.) SÉLLETTE , 1. f. ( Gramm.@ Jurifprud.) eft un petit fiege de bois , fur lequel l’accufé doit être afis lorfqu’il fubit le dernier interrogatoire , lorfque les conclufions du miniftere public tendent à peine af- fhétive ; cela fe pratique ainf , tant en premiere inflance que fur l’appel : au-lieu que dans les pre- mers interrogatoires laccufé doit être feulement de. bout , tête nue, en préfence du juge qui l'interroge, Quand les conclufons ne tendent pas à peine aflic- tive ÿlaccufé fubit le dernier interrogatoire de-bout derriere le bareau , & non fur la fe//erre, Voyez l’or- donnance de 1670 , tit. XIV. art. 21. 6 23. & la dé- claration du 13 Avrili703.(4) | SELLETTE , terme de Laboureur , la féllerte eft un morceau de bois quarré long d’un pié, & large de quatre doigts en tous fens, percé de deux trous pref- qu'aux deux extrémités, dans lefquels il y a deux chevilles de bois qui le tiennent attaché direétement : au-deflus de l’effieu de la charrue , & cette fé//esre eft la machine fur laquelle le timon de la charrue eft ap- puyé. (D.J.) | SELLETTE, f. f. (Charpenr.) piece de bois en ma- mere de moife , arrondie par les bouts, qui accol- BBBbbbi; | 34 SEL 5 TA es u. ant Vatbre d'uh engin, fett avec deux liens à en por ter Le fauconneau. (D. J. ) sh SELLETTE , £erme de Charron , €’eit une piece de bois d'environ trois piés & demi de long, ur un pré d’épaifleur 8c autant de hauteur. À la face a : il y a une encaflure, dans laquelle on Fe os des petites roues, &onl y aflujettit avec des échan- tigneuls. Voyez les fs. PL dre Charron. , SELEETTE dé Vannier, ( établi de Wannier. ) les Vanniers donnent ce nom à une efpece d'infirument où d'établi dent ils fe fervent pour tourner les pa- niers. Il eft fait d’une forte planche de bois de chêne, longue de deux piés 8e d’un pié de large , foutenue dans fa longueur, mais d’un feul côté , de deux :S «its piés auffs de bois, de deux ou trois pouces @e haut fulernent , enforte que la Jé/lerte va en pen- chant fr lé devant. L’ouvrier qui travaille fe tient derriere affis ou à genoux fur le grand établi de Pat- tèber. Savery. (D. J.) , die SERLIER , m. ( Maréchal. ) ouvrier qui fait êe vend des félles. I y a deux corps de maïtres Se/rers à Paris ; les Selliers-Bourreliers & les S elliers-Lormiers- Carrolhers , dont Les uns font des harnois ét des felles, & les autrés,outre les felles , font des carrofles. Les anciens ftatuts des Selliers-Lormiers-Carrof- fers dela ville, fauxbourgs & banlieue de Paris font les mêmes que ceux des Eperonmiets , dont les Sez- diers 1e font féparés vers le milieu du dix-feptième fiecle. Voÿez EPERONNIER. Ils furent réformés & confirmés par lettres-pa- tentes d'Henrillil. données au mois de Février 1577, & encore depuis par celle d'Hentt IV. du mois de Novembre 1595. Les grands changemens arrives dans le métier dé carroïfier, à caufe dés nouveaux ouvrages inventés depuis près d’un fiecle pour la commodité publique, firent penfer aux maîtres de cette communauté , fous leregne de Louis XIV. de dteffer des flatuts plus conformes à lufage moderne, ce qu'ils firent en cinauante-cinq articles , fur lef- quels ils obtinrent des lettres en date du mois de Juin 1650 : maïs ne les ayant pot encofe trouves dans leur perfetion , & les ayant de nouveau réformes Éc réduits én quarante-huit articles , ls furent vis & approuvés par le lieutenant de police & procureur du rot du châtelet le 6 Juin 1678 , autorifés par lettres- patentes du mois de Septembre de la même année, & enrepiftrés au parlementle 20 Janvier 1679. Les nouveaux ftatuts contiennent non-feulement ce qui eft de la difcipline de cette communatté, maïs ils entrent auf dans un grand détail de tous les ou- vrages & marchandifes , qu’il eft lorfible aux maitres Selliers de fabriquer & de vendre. Pour ce qui eft de la difcipline , elle eft confiée à quatre jurés qui ontaurfi le nom de gardes , de deux defquels l’éléétion fe fait tous les ans le lendemain de la tranflation de S. Eloi , patron de la commu- nauté. Aucun ne peut être élu juré qu'il nait pour le moins dix ans de maîtrife & d’établiflement en bou- tique. Les vifites des jurés fe font de deux en deux mois ; maïs les anciens bacheliers qui ont pañlé par la jurande , & leurs veuves, fi elles tiennent bouti- que , ne payent point le droit dû pour la vifite. _ Les apprentis, dont chaque maître ne peut avoir qu'un à la fois , doivent être engagés pour fix ans, permis pourtant d’éngager un fecond après les qua- tre premieres années de l’apprentiflage du premier. Nul apprenti ne peut Être maître qu'après avoir encore fervi quatre autres années de compagnon, êc avoir fait chef-d'œuvre. Pour les fils des maitres, ils ne font obligés qu’à une expérience. Le chef-d’œu- vre des uns eft de charpenter de leurs mains 6c en préfence des jurés un arçon à corps, &c de le garnir d’armures devant & derriere. L'expérience des au- SEE tres eft fenlemerit de garnir une felle rafes | Les ouvrages & marchandifes que les maitres de cette communauté peuvent fabriquer & vendre , & qui font interdits aux autres, font les coches, chars, : chariots 82 caleches garmies & couvertes ; tant en- dedans qu'én-déhors , dertelles étoffes qu'il leur eff ordonné ou qu'ils jugent à propos, montées où non: fur leur train, dont 1ls peuvent couvrir les harnoïis , fupervues , chainettés, courroies, &c. des litieres or- dinaires ; litieres à bras &'bricolles, avec les felles êt les harnoïs qui leur fervent ; enfin toute autre voi- ture portante ét roulante ; toutes fortes de couffinets de boffe ; gafnis de leur valiffon, couflinetsdetrouile, malles , porte-manteaux , tant de cuir que de drap, poches grandes 6e petites à porter hardes , atgentou vaiffelle ; toutes fortes de couvertures de dran, de cuir, toile cirée , treillis, °c. tant pour chevaux de carrofles que de felle, chariots, fourgons , 6. four: reaux de piftolets, chaperons , bourfes, faux-four-: reaux , houffes de toutes façons, caparaffons brodés ou non-brodés , bats françois & autres pour mulets & chevaux ; {elles de toutes fortes à piqter à la hol- landoife , felles rafes à ’angloife & {elles à femmes. IL leur appartient auf de faire toutes fortes de cou- vertures de chévaux , de mulets, d'impériales de carroffe 8 de fieges de cocher , de telle richefle & avec tels ofnemens & broderies qu'il eft néceffaire pour les entrées, &c autres cérémonies, & pareille- menttoutes banderoles de tymbales, guidons &r éten- darts , même de fournir les chariots des pompes fu- nebres, avec les couvertures de velours croifés de drap d'argent ou autres étoffes , tant pour le chariot & le cercueil que pour les chevaux. Enfin il leur eft permis de faire & vendre tous les ouvrages de lor- mnerie, ferrerie & non autres, comme filets, mafti- gadous , caveflons , cavéflines , lunettes , mords, étriers, éc. éperons ou fimples ou garnis d’or &c d’ar- gent, &c. . Le métier des SeJiers-Lormiers ayant beaucoup . de connexité avec celui des Coffretiers-Malletiers , l’article 32. desftatuts des premiers veut que les jurés Coïfretiers n’ordonnent aucun chef-d'œuvre ou ex: pétience , même n’aillent en vifite, &c ne faflent au- cune faifie s’ils ne font accompagnés des jurés Se/iers= Lormiers ; & par Particle 33. il eft permis à ceux-ci de travailler & tenir boutique ouverte à Paris de coffretier-malletier , en faifant feulement une expé- rience ordonnée par leuts propres jurés , mais en préfence des jurés coffretiers mandés en la chambre de li communauté des Se/Jiers. SELMAZ , (Géog. mod.) ville de Perfe dans l’Azer: bijane. Long. ielon M. Petit de la Croix , 82. Lar. 34 20. (D. J,) SELNE , LA , ox SELUNE,, (Géog. mod.) petite riviere de France en Normandie, au diocèfe d’Avran- ches ; elle fe rend dans la mer proche le mont S. Mi chel, après dix lieues de cours. (D. J.) . SÉLORICO ox CÉLORICO , (Géog. mod.) petite ville de Portugal , dans la province de Beyra , près du Mondéco , au fud-eft de Vifeu , avec une forte- reflé. Ses environs {ont fertiles en vins & en fruits: Long. ro. 18. latit. 40. 26. ( D. J.) SELSEY , (Géog. mod.) prefqu’ile d'Angleterre ai comté de Suflex. Il n’y a aujourd’hui que des villages dans cette prefqu'ile , mais il y avoit autrefois une ville floriffante de même nom quia été fubmergée, & fon évêché transféré à Chichefter. (D. J.) SELTZ , (Géog. mod.) dans les chartes Salerie ; petite ville de France dans l’Alface , au diocèfe de Spite , fur les bords du Rhin, près du Fort-Louis , &e à trois lieues au levant d'Haguenau. Elle abeaucoup fouffert dans les différentes guerres. Longie, 25. 26% lait, 48. 46. (D. J.) SELTZBACH, ( Géog. mod. ) riviere de France SEM dans l’'Afface ; elle prend fa fource au mont de Vofge Æ&T Îe jette dans le Rhin, près de la ville de Seltz. (2. J. C ous » POINTE DE LA , (Géog. mod.) pointe qui elt avancée dans la mer Méditerranée , environ à 7 milles à Poueft-nord-oueft du cap de Créaux. La rade de la Se/ve eft aflez grande pour que les galeres y puiflent mouiller au befoin , ceft-à-dire lorfqu’on ne peut doubler le cap de Créaux ; ainf ce lieu n’eft propre que dans une extrème nécefite. (D. J. SELWOOD , (Géog. mod.) forêt d'Angleterre ‘dans Sommerfetshire & dans les montagnes de Men- dip. Cette forêt elt d’une grande étendue le long des frontieres otientales de la province, Dans l'endroit où elle fe termine au nord , on voit un bourg qui empruntant fon nom de la forêt & de la riviere de Frome, qui le côtoye & qui le mouille , s’appelle Frome-Selwood. On y fait un affez grand commerce ‘de lame: Au-delà de ce bourg, la Frome ne voit rien de confidérable. (D. J. ) Le. SELYMBRIA , (Gcog. anc.) ville de Thrace, felon Pomponius Mela, Z. 11. c.ij. Pline, L IF c. xj. & le périple de Scylax ; mais Strabon , Hérodote & Pto- lomée écrivent Selybria. Anciennement on l’appel- loit fimplement Se/yz ; dans la fuite , on y ajouta le not ba, qui, dans la langue des Thraces, fignife ville ; c’eft aujourd’hui Séivrée. ( D.J.) SEMACHIDE, ( Géog. anc.) municipe de PAt- tique dans la tribu Antiochide, felon Etienne le géo- graphe 8 Héfichius. M. Spon, life de l'Aitique , ve- marque que ce mumicipe prenot fon nom de Sérma- chus , dont les filles avoient reçu Bacchus dans leur logis, d’où leur fut accordé le privilege que les prè- ‘tres de ce dieu fuffent choifis dans leurs defcendans. On trouve à Eléufne , dans l’églife d’ Agios Geor- gios ,uneinfcription greque , dont voici la traduétion : # Le fénat de l’Aréopage & le peuple ont confacré Nicoftrate, fille de... initiée aux myfteres du »# foyer facré des déefles Cérès & Proferpine, fon » tuteur Caïus Cafius de Semachide , ayant eu foin y de cette confécration ». (D. J. . SEMAILLE, ££ (Æcon. ruflig. ) voyez SEMENCE 6 SEMER. | SEMAINE , L£f (Chronolos.) c’eft un tems com- pofé-de fept jours. Dion Cafius , dans fon Æ/£. rom. div. XX XVI. prétend que les Egyptiens ont été les premiers qui ont divifé le tems en érraines ; que les fept planetes leur avoient fourni cette idée, & qu'ils en avoient tiré les fept noms de la Jémaine, En cela du-moins les anciens n’ont pas fuivi dans leur ordre la difpofition des orbes de planetes : car cet ordre eit Saturne, Jupiter, Mars, le Soleil, Vé- nus, Mercure & la Lune. Ils auroient donc dû ran- ger les joufs de la /érmaine par famedi, jeudi, mardi, dimanche , vendredi, mercredi êc lundi. Il n’eft pas aifé de découvrir la raïfon qui a donné lieu à ce dérangement ; voiei celle qu’on apporte d’ordi- maire. On dit que les anciens ayant foumis les jours, & les heures même de chaque jour à quelques pla- netes dominantes, 1l eft croyable que le jour pre- noit le nom de la planete qui commandoit à la pre- miete heure: Ainfi on a pu appeller le jour de Sa- turne qui eft notre famedi, celui dont la premiere heure étoit fous le commandement de Saturne. La feconde heure étoït pour Jupiter qui fuit immédia- tement Saturne ; la troïfieme pour Mars; la qua- trième pour le Soleil; la cinquieme pour Vénus ; la fixieme pour Mercure; &c la feptiéme pour la Lune. Après quoi la huitieme retournoit fous l'autorité de Saturne ; &c fuivant le même ordre, il avoit encore la quinzieme & la vingt-deuxieme ; la vinget-troifieme étoit par conféquent fous Jupiter; & la vingt-qua- trieme , c’eft-à-dire , la derniere de ce jour fous la v- Fe SEM dénomination de Mars : de cette manicre que la pfe- miere heure du jour fuivant, tomboit fous celle du Soleil, qui donnoit par, conféquent fon nom à ce fecond jour, En fuivanit le même tordre, la huüitieme; là quinzieme c la vingt- deuxieme apparteñoient toutes au Soleil; la vingt-troiheme à Vénus, &:là dermere à Mercure : par conféquent la premiere du troifieme jour appartenoït à la Lunes & on appelloit ce jour à caufe de cela, jour de la Lune. Oh trouve paï cet arrangement la naïiflance & la fuite nécef- faire de ces noms des jours de la émane: c'eft-à= dire, pourquoi le jour du Soleil qui eft le dimanche; vient apres celui de Saturne qui eft le famédk, le jour de la Lune, après celui du Soleil, où le lundi apres le dimanche; celui de Mars après celui de la Lune, où le , mardi après le lundi, &c. jufqu'’au famedi. On trou- vera de plus grands détails dans l’Aif, du calendr. rom, par M. Blondel, Les eccléfiaftiques romains donnent le nom de #- ne, feriæ, à tous les jours dé la fémaine, en comptant depuis le dimanche qu'ils appellent foria prima. Les Maures, les Arabes, les Syriens, & les Perles chré- tiens appellent Jabbas tous les jours de la Jemaine à mas ce nom de /zhéar n'eft confacré qu'au famedi par les Juifs, (D. J) SEMAINE, (Crisig. facr.) efpace de fept Jours qui recommencent fucceflivement. Cette maniere de compter le tems eft venue des Juifs qux le feptieme jour obfervoient le fabbat, c’eft-à-dire , Je jour du repos, confofmément à la loi de Moïfe. Ils avoient trois fortes de fémaines : des fèmaines de jours , qui fe : comptoient d’un fabbat à l'autre; des fémaines d’an- nées, qui fe comptoient d’une année fabbatique à l'autre; & enfin des Jémaines de {ept fois fept an- nées, ou de quaranté-neuf ans, qui fe comptoïent d'un jubilé à autre. (D. Z) SEMAINES DE DANIEL, (Cris. acr.) les foixanté 8 dix férmaines de Daniel, {ont cette fameufe pro- phétie concernant la venue du Meflie, qu’on lit au chap. ix. de fes révélations, verf. 24. 25, 26. 27. Les commentateurs les plus habiles ont travaillé 4 juitifier le rapport qu’a cet oracle À nôtre Sauveur: On peut les confulter les unes &z les autres fur certe. matiere: cat 1lneft pas poffble d’entrer dans le détail de leurs explications ; c’eft aflez d’obferver qu'ils s'accordent enfemble à reconneitre, ro. que ceïte prophéte regarde particulierement les Juif ; 2°, que les 7o femaines font des femaines d'année, c’eftà-dire que chaque Jemaine de cette prophétie contient fept ans, & que les 7o fémaines font eñfemble quatre cens quatre-vingt-dix ans, au bout defauelles les Juifé ne devoïent plus être le peuple de Dieu dans un fens patticuher, m1 férufalem la ville fainte, | Mais les mêmes commentateurs de l'Ecriture di£ ferent fur la fixation du commencement & de la fn de ces 70 Jémaines du prophete. Les uns en pren- nent la date à la commiffion d'Efdras de réformer Péghife &c l’état, commifion qui tombe à la feptieme année du regne d’Artaxercès-longue-main. D’autres font commencer Les fémaines de Daniel Xla vingtieme année du regne dé ce même prince qui permet à Néhémie de rétablir Les murs de Jérufzlem. D’au- tres portent cette dâte à l’édit accordé aux Juif par Darius-Hiftafpes , l'an iv. de fon regne, de rebârit le temple. Ces trois hypothèfes font les plus fuivies, &T renferment néanmoins chacune de grañdes difi- cultés pour l'application des détails qui d’ailleurs font contenus dans la prophétie en termes aflez ohfeurs. Auf les peres de l’Eglife ont échoué dans leur explication des /émaines de Daniel, témoin Tertul- lien lui-même: Il prend pour époque des 70 Je maires la premiere année de Darius; & en calculant les regnes fuivans, il trouve que Jefus-Chrift eft né loixante-deux férmaires & demie accomplies l'an 41 936 S E M | F ‘&'Augufte. Il pofe enfuite qu'Augufte ayant tégné ‘cinquante-fix aps, quinze ans depuis la naïflance du Sauveur , Jefus-Chrift mourut Pan rs de Re êT par conféquent à l’âge de 30 ans, le vi. des calen- des d'Avril ou le 25 de Mars, fous le confulat des deux Geminus. Il place enfin la ruine de J érufalem joù finit la prophétie de Daniel, & la 70.° femaine à la premiere année de Vefpañen. Il y a dans cette explication fautes fur fautes; car, fans parler de Le poque d’où il tire Le commencement des 70 femat- nes , qui eft évidemment fauffe , les fept Jemaines êt demie depuis la naïflance de J. C.en Van 41 d'Au- gufte, font 32 fémaines & demie. Or il y a certaine- ment davantage depuis la naïflance du Seigneur juf- qu'à la ruine de Jérufalem. Aufli dans le calcul des années depuis l'an 4r d’Augufte jufqu'à la premiere année de Vefpañen, Tertullien a obnus le regne en- tier de l’empereur Claude, & a fait fuccéder Né- ron à Caïus; ce qui eft abfurde & dérange tout {on calcul. Je finis par une obfervation fur lhypothèfe des modernes qui eft la plus généralement approuvée, :e veux dire celle qui date l’époque du commence- ment des 70 fémaines de Daniel à la vingtième annee d’Artaxercès-Longuemain. Dans cette hypothèfe, il faut compter les 490 ans de la prophétie en années {olaires ou luraires. Or comme les années folaires fe trouvent trop courtes pour atteindre le terme, on a fixé la prophétie en années lunaires. Africanus qui fleutifloit au commencement du 1j. fiecle, la ainf décidé, & a été fuivi par Théodoret, Bèze, Zona- ras, Rupertus, & une foule de modernes, à caufe de la conformité qu'ils ont trouvé dans cette hypo- thèfe avec le texte de la vulgate; mais ils n’ont pas confidéré que les années lunaires matteignoient pas le terme d’un an &c 246 jours. D'ailleurs, dans de tems que la prophétie fut révelée par un ange à Daniel, il n’y avoit point d'année purement lunaire en ufage dans aucun endroit du monde, Je fai bien que les mois des Juifs étorent lunaires; mais quor- qu'ils dépendiftent de la Lune, leur année fe régloit toujours au bout du compte par le cours du Soleil ; 8 ce qui manquoït aux années communes , étoit {up- pléé dans les années intercalées, ( Le chevalier DE JAUCOURT.) SEMAINE DE LA PASSION, dans l’églife romaine, eft la pénultieme fémaine de carême, ou celle qui commence le dimanche qui tombe quinze jours avant Pâques, & fe termine au dimanche des Rameaux. On la nomme ainf, parce que les hymnes, les leçons & tout l'office de cette /emaine eft relatif à la Pafñion de Jefus-Chrift. SEMAINE SAINTE , 04 GRANDE SEMAINE , ”74jor hebdomada , ef la femaine qui commence au dimanche des Rameaux, & précede immédiatement la fête de Pâque. On l'appelle grande femaine à caufe des grands myfteres qu’on y célebre. Les Proteftans en rapportent linfitution au tems des apôtres, auffi bien que les Catholiques chez qui elle eft fpécialement confacrée à honorer les myfte- res de la mort & pañlion de Jefus-Chrift, & à les retracer à l’efprit & aux yeux des fideles par les of- fices qu'on y chante &c par les cérémonies dont on les accompagne. Dans la primitive églife , outre les jeûnes rigou- reux qu'on pratiquoit dans cette Jémaire, on 5? interdifoit Les plaifirs les plus licites & les plus in- nocens ; les fideles ne s’y donnoient point le baifer de paix à l’églife ; tout travail étoit défendu; les tri- bunaux étoient fermés ; on délivroit les prifonniers ; à fixer l'efprit 938 SE M des jeunes gens qui étudient cette fcience ; êt qui {onttoujours attachés aux méthodes bonnes où mau- var{es. | ALI | Uniquement bornés aux généralités de la féreio- sique , nous laïffons à part tout détail fur ces différens fignes. On peut confulter là-deflus les articles parti- culiers de femeiotique. Voyez POULS ; RESPIRATION , SUEUR , URINE , Ge. Nousne fuivrons pas non plus la fémeiorique propre de chaque maladie ; il weft per- fonne qui ne voye que cetteexpoñtion déplacéeici, nous meneroit trop loin , & nous mettroit dans le cas de répéter inutilement ce qui eft dit à ce fujet dans les diférens articles de maladie ; vice eflentiel ; &. qu’on ne fauroit trop foigneufement éviter dans un uvrage de cette efpece. de sus RE Pour ce quiregarde la fémeiorique de la fanté, elle paroît au premier coup d'œil aflez bornce, parce qu’on fe repréfente la fanté comme un point dont les fignes doivent par conféquent être en petit nom- bre bien conftatés & invariables. Mais cette idée mé- taphyfique de la fanté eft bien éloignée de ce que l’obfervation nous découvre, en la confultant plutôt que le raifonnement; en {ortant de fon cabinet, en promenant fes regards fur lenfemble des hommes, le médecin verra qu’il y a prefqueautant de fantés dif- férentes, qu'il y a de fujets différens; qu’elle varie d'u- ne maniere plus fenfble dansles divers tempéramens; que par conféquent les fignes de la fanté ne font pas les mêmes dans un homme mélancolique &t dans un pituiteux, dans un fanguin & un bilieux; on les trou- veroit même différens dans Pierre, Jean, Jofeph, &c. en un mot, dans chaque individu; car chacuh a fa fanté particuliere,qu’on a exprimée fous le nom ufñté dans les écoles d’idiofyncrafie. On pourta bien en gé- néral décider que la fanté eft bonne, fi toutes les fon- étions s’exercent, où peuvent s’exercer ayecfacilité, alacrité & conftance. J’ajoute, peuvent s'exercer, pat- ce aue comme il eft facile de s’appercevoir, Pexer- ice continuel de toutes les fonétions, non feulement n’eft pas néceflaire pour la fanté , mais même eît 1m- poffible, il fuflit qu'il y ait de l'aptitude: les exemples n'ont pas befoin d'être indiqués. Il y a d’autres fon- étions quifontfuccédanées, qui ne peuvent être exer- cées que les unes après les autres; telles font la veille & le fommeil, la digeftion, la fanguification 6 cer- taines excrétions, Gc. Voyez SANTE. Il eft certain que toutes les perfonnes dans qui on obfervera ces qualités, dans l'exercice des fonétions, jouiront d'u ne fanté parfaite, Mais il n’y a point de mefure géné- rale pour s’affurer de leur préfence dans tousles tem- péramens, &c tous les fujets; c’eft pourquoi il faut que le féméiologifle defcende dans des détails particu- liers les uns aux autres, détails trop longs pour nous occuper ici. Foyez SANTÉ, TEMPÉRAMENT, &c. Maïs un autre point d’une plus grande étendue, & plus difficile encore à difcuter fe préfente ici. Il ne fuffit pas de décider fi la fanté préfente eft bonne, il faut déterminer fi elle fera conftante, fi le fujet peut, à l'abri des accidens, fe promettre de longues annces. Pour réfoudre ce problème intéreffant, il faut non feulemerit examiner la maniere dont les fonétions s’e- xercent dans l’état a@tuel ; mais fur-tout tirer des f- ones ultérieurs de la maniere dont la perfonne a vé- cu, foit dans fa jeunefle, foit dans fon enfance; f elle a été fjette à différentes maladies qui en font craindre pour la fiüte ; f elle en a éprouvé d’autres auxquelles on échappe rarement. Il faut porter plus loin les recherches, faire attention au tems du fevra- Be; à Palaitement, à Ja naïffance & au rems qui Pa précédé ; examiner en conéquence, fi le fevrage a été trop précipité, ou trop retardé; fi la nourrice étoit bonne; fi on n’avoit aucun vice capital à lui re- procher; fi le nourriflon n’a point eu d’incommodi- âés extraordinaires ;, f l'accouchement a été naturel; S E M fi l'enfant n'a point fouffert en naïffañt, s’il eft vents à terme; f fa mere a eu une groflefle heureufe ; enfin, aufli-bien que le pere, elle jouifloit d'une bon- ne fanté; s'ils ne portoient, ni l’un ni Pautre, le sera me de quelque maladie héréditaire; s'ils n’étoient nitrop jeunes ni trop. vieux ; s'ils ne s’adonnoient pas avec excès aux plaifirs de l'amour, &c. On peut aufh tirer quelques lumieres de Ja faifon où il a été formé ; on a obfervé que le printems de Pannée, de même que celui de la vie, étoient Les farfons les plus favorables à la formation de l'enfant. On pourroit préfager une longue vie, fi lon ne trouvoit rien à re- dire {ur tous ces articles; fi en même tems toutes les fon@ions s’exerçoient comme il faut, &c que le corps fit bien conftitué ; favoir la tête erofle, la poitrine large, les membres toreux , & Le corps d’une gran- de taille, fuivant Pobfervation d'Hippocrate, aphor. $4. lib, IL. , Ge. | | De tous les auteurs qui ont écrit fur la /émeiorique, Hippocrate eft prefque le feul dont les ouvrages mé- ritent d’être confultés, & fur-tout fur celle qui re- garde les maladies; tous les autres n’ont fait que le tranfcrire ou le défigurer. Le leéteur ne pourra lire fans admiration les écrits de ce grand obfervateur, la plupart des autres ne lui infpireroient que du dé- goût, Nous ajouterons feulement quelques traités nouveaux fur le pouls figne, qu'Hippocrate a négli- gé,ëèc qui mérite d’être approfondi. Foyez POULS, &t les ouvrages de Solano ; Nihell ,Bordeu, Michel , Gr vs EMÉLE, (Mythol.) Leleëteur fait la fable de 52 mêlé mere de Bacchus; quelque gälanterie de cette princefle, dont l'ifue ne fut pas heureufe, en efk peut-être l’origine, Paufanias dit que Cadmus s'étant apperçu de la grofefle de Sémélé, la fit enfermer dans un coffre; qu’enfuite ce coffre abandonne à la mercu des flots, fut porté chezles Braffates en Laconte, & queces peuples ayant trouvé Sémélé morte, lui firent de magnifiques funérailles. Le faux Orphée appelle Séméle déefle & reine de tout le monde. fl ne paroit pourtant pas que fon culte ait été fort en vogue. On trouve dans une pierre gravée, rapportée par Béger, ces mots : /es génies tremblent au nom de Simélé, d'où on peut inférer que Sémélé avoit reçu du maître des dieux , quelque autorité fur Les génies ou divinités 1n- férieures, Philoftrate dit que quand Sérélé fut brûlée à l’arrivée de Jupiter, fon image monta jufqw'au ciel; mais qu’elle étoitroute noircie par la fumée de lafou- dre. (D. J.) | SEMELLE., f. f, (Archireë.) efpece de tirant fait d’une plate-forme. On affemble les piés de la ferme d’un comble, pour empêcher qu'ils ne s’écartent, C’eft aufli des tirans moins épais que de coutume, lorfqu’il n’eft pas befoin qu'ils fupportent des plan- chers & des folives. C’eft encore une piece de bois couchée à-plat fous Lepié d’une étaye. Enfin ceter- me fe dit auffi des pieces de bois qui font le pourtour du fond d’un bateau, & qui fervent à en contourner le bord. Diéion. de Charpent. (D:J.) - SEMELLE, dans l’ Arrllerie eft une planche de bois fort épaifle qui fe met fur les trois premieres entre- toiles de l’affut, & fur laquelle pofe le canon. Voyer AFEUT. (Q) SEMELLE, (Marine,) c’eft un afflemblage de trois planches mifes lune fur l’autre, qui a la forme de la femelle d’un foulier, & dont on fait ufage pour aller à la boulifle. À cette fin , on a deux femelles, une fous le vent qu’on laifle tomber à l’eau , & l’autre qu'on laïfle fufpendue au bordage jufqu’au premier revire- ment. Elles fervent à foutenir le bâtiment à l’eau, € à le faire tourner d’autant plus aïfément, qu'il y a peu d’eau fous la quille; parce qu’alors il n’y a pas tant de réfiftance, & par conféquent moins de dérive. Auf les /émekes ne font prefqu'utiles que dans les eaux. SEÉOR | eaux internes; On n’en voit plus guere en mer qu'à quelques boyers quarrés, à quelques galiotes légeres &c à de petites buches. Ses dimenfions ordinaires font pour la longueur, deux fois le creux du bâti- ment; pouf la'largeur , la moitié de leur longueur ; & pour Péparffeur par le haut, deux fois celle du borda- ge. Voyez Marine, PL XL, fig. 1. une femelle cotée 8, Sc PI, XIV, fig, 1. une fémelle cotée f. SEMELLES, (Murine.) ce font des pieces de bois qui entourent le fond d’un bateau, & qui fervent à en couturer le rebord. | « SEMELLE , cerme de Cordonnier , cuir fur lequel re- pofe la plante du pié; &c c’eft ce qu’on appelle la pre- miere femelle. Le cuir qui fait le deffous du foukher, êc autour duquel ef la gravure dudit foulier, eft ce qu'on nomme la derniere /&relle. il y a auf une pre- mere & une derniere /emel/e de talon. (D. J.) SEMELLE d'un tour, (Charpent.) on appelle les /c- melles d’un tour, des pieces de bois d’équarriflage fur lefquelles font pofés d’à-plomb chacun des deux Jambages ; ce font elles auf qui foutiennent les qua- tre liens à contre-fiches qui fervent à les afermir. Les Tourneurs & les Potiers d’étain donnent pareil 1ement ce nom aux deux pieces qui fervent au même ufage dans les roues, avec lefquellesilstournent leurs grands ouvrages. (D. J. - SEMENCE , ff. dans l’économie animale, humeur épaifle , blanche &c vifqueufe , dont la {ecrétion fe ait dans les tefticules, 8c qui eft deftinée au grand œuvre de la génération. Voyez GÉNÉRATION, La Jemence qui a féjourné long-tems dans les tefti- cules &dans/les véficules féminales, ef plus épaiffe que toutes les humeurs du corps. Il n’en eff donc point dont la préparation fe fafle avec tant de len- teur, dont le cours foit retardé par tant de détours, ou qui foit tenue flong-tems en repos. À moins de violer les lois de la mature & de s’épuifer, il n’eft point d'humeur dont elle femble fi avare. Toutes les iqueursune fois Ééparées vontdroit aux parties qui en font l’excrétion; mais par quel long détour la fc- mence y parvient-elle , &z quel chemin n’a-t-elle pas à parcourir dans le tefticule 8 fon réfeau , dans Fé- pididyme, dans le canal déférent, dans les véficules, “&c. Nous ne favons pas encore pourquoi la nature s’effervie d’un fang urineux, & qui fort prefque des æeins même, pour faire la Jémence, & pourquoi elle “a placé les véficules f proches de la vefie. La plupart des phyficiens admettent les animaux {permatiques ; &c la difpute tant agitée entre Hartfoë- &er & Leuvenhoëk, pour favoir lequel des deux étroit l'inventeur de cette découverte, a confirmé cette expérience. Boerrhaave priale véritable inven- teur Leuwenhoëk de dire en quel lieu il découvroit d'abord, à la faveur de fes excellens microfcopes, | les animalcules dont il s’agit, & dans quel autre lieu on cefloit de les appercevoir, La fomme de ces ob- Lervations a été que le fans , I ferum, Purine, la li- queur des ventricules du cerveau, les Hquides de la matrice & de la veflie, ne contenoïent aucun de ces “petits infeétes ; mais qul y en avoit dans le liquide des interftices celluleux du tefticule , dans le conduit Higmore, dans tour letefticule, dans tout lépididy- me, dans tout le canal déférent, dans les véficules féminales, & dans la Jenence expulfée dans le coit de homme & des animaux. Nous ne favons pas ce qui a fait naître ces animalcules ; ni pourquoi les alimens en fourmroient là plutôr qu'ailleurs. Prenez un peu de fémence délayée dans de l’eau tie- de, mettez-la fur un petit morceau de tuile, & fous le plus petit microfcope qui ait le plus proche foyer, alors vous verrez ces amimaux vivans, fe mouvoir comme des anguilles, oblongs, ayant la tête-un peu grofle, &t nageant dans une liqueur quin’en contient point ; de forre que la fémence eftfçompolée de deux Tome XI, Le ‘4 SE M 939 parties ; 1°, d'animaux qui furvivent affez lons-tems à leur fujet; 2°, d'une humeur douce, vVifqueute, qui fe meut à peine. La liqueur des proffates ne contient point d’animalcules, nile fpermedes femmes, ni le li- quide des ovaires; là principale urilité du tefticule confifte donc dans la génération. La Jérence entre dans les trompes mêmes , & de-là n'a pas loin pour aller fé rendre à l’ovaire. Voyez TROMPE 6 OvarRE. La glande proftate a douze petites follicules, di- finétes, qui s'ouvrent par autant d’émondoires fen- fibles, dansla cavité de l’uretre, & entourent detou- tes parts cette 1flue des véficules; ce qui fait que la /e- mence 8t l'humeur des proftares fe mêlent exaétement encetendroit,lesvéficules & les proftates érantenvi- ronnées de la même membrane mufculeufe. Zz oyez PROSTATE. | La Jémence ne coule donc jamais qu’elle ne foit pré- cédée, fuivie, enveloppée du fucdesproflates , dont l'ufage eft de débarquer en fureté l'homme futur. M. Littre a donné une fort bonne defcription de cette lande. Les hommes fains préparent toujours à la fleur de l’âge une femence, qui retenue, ef épaifle & immo- bile comme du blanc d'œuf, ou de l’ämidon détrem- pé dans un peu d’eau. La liqueur des proffates eft plus claire, & femblable à l'huile d’amandes douces; enfuite 1l faut bien que l’animalcule qui doit former Phomme , foit long-tems caché, &c à l'abri des imju- res de Pair, jufqu'à ce qu’il vienne sermer dans la ma trice. Voyez MATRICE. C'efft à la Jémence que la barbe & les poils du pubis doivent leur naïffance, La voix & le tempérament changent lorfque la fecrétion de cette humeur com- mence à s’opérer. L'enfant poflede toutes les parties de la génération, il n’en peut faire aucun ufage ; il faut quinze ou feize ans communément pour lui: alors paroïfent la barbe , une voix forte, & autres fignes. de virilité qui reftent jufqu’au plus grand âge. Du regne de Charles If. roi d'Angleterre, un homme de 120 ans fut convaincu d’adultere. La barbe eff la premiere marque de puberté: c’eft un indice que la fémence commence à {e faire; elle continue fi le fang produit la même humeur prolif- que ; elle ceffe de pouffer, ou tombe , fi cette fecré- tion importante eft empêchée. On connoît par - là pourquoi la barbe & les cheveux tombent fouvent dans la vieillefle ; la voix d’un garçon reflemble à celle d'une fille avant la fecrétion de la fèmerce, après quoi elle devient grave & rauque , & ce fymptome paroït avant [a barbe. Les Arabes ont expliqué de cette maniere pour- quoi quelques gouttes de /émence afoibliffent plus qu'une grande perte de fang , &ilyaeu des moder- nes qui ont voulu calculer combien peu il falloit per dre de fimence pour en être affoïibli ; mais cet afoi- bliffement ne viendroit-ilpoint de cette efpece d’épi- lepfe qui accompagne la perte de la fémence, plus que de cette perte même? car le corps reprend conf tamment {es forces avant que la férrence Le réparce. La vifcofité du fang , & tout Fappareil que la nature emploie à la formation de la Jémerce fait voir qu’elle reflemble moins aux efprits , que le blanc d’œufne reflemble à l’efprit-de-vin. Cela paroît en comparant la fubftance corticalé du cerveau avec la frudure des tefticules | & l’extrème finefle des efprits avec. lépaifleur du fperme. Il y a des auteurs qui ont prétendu que les {els volatils huileux étoient de même nature que la fermer ce, &t par conféquent étoient excellens pour la généra- tion , Ce qui a mis EUR He ces fels fort en vogue. Mais tout l’effet defées /£/s vient du mouve- ment plus violent que le fel volatilexcite, & nonde le Jémence qu'il ne peut produire ; car ils font d'uge | | ECCccc \ 940 SEM nature la plus oppofée qu'il foit poffible à celle de la 21LETICE, J Hippocrate dit que la femence de la femme eft plus foible que celle de l’homme; mais qu elle eft né- ceflaire. Ariftote admet à-peine quelque /émence dans les femmes : il penfe que l'humeur libidineufe qu'- elles rendent pendant le coit n'en eft point , & ne fert point à la conception. Galien accorde de la /e- mence aux femmes , mais moins qu'aux hommes ; elle eft, felon lui, plus imparfaite, & vient par les cornes (legtrompes) dans la matrice : il parle d’une certaine veuve qui, à la fuite d'une irritation au clitoris » rendit une fémence fort épaifle avec une très : grande volupté ; il ajoute que cette matiere quis échappe quelquefois en dormant , contribue beaucoup à ce qu'on nomme paillardif. Avicenne cite une veuve auf lubrique que celle de Galien. Colombus dit qu’il a vu de la vraie fémence dans les tefhicules des fem- mes. Venete répete la même chofe , ainfi que Mau- riceau , qui auroit pris pour de la Jémence la liqueur contenue dans les œufs , ou la férofité claire de quel- que véficule gonflée. Marchettis ajoute que la fére- ce vient des ovaires par quelques vaiffeaux blancs dans les trompes. Henrice prend auf pour de la femence la liqueur des glandes de Naboth : ©eft elle, dit-il, qui mêlée avec celle de l’homme , forme le fœtus, Voglius enfeigne que la fèmence de la fem- me eft produite dans ces ovaires. Sharagli & Paitoni croyent qu'il sy fait une liqueur fpiritueufe qui fe repompe danse fang , & qui produit chez les fem- mes les mêmes effets que la Jemence chez leshommes, comme Galien l’avoit ainfi imaginé autrefois; il pen- foit que la fémence de la femme fe méloit avec celle de l’homme, & lui fervoit en quelque forte d'ali- ment : toute l'antiquité a cru que fans l’éjaculation de la fémence des deux fexes faite en même tems , on ne pourroit engendrer. Heller, comnene. SEMENCE , maladies de la, (Médec.) 1°. la Jemence, cette liqueur précieufe, élabogée dans le tefticule , perfeétionnée dans les épididymes & les vaifleaux déférens , enfin pottée aux véficules féminales pour pafler dans l’uretre , fe trouve expofée à quelques maladies. 2°, Elle eft produite abondamment dans la fleur de l’âge , & par des alimens fucculens. De-là naïr la lu- bricité & le priapifme, qu'il faut traiter par la diete, les rafraichifians , les nitreux & les acides. 3°. Lorfque cette liqueur vient àmanquer dans la vieillefe, il n’y, a point de remede,non plus que dans les eunuques, ou dans ceux à qui on à coupé Porga- ne féminal par l'opération de la lithotomie ou d’une hernie ; mais fi le défaut de /emence vient de l’obftruc- tion des tefticules , ou des autres organes de la géné- ration, il faut y remédier en diflipant ces maladies. Si le défaut de cette liqueur eft la fuite d’une trop petite quantité d’alimens, de travaux, de la foiblefle du corps, ou de la débauche , 1l fe réparera de lui- même , en évitant les caufes qui y ont donné lieu. Si la fémence vient à manquer par l’affoibliflement de l'organe , on tâchera d’y porter remede par lufage tant intérieur qu’extérieur des aphrodifiaques. 4°. La fèmence retenuetrop long-tems dans fes vaif- feaux acquiert peut-être un trop grand degré d’épaif- fiflement ; mais il eft certain qu’elle n’a point fa per- fettion quand on abufe des plaïfirs de l'amour. Elle fe corrompt, devient virulente , ichoreufe dan$ la go- norrhée & dans la vérole. $”. La trop fréquente évacuation de la liqueur fé- minale produit des cardialgies , des anxiétés , la laf fitude des lombes , le tremblement , le vertige, la froideur de tour le corps, la foiblefle , l’orgafme, la phthifie dorfale, & finalement limpuiffance. 6°. L’évacuation trop ménagée de la fémence pro- duit rarement aucune maladie ; elle çaufe feulement SEM quelquefois du trouble dans l’économie de la ma- chine. ( D. J.) SEMENCE , {. f. ( Botanique. ) voyez GRAINE ; je ”ajoute qu'un mot en pañlant pour completer l’ar- ticle. Le fruit renferme la emence avec ce qui y eft con- tenu. La férence eft l'embryon de la plante avec fes diverfes enveloppes ; celles-ci ont à-peu-près le mé- me ufage dans les plantes , que les membranes qui environnent les fœtus des animaux ; quelquefois il n’y a qu'une de ces enveloppes, quelquefois 1l y en eus ou un plus grand nombre ; l'embryon leur eft adhérent parun filet ombilical. Elles font ordinai- rement remplies d’un baume renfermé dans des peti= tes cellules deftinées à cet ufage. Ce baume femble être une huile portée à fa plus grande perfeétion , que la plante dépofe ici toute préparée dans des petits re- fervoirs. Par le moyen de ce qu'il a d’huileux & de tenace, il écarte de l'embryon toute humidité étran- gere; par fa vifcofité il retient cet efprit fubtil, pur & volatil , qui eft la plus parfaite produétion de la plañte , & que les Alchimiftes appellent efprit rec- teur, habitant du foufre archée , ferviceur de la nature. (D. JT.) SEMENCES des végétaux , (Science microfcopique.) Malpighi, Leuvenhoek, Hooke , Grew & plufeurs autres , font d’illuftres témoins que le microfcope a découvert de petites plantes , non-feulement dans les grandes fémences, comme dans le noyer , le chatai- omer , le chêne, le hêtre , la femence du limon , du coton, des pois, 6c. mais encore dans les plus pe- ttes, celles de chanvre , de cerfeuil , de cueillerée, de moutarde. Si l’on veut découvrir les petites plantes qui font contenues dans les fémences, il faut les préparer pour la plüpart en les faifant tremper dans l’eau chaude jufqu’à ce que leur écorce puifle fe féparer , & leurs feuilles féminales s'ouvrir fans lacération. Il y ena cependant quelques-unes que l’on peut mieux diflé- quer étant feches; mais les femences même fans aucu- ne préparation, montrent une variété infinie de fi- gures , de couleurs & de décorations. Les /émences des fraifes fortent de la pulpe du fruits &t lorfqu’on les obferve , elles paroiffent elles-mé- mes comme des fraifes. Les /émences du pavot reffemblent par leur figure à des petits rognons avec des fillons à leur furface, qui forment des côtés & des angles réguliers. On peut tirer de ces /émences une poufñlere qui, mife devant le microfcope, a prefque la même apparence que la furface des fémences | avec l'avantage d’être tranfparentes. Cette poufhere n’eft aufli que la fine membrane quieft entre les /émences , laquelle par la preflion des fémences contre elle , areçu des marques correfpondantes aux fillons qui font fur les ferzences mêmes. Les /emences du tabac , de la laitue , du thym, du cerfeuil, du perfil & cent autres , peuvent amufer agréablement un obfervateur. Les anciens s’imaginoient que les plantes capillai- res & plufieurs autres efpeces n’avoient point de /e- mences | t la vue fimple n’auroit jamais pà corriger leur erreur ; mais le microfcope a découvert que toutes les différentes efpeces de fougeres, de langues de cerfou fcolopendres , de capillaires , &c. abon- dent en graines. Leurs vaifleaux féminaux font au dos des feuilles , & la poufliere qui en fort lorfau’on. les touche, n’eft autre chofe queles petites /émerces ; ces varfleaux féminaux paroïffentà la vue fimple com- me une galle noire ou brune fur le dos de la feuille, mais par le microfcope, ils reffemblent à des petits tubes circulaires , divifés en plufeurs cellules, qui contiennent les graines en-dehors de tous les côtés en forme de pouffiere ; quelques -uns de ces petits SEM Yaifleaux contiennent aumoins cent fémences qui font anvifibles à la vue fimple. (D. J.) SEMENCE ; voyez FRUIT: | SEMENCE DES PERLES , voyez PERLES. SEMENCES, (Médecine) les femences font de plu- fieurs efpeces , & fort employées en médecine. Les Jémences médicinales , particulierement celles que Fon apporte des Indes, du Levant, rc. font décrites _ chacune en particulier, à leurs articles refpeétifs, Foyez-les. | Parmi celles que l’on cultive en ce pays, les prin- cipales font les quatre Jémences les plus chaudes, & les quatre femences les plus froides : les premieres font les fémences d’anis, de fenouil, de cumin , de caryi : les dermieres font les /émerces de courge, de citrouille, de melon & de concombre. Les quatre /émences froides fervent principalement à faire des émulfons, des boiflons rafraichiffantes, des pâtes pour les mains , & des huiles dont les da- mes fe fervent pour leur teint. En général les /émences froides majeures ne doivent point être ordonnées à l’intérieur que dans Les cas de chaleur, & encore après avoir défempliles vaifleaux, encore avec beaucoup de modération. Les féménces froides majeures font les fuivantes, celles de chicorée, de laitue, d’endive &c de pourpier, ces femences ont peu d’efhcacité, on les ordonne rare- ment. Voyez l’article fuivant. Les fémences chaudes majeures ne conviennent que dans l'hunuidité & le relâchement; elles font bonnes dans la réfolution de lefftomae & des nerfs , elles ont de peu d’ufage. Voyez l’article fuivanr. Les fermeñces chaudes mineures qui font la poivret- te, l’amomum , le perfil & le daucus , font em- ployées dans les mêmes indications ; mais elles font ” aufi de peu d’ufage. SEMENCES CHAUDES, es quatre grandes, (Médec.) font celles d’anis , de fenouil, de cumin & de carvi. Ces femences entrent dans plufieurs compoñitions, & fur-tout dans les ratafiats, on en fait des infufons dans l’efprit-de-vin , dont on fait un grand ufage. Mais ces remedes ne font bons que dans le cas où les carminatifs font indiqués ; hors cette indication ces remedes font fort dangereux, lorfqu’on en prend ha. bituellement, ils font iritans , flimulans & échauf. fans. Cependant lorfqu'ils font pris à petite dofe, & par intervalleils deviennent falutaires, d'autant qu'ils redonnent du reflort aux parties qu'ils fortifient & raniment. Voyez ANIS, FENOUIL, Ec. Les quatre fémences chaudes mineures font celles, d’ache , deperfil, d’'ammi & de daucus. Elles font | moins aétives que les précédentes; on en fait peu d’u- fage. Elles entrent dans quelques éleuaires, comme Vorvietan, & quelques autres. Voyez ACHE , &c. SEMENCES FROIDES , es quatre grandes, (Médec.) font celles de courge , de citrouille , de melon & de concombre. Elles fervent dans les émulfions pour tempérer, calmer, rafraîchir dans lardeur, la féche- refle & lardeur des humeurs. On les ordonne tou- tes enfemble à la dofe d’une once, de demi-once, ou de deux gros dans une pinte d’émulfion. On les fait entrer dans les bouillons de veau ou de poulet que lonémulfionne avec elles, ou on en farçit un pou- let que lon fait bouillir enfuite : on nous les en- voie des provinces méridionales du royame: Voyez chacun des articles COURGE, Gc. _ Les quatre /émences froides mineures font celles de lütue , de pourpier, d’endive & de chicorée, Voyez ces articles, Ces fémences font moins froides que les précéden- tes. On s’en fert affez rarement , les premieres font plus en ufage. SEMENCE, SEMER , (Jardinage.) avant de fémer dans la pépiniere , la terre doït être bien labourée & Tome XIF, | ÊTES 7 4 bien fumée ; On fait enfüite oüvrir, fuivant Un éor- deau , des rigoles d’un fer de bêche de deux piés ef deux piés ; on y feme les graines en N ovembre ; Fés vrier & Mars, excepté la graine d’orme, qui fe ré: cueille en Mai, &z fe feme en même tems, enfuite où recouvre de terre les rigoles avec le gros rateau, fans vous arrêter aux pleines lunes, choïfiftez pouriemer un téms doux ; peu venteux 87 qui promet dans pét de la pluie | | | Les graines doivent être fraîches & de la même année que lon fème les fruits, tels que le gland , le marron d'Inde, la châtaigne , la faîne , la noifette ; la noïx : les noyaux de pêche, de prune, d’abricot, Pamande douce n’auront point été mis dans la bou: che , &c feront fans rides ni piquure de vers. Le gland peut fe femer tout-d’un-coup dans Îe bois, ainfi que la plüpart des fruits que l’on vient d'indiz uef. Les pepins fe fémenr aû mois de Mars fur des plans ches bien préparées ; ils pouflent des jets affez forts pour être tranfplantés au printems fuivant ; les pe- pins d’orangers fe fement, ainfi que plufieurs noyaux defruits, dans des pots remplis de terre bien pré= paréer, & on les ferre pendant l'hiver. Dans des années rudes on répand de gtandes litieres fur ce qui eft femé; on peut même faire tremper les groffes graines pour Les faire gonfler quelques jours avant de les /émer , & on aura foin de bien labourer & farcler les pépinieres. | Les graines de potagers fe femenr en diféréntes faïlons , & fe cultivent comme les autres, Les graines des fleurs fe femens à claire voie dans de grands pots plats , ou de longues caïffes que l’on faupoudre de terreau en ne les couvrant qu'à-demi ; On recommence à femer , & on faupoudre cette fe- mence jufqu’à ce qu’elle foit couverte d’un pouce d’épaifleur ; on arrofe & on couvre le tout de grandé paille , fous laquelle , quinze jours après, la grainé doit être levée, &c ces plantes, deux ans après , fe replanteront fut une planche neuve, & au bout de trois ans formeront de véritables oignons portant fleurs. Comme les graines des arbres verds ne levent pas | f aifément dans ces climats que dans les pays chauds, il n’y auroit que l’excellénte terre qui les feroit réuf: fir ; c’eft par cette raifon qu’on préfere à les marcot: ° 1 7 4, . % P + ter au pié des grands arbres , ce qui réuñit parfaite: ment fur-tout au fujet des 1fs & des picéa. On obfer: vera feulement que Les graines délicates, après avoir été fix femaines {ous les cloches, demandent À être éclaircies ou levées en plantes pour être mifes en ri: goles fous d’autres couches chaudes, & feulement plantées au plantoir, ce qui les avance & les empé= che de monter fifhaut ; enfin lorfau’elles font aflez fortes, on les leve en motte avec la houlette » & on les tranfporte dans des brouettes, pour les placer dans les parterres, dans les pots & dans les potas vers. SEMENDRTAH > (Géog- mod.) ville de la Tur: quie européenne , capitale de la Rafcie ou Servie, . fur le Danube, au-deffous de Belgrade, Elle appar- tient aux Turcs depuis qu’Amurat If, s’en empara er 1472. Long, 39. lu. 45. G (D. JT) SEMENTINES , adj. (4nrig. rom.) les fémentines étoient des fêtes que les Romains faifoient tous les ans pour obtenir de bonnes femailles : elles fe céle- broient dans le temple de la terre , le 24 de Janvier pour l’ordinaire ; car le jour n’étoit pas toujours lé même, On prioit la Terre de donner croiflance aux grains &caux autres fruits qu’on a jetté dans {on fein, CHOS SEMENUT ; ( Æ/. mod.) ville d'Egypte , entré le Caire & Damiette, à l'occident du Nil , fur Le bord duquel elle eft bâtie: Tous les vaiffeaux qui vont au Ÿ CECCececi ow SEM Caire, font obligés de payer ici quelques droits. Pb ENSEMENCER, (s. ynonymes.) ë re rapport au grain; ceft le blé qu'on Fe _ e champ. Enfemencer arapportä laterre; c eft le champ qu'on enfemence de blé. Le premier de ces mots a une fignification plus étendue & plus vaite; on s'en fert à l'égard de toutes fortes de grains ou de graines, 8 dans toutes fortes de terreins. Le fecond aun fens plus particulier &c plus reftraint ; on ne s’en fert qu'à Pégard des grandes pieces de terre préparées par le labourage ; ainfi l’on ère dans fes terres & dans fes jardins, mais l’on n’ez/emence que fes terres & non fes-farins+ O0, 2m im Enfemencer n’eft jamais employé que dans le fens propre & literal; mais /érrer au figuré eff très-beau, L'âge viril ne produit point des fruits de fcience & de fagefle , fi les principes n’en ont été fémés dans le tems de la jeunefle. On fe fait un aft de fe retirer du monde, quand l’âge commence à refroidir Les paf- fions , & à femer des rides fur le vifage. | La poéfie fe fert aufli de ce terme avec nobleffe : témoin ces deux vers énergiques & feñtentieux de Corneille : E1 comme il ra femé qu'épouvante & qw'horreur , Il n’en recueille auffi que trouble 6 que terreur, (2.1) SEMER , v. aét. (Econom. rufhig.) c’eft mettre la fe- menceenterre, afin qu'elle y germe & sy multr- plie. Pour bien faire nette opération, 1l y a trois conditions à remplir: jetter fur la terre la quantité de femence qui convient, la diftribuer également , êz la recouvrir à une certaine profondeur. Les différentes graines doivent Être /émces en plus ou moins grande quantité , en proportion de ce qu'elles tallent naturellement plus ou moins ; en aïfon de la qualité de la terre , & des prépara- tions qui ont précedé la femaille. Quatre boïf- feaux d'orge, melure de Paris, fuflifent pour enfe- mencer un arpent, à 20 piés pour perche, lorfque la terre eft bonne &r bien préparée. IL en faut juf- qu'à huit dans une terre maigre, où qui n’a pas été cultivée avec le même foin. On peut dire qu’en gé- néralles laboureursfurchargent la terre d’une grande quantité de femence. Mais auf les reproches qu’on leur fait à cet égard font fouvent outrés ; les expé- riences faites en petit , fur lefquelles on les appuie, ne concluent rien pourles femailles faites en grand, & prefquetous les moyens qu'on a confeillés pourépar- gner lafemence fontpuériles. On fait depuis long-tems que quelquesgrains femés & {oignés dans un jardin fe multiphent à unpoint qui paroït prodigieux. [Left für que, même en grand , les grains femés un peu clairs, acquierent plus de vigueur , parce qu'ils ont plus d'air & de nourriture. Lorfqw'ils ont été femés trop dru , la paille en eft foible , fujette à verfer ; les épis font courts & mal nourris. Mais fi la crainte de ces inconveniens porte à trop épargner la femence , les grains font bien-tôt furmontés par une quantité fi ex- ceflive des mauvaifes herbes qui croïflent dans les vuides, qu’on ne peut pas 'efpérer de les détruire en- terement. On rend ainfi la récolte nulle pour lui fau- ver quelques accidens, Voilà donc deux excès à évi- ter; & l’agriculture, aufli bien que la morale, ra- mene au jufte milieu. [left d’ufage en plufieurs en- droits de fermer un feptier de blé, mefure de Paris, dans un arpent à 20 piés pour perches. Il eft certain que dans la plüpart des terres à blé, lorfqw’elles ont été bien labourées &c bien engraifiées, huit boifleaux de femence fuffifent. On a même effayé avec fuccès d'en femer encore un peu moins. Mais ces vues d’é- parone fur la femence , doivent être foumifes à l’ex- périence des laboureurs intelligens, ayant d’être ap- pliquées aux différens lieux. Il y a des terres qui3 felon leur expreflion, mangent leur femence, & qui en demandent plus que les autres, : | La fecond condition à laquelle il faut faire atten- tion en femant , c’eft à l’égale diftribution de la {e- mence. Il eft aifé d’appercevoir combien cette égalité de diftribution eftindifpenfable. La nécefité dont elle eft a faitimaginer dans ces derniers tems fous le nomde femoir,différens inftrumensauxquels leursinventeurs, ou ceux qui les ont adoptés ont attaché une grande idée d'utilité. Mais rien n’eft moins propre À femer toujours également que la plûpart des femoirs qu’on a imaginés. Car l'égalité de la diftribution dépendant de luniformité du mouvement ; il faut prefque tou- jours fuppofer que Panimal qui fait mouvoir l’inftrw. ment n’aura rien d’inégal dans fa marche , & que la terre qu'on veut fémer n'aura rien de raboteux. Or une pierre fuffit pour anéantir ces fuppoñitions , & troubler l’opération de la plüpart des femoirs. Ces inftrumens font d’ailleurs affez fujets à fe détraquers & par cette raifon il faut éviter tout ce qui eft ma- chine, lorfqw’on peut s’en paffer. La main d’un hom- me bien exercé eft le meilleur femoir qu’on puifle employer. Il n’eft fujet à aucun accident ; & lopé- ration en eff füre , facile & prompte. C’eftce que lexpérience confirme tous les jours. . ee La troifieme condition néceflaire pour que la {ex maille foit bien faite, c’eft que la femence foit en- terrée Jufqu’à un certain point. Ce degré doit être fixé en raïlon de la nature de la terre, & de Pefpece de la femence. Les différentes graines ne germent pas toutes au même degré de profondeur. Le blé , par exemple, peut être enterré jufqu’à quatre pou- ces ; &t la graine de luferne ne doit être que légere- ment recouverte. Il faut que le blé foit enfoncé à une plus grande profondeur dans les terres légeres , &c celles qui font aifément battues de la pluie. Ces terres venant à s’affaifler laifleroient à découvert Les racines de la plante. C’eft donc d’après la nature bien connue de la terre qu’il faut décider fi l’on doit en- terrer la femence avec la charrue , ou la recouvrir avec la herfe. Voyez HERSER. [l'y a deux tems marqués pour les femailles, On feme à la fin de l'été, & au commencement de l’au- tomme , les grains qui peuvent foutenir le froid de l'hiver , comme font les feigles , les blés, &c. On appelle rars ou menus grains ceux qu’on feme à la fin de Phiver 8 au commencement du printems. Tels font les avoines , les orges, &c. Ily a prefque tou- jours de l'avantage à faire de bonne-heure l’une & l’autre de ces deux femailles. Mais on eft fouvent forcé de facrifier cet avantage à la néceffité d’atten- dre que la terre foït en état de recevoir la femence. Il faut, autant que l’on peut, ne point femer dans la poufliere, parce que le grain étant trop long-tems à germer, une grande partie court rifque d’être énle- vée par les oïfeaux, Il ne faut jamais /émer dans la boue, parce que lorfqu’elle vient à fe durcir, lesraz cines ne pouvant plus s’étendre, la plante ne fait que Janguir. Mais les moindres laboureurs {ont inftruits de ces détails. Si quelquefois ils paroiffent les néoli- ger, C’eft qu’ils font fouvent forcés par la faifon qui les gagne , & qu'ils ont à choifir entre /emer mal & ne point femer du tout. On multiplie par la femence , non-feulement les grains , mais les plantes, les fleurs , les arbres frui- tiers ; les bois. Chacun de ces objets exige un art particulier , & des détails dans lefquels nous n’en- trerons point. Voyez JARDINS , POTAGER , FLEU- RISTE , PÉPINIERE , G:c. SEMESTRE , f. m. ( Gram. GTurifpr.) en terme de palais, eft le fervice que les officiers de certains tribunaux font feulement pendant fix mois: les offi- ciers du grand-confeil, ceux de la chambre des comp: tes de Paris, & de la cour des monnoies fervent par _femeflre, Ty a auffi quelques parlemens qui font Je- snejires, c'eft-à-dire où les officiers fervent de même par Jémefire. Quandil s’agit d’enregiftrement , d’or. donnances , édits ou déclarations , ou de quelque affaire qui intérefle toute la compagnie, on aflemble les deux femeffres, c’eft-à-dire toute la compagnie, sos ESTRE , dans L'Art militaire, eft en France une permiflion qui s'accorde alternativement aux ofi- tiers , de s’abfenter de leurs compagnies pendant le quartier d'hiver. NUE RL. Les fémeftres ont été différens ; felon les différen- tes conjon@tures. Après la paix de Nimegue , il fut fait une ordonnance le 20 Août r679, qui permet- toit à la moitié des officiers de l’infanterie de s’abfen. ter pendant les mois de Septembre : Oétobre & No- vembre ; & à l’autre moitié pendant les mois de Dé. cembre, Janvier & Février fuivans , à condition de fervir tous enfemble pendant les fix autres mois. En 1681, 1l fut permis aux deux tiers des officiers de cavalerie , infanterie & dragons » de s’abfenter pendant Noyembre, Décembre, Janvier êc Février ; pour l’autre tiers s’abfenter l’année fuivante pendant les quatre mêmes mois , avec Pun des deux tiers qui avoit eu congé l’année précédente. En 1682, il fut permis au tiers feulement defdits ” officiers, de s’abfenter pendant ces quatre mois, de maniere qu’en trois années confécutives , tous les officiers puffent fucceffivement profiter de ce congé. Cette derniere difpoñtion a fubfité depuis, Code mniliraire de Briquet. (Q) SEMEUR , £ m. (Agriculr.) celui qui feme. Foyez SEMAILLE, SEMENCER , SEMER G SEMOIR, SEMI, (Gram.) mot emprunté du latin, qui figni- fie mozié, & dont on fe fert en mufique au lieu du hemi des Grecs, pour compofer trés - barbarement plufieurs mots, moitié grecs & moitié latins. | Ce mot, au-devant du nom grec de quelque in- tervalle, fignifie toujours une diminution ; non pas de la moitié de cet intervalle, mais feulement d’un Jemi-ton mineur. Ainf Jèri-diton > Celtald tierce Mi= neure, fémt-diapente la faufle quinte, & Jerni-diateffa- ron la quarte diminuée, &c. (S) | _SEMI-ARIENS 07 DEMI-ARIENS, £ m. pl. Cf. ecclef.) fee dhérétiques qui étoient une bran- che des Ariens, compofée felon S, Epiphane , de ceux qui condamnoïent en apparence les erreurs d’A- tius , mais qui admettoient pourtant quelques - uns de fes principes qu'ils ne faïfoient que déguifer, en les enveloppant fous des termes plus doux & plus moderés. Foyez ARIEN. Pour entendre le vrai fens de ce nom , il faut {a- voir que les feétareurs d'Arius fe diviferent en deux partis principaux. Les uns fuivant l’hypothèfe de leur maître , foutinrent que le fils étoit diflemblable au pere , avoue, d’où on les nomma Azoméens ou Eunomiens du nom d'Exromius leur chef ou purs ATIenS, 70ye7 ANOMÉENS , EUNOMIENS ; ARIENS. Les autres qui refufoient de recevoir le mot cHouTice confubflantiel, comme marquant une parfaite égalité entre le pere & le fils, feignoient d’approcher du fen- timent des peres de Nicée, en difant que le fils étoit oposaies ; C'eit-à-dire femblable en eflence ou fem- blable en toutes chofes au pere. On leur donna le nom de/émi-Ariens | comme n’étant qu’à demi dans les fentimens des Ariens. Quoique quant à l’expreffion, ils ne différaflent des orthodoxes que par une feule lettre ; 1ls étoient néanmoins dans l'erreur des Ariens > Qui mettoient le fils au rang des créatures. Il ne leur fervoit de rien d’enfeigner qu’il n’y avoit point d'autre créa- ture de même rang que lui, puifqu’en niant qu’il fût 2 * - SEM 943 confübffantiel à Dieu Île pere , ils nioïent au fond qu'il füt véritablement Dieu. Les /émi-Ariens eurent beaucoup de part aux con: ‘ciles de Seleucie & de Vimini » Oùils tromperent leg Catholiques par des confeffions de fo: Captieufes 5 quoiqu'ils convinffent que le Fils étoit en téutes cho: {es femblable au Pere ; ils étoient divifés entieux lorfqu’il falloir expliquer ce point , les uns faifant confifter la reflemblance du Fils au Pere dans la feu- le volonté, & les autres dans la fubflance ; parmi ces derniers il y en avoit plufieurs qui étoient ortho: doxes & qui fe réunirent dans la fuite à lEglife ca: tholique. à, Le fecond concile général a encore donné le nom de Jéri- Ariens À d’autres hérétiques qui nioient la di- vinité du S, Efprit, & qui eurent pour chef Macédo: mius. Comme les Ariens s’éroient principalement élevés contre la feconde perfonne de la fainte Tri- nité ; Le concile appella Jémi-Ariens, ceux qui vou- lurent contefter À la troifieme fa divinité ; les pre- miers avoient été quelquefois defignés Par Ypioouæ- to, ennems de Jefus-Chrif. On appella les autres FHEUUATOUAROI | CNJTIENRIS du S. ÆEfprit ; mais ils font plus connus dans lhiftoire eccléfiaftique fous le nom de Macédoniens. Voyez MACÉDONIENS. SEMI-BREVE, f. £. eft dans nos anciennes imufiquess une valeur de note ou une mefure de tems, qui com- prend l’efpace de deux minimes ou blanches, c’eft- à-dire la moitié d’une breve. La Jemi-breye s’appel- le autrement ronde, Voyez RONDE , VALEUR DES NOTES. (S | | SEMICON, £ im. ( Mufg. inf}, anc. ) inftrument de mufique des Grecs qui avoit trente-cinq cordes , & cependant ce n’étoit pas encore l’inftrument des anciens qui en eût le plus; car l’épisonion en avoit quarante. On juge bien que cet inftrument à trente. cinq cordes ne rendoit Pas trente-cinq {ons différens, maïs feize ou dix-fept; de même lépigonion ne ren: doit pas quarante {ons différens ,» auquel cas il eût eu plus d’étendué que nos plus grands claveflins, ou nos claveflins à favallement, ce qui n’eft pas vraif- femblable ; mais les cordes y étoient mifes deux à deux, & accordées à luniffon ou à loétave, com- me elles le font au luth > à la guitarre , à la harpe dou- ble , & au claveflin à deux & trois jeux, ce qui ne faifoit en tout que vingt {ons différens. (2.1) | . SEMI-CUBIQUE, adj. e2 Géométrie, une parabole émi-cubique eft une courbe du fecond genre, dans la4 quelle les cubes des ordonnées font Comme les quar- rés des abfcifles. Voyez PARABOLE. On lappelle au trement feconde parabole cubique. (E) | SEMI-DOUBLE, rerme de Breviaire » Qui fe dit de l'office ou des fêtes qu'on célebre à certains jours ‘avec moins de folemnité que les doubles, mais plus grande que les fimples. Voyez DousLe € SiMbLe. L'office /émi-double a premieres & fecondes vef. pres, quelques lecons propres À matines à la fin def- quelles, on dit le Te Deum & le Gloria in excelfis À la mefle, Il {e fait aux fêtes marquées /ermi-doubles dans le calendrier. SEMIGALLE, ( Géog. mod.) contrée annexe de la Courlande , dont elle fait la partie orientale, & dont elle eft féparée par la riviere de Mutza, Le Se- migalle confine avec la Livonie » au nord & à l’o- tient , & elle a la Samogitie au midi. On compte ans cette contrée deux capitaineries > qui font Mit- tau & Selburg. (D. J. SEMILUNAIRE oz SIGMOIDES VALVULES ; les Anatomiftes appellent ainf trois petites valvules où membranes de figure femilunaire > qui font pla- cées à lorifice de l’artere pulmonaire dé l'aorte pour empêcher le retour du fang dans le cœur, dans le tems de leur contra@ion. Voyez nos PI, d'Anar. F leur explic, voyez auffe VALVULE, 944 SEM | . SÉMINAIRE, fm. (Gram. 6 Jurifpru .:) on en- tend ordinairement par ce terme une maifon deftr- née à élever les jeunes clercs, pour les former aux connoiffances & aux fonétions qui conviennent à Pe- tat eccléfaftique. Lit | I y a cependant aufli des fémnaires où les clercs me font pas élevés , mais où ils doivent feulement demeuter quelque tems pour Îe préparer à recevoir Les ordres ; d’autres encore qui font des maifons de - retraite pour des eccléfiaftiques âgés ou infirmes ; d’autres enfin où l’on forme des fujets pour les mf- fions étrangeres. kr Ces différentes fortes de /éminaires jouiifent tous ‘des mêmes privileges. Les plus anciens font fans contredit ceux qui fu- rentinftituéspouréleverlesjeunesclercs, 8 qu'onap- pelle communément Zesperiss féminaires ; leur origine en France remonte très-haut , puifque le concile de Bazas tenu en $29 parle de leur utilité; mais ileft à croire que les féminaires, dont parle ce concile, n’é- toient autres que Les écoles qu'il y avoit gout tems dans toutes les églifes cathédrales & dans les prin- cipaux monafteres , lefquelles pouvoient en effet être regardées comme des féminaires,ny ayant guere. alors que ceux qui fe deftinoient à l'état eccléfafni- que qui fréquentaflent ces écoles , &e qui s’adonnaf- {ent à l'étude des lettres. À ces écoles qui furent ruinées par les defordres du x. fiecle fuccéderent Les univerfités & les colle- ges particuliers; la plüpart des évêques fe repoferent de l’inftru@ion de leurs clercs fur Les régens des col- leges pour les premieres études, & fur les doéteurs des univerfités pour la Théologie & le Droit ca- non. Maïs on trouva que c’étoit une occafon de diffi- pation pour les jeunes clercs d'aller étudier dans Les colleges avec les écoliers laïcs ,- &t que pendant ce tems ils ne faifoient aucune fon@ion eccléfaftique, on crut qu'il étoit plus convenable de les élever en particulier , & ce fut ce qui donna lieu à Pétabliffe- ment des petits /érzinaires. Le concile de Trente, eff: 23. c. xviiy. de reform. ordonne que dans chaque diocèfe ou province il foit établi un ou plufeuts fériraires, où l’on reçoive de jeunes gens nés en légitime mariage , âgés de douze ans au-moins & qui fe difpofent à l’état eccléfafti- que , pauvres & riches indifféremment ; fi ce n’eff que les riches payeront leur penfion , & que les pau- yres feront nourris gratuitement. Poux la dotation & entretien de ces /érzinaires , le concile permet de lever une contribution fur les bé- néfices du diocèfe , fans qu'aucun ordre s’en puifle exempter, à l'exception des mendians & des cheva- liers de Malte, laquelle contribution fera réglée par l’évêque affifté de deux chanoines de fon églife ; il permet auffi Punion des bénéfices. Enfin il oblige les écolâtres des chapitres à enfei- gner les jeunes clercs dans ces férinaires , ou à nom- amer, de l'agrément de l’évêque, quelqu'un à leur place, pour s'acquitter de cette fonétion. L’afflemblée de Melun en 1579 s’eft conformée au téglement du concile de Trente , auquelelle a ajouté plufieurs articles touchant le gouvernement des fémi- JIAITES, Les conciles provinciaux de Rouen , de Rheims, de Bordeaux , de Tours, de Bourges , d’Aix & de Touloufe, ont auflireçu ce réglement, & y ontajou- té différentes explications. + Cependant la difcipline de Péglife de France n’eft | pas conforme en plufieurs chefs au réglement du con- cile de Trente. Il eft d'abord confiant que l’on ne peut établir aucun féminaire en France fans lettres-patentes du roi ; c’eft un point décidé par l’édit du mois d’Août 1749. On devoit, fuivant le concile , élever les enfañs, dans le féminaire depuis l’êge de douze ans jufqu'à ce qu'ils euflent reçu les ordres facrés ; au-lieu que dans la plüpart des diocèfes de France on n’oblige ceux qui fe préfentent aux ordres que de pañler une année dans le érinaire; & mème en quelques dio- cèles,on fe contente d'untems plus court, &tque les clercs faflent une retraite au féinaire avant que de recevoir les ordres mineurs, le foufdiaconat , le dia- conat & la prêtre. _Le gouvernement des /éminaires en France dépend de la prudence de l’évêque qui leur donne des ftatuts tels qu’il les croit'convenables. On ne l’oblige point de prendre l'avis de deux chanoines de fa cathé- drale. ou Pour ce qui eft de la dotation des /érrinaires , elle peut fe faire, foit par la fondation ou par des dona- tions poftérieures , foit par des urions des bénéfices, foit par impoñtion fur les biens eccléfaftiques du diocèle, L’évêque procede à cette impofition avec Les fyn- dics & députés aux bureaux des décimes de leur diocèfe. L’ordonnance de Blois enjoint aux évêques d’é- - tablir des /érrinaires dans leur diocèfe , d’avifer à la forme qui fera la plus propre felon les circonfiances, & de pourvoir à la dotation d’iceux par union de bénéfices , aflignations de penfon où autrement ; cet auf la difpofition de lédit de Melun, de lor- donnance de 1629 , & de la déclaration du 15 Dé- cembre 1698 ; celle-ci ordonne Pétabliffement des Jéminaires dans les diocèfes où il n’y en a point, & des maïfons particulieres pour l'éducation des jeu- nes clercs pauvres , depuis Pâge de douze ans. Les bénéfices dont le revenu n’excede pas 600 Liv. font exceptés de la contribution pour les /éri- naires par l’ordonnance de 1629 ; les cures font auffi exemptes , de même que les dixmes inféodées. Les évêques, leurs grands vicaires & archidia- cres peuvent enjoindre aux curés & autres ecclé- fiaftiques de fe retirer pour quelque tems dans un Jéminaire, pour y reprendrelefprit de leur état; êtces ordonnancesfontexécutoires,nonobftantoppofitions ou appellations. Voyez le concile de Trente &c autres que l’on a cités, les ordonnances de Blois de 1629, & d'Héricourt, Fuet, la Combe , infhis. au dr. ecclef. de Fleury , les mémoires du clergé , &t les mois CoL- LEGE , ÉCOLES, UNIVERSITÉ. ( A SÉMINAIRE , pierre , ( Hift. nat. Litholog. ) femina- rius lapis, nom d’unepierte qui paroït compolée d’un amas de graines. Voyez OOLITE. SÉMINALE , adj. (Jardinage.) eft la premiere ra- cine d’une plante lorfqu’elle eft graine. Il fe dit auffi ez Anatomie, de ce qui appartient à la femence des animaux , la matiere férmirale, les ré- ticules férinales. | SÉMINARA , ( Géogr. mod.) bourg d'Italie au royaume de Naples, dans la Calabre ultérieure, au - couchant d'Oppido. Il étoit fort peuplé avant le trem- blement de terre qu'il efluyaen 1638. Long. 33.554 latir. 38.22. ( D. J.) | SÉMINARISTE, {. m. ( Gram. ) jeune eccléfiaf- tique qui fait fon féminaire. Voyez l'arsicle SÉMi= NAIRE. SÉMINATION , {. f. cerme d’Hifioire naturelle, 1 eft vrai qu'il ne fe trouve pas dans lès diétionnaires françois ; mais 1l faut bien s’en fervir ici, n’y ayant aucun autre mot dans, la langue qui puifle rendre ce que fignifñie celui-ci, favoir l’aéfior de femer ou de répandre de la femence, & fingulierement, celle des végétaux. Foyez SEMENCE ou GRAINE. Dès que la graine eft mûre, dit le doéteur Grew, la nature prend diférens moyens pour qu’elle foit femée convenablement , non-feulement en ouvrant | SE M la cofle qui la contient , mais en conditionnant la graine même comme elle doit l'être, 4, Aiïnfi les graines de certaines plantes auxquelles il faut un certain fol particulier pour qu’elles vien: nent, telles que Parum, le pavot & autres, fontauff lourdes proportionnément à leur volume pour tom- ber direétement à terre. D’aufres qui en conféquence de leur légereté & de leur volume pourroient être emportées par Le vent, font retenues par un ou plu- fieurs crochets qui empêchent qu’elles ne s’écartent du lieu qui leur convient. Telles font les graines d'avoine, qui ont un crochet À celles d’aigremoine , qui en ont plufieurs ; mais celles-[à aiment les eux élevés & expofés au foleil, &c celles-ci les haies, On voit au contraire des graines qui ont des aîles ou plumes, foit afin que le vent puifle Les empor- ter lorfqw’elles font Müres , comme celle du frêne, foit afin qu’elles puiflent s'envoler plus ou moins loin, ce qui empèche qu’elles ne tombent toutes dans un mêmeendroit &c ne foient femées trop drues ; ë& encore afin que f quelqu'une n’eft pas tombée dans unendroitquiluifoit propre, une autre au-moins y tombe. Ainf les pignons, par exemple , ont des ailes courtes à la vérité , & qui ne peuvent pas les foutenir dans l'air , mais qui les font du-moins vol- tiger à terre. Mais les graines de la dent de-lion, ét pluñieurs autres ont quantité de plumes fort lon- gues, par le moyen defquelles elles font emportées en mille endroits différens. » D’autres font femées où elles doivent être par le reflort de leurs caplules élafliques, qui en crevant & éclatant lancent leur graine à une diftance convena- ble. Aïnfi Pofeille fauvage ayant des racines qui fer- pentent fort loin en terre , 1l falloit que fa graine fût femée à quelque diftance , & la nature y a pourvu par des coffes blanches , fortes &r tendineufes , qui, lorqu’elles commencent à fécher , s'ouvrent tout-à- coup par un côté, & roulent à l’inftant leurs levres en-deflous avec force. La graine de fcolopendre, celle de la perfcaire à coffes font aufñ jettées & lan- cées par le moyen d’un refort , fi quelque chofe heurte ou pince la capfule qui les contient. Et quand le reflort eft fec &c iufifamment tendu , il rompt de lui-même la capfule en deux moitiés femblables à deux petits godets, & en chafle la femence. D'autres auteurs ont encore remarqué bien des mameres différentes dont la graine eft fémée, Qu'on mette , dit M. Ray , fur du papier une poignée de graine de fougere en untas, on entend craqueter & crever les petites véficules féminales ; 8 avec un bon microfcope on en voit qui s’élancent à une diftance confidérable les unes des autres, Le do&teur Sloane obferye que la petite gentiane, gertianella Jjiore ceruleo , voulant être femée par un tems humi- de ; dès que la moindre goutte touche l’extrémité de fes vaifleaux féminaux, 1ls s’ouyrent avec un bruit perçant , & chaflent en s’ouvrant par leur refort La graine qu'ils contenoient. Toutes les efpeces de cardamine , pour peu qu’on y touche ayec la main, ouvrent leurs capfules & lan- cent leur graine. M.Ray dit plus, il ajoute qu'il fufit même d'en approcher la main de très-près fans ytou- cher effetivement. D'autres plantes , pour parvenir à la fémination de leur graine , invitent les oïfeaux par lodeur & par le goût à en manger ; 1ls l’avalent & s’en vont, êt le féjour qu’elle fait dans leur corps fert à la ferti- Bfer : c'eft ainfi que fe propagent la mufcade & le guy. Voyez MUSCADE & GUY. SEMINI 04 CHEMINT, £. m. ( Hiff. mod.) c’eft le nom qu’on donne dans le royaume de Péeu aux no- bles qui font chargés du commandement destroupes, & qui rempliffent les premiers emplois de l’état. Ils {ont au-deflous des zyas , quitiennent çhez les Pé- SEM guans le même rang que les ducs & pairs, SEMINISTES, f. m. ( Anar. ) {eéte de phyfciens qui prétendent que le fétus eft formé dans la matrice par le mélange des femences de la femelle & du mâle. Voyez FÉTUS. C’eft le fentiment d’Ariftote, de tous les anciens, & celui de leur ennemi juré, Le plus célebre des mo- dernes, Defcartes, 9 Suivant les Seminifles, les femelles ne peuvent concevoir fans répandre de femence : d’ailleurs cette liqueur ne peut, ainfi que dans le mâle, couler fans produire le plaïfir, d’où il fuivroit que le plaifir fe- roit inféparable de la conception. Cependant com- bien de meres fe plaignent du contraire ! Voyeptou- tes les raifons que l’auteur de l'arc de faire des gar= gons rapporte contre ce fentiment, SEMINOVISTES , f. m. ( Anar. ) branche des oviftes , à la têre de laquelle s’eft mis l’ingénieux au- teur de l’art de faire des garçons. Ce phyfcien penfe que l’embryon eft produit par le mélange des deux femences, fait non pas dans la matrice, mais dans l'œuf. SÉMI-PÉLAGIANISME , ( Hif, eccléf. ) on croit | que le Séri-pélagianifme a tiré {a principale Origine des écrits de Jean Cafien, appuyés dé fon auto- rite. Ce fameux folitaire, après avoir demeuré long- tems en orient, & s’y être nourri de la doctrine des Grecs, vint s'établir à Marfeille peu après lan 404 3 il y fonda deux monafteres, &c s’y diftirgua par fon favoir, & par fa piété. 11 écrivit malheureufement dans des circonftances fâcheufes, 8 où les difputes fur la grace étoient encore fort animées, En effet, les Pélagiens venoient d’être condamnés en Afrique, à Rome, & en orient; lorfque vers l'an 426 , tout au plus tard, Cafien publia fa treizieme conférence , oùal enfeigne nettement que Phomme peut avoir de foimême le defñr de fe convertir; que le bien que nous fatfons ne dépend pas moins de notre libre ar- bitre, que de la grace de J efus-Chriff ; que cette grace elt gratuite; que Dieu cependant la donne:, non felon fa puiflance fouveraine , maïs felon la me- fure de la foi qu’il trouve dans chacun, ou qu'il y a mife lui-même ; qu'il y a réellement dans l’homme une foi que Dieu n’y a pas mife, commeil paroît , dit-1l, par celle que Jefus-Chrift loue dans le cente- nier de l'Evangile. | Cette doétrine fe repandit promprement dans les Gaules, & trouva quantité de fe@ateurs, au nom- bre defquels on compta plufieurs évêques & autres illuftres perfonnages. ( D. J. SEMI-PÉLAGIENS , ox DEMI-PÉLAGIENS , f. m, pl. ( Af. eccl. ) Pélagiens mitigés ,hérétiques qui rejettant les erreurs les plus groffieres des Pélagiens , retenoient quelques-uns de leurs principes. Voyez PÉLAGIENS. Saint Profper dansune lettre à faint Auguftin, les appelle reliquias Pelagii , les reftes de Pélage. Plufieurs favans hommes dans les Gaules, faute de bien prendre le fens de faint Auguftin fur la grace, tomberent dans le fémi-pélagianifme. On les appella Maffiliens, où prêtres de Marftille, parce que ce fut en cette ville que leurs Opinions prirent naïflance. Caffien qui avoit été diacre de Conftantinople, & qui fut enfuite prêtre à Marfeille, étoit le chef des Sémi-Pélagiens. Saint Profper qui étoit fon conter poran, & qui écrivit avec force contre lui, dit que Caflien voulant garder je ne fais quel milieu entre les Pélagiens & les orthodoxes, ne s’accordoit ni avec les uns ni avec les autres. On en va Juger par l’'expoñtion du Sémi-Pélagianifme. Ces hérétiques reconnoifloient premierement la chûte d'Adam, le péché originel, &en conféquence l'afloibliffement de la liberté; mais ils prétendoient 946 SE M que le péché ne lui avoit pas tellement donné at- ‘teinte, que l’homme ne pêt faire de lui-même &c par fes propres forces, quelque chofe qui engageät Dieu à lui donner fa grace plutôt qu'à un autre homme. Ils penfoient donc que la grace n’étoit pas néceflaire pour le commencement du falut ; & par le commen- cement du {alut, ils entendoient la foi foit commen- cée , foit parfaite, le defir du falut , &e la priere qui obtient la grace. Credere que de medico prædicantur, defiderare fanitatem 6 ejus ausilium implorare. Caflien dans {à treizieme conférence, aftribuoit ces trois chofes aux feules forces de l’homme. , 2°. Ils admettoient la néceflité de la grace pour les bonnes œuvres & pour la perfévérance dans ces bonnes œuvres. Les uns n’en exceptoient que le commencement du falut; &c ce qu'ils appelloient pieux mouvement qui les portoit à Croire , piume cre- dulitatis afféétum. Les autres prétendoient que non- feulement la volonté de croire ou le commencement de la foi, mais même la volonté fpéciale de faire telle où telle bonne œuvre en particulier, owtee qu'ils ap- pelloient /e commencement des bonnes œuvres, venoit de nous fans la grace. 3°. Ils enfeignoient que la grace du falut n’eroit pas donnée par la pure volonté de Dieu, mais en conféquence de fon éternelle prefcience des mérites purement humains dans leur principe; prefcience qui déterminoit Dieuäaccorder la grace à ceux qu’il prévoyoit devoir ainf bien ufer de leur libre arbi- tre, & qu'ilsétendoient jufqu'aux enfans, dont lieu fauvoit les uns plutôt que les autres; parce qu'il pré- voyoit, difoient-ils, que les uns, s'ils étoient parve- nms jufqu’à l’âge de raifon, auroient mieux ufé de leur libre arbitre que les autres. 4, Ils admettoient en Dieu une volonté générale &t égale de fauver tous les hommes fans difcerne- ment, & que Jefus-Chrift n’avoit pas répandu fon fang fur la croix plus fpécialement pour les élus que pour les autres hommes. 5°. Ils erroient fur la prédettination , en prétendant qu’elle dépendoit de notre perfévérance, fondée fur la prévifion de nos mérites commencés par les feules forces de la nature, & que Dieu mavoit point fait de décret pour fauver quelques-unes de fes créatu- res préférablement à d’autres ; mais qu'il Youloittou- tes également les fauver , pourvu qu’elles-mêmes le vouluflent. Janfénius à mis au nombre des erreurs des Pé/z- giens d’avoir admis une grace à laquelle la volonté peutaccorder ou refufer {on confentement; & dans cette imputation , il eft lui-même tombé dans ler- reur, ‘& l’'Eglife a condamné fa cinquiéme propor- tion qui la renferme. Voyez JANSÉNISME. SEMI-PREBENDÉ , {£ m. ( Gram. & Jurifprud. ) eft celui qui n’a qu'une demi-prébende. Il y a dans certaines églifes des chanoines Jemi-prebendés ; ce qui vient Qu de ce que certaines prébendes ont été divi- fées ei deux pour multiplier lenombre detitres dans une éshife, ou de ce que la fondation de ces femi- prébeñdes a été feulement de la moitié des autres prébendes. fl y a auffi dans quelques églifes des bé- néficiets prébendés , 8&t d’autres femi-prébendés, qui n'ont pas le titre de chanoines. Voyez CANONICAT, CHANOINE , PREBENDE , PREBENDE. ( 4 SEMI-PREUVE,, £ f, ( Gramm. & Jurifprud.) ef une preuve qui n'eft pas pleine & entiere; une preuve imparfaite ; telle eft celle qui réfulte de la dépoñition d’un feul témoin ; celle qui réfulte de la _comparaifon d'écriture ; celle qui réfulte d’une écri- ture fous feing-privé , d'un indice, ou d’une pré- fomption. Le teftament de mort d’un criminelne fait aufh qu’une /émi preuve ; dans les crimes énormes une femi-preuve {ufit {ouvent pour faire ordonner ee queftion préparatoire, Poyez au code le titre de pro- batonibus,8vle traité de Mafcardus , de probationibas, celui de Marochius, de præfumptionibus, Pordennan- ce de 1667, sitre 20. & les mots INDICES , PRÉSOM- PTIONS , PREUVES. (4) SEMI-QUARTILE , o4 SEMI-QUADRAT, adj- ( Aftron. ) c’eft un afpe@ des planetes, lorfqw’elles {ont diftantes Pune de l’autre de la moitié de la qua- trieme partie, ou de la huitieme partie duzodiaque, c’eft-à-dire de 45 degrés ou d’un figne & demi. Voyez ASPECT. ( © SEMI-QUINTILE, adj. ( Affron. ) c’eft un afpect | des planetes, lorfqw’elles font diftantes l’une de Pau- tre de la moitié de la cinquieme partie , ou de Ja di- xieme partie du zodiaque, c’eft-à-dire 36 degrés. Voyez AspECT. ( O:) SEMI-SEXTILE , o4S.S. adj. ( Affron, ) c’eftun afpe de deux planetes , qui f6nt diftantes l’une de l’autre de la douzieme partie du zodiaque, où de 39 degrés. Voyez ASPECT. | C’eft Kepler quiaajoutéle/eri-fextile aux anciens afpeëts; ce qu'il a fait, ainfi qu'il nous l’apprend,, par des obfervations météorologiques. Ce grand aftronome qui vivoit dans un fiecle où lon r’étoit pas encore revenu de lAftrologie judiciaire , avoit cru remarquer que les différens afpeéts des planetes produifoient des changemens dans la température de l'air; cela pourroit être vrai de la lune. Woyez LUNE & VenT. Mais nous n'avons point d’obfervations fufifantes pour rien ftatuer là-deffus. (0 ) SEMITALES , adj. ( Litérat. ) nom donné aux dieux protecteurs des chemins; fermita fignifie un fen- tier, un chemin étroit. Les anciens avoient plufeurs dieux qui préfidoient aux chemins. Woyez WIALES pit. (D. J.) SEMITE , f. f. (Commerce. ) forte de toile de co- ton qui fe fabrique à Sepfanto dans l’Archipel. SEMI-TON , f. m. ex Mufique, eft le moindre de tous lesintervalles admis dans le fyftème moderne, & vaut à-peu-près la moitié d'un 107. Il y a plufeurs efpeces de Jérr-tons ; on en peut diftinguer deux dans la pratique , le femi-ton majeur & le fémi-1on mineur. Trois autres font connus dans es calculs harmoniques , favoir , le Jéi-t07 minime, le maxime, & le moindre. Le fémi-ton majeur eft la différence de la tierce majeure à la quarte, comme m7, fa 3 fon rapport eft de 15 à 16, &cilforme le plus petit de tous les intet- valles diatoniques d’un degré à l’autre. Le femi-ton mineur eff la différence du majeur au mineur qui fe trouve en mufique dans un même in- tervalle : auffñ fe marque-t-il fur le même degré par un Zièfe ou par un bémol ; fon rapport eft de 24 à 25. Quoiqu’on mette de la différence entre ces deux fèmi-tons par la maniere de les noter, il n’y en a pout- tant aucune dans l'exécution fur l'orgue & le cla= veciii. Quant aux trois autres, le femi-1on minime eff Ia différence du fémi-ton maxime au fémi-ton moyens &c fon rapport eft de 625 à 648. Le femi-ton moyen eft la différence du fémi-tor majeur au 07 majeur x &c {on rapport eft de 128 à 135- Enfin, le femi-1orr. maxime elt la différence du 402 majeur au femi-ton mineur , & fon rapport eft de 25 à 27. De tous ces intervalles, il n’y a que le Jémi-1orx majeur qui, en qualité de feconde, foit quelquefois admis dans l’harmonie. (5) | SEMNANE , ( Géog. mod.) ville de Perfe, dans la province de Koumes, frontiere du Khoraffan & de Mazandaran. Longir, felon M. Petit de la Croix, 88 darit. 36, (D. J.) SEMNONÉS , ( Géog. anc. ) peuples de la Ger= manie , entre l’Elbe & lOder: Tacte, mœurs des Germ. ce. xxxix. dit qu’ils fe vantoient d'être les plus nobles d’entre les Sueves, Ces peuples étoient aq PAGE S E M breux , &e ils avoient jufqu’à cent boutgages ; l'Élbe ët l'Oder ne leur {ervirent pas toujours de bornes; ils s’étendirent dans la Mifnie & dans la Pologne ; Veiléius Paterculus, Z. IL. «, evj. avoit parlé de ces peuples avant Tacite, Strabon & Ptolomée les ont aufli connus. (2. J.) | SEMNONES OUSENNONES , ( Hif. anc. ) peuplé de ancienne Germanie, qui vint s'établir dans les Gaules , & qui habitoit le Lyônnois. SEMNOTHÉES , (Lirrérat. ) nom que les Grecs donnerent aux druides, car c’eft un mot grec plus que gaulois ; & quoi qu’en dife Varron, les Gaulois n'ont pas été purier dans une langue étrangere, les noms de leurs prêtres & de leurs offices, Diogène, Laërce , ainfi que Suidas, nons apprennent que l’é- ithete Jémnothées, donnée aux druides, défignoit Re profeion qu'ils faifoient d’honorer les dieux, & d’être confacrés à leur fervice, comme le nom de fa- ronides failoitallufion aux chênes auprès defquels ils pafloient leur vie. Woyez l’hiff. de la relig. des Gaul, tom. Î. p.175, (D. J.) . SEMOI EA, (Géogr. mod.) riviere des Pays-bas, dans le Luxembourg, où elle prend fa fource près d’Arlon , & fe rend dans la Meufe à l’abbaye de Val- ieu , en Champagne. (2. J.) SEMOIR , fm. ( Economie ruflique, Agricule.). Machine avec laquelle on enfemence les terres, On en a inventé de différentes fortes ; celui que nous donnons réunit à une confiruétion facile , la fureté de fes effets , 6c les diflérens avantages de tous ceux qui ont paru juiqu’à prefent ; l’objet que l’on fe pro- pole en fe fervant de ces machines, eft d’économifer êt de diftribuer également les grains dont on enfe- menfe lesterres , & d'obtenir des recoltes plus abon- dantes, La machine dont ils’agit,reprefentée dans les P/an- thes d'Agriculture, eft compofée d’un cylindre dont la furface eft entaillée de plufeurs cellules dans lef- quelles lé grain fe place , & dans lefquelles il eft en- levé à mefure que ce cylindre tourne, pour être ver- 1é dans les fillons que les focs dont cet inftrument eft armé , ont tracés dans la terre précédemment ameu- blie par les labours ordinaires, où il eft auflitôt re- couvert par des herfes , enforte qu'il ne devient point la proie des oifeaux. La fg. 1. PL. repréfente le fémoir tout monté & en perfpeétive , & la fig. 2. en eft l'élévation latérale. AB DC', les deux brançards 4D BC, les deux tra- verfes qui les afflemblent. Bg, C4, les mancherons af- femblés dansles extrémités des brancards &reliés en- femble par une entretoife CB, fig. $, Les deux bran- cards font auffi traverfés par l’eflieu des roues, qui a la liberté de tourner avec une d’elles à laquelle il eft fixé par la cheville de fer y, Sur les bouts antérieurs 4 & D desbrancards , font fixés plufieurs crochets de fer, aux uns ou aux autres defquels on attache les traits du cheval qui tire cette machine , felon que Fon veut qu’elle charge plus ou moins enarriere fut les brancards ; entre les mancherons & les roues eft fixé folidement un coffre de bois | dans lequel eft renfermé le cylindre dont on voit un des toutillons en & dans les faces latérales du coffre, qui font forti- fées en cet endroit par une piece de bois circulaire , dont le tourillon occupe le centre. Au.deflous des brancards & du coffre eft fixée foli- lement une forte planche, à laquelle font fixés les fix {ocs GH,dont on ne peut voir que deux dans la Jig. 2. lestrois focs & , que nous nommerons antérieurs ) les trois focs H , que nous nommerons poftérieurs , étant cachés par les premiers de leurs rangées , ils font difpolés tous les fix en échiquier , & efpacés de maniere que les fillons qu'ils tracent parallelement fur le terrein , font tous éloignés les uns des autres de fix pouces ; les trois focs antérieurs tracent les Tome XIF, $S FE M 947? fillons Marqués par Les trois lignes 1, 3, 65 éries i s 3» ÿ: © les focs poftérieurs, ceux marqués par les lignes 3, 4, 6; fig. 3. &c les trois dents de hetfe KLX ; tracent d'autres fillons 4 x , qui fervent à comblet les pre: miers , après que la femence ÿ eft tombée pat les en: tonnoirs ou couloirs qui font placés derriere les focs ; une feule dent de herle remplit à la fois deux fillonsi la dent Z qui trace la ligne z rejette la tèrre dans les deux fillons 3, 4, &cchacune des deux dents KKX ; qui décrivent les hones + & x, la rejette dans les fils lons r, 2, 5, 6, enforte que tout Le grain que cet- te machine a repandu , eft entierement couvert. Le coffre qui contient le cylindre , eft divifè paf dix cloïfons paralleles entt’elles &e aux faces latérales du coffre ; l’efpace , coté 1 , fe. 5. & qui répond au-deffus du premier foc antérieur » à main droite, eft occupé par la premiere partie du cylindre cellu: lire À Æ ; ainfi de ceux cottés 2, 35 AS ECS les efpaces intermédiaires font feulement OCCupés par laxe où corps du cylindre , d’un moindre diaz metre que la furface cellulaire ; les cloifons dont ori en voit une repréfentée féparément, fig. 10, s’appli: quent exattement par leur plan, contre les bafes des différentes tranches cylindriques MODE UR ANNIO aufi-bien que les deux faces intérieures des côtés du coffre, elles s'appliquent auffi par leur partie cein= trée , fur le corps du cylindre ; chacune des cloïfons peut fe placer ou fe déplacer à volonté , étant mobi: les, entre deux petites tringles de bois qui leur fer vent de couliffes , lefquelles font placées contre les longs côtés du coffre, Au milieu du cylindre, dans lefpace qui fépare les deux divifions 3, 4, eft fixée une poulie polygo: ne, dont on voit le profil en 2, fg. 8, aufli-bien que d’une femblable poulie €, appartenant à l’efieu des roues ; les nombres des côtés de ces poligones , doivent être pairs ; 8c occupés alternativement paf des chevilles de fer, de forme pyranidale quadrans gulaire tronquée, comme on voit en 4cd » fig. 8: & 13 ; Ces éminences fervent à retenir la chaine {ane fin, qui embrafle les deux poulies © & B , parle moyen de laquelle le mouvement communiqué à l'axe des roues, ef tranfmis au cylindre que le cof. fre renferme ; la face antérieure du coffre ef percée de deux ouvertures inférieures | pour laïffer entrer la chaine, & la fupérieure pour la laïfer fortit ; on voit, fg. 6. lecylindre cellulaire, l’axe des roues ; êt la chaine plate FN quiles embraffe, & dont la confiruttion eft détaillée plus en grand dans la fig.13, néme Planche. La fig. 7, repréfente l’axe des roues ; M eft une portée qui s'applique contre la face intérieure d’un des brancards; MP eftune partie de l'axe qui eft quarrée , & fur laquelle gliffele verrouil repréfenté en 4 & B fg.9.Ë en AA fig. 5. PQ partie arrons die de Paxe fur laquelle tourne la noix; la groffeur dé cette partie eftteile qu’elle peut laïfler palier le ver= rouil , C’eft-à-dire égale au cercle infcrit dans la par fie quartée ; Q y, My, font les parties de l’effieu qui entrent dans les moyeux des roues ; la noix C& D ) fig. 9. qui porte la petite poulie polygone C, fig. 8, Peut tourner ou ne pas tourner avec l'axe, fur lapar- tie PQ felon queles pointsr, 2, 3, du verrouil, font ou ne font pas engagés dans les trous 4. 4. de la poulie auprès de laquelle le yerrouil s'approche en gliffant fur la partie quarrée M P de l’axe. Dans la fig. 5. le verrouil 4 4 eft en prife dans la poulie de la noix P , ce qui fait qu’elle doit tourner avec l’axe des roues, & faire par conféquent , au moyen de la chaine , tourner le cylindre cellulaire ; au-lieu que dans la fg. G. les dents 1, 3, du verrouil n’étant point engagées dans les entailles de la poulie de la noix , 1l peut tourner fans que celle € tourne y SE fans le cylindre cellulaire. D DDdda 943 SEM Pour poufler ou éloigner le verrouil de La pouhe de la noix, on fe fert du gouvernail F E T kR, F8 -l CRE PE NC CRT F1 levier afñemblé à charniere avec la piece £ ;cette piecee eftpercé d’untrou quatre qui reçoit l'axe de Parbre vertical ET, dont Le coller fupérieur eft embraflé, par uñe bride adhérente au couvercle du coffre; le tourillon inférieur F roule dans un trou pratiqué à la face fupérieure de laplan- che à laquelle les focs font attachés ; TR, fig. 111eft une fourchette entre les branches de laquelle la gor- ge 6, 63 7» fig. 6: & 9, eft faife , fans que cela l'empêche de tourner librement : lors donc que l'on poule le pommeau F du gouvernail, à droite, l'extre- mité À de la fourchette poufle le verrou, contre la noix, @c les pêles 1, 2, 3, étant entrés dans, les gaches ou mortailes 4 , 4» deftnées à les recevoir, ces deux pieces font alors fixées fur Parbre , & obli- gées de tourner avec lui; pour au contraire éloigner le verrouil, il fut de poufier le pommeau F du gou- vernail dans le fens oppofé, c’eft-à-dire de droite à gauche, &e les pêles 1, 2, 3, étant fortis des ga- ches de la noix, celuu-ci pourra continuer de tour- nef , fans que la notx,n1 la chaine aient aucun mou- vement , & la machine ceffera de répandre la fe- ience. Pour fixer le gouvetnail dans l’un ou l’autre de ces deux états, il y a furlecouvercle du coffre, fig. 1. une piece de bois mn d’une longueur conve- nable, contre laquelle on appuie le gouvernail , ce qui aflujettit Le verrouil dans l’une où Pautre fitua- tion; c’eft pour faciliter ce mouvement que Pon a fait la charniere /, qui pefmet de lever le gouvernail, pour le faire pafler fur la piecew.n ;.cette Charniere permet auffi d'élever le gouvernail aflez haut pour pouvoir ouvrir le couvercle du coffre &c verler du grain dans les trémies. ; Tout ceci bien entendu, il refte à expliquer où on place la femence , & de quelle mamere elle fort de fon réceptacle pour fe répandre uniformément dans les fillons que les focs tracent à mefure que la machine avance ; c’eft ce que les fig. 3. & 4. font voir ; la fig. 3.eftune coupe longitudinale du férorr, par un plan qui pafleroit par. le milieu d’un des trois Locs antérieurs ; àc la g..4, une coupe femblable, mais par le milieu d’un des trois focs poftérieurs; dans l’une & Pautre figure , le cylindre cellulaire tourne du même fens, c’eft-à-dire felon l’ordre des lettres dhefp. dbers. abeftune petite planche qui fait le fond de la trémie ; elle eft aflemblée dans des rainures pratiquées dans les faces des cloïfons qui re- gardent les cellules ; # d autre petite planche cein- trée, ou feuille de fer blanc, logée dans des entail- les circulaires concentriques au cylindre, pratiquées dans les cloïfons , fig. 10, enforte que ces planches courbes puifent être mues concentriquement au cy- lindre, pour approcher ou éloigner leur extrémité inférieure d à difcrétion, du morceau de bois z qui eft le fond de la trémie. On fixe ainfi cette piece par le moyen de la vis quila traverfe, aufli-bien que la planche fupérieure 46 ; on remplit du grain que l’on veut femer, tout l’efpace abd, & le Jemoir eft chargé ; le grain dont les trémies font remplies , s’é- coule par deflous l'extrémité inférieure de la lame courbe b d, &t remplit fucceflivement les cellules du cylindre, à mefure qu’elles paffent devant l’ouvertu- re qui eft entre la lame courbe &r la piece z qui doit toucher le cylindre ; les cellules remplies de grain, montent par-deffous la lame courbe 4 h, &le verfent du côté dee, dans l’entonnoïrou couloir ef p , fig. 3. ers, fig. 4. aitache à la partie poftérieure de chacun des focs par où il tombe dans le fillon que le focva tracé , où 1l eft aufüi-tôt recouvert par la terre que les herfes y repandent, commeil aété ditcr-defius; on voit par la fg.3. queles focs antérieurs G font f- xés à la planche qui eft au-deffous des brançards par - SEM nntenonésune clé x, & par la fr. 4. onvoitque les focs pofiérieurs # y {ont affefmis par un tenon & un étrier de fer x, &r quele couloïr rs traverle leur mafle : larpartie antérieure des uns & des autres qui eft arrondie , eltgarme d'un fabot de forte taule, at= taché avec plufieurs clous pour les conferver , ainfi que l'on peut voir dans toutes les figures. La fig. 12. repréfente plus en grand, une dés tran-. ches cylindriques du cylindre cellulaire où Pon voit la difpoñtion de cellules dont la partie inférieure eft plane , ët lafupérieure arrondie, cette difpofion étoitnéceflaire pour que d’un côtéeelles ramañafient mieux le grain, êcde l’autre, après -qu'ellés Pont monté à la partie fupérieure,elles le répandiflent avec . plus de facilité dans les couloirs deftinés à le porter au fond des fillons: -: à La fig. 13.repréfente en grand la conftruétion de la chaine plate N Fig. 6. compoiée alternative- ment de maillons quarrés & vuides, & de maillons pleins ; les premiers font des anneaux defer, êcles feconds des plaques de fortestaules , dont les extré- mités font ployées en rond pour embraflerlesparties tranfverfales des maillons ou boucles quarrées qui font arrondies ; la longueur des uns & des autres doit être épale aux côtés des polygones fur lefquels ils doivent s'appliquer ; On voit au-deflous le prof de trois des chevilles ou pyramides tronquées dont chacun des polygoneseft hériffé, & qui entrent fuc- ceffivement dans les maillons évuidés de la chaîne fans fin, enforte que la noix fixée à l’eflieu des roues, parle verrouil, ne fauroit tourner fans entrainer né- ceffairement avec elle, le cylindre cellulaire diftri- buteur de lafemence, &c dont lerapport dela vitefte à la viteffe des roues , eft le même que celui du nom- bre des côtés dupolygone fixé fur leur eflieu , au nombre des côtés du polygone fixe fur le cylindre; c’eft-à-dire dans la figure comme 12 à 20. ainf il faut que les roues faffent vingt tours, pour en faire faire douze au cylindre. SEMON , f. m. (Mythol.) Voyez SEMONES. SEMONCE , £, f. ( Gram.) invitation qu’on fait à des parens d’aflifter à une noce , à un enterre- ment, &c. | Il fe difoit autrefois de toutes convocations de perfonnes ou d’aflemblées à cri public, comme pour le ban, l’arriere-ban, les états, 6, De-là, le verbe Jemondre, 8 le fubftantif féroneur, SEMONES , ( Mythol.) dis femones ; c’eft ainfi qwon appelloit chez les Romains des dieux fort infe- rieurs aux dieux céleltes ; c’étoient des dieux qui te- noïent comme le milieu entre les dieux du ciel & les dieux de la terre. Ils faïfoient leur féjour das Vair, parce que n'ayant pas le mérite néceflaire pour être élus dieux du ciel, ils en avoient un peu trop auffi pour n'être que de fimples dieux de la terre. On mettoit aux nombre des dieux féxones, les Satyres, les Faunes , Pan, Janus , Priape , Vertumne , ëc beaucoup d’autres, & même Mercure. Ona1{ouvent donné l’épithete de /émo au dieu Sa- neus.Onordonna, dit Tite Live, /. VIII, que la mat- {on de Vitruvius , fituée fur le mont Palatin, feroit demolie , & que fes biens feroient confacrés au dieu Semo-Saneus, Voyez SANEUS. J'ajoute feulement que la reffemblance qui fe trouve entre fémo & fimo, fit tomber Juftin martyr dans une méprife ridicule. Ce pere grec n'étant pas aflez inftruit de la religion & de la langue des Ro- mains, s’imagina fur quelques infcriptions de Sero- Saneus , qu’elles regardoïent Simon le magicien ; alors s’abandonnant à fon zele, il reprocha violem- ment aux Romains, d'admettre parnu leurs dieux un An re : - impoñfteur avéré, qu'ils ne connoïfloient pas même de nom, Plufeurs autres peres entraînés par lauto= rité de Juffin martyr, adoptererent la même erreur D) SEMOTTE, £ £ (Jardinape.) fe dit en parlant des nouvelles produttions des choux pommes à qui on a coupé la tête, fans en arracher le pié. Ces rejet- tons font bons à manger, 6 donnent la femence de cette plante, d'où elle a pris le nom de femorre, a fe- mine. U ne faut pas confondre ces femotres de choux avec le brocoli. Voyez BROCOLI. NE SEMQOULE , f. f. (Gram. 6 Cuif. ) pâte faite de là plus fine farine, pétrie avec le lait ou l’eau, & ré- duite en petits grains , de la groffeur de celui de la moutarde, , SEMPACH ,. (Géogr. mod.) ville de Suife , au canton de Lucerne , fur le bord oriental du lac de Surfée. C’eft fous fes murs que fe donna le 9 Juillet 1396 , la bataille entre les cantons Suifles & larchi- duc Léopold qui y fut vaincu êc tué. Auffi Sempach jouit encore aujourd’aui de grands privileges, car elle a fon avoyer , fa police, &c fon confeil ; le baïlli n'étend fa jurifdiétion que fur le lac. Long. 25, 48. laïit. 47. 10.( D. J.) SEMPARENTAON , f. m. ( Ff. nat. Bot.) ta- cine des Indes orientales, qui eft d’une amertume extrème; quoique très-commune,, elle a de puifans effets contre un grand nombre de maladies. SEMPECTE, £ m. (Ordr. Monaflig, ) nom de dignité chez les religieux. Ingulphe dans {on hiftoire de l’abbaye de Croyland , dit qu'il a tiré les chofes qu'il rapporte de cinq religieux /émpeiles , &cc. M. Bernard parlant après Ingulphe, obferve que ces fémpeëles étoient des gens qui ayant vécu | elpace de cinquante ans dans la profeflion monaftique , étoient difimgués des autres moines par ce titre honorable, &t par de fort grands privileges. Trévoux. ( D. J s) _ SEMPITERNE , L f. (Draperie. ) efpece d’étoffe de laine croïfée ; dont la qualité a du rapport à celle d’une ferge fommuiere , de laquelle le poil n’a point encore été tiré; elle fe fabrique ordinairement en Angleterre, particulierement à Colchefter , à Exef- ter, & aux environs ; elle a trois quarts de large, &c à-peu-près vingt aunes de long. Di&. du Comm. (DJ) | hd SEMPITERNEL , adj. (Gram.) qui a l'éternité antérieure & poftérieure. SEMPITERNILEE , { £ (Fabrique de lainage.) c’eit une efpece de fempiterne, mais moins fine ; il ne s’en fait guere qu’en Angleterre. Lés Anglois en envovent en Efpagne année commune pour quatre cent mille livres, qui pafent prefque toutes aux In- des occidentales. OU . SEMPLE , {. mm. srffrumens du métier d'étoffé de foie. Le femple eft compoté d’un nombre de ficelles , proporfionné au genre &t à la réduéhon de létofte que l’on veut fabriquer; ces ficelles tiennent cha- cune par un bout à un œil de perdrix. { Voyez @IL DE PERDRIX), au-travers duquel pañle une corde de rame. ( Voyez RAME) , & font attachées par le bas à un bâton, qu’on appelle bâton de Jémple. SEMUR , (Géogr. mod.) en latin vulgaire Semu- rium, & Senemurium ; ville de France en Bourgogne, fur la riviere d’Armançon , à fept lieues d’Avalon, à SEM 949 13 de Dijon , & à 8 d’Autun. Elle ef capitale de ’'Auxois, & a dans fon enceinte trois différentes clô- tures de murailles , qui font voir qu’elle a été bâtie à trois différentes reprifes, La premiere enceinte porte le nom de bourg, & eft proprement la ville, La feconde eit le donjon, & la troifieme eft le châ- teau. Louis XI s’empara de Sémur après la mort du der- nier duc de Bourgogne, & depuis ce tems-là elle a été réunie à la couronne de France. Elle eft gouver- née par un majeur , fixéchevins, & un procureur à mais il y a prevôté royale, préfidial , grenier à {el maréchauflée , & plufeurs couvens. Son commerce conffte en blé &c en beftiaux. C’eft la feule ville de Bourgogne qui demeura fidele au roi pendant la ligue, Henri IV par reconnoiffance , y convoqua les états généraux de la province en 1590, & y transféra en 1590 le parlement de Dijon , qui y tint fes féances juiqu’à la paix. Long, 21, 43. latis, 47, 25. Cette ville à donné la naïfflance à deux hommes célebres, chacun dans leur genre , F evret, & Sau- male. Feyre (Charles), naquit à Sémur en 1583, & mourut à Dijon en 1661. Son favant traité de l'abus, parut en 1653, & lui fit une granderéputation. Ona réimprimé depuis plufieurs fois cet ouvrage, dont la : meilleure édition avec des commentaires , eft celle de Lyon en 1756, 2 vol. in-fo1. Saumaïfe (Claude de), né à Sérur en 1588, & mort à Spa en 1653 , étoit un homme d’une érudition fi prodigieufe , que je nai pas befoin de parler des favans commentaires qu’il a mis au jour fur Les écri- vains de l’hiftoire d'Augufte , fur Solin, fur Tertul- lien de Pallio, &cc. Je dirai feulement, que fa reli- gion l’empêcha de parvenir en France aux charges qu'il devoit remplir, 8 qu'il fe retira À Leyde, où 1l vécut libre & admiré, ayant été décoré du titre de profeffeur hônoraire de cette académie, Il avoit eu en France un brevet de confeiller d’état qu’on lui avoit donné pour fon mérite, & comme fils d’un hommeilluftre, Benigne Saumaife,qui mourut doyen du parlement de Dijon en 1540. Il ft un voyage à Stockholm , où il avoit été appellé par la reine Chrif tine , &c 1l demeura un an à fa cour. Sa vie eft au- devant de fes épîtres , & elle eft plus vraie que les petites anecdottes du Ménagiana. (D. J. SÉMUR en Briennois , ( Géogr. mod. \ petite ville de France en Bourgogne dans l’Autunoïs, Aun mille de la Loire , & à 4 lieues de Rouane. Il y a un bail- l'age , un grenier à fel, mairie & grurie; c’eft la Ving- tieme ville qui députe aux états; fon territoire eit aflez fertile en blé, en vin. Long. 21. 47. larir. 46% 14 (D.J.) SEMYDA ,1.m. ( Botan. anc. ) nom d’un arbre mentionné par Théophrafte, & que Gaza a traduit par le mot latin berula , en françois bouleau, C’eft certai- nement une erreur ; car ni la defcription de Théo- phrafte, ni ’ufage qu'il lui affigne ne peuvent con- venir à notre bouleau ; ce qui eft encore certain , c’eft que le femyda de Théophrafte nous eft inconnu, (2.7 FIN DU QUATORZIEME VoLivme. [ Fr En \nue 74 RATE rat ‘he no M7 Re # NE Hproin non à Lost ‘6ù EE E eu ttes tt RAM 4 au se va Pit et à Haut à San L dé : 4 Er goes Mi à LE + praicte WRET pen 4 dr - £ rude et More L'AAUT DE R, “4 gt NN on RE ie AY ee Rte eine + ge nids pt TWD nent un > * CF EU CE Fa EL * Bi 7 mbEx Mdr LA LE À he k "4 Es LES Fe SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES 3 90